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Full text of "Encyclopédie des gens du monde, répertoire universel des scineces, des lettres et des arts; avec des notices sur les principales familles historiques et sur les personnages célèbres, morts et vivans;"

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iMPaiMi 

PAE  LA  PBKiSE  MÉCANIQUE  DE  B.  DUVBaGBR, 

RVI  Ml  TIMHIVIL,  H*  4. 


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ENCYCLOPÉDIE 

DBS 

GENS  DU  MONDE, 

REPERTOIRE    UNIVERSEL 

DES  SCIENCES,  DES  LETTRES  ET  DES  ARTS; 
AVEC  DES  NOTICES 

SUE  LIS  PKIMCIPALBS  FAMIULM  HISTORIQUES 
ET  SUE  LES  PEESONHA6ES  C^LiEEES,  MOETS  ET  TITAIIS  ; 

PAR  UNE  SOCIÉTÉ 

f»B   SAYAHS,  »■  LITTÉRATBUIII  IT   b'aATIITBS,    WAAUÇAU  IT  iTRAECMlS. 

TOME  TROISIÈME. 


PARIS. 

LIBRAIRIE  DE  TREUTTEL  ET  WÛRTZ, 

RUE  DE  LILLE,  M*  17; 

sTaAsiome,cuiiD'*ii>,  ii°  1S.  —  i.okdrm,  so,  soao-tQOA». 

1834 


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a,c  <?/ 


PEQfiANCXFUND 


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SIGNATURES 


DES  AUTEURS  DU  CINQUIÈME  VOLUME. 


BIM. 

Aixou C  N.  A. 

Ajtdsba.  •••••••••  G.E.A. 

ÀUBULGIUL H.  A. 

lTBZAc(de) *A 

BiGiH(àMeU) KA.B. 

BE1LGB&  DS  XlY&ET.    ...  J.  B.  X* 

BEEm  (Michel) M.  B. 

Bbatiixb.  •  • •  s.  A.  B. 

BoiLBAU  (à  LoDdres).  •  .  D.  B. 

BoISSABlO ••  B-D. 

BouukTioirisa J.  B-&. 

BftADi(M™*laoomteMede)  L.  C  B. 

Cahxh ••..••  S.C. 

Câx«tiiioht  (de) A.  dk  C 

CAmmTTX  (le  tieiit.-oolonel).  €-tx. 

Ckambobb&t  (de) P.  C. 

Clafsteozt. G-OK. 

CocTBAir. T.  c 

Co&BiiBS  (Éd.y  aa  Hayre).  £.  C. 

Conrai P.  A.  C 

CouRiroT A.  C. 

Caol  (Baoul  de,  à  LaGaer- 

che).  •••••••••.  ILd.G 

Ci7TiB&(Rod.) R.G. 

Dauhou D-N-U. 

DiABDi. D.A.  D. 

DsLBAUU Th.  d. 

DBPmro D-o. 

DiaoDS. D-s. 

Dubois.  ••••••••••  N.  A*  D* 

DuFAU. P.  A.  D- 

DuKBmaAV D.  M. 

DUTULOIBB. J.  B.  D. 

Fayot. F.  F. 

Fins  (fiU) E.  F-s. 

GoB^p J.  J.  G. 

GoLBiBT  (dt,  à  Colmar).  •  P.  G-t. 


MM.     

GOCBAUX. .  .•  .  G-x. 

GuADBT.   .  .■  .•  .;;;;■.  G-T. 
Gunxow  (l'éf  éque).  ;  ;  ;  .  MiN.S.Gf . 

Haussâbd.  •;;;;...;*  H-d1 

HuoT. J.  H-T. 

IZAEK. ' J.  I. 

Jal. •• A.  J-L. 

Jahik  (Jules) J.  J. 

Laboudbbib  (Fabbé  de).  .  .  J.  L. 

Lafaist  (à  Orléans).  .  .  .  L-f-t. 

La  Noubais  (de) L.  N. 

LATiNA  (J.  de) J.  L.  T.  A. 

Latbbohb 

Lbdhut. 

Leobaxd 

Lbpan 


P.  L-E. 

L.  D. 

A.  L-D. 

L-K. 

LeRot Ow.  L.  B. 

Maccaetht J.  M.  C. 

Maoendib. M-IE. 

Maechal. Ch.  m. 

Mattee. M-E. 

Mbliss. ,  M-8I. 

MoLiow  (de)  ......  .  V.  deM-n. 

MoEAwsEï  (Théodore).  .  .  Th.  M-ei. 

Naudet N-T. 

OOEET M.  O. 

OzENiTE  (M"*  Louise)  ...  L.  L.  O. 

Paquist  (à  Bourges).  .  .  .  P-st. 

Paeis  (Pkulio) P.  P. 

PÂeisot  (de  la  marine).  .  .  J.  T.  P. 

Paeisot  (Valérien) Val.  P. 


Pelouse  (père). 
Peeuot 

PlTEliWXCE.  •  • 
QUESRiL  •  •  •  . 
Ratiee.  •  •  •  • 
Ratmovd  •  •  • 


P-EE. 

P-T. 

MP-E. 

J.L.Q. 

F.R. 

F.  R-D. 


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LISTE  t)ES  COLLABORATEURS. 
BOL  VBL 


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ENCYCLOPÉDIE 


DS8 


GENS  DU  MONDE. 


•■•f — ff  i»iji»i»»»gi»f  f — ■■■■  i»i»f  ■■fi>i«i«t« 


B. 


BAPHOMÈTE  est  le  Dom  d'un  sym- 
bole des  Templiers  (  w^.  cet  art  et  les 
Templiers  de  Z.  Werner).  Le  reproche 
qu'on  faisait  aux  membres  de  cet  ordre 
d*a¥oir  un  certain  penchant  vers  l'isla- 
misme, fit  prendre  dans  l'origine  ce  sym- 
bole pour  le  nom  retourné  de  Mahomet. 
Dans  plusieurs  collections  archéologi- 
ques, à  Vienqe  et  à  Weimar,  par  eiem- 
ple,  se  trouvent  taillées  en  pierre  des  fi- 
gures réunissant  les  caractères  des  deux 
sexes,  ayant  deux  tètes  ou  seulement 
deux  faces,  ressemblant  à  un  homme  bar- 
bu, aux  formes  d'ailleurs  toutes  féminines, 
et  ordinairement  environnées  de  serpens, 
du  soleil,  de  la  lune  et  d'autres  attributs 
extraordinaires,  avec  des  inscriptions ,  le 
pins  souvent  rédigées  en  arabe.  M.  de 
Hammer,  dans  ses  Fundfpmhen  des 
Orients,  a  déclaré  regarder  ces  figures 
comme  des  idoles  du  Baphomète  des  Tem- 
pliers. Il  a  cherché  à  prouver  à  l'appui 
de  son  opinion  que  ces  chevaliers  dont 
déjà  il  avait  cru  trouver  les  rapports  iivec 
les  Assassins  {'voy,)^  adonnés  comme  ils 
l'étaient  au  gnosticisme  et  surtout  aux 
pratiques  des  Ophites  {voy.)y  s'étaient 
rendus  coupables  d'apostasie,  d'idolâtrie 
et  d'immoralité.  Il  rapporte  la  plupart 
de  ces  inscriptions  à  la  Mété,  à  la  Sophie 
ou  à  l'Achamot  Pmnicos  des  Ophites, 
représentés,  selon  lui,  sous  les  deux  sexes, 
comme  symboles  de  la  volupté  contre  na- 
ture, et  comme  principe  de  la  sensua- 
lité. A  l'appui  de  cette  hypothèse  il  rap- 
pelle tout  ce  qui ,  dans  les  accusations 
portées  contre  les  Templiers  et  dans 
leurs  propres  traditions,  a  quelque  rap- 

Encjclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


port  avec  les  idoles  et  les  têtes  de  Ba'^ 
phomète,  pour  soutenir  l'imputation  de 
gnosticisme  qu'il  leur  fait.  Baphomète, 
selon  lui,  doit  signifier  le  baptême  de 
Mété,  le  baptême  de  feu,  le  baptême 
gnostique,  une  sorte  d'illumination  spi- 
rituelle qui,  chez  les  Ophites,  était  inter- 
prétée d'une  manière  sensuelle,  comme 
le  mélange  des  sexes.  L'opinion  de  M. 
cte  Hammer  fut  attaquée ,  entre  autres  par 
M.  Baynouard,  le  défenseur  des  Tem- 
pliers ,  qui  démontra  dans  le  Journal  des 
Savons  (mars  1819)  que  l'ancienne  in- 
terprétation du  mot  Baphomète i  comme 
ayantla  même  signification  que  Mahomet, 
était  la  seule  acceptable  ;  et  M.  Sylvestre 
de  Sacy  a  été  du  mêaie  avis.  C.  L, 

BAPTÊME.  Ce  sacrement  est  le  pre- 
mier que  l'église  chrétienne  confère  a 
l'homme.  Elle  le  saisit  d'ordinaire  à  son 
entrée  dans  la  vie,  pour  lui  imprimer  le 
sceau  de  la  régénération,  le  reç^tir  de 
Jésus-Christ  y  selon  l'expression  de  Fa- 
pâtre,  le  marquer  du  caractère  de  chré- 
tien, et,  par  les  touchantes  cérémonies 
qui  l'accompagnent,  lui  apprendre  que 
nous  sommes  nés  au  sein  de  la  corrup- 
tion, qu'un  joug  de  péché  et  de  misère 
pèse  sur  les  enfans  d'Adam ,  qu'il  fallait 
à  notre  nature  dégradée  un  médiateur 
dont  les  mérites  ineffables  pouvaient 
seuls  opérer  notre  réconciliation,  nous 
diriger  par  sa  lumière  dans  la  voie  qui 
conduit  à  la  patrie  céleste,  d'où  nou% 
sommes  déchus;  quelles  sont  enfin  lec 
magnifiques  espérances  auxquelles  nous 
sommes  appelés ,  si  nous  sommes  fidèles 
aux  engagemens  stipulés  par  nous  ou  pour 


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BAP 


nous.  Telles  étaient  les  ^ves  instructions 
que  les  pàr«s  <|es  pr«mier|  s|(c|es  don- 
naient à  ^^fi  qtii  i^  préparaient  au  fiap- 
téme. 

Autrefois  il  était  différé,  souvent  même 
jusqu'à  un  âge  avancé.  Constantin  ne  le 
•    reçut  que  peu  de  temps  avant  sa  mort. 
Tous  ne  naissaient  pas  chrétiens  ^  ceux 
qui  le  devenaient   s«n|b|aifni  ^lora  se 
dévouer  au  martyre.  Le  baptême  en  était 
l'initiation;  il  fallait  le  demander,  l'at- 
tendre long-tempa,  «l  an  être  jugé  digne. 
On  s'y  préparait  par  les  exercices  du  ca- 
téchuménat,  qui  durait  plus  ou  moins 
de  deux  ans ,  selon  les  dispo^tions  de 
l'aspirant;  c'étaient  des  épreuves  néces- 
saires pour  s'assurer  d«  la  foi  et  des 
inœurs  :  méthode  dont  «f^in(  Augustin 
justifie  Tesprii  daha  un  excellent  traita  à 
ce  sujet  ''.  Il  y  avait  d«ux  sortM  d^  ea^ 
técbumènes,  les  audi$eurs  et  les  compé- 
tens.  Les  premiers  assistaient  «uk  pré- 
diGaUon%oonuiiunçs  dont  les  paieoa  eux- 
mâines  n'étaient  pas  exclus,  mais  ils  ne 
participaient  encore,  ni  à  la  prière  pu^ 
blique,  ni  à  la  coBBaiasanue  de  la  litur* 
gie  sacrée;  et  d^  là  viept  ce  secret  des 
mystères  dont  il  est  tant  parlé  dans  nos 
anciens  monumens;  de  là  cette  formule 
qui  se  rencontre  si  fréquemment  9  par 
laquelle  le  diacre  avertissait  les  catéebtt» 
mèoes  de  se  retirer  de  l'église  avant  la 
récitation  des  prières.  Les  seconds ,  après 
avoir  donné  au  commtnoenent  do  ca- 
rême leurs  noms  à  l'évéque  et  £ut  CQ»* 
nakre  le  désir  de  recevoir  le  baptême  au 
temps  donné,  étalent  soumis  à  des  éprt u-r 
ves  rigoureuses;  et,  quand  ils  avaient  fouvr 
ni  leur  temps  de  noviciat,  \U  recevaient  ^ 
avec  l'imposkion  des  mains  de  l'évéque^ 
le  nom  de  compétens  et  ^ébujqax Itur 
donnait  l'espérance  d'être  a«kais  am  aa*< 
crament.  Dans  l'intervalle,  en  les  examirt 
sait  et  on  les  iBsnr^isait  pln#  à  fei|d;  on 
leur  expliquait  roraison  dominicala  e| 
le  symbole ,  partioulièremoBt  les  mys*è-r 
res,  les  demandes  qui  Venr  tevaieat  faûlea 
et  les  obligatioBs  qo'ik  afttrateat  à  eoufr 
tr^ciei!.  Nous  avona  encore  grand  nom*- 
bre  de  oea  instructions,  faites  par  les  pkia 
aavans  et  les  plus  pieux  évêques  de  oct 
temps-là,  suint  Cyrille  de  Jérusalem  > 

ihki\un  choÎM  àm  Pèr^  «k  V,  l'sbhé  Guillg^ , 
t.  XXII ,  pag.  3oa  «t  saÎTaatet. 


(2) 


BAP 


saint  Basile  de  Césarée,  saint  Crégoire 
de  ^aaianxe,  saiet  Grégoire  de  Nysse, 
^iet  Auguftin ,  saint  Jean-Cbrysostôme; 
et  dans  leurs  écrits  toute  la  doctrine  du 
baptême  se  trouve  développée. 

Le  baptême  s'administrait  avec  pompe 
la  veille  de  Pâques  ou  de  la  Pentecôte. 
Eéguliè^ement  on  ne  baptisait  qu'à  ces 
deux  solennités;  mais  on  baptisait  en  tout 
temps  ceux  qui  se  trouvaient  en  péril , 
lorsque  la  vie  était  menacée  par  la  persé- 
cution eu  par  une  maladie  grave  ;  ce  qui 
introduisit  peu  à  peu  l'usage  de  baptiser 
les  enfans  nouveau-nés.  Nous  en  voyons 
des  exemples  dès  le  temps  de  saint  Cy- 
prien.  La  description  des  cérémonies  du 
baptême  qui  se  lit  dant  saint  Ambroise 
suffit  pour  en  constater  et  la  haute  anti^ 
quité  et  la  parfaite  conformité  avec  celles 
qui  se  pratiquent  encore  à  présent. 

Le  jour  arrivé,  l'évéque  ou  le  prêtre 
délégué  par  lui  accompagnait  l'élu  à  la 
porte  du  baptistère  {voy,)  et  lui  touchait 
les  oreilles  et  les  paupières  en  prononçant 
le  mot  hephpheta,  qui  veut  dire  oun 
vrezrvousy  àl'exemplcdu  Sauveur  dans  la 
guérison  de  l'aveogle-né.  On  l'interro^ 
geait  sur  la  foi,  en  lui  faisant  réciter  le  sym^ 
bole  des  apôtres.  Après  l'imposition  des 
mains  et  les  exordsmea,  il  était  introduit 
dans  le  baptistère  ou  saint  des  saints. 
Là ,  il  renonçait  au  démon ,  à  ses  pom-» 
pes,  à  ses  œuvres,  tourné  d'abord  vers 
l'occident ,   image   des   ténèbres,  puis 
vers  Forient,  symbole  de  lumière;  le 
célébrant  faisait  la  bénédiction  de  l'eau, 
pour  indiquer  tous  les  mystères  de  l'É^ 
criture,  la  création,  le  déluge,  le  pas- 
sage de  la  mer  Rouge ,  la  délivrance  de 
la  servitude  d*Égypte,  la  nuée,  les  eaux 
de  Mara,  Naaman,  et  le  paralytique  de 
la  piscine.  On  y  plongeait  le  catéchu- 
mène jusqu'à  trois  fois,  nommant  à  cha- 
cune l'une  des  personnes  de  la  sainte  Tri- 
nité. A  ce  moment  il  était  purifié  de  toua 
ses  péchés.  Toutefois  le  baptême  par 
aspersion  était  jngé  suffisant  en  cas  de 
nécessité,  comme  pour  les  malades-  Au 
sortir  dn  bain  sacré,  l'évéque  faisait  au 
baptisé  l'onction  sur  li^  tète.  Dana  quel- 
ques endroits   on  lui  lavait  ks  pieds; 
usage  particulier  à  l'église  de  Biilân,  et 
on  le  revêtait  d'une  robe  blanche,  sym- 
bole de  la  pureté  dont  il  s'engageait  à 


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nup  (S 

Uin  um  plot  bel  orDemem,  H  éuit  tcna 
4e  U  porter  durant  la  temaîoe  entière. 

Avec  le  baptême,  on  recevait  aiMsi  la 
^jraee  de  rEsprit-Saint,  Vous  avez  ^é» 
dlsait*on  au  Y  catéchumène»,  yai»  en  poa^ 
•Mêion  de  la  grâce  et  re^du*  participai^ 
de  rEiprit-^int:  ce  q^f  tpn»  Boi  docteuft 
entendent  par  le  sacrement  de  confirma* 
tion.  «  Lea  Uptiaéi,  dit  TabU  Fleury» 
étaieni  présenta  à  l'év^ue»  ft»  pv  If 
prière  et  l'impoeition  des  ivainf ,  ^la  r»* 
cet aieni  le  Saipt-Esprit ,  c'eet'à-dirf  (^ 
oonfirmatiofi,  »  On  meU^  dan^  la  rofin 
du  néophyte  un  cierge  allumét  «i  symbole» 
dit  9aiia  Cyrille  de  Jémaalemi  de  Tef- 
dfor  de  la  Ooi  qui  doit  éclairer  «a  rai- 
fon  et  échauifer  90a  cœur.  >»  Ainsi  reooor 
vêlé  et  fortifia,  ii  narcbait  yeri  l'autel 
pour  y  reoçvpir  Teucbariatie,  ^  anûater 
pour  la  preqûère  fois  au  aain^  sacrifice. 
On  faisait  manger  i^uhl  nouveaux  bapMtée 
du  lait  et  du  «ûel,  pour  oHUXiuer  l'eur 
trém  dans  la  terre  promise  ^  l'enluMe 
epirituelle,  p^rce.que  c'^it  1^  première 
nourrilure  des  enfans  fevrés*  Ou  leur 
in»pqeai(  pn  noin  particulier ,  celui  d'un 
«pdtre  pu  d'up  «ainl  qui  alUi(  dev^ 
BÎr  leur  protecteur  dans  le  ciel  et  dont 
iU  prov^ttaieot  d^imiter  les  vertus  sur 
la  terre,  en  même  temps qu'op  leurdou- 
nait  des  parrains  choisis  pfiniû  Imits  pa- 
reus.  Saint  Jeau-Chrysostôme  ««us  ap- 
prend ^'iU  étaient  aussi  dans  l'usage  de 
porter,  au  moins  uu  pertiua  tempsy  IV 
vangilé  smnifpdu  à  leur  euu»  mettmtt 
leurs  engagemena  sous  Ja  seuvegarde 
du  livre  divip. 

Pendant  les  douée  premiers  Racles  de 
Téglise,  dans  l'Orientât  dans  l'Ocoîdent, 
on  baptisait  coaiaiunément  par  immar- 
•ioa.  Cependant  on  croit  avec  raison  que 
les  apdtres  baptisèrent  par  aapersion  les 
3,000  et  les  Juife  qui  crurent  en  Jésus- 
Christ  et  qui  fureni  baptisés  dans  un 
jour,  comme  il  est  dit  aux  2^  et  8^  cha- 
pitres du  livre  des  Axâtes.  Aujourd'hui 
on  baptiae  par  l'iofusion  de  l'eau  faite  sur 
la  tète  de  l'eufaul,  daps  l'égUse  d'oeci^ 
dent;  car  les  Greos  baptisent  enoere  au- 
jourd'hui par  immersion ,  an  moiae  pour 
l'ordinaire.  Les  Maronites  emploient  in- 
difttremmeut  l'uu  et  l'autre  usage. 

Im  forme  du  baptême  chas  U»  Grées 
uil  conçue  eu  ces  teruMs  :  SagHiuiUtr 


)  BAP 

S0mis  (vels0tva  )  Da',  in  n&mn$  Ptt* 
trif  t  et  FUii,  et  ^intu4-Stmcti,  4uw^^ 
Chea  les  (^tios  :  £go  tp  baptUo^  in  aor 
mi^e^  etc,  Toute  autre  formule  serais 
illicite  ^  ipefficaceè  (etin  yeu9t«  ]>  mi- 
nîslre  ordinaire  dp  baptême  solenodi 
c'est  l*évéque  op  la  prêtre  |  c'est-a-din^ 
le  auré  ou  un  autr^  prêtre  délégué  par 
Ipi  ou  par  l'évéquar  IfCmiuMlre  eptraor- 
dinaire»  c'est  là  diacre  avec  U  P0>9milr 
sipn  des  paitems  dp  premier  op  dp  s^xmd 
prdra.  Dans  le  cas  df  uécaMÎtéi  c'etH- 
dire  qpaud  pue  pysopua  est  eu  davfffr 
df  mourir  eens  beptéme»  tout  homme^ 
même  bérétîqua,  eMompuuùét  jpif  oq 
paîeo»  et  tonte  fem^ieypevTaut  donner  va:* 
lidemeot  et  licitement  le  baptême,  pourvu 
qu*ilf  aiep^  l'intentiqn  de  faire  ce  que  fai( 
l'égliie  eu  administnut  of  sapirmept  <$ 
qu'ils  prouppfeut  i|p  p#r^  eousaarées 
eu  Tersapt  Teau* 

C'est  np  dagme  4«  hl  M  çbrétienua 
ipie  le  baptême  es|t  d'ppa  abajohm  néc^a^ 
«Ué  ppHT  k  salut,  mais  qu'il  peut  étrp 
suppléé  dans  les  adultee  païkj^  martyres 
Quapt  aux  anfiius  morts  vm  bapl^e, 
nops  pepsona,  comme  la  plus  grapde  par- 
tie des  ihéologieps  catholiques,  qp'ii  y  a 
de  la  témérité  à  lei  popdamuer  à  up  chê- 
tîmeut  qu'ils  p*ont  point  mérilA  Four  fe 
«opvaiuare  que  U  aort  des  epfana  morts 
saua  baptême  u'est  pas  eabù  des  adulte^ 
qui  out  ah«^  de  Ifur  liberté  et  de  la 
graee»  il  n'y  a  qu'a  Iw  laa  mptifr  4p  jp- 

énopeés  dans  rÉvaugiU  S  PU  vurra  que  lae 
enfans  n'y  «ont  pa»  amnprif*  Quel  qu^ 
sntt  leur  état  et  omm^Xom»^  peine  an'ils 

w^^^^     ww^^^m        ^r^^^»      ç^     ^^n^*^^^^r7      ^▼^^^^      ^^^^  ^^^ 

pnimaut  au  resseutir,  Us  pt  «opt  paaasr 
sua  usajbeiuraus^dil  aaipt  AÎwa^f  ppur 
ue  nas  muarder  l'riistenne  eomme  un 

hieulalt.  SaÎPt  Thumu,  faw^  Gr^oirp 
de  Jîaiiaaxa»  saiut  Gtégoire  de  j^ysse, 
ont  établi  la  mêm^  dacftripe*  S'il  y  a  dde 
thénAtTifiM  oui  uensmt  autrement*  e'est 
uu  sentiment  paiticulîev  qui  p'est  rien 
umiae  qu'une  déciaîou  da  l'égU^a  ;  ik 
a'eugageat  sans  dpute  à  la  aoiPMilitf  aaec 
les  notiana  que  nous  avons  de  la  divi^ 
nité.  M.N.S.  Gf. 

BAPTlmSDBftAl&Lmpremiaia 
chrétiens  raaonuaissaieut  trois  sortes  de 
baptêmes  ;  T  le  baptême  de  l'eau ,  qui 
eat  œlui  que  J.-C  institua  sur  Im  bords 


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ÉAP 


( 


du  ïoardaio  ;  )^  le  baptême  de  la  péni- 
tence qu'il  fonda  au  Calvaire  en  pardon- 
nant au  voleur  converti  ({ui  mourait  à 
son  côté  ;  3^  enfin  le  baptême  de  sang 
qu'il  institua  encore  en  consommant  le 
sacrifice  de  sa  vie  sur  la  croix.  Ce  der- 
nier baptême  n*est  donc  autre  chose 
que  le  martyre  (voy.).  Pendant  les  pre- 
miers'siècles  du  christianisme  y  beau- 
coup de  néophytes  périssaient  dans  les 
tortures  avant  d'avoir  reçu  le  baptême 
de  l'eau;  mais,  aux  yeux  des  fidèles ,  le 
supplice  lui  -  même  leur  tenait  lieu  du 
sacrement  qu'ils  n'avaient  pu  recevoir. 
«  Au  baptême  de  sang,  écrivait  saint  Au- 
gustin, le  prêtre  est  remplacé  par  les 
bourreaux,  l'eau  par  le  sang,  et  l'impo- 
sition mystique  des  mains  par  les  tor- 
tures. »  f^or,  MaetyIie.  D.  a.  D. 

BAPTÊME  ÉQUATORIAL  ou 
TROPICAL.  L'antique  cérémonie  du 
baptême  maritime  a  perdu  depuis  quel- 
que temps,  comme  les  cérémonies  de 
bien  d'autres  cultes,  une  partie  de  son 
ancienne  solennité. 

Autrefois  le  jour  du  passage  sous  la  Li- 
gne ou  sous  le  tropique  était  une  fête 
que  Tfeptune  donnait  aux  marins.  Une 
ou  deux  semaines  à  l'avance,  tout  l'équi- 
page se  préparait  à  célébrer  dignement 
l'entrée  du  vaisseau  dans  le  domaine  des 
divinités  équînoxiales.  Le  gros  gabier, 
chargé  du  rôle  du  dieu  des  mers,  tressait 
sa  barbe  d'étoupe ,  apprêuit  le  harpon 
•qui  devait  lui  servir  de  trident  On  bar- 
bouillait de  peinture  noire  ou  de  gou- 
dron les  petits  mousses  destinés  à  devenir 
lesTritons  de  Neptnne.Un  vaste  autel  était 
érigé  sur  le  gaillard  d'arrière  pour  rece- 
Toir  le  serment  des  néophytes,  et  les 
pompes  à  incendie  du  vaisseau  étaient 
anssi  montées  sur  le  pont  pour  inonder 
de  l'eau  du  baptême  les  catéchumènes  qui 
se  disposaient  avec  une  certaine  bra- 
*voure  à  recevoir  l'inévitable  aspersion. 

Aujourd'hui  cette  liturgie  a  été  un  peu 
simplifiée  à  bord  de  la  plupart  des  bâ- 
timens ,  au  grand  regret  des  prêtres  du 
dieu  des  mers  qui  vivaient  aussi  un  peu  de 
l'autel.  Les  choses  se  font  bien  encore 
«vec  un  reste  de  leur  splendeur  passée  ; 
mais  en  général  on  se  contente  d'admi- 
nistrer le  baptême,  le  plus  promptement 
<c|u'il  est  possible,  sans  trop  négliger  ce- 


4)  fiAt^ 

pendant  les  formes  essentielles  ducult<;. 

Lorsque  le  navire  se  trouve  sous  la  Li- 
gne ou  sous  le  tropique ,  quand  il  ne  doit 
pas  passer  sous  l'équateur,  le  dieu  Nep- 
tune monte  dans  la  grande  hune.  Le  ca- 
pitaine se  tient  sur  son  banc  de  quart. 
Le  dieu  demande  au  capitaine ,  au  moyen 
du  porte-voix,  le  nom  du  navire,  le  lieu 
de  son  départ,  celui  de  sa  destination ,  le 
nombre  des  gens  de  l'équipage  et  des  pas- 
sagers ,  le  nom  surtout  des  individus  qui 
n'ont  pas  payé  leur  tribut  au  souverain 
du  vaste  empire  des  mers.  Après  ces 
questions  et  les  réponses  d'usage ,  I9  dieu 
Neptune  se  met  à  grelotter  de  froid  et  à 
faire  pleuvoir  sur  ses  nouveaux  sujets  une 
grêle  de  pois  verts  et  de  haricots  secs , 
météore  précurseur  de  l'aspersion  qui 
s'apprête.  La  satumale  maritime  com- 
mence alors.  Chaque  néophyte,  les  yeux 
bandés,  est  conduit  vers  une  large  baille 
ou  moitié  de  tonneau ,  remplie  d'eau.  Il 
s'agit  de  le  raser  :  qu'il  ait  ou  non  de  la 
barbe  ;  un  sabre  de  bois  dit  l'office  de 
rasoir  ;  une  eau  farineuse  ou  une  mixtion 
de  goudron  sert  de  savon.  Le  grand- 
prêtre,  ou  le  dieu  lui-même,  reçoit  la 
confession  du  pénitent,  et,  à  un  signal 
donné,  le  pécheur  est  plongé  impitoya- 
blement dans  la  baille  sur  laquelle  il 
s'est  assis.  Les  pompes  et  les  seaux 
d'eau  font  le  reste,  et  pour  peu  que  la 
rétribution  allouée  par  le  néophyte  à 
son  confesseur  ait  été  jugée  trop  faible, 
on  peut  croire  que  le  baptême  ne  man- 
que pas  d'être  copieux. 

Cette  grotesque  cérémonie,  empruntée 
aux  usages  les  plus  anciens  de  la  naviga- 
tion hauturiêre,  se  termine  par  une  dou- 
ble ration  accordée  par  le  capitaine,  et 
par  des  danses  sur  le  gaillard  d'arrière. 
La  liberté  la  plus  entière  est  accordée  ce 
jour-là  aux  gens  de  l'équipage  ;  la  disci- 
pline austère  du  bord  ne  reprend  sa  verge 
de  fer  que  le  lendemain ,  époque  inflexi- 
ble où  le  trident  de  Neptune  cesse  d'être 
le  sceptre  du  monde.  Le  jour  du  passage 
sous  la  Ligne  ressemble  aussi  à  ces  fêtes 
romaines  pendant  lesquelles  les  maîtres 
servaient  à  table  les  gens  de  leur  maison. 

N*oubUons  pas  de  dire  que  quelque- 
fois ,  pour  compléter  le  burlesque  de  ces 
petites  saturnales  du  gaillard  d'avant ,  les 
matelots  essaient  de  faire  voir  la  Ligne 


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BhP  ( 

éqoinoxiale  mnx  paasagen  cnsdules ,  eu 
plaçant  diamétralement  un  cheveu  sur 
Tobjectif  de  la  ]ongue--vue  qu^ils  leur  pré- 
sentent de  Tair  le  plus  risiblement  sé- 
rieux du  monde.  £.  C 

BAPTISTE.  Les  deux  frères  de  ce 
nom  ont,  dans  des  genres  bien  difTérens, 
tenu  long-temps  une  place  distinguée  au 
Théâtre-Français. 

M.  Baptistb  aùié  débuta  9  en  1791 , 
au  théâtre  de  la  rue  Culture~Sainte-Ca- 
therine ,  au  Marais,  l'un  des  nombreux 
spectacles  qu'avait  fait  édore  le  décret 
de  VAssemblée  constituante,  qui  rendait 
libre  Pexploitation  des  entreprises  dra- 
mttiques.  L'imitation  faite  par  Lamarte- 
lière,  des  Rœuber  de  Schiller,  sous  le 
titre  de  Robert^  chef  de  brigands,  attira 
tout  Paris  à  ce  théâtre.  M.  Baptiste  y 
remplissait  le  principal  rôle,  dans  lequ^ 
sa  taille  presque  colossale  ajoutait  beau- 
coup à  l'effet  qu'il  y  produisait.  Biais  son 
talent  avait  d'autres  ressources,  et  lors- 
qu'il entra  l'année  suivante  au  théâtre 
Âïide  la  Réptdfiique,  l'une  des  fractions 
de  la  Comédie  française,  son  aplomb, 
son  jeu  toujours  soigné,  son  tact  pro- 
fond ,  sa  rare  intelligence ,  ne  tardèrent 
pas  à  l'y  placer  au  premier  rang.  Toute- 
fois, quelques  désavantages  physiques  et 
un  son  de  voix  sourd  et  nasal,  que  ne 
pouvait  entièrement  dissimuler  sa  dic- 
tion habile ,  nuisirent  toujours  un  peu  à 
ses  succès  dans  la  tragédie.  11  en  obtint 
de  bien  plus  prononce  dans  la  comédie 
et  le  drame.  Aucun  acteur  n'avait  mieux 
joué  le  Glorieux,  et  l'on  se  rappelle  la 
supériorité  avec  laquelle  il  cr^  le  rôle 
du  capitaine  dans  les  Deux  Frères ,  de 
Kotzebuë.  Après  la  réunion  des  artistes 
de  notre  première  scène  et  la  réorgani- 
sation complète  du  Théâtre -Français, 
Baptiste  atné  continua  d'y  mériter  et  d'y 
obtenir  la  faveur  publique.  Dans  les  pè- 
res, dans  les  raisonneurs,  et  même  dans 
une  partie  de  ce  qu'on  appelle  lespre^ 
miers  r6les,  l'ancien  et  le  nouveau  ré- 
pertoire trouvèrent  en  lui  un  interprète 
également  distingué. 

£n  quittant  la  scène,  il  y  a  plusieurs 
années,  M.  Baptiste  ne  cessa  point  de 
se  rendre  utile  à  l'art  dramatique.  Il  se 
▼ooa  entièrement  à  ses  fonctions  de  pro- 
fesseur à  Técole  royale  de  déclamation , 


5)  BilP 

qu'il  a  remplies  pendant  long-temps  avec 
autant  de  zèle  que  de  talent  Ses  leçons  , 
toujours  dirigées  par  le  goût  et  Tinstruc- 
tion  ,  ont  formé  plusieurs  artistes  recom- 
mandables,  non-seulement  pour  le  théâtre 
auquel  il  avait  appartenu,  mais  pour  nos 
grands  spectacles  lyriques ,  où  le  public 
français  aimera  toujours  à  trouver  réuni 
au  mérite  du  chanteur  celui  du  comé- 
dien. 

M.  Baptiste  cadet,  en  partageant  de 
bonne  heure  le  goût  de  son  frère  pour  le 
théâtre,  se  sentit  entraîné,  dans  cette  car- 
rière, par  ses  dispositions  naturelles,  vers 
un  but  tout  opposé.  Avant  d'arriver  au 
comique  il  passa  par  le  bouffon ,  puis- 
qu'il commença  par  jouer  les  niais  au 
spectacle  de  M*^  Montansier.  U  y  fut  le 
prédécesseur  de  Brunet  en  créant  le  type 
des  Jocrisse*  C'est  là  aussi  que  ses  mots 
plaisans,  ses  lazzis  burlesques  dans  le 
r61e  de  Danières ,  firent,  d'une  comédie 
de  Desforges,  l'amusante  farce  du  Sourd, 
Après  avoir  fait  partie  pendant  quelque 
temps  du  théâtre  de  la  République,  qu'il 
avait  quitté  en  1792  pour  celui  de  Fey- 
deau,  il  fut,  à  l'époque  de  la  réunion 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  rappelé 
au  Théâtre-Français  pour  y  tenir  en  chef 
l'emploi  des  eorniques.  On  sait  avec  quel 
succès  il  s'en  acquitta.  Si  dans  quelques 
rôles  qui  prêtent  à  la  charge ,  tels  que 
celui  de  Thomas  Diafoirus,  on  retrouve 
encore  parfois  quelques  traces  de  bouf- 
fonnerie, il  sut  dans  Bazile,  dans  Bri- 
d'oison ,  dans  l'Intimé  des  Plaideurs,  et 
dans  une  foule  d'autres  rôles ,  se  mon- 
trer à  la  fois  l'acteur  de  la  vérité  et  de 
la  boune  plaisanterie. 

Depuis  leur  retraite  les  deux  frères 
ont  reparu  quelquefois,  soit  au  Théâtre 
Français,  soit  dans  les  représentations  à 
bénéfice,  et  les  nombreux  comiques  de 
nos  spectacles  ont  pu  trouver  dans  leur 
jeu  naturel  et  franc,  des  leçons  qu'ils  ne 
peuvent  que  gagner  à  mettre  en  prati^ 
que.  M.  O. 

BAPTISTÈRE,  lien  destiné  à  la 
conservation  de  l'eau  baptismale  et  à  l'ad- 
ministration du  baptême  (vojr,  ce  mot). 

Le  baptistère  de  Jésus  fut  le  Jourdain. 
Ses  premiers  disciples  n'en  eurent  d'à- 

Ibord  pas  d'autre.  Bientôt  cependant  ils 
se  servirent  de  toute  rivière ,  de  tout  lac 


/ 


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SAP 


( 


baptéitté.  P^alei  de  t^eàa,  tlit  reùAtkque 
âé  la  i^ine  Ôittdace  i  Pfaillp))e,  qu'est- 
ce  qui  empêche  quéjt  sais  ImpHsé?  H 
tu  Alt  de  méine  de  le(ii*8  sueéé^seurs, 
fàttt  que  r&titoHtë  répoUsM  le  chHstia- 
xAstiit  et  pfosa^tit  l'etcfréice  publié  de 
éon  <iul(é.  Maïs  aus'sltôi  qu'il  fut  permis 
àutchrëdeM  débAtli"  des  églises,  iIs<ïon-^ 
struisirent,  tout  auprès  des  cathédrales , 
des  édiicdi  qtl'bn  appela  baptistères, 
piseihesytieux^ilhitnittatiottj  êfe.yaiiisl 
que  lé  Xémàîf^ebt  «alut  Cjtille  dé  Jéni^ 
éalém ,  «aint  PàtiHii  dé  Hol6,  saint  Aîi- 
gustltt,  et  d*atttreè  P^réa. 

IfouB  ifoyiois  dans  Ici  Mte»rt  des 
Chrétiens,  par  Vihbé  Fleiiry,  HT  par- 
tie, chap.  xmtj  ce  que  e*éta!t  qtie  lea 
anciens  baptiëtèi^eis.  <i  Lé  baptistèi% ,  dit- 
il  ,  toi t  d^ôrdibaire  bâti  en  rôtid ,  a;f ant 
un  enfbuèéttiéht  ah  Ton  deécêndâit  par 
quefques  marche^  pour  entrer  dauii  feati, 
car  c'était  proprétnetit  un  bain.  Dépuis 
on  se  contéflta  d'une  grande  cuve  de  mar^ 
bre  ou  de  porphyre,  comme  une  bai- 
gnoire, et  enfin  on  se  réduisit  k  un  bas- 
sin éomme  sont  aujourd'hui  les  fonts.  Le 
baptistère  était  flUsîtl  orné  de  peinture 
(^nvenàblés  à  ce  itaéreibent,  et  gftrni  de 

Stupeurs  vfcSés  d'or  et  d'argent ,  pour  gar- 
er les  saintes  htilles  et  pourterser  Teau. 
CéffiL-d  éuîent  souvent  en  forme  d'à- 
gnéatnt  od  de  eerfs,  pour  représenter 
r Agneau  dont  le  sang  nous  lare,  et  pour 
marquer  lé  désir  des  âmes  qui  cherchent 
Âiéu,  énmttte  itn  cerf  altéré  cherche  une 
fontaine ,  suivant  l'étpresslon  du  nsanme 
xti.  On  y  voyah  aussi  limage  de  saint 
Jean-Baptiste,et  une  eolômbe  d'érou  d'af- 
gent,  sn^pendtle  sur  le  bain  Saeré,  pour 
mieux  i^préséntef  toute  l^lstotre  du  bap 
téAé  dé  lésuà-Ghrist  et  lA  vettn  dn  Saint- 
£sprtt  qui  deséend  sur  l'éau  bkntbmale. 
Quél(tus4ms  Même  d&sideut  U  Joardath 
ptfuf  dire  tes  fonts.  t> 

On  sent  Men  que  eette  descriptiott  des 
baptistères  ne  convient  pas  à  tous  sans 
étcéptlôn.  En  diverses  ctreonsunces  et 
dans  divers  payé,  on  en  revint  aux  fon- 
taines ,  au«  lacs  et  Éitit  rivières ,  comme 
dans  Ia  primitive  église  et  sous  le  beau 
ciel  dé  f  Orient.  Lés  GermAins,  eonvertls 

Er  le  glaive  deCharlemagné,  trouvèrent 
I  baptiitère»  dans  les  fleuves  de  leur 


ê)  ÈAh 

pty9.  IM  t^réht  ufle  aboAdaàte  iihmer' 
siota,  comme  si  la  quantité  d'eau  devait 
suppléer  à  la  fkîblesse  de  ta  foi  !  d'autres 
Airent  copieusetoient  aspergés  sur  les 
bords  de  ces  mêmes  fleuves.  Insensible^ 
ment  les  baptistères  furent  restreints  dans 
l'enceinte  des  basiliques  et  en  firent  par^ 
tie.  Ce  ne  fbt  le  plus  souvent  que  des 
chapelles  disposées  à  l'entrée  dés  églises, 
au  milieu  desquelles  s'élevait  un  bassin 
de  pierre,  propre  k  contenir  l'eau  bap- 
tismale. Cest  ce  que  Ton  voit  générale^ 
ment  dans  les  étau  qui  professent  la  reli- 
gion catholique,  si  Vùh  éû  excepté  quel- 
ques contrées  d'Italie,  od  l'on  trouve  en- 
core des  baptistères  séparés. 

Maintenant  lé  baptistère  n*est  pas  seu- 
lement le  Heu  où  l'on  confère  le  sacre- 
ment du  baptême  ;  On  donne  encore  ce 
nom  AUX  fonts  baptismaux* 

L'acte  de  baptême  est  également  ap- 
pelé baptistère ,  dans  le  langage  du  peu- 
ple. J.  L. 

BAt^STES  ,  voy.  Ah abà^tistks 
£¥  MÈinioiriTCS. 

BAR  TcoteTi,  puis  nocné  tt).  Le 
BarroLi,  le  cdmté  ou  duché  de  Barrois, 
hAbité  du  temps  des  Rortialns,  puisque 
plusieurs  villes  dont  il  i^e  reste  aujour- 
d'hui que  des  ruines  y  florissatent,  a  fait 
long^temps  partie  du  pays  des  Leuqaois, 
sous  lé  nom  de  Pagns  Bàrrensis;  il  fbt 
ensuite  enclavé  dans  le  vaste  royaume 
èiAustrtuié;  et,  à  l'époque  du  partage  dé 
l'aneién  royaume  de  Lothatre,  par  Bru- 
non  ,  qui  ne  pouvait  régir  seul  un  pays 
aussi  étendu,  le  Barrois  concourut  \  for- 
mer la  Bante^  Lorraine  6it  le  dttehé  de 
Mkisellûhe,  appelé  ainsi  parce  que  la 
MoAelle  la  traversait  depiiis  sA  sdnrce 
jusqu'à  son  embouchure.  Le  Barrois  eut 
ainri  une  Suite  de  comtés,  petl  connus 
dans  l'histoire.  En  %h%y  Frédéric  d'Ar* 
denne,  eomte  de  Bar,  qui  avait  épousé,  en 
§54,  la  princeaàé  Béatrix,  fille  de  Hn- 
gues4e-Grand  et  nièce  dti  roi  Othon  et 
de  l'archevêque  Btiinôd,  devint  duc  bé* 
néfider  de  la  Hatité-Lôrt^ine,  é'est-à- 
dire  gouverneur  à  vie  d'une  province 
qu'il  tenait  en  fief  de  l'empire  d^Allema- 
gne.  Il  mourut  en  984,  après  avnir  élevé  le 
château  dé  Bar  et  détruit  une  infinité  de 
fbrteresses  qui  occupaient  toutes  les  hat^» 
tenrs  depuis  l'invasion  dés  Huns,  et  ^er* 


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BAR  (7 

▼aicBl  d«  réptirés  à  àei  brlutMdi  oontre 
iMquehte  brisa  phiid'utie  fois  la  puissance 
impériale.  Frédéric  I^*"  eatpotir  fib  et  suo- 
cèsséor  Théodoric  I*'*  A  celui-ci  succéda 
Frédéric  II,  qai  ne  laissa  que  deux  filles, 
dont  l'aînée,  la  comtesse  Sophie,  épousa 
Louis  de  Montbelllard,  père  de  Thierri, 
souche  de  la  seconde  maison  de  Bar.  So- 
phie gouvernait  en  1048,  époque  mémo- 
rable par  farénement  de  Gérard  d'AI-^ 
ue^  an  trAne  héréditaire  de  Lorraine  ; 
elle  s'associa  sort  fils,  Thierri  n,  qni 
épousa  Ermentmde,  fille  deOuîllaume  II, 
duc  de  Bourgogne,  et  prit  le  titre  de 
coMte  qn'atalt  déjà  porté  son  père.  Bar, 
doflt  IVxistence'  parait  remonter  au  ▼* 
fiède,  et  dunt  les  coteaux  étaient  déjà 
cultivés  et  couverts  de  vignes  sons  le  rè- 
gne de  Childeric  1*',  s'agrandit  dans  le 
cours  du  XI®  siècle;  les  comtes  attirèrent 
des  hablUns  Autour  du  château,  en  leur 
accordant  des  franchises;  On  eoupa  les 
bois  qui  l'environnaient;  les  citoyens  les 
plus  opulens  s'jr  transportèrent  et  bâti^ 
rent  la  ville  haute.  Renaud  1®',  prince 
vaillant,  dont  la  vie  fut  une  suite  de  pros- 
pérités et  d'infortunes,  mort  en  ermite 
au  chftteau  de  Mouçon  ;  Hugues  I*'  son 
fils,  qui  porta  sa  bannière  en  Palestine; 
Henri  I*',  mort  an  siège  d'Acre,  dans 
Tarttiée  de  Philippe-Auguste,  lorsque  sa 
mère,  la  princesse  Agnès,  luttait  avec 
énergie    contre   l'évéque    de  Terdun  ; 
Thiébàutl*%prince  turbulent,  fanatique, 
croisé  contre  les  Albigeois ,  se  succédè- 
rent dans  la  pq^session  souveraine  du 
Barrois.  Henri  II,  fils  de  Thiébaut,  allié 
de  la  France,  fit  des  prodiges  de  valeur 
à  la  bataille  de  Bouvines;  mais  ce  bouil- 
lant courage  fut  plutôt  chet  lui  un  vice 
qa*une  vertu.  Il  ravagea  la  Lorraine, 
brâlA  70  villages  dans  une  seule  etcur-» 
siofi  et  pérît  en  Palestine,  près  de  Gaza. 
Thiébaul  U ,  etcommunié  par  Févéqné 
âë  Mett  tfa*\\  avait  ftrit  prisonnier,  relevé 
de  Tinterdit  au  concile  de  Lyon,  tonjocTra 
en  lutte  avec  ses  voisins,  obtint  pour  son 
Ûh  Henri  III  hi  jeune  Alîénor,  fille 
d'Edouard  I*',  roi  d'Angleterre,  et  se 
ménagea  ainsi  un  puissant  allié.  Henri 
embrassa  le  parti  des  Anglais  contre 
Philippe-le-Bel  et  ravagea  la  Champagne. 
La  reine  Jeanne  de  Navarre  tnâlrcha  oon- 
ite  lut,  te  prit  «t  le  fit  conduire  à  Bruges. 


BAR 


Ce  fut  dam  sa  priion  qu'il  aigna  11  pro- 
messe de  faire  homoMige  au  roi  de  tout 
ce  qu'il  possédait  sur  la  rive  gaocbe  de 
la  Meuse  et  d'aller  outre-mer,  D  y  mou* 
rut  en  1309.  Cest  du  traité  de  Brogea 
que  date  la  distinction  du  Barroia  vnoir- 
sHint  et  non^mouviiniy  devenu  depuis 
l'objet  d'un  si  grand  nombra  de  diiffi- 
cultes.  La  noblesse  barréslenne  protesta 
contre  l'aliénation  d'une  souperameté  in- 
dépendante qui  n'appartenait  point  en 
propre  au  souverain;  mais  ce  fut  inuti- 
lemen  t,et,  à  l'avènement  de  chaque  prince, 
les  rois  de  France  contintièrent  à  recevoir 
l'hommage  des  comtes  de  Bar.  Léo- 
nard I*',  époux  de  Marie  de  Bourgogne , 
décédé  en  allant  en  Palestine;  Henri  IV, 
Edouard  II,  Robert  1**^,  fils  et  petit-fils 
d'Edouard  I^',  ne  semblent  avoir  pris  la 
couronne  que  pour  désoler  les  peuples. 
Robert  était  encore  mineur  lorsque  ses 
éttils  furent  érigés  en  duché  (1364).  Il 
épousa  Marie  de  France,  fille  du  roi 
Jean,dontilent  quatre  enfans.ÉdooardIII^ 
l'un  d'eux,  tué  à  la  bataille  d'AcIncourt, 
en  1416,  laissa  son  frère,  le  cardinal  de 
Bar,  seul  héritier  de  sa  maison.  Ce  car- 
dinal céda,  le  13  aoàt  1419,  la  propriété 
du  duché  de  Bar  et  du  marquisat  de 
Pont-à-Mousson  à  son  neveu  René ,  duc 
de  Guise,  puis  roi  de  Sicile  et  duc  d'An* 
jon.  On  transigea  par  indemnité  avec  les 
princes  de  la  maison  de  Bar  qui  pouvaient 
avoir  des  prétentions  âu  duché,  et  le  car- 
dinal négocia  le  mariage  de  son  neveu 
avec  Isabelle,  fille  unique  du  duc  de  Lor- 
raine, Charles  H  ;  mesure  politique  d'une 
hante  convenance,  puisque  deux  souve- 
rainetés toujottra  rivales,  toujours  enne- 
mies, allaient  se  confondre  soUs  uil  même 
sceptre.  Cependant  ces  deux  états  con- 
servèrent chacun  leun  droits,  leurs  cou- 
tumes et  leur  mode  de  juridiction  res- 
petlif.  Le  Barrois  suivit  les  tristes  des- 
tinées de  la  Lorraine  (voy-  ce  mot). 

Les  armes  du  duché  de  Bar  étaient 
parti  d'azur,  semées  de  croix  recroiset- 
tées  au  pied  fiché  (tor  et  sa  devise, 
adoptée  par  la  ville  de  Bar:  Plus  penser 
que  dire.  Les  monnaies,  ordinairement 
distinguées  par  deux  barbeaux,  se  frap- 
paient à  Bar,  à  Saint-Mihiel,  à  Clermont 
en  Argonne  et  même  à  Étain.  B  existe  des 
monnaies  d<  France  frappées  à  B«r. 


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BAR 


( 


Le  Barrois,  borné  au  nord  ptr  la  Lor- 
raine, le  Clermoi^toîs  et  une  partie  de 
Févéché  de  Verdun,  au  midi  par  la  Cham- 
pagne et  les  Vosges,  avait  du  nord  au  sud 
une  étendue  d'environ  40  lieues,  et  de  10 
à  12  de  Test  à  j'ouest.  Il  dépendait,  au 
spirituel,  pour  une  partie  de  Tévéché  de 
Verdun,  et  pour  l'autre  partie  de  l'évéché 
de  Toul,  et  comprenait,  avant  la  division 
départetnenule ,  deux  bailliages  divisés 
en  plusieurs  prévôtés  et  châtellenies,  qui 
ressortissaient  du  parlement  de  Paris  : 
c'était  le  Barrais  mouvant.  Le  Barrais 
non-mouvant,  beaucoup  moins  considé- 
rable, dépendait  du  parlement  de  Nan- 
cy. Le  département  de  la  Meuse  (voy,  ce 
mot)  représente  avec  assez  d'exactitude 
les  anciennes  limites  de  la  principauté 
de  Bar.  £.  A.  B. 

Bar  (vins  de)fVoy.  Mbusb  {eiépar^ 
tement  de  la), 

BAR  (coNFiniRATiov  de).  Plus  d'un 
siècle  de  malheurs  et  d'opprobre  avait  en- 
fin dégoûté  les  Polonais  de  l'anarchie. 
Dès  la  seconde  moitié  du  xyiii^  siècle, 
d'illustres  citoyens  entreprirent  la  régé- 
nération de  leur  patrie;  mais  la  Russie, 
dont  les  troupes  ne  quittaient  plus  la  Po- 
logne depuis  l'avènement  au  trône  de 
Stanislas- Auguste  Poniatowski,  son  pro- 
tégé, était  résolue  d'arrêter  tous  les  pro- 
jets des  patriotes.  Bepnin,  ministre  de 
Catherine  II  à  Varsovie,  après  avoir  fait 
enlever,  dans  la  nuit  du  1 3  octobre  1767, 
quatre  principaux  membres  de  la  diète, 
fit  voter  par  celle-ci  les  fameuses  iois 
cardinales  et  matières  d'état ^  par  suite 
desquelles  tous  les  abus,  source  d'une  li- 
cence anarchique,  qui  n'avaient  jus- 
qu'alors que  force  d'usage,  passèrent  en 
lois  formelles,  garanties  à  perpétuité 
par  la  Russie.  Cette  espèce  de  constitu- 
tion fut  promulguée  le  31  février  1768, 
et  le  29  du  même  mob  Joseph  Pulavrski, 
avec  ses  trois  fils  et  ses  deux  neveux,  ainsi 
que  deux  autres  patriotes,  réunis  à  Bar 
(petite  ville  de  la  Podolie),  prolestant 
dans  un  acte  solennel  contre  la  garantie 
moscovite,  résolurent  de  repousser  la  ty- 
rannie par  la  force.  Ils  choisirent  exprès 
cette  petite  ville,  à  quelques  lieues  des 
frontières  turques,  parce  que  les  plus 
grandes  forces  éts  Russes  étant  appelées 
alors  aux  environs  de  Va^rsovie  pour 


8)  BAR 

maintenir  la  diète  dans  robéissaoce,  ils 
étaient  sûrs  d'avoir  plus  de  temps  pour 
agir  et  un  plus  grand  espace  de  pays  libre 
devant  eux.  Le  chambellan  Krasinski  fut 
proclamé  maréchal  provisoire  de  cette 
confédération  {voy,  ce  mot),  et  Pulawski 
régimentaire  ou  chef  des  troupes. 

Malheureusement  le  moment  de  l'ex- 
plosion était  mal  choisi.  On  n'avait  pris 
dans  aucune  province  des  mesures  pour 
soutenir  les  confédérés.  Tout  le  pays 
étant  occupé  par  les  Russes,  les  familles 
éparses  dans  les  chftteaux  devenaient 
autant  d'otages  entre  leurs  mains.  La  plus 
grande  partie  de  la  noblesse  était  en  ou- 
tre sans  armes,  et  la  politique  moscovite 
avait  éteint  en  Pologne  toutes  les  tradi- 
tions militaires.  Les  50  ans  d'oisiveté  for- 
cée à  laquelle  cette  politique  avait  con- 
damné les  Polonais  nç  leur  avaient  laissé 
que  leur  bravoure  et  l'antique  dévouement 
à  la  patrie.  L'évéque  de  Kaménîetz,  Kra- 
sinski, qui  depuis  long-temps  méditait  le 
soulèvement  national,  avait  désiré  qu'on 
attendit  la  retraite  des  troupes  russes,  et, 
avant  tout,  il  voulait  s'assurer  de  la 
coopération  de  la  Turquie  et  de  la  France  : 
ses  tentatives  à  ce  sujet,  qui  étaient  à  peine 
commencées,  lui  promettaient  un  plein 
succès;  mais  lorsqu'un^  seule  pensée, 
un  seul  sentiment  domine  toute  une  na- 
tion, rien  ne  saurait  retarder  l'explosion. 

Daus  l'espace  de  quelques  jours,  la 
confédération,  appdy^  par  toute  la  no- 
blesse des  environs,  parvint  à  rassembler 
8,000  hommes;  eUe  nomma  des  députés 
pour  la  Turquie,  pour  la  cour  de  Saxe,  et 
pour  laTatarie.Repnin,dans  ses  embarras, 
eut  recours  à  cette  vieille  ruse  mosoovite 
qui  plus  d'une  fois  avait  sauvé  cet  em- 
pire: il  offrit  de  négocier;  et  tandis  que 
des  conférences  suspendaient  toute  hos- 
tilité de  la  part  des  confédérés,  il  accom- 
plit ses  desseins.  Sept  régimens  russes  et 
5,000  Cosaques  se  mirent  en  marche  et 
attaquèrent  les  confédérés  au  même  ins- 
tant sur  tous  les  points.  Il  en  coûta  beau- 
coup de  sang  à  ces  derniers,  pour  con- 
server leurs  postes  les  plus  importans  ; 
ils  furent  chassés  de  beaucoup  d'antres. 
Ainsi  commença  cette  lutte  inégale,  que 
le  courage  et  le  patriotisme  surent  pro- 
longer plusieurs  années  et  qui  rendit  la 
confédération  de  Bar  illusû^  dans  les 


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BÀR  (9 

amalet  poknuûses.  Les  Russe»  s'empa- 
rèrent dans  toutes  les  provinces  des  mou- 
lins à  poudre  ;  il  y  avait  peine  de  mort 
contre  tout  marchand  cpii  vendrait  de  la 
poudre  à  tirer.  Les  lieux  où  on  pouvait 
déposer  les  actes  publics  étaient  égale- 
ment claus  les  mains  des  Russes,  et  les 
habituas  des  villes,  sous  peine  de  voir 
leurs  villes  brûlées,  étaient  forcés  de  dé- 
noncer toute  assemblée  qui  s'y  faisait 
«  On  voyait  (dit  Ruihière ,  dans  son 
Hisioire  de  l'anarchie  de  Pologne)  un 
peuple  désarmé,  dont  le  territoire  dans 
toute  son  étendue  était  occupé  par  une 
armée  ennemie,  nombreuse,  disciplinée, 
formidable  et  sans  cesse  recrutée;  un 
peuple  trahi  par  son  roi  et  par  une  par- 
tie de  son  sénat,  dans  un  pays  sans  for- 
teresses et  même  sans  montagnes,  ces  asi- 
les naturels  de  Tindépendance ,  se  soule- 
ver de  toutes  parts ,  et  attaquer  à  coups 
de  sabre  des  batteries  de  canon,  lis 
étaient  souvent  dispersés,  ib  se  ralliaient 
à  quelques  lieues  de  là;  et  ces  nombreux 
avantages  que  les  Russes  avaient  soin  de 
publier  se  réduisaient  à  ce  que  les  trou- 
pes confédérées,  n'ayant  pas  quelquefois 
de  quoi  charger  un  fusil,  n'ayant  souvent 
d'autres  armes  que  des  barres  de  fer,  se 
dispersaient  lorsqu'elles  étaient  attaquées 
par  de  l'art  îllerie.  » 

«  Sur  les  plus  simples  soupçons  (  con- 
tinue le  même  historien),  les  seigneurs 
étaient  enlevés  dans  leurs  terres  et  ame- 
nés au  palais  de  l'ambassadeur  russe,  à 
la  queue  des  chevaux  des  Cosaques.  Tous 
les  usages  par  lesquels  les  nations  les 
plus  barbares  ont  adouci  le  fléau  de  la 
guerre  étaient  violés  à  Tégard  des  con- 
fédérés; toutes  les  capitulations  deve- 
naient des  pièges;  la  foi  donnée  aux  pri- 
sonniers était  toujours  trahie.  » 

Nous  ne  suivrons  pas  Ruihière  dans 
le  détail  qu'il  donne  ensuite  de  toutes 
les  cruautés  commises  par  des  officiers 
généraux  sur  les  habitans  des  campagnes 
et  des  supplices  nouveaux  qui  furent  in- 
ventés, 

A  l'aide  de  ses  popes,  Catherine  ap- 
pela à  la  révolte  les  paysans  des  provin- 
ces méridionales  de  la  Pologne  qui  sui- 
vent le  rit  grec.  Une  guerre  civile  qui 
s'ensuivit  devint  atroce  et  sanglante. 
Néanmoins  ht  oonrédération  croissait  au 


)  BAR 

milieu  de  ses  désastres.  Les  cruautés  des 
Russes  enflammaient  le  désespoir  de  la 
nation,  et  plus  il  périssait  de  confédé- 
rés plus  il  s'en  reproduisait.  Le  district 
de  Halicz  fut  le  premier  dont  la  no- 
blesse, s'étant  confédérée  sous  le  ma- 
récbalat  ,du  grand  -  échanson  Potoçki , 
adhéra  à  la  confédération  de  Bar.  Bien- 
tôt après ,  la  Lithuanie  offrit  plusieurs 
confédérations;  venaient  ensuite  celles 
de  Cracovie,  de  Lublin  et  la  plus  formi- 
dable de  toutes,  celle  de  la  Grande-Po- 
logne. Il  s'en  forma  enfin  une  des  plus 
hardies  et  des  plus  tenaces  jusque  soua 
les  murs  de  Varsovie,  à  Zakroczym.  Mais 
un  renfort  de  troupes  russes  entra  en  Po- 
logne :  les  confédérés  furent  dispersés 
sur  plusieurs  points;  le  plus  grand  nom- 
bre prit  le  chemin  de  la  Turquie  pour 
s'y  rallier,  et,  en  se  sauvant  au-delà  du 
Dniester,  ils  cherchèrent  dans  leur  dé- 
faite l'occasion  de  compromettre  au 
moins  la  Russie  avec  la  Turquie,  en  en- 
traînant les  troupes  moscovite^  jusque 
sur  le  territoire  othoman. 

Moustapha,qui  régnait  alors  à  Constan- 
tinople,  avait  conservé  quelque  sentiment 
de  l'antique  fierté  olïiomane;  il  avait 
à  venger  sur  la  Russie  les  nombreux 
soulèvemens  des  Monténégrins,  excités 
par  les  agens  de  Catherine,  et  il  brûlait 
d'envie  de  mettre  un  terme  à  ses  vues  am- 
bitieuses sur  l'ancien  empire  grec.  De  leur 
côté,  les  émissaires  des  confédérés  ne 
cessaient  de  travailler  le  divan,  et  les 
dames  polonaises  envoyèrent  en  pré- 
sent aux  sulthanes  tous  leurs  bijoux. 
Le  14  juillet  1768,  vint  à  Constanti- 
nople  un  courrier  qui  annonça  l'incen- 
die de  Balta  et  la  violation  du  terri- 
toire turc;  le  sang  musulman  avait  coulé. 
Tant  de  motifs  de  guerre  ne  laissaient 
plus  aux  ministres  de  Moustapha,  effé- 
minés et  vendus  à  la  Russie,  aucun  pré- 
texte pour  conserver  la  paix.  Le  drapeau 
rouge  fut  donc  déployé  dans  toutes  les 
villes  de  l'empire.  Trois  cent  mille  Turcs, 
l'étendard  de  Mahomet  en  tête,  marchè- 
rent bientôt  vers  la  Moldavie.  A  cette 
nouvelle ,  dit-on ,  tes  pleurs  suffoquèrent 
Catherine  ;  n'ayant  à  opposer  à  ses  en- 
nemis que  24  à  80,000  hommes,  elle 
oflrit  de  livrer  vivans  200  Cosaques,  et 
de  les  abandonner  à  la  vengeance  d^ 


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BkR 


(10) 


BAR 


Twe».  En  M^i  dit  «Il  ottdér  «irpérU 
iMilté,  «  S0,00p  Turcs  âguems,  discipli* 
nés  y  mabis  d'ane  bonne  artillerie,  et 
eôndoits  par  un  chef  habile,  auraient 
suffi  pour  terminer  en  (leu  de  mois  cette 
guerre  et  pénétrer  jusqu'à  la  capitale  de 
Fempire  russe.  »  Mais  tous  ces  avantages 
manquaient  précisément  à  Tarmée  de 
M éhémet-Emin  qui,  desimpie  marchand 
drcassien,  était  détenu  nouveliement 
gtand-Yislr« 

L'éréque  de  Kaménietz  accourut  ans^ 
a<t6t  de  France,  potir  diriger,  dans  cette 
erise,  les  affaires  de  sa  patrie.  Son  cèle 
infatigable  à  mettre  de  Tordre  dans  l'a- 
narchie et  de  la  prudence  dans  les  pas- 
aions  de  ses  concitoyens,  était  efîectiTe- 
ment  bien  nécessaire.  Déjà  les  divisions 
commençaient  à  s'établir  entre  quelques 
chefs  des  confédérés.  Potoçki  réussit  à 
rendre  suspect  le  patriotisme  de  Pulaws- 
ki ,  et  i  fklre  garder  en  prison  ce  citoyen, 
qui  ikiourut  dans  cette  captivité.  <t  Sacri- 
iex  tos  ressentimens  \  ne  songez  qu'à  là 
patrie,  et  que  votre  cotiduite  rende  hom- 
mage à  ma  mémoire.  »  Tels  fbrent  les 
derniers  tnots  que  ce  grand  citoyen  dit 
à  ses  fils. 

Tous  les  eflbrts  des  patriotes  tendaient, 
d'abord ,  à  réunir  les  confédérations  par- 
tielles, pour  en  former  une  con/édéra^ 
tion  générale  et  légale;  ensuite  à  concer- 
ter leurs  plans  avec  ceiit  des  Turcs.  Ils 
àmraient  désiré  que  le  théâtre  de  la  guerre 
fût  aussitôt  transporté  au  cœur  de  ta  Rus- 
sie; mais  l'orgueil  stupîde  de  Méhémet- 
Emin  n'admit  pas  leurd  conseils;  dans 
un  seul  c^s,  Potoçki  parvint  à  lui  /air« 
accepter  si»  services,  et  sauva  ainsi  la 
fille  de  Chocira.  L'impéritie  du  grand- 
f  Isif,  chef  d'une  si  nombreuse  srmée,  le 
ééiordre  qui  dut  s'ensuivre,  Tindlsci- 
plinè  «t  la  disette  dans  le  camp  turc, 
portèrent  bientôt  leurs  fhiits.  Le  pont 
que  les  Turcs  avaient  jeté  sur  le  Dnies- 
ter l'étant  rompu,  toute  leur  armée  fut 
dispet-sée  à  la  suite  de  ce  seul  événe- 
ment (1769).  Leur  seconde  campagne, 
tollé  de  1770,  ne  fut  pas  plus  heureuse. 
A  là  bataille  de  Cahoul,  le  générât  russe 
Roumantsof,  avec  17,000  hommes,  par- 
tiât  8  en  mettre  en  déroute  une  multi- 
tude innofiibrable,  dont  il  ne  resta  que 
lt,000  hetàmeft  att  gtaud-vislic  HaKI. 


Lm  «otifêdéréi  qui  atatMt  rendu  éé 
grands  services  à  leurs  alliés,  en  formant 
leur  arrière-garde  et  couvrant  leur  re- 
traite, Se  virent  ainsi  abandonnés  à  leuri 
propres  forces.  Quatre  puissances,  la  Tul^* 
quie,  la  France,  l'Autriche  et  la  Saxe, 
semblaient  s'intéresser  à  leur  sort.  Ils  ne 
demandaient  que  des  armes  et  du  pain  : 
ils  en  demandèrent  vainement.  Les  Turcs 
avaient  fui;  Vienne  n*accordait  qu'un 
refuge;  la  France  se  contentait  long- 
temps d'avoir  armé  les  Turcs;  la  cOur  de 
Sake  n'avait  aucun  plan  arrêté,  ou  plu- 
tôt attendait  l'issue  des  événemens.  Ce- 
pendant la  guerre  d«  Turquie  faciliu 
an  moins  la  formation  d'une  confédéral 
tion  générale,  qui  eut  lieu  au  mois  de  no- 
vembre 1769,  et  qui  éublit  la  résidence 
de  son  conseil  général ,  chargé  du  pou- 
voir souverain  dans  toute  l'étendue  de 
là  réfmblique,  à  Biala,  ville  dont  une 
moitié  est  sur  le  territoire  polonais,  «t 
l'autre  moitié  sur  le  territoire  de  TAutri- 
che.  Le  maréchal  provisoire  Kràsioski 
fbt  pH>clamé  maréchal-général  de  la  eon- 
fédération  des  deux  Polognes,  et  Potoçki 
r^mentaire-général.  Paç,  élu  maréchal- 
général  de  Lithuanie,  fut  uommé  substi- 
tut  de  ces  deux  chefs  jusqu'à  leur  retour 
de  Turquie*  Loin  de  désespérer  de  la 
patrie,  un  des  premiers  soins  de  la  con- 
fédération générale  fut  de  consulter  des 
publicistes  célèbres,  Mably  et  Rousseau, 
pour  savoir  quelle  forme  de  gouverne- 
ment les  Polonais  devaient  donner  à  leur 
république,  après  sa  délivrance.  D'un  au- 
tre c6té,  grâce  aussi  à  la  diversion  qu'elles 
durent  aux  Turc» ,  les  petites  troupes  des 
confédérés  s'étaient  peu  à  peu  aguerries, 
et  plusieurs  de  leurs  chefs  commençaient 
à  devenir  des  généraux  habiles  et  redou- 
tables. L«s  combats  d'Okopy,  de  Zwa- 
nieç,  de  Stolowicé,  de  Czenstohova,  de 
Tynieç,  de  Lsnçkoronà,  et  beaucoup 
d'autres  illustrèrent  les  armes  des  con- 
fédérés. Ils  se  crurent  aàse^  forts  pour 
proclamer  la  déchéance  de  Poniatowski. 
Cet  acte,  demandé  par  la  Turquie  et 
proclamé  d'abord  à  Varna,  le  9  avril 
1770,  fut  ensuite  promulgué  of$cielle- 
ment  par  le  conseil  général  de  la  con- 
fédération. Enfin  des  jours  meilleurs 
s'annonçaient  à  Ift  Pologne.  Là  France 
miûi  fat  tié^èssité  6»  là  àèocmrfr.  Au 


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BAR 


(») 


BÀtl 


ni6ié  ée  jHiUiC  1770^  ^a^t  M<M  du 
doc  de  Cboiseu],  le  colonel  Dnrnooriez, 
▼int  en  Pologne,  et,  outre  de  bons  con- 
seils, il  offrit  aux  confédérés  un  secours 
de  6,000  ducats  par  mois.  Avec  cette 
aèsistance,  ils  se  montrèrent  vraiment 
redoutables  dans  l'hiver  de  1770  à  1771. 
hs  achetaient,  en  Silésie  et  en  Hongrie, 
des  fusils  et  des  canons  ;  ils  en  déterraient 
dans  les  châteaux  de  Pologne,  faisaient 
fondre  dea  boulets-,  recrutaient  des  dé- 
serteurs impériaux  et  prussiens,  isan 
voyaient  partout  leurs  corps  de  parti- 
sans »  interceptaient  autour  de  Varsovie 
les  communications  et  les  correspondan- 
ces, s'emparaient  des  salines  de  Yiélict- 
ka  et  dé  plusieurs  place*  fortifiées,  et 
néditaient  déjà  de  transporter  le  siège 
de  leur  conseil  général  à  Varsovie. 

Biais  ces  snccèa  même,  plus  dangereux 
que  leurs  défaites,  ne  devaient  que  plus 
vite  amener  le  désastre  de  la  république. 
liC  spectacle  de  la  valeur  renaissante  des 
Polonais  airalt  fixé  Fattention  des  cour» 
voisines  et  snggéré  la  pensée  d'en  arrê- 
ter le  ressort.  La  Russie,  perdant  Tespoir 
d'asservir  tonte  seule  la  Pologne,  con« 
a^ntit  à  la  partager  avec  l'Aulridie  et 
la  Prusse.  Phi9  que  les  deux  autres  puis- 
aànces,  la  Prusse  avait  besoin  d'arrondir 
son  mince  territoire  :  c'est  de  sa  part 
aussi  que  fut  prononcé  le  premier  mot, 
âans  les  fameuses  conférences  de  la  tsa- 
rine avec  lé  prince  Henri  de  Prusse ,  qui 
eurent  lieu  à  Pétersbourg,  au  commen- 
cement de  l'année  1 77 1 .  En  même  temps, 
le  duc  de  Choisenl  venait  d'être  disgracié 
en  France,  et  la  confédération  perdait 
ainsi  son  dernier  appui.  Profitant  du 
prétexte  que  leui^  offrait  la  peste,  qui,  à 
la  suite  de  la  famine  et  d'autres  fléaux 
de  la  guerre ,  é'était  à  cette  époque  ré- 
pandue en  Pologne,  la  Prusse  et  l'Autri- 
èbe  fbrmèrent  un  soi-disant  cordon  sa- 
nitaire at  le  t>oUssèrent  jusque  sur  lé 
terri  toirepolonais.Néanmoins  long-témpa 
encore  h»  coitfédérés  né  déposèt^nt  |Mia 
leurs  àrmel  C'est  même  de  cette  épo- 
que que  date  le  merveilleux  enlèvement 
du  roi  iPoniatot^ski  de  sa  capitale  et  du 
iailieu  du  camp  lUsse,  par  les  patriotes 
Stlra^inskl  et  Lukaski,  enlèvetiient  qui 
eut  lieu  le  S  novembre  1771.  En  s'em- 
fênM  de iè  personne,  les  ^«nfédérés  se 


proftiettalèÉt  d«  âétruire  son  parti  et  éé 
réunir  tous  les  Polonais  sous  le  même 
étendard.  La  pusillanimité  d'un  confé- 
déré, de  Ruzma,  rendit  la  liberté  au 
roi,  et  les  puissances  alliées  se  Servirent 
de  ce  prétexte  pour  accuser  les  confé- 
dérés de  régicide,  potn*  les  décrier  en 
Europe,  et  pour  justifier  ainsi  devait 
l'opinion  le  crime  qu'elles  allaient  com- 
mettre. Enfin  Mousupha,  qui  se  disposait 
à  mettre  obstacle  au  démembrement  d€ 
la  Pologne,  mourut  an  mois  de  jairvier 
177S,  et  les  trois  cours  ne  crurent  plu* 
atoir  besoin  de  dissimuler  leurs  projets. 
Elles  firent  avancer  leurs  troupes ,  après 
atoir  cerné  de  toutes  parts  les  confédé- 
têà\  elles  s'emparèrent  diacune  d'une 
partie  de  la  Pologne.  Le  premier  partage 
s'accomplit  en  1773.  Le  plus  habile  et  le 
plus  tenace  des  confédérés,  Casimir  Pu- 
laWski,  se  vit  obligé  de  se  réfugier  à  l'é- 
tranger. Après  avoir  publié  avec  quel- 
ques autres  confédérés,  à  Braunan  ett 
Bavière,  une  protestation  contre  l'atten- 
tat dont  sa  patrie  fut  frappée,  il  est  allé 
combattre  pour  l'indépendance  des  peu- 
ples de  l'Amérique  et  y  mourut  en  brave, 
a  Savannah.  Foy.  Pclawsh.  Th.  M-s.1. 

BAR  (JACQiTts-CHAaLfes),  savant  Fran- 
çais qui  se  qualifiait  d* histoHograpke  AtÈ 
Ordres  religieux  et  militaires  de  tontes 
les  nations,  et  qui  a  publié  à  Paris,  eu 
1778  et  années  suivantes,  tm  ouvrage  de 
luxe,  enrichi  d'environ  800  planches, 
avee  un  texte  explicatif,  intitulé  .*  Meetteii 
de  tous  les  costumes  des  ordres  religietix 
et  militaires,  avec  un  tdtrégé  historique 
et  chronologique,  enrichi  de  notes  et 
de  planches  coloriées,  6  vol.  in -fol., 
(chetTreuitel  et  Wûrti).  Sous  le  nom 
à* Ordres  Militaires,  l'auteur  a  compris 
les  milices  et  castes  guerrières  de  diffé- 
rens  peuples.  Nous  avons  sous  les  yeux 
un  exemplaire  dont  les  planches  sont  gra* 
vées  et  coloriées  avec  soin.  S. 

BARAGtJ  AT  D'HILLIBIIS  (Lotis), 
d'une  famille  noble,  né  à  Paris  en  1764, 
j  étudia  particulièrement  les  sciences 
exactes.  Entré  de  bonne  heure  au  ser- 
vice ,  il  éuit  lieutenant  au  i>égiment 
d^Alsace  quand  éclata  la  rétolutt  i. 
Aide -de -Camp  des  généraux  CHU  i 
et  Labourdonnaye,  puis  chargé  d'orga- 
niser la  légioâ  des  AlpêSj  il  fUt  blessé 


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BhR 


(12> 


BAR 


phisîeurs  fois  dans  la  campagne  du  Pa- 
latinat.  Général  de  brigade  en  1793 ,  il 
fut  choisi  par  Custine  pour  chef  d*état- 
niajor ,  et  même  proposé  pour  être  mi- 
nistre de  la  guerre. 

Détenu  jusqu'au  9  thermidor,  pour 
avoir  voulu  défendre  le  général  Custine, 
son  ami ,  devant  le  tribunal  révolution- 
naire, il  fut  traduit  lui-même  à  ce  tribunal. 
Après  sa  mise  en  liberté,  il  fut  chef  d*état  ? 
major  de  Tarmée  de  l'intérieur,  de  celle 
des  côtes  de  Cherbourg,  et  porté  au  com- 
mandement supérieur  de  la  Lombardie. 
Devenu  maître  deBergame  par  une  ruse 
de  guerre,  il  fit  4,000  prisonniers  à  la 
seconde  bataille  de  Rivoli  ;  et  le  lende- 
main, n'ayant  que  500  hommes  du  même 
corps,  il  enleva  les  importantes  batteries 
de  Puisonna ,  ce  qui  rendit  complète  la 
déroute  des  Autrichiens.  Après  sa  cam- 
pagne du  Tyroi  et  la  prise  de  Venise  par 
sa  division ,  parti  pour  l'eipédition  d'E- 
gypte ,  il  enleva  la  partie  occidentale  de 
l'île  de  Malte  sous  le  feu  de  200  pièces 
de  canon ,  et  il  portait  an  Directoire  les 
drapeaux  conqub  sur  l'Ordre,  quand  sa 
frégate  fut  prbe  à  l'abordage  par  un  bâ- 
timent anglais  d'une  force  bien  supé- 
rieure. Blessé  dans  ce  combat,puis  échangé 
peu  après,  il  commanda  la  gauche  de  l'ar- 
mée du  Ahin  et  contribua  aux  succès 
d'£ngen  et  de  Biberach.  En  l'an  YIII,  il 
fut  désigné  par  le  département  d'Eure- 
et-Loir  comme  candidat  au  Sénat  con-^ 
servateur.  Nommé  grand-oflficier  de  la 
Légion  -  d'Honneur  et  colonel  général 
des  dragons,  il  fit  la  campagne  d'Auster- 
litz.  En  1808,  il  eut  le  commandement 
deVenise;  en  1809  il  fut  chargé  de  la  pa- 
cification du  Tyrol ,  et,  se  réunissant  au 
prince  Eugàie,  se  signala  à  la  bataille  de 
Raab,  où  trois  chevaux  furent  tués  sous 
lui.  Envoyé  en  Espagne,  il  y  prit  Figuiè- 
res,  et,  le  5  mai,  défit,  avec  3,000  hom- 
mes, plus  de  15,000  Espagnols  comman- 
dés par  Campo-Verde.  En  1812 ,  nommé 
au  commandement  d'une  division  qui  de- 
vait s'assembler  à  Elnia,  puis  couvrir'  le 
fianc  de  notre  armée  dans  sa  retraite,  il 
n'y  trouva  que  600  hommes  avec  les- 
quels, pendant  24  heures,  il  tint  tête  k  là 
division  Orlof.  Quelques  régi  mens  de 
marche  amenés  par  le  major  d' Ambra» 
geac  et  le  général  Augereau  l'avaient  ren- 


forcé,  qfuind  ce  dernier,  chargé  d'occu* 
per  le  point  important  de  Liakovo,  si- 
tué sur  la  route  et  au  milieu  des  marais, 
fut  enlevé  avec  1,200  hommes  et  700 
chevaux.  La  retraite  de  Baraguay  d'Hil- 
liers  était  coupée  :  sommé  de  se  rendre, 
il  répond  que  les  Français  ne  se  rendaient 
jamais  les  armes  à  la  main,  s'ouvre  un  pas- 
sage à  la  baïonnette  et  rejoint  l'armée  à 
Smolensk.  L'empereur,  aigri  par  les  dé- 
sastres de  sa  retraite,  lui  fi^  des  repro- 
ches mal  fondés  sur  ses  opérations.  Le 
cœur  navré  de  cette  injustice  et  le  corps 
épuisé  par  les  fatigues  de  la  campagne, 
Baraguay  d'Hilliers,  à  peine  âgé  de  49 
ans,  mourut  à  Berlin  en  1813.     D-e. 

BARANTË  (  Amable-Guillauxe- 
Prospkr  Brugiàre,  baron  de),  pair,  de 
l'Académie  française^  est  né  à  Aiom,  en 
1782,  d'une  famille  qui  s'était  distinguée 
dans  la  magistrature  et  dans  les  lettres. 
Son  bisaïeul  publia  à  la  fin  du  xvii® 
siècle  quelques  écrits  aujourd'hui  oubliés, 
mais  qui  furent  remarqués  alors,  et  dont 
on  trouve  la  trace  dans  les  critiques  du 
temps.  Son  père,  homme  d'un  esprit  su- 
périeur ,  administrateur  habile ,  fut  pen« 
dant  plusieurs  apnées  préfet  de  l'Aude , 
puis  du  Léman,  et  y  a  laissé  une  mémoire 
respectée.  On  cite  de  lui  des  actes  qui 
prouvent  qu'il  avait  le  courage,  alors  fort 
rare,  de  résister  aux  ordres  du  maître 
quand  il  le  jugeai^  néeessaire.  Il  a  publié 
aussi  quelques  ouvrages  estimés.  U  donna 
un  soin  extrême  à  l'éducation  de  son  fils 
et  s'en  occupa  presque  exclusivement 
pendant  les  premières  années  de  la  révo- 
lution.  Le  jeune  de  Barânte  en  profita , 
.parcourut  rapidement  la  carrière  des  étu- 
des classiques,  et  entra,  en  1 799,  à  l'école 
polytechnique.  De  1802  à  1805  il  fut 
surnuméraire  au  ministère  de  l'intérieur, 
puis  auditeur  au  conseil  d'état,  et,  pendant 
ce  temps,  chargé  de  plusie^rs  missions  en 
Espagne,  en  Pologne  et  en  Allemagne. 
En  1808  Napoléon  le  nomma  à  la  sous* 
préfecture  de  Bressuire  et  signa,  en  1 809, 
son  contrat  de  mariage  avec  la  petite- 
fille  de  la  comtesse  dlloudetot  dont  l'é- 
loge se  trouve  dans  le  vif  attachement 
que  lui  avait  voué  J.-J.  Rousseau.  Il  fut 
depuis  successivement  préfet  de  la  Yen- 
dée  et  de  la  Loire-Inférieure,  où  son 
actÎTe  admioisUatioD  se  signala  pi^r  dç 


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tKK  (  13  ) 

fibtnbreux  travaux  et  l'achèvement  de 
plusieurs  monumens.  Au  20  mars  1815 
il  quitta  la  préfecture  de  la  Loire-Infé> 
rieure  et  refusa  le  serinent  pendant  les 
Ceot-Jours.  A  la  seconde  restauration  il 
fut  nommé  conseiller  d*état  et  secrétaire 
général  du  ministère  de  l'intérieur,  dont 
le  portefeuille  était  alors  en  intérim. 
Bientôt  il  remplaça  M.  Béranger  comme 
directeur  général  des  contributions  indi- 
rectes. En  1815  les  départemens  du 
Puy-de-Dôme  et  de  la  Loire-Inférieure 
Vélurent  député;  il  siégea  constamment 
avec  la  minorité  libérale^  défendit  plu- 
sieurs lois  de  finance,  et  combattit  les 
mesures  réactionnaires  auxquelles  l'émi- 
gration voulait  pousser  le  pouvoir.  Comme 
administrateur  il  résista ,  autant  que  les 
circonsUnces  le  permetuient,  aux  de- 
mandes d'épuration  e^  aux  délations  de 
ce  même  parti.  Son  âge  l'empêcha  d'être 
réélu  aux  élections  qui  suivirent  l'ordon- 
nanoe  du  5  septembre  1816  ;  mais  il  pa- 
rut à  la  tribune  en  qualité  de  commis- 
saire du  roi  pour  la  défense  du  budget 
et  de  la  loi  sur  le  recrutement  dont  il 
avait  rédigé  la  partie  administrative.  En 
1819  il  fut  nommé  pair  de  France  et 
continua  à  défendre  dans  la  chambre 
haute  les  principes  de  liberté  et  de  mo- 
dération qu'il  avait  manifestés  dès  son 
entrée  dans  la  carrière  législative.  Ses 
discours  ont  toujours  trouvé  faveur  par- 
mi ses  collègues,  et  plus  d'une  fois  ils 
ont  décidé  la  majorité.  En  1820,  lorsque 
M.  de  Richelieu  voulut  se  rapprocher 
de  la  droite  et  se  brouilla  avec  les  doc- 
trinaires ,  M.  de  Barante  fut  nommé  mi- 
nistre à  Copenhague  et  n'accepU  point 
De  1820  à  1828  il  fit  partie  de  cette  op- 
^position  libérale  où  figuraient  MM.  de 
Broglie,Pasquier,  Mole,  etc.  Comme  eux, 
il  parla  dans  les  discussions  sur  la  presse, 
le  sacrilège,  le  droit  d'ainesse,  Tindem- 
nitédes  émigrés;  et  le  ministère  de  M.  de 
Yillèle  éuit  toujours  certain  de  rencon- 
trer en  lui  un  adversaire  énergique.  Lors 
du  ministère  Martignac,  sans  avoir  d'en- 
gagement général  avec  cette  administra- 
tion, les  hommes  de  l'opinion  libérale 
modérée  l'appuyèrent  habituellement. 
M.  de  Barante  fut  rapporteur  des  crédits 
supplémentaires  où  se  trouvait  comprise 
k  faiiMiiae  salle  à  manger  de  M.  de  Pey- 


BAR 

ronnet.  A  cette  occasion  il  traita  avee 


détail  la  question  des  crédits  conoédés 
par  les  ministres.  Son  discours  eut  une 
grande  influence  sur  la  décision  qui  fut 
prise. — Il  ne  se  trouvait  point  à  Paris  pen- 
dant les  journées  de  juillet  1880 ,  mais 
il  y  arriva  peu  de  temps  après.  Dans  la 
séance  du  7  août  il  s'opposa  fortement 
à  l'article  de  la  charte  nouvelle  qui  dé- 
clarait nulles  les  nominations  de  pairs 
faites  par  Charles  X.  Plus  tard  il  pro*- 
posa  des  modifications  au  règlement ,  mo- 
difications réclamées  par  l'initiative  qui 
venait  d'être  concédée  aux  chambres.  Au 
mois  de  novembre  il  fut  nonuné  ambas- 
sadeur à  Turin  et  partit  pour  son  am- 
bassade ;  mais  il  revint  presque  immé- 
diatement après  pour  siéger  au  procès 
des  ex-minbtres.  Û  a  pris  une  part  active 
à  la  session  de  1833.  Membre  de  la  com- 
mission qui  examina  la  proposition  d'ab^ 
rogation  de  l'anniversaire  du  21  jan- 
vier, il  s'opposa  a  l'abrogation  pure  et 
simple  et  appuya  l'amendement  qui  a 
fini  par  réunir  les  suffrages  des  deux 
chambres.  Sans  défendre  positivement  la 
loi  sur  l'état  de  siège,  il  répondit  aux 
discours  de  M.  de  Brézé  et  de  M.  de 
Noailles,  et  repoussa  vivement  leurs  atta- 
ques contre  le  gouvernement  de  juillet. 
Rapporteur  de  la  commission  de  la  loi 
départementale,  il  proposa  un  projet  de 
loi  entièrement  nouveau,  et  ses  études 
sur  l'organisation  des  communes ,  son 
ouvrage  spécial  sur  la  matière,  donnaient 
une  grande  autorité  à  ses  paroles.  Son 
projet  a  été  adopté  par  les  deux  cham- 
bres. Il  a  été  aussi  rapporteur  de  la  loi 
sur  le  crédit  extraordinaire  destiné  aux 
monumens  de  Paris  et  aux  travaux  pu- 
blics. Sans  en  proposer  le  rejet,  il  indiqua 
la  nécessité  de  projets  et  de  devis  moins 
vagues  et  moins  hasardés.  Après  la  ses- 
sion, il  retourna  à  l'ambassade  de  Turin 
qu'il  occupe  encore. 

M.  de  Barante  dans  sa  jeunesse  en- 
voya assex  souvent  des  articles  à  la  Dé- 
cade philosophique  et  au  Pubiicisêe. 
En  1809  il  fit  paraître  le  Tableau  de  la 
littérature  du  xtiii®  siècle,  ouvrage  re- 
marquable et  qui  annonçait  un  talent  de 
premier  ordre.  L'ouvrage  qui  était  des- 
tiné au  concours  pour  le  prix  de  l'Aca- 
démie, et  auquel  on  préféra  le  travail  de 


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BAR  ( 

M.  J#y  9  a  ea  depuis  cinq  éditions.  Cest 
encore  ce  que  nous  avons  de  mieux  sur 
cette  époque  célèbre.  Les  Mémoires  de 
Jlf"«  de  Laroche] c^quelin  ^  qu'il  avait 
rédigés  pendant  qu'il  était  préfet  de  la 
Vendée  y  furent  imprimés  en  1814  et 
«Drent  un  grand  succès.  Une  brochure 
intitulée  :  Des  divers  projets  de  consU- 
mtfonpouria  Frimcehû  a  été  attribuée , 
mais  elle  n>  jamais  été  avouée  par  lui^ 
elle  Q*a  pas  été  imprimée  conformément 
au  manuscrit  4#  l'auteur  et  a  subi  de 
gravfss  altérations^  £n  18^  1  il  fit  paraître 
la  t|:aduction  des  oeuvres  dramatiques  de 
Schiller»  précédée  de  la  vie  de  ce  poète, 
fl  a  co9p^  à  la  collection  des  théâtres 
étrangers  et  à  la  traduction  de  Shakes- 
peare. L0S  Communes  et  V aristocratie; 
1  voU  in-8^,  parurent  en  1821  ;  cet  écrit 
fut  réimprimé  en  1838.  JJ Histoire  des 
ducs  de  Bourgogne  est  le  principal  ou- 
vrage de  Tauteur ,  et  son  apparition  fut 
presque  une  révolution  dans  la  manière 
d'écrire  Vhistoire.  A  une  grande  exac- 
titude historique  elle  réunit  l^intérét  du 
roman  et  le  charme  de  nos  vieilles  chro- 
niques, dont  elle  conserve  souvent  le 
style  naif  et  pittoresque.  Nulle  part  on 
ne  trouvera  une  peinture  plus  fidèle  des 
moeurs  du  temps.  Cette  composition  si 
nouvelle  dans  sa  forme ,  si  complète  dans 
son  ensemble,  a  en  depuis  1834  quatre 
éditions.  M.  de  Barante  a  inséré  beau- 
coup d'articles  de  critique  et  d'histoire 
dans  la  Revue  française,  et  un  assez 
grand  nombre  d'articles  sur  des  person- 
nages fran^is  dans  la  Biographie  uni" 
verseUe  de  M.  Miçhaud.  P-sr. 

BARAQUES.  Jusqu'aux  premières 
années  des  guerres  de  la  révolution, 
les  militaires  en  campagne  ont  campé 
sous  des  tentes  dont  les  armées  étaient 
toujours  pourvues.  Nos  généraux  ayant 
trouvé  dans  la  rapidité  des  mouvemens 
des  corps  d'armée  le  principal  élément 
de  leurs  succès,  élaguèrent  bientôt  tout 
ce  qui  pouvait  entraver  et  ralentir  leur 
marche;  ils  supprimèrent  tout  l'attirail 
du  campement  et  firent  bivouaquer  les 
troupes  toutes  les  fois  qu'elles  devaient 
être  prêtes  à  partir  au  premier  signal.  Ce 
n'est  que  quand  elles  devaient  séjourner 
quelque  temps,  réunies  pendant  la  mau- 
faÎM  saison,  qu'on  s'neoopait  da  kt 


14)  BAK 

mettre  à  couvert  au  moyen  de  banques. 
Ce  sont  des  huttes  faites  avec  des  bran*- 
ches  d'arbres,  des  claies  ou  des  planches, 
recouveites  en  paille  et  quelquefois  en 
planches.  Cette  manière  de  loger  le  sol- 
dat est  usitée  pour  nos  camps  de  ma- 
nœuvres; elle  a,  aux  yeux  des  militaires 
expérimentés,  l'avantage  d'occuper  le 
soldat,  dont  l'oisivelé  présente  de  graves 
inconvéniens,  et  d'exercer^  son  adresse 
et  son  intelligence.  Les  baraque»  d'un 
camp  sont  toujours  sembhiblement  con- 
struites et  établies  sur  des  alignemens 
réguliers;  elles  forment  aussi  des  rues, 
qui  sont  pavées  avec  les  matériaux  qu'on 
rencontre  dans  le  pays.  On  consacre  or- 
dinairement pour  chaque  compagnie, 
derrière  le  baraquement,  une  certaine 
étendue  de  terrains  à  des  jardins  qui  oc- 
cupent tous  des  emplacemens  égaux, 
mais  dont  la  distribution  intérieure  est 
entièrement  variée.  Les  soldats  rivalisent 
de  goût  et  de  talent  pour  captiver  l'at- 
tention et  l'admiration  des  amateurs. 

Un  camp  ainsi  établi  présente  l'aspect 
d'une  colonie  dont  tous  les  habiians  con- 
courent avec  émulation  à  l'embellissa- 
ment  de  la  citécîommunti. 

Le  ramp  de  Boulogne,  formé  par  Na- 
poléon en  180S  et  1804,  est  un  des  plus 
considérables  qu'on  ait  encore  vus.  U  réu- 
nissait sur  les  cotes,  a  la  vue  des  Anglais, 
une  armée  de  100,000  hommes.  Les 
baraques  s'étendaient  depuis  les  hau- 
teurs situ^  sur  la  rive  gauche  de  la 
Liannejnsqn'au  port  d'AmbleieuM,  et 
offraient  le  spectacle  d'une  ville  presque 
continue  sur  une-  longueur  d'environ 
trois  lieues.  Le  maréchal  Souk,  dans  la 
vue  d'occuper  les  loisirs  du  soldat,  fai- 
sai  t  faire,  aux  jardins  comme  aux  chemina, 
des  changemens  continuels,  qUi  avaient 
fini  par  rendre  le  eamp  agréable  et  les 
communications  fisciles  dans  tous  les 
temps  de  l'année.  G-rs. 

BARATERIE,  de  barater,  tromper. 
On  entend  par  les  mots  baraterie  de 
patron  les  prévarications  et  les  làulm 
du  capitaine,  maître  ou  patron  d'un  na- 
vire et  des  gens  de  mer  placés  sous  ses 
ordres.  Le  capitaine,  en  qualité  de  ma»!- 
dataire  salarié,  est  d'autant  pins  resp<m- 
sabU  de  ses  fautm  envers  l'armaienr; 
oelui-ci,  à  son  toyr,  sa  devimit  raspoMa*- 


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BAR 


(U) 


BAR 


Ue  envers  !«•  aflréteura  ou  chargeart. 

La  baraterie  de  patron,  à  proprement 
parler,  n'e^t  point  une  fortune  de  mer; 
cependant  elle  n'en  est  pas  moins  un  ris- 
que maritime  très  grand»  et  pour  ce  motif 
cUe  peut  ôtre  mise  à  la  diarge  des  assu- 
ireur^  ;  mais  dans  ce  cas  il  faut  une  clause 
expresse,  sinon  les  assureurs  n*en  répon- 
draient point.  y. 

BÀEATHRE»  profonde  exo^vation 
naturelle  deTAttique,  dans  le  déme  hip- 
potiioontide;  les  gens  condamnés  à  mort 
dans  cette  tribu  y  étaient  précipités,  he 
scoUaste  d'Aristophane  nous  apprend 
qu*QO  Tavait  garni  de  pointes  de  fer,  di- 
rigées les  unes  en  haut,  les  autres  en  bas» 
upfia  près  comme  dans  les  oubliettes  des 
sociens  châteaux  féodaux.  11  est  souvent 
question  de  ce  gouGfre  dans  Thistoire  des 
Athéniens,  notamment  dans  un  mot  jus- 
tement oélèbre  du  vertueux  Aristide, 
qui  9  voyant  le  tori  que  faisaient  à  sa 
patrie  ses  continuelles  dissensions  avec 
Thémistocle,  dit  que  la  mesure  la  plus 
utile  à  la  république  serait  de  les  préci- 
piter tous  deux  dans  le  Barathre.  Le 
grand  usage  que  les  poêles  et  les  orateurs 
athéniens  faisaient  du  mot  6âpa0pov  au 
figuré  finit  par  lui  donner  le  sens  de  gouf- 
fre en  général  j  acception  avec  laquelle  il 
pasea  dims  la  langue  latine,  où  tel  est  le 
sens  du  mot  bitnuhntm.  Mais  en  français 
le  mot  Barathre  désigne  seulement  ce  Ûen 
de  l'Attique. 

Dans  quelques  auteurs  ecclésiastiques 
Barathre  est  employé  comme  synonyme 
denier.  J.  B.  X. 

BARATŒR  (Jbaii-Pbujppb),  jeune 
^mme  d'un  talent  si  précoce  que,  né  en 
1 731  et  mort  en  1 740,  il  laissa  néanmoins 
divers  ouvrages  d'érudition  en  français  et 
en  latin.  Fils  d'un  pasteur  réforme,  il  vit 
le  jour  à  Schwabacb,  principauté  d'Ans- 
pach,  et  dut  aux  heureux  efforts  de  son 
père  de  savoir,  à  4  ans,  lire  et  écrire 
en  français  et  en  allemand ,  et  à  6  ans, 
en  latin.  U  n'avait  que  1 3  ans  lorsqu'il 
publia  son  premier  ouvrage,  Itinéraire 
de  Benjamin  de  Tudéla  (Amst.  1734, 
3  voL)  et  fut  reçu  magister  à  l'université 
de  Halle,  à  14  ans.  Le  roi  de  Prusse, 
auquel  son  père  l'avait  présenté,  accorda 
à  Baratler  une  bourse  de  60  écus,  pour  4 
«n»,  loi  fit  dond'iMtramens  demathéma^ 


tiques  f  et  donna  à  son  père  une  49ure  à 
Halle  où  il  voulait  que  le  fils  étudiât  le 
droit.  Mais  le  déyeloppement  trop  rapide 
de  l'inteUi^ence  du  jeune  homme  épuisa 
se%  forces  physiques  ;  après  avoir  long* 
temps  souffert  il  mourut  a  19  ans* 

Formey  a  écrit  la  vie  du  jeune  Baratief 
(Ulrechtl741).  $. 

BARATTE,  voy.  Binuii. 

BARBACANE.  On  a  quelquefois 
donné  ce  nom  à  un  petit  ouvrage  de  for* 
Ufication»  ayant  pour  ofa^iet  de  masquer 
un  pont  ou  une  porte  de  ville  :  ce  n'était 
qu'un  simple  mur  percé  de  créneaux , 
dont  les  soldats  de  la  garnison,  placée 
derri^e,  sur  une  banquette,  défendaient 
l'approche  à  coups  de  fusil  {voy*  Bas» 
^uettk);  maison  appelait géùérâlement 
barbacane  une  fausse- braie,  ou  deuxième 
enceinte  située  au  pied  du  tahis  exté- 
rieur du  parapet  ;  elle  fornuit  un  second 
étage  de  feux,  plus  bas  que  celui  des 
feux  du  corps  de  place.  Le  seul  avantiH 
ge  que  présentaient  ces  barbacanes  était 
de  défendre  les  forts  et  les  chemins  cou- 
verts par  un  feu  moins  découvert  du  de- 
hors que  celui  du  corps  de  place.  Mais 
comme  oette  espèce  de  chemin  de  ronde 
était  bordé  d'un  parapet  en  maçonnerie, 
les  d^ris  des  murailles  que  faisait  écla- 
ter le  canon  de  l'ennemi  incommodaient 
beaucoup  les  défenseurs;  de  plus  elle 
avait  rincnnvénlent  de  servir  d'échelon 
à  l'escalade.  C'est  pourquoi  on  les  a  sup- 
primées et  on  y  a  substitué  une  pièce  de 
fortification ,  détachée  du  corps  de  pkœ^ 
que  Ton  nomme  temaiUe. 

Qn  donne  aussi  le  nom  de  harèmeame 
à  une  espèce  de  créneau  que  l'on  pratique 
au  bas  des  murs  de  terrasse  pour  tuflii" 
ter  Técoulement  des  eaux.  C  ts. 

BARBACENA  (  maeqvis  db),  diplo- 
mate brésilien,  fut  quelque  temps  plénipo- 
tentiaire de  don  Pedro  au  nom  de  donna 
Maria.  Né  en  Portugal,  il  s'appelait /ii!û^ 
berto  Caldetra  Bxamt,  avant  d'être  fiut 
marqu  is  par  donPédro,dont  il  était  l'un  des 
confidens  à  Rio- Janeiro.  Il  parait  qu'après  . 
différentes  aventures  il  avait  déjà  réussi  à 
s'élever  sous  le  gouvernement  de  Jean  VI, 
et  qu'il  avait  acquis  une  grande  fbrlune. 
Odieux  aux  Brésiliens  comme  Portugais» 
il  vit  la  haine  dont  il  était  l'objet  s'accrol?- 
tre  encore  en  raison  de  U  confiance  que 


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Ë\K 


(16) 


ËAtt 


lui  témoignait  doo  Pedro.  Ce  prince, 
qu'il  soutenait  dans  sa  préférence  pour 
le  Portugal,  le  comblait  de  dignités^  et 
de  faveurs.  U  avait  rempli  déjà  de  hautes 
missions  diplomatiques  à  Londres  et  à 
Lisbonne,  lorsqiVil  fut  chargé  des  inté- 
rêts delà  reine  donna  Maria  en  1827; 
il  l'accompagna,  l'année  suivante,  à  Lon- 
ges, et  négocia  pour  elle  avec  lord 
Wellington.  En  1829,  il  se  rendit  à  Mu- 
nich|  et  décida  le  mariage  de  l'empereur 
avec  la  princesse  Amélie  de  Leuchten- 
berg.  A  son  retour  au  Brésil ,  il  entra 
plus  avant  encore  dans  les  bonnes  grâces 
de  •  son  maître ,  qui  le  fit  président  du 
conseil  des  ministres.  Barbacena,  par 
ses  intrigues,  écarta  tous  ceux  qui  pou- 
vaient 4ui  faire  ombrage;  mais  à  son  tour 
il  fut  perdu  dans  l'esprit  de  don  Pedro, 
qui  le  destitua  (1830).  Il  avait  beaucoup 
de  partisans,  et,  avec  eux,  il  se  jeta  dans 
l'opposition  qui  amena  enfin  l'abdication 
de  l'Empereur.  Depuis  cette  époque,  le 
marquis  de  Barbacena  parait  avoir  re- 
noncé à  la  vie  publique.  C  Z.  m. 

BARBACQLLE  (jeu  de),  jeu  de 
hasard ,  appelé  encore  le  hocca  ou  U 
bassette ,  et  qui  parait  être  le  même  que 
le  pharaon.  On  l'avait  déguisé  sous  ces 
différens  noms  par  suite  d'un  arrêt  du 
conseil, de  1691,  qui  l'avait  très  expressé- 
ment interdit  à  toute  personne  «  de  quel- 
que sexe  et  condition  qu'elle  fût,  »  probi^- 
blement  à  cause  des  pertes  considérables 
et  des  escroqueries  auxquelles  il  avait 
donné  Heu.  M.  de  Montmort,  dans  son 
Essai  sur  les  Jeux  de  hiisard^  a  calculé 
les  chances  de  celui-ci ,  qui  sont  toutes 
en  faveur  du  banquier.  C.  N.  A. 

BARBADE  (  île  de  la  ) ,  une  des 
plus  septentrionales  des  petites  Antilles 
ou*  Iles  du  Vent,  sous  environ  17*^  ^  de 
lat.  N. ,  fut  découverte  par  les  Portu- 
gais. Les  Anglais  l'ayant  occupée  dans  la 
première  moitié  du  xvii^  siècle ,  la  ren- 
dirent très  florissante.  Elle  a  environ  24 
lieues  carrées  de  surface,  et  elle  est  peu- 
plée de  116,000  âmes;  les  deux  tiers  de 
la  population  sont  des  nègres.  La  Bai^ 
bade  a  un  sol  peu  élevé ,  fertile ,  mais  peu 
boisé.  Le  climat  y  est  chaud  et  les  oura- 
gans y  font  des  ravages  épouvantables. 
On  cultive  dans  cette  ile  la  canne  à 
tuera,  ainsi  que  le  coton,  l'indigo  et 


d'autres  productions  coloniales.  Ses  ré^ 
coites  annuelles  sont  évaluées  à  environ 
30  millions  de  francs.  Brîdgetown ,  jolie 
ville  sur  une  baie,  avec  un  port  où  arri- 
vent beaucoup  de  navires  européens,  est 
le  chef-  lieu  de  Tlle.  On  y  remarque  le 
pahds  de  jusUce  et  l'église  Saint-Midid. 
Deux  forts  défendent  la  ville.  On  em- 
barque dans  le  port  de  Bridgetovm  une 
grande  quantité  de  sucre  pour  l'Angle- 
terre. D-G. 

BARBANÇONy  baronnie  dans  la  par- 
tie ci-devant  autrichienne  du  Hainaut, 
qui  passa  dans  la  maison  de  Ligne  par  le 
mariage  d'Eustache,  fille  et  héritière  de 
Jean  de  Barbançon  (morte  en  1435), 
avec  Jean  II  de  Ligne.  Un  de  leurs  des- 
cendans ,  Jean ,  baron  de  Barbançon ,  ac- 
quit par  mariage  la  principauté  d'Arem- 
berg ,  et  devint  la  tige  de  la  maison  de 
ce  nom,  encore  existante.  En  1590  le 
comté  d'Aigremont  fut  joint  à  la  baronnie 
de  Barbançon ,  qui' resta  dans  la  ligne 
cadeUe ,  et  Robert  ayant  fait  encore  l'ac- 
quisition du  vicomte  d*Ave,  dans  la  pro- 
vince de  Namur,:sa  baronnie  fut  élevée 
au  rang  de  principauté  par  l'archiduc 
Albert,  en  1614.  L'empereur  Ferdinand 
III  lui  con^rma  ce  rang  et  fit  même  de 
Barbançon  un  duché  d'Empire.  En  1682 
mourut  le  dernier  rejeton  mâle  de  cette 
maison ,  et  ses  biens  passèrent  ensoite  par 
mariage  à  différentes  familles.  S. 

Il  y  a  une  autre  famille  du  nom  de 
Barbançon,  originaire  de  Picardie,  et 
qui  est  aussi  éteinte;  elle  a  eu  une  hé- 
roïne dans  son  sein  à  l'époque  des  guer* 
res  de  religion. 

Marie  de  Baabahçoh,  fille  de  Michel 
de  Barbançon,  seigneur  de  Cany,  lieute- 
nant du  roi  en  Picardie,  sous  Antoine  de 
Bourbon,  roi  de  Navarre,  fut  mariée  à 
Jean  de  Barres,  seigneur  de  Neuvy-sui*- 
TAllier,  en  Bourbonnais.  Après  la  mort 
de  son  mari  elle  fut  assiégée,  pendant  les 
guerres  de  religion  sous  Charles  IX,  dans 
son  château  de  Renegon  en  Berry,  par 
Montare ,  lieutenant  du  roi  en  Bourboiw 
nais.  Elle  déploya  à  la  défense  de  la  brè- 
che un  courage  extraordra&ire;  son  ar- 
deur ranima  sa  faible  garnison  qui  parlait 
déjà  de  se  rendre.  Après  trois  assauts, 
q u'el le  repoussa  une  dem  i^pique  à  la  main , 
elle  fut  forcée  de  se  rendre,  faute  de  vi  vi*esf 


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BAR  (  17  ) 

\  die  stipula  qu'elle  et  les  siens  au- 
raient la  vie  sauve  et  pourraient  payer  rao- 
çon.  Charles  IX,  instruit  de  sa  bravoure, 
défendît  à  Montare  et  aux  autres  capitai- 
nes de  recevoir  de  rançon,  et  la  renvoya 
avec  honneur  dans  sa  famille.      H-lt. 

BARBANÈGRE  (le  baron  Josbfh), 
général  de  bri^de ,  s'est  acquis  de  la  cé- 
lébrité par  Topiniâtre  défense  qu'il  op- 
posa a  Tarmée  autrichienne  dans  Hunin- 
gne,  en  mars  1815. 

Né  à  Pontacq  (Basses- Pyrénées),  en 
1772,  il  avait  déjà  servi  quelque  temps 
dans  la  marine,  lorsqu'à  22  ans  il  entra 
comme  capitaine  dans  le  5*^  bataillon  des 
volontaires  de  son  département  (  1794). 
Ses  débuts  ne  furent  pas  heureux  :  blessé 
dès  sa  première  campagne,  il  resta  sans 
avancement  jusqu'au  18  brumaire,  épo- 
que à  laquelle  il  passa  dans  la  garde  des 


B\R 


consuls,  où  il  fut  fait  chef  de  bataillon 
(  1804).  L*anoée  suivante  il  fut  nommé 
colonel  du  48^  de  ligne;  et,  à  la  tête  de 
ce  régiment ,  il  se  signala  par  ui^  beau  fah 
d'armes  à  la  journée  d*Austerlitz  :  il  dé- 
busqua des  hauteurs  de  Sokolnitz  un 
corps  de  grenadiers  russes ,  auquel  il  en- 
leva trois  drapeaux  et  quatre  pièces  de 
<»non<  Sa  conduite  ne  fut  pas  moins  bril- 
lante à  Jéna  et  à  Eylau. 

Dev^u  général  de  brigade  (  1809  ) ,  il 
eut  sa  part  de  gloire  aux  journées  d'£ck- 
mûhl,  de  Ratisbonne  et  de  Wagram.  L'an- 
née suivante  il  fut  chargé  d'occuper ,  à 
l'embouchure  de  l'Elbe,  l'Ile  de  Neu- 
werk  qui  servait  aux  Anglais  de  point  de 
communication  avec  Hambourg  :  il  les  en 
débgea)  et^  par  les  mesure^  qu'il  prit,  la 
côte  fut  en  sûreté.  Après  avoir  commandé 
successi  vementBorissof  et  Smolensk  pen- 
dant la  campagne  de  Russie,  Barbanègre 
fit  partie  de  l'arrière-garde  lors  de  la  re- 
traite; ses  efforts  ne  furent  pas  sans  fruit 
pour  les  débris  de  notre  armée  à  Kras- 
noT,  où  il  re^it  deux  blessures,  puis  au 
passage  du  Dnieper.  Il  parvint,  malgré 
tous  les  obstacles  semés  sur  sa  route ,  à 
s'enfermer  dans  Stettin,  avec  les  restes 
du  l^*"  corps  d'armée,  et  il  ne  remit 
cette  place  aux  Prussiens  qu'après  l'avoir 
honorablei(nent  défendue  jusqu'au  mo-^ 
ment  où  il  connut  l'abdication  de  Napo- 
léon. 

De  retour  en  France,  Barbanègre  ne 

Bncyclop.  d,  G.  d.  M.  Tome  IIL 


balança  pas  à  associer  de  ooaveait  sa  for- 
tune à  celle  de  l'empereur.  Chargé  par 
lui  de  la  défense  d'Huningue,  il  vint, 
dans  les  derniers  jours  de  mai  1815, 
prendre  le  coipmandement  de  cette  place , 
où  malheureusement  rien  ne  se  trouvait 
disposé  pour  la  résistance  qu'elle  allait 
avoir  à  opposer  à  l'ennemi.  LÎes  fortifica- 
tions, abattues  en  l'an  VU ,  après  l'occu- 
pation de  la  tête  de  pont  d'Huningue  par 
les  Autrichiens,  étaient  restées  en  déla- 
bre; la  garnison  ne  se  composait  que  de 
soldats  invalides  ou  de  recrues  rassem- 
blées à  la  hâte.  On  n'avait  aucune  con- 
fiancfe  dans  la  possibilité  de  résister  à  une 
attaque  sérieuse  ;  aussi  la  désertion  ré- 
duisit-elle à  la  moitié  de  ce  nombre  les  4 
bataillons  de  gardes  nationales  mobiles 
destinés  à  soutenir  dans  Huningue  le 
choc  des  Autrichiens. 

Le  26  juin ,  lendemain  du  jour  où  la 
nouvelle  du  désastre  de  Waterloo  était 
officiellement  parvenue  à  Barbanègre,  il 
connut  la  funeste  retraitede  l'avant-garde 
de  l'armée  du  Jura,  aux  ordres  do  général 
Abbé,  dont  les  postes  avancés  formaient 
notre  chaîne  frontière  avec  ceux  d'Hunin- 
gue. Les  défenseurs  de  cette  place,  animés 
par  les  exhortations  et  l'exemple  de  leur 
général ,  avaient  senti  leur  enthousiasme 
^accroître  avec  les  périls;  cet  enthou- 
siasme était  soutenu  aussi  par  les  bonnes 
dispositions  d'une  partie  des  habitans  des 
campagnes  environnantes.  Enfin,  telle 
était  l'animosité  de  part  et  d'autre  qu'a- 
près un  échange  de  dures  représailles , 
on  se  disposait  à  une  guerre  d'extermi- 
nation ,  dans  laquelle  les  Français  ne  son- 
geaient plus  qu'à  vendre  chèrement  leur 
vie.  C'est  dans  cette  conjoncture  qu'eu-  • 
rentlieu  les  premières  opérations  du  siège 
d'Huningue  par  l'archiduc  Jean.  Impa- 
tient de  se  voir  maître  de  la  place ,  où 
chaque  jour  une  affreuse  disette  ajoutait 
aux  ravages  causés  par  le  fer  et  le  feu 
que  l'ennemi  lançait  dans  ses  murs,  le 
prince  autrichien ,  afin  de  hâter  le  terme 
de  sa  résistance,  pratiqua,  par  des  moyens 
de  corruption,  des  intelligences  avec  l'in- 
térieur, destinées  à  exciter  la  sédition 
parmi  nos  soldats. 

Cependant  l'espoir  de  conserver  une 
place  importante  à  notre  frontière  avsit 
soutenu  jusque  là  la  fermeté  et  l'énergie 


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BàR 


éê  BMrbftnigre.  Mais  les  moyens  de  dé- 
feqseyépuisiieot,  et  for«e  fat  au  brave 
génih*al  4'»océd<r,  le  26  aii^t,  à  la  seule 
capitulation  qu'il  pût  accepter  en  déses* 
poir  dé  cause.  A  la  tète  de  son  état-ma- 
jor  et  suivi -de  la  (garnison  d'Huningue , 
c'est-à-dire  de  deux  pelotons  de  canon- 
niers^  d'un  autre  d'inftinterie  de  ligne 
et  de  cfuélques  gendarmes,  Barbanègre 
sortit  de  la  place  av^c  les  honneurs  de  la 
guerre,  emmenant  une  partie  de  ses 
blessés.  OïnCormément  aux  stipulations 
faites,  il  s'achemina  vers  la  Loire  pour  y 
rejoindre  les  restes  de  cette  armée  dont  le 
licenciement,  ordonné  par  Louis  XVUI, 
devait  s'opérer  sovts  la  surveillance  des 
ennemis. 

En  1819,  Barbanègre  fut  employé  en 
qualité  d'iospecteur  général.  Mais,  remis 
en  disponibilité  le  1^'  janvier  1820,  il 
résolut  d'achever  sa  vie  dans  le  repos 
dont  sa  santé  avait  besoin.  Autant  par 
suite  des  sentimeus  pénibles  qu'il  gardait 
au  fond  de  son  cœur,  qu'à  cause  des  souf- 
frances physiques ,  résultat  de  ses  blés* 
sures  et  de  la  vie  des  camps,  il  avait  vieilli 
avant  l'âge  ;  son  moral  même  allait  s'af- 
faiblissant  de  jour  en  jour.  Fixé  à  Paris, 
il  y  passa  ses  dernières  années  dans  l'iso- 
lement. Il  put  encore  saluer,  en  1830, 
la  régénération  de  son  pays,  dont  la  gloire  ^ 
lui  était  plus  chère  que  toutes  les  faveurs 
qu'il  n'en  via  jamais  aux  hommes  de  la  res- 
tauration*; et  il  s'éteignit  trois  mois  après 
avoir  entendu  le  canon  de  juillet.  P.  C 
BARBARA ,  voy.  Syllooismb. 
BARBARELLI,  vof.  Gioroioh. 
BARBARES.  Aux  yeux  des  peuples 
civilisés  ceux>-là  sont  des  barbares  qui 
n'apprécient  pas  encore  les  arts  et  les 
bienfaits  de  la  civilisation.  Quelques  au- 
teurs grecs  croient  que  ce  mot  a  été  in- 
venté pour  hfidiquer,  par  la  dureté  du  son, 
la  rudesse  des  mœurs  de  ceux  à  qui  il  s'ap- 
plique. D'autres  pensent  que  le  mot  k^ 
àare  est  im  redoublement  du  mot  syrien 
bar,  signifiant  un  homme  éK»(gné,  m 
étranger.  Les  Grecs  désignaient  sôns  le 
nom  de  Barbares  tons  les  antres  peuples. 
Cependant  ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans 
les  plus  anciens  autenrs  de  l'antiquité  : 
Homère  ne  remploie  jamais.  Ce  fVit  sur- 
tout après  les  guerres  entreprises  pour 
l'Indépendance  de  leur  paUîe  que  ks  I 


(  18  )  '     ,  BAR 

Gteet,  preflânt  par  leur  patrjolî«De  éclai- 
ré un  caractère  bieq  prononcé,  se  aépai- 
rèrent    davantage   des  peuples  qui  les 
entouraient  et  qui  ne    cultivaient  pas. 
comme  eux  les  arts  de  la  vie  sociale.  Dèe 
lors  ils  flétrirent  de  l'épithète  de  barbare 
tout  ce  qu'il  y  avait  de  lâche,  de  servile, 
de  gi^ossier,  de  cruel  dans  leurs  ennemis 
et  dans  les  autres  peupl^  de  l'Asie.  La 
servitude  surtout  était  le  signe  distinctif 
du  barbare,  par  opposition  au  Grec  libre. 
On  divisa,  comme  dit  Platon,  le  genre 
humain  en  deux  moitiés  nn égales,  les 
Grecs  et  les  Barbares,  en  confondant 
tous  les  peuples  non  grecs  sous  une  dé- 
nomination commune,  quoique  les  diver- 
ses races  eussent  peu  de  chose  de  com- 
mun entre  elles.  Perses,  Carthaginois, 
Tbraces,  Macédoniens,  tous  ces  peuples, 
quoique  ayant  fait  eux-mêmes  des  pro- 
grès dans  la  civilisation  ef  quoique  ayant 
été   en  partie  les   maîtres  des  Grecs, 
n'étaient  pour  eux  que  de»  Barbares. 
Les  philosophes,  les  orateorv  et  les  poè- 
tes de  ce  peuple  épris  de  lui-même 
contribuaient  à  inspirer  du  mépris  pour 
les  Barbares,  et  à  accréditer  la  maxime 
qu'il  appartenait  aux  Grecs  de  les  oons- 
battre  et  de  les  subjuguer.  Platon,  le  disci- 
ple de  Socrate,  partage  ce  seniimeot.  «  Si 
les  Grecs  combattent  les  Barbares,  dit- 
il,  c'est  la  guerre,  car  ils  sont  ennemis 
de  nature;  mais  si  les  Grecs,  natureUe- 
ment  amis,  querellent  entre  eux,  ee  n'est 
pas  la  guerre,  mais  le  désordre,  mais  la 
maladie.  Aussi  ne  doivent-ils  pas  rava- 
ger le  pays  et  ne  pas  regarder  tous  les 
habitons  comme  leurs  adversaires;  oon- 
tens  de  la  victoire,  ils  ne  doivent  point 
songer  à  les  subjuguer  comme  le  droit 
le  permet  contre  les  Barbares.  »  Le  dis- 
cours dlsocrate  contre  le  traité  entre 
Sparte  et  la  Perse  peut  être  considéré, 
suivant  la  remarque  d\in  savant  moderne 
(Fr.  Eotfa,  Bemerkungen  uberdem  sùm 
iKHd  gebrattck  dès  f^Qrêes  Barbttr;  Nu- 
remberg, 1814),commeunmanifes|eper- 
pétuel  de  guerre  de  la  part  des  Grecs  con- 
tre les  Barbares.  Démostkène  applique 
cette  épitbète  à  Philippe,  roi  de  Macé- 
doine :  il  la  drouva  même  eooore  trop 
honorable  pocur  cet  adversaire,  bti  qui 
n*a  rien  de  commun  avec  les  UeUèmes., 
ftd  m'est  même  pas  n»  hmthmre^  d^um 


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»l^ 


pays  ^ié  auec  honneur  ;  Iki  qui  n'est 
qu'un  mùérable  Macédonien,  Après 
1«$  victoires  d'Alexandre,  les  Grecs  n'eu- 
rent plus  autant  d'orgueil  et  n^  prodi- 
foèrent  plqs  autant  Tépilbète  de  bar^iare; 
ils  furent  plus  humbles  encpre  quand  l«s 
Homaint  eureot  fait  la  cpi^quête  d»  }# 
Grèce.  Les  vainqueurs  empruntèrent  \e 
t^n^e  de  bark^e  dçs  vaîncns  et  qu%^ 
Ufièr«iit  ainsi  )es  peuples  qui  ne  s'é- 
taient p^  déppùillésy  comme  les  deseen* 
dans  de  ^omulus  pi  de  Aemu^,  de  k 
grossièreté  de  leurs  qACRurs  pri|nitivq9. 1«e 
sord  de  TAfric^e  fut  pour  ^^le  pays  de 
la  barbarie,  |es  Gaulois  ne  furent  que  c^es 
barbares,  et  c'es(  une  grapde  faveur  de 
Ja  pacl  4^  rbistorien  des  dou^e  Césafs 
de  iesappelqr  seulement  d^mi- Wb^r«s 
{s€n^-^a^rb^rD^  CoUqs],  Quand  itt^  <^- 
lois  se  fur^q^  façonnés  ^n  joug  rQr»am, 
les  limites  4f^  ^  barbarie  ç^ifpp^qne  (h- 
xent  portées  ^u.  ^bin«  et  fpfis  )^  der- 
niers en^ereuçs  toi^  j^s  payf  épt^gers 
iin-delà  de  Ùempirç  romani  ^i^qt  la  pf^- 
trie  de^  Barbaries.  Yaiens^éfendif  deve^- 
drf.au]^  ^rl)i^^  du  vin  et  4f  rbuile^  Gt^- 
tien  de  leur  vendra  4^  Vpr ,  e^  Darius  ^ 
aripes-Çicérop  avait  Qétri  d^p^  sesdisc^uif  s 
quelques  ci^^^  roumains  de  Tépit^è^ 
4e  àaràar€4;  mai^  (tétait  unç  ligM^-e  4e 
rbétorique  pour  peindre  avep  pki§ ,  ^ 
força  lei^rf  mo^Mrs  révgUf)()(^.  {iiçi^- 
<|Q'eo4i|  f«s  peuples,  que  l^^Eo^^ai^s 
«:vaien(  f^épfÂsés  a  c^^e  4e  leuf  4^ut  de 
ciYilis^çRf  Ç«rem^  envfilii  Tep^picf ,  X^ 
pitb^tç  c^fsa  4*^^  Pétfi^an^e,  car  «101» 
r«n)Çire  .app^tenait  a^x  v^iqq^e^f?  , 
a^x  fnaiiref  dix  sqJ  ro^^ÎP*  ^^^^iwr»  f^v 
opposit^n  au^  Romaius,  sigai^,  dans 
les  actfts  publics,  surtout  dans  U^  lois,  ^ 
▼aio^pieuje  fm^  f *»  v^ipiîWj  iç  pr<J«>ri*- 
t^VQ  du  aoL  A  leMf  |our  les  Francs  Tap- 
p(iqu^eo:t  au^  Cermaips;  aussi  daps  U 
loi  salique,  qn  distingué  les  Fri|ncs  9t  1^ 
]^bâi*fiit,  i]aais.  en  accordant  1^  n^èmes 
4roit«  ^wft  ufis  et  aux  autres.  Qu«^quc- 
fyi»  1^  laogMfis  germ^HlMe^  fHrent  qua- 
lifiées de  b^are&  par  le  clergé  dans  ses 
écrits  latips.  h^  peuples  àv^  midi  de 
r^^ope,  4tm»  lei^rs.idioipes  romana, 
eontiau^r^  escore  dam  le  mp^f»-àga  à 
regarder  les  peuple  dv  nord  coi^an^  4^ 
barbaiDis  :  il  es^  vvai  q^a  cemc-ci  le  npé- 

ntàran»  mif  ;iin^uaa  nipppvta 


(i») 


BAA 


dcpnîi  qtie  les  lumières  ont  fait  de  li 

grands  progrès  dans  le  centre  de  l'Eu* 
rope,  op  a  été  souvent  engagé  à  acci^^er 
de  barbarie  les  peuples  qui  n'avoiçnl 
conservé  des  ancieps  ^pmaina  quW 
reste  4e  langage*  Pe  nos  Jours,  la  civilisa- 
tion tifmt,  comme  autrefois,  à  paarq^ er  sa 
séparation  4'Avec  la  barlwurjci  et,  cominp 
Tantiquité,  elle  inéçonnaii  qpelquefob  de 
^nes  qualiléft  des  vertus  estiotable», 
des  ipstitutiooa  dignes  d'att:eQtion,  pro- 
pres à  (fCS  mêmes  peuplk  condamnés  ep 
mafse  eomo^  barbares»  ^  partage  à  cf^ 
égafd  le  ^rt  àf»  Grecf  qui|  4édaîgQaqt 
4'éludier  les  mc^rs  et  (es  ipslitutiops  da* 
peuples  non  ^ca,  ont,  fs^v  c^tte  raison, 
laissé  igqorer  à  ^  postérité  upç  foufe  de 
r^qfeigqemens  qui  seraient  préçjeuxppijr 
rji^to^re  du  gdorc  ^lunaip.  p-G- 

9ARB49II^  (sçi€«ces  florales  et. 
politiquef).  yprigine  du  mot  fiifi- 
hâp^  a  été  expliqué  cUi^9  Tarticla  pré- 
çé4enf.  Qfl  }^  voit,  )a  p«P9éé  d^  Gre<;8 
éM^ît  trop  \^Pf,  ppis^m'elle  atteignait 
4ès  pfdîoi^  qui  ppp-seu|emem  ét^i|»t 
^rties  depifis  long-tefi^ps  de  l'ifMi  de 
|Mii:;tiarie  pi^  n'y  avaiept  jf^maia  H%  maïs 
epçore  çli^iep^s  a^tfç^  qui,  par  lewas 
<ççcjï^  et  leurs  çi^pumles,  ep  avaiept 
pen^^ra  ^H  sortir  ^s  Qrecs  eux-mêmes. 
Parmi  cea  barbares^  il  y  en  ^Yàïtf  ep 
effçt,  qui  se  djs(iB€^Ai?Pf  Pfr.  une  civili- 
sa^Qi^i  très  ajraijcéç  et  qw  avaient  m, 
pendapf  Iç  popi^  dç  qH«lRm  ^jèelea, 
trait(çr  \^  Gr^c^  dç  barbve^  ^l^'état  j^ 

^\m'l^9  4ap3  ^  j^pdivi4(jsi  v^' 

m^  m  4wé  4^  ETwierçli  ^S  <***9W^ 
^ilé  qvi  ^  qu  lefCet^'pnç  ^dqçaliop 
péçlig^ç^  o^  çpluj  4e  gifelque^  &f^^d^ 
aberratjpqa.,  e^  ^ue  faif  4Î9p|ira|tre  s<^t 
l'instrqcïtipQ ,  spil;  laré^fri^jpn,  quejque- 
(bis  le  çalp^  4^  passions»  Qu  le  seql 
prpgrjàs  dç  Vàgç*  U  peuç  ^êw  éçh^pp^ 
des  actes  de  barbarie  ft  des  bpmm^  pla- 
cés dans  les  conditions  morales  tes  plus 
avantageuses;  a^ia  das  actet  isolés  ou  de 
rares  exceptions  dans  la  vie  d*tin  homme 
ne  constituent  pas  up  état  de  barbarie. 
Quand  il  s'agit  d'un  peuple,  la  barbarie  est 
un  état  intermédia ivf  entre  la  civilisation 
et  la  condition  du  sauvage;  seulement  il 
faut  remarquer  que  ce  n'est  pas  n^cessai- 


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BiR 


(20) 


fiiltt 


rement  titi  état  de  transition,  caria  barba- 
rie n'est  pas  toujours  précédée  de  Tétat 
sauvage,  et,  de  i*état  sauvage  à  la  civili- 
sation, il  n*ya  pas  consUmment  passage 
par  la  barbarie.  L'histoire  de  Thuinanité 
nous  fait  connaître  des  peuples  barbares 
qui  n*ont  jamais  été  sauvages  et  des  po~ 
pulations  sauvages  qui  ont  passé  directe- 
ment de  leur  condition  aux  avantages  de 
la  civilisation.  La  barbarie  et  Tétat  sau- 
vage (vojr.  ce  mot)  ne  sont  nullement 
les  degrés  élémentaires  de  la  civilisation, 
et  ces  deux  conditions  elles-mêmes  ne 
éont  pas  successives.  Les  voies  de  la  ci- 
vilisation sont,  au  contraire,  pour  Thu- 
manité  les  seules  primitives;  tandis  que 
l'eut  sauvage  et  Tétat  de  barbarie  ne 
sont  que  des  voies  d*aberration  ou  de 
transition  *.  En  effet,  il  y  a  non-seule- 
ment des  peuples  qui  ne  sont  jamais  tom- 
bés dans  la  barbarie,  il  y  a  même  des 
régions  du  globe  qui  paraissent  se  trou- 
ver dans  des  conditions  physiques  trop 
fortunées  pour  que  jamais  Tétat  sauvage 
ou  la  barbsTrie  puisse  y  naître  on  y  régner. 
D'autres  contrées  du  globe,  les  steppes 
de  l'Asie  et  certaines  cotes  de  l'Afrique , 
semblent  au  contraire  conduire  ou  retenir 
dans  l'état  de  barbarie.  Ce  qui  distingue 
l'état  de  barbarie  de  l'état  sauvage,  ce  sont 
Moins  les  doctrines  morales  et  les  institu- 
tions sociales,  que  les  moeurs;  les  moeurs 
barbares  sont  toutes  belliqueuses,  La  pen- 
sée morale,  chez  le  barbare  comme  chez  le 
sauvage,  est  subordonnée  à  ('existence  ani- 
male et  à  quelques  superstitions  religieux 
ses;  la  conception  sociale  est  elle-même 
subordonnée  aux  mœurs  belliqueuses  : 
toute  l'existence  du  barbare  est  dans  la 
guerre.  La  guerre,  occupation  unique 
qui  le  flatte,  n'exclut ,  sans  doute,  ni 
d'autres  travaux,  ni  d'autres  passions; 
mais  elle  alimente  toutes  les  autres  pa»>> 
sions  et  domine  tous  les  autres  travaux. 
Le  sauvage  ne  s'arme  que  pour  se  pro- 
curer sa  nourriture  et  défendre  sa  ca- 

(*)  If  ous  ne  partageons  pst  cette  opinion  de 
notre  se  vent  collaboratevr.  Selon  noua,  aucun 
peuple  n*a  débuté  par  la  civilisation;  les  Grecs, 
du  temps  d*Orphée,  de  Thésée,  et  pent*étre  de 
Ljc^rgae,  étaient  euxHnémes  des  barbares,  eC 
qui  sait  si  l'état  sauTage  a*aTait  pas  précédé  ce 
que  nous  appelons  leur  barbarie,  sinon  sur  le 
sol  de  la  Grèce,  au  moins  sur  celui  de  la  Thraoe 
^  des  pays  caucasiens  d*oà  ils  Tenaient?  J  H.  S. 


bane  ou  sa  famille.  La  barbarie  est  con- 
quérante, elle  est  surtout  envahissante; 
et,  différant  en  cela  de  la  civilisation, 
elle  n'envahit  pas  pour  garder  :  dans  ses 
migrations,  elle  ravage  pour  jouir,  et  elle 
n'occupe  à  la  fin  une  région  quelconque 
que  de  guerre  lasse.  La  civilisation  est 
un  état  qu'elle  fuit,  parce  qu'elle  le  mé- 
prise, qu'elle  en  craint  les  besoins,  les 
travaux  et  les  loisirs ,  autant  qu'elle  en 
redoute  les  lois,  les  restrictions  et  les  dé- 
licatesses. Aussi  évite-C-elle  tant  qu'elle 
peut  les  établissemens  dont  la  stabilfté 
amène  toujours  l'ordre  eifla  légalité  de  la 
civilisation,  et  soumet  quelquefois*  les 
vainqueurs  aux  institutions  des  vaincus. 
Tel  est  pourtant,  si  ces  expressions  ne 
jurent  pas,  le  génie  de  la  barbarie,  qu'il 
est  difficile  d'en  dire  la  limite  nette  et 
absolue.  Si  l'on  pensait  qne  cette  Kmite 
expire  là  où  commence  la  littérature,  ce 
serait  une  erreur,  car  les  sauVages  mêmes 
ont  des  traditions  religieuses,  des  chants 
de  gloire  et  d'amour,  des  habitudes  de 
peinture  et  d'écriture,  le  goût  de  l'in- 
dustrie et  des  arts;  à  plus  forte  raison 
tout  cela,  et  plus  que  tout  cela,  se  trouve- 
t-il  chez  les  barbares.  Si  l'on  posait  un 
autre  principe  et  que  Fon  voulût  exclu- 
re, paf  exemple,  de  l'état  de  civilisation 
tous  les  peuples  qui  n'ont  pas  de  doctri- 
nes raisonnées,  de  systèmes  de  morale 
et  de  politique,  on  ne  trouverait  plus 
dans  toute  l'antiquité  qu'une  seule  civili- 
sation ,  puisque  celle  de  Rome  n'offrirait 
qu'une  copie,  qu'un  calque  de  celle  des 
Grecs.  La  barbarie  nette  et  absolue  se- 
rait l'absence  de  tout  respect  pour  la  loi 
morale  et  la  loi  sociale;  mais  cet  état  se- 
rait non-seulement  au-dessous  de  celui 
du  sauvage,  il  serait  inférieur  à  la  condi- 
tion de  la  brute,  qui  a  pour  le  moins  l'in- 
stinct de  la  sociabilité.  Une  telle  barbarie 
n'existe  pas.  La  barbarie  n'étant  pas  un 
état  primitif,  mais  le  plus  souvent  un  état 
de  transition,  offre  nécessairement  des  ca- 
ractères très  variables,  et  non-seulement 
ces  caractères  n'ont  rien  d'absolu,  mais 
ils  ne  présentent  pas  même  de  concor- 
dance. Monstruosité  morale  et  sociale, 
la  barbarie  se  compose  de  difformités  et 
de  contrastes.  Tlmoor  le  conquérant 
(Taraerlan)  fait  sabrer  en  un  jour 
100,000  esclaves  qui  embarrassent  sa 


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BAR  (21 

nuurdiey  eC,  pour  ce  ftrûadie  iolcltty 
dresser  des  pyramides  de  télés  humaÎDes 
est  une  des  habitudes  dont  il  se  fait 
gloire.  Quoiqu'il  commande  à  800,000 
hommes  y  Tiroour  est  un  barbare.  Mais 
le  plus  éclairé  des  souYerains  s'aviserait 
à  peine  de  faire  ce  que  ce  barbare,  dans 
les  Instituts  qu'il  nous  a  laissés,  prétend 
avoir  fait  constamment.  «  Dans  chaque 
ville  y  nous  dit-il  (Instituts  de  Timour, 
trad.  du  persan  par  Langlès,  p.  187.)^ 
je  fis  bÂtir  une  mosquée,  une  école  pu- 
blique, un  monastère,  un  hospice  pour 
les  pauvres  et  pour  les  indigens,  une 
maison  de  santé  pour  les  malades.  H  y 
avait  un  médecin  attaché  k  l'hôpitaL  v 
Peu  importe  que  Timour  dise ,  dans  ce 
passage,  la  chose  qui  est  ou  la  chose  qui 
n'est  pas  :  ce  qu'il  importe  de  remarquer, 
c'est  que  ce  vieillard,  parlant  à  ses  suc- 
cesseurs, juge  utile  de  professer  de  tels 
principes. — D  n'y  a  de  constant  dans  la 
barbiurie  qu'un  grand  de^é  d'ignorance 
et  une  latitude  de  conscience  qui  est 
immense  et  qui  est  tolérée  par  les  mœurs 
générales,  mais  qui  n'exclut  nullement 
certaines  habitudes  de  religion.  Si  l'on 
ajoutait  qu'elle  est  l'absence  de  toute 
idée  6e  progrès  dans  les  doctrines  et  de 
but  d'httmamté  dans  les  institutions, 
cette  définition  atteindrait  encore  une 
foule  de  peuples  qu'on  n'oserait  pas  clas- 
ser réellement  au  nombre  des  kÂrbares. 
Cependant,  un  fait  que  proclame  l'his- 
toire générale  de  la  civilisation,  et  qui 
est  bien  ce  qu'elle  offre  de  plus  net  à  cet 
égard,  c'est  que,  s'il  n'y  a  pas  de  barba^ 
rie  absolue,  il  n'y  a  pas  non  plus  de  na- 
tion entièrement  pure  de  barbarie.  L'ab- 
sence de  toute  barbarie  dans  les  mœun, 
dans  Ws  institutions,  dans  les  faits  et 
gestes  d'un  peuple ,.  serait  la  civilisation 
parfaite.  Or  c'est  là  un  terme  que  non- 
seiilement  aucun  peuple  jusqu'ici  n'a  su 
atteindre ,  mais  dont  aucun  ne  parait 
même  encore  approcher.  Jusqu'à  présent 
on  certain  degré  de  barbarie  a  toujours 
pesé  sur  la  majorité  de  l'espèce  humaine. 
Cest  à  peine  si  nous  pouvons  affirmer 
que  les  choser  soient  prêtes  à  changer  de 
fiice.  En  effet,  remontant  jusqu'aux  temps 
les  plus  reculés  et  descendant  de  là  jus- 
qu'aux nôtres,  nous  voyons  les  popula- 
tions civilisées  de  l'Inde,  de  la  Chine,  de 


)  BAR 

k  P^ne,  de  FÉgypte  et  de  la  Crète  en- 
tourées des  Tatars,  des  Scythes,  des 
Massagètes,  des  Éthiopiens,  et  d'une 
foule  d'autres  barbares;  et  les  Romains 
enveloppés  comme  d'une  ceinture  de 
Mauritaniens,  de  Numides,  d'ibériens, 
de  Celtes,  de  Pietés,  de  Scots,  de  Cim- 
bres,  de  Goths,  de  Yisigoths,  d'Ostro- 
goths,  d'Alains,  de  Huns^  de  Suèves,  de 
Vandales,  de  6épides  et  de  Hérules. 
L'histoire  de  l'antiquité,  sauf  quelques 
pages  de  politique,  de  littérature,  de 
philosophie  et  de  religion,  qui  appar- 
tiennent aux  villes  de  Sais,  de  Persépo- 
lis, .  de  Jérusalem,  d'Athènes  et  de  Rome, 
estThistoire.de  la  barbarie  qui  passe  à 
l'état  de  civilisation;  et  telle  est  dans 
l'antiquité  \ti  préiiominance  ^éaénAe  de 
l'élément  barbare,  que  c'est  à  peine  s'il 
exbte  entre  les  nations  diverses  d'autres 
relations  que  celles  d'un  commerce  d'é- 
change. Celles  d'entre  elles  qui  possèdent 
ou  des  moeurs  ou  fies  institutions  réguliè- 
res de  politique  et  de  religion  tracent 
autour  d'elles  le  cercle  de  Popilius,  pour 
se  préserver  de  toute  contagion  étran- 
gère. Ici  c'est  une  loi  formelle ,  ailleura 
c'est  l'orgueil  national,  plus  loin  c'est  le 
couteau  du  sacrificateur  qui  frappe  tout 
étranger.  Longue  est  la  lutte  entre  cette 
barbarie  si  géqérale  et  la  civilisation  qui 
a  si  peu  de  partisans.  Les  colonies  de  la 
Grèce,  les  expéditions  d'Alexandre^  les 
conquêtes  des  Romains,  et  cette  religion 
qui  s'annonce  universelle,  qui  proclame 
la  fraternité  de  tous  les  peuples,  le  chris- 
tianisme, semblent  enfin  éclairer  le  mon- 
de des  lumières  de  la  raison  et  de  la  foi. 
Aux  confins  de  l'Europe  et  de  l'Asie, 
Constantin-le-Grand,.qui  s'est  emparé  de 
tous  les  élémens  de  la  civilisation,  place 
le  centre  d'un  v|ii(te  empire,  et  Constan- 
tinople  sera  désormais  le  fanal  moral  et 
politique  du  monde.  D^jà  l'Évangile  se 
traduit  dans  toutes  les  langues,  et  ses 
missionnaires  abordent  tous  les  peuples. 
Brillante  illusion!  De  deux  poinU  oppo- 
sés se  lève  la  barbarie  pour  couvrir  en- 
core une  fois  le  monde.  I^  barbarie  du 
Nord  ensevelit  la  civilisation  romaine 
sous  les  débris  du  tr6ne  des  Césars,  et 
au  Ti*  siècle  elle  règne  dans  l'Occident 
tout  entier.  Au  tu*  siècle ,  la  barbarie 
du  Midi,  à  son  tour,  arborant  la  bannière 


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BàR 


(2î) 


BAA 


l'Ane-Milièilfe,  TÉgypie,  l*Afihh{ue  lati- 
ne, rËspdgDè,  k  FMihfce  tWéricHooalej  \k 
Sicile  et  les  côtés  d'Italie.  Cepetidàtit  les 
vAlnqueui*»  sabîsseht  1«  pckissiMflce  des 
veiticus  :  les  Arabes  ptiiseht  daas  tes  étu- 
des grecques  lé  germe  d'Uile  haute  et  ra- 
pide civiliftâtibn;  les  Golhs»  les  FhinCS^ 
les  Atigles  et  leé  SttxotiS  (irenneiit  dans 
les  codes  de  la  jliHsprtidehee  roiti«iitte  et 
datis  les  lois  de  l'èglufe  ehrétieu»è  de 
fbrtes  leconâ  d'brdre  Social ,  de  piété  et 
de  moralité.  Eli  Occident,  le»  temples, 
les  tt]0nàstèl>6s,  leé  ^(^leS  du  ckristia^ 
iHsrae  opposent  à  la  bai^béHe  àb^blue  une 
barrière  qu'elle  ne  s&iiràk  fVatlchir;  inais 
lin  cerUiiti  degré  de  b&rbàrië  ettvahit  jùs- 
ques  aiit  écoles  Ifitlbes  et  gttcqiiés.  Bien- 
tôt ROMe  et  Athèiiës  roùl^isseiil  dtt  lan- 
gage qu'elles  Ont  pi^êté  à  èeë  ëcofe^î  AHs- 
tote  et  salHt  Abgë^tttt  sont  Ktitbiilés  dé» 
doctrines  qiié  leUr  atb^ibuènt  iëè  orgnelU 
leuses  UniieHités  de  Pdris,  d'Oxford  et 
de  Bologne.  En  Occident  les  liéraulê  de 
là  cif  ili^ktîoA,  les  CloVij),  les  Chàrléfiia- 
gne,  lès  AifVèd,  comrhettënt  deé  actes  de 
bàhbariè  401  rie  penireiK  s'e^^pIlqUér  qne 
par  là  grbssièfété  dêâ  peuples  qu'ils  gbu- 
teriîeht  ou  qif  ils  icèkilbahent.  En  OHent 
te  khahdniétisitie  j  à  ConStfltiiirtOple  Itt 
dégridaiiôn  intéliectaelle  et  rabfale,  en 
Ocëtdëht  la  FSodalité,  opposent  à  la  ciTi- 
Msktibn  dé^  ènlnlves  dont  le  mouvement 
Intëllectiiel,  qu'amènent  les  Croisades  et 
qui  aNièhé  Ik  ^entiis5anee  des  lettres  ^ 
pat^rtëdï  à  ^èihe  ft  dé^^er  l'hUMànitè. 
DëHUiâ  lè  kti**  Âlèele^  le  progrès  de  la 
efvlllsati^ii  parait  aéiiu^é,  et  d'ininlenses 
d«Vë(o|>[$ébëti^  ènt  lieu  dànë  le  sein  de 
qnéiqtiëé  hkilàtH  d'becidént;  mais  qUe 
de  restée  de  bkrbarit  il  se  réièle  encore 
dén^  le  cbiifs  dé  eel  derniers  sièeles,  et 
4q^  ^PéfToH^  il  tattdi^  enboMS  ponr  en 
ftire  dl^arattrè  toute*  le*  tintes!  L'Hs- 
ttt))og!e  jâdlcîÀtrë,  la  tnii^  et  k  ^orèel- 
4éBé;  \à  stttîetiJtHion ,  l*itifbléf*Étiee  et  les 
géiëd^s  de  IrëligTOrt  «j"^  tes  torèur^^  les 
sdlrpHceé  àVéc  HifBnèment  àë  eruâuté, 
et  le<^  cdëés  InMniéhié^  le  éfM,  IH  pfrdte- 
rfë  et  leâ  lettres  de  marque*  ï»  llHeHes, 
les  jedx  et  reécDiirâge;  les  galères  et  les 
^risbhs  béatUbreS;  les  eéttps  d'état  dé» 
gntkrerheméns  insensés  et  les  émeutes 
des  pciTples  indisciplinables  :  ce  sont  là  ' 


aatabi  de  tèstigfiil,  pour  Wt  plu  «Bré  de 
i  nionum«ns,d'une  barbarie  que  condamne 
biètî  la  raison  pnblique,  mais  que  cepen- 
dant lès  moeurs  générales  n'ont  pas  en- 
core permis  de  faire  disparaître.  De  ces 
germes  de  barbarie,  il  en  est  qui  inlec- 
tent  même  les  peuples  les  plus  avancés 
eéi  ctvtlisa|ion  ;  que  dire  de  ceux  qni 
tiennent  à  gloire  de  se  préserver  de  tout 
progrès.  La  civilisation  ne  commence  à 
régner  pure  et  nette  que  du  jour  pu  la 
politique  d'un  peuple  m  déclare  ration^ 
rtciie  et  momie.  Sur  cette  limite  expire 
^a  barbarie;  mais  son  empirera  jnsque 
là.  M-a. 

AAAtoARIfi  (géber.  et  bist.),  nom 
par  lequel  on  désigne  la  portion  de  l'A- 
frique la  plus  rapprochée  de  TËuropei 
qu'arrosent  et  fertilisent  les  rivières  et 
les  cours  d'ean  qui  descendent  de  cette 
suite  de  chaînes  et  de  groupes  de  mon- 
ugnes,  s'étendant  depuis  le  cap  de  Niin 
à  l'onest  jusqu'au  cap  El-Mell«h  à  l'est. 
Ces  monts  ont  conservé  ce  nom  d'Atlas 
(WX')  si  célèbre  danë  la  cosmologie  des 
ancien^.  Conformément  à  cette  définition, 
la  Barbiirie  comprend  tous  les  pays  situés 
entre  le  Haat- Atlas  on  le  t^ha^an  et  les 
côles  de  l'Océan  Atlatitique,  ainsi  que 
ceux  qni  sont  enire  les  deux  chaînes  pa- 
ranèles  nommées  grand  et  petit  Atlas,  les 
monts  Ghuriano  plus  à  l'est,  lea  collines 
de  Barca  et  les  côtes  de  la  mer  Méditer- 
ranée :  c'est  ce  que  nous  appellerons  la 
Barbarie  septenPiontilÈ*  Nbas  oonsldé  * 
iH>ns  comme  nnë  seconde  division  nats- 
relle  de  la  Barbarie,  les  pays  dominée 
par  les  hauts  sommets  dès  montagnes 
qrie  rious  venons  de  fl»entlottner  j  qni  ont 
aussi  lenri  rivières  propres,  leurs  riches 
vallons  et  leurs  plaines  feniles  :  ce  sera , 
selon  la  diviàion  que  noua  établissons, 
la  Barbarie  eë/araie.  Les  pays  qtiî  sont 
an  sud  et  sur  le  penchant  de  ce«  ]^la- 
teanx  et  de  ces  montagnes^  et  fertiHséa 
par  lès  cours  d'eau  qu'ils  iettr  fournhi- 
scnt^  jusqu'aux  limites  de  cette  iber  de 
sable,  entremêlée  d -oasis,  qn'ott  netiNne 
le  Sahara  ou  Grand -Déiert,  seroM  la 
flarùarie  mértdtonaiB, 

La  Barbarie  séptentriimalè  oomprend 
l'eut  de  Maroe  proprement  dit,  M  ré- 
gences d'Alger,  de  Tunis  et  de  Tripoli. 
La  Barbarie  centrAle  ooôiprend  le  paya 


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JtAft 

dés  CH^éttK  ùxà  Qiêliàs,  A(A  BtthéSn 
et  ëed  Kftb^f lei  ott  Kdbaf les ,  ttoitls  géaé- 
nox  par  ledqtield  oh  désîgtie  t>Iusieurt 
triboa  montagnatrdeii  souvebt  «d  goe^é 
\eà  Qoes  codtre  les  autres.  Le  Zaab  on 
Wadf eagb,  arrosé  par  la  rivière  Zag,  est 
là  plbs  graiàde  région  et  en  tnétne  temps 
la  plos  ceiitlrale  de  i^te  division  de  la 
BarbaHé ,  et  par  conséquent  de  toute  la 
Barbarie.  Datis  là  âàrbarie  méridionale 
Éé  trotlTeat  lé  pays  de  SôUs  qui  fok^ine 
l'état  indépendant  de  Sydy-Hesham ,  att 
midi  du  Uaiit-ÀtlàS;  puis  DHiha  et  Ta- 
filet  dans  rëWpire  de  Maroc  ^  an  sud-est 
de  cette  cbàlne;  et  etifin,  plus  à  l'dHeiit, 
la  longue  bande  de  terré  nomteée  filld- 
oald-Djerid^  bu  le  pttys  dès  dattes,  et 
qui  comprend  les  pays  des  Motabis  et 
Gadamez.  Au  stid ,  le  Fez^an  ou  lé  pays 
deè  Garàtnantes  des  aliciélis^  doit  éû« 
écarté  de  la  Barbdrie  et  d^ipairlient'ii 
cette  autre  division  de  rAfrique  la  plbs 
grande  de  toutes,  quoique  la  moins  peb'- 
plée,qu*on  nomme, ainsi  que  bous  Tâvoi» 
dit,  Saliara  on  Grand-Désert.  A  Test  Toa- 
sb  de  Souyah,  où  était  le  temple  de  Ju- 
piter-Ammon,  doit  aussi  être  etéUi  de 
la  Barbarie  et  ratiacbé  k  la  description 
de  l'Egypte,  avec  les  âtltres  oasis  qui  eâ 
dépendent. 

Ainsi  restreinte  dans^ses  véritables  li- 
mites, la  Barbarie  se  trouve  Comprise  en- 
tre le  1 S^  degré  de  longitude  occideiîtale 
et  le  93®  degré  de  longitude  ôrientiile, 
et  entre  les  SO®  et  37®  degrés  de  latitude 
nord,  environ. 

Mab  ce  mot  de  Barbdrie,  que  bous 
employons  ici  pour  désigtaer  cette  por- 
tion de  l'Afrique,  est  tônt-à-fait  impro- 
pre, et  devr^t  être  banni  dé  l'usage  vul- 
gaire, comme  il  l'a  déjà  été  de  la  làngbë 
acjentifiqae  dans  lés  filtls  savatis  traités 
4e  géographie,  fin  effet,  l'idée  que  ce 


tedC  r«trat^n6  cdbviebt  ili  aU  pays,  ni  à 
fat  cMdtistttiice  qtH  l*tt  fait  adopter.  Par 
BarbaHé  on  n*a  pas  vbutu  déàigner  tin 
^s  barbare  ou  un  paye  habité  par  une 
race  l^norabte,  comme  ob  pourrait  le 
croire,  niais  Utî  pays  bccbpé  par  les  Ber* 
bers  (ifôX'),  de  sortie  qu'il  faudrait  dire 
Berbèrîe  et  non  Barbarie.  C'est  dané  le 
Béme  wbé  qbféi  i«s  géè^pbes  des  xt® 
et  lTi*8ièd^D5illiliébt  céttéré^bd  Mau- 
tû^di,  pÊttt  iik'eù  èffôt  uiié  ^àie  {MT- 


[ti)  BAH 

tioii  dé  ht  popiilation  est  de  race  maure. 
Maié  l'ube  et  l'autre  dénomination  sobt 
également  inipropres,  puisque  cette  con- 
trée, habitée  par  difl^^renlës  races  d'hom- 
mes^ n'est  exclusivement  ni  au  pouvoir 
des  Maures  ni  sôus  la  domination  des 
Berbers.  Par  cette  raison  les  géographes 
obt  préféré  à  ces  dénominations  de  Bar^ 
harie  ou  é^États  BaHtarèsques,  celles 
de  Région  de  VAtfai ,  d'États  maho* 
métans  da  nord  de  l'Afrique  :  quel- 
ques-uns, considérant  que  cette  portion 
du  continent  africain  est  séparée  du 
reste  par  des  raohtagnes,  l'ont  assimilé 
à  l'Asie-MinéUt-e,  qui  est  aussi  ^  de  ta 
vaste  Asie,  la  portioti  k  plbs  rapprochée 
de  rSurope,  et  Ils  ont  proposé  dé  l'ap- 
peler \ Afriqne-Mineure;  tnais  d'autres 
odt  plus  heureusement  emprunté  aux 
Arabes  le  nobi  de  Mns^reh,  C'est  en 
effet  par  ce  mdt  que  les  habitons  de  l'É- 
gyple  désignent  tente  la  Barbarie;  et 
tomnié  Ce  rilot  signifie  cobchant ,  il  est 
exact  pour  eux,  mais  inexact  pour  nous, 
puisque  cette  contrée  est  au  midi  de  la 
né»tre.  Toutefois  n'étant  pas  sujet,  comme 
le  nom  Talgaire,  à  aucune  ambiguïté,  ce 
bom  de  Maghreb  doiè  être  préféré.  Les 
gétigraphes  arabes  ^bdivisent  le  Magh- 
reb en  trois  parties:  X^Aftiltyàh^  qui  ren- 
ferme les  éuts  de  Tripoli  et  de  Tunis;  le 
Magfwêlh-el^Aousatâ,  on  le  Maghreb  du 
ibilieu  qui  est  la  régence  d^Alger,  et  le 
Maghreb^cl-Aksa ,  ou  le  Maghreb  éloi- 
gné, qui  est  le  Maghreb  propreibent  dit. 
Ces  dénotbibâtiôbs  pourraiebt  être  chan- 
gées en  celles-cî  :  Maghreb  oriental  y 
Maghreb  du  miiieu,  Mtighrèb  occi-* 
dental.  Cette  dernière  désigbatibn  fbrme 
un  pléonasme;  mais  c'est  là  bn  léj^  in- 
convénient dont  la  nomenclature  géogra- 
phique offre  de  continuels  etemplës ,  et 
qu'tm  ne  peut  éviter. 

Cette  divisiob  du  Maghreb  ou  de  la 
Barbarie  en  IHms  portions  est  âUssi  na- 
turelle que  celle  qui  a  été  profioséë  par 
nous  en  commençant ,  et  sert  paiement 
à  résumer  la  cônfiguratiob  de  toute  cette 
portion  de  l'Afrique. 

En  effet  le  Maghreb  oriental {XtA  que 

bdus  le  concevons)  nous  iboMre  au  nord 

un  vaste  ^IHft  terVniné  k  l'est  et  à  fouest 

par  deux  autres  petits  golfes  plus  pro- 

I  fonds,  qui  solK  \k  grande  éC  ht  pétitti  Syr- 


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BAR 


(2*) 


BAH 


te  y  et  les  terres  cultivables ,  resserrées' 
par  les  sables  dans  la  partie  orientale , 
qui  ne  sont  séparées  du  reste  de  1* Afri- 
que et  du  Grand-Désert  que  par  des  col- 
lines bu  des  monts  peu  élevés.  Dans  le 
Maghreb  central  les  côtes  décrivent  une 
courbe  convexe,  et  les  plaines  ou  terres 
cultivables  forment  un  district  à  part,  que 
les  Arabes  nomment  tell  et  qui  se  trouve 
isolé  de  l'intérieur  du  continent  africain 
par  un  double  rang  de  montagnes.  Ces 
deux  régions  du  Maghreb  font  face  à 
l'Europe,  et  sont  sur  les  bords  de  la  Mé- 
diterranée, tandis  que  le  Maghreb  oc^ 
cidental  a  ses  côtes  battues  par  les  flots 
de  rOcéan  Atlantique ,  et  ses  terres  cul- 
tivables séparées  de  celles  des  deux  au- 
tres régions  par  le  désert  d*Angad  et  les 
montagnes  du  Hi^ut-Atlas. 

Les  rivières  qui  arrosent  ce  vaste  pays 
sont  en  petit  nombre  et  ont  un  cçurs 
très  borné  :  les  principales  sont  la  Ma- 
jerdah  qui  traverse  Tétat  de  Tunis,  la 
Scheliffdans  la  (Partie  occidentale  de  Té- 
tât d'Alger,  la  Molouyab,  entre  le  Magh- 
reb central  et  le  Maghreb  occidental  : 
toutes  ces  rivières  coulent  au  nord  dans 
la  Méditerranée.  Le  Loulcos,  le  Sebou, 
la  Morbeyah,  qui  sépare  l'état  de  Maroc 
et  celui  de  Fez,  le  Tensyfl  ou  Quad- 
Maraksch  (fleuve  de  Maroc)  coulent  à 
l'ouest  dans  l'Océan  Atlantique.  Les  gran- 
des villes  aussi  sont  rares  et  situées  à  de 
grandes  distances  les  une»  des  autres  :  el  les 
sont  toutes  les  capitales  des  états  aux- 
quels elles  donnent  leurs  noms  :  ce  sont 
Tripoli ,  Tunis ,  Alger ,  sur  les  côtes , 
Constantine  dans  l'intérieur  des  terres  ; 
toutes  ces  villes  sont  dans  le  Maghreb 
oriental  et  le  Maghreii  du  milieu.  Maroc 
et  Fez  sont  dans  le  Maghreb  occidental 
et  dans  l'intérieur  des  terres.  La  popu- 
lation d'aucune  de  ces  villes^aukant  qu'on 
a  pu  l'apprécier,  ne  parait  descendre 
au-dessous  de  25,000  âmes  ni  s'élever 
au-dessus  de  100,000:  dans  tout  le  reste 
du  UU  ou  de  la  Barbarie  septentrionale, 
on  ne  trouve  qu'un  très  petit  nombre  de 
bourgs  de  4  à  5,000  âmes:  le  reste  de  la 
population  présente  des  habitations  réu- 
nies au  nombre  de  cinq  ou  six,  miséra- 
blement construites,  mêlées  aux  douars 
ou  groupes. de  tentes  des  pasteurs  qui 
campent,  sekrn  les  saisons,  tantôt  dans 


un  lieu*,  tantôt  dans  un  autre.  La  Bar- 
barie centrale  ou  la  région  montafgneuse 
n'offre  aucune  grande  ville,  mais  un 
grand  nombre  de  douars;  et,  sur  les  pen- 
cbans  et  aux  embouchures  des  cols  bu 
passages,  des  villages  florissans  qui  récla- 
mçnt  presque  le  titre  de  petites  villes. 
Dans  la  Barbarie  méridionaîe  on  nomme, 
au  sud  et  à  l'est  de  Maroc,  le  chef-lieu  de 
l'état  de  Sous,  Tarudant;  le  chef-lieu  du 
royaume  de  Tafilet,  quel  que  soit  son  nom; 
et,  au  midi  de  Tripoli,  Qahdames grand 
entrepôt  de  commerce,  et  la  porte  d'en- 
trée du  Grand-Désert:  mais  ces  villes  n'ont 
qu'une  importance  relative  et  une  popu- 
lation peu  nombreuse. 

Aucune  région  nepirésente,  relative- 
ment à  sa  superficie,  une  plus  vaste  éten- 
due de  côtes  que  la  Barbarie,  et  il  en  est 
peu  cependantqui  soient  aussi  dépourvues 
de  ports.  Tripoli,  Tunis/ Oran,  Tétouan 
et  Tanger  sur  la  Méditerranée  paraissent 
être  les  meilleurs,  et  sur  l'Océan  Atlan- 
tique Mogador  et  Agadir. 

Ainsi  en  grande  partie  dépoi^*vue  de 
ports,  sans  rivières  navigables,  entre- 
coupée par  des  montagnes  et  quelques 
déserts  sablonneux,  bu  stériles,  qui  met- 
tent obstacle  aux  communications,  il 
semble  que  la  nature  ait  refusé  à  la  Bar- 
barie les  moyens  d'acquérir  une  nom- 
breuse population  et  de  s'élever  à  un  haut 
degré  de  civilisation.  Peu  de  régions,  au 
contraire,  ont  été  plus  florissantes  et 
plus  peuplées;  et  sur  le  plateau  de  Bar- 
ka,  dans  l'état  de  Tripoli,  dans  les  en- 
virons de  Tunis,  c'est  près  de  Kaïrowan, 
de  Lebeda,  des'  ruines  de  Cyrène,  de 
Carthage,  d'Utique,  de  Leptis  magna, 
d'Appollonia,  de  Cesarea,'et  au  milieu 
des  débris  de  colonnes,  ou  d*antiques  édi- 
fices encore  debout  que  le  Bédouin  dresse 
ses  tentes  faites  de  poils  de  chèvre  et 
de  chameau ,  rayées  de  gris  et  de-noir. 
Ainsi  se  montrent  l'ancienne  splendeur 
de  cette  contrée  et  sa  misère  actuelle. 

Si ,  sous  l'habile  domination  des  Ro- 
mains, le  Maghreb  (surtout  dans  la  partie 
orientale  et  dans  celle  du  milieu  )  s'est 
élevé  à  un  si  haut  degré  de  richesse  et  de 
prospérité ,  c'est  qu'en  effet  c'est  un  des 
plus  beaux  et  un  des  plus  fertiles  pays 
de  la  terre.  La  Barbarie  n'a  daUs  sa  partie 
méridionale  et  centrale  aucun  des  ciMrac- 


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BAR  (25  ) 

tères  de  V  Afrique.  Elle  ressemble  beeu- 
coup  plus  au  midi  de  l'Europe ,  à  Tltalie 
et  à  l*£spagoe;  mais  avec  un  sol  plus  fé<- 
coud  et  des  productions  plus  variées.  Là 
croissent  en  effet,  et  mieux  qu'en  aucun 
lieu  du  monde,  toutes  les  céréales  et  autres 
végétaux  qui  forment  la  base  de  la  nour- 
riture de  Thomme  et  des  animaux,  compa- 
gnons de  ses  travaux  :  Je  blé,  le  seigle, 
l'orge,  l'avoine,  le  maïs,  la  pomme  de 
terre ,  le  sar razin ,  le  r iz ,  le  sorgho ,  le  1  in  ; 
là  végètent  admirablement,  les  arbres  les 
plus  utiles,  les  fruits  les  plus  succulens, 
Folivier  et  la  vigne,  l'oranger  et  le  mûrier, 
les  figuiers  et  les  jujubiers,  les  lentis- 
ques  et  les  pistachiers,  les  amandiers, 
les  caroubiers,  les  bananiers,  les  abri- 
cotiers, les  pêchers,  les  pommiers, 
les  poiriers,  les  noyers,  les  dattiers  et 
les  grenadiers.  Les  mdons  y  viennent 
en  pleine  terre ,  ainsi  que  toutes  les  es- 
pèces de  fèves,  d'oignons  et  de  plantes 
culinaires.  Les  arbres  qui  donnent  de 
beaux  ombrages  ou  servent  aux  cons- 
tructions :  les  chênes,  les  peupliers, 
les  lièges,  les  cyprès,  les  pins  d'Alep, 
les  genévriers,  les  tuyas',  y  acquièrent 
une  force  et  une  élévation  surprenantes. 
Les  plantes  d'agrément,  les  jasmins,,  les 
myrtCBy  les  roses,  l'acanthe  s'y  dévelop- 
pent partout  spontanément.  Diverses  es- 
pèces de  chardons,  le  hepné ,  l'absynthe , 
b  lavande,  le  safran ,  le  tabac ,  l'indigo , 
la  canne  a  sucre ,  fournissent  aux  besoins 
de  la  teinture,  à  la  médecine  ou  aux 
préparations  cosmétiques,  aiix  besoins 
ou  à  l'agrément  de  l'homme.  Les  bords 
des  ruisseaux  et  des  rivières  sont  pa- 
rés de  lauriers  -  rose  et  d'onagroîdes , 
d^épilobes,  d'iris,  d'une  hauteur  gigan- 
tesque. Tandis  que  les  héliotropes,  lesbuW 
beuses  radiées,  les  salicornes,  les  S4;;illes 
fluritimes,  les  lygées-sparte ,  les  solda- 
neUes,  les  erynges,.  et  une  variété  infinie 
d'autres  plantes  couvrent  les  rivages,  ari- 
des et  plats,  les  vallées  et  les  froides 
retraites  des  montagne^  sont  embaumées 
par  les  végétaux  qui  y  croissent ,  et  pré- 
sentent un  aspect  enchanteur.  Les  plaines 
sont  couvertes  de  riches  moissons  et  de 
pâturages  abondans;  et  le  genêt  à  haute 
tige,  les  différentes  espèces  de  cistus,  les 
résédas  odoraus,  les  sumacs ,  les  bruyères , 
les  aloés^  les  agaves ,  les  euphorbes  et  les 


BilR 

cactiert  qui  supportent  la  dialeur  et  la 
sécheresse,  ornent  les  anfracluosités  des 
rochers  et  fournissent  aux  chèvres  qui 
les  habitent  une  nourriture  et  un  ombra- 
ge salutaires.  Rarement  le  dur  et  stérile 
granit  usurpe  l'espace  :  la  forme  arron- 
die et  verdoyante  de  presque  toutes  les 
cimes  de  montagnes  atteste  partout  la 
présence  du  calcaire.  Les  lias ,  les  schis- 
tes, les  brèches  coquillère,  les  gneiss,  les 
porphyres  trachi tiques,  les  marnes  rou- 
ges, les  travertins,  y  composent  le  sol  des 
monts,  des  collines,  des  plateaux,  des 
plaines  basses,  et  des  diverses  espèces. de 
terrains  qu'on  est  convenu  d'appeler  se- 
condaires, tertiaires,  diluviens ,  post-dilu- 
viens. Les  premières  espèces  de  ces  ter- 
rains renfermem  de  beaux  marbres  et 
abondent  en  mines  de  plomb,  de  cuivre, 
de  fer  et  d'antimoine  qu'il    serait  facilu 
d'exploiter.  Le  règne  animal  n'est  pas 
moins  riche  en  Barbarie  que  les  deux  ai^ 
très  :  l'abondance  des  mûriers  blancs  per- 
met d'y  élever  une  grande  quantité  de 
vers  a  soie  ;  les  mouches  à  miel  y  donnent 
tant  de  cire  que  lés  luminaires  qu'on  en 
formait  ont  reçu  en  Europe  le  nom  de 
bougie,  de  la  ville  d'où  on  les  exportait. 
Les  oiseaux  de  basse-oour ,  et  toutes  sor- 
tes de  gibier  y  abondent.   La    religion 
seule  met  obstacle  à  la  propagation  jdes 
porcs.  L'état   de   Maroc   nourrit  cette 
espèce  de  chèvres  qui  fournit  ces  beapx 
maroquins,  nom  qu'usurpent  en  Europe 
des  peaux  bien  inférieures  pour  l'éclat  de 
leur  couleur  et  leur  solidité.  Deux  races 
d'âne',  l'une  très  grande,  très  forte,  l'an- 
tre petite,  toutes  deux  précieuses  pour 
les  divers  usages    auxquels  on    les  em- 
ploie, des  mulets  vigoureux,  des  cha- 
meaux à  une  seule  bosse  et  des  chameaux 
à  deux  bosses ,  seraient  suffisans  pour  les 
besoins  de  l'agriculture,  du  transport  et 
des  voyages ,  et  pourraient  obvier  à  la  peti- 
tesse du  gros  béuil,  à  la  maigreur   des 
vaches  qui    en   général  donnent  peu  de 
lait;  mais  le  cheval  qui  se  multiplie  si 
prodigieusement  en  Barbarie ,  qui  y  dé- 
ploie de  si  belles  formes  et  tant  de  rares 
qualités,  serait  à  lui  seul  une  compensa- 
tion suffisante.  On  peut  dire,  avec  vérité, 
que  ce  noble  animal,  dont  on  exporte  une 
si  grande  quantité  du  Maghreb ,  fait  à  la 
fois  l'orgueil  et  la  richesse  de  ce  pays. 


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BAlR  (26 

GfeM»léaiid«UiBarb«He»pHidAliëft6ft 
^oidtd^Ytie  le  plus  général  y  réclamfi  quetr 
^es  dlstinctioira  fondées  sur  les  divisions 
que  nous  avons  établies.  Ainsi  la  Barbarie 
méridionale  participe  beaucoup  plus  de 
TAfrique  que  les  deux  autres  portions  du 
Graiid'i-Désertdont  eUe  est  voisine.  Là  se 
trouve  une  plus  grande  quantité  de  pal~ 
miers;  les  autruches^  les  lions,  les  pan- 
tilères,  les  deut  espèces  d*hyène,  le  bu- 
bale, la  caama,  le  pasari,  la  corinne  et  di- 
tet?  genres  d'antilopes  et  de  gazelles  y 
traversetit  souvent  dévastes  espaces  vides 
d*babitàtions.  Plusieurs  espèces  de  singes, 
eûtre  autres  le  motie  et  le  magot,  hantent 
les  forêts  des  versans  méridionaux  de  F  At^^ 
laa.  Dana  la  Barbarie  ceritrale  et  sur  les 
plateaux  sont  des  ours ,  des  espèces  par^ 
tfculières  de  marmottes,  des  furets,  des 
ehakals  et  des  chats  sauvages,  et  au-dessus 
des  sommetd  qui  les  dominent  planent  di*- 
verses  sortes  d'aigles  et  de  vautodrs.  Ces 
animaux  sauvages  ou  féroces  te  montrent 
inremetit  dans  les  monts  qnl  avoisinent 
la  Barbarie  septentrionale,  et  plus  rare- 
ment éflcore  dans  les  plaines  on  dans 
cette  portion  du  Maghreb  que  les  Arabes 
désignent  sous  le  ttom  de  Tell.  Dàn»  ces 
parties  de  là  Barbarie,  on  ne  voit  que  les 
petiteè  espèces  d'animaux  sauvages,  tels 
que  les  foreb,  les  lièvres,  l'arctomis-  gun- 
di,  Sorte  de  marmotte,  les  chats,  les  eha- 
kals et  les.  gerboises.  Mais  si  les  plaines, 
en  Barbarie,  n'ont  point  à  redouter  les 
animaux  féroces ,  de  formidables  bandes 
de  sauterelles  y  exercent  quelquefois 
des  ratages  bien  pltis  cruels.  Lesserpens  et 
les  scorpions  y  sont  nombreux.  Cette  con- 
tinéea^tisslcela  de  commun  avec  la  Sicile, 
li  Caiftbre  et  le  tbidi  de  l'Espagne ,  qo^elle 
est  quelquefois  afQigée  par  d'affreux 
trehiblemen^  de  terre. 

IVuUepaK  les  sommets  dé  l'ÀtKas  ne  s*élè- 
Yètit  à  une  hauteur  égalé  à  celle  des  Alpes , 
des  Pyrénées ,  et  des  montagnes  de  Gre- 
nade ou  de  la  SIerra-NeVada  en  Espagne. 
La  Barbarie  ne  présente  pas  non  plus  de 
nombreux  et  vastes  lacs  comme  la  Suisse  et 
le  nord  de  fltafie  ;  ainsi,  l'Atlas,  cette  chaî- 
ne de  mdnts  africaitis  ne  peut  rivaliser  avec 
tes  chaînes  d'Europe  par  la  subi  imité  des 
àspecb,  parles  contrastes  et  la  variété  des 
Cablëanx  qu'elle  présente  ;  mais  elle  est 
plui  Hâtfte  ;  pltfs  ftccessiblê  à  l'homme, 


) 


BAR 


et  pltis  eh  harmonie  aveè  la  ^ion  qtl'ellè 
domine  et  fertilise.  Le  clithat  de  la  Bar- 
barie est,daos  certaines  parties,  plus  chaud 
que  celui  de  l'Italie  et  de  l'Espagne ,  mais 
il  est  sujet  à  moins  de  changemens  subits. 
Protégée  par  ses  monts  contre  les  vents 
bràlans  du  désert,  rafraîchie  par  les  brises 
qui  soufflent  de  la  Méditerranée,  la  Bar- 
barie jouit  d'une  température  modérée, 
et  on  y  respire  un  air  pur  et  salùbre.  Peu 
d'heures  suffisent  d'ailleurs  pour  s'y  met- 
ti*e  en  posàession  des  diverses  natures  les 
plus  estimées  en  Europe.  En  effet ,  rien 
ne  ressemble  plus  à  notre  Provence,  aux 
environs  de  Tonlbn  ^  de  la  rivière  de  Gè- 
nes ,  que  les  contrées  voisines  de  la  mèr 
dans  la  régence  d'Alger,  dans   la  Bar- 
barie septentrionale.  En  douze  heures  de 
marche  vous  pouvez  de  là  vous  transpor- 
ter dans  la  Bar  bisrie  centrale,  ^ur  le  plateau 
où  est  bAtie  la  jolie  ville  de  Medeyah ,  et 
par  les  coteaux  plantés  de  vignes,  par  la 
nature  des  arbres  fruitiers,  par  le  mélan- 
ge de  prairies  et  de  champs  cultivés ,  vous 
croyez   être  dans    notre  Bourgogne   et 
contempler  les  bords  rians  dé  la  Saône. 
Après  cette  exacte  peinttire  faut-il  s'é- 
tonner qu'une  aussi  heureuse  contrée  ait 
été  recherchée  par  les  premiers  peuples 
civilisés, et  que  les  Phéniciens  navigateurs 
se  soient  empressés  d'y  J>orter  les  colo- 
nies? que  la  géographie  lïibuleuse  y  ait 
place  d'abord ,  sur  le  plateau  de  Barka, 
près  de  Bengazi  àcttièl,  et  ensuite  toujours 
plus  à  l'ouest,  à  mesure  que  la  géographie 
positive  faisait  des  progrès,  le  fameux 
jardin  des  Hespérides^  Devotis-'nous  être 
surpris  que  tant  de  peupla  se  soient  suc- 
céoîés  sur  cette  terre  fécondé  et  s'y  Soient 
mêlés  et  confondus,  qu'ils  n'sflent  cher- 
ché et  ne  cherchent  encore  à  s'en  assurer 
la  possession  exclusive;  et  qu'enfin  ,di (Té- 
rcns  par  leurs  races ,  leur  degiré  de  civi- 
lisation ,  leur  religion  et  leurs  moeurs,  ils 
ne  continuent  à  s'y  livrer  une  guerre  con- 
tinuelle, et  n'aillent  ainsi  directement 
contre  le  but  qu'ils  se  proposent  ou  doi- 
vent se  proposer,  c'est-à-dire  de  jouir  et 
d'accroître  les  bienfôit^  dont  là  nature  a 
comblé  le  pays  o£i  ils  sont  nés. 

La  série  des  temps  de  l'histoire  pour 
H  Barbarie  peut  se  partager  de  li^  ma- 
nière suivante  en  trois  grandes  divisions  : 
lA  (^reAiière  ié  lubdivisc  en  dénx  pé- 


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BAR 


(ÎT) 


BAA 


HodM  :  1^  atfttti  U  domiufioa  dM  ]|<h 
mâlbs,  lA  ensuite  2^  pendant  la  domina- 
tion des  Romains.  La  première  période  de 
cette  division  est  signalée  par  la  supré- 
matie de  Cartbage^  colonie  phénicienne, 
él  celle  de  Cjrène,  colonie  ftrecqne)  sur 
toute  la  Barbarie  septentrionale  :  elle 
dore  environ  l,0OOt  ans  et  jusqu'à  la 
naissance  de  J.*<^.  La  seconde  période 
s'étend  depnis  la  naissance  de  J.-C.  jus- 
qu'à l'an  689  et  peut  se  subdiviser  elle- 
même  en  âeux  autres  portions  poui*  le^ 
temps  antérieurs  à  l'invasion  des  Vanda- 
les en  AiVique^  et  pour  les  temps  posté- 
rieurs qui  datent  de  Tannée  43A.  Les 
Vandales  ayant  été  expulsés  paf  Bélài^ife 
en  6S4^  la  Barbarie  fut  de  nouveau  réunie 
à  l'empire  de  Bytance,  quoique  cependant 
en  partie  envahie' par  les  Gotbs  d'Espa- 
gne. Cette  première  division  forme  l'his- 
toire ancienne  de  ce  pays  et  se  termine 
à  l'an  609^  époque  de  l'invasion  et  de  là 
eonquétb  de  la  Barbarie  par  les  Arabes. 

Cest  donc  à  eette  année  6S9  que  ttim- 
mence  là  seconde  division  de  l'hlstnire, 
ou  l'histoire  du  môyen-ége  de  la  Barba* 
rie.  Cette  division  se  subdivise  eb  trois 
périodes  :  t^  celle  qui  commence  en  «S9 
ivec  les  khalifes  arabes,  et  qui  oomprend 
rbîdtoire  de  la  dynastie  des  Edrisites  dans 
le  Magbreb,  depuis  fin  7ll9  jusqu'à  941; 
celle  des  Aglabs  en  Afrique  pixypre  ou  à 
Tunis,depuisl'an  809  jusqu'en  908.3^La 
deuxième  pétriede  commenee  donc  en998, 
*OiM  les  Fatindtes^  et  comprend  l'his*- 
toire  de  la  dynastie  des  ZeiHtes  en  AAri- 
qtie  un  à  Tonis  et  dans  le  Maghreb  de- 
puis 9t0  jusqu'en  1069,  et  celle  des 
Morabitea  dans  le  Maghreb  et  l'Espagne 
depuis  l'an  1969  jusqu'à  Pân  1146.  8^ 
La  troisième  commeitee  à  l'im  1  tdO  et 
continue  jusi|u'en  1517  :  «He  comprend 
l'histoire  de  la  révoltftHHi  prodaite  pm* 
lea  Moahabedieus  ou  fldoreteilrs  d'un 
seul  dieu,  celle  de  la  dynastie  des  Aboi»- 
hafs  dans  l'Afrique  pr<^re  ou  Tunis,  de- 
pub  l'an  1206  jusqu'à  la  prise  de  Tunis 
parBarbertmsSi;  eelle  des  Merinides  dans 
I»  Maghreb^  depuis  Fan  191  S',  celle  des 
Sianis  danè  Itf  TehnciOM,  depuis  l'an 
1949. 

La  troisiènte  division  oU.]'blstoire  mo- 
derne est  marquée  par  rinvasion  des  Os- 
minlls  bu  Tte^n^  qtbr  écabNirèni  \mt  do- 


ndMktiMl  m  Birbarte  et  anéantbféiit  celle 
des  Arabes  :  elle  commence  en  1617  et 
renferme  celle  des  diiîérens  états  qui  se 
partagent  cette  région ,  c'est-à-dire  celle 
d'Alger  «  de  Tonis  et  de  Tripoli  qui  se 
mêle  à  l'histoire  des  peuples  modernes 
de  l'Europe  et  surtout  à  celle  d'Espagne. 
Les  limites  de  ces  divers  états  corres- 
pondent asses  bien  aux  provinces  que 
les  Romains,  dans  les  temps  de  letd* 
plus  grande  puissance,  avaient  établies. 
Pour  eux  la  Cjrr^nàica  jointe  à  la  Regio 
Sfrticm  comprenait  à  peu  près  l'état 
moderne  de  Tripoli;  VJfrica  proprim 
la  régence  de  Tunis ,  et  la  Jfamidia  ou  la 
Mauriumia  cttsmriensis ,  avant  sa  sub- 
division en  deux  provinces,  était  la  ré- 
gence d'Alger  ;  et  enfin  Matititania  tingi^ 
ia/ta  cotrespondait  aux  royaumes  de  Fêz 
et  de  Maroc.  Les  Romains  gardaient  tout 
ce  pays  avec  deux  légions  et  un  corps 
d'auxiNaires,  c'est-à-dire  avec  94,006 
hommes. 

Actuellement  examinons  les  différentes 
rucea  d'hommes  qui  habitent  la  Barbarie. 

On  doit  d'abord  subdiviser  la  popuHh 
tion  en  deux  grandes  classes,  celle  des 
blancs  et  celle  des  nègres;  niais  ceux^i 
sont  des  esclaves  des  deux  sexes  impot- 
tés  de  Tintérieur.'Cependant  un  bon  nom- 
bre sont  libres  ef  jouissent  des  droits  pô- 
Ntlques,  aussi  bien  que  les  autres  babi- 
tans.  Bfalgré  les  Importations  continuelles 
et  qui  ont  lieU  depuis  un  temps  Immémo- 
rial, la  race  nègre  multiplie  peu  en  Bar- 
barie, ce  qui  prouve  (jue  le  climat  lui 
est  peu  favorable.  Dé  même  lé  diUiat  du 
Soudan  et  des  pays  d'Où  l'on  tire  les  nè- 
gres est  destiticteur  de  la  race  blanche  ; 
c'esft  un  grand  fait  que  les  comptoirs 
européens  sut  la  côte  de  Otiihée,  et  sut^ 
tout  l'histoire  de  la  colonie  anglaise  à 
^ierra-Leone,  a  sufSsamibènt  démontré. 

t^armt  lés  blancs  à  teint  plus  ou  moins 
dair,  pinson  tttoins foncé,  oit  distingue 
les  races  suivantes  :  les  Berben,  lès 
Maures,  les  At^beS,  les  Jnif^,  les  Turcs, 
les  Koulouglis,  les  MombitéA. 

De  ces  différentes  race»,  les  denx  pre- 
mières peuvent  seules  réchimer  le  priri- 
lége  d'une  haitte  antiqtkité  datts  ce  pays 
et  être  considérés  cotrtme  hrdigènès;  inais 
les  Berbers  ,^habitans  des  montagnes , 
sont  beaucoufi  Moins  fttélbtvgéë  que  les 


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BAR 


(28) 


BAR 


Maures  posacaseors  des  plaints.  Let  Ber- 
bère sont  considérés  comme  les  descen- 
dans  des  «ncicDs  Numides;  ils  sont  de 
taille  paoyenne,  ont  le  teint  brun  et  quel- 
quefois noirâtre,  les  cheveux  bruns  et 
lisses  (  ceux  qui  sont  blonds  et  à  teint 
plus  clair  sont  regardés  comme  issus  des 
anciens  Vandales  qui  ont  pris  refuge  dans  ^ 
les  montagnes  ).  Le  \isage  des  ^Berbers 
est  arrondi  et  court,  leurs  traits  sont 
prononcés ,  leur  tournure  élégante,  mais 
leur  physionomie  dure  et  sauvage;  ils 
sont  braves,  mais  cruels,  actifs,  intelli^ 
gens,  et  plus  avancés  en  agriculture  que 
les  Maures «t  les  Arabes.  Ils  sont  divisés 
en  tribus  souvent enqemies,  mais  qui  par- 
lent une  même  langue  nommée  berbère , 
chillah  ou  chavia,  qui  n*a,  dit-on,  de 
rapport  avec  aucune  langue  connue.  Ces 
Berbers^nommésKabayls  dans  l'état  d'Al- 
ger, Chillouhs  dans  Tétat  de  Maroc,  se 
Domment,dit-oo,euz-mémesAma2ig;  mais 
Amazig  veut  dire  noble,  illustre,  et  Ka^ 
bayls  signifie  tribu ,  et  des  appellations 
collectives  ou  des  titres  d'honneur  ne 
peuvent  être  des  noms  de  peujale  ou  de 
nations.  Quoi  qu'il  en  soit ,  on  prétend 
que  la  langue ,  et  ainsi  la  population  des 
Amazig,  s'étend  non-seulement  dans  tout 
l'Atlas,  mais  encore  dans  le  Sahara  et 
le  Grand-Désert,  et  que  les  langues  des 
Chillouhs  de  l'empire  de  Maroc,  des  h4- 
bitans  de  Syouab  et  d'Audjelah,  des 
Tibbos  et  desTouaricks ,  ne  sont  que  des 
dialectes  de  la  langue  berbère  ou  des 
Amazig.  Mais  ce  fait  très  important  pour 
l'histoire  et  la  géographie  n'est  pas  dé- 
montré. Il  reste  à  examiner  si  ces  diffé- 
rentes peuplades  n'opt  pas  des  langues 
qui  leur  sont  propres  et  dans  lesquelles 
se  sont  glissés  des  mots  berbère.  Déjà 
un  voyageur  (  M.  Jackspn  )  assure  que 
la  langue  des  Cbillouhs,  de  l'empire  de 
Maroc,  n'a  aucune  analogie  avec  la  lan- 
gue berbère,  ce  qui  semblerait  prouver 
que  les  habitaos  du  haut  Atlas  soqt  une 
race  différ^ite  de  celle  du  petit  et  du 
grand  Altas.  Dans  le^  hautes  chaînes  de 
Dionta^çnesy  les  races  différent  radicale- 
ment d'une  vallée  à  l'autre.  Dans  les  Py- 
rénées, les  Béarnais  de  la  vallée  d'Aspe^ 
et  les  Basques  de  la  vallée  de  Baiguorri, 
qjooique  limitrophes,  ne  «peuvent  s'en- 
tendre et  parlent  des  langues  totalement 


différentes.  Les  géographes  énumèrent 
plus  de  vingt  races  et  de  langues  diffé- 
rentes dans  le  Caucase,  et ,  par  ui|e  hal- 
lucination singulière,  dans  ces  mrnits  At- 
las qui  occupent  une  si  grande  longueur, 
ils  ne  veulent  reconnaître  qu'une  seule 
race  d'hommes  et  qu'une  seule  langue. 
Les  Maures,  dans  la  Barbarie,  com- 
posent la  plus  grande  partie  du  Tell  ou 
des  plaines;  mais  cette  race  est  beaucoup 
plus  mélangée  que  celle  des  montagnes. 
Peut-être  doit-elle  être  distinguée  des 
différentes  races  qui  habitent  le  Grand- 
Désert  ,  et  qu'on  i»mprend  aussi  sous  le 
nom  général  de  Maures;  ceux-ci  nous 
paraissent  tenir  plus  à  la  race  des  Ara- 
bes. On  considère  les  Maures  de  la  Bar-» 
barie  comme  les  descendans  de  ces  peu- 
plades asiatiques  qui ,  dans  les  temps  les 
plus  reculés,  se  sont  établies  dans  ce 
pays,  se  sont  mêlées  avec  les  Berbère  et 
les  autres  races  indigènes,  et  ont  ainsi 
formé,  par  le  long  laps  de  temps,  une  race 
particulière  qui  a  ses  oaractèi^^  propres, 
quoique  ayant  subi  et  subissant  encore 
le  mélange  de  beaucoup  de  races  asiati- 
ques et  européennes.  Les  Maures,  d'abord 
idolâtres ,  embrassèrent  1^  christianisme 
sous  les  Romains  ;  puis,  subjugués  par 
les  Arabes ,  et  gouverna  ensuite  par  les 
Turcs,  ils  sont  devenus  Musulmans.  Leure 
traits  sont  en, général  moins  prononcés 
que  ceux  des  Arabes  et  des  Berbère;  ils 
ont  les  cheveux  noire ,  la  peau  un  peu 
basanée,  mais  plutôt  blanche  que  brune; 
leur  taille  est  au-dessus  de  la  moyenne, 
leur  démarche  est  noble  et  grave.  Lea 
femmes  ont  de  beaux  yeux,  les  hanches 
très  larges  et  la  gorge  pendante.  Lea 
Maures  se  réunissent  dans  les  villes  et 
villages,  et  se  tiennent  rarement  isolés 
dans  les  campagnes,  parce  qu'ils  sont  ex- 
posés à  être  pillés  par  les  Arabes  et  les 
Berbère.  C'est  une  race  indolente,  traî- 
tresse, vindicative,  la  moins  brave  et  la 
plus  corrompue  de  toutes  c^fes  qui  ha- 
bitent ce  pays. 

Les  Arabes  qui ,  après  avoir  conquis 
l'Egypte,  ont  envahi  la  Bar)Miria  ets'y  sont 
établis,  ae  ^reconnaissent  à  leur  peau  plus 
brune,  quelquefois  olivâtre,  quelquefois 
presque  aussi  noire  que  celle  des  nègres, 
à  leur  stature  ordinairement  grande,  à 
leur  corpa  bien  modelé^  qui  n'est  ni  grai 


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UkA  ( 

nimaifpre,  k  leur»  chereux  noirs,  leur 
front  découvert,  lenr  figure  ovale  et  al- 
longée, leurs  yeux  vifs,  ayant  la  bouche 
et  le  nés  parfaitement  conforoH^.  Ceux 
qui  cultivent  les  champs  construisent  des 
cabanes  de  branches  d'arbres  et  de  ro- 
seaux, couvertes  en  paille  ou  en  feuilles  de 
dattiers.  £ll«s  ne  sont  jamais  isolées, 
mais  se  montrent  réunies  au  nombre  de 
dix  ou  de  douze,  et  composent  ces  petits 
hameaux  qu'on  nomme  dascars.  Les 
Arabes  qui  s'adonnent  à  b  vie  pastorale 
se  nomment  Bédouins ,  et  la  réunion'' de 
leurs  tentes  disposées  en  cercle  constitue 
un  douar.  Les  Arabes  sont  braves,  în- 
disdpliDés,,  divisés  en  tribus  ou  familles 
qui  ont  des  chefs  qui  les  gouvernent  se- 
lon leurs  usages  et  auxqueb  ils  obéissent 
phis  qu'aux  chefs  de  l'état. 

Les  Juifs,  toujours  tolérés,  souvent 
persécutés,  en  Barbarie  comme  en  Eu- 
rope, y  sont  très  nombreux;  et  ceux  qui 
tm  Afrique  appartiennent  à  cette  racé  ne 
différent  en  rien  de  ceux  d'Europe.  Ce- 
pendant un  voyageur  récent  déclare  que 
ee  n'est  que  parmi  les  femmes  israéKtes 
de  Barbarie  qu'il  a  retrouvé  ces  cbar- 
niantes  figures  qui  donnent  tant  de  prix 
aux  tableaux  de  Rapbaêl. 

Les  Turcs,  raoe  boréale  et  originaire 
du  plateau  de  l'Asie,  4|uoiqne  la  moins 
nombreuse,  est  celle  qui  domine  dans 
les  régences.  Beaux,  bien  constitués, 
mais  un  peu  replets,  ils  ont  le  regard  se- 
Tcre,  leè  traits  du  visage  fortement  pro«- 
nonces,  et  la  peau  aussi  bUncheqoe  celle 
des  Européens.  Indolens,  fiers ,  et  sou- 
vent cruels,  ils  n'ont  pas  la  sobriété 'des 
lllaores  ni  d^  Arabes,  et  sontcomibe 
eiix'très  indolens;  mais  ils  ont  plus  de  re- 
ligion, pins  de  bonne  foi  et  plus  d'hon- 
«ettr ,  et  des  moeurs  plus  régulières. 

Telles  sont  les  races  distinctes  qui,  avec 
celtes  des  diverses  nations  européennes, 
habitent  là  Barbarie;  mais  cependant  les 
fréqnens  mélanges  des  Turcs  et  des  Ara- 
bes avec  les  Maures  ont  produit  deux 
autres  races  Intermédiaires  désignées  par 
les  noms  de  Koulouglis  et  de  Mozabites. 
On  reconnaît  Porigine.  de  ces  deux  races 
aux  caradères  qui  les  différencient  ;  ainsi 
les  KsnlonglSs  ressemblent  plus  aux 
Tores ,  et  les  Moiabites  aux  Arabes. 
La  géographie  de  ectte  vaste  région 


Î9) 


ÉAft 


est  aussi  imparfaite,  aussi  incertaine  que 
sa  stati.^tique.  Les  côtes  cependant  en 
sont  bien  connues  et  ont  été  l'objet  de 
travaux  récens  très  exacts;  on  a  relevé 
aassi  toute  la  plaine  qui  se  trouve  entre 
Alger  et  le  petit  Athis,  jusqu'il  Bélidah , 
et  au  plateau  de  Medeyah;  les  enviroqs 
de  Tunis ,  ceux  de  Boue  et  d'Oran ,  et 
quelques  autres  petites  portions  de  cette 
vaste  étendue,  ont  été  soumis  à  des 
opérations  gécidésiques  ;  mats  tout  le 
reste  dans  l'intérieur  est  tracé  d'après  les 
itinéraires  ou  les  vagues  descriptions 
des  voyageurs,  qui  n'ont  aussi  que  des 
moyens  très  peu  efficaces  pour  apprécier 
la  population ,  les  revenus,  les  forces  de 
ces  divers  états.  En  comparant  leurs  ré- 
cils et  en  nous  arrêtant  à  ce  qu'ils  nous 
fournissent  de  plus  vraisemblable,  nous 
présenterons  le  tableau  staUsttque  suivant 
des  diverses  puissances  du  Maghreb. 

TABLEAU  STATISTIQUE 

DE  LA  BAKBÂRIB  OU  DO  MAfiHmUI. 

Empire  de  Maroc, 

Pofwlation  :  6.500.00a  Ii«b.  —  Icraout  :  SS.OOO.OOO.— 
:  25,000  I 


Tunù, 

FopriMiM  :  1,000,000.  <ri»b.  —  1«tmw  i  7.100.000.  |>. 
—  Foroc  anaé«  :  6,000  bonmes. 

^/^er  (avant  la  conquête). 

PopnbitMui  :  1.600.000  bab.  —  IcvaniM:  S.500.000  fr.~ 
Forée  amé*  :  4,009  bocaoMi. 

THpoU. 

Popolation  :  900.000  bab.  —  Bcfenoi  :  1,800,000  fr.  — 
ftjOOOIi 


Ainsi  la  population  de  toute  la  Bar- 
barie ne  s'élèverait  pas  à  plus  de  10 
millions;  le  revenu  général  serait  de 
36  à  96  millions,  et  la  force  arteée  de 
tous  les  étata  réunis  serait  au  plus 
de  30  à  40,000  hommes.  Qnapt  aux 
forces  maritimes,  elles  sont  nulles ,  puis- 
qu'avant  la  conquête  d'Alger,  et  en  y 
comprenant  cette  régence,  les  divers  gou- 
vernemens  de  toutes  les  régences  ne  pos^ 
sédaient  réunies  que  6  à  7  frégates ,  et 
une  centaine  de  petits  bricks.  Foy,  les 
articles  Algbk,  M^aoc,  TaiPOLi,  Tu* 
VIS,  etc.  W-a. 

BARBARIN  (lb  chbtalie|l),  voy. 
MKSMxaiBMB  et  Maohxtuiix. 

BARBARISME,  en  ktin  barbaris'- 
mta.  Ce  mot  a  la  même  étymologte  que 
celle  de  barbare.  Par  ce  mot,  les  Grecs 


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»a 


(80) 


SAH 


^  les  Romains  désignaient  tous  les  peu- 
ples qui  ne  parlaient  pas  leur  langue.  Le 
barbarisme  est  une  fau^e  de  diction  qui 
cqnsiste  àse  ser  /ir  d'un  mot  inu:»ité  ou  in- 
connu, ou  à  employer  une  locution  vi- 
cieuse et  tout-à-fait  étrangère  à  une  lan- 
gue ,  ou  à  <Looncr  à  un  mot  un  sens  qui 
B*est  pas  le  sien  [estafilade,  pour  enfi-^ 
lade)y  ou  à  parler,  contre  la  pureté  d'une 
langue,  en  des  termes  pris  dans  un  mau- 
vais sens  ou  mal  associés*  Toute  façon  da 
S*çxprimer>  étrangère  à  la  langue  dont  on 
parle,  est  donc  un  barbarisme.  Par  exeq»- 
pie,  un  Apglais  qui  dirait  :  Je  suis  cAaud, 
au  Ueu  de  dire  j'ai  chaud,  ferait  un  bar- 
barisme, par  rapport  au  français.  Il  y  a 
une  autre  espèce  de  barbarisme,  c'est 
lorsqu'4  la  vérité  le  mot  est  bien  de  |a 
langue,  mais  qu*i|  est  pris,  comme  mot, 
^ans  un  s^s  qui  u'est  pas  autorisé  par 
l'usage  de  cette  |f  ngue.  Par  exemple,  nous 
nous  servons ,  au  figuré,  du  mpt  efitrail" 
les,  pour  indiquer  un  senti  ment  tendre 
pour  quelqu'un;  ainsi,  nous  disons  :  Jl 
a  de  bonnes  entrailles,  pour  dire  :  il  est 
con^patissant.  Un  étranger,  écrivait  à 
Fénélon ,  lui  dit  :  Monseigneur,  vous 
avez  pour  moi  des  koyaux  de  père; 
boyOusB  ou  ùuestins,  pris  en  ce  sens, 
sont  des  barbarismes ,  parce  que ,  selon 
l'usage  de  la  langue  française,  nous  ne 
prenons  jamais  ces  mo^3  dans  le  sens  J$t 
guré  que  nous  dofiuoos  à  entrailles,  «  Il 
y  a,  dit  Vf  Itaire^  deux  sortes  de  barba- 
rismes, celui  des  mots  et  celui  des  phra- 
ses. Égaliser  les  fortunes,  pour  égaler 
les  fortunes;  au  parfait,  au  lieu  àtpar- 
fkitement;  éduquer^  pour  donner  de 
Véducation,  élever,  voilà  des  barbaris- 
mes de  mots.  Je  crois  de  bien  faire,  au 
lieu  de/tf  crois  bien  faire;  encenser  aux 
dieus,  pour  encenser  les  tUeux;J€  vous 
aime  tout  ce  qu'on  peut  aimer,  au  lieu 
àeje  vous  aime,  autans  qu'on  peut  ai- 
mer, sont  des  barbarismes  de  phrases,  » 
Il  ne  («ut  pas  confondre  le  barbartsnw 
arec  le  solécisme  (vôy.)  3  entre  eux  il  y 
a  cette  éifférenoe  que  Te  barbarisme  est 
une  locution  étrangère  à  une  langue ,  et 
que  le  solécisme  est  une  faute  contre  la 
régularité  de  k  construction  d^-one  lan- 
gue, faute  que  les  naturels  d'un  -pays 
peuvent  laire  par  inadvertaBoe  ou  par 
i|pioraiiea. 


En  musique,  on  se  sert  du  mot  bar^ 
barisme  pour  exprimer  l'action  d'un  com^ 
positeur  qui,  n'étant  pas  encore  connu ^ 
prend  ce|rtainê&  Uberiés  qui  ne  copvien-r 
nent  qu'aux  grands  mailres ,  ou  veut  in- 
troduire des  nouveautés ,  on  même  em- 
ploie trop  souvent  des  Uo^oes  que  les 
grands  maîtres  ne  se  permette pt  que  ra-^ 
rement.  Le -premier  qui  s'est  servi  du 
mot  barbarisme  >en  ce  sens  n*^  fait  que 
le  transporter  de  la  gcamovure  à  U  mu^ 
sique. 

Saint  Épiphaqe  a  donné  le  nom  de 
barbarisme  à  la  plus  ancieune  dos  qua<^ 
tre  religions  qui  ont  eu  cogrs  autrefois, 
et  qui  ne  pouvait-  être  qu'up  «resta  des 
vieui^  cultes  barbiirea.  C'est,  selon  toute 
apparence,  celle  qui  prenait  pour  o):\|et 
de  vénération  les  collines,  les  monta|;nea, 
les  arbres  fruitiers,  les  fontaines,  «te*  K 
FÉTicHisiin.  F.  &-ii< 

QAIUIAROUX  (  CHAAI.U  ),  naquit  à 
Marseille  en  1767.^(Jne  beauté  remarn 
quable»  un  esprit  exalta,  un  oaractore 
impétueux  )  tout  en  lui  promit  de  bonne 
benre  une  vie  aventurekise.  H  fut,  très 
jeune  encore,  placé  au  centra  des  événe^ 
mens  que  la  révolution  de  la  fia  du 
XVIII*  siècle  amoncela  sur  la  France.  Il  se 
mODtral'un  despluabardispromoteum  de 
cette  révolution  i  mais  il  iaut  dire  à  sa 
gloire  que  jamais,  dans  le  oouM  de  sa  car- 
rière politique^  il  n'oublia  les  4ois  sa- 
crées de  la  morale  et  de  rbumanilé,  que 
jamais  il  ne  connut  d'autres  mobiles  que 
l'amour  de  la  patrie  et  l'attrait  de  ia  li^ 
berté.  j  .     • 

Dès  l'aurore  de  la  révolution ,  Barba- 
roux  (il  avait  alors  Ï4  ans)  publia  l'Cé- 
serv€Ueur  marseillais,  journal  patri^ti^ 
que ,  et  celte  feuille  contribua  puissam-i- 
ment  sana  doute  à  faire  de  Marseille  Tua 
des  plus  ardens  foyers  de  la  révokilion  et 
à  lui  communiquer  cette  fievtéet  eeUe 
asalacedont  eette  ville  donna  tant  4'etemr 
pics. 

A  la  t4te  de  la  garde  nadosiale  de  3farr 
seiMe  fut  plac4  un  eertiaûn  Lieutaud.  Ce 
général,  plus  disposé  à  jramener  L'aUciett 
ordre  de  choses  qu'à  favoriser  le  nou- 
veau ,  organisa  des  tripots  dans  tous  les 
quartiers,  peur  an  donner  des  mèyana 
de  corruptàm.  Ces  maacMivres  lui  Hna- 
«rept;  a  devint  l'idole  des  ||«!»etlkûa« 


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9itl  (  91 

On  lui  do«mi|  des  fétcs,  oa  daiiaait  à  st 
porte»  on  TapplaudissaU  à  la  ^te  dei  ba- 
tailloDf ,  daps  \^  secliooa,  a^  cpQseil  de 
la  commui^e,  a i^  club,  dans  hs  places 
publiques.  Barbaroux,  loin  de  partager 
l'eB^ouement  général ,  vît  dans  la  pré- 
sence 4*un  tel  homme  au  pouvoir  la  ruine 
de  Marseille ,  et  résolut  de  Fattaquer  au 
milieu  de  ses  triomphes.  Àyan^  été  nom- 
mé ?  )a  place  de  secrétaire -greUfier-ad- 
joint  de  la  commune,  il  rédigea  des  pro- 
damât  ions  qui  ranimèrent  le  courage  des 
bons  citoyens;  il  s'attacba  surtout  à  dé- 
truire les  tripots  fondés  par  Lieutaud;  il 
mît  en  d^rdre  4es  banques,  ses  pha- 
raons, ses  biribis,  et  finit  enfin  par  ïaire 
destituer  le  commandant  par  les  sections. 
Oo  ^  Osit  difficilement  Tidée  aujour* 
dliui  de  ce  qu*était  alors  la  place  de  se* 
crétaire-greffier  de  la  commune  de  Mar- 
seille. Qarbaroux  nous  a  laissé  le  tableau 
des  soins  inulti plies  qu'elle  exigeait  de 
lui.  Les  relation^  de  cette  ville  avec  une 
fonlfc  de  communes,  ses  contestations 
avec  les  ministres  pour  ses  armes,  ses 
subsistances,  son  commerce,  ses  établis- 
semenstses  manufactures,9eslazarets,ete.; 
la  police  de  la  ville  ou  éclataient  sans 
cesse  de  nouvelles  rixes  et  dés  insurrec- 
tions nouvelles  ;  ses  travaux  publics ,  sa 
milice;  vingt  mille  paysans  ayant  à  la 
lois  vingt  mille  caractère!  et  vingt  mille 
volontés;  une  ancienne  comptabilité  en 
désordre,  une  nouvelle  comptabilité  tou* 
jours  aux  expédiens  :  tels  étaient  les  su- 
jets mnktpUéiB  de  ses  travaux  jdumaliers, 
œnt  (bis  interrompus  par  la  mobilité  des 
soènes.  Cependant  Barbaroux  ne  négli- 
geait pas  son  cabinet:  il  plaida  vingt  cau- 
ses dans  cette  même  année  ;  il  fi^  impri- 
mer un  volume  de  Mémoires,  quelques 
écrits  politiques»  et  n*oublia  ni  les  scien- 
ces,  ni  les  lettres  qui  faisaient  ses  délices, 
BÎ  même  les  plaisirs  qu'il  aimait  aussi. 

L'Assemblée  législative  venait  de  rem- 
plaoer  l'Assemblée  constituante.  Le  dé- 
partement des  Bouches-du-Rhène  avait, 
comme  les  autres  départemens,  envoyé 
ses  dépotés  à  cette  assemblée)  mais  la 
ville  de  Marseille  jugea  à  propos  d'entre- 
tenir à  Paris  un  mandataire  particulier, 
el  son  ehoix  se  porta  sur  Barbaroux.. 

Barbaroux  se  lia  bientôt  a^iec  Roland 
qui,  dîfgfMé  pac  Iftooni^  meoak  de  quU- 


)  BAR 

ter  le  ministère.  Roland,  ooame  Barba- 
roux, était  persuadé  que  la  contrc-révo*' 
l|itioQ  se  préparât ,  que  la  cour  y  pouir- 
sait  de  toutes  ses  forces;  l'un  et  l'autre 
étaient  effrayés  de  la  tournure  que  pr»« 
naient  les  choses.     ' 

Bientôt  ai*riva  le  10  août  qui  brise 
le  trône.  Barbaroux  donne  aux  Maraeil- 
lais  le  principal  honneur  de  cette  joun- 
née,  et  se  représente  lui-même  eomme 
l'ame  des  Marseillais.  L'histoire  est,  en 
cela,  d'aecord  afvee  Barbaroux  :  Barbar 
roux  et  ses  Marseillais  ont  mis  fin  à  la 
monarchi^. 

Après  le  10  ao4t,  Roland  revint  an 
ministère^  Le  lendemain  de  sa  nomina- 
tion, il  offrit  à  Barbaroux  une  place  de 
principal  secrétaire  dans  ses  bureaux. 
C'était  un  moyen  sûr  d'arriver  rapide* 
ment  à  la  fortune;  mais  Barbaroux  s'é- 
tait donné  à  Marseille  :  servir  cette  ville, 
la  rendre  florissante,  faisait  toute  son 
ambition.  B  refusa  l'offre  de  Roland;  et 
jugeant  sa  mission  terminée  à  Paris,  il 
repartit  le  17  août,  bien  persuadé,  dit* 
il ,  que  Robespierre  et  Marat ,  eacUes  le 
10,  mais  qui  depuis  s'étaient  jetés  dens 
la  commune,  allaient  perdre  par  le  crime 
une  révolution  qui,  suivant  sa  manière 
de  voir,  ne  pouvait  se  maintenir  que. par 
la  vertu. 

A  son  arrivée  à  Marseille,  Barbaroux 
fut  reçu  avec  enthousiasme.  Peu  après,  le 
corps  électoral  du  département  des  Bou- 
ches-du- Rbàne  se  réunit  à  Avignon. 
Barbaroux  y  fut  envoyé  comme  électeur. 
L'assemblée  le  nomma  président  à  l'n* 
naniraité ,  et  bientôt  après  député  à  la 
Convention. 

Barbaroux  ne  fut  point  un  membre 
influent  de  cette  assemblée.  Il  y  vint 
grossir  le  nombre  de  ces  hommes  de  oeeur 
et  de  talent  qu'on  désigna  sous  le  nom 
général  de  Girondins,  D^ns  le  procès  de 
Louis  XYI ,  il  fut  l'un  de  ceux  qui  vet»* 
rent  V appel  au  peuple.  Il  se  prononça 
vigoureusement  contre  le  parti  de  Iferat 
et  de  Robespierre,  qu'il  avait  toujours 
méprisés  ;  il  accusa  ce  dernier  de  tendre 
à  la  dictature.  Enfin  il  fut  proscrit  le  31 
mai  comme  royaliste  et  éomme  ennemi 
dé  la  république  ;  et  cela  seul  donne  bien 
la  mesure  de  l'esprit  du  tensps. 

Barbaroux  se  ret^a  danf  k  Cak^doa^ 


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04R 


(ii) 


tf\ft 


OÙ  ses  amîs  espéraient  .trouver  des  cœurs 
dévoués.  On  sait  que,  forcés  de  fuir,  plu- 
sieurs des  députés  proscrit^  parvinrent, 
au  travers  de  mille  dangers,  à  se  réfu- 
gier dans  la  Gironde,  où  Guadet,  con- 
fiant dans  ses  compatriotes,  leur  promet- 
tait bienveillance  et  sûreté. 

K  leur'  arrivée  dans  la  Gironde,  ils 
trouvèrent  ce  département  livré  à  leurs 
ennemis.  La  terreur  y  était  pleinement 
organisée,  et  malgré  tous  les  soins  de 
6uadet ,  ce  n'est  qu'à  grande  peine  que 
les  proscrits  purent  enfin  arriver  à  Saint- 
Émilion.  Ils  y  furent  accueillis  par  une 
belle-soeur  de  Guadet,  M™®  Bouquey, 
que  Louvet  et  Buzot,  dans  leurs  Mémoi- 
res ,  représentent  comme  un  ange  envoyé 
par  le  ciel  pour  les  attacher  encore  à  la 
vie.  Par  les  soins  de.  celte  femme  géné- 
reuse, un  souterrain  secrçt  où  Ton  ne 
descendait  que  par  un  puits  et  qui  ne 
recevait  de  jour  et  d'air  que  par  l'ouver- 
ture de  ce  puits,  les  cacha  à  tous  les  yeux, 
à  toutes  k»  recherches.  Je  suis  descendu 
dans  cet  humide  cachot ,  et  je  n'ai  pu  me 
défendre  d'un  sentiment  d'horreur.  Et 
cependant  il»  étaient  heureux  !  car,  pour 
'  la  première  fois  depuis  bren  long-temps, 
ib  goûtaient  du  repos,  et  leur  ame  tran- 
quille pouvait,  un  moment,  s'ouvrir  à 
l'espérance;  puis,  quand  le  soir  était  ve- 
nu, ils  s^  réunissaient  autour  de  leur 
bienfaitrice,  comme  des  en  fans  recon- 
naissans  autodr  d'une  mère  bien  tendre. 

Malheui*eusement  oe  temps  de  bon- 
heur ne  pouvait  durer  toujours  :  il  fallut 
quitter  cet  asile,  sans  savoir  même  où  por- 
ter ses  pas.  On  eira  long- temps ,  on  cou- 
rut encore  bien  des  dangers ,  avant  de  se 
trouver  en  sûreté  à  Saint-Émilion ,  chez 
un  homme  qui  consentit  à  se  dévouer 
pour  sauver  des  malheureux.  Cet  homme 
se  nommait  Baptiste  Troquart. 

Cependant  une  visitç  domiciliaire  fut 
annoncée.  Les  députés  dirent  adieu  à 
leur  h6le  et  partirent,  se  confiant  dans 
la  Providence.  A  peine  avaient^ls  fait 
une  lieue  qu'ils  virent  au  foin  une  troupe 
de  gens  qu'ils  crurent  être  envoyés  à  leur 
recherche.  Barbaroux  se  tira  un  coup  de 
piatolet  dans  la  bouche.  Une  femme  ac- 
courut au  bruit  et  le  trouva  baigné  dans 
son  sang  ;  mais  il  respirait  encore.  U  pé- 
rit peu  de  jours  après  smr  l'échafaud. 


C'était  au  Bfois  de  juin  1794;  il  avait 
alors  28  ans^'  G-t. 

BARBAZAN  /  Aihtauld  Guilhem, 
sire  ou  bafou  de),  l'un  de  ces  vaillans 
capitaines  quij  sous  les  règnes  désastreux 
de  la  première  branche  des  Valois,  dis- 
putèrent pied  à  pied  et  parvinrent  enfin 
à  arracher  aux  Anglais  le  sol  de  la  France. 
Le  sire  de  Barbazan  était  né  d'une  fa- 
mille distinguée  dans  le  Bîgorre.  Jeune  en- 
core, il  fit  preuve  de  son  goût  pour  les 
armes ,  et,  en  1404 ,  il  figura  dans  un  de 
ces  combats  singuliers  conformes  à  l'es- 
prit du  siècle.  Celui-ci  eut  lieu  sous  les 
murs  du  château  deMontendre,  en  Sain- 
tonge ,  en  présence  des  deux  armées  an- 
glaise et  française ,  attentives  à  la  lulte 
de  leurs  champions.  Il  y. en  avait  six  de 
chaque  ç6té:  les  Français  furent  victo- 
rieux, et  Barbazan,  qui  avait  beaucoup 
contribué  à  un  triomphe  si  flatteur  pour 
l'honneur  national,  en  renversant  d'un 
coup  de  lance  le  phis  habile  des  cheva- 
liers anglais ,  acquit  dès  lors  un  grand  re- 
nom. Le  roi  lui  fil.  présent  d'une  épée 
sur  laquelle  étaft  gravée  cette  devise  :  Ui 
tapsu  graviore  ruant,  et  lui  décerna  le 
titre  de  chevalier  sans  reproche ,  si  no- 
blement porté  depuis  par  Bayard.  Bar- 
bazan se  signala  dans  le  cours  des  funes- 
tes guerres  citUes  qui  désolèrent  alors  le 
royauméi:  il  défendit  Corbeil  en  1417 
contre  le  duc  de  Bourgogne,  revint  à  Pa- 
ris où  il  livra  un  sanglant  combat  au  fau- 
bourg Saint- Antoine ,  et  de  là  se  ren- 
ferma dabs  Melun  qu'il  fut  contraint,  par 
la  famine,  de  rendre  à  discrétion  au  roi 
d'Angleterre  quelques  mois  après.  Aidsi 
livré  aux  mains  de  ceux  à  qui  son  cou- 
rage avilit  été  si  nuisible,  Barbazan  subit 
une  dure  et  longue  captivité  au  château 
Gaillard,  près  4e  Rouen.  Ce  ne  fut  qu'a- 
près huit  ans  qu'il  fut  délivré  par  La  Hire 
qui  emporta  Ja  place  par  escalade.  Au 
sortir  mvme  de  sa  prison ,  Barbazan  re- 
prend les  armes,  s'empare  de  Pont-sur- 
Seine,  et  gagne  sur  les  Anglais  et  les  Bour- 
guignons réunis  la  bataille  de  la  Croisette 
en  Champagne,  victoire  qui  concounit 
puissamment  à  la  délivrance  définitive  du 
pays.  Charlesyil,  en  récompense,  le  nom- 
ma gouverneur  de  Champagne  et  de 
Brie,  et  lui  donna  par  lettres-patentes  le 
titre  de  reHoitmieur  du  rvymvme  et  de 


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BAR 


(iâ) 


fiAft 


la  couronne  de  France;  avec  trois  fleurs 
de  Vis  sans  brisure  dans  ses  armes.  £n 
1431  il  fut  envoyé  en  Lorraine  pour  ai- 
'  der  René  d'Anjou  à  s'emparer  de  cette 
province;  mais  René  s'étant  engagé  Ipa- 
prudemment  près  de  Tïanc}^,  malgré  les 
conseils  de  Barbazan ,  fut  complètement 
battu ,  et  le  bi*ave  capitaine^  qui  avait  été 
percé  de  plusieurs  coups,  mourut  quel- 
ques mois  après  de  ses  blessures.  Il  Ah 
enterré  à  Saint-Denis  comme  Duguesclin, 
dont  il  avait  partagé  les  dangers  et  Til- 
lostration.  P.  A.  D. 

BARBAZAN  (Étienue),  Tun  des 
bommes  qui  ont  le  plus  étudié  les  an- 
ciens monumens  de  la  langue  et  des  let- 
tres françaises,  naquit  à  Saint-Fargeau , 
diocèse  d'Auxerre,  en  1696,  et  mourut 
à  Paris  en  1770.  Il  laissa  des  manuscrits 
volumineux  dont  la  majeure  partie  de- 
vint'la  propriété  de  la  bibliothèque  de 
l*Arsenal ,  et  qui  comprenaient  un  Glos- 
saire delà  langue  française.  £n  1766, 
Barbazan  publia  ses  Fabliaux  et  contes 
français  des  xii*,  xiii*,  xiv*  et  xv*  siè- 
cles y  et  dans  les  années  suivantes  deux 
autres  ouvrages  qui  .sont  réunis  avec  le 
premier  dans  la  nouvelle  édition  des  Fa- 
bliaux, due  aux  soins  de  M.  Méon;  Pa- 
ris 1808,  4  vol.  in-8°,  chez  Treuttel  et 
Wûrlz.  En  tête  du  premier  volume  se 
trouve  la  Dissertation  sur  V origine  de 
la  langue  française  y  page  1-58.        S. 

BARBE.  Ce  mot,  qui  a  reçu  en  his- 
toire naturelle  une  très  grande  extension, 
8*em ploie  le  plus  ordinairement  pour 
désigner  le  poil  qui  couvre  plus  ou  moins 
abondamment  le  bas  de  la  figure  de 
lliomme,  et  que  les  peuples  de  TOcci- 
dent  coupent  chaque  jour  plus  ou  moins 
complètement,  tandis  que  les  Orientaux 
le  laissent  croître  comme  nous  faisons 
de  nos  cheveux ,  qu'ils  rasent  avec  le  plus 
grand  soin.  On  donne  le  même  nom  aux 
jioils  qui  croissent  au  menton  du  bouc  et 
à  celui  de  quelques  singes;  on  l'étend 
enfin  à  ces  espèces  de  crins  qui  garnis- 
sent les  fanons  et  les  gencives  des  mam- 
mifères cétacés ,  et  encore  à  ce  faisceau 
de  petites  plumes  qu'on  trouve  à  la  par- 
tie inférieure  du  bec  de  quelques  oiseaux. 
Tout  le  monde  sait  qu'on  désigne  aussi  par 
ce  nom  de  barbes  les  filamens  qui  gar- 
nissent les  deux  côtés  d'une  plume. 

Encyclop.  d.  G.  d,  M.  Tome  III. 


£n  botaniquo ,  c'est  dans  plusieurs 
cas  une  etpression  tout-à-fait  vulgaire. 
On  nomme  bcuhe  de  bouc  le  salsifis  sau- 
vage; barbe  de  capuan,  celle  yariété 
de  chicorée  sauvage  que  l'on  fait  croître 
l'hiver  sur  cx)uche  et  dans  des  lieux  ob- 
scurs, et  qui,  s'étiolant,  pousse  des  jet9 
aUongés  et  blancs  que  l'on  mange  sur 
nos  tables;  barbe  de  chèvre ,  une  ^- 
pèce  de  spirée  ;  barbe  de  Dieu ,  une V- 
pèce  de  graminée;  barbe  de  Jupiter  y  la 
joubarbe  qui  pousse  si  abondamment 
sur  les  toits  de  chaume.  Enfin ,  car  il  faut 
terminer  cette  aride  nomenclature  qui  est 
Ipin  d'être  complète,  quelques  botanistes 
désignent  par  ce  nom  de  barbe  cette 
longue  arête  qu'on  observe  dans  plu- 
sieurs genres  de  la  famille  des  grami- 
nées. A,  L-D. 

BARBE  (histoire  de  la).  On  a  beau- 
coup diHéré,  suivant  les  temps  et  les 
pays ,  sur  la  manière  de  porter  la  bai'be. 
Dans  la  plus  baute  antiquité,  les  hom- 
mes la  laissèrent  pousser  naturellement. 
La  soignant  par  propreté,  ainsi  que  leurs 
cheveux ,  ils  regardèrent  ensuite  comme 
une  parure  plus  majestueuse  encore  ce 
caractère  de  leur  Sexe.  Les  Égyptiens 
pai-aissent  avoir  été  les  plus  anciens  peu- 
ples qui  se  soient  rasés.  Alexandre-le- 
Grand  eut  l'idée  d'appliquer  cet  usace  à 
l'art  militaire,  en  ordonnant  à  ses  soldats 
de  se  couper  la  barbe,  pour  ne  pas  of- 
frir par-là  de  prise  aux  ennemis,  dans  la 
mêlée  du  combat  ;  mesure  renouvelée  de 
notre  temps  par  le  pacha  d'Egypte,  mais 
dont  la  manière  actuelle  de  combattre 
rend  l'application  moins  utile.  Les  Ma- 
cédonien»,  de  retour ,  répandirent  cette 
mode  dans  la  Grèce,  et  peu  à  peu  l'usage 
de  se  raser  finit  par  devenir  général. 

Avant  leurs  relations  avec  les  Grecs, 
les  Komains  laissaient  croître  leur  barbe 
et  leurs  cheveux.  Vers  l'an  200  avant 
J.-C.,PubUu8  TerentiusMenaleur  amena 
des  barbiers  de  Sicile.  U  en  résulta  un 
double  changement  :  les  cheveux  très 
courts  et  la  barbe  entièrement  rasée.  Sci- 
pion  l'Africain  introduisit  même  la  mode 
de  se  faire  raser  tous  les  jours.  On  se  fai- 
sait raser  poiu*  la  première  fois  à  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  et  c'était  une  espèce  de 
cérémonie  :  on  recevait  les  complimens 
de  ses  amis ,  et  cette  première  barbe , 

3 


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bàiv 


(34) 


BAtl 


renfermée  dada  une  petite  botte,  était  of- 
ferte aux  dieux.  Les  Romains  eurent 
ainsi  le  visage  rasé  jusqu'à  la  fin  de  la 
république  et  pendant  tout  le  premier 
siècle  de  notre  ère.  L'empereur  Adrien 
reprit  la  barbe  longue ,  dont  l'uaftige  se 
maintint  deux  cents  ans,  jusqu'à  Con- 
stanttn-Ie-Grand.  Ce  prince  porta  jusque 
dans  la  barbe  les  grandes  innovalions'de 
sa|^ règne.  Julien,  par  la  publication  de 
sW  Misopogon',  ne  dédaigna  pas  de  la 
mettre  au  nombre  des  puissances  dé- 
chues, qu'il  essaya  de  relever,  mais  en 
Tain. 

L'empiré  d'Orient  continua  de  se  ra- 
ser pendant  trois  siècles,  jusque  vers 
le  règne  d'Héraclius,  contemporain  de 
Mahomet  (  620  ).  Depuis  cette  époque, 
la  barbe  est  portée  presque  générale- 
ment dans  tout  l'Orient.  Constantin  IV, 
arrière-petit-fils  d'Héraclius,  fut  sur- 
nommé Pogonat,  à  cause  de  l'épaisseur 
de  sa  barbe.  Ce  devint  un  point  de  reli-' 
gion  pour  les  Mahométans  d'avoir  la 
tête  rasée  et  la  barbe  longue;  et  chaque 
seete  de  l'islamisme  la  taille  d'une  ma- 
nière particulière. 

A  la  même  époque ,  la  barbe  se  por- 
tait en  Occident  d'une  manière  plus  ou 
moins  complète,  depuis  environ  deux 
siècles,  par  suite  des  conquêtes  des  Francs 
et  autres  peuples  barbares  qui  avaient 
d'épaisses  moustaches  et  ce  qu'on  ap- 
pelle communément  aujourd'hui  des/a- 
voris.  En  France ,  pendant  la  première 
race ,  une  longue  barbe  était  le  signe  de 
la  noblesse  et  de  la  liberté.  Sous  Char- 
lemagne  on  porta  seulement  des  mousta- 
ches très  longues,  descendant  des  deux 
c6tés  delà  bouehe  jusque  sur  là  poitrine; 
mais  à  peme  ce  prince  fut-il  empereur 
d'Occident  qu'il  adopta  la  barbe  romaine. 
Au  irdlieu  du  «•  siècle,  les  Français  se 
rasèrent  entièremetiç  le  visage,  jusqu'au 
commencement  du  x%  pu  la  barbe  repa- 
rut ,  et  dura  jusque  dans  le  xii",  avec  des 
variations  due  re^  bornes  de  cet  article 
ne  nous  permettent  pas  ^e  spiyre. 

En  général  le  clergé  ^'Oriept  9  con- 
stamment porté  la  barbe.  Là  dissidence 
qui  commençait  à  régner  sur  ce  point  à 
la  fin  du  IX*  siècle  entre  l'église  grecque 
et  l'église  latine,  fut  une  des  causes  du 
schisme  et  le  moUf  pour  lequel  Photius 


déclara  hérétiques  les  évéqu^s  occiden- 
taux, lorsque,  ayant  pris  le  titre  de  pa- 
triarche œcuménique,  Il  excommunia,  en 
860,  le  pape  Nicolas  I®'.  «  Étrange  rai- 
son, dit  un  auteur,  pour  brouiller  l'O- 
rient avec  l'Occident  !  »  En  1 07  S  une  des 
principales  dispositions  du  concile  tenu 
à  Girof le  par  le  pape  Grégoire  VII  fut  la 
prohibition  de  la  barbe  parmi  le  clergé, 
avec  les  plus  grandes  menaces  contre  les 
récalcitrans  ;  et  les  mesures  les  '  plus 
coërcitîves  furent  exécutées  pendant  toute 
la  fin  du  xi^  siècle. 

Du  xii*  siècle  jusqu'à  la  fin  du  xv*,  à 
un  petit  nombre  d'exceptions  près ,  tout 
le  m^onde  se  rasa  en  France,  en  Allema- 
gne et  en  Italie.  De  là  plusieurs  coutumes, 
par  exemple,  l'usage,  dans  la  noblesse 
qu'un  jeune  gentilhomme  fût  rasé  pour 
la  première  fois  par  un  seigneur  d'une 
naissance  égale,  ou  même  supérieure  à 
la  sienne. 

Pendant  la  première  moitié  du  xiv* 
siècle,  la  mode  des  barbes  postiches  se 
répandit  en  Espagne,  d'une  manière  aussi 
générale  et  avec  autant  de  luxe  que  celle 
des  grandes  perruques  en  France,  sous  le 
règne  de  Louis  XTV.  Cette  mode  causa 
tant  d'abus  que  les  fausses  barbes  furent 
défendues  par  un  arrêté  des  Cortès,rendu 
en  1351  sous  don  Pèdre,  roi  d*Aragon. 
Dans  d'autres  pays  on  eut  recours  à  cette 
invention  pour  les  cérémonies,  où  la  barbe 
était  d'étiquette. 

La  prise  de  Constantinople,  en  1453, 
fit  errer  dans  l'Occident  plusieurs  Grecs 
barbus.  Vers  ce  temps  ,  le  savait  Bessa- 
rion ,  devenu  cardinal ,  avait  conservé  en 
Italie  cette  mode  de  sa  patrie.  On  sait 
l'affront  que  lui  fit  à  ce  sujet  Louis  Xr, 
vers  qui  le  pape  l'avait  envoyé  en  ambas- 
sade. Illais  les  Italiens,  moins  choqués  de 
cette  fiouveauté ,  s'accoutumèrent  insen- 
siblement au  retour  de  la  barbe,  que  le 
pape  Jules  II  consacra  en  quelque  sorte 
par  son  exemple.  François  V'  l'introdui- 
sit en  France  en  1521.  Ce  prince,  ayant 
été  blessé  à  la  tête,  se  fit  couper  les  che- 
veux et  laissa  croître  sa  barbe.  Dans  la 
magistrature,  et  surtout  dans  le  clergé, 
qui  garde  toujours  plus  long-temps  les 
anciennes  coiUumes,  on  avait  montré  une 
opposition  vive ,  on  peut  même  dire  vio- 
leote^  contre  cette  oouTelle  mode.  Par  uq 


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fiAB 


(ÎS) 


BAR 


arrêt  rendo  sous  Henri  ITI,  le  parlement 
de  Toulouse  Tavait  défendue  aux  magis- 
trats, comme  contraire  à  la  modestie. 
Elle  finit  pourtant  par  soumettre  ces  gra- 
ves personnages  eux-mêmes,  qui  Ja  con- 
servèrent ensuite  plus  long-temps  que  les 
autres.  Plusieurs  ecclésiastiques  ne  l'a- 
vaient pas  encore  quittée  dans  les  pre- 
mières années  de  Louis  XJY.  Mais  géné- 
ralement,  déjà  sous  Louis  XIII,  il  ne 
restait  plus  que  la  moustache  et  le  petit 
bouquet  de  poils  au-dessus  du  menton  ; 
encore  leur  épaisseur  va-t-elle  toujours 
en  diminuant  soUs  Louis  XIV.  Enfin  l'u- 
sage du  tabac  finit  par  faire  abandonner 
même  la  moustache,  dans  la  dernière 
partie  du  règne  de  ce  prince,  et  pendant 
tout  le  XYI11*  siècle  ;  ce  qui  a  continué 
pendant  les  trente  premières  années  de 
celui-ci.  La  barbe  commence  à  reparaî- 
tre en  partie  depuis  deux  ou  trois  ans. 

Outre  up  assez  grand  nombre  de  dia- 
tribes pour  ou  contre  la  barbe ,  publiées 
par  les  contemporains  des  diverses  mo- 
difications <|u*elle  a  subies,  on  peut  citer 
comme  histoires  plus  ou  moins  complè- 
tes de  la  barbe  :  le  traité  d'Antoine  Hot- 
man  iplitnié  Po^nias,  sive  (te  barbé 
dialogus  ;  l'Histoire  de  la  barbe  de 
f homme  y  par  dom  Calmel;la  Pogono- 
hme ,  par  R.  p.  P.,  Rennes,  1539,  in- 
S*;  la  Pogonologie  y  ou  Wsto  ire  philo- 
sophique de  la' barbe ^'^2LT  M.  J,  A.  D. 
[Dulaure],  Paris,  1786,  in- 11;  V His- 
toire des  réi>olulions  de  ta  barbe  des 
Français  depuis  t origine  4^  ta  monar- 
c/i/^/Paris,  1826,  in-16.        J.  B.  X. 

BARBE  (sainte).  Autrefois  c'était  M 
chambre  des  canonniers;  maintenant  c'est 
une  chambre  réservée  au  maître  canon- 
nier  pour  serrer  les  menus  armemens 
des  bouches  à  feu.  Cette  chambre  était 
formée  par  un  retranchement  sur  la  par- 
tie de  l'arrière  du  bâtiment  (vaisseau  ou 
frégate)  à  la  hauteur  du  premier  pont. 
Une  doison  fermait  la  Sainte -Barbe 
derrière  le  mât  d'artimon  (vcjt*.),  le 
plus  petit  des  mâts  verticaux;  un  fac- 
tionnaire, le  sabre  à  la  main,  veillait  sur 
la  Sainte-Barbe  et  n'y  laissait  jamais  en- 
trer que  les  officiers,  le  maître  canon- 
nier  et  les  gens  du  bord  que  leur  service 
y  appelait.  Personne  n'entrait  dans  cette 
CDc«tnte  «yec  la  pipe  qu  le  cigare*  Pans 


kl  Sainte- Barbe  logeaient  le  chîrtirgfeii- 
major,  l'aumànier,  le  commis  aux  vhrret 
et  quelques  élèves  de  la  marine;  aujour* 
d*hui  le  maître  canonnier  a  été  eicdu  de 
la  Sainte-Barbe  oà  il  -était  logé  pour 
veiller  aox  panneaux  (portes  horizontales] 
du  magasin  ou  soute  aux  poudres,  q« 
est  situé  sous  le  premier  pont  au^essout 
de  la  Sainte -Barbe.  H  y  a,  tribord  et 
bâbord  [voy,  Boan),  une  chambre  oe« 
cupée  par  un  lieutenant  de  vaisseau  ;  la 
véritable  Sainte-Barbe,  sous  le  titre  de 
fausse  Sainte-Barbe,  est  sur  Tavant.  D'u« 
côté  est  le  magasin  général  dt|  maître  d'é- 
quipage ou  fosse  aux  lions  (mieux  et  ploa 
étymologiqueroent^^>/tfe  aux  liens,  parée 
que  le  maître  y  serre  toute  sorte  de  pe« 
tits  cordages);  de  l'autre  est  la  Aiasse 
Sainte -Barbe  oà  le  naître  canoDoier 
range  les  platines  ou  batteries  des  bôch> 
ches  à  fen^  les  gargoussiers,  cornes  d'à» 
morce ,  etc.  La  Sainte-Barbe  est  toujours 
un  lieu  séparé  dans  la  première  baitterie; 
un  râtelier  d^armes  lui  sert  de  doison,  eC 
un  AictionnahT  est  là  pour  veiller  à  la 
soute  aux  poudres.  En  arrière  de  la  soute 
aux  poudres  est  un  petit  magasin  appelé 
corjueron  oh  le  maître  canonnier  met 
quelques-uns  des  objets  de  son  détail. 

Sainte  Barbe  est  la  patronne  des  artil- 
leurs ,  et  les  canonniers  donnèrent  jadis 
à  leur  poste  à  bord  le  nom  de  la  vierge 
martyre  (morte,  dit-on.  Tan  de  J.-C.  ^40)^ 
sous  l'invocation  de  laquelle  ils^ont  pla- 
cés depuis  des  siècles.  Pourquoi  la  beKa 
et  courageuse  fille  de  Dioscore,  le  riche 
païen  de'Nicomédle,  est -elle  la  patronne 
des  artilleurs?  je  n'ai  pu  le  savoir.  Je 
vois  bien  pourquoi  les  ouvriers  à  mar^ 
teaux  fêtent  saint  Éloi;  mats  qu'y  a-t-H 
de  commun  entre  les  artilleurs  et  la  jeune 
chrétienne  du  temps  de  M aximin,  qui  re- 
fusa de  prendre  un  autre  époux  que  J.-C, 
et  qui,  pour  le  vœu  de  célibat  qu'elle  fit 
contre  le  gré  de  son  père,  fut  poursuivie 
par  Dioscore  l'épée  au  poing,  échappa  à 
sa  fureur  en  traversant  un  rocher  qui 
s'ouvrit  devant  elle  comme  la  mer  devant 
les  Bébreux  conduits  par  Mofee?  Sainte 
Barbe  fut  conduite  au  tribunal  de  Mar- 
cian  qui  lui  fit  mutiler  les  flancs  avec  des 
râteaux  de  fer,  la  fit  bréler  avec  des  tor- 
ches et  frapper  sur  la  tête  à  coups  de 
marteau  ;  et^  comme  si  ce  n'était  poîm 


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BAR 


( 


Asse2,  furieux  de  voir  que  ses  plaies 
étaient  guéries  aussitôt  que  faites,  il  lui 
4t  couper  les  seins  avec  des  rasoirs  et  la 
fustigea  autour  de  la  ville,  jusqu'à  ce 
qu'enfin  Dioscore  lui-même,  ayant  sol- 
licité du  juge  le  plaisir  barbare  de  poi^ 
ter  le  dernier  coup  à  cette  héroïque  en- 
fant, lui  trancha  la  tête  pendant  qu'elle 
adressait  sa  prière  au  Dieu  crucifié. 

Il  n'y  a  dan3  cette  légende  rien  qui  sem- 
ble autoriser  le  culte  particulier  des  ar- 
tilleurs pour  sainte  Barbe.  Quoi  qu'il  en 
soit,  elle  est  en  grande  vénération,  ou 
plutôt  elle  était  en  grande  vénération  à 
bord  des  vaisseaux,  comme  à  terre  parmi 
les  soldats  de  l'artillerie.  On  la  fête  en- 
core le  4  décembre  de  chaque  année.  Les 
canon  nier  s  font  plusieurs  mois  d'avance 
des  économies  pour  pouvoir  donner  de 
l'éclat  à  cette  solennité  militaire  et  sur- 
tout gastronomique,  qui  est  annoncée  par 
des  salves  et  des  bordées.  Les  capitaines 
des  b^timens  et  leurs  officiers  ne  man- 
queni.guère  d'ajouter  quelques  sommes  à 
la  ma^e  faite^par  les  canonniers.  Des  re- 
pas, où  Ton  ne  boit  pas  seulement  à  la 
canté  de  la  sainte  patronne,  ont  lieu  à 
bord  de  tous  l^s  navires  de  guerre  et 
dans  les  ports  où  le  ma^n  l'on  a  pro- 
mené processionnetlement  l'effigie  de 
sainte  Barbé ,  enrubanée ,  parée  et  placée 
debout  sur  une  espèce  de  bastion.  A 
Touton,.les  canonniers  font  figurer  aux 
processions  de  la  Fête-Dieu  sainte  Barbe 
au  milieu  des  saints  des  corporations.  La 
fête  de  la  Sainte-Barbe  est  très  bruyante 
à  bord^  ce  jour-là ,  indulgence  plénière 
pour  les  excès  qui  se  commettent  en  sor- 
tant de  table.  Il  y  a  encore  des  maîtres 
canonniers  qui,  dans  leurs  chambres,  ont 
l'image  de  sainte  Barbe.  Jadis,  au  mo- 
ment d'un  combat,  les  canonniers  s'age- 
nouillaient pieusement  devant  cette  ima- 
ge, puis  ils  allaient  boire  une  ration  d'eau- 
de-vie,  et  la  sainte  faisait  des  miracles 
de  coups  de  canon.  Maintenant  on  se  bat 
sans  boire  et  sans  invoquer  au  préalable 
une  sainte  patronne ,  et  l'on  se  bat  bien 
aussi.  A.  J-L. 

B  A RB E  AU  (  barbus  ) ,  poisson  du 
genre  cfpnn,  appelé  aussi  barbot,  bar- 
ôiau.Vf  barbet,  €1  barbillom  quand  il  est 
petit.  11  ressemble  au  brochet  potu*  la 
Jorme  et  pour  les  habitudes;  comme  lui. 


36  )  BAH 

il  se  nourrit  de  coquillage,  de  petits  pois- 
sons ,  et  même  de  la  chair  des  animaux 
entraînés  par  les  eaux  ;  comme  lui ,  il  ac- 
quiert un  poids  et  un  volume  considéra- 
bles. Il  habite  dé  préférence  les  eaux  cou- 
rantes et  les  climats  tempérés,  où  sa  pê- 
che est  abondante.  On  le  prend  conime 
les  autres  poissons,  mais  surtout  à  la  li- 
gne amorcée  d'insectes  vivans.  Il  fraie  au 
printemps  et  multiplie  beaucoup.  Sa 
chair  blanche  et  savoureuse  est  estimée 
des  connaisseurs;  ses  œufs  sont  de  bon 
goût  et  peuvent  être  mangés  sans  danger, 
nonobstant  l'opinion  qui  les  fait  regarder 
comme  purgatifs.  F.  R. 

BARBE-BLECE.  Le  conte  de  la 
Barbé' Bleue  est  la  fiction  la  plus  connue 
et  la  plus  frappante  entre  toutes  celles 
qui  sont  attribuées  à  Perrault  ;  nous 
disons  attribuées,  parce  qu'il  est  à 
peu  près  démontré  aujourd'hui,  gr^ce 
à  de  savantes  recherches  (  Lettres  sur 
les  contes  des  fées,  par  M.  le  baron 
Walckenaêr),  que  ces  fictions  ont  une 
haute  antiquité  et  que  leur  origine  se 
trouve,  ainsi  que  celle  des  fées  qui  y 
jouent  un  si  grand  rôle^  dans  les  récits 
des  bardes  celtiques.  Perrault  eut  le  mé- 
rite de  les  rajeunir  et  de  leur  donner  une 
nouvelle  popularité.  A  la  tête  de  son  re- 
cueil il  plaça  cette  terrible  Barbe-Bleue 
qui  se  défaisait  de  ses  femmes  d'une  ma- 
nière si  prompte  et  si  mystérieuse.  A  son 
nom,  qui  ne  se  rappelle  la  pompeuse 
description  du  riche  palais,  avec  laquelle 
contraste  si  bien  celle  du  cabinet  san- 
glant où  sont  rangés  cinq  cadavres  sans 
tête;  et  cette  clef  fée  qui,  une  fois  trem- 
pée dans  le  sang,  en  gardait  obstinément 
la  souillure;  et  le  dialogue  de  la  jeune 
femme  avec  sa  sœur  Anne,  quand  le 
glaive  de  son  époux  est  déjà  levé  sur  sa 
tête?  Ce  tragique  et  merveilleux  récit  a 
été  mis  en  opéra,  comme  depuis  le  Çha- 
peron-Rouge.  L'opéra  ne  vaut  pas  le 
conte;  mais  grâce  au  talent  de  M™^  Du- 
gazon  il  eut  un  grand  succès  à  I^époque 
où  il  fut  donné.  L.  L.  O. 

BARBÉLIOTES  (les)  étaient  une 
secte  de  gnostiques.  Suivant  eux ,  un  Éoo 
{voy.)  immortel  s'était  uni  avec  Barbé- 
loth,  esprit  vierge,  auquel  il  avait  donné 
la  prescience,  puis  l'incorruptibilité,  en- 
fin la  vie  étemelle.  tFn  jour  Barbéloth 


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BAR 


(87) 


BAR 


procréa  la  Inmière;  celle^i,  perfection- 
hée  par  ronctîon  de  Tesprît,  eut  nom 
Christ;  nDtelligence  devint  l'objet  des 
désirs  de  Christ,  qui  Tobtint.  Il  y  eut 
Doion  entre  Tintelligence,  la  raison  et 
rincorruptîbilité.  f^.GNosxicisME.  A.S-a. 

BARBÉ-MARVOIS  (François,  mar- 
quis de),  pair  de  France,  premier  prési^ 
dent  honoraire  de  ta  Cour  des  comptes 
et  membre  da  rinstitut,né  en  1745  à 
Metz  où  son  père,  M.  Barbé,  était  direc- 
teur de  la  monnaie. 

La  bienveillance  du  maréchal  duc  deCas- 
tries,  dont  il  avait  élevé  les  enfans,  facilita 
au  jeune  Barbé  l'entrée  dans  les  affaires. 
Depuis  1769  il  fut  successivement  secré- 
taire de  légation  à  Ratisbonne  et  à  Dresde, 
chargé  d'affaires  auprès  de  l'électeur  de 
Saxe,  puis  auprès  de  l'électeur  de  Bavière, 
et  consul  général  de  Franœ  près  du  con- 
grès des  États-Unis.  Dans  ce  pays,  où  il 
résida  dix  ans,  il  épousa  en  1784  la  fille 
de  Moore,  président  et  gouverneur  de 
rétat  de  Pensylvanie.  Enl  785,  Louis  XYI 
le  nomma  intendant  à  Saint-Domingue, 
où  il  resta  jusqu'en  1790.  A.  son  retour 
en  France,  M.  Barbé  fut  envoyé  (à  la  fin 
de  1791)  à  Ratisbonne  en  qualité  de  mi- 
nistre auprès  de  la  diète  de  l'Empire, 
avec  ordre  d'hier  auparavant  à  Vienne 
airec  M.  de  Noailles,  pour  connaître  les 
dispositions  de  l'empereur  Léopold  II. 

Sous  le  règne  de  la  Convention  natio- 
nale, M.  Barbé-Marbois  donna  sa  dé- 
mission de  ministre  du  roi  -a  Ratisbonne, 
et  pendant  la  Terreur  il  eut  beaucoup  de 
peine  à  échapper  aux  persécutions  :  il  fut 
tenu  sous  une  stricte  surveillance;  mais 
la  chute  de  Robespierre  l'en  délivra. 

En  1795  il  fut  nommé  par  ses  conci- 
toyens maire  de  Metz,  et  destitué  la 
même  année  par  le  Directoire  ;  élu  mem- 
bre du  Conseil  des  anciens  par  le  dé- 
partement de  la  Moselle,  il  présida  cette 
assemblée.  A  la  suite  des  événemens  du  1 8 
fructidor  an  Y,  il  fut  déporté  à  Cayenne 
et  à  Sinnamari  :  nuis  l'habitude  qu'il 
avait  contractée  du  climat  des  colonies 
le  préserva  du  sort  de  quelques-uns  de 
ses  collègues. 

Lorsqu'en  1800  M.  Barbé  put  revenir 
en  France,  il  dut  à  l'amitié  que  lui  por- 
tait le  consul  Lebrun  d'entrer  au  conseil 
d^état,  et  depuis  ce  moment  il  s'attacha 


de  plus  en  plus  au  pouvoir  que  Bona- 
parte concentrait  successivement  dans  set 
mains.  Le  premier  consul  le  chargea ,  eu 
1801,  de  la  direction  du  trésor  public  et 
lui  en  confia  le  ministère  la  même  année. 
De  1803  à  1806  il  monta  de  grade  en 
grade  dans  la  Légion-d'Honneur,  re<^ut 
le  titre  de  comte,  fut  plénipotentiaire 
pour  la  cession  de  la  Louisiane  aux  Étals- 
Unis,  et  présida  une  première  fois  le  col- 
lège électoral  de  l'Eure;  mais  une  baisse 
rapide  dans  les  fonds  publics  lui  attira  la 
disgrâce  de  l'empereur:  alors  M.  le  comte 
Barbé-Marbois  écrivit  une  lettre  pour 
demander  à  se  retirer  des  aflaires,  et 
proposa  M.  Mol  lien  pour  son  succes- 
seur. Napoléon  nomma  en  effet  M.  Mol- 
lien  et  donna  en  1807  à  M.  Barbé  la 
charge  de  premier  président  de  la  Cour 
des  comptes.  L'année  suivante,  il  devint 
encore  membre  du  conseil  général  des 
hôpitaux,  et,  en  cette  qualité,  il  a  rendu 
les  plus  honorables  services  à  l'humanité. 
On  voit  que  sa  disgrâce  n'avait  pas  duré 
long-temps.  En  1813  Napoléon  l'appela 
même  au  Sénat- Conservateur,  et  le  33 
décembre  de  cette  année  il  fut  nommé , 
par  le  Sénat,  membre  de  la  commission 
extraordinaire  chargée  de  prendre  con- 
naissance des  doGumens  relatifs  aux  né* 
gociations  entamées  avec  les  puissances 
coalisées. 

A  la  restauration  des  Bourbons,  M.  Bar- 
bé-Marbois, qui  avait  voté  la  déchéance 
de  l'empereur,  fut  cobfirméparleroidans 
l'office  de  premier  président  de  la  Cour 
des  comptes  ;  en  même  temps  il  fut  nommé 
ministre  d'état  et  pair  de  France,  à  vie.  En 
revanche.  Napoléon,  à  son  retour,  le  tint 
à  l'écart,  taxant  sa  conduite  d'ingratitude. 
Après  la  seconde  restauration  il  présida 
le  collège  électoral  du  Bas- Rhin,  au  mo- 
ment où  Strasbourg  était  encore  bloqué 
par  les  ennemis;  et,  au  mois  de  septem- 
bre ,  Louis  XYin  lui  confia  les  sceaux 
du  royaume.  La  conduite  ministérielle  de 
M.  Barbé  fut  très  honorable;  loin  d'en- 
courager les  excès  de  la  chambre  de  1 8 1 5, 
il  combattit  constamment  ses  mesures  de 
réaction,  et  ses  circulaires  furent  dictées 
par  des  senti  mens  bien  différens  de  ceux 
que  son  collègue  Yaublanc  exprimait 
dans  les  sienbea;  aussi  fut-il  un  objet  de 
haine  pour  le  parti  des  émigrés.  Le  chan- 


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BàR 


( 


«•lier  Dflmbniy  h  rempla^  le  7  nai  1816, 
d  M.  Barbé-Marbois  reprit  aet  foDolioDs 
de  f:»remîer  président  de  la  Cour  d«s 
comptes.  Comitie  pair  de  France,  ce  ma- 
gistrat a  constamment  plaidé  la  cause  de 
la  justice  et  de  la  modération.  Après  la 
révolution  de  juillet  1830  il  n'a  pas  hé- 
sité à  prêter  serment  à  la  Charte  révisée 
•t  au  roi  Louil-Philippe.  Ëd  1833,  Une 
maladie  le  décida  a  oflPf  ir  sa  démission  de 
la  charge  de  pi*emier  président  à  la  Cour 
des  comptes  :  cette  démission  de  fut  pal 
•oceptée  à  cette  époque.  M.  Barbé-Mar- 
bois  continua  d'exercer  ses  fonctions  jus* 
qu'au  4  avril  1884,  où  il  lui  iVit  donné 
un  successeur  dans  la  personne  de  M.  Bar- 
the.  Admis  à  la  retraite  ^  après  une  vie 
excessivement  laborieuse  «  il  re^t  alors 
le  titre  de  premier  président  honoraire; 
le  roi  lui  écrivit  une  lettre  autographe 
et  lui  offrit  son  portrait  coqime  un  gage 
d*estime. 

M.  Barbé*Marbois  est  membre  de  l'A- 
ctdémie  des  loscriptionl  et  belles-lettres  : 
les  principaux  ouvrages  qu'oti  lui  doit, 
indépendamment  de  différens  Méinoireè 
stnr  les  financés  et  sur  l'économie  rUrala 
et  de  rapports  Intéressana  sur  l'état  des 
prisons  en  France  ^  sont  les  suivanè  : 
Complot  d'Ai'noid  et  de  ffenrjr  Qinton 
contre  les  États-Unis  d'Amérique,  Paris 
1816^  in-8*'y  et  Histoire  de  la  Louisiane 
et  rie  la  cession  de  cette  colonie  pat-  la 
'France  aux  États-Unis ,  Paris  1839, 
in-8^.  J.  H.  S. 

B  ARBERIBfl  (pAMtLLB  DEs).Les  Bar- 
befini  sont  originaire^  de  Semifondi  Hi 
Toscane.  Vers  l'an  1024,  ils  quittèrent 
leur  patrie  ruinée  par  les  guerres,  et  vin^ 
rént  s'établir  à  Florence*  Leur  grande  il«- 
Ittstration  date  de  M^rFEO  Barberiiii,  né 
en  1668,  élu  pape  en  1638,  sotis  le  nom 
d'Urbain  YIU;  son  frère  et  deux  de  ses 
neveux  forent  élevés  par  lui  au  cardina^ 
lAt;  AnTOtmi,  le  dernier  de  œt  cardinaux, 
évéqne  de  Paleétrine^uc  de  Segni,  etc.,  fbt 
envojré  dana  le  Piémont  avec  l«  titre  de 
légat  V  ktteref  ponr  régler  les  affaires  du 
Montfeirat  dans  lesquelles  la  FrmOe 
était  itttervenne^  il  eut  beancoop  de  part 
i  la  paix  qui  ae  eondot  peu  de  teasps 
•près.  La  fortune  d'nn  troisième  neveu 
TAonxo)  ne  fut  pas  moins  brillante;  son 
oncle  lui  donna  la  principauté  de  Pales- 


38)  BAR 

trine  avec  ftO,000  écus  de  rente;  l'avidité 
des  Barberini,  plutôt  irritée  qu'assouvie 
pardes  faveurs  si  grandes,  convoita  bien« 
t6t  les  duchés  de  Castro  et  de  Ronci- 
glione,  fiefs  de  la  maison  de  Parme;  ils 
en  accomplirent  faciieraent  la  conquête; 
mais  ensuite,  lorsqu'ils  osèrent  porter 
leurs  prétentions  jusque  sur  le  duché  de 
Parme,  Edouard  Fai'nèse  leur  opposa 
une  vigoureuse  résistance,  dispersa,  avec 
3,000  hommes  de  cavalerie,  30,000 
hommes  de  l'armée  du  pape  commandés 
par  Taddeo,  et  vint  ravager  la  Romagne. 
L'année  suivante,  les  Vénitiens,  le  duc  de 
Modène,le  grand-duc  deToscane,  se  liguè- 
rent avec  Edouard  pour  mettre  une  digue 
à  l'ambition  des  neveux  d'Urbain;  Monté- 
cuculli,  général  du  duc  de  Modène,  battit 
de  nouveau  l'armée  pontificale  comman- 
*dée,  cette  fois,  par  le  cardinal  Antoine, 
et  sa  victoire  amena  la  {iaix*  De  ces  am- 
bitieuses tentatives  il  ne  resta  aux  Bar- 
berini  que  la  douleur  d'avoir  échoué  et 
la  crainte  d'un  soui^èvement  de  la  part  des 
peuples.accablés  d'lm)>6ts;  en  effet,  à  la 
mort  d'Urbain  VIII  (1644),  de  violentes 
clameura  s'élevèrent  contre  eux  dani 
Rome;  pourtant  leur  influence  était 
grande  dans  le  Conclave,  et  le  nouveau 
pape  (Innocent  Xj  ne  fut  élu  que  lors- 
qu'ils y  eurent  donné  leur  assentiment; 
une  fois  élevé  sur  le  saint-siége,  il  se 
montra  tellement  leur  ennemi  qu'ils  cru- 
rent devoir  quitter  l'Italie  et  ohercher  un 
appui  près  du  cardinal  Maearin,  alors 
tout-puissant  en  France;  grâce  à  ia  mé- 
diation, ils  obtinrent  eh  effet  la  restitu- 
tion de  leurs  biens  qu'on  avait  niis  en  sé- 
questre, et  leur  maik>n  a  concerté  jusqu'à 
nOs  jours  la  principauté  de  Palestrine. 
On  reproche  aux  Bftrberini  d'avoir, 
pour  la  construction  d'un  palaU,  enlevé 
des  pierres  du  Colisée  ;  de  là  ce  mot  de 
Pasquin,  quod  noH  Barbari  fecemnt  ^ 
Barberiniy(»cerr«  L.  L.  Q. 

B4RBBRO^SSB,llo>^.Fn^ilIcI''^ 
BARBBROU8SE  I''''  (Hoeoûk  ou 
Amoun^),  ainsi  surnommé  a  cause  de  l« 
couleur  de  sa  barbe,  était  fils  d'Un  po- 
tier de  Mételin  (rabtienne  Lesboe).  Se- 
lon d'autres  témoignages,  sOn  père  était 
ttn  corsaire  renégat,  et  sa  nlère  une  Espa* 
gnole  d'Andalousie.  Le  Jeune  Arotidj  sn 
signala  dos  l'âge  de  1 3  ans  par  son  audace, 


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BàA 


(39) 


BAR 


f  ur  les  c6tes  d*  Afrique.  A2 1  ans,  il  était  à  la 
tète  de  40  galères  montées  par  des  Mau- 
res et  par  des  Turcs.  Sou  frère,  dont  nous 
|>arleron3  tout  à  l'heure  y  le  secondait  di- 
gnement. La  terreur  de  leurs  noms  se  ré- 
pandit bientôt  depuis  le  détroit  des  Dar- 
danelles jusqu'à  celai  de  Gibraltar.  Leurs 
projets  ambitieux  s'étendirent  à  mesure 
que  leur  puissance  et  leur  renommées'ac- 
croissaient,  et  ib  effacèrent  l'infamie  de 
leurs  brigandages  par  des  talens  et  des 
vues  dignes  de  conqnéraos.  Le  cardinal 
Xi  mènes  envoya  contre  eux  une  expédi- 
tion qui  ne  put  les  réprimer.  Ils  condui- 
saient souvent  dans  les  ports  de  Barbarie 
les  prises  qu'ils  avaient  faites  sur  les  cô- 
tes d'Italie  et  d'Espagne;  et  comme  ils  en- 
richissaient les  habitans  de  ces  ports  par 
la  vente  de  leur  butin  et  par  les  extrava- 
gantes profusions  de  leurs  matelots,  ils 
étaient  bien  reçus  dans  tous  les  lieux  oà 
ib  abordaient.  La  situation  avantageuse 
de  ces  poris  ^  voisins  des  grands  élats  de 
la  chrétienté  qui  faisaient  alors  le  com- 
merce I  inspira  aux  deux  frères  l'idée  de 
former  un  établissement  dans  ce  pays. 
L'occasion  s'en  présenta  bientôt.SelimEu- 
temi ,  dey  d'Alger,  implora  le  secours  de 
Barberousse  contre  les  Espagnols  d'Oran. 
Le  corsaire,  laissant  à  son  frère  le  com- 
mandement de  la  flotte ,  marcha  à  la  tête 
de  5,000  hommes  à  Alger,  où  il  fut  reçu 
comme  un  libérateur  (1516).  Il  assassina 
le  prince  qui  l'avait  appelé  et  se  fit  pro- 
clamer roi  d'Alger  à  sa  place.  Il  chercha 
à  se  maintenir  par  une  conduite  en  har- 
monie avec  le  génie  du  peuple  qu'il  avait 
à  gouverner.  Libéral  à  l'excès  pour  ses 
partisans,  il  était  cruel  sans  réserve  en- 
vers ceux  qui  lui  étaient  suspects,  Il  vain- 
quit le  roi  de  Trémécen,  son  voisin,  et 
joignit  ses  états  à  ceux  d'Alger.  Il  conti- 
nuait cependant  ses  pirateries.  Charres- 
Quiot ,  dès  le  commencement  de  son  rè- 
gne, envoya  au  gouverneur  d'Oraa  un 
nombre  de  troupes  suffisant  pour  atta- 
quer Uoruc.  Cet  officier ,  secondé  par  le 
roi  détrôné  de  Trémécen,  exécuta  sa  com- 
mission avec  tant  de  vigueur  et  d'habile- 
ié  que  les  troupes  de  Barberousse  fu- 
rent liattues  en  plusieurs  rencontres  et 
qu'il  se  trouva  lui-même  renfermé  dans 
Trémécen.  Après  s'y  être  défendu  jus- 
qu'à la  dernière  extrémité,  il  fut  surprU 


dans  le  moment  qu'il  cherchait  à  s'échap- 
per, et  il  périt  en  combattant  avec  une 
valeur  digne  de  sa  renommée  (151  S). 

Baebkboussk  II  [Khaïr  Eddyn  ou 
Chéreddin\  frère  du  précédent,  lui  suc- 
céda comme  roi  d'Alger.  En  1520, crai- 
gnant une  révolte  dans  ses  états,  il  se  mit 
sous  la  protection  4e  la  Porte-Qthomane, 
à  laquelle  il  céda  la  souveraineté  d'Al- 
ger. Soliman  II  le  nomma  pacha  et  lui 
envoya  2,000  janissaires.  Chérecfdin  se 
rendit  alors  maître  d^  la  forteresse  que 
les  Espagnols  avaient  construite  près  d'Al- 
ger, et  employa  30,000  esclaves  chrétiens 
à  bâtir  un  môle  pour  former  un  nouveau 
port;  puis  il  recommença  ses  briganda- 
ges avec  plus  d'activité  que  jamais.  Le 
sulthan  le  nomma  ensuite  amiral  de  tou- 
tes se^  flottes ,  et  l'opposa  à  Doria.  Ché- 
reddin  alla  lui-même  à  Constantinople 
rendre  hommage  à  son  souverain.  Il  vou- 
lait conquérir  toute  la  Barbarie.  Les  cô- 
tes d'Italie  furent  ravagées  par  lui  ;  en 
Afrique,  il.  soumit  Tunis  et  Biserte.  En 
1535,  il  fut  attaqué  par  Chàrles-Quint 
datas  La  première  de  ces  villes,  et  fut  con- 
traint de  la  lui  abandonner.  Barberousse 
ravagea  plusieurs  fois  encore  les  côtes 
méridionales  de  l'Italie  )  soumit  l'Témen 
au  sulthan ,  revint  dans  les  mers  d'Occi- 
dent comme  auxiliaire  des  Français,  aida 
ceux-ci  à  prendre  Nice  ;  pub,  ayant  évité 
de  rencontrer  Doria,  que  pourtant  il  avait 
combattu  dans  le  golfe  d'Ambracie,  il  re- 
vint à  Constantinople  avec  2,00 Cf  cap- 
tifs. Dès  lors,  il  se  livra  tout  entier  aux 
douceurs  du  h^arem ,  et  fut  trouvé  mort 
dans  son  lit  en  1546.  A.  S^r. 

BARBETTE.  On  appelle  ainsi  l'é- 
paulement  d'une  batterie  qui  ne  porte 
pas  d'embrasure,  et  par-dessus  lequel  la 
pièce  en  batterie  peut  tirer  dans  tous  les 
sens  (vo/.  Batterie).  S'il  y  a  avanUge 
dans  l'extension  du  champ  de  tir  qu'on 
obtient  par  cette  dbposition,  il  en  résulte 
aussi  le  grave  inconvénient  de  laisser  à 
découvert  et  les  pièces  et  le  corps  des 
bonunes  chargés  du  service  de  ces  batte- 
ries. 

Lies  batteries  de  place  sont  ordinaire- 
ment à  barbette.  Elles  sont  armées  de 
pièces  montées  sur  alTûts  de  place  qui 
permettent  d'élever  l'épaulemeot  à  1  *** 
62*  (5  pieds),  en  conservant  à  U  volée 


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BAR 


(40) 


B/iR 


tout  le  jeu  i^^écessaire  pour  passer  par- 
dessus. C-TE. 

BARBIE  DU  BOCCAOE  (Jean- 
Denis),  géographe  et  philologue,  uac|uit 
à  Paris  y  en  1760^  et  fit  ses  études  au 
collège  Mazario  ,  où  il  se  signala  bientôt 
par  son  aptitude  à  résoudre  les  difficultés 
géographiques  que  présente  la  lecture 
des  anciens.  Il  ne  cessait  de  comparer 
entre  elles  les  nomenclatures  des  diverses 
époques.  Constant  dans  ses  goûts,  il  con- 
sacra toute  son  existence  à  la  science  de 
son  choix  :  les  difficultés  sans  nombfe 
qu'il  rencontra,  dès  ses  premiers  pas  dans 
la  carrière,  lui  firent  sentir  le  besoin  de 
recourir  aux  lumières  du  savant  illustre 
qui  devait  lui  enseigner  à  les  surmonter. 
A  17  ans,  Barbie  du  Boccage  suivit  les 
premiers  conseils  de  Danville  dont  il  fut 
Tunique  élève  et  qui  reconnut  en  lui  son 
digne  continuateur. 

M.  de  Choisenl-GoùfBer  revenait  alors 
de  la  Grèce.  Barbie  du  Boccage  fut  chaiv 
gé  de  classer  ses  matériaux;  en  1782  il 
joignit  au  premier  volume  plusieurs  car- 
tes, et  ce  premier  travail  de  sa  jeunesse 
devint  aussi  le  dernier  soin  de  sa  vieil- 
lesse, car  ce  ne  fut  qu'en  1824  qu'il  ter- 
mina le  voyage  de  Choiseul-Gouffier,  de 
concert  avec  M.  Letronne.  Anacharsis 
parût  en  1788;  tout  l'atlas  appartient  à 
Barbie  du  Boccage.  Cependant  la  révo- 
lution éclata.  Barbie  du  Boccage  avait 
été  attaché  au  ministère  des  affaires 
étrangères  et  au  cabinet  des  médailles,  il 
perdit  l'une •  et  l'autre  place;  cela  n'ar- 
rêta point  le  cours  de  ses  travaux.  En 
1793,  il  fit  des  cartes  pour  le  Mémoire 
du  baron  de  Sainte-Croix  sur  le  cours  de 
l'Araxe,  et  plus  tard  ses  travaux  jetèrent 
un  grand  jour  sur  l'examen  critique  que 
fit  ce  savant  des  historiens  d'Alexandre. 
Barbie  du  Boccage  a  travaillé  aussi  sur 
les  Indiques  d'Arrien  ;  il  nous  a  donné 
les  voyages  de  Chandeler.  Les  oeuvres  de 
MM..  Gail,  Pouqueville,  Fortia  d'Ur- 
ban,  la  collection  des  classiques  latins 
de  Lemaire,  et  une  infinité  d'autres  livres 
estiméa,  lui  doivent  une  riche  portion  de 
leur  valeur.  On  ne  pourrait  énumérer  ici 
toutes  les  dissertations  qu'il  a  composées 
soit  pour  le  Magasin  encyclopédique^ 
soit  pour  la  société  des  antiquaires  de 
France.  Les  étrangers  se  ^ont  fait  gloire 


de  l'avoir  pour  collaborateur,  et  en 
1817,  M.  S tanhope  publia  ses  Mémoires 
sur  Onoé  et  Phylé,  bourgs  de  l'Attique, 
et  sur  la  ville  d'Éleuthères ,  en  Béotie.  Il 
n'a  pas  négligé  la  réputation  de  Son  maî- 
tre d'Anville,  et  dans  une  notice  sur  ce 
savant,  il  fait  voir  que  ses  erreurs  étaient 
inévitables  avant  les  découvertes  dues  aux 
voyageurs  modernes  auxquels,  selon  la 
spirituelle  expression  de  M.  Dacier,  il 
reprochait  «  de  n'avoir  pas  voyagé  avant 
sa  mort,  v  La  carte  de  la  Morée ,  qu'en 
1807  il  avait  ^erminéepar  ordi^edu  mi- 
nistre de  la  guerre,  a  guidé  la  dernière 
expédition  française.  Barbie  du  Boccage 
allait  tourner  ses  vues  vers  l'Afrique, 
lorsqu'une  attaque ,  d'apoplexie  l'enleva 
aux  sciences  et  à  sa  famille,  en  1825.  Il 
était  membre  de  l'Institut ,  de  la  société 
royale  des  antiquaires  de  France,  <le 
l'institut  des  Pays-Bas,  de  la  société 
royale  de  Gcettingue,  de  l'académie  de 
Florence,  de  l'académie  royale  de  Prus- 
se, etc. ,  etc.  Son  caractère  le  faisait  ché- 
rir autant  que  son  savoir  le  faisait  admi- 
rer,  et,  comme  l'a  si  bien  dit  M.  Emeric 
David  sur  la  tombe  où  furent  déposés 
ses  restes,  «  Il  étaif  prodigue  de  ses  lu- 
mières par  la  raison  qu'elles  étaient  iné- 
puisables. »  P.  G-Y. 

BARBIER.  Le  barbier  est  l'artisan 
qui  fait  la  barbe  {voy,)  ;  la  harberie  est 
sa  profession. 

Les  barbiers  étaient  très  peu  connus 
dans  les  temps  de  notre  première  mo- 
narchie ;  mais  la  propreté  ayant  été  re- 
gardée avec  raison  comriie  un  moyen  fa- 
vorable à  la  conservation  de  la  santé,  on 
s'accoutuma  à  ne  plus  regarder  les  lon- 
gues barbes  'comme  un  signe  de  liberté. 
Les  barbiers  devinrent  communs  et  pro- 
fitèrent de  la  rivalité  qui  existait  entre 
les  médecins  et  les  chirurgiens  pour  s'em- 
parer des  fonctions  de  la  chirurgie  et  les 
remplir  avec  les  chirurgiens  eux-mêmes. 
Ce  fut  la  Faculté  de  médecine,  toute- 
puissante  alors ,  qui  fournit  aux  barbiers 
les  moyens  d'exercer  la  chirurgie  mi- 
nistrante,  et  qui  les  initia  à  toutes  les 
fonctions  qu'entraînent  ses  diverses  opé- 
rations. La  chirurgie,  ainsi  dégradée  par 
son  association  avec  des  artisans,  fut  ex- 
posée à  tout  le  mépris  qui  devait  suivre 
une  aussi  indigne  alliance  ;  elle  fut  dé* 


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(41) 


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poQÎUée ,  par  nn  arrêt  solennel ,  en  1 660, 
de  tous  les  honneurs  littéraires  qu'elle 
possédait;  et  si  les  lettres  ne  s'exilèrent 
pas  de  la  chirurgie,  du  moins  ne  paru- 
rent-elles y  rester  que  dans  la  honte  et 
rhamiliation.  Le  premier  barbier  du  roi 
devint  le  chef  dé  la  barbcrie  et  de  la  chi- 
nirgic  réunies  ensemble,  jusqu'à  ce  que  la 
juridiction  de  ces  deux  corps  fût  attachée 
à  la  place  de  premier  chirurgien  du  roi , 
par  la  réunion  de  celte  dernière  avec 
celle  de  premier  barbier  du  roi,  dans  la 
même  personne. 

Le  luxe  et  la  mode  ayant  amené  l'usage 
des  perruques,  des  accommodages  et 
d'autres  travaux  de  la  barbérie ,  les  bar- 
biers-chirurgiens se  séparèrent  des  bar- 
biers-perruquiers. Chacune  de  ces  com- 
oranantés  reprit  les  fonctions  de  son  état 
primitif  et  fut  gouvernée  par  une  police 
particulière.  Toutes  deux  avaient  le  droit, 
suivant  leurs  statuts,  de  tenir  boutique 
ouverte  pour  faire  la  barbe,  et  d'y  mettre 
des  bassins  pour  enseigne  ;  ceux  des  per- 
ruquiers étaient  blancs,  et  ceux  des  maî- 
tres chirurgiens  étaient  jaunes. 

Par  les  statuts  de  1634,  les  barbiers 
ne  pouvaient  avoir  plus  d'un  apprenti  à 
la  fois,  qui  devait  demeurer  chez  son 
maître ,  sous  peine  de  nullité  d*appren- 
tissage,  afin  qu'en  y   logeant   et  en  y 
couchant  il  eût  plus  de  temps  pour  s'in- 
struire et  qu*on  pût  mieux  veiller  à  sa 
conduite  et  à  ses  mœurs.  Depuis  la  ré- 
volution de  1789,  qui  a  anéanti  en  Fran- 
ce les  maîtrises  et  les  jurandes ,  les  chi- 
rurgiens  ont  abandonné  tout^à-fait  le 
métier  de  la  barberie,  si  ce  n'est,  qu'ils 
se  serrent  encore  du  rasoir  pour  raser 
les  poils  des  parties  du  corps^ui  pour- 
raient noire  à  une  opération  c^lconque, 
et  sont  rentrés  dans  la  position  plus  ho- 
norable qu'ils  occupaient  primitivement  ; 
c^est  aux  barbiers-perruquiers  qu'est  resté 
le  droit  de  tenir  boutique  ouverte,  sans 
aocnne  enseigne  prescrite,  pour  faire  la 
barbe.  Mais  depuis  peu  de  temps  il  n'est 
phis  question  de  barbiers ,  ni  de  perru- 
quiers, surtout  à  Paris  et  dans  les  gran- 
des villes  qui  marchent  pour  la  mode  sur 
les  traces  de  la  capitale  ;  ils  ont  pris  le 
nom  de  coêffeur.f ,  tout  en  exerçant  le 
■lêaie  métier,  et  ce  n'est  plus  mainte- 
nant que  dans  les  campagnes  qu'on  entend 


parler  de  barbier  de  village.  F.  R-d. 
Les  barbiers  étaient  appelés ,  chez  les 
anciens,  du  nom  plus  général  de  tondeurs 
(xQifpsvÇy  tonsor)j  et  ils  jouaient  déjà  un 
grand  rôle  à  Athènes ,  avant  que  l'usage 
de  se  raser  y  fût  introduit.  Les  Athé- 
niens ne  laissaient  alors  croître  leur  bar- 
be qu'à  une  certaine  longueur ,  ûxée  par 
la  mode,  et  c'était  à  entretenir  la  barbe 
à  ce  point  par  des  coupes  fréquentes  et 
faites  avec  art  que  servaient  les  barbiers. 
Ils  coupaient  aussi  les  ongles ,  et  c'était 
dans  leurs  boutiques  que  chaque  homme 
libre  allait  faire  sa  toilette  tous  les  ma- 
tins. Elles  étaient  ainsi  le  rendfz-vous 
des  oisifs ,  des  conteurs  de  nouvelles  et 
des  bavards,  sûrs  d'y  rencontrer  tou- 
jours beaucoup  de  monde.  On  peut  voir  à 
ce  sujet  une  savante  digression  de  M.  Bœt- 
tiger  après  la  cinquième  scène  de  Sabine, 
Théophraste,  Plutarque,  les  poètes  comi- 
ques font  souvent  mention  de  ces  bou- 
tiques de  barbiers.  L'usage  de  se  raser  le 
menton  vint  encore  ajouter  à  leur  impor- 
tance. Ils  y  firent  servir  les  mêmes  instru- 
mens  que  pour  la  coupe  des  cheveux  et 
de  la  barbe,  c'est-à-dire  des  rasoirs;  car 
ils  n'avaient  pas  de  ciseaux.  Quelquefois 
ils  y  suppléaient,  jusqu'à  un  certain  point, 
par  deux  rasoirs  qu'ils  faisaient  jouer  en 
même  temps,  en  les  opposant  l'un  à  l'au- 
tre, mais  qui  n'étaient  pas  réunis  par  une 
vis,  comme  nos  ciseaux. 

Dans  l'Orient ,  l'usage  de  se  raser  la 
tête  rend  indispensable  le  secours  des  bar- 
biers :  ils  y  apportent  une  grande  adresse; 
en  certains  lieux  cette  opération  est  exé^ 
cutée  par  des  femmes.  Les  barbiers  jouent 
un  grand  rôle  dans  la  vie  des  Orientaux, 
chez  lesquels  ils  pratiquent  aussi  les  basses 
opérations  chirurgicales,  comme  cela  se 
fait  encore  dans  plusieurs  pays  d'Occi- 
dent. 

Les  barbiers  portaient  jadis  en  France 
le  nom  de  mires,  mot  qui  se  retrouve  en- 
core dans  cpielques  noms  propres.  Nous 
voyons  quelquefois  dans  l'histoire  le  mire 
du  roi  devoir  une  importance  politique  à 
ses  rapports  intimes  avec  le  prince.  Les 
deux  exemples  les  plus  marquans  en  Fran- 
ce sont  ceux  de  Pierre  la  Brosse  ou  la 
Broche,  barbier  de  Saint-Louis,  chirur- 
gien de  Philippe-le-Hardi,  son  fils,  dont 
il  devint  principal  ministre  ;  et  Olivier  le 


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l42) 


BAR 


Piablei  dit  le  Daim,  barbier  de  Louis  XI, 
qui  eut  la  confiaoce  de  ce  prince  soupçon- 
BeuK,  devint  comte  de  Meulau,  et  com- 
manda même  des  expéditions  militaires. 
Tous  deux  abusèrent  de  leur  faveur  et  fini- 
rent par  être  pendus.  J.  B.  X. 

BARBIER  (  Antoine- Alexandre  ], 
savant  bibliographe,  naquit  en  176^  à 
Coulommiers  (Seine-^t- Marne).  Il  était 
vicaire  à  Dammartin  lorsque  la  révolu- 
tion éclata.  Barbier  ne  refusa  point  de 
prêter  le  serment  que  les  lois  exigeaient 
des  ecclésiastiques,  et  fut  nommé  bien- 
tôt curé  de  la  Ferlé- sous -Jouarre.  En 
1793,  il  renonça  à  la  prêtrise  et  se  ma- 
ria. L'année  suivante,  élu  membre  de 
l'école  normale,  il  vint  à  Paris,  s*y  dis- 
tingua par  son  érudition ,  fit  partie  de  la 
commission  temporaire  des  arts,  fut  ad- 
joint .au  comité  d'instruction  publique 
de  la  Convention  nationale,  et  chargé  de 
recueillir  dans  les  couvens  et  dans  les 
établisseûnens  publics  supprimés  les  li- 
vres et  autres  objets  d'arts ,  pour  les  pla- 
cer dans  les  divers  dépots  du  gouverne- 
ment. En  1796  Barbier  fut  nommé  con- 
servateur de  la  bibliothèque  formée  par 
lui  pour  le  Directoire.  Après  le  18  bru- 
maire cette  bibliothèque  ayant  été  don- 
née au  conseil  d'état,  il  en  fut  nommé 
bibliothécaire.  Dans  cette  dernière  place 
Napoléon  eut  plusieurs  occasions  d^appré- 
cier  son  mérite  :  c'est  ce  qui  lui  valut  le 
choix  qu*il  fit  de  lui ,  en  1807 ,  pour  son 
bibliothécaire  particulier.  Cette  nomi- 
nation eut  lieu  peu  de  temps  après  la  pu- 
blicjition  des  premiers  volumes  du  Die- 
tionnaire  des  ouvrages  anonymes  et 
pseudonjrfnes*  Les  nouvelles  fonctions 
de  Barbier  le  rapprochèrent  souvent  de 
la  personne  de  l'empereur  :  il  lui  présen- 
tait,en  lui  en  rendant  compte,  les  meilleurs 
•uvrages  qui  paraissaient  ou  ceux  que  les 
auteurs  avaient  envoyés  pour  être  offerts; 
pendant  ses  campagnes.  Barbier  envoyait 
fouies  les  nouveautés  avec  des  analyses 
et  des  jugemens  sur  chacune  d'elles.  Il 
fut  aussi  souvent  chargé  par  Napoléon 
de  lui  faire  des  rapports  sur  divers  points 
H  sur  des  matières  religieuses  :  c'est  ainsi 
que,  l^  5  janvier  181 1  ^  l'empereur  vou- 
lut savoir  s'Ujr  avait  des  exemptes  d'em- 
pererrs  qui  aient  suspendu  oh  déposé 
des  papes.  On  doit  à  Barbier  la  création 


des  bibliothèques  du  Louvre,  cle  Corn* 
piègne,  de  Fontainebleau;  à  la  restaura- 
tion il  fut  nommé  administrateur  des  bi- 
bliothèques particulières  duroi.  Il  per- 
dit cette  place  en  1822  ,  peu  de  temps 
après  qu'il  eut  reçu  la  décoration  de  la 
Légion -d'Honneur  et  dans  le  moment 
même  où  il  venait  de  publier  le  premier 
volume  de  la  seconde  édition  de  son  dic- 
tionnaire des  anonymes.  Quoiqu'il  parut 
supporter  cet  événement  inattendu  avec 
courage  et  avec  philosophie.  Barbier  dut 
être  très  sensible  à  cette  mesure  qui  le 
séparait  de  la  belle  bibliothèque  formée 
par  lui  au  Louvre,  ainsi  que  des  autres 
collections  créées  par  ses  soins  dans  les 
différentes  résidences  royales.  Arraché 
aux  habitudes  de  toute  sa  vie,  il  mourut 
de  chagrin  le  5  décembre  1826. — Nous 
nous  bornerons  à  citer  les  principaux 
ouvrages  sortis  de  la  plume  de  ce  savant 
bibliographe  qui  a  coopéré  au  Mercure^ 
au  Magasin  encyclopédique  ^  à  la  Revue 
encyclopédique  t  ainsi  qu'à  plusieurs  au- 
tres recueils  :  Catalogue  des  livres  de  la 
bibliothèque  du  Conseil  d'état^  Paris, 
1801-1803,  2  vol.  in-foL;  Dictionnaire 
des  ouvrages  anonymes  et  pseudony^ 
mes,  Paris  1806-1809,  4  vol.  in-8°,  2* 
édit.,  tS2^'tS27;  Nouvelle  biblîotJicque 
d'un  homme  de  goût,  1807,  S  vol.  in- 
8^;  Dissertation  des  soixante  traduc^ 
t ions  françaises  de  l'imitation  de  Je- 
sus-Christ,  suivie  de  considérations  sur 
l'auteur  de  V imitation  (par  M.  Gence), 
1812,  in-8**;  Examen  critique  et  corn- 
plérrtent  des  dictionnaires  historiques 
les  plus  répandus  depuis  le  Dictionnaire 
de  Morérijusqu'à  la  Biographie  univer^ 


rei^ii 
D(jSi 


selle  imJKvement,  1820,  in-8^,  t.  1^ 
On  trouve  une  notice  sur  la  vie  et  les  ou- 
vrages de  A..  A.  Barbier,  en  tête  du  tome 
4  du  dictionnaire  des  ouvrages  anony- 
mes et  pseudonymes,  volume  publié  en 
1827  parle  fils  aine  de  l'auteur,  M.  Louis 
Barbier,  sous-bibliothécaire  du  roi  au 
Louvre.  F.  R-d. 

BARBOU.  C'est  le  nom  d'une  famille 
d'imprimeurs  dont  Les  productions  jouis- 
sent encore  aujourd'hui  d'une  juste  célé- 
brité. Lepremierd*entreeux,JsAV,  dont 
le  souvenir  remonte  jusqu'au  XVI®  siècle, 
publia,  en  1539,  à  Lyon^  une  édition 
remarquable  des   Œuvres   de  Clément 


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ÈkA  ( 43  ) 

JUarot — ^HuGuis  Barbon,  son  fils,  pu- 
blia à  Limoges,  en  1580,  une  très  belle 
édition,  en  caractères  italiques,  des  Éjjt- 
tres  de  Cicéron  à  Juicus.  Les  pre- 
miers imprimeurs  du  nomdefiarbou  qui 
Tinrent  s'établir  à  Paris  au  commence» 
ment  do  siècle  dernier  furent  à  la  fois 
imprimeurs  et  libraires,  mais  ne  laissè- 
rent rien  après  eux  que  Ton  puisse  parti- 
culièrement citer.  —  Josbfh-Géeard, 
leur  neveu,  qui  leur  succéda  en  i746, 
attacha  son  nom  à  la  jolie  collection  de 
classiques  latins,  qui  s'élève  aujourd'hui 
à  76  volumes,  in-12.  L'idée  première  de 
cette  entreprise  ne  lui  appartient  pourtant 
pas  ;  ce  fut ,  dit-on ,  l'abbé  Lenglet-Dufres- 
Boy  qui  con^t  en  1 748  le  projet  de  ré- 
imprimer les  jolies  éditions  des  auteurs 
latins  publiés  par  EIzevir,  «t  qui  réussit 
à  faire  partager  ses  espérances  de  succès 
à  nne  société  d'imprimeurs  qui  publia 
successivement  les  œuvres  de  Catulle,  Ti- 
bulle,  Propeice,  Lucrèce,  Sali uste,  Vir- 
gile, Cornélius  Nepos,  Lucaio,  Phèdre, 
Horace,  Yelleius  Paterculus,  Eutrope, 
Juvénal ,  Perse ,  Martial  et  Térence.  C'est 
alors  que,  voyant  le  zèle  des  entrepreneurs 
se  ralentir,  Joseph-Gérard  fiarbou  ache- 
ta le  fond  des  auteurs  déjà  publiés ,  et  j 
ajouta,  depuis  1 755  :  César,  Quinte-Cur- 
cc,  Plante,  Tacite,  Selecta  Senecœ,  Ovi- 
de, Cicéron ,  Justin ,  Pline  l'ancien ,  Pline 
le  jeune,  et  Tite-Live.  Il  publia  plusieurs 
autres  ouvrages  remarquables,  parmi  les- 
quels il  faut  mettre  au  premier  rang,  le 
Nouveau-Testament  et  t Imitation  de 
Jésus^Chfist. — En  1  789,Hucues  IkrboU 
succéda  à  son  oncle;  et  ce  ne  fut  qu'à  sa 
mort,  arrivée  en  1808,  que  le  fonds  des 
Barbon  passa  en  d'autres  mains.  D.  A.  D. 
BARCA  ou  BARQUAH ,  contrée  éle- 
Tée, déserte  et  sablonneuse  delà  Barbarie 
{woy»  ce  root);  elle  dépend  de  la  régence 
de  Tripoli.  Elle  touche,  du  coté  du  nord, 
ao  golfe  de  la  Sidre,  et  du  c6lé  de  l'est 
à  J'Égypte  \  ati  sud ,  le  désert  de  Barca 
se  confond  avec  le  grand  désert  de  Saha* 
fah  (vo/.).  Cependant  c'est  dans  le  midi 
que  le  pays  est  traversé  par  la  chaîne  des 
monts  Gerdobah ,  dans  lesqaels  on  trouve 
des  TaUées'oharmantes.  On  évalue  la  lon- 
gueur de  Barca,  de  l'orient  à  l'occident. 


ÊAR 


à  300  lieues,  et  sa  largeur,  du  sad  au 
Dord,  à  une  centaine  de  lieues.  Dans 


llntënecir  il  n*y  a  pas  de  Tilles,  et  on  n'y 
trouve  d'autres  habitans  que  des  Bé- 
douins nomades;  il  faut  pourtant  excep- 
ter les  oasis  d'Audgelah  et  de  Siouah,  dont 
les  habitans  ont  des  demeuies  fixes  et 
se  livrent  à  quelque  con^nerce  avec  l'É^ 
gypte,  avec  le  Fczzaa  et  Mourzouk.  La 
côte  était  autrefois  bien  cultivée  et  cou- 
verte de  villes  et  de  belles  plantations. 
C*est  là  que  se  trouvaient  Leptis-Magna 
dont  on  voit  les  débris  à  I.ebdah;  Cyrêne, 
maintenant  Grennah,  cette  république 
grecque  qui  eut  des  écrivains  et  des  phi- 
losophes distingués;  elle  offre  une  né- 
cropole creusée  dans  les  rochers,  des 
restes  de  temples,  d'un  bain ,  etc.;  Pto* 
leinaïSf  qui  a  laissé  également  des  ruines 
antiques.  A  Massakhit  on  voit ,  comme 
à  Cyrène ,  d'anciennes  tombes  creusées 
dans  le  rocher.  Le  gouverneur  de  la  pro- 
vince réside  à  Beaghazy,  place  de  mer 
avec  un  petit  port.  Aux  environs  se  0*ou- 
vent,  entre  les  rochers,  des  terrains  pro- 
fonds cultivés  en  jardins.  Un  voyageur  an- 
glais présume  que  ce  sont  là  les  jardins 
des  Hespérides,  tant  vantés  par  les  poètes 
de  l'antiquité.  Les  Bédouins  de  Barca  cul- 
tivent du  millet,  du  maïs,  etc.;  ils  font 
le  commerce  d'esclaves.  D-4ï. 

BARCAROLE.  On  donne,  en  France, 
ce  nom  à  des  sortes  de  romances  ou  chan- 
sonnettes d'un  rhythme  et  d'un  caractère 
particuliers.  Ce  genre  de  petites  pièces 
nous  est  venu  d'Italie  et  particulièrement 
de  Venise;  car  les  premières  barcaroles 
(de  barca,  barque)  étaient  des  chansons 
que  faisaient  entendre  les  gondoliers  en 
glissant  sur  les  canaux  et  sur  les  lagunes. 
Un  f;rand  nombre  d'airs  appelés  aussi  bar- 
caroles étaient  composés  par  ces  hommes 
du  peuple  eux-mêmes,  sur  des  poésies 
populaires;  car  on  sait  quelle  facilité 
d'improvisation  vocale  ont  les  basses 
classes  dans  toute  l'Italie  et  particulière- 
ment à  Venise.  Les  premières  barcaroles 
qui  furent  entendues  en  France  étalent 
de  véritables  airs  vénitiens  intercalés  dans 
quelques  opéras  par  nos  compositeurs 
français.  M.Berton,  dans  Jline^  et  Nicole, 
dans  Michel-Ange^  ont  employé  de  vraies 
barcaroles. 

La  mesure  ordinaire  des  barcaroles  est 
à  six  croches,  en  •^,  qui  exprime  le  mou- 
vement régulier  des  rames.  E.  F* 


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BAR 


BARCELONE,  anciennement^^r- 
r//zo,  célèbre  ville  d'Espagne  et  rapilalede 
la  Catalogne  {vojr.  ce  mot) ,  est  située  sur 
la  Méditerranée,  à  Texlrémité  d*iine  vaste 
plaine.  Plusieurs  écrivains  attribuent  sa 
fondation  au  capitaine  carthaginois  Amil- 
car  Barca,  à  qui  elle  dut  également  son 
nom;  elle  remonterait  ainsi  à  environ 
trois  siècles  avant  Jésus  -  Christ.  Quoi 
qu'il  en  soit,  Barcelone,  après  avoir  été 
soumise  aux  Romains,  passa,  lors  du  dé- 
membrement de  l'empire,  sous  la  domi- 
nation des  Goths,  an  v*  siècle;  puis  sous 
celle  des  Sarrazins,  au  viii".  Les  Francs, 
conduits  par  Charicmagne,  Tenlevèrent 
à  ces  derniers  en  801  ;  ce  monarque  en 
fit  alors  le  siège  d'un  comté  auquel  il  pré- 
posa un  seigneur  de  race  gothique,  appelé 
^  Bera.  Ce  comté,  d'abord  simple  bénéfice, 
concédé  à  vie  par  ce  souverain,  compre- 
nait, sous  le  titre  de  Marche  d* Espa- 
gne,  tout  ce  que  les  Francs  avaient  pu 
conquérir  au-delà  des  Pyrénées.  Sous 
Louis-le-Débonnaire ,  il  forma  une  des 
deux  portions  du  duché  ou  marquisat  de 
Septimanie  ou  Gothie  dont  fut  investi  ce 
même  comte  Bera;  l'autre  portion  se 
composait  de  ce  que  les  Goths  avaient 
possédé  en  deçà  des  Pyrénées,  et  forma 
un  peu  plus  tard  le  duché  ou  comté  de 
Toulouse.  Mais  cet  établissement  dura 
peu  :  en  864  les  deux  grandes  seigneuries 
se  trouvèrent  définitivement  séparées,  et 
un  personnage  appelé  Wifred  le  Velu 
devint  comte  héréditaire  de  Barcelone, 
relevant  l'de  la  couronne  de  France.  Il 
fut  la  tige  d'une  maison  puissante  en  Es- 
pagne qui  se  trouve,  jusqu'au  xii^  siècle, 
souvent  mêlée  aux  événemens  dont  la 
Péninsule  fut  le  théâtre.  Le  huitième  de 
CCS  comtes,  Raymond  Bérenger  l*^"",  dit 
le  Pieux,  commença  surtout  Tillustra- 
tioD  de  cette  maison,  presque  souveraine, 
par  ses  guerres  heureuses  contre  les  in- 
fidèles. En  1048  il  obligea  plusieurs  de 
leurs  rois  à  se  rendre  ses  tributaires.  Ses 
quatre  successeurs,  connus  également 
dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Raymond 
Bérenger,  marchèrent  sur  ses  traces  et 
se  distinguèrent  par  des  expéditions  con- 
tre les  Sarrazins,  dont  l'heureuse  issue 
ajouta  considérablement  à  l'étendue  de 
Icjirs  possessions.  Riymond  Bérenger III, 
devenu  comte  en  1098^  se  signala  surtout 


par  la  conquête  des  iles  Baléares  et  de 
Majorque ,  qu'il  effectua  avec  le  secours 
des  Ûottes  de  Gênes  et  de  Pise  placées 
sous  les  ordres  du  légat  du  pape.  Ce 
prince  entra  dans  l'ordre  des  Templiers 
l'an  1131  et  mourut  la  même  année,  âgé 
de  48  ans,  non  moins  célèbre  par  la  sa- 
gesse de  son  gouvernement  que  par  ses 
exploits.  Son  fils,  Raymond  Bérenger  IV, 
devint  roi  d'Aragon  par  son  mariage  avec 
Pétronille,  fille  et  héritière  du  roi  Ra- 
mire  le  Moine.  Le  comté  devint  dès  lors 
comme  une  province  de  ce  royaume, 
mais  en  continuant  toutefois  de  relever 
de  la  couronne  de  France  ;  ce  qui  dura 
jusqu'en  1258  ,  année  où  le  roi  saint 
Louisabandonna  ses  droite  de  suzeraineté 
en  faveur  de  don  Jayme,roi  d'Aragon,  en 
faveur  du  mariage  d'Isabelle ,  fille  de  ce 
prince,  avec  son  fils  Philippe,  depuis  roi 
de  France.  L'histoire  du  comté  de  Bar- 
celone se  confond  dès  lors  avec  celle  d'A- 
ragon. En  1395,  Barcelone  tenta  de  se 
soustraire  au  joug  des  princes  aragonais, 
et ,  après  s'être  quelques  instans  gouver- 
née par  ses  propres  magistrats,  elle  en- 
voya son  ambassadeur  à  René  d'Anjou, 
comte  de*  Provence  et  roi  de  Naples, 
pour  l'invitera  faire  valoir  les  droits  que 
lui  donnaient  d'anciennes  alliances  de  sa 
maison  avec  celle  àes  comtes  de  Barce- 
lone. En  conséquence  une  expédition 
assez  heureuse  eut  lieu  ;  mais  la  maison 
d'Anjou  s'étant  éteinte  dans  le  siècle  sui- 
vant ,  Barcelone  se  soumit  à  Jean  II ,  roi 
d'Aragon.  Les  droits  des  Angeerns  au 
comté  passèrent  à  la  maison  royale  de 
France  ;  mais  les  guerres  d'Italie  empê- 
chèrent les  rois  de  les  faire  valoir.  Toute- 
fois, il  faut  croire  que  l'empereur  Char- 
les y  ne  les  croyait  pas  sans  fondemens, 
puisqu'il  en  exigea  l»  cession  du  roi 
François  I*',  par  le  traité  de  Crépi,  de 
1 544.  Environ  un  siècle  après,  en  1640, 
Barcelone  fut  reprise  par  les  Français  et 
conservée  par  eux  jusqu'en  1652;  les 
Espagnols  la  reprirent  après  un  siège  de 
15  mois.  Dans  ces  guerres  de  succession 
cette  ville  passa  plusieurs  fois  d'un  parti 
à  l'autre;  en  1677  les  Français,  sous  le 
commandement  du  duc  de  Vendôme, 
s'en  emparèrent  après  un  sîége  remar- 
quable. Rendue  par  le  traité  de  Ryswick, 
elle  fut,  en  1714,  après  uo  nouveau 


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BAA 


(45) 


BAR 


siège,  emportée  d'assaut  par  le  maréchal 
de  Berwick;  elle  perdit  alors  tous  ses 
anciens  privilèges  que  Philippe  Y  lurreo- 
dit,  toutefois,  un  peu  plus  lard.  Barce- 
lone a  été  encore  au  pouvoir  des  Fran- 
çais de  1808  à  1814,  pendant  la  guerre 
de  Tindépendance.  En  1821  elle  fut  dé- 
solée par  la  fièvre  jaune  qui  ^ui  enleva  le 
cinquième  de  sa  population  et  donna  lieu 
à  l'admirable  dévouement  des  médecins 
français  et  des  soeurs  de  sainte  Camille 
qu'on  vit  affronter  ce  terrible  fléau  pour 
secourir  ses  malheureux  babitans.  Enfin 
c'est  dans  cette  cité  qu'a  élé  donné,  en 
1833,  par  la  municipalité  et  par  le  géné- 
ral Llander  (i>o/.  ),  le  signal  de  cette 
révolution  qui  promet  de  régénérer  gra- 
duellement l'Espagne,  sans  la  livrer  aux 
sanglantes  discordes  que  suscitent,  la  plu- 
part du  temps,  les  grandes  réformes  de 
l'ordre  social. 

Barcelone  est  à  35  lieues  sud-sud- 
ouest  de  Perpignan,  et  à  1 14  lieues  nord- 
est  de  Madrid.  C'est  une  des  places  les 
plus  fortes  d'Espagne  :  des  fossés  pro- 
fonds, des  remparts,  une  citadelle  pou- 
vant contenir  7,000  hommes  de  garni- 
son, et  plusieurs  forts  la  protègent  du 
c^té  de  la  terre  ;  elle  est  défendue  du 
côté  de  la  mer  par  une  muraille  de  380 
pieds  de  long,  haute  de  50  et  épaisse  de 
48.  On  y  distingue  la  vieille  ville  et  la 
nouvelle;  ces  deux  parties  sont  sépa- 
rées par  un  cours  orné  de  quatre  rangs 
d'arbres.  En  dehors  des  murs  est  un 
faubourg,  appelé  Barccloneta  et  qui  se 
compose  de  20.  larges  rues  coupées  à  an- 
gles droits;  il  a  été  bàli  en  1750  par  le 
marquis  de  Mina  et  contient  5,000  hn- 
bitans.  On  remarque  à  Barcelone  plu- 
sieurs beaux  édifices,  tels  que  la  cathé- 
drale, quelques  couvens,  le  palais  des 
rois  d'Aragon;  elle  renferme  plusieurs 
promenades  ombragées  de  beaux  arbres 
et  des  places  ornées  de  fontaines.  On  y 
compte  sept  hôpitaux  et  un  grand  nom- 
bre d'autres  établissemens  de  bien  pu- 
blic ou  d'instruction.  Cette  ville,  qui  est 
le  centre  du  commerce  de  la  Catalogne, 
possède  aussi  diverses  branches  d'indus- 
trie, notamment  des  fabriques  de  draps, 
améliorées  depuis  1820.  Son  port,  situé 
au  sud-est  de  son  enceinte,  a  1,000  toi 


lement  à  son  extrémité;  sa  longueur  est 
de  1,200  toisps  au  plus;  des  sables  qu'y 
amènent  le  Llobregat  et  le  Besas,  qui 
viennent  s'y  perdre,  gênent  quelquefois 
la  navigation.  Le  nombre  des  navires  qui 
y  entrent  i-haque  année  est  de  1,000.  La 
principale  exportation  consiste  en  vins 
et  eaùx-de-vie.  On  compte  à  Barcelone 
150,000  babitans.  Ses  environs  sont  très 
fertiles  et  parsemés  de  villages,  de  cou- 
vens et  de  maisons  de  plaisance,  dont  l'as- 
pect est  ravissant.  P.  A..  D. 

BARCIIIELLO  (Dominique),  poète 
florentin  du  xv*  siècle.  Le  genre  bizarre 
et  presque  incompréhensible  dont  il  est 
le  créateur  lui  a  valu,  en  Italie,  une 
grande  célébrité;  cependant  nous  ne 
voyons  pas  trop  quel  est,  sauf  la  pureté 
du  langage  qu'on  ne  peut  leur  contester, 
le  mérite  de  ces  sonnets,  composés  de 
phi'tises  sans  suite,  de  mots  qui  semblent 
réunis  par  le  hasard.  On  croit  quelque- 
fois y  découvrir  un  sens  énigmatique; 
mais  il  vous  échappe  dès  que  vous  vous 
appliquez  à  le  saisir. 

Barchiello  était  fils  d'un  barbier  :  la 
boutique  où  il  exerçait  la  profession  que 
lui  avait  léguée  son  père  était  le  rendez- 
vous  des  beaux  esprits  du  temps;  elle  est 
peinte  sur  Tune  des  voûtes  de  la  galerie 
de  Médicis.  Barchiello  mourut  à  Rome, 
en  1448.  Ses  sonnets,  imprimés  pour  la 
première  fois  à  Bologne,  en  1475,  l'ont 
été  très  souvent  depuis;  on  en  comptait 
déjà  sept  éditions  avant  la  fin  du  xv" 
siècle.  L.  L.  O. 

BARCLAY  (les),  famille  célèbre  d'o- 
rigine écossaise  qui,  après  s'être  fait  un 
nom  glorieux  dans  les  armes,  accjuit  en- 
core plus  de  réputation  dans  le  domaine 
de  la  philosophie  et  de  la  littérature. 
Ces  deux  branches  des  connaissances 
humaines,  réduites  à  la  triste  aridité  de 
la  théologie,  languissaient  en  Europe, 
lorsque  Barclay  (Alexandre),  par  de 
nombreuses  traductions  et  des  ouvrages 
de  critique  et  d'histoire,  écrits  avec  une 
élégante  pureté,  dédaigna  les  routes  bat- 
tues et  se  fraya  un  chemin  que  s'empres- 
sèrent de  suivre  les  bons  esprits  de  son 
temps.  On  ignore  le  lieu  et  l'époque  pré- 
cise de  sa  naissance;  on  sait  seulement 
qu'il  étudiait  à  Oxford  vers  1495,  sous 


ses  de  large  à  son  ouverture,  et  fOO  seu-  |  le  patronage  de  Thomas  Cornish;  qu'il 


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BA.R 


(46) 


6AB 


fut  successivement  dominicain,  francis- 
cain ,  pourvu  de  béiiéûces  dans  les  com- 
tés de  Sommerset  et  d*Essex;  qu'il  suivit 
tous  les  chnngemens  religieux  opérés  par 
Henri  VIII,  et  qu'il  vécut  d'une  manière 
scandaleuse,  quoique  professant  la  morale 
et  lisant  assidûment  la  Fie  des  saints.  Cet 
homme  bigarre ,  aussi  morose  sur  ses 
vieux  jours  qu'il  avait  été  aimable  dans 
sa  jeunesse,  mourut  en  1552,  à  Crpy- 
don,  province  de  Surrey.  Au  nombre  des 
productions  originales  d'Alexandre  Bar- 
clay ,  nous  citerons  :  les  Fies  de  sainte 
Marguerite,  de  sainte  Catherine  y  de 
saint  Georges  y  etc.  en  vers  anglais;  la 
Figure  de  notre  mère  la  sainte  église, 
opprimée  par  le  roi  de  France,  Ses  tra- 
ductions les  plus  estimées  sont  des  Eglo- 
gués  du  latin  de  Baptiste  Mantouan  et 
d'iEnéas  Sylvius,  la  Guerre  deJugurtha 
de  Salluste;  mais  surtout  la  Nef  des  fous 
{^ship  ofjfools)^  de  Sébastien  Brandt, 
satire  moitié  en  prose,  moitié  en  vers, 
imprimée  plusieurs  fois. 

Guillaume  Barclay ,  de  la  même  fa- 
mille que  le  précédent,  né  en  1543,  à 
Aberdeen,  fut  enveloppé,  30  années  plus 
tard ,  dans  la  ruine  de  son  pays  et  de  sa 
maison.  Obligé  de  se  réfu;;ier  en  France, 
il  étudia  le  droit  à  Bourges,  sous  le  célè- 
bre Cujas,  y  prit  1^  titre  de  docteur,  et 
vint  ensuite  professer  la  jurisprudence  à 
l'université  de  Pont-  à-  Mousson.  Con- 
seiller d'état,  maître  des  requêtes  du  duc 
Charles  \\\,  comblé  des  faveurs  d'un 
prince  qui  savait  apprécier  le  mérite,  il 
attirait  à  ses  leçons  un  grand  nombre 
d'auditeurs  et  voyait  chaque  jour  gran- 
dir sa  réputation  naissante,  lorsque  la 
haine  des  jésuites,  qu'il  s'était  attirée  en 
se  refusant  de  faire  entrer  son  61s  Jean 
dans  leur  ordre,  l'obligea  d'abandonner 
sa  chaire.  Il  quitta  la  Lorraine  en  1602, 
fut  nommé  professeur  à  l'université 
d'Angers,  et  passa  l'année  suivante  a  Lon- 
dres où  Jacques  I^'  lui  faisait  les  offres 
les  plus  séduisantes;  mais  il  aurait  fallu 
renoncer  au  catholicisme  ,  et  Barclay 
préféra  quitter  l'Angleterre.  Il  revint  a 
Angers  en  1604  ,  composa  plusieurs 
écrits  contre  la  Ligue,  et  mourut  sur  la 
fin  de  l'année  suivante,  en  laissant  la  ré- 
putation d'habile  jurisconsulte  et  de 
fnmd  théologien. 


Jean  Barclay,  fils  du  précédent  et  d*une 
femme  lorraine  de  la  maison  de  Malle- 
ville,  naquit  à  Pont-à-Mousson,  en  1 682. 
Il  parcourut  la  France,  l'Italie,  fu(  plu- 
sieurs fois  sur  le  point  d'entrer  chez  les 
jésuites ,  et  passa  en  Angleterre  oi^  Jac- 
ques I^**  le  retint  par  des  emplois  lucra- 
tifs. On  dit  même  qu'il  eut  beaucoup  de 
part  à  un  ouvrage  attribué  au  roi ,  ayant 
pour  titre  Funiculus  triplex  et  Cunicu- 
tus  triplex,  Jean  Barclay  publiait  avec 
une  ardeur  infatigable  les  ouvrages  de 
son  père  et  les  siens,  poursuivait  Char- 
les ÛI  de  ses  sarcasmes,  combattait  les 
maximes  ultramontaines,  les  catholiques 
plus  zéléi  qu'éclairés,  et  laissait  courir 
sa  plume  avec  d'autant  plus  de  liberté 
qu'il  était  s6r  de  la  protection  du  trône. 
Cependant  le  duc  de  Lorraine  se  plai- 
gnit des  attaques  inconvenantes  de  son 
ancien  sujet,  et  Jacques"  l'envoya  à  Nan- 
cy, en  qualité  d'ambassadeur,  afin  qu'il  y 
fit  des  excuses  à  Charles  III.  De  retour 
en  Angleterre,  il  trouva  une  cabale  im- 
posante formée  contre  lui  à  la  voix  du 
fameux  jésuite  Ëudémon  Jean.  Barclaj 
redoutait  les  censures  de  la  cour  de 
Rome,  et,  pour  )es  éviter,  il  alla  trouver  le 
souverain  pontifc.Paul  Y,  le  cardinal  Bar- 
berin  et  les  autres  dignitaires  de  l'État 
de  l'église  le  reçurent  parfaitement  :  il 
publia  une  Apologie,  combattit  avec  vi- 
gueur toutes  les  sectes  protestantes,  et 
mourut  à  Rome ,  en  1621.  Ses  produc^ 
tions,  traduites  dans  presque  toutes  les 
langues  de  l'Europe,  témoignent  en  fa- 
veur de  son  savoir  et  de  la  loyauté  de  ses 
principes.  Ennemi  des  intrigues,  d'un 
caractère  mélancolique,  il  chérissait  la 
retraite  et  n'écrivait  que  par  conviction. 
De  la  multitude  d'ouvrages  de  Jean  Bar- 
clay nous  indiquerons  les  principaux  > 
avec  la  date  de  leur  apparition  :  Notœ  in 
Papinii  Statii  Thebaiden,  Mussi ponte  ^ 
1601,  in -8**;  Euphormionis  Lusinini 
satyricon,  l"  partie,  Londini,  1602;  2* 
partie,  Parisiis,  1 603;  in- 8*.  Conspiratio 
anglicana,  1605,  in-12.  Àpologia  Eu^ 
phormionû,  Londini,  1610,  in-12.  Poe- 
matum  libri  duo,  Londini,  1615,  in-4**. 
Jrgenifj  Parisiis,  1621,  in-8**.  UArge^ 
nis  de  Barclay ,  son  ouvrage  le  plus 
connu,  est  un  romaa  allégorique,  offrant 
le  tableau  du  gouvernement  dç  U  Franc« 


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BAR  (  47 

a  cette  époqne.  H  a  eu  plusieurs  éditions 
etâ  été  traduit  en  français  en  1732  et 
eol776. 

RoBEBT  Barclay,  célèbre  quaker,  de 
la  même  famille  que  les  précédens ,  na- 
quit en  1648,  à  Gordonstown,  comté  de 
Marray.  Envoyé  au  collège  des  Écossais 
de  Paris  dont  un  de  ses  oncles  était  prin- 
cipal ,  il  allait  être  converti  au  catholi- 
€fsme  lorsque  son  père  ie  tira  des  pièges 
tendus  à  sa  croyance  incertaine  et  lui  in- 
sinua les  doctrines  des  quakers.  Robert 
apprit  le  grec,  l'hébreu;  se  jeta,  à  18 
ans,  dans  Tétude  sérieuse  de  la  théo- 
logie, et  devint,  en  peu  d'années.  Tan 
des  plus  fermes  appuis  de  son  parti. 
Imbtt  de  l'idée  d'un  commerce  immédiat 
avec  la  divinité,  cette  opinion  prédomina 
dans  ses  œuvres;  mais  son  esprit  avait 
trop  de  maturité,  son  jugement  trop  de 
rectitude,  pour  qu'il  partageât  les  niaises 
contemplations  et  les  pratiques  supers- 
titieuses des  sectaires  qui  l'entouraient. 
/?  ne  ménagea  pas  plus  les  enthousiastes 
de  son  parti  que  ceux  des  partis  opposés, 
et  présenta  l'image  rare  d'un  théologien 
de  bonne  foi,  discutant  avec  soi-même 
et  n'écrivant  que  d*apTès  l'inspiration 
d'une  raison  sévère.  On  persécutait  les 
quakers  :  Barclay  écrivit  leur  apologie,  et 
h  cour  suspendit,  pour  quelque  temps, 
les  mesures  injustes  auxquelles  l'entral- 
oait  le  fanatisme  religieux  de  l'époque. 
Mais  cette  mansuétude  fut  de  courte  du- 
rée :  Barclay  revenant  d'un  voyage  en 
Hollande  et  en  Allemagne,  où  il  avait  ac- 
compagné le  célèbre  Penn,  fut  jeté,  avec 
son  père  et  beaucoup  de  personnes  de  sa 
secte,  dans  les  prisons  d'Aberdeen.  If  en 
sortit  cependant  bientôt  après,  par  Ten- 
tremîse  d'Elisabeth,  princesse  palatine 
du  Rhin ,  et  jouit  même  de  quelque  fa- 
veur à  la  cour  de  Jacques  II,  jusqu'au 
moment  de  sa  mort  arrivée  en  1690.  Les 
principaux  ouvrages  de  Barclay  sont  les 
tuivans  :   Catéchisme  et  confession  de 
foiy  etc.  Rotterdam,  1675;  Jpologie  de 
la  vraie  théologie  chrétienne, etc.  Amst., 
1676,  in-4^;  Thèses  theologicœ  ;  Traité 
sur  r amour  universel  y  1677.  E.  A.  B. 

BARCLAT  DE  TOLLY  (pkince), 
feld-marécfaal'général  au  service  de  la 
Russie  et  ministre  de  la  guerre  de  1810 
à  1819. 


)  BAR 

Ce  célèbre  homme  de  guerre,  né  en 
Livonieen  1759,  appartenait  à  la  noble  fa- 
mille écossaise  dont  il  est  question  dans 
l'article  précédent  et  don^plusieurs  bran- 
ches se  sont  établies  dans  les  pays  étran- 
gers. En  Ecosse,  les  Barclay  possédaient  le 
château  de  Tolly,  dont  le  nom  fut  ajouté 
au  leur.  Celui  des  ancêtres  du  feld-ma- 
réchal,  qui,  en  1689,  était  arrivé  en  Livo- 
nie  où  il  reçut  le  droit  de  noble  natura- 
lisé, servit  dans  les  armées  de  Pierre-le- 
Grand  et  eut  pour  descendans  directs 
plusieurs  autres  militaires.  Le  baron  Bar- 
clay de  Tolly,  frère  aîné  de  celui  qui 
doit  nous  occuper,  était  général  du  génie 
au  service  russe,  et  c'est  à  lui  ejt  au  bri- 
gadier de  Vermeulen  que  le  jeune  Barclay 
dut  en  grande  partie  son  éducation. 

Dès  l'âge  de  dix  ans  il  fut  reçu  dans 
l'armée  comme  cadet,  et  il  prit  part  suc- 
cessivement aux  campagnes  contre  les 
Turcs,  contre  les  Suédois  et  contre  les 
Polonais.  En  1806,  il  était  arrivé  an 
grade  de  général  -  major ,  et  dans  la 
campagne  de  Pologne  de  cette  année  y 
il  commanda  l'avant -garde  de  Bennig- 
sen.  Les  combats  de  Poultousk  et  d'Aï- 
lenstein  commencèrent  sa  réputation.  Il 
la  soutint  ensuite  à  la  bataille  d'Eylau^ 
où  il  fut  dangereusement  blessé  au  bras 
droit.  Dans  cette  campagne  il  fut  pro*» 
mu  au  grade  de  lieutenant  général, 
et  l'empereur  de  Russie  et  le  roi  de 
Prusse  le  décorèrent  de  plusieurs  or- 
dres. Lorsque  sa  blessure  fut  guérfe, 
il  fit  la  campagne  de  Finlande  et  se 
distingua  encore  par  sa  résolution  et 
par  ses  talens.  Vers  la  fin  de  1 808  il  fut 
obligé  de  rentrer  en  non-activité;  mais 
déjà  en  mars  1809  il  reprit  son  com- 
mandement et  surprît  les  Suédois  à  Umeo, 
enVestrobothnie,  par  une  marche  de  deux 
jours  sur  les  glaces  qui  couvraient  le 
golfe  Bothnique.  Les  ennemis  rendirent 
justice  à  l'exacte  discipline  qu'il  avait 
maintenue  dans  son  armée;,  et  à  son  re- 
tour le  grade  de  général  (en  chef)  de 
rinfanterie  devint  sa  récompense. 

Mais  l'empereur  Alexandre  ne  s'en 
tint  pas  là  :  il  nomma  Barclay  de  Tolly 
gouverneur  général  de  la  Finlande  nou- 
vellement conquise,  lui  conféra  l'ordre 
de  Saint  -  Alexandre -Nefski,  et  le  fit 
en  1810  ministre  de  la  guerre.  Alors 


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BAR 

il  introduisit  dans  Tarméo  russe  de 
notables  améliorations;  il  publia  un  rè- 
glement, propagea  les  études  parmi  les 
officiers,  porta  au  double  le  nombre  des 
troupes,  et  prit  des  mesures  énergiques 
pour  soutenir  la  lutte  contre  Napoléon  à 
laquelle  Alexandre  était  décidé,  mais 
dont  11  cherchait  à  reculer  les  premiers 
effeU. 

Barclay  de  ToUy  fut  l'auteur  du  plan 
d'opérations  que  suivit  d'abord  Tarmée 
russe  dans  la  campagne  de  1812.  Ce 
plan,  sagement  combiné,  et  auquel  les 
hommes  du  métier  ont  rendu  justice, 
échoua  contre  les  défiances  de  la  nation 
russe,  impatiente  d'en  venir  aux  mains 
avec  l'ennemi,  et  qui  ne  pouvait  voir  que 
la  défense  de  Moscou  et  de  ses  sanctuai- 
res fût  confiée  à  un  guerrier  qui  n'était 
ni  Russe  ni  orthodoxe.  Pour  mieux  en 
assurer  la  réussite,  le  ministre  de  la 
guerre  se  chargea  lui-même  de  l'accom- 
plir et  prit  le  commandement  de  la  pre- 
mière armée  de  l'Ouest.  La  seconde,  pla- 
cée à  une  distance  un  peu  trop  grande 
vers  le  nord,  avait  pour  chef  le  prince 
Bagrathion  {vof.), 

L«  but  de  Barclay  était  d'attirer  l'en- 
nemi dans  l'intérieur  du  pays,  de  lui 
<;ouper  les  vivres,  de  raffaiblir  par  de 
longues  marches  à  travers  des  déserts, 
pendant  qu'il  serait  harcelé  de  tous  cotés 
par  la  cavalerie  légère.  Détruisant  donc 
les  magasins  à  Vilna  et  à  Vilkomir,  il 
se  retira  sur  la  Duna,  dans  son  camp 
retranché  de  Drissa,  gouvernement  de 
Vilebsk.Mais  voyant  Napoléon  prêt  à  le 
tourner  pour  marcher  sur  Moscou  et 
craignant  d'être  coupé  de  l'armée  de  Ba- 
grathion, il  se  précipita  vers  Smolensk  où 
il  arriva  le  28  juillet  protégé  par  le  gé- 
néral Wittgenslein  {voj\)  et  après  avoir 
lui-même  repoussé  l'ennemi.  Là  s'opéra 
la  jonction  des  deux  armées  de  l'Ouest; 
mais  bientôt  la  mésintelligence  se  mit 
entre  les  deux  chefs;  car,  dit  M.  de  Sé- 
gur,  Bagrathion,  «  ce  vieux  Russe,  sur  les 
frontières  de  la  vieille  Russie,  frémissait 
de  honte  à  l'idée  de  reculer  encore  sans 
combattre,  »  comme  le  projetait  n  la  va- 
leur froide,  le  génie  savant,  méthodique 
et  tenace  de  Barclay,  dont  l'esprit,  alle- 
mand comme  la  naissance,  s'obstinait 
de  devoir  tout  à  la  tactique  et  rien  à  la 


(4Ô)  BAtt 

fortune.  »  Le  même  écrivain  dit  qae 
«  cette  retraite -des  Russes  se  faisait  avec 
un  ordre  admirable,  u  que  leurs  positions 
étaient  si  bien  choisies,  prises  si  à  pro- 
pos, défendues  chacune  tellement  en  rai- 
son de  leur  force  et  du  temps  que  leur 
général  voulait  gagner,  que  leurs  mou- 
vemens  semblaient  tenir  à  un  plan  arrêté 
depuis  long-temps,  «t  Parmi  nous,  ajoute 
M.  de  Ségur,  on  le  louait  de  s'être  main- 
tenu dans  cette  sage  défensive....  >»  £t 
cependant,  en  Russie,  il  s'était  attiré 
l'animad version  générale  !  L'empereur 
Alexandre  dut  lui  retirer  le  commande- 
ment pour  le  confier  (le  29  aoûtj  à  Kou- 
tousof  que  la  faveur  publique  lui  dési- 
gnait. Aussitôt  Barclay  de  Tolly  se 
rangea  sous  les  ordres  du  nouveau  géné- 
ralissime et  le  seconda  de  tousses  moyens. 
Il  commandait  l'aile  droite  de  l'armée  à 
la  bataille  de  la  Moskwa. 

Mais  le  22  septembre,  sa  santé  altérée 
l'obligea  de  quitter  l'armée;  il  y  reparut 
après  quelques  mois  de  repos  et  rendit, 
le  3  janvier  1813,  sa  fameuse  proclama- 
tion aux  troupes  allemandes  comprises 
4ans  l'armée  des  Français.  Après  avoir 
pris  Thorn,  il  s*avança  sur  Posen  et  entra 
en  Lusace.  A  la  bataille  dç  Bautzen  il 
signala  sa  brillante  valeur  par  une  lon- 
gue et  noble  résistance.  Ensuite,  le  26 
mai,  il  fut  chargé  du  commandement  en 
chef  de  l'armée  prusso-russe ;  sous  lui, 
"NVillgenstein  commandait  les  Russes, 
Blûcher  les  Prussiens,  et  le  grand-prince 
Constantin  la  garde  impériale  ;  et  il  con- 
serva ce  commandement  général  après 
que  le  prince  de  Schwartzemberg  eut  été 
placé  à  la  tête  de  toutes  les  forces  de  la 
coalition.  Ce  fut  Barclay  qui  se  rendit 
maître,  à  Culm,  de  Vandamme  et  de 
tout  son  corps  d'armée;  et  à  la  bataille 
de  Leipzig  il  fit  d*houorables  efforts 
pour  se  maintenir  dans  sa  position. 
Alexandre  lui  conféra  à  Leipzig  le  titre 
de  comte  de  l'empire.  Nous  ne  le  sui- 
vrons pas  dans  la  Campagne  qui  le  con- 
duisit jusqu'aux  l>arrièresde  Paris;  là  il 
pri'sida  au  dernier  combat  qui  eut  lieu 
le  30  mars  1814,  et  le  lendemain,  jour 
de  l'entrée  des  alliés  à  Paris,  il  fui 
no;Dmé  feld-maréchal-général. 

Après  avoir  accompagné  à  Londres 
l'empereur  Alexandre ^  le  comte  Barclay 


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fiAR 


(49) 


BAR 


rejoignit  sod  année  et  prit  son  quartier- 
lénéral  à  Yarsovie.  Mais  à  la  nouvelle  an 
retour  de  Napoléon  il  reporta  rarmée 
roase  par  marches  forcées  sur  le  Rhin, 
et  adressa,  le  33  juin  1815,  d*Oppen- 
hetm ,  une  proclamation  anx  Français 
empreinte  de  la  modération  qui  caracté- 
risait cet  homme  éminent  «  Français , 
disait-il,  il  en  est  encore  temps  :  re- 
j^ez  rhomme  qui ,  enchaînant  de  nou- 
veau à  son  char  toutes  vos  libertés,  me- 
nace l'ordre  soda]  et  attire  sur  le  sol  de 
voire  patrie  toutes  les  nations  en 'armes. 
Soyez  rendus  à  vous-mêmes,  et  TEurope 
vous  salue  en  amis  et  vous  offre  la  paix. 
£Ue  hit  plus,  elle  considère  dès  ce  mo- 
ment tous  les  Français  qui  ne  sont  pas 
rangés  soua  les  enseignes  de  Bonaparte  et 
qoi  n'adhèrent  point  à  sa  cause ,  comme 
amis.  »  Le  sort  de  la  France  était  déjà 
décidé;  néanmoins  Barclay  conduisit  son 
armée,  forte  de  150,000  hommes,  à 
ChâJons-sur-Mame,  à  Melun  etàVertus. 
Là,  Alexandre  passa  son  armée  en  revue 
avec  solennité,  et  conféra  au  feld-maré- 
chal  la  dignité  de  prince.  Celui-ci,  par- 
lant à  ses  troupes,  disait  le  lendemain, 
15  septembre  1815:  «L'empereur  est 
content  devons;  il  me  charge  d'être  l'or- 
gane de  sa  bienveillance.  J'ai  ordonné 
qu'on  vous  fasse  lecture  de  l'ordre  du 
jour  de  S.  M....  Vous  y  remarquerez 
avec  quelle  indulgence  on  nous  a  tenu 
compte  de  notre  zèle  et  de  notre  exac- 
titude dans  le  service ,  de  la  conservation 
de  la  discipline  et  de  notre  bonne  con- 
duite. »  En  effet,  la  discipline  de  l'armée 
rosse  fat  parfaite  et  sa  conduite  exem- 
plaire. Louis  XYin  accorda  à  son  chef 
la  croix  de  commandeur  de  l'ordre  du 
Mérite  militaire. 

Sotn  les  ordres  de  Barclay,  la  majeure 
partie  de  Farmée  russe  quitta  la  France 
ponr  retourner  dans  sa  patrie,  et  le  prince 
fiaa  soo  quartier-général  à  Mohilef.  De 
là  il  se  rendit  en  1817  à  Saint-Péters- 
imarg,  où  Alexandre  lui  fit  l'accueil  le 
plus  distingué  et  ordonna  en  son  hon- 
neur une  revue  solennelle.  L'année  sui- 
vante, poor  rétablir  sa  santé  délabrée,  le 
prince  vonlnt  faire  un  voyage  à  l'étran- 
ger; mais  il  motnrut  en  route,  à  peu  de 
Histance  d Insler bourg  ,  en  Prusse,  à 
Nge  de  69  ans.  H  fut  enterré  à  Riga 

Encxclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  UI. 


où  vivent  encore  plusieurs  personnes  de 
sa  famille.  Alexandre  avait  le  projet  d'é- 
lever à  sa  mémoire  une  statue  en  bronze; 
une  lettre  qu'il  écrivit  à  sa  veuve  et  une 
autre  du  roi  de  Prusse  [voy,  le  Corres^ 
pondant  de  Hambourg  du  22  juillet 
1818}  attestent  les  hautes  quaUtés  et  les 
vertus  du  feld-maréchal.  Intègre  et  labo- 
rieux ,  il  était  brave  dans  le  combat  et 
habile  dans  le  cabinet;  en  1812  ,  il  avait 
porté  le  courage  civique  jusqu'à  renvoyer 
de  l'armée  le  grand-duc  Constantin.  S. 

BARCOKHEBA  est  le  nom  d'un  fa- 
meux chef  de  parti  juif,  qui ,  sous  Adrien, 
tint  un  moment  tête  à  toutes  les  forces  de 
l'empire  romain.  Ce  nom  est  composé  de 
deux  mots  orientaux  qui  signifient ^/S2!r 
de  t étoile ,  et  fiûsait  allusion  à  ces  paroles 
du  Pentateuque  :  a  II  sortira  une  étoile 
de  Jacob,  et  il  s'élèvera  un  sceptre  d'Is- 
raël. 9  II  fut  plus  tard  changé  par  ses  enne- 
mis en  Bar-Coziba,  c'est-ànlire ,  fils  du 
mensonge.  Le  véritable  nom  de  Barco- 
kheba  étAii  S iméon  :  c'est  du  moins  celui 
qu'il  porte  sur  les  médailles  qui  nous  res- 
tent encore  de  lui ,  et  qui  sont  chargées 
de  légendes  samaritaines.  On  sait  que  la 
nation  juive  ne  fut  pas  anéantie  en  Pales^ 
tine  sous  Titus,  et  qu'à  différentes  épo- 
ques, particulièrement  sous  Trajan ,  elle 
chercha  à  reconquérir  son  indépendance. 
Barcokheba,  voyant  ses  compatriotes  tou- 
}oun  plus  impatiens  du  joug  romain ,  réso- 
lut  d'opérer  un  nouveau  mouvement. 
Dans  cette  vue ,  il  chercha  à  sonder  les 
dispositions  des  Juifs  de  Mésopotamie, 
d'Egypte,  de  Grèce ,  d'Italie  et  même  des 
Gaules.  Par  ses  ordres,  des  émissaires, 
entre  autres  le  célèbre  Akiba  (vof.),  par- 
coururent toutes  les  provinces  de  l'empire 
romain.  Quand  tout  fut  prêt,  Barco- 
kheba se  fit  reconnaître  solennellement 
comme  roi  et  comme  messie,  et  s'empara 
par  surprise  de  plusieurs  places  fortes. 
Tous  les  habitans ,  particulièrement  les 
chrétiens  qui  refusèrent  de  se  soumettre 
à  lui ,  furent  mis  à  mort.  Cela  arriva  vers 
l'an  1 8 1  de  notre  ère.  Dans  les  commence- 
mens,  l'entreprise  de  Barcokheba  eut  le 
plus  grand  succès  :  une  multitude  innom- 
brable de  Juifs  accourut  des  diverses  par- 
ties du  monde  pour  se  ranger  sous  son 
étendard;  JuliusSeverus,  général  des  ar- 
mées d'Adrien  et  l'un  des  plus  grands 


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,  BiR  («0) 

gé  d'a^  avec  circonspectioa  et  sç  cqd- 
tenu  de  surprendre  les  corps  qui  prêtaient 
pas  sur  leurs  gardes.  Mais  peu  à  peu  la 
discipline  eut  la  supériorité  sur  le  fana- 
tisme,  privé  de  toute  expérience  de  la 
guerre.  L'armée  juive,  enfermée  d^ns  |a 
forteresse  de  Betbar»  fif^t  par  iiuccomber 
souf  la  faim  et  les  fali^e^.  ^afcokhe- 
ba  périt  dans  les  supplices,  et  presque 
tous  ses  partisans  furent  massaa'és  ou 
faits  esclaves.  C'est  de  cette  époque  que 
date  rentière  dispe^ioo  cf  u  peuple  Israé- 
lite sur  la  face  de  la  terre.  Non-Seulement 
Adrien  défendit  aux  Juifis  l'entrée  de  Jérii- 
salem,  mais  voulant  effacer  jusqu'au  sou- 
Tenir  de  leur  ancien  état  religieux  et  poli^ 
tique,  il  fi^  raser  la  ville  sainte  et  la  fit 
reconstruire  sous  un  autre  nom.  I^es  Ju^fa 
ont  encore  dans  leur  liturgie  des  hymnes 
qu'ib  cliantent  en  mémoire  de  ce  terrible 
événement»  9ïais  fi  cette  guerre  fut  si 
iataU  aux  vaiqcu^,  elle  coûta  beaycoup 
de  sang  aux  vainqueurs.  £lle  dura  envi- 
ron cinq  ans  et  ne  fut  terminée  qu'en 
l'an  136.  Il  existe  une  histoire  particu*> 
lière  de  ceUe  guerre,  ^  allemand,  par 
Slûnter  (J)er  McUsche  Kneg  unter  den 
Kaisem  Trajanund  Uadrian\  AUona, 

1831.  a. 

8â|iDAN|E,fA>K/e/x)n,  arctiumlap^ 
pa,  plante  de  la  famille  des  carduacées  quf 
n*est  guèra  conm^  qu'en  pnédecioe,  bien 
que  ses  racines  charnues  et  remplies  de 
^uJe  se  mangent  en  qvielquef  endroit» 
comme  les  salsifia.  file  croit  sans  culture 
dans  les  climats  tampéréi,  U  long  des  cbe* 
mins  où  l'on  peut  remarqmpr  «^  grandes 
feuilles  en  forme  de  oppur,  Manche  en 
dessous,  el  ae»  fleuni  vfoUoéiQs»  volunii- 
njeuses,  pt  dpnlt  Je»  calice»  spptfçirméf 
d'écaillés  crochuetr  \a  racine  e$it  cyUn*- 
drique ,  railleuse  »  n^ir^en  deborf  e^Ûa»^ 
obeand^gn»  9  pn^Qiie^Pf  savenr»  ayapf 
u9e  od4KMr  fade  fi  iin  pe»  nau^éabondf . 

Oepui»  Jp9g'teinps  la  bardane  ^ît 
appliqué»  m  us^Sfimvn  d»  affiectMn» 
c^tan4^  M  i»at»iQnç9(  4?  to 4^29^9  ce 
qui  lui  avait  vab>  fe  oom  d^h^rkeqiLf  tei- 
gneux, Pie  ^  mçttai(  ^ur  les  plaies  après 
avoir  é^  pilée»  et  Von  faisais  b^ire  aux 
ifialadaa  le  suc  qu'x>9  en  avait  axprîpié» 
E;Uo  avait  été  recommandée  également 
contrç  b^ficpup  4^  maladii^  «ervause»» 


BAR 

que  contre  la  goutte,  la  rboitt* 
tism^  et  1^  siphilisy  où  on  la  proposait 
comme  succédapée  de  la  salsepareille. 

Cette  réputatioi^  usurpée  est  mainte- 
nant détruite,  et  s^  la  bardane  est  encore 
employée,  c'est  comme  un  médicament 
sans  importance.  ]La  racine  est  toujours 
la  partie  usitée  :  on  la  dopne  en  décoction, 
a  la  dose  de  deux  onces  par  pinte  d*eau. 
I^es  semences,  que  quelques  auteur»  indi- 
quent à  tort  comme  purgatives,  ne  ser- 
vent plus  aujourd'hui.  F.  E. 

RAPIDES*  Ce  mot  est  de  même  ori- 
gine que  bardale^  et  désigne  les  poète» 
et  rhapsodes  des  Celtes  ou  Galles,  appe- 
lés Gaulois  par  les  Romains.  Ib  chan- 
taient les  exploits  des  héros  en  s'accom- 
pagnanl  d'une  sorte  de  harpe;  ils  animaient 
les  combattans  et  exaltaient  leur  courage, 
marchaient  à  leur  tête  dans  l'attacpie  et 
observaient  les  guerriers  pendant  la  cha- 
leur de  l'action ,  pour  tran»mettre  dan» 
de»  chants  harmonieux  leurs  exploits  aux 
souvenirs  de  la  postérité.  On  avait  pour 
eux  une  telle  vénération ,  qu'ils  faisaient 
cesser  le  combat  le  plus  acharné  en  te  pla- 
çanjt  entre  les  deux  partis.  Les  Celtes,  qui, 
du  tomp»  de  César,  habitaient  le  paya 
entre  le  Eb^ne  et  la  Garonne,  les  emme- 
nèrent avec  eux  en  Angleterre,  en  Irlan- 
de )  en  Ecosse  et  dans  les  Iles  environnan- 
tes; ce  fut  surtout  dans  la  pointe  occi- 
dentale de  l'ÉcossA  que  leur  langue  sa 
conserva  le  ]>lus  long-temps;  mais  insen- 
siblement le  christianisme,  répandu  dan» 
le  Nord,  mit  6n  au  chant  des  bardes. 
Ossian  fut  un  de  cas  poètes  (vo/.  l'art.). 
On  lui  donne  le  iitre  de  barde  caiédo- 
nœn  par  excellence.  D'après  David  Wil- 
liams ,  dans  aes  Recherchas  sur  les  biirdes 
de  Galles  et  de  VAngleffirre  {4r  bord- 
domathçûnraeXfJ}o\%e\lfy  J823),  ce  fut 
Tyd^ip  9  appelé  le  Pérc  (ks  Muses ,  qui 
(onda  les  privilèges  dont  jouissaient  les 
bardp».  Cèa  derniars  étaient  dans  l'ori- 
gine les  dépositaires  des  ivénemens  pu^ 
^ les  et  privés,  les  con»«rvateurs  de  la 
morala  parmi  le  peuple ,  les  propagateur» 
de  la  métempsycose.  Ils  ehaïàiai^nt,  dan» 
les  assemblées  des  bardes,  les  hymnes 
qu'ils  avaient  composés,  et  après  plusieurs 
examens  publics  on  les  adoptait  comme 
chfuats  populaires. 

Le»  cbaatras  das  aacitiis  G«maiaa  lia 


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ÈAR 


tout  àésia^  dans  aupun  auteur  grec  p^ 
latin  de  J*aptiquîté  par  )e  pom  de  bar- 
des ,  et  ce  n'est  que  d^  nos  joj^^rs  qu'on 
a  pris  Tnsage  de  nommer  ainsi ,  en  géné- 
rai,  tous  les  chantres  des  ancieos  temps 
(vojr.  Skalsks).  C  L. 

Il  pe  faut  pas  confopdre  Içs  b^rdef 
avec  les  druidef  :.ceu^-ià  oélébralfsnil  le^ 
exploits  des  guerriers  par  leurs  cbapts^ 
tandis  que  ceux-ci  étalent  les  4octeur^  fX 
prétri»  qui  in^truisaiept  la  nation  et  f^ 
dirigeaient  en  quelque  §orte  le  gouvjerne- 
pieot. 

Dans  le  pajs  de  Galles  le^  )>ffrde^  pp^ 
poDtinoé  avec  p|us  ou  pioins  4'écUt  jus- 
qu'à nos  jpurs.  T|iaiies6Jp ,  le  plus  dis- 
tingué de  ces  rb^psodes ,  vjv^t  daps  ^ 
niilieu  du  t^  siècle.  If  parai^  cepen<|an( 
que  les  bardes  g^Uois  avaieot  dégéoéré 
SQUS  le  f ègpe  de  Gryffyl^  ^p  Conap ,  xo} 
du  pa;s  dé  Galles,  qui  les  reforipa  ep 
1078  et  leur  ^onna  de  ppu veaux  régie- 
na^na.  Ce  furep^  ep  partie  |e^  ct}apt9  des 
barde»  gallois  qui  encoufagè{rent  ce^e 
jopgue  résfs^aoçç  que  les  jiabit^os  de 
la  principauté  de  Galles  opposèfen^  aux 
roia  d* Angleterre  de  (a  race  nprmapde. 
Quelques  histpr'^eos  ont  p^éi^e  rapportée 
qu'Edouard  l^',  qui  parvio^  enfip  à  ré- 
duire ce  pays  a  l'obéissapcfe ,  craignapt 
rioi^u^oe  des  banjes,  les  ^t  piassacrer. 
Que  ce  monarque,  pour  assurer  sa  con- 
quête, fjt  fcvèremenf  défende  lesassem- 
))|ée»  oi)  congrès  4^  bandes,  copous  sous 
le  oopi  celtique  (jie  fisteddvod  ou  Éis- 
ted^foddf  c'est  très  probable  ;  mais  qu'il 
ait  a^tenlé  ^  \z  vie  de  ces  rhapsodes,  et 
fait  délruijre  |/eurs  poèmes,  c'es^  un  acte  de 
cmauié  g^tpjie  qui  n'est  pojnt  cons^té. 
JLe  chevalier  t)avi4  Dalrymple  l'a  com> 
plêtement  féfuté.  Le  recueil  très  vol upii- 
netix  que  ])f.  Owen  Jopçs  a  fiait  dçs  poè- 
mes des  barde^  gallois,  entre  Jes  règoeç 
d*Édoaar4  ^^'^  et  d'Elisabeth  ^  contredit 
d'aiUeun»  cet^  ^ertion.  X^  rei^e  %\\^- 
beih  repopvela  IjC  privil.é^e  de|  bardes 
cl«  s'assembler  tous  les  trois  apf  ep  con- 
grès poé^ue  :  il  y  ei^  un  eistedd/odd 
aojênnel  le  2^6  pnai  1569  ,  ou  le  prix 
d'une  bai|>e  d'af|;ept  fpt  adjugé  ap  barde 
Simon  jap  William^  ap  Sion  ;  mais  ces 
aaaombléfs  étant  depuis  tombées  en  dié- 
aoéU^,  p/usie}[^?  piyrticuliers  éclairés, 
mtifl  4e  la  priociMU^  ^  Galles,  ont  sou- 


(") 


BAR 


yenï  ri^hé  4e  les  faire  revivre.  Ils  y  rénSf 
sirent  enfin  ep  1818;  il  y  eut  en  consé* 
quence  un  eistedcf/odd  à  Wrexham ,  en 
(820 ,  pu  se  préséptèrent  dix  çoncur- 
rens;  pt  pour  donner  pips  de  poids  à  ces 
congrès  poétiques,  Georges  IV  luj-mém^ 
se  déclara  le  paproo  d'une  spciété  gal- 
loise établie  à  pet  ^fîet  sops  le  noni  de 
Cjmmorùiian  ou  Jkfetrcfpolium  Cam^ 
brian  institution.  p.  B. 

BÀRPESA^E9^  CT93Hque  d'Çdes- 
se ,  favori  4'Abgar ,  a  la  fin  du  ii*  siècle 
4e  J.  C  ^  sop^pt  ppe  disputation  contre 
le  philosophe  Apollonius,  arrivé  à  £desse 
Tan  165,  à  la  sujte  de  p.  i^^n^opius  Ve- 
rps,  et  résista  à  tpute  tept^tiye  de  lui 
faire  abjurer  le  cbristiapisme.  |l  lutta  en 
faveur  de  sa  religion  dans  de  nombreux 
écri^;  aussi  les  Pères  de  l'église  bono- 
rep^-ils  se^  talens,  son  éloqpepce  et  son 
éruditipp.  $. 

p^Rpij^T  j  nom  4érivé  du  mot  bar- 
dititf,  leçon  pro|)§b|epijenf  altérée  de  la 
Germanie  de  Tacite.  Ce  nom  fpt  d*abord 
employé  par  Klopstoc|(,  pour  désigner 
un  g.enre  particulier  de  poésie  héroïque, 
incité  du  chant  des  apcien;^  bardes  {vox>) 
et  dont  sa  trilogie  de  ffermann  a  dû  ser- 
vir de  ipodèle.  S, 

^4^l?^GpÇ^  ville  de  France,  déprte- 
ment  cics^a^tesPyrénées,entre4epx  chaî- 
nes 4^  montagnes,  et  formée  f\*\x^e  seulp 
rue,|estcélèbpppar  ses  eaqxch^u4es  e^ul- 
fureuses^  elles  ^optfoprniespar  trois  sopr- 
ces  principales,  et  leur  température  vaf  iq 
4e  ^6  ^  45  centigrades  (  24  à  3j$  degrés 
^éaumpr).  C!es  source^  alin^eptept  plu- 
sieurs bains:  mais  elles  fournissept  pres- 
que toujours  des  quaptités  4^eau  ipspf- 
psantes  poup  le  noipbre  des  baigneurs 
qui  se  repd  chaque  année  à  Barèges  et 
qui  vprie  ae  1,000  à  1,200;  les  miliui- 
res  en  forment  presque  la  majorité,  car 
c'^st  1^  qu'ils  doivent  se  repdre  quand  ils 
obtiennent  du  ministfe  de  fa  guerre  d'al^ 
1er  prendre  les  eaux  aujl  frais  du  gouver^ 
nement. 

La  copiposition  des  eaux  de  grèges 
n!est  point  rigoureusement  copnue  :  leur 
analyse  est  sacs  doute  rend^e  difi^cile 
par  la  prjésence  d'une  substance  grasse , 
espèce  de  matière  animale,  qu'on  ^  nom- 
mée barégine,  quoiqu'elle  se  rencontre 
daps  un  grand  nombre  4'autres  eaux  roi«> 


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BAR 


(52) 


ÊAR 


florales,  tl  n'est  cependant  pas  douteux 
que  ces  eaux  ne  doivent  leurs  propriétés 
thérapeutiques  à  la  présence  de  sels  qui 
ont  le  soufre  pour  base  {hydrosulfate  et 
sulfate  de  soudé)\  elles  contiennent  aussi 
de  X hydrochlorate  et  du  carbonate  de 
soude,  peut-être  de  la  soude  à  l'état  caus- 
tique et  de  la  silice  (voy.  ces  mots). 
Elles  sont  parfaitement  limpides  :  aussi 
sont-elles  de  celles  qu'il  est  le  moins  dés- 
agréable de  prendre  à  l'intérieur.  Trans- 
portées à  de   grandes  distances  y  elles 
conservent  cette  limpidité.  On  les  em- 
ploie à  l'intérieur,  en  bains  et  en  dou- 
ches. Dans  le  nombre  immense  d'eaux 
minérales  que  fournit  la  nature,  les  eaux 
de  fiarèges  sont  peut-être  celles  dont  les 
propriétés  ont  le  plus  de  réalité.  Cepen- 
dant il  ne  faut  point  oublier  qu'en  même 
temps  qu'on  en  fait  usage  sur  les  lieux 
mêmes,  on  est  élevé  de  4,000  pieds  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer ,  et  qu'on  res- 
pire l'air  pur  et  vif  des  montagnes.  Il  faut 
ajouter  que  Barèges  n'offrant  aucun  des 
plaisirs  des  grandes  villes ,  les  malades  y 
observent  forcément  un  régime  qui  ne 
peut  que  leur  être  favorable.  Les  eaux 
thermales  de  Barèges  sont  conseillées 
pour  combattre  les  maladies  de  la  peau, 
et  d'après  l'opinion  la  plus  générale  c'est 
là  leur  triomphe;  il  arrive  souvent  qu'el- 
les ne  procurent  que  des  guérisons  peu 
solides,  ^oy.  Eaux  Mnfé&ALss.  A.  L-d. 
BARDILI  (Christophe-Gooef&oi), 
penseur  profond ,  antagoniste  du  criti- 
cisme  de  Kant,  et  auteur  d'un  système 
nouveau  de  philosophie  qu'il  a  développé 
dans  ses  Élémens  de  la  logique  pre- 
mière, medicina  mentis.  Il  naquit  dans 
le  Wurtemberg  en  1761,  fut  professeur 
de  philosophie  à  Stuttgard ,  où  il  mou- 
rut en  1808.  Il  a  laissé  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages.  S. 

BARENTIN  (Chakle^Louis-Fran- 
çois-de-Paule  de)  naquit  en  1739, 
fut  avocat  général  au  parlement  de  Pa- 
ris et  puis  premier  président  à  la 
Cour  des  aides.  En  1788  il  fut  nommé 
garde  -  des  -  sceaux  et  remplaça  M.  de 
Lamoignon.  Son  discours,  à  l'ouverture 
des  Éuis-Généraux,  le  5  mai  1789,  fut 
regardé  plutôt  comme  une  formule  d'é- 
tiquette sur  l'ensemble  des  travaux  de 
rassemblée,  que  comme  une  œuvre  de  ta- 


lent et  d'éloquence.  Aussi  ne  fut-il  point 
écouté.  Cette  défaveur  ne  fit  que  s'accroi- 
tre  quand  Barentin  notifia  la  réponse  du 
roi  à  l'adresse  du  commerce  sur  l'éloi- 
gnement  des  troupes  de  la  capitale.  Mi- 
rabeau a  été  jusqu'  à  l'accuser  d'indis- 
poser le  roi  contre  l'assemblée  et  d'avoir 
été  l'auteur  indirect  du  14  juillet. 

Barentin  sentit  qu'il  fallait  donner  sa  dé- 
mission :  il  fut  remplacé  par  Champion  de 
Cicé,  archevêque  de  Bordeaux.  Le  comité 
,des  recherches  accusa  Barentin  devant  le 
Châtelet  d'avoir  tenté  d'opprimer  la  ca- 
pitale; il  se  cacha,  mais  il  fut  acquitté 
par  le  Châtelet.  Ayant,  depuis,  quitté  la 
France,  il  y  revint  après  le  18  brumaire 
et  vécut  tranquille ,  mais  sans  renoncer 
entièrement  à  ses  relations  avec  les  prin- 
ces de  la  famille  de  Bourbon.  A  la  res- 
tauration ,  il  reçut  de  Louis  XYUI  le  ti- 
tre de  chancelier,  dont  les  fonctions  fu- 
rent remplies  par  M.  d'Ambray,  son 
gendre  et  ^on  successeur.  Barentin  est 
mort  en  1819.  Ch.  M. 

BAREZZI  (Stefano),  peintre  de  Mi- 
lan, encore  vivant.  On  lui  doit  le  procédé 
au  moyen  duquel  les  peintures  à  fresque 
peuvent  être  enlevées  des  murs  et  por- 
tées sur  des  tables  de  bois.  Voy,  Restau- 

EATION  de  tableaux.  S. 

BAR  UBAKMXJSjVoy,  Aboulpa* 

&ADJ. 

BARI  (teeee  de),  voy,  Nafles. 

BARING  (  Alexandre  ),  chef  de  la 
maison  de  banque  de  ce  nom  à  Londres, 
membre  du  parlement,  l'un  des  direc- 
teurs de  la  compagnie  des  Indes  et  de  la 
banque  d'Angleterre ,  est  le  second  fils 
de  sir  Francis  Baring,  négociant  distin- 
gué et  plein  d'expérience,  qui  descen- 
dait d'une  ancienne  famille  du  Devon- 
shire  et  qui  a  eu  une  grande  influence 
sur  la  direction  des  affaires  de  la  compa- 
gnie des  Indes.  Ce  Francis  Baring,  qui  a 
souvent  été  consulté  par  Pitt,  fut  nommé 
baronnet  par  le  roi  en  1793 ,  et  il  est 
mort  en  1810. 

Comme  sa  famille,  M.  A.  Baring  a  tou- 
jours appartenu  au  parti  des  whigs ,  mais 
sans  tomber  dans  le  radicalisme;  il  pen- 
chait même,  lors  de  la  discussion  du 
bill  de  réforme,  du  côté  des  adversaires 
de  cette  mesure ,  regardant  la  chambre 
des  communes,  telle  qu'elle  était  consti- 


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BAR 


(53) 


BAR 


toëcycominetiiiereprésaitatioii  tnfBaante. 
M.  Baring  montre  dans  toutes  les  discns- 
sioos  relatives  au  commerce  les  vues  les 
plus  profondes,  et  son  opinion  a  toujours 
eu  beaucoup  de  poids.  Sa  maison  de  com- 
merce et  de  banque  est  une  des  premiè- 
res de  Tunivers  et  est  en  grande  partie 
dirigée  par  lui-même ,  bien  que  Tun  de 
ses  frères  y  soit  associé.  Lorsque  M.  Ba- 
ring entreprit  Femprtmt  français,  affaire 
qui  le  fit  paraître  en  1818  au  congrès 
d'Aix-la-Chapelle,  le  public  non  com* 
merçant  devint  attentif  à  ses  opérations 
et  s'occupa  beaucoup  de  lui.  G>mme  au-^ 
trefois  Necker,  M.  Baring  manie  très  bien 
la  plume  et  son  écrit  intitulé  Inquiryinto 
the  causes  and  conséquences  ofthe  or- 
ders  in  counciiÇLond,  1818)  lui  assigne 
une  place  honorable  parmi  les  économis- 
tes. Lui  et  son  frère  Henry  ont  épousé  les 
deux  sœurs,  héritières  de  Faméricain 
Bingham,  dont  chacune  apporta  en  dot 
la  somme  de  100,000  livres  sterling. 

Le  frère  atné  de  Baring,  qui  hérita  du 
titre  et  de  la  majeure  partie  de  la  for- 
tune de  leur  père ,  est  le  baronnet  sir 
Thomas  Baring  qui ,  dans  sa  campagne 
de  Stratton-Park,  a  employé  une  grande 
partie  de  ses  richesses  à  acquérir  des 
objets  d'arts  et  qui  possède  une  collec- 
tion de  tableaux,  de  gravures,  de  pierres 
précieuses,  etc.,  renommée  dans  toute 
l'Angleterre. 

Le  troisième  frère,  Heitri  Baring,  as- 
socié de  la  maison  de  banque ,  accom- 
pagna lord  Macartney  à  la  Chine  et  fut 
employé  ensuite  au  comptoir  de  la  com- 
pagnie des  Indes  à  Kanton.  Le  plus  jeune 
des  frères,  Gkokges,  fut  aussi  envoyé  en 
Chine  ;  mais  il  quitta  le  commerce  et  de- 
vint ministre  de  l'église  anglicane.  Peu 
satisfait  de  son  culte,  il  entra  dans  une 
secte  nouvellement  répandue,  et  fit  bâtir 
à  ses  (rais  une  église  à  Exeter  où  il  prè- 
die.  C.  X. 

BARITON ,  vcy,  Baattov. 

BARKER  (  Eomokd-Henki),  philo- 
logue anglais,  fils  d'un  ministre  de  l'é- 
glise anglicane,  est  né  à  HoUym,  dans  le 
comté  de  York ,  en  1 788.  Il  fit  ses  huma- 
nités sous  le  recteuf  Jackson,  à  Beverley; 
de  là  il  passa  à  l'université  de  Cambridge , 
où  il  remporta,  en  1809,  le  prix  d'une 
niédaille  d'or  pour  une  épigramme  latine 


et  une  épigramme  grecque.  En  1811  il 
donna  à  Cambridge  des  éditions  correc- 
tes des  discours  de  Cicéron  de  Senectute 
et  de  Amicitidy  d'après  le  texte  d*£r- 
nesti ,  et  de  la  Germanie  et  de  VJgricola 
de  Tacite,  avec  des  notes  en  anglais.  Un 
volume  de  Récréations  classiques ,  plu- 
sieurs saines  critiques  dans  le  Classical 
Journal^  la  Rétrospective  Reviewy  et  le 
British  Critic  attestent  son  activité.  Il  a 
eu  aussi  une  part  considérable  à  l'édition 
du  dictionnaire  grec  de  Henri  Etienne 
(  Thésaurus  Gr,  £.  ),  publiée  par  Valpy. 
En  1 830  M.  Barker  a  donné  à  Leipzig 
une  édition  correcte  d'Arcadius,  ete  ac^ 
centibus ,  avec  une  Épttre  critique  à  M. 
Boissonade.  En  1831  il  publia,  de  con- 
cert avec  le  professeur  Dunbar ,  un  Dic- 
tionnaire grec  et  anglais;  et  en  1833  la 
Grammaire  grecque  (  intermédiaire  )  de 
Buttmann ,  traduite  de  l'allemand  en  an- 
glais par  M.  D.  Boileau  de  Londres. 
M.  Barker  réside  à  Thetford,  dans  le 
comté  de  Norfolk.  C.  X.  m. 

BARLA AlH,  moine  du  xiv^  siècle,  na- 
quit à  Seminaria  ou  Seminara,  dans  la  Ca- 
labre-Ultérieure.  Il  fut  élevé  dans  la  reli- 
gion grecque  et  entra  dans  l'ordre  de  saint 
Basile.  Ennuyé,  à  ce  qu'il  parait,  de  la 
vie  monastique ,  il  se  rend^  vers  1 837  à 
Constantinople.  Après  avoir  étudié  à  fond 
la  littérature ,  la  philosophie  et  la  théo- 
logie grecques,  il  sut,  par  ses  talens,  ga- 
gner l'afTection  de  l'empereur  Andronic 
Paléologue-le-Jeune  qui,  après  l'avoir 
nommé  abbé  en  1331 ,  le  députa  secrè- 
tement vers  le  pape  Benoit  XII,  à  Avi- 
gnon ,  en  1339,  à  l'efTet  d'opérer  la  réu-  * 
nion  des  deux  églises.  Mais  malgré  toute 
l'habileté  que  le  rusé  moine  déploya, 
malgré  les  instructions  insidieuses  tra- 
cées, à  ce  que  l'on  croit,  par  la  main  ha- 
bile du  Grand-Domestique  J.  Cantacuxè- 
ne,  la  négociation  échoua  complètement. 
Barlaam  retourna  en  Grèce,  et  visita  les 
monastères  du  mont  Athos.  La  il  étudia 
les  doctrines  des  moines  Hesychastes, 
qu'il  tourna  en  ridicule;  et,  revenu  à 
Constantinople,  il  accusa  ces  moines 
comme  imposteurs  et  comme  hérétiques. 
Un  synode  fut  assemblé  à  Constantino- 
ple en  1341  :  on  s'y  livra  à  de  grandes 
discussions  sur  la  nature  de  la  lumière 
incréée  dont  Jésus-Christ  avait  été  envi- 


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8Aft  {U 

iroîinë  sUr  le  Thabor  :  Barlaam  fut  cod> 
damné  comme  ennemi  de  Féglise  grec- 
que; mais  cette  décision  rie  put  fenlief 
la  bouche  au  moine  récalcitrant.  Un  se- 
cond synode  fut  assemblé  en  1351  et  pré- 
sidé par  les  deux  empereurs  Jean  Cânta- 
cuzène  et  Jean  Palédlogdè  ;  leé  erreurs 
de  BaHaaiii  fbi^étit  âtiàthématisées  ;  et  le 
dogme  de  là  Itimièk-e  éternelle  iricréée 
dii  mont  Thaljbr  fûl  déclaré  article  de 
foi.  Alors  ce  iiiôine  se  réfugia  dans  le 
royaume  de  Nazies,  oii  Pétrarque,  soil 
ami  et  son  élève,  obtint  pour  lui  le  pe- 
tit évéché  de  Gierace^  dans  Ja  tafabre- 
Ultérieiire.  BMrlaàm,  après  avôli*  écHt 
tour  à  tour,  suivant  les  circod^anceis^ 
pour  et  contre  réglSée  roiriairiè^  lui  cdn- 
sacra  aloré  sa  plûiHe  jusqu'à  îia  inortj 
dont  on  né  connaît  pas  la  date  pi'écîsè. 
Aujoikrd*hnî  les  iiombréux  écrite  de  Bar- 
laam sont  presque  tous  biibfiés^  ihais  ce 
fut  ce  mbiné  calabrais  qui,  le  ^rehiief,  fit 
renaître  eh  Italie  les  études  dé  l'antiquité 
grecque.  Pétrarque  et  Boccace  aivouent 
lui  devoir  leurs  cdhriàissances  eti  grec. 
Voir  Basnage,  dans  Caàîsii  dhtû^ù'S 
îecttones;  t.  IV,  p.  863-368. 

Le  martyrologe  de  Féglisè  i-oniaitie^  du 
27  ûovcmbite  •;  Wbu's  a  consëHé  la  ttiè- 
inoifë  d'un  attèi^  Bàrlaàm',  qui  èdtivértit 
au  christiablsm'é  le  jeune  ^rîhbe  Josà- 
phat,  fils  d'iiri  tù\  de  l'Inde.  Si  rHfstoiré 
est  vraie,  eHe  doit  étffe  rapportée  au  tii* 
ou  au  ii*^  kiêde.  Cette  conversion  e*t 
racontée  avec  de  grands  dévelôppemèns 
daAs  titi  roman  grec  qu'une  ftnciéhiié 
tniditibn  attribue  k  iàlni  Jeàn  Damàs- 
cèhe,  hiàis  dont,  suivant  les  m'ariùscnts, 
nn  tnoine  Jeài^ ,  dit  monastère  Saba , 
seràft  l'auteur.  Quoi  qu'il  en  soit  ^  cette 
histoire  de  Barlaàm  et  fosàphat^  pre- 
mîtc  roMian  spirituel ,  est  cm  dès  K- 
vrë^  }t&  pios  fetiHêtit  t^\  ëHstèrit.  Lé 
mtoyétt-âge  sut  af^écier  cette  b%lle  a'pd- 
]6^e  de  la  tie  contemplatif  et  sblieaik^, 
dédtrite  dans  de  tt^bi^ettafè^  et  prbfôtt- 
des  paraboles.  Unfe  àtocfemie  trâddctiôfl 
latine  circula  de  l)onnè  hèuM,  fût  im- 
primée plusieurs  fois,  et  beàticoup  d'ati- 
teurs  eti  firent  de  nombreux  extraits. 
Aussitôt  après  l'invention  de  l'imprime- 
rie, ce  roman  fut  traduit  dans  presque 
toutes  les  langues.  Le  texte  grec  miginal 
m  été  enfin  publié  en  entier,  d'après  deux 


) 


EAU 


bons  manuscrits  de  la  bibliothèque 
royale,  jjîar  M.  Boissonade,  dans  le  4* 
vol.  de  ses  Àhecdota  grœca^  Paris,  1832. 
Toyei,  pour  de  ^liis  amples  renseigne- 
mens,  la  préface  de  la  réimpression  du 
Longue  grec  dé  P.  L.  Cour  ici*,  p.  30  et 
31  ;  Fr.  W.  V.  Schmidt,  dans  les  ffle- 
her  Jàhrbûchcr  der  Utley-atur,  t.  26,  p. 
25-45 ,  et  Brunet  dans  sbù  Manuel  et 
dans  le  Supplément.  S-n. 

BARLOW  (JoEt),  |(>oète  et  diplbdatè 
àméricaiil,rié  à  Aeàding  dans  le  Cobriec- 
tîcut,  vers  1 755.  Sous  Wâsbin^ton  il  prît 
pal*t  à  la  gtierre  de  la  délivrance  et  éèri- 
Tît  des  chants  nationaux  [American 
Pôëms,  en  1778).  A  la  pâit  de  1788  il 
quitta  la  place  d'àumbnier  de  régimefat, 
qu'il  bbcupait  depuis  quelques  afanéés,  et 
se  fit  Kbràii-e  à  Hartford,  puii  avocat. 
Dans  cette  dernière  profession ,  ûa  peu 
Improvisée  comme  les  brécédchtes ,  il 
n'eut  ^as  de  grands  succès,  et  partit  en 
1788  pour  l'Abj^Ietèrre  et  la  France, 
comme  agent  de  là  compagnie  dé  l'Ohio. 
A  Paris  il  assista  \  TouvertUre  diî  ^and 
draibe  de  la  révolution  et  se  lia  surtout 
avec  les  Girondins.  En  1791  il  publia  à 
Londres  un  Avis  aux  cla  s  set  privilégiée  s; 
en  1792  uti  petit  poème.  Là  conspira- 
lîon  dès  rôts.  Cette  mèrfne  àbhéfe  il  adressa 
une  létlrle  à  ta  Cobventiori  nationale,  pour 
l'ènitagér  à  àbbUr  lé  podvbir  i-oyal,  et 
porta  lui-même  à  cettç  assehiblée  linè 
adresse  des  républicaine  àb^ais;  aussi  la 
Convention  lui  tiéterna-t-cllé  le  Uli*e  de 
citoyen  français.  Lbr^  de  la  inlssion  de 
l'abbé  Gk-égttîre  dabs  la  Savoie  riouvtftl- 
lëment  conqufsfe ,  Bâribw  suivît  soVi  ami 
et  adressa  dé  Chambéry  Unie  pfbchiifià- 
tfon  aux  Piémbbtàis,  pbui*  les  sbmmeé 
d'en  finir  avec  ^  cet  ho^më  de  Tbrin , 
qui  se  dit  knr  )col  »  Puià  il  fixh  pëndiJnt 
itàh  anfs  Àa  résidence  à  Paris,  spêcâlànt 
stfr  les  assi^àt»,  et  bbsei^teur  dfe  tbus 
les  taobvemens  politiques,  jusqu'à  sa  bô- 
mi nation  Bé  dotasul  4tnéricain  â  Afgér  et 
à  Tripoli.  En  éette  (Jtialité,  if  négocia  avec 
lél  deys  un  traité  fort  avàntàgetix  pour  $à 
patrie.  En  1797  il  retint  i  Paris,  sV 
donnant  de  nouveau  aux  spécolâtibns 
commerciales,  et  publia  en  18<^  Une 
brochnre  sur  le  système  comibèrciâl  des 
États-Unis  à  l'igàrd  de  l'Angleterre  et 
de  la  FVance.  En  1805,  !1  retoitmà  dans 


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BAft 


(S8) 


BAR 


]e§  ttàls-Uillft  et  «'étiMHà  Wasbiûgtoti. 
lÀy  dans  sa  loisirs,  il  prépara  une  magni- 
Bqoe  édition  de  sâ  Cotombiade^  qui  avait 
pafo  déjà  en  17é7,  sous  le  titre  de  Fi^ 
siôn  de  Coiomb,  poème  où  le  récit  est 
DOjé  dans  des  déclamations  philosophi- 
ques et  politi(]ues.  Ce  poème  fut  impri- 
mé k  Philadelphie  en  1S07  et  à  Lon- 
dres en  1S09,  in-8^  En  1811 ,  Barlotv 
fut  notnAé  mlnlstf-e  plénipotentiaire  en 
Fimice.  Appelé  àd  riiois  d'octobre  1812 
par  le  duc  de  Bassatio  k  Vilna,  il  tomba 
malade  en  route  et  mouHit  dans  un  mi- 
sérable vHtà{)e  près  de  Cfacovie.  Les 
eutràges  eri  prose  de  Barlôw  portent 
reuprciftte  d*nii  esprit  énergique;  ses 
èpînions  s6nt'  hardies,  mais  les  vues 
d*ensèmble  y  manquent;  on  ti*y  teficbutre 
point  ce  jugement  m6r  et  Solide  que  ré> 
cUihent  les  spéculations  politiques  et  mo- 
rales. Outre  les  oËfUvres  poétiques  déjk  ci- 
tées, on  peut  mentionner  encore  un  poème 
bm^esqtlè,  flWfy  Pudding,  composé 
pendsnt  son  séjour  en  Savoie.  Comme 
homme ,  Barlotr  présentait  (*ette  dignité 
grave  et  itère,  type  bommun  des  citoyens 
des  États-Unis.  L.  5. 

BAliMÉCl]>CS,  ou  plutôt  BAKwix.!- 
Dtt^  est  le  nom  d*tine  famille  persane  célè- 
bre parttii  les  phis  ridies  et  les  plus  nobles 
du  Khoraçan ,  province  où  commenta  la 
fortune  des  khalifes  abassides.  Les  enfùns 
de  Bamtek  s'attachèrent  à  ces  princes. 
Khatedben  Bktrmtk,  le  premier  des  Bar- 
méddes  sur  qui  Thistoire  n'ait  point  de 
doutes,  ftit  principal  ministre  de  Aboul- 
Abbas  SafTah,  le  premier  khalifVi  abas- 
ttde;  M>n  InBuence  ne  diminua  point 
soils  les  règnes  d'Al-Mansdur  et  d'EI- 
Mftbdl.  Ce  dernier  ternit  entre  les  mairis 
de  Rhaled  Tèducation  de  soti  ffls,  qui  de- 
vint si  célèbre  sons  le  nom  d*Haroun-al- 
Badifd.  Takîn,  fils  de  Khaled,  t-éunit, 
àelon  fes  Mliftnrietts  oi4etitaax,  les  vertus 
kss  plus  éditantes  et  tendit  les  plus  émi- 
Aem  geiticeii  an  tbalife  Haroun,  qui  le 
nômtfià  «ota  *^r  k  sdn  avènement,  Tan 
7S6  de  I.^C.  Également  hàbHe  daûs  Tad- 
nmistratidti  H  vile  «t  dans  tout  ce  qui 
tient  i  Tart  mtHtabre,  bHllant  surtout  par 
MHS  llbéraKté  héréditaire  dans  sa  famille 
et<|trt^tait  passée  en  proverbe  parmi  les 
Jbrabes,  Tabia  ètftia  pluft  gtandé  part  à 
tt  t<wpêiliéito  tfigiké  «THartmii-  àl-lu- 


èhid.  Ce  pHneé  loi  donnait  fe  titre  Ûé 
père,  Ftkfhi,  frère  de  lait  de  Efaroon  et 
Fun  des  quatre  fils  d*Tahia,  non  moins 
généreux  que  lui,  devait  épouser  la  fille 
du  khan  des  Khazars;  mais  cette  prin- 
cesse mourut  en  788,  au  moment  où  elle 
tenait  rejoindre  son  époux  ;  on  tépandiC 
le  bruit  que  celui-ci  Tavait  fait  empoi- 
sonner. Le  khan  irrité  envahit,  quelquet 
années  après ,  les  provinces  de  Chirvan 
et  de  Gandjah.  F adhl  fit  rentrer  dans  le 
devoir  im  prince  Alide  févolté  contre 
Harbun .  lui  sauva  la  tie  malgré  le  kha- 
life ,  et  fut  aidé  dans  cette  circonstance 
par  son  frère  puîné  Ùjâfar^  le  favori  du 
maître. 

La  fortune  des  Barmécides,  arrivée  aa 
plus  haut  période  en  dix-sept  années,  de- 
vait bientôt  s*écrouler.  On  les  accusait 
de  n*étre  attachés  qu'en  apparence  k  là 
foi  de  Mahomet,  et  de  rester  secrètement 
fidèles  aux  antiques  croyances  dé  leur 
patrie  ;  on  fit  au  khalife  un  épouvantail 
de  leur  crédit  et  de  Tinfluence  dotit  ils 
jouissaient  sur  les  peuples.  Djftfar  (le  Gid^ 
far  des  Miiie  et  une  Nuits)  avait  mécon- 
tenté Haroun  en  favorisant  Tévasion  du 
prince  Alide  son  ennemi  :  Haroun  résolut 
la  perte  de  son  favori  et  de  toute  sa  mai- 
son. Cependant,  les  historiens  orientaux 
attribuent  à  un  motif  moins  probable , 
mais  plus  romanesque ,  la  rUiûe  des  Bar- 
mécides. 

Abbassa,  sœut  du  khalife,  Idl  était 
aussi  chère  que  bjâfar  :  afin  de  pouvoir 
jouir  en  même  temps  de  leur  |>résence  et 
de  leur  entretien,  il  fit  épouser  sa  soeur  k 
son  favori,  mais  il  exigea  que  celul-d  ju- 
rât de  ne  jamais  user  des  droits  du  ma- 
riage. Djâfar  tint  long-temps  sa  promesse  ; 
mais  un  jour  Abbassa  écrivit  à  Son  époux 
des  vers  où  elle  peignak  en  traits  de  feu 
un  amour  que  le  malheiureux  Barmécide 
ne  partageait  que  trop  ;  le  terrible  ser- 
ment fut  oublié,  et  Abbassa  eut  un  fils 
qui  fut  secrètement  élevé.  Le  khalife  sût 
tout  :  il  fit,  en  803,  trancher  la  tête  à 
Djâfar  avec  des  circonstances  qui  certes 
ne  doivent  point  confirmer  k  uaroun  le 
titre  de  Juste  (a/-  Rachid)  que  Thistoire 
a  attaché  à  son  nom.  Dans  toute  Tétendue 
de  Tempire,  les  Barmécides  furent  arrêtés 
et  on  confisqua  leurs  bienS;  tine  Seule 
brandie  de  leur  famille  fut  ékémpte  dé 


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BAR 


(56) 


BAR 


ce  désastre.  La  veuve  de  Dj^far»  ignomn 
nieusemdnt  chassée  du  palais ^  mourut 
dans  la  misère;  le  malheureux  fruit  de 
soD  amour  fut  précipité  dans  un  puits 
que  le  khalife  fit  combler  aussitôt 

Lesvertus  et  lagloire  de  cette  famille  ont 
été  célébrées  par  presque  tous  les  poètes  et 
tous  les  historiens  musulmans,  quoique 
Haroun  eût  poussé  la  démenc«  jusqu'à 
défendre,  sous  peine  de  mort,  de  publier 
leurs  louangies  et  de  prononcer  leur  nom. 
lia  Harpe  est  Fauteur  d*une  tragédie  mé- 
diocre intitulée  :  Les  Bétrmécides,  Voir 
le  savant  article  de  M.  Kosegarten  dans 
l'Encyclopédie  allemande  d'Ërsch  et 
Gruber.  A.  S-h. 

BARNABE  (saint),  collaborateur 
des  apôtres,  est  honoré  lui-même  du  titre 
d'apôtre  par  le  plus  ancien  des  histo- 
riens de  l'église,  saint  Luc,  quoiqu'il 
ne  fût  pas  l'un  des  douze  disciples  de  Jé- 
sus-Christ, auxqueb  ce  nom  se  donne 
exclusivement.  Il  était  né  dans  l'ile  de 
Chypre,  au  sein  de  la  tribu  de  Lévi.  Son 
premier  nom  était  José  ou  Joseph»  Les 
apôtres  lui  donnèrent  celui  de  Barnabe, 
susceptible  de  deux  interprétations  éga- 
lement honorables,  enfant  de  prophète 
et  enfant  de  consolation.  Barnabe,  qui 
était  venu  l'un  des  premiers  leur  offrir, 
pour  les  pauvres,  le  produit  de  la  vente 
de  ses  biens,  leur  était  cher.  Il  avait  reçu 
une  éducation  distinguée  à  l'école  de  6a- 
maliel,  le  plus  pieux  et  le  plus  tolérant 
des  Pharisiens  de  son  temps.  Sous  ce 
maître,  il  avait  été  le  condisciple  de 
saint  Paul.  Aussi,  quand  le  plus  ardent 
persécuteur  de  la  nouvelle  religion,  frap- 
pé de  l'enthousiasme  qu'elle  inspirait  à 
ses  martyrs,  l'eut  subitement  embrassée 
lui-même,  ce  fut  saint  Barnabe,  déjà 
chrétien,  qui  le  présenta  à  l'église  nais- 
sante et  qui  se  fit  le  garant  de  sa  foi. 
Celle  de  Barnabe  était  entière  ,  mais 
n'excluait  pas  la  tolérance.  U  le  prouva 
dans  l'accomplissement  des  missions  les 
plus  délicates.  Les  chrétiens  d'Antioche, 
les  uns  sortis  du  paganisme ,  les  autres 
du  judaïsme,  étaient  divisés  sur  la  ques- 
tion de  savoir  jusqu'à  quel  point  il  fallait 
observer  dans  la  religion  nouvelle  les  céré- 
monies de  la  loi  ancienne.  Cette  division 
s'annonçait  aussi  ailleurs.  Elle  devait  se 
présenter  partout  où  se  trouvaient  des 


chrétiens  sortis  des  deux  cultes  diffÀ'ens. 
Il  importait  par  conséquent  de  députer 
aux  chrétiens  d'Antioche  un  missionnaire 
habile.  Barnabe  s'acquitta  si  bien  de  sa  tâ- 
che que,  bientôt  après,  l'église -mère, 
celle  de  Jérusalem,  l'envoya  avec  saint 
Paul  dans  diverses  régions  de  la  Syrie, 
de  r Asie-Mineure  et  de  la  Grèce,  où  ils 
obtinrent  les  mêmes  succès.  On  attribue 
principalement  ces  résultats  aux  prédi- 
cations de  saint  Paul.  Cependant  Barna- 
be ne  fut  pas  toujours  le  compagnon  de 
l'apôtre.  Avec  son  parent  saint  Marc,  il 
se  rendit  dans  l'Ile  de  Chypre.  Mais  ici 
cessent  les  renseignemens  de  saint  Luc , 
et  à  l'hbtoire  succède  la  légende.  S'il  est 
certain  que  Barnabe  vivait  encore  l'an 
56 ,  il  est  douteux  qu'il  ait  prêché  l'É- 
vangile à  Milan ,  qu'il  soit  mort  martyr 
en  63,  dans  l'île  de  Salamine,  et  qu'on  y 
ait  retrouvé  son  tombeau  en  488.— 6aint 
Barnabe  ne  nous  a  .laissé  qu'un  seul 
écrit,  une  épître  sur  la  convenance  de 
renoncer  à  l'observation  des  rites  et  des 
cérémonies  mosaïques,  par  suite  de  l'éta- 
blissement du  christianisme.  Cette  épi- 
tre,  citée  par  saint  Clément  d'Alexan- 
drie, publiée  dans  les  collections  de  Da- 
chery,  de  Cotelier,  de  Le  Moyne  et  ail- 
leurs ,  est  sans  doute  authentique.  Mais 
les  actes  et  évangiles  que  l'antiquité 
chrétienne  a  publiés  sous  le  nom  de  Bar- 
nabe ne  sont  que  de  pieuses  légendes.M-a. 
BARNABITESy  confrérie  de  clercs 
on  de  chanoines,  instituée  à  Milan,  en 
1 530,  par  Antoine-Marie  Zaccaria  et  deux 
de  ses  amb,  dans  le  but  de  former  des 
ecclésiastiques  particulièrement  propres 
à  l'enseignement  dans  les  écoles,  à  la  di- 
rection des  séminaires,  à  la  prédication 
dans  les  paroisses.  Gément  VU  autorisa, 
en  1532,  cette  association  dont  la  nais>. 
sance  est  due  principalement  aux  accu- 
sations dirigées  par  le  protestantisme 
contre  les*  mœurs  du  clergé  catholique. 
En  1585  les  membresqui  la  composaient 
prirent  le  nom  de  clercs  régtdiers  de 
saint  Paul,  et,  quelques  années  après, 
ils  reçurent,  avec  l'église  de  saint  Barna- 
be à  Milan,  le  nom  de  Bamabites  qui 
servit  à  les  distinguer  de  plusieurs  autres 
confréries  de  clercs  réguliers.  Émules 
des  prêtres  les  plus  laborieux  du  xvi*  et 
du  XYU^  siède,  les  Bamabites  se  firent  re- 


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BAH 


{il  S 


BAR 


marquer,  suivam  le  bat  de  leur  iDsti€a< 
lion,  comme  missionoaires  (en  pays  chré- 
tiens), comme  prédicateurs  et  comme  in- 
stituteurs de  la  jeunesse.  Ils  eurent  à  Pa- 
rie et  à  Milan  des  académies  de  théolo- 
^e;  ils  fondèrent  en  Iulie,  en  Espagne , 
en  France,  en  Savoie,  en  Autriche  et  en 
Bohême,  des  collèges  qui  eurent  quelque 
célébrité.  Aujourd'hui  leur  congrégation 
n^existe  plus  que  dans  les  deux  premiers 
des  pajs  que  nous  venons  de  nommer. 
Ss  ont  eu  quelques  savans  et  quelques 
écrivains  remarquables  (Hélyot,  His- 
toire des  ordres  monastiquesy  tom.  IV). 
LeAGuastalînes,  congrégation  ainsi  nom- 
mée d*aoe  comtesse  de  Guastala,  mais 
connues  aussi  sous  le  nom  d*  Angéliques, 
formaient  une  sorte  de  tiers-ordre  des 
Bamabites  et  s'efforçaient  d'en  propager 
les  principes  et  les  exercices  parmi  les 
femmes.  M-b. 

BARNAGE,  ancien  mot  français  qui 
désignait  les  réunions  de  nobles,  et  puis 
aussi  un  genre  d'impôt  établi  sur  les  avoi- 
nes ,  les  chiens  de  chasse ,  etc.  S. 

BARN AVE  (  AifToiiiB  -  Pierke  -  Jo- 
ssvH. - Ma&ib )  naquit  à  Grenoble,  en 
1761 ,  au  sein  de  la  religion  protestante. 
Fils  d'un  procureur  habile  etd'unefemme 
reoommée  par  son  esprit  et  ses  qualités 
aimables,  il  dut  à  ia  double  influence 
qu'exerça  sur  ses  premières  années  une 
si  heureuse  origine  le  développement 
de  ces  talens  et  de  ce  mâle  caractère  qui 
lui  acquirent  une  juste  célébrité  à  une 
époque  et  dans  une  assemblée  où  brillè- 
rent à  la  fois  tant  d'hommes  célèbres. 
Adoré  de  sa  famille,  il  se  livra  avec  ar- 
deur, sous  ses  yeux ,  à  des  études  sérieu- 
ses ,  qui  ne  l'empêchèrent  pourtant  pas 
de  trouver  dans  les  arts,  dans  la  peinture 
surtout  qu'il  cultiva  avec  succès ,  les  plus 
doux  déûssemens.  La  bonté  de  son  ame, 
Fardeur  de  son  courage,  se  révélèrent 
lorsqu'à  peine  âgé  de  dix-sept  ans  il  prit, 
l'épée  à  la  main,  la  défense  d'un  frère 
plus  jeune  que  lui ,  et  reçut  pour  cette 
cause  sacrée  une  blessure  qui  mit  ses 
joars  en  péril.  A  22  ans  il  était  reçu 
comme  avocat  au  parlement  de  Grenoble 
et  choisi  par  le  barreau  pour  parler  au 
nom  de  cet  ordre,  il  prononça  un  discours 
%ur  la  Nécessité  de  la  division  des  pou- 
vQtr^  dans  les  corps  politiques.  Cepen- 


dant au  barreau  il  ne  jeU  pas  cet  éclat 
par  lequel  on  voit  ordinairement  s'an- 
noncer les  gloires  parlementaires  ;  il  lui 
fallait  peut-être  une  scène  plus  vaste  et 
des  intérêts  d'un  genre  plus  élevé  pour 
que  son  génie  prit  tout  son  essor. 

Une  grande  lutte  entre  le  peuple  et  la 
monarchie  allait  être  engagée;  déjà  les 
idées  nouvelles  se  faisaient  jour  de  toutes 
parts  et  minaient  sourdement  l'échafau- 
dage qui  soutenait  encore  ce  trône  dont 
mille  abus  avaient  détruit  le  prestige  aux 
yeux  du  peuple.  Après  avoir  long-temps 
souflert  en  silence,  celui-ci  éleva  sa  voix, 
réclamant  à  grands  cris  les  réformes. 
Dans  ce  toile  général,  les  Dauphinois  n'é- 
taient pas,  on  le  sait,  les  moins  impa- 
tiens, les  moins  énergiques  à  saper  l'an- 
cien édifice;  l'occasion  était  belle  pour 
une  tête  jeune  et  ardente  comme  l'était 
celle  de  Bamave  :  aussi  ne  la  laissa-t-il 
pas  échapper,  et  bientôt  différentes  bro- 
chures politiques,  notamment  celle  inti- 
tulée :  VEsprit  des  ÉditSy  le  firent  con- 
naître à  ses  concitoyens.  Une  étude  ap- 
profondie de  cette  constitution  anglaise 
qui  était  alors  le  point  de  mire  de  tous 
les  novateurs,  attestait  que  Bamave  avait 
habilement  mesuré  d'un  coup  d'oeil  la  si- 
tuation ,  les  sympathies ,  les  besoins  et 
les  vices  de  chaque  corps  de  l'état.  Ses 
convictions  étaient  celles  d'un  homme 
de  tact  et  de  raisonnement.  Son  manifeste 
devait  produire  quelque  sensation;  et 
en  effet ,  dès  ce  moment  le  jeune  juris- 
consulte fut  d'avance  désigné  aux  suf- 
frages de  sa  province.  On  sait  que ,  par 
ordonnance  royale  du  27décembre  1 788, 
la  représentation  du  tiers  au  sein  des 
États- Généraux  fut  doublée.  Comme  ai 
la  fatalité  eût  poussé  la  monarchie  à  se 
suicider  elle-même,  ce  redoublement  des 
tiers  favorisait  les  prétentions  de  Bar- 
nave ,  sur  qui  put  alors  tomber  le  choix 
de  ses  concitoyens.  Il  avait  27  ans,  et 
un  immense  avenir  s'offrait  à  son  ambi- 
tion et  à  son  génie. 

La  session  s'ouvrît  à  Versailles,  le  4 
mai  1789 ,  et  dès  les  premiers  jours  Bar- 
nave  prit  rang  parmi  les  plus  chauds  par- 
tisans des  idées  nouvelles  et  les  ennemis 
les  plus  déclarés  de  la  cour.  Non  qu'il 
partageât  aveuglément  leur  haine  contre 
la  monarchie  et  son  principe  ;  mais  parcç 


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BAR 


(58) 


dAR 


l}ue  cette  soif  d'institutions  libérales  qu'il 
à?ait  puisée  dans  Tétude  de  la  coostitutîon 
anglaise  renflammaitpour  le  peuple  d*un 
2èle  exclusif  qui  devait  souvent  rempor- 
ter au-delà  des  boraes.  Aussi  eut-il  bien- 
tôt à  porter  le  lourd  fardeau  d'une  im- 
mense popularité.  Une  imagination  ar- 
dente, un  esprit  vif  et  pénétrant,  une 
élocution  élégante  et  facile,  et  surtout 
Topposition  constante  et  l'emploi  habi- 
lement ménagé  d*un  grand  calme ,  suc- 
tédant  à  une  sortie  véhémente,  à  un 
éclair  subit  de  colère  ou  d*entliousiaâme: 
telles  furent  les  qualités  diverses  par  les- 
quelles Barnave  acheva  de  conquérir  tous 
les  suflVages  dé  rassemblée  et  du  peuple, 
et  devint  un  des  principaux  chefs  souS 
ta  bannière  desqueU  les  partis  se  rangè- 
Irent  en  se  divisant.  «  C'est  une  jeune 
plante  qui  un  jour  montera  haut,  si  op  la 
laisse  croître ,  »  disait  de  lui  Mirabeau  ; 
et  cette  l^rédlction  se  fût  accomplie  sans 
la  hache  révolutionnaire  qui  la  coupa  à 
la  racine.  Barnave  attira  pour  la  pre- 
mière fois  les  regards  lorsqu'il  se  joignit 
à  Mounier  pour  obtenir  que  le  nom  de 
Commune  fût  substitué  à  celui  de  Tiers- 
État.  L'assemblée  du  Jeu  de  Paume  le 
compta  parmi  ses  principaux  acteurs  ;  à 
cette  époque  Mirabeau  n'avait  pas  de  plus 
puissant  auxiliaire  que  lui.  Mais  une 
sympathie  bien  plus  étroite,  et  justifiée 
par  la  similitude  des  âges  et  des  convic- 
tions, l'unissait  à  Lafayelte,  à  Adrien 
Duport,  aux  deux  Lameth  surtout,  avec 
lesquels  <t  il  forma,  dit  M.  Thiersdads  son 
Htstàirt  àe  la  Révolution ,  un  triumvirat 
qui  intéressiait  j>ar  sa  jeunesse,  et  qui 
bientôt  influd  par  son  activité  et  ses  ta- 
lens.  »  A  cômj)ter  de  ce  moment  chaque 
discussion  importante  s'éclairait  de  la 
parole  de  Barnave  et  lui  valait  un  triom- 
phe de  plus.  Sa  haine  pour  la  cour  lui 
fit  obtenir  le  maintien  des  arrêtés  cassés 
par  lé  roi  dans  sa  séance  royale.  Quel- 
ques jours  après  la  grande  insurrection 
qui  fit  tomber  la  Bastille,  le  sang  de  Fou- 
lon [Vit  sacrifié  à  la  vengeance  du  peuple, 
et  cet  acte  de  la  force  brutale  souleva 
dans  l'assemblée  un  orage  grossi  de  tou- 
tes les  passions  long-temps  comprimées 
qui  se  déchaînaient  tout  à  coup,  k  Le 
sang  qui  eoule  est-il  d<n)c  si  pur  !...  » 
ft'éâii  tifniSé,  au  Miieu  d'un  videm 


débat  ;  et  cette  exclamation ,  échappée 
sans  doute  à  l'ardeur  du  jeune  tribun 
et  désavouée  par  l'ame  de  l'homme  hOn* 
nête,  lui  fut  amèrement  reprochée;  une 
sanglante  expiation  ne  suffit  même  pas  à 
la  lui  faire  pardonner,  et  pourtant  l'as- 
semblée comptait  peu  d'orateurs  aussi 
purs  que  Barnave;  il  n'y  en  avait  aucun 
dont  les  mœurs  douces  et  polies ,  le  ca- 
ractère franc  et  généreux ,  ofTrissènt  un 
plus  frappant  contraste  avec  les  paroles 
de  Sang  que  la  fougue,  et  peut-être  une 
juste  appréciation  de  la  valeur  indivi- 
duelle des  hommes  lui  avaient  arrachées. 
Les  ap|)laudissemens  du  peuple  le  dé- 
dommagèrent, du  moins  pour  un  instant, 
des  inimitiés  qu'un  seul  mot  venait  de  lui 
susciter,  et  achevèrent  en  même  temps 
de  l'étourdir.  Dès  lors  il  ne  tongea  plus 
qu'à  conserver  ces  facHeè  et  dangereux 
suffrages.  On  le  vit  tour  à  tour,  dans  un 
but  de  popularité  suffisamment  justifié 
t)ar  sa  prédilection  pour  les  institutions 
les  plus  libérales,  élever  la  voix  pour  faire 
décréter  l'établissement  des  municipali- 
tés, l'organisation  des  gardes  nationales, 
la  déclaration  des  droits  de  l'homme, 
l'institution  d'une  justice  extraordihaire 
pour  les  crimes  politiques,  la  réunion  des 
biens  du  clergé  aux  domaines  nationaux, 
et  la  revendication  de  l'égal  et  libre  exer- 
cice des  droits  civiques  ponr  les  proies- 
tans,  les  juifs,  les  comédiens,  etc.  Enfin, 
il  porta  les  derniers  coups  j^  la  monàiv 
chle  en  proposant  que  les  décrets  eus- 
sent désorihais  force  de  loi  sans  la  sanc- 
tion royale,  et,  bientôt  autres,  que  te  ser- 
ment civique  he  fit  pas  mention  de  la 
fidélité  au  roi,  attendu  que  le  rbi  étant 
partie  intégrante  de  la  oonstittltSon,  le  ser* 
ment  impliquerait  suffisamment  cette 
double  obligation.  Mirabean  n'atait  pas 
osé  se  risquer  aussi  loin  :  aussi  la  rapi- 
dité de  la  course  emporta  tellement  son 
jeuhe  rival  qu'il  ne  s'aper^t  de  Tavofir  dé- 
passé que  lorsqu'il  touchait  au  but.  Déjà, 
au  sein  des  clubs  et  des  assemblées  popu- 
laires, leurs  dissentimehs  avalent  euncca- 
sion  de  se  manifester.  La  société  des  tfm/V 
de  la  constitution,  fondée  par  Barnave  et 
les  siens  et  qui  depuis  devint  plus  célèbre 
et  plus  redoutable  sous  le  nom  tie  société 
des  /acohinsy  fut  souvent  le  théâtre  des 
luttes  tle  ces  dent  tnpèriiek  «iHÉ^bnisies, 


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BAR 


(«) 


BAA 


lié  cour  trouttit  déjà  en  Mirabeau  mi 
appui,  intéressé  peut-èttf'e,  maU  toujours 
puissant  et  se  raidissant  avec  succès  con- 
tre la  fermeté  et  les  exigences  démocra- 
tiques de  Barnave.  L'assemblée  vit  k  son 
tour  éclater  cette  rivalité  à  la  tribune  na- 
tionale. Cest  ainsi  qu*à  l'occasion  de  la 
discussion  du  veto  suspensif,  la  violence 
des  débats  fut  telle  que  Mirabeau  ^  s'a- 
bandonoADt  à  cette  puissance  d'élocution 
qui  lui  avait  mérité  tant  et  de  si  beaux 
trfomphes,'  s'écria  que  les  rhéteurs  par^ 
ientpow  tes  24  heures  qui  s'écoaient, 
et  les  hommes  ttétatpour  favenir.  Bat- 
navè,  loin  de  se  laisser  intimider,  s'ae- 
oouCuma  k  regarder  ce  redoutable  en- 
iMmi  eu  face,  et  n'en  poursuivit  pas 
flioiiia  sa  attaques  contre  l'aristocratie 
et  là  CDfir.  Au  commencement  de  l'an- 
aée  1790,  il  fit  décréter  la  suppression 
des  droits  féodaux,  l'abolition  des  or- 
dres reli^evtx^  et  obtint  que  chaque  co- 
lonie francise  énoncerait  un  vceu  sur  sa 
constitution  future.  Eu  mai  eut  lieu  la 
fameuse  diseussion  du  dh>it  de  paix  et 
de  gtierre,  dans  laquelle  Mirabeau,  dé- 
fendant les  intérêts  de  la  cour,  tout  en 
eberc^nt  à  les  rouelUer  aVec  ceux  du 
peu/kle^  fut  terlrassé,  pour  la  première  fois 
feut-êttûy  par  (a  logique  inexorable  et  Té- 
laqueiice  banlie  de  èoû  rival.  BarUave 
avait  bien  mêrUé  du  peuple  c|Ui,  en  ié- 
compense^  lui  décerna  les  hdnneurs  d'un 
ttionpbe»  <  Et  moi  aussi  j'U  été  porté  en 
trioMphe,  ttMina  Bfirabeau,  et  pouHant 
on  crie  aujourd'hui  :  tn  pnande  trahison 
du  comit  de  Mirabeau.  Je  n'avais  pas 
hesotn  de  cet  eiemple  pour  savoir  qu^ 
n'y  a  qu'Un  pas  du  Capitole  à  la  roche 
Tarpéieoné.  )»  Mais  là  faveur  pôpulaitie 
mvklt  achevé  de  tourner  la  tête  à  Bamave; 
ît  ne  tint  «fucun  compte  de  cet  avis  pro- 
phétique. U  be  créait  pas^  à  propoè  de 
fei  fttite  de  Mesdames ,  tamtes  du  roi ,  de 
porter  ses  «udteiéuses  investigations  jus^  ' 
^^lo  seiA  de  la  Aimîlhe  rurale,  et  il  ac- 
quit ttf larf  de  nouveaux  droits  à  fovation 
popokif^  et  à  l'animadtersiOn  de  la  cbur . 
Mais  tel  éuft  fédat  prestigieux  avec  le- 
cpiel  cet  homme  fascinait  tous  eeux  qui 
rÉpprochaieùt,  que  même  ses  ennemis 
déposaient  à  sa  vue  leurs  préventions  et 
leur  haine.  Noailles^  Cazalès  se  mesurè- 
real  mfm  kà  sflur  «a  terrai»  alitre  ^ue 


celui  de  k  tribune,  et,  en  dépôéattt  iMif 
épée,  tous  deux  étaient  devenus  left 
amis  de  leur  adversaire. 

Barnave  avait  une  ame  trop  élevée  el 
trop  belle  pour  ne  pas  finir  un  jour  par 
regarder  en  arrière  et  s'épouvanter  du 
chemin  qu'il  avait  fait.  La  mort  de  Mira-^ 
beau,  arrivée  le  2  avril  1791,  sembla  être 
le  signal  de  ce  revirement.  Bamave  com- 
prit qu'il  était  temps  d'arrêter  cet  éhm 
de  folles  et  criminelles  exigences  datis 
lesquelles  l'entraînait  le  parti  déma- 
gogique, souvent  malgré  lui  et  toujours 
dans  des  vues  d*opposition  contre  Mira*- 
beau.  Après  sa  mort,  Barnavé  oublia 
toute  rivalité  :  ce  fut  lui  qui  rédigea  et 
fit  adopter  la  proposition  de  rendre  à  1^ 
rabeau  des  honneurs  funèbres  extraor^ 
diuaires,  et  de  consacrer  l'église  de 
Sainte-Oeneviève  1  recevoir  les  cetidres 
d«  grands  homrfies. 

Le  géant  mort ,  rien  n'empêchait  les 
amis  de  Barnave  de  se  rallier  aux  idées 
plus  modérées  que  professait  la  société 
constitutionnelle  dont  Lafayette  était  le 
chef.  Cette  alliance  fut  consacrée  à  l'oc- 
casion d'un  rapport  que  Barnave  fut 
chargé  de  faire  sur  l'état  des  tofooîes  et 
la  condition  des  gens  de  couleur  en  mai 
1791.  Dès  ce  moment  il  perdit  de  sa  po- 
pularité, et  une  fois  engagé  dans  cette 
voie,  il  y  fit  des  progfès  d'adtant  plus 
rapides  qu'une  drconstàUce  imprévue 
vint  tout  à  icotif»  précipiter  sa  chute.  Lé 
roi,  effrayé  de  l'orage  qui  grondait  sour- 
dement au-dessus  de  sa  fêre,  avait  résolu 
de  se  soustraire  par  la  fuite  nnt  dangers 
dont  Tavenir  le  menaçait.  On  sait  qu'é- 
vadé des  Tuileries  avec  la  reine  et  sa  fa- 
mille, il  parvint  jusqu'à  Varennes  oii  le 
hasard  le  fit  reconnaître.  Presque  seul 
dfe  tous  les  membres  de  l'assemblée,  Bar- 
nave, à  ta  nouvelle  de  l'évasion,  avait  con- 
servé son  sang-froid  et  son  coùt-Age,  et 
avait  ftiît  prendre  sut-Iè-champ  les  me- 
sures les  plus  énergiques;  après  l'arres- 
tation de  la  ùimiHe  royale,  lui-même  avait 
été  désigné,  avec  Pétiou  et  Làte^r-Mau- 
boui^,  pour  aller  à  la  reUeohtfe  des  cap- 
tifs et  les  ramener  à  Fatis.  Cest  de  cet 
instant  qu'il  faut  dater  la  dévolution  qui 
s'opéra  dans  Tartiè  du  jeune  tribun.  Ar- 
rivé à  Épernai  en  présence  de  Ltrtiis  XVL 
d€  la  reme,  de  Bfadattae,  du  Daupbiu,  n 


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BAR  (60) 

vue  de  tant  d*infoituD68,  jointes  à  une  si 
belle  résignation,  toucha  saos  doute  pro- 
fondément son  ame  :  tandis  que  Pétion , 
placé  avec  lui  dans  le  carrosse  du  roi,  ac- 
cable ses  augustes  prisonniers  de  tout  ce 
que  la  rigueur  la  plus  froide  et  en  même 
temps  la  plus  insultante  lui  suggère,  Bar- 
nave  contemple  et  réfléchit.  Mais  laissons 
encore  parler  M.  Thiers  qui  présente 
ainsi  les  résultats  de  ce  voyage:  «  La 
reine  fut  surprise  de  la  raison  supérieure 
du  jeune  Barnave;  Bamave  fut  touché 
de  la  bonté  du  roi  et  de  la  gracieuse  di- 
gnité de  la  cour.  En  arrivant,  Bamave 
était  dévoué  à  cette  famille  malheureuse, 
et  la  reine,  charmée  du  mérite  et  du  sens 
du  jeune  tribun,  lui  avait  donné  toute  son 
estime.  »  A  son  retour,  Bamave  n'était 
plus  le  même;  après  avoir  rendu  compte 
de  sa  mission,  il  prend  hardiment  la  dé- 
fense de  Lafayette  que  Ton  accuse  d'a- 
voir favorisé  le  projet  d'évasion  de  la  fa- 
mille royale  :  dès  lors  il  est  regardé  comme 
déserteur  de  la  cause  populaire;  et  lors- 
que de  sa  voix  puissante  il  prodame 
Tinviolabilité  du  roi  et  annonce,  dans  un 
discours  prophétique,  les  excès  et  les  mal- 
heurs de  la  France ,  les  huées  des  tribu- 
nes accueillent  ce  généreux  élan  ;  il  n'y 
répond  que  par  un  regard  de  mépris. 
Ce  qu'il  perd  de  crédit  auprès  du  peu- 
-ple,  il  le  regagne  auprès  de  la  cour: 
«  Car  après  avoir  été  si  sévère  (c'est  en- 
core M.  Thiers  que  nous  citons),  il  subit 
maintenant  la  loi  commune  à  tous  les 
chefs  populaires,  qui  est  de  s'allier  suc- 
cessivement au  pouvoir  à  mesure  qu'ils 
arrivent  à  lui.  » 

On  a  cherché  à  rattacher  ce  retour 
subit  sur  le  passé  à  des  causes  non  politi- 
ques et  qui  ont  été  reproduites  dans  un 
roman  de  notre  époque  (  Barnave,  de 
M.  J.  Janin  ).  Ces  bruits  ne  méritent  au- 
cune confiance  :  Bamave ,  effrayé  pour 
sa  patrie ,  plus  encore  que  pour  la  cour , 
essaya  de  montrer  à  cette  dernière  l'a- 
bime  où  rentrainait  le  parti  de  l'émigra- 
tion. Vers  la  fin  de  la  session  et  pendant 
les  premiers  mois  de  la  seconde  législa- 
ture, il  hasarda  par  écrit  une  demande  qui 
fut  accueillie.  Des  rendez-vous  secrets 
lui  furent  donnés;  le  roi  lui-même  l'at- 
tendait et  l'introduisait  dans  un  cabinet 
de  la  reine,  ainsi  ijue  l'atteste  M™^  Cam- 


BAR 

pan.  A  l'assemblée,  Bamave  oombattk 
un  projet  de  comité  militaire  qui  faisait 
une  loi  de  la  délation  dans  l'armée  et 
tendait  à  permettre  aux  soldats  de  dé- 
noncer leurs  chefs;  il  attaqua  le  décret 
dirigé  contre  les  prêtres  réfractaires ,  ré- 
pondit aux  libel listes,  et  s'opposa  au 
droit  de  déclaration  par  lequel  on  vou* 
lait  reconnaître  que  les  ministres  avaient 
perdu  la  confiance  de  la  nation. 

Ce  furent  là  les  derniers  efforts  publics 
de  Bamave.  Le  14  septembre  1791  ve- 
nait de  voir  en  même  temps  l'acceptation, 
par  le  roi,  du  nouveau  pacte  constitution- 
nel et  la  cessation  des  travaux  de  Vkjè- 
semblée  constituante.  Mais  dans  sa  re- 
traite l'ex-dépulé  de  Grenoble  n'en  con- 
tinua pas  moins  de  servir,  par  tous  les 
moyens  possibles,  cette  royauté  à  la- 
quelle désormais  il  avait  juré  de.  con- 
sacrer ses  jours.  Il  consacra  l'hiver  de  Tau- 
née  1791  et  le  commencement  de  l'an- 
née suivante  à  essayer  d'opérer  un  rap- 
prochement entre  la  cour  et  le  parti  con- 
stitutionnel que  l'on  appelait  alors  le 
parti  des  FeuUlanSy  en  opposition  avec  le 
parti  révolutionnaire  des  Girondins.  Mais 
à  la  cour  on  écoutait  Bamave,  on  sem- 
blait convaincu ,  décidé,  et  quelques  mo-« 
mens  après  l'influence  funeste  des  an- 
ciens amis  du  roi  détruisait  son  ouvrage , 
Barnave  reconnut  l'inutilité  de  ses  ten- 
tatives; il  vit  qu'à  mesure  qu'il  cher- 
chait à  élever  son  édifice  de  paix  et  de 
salut,  le  royalisme  le  renversait  aussitôt 
pierre  à  pierre  et  paralysait  ainsi  ses 
bonnes  intentions.  Cette  découverte  le 
décida  à  s'éloigner.  Il  vint  prendre 
^4x>ngé  de  1%  reine,  et  lui  dit,  en  ver- 
sant des  larmes  d'émotion  :  «  Bien  sûr 
de  payer  de  ma  tête  l'intérêt  que  vos 
malheurs  m'ont  inspiré,  je  ne  vous  de- 
mande d'autre  récompense  que  l'hon- 
neur de  baiser  votre  main.  »  La  reine 
pleura  aussi ,  et  ils  se  séparèrent  pour 
ne  plus  se  revoir.  Retiré  à  Grenoble, 
Bamave  redevint  fils  et  frère ,  se  déroba 
au  monde,  et,  dans  la  même  campagne 
où  sa  raison  s'était  formée  dans  le  si- 
lence ,  reprit  toutes  ses  anciennes  habi- 
tudes*^.  Le  10  août  venait  de  faire  passer 


(*)  L'une  dei  habitadet  de  Barnave  était  de 
penser  la  pi  ame  à  la  main ,  même  à  la  prome- 
nade où  loajoart  il  portait  nn  portffeniUe  et 


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fiAA  (( 

\h  famille  royale  des  Taileries  dans  un 
cachot,  et  l'armoire  de  fer  {vof,)  avait  li- 
vré auxGiroûdins  des  secrets  dans  lesquels 
Barnave  et  quelques  autres  chefs  du  parti 
constitationnel  se  trouvaient  compromis. 
Arrêté  le  19  août,  sur  un  décret  de  l'As- 
semblée législative,  Barnave  fut  jeté  dans 
une  prison  de  Grenoble ,  d'où  il  ne  sor* 
lit  que  pour  être  transféré  dans  une  au- 
tre à  Saint-Marcelin ,  où  il  resta  près  de 
quinze  mois,  essayant  de  tromper  les  en- 
nuis et  les  inquiétudes  de  sa  situation 
par  des  études  et  des  travaux  assidus. 
D'avance  il  avait  fait  abnégation  de  son 
existence,  et  il  attendait  avec  résignation 
ei  dans  un  profond  oubli  de  lut  -  même 
ce  que  le  sort  lui  réservait.  Une  seule 
fois  il  fut  tenté  de  rompre  le  silence  de 
sa  prison ,  pour  écrire  à  Louis  XVI  et 
lui  proposer  de  prendre  sa  défense  dans 
k  grand  procès  qui  allait  s'ouvrir  ;  mais 
il  fut  retenu  par  cette  considération  que 
la  défaveur  désormais  attachée  à  son  nom 
serait  plut6t  nuisible  au  roi  qu'elle  ne 
pourrait  le  servir.  Il  resta  donc  témoin 
impassible  des  catastrophes  successives 
par  lesquelles  celte  auguste  famille  ter- 
mina ses  malheurs  :  plusieurs  fois  il  au- 
rait pu  s'échapper,  vingt  occasions  lui 
SB  crayon.  Le  brouillon  d*ane  de  «et  médita- 
tions «  recoeâli  «près  u  mort,  a  été  «atograpfaSé 
et  pablié  par  les  soins  de  M.  Branet,  père,  son 
eoasin-germain  par  alliance,  pour  être  placé 
derrière  nn  portrait  lithographie  diaprés  son 
boste. 

M.  Branet,  anqnel  nons  sommes  redevables 
de  quelques  notes  intéressantes  qui  ont  serri 
poor  cet  article ,  a  bien  touIu  aussi  nous  com- 
naniqoer  la  pièce  en  question.  La  Toici  : 

«  Qoel  espace  immense  franchi  dans  ces  trois 
années,  et  sans  que  nous  paissions  nous  flatter 
d'être  arrivés  au  terme  !... 

«  Noos  avons  remué  la  terre  bien  profond  : 
nous  avoAs  trouvé  nn  sol  fécond  et  nerveux  ; 
mais  combien  en  eUtÀÏ  sorti  d*exhalaisons  cor- 
rompues! 

«  Combien  d*esprit  dans  les  individus,  com- 
bien de  conrage  dans  la  masse;  mais  combien  peu 
de  caractère  réel,  de  Corce  calme ,  et  surtout  de 
vàitable  vertu  ! 

c  Arrivé  sur  mes  foyers,  je  me  demande ,  s'il 
n'eAt  pas  autant  valu  ne  jamais  les  quitter,  et 
f  ai  besoin  d'un  peu  de  réflexion  pour  répondre, 
tant  la  situation  où  nons  a  placés  cette  nouvelle 
assemblée  abat  le  courage  et  l'énergie. 

«  Cependant  pour  peu  qu'on  réfléchisse  on  se 
convainc  que,  quoi  qu'il  arrive,  nons  ne  ponvons 
pas  cesser  d'être  libres  et  que  les  principaux 
abus  qne  nous  avons  détruits  ne  renaîtront  ja- 
mais. Combien  faudrait-il  essuyer  de  malheurs 
poor  faire  oublier  de  tels  avantages  !  »  J.  H.  S. 


1)  BAR 

furent  offertes;  mais  il  était  détikchê  d« 
la  vie  et  préparé  à  mourir  par  l'exemple 
de  ceux  qu'il  avait  servis  ou  aimés.  Il  lui 
arriva  un  jour  de  réveiller  un  jeune  ré- 
quisitionnaire  qui  s'était  endormi  à  sa 
porte.  «  Tu  dors,  lai  dit-il,  et  si  je  m'é- 
chappais, que  deviendrais-tu?  »  Enfin 
son  tour  arriva  :  il  fut  amené  à  Paris  et 
traduit  devant  le  tribunal  révolutionnaire. 
Renfermé  d'abord  à  l'Abbaye,  puis  à  la 
Conciergerie ,  il  parut  enfin  devant  ce  tri- 
bunal composé  de  bourrei^ux  et  non  de  ju- 
ges.II  se  défendit  lui-même,  non  pour 
sauver  ses  jours,  ils  étaient  condamnés  à 
l'avance  et  Barnave  le  savait;  mais  il  vou- 
lait encore  une  fois  écraser  ses  adver- 
saires du  poids  de  sa  vertu  et  de  son 
éloquence.  En  eflet,  ses  accens  imposèrent 
au  tribunal  ;  mais  à  tout  prix  on  voulait 
sa  tête.  Elle  tomba  sur  la  place  de  la  Ré- 
volution ,  le  18  novembre  1798.  Conduit 
au  supplice  avec  Duport-Dutertre,  Bar- 
nave avait  franchi  avec  assurance  les  de- 
grés de  l'échafaud,  et  avant  de  se  livrer 
an  bourreau ,  son  pied  avait  frappé  la 
planche  en  s'écriant  avec  amertume  : 
«  Voilà  donc  le  prix  de  ce  que  j'ai  fait 
pour  la  liberté  !  »  Ainsi  périt,  à  l'âge  de 
33  ans ,  un  des  plus  beaux  talens  ora- 
toires, tme  des  organisations  les  plus  re- 
marquables que  la  France  ait  produites  en 
ces  temps  où  tant  de  gloires  surgirent. 

Son  buste  décore  le  musée  de  Greno- 
ble. Le  gouvernement  consulaire  avait 
fait  placer  la  statue  en  marbre  de  Bar- 
nave dans  le  grand  escalier  du  palais  du 
sénat.  Cette  statue,  et  celle  du  général 
Joubert,  avaient  été  enlevées  en  1814  et 
conservées  dans  l'orangerie  du  Luxem- 
bourg; des  Prussiens  qui,  en  1815,  s'é- 
taient fait  de  cette  orangerie  un  corps- 
de-garde,  ont  brisé  et  mutilé  l'une  et 
l'autre  à  tel  point  qu'on  les  a  jugées  ir- 
réparables. D.  A.  D. 

BARNEVBLDT  (Jkait  d'Olden}, 
républicain  itélèbre  qui  mourut  victime 
de  ses  convictions,  fut  d'abord  pendant 
30  ans  avocat  général  et  ensuite  grand- 
pensionnaire  de  Hollande. 

11  naquit  vers  1549.  En  1585,  lorsque 
les  Espagnols  eurent  pris  Anvers,  les 
Provinces-Unies ,  après  s'être  vainement 
offertes  à  Henri  HI,  roi  de  France,  s'i»- 
taient  livrées  à  la  protectk>n  intéressée 


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»m 


(62) 


BAH 


df  TAiigleterre.  Barneyeldl  cootribua 
puissamment  à  faire  pommer  Maurice 
de  Nassau  stadbouder  de  la  npuvelie 
république.  En  1609  ,  son  habileté  , 
jointe  à  celle  du  président  Jeannin ,  mi- 
nistre de  Henri  IV>  amena  une  trêve  de 
^3  ans  avec  l'Espagne ,  qui  reconnut 
Vindépendance  des  Provinces-Unies. 

Maurice  était  Tame  et  le  chef  du  parti, 
presque  entièrement  militaire,  qui  vou- 
lait accroître  son  autorité.  Olden  Bar- 
neve(dt  était  regardé  comme  le  chef  du 
parti  opposé.  «  Ce  vertueux  citoyen  éuit 
républicain  par  ses  mœurs  et  son  carac- 
tère »  encore  plus  que  par  ses  principes. 
Il  ne  séparait  jamais  la  cause  de  la  li- 
berté, dans  son  cœur  pi  dans  sa  tête,  de 
celle  de  Tordre  et  de  la  justice;  mais  il 
se  défiait  de  l'ambition  et  des  grands  ta- 
lens  de  Maurice;  il  craignait  les  excès 
auxquels  la  reconnaissance  pouvait  en- 
traîner les  B^taves.  A  up  esprit  lumi- 
neux, sage,  profond,  il  joignais  une 
grande  expérience  des  aflaires,  un  zèle 
infatigable  pour  son  pays,  et  une  sim- 
plicité vra^nent  antique.  H  avait  blan- 
chi dans  des  travaux  utiles  à  Tétat;  sa 
vigilance  inquiète  avait  veillé  sur  la  ré- 
publique naissante,  il  avait  conjuré  les 
dangers  extérieurs  par  sa  fermeté  dans  les 
ipomens  critiques  et  par  Tart  des  négo- 
ciations. C'était  principalement  à  lui  que 
les  QoUandais  devaient  les  avapMges  de 
la  trêve,  et  tout  récemment  il  avait  en- 
gagé le  roi  d'Angleterre  (Jacques  I^')  à 
leur  rendre  la  Brille,  Flessingue  et  Ra- 
mekens.  Trente-trois  années  de  services 
lui  avaient  acquis  i|n  crédit  mérité.  »  (An- 
cillon,  fabieau  des  révolutions  du  sys- 
tème pqliuquc  de  C Europe,  etc.  t.  XI). 

Les  deux  partis  se  seraient  bornés 
peut-étfe  à  upe  surveillance  réciproque 
si  la  querelle  politique  n'eût  été  enveni- 
mée par  des  querelles  théologiques.  Deux 
sectes  opposées  étaient  nées  à  l'université 
de  Leyde.  Jacques  ^rminius  avait  mitigé 
les  principes  durs  et  sévères  de  Calvin 
sur  la  prédestination  et  la  grâce;  Fran- 
çois Gomar  soutenait  les  principes  de 
Calvin  dans  toute  let|r  rigueur.  Des  éco- 
les, ces  discussions  passèrent  dans  tou- 
tes les  familles  :  bientôt  la  Hollande  fut 
divisée  d'opinion  sur  des  objets  inoom- 
prAenaibles  pour  b  plupart  dei  hom- 


mes, obsca|*8  pour  tous.  lies  noms  de  . 
secte  achevèrent  de  tout  perdre  :  on  ne 
vit  plus  que  des  Gomaristes  et  des  Ar- 
miniens, Maurice  redoutait  J*ascendaDt 
de  Barneveldt  et  le  haïssait  comme 
l'fsnnemi  secret  de  sa  personne  et  de 
sa  maison.  Il  suffisait  que  Barneveldt 
épousât  le  parti  d'Arminius  pour  que 
le  prince  d'Orange  se  déclarât  en  iavenr 
de  Gomar.  Les  deux  parti»  se  pronon- 
çaient chaque  jour  davantage,  et  les  chai- 
res retentissaient  d'injures  et  de  décla- 
mations violentes;  on  crut  que  le  nai 
moyen  de  mettre  un  terme  à  cette  lutte 
scandaleuse  serait  de  porter  le  procès 
devant  un  synode  national.  Barneveldt 
et  les  états  de  Hollande,  qu'il  dirigeait 
de  concert  avec  Qrotius,  étaient  contrai- 
res à  la  convocation  d*un  synode.  Pour 
appuyer  leur  résistance  et  faire  régner 
l'ordre  dans  les  villes  que  les  Ck>nuiris- 
tes  troublaient  par  leur  violence,  les  éuta 
de  Hollande  levèrent  des  troupes,  sans 
le  concours  de  Maurice,  capitaine  gé- 
néral de  la  république.  Ce  fut  le  signal 
des  vengeances.  Le  prince  saisit  cette  oc- 
casion de  satisfaire  sa  haine  conpre  Ol- 
den Barneveldt.  Ce  respectable  vieillard 
fut  arrêté  avec  Hogcrbeets,  Grotips  et 
Ledenberg,  ses  partisans  déclarés.  Mau- 
rice voulait  le  perdre  :  pour  y  réussir,  il  se 
mit  au-dessus  de  toutes  les  lois.  Les  états- 
généraux,  fanatisés  par  les  Gomaristes, 
approuvèrent  ce  qui  avait  été  fait.  Le 
prince  fit  instruire  le  procès  de  Barne- 
veldt et  de  ses  amis  ;  la  plupart  de  leurs 
juges  étaient  leurs  ennemis  déclarés. 
Dans  l'impossibilité  de  trouver  même 
des  torts  à  ces  illustres  citoyens,  on  leu|r 
imputa  des  crimes;  on  aiccusa  Barneveldt 
d'avoir  trahi  la  patrie  qui  lui  devait  son 
existence.  L'envoyé  de  France,  du  Maa- 
rier,  et  la  princesse  douairière  d'Orange, 
voulant  épargner  à  Maurice  et  à  la  ré-> 
publique  cm  étemel  sujet  de  honte  -et  de 
regrets,  élevèrent  leur  voix  en  faveur 
de  Barneveldt  ;  tout  fut  ini^tile.  Sa 
femme  et  ses  enfans  demandèrent  à 
grands  cris  qu'on  leur  rendit  justice  : 
elle  leur  fut  refusée;  mais  ils  ne  voulu- 
rent pas  descendre  à  demander  s^  gnMce» 
qu'ils  auraient  peut-être  obtenue  de  l'or- 
gueil de  Maurice.  A  Tàge  de  73  ans 
(  1619),  Barneyeldt  porU  sur  r^chafaïul 


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Èàk 


(68) 


6AR 


m  tête  bUnclii^  dans  de9  tnivaiix  hono- 
rables. Tout  en  protestant  de  «on  îqdo- 
cence,  il  abandonna  sans  peine  à  la  fa- 
reur  de  ses  ennemis  les  restes  d*ime  vie 
que  la  nature  devait  bientôt  terminer,  et 
son  dernier  soupir  fut  un  vœu  pour  cette 
ptrie  ingrate  qui  récompensait  par  le 
supplice  33  ans  de  dévouemenL  A.  S-&. 
B^Q^NIJ»  V'^-X,  ducs  de  Poméra- 
nie,  depuis  le  milieu  du  xiii^  siècle  jus- 
qu'en 1603.  Fojr.  PoMÉEAiaK. 

BAROCHE  (FuED^Eico  Baeocci, 
ditUE))  peintre,  né  à  Urbin  en  1528, 
et  mort  dans  la  même  ville  en  1612.  Son 
père  était  sculpteur  et  son  oncle  arcbi- 
tecte.  Il  apprit  de  Tun  les  élémens  du 
dessin  et  à  manier  l'argile,  l'autre  lui 
enseigna  la  géométrie,  l'architecture  et 
la  perspective.  A  l'âge  de  21  ans  il  alla  à 
Borne ,  et  mérita  par  ses  progrès  les  élo- 
ges et  les  encouragemens  de  Michel- 
Ange.  De  lâches  envieux  l'empoisonnè- 
rent dans  un  repas ,  et  il  fut  près  de 
quatre  ans  sans  pouvoir  reprendre  le 
pinceau.  Sa  santé,  restée  constamment 
délicate ,  l'eippécha  d'accepter  les  offres 
honorables  de  plusieurs  princes  qui  vou- 
lurent l'attirer  dans  leurs  états, 

X^  Baroche  contribua  puissamment  à 
soutenir  l'art  a  une  époque  où  les  pein- 
tres commençaient  a  se  relâcher  des  maiû- 
mes  que  les  Baphaél ,  les  Titien ,  les  Cor- 
rége  avaient  enseignées.  Après  avoir  étu- 
dié successivement  les  ouvrages  de  ces 
grands  maîtres  et  produit  des  tableaux 
dans  la  manière  particulière  à  chacun 
d'eux ,  le  Baroche  adopta  enfin  celle  du 
Corrége ,  qui  s'accordait  davantage  sans 
doate  avec  sa  façon  de  sentir  et  d'envisa- 
ger la  peinture.  Comme  celle  de  ce  der- 
nier, sa  couleur  a  une  fraîcheur,  une 
transparence,  une  délicatesse  étonnantes; 
mais  elle  est  peut-être  un  peu  trop  rosée  et 
violacée;  son  clair-obscur  est  savant  dans 
ses  reflets  et  harmonieux  dans  ses  effets  ; 
ses  figures  sont  correctes,  grandioses 
^ans  leurs  attitudes,  comnâe  dans  leur  dis- 
position par  rapport  à  l'ensemble,  et  si 
Ton  n'y  reconnaît  pas  toujours  l'étude  ap- 
profondie de  la  naiure  quant  aux  formes 
et  à  la  disposition  des  draperies ,  on  y 
Toit ,  à  la  belle  et  juste  répartition  de  la 
lumière ,  qu'elles  sont  peintes  d'après  des 
maquettes  disposées  ^t  éçUirées  pour  ar« 


river  à  un  effet  lopg-tempç  milité.  AU^i 
que  le  Corrége ,  le  Baroche  affectionna 
les  effets  de  plein  jour.  La  Cène  de  J.  C. , 
le  Saint-François  stigmatisé  et  le  Saint- 
Sébastien  qu'on  voit  à  Urbin;  une  Des- 
cente de  Croix,  peinte  en  1569  pour  la 
cathédrale  de  Pérouse;  la  Vocation  de 
Saint -Pierre  et  de  Saint  André,  signée 
de  1 586,  et  que  Sadeler  a  gravée  en  1 594; 
une  Annonciation  exécutée  pour  la  cha- 
pelle des  ducs  d'Urbin ,  dans  l'église  de 
Lorette ,  tableau  répété  plusieurs  fois  par 
le  peintre  ;  la  Circoncision ,  composition 
de  13  figures  grandes  comme  nature, 
peinte  en  1580;  Sainte-Micheline  en  ex^ 
tase  sur  le  Calvaire;  enfin  son  grand  ta* 
bleau  du  Pardon  ou  de  Saint- François 
en  extase  à  l'apparition  du  Sauveur  et  de 
la  Vierge ,  qui  l'occupa  7  années,  et  qu'il 
a  gravé  lui-même  d'une  pointe  aussi  spi- 
rituelle que  savante  (en  1581),  sont  les 
ouvrages  les  plus  renommés  du  Bafoche, 
Ce  peintre  a  marqué  ses  estampes  y  peu 
nombreuses  d'ailleurs,  des  initiales  F.  B. 
U.  F. 

Les  tableaux  du  Baroche  sont  rares 
dans  le  commerce,  surtout  ceux  de  grande 
dimension;  par  cette  raison,  autant  que 
par  leur  mérite ,  ils  s'élèvent  à  des  prix 
excessifs  :  une  composition  de  deux  fi- 
gures de  grandeur  naturelle  ne  vaut  pas 
moins  de  15  à  20,000  fr.         L.  C.  S. 

BAliOÇCO,  vof.  Syllogisme. 

BAROMÈTRE  (de  ^poç,  pesanteur, 
et  [ÛTpoitf  mesure),  instrument  qui  sert 
à  mesurer  la  pression  exercée  par  le  poidf 
de  l'air,  et  qui  par  cela  même  mesure,  ea 
vertu  des  propriétés  connues  des  gaz,  U 
force  expansive  de  l'air  et  sa  densité 
par  une  température  donnée.  Puisque 
tous  les  phénomènes  qui  touchent  de  plus 
près  à  l'homme  s'accomplissent  dans  hs 
sein  de  L'atmosphère  et  sont  modifiés  par 
l'état  variable  de  ce  milieu  fluide,  on 
conçoit  de  quel  intérêt  doivent  être  les 
indications  d'un  pareil  instrument,  tant 
en  pratique  qu'en  théorie.  Aussi  la  nais- 
sance de  la  physique  proprement  diia 
ne  date-t-elle  que  de  l'époque  où  GaU- 
lée  soupçonna  l'effet  de  la  pression  df 
l'air  dans  le  phénomène  de  l'ascensio^i 
de  l'eau  dans  les  pompes,  et  où  Torricelli, 
son  disciple,  imagina  de  substitua  k  h 
colonne  d'eau  élevée  par  cette  ywio^ 


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éaA 


(64) 


fiAil 


une  colottôé  de  mercure,  fliiicle  treize 
fois  et  demi  pins  pesaot.  Quelque  simple 
que  cette  substilutioo  nous  paraisse,  elle 
avait  alors  un  grand  mérite  d*invention  ;^ 
et  si  un  heureux  hasard  n*eùt  fait  ren- 
contrer dans  la  nature  un  corps  anormal 
qui  réunit  la  pesanteur  métallique  à  la 
propriété  de  rester  fluide  aux  tempéra- 
tures ordinaires ,  les  développemens  des 
sciences  physiques  auraient  bien  pu  en 
être  à  tout  jamais  entravés:  car  comment 
expérimenter,  dans  tant  de  circonstances 
délicates ,  avec  un  baromètre  d'une  tren- 
taine de  pieds?  On  connaît  généralement 
la  part  que  la  France  peut  revendiquer 
pour  Pascal  dans  la  découverte  mémo- 
rable du  baromètre ,  ou  du  moins  dans 
celle  de  la  théorie  et  de  Tapplication  la 
plus  importante  de  cet  instrument.  La 
première  expérience  de  Torricelli  date 
de  1643.  Le  célèbre  Père  Mersenne  (qui, 
par  la  correspondance  qu*il  entretenait 
avec  les  savans,  remplissait  vers  le  milieu 
du  xvii^  siècle  le  rôle  dont  les  jour- 
naux scientifiques  sont  chargés  de  notre 
temps)  en  fut  informé  en  1644,  et  la 
communiqua  aux  philosophes  français, 
notamment  à  Pascal.  Ce  dernier,  par  l'ex- 
périence qu'il  fit  faire  au  sommet  du  Puy- 
de-Dôme  et  par  celle  qu'il  fit  lui-même 
à  Paris ,  sur  le  haut  de  la  Tour  Saint- 
Jacques  -  de  -  la  -  Boucherie ,  dissipa  tous 
les  doutes  sur  la  nature  du  phénomène, 
en  même  temps  qu'il  fit  voir  comment  le 
baromètre  pouvait  servir  à  mesurer  les 
hauteurs;  application  long-temps  négligée 
et  devenue  familière  de  nos  jours  a  tous 
ceux  qui  s'occtipent  d'observer  la  nature. 
On  distingue  communément  trois  sor- 
tes de  baromètres,  qui  ne  sont  au  fond 
que  le  même  appareil  très  légèrement 
modifié  :  le  baromètre  à  cuvette ,  le  ba- 
romètre à  siphon  et  le  baromètre  à  ca- 
dran. Ce  dernier  n'est  employé  que 
comme  meuble  de  fantaisie  ou  d'orae- 
ment  :  le  frottement  des  poulies  de  ren- 
voi lui  ôte  toute  précision ,  et  les  physi- 
ciens n'en  font  aucun  usage.  Parmi  les 
dispositions  qu'on  a  imaginées  pour  faire 
du  baromètre  un  instrument  portatif  et 
de  voyage ,  celle  dont  l'invention  appar- 
tient à  M.  Gay-Lusiac  a  été  accueillie 
avec  une  faveur  que  le  nom  de  ce  célèbre 
physicien  explique  assez. 


Rien  de  plus  simple,  en  principe,  que 
la  construction  d'un  baromètre  ordinaire. 
Remplir  de  mercure  un  tube  fermé  par 
le  haut,  ouvert  par  le  bas ,  de  manière  à 
ce  que  l'espace  compris  entre  le  mer- 
cure et  l'extrémité  supérieure  soit  purgé 
d'air  et  de  tout  autre  fluide  élastique  ; 
recourber  en  forme  de  siphon  l'extré- 
mité inférieure  qu'on  laisse  ouverte ,  ou 
la  plonger  dans  une  cuvette  également 
remplie  de  mercure ,  voilà  toute  l'opéra- 
tion; mais  celte  opération  exige  des  soins 
minutieux ,  si  l'on  veut  attendre  de  l'ins- 
trument des  indications  précises.  Oo  en 
trouvera  la  description  dans  la  plupart 
des  traités  de  physique. 

La  fonction  la  plus  vulgaire  du  baro- 
mètre, celle  qui  lui  a  valu  sa  popularité, 
c'est  l'indication  de  la  pluie  et  du  beau 
temps.  Malheureusement  c'est  la  fonction 
qu'il  remplit  le  plus  mal,  au  point  que 
la  plupart  des  physiciens  ne  sont  pas  en- 
core convaincus  que  la  chute  de  la  pluie 
et  la  sérénité  de  l'atmosphère  soient  ef- 
fectivement liées  aux  variations  de  la 
pression  atmosphérique  à  la  surface  de 
la  terre ,  ou  aux  oscillations  du  baromè- 
tre. En  tout  cas,  si  cette  liaison  existe, 
elle  n'a  point  encore  été  expliquée  d'une 
manière  satisfaisante  et  qui  ait  rallié  tou- 
tes les  opinions.  Dans  les  premiers  temps 
qui  ont  suivi  l'invention  du  baromètre  , 
on  croyait  que  le  baromètre  montait  par 
la  pluie  et  descendait  par  le  beau  temps. 
On  avait  d'autant  moins  de  peine  à  justi- 
fier cette  croyance  qu'elle  se  trouvait  en 
harmonie  pTarfaite  avec  le  langage  ordi^ 
naire  :  «  Le  temps  est  lourd,  dit-oo  ;  l'at-- 
mosphère  est  chargée  de  nuages;  »  locu- 
tions qui  doivent  induire  naturellement 
à  penser  qu'une  pression  plus  grande  est 
exercée  sur  la  colonne  barométrique, 
et  par  conséquent  que  le  mercure  doit 
monter  par  les  temps  pluvieux.  Quoique 
cette  opinion  ne  compte  plus  aujour» 
d'hui  de  défenseurs  et  que  le  fait  con- 
traire soit,  sinon  démontré,  du  moins 
assez  probable ,  on  est  généralement  d'ac- 
cord que  les  indications  météorologiques 
du  baromètre  méritent  plus  de  créance 
quand  il  descend  que  quand  il  monte. 
Une  variation  soudaine  du  baromètre  an> 
nonce  une  grande  perturbation  de  l'at- 
mosphère et  ne  manque  guère  d'être  ac- 


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J^AR 


(6i) 


BÂR 


compagnée  cTune  modificaiîoD  sensible 
dans  la  coDStîtutioD  météorologique  ;  au 
contraire,  le  même  état  météorologique 
persiste  souvent  pendant  que  le  baromè- 
tre monte  ou  descend  d*un  mouvement 
progressif  et  continu,  et  surtout  pendant 
qu'il  monte. 

Le  baromètre  éprouve  de  phis  grandes 
oscillations  en  hiver  qu'en  été ,  et  cette 
différence  est  surtout  sensible  dans  les  ré- 
gions polaires.  La  hauteur  moyenne  dn 
mercure  dépend  principalement  de  la 
hauteur  du  lieu  au-dessus  du  niveau  de 
l'Océan,  comme  nous  l'expliquerons  tout 
à  l'heure;  mais  en  outre  elle  est  modifiée 
par  des  circonstances  locales  et  par  l'in- 
fluence des  saisons.  Si  le  lieu  est  situé  sur 
on  continent  un  peu  élevé  au-dessus  du 
niveau  de  l'Océan,  la  hauteur  barométri- 
que y  sera  plus  grande  en  hiver  qu'en 
été  y  et  plus  faible  durant  cette  dernière 
saison  qu'au  printemps  et  en  automne.  Si 
au  contraire  le  lieu  de  l'observation  est 
fort  élevé  au-dessus  de  la  mer ,  le  baro- 
mètre s'y  tiendra  plus  haut  en  été  que  pen- 
dant le  printemps  et  Tautomne,  et  plus 
dans  ces  deux  dernières  saisons  qu'en  hi- 
ver. Au  Saint-Bernard,  par  exemple,  la 
différence  de  l'été  à  Vhiver  est  de  5  à  6 
millimètres. 

Le  baromètre  est  sujet  à  des  variations 
horaires  ,^  évidemment  liées  avec  l'in- 
fluence calorifique  du  soleil,  quoique  l'on 
ne  connaisse  pas  encore  trèk  bien  le  mode 
de  cette  influence.  Ces  variations  sont 
particulièrement  remarquables  entre  les 
tropiques  où  elles  s'élèvent  à  2  ou  3  mil- 
limètres et  acquièrent  une  grande  régu- 
larité; à  tel  point  que,  suivant  M.  de  Hum- 
boldt,  on  pourrait  presque  fixer  l'heure 
à  chaque  instant  du  jour  et  de  la  nuit , 
d'après  la  seule  observation  de  la  hauteur 
du  baromètre.  En  général ,  dans  ces  cli- 
mats,Ie  baromètre  monte  et  descend  pério- 
diquement deux  fois  en  24  heures.  A  l'é- 
qaateur,  il  monte  depuis  4  heures  1 S  mi- 
nutes du  matin  jusqu'à  9  heures  23  mi- 
nutes ;  pub  il  descend  jusqu'à  4  heures 
8  minutes  do  soir,  pour  remonter  jusqu'à 
10- heures  23  minutes,  et  ensuite  baisser 
jusque  vers  4  heures  du  matin.  Le  maxi- 
mum du  soir  est  quatre  fois  moindre  de 
celui  du  matin ,  et  le  minimum  du  matin 
moitié  de  celui  du  soir. 

Encyclop.  </.  G,  d,  M.  Tome  III. 


A  mesure  que  l'on  s'éloigne  des  ré- 
gions tropicales,  les  oscillations  horaires 
et  régulières  du  baromètre  se  compli- 
quent avec  des  variations  accidentelles 
beaucoup  plus  considérables  qui  les  mas- 
quent complètement  aux  yeux  d'un  ob- 
servateur superficiel.  Mais,  par  cela  même 
que  des  variations  sont  accidentelles  et 
irrégulières ,  leurs  effets  doivent  se  com- 
penser sensiblement  quand  on  embrasse 
un  assez  grand  nombre  d^observations»  de 
manière  à  ne  plus  laisser  subsister,  dans 
les  valeurs  moyennes,  que  l'influence  des 
causes  constantes  et  régulières.  Cette  in- 
génieuse déduction  de  la  théorie  des  chan- 
ces a  été  particulièrement  appliquée  aux 
observations  barométriques  faites  dans 
nos  climats  d'Kurope.  De  cette  manière , 
Ramond  a  constaté  en  France  l'existence 
d'une  période  semblable  à  celle  qui  s'ob- 
serve entre  les  tropiques,  mais  moins 
étendue,  et  dont  les  instans  correspon- 
dans  aux  plus  grandes  et  aux  plus  petites 
hauteurs  ne  sont  pas  les  mêmes  en  toutes 
saisons.  Le  maximum  du  matin  arrive 
entre  7  et  8  heures  pendant  l'été ,  et  de 
9  à  10  pendant  l'hiver.  Le  minimum  du 
soir  tombe  entre  4  et  5  heures  durant  la 
première  saison ,  et  entre  2  et  3  heures 
durant  la  seconde.  En  discutant  plusieurs 
milliers  d*observations  faites  à  l'Obser- 
vatoire de  Paris ,  M.  Bouvard  a  trouvé 
que  la  plus  petite  étendue  des  oscillations 
correspondait  au  trimestre  de  novembre, 
décembre  et  janvier ,  et  la  plus  grande 
au  trimestre  suivant.  Il  parait  que  lors- 
qu'on atteint  le  70^  degré  de  latitude, 
l'influence  des  variations  horaires  cesse 
entièrement. 

L'action  attractive  du  soleil ,  et  sur- 
tout celle  de  la  lune,  devraient  produire 
dans  l'atmosphère  des  oscillations  analo- 
gues aux  marées  et  qui  se  manifesteraient 
par  des  variations  barométriques  corres- 
pondantes. Mais  la  théorie  indique  en 
même  temps  que  et  flux  atmosphérique 
doit  être  très  faible;  et  effectivemant,  quel- 
que soin  qu'on  ait  apporté  à  discuter  les 
observations  faites  dans  nos  climats ,  on 
n'a  pu  en  constater  l'existence  d'une  ma- 
nière certaine. 

La  hauteur  du  baromètre  varie  prin- 
cipalement ,  et  indépendamment  des  os- 
cillations périodiques  ou  des  ptrlurba- 

5 


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BAR 


(66) 


BAR 


dons  nocidentelles ,  en  raison  de  la  hau- 
teur du  point  où  on  Tobserve,  au-dessus 
du  niveau  des  mers.  Il  est  clair  qu*à  me- 
sure qu*on  8*éleve  dans  Fair,  les  couches 
inférieures  cessent  de  peser  sur  la  cuvette 
du  baromètre,  et  qu'il  faut  une  moindre 
hauteur  de  mercure  pour  faire  équilibre 
à  la  pression  des  couches  supérieures.  Au 
niveau  de  l'Océan ,  la  hauteur  moyenne 
est  de  0",7629  (28P^2''  ,\);  à  Paris,  au 
niveau  de  la  Seine,  elle  est  de  0°',76 
(28P«  0"^),  la  température  étant  à  12** 
du  thermomètre  centig;rade.  La  colonne 
barométrique  n'a  plus  guère  que  0",67 
ou  2 1  pouces  au  sommet  du  grand  Saint- 
Bernard;  et  dans  les  ascensions  aéros- 
tatiques, telles  que  celles  de  M.  Gay- 
Lussac,  la  diminution  de  la  pression 
barométrique  ou  la  raréfaction  de  Tair 
est  portée  au  point  de  gêner  les  fonc- 
tions de  la  vie  animale  et  de  produire 
une  pénible  sensation  de  malaise. 

Il  serait  très  facile  de  calculer,  d'après 
les  lois  de  l'équilibre  des  gaz,  la  diffé- 
rence de  hauteur  au-dessus. du  niveau  de 
l'Océan  qui  correspond  à  une  différence 
observée  dans  la  pression  barométrique, 
si  la  température  de  l'air  était  partout  la 
même  et  si  l'air  n'était  pas  plus  ou  moins 
mélangé  de  vapeur  aqueuse.  Malheureux 
sèment,  les  lois  suivant  lesquelles  varie 
la  température  de  l'air  à  différentes  hau- 
teurs et  son  état  hygrométrique  sont  in- 
connues théoriquement.  Il  a  fallu  inter- 
terroger  Fexpérience,  comparer  des  hau- 
teurs données  par  le  baromètre  à  celles 
qui  sont  mesurées  directement  par  despro- 
cédés de  nivellement  ou  de  géodésie,  afin 
de  construire  des  formules  et  des  tables 
à  l'aide  desquelles  on  pût  faire  servir  le 
baromètre  à  la  mesure  précise  des  hau- 
teurs, lî Annuaire  du  bureau  des  lon- 
gitudes contient  des  tables  de  cette  na- 
ture dues  à  M.  Okmanos,  et  qui  ont  paru 
les  plus  commodes  pçMir  le  calcul  dès 
qu'on  veut  se  dispenser  d'employer  les 
tables  de  logarithmes.  Loi^sque  les  cir- 
constances atmosphériques  sont  favora- 
bles on  peut  espérer  de  mesurer  avec  le 
baromètre  une  hauteur  de  1,500  mètres 
à  4  ou  5  mètres  près.  Voy.  les  Traités 
généraux  de  physique  et  la  petite  Phy- 
sique du  globe ,  de  M.  Saigey.  A.  C. 
BARON,  titre  de  noblesse  dont  l'ori- 


gine est  fort  andenne  et  l'étymologie  assez 
douteuse,  ^'opinion  la  plus  probable  le 
fait  venir  d'un  mot  gaulois  ^e/^ ou  banToii 
les  Romains  avaient  fait  ba/v  qui  signi- 
fiait pour  eux  un  homme  vaillant,  mais 
d'un  caractère  brutal  et  féroce*.  Employé 
en  très  mauvaise  part  dans  la  basse  lati- 
nité, il  fut  emprunté  à  cet  idiome,  lors  de 
rétablissement  des  nouveaux  états,  pour 
désigner  la  partie  virile  et  distinguée  de 
la  nation.  C'est  effectivement  en  ce  sens 
qu'on  le  voit  employé  dans  nos  plus  an- 
ciennes annales;  il  y  désigne  tous  les  per- 
sonnages laïcs  ou  ecclêsiastiquesqui  entou- 
raient le  prince,  ses  nobles  ou  ses  hom- 
mes-liges. Une  preuve  évidente  de  cette 
extension  primitive  du  mot ,  c'est  l'usage 
assez  long-temps  consacré  de  donner  aux 
saints  ce  titre  d'honneur;  ainsi  Froissart 
dit  :  or  eurent-ils  affection  d'aller  en 
pèlerinage    au    baron    Saint- Jacques 
(  tom.  3  chap.  30).  Un  peu  plus  tard  le 
mot  baron  fut  remplacé  par  celui  de 
monsieuc^  qu'on  trouve  également  accolé 
au  nom  des  saints  jusque  dans  le  xy^ 
siècle.  Les  barons  furent  donc  d'abord 
tous  les  seigneurs, quel  que  fût  leur  titre 
particulier, qui  tenaient  leurs  fiefs  immé- 
diatement de  la  couronne.  De  là  le  haut 
degré  d'illustration  que  conserva  long- 
temps cette  dignité;  ce  fut  a  tel  point 
qu'aux  XII*  et  xiii*  siècles  on  vit  des- 
seigneurs  quitter  le  titre  de  prince  pour 
prendre  simplement  celui  de  baron;  c'est 
ce  que  fit  parmi  nous  le  sire  de  Bourbon  ^ 
en  1200.  Il  fallait  au  reste  anciennement  ^ 
pour  pouvoir  être  réputé  baron,  avoir  sous 
soi  un  certain  nombre  de  chàtellenies  et 
de  malad reries;  Henri  III,  par  son  or- 
donnance de  1579,  veut  que  la  baronnie 
soit  composée  de  trois  chàtellenies  pour 
le  moins  y  qui  seront  unies  et  incorporées 
pour  être  tenues  à  un  seul  hommage 
du  roi  On  a  appelé  hauts  barons  ceux 

(*)  Ce  not  M  r«n«ootre  dans  Cic.  md.  Àtt.  Y, 
1 1.  Z>«/iiii«f  km.  m fMi.  L.  Il,  ConuitM  mi.  ¥9it* 
iiiioiyr.  S.  Isid.  Ortg^  IX«  4*  H  est  pris  dans  nm 
sens  défavoriible  ou  ironique.  Bac  cmm  loqueris 
nos  barones  ttupemus.  On  voit  dan»  Du  Cange 
qoe,  plas  tard,  vm  mot  signifie  des  domefCiqnes 
de  haute  volée,  ou  des  bommes  à  la  snile.  Quel- 
ques personnes  le  dérivent  de  bar,  mot  teuton, 
qui  signifie  libre,  dégagé,  de  la  kaarfun,  pied 
nu;  aHêrFrtmdm  b%mr ,  etc.  ' 


s'app€Ui«Bt  1m 
tienté. 


Les  MoBtmoreocy 
'     la  ckréi 


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ÈkVk 


(•t) 


BAE 


f«i  tcBftieoi  les  principale^  baa^onles  do 
royaume,  coraoïecelleftdeCoucy)  Beiiu-^ 
jeu,  etc.;  oo  leur  donnait  le  titre  de  sire, 

lue  motde  baron  futplustardd*uMge  en 
Angleierre.  Selon  Gindbden  ce  furent  les 
Nomands  qui  Fiatroduiairent  dans  la  14- 
gbiatioo  politique  du  pays.  U  y  reçut  ensui- 
te une  plus  grundë  extensionc  Ainsi  on  a  dit 
les  barons  aumôniers  [eleemosynarH)\ 
pour  désigner  les  dignitaires  de  régyse  qui 
tenaient  du  roi  des  biens  de  Téglise  à  titre 
debaronnie;lesban>ns  des  cinq  port8,c*est- 
à-dire  ceux  qui  présidaient  aux  cinq  prin- 
cipaux ports  regardant  la  cète  de  France 
(voy,  plus  bas),  les  barons  ou  Juges 
deréchiquier,etc.  Anciennement  dans  ce 
pays  il  fallait,  pour  avoir  droitautit^de 
baroa,  être  seigneur  de  treice  ifieis,  valant 
au  Bioins  chacun  treize  livres  sterling  (  836 
liv.)  par  an.  Foj.  Babohkt. 

On  s'eat  également  servi  de  ce  même 
titre  de  baron  en  Bspagne,  et  notamment 
dans  la  partie  du  royaume  où  la  consti- 
tution féodale  avait  reçu  une  forme  ana* 
lègue  à  ce  qu'elle  éûul  en  Angleterre. 
Aiaai  Ton  disait  :  les  barons  d'Aragon, 
cC  sous  celle  dénomination  se  trouvaient 
compris  ce  qu'on  a  appelé  aussi  riccos 
hontbres. 

Dans  ces  derniers  temps,  le  litre  nobi- 
bmre  de  baron  qui  avait  anciennement 
le  premier  rang,  s'est  trouvé  graduelle^ 
meot  efiaoépar  tous  les  autres,  à  Fexcep- 
tien  de  celui  de  cb^valier  eu  écuyer.  Na-* 
poléon  aérant  créé,  par  sénatus-eposulte^ 
en  1 806,  uaenouveHe  noblesse,  les  barons 
prirent  rang  après  les  comtes.  I>ans  les 
années  suivantes  le  titre  put  être  lacil^ 
ment  obtenu  moyennant  constitution  d'un 
majorai  (voy*  ce  mot),  tà^dis.que  les  au* 
Irea  eonUmièrent  à  Are  acoordés ,  par  le 
prince,  ooaame  récompense. de  service! 
ren^his  au  pays.  ^  P>.  A.  D. 

BAaoM  WE  li'icSiQUiEm.  C'est  le  nom 
que  l'on  donne  eu  Angleterre  aux  cinq 
juges  qui  cpmposent  la  chambre  de  jus-r 
lice  dite  cour  de  l'édiiquiier,  établie  ori* 
ginmireroent  pour  décider  les  cas  Uliîgielix 
aumquele  les  înapots  publics  peuvedl 
donner  lieu ,  mais  dont  les  [Youvoirss'éten* 
dent  à  prononcer  également  ^suivant  les 
kna  el  suivant  l-équité,  dans  toutes  les 
causes  portées  à  son  tribunal ,  quand  mé^ 
IDe  ellei  n'auraient  aucun  rapport  aux 


finanets  du  royaume.  Dans  les  cas  rdatib 
aux  imp^ ,  c'est  le  chancelier  de  l'échi- 
quier qui  est  censé  présider  ;  hors  de  là 
c'est  le  çhief-beuwi  (  baron  en  chef).  Ces 
juges  ont  conservé  le  titre  de  barons,  par* 
ce  qu'andennement  c'étaient  réellement 
des  barons  du  royaume  à  qui  le  roi  oon«* 
fiait  oalte  partie  de  l'administration  de  U 
justice.  Ce  n'est  que  depuis  quelques 
années  que  les  barons  de  l'échiquier  aoni 
an  nombre  de  cinq,  indéipendamment  du 
baron  appelé  cursitor baron,  ^ui  n'a  d'au- 
tre fonction  que  celle  de  faire  prêter  ser- 
ment aux  sbérids  ainsi  qu'aux  employés 
des  douanes  et  de  l'accise  et  aux  receveurs 
des  impots  engénéraL  Cette  cour,  comme 
les  deux  autres  tribunaux  supérieurs  en 
Angleterre,  n'avait  autrefois  que  quatre 
juges.  D.  B. 

Baeons  des  cniQ  ports.  Ce  titre  était 
anciennement  réservé  aux  députés  que 
les  cipq  ports  de  mer,  Douvres,  Sand- 
wich, Eomney,  Hasiings  et  Hythe,  situés 
vis-à-vis  des  côtes  de  la  France,  dans  la 
Manche,  envoyaient  à  la  chambre  des 
Communes.  Il  y  avait  deux  députés  pour 
chacun  de  ces  ports ,  et  le  même  privi- 
lège avait  été  accordé  aux  ports  de  Win- 
chelsea  et  de  Rye  ;  ;nais  depuis  la  réfor- 
mation  du  Parlement,  en  1831,  ces  privi- 
lèges u'existent  plus.  U  n'y  a  que  celles 
de  ces  villes  qyi  ont  la  population  requise 
par  la  nouveliiS  loi^  qpi  ont  conservé  le 
droit  d'euvo>er  un  ou  deux  députés  à  la 
chambre  des  Coo^munes,.  selon  le  nom- 
bre de  leurs  l^bitans.  Douvres  en  consé- 
quence en  nomme  deux,  Hastin^s  deux, 
et  Eye  w  sei;^*  D.  B. 

.  B AEON  (  ViCHm.  BoTaoxr)|  qm  en  en- 
trant au  tbéâti^  fit  à  son  nom  cette  légère 
variante,  naqujt  en  1652,  à  Issoudun. 
Son  ykKPi  marchand  de  cuirs,  épris 
d'une  copnédieniie  ambulante  qui,  à  la  vé- 
rité, était  h.  pl^jB  belle  personne  de  soq 
temps»  avait  quitté  s^n  commerce  poujc 
s'engagair  daitf  la  mêa»etroupe.  A  ppdéen- 
suite  à  Pans,  oà  il  remplit  avec  sticcè^ 
l'emploi  des  rois  à  Thotel  de  Bourgogne, 
il  inspira  de  bonite  heure  à  soaiils  le  goût 
de  la  scène.  Les  avantages  physiques,  le 
talent  précoce  du  jeune  Baron  furent  dis- 
tingués par  Molière,  qui  le  fit  entrer  au 
théâtre  qu'il  dirigeait,  et  les  eopseils  du 
grand  écrivain  lui  furent  U*ès  utiles  pour 


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BAA  (  68  ) 

§t  perfectionner  dans  son  art  Racine 
trouva  dans  Baron  nn  digne  interprète. 
Également  supérieur  dans  les  deux  gen- 
res ,  il  savait  ramener  au  naturel  et  à  la 
vérité  des  rôles  comiques  un  peu  trop 
chargés,  et  la  noble  simplicité  de  son  jeu 
dans  la  tragédie  fit  justice  de  la  déclama- 
tion ampoulée  de  son  temps.  Pendant 
près  de  trente  années ,  cet  excellent  ac- 
teur fut  proclamé  avec  raison  : 

Do  Théâtre-Français  l*hoonearet  la  merreille, 
et  la  chronique  scandaleuse  de  l'époque 
nous  a  conservé  plus  d*ane  anecdote  qui 
prouve  qu'il  n'obtint  pas  des  succès  moins 
flatteurs  pour  son  amour-propre  près  des 
grandes  dames  de  son  siècle. 

On  ne  sait  trop  quel  motif  lui  fit  aban- 
donner le  théâtre  en  1691,  dans  tonte  la 
force  de  l'âge  et  la  maturité  de  son  ta- 
lent. Il  persista  près  de  30  ans  dans  celte 
résolution;  puis,  lorsqu'on  était  loin  de 
s'y  attendre,  il  reparut,  à  68  ans, en  1720, 
sur  la  scène  française,  oà  son  retour  fut 
accueilli  avec  enthousiasme.  Pendant  une 
dizaine  d'années  encore,  il  y  joua,  avec  la 
fnéme  verve,  la  même  finesse  qu'autre- 
fois, une  foule  de  r6les  tragiques  et  co- 
miques, et  jusqu'au  jeune  Rodrigue,  où 
son  action,  toute  juvénile,  faisait  oublier 
chez  lui  le  nombre  des  années.  Comme 
son  maître  Molière  enfin,  la  mort  vint  le 
frapper  au  milieu  d'une  représentation 
dramatique  ,  d'une  atteinte  moins  subite 
toutefois,  puisqu'après  avoir  été  porté 
chez  lui  sans  connaissance,  il  n'expira 
(1729)  que  plus  de  deux  mois  après  cet 
accident. 

Baron  fut  aussi  un  des  comédiens-au- 
teurs du  théâtre  français.  Ses  comédies 
ont  été  recueillies  en  8  volumes  in- 13 
(1769).  La  meilleure  de  ses  pièces  est 
V  Homme  à  bonnes  fortunes,  production 
plus  amusante  que  morale,  dans  laquelle 
l'écrivain  avait  en  grande  partie  dra- 
matisé ses  aventures  galantes.      M.  O. 

BARONET,  titre  et  dignité  héréditai- 
re dans  le  royaume-uni  de  la  Grande-Bre- 
tagne et  de  rirlande  et  qui  place  ceux  qui 
en  sont  investis  au  rang  immédiatement 
inférieur  à  celui  de  pair.  On  dit  que  le 
chancelier  Bacon  eut  d'abord  l'idée  de 
cette  institution  ;  Jacques  I^*^  la  fonda  le 
22  mai  1611,  et  on  força  des  personnes 
riches  et  considérées  d'acheter  ce  titre 


fiAH 


moyennant  1,100  liv.  On  comptait  en 
1823  en  Angleterre  661  baronets.  Ilssont 
qualifiés  de  sir^  mot  que  l'on  accole  au 
prénom  d'une  personne,  plutôt  qu'à  son 
nom  de  famille.  On  ne  dit  pas  sir  Scott, 
sir  Peel,  mais  plutôt  sir' Walter,  et  sir 
Robert.  Charles  I*'  créa  des  baronets  of 
nova  Scotia  et  aussi  d'Ecosse  (qfScot- 
t^à),  j.  H.  S. 

BAJtONTUS  (CisAB  Bakohio),  né  à 
Sora,  dans  le  royaume  de  Naples,  en  1688, 
se  forma  à  Naples  et  à  Rome  où  il  se  ren- 
dit en  1667,  et  fut  u^  des  premiers  dis- 
ciples de  Saint-Philippe  de  Néri.  Il  en- 
tra dans  la  congrégation  des  prêtres  de 
l'Oratoire,  fondée  par  Néri,  et  en  de- 
vint le  supérieur  lorsque  ce  dernier  eut 
résigné  ses  fonctions,  en  1693;  bientôt 
après  il  fut  nommé  encore  confesseur  du 
Saint -Père,   protonotaire   apostolique, 
cardinal,  et  enfin  bibliothécaire  de  la  Va- 
ticane.  11  fut  redevable  de  toutes  ces  di- 
gnités aux  services  éminens  qu'il  rendit  à 
l'église  catholique,  en  travaillant  sans  re- 
lâche, depuis  l'année  1680  jusqu'à  sa 
mort  qui  arriva  en  1607,  à  ses  Annales 
ecciésiastiques;ieTy\ces  que  surent  appré- 
cier les  papes  à  leur  juste  valeur.  La  part 
active  qu'il  prit  à  la  congrégation  de  Néri, 
dans  laquelle  il  était  chargé  d'un  cours 
d'histoire  ecclésiastique,  lui  donna  l'idée 
de  cet  ouvrage,  qui  aujourd'hui  encore, 
par  la  richesse  de  ses  documens  authen- 
tiques, puisés  tous  dans  les  archives  pa- 
pales, est  d'un  secours  indispensable  pour 
I  étude  de  l'histoire  de  l'Église.  Il  le  com- 
posa surtout  dans  l'intention  de  réfuter 
les  centuries  de  Magdebourg  {voy.  ce 
mot);   la  papauté  est   traitée  par    lui 
avec  une  partialité  éridente.  Souvent  il 
intervertit  les  faits,  obscurcit  ou  dénature 
les  sources,  soit  à  dessein,  soit  à  cause  de 
son  ignorance  de  la  langue  grecque,  et 
toutes  les  fois  que  le  but  principal  de 
son  ouvrage  paraissait  l'exiger.  11  ne  s'a- 
gissait de  rien  moins  que  de  prouver  que 
la  doctrine  et  la  constitution  de  l'Église 
romaine  étaient  exactement  les  mêmes 
depuis  le  premier  siècle  jusqu'à  l'époque 
de  la  réformation,  et  que,  conséqnem- 
ment,  on  pouvait  frapper  les  protestans 
du  reproche  d'avoir  témérairement  dé- 
serté la  vraie  doctrine  du  Christ.  Bien 
plus,  pour  donner  aux  prétentions  et  aui; 


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BAR 


(«») 


BiR 


abus  de  la  (mlssance  papale  le  vernit 
d  aDcieooes  institutions  apostoliques , 
Baronius  va  jusqu'à  citer  de  faux  docu- 
mens.  Mais  la  manière  adroite  dont  il 
produit  ces  preuves,  le  talent  avec  lequel 
il  les  dispose,  Téclat  même  du  style  qui, 
sans  être  brillant  par  le  choix  des  ex- 
pr^ions,  éblouit  par  l'apparence  de 
profondeur  qu*on  y  trouve,  tout  cela 
ne  fait  qu'augmenter  le  danger  au- 
quel les  lecteurs  de  bonne  foi  sont 
exposés.  Les  ArmaUs  ecdetiastici  à 
Chr.A.  ada.  1198  (Romœ,  1568-1607^ 
13  vol.  in-fol.),  ont  souvent  été  réim- 
primées. Le  Traité  dé(  Monarchia  Sici- 
liœ  manque  dans  la  belle  édition  d'An- 
vers (1589-1603,  12  vol.  in-foL):  comme 
il  contestait  les  privilèges  ecclésiastiques 
du  roi  de  Sicile,,  connus  sous  ce  nom,  la 
cour  d'Espagne  l'avait  prohibé.  L'au- 
teur a  fourni  kii-même  des  corrections 
pour  l'édition  de  Mayence  (1601-6,  12 
voL  in-fol.}.  Le  savant  franciscain  Pagi  a 
corrigé  beaucoup  de  fautes,  surtout  de  fau- 
tes  chronologiques,  des  Annales  dans  sa 
Critica  in  ann.  ecclesiasL  Barorûi  (Any.f 
1705,  4  vol.  in-fol.).  De  toutes  les  conti- 
tmatioDS  des  Annales,  dont  aucune  n'ap- 
procbe  du  travail  de  Baronius,  celles  de 
Bezovius,quilescontinuadell98à  lâ64 
(Roa^e,  1616  et  suiv.,  8  vol.  in-fol.)  et 
de  Raynaldus,  qui  les  traita  aussi  de  1 198 
jusqu'en  1565  (Rome,  1646  et  suivantes, 
8  vol.  in-fol.)  sont  les  plus  dignes  d'être 
citées.  Les  observations  critiques  de  Pa- 
gi ,  insérées  à  leur  place  dans  Tédition 
deLucques  (1738-1787,  38  vol.  in-fol. 
avec  les  diverses  continuations  ) ,  ren- 
dent cette  édition  préférable  à  toutes  les 
autres.  ,    C.  X. 

BARONS  (cou JTT&ATioH  DBs).  Après 
la  mort  d'Alphonse-le-Magnanime,  roi  de 
Naples  et  d'Aragon,  les  barons  voulurent 
écarter  delà  couronne  Ferdinand,  son  fils 
naturel, prince  d'un  caractère  lâche,  som- 
bre et  vindicatif.  Ils  jetèrent  d'abord  les 
yeux  aur  la  branche  légitime  de  la  famille 
d*  Aragon,  et  ne  trouvant  rien  à  espérer  de 
ce  côté,  ils  eurent  recours  (1461)  à  Jean, 
duc  titulaire  de  Calabre,  fils  de  René 
d'Anjou,  qui  avait  survécu  pour  proles- 
ter contre  la  révolution  qui  l'avait  dé- 
trôné. On  persuada  facilement  à  Jean 
d'entreprendre  la  conquête  du  royaume 


do  Naples.  Florence  l'aida  de  ses  trésor^ 

et  Venise  de  ses  vœux  ;  le  maître  de  Mi- 
lan, Sforza,  resta  fidèle  à  l'alliance  qui 
le  liait  à  Ferdinand.  Un  grand  nombre 
de  nobles  napolitains,  parmi  lesquek  on 
voyait  Orsini,  prince  de  Tarente,  le  plus 
puissant  vassal  de  la  couronne ,  arborè- 
ren^a  bannière  d'Anjou^que  soutintaussi 
le  plus  jeune  Piccinino,  le  dernier  des 
grands  Condottieri,  sous  les  ordres  du- 
quel coururent  se  ranger  les  vétérans  des 
guerres  précédentes.  Mais  Jean  éprouva 
le  sort  inévitablement  réservé  à  sa  fa- 
mille, depuis  qu'elle  combattait  pour  la 
possession  de  ce  trône.  Après  quelques 
brillans  succès,  abandonné  par  les  Gé- 
nois, sur  lesqueb  il  avait  compté  comme 
anciens  ennemis  de  la  maison  d'Aragon, 
il  ne  put  rien  entreprendre.  Les  barons 
de  son  parti  s'aperçurent  de  son  embai^ 
ras,  et,  suivant  l'usage  de  leurs  ancêtres , 
se  soumirent  l'un  après  l'autre  à  Ferdi- 
nand (1464). 

Vingt  ans  s'étaient  écoulés  depuis  cette 
soumission  :  les  dispositions  tyranniques 
de  Ferdinand  n'étaient  que  trop  bien  se- 
condées par; son  fils;  les  Napolitains  gé- 
missaient sous  le  poids  des  impots  devenus 
intolérables.  Les  harons  se  soulevèrent,- 
appelèrent  à  leur  secours  le  pape  Inno- 
cent VIII  et  René  II,  duc  de  Ix>rraine, 
auquel  ib  offrirent  de  le  reconnaître  pour 
leur  souverain.  Ne  voyant  arriver  ni  les 
troupes  du  pape  ni  le  duc  de  Lorraine ^ 
ils  firent  avec  Ferditaand  un  traité  dont 
le  roi  d'Espagne,  Ludovic  Sforza,  ré- 
gent de  Milan,  et  Laurent  de  Médicis  fu- 
rent garans.  Deux  jours  après,  Ferdinand 
et  son  fils  attirèrent  dans  leur  palais  les 
principaux  des  nobles,  sous  le  prétexte 
d'une  noce,  les  chargèrent  de  fers,  et  les 
firent  périr  dans  d'horribles  supplices. 
San-SeverinOy  prince  de  Saleme,  parvint 
à  échapper  à  cette  perfidie.  Ne  respirant 
que  vengeance,  il  alla  à  Venise,  et  de  là 
en  France,  où  il  ne  cessa  d* exciter  le  roi 
Charles  Vltl  à  détrôner  le  tyran  qui  avait 
immolé  ses  malheureux  compatriotes.  Ce 
crime  ne  contribua  pas  médiocrenient  aux 
succès  rapides  qu'obtinrent  les  Français, 
lorsque,  plusieurs annéesaprès,  ils  vinrent 
faire  la  conquête  du  royaume  de  Na* 
pies.  A.  S-a. 

PAROQUE.  On  dit  d'nne  perle  qui 


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bhîi 


(70) 


BAlî 


n'est  pas  ronde  perfe  baroque;  c'est  une 
perle  de  rebut.  Baroqae,  au  figuré,  est 
vfi  mauvais  root,  un  mot  mal  fait,  un  de 
ces  mots  qui  ne  dérivent  de  rien, 'qui 
iiV)nt  dé  racine  dans  aucUDe  langue  et 
qui  sont  à  peine  français. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  styie  baro- 
que avec  le  style  burlesque  (vojr).  Le 
burlesque  peut  êtihe  quelquefois  une  com- 
binfiison  de  Tart,  tine  triste  combinaison 
à  la  vérité ,  mais  enfin  nous  avons  eu  ie 
genre  burlesque;  ce  genre  a  été  défini 
dfins  les  grammaires  et  dans  les  diction- 
naires. Le  burlesque  a  eu  son  empereur, 
d'Assoucy  I*"",  qui  a  fait  souche  et  qui  a 
eu  de 'nombreux  successeurs;  je  n*ai 
pas  entendu  dire  jusqu'à  présent  que 
nous  ayons  e^  le  genire  baroque^  c'est- 
à-dire  le  genre  baroque  reconnu,  défini, 
expliqué,  commenté  et  gouverné  par  un 
empereur.  Donc  le  style  baroque  est  pu- 
rement un  accident,  c'est  un  malheur, 
ce  n'est  pas  même  une  fausse  recherche 
de  l'esprit.  H  y  a  des  gens  qui  font  du 
style  baroque,  comme  if  y  a  des  infdrlu- 
nés  chanteurs  qui  chantent  faux*,  sans  le 
savoir;  Aux  uns  c'est  l'oreille  qui  man- 
que, aux  autres  c'est  le  goût.  Ce  qu'il  y 
'  a  de  malheureux,  c'est  qu'il  n'y  a  pas  plus 
de  remèdes  pour  les  uns  qbe  pour  les  an- 
tres; s'ib  chantent  feux,  s'ifs  écrivent  en 
baroque,  c'est  tout  simplement  parce 
qu'Un  sens  leur  manque.  Voulez- votis  des 
exemples  du  style  baroque  F  Prenez  les 
tragédies  de  l'empire,  imitations  mal  fai- 
tes des  admirables  tragédies  de  Racine. 
IjCs  poètes  de  ce  temps-là  se  croyaient 
des  Racine,  parce  qu'ils  faisaient  parler* 
une  confidente  avec  une  princesse,  un 
confident  avec  un  prince;  parce  que  les 
cinq  actes  de  rigueur  se  terminaient  par 
nn  récit  final.  Quels  vers  c'étaient  là  :  ce 
n^étalent  pas  même  des  vers  burlesques, 
pas  même  des  vers  rMicules,  c'étaient 
des  Vers  baroques.  Et  quelle  imagination! 
Baroque  se  dît  encore  pour  désigner 
de  fbrt  jolies  inventions  en  architecture; 
avez-vous  vu  les  bains  chinois  à  Paris  ? 
voilà  du  vrai  baroque!  avez-vous  vu  les 
figures  de  cire?  Voilà  de  Pexcellent  baro- 
que! avez-vous  vu  telle  femme  qui  n'est 
ni  jeune  ni  vieille,  ni  belle  ni  laide,  qui 
est  habillée  de  toutes  couleurs?  cette 
fbmme  est  baroque.  Avez-vt>as  été  sou- 


vent l  l'Opéra-Comîque  ?  av€x-v(Mis  va 
les  colonels  d'opéra-comique  en  bottes 
molles  et  en  faux  toupet  perdus  dans  des 
bosquets  de  roses  fanées?  baror|ue!  Quand 
je  dis  baroque  je  ne  dis  pas  ridicule,  je 
ne  dis  pas  odieux,  je  dis  baroque.  Baro- 
que est  un  de  ces  mots  qqi  se  sentent  et 
qui  s'expliquent  tout  seuls.  Baroque  peut 
très  bien  prendresa  place  parmi  plusieurs 
mots  de  la  même  famille,  par  exemple  le 
schick  et  le  rococo.  Baroque  est  tout-à- 
ftiit  un  m6t  de  la  famille  du  schicA  et  du 
fion.  Pour  définir  le  baroque,  je  n'ai  ni 
lefion ,  ni  le  schick,  J.  J. 

BARQUE /nom  donné  à  tin  grand 
nombre  de  petits  navires  qui  difîrh*ent  les 
uns  des  autres,  autant  par  la  forme  que 
parla  grandeur,  la  voilure,  la  mâture  et 
le  gréement.  Quelques  barques  son t  à  deux 
mâts,  mais  le  plus  grand  nombre  n'a  qu'un 
mât  garni  d'uneseule  voile.T^  pêche,le  pe- 
tit cabotage,  le  transport  des  pierres ,  du 
mortier  et  du  bols  pour  les  constructions 
hydrauliques,  sont  les  emplois  ordinai- 
res auxquels  sont  affectées  les  barques  : 
aussi  leur  construction-  n'est- elle  jamais 
très  fine.  C'est  la  solidité  qu'on  recherche 
avant  tout  dans  cette  espèce  de  bâtiment; 
la  marche  est  subordonnée  à  cette  pre- 
mière condition.  Il  y  a  des  barques  pon- 
cées et  d'autres  qui  ne  le  sont  pas;  la 
nature  du  service  qu'elles  doivent  faire 
détermine  le  charpentier  à  les  ponter  ou 
à  les  laisser  sans  titfacs.  Sous  Louis  XIV 
il  y  avait  des  barques  longues  ou  cor- 
petfet  dont  l'armement  était  de  10  à  4 
canons  du  calibre  de  6  ou  de  4;  elles 
avaient,  en  temps  de  guerre,  de  60  à 
30  hommes,  et  de  45  à  25  e^  temps  de 
paix. 

Il  est  dIfRcile  d'assigner  ao  mot  bar- 
que sa'véritable  étymologie.  Le  latin  des 
belles  époques  antiques  ne  nous  donne 
rfed  d'où  on  puisse  l'induire;  on  ne  trouve 
rien  non  phis  dans  le  grec.  Dans  la  basse 
latinité,  ÀorraxjiW  désignait  une  espèce 
de  petit  bateau;  faut-il  conclure  delà  que 
barcussius  soit  le  chef  d'une  femiHe  de 
mots  qui  compte  tant  de  dérivés  :  barque, 
embarquer,  débarquer,  embarquement, 
embarcation,  embarcadère^  barcasse, 
barauette,  barqaerole?  Le  mot  barcasse 
est  Dieu  près  de  barcussius  :  il  est  pour- 
tant sage  de  ne  pas  se  laisser  sédidre  par 


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BAf^ 


(H) 


ÈhA 


ce  rapport.  Obserrons,  tcmtefoU,  que 
lés  langnes  européennes  du  bassin  de  h 
Méditerranée  ont  barra.  L'italien,  l'es- 
pagnol, le  portugais,  ont-ils  pris  ce  terme 
au  latin  barcussius?  C'est  ce  qu'il  est 
impossible  aujourd'hui  de  déterminer. 

La  barcassê  était  autrefois  tine  petite 
barque  ;  aujourd'hui  on  appelle  de  ce 
nom  un  mauvais  navire,  un  grand  navire 
^os  qualités.  Une  espèce  de  barque  ita- 
lienne était  connue  sous  le  nom  de  bar- 
querûie.  Sur  les  ri? îères  de  France,  nous 
avons  des  barges  et  des  barquettes  ;  la 
ftor^tt^/tede  Vîenne,espèce  de  petit  coche 
qoi  fait  le  service  de  transport  entre  cette 
tille  et  Lyon,  est  aussi  célèbre  sur  la  Saône 
et  a  le  même  genre  de  célébrité  que  le 
eoche  d'Auxerre  sur  la  Seine.  Aux  In- 
des-Occidentales,  des  pirogues  fortes 
qui  portent  un  ai*mement  de  guerre  ont 
le  nom  de  barges.  Les  gens  du  monde 
ont  rhabitude  de  confondre  embarque- 
ment avec  embarcation  \  Aous  devons 
ks  prémunir  contre  cette  faute.  LV/ti- 
harqaemenî  est  Tacl^on  d'entrer  dans 
une  barque,  canot  ou  navire  quelconque; 
Vembarcation  est  la  barque ,  canot  ou 
chaloupe  danft  lequel  on  s'embarqae. 
Les  Turcs  nomment  leurs  barques  :  qaïq. 
Cest  de  là  que  nous  avons  fait  caîc  ou 
calque  qui  désignail  autrefois  l'esquif  ou 
canot  de  la  galère.  Dans  l'Archipel  et  le 
Levant ,  il  y  a  des  petits  bateaux  cabo- 
teurs qui  s'appellent  calques.  Les  cor- 
saires cosaques  de  la  mer  Noire  mon- 
taîetit  des  caîques  armés.  Au  moment  de 
la  descente  projetée  en  Angleterre,  on 
fit  en  France  dés  chaloupes  canonnières, 
années,  à  I*avant  et  à  l'arrière,  de  deux 
pièces  d'artillerie  placées  sur  coulisses 
et  du  calibre  de  86.  A.  J-L. 

BARRAGE.  On  nomme  ainsi  des 
espèces  de  dignes  que  l'on  constrnît  en 
trdTerS  des  Hvl^eS  pour  élever  le  niveau 
et  lenrséaUX ,  soft  qu'otf  veuille  les  ren- 
dre pins  navigables,  soit  qu'on  ait  besoin 
de  cfauteér  d'eau  pouf  établir  des  usines. 

Snr  des  rivières  peu  considérables ,  les 
barrages  sont  ordinairement  pleins  et 
eonstamnf^nt  immergés  ;  leur  section 
transversale  présente  une  figure  triangu- 
laire y  reposant  sur  le  sol  par  le  côté  le 
piMs  gnittd  ;  Ib  MntMmvent  formés  d'un 
8l|fM8WtlNI  €tt  OiHtl^^ieilte  dNMfC  les   Vides 


sont  remplis  par  des  pierres  potées  1  sec; 
on  réunit  à  la  surface  des  blocs  de  dimen- 
sion assez  forte  pour  qu'ils  ne  soient  pas 
entraînés.  Pour  les  rendre  étanches,  on 
garnît  de  terre  franche  ou  de  terre-glaise 
le  tal  us  d  amont,  sur  une  hauteur  moyenne 
de  1  mètre  et  qui  augmente  avec  la  pro- 
fondeur. On  a  dA  prendre  les  précau- 
tions d'usage  pour  prévenir  toute  espèce 
de  filtration  au-dessous  de  la  base  du 
barrage.  L'eau  glissant  sur  le  talus  d'aval, 
après  avoir  franchi  l'arête  supérieure , 
perd  une  partie  de  la  vitesse  que  la  pe- 
santeur tend  à  lui  imprimer^  lorsqu'elle 
est  trop  considérable,  ou  que  le  sol  ne 
présente  pas  une  solidité  sufîfisante,  l'eau 
attaque  le  pied  du  barrage  et  y  produit 
des  excavations  qui  atteignent  souvent 
de  6  à  7  mètres  de  profondeur ,  et  aux- 
quelles on  donne  le  nom  éi'affbutUemens. 
La  solidité  du  point  <^appui  sur  lequel 
repose  la  digue  se  trouve  ainsi  diihlnuéc, 
et  la  pression  des  eaux  supérieures  en- 
traîne souvent  sa  chute.  î^our  prévenir 
cette  cause  de  ruine,  on  construit  en 
charpente ,  en  fascinage  on  en  gros  blocr 
de  pierre ,  aine  espèce  de  plate- forme  qui 
porte  le  nom  de  radier,  et  qui ,  prenant 
naissance  au  pied  du  barrage,  s*étend  en 
aval  jusqu'à  une  distance  où  les  affouil- 
lemens  ne  soient  plus  à  craindre. 

On  diminue  encore  le  danger  en  don- 
nant au  barrage  une  direction  oblique  à 
la  rivière  :  l'eau  qui  coule  sur  la  surface 
d'aval  suit  la  ligne  de  plus  grande  pente 
qui  est  perpendiculaire  a  U  direction  de 
la  digue ,  et  la  nappe  d'eau  répartie  sur 
une  surface  plus  grande  étant  moins 
épaisse ,  l'action  retardatrice  des  inéga- 
lités que  présente  le  talus  contribue  plus 
puissamment  i  diminuer  sa  vitesse;  mais 
la  direction  de  celle  qu'elle  conserve 
étant  oblique  aux  i>erges  de  la  rivière, 
le  courant  vient  se  briser  contre  elles,  se 
réfléchit  ensuite  sur  la  berge  opposée, 
entame  ainsi  successivement  chaque  rive, 
et  occasionne  des  dégâts  qui  se  font  Sen- 
tir Jusqu'à  une  distance  considérable. 

Les  constructeurs  d'usine  croient  aussi 
que  la  direction  oblique  donnée  à  leur 
barrace  amène  l'eau  sur  leurs  machines 
en  plds  grande  abondance  et  avec  plus 
de  force.  Ce  préjugé  a  contribué  sans 
doute  à  fdre  adopter  atssez  généralement 


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BAR 


(72) 


BAR 


cette  disposition ,  favorable  d'ailleurs  k 
la3olidité  de  la  construction,  mais  dan- 
gereuse pour  les  propriétés  riveraines  si- 
tuées en  aval.  On  évite  cet  inconvé/iient, 
tout  en  conservant  ce  que  cette  direction 
oblique  présente  d'avantageux,  en  don- 
nant au  barrage  la  forme  d'un  chevron 
brisé,  saillant  vers  l'amont,  ou  même 
d'twe  portion  d'arc  de  cercle  tournant  sa 
convexité  du  même  c6té  ;  alors  les  direc- 
tions opposées  que  prennent  les  filets 
d'eau  donnent  lieu  à  une  direction  ré- 
sultante unique,  parallèle  à  l'axe  du  cours 
d'eau. 

Quelquefois  le  barrage  est  terminé  du 
c6té  d'aval  par  un  mur  vertical  :  on  lui 
donne  une  épaisseur  égale  à  la  hauteur 
d'eau  à  supporter;  il  est  alors  construit 
en  maçonnerie  ;  les  pierres  de  couronne- 
ment sont  en  saillie  sur  le  mur  vertical , 
afin  de  le  préserver  du  contact  de  l'eau; 
celle-ci  tombe  verticalement  sur  un  ra- 
dier solide  construit  en  aval ,  se  brise 
contre  cet  obstacle,  et,  perdant  ainsi  tonte 
la  vitesse  que  la  pesanteur  lui  a  commu- 
niquée dans  sa  chute ,  ne  conserve  plus 
pour  s'écouler  que  celle  qui  est  due  à  la 
pente  naturelle  du  sol. 

Cette  forme  de  barrage  ne  serait  pas 
applicable,  à  une  grande  rivière  peu  en- 
caissée et  sujette  à  des  crues,  parce 
qu'au  moment  des  grandes  eaux  celles- 
ci  ,  ne  trouvant  de  passage  qn'au-dessus 
de  la  digue,  pourraient  s'élever  à  une 
hauteur  considérable ,  déborder  et  occa- 
sionner des  accidens;  c'est  pour  cela 
qu'on  ménage  dans  le  barrage  des  ouver- 
tures suffisantes  pour  donner  passage  à 
toute  l'eau  que  débite  la  rivière  da.ns  le 
moment  des  crues ,  ;sans  qu'elle  s'élève  à 
une  hauteur  dangereuse  pour  les  pro- 
priétés riveraines.  Ces  ouvertures  se  fer- 
ment à  volonté,  à  l'aide  de  pièces  de 
bois  que  l'on  nomme  poutrelles  :  on  les 
place,  les  unes  au-dessus  des  autres, 
dans  des  enclaves  ménagées  pour  cet  effet 
dans  la  maçonnerie  du  barrage,  qui  se 
compose  alors  de  piles  isolées  reposant 
sur  un  radier  occupant  toute  la  largeur 
de  la  rivière;  ce  radier  doit  être  d'une 
solidité  suffisante  pour  résbter  à  la  chute 
verticale  de  l'eau  qui  s'écoule  par-dessus 
les  poutrelles  lorsque  le  barrage  est  fermé. 
Lies  barrages  ont  en  général  l'incon- 


vénient d'altérer  profondément  le  régime 
des  rivières ,,  de  donner  lieu  à  des  bas- 
fonds,  et  enfin  d'occasionner  dans  le  cours 
des  eaux  des  modifications  dont  il  est 
difficile  de  prévoir  la  nature  et  la  por- 
tée. C-ON. 

BARRAS  (Paul- jEAir-FRAifçois- 
NicoLAs,  comte  de)  naquit  en  1755  à 
Fohemboux,  département  du  Yar,  d'une 
famille  dont  on  dit  proverbialement  en 
Provence  :  noble  comme  les  Barras.  11 
s'embarqua,  en  1775,  comme  sous-lieu- 
tenant pour  l'Ile-de-France  ,  dont  le 
gouverneur  était  son  parent ,  passa  de  là 
aux  Indes,  et  revint  en  France  après  la 
capitulation  de  Pondichéry  par  le  géné- 
ral Bellecombe.  Après  un  séjour  de  courte 
durée,  il  retourna  dans  l'Inde,  en  1777, 
avec  l'escadre  de  M.  de  SuCfren  ;  mais 
l'expédition  ayant  de  nouveau  échoué. 
Barras  revint  à  Paris,  où  la  trop  grande 
franchise  avec  laquelle  il  critiqua  les  fau- 
tes qui  avaient  causé  nos  revers  dans 
l'Inde  lui  valut  une  lettre  de  eachet,  dont 
M.  de  Breteuil  sut  cependant  lui  éviter 
l'exécution. 

La  révolution  éclata  sur  ces  entrefaites, 
et  Barras,  qui  depuis  son  retour  avait 
presque  entièrement  dissipé  sa  fortune , 
devint  un  des  apôtres  les  plus  ardens  des 
idées  nouvelles.  U  siégea  dans  les  assem- 
blées bailliagères  du  tiers-état ,  et  fut  un 
des  premiers  à  marcher  à  l'attaque  de  la 
Bastille.  La  journée  du  10  août  lui  four- 
nit l'occasion  de  donner  des  preuves  de 
la  modération  qu'il  savait  allier  à  son 
amour  pour  la  liberté.  Nommé  bientôt 
administrateur  du  département  du  Yar 
et  commissaire  près  de  l'armée  d'Italie, 
il  contribua  beaucoup  à  décider  le  pas- 
sage du  Yar ,.  et  devint  administrateur 
général  et  président  des  autorités  qu'il 
organisa  dans  le  comté  de  Nice. 

Nommé  député  à  U  Convention  natio- 
nale, il  vota  pour  la  mort  du  roi,  aaos 
sursb  ni  appel.  Envoyé,  après  le  81  nui, 
comme  commissaire,  à  l'armée  dltalia 
et  de  Provence ,  alors  le  foyer  de  la  guerre 
civile,  ce  fut  lui  qui  établit  le  blocus  de 
Toulon.  Le  général  Dugommîer  vint 
prendre  le  commandement  du  siège;  et 
grâce  surtout  à  l'artillerie,  dirigée  par 
un  simple  capitaine,  jeune  et  sans  nom, 
que  sut  distÎDgiier  Barras  y  l'armée  repu- 


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BAR 


(73) 


BAH 


Uicaine  fit  bientôt  son  entrée  à  Tonton. 
De  retour  à  Paris,  Barras  et  son  collègue 
Fréron  furent  les  seuls  contre  lesquels 
les  provinces  du  Midi  ne  déposèrent  point 
de  dénonciations. 

Malgré  sa  réputation  de  bon  patriote, 
il  eut  le  roalbeur  de  déplaire  a  Robes- 
pierre et  ne  dut  son  salut  qu*à  \s^  termeié 
qu'il  déploya  dans  plusieurs  occasions. 
Il  se  jeta  dès  lors  dans  le  parti  thermido- 
rien. An  moment  de  la  crise,  la  Conven- 
tion le  nomma  pour  marcher  contre  la 
Commune ,  qui  venait  de  s'insurger  en 
faveur  de  Robespierre  ;  il  réussit,  et  le 
tjran  fut  renversé. 

U  fut  nommé  successivement  secrétaire 
et  président  de  la  Convention,  élu  membre 
do  Comité  de  salut  public;  et  il  fit  rayer 
beaucoup  d'émigrés  de  la  liste  fatale.  Char- 
gé en  1794  du  service  difficile  des  sub- 
sistances, il  sauva  Paris  de  la  disette  qui 
le  menaçait.  Le  13  vendémiaire  le  porta 
de  nouveau  au  commandement  en  chef; 
mais  le  succès  de  cette  journée  fut  dû  en 
grandepartie  à  l'énergie  de  l'ex-capitaine 
de  Toulon,  à  Bonaparte,  à  qui  il  avait 
cenfié  le  commandement  de  l'artillerie. 
Barras,  dans  son  rapport,  attribua  la  vic- 
toire au  jeune  général ,  et  le  proposa  pour 
lui  succéder  dans  le  commandement  de 
rintérieur  ;  bientôt  après  il  lui  fit  donner 
celui  de  l'armée  d'Italie. 

Les  événemens  de  thermidor  et  de 
vendémiaire  portèrent  Barras  au  Direc- 
toire, où,  sans  posséder  les  qualités  néces- 
saires à  la  haute  place  dont  il  était  investi , 
il  fit  cependant  mieux  que  ne  s'y  atten- 
daient ceux  auxquels  sa  capacité  n'était 
pas  démontrée. 

Après  le  coup  d'état  du  1 8  fructidor , 
dont  il  prit  toute  la  responsabilité  sur  lui , 
Barras ,  toujours  modéré  dans  ses  prin- 
cipes ,  résista  au  mouvement  de  persécu- 
tion qui  suivit  cette  journée  et  régna  en 
dictateur  jusqu'à  l'entrée  de  Sieyes  au 
Directoire.  Voir  les  Mémoires  de  Bout- 
rienne  et  le  mot  Directoike. 

On  assure  que  Pitt  lui  offrit  à  cette 
époque  l'appui  de  l'Angleterre,  s'il  vou« 
lait  s'emparer  de  ràutorité  ;  l'ancien 
gouvernement  lui  avait  également  fait 
des  propositions  (  voir  les  Mémoires  de 
Fauche-BorelYy  et  Bonaparte,  informé 
en  Éfjipte  de  oe9  diverses  intrigues ,  «e 


serait  dès  lors  décidé  à  tenter  sa  périlleuse 
traversée.  L'homme  au  regard  d'aigle 
avait  déjà  deviné  le  peu  lie  vigueur  et  de 
résolution  de  son  premier  protecteur 

Survint  le  18  brumaire  :  Barras  céda 
à  la  puissance  sous  laquelle  devait  bien- 
tôt plier  toute  l'Europe.  «.  La  gloire,  écri- 
vit-il au  président  du  conseil  des  Cinq- 
Cents,  la  gloire  qui  accompagne  le  retour 
du  guerrier  illustre  à  qui  j'ai  eu  le  bon- 
benr  d'ouvrir  le  chemin  de  '  la  victoire, 
les  marques  éclatantes  de  confiance  que 
lui  donne  le  corps  législatif,  et  le  décret 
de  la  représentation  nationale ,  m'ont  con- 
vaincu que,  quel  que  soit  le  poste  où  l'ap- 
pelle désormais  l'intérêt  public,  Us  périls 
de  la  liberté so/itsunnontés elles  intérêts 
des  armées  garantis.  Je  rentre  avec  joie 
dans  les  rangs  de  simple  citoyen.  »  Il  ob- 
tint ime  escorte  et  se  retira  à  son  château 
de  Gros -Bois.  Possesseur  d'une  fortune 
considérable,  qu'il  ne  dissimulait  pas, 
il  refusa  tous  les  avantages  qu'oi)  lui  of- 
frit, ^lors  persécuté  comme  ennemi  du 
nouvel  ordre  de  choses,  il  vendit  Gros- 
Bois,  et  se  retira  à  Bruxelles  où  il  passa 
plusieurs  années.  Il  acheta  dans  les  envi- 
rons un  château  où  il  vécut  en  grand-sei- 
gneur. Depuis  1814,  Il  vécut  dans  la 
retraite  jusqu'en  1829,  où  la  mort  vint 
l'enlever  au  milieu  des  regrets  et  des 
bénédictions  de  la  commune  de  ChaiHot, 
dont  il  était  devenu  le  père.  On  s'atten- 
dait à  la  publication  de  Mémoires  d'une 
haute  importance;  mais  le  gouvernement 
a  fait  apposer  les  scellés  de  l'état  sur  ses 
papiers  ^our  en  retirer  ceux  qui  seraient 
sa  propriété. 

Le  comte  de  Barras,  frère  atné  du  pré- 
cédent, siégea  à  l'assemblée  de  la  noblesse, 
et  professa  des  opinions  opposées  à  celles 
de  son  frère.  Il  émigra  et  servit  dans  l'ar- 
mée de  Condé.  M-ss. 

BARRE  (géogr.  phys.).  On  donne  ce 
nom  à  deux  sortes  de  phénomènes  qui  se 
passent  à  l'embouchure  des  fleuves ,  et 
que  l'on  distingue  en  barre  de  sable  et 
barre  d'eau. 

La  barre  de  sable  est  un  amas  de  sa- 
ble et  de  vase  qui  se  forme  à  l'entrée  de 
certains  fleuves  ou  de  certains  golfes  où 
ils  viennent  se  décharger,  et  qui  en  obs- 
true tellement  le  passage  qu'on  ne  peut 
entrer  dans  ces  flenves  ou  dans  ces  gol- 


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BAR     .  (74) 

h»  qu'à  la  marée  haute,  à  moins  qu'il  ne 
ée  trouvedansle  prolongement  de  la  barre 
des  ouvertur&s  formant  ce  qu*on  appelle 
àes  passe  fondes  chenaux  que  suivent  les 
tevîres.  La  bapre  de  sable  qui  se  forme 
journellement  à  Tembouchurede  la  Seine 
offre  un  exemple  de  ces  passes  que  des 
pilotes  sont  constamment  occupés  à  re- 
connaître, parce  qu'elles  changent  inces- 
samment.de  place  (vo/.  Banc).  Lorsque 
le  cours  du  fleuve  est  très  rapide,  il  ne  s'y 
fbrmè  point  de  barre  de  sable,  parce  que 
le  courant  a  assez  de  force  pour  entraîner 
à  la  mer  tous  les  sédimens  qu'il  charrie. 
La  èarre  ti*eau  est  une  vague  ou  lame 
qui  semble  partir  de  la  surface  de  la  mer 
et  qui  remonte  le  courant  de  certains  fleu- 
ves avec  une  effrayante  rapidité,  rejetant 
violemment  sur  le  rivage  les  navires  et 
tout  ce  qu'elle  rencontre  dans  sa  marche. 
Cest  aux  équinoxes  et  aux  époques  de  la 
nouvelle  et  de  la  pleine  I  uneque  cette  barre 
est  le  plus  à  redouter,  surtout  si  elle  est 
poussée  par  un  fort  vent  d'ouest  Sur  la 
Seine  les  flots  de  la  marée  qui  monte 
arrivent  à  la  hauteur  de  Quillebœuf  ;  là , 
ils  s'amonceHent  subitement  et  s'élèvent 
à  une  hauteur  quelquefois  considérable. 
Au  moment  où  Te  phénomène  commence, 
Un  bruit  sourd  se  fa:t  entendre  à  la  dis- 
tance de  deux  lieues  :  les  animaux  épou- 
vantés abandonnent  les  pâturages  où  ils 
paissaient  tranquillement;  l'effroi  se  ré- 
pand sur  les  deux  rives ,  et  le  cri  de  la 
barre!  la  barre  î  répété  de  tontes  parts, 
devient  un  cri  d'alarme  pour  Thabitant 
riverain  qui  toit  quelquefois  le  èot  me- 
nacer son  habitation  et  ses  champs.  Dans 
81  course,  le  phénomène  dévastateur  dé- 
fjttAe  le  rivage,  enlève  tout  ce  qu'if  ren- 
contre, et  porte  au  loin, sur  les  terres  bas- 
ses, un  limoh  infertile.  Il  a  successive- 
ment détruit  les  digues  les  mieux  cimen- 
tées qu'on  avait  essayé  de  lui  opposer. 
Cette  barre  remonte,  en  diminuant  de  vi- 
tesse, jusqu'à  Rouen ,  où  elle  a  quelque- 
fois encore  assez  de  force  pour  cfue  les 
navires  trop  voisins  les  uns  des  autres 
i^entre-choquent,  brisent  leurs  amarres 
A  s'avarient.  Elle  est  mène  sensible  en- 
core au  Pont-de-F  Arche  ;  mais  ordinai- 
rement, depuis  la  première  de  Ces  vîHes 
jttsqttl  la  secondé,  ce  n^est  plus  qu'un  flot 
ftMrmaiK  un  bomtefet  qui  traveHe  k  Seine 


BiOl 

et  qui  vient  mom^ir  toujours  \  peu  près 
au  même  point  du  courant  du  fleuve. 

Celle  vague  reçoit  le  nom  de  Masca^ 
ret  dans  la  Gironde  :  son  bruit  se  fait  en- 
tendre à  la  distance  de  S  lieues;  et  lors- 
que les  eaux  du  fleuve  sont  basses,  elle 
fait  chasser  les  ancres  des  navires,  rompt 
les  câbles  et  fracasse  les  bateaux ,  si  l'on 
n'a  pas  la  précaution  de  placer  ceux-ci 
ài'abri  que  présentent  les  points  de  terre 
qui  la  détournent,  ou  au  milieu  du  fleuve 
où  la  profondeur  des  eaux  diminue  la 
force  du  courant.  Celle  barre  conserve 
encore  une  force  extraordinaire  près  de 
l'embouchure  de  la  Dordogne,  à  plus  de 
15  lieues  de  l'Océan. 

Le  plus  beau  phénomène  de  Ce  genre 
est  celui  qu'offre  le  géant  des  fleuves, 
rOrellana,  improprement  appelé  Rivière 
des  Amazones,  «  Une  montagne  liquide 
s'élève  à  la  hauteur  de  30  toises.  Elle  se 
rencontre  assez  souvent  avec  la  marée 
montante  de  la  mer  :  le  choc  terrible  de 
ces  deux  masses  d'eau  fait  trembler  tou- 
tes les  lies  d'alentour;  les  pécheurs,  les 
navigateurs  s'éloignent  avec  efFiroi.  Le 
lendemain  ou  le  surlendemain  de  chaque 
nouvelle  ou  pleine  lune,  temps  où  les 
marées  sont  les  plus  fortes,  l'Orellana 
semble  aussi  redoubler  de  puissance  et 
d'énergie.  Ses  eaux  et  celles  de  l'Océan 
se  précipitent  au  combat  comme  dent 
armé'es;  les  rivages  sont  inondés  de  leurs 
flots  écumeux  ;  les  rochers ,  entraînés 
comme  des  galets  légers,  se  heurtent  sur 
le  dos  de  Fonde  qui  les  porte;  de  longs 
mngfssemens  roulent  d'ile  en  Ile.  On  di- 
rait que  le  génie  des  fleuves  et  le  dieo  de 
l'Océan  se  disputent  l'empire  des  flots.  » 

Une  remarque  générale  que  Ton  a  faite 
au  sujet  des  barres  d'eau ,  c'est  qu'elles 
n'ont  jamais  lieu  lorsque  le  fond  du  fleuve 
est  uni ,  et  qu'elles  cessent  toufeif  les  fois 
que  le  courant  descendant  acquiert  nne 
grande  rapidité  par  l'effet  des  déborde- 
mens.  P^oy.  Barrage.  J.  H-r. 

BARRE  (droit).  L'enceinte  piàrticu- 
lière  réservée  aUx  juges  dans  le  lieu  de 
leurs  séances  est  ordinairement  fermée 
par  une  barre  ;  de  là  est  venu  l'usage  de 
dire  :  se  présenter  à  la  barre  d'un  tribu- 
naf.  On  a  été  même  tusqu'à  substituer  le 
nom  de  barre  à  ccnul  de  tribunal ,  en 
diftaat,  oomme  jadis ,  barré  dûeaie  de 


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BAR 


(«) 


BAR 


Mayenne,  les  Barres  rofoXes  de  Rennes, 
de  Nantes  ;  et  le  bailliage  de  Tégiise  de 
Paris  était  qnaliÛé  de  barre  du  chapitre. 
Ce  mot  barre  est  aujourd'hui  admis  à  Té- 
gard  de  nos  chambres  législati ves,  comme 
à  regard  des  tribunaux.  Il  est  défendu 
par  la  Charte  d*apporter  soi-même  et  eh 
personne  à  la  btirre  les  |>étitions  qne 
l'on  teut  adresser  à  Tune  ou  à  l'autre 
Chambre.  O.  V. 

BAERE  (musique),  voy.  Notes  fk 
MEsumc. 

BARRÉ  (Tyes),  né  à  Paris  yers  1750 
et  mort  en  1882 ,  voy,  Vaudktille. 

BARREAU*  Le  barreau  est  le  lieu  oà 
Se  placent  les  avocats  pour  plaider.  Cest 
arosi  qu'après  la  prestation  de  serment  le 
président  de  la  cour  dit  aux  jeunes  licen- 
ciés :  Prenez  place  au  barreau.  Mais 
phis  fréquemment  cette  expression  sert  a 
désigner  Tordre  même  des  avoeats;  ainsi 
l'on  dit  :  Le  ifarreau  de  Paris  a  été  con- 
sulté sur  la  question  du  mariage  des 
prétreà. 

L'existence  des  avocats  est  fort  an- 
cienne, ainsi  <|u'on  a  pu  le  voir  dans  l'ar- 
ticle Avocat.  Partout  où  les  passions 
humaines  ont  fait  naître  des  contesta- 
tions, il  a  falhi  des  juges  pour  les  déci- 
der, et  l'on  a  senti  la  nécessité  d'hommes 
exercés  pour  faire  valoir  les  raisons  des 
plaideurs.  Il  est  même  assez  vraisembla- 
ble que  ceux  dont  les  prétentions  étaient 
injustes  ont  ^té  les  premiers  à  réclamer. 

L'institution  des  avocats,  en  France,  re- 
tnonteà  l'institution  des  parlemens;  et  à 
mesure  qtie  ces  grands  corps  judiciaires 
acquirentunefixiléetde  la  puissance,  le 
barreau  vit  ses  attributions  se  dévelop- 
per, sa  considération  et  son  influence 
s'accroître.  En  1 790  il  disparut  avec  les 
parlemens  auxquels  son  existence  sem- 
blait être  attachée,  comme  le  disaient  les 
avocats  eux-mêmes  à  cette  époque  (Four- 
nel,  Histoire  des  avocats  au  parlement 
et  dm  barreau  de  Paris,  Paris,  1818, 
t.  n,  p.  540).  Il  se  reforma  en  1810 
lorsque  des  cours  de  justice  furent  réta- 
bUes. 

De  curieuses  recherches  ont  été  faites 
sur  l'origine  du  barreau ,  ses  usages  j  ses 
prérogatives ,  ses  traditions.  M.  Dupin  a 
publié  deux  volumes  sur  la  profession 
d'avocat  qu'il  a  honorée  et  pour  laquelle 


il  conserre  une  afTeetion  vive;  il  y  a  re-^ 
cueilli  les  ouvrages  anciens  les  plus  di- 
gnes d'attention  et  d'intérêt,  il  y  a  joint 
quelques  fragmens  d'auteurs  modernes, 
et  lui-même  y  a  placé  quelques-uns  de 
ses  écrits.  On  trouve  dans  ce  recueil 
l'histoire  complète  du  barreau  et  l'exposé 
fidèle  de  ses  maximes. 

Presque  (bus  les  avocats  conservent 
pour  leur  profession  un  grand  attache- 
ment; presque  tous  se  montrent  jakrax 
de  sa  gloire  et  de  son  illustration,  même 
après  qu'ils  l'ont  quittée.  Ceci  est  un  si- 
gne infaillible  qu'elle  a  Quelque  chose  à 
la  fois  d'élevé  et  d'utile.  Les  traditions 
qui  la  régissent,  les  règles  auxquelles 
elle  est  soumise,  sont  graves,  sévères,  et 
empreinte  d'une  exquise  délicatesse.  On 
a  reproché  aux  avocats  d'exagérer  leur 
propre  dignité  et  de  se  placer  orgueiHen- 
sement  au-déssns  des  autres  professions: 
cela  peut  être  vrai  ;  mais  il  est  vrai  aussi 
que  tel  acte,  qu'entre  personnes  d'une 
autre  position  oui  ne  aong«  à  blâmer , 
serait  entre  avocats  une  faute  et  ferait 
prononcer  contre  eux  des  peines  de  dis- 
cipline, souvent  même  l'exclusion.  Qu'on 
permette  un  peu  d'estime  de  soi-même 
à  qui  s'impose  et  qui  remplit  des  devoirs 
si  rigoureux. 

L'éloquence  du  barreau  a  eu  ses  pha- 
ses diverses:  long- temps  fausse  et  am- 
poulée, elle  est  aujourd'hui  aussi  simple 
et  aussi  naturelle  qu'on  peut  le  désirer. 
«  H  n'y  a  pas  même  un  siècle,  dit  un  au- 
teur, qu'un  discoors  au  palais  n'était 
qu'un  récit  ennuyeux  de  faits  étrangers, 
une  abondance  énorme  dé  paroles,  de 
citations  inutiles  et  surtout  de  passages 
latins;  un  mélange  indécent  du  sacré  et 
du  profane,  un  assemblage  bizarre  des 
traits  de  l'histoire  et  de  la  fable;  un  tissu 
ridicule  de  pointes  et  d'épigrammes , 
d'emblèmes  et  de  figures.  Les  deux  mo- 
dèles qu'on  eut  à  se  proposer,  et  qu'on 
se  garde  bien  aujourd'hui  d'imiter,  étaient 
Lemaitre  et  Patru  :  l'un  ^tait  diffus  et 
sans  ordre,  plus  chargé  d'autorités  que 
de  raisons;  l'autre  plus  correct,  maïs 
froid,  sans  mouvement,  et  presque  sans 
ame  et  sans  vie.  » 

Dumoulin,  Cochin,  Loyseau  de  Bfau* 
léon,  Gerbier,  Linguet,  Target,  Treîllard, 
Dësèze,  Poirier,  Fcrrère,  Delacroix- 


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BAR 


(76) 


BAH 


FraînviUe,  Bellart  et  Bill^cocq,  sont  au 
premier  rang  pai-iui  les  écrivains  ou  les 
orateurs  du  barreau;  il  ne  peut  être  ici 
question  des  hommes  vivans  que  chacun 
connaît  et  apprécie  à  son  gré. 

Depuis  rétablissement  en  France  du 
gouveri^ement  représentatif ,  beaucoup 
d'avocats  ont  joué  un  rôle  politique;  du 
barreau  à  la  tribune,  de  l»  tribune  <au 
pouvoir  la  transition  çst  toute  naturelle  ; 
également  aux  États-Unis  et  en  Angle- 
terre un  grand  nombre  d*hommes  politi- 
ques ont  eu  le  barreau  pour  point  de  dé- 
part. Là  où  Ton  gouverne  par  la  parole, 
ceux  qui  ont  l'habitude  de  bien  parler 
doivent  gouverner.  Aussi  Napoléon ,  qui 
avait  supprimé  le  régime  parlementaire, 
n*airaait  pas  les  avocats,  n  II  détestait , 
dit  M.  Dupin ,  leur  indépendance  et  leur 
esprit  de  controverse.  Un  projet  de  rè- 
glement (  sur  leur  profession  )  lui  avait 
été  présenté,  il  le  repoussa  avec  colère 
et  le  renvoya  à  rarchi-chancelier  avec 
une  lettre  que  j*ai  vue  lors  de  la  levée 
du  scellé  adn^inistratif  apposé  au  domi- 
cile de  M.  Cambacérès,  en  1814,  et  sur 
laquelle  j*ai  copié  cette  boutade,  plus 
digne  d*un  dey  d'Alger  que  du  chef  d'une 
nation  civilisée.  Le  décret  est  ahsunie, 
il  ne  laisse  aucune  prise ,  aucune  ac- 
tion contre  eux.  Ce. sont  des  /adieux y 
des  artisans  de  crimes  et  de  trahisons  ; 
tant  que  j'aurai  Vépée  au  côté,  jamais 
je  ne  signerai  un  tel  décret;  je  veux 
qu'on  puisse  couper  la  langue  à  un  avo- 
cat  qui  s'en  sert  contre  le  gouverne-^ 
ment,  » 

Il  ne  parait  pas  que  le  barreau  ait 
gardé  rancune  de  cela;  car  tout  récem- 
ment ses  membres  les  plus  distingués  ont 
rédigé  des  consultations  pour  établir  que 
Vépée  de  Napoléon  devait  être  rendue  à 
la  France.  Depuis  quelque  temps  l'in- 
fluence des  avocats  semble  s'être  affai- 
blie, et  Ton  trouve  beaucoup  de  ge^s  qui 
sans  doute  ne  veulent  |)as  comme  Napo- 
léon leur  couper  la  langue  ;  mais  qui  ne 
seraient  pas  lâchés  de  leur  fermer  la 
bouche.  Au  surplus  c'est  la  nature  même 
du  gouvernement  représentatif  qui  ouvre 
au  barreau  la  carrière  politique;  toute- 
fois les  avocats  qui  y  entrent  seulement 
avec  leur  éducation  et  leurs  connaissances 
d9  légistes  sentent  bientôt  U  nécessité 


d'acquérir  une  Instruction,  plus  vaste  et 
plus  variée.  Quelques-uns  ont  reculé  de- 
vant cette  obligation  ;  plusieurs  Font  ac- 
ceptée avec  ardeur  et  l'ont  remplie  avec 
distinction.  Les  uns  sont  restés  obscurs, 
les  autres  sont  maintenant  placés  au  pre- 
mier rang.  Foy^  Batonnieb  ,  Disci- 
pline, etc.  J.  B.  D. 

Le  Bae&e4U  anglais  se  compose 
de  l'ordre  entier  des  avocats  reçus 
à  plaider  dans  tous  les  tribunaux ,  et  ne 
,  comprend  pas  d'autres  officiers  de  jus- 
tice ou  gens  de  robe.  Le  nom  de  barris^ 
ters  qui  désigne  tous  les  avocats  en  gé- 
néral, vient  du  mot -anglais  bar,  barre 
d'audience.  Les  sièges  des  juges  sont  une 
espèce  de  trône,  et  le  parquet  est  réservé 
à  l'avocat  général  (voy,  Attoenet  oe- 
neeal),  au  procureur  général  (  soliciter 
gênerai)  et  aux  avocats  spécialement 
nommés  pour  assister  les  gens  du  roi 
dans  les  causes  du  fisc  et  appelés  en  con- 
séquence avocats  du  roi  [king's  counsel). 
Cette  distinction  est  accompagnée  du  pri- 
vilège de  porter  la  longue  robe  de  soie 
(  a  silk  gown  )„  Derrière  c«  parquet  sont 
des  bancs  élevés  en  amphithéâtre  pour 
le  reste  de  l'ordre  des  avocats  qui  por- 
tent également  le  rabat  et  la  longue  robe 
noire;  mais  celle-ci  n'est  point  de  soie. 
Pour  être  admis  à  plaider  il  fallait  autre- 
fois de  longues  épreuves  ou  formalités 
qui  sont  à  présent  limitées  an  terme  de 
cinq  ans.  La  jurbprudence  anglaise  re* 
pose  principalement  :  1^  sur  les  décisions 
des  tribunaux  qu'on  recueille  avec  soin 
sous  le  nom  de  rapports  et  qui  consti- 
tuent la  loi  commune  non  écrite  (  the 
commom  Laiv  )  ;  et  2*^  sur  les  sUtuU  du 
royaume  ou  la  loi  écrite,  c'est-à-dire  lea 
actes  du  parlement  (  statutes  at  large  ) 
dont  la  collection  se  monte  à  plus  de  60 
gros  volumes.  Les  rapports  (  reporters  ) 
de  la  loi  commune  se  trouvent  dans  256 
recueib.  Lors  de  l'établissement  des  court 
supérieures  dans  Westminster-Hall,  en 
conséquence  de  la  grande  charte,  les  ju- 
risconsultes qui  plaidaient  dans  ces  cours 
formèrent,  pour  ainsi  dire,  une  corpo- 
ration destinée  à  initier  les  étudiant  en 
droit  au  dédale  des  lois  et  à  la  défente 
des  causes  civiles  et  criminelles.  On  leur 
accorda  des  gradations  aemblablet  aux 
de^és  académiques.  Le  premier  de|r4 


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BAR  (  71 

est  celai  de  bachelier  ou  licepcié  en 
droit ,  et  le  second ,  au  bout  de  seize  ans 
de  pratique,  celui  de  sergent  (  serjeant 
ad  law ,  sejviens  ad  legem ,  eques  le^ 
gum,  doctor).  Pour  apprendre  la  théo- 
rie du  droit,  les  étudians  demeuraient  en 
communautés  dans  les  h6tels  de  la  chan- 
cellerie (  Inns  qf  Chancery)^  et ,  pour  la 
pratique,  dans  les  hôteb  des  fpbunauz 
(Jnns  qf  Court),  Ces  hôtels  ou  i|uberges 
donnèrent  naissance  à  plusieurs  sociétés 
ou  fondations  encore  existantes  pour  la 
forme,  personne  ne  pouvant  être  reçu 
avocat  en  Angleterre,  à  moins  d'avoir  été 
pendant  un  certain  espace  de  temps 
membre  de  Tune  ou  Tautre  des  quatre 
sociétés  nommées  Tnns  qf  Court  y  savoir  : 
Inner  Temple  y  Middle  Temple,  Lin- 
coln's  Inn  et  Grafs  Inn,  Quoiqu'il  y 
ait  à  présent  des  chaires  de  jurisprudence 
à  Oxford,  à  Cambridge,  à  Funiversité 
de  Londres ,  et  au  collège  du  roi  à  Lon- 
dres ,  les  étudians  en  droit  sont  toujours 
obligés  de  se  soumettre  à  ces  formalités. 
Elles  paraissent  vaines ,  mais  elles  don- 
nent au  talent  le  temps  de  mûrir;  et  c'est 
peut-être  cette  marche  lente  et  mesurée 
dans  la  carrière  du  barreau  en  Angle- 
terre, qui  a  contribué  à  former  les  ju- 
risconsofces  célèbres  dont  une  grande 
partie  de  la  hante  noblesse  du  royaume 
est  descendue.  C'est  sans  doute  aussi  à 
cette  marche  peu  précipitée  que  le  bar- 
reau anglais  lui-même  doit  la  considé- 
ration dont  il  jouit  à  si  juste  titre.  Les 
présidens ,  ainsi  que  les  juges  des  cours 
supérieure^  et  le  grand-chancelier  lui- 
même  ,  sont  toujours  tirés  de  l'ordre  des 
avocats,  qui  fournit  aussi  les  magistrats 
de  police  pensionnés  et  tous  les  autres 
fonctionnaires  de  la  justice.  Les  plai- 
doyers des  avocats ,  en  Angleterre ,  peu- 
vent être  parfois  sujets  à  manquer  de 
précision,  mais  ils  sont  rarement  enta- 
chés de  ce  ton  de  déclamation  oiseuse 
qui  dépare  souvent  l'éloquence  du  bar- 
reau dans  d'autres  pays.  D.  B. 

BAREÊME  (  Fkahçois),  arithméti- 
cien da  ZTii*  siècle,  l'un  des  hommes, 
peat-étre,  qui  ont  acquis  à  moins  de 
frais  Timmortalité.  H  naquit  à  Lyon  et 
moarat  à  Faris  en  1703.  Son  livre  de 
comptes  faits  a  joui  long-temps  d'une 
telle  YO^e  que  le  nom  de  l'auteur  en 


) 


ËàR 


est  devenu  technique  et  proverbial.  On 
dit:  «  compter  comme  Barréme ;  tel 
calcul  est  juste,  ou  Barreine  a  tort^  » 
On  appelle  en  général,  tous  les  livres  et 
tableaux  de  comptes  faits,  des  Bar^ 
ré  mes  ;  la  substitution  des  nouvelles  me^ 
sures  a  singulièrement  multiplié  les  ou- 
vrages de  cette  nature.  On  peut  citer  les 
Tables  de  Martin  comme  un  des  Bar- 
rémes  les  phis  complets  et  les  plus  usités 
maintenant.  A.  C. 

BARRÉRE  DE  VIEUZAC  (Ber- 
trand)^ conventionnel,  membre  du  co- 
mité de  s^lut  public,  etc.,  aujourd'hui 
membre  du  conseil  générât  du  départe- 
ment des  Hautes-Pyrénées,  naquit  à  Tar- 
bes,  en  1755.  Il  débuta  fort  jeune,  et 
avec  quelque  éclat ,  au  barreau  de  sa  ville 
natale;  et  dès  la  même  époqife  un  Éloge 
de  Louis  XII,  qui  lui  ouvrit  l'entrée  de 
l'Académie  des  jeux  floraux,  commença 
sa  réputation  littéraire. 

La  révolution  de  1789  le  trouva  con- 
seiller à  la  sénéchaussée  de  Bigorre.  Dé- 
puté par  cette  sénéchaussée  aux  états-gé- 
néraux, il  y  prit  rang  parmi  les  partisaus 
d'une  sage  réforme;  et,  pour  en  hâter  l'ac- 
complissement, il  rédigea  un  journal  inii" 
VvXé  le  Point  du  Jour  [2\  v.  in-8°).  La  pre- 
mière séance  importante  de  l'Assemblée 
nationale  où  il  s'essaya  à  la  tribune  fut 
celle  du  81  mars  1790.  Il  s'agissait  de 
régler  la  discussioti  de  divers  projets  pro« 
posés  pour  l'établissement  de  l'ordre  ju- 
diciaire. Sur  sa  proposition,  l'assemblée, 
par  un  décret,  divisa  la  matière  en  une 
série  de  questions  sur  lesquelles  elle  au- 
rait à  voter  successivement.  Le  9  décem- 
bre suivant,  il  fut  chargé  de  faire ,  au 
nom  du  comité  des  domaines ,  un  rap- 
port sur  les  moyens  de  donner  une 
pleine  exécution  au  décret  rendu  le  10 
juillet  précédent,  d'après  la  proposition 
de  Marsanne  Fontjulianne ,  sur  la  resti- 
tution des  biens  confisqués  pour  cause 
de  religion.  Ce  rapport  offrit  un  abrégé 
histori({ue  des  persécutions  qui  avaient 
pesé  jusque  là  sur  les  protestans.  Il  dé- 
notait dans  son  auteur  un  attachement 
raisonné  aux  vrais  principes  de  la  liberté 
politique  et  religieuse. 

C'est  dans  une  vue  analogue  de  répa- 
ration qu'à  la  séance  du  31  décembre  il 
demandi^  pour  la  veuve  de  J,-J,  Rous-< 


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BhR  ( 

•eau  uae  pension^  de  600  livres.  Cette 
proposition  fut  favorablement  accueillie 
et  doona  lieu  à  celle  de  Tabbé  Ëymard  , 
sur  laqu>  lie  fut  rendu  le  décret  portant 
qu'une  statue  .serait  élevée   à  Tautear 
à' Emile  f  et  qu'une  peûsîoo  de  1200  iiv. 
serait  payée  à  sa  veuve.  Le  2  avril  1791» 
quand  la  mort  de  Mirabeau  fut  annon- 
cée à  l'assemblée,  ce  fut  Barrère  qui,  avec 
Barnave,  fit  la  motion  qu'elle  assistât  eo 
corps  à  ses  funérailles. 
-    Ainsi  se  dessinait  l'attitude  de  Barrère 
dans  le  grand  drame  où  bientôt  son  nom 
allait  être  accolé  à  ceux  des  fauteurs  de 
la  plus  hideuse  anarchie.  Il  n*aspirait  pas 
à  une  grande  puissance  d'action  ;  mais , 
persuadé  que  tous  les  efforts  de  la  nation 
allaient  être  nécessaires  pour  Caire  triom- 
pher la  révolution ,  il  crut  remplir  un 
rôle  utile  en  s'associapt  aux  hommes  en> 
thousiastes,afin  de  faire  tourner  au  profit 
de  la  chose  publique  l'élan  national  que 
d'autres  ne  songeaient  qu'à  exploiter  au 
profit  de  leur  ambition.  Celle  de  Barrère 
était  pour  la  popularité  ;  il  la  paya  trop 
souvent  par  l'abandon  de  ses  propres  con- 
victions. On  croirait  voir  en  lui  un  acteur 
habitué  aux  bravos  du  parterre ,  qui  lui 
tait  gré  des  belles  choses  qu'il  débite, 
GomoM  si  elles  étaient  le  produit  de  ses 
propres  inspirations.  Son  langage  solen- 
nel produisait  toujours  un  heureux  effet 
sur  la  majorité,  qu'il  tendait  d'ailleurs  à 
conserver  puissante  au  milieu  de  la  lutte 
des  partis  extrêmes.  Mais  quand  la  vio- 
lence pénétra  dans  la  majorité  elle-même, 
au  lien  de  sacrifier  sa  popularité,  il  resta 
l'organe  des  terroristes.  Toutefois  ceux 
qui  l'ont  flétri  du  nom  d'Anticréon  de  la 
Guillotine   n'ont  peut  -  être  pas  asseai 
tenu  compte  des  difficultés  que  provoqua 
l'inflexible  rigueur  de  principes  des  Gi- 
rondins, r 

U  Oaudrait  écrire  tout  un  volume  pour 
contenir  une  simple  analyse  des  travaux 
législatifs  de  Barrère:  nous  ne  prétendons 
pas  la  tracer  ici  ^  cherchons-en  seulement 
quelques  traits.  Ayant  pris  la  parole  dans 
la  question  de  la  réiidence  du  roi  et  des 
fonctionuaires ,  le  25  février,  il  avait  pro- 
noncé ces  mots  dignes  de  souvenir  :  «i  Si 
la  liberté  ne  fut  jamais  le  droit  de  mai 
faire,  si  elle  ne  fut  jamau  le  droft  de 
Ottirt  à  la  patrie,  ai  aUo  oo  fut  jaaaia  le 


7S  )  BÀd 

droit  dejnîr  les  dangers  de  la  patrie  ^ 
même  de  les  augmenter  pour  prix  de  ses 
immenses  bienfaits,  vous  rendre*  un  dé- 
cret qui ,  après  avoir  appris  à  la  dynastie 
les  droits  que  lui  donne  la  nation,  lui 
apprendra  aussi  les  devoirs  qu'elle  est  en 
droit  de  lui  imposer,  v 

Lorsqu'à  la  ^éance  du  19  mai  1791 
il  demanda  que  le  droit  de  réélection 
fÀt  limité  à  dent  législatures  consécuti- 
ves ,  il  ne  fit  que  trouver  anjusie-^nilieu 
entre  les  propositions  extrêmes  de  Ro- 
bespierre et  de  Cazalès.  C'est  ainsi  qu'en 
cent  occasions  il  attacha  la  majorité  aux 
moyens  termes  qu'il  proposait ,  et  c'est 
surtout  à  la  ConventiQn  qu'il  usa  de  cette 
tactique.  Il  y  avait  été  envoyé  par  son 
département,  quoique  après  la  session  dç 
la  Constituante  il  eût  semblé  vouloir  se 
soustraire  à  ce  dangereux  honneur  en 
acceptant  i^n  sié^e  déjuge  au  tribunal  de 
cassation. 

Un  biogrq>he  qui  loue  1^  qualités  dt 
son  cœur  s'exprime  ainsi  sur  sa  oon-. 
duite  :  «  Il  entra  à  la  Convention  rempli 
de  sombres  terreurs,  et  n'osa  pas  se  dé- 
clarer pour  l'un  des  partis  qui  menaçaient 
de  se  livrer  un  combat  à  mort....  Quoi^ 
que  ses  principes  et  son  caractère  sem- 
blassent devoir  l'entraîner  au  milieu  de 
la  brillante  Gironde ,  la  peur,  sa  passion 
dominante,  lui  faisait  quelquefois  soute^ 
nir  les  motions  des  plus  extra vagans  rnon^ 
tagnardsy  et  les  colorer  d'un  élégant 
vernis  de  rhéteur,  v  Nous  croyons  avoir 
indiqué  avec  plus  de  justice  ses  vraies 
dispositions,  en  les  représentant  comma 
le  résuhat  d'une  conscienee  égarée  par  lea 
illusions  du  temps.  Un  fait,  qu'on  a  cité 
pour  preuve  de  la  sanglanU  lâcheté  da 
Barrère,  viendrait,  mi«?ux  compris,  à  l'ap- 
pui de  notre  jugement.  Ce  fait  sa  rap- 
porte au  jugement  de  Louis  XYI,  durant 
l'interrofatoii;e  duquel  il  présida  la  Con- 
vention. On  rapporte  que ,  s'expiiquani 
confidentiellement  avec  Malesheibes  da 
ses  septimens  intimes  à  l'égard  du  prtnca 
qu'il  n^avait  pas  craint  d'appalar  pudi- 
quement Louis  le  Traître  9  avant  qqe  fût 
rendu  le  décret  qui  le  déclara  coupable  ^ 
il  disait  en  pleurant  :  «  Si  je  n'étais,  paa 
membre  de  la  Convention,  je  tien4raia  i 
honneur,  comme  vous,  de  bm  dévouar  à 
la  défeosa  de  «oUra  infortuné  roî,  •  Et ,  à 


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Èkk 


(79) 


BAR 


M  de  ces  paroles,  on  rappelle  celles 
qu'il  proaonçsi  à  Tappui  de  son  vote  poor 
la  mort,  sans  appel  et  sans  sursis  :  a  L'ar- 
bre de  la  liberté  ne  croit  qu*arrosé  par 
le  saog  des  tyrans I  »  Tout  le  malheur  de 
Barrère  c'est  d'être  resté  sous  le  poids 
de  ce  reproche  de  lâcheté  avec  lequel  oo 
prétend  expliquer  toute  sa  conduite  par- 
lementaire. Mais  il  serait  difficile  de  s'ar- 
rêter à  ce  jugeaient  pour^ceux  qui  ne  li- 
raient que  ses  discours,  notamment  ce- 
lui qu'il  improvisa  contre  la  loi  araire , 
à  la  séance  du  18  mars  1793 ,  malgré  les 
redoutables  clameurs  de  la  Montagne  et 
des  tribunes.  «  Ayons,  s*il  le  faut,  dit-il , 
l'exagération  du  patriotisme,  car  nous  ne 
somioes  pas  dans  des  temps  ordinaires  !  » 
Et  sur  sa  motion  la  peine  de  mort  fi|t 
portée  contre  quiconque  proposerait  la 
loi  agraire. 

Ce  qui  demeure  incontestable,  c'est 
qu'il  choisit  merveilleusement  son  temps 
pour  lutter  contre  Robespierre,  après 
l'avoir  aidé  à  établir  sa  domination;  il 
l'avait  apostrophé  plusieurs  fois ,  il  est 
vrai,  dans  les  temps  de  sa  toute-puis- 
sance; mais  aussitôt  il  s'était  incliné  de- 
vant le  favori  de  l'opinion  et  des  clubs. 
Il  croyait  à  la  nécessité  d'une  dictature 
au  milieu  de  l'horrible  anarchie  où  se 
trouvait  la  France;  mais  il  ne  voulut  pas 
laisser  arriver  |a  proscription  jusque  sur 
le  milieu  où  il  s'était  retranché ,  et  il  se 
trouvai  en  mesure  d'avoir  sa  part  d'action 
dans  la  joi^née  du  9  thermidor. 

Décrété    d'accusation    avec    Collot- 
d'Herbois  et  Billaud-Varennes ,  le  1 2 
vendémiaire  an  III,  il  mit  dans  sa  dé- 
fense autant  de  modération  que  de  cha- 
leur y  et  se  ménagea  ainsi  le  moyen  d'é- 
chapper ,  seul  d'entre  les  (rois  accusés,  au 
décret  d'exportation  rendu  contre  eux  ; 
la  fuite  le  déroba  aux  persécutions  diri- 
gées contre  ceux  qu'on  nommait  la  queue 
de  Kobespierre }  et  tandis  qu'il  était  en- 
core sous  le  coup  de  cet  arrêt  deproscrip- 
tioo  ,  son  département  le  porta  en  l'an  Y 
au  corps  législatif,  qui  le  repoussa.  Com- 
pris  enfin  dans  l'amnistie  du  18   bru- 
maire ,  il  acquitta  sa  dette  de  recoonais- 
saoce   envers  le  premier  consul,  eu  lui 
dévoilant  La  conspiration  du  18  vendé- 
miaire {voy,  A&Îha).  Le  département 
des  Hautes-Pyrénées  le  présenta  encore 


en  1805  comme  candidat  au  corps  lé- 
gislatif, mais  il  n'en  put  franchir  déci- 
dément l'entrée  qu'en  1815.  A  cette 
époque  on  parut  étonné  de  la  sagesse  et 
de  la  modération  de  cet  homme,  que 
les  souvenirs  de  la  révolution  représen- 
taient comme  le  séide  de  Robespierre. 
Les  circonstapces  avaient  changé}  ses 
principes  peut-être  étaient  restés  les  mê- 
mes; mais  il  avait  de- plus  l'expérience 
des  hommes  et  des  choses.  Alors  il  n'é- 
tait pas  seulement  dirigé  par  sa  brillante 
imagination  ;  il  avait  fait  sur  le  passé  les 
méditations  les  plus  profondes,  et  son 
coup  d'oeil  aurait  sondé  daai  V^i venir 
toutes  les  conséquences  d'une  démarche 
politique  dont  ses  souvenirs  lui  auraient 
représenté  l'équivalent  dans  quelqu'un 
des  incideus  de  la  révolution.  A  la  cham- 
bre de  1815,  malgré  la  défaveur  atta- 
chée à  son  nom,  il  eut  encore  de  l'in- 
fluence due  à  l'autorité  même  de  son  ex- 
périence. Lorsque  l'étranger  fut  aux 
portes  de  Paris,  ce  fut  le  sexagénaire 
député  des  Hautes -Pyrénées  qui  fit  la 
motion  de  placer  la  représentation  na- 
tionale sous  la  sauvegarde  du  peuple,  et 
de  déclarer  anti-national  tout  gouverne- 
ment qui  ne  tiendrait  pas  d'elle  ses  pou- 
voirs. 

Depuis  la  révolution  de  juillet  M.  Bar- 
rère a  été  encore  élu  par  son  département 
pour  la  députation  ;  «nais  cette  élection 
fut  annulée  pour  vicei  de  forme.  L'ar- 
rondissement de  Tarbes  l'a  dédommagé 
de  cette  ovation  manquée,  en  lui  confé- 
rant le  titre  de  membre  du  conseil  géné^ 
rai  des  Hautes-Pyrénées. 

Parmi  lès  nombreux  ouvrages  de  M. 
Barrère  de  Vieuzac ,  nous  nous  borne- 
rons j  citer  les  sui  vans  :  Espri*  des  États-r 
Généraux ,  1 789 ,  in-8°  ;  Beautés  poé- 
tiques ,  d^Ed.  Young,  trad.  de  l'anglais, 
1804 ,  in-8*'  ;  les  Chants  de  Tyrtée ,  tra- 
duits du  grec,  1805,  in-8°;  'Voyage  de 
Platon  en  Italie ,  trad.  de  l'italien  de 
Cuoco  ,  1807,  3  voL  in-8°;  Histoire  des 
Réi^lutions  de  Naples(de  1789  à  1806), 
Paris ,  1806 ,  in-8**  i  Considérai  ions  sur 
la  Chambre dçs  Pairs,  etc.,  1814,  in** 
8°;  Éloges  académiques,  1806,  in-$% 
etc.  P.  C 

BARBES  (jeu  de).  Cest  le  nom 
!  donné  par  les  écoliers  à  un  jeu  qui  opn** 


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BAR 


(80) 


Ba 


ftîsie  à  se  s^ptrer  en  deux  troupes^  pla- 
cées Tuoe  en  face  de  rauti*e ,  à  une 
distance  plus  ou  moins  grande,  selon  l'es- 
pace qu*ofTre  le  terrain  que  Ton  a  choisi 
pour  celf  exercice.  De  chaque  côté  le 
nombre  des  joueurs  doit  être  égal  ;  ce- 
pendant il  arrive  quelquefois  que  les  plus 
habiles  d'une  troupe  cèdent  un  ou  deux 
des  leurs  pour  qu'ils  n'écrasent  pas  leurs 
adversaires  par  leurs  forces  physiques. 
Dans  cette  position  et  après  être  con- 
venus de  différentes  clauses  pour  la  rè- 
gle du  jeu,  ils  viennent  se  provoquer 
réciproquement,  et  courent  les  uns  sur 
les  autres  entre  des  limites  marquées.  Un 
8«ul  s'avance  d'abord  pour  engager  l'af- 
ûiire,  ou  pour  donner  barre,  à  la  dis- 
tance de  plusieurs  pas,  et  tend  la  main 
à  celui  qui  sort  du  camp  opposé  pour  en 
être  frappé.  Aussitôt  que  le  premier  a 
reçu  le  coup,  il  part,  s'élance  comme  un 
éclair  après  celui  qui  l'a  frappé,  et  qui 
de  son  côté  s'est  mis  à  couHr;  et,  s'il  l'at- 
teint^ il  le  fait  prisonnier.  Dans  le  mo- 
ment que  le  premier  est  parti  pour  tou- 
cher son  adversaire,  un  autre  du  camp 
opposé  court  sur  lui,  un  autre  encore 
court  sur  celui-ci ,  et  successivement  les 
deux  troupes  àe  trouvent  en  course  , 
jusqu'à  ce  que  l'on  entende  le  mot  de 
pris;  alors  tous  rentrent  dans  leur  camp 
respectif,  et  les  vainqueurs  emmènent 
leurs  prisonniers.  On  les  place  un  peu 
en  avant  du  parti  victorieux;  et,  s'ils 
sont  en  assez  grand  nombre,  ils  se  tou- 
chent tous  parles  mains  qu'ils  étendent 
le  plus  possible  pour  se  rapprocher  d'au- 
tant de  leurs  camarades  qui  s'apprêtent 
à  les  délivrer.  Le  dernier  de  ces  prison- 
niers, le  plus  près  de  ses  amis,  tend  aussi 
la  main  autant  qu'il  est  en  son  pouvoir, 
surtout  lorsqu'il  voit  accourir  l'un  des 
siens  pour  lui  donner  le  coup  de  la  déli- 
yrance,  malgré  les  poursuites  de  ceux 
qui  sortent  du  camp  vainqueur.  Par  cet 
attouchement  seul ,  tous  les  prisonniers 
sont  délivrés.  Cependant  quelquefois  on 
convient  de  ne  délivrer  que  deux,  trois 
^prisonniers  à  la  fois.  Il  faut  observer  que, 
dans  cette  course  qui  se  fait  en  faveur 
des  vaincus,  on  choisit  les  plus  alertes, 
les  meilleurs  coureurs,  ceux  qui,  souples 
et  adroits,  savent  éviter  ks  attouchemens 


poser  à  la  délivrance  des  prisonnier^. 
C'est  particulièrement  lorsque  l'exercice 
du  jeu  de  barres  s'étend  au  loin ,  ce  que 
l'on  nomme  en  camjxigney  que  ces  ha- 
biles courcui's  font  merveille.  On  les  voit 
courir  à  travers  champs ,  sauter  les  fossés, 
pénétrer  et  traverser  les  haies,  baisser  la 
tête  quand  un  autre  étend  la  main  pour 
les  frapper,  et  faire  adroitement  plusieurs 
tours  et  circonvolutions  dans  le  même 
but,  etc.,  toujours  jusqu'au  moment  ou 
il.y  a  quelques  prisonniers  de  faits,  ou 
que  l'un  des  camps,  qui  se  trouve  quel- 
quefois vide  par  la  désertion  de  tous  les 
coureurs,  se  trouve  pris  par  un  fort  de 
la  troupe.  Il  faut  aussi  observer  que, 
dans  la  mêlée  dont  ces  jeunes  gens  oAt 
rhabitude  d'éviter  la  confusion  et  les  dés- 
agrémens,  tous  ceux  qui  sont  partis  les 
derniers  ont  toujours  prise  sur  les  pre- 
miers soilis;  mais  ceux-ci,  lorsqu'ils 
n*ont  rien  à  faire  dans  leur  poursuite , 
reviennent  toucher  leur  camp  du  pied  seu- 
lement, et  reprennent  par  ce  moyen  leur 
avantage  sur  les  adversaires  dont  ils  crai- 
gnaient l'atteinte.  Le  jeu  étant  fini ,  on 
recommence;  mais  en  égalisant  les  deux 
camp9  par  la  force  des  coureurs,  afin 
que  les  plus  faibles  en  moyens  physiques 
ne  soient  pas  toujours  victimes. 

Autrefois  on  se  servait  aussi  du  mot 
de  barres  pour  désigner  un  exercice 
d'hommes  armés  et  combattant  ensemble 
avec  de  courtes  épées,  dans  un  espace 
fermé  de  barreaux  ou  barrières  qui  les 
séparaient  des  spectateurs.        F.  R-d. 

BARRICADES.  On  formait  au- 
trefois des  *  barricades  dans  les  rues  des 
villes  et  villages  en  y  tendant  des  chaînes 
que  l'on  suspendait  à  des  crochets  scel- 
lés dans  les  murs  des  maisons.  Il  se 
trouve  encore  quelques-uns  de  ces  cro- 
chets dans  les  anciennes  rues  de  Paris. 
C'était  un  moyen  de  retarder  la  marche 
des  troupes  dirigées,  daos  l'Intérieur  des 
villes,  contre  les  habitans  qui  avaient  pris 
les  armes ,  soit  poUr  arrêter  les  progrès 
de  Tennemi ,  soit  pour  appuyer  quelques 
mouvemens  populaires.  Il  fut  employé  à 
Paris  pour  la  première  fois  en  1 357 ,  par 
Marcel,  prévôt  des  marchands  ,  comme 
mesure  de  sûreté  contre  les  troupes  di- 
rigées par  le  dauphin  vers  la  capitale. 


de  ceux  qui  accourent  sur  eux  pour  s'op  ,   Les  chaînes  ne  mettant  pas  ceux  qui  les 


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BAR  (  Ôl  ) 

emp\o7aîent  à  Fabrî  des  feax  de  TenDe- 
mi,  on  a  fait  des  barricades  avec  des  sacs 
oades  tonneaux  remplis  de  terre,  avec 
des  pièces  de  bois ,  des  arbres ,  des  débris 
de  maisons  démolies.  A  défaut  d'autres 
matériaux,  on  a  tu,  à  la  révolution  de 
juillet  1S30  et  dans  les  troubles  des  5 
et  6  juin  1882  et  du  13  avril  1884,  des 
barricades  faites  dans  les  raes  de  Paris 
avec  des  pavés,  des  charrettes,  des  voitures 
renversées,  etc.;  sur  les  boulevards  et  sur 
les  avenues  de  la  rille,  on  barricadait  les 
chemins  avec  des  arbres  abattus  que  l'on 
mettait  en  travers  des  routes.  Ces  barri- 
cades forment  un  excellent  moyen  de 
défense,  qui  a  été  souvent  eoiployé  avec 
le  plus  brillant  succès.  Le  fameux  siège 
de  Saragosse  soutenu  par  les  Espagnols 
contre  Tarmée  française  fournit  un  exem- 
ple remarquable  de  la  résistance  que  Ton 
peut  opposer  à  l'ennemi  le  plus  valeu- 
reux quand  un  patriotisme  exalté  veut 
défendre  avec  opiniâtreté  le  sol  national, 
fo)^.  Assaut.  -C-tb. 

BARRICADÉS  (joukn^e  des), 
^loqiie  fameuse  dans  notre  histoire,  par- 
ce qu'eUe  est  pour  ainsi  dire  le  paroxisme 
de  cette  ligue  puissante  qui  commença  à 
redit  de  pacification  de  1576  et  qui  ne 
ioit  qu'a  l'avènement  au  trône  de  Hen- 
ri IV. 

La  mort  du  duc  d'Anjou,  frère  de 
Henri  III,  qui  rendait  le  roi  de  Navarre  le 
pfais  proche  héritier  de  la  couronne,  ser- 
vit, eo  15 64,  de  prétexte  au  duc  de  Guise 


pour  faire  éclater  la  Ligue,  en  faisant 
craindre  au  clergé  catholique  un  roi  sé- 
paré de  l'église  romaine.  Cette  conspira- 
tîoo  ne  se  développa  à  Paris  qu'en  1585. 
Un  certain  nombre  d'agens  du  balafré 
ou  de  mécontens  se  partagèrent  dans  les 
seize  quartiers  de  la  capitale,  pour  assu^ 
rer  leur  influence  iminédiate  sur  la  po- 
pulation. Le  sobriquet  de  seize  leur  de- 
owiira.  En  1 587 ,  Nicolas  Poullein,  lieu- 
tenant du  prévôt  de  lIle-de-France,  ré- 
véfai  an  roi  les  projets  de  la  faction  dont 
liri«nftéiDe  faisait  partie.  Les  mignons  de 
Henri  III,yillequier  notamment,  contri- 
hnèreot  à  tromper  leur  maître  sur  les 
dangers  de  sa  position.  Cependant  Tan- 
née soi  vante,  Henri  de  Pologne,  X'&père 
dcB  /lageUans ,  comme   on  rappelait 
y  laissa  échapper  des  menace  qui 

Encxclop.  d.  Ci  d.  M.  Tome  III. 


BAtl 

effrayèrent  les  liseurs.  Les  Seize  pres- 
sèrent le  duc  de  Guise  de  venir  à  Paris  ;  le 
roi  lui  en  fit  la  défense.  Guise  y  vint  cepen- 
dant, et  alla  braver  le  roi  jusques  en  son 
palais.  Henri  III,  qui  avait  été  subjugué 
parla  présence  de  son  rival,  comme  tous 
les  caractères  faibles,  sentit  allumer  sa  co- 
lère par  le  souvenir  du  mépris  >]u'on  lui 
avait  témoigné  :  il  voulut  introduire  le^ 
régimens  suisses  dans  Paris,  pour  les 
joindre  aux  gardes  françaises ,  rompre  les 
communications  entre  les  Seize  et  pro- 
bablement sévir  coi^ti*e  les  principaux 
membres  de  cette  faction.  Ce  fut  le  13 
mai  (1588),  avant  le  jour,  que,  se  glis- 
sant sans  bruit  comme  des  ombres,  les 
Suisses,  au  nombre  de 4000,  suivis  de 
2000  fantassins  français,  eqtrèrent  dans 
la  capitale.  Les  gardes  fîrançaises  se  ran- 
gèrent sur  le  Petit-Pont,  sur  le  pont  Saint- 
Michel  et  le  pont  Notre-Dame;  maisCrucé, 
procureur  ati  Châtelet,  un  des  plus  vio- 
lens  parmi  les  Seize,  ayant  eu  avis,  sur 
les  quatre  heures  et  demie  du  matin,  que 
des  gens  de  guerre  entraient  par  la  porte 
Saint-Honoré,  envoya  trois /eunes  gars 
crier  dans  toutes  les  rues  du  quartier  de 
rUniversité  ^i^imie.  Aussitôt  la  popula- 
tion prit  les  armes  ;  les  officiers  et  les 
serviteurs  soudoyés  par  Guise  se  répan- 
dirent dans  tout  Paris,  pour  soutenir  les 
efforts  de  la  population ,  la  diriger  et  ex- 
citer son  ardeur.  Le  comte  de  Brissac 
avait  choisi  son  poste  dans  l'Université, 
et  ce  fut  lui  qui ,  ayant  rencontré  une 
grosse  troupe  d'écoliers  armés,  leur  fit 
faire  la  première  barricade  avec  des  ton- 
neaux, d'où  vint  le  nom  de  cette  émeute 
qu'on  appela  Journée  des  barricades. 
Partout  dans  Paris  l'exemple  des  éco- 
liers fut  suivi.  Des  chaînes  furent  tendues 
dans  les  principales  rues,  les  pavés  ar- 
rachés et  lancés  du  haut  des  maisons. 
Chaque  ouverture  reçut  un  citoyen  armé^ 
et  bientôt  les  Suisses  et  les  antres  troupes 
royales,  attaqués  dans  tous  les  sens,  sans 
moyen  de  retraite  et  de  ralliement,  man- 
quant de  munitions,  fatigués  de  verser 
leur  sang  pour  Une  royauté  lâche,  qui  leur 
mandait  de  se  rendre,  honteux  de  combat- 
tre contre  des  compatriotes,  des  femmes, 
et  des  eofans,  prirent  la  fuite  ou  se  ren- 
dirent. Henri  III  suivit  leur  exemple  et 
quitta  Paris  en  blasphémant  contre  des 

6 


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BAR 


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BAR 


^vén^meiui  qa'U  n'avait  pas  In  force  de 
maitriser»  et  en  proférant  dea  menaces 
de  vengeance  contre  une  population  dont 
lui-méiue  avait  excité  Vindignation  et  les 
mépris. 

Cette  journée  des  barricades»  dont  no- 
tre dernière  révolution  (18^)  a  rappelé 
le  souvenir,  n'eut  pap  les  conséquence^ 
qu*dle  aurait  pu  amener.         E.  n.  C. 

BABRIÈIÛB  (TEAiTés  n«  la).  Les 
Piçavinoes-XInieSy  en  concluant  (7  septem- 
bre 1701)  avec  rAngWterre  et  rËape- 
reur  le  traité  d*aUiance  oCfensive  appelé 
la  grande  {dUance,  et  en  déclarant  en 
170JI  la  guerre  à  la  Fratace  et  à  fEspa* 
gne,  voulaient  non -seulement  abaisser 
Louis  XrV>  niais  surtout  obtenir  une 
barrière  qui  pût  les  protéger  à  Vavenir 
contre  nn  ennemi  puissant  (  art,  S  et  9  ). 
Dès  1706  on  avait  essayé  de  jeter  les 
bases  d'nn  arrangement  Les  conférences^ 
plusieurs  foiasuspendnes,  furent  reprises 
en,  1709»  «ana  que  les  ministres  d'Autri- 
che y  fussent  appelés;  et  le  premier  traité 
dek  Banrière  6Û  condu  à  La  Haye,  en  2 1 
artiGles,k^doctobrel709.L«8États-Gé- 
n  toux  y  gajmniissaient  la  succession  bri- 
tannique dans  In  ligne  protestante  (art. 
2),  0t  laGrande-Bretagne,  de  son  câté^leur 
donnait  (art.  6)  le  droit  de  tenir  gamiaon 
dans  KievqKNTly  Fumes,  Ypres ,  Menin, 
LiUe,  Tournai,  Condé,  Yalenciennes, 
le  fort  Knocke»  et  dana  les  viUes  que  Ton 
pourrait  conquérir  sur  la  France.  Aucune 
partie  des  Pays-Bas  espagnols  ne  pou- 
vait étire  donnée  on  cédée  à  la  France  à 
quelque  tiue  (pije  ce  fi&t  (art  12).  Un 
article  séparé  promettait  aux  États ,  an 
nom  de  la  G.  Bi ,  la  Haitte-Gueldre  en 
tonte  sonveBaineté,  et  le  droit  de  tenir 
garnison  dans  Liège,  Hny  et  Bonn«  Les 
négocîationa  qui  suivirent,  de  1711-  à 
1712^etttrelaFrantceetrADgkBterre,  fai- 
saient peéveiv  une  conrte  dnrée  an  traité 
del709k  £d  efifet,  te  M  janvier  1713, 
il.  fut  eencln  à  Utreckt,  entre  h  G.  B; 
et  lea  Provinoes^Unies,  nn  deuxième 
traité  de  la  Barrière,  en  16  articlee,  plus 
2  art  séparés.  Celui  de  1709  y  fut  aboli 
et  anmdé  (art  1  )  ;  la  succession  protes- 
tante en  Angleterre  garantie  (  art.  2  ).  Les 
États -Généraux  obtenaient  le  droit  de 
tenir  garnison  dans  Fumes ,  Ypres ,  Me- 
nin,  Namor,  Toomaî»  Bfw^  Çbaiie* 


roi,  Cand,  les  foru  Knocke,  la  Perle, 
Philippe  etûamme  (art^4),et  de  nom- 
mer les  commandans  de  ces  places  (art 
7).  On  retranchait  ainsi  de  la  barrière 
^xéfi^  en  1709,  Lille,  Condé,  Valen- 
ciennes.  On  renouvelait  (art  10)  les  sti- 

Îulations  relatives  à  l'exclusion  de  la 
rance.  Par  suite  des  traités  d*Utrecht, 
deRaatadt  et  de  Bade,  celui  du  30  jan- 
vier 1713  devait  être  modifié.  Pour  ter- 
miner toutes  les  difficultés ,  il  fut  tenu 
nn  congrès  à  Anvers,  sous  la  médiation 
de  l'Angleterre,  qui  envoya  Cadogan 
pour  la  représenter.  Lea  autres  plénipo-- 
tentiaires  furent,  pour  l'empereur  Char- 
les YI  le  comte  de  Kcenigseck,  pour  les 
Provinces-Unies  le  comte  de  Nechteren , 
van  der  Dussen  et  de  Gockinga.  Ce  troi- 
sième traité,  en  29  articles,  fut  signé  à 
Anvers  le  15  novembre  1715;  les  États- 
Généraux  y  remettaient  à  TEmpereur  les 
provinces  et  villes  des  Pays-Bas,  tant  celles 
qui  avaient  été  possédées  par  Charles  II, 
que  celles  qui  avaient  été  cédées  par  la 
France  à  la  paix  d^Utredit  ;  mais  à  la 
condition  qu'elles  ne  pomraient  être  sou- 
mises qu'aux  seuls  successeurs  des  états 
de  la  maison  d'Autriche  (art  1  et  2  ). 
L'Empereur  accordait  aux  États-Géné- 
raux le  droit  de  tenir  garnison  dans  Na- 
mur,  Tournai,  Menin,  Ypres,  Fumes, 
Wameton  et  le  fort  Knocke  (art  4).  Le  5 
février  1716,  les  Pays-Bas  espagnols 
furent  cédés  à  l'Empereur;  mais  les  États 
de  Brabant  et  de  Flandre  s'étant  plaints, 
au  nom  de  ces  deux  provinces ,  des  con- 
ditions onéreuses  que  leur  imposait  ce 
traité ,  une  convention  fint  conclue  le  22 
décembre  1 7 18>  entre  l'Empereur,  la  G. 
B.  et  les  Éaats-^éttéraux.  Plusieurs  arti- 
cles dn  traité  du  IS  nov.  1715,  notam* 
ment  le  17®,  rdatif  aux  inondations,  fu- 
rent modifiés.  Totttefois  les  dififieultés  ne 
furent  point  aplanies;  elles  durèrent 
même  jusqu'en  1 7  81^  époqœ  où  Josepb  H 
déclaiîidesa  propre  autorité  que  le  traité 
était  abmgé  et  que  toute  barrière  était 
inutile  depuis  l'alliance  entre  la  France 
et  TAntriche.  Les  ÉUts,  qni  soutenaient 
alors  une  guerre  midheurense  contre 
l'Angleterre,  souscrivirent  aux  exigencea 
de  Joseph  II,  et  retirèrent  leurs  troupes 
en  1782.  L'Empereur,  enhardi  par  oe 
aiicoès,  sQicita  «nz  HoUwriait  de  \ 


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BAtl 


(Ô8) 


BAA 


f«lkt  diffeliké»  iQM)tt*à  fe  ptàx  défini* 
tWe  :  e»fut  1«  Indté  de  FomàÎBebléaii , 
ocmela  k  8  nontiàhre  1 786  ,  tonà  U  mé- 
dkUaii  el  la  garantie  de  la  France.  L.  N. 
BARRIERES^  Les  diflérens  gouvet^ 
nonenSy  dan»  k  hù^  de  proté^  rindli»^ 
trié  mlMBale   eoittre  la   cooeurrenee 
étrangère  y  et  mitai  dali§  ua  kftérét  fi^ 
Cil,  île  permettent  Finiroduotioii  dant 
leurs  élalls  des  SMtfcfaaadiaetf  vesaot  de 
Fétrangor   que  mojenniDC  Faequt  de 
droits  décerinniés.  Ûentréè  de  certainea 
marchandiseaoa  denréeè  eti  iiéme  ^iel> 
quefois  éBtîè^eneBt  prohibées  Vduw  per^ 
carrâr  les  droite  sur  les  merefaaadises 
étrangère^  ouy  siérant  les  cas,  empêcher 
FiBtrodaetîeé  dé  ces  marchandises)  «nr 
établit  maoL  firoaCiè^es  des  kùrrièreê  eu 
hureéuus  de  doiètuiés  {vojr.  Douahxs). 
Mais  ceqid  cËtiste  ainjWdlHit  dé  oatiott 
a  natiooy  d'État  à  État^  a  exi^  long- 
temps en  France  de  province  à  provinee. 
Les  marchaBdisea  de  ponv^iest  passer 
d*mie  prùvince  da  re^anme  à  TaiAtè  sans 
acqikitter  wÈat  lé»  Héiitès'  an  droit  de  péage. 
Cette  instituttoik  ^emotatait  a«x  temps  de 
la  féodalité,  alors  <yBe  chaque  seignem*, 
maUre  datas  seà  doitainesy  pouvait  éta- 
blir les  réglemeas-  qv'U  croyait  ntHes  à  seà* 
intérêts.  Une  ordènnaBèe  de  LoàtsXIVy 
du  Éaois  de  févrie)r  1687yafoolk  en  par- 
tie ce  systèitie  dont  les  restes  se  sont 
makitenus^  jnsqit^ap^ès  la  résolution  de 
1789.  En  effet,  c'est  par  une  Ibi  dev  31^ 
octobre,  5  novembre  1 790  qn'ènt  été  re^ 
colées  tfux  firoBtières  toutes  ces  barrières 
qui  9  suivant  Fexpression'  du  légishitéur 
('9oy,  lepréamlmle  de  la  loi),  «  tendaient 
différrates  parties  de  Fétat  étrange]^  les 
unes  aux  autres ,  desserraient  la  cônsov- 
matioD,  et  muisafient  ainsi  à  la  reproduo- 
tioa  et  è  Faccvôissement  des  riehesses 
natîoBales.  Du*  i^estey  il  irat  dit«  qoé 
plusieurs  provim^es  (  la  Lorraine  y  f  Al- 
sace, par  exemple ,  )  avaient  stipulé,  lors 
de  leur  réunion-  à  la  France  y  qu'elles 
seraieiiC  donsidéréey  comme  proViétees 
étraàgèresr.  Par-lir  eHes  avaient  ^oufhl  se 
coneeirvér  la:  faculté  de  comnvnKïér  Kfere^ 
ment  shrec  Fétranget  ;-  muis  on  sédit  qo^rib' 
pareil  régiiàC  était  incompatible  avec  le 
princi^  de  1»  grande  unité  nationale,^ 
qat  esé  la  base  dhinonvel' édifice' social 
cuFnuèoii;  Outhmvùeaoore'aaJDurd'hui, 


en  AUemagoe^  des  barrièrea  ai  dca  péu^ 
ges  intérieurs)  il  est  vrul  q«e  c'a*  tan- 
jours  d'État  à  État,  et  qu'elles  tendent 
à  disfCtraltM  deé  difléreiu  Étets  de  la 
Confédération  ^rflaHique* 

U  existe,  à  Fentréé  de  beaucoup  de 
villes ,  eu  France,  des  harrièrejf  q^ui  sont 
établies  pstincipalemènt  pour  lu  percep- 
tion des  drélu  d'octroi  Xvey*  Octaoi)». 
et  MUMi  pour  Fexereke  de  eerlainea  par- 
tien  de  la  police* 

Dans  plusienrf  contrées  de  FEurope 
(  en  Augleterre  ^  eu  Allemagne) ,  il  existe 
sur  les  routetf  d^  hurrières  où  l'on  per- 
çoit sur  les  voitures^  \c$  chevaux  et  les 
bétet  de  somme  ,•  des  taxes  destinées  à 
payer  les  Irais  de  constructioir  et  d'ea- 
treticB  des  routes.  Ce  i^stème  a  été  es- 
sayé en  Fraikeey  à  1»  stiite  de  la  ré- 
volution de  1789  (notammeuii  par  la 
loi  du  8  nivôsé  an  vi  ^  et  par  celle  du  38 
décembre  1797);  mais  les  plaintes  qu'ex- 
cita te  perce|ltion  de  ces  dA>its^  jitftes  eu 
eux-mêmes  y  et  qui  produisaient  moin^ 
de  M  million^,  les  firent  suppriaMT,  à 
coBÉpter  du  83  septembre  1^06 ,  et  rem- 
placer par  un  imp^t  sUr  le  sèl.  (Voir  la 
loi  du  34  avi^tl  1896,  art.  60.)  Le  graud- 
duc  de  Bade  Léôpold  signala^  en  1830^ 
son  avènement  fts  FaboUtion  du  droit 
de  barrière  dans  son  payAw . 

Le  besoin  de k  eonservatioudes  mules 
a  fait  établur  en  France  de^  banières  dt 
dé^^  qui  ont  pour  bbt  de  préveuir  k 
dé^dution  der  routes  f  sous  k  pres^ 
sion  de  voltûfeà  troff  hiurdènlent  Char- 
gées, dans  deè  drcOnstaACètf  ou  le  sot 
n'est  pas  suffissUiméUt  alfhtmi.  L'éta- 
blis^ment  detf  hanièfes  de'  dégel  a  Ifeu 
par  un  acte  dti  préfet^  soU*  FaUloriSa-> 
tioD  du  dirèCfetu*  des  ponta  et  chiusséesw 
Ces  bàrrièk-ëtfconteeftiedt  suitùUt  le  rou- 
lagéû  Aussi  o^  akkAel  à-  eû^culef  sur  le» 
routes,  pendhnt  ht  fermetu^cT  des  bar- 
rici^dé  dégel,'  les  courf-iers  de  la  ntaHe^ 
les  votturcb  non  chargées,  les  voiturcade 
veyi(||e  des^arficuKers.  Quant  aux  voi- 
tures publiques  et  de  roukgé^-  elles  ne 
peuvent  ct^coler  qu'afcitànl  tpie  kur 
poids'  n'excède  p6înt-  les  limites  dé- 
terminées par  UB  tarif;  DéC  a|;ena  sont 
instituée'  pour  \é  service  des  barrières 
de'  dégel  ,•  et  des  peines  établies  pour 
ptÉiir  cerné  qui-  contreviennent  ifux  rè^ 


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BAR  ( 

gl69  concernant  ces  barrières.    J.  B-e. 

BARRISTER9   VOy.    ^TTOEHET   et 

Baereau. 

BARROS  (JoAO  de),  célèbre  histo- 
rien portugais,  né  à  Viseu,  en  1490  on 
1496.  Les  noms  de  Yasco  de  Gama  et 
d*Albuquerque  ont  dû  retentir  les  pre- 
miers aux  oreiUes  du  jeune  Barros  et 
enflammer  son  imagination.  Élevé,  avec 
d'autres  fils  de  famille,  à  la  cour  d'Em- 
manuel -  le  -  Grand ,  il  se  distingua  de 
bonne  heure  par  ses  talens  et  ses  études 
assidues.  Alors  déjà  il  lisait  avec  ardeur 
Tite-Live,  qui  plus  tard  allait  devenir 
son  modèle.  A  l'âge  de  31  ans  il  écrivit 
un  roman  de  chevalerie  :  Ctonica  de  Em- 
perador  Clarimundo,  Coîmbre,  1520  , 
in-foL;  mais  le  roi,  son  protecteur,  entre- 
voyant la  véritable  vocation  de  ce  jeune 
homme  laborienz,  lui  enjoignit  de  se 
préparer  à  la  noble  tâche  d'historiep  des 
découvertes  et  '  conquêtes  portugaises 
dans  l'Inde.  Le  roi  Jean  lÛ  continua 
d'encourager  Barros:  il  le  mitdans^une 
position  indépendante ,  en  le  nommant  à 
la  charge  lucrative  de  trésorier  au  dé- 
partement des  Indes.  Plus  tard  il  reçut 
en  don  la  province  de  Maranhao,  au  Bré- 
sil ,  à  charge  de  la  coloniser.  La  mort  le 
surprit  à  Pombal  ou  à  Alitem  y  en  1570, 
encore  occupé  de  son  vaste  travail ,  qui 
porte  le  titre  pompeux  à* Asie  de  Jean  de 
Barros,  ou  Faits  et  gestes  des  Portu- 
gais lors  de  la  découverte  et  conquête 
des  mers  et  terres  d'Orient.  Cette  his- 
toire s'étend  de  f  413  à  1526  (1^^  décade, 
Lisbonne ,  1 552,  in-f.  ;  2^  décade,  1 559  ; 
3®  décade,  1658;  2^  édition,  Lisbonne, 
162S ,  in-f.  Elle  a  été  continuée  par  La- 
vanha,  Madrid,  1615,  in-fo1.;  Diego  de 
Gonto,  Lisbonne,  1602-1637,  et  Fer- 
nand  de  Yillareal,  Paris,  1645.  L'en- 
semble a  été  réimprimé  à  Lisbonne,  1 778, 
8  vol.  in-fol.  et  en  17  volumes  in-8>, 
avec  des  cartes.  Les  premières  décades 
de  l'ouvrage  sont  si  rares  qu'on  les  estime 
à  l'instar  des  manuscriti).  Le  but  de  Bar- 
ros élait  évidemment  le  même  que  celui 
de  l'historien  de  Rome^-dire  la  gloire  de 
sa  nation  un  peu  aux  dépens  des  nations 
rivales.  Mais  Tite-Ltve  laisse  loin  derrière 
lui  son  imitateur,  dont  le  style  élégant, 
vif,  pittoresque,  peut  seul  soutenir  quel- 
quefois la  comparaison  avec  le  modèle 


84)  BÀR 

qu'il  avait  choisi.  Les  historiens  portct* 
gais  de  cette  époque  étaient  encore  trop 
engagés  dans  l'imitation  des  chroniqueurs; 
ils  en  avaient  trop  reçu  l'empreinte,  pour 
s'élever  à  l'art  des  historiens  de  l'antiqui- 
té. Si  le  sentiment  patriotique  réchauffait 
leur  coeur ,  un  point  de  vue  monacal  ré- 
trécissait leurs  idées,  et  Barros  sons-  ce 
rapport  ne  démentait  ni  son  siècle  ni 
son  pays.  Il  brille  néanmoins  d'un  vif 
éclat,  et  occupe  le  preniier  rang,  si  on  le 
compare  aux  historiens  portugais,  ses 
contemporains.  $on  grand  ouvrage ,  di- 
visé en  décades ,  comme  celui  de  Tite- 
Live,  est  toujours  cité  par  les  littérateurs 
de  son  pays  comme  type  d'un  style  pur 
et  animé.  Barros  a  écrit  de  plus  un  traité 
moral  sous  forme  de  dialogue,  qui  a  été 
défendu  par  l'inquisition ,  et  un  panégy- 
rique de  l'infante  BCarie;  enfin  il  est  l'au- 
teur de  la  première  grammaire  portu- 
gaise. L.  S. 

BARROTy  voy,  Ooilloh-Baeeot. 

BARROW  flsAÂc),  né  à  Londres 
en  1680,  fut  à  la  fois  théologien  distin- 
gué et  grand  mathématicien. 

Les  partis  qui  troublaient  alors  l'état 
et  l'église  l'avaient  gêné  dans  ^  le  choix 
d'une  carrière.  Après  avoir  vainement 
sollicité  la  place  de  professeur  de  langue 
grecque  à  Cambridge,  il  quitta  l'ADglei- 
terre ,  en  1 655 ,  voyagea  en  France  et  en 
Italie ,  combattit  vaillamment  contre  un 
corsaire  algérien  qui  l'attaqua  dans  un 
voyage  à  Smyme,  se  rendit  ensuite  à 
Constantinople ,  retourna  en  Angleterre 
en  1659 ,  et  y  fut  attaché  à  l'église  mé- 
tropolitaine. L'année  suivante  il  fut 
nommé  professeur  de  lafngue  grecque  k 
Cambridge ,  ensuite  professeur  des  scien- 
ces mathématiques.  Là  il  apprit  a  con- 
naître le  jeune  Newton,  dont  il  devina  le 
génie.  Pour  conserver  à  l'université  un  ai 
grand  talent,  il  céda  sa  chaire  à  cet  élève, 
et,  retiré  dans  la  solitude,  il  se  livra 
tout  entier  à  l'étude  de  la  théologie.  En 
1670  il  fut  nommé  docteur  en  théologie 
et  chapelain  de  Charles  II;  en  1675  il 
devint  chancelier  de  l'université  de  Cam- 
bridge. Il  mourut  à  Londres  en  1677. 
Également  célèbre  comme  théologien  et 
comme  historien  des  sciences  mathéma- 
tiques, Barrow  est  regardé  comme  l'hiven- 
teur  du  triangle  appelé  d^fférêntkL  Piar- 


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BAR 


(85) 


BAR 


là  n  a  préparé  Tapplicatioil  du  calcul  dif* 
féreutiel  à  la  géométrie.  Barrow  te  fonde 
sur  la  théorie  de  Fermât;  mais  son  expo- 
sition est  plus  simple,  elle  a  Tavantage 
de  parler  aux  yeux.  On  aurait  tort  ce- 
pendant de  regarder  le  géomètre  anglais 
comme  le  véritable  inventeur  du  calcu) 
différjentiel.  C'est  dans  les  Lectiones  geo- 
meiricœ  (ILonàtes f  1669,  in-4<*),  que 
le  docteur  Barrow  expose  surtout  sa  mé* 
thode  ;  ses  Lectiones  opdcœ  (Cambridge, 
1674  y  in-4^  )  sont  également  un  ouvrage 
très  estimé.  C  L. 

BARROW  (JoHir),  secrétaire  de  Ta- 
mirauté  anglaise,  se  livra  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  géologie  et  des  sciences 
mathématiques,  et  professa,  de  17S6  à 
179  l^'astronomie  à  l'académie  de  Green- 
wicb,  fondée  par  le  docteur  James.  Il  ac- 
compagna ensuite,  comme  secrétaire  par- 
ticulier, lord  Blacartney  dans  son  voyage 
à  la  Chine.  Barrow  fut  pendant  ce  voyage 
un  observateur  attentif;  les  nombreuses 
connaissances  qu'il  possédait  déjà  ren- 
daient ses  observations  d'autant  plus 
productives  pour  la  science.  Il  visita  la 
Cochinchine  pendant  que  l'ambassadeur 
et  sa  suite  restaient  à  la  cour  du  céleste 
enapire.  Son  ouvrage  Travels  of  China 
(Londres,  1804,  in-4^j  et  son  autre  rda- 
UoD,  Voyage  to  Cockmcfdna  (Londres, 
1806),  sont  très  estimés.  Quand  lord 
Macartney  fut  nommé  gouverneur  du 
cap  de  Bonne-Espérance,  Barrow  le  sui- 
vit encore  en  qualité  de  secrétaire  parti- 
culier; il  profita  de  son  séjour  dans  le 
sud  de  l'Afrique  pour  faire  des  excur- 
sions dans  l'intérieur  et  il  déposa  ses 
observations  dans  différentes  relations 
de  voyages.  Ce  fut  lui  qui  donna  l'idée 
de  la  société  géographique  établie  à  Lon- 
dres depuis  1830,  et  il  en  est  encore  vi- 
ce-présidenL  M.  Barrow  est  l'auteur  des 
articles  géographiques  les  plus  impor- 
tans  du  Quarterfy  Review,  C.  X. 

BARRT 

BARRT 
à  Cork  en  Irlande,  en  174 1 ,  et  mort  en 
1806.  Une  inclination  invincible  le  por- 
tait vers  la  peinture,  et  son  père  ne  résbta 
pas  long-temps  à  cette  tendance  de  son 
fils.  Le  premier  tableau  à  l'huile  du  jeune 
Barry,  le  Débarquement  de  Saint-^Pa- 
trick  en  Mander  attira  sur  lui  l'attention 


!M™*  du),  voy,  DuBAamT. 
James),  peintre  célèbre,  né 


de  Burke  qui  le  fit  venir  à  Londres  et  lui 
donna  des  recommandations.  Après  un 
voyage  à  Paris,  à  Rome  et  à  Naples,  Bar- 
ry revint  en  Angleterre  et  fut  nommé 
membre  de  l'Académie  royale  et  profes- 
seur de  peinture.  Ses  principaux  tableaux 
sont:  Adam  et  Ève^  Vénus,  Jupiter  et 
Junon  sur  le  mont  Ida,  et  surtout  la 
mort  du  général  fVolfe,  H  se  distingua 
aussi  par  des  écrits  qu'il  publia  sur  les 
arts.  S. 

BARSABAS.  Ce  nom  est  donné  dans 
le  Nouveau-Testament  à  deux,  disciples 
de  Jésus-Christ,  amis  et  compagnons  des 
apôtres.  Joseph  Barsabas  fut  l'un  des 
deux  candidats  élus  pour  remplacer  l'a- 
potre  Judas;  mais  le  sort  favorisa  son 
compétiteur  Matthias  {Jetés  I,  23). 
JuoB  Barsabas  qui,  suivant  les  uns,  était 
frère  du  précédent  et,  suivant  les  autres, 
frère  de  l'apôtre  Judas  Thaddée,  fut  élu 
par  les  apôtres,  par  les  anciens  et  par 
toute  l'église  de  Jérusalem  pour  accom- 
pagner Paul  et  Barnabe  à  Antioche  [Ac^ 
/ejXV,  25).  J.  H.  S. 

BARTAS  (GuiLLÂum  Sallustbdu), 
poète  gascon,  né  en  1544  et  mort  en 
1590.  U  appartient  à  cette  classe  d'écri- 
vains qui  ont  pris  leur  nom  de  l'Age  où 
ib  ont  vécu ,  et  que  l'on  a  dédaignés  jus- 
qu'à présent.  Mais  entre  les  mystères  re- 
ligieux ou  païens  que  l'on  jouait  en  plein 
air  sur  d'ignobles  tréteaux,  et  les  tra- 
gédies de  Corneille  ou  de  Racine,  il  y  a 
une  différence  énorme,  un  vide  immense. 
Or,  cette  différence,  il  a  fallu  la  faire  dis- 
paraître; ce  vide,  il  a  fallu  le  combler* 
L'art  ne  saute  pas  les  siècles  à  pieds 
joints.  Alors  sont  venues  les  pléiades  du 
moyen-âge,  comme  pour  préparer  la 
grande  époque  littéraire. 

Le  nom  de  Salluste,  auquel  il  avait  ajouté 
celui  de  son  château,  fut  illustré  non-seu- 
lement dans  les  lettres,  mais  encore  dans 
l'art  militaire;  ce  qui  le  fit  employer  dans 
plusieurs  négociations  importantes  auprès 
des  souverains  étrangers, qui  voulurent  le 
garder  auprès  d'eux.  Enfin,  pour  ache- 
ver de  ne  pas  ressembler  aux  poètes  ses 
amiS'  et  ses  contemporains,  qui  presque 
tous  portaient  la  robe  et  toutefois  se 
laissaient  aller  à  la  plus  honteuse  disso- 
lution, du  Bartas  eut  pour  vertus  prin- 
cipales la  modestie  et  la  chasteté,  ainsi 


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BAa 


qtt«  SM  OMtvrts  en  font  foi.  La  Premiên 
swtamê  ou  la  Cné€aion  est  cém  4e  set 
ouvragée  qui  lui  fait  le  plus  d^nqeiir; 
la  Seconde  semame^  histoire  abrégée 
des  iaiU  et  4es  bévos  primitifs,  est  au 
contraipe  le  plut  Ifible  de  ses  poèmes. 
Dans  oébii  de  Judith,  dans  son  fayMne 
sur  la  béUaièie  ^hry,  et  dans  quelques 
autres  pièoes  qu^  adressa  à  la  reine  de 
If avanre  et  aq  poi  ^'Ecosse  >  on  retrouve 
ses  défauts  9  mais  non  pas  ses  qualités, 
G^est  partout  une  allisotation  des  tournu- 
res gpecques  et  latines ,  une  sorte  de  jeux 
de  mots  pvesque  oontinuels  et  du  plus 
mauvab  goût.  Mais  oe  quMl  y  a  de  r** 
marquablf ,  c'est  qpe  du  Baitas  vit  ses 
œuTPes  imprimées  60  fois  dans  i  ans  el 
traduites  dans  cipq  langues,  œ  <pii  serait 
enooM  aujourd'hui  up  fissea  beau  sue- 
ces.  B.  T. 

BARTBNSTB[1N>  V€^.  Honn- 

LO«B. 

BARTH  {Ukm\  ou  Baet,  f  U  d'un 
simple  pécheur,  nacpiit'  à  Duokerque, 
en  1611.  U  servit  de  bonne  heure  dans 
la  marine  hollandaise,  et  ei^ttu  au  service 
de  la  France  lorsque  oelle-ci  fit  la  guerv^ 
à  la  Holkmde.  A  celte  époqq^,  les  rota* 
tiers  ne  peuvalent  être  officiers  dans  la 
marine  royale:  aussi  Jean  Barth  se  fit-il 
capitaine  ^corsaire.  B  se  signala  tellcr 
BMO^  par  son  audace  et  par  son  indomp- 
table braTOUM,  qoe  Louis XIV  lui  donna 
«ne  couMsission  pour  croiser  dans  la 
Méditevranéo.  Ses  exploiu  (broàrent  le 
«ol  à  le  nommer  lieutenant  do  vaisseau. 
9mM  une'aoUcMi  où  il  lutta  contra  lei 
Anglais  a?ee  des  ibrcea  bien  inférieures, 
eâ  dont  le  che^Kev  de  Forbln  partage^ 
ilioooeqr  ayee  h4,  il  fut  ftiit  prisonnier 
et  enfermé  à  Plymduth.  l\  parvint  à  i^^ 
vadiQ^,  fit  pim  4e  €iO  Keues  en  me»  sur 
un  hrtasw  de  péelienp,  e»  arriva  en 
IWnoa ,  oà  LouU  XTV  l^élom  au  grade 
do  capilaSpade  «aisseau,  B»  t6M  Jean 
Baalli  alla  à  ¥enalttes)  le  mî  le  r«fUt 
»vee  dialincilQn,  i^ais  kii  parla  >  sans 
¥«Édoir  H  bleèaer,  en  aenl  ^oàec  qn^l 
«Maitess^iyé  IVnnée  auparavant.  Anssiléit 
Jb|m  BfirtH  retonmf  à  Duabceqtie,  fait 
vna  caolsiére,  qveèqua  lea  Anglais  \à^ 
qneaa  la  port,  se  coufve  de  gloire,  re»<- 
tee  ^iomphant,  et  adresse  au  oQRSte  de 
TaulQUse,  aaiial  do  Imnee,  un  nip- 


(  68  )  BAR 

port  simple  et  énergique  sur  ce  qull  a 
£ut  et  snr  la  peur  qu'il  a  causée  aux  Hol- 
huilais,  avec  prière  d'en  faire  part  au 
roi.  Ce  rapport  existe  encore  aujourd'hui 
et  n*a  jamais  été  imprimé.  Louis  XIV  le 
noauna  chef  d'escadre  en  1697,  et  \ 
cette  occasion  Ton  raconte  que  le  roi, 
ayant  lui-même  annoncé  k  Barth  son 
avancement,  celui-ci  répondit  :  «  Sire, 
vous  aves  bien  fiiit  ».  Les  courtisans  ri- 
rent aux  éclats  de  cette  réponse ,  qui, 
selon  eux,  exprimfit  une  sotte  yanité. 
«  Vous  n'avez  pas  compris  Jean  Barth , 
leur  dit  Louis  X^;  sa  réponse  est  celle 
d'un  homme  qui  sent  ce  qu'il  vaut  et  qui 
compte  m'en  donnée  de  nouvelles  preu- 
ves.» La  confiance  du  monarque  ne  Ait  pas 
trompée.  Cependant  la  paix  de  Riswyck 
interrompit  les  exploits  de  Jean  Barth.  Il 
pas^  ses  dernières  années  à  Dnnkerque, 
oà  i|  mourut  en  |7fi3,  âgé  d'environ  60 
ans.  Son  inébranlable  résolution,  sa  rude 
franchise,  sa  téméraire  bravoure,  ont 
fait  de  lui  le  niodèle  populaire  du  marin 
fînançais.  Au  milieu  des  traits  de  courage 
ou  des  réparties  saillantes  quVm  a  con- 
servées de  ce  marin,  nous  ne  citerons 
qu'un  faH,  parce  que,  mieux  que  tout 
autre,  il  peint  son  caractère.  Il  avait  été 
chargé  de  conduire  à  IQseneur  le  prince 
de  €onti,  qui  venait  d'être  élu  roi  de  Po- 
logne. U  fut  attaqué  en  ohemin  par  les 
Anglais,  et  courut  le  danger  d'être  pris. 
Après  l'aotion,  le  prince  de  Conti  lui 
témoigna  sa  joie  d'être  libre  encore. 
«  I<^as  n'avions  pas  à  craindra  d'être  AkiU 
prisonniers,  répondit  |eaB  Barth,  mon  fils 
était  è  If  sainte  barbe,  prêt  à  nous  fisire 
sauter  sHI  e^t  faHn  nous  rendre.  »  A.  S^. 
BARTflE  (FiLix),députédelaS^eet 
§arde<les^eeaux  de  f  ranee  (voirie  P.  S.\ 
est  né  à  Navbonne  en  1  YSfi.  n  fit  ses  pnH 
mières  éludée  dans  sa  vil  le  natale  et  fut  en- 
suit0  plaoé  par  ses  parens  è  V»tt)oimedana 
l'institution  SaÎDt-HemI,  qui  induisait 
seaélèvesauoellégeou  lycée  de  eelte^lle 
el  qui  acquit  miegfanderenommée,  parce 
qu'elle  éleva  presque  Ions  ces  hemmea 
quîipar  leur  inteU%enoe  et  leur  fortune 
politique,  ont  élé  portés  à  la  tête  cbs  af* 
iûreadu  paya.  Après  avoir  suri  \fm  cours 
du  collège  et  ceux  de  b  faculté  de  droit, 
le  jeune  Baithealla  comme  stagiaire  suî- 
we  le  barreau  de  Montpeliit»,  el  îl  avait 


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BAR  (87) 

n  alkft  lorsqu'il  arriva  à  FM»  pour  ache- 
ter son  stage. 

M.  Barthe  tout  entier  litre  aux  exer- 
cices qui  devaient  le  préparer  à  fhono- 
rable  profession  d*avocat  n'avait  encore 
embrassé  aucun  parti  politique  lorsqn'en 
juin  1820  la  mort,  on  peut  dire  l'assas- 
sinat du  jeune  Lallemand,  comme  lui 
membre  de  la  Société  de  jurisprudence^ 
le  Jeta,  par  Tindignation  dont  il  fut  saisi, 
dans  le  parti  de  l'opposition.  Le  lende- 
main de  la  mort  de  la  jeune  victime, 
M.  Barthe  fut  admis,  avec  quelques  au- 
tres amis,  à  faire  les  derniers  adieux  à  ce- 
lai qu'ils  avaient  aimé.  En  présence  de  ce 
cadavre  sanglant,  dans  ce  besoin  de  ven- 
geance qu'inspire  une  douleur  impuis- 
sante, il  conçut  contre  le  gouvernement 
de  la  Restauration  une  haine  à  laquelle 
aucun  temps  ne  l'a  trouvé  infidèle. 

Le  père  du  malheureux  étudiant  s'é- 
tant  porté  partie  civile  contre  le  soldat 
meurtrier  de  son  fils,  il  fit  choix  de 
BL  Barthe  pour  présenter  sa  plainte  au 
conseil  de  guerre  ;  mais  ce  tribunal  n'ad- 
mit point  d'avocat,  et  son  jugement  ren- 
voya le  soldat  an  corps  où  il  servait.  Ce 
fut  le  procès  de  Gravier  et  de  Bouton,  ac- 
cusés d'avoir  voulu,  par  l'explosion  de  pé- 
tards jetés  atix  environs  des  Tuileries,faire 
avorter  M"**  là  duchesse  de  Bcrry  alors 
grosse  du  duc  de  Bordeaux,  qui  fit  d'a- 
bord contiaitre  M.  Barthe,  nommé  d'offi- 
ce, vers  la  fin  de  l'audience,  pour  assister 
Bouton.  Quoique  les  accusa  eussent  été 
ccmdamnés  àmort  et  que  lecnr  pourvoi  ,sou- 
tenu  par  le  jeune  avocat,  eût  été  rejeté  par 
la  Cour  de  cassation,  la  soudaineté  de  sa 
première  défense,  le  talent  de  sa  seconde 
plaidoirie,  attirèrent  sur  lui  Fattention  pu- 
blique qui  ne  devait  plus  le  perdre  de 
me.  Par  une  plaidoirie  heureuse  devant 
la  chambre  des  Pairs,  dans  la  fameuse 
consph^on  militaire  qu'efle  avait  à  ju- 
ger, M.  Barthe  écarta  bientôt  après  tout 
danger  de  la  tête  de  fun  des  accusés,  du 
colonel  Caron;  mais  il  n'eut  pas  le  même 
succès  dans  FafTaîrc  de  Béfbrl,  qui  fut 
jugée  par  la  cour  d'assises  de  Colmar  : 
son  client  le  jetme  Guinand  ht  con- 
dannié.  Désormais  M.  Barthe,  placé  par- 
mi les  plus  belles  espérances  du  barreau, 
devînt  son  secours  à  toutes  les  infortunes 
politiques;  il  parut  donc  encore  dans 


BAR 

l'afl^re  de  La  Rochelle:  Mm  client 
(Gauran)  vit  sa  tête  soustraite  au  fer  qui 
frappa  les  quatre  sons-offiders.  Puis  en 
1838  il  entreprit  là  défense  de  M.  Ki- 
colas  Kœchlin  contre  leqttei  l'autorité 
avait  fait  diriger  des  poursuites  k  cause 
de  la  brochure  que  cet  ancien  dépifté 
avait  publiée  sotts  le  titre  de:  Reiadon 
des  épénemens  qui  ont  tu  lieu  les  S  et 
^juillet  1823,  relativement  à  la  scanda- 
leuse affaire  du  colonel  Carton  [voy,  ce 
mot).  La  chaleureuse  éloquence  de  l'avo- 
cat ne  manqua  pas  à  Une  si  belle  cause  ; 
il  apporta  les  preuves  de  tous  les  fkits  al- 
légués par  son  client.  En  appel,  il  redou- 
bla d'efforts,  et  son  ardente  parole  flétrit 
les  lâches  complots  de  Fadmidistration. 
Le  ministère  public,  en  requérant  la  con^ 
firmation  du  premier  jugement,  fit  des 
réserves  contre  l'avocat.  Le  jugement  fut 
confirmé  et  les  réserves  furent  admises. 
An  moment  où  M.  Batthô  allait  prendre 
la  parole  pour  sa  propre  défense,  le  gé- 
néral Foy  s'approcha  de  lui  «t  lui  ser- 
rant la  main  :  «  Est-ce  que  je  ne  pourrais 
pas  vous  défendre?  v  lui  dit-il.  M^  Bar- 
the, pour  avoir  abusé  de  la  liberté  de  la 
défense,  fut  suspendu  de  ses  fonctions 
d'avocat  pendant  un  mois. 

"Ù^  cette  époque  M.  Barthe  n'était 
plus  seulement  un  avocat  distingué,  il  fut 
homme  politique  et  son  nom  se  mêla  à 
ceux  que  Fopinion  publique  appelait  à 
Son  secours. 

Lorsque  le  Monlteuràn  36  juillet  1830 
eut  'fait  connaître  les  trop  fameuses  or- 
donnances ,  M.  Barthe  Se  rendit  à  une 
réunion  d'avocats  et  de  quelques  journa- 
listes, chez  M.  Dupin  atné;  à  une  heure, 
le  même  jour,  au  bureau  du  National ^ 
il  assistait  à  une  assemblée  où  Fou  déci- 
dait qu'il  serait  fait  une  protestation  ;  le 
soir  il  lisait,  comme  président,  aux  jour- 
nalistes réunis  ce  monument  d'une  cou- 
rageuse résistance.  Les  journaux  devaient 
donc  paraître  le  lendemain;  mais  plu- 
sieurs imprimeurs  refusèrent  leurs  pres- 
ses, entre  autres  celui  du  Journal dn  Com- 
merce. M.  Barthe  le  fit  assigner  dans  les 
34  heures;  mais  le  mercredi,  lorsqu'il  se 
rendit  au  palais  pour  soutenir  la  dernière 
lutte  en  faveur  de  la  liberté  de  la  presse, 
le  combat  des  trois  Journées  s'engageait  de 
toutes  parts.  Les  tribunaux  vaquèrent 


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BAR 


(88) 


BAR 


Le  jeudi  99,  M.  Baithe  se  rendit  à 
radlel-de-Ville  :  il  fut  invité  à  se  réunir 
à  la  commission  municipale  et  partagea 
les  travaux  de  cette  nuit  Le  lendemain , 
chargé  de  rédiger  une  proclamation  aux 
Français,  il  soumit  à  la  commission  et  en- 
voya ensuite  à  l'imprimerie  royale  le  pre- 
mier acte  public  de  rupture  entre  la 
France  et  la  famille  alors  régnante.  Cette 
proclamation  commençant  par  ces  mots  : 
Cen  tttfait  de  la  branche  qtnée  des 
Bourbons  i  etc. ,  se  trouve  dans  tous  les 
ouvrages  qui  ont  parlé  de  cette  grande 
époque. 

La  révolution  était  faite  :  le  nouveau 
pouvoir  cherchait  à  8*entourer  de  tous  les 
hommes  qui,  dans  Topposition,  avaient 
montré  honneur  et  talent;  le  garde-des- 
sceaux  imposa  comme  un  devoir  à 
M.  Barthe  les  fonctions  de  procureur  du 
roi.  Quelque  temps  après,  au  mois  d'octo- 
bre, les  électeurs^esXI^  etXn^  arrondis- 
semens  réunis  lui  donnèrent  une  preuve 
de  confiàace  plus  honorable  encore  en  le 
choisissant  comme  député.  La  circulaire 
électorale  du  candidat  avait  exposé  net- 
tement ses  principes. 

Il  prononça  son  premier  discours  à  la 
Chambre  le  9  décembre  1830 ,  dans  la 
discussion  de  la  loi  sur  le  fonds  commun 
de  l'indemnité  accordée  aux  émigrés. 
Dans  sa  réponse  au  discoiu*s  de  M.  Ber- 
ryer,  il  établit  avec  lucidité  la  justice  de  la 
loi  qui  disposait  pour  la  sûreté  du  pays  de 
ce  fonds  commun  sur  lequel  aucun  droit 
n'était  acquis  à  personne  ;  et,  relevant  les 
éloges  Imprudens  donnés  par  son  adver- 
saire au  gouvernement  de  la  Restauration, 
il  évoqua  les  plus  funestes  souvenirs,  et 
demanda  qu'au  moins  par  pudeur  on  re- 
tranchât quelques  instans  de  ces  quinze 
années  d'honneur  et  de  gloire. 

Le  28  décembre  suivant,  M.  Barthe 
fut  nommé  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique, et  presque  aussitôt  il  eut  occasion 
de  montrer  que  son  désir  de  l'ordre  était 
soutenu  par  la  fermeté  du  caractère.  De- 
puis quelques  jours  il  y  avait  des  troubles 
dans  les  cours  publics  des  écoles  de  droit 
et  de  médecine;  quelques  perturbateurs 
avaient  choisi  ces  nombreuses  assemblées 
de  jeunes  gens  pour  foyer  de  leurs  ma- 
nœuvres: un  arrêté  fut  pris  contre  les 
fauteurs  de  désordres,  et  le  conseil  aca- 


démique convoqué  à  la  Sorbonne  pour 
informer.  Cependant  les  mécontens  s'ir- 
ritent, et  bientôt  le  bruit  se  répand  que 
des  violences  seront  exercées  contre  le 
conseil;  le  ministre  aussitôt  fait  annoncer 
qu'il  ira  lui-même  présider  l'assemblée, 
et  il  s'y  rend  sans  prendre  la  précaution 
de  se  faire  accompagner  d'aucun  agent 
de  la  force  publique.  Au  sortir  du  conseil 
les  agitateurs  l'insultent;  mais  le  len- 
demain l'immense  majorité  des  deux 
écoles,  qui  s'était  donné  pour  président 
M.  Dubois,  alors  doyen  de  la  Faculté  de 
médecine,  lui  apporte  tme  protestation 
contre  ce  scandale. 

On  reprochait  au  cabinet  dont  M.  Bar- 
the faisait  partie  de  l'hésitation,  de  la  fai- 
blesse même,  et  peu  d'homogénéité  dans 
les  opinions  de  ses  membres  :  un  remanie- 
ment était  devenu  indispensable.  Le  1 3 
mars  fut  constitué  le  ministère  que  l'on 
désigne  également  par  la  date  de  sa  for- 
mation ou  par  le  nom  de  son  chef  Ca- 
simir Perrier.  M.  Barthe  fut  nommé  le 
même  jour  ministre  de  la  justice.  Par  une 
singularité  assez  remarquable  le  premier 
discours  qu'il  prononça  comme  garde-des- 
sceaux  fut  encore  une  réponse  à  M.  Ber- 
ryer(17avrill831). 

Toutes  les  lois  politiques  .appartien- 
nent, on  peut  le  dire,  au  ministère  en* 
tier  :  nous  dous  abstiendrons  donc  d'en 
faire  mention;  mais  deux  lois  rendues 
sur  la  proposition  de  M.  Barthe  lui  re- 
viennent tout  entières. 

La  première  est  celle  du  3 1  août  1831, 
relative  à  des  réformes  dans  la  législation 
pénale.  Le  Code  de  1 8 1 0  avait  été  souvent 
accusé  de  cruauté;  souvent  aussi  la  rigueur 
de  la  peine  avait  effrayé  le  jury  et  l'avait, 
pour  ainsi  dire ,  forcé  au  mensonge  et  à 
de  scandaleux  acquittemens.  Dès  son  ar- 
rivée au  ministère  de  la  justice,  M.  Bar- 
the s'occupa  de  la  révision  hautement 
réclamée  par  l'opinion  publique.  Voici  les 
principales  modifications  apportées  à  la 
législation. 

La  plus  importante  de  toutes,parce  que 
sonapplication  est  plus  fréquente  et  qu'elle 
donne  plus  d'étendue  à  l'appréciation  des 
faits  par  le  jury,  est  la  faculté  d'atténua- 
tion qui  n'était  accordée  auparavant  que 
pour  les  matières  correctionnelles  et  qui 
a  été  étendue  i^ux  affi^res  du  grand  crimi- 


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BkR  (i 

Del.  Le  jury  doit  toujonrt  être  consulté 
sur  les  circonstances  atténuantes  (vojr.  ce 
mot);  sa  réponse  affirmative  oblige  la  cour 
à  descendre  d*un  degré  dans  l'échelle  pé> 
oaJe  et  lui  donne  le  droit  de  descendre 
de  deux,  si  le  coupable  mérite  à  ses  yeux 
cette  faveur. 

La  mutilation  du  poignet,  qui  précé- 
dait le  supplice  du  parricide  ou  du  régi- 
cide, est  abolie, 

La  peine  de  mort  est  remplacée  par 
les  travaux  forcés  à  perpétuité  pour  le 
crime  de  fausse  monnaie  ;  par  la  déten- 
tion à  temps  pour  le  simple  complot  con- 
tre la  vie  du  prince;  par  la  détention  per- 
pétuelle pour  le  complot  accompagné  de 
préparatifs  d'exécution. 

Tous  les  amis  de  l'humanité  gémis- 
saient de  voir  figurer  dans  notre  Gode  la 
peine  de  la  marque,  flétrissure  étemelle 
pour  une  faute  souvent  d'un  seul  jour  ; 
flétrissure  que  ne  pouvait  efîacier  ni  le 
droit  de  grâce  du  monarque ,  ni  le  re- 
pentir du  malheureux.  La  marque  est 
supprimée. 

Dans  cette  œuvre  de  réforme  on  ne 
pouvaHoublier  la  surveillance  de  la  haute- 
police  à  laquelle  sont  soumis  les  crimi- 
nels qui  ont  accompli  le  temps  de  leur 
peine;  la  manière  dont  s'exerçait  cette 
surveillance,  qui  forçait  le  libéré  à  justi- 
fier de  sa  présence  dans  les  lieux  qui  lui 
avaient  été  assignés  pour  séjourner,  l'a- 
vait bientôt  signalé  à  la  réprobation  gé- 
nérale. Repoussé  par  ceux  qui  auraient 
pu  le  faire  travailler ,  soupçonné  de  tout 
le  mal  qui  se  faisait  autour  de  lui ,  il  n'a- 
vait d'autre  ressource  que  la  récidive  : 
impuni ,  il  vivait  de  son  crime  ;  atteint 
par  la  justice,  il  trouvait  du  pain  près 
de  ses  fers.  Désormais  la  loi  se  contente 
de  lui  fixer  les  lieux  où  il  ne  doit  pas  vi- 
vre, cette  précaution  suffisant  à  la  sû- 
reté de  ceux  qui  l'ont  jugé  ou  fait  con- 
damner. 

Celui  qui ,  pour  profiter  d'un  contrat 
avantageux  d'assurance,  brûlait  sa  pro- 
priété ,  était  puni  de  mort  comme  incen- 
diaire; sa  peine  fut  réduite  aux  travaux 
forcés  à  temps. 

On  punissait  aussi  de  mort  le  vol  ac- 
compag;né  de  plusieurs  circonstances  ag- 
gravantes, et  le  coupable  pouvait  deve- 
nir assasè^i  sans  avoir  rien  de  plus  à 


>)  BAR 

redouter;  dans  aucun  cas,  d*aplls  la 
nouvelle  loi,  le  vol  ne  peut  être  assioûlé  , 
au  meurtre  avec  préméditation. 

Telles  sont  les  dispositions  principales 
de  cette  loi  qui,  dans  des  temps  plus  cal- 
mes ,  eût  suffi  à  la  gloire  d'un  ministre. 

L'humanité  n'a  pas  moins  à  se  réjouir 
d^  la  loi  du  17  janvier  1882  sur  h 
contrainte  par  corps.  Considérée  moins 
comme  un  châtiment  que  comme  la  der- 
nière épreuve  de  la  solvabilité  du  débi- 
teur, la  contrainte  par  corps  a  cessé  d'ê- 
tre perpétuelle  en  matière  civile  et  con- 
tre les  étrangers;  sa  durée  a  été  graduée 
suivant  l'importance  de  la  dette;  le  viei^ 
lard  qui  a  atteint  70  ans  a  été  soustrait 
à  ses  rigueurs,  et  tous  les  adoucissemens, 
comme  toutes  les  garanties,  ont  été  accor- 
dés aux  détenus. 

Tous  les  hommes  impartiaux  ont  dû 
d'ailleurs  remarquer  le  caractère  de  dou- 
ceur qu'a  pris,  depuis  1830,  l'action  de  la 
justice.  Le  nombre  des  condamnations  à 
mort,  sous  la  Restauration,  était,  par  an, 
de  86;  depuis  la  révolution  il  n'est  que  de 
84.  De  1815  à  1823,  il  y  eut  108  exé- 
cutions capitales,  et  18  ibis  la  marque  fut 
appliquée  pour  crimes  politiques;  depuis 
4  ans ,  pas  une  goutte  de  sang  n'a  souillé 
la  main  de  la  justice  pour  semblables 
causes.  Les  4  condamnés  exécutés  en  Ven- 
dée avaient  commis  contre  des  particu- 
liers les  crimes  qui  les  ont  conduits  à  l'é- 
chafaud.  A  la  suite  des  événemens  de 
juin  1832,  12  condamnations  à  mortfi»* 
rent  prononcées  par  les  tribunaux  :  tou- 
tes ont  été  commuées. 

Citons  encore  un  fait  :  pour  les  exé- 
cuteurs des  haute»-oeuvres,  le  personnel 
était  le  même  qu'en  1798.  Une  ordon- 
nance rendue  sur  le  rapport  de  M.  Bar- 
the  en  a  supprimé  la  moitié,  et  il  y  a  en 
au  budget  100,000  francs  d'économie  de 
bourreaux. 

Comme  tous  les  hommes  politiques 
placés  en  évidence  et  exerçant  sur  les  af- 
faires du  pays  une  influence  marquée, 
M.  Barthe  a  dû  rencontrer  de  nombreux 
détracteurs  pour  lesqueb  les  faits  que  ses 
amis  lui  imputent  à  mérite  deviennent  au- 
tant de  titres  de  blâme.  Tandis  que  les  uns 
félicitent  le  garde- des- sceaux  de  n'avoir 
jamais  voulu  séparer  l'ordre  d'avec  la  li- 
berté, les  nutret,  se  rappelant  la  part 


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BhR 


(90) 


BAR 


acti^  que  jadis  il  aviit  prise  ^  dans  les 
ventes  du  carbonarisme ,  anx  hostilités 
qu'ils  dirigeaient  contre  les  princes  de  la 
Restanration ,  et  ne  tenant  aucun  compte 
des  changemens  survenus  depuis  1833, 
le  regardent  comme  transfuge  de  leur 
cause  et  lui  reprochent  d*aToir  acheté  le 
poOToir  au  prix  de  ses  convictions  person- 
nelles, n  ne  nous  appartient  pas  de  pro- 
noncer entre  les  deux  partis  :  la  postérité 
viendra  pour  M.  Barthe,  et^tious  croyons 
qu'elle  lui  tiendra  compte  des  efforts  qu'il 
n'a  cessé  de  faire  pour  maintenir  la  paix 
à  l'intérieur  an  milieu  des  circonstances 
les  plus  difficiles. 

Post-Scriptum,  Au  moïnent  où  nous 
terminons  cet  article,  un  mouvement 
ministériel  causé  par  la  démission  de 
MM.  de  Broglie  et  Sébastiani  a  porté 
aux  sceaux  M.  le  procureur  général  Per- 
sil (4  avril  1834).  M.  Barthe,  nommé 
grand-officier  de  k  Légion^d'honneur 
et  pair  de  France,  a  reijiplacé  M.  Barbé- 
Marbois  dans  les  fonctions  inamovibles  de 
président  de  la  conr  des  comptes.  O-x. 

BARTHÉLEMITES,  prêtres  sécu- 
liers ainsi  nommés  de  Barthélémy  Holz*- 
hauser  qui  institua  leur  congrégation  à 
Salzbonrg,  Tan  1640.  Leur  but  était  l'é- 
docation  de  la  jeunesse,  letnr  règle  celle  de 
la  vie  commune.  Ils  rendirent,  principale- 
ment en  Autriche,des  services  qui  leur  va- 
lurent des  confirmations  solennelles  dans 
les  années  1680  et  1685,  mais  qui  furent 
bient^  moins  appréciés.  Dès  Fan  1 795 
leur  congrégation  était  éteinte.      M-R. 

BARTHÉLEJMT,  c'est-à-dire  le  fils 
de  Tohnaî,  Tun  des  douze  ap6tres,  est 
probablement  le  persoimage  que  saint 
Jean  appelle  Nathanaêl.  Dans  ce  cas,  il 
étak  de  Cana  en  Galilée,  et  ce  fut  saint 
Philippe  qui  l'amena  à  J.-€.  dont  il  de- 
vint l'un  des  soixante-douze  disciples  et 
des  plus  fidèles  compagnons,  comme  on 
le  volt  par  tes  évangéliste^.  L'historien 
des  apôtres,  saint  Luc,  mentionne  peu 
saint  Barthélémy  ;  mais  les  pères,  et  sur- 
tout Ensèbe ,  rapportent  que  Nathanaêl 
se  rendit  aux  Indes  et  que  saint  Pantène, 
qui  visita  cette  région  dans  le  cours  du 
second  siècle,  y  trouva  l'évangile  de  saint 
Luc  répandir  par  son  pieux  prédécesseur. 
Ces  renseignemens  tffmi  rien  d*invrai-  I 


époqne  le  nom  d'Inde  était  généralement 
donné  à  l'Arabie  ou  aux  contrées  à  l'est 
de  la  mer  Rouge.  Saint  Barthélémy  ne 
quittacette  région  que  pour  rejoindre  saint 
Philippe  à  Hiéra polis,  en  Phrygie,  et  pour 
prêcher  Tévangile  en  Lycaonie  où  saint 
Paul  et  saint  Barnabe  avaient  déjà  jeté 
les  premières  semences  du  christianisme. 
Enfin,  il  passa  en  Arménie  et  y  trouva  le 
martyre  dans  la  ville  d'Albanopolis ,  sui- 
vant les  Grecs  le  1 1  juin,  suivant  les  La- 
tins le  24  août.  Son  supplice  (la  légende 
veut  qu'il  fut  écorché  vif,  puis  crucifié) 
a  souvent  été  représenté  par  les  artistes, 
et  Michel-Ange  lui-même,  dans  son  Juge- 
ment dernier,  qui  est  peint  sur  les  murs 
de  la  chapelle  Sixtine,  nous  le  montre  te- 
nant sa  peau  dans  une  main  et  l'instru- 
ment de  son  supplice  dans  l'autre.  M-a. 

BARTHÉLÉMY  (la  saint),  voy. 
Saint  -  BAaTHièLXMY. 

BARTHÉLÉMY  ^Jsah- Jacques, 
abbé),  naquit  en  1716  a  Cassis,  en  Pro- 
vence, d'une  famille  respectable  établie 
depuis  long -temps  à  Aubagne,  oà  elle 
jouissait  d'une  considération  due  à  des 
vertus  héréditaires. 

«  Dans  ces  parties  méridionales  de  la 
France  (dit  Sainte-Croix  dans  son  éloge 
de  Barthélémy)^  où  jadis  fiorissaient  des 
colonies  grecques,  naquit  un  homme  qui 
devait  un  jour  retracer  à  nos  yeux  le  ta- 
bleau fidèle  et  animé  de  rhbtolre,  des 
opinions,  des  mœurs,  des  sciences  et  arts 
de  leur  métropole.  » 

A  rage  de  douze  ans,  Barthélémy  entra 
au  collège  de  l'Oratoire  k  Marseille.  Il 
s*était  destiné  Ini-même  à  l'état  ecclésias- 
tique; mais  comme  le  célèbre  Beimncc, 
évdque  de  Marseille,  refaisait  d'y  admettre 
ceux  cjtti  étudiaient  à  l'Oratoire,  il  fit  ses 
cours  de  philosophie  et  de  théologie  chez 
les  jésuites,  après  s'être  fait  cependant 
un  plan  d'études  qui  le  rendait  indiffé- 
rent, comme  il  le  dit  lui-même,  (taux 
bêtises  et  aux  fureurs  de  ses  ilouveaux 
régenS,  «  dont  l'un  prenait  son  bonnet  à 
trois  cornes  pour  donner  ftdée  d*tio 
cube,  et  dont  l'autre  écnmaît  et  gesticu- 
lait en  bornant  sa  théologie  à  prouver 
que  les  cinq  propositions  étaient  dans 
Jansénius. 

Barthélémy  entra  bientôt  an  séminaire 


StftoMaMe,  Û  f  on  ae  rappelle  qu'à  cette  l  dirigé  par  les  Lazarbtes;  Tà^  dans  ses 


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BAR  (91 

mflOf  deloisiTyll  étadialeslangoesorienU- 
let;  il  finit  ton  sémiDaire^'et,  quoique  péDé- 
tré  des  MOtimens  de  U  reKgion,  peut-être 
luéne,  dit-ily  parce  qu'il  en  éuit  pénétré, 
il  n'eut  pa0  la  moindre  idée  d'entrer  dans 
le  miniftère  ecclésiastique.  Il  se  eontenta 
d*en  garder  Thabit,  qui,  comme  on  le 
sait,  était  à  cette  époque  une  sorte  de 
passeport  qui  donnait  l'entrée  dans  les 
plus  hautes  sociétés  à  ceux  que  leur  rang 
on  leur  fortune  en  éloignait  naturelle- 
ment. Barthélémy  n'avait  du  penchant 
que  pour  l'élude,  ni  d'autre  goÂt  que  ce- 
lai des  lettres.  Retiré  k  Aubagne  dans  le 
sein  de  sa  famille,  sa  vie  s'y  serait  passée 
dans  una  tranquille  obscurité,  si  le  hasard 
n'avait  fkvorisé  ton  amour  pour  les  scien- 
ces et  n'avait  déterminé  la  carrière  dans 
laquelle  il  9'eat  illustré.  Dans  plusieurs 
voyagea  qu'il  fit  à  Marseillci  il  rencontra 
M.  ép  Cary,  savant  antiquaire,  qui  l'initia 
dans  les  secrets  de  k  numismatique.  Il 
puisa  les  premiers  élémena  de  la  science 
archéologique  dans  les  manuscrits  de  Pei- 
resc  qui  enrichissaient  la  biblioth^ue  du 
préaident  de  Mazangues  à  AAx.  Il  sentit 
bientôt  que  la  province  n'offrait  ni  res- 
tanrces  à  son  talent  ni  espoir  à  sa  fortune  : 
il  vint  à  Fans,  et  (iit  reçu  chez  Gros  de 
fioae,  ancien  secrétaire  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  bdlet-lettres  et  garde 
du  cabinet  des  médailles.  Ce  savant  sut 
tellement  apprécier  le  jeune  Batthélemy 
que,  18  mois  après  son  arrivée  dans  la 
capltalcy  il  le  fit  nommer  son  adjoint  à  la 
garde  des  médailles;  Barthélémy  n'avait 
alors  que  80  ans. 

Deû  ans  après,  il  fut  élu  à  la  place 
d'associé  à  l'Académie  des  tnseriptions 
et  belle»4ettresy  et  en  1T58  il  succéda  à 
de  Bose  comme  garde  du  cabinet  des  mé- 
dailles, après  aveir  été  hujt  ans  son  ad- 
joint. 

Vom  fomplélav  set  éludés  et  mettre, 
pour  ainsi  dire,  le  sceau  h  ce^  connais- 
ssBoea  pratiques  qui  sont  indispensables 
dans  la  science  des  antiquités,  Barthélémy 
•cKtlt  hi  nécessité  de  visiter  l'Italie.  11 
petCit  muni  d'une  oommiasion  du  roi  et 
<r  une  gratification  de  «,000  f.  Benoit  Xjy 
le  reçut  avec  cette  alfabilité,  cette  galté, 
celte  bonhomie  spirituelle  qui  le  carac- 
térlaaicfit. 

Ce  fut  dans  ce  voyage  que  Barthélémy 


) 


BAR 


ommiil  ML  de  StaHiville,  depiiif  du^  de 
Choiseul,  dont  la  protection  influa  si 
puissamment  sur  son  existence  entière. 

Protégé  par  ce  ministre,  Barthélémy 
n'abusa  jamais  de  sa  position  ;  il  refusa 
presque  autant  de  bienfaits  qu'il  lut  obli- 
gé d'en  recevoir.  Sa  conduite  fut  toujours 
noble  et  généreuse.  Il  ne  voulut  accepter 
la  place  de  directeur  du  Âfercure  qu'on 
enlevait  à  Harmontel  que  pour  lui  en 
rendre/ le  brevet;  et  pourtant  sa  démar- 
che, mal  interprétée,  lui  fit  des  ennemis, 
parmi  lesquels  d'Alembert  se  montra  le 
plus  acharné.  On  peut  vanter  sa  modéra- 
tion et  citer  sa  conduite  délicate  dans  le 
combat  de  générosité  qui  s'éleva  entre 
fan  et  le  savant  Le  Beau ,  à  l'occasion  de 
la  place  de  secrétaire  perpétuel  da  l'Aca- 
démie des  inscriptions* 

Son  existence  fut  active  et  laborieuse. 
On  sait  peu  dana  le  monde  combien  le 
désir  de  s'instruire  coAte  de  veilles  et 
oombien  d'heures  il  feit  dérober  aux  ^i- 
sirs  et  même  au  repos.  Chaque  jour  Bar- 
thélémy se  levait  à  6  heures  et  travaillait 
jusqu'à  9,  heure  à  laquelle  il  se  rendait 
chez  M.  de  Boie.  Il  y  resUit  jusqu'à  S , 
et,  après  dhier,  reprenait  son  travail  jus- 
qu'à 7  eu  8  heures. 

L'histoire  de  Barthélémy  est  dans  ses 
travaux,  et  cette  histoire  est  intimement 
liée  à  celle  du  cabinet  des  médailles  au 
milieu  duquel  il  vécut  près  d'un  demt^ 
siècle.  Il  arrangea  toutes  les  médailles 
transportées  de  Versailles  à  Pnis,  dans  le 
cabinet  oà  elles  sont  maintenant;  les  véri- 
fia toutes  sur  les  catalogues,  inséra  dans  la 
suite  les  médailles  du  maréchal  d'Estrées, 
celles  de  l'abbé  de  Rothelin,  le  cabinet  de 
M.  de  Cary,  celui  de  M.  de  Clèves,  et  en-  ' 
fin  le  superbe  oabinet  de  M.  Pellerin,  et 
les  pièces  acquise^  de  celui  de  M.  d'Én- 
ncry.  Les  médaillée  antiques  acquises  par 
Barthélémy  st  classées  par  lui  dans  le 
cabinet  des  médailles,  montèrent  à  30,000 
et  égalèrent  y  antant  pour  la  rareté  que 
pour  k  quantité,  celles  cfoi  depuis  son 
étabUsseraent  l'avalent  placé  au  premier 
rang  fie  tous  les  «abinets  de  l'Europe. 

En  1789  Barthélémy  sucséda  à  Ban- 
zée  dans  l'Académie  française,  qui  avait 
résolu  de  l'élire  malgré  sa  modeste  résis- 
tance. 

Ce  fut  son  damier  bonheur;  U  fut 


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BAR 


(92) 


BAR 


biêntÂI  battu  par  la  tempête  révoIutioD- 
naire,  qui  frappait  on  vieillard  déjà  acca- 
blé sous  le  poids  des  aos  et  des  infirmités. 
Il  fut  dépouillé  de  tout  ce  qu'il  possédait, 
chaque  jour  lui  enleva  un  ami ,  et  bien- 
tôt il  subit  lui-même  Thonneur  de  Tin- 
cai*cération.  Il  a,  dans  ses  Mémoires ,  la 
délicatesse  de  ne  pas  nommer  son  dénon  - 
ciateur.  U  resta  peu  de  temps  en  prison. 
Paré,  ministre  de  Tintérieur,  vint  bientôt 
lui  offrir  la  place  de  bibliothécaire ,  douce 
et  honorable  récompense  de  ses  travaux; 
et  cette  démarche,  qui  contrastait  bien  vi- 
vement avec  les  mceurs  du  moment,honore 
le  ministre  qui  la  fit  dans  ces  temps 
désastreux. 

Barthélémy  mourut  au  commencement 
de  Tannée  179d.  Le  cours  de  sa  vie  offre 
peud'incidens;  mais,  dans  la  notice  écrite 
par  lui-même  deux  ans  avant  sa  mort,  il 
peint  avec  une  rare  candeur  son  caractère, 
son  cœur,  son  ame  tout  entière.  Cette  no- 
tice est  remplie  de  finesse  et  de  grâce  ;  le 
style  en  est  simple  et  pourtant  entraînant. 
On  ne  peut  conter  plus  agréablement,  ni 
donner  plus  d'intérêt  à  une  anecdote.  Son 
récit  de  l'exercice  littéraire  du  collège  de 
l'Oratoire ,  sa  oonversatîon  arabe  avec  un 
Juif,  et  surtout  sa  visite  chez  le  prélat 
Baîardi,  à  Rome,  sont  de  petits  chefs-d'œu- 
vre et  des  modèles  de  l'art  de  narrer. 

Outre  le  Vbyagtdu  jeune  Jrmcharsis 
en  Grèce  (1788),  auquel  Barthélémy  a 
travaillé  80  ans  et  qui  a  fait  sa  réputation 
européenne,  on  a  de  Barthélémy  des  ou- 
vrages moins  connus  du  monde,  mais  qui 
sont  du  plus  haut  intérêt  pour  la  science. 
I^ous  ne  citerons  que  les  principaux  :  leur 
nomenclature  complète  serait  aussi  lon- 
gue que  cet  article.  On  en  trouvera  la  plus 
grande  partie  dans  les  Mémoires  de  l'A- 
cadémie des  inscriptions  et  belles-lettres. 
Les  plus  remarquables  sont  :  Réflexions 
sur  l'alphabei  et  la  langue  de  Palmjrre, 
Paris,  1754.  Explication  de  ta  mosai-^ 
que  de  Paiestnne,  Paris,  1760.  Disser- 
tation sur  une  inscription  grecque  re- 
lative aux  finances  d'Athènes^  Paris, 
1792.  Essai  dune  palœographie  nu- 
mismatique. Caryrte  et  Polydore^  ro- 
man, Paris,  1760. 

Sainte-Croix  a  publié  ses  œuvres  divei^ 
ses  ^  1798.  On  y  remarque  la  Chante- 
loupée ,  petit  poème  inspiré  par  le  séjour 


de  l'auteur  à  la  campagne  du  duc  de  CboU 
seul  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable 
dans  ce  recueil,  ce  sont  les  excellentes 
notes  relatives  au  cabinet  des  médailles, 
à  la  manière  de  l'administrer,  aux  cou* 
naissances  préliminaires  et  pratiques  né- 
cessaires pour  l'étude  de  la  numbmatj- 
que,  et  aux  qualités  que  l'on  doit  exiger 
des  personnes  qui  sont  chargées  de  ce 
dépôt  si  riche  et  si  intéressant  pour  l'art 
et  pour  la  science.  Les  OEuures  de  l'abbé 
Barthélémy  ont  été  publiées,  avec  une 
notice  de  M.  Villenave,  à  Paris,  1821 , 
4  vol.  in-8^.  Cest  la  seule  édition  com- 
plète. D.  M. 

BARTHÉLÉMY  (FmAir^is,  marquis 
Dï),  pair  de  France,  naquit  à  Aubagne 
(Bouches-du-Rhône),vers  1750,  et  il 
est  mort  à  Paris,  en  1830,  âgé  de  88  ans. 
Il  fut  élevé  par  son  oncle,  l'abbé  Bar- 
thélémy, qui  le  fit  admettre  très  jeune 
encore  dans  les  bureaux  des  affaires 
étrangères,  sous  M.  deChoiseul,  dont 
le  célèbre  écrivain  était. l'ami.  Le  jeune 
Barthélémy  accompagna  le  baron  de 
Breteuiljlans  sa  mission  en  Suisse  et  en 
Suède  fpuis  il  fut  envoyé  en  Angleterre 
où  il  résida  jusqu'à  la  fin  de  1793 ,  d'a- 
bord comme  secrétaire  de  lé|;ation  et 
ensuite  avec  le  titre  de  chargé  d'affaires. 
Ministre  plénipotentiaire  en  Suisse,  dans 
les  années  1 792  et  1793 ,  tout  en  servant 
activement  les  intérêts  de  la  France,  il 
se  montra  généreux  envers  les  réfugiés 
français  et  ferma  les  yeux  sur  la  présence 
de  plusieurs  d'entre  eux.  Les  talens  do 
Barthélémy  le  faisaient  rechercher  par 
les  hommes  infiuens  de  cette  époque;  il 
est  juste  de  dire  qu'ils  furent  utiles  à  la 
cause  nationale.  Il  négocia  successive- 
ment la  paix  de  Bile  (vojr.)  avec  la  Prus- 
se, avec  l'Espagne  et  avec  l'électeur  de 
Hesse. 

Cette  suite  de  services  avait  porté  l'at- 
tention publique  sur  Barthélémy;  en 
1797  il  fut  élu,  par  les  deux  conseils 
législatifs ,  membre  du  Directoire.  Cette 
élection  n'ayant  réussi  queparl'infla^iice 
du  parti  cUchien^  il  lui  fallut  partager, 
au  18  fructidor,  le  sort  de  ce  parti.  Aj>- 
rêté,  emprisonné,  envoyé  avec  Pichegru 
et  Ramel  à  la  Guiane  ^t  à  Sinamary , 
il  s'évada  de  ce  dernier  lieu  y  gagna  lea 
Éutt-Unisi  et,  après  y  avoir  fai(  an 


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BAR 


(98) 


BAR 


court  se  joar,  passa  en  Angleterre.  Le  Di- 
rectoire ne  manqua  pas  de  le  faire  por- 
ter sur  la  liste  des  émigrés. 

Biais,  après  le  18  brumaire^  le  premier 
consal  rappela  ce  diplomate,  le  fit  entrer 
au  stoat  le  18  février  ISOO,  et  lui  con- 
féra le  titre  de  commandant  de  la  Légion- 
d'honneur,  de  vice-président  du  sénat, 
et  de  comte  de  Tempire.  Sincèrement 
dévoué  au  grand  homme,  Barthélémy 
paya  par  des  services  actifs,  dans  les 
commissions,  la  faveur  signalée  qu'il  lui 
marquait,  et  le  15  août  1S03,  il  parut 
devant  Bonaparte  comme  président  de  la 
députation  du  sénat  qui  lui  offrit  le  con- 
sulat à  vie  ;  c'était  le  vœu  de  la  France 
qui  ne  s'était  jamais  vu  si  bien  gou- 
vernée. 

Dans  les  années  suivantes,  Barthélé- 
my ne  se  montra  pas  moins  dévoué; 
suis  aa  conduite  en  1814,  lors  de  la 
drate  de  l'empire,  a  été  l'objet  de  cen- 
sures très  sévères.  Dès  les  premiers 
jours  d'avril  1814,  on  le  vit  briguer, 
malgré  ses  antécédens,  la  présidence  de 
la  commission  du  sénat  où  fut  prononcée 
la  déchéance  de  Napoléon  et  des  siens. 

Le  21  mai,  Barthélémy  fut  nommé 
par  Xx>ais  XVIII  membre  de  la  oom- 
ottsaion  chargée  de  rédiger  la  charte  ac- 
cordée aux  besoins  de  l'époque.  Le  4 
juin  y  il  fut  appelé  à  la  chambre  des 
pairs,  et  le  4  janvier  1815,  il  reçut  le 
cordon  de  grand-officier  de  la  Légion- 
d'honneur.  Ce  fut  un  bonheur  pour  l'an- 
den  vice-président  du  sénat  que  Napo- 
léon n'ait  pas  voulu  le  comprendre  dans 
la  chambre  des  pairs  formée  dans  les  Cent- 
Jours;  l'exclusion  que  l'empereur  pro- 
nonça contre  Barthélémy  lui  permit  de 
reprendre  sa  place  à  la  première  cham- 
biê  des  pairs,  dès  le  mois  de  juillet  sui- 
vant, n  fut  nommé  alors  minbtre  d'état 
et  créé  marquis.  Pendant  S  ans,  Barthé- 
l^OBj  appuya  d'an  vote  silencieux  le  gou- 
vernement mais  au  mois  de  février  181 9, 
il  se  sépara  du  système  politique  suivi  par 
le  ministère  Decazes,  rompit  le  silence  et 
fit  à  la  chambre  des  pairs  une  des  mo- 
tions qui  ont  le  plus  agité  la  France  pen- 
dant la  Restauration.  L'objet  de  cette 
motion  était  de  supplier  le  roi  de  chan- 
ger la  loi  des  élections,  jugée  alors  trop 
désnoGrttiqne  par  la  cour.  Barthélémy 


soutenait  qu'en  réunissant  le  droit  de  pa-^ 
tente  à  la  contribution  foncière,  dans  le 
but  d'admettre,  à  un  plus  haut  degré,  au 
partage  des  droits  politiques  l'industrie 
et  le  commerce,  on  donnait  une  latitude 
funeste  au  droit  d'élection.  Heureuse- 
ment cette  proposition  fut  repoussée;  elle 
n'en  fut  pas  moins  reproduite  dans  la 
session  suivante  (1819  à  1820),  par  le 
gouvernement  qui  l'avait  combattue  l'an- 
née précédente.  F.  F. 

BARTHEZ  (Paul-Jossph),  né  à 
Montpellier  en  1734,  fit  ses  études  élé- 
mentaires à  Narbonne,  puis  à  Toulouse, 
étudia  la  médecine  k  Montpellier,  et  y 
prit  le  grade  de  docteur  en  1 763.  Doué 
d'une  haute  portée  intellectuelle ,  plein 
d'érudition,  connaissant  sept  ou  huit  lan- 
gues, Barthez  est  sans  contredit  un  des 
hommes  qui  jetèrent  le  plus  vif  édat  sur 
l'école  de  Montpellier.  Recommandé  par 
son  mérite  auprès  des  premiers  savans 
de  son  temps,  ceux-ci  s'empressèrent  de 
se  l'associer  comme  collaborateur  au 
/ottmal  des  savans  et  à  VEnçxclopédie, 
Jusque  là  Barthez  n'était  encore  guère 
connu  que  des  hommes,  toujours  peu 
nombreux ,  auxquels  il  est  donné  de  de- 
viner en  quelque  sorte  le  génie.  Cepen- 
dant une  diaire  vint  à  être  mise  au  con- 
cours à  l'université  de  Montpellier,  et  le 
jeune  docteur  fut  nommé  professeur  en 
1759.  La  brillante  élocution  dont  il  était 
doué,  les  vastes  connaissances  qu'il  avait 
acquises,  et  surtout  cette  puissance  de 
généralisation  qu'il  possédait  au  plus 
haut  degré,  et  qui  séduit  si  aisément  les 
jeunes  imaginations,  concoururent  en- 
semble à  attirer  à  ses  leçons  un  grand 
nombre  d'élèves.  Les  hypothèses,  on  pour- 
rait presque  dire  les  rêveries,  de  Stahl  et 
de  Vanhelmont,  créant  un  véritable  chaos 
dans  lequel  les  vérités  rigoureusement 
démontrées  se  trouvaient  comme  perdues, 
la  plupart  des  médecins  ne  voyaient  alors 
dans  l'organisation  que  des  phénomènes 
entièrement  et  exclusivement  soumis  à 
l'empire  des  lois  physiques.  Barthez  pa- 
rut :  il  remania  toute  la  science  physio- 
logique^ et  reconnut  dans  l'économie  un 
principe  distinct  de  la  matière,  qui  se  la 
subordonne  en  l'animant,  et  qu'il  appela 
principe  vitak  Malheureusement  Barthez 
ne  s'en  tint  point  à  cette  donnée  si  juste 


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BAR 


(H) 


bAA 


de  robservAtion:  il  érigbk  en  forces  se- 
coodairts  tous  les  phénomèoes  qu'il  ne 
pouvait  rattacher  Inkmédiateineat  à  aa 
première  coDceptiod.  Le  premier  ouvrage 
dans  lecpiel  cet  écrivain  mît  sa  doctrine 
en  lumière  parut  en  1778,  sou»  le  titre 
de  Nouveaux  élétnens  de  la  science  de 
V homme.  Forcé,  à  l'époque  de  la  révo- 
lution, de  qahler  Paris,  où  sa  réputatioa 
l'avait  fiiit  appeler  coluae  médiecta  du 
roi)  avec  le  titre  de  conseiller  d'état,  il 
se  relira  à  CarcassoiiDe  où  il  mit  ati  jour 
UB  Bouvd  ouvrage,  Nout^elle  mécani- 
que de  r homme  et  des  animaux.  Plus 
tard  il  it  paraître  son  Traité  des  meda-' 
diôs  goaiieuseSé  U  a ,  de  plus ,  laissé 
plusieurs  nsémoîres  remarquable»  et  des 
coasnhalknis  de  médecine,  qu'on  ne  Ht 
pas  sans  fruit.  Le  vîee  qui  enlaehe  to«B 
les  ouvrages  de  Barthex  jusqu^à  sa  Mé^ 
conique  des  moupemens,  qui  par  sa  na- 
ture semble  tant  s'en  éloigner,  résulte 
d'une  trop  grande  facilité  à  généraliser, 
qui  le  porte  à  conclure  d'un  trop  petit 
nombre  de  £aits  :  l'esprit  se  perd  dans 
toutes  ces  abstraction»  dont  la  plupart 
manquent  de  baae  légitime,  de  faits  qui 
les  appuient*  Barthez  mourut  à  Paris  en 
1806.  S-H. 

BARTliMfi  j  juriseonsKlte*  Le  nom 
de  Cujas  et  eekiî  de  Bartboie  sont  sou- 
vent ckés  ensemble;  mais  Ton  »e  saunât 
donner  une  raison  satisfaisanCe  êe  ce  rap- 
prochements lis  n'appartiennent  point  à 
la  nèaae  école*;  îb  ont  vé|cu  à  des  époques 
diiférentes,  l^n  en  France,  l'antre  en 
Italie;  et  leurs  trafvanx  o»t  dés  caractères 
bien  distinots. 

Bartboie  aaqnit  en  IMS,  dans  une 
ville  de  l'Ombrie,  nommée  Sasso-Ferrato; 
son  p^  se  nommait  François  Bonne*' 
Curse;  dans  un'  endroit  de  ses  écrits,  il 
dit  qu'il' apprit  àlire  de  Pierre Minorila 
qui  s'était  déwMié  à  l'instruction  dts-en- 
fans  trouvés,  d'où  l'on  avait  conclu  à  tort 
qu'il  étak  bâtardl 

Il  étudia  sow  (Mnus  Butrig^re  et  Rei- 
ner;  quelque  temps  juge  à  Todi'  et  à 
Ptse,  il  se  consacra  à  l'enseignement  du 
droit,  d^abord  àPise,  puis  à  Pérouse. 
Ses  succès  le  rendirent  le  pereonnege  le 
plusrecommandabèecieia  ville,  qui,  dans 
une  occasion  importante,  l'envoya  comme 
d^pnlé  à  l^empereor  Chatte  iy« 


Le  savant  jurisconsulte  se  montra  lut- 
bile  diplomate  :  il  obtint  pour  ceux  qui 
l'envoyaient  ce  qu'ils  demandaient,  et 
pour  lui  de  grandes  fAveurs^  notamment 
des  armoiries  qui  représentaient  >  dans 
un  champ  d^or,  un  lioM  de  fnérie  à 
double  queue.  On  a  prétendu  que  œ  der- 
nier présent  fut  le  prix  des  secovrs  qu'il 
donna  à  l'empereur  dans  la  rédaction  de 
\iL  Bulle  d'or, 

A  a  laissé  des  ouvrages  cpii  ne  sent 
plus  consultés  que  par.tn  pelHnombve 
d'érudits.  La  sagacité  la  plus  fine  s'y 
trouve  jointe  à  l'éntditîon  la  pins  com- 
plète, et  quelquefois  aussi  à  une  naïveté 
qui  nous  parait  aujourd'hui  singulière.^ 
Par  exemple,  pour  bien  faire  comprendre 
la  marche  d'une  procédure ,  il  avait  com- 
posé un  livre  intituM  :  Procès  de  Saion 
contre  la  Vierge ^  devant  le  tribunal  de 
Jésus  (Processus  Satansf  contra  Firgl^ 
nem^  céramjudiee  Jesu  y  Le  diaMe  ré- 
clame le  genre  humain  eommo  sa  pro- 
priété, invoqualit  sa  longde  possession; 
la  rierge  Marie  hd  répond  qtt'il  a  possédé 
de  mawaîse  foi ,  etc.}  au  surplus  chaoui» 
doit  être  bien  aised'apprendrecine  k  Vier- 
ge a  gagné  son  proeès;  Ba^ole  a  écrit  sàr 
tonte»  les  parties  du  droit;  il  savait  f  h6^ 
bren,  la  théologie,  la  géométrie  ;  et  toutes 
leè  sciences  en  honneur  de  son  tempsw 
On  raeonte  qu'il  avait  tant  de  passion 
pour  l'étude  qu'il  pesait  ses  ahmenn, 
afin ,  disent  les  auteurs  qui  Pont  sni^rî  , 
d'entretenir  l'équilibre  et  la  vigueur  de 
son  ame.  Les  savans  de  notre  siècle  onc 
plus  de  confiance  dans  leur  ame  et  dans 
leur  estomac  Bartboie  mourut  en  1956i, 
âgé  de  43  ans ,  laissant  six  enfirns  et  nan 
médiocre  fortune.  Pasquier  lui  reprooli« 
de  la  prolixité.  Jkarthoie  et  ses  eomten^ 
porainsy  dit-il,  se  débordèrent  en  tor- 
rent, en  l'application  du  drt>itp  mais 
Dumoulin  l'appelk  le  premier  eê  le  eo- 
ryphée  des  interprétés  em  droite  et  Ih»- 
môkilin  s'y  connaissait.  J.  Bl  D. 

BARTOLI  (S^irro),  vop  Pi^tienr. 

BARTCHLOa^ei  (FKAirçon),  dessin 
natenr  et  graveur  dans'  tons  les' genres, 
né  è  Florence  en  173^  et  ifoort  à- Lis- 
bonne en  IStd,  élève  de  Hv  Ferretli  de 
Florence  pour  le  dessin,  et  de  1.  Wagner 
de  Venise  pour  hi  gravure,  fut- un  hem^* 
me  Térital^ement  exiraordiindri  (W  k* 


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BAtl 


(95) 


BAR 


mUié  et  U  force  de  son  talent  Tour  à 
tour  graveur  à  Teau  forte,  au  burin,  au 
pointillé,  peintre  en  miniature,  au  pas- 
tel, il  excella  dans  chacun  de  ces  genres. 
Tous  ses  ouvrages  décèlent  Thomme  in- 
ventif, rbomme  de  génie,  l'homme  de 
goût;  ses  travaux  sont  innombrables. 
Son  œuvre  a  été  vendu  jusqu'à  1,000  li- 
vres sterling  ea  Angleterre,  à  Fépoque 
où  sa  réputation  éclipsait  celle  de  tous 
ses  rivaux.  Ai^ourd*hui  que  l'enthou- 
siasme est  passé,  que  le  genre  du  poin- 
tillé»  dans  lequel  il  a  excellé^  est  apprécié 
à  sa  juste  valeur,  l'on  Be  recherche  plus 
que  ceux  de  ses  ouvrages  qui  sont  placés 
hors  de  ligne  par  Texcellence  de  leur  exé- 
cution. Us  sont  trop  nombreux  pour  pou- 
voir être  cités  ici.  Hubert,  dans  son  Ma- 
nuel d'un  amateur  de  l'art^en  compte  plus 
de  200  qu'il  a  tirés  du  Dictionnaire  des 
artistes  de  Heinecken.  De  1764  à  1806 
Bartoloxzl  parait  n'avoir  exercé  la  gra- 
vure qu'en  Angleterre.  Sa  suite  de  por- 
traits des  personnages  illustres  du  temp» 
d'Henri  YH!,  gravés  et  imprimés  en 
couleur  d'après  Holbein,  sera  recher- 
chée dans  tous  les  temps,  ainsi  que  ses 
eaax  fortes  d'après  les  dessins  des  Car- 
rache  et  du  Guerchio,  qui  sont  dans  le 
cabinet  du  roi  d'Angleterre.     L.  C  S. 

BARUCD,  fils  de  Néria,  était  de  la 
triba  de  Juda;  il  s'attacha  à  la  personne 
da  prophète  Jérémie  à  qui  il  servit  de 
secrétaire  et  qu'il  ne  quitu  qu'après  sa 
mort*  Ce  fut  Barucfa  qui,  sous  sa  dictée, 
écrivit  ses  prophéties.  Joakim ,  roi  de 
Juda,  eut  connaissance  de  cette  collec- 
tion de  prophéties  :  il  en  fit  faire  la  teo- 
ture  devant  lui,  et,  après  en  avoir  en- 
tendu (pielques  passages ,  il  prit  le  livre , 
le  coupa  avec  le  canif  du  secrétaire  et 
le  brûla  tout  entier  dans  un  brasier 
qui  était  devant  luL  £n  même  temps 
il  ordonna  d'arrêter  Baruch  et  Jérénûe; 
mai»  on  ne  les  trouva  pas.  Jérémie  fit  de 
nouveau  écrire  ses  inspirations  par  Ba- 
ruch, et  il  ajouta  de  nouvelles  prophéties 
aux.  anciennes.  La  quatrième  année  de 
Sédédas,  Baruch  alla  à  Babylone  pour 
y  portervune  lettre  de  Xérémie  dans  la- 
quelle le  prophète  prédisait  les  malheurs 
qui  devaient  arriver  à  cette  ville.  Jérémie 
étant  mort  eu  ^É^^Le,  Baruch  se  retira 
i  Babyksa  où  il  acheva  aea  jours. 


Le  livre  qui  porte  le  iKun  de  Baruch 
n'existe  qu'en  grec  et  n'est  pas  canoni- 
que pour  les  Israélites;  outre  la  version 
des  Septante,  il  existe  de  Baruch  des 
versions  en  syriaque  et  en  arabe.  Le  livre 
de  Baruch  ne  porte  point  en  lui  les  carac- 
tères de  Tauthentické.  S.  C 

BARYE  (AHTonrB-Louis),  sculptev 
français,  né  en  1 796.  Après  avoir  obtenu 
en  1819 ,  au  concours,  un  prix  d'encou- 
ragement pour  la  gravure  en  médaille,  et 
en  1820  le  second  grand  prix  de  sculp- 
ture, M.  Barye  met  aujourd'hui  eu  action, 
avec  un  rare  bonheur,  des  animiTiT  que 
jusqu'alors  le  sUtuaire  n'avait  traités 
qu'accessoirement,  ou  seulement  d'une 
mauière  monumentale,  c'est-à-dire  daM 
des  situations  cafaaes  au  phjrsique,  eoeune 
au  moral.  Pour  tout  homme  quia  vua^Pee 
quelle  vérité,  quelle  énergie  de  mouve- 
ment et  d'expression,  quelle  exactitude 
dénature,  de  mœurs, de  sentiment,  M.  Ba- 
rye a  représenté  ce  lion  saisi  d'effnÀà 
la  vue  d'un  serpent,  cet  autre  kon 
terrassant  on  che\^,  ce  cerf  blessé  di^ 
putanS  aux  chiens  un  reste  de  vie,  et 
cette  petite  gazelle  qui  vient  de  rendre 
le  dernier  soupir,,  tant  admirée  aux  der^ 
nières  expositions  du  Louvre,  il  sera  re- 
connu qu'aucun  sculpteur,  jusqu'à  ce 
jour ,  n'a  été  doué  à  un  plus  haut  deçré 
que  BL  Barye  du  talent  d'observation  et 
du  génie  qui  sait  mettre  à  exécution,  et 
avec  tout  le  feu  de  la  ooneeption ,  les 
pensées  les  plus  laborieusement  médi- 
tées. L.  C  S. 

EA&YTB,  oxide  métallique  qui 
compte  au  nombre  des  alcalis.  Son  non 
vient  d'un  mot  grec  qui  signifie  pesant  eti 
indique  une  de  ses  propriétés.  Dans  les 
anciens  ouvrages,  on  le  trouve  désigné 
sous  celui  de  terre  pesante  et  de  barote. 

Les  mineurs  appellent  ^évjCe  ou  ^Hith 
pesant  la  combinaison  de  cette  base 
avec  l'acide  sulfurique,  qui  sert  souvent 
de  gangue  aux  minerais  métallifères  et 
surtout  à  ceux  de  plomh  sul&uné  et  d'an» 
timoine  sulfuré. 

Les  premiers  chimistes  qui  ontexa^ 
miné  la  baryte  l'ont  con^andue  avec  la 
chaux;  Gahn  et  Scheele  apprirent  à  la 
distinguer,  et  ses  propriétéa  ont  été  bina 
connues  long  -  temps  avant  que  Von, 
ait  eu  dès  doimées  «ertaÎBeii  ans  sa 


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BkK  ^  96  ) 

composition.  De  même  que  tons  les  au- 
tres alcaliSy  on  la  coosidérait  encore 
comme  un  corps  simple,  lorsqu'on  1808 
Dary  prouva  qu'elle  est  composée  d'oxi- 
gène  et  d'un  métal  qui  a  été  appelé  ba- 
rium.  Le  nom  de  protoxide  de  barium 
dut  alors  remplacer  la  première  déno^ 
mination. 

La  baryte  n'existe  pas  dans  la  nature 
à  l'état  libre.  On  la  trouve  toujours  com- 
binée avec  l'acide  sulfurique  ou  avec 
l'acide  carbonique.  Pour  l'obtenir  pure 
on  a  ordinairement  recours  au  sulfate. 
On  le  réduit  en  poudre  fine,  on  le  mêle 
avec  du  charbon,  et  on  expose  le  creuset 
dans  lequel  on  renferme  le  mélange  à 
une  température  très  élevée.  Le  charbon 
s'empare  de  l'oxigène  de  l'acide  sulfuri- 
que et  de  la  baryte;  de  là  résulte  de 
l'oxide  de  carbone  quise'dégage,  tandis 
que  le  soufre  reste  combiné  au  barium. 

Le  sulfure  ainsi  obtenu  est  dissous 
dans  l'eau  ;  mais  la  solution  est  troublée 
par  l'excès  de  charbon  et  le  sulfate  non 
altéré.  On  y  verse  de  l'acide  nitrique  ;  on 
filtre  la  liqueur  pour  séparer  les  matières 
insolubles,  et,  en  l'évaporant,  on  obtient 
des  cristaux  de  nitrate  de  baryte.  Ce  sel, 
calciné  dans  une  cornue  en  porcelaine 
ou  dans  un  creuset  d'argent,  jusqu'à  ce 
qu'il  ne  s'échappe  plus  aucun  gaz ,  perd 
tout  l'acide  nitrique  qu'il  contenait,  et 
la  baryte  reste  pure,  sous  forme  de  masse 
poreuse  d'une  couleur  grisâtre.  Dans  cet 
état  on  lui  donne  souvent  l'épithète  de 
caustique.  Elle  verdit  le  sirop  de  vio- 
lettes, rougit  la  teinture  de  curcuma. 
Exposée  à  l'action  de  l'air ,  elle  en  attire 
l'humidité ,  se  combine  avec  l'acide  car- 
bonique qui  y  est  répandu ,  et  devient 
alors  plus  blanche.  Si  l'on  fait  passer  un 
courant  d'oxigène  dans  un  tube  rempli 
de  fragmens  de  baryte  et  entouré  de 
charbons  ardens ,  elle  devient  incandes- 
cente, le  gaz  est  absorbé;  le  résultat  de 
l'opération  est  du  deutoxide  de  barium^ 
qui  sert  à  préparer  l'eau  oxigénée. 

L'eau  versée  en  petite  quantité  sur  cet 
oxide  donne  lieu  à  une  vive  incandes- 
cence, et  se  combine  avec  lui  avec  une 
telle  force  que  la  chaleur  la  plus  forte  ne 
peut  la  dégager.  Si  on  ajoute  assez  de  li- 
quide bouillant  pour  le  dissoudre,  on  voit, 
par  le  refiroidisiemeoty  se  déposer  des 


cristaux  qui  se  présentent  sous  forme 
de  prismes  hexagones  terminés  à  chaque 
extrémité  par  des  pyramides  tétraèdres, 
et  qui  sont  formés  de  baryte  et  d'eau. 

La  solution  au  contact  de  l'air  se  cou- 
vre promptement  d'une  pellicule,  qui 
n'est  autre  chose  que  du  carbonate  de 
baryte.  C'est  un  réactif  souvent  employé 
pour  reconnaître  la  présence  de  l'acide 
sulfurique,  qui  forme  avec  elle  un  pré- 
cipité blanc,  pesant,  insoluble  dans  l'a- 
cide nitrique.  U  est  presque  inutile  de 
dire  ^ue  le  même  caractère  sert  à  recon- 
naître la  baryte.  Il  pourrait,  il  est  vrai, 
la  faire  confondre  avec  la  strontiane; 
mais  les  sels  de  ce  dernier  oxide  colorent 
la  flamme  de  l'alcool  en  rouge,  tandis 
que  ceux  du  corps  qui  nous  occupe  lui 
communiquent  une  teinte  livide. 

La  baryte  et  ses  seb  solubles  sont  très 
vénéneux;  cependant  on  a  employé  l'hy- 
drochlorate  dans  le  traitement  des  mala- 
dies scrofuleuses ;  et,  quoique  l'usage  de 
ce  médicament  énergique  n'ait  pas  été 
sans  succès,  il  a  été  à  peu  près  aban- 
donné. 

En  attendant  l'arrivée  d'un  médecin , 
on  peut  administrer  aux  malades  empoi- 
sonnés par  cette  substance  une  limonade 
faite  avec  quelques  gouttes  d'acide  sulfu- 
rique, ou  bien  une  solution  de  sulfate  de 
magnésie  ;  l'usage  des  boissons  adoucis- 
santes et  mucilagineuses  est  également 
indiqué  dans  cette  circonstance.   H.  A. 

BARYTON ,  voix  d'homme  qui  tient 
le  milieu  entre  le  ténor  et  la  basse.  Foy* 
l'article  Voix. 

BARYTON  (  viola  di  Bordone  ), 
instrument  de  musique  à  cordes  et  à  ar- 
chet ,  dont-i'usage  s'est  perdu  depuis  peu. 
Il  ressemblait  à  Xaviola  di  gamba  (vojr» 
ce  mot  ) ,  mais  avait  cela  de  particulier 
que  des  cordes  métalliques  (  au  nombi^ 
de  16  )  se  pinçaient  à  vide  avec  le  pouce 
de  la  main  gauche ,  tandis  que  les  cor-- 
des  à  boyau  (  au  nombre  de  7  )  se  jouaient 
de  la  manière  ordinaire  avec  l'archet. 
On  ne  connaît  pas  le  nom  de  l'inventeur; 
mais  c'est  vers  l'an  1700  que  cet  instru- 
ment a  été  produit.  Il  était  très  difficile 
à  jouer  et  c'est  peut-être  ce  qui  l'a  em- 
pêché de  se  répandre  dans  les  orchestres. 
Resté  entre  les  mains  d'un  petit  nombre 
d'artistes  I  il  fut  poussé  au  plus  haut  de- 


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BAR  ( 

gré  d»  parfectioB  par  deux  Tirtuoses  al- 
lemands ,  Charles  Frans  et  Antoine  Lidl. 
Ce  dernier  perfectionna  le  mécanisme  de 
rinstmioent  et  porta  le  nombre  des  cor- 
des métalliques  jusqu'à  27.  Rien  n*éga^ 
lait  son  habileté;  il  charmait  son  audi- 
toire par  des  effets  eiUraordinaires.  Le 
prince  Ëste^hazy  aimait  beaucoup  le  ba- 
rjrton  ^  ce  qui  engagea  le  célèbre  Haydn, 
directeur  de  sa  chapelle,  à  composer 
jusqu'à  163  morceaux  pour  cet  instru- 
ment. G.  E.  A. 

BAS  (fa^baicaitt  dk).  C*est  celui  qui, 
en  employant  une  machine  fort  ingé- 
nieuse ,  appelée  métier  à  bas ,  fabrique 
non-seulement  des  bas,  mais  encore  tou- 
tes sortes  de  tri(x>ts  à  mailles  fixes,  à  jour, 
à  côtes,  sans  coutures,  sans  envers,  au 
moyen  desquels  tricots  on  confectionne 
des  bonnets,  dif  erses  espèces  de  tapiafi»e- 
ries,  etc.  Qu*on  se  figure  un  bâtis  en  bois, 
formé  de  quatre  montans  et  de  plusieurs 
traverses  sur  lesquelles  sont  fix^  des  pa- 
tins à  charnières.  A  ces  patins  aboutit 
on  système  de  bielles,  combinées  de 
telle  sorte  que  tout  le  système  peut  se 
mouvoir  dans  le  sens  horizontal  en  ar- 
rière, en  avant,  et  dans  le  sens  vertical. 
C«  sont  les  maips  et  les  pieds  de  Tou- 
vrier  qui  servent  de  moteur. 

L'histoire  du  métier  à  bas  est,  com- 
me celle  de  la  plupart  des  machines,  fort 
obscure;  on  n'a  cependant  pas  besoin  de 
remonter  jusqu'aux  siècles  antiques  pour 
en  trouver  les  premiers  élémens ,  car  les 
peintures  et  les  bas-reliefs  des  anciens 
nous  démontrent  suffisamment  que  les 
peuples  de  l'antiquité  ne  portaient  point 
de  bas.  Les  Grecs  et  les  Romains  habi- 
taient des  pays  chauds,  et  ce  vêtement 
leur  était  inutile.  Quant  aux  Gaulois, 
aux  Germains,  ils  étaient  trop  endurcis 
contre  les  rigueurs  des  saisons  pour  en 
ivolr  besoin.  Avant  l'invention  du  métier 
à  faire  des  bas,  on  en  tricotait,  et  ceux-là 
se  fermaient.  On  croit  qu'il  faut  repor- 
ter l'origine  de  ce  premier  art  au  règne 
de  François  I**";  le  métier  n'aurait  paru 
que  sous  le  règne  de  Louis  XFV  ;  mais 
ce  ne  sont  que  des  conjectures,  et  les  reu- 
aeîgnemens  positifs  ne  datent  que  de  Tan- 
née t6S6,  époque  où  le  Français  Jean 
fiindrea  importa  d'Angleterre  le  métier 
À  faire  des  bas.  Il  a  depuis  été  considé- 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


97  )  BAS 

rablement  perfédioané  par  les  FrtQ^tU 
et  les  Anglais.  C'est  ainsi  que,  dès  1796, 
M.  Decroix  (Pi«rre)  a  fait  des  bas  qu'on 
peut  couper  à  la  pièce;  que  M.  Jean- 
deau,  en  1803,  a  construit  des  métiers 
plus  légers  et  moins  coûteux;  qu'en  1806 
M.  Dantry  a  réuni  dans  son  modèle  de 
grands  moyens  pour  soulager  les  ou* 
vriers;  qu'en  1807  M.  Chevrier,  à  l'imi^ 
tation  des  Anglais,  l'a  appliqué  à  faire 
des  bas  à  mailles  fixes;  qu'en  1837 
M.  Favreau  en  a  même  exposé  un  d'upe 
construction  tout-à-fait  nouvelle,  majùi 
destiné  plus  spécialement  à  la  fabrica* 
tion  des  tricots.  Il  suffisait  d'une  mani^ 
velle  pour  lui  donner  un  mouvement  de 
rotation  et  pour  que  le  fil  fût  immédia*- 
tement  placé  sur  les  aiguilles.  U  fonc- 
tionnait si  rapidement  qu'il  donnait  par 
minute  dix  rangées  de  mailles ,  suh  une 
longueur  de  trois  pieds.  L'art  de  fabri- 
quer les  bas  est  tellement  perfectionné 
que  ses  produits  sont,  principalement  en 
France  et  en  Angleterre,  J'objet  d'un 
commerce  très  étendu;  et  ils  sont  si  par- 
faits qu'on  a  vu,  dans  une  des  demières 
expositions,  des  bas  de  fil  estimés  200  fr. 
et  des  bas  de  cotoii  ouvragés  à  48  fr.  la 
paire.  V.  m  M-». 

BASALTE^  Ceux  qui  s'occupent  de 
géognosie  et  de  géologie  s'accordent 
généralement  à  comprendre,  sous  le  nom 
de  basalte,  des  roches  plus  ou  ii^oins 
compactes,  noires  ou  grises,  quelquefois 
bleuâtres,  verdâtres  ou  rougeatres,à  cas- 
sure terreuse  et  à  texture  compacte  ou 
celluleuse,  qui  sont  fusibles  en  émail 
noir,  et  qui  ont  pour  base  une  substance 
minérale  appelée  feldspath  {vc^.  ce 
mot). 

L'analyse  chimique  donne  pour  prin- 
cipes constituans  du  bj^lte  50  ou  60 
pour  100  de  silice,  10  à  15  d'alumine]^ 
.20  à  25  d'oxide  de  fer,  enfin  quelques 
parties  de  chaux^  de  sonde  ou  de  potas- 
se, etc. 

De  longues  discussions  ont  divisé , 
dans  le  siècle  dernier,  les  savans,  prin- 
cipalement ceux  d'Allemagne  et  de 
France,  sur  l'origine  du  basalte  :  les  uns 
n'y  voyaient  qu'un  produit  de  l'eau, 
qu'un  sédiment  pi'imitif;  les  autres  qu'un 
produit  du  feu.  L'Angleterre,  la  France, 
l'Allemagne  et  ritalie,se  divisaient  en 


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BAS 


(98) 


BAS 


àènx  otfespé  *  l«i  tiefrânigtes  et  les  vul^ 
oÉBistes.  Aujonrdliai  perseone  ne  oon- 
ttste'  att  basalte  son  orighie  îgaée.  Cette 
roobe  n'est,  à  propreneût  parler,  qu'une 
lave  plus  ou  moins  compacte,  plus  ou 
moins  ceiluleuse,  et  d'une  apparence  plus 
dil  moins  homogène. 

Malgré  son  homogénéité  âftparente, 
le  basalte^  etaminé  au  microscope,  laisse 
yfùir  dans  sa  pâte  des  cristaux  de  t>yroitè- 
ne-,  d*artiphibofe,  de  feldspath,  quelque- 
fy\É  dé  felr  titane,  et  plni ôk^hairement 
de  péridot-«olîirine,  substance  qui  he  se 
trouve  dans  auciilhe  rochb  hoti  volcani- 
que. 

Quelque  compkcts  t^ii^Ws  soient,  lés 
basiâtes  finissent  toujours  pïu*  éprouver 
une  altération  plus  ou  mohis  sensible 
lorsqu'ils  sont  exposés  à  l'actioU  de  Tat- 
nkosphère.  Il  arrite  quélqnefois  qu'en  se 
•décomposant  les  méil^  basaltes  pren- 
Dflèlt  l'apparence  de  variétés  nouvelles; 
Sjèthrent  méttie  ib  se  recouvrent  d\ine 
cHiùte  argileiise;  souvefat  aussi  leui*  dé- 
composition itaontre,  en  quelque  sorte,  à 
nti  leur  struéttu'e.  Si  elle  est  grenue ,  ils 
se  divisent  en  grains  inégaux  {{tA  varient 
dépuis  la  grosseur  d'un  pois  Jusqu'à 
celle  du  poing;  si  elle  est  stratifiée,  iû  se 
divisent  en  feuillets  $  enfin  si  le  basalte 
aàmomeikt  ûe  sa  f\lsiûn  à  cotilé  en  mas- 
ses ahrondies,  11  se  décodpe  en  lames 
pln^  ou  moins  épaisses  qui  indiquent  sa 
disposition  en  couches  concentriques. 

Le  fer  contenu  dans  les  basaltes  leur 
doiine  la  propriété  d^bgir  plus  ou  moins 
fèrtenieut  sur  l'aiguiltè  aimaptée;  c^est 
aiiési  k  la  présence  dti  fer  qii'ils  doivent 
celle  de  répandre  '  une  odeur  argileuse 
lorsqu'on  les  humecte  par  le  contaet  de 
l'haleine.  Bs  rçbdént  ^U'bhiit  àonore  par 
le  ^bc  d'Un  cor][>s  dur;  ou  le^  casse  dif- 
ficilemettt.  ti'ôi's^u^ils  lië  sont  pas  dans 
lin  état  d^  décbtppositiôn,  Hs  donneât  des 
AinceHê!^  si^îis  te  choc  du  briquet. 

Le  )>asalte  constitue  .des  massés  à  la 
iBataièk*è  iek  laves;  mais  il  a^cte  aussi 
ptaéiéùfé  formes  qui  lui  sont  particuliè- 
res :  oîi  lé  rencontre  en  tables  qui  se  di- 
visent en  feuillets  comme  l'ardoise,  en 
boules  de  diverses  dimensions  et  quel- 
quefois deplusietirs  mètres  de  diamètre; 
mais  la  fèrihe  qu'il  odire  dans  un  grand 
uoibbl^  de  léoalitéiy  et  qôt  est  tout^-fait 


c^ractéHstiqtié,  estîta  fbrme  pristtiatCqiie. 
Ses  prismes  ont  ordinairement  quatre, 
cinq,  six,  sept  et  AitrVpans;  les  plus 
rares  sont  ceiix  à  cinq  bt  à  neuf  faces. 
On  en  voit  aussi  qui  ont  cinq  pans  sur 
une  partie  de  leur  longueur,  et  trois  sur 
l'autre.  Ces  prismes  varient  dans  leurs 
dimensions  :  on  en  connaît  qui  ont  envi- 
ron 20  et  môme  30  mètres  de  haiiteur. 
Leurs  groupes  fc/rment  de  loin  reffet  de 
gigantesques  jetix  d'orgue.  Us  ne  sont  ja- 
mais d'un  seul  jet:  chacun  d'eux  se  com- 
pose d'une  réunion  de  tronçons  sembla- 
bles à  des  fûts  de  colonnes  placés  bout  à 
bout,  les  uns  sur  les  autres;  assez  géné- 
ralement ces  fftts  sont  concaves  à  tkne 
extrémité  et  bombés  à  l'autre,  de  ma- 
nière qu'ib  s'emboîtent  parfaitement 

Les  prismes  basaltiques  afîectent  des 
positions  très  variées;  tantôt  ils  sont  pla- 
cés obliquement  ou  horizontalement , 
quelquefois  ib  se  rassemblent  en  formant 
des  rayons  divergens.  Disposés  perpendi- 
culairement, ils  présentent  f  apparence 
d'un  plancher  composé  de  pierres  peâ- 
tagones  ou  hexagones;  lés  contrées  vol- 
caniques offrent  plusieurs  exemples  de 
cette  disposition,  et  l'homme  étant  por- 
té à  attribuer  à.  des  êtres  surnaturels 
les  grands  effets  de  la  nature,  on  a  appelé 
presque  partout  ces  assemblages  de  ba- 
saltes pavés  où  chaussée  des  géans.  On 
en  connaît  un  k)el  exemple  en  France,  ' 
près  du  bourg  de  Tab ,  a  1  ou  2  lieues  ' 
de  Privas,  dans  (e  département  dé  l'Ar- 
deche*  mais  la  plus  remarquable  chaus- 
sée de  Ce  genre  est  celle  qui  se  voit  près  ' 
du  cap  Fairhead  dans  le  comté  d'Antrlm. 
en  Irlande  ;  ses  prbmes  ont  environ  45 
pieds  d'élévation. 

Si  quelquefois  les  basaltes  p'rîsmati- 
qùes  étonnent  par  la  graride  diniensibii 
de  leurs  diamètres,  on  en  Voit  aussj  de 
remarquables  par  leur  petitesse  :  c'est 
ainsi  qu*en  Auvergne ,  '  contrée  si  riche* 
en  basaltes,  la  roche  (ie'Murat  attire  les 
regards  des  curieux  ;  elle  est  composée  de 
colonnes  qui,  par  leur  élégance  et  leur  lé- 
gèreté, rappellent  en  quelque  sorte  l'ar- 
chitecture gothique.  Sur  un  diamètre  de 
3  à  6  pouces,  eUes  s'élèvent  à  45  pieds 
de  hauteur. 

U  arrive  aussi  que  le  basalte  se  dis- 
pose en  muraillei  laillaotea  oomposéèt 


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B4$ 


(99) 


BAS 


dêprlsmet  couchés  »  cottine  les  bûcbét 
d*im  «hantier  de  boii  à  bréler.  Le  mo* 
oattietit  lé  plijks  Irettiarqaafole  dtm  M 
genre  est  le  dt*qtte  naturel  de  Ttle  de 
Bltilly  Tune  deë  Hébrides,  près  de  lA 
côte  oecidentâle  de  |*Écôssei  Un  |;rAiid 
mat  de  basalte  fotmè  une  |>értie  de  Tën- 
ceittte}  le  treste  est  ttom|)ôSé  d\in  Aunrë 
mur  formé  de  prismes  placés  boHtontA»- 
lement  lés  un^  sur  lés  Autres.  L'étendue 
de  ee  inttr  est  de  89  pieds  ^  el  Son  épais'' 
settr  de  7  pieds  9  pouces;  sa  hauteur  est 
de  11  à  36  piécfo.  Lfes  prismes  qui  le 
eompôsent  sont  tons  dé  k  ihéine  lofa- 
gaetir  ^  son  élétation  est  de  î6  pleds  10 
pouces.  Le  grSUd  diAttiètre  de  ce  btrqUé, 
qui  est  un  peu  elliptique,  est  de  75  pied^ 
8  ponceA.  it  est  placé  sur  un  VnAssif  de 
Isves  exbàuSSé  de  40  pieds  AU-desstlS  dU 
niveau  éeà  mi^yennes  marées. 

Biais  lé  motnmkeni  bAsaHique  lé  plus 
célèbre  est  lA  grbtte  de  Fingal ,  qui  ot^ 
mtpë  rii^  de  Sbfla ,  AU  nohl  de  TÈaisse. 
Sôû  ùévtrivlté  A  35  pieds  de  làirté^  sA 
hâuteut  56,  eè  SA  profondeur  140.  Sa 
ftçadë  est  formée  dé  eotdnneS  ré^ttères 
qui  s'élèvent  ireHicAlement  du  Sein  de  lA 
ner  à  là  hautedr  dé  45  pieds ,  et  d'une 
espèce  de  frobton  composé  de  deux  de-^ 
tti-ccnicbes  illégAlèS.Le  massif  qui  fbrme 
Il  ioûie  a  30  pieds  dans  sa  pins  petite 
épaîsSeiii*  ;  c'est  t^n  ailiAS  de  peths  pt-is- 
mes  dirigés  dans  toUS  leS  sefls,  et  cimen- 
tés, daris  leur  pai^e  inférieure,  pA^  du 
cArbonatè  de  chÀux  dont  les  infiltrations, 
agréabletUënt  nuâbcées  dé  blatic  et  dé 
jaunâtre,  dëcoi-ént  hi  pattie  intérieure 
dé  la  voûte. 

Ces  mdnumens  bAsalilqueS,  et  lét  gé- 
néral tous  lès  basaltes  prismatiques,  obt 
été  (bmlé&  pai*  suite  d'un  retrait  ()ue  k 
matière  en  fnSloà  a  éprdn^é  en  se  re- 
froidissant. Mais  il  est  probable  que  ce 
retrait  né  s^est  opéré  qué  par  suite  d'un 
refroidlsSé^èdt  leiit;  te  qUi  SelUble  le 
prouvel*^  è^ësi  qUe  dsris  les  coûtées  de  la- 
ves basaltiques  le  baSàlté  Affecte  b  divi- 
sion prîsUiàti^e  ^hitÔt  Vefs  l'extii^îté 
que  vei^  le  i^dfbtnéneeUièdt  dé  la  bdtiléë. 
Cest  qu'en  effet  loin  de  soti  fssue  il  dbli 
s'être  pttts  pfo^|itéh!ent  soUdtâé  qbe 
près  du  fp;f  er  Voteaàiqtte. 

On  A  pfétendU  qUè  le  rétrAît  àtAit  dA 
l'opéttr  (Mi^  lec4)ntiKft  subit  deUlA^  ateb 


l'eau  ;  mais  cetta  opinion  n'a  b«soia  poir 
être  réftitée  que  de  auelqoM  etéMplit^ 
Les  lateA  da  l'Ile  d'IiM4i|A  ont  é^idém-^ 
ment  eoulé  dans  lA  mer,  et  èepetidAat 
elles  fl'olTrent  aucune  ttmdiHoe  à  la  dl-^ 
vision  prismatique!  plusiMnà  éiruptionA 
du  VésuVe  ont  plroduit  d«S  «sulées  q^i 
se  Sont  «tenddte  Jusque  dsns  la  tnar  m 
qui  n'ont  cependant  point  fbrésé  At 
prismes^. 

Nous  tenens  do  toit*  qué  le  bésultt 
n'est  qu'iitte  laVo  feldspAtbi(|UA)  nona  ét^ 
vous  Ajouter  qbe  o'est  une  hk^  toleA^ 
nique  antienne,  qu'on  en  obaet'tO  prèa 
des  anciens  H^olcAns^  al  que  lob  OHlèèfés  Au- 
jourd'hui on  Igniilon  n'èb  ro(etttol  plus. 
MAis  dAUS  beaUena]»  de  lOealitéi  lA  On 
retUArquO  des  eOulées  bAsaNiquié  «n  nO 
voit  point  le  orstèrO  d'où  ces  oOUlées  Aottt 
sorties.  Cest  qu'en  tflm  los  bAsAhes  né 
se  sont  pAS  toujours  ëpanobétf  soi*  le  sol 
k  raide  de  cratèros.  DauS  beAUcOUp  de 
circonstances,  des  issUl^  Ijul  se  sont  oih 
vertes  dans  l'épttiséedÉ>  dé  féOorcO  du 
globe  onl  permis  AUx  lAtos  bésAltlquei 
de  ireinoUler  jusqu'à  lA  surfiice  de  lA  teirrè 
et  de  Sé  réf^Uidre  Sttf^  le  Sol  à  uMA  éA^ 
taOce  ptus  ou  moins  dobsldék^ble.  J;H-y. 

EÀisANE,  pOAu  dé  bHlër,  dé  mou* 
tôii  ou  dé  brebis ,  que  l'en  a  pASséO  au 
tAn  oii  Aunedoul;  soiie  de  plAhte  que  tes 
tAUnetirs  emploient  poUi*  donnèi^  la  pre^ 
mière  préjiaratibn  à  ceè  àtSkÉUti  La  UsAnè 
a  différons  tlsagëi^^  SOldn  lés  dlV^rS  Ap^ 
prêts  ttretlo  rO^oft.  Ôri  OM  fM(  dëé  tù^ 
verturet  de  livres,  des  portefeuilles;  OM 
en  coutfe  dés  ObaiieS.  déè  bAnquMtfes, 
des  ikUtéUilS,  étCi  ^  et  00  Otl  fAtt  AuSsî  déÉ 
tAtliSseries  do  iiû\f  doi^.  fl  y  A  ptoSMi^ 
sortes  do  bAsones  •  los  bASAdOO  tùrtàéê» 
ou  dâ  touche  i  tes  basAfHis  ^Hdréë^  ;  los 
basanés  àhijiêès;  les  basAllOA  fi^iiféei 
aà  nwrqatt  \  ^  lés  bAMnOs  itkidéè.  Lès 
bAsaikëS  tAntîééi  bû  dé  c^cbè  sobt  éolles 
qui  ont  m  étetidaés  do  ptat  ilAïis  là  ftMéO; 
pour  y  êii^  tantkéM  à  fa  fti^dln  déii  peiiMt 
dé  vèaut ,  tiials  t3Ai*dn  ii'jf  A  pAs  lAlSsééà 
si  lonj^-teOrté^  obes  èorVéïft  à  tlri^e  dél 
lApSsseriëS  de  cdir  doHi.  Los  bASAbOè  éom- 
dréos  stmt  celles  qui ,  Apr^  àvofr  été  dë« 
pOniHées  dé  leur  lAiîiO  datft  lé  |>HHn,  pair 
le  ibdifen  dé  la  éhatrt,  0ht  Aé  rOd^és 
dAOs  reati  chAUde  avec  lé  tmt.  Elles  Ser^ 
vont  aui  inémes  tteqsès  quo  les  bastnoA 


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BAS  (  100  ) 

tannées,  he»  basanes  cbipées  sont  celles 
auxquelles  on  a  donné  un  apprêt  parti- 
culier, qu'on  appelle  chipage.  Les  ba- 
sanes passées  au  merquis  sont  celles  qui, 
au  lieu  cl  être  passées  au  tan  ^  l'ont  été 
au  redoul.  Enfin  les  basanes  altides  sont 
celles  qu'on  teint  ordinairement  en  jau- 
ne ,  en  vert  bu  en  violet,  et  qui  sont  très 
velues  d'un  seul  côté.  Elles  sont  nommées 
aludes  parce  qu'on  se  sert  d'alun  dans 
les  différens  apprêts  auxquels  elles  sont 
soumises.  Cette  espèce  n'est  employée  or- 
dinairement qu'à  couvrir  les  livres  et  des 
portefeuilles.  F.  R-d. 

BASBORD ,  voj,  Baboed. 

BAS-BRETON,  ro/.  Bketoh. 

BASCHKIRS,  ou  plutôt  Baschhour^ 
tes,  de  Âourte,  abeille,  gens  qui  élèvent 
des  abeilles.  Ce  peuple,  d'origine  tatore, 


BAS 


c'est-à-dire  turque,  errait  autrefois  au- 
delà  de  l'Oural;  aujourd'hui  il  est  établi 
en -deçà  de  ces  montagnes,  là  où  elles 
prennent  d'eux  le  nom  â! Oural  basch- 
kirien,  entre  les  fleuves  Kama,Belaîa, 
Oural  et  le  Volga,  au  nombre  d'environ 
27,000  iamilles,  dont  12,000  appartien- 
nent au  gouveraement  russe  de  Perm  et 
les  autres  à  celui  d'Orenbourg.  Ils  pré- 
tendent être  issus  des  Nogals;  mais  leurs 
figures  plus  aplaties  et  leurs  petits  yeux 
trahissent  un  mélange  avec  des  peuples 
d'une  autre  race  et  surtout  avec  celle  des 
Mongols.  On  croit  aussi  qu'ils  étaient 
mêlés  avec  les  Boulgars  {vojr,)  sur  le 
territoire  desquels  ils  ont  long-temps  de- 
meuré. 

Après  La  prise  de  Kasan  par  Ivân  IV 
Yassiliévitch ,  les  Baschkirs  se  placèrent 
sous  l'autorité  du  tsar  moscovite;  et  pour 
les  défendre  contre  les  Kirghises  qui  ne 
cessaient  de  lea  harceler,  les  Russes  bâ- 
tirent la  ville  d'Oufa.  Leur  reconnais- 
sance n'alla  pas  jusqu'à  devenir  des  su- 
jets fidèles  et  dçciles;  au  contraire,  à 
plusieurs  reprises  des  révoltes  éclatèrent 
parmi  eux,  et  à  chaque  fois  ils  ravagè- 
rent de  la  manière  la  plus  horrible  les 
terres  de  leurs  voisins.  Ramenés  à  l'obéis- 
sance par  la  force  desarmes,  ils  perdirent 
leurs  khans,  leur  noblesse  et  leur  consti- 
tution primitive;  depuis  la  révolte  de 
17S5  à  1741,  ils  sont  organisés  à  la  ma- 
nière des  Cosaques,  milices  dont  ils  em- 
brassèrent encore  le  parti  en  1774,  lors 


de  la  rébellion  de  Pougatcbef.  Peu  à  petf 
la  douceur  du  gouvernement  russe  à 
leur  égard  les  désarma ,  et  aujourd'hui , 
libres  de  toute  autre  redevance,  ils  font 
sans  résistance  le  service  de  la  garde  des 
frontières,  ainsi  que  les  Cosaques. 

Jadis  ils  étaient  tous  nomades;  mais 
depuis  quelque  temps  on  en  trouve  aussi 
de  sédentaires.  Ceux-ci  s'adonnent  à  Ta- 
griculture,  tous  les  autres  sont  pasteurs, 
se  livrent  à  la  pêche  et  à  la  chasse,  et  élè- 
vent des  abeilles.  On  trouve  des  B^ch- 
kirs  possédant  jusqu'à  2,000  chevaux,  et 
il  est  rare  d'en  rencontrer  qui  n'en  aient 
au  moins  30  ou  40.  Les  riches  ont  500 
ruches  et  au-delà;  les  pauvres  en  ont  au 
moins  4. 

Les  habitations  des  Baschkirs ,  quoi- 
que humbles  et  peu  commodes,  occupent 
beaucoup  d'espace;  chaque  chef  de  fa- 
mille réunit  un  certain  nombre  ^eyaur^ 
tes  ou  cabanes  dans  un  enclos  séparé. 
Leurs  villages  d'hiver,  comme  ceux  d'été, 
ne  renferment  qu'une  faible  population 
et  annoncent  plutôt  la  pauvreté  que  l'ai- 
sance; les  églises  ne  sont  guère  moins 
misérables  que  les  maisons. 

Le  baschkir,  de  taille  moyenne,  large, 
nerveux  et  charnu,  est  belliqueux  de  sa 
nature,  hardi,  adonné  au  brigandage  et 
sans  culture.  Ses  armes  sont  les  flè- 
ches, la  lance  et  l'arc,  auxquels  viennent 
maintenant  se  joindre  les  armes  à  feu. 
Il  parle  une  langue  assez  semblable  à  celle 
des  Tatars  de  Kasan,  et  lorsqu'il  écrit  il  se 
sert  des  caractères  arabes.  L'homme  ne 
daigne  pas  s'occuper  des  soins  du  mena- 
ge;  il  se  livre  à  l'indolence  pendant  que 
la  femme  travaille.  Quoique  mahométans, 
à  peu  d'exceptions  près,  ils  connaissent 
fort  peu  la  loi  du  propbète  et  ne  prati* 
quent  pas  plus  l'abstinence  du  vin  que 
les  ablutions  qui  leur  sont  prescrites  et 
qui  remédieraient  à  la  malpropreté  qu'on 
leur  reproche.  Avec  cela  ils  sont  supers- 
titieux et  attribuent  un  grand  pouvoir  à 
leurs  magiciens.  Quant  à  leurs  vertus,  on 
cite  leur  courage,  leur  hospitalité  et  leur 
bienfaisance,  surtout  à  l'égard  de  leurs 
co-religi6nnaires. 

Leur  tçrrjtoire  est  divisé  en  26  volos- 
tes  ou  districts,  gouvernés  par  des  an- 
ciens-dont  chacun  est  assisté  d'un  épri- 
▼ain.  Leurs  mollahS|  après  avoir  étudié  à 


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BAS 


(101) 


BAS 


Kasan  ,    sont  confirmés  par  le  mufti . 
d*OUfa.     V  J.  H.  S. 

BAS€ULE.  On  désigne  par  ce  mot 
tout  système  de  corps  èuspendu  sur  un 
point,  mobile  on  non,  et  autour  duquel 
il  oscille,  jusqu'à  ce  qu'il  se  trouve 
en  équilibre.  Il  n'est  personne  qui  ne 
counaisse  le  jeu  de  bascule ,  et  nous  en 
tTODS  donné  la  description  a  l'article  ba- 
hoçoire. 

Si  les  deux  bras  de  la  bascule ,  étant 
^ux  en  poids, sont  inégaux  en  longueur, 
la  personne  la  moins  lourde  se  placera 
sur  le  plus  long,  afin  que, pesant  à  l'ex- 
trémité d'un  plus  grand  levier  (  voy,) , 
elle  agisse  plus  puissamment. 

Le  fléau  d'une  balance  est  une  vérita- 
ble bascule  dont  la  plupart  du  temps  les 
deux  bras  sont  égaux.  On  construit  sur 
le  même  système  des  machines  hydrau- 
liques de  la  plus  grande  simplicité, 
et  dont  le  mécanisme  repose  toujours 
sur  l'inégalité  des  bras  de  la  bascule;  de 
sorte  qu'une  petite  puissance  étant  plâ^ 
cée  à  l'extrémité  d'un  assez  long  levier, 
peut  mouvoir  un  corps  assez  pesanL 
Dans  la  bascule  hydraulique,  ce  sont 
deux  seaux  d'inégale  capacité  et  placés 
aux  extrémités  d'une  bascule  dont  les 
deux  bras  sont  d'inégalés  longueurs,  et 
qui  s'emplissent  et  se  vident  alternative- 
ment y  de  sorte  que  leur  poids  changeant 
sans  cesse,  ils  entretiennent  dans  la  bas- 
cule an  mouvement  continu.  D'après  ce 
qui  précède  il  est  inutile  de  dire  que  le 
seau  le  plus  léger  serait  placé  à  l'extrémité 
du  bras  le  plus  long.  On  trouve  des  dis- 
positions du  même  genre  dans  la  bascule 
de  d'jirtigués  dont  on  voit  un  modèle 
au  Conservatoire  des  arts  et  métiers  de 
Paris  et  dans  V horloge  à  eau  de  Per~ 
rault  (  voj,  HoRLOOE  ).  On  emploie  la 
bascule  dans  presque  toutes  les  horloges 
des  monumens  publics ,  pour  permettre 
ou  suspendre  le  mouvement  de  la  sonne- 
rie et  pour  soulever  les  marteaux  qui 
frappent  l'heure.Enfin,  dans  ces  derniers 
temps,  M.  Lepaute  a  fait  à  l'horloge  du 
palais  de  la  Bourse  de  Paris  une  bien 
plus  curieuse  application  de  cette  dispo> 
sition;  car  c'est  à  l'aide  d'une  bascule , 
qu'un  contre-poids  rend  très  facile  à  sou- 
lever,  que  sont  mues  les  aiguilles  des  ca- 
drans ,  de  forte  que  la  résistance  que  le 


poids  des  aiguilles  peut  opposer  au  mou- 
vement dans  les  autres  hoHoges  est  pres- 
que nulle  dans  celle-ci.  A.  L-o. 

BASCULE  (sTsriMB  i>e),  expres- 
sion iiftroduite  dans  le  langage  politique 
depuis  la  seconde  restauration  des  Bour- 
bons en  France.  Elle  est  empruntée  à  un 
jeu  que  tout  le  monde  connaît  ;  le  sys- 
tème qu'elfe  désigne  consiste  à  se  placer 
entre  les  deux  partis  extrêmes ,  à  ne  s'at- 
tacher à  aucun ,  mais  à  les  employer  l'un 
après  l'autre,  de  manière  à  exercer  sur 
tons  deux  une  action  certaine ,  à  les  con- 
tenir l'un  par  l'autre,  en  les  renforçant 
ou  les  affaiblissant  tour  à  tour.  Un  tel 
système  ne  présente  qneJdes  difficultés 
et  ne  peut  amener  qqe  de  fôcheox  résul- 
tats ,  par  cela  même  qu'il  ne  tranche  au- 
cune position.  Le  gouvernement  qui  l'em- 
ploie est  faible,  parce  qu'il  ne  trouve  pas 
en  lui-même  la  raison  de  .son  action , 
parce  que  sa  marche  ne  saurait  être  dé- 
cidée, parce  qu'il  fait  reposer  son  exis- 
tence et  sa  conduite,  non  sur  le  senti- 
ment de  son  droit,  de  son  devoir  et  de 
sa  force,  mais  sur  des  demi-mesures  qui, 
loin  de  lui  donner  des  partisans',  le  ren- 
dent suspect  à  tous  les  partis.  Un  de  ses 
moindres  inconvéniens  est  de  jeter  ses 
fonctionnaires  et  ses  employés  dans  de 
continuelles  perplexités,  en  les  empê- 
chant de  suivre  une  marché  ferme  et  con- 
stante; il  neutralise  leurs*  ta lens ,  parce 
qu'ils  ne  savent  si  en  agissant  ils  feront 
bien  ou  mal,  si,  en  suivant  les  inspira^ 
tions  de  leur  devoir  et  de  leur  conscience, 
ils  ne  seront  pas  récompensés  par  une 
destitution  injuste,  mais  rigoureusement 
nécessaire  une  fois  que  le  point  de  départ 
est  admis. 

D'un  autre  c6té,  au  lieu  d'affaiblir  les 
partis,  il  leur  fait  connaître  leur  force , 
par  cela  même  qu'il  est  obligé  de  les  mé- 
nager tour  à  tour,  de  leur  faire  et  de 
leur  enlever  tour  à  tour  des  concessions» 
Il  ne  peut  avoir  quelques  résultats  satis- 
faisans  que  pour  un  temps  extrêmement 
limité,  en  servant  de  transiiion,  en  re- 
tardant les  explosions  violentes,  et  en 
préparant  l'avènement  d'un  ordre  de 
choses  plus  positif  et  plus  tranché.  Mais 
par  lui-même  il  ne  peut  durer,  ni  cu*éer 
rien  de  durable.  tt- 

Le  système  de  bascule  ne  doit  pas  être 


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RÀ» 


(40?) 


BAS 


Si  répression  Kysiime  th  ifwmh  m^ 
t^illf)  i^o((^o«|  if  ^nw«  I\ii-in4me 
n*esl  pa»  nouymUi  fc|  («9  ftrt»  distopiqu^ 
IHroavfot,  MOI  «M»ptiqn»  la  v^i^  liis 
fOQsUéirttiqii»  «immAirt^  quf  qpus  ir«- 
nous  il*e«powr»  U  ««mt  trqp  long  4e  ra- 
iHWti^  !<:«  qti«tid  «t  «Qffunent  \t  sys^èin^ 
d»  t>Mciilfi  ft  M4  «mploy^;  il  «0^9  syflSr» 
4'lii4Muef  dfvx  ei^tmplett  méiPor^Ues  : 
CkthtfiQfi  de  M4dihf  M  quî  a^epA  la  3atJDit- 
BarUiél^Qy,  Ub  ^«vrm  raligiftusos  04  la 
^[(^ue;  4b  «of  jçiir»,  le  «iqiirtr^s  de 
M.  Df  caaas  (voy.)  iowa  le  ràgpe  de  Inouïs 
XVIII,  qiû  amei^  W«  \oh  d*«scepUoQ  » 
Ui  nînUtài»  Yillèk»  le  iPÎQmphe  4^  J^ 
suites,  et  qui  prépajwaww  Isa  àv^^p^os 
dejuîttet    .  A.  S-â, 

E4fiB  (nalb*}t  Bannf  le«  «anpilitrçuaes 
aocepUoQs  que  ce  nai  r«if  oU  dam»  b  t^iv 
•ki«l{ig«ft  «uubénatiqiMy  ooqa  figoale- 
rOM  Vm  Buîwi^es  a 

1^'  iffi»  mviebmé^iqikt  cm  appelle  hase 
du  syalène  de  numénitioii  le  «nombre 
qui  aiprtme  fowliiflrt  U  îàUt  d'uuiUa  «u 
de  gmQpcs  d'u^  cordre  iofétieur  pour 
tinroien  une  tinil|é  eu  uu  groupai  de  IW- 
dce  imfiédâateiBfint  supérieur,  JLa  IwAe 
de  nos  deua  f^èmts  d^  suméraliQo» 
paflée  al  écrite,  tsl  le  nofnbfe  4(\p;  et 
«^t  «usai  k  base  delà  nuiuéraiiop  orale 
dam  toutes  M  langues  oouuu»  à  une  ou 
deuK  aaemalias  près,  qui  ne  sont  peuir 
tee  pas  sttfBsamUKQt  cpus^ttes.  La  rair 
poKk  4a  oa  fiiii  frappe  loua  les  jceux;  ;  la 
preuttèfe  anitkinAtîque  s'est  Uite  partout 
avaa  ks  doigtfi  de k  ipaiu;  ot  eu  cispoîilt 
kli^dgaga  mùilain%éd'unfl  «anière  perr 
sistante  sur  la  forme  du  langage  oral. 

Glkcuu  a  pfi  ten^vqoep  que  le  uam- 
JtHre  4iDMW  semift  d'un  Uwge  préf^vlhk^ 
cornane  baae  ^  sjalèma  da  «umératiou , 
à  cause  de  k  «MUiplictté  de  set  d«visiiWM^ 
A^dikuns,  la  uovenelaUwe  uiMMériqHe 
duodéfluuakn*«ii(|aMl  pas  uu  piuagnind 
elkrt  deoduémqoMlueque  k  noipepolaUi- 
MdAoi^^ydé.  Ausaî  k  pkpwi  dea  pavpks 
outtiknmployécoafiureefwiemaîgckur 
atxtkttétiqua  dérknsAe»  pviaiiliiie>  ^  si 
èka  vent  uatiiralk»  une  anUnfaétiqua  duor 
décimak  aHiSckUf ,  nieu»  aH»napii6f 
aux  comptes,  mais  en  dîflinirdanot  awee 
k  iMun^ratku  fHtflée»  Dans  cerUÛBS  usa- 


ger ^enti$qiye%  e^  ^  jugé  commode  dV 
doptfi*  )|ne  base  qui  réunit  aux  diviseurs 
du  noipbra  douze  cf*ix  du  nombre  di?,  et 
iou^  ceqx  qu'on  obtient  en  les  combinant, 
n  ep  fst  résulta  la  pun^éra^ioQ  sei^agési- 
fat^e»  dont  k  base  ^  soixante,  et  qui 
Sf  perpétuera  danfi  li^  niçsure  du  temps 
a  dw  (^les,  iionobaUqt  les  efforts  d^s 
auteurs  de  k  rtforma^Pu  métrique.  La 
postérité  signalera  comme  un  phénomène 
«Ugulier,  qu'au  cquvipeQc^Tnent  du  xix* 
siècle,  le$  *avftn3  fronçai»  soîept  parvenus 
à  in»poser  au  peuple  uue  bqnne  partie  de 
leur  systènie  métrique  décipial,  sans 
qu'ils  aiept  pu  réuffir  à  f^ire  prévaloir, 
dans  les  ussg^  purement  scientifiques, 
dans  letf  calculs  des  g$ometre9  et  des  as- 
t^Y^uoiffes,  la  diviaiou  déçiwak  du  cercle 
lur  raqd^oe  dW^w>u  ses^agésimale* 

Paiifl  uu  sy^me  régulier  de  mesures, 
<H^  appelle  bas^  Tiinité  principale  de  k- 
quelle  toutes  le»  autres  aérivent.  Le  mè- 
$re,  ou  k  dix-n^iUiouième  parUe  du  quart 
du  m^ieu,  est  If  base  de  toi^t  notre 
sjrstème  métrique. 

^^  Efi  aJlgèkm  on  app«elle  base  d'un 
système  de  \ogaritbu»es  k  nombre  qui  a 
pour  logarithme  runi|4>etqui  reproduit 
tojut^k  série  des  pombir*es  naturels,  quand 
on  l'élèv?  succfssivcuiueiit  aux  puissances 
entières  ou  firaotlonnaires  qui  ont  pour 
lodiçes  les  Ipg^rîtbmea  de  ces  uombrea. 
Lefl  logarithmes  ordiuaîi;^,  ou  loga- 
ritbi«es  de  ^rigga,  ont  p^  kÂse  le  Boav 
br«  ^a.  Les  kgarîlbmf»  que  l'on  qHalige 
de  naturels^  ou  d^  Népérkmy  el  qui  sont 
d'un  fr^uAul  usage  «kes  ta  bauie  ana- 
liyae,  ont  pour  base  nn  nombre  iiraction- 
mix^f  d(iôt  k  valeur  app^oe^ée  jusqu'à 
k  ^"^  décwak  est  3,719;»».  Vo^y.  Looik- 

3^  £n  géoméfrw  surtout  ou  kk  un 
^flSploi  tm  varié  du  tcvase  de  baae.  La 
bftse  d*ui^  figx^e  eat,  eu  général,  k  ligne 
ou  k  plan  sur  lequel  00  con^  qqe  oeU« 
A^ure  repose  bôrisontakmeiH,  i^oii  que 
e^tta  coneepti«m  s'aftpoeiuiode  mieuji^  aux 
0on4itians  d'équilibre  d'uff  eoxpa  pesant 
de  mérn»  figUne,  «oit  qu'eUe  kisse  mieux 
apfirceveir  les  rekUons  ^  symétrie  de 
k  figure.  Ainsi,  k  base  d'un  trkngle 
kocèle  sera  k  cAté  îuégal  sur  kquel  les 
deux  «4tés  égaiix  sonA  indUnét  sgru^étri- 
queii^i}  k  ba»  d'ip  trapè»  ^ara  le 


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SAS 


(108) 


BAS 


pkildiig  dft  éam  o4l4l  ptriHilM;  la 
base  d*iip  cylindre  oa  d'uti  o6ne  sera  la 
portioo  d*aire  plao*  qui  limite  la  fiirface 
eooYexe.  Les  termes  c<vrrélat4&  de  base 
«ont  hauteur  et  sommet.  Si,  dans  un  rec- 
tangle, on  prend  Fun  des  cétés  pour  l>aMy 
k  oôté  adjacent  en  sera  la  hauteur. 

4*  Mn  géodésie  on  appelle  base  k 
lifBe  qui  est  en  effet  dans  le  sens  littoral 
kbtse  de  tontes  les  opérations.  Après  que 
Ton  a  cboisi  sur  la  surface  d'une  contrée 
Iss  points  remarquables  qui  doivent  être 
Kés  les  uns  aum  autres  par  on  vaste  ré- 
actn  de  triangles^  il  faut  au  moins  me- 
nirer,  à  la  toise  om  au  ttiètre,  Fun  des 
e6tés  de  l'un  de  ces  triangles ,  pour  en 
oendiare  ensuite^  par  de  simples  obser* 
fttions  d'angles  et  des  calculs  trigonsr 
•étriqués,  les  longueurs  de  tous  les  an- 
cres côtés.  Ce  eété,  que  l'on  mesure  di- 
rectement, est  la  btte  de  la  triangulation, 
el  Ton  doit  apporter  à  cette  mesure  un 
fom  ektréme,  autrement  les  errmDrs  a'ao- 
cumuleraient  dans  les  résultats  de  tons 
les  calculs  subséquens.  Quoiqu'il  paraisse 
bien  aisé  de  prendre  une  mesure  de  lou- 
eur à  la  toise  ou  à  la  tbàlne,  cette  opé- 
ration est  en  réalité  la  plus  délicate  de 
tontes  celles  que  nécessitent  leé  grands 
travaux  géod^îqnes.  Une  erreur  d*ini 
dédokèCre,  sur  dix  ou  quinze  mille  m^ 
très,  D9  serait  pas  regardée  comme  toléMK 
Ue.  On  fîlit  choix,  pour  la  mesure  d'une 
base,  du  soi  le  pKis  uni  et  des  posltiona 
qui  se  lient  le  mieux  aux  antres  points 
du  réseau,  de  manière  à  n'avoir  pas  à  ob^ 
server  des  angles  trop  aigus  Ou  trop  ob- 
tus. L€  lecteur  pourra  recourir  an  grand 
ouvrage  de  Delambre,  Sur  Ut  mesure  de 
la  mérùiieftnef  et  au  lYaité  de  Qéodé- 
smétM.  Puissant.  A.  C. 

BASE  (aH  miHuire).  Cette  expression 
n'a  pas  um  sens  bien  déterminé;  À\e  s'ap- 
plique asses  fréquemment  dans  la  langue 
militaire,  mais  sans  avoir* une  «ignifica- 
titm  bien  précise.  M.  le  générât  Pélet 
Femplbie  souvent  dans  son  Essai  sur  tes 
manatupres  d'un  corps  d'armée  din- 
Jàntefiê^  et  presque  tiiKjijours  dans  des  ac-^ 
eeptions  différentes.  Il  regarde  Fécole  de 
bataillon  qui  fait  Fobjet  du  règlement  de 
1788  sur  les  manmuvres  de  Finfanterie 
comme  la  base^  Fnnité  des  grandes  ma- 
Meoife»,  et  UA  Toir  qu'en  se  bomaut  à 


la  seule  école  de  bataillon,  la  i 
l'avait  soumise  à  une  régularité  géométti» 
que,  à  des  mottvemena  parfâitemanl  i 
rés,  i'ncompatibleè  avec  les  lèoindres  < 
dolations  du  terrain  et  avec  la  < 
des  combats  actneb.  Si  on  a  pu  se  4i^ien« 
ser  de  calculer  Finfluence  du  terrain,  biea 
peu  considânablesiy  un  bataillon  qui  o»^ 
cupeéO  à  60  toises  (100  à  110  mètres) 
de  front,  il  n'en  est  pas  de  même  à  Fé^ 
gard  des  évolutions  d'un  corps  d'arméa 
composé  d'un  plus  ou  moins  gnmd  noa^ 
bre  de  bataillons;  alors  la  ^oîn  des  évn^ 
lotions  acquiert  une  plus  grande  cxte»* 
sien  et  le  général  en  chef  eal  obligé, 
avant  de  l'établir ,  de  prendra  une  con« 
naissance  exacte  et  attentive  des  acoidene 
du  terrain  qui  s*oppMent  à  la  alriela 
exécution  des  auinanvrès  régulières  prêt- 
orites  pat  le  règlement  de  t788,etmém« 
par  celui  de  1701,  opk  a  embrasée  les 
manoeuvres  d'un  nombre  queloemque  de 
bataitions.  B  arrête  d'après  la  foram  da 
terrain  la  hase  dVypératlaM,  et  prescrit 
les  dispositions  particulières  à  chaque  d^ 
vision.  Mais  tout  ottoier  général  qui  re^ 
^t  une  disposition  écrite  avec  liîidioa- 
tion  des  points  d'alignement  ou  d'appui 
doit  rie  m  considérer  que  comme  une 
base  générale  d'après  laquelle  H  placera 
ses  troupes.  La  biue  d^opérmiktis  ainsi 
que  les  Upnes  d^epératioHSy  avec  les- 
quelles se  coordonnent  ks  mouwnens  et 
la  position  des  troupes,  sont  du  rassort  de 
la  science  militaire  et  particulièrement 
de  la  stratégie.  Foy,  ce  mot  et  CMUA- 
TioKs  (art  militaire).  G-tk. 

BASE.  En  thimie  éù  dotme  ce  nom 
à  tout  corps  siïsceptible  de  se  combiner 
avec  un  acide  pour  donner  halssai^ce  à 
un  sel. 

On  ne  considérait  autrefois  comme 
,  bases  salifiables  que  les  alcalis  et  quel- 
ques autres  oxides  métalliques.  Aujour- 
d'hui on'appelie  ainsi,  non  -  seulement 
un  grand  nombre  d'autres  combinaisons 
binaires  .fournies  par  le  règne  inorgatii* 
que ,  mais  encore  des  com|M>sés  particu- 
liers que  Fon  rencontre  dlms  le  règne  or- 
ganique, et  dont  la  découverte  annoncée 
ati  commencement  de  notre  siècle  a  été 
constatée  depuis  par  de  brillans  travauft^ 
Les  corps  basiques  que  le  règne  inor- 
ganique \ious  présente  sont  le  résultat  de 


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BkS 


(104) 


BAS 


la  cAibîDflnsoft  àe  quelqtie9  -  unt  des 
métalloïdes  entre  enx  ou  avec  les  mé- 
UMx  ;  ainsi  rhydrogèiM  et  Fazote  en  se 
oombinant  donnent  naissance  à  une  base 
puissante ,  rammoniiaique  ;  il  en  est  de 
même  des  composés  formés  par  l'oxigène, 
le  soufre ,  Tiode,  le  chlore ,  et  le  potas- 
sium, le  sodium,  le  barîum,  le  plomb, 
etc.  Toutes  les  bases  n'ont  pas  autant 
d'affinité  les  unes  que  les  autres  pour  les 
^des;  de  là  vient  que  les  acides  les  plus 
énergiques  peuvent  cbasser  les  plus  fai- 
bles de  leurs  combinaisons  et  les  rem- 
placer. 

Dans  les  deux  grandes  branches  du 
règne  t>rganique ,  le  chimiste  a  trouvé  des 
bases ,  et  c'est  d'abord  dans  les  végétaux 
que  leur  présence  a  été  reconnue.  Ces 
corps ,  comme  tous  les  produits  qui  vien- 
Huent  <le  la  même  source,  sont  formés 
d'oxigène  >  d'hydrogène  et  de  carbone  ; 
mais  en  outre  l'analyse  y  démontre  cons- 
tamment une  même  quantité  d'azote. 
Cette  proportion  invariable  d'un  prin- 
cipe qui  caractérise  les  matières  anima- 
les entrant  dans  la  composition  de  l'am- 
moniaque, a  donné  à  penser  que  les 
alcalis  végétaux  (  car  c'est  le  nom  souft 
lequel  on  les  désigne  ) ,  pourraient  bien 
devoir  leurs  propriétés  basiques  à  ce  der- 
nier corps,  qui  se  trouverait  alors  entraî- 
ner avec  lui  des  matières  végétales  dans 
un  état  particulier  de  combinaison. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  vertus  médicales 
et  vénéneuses  d'un  grand  nombre  de  sub- 
stances employées  dans  la  thérapeutique 
sont  dues  aux  bases  salifiables  végétales. 
Ainsi  la  morphine  et  la  codéine  sont  les 
principes  somnifères  de  l'opium.  La  cin- 
chonine  etla  quinine  rendent  les  quinquî* 
nas  fébrifuges.  L'atropine  communique  à 
la  belladone  la  propriété  de  dilater  la 
pupille  ées  animaux. 

Les  bases,  organiques  ont  été  recber- 
cbées  avec  moins  de  soin  dans  le  règne 
animal;  on  n,'en  a  rencontré  jusqu'ici 
que  dans  un  produit  particulier  de  la  dis- 
tillation des  os  ou  de  la  corne  de  cerf, 
connu  sous  le  nom  d'huile  empireumati- 
que  de  Dippel,  produit  qui  en  renferme 
quatre  :  l'odorine ,  l'animine,  l'olanine, 
r^nimoline.  Ces  alcalis  animaux  sont  vo- 
latils ,  liquides  et  d'une  consistance  hui- 
leuse» lundis  que  las  alcaHs  végétaux  se 


présentent  olrdhiairement  en  cristaux 
blancs.  Cependant  il  en  est  quelques-uns 
qui  sous  le  rapport  de  la  volatilité  et  de 
l'apparence  ol^gîneuse  se  rapprochent 
des  bases  animales  ;  telle  est  la  cicutine, 
pgrincipealcalin  trouvé  dans  la  ciguë.  H.A^ 
BASEDOW  (  Jeah-Be&itakd  ),  connu 
aussi  sous  le  nom  de  Bernard  de  Nor~ 
dalbingen ,  qu'il  substitua  en  plusieurs 
occasions  à  son  véritable  nom^  doit  être 
mis  au  rang  des  hommes  distin^és  du 
XYiii^  siècle. Né,  en  1 723,  à  Hambourg, 
où  son  père  était  perruquier,  il  fréquenta 
d'abord  le  /ohanneum  de  cette  ville, 
étudia  ensuite  la  philosophie  et  la  théo'- 
logie  à  l'université  de  Leipzig,  et  ac- 
cepta plus  tard  une  place  de  précepteur 
dans  le  Holstein.  £n  1753  il  devint  pro* 
fesseur  de  morale  et  de  belles-  lettres  à 
l'Académie  de  Soroê  (Danemark)',  et, 
en  1761 ,  il  passa,  en  la  même  qualité ^ 
au  gymnase  d'Altona.  Là  il  publia  quel- 
ques ouvrages  tbéologiques  qui  lurent 
mis  à  l'index  pomme  hétérodoxes.  L'ap- 
parition<le  TJ^/nt/e,  de  Rousseau  (1762), 
lui  suggéra  l'idée  de  se  faire  le  réforma- 
teur de  l'éducation  et  de  mettre  en  pra- 
tique les  méthodes  proposées  par  Jean- 
Jacques  et  par  Coménius,  auteur  pour 
lequel  il  avait  une  grande  estime.  Pour 
exécuter  un  pareil  projet,  Basedow  ne 
manqua  ni  d'habileté,  ni  d'énergie,  et 
les  circonstances  ne  lui  furent  pbint  dé- 
favorables. Une  somme  de  15,000  tha- 
1ers  (  environ  56,000  franco  )  qu'H  ob- 
tint, à  titre  de  secours,  de  plusieunt  sou- 
verains et  particuliers  en  Allemagne, 
suffirent  pour  couvrir  les  frais  de  publi- 
cation de  son  Ouf^a§e  élémentaire  qui 
parut  en  1774.  Cet -ouvrage,  que  Base- 
dow fit  annoncer  par  de  pompeux  pros- 
pectus, était  une  espèce  à*OrbU  pictus 
composé  de  cent  planches  gravées  par  le 
célèbre  Chodowiecky,et  accompagné  d'un 
texte  explicatif  en  langues  allemande, 
francise  et  latine.  H  était  destiné  à  pro- 
curer à  la  jeipesse,  en  l'amusant,  la  con- 
naissance d'une  foule  dedioscsdu  monde 
réel,  propres  à  Caire  naître  des  sentimens 
cosmopolites,  c'est-à-dire  contraires  à 
toute  nationalité  étroite  et  exclusive,  sen- 
timens dont  le  développement  constituait 
le  but  spécial  de  u  méthode.  Déjà ,  ea 
177^  I  Basedow  avait  été^ppelé  auprè^ 


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BAS  (  105  ) 

du  prioee  FrioçoU-Frédéric^Léopold 
^d'Ànbftlt-Dessau,  qui  Ibéditaît  une  ré- 
forme dans  rinstruction  publique  ;  et , 
en  1774 ,  il  ouvrit,  à  Dessaa,  le  Phitmn- 
thropinum,  la  première  école  où  sa  mé- 
thode ait^été  appliquée,  et  qui  devint, 
pour  ainsi  dire,  le  modèle  de  toutes  celles 
qui  l'adoptèrent <lans  la  suite.  Cependant 
Basedow  tint  moins  qu'il  n'avait  promis. 
Son  esprit  inquiet  et  toujours  occupé  de 
plans  immenses  et  en  partie  cfaimériqnes, 
ion  caractère  dur  et  impérieux,  qui  cho- 
quait tous  ceux  avec  qui  il  avait  des  rap- 
ports, s'opposaient  à  ce  qu'il  restât  long- 
temps attaché  à  son  élabÛssement.  Après 
maintes  altercations  avec  ses  collabora- 
teurs y  il  quitta  le  Phiianthropinum  en 
1778.  Biais  son  zèle  pour  la  propagation 
de  ses  doctrines  ne  se  ralentit  |>as;  il  con- 
tînna    à  les  développer  dans  «n  grand 
nombre  d'écrits  pédagogiques  et  philoso- 
phiques, qui  se  dbtinguent  motns  par  la 
profondeur  que  par  une  certaine  recher^ 
che  de  1»  popuUrité.  Depuis  sa  sortie  du 
Phtlanthropinwn ,    Basedow   séjourna 
tour  à  tour  dans  ks  principales  villes  de 
l'Allemagne,  «t  se  fixa  enfin  à  Magde- 
bourg  oà  il  mourut  en  1700,  âgé  d'en- 
vjroii  67  ans. 

L'îofiaence  nMNrale  que  Basedow  exerça 
sur  son  temps  fut  très  coosidàmble,  et 
l'on  peut  dire  que  l'enseignement  pri- 
maire, en  Allemagne,  reçut  pat*  ses  soins 
une  puissante  et  salutaire  impulsion.  Si 
les  érodijts  de  profession  se  sont  crus  en 
droit  de  lui  reprocher  des  exagérations, 
des  erreurs,  des  puérilités,  et  surtout  une 
certaine  indifférence  pour  les  li Uératnres 
classiques  (qui  provenait,  sans  doute, 
de  ee  qu'il  ne  les  avait  pas  assez  appro- 
fondies )y  personne  ne  lui  con;te5tera  lé 
don  d^une  éloquence  mâle,  entraînante, 
victorieuse,  par  laquelle  il  sut  répandre 
d'excellentes  idées  et  de  hautes  vérités, 
inspirer  à  ses  Contemporains  un  vif  in* 
térét  pour  la  cause  sacrée  de  l'i.'ducatlon 
de  la  jeunesse»  et  appeler  la  protection  et 
la  faveur  des  gouvernemens  sur  les  diffé- 
rentes écoles  où  sa  méthode  fat  suivie. 

Une  liste  complète  des  ouvrages  xle 
Basedow  se  trouve  dam  Vjéiier.faf^ne 
lUtérairey  de  Meosel.  Sa  vie  a  été  écrite 
par  M.  Meyer,  en  2  voL  in-8^,  Uam- 
l^ourgy  1791  jQt  tm.  Quant  à  «on  sys- 


BAS 

terne  d'éducation ,  auquel  il  donna  le  nom 
de  Philanthropinisme ,  il  en  sera  ques- 
tion à  l'article  Éducation.  C  L. 

BAS-EMPIRE,  vof.  BTZAimir 
[empire), 

BAS-FOND.  Ce  sont  des  élévations 
dan»  le  fond  de  la  mer ,  faciles  à  recon- 
naître avec  la  sonde,  mais  assez  éloignées 
de  la  surface  des  eaux  pour  que  de  grands 
bâtimens  n'aient  rieb  à  en  redouter.  Les 
hauts-fonds  sont  des  exhaussemens  des 
terrains  du  fond  des  eaux,  beaucoup 
plus  élevés  que  ceux  des  bas-f^ndsy  et 
sur  lesquels  il  y  a  danger  à  passer.  Les 
hauts -fonds  sont  ordinairement  dés 
écueils;  les  bas-fonds  ne  présentant  pas 
de  dangers ,  on  a  intérêt  cependant  à  les 
connaître,  soit  à  cause  des  ancrages, soit 
à*  cause  des  oourans.  Il  ne  faut  pas  ecm* 
fondre  les  hauts  et  les  bas- fonds.  Cette 
dernière  dénomination  n'est  pas  bonne, 
car  il  semble  que  bas-fonds  doive  ex- 
primer l'idée  d'un  trou ,  d'une  vaste  ca- 
vité, d'un  gouffre;  l'usage  a  prévalu 
contre  la  véritable  signification  du  mot, 
et  BOUS  insistons  là-dessus  pour  que  les 
gens  d  u  monde  ne  s'y  trompent  pas.  A.  J-l. 

BASILE  (  saiht)  ,  archevêque  de  Ce- 
sarée ,  occupe  un  rang  illustre  parmi  les 
grands  évêques  qui  honorèrent  non-seu- 
lement l'église,  mais  leur  siècle  et  l'hu^ 
manité  tout  entière.  Il  dut  à  son  génie 
autant  qu'à  ses  vertus  l'éclat  de  sa  re- 
nommée. Le  savant  et  l'orateur  trouvent 
également  à  profiter  dans  ses  écrits. 
Érasme  ne  lui  connaît  point  de  rival  dans 
l'art  oratoire ,  et  Rollin,  qui  avait  si  bien 
médité  ses  principes  d'éducation ,  le  pro- 
pose à  la  jeunesse  comme  un  des  plus  ha- 
biles maîtres  de  l'éloquence. 

Saint  Basile  naquit  à  Césarée ,  ville  de 
la  Cappadoce,  vers  la  fin  de  l'ann^  829. 
Sa  première  éducation  fut  confiée  aux 
soins  de  sainte  Macrine,  son  aïeule,  qui 
faisait  sa  résidence  dans  le  Pont ,  où  sa 
iamille  tenait  un  rang  considérable.  Sa 
jeunesse  fut  environnée  dss  images  les 
plus  propres  à  le  former  à  la  vertu.  «  Je 
n'ai  jamais  oublié,  disait-il  depuis,  quelles 
fortes  impressions  faisaient  sur  mon  ame 
encore  tendre  les  exemples  que  j'avais 
sous  les  yeux.  »  Emilie,  sa  mère,  Macrine, 
sa  sœur,  deux  de  ses  frères,  Grégoire  et 
Pierre  y  évêques,  l'un  deI9ysse,  l'autre 


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BAS 


(106  y 


BAS 


d&  SékiÊoUy  <ml  mérité  d*étre  mis  «ui 
Dombrt  det  saints.  Des  maîtres  habiles 
le  dirigèrent  dans  Tétude  des  Lettres  et 
des  sciences  ^  et  en  peu  d'années  ses  pro- 
grès ne  lui  avaient  plus  laissé  de  rivaux. 
On  l'envoya  d'abord  à  Constanlinbple  » 
puis  à  Athènes ,  pour  y  écouter  les  le* 
oops  des  philosophes.  Ce  fut  dans  cette 
dernièrt  ville  qa'il  se  lia  de  la  plus  étroite 
amitié  avec  saint  Grégoire  de  Nazianze. 
L^uB  etFautre  s'y  formèrent  à  Téloquence 
^  se  firent  remarcpier  de  Julien ,  depuîj 
empereur,  que  le  même  motif  avaitamené 
dans  ce  sanctuaire  des  arts  de  la  Grèce. 
Basile  y  laissa  son  ami  Grégoire  de  Na- 
sianae,  et  revint  dans  sa  patrie ,  ouvrir 
une  école  de  rhétorique  et  s^  livrer  ans 
exercices  du  barreau,  qu'il  abandonna 
pour  la  solitude.  Après  avoir  quelque 
temps  voyagé  dans  l'Egypte,  visité  les 
solitaires  d'Orient ,  il  £xa  sa  retraite  dans 
le  Pont,  sur  une  montagne  dont  l'éléva^ 
tion,  en  lui  ménageant  les  aspects  les  plus 
agrÀdiiles,  semblait  le  rapprocher  de  plus 
près  des  deux.  Saint  Grégoire,  cédant 
enfin  k  ses  pressantes  sollicitations,  vint 
se  réunir  à  lui.  Leur  temps  se  trouvait 
partagé  entre  Tétude  et  les  travaux  des 
diamps.  La  Providence  ne  permit  pas 
qu'ils  restassent  l'un  et  l'autre  ensevelis 
dans  un  déseftt  Une  famine  étant  survo- 
nse  dans  la  Cappadoce,  Basile  vola  au 
secours  de  ses  compatriotes,  signala  à  la 
fois  sa  charité  par  d'éloquentes  homélies 
en  faveur  des  pauvres ,  et  son  orthodoxie 
ea  soutenant  avec  autaai  de  vigueur  que 
de  sagesse  la  cause  de  la  foi  catholique 
oentre  l'empereur  Valens  et  les  évéques 
aneos  qui  dominaient  à  sa  cour.>  U  n'é* 
tait  encore  que  simple  prêtre*  Après  la 
fllorl  d'Ëusèbe,  évéque  de  Césarée,  les 
•VQSUx  les  plus  honorables  l'appelaient  au 
gouvernement  de  cette  église,  l'un  des 
isiéges  les  pks  considérables  de  lH>rient. 
€ésarée  éuit  la  métropole  des  deux  gran^ 
ées  previnccs  de  la  Cappadoce  et  du 
Faut,  c'est-^dire  de  la  meilleure  partie 
et  l'Asie^Mineure;  c^en  était  aasea  pour 
éi^ler  les  ambitions.  L'éfection  fut  ora- 
geuse. La  faetion  arienne  s'agitait  pour 
««eponsset  l'intrépide  défenseur  de  la  foi 
àé  Nivée.  Les  catholiques  tinrent  bon: 
Basile  (M,  proclamé. 

Cependant  YalcM  essayait  de  vakiere 


par  la  persécution  ceux  des  4véqiie«  qu'il 
n'avait  pu  attirer  à  sop  parti.  Basile  na 
fut  pas  épargné.  Plusieurs  d'entre  eux 
avaient  fléchi  devant  ses  menaces;  mais 
Valens  croyait  n'avoir  rien  gagné  U^nt 
qu'il  n'aurait  pas  triomphé  de  l'archer 
véque  de  Césarée.  Le  préfet  Modeste 
avait  ordre  de  lui  assurer.cette  conquête. 
U  manda  à  son  tribunal  Basile,  qui  com- 
parut «  non  pas,  dit  saint  Gvégoive  de 
Naaianxe,  comme  s'il  eût  été  cité  en  ju- 
gement i  mais  comme  s'il  se  fût  rendu  à 
une  fête  nuptiale.»  Mcuieste  était  assis  sur 
sqn  tribunal,  entouré  de  ses  licteurs  ar* 
mes  de  leurs  faisceaux,  et  de  tout  l'ef-- 
frayant  appareil  de  la  tyrannie.  Basile 
était  debout ,  comme  Jésuâ-Chrisir  devant 
Pilate,  dit  encore  l'éloquent  panégyriste. 
Le  magistrat  le  menace  dcè  dUtimens 
les  plus  sévères,  parle  de  confiscation  de 
biens,  d'exU,  de  tortures,  de  la  mort 
même ,  si  l'évêque  ne  se  réunit  à  la  reli* 
gion  du  prince.  Basile,  par  la  fermeté  de 
ses  réponses,  remplit  l'ame  da  préfetti'ad* 
miratioa  et  de  terreur.  Modeste,  finit  par 
dire  :  «  Personne  ne  m'a  jamais  parlé  de 
la  ^orte.  —  Apparemment ,  répond  Ba» 
sile,  que  vous  n'aviez  pas  encore  renoon^ 
tré  d'évéque.  »  Le  préfet  calmé  renvoya 
saint  Basile  et  alla  sur^le^^^hamp  retrou- 
ver Temperenr  ponr  lui  dire  :  m  Noua 
sommes  vaincue  :  cet  évêqne  est  au<-des- 
sus  des  menaces;  on  n'obtiendrait  de  lui 
rien  de  plus  par  les.  promesses.  » 

Valens  en  voulut  faire  i'essai  par  lui- 
même.  Il  se  rendit  à  l'église  nn  jour  do 
fête  solennelle.  Quand  il  eut  entendu  le 
chant  majestueux  -des  psauaws,  qu'il  eut 
vu  le  bel  ordre  et  la  modestie  d'un  peu* 
pie  ^mense  qui  ressemblait  à  une  assem- 
blée de  pieux  solitaires;  quand  smftout 
il  ent  aperçu  la  pompe  tqute  e^este  dn 
culte  et  des  céréflMinies,  les  mimstret 
sacrés  plus  semblables  à  des  anges  qu'à 
des  mortels,  l'évêque,  tel  que  le  sacrifia 
cateur  étemel  qu'il  repréeentait,  immo- 
bile devant  l'autel  et  aussi  recueilli  que 
si  l'on  eût  été  en  pleine  paix,  le  prince 
demeura  lui-même  immobile  et  comme 
gUoé  d'une  religiense  horreur.  Mais  s'é- 
tant  un  peu  remis  de  ce  saisifcsement,  U 
vint  pésenter  son  oflfrande;  les  minis- 
tres hésitaient  s^ils  devaient  aller  au-de- 
^aot  d«  prinoe  povr  le  «eOevohr.  Basile 


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BAS 


(107) 


BJLS 


retendit,  «t  reçut ?oflriiid«  de  Valent 
trien  comme  celle  des  orthodoxes. 

O  jpand  caractère  de  sagesse,  uni  à  la 
fharité,  dirigea  constanimeot  la  conduite 
dv  saint^rcheTéque  de  Césan^.  Il  se  nuini- 
festa  dans  ses  rapports  taot  avec  les  di»* 
lideof,  à  quelque  secte  qu'ils  appartins- 
sent ,  qu^aveo  son  digne  ami  saint  Gré- 
|oir«  de  Nazîaaze  dont  l'histoire  eft  liée 
iitittietnent  à  la  sienne.  Éloigné  de  tout 
aoQi,  Basile  9A^i  condlier  tous  les  de- 
79itm  sans  en  exagérer,  ni  aCTaiblir  au- 
can.  Tel  était  le  témoignage  rendu  uni- 
ittsellemefit  à  sa  prudence,  et  l'apologie 
que  révoque  de  Ifaxianxe  opposait  à  des 
•iprits  ardens  qui  auraient  souhaité  un 
aile  plus  impétueux.  Faible  de  oorpS| 
consumé  par  la  souffrance  et  les  ansté- 
rites,  accablé  par  les  diagrins  que  lui 
dommient  les  maux  de  l'église ,  saint  Ba- 
sile ne  s'en  dévouait  pas  moins  an  service 
de  tons,  ne  négligeant  aucune  aCbire» 
entretenant  la  correspondance  la  plus 
étendue;  il  prêchait  assidàment,  pu- 
bliait de  savans  traités  de  controverse  ou 
de  morille,  réfutait  Eunomins ,  traçait  les 
règles  de  la  vie  monastique  et  de  la  pé- 
niteoœ^  voyageait  par-ddà  son  dîo<^e 
poor  apaiser  ou  prévenir  les  schismes, 
bâtissait  à  Gésarée  one  ma^iique  église, 
oonstmisait  ée  vastes  faèpitaux,  servait 
de  tes  propres  fnains  les  panvnes  et  les 
léprevk.  n  mourut  le  premier  janvie* 
879,  âgé  de  61  ans.  Ses  obsèques  lurent 
un  trkNBphe:  les  païens,  les  juifii,  les 
chrétiens  de  toutes  les  communions  y 
assistèrent,  et  confondaient  leurs  larmes. 
La  Çbale  était  si  considérable  que  plu-* 
sleuirs  personnes  y  furent  étouffées. 

La  meilleure  édition  de  ses  oeuvres  est 
eeHe  qu*en  a  publié  le  P.  Gamter,  dé 
l'ordre  des  Bénédictins,  8  vol.  in-fel^ 
grec  et  latin,  Paris,  1721.  La  vie  de 
saint  Basile  de  Oésarée  a  été  écrite  par 
Hermant,  en  9  vok  in-4^.  f  M.  N.  S.  6. 
BASILB  de  Séicucie,  «  Le  style 
de  ses  discours,  dit  Pbotius  en  parlant 
de  litti ,  est  aninpé ,  pleitf  de  feu ,  d'une 
eadcoee  plus  égale  que  celle  d'aqcnn 
antre  écrivain  grec;  seulement  l'exoessiite 
aecmmdatioo  d'omemens  en  rend  la  lec- 
ture fiatigante;  €e  n'est  point  là  le  lani*- 
gage  de  la  nature.  »  Aqssi  a-tril  bien 
wmm  de  oét^uît^  «i^e  le  précédât.  Il  I 


nous  reste  de  lui  quarante  bom4î«!  qu} 
portent  pour  la  plupart  sur  des  si^etf  d# 
l'Ancien-Testament.  La  plus  intéressantn 
es^  celle  du  SQcr\fice  d'Ahtahaiau  Le 
pathétique  y  est  porté  au  plus  haut  der 
^é.  Il  fut  élevé^sur  le  siège  de  Séleucis^ 
en  Isaurie ,  en  448.  Une  certaine  çon-* 
fusion  qui  parut  dans  son  langage  devant 
les  conciles  de  Constantinople  ft  d'É- 
phès^,  dans  la  cause  d'Ëutychè^  le  ren^ 
dit  suspect  et  causa  sa  dûgrace  :  il  (ni 
déposé,  mais  réhabilité  peu  de  temps 
iq>rès.  On  trouve  se^  discours  réunis  è 
ceux  de  saint  Grégoire  le  Thaumaturge, 
dans  l'édition  de  ce  père  publiée  en  1Q90^ 
IvoLin-foL  +M.N^S,G. 

BASILE  (  n444l  nn  >  C'est  le  privi- 
lège du  talent  de  changer  un  portrait  en 
tableau,  de  faire  d'un  individu  le  repré- 
sentant d'une  vertu ,  d'une  passion,  d'un 
vice ,  d'un  travers.  Au  théâtre  surtout  oà 
les  impressions  sont  plus  vives  et  plus 
profondes,  nous  avons  vu  ebes  nous  pins 
d'une  création  de  ce  genre.,  Ainsi  l'hypo- 
erisie  y  a  été  personnifiée  dans  Tartufe, 
la  calomnie  dans  Basile*  L'esprit  de 
Beaumarchais  t  oette  fois  eu  la  gloire  de 
s'approcher  du  génie  de  Molière.         * 

\jM  nom  de  Basile  restera  oomme  type 
dn  calomniateur»  et  sera,  pour  cetu  de 
tous  les  temps,  ainsi  que  celui  de^iéron 
pour  les  tyrans,' Al  plus  cnufUe  jmjurr. 
Us  auront  befot,  pour  s'y  «austraire^ 
quitter  le  grand  chapeau  e|  le  reste  du 
costume,  même,  s'il  leur  ^  possible, 
l'air  fauK  et  patelin  du  personnage  de 
Beaumarchais  ,  l'auteur  du  Barbier  a 
donné  leur  signalement  moml  auquel  on 
Us  reconnaîtra  toujours.  M.  O. 

BA8ILIG,  oeymum  èmsiticum, 
plante  annuelle  de  la  famiNé  des  labiées 
(  vojr.  y  Le  nom  de  baeilie  vient  d'un  mot 
greoqui  signifie  royal  et  qui  -sernUe  éire 
mérité  par  son  odeur  agréable,  Xm  plante 
dessédiée  conserve  un  parfum  tout  amsi 
suave  :  sa  mveur  chaude  est  afpmatique  ^ 
aussi  l'emploie-t-on  oomme  épice  plus 
•auvent  encore  que  comme  médieament. 
Bar  la  distillation  on  en  retire  une  huile 
volatile  abondante.  H.  A. 

BASILIC.  C'était  ohe4  les  anciens 
une  sprle  de  reptile  aua  formes  fantasti- 
ques, au  front  surmonté  d'une  courouoe; 
mais  ces  fomeft  biaamea  furent  anftmiées 


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BAS  (  108  )  BAS 


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BAS 


(109) 


BAS 


de  la  numération  grecque ,  forment  le 
nombre  365,  nombre  mystérieux  souvent 
énoncé  sur  les  pierres  symboliques  des 
diverses  écoles  gnostiques,  dont  celle  de 
Basilide  fut  Tune  des  principales.  Le 
chef  du  365^  monde,  le  dernier,  leplu3 
imparfait  de  tous  les  mondes,  le  plus  rap- 
proché de  la  matière,  gouverne  l'univers 
matériel  ^  d'après  les  desseins  de  Dieu , 
il  est  vrai,  mais  il  ne  saurait  comprendre 
ses  lois  étemelles.  La  vie  de  Thomme  est 
une  carrière  de  purification  dirigée  par 
des  génies  qui  président  aux  peuples 
comme  aux  individus.  T.oute  souffrance 
est  une  expiation.  Le  martyre,  la  plus 
grande  de  toutes^  est  une  grâce  divine. 
Pour  assurer  à  tou^  la  purification  né- 
cessaire, l'intelligence  céle^e  s'est  unie, 
au  baptême  du  Jourdain,  à  l'homme  Jé- 
sus, dont  elle  s'est  hâtée  de  se  séparer 
avant  la  passiou.  La  purification  se  ferait 
aisément  sans  les  instincts  que  donne  la 
natière  et  sans  les  passions  qu'inspire  à 
l'ame  une  sorte  de  puissance  brute  et  de 
mauvaise  ame,  émanée  des  animaux,  des 
plantes  et  des^  pierres.  Cette  influence 
explique  la  nécessité  de  la  métempsy- 
cose qu'enseigne  Basilide.  Sa  morale  se 
résume  en  ces  mots  ;  Aimer  tout  comme 
Dieu;  n'avoir,  comme  lui,  ni  haine  ni 
désir.  Voir  V Histoire  critique  du  gnos- 
ticisme  de  l'auteur  de  cet  article,  Paris, 
1828,  3  vol.  in-8^  M-a. 

BASILtDI£NS.  Ces  disciples  de  Ba- 
silide (iH»/.  l'article  précédent)  furent, 
nombreux  en  Egypte,  en  Syrie,  en  Italie 
et  même  dans  la  Gaule ,  où  ils  se  main- 
tinrent jusqu'au  iv®  siède  de  l'ère  chré< 
tienne.  Sauf  la  morale,  ils  changèrent 
peu  la  doctrine  de  leur  maître.  Ils  ensei- 
gnaient que  celui  qui  s'élève  à  la  con- 
naissance du  monde  intellectuel  et  de  la 
cause  première  est  égal  k  l'intelligence 
divine;  qu'il  n'est  plus  lié,  dans  cet  état 
de  perfection,  à  aucune  loi ,  et  peut  se 
livrer  à  tous  ses  désirs.  On  les  accusa 
ausâ  de  magie.  Leur  doctrine  et  leur 
école  s'éteignirent  dans  une  honteuse 
obscurité.  ^  M-K. 

BASILIQUE.  Ce  mot  signifie  en  grec 
maison  royale.  A  Rome ,  il  désignait  un 
somptueux  bâtiment  dans  lequel  les  ma* 
gtsirats  rendaient  la  justice  à  couvert;  ce 
qui  le  distinguait  du/ormn ,  où  les  réu- 


nions avaient  lieu  en  plein  air.  La  forme 
des  basiliques  était  alors  celle  d'un  paral- 
lélogramme ,  avec  un  portique  à  chacuue' 
dé  ses  extrémités. 

Constantin ,  en  assignant  aux  chré- 
tiens plusieurs  basiliques  anciennes  pour 
l'exercice  du  nouveau  culte ,  introduisit 
cette  dénomination,  appliquée  de  nos 
jours  aux  églises  vastes  et  remarquables. 
A  dater  de  Constantin,  tous  les  édifices 
chrétiens  en  Occident  furent  construits, 
à  peu  de  différence  près,  dans  la  forme 
de  basilique.  L'abside  remplaça  le  demi- 
cercle  où  siégeait  le  tribunal.  Le&  galeries 
supérieures  appelées  travées,  qui,  dans 
une  foule  de  nos  constructions  modernes, 
environnent  tout  l'intérieur  de  l'édifice , 
furent  également  empruntées  aux  ancien- 
nes formes  grecques. 

Maintenant  peu  de  nos  basiliques  9ont 
antérieures  à  l'an  mille;  les  siècles  les 
ont  dévorées.  Baronius  [Annale  eccles.) 
prétend  que  la  plupart  des  constructions 
religieuses  sont  postérieures  à  cette  épo- 
que, par  la  croyance  où  furent  long- 
temps les  populations  chrétiennes  que  le 
monde  .devait  finir  alors. 

Cependant  plusieurs  basiliques  chré- 
tiennes furent  construites  dans  des  for- 
mes différentes  :  la  disposition  crucifi- 
cale ,  le  sanctuaire  dirigé  vers  l'Orient , 
I9  nef  et  les  collatéraux.  Autant  qu'il  est 
possible  de  s'en  assurer,  la  première  de 
ce  genre  a  été  celle  d'Antioche,  dont 
Saint-Pierre,  choisi  par  le  Christ,  devait 
être  le  chef  visible. 

Le  pape  Évaciste,  mort  l'an  120,  or- 
donna la  construction  d'églises  sembla- 
bles sur  les  tombeaux  des  martyrs.  Mais 
Dioctétien ,  Haximien  Hercule ,  etc. , 
furent  de  grands  démolisseurs  de  ces 
temples  chrétiens.  La  croisade  des  Icono- 
clastes d'Orient,  sous  ce  rapport,  devint 
profitable  aux  arts,  en  permettant  de 
reconstruire  les  basiliques  avec  une  per- 
fection nouvelle  et  un  style  rempli  d'o- 
riginalité et  de  mouvement. 

Ainsi,  aux  constructions  romaines  suc- 
cédèrent des  édifice^  du  style  byzantin. 
L'architecture  du  Bas-Empire,  ou  gothi* 
que-grecque,  se  distingua  par  l'emploi  des 
matériaux  précieux  ;  la  sarrazine,  par  l'é- 
lévation et  la  hardiesse  de  ses  voûtes,  la 
forme  de  leur  cintre ,  la  légèreté  de  leurs 


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BAS 


(110) 


ÉA!i 


ëoloiides ,  h  variété  des  chapiteaux  et  là 
multitude  prodigieuse  d'ornetfiens ,  qui , 
dans  la  décoràtioU  dt^s  basiliques ,  oITri- 
rent  l'assemblage  de  frises,  de  mosaïques, 
de  Hâceaùx ,  de  fleurotts  et  de  feuillages 
distribuéi»  «ivec  ai^.  Celle  des  Sarrazius- 
£spagn6h  fut  caractérisée  p^t  la  forme 
du  cintre.  Après  l'iaVasiou  dés  Goths  et 
des  peuplades  du  Nord ,  la  physionotnle 
des  basiliques  se  modifia  encore.  Au  se^ 
eond  âge  de  ces  constmctlous,  on  vit  sur 
lès  piliers  de  uoé  églises ,  couverts  d*em- 
blèmès  et  d'animaux  fantastiques ,  s*éle-^ 
ver  dés  berèeaux  qui  semblaient  ibir  Vdsîi 
le  plus  perçant.  Tous  les  angles  furent 
obliques  et  les  intersections  de  courbés 
accompagnées  d'un  maaque  hideux  ou 
maussàdemek»t  gai.  Ces  diverses  espèces 
d'architecture  prirent  probablemefot  Uais- 
aarice  dans  l'Inde.  Les  pagodes  de  Kartd- 
jei'esams,  d!Oucour,  dans  le  Maissour, 
oflrent  des  ogives  et  les  mêmes  caractè- 
res que  Saint-Paul  dé  Rottle ,  la  cathé- 
drale dePise,  etc.,  tandis  c^ûe,  dans  les 
ruines  de  l'Athambra,  ob  retrouve  le  type 
véritable  de  l'architecture  mauresque. 
L'église  de  Saînt-Philippe-du-ftoule ,  t 
Paris ,  celle  de  Montréuil,  près  de  Ver- 
sailles, rappellent  ait  cotitraire  lés  premiè- 
res basiliques  romaines  dont  ta  destina- 
tiou  fut  changée  par  Constantin.  L'église 
de  TTolre-Dame  de  Paris,  les  cathédrales 
d'AitiieUS,  de  Ëeauvais,  celte  de  Stras- 
bourg, sont  un  mélange  de  style  byzantin 
ei  de  Style  gothique  4  qu'il  est  permis  de 
regarder  comme  véritablement  approprié 
à  ce  genre  dé  construction.  Les  fornies 
s'y  trouvent  en  harmonie,  non-seule- 
ment avec  leUr  destination ,  mais  encore 
aivec  hos  climats  et  nos  usages.  R.  d.  C. 
BASILIQUES^  compilation  grecque 
du  droit  de  JûstînieU ,  rédigée  au  x^  siè- 
cle. Lès  Pandectés  et  le  Code  étant  pres- 
que eh  totalité  écHts  'en  fangue  latine,  les 
empereulrs  ordonnèrent  q^'il  en  serait 
fait  im  abrégé  en  langue  grecque.  Cet 
abrégé ,  peu  ékact  él  ou  se  trouvent  en 
foule  dés  règles  tirées ,  selon  le  goût  du 
temps ,  des  pères  de  TÉgUse  et  des  con- 
ciles, est  ce  qu'on  nomma  les  "basiliques. 
Basilius,  le  Macédonien, Léon,  le  philoso- 
phe,etsonfilsConstantinPorphyrogénète, 
pairaissent  en  avoir  été  les  principaux  au- 
teurs. Les  basiliques  ont  été  publiées  par  i 


Hervet;  Paris,  1557,  in^fol.,  édition  iil- 
complète;  par  Fabrot,  Paris,  1647,  7  vol. 
in  -  Ibl.,  et  MM.  Heimbach  en  ont  com- 
mencé (t.  I;  Leipsiig,  li883,  in-4^),  une 
nouvelle  édition  sous  le  titre  suivant  :  Bu- 
silicorum  iS>H  LX\poH  Annfhaîis  Ftf- 
broti  cUras  ope  codé,  niss,  à  G.  E,  B, 
alUsque  coUatorum,  întepiôt^i  cïifH 
scholtis  edidît,  edàos  denuà  recètùùà, 
deperditos  restituit ,  trûAstationefn  ia- 
tinarà  et  adnot.  èrit.  diÇeàii  b*"  C.  0. 
E.  H.  O.  T. 

BASIN  [bamhagihc)y  étôftb  crbi- 
sée ,  dont  la  chaîne  est  de  fil  et  la  tramé 
de  coton.  Le  basin  se  fabrique  &  peti  ^r^ 
comme  la  toile  ordinaire ,  et  11  y  en  â  de 
dilTérentes  façons  et  de  difTéréntés  quali- 
tés: de  larges,  d'étroits,  de  fins,  de  nioy  eUé, 
d'imié  avec  du  pbif  d'un  côté  ;  d'àUtrëé 
sont  à  petites  raies  imperceptibles  s^éA 
poil ,  et  quelques-tins  à  girandès  raieè  bii 
barres,  aussi  sans  poil;  et  dàtié  toutes  èeé 
sortes,  on  en  distingue  Une  infinité  d'au- 
tres i^latiVfethétit  à  Taunagè  et  à  là  idèn- 
dition.  On  fabrique  deS  basitls  à  Ljron  et 
dans  ses  environs,  daUs  te  BeàujoIbfS: 
mais  ceux  de  Troyes  en  Champagne  ^nt 
les  plus  estimés.  Il  s'en  consomme  beiti- 
coup  en  France ,  et  il  s'en  fait  des  ^Irols 
considérables  à  l'étranger.  Quoique  \^ 
manufactures  françaises  fournissent  d'ex- 
cellens  iMsins,  on  en  tire  cependant  beau- 
coup du  dehors.  Il  en  vient  de  BrtigèS , 
de  Hollande  et  des  Indes.  Ceux  de  Hol- 
lande sont  ordinairement  r^yés  ;  ils  sont 
estimés  pour  leur  finesse  et  leUr  bonne 
qualité.  Ils  portent  cinq  huitièmes  d'^Une 
de  largeur,  et  environ  douze  atines  dé 
longueur.  Ceux  que  l'on  fabriqué  à  Bru- 
ges, auxquels  on  donne  aussi  le  noih  dé 
bombdsins y  soni  unis,  rayés  à  ^etit^ 
raies  imperceptibles,  ou  à  grandes  raies, 
comme  les  nôtres,  et  à  poil.  Lés  unis  oti 
à  poil  ont  environ  cinq  douzièmes  d'àùnè 
de  large,  et  douze  aunes  dé  long}  et  les 
rayés  oui  un  pouce  de  moins  siir  la  lar- 
geur, et  deux  tiers  de  moînS  stir  ta  lon- 
gueur. Les  basins  dés  Indes  sont  blancè 
et  sans  poil;  il  y  en  a  de  deux  façons  : 
les  uns  sont  croisés  et  sergés;  les  aii- 
tres,  à  carreaux  et  ouvrés.  Les  meil- 
leurs se  fabriquent  au  Bengale  et  à  Pon- 
dîchéry.  Ï.R-d. 

BASKËETUXE  (loHir),artbtè  et  ty- 


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BAS 


(111) 


BAS 


foftwphé  aDgIait ,  oobbh  amtont  oomMe 
fÊodÊtar  de  ctmctères,  mquit  à  Woite»- 
kjr,  eoiiit6deWore«iter,  en  1 706,  et  mon- 
ml  en  1776.  On  estime  beàaooapi  socm 
le  rapport  typographique,  son  édition  de 
Vii^Ie  (1746,  iû-4<^),  et  oeUe  du Non- 
i^au^Testàment  (Oxford,  1768 ^  iil^4^). 
Su  1T79,  Beatunârcbais  fit  Tacquisition 
de  Ms  typea'et  matriees,  et  les  paya  S,700 
L  st.  ;  les  Caractères  de  Baskerville  servi- 
rent snrtoilt  pour  l'édition,  faite  à  Kehl , 
des  dËovres  de  Yolti^re.  C  JL 

BASNAŒ  D«  Beaitval  (Jacques), 
dé  à  Rouen  en  165t,  fut  entoyé  jeune 
pat  sbn  |»ère,  Henri  Basna^,  célèbre 
avocat  an  parlement  de  Normandie,  à 
Sanmor,  où  il  apprît  le  latin  et  le  grec 
et  ploèîèun  langues  modernes ,  et  d'où  il 
passa,  à  l'âge  de  17  ans,  à  Genève.  Il 
comment  JAns  cette  ville  ses  cours'  de 
tliéolégie  et  les  termina  à  Sedan;  Il  re- 
tourna ensuitedans  sa  ville  natale  et  y  suc- 
céda, à  peine  âgé  dé  93  ans,  dans  l^église 
proté^titnte ,  au  savant  Lenlôine,  appelé 
comme  professeur  à  Leyde.  L'élise  de 
Rouen  ayant  été  fermée  en  1666 ,  Bas- 
nage  se  réfugia  à  Rotterdam  où,  en  1 69 1 , 
il  dervittt  pasteur  de  l'église  walonné.  En 
1709,  U  fut  appelé  dans  la  ttîéme  qualité 
par  celle  de  La  Haye.  Pendaht  son  séjour 
dans  céète  ville,  il  rendit  de  signalés  ser- 
vice^, non-» seulement  à  l'égCse,  mais 
encore  au  gonvemement  qui  lui  avait 
accordé  sa  protection  et  qtii  remploya 
utifentent  pour  phniéurs  missions  iih- 
portantes.  Le  gonvemement  de  France 
crut  aussi  pouvoir  recourir  à  ses  lumiè- 
res, rt  eut  égalémelit  lieu  de  s'en  Ibuer. 
LessetTîces  qu'il  lui  rendit,  en  assistant 
de  Ses  conseîh ,  sur  la  demande  expresse 
dti  dm  d'Orlékns,régentde  France,  l'abbé 
DoApois  dans  sa  tlégociation  d'une  blUanbe 
défensive  entre  la  France ,  l'Angleten^ 
ec  les  États-^Géhéraux,  lui  valurent  la  res- 
titution de  tbus  les  biens  qu'il  avait  lais- 
sés en  France.  Il  publia  beaucoup  d'ou- 
vrages plus  ou  moins  volumineux  dahs 
lesquels  il  fit  preuve  d'une  vive  piété, 
d'un  sincère  attachement  aux  principes 
delà  réforme  et  d'une  érudition  profonde 
ef  variée,  surtout  dans  les  sciences  his- 
toriques. Nous  ne  citerons  que  soh  Mis- 
UHre  de  la  religion  des  égUses  réfùr- 
Méer,  dont  trné  paiiiè  répcHld  à  nttsttire 


det  variatioDs  dca  églises  protestantes  dé 
l'évéque  de  Meaux  (la  4^  édition,  en  8 
volumes  in-4^);  VHistùire  de  t Église  de- 
puis Jésus 'Christ jusqu'à  présenti  Rot-^ 
ttrdam,  1699,  â  vol.  in-foL;  VHisttHs^ 
dé  l'Ancien  et  du  Nouveau-^Testament, 

.avec  fig»  en  taille*- donoe,  par  Rom.  de 
Hooge,  Amsterdam,  1705,  in-foL,  ouvra- 
ge qui  a  eu  9  éditions;  Y  Histoire  des  Juifk 
depuis  Jésus 'Christ  jusqu'à  présent  $ 
Rotterdam,  17^06,  etc.,  4  vol.  in«18. 
Cet  Quvrage  a  été  publié  à  Parb  en  1 7 16^ 
avec  quelques  cfaangeinaas  et  supprc** 
sions^  par  Fabbé  Dubois^  sans  nom  d'au- 

.  teur  ;  Thesmtrus  monumentorum  eecèe- 
siastiûoruan  et  historkorwn  >  Àntwei^.  ^ 
172d,  7  vol.  in-fol.;  Instructions  pmsta^ 
raies  aux  réformés  de  France  sur  /V- 
béissance  due  att  souverain ,  1739y  in« 
IJ;  Annales  des  Propinces- Unies ^  etc«, 
La  Haye,  1719  et  1736  ^  3  vol.  in-fol.: 
Dissertation  historique  sur  les  duels  ei 
sur  les  ordres  de  la  chepoleHe ,  Ams* 
terdam,  1730,  in-8^,  renfermant  des  re- 
cherches fort  curieuses.  On  a  encore  de 
lui  deux  Recueils  de  Sermons  et  un  ou- 
vrage périodique.  Histoire  des  ouprages 
des  savons  y  Rotterd.,  1687-1709,  14 
vol.  in-12. 

Plusieurs  prêtres  catholiques  écrivi- 
rent contre  lui  et  pr6voquèrent  de  sa 
part  dek  réponses  pleines  de  modération 
pour  la  personne  de- ses  adversaires  ati- 
tant  que  de  force*  et  de  vivacité  pour  ce 
qtt^l  regardait  comtne  des  erreurs.  Bas- 
nage  modV'ot  en  1716.  J.  J.  G. 

BASOCHE.  Ce  mot  est  la  traductiott 
burlesque  du  latin  hasiliea ,  pabiis  royal, 
et  \ts  suppôts  dé  la  basoche  sont  précis 
sèment  les  gens  de  palais.  Quand  le 
parlement,  cessabt  d'être  le  grand  con- 
seil du  ft>t,  (ùi  uniquement  chargé  de 
rendre  la  justice,  une  distinction  de  notai 
dut  s'établir  entre  les  Scigtieurs  qui  fer- 
maient la  coti^gnie  du  roi  et  les  habi- 
tués de  la  cour  de  justice-.  Les  ptHemiers 
s'appelèrent  les  genJ  de  ti  eonr  od  cdui^ 
tisans,  les  autres  furent  les  clercs  dé  la 
basoche  ou  betsachiens.  Ce  n'est  pas  tôitt  • 
ridée  de  bàsUique  {i>oy,)  entraînant  dé-' 
ccssairement  celle  de  roi ,  des  basôchiens 
se  groupèrent  autour  d'un  sduvèrain, 
comme  on  le  fitf  sait  au  Lonvre ,  au  bhâ^ 
tean  des  Totamdles  ou  à  l'hôtel  St^ftl; 


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BkS 


(112) 


BAS 


Telle  fat  Torigine  du  roi  et  da  royaume 
de  la  basoche. 

Les  magistrats  de  ce  pacifique  empire 
étaient.,  après  le  roi»  le  chancelier,  tes 
maîtres  des  requête^,  le  référendaire ,  le 
grand-mu Jiencier,  le  procureur  général, 
l'avocat  du  rpi,  le  procureur  de  la  com- 
munauté, quatre  trésoriers,  le  greffier, 
quatre  notaires,  un  premier  huissier, 
huit  huissiers  ordinaires ,  et  Taumônier. 
Henri  III,  qui  ne  tremblait  pas  encore 
devant  les  Guises ,  parut  éprouver  quel- 
que ombrage  du  titre  de  roi  qii*afrectait 
le  chef  des  basochiens  de  la  France  ;  et 
voulant  qu'il  n'y  eût  en  son  royaume 
d'auûre  couronne  que  la  sienne,-  il  sup- 
prima le  titre  de  roi  de  la  basoche, 
et  transmit  au- chancelier  tous  les  privi- 
lèges et  tous  les  droits  dont  jouissait  cet 
estimable  souverain.  Mais  la  basoche  n'en 
continua  pas  moins  d'être  un  royaume  ; 
d'avoir,  à  ce  titre,  un  écu  royal  d'azur 
à  trois  écritoires  d'or ,  ^t  d'employer  les 
formules  suivantes,  dans  tous  les  juge- 
mens  qu'elle  avait  droit  de  rendre  :  «  La 
basoche  régnant  en  triomphe  et  tiltne 
d* honneur  f  à  tous  pwsens  et  à  venir, 
saint,  -r-  Natre  i/ien  aîné..*,  A  ces  cau- 
ses   De  grâce  spéciale  et  autorité 

royale  basochienne....  Si  mandons  à 
nos  ornés  et  féaux, —  Car  tel  est  nostre^ 
plaisir.  — Donné  en  nostre  dit  royaume 
fan  de /oie...  et  de  nostre  régne  le  per- 
pétuel 

La  juridiction  de  la  basoche  compre- 
nait la  connaissance  et  la  décision  de  tous 
les  procès  et  débats  qui  venaient  à  s'é- 
lever entre  les  clerc»  du  Châtelet.  £lle 
prétendaià  remonter  aux  premières  ap-: 
nées  du  xi y^  siècle ,  et ,  d'après  les  ter- 
mes incontestés  de  son  institution,  le 
roi  de  la  basoche  avait  droi|  de  por^r  la 
toque  aurittontée  d'une  couropne  royale. 
Il  rendait  là  justice  deux  fois  par  se- 
maine; il  faisait  la  montre  de  tous  les 
sujets  de  son  empire,  une  fois  par  an, 
dans  un  célèbre  et  vaste  champ  qu'ils 
avaient  acquis  et  qu'on  nommait  pour 
cela  le  Pré  aux  Clercs.  Il  faisait  frapper 
une  espèce  de  monnaie  qui  avait  cours 
entre  le^  clercs ,  mais  que  les  gens  de 
commerce  pouvaient  refuser  à  leur  gré. 
Si  l'on  en  juge  par  le  proverbe  de  la 
monnaie  de  basoche,  les  pièce*  de  cette 


fabrique  ne  jouissaient  pas  d'un  immense 
ciédit.  Le  roi  basochien  avait  encore  k 
droit  de  choisir  et  faire  couper  tous  les 
ans,  dans  les  forêts  royales  ^  un  arbre  de 
haute  futaie  que  les  clercs  venaient  planr 
ter,  le  premier  mai,  devant  la  grande 
cour  dv  palais,  au  bruit  des  tambours -et 
au  son  des  trompettes.  Ce  n'est  pas  tout  i 
le  triomphant  royaume  de  basoche,  était 
dignement  honoré  dans  lea  jeux  publics  : 
à  l'hôtel  de  Bourgogne,  son  chancelier 
avait  une  loge;  au  camaj^al,  les  baso- 
chiens se  réunissaient  au  Prince  des  sots 
et  aux  joueurs  de  farces,  de  sotties  et  de 
mystères.  A  leur  tour,  ils  donnaient  une 
moralité^atiriquedans  laquelle  il^  usaient 
larg^mentde  la  liberté  de  railler  les  vices 
et  d'insulter  aux  favoris  de  la  fortune. 
On  sent  bien  qu'ils  devaient  finir  par 
soulever  des  inimitiés  et  produire  de  vé- 
ritables scandales.  Cependant  Louis  XII 
les.avait  protégés;  il  leur  avait  même  ac- 
cordé la  faveur  déjouer  leurs  pièces  sur , 
la  table  de  marbre  de  la  grande  salle  du 
Palais.  En  1538  ils  jouèrent  encore-  de- 
vant François  I^**;  mais  en  1540  leurs 
facéties  parurent  décidément  trop  incom- 
modes ,  et  défense  leur  fut  faite  de  ne  pkis 
jouer  ou  faire  jouer  à  Tayenir  les  pro- 
duits de  leur  veine  cléricale.  Cette  dé- 
fense n'atteignit  pas  \es  JSasoches  de  pro-, 
vincc^  car  plusieurs  années  :|près  on  voit 
encore  citées  avec  éloge  lés  sotties  de  la 
Basoche  de  Bordۍ,ux^ 

L'histoire  des  pièces  jouées  par  les 
clercs  de  la  Basoche  est  liée  à  celle  du 
théâtre  en  France.  P.  P. 

BASQUES  (pats  ou  psotutc^).  A 
l'extrémité  occidentale  de  nos  frontières 
pyrénéennes  s'étendent,  sur  les  deux  veiv 
sans,  les  cantons  habités  par  les  popula- 
tions basques,  et  que,  par  cette  raison, 
on  appelle  du  côté  de  France  le  pays 
basque ,  et  du  côté  espagnol  provincias 
bascongadasy  c'est-à-dire  provinces  bas- 
ques^ Ces  dernières  sont  au  nombre  de 
trois,  et  pqptent  les  noms  de  Biscaye  (^/i- 
caycL)'»  d*  Alava,  et  de  Guipuzcoa  ou  Ipuz- 
coa.  La  première  a  titre  de  seigneurie 
[séhorio\^  sa  capitale  est  Bilbao,  Victo- 
ria est  le  chef-lieu  4e  la  seconde;  et  la 
troisième  a  pour  ville  principale  San- 
Sebastian ,  que  les  Basques  appellent  Do- 
nostéan,  LaNavarre  espagnole  n'est  point 


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BAS  (113) 

comprise  sous  ce  titre  officiel  àeprovin- 
cia$  bascongadas;  mais  elle  n*eo  est  pas 
moins  un  canton  basque.  Sa  capitale 
Pamplona  (appelée  Iruna  dans  la  lan^e 
du  paysj,  Ëstella,  Tudela,  Sanguêsa,  et 
Olile  (que  les  indigènes  nomment  Erri- 
herri,  c'est-à-dire  Ville-Neuve),  sont  les 
chefs-lieux  des  cinq  merindades  (inten- 
dances ou  juridictions)  qui  composent 
ce  royaume;  les  trois  premières  de  ces 
villes  sont  épiscopales. 

Du  côté  de  France  le  pays  basque 
renferme  les  trois  petites  contrées  de 
Labourd,  de  Basse-Navarre  et  de  Soute. 
La  première,  dont  le  nom  rappelle  Tan- 
den  Lapurdum,  résidence  du  tribun  de 
la  cohorte  de  Novempopulanie  sous  les 
Romains,  formait,  avec  quelques  vallées 


voisines,  l'évêché  de  Bayonne;  elle  eut 
des  seigneurs  particuliers,  sous  le  titre 
de  vicomtes,  dans  le  xi^  et  le  xii^  siè- 
cles. Réunie  depuis  à  la  Gascogne,  elle 
entra  dans  le  domaine  de  la  maison  de 
Béam,  et  fit  accession  à  la  couronne  de 
France  par  Tavénement  de  Henri  IV. 
Lors  de  la  création  des  départemens,  en 
1 790 ,  on  la  comprit  dans  celui  des  Bas- 
ses-Pyrénées,  sous  le  nom  de  district 
d'Uslarilz,  agrandi  plus  tard  (1800)  aux 
dépens  de  celui  de  Saint-Palais,  pour 
former  TaiTondissement  de  Bayonne. 

La  Basse-Navarre,  dont  la  capitale 
éUit  Saint- Jean-Pied-de -Port,  ne  fut, 
jusqu'à  la  conquête  de  Pampehine  par 
Ferdinand-le-Catholique,  qu'un  sixième 
canton  du  royaume  de  Navarre,  sous  le 
titre  de  merindad  de  ultra  puertos  (ju- 
ridiction de  delà  les  ports),  et  ses  dépu- 
tés étaient  appelés  aux  cortès  ou  états , 
comme  ceux  des  autres  merindades.  Elle 
renfermait  la  vicomte  de  Baygorry  et  Ar- 
beroue,  les  pays  de  Cize  (en  basque  Ga- 
racy)y  de  Mixe  (^//iezcu/i<}),  etd'Os- 
tabarez,  les  seigneuries  de  Gramont  et 
de  Luxe.  Restée  seule  au  pouvoir  des 
rois  de  la  Navarre  de  la  maison  d'Albret, 
elle  n'en  conserva  pas  moins  le  titre  de 
royaume,  et  les  rois  de  France  ne  dédai- 
gnèrent pas  de  s'intituler  aussi  rois  de 
Navarre  y  lorsque  cette  mince  souverai-^ 
neté  eut  été  réunie  par  Henri  IV  au  do- 
maine de  la  couronne.  Elle  devint,  en 
1790,  district  de  Saint-Palais;  puis,  à 
l'établissement  des  préfectures  ^  elle  fut 

Encyclop,  d.  G.  d.  M,  Tome  LU. 


BAS 

partagée  entre  les  arroodissemens  de 
Bayonne  et  de  Mauléon ,  comme  dès 
long-temps  elle  l'était  entre  les  évêchés 
d'Oloron  et  de  Bayonne. 

La  Soûle  (en  basque  Subema),  dont 
la  capitale  est  Mauléon,  avait  titre  de 
vicomte,  et  elle  eut  des  seigneurs  p^ti- 
culiers  jusqu'à  la  fin  du  xiu**  siècle;  eDe 
fut  réunie  définitivement  à  la  couronne 
de  France  en  1607,  avec  les  autres  do- 
maines de  la  maison  de  Béam.  Elle  for- 
ma, en  1790,  le  district  de  Mauléon, 
qui  devint  plus  tard  une  sous-préfecture, 
en  s'agrandissant  d'une  portion  de  la 
Basse-Navarre.  Dépendante  d'aboad  de 
l'évêché  de  Dax,  elle  passa  ensuite  à  ce- 
lui d'Oloron,  qui,  depuis  le  concordat 
de  1801,  est  resté  fonda  dans  'celui  de 
Bayonne.  *  A.... 

BASQUES  (  PEUPLE  et  lancaob  ). 
C'est  le  nom  qu'on  donne  en  France  au 
peuple  singulier  qui  habite ,  tant  au  nord 
qu'au  sud  des  Pyrénées,  les  provinces 
dont  on  a,  dans  l'article  précédent, r^racé 
les  principales  époques  historiques;  mais 
ce  n'est  pas  le  nom  qu'il  porte  dans  sa  lan- 
gue :  ce  nom  e&lEscaldbunac;  le  pays  qu'il 
habite  est  VEskcderra ,  et  la  langue  qu'il 
parle  se  nomme  esAouara.  Il  ne  faut  pas 
croire  cependant  que  cette  langue  soit  la 
même  dans  toute  l'étendue  des  pays  bas- 
ques. L'habitant  du  Guipuscoa  ne  corn* 
prend  qu'avec  peine  celui  de  la  Biscaye; 
on  peut  en  dire  autant  des  Jiabitans  de 
l'Âlâva,  de  la  Navarre,  haute  et  basse, 
du  Labourd ,  soit  entre  eux,  soit  avec  les 
premiers;  mais  on  reconfiait  dans  tous 
des  caractères  physiques  semblables,  des 
mœurs  et  des  coutumes  qui  ont  une 
grande  analogie ,  et  des  dialectes  qui  dé- 
rivent d'un  souche  commune.  Malgté  ces 
points  de  ressemblance,  ib  diffèrent  en- 
core assez  pour  qu'en  espagnol  on  ne 
disfi^  pas  la  nation  basque,  mais  les  na- 
tions basques,  ias  naciones  bascas;  et 
comme  la  latogue  forme  la  différence  qui 
sépare  les  Basques  d'une  manière  tran- 
chée du  reste  de  la  population  des  deux 
grands  royaumes  auxquels  ils  appartien- 
nent, il  en  résulte  que  ces  mots  pays 
banque  ne  répondent  pas  toujours  aux 
divisions  géographiques  établies  sous  le 
nom  de  provinces  basques:  ils  signifient 
le  pays  oà  l'on  parle  eoBore  la  langue 

8 


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BAS 


(114) 


BAS 


Imsqne.  Ce  n'est  donc  qne  par  Vénnmé- 
ration  des  villages  où  le  basque  est  en- 
tendu et  parlé,  que  l'on  pourrait  détermi- 
ner rétendue  et  les  limites  du  pays  bas- 
que proprement  ditll  est  aujourd'hui  pi  us 
restreint  que  le  territoire  des  provinces 
basques  9  tant  en  France  qu'en  Espagne. 
Ainsi  y  dans  cette  dernière  cokitrée,  Tu- 
sa^ede  la  langue  eskouara  est  entièrement 
oblitéré  dans  plusieurs  villages  de  la  pro- 
vince d'AJava.  En  France,  dans  plusieurs 
communes  de  la  Soûle  et  du  Labourd , 
ou  des  arrondissemens  de  Bayonoe  et  de 
Mauléon,  les  habitans  ne  se  considèrent 
plus  depuis  long- temps  comme  Basques. 
Bayonne,  par  exemple,  la  ville  la  plus 
peuplée,  la  plus  considérable  de  toutes 
les  provinces  basques,  n'appartient  pas 
au  pays  basque  proprement  dit.  Ce  serait 
un  travail  statistique  intéressant  et  qui 
.  manque,  que  celui  qui  donnerait  les 
moyens  de  tracer  une  carte  géographi- 
que de  la  natioh  eskaldounac  dans  son 
état  actuel ,  et  considérée  sous  le  rap- 
port ethnographique ,  de  manière  à  dé- 
terminer avec  précision  les  limites  de 
VEscalerra ,  c'est-à-dire  du  pays  où  se 
parle  la  langue  eskouara.  D'après  des 
calcub  exacts,  nous  sommes  fondés  à 
croire  que  le  nombre  de  ceux  qui,  en 
France,  parlent  cette  langue,  ne  s'élève 
pas  à  plus  de  120,000  individus,  et  en 
Espagne  à  plus  de  620,000.  En  tout 
640,000. 

Les  Basques  forment  une  race  remar- 
quable par  leur  taille  élevée  et  bien  prise, 
leurs  traits  fortement  caractérisés ,  leurs 
cheveux  noirs,  leur  teint  brun  et  co- 
loré, leur  corps  droit ,  nerveux,  leur  dé- 
marche vive ,  hardie ,  leurs  regards  assu- 
rés, la  force  de  leurs  muscles  et  l'agilité, 
la  souplesse  et  la  grâce  de  leurs  mouve- 
mens.  «  Courir,  sauter^  danser  comme 
un  Basque  y  »  sont  des  dictons  français 
dont  on  reconnaît  la  justesse  quand  on  a 
TU  les  peaples  auxquels  ils  s'appliquent. 
Aussi  leur  habiliement  est^il  conforme  à 
leurs  habitudes  actives.  Une  veste  ronde 
qui  descend  jusqu'aux  hanches,  rouge 
ou  brune ,  un  gilet  blanc ,  une  culotte  de 
même  couleur  en  été,  de  velours  noir  en 
hiver,  des  bas  blancs  et  des  jarretières 
rouges,  une  ceinture  également  rouge, 
on  mouchoir  de  soie  p  assé  négligemment 


autour  du  cou  et  attaché  plus  n^ligem- 
ment  encore  sur  la  poitrine  par  un  nœud- 
coulant,  les  cheveux  coupés  courts  sur 
le  devant  et  la  tête  couverte  d'un  béret 
bleu ,  tel  est  l'iiabillement  des  hommes. 
liCs  femmes  ont  un  fichu  blanc  ou  de 
couleur ,  artistement  noué  sur  leur  tète; 
leur  linge  ainsi  que  celui  des  hommes 
est  toujours  blanc,  et  ce  peuple  est  re- 
marquable par  sa  propreté,  du  moins  en 
France.  Les  Biscayens  le  sont  moins,  et 
leur  costume ,  qu'il  serait  trop  long  de 
décrire ,  diffère  de  celui  des  Basques  de 
France.  Noos  dirons  seulement  que  plu- 
sieurs portent  sur  la  tête  un  bonnet  en 
drap  (montera)y  d'autres  des  chapeaux 
à  grands  bords;  qu'ib  s'enveloppent  d'une 
sorte  de  couverture  ou  portent  une  veste 
à  manches  dégagées  et  tombantes ,  atta- 
chée de  côté  à  la  manière  des  Hongrois; 
qu'ils  ont  des  bottines  de  peau  de  bœuf 
non  tannée,  et  qu'au  lieu  de  bas  ils  s'enve- 
loppent souvent  les  jambes  avec  des  ban- 
des d'étoffes  de  laine  qu'ils  croisent. 

La  beauté  chez  les  femmes  n'est  pas 
rare  parmi  les  Basques,  et  est  encore  re- 
haussée par  une  démarche  droite^  leste, 
ferme  et  gracieuse.  Les  deux  sexes  y  jouis- 
sent d'une  liberté  de  commerce  qui  ne 
tourne  pas  au  profit  de  la  pudeur  publi- 
que. Nous  avons  vu  fréquemment  au  mi- 
lieu de  la  place  de  SaintJean-Pied-de-Port, 
les  jours  de  marché,  des  jeunes  gens  et 
des  jeunes  filles  au  milieu  de  la  place  et 
en  vue  de  tous,  non-seulement  s'embras- 
ser, mais  s'abandonner  à  des  caresses 
dont  on  aurait  eu  honte  partout  ailleurs, 
sans  que  personne  y  lit  la  moindre  atten- 
tion. D'après  ce  que  nous  apprend  un 
auteur  du  pays,  il  paraîtrait  qu'il  en  est 
de  même  chez  les  Basques  d'Espagne.  U 
nous  dit  que  les  filles  vierges  laissent 
tomber  leurs  dieveux  en  larges  tresses 
au  bout  desquelles  elles  attachent  un  ru- 
ban de  soie  de  couleur  ;  cellea  qui  avaient 
perdu  leur  virginité  couvraient  autrefois 
leur  tête  d'une  pagne  blanche  [saba- 
niUa),  mêlée  de  noir  et  de  vert;  mais 
actuellement  elles  mettent  des  pagnes  tou- 
tes blanches,  comme  les  femmes  mariées 
avec  lesquelles  elles  se  mêlent,  sans  dé- 
choir dans  l'estime  publique,  si  leur  con- 
duite est  bonne  et  si  elles  vivent  to«- 
jours  avec  l'homme  qui  les  a  séduijtes  p 


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6iâ 


pourvu  cependant  que  cet  hoknme  soit 
célibataire  ou  vetlF.  On  suppose  toujours 
(  ajouté  n(kre  aût&ur  )  que  la  fille  à  éié 
séduite  paV*  une  plronftfsàe  de  ihaHagé 
qui  se  réalisera  Mû  jour. 

Le  même  auteuk*  rapporte  qû4l  existé 
dhez  les  blscayenà  Mt  iïdûgé  éinguTiët*  : 
c'est  qu^auSsitôt  «ù'Une  TétiikH^  est  àc- 
couctiée  elle  éôrt  de  son  lit,  et  son  )nai*i 
s^y  couche  avec  Ventant  qui  Vient  de  âàt- 
tre.  bè  PaliWy  dans  ées  feCheIrches  sur 
les  Américains,  au  sUjétd^une  coutume 
semblable  qui  existé  chec  les  sauvages 
du  Nouveau-Monde,  alBn^e  qu'elle  est 
aussi  en  vigueur  dans  le  b^éàm.  Nous  nous 
sommes  assurés  que  cette  assertion  ekt 
inexacte  y  non-seulement  pour  lé  Béàm, 
mais  pour  toutes  les  |>rovincés  basques 
de  France.  I3*après  ce  que  dit  notre  au- 
teur biscayen,  il  paraîtrait  c^ue  de  l^auw, 
si  bardi  dans  ses  assertions,  a  sèuleméàt 
eu  le  tort  de  coiffondre  les  Basques  d'Es- 
pagne avec  ceux  dé  France. 

Le  iftasque  à  toutes  les  qualités  et  tous 
les  défauts  attàcUés  à  un  état  social  qUi 
participe  du  sauvtige  et  de  ITiomme  civi- 
lisé, n  est  fier,  impétueux,  se  raidissant 
contre  les  menaces  et  les  peines,  ennemi 
implacable,  ami  Édèle,  franc  et  sincère, 
superstitieux,  laborieux,  et  s'adônnant , 
les  jours  de  fêtes  et  de  repos,  aux  plaisirs 
avec  emportement.  Le  jeu  de  paume  fait 
ses  délices,  et  sa  plus  grande  gloire  est 
d'y  exceller.  Ordinairement  la  d^se  siic- 
cède  a  ta  paume  :  un  ménétrier  frappe 
avec  utie  baguette  tes  cordés  d^un  instru- 
ment qui  figure  une  lon^e  caisse  percée 
de  trous,  et  de  l'autre 'main  il  dirige  les 
sona  d^un  fifre  aigu.  (Cette  musique  sau- 
vage met  tout  en  mouvement  :  les  liom- 
mes,  brandissant  leurs  bâtons  et  poussaàt 
des  cris  joyeux ,  exécutent  en  cadence 
le  pas  basque ,  datase  vive  et  singiilière  ; 
les  fenHnes  se  livrent  ailleurs  au  même 
amusement)  mais  avec  moins  d'ardeur  et 
des  mouvemens  moins  vioJens;  ensuite  les 
deux  sexes  se  réunissent  et  forment  ensem- 
ble une  autre  danse  en  rond,  plus  grave , 
plus  mesurée,  plus  monotone,  ijuelques- 
uns  de  ceux  qui  mènent  la  danse  ont  en 
main  «les  castagnettes  qu'ils  agitenît  et 
font  clac^er,  ou  ils  frappent  cette  espèce 
de  tambour  qu'on  nomme  tambour  de 
basque. 


(  ils  )  ÈAS 

Les  fiasqties  sont  bravM  et  pl^ipHa  à 
supposer  toutes  hss  fatiguai  de  là  pxeM; 
Mais  ilà  s'assujétiê^nt  difftcitentent  1  là 
discipline  et  &  là  màtitisdvt^.  £n  tempk 
dé  t>ait  ih  dësé^t:éMt  fatïWifaébt  «t  lrc%a- 
gnenttéutrs  montàgn'é§;  (là  tte  Aéuvëni 
%ê  té^ôtiâtt  i  Se  ÏMi'e  tiUe  piitA^éh^à- 
gère  à  celle  qui  les  a  vus  naître ,  lïl  !tèrpte«lr 
a  des  Usages  diftiéî'énb  ae  bëùi  àuiquela 
Tts  Oht  é«6  àccOUtUin^  flèfs  ll^  êbfbU». 
ICépendàât  i\$  àimè'nt  K  entl^ep^réndf e  deb 
tôya^eft  toi/ifams,  et  1^  tilAiCalns  de  là 
Iftiscaye  et  ^iultfbéûrd  ^i  sbftk  pt^  de» 
c6tés  se  sOtat  àistîngùéà  pa)r  ^êùH  tMTvi- 
gàtiobS  bàrdies.  ï'ourtàbt  '6*ést  \  loft 
()U*ôb  a  avancé  qUé  ces  dehitéri  levalexà 
ëohmi'ehcé,  hvant  tous  lés  àliitTes  pèftplCk 
de  rïurope,  a  attaquer  labàtéîne.  Il  ei^ 
prouvé  par  te  "jférîple  d*Olher'ï?t  »«•  plti- 
sietirs  anciennes  Saga,  que  lëi  Basques 
ont  été,  dans  les  mers  du  nOrd ,  p^éCéd4s 


à  cet  égard  par  les  t^orfé^îens  qui,  â&i 
le  kîi*  siècle,  savaient  déjà  dfstîtiguer 
vingt-trois  espèces  dé  grands  c^tàoès  p^j* 
àe$  noms  dïffiretis.  > 

Lés  Basques  se  séparent  de  Wùs  tes 
peuples  qui  les  environnent  pài*  dés  ^- 
'bitudes  et  des  coutumes  particulières , 
'mais  qui  sont  moins  singiilièrés  en<5ére' 
que  leur  langue.  Cette  langue  nV  rien 
de  commun  avec  lés  kngues  des  paya 
circonvoisins ,  ni  avec  aucune  langue  eu^ 
ropéenne ,  ni  avec  ^ilcune  antre  langue 
du  inonde  parmi  celles  ^e  l'on  coosalt. 
tJn  phénomène  aussi  extraofWnaire, 
mais  non  pas  unique,  même  enEaropc^ 
a  exercé  ta  critique  et  fimagfoatron  des 
savans,  et  exalté  TargueiT  de  ceux  cki 
pays.  On  à  clone  beancoifp  dijsserté;  on 
a  écrit  dfe  grOS  vtflumes  sut  fHIphabèt 
primitif  ïfûn  peuple  qui  n'eut  jamate 
d'alpbàbet;  SUr  Tftistoirè  d'une  nation 
qui  est  dépOtirvue  de  monumens  historî- 
ques  et  chez  ]aquéf(e  n*txtste  aucune tra* 
dition;  sur  les  immenses  conquêtes  ât 
ces  belliqueux  montagnards,  ^i'ne  ée 
sont  répandus  Un  Tnstant  d^Us  léâ  plaines, 
que  pour  donner  leur  nom  iQi  pays  qu^ 
avaient  dévasté  et  ^te  bientôt  refoùlëb 
dans  leurs  montagnes.  Au  défaut  de  do- 
cumens  certains,  et  teéme  de  Hctlous 
popi/laires  dont  on  mtinquait,  on  s^eit 
lancé  sans  critique  et  sa^is  mesure  dans 
le  cbamp  tautastiquiè  des  étymologies , 


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BAS 

OÙ  appardissenl  des  lueurs  qui  comme 
ces  feux  t'ollels,  brillent  dans  une  loin- 
taine obscurité,  et  disparaissent  aussitôt 
pour  vous  plonger  de  nouveau  dans 
des  ténèbres  plus  épaisses,  pour  vous 
conduire  dans  un  obscur  abîme  où 
la  raison  s*égare  à  mesure  que  Ton  s'y 
enfonce. 

Au  moyen  des  racines  de  certains 
mots  basques  qui  dans  une  langue  si  peu 
connue  se  prélent  merveilleusement  à 
toutes  les  transmutations  qu'on  a  besoin 
^e  leur  faire  subir  et  aux  significations 
^u'on  veut  leur  donner,  on  a  établi  que 
.presque  tous  les  noms  géographiques  de 
l'Ëpagne  ou  de  l'Ibérie  étaient  des  noms 
basques.  Donc,  a-t-on  dit,  le  basque  a 
iété  la  langue  universelle  de  l'Ibérie  ou 
<ie  l'Espagne  ;  donc  les  Basques  sont  les 
peuples  primitifs  de  toute  l'Espagne; 
'donc  ce  sont  les  vrais  Ibériens.  Lesibé- 
riens  sont  originaires  de  Tlbérie,  du 
42aucasc,  pays  proche  de  l'Arménie,  où 
est  le  mont  Ararat,  où  s'arrêta  l'arche 
de  Noé;  donc  les  Basques  sont  les  des- 
cendans  de  Noé  et  de  sa  famille  ;  c'est 
la  plus  ancienne  nation  du  monde;  elle 
^\  iteodu  ses  conquêtes  en  Angleterre , 
da.^*  toute  l'Europe,  en  Chine  même, 
^l  (^^n  Amérique;  les  étymologies  des 
noms  ^Hasques  qu'on  trouve  dans  toutes 
ces  contrées  lé  prouvent  évidemmenL 
Voilà  un  système  pour  lequel  les  doctes 
basques  Larramendi,  Torrero ,  Zuniga , 
Asurlow,  Erro  ItztueU,  Ilhare  de  Bidas- 
souet,  et  quelques  autres,  ont  composé 
des  volumes  dont  les  titres  *euls  tien- 
draient ici  trop  de  place. 

Sur  la  foi  de  leur  trompeuse  érudition 
et  de  leur  périlleuse  assertion ,  le  savant 
M.  Guillaume  de  Humboldt,  dans  un 
ouvrage  publié  en  allemand  ^  en  1821, 
intitulé  :  Recherch^  sur  les  habitons 
primitifs  de  V  Espagne^  démontrées  par 
la  langue  basque,  s*est  efforcé  d'étayer 
-ce  système  par  sa  sagacité  et  sa  grande 
érudition,  mais  en  le  réduisant  à  des 
l>ases  moins  larges  et  plus  vraisembla- 
Jales.  Selon  lui,  il  est  évident  que  le  lan- 
^ge  des  Basques  est  le  même  que  celui 
des  anciens  Ibériens  qui  ont  possédé 
toute  l'Espagne;  mais  les  Celles,  race 
essentiellement  différente,  dans  les  Pyré- 
nées et  sur  la  côte  piéridionale,  habitaient 


(116)  BAS 

aussi  ribérie;  ces  deux  peuples  mélangés 
se  sont  étendus  au  nord  dans  les  parties 
méridionales  de  la  Gaule ,  et  même  d'Al- 
bion ou  de  l'Angleterre  ,  et  dans  les 
plus  grandes  Iles  de  la  Méditerranée  ;  il 
est  douteux  que  les  peuples  primitifs  de 
l'Italie  appartiennent  à  cette  souche. 
M.  de  Humboldt  incline  à  le  croire  ; 
mais  les  Calédoniens,  et  sans  doute 
aussi  lés  habitans  de  la  principauté  de 
Galles  et  de  la  Bretagne ,  ou  de  l'extré- 
mité nord-ouest,  sont  d'origine  celtique 
pure.  Les  langues  ibériennes  ou  basques, 
celtique  et  punique ,  étaient  différentes. 
C'est  en  vain,  avoue  M.  de  Humboldt, 
que  sur  les  exergues  de  certaines  mé- 
dailles, les  inscriptions  sur  pierre  et  sur 
les  vases  de  terre,  on  a  prétendu  retrou- 
ver l'ancien  alphabet  des  Basques  ou  des 
Celtibériens,  ou  le  rattacher  à  celui  des 
Grecs  et  des  Phéniciens.  Les  discussions 
savantes  des  Velasquez,  des  Lastanosa  , 
des  Florez,  des  Erro,  des  Sestini,  des 
Valcarcel  et  autres,  sur  ce  sujet,  n'ont 
jusqu'ici  rien  éclairci ,  et  il  faut  s'en  te- 
nir aux  déductions  que  peuvent  nous 
fournir  les  étyinologies  des  noms  géogra- 
phiques. Le  système  de  M.  Guillaume  de 
Humboldt  n'^  point  satisfait  un  de  nos 
plus  savans  antiquaires,  celui  de  tous 
qui  connaît  le  mieux  les  monumens  an- 
ciens et  l'histoire  de  nos  provinces  mé- 
ridionales, M.  Du  Mège:  ce  dernier  pen- 
se, avec  un  savant  Espagnol,  M.  Cura 
de  Montuenga,  que  les  Eskaldounac  sont 
les  restes  de  quelques-uns  de  ces  peuples 
qui  envahirent  l'Empire  romain  sous  le 
règne  de  Probus,  ou  les  restes  de  ces  tri- 
bus dont  parle  Paul  Diacre ,  et  auxquel- 
les, au  temps  d'Honorius,  on  confia  la 
garde  de  l'entrée  des  Pyrénées.  Mais  c'est 
là  expliquer  une  difficulté  par  une  au- 
tre; quels  étaient  ces  peuples,  ces  tribus 
avant  leur  émigration,  et  à  quelle  souche, 
à  quelle  race  appartenaient  -  ils  ?  quelle 
était  leur  langue?  où^n  trouve-t-on  des 
vestiges  ? 

Après  tant  de  suppositions  il  y  a  une 
explication  de  l'origine  des  nations  bas- 
ques qui  ressort  de  l'histoire  et  des  au- 
teurs anciens, mais  qui  a  cet  inconvénient 
pour  convaincre  les  érudits  qu'elle  est 
simple,  naturelle,  et  qu'elle  admet  une 
démonstration  facile. 


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BA^  (1 

Strabon  et  tous  les  antears  anciens 
Dous  apprennent  que  Flbérie  se  trouvait 
partagée  enti*e  un  grand  nombre  de  peu- 
ples différens,  parlant  des  langues  diffé- 
rentes, et  il  en  est  toujours  ainsi  chez  les 
peuples  non  civilisés.  Il  y  a  en  Amérique 
des  langues  qui  ne  sont  parlées  que  par 
mille  individus,  et  souvent  moins,  for- 
mant une  nation  distincte  par  ses  carac- 
tères physiques ,  et  dont  le  langage  n*a 
point  d'analogie  avec  aucun  autre,  et  n'est 
point  entendu  par  les  tribus  qui  Tenvi- 
ronoent.  Les  auteurs  anciens  concou- 
rent tous  aussi  à  placer,  parmi  les  peu- 
ples de  ribérie,  les  Cantabres  dans  la  Bis- 
caye ,  dans  les  provioces  de  Guipuscoa 
etd*Alava,  et  les  Fascones,  dans  la  Haute- 
Navarre,  autour  de  Pampelune.  Ainsi 
donc,  les  Vascos,  ou  Bascos,  ou  Basques, 
doivent  être  considérés  comme  les  anciens 
Vascones  qui  se  sont  perpétués  avec  leur 
langue  dans  les  vallées  qu'ils  ont  tou- 
jours habitées;et,  voisins  des  Cantabres,  ils 
ont  pu  avoir  la  même  origine  ou  en  être 
ane  simple'tribu,  comme  les  Francs,  par- 
mi les  nations  germaniques  :  ceci  expli- 
que bien  l'origine  et  l'existence  des  Bas- 
ques au  midi  des  Pyrénées  et  en  Espagne, 
mais  non  celle  de  cette  même  nation  au 
nord  des  Pyrénées  et  dans  la  Gaule.  Là , 
les  auteurs  anciens  ne  nous  placent  point 
les  F'usconeSy  mais  les  Tarbelli ,  les  Sy- 
hiUates ,  les  Osquîdates,  Faudra-t-il,  à 
l'exemple  des  fabricateurs  de  système, 
rendre  par  une  conjecture  les  Vascones 
ou  Basques  espagnols  conquérans  des  pro- 
vinces basques  françaises,  et  les  y  établir 
de  notre  autorité  privée?  Nullement.  C'est 
l'histoire  qui  se  chargera  encore  de  ce 
soin.  L'histoire  nous  apprendra  comment 
ce  changement  s'est  fait ,  à  quelle  époque 
cette  conquête  a  eu  lieu.  L'histoire  nous 
dit  que  dans  le  ti*  siècle ,  les  Vascones ^ 
venus  d'au-delà  des  Monts-Pyrénéens,  se 
répandirent  dans  toute  la  Novempopula- 
nie  et  s'emparèrent  de  tout  le  pays  com- 
pris entre  la  cime  des  Pyrénées  et  la  rive 
gauche  de  la  Garonne.  Austrovalde,  qui 
avait  succédé  à  Didier  dans  le  duché  de 
Toulouse,  marcha  contre  les  Vascones  ; 
ils  se  retirèrent  avec  leur  butin  et  leurs 
prisonniers  sans  qu' Austrovalde  pût  les 
atteindre,  sans  qu'il  osât  les  suivre  jusque 
dans  lea  vallées  de  la  Soûle,  de  la  Basse* 


17  )  BAS 

Navarre  et  du  Labourd,  où  ils  s'établi" 
rent,  après  avoir  expulsé  les  tribus  qui 
s'y  trouvaient.  Le  souvenir  de  leur  dés- 
astreuse domination  dans  une  partie  de 
la  Novempopulanie  lui  Bt  le  nom  de  Vas^ 
conia,  Gascogne,  qu'elle  a  retenue;  quant 
à  eux ,  ils  ont  conservé  le  nom  antique 
que  leur  donnaient  les  anciens  avec  peu 
d'altération,  nom  qui  ne  diffère  pas  beau- 
coup dans  sa  racine  asA  ou  es  A,  de  celui 
qu'ils  se  donnent  eux-mêmes  (  don  Vin- 
cent de  Lloris  écrit  hascouara  pour  le 
nom  de  la  langue,  ce  qui  se  rapproche 
encore  plus  de  Vasconia  ).  Le  besoin 
d'abréger  nous  force  à  supprimer  les  ré- 
ponses aux  faibles  objections  qu'on  a  fai- 
tes contre  cette  opinion. 

De  tous  les  dialectes  basques  espa- 
gnols ,  celui  que  les  Basques  de  France 
comprennent  le  moins  c'est  le  biscayen , 
parce  que  c'est  le  dialecte  des  anciens 
Cantabres,  tandis  que  la  langue  des  bas- 
ques français  est  celui  des  Vasques  ou 
Vascons  proprement  dits.  Quant  au  gas- 
con, ou  le  patois  qu'on  parte  en  Gasco- 
gne ,  on  sait  très  bien  que  c'est  un  dia- 
lecte latin  ,  comme  le  béarnais ,  le  pro- 
vençal, ainsi  que  toutes  les  langues  et 
presque  tous  les  dialectes  des  parties  oc- 
cidentales et  méridionales  de  l'Europe. 
Depuis  long-temps  séparés  et  placés  sous 
des  gouvernemens  différens,  les  Basques 
espagnols  et  les  Basques  français,  malgré 
la  communauté  de  leur  origine  et  de  leur 
langage,  sont  ennemis  et  se  détestent;  ils 
se  livrent  fréquemment  des  combats 
pour  la  possession  de  leurs  montagnes , 
et  de  leurs  pâturages  dont  les  limites 
sont  mal  déterminées.  Les  uns  et  les 
autres  sont,  ainsi  que  nous  l'avons  dit, 
dépourvus  de  toute  tradition.  Ce  furent 
les  Vascones  de  l'Espagne ,  qui  dans  la 
vallée  de  Roncevaux,  non  loin  de  Pam- 
pelune ,  assaillirent  et  détruisirent  l'ar- 
rière-garde  de  l'armée  de  Charlemagne 
qui  violait,  les  armes  à  la  main,  l'indépen- 
dance de  leur  territoire  ;  mais  les  fables 
nombreuses  auxquelles  cet  événement  a 
donné  lieu  ne  sont  pas  même  nées  parmi 
eux ,  et  la  scène  en  a  été  transportée  ail* 
leurs.  Dans  les  jours  de  fêle  et  dans  leurs 
momens  de  gai  té  les  Basques  improvisent 
^n  leur  langue  quelques  petites  chansons 
satiriques,  mais  aucune  n'a  mérité  d'être 


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BAS 

la  qatipi^  i)as()i|%  fpit  en  ^pagoe^  soit  ep 
Frtqcç^il  fl'f  wîç  4^  ▼fsligÇ  4'"n«  !»U^ 
ri4ur«i  qui  ^qit  jprpp.^f?  i^  ce  peuple  tr^ 

U  l«Q|n«  l>*sjg|H?  çn^piême,  après 
t^llt  4c  WY^i)^  ^its,  e§^  ençqre  jfeu  con- 
ime;  ce  qop  Iç  wv^wt  -^de|ung  en  avait 
di|  4aii»  ^  ton^e  H  4e  spn  l^ithri4aie^ 
éi\^\,  iffms^  4ap{^  te.  vpi?^^qUires ,  gram- 
iqairie^  ç«l  4iç(iQPaairç^  d*^''^^^^  ^^  ^°f~ 
çi,  t547j  4'QïhpPm,  ^P39,  et  de  Lar- 
irftf«e,ndS,^,  \r%^\  4»  w^iwci  ?P  1729; 
d^  mê^ne,  ^n  1 74^^;^  4'Ordo^nes,  de  Lloris, 
en  iti42,  eç  4*iRf^frte^  e»  1641,  Herv^j 
et  çep^nda|i(  A4el«9g  f  wqftWÎs  tapt 
d'inexactitudes,  ^çloo  ]ML.  Q.  4ç  lllun- 
bQ|4t>  ÇIH^  ççll»«-ci  CP«^  deYPir  faire  pa- 
raître, f^  |817.  I  Berljny  i^ne  brochqre 
e<i  alleiQaiid  îpW^l^«  \  J^çç^ficmions  et 
ç4^itjon^  (i  là  prepi^ière  sec^ofi  </« 
dçi^wm^  Voh^r^  4u  Mi(fwidata4i  SHT 

ËikngH^  cand^KÇ  fl«f  b<^que.  Ia  meil- 
.  lire  çrf nwnajrc  b?^<W^  ^^  ^^^'^  <l®  ^• 
Vtfi^mf  qw  PWWI  i  TowlPP3e  en  1 8?6, 
ijï-§^  \  L'Miteur  y  a  jpiol  un  YPwM^lrÇ 
frapç4iA-l)f»que  çt  ba^qqe-françaisi  pi^ia 

prix  foa4«  paf  M.  ^e  Volney,  M.  d^Ari^igot,  nç- 
èoae  daas  sa  préhce  toas  ceux  aoi  ont  écrit  des 
mmmmtkiMm  d«  la  Im^  ^«fqM,  #  a^tana^Mt 
k  fi^mier,  4f  fVi^  Ui»«4  f|pr«r  p«f  !«•  Éié^In», 

di^s  |%twe^  |rcci|fle»,,  hébrajauc^  Par-là,  il?  qpt 
été  cpD^uits  a  prendre  one  iofinité  de  uoms  pour 
aataot  de  ▼etbea;  ils  oot  micoana  ausai  la  êjn- 
Uzn  de  la  bngM  basqao.  s  On  ifl)«nia»  dit 
n  ¥•  «l'4f«%>»  t  ^^^,^f  mfwWMJreB^^^  atod^é 
«  eu  lu}-|néine,  et  traite  sur  un  plan  qui  u^est  çe- 
«  fûi  <t*aacan  aotre  ».  tl  tant  donc  aTûîr  recours, 
fm  l«'baa^«  fraaçaia,  k  la  G^mmatm  bm$qm^ 
ptr  m,  Vtdtmi  Toalonff ,  i9a^  iM"";  «  f^lUi 

f^roAce^fx  composta  FranetM ,  etc.  MM.  Barri^t  j, 
Botari  errefalac;  Bayonan^  174'  •  In-ts.  Le  Ita- 
■^•1 4â  IC  |.'t€lMa«,  {a  Oiaaîvair»  d'fltfriet  •• 
tf^o^ipflot  par  f  n  «liaiiottï^irf  ofk#fi«ff|  ««  frap» 
SU»*.  «»  f[W««  Ç^  «ï^^PP^ra. 

Pour  le  D^iaqnç  espagnol,  il  fant  eonsnitçr 
UvMlMdi,  doat  la'^miaaiN  «al  fulMiMa. 

(a^^Vif  ft^namii^i  i^flww^cf ,  f72ft.  i|h8^, 
et  non  grand  dictionnfire  intUule  :  Dieciçnario 
^Hhgmkdêi  Onstellano,  BoMmentt  tt  Imtin,  a  toI. 
iiUbl.  h'HUtoim  fé^rafe  d*  la  moÊioa  Ut^ua, 
MF  M  «^«#Uw  4e  «^If ,  ivi#%«afv|t&  ^  t^q»ipf 
p^^  i|n  fmD\p  roçéh^Uir^  coBpa|«  ^e%  dialecte* 
basqnes  dé  France,  dç  GoiDÛxiïoa  et  d*ÀlaVa,  et 
%m  Édémea  nota  tMvresfoodaDa  en  grec,  hébreo, 
italM« ,  %aafaii ,  fapagp»! ,  fmgkifi ,  pola—ii  «t 


{m)  BA* 

216  paçes^  çst  i^suf^sant.  L'auteur  avait 
apnonc'éun  gran4  dictionnaire  de  la  lan- 
gue basque ,  f  ignore  s'il  s^  paru.  Le  plus 
ancien  livre  imp^rimé  en  langue  basque 
est  un  TiTouveau-Testament  que  Jeanne 
d'Albret,  dans  son  zèle  pour  les' progrès 
4e  la  reb'gioi^  protestante,  fit  mettre  sous 
presse  à  La  Rochelle  ealôTl.Larramendi 
donne  lalistç  d'environ  10  volumes  im- 
primés en  basque,  in-8^  etin-12;  ce 
Stont  tous  des  livres  ascétiques,  des  ca- 
téchisme^ ou  dçs  captiqMea  spirituels. 
"M,,  L'Écluse  a  ajouté  i^  cette  Ijste  la  notice 
de  4  ou  ^  autres  voluipes  qui  ^ont  encore 
des  livres  de  dévotioi^;  enfîp  je  pourrais 
peut-être  donner  les  titres  de  3  ou  4  au- 
tre;^  livres  de  méiçe  genre  qu'il  n'a  pas 
connus  ,^  entre  i|utres  d'i^qe  Imitation  de 
Jésns-Chrîst,  imprimée  à  Pau  en  1767. 
De  sorte  que  toute  la  littérature  que 
j>ppellerai  r^p^a/'Ai^M^  des  basques 
nç  vap{^  à  plus  4e  2$  volumes,  la  plu- 

Cmôn^e  imprimés  l^ors  de  leur  pays,  à 
eau](,  à  Pau,  à  Toulouse.  Je  crois 
que»  grâce  au  zèle  des  n^issiopnaires,  la 
littérature  des  sauvages  Otahitiens  dans 
U  mer  dii  Sud,  en  livres  imprimés  à 
Qtahiti  même  en  la^^ue  ptabitienne,  est 
i  ^hç^re  o{^  j'écris  p)i|s  nché  et  plus 
npi^ibreuse.  {1  ei^iste  deiiy  histoires  des 
notions  basques,  l'Mue  eu  espagnol  et 
imprimée  (Auch  1818)^  l'autre  en  fraq- 
oai^  et  ^laouscrite;  celle-ci  était  inçonaua 
a  tous  les  littér^teifrs  avant  qtie  noua 
l'eussipna  4é^ouYer(e.  Tout^  deux  sont 
écrites  p?ur  des  Q^ues,  la  première 
es^  d'un  Basqpe  ^pagf^ol  nomqné  ^ur  le 
titpe  D.  J«  A«  df  ^vpi^roU  (ZamacoU 
Ç9t  ^^  pom  4e  lieu).  C^^te  histoire 
e9(  ^rès  ipédiocrç  poi^r  bi  \^x\x^  histori- 
q|9^y  mi^f  puri^se  par  les  descriptions 
de  la  Çi^ç^yf  9  de  Guipi:^3cpa  et  4'Â|«^Ya. 
V  histoire  génférçie  des  ^q^t^çs  en  fran- 
çnis  et  miiu^uscrite  est  biep  siméripure, 
même  poiMT  la  p^e  espagnole,  a  celle  de 
i).  f,  A,  de  Zawpola-  Elle  «t  l'opvr^e 
4f  30  %p^  de  recherches  et  de  vojf^ea 
pp(repris  4^109  ee  seul  but  piir  le  cheva- 
lier 4e  Çéû,  (|ui  çi^  I742>  fu|  le  créateur 
du  régim^n(  d^  Èoyal  «- Cant^Jirfs.  J'ai 
dopjié  upe  idéf  ^e  cet  puvrage  remar- 
quable à  IVMclp  J^^l^  4u  ^ifppléipent 
de  la  Bio^^f^e  tmiverseUe  4p  If.  Mi- 
chaud.C'eat  a  nprès  h»  rechi^rche^  de  JBéb 


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BAS 

qa*&  été  composé  l'ouvraffe  imprimé  in* 
Ululé  Essai  sur  la  noblesse  des  Bas- 
queSfpour  servir  d^introduction  à  l'his- 
toire générale  de  ces  peuples,  rédigé 
sur  les  Mémoires  d'un  m  ilitaire  basque. 
Cet  essai  est  du  béoédictii^  Sanadon^  mort 
évéque  coostitutionnel  de  Lescar.  L'au- 
teur soutient  que,  les  Basques  Q*ayaDt  ja- 
mais été  conquis,  leurs  personnes  et  leurs 
biens  n'ayant  jamais  été  inféodés,  tou- 
tes leurs  terres  sont  ailodiales,  leurs  per- 
sonnes libres,  qu'en  un  mot  ib  sont  tous 
Dobles  par  le  seul  fait  de  leur  naissance, 
et  exempts  des  taxes  auxquelles  les  biens 
roturiers  et  les  roturiers  étaient  soumis. 
Leurs  prétentions  à  cet  égard  sont  fon- 
dées, et  ils  les  ont  soutenues  dans  tous  les 
temps;  elles  ont  plusieurs  fois  été  recon- 
nues légitimes  par  les  rois  de  France  : 
c'est  ce  qui  les  rend  si  rebelles  aux  lois 
du  fisc  et  à  l'administration  ,  d'où  il 
résulte  que  si  les  savans  se  plaisent  à 
étudier  la  langue  et  la  nationalité  des 
Basques,  le  gouvernement  a  un  fort  in- 
térêt à  détruire  Vune  et  Pautre  :  ce 
qui  pourrait  s'effectuer  en  établissant 
un  collège  à  Mauléon,  et  un  aqtre  à 
Saint- Jean-Pied-de-Port  ;  en  n'impri- 
mant des  livres  basques  qu'avec  des  tra- 
ductions françaises^  en  facilitant  l'étude 
du  français  par  tous  les  moyens  possi- 
bles; en  donnant  des  encouragemens  aux 
Béarnais,  aux  Pascons  pour  aller  s'éta- 
blir dans  les  pays  basques,  et  aux  Bas- 
ques pour  se  transplanter  en  Béam  et 
dans  d'autres  provinces  de  France.  W-e. 
BAS-RELIEF  (beaux-arts),  ouvrage 
de  sculpture  en  bois,  en  pierre,  en  mar- 
bre, en  terre  cuite  y  en  métal,  dont  les 
figures  saillent  plus  ou  moins  sur  le  fond, 
ou  cbampy  dont  elles  ont  été  ou  sont  cen- 
sées avoir  été  tirées.  C!e  saillant,  selon 
qu'il  est  plus  ou  moins  considérable, 
donne  un  nom  différent  à  l'ouvrage.  On 
appelle  bas-relie/ celui  qui  fait  voir  les 
figurées  comme  aplaties  sur  U  table  ou 
le  mur  qui  leur  sert  de  cbamp^  demi' 
bosse  on  demi-relief  celui  dont  les  fi- 
gures sortent  du  fond  de  la  moitié  de  leur 
épaisseur;  enfin  il  est  de  haut-relief  ii 
tes  figures  sont  de  plein  relief  et  peu  ou 
pas  adhérentes  au  fond.  On  donne  en- 
core le  nom  de  méplats  aux  ouvrages 
ioni  la  sailUe  est  extrêmement  légère. 


(119)  BAS 

Le  nom  générique  de  bas-^lief  Bort  à 
désigner  tout  ouvrage  de  sculpture  ap- 
pliqué sur  un  fond,  que  les  figures  soient 
en  saillies  ou  arrazées,  ou  seulement  tra- 
cées par  un  sillon,  comme  on  en  Yoit  sur 
beaucoup  de  monumens  de  l'Egypte  et  de 
la  Nubie. 

Les  bas-reliefs  étant  le  plus  souvent 
employés  à  la  décoration  des  monumens 
d'architecture,  on  les  exécute  ordinaire- 
ment sur  des  tables  ou  blocs  isolés  qui 
s'appliquent  ensuite  suV  le  nu  du  mur, 
s'y  incrustent,  l'affleurent,  ou  bien  le 
pénètrent  profondément  Ceux  qui  sont 
sculptés  sur  un  vase,  UQe  colonne,  les 
panneaux  d'une  porte ,  les  lambris  d'un 
appartement  ne  doivent  offrir  ni  fortes 
saillies,  ni  plans  multipliés,  non  plus  que 
ceux  qui  sont  destina  à  être  appliqués 
sur  un  mur:  les  uns  feraient  croire  à  l'oeil 
que  le  champ  du  vase,  du  panneau  est 
percé  ou  a  perdu  sa  solidité,  les  autres 
nuiraient  à  rharmonie  des  lienes  archi- 
tecturales. Les  (routons  seuls  des  temples, 
qui  offrent  de  la  profondeur  et  de  l'é- 
tendue, paraissent  comporter  les  ouvra- 
ges à  plusieurs  plans  et  à  forte  ^i|lie, 
qui  demandent  à  être  vus  à  de  grades 
distances  et,  embrassés  d'un  même  coup 
d'œil.  Jamais,  dans  les  fronton^  les  figu- 
res des  premiers  plans  ne  doivent  dé- 
passe^ l'aplomb  4u  inembre  principal 
de  la  corniche. 

Les  anciens,  et  leurs  disciples  chez  les 
modernes,  n'ont  ordinairement  établi 
qu'un  plan  dans  leurs  bas-reliefs.  Bipre- 
ment  ils  en  ont  admis  deux ,  ^t  plus  ra- 
rement encore  un  troisième.  Les  essais 
plus  ou  moins  heureux  de  Bem|n,  d'Al- 
garde,  de  Pujet,d'An^eloRossi,pour  re- 
culer, comme  ils  avaient  la  prétention  de 
le  faire,  les  limites  de  leur  art,  en  com- 
posant des  ouvrages  à  plans  indé^nis, 
ont  seulement  prouvé  coinbien  les  an- 
ciens avaient  été  sages  en  s^at>sten^t  de 
placer  dans  leurs  bas-reliefs  des  plans 
trop  prononcés  et  trop  multipliés,  et  même 
des  groupes  nombreux.  La  sciUpture  e^ 
la  peinture,  comme  la  musique  ^  |a  poé- 
sie, ont  chacune  un  domaine  propre  dont 
elles  ne  doivent  pas  sortir;  et  vouloir 
composer  ui^  bas-relief  comm^  on  comr- 
pose  un  tableau,  sera  tot^ours  une  aber* 
ration.  Privé  du  prestige  de  la  cçuleur. 


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BAS 


(120) 


BAS 


comment  le  sculpteur  arrivera-t-il  à  un 
effet  exact  de  perspective?  Les  figures  de 
ses  premiers  plans  cesseront- elles  de 
porter  ombr^^nr  celles  des  seconds  e^ 
troisièmes  pl^os,  lorsque,  comme  cela 
se  présente  si  souvent,  un  jour  glissant 
éclairera  l'ouvrage?  Mais  si  les  figures 
reçoivent  la  lumière  ou  de  front,  ou  en 
plein,  ou  de  loin,  et  si  cette  lumière  est 
mobile  comme  celle  qui  éclaire  les  fron* 
tons  des  temples ,  quelles  nombreuses 
combinaisons  ne  faudra-t-il  pas  que  le 
sculpteur  tente,  non  pour  atteindre  l'il- 
lusion, cela  est  impossible,  mais  pour 
parer  seulement  aux  ombres  défavora- 
bles, au  papiUottage  des  draperies,  aux 
reflets  disgracieux,  et  peut-être  pour  évi- 
ter la  confusion  !  Pour  le  sculpteur  qui 
tentera  d'introduire  des  groupes  nom- 
breux et  des  plans  dégradés  dans  un  bas- 
relief,  le  grand  écueil  sera  toujours  d'ar- 
ranger sa  composition  de  manière  à  ce 
que  l'ombre  des  premières  figures  ne 
nuise  pas,  ne  mente  pas,  à  l'effet  qu'il 
aura  cherché.  La  sculpture  est  un  art 
plus  simple,  plus  austère  que  la  pein- 
ture. Les  petits  elliets  pittoresques  sont 
indignes  d'elle.  Dans  le  bas-relief  il  ne 
s'agit  pas  de  tromper  l'o&il  et  de  produire 
de  l'iRusion,  mais  d'exciter  des  senti- 
mens  nobles  par  la  représentation  de  su- 
jets graves  et  instructifs.  La  beauté,  la  coi^ 
rection  des  formes  et  des  contours,  la 
graçe,  l'expression  et  l'unité  de  la  com- 
position, doivent  donc,  avant  tout,  oc- 
cuper le  sculpteur. 

L'art  du  ba^-relief  proprement  dit, 
de  celui  qui  n'a  qu'une  faible  saillie,  con- 
siste à  faire  en  sorte  que  cette  saillie  soit 
lllus  apparente  qu'elle  n*e?t  réelle.  Un 
des  moyens  d'y  parvenir  est  de  donner 
à  chaque  plan  d'une  figure  une  valeur  re- 
lative, qui  soit  tellement  combinée  et  mé- 
nagée que  l'oeil  en  saisisse  facilement  les 
rapports.  Pour  donner  de  la  fermeté,  de  la 
candeur  à  leurs  figures  en  bas-relief,  les 
anciens  en  tenaient  élevée ,  on  pourrait 
dire  carrée,  l'extrémité  des  contours  sur  le 
plan  qui  leur  sert  de  fond.Cest  dans  ce  sys- 
tème que  sont  exécutés  les  bas-reliefs  des 
œils -de-bœuf  de  la  cour  du  Louvre ,  par  J. 
Goujon,  et  les  figures  de  la  fonuine  des 
Innocens,  du  même  sculpteur.  Soigneux 
«ussi  de  développer  le  plus  possible  leurs 


figures,  de  les  montrer  sous  leur  plus  bel 
aspect,  les  Grecs  ont  évité  les  raccourcis 
sur  la  longueur,  et  surtout  sur  les  membres 
vus  de  face  ou  de  trois  quarts.  Ils  les  ont 
le  plus  souvent  vêtues  de  draperies  légè- 
res, adhérentes  au  nu  dont  elles  laissent 
deviner  la  beauté;  et  lorsque  dans  des 
sujets  austères  ou  religieux  ils  ont  dû  les 
draper  d'étoffes  amples  et  pesantes,  tou- 
jours les  grandes  formes  de  ces  figures  se 
retrouvent  sous  les  plis  larges  et  fermes 
de  leur  ajustement.  Dans  leurs  bas-reliefs 
ils  nous  ont  montré  aussi  comment  on 
peut  se  servir  des  draperies  pour  éten- 
dre les  lumières  et  les  ombres,  lier  les 
groupes,  animer,  harmoniser  les  diffé- 
rentes parties  d'une  composition;  c'est 
enfin  par  leur  exemple  que  l'on  apprend 
à  donner  aux  bas-reliefs  un  caractère  et 
un  style  analogues  au  caractère  architec- 
tural ,  à  l'objet  du  monument  qu'ils  dé- 
corent L.  C.  S. 

BAS-RELIEF  (antiquités).  Les  bas- 
reliefs  ornent  les  édifices,  les  temples, 
les  arcs  de  triomphe,  les  colonnes,  les 
autels ,  les  sarcophages  ;  ils  sont  employés 
à  la  décoration  intérieure  et  extérieure. 

Les  bas-reliefs  antiques  conservent 
des  sujets  d'histoire  et  de  mythologie 
qui  nous  donnent  une  idée  des  composi- 
tions des  anciens  artistes  et  des  exem- 
ples de  leur  exécution  relativement  à  Tart. 
On  y  trouve  la  représentation  des  édifices, 
des  costumes ,  des  armes ,  des  meubles , 
des  ustensiles,  et  quelquefois  les  portraits 
des  personnages  célèbres,  des  généraux, 
des  empereurs. 

Les  bas  -  reliefs  sont  intéressans  dans 
l'étude  de  l'antiquité  figurée ,  parce  qu'ils 
nous  aident  à  déterminer  le  sujet  des  sta- 
tues isolées,  à  les  reconnaître  par  la  com- 
paraison, et  à  rétablir  les  attributs  qui 
leur  manquent;  ils  portent  quelquefois 
des  inscriptions  qui  nous  apprennent  les 
noms  des  personnages  qu'ils  représentent, 
ou  ceux  des  artistes  qui  les  ont  sculptés. 

Le  beau  bas -relief  de  V Apothéose 
d* Homère  ,  du  Musée  Pio-Clémentîn  , 
porte  les  noms  des  personnages  princi- 
paux de  cette  composition ,  et  celui  du 
sculpteur,  Archelaiis  de  Priène  ^JUs  d'A- 
pollonius, 

Les  bas-reliefs  sont  exécutés  en  terre^ 
en  pierre,  en  marbre ,  en  ivoire ,  et  «or 


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BAS 


tontes  sortes  de  métaux.  Les  pierres  gra- 
vées sont  des  bas-  reliefs  précieux,  faits 
sur  de  belles  et  riches  matières  ;  mais  ils 
forment  une  classe  à  part ,  ainsi  que  tous 
ceux  qui  ornent  les  vases  et  les  bijoux. 
Dans  rétude  de  l'antiquité ,  le  mot  bas- 
relief  s'entend  de  ceux  en  pierre ,  en 
marbre  et  en  terre  cuite,  et  on  applique 
à  Fart  de  les  fabriquer  le  nom  de  toreu- 
tique  (vojrSj,  dont  la  racine  est  ropcç  (to- 
res), clair,  distinct. 

Phidias,  selon  Pline,  fit  le  premier 
de  pareils  ouvrages  avec  succès;  Pol^- 
clète  les  perfectionna. 

Les  Égyptiens  donnaient  très  peu  de 
saillie  aux  figures  de  leurs  bas-reliefs,  et, 
pour  les  détacher  du  champ,  ils  se  con- 
tentaient d*en  creuser  les  contours.  Les 
obélisques  et  les  parois  des  murailles  de 
plusieurs  de  leurs  anciens  temples  nous 
offrent  cette  manière,  que  les  Grecs  imi- 
tèrent d'abord.  Dans  les  beaux  siècles  de 
la  sculpture,  les  Qrecs  creusèrent  un 
champ  proportionné  aux  figures;  mais 
ils  leur  donnèrent  toujours  peu  de  re- 
lief et  tinrent  les  figurés  séparées  les 
unes  des  autres  et  posées  sur  le  même 
plan.  On  a  avancé  que  les  anciens  ne 
connaissaient  pas  la  perspective  linéaire; 
mais  s'ils  n'en  ont  pas  fait  usage  dans  la 
sculpture,  c'est  qu'un  bas- relief  doit  être 
va  d'un  seul  point,  et  que ,  par  consé- 
quent, aucune  partie  n'en  doit  être  ca- 
chée par  une  autre.  F,  l'art,  précédent. 

Le  relief  aplati  s'observe  dans  les  figu- 
res de  la  frise  du  Parthénon  d'Athènes , 
construit,  au  temps  de  Périclès,  par  l'ar- 
chitecte Ictinus,  sous  la  direction^  de 
Phidias.  Si  l'on  eût  donné  à  ces  figures 
beaucoup  de  relief  ou  de  saillie ,  les  frises 
du  Parthénon  étant  fort  élevées ,  les  par- 
ties les  plus  voisines  de  l'œil  lui  eussent 
caché  les  parties  les  plus  éloi^ées. 

Dans  l'antiquité,  les  bas-reliefs  étaient 
souvent  peints  ou  coloriés  :  on  en  trouve 
des  exemples  dans  ceux  des  Égyptiens , 
des  Étrusques ,  des  Volsques  et  des  pre- 
miers peuples  de  la  Grande-Grèce;  quel- 
ques cabinets  en  conservent  des  fragmens. 
On  possède  au  cabinet  des  antiques 
de  France  quelques  bas-reliefs  de  terre 
cuite,  où  les  couleurs  paraissent  encore. 

Le  plus  ancien  artiste  en  bas  -  reliefs 
dselés  sur  les  vases  d'argent  serait  Alcon 


(  121  )  BAS 

de  Mylée,  en  Sicile,  si  l'on  en  croit  Ovide, 
qui  le  place  quelques  générations  avant 
la  guerre  de  Troie  ;  mais  la  ville  de  My- 
lée ne  fut  construite  que  plusieurs  siècles 
après  cette  époque.  La  description  du 
bouclier  d'Achille,  par  Homère ,  prouve 
que  l'art  d'exécuter  des  bas -reliefs  sur 
les  métaux  remonte  à  une  très  haute  an- 
tiquité. Le  coffre  de  Cypselus  est  un 
des  plus  anciens  monumens  de  la  sculp- 
ture grecque  dont  les  écrivains  anciens 
nous  aient  laissé  la  description.  Ce  coffre 
était  de  cèdre,  et  les  figures  étaient  d'or, 
d'ivoire,  ou  gravées  sur  le  cèdre  même. 
Pausanias  en  donne  la  description  dé- 
taillée et  cite  les  inscriptions  qui'  ac- 
compagnaient les  bas-reliefs.  Le  travail 
de  ce  coffre  célèbre  donne  donc  une  idée 
des  incrustations  dont  Phidias  fit  égale- 
ment usage  pour  la  statue  et  pour  le 
trône  de  son  Jupiter  Olympien.  Parmi 
les  bas-reliefs  exécutés  sur  des  métaux 
précieux  et  que  le  temps  n'a  pas  détruits, 
on  peut  citer  la  belle  coupe  d'or  du  ca- 
binet de  France,  trouvée  à  Rennes  en 
1774,  représentant  le  triomphe  de  Bac^ 
chus  sur  Hercule ,  et  publiée  par  Millin, 
dans  ses  Monumens  inédits;  lé  disque 
d'argent,  également  du  cabinet  de  France, 
qui  représente  Briséis  rendue  à  Achille , 
et  qui  a  long-temps  été  connu  sous  la  dé- 
nomination impropre  de  bouclier  de  Sci- 
pion. 

On  ne  peut  passer  sous  silence  ta  belle 
et  curieuse  découverte  faite  à  Berthou- 
ville,  près  de  Bernay,  en  mars  1830;  an 
nombre  des  objets  trouvés  étaient  vingt 
vases  d'argent  qui  portent  les  plus  beaux 
bas-reliefs,  repoussés  au  marteau,  aussi 
intéressans  pour  les  sujets  que  pour  l'exé- 
cution. La  coutume  de  colorier  les  bas-re- 
liefs se  retrouve  jusque  sur  ces  vases  de 
métal,  où  les  figures  conservent  la  couleur 
del'argentytandisquelesvêtemens  et  quel- 
ques détails  sont  dorés.  Ces  monumens, 
décrits  par  M.  Le  Prévost  (Caen,  1832  ) 
et  par  M.  Raoul-Rochette ,  dans  ,1e  four- 
nai  des  Savons,  août  1830,  sont  ex- 
posés dans  le  Cabinet  des  médailles  et 
antiques  de  la  bibliothèque  royale. 

Les  plus  beaux  et  les  plus  curieux  bas- 
reliefs  qui  ornent  les  musées  et  les  palais 
de  Rome  sont  gravés  et  expliqués  dans 
plusieurs  ouvrages  savans.  Je  citerai  entre 


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BAS 


(122) 


BAS 


autresleilftf^^^  Capitolin,\e  Musée  Pio 
Clementùi,  par  Vîscontî;  BassirigUevi 
nntichi  délia  villa  Albani ,  collection 
illustrée  par  Zoega.  Le  musée  de  France 
possède  une  très  grande  quantité  de  bas- 
reliefs  que  l'on  peut  y  admirer  et  dont 
on  trouve  la  description  dans  l'intéressan- 
te notice  de  ce  musée ,  rédigée  par  M.  de 
Clarâc,  et  la  représentation  dans  l'ou- 
vrage de  M.  Bouillon.  On  peut  suivre  et 
étudier  les  différens  styles  de  l'art,  à  ses 
diverses  époques,  dans  ces  belles  suites 
de  bas-reliefs.  D.  M. 

BAS-RHIN,  vo^.Rhiw. 
BASSANO  (bataille  de).  Pour- 
suivi en  Tyrol  et  vaincu  à  Roveredo, 
Wurmser^si  maltraité  depuis  l'ouverture 
de  la  campagne  de  l'Adige  (  vojr*  )>  se 
flattait  de  réparer  son  échec  en  se  por- 
tant avec  rapidité  vers  Vérone,  par  le  cir- 
cuit que  forme  la  Brenta»  et  en  venant 
ainsi  occuper  à  son  tour  la  ligne  de  l'A- 
dige. n  lui  semblait  aisé  d'envelopper  et 
de  couper  les  Français  s'ils  osaient  s'en- 
gager derrière  lui  dans  les  gorges  de  la 
Brenta;  telle  allait  être  pourtant  l'auda- 
cieuse entreprise  du  jeune  général  en 
chef  de  l'armée  républicaine.  Déjà,  avec 
les  30,000  hommes  qu'il  avait  ralliés, 
Wurmser  pouvait  être  parvenu  à  Bas- 
sano  (Lombardie),  lorsque  Bonaparte, 
laissant  à  Vaubois  la  garde  du  Tyrol,  se 
jette  encore  à  la  poursuite  du  vieux  feld- 
maréchal  avec  20,000  seulement  (6  sep- 
tembre 1796). 

Le  lendemain  l'armée  française  enlève 
le  défilé  de  Primolano,  défendu  par  une 
division  de  Wurmser  qu'elle  culbute  et 
à  laquelle  elle  fait  S,000  prisonniers. 
L'extrême  lassitude  de  ses  soldats ,  qui 
ont  fait  20  lieues  en  deux  jours,  oblige 
malgré  lui  Bonaparte  à  s'arrêter  à  Gs- 
mone;  mais  le  jour  suivant,  après  avoir 
pa^sé  sur  le  corps  de  6  bataillons  autri- 
chiens postés  dans  les  défilés  qui  ferment 
la  vallée  en  avant  de  Bassano ,  il  attaque 
et  force  les  divisions  Sebottendorf  et 
Quosdanowicb  qui  occupent  les  deux 
rives  de  la  Brenta ,  et  débouche  devant 
Bassano,  où  les  deux  têtes  de  colonnes 
de  l'armée  française  suivent  les  Autri- 
chiens, aUérés  et  comme  frappés  de  stu- 
λe|ir.  fjeurs  rangs  ^'étaient  débandés  à 
a  seule  approche  d'un  ennemi  qu'îU 


croyaient  arrêté  par  tant  d'obstacles  ;  ils 
ne  pouvaient  comprendre  qu'il  les  eût 
franchis  en  si  peu  de  temps.  Augereau , 
dont  la  division  avait  tenu  la  rive  gau- 
che, pénétra  d'abord  dans  Bassano  ;  il  fut 
aussitôt  suivi  par  Masséna  qui,  venant 
par  la  rive  opposée,  avait  eu  à  enlever 
un  nont  défendu  comme  celi;i  de  Lodi. 

Cette  marche  foudroyante  coupa  l'ar- 
mée autrichienne.  Quosdanovrich  fut  re- 
foulé avee  les  débris  de  sa  division  dans  le 
Frioul  ,  et  Wurmser,  rejeté  vers  l'Adige, 
eut  le  bonheur  de  trouver  un  passage 
pour  regagner  Mantoue  ;  il  Ip  devait  à  la 
faute  que  commit  le  chef  d'un  poste  di- 
rigé V£rs  Legnano  et  qui  n'arriva  pas  à 
temps  pour  le  garder. 

Lar  victoire  de  Bassano  valut  aux  Fran- 
çais la  prise  de  34  pièces  de  canon,  avec 
cinq  drapeaux,  et  au  moins  4,000  prison- 
niers. On  porte  à  200  le  nombre  desTour- 
gons  que  durent  abandonner  les  Autri- 
chieps;  c'est  qu'en  effet  le  quartier-géné- 
ral de  Wurmser  était  encore  à  Bassano 
quand  les  Français  y  pénétrèrent;  mais 
on  eut  le  temps  de  sauver  le  trésor  de  l'ar- 
mée. 

Entre  les  belles  actions  de  cette  jour- 
née, on  distingue  celle  d'un  lieutenant 
des  guides  nommé  Guérin  qui ,  à  la  tête 
de  huit  hommes  seulement,  chargea  600 
grenadiers  et  fut  au  moment  de  leur 
faire  poser  les  armes ,  tant  était  grande 
la  stupeur  des  Autrichiens!  C'est  là  aussi 
que  Lannes ,  qui  avait  pris  de  sa  main 
deux  drapeaux,  fut  fait  général  de  bri- 
gade. P-  C*. 

BASSANO  (  pue  DE  ),  voy,  I^ai^et. 

BASSE.  La  basse  est  celle  des  par- 
ties de  l'harmonie  qui  est  au-dessous  des 
autres,  et  la  plus  basse  de  toutes,  d'où 
lui  vient  le  pom  de  basse. 

Sous  le  rapport  de  la  mélodie  op  dé- 
signe par  le  titre  de  basse  les  voix  ou  les 
instrumens  qui  par  les  sons  graves  qu'ils 
produisent  sont  au-dessous  des  voix  ou 
instrumens  du  médium  et  de  l'aigu. 

Dans  un  morceau  à  plusieurs  par- 
ties ,  celle  qui  fait  entendre  les  sons  les 
plus  graves  est  la  véritable  basse ,  et  doit 
prendra  ce  titre,  fût-ce  dans  un  duo,  dans 
un  trio. 

Lorsqu'une  pot^  de  basse ,  par  l'ao- 
çord  ({d'elle  pprtt,  donne  trois  note» 


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BAS  (  123  ) 

dans  les  portées  supérieures  ^  on  les  di- 
TÎse  en  parties  aiguë,  ou  dfissus,  ou  so- 
prano^'en  haute -contre,  ou  alto,  ou 
second  dessus,  ou  second  soprano  ;  et 
enfio  en  taille  ou  ténor;  lescjuelles  trois 
parties  se  forment  sur  la  basse  on  partie 
fprave ,  donnant  un  tout  harmonique  ap- 
pelé quatuor. 

Si  fa  note  de  basse  ne  donne  que  deux 
notes  par  son  harmonie ,  on  n'obtient 
alors  que  trois  parties,  y  compris  la  basse; 
et  ces  parties  se  divisent  en  aiguë  ou 
dessus,  en  second  dessus  ou  alto  ou 
taille ,  qui ,  unies  avec  la  partie  ^ave  de 
basse,  fornoent  l'harmonie  en  trio. 

Si  de  l'harmonie  que  donne  la  note 
de  basse  on  ne  prend  qu'une  partie ,  on 
la  considère  toujours  comme  partie  ai- 
(uê ,  qui  étant  jointe  à  la  basse  forme 
harmonie  en  duo. 

Telle  mélodie  peut  être  susceptible  de 
plusieurs  basses  et  de  plusieurs  harmo- 
nies,  toutes  également  bonnes;  telle  au- 
tre au  contraire  peut  présenter  des  dif- 
ficultés pour  recevoir  une  basse  franche 
et  une  harmonie  correcte.  Dans  ce  cas 
il  faut  connaître  l'emploi  des  notes  ac- 
cidentelles dont  la  mélodie  peut  contenir 
un  grand  nombre.  Plus  une  mélodie  ren- 
ferme de  notes  accidentelles,  plus  l'har- 
monie est  claire  et  simple,  parce  que  le 
nombre  des  accords  est  moindre. 

X>es  principales  fonctions  de  la  basse 
sont  :  1°  d'assurer  le  ton,  les  modula- 
tions, les  transitions  et  la  ponctuation  ; 
3?  de  marcher  autant  que  possible  en 
sens  contraire  avec  le  chant;  3**  d'indi- 
quer d'une  manière  précise  le  repos ,  le 
mouvement,  les  mutations  de  l'harmonie. 

Une  basse  est  chantante  lorsque,  ne 
marchant  pas  e](clusivemeqt  par  rondes 
ou  par  blancl^es,  elle  chante  ou  contient 
au  môiqs  des  phrases  mélodiques.  Ces 
basses  sont  à  la  fois  partie  chantante  et 
basses  régulières  de  l'harmonie  placée 
au-dessus.  Ce  dpuble  rôle  les  rend  plus 
difficiles  k  accompagne^  une  mélodie 
exécutée  par  la  partie  supérieure.  Il  sera 
question  plus  bas  de  la  basse  chiffrée. 

Sans  entrer  ici  dans  l'explication  des 
anciens  systèifnes  expliquons  en  peu  de 
roots  ce  que  l'on  entend  par  basse  fon- 
damentcue  {^vçj.  ce  mot). 

nptre  système  miisica}  se  compose 


BAS 

d'un  petit  nombre  d'accords  qui  ptn^ 
vent  être  renversés  ou  altérés  par  dea 
notes  qui  leur  sont  étrangères.  On  a 
souvent  pris  ces  renversemens  et  ces  alté- 
rations accidentelles  pour  autant  d'autres 
accords  qiii  n'existent  point  réellement 
et  qui  ne  servent  qu'à  embarrasser  l'es- 
prit La  classification  des  accords  étant 
comprise,  il  est  facile  de  reconnaître 
quand  un  accord  est  renversé,  parce  que 
sa  note  fondamentale  n'est  pas  mise  à  la 
basse;  mais  le  renversement  ne  change 
point  la  nature  de  l'accord. 

Dans  chaque  accord  il  y  a  donc  une 
note  à  laquelle  oti  donne  le  nom  de  note 
principale,  note  fondamentale ,  basse 
fondamentale^  comme  étant  celle  sur 
laquelle  repose  un  des  accords  de  la  clas- 
sification. 

Pour  trouver  la  note  fondamentale 
des  accords  renversés ,  on  place  la  note 
de  ces  accords  de  manière  à  former  une 
progression  de  tierces  ;  la  note  la  plus 
basse  est  la  fondanr^entale. 

C'est  la  note  fondamentale  qui  donne 
le  nom  à  m  accord  parfait  ;  ainsi,  si  on 
accord  a  ut  pour  note  fondamentale ,  il 
s'appellera  accord  d'ut;  s'il  a  sol,  on  rap- 
pellera accord  de  soL 

La  basse  continue  est  celle  qui  règne 
dans  toute  l'étendue  du  morceau ,  se  for- 
mant à  chaque  instant  des  notes  les  plus 
graves  de  l'harmonie. 

La  basse  figurée  partage  la  valeur 
d'une  seule  note  en  plusiemra  autres  no- 
tes sous  un  même  accorc(. 

La  basse  est  la  plus  importante  des 
parties  de  l'harmonie ,  et  elle  sert  de  base 
à  toute  contposition  musicfile- 

Cette  vérité  est  tellen^ent  sentie,  même 
par  des  amateurs,  qi^'on  entend  dire  de 
tel  morceau  :  il  n*y  a  poinf  de  basses  , 
pour  indiqtf^r  la  pauvreté  4e  l'harmonie 
et  des  formules;  ou:  il  y  a  des  basses 
admirables ,  ce  qui  désigne  une  compo- 
sition bieh  écrite,  bien  accentuée,  et  dont 
les  basses  font  ressortir  la  mélodie  et 
rbarmonie  d'une  manière  copvenable  et 
agréable  à  l'oreille.  L.  D. 

BASSE  (  instrmnent  ) ,  voy.  Vwloh- 
CELLE  et  Co9Tas-BASSE.  Bassv  skTiole, 
vojr.  Viole. 

BASSE  (voix  d'homme),  Basse- 
C0NT]lE,'9ASft|£-TMI.L£y  VQJT*  YoiX. 


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BAS 

BASSB  CHIFFRÉE.  Cest  ainsi 
qu'on  appelle  une  basse,  sur  laquelle  les 
accords  sont  notés  au  moyen  de  chiffres, 
tenant  lieu  des  notes  musicales  ordinai- 
res. Comme  les  chiffres  s'écrivent  plus 
rapidement  que  les  notes,  on  peut  re- 
garder la  basse  chiffrée  comme  une  es- 
pèce de  sténographie  musicale. 

Les  chiffres  désignent  les  intervalles 
qui  se  comptent  de  bas  en  haut  et  à  par- 
tir de  la  basse.  Ainsi  un  2  indique  la  se- 
conde, un  3  la  tierce,  un  4  la  quarte, 
et  ainsi  de  suite.  Un  accord  composé, 
par  exemple,  de  tierce,  quinte  et  sep- 
tième, serait  donc  désigné  par  les  chif- 
fres 3 ,  5  et  7 ,  placés  perpendiculaire- 
ment l'un  sur  l'autre.  Mais  comme  trop 
de  chiffres  accumulés  rendraient  la  lec- 
ture difficile ,  on  a  songé  à  simplifier  ces 
combinaisons  en  retranchant  quelques 
chiffres  et  à  ne  conserver  que  ceux  qui 
caractérisent  Taccord.  Ainsi  l'accord  de 
septième  (celui  dont  nous  venons  de  par- 
ler) pourra  s'écrire  par  un  seul  7,  au  lieu 

de  5 ,  et  l'exécutant  saura  qu'il  faut  en 

3 
même  temps  faire  entendre  la  tierce  et  la 
quinte ,  qui  font  partie  de  l'accord  ;  de 
même  l'accord  de  seconde  (  composé  de 
la  seconde,  avec  quarte  et  sixte ,  se  mar- 

6 
quera  par  un  2,  au  lieu  de  4,  etc.  Les 

a 
accords  qui  portent  un  double  nom  se 
marquent  par  deux  chiffres ,  par  exem- 
ple, l'accord  de  sixte  et  quarte  par?  , 

celui  de  sixte  et  quinte  par  5 ,  etc.  Ce- 
pendant il  y  a  des  cas  ou  il  devient  né- 
cessaire de  mettre  tous  les  chiffres.  Toute 
note  qui  n*ést  point  chiffrée,  porte  Tac- 
cord  parfait,  Voy,  Accoeds. 

Pour  éviter  la  répétition  du  même  chif- 
fre, lorsque  le  même  accord  ou  le  même 
intervalle  reste  sur  plusieurs  notes  de  la 
basse ,  on  a  adopté  un  trait  horizontal 
placé' derrière  le  chiffre.  Ce  trait,  placé 
dans  une  position  oblique  devant  Jin 
chiffre,  indique  l'anticipation  d'un  ac- 
cord, c'est-à-dire  qu'il  faut  frapper  l'ac- 
cord sur  la  note  qui  précède.  Un  zéro 
au-dessus  d'une  note  de  la  basse,  indi- 
que qu'elle  ne  |>orte  point  d'accord.  Lors- 
que plusieurs  notes  doivent  être  jouées 


(  124  )  BAS 

seules  (  sans  accords  )  on  l'indique  par 
les  lettres  T.  S.,  ce  qui  veut  dire  tasto^ 
solo. 

Nous  ne  pouvons  indiquer  ici  la  ma- 
nière dont  se  chiffrent  tous  les  accords. 
Les  traités  d'accompagnement  en  don- 
nent des  tableaux  avec  des  explications 
auxquelles  nous  renvoyons  pour  de  plus 
amples  renseignemens.  Nous  ferons  seu- 
lement observer  que  la  manière  de  chif- 
frer varie  selon  les  pays  et  même  selon 
les  compositeurs ,  dont  plusieurs  ont  in- 
troduit des  signes  qui  ne  sont  pas  géné- 
ralement adoptés. 

Quant  à  l'invention  de  cette  écriture 
musicale,  on  l'attribue  ordinairement  à 
Ludovico  Viadana  (  voy,  )  qu*on  dit  l'a- 
voir imaginée  vers  1600.  Mab  on  trouve 
des  traces  antérieures  de  l'emploi  des 
chiffres  dans  la  musique,  et  le  véritable 
inventeur  reste  à  découvrir. 

Au  temps  où  l'harmonie  était  moins 
compliquée  qu'aujourd'hui,  cette  ma- 
nière d'écrire  la  partie  de  l'accompagna- 
teur présentait  des  avantages  :  de  nos 
jours  on  préfère  tout  noter  en  notes  or* 
dinaires.  On  a  reconnu ,  pour  beaucoup 
de  cas,  l'insuffisance  des  chiffres,  et 
nous  nous  souviendrons  toujours  avec 
plaisir  du  désespoir  d'un  brave  homme  , 
grandi  déchiffreur  de  basses  chiffrées,  qui 
ne  trouvait  qu'un  seul  défaut  aux  com- 
positions de  Beethoven,  c'est  qu'elles 
contenaient  des  passages  dont  il  lui  était 
impossible  de  chiffrer  la  basse.    G.  £.  A. 

BASSE-COUR.  On  nomme,  en  gé- 
néral ,  basse-cour  la  partie  de  la  maisoa 
rurale,  la  plus  voisine  de  l'eeil  du  maître, 
qui  comprend  les  granges,  les  greniers, 
les  écuries,  étables  et  bergeries,  le  co- 
lombier, le  poulailler,  le  clapier  et  les 
toits  à  porcs,  les  remises  et  hangars,  les 
celliers,  le  fournil  et  la  buanderie.  Le 
plus  communément  le  mot  basse-cour 
est  limité  au  gouvernement  des  oiseaux 
domestiques  et  de  quelques  petits  ani- 
maux ;  'c'est  sous  ce  dernier  point  é$  vue 
que  nous  allons  4n  parler.  Pour  peupler 
une  basse-cour  il  faut  consulter  les  usa- 
ges du  can'on  que  Ton  habite,  la  nature 
des  produits  que  l'on  récolte  et  la  facilité 
des  débouché  pour  se  défaire  avec  avan- 
tage de  ce  qu'on  destine  à  la  vente.  Il 
ùiut  ensuite  faire  delraos  cboix  :  le  màl^ 


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BAS 


(125) 


BAS 


étant  le  principal  agent  de  la  reproduc- 
tion, doit  toujours  être  pris  parmi  les 
inie^x  constitués,  les  plus  vifs,  les  plus 
libres  dans  leurs  mouvemens,  sollicitant 
avec  ardeur  les  femelles  à  manger.  D*un 
autre  côté,  ces  dernières  seront  en  nom- 
bre proportionné  à  Tétendue  de  rem- 
placement, et  de  manière  à  ne  point 
épuiser  en  peu  de  temps  les  forces  des 
mâles.  N*importe  la  localité ,  les  poules 
vivent  partout  et  de  tout;  pourvu  que 
leur  habitation  ne  soit  ni  trop  chaude , 
ni  froide,  ni  humide  ou  sujette  aux  mau- 
vaises odeurs,  et  qu'elle  ait  dans  le  voisi- 
nage un  tapis  de  verdure,  les  poules  paient 
par  leur  fécondité  les  soins  qu'elles  reçoi- 
vent Soutiens  du  ménage  des  champs, 
elles  en  font  l'agrément  et  offrent  une  mine 
inépuisable,  susceptible  de  répondre  aux 
besoins  journaliers  de  l'homme  en  santé, 
du  malade  et  du  convalescent.  H  n'en  est 
pas  de  même  des  autres  volatiles  soumis 
à  la  domesticité.  Le  canard,  quoique 
très  vorace  dans  son  premier  âge,  de- 
mande à  vivre  dans  des  lieux  aquatiques 
pour  prospérer  et  avoir  la  chair  délicate. 
Les  oies  se  plaisent  avec  les  canards, 
mais  elles  aiment  mieux  pâturer  que 
barboter  ;  si  elles  mangent  tout  ce  qu'on 
leur  présente,  elles  donnent  la  préfé- 
rence aux  grains  et  principalement  a 
l'herbe  sur  pied.  Le  dindon  veut  un  pays 
planté  de  buissons  et  de  petit  bois;  il 
convient  mieux  aux  cantons  pauvres,cou- 
verts  de  landes,  où  il  peut  errer  plus  libre- 
ment que  dans  ceux  qui  sont  riches  et 
bien  cultivés.  Ces  différentes  espèces 
doivent  être  tenues  dans  une  enceinte 
close,  leur  divagation  pouvant  causer  les 
plus  grands  préjudices  aux  cultures  et  à 
leurs  propriétaires.  La  loi  condamne  à 
une  amende,  et  même  à  une  action  en  tri- 
bunal de  police ,  celui  qui  laisse  ses  vo- 
lailles à  l'abandon  ;  elle  autorise  de  plus 
la  personne  lésée  à  tuer  les  animaux  pris 
en  flagi^nt  délit  dans  ses  terres  encloses; 
mais  elle  ne  lui  donne  pas  droit  sur  leurs 
dépouilles  y  qui  appartiennent  au  pro- 
priétaire. 

La  basse-cour  est  le  domaine  de  la 
fermière  et  de  toute  maîtresse  de  maison 
champêtre.  Elle  doit  être  son  occupation 
la  plus  chère.  Quand  les  soins  de  la  fa- 
mille abaorbent  tont  son  temps,  elle  a  le 


plus  grand  intérêt  à  se  faire  suppléer  par 
une  fiiie douce,  propre,  laborieuse  et  pré- 
voyante; sans  quoi  la  basse-cour,  au  lieu 
d'être  utile  et  profitable ,  ne  serait  qu'une 
occasion  de  dépenses  et  d'embarras. 

La  plus  grande  propreté  doit  régner 
dans  toutes  les  parties  de  la  basse-cour  ; 
presque  toutes  les  maladies  qui  affectent 
les  oiseaux  domestiques  proviennent  de 
la  négligence  qu'on  appoite  à  les  soi- 
gner. 

Outre  les  pigeons,  dont  nous  par- 
lerons plus  au  long  à  l'article  qui  leur 
est  destiné,  on  entretient  aussi  dans  la 
bas§e-cour  le  paon,  le  cygne,  le  faisan, 
la  grive,  la  pintade,  l'ortolan,  et  quel- 
ques petits  oiseaux  de  volière;  mais  c'est 
plutôt  comme  objet  d'agrément  et  de 
luxe  que  d'économie.  A.  T.  n.  B. 

BASSE  FONDAMENTALE,  théorie 
imaginée  par  Rameau  et  qui  a  joui  long- 
temps en  France  d'un  grand  crédit  au- 
près des  musiciens,  des  littérateurs  et 
des  gens  du  monde.  C'est  dans  une  expé- 
rience indiquée  parle  P.  Mersenne,  dans 
son  Harmonie  universelle  ^  que  Rameau 
puisa  le  principe  de  son  système.  Le 
P.  Mersenne  avait  remarqué  qu'en  met- 
tant en  vibration  une  corde  d'une  lon- 
gueur donnée*,  on  entendait  en  même 
temps  que  le  son  principal  deux  autres 
sons  qui  étaient,  l'un  à  la  douzième  et 
l'autre  à  la  dix-septième  de  celui-ci. 
Cette  douzième  et  cette  dix-septième  re- 
présentant l'octave  de  la  quinte  et  la  dou- 
ble octave  de  la  tierce,  la  sensation  de 
l'accord  parfait  résultait  de  leur  réunion 
au  son  principal.  Rameau  mit  dans  ce 
phénomène  physique  la  base  d'un  sys- 
tème d'harmonie  qui  aurait  pour  but  de 
ramener  tous  les  accords  à  un  même  prin- 
cipe. Mais  l'accord  parfait  majeur  ne 
constitue  pas  toute  l'harmonie  :  Rameau 
avait  besoin  de  l'accord  parfait  mineur 
pour  compléter  son  système.  Il  crut  en- 
tendre, ou  voulut  faire  entendre  pendant 
Ik  vibration  de  la  corde,  des  sons  sup- 
plémentaires beaucoup  plus  faibles  que 
,  les  autres  et  qui  formaient  l'accord  par- 
fait mineur.  Ainsi ,  il  lui  suffisait  de  re- 
trancher ou  d'ajouter  les  sons  à  la  tierce 
supérieure  ou  à  l'inférieure  de  ces  deux 
accords,  pour  en  former  un  grand  nom- 
bre d'autres.  On  comprend  qu'un  ays- 


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BAS  ( 12è ) 

tème  si  simple  et  si  complet,  en  même 
temps  ,  dut  plaire  aux  littérateurs  qui  ne 
voyaient  que  ce  qu*il  avait  de  rationnel  et 
n'apercevaient  point  les  erreurs.  Aussi  le 
prônèrent  -  ils  tous,  à  l'exemple  de  d'A- 
lembert  qui  consacra  de  nombreuses  pa- 
ges à  son  éloge.  Le  système  de  la  basse 
fondamentale  était  donc  la  recherche 
des  sons  graves,  des  accords  primitifs, 
qu'on  9cp^e\9Aisonsfond€mientaux  {yoy, 
l'article  Basse  ).  Quelque  séduisant  que 
fût  pour  Tesprit  un  pareil  principe, 
l'essai  de  son  application  démontre  qu'il 
ne  repose  que  sur  des  règles  arbitraires 
et  de  pure  fantaisie.  Le  système  de  la 
basse  fondamentale  a  été  complètement 
abandonné  depuis  long-temps. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  d^une  autre 
théorie  qui  parut  en  France  à  la  même 
époque.  Tartiui,  célèbre  violoniste  ita- 
lien ,  observa  que  deux  sons  résonnant  à 
la  tiei:ce ,  un  troisième  son  était  entendu 
à  la  tierce  inférieure  au  grave  :  c'était 
encore  l'accord  parfait.  Les^conséquences 
qu'en  faisait  découler  Tartini  man- 
qiiaieot  de  justesse  et  de  clarté,  bien  que 
J.-J.  Rousseau  ait  essayé  d'opposer  ce 
système  à  celui  de  Rameau.  La  théorie 
de  ce  dernier  fit  long-temps  fureur  en 
France  ;  mais  les  rêveries  de  Tartini  ne 
trouvèrent  aucun  crédit  II  en  fut  de 
même  des  prétendues  découvertes  de  Ja- 
mardy  de  Baîlière  et  de  l'abbé  Rous- 
sier.  E.  F-s. 

BASSE-LISSE,  voy.  Lige. 

BASSESSE.  La  bassesse,  comme  ca- 
ractère moral,  est  opposée  à  la  dignité, 
au  respect  de  soi-même.  On  reconnaît  la 
bassesse  d'ame  aux  paroles  et  aux  actions, 
n  y  a  une  certaine  dégradation  d'esprit , 
un  certain  avilissement  tout  intellectuel, 
qui  n'est  pas  proprement  ce  qu'on  ap- 
pelle bassesse  dans  le  sens  moral,  et 
qui  se  manifeste  surtout  par  le  langage  : 
c'est  plutôt  défaut  de  goût  qu'immora- 
lité. Ce  qui  prouve  que  ces  deux  états  ne 
sont  point  identiques  et  qu'ils  ne  co- 
existent pas  nécessairement,  c'est  qu'il 
n'est  pas  très  rare  de  trouver  une  certaine 
fierté  dans  une  intelligence  d'ailleurs  dé- 
gradée. La  bassesse  morale,  telle  que 
nous  allons  la  dépeindre,  n'est  point  non 
plus  si  enneoûede  la  noblesse  de  la  pen< 


6AS 


du  langage,  qu'elle  oblitère  le  goût  à  cet 
égard.  Ces  deux  sortes  de  bassesses  tien- 
nent donc  à  deux  ordres  d Idées  difTé- 
rentes  :  celle  de  la  pensée  et  de  la  parole 
tient  au  sentiment  du  beau ,  et  celle  du 
caractère  au  sentiment  moral ,  au  senti- 
ment de  la  dignité  humaine  ;  car  là  bas- 
sesse d'ame  proprement  dite  se  masifeste 
surtout  par  des  actions,  et  ces  actiobs 
semblent  avoir  pour  objet  cl^elTàcer,  d'é- 
craser celui  qui  en  est  l'auteur  ^n  pré- 
sence d'autres  hommes  qu'il  redoute  ou 
qu'il  veut  tromper  en  les  flattant.  C'est 
ainsi  que  la  bassesse,  dans  ce  dernier  cas, 
s'allie  parfaitement  avec  l'hypocrisie.  Si 
l'on  considère  l'homme ,  quant  à  sa  dignité 
d'homme,  quant  à  sa  personne  morale^  il 
est  d'une  valeur  inappréciable  relative- 
ment aux  choses;  aloi^  aussi  un  liomme 
est  l'égal  d'un  autre  homme,  toute  per- 
sonne morale  ayant  sa  fin  propre  à  attein- 
dre et  ne  pouvant  ni  ne  devant  se  sacri- 
fier aux  fins  d'un  autre.  Et  c'est  cepen- 
dant cet  anéantissement  servile  auquel 
l'homme  l^as  semble  se  condamner  à  l'é- 
gard de  ceux  aux  pieds  desquelà  il  se 
jette,  en  les  invitant  pour  ainsi  dire  à  le 
fouler. C'est,  on  le  sent,  et  il  n'y  aurait  rien 
a  dire  à  ceux  qui  ne  le  sentiraient  pas,  se 
manquer  à  soi-même,  et  manquer  à  l'hu- 
manité tout  entière,  dans  sa  propre  per« 
sonùe,  que  de  courber  ainsi  son  front  ^ 
le  noble  front  de  l'homme,  dans  la  pous- 
sière. «  Mais,  s'écrie  Kant,  celui  jqui  se 
fait  ainsi  ver,  a-t-il  le  droit  de  se  plain- 
dre ensuite  qu'on  l'écrase?  »  Non.  Mais 
je  demanderai  à  mon  tour:  Comment  ce- 
lui qui  écrase  ainsi  l'homme,  même  ce- 
lui qui  rampe,  ne  sent-il  pas  qu'il  s'écrase 
aussi  lui-même?  Ne  vaudrait-il  pas  mieux 
tendre  la  main  à  son  frère  et  l'inviter  à 
ne  plus  nous  Dsire  rougir,  que  de  le 
mettre  sous  ses  pieds?  Il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  l'orgueil  naît  souvent  de 
la  bassesse,  non-«eulement  en  ce  sens 
fort  ordinaire  qu'il  n'y  a  pas  d'kommes 
plus  insolens  envers  certaines  personnes 
que  ceux  qui  sont  les  plus  humbles  avec 
certaines  autres  :  c'est  une  sorte  de  ré- 
habilitation à  leurs  propres  yeux  dont 
ib  sentent  le  besoin;  mais  c'est  une  mé- 
prise injuste  qui  n'est  qu'un  tort  de  plua^ 
quand  ce  n'est  pas  tout  simplement  le 


séei  et  surtout  de  l'élégance  des  fonnes  «  besoin  de  l'expansion  après  une  extrême 


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BAS  (I2t) 

compression.  Mais  un  autre  sens  suivant 
lequel  la  bassesse  engendre  rorgueil, 
c'est  que  la  lâcheté  semble  inviter  l'inso- 
lence à  se  montrer:  Faites  disparaître 
l'une,  vous  faites  disparaître  l'autre.  Ce 
n'est  pas  seulement  vis-à-vis  de  nos  sem- 
blables que  nous  pouvons  être  grands  ou 
vils,  mais  encore  à  l'égard  de  la  nature 
physique,  à  l'égard  de  tout  ce  qui  est  plus 
fort  que  nous.  Mais  alors  l'ame  est  plutôt 
forte  qu'élevée.  C'est  dans  ce  sens  que , 
dans  la  douleur  corporelle,  les  plaintes, 
les  lamentations,  même  un  simple  cri, 
sont  indignes  de  nous,  surtout  si  nous 
avons  conscience  d'avoir  mérité  nos  souf- 
frances. J\  T. 

BASSIN,  «1  général  un  réservoir, 
surtout  d'eau ,  un  vaisseau  destiné  à  en 
puiser  ou  à  en  contenir.  Les  uns  ont  dé- 
rivé ce  mot  de  vas  y  les  autres  de  bac- 
cunif  baccinum. 

Bassin  (anatomie).  On  désigne  par 
ce  nom  la  partie  du  corps  qui,  chez 
l'homme,  se  trouve  située  à  la  partie  la 
plus  inférieure  du  tronc  et  à  laquelle 
sont  attachés  les  membres  inférieurs. 
Cest  une  assez  grande  cavité  osseuse 
constituée  par  la  réunion  de  quatre 
os,  savoir  :  deux  os  irmominés  ou  coraux 
qui  se  réunissent  en  avant  et  forment 
ainsi  les  parois  latérales  et  antérieu- 
res; le  sacrum  qui  à  lui  seul  constitue 
les  parois  postérieures,  et  enfin  le  coccix 
qui  n'est  qu'un  appendice  tlu  sacrum. 
Cette  cavité  renferme,  dans  les  deux 
sexes ,  les  organes  internes  de  la  généra- 
tion ,  la  vessie  et  une  partie  des  intestins. 
Lie  bassin  existe  chez  tous  les  animaux 
vertébrés,  à  l'exception  des  serpens  et  de 
quelques  poissons  qui  n'ont  pas  de  na- 
geoires ventrales  ;  mais  il  n'^st  point  con- 
formé chez  tous  les  animaux  comme  chez 
l'homme.  Chez  la  taupe,  c'est  à  peine  si 
le  bassin  offre  une  cavité ,  tant  les  os  qui 
le  forment  sont  rapprochés;  aussi  cet 
animal  donne-t-il  issue  aux  produits  de 
la  génération  par  une  voie  autre  que  celle 
de  touç  les  autres  animaux;  dispositron 
singulière  qu'on  ne  rencontre  que  chez 
lui.  Dans  les  cétacés  le  bassin  n'est  formé 
que  de  deux  os  qui  ne  s'articulent  même 
pas  avec  la  colonne  vertébrale;  quoique 
s'y  articulant ,  ils  sont  très  mobiles  chez 
le  eochoQ  dlnde^%t  séparés  l'un  de  l'an- 


BAS 

tre;  oette  dernière  disposition  existe 
dans  la  classe  entière  des  oiseaux.  Enfin 
dans  les  pedimanes  (  voy.  )  ou  animaux 
à  bourse ,  comme  le  kanguroo ,  en  avant 
du  bassin ,  là  où  s'articulent  entre  eux 
les  os  coxaux  (  symphise  du  pubis  ),  on 
trouve  un  os  articulé  et  mobile  sur  le 
pubis,  et  auquel  viennent  s'attacher  les 
muscles  formant  la  poche  qui  distingue 
cette  classe  d'animaux  et  qui  renferme 
les  mamelles.  Cet  os  a  reçu  le  nom  de 
marsupial. 

Supporté  par  les  membres  inférieurs, 
le  bassin ,  portant  .la  colonne  vertébrale 
à  l'extrémité  supérieure  de  laquelle  se 
trouve  la  tête  et  dont  le  sacrum  n'est 
qu'une  continuation,  le  bassin  sert  de 
base  au  tronc  Sa  forme  est  celle  d'un 
cône  dont  le  sommet,  dirigé  en  bas  et  en 
arrière,  forme  ce  qu'on  nomme  la  croupe, 
qui,  en  s'unissant  par  une  courbe  très 
prononcée  à  la  colonne  vertébrale ,  offre 
cettecambrure  si  gracieuse  qu'on  nomme 
chute  des  reins,  La  partie  supérieure  d« 
bassin  s'évase  considérablement,  surtout 
dans  le  sens  latéral  ;  c'est  sa  partie  la  plus 
évasée ,  si  saillante  chez  les  femmes ,  qui 
forme  les  hanches,  situées,  comme  tout 
le  monde  le  sait,  sur  les  côtés  et  un  peu 
en  avant.  L'homme  est  l'être  chez  lequd 
le  bassin  offre  le  plus  d'ampleur,  et  l'on 
peut  conclure  assez  rigoureusement  de 
cette  disposition  qu'il  est  le  seul  qui  ait 
été  destiné  à  la  station  droite.  Chez 
les  singes  ,  qui  peuvent  jusqu'à  un 
certain  point  exercer  cette  station,  le 
bassin  est  beaucoup  plus  étroit,  et  ton 
diamètre  d'avant  en  arrière,  au  lieu  d'ê- 
tre horizontal  comme  chez  l'homme,  est 
incliné  en  avant;  aussi  la  station  droite 
est-elle  toujours  peu  solide  et  voît-on  ces 
animaux,  dans  une  foule  de  circonstances, 
retomber  sur  les  pattes  de  devant.  Dans 
la  station  assise,  comme  dans  la  progres- 
sion ,  le  bassin  supporte  tout  le  corps  ; 
dans  la  seconde  condition,  ce  même 
poids  est  supporté  par  les  cuisses,  et  le 
bassin  peut  être  considéré  comme  la  base 
des  mouvemens  qu'elles  exécutent  La 
largeur  du  bassin  est  donc  une  condition 
rigoureusement  nécessaire  pour  l'exer* 
cice  de  la  station  droite,  dans  l'innnobi- 
lité  comme  dans  la  progresion;  leepen* 
dant  si  le  bassin  est  trop  large,  comme 


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B\S 


(128) 


BAS 


cela  arrive  chez  les  femmes,  la  progres- 
sion est  un  peu  gênée;  en  effet,  dans  le 
mouvement  successif  de  chaque  membre 
inférieur,  le  bassin  doit  décrire  un  plus 
grand  arc  de  cercle.  Chez  les  en  fans  les 
mouvemens  sont  plus  faciles ,  plus  rapi- 
des; leur  bassin  n*a  point  encore  acquis 
toute  son  ampleur  ;  mais  aussi  leur  sta- 
tion est  moins  solide.  Voy,  Station. 

Il  fallait  bien  que  le  bassin  eût  chez  la 
femme  des  proportions  plus  considéra- 
bles que  chez  Thomme,  afin  que  le  canal 
osseux,  formé  par  sa  portion  inférieure , 
que  dans  Fart  des  accouchemens  on 
nomme  petit  bassin^  put  livrer  passage 
à  la  tète  d*un  enfant  à  terme.  C'est  dans 
ce  petit  bassin  que  demeure  le  fœtus  pen- 
dant les  trois  premiers  mois  de  la  con- 
ception ;  puis  il  remonte  dans  la  portion 
évasée  de  cette  partie  du  corps  qui  pa- 
rait ne  former  qu*une  seule  cavité  avec 
les  tégumens  du  ventre  et  qu'on  nomme 
grand  bassin.  On  a  donné  le  nom  de  dé- 
troits aux  limites  des  deux  bassins  :  le  dé- 
troit supérieur  sépare  le  grand  bassin  du 
petit',  le  détroit  inférieur  est  Tissue  du 
petit  bassin.  Pour  qu'une  femme  soit 
bien  conformée,  pour  qu'elle  accouche 
sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recourir  à 
des  moyens  quelquefois  violens  et  qui  sont 
du  ressort  de  l'art  des  accouchemens,  il 
faut  que  les  détroits  de  chaque  bassin 
aient  une  certaine  étendue  dans  leurs 
deux  diamètres,  celui  d'arrière  en  avant 
et  celui  d'un  côté  à  l'autre;  il  faut  aussi 
que  la  cavité  du  petit  bassin  ait  certaines 
dimensions  qu'il  serait  trop  long  d'indi- 
quer. Nous  dirons  seulement  que  l'im- 
portance qu'il  y  a  quelquefois  à  recon- 
naître, chez  une  femme  non  encore  ma- 
riée, si  le  bassin  est  bien  conformé  a 
excité  l'esprit  inventif  des  chirurgiens  et 
des  accoucheiu^,  et  qu'on  a  donné  des 
règles  et  inventé  des  instrumens  [vojr, 
PiLTiMiTHs)  pour  mesurer  la  capacité 
du  bassin.  Nous  devons  ajouter  que  ces 
méthodes,  ces  instrumens,  sont  toujours 
d'une  application  difficile  et  fournissent 
des  résultats  souvent  peu  certains.  Il  faut 
le  regretter;  car  il  serait  du  plus  haut  in- 
térêt de  pouvoir  reconnaître  si  une  femme 
qui  veut  se  marier  n'a  pas  de  vice  de 
conformation  qui  rendrait  l'accouche- 
ment dangereux  ou  impossible.  Ces  vices 


de  conformation,  qui  presque  toujours 
sont  le  résultat  d'une  maladie  de  l'en- 
fance qu'on  nomme  rachitisme  (tio/.), 
sont  de  deux  ordres  ;  ceux  de  direction , 
ceux  de  dimension;  ces  derniers  sont 
toujours  plus  fâcheux  que  les  premiers , 
puisque,  s'ils  sont  poussés  trop  loin,  ils 
peuvent  nécessiter,  pour  opérer  l'accou- 
chement, de  graves  opérations  sur  la  mère 
ou  la  destruction  de  l'enfant  dans  son 
sein.  A.  L-d. 

BASSIN  (géographie  physique).  L'en- 
semble de  toutes  les  pentes  d'un  terrain 
traversé  par  le  lit  d'un  fleuve  et  de  toutes 
les  vallées  qui  y  aboutissent  porte  le  nom 
de  bassin.  On  peut  aussi  donner  le 
même  nom  à  l'ensemble  de  tous  les  ver- 
sans  qui  circonscrivent  une  mer  inté- 
rieure. 

Par  suite  de  cette  définition,  que  nous 
proposons  parce  qu'elle  nous  semble  com- 
pléter, par  sa  généralité,  l'idée  qu'on  doit 
se  faire  d'un  bassin,  nous  sommes  natu- 
rellement portés  à  diviser  tous  les  bassins 
en  deux  classes  :  les  bassins  fluviatiles 
et  les  bassins  maritimes. 

Bassins  fluviatiles.  Bien  que  la  plu- 
part des  montagnt^s  d'une  grande  éléva- 
tion donnent  naissance  à  des  fleuves  con- 
sidérables, le  bassin  d'un  grand  fleuve 
n'a  pas  toujours  pour  origine  une  haute 
chaîne  de  montagnes.  Ainsi  les  petits  pla- 
teaux qui  forment  les  seules  inégalités 
du  sol  de  la  Russie  d'Europe  voient 
naître  sur  leurs  flancs  des  fleuves  bien 
plus  importans  que  ceux  qui  naissent 
dans  nos  Alpes  et  nos  Pyrénées. 

Quelquefois  des  bassins  différens  ne 
sont  séparés  par  aucune  chaîne:  c'est  ce 
qu'il  est  facile  de  remarquer  à  l'égard  du 
bassin  de  la  Seine  et  de  celui  de  la  Loire, 
entre  lesquels  il  n'existe  qu'un  plateau 
peu  élevé,  tandis  que  dans  beaucoup  de 
cartes,  qui  passent  cependant  pour  être 
bien  faites,  le  dessinateiu*  trace  entre  ces 
deux  grands  cours  d'eau  une  véritable 
chaîne. 

L'idée  qu*on  se  fait  généralement  d'un 
bassin  porte  à  regarder  le  point  d'où 
partent  plusieurs  fleuves  comme  plus 
élevés  que  ceux  qu'ils  traversent  dans 
leurs  cours,  et  à  regarder  le  relief  du 
terrain  comme  s'abaissant  graduellement 
à  mesure  que  le  fleuve  s'éloigne  de  sa 


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BAS  (  1 

source.  Cette  idée  est  tout-à>fait  inexacte 
ainsi qu*un  grand  nombre  de  faità  l'attes- 
tent. Le  plateau  de  Langres,  par  exem- 
ple, donne  naisaanc»  à  la.  Meuse,  et  Ton 
a  cru  jusqu'à  ces  derniers  temps  que,  dans 
le  sens  que  suit  la  pente  de  ce  fleuve,  le 
terrain  s'abaissait  jusqu'à  son  embou- 
chare;  et  cependant  des  nivellemens  ré^ 
cens  ont  prouvé  que  le  plateau  de  l'Ar- 
denne,  que  traverse  la  Meuse,  est  de  60 
mètres. plus  élevé  que  celui  de  Langres. 
Cest  par  de  grandes  déchirures  et  des 
gorges,  profondes  que  le  fleuve  suit  son 
cours  à  travers  de  TArdenne. 

Une  remarque  importante  qui  a  déjà 
été  faite  relativement  aux  bassins  fluvia- 
tiles,  c'est  que  les  grands  cours  d'eau  ne 
sont  point  des  limites  naturelles,  ni  en 
géographie  physique  ni  en  géographie 
politique;  il  faut  chercher  ces  limites 
dans  les  crêtes  des  chaînes  qui  sont  les 
points  de  partage  des  eaux.  Il  est  facile 
de  reconnaître  que  les  bassins  présentent 
dans  tonte  leur  étendue  des  productions 
naturelles  à  peu  près  analogues,  et  que 
les  habitans  même  y  offrent  des  carac- 
tères d'une  commune  origine.  Ainsi  le 
bassin  du  Kbin,  malgré  une  longueur  de 
plus  de  300  lieues,  est  peuplé  sur  les  deux 
rives  du  fleuve,  depuis  sa  source  jusqu'à 
son  embouchure,  par  des  nations  germa- 
niques ;  tandis  que  les  versans  occiden- 
taux du  Jura  et  des  Vosges  sont  peuplés 
de  nations  d'une  origine  différente.  C'est 
qu'en  effet  les  points  de  partage  des 
eaux  isolent  les  peuples ,  tandis  que  les 
cours  d'eau  tendent  à  favoriser  leur  rap- 
prochement et  leur  extension. 

bassins  maritimes.  On  peut  consi- 
dérer comme  d'immenses  bassins  les  mé- 
diterraoées^  telles  que  hi  mer  qui  porte 
spécialement  ce  nom,  la  mer  Noire,  la 
mer  Baltique,  etc.  Un  bassin  encore  plus 
tranché  par  son  isolement,  c'est  celui  de 
la  mer  Caspienne. 

Les  bassins  maritimes  forment,  comme 
les  haaéim  fluviatiles,  de  véritables  ré- 
gions physiques;  il  suffit  d'examiner  les 
productions  animales  et  végétales  du  lit- 
toral de  U  Méditerranée  pour  en  être  cou- 
vai oca.  Ainsi  les  rivages  de  la  France  y 
ofTreat  plus  d'analogie  avec  les  rivages 
de  rjLfrique  qu'avec  les  rivages  de  l'O- 
eéui.  On  y  trouve  la  plupart  des  insectes 

Encyc/op,  il.  G.  tl.  M,  Tome  IIL 


29  )  BAS 

et  des  plantes  de  l'Afrique  septentrion 
nale. 

Noos  terminerons  ces  généralités  par 
un  tableau  de  la  superficie  des  baaaina 
des  principaux  fleuves  du  globe  : 

Bassut  du  Toloa 83,828 

—  duDahubb 40,075 

—  DuDoK ,..  16,924 

— -      DCLADriNA 16,374 

—  DU  Rhin 10,002 

DE  LA  VlSTUtB. 9.946 

—  dbl*Elbi. 7,784 

—  dblaLoirx 6,640 

—  dbl'Odke 5,760 

—  DU  DouRo 4,553 

—  DM  LA  GAROirirB 4,01 1 

—  Di^Pô 3,919 

—  DU  Taoi 3,772 

—  Dx  LA  Ssini '3,436 

AsU» 
Bassut  Dc  l'Ou 177,297 

—  duSaobaurh 148,894 

Amiriqmê. 
Bassih  va  Saint-Laursht.  ...     1 73,277 

—  .  DB  i'ÀMAsoHX 345,487 

—  DR  LA  Plata 199,228 

J.  H-T. 

BASSIN  (marine),  voy,  Poet. 

BASSIN  (architecture).  Cest  une 
fouille  plus  ou  moins  grande  faite  dans 
un  terrain ,  avec  construction  en  maçon- 
nerie; ce  terrain  est  revêtu  de  pierre, 
d'un  pavé  ou  de  plomb,  et  bordé  de  ga- 
zon ,  de  pierre  ou  de  marbre,  pour  con- 
tenir l'eau.  La  forme  des  bassins  est  or- 
dinairement circulaire ,  quelquefois  he- 
xagone ou  octogone,  la  forme  rectan- 
gulaire n'étant  adoptée  que  pour  les 
pièces  d'eau.  Du  milieu  des  bassins 
s'élève  le  jet  d'eau  qui  peut  fournir  à 
l'art  les  motifs  de  décoration  les  plus 
variés  et  à  l'imagination  du  statuaire 
une  foule  d'allégories  qui ,  se  mariant  à 
l'ordonnance  des  jardins,  contribuent  à 
animer  le  paysage.  Quelquefois  le  bassin 
se  métamorphose  en  bain  consacré  à  une 
divinité  ;  d'autres  fois  la  scène  s'élève  au 
milieu  du  bassin ,  ou  s'adosse  au  mur  de 
terrasse  qui  le  domine.  On  voit  des  bas- 
sins bordés  d'une  balustrade  de  pierre , 
de  marbre  ou  de  bronze,  comme  aux 
bains  d* Apollon  à  Versailles.  Le  bassin 

9 


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BiS 


(ISO) 


B48 


knot  Miiti  Vmn  ea  bouillemEMiit  dVs- 
pace  en  espace ,  et  forme  uoe  nappe  aa- 
tdui*  de  la  bulustrade,  comme  à  la  /on- 
taine  du  rocher  dans  les  jardins  du  Va- 
tican y  à  Romt. 

Les  bassins  se  col^t^lisent  en  maçon- 
nerie de  moellons  revêtus  à  Tintérieur 
d'un  fort  enduit  de  ciment,  préparé  à 
pci|  près  comme  le  béton  (  voj.  ).  Ce- 
pendant la  construction  la  plus  en  usage, 
comme  |a  moins  coûteuse,  est  celle  dont 
les  corrois se  font  en  glaise  et  en  terre  fran- 
che, entre  deux  murs  ;  sur  le  fond  bien 
dressé  on  construit  au  pourtoi^r  un  mur 
d'un  pied  d'épaisseur ,  afin  de  maintenir 
les  pords  de  la  fouille;  le  fond  est  cou- 
vert d'une  couche  de  glaise  bien  pétrie 
sur  laquelle  on  établit,  à  18  pouces  du 
mur  qui  soutient  les  terres,  une  espèce 
de  plate  -  forme  où  l'on  construit  le 
mur  d'enceinte.  A  mesure  qu'il  s'élève 
on  remplit  l'espace  vide  entre  les  deux 
murs  avec  de  la  terre  franche  ou  de  la 
glaise.  Sur  la  couche  du  fond  on  étend 
un  lit  de  sable  destiné  k  recevoir  un  pavé 
en  dalles,  grès,  briques  posées  de  champ, 
où  en  blocage  de  maçonnerie  en  ciment. 
Le  revêtement  du  mur  se  fait  avec  des 
dalles  en  pierre  dure. 

Avant  de  commencer  la  construction 
d'un  bassin  il  est  important  de  s'assurer 
de  la  nature  du  sol;  dans  le  cas  où  il  se- 
rait de  tciTes  rapportées ,  il  conviendrait 
d'établir  dans  le  fond  unigrillage  de  pou- 
trelles dont  les  intervalles  seront  remplis 
en  moellons  maçonnés  avec  glaise  à  fleur 
des  poutrelles.  S\vt  ce  terrassement  on 
pose  un  rang  de  madriers  servant  à  éta- 
blir le  fond  et  le  mur  circulaire.  Ainsi 
qu^il  a  été  dit,  on  pratique  dans  le  fond 
des  bassiAs  deux  décharges,  l'une  de 
fond  et  Tautre  de  superficie  ;  celle  du 
fond  se  place  vers  le  bord  d^  bassin  et 
la  pente  est  dirigée  tonte  de  ce  côté;  ce- 
pendant il  est  préférable  de  placer  cette 
décharge  vers  le  milieu ,  parce  qu'en  la 
mettant  vers  le  bord ,  l'effort  de  Tbau 
tend  à  le  dégrader ,  ad  Keu  qq'en  diri- 
geant la  panté  vers  le  milieu,  la  masse  de 
l'eau  est  en  équilibre  et  n'agît  pas  plus 
d'un  côté  que  de  l'autre.  La  décharge  de 
superficie,  qui  sert  à  maintenir  Tean  à  un 
même  nhreau ,  se  place  dans  Tendrait  le 


NA1TX. 

BASSINET.  Ce  mbt,  qui  est  un  di- 
minutif de  bassift,  présente  plusieurs  si- 
gnifications. Dans  l'art  hydraulique,  on 
■  nomme  bassinet  un  petit  retranchement 
cintré  que  l'on  ménage  sur  Jes  bords  in- 
térieurs d'une  cuvette,  pour  y  faire  en- 
trer la  quantité  d'eau  distribuée  aux  par- 
ticuliers, par  une  ou  plusieurs  jauges  de 
différens  diamètres,  ce  qui  s'appelleyVtir- 
ger.  On  nomme  aussi  bassinet,  en  hy- 
draulique, un  bassin  qui  est  trop  p^l 
pour  le  lieu. 

£n  termes  d^arquebusier ,  c'est  un 
morceau  de  fer  plat  en  dedans  du  corps 
de  la  platine,  où  il  s'attache  avec  deux 
vis  à  tête  ronde  et  plate ,  dont  les  têtes 
n'excèdent  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre. 
Cette  pièce,  ou  ce  qâe  l'on  nomme  pro- 
prement bassinet  y  ressort  en  dehors  et 
dépasse  le  corps  de  la  platiné  d'une  arma 
à  feu  d'environ  un  demi- pouce  à  un 
pouce.  Il  est  de  figure  rt>nde  en  dessous, 
et  la  face  de  dessus  est  plate  et  creusée 
en  rond.  Ce  creux  répond  directement  à 
la  lumière  du  canon  du  fusil  ou  du  pis- 
tolet ,  et  sert  \  recevoir  la  poudre  d'a- 
morce qui  y  est  retenue  ensuite  par  l'as* 
sîette  d'un  autre  morceau  de  fer  nommé 
batterie,  que  Ton  renverse  sur  cette  face 
creusée  du  bassinet.  H  y  a  des  armes  à 
feu  auxquelles  on  adapte  ce  que  l'on 
nomme  des  bassinets  de  sûreté  :  ce  sont 
des  bassinets  garnis  d'une  espèce  de  botte 
tournante  que  l'on  ouvre  on  ferme  à  vo- 
lonté. Par  ce  moyen  on  empêche  l'arme 
de  partir  accidentellement  ;  il  a  de  plus 
l'avantage  de  préserver  IHunorce  et  la  bat- 
terie de  toute  humidité. 

On  nommait  autrefois  bassinet  une 
espèce  de  casque  ou  de  chapeau  de  fer, 
sans  visière  ni  gorgerin,cpie  portaient  les 
militaires.  Voy,  CàSQUS.  F.  R-d. 

BASSINOIRE,  ustensile  de  cuivre, 
en  forme  de  tambour ,  q(ue  l'on  remplit 
de  braise  allumée  pour  chauffer  les  lits , 
particulièrement  ceux  des  malades.  H  y 
a  deux  sortes  de  bassinoires  :  les  unes 
sont  mobiles  ;  au  moyen  d'un  long  man- 
che de  bois  qui  y  est  'hxéy  on  les  promène 
de  haut  en  bas  dans  le  lit,  et  sur  les 
deux  côtés;  les  autres  sont  fixées  :  oo  les 


pkisconvetiahÂe  dû  mur  d'enceinte.  P^.  *  suspend  dans  mie  petite  cage  de  Mi 


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BAS 


(ISl) 


BAS 


qnt  l'on  appelle  moine ,  et  on  les  hîste 
Mf ec  de  temps  pour  chaufTer  les  lits.  Les 
Anglais ,  après  avoir  réfléchi  sur  le  dan- 
ger qu*il  y  a  de  mettre  de  la  braise  ail  li- 
mée dans  un  lit ,  et  sur  celui  qu*il  y  a  éga- 
lemeot  à  s'exposer  à  une  chaleur  sèche , 
telle  que  celle  des  charbons  firdens,  ont 
imaginé  de  faiie  des  bassinoires  en  étain 
qa*on  remplit  d'eau  bouillante:  ces  bas-- 
siooires  ont  1 4  ou  1 5  pouces  de  d  inmètre) 
4  ou  â  pouces  d'épaisseur  au  centre,  et 
UD  ponce  ou  deux  sur  le$  bords;  elles 
ont  la  forme  d'une  lentille,  et  l'on  y 
adapte  anasi  un  manche^  comme  à  la  bas- 
sinoire de  cuivre^  Ponr  remplir  d'ean  ces 
bassinoires  on  6te  le  manche  ;  on  dévisse  \ 
l'écrou  qi;iî  l'attache  à  la  lentille  :  par  ce 
moyen  oo  a  la  facilité  de  remplir  d'ean 
bouilbnte  la  bassinoire  ou  le  a^armmg^ 
pan ,  qui  est  le  nom  anglais  ;  on  le  pro- 
mène de  même  de  haut  en  bas ,  ou  bien 
on  le  suspend  à  la  cage  de  bois  au  centre 
du.  lit.  On  peut  méikie  le  laisser  à  demeure, 
en  manière  dediauffe-pieds,  pour  les  ma- 
lades et  les  personnes  délicates.  Un  seul 
wûrming-pàn ,  rempli  d'eau  bouillante, 
peut  cheuffer  six  lits  alternativement  :  il 
peut  conserver  sa  chaleur  pendant  sept 
heures;  en  hiver  on  s'en  sert  dans  les  voya» 
ges.  Ces  wtormmg'pans  sont  faits  comme 
les  plats  d'étain  remplis  d'eau  bouillante 
dont  on  se  sert  pomr  maintenir  les  viandes 
chaudes  sur  les  tables;  excepté  que  ceux- 
ci  n'ont  point  de  manche ,  mais  seulement 
deux  anses  en  fer  pour  les  porter,  et  que, 
ponr  les  ouvrir  et  y  introduire  l'eau,  on 
dévisse  le  couvercle,  qui  se  visse  her- 
métiquement avec  son  fond,      F.  K-n. 

BA8SOMPIERRE  (le maréchal 
FxAHçois  nK  ) ,  de  la  maison  de  Oèves , 
né  en  Lorraine,  en  1579 ,  se  rendit  cé- 
lèbre sona  Henri  lY  et  LomsXllI,  par  sa 
bravoure,  son  esprit  et  ses  galanteries.  Il 
fit  sa  première  campagne  contre  le  duc 
de  Savoie,  en  1603  ,  et  sa  seconde  eu 
Hongrie,  contre  les  Turcs ,  en  1693.  De 
retour  en  France,  il  rechercha  M"*  de 
Montmorency,  dont  alors  le  roi  Henri  lY 
était  éperduilfient  amoureux  ;  mats  il  re- 
non^  à  sa  main  pour  complnire  an  roi , 
qui  le  dédommagea  de  ce  sacrifice  ea  le 
faisant  colonel-général  des  unisses  et  Gri- 
Mms.  De  1617  à  1633,  époque  à' laquelle 
I^w  Xm  hd  donna  le  bâion  de  maré- 


chal de  France,  Bassomi^emMnifttni 
avec  bouneur  À  divers  sièges  et  oombftli. 
Le  favori  De  Iai3^«ic8,  aoqnd  son  crédk 
portnit  ombrage  9  lui  propoaa,  ponr  Té- 
earter  de  la  conr,  des  emplois  émioeosu 
Peu  disposé  à  disputer  une  favenr  dont 
pent-étrc  il  ne  se  souciait  gisèrey  1«  iBik- 
récbal  accepta  Tambassade  d'Espagne.  Là 
il  prit  part  aux  négociations  entamées  am 
sujet  de  la  Valteline  et  qui  ftirtnt  tenni- 
nées  par  le  traité  de  Madrid  (163S). 
L'année  suivante  il  fnt  snoœssiva 
envoyé  en  Suisse  et  en  Angleterre. 

Au  siège  de  La  Rochelle, 
pierre  commanda  m  corps  de  tmnpea 
séparé;  mais  quoiqu'il  poussât  l'attaque 
avec  la  bravtnire  et  l'ardeur  fyû  lui  étalent 
naturelles ,  il  n'en  reconnaissait  pat 
moins  que  la  chute  de  cette  ville  entnl* 
nerait  celle  du  -parti  protestant  dont  elle 
était  le  boulevard ,  et  donnerait  une  no»* 
velle  fonoe  au  eardinal  de  Richelieu ,  déjà 
si  redoutable  à  l'aristocratie.  Convaincn 
que  ce  ministre  cherchait  à  étahlir  k 
puissance  royale  snr  les  mines  de  ee  parti, 
il  disait  un  jour  :  «Je  crois  que  nous  se» 
rons  assex  fous  pour  prendre  La  Ro- 
chelle. »  La  place  se  rendit  le  3$  oct«  163Sy 
malgré  leeefforU  des  Anglais  et  la  résia« 
tance  opiniâtre  de  ses  défenseurs. 

Toujours  dévoué  à  la  cause  desgnnds, 
Bassompierre  seconda  tant  qu'il  pnt  lenrt 
attaques  contre  Richelieu*  Qnand  il  ne 
pouvait  a(.ir, il  parlait.  Le mbiittret>ffsMé 
de  la  hardiesse  de  ses  diseourt^  tnnnra 
bientôt  l'occasion  de  s'en  imgen  Bas* 
sompierè«,  accusé  d'avoir  pris  part  à  Fin** 
trigoe  qui  amena  le  fnariage  de  Gaston 
d'Orléans  avec  la  princesse  Marguerite  , 
sœur  du  due  de  Lorraine,  fut  mis  à  la 
Bastille,  le 33 février  1681.  Ondh qu'a- 
vant d'être  arrêté  il  br^a  pkis  de  6,eM 
lettres ,  preuvea  et  souvenirs  et  ses  snc- 
cès  auprès  des  dames.  La  liberté  ne  Ini 
fut  rendue  que  13  am  api^,  à  la  ntort 
de  Richelieu. 

Bassompierre  f^  réhstégné,  par  M aia« 
'  rin,  dans  la  charge  de  colonel^énén4  de» 
Suisses,  dont  on  l'avait  km^  dn  ae  dé- 
faire. H  reçnt ,  depuis,  le  eoUier  des  or- 
dres du  roi.  On  songeait  mèiseà  le  nom- 
mer gouverneur  de  Lonis  XiV^  loraque^ 
frappé  d'apopkxiei  il  mourat  le  11  oe* 
tobrel646. 


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B\S 


(132) 


BiS 


Oo  trouve  dans  ses  écrits  et  dans  tes 
mémoires  du  temps  des  détails  piquans 
sur  ses  aventures  tour  à  tour  romanes- 
ques f  plaisantes  et  bizarres.  Ses  amours 
avec  M"^  d*£ntrague^  firent  beaucoup 
.de-  bmit.  Pendant  huit  ans  cette  dame 
rédama  y  sans  succès,  le  titre  de  maré- 
chale de  Bassompierre ,  qu'elle  croyait 
devoir  porter,  en  vertu  d'une  promesse 
de  mariage  que.le  maréchal  lui  avait  faîte. 
Le  rencontrant  un  jour  au  Louvre ,  elle  le 
pressa  de  la  reconnaître  pour  sa  femme. 
«  Pourquoi,  lui  répondit-il  ironiquement, 
prenez-vous  un  nom  de  guerre  ?  «—«Vous 
êtes  le  plus  sot  des  hommes ,  »  s'écria  celle- 
ci  indignée.  — ^  «  Que  diriez-  vous  donc, 
répliqua  le^ maréchal,  si  je  vous  avais 
épousée.  »  Un  fils  né  de  leurs  amoors 
mourut  évèque. 

:  On  a  de  Bassompierre  :  t^  des  Jtfe- 
moi'rej sur  sa  vie,  de  1598  à  1681  (Co- 
logne, 1665,  2  vol.  in-13;  Amsterd., 
1 723 ,  4  vol  ).  Ces  mémoires ,  écrits  avec 
assez  de  pureté  et  d'un  style  quelqueÊDÎs 
animé  et  toujours  spirituel,  renferment 
une  foule  de  détails  précieux  sur  les  hom- 
mes et  sur  les  événemens  de  l'époque  où 
a  vécu  l'auteur;  2^  un  ouvrage  estimé, 
en  un  volume,  intitulé  :  Ambassades  de 
M.  le  maréchai  de  Bassompierre  en 
Espagne,  en  Suisse  et  en  An^terre  ; 
Cologne,  1661,  in-12;  3^  des  Notes 
écrites  dans  sa'  prison,  sur  la  vie  des  rois 
Henri  IV  et  Louis  Xni,  par  Dupleix. 
Ces  notes ,  ou  plutôt  ces  critiques  har- 
dies et  amères,  qui  n'étaient  pas  desti- 
nées à  voir  le  jour,  ont  été  publiées  sans 
son  consentement  par  un  Minime  auquel 
il  les  avait  confiées;  4^  de  nouveaux  Mé- 
moire^ du  maréchal  de  Bassompierre, 
recueillis  par  le  président  Hénault,  et 
publiés  en  1602  par  Serieys,  1  vol.  in-S*', 
mais  dont  on  ne  saurait  garantir  l'authen- 
ticité. J.  L.  T.  A. 

BASSON ,  înstnunent  de  musique  en 
bois,  qu'on  joue  au  moyen  d'une  anche 
ajustée  sur  un. tube  courbe  en  cuivre, 
appelé  6oc^ 

Suivant  l'opinion  exprimée  par  Albo- 
nesi ,  dans  son  introduction  aux  langues 
chaldaîque ,  syriaque  et  arménienne,  im- 
primée à  Parie,  en  1539,  l'invention  du 
basson  est  due  à  un  chanoine  de  Ferrare, 
nommé  AiraniOy  qui  vivait  dans  la  pre- 


mière moitié  du  xvi«  siècle.  Cette  inven- 
tion était  sans  doute  fort  récente  à  l'épo- 
que où  écrivait  Albonesi ,  car  NachtigaH 
ne  parle  pas  du  basson  dans(8a  Musurgia , 
imprimée  en  1  ^39.  Cependant  il  est  vrai- 
semblable que  la  basse  de  hautbois,  ins- 
trument de  même  genre,  était  connue  en 
Franc  evers  ce  temps-là.  Plusieurs  sortes 
d'instrumens  composaient  la  famille  du 
basson  ;  la  basse  de  hautbois  avait  cinq 
pieds  de  long,  et  elle  éuit  percée  de  onze 
trous,  dont  quatre  se  bouchaient  avec 
des  clefs. 

Cet  instnunent,  qiyi  était  droit  et  qui 
avait  la  forme  du  hautbois,  se  jouait  avec 
un  bocal  comme  le  basson.  Le  basson , 
proprement  dit,  était  d'une  seule  pièce 
et  n'avait  point  de  pavillon  comme  1* 
basse  de  hautbois;  il  arvait  douze  trous , 
quatre  clefs,  et  descendait  plus  bas  que 
la  basse  de  hautbois.  \a  fagot  était  formé 
de  plusieurs  pièces,  comme  le  basson  ac- 
tuel. On  en  comptait  de  trois  espèces  :  la 
première  avait  douze  trous  et  trois  ciels; 
la  seconde  était  percée  duméme  nombre 
de  trous,  mais  n'avait  point  dé  clef.  Plu- 
sieurs de  ces  trous  se  bouchaient  avec 
des  chevilles  qu'on  ajoutait  pour  jouer 
dans  certains  tons.  Le  fagot  de  la  troi- 
sième espèce  s'appelait  courtaut,  parce 
qu'il  était  plus  petit  que  les  autres.  U 
avait  onze  trous  et  trois  clefs.  Le  dernier 
instrument  de  cette  espèce  était  le  cer^ 
t>elat:i\  avait  la  forme  d'un  barillet  et 
n'avait  que  cinq  poucea  de  long  ;  il  était 
percé  de  seize  trous  sur  sa  capacité ,  et  U 
disposition  en  était  telle  qu'il  descendait 
aussi  bas  que  s'il  eût  eu  trois  pieds  et 
demi  de  long. 

Le  basson  est,  dans  l'état  actuel  de  sa 
construction,  l'un  des  instrumens  les  plus 
imparfaits  :  quelques-unes  de  ses  notés 
sontsourdes,elles  manquent  de  justesse;  et 
telle  est  la  difficulté  de  son  doigté  qu'une 
foule  de  passages  sont  inexécutables.  La 
méthode  de  basson  d'Ozi  contient  une 
liste  de  ces  passages  impraticables  qui 
remplit  deux  pages  in-foL  Bien  des  es- 
sais ont  été  faits  jusqu'à  ce  jour  pour 
mettre  le  basson  au  niveau  des  besoins 
qu'on  en  a;  bien  des  perfectionnemens 
ont  été  apportés  dans  sa  construction  ; 
niais  il  est  loin  d'^re  parfait  encore.  Déjà 
MBl  Grenier  y  luthiers  renomméa  de 


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BAS 


(133) 


BAS 


Brtaàtf  «raient  iatrodsit  qatUfatê  amé- 
lioratioiM  importantes  daoa  la  fîicture  du 
basson  y  lorsqaVn  1817  M.  AJmenneder 
fit  de  nombreux  essais  dans  les  ateliers 
de  Mlif.  Schotty  à  Mayence,  et  à  force 
de  persévérance  parvint  enfin  à  combiner 
tontes  les  parties  du  basson  de  manière 
i  obtenir  la  plus  grande  justesse  possible, 
et  à  faciliter  l'exécution  des  passages 
qu'on  avait  regardés  jusqu'alors  comme 
injouables.  Le  basson  de  M.  Aimenneder 
est  armé  de  quinze  defs. 

La  eause  du  peu  de  justesse  du  basson 
est  dans  la  perce  des  trous,  qui  est  dé- 
iectneuse.  La  plupart  de  ces  trous  ont 
un  écartement  qui  gène  l'exécutant  ;  et 
cependant  cet  écartement  n'étant  point 
encore  assez  considérable,  les  trous  ne 
sont  point  à  leur  place  et  l'instrument  ne 
peut  être  juste.  Pour  rendre  le  basson 
juste  il  faut  avoir  égard  aux  principes 
physiques  des  longueurs  des  cordes  ou 
des  tuyaux  ouverts,  correspondantes  à 
cbaque  son,  et  faire  la  division  en  raison 
de  ces  longueurs.  C'est  d'après  ces  prin- 
cipes invariables  que  MM.  Brod  de  Paris, 
et  Saxde  Bruxelles,  ont  fait  nouvellement 
des  essais  qu'on  peut  espérer  voir  cou* 
rmner  de  succès.  £.  F-s. 

BASSORA  ou  BASR  AH,  vcf.  Ieail- 
Ababi. 

BASSOEINE.  Cest  un  principe  im- 
médiat qui  doit  son  nom  à  la  gomme  de 
BtMssorayyttaqv»  entièrement  composée 
de  bassorine.  On  le  distingue  des  autres 
principes  que  l'on  rencontre  dans  les  diffé- 
rentes espèces  de  gomme  (voy,)  en  ce  qu'il 
se  divise  dans  l'eau  en  petits  globules, 
sans  s'y  dissoudrcOn  l'obtient  facilement 
en  traitant  successivement  là  gomme  de 
Bassora  par  l'eau,  l'alcool  et  l'étber,  qui 
^traînent  les  substances  étrangères.  On 
passe  ensuite  à  travers  un  linge,  pour  sé- 
parer le  ligneux  qui  s'y  trouve  mêlé. 

La  bassorine  par  une  ébulliUon  pro- 
longée dans  l'eau  devient  soloble;  l'ac- 
tion est  plus  prompte,  sî  elle  est  favori- 
sée par  une  petite  quantité  d'acîde  ou 
d'alcali;  l'acide  nitrique  la  transforme  en 
acide  mucique.  H.  A. 

BASTARD  D'ESTANG  (Domin- 
QiTBr-FmAVÇois-MÂmiE,  comte  de),  pair 
de  France,  grand'eroix  de  l'ordre  royal 
de  la  Lé^km-d'honnenry  maintenant  pré- 


sident de  chambre  à  la  cour  de  cassation^ 
naquit,  en  17S8,  à  Nogaro,  département 
du  Gers.  U  embrassa  de  bonne  heure  la 
carrière  du  barreau,  et  s'y  fit  remarquer 
dans  plusieurs  circonstances  par  une  sa-. 
gacité  peu  commune.  U  devint  bientôt 
conseiller-auditeur  à  la  cour  d'appel  de 
Paris,  puis  conseiller  à  la  cour  impériale 
de  cette  même  ville,  en  l'an  18 10.  Lors 
des  Cent-Jours,  il  continua  de  siéger  à 
cette  cour;  mais  il  vota  avec  courage  con- 
tre l'aete  additionna,  ce  qui  le  fit  main- 
tenir dans  ses  fonctions  après  le  second 
retour  de  Louis  XVIII.  Nommé  à  la  pré- 
sidence S  ou  4  mois  après,  ^1  se  rendit  à 
Lyon,  par  ordre  du  gouvernement,  vers- 
la  fin  de  l'année  181^,  avec  le  titre  de 
premier  président  de  la  cour  royale  de 
cette  même  ville.  En  1819,  il  fut  rap- 
pelé à  Paris,  fut  nommé  membre  de  la 
chambre  des  pairs,  et  chargé,  en  1820, 
d'instruire  le  procès  de  Louvel ,  assassin 
du  duc  de  Berri.  Dans  cette  douloureuse 
affaire  il  déploya  autant  d'intégrité  que 
de  jugement;  toujours  indépendant  dans 
ses  opinions  politiques,  et  surtout  dans 
sa  manière  équitable  de  poser  les  ques^ 
tions,  il  repoussa  victorieusement  l'opi- 
nion de  ceux  qui  osaient,  sans  pourtant 
y  croire,  aocuser  une  partie  de  la  nation 
d'un  crime  isolé  et  qui  était  détesté  de 
la  Fkance  entière.  M.  le  comte  de  Bastard, 
l'un  des  membres  de  la  commission  char- 
gée de  l'instniction  du  procès  des  mihis- 
tres  de  Charle^X  accusés  par  la  chambre 
des  députés,  fut  aussi  choisi  pour  en  faire 
le  rapport  à  la  cour  des  pairs,  dans  la  séan- 
ce du  29  novembre  1830.  U  résuma,  avec 
prudence  et  impartialité  le  récit  des  gra- 
ves événemens  qui  venaient  d'avoir  lieu. 
Ce  magistrat  s'est  toujours  montré  digne 
delà  haute  considération  dontil  JQ.uit  dans 
les  diverses  fonctions  qu'il  a  remplies.  Un 
de  ses  frères,  M.  Ajlmaiid  de  Bastard,  éuit 
préfetdelaHaute-Loireen  1817.F.R-D. 

BASTI A  j  vojr.  Corse. 

BASTILLE,  tour,  bastion,  ouvrage 
de  fortification  en  général.  Ce  mot,  dé- 
rivé de  l'italien  bastia  ou  de  bastion,  a  la 
même  étymologie  que  le  veibe  bdtin 
Dans  le  vieux  françab  bastille  signifie 
siège,  et  bastUler,  assiéger,  ainsi  qu'on 
le  voit  par  des  citations  dans  Ducange. 

Ce  nom  appdlatif  est  resté,  comme 


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BAS 


(m) 


BAS 


«on  ]m>f)re^»ii  ehâtcau-tbrlékré  au  nord- 
Mt  de  I^ris  dniM  le  quartier  Saint- An-. 
UHue,  en  1)69,  sous  la  direction  de  Hb^ 
gocs  Aubrjot  (voX')i  prévôt  6es  tear- 
cbandfl,  qui  eut  rHenneor  d*ébre  à  la  fois 
lé  fondateur  de  cette  citadelle  et  le  pre- 
mier prisonnier  d'état  qui  jf  fot  enfermé. 
Fof.  Prisow  »^état.  J.  H.  s. 

sue  lie  ëotisist^^  d'abord  qu'en  deux 
tours, 'bordant  chaque  côté  du  cbeniin 
qn)  entrait  dana  Paris.  En  1383  j  il  y  en 
avait  buit  qùê  Charles  Y I  environna  d*uo 
fbssé.  De  1609  à  1610,  Henri  lY  y  dé- 
posa ses  tré!(ors.  Mai^  Fmage  babituel  de 
la  Bastille  fm  cekti  d'une  prteoti  d'état. 
Les  cacbotà  étaient  ert foncés  de  19  pieds 
ad-dessoùedci  niveaà  de  la  coni*.  Le  jour 
n'y  arrivait  que  par  ttire  étroite  ouverture 
donnanrt  sur  le  fbssé.Le  priso^irtier,  plon;^ 
dans  une  atmosphère  infeoteet  humide, 
ma  miNett  d'uri  Hmon  0«i  piiHnlaiefit  les 
crapauds,  n'y  pouvait  vivre  lông^temps. 
Aussi  dans  l'origine  On  û'v  pla^it  qw 
ceux  dont  on-  votfkît  arracher  des  aveux 
par  h  ter^r.  Les  autres  étages  des  |o«rs 
étaient  èti  polygoties de  Ifr  à  t6 pie^s  de 
diamètre  et  de  IS  à  10  pîc^  debawt  An 
•  cînquiètncétageêtafîentleseiÉMleeétottP- 
farttes  eh  été ,  gb^ales  eef  Irt  ver. 

L'irtneuMement  ordinaire  co^aistak  en 
un  lit  de  îerge  verte  âvee  rideaent,  pait- 
lftS4e  et  matelas,  uno  ou  dfeo*  tables, 
deux  ou  troi^  cbatse**;  par  fbveur,  des 
pîncertes  et  u*ie  pelle,  de*x  pierres  an 
ficu  de  cbenetsL  La  Baatitie  pouvait  cen-^ 
tenir  eilvîrOii  (lOpriswinirtrs  Ib^és  séper- 
fémeht,  et  100  (ffttttiâ  tm  en  réunissait 
pWsiew^  dan*  ht  même  ebmnbre ,  saftis- 
factlon  ra^e  et  jaffl/wî*  accordée  dans'  lesc 
preMiérijftAhrèr  de  te  détention.  Linguet,- 
daiM  se«  Mfntofhe^i  céwvieoC  q«('otitre 
«tie  fondation  èé  44,750^  fWttcs  par  ëi>, 
nbàr  îa  éotfirturé,  le  réi  aja«t«fit  trois 
franès  par  jour  p6<i*  irfn  prisoButer  du 
p!ué  bj»  étage ,  cent  sotfs  pour  lui  bow* 
eeois,  et  36  frawcî?  p6«r  <in  iÀàrédial*de 
Frànée.  A  sep*  betf^iÉ»,  4  «iiaM  et  I  rfx, 
\ti  porte-clefs  apportaient  les  repas.  fM^ 
Htïi  le  plrfeoiWiièi^,  la  séquefltralio»  était 
absoTâe  ou  teriiporaire;  )k  ^rèmeoade 
rare^  dburte,  bornée  à  la  e#or,  o«  éten- 
due au  jardin.  La  rîguew  <le  la  surveil- 
lance bti  do  trarterrtent  a  dé  varier  avec 
fè  caractèh?  de  Pé^ïoqÉe  et  du  prince. 


Boukbvitfiera  aseolre  a^bir  vu  un  cône 
dans  le  creux  dnquel  restait  continuelle- 
ment le  prisonnier,  sans  que  ses  pieds 
pussent  poser  horiiontalement.  Cette  tor- 
ture était  digne  de  Louis  XI.  Rien  d'ap- 
prochant sous  Louis  XV L  On  ne  trouva 
que  sept  prisonniers  lors  de  la  prise  de 
la  Bastille.  L'odieux  abus  des  lettres  de 
cachet  (  voy,  ) ,  dont  le  nombre  fut  porté 
jusqu'à  50,000  sous  le  ministère  de  M.  de 
Saint-Florentin,  avait  accrédité  des  bruits 
reconnus  plus  tard  être  sans  fondement. 
La  PRISE  DB  Lik.  Bastii.i,b  est  un  des 
événemens  les  plii^  remarquables  de  la 
révolution  de  1 789;  elle  assura  le  triom- 
phe des  droits  pof  ^ulaires  trop  long-temps 
méconnus.  L'éckit  de  ce  jour  n*est  pas 
toutefois  sans  nuages;  car  il  ouvrit  la  car- 
rière à  des  désordres  qui  devaient  entrai^ 
ner  dans  Tablme  vainqueurs'  et  vaincus , 
avec  les  Kber^,  objet  de  la  lutte  et  prix 
de  la  victoire. 

Le  tiérs-état  ayant  contraint  la  no- 
blesse et  le  clergé  à^  délibérer  en  com- 
m«n  dans  rassemblée  oit  sa  majorité  les 
dominait  et  lui  assurait  le  pouvoir  do 
dicter  en  maître  la  constitution,  Louis 
XYI  fut  poussé  à  faire  usage  de  la  force. 
On  peut  douter  que  cette  tentative  eût 
réussi  quand  méoie  il  se  iià  kt\i  i  la  tête 
des  troupes.  La  manière  dont  die  fut 
conduite  n'aboutit  qu'à  lui  Ikire  reodre 
son  épée. 

Bétenval,  commandant  de  Pfeiris  et  des 
huit  province»  circoavoisines,  raconte 
dans  ses  Mémoires  qu'on  ne  pouvait 
:  compter  même  sur  lo  régiasenides  Gar^ 
des-FrtfnçAÎses  tompoçé  de  S,<10#  hôm* 
mes.  Le  détail  du  service  étant  bAmib- 
donné  à  Pétat-aaajor,  les  officiers  con- 
naissaient à  peine  les  soldats  et  n'avaient 
>  smp'  eux  aucune  autorité  (t.  II,  p.  tl^t  ). 
'  Fignrans  des  jours  de  parade,  souvent  ila 
ne  les  accompagnaient  même  pas  «ux  ea- 
sT^mfs.  Une  ordonnance  exigeatirquatre 
quartiers  de  noMeseopeur  le  grade  d'of- 
fieier,  puis  la  discipline  nouvellement 
introduite  de»  coups  de  plat  de  sabre, 
avaient  aliéné  les  troupes.  Un  matin  que 
le  régirent  était  consigné  dans  ses  quar« 
tiers^  ph»ieors  cortpafgnïae,  ma%ré  les 
efforts  des  sergens  et  des  olficiers ,  for- 
cèrent la  corisigne  et  aHèreut  remplir  leo 
cabaret»  de  Yaugmrd,  y  hkmiÊi  uno 


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BAS  (  115  ) 

éBorme  dépense;  elle  fut  ^jée.  D'oà 
lear  venait  Fargent?  Peu  après,  le  80 
joIb,  1 1  d'entre  eux,  mit  à  la  prison  mili- 
taire de  TAbbaye,  en  fbreot  arrachés  par 
les  Parisiens  et  conduits  en  triomphe. 
Une  députation  de  T  Assemblée  nationale 
avait  sollicité  pour  aux  la  clémence 
royale.  Remis  en  prison  sur  sa  promes- 
se, ils  n'y  étaient  restés  que  34  heures. 
Cen  était  fait  de, la  discipline.  Cepen- 
dant autour  de  Pii'is  et  de  Versatiles  se 
cenceolraient  IS  réf^mens  sous  le  ma- 
réchal de  Broglie,  le  général  le  plus  im- 
posant de  l'armée.  Le  pare  de  Versailles 
offrait  faspect  d'un  camp.  Une  adresse 
de  l'Assemblée  demanda  le  renvoi  des 
troupes.  Le  roi  répondit  que  le  maintien 
de  la  tranquillité  était  le  seul  objet  de  ce 
rassemblement;  que  ai  l'Assemblée  avait 
•ocore  des  craintes,  il  la  transférerait  k 
SoissoBs  ou  à  Noyon.  C'était  lui  ^er 
Tappai  de  la  capitale  et  la  placer  entre 
deux  «anips. 

QoAtre  petites  lieues  sépareOt  Versail- 
les de  Paris;  on  cherchait  à  se  rapprocher 
des  foyars  où  arrivaient  les  noitvellea.  Au 
P^ais-Royal  se  fmHnaient  les  phis  nom-« 
breux  rassemblemens.  Patriotes,  oisifs, 
Gsrieux,  agitateurs  y  affluaient.  Dans  les 
calés,  au  jardin  mime,  r^entissait  le 
bmtl  des  paroles.  Souvent  un  orateur 
n^n4é  sur  une  table  attirait  autour -de 
lot  la  muUiludè  et  kri  soufflait  la  sédîtioa 
a(vee  impitamté.  Le  dinbandie  12  juillet 
17d9  9  vers  midi,  se  répandit  le  bmïi  en 
renvoi  déNecker,de  celui  deses  collègues, 
et  de  leur  reiïi placement  pur  des  minis- 
tres opposés  à  la  cause  populaire.  Les 
premiers  qui  débitaient  cette  nouvelle 
furent  d'abord  makrmtés;  mais  bientôt 
la  conatematîon  devint  générale.  On  fit 
cessée  les  jeux ,  snspendre  les  spectadesl 
Entre  4  et  S  heures,  près  de  1 0,000  per- 
I  éWiient  accourues  au  Palais-Roy  af, 
s,  décidées  à  loi^t^  mais  incertaines 
sur  les  mesnrea  à  prendre.  Un  jeune 
hoanie,  Camille  DesmouKns,  cbnntr  par 
sa  battillante  exaRatîm  répnblicaine  , 
monte  sur  «ne  table,  le  pistolet  ep  nmin. 
•  Cesl  leloosin  d'une  Saint-Barthélémy 
de  phtriotes,  s'écrie-t-il.  Ce  soif,  les 
AUenrands  et  les  Suisses  sortiront  du 
C^aàip-de-rMars  pour  nous  égorger  I 
Ans  arme»!  »  Oi  hiî  répond  par  d# 


BAS 

bruyantes  acclamations.  Poitr  se  recon-> 
naître  il  fallait  dps  cocardes  ;  en  un  ins- 
tant les  marroniers  sont  dépouilléi  de 
leurs  feuilles^  La  troupe  en  tumulte 
prend  chez  un  sculpteur  les  bustes  de 
Necker  et  du  duc  d'Orléans,  les  entoure 
d'un  crêpe  et  les  porte  en  triomphe, 
obligeant  tons  ceux  qu'elle  rencontre  à 
mettre  chapeau  bas.  Ce  cortège  grossis- 
sait à  chaque  pas.  A  la  place  Vendéime, 
un  détachement  de  RojaK Allemand  veut 
le  disperser  :  il  est  repoussé  à  coups  de 
pierres  et  la  multitude  parvient  jusqu'è 
la  place  Louis  XV. 

Là,  le  baron  de  Bésenval,  chargé  du 
commandement  de  Paris,  avait  réurri  on 
fort  détachement  des  gardés  suisses,  les 
hn9sa;*ds  de  Berchiny,  lest  dragons  de 
Choiseul,  le  régiment  de  Salis-Samade; 
l'brdre  était  donné  aux  postes  de  cavale- 
rie répandu?  dans  les  faubourgs  de  venir 
l'y  joindre.  En  s'y  rendant,  il<  forent, 
dit-il,  assaiHn  de  propibs  hijarieax,  de 
coups  de  pierres,  de  coups  de  ]risloiets; 
plusieurs  hommes  furent  blessés  griève- 
ment, sans  qu'il  échappât  méak  un  geste 
menaçant  aiTx  soldats  :  tant  fut  respectée 
la  consigne  générale  de  ne  pas  répandre 
une  seule  goutte  dn  sang  des  citoyens.  Le 
cortège  avec  ses  Imstes  s'avançait  vers 
les  troupes,  espérant  les  amener  «  fin- 
smrection.  Quelques  soldats  allemands  se 
détachée^,  ribeCtent  les  bastes  en  pièces  et 
les  renversent  dans  la  bone.  £d  résistant, 
un  de  ceux  qui  les  portaient  est  tué  avec 
un  soldat  des  gardes-fran^fses.  La  foute 
épowantée  fuît  vers  Tes  qnaîs,  sur  les 
boulevards  ;  on  se  préct^pitè  dans  les  Tui- 
leries, par  le  pont-tournant  qui  n'existe 
plus  anJDurd'htri.  Des  pierres  étaient 
lancées  contre  les  soldats  que  Bésenval 
contint  quelque  temps.  Mais  le  prince 
de  Lamfeesc,  colonel  dn  régiment  de 
Royd-Altemand,  s'aperçut  qu'on  voûtait 
lever  le  pont-levis  des  Tuiferies.  Aussî- 
i&t  ft  s'éhince  pour  fempécher;  assallK 
d'une  grêle  de  pierres  et  transpbrté  de 
fttveur,  il  fond  le  sabre  en  main  sur 
ceàe  foule,  avec  ses  cavaliei^.  Un  vieilL. 
lard  inoffensif  tomba,  dit-on,  sous  ses 
coiipe.  Le  cri  de  vengeance  répété  piar 
16^,000  voix  retentit  en  un  moment  par 
tous  lès  qnatliters  èéVà  Ville. 

Les  Cardea^FnuB^sev  éliiea^  oonsi- 


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(136) 


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gnées  dans  leurs  casernes.  A  la  nouvelle 
de  cette  charge,  il  devint  impossible  aux 
officiers  de  les  conttuiir.  A  11  heures 
du  soir,  1,200  d'entre  eux,  se  présentant 
sur  la  place  Louis  XY,  tirèrent  des 
coups  de  fusil  sur  Royal-Allemand  qui 
ne  riposta  pas.  Quoique  Bésenvai  eût 
Tordre  de  repousser  la  sédiHon  par  la 
force,  il  fit,  à  1  heure  du  matin,  retirer 
ses  troupes  au  Cbamp-de-Mars  où  cam- 
paient 3  régimens  suisses  avec  800  ca- 
valiers. Avant  de  s'engager  dans  les  rues 
et  d'allumer  la  guerre  civile,  il  voulait 
des  ordres  plus  formels,  que  ne  purent 
obtenir  ses  messages.  Le  13  et  le  14  il 
resta  dans  Tinaction,  et  le  soir,  après  la 
prise  de  la  Bastille,  voyant  1^  canons 
des  gardes- françaises  menacer  l'École 
militaire,  il  se  replia  sur  Sèvres.  La  force 
militaire  resta  donc  paralysée  et  Paris 
fut  abandonné  à  lui-même  (Mémoires, 
tu,  p.  261,  866  et  878). 

Dans  les  grandes  villes  il  y  a  toujours 
un  ramas  d'hommes  sans  aveu ,  écume 
qui  reparait,  atthrée  par  l'espoir  du  pilla- 
ge, quand  l'autorité  qui  la  contenait  se 
trouve  un  instant  suspendue.  A  leurs  dé- 
sordres se  joignent  ceux  du  petit  peuple, 
toujours  irrité  contre  les  impôts  de  con- 
sommation. Cette  foule  court  aux  barriè- 
res «t  les  incendie  pour  avoir  désormais  les 
entrées  libres.  Sur  cent  autres  points,  les 
boutiques  de»  armuriers  sont  enfoncées* 
Le  bruit  des  pas  précipités ,  mille  voix 
confuses  et  le  tintement  lugubre  du  toc- 
sin ajoutent  aux  objets  d'effroi  que  mul- 
tipliait à  dessein  Thabilfcté  des  meneurs  : 
chaos  épouvantable  où  tout  semblait  de- 
voir s'abimer,  s'il  ne  s'était  offert  un  cen- 
tre de  ralliement,  une  autorité,  pour  or- 
ganiser 1^  moyens  de  défense  et  en  di- 
riger l'emploi. 

Les  électeurs  de  Paris  avaient  arrêté 
qu'ils  continueraient  leurs  séances  à  vo- 
lonté, après  la  nomination  des  députés. 
Instruits  par  ceux-ci  du  danger  que  courait 
l'Assemblée  nationale  d'être  dissoute,  le 
26  juin  en  plein  jour,  ils  s'étaient  réunis 
au  nombre  de  2  à  800,  dans  la  salle  du 
musée  de  la  rue  Dauphine.  L'un  d'eux, 
fort  jeune,  proposait  déjà  de  prendre  les 
armes;  quelques-uns  eurent  horreur  de 
la  proposition,  d'autres  l'approuvaient  : 
A  Jeune  homaie,  répondit  une  voix,  re- 


mettons cette  motion  à  la  quinzaine,  m-  A 
partir  de  ce  jour  ils  s'installèrent  libre- 
ment à  rHôtel-Kie-Ville,  eurent  le  temps 
de  reconnaître  ceux  d'entre  eux  qui  pou- 
vaient diriger  le  mouvement  au  milieu  de 
la  tourmente,  et  formèrent  rapidement 
avec  les  provinces  cette  coalition  qui  fit 
sortir  comme  de  terre  des  millions  de 
gardes  nationales  devant  laquelle  l'admi- 
nistration de  Louis  XYI  resta  pétrifiée 
comme  par  la  tête  de  Méduse. 

Ce  furent  ces  électeurs  qui  improvi- 
sèrent, le  1 3,  l'organisation  d'une  milice 
bourgeoise  de  48,000  hommes  fournis  par 
les  districts,  et  portant  la  cocarde  pari- 
sienne rouge  et  bleue.  On  devait  désar- 
mer et  punir  tout  homme  qui,  avec  cette 
cocarde,  n'aurait  pas  été  enrôlé  dans  son 
district.  Jje  prévôt  des  marchands ,  de 
Flesselles ,  consentit  à  se  mettre  à  la  tête 
d'une  municipalité  rapidement  élue  et 
ioyestie  de  tous  les  pouvoirs;  Un  comité 
permanent  travailla  jour  et  nuit  à  établir 
l'ordre.  Vingt  fois  cette  frêle,  mais  oouhi- 
geuse  autorité,  faillit  être  mise  en  pièces, 
au  milieu  des  agitations  populaires  qu'ex- 
altaient le  danger,  la  défiance  et  la  con- 
fusion inévitables  en  de  pareils  momens. 
La  multitude  prétendait  que  la  ville  avait 
un  arsenal  secret,  et  n'écoutant  aucune 
raison ,  dès  9  heures  du  matin  elle  avait 
pris  le  dépôt  des  armes  des  gardes  de  la 
ville  et  distribué  leurs  860  fusils.  Par- 
tout on  cherchait  de  la  poudre.  Cinq 
milliers  qui  sortaient  secrètement  de  Paris 
venaient  d'être  saisis  et  déposés  dans  une 
salle  basse  de  l'Hôtel-de- Ville.  Tandis 
qu'un  abbé  Lefevi^  s'occupait  à  la  distri- 
buer, un  coup  de  fusil  est  tiré  sur  les  ton- 
neaux ,  un  coup  de  pistolet  sur  sa  per- 
sonne :  peu  après  un  homme  ivre  entre  la 
pipe  à  la  bouche,  fumant  sur  les  barils  ou- 
verts. Une  étincelle  tombée  eût  fait  sauter 
dix  mille  personnes^  l'abbé  ne  s'en  tira 
qu'en  acheUnt  cette  pipe  allumée.La  nuit, 
la  porte  était  brisée  à  coups  de  hache  qui 
faisaient  jaillir  l'étincelle  de  ses  doos.  De 
moment  ea  moment  se  succédaient  les 
flots  du  peuple  impatient  qui  demandait 
des  armes.  A  une  heure  et  demie  M.  de 
Flesselles  annonce  queJe  directeur  de  la 
manufacture  de  Cbarleville  lui  a  prorats 
12,000  fusils  qui  seront  suivis  de  80,000 
autres.  On  s'apaise  et  Ton  attend.  Ar-? 


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rivent  des  caisses  avec  ]*étiquette  «  artil- 
lerie. »  Elles  n'étaieot  remplies  que  de 
vieux  lioge,  de  bouts  de  chandelles  et  de 
morceaux  de  bois.  Qui  les  .avait  amenées  ? 
On  est  encore  à  le  savoir  ;  mais  un  cri 
général  de  trahison  éclata  aussitôt  contre 
le  comité  et  contre  Flesselles.Sans  doute 
celui-ci  n*en  était  {mis  coupable  ;  mais  il 
avait  encore  eu  l'imprudence  ou  le  maK 
heur  d'ordonner  la  fouille  de  la  mabon 
des  Chartreux,  comme  contenant  des  ar- 
mes :  rien  n'y  fut  trouvé;  on  amenait  les 
religieux  tremMans.  Tandis  qu'un  orage 
d'imprécations  tonnait  sur  la  place,  le 
malheureux  Flesselles,  réduit  à  révoquer 
l'ordre  donné,  disait  avec  embarras  aux 
commissaires  qui  demandaient  l'explica- 
tion de  ce  mystère  :  «  Je  me  suis  trompé... 
j'ai  été  trompé.  >  Erreur  qui  devait  lui 
coûter  la  viei  (Procès-verbal  des  séances, 
etc.).  Ce  jour  du  moins,  il  vécut  encore. 
L'ordre  Âe  fabriquer  60,000  piques 
apaisa  un  moment  la  tempête.  Toutes  les 
enclumes  de  la  ville- résonnèrent  aussitôt. 
Une  foule  d'autres  mouvemens  croi-. 
saient,  empêchaient  ou  favorisaient  ces 
opérations.  Au  bruit  du  tocsin ,  au  rou^ 
lement  des  tambours,  les  citoyens  se  for- 
maient en  troupes  sur  les  places  et  dans 
les  jardins;  on  y  voyait  les  volontaires  du 
Palais-Royal,  des  Tuileries,  de  la  Bazo- 
ch^  etc.  Le  comité  entendait  les  60  dis- 
tricts dont  le  langage  s'élevait  à  la  fierté 
romaine.  Sur  la  place  de  Grève  venaient 
s'entasser  les  voyageurs,  les  voitures  arrê- 
tées aux  barrières  et  chargées  de  subsis- 
tances, de  vaisselles,  de  meubles.  On  y  en^ 
tendait  mugir  des  troupeaux.  Ici,  la  voi- 
ture du  prince  de  Lambesc  servait  à  un  feu 
de  joie;  là,  on  amenait  deux  magistrats 
arrivant  de  Versailles  et  traités  par  consé- 
quent de  conspirateurs;  un  peu  après,  c'é- 
tait un  marchand  de  cocardes  qui  forçait, 
dîsail-on,  les  passans  à  les  acheter  un  petit 
écu  quand  elles  ne  valaient  que  14  sous, 
et  des  voix  furieuses  demandaient  qu'il 
fût  traité  en  crimind  de  lèse-révolution. 
Il  fallait  bien  que  le  comité  écoutât  tout 
Il  promettait  de  punir,  afin  de  prévenir 
les  meurtres  et  surtout  les  soupçons.  Ses 
membres  étaient  rendus  de  fatigue.  Mo- 
reau  de  Saint-Merry,  un  de  leurs  prési- 
iiens,  donna  dit-il,  près  de  3,000  ordres 
ea  trois  joRTs.  La  suit  venue,  quatre  âfo- 


teurs  restés  à  l'Hôtel-de-Ville  eurent  en- 
core une  alerte.  A  deux  heures  du  ma- 
tin on  leur  annonça  que  15,000  hommes 
descendaient  de  la  rue  Saint-Antoine 
pour  forcer  l'Hôtel-de-Ville  :  «  Je  le  fe- 
rai plutôt  sauter  » ,  répond  Legrand  de 
Saint-Réné;  et  il  ordonne  aux  gardes  de 
mettre  6  barils  de  poudre  dans  le  cabi- 
net voisin.  La  cohue  se  retira  à  la  vue 
du  premier  baril. 

Le  14,  de  neuf  heures  à  midi,  l'arse- 
nal des  Invalides  fut  pillé.  Dès  la  verUe 
au  soir,  deux  districts  étaient  venus  de- 
mander qu'on  leur  abandonnât  32,000 
fusils  que  l'hôtel  contenait,  afin,  disaient- 
ils,  de  défendre  leurs  maisons  menacées 
du  pillage  et  du  feu  par  les  brigands  (Bé- 
senval,  p.  864).  Ces  fusils  étaient  cachés 
dans  des  souterrains,  sous  le  dôme,  et 
couchés  entre  des  litB  de  paille,  ce  qui 
fit  croire,  car  on  se  défiait  de  tout,  que 
ces  précautions  avaient  été  prises  pour 
les  incoidier  à  volonté.  (Dusaulx^  page 
393).  Le  gouverneur  Sombreuil  avait 
imaginé  d'en  faire  retirer  les  chiens  et 
les  baguettes;  mais  en  six  heures,  20  in- 
yalides  employés  à  cet  ouvrage  n'avaient 
désarmé  que  2i>  fusils.  Les  canonniers , 
s'ils  avaient  reçu  l'ordre  de  charger  leurs 
pièces,  les  auraient  tournées  contre  le 
gouverneur,  et  peu  s'en  fallut  qu'il  ne 
fût  pendu  par  eux  à  la  grille,  quand  vint 
l'invasion  qu'ils  favorisèrent  Tout  ceci 
se  passait  sous  les  yeux  du  camp,  placé 
à  l'École  militaire.  Les  officiers  généraux 
réunis  furent  d'avis  que  cette  efferves- 
cence devenait  impossible  à  réprimer. 
Un  colonel  assura,  les  larmes  aux  yeux, 
que  son  régiment  ne  marcherait  pas. 
(Bésenval,  p.  364-6).  Les  fîisils  des  Inva- 
lides et  leurs  canons  roulaient  emmenés 
vers  la  Bastille^  J  lu  Bastiliel  était  le 
cri  général;  cette  prison  d'état  depuis 
long-temps  détestée  semblait  le  fort  de 
la  tyrannie.  On  croyait  y  trouver  un  ma- 
gasin d'armes;  d'ailleurs  son  artillerie 
menaçait,  dominait  le  quartier  Saint-An- 
toine ;  il  fallait  assurer  cette  position  mi- 
litaire à  l'insurrection. 

Une  description  de  la  Bastille  est  né- 
cessaire pour  l'intelligence  des  mouve- 
mens de  cette  journée.  Huit  grosses 
tours  rondes,  liées  par  des  massifs  de  ma- 
çonnerie épâif  de  9  pieds  |  composaient 


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BA» 


k  fbrtiefeMe  intérieare;  autour  de  son 
enceinte  était  un  jardin  sfiacieux.  y» 
bastion^  «ne  muraille  circulaire,  enfin  on 
fbasé  profond  de  25  pieds  défendaient 
l'accès  de  ce  jardin.  Oo  arrivait  à  la  for- 
teresse en  passant  par  deux  longues 
cours  qui  tournaient  circulairement  au- 
tour de  Tenceinte  extérieure,  et  préseo- 
tcient  la  forme  étroite  et  allongée  d'un 
fer  à  cheval.  La  première ,  appelée  cour 
du-  Passage  y  ai«it  sa  sortie  sur  IVxtré- 
Bitté  de  la  rue  Saint-Antoine.  A  droite 
étaient  les  casernes  des  invalides,  puis 
les  écuries  du  gouverneur.  Elntre  les  oh- 
semes  et  l'écurie  était  l'entrée  de  la  cour 
^/'Ormeqnidonnait  sur  l'arsenal.  A  l'ex- 
trémité de  la  cour  du  passage,  une  porte, 
un  eorps^e-garde,  un  fossé,  un  pont4evi8, 
présentaient  autant  d'obstacles  pour  arré^ 
ter  ceux  qui  voudraient  forcer  l'entrée  de 
la  deuxième  eour,appelée  cottr/duGanver^ 
nement.  A  droite  de  celle-ci,OD  voyait  l'bA- 
tel  do  gouverneur;  vis-à-vis,  une  avenue 
longue  de  1  Ôtoises  traversait  le  grand  fossé 
sur  un  pont  dormant;  au  bout  s'abaissait  un 
pont  levls;  un  corps-de-garde,  pans  une 
forte  gtille  en  fer  s'offraient  encore  airant 
qu'on  arrivât  enfin  dans  la  grande  oour 
intérieure  de  la  forteresse  bordée  de  ses 
huit  tours.  {Yoït  le  plan  de  la  BastiHew 
MérHoèresàt  Dusaulx,  p.  237,  €olle<v 
tîon  Bef  vitte  et  Dsfrrière.) 

La  garnison  était  composée  de  82  h»- 
vAlides;  32  Suisses  Karvaîent  reBpforcéede- 
pOfJS  quelqtres  jours.  Le  1 3  à  deux  faeufres 
du'  matin ,  le  gouverneur  De  Lannay  èea 
fie  rentrer  dans  l'ihtérîeur.  Le»effets<  fu- 
rent lais^  dans  les  caserne». 

Dès  fa  mAtrnée  dtfr  1 4,  des  pelotons  de 
cftoyetos  am*ivai<ent  de  tous  les  qinrtiers. 
Lés  canons  qu'on  disait  braqués  mt  la 
rtte  SaiAt-Anik>ine,  la  marcbe  annoncée 
des  téginfi^s  postés  à  Safint-Deufs,  je^ 
tâient  Talarme  :  on  voulait  en  finir. 

y  erë  1  (^heures  du  matfn',trois  kKMinies 
se  dfsafrt  députés  de  U  viHe  demaodè- 
tehi  à  p^ler  au  gouverneur.  Une  granck 
mnIfifMe  les  accompagnait.  Le  soKlat 
placé  à  la  grille  extérieure  les  conduisit 
jusqu'au  pi^emier  poi^t-levis  qne  fit  bais- 
ser le  gouverneur  accompagné  de  son 
éCflt-mtfjor,  niais  sans  permettre  à  11  oral*- 
tîtude  de  passer;'  qnîore  Soas-ofBoilHra 
sèrtSreRt  comme  otages.  A  pai»c  ce»  dé- 


putés éta^l  retirés  qu'il  en  survint  un 
autre»,  M.  Thuriot  de  la  Rosière,  en- 
voyé pat*  le  district  de  Saint-Louis  de  k 
Culture;  son  cortège  s'arrête  devant  le 
premier  pont-levis  :  introduit  dans  la  cour 
du  gouvernement,  il  demande  que  les 
canotis  braqués  sur  les  tours  de  bi  Bas^ 
tiJle  soient  descendus }  t  Je  ne  le  puis 
qu'en  vertu  d'un  ordre  du  rot,  répond 
De  Launay;  de  tout  temps  ils  y  ebt  été; 
mais  poar  apaiser  les  alarmes,  je  les  ai 
fait  reculer  et  sortir  des  embrasures.  > 

Thuriot  obtient  avec  peine  de  passer 
dans  la  dernière  cour«  D'après  soh  récit 
(Pièces  à  la  suite  des  Alémoùes  de  Du-* 
saulx^  Collect.  BerviUe  et  Barrière,  p. 
407  )  trois  onnons  dirigés  contre  les  av- 
siégeans  étaient  prêts  à  balayer  la  cour 
intérieure;  Suisses,  invalides ^  onnon- 
niei^  sous  les  armes,  attendaient  l'attaqne. 
Seul,  sans  être  déconcerté,  Thuriot  les 
somme  de  changer  la  direction  des  ca- 
noàs  et  de  se  rendre  :  il  olHîenI  dn  moins, 
le  serment  qu'ils  ne  forent  pat  feu  les 
premiers^  pub  monte  sur  les  tottrs  pour 
voir  tout  par  hn^même,  etrendre^  dit-il, 
un  oompte  plus  fidèb  de  sa  mission  aiu 
citoyens.  De  Launay  le  soufire,-  cédant  à 
regret  aux  instances  des  officiers,  comp- 
tant peut-être  que  les  troupes  Myales 
viendraient  enfin  le  tirer  d'embarras.  Du 
sommet  de  la  tour  qui  domine  l'arsenal 
ib  voient  le  faubourg:  Saine- Antoôie  qui 
s'avance  en  masse  avec  le  Aracas  ronlMH 
d'une  avalanche  descendant  des  mon- 
tagnes, et  la  sentinelle  srvertit  qu'on  se 
dispose  à  forcer  le  passage  de  la  oour 
du  gouvernement;  mais  Thuriot  a'aivance 
sur  le  rebord.  A  sa  présence  de  noqibreux 
apphmdissemens  partent  dn  jardn»  de 
l'arsenal;  Thuriot  redescend.  Dnna  la 
cour,  il  sollicite  encore  lea  sohbils  qot 
iocKneient,  dit-il,  a  se  rendre.  Les  inva- 
lides interrogés  phas  tard  déclarèrent  ^'il 
avait  mbntré  sa  satisfaction  eS  fait  espé- 
rer que  le  peuple  fournirait  une  ga^e 
bourgeoise  pour  tenir  la  Bastille  eoojoi»- 
tement  avec  eux. 

Au  dehors,  la  confusion  était  déjà  si 
grande  que  Thuriot,  prie  ponr  um  traî- 
tre, fut  poursuivi  par  des  hommes  la  ha- 
che en  main.  Son»  Aobin  Bondemer  et 
quelque»  autres,  il  était'  nuèsnoré. 

L'ilkision  ftK  de  ooarle  dnrée  pour 


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BAS 


(1S9) 


BAS 


emoL  qui  «rnentcra  à  un  acocmiinode^ 
ment*  Aprèt  une  petite  demirbeure,  ira 
flot  et  peuple  armé  de  fusils,  de  stbres, 
d*épéet,  de  haches,  déborda  dans  k  pre- 
mière ooar  dn  passage  en  criaiR  :  «  Nous 
vouions  la  Bastille,  en  bas  la  troupe  f 
Denx  hommes  montèrent  sur  le  toit  du 
eorpe-<le-garde,  brisant  à  coups  de  hache 
les  chaînes  dn  grand  pont- levi s,  tandis 
qne  d*aiitres  hacbaîaiit  le  petit.  Bientôt 
ils  forent  teua  deux  abaissés.  La  foule  en- 
hardie se  précipita  dans  la  cour  du  Gou- 
^ornement  et  courût  vers  le  second  pont 
de  b  porte  intérieure,  en  faisant  une  dé- 
charge de  moosqueterie.  La  garnison,  as«- 
sailhe  par  les  balles  et  menacée  d'anssi 
près,  envoya  nn  feu  roulant  qui  mit  la 
foaie  en  fuite.  Une  partie  se  retira  en  dé- 
sordre sons  la  VoÂte  de  bois  de  la  cour 
de  i*Orme;  une  autre  sous  ceMe  de  la 
grille,  d'oà  elle  fit  nn  feu  continuel  sans 
otercependant  approcher  do  second  pont. 

Une  beore  après  ortie  attaque  en  en- 
tendit du  c^é  de  l'arsenal  le  bruH  d'un 
tnmbonr  accompagné  d'acclamations  ter- 
ribles. Un  drapeau  parut  dans  U  coor 
<ie  l'Orme  et  y  resta.  La  foule  qui  l'es- 
cortait s'avan^  en  grande  partie  jusque 
dans  la  cour  du  Goorernement  «t  eri»  i 
«  Ne  tirez  pas;  ce  sont  des  députés  de 
ht  viUe  qui  veuiemt  parler  au  goutter* 
nemrl  »  Les  dépntés  entrés  dans  la  cour 
dm  Passage  poumieni  ^r  les  inialides 
reloamànt  leurs  fiistls,  la  crosse  banle  et 
le  canon  bas.  Un  pavillon  blanc  flottait 
sur  la  plate-forme  en  signe  de  paix ,  et 
les  son»-ofiicters  criaient  du  haut  des 
tatarsraVous  n'avez  rien  à  risquer,  nousr 
répondons  de  vous  sar  nos  fêtes.  *  Le 
bfîdt  san»  don  te  empêchait  de  s'enfen- 
dke.  Aprà  dix  n^inutes  d'hésitation ,  les 
député»  retournèrent  dans  la  cour  de 
l'Orme  et  partirent  bientôt  La  fbule  qui 
restait  dans  les  trais  ceér»se  porta  avec 
achamém^ent  à  Fatiaque  do  second  pont. 
Alors  le  gouverneur  ordonna  une  dé- 
eèarf^  qm  en  étendit  pluiAeurs*  sur  le 
earrcaa  et  dispersa  le  reste. 

Une  bedre  après,  trois  vointres  de 
paille,  poussées  par  lesaséfégeans,  mirent 
le  feu  an  gouvernement  et  aux  eoiaincs 
if«i  bordaient  te  secoin^l  pont.  Cet  incen- 
die fwvnriaait  la  défemte;  la  seconde  voî^- 
ture,  piaeée  en  fuee  du  pont,  bouchait 


précisément  l'entrée  du  fort.  Quelques 
assiégeans  vinrent  à  bou^  de  retirer  eetta 
voiture  enflammée.  Sur  trois,  deux  tom- 
bèrent abattus  par  les  balles.  Un  seul  coup 
de  canon  avait  été  tiré  par  les  tssiégés. 

Alors  parurent  les  gardes  françaises 
qui  mirent  en  batterie  quatre  pièces  de 
canon.  Cet  appareil  était  instiflfisant  pour 
réduire  la  Bastille  ;  mais  la  garnison  était 
irrésolue.  Depuis  48  heures  el  e  n'avait 
d'autres  vivres  que  ceux  qu'die  avait 
emportés  de  sa  caserne;  ils  étaient  con- 
sommés, quand  De  Latfnay  hii  remontra 
qu'elle  n'avait  d*antre  altemttive  que 
d'être  égorgée  par  lé  peuple ,  ou  de  se 
battre  jusqu'au  dernier  homme.  Les  in- 
valides exigèrent  qu'il  capitula.  Us  ont 
déclaré  depuis  que  le  gouveneur  avait 
pris  la  mèche  d'une  des  pièces  de  canon 
pour  mettre  le  feu  aux  poud*es.  Deux 
sous-officiers  le  repoussèrent  m  présen- 
tant la  baïonnette.  Sans  leurs  eTorts,  une 
partie  du  quartier  Saint-An tone  sautait 
en  l'air  avec  la  Bastille  et  la  multitude 
amoncelée  autoof. 

Cependant  un  mouchoir  liane  était 
arboré  sur  les  tours  ;  depuis  un  quart- 
diienre  le  tambour  des  InvaHles  annon- 
çait par  ses  roulemens  qu'ik  voukieot 
capituler.  Les  assiégeans  »  disconti- 
nuaient pas  leur  feu.  Au  hou  d'un  autre 
quart -d'heure,  n'entendant :>lns  rien  et 
voyant  qne  la  Bastille  ne  riiMtait  plus , 
ils  s'avancèrent  en  faisant  de  décharges 
vers  le  pont  intérieur,  et  cièrent  aux 
assiégés  de  rabaisser.  A  traers  une  es- 
pèce de  créneau  un  officiel  suisse  leur 
demanda  de  sortir  avec  tous  bs  houneurs 
de  hi  guerre.  Sur  leur  refe,  il  écrivit 
la  capitulation  qu'il  passa  nr  le  même 
trou.  La  garnison  consental  à  poser  les 
armes ,  pourvu  qu'elle  ne  àt  pas  mas- 
sacrée. «  Ahttiwez  vètre  potf ,  ^  ne  vous 
arrivera  rien ,  b  répotukiet  en  eriant 
du  dehors  les  premiers  desfeesaHIans. 

Sur  cette  promesse,  k gouverneur 
donna  la  def  du  petit  pot-Kevfo  qu'il 
avait  dans  sa  poche.  Les  in^ifdes,  rangés 
en  ligne,  déposèrent  leurs  rmes  le  long 
du  mur,  à  droite  en  entrât.  A  ganche 
étarent  les  Suisses;  ils  n'Vaient  point 
paru  sur  les  tourd,  et,  cOUerl»  de  sar- 
reaux,  ife  ressemMaiect  Jdes  prison- 
niers, ce  qui  les  sauva. 


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BAS 


(140) 


BAS 


A  peine  la  porte  était  ouverte  que  les 
assiégeans  se  précipitèrent  dans  la  cour* 
Les  çàrdts  françaises  voulaient  faire  ob- 
server la  capitulation.  On  s*en  indigne. 
«  Ils  ont  efforcé  nos  frères;  n'ont-Us 
pas  reçu  nos  parlementaires  pour  les 
massacrer?»  s'écrient  mille  voix.  Bé- 
<»rd ,  qui  avait  empêché  de  mettre  le  feu 
aux  pou<l*es,  tombe  percé  de  deux  coups 
d*épée.  Un  coup  de  sabre  lui  abat  le 
poignet;  il  est  entraîné  et  pendu  sur  la 
place  de  Grève ,  avec  un  de  ses  camara- 
des«  On  croyait  pendre  les  deux  canon- 
niers  qui  avaient  tiré.  Telle  est  la  ven- 
geance pooulaire  :  des  victimes  d*abord! 
Malheur  i  Tinnocent  soupçonné  dans 
ces  momecs  terribles!  De  Launay,  quatre 
autres  ofBtiers  et  un  invalide  furent  éga- 
lement massacrés,  malgré  les  efforts  de 
leur  escorte.  Le  reste  obtint  graoe,  après 
avoir  été  iOng-temps  menacé,  du  même 
sort 

La  priie  'de  la  Bastille  consacra  le 
triomphe  de  l'insurrection  populaire. 
Dès  ce  noment  la  force  et  Tobéissance 
étaient  de)lacées.  Louis  XVI  vint  fléchir 
saVtéte  dsirant  cette  puissance  noùveUe 
et  prendre  a  cocarde  nationale  des  DMÛns 
di|  maire  le  Paris.  L'archevêque  alla 
chanter  un  Te  Deum  à  Notre-Dame. 
Suivi  de  lOyOOO  hommes  en  sortant  de 
rH6tel-de-7ille,  îl  donnait  le  bras,  du- 
rant le  tra^y  à  cet  abbé  Lefèvre,  tout 
noir  encore  de  la  poudre  qu'il  venait  de 
distribuer. 

Les  Pariiens  se  hâtèrent  dedétmire 
la  Bastille ,  st  donnèrent  un  bal  sur  son 
emplacemeit.  Les  fragmens  de  ses  pierres 
ornaient  en  médaillons  le  cou  des  fem- 
mes. En  An|eterre ,  l'université  de  Cam- 
bridge offri  le  14  juillet  pour  si:get  de 
prix  à  ses  ékves. 

Pour  recQinaitre  les  vainqueurs  de  la 
Bastilb)  la  x>mmune  de  Pâds  nomma 
quatre  conmissaires  auxquels  furent 
adjoints  hui  des  vainqueurs.  Us  firent 
d'abord  pluade  500  procès -verbaux,  et 
recommencèmt  plusieurs  fois.  Il  résuke 
de  leur  traval  que  l'on  compta  83  morts 
sur  la  place  ,15  morts  par  suite  de  bles- 
sures, 60  bessés,  13  estropiés,  654 
vainqueurs  qi^  n'ont  pas  été  blessés.  Des 
pensions  ontété  accordées  en  1832,  en 
vertu  d'une  oi,  aux  vainque^rs  de  la 


Bastille  encore  vivans  :  le  nombre  de  ceux 
qui  se  sont  présentés  d^Msse  de  beaucoup 
le  nombre  primitif.  D-e. 

BASTINGAGE,  Tout  autour  d'un 
bAtiment  de  guerre  règne,  au-dessus  du 
pont  supérieur,  une  sorte  de  parapet 
élevé  sur  le  plat-bord  du  navire.  Des 
chandeliers  de  fer,  supportant  des  barres 
de  bois  appelées  battayoles ,  forment  la 
carcasse  du  bastingage,  laquelle  est  recou- 
verte de  toile  ou  d'un  filet  Dans  cette 
espèce  de  caisse,  servant  de  ceinture  éle- 
vé«  au  bâtiment ,  on  met  les  hamacs  rou- 
lés des  matelots  et  des  soldats.  Autrefois 
on  y  mettait  aussi  les  sacs  qui  renfermaient 
leurs  effets;  on  a  renoncé  à  cet  usage 
dont  l'inconvénient  était  de  livrer  à  la 
mitraille  et  à  la  mousqueterie  des  véte- 
mens  qu'il  faut  toujours  épargner,  parce 
que  ie  marin  n'a  jamais  trop  de  rechan- 
ges, et  que  d'ailleurs  c'était  une  perte 
considérable  pour  les  hommes.  Outre  les 
sacs  remplis  de  bardes ,  on  bourrait  les 
bastingages  de  paquets  d'étoupe  ou  d« 
poils  de  bœuf,  de  tronçons  de  vieux  cor- 
dages, etc.  Quelquefois  on  les  doublait 
de  li^e.  Le  bastingage  est  établi  pour 
mettre  l'équipage  et  ia  garnison  à  l'abri 
des  feux  de  la  fusillade  et  des  pièces 
chargées  à  mitraille;  il  doit  être  asses 
haut  pour  couvrir  les  matelots  occupés 
de  la  manceuvre.  Quelques  élévations  sont 
placées  au  pied  du  bastingage  pour  lais- 
ser aux  combattans  le  jeu  facAe  de  leurs 
armes  ;  ceux-ci  ne  sont  par  oonséqueDt 
couverts  que  jusqu'aux  épaules.  Au  xy^ 
siècle ,  quand  les  navires  étaient  défendus 
par  des  arbalétriers  et  des  ardiers ,  la 
méthode  des  bastingafces  en  parois  était 
généralement  suivie.  Des  targes  ou  pa- 
vois, grands  boucliers  qua  le  moyen-âge 
tenait  de  l'antiquité^  étaient  dressées  tout 
autour  des  bâtimens  pour  arrêter  les  flè- 
ches ennemies.  Les  anciens  pavoisaient 
ainsi  leurs  galères  pour  le  comlMit.  ^c^» 
Pavois. 

Aucune  des  langues  maritimes  de 
l'Europe  n'a  de  mot  d'où  l'on  puime  rai- 
sonnablement (aire  descendre  bastùi^ 
gagCk  Quelle  est  donc  son  origine?  Noua 
T'ignorons  ;  car  nous  n'osons  affirmer  qu'il 
procède  de  bastion,  quelque  analogie  de 
forme  que  l'on  trouve  aux  deux  termes^ 
quelque  analof^ie  d'idée  qu'ils  représei|«. 


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BAS  (  i 

tent.  On  disait,  an  xvu^  ttècle,  bastin- 
gue,  b€Utingure.wï  bastingage,  indiffé- 
Femmeot;  nous  D*avoiis  plus  que  le  der- 
nier ,  et  le  verbe  basiînguer  (  foire  ou 
remplir  le  bastingage  )1  A.  J-l. 

BASTION.  On  appelle  ainsi  une 
pièce  de  fortification  qui  fait  partie  de 
renceinte  d'une  place  forte*.  L'intérieur 
de  cette  pièce  forme  le  terre-plein  du 
basson,  qui  est  renlermé  entre  deux 
/aces  et  deaxjiancs.  La  distance  qui  sé- 
pare l'extrémité  des  flancs  s'appelle  la 
gorge  du  bastion.  La  ligne  qui  divise  en 
deux  parties  égales  l'angle  formé  par  les 
deux  faces  est  la  capitale  de  l'ouTrage. 

Le  bastion  est  régulier,  quand  les  li- 
gnes et  les  angles  correspondans  sont 
égaux  entre  eux  ;  il  est  irrégulier,  quand 
■n  des  angles  ou  une  des  lignes  n'est  pas 
égal  à  son  correspondant. 

Cest  âans  la  combinaison  des  bastions 
ou  du  tncé  bastionné  que  consiste  prin- 
ctpalemeat  le  système  des  fortifications 
usitées  jusqu'à  présent  dans  tonte  l'Eu- 
rope (vojr»  Foxtification).  Les  bastions 
ont  remplacé  les  tours  rondes  ou  carrées 
que  les  anciens  plaçaient  aux  angles  for- 
mé» par  les  lignes  de  murailles  dont  ils 
entouraient  leurs  places  de  guerre.* 

Les  faces  des  bastions  sont  dirigées  de 
manière  que  leurs  feux  viennent ,  en  se 
croisant,  défendre  le  terrain  en  avant, 
où  l'assiégeant  pouvait  établir  ses  moyens 
d'attaque.  Les  flancs  sont  tracés  perpen- 
diculairement au  prolongement  des  faces 
des  bastions  voisins,  en  sorte  que  ces 
ouvrages  se  défendent  mutuellement  On 
voit  que  les  feux  des  faces  concourent 
avec  ceux  de  la  demi-lune {v<^.  ce  mot) 
à  la  défense  de  l'espace  situé  entre  les 
deux  bastions. 

Quelles  que  soient  les  propriétés  dé- 
fensives du  tracé  bastionné,  elles  ne  sont 
pas  égales  pour  tous  les  points  du  ter- 
rain qu'il  est  chargé  de  défendre.  Il  y  a 
des  parties  plus  fortes;  il  en  est  de  plus 
faibles.  Cest  sur  celles-ci  qu'on^irige 
les  attaques.  Les  feux  n'ayant  une  action 
bien  efficace  que  perpendiculairement  è 
la  direction  des  ouvrages  derrière  les- 
c|iiels  les  défenseurs  sont  placés,  ceux 

(*)  Hoofl  donnerons  à  Paiticle  FoanriCÂTiOH 
In  tncé  dH»  front  de  fortification  dans  lequel 
I  ■•  troavnat  «oinprk.  8. 


41  )  BAS 

des  faces  laissent  sans  défense  les  angles 
appelés  angles  morts.  Ces  angles  ne  ti- 
rent qu'une  faible  protection  des  feux  de 
flancs,  qui  sont  peu  nombreux,  et  qui 
ont  d'ailleurs  pour  objet  principal  de 
battre  le  pied  de  l'escarpe  des  bastions 
voisins.  Aussi  est-ce  sur  les  capitales 
que  s'iHivre  la  tranchée  {voy,  ce  mot)  ;  et 
comme  ces  faces,  qui  ont  une  grande  éten- 
due, reçoivent  l'armement  le  plus  consi- 
dérable et  le  plus  dangereux  pour  l'assié- 
geant, celui-ci  étend  ses  teyaux  de  tran- 
chée à  droite  et  à  gauche  de  la  capitale , 
en  ayant  soin  de  les  préserver  de  l'enfi- 
lade des  feux  des  ouvrages  de  la  place, 
jusqu'à  c^  qu'ils  atteignent  le  prolonge- 
ment des  faces.  Alors  il  y  étabUt  des  bat- 
teries pour  contre-battre  et  éteind|>e  les 
feux  des  faces  qui  gênent  les  travaux  de 
la  tranchée  et  ralentissent  leur  marche. 
L'assiégeant  établit  encore  de  semblables 
batteries  sur  le  prolongement  des  flancs, 
pour  démonter  celles  de  l'assiégé. 

Les  bastions  sont  revêtus  soit  en  ga- 
zon ,  soit  en  maçonnerie.  Dans  le  pre- 
mier cas,  ib  sont  hérissés  d'un  rang  de 
palissades  droiteé  ou  inclinées  sur  tout 
leur  pourtour,  an  pied  du  talus  extérieur 
du  parapet  Les  revétemens  en  maçon- 
nerie s'élèvent  jusqu'au  pied  du  même 
talus  ;  on  les  appelle  murs  d'escarpe.  Le 
mur  qui  soutient  les  terres  du  terre- 
plein  du  chemin  couvert  se  nomme  mur 
de  contrescarpe.  Dans  tous  les  cas ,  les 
bastions  sont  entourés  d'un  fossé,  sec 
ou  pleiû  d'eau,  dont  la  largeur  et  la  pro- 
fondeur varient  suivant  les  circonstances 
du  terrain  (raj^.  Fossi).  C-tk. 

BASTONNADE^  peine  ancien- 
nement (  et  de  nos  jours  encore  dans  les 
colonies)  appliquée  aux  esclaves.  Elle 
était  aussi  infligée  aux  soldats  romains. 
Ce  châtiment,  quoiqu'il  fût  celui  des  es- 
claves, ne  déshonorait  pas,  ainsi  que 
le  rapporte  Pline.  Selon  le  même  auteur 
la  simple  bastonnade  devait  être  soigneu- 
sement distinguée  du  supplice  des  hk- 
ions  y  fttstuarium.  On  4e  comprend  sans 
peine ,  puisque  la  mort  devais  être  le  ré- 
sultat de  ce  dernier  supplice ,  infamant 
de  sa  nature. 

La  bastonnade  est  encore  appliquée 
par  le  code  militaire  en  certains  pays,  au 
nombre  desquels  il  faut  compter  l'An- 


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BAT 

et  une  partie  des  étals 


gleCerre 
ipands. 

En  Russie  la  knout  remplace  la  bas* 
tonnade  (v.  Knout);  les  batogues  (voy. 
ee  mot)  sont  abolies.  La  bastonnade  de* 
puis  loDg-teoips  ne  figure  plus  dans  la 
législation  française.  G.  Y. 

BAT.  C*eBt  une  espèce  d'arçon  à  Ta- 
aage  des  bètes  de -tomme ,  composé  tout 
simplement  de  deux  fûts  de  bois  joints 
avec  des  bandes  de  même  matière,  at 
garnis  en^deaaftus  d*un  panneau  rem*' 
bouri*é ,  pont  empêcher  l*animal  de  se 
blesser,  et  d*ane  sangle  avec  laquelle  on 
assujétit  le  bât.  Chaque  côté  de  la  car- 
casse est  accompagné  d'un  fqrt  crochet 
pour  retenir  les  cordes  auxquelles  sont 
attachés  des  ^niers,  des  paquets,  des 
ballots ,  etc.  Les  bâts  communs ,  que  Ton 
nomme  aussi  èdts  à  houionnes,  sont  ceux 
dont  se  servent  les  gens  de  la  campagne, 
et  spécialement  les  maraîchers  et  les  jar- 
diniers qui  approvisionnent  les  marchés 
et  les  halles,  en  ehassant  devant  eux  leurs 
chevaux  ou  leurs  Anes.  Le  bét  français , 
ou  bdt  à  faussts  goituières,  est  cehù 
que  portent  les  chevaux  appelés  che- 
paux  de  bâts  et  destinés  à  transporter 
de  lourds  fardeaux,  à  la  guerre  ou  en 
route.  Enfin  on  nomme  bdi  tf  Auvergne 
le  bât  de  guerre  des  mulets. 

On  dit  figurément  d'un  sot,  d'un 
homme  que  Ton  mystifié  aisément:  Ce'st 
un  cheval  de  bdt. 

On  dit  encore  proverbialement  pour 
eiiprimer  l'inquiétude  d'un  homme  qui 
a  quelque  chagrin  oaehé,  auquel  il  ne 
peut  trouver  remède  :  //  ne  sait  pas  oà 
le  bdt  le  blesse.  D.  A.  D. 

BATAILLE.  Une  bataille  est  une  ac- 
tion générale  entre  deux  grandS' corps 
d'armée ,  souvent  même  entre  deux 
armées  entières*  Les  armées  ne  s'^a^a- 
geni  guère  daus  une  bataille  avant  de 
s'être  livré  divers  oombaU(vo^.  ce  mot). 

Le  sort  d'une  bataille  diécide  souvent 
de  celui  des  états.  Aussi  les  généraux  en 
chef  ne  doivent-ils  livrer  bataille  ou  l'ac- 
cepter qu'après  avoir  bien  pris  les  pré- 
cautions propres  a  mettre  de  leur  côté 
toutes  les  chances  de  succès.  La  llispo- 
sition,  la  conduite^  le  gain  d'une  bataille, 
font  la  reiMmmée  d'un  chef  d'armée  et 
toi  «atiirtiit  une  gloire  mnortellè,  CeiC 


( 142 )  BAt 

aile-  en  effet  aiîx  talens  du  général ,  à  son  gé- 
nie, que  l'état  est  redevable  des  heureux 
résultata  d'une  brillante  victoire*  Sans 
doute  la  composition  des  armées  exerce 
une  immense  influence  sur  la  marche 
des  grandes  actions  tnilitaires;  maitf  il 
se  suffit  pas  de  la  valeur  du  soldat ,  dq 


mérite  des  officiers ,  pour  arriver  à 
cette  issue  glorieuse  qui  donne  su  vain- 
queur le  pouvoir  d'imposer  la  paix 
et  met  le  vaincu  dans  la  dure  obligation 
d'en  accepter  les  conditions  :.il  hxkt  en- 
core que  ces  précieuses  ressources  soient 
bien  employées  par  le  chef  de  Tarméa» 
«Assurément,  dit  Napoléon,  dans  les 
guerres  que  la  France  eut  à  soutenir 
contre  Frédéric  II,  le  soldat  français 
d'alors  valait'' au  moins  le  soldat  qui  lui 
était  opposé,  ce  qui  est  prouvé  par  les 
succès  qu'il  obtenait  dans  toutes  les  af- 
faires de  postes.  La  cavalerie  était  belle, 
bien  montée,  bien  disciplinée;  Tartllle- 
rie  était  excellente;  lé  corps  du  génie 
était  le  plus  savant  de  l'Europe,  et  l'in- 
fanterie n'était  pas  mauvaise.  Enfin  tout 
cela  était  composé  de  Français  qui  étaient 
fort  humiliés  de  l'issue  des  campagnea 
précédentes  et  désireux  de  relever  la 
gloire  de  leurs  drapeaux;  mais  les  géné- 
raux en  chefs,  les  généraux  particuliers, 
étaient  de  la  plus  parfaite  incapacité...  Il 
ne  manquait  à  l'armée  française,  pour 
faire  de  grandes  choses,  qu'un  grand 
général.  » 

Napoléon  a  glorieusement  justifié  cette 
opinion  pendant  tout  le  temps  qu'il  a  été 
à  la  tête  des  armées  françaises  et  qu'il 
a  guidé  lui-même  les  illustres  capitaines 
qui  ont  combattu  éous  ses  ordres» 

Avant  d'arriver  à  ^'époque  où  ce  grand 
homme  a  porté  si  haut  les  combinaisons 
savantes  de  Tart  de  la  guerre,  nous  rap- 
pellerons quelques-unes  des  principales 
batailles  dont  Thisloire  ancienne  nous  a 
transmis  le  souvenir,  pour  faire  voir 
l'influence  qu'ont  dû  exercer  sur  le  ré- 
sultat des  batailles  la  différence  de  la 
nature  des  armes,  eélle  de  la  composition 
des  armées  et  les  progrès  de  la  civilisa- 
tion. 

En  se  reportant  wfx  beaui  siècles  d* 
la  Grèce,  on  voit  les  armées  de  ce  pays 
engager  les  batailles  avec  l'arc  et  la 
fronde  y  puis  aborder  reanani  «foc  b 


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(143) 


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lance  «l  Véf^  Ce»t  ay^l  ces  armes  que 
les  Grecs,  au  pombre  de  10,000  hommes 
commandés  par  Miltîade^  remportèrent 
à  Marathon  ia  victoire  la  plus  signalée 
sur  1 10,000  Perses,  dont  10,000  deçà- 
Talcrie. 

Plus  tard,  sous  les  murs  de  Platée, 
1 10,000Grecs,commandésparPaasanias, 
composés  de  10,000  Spartiates  dont  il  se 
réserve  la  direction,  de  8,000  Athéniens 
sous  les  ordres  d'Aristide,  et  de  différens 
corps  fourmis  par  plusieursautres  peuples 
de  la  Grèce,  sont  vivement  attaqués  avec 
les  mêmes  armes  par  800,000  Perses  et 
60,000  Béotiens  qui  avaient  Mardooius 
pour  chef:  mais  la  valeur  des  Spartiates 
tt  des  Athéniens  oppose  la  plus  vigou- 
reuse résistance  aux  efîorts  de  lebr  re- 
doutable ennemi,  et  défait  d'abord  un 
corps  de  Grecs  au  service  des  Perses. 
Dans  la  mêlée,  Hardonius  reçoit  la  mort 
de  la  main  d'un  Spartiate.  Cet  événe- 
ment jette  le  désordre  parmi  les  Perses 
qui  prennent  la  fuite,  et,  poursuivis  à 
outrance  par  les  Grecs  qui  lie  leur  font 
aucun  quartier,  ils  perdent,  si  on  en  croit 
rhîstoire,  plus  de  100,000  hommes  qui 
furent  passés  au  fil  de  Tépée. 

Lee  deux  exemples  que  nous  Tenons 
de  rapporter  sembleraient  aujourd'hui 
presque  incroyables,  si  l'histoire  moderne 
ne  nous  en  oÂrait  tant  de  semblables  où 
nous  avons  vu  souvent  les  Français  sup- 
pléer au  nombre  par  la  brillante  valeur 
des  oombattans  et  par  les  heureuses 
dispositions  de  leurs  chefs. 

La  bataille  de  Platée,  où  la  défaite  d'un 
corps  de  Grecs  au  service  des  Perses  est 
le  signal  de  la  victoire  complète  des  Spar- 
tiates et  des  Athéniens,  ne  nous  rappeïle-t- 
elle  pas  ces  nombreuses  batailles  de  l'ar- 
mée du  N<nrd  et  celles  de  l'armée  du  Rhin 
où  les  Français  rencontraient  dans  les 
rangs  ennemis  quelques-uns  de  leurs 
compatriotes,  dont  le  courage  était  digne 
d'une  meilleure  cause?  U  serait  impos- 
sible de  déterminer ,  entre  des  forces 
aîdi^roportionnées,  tes  ordres  de  ba- 
taille des  deux  années.  L'étude  la  plus 
«tleotive  ne  peut  démêler  l'exactitude  des 
faits  à  travers  le  voile  dont  le  récit  d'Hé- 
rodote las  a  enveloppés.  La  supériorité 
des  Grecs,  4ue  en  partie  à  la  vigueur  que 
leur  domudeot  les  exeroices  du  09rpsaux« 


quels  ils  te  livraient,  doit  être  attriboée 
surtout  à  leur  esprit  de  patriotisme^  à  lenr 
amour  de  la  liberté,  senti  mens  lout-à-fait 
étrangers  aux  peuples  mous  et  elTéminés 
de  l'Asie  qu'ils  avaient  à  combattre.  A 
cette  époque,  les  Grecs  faisaient  peu  d'u- 
sage de  la  cavalerie  ;  il  convenait  à  leur 
éducation  physique  et  morale,  et  surtout 
à  celle  des  Spartiates  qui  éuient  formés 
pour  la  guerre,  de  mépriser,  dans  les 
combats,  les  secours  étrangers  qu'ils  pou- 
vaient tirer  de  la  force  et  de  l'ardeur 
des  chevaux,  ei  de  préférer  le  combat 
corps  à  corps  auquel  ib  étaient  prépa- 
rés i>ar  leurs  exercices  gymnastiques. 
Cependant,  à  la  suite  des  guerres  du  Pé- 
loponèse,ils  augmentèrent  leur  cavalerie. 
A  la  bataille  de  Leuctres,  l'armée  dea 
Lacédémoniens,  commandée  par  Qéom- 
brote,  outre  10,000  hommes  d'infante- 
rie, avait  1,000  hommes  de  cavalerie. 
Les  Thébains,  de  leur  cèté^  avaient  6,000 
hommes  de  pied  et  400  chevaux.  Dans 
cette  lutte ,  où  la  supériorité  des  forces 
semblait  être  du  côté  des  Lacédémoniens, 
l'habileté  des  généraux  thébains  suppléa 
à  l'infériorité  du  nombre  ;  et  les  talens 
d'Épaminondas,  noblement  secondés  par 
Pélopidas  qui  combattit  a  la  tête  du  ba- 
taillon sacré,  firent  pencher  la  balance 
en  faveur  des  Thébains.  L'action  com- 
mença par  une  charge  de  la  cavalerie 
thébaine;  ÉpamfUondas ,  qui  la  suit  de 
près ,  tombé  sur  l'aile  droite  de  la 
phalange  lacédémonienne,  avec  tout  le 
poids  de  l'aile  gauche  de  sa  colonne. 
Cléombrote  veut  opérer  une  diversion 
en  détachant  un  corps  de  troupes  pour 
prendre  en  flanc  Épaminondas  et  l'en-*- 
velopper:  alors  Pélopidas  se  précipite 
sur  l'ennemi  avec  son  bataillon  sacré  et 
jette  le  désordre  parmi  les  Lacédémo- 
niens qui  se  défendaient  encore  avec  la 
plus  vive  opiniâli*eté  ;  mais  leur  chef, 
Cléombrote,  étant  tombé  mort  percé  de 
coups,  les  Spartiates  ne  combattent  plus 
que  piHir  enlever  le  corps  de  leur  géné- 
ral qu'ils  ne  veulent  pas  abamdoanery 
après  quoi  ib  prennent  la  fuite,  et  lais- 
sent les  Thébains  maîtres  du  champ  de 
bataille  de  Leuctres,  sur  lequel  ils  éri* 
gèrent  un  trophée. 

A  la  baUiUe  de  Mantinée,  lesLacè^ 
démmians  avaient  MfiQO  honmiea  4% 


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(  144  ) 


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pied  et  3)000  de  caTalerie,  tandis  que 
Tarmée  des  Thébains,  commaDdée  par 
Épammondas,  était  de  30,000  hommes 
d'infanterie  et  de  3,000  de  cavalerie. 
Dans  cette  mémorable  journée  qui  ar- 
rêtâtes dissensions  intestines  de  la  Grèce, 
la  cavalerie  prit  peu  de  part  au  combat. 
La  bataille,  commencée  d'abord  avec  Tare 
et  la  fronde,  puis  engagée  avec  la  lance, 
n'avait  amené  jusque  là  qu'une  résis- 
tance opiniâtre  et  sanglante  des  deux  cô- 
tés; mais  Les  combattans  s'étant  abordés 
l'épée  à  la  main,  il  y  eut  de  part  et  d'au- 
Irei  un  carnage  épouvantable,  et  après 
une  lutte  des  plus  acharnées,  les  Tbébains 
obtinrent  enfin  les  honneurs  de  la  vie*- 
toire,  mais  en  l'achetant  bien  cher,  puis- 
qu'elle coûta  la  vie  à  Épaminond^. 

Les  élémens  d'organisation  des  pha- 
langes ,  grecques  et  macédoniennes  ont 
prouvé  de  fréquentes  variations,  sur- 
tout avant  la  bataille  de  Chéronnée  et 
celle  d'Àrbelles.  Vers  cette  époque,  les 
Grecs  formèrent  leurs  phalanges  (vojr*) 
de  6,000  hommes  ;  ils  les  divisaient  en 
xénagies  ou  syutagmes  de  256  hommes, 
qui  se  subdivisaient  en  tétrarchies  de 
64  hommes. 

La  phalange  présentait  une  ligne  con- 
tinue de  masses  carrées  de  16  oplites  de 
front  et  de  profondeur ,  et,  à  peu  de  dis- 
tance, une  seconde  ligne  de  peltastes  sur 
8  de  hauteur.  F.  Oflites  et  Peltastes. 

A  l'exemple  des  Grecs,  les  Romains 
portèrent  quelquefois  leurs  légions  (vox.) 
à  6,000  hommes.  Ils  avaient  en  outre  en- 
viron 1,000  vélites  combattant  hors  de 
la  ligne.  La  cavalerie  ne  dépassait  guère 
le  dixième  de  la  force  totale.  Les  légions 
renfermaient  40  à  50  manipules  de  120 
hommes,  rangés  sur  1 3  de  front  et  10  de 
profondeur.  Ces  manipules  étaient  dis* 
posés  en  échiquier,,  sur  trois  lignes,  avec 
des  intervalles  égaux  à  leurs  fronts.  La 
première  ligne ,  formée  des  hastaires , 
pouvait  se  retirer  au  milieu  de  la  seconde 
qui  était  composée  dts  princes,  laquelle 
pouvait  aussi  s'avancer  pour  soutenir  la 
première.  La  troisième  ligne,  celle  des 
triaires  ou  vétérans,  assurait  une  réserve 
invincible. 

Les  Romains  augmentèrent  et  amélio- 
rèrcotsttccessivement  leui:cavalerie,qu'ils 
plaçaient  toojooA  sur  les  ailes.  Cest  de 


cet  ordre  que  datent  les  triomphes  de  la 
république;  il  était  assez  semblable  an 
nôtre.  Car  c'est  une  chose  digne  de  re- 
marque que  les  changemens  survenus 
dans  les  mœurs,  comme  dans  les  armes , 
n'en  aient  point  amené  de  sensibles  dans 
les  élémens  de  l'organisation  militaire. 
Les  tétrarchies  et  les  manipules  sont  re- 
présentés chez  les  modernes  par  les  com- 
pagnies ;  les  xénagies  ou  syntagmes  et  les 
cohortes  romaines,  par  les  bataillons;  en- 
fin, les  phalanges  et  les  légions,  par  les 
régimens ,  les  brigades  ou  les  divisions. 
Après  la  mort  d'Alexandre,  Pyrrhus 
recueillit  dans  ses  armées  quelques  mil- 
liers de  soldats  grecs  formés  à  l'école  du 
héros  macédonien ,  avec  lesquels  il  ^agna 
sur  les  Romaros  la  bataille  d'Héraclée. 
Toutefois  leur  courage  fut,  dans  cette  ba- 
taille ,  secondé  par  l'effroi  que  les  che- 
vaux dé  l'armée. romaine  éprouvèrent  à 
l'approche  de»  éléphans  des  Épirotes. 
C'était  la  première  fois  que  les  Romains 
en  voyaient  en  Lucanie  ;  et  l'odeur  de 
ces  animaux,  en  effarouchant  la  cavale- 
rie romaine,  contribua  puissamment  à  la 
déroute  de  l'afmée,  dont  Pyrrhus  sut 
habilement  profiter.  La  victoire  avait  été 
long-temps  indiécise  :  on  avait  plié  sept 
fois  de  chaque  côté,  quand  l'approche  des 
éléphans  de  Pyrrhus  le  rendit  maitre  du 
champ  de  bataille,  et  il  recueillit  ainsi  le 
fruit  des  savantes  dispositions  qu'il  avait 
faites  pour  travecser  le  Siris  et  pour 
établir  son  ordre  de  bataille^  Cet  échec 
n'ébranla  pas  la  bravoure  des  Romains  ; 
deux  ans  après,  non  loin  d'Asculum, 
ils  livrèrent  aui^  Samnites  et  aux  Luca- 
niens,  commandés  par  Pyrrhus ,  une  nou- 
velle bataille  plus  meurtrière  que  la  pre- 
mière. Quelques  historiens  du  temps 
ont  contesté  la  victoire  à  Pyrrhus  :  si , 
comme  il  le  parait,,  c'est  à  lui  qu'elle  ap- 
partient, du  moins  est-il  constant  qu'elle 
lui  coûta  fort  cher ,  puisque,  quand  on 
voulut  l'en  féliciter,  il  répondit  :  C'est 
faitdenous,si  nous  remportons  encore  une 
telle  victoire  I  On  vit  dans  cette  bataille 
la  phalange  et  la  légion  combattre  avec 
unr  égal  succès;  mais  Pyrrhus  ayant  fait 
faire  un  grand  détour  à  se»  éléphans ,  ils 
tombèrent  sur  la  cavalerie  romaine  et  y 
causèrent  un  désordre  qui  se  répandit 
dans  toute  l'année. 


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L'expérience  acquise  par  les  Romains 
à  Héraciée  et  à  Asculum  ne  fut  pas  per- 
due dans  une  troisième  bataille  qu'ils 
livrèrent  à  Pyrrhus  auprès  de  Bénévent. 
Curius,  qui  commandait  le  principal 
corps  de  l'armée  romaine,  attira  Pyrrhus 
dans  une  position  resserrée,  coupée  de 
bois  et  de  rochers,  où  la  cavalerie  et  les 
élépbans  ne  pouvaient  pas  manœuvrer. 
Entraîné  quelques  instans  sur  les  bords 
du  Cadoré  par  son  audacieux  adversaire, 
le  consul  romain,  après  un  premier 
échec )  rallie  ses  troupes  derrière  ses  re- 
tranchem^is,  et  lance  ensuite  brusque- 
ment la  réserve  qu'il  y  avait  laissée  con- 
tre l'armée  de  Pyrrhus  sur  laquelle  il 
obtient  une  victoire  complète. 

Cest  dans  les  guerres  de  cette  époque 
que  les  Romains  puisèrent  les  premiers 
perfectionnemens  de  l'art  militaire.  Ils 
apprirent  de  Pyrrhus  à  étudier  les  ordres 
de  bataille ,  à  combiner  des  diversions  : 
ils  comprirent  l'immense  avantage  que 
procurent  la  rapidité  des  marches,  le 
choix  des  positions ,  la  nécessité  des  ré- 
serves. Mais  trop  neufs  dans  l'application 
de  ces  principes,  ils  les  opposèrent  vaine- 
ment au  génie  d'Annibal,  qui  triompha 
des  futurs  vainqueurs  du  monde,  d'abord 
sur  le  Tésio ,  puis  aux  bords  de  la  Tré- 
bia,  à  Trasimène,  et  enfin  dans  les  plaines 
de  Cannes.  Cette  dernière  victoire,  si  fu- 
neste aux  Romains,  eût  rendu  Annibal 
maître  de  Rome,  s'il  avait  pu  en  profiter. 
Au  lieu  de  poursuivre  ses  succès ,  il  fit 
hiverner  ses  troupes  à  Capoue,  et  donna 
aux  Romains  le  temps  de  revenir  de  leur 
consternation  et  de  réparer  les  pertes 
immenses  que  leur  armée  avait  éprouvées. 
Aussi ,  éclairés  par  la  fatale  expérience 
qu'ilsavaient  faite  des  talensd'Annibal,  ils 
luttèrent  pendant  plusieurs  années  avec 
un  snccès  constant  contre  les  Carthagi- 
nois ,  jusques  à  la  bataille  de  Zama  ;  la 
victoire ,  long-temps  débattue  entre  Sci- 
pion  et  Annibal ,  se  fixa  enfin  sous  les 
eoieignes  du  consul  romain.  Le  général 
carthaginois  était  redevable  du  triomphe 
qu'il  avait  obtenu  sur  les  bords  du  T^n, 
à  la  Trébia,  à  Trasimène  et  à  Cannes, 
à  la  supériorité  de  sa  cavalerie  sur  celle 
des  Romains,  et  aussi  à  l'action  puissante 
de  ses  éléphans.  A  Zama,  où  Annibal 
avait  80  de  ces  animaux  en  avant  de  son 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  m. 


armée,  le  aon  des  trompettes  en  effraya 
quelques-uns  qui ,  se  retirant  en  arrière, 
jetèrent  dans  la  cavalerie  carthaginoise 
une  confusion  dqnt  Je  général  romain 
profita  pour  renverser  l'aile  gauche  de 
l'ennemi.  Dès  lors  le  combat  devint  ter- 
rible. Les  komains  encouragés  par  la 
déroute  des  Carthaginois  en  firent  un  car- 
nage épouvantable,  leur  tuèrent  20,00d 
hommes  et  firent  autant  de  prisonniers. 
La  paix  fut  le  fruit  de  cette  victoire. 

On  conçoit  que ,  vainqueurs  d* Anni- 
bal qui  leur  avait  appris  à  le  vaincre,  lea 
Romains  aient  aspiré  à  la  conquête  du 
monde  entier.  Les  batailles  qu'ils  livrè- 
rent dans  les  diverses  contrées  dont  ils 
firent  des  provinces  romaines ,  furent 
autant  de  triomphes;  et  quand  ils  n'eu- 
rent plus  d'ennemis  à  combattre,  ils 
se  livrèrent  à  des  discordes  civiles  qui 
donnèrent  lieu  encore  à  des  prodiges  de 
valeur.  Mais  comment  étudier  militaire- 
ment les  causes  ou  les  revers  des  batailles 
que  se  livrent  Marins  et  Sylla ,  César  et 
Pompée,  Octave  et  Antoine?  Dans  ces 
luttes  violentes  des  Romains  contre  les 
Romains ,  on  voit  les  combattans  dans  le 
même  ordre  de  bataille ,  avec  les  mêmes 
armes,  la  même  organisation,  soutenir 
les  prétentions  de  l'envie,  de  l'intrigue 
et  de  l'ambition,  succomber  alternative- 
ment sous  les  coups  de  leurs  rivaux, 
et  entraîner  enfin  dans  leur  perte  la 
liberté  de  leur  patrie.  Telles  furent 
les  suites  de  la  bataille  de  Pharsale  oik 
Pompée,  avec  50,000  hommes  d'in- 
fanterie et  7,000  de  cavalerie,  ne  put 
résister  à  22,000  fantassins  et  1,000  ca- 
valiers commandés  par  César.  L'aile  gau- 
che dont  Pompée  s'était  réservé  le  com- 
mandement et  qu'il  avait  composée  de 
l'élite  de  son  armée  et  de  toute  sa  cavale- 
rie, est  attaquée  par  l'aile  droite  de  Cé- 
sar qui ,  pour  ne  pas  la  laisser  envelopper 
par  la  cavalerie  ennemie ,  y  place  six  co- 
hortes tirées  de  sa  troisième  ligne.  Ces 
troupes  9*  élancent  avec  ardeur  sur  lea 
jeunes  cavaliers  romains,  les  mettent  en 
fuite ,  et  décident  cette  victoire  qui  en- 
traîna la  chute  de  la  république.  Ce  se- 
rait peut-être  ici  le  lieu  de  parler  de  la 
bataille  d'Actium,  livrée  quelques  an- 
nées après  la  mort  de  César,  et  où  Au- 
guste remporta  sur  Antoine  cette  victoire 

10 


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^i  îé  MMlit  iMitre  «t  tcîil  toiilr^rBm  de 
Âoncf  mtift  cette  action  est  no  véritable 
oembwt  ritrtl  dont  Fesamen  rentre  dana 
le  domaifae  de  la  guerre  maritiitie. 

Obligés  de  rehferiner  dans  des  limites 
très  fesseirées  la  compataison  des  bn- 
milles  anciennes  et  ntodeméé ,  nous  tt*a- 
▼ersertntSy  sans  nous  y  àfrèter,  iei  trois 
tièeleé  âtB  eaifiereiirs ^romains,  et  ces 
temps  d*anarthié  féodale  oh  la  guerre 
n'était  plUs  soumise  à  desi*è^les  précises. 
AkftÉ  les  armées  n'étaient  cpie  des  trou- 
]MMX  d'homines  conduits  sous  le  joug 
éa  vaiseUtge  pat  les  propriétaires  de  fiefs; 
les  bàuiilea  n'éiaiènt  que  des  luttes  dés- 
•hdonnôes  «à  ks  combattans  i'atta- 
<|ttaleiit  corps  k  corps  et  se  massacraient 
avec  àcbarnement;  et  le$  f  ictoirte  deve- 
■aient  UpHx  de  la  supériorité  de  la  force 
êorporèlle.  Cei  état  de  choses  ne  changea 
qii'ati  commencement  du  iit*  siècle, 
qoahd  Louis  VI,  potir  dégager  l'autorité 
nivale  lùétonnne  par  la  féodalité,  éublit 
lllB  commune^ ,  affranchit  les  serfs  et  créa 
des  milices  nationales.  Pendant  un  siècle, 
eeé  milices,  qu'on  réunissait  seulement 
dknB  les  momens  où  on  en  avait  besoin , 
donnèrent  souvent  dei  preuves  de  la  plus 
grande  bravoure.  Elles  reçurent  aous 
Fbilippe-AUguste  une  organisation  plus 
soHde  :  te  prince  en  fit  des  troupes  pev^ 
nnineûles  et  soldées  avec  lesquelles  il  ga- 
gha  le  fkmeasë  bataille  de  Bouvines  con- 
tre l'empereur  Olhon  IV.  L^armée  fWin- 
^ise  (àt  rahgée  en  bataille  par  réyéque 
de  Senlb  ;  elle  éuit  placée  «ur  plusieurs 
Kgt)es.  Les  dent  souVerAtus  combattirent 
en  pt^Ux  chevaliers  à  la  tète  de  leurs  aiv 
mées.  Olhon  avait  pins  de  100,060  hom- 
mes sOUs  les  tttne»,  quand  il  rintatta- 
qtter  Cafoiée  française,  Méirie«re  en  nom- 
bi^  de  mbi  tië.  L'eègiigeineilt  An  sanglant  : 
beaucoup  de  chevaliers  fran^ls  y  prirent 
part,  ainftt  que  l'évêqne  de  BMUvaié»  Ge 
prélat  sè  balt*it  wrtt  ttne  masMie  ponr 
ne  pas  inépandrie  le  sang  hnmain.  La  va- 
leur Amn^é,  après  avnîr  long^temps 
soniehn  une  lutte  opiniâtre,  trtonpha 
enfin  du  notiibre  et  tMnpotta  sur  les  Â.I- 
lenubds  une  victoire  édaunte  dont  le 
succès  est  partkntièrenient  attribué  à  la 
supériorité  ée  notre  cavalerie.  A  cette 
époque,  l^art  de  la  guerre  éprouve  une  1 


qnes  bateilles  gagnées  par  les  Fraudais 
dans  le  cours  des  xui*,  xiv*  et  rv*  siè- 
cles^ savoir  :  sur  les  Anglais,  par  saint 
Louis,  à  Taillebonrg;  sdr  les  Flamands, 
(uir  Philippe-le*Bel,  a  Fnrnes,  à  Pucille 
et  à  Saitit-Omer;à  Cassel ,  par  Philippe- 
de-Vaiois;  à  Rosbeck,  par  Charles  YI ^ 
sur  les  AngUis ,  à  Orléans ,  par  Jeanne 
d'Arc;  à  Formigny  ,  par  Charles  VIIj 
à  Montlhérj,  sur  les  Bourguignons,  par 
Louis  XI;  en  Angleterre,  sur -les  Anglaisy 
par  les  troupes  de  CharlM4e-Téniéraire; 
à  Saint-Aubin,  sur  les  Bretons,  et  à  For- 
noue,  sur  les  luliens,  par  Charles  YIII;  à 
Novare,  sur  les  MiUnab,  par  Louis  XII. 
Le  souvenir  de  ces  actions  glorieuses 
console  des  pertes  que  la  France  a  faites 
en  1 846, à  Crécy,  où  Edouard,  soutenu 
par  le  prince  de  Galles,  son  lUs,  dit  lo 
Prince  Noir,  et  fort  du  choix  d'une  bonne 
position,  triompha  aisément  de  l'armée 
francise  qui  s'était  engagée  sans  ordre 
et  combattit  sans  aucune  disposition ,  ce 
qui  entraîna  une  déroute  complète  ;  poia, 
en  1856 ,  à  Poitiers,  où  le  même  désor- 
dre dans  les  dispositions  rendit  inutile  le 
courage  des  Français  et  donna  la  victoire 
aux  Anglais,  commandés,  comme  à  Crécy, 
par  le  Prince  Noir.  Le  roi  Jean  fut  blessé 
et  fait  prisonnieÉ'  avec  son  fils. 

L'invention  de  la  poudre,  dont  on  fit 
long-temps  des  applications  bien  impar- 
iaites,  devint  pourtant  d'un  usage  plus 
familier,  et  on  vit  à  la  bauille  de  Mari- 
gnan ,  en  1 5 1 S ,  l'artillerie  française  faire 
d'henreux  efforts  contre  le  courage  de 
36,000  Suisses,  dont  les  uns,  armés  de 
piques  longues  de  18  pieds,  et  les  autres, 
tenant  de  grands  espadons  à  deux  mains, 
vinrent  fondre  à  grands  cris  dans  le  camp 
de  Fran^  I""^.  La  mêlée  fnt  horrible  : 
les  Français  et  les  Suisses  confondus  dans 
l'obscurité  de  la  nuit  attendirent  le  jour 
pour  recommencer.  Le  roi  dormit  sur  un 
affàt  de  eanon,  à  60  pas  d'un  batailhm 
suisse.  Dans  cette  bataille,  les  Suisses  at^ 
tnquèrent  toujours,  taadlt  que  les  Fran- 
çais se  tenaient  sur  la  défensive;  enfin 
la  résistance  vigoureuse  de  f  Infanterie, 
jointe  au  secours  qu'elle  tirait  de  Tartil* 
lerie,  décida  la  viotoire  en  liveur  des  ar- 
mes françaises. 

Les  doctrines  de  Luther  et  de  Calvin, 


dédrfttacè^nornnktcMteitttdnnaquel-  |  qnioomBMn^aittiliinHfttidhretii&H 


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ftAT  .  (  Uî  )  Mal 

rofe,  «a  eènuBencemenl  âù  tfi^  sikie,  1  roceoioli  èm  batulles  ^  léi  IVa»^ 

MsdtèreBt  eo  AllemaipBe,  eo  Iulie,  en  1  Urreni  aux  Espagnols  oa  qa*ilé  te  Itwaal 

ÂDfleltfrey  en  France,  de  nonbreoMs  |  entre  enx,  jniqn*à  k  in  db  XTi*  i 

guerres  âe  religion  dans  leaqneHei  se  U-* 

vrèferit  des  bataille»  sanglante^  mmé  les 

victoires  et  les  défaites  y  soml  rarement 

le  résnkat  dediapoeitk>nB  médîlées  et  ne 

penTtofe  guère  too  étndlécs  êbm  le  rap^ 

port  de  l'art.  U  n*en  est  ^  de  asèm^  de 

celles  qne  cansa  la  rivsKlé  de  Cbarls»- 

Qnhit  et  de  Fran^  I*'.  On  nepeat  pné- 

ser  ions  silence  la  bataille  de  Pavie  où  le 

■wnarqne  fat,  aoalgré  toat  son  conrage^ 

victime  des  faute»  qn'ii  commit,  contre 

rarisdasagoLaTVéÉionilleyqiri  voulait 

faire  lerer  le  siège  de  Paviei  Dans  le  but 

dTepérer  tme  diversion  avantageuse,  le  roi 

dètadmuncorpéxietO^OOO  buminoi  pou» 

attaquer  le  royaume  de  Napies,  et  alfai^ 

blit  ainsi  Son  armée^  pendant  que  Lan- 

noî  angnwntait  k  slennode  11,000  fanS^ 

qiienets  bknagusSris.  NéanuKmis  Farti^ 

lerie  française  avatt^  par  ses  premières 

décharges^  pria  tu  flaOc  raïaséc  ènueuNS 

et  Kavait  teUemenl  entamée  que  les  Es- 
pagnol, effrayésy  rompirent  leurs  rangs 
et  reculèrent  en  désotfdi'e.  Alors  le  rot  se 
^sla  sur  les  fityards  a  la  tèle  des  corps 
les  plus  avancés,  et  perdit  par  cette  de* 
marcbe  imprudente  tous  les  afaDtag» 
de  su  poBÎtiôiir  en  masquant  son  artiHerio. 

il  renversa  du  prsmwer  eboe  un  escAdroà 

de  gendanncrie  napolttaîoe  sur  laqurile 

ks  arquebusiers  lançaient  une  grék  de 

traits,  tandis qu'3  les  knsquenuts  lui  pré- 
sentaient un  £ront  bérîssé  de  pîcjiJes  qui 

semblait  impénélraUè.  Les  Sutsees  ne 

seutilH'eM  pas  leur  ancienne  réyumtiou; 

ik  mqnrvèreut  k  cboe  des.  laosqanneCs 

et  se  retirèrent.  Le  brave  La  TrétuoniHe 

m  Bonnivet  furent  tués,  Fran^  I^'  gra- 
vement blessé,  après  s*étre  battu  comme 

on  lion,  tomba  entre  ks  mains  ée  l^en- 

nemî  qui  resta  nuitre  du  champ  de  ba- 

taitte.  L'amour -propre- du  prlnee  ptft 

être  satisfiAk  qaand  il  eut  écrit  àsa  mère  : 

<9  Tout  em  prâdu,  fors  k'bonnenr;^  »  mois 

la  France  aurait  payé  cbd^  ks  fautes  dé 

SDD^roî,  si  k  liguO  fonaée  ooutro  Charles- 

Qttîot  ne  Tèèt  àfffrancki  des  clauses  obé- 

SOTS0S  du  traité  do  Mbdrid  par  kqucfttt 

nmit  obtenu  sa.  Uberté* 

Aucune  disposHiop  remarcpiay«dmto 

l^iit  Aok  |tim%M  peut  étm  «goalé^à 


Lm  seules  bataéUes  de  cotte  époque  dont 
k  suocès  soit  de  à  d'benfeuses  et  babiks 
dispositions  de  k  part  du  vainqueur  sont 
cellm  d'Arqués  m  d'irry*  Henri  IVi 
obUgé  de  krér  k  siège  de  Park^  se  rend 
en  Normandie  avec  %fi%ù  kntasntis^  % 
régimens  suissm  et  1,M#  <dm«uns.  Û 
apprend  que  k  dtm  do  Mayenne  vuuè 
amiéger  Dieppe  i  il  porte  m  petite  arinét 
à  mae  bene  et  doBMO  en  avant  de  k  viHo^ 
auprès  d' Arques^  sur  ifcn  cotenu  p^tégé 
pwkdiâtenuL  11  joint  k  pied  ck  te  co- 
tenu avec  une  dmpclk  ou  makdrerk 
voisine  par  un  petit  retrunebement  larme 
d'ta  fomé  de  10  pieds  de  largi^  et  de  »  da 
profondeur,  il  fortâfio  k  mnkdterk  do 
deux  deml->bustioOs  qi^il  àruBS  do  »  piè* 
cesdeconon,  etappokm  gaucbeb  Ar* 
qoes.  Dans  cette  position  f  il  attend 
Mayenne  qui  était  érrivé  avee  30i,0M 
bomaries  et  avait  déîà  éproufé,dails  une 
attaque  qu^H  avait  dirigée  contre  k  ?u^ 
Ict,  USK  vignoseuse  résistance.  Le  roi 
pinee  h  k  nudadreiie  4  compugnks  •«!»•> 
ses  et  frun^aism  ci  ks  §Êii  soutenir  pur 
S  compagnies  de  cberatt- k^ero  r  il  tient 
quelques  gendarmes  en  féssrfo  et  confie 
au  marécbal  de  liron  k  rféfcmse  dm  ro* 
trancftemcÉB  qu'il  garnit  d'infanterie  ; 
Henri  rmle  en  résen%  «sec  quelqum 
troupes  d'élico^  pour  se  puttir  lui  m'km 
partout  oà  besoèn  nrà.  Les  tsobpoé^  da 
roi  eaigageat  k  eotnbaty  qui 
temps  sotouti  de'  part  et  d'ë 
résistance  égak;  ces  Iroi 
à  l'attaque  de  k  makdrtrie^  ébfanlém 
pendant  quelques  instatio;'  mak  f  arrivée 
deBiron  et  de  CbAtiUDa' lent  reud  bku^ 
tèt  k  stlpérim^  et  r  aimée  de  Mhiyenne 
ftit  sa  retraite  en  bon  ôrilre^  kltiam  k 
roi  maHre  dtf  eiomp  de  iamiHb. 

A  lV#y ,  HeiH^  IV ,  quoique  Mm  Wft- 
rkurs&noBibiie,  dut  eifdsr»  b  des  dk^ 
peeitioirs  bknooatbJaéBskvieceiffe  qi^ll 
iMupopu  sur  Ms  jfemm  dunef  amîéeémlt 
double  die  kskemec 

L«»go«freedb  «ti¥*  sièdepeoeurèhmm 

à  pbisiottfvdenosgéuëmtmrocamtofrdk 

développer  Isf  UM  k«f  génie  m)lltaii% 

las  autres  kor  esprit  df observation^  tous 

qcil  dîMMe  mi^ 


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Bi.T  (H8) 

Français,  dans  Tatuque,  une  si  grande 
supériorité  sur  les  autres  nations.  Les 
armées  européennes  avaient  encore,  à 
cette  époque,  une  organisation  confuse 
qui  influait  sur  le  sort  des  batailles.  Les 
Âisiliers,  les  mousquetaires,  les  piquiers, 
étaient  rangés  dans  les  mêmes  bataillons, 
en  files  de  huit  de  profondeur,  en  sorte 
que  les  derniers  rangs  ne  pouvaient  pas 
faire  usage  de  leurs  armes;  la  cavalerie 
était  encore  sur  quatre  de  hauteur;  la 
moitié  des  files  devait  s'arrêter  dans  les 
charges  au  galop.  Les  pièces  de  campa- 
gne étaient  loui*des  et  peu  nombreuses; 
quand  elles  occupaient  une  position  , 
elles  y  restaient  toute  une  journée,  parce 
qu'elles  ne  pouvaient  pas  suivre  les  ma- 
nœuvres des  troupes.  Toutes  ces  diffi 


cultes  furent  aperçues,  mais  non  pas 
résolues,  par  le  grand  Condé,  par  Tu- 
renne,  par  Montécuculli ,  par  Gustave- 
Adolphe  qui,  dans  de  nombreuses  ba- 
tailles, cherchèrent  à  les  surmonter. 

A.  Rocroi,  par  exemple,  toute  l'artil- 
lerie française ,  que  sa  pesanteur  avait  em- 
pêchée de  se  retirer  assez  promptement, 
avait  été  prise  par  Melo  qui  comman- 
dait l'armée  espagnole,  avec  une  partie 
de  l'infanterie  aux  ordres  de  La  Ferté;  et 
elle  fût  restée  au  pouvoir  de  Melo,  sans 
la  présence  d'esprit  et  la  prodigieuse  ac- 
tivité de  G>ndé  (alors  duc  d'Ënghien), 
qui  rallia  sa  cavalerie.  Marchant  ra- 
pidement derrière  les  bataillons  espa- 
gnols, il  atteignit  leurs  escadrons  déban- 
dés, les  dispersa  et  leur  arracha  la  vic- 
toire; délivra  La  Ferté  et  les  autres  pri- 
sonniers, reprit  notre  artillerie  et  enleva 
celle  de  l'ennemi,  qui  consistait  en  24 
pièces  de  canon.  Une  si  brillante  victoire, 
remportée  par  un  général  de  22  ans,  était 
d'un  heureux  augure  pour  la  suite  de  ses 
campagnes;  aussi  ne  tarda-l-il  pas  à  ga- 
gner les  batailles  de  Fribourg,  de  Nord- 
lingen,  de  Lens,  qui  entraînèrent  la  prise 
de  beaucoup  de  places  fortes,  et  amenè- 
rent la  conclusion  du  traité  de  Westpha- 
Ile.  —  Les  batailles  gagnées  par  Turenne 
ne  sont  pas  engagées  comme  celles  qui 
font  la  gloire  de  Condé.  Les  ordres  de  ba- 
taille du  prince  n'annoncent  aucun  pro- 
grès dans  l'art;  on  y  trouve  même  moins 
d'esprit  de  combinaison,  moins  d'étude 
dd  terrain  que  dans  les  dispoûtiona  laites 


BAT 

par  Henri  IV  :  avare  du  sang  des  troupes 
qu'il  mène  au  combat,  Turenne,  au  con- 
traire, prépare  long-temps,  par  des  mar- 
ches et  des  contremarches,  le  choix  des 
positions;  il  n'offre  ou  n'accepte  la  ba- 
taille que  sur  un  terrain  à  sa  convenance, 
et  manœuvre  à  la  face  de  l'ennemi,  jus- 
qu'à ce  qu'il  ait  trouvé  un  champ  de  ba- 
taille qui  se  prête  à  toutes  les  disposi- 
tions qu'il  a  conçues.  Alors  il  assigne  à 
chaque  arme,  à  chaque  corps,  la  place 
qu'il  lui  a  destinée,  et  oblige  en  quelque 
sorte  l'ennemi  à  se  conformer  lui-même 
an  plan  qu'il  s'est  tracé. 

Les  troubles  de  la  Fronde  engagèrent 
Gmdé  et  Turenne  dans  des  partis  diffé- 
rens  pour  lesquels  ils  combattirent  al- 
ternativement à  la  tête  des  Français  et  à 
celle  des  Espagnols.  Voltaire  remarque 
à  cette  occasion  que  «  le  sort  de  Turenne 
et  de  Condé  fut  d'être  toujours  vain- 
queurs quand  ils  combattirent  ensemble 
à  la  tête  des  Français,  et  d'être  battus 
quand  ils  commandèrent  les  Espagnols.  » 
A  la  bataille  des  Dunes ,  Condé ,  à  la  tête 
des  Espagnols  ,  s'avança  vers  l'armée 
française  commandée  par  Turenne  :  il  y 
avait  du  côté  des  Espagnob  14,000  hom- 
mes, dont  8,000  de  cavalerie;  Turenne  en 
avait,  y  compris  une  brigade  anglaise, 
9,000  d'infanterie  et  6,000  de  cavalerie 
Les  Français  avaient  du  canon ,  les  Es- 
pagnols n'en  avaient  pas.  Après  des  pro- 
diges de  valeur  de  part  et  d'autre,  Condé 
venaitd'enfoncerl'aile  droite  desFrançais, 
quand  Turenne ,  victorieux  à  l'aile  gau- 
che, revint  rapidement  au  secourt  de 
Créqui  qui  commandait  l'aile  droite,  et 
ramena  le  combat  La  victoire,  après 
avoir  long-temps  flotté  entre  les  deux 
héros,  se  prononça  enfin  en  faveur  de 
Turenne  qui,  peu  de  jours  après ,  s'em- 
para de  Dunkerque. 

A  Sintzheim  et  à  Ensheim ,  Turenne 
doit  ses  triomphes  an  savant  emplor  qu'il 
fait  de  son  infanterie,  dont  il  couvre  les 
mouvemens  en  profitant  de  tons  les  acct- 
dens  du  terrain. 

La  suite  du  règne  de  Louis  XTV  et 
celui  de  Louis  XV  offrent  un  grand 
nombre  de  batailles  qui  n'ont  pas  toutes 
en  des  résultats  heureux ,  mab  qui  toutes 
peuvent  fournir  d'excellentet  leçons. 
Ccst  dans  les  Mémoires  dn  tempa,  et 


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BAT 


(149) 


BAT 


fortont  dans  ceux  des  géDéraiix  français 
etétraogers,  qu'il  faut  aller  les  puiser.  On 
peut  consulter  Folard,  Puységur,  MoïKt 
tecuculli ,  et  particulièrement  Feuquière 
qui  montre  si  consciencieusement  et  avec 
tant  de  justesse ^  les  fautes,  comme  les 
eiploits,  de  Luxembourg,  de  Condé,  de 
Turenne,  de  Vendôme,  de  Berwick,  de 
Villars,  et  signale  avec  franchise  la  cause 
des  revers  dus  à  l'incapacité  de  Marsini, 
de  Lafeuillade ,  de  Yilleroy. 

La  guerre  de  s^pt  ans ,  qui  fait  tant 
d'honneur  aux  armes  de  Frédéric  II,  est 
servent  malheureuse  pour  celles  de  la 
FraiMe  ;  à  de  rares  succès  viennent  se 
mêler  des  faits  d'armes  de  douloureuse 
mémoire,  qu'il  est  pourtant  bon  d'étu- 
dier, afin  d'éviter  les  fautes  commises  à 
Rosbach,  par  le  prince  de  Soubise;  à 
Creveldt,  par  le  comte  de  Germont;  à 
Mînden,  par  Contades;  à  Philingshau- 
sen  par  Broglie;  à  Grebensheim  et  à 
Willemsudt  par  d'Estrées.  Tant  de  dé- 
sastres sont  plus  que  suffisans  pour  justi- 
fier l'opinion  de  Napoléon  que  nous  avons 
citée  au  commencement  de  cet  article. 

Frédéric,  dans  la  campagne  précé- 
dente (de  1740  à  1745),  avait  déjà  ob- 
tenu des  succès,  et  particulièrement  à 
Moiwitz,  où  il  admira  l'habileté  des  ma- 
nœuvres du  maréchal  de  Schwerin ,  qui 
était  parvenu  à  mettre  les  Autrichiens 
en  déroute  et  à  gagner  la  bataille  an 
moment  où  le  roi  la  croyait  perdue.  Ce 
prince  remarqua  dans  cette  occasion  que 
sa  cavalerie  était  loin  d'être  aussi  bonne 
que  celle  des  Autrichiens.  Ils'occupa  dès 
lors  à  la  rendre  leste,  agile,  véloce,  afin 
de  donner  à  ses  évolutions  plus  de  ra- 
pidité, n  oommen^  à  porter  au  plus 
haut  degré  l'ordre,  la  précision,  la 
promptitude  des  manoeuvres.  Son  artil- 
.  ïerie  participa  de  ces  améliorations,  et, 
donnant  aux  évolutions  de  l'infanterie 
les  caractères  qui  en  assurent  la  supério- 
rité, savoir  :  promptitude,  facilité,  jus- 
tesse et  sûreté  en  présence  de  l'ennemi , 
il  procura  à  toutes  les  armes  une  perfec- 
tion jusqu'alors  inconnue.  Créateur  de 
ces  savantes  dispositions,  il  recueillit  le 
fruit  de  son  génie  dans  les  premières  ba- 
tailles où  il  en  fit  l'application ,  et  no- 
tamment à  Striegau,  à  Kesseldorff,  à 
Prague,  à  Lissa,  etç, 


On  trouve  ses  principes  dans  les  Mé- 
moires qu'il  a  laissés.  Son  style  est  bref 
et  précis,  comme  les  ordres  qu'il  don- 
nait à  ses  généraux.  £n  voici  quelques 
exemples  applicables  à  notre  sujet  : 

«  Il  faut  en  venir  aux  batailles  pour 
terminer  les  querelles. 

ft  II  faut  les  préméditer ,  car  celles  qui 
sont  l'ouvrage  du  hasard  n'ont  pas  de 
grands  résultats. 

«  Les  meilleures  sont  celles  qu'on 
force  l'ennemi  à  accepter. 

«  £n  refusant  une  aile  et  renforçant 
celle  qui  doit  attaquer,  on  peut  porter 
beaucoup  de  forces  sur  l'aile  de  l'ennemi 
que  l'on  vent  prendre  en  flanc.  Cette 
manière  d'attaquer  offre  trois  avantages  : 

1^  D'attaquer  le  point  décisif; 

a^  De  pouvoir  prendre  l'offensive 
avec  des  forces  inférieures; 

8^  De  ne  compromettre  que  les  trou- 
pes qu'on  met  en  avant ,  et  d'avoir  tou- 
jours le  moyen  de  se  retirer. 

«  Les  attaques  de  vilUge  coûtent  tant 
de  monde  que  je  me  suis  fait  une  loi 
de  les  éviter. 

«  Villeroi  fut  battu  à  Bamillies  pour 
avoir  placé  une  partie  de  ses  troupes 
dans  un  terrain  où  elles  ne  pouvaient 
pas  agir» 

«  Il  ne  faut  pas  tirer  en  marchant;  car 
c'est  le  terrain  que  l'on  gagne  et  non  les 
ennemis  que  l'on  tue  qui  décide  de  la 
rictoire.  » 

On  peut  ajouter  à  ces  principes  une 
règle  générale  établie  par  Napoléon , 
dans  le  chap.  V  de  son  Précisdes  Guerres 
de  Frédéric  II;  elle  est  conçue  en  ces 
termes  :  «  Quand  vous  voulez  livrer  une 
bataille,  rassemblez  toutes  vos  forces, 
n'en  négligez  aucune;  un  bataillon  quel- 
quefois décide  d'une  journée.  » 

La  révolution  française  ouvre  à  l'art 
de  la  guerre  une  ère  toute  nouvelle.  La 
carrière  militaire,  dans  laquelle  le  com- 
mandement avait  été  jusque  là  réservé  à 
quelques  classes  privilégiées  et,  dans  ces 
classes  mêmes,  à  quelques  individu^,  de- 
vient libre  pour,  tous  les  Français.  X^ 
valeur,  l'instruction,  le  génie  élèvent  les 
derniers  soldats  aux  premiers  rangs  de 
l'armée  et  improvisent  une  multitude  de 
héros.  C'est  ainsi  que  nous  avons  vu  des 
médecins,  des  avocats,  un  prote,  de  sim^ 


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BAf 

pies  piysamy  ém  twiéBhmUfam  même, 
à  la  t^e  de  nos  biEtaMonfy  1«$  mtaar 
sMiTent  à  la  ^icCoirt,  après  avoir  oopiH 
iii«Beé  par  aervir  «omine  «implat  soldau. 
Et  ces  granda  dtoyaM  a«x^pi«k  l'étude 
é€s  aciences  niKtriraa  étyk  èbn  indif- 
férente, quand,  privés  de  «mt  atpoir  dV 
▼aDoenent,  fis  Ée  powtatec  en  lirea  au- 
em  ]>trti|entri<rai<aé  de  sèla  «t  de  takns 
avec  les  meilleurs  officiera  aardo  da  1109 
éo(Am.  Les  missiles  antres  ont  introduit 
dans  nos  armées  da  grandes  innovations. 
6e  qni  dbtingm  suct^ut  les  ImtailUs  de 
nos  dernières  guermi  d«  eelles  <fai  mit 
précédé  la  révclution,  c'«9t,  dT^ipe  part, 
TaugmentatloB  considérable  de  la  ibrot 
des  armées  oueVon  nMt4«  présenoa  et 
pariiculitrement  nelle  de  rartillerie;  et 
d*a«lre  part,  la  snppression  des  frands 
approvisionnemens  de  viwes  qnt  soi- 
valent  antrefbis  les  traippes.  Les  armées 
metlaienlenbataitMS,  >6,implns4d«Oe0 
hommes;  aujourd^ai  «ftea  «ont  de  100 
miffe  liommes  et  qiiel(|a€fo4s  da  pins. 
An  1l«n  de  4o,  60  en  69  ptèees  deeanon 
que  nous  placions  en  bataille ,  nens  en 
arvoifB  acfnelleffnent  des  centaîoes.  A  la 
liaUiItte  de  Leipzig,  en  ISII,  ^  7  eni 
099  pîèc«s  êe  éanon  engagées  dans  Far- 
mée  francise,  et  900  dans  celle  4ea  aA- 
IMa. 

Le  début  de  Mapoléem  dans  sa  campa* 
gne  d'Italie  est  remarquable  par  nn  ays* 
tème  d'attaques  promptes  et  sucoessrves , 
dans  lesquelles  il  se  garde  bien  d'adopter 
nn  ordns  de  bntaiMe  détemriné.  A.  wsme 
est-Il  arrhré  qnNm  le  voit  frapqper  à  eeops 
redonblêèy  M  lin>er,  en  11  mois  d^une 
ennrpajl^e  sans  eicemple,  94  combats  qoî 
pi^eèdenft  ou  snl^eift  t7  iyatailles  dont 
ils  fréparent  on  oomplètent  le  snoeès. 
Plus  Urd,  pnr  «n  système  semblable,  (| 
iTenipare  en  8  nmis  de  toute  la  ^rnâse. 
Il  aiiirft  atlivi  un  ^^ratème  pins  droonsped 
en  ISO6 ,  ar«t  apprepobes  de  te  batarllln 
d^AoMstlitB.  Là  il  médite  snn  prmjet ,  M 
mesure  sas  moyei».  Les  itnases  avnient 
89,099  bonnneS}  les  9ran<gais  n^étalent 
ifue  40,999.  Napoléon,  à'Npprocbe  des 
Russes,  ftiit  reenler  ses  ^ronpes  da  9 
Jfeuaa,  eoniaKe  s*it  eAt  essnyé  «ne  démn- 
te^  se  place  anr  des  bantvnrs  qu^  fait 
ioKiêer  et  cotftrir  de  batteries,  et  M  ti^ 
hsfféit  nînel  ies  générans  m«ta. 


(  IM  )  BAT 

les  «onlîmiav  dans  l^îdée  qn^iia  aivalant 
de  son  enèarras,  U  fak  demander  à  Tena^ 
pereur  de  Russie  une  eotrevne  qni  ia^ 
est  refnaée.  Il  attire  dana  des  défilés  nne 
partie  de  Tannée  ennemie,  pendant  que 
le  reste  avance  dans  la  plaine.  Alors  lea 
eorps  de  Piofentene  fraa^se  coaMnen^ 
eant  rafttai|ne  au  mamtnt  oà  les  Rnsses 
et  les  Autrichiens  aont  en  nsarcbe^la  ca^ 
Valérie  la  soutient  «vee  vigueur.  Lea 
Russes  fléchifsent,  leur  général  en  ehcf 
eat  blessé  à  i|K>rt;  la  déreitte  est  oompUle  : 
196  pièœa  de  eanon,  45  drapeana  et 
19,990  prisonniers  tombent  nnx  nains 
des  Français,  bîeniirférieura  en  notthre, 
naais  qui  doivent  cette  fois  le  vtetoire  à 
inexpérience  des  Rnsses  dans  ka  ma- 
noBttvree,  à  la  valeur  de  leurs  vmix  aol<^ 
datsetan  diangementdu  plan  delkataiHe 
des  ennemis  paralysés  par  le  génie  de  STa-^ 
peléon»  Cest'le  cas  de  rappeler  ce  qne  dit 
le  marédiat  de  Saxe  dans  seé  R^mries  : 
a  La  gaerre  a  des  règles  dens  les  paities 
de  détails;  mais  elle  n'ep  a  point  dans  lae 


Vainement  <diceolierak*4m  la 
des  nnynbrenaea  victoires  remportées  par 
lea  Français  dans  un  syseènie  oonatant 
ou  dans  an  nrdrede  bataHie  particulier. 
Obecnn  de  nos  illustres  guerriers  a  pnisé 
dans  son  pmpre  génie,  dana  ies  inspiear' 
tiona  àa  moment,  sur  le  terrain  ipéme, 
œs  dlsnesitiotts  direraes  si  fécondes  en 
beUreuK  réîrttitttti.  Chacun  a  varié  eea 
maiieNivres  suivant  lea  fonpes  daa  loeeli^ 
tés,  d'après  la  force,  la  cDmpnakîon  et 
la  eituaition  des  armées  qu'il  avait  à  eon^ 
battre,  et  d'après  les  naoyena  dont  il  pnn* 
vait  ddspeser.  Sans  s'nstnindm  seMle* 
ment  à  obserrfr  les  préceptes  des  Mon 
técuoulll,  des  Tnrenne,  des  Frédéric,  des 
Fenquière,  Us  en  est  modifié  repplÎM* 
tîon,  ib  ont  créé  eux^-mémea  de  nouvel-» 
les  eombinaiaone;  et,  joignant  à  la  pr»» 
fondepr  de  leurs  eeooeptieas  l'endaoe 
d^ne  brillante  tnécuiien ,  ib  nnt  étonné 
et  foudroyé  tnnt  à  If  fois  les  armées 
éuaugèiee  qni,  sous  la  cbodm'tie  de  ianm 
vieux  et  savane  généiaux,  ont  foi  devant 
les  tnwpes  françaiaes  dans  tontes  les  pnr^ 
ties  du  monde*  Ce  serait  donc  s'eepeaat 
à  compromettre  |a  sàreté  et  la  ^ire 
d  unearméeqnc  de  vonfoir /attaeber  dent 
une  bataille  à  imiter  la  eendoite  de  tel 


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BAT 


(lai) 


B4T 


o«  %d  finénl.  Lfs  éténaiis  d*  snceèg 
«eut  1res  ▼tnaMes;  Us  ne  «e  reprodoi- 
Sent  jaiMaîs  avec  les  mêmes  circonstances. 
La  saf^cité  se«le  d«  chef  apprécie  le 
parti  qu'il  ëeit  prendre  et  juge^  quelles 
mai  les  mesures  à  adopter,  quelles  sont 
cdlea  ipi^l  faut  rejeter*  Sans  doute  les 
militaires  eonsulteroot  avec  firuit  les 
beaux  fidis  d'arme  des  généraux  andens 
H  modemts^  F^tude  attentive  de  ces 
glrands  ép? éoemeus,  la  recherche  des  cau- 
ses euupMna  ou  présumahles  des  succès  et 
des  revers,  feront  connaître  en  général  lès 
précautions  9  l'acharnement  ou  le  hasard 
qui  o«l  prodttk  les  uns,  les  fautes,  Tim^ 
prévoyance  ou  la  Agilité  qui  ont  ennraîné 
les  autres.  «  Ifeis  il  faut  hlen  se  |;arder , 
dit  M.  le  général  9elet ,  dans  ses  Mémoi- 
res ênries  guerres  de  lê09,enéJlema- 
gnB,  à  la  sui|e  de  la  lecture  du  récit  de 
qn^ques  brlllanlcs  journées,  de  poser 
degaaatiqnement  d^ principes,  où  plu^ 
tAt  de  déeover  de  oe  nom  les  résultats 
auuvuit  Ibrcés  de  faits  isolés;  réshhats 
déterminés  quelquefois  par  la  puissance 
du  génie  et  de  la  valeur^  mats  le  j>lus 
souvent  par  les  jc^x  d'un  avençle  hasard, 
et  qui  ne  sont  pas  toujoinns  suffisamment 
constatés.  »  Le  général  Lamarque  a  émis 
aussi  k  même  opinion.  «  61  l'on  voulait 
réiéciiir,  dit  cet  Mnstre  oapkaine  à  qui 
Napoléon  destkiaîf  en  1614  le  4>&ton  de 
marédial,  sur  le  mécanisme  des  batailles, 
on  verrait  que  les  événétnens  imprévus 
qu'oïl  appcMe  hasard  y  ont  une  grande 
pari.  »  Une  mesure  qui  serait  une  faute 
grave  dans  des  circonstances  ordinaires 
devient,  dans  un  cas  puticulier,  un  véri- 
table trait  de  génie.  C'est  ainsi  que  dans 
le  lameux  »ége  de  Gênes,  Jourdan,  par 
une  combinaison  aussi  savante  qn^auda- 
eieuae^  s^empar^  du  camp  de  Farcio,  se 
laisse  couper  sa  communication  avec 
Masséna,  et  revient  vainqueur  des  trou- 
pes du  général  OllD  fpà  croyaR  le  tenir 
prisonnier. 

Après  avoir  flît  sentir  que  ies  mou^ 
vemeHs  etlea  mancsuvres  iks  corps  sont 
fournie  Hana  les  batailles  aux  combi- 
naisons les  plua  variées  qui  résultent  de 
efa^oonattoices  foKnltes  qne  le  génie  saisit 
et  met  à  profil,  nnus  allons  indiquer  suc- 
dnetementl^infliienceréciproque  des  dîf- 
I  (i»r.  ce  mot)  dans  les  ba- 


taillea  auxquelles  dles  sont  appelées  à 
prendre  part. 

Les  diverses  armes  dont  se  eomposent 
nos  armées  doivent,  dans  les  batailles,  se 
prêter  «n  appui  mutuel,  selon  les  circon- 
stances, la  forme  du  terrain  et  la  compo- 
sition derarmée  ennemie.  En  pays  de  mon- 
tagnes, par  exemple,  la  cavalerie  est  à  peu 
près  nulle.  L'arme  du  génie  prépare  les 
coBMnumcations,  fortifie  les  positions,éta- 
blit  ou  renverse  les  ponts^  L'artillerie  cons- 
truit ses  batteries  et  les  orme,  favorise  le 
passage  djes  rivières,  en  éloignant  l'ennemt 
qui  veut  s^y  opposer ,approvisiQnne de  mu- 
nitions de  guerre  les  trois  autres  armes. 
Si  l'infanterie  fait  la  férce  piîneipele  et 
la  partie  la  plus  essentielle  des  armées, 
il  n'est  pas  moins  vrai  que  ses  succès  se- 
raient incomplets  et  souvent  même  fort 
douteux  ,  si  elle  n'étak  secondée  par 
l^artîllQrie  et  par  la  cavalerie. 

Au  commencement  d'une  bataille,  la 
portée  des  bouches  à  fou  de  Fartillerie 
produit  un  effet  considérable,  k  une  dis* 
tance  oh  toutes  les  trokipes  sont  encore 
sans  action  :  elle  force  l'ennemi  à  déve- 
lopper ses  masses  et  cherche  k  les 
ébranler  ;  elle  ralentit  fa  marche  des  co- 
lonnes ennemies  et  les  obKge  eti  quel- 
que sorte  à  se  déployer  so^  le  fou  de 
l'inlhtoterie  qui  va  tes  attaquer.  Alors  la 
mousqueterie  réunll  ses  ^oirts  à  ceux 
de  Fartillerie  ^  les  corps  de  l'infanterie 
se  rapprochent  et  engagent  le  combat. 
Cependant  la  cavalerie  éclaire  les  mou- 
vemens  de  l'armée.  Répandue  sur  ses  ai- 
les, eHe  lutte  avec  la  cavalerie  de  renne- 
mi  ,  la  poursuit,  harcdle  les  iancs  de  son 
infknterie,  jette  le  désordre  dans  ses  rangs, 
et  force  l'ennemi  tantôt  à  précipiter  sa 
retraite,  tantôt  à  rallentir  sa  marche  ré- 
trograde, et  donne  ainsi  I  l'infiÉMerie  le 
temps  d'arriver  pour  le  combattre  et 
compléter  sa  défaite. 

Tels  sont  les  secours  que  Sé  portent 
réciproquement  dans  les  batailles  rârtij- 
lerie  qui  seule  ne  pourrait  pas  se  soute- 
nir, l'infanterie  et  là  cavalerie  qiii  la  dé- 
fendent et  en  reçoivent  à  leur  tour  la 
plus  puissante  protection.  Ù-ts. 

Bataiixe  k  avals,  voy.  CombéU  na- 
val. 

BATAILI^BS.  En  peîotureon  désigne 
communément  sous  le  nom  de  kataùies 


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B4T 


(152) 


BAT 


ks  tableaux  dont  une  action  militaire  de 
terre  ou  de  mer  forme  le  sujet.  Coinme 
toutes  les  grandes  classifications,  celle-ci 
devrait  avoir  ses  subdivisions  reconnues; 
elle  n'en  a  point  encore.  On  confond  sous 
une  méuie  dénomination  les  tableaux  qui, 
comme  la  bataille  de  Constantin  contre 
Maxence,  peinte  par  Raphaël  et  ensuite 
par  Lebrun;  cell^  des  Pyramides,  de 
Marengo^  peintes  par  le  général  Lejeune; 
celle  de  Navarin,  si  exactement  retracée 
par  M.  Garnerey>  représentent  des  ac- 
tions générales,  traitées  historiquement, 
et  dans  lesquelles  les  peuples  qui  sont  mis 
en  scène  le  sont  suivant  leur  génie  par- 
ticulier, leur  caractère  national,  leurs 
armes,  leur  tactique,  etc.,  etc.;  ceux 
qui ,  comme  la  bataille  d'Austerlitz  de 
M.  Gérard,  les  révoltés  du  Caire  de  Gi- 
rodet,  Bonaparte  haranguant  ses  trou- 
pes à  la  bataille  des  Pyramides  par  M. 
Gros,  etc.,  etc.,  n'offrent  que  des  scènes 
épisodiques  d'actions  générales,  et  ceux, 
enfin ,  qui  ne  retracent  que  des  scènes 
fantastiques  et  de  pur  caprice ,  tels  que 
sont  l'attaque  d'un  convoi  ou  d'une  cara- 
vane, une  charge  de  cavalerie,  une  em- 
buscade ,  une  escarmouche ,  un  combat 
singulier  entre  deux  ou  quelques  per- 
sonnages, un  engagement  entre  deux  ou 
quelques  bâtimens  de  guerre,  etc.,  etc. 

Tant  que  les  tableaux  de  batailles  n'ont 
été  que  le  fruit  d'une  imagination  plus 
ou  moins  déréglée  et  de  simples  objets 
de  fantaisie  pour  les  amateurs,  on  les  a 
considérés  comme  appartenant  au  genre 
proprement  dit  en  peinture;  mais  de- 
puis le  commencement  de  ce  siècle ,  que 
des  hommes  du  plus  grand  mérite  ont 
particulièrement  traité  ces  espèces  de  su- 
jets, avec  le  développement,  l'exactitude 
et  la  dignité  que  réclame  l'histoire ,  les 
tableaux  conçus  dans  ce  système  ont  pris 
rang  parmi  ceux  dits  de  haut  style.  Ainsi 
les  grandes  pages  des  Gautherot ,  Gérard, 
Girodet,  Gros,  Guérin,  Lethiers,  Théve- 
nin,  Carie  et  Horace  Vernet,  et  pour  citer 
ici  quelques-uns  de  leurs  prédécesseurs, 
des  Raphaël,  Jules  Romain,  S.  Rosa,  Ru- 
bens,  Lebrun,  Jacques  Courtois,  Cer- 
quozzi ,  "West,  etc. ,  ne  sont  plus  placées 
sur  la  même  ligne  que  les  mesquines  pro- 
ductions des  Wouwermans,  Yandermeu- 
len,  Ch.  Breydeiy  H.  Yerschuuringi  Ph. 


Rugendad,  Fulcone,  peintres  desiége», 
d'embuscades  et  d'escarmouches;  que 
celles  des  Vroom,  Gasp.  Van  Eyck,  Van 
de  Velde,  peintres  de  simples  combats  de 
mer ,  ou  que  les  tableaux  dans  le  genre 
de  cette  singulière  bataille  de  Marius 
et  des  Cimbres,  que  M.  Decamp  a  ex- 
posé au  dernier  Salon  (1834). 

Dans  le  choix  des  sujets,  l'artiste  doit 
donner  la  préférence  à  ceux  qui  tiennent 
à  l'histoire  ancienne  et  du  moyen-âge,  ou 
qui  mettent  en  présence  des  peuples  de 
nature  et  de  mœurs  différentes ,  afin  que 
la  beauté  et  le  caractère  des  vétemens, 
le  nombre  des  parties  qu'ils  laissent  à 
nu,  la  forme  des  armes,  la  manière  d'en 
venir  aux  mains,  le  mélange,  le  choc  des 
hommes  et  des  animaux,  jettent  de  la  va- 
riété dans  l'ensemble  et  donnent  occasion 
à  ces  scènes  de  combats  corps  à  corps ,  à 
ces  épisodes  de  courage  qui  triomphe , 
de  générosité  qui  pardonne,  à  ces  expres- 
sions fortes  et  animées  qui  sont  l'essence 
d'un  tableau  de  bataille.  Les  styets  mo- 
dernes sont  moins  favorables  au  dévdop- 
pement  des  hautes  parties  de  l'art  :  cette 
symétrie,  cette  régularité  de  lignes  de 
nos  batailles  rangées ,  aussi  bien  que  la 
raideur ,  la  monotonie  des  uniformes  de 
nos  soldats,  quel  que  soit  le  génie  du 
peintre  qui  les  met  en  œuvre  (et  Lejeune, 
le  plus  exact  observateur  des  règles  stra- 
tégiques, nous  l'a  prouvé),  seront  tou- 
jours pour  lui  un  écueil.  L'ardeur  mili- 
taire, l'intrépidité,  le  mépris  du  danger 
et  de  la  mort  chez  des  hommes  qui  opè- 
rent par  masses,  sous  le  feu  de  batteries 
contre  lesquelles  la  valeur  est  inerte,  et 
selon  les  règles  d'une  stratégie  impérieuse, 
ne  suppléeront  jamais  à  ces  élémens  pit- 
toresques qu'offrent  les  sujets  anciens , 
où  la  valeur  individuelle,  l'adresse,  la 
force  corporelle  décident  presque  seules, 
dans  une  multitude  de  combats  singuliers, 
du  sort  de  la  bataille  générale.  L.  C  S. 

D  y  a  aussi  des  Bataillss  en  musi- 
que. Ce  sont  des  compositions  instru- 
mentales dans  lesquelles  on  cherche  à 
imiter  le  mouvement  d'un  combat,  et  les 
sons  qui,  dans  une  bataille,  annoncent 
la  bonne  ou  la  mauvaise  fortune.  Mais 
cette  imitation  reste  nécessairement  dana 
le  vague  et  ne  ressemble  ordinairement 
à  une  bataille  que  par  le  bruit  dont  eliç 


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BAT 


(168) 


BAT 


t*a«ooiiipagne  et  par  les  mtrcbes ,  laiifa- 
ret,  etc.,  qu'elle  fait  entendre.         X. 

BATAILLON.  Le  bataillon  est  un 
oorps  d*iofantene  de  7  à  800  hommes, 
n  en  entre  dans  un  régiment  deux,  quel- 
quefois trois,  en  temps  de  paix.  On  en  a 
souvent  porté  le  nombre  à  quatre,  en 
temps  de  guerre.  Pendant  long-temps  le 
bataillon  fut  Tunité  à  laquelle  se  rappor- 
tait la  composition  des  armées.  Sons  Louis 
XIV,  plusieurs  régimens  furent  d'un  seul 
bataillon  de  600  hommes.  Aujourd'hui 
le  bataillon  se  compose  de  8  compagnies 
de  90  à  100  hommes.  Ce  nombre  a  sou- 
Tent  varié.  De  ces  huit  compagnies,  deux, 
celle  des  grenadiers  et  celle  des  voltigeurs, 
sont  formées  de  l'élite  des  hommes  du 
bataillon.  Le  surplus  reste  affecté  aux 
six  autres  compagnies,  dites  de  fusiliers 
ou  du  centre.  Chacune  de  ces  compa- 
gnies est  commandée ,  dans  l'infanterie , 
par  on  ou  deux  .capitaines,  un  lieute- 
nant et  deux  sous-lieutenans  ;  dans  le 
génie  et  dans  l'artillerie,  les  compagnies 
ont  <leux  capitaines  et  deux  lieutenans. 
Dans  les  trois  armes,  les  huit  compagnies 
qui  composent  un  bataillon  sont  sous 
les  ordres  d'un  commandant  commun, 
qui  a  le  titre  de  chef  de  bataillon. 

Le  bataillon  étant  un  des  élémens  fon- 
damentaux de  la  composition  d'une  ai^ 
mée,  l'instruction  des  bataillons  est  de  la 
plus  haute  importance,  soit  qu'ils  ma- 
noeuvrent séparément  comme  oorps  iso» 
lé,  soit  qu'ils  agissent  comme  partie  du 
régiment  auquel  ib  appartiennent.  C'est 
dans  le  grade  de  chef  de  bataillon  qu'ont 
commencé  à  se  développer  les  talens  mi- 
litaires de  tous  les  grands  capitaines  qui 
ont  porté  à  un  si  haut  degré  la  gloire 
des  armes  françaises.  C-tb. 

BATALHA  ^  bourg  situé  à  23  lieues 
de  Lisbonne  et  appartenant  à  l'Estra- 
madoure  portugaise.  Il  est  célèbre  par  son 
couvent  de  dominicains  nobles.  Link, 
dans  son  Voyage  en  Portugal  y  et  don 
Frances  de  San  Luiz ,  évéque  de  CoFm- 
bre,  dans  les  Mémoires  historiques  qu'il 
a  publiés  en  1837,  à  Lisbonne,  sur  le 
monastère  royal  de  S.  Mar  da  Yittona , 
donnent  tous  les  détails  importans  à  con- 
nsltre  relativen^ent  au  couvent  de  Ba- 
talba.  Cest  un  monument  d'architecture 
gotliico-sarraziney  construit  par  un  Irlan- 


dais nomoié  Hacket,  en  1S8S,  d'après 
les  ordres  du  roi  de  Portugal  Jean  I*"", 
qui  voulait,  par  celte  fondation  pieuse, 
immortaliser  le  souvenir  de  la  victoire 
qu'il  avait  remportée  sur  le  roi  de  Cas- 
tille,  à  AIjubarotta.  On  considère  le  cou* 
vent  de  Batalha  comme  un  des  plus  beaux 
édifices  de  l'Europe.  On  remarque  sur- 
tout les  omemens  mystiques  de  la  cha- 
pelle cinéraire  :  ils  présentent  des  signes 
hiéroglyphiques  que  l'on  n'a  pas  encore 
pu  expliquer;  les  plus  difficiles  de  ces 
inscriptions  se  trouvent  sur  le  tombeau 
de  Jean  I^^  Ce  riche  monastère  a  été 
embelli  et  doté  par  des  souverains  étran- 
gers; on  y  montre  encore,  dit-on,  un 
écrit  de  l'empereur  grec  EmmanuiBl  Pa- 
léologue  :  il  constate  l'authentieilé  de  re* 
liques  données  par  lui  à  ce  monastère  au 
commencement  du  xt*  siècle.       C  L. 

BATARD,  voy,  Enfans  NATumxLS  et 
DiciifiaATiON. 

BATARDE ,  voy.  ÉcaiTuax. 

BATARDEAU.  Il  arrive  fréquem- 
ment dans  les  travaux  hydrauliques  que 
l'on  se  trouve  dans  la  nécessité  de  pré- 
server de  l'invasion  des  eaux  des  espaces 
destinés  à  la  construction  d'un  pont  ou 
de  tout  autre  ouvrage  fondé  a  un  niveau 
inférieur  à  leur  surface.  On  établit,  pour 
atteindre  ce  but,  une  enceinte  ou  digue 
ayant  pour  objet  de  résistera  l'effort  qu'el- 
les font  pour  gagner  le  niveau  inférieur 
qu'on  veut  leur  interdire;  si  la  hauteur 
d'eau  a  supporter  p'excède  pas  un  mè- 
tre, une  simple  levée  de  terre  est  suffi- 
sante. A  une  profondeur  de  1  mètre  SO  c 
on  soutient  la  digue  en  terre  contre  la 
pression  des  eaux  à  l'aide  de  planches 
posées  de  champ  et  soutenues  par  une 
file'  de  pieux.  Enfin  lorsque  la  hauteur 
d'eau  est  plus  considérable,  la  digne 
prend  le  nom  de  batardeau.  Elle  se  com- 
pose essentiellement  de  deux  rangs  de 
pieux  espacés  d'un  mètre  et  réunis  par 
des  madriers  longitudinaux  nommés 
liemes,  contre  lesquels  viennent  s'ap- 
puyer des  planches  assemblées  à  rainure 
et  à  languette,  enfoncées  verticalement 
dans  le  sol  a  coups  de  mouton;  ces  plan- 
ches portent  le  nom  de  paip/anches ; 
l'extrémité  par  laquelle  elles  pénètrent 
dans  la  terre  est  taillée  en  biseau  pour 
faciliter  le  battage.  On  forme  ainsi  deux 


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BAT 

MpètM  de  aferaiUe*  eo  durpente,  8«o- 
lennci  tstéricureniept  par  1m  liemes  et 
let  pienx  auzqiids  celles-^  sont  fixées; 
eek  hit ,  on  enlère  la  portion  de  vase  ou 
de  terrain  meuble  comprise  4  la  snrface 
dii  soi,  entre  les  deux  files  de  palplanches. 
Cette  opération,  qnand  on  travaille  sous 
une  certaine  ha«tteur  d'eau,  se  fiiît  à 
Faide  d'une  espèce  de  hotte  en  t61e  de 
fer  ûxée  à  Textréoiité  >d*une  perche,  et 
que  l'on  npmme  drague. 

Lonque  le  terrain  a  été  asnsi  dragmé 
JMipi'à  une  profondeur  convenahie,  il 
faut  s'occuper  de  remplir  de  teire  le  vide 
du  baurdeau;  mais  auparavant  on  lie 
deux  à  deux  les  pieux  qui  se  eorrespoi»* 
dent  dans  un  sens  perpendiculaire  à  sa 
longoenr,  par  des  pièees  assemblées  à 
teéen  en  mortaise  qui  portent  te  nom 
A^-entretoise;  elles  sont  destinées  à  préve- 
mp  récartement  des  deux  files  de  pal- 
planches  qui  céderaient  sans  eela  À  la 
poussée  de  la  lerre  Qu'elles  sont  destinées 
à  «MHenlr.  Geile-cl  doit  être  de  nature 
à  ne  pas  permettre  la  filtration  de  l'eau  ; 
on  préfère  pour  œt  objet  de  la  terre 
Iranohe  ou  de  l^argile.  Elle  doit  être 
mise  avec  précaution  et  pilonnée  à  me- 
ÉUre,  sans  quoi  elle  se  pelotonne  et  ne 
pre^d  pas  oorps.  ËHe  est  ensuite  sujette 
à  se  fendiUer,  lorsqu'elle  se  dessèche  par 
suite  de  fa  baisse  des  eaux;  puis, an  mo- 
ment des  crues,  les  parties  séparées  ne  se 
rejoignent  pas  et  donnent  Keu  à  des  in- 
ffitratlons.  Lorsque  celles-«i  sont  trop 
abondantes,  on  n'a  d'autre  ressource  que 
d'enlever  la  terre  et  de  la  oerroyer  de 
nouveau. 

A.T1  canaf  Saint-Martitt,  à  Farts,  la  terri 
(glaise  a  été  remplacée  par  de  la  terre  sfr^ 
blonneuse  bien  mélangée  de  ^  à  -^^  de 
«baux  ordinaire  en  pftte;  cet  essaiapar- 
ihitement  réussi. 

On  donne  ordinairement  aux  batar* 
deanx  une  épaisseur  é^le  à  la  hauteur 
d'eau  qu'ils  ont  à  sup}K>rter;  non  que 
cette  épaisseur  soft  nécessaire  pour  pré* 
^^enir  les  infihnitions,  mais  afin  qu'ils 
nient  me  stabilité  suffisante. 

Il  ftrtrt  éviter  avec  soin,  dans  la  con- 
elitictîon ,  de  placer  des  pièces  de  bois 
#une  file  à  fautre  des  palplanches,  à  on 
niveau  hiférieur  à  cdui  des  eaux.  Ainsi 
placée»,  elles  servent  de  gdSde  i  des 


(  Ui  )  BAT 

sources  abondantes  qui  suivent  leur  i 
face,  délayent  la  terre  qui  les  entoure,  et 
agrandissent  de  plus  en  plus  la  voie 
qu'elles  se  sont  ouverte. 

Lorsque  le  balardeau  est  terminé  on 
épuise  les  eaux  ;  la  profondenr  à  laquelie 
on  peut  pousser  les  épuisemens,  $ans  être 
entraîné  dans  des  dépensée  considérables, 
vari^  avec  la  nature  du  sol.  l>ans  la  terre 
franche  on  va  jusqu'à  3  mèure^;  dans  le 
sable,  pas  au-delà  de  1  mètre  60  peni.; 
à  une  profondeur  plus  considérable,  il 
devient  difficile  de  mfittriser  les  sourees 
qui  se  manifestent 

On  établit  quelquefois  dans  les  fossés 
des  places  fories  des  batardeaux  destinés 
à  retenir  les  eaux  ou  à  letir  donner  issue 
à  volonté.  Pour  donner  à  ees  sortes  d'ou- 
vrages la  solidité  et  la  durée  nécessaires, 
on  les  construit  ordinairement  en  maçon- 
nerie; on  les  plaoe  à  l^angle  saillant  des 
bastions  où  ils  ne  peuvent  servir  d'abri 
à  l'ennemi  pour  le  passage  du  fossé.  Leur 
partie  supérieure  présente  une  arête  ai-> 
gué  formée  par  deux  talus  inclinés  sur 
leeqneUHestimpossibledemareher.Goii. 

BATA  VBA,  peuple  qui,  dans  la  géo* 
graphie  ancienne,  Init  partie  delà  Ger- 
manique i*  (Oaules),  et  qui  avait  pour 
demeure  princ^>ale  l'He  formée  par  la 
mer  d'Allemagne,  le  Rhin,  la  Meuse  et  le 
WaM.  Celte  He,  qui  de  leur  nom  était 
appelée  Me  des  Batmves^  correspond  à 
une  partie  des  provinces  anpeléei  au- 
jourd*huiHollandeniéridionsAe,|&neldve, 
Utrecht.  Biais  les  Bataves  s'étendaient  en- 
core au-^elà  des  limites  nracées  par  les 
fleuves,  surtout  an  sud-est,  et  k  pdnion 
occidentale  de  lile  était  occupée  par  les 
Caninéfotes.  Les  autres  voisins  dies  Ba- 
taves étaient  les  Bruotères  et  les  Usipèies 
à  fest^  au  sud,  les  Ménapes  et  les  C&éger- 
nes. 

Les  Bataves  étaient  renomtoéa  à  Rome, 
plusencore  que  les  antres  Germains, par 
leur  haute  stature  et  leur  chevelure  blon- 
de. Aussi  les  cosmétiques  destinés  à  tein- 
dre en  blond  les  noirs  chevcnix  des  Ro« 
mains  s'appelaient  écume  baim^»  Leur 
bravoure  était  extrême;  leur  cavalerie 
passait  pour  exceHeote.  fis  avaient  une 
musique  militaire  nalîontle  :  les  Instru- 
mens  étaient  formés  de  cornes  d'ani- 
maux. On  présnnie^(ne  les  Butanes  étaient 


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BAT 


(US) 


BAT 


ém  orto  cp»  étÈ  tronbie»  màk  Jtm  ii  — * 
giginat-àirtadiir  1«  Rhin;  oette  tei» 
yali»D  i«t  aMérieure  à  ré(ioq«e  de  €é- 
nr,  qui  les  soamit  avec  le  reile  en  G&a- 

Rwe  ••Dfpea  aérieuaeaieiit  à  enraiiir  la 
GeroMiiiey  leur  pays  àe^kd  la  piaec  dl'ar- 
■es  Ars  commaîiJaas  roiainfc  Dntesle 
ils  4UÀf0t  esemptsdetrikrtseld'inptot 
portment  le  titre  d'aaiis  et  d'alliés  d^ 
pe«ple  romain  y  et  choisissaient  tmx* 
tnêmêê  leurs  cMs.  Las  tr<wibtBS  cpM  e«i- 
nrenC  la  «ortde  I9ér6ii  le«r  periureiit 
disparaître  «n  ÎMtant  sqr^  soèoe  poli» 
tiqve.  Le  Ba««ve<;mlis  (««f.)  liit  I'sbm 
de  ealle  rasurreetion  gallb-^ennaitte  ^i, 
aa  MMi  de  VfiMUus,  prit  les  armes  co»^ 
tre  ¥etp«sieii,  et  dont  le  b«t  était  d'éta<^ 
Mir  QO  empire  putois,  om  Indépesdant 
de  Rone,  «n  mnàtn  de  Roaie.  U  CsHot 
ewBore  ob  mi  à  Vespasîen,  délbarrassé  de 
¥kellki0,  posr  eiMnprÎHwrIa  révolta.  Plos 
tard ,  les  Fmncs  Miens  s'emparèrent  de 
rile  des  Bhtaves  et  s'y  établirent  tempo* 
nôrement  Eoin  ee  forma  la  monardMe 
mérovÎD^enoe.  Les  Batavns  laiaaient  n^ 
mêmlement  partie  de  l'empire  d'Ans* 
(rasie.  Gharlemafoemort,  les  noms  a«* 
ciena  disparurent,  et  to«s  les  pays  enrent 
eai  ^ks  comtes  OH  des  d«Gs.  Notis  ne  pou- 
vons suivre  les  vMsshudsspar  les^eiles 
passa  pendant  ce  temps  l*tle  des  fiifttaves 
{m>X'  ^ATS-B^fts).  Bnfin  lofMfueles  Pày»^ 
Sas  se  sdndèreiit  e|i  pesscmions  espC«- 
fnoles  et  en  pays  indépendans,  Batave  de*- 
vint  par  la  suite  synonyme  de  HoUandais. 
Omquis  en  lf9S  par  les  Français,  les 
Pays-Bt»  helUmdais  prirent  Je  nom  de 
réptddiqne  Batave  qiri  lut  remplacé  en 
1M8  p«r  celai  de  i^anme  âe  Hollande. 

BHaubé  a  publié,  sens  ce  titre  :  Z9^  J9rii- 
tmfes,  une  épopée  an  prose  sur  h  véro- 
lutioa  des  Pays-Ras  dans  le  %vi^  siècle. 
Cbénier  (Marie-I.)  evalt  commencé,  sur 
la  déNvranœ  des  Ihiys-Bas  hollandais,  un 
poème  intitulé  la  Batatnade.   Val.  P. 

BATAVIA,  vôx^  Iata. 

BAlTEAIJy  bétel,  £ôoi,  ifoj.Bkfnjo^. 

BAtCAV  SOlT9-MAftT1f  ,  lH>f .  SoVS-HAmiK. 

Batcav  a  tafeuh,  vqx*  Vawuu,  Na- 
rteATioH  et  Ptowcïtm. 
BATUJEUIIy  vof.  HfsraïQir  et  Sac- 

TntBAKQUE. 

BATH,  vWe  célèbre  par  ses  eaux 


thermales  et  dmf^îea  du  oomté  4k  So- 
mersat  (Angleterre  propre),  est  one  dm 
pfats  belles  villes  de  l'Europe,  et  ofire, 
outre  m  cathédrale  qui  est  le  phu  ma- 
gnifique édifice  de  l'Angleterre,  U  sn-* 
perbe  plaee  de  la  Reine  {Queem's.tqum'- 
he)j  le  Girtpie  royal,  le  Onjeenf  (crois- 
sait), le  GmldkmU  (pahm  de  jnstioe), 
le  nouveau  bazar,  rival,  sinon  en  grandeur 
dn  moins  en  beamé,  dn  Mwimgtcm  Jr^ 
cad  de  Londres^  le  théâtre  ouvert  en 
Ift06,  les  bmns,  ^UpperRot>tméoiBXmk 
admire  s«rto«t  la  salle  de  bal.  Lm  bains 
de  Rath,  renommés  ponr  k  goutte,  Am 
rfanmatisaBea,  lm  paralyaies,  ks  obstrue- 
tiona  lùUeusm,  y  attirent  chaque  mmée 
ks  rénninni  im  pks  brilimilm  de  TAju*» 
gkteme.  Pe  cm  bains,  an  nombre  de  fi, 
4  sont  a  la  vilk.  Lm  sources  ont  de  t4 
à  47^  cemigr.  Lm  Romains  Imconnmrent 
et  béftirmit  prk  d'elka^fwv  Mdi/^  dont 
il  reste  encore  dm  vestiges,  astre  autrm 
les  raines  dVm  temple  de  Minervie.  L'in* 
dustrie  est  peo  de  chose  à  Batb.  LeeoHH 
mcree  est  prmqoe  tout  de  consommation. 
La  population  monte  à  %tfi%ê  babitana. 

Rntb  signifieÀavt;eneonséqumicee'est 
an  mot  Raim  qu'on  a  placé  VOrdrB  ék 
Mmh  (order  of  the  Raài).        Vai.  P. 

BATH  (ooHTinc),  oiof.  Pv^tehet. 

BATHOM  ou  Ra¥Obit  ,e'eet-lHdire 
de  Mmor,  nom  que  portent  en  Hongrie 
émtnm  loealités,  entre  antres  un  viiage 
du  comkm  de  8abolt  qui ,  à  la  finik  der- 
nier sièck,  appartenait  encore  awc  Ba«- 
thon.  Cette  familk  bènyoïm  est  «rk 
ancienne  et  prétendait  descendre  d'un 
nobk  chevidier  alkmand  auquel  k  roî 
sMnt  Etienne  avait  fait  bon  accueil  en 
Hongrie.  Au  %r^  sikde ,  elle  se  divim  en 
deux  branches,  distinguées  l'une  de  fau^ 
tre  par  k  nom  des  terrms  celle  d'E«sed 
et  oeUe  de  8omlio  (Ksec  Choralio).  Cest 
k  dernière  qui  donna  è  la  Transylvanie 
cinq  princm  et  è  la  Pologne  nn  de  sfs 
plus  grands  rois.  Chomlio ,  dont  k  diâ- 
teau  est  aujourd'hui  démiit,  est  un  bourg 
du  comitat  de  K.rassna. 

ÉfrEimm  Ratory  de  <%omllo,  ik 
d'André ,  garde  de  k  couronne  de  Hon- 
grie, lut  commandant  de  Temesvar,  pa* 
latin  du  royaume ,  et  ISin  des  principaux 
antagonistes  du  prince  Zapolya;  il  moi»- 
rutcnlfiSl.  J.H.8. 


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Bi^T 


(156) 


BAT 


-  ËTiSHirs,  trotsième  du  nom,  son  fils 
posthume,  naquit  à  Chomlio  en  1533.  La 
Transylvanie  enclavée  entre  les  deux  gran- 
des puissances,  l'Autriche  et  la  Turqui|e, 
qui  s'arrogwent  Tune  et  l'autre  un  droit 
de  suzeraineté  sur  elle ,  n'avait  alors 
qu'une  existence  précaire.  Un  difîérend 
survint  entre  ce  pays  et  la  cour  de  Vien«> 
ne  ;  Etienne  Batory  l'ayant  terminé  à  la 
satisfaction  des  deux  partis,  les  Transyl- 
vains le  choisirent  pour  leur  prince  ou 
Yoîvode  en  1571 ,  après  la  mort  de  Jean 
Sigismond  Zapolya.  Batory  paya,  en 
1673 ,  un  tribut  au  sulthan  Sélim  U,  et, 
après  en  avoir  obtenu  l'investiture  de  la 
Transylvanie,  il  restait  tranquille  posses- 
seur de  cette  «principauté,  lorsqu'un  évé- 
nement l'appela  sur  un  champ  plus  vaste 
de  la  gloire  (18  janvier  1576). 

Henri  de  Valois,  premier  roi  électif 
de  Pologne,  venait,  à  la  mort  de  Charles 
IX,  de  quitter  furtivement  le  pays  pour 
retoiuner  en  France.  Les  Polonais  dé- 
clarent le  trône  vacant,  y  appellent  Anne, 
sœur  de  Sigismond- Auguste,  et  lui  choi- 
sissent pour  époux  Etienne  Batory,  en 
1 576.  Celui-ci,  arrivé  en  Pologne,  trouve 
le  pays  déchiré  par  des  factions,  le  peuple 
amolli  par  une  longue  paix ,  l'état  sans 
trésors  et  sans  armée;  et,  saisissant  les 
rênes  du  pouvoir  avec  énergie ,  il  songe 
au  salut  du  royaume.  Le  parti  de  Maxi- 
milieu  ,  archiduc  d'Autriche,  qui  fut 
son  compétiteur  au  trône,  n'ose  plus 
remuer.  La  seule  ville  de  Dantzig  te- 
nait encore  pour  l'Autrichien  :  Batory 
la  met  au  ban,  l'assiège  en  1577,  et 
n'accorde  le  pardon  qu'en  la  frappant 
d'une  forte  contribution.  £n  même  temps 
il  travaille  à  relever  l'esprit  belliqueux 
de  la  noblesse  et  publie  plusieurs  ré- 
glemeos  militaires.  Depuis  le  règne  de 
Sigismond  il  existait  en  Oukraine,  et  près 
des  cascades  du  Dnieper,  une  milice  ef- 
frénée ,  vivant  de  rapines,  et  connue 
sous  le  nom  de  Cosaks.  Batory  leur  don- 
na, en  1576,  une  organisation  régulière, 
élevant  ainsi  une  barrière  contre  les  Ta- 
tars,  les  Turcs  et  les  Moscovites;  mais 
l'imprudence  de  Sigismond  III ,  succes- 
seur de  Batory,  détruisit  les  fruits  de 
'  cette  institution  et  la  tourna  contre  la 
Pologne  elle-même.  Après  avoir  établi  la 
tranquillité  dans  l'intérieur  du  royaume. 


Batory  déclara  en  1579  la  guerre  à  Ivân 
Yassiliévitch,  grand-prince  de  Moscovie, 
pour  se  venger  des  troubles  que  celui-ci 
fomentait  enLîvonie,  le  battit  sur  tous  les 
points  et  le  força  de  recourir  à  la  protec- 
tion du  Saint-Siège.  Le  pape  Grégoire 
XIII ,  séduit  par  la  promesse  d'Ivân  de 
se  réunir  à  l'église  romaine ,  délègue  le 
jésuite  Possevin  auprès  de  Batory,  et  la 
paix  fut  conclue  en  1582  :  par  ce  traité 
Ivân  se  désista  de  ses  prétentions  sur  la 
Livonie,  et  la  ville  de  Polock  (Polplsk) 
avec  tous  ses  environs  retourna  à  la  Po- 
logne. Tout  en  relevant  la  gloire  des  ar- 
mes polonaises,  Batory  ne  perdit  point  de 
vue  l'administration  civile  du  pays.  Il 
rendit  la  justice  indépendante  et  ne  se  ré- 
serva que  le  droit  de  grâce ,  par  l'éta- 
blissement de  tribunaux  d'appel,  pour 
la  Pologne  en  1578,  et  pour  la  Lithuanie 
en  1580.  Il  sut  aussi  maintenir  les  no* 
blés  du  pays  dans  le  respect  dû  aux  lois, 
et  signala  son  règne  par  un  acte  de  jus- 
tice sur  Samuel  Zborowski  qui,  banni 
pour  un  meurtre  sous  le  règne  4>récé- 
dent,  osa  rompre  son  ban.  Batory  le  fit 
décapiter,  quoiqu'il  dût  sa  couronne 
en  partie  à  l'infiuence  de  celte  famille.  U 
favorisa  aussi  les  lettres;  il  fonda,  en 
1579 ,  l'Académie  de  Vilna  et  la  confia 
aux  jésuitesqui,  sous  son  règne,  commen- 
cèrent à  s'introduire  en  Pologne.  Fatigué 
des  obstacles  que  la  noblesse  lui  opposait 
pendant  ses  guerres  avec  les  Moscovites, 
et  prévoyant  que  les  prétentions  toujours 
croissantes  de  ce  corps  plongeraient  un 
jour  le  royaume  dans  l'anarchie^  il  con- 
çut le  projet  d'arrêter  les  progrès  de  la 
démocratie  nobiliaire  en  rendant  le  tr6ne 
héréditaire.  Ce  grand  projet,  qu'il  était 
décidé  d'appuyer  par  la  force  des  armes, 
l'occupait^,  d«  même  que  la  nouvelle  ex- 
pédition contre  les  Moscovites,  lorsqu'il 
mourut  subitement  à  Grodno,  le  13  dé- 
cembre 1586,  âgé  à  peine  de  54  ans  et 
sans  postérité.  Ce  fut  le  dernier  roi  de 
Pologne  qui  déploya  quelque  énergie  dans 
l'exercice  de  son  autorité.  Avec  lui  fini- 
rent pour  le  royaume  les  jours  de  pros- 
périté et  de  puissance;  et  la  Pologne,  dé- 
chirée par  l'anarchie ,  qu'en  vain  il  avait 
voulu  réprimer,  ne  fit  plus  que  marcher 
k  sa  perte. 

Après  la  mort  d*£tienne,  la  ooi]|rqvne 


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BAT 


(1 


priDCÎère  de  TransylvaDÎe  ne  resta  que 
très  peu  de  temps  dans  la  famille  de 
Batory.  Etienne  l'avait  cédée  à  son  frère 
aloé  Christophe  (mort  en  1581  );  ce- 
lai-ci  la  laissa  à  son  jeupe  fils  Siois^ 
XOHD,  qui  plus  tard  la  céda  ^  en  1695, 
à  Tenipereur  Rodolphe  II,  en  échange 
des  principautés  d*Opolé  et  de  Rati- 
bor  en  Silésie,  d-^ne  pension  de  60,000 
dncaU  et  du  chapeau  de  cardinal.  Mais 
anssitât  la  cession  faite,  il  s'en  repen- 
tit, se  réfcigia  en  Pologne,  et  tranf  fera  la 
principauté  à  son  neveu  Andr^  Batory , 
cardinal  et  étèque  de  Warmie.  André, 
battu  par  Michels,  vaîvode  de  Yalachie, 
allié  des  Impériaux ,  en  1599,  fut  tué 
dans  sa  fuite.  Sigismond,  rappelé  par  les 
Transylvains  en  1600,  se  mit  sous  la 
protection  de  la  Porte;  mais  vaincu  par 
ks  Impériaux ,  il  leur  livra  toutes  ses  pla- 
«s  fortes  et  alla  implorer  le  pardon  de 
Temperenr  Rodolphe  U,  à  Prague,  en  Bo- 
hème, où  il  mourut,  en  1613,  dans  un 
completoubli.  Son  frère  Gabriel,  prptes- 
tant  contre  la  cession  de -la  principauté,  se 
mit  sous  la  protection  de  la  Porte,  chassa 
de  Yalachie  le  vaîvode  Radut,  et  se 
tontint  long-temps  contre  les  Autri- 
chiens; mais  ayant,  par  sa  dureté  et  sa  ty- 
FaDDJe,  révolté  les  Transylvains,  ceux-ci 
le  déposèrent  et  choisirent  Bellen  Ga- 
bon Le  Douyeau  duc  se  reconnut  vassal 
de  la  Turquie,  et  ie  sulthan  Achmet  I*^ 
envoya  une  forte  armée  pour  le  soutenir. 
Gabriel  Batory  voulait  composer  avec 
les  Othomans  ,  lorsqu'il  fut  assassiné  en 
1613.  Alors  la  principauté  de  Transyl- 
vanie sortit  de  la  famille  4e  Batory.  Voy, 
TmAirSTI.TANIE.  M.  P-cz. 

BATHUaST  (coifTES  de),  Cette  fa- 
mille anglaise  rattache  son  origine  à  la 
conquête  de  l'Ile  par  Guillaume-le-Con- 
qnérant.  Un  de  ses  membres,  Ralph,  né 
en  1630,  mort  en  1704,  fut  à  la  fois 
médecin  y  poète ,  théologien  et  physicien 
très  remarquable. 

AxLSif,  earl  ou  comte  deBathtirst,  fib 
de  sir  Benjamin  Bathurst,  né  en  1634, 
mort  en  1775,  fut,  sous  lerègnede  la  reine 
ànne,  nn  des  membres  les  plus  distingués 
du  parlement ,  et,  comme  tory,  un  anUgo- 
aiite  décidé  du  ministère  de  sir  Robert 
Wsipole.  En  considération  des  services 
qu'il  loi  arâit  rendus  dans  la  chambre  des 


57  )  BAT 

communes,  la  reine  Anne  lui  conféra,  en 
1 7 1 1 ,  la  paririe  avec  le  titre  de  baiion  Ba- 
thurst, de  Battlesden,  dans  le  Bedford- 
shire.II  futnommécomte  en  1 772  J.H.S. 
Son  petit  fils  Hehei,  comte  Bathurst, 
ancien  secrétaire  d'état,  eut  la  confiance 
de  Georges  JV ,  même  avant  TavénemeÉit 
de  ce  prince  au  trône.  Il  fut  nommé,  en 
1796,  membre  de  la  commission  pour 
l'Inde,  puis,  en  1809,  secrétaire  d'éUt 
pour  les  colonies  dans  le  ministère  de 
lord  Castlereagh;  et,  pendant  son  admi- 
nistration deux  établissemens  coloniaux 
fondés,  rup  sur  la  c6te  occidentale  de 
l'Afrique,  dansTileSainte-Mairie,  à  l'em- 
bouchure de  la  Gambie,  l'autre  dans  les 
Terres  australes,  à  140  milles  de  Sid- 
ney ,  reçurent  son  nom.  Dans  la  cham- 
bre des  pairs  et  au  conseil  du  cabinet  ce 
ministre  tory  se  montra  ardent  adver- 
saire de  Napoléon  et  de  la  France.  Il  de- 
manda ,  lors  du  retour  de  Napoléon  de 
nie  d'Elbe,  des  mesures  hostiles  contre 
lui,  en  s'écriant  que  T Angleterre  se  désbc- 
norerait  si  elle  le  laissait  régner.  Il  se  fit 
accorder  un  aiien  bill  très  arbitraire,  pour 
pouvoir  éloigner  les  Français  des  états 
britanniques.  U  insista  pour  que  l'Angle- 
terre garantit  et  payât  une  partie  de  l'em- 
prunt fait  par  la  Russie  en  Hollande, 
emprunt  qui,  à  chaque  session,  provoque 
encore  maintenant  de  vives  plaintes  dans 
la  chambre  des  communes.  Lord  Ba- 
thurst appuya  vivement  la  proposition 
de  l'établissement-des  forteresses  en  Bel- 
gique. Il  demanda  en  1816,  contre  le 
VŒU  d'une  grande  partie  de  la  nation , 
que  ^Angleterre  maintint  sur  pied  une 
armée  nombreuse.  Lord  Bathurst  fut 
constamment  opposé  à  l'émancipation 
des  catholiques ,  à  la  réforme  parlemen- 
taire, et  à  toutes  les  mesures  libérales 
demandées  par  les  virhigs.  1/orsqu'enfin 
les  vœux  de  la  nation  se  furent  pronon- 
cés avec  assez  d'énergie  pour  porter  Can- 
ning  au  ministère,  lord  Bathurst  sentit 
qu'il  devait  se  retirer,  et  suivit ^en  avril 
1827,  Texemple  de  Wellington,  de  Peel 
et  du  chancelier  Eldon.  Cependant  les 
torys  ne  tardèrent  pas  à  rentrer  dans  le 
ministère,  et  en  1828  lord  Bathurst  fut 
nommé  président  du  conseil.  Ce  nouveau 
ministère,  s'il  avait  pu  se  maintenir,  au- 
rait probablement  secondé  le  ministère 


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BAT 


(168) 


BAT 


F»lifBàe  «A  France;  mais  la  réfohition 
Iraoçaise  de  1830  l^ébnmla  si  fortemeat 
^«e  déjà  avant  la  fin  de  cette  année  il  fnt 
oMi^  par  roptnion  pnbliqoe  de  prendre 
sa  rctrake.  Depuis  ce  temps  lord  Ba- 
Ihorst  se  fait  «mêadre  qoelipiefois  comme 
êvalemr  àm  pavtt  de  fopposilîoa  WeDing- 
toik  IKo. 

BATIITLLB,  d'Alexandrie^  afif^n- 
cbi  de  Mécène,  florissait  à  Reme  entiven 
Fan  10  de  notre  ère.  Pykde  et  lu  forent 
les  invenlenrs  de  FaH  de  la  pantomime , 
séparée  de  l'art  dramatiqne.  Le  premier 
adopta  un  genre  grave  et  tragique^  Ba* 
Ihylle,  pk»  gat  «t  ami  des  plaisirs,  se  dis- 
lingoa  dans  le  genre  comique;  ib  eurent 
tno^  les  denx  des  partieme  qnl  prirent 
même  une  oenlenr  polittqtte  et  qni  k»*- 
mèrem  les  mis  centre  les  autres  une  rite 
opposicion» 

Batstlle  est  anssi  le  nom  dn  fnvori 
d'Anaeréon  dont  ce  poète  a  célébré  la 
beauté  el  auquel  les  Swnieps,  sm  com- 
patriotes, élevèrent  une  staMie.  S. 

BATIMENT  (arcllitecture),  eon^ 
sumttlon  en  pierre ,  en  nooUon  et  pMtM 
ou  en  beis^  distribuée  suivant  son  usage 
ponr  habitations  paiticulfières ,  bétels, 
palais ,  etc.  La  construction  en  pierre  de 
taiMe  est  préférable ,  en  ce  qu'elle  pré- 
sente plus  de  solidité;  la  construction 
moyenne  est  celte  faite  en  pierre  de  tatMe 
et  moellon,  par  conséquent  d'tme  durée 
moindre  que  la  première  ;  eni»  la  der- 
nière est  celte  en  bois  et  recouverte  en 
plaire.  Les  agensqne  l'on  emploie  comme 
liaison  sont  le  mcMier  et  le  plâtre.  La 
différenoe  qui  eiiste  entre  la  construc- 
tion laite  avec  le  plâtre  ou  le  mortier  est 
qfue  lo  plâtre,  faisant  corps  de  suite,  ac- 
quiert le  degré^de  solidité  auquel  le  moi^ 
lier  ne  pent  attdndtre  qn^au  bout  d'un 
long  laps  de  temps;  mais  il  &ut  observer 
que  la  aolicKté  dés  constructions  en  dkoi^ 
tier  va  toujours  en  augmentant,  au  lieu 
que  ceNes  des  ouvrages  en  plâtre  va  tou- 
jours en  diminuant.  La  manière  dccom- 
bioer  entre  eux  les  difTftrens  matériao% 
sera  expliquée    à    l'article  G>irsTRUc- 

TlOlf. 

*  Les  bâtimens  reçoivent  dirrerens  noms 
suivant  leur  fômie et  leur  usage;  ils  sont 
dénommés  à  tiinUenne  quand  les  com- 
Wer  aoQt  otchéa  par  dot  attiqnet  eai  ba-* 


kvtradea.  On  appelle  bâdmetoa  dé  mUf* 
fine  les  ports,  arsenaux,  corderies. 

Enfin  les  bâtimens  reçoivent  les  noms 
d'église,  hôpitaux,  hôtels  de  ville,  pa- 
lais de  justice,  eto^  suivant  l'osege  aux- 
quels ils  sont  destinés.  F€iy.  AncHrrxo- 
Tinn.  PLf 

BATUMEUT  (marine),  nom  générs- 
que  appliqué  à  tonte  «pèee  de  machine 
construite  ponr  voguer  sur  la  mer,  de- 
puis le  péus  grand  vaisseau  de  bgne  jns« 
qu'au  plus  frêle  esqtiif.  Les  bâtimens  de 
mer  sont  partagés  en  deux  gnasdes  cb»- 
wi-.\Mbd9imensde  gmerre  ^  Im kiti- 
mensmmrchtÊ^dsoadecommerte^éiM. 
k  sbnple  dénomination  indique  d'une 
manière  aasea  claire  le  caractère  et  Ftt- 
sago  pour  dispenser  de  toute  explication. 
Ces  deux  gnasdes  cksses  comprennent 
l'une  et  l'autre  des  bâtîmena  a  'mHôs  et 
de»bâtimenaA-»4yeiir.Ceadnrnier8^  dont 
le  nombre  n'augmente  pa»  aftsn  rapide- 
ment qu'on  était  en  droit  de  Fespérer 
diaprés  les  avantages' qu'ils  préiuntimt 
sur  les  bâtimcDsii  voiles,  sont  qnelqna 
fois  irapraptement  appelés  Imitmttai  à 
valseur  i  nom  qui  ne  convient  fu'à  cens 
qar  naviguent  sur  les  rivières  et  on  vont 
point  a  la  mer. 

€>H  nomme  ordinairement  bâfîmens  à 
rmmes  toutes  les  embarcarionar  dépen- 
dantes d^un  vaissean  ou  autre  bâtiment, 
teUes  que  chaloupes,  canots,  ynèes,  etc. 

il  y  a  dans  les  ports  une  espèce  dn 
bâttn^ens  que  l'on  nomme  liÉtimeus  dé 
servùude:  ce  sont  les  peotons,  chalans, 
cntemoHes,  bugalets,  citernes,  etc. 

Nous  ne  placerons  p«  ici  la  nome»* 
clatore  des  principales  espèces  dn  bâti- 
mens de  guerre  ou  de  oonmMtce^  eba- 
cnne  trouvera  sa  plaoe  dans  l'ordre  âl- 
pbabéti«|ue.  FIFlotoi  et  MAmnn.  J.  T.  P. 

BATISIVy  sorte  de  toile  do  lin  on 
de  chanvre  dont  le  fil  est  très  An  et  le 
tissu  très  serré.  Elle  se  fabrique  à  Va- 
lenciennes,  à  Venrins  et  dans  toute  la 
Picardie.  H  y  eni^de  plusieurs  qualités  : 
de  claires,  et  phis  serrées  et  dn  plua  for* 
tes;  celles-ci  se  nomment  h€ttistg9  ko^ 
Utndéesy  parce  qu'elles  se  lOuptHiobeMil 
des  toiles  de  BoMande,  éauit,  i  awinu 
elfes,  très  serrèm  e^  très  unies.  Anjouiw 
d'hili  les  personnes  aisém  en  ft«t  déa 
juca  wmat^a  nmmaHMtni  otnH% 


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BAT 


(159) 


BAT 


4*mM  qoalité  Mpérieurc,  soat  fort  cb^ 
rtt.  Il  y  â  une  antre  sorte  de  batîtte 
éaruej  k  laquelle  oa  donoe  le  nom  de 
ê^t'le  d'ortie,  non  pM  qu'elle  toit  ftibiH- 
tfÊèm  avee  le  il  qn'oo  peut  tirer  de  cette 
pkiDU,  naia  parce  qu'elle  est  d'un  Un 
grîêAtre.  On  connaît  éKatemenI  une  au- 
tre toile  momméë  batiste  tTÉcatse,  qtii 
«it  employée  aux  mêmes  usages  que  les 
autres  batistes  ;  la  seule  difTérence  qui 
eoûste  entre  elles,  c'est  que  celle-cî  est 
beaucoup  plus  forte  et  plus  serrée.  On 
▼end  en  France,  sous  le  nom  de  batiste 
d'Ecosse 9  des  tissus  de  cqton  eitréme- 
meni  fins.  Toutes  ces  toiles,  en  général, 
se  fabriquent  à  peu-près  comme  les  mous- 
aelînes.  F'cf.  Moussbuhk»      F.  R-o. 

MATiMïJVSS{lktgttettes)y  ancien  sup- 
plioe  Hisse  que  le  code  de  lois  appelé  On- 
kféniézakinn  inflige  dans  un  très  grand 
nombre  de  cas.  Voici  de  quelle  manière 
OMaritts  décrit  ce  supplice  s  n  II  n'est  pas 
toujours  infâme  et  public,  et  il  n'est  point 
de  père  de  fcmille  qui  ne  le  lasse  doittter 
à  ses  enfans  et  à  sessenriteurs.  Celui  qui 
doit  recevoir  ce  diâtiment  ôte  son  Icaf- 
tan ,  et,  n'étant  couvert  que  de  ta  chemi- 
•é)  se  coucbe  le  ventre  à  terre,  et  alors 
deux  bommes  se  mettent  sur  lui ,  jambe 
de  çà,  jambe  de  là,  fun  sur  le  cou  et 
FaïKre  sur  les  pieds,  ayant  chacun  une 
baguette  à  la  main  dont  Us  lui  battent  le 
dos,  de  la  même  façon  que  les  pelletiers 
battent  les  fourrures  pour  en  chasser  les 
vers.  »  Foynge  en  Mascone,  trad.  firan-' 
cake,  1 1,  p.  324.  J.  H.  9. 

BATON  (isif  m).  La  science  du  bd- 
toniste  est  un  perfectionnement  moderne 
ajouté  à  l'art  de  la  défense.  Il  y  a  déjà 
long-temps  qu'on  avait  reconnu  le  dan- 
ger du  béton  ferré  par  les  deux  bouts, 
et  que,  par  cette  raisoU,  les  réglemens  de 
poRce  en  avaient  défendu  le  port;  mais 
eela  n'a  pas  empêché  que  des  cours  pu- 
blilca  ne  s'ouvrissent  et  que  des  profes- 
seurs babilea  ne  vinssent  jusque  dans  la 
capitale  enseigner,  à  Unt  le  cachet,  le 
grand  art  de  Jouer  du  bâton  à  deux 
bouts.  Maniée  avec  adresse  el  dextérité, 
cette  arme  devient  extrêmement  redou- 
table entre  les  mains  de  certains  adeptes. 
On  cite  tel  bètoniste  qui  combattrait  avec 
avantage  plusieurs  fantassins  armés  de 
kmteib  iivto  k  baionnoUe, 


Le  jeu  du  bâton  est  aui 
temps  foit  agréable  et  un  exercice  utile 
au  développement  des  forées  physiques, 
lorsqu'il  n'offre  aucun  danger.  D.  A.  D. 

BATOH  DB  MB8VBB.  Oi»  se  ser- 
vait naguères  encore  dans  les  orcbeèlret 
nombreux,  et  notamment  dané  celui  de 
ropéra,  d'un  p^it  bâton,  ou  bien  même 
d'un  simple  rouleau  de  papier  que  ie 
chef  d'orcbestre  promenait  dans  Fespa-* 
ce,  pour  marquer  la  mesure  et  régler 
les  tempa  de  chaque  morceau  de  m»* 
sique. 

J.-J.  Rousseau»  dans  son  Dieihrmaiye 
de  musique,  porta  les  premières  atteinies 
à  eet  usage ,  en  se  moquant  du  chef  d'or* 
chestre  qu'il  appelait  plaisamment  ie  M* 
cheron,  à  cause  du  bruit  qu'il  faisait  en 
laissant  retomber  son  bâton  sur  le  pupi- 
tre. Ce  fiit  toutefois  à  l'Opéra  que  sub- 
sista le  phis  long-temps  la  routine  du  bâ- 
ton de  mesure.  Les  progrès  rapides  de 
Tart  et  les  perfectionnemens  apportés 
par  la  musique  Italienne  au  rhythme  et 
à  la  mesure  avaient  déjà  déprécié  cette 
habitude  vicieuse  ;  mais  le  chef  d'orches- 
tre de  r Acadéuiie  royale  de  musioue  en 
était  encore  au  bâton  diï  temps  de  Rous- 
seau. Aujourd'hui  tons  les  orchestres 
obéissent,  sans  trop  de  peine,  à  Fimpul- 
sion  donnée  de  temps  en  temps  par  l'ar- 
chet du  chef,  qui  s'unit,  dans  les  forte, 
aux  violons  chai^  d'exécuter  la  pre- 
mière partie.  On  cite  d'aiHeurs  avec  élo- 
ge une  nouvelle  invention  de  M.  Birod, 
qiti  supplée  à  merveille  le  bâton  de  me- 
sure, dans  lés  morceaux  qui  ont  le  plus 
besoin  de  régulateur,  c'est-à-dire  dans 
les  chœurs.  Cette  invention  consiste  dans 
une  mécanique  adaptée  à  hi  place  du 
chef  d'orchestre,  et  qui ,  pressée  par  son 
pied  comme  une  pédale  de  piano  ou  de 
harpe,  met  en  mouvement  une  espèce 
de  tampon  qui  fhippe  la  mesure  sous  le 
théâtre,  à  l'endroit  oA  sont  rangés  les 
chœurs. 

Si  le  bâton  de  m^ure  peut  être  encore 
de  quelqu'utilité,  ce  n'est  que  dans  des  or- 
chestres immenses ,  comme  ceux  que  l'on 
réunit  quelquefois  dans  les  solennités  re- 
ligieuses ou  encore  dans  des  concerts  tels 
que  le  conceit-monstre  qui  figurait  au 
dernier  programme  des  fkes  de  l'anni- 
tenudre  de  jmllet,  et  qui  fut  exéoiM  iV 


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BAT  (  160  ) 

la  grande  terrtBse  du  jardin  des  Tuile- 
ries.  D.  A.  D. 

BATON  DE  JAGOB,  Bâton  eoyjll. 
Ces  deux  noms  vulgaires  désignent  Tun 
V asphodèle  jaune  et  Taulre  V asphodèle 
blanc,  plantes  appartenant  à  la  grande 
famille  des  liliacées,  et  naissant  dans  les 
pays  chauds.  Sur  une  tige  droite  et  haute 
de  â  à  3  pieds,  elles  posent  un  bouquet 
de  belles  fleurs  jaunes  ou  blanches  qui 
sont  d'un  bel  elTet  dans  les  jardins;  mais 
outre  cela,  les  racines  de  ces  deux  espè- 
ces contiennent  une  grande  quantité  de 
fécule  qui  les  rend  propres  à  la  nourri- 
ture des  bestiaux.  L*bomme  même  peut 
en  faire  usage,  et  après  les  avoir  dessé- 
chées et  moulues  on  les  fait  entrer  dans 
la  fabrication  du  pain.  Les  jeunes  tiges 
qui  sont  mucilagineuses  se  mangent  dans 
le  mois  de  mai  comme  les  asperjges.  C'est 
dans  le  midi  de  l'Europe  qu'on  trouve 
ces  asphodèles,  qu'on  multiplie  par  la 
culture.  Ils  se  reproduisent  par  semis, 
ou  par  la  plantation  d'écaillés  détachées 
du  bulbe.  F.  R. 

BATON  D'OR,  voy.  Giroflée. 

BATONI  (PoMPEo) ,  né  à  Lucques 
en  1708,  et  mort  à  Rome  en  1787,  élève 
de  Conca ,  de  Massucci  et  de  Francesco 
Femandi,  peintres  presque  inconnus  au- 
jourd'hui ,  est  un  de  ces  artistes  dont  la 
renommée  dépasse  le  mérite.  Plusieurs 
admirateurs  de  Bâton i  ont  voulu  le  pla- 
cer sur  la  même  ligne  que  Meogs  ;  mais 
il  serait  à  désirer  que  Batoni  eût  réuni 
aux  dons  qu'il  tenait  de  la  nature  et  à 
ses  talens  pittoresques  les  connaissances 
et  les  pensées  profondes  de  Mengs.  Pour 
être  juste  envers  Batoni ,  il  faut  conve- 
nir qu'il  surmonta  l'influence  du  siècle 
de  décadence  dans  lequel  il  vécut,  et 
que  si  ses  tableaux  n'annoncent  ni  une 
étude  approfondie  de  la  nature,  ni  celle 
de  l'antique,  non  plus  que  celle  des  ou- 
vrages des  grands  maîtres  dont  l'Italie , 
qu'il  ne  quitta  pas,  lui  offrait  mille  mo- 
dèles, ils  n'en  ont  pas  moins  droit  à  l'es- 
Ume  des  amateurs  de  IVrt,  par  un  sen- 
timent précieux  de  vérité ,  un  bon  carac- 
tère de  dessin,  une  couleur  nette,  vive, 
brillante,  fondue  sans  sécheresse,  et  par 
une  prestesse  et  une  adresse  de  pinceau 
rares.  Le  Batoni  peignit  d'une  manière 
variée  y  tantôt  par  touches,  tantôt  par 


BAT 

empâtement;  par  fois  il  terminait  du  pre- 
mier jet,  d'autres  fois  il  ébauchait  l'en- 
semble et  donnait  ensuite,  d'un  seul  trait, 
la  force  nécessab*e.  Il  était  si  sûr  de  set 
effets  qu'il  couvrait  souvent  son  tableau 
d'un  voile  avant  d'opérer,  et  ne  descen- 
dait ce  voile  qu'à  mesure  que  l'ouvrage 
avançai^  On  cite  comme  ses  chefs- 
d'œuvre  le  saint  Celse  dans  l'église  de 
ce  nom  à  Rome,  la  chute  de  Simon  le 
Magicien ,  à  la  Chartreuse  de  la  même 
ville,  le  martyre  de  saint  Barthélémy 
dans  l'église  des  PP.  Olivetains  à  Luc- 
ques, la  sainte  Catherine  de  Sienne,  les 
Filles.de  Darius,  l'Ënfànt  prodigue  de 
la  galerie  impériale  de  Vienne ,  la  Made- 
leine de  la  galerie  de  Dresde.  Batoni 
excella  dans  le  portrait  Celui  de  Joseph 
II,  qu'il  exécuta -à  Rome  en  1769,  lui 
valut  des  lettres  de  noblesse  de  la  part 
de  l'impératrice  Marie-Thérèse.  Les  des- 
sins crayonnés  de  ce  peintre,  conservés 
à  l'académie  impériale  de  Vienne,  sont 
d'un  fini  précieux  et  plus  savans  d'ana- 
tomie  que  ses  peintures.  L.  C.  S. 

BATONNIER,  chef  de  l'ordre  des 
avocats  {voy.).  Anciennement  les  procu- 
reurs se  réunirent  en  confrérie^  dite 
Saint  -  Nicolas.  Les  avocau  finirent  par 
en  faire  partie,  et  c'est  même  un  des  leurs 
qui  était  choisi  tous  les  ans  pour  prési- 
der la  confrérie.  Le  membre  chojsi  por- 
tait le  nom  de  bâtonnier,  à  cause  du 
bâton  de  Saint- Nicolas,  dont  il  était 
armé  dans  les  cérémonies  de  la  confré- 
rie. G.  V. 

BATRACIEN  ,  du  mot  grec  j3âT/Da- 
X*iÇy  qui  veut  dire  grenouille,  est  4e  mot 
par  lequel  les  naturalistes  désignent  un 
ordre  de  la  classe. des  reptiles,  et  qui 
comprend  huit  genres  :  rainette ,  gre- 
nouille, pipa,  crapaud,  triton,  sor- 
lainandre,  protée  et  sirène.  M.  Du- 
méril  a  groupé  ces  huit  genres  en  deux 
sous-ordres,  les  Anoures  (  de  deux  mots 
grecs  a  privatif  et  ou/>à,  queue,  sans 
queue,  de  ce  qu'ils  sont  dépourvus  de  cet 
organe  dans  l'âge  adulte)  qui  comprennent 
les  quatre  premiers  genres;  et  les  Uro^ 
dcles  (de  oOpà  queue  et  Znkoç  manifeste) 
qui  comprennent  les  quatre  autres.  C'est 
avec  raison  que  Cuvier  a  fait  des  batra- 
ciens le  quatrième  et  dernier  ordre  des 
reptiles^car  ils  marquentbienla  transition 


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BAT 


(161) 


BAT 


des  reptiles 9  qui  ne  peuvent  pas  respirer 
dans  Teau,  aux  poissons  qui  ne  peuvent 
pas  respirer  dans  Tair.  En  effet ,  tous  les 
batraciens  sont  ihunis  en  naissant  d*un 
organe  qu'on  retrouve  dans  toutes  les 
espèces  de  poissons  y  qui  leur  permet  de 
respirer  dans  Teau,  et  qu'on  nomme 
branchies;  mais  en  arrivant  à  l'état  par- 
fait, cet  organe  disparait  et  ils  ne  peu- 
vent plus  respirer  que  dans  l'air,  à  l'aide 
de  véritables  poumons.  Cependant  les 
sirènes,  les  protées  et  les  tritons  con- 
servent toute  leur  vie  des  branchies  et 
des  poumons ,  et  toute  leur  vie  ils  peu- 
vent respirer  indistinctement  dans  l'air 
ou  dans  l'eau  ;  ce  sont  de  véritables  am- 
phibies. Ce  n'est  pas  la  seule  métamor- 
phose que  subissent  les  batraciens.  Au 
sortir  de  l'œuf,  sous  cette  forme  qu'on 
désigne  par  le  nom  de  têtard,  ils  sont 
dépourvus  de  membres,  même  de  sque- 
lette ,  car  ils  n'ont  alors  que  de  véritables 
arêtes  ;  leur  corps  allongé  se  meut  dans 
l'eau  à  l'aide  d'une  queue ,  qui  se  termine 
comme  une  véritable  nageoire.  Enfin  l'or- 
gane même  de  la  digestion  du  têtard  doit 
se  modifier;  car  dans  ce  premier  état  il 
est  essentiellement  herbivore,  tandis 
qu'à  l'état  parfait  il  ne  se  nourrira  plus 
que  d'insectes  ou  d'autres  petits  ani- 
maux. Les  batraciens  n'ont  ni  écailles, 
ni  carapaces;  leur  peau  est  absolument 
nue.  Valbaum  avait  créé  un  genre  de 
grenouille  écailleuse,  mais  M.  Schneider 
a  constaté  que  cette  grenouille  n'avait 
paru  telle  que  par  suite  de  quelques 
écailles  de  lézards  gardés  dans  le  même 
bocal,  qui,  étant  tombées,  s'étaient  atta- 
chées au  dos  de  la  grenouille.  On  ne  dis- 
tingue dans  les  batraciens,  pas  plus  que 
dans  les  serpens ,  de  traces  de  cou  ;  on 
ne  saurait  cependant  les  confondre  avec 
ces  derniers ,  qui  sont  toujours  dépour- 
vus de  membres. 

Dans  plusieurs  espèces  les  oeufs  ne  sont 
fécondés  qu'à  l'instant  de  leur  sortie. 
Ces  œufs,  qui  s'enQent  beaucoup  dans 
l'eau  après  avoir  été  pondus,  sont  enve- 
loppés d'une  substance  qui  parait  être 
de  nature  albumineuse;  on  les  trouve 
dans  l'eau  des  marais,  disposés  en  longs 
cordons  ou  en  amas  plus  ou  moins  con- 
sidérables; dans  quelques  espèces  ce- 
pendant ils  sont  portés  pendant  long^ 

Ençrclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  UL 


temps*  par  le  mâle  ou  la  femeHe;  il  pa- 
rait y  avoir  aussi  des  e$pèc«s  de  batra- 
ciens vivipares.  Parmi  les  batraciens,  les 
anoures  seuls  font  entendre  un  véritable 
cri  qu'on  a  nommé  croassement.  Per- 
sonne n'ignore  combien  on  est  importu- 
né de  ce  cri ,  dans  les  beaux  jours,  quand 
on  habite  le  voisinage  d'étangs  ou  de 
marais,  peuplés  de  grenouilles;  le  cri 
chez  les  urodèles  n'est  qu'un  faible  cla« 
pissement  qti'on  entend  à  peine. 

Nous  avons  suivi  dans  cet  article  la 
nomenclature  de  Cuvier  ;  mais  d'autres 
naturalistes  ont  adopté,  dans  leur  classifi- 
cation, des  coupes  et  même  des  noms  dif- 
férens.  Cependant  pour  tous  le  type  de 
cet  ordre  est  le  genre  grenouille.  Foy.  ce 
mot.  A.  L-D. 

BATTAGE  DES  CÉRÉALES,  ao- 
tion  de  séparer  les  grains  de  leurs  épis 
à  l'aide  du  fléau.  Le  battage  par  les  pieds 
des  animaux  se  nomme  dépiquage  {voy, 
ce  mot).  Dans  les  contrées  du  midi  la 
sécheresse  de  l'air  permet  de  battre  les 
céréales  aussitôt  après  la  moisson  ;  dans 
les  régions  septentrionales,  au  contraire, 
il  faut ,  pendant  quelques  semaines  y 
amonceler  les  gerbes  en  meules,  pour 
donner  aux  grains  le  temps  convenable 
d'évaporer  une  partie  de  l'eau  de  vé- 
gétation qui  les  renfle ,  de  prendre 
du  retrait,  et  pour  que  la  balle  qui  leur 
sert  d'enveloppe  se  dessèche,  s'ouvre  et 
les  laisse  échapper  plus  aisément  On  se 
contente  dans  les  pays  de  grande  culture 
de  battre  de  suite  le  grain  nécessaire 
pour  les  semences,  se  r^ervant  de  bat- 
tre le  reste  de  la  récolte  durant  la  morte 
saison.  Dans  les  petites  cultures  on 
est  souvent  forcé  d'en  agir  autrement; 
il  en  résulte  plusieurs  graves  Inconvé- 
niens  :  d'abord  cette  obligation  élève  le 
prix  du  salaire  des  ouvriers,  elle  détourne 
les  bras  de  travaux  plus  pressés,  les  la- 
bours, les  soins  que  réclament  la  vigne, 
les  chanvres,  le  maïs  et  les  autres  menus 
grains;  elle  nuit  ensuile  au  grain  lui- 
même  :  surpris  par  un  soleil  brûlant  et 
par  la  réverbération  du  plateau  sur  le- 
quel il  est  étendu ,  il  se  dessèche,  donne 
moins  de  farine  et  beaucoup  trop  de  son. 
Il  y  a  donc  de  l'avantage  à  retarder  cette 
opération  le  plus  possible. 

Quand  on  veut  opérer  le  battage,  on 

11 


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(162) 


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range  Ict  gerb»  aur  Taire,  en  mettant  les 
épis  le»  uns  oontre  les  autres  ^  et  Ton 
ijrappe  dessus  à  grands  coups.  A  Taide 
de  la  masse  mobile  qui  termine  le  fléau 
et  qui  reçoit  le  mouvement  qu'on  lui  im- 
prime en  haussant  et  en  baissant  i'in-» 
•trument)  le  grain  se  sépare  de  Tépi  sans 
être  écrasé.  Les  coups  se  succèdent  sans 
interruption,  et  tombent  par  une  sorte 
d*accord.  On  retourne  les  gerbes  plusieurs 
fois  afin  d'en  faire  sortir  tout  le  grain  , 
et  Ton  ramasse  la  paille  pour  la  lier  en 
bottes.  Quatre,  six  et  même  huit  hommes 
peuvent  battre  ensemble,  dans  le  même 
local,  sans  se  nuire  aucunement  :  ils  se 
placent,  par  moitié,  les  uns  d'un  côté,  les 
autres  de  raatre,'et  se  disposent  de  ma- 
nière à  jouer  de  leur  fléau  sans  contra- 
rier celui  de  leur  vis-à-vis.  Ceux  de  droite 
le  laissent  tomber  pendant  que  ceux  de 
gauche  tiennent  les  leurs  suspendus  en 
l'air.  Tout  batteur,  lorsqu'il  remplit  bien 
sa  journée,  qu'il  est  d'une  constitution 
vigoureuse,  et  qu'il  a  surtout  la  poitrine 
bien  organisée,  peut,  en  un  seul  jour, 
battre  à  net  90  gerbes  de  froment,  108 
d'avoine,  ou  160  d'orge. 

Mais  l'usage  du  fléau  est  dangereux 
pour  le  batteur.  La  poussière  qui  s'élève 
de  l'aire  qu'il  frappe,  celle  si  funeste  que 
fournissent  les  grains  affectés  de  la  carie, 
du  charbon  et  de  la  rouille,  excitent  une 
toux  sèche,  causent  l'inappétence,  et  dé- 
terminent autour  des  yeux  une  irritation 
insupportable  dont  les  suites  sont  sou- 
vent très  graves  pour  certaines  constitu- 
tions, principalement  lorsque  le  batteur 
n'a  pas  la  prudence  de  cesser  à  tempa 
son  métier.  Si,  à  ces  pernicieux  effets, 
on  ajoute  l'habitude  prise  d'ordinaire  de 
consacrer  une  partie  de  la  nuit  au  bat- 
tage, ce  qui  sans  cesse  expose  aux  incen- 
dies, à  une  main-d'œuvre  très  lente  et 
par  conséquent  très  dispendieuse,  et  de 
plus  à  des  soustractions  que  la  plus  grande 
surveillance  ne  peut  pad  toujours  préve- 
nir, on  reconnaîtra  l'importance  qu'il  y 
aurait  à  remplacer  le  travaM  pénible  du 
battage  à  bras  par  des  machines  simples, 
d'un  prix  modique  et  dont  les  répara- 
tions sont  faciles. 

Planazu,  dont  le  fléau  mécanique  a 
été  perfectionné  par  l'auteur  de  cet  arti- 
cle) Owea  et  de  Mosigny,  les  auteura 


des  machines  écossaise  et  suédoise ,  Poy^ 
maurin  et  Marolles,  ont  cherché  à  résou- 
dre le  problème,  mais  ils  n'ont  point  at- 
teint complètement  le  but.  On  reproche 
aux  diverses  inventions  proposées  de  Tir- 
régularité  dans  le  battage;  qpand  le  cy- 
lindre moteur  marche  trop  doucement, 
l'action  est  incomplète;  marche-t-il  trop 
vite,  le  coup  des  battes  est  trop  brusque, 
trop  sec ,  et  coupe  souvent  les  épis  sans 
les  égrener.  Si  la  machine  est  établie  sur 
une  trop  grande  échelle,  l'emplacement 
qu'elle  exige  n'est  pas  en  proportion  avec 
les  bâtimens  existans,  les  récoltes,  la  for- 
tune du  propriétaire  ou  du  fermier.  Lui 
donne-t-on  des  proportions  plus  petites, 
elle  consomme  beaucoup  plus,  toute  pro- 
portion gardée,  en  frottemens,  en  sur- 
veillance, en  entretien;  la  dépense  ab- 
sorbe le  profit.  Toute  l'étude  du  méca- 
nicien, selon  nous,  devrait  se  porter  à 
donner  au  batteur  mécanique  de  Planazu 
toute  la  perfection  qu'il  est  susceptible 
de  recevoir;  il  est  économique,  a  beau- 
coup de  rapports  avec  le  fléau  à  trois  bat- 
tans  des  Japonais,  et  est  voisin  du  point 
où  il  rendra  les  plus  grands  services  an 
grand  comme  au  petit  cultivateur.  Foy, 
la  Bibliothèque  des  propriétaires  ru- 
raux,  t.  XXX,  p.  70-87,  avec  une  plan- 
che. A.  T.  n.  B. 

BATTAS,  voy,  Sumatra. 

BATTEMENT.  On  appelle  ainsi,  en 
terme  d'architectiure,  une  tringle  de  bois 
ou  une  barre  de  fer  plate  qui  cache  l'en- 
droit où  se  joignent  les  deux  ventaux 
d'une  porte.  £n  terme  d'horlogerie,  bat- 
tement se  dit  de  la  secousse  ou  vibration 
que  donne  à  la  coulisse  ce  qui  forme  la 
circonférence  du  balancier  d'une  montre, 
quand  il  décrit  de  grands  axes;  il  est  peu 
usité.  On  entend  par  ce  mot,  en  termes 
de  danse,  certains  exercices  élémentaires 
qui  consistent  dans  le  mouvement  de  la 
jambe  qui  est  en  l'air,  pendant  que  l'au- 
tre, jambe  supporte  le  corps.  On  distingue 
trois  sortes  de  battemens  :  les  grands  bat- 
temens,  les  petits  battemens,  et  les  bat- 
temens sur  le  coude-pied. 

Battement  se  dit  encore,  en  termes 
d'escrime,  d'une  parade  qui  consiste  à 
frapper  la  lame  de  son  épée  contre  celle 
de  son  adversaire,  quelquefois  en  retirant 
Fépée  à  soi  î  les  battemens  les  plus  usitéa 


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BAT 


(t6S) 


BAT 


flOOt:  1^  1è  haHement  d'épée  de  tierce 
sans  dégager  sur  les  armes  qui  s'exécute 
eo  frappant  Tépée  de  soo  ennemi  et  en 
alloDgeant  en  même  temps  Testocade  de 
tierce  sans  quitter  son  épée;  2**  ie  batte" 
ment  dépée  de  quarte  qui  s'exécute  de 
même  en  allongeant  Testocade  de  quarte 
ou  de  quarte  basse.  D.  A.  D. 

BATTEMENT  DE  €CEURy  voy, 
GoEU&  et  Palpitatiow. 

BATTERIE  (art  militaire).  On  emn 
ploie  généralement  cette  expr^ion  pour 
désigner  la  réunion  de  plusieurs  bouches 
àfeu  destiilées  à  agir  concurremment.  On 
donne  aussi  le  même  nom  à  remplace- 
ment préparé  pojir  les  recevoir,  et  au  pa- 
rapet en  terre  disposé  de  manière  à  ga- 
rantir des  coups  de  Tennemi  les  pièces 
et  les  canonniers. 

On  distingue  plusieurs  sortes  de  bat- 
teries, savoir  :  1^  les  batteries  de  place; 
3^  les  batteries  de  siège;  8^  les  batteries 
de  campagne;  4^  les  batteries  flottantes; 
5®  et  les  batteries  de  côte. 

1*  Batteries  de  place.  Elles  sont  éU- 
blies  sur  les  remparts  des  places  fortes 
pour  en  défendre  les  approches  et  les 
ouvrages  avancés,  ainsi  que  pour  proté- 
ger les  troupes  qui,  poursuivies  par  Ten- 
nemi,  viendraient  se  réfugier  sous  le  ca- 
non des  ouvrages  de  fortification.  Elles 
sont  armées,  par  l'artillerie,  de  bouches 
à  feu,  différentes  suivant  la  période  d'at- 
taque à  laquelle  l'assiégeant  est  parvenu, 
et  suivant  l'effet  qu'on  se  propose  d'ob- 
tenir. 

Dans  les  commencemens  d'un  siège,  il 
faut  surveiller  par  des  feux  directs  tous 
les  mouvemens  de  l'ennemi.  Pour  y  par- 
venir, on  arme  les  ouvrages  de  la  place 
avec  des  canons  et  des  obusiers,  et  on 
donne  à  ces  pièces  le  plus  grand  champ 
de  tir  possible,  en  les  montant  sur  des  af- 
fûts de  place.  La  genouillère  est  élevée 
de  1  mètre  62  cent.  (5  pieds)  au-dessus 
des  lambourdes  qui  portentla  plate-forme, 
et  elle  donne  ainsi,  à  la  voléje,  tout  le  jeu 
nécessaire  pour  que  la  pièce  puisse  tirer 
dans  tous  les  sens.  On  préserve  ces  bat- 
teries du  ricochet  au  moyen  de  traverses  . 
^  les  séparent;  on  établit  dans  leur 
^isinage  de  petits  magasins  à  poudre 
poor  le  service  journalier.  Dans  les  lieux 
oà  U  champ  de  tir  est  borné  et  où  les 


pièces  ont  besoin  de  betuconp  de  mobî>« 
lité,  comme  sur  les  flancs  des  bastions  ou 
dans  les  ouvrages  détachés,  on  monte  les 
pièces  sur  des  affûts  de  siège  ou  de  cam*- 
pagne. 

Pour  s'opposer  à  l'établissement  des 
batteries  de  l'assiégé  sur  la  crête  du  che- 
min couvert,  on  prépare  à  l'avance  dans 
les  flancs  des  bastions  des  batteries  ca- 
sematées  {yoy,  Casimatb)  qu'on  arme  de 
7  à  8  pièces  de  gros  calibre  qui  sont  par- 
faitement à  l'abri  des  feux  courbes  de 
l'assiégeant  et  retardent  efficacement  ses 
travaux  (  Foy,  pour  l'ensemble  des  tra- 
vaux défensifs  d'une  place  les  mots  Di- 

PBHSE,  Si^Ge). 

3°  Batteries  de  siège.  Les  batteries 
de  place  sont,  comme  on  vient  de  le  voir, 
destinées  à  la  défense  des  places  fortes  ; 
les  batteries  de  siège  sont  celles  qu'on 
établit  devant  elles  pour  les  attaquer. 
Comme  elles  doivent  chercher  d'abord  à 
démonter  les  pièces  dont  la  place  atta- 
quée est  armée,  c'est  sur  le  prolongement 
des  faces  et  des  flanos  des  bastions  et  des 
demi -lunes  {voy^  Demi-luite)  que  sont, 
établies  les  premières  batteries.  Les  piè- 
ces tirent  soit  de  plein  fouet,  soit  à  rico- 
chet, jusqu'à  ce  qu'elles  soient  parvenues 
à  renverser  les  pièces  des  assiégés.  Les 
batteries  de  siège  communiquant  avec  les 
tranchées  [voy.  Tranchée),  afin  de  pou- 
voir garantir  la  circulation  des  hommes 
et  des  munitions ,  le  tracé  de  ces  com- 
munications doit  être  fiaiit  avec  le  plus 
grand  soin,  afin  qu'elles  ne  soient  pas 
exposées  à  être  enfilées  de  quelqu'un  des 
ouvrages  de  la  place.  L'armement  de  ces 
batteries  varie  au  fur  et  à  mesure  des  pro- 
grès de  l'attaque.  {Foy.  les  mots  Brèche, 
Siège). 

8°  Batteries  de  campagne.  Ces  sor- 
tes de  batteries  sont  destinées  à  protéger 
les  mouvemens  des  corps  d'armée  et  à 
seconder  leurs  opérations  offensives  aux- 
quelles elles  prennent  une  très  grande 
part  (voy.  Arve).  On  les  compose  de 
pièces  de  12,  de  6  et  de  4,  et  d'obusiers 
de  6  pouces.  Elles  se  meuvent  avec  les 
corps  d'armée  auxquels  elles  sont  atta- 
chées. Quand  elles  ne  sont  employées 
que  momentanément,  on  n*élève  pas  de 
travaux  pour  les  couvrir.  Si  elles  doivent 
rester  quelque  temps  dans  use  position 


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B\T  (164) 

stable,  ou  sî  elles  sont  destinées  à  battre, 
soit  un  défilé,  soit  un  pont,  soit  une  porte 
fortifiée,  on  construit  les  épaulemens  né- 
cessaires pour  abriter  les  hommes  et  les 
pièces,  en  ayant  soin  de  soustraire  au- 
tant que  possible  ces  embrasures  aux 
vues  de  Tennemi  et  de  les  couvrir  par- 
faitement à  l'intérieur. 

4**  BcUteries flottantes,  H  est  des  cir- 
constances où  l'on  ne  peut  pas  faire 
usage  de  batteries  stables,  comme  celles 
de  place  et  celles  de  siège  dont  nous  ve- 
nons de  parler.  Ainsi  quand  il  s'agit  d'at- 
taquer une  place  située  soit  sur  le  bord 
d'un  grand  fleuve,  soit  sur  les  côtes  de 
la  mer,  ou  défendue  par  des  inondations 
considérables ,  on  est  obligé  de  recourir 
aux  batteries  flottantes  que  l'assiégé 
peut  aussi  employer  avantageusement 
pour  la  défense  d'une  place  semblable. 

On  les  établit  soit  sur  des  radeaux, 
soit  sur  des  bateaux  pontés  ou  non  pon- 
tés. Celles-ci  sont  plus  faciles  à  manœu- 
vrer; mais  on  préfère  néanmoins  les  pre- 
mières :  1^  parce  qu'elles  ne  peuvent 
pas  être  coulées  par  les  coups  de  l'en- 
Demi;  2^  parce  qu'il  est  facile  aux  ca- 
nonniers  de  les  construire  partout  et 
promptement,  avec  les  matériaux  qu'ils 
trouvent  sous  la  main;  3^  parce  qu'elles 
tirent  peu  d'eau  et  qu'on  peut  s'en  ser- 
vir sur  des  bas-fonds  où  des  bâtimens  ne 
tiendraient  pas. 

On  les  compose  de  plusieurs  lits 
de  poutres  de  sapin  goudronnées  et  l'on 
recouvre  la  couche  supérieure  d'un  plan- 
cher en  madriers,  sur  lequel  s'établit 
la  batterie.  L'amiral  Vénitien  Emo  a 
établi,  en  1785  et  17  86,  pour  le  bombar- 
dement de  plusieurs  places  appartenant 
aux  puissances  barbaresques,  des  batte- 
ries flottantes  sur  des  radeaux  formés 
des  mais  de  rechange  et  des  futailles 
vides  qui  se  trouvaient  sur  ses  vaisseaux. 
Les  parapets  sont  faits  tout  en  bois  ou 
de  coffrages  en  sacs  à  terre;  ils  doivent 
être  établis  assez  loin  du  bord  extérieur 
du  radeau  pour  que  leur  pesanteur,  jointe 
à  celle  des  pièces,  fasse  équilibre  avec  le 
poids  des  munitions  et  d'un  contre-poids 
en  terre  que  l'on  place  derrière  les  piè- 
ces ,  et  que  la  batterie  se  maintienne  dans 
une  position  horizontale. 

Le  général  d'Arçon  (  voy,  )  fit  con- 


BAT 

struire  en  septembre  1782,  au  siège  de 
Gibraltar ,  des  batteries  flottantes  sur  de 
vieux  vaisseaux  dont  cinq  à  deux  ponts 
et  cinq  à  un  seul  pont  H  couvrit  ses 
bouches  à  feu  d'un  blindage  incliné  {voy. 
Blindage),  formé  de  trois  couches  de 
poutrelles  en  chêne;  un  autre  blindage 
incliné  en  sens  contraire  et  appuyé  au 
premier,  couvrait  une  partie  du  bâtiment. 
Le  surplus  était  couvert  de  trois  couches 
de  sacs  à  laine  étendus  sur  le  pont.  Ces 
blindages  étaient  en  outre  revêtus  d'un 
lit  de  vieux  câbles  destinés  à  amortir  par 
leur  élasticité  la  chute  des  bombes  de  l'en- 
nemi. Des  rigoles  étaient  préparées  poui^ 
assurer  la  circulation  de  l'eau  nécessaire 
à  l'extinction  des  boulets  rouges. 

Le  succès  des  batteries  flottantes  de 
d'Arçon  était  infaillible  si  elles  eussent 
été  secondées  comme  elles  devaient  l'être 
par  les  batteries  de  terre,  les  chaloupes 
canonnières,  les  bombardes  et  d'autres 
moyens  accessoires.  Faute  de  cette  co- 
opération indispensable,  d'Arçon  n'ob- 
tint pas  tout  le  succès  qu'il  avait  droit 
d'attendre  de  ses  sages  dispositions. 
Après  plus  de  13  heures  de  combat, 
pendant  lesquelles  les  batteries  avaient 
été  criblées  de  boulets  rouges,  elles  se 
trouvaient  encore  intactes,  à  l'exception 
d'une  seule  qu'il  eût  été  facile  de  sauver 
en  l'éloignant  de  sa  place.  Elles  furent 
brûlées  par  les  assiégeans,  et  malgré 
leurs  efforts  et  ceux  des  assiégés,  six 
heures  après ,  il  s'en  trouvait  encore  qua- 
tre qui  étaient  restées  entières. 

Le  général  d'Arçon,  chargé  des  leçons 
de  fortification  du  cours  révolution- 
naire de  l'école  polytechnique ,  pleurait 
encore  à  chaudes  larmes  en  faisant  aux 
élèves,  en  1798,  le  récit  de  l'échec  que 
son  talent  et  son  patriotisme  avaient 
éprouvé  dans  cette  malheureuse  circon- 
stance dont  il  était  toujours  inconsolable. 

Les  Américains  ont  construit  dans  ces 
deniers  temps,  sur  les  plans  de  Fulton, 
des  batteries  flottantes  à  vapeur  qu'ils 
ont  armées  de  bouches  à  feu  du  plus  gros 
calibre.  Elles  sont  mises  en  mouvement 
par  une  pompe  à  feu  dont  la  roue  mo- 
trice est  cachée.  Dès  lors,  le  bâtiment 
n'ayant  ni  mât,  ni  voile,  l'ennemi  n'a 
aucun  moyen  d'empêcher  ses  manœuvres; 
mais  incommodé  par  U  chaleur  insuppor- 


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BAT 


(165) 


BAT 


table  de  la  machine,  on  a  ét^  obligé  de 
la  placer  sur  un  bâtiment  particulier,  en- 
tre deux  navires  qui  portent  les  batte- 
ries*, ce  qui  complique  la  construction  et 
ralentit  la  manœuvre.  On  ne  peut  donc 
plus  «xposer,  dans  leur  état  actuel,  ces 
batteries  aux  tempêtes,  et  elles  ne  peu- 
vent être  employées  utilement  qu'à  la 
défense  des  rades  et  des  ports. 

5^  Batteries  de  côte.  Les  batteries  de 
c6te  ont  été  dans  les  dernières  guerres 
répandues  avet;  profusion  sur  les  côtes, 
en  sorte  qu'il  a  fallu  plus  de  3,000  bou- 
ches à  feu  pour  en  armer  tout  le  déve- 
loppement; mais  il  est  résulté  de  cet  im* 
mense  armement  l'impossibilité  de  le 
pourvoir  d'un  personnel  et  d'un  matériel 
proportionnés  à  son  étendue.  Dès  lors 
les  batteries  ont  été  mal  servies;  et  pour 
avoir  voulu  compléter  la  défense  des  cô- 
tes» on  l'a  rendue  presque  nulle. 

Napoléon ,  dans  ses  Mémoires  publiés 
par  le  général  Montholon ,  reconnaît  que 
le  nombre  des  batteries  élevées  sur  le 
développement  considérable  que  pré- 
sentent les  côtes  laisse  sans  défense  beau- 
coup de  points  abordables ,  et  que  les 
descentes  qui  peuvent  avoir  lieu  sur  les 
points  non  occupés  rendent  inutiles  les 
frais  énormes  que  l'on*  a  faits  sur  quan- 
tité d'autres  points.  Il  restreint  le  nom- 
bre des  batteries  de  côte  et  les  réduit  k 
trois  classes*:  il  destine  la  première  à  dé- 
fendre un  port  ou  une  rade  de  sûreté j 
c'est-à-dire  une  rade  où  l'on  peut  ras- 
sembler un  convoi ,  faire  mouiller  une 
escadre  à  l'abri  des  vents  dangereux,  et 
où  les  passes  sont  défendues  par  des  feux 
croisés;  la  seconde  est  consacrée  à  la  dé- 
fense d'un  port  marchand ,  d'une  rade 
où  peuvent  mouiller  les  bâtimensde  com- 
merce ,  ou  d'une  aûse  qui ,  à  marée  basse, 
a  encore  4  à  5  met.  (12  à  15  pieds)  d'eau, 
et  qui  peut  servir  aux  embarcations  de 
10  à  12.  bâtimens;  enfin  l'objet  des  bat- 
teries de  troisième  classe  est  de  prot^er 
)e  cabotage  en  défendant  les  mouillages 
principaux  et  encore  lorsqu'ils  ne  sont  pas 
trop  rapprochés  les  uns  des  autres;  Napo- 
léon propose  de  supprimer  toutes  les  bat- 
teries de  côte  isolées  qui  n'auraient  au- 
cune de  ces  destinations.Mais  si  l'on  adop- 
tait la  réduction  proposée,  il  faudrait  y 
suppléer  eo  employant  à  la  défense  des 


frontières  maritime^,  comme  le  conseil- 
lait Gribeauval ,  du  canon  de  quatre  con- 
tre l'ennemi  qui  tenterait  une  descente, 
afin  de  se  porter  avec  rapidité  sur  tous 
les  points  où  il  se  présenterait^  de  fou- 
droyer ses  chaloupes,  de  culbutcir  ses 
troupes  et  d'empêcher  leur  débarque- 
ment 

Les  batteries  de  côte  doivent  être  éle- 
vées del4àl8'^(7à9  toises)  au-des- 
sus du  niveau  de  la  mer,  afin  que  les 
boulets  puissent  ricocher  à  200  mètres 
(100  toises)  sur  les  vaisseaux,  lorsqu'ib 
les  manqueront  de  plein  fouet.  Les  bou- 
lets des  vaisseaux,  ne  partant  que  de  2  à 
4™  (1  à  2  toises)  d'élévation,  ne  peuvent 
pas  monter  par  ricochet  jusqu'à  la  batte- 
rie, en  sorte  que  les  batteries  ne  peuvent 
être  touchées  que  de  plein  fouet ,  tandis 
que  leurs  boulets  atteindront  les  vais- 
seaux et  de  plein  fouet  et  en  ricochant 

Ces  sortes  de  batteries  doivent  être 
armées  de  pièces  de  gros  calibre,  et  sur- 
tout de  mortiers  dont  les  projectiles  sont 
les  plus  redoutables  pour  les  vaisseaux. 
Les  obusiers,  qui  se  transportent  aisé- 
ment et  qui  se  desservent  aussi  facilement 
qu'une  pièce  de  campagne,  sont  encore 
préférables  aux  mortiers,  attendu  que 
l'obus  peut,  à  2,600  ou  2,800"^  (13  à 
1,400  toises),  porter  le  feu  dans  les  voi- 
lures, les  cordages  et  les  mâtures  des 
vaisseaux.  On  place  à  la  suite  des  batte- 
ries des  fourneaux  à  rougir  les  boulets, 
pour  tirer  à  boulets  rouges  sur  les  vais- 
seaux. 

Quelques  pièces  de  campagne  sont 
aussi  nécessaires  à  cause  de  leur  mobi- 
lité ,  pour  flanquer  les  batteries  ainsi  que 
pour  défendre  la  gorge  et  la  plage  voi- 
sine. C-TB. 

BATTERIE  (  marine  ) ,  emplacement 
des  bouches  à  feu  à  bord;  ensemble  de  ces 
bouches  à  feu.  Il  y  a  des  batteries  cou- 
vertes et  des  batteries  découvertes;  cel- 
les-ci prennent  le  nom  de  batteries  à  bar^ 
bette.  Un  vaisseau  de  ligne  a  ordinaire- 
ment 2  batteries  couvertes,  quelquefois 
il  en  a  trois;  alors  on  l'appelle  vaisseau  à 
trois  ponts.  Une  frégate  n'a  qu'une  bat- 
terie couverte.  Certaines  corvettes  sont , 
comme  les  frégates ,  armées  d'une  batte- 
rie couverte  et  d'une  certaine  quantité 
de  pièces  sur  les  gaillards.  Il  est  bieo 


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BAT 

entendu  que  cet  armement  est  moins 
considérable  et  moins  fort  que  celui  des 
frégates.  Outre  leurs  batteries,  les  vais- 
seaux ont  des  caronnades  sur  leurs  pouts 
supérieurs.  Les  batteries  tirent  leur  dé- 
signation du  calibre  des  pièces  dont  elles 
se  composent  ;  ainsi  on  dit  :  la  batterie 
de  36,  la  batterie  de  24,  la  batterie  de 
18.  Cela  ne  s'applique  qu'aux  vaisseaux  ^ 
puisque  les  frégates  et  corvettes  n'ont 
qu'une  batterie  couverte;  Is  batterie- 
barbette  est  toujours  désignée  sous  le 
nom  ^artiUerie  des  gaillards.  La  pre- 
mière batterie^  ou  batterie  basse ^  est 
celle  qui  est  le  plus  près  de  la  surface  de 
la  mer;  elle  porte  la  plus  grosse  artille- 
rie. Dans  le  système  encore  eu  vigueur , 
la  batterie  basse  d'un  vaisseau  est  du 
calibre  de  36.  Le  36  est  fort  lourd, 
difficile  à  manier ,  gênant  par  la  place 
qu'il  occupe;  on  a  pensé  à  lui  substi- 
tuer du  30;  Alors  la  première  et  la  se- 
conde batterie  deviendront  égales  ;  l'ar- 
mement du  vaisseau  ne  perdra  rien  en 
force ,  et  le  bâtiment  sera  moins  écrasé 
par  le  poids  des  pièces.  La  troisième  bat- 
terie d'un  vaisseau  à  trois  ponts  est  du 
calibre  de  18.  Les  batteries  de  caron- 
nades, bonnes  seulement  à  demi-portée, 
sont  de  mauvais  armemens;  en  France^ 
on  les  a  empruntées  aux  Anglais,  qui  y 
renoncent  maintenant.  Des  canons  courts 
et  d'un  calibre  moindre  que  ceux  des  ca* 
ronnades  vaudront  mieux  pour  la  dé- 
fense des  bâtimens;  c'est  du  moins  l'opi* 
nion  de  la  plupart  des  officiers  de  ma- 
rine. Autrefois  le  boute-  feu  seul  mettait 
le  feu  au  canon  ;  on  a  adapté  ensuite  aux 
pièces  des  batteries  à  silex,  semblables  à 
celles  des  fusils,  et  le  chef  de  pièce,  au 
moyen  d'un  cordon ,  fait  feu  quand  il  le 
juge  convenable.  Le  système  des  batteries 
à  percussion  a  été,  depuis  trois  ans^  subs- 
titué à  celui  des  batteries  à  silex.  Aujour- 
d'hui on  fait  les  essais  d'un  marteau  de 
enivre  ^  inventé  par  M.  le  colonel  d'artil- 
lerie Jure,  pour  frapper  sur  la  capsule 
et  faire  partir  le  coup.  Ce  marteau  fort 
simple  est  une  invention  ingénieuse  ;  elle 
a  beaucoup  de  partisans  dans  la  marine, 
et  très  probablement  elle  sera  adop- 
tée. A.  J-L. 

BATTERIE  DE  CUISINE.  Ce  mot 
comprend  tous  les  ustensiles  qui  peuvent 


(  166  )  BAT 

servir  à  Tapprét  des  mets  dans  les  cui- 
sines; ils  sont  de  fer,  de  cuivre,  de 
potin,  ou  d'autres  métaux  et  matières. 
Dans  une  signification  moins  étendue, 
il  s'entend  seulement  des  ustensiles  de 
cuivre,  comme  chaudrons ,  casseroles , 
chaudières,  fontaines,  tourtières,  pois- 
sonnières ,  marmites,  cuillers  grandes 
ou  petites,  coquemars  ou  bouilloires,  etc. 
Ce  mot  de  batterie  exprime  son  origine  : 
il  vient  du  mot  battre  ^  parce  que  tous 
ces  ustensiles  sont  battus  an  marteau 
chez  les  chaudronniers.  Pour  éviter  les 
dangers  qui  peuvent  résulter  du  vert-de- 
gris  qui  s'attache  au  cuivre  lorsqu'il  est 
refroidi ,  ott  a  soin  d'étamer  ces  usten- 
siles ,  c'est-à-dire ,  d'appliquer  et  faire 
adhérer  une  couche  d'étain  fort  mince  à 
l'intérieur  des  vases.  Mais  souvent  on 
remarque  de  la  négligence  dans  la  ma- 
nière de  poser  ou  d'appliquer  cet  éta- 
mage^  surtout  parmi  les  chaudronniers 
des  rues,  auxquels  l'opération  est  Sou- 
vent trop  légèrement  confiée.  Les  incon- 
véniens  qui  résultent  de  la  fausse  appli- 
cation de  l'étain  ^  et  en  général  de  l'u- 
sage des  ustensiles  tant  de  cuivre  ordi- 
naire que  de  cuivre  jaune  ^  influent  sin- 
gulièrement sûr  la  sant>.  Aussi  beau- 
coup de  médecins  se  sont  prononcés 
contre  l'usage  deS  ustensiles  de  cuivre. 
C'est  particulièrement  dans  les  grandes 
villes  que  les  datagers  sont  le  plus  com- 
muns, parce  que  les  charcutiers,  qui 
vendent  leurs  viandes  toutes  préparées 
aux  habitans,  ne  se  servent  que  de  cuivre 
pour  les  apprêter,  et  souvent  leurs  apprem 
tis  ou  garons  ne  mettent  pas  tous  leurs 
soins  à  la  propreté  de  leurs  vaisseaux. 
Dans  plusieurs  endroits  on  a  jugé  à  pro- 
pos de  défendre  tles  ustensiles  dont  l'em- 
ploi pouvait  être  si  dangereux,  et  on  les 
a  remplacés  ]iar  des  ustensiles  de  fer , 
dont  l'usage  ne  présente  aucun  danger. 
Le  fer  est  très  sahitaire  au  corps;  la 
rouille  de  ce  métal  ne  cause  aucun  mal , 
et  les  ustensile^  qui  en  sont  form^  s'é- 
tament  aussi  facilement  que  ceux  de 
cuivre.  Dans  leur  usage ,  on  n'a  pas  be- 
soin non  plus  d'une  si  grande  quantité 
de  charbon  et  de  bois,  et  le  prix  du  fer  est 
bien  inférieur  k  celui  du  cuivre.  F.  R-d. 
BATTERIE  ÉLECTRIQUE.  On 
donne  ce  nom  à  lu,  réunion  de  phisieur» 


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BAT 


(m) 


BAT 


jcfTM  électriques,  ou  dé  plniienrs  boa- 
teilles  de  Leyde  placées  dans.une  caisse 
doDt  le  fonds,  garni  d'une  lame  de  métal, 
établit  une  communication  facile  entre 
toutes  les  armatures  extérieut-es  des  jar- 
res ou  des  bouteilles.  Cette  lame  de  mé- 
tal est  mise  en  rapport,  à  Taide  d'une 
chaîne,  avec  le  sol.  On  établit  arec  au- 
tant de  soin  la  communication  entre  tou- 
tes les  armatures  intérieures  à  Taide  de 
conducteurs  roéulliques,  et  on  charge  la 
batterie  en  mettant  une  des  deux  arma- 
turcs  i,  mais  le  plus  habituellement  Tin- 
térieure,  en  rapport  avec  le  conducteur 
d'une  machine  électrique  en  action.  Ce 
que  nous  dirons  à  l'art.  Bouteillc  di 
LsTUS  fera  fiacilement  compretfdre 
qu'on  ne  pourrait  pas  sans  danger  dé- 
charger une  batterie  avec  les  mains;  on 
se  sert  habituellement  d'un  excitateur. 
C'est  atec  la  batterie  électrique  qu'on 
produit  plasîetirs  phénomènes  curieux  et 
terribles  que  nous  exposerons  au  mot 

BoCffelLti;  UB'LKTftB.  A.  L-B. 

BATTEUti  D'OR  ET  D'AROÏINT, 

nom  qu'on  donne  à  celui  dont  la  profes- 
sion est  d'étendre  par  feuilles  excessive- 
ment minces  des  quantités  diverses  d'or^ 
d'argent  et  même  de  cuivre  5  car ,  quelle 
que  soit  la  nature  du  métal  employé,  les 
procédés  mécaniques  pour  le  réduire  en 
feuilles  légères  sont  les  mêmes. 

La  première  opération  consiste  Si  faire 
choix  d'un  or  ou  d'un  argent  dont  le 
litre  soit  très  élevé,  c'est-à-dire  le  plus 
pur  possible ,  car  la  présence  d'un  corps 
étranger,  tel  que  du  cuivre,  rend  l'or  et 
l'argent  beaucoup  moins  malléables;  la 
seconde  opération  a  pour  objet  la  ftision 
du  lingot  qu'on  forge  ensuite  avec  le 
rnarteaa  à  forger.  Après  viennent  des 
laminages  successifs ,  au  moyen  desquels 
le  lingot  d'abord  réduit  à  deux  lignes 
d'épaisseur  finit  par  n'avoir  plus  qu'une 
demi-ligtie  et  ne  former  qu'un  ruban 
d'un  pouce  de  largeur.  Ce  sont  ces  di- 
vers rubans  qti'on  coupe  en  quartiers  t)U 
en  morceaux  de  18  lignes  de  long.  On  les 
met  les  uns  sur  les  autres  et  on  les  forge 
avec  la  panne  du  marteau  ^  de  ttjauîère  à 
leur  donner  à  chacun  l'épaisseur  d'une 
feuille  de  papier  gris.  Oh  place  ces  mor- 
ceaux dAns  des  feuilles  de  vélin  et  entre 
des  ietiâlles  Aé  pak-cfaemin.  Le  tout  corn* 


pose  mi  cahier  appelé  caucher*  Cett 
alors  que  commence  l'opération  de  là 
batte ,  qui  a  plusieurs  périodes. 

Dans  la  seconde,  les  quartiers  sont 
coupés  en  quatre  parties  égales,  et  \eé 
nouveaux  morceaux  sont  placés  dans  un 
second  caucher,  qu'on  bat  comme  le 
premier.  A  la  troisième  période  les  feuil- 
les d'or  sont  placées  entre  des  feuilles 
de  baudruche.  Ce  nouveau  cahier,  ap- 
pelé chaudrety  est  battu  pendant  deuit 
heures  et  jusqu'à  ce  que  les  feuilles  d'or 
commencent  à  désalBeutcr.  L'ouvrier 
s'occupe  ensuite  à  former  un  tnoute  ou 
un  assemblage  dans  lequel  les  feuillet 
d'or  et  de  baudruche  alternent  jttàqu*au 
nombre  de  800  environ.  Dans  le  nom- 
bre de  feuilles  préparées  il  y  en  a  presque 
toujours  de  défectueuses,  qu'on  appelle 
hraciéoles.  On  fait  un  choix  î  celles  qui 
ne  peuvent  pas  être  travaillées  sont  mises 
de  côté  avec  les  rognure^  et  servent  à 
ftiire  Vor  en  coquille  destiné  à  la  pein- 
ture. 

On  aura  une  idée  exacte  de  la  malléa- 
bilité de  l'or  lorsqu'on  saura  que  le  bat- 
teur parvient  à  obtenir  d*une  once  de  ce 
métal  0,000  feuilles  carrées  de  9  centi- 
mètres de  côté  (  S  ponces  ) ,  ce  qui  peut 
couvrir  Une  surftce  de  40  mètres  car- 
rés (20  toises  ^  carrées).  L'épaisseur  de 
ces  feuilles  est  tout  au  plus  d'un  trente 
Millième  de  ligne.  Tout  le  monde  con- 
naît l'usage  de  ces  feuilles  d'or  si  mincei 
que  l'haleine  suffit  pouir  les  chasser  de- 
vant soi  ;  elles  servent  à  dorer  les  cadres 
des  tableaux,  des  glaces  et  d'une  foulé 
d'o'bjets  qui  rentrent  dans  le  domaine 
des  beauX-arts  ou  de  l'économie  domes- 
tique. V,  Dfe  M-!f. 
BATTEUX  (Chahlès)  naquit,  ètt 
1 7 1 3 ,  à  Allendiniy ,  près  dfi  Reims ,  et 
fut  élevé  dans  cette  rille.  Après  y  avoir 
fait  ses  humanités  il  professa  la  rhétori- 
que ,  n'ayant  encore  qtte  20  ans.  Bientôt 
il  quitta  Reims  et  vint  à  Paris,  où  il  en- 
seigna les  humanités  d'abord  au  collège 
de  Lîsienx  et  puis  à  celui  de  NaVarre. 
Batteux  fut  ensuite  nonimé  professeur 
de  philosophie  grecque  tet  de  philosophie 
latine  au  collège  royal.  Il  occupa  cette 
chaire  jusqu'à  ce  qu'elle  fut  supprimée 
et  remplacée  par  ctelle  d'éloquence  fran- 
çaise ,  ce  qui  eut  lien  peu  d'annécà  avant 


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(168) 


BAT 


«a  mort  U  était  alors  chanoÎDe  honoraire 
de  Reims. 

Reconnaissant  de  Téducation  qu'il 
avait  reçue  dans  sa  ville  natale,  il  com- 
posa pour  elle  une  ode  latine  intitulée  : 
In  civitatem  Remensem.  Bienfiiisant  en- 
vers sa  famille  nombreuse  et  peu  fortu- 
née ,  il  employa  à  la  secourir  le  produit 
de  ses  travaux. 

Chargé  par  le  comte  de  Saint  -  Ger- 
main de  rédiger  un  cours  élémentaire  à 
l'usage  de  l'école  militaire,  il  fit  paraître, 
en  moins  d'un  an ,  les  45  volumes  qui 
forment  cet  ouvrage ,  pour  lequel  il  s'ad- 
joignit Chompré,Monchablon,et  Philippe 
de  Pretot. 

Le  Traité  des  Beaux  -  Arts  réduits 
à  un  même  principe  (  l'imitation  de  la 
belle  nature)  passe  pour  le  plus  estima- 
ble des  ouvrages  de  Batteux,  et  a  été 
réuni  avec  son  Traité  sur  la  construction 
oratoire,  en  5  vol.  in- 12 ,  sous  le  titre 
de  Cours  de  belles-lettres.  Les  Élémens 
de  littérature,  souvent  imprimés,  ne  sont 
qu'un  abr^é  fait  par  lui-même  de  son 
cours  de  belles-lettres.  Le  parallèle  de 
la  Henriade  et  du  Lutrin ,  qu  il  publia 
en  1746 ,  excita  la  haine  de  Voltaire  et 
contre  l'auteur  et  contre  Boileau.  La 
Morale  d'Épicure,  tirée  de  ses  propres 
écrits,  parut  en  1750  et  obtint  dès  lors 
un  grand  succès.  Batteux  est  convenu 
que ,  dans  sa  Traduction  des  Œuvres 
d'Horace,  il  avait  eu  pour  objet  d'en 
faciliter  l'intelligence  plus  que  d'en  re- 
présenter la  force  et  l'harmonie.  Les 
quatre  Poétùpies  d'Jristote,  de  Vida , 
d'Horace  et  de  Boileau ,  réunies  en  2 
volumes,  avec  les  traductions  et  les  re- 
marques, est  un  recueil  précieux  pour 
les  littérateurs.  On  doit  encore  à  Batteux 
plusieurs  ouvrages,  entre  autres  :  Mé^ 
moires  sur  les  Chinois,  en  14  volumes 
in-4%  dont  il  a  rédigé  une  grande  partie, 
et  qui  ont  été  continués  par  Bréqui- 
gny  et  De  Guigne. 

Batteux  avait  été  reçu  membre  de  l'A- 
cadémie des  inscriptions  en  1754,  et  ad- 
mis à  TA^cadémie  française  en  1761.  L-h. 

BATTIES,  peuple  de  la  partie  sep- 
tentrionale de  rindoustan ,  dans  les  pro- 
vinces de  Delhi,  Lahore  et  Ajmur;  la 
contrée  qu'il  habite ,  et  dont  Batnear  est 
le  chef-lieu,  a  200  milles  anglais  de  lon- 


gueur, et  100  de  largeur.  Son  ancienne 
capitale,  ^tindah,  fut  détruite  en  1398 
parTimour.  S. 

BATTOLOGIE9  VO7.  ReDOIC DAHCK. 

BATTUE.  On  appelle  ainsi  une  ma- 
nière de  chasser  qui  diffère  de  la  plus 
ordinaire,  celle  au  chien  couchant,  en 
ce  qu'au  lieu  d'être  guidé  par  la  quête  et 
les  arrêts  du  chien  pour  aller  au-devant 
du  gibier,  le  chasseur  au  contraire,  placé 
à  poste  fixe ,  attend  la  proie  qui  vient 
s'offrir  à  ses  coups. 

Par  exemple,  si  l'on  veut  faire  une 
battue  en  plaine ,  les  chasseurs  vont  se 
poster  en  silence  derrière  des  monticules, 
des  buissons,  des  tas  de  pierre  ou  de 
fumier ,  et  se  placent  assez  près  les  uns 
des  autres  pour  que  le  gibier  passe  tou- 
jours à  portée  du  fusil  dans  les  inter- 
valles qui  les  séparent.  En  même  temps 
des  hommes,  et  le  plus  communément 
des  enfans ,  armés  de  bâtons,  et  rangés 
à  peu  de  distance  sur  une  même  ligne 
semi-circulaire,  s'avancent  lentement  à 
la  rencontre  des  embuscades,  en  poàs* 
saut  des  cris  et  frappant  la  terre  et  les 
buissons  ;  on  leur  donne  le  nom  de  tra^ 
queurs  ou  de  rabatteurs.  Le  gibier,  ainsi 
excité,  fuit  devant  eux,  et  vient  presque 
toujours  passer  près  des  chasseurs  qu'il 
n'aperçoit  pas. 

Ce  mode  de  chasser  est  assez  commua 
dans  les  campagnes ,  mais  ne  s'emplofe 
guère  que  vers  la  fin  de  la  saison  de  la 
chasse ,  lorsque  les  champs  dépouillés  et 
n'olTrant  plus  aucun  abri  ne  permettent 
plus  d'approcher  le  gibier. 

On  fait  aussi  des  battues  au  bois,  sur- 
tout pour  détruire  les  loups.  Les  dispo- 
sitions sont  absolument  les  mêmes  que 
pour  la  battue  de  plaine  ;  les  bois  pré- 
sentent mêdie  aux  chasseurs  plus  de 
ressources  pour  rester  masqua  et  in- 
aperçus. 

On  ne  peut  guère  tirer  en  battue  que 
le  lièvre ,  le  lapin  et  les  autres  bêtes  fau- 
ves ,  le  gibier  ailé  évitant  plus  facilement, 
par  son  vol,  la  direction  vers  laquelle  on 
le  pousse. 

Cet  exercice  est  d'ailleurs  peu  fatigant 
pour  celui  qui ,  armé  de  son  fusil ,  n'a 
d'autre  soin  que  d'épier,  immobile  et 
sans  bruit,  l'instant  d'ajuster  la  pièce 
lorsqu'elle  passe  à  sa  portée.  C'était  le 


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BAT 


mode  que  préférait  le  roi  Charles  X, 
dont  on  connait  assez  la  passion  pour  la 
chasse.  Ce  prince  se  tenait  ordinairement 
entouré  de  ses  officiers ,  au  milieu  d*un 
carrefour  formé  par  des  taillis  élagués 
avec  grand  soin  jusqu*à  la  hauteur  d'un 
mètre,  afin  de  faciliter  le  tir  des  faisans 
et  des  gibiers  à  plumes.  Les  rabatteurs , 
dont  le  nombre  dépassait  souvent 
150,  et  auxquels  on  joignait  quelquefois 
des  chiens  hourets ,  destinés  à  harceler 
le  gibier,  et  qui  ont  transmis  le  nom  de 
houraillers  à  cette  sorte  de  battue,  se 
formaient  en  cordon  de  distance  en 
distance ,  de  façon  à  envelopper  de  loin 
les  tireurs  ;  puis  s'avançant  tous  ensem- 
ble et  rétrécissant  progressivement  leur 
cercle ,  ils  chassaient  devant  eux  lapins , 
lièvres 9  cberreuils,  faisans,  etc.,  et  Ton 
lait  quelle  innombrable  quantité  les  fo- 
rêts royales  en  contenaient.  Aussi  le  gi- 
bier, renfermé  comme  dans  un  réseau, 
venait- il  par  troupeau  s'offrir  aux  ca- 
nons des  fusib;  de  là  ces  1400  pièces 
tuées  dans  quelques  heures  de  chasse  par 
trois  on  quatre  personnes  seulement, 
auxquelles  on  présentait  des  fusils  tout 
chargés.  D.  A.  D. 

BATTUEGAS.  On  appelle  ainsi  un 
district  très  restreint  de  la  province  es- 
pagnole d'Estramadoure ,  partido  de  Pla- 
senck,  a  environ  14  lieues  de  Salaman- 
que.  Ce  district,  mal  famé  et  rép^té  le 
séjour  d'hommes  sauvages  et  de  mauvais 
génies  y  a  joué  nn  grand  rôle  dans  les  ro- 
mances espagnoles.  Le  fait  est  que  ses 
Tallées  pittoresques  recèlent  une  petite 
peuplade  entièrement  isolée  et  peu  con- 
nue, mais  que  les  uns  font  descendre  des 
anciens  Ibères  et  dans  lesquels  d'autres 
▼oient  nne  colonie  gothe  restée  sans  mé- 
lange depuis  le  tiii®  siècle.  —  Madame 
de  Genlis  a  composé  sur  cette  peuplade 
un  roman  intitule  Les  Baltuecas,  2  vol 
io-1  a.  J.  H.  S. 

BATTYANI,  famille  hongroise  ri- 
che et  célèbre,  et  dont  plusieurs  mem- 
bres, prin<:es,  comtes,  bans  de  Croatie, 
évéques,  grands-dignitaires,  ont  joué  un 
r6le  marquant  dans  Thistoire  de  ce  pays 
et  de  la  monarchie  autrichienne.  Le  pre- 
mier, Bij^oiT  Battyani ,  fut,  à  la  fin  du 
XT*  siècle,  trésorier  du  roi  Vladislaf  II. 


possède  la  seigneurie  de  Rakitsan,  et  la 
dignité  de  comte  ou  de  chef  du  comitat 
d'Ëisenbourg  lui  appartient  héréditaire^ 
ment.  S. 

B ATU-KH AN ,  selon  quelques  histo- 
riens, fib  de  Tchinghiz-Khan ,  et  d'après 
d'autres  de  Touchi,  fils  aine  de  Tchin- 
ghiz,  qui  mourut  6  mois  avant  son  père. 
Ce  dernier  avait  à  sa  mort  (1223)  laissé 
en  partage  à  son  petit-fils  Batu-Khan  les 
provinces  de  Kaptchak,  d' Allan,  de  Rous, 
ainsi  que  la  Boulgarie;  mais  le  nouveau 
possesseur  ne  tarda  pas  à  reculer  les  boi> 
nés  de  cet  empire.  Après  avoir  accom- 
pagné le  grand-khan  Ôktaï  dans  son  ex- 
pédition contre  la  Chine  et  soumis  ses 
voisins,  il  marcha  vers  la  Pologne,  la  ra- 
vagea, brûla  Cracovie,  et  s'avança  même 
en  Silésie  jusqu'à  Liegnitz,  où  il  défit 
dans  le  champ  de  Wahlstatt  (  1 24^1  ),  après 
une  lutte  sanglante,  le  duc  Henri  deBres- 
lau.  Il  conquit  ensuite  la  Moldavie  et  la 
Hongrie.  Bêla  lY ,  roi  de  ce  pays,  voulut 
arrêter  ses  progrès,  mais  il  fut  bientôt 
forcé  de  se  retirer  en  Dalmatie  (1242). 
Batu  et  ses  Mongols  l'y  suivirent,  la  dé- 
vastèrent, mais  heureusement  en  parti- 
rent la  même  année.  Ce  fut  à  peu  près  à 
cette  époque  que  Mangou-Khan,  frère 
de  Houlakou,  établit  en  Perse  la  domi- 
nation mongole.  Batu-Khan,  qui  était 
assez  puissant  pour  le  combattre  » 
aima  mieux  l'aider  dans  ses  conquêtes. 
Après  que  Mangou  se  fut  emparé  de  la 
Perse,  il  le  reconnut  pour  chef  de  la  fa- 
mille de  Tchinghiz-Khan  et  lui  facilita 
même  la  conquête  de  la  Chine  qu'il  pos- 
séda jusqu'à  l'an  de  l'hégire  658.  Batu 
était  mort  4  ans  auparavant  (de  l'hégire 
654).  Bien  que  quelques-uns  de  ces  prin- 
ces, qui  tous  appartenaient  à  la  race  mon- 
gole, aient  embrassé  le  christianisme  ou 
le  mahomélisme ,  la  plupart  suivaient 
une  religion  particulière,  qui  toutefois; 
avait  pour  base  le  monothéisme.  Batu, 
dont  le  nom  signifie  force  et  persévéran- 
ce, passa  du  chamanisme  à  la  religion 
du  dal  aï-lama.  L.  N. 

BATYNE  (bataille  de).  Batyne  est 
un  village  sur  le  Danube  à  peu  de  dis- 
tance de  Routchouk ,  village  qui  fut  il- 
lustré par  la  brillante  victoire  que  les 
Russes  commandés  par  Kamenski  (ih>/.) 


Ootre  le  boor^  de  Battyan^  cette  famille  I  y  remportèrent^  le  19  septembre  181 0, 


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BAT  (170) 

rarHnhtâr-Pàcha,  général  tofcLesKus-  la  fin  de  sa  vie 
aes, après  avoir  battu  la  flottille  othomane 
«fur  le  Danobe,  prirent  d'assaut  le  camp 
deMuhtar,  situé  au  confluent  de  ce  fleuve 
«t  de  la  lantra.  M tibtar  se  sauva  avec  un 
petit  nombre  d'hommes;  maisAdmed* 
Pacha,  avec  tous  les  siens  et  tout  ce  que 
Tenfermait  le  camp  ^  fut  obligé  de  se  re- 
mettre »  le  20^  à  la  discrétion  des  Russes 
déjà  maîtres  de  deux  lignes  de  circon- 
vallatien.  Cet  édattnt  triomphe  livra  aux 
vainqueurs  Sistova^  Cladova,  Giurgcnro  et 
Routchouk.  J.  H.  S. 

BAT2E^  en  italien  èazto,  petite 
monnaie  d'argent  originairement  suisse, 
mais  qui  ensuite  fut  adoptée  en  Allema- 
gne et  frappée,  tons  ce  nom»  dans  pres- 
que tons  les  états  d'Empire.  Ce  nom  est  dé- 
rivé de  bœtZf  vieax  mot  allemand  qui  dési- 
gne l'ours, syttibole  du  canton  de  Berne; 
«n  effet,  c'est  à  Berne  que  les  premiers 
batzes  furent  frAppés,  avec  l'empreinte 
de  cet  abîmai,  vers  l'an  1440.  La  valeur 
d'nn  batze  varie  suivant  le  titre  :  on  a  en 
Suisse  de  bons  et  de  mauvais  batzes  ^  et 
en  Allemagne^  des  batzes  pesans  et  lé- 
-gers^  mais  cette  valeur  n'est  jamais  que 
de  quelques  sous. 

Dans  le  langage  allémanique  batze 
est  synonyme  d'argent  (pecum'a)  en  gé- 
néral. J.  H.  S. 

BAtJCIlE^  voy.  Toacttis. 

BAUCIS^  voy.  PHiLiÈsto!<. 

BAUDELOCQUE^  nom  commun  à 
plusieurs  accoucheurs  morts  et  vivans, 
mais  illustré  par  l'on  d'eux,  JBAif-Loura, 
né,  eri  1745,  à  Qeilly  près  d'Amiens, 
mort  en  1810  à  Paris,  professeur  de  ta 
Faculté  cle  médecine,  chirurgien  de  l'hos- 
pice de  la  Maternité,  aceoucbenr  de  l'im- 
pératrice, etc. 

Fils  dSin  chirurgien  et  dirigé  dans  ses 
études  par  son  père,  Baudelocque  se  dis- 
tingua de  bonne  heure,  remporta  un  prix 
de  i' Académie  de  chirurgie,  et  débuta 
dans  la  barrière  de  l'enseignement  en 
suppléant  Solayrès  professeur  d'accou- 
chement, qu'il  fut  bientôt  appelé  à  rem- 
placer. Peu  de  temps  après  devenu  pro- 
fesseur public  au  collège  royal  de  chirur- 
gie, il  se  livra  spécialement  à  la  pratique 
des  âbcoUHiemens,  et  il  obtint  des  deux 
c6tés  les  ^lus  brillans  succès,  qui  con- 
tinuèrent à  s'accroître  encore  jusqu'à 


BAU 

que  vint  empoisonner 
un  scandaleux  procès  fondé  sur  une 
absurde  et  atroce  calomnie.  A  l'organi- 
sation de  l'école  de  santé,  il  fut  appelé 
à  la  chaire  d'accouchement  où  il  forma 
de  nombreux  élèves,  tant  accoucheurs 
que  sages-femmes.  Dès  avant  cette  épo- 
que Baudelocque  avait  publié  divers 
écrits,  notamment  une  sorte  de  catéchis- 
me destiné  aux  sages-femmes^  qui  fut  im- 
primé à  6,000  exemplaires  par  ordre  du 
gouvernement,  et  qui,  outre  les  nom- 
breuses éditions  qui  en  furent  fkitcs,  fut 
traduit  en  diverses  langues.  Son  Jrt 
des  accouchemenSf  1781,  2  vol.  in-^**, 
dont  l'ouvrage  précédent  n'est  que  Ta- 
brégé)  fut  également  bien  accueilli,  et  fi- 
gure encore  parmi  les  livres  classiques 
en  ce  genre.  Les  autres  productions  de 
Baudelocque  sont  des  mémoires  insérés 
dans  divers  recueils.  Il  a  laissé  un  grand 
nombre  de  manuscrits  que  doit  publier 
son  neveu. 

Doué  d'un  esprit  judicieux  et  obser- 
vateur ,  Baudelocque  a  porté  dans  la 
pratique  et  dans  l'enseignement  de  la 
précision  et  de  la  clarté.  Il  est  un  de 
ceux  qui  ont  le  mieux  démontré  que 
dans  le  plus  grand  nombre  des  cas  la 
nature  se  suffit  à  elle-même,  et  qui  ont 
indiqué  nettement  ceux  dans  lesquels 
elle  a  besoin  de  secours.  Il  a  su  appré- 
cier et  mettre  en  usage  avec  talent  les 
divers  procédés  opératoires  usités  dans 
l'art  des  accouchemens.  Enfin  il  a  connu 
et  enseigné  parfaitement  la  acienea  telle 
qu'elle  était  à  l'époque  où  il  vivait^  et  il 
Ta  enrichie,  sinon  de  théories  brillantes, 
au  moins  d'observations  exactes  et  des 
résultats  d'une  vaste  expérience.     F.  R. 

BAUDOUIN  I-IX,  comtes  de  Flan- 
dre, voy,  Flaudee.  Foir  aussi  l'article 
Haîwaht. 

B AUDOUIIV I-V  ^  rois  de  Jérusalem , 
voy,  Jérusalem. 

BAUDOUIN  I'"^  et  It ,  empereors  de 
Constantinople,  voy.  Latin  [empire), 

BAUDRIER.  Ce  mot  dérivé  du  latin 
batteum,  balteus  et  par  corruption  bal- 
tluUuSy  désigne,  dans  le  sens  le  plus  gé- 
néral, une  bande  de  cuir  ou  de  peau  de 
buffle  qui,  passant  sur  uUe  épaule,  va 
s'appuyer  sur  la  cuisse  opposée  fet  y  sou- 
tient une  arme  quelconque,  ordinaire- 


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BAtJ 


(171) 


BÂU 


ment  un  sabre  ou  nne  épét.  Le  baudrier 
est  d'an  usage  très  ancien  :  il  est  question 
dans  yirgile  de  celui  qu'Euryale  enieta 
à  Rhamnès  pendant  son  sommeil,  et  qui 
était  orné  de  clous  dorés;  et  du  riche 
baudrier  de  Pallas,  fils  d'Évandre,  qui, 
l^econnu  par  Énée  sur  l'épaule  de  Tumus, 
causa  la  mort  de  ee  dernier.  Dans  beau- 
coup de  bas-reliefs  antiques,  de  même 
que  sur  les  colonnes  Trajane  et  Anto- 
nine,  les  soldats  romains  portent  leur 
épée  attachée  à  un  ceinturon,  tandis  que 
les  CheÊi  seuls  ont  un  baudrier.  Il  parait 
au  surplus  ^  d*après  ce  que  dit  Isidore  de 
S6 ville  ^  dans  ses  Origines  ^  que  l'on  em- 
ployait indifTéremment  les  mots  baiteus 
et  cingnlam  (ceinturon)  pour  désigner  la 
courroie  ou  bande  à  laquelle  Tépée  était 
attachée.  Le  baudrier,  qUe  l'on  obserre 
dans  beaucoup  de  statues  et  de  peintures 
du  temps  de  la  chevalerie,  était,  sous  les 
deux  preutières  races ,  une  des  nlarques 
du  comnlandement.  Il  fut  plusieurs  fois 
repris  et  abandonné  dans  nos  armées. 
Les  arquebusiers  du  xti^  siècle  en  avaient 
un  très  large,  en  peau  de  bufBê,  auquel 
pendaient  les  charges  de  poudre  toutes 
préparées,  dans  de  petits  étuis  appelés 
cq/^^ns,  Louis  XIV  supprima  définiti- 
vement le  baudrier  vers  1 690.  Il  était 
resté  seulement  aux  cent-suisses  et  aux 
suisses  des  hôtels,  de  même  qu'^  ceux 
des  églises  qui  le  portent  encore  aujour- 
d'hui. Une  nouvelle  révolution  en  ramena 
l'emploi  vers  la  fin  du  siècle  dernier;  et 
cet  usage  qui,  d'après  l'opinion  des  gens 
du  métier,  n'est  pas  exempt  d' in convé- 
niens  asse^  graves,  est  également  adopté 
dans  toute  l'Europe.  C.  N.  A. 

BAUDRUCHE.  On  appelle  ainsi  une 
pellicule  t>u  membrane  péritonéale  qui 
tapisse  le  cœcam  ou  gros  boyau  du  bœuf 
«t  du  mouton,  et  qui  sert  à  divers  usages. 
L'ouvrier  doit  l'enlever  avec  précauiiou 
et  la  fkire  sécher  étendue  sur  des  plan- 
bhes;  j^is,  après  lui  avoir  fait  subir  di- 
verses préparations  qui  ont  pour  but 
de  l'adoUcir,  il  la  livre  au  commerce  sous 
le  nom  de  peau  divine.  Les  batteurs  d'or 
l'emploient  depuis  bien  long-temps  pour 
la  dernière  opération  du  battage.  Lors- 
que les  feuilles  d*or  déjà  battues  sont 
panrenaes  à  un  état  de  ténuité  tel 
qu'elles  ne  pourraient  supporter  l'action 


immédiate  du  marteau,  on  interpose  em* 
tre  elles  des  fîeuillets  de  baudruche,  et  Fo* 
continue  ainsi  le  battage.  C'est  en  sor» 
tant  des  mains  du  batteur  d'or  que  la 
baudruche  elle-même  a  acquis  toutes  les 
propriétés  nécessaires  pour  être  débitée 
avec  succès.  Un  de  ses  privilèges  est  de 
pouvoir  remplacer  à  merveille  le  taffetas 
d'Angleterre;  ainsi  que  lui,  après  avoir 
été  mouillée  et  appliquée  sur  une  coth- 
pure,  elle  arrête  le  sang;  c'est  là  ce  qui 
lui  a  valu  son  nom  ûepeau  dîpine* 

On  est  aussi  parvenu  récemment  à  faire 
servir  la  baudruche  à  la  confection  des 
aérostats.  Les  premiers  ballons  qui  tient 
été  fait),  après  les  expériences  de  Mont- 
golfier,  par  le  marquis  d'Arlandes  et  le 
peintre  Deschamps,  étaient  confectionnés 
avec  cette  pellicule.  Voy.  Ballon.  D.  A.D. 

BAUHINy  famille  illustre  dans  les 
sciences  qui,  depuis  le  commencement  du 
XV*  siècle,  durant  le  rvi*  et  jusqu'aux 
premières  années  du  xvii^j  offrit  l'exem- 
ple peu  commun  de  six  générations 
toutes  consacrées  à  la  pratique  de  la 
médecine,  et  que,  sous  ce  rapport,  on  a 
comparée  assez  heureusement  à  celle  des 
Asclépiades  chez  les  Grecs.  Elle  doit  sur- 
tout ses  titres  à  une  célébrité  din*able  aux 
deux  botanistes  dont  nous  allons  plus 
particulièrement  nous  occuper. 

Le"  nom  et  les  travaux  des  deux  frères 
Bauhin  sont  comme  deux  ébormes  pyra- 
mides, liant  d'Une  part  le  siècle  de  Théo- 
phraste,  qu'on  doit  appeler  à  jUsté  titre 
le  père  de  la  botanique,  avec  les  âges 
modernes,  avec  Tournefort,  le  Créateur 
du  genre,  Linné',  le  grand  législateur^e 
la  science,  et  les  deux  Jussieu,  si  heureux 
dans  le  développement  des  familles  na- 
turelles tracées  de  main  de  maître  par  Cé- 
salpin;  de  l'autre,  mettant  un  terme  à 
l'empirisme  de  Dioscoride  et  de  l'école 
d'Alexandrie,  ou  des  rhitotônïés. 

Ce  n'est  pas  cependant  comme  auteurs 
d'inventions  ou  de  découvertes  impor- 
tantes que  la  botanique  vénère  les  deux 
frères  Bauhin;  ce  n'est  pas  noki  plus, 
ainsi  qu'on  Ta  trop  légèremeUt  avancé, 
pour  avoir  posé  les  vrais  prinHpes  de  la 
Science  des  plantes  :  ils  ont  mérité  leur 
illustration,  l'un  par  la  sagacité  de  sa  cri- 
tique sur  l'ensemble  des  fdlts  recueiitis 
et  par  l'exacte  description  des  nombreux 


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BAU 


[m) 


BAU 


végéttax  qu'il  a  vus  vivans,  qu'il  a  suivis 
dans  les  diverses  phases  de  leur  exis- 
tence; Tautre,  en  classant  avec  méthode 
et  une  analyse  succincte  les  connaissances 
acquises  jusqu'alors  et  éparses  dans  un 
grand  nombre  de  livres,  la  plupart  fort 
indigestes;  en  établissant  une  utile  con- 
cordance entre  les  noms  imposés  aux 
plantes  par  les  anciens  et  ceux  qui  ont 
été  employés  jusqu'au  milieu  du  xyi^ 
siècle  de  l'ère  vulgaire;  en  donnant  en- 
fin une  règle  certaine  pour  décrire  une 
plante  et  remplacer  par  quelques  mots  les 
phrases  longues  et  bizarres  qui  étaient 
usitées  avant  lui. 

L'amitiéqui  ne  cessa  de  régner  entre  les 
deux  frères  fut  si  intime»  si  touchante  que 
Plumier  voulut  l'immortaliser  en  impo- 
sant le  nom  de  Bauhinie  à  un  genre  de 
plantes  de  la  famille  des  légumineuses  et 
de  la  décandrie  monogynie,  dont  les  deux 
folioles  sont  si  étroitement  liées  l'une 
sur  l'autre  qu'on  les  croirait,  au  premier 
coup  d'œil,  ne  former  qu'un  seul  et 
même  corps. 

Les  deux  Bauhîn  appartiennent  à  la 
France  par  leur  père,  médecin  célèbre 
d'Amiens,  que  les  persécutions  contre  les 
protestans  obligèrent  de  s'exiler  en  1 5  3  7; 
ils  appartiennent  également  à  la  Suisse 
qui  les  a  vu  naître  tous  les  deux  à  Bàle. 

L'ainé,JEA.NBauhin,  naquît  en  1541. 
Dès  l'âge  de  18  ans  on  le  citait  comme 
un  habile  médecin,  comme  un  botaniste 
très  expérimenté.  Il  visita  les  Alpes,  la 
Suisse,  la  Rhétie,  une  partie  de  lltalie  et 
la  France  méridionale,  pour  enrichir  ses 
herbiers  et  préparer  les  matériaux  de 
VHùtoire  universelle  des  plantes  qu'il 
méditait,  à  laquelle  il  travailla  toute  sa 
sa  vie,  qu'il  acheva,  mais  qu'il  ne  put 
voir  imprimée.  Cet  ouvrage,  dans  lequel 
il  décrit  5,000  plantes  divisées  en  40 
classes  ou  livres,  ne  parut  que  38  ans 
après  sa  mort,  en  3  vol.  in-fol.  Ses  autres 
oeuvres  sont  peu  connues;  on  doit  en 
excepter  son  livre  sur  les  plantes  portant 
des  noms  de  Maints,  De  plands  a  divis 
sanctisque  nomen  habentibus ,  Bàle 
1591,  in-8<*,  et  plus  particulièrement  ce- 
lui sur  Ja  rage  des  loups ,  Memorabiiis 
historia  luporum  altquot  rabidorum, 
Montbelliard,  1590,  in-8'^,  dont  les  ob- 
servations sont  encore  presque  les  seules 


bien  constatées  sur  cette  cruelle  maladie. 
Il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie 
dans  la  petite  ville  de  Montbelliard,  où 
il  mourut  en  1613. 

Son  frère,GÂSPAiiD  Bauhin,né  en  1 560, 
passa  son  enfance  dans  un  eut  de  souf- 
frances continuelles;  à  peine  pouvait-il 
articuler  quelques  mots  à  5  ans;  cepen- 
dant tout  à  coup  il  manifesta  un  goût 
très  prononcé  pour  l'anatomie  et  pour  les 
plantes.  Il  eut  son  frère  pour  premier  maî- 
tre; puis  il  alla  se  perfection  ner  aux  univer- 
sités de  Tltalie,  à  celle  de  Montpellier; 
il  se  disposait  à  visiter  l'Allemagne  quand 
la  mort  de  son  père,  arrivée  en  1582, 
l'obligea  de  se  fixer  à  Bàle,  qu'il  ne  quitta 
plus,  et  où  il  mourut  en  1634.  Il  y  pro- 
fessa ses  deux  sciences  favorites  avec 
un  égal  succès;  mais  ses  ouvrages  en  ana- 
tomie  jouissent  d'une  réputation  moins 
brillante  que  ses  travaux  en  botanique. 
Le  Pinaxy  qu'il  publia  en  1628,  n'était 
que  la  table  systématique  du  Theatrum 
botanicum  à  la  rédaction  duquel  il  em- 
ploya 40  ans  de  sa  yie  et  pour  lequel  il  mit 
à  contribution  tous  les  botanistes  de  son 
temps  qui  s'empressaient  de  correspon- 
dre avec  lui.  Le  premier  livre  seule- 
ment de  ce  grand  ouvrage  parut  34  ans 
après  sa  mort,  par  les  soins  de  son  fils; 
les  autres, sont -demeurés  inédits.  Ils  ren- 
fermaient,comme  lePinax  nous  l'apprend, 
plus  de  6,000  plantes,  rangées  en  12 
classes,  72  ordfes,  et  chacun  en  genres 
et  en  espèces  avec  un  nom  commun  et 
une  courte  phrase  descriptive.  Ce  sont 
ées  élémens,  perfectionnés  par  l'étude 
et  l'expérience  ^  qui  ont  décidé  des  pro- 
grès de  la  botanique,  et  préparé  les  voies 
à  une  bonne  synonymie. 

Le  Theatrum  anatomicum  de  Gas- 
pard Bauhin  est  un  très  bon  livre  à  con- 
sulter quand  on  veut  connaître  tout  ce 
qui  avait  été  fait  sur  l'anatomie  jusqu'en 
1592,  époque  de  sa  publication.  Il  écri- 
vit aussi  sur  l'hermaphrodisme,  mais  cet 
ouvrage  est  trop  au-dessous  de  son  au- 
teur pour  nous  y  arrêter.     A.  T.  d.  B. 

BAUMANN  (NicoLiis),  né  vers  1450 
à  Wismar  ou  à  Emden  et  mort  en  1526, 
professeur  d'histoire  et  de  politique  à 
Rostock.  Sur  la  foi  de  la  préface  du 
Froschmœuseler  de  Rollenhagen ,  on  lui 
attribue  le  poème  satirique  de  Beineche 


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(17S) 


BAU 


le  rtnard,  en  plat  allemand.  Foy.  Alk.- 
XAER  {Henri  tt).  S. 

BAUMANN  (geotte  de)  dans  leHarz  : 
c'est  une  curiosité  de  la  nature.  Cette 
grotte,  ou  plutôt  cette  série  de  six  grandes 
et  d'un  certain  nombre  de  petites  grottes 
formées  de  stalactites,  se  trouve  dans 
le  district  de  Blankenbourg  (  duché  de 
Bninsvick),  à  j[36  pieds  au-dessus  de  la 
▼allée  où  sont  établies  les  usines  de  Rû- 
beland.  La  principale  de  ces  grottes, 
haute  de  3 1  pieds  et  ayant  une  longueur 
de  20l0  pieds,  offre  un  aspect  imposant. 
L*eau  imprégnée  de  chaux  et  de  parties 
terreuses  y  tombe  goutte  à  goutte  et  forme 
des  figures  singulières  et  grotesques.  Ce 
lieu  fut  découvert  en  1670  par  le  mi- 
neur Baumann  qui  lui  a  donné  son  nom; 
mais  n'ayant  pu  retrouver,  dit -on,  la 
sortie  qu^au  bout  de  deux  Jours,  il  paya 
de  sa  vie  cette  découverte.       J.  H.  S. 

BAUME.  7)oy,  Saimtk-Bacme  {grotte 
de). 

BAUME(&/z^amtfjet  balsamum). 
On  appelle  ainsi  les  résines  qui  renferment 
de  l'acide  benzoîque.  Autrefois  on  éten- 
dait ce  nom  à  toutes  les  résines  liquides; 
quelques-unes  même  le  conservent  en- 
core aujourd'hui,  ainsi  que  certaines 
préparations  pharmaceutiques.  IVfais  pour 
ces  dernières  le  mot  baume  indique  or- 
dinairement des  solutions  de  résines,  soit 
dans  l'alcool,  soit  dans  les  huiles  fixes 
ou  volatiles,  destinées  à  être  appliquées 
sur  des  parties  entamées. 

Nous  allons  indiquer  les  principales 
espèces  de  baumes.  Le  baume  à'Arcœus 
est  un  composé  de  résine  élémi,de  térében- 
thine ,  de  suif  de  mouton ,  et  de  graisse  de 
porc.  On  l'emploie  dans  le  pansement  des 
plaies  et  des  ulcères.  Le  baume  du  Ca- 
nada est  un  suc  résineux  du  pinus  bal- 
satnea  obtenu  par  incision  ou  en  crevant 
les  cellules  qui  se  trouvent  dans  Técorce 
du  tronc  et  des  branches.  On  le  nomme 
aussi  térébenthine  du  Canada ,  faux 
baume  de  Giléail.  Le  baume  ^/e  Chiron 
est  un  mélange  d'huile  d'amandes  douces, 
de  térébenthine,  de  cire  jaune,  de  baume 
noir  du  Pérou ,  de  camphre  pulvérisé, 
opéré  par  liquéfaction  et  coloré  avec  l'or- 
canette.  Il  a  joui  d'une  assez  grande  ré- 
putation dans  le  traitement  de  toutes  les 
plaies  récentes;  il  était  alors  préparé 


presque  exclusivement  dans  le  canton  de 
Vaud  en  Suisse.  Le  baume  h  Cochon  est 
une  résine  d*une  odeur  forte  et  désagréa- 
ble, liquide,   et  présentant  une  teinte 
rougeâtre  ;  elle  est  fournie  par  un  arbre 
qui  croit  aux  Antilles  et  que  l'on  nomme 
hedwigia  baUaminea.  On  prépare  le 
baume  du  Commandeur  de  Pemes  en 
faisant  macérer  pendant  un  certain  temps 
des  racines  sèches  d'angélique,  des  fleurs 
de  millepertuis,  du  baume  du  Pérou,  du 
benjoin,  de  l'aloès,  de  l'ambre  gris  avec 
l'alcool.  On  l'applique  avec  succès  sur  les 
plaies  faites  avec  des  instrumens  tran* 
chans.  Le  baume  </e  Copahu  s'obtient 
par  des  incisions  faites  au  copmfera  of- 
ficinaUs^  arbre  de  la  famille  des  légumi- 
neuses qui  croit  au  BrésiL  Ces  Incisions 
sont  répétées  trois  fois  par  an ,  et  cha- 
cune fournit  10  à  12  livres  de  baume 
que  l'on  reçoit  dans  des  calebasseswil  est 
fréquemment  employé  en  médecine  con- 
tre la  blennorrhagie  uréthrale  et  le  ca- 
tarrhe chronique  de  la  vessie.  Le  baume 
de  Geneviève  est  un  composé  d'huile 
d'olive,  de  cire  jaune,  de  camphre,  de 
térébenthine  et   de    santal  rouge.   On 
nomme  vulgairement  baume  des  Jardins 
la  balsamite  odorante ,  plante  de  la  fa- 
mille des  composées  que  l'on  nomme  aussi 
coq  des  jardins  et  menthe  Notre-Dame. 
Pour  le  baume  </e  Judée  et  celui  de 
la  Mecque  nous  renvoyons  à  l'article 
Balsamiee.  Le  baume  Nerval  est  un 
mélange  de  moelle  de  bœuf,  d'huile  de 
noix  muscade,  d'huiles  essentielles  de 
romarin ,  de  gérofle ,  de  baume  du  Pé- 
rou et  d'alcool.  On  désigne  sous  le  nom 
de  baume  Opodeldoch  une  solution  de 
savon,  de  moelle  de  bœuf  et  de  camphre 
dans  l'alcool  et  l'eau  distillée  de  thym, 
mélangée  aux  huiles  essentielles  de  roma- 
rin, de  thym  et  à  l'ammoniaque.  Le 
baume  du  Pérou  et  le  baume  de  Tolu 
sont  fournis  par  deux  arbres  de  la  famille 
des  légumineuses  et  appartenant  au  genre 
myroxylon.  L'un  croit  au  Pérou  et  dans 
les  pays  ci rcon voisins,  l'autre  dans  les 
environs  de  Tolu,  province  de  Cartha- 
gène.  Dans  le  pays  où  ils  croissent  on  les 
désigne  tous  les  deux  sous  le  nom  de  qui- 
noq  tino. 

On  connaît  trois  espèces  de  baume  du 
Pérou  :  la  première,  le  baume  du  Pérou 


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(174) 


BAU 


Nànc  est  obtenue  par  incisions;  la  se- 
conde ,  le  baume  du  Pérou  rouaf,  parait 
avoir  la  hiéiue  origine ,  mais  sa  consis- 
tance plus  solide  et  sa  couleur  qu'indi- 
que son  nom  paraissent  dues  à  ce  qu'il 
est  plus  ancien.  Enfin  le  baume  du  Pérou 
Ttoir^  qui  est  le  plus  répandu  dans  le  corn- 
merce,  est  obtenu  par  la  décoction  dans 
Feau  des  branches  du  myroxylon  du 
Pérou.  Ce  baume  est.toigours  renfermé 
dans  des  calebasses. 

Le  baume  de  Tolu  est  plus  souvent 
contenu  dans  des  bouteilles  de  terre 
nommées  potiches.  Tout  celui  que  four- 
nit le  commerce  provient  d'incisions 
faites  au  myroxylon  de  Tolu. 

On  administre  ces  deux  baumes  dans 
les  catarrhes  pulmonaires;  ils  agissent 
comme  stimulans  :  aussi  ne  doit-on  les 
employer  que  lorsqu'il  ne  reste  plus  au- 
cun symptôme  d'inflammation.  Cest  au 
baume  de  Tolu  que  Ton  a  le  plus  souvent 
recoiurs. 

Le  baume  de  soufre  est  une  solution 
de  soufre  dans  l'huile  d'olive;  il  est  ap- 
pelé baume  de  soufre  anisé,  succîné , 
térébenthine^  s'il  consiste  en  une  solu- 
tion de  soufre  dans  Fhuile  essentielle 
d'anis ,  dans  l'huile  essentielle  de  succin, 
ou  enfin  dai|s  l'huile  essentielle  de  téré- 
benthine. 

On  obtient  le  baume  tranquille  en 
faisant  bouillir  des  feailles  de  plantes 
narcotiques  dans  de  l'huile  et  en  versant 
ensuite  le  liquide  obtenu  sur  des  plantes 
aromatiques.  En  médecine,  il  est  sou- 
vent employé  à  l'extérieur  comme  cal- 
mant. H.  A« 

BAUME  (  Aktoinz  ).  Cest  le  nom 
d'un  savant  utile  et  modeste  dont  les  tra- 
vaux ont  préparé  l'ère  brillante  où  nous 
voyons  la  chimie.  Il  naquit  en  1 738  à  Sen- 
lisy  et  mourut  à  Paris  en  1804,  après 
à  voir  rempli  les  fonctions  de  professeiu*  de 
chimie  au  collège  de  pharmacie,  et  mé- 
rité d'être  nommé  membre  de  l'Acadé- 
mie des  sciences  et  de  diverses  sociétés 
savantes.  Fils  d'un  aubergiste  qui,  après 
lui  avoir  donné  une  bonne  éducation ,  lui 
fit  embrasser  la  profession  de  pharma- 
cien ,  Baomé  s'était  acquis  une  honorable 
fortune  dans  le  commerce  ;  il  le  quitta , 
après  trente  ans  de  travaux,  pour  se  livrer 
tout  entier  à  ses  étudeafavoritof}  mais  il 


fut  bientôt  obligé  par  les  revers  qu'amena 
la  révolution  de  renoncer  au  loisir  qu'il 
avait  acquis.  Cependant ,  malgré  ces 
traverses,  il  n'est  pas  d'homme  qui  ait 
fait  plus  et  qui  surtout  se  soit  plus  dis- 
tingué par  un  esprit  d'application  sans 
lequel  les  sciences  ne  seraient  qu'un 
passe-temps  futile.  Presque  toutes  les 
parties  de  la  chimie  ont  été  approfon- 
dies par  ce  savant  laborieux  et  persévé- 
rant dont  la  sagacité  était  extraordinaire. 
On  ne  saurait  compter  le  nombre  de  ses 
découvertes ,  non  plus  que  celui  des  tra- 
vaux d'analyse  qu'il  entreprit  pour  con- 
stater, d'une  manière  précise,  des  faits 
sur  lesquels  on  n'avait  que  de  vagues 
théories.  Il  a  publié  une  foule  de  mé- 
moires tous  pleins  d'intérêt,  et  divers 
ouvrages  parmi  lesquels  se  distinguent 
ses  Élémens  de  pharmacie  théorique 
et  pratique  y  etc.,  ouvrage  qui  eut  neuf 
éditions  françaises ,  qui  fut  traduit  dans 
presque  toutes  les  langues  de  l'Eu- 
rope, et  qui  fait  encore  autorité,  parce 
que  l'observation  scrtipuleuse  des  faits 
ne  vieillit  pas.  Baume  eût  été  célèbre 
quand  il  n'eût  été  que  pharmacien-chi- 
miste; mais  il  s'occupait  de  tout,  et  les 
arts  et  métiers  lui  sont  redevables  de  plu- 
sieurs innovations  qui  ont  changié  la  face 
de  l'industrie  et  augmenté  la  richesse  na- 
tionale. De  ce  nombre  sont  ses  procédés 
pour  k  fabrication  du  sel  ammoniaque, 
de  la  porcelaine,  pour  le  blanchiment 
de  la  soie,  procédés  qui  afTranchirent  la 
France  de  tributs  onéreux.  Ses  recher- 
ches sur  les  argiles  employées  comme 
engrais  ;  sur  les  constructions  en  plâtre 
et  en  ciment;  sur  l'extraction  de  la  fécule 
du  marron  d'Inde  et  les  moyens  d'en 
faire  du  pain;  sur  la  conservation  des 
blés ,  sont  d'immenses  services  rendus  à 
l'agriculture.  Enfin  l'art  du  teinturier, 
du  doreur ,  du  fabricant  de  savon ,  lui 
sont  redevables  de  procédés  plus  écono- 
miques et  plus  sûrs  dans  leurs  résultats. 

Aux  talens  éminens  qui  le  distin- 
guèrent. Baume  joignit  de  hautes  vertus; 
il  fut  l'ami  des  hommes  célèbres  de  son 
temps  et  le  maître  d'un  grand  nombre  de 
savans  de  notre  époque.  F.  R. 

BAUM6ARTEN  (Sigismoto- Jac- 
ques ) ,  né  à  WolmirsUedt  en  1 706 ,  mort 
en  1757;  professeur  en  théologie  à  Halle* 


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BAD 


(17$) 


BAU 


Théologien  d'une  profonde  éradiUon, 
Baumgarten  fut  en  même  temps  nn  phi- 
losophe éclairé ,  un  savant  bibliographe, 
et  an  historien  d'un  mérite  incontestable. 
Cest  par  Ini  que  fut  commencée,  en 
1744,  la  publication  en  langue  alle- 
mande de  la  grande  Histoire  universelle, 
dite  de  MaUey  quoiqu'elle  fût  d*abord 
traduite  de  Tanglais ,  et  à  laquelle  des 
hommes  éminens,  tels  que  Semler,  Schlœ- 
ler,  ËDgel,  etc.^  ont  imprimé  une  direc- 
tion nouvelle.  Mais  c'est  dans  la  dogma- 
tique et  dans  la  morale  religieuse  que 
Banmgarten  excellait  Son  esprit  droit  et 
logique  le  détourna  du  piétisme  dont 
Halle  était  alors  le  siège  et  qu'il  ramena 
sur  le  terrain  de  la  philosophie.  Nous  ci- 
terons encore  de  lui  les  deux  ouvrages 
bibliographiques  suivans  :  Nachrichten 
von  der  hallischen  Bibliothek  (Halle, 
1748-61,  8  vol.  )  et  NachrichUn  von 
merkwûrdigen  Bikchem  (Halle,  1752- 
S7, 12  vol.).  S. 

BAUMGARTEN  (Alexandre- 
Théophile ),  frère  du  précédent,  un  des 
plus  profonds  penseurs  sortis  de  l'école 
de  Wolf,  naquit  à  Berlin  en  1714  et 
mourut  ei^l762  à  Francfort  sur  l'Oder, 
où  il  professait  la  philosophie.  On  peut 
le  regarder  comme  le  créateur  de  l'aesthé- 
tique  en  tant  que  science  systématique,  et 
comme  l'inventeur  du  nom  de  cette  scien- 
ce. Banmgarten  comprit  l'insuffisance  et 
la  confusion  des  règles  déduites  de  cer- 
taines productions  littéraires  ou  des  arts 
et  de  l'effet  que  ces  productions  ont  pro- 
duit. Il  chercha  à  fonder  sur  une  base 
scientifique  la  théorie  du  beau  dans  les 
arts ,  théorie  dont  les  résultats  devaient 
ainsi  acquérir  un  pins  haut  degré  de  cer- 
titude. Il  pensait  qu'il  fallait  remonter  à 
des  principes  généraux  puisés  dans  la  na- 
ture de  l'intelligence  humaine,  pour  ar- 
river à  une  véritable  philosophie  du  goût, 
Banmgarten  distingue  la  perfection  logi- 
que de  la  perfection  sesthétique  :  celle-là 
lui  semblaitdairementdémontrée,  celle<:i 
au  contraire  obscure  et  incertaine;  et  il  en 
conclut  que  nos  idées  sur  le  beau  sont 
encore  ensevelies  dans  le  vague.  Ses  idées 
sur  Taesthétique  furent  d'abord  exposées 
dans  un  écrit  académique  :  De  nonnulUs 
ad  poema  perùnentibus ,  Halle,  1735, 
ÎM®.  Quelques  années  après  il  fiéit  dési* 


gné  poor  les  professer  publiquement.  Set 
leçons  inspirèrent  à  Georges-François 
Meier  l'ouvrage  intitulé  :  Anfangs^ 
grande  idler  schœnen  Wissensch^ften, 
en  3  volumes  (Halle,  1748-1750).  Ce 
fut  huit  ans  plus  tard  que  Baumgarten 
publia  son  grand  ouv^page  JEsthetica 
(  Francfort-sur-l'Oder ,  1 750  •  1 758 ,  2 
vol.  ),  que  la  mort  l'empêcha  d'achever. 
Il  n'y  a  de  complet  que  l'introduction  qui 
contient  le  plan  de  l'ouvrage.  Du  reste, 
il  est  juste  de  reconnaître  qu'il  apportait 
dans  ses  leçons  publiques  une  haute  phi- 
losophie. —  On  trouve  une  appréciation 
fort  exacte  des  principes  de  Baumgarten 
dans  un  ouvrage  de  Heydenreich,  Syê^ 
tem  der  Msthetik,  Les  auprès  écrits  de 
Baumgarten  sont  moins  célèbres.  .Son 
disciple  Meier  a  écrit  sa  biographie 
(Halle,  1763).  CL. 

BAUSSET  (Locis-FRiiifGOis,  cardi- 
nal de  ).  Dès  1310  un  des  seigneurs  de 
la  chàtellenie  de  Bausset,  Geoffroy,  avait 
déjà  fondé  la  chapelle  et  croix  d*Au^ 
bagne,  dont  ses  descendans  conservè- 
rent le  droit  de  nommer  le  recteur;  el 
cette  famille,  sans  occuper  des  postes 
éminens,  en  remplit  toujours  d'honora- 
bles. 

Né  en  1748  àPondichéry,  dont  son 
père,  le  marquis  de  Bausset,  était  grand- 
voyer,  Louis-François  fut,  à  l'âge  de  12 
ans,  envoyé  en  France,  où  son  oncle, 
évéque  de  Béziers,  lui  fit  commencer  ses 
études  chez  les  jésuites,  qui  dirigeaient 
le  collège  de  La  Flèche.  Il  les  termina 
au  séminaire  de  Saint-Sulpice,  dont  il 
sortit  pour  devenir  le  grand-vicaire  et 
l'ami  de  l'archevêque  d'Aix,  BoisgeHn , 
dont  l'esprit  et  l'aimable  caractère  ont 
laissé  de  si  doux  souvenirs.  Comme  sim- 
ple administrateur,  M.  de  Bausset  pa- 
cifia les  troubles  qui  affligeaient  le  dio- 
cèse de  Digne,  et,  jouissant  de  l'estime 
générale,  il  fut  sacré  évéque  d'Alais,  en 
1784.  £q  cette  qualité  il  assista  aux  éUU 
de  Languedoc ,  qui  le  nommèrent  un  des 
députés  chargés  de  prés^ter  au  roi  le 
cahier  de  ces  états.  La  correction  et  l'é- 
légance des  discours,  qu'il  adressa  à  la 
famille  royale  lui  valurent  de  grands 
éloges,  et  l'on  regarda  comme  «des  mo- 
dèles en  ce  genre  oeux  qu'il  débita  de- 
vant M°^®  Élbabeth  et  H.  1«  oomte  d'Ar« 


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BAU 


toîs  (voy,  le  Conxervateur  de  1 787,  t.  II). 
Membre  de  rassemblée  des  notables ,  eo 
1787  et  1788,  il  ne  le  fut  point  des  états- 
généraux,  qui  supprimèrent  son  évéché, 
et  lui  fournirent  Foccasion  d'écrire  aux 
habitans  d'Alais  une  lettre  fort  touchante, 
dans  laquelle  il  leur  déclarait  que  ce  dé- 
cret ne  pourrait  rompre  les  liens  qui 
Vunusaient  à  son  église,  U  Exposition 
des  principes  sur  la  constitution  civile 
du  clergé^  ayant  été  rédigée  par  M.  de 
Boisgelin  et  les  autres  évéques  députés, 
M.  de  Bausset  y  adhéra  et  publia  à  ce 
sujet  divers  écrits,  qui  ont  été  recueillis 
par  les  journaux  du  temps.  II  passa  en 
Suisse,  vers  la  fin  de  1 79 1,  et  n*en  revint, 
peu  de  mois  après,  que  pour  être  renfermé 
au  couvent  de  Port-Royal,  transformé 
en  prison  par  le  gouvernement  de  Tépo- 
que.  Libre  après  le  9  thermidor,  il  con- 
sacra son  temps  à  Tétude  dans  la  retraite 
que  lui  oflrit  à  Villemaison,  près  de 
Longjumeau  ,  M°^®  de  Bassom pierre. 
Ainsi  que  la  majeure  partie  des  évéques 
de  France ,  M.  de  Bausset  envoya  sa  dé- 
mission à  Pie  Vil,  lorsque  ce  pontife  la 
demanda.  Cette  soumission  et  le  crédit  du 
comte  de  Bausset  son  neveu,  chambellan 
et  préfet  du  palais  de  l'empereur ,  lui  ob- 
tinreat  un  des  canonicats  de  Téglise  de 
Saint -Denis.  Ce  fut  pendant  les  loisirs 
que  lui  ménageait  cette  dignité  qu'ayant 
reçu  de  M.  Ëmery ,  supérieur  du  sémi- 
naire de  Saint-Sulpice,  communication 
de  tous  les  manuscrits  de  Fénélon,  il  écri- 
vit l'histoire  de  cet  illustre  prélat.  Le  bril« 
lant  succès  qu'obtînt  son  ouvrage  le  fit  dé- 
signer,en  181 0,comme  méritant  le  deuxiè- 
me grand  prix  décennal  de  seconde  classe 
pour  la  meilleure  biographie,  et  engagea 
M.  de  Bausset  à  entreprendre  Thisloire 
de  Bossuet  qui  fut  beaucoup  moins  goû- 
tée par  le  public,  mais  n'en  contribua 
pas  moins  à  placer  l'auteur  dans  un  des 
rangs  distingués  de  la  littérature.  Deux 
commissions  d'évéques  ayant  été  formées 
en  France,  immédiatement  après  le  retour 
de  Louis  XV III,  M.  de  Bausset  en  fit  par- 
tie; et  quoique  les  travaux  de  ces  commis- 
sioos  n*eus8enl  aucun  résultat  important, 
il  déploya  pendant  leur  durée  des  talens 
accompagnés  de  Unt  de  modération  et  de 
prudence  que  le  roi  le  nomma  à  la  pré- 
sidence du  conseil  royal  d'instmctioa  pu- 


(  176  )  BAU 

blique,  le  1 7  février  1815.  Estimé  de  tons 
les  partis,  Bausset  fut  appelé,  la  même 
année,  à  la  place  de  conseiller  titulaire  de 
l'Université,  par  Napoléon;  mais  la  se- 
conde restauration  des  Bourbons  rendit 
bientôt  le  prélat  à  ses  fonctions  de  pré- 
sident. Pair  de  France,  en  1815,  reçu  à 
l'Académie  française  l'année  suivante,  le 
chapeau  de  cardinal,  qu'il  reçut  en  1817, 
et  auquel  le  roi  attacha  le  titre  de  duc, 
semblait  être  le  dernier  des  honneurs  au- 
quel pourrait  prétendre  M.  de  Bausset, 
quand  il  lut  nommé  commandeur  de  l'or- 
dre du  Saint-Esprit  et  ministre  d'état, 
après  la  mort  du  cardinal  de  La  Luzerne. 
Quoiqu'il  eût  toujours  été  d'une  santé 
faible  et  languissante,  la  mort  ne  l'attei- 
gnit qu'en  1824,  âgé  de  76  ans. 

Plusieurs  notices  relatives  à  M.  le  car- 
dinal de  Bausset  ont  été  publiées  :  la  plus 
intéressante  contient  des  lettres  de  lui  et 
a  été  imprimée  à  Marseille.  Ses  ouvrages 
sont  presque  tous  relatifs  aux  affaires 
religieuses;  en  voici  les  principaux:  1*^ 
Exposé  de^ principes  sur  le  serment  de 
liberté  et  d^ égalité ^  et  sur  la  déclaration 
exigée  des  ministres  du  culte  par  la  loi 
du  7  vendémiaire  an  IK,  avec  un  aver^ 
tissement  de  M.  Émery,  Paris  1796; 
2**  Notice  historique  st'r  le  caniinal  de 
Boisgelin  f  Paris  1804;  3**  Histoire  de 
Fénélon f  Versailles  1808  et  en  d'autres 
éditions;  4*^  Histoire  de  Bossuet,  édi- 
tion revue  et  corrigée ,  Paris  1819;  5® 
Notice  sur  le  cardinal  Talleyrand  de 
Rérigordy  archevêque  de  Paris,  Paris 
1822.  L.C.B. 

HAUTAIN  (l'abbé  Louis),  naquit  à 
Paris  vers  1795.  Il  fut  l'un  des  élèves  de 
l'école  normale  les  plus  distingués  en  phi- 
losophie. Nommé  en  1817  professeur  de 
philosophie  à  Strasbourg,  il  y  étudia  avec 
ardeur,  d'abord  la  philosophie  allemande 
dont  î1  adopta  successivement  dilTérens 
systèmes,  et  ensuite  les  sciences  natu- 
relles dans  le  temps  9Ù,  à  la  suite  d'une 
opposition  peu  réfléchie  aux  principes 
par  lesquels  ^  laissait  guider  le  gouver- 
nement de  la  Restauration,  il  demeurait 
suspendu  de  ses  fonctions.  Dans  cet  in- 
tervalle M.  Bautain  se  fit  recevoir  doc- 
teur en  médecine,  et  il  fi uit  par  embras- 
ser l'état  ecclésiastique.  Dès  ce  moment, 
dans  ses  éloquentes  leçons  à  la  Faculté  et 


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(177) 


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6vn  la  brochure  inticulée  :  De  rensei-- 
gnement  de  la  philosophie  en  France 
au  xix^/Âèc/e  (Strasbourg,  1833),  in- 
troduction détachée  d*uD  Manuel  de 
philosophie  y  que  le  talent  du  philoso- 
phe converti  fait  attendre  avec  impatient 
ce,  il  proclama  la  pécessité  dexétablir 
Talliance  rompue  de  la  révélation  et  de 
la  science.  Celle-là  doit  fournir  à  celle- 
ci  des  vérités  -  principes  dont  elle  man- 
que absolument,  et  celle-ci  en  dévelop- 
pant ces  vérités,  arrivera  à  leur  pleine 
justification.  Deux  articles  insérés  dans 
le  Siècle  tendent  au  même  but.  M.  Bau- 
tain  a  publié  encore  un  discours  sur  JLm 
morale  de  VÉi^angile  comparée  à  la 
morale  des  philosophes  (^Strasbourg, 
1827);  il  y  veut  démontrer  Tiosuffisance 
et  la  fausseté  de  toutes  les  morales  phi- 
losophiques, au  fond  desquelles  git  fé- 
goîsme,  et  la  vérité  de  la  morale  évangé- 
lique  qui  constitue  tout  entière  le  précepte 
de  la  charité.  On  lui  doit  en  outre  une  élé- 
gante traduction  des  P^rtf^/e^ //e  A'rx/m- 
m^cAf  r(Strasbourg,  1820,  io-12).  L-f-t. 

BAUTZEN  (batajlle  de).  Bautzen 
(Budissin)  est  le  chef-lieu  de  la  Lusace 
saxonne  et  la  première  des  six  villes 
(Sechsstœdte) ,  qui  au  xvi®  siècle  ont 
formé  une  ligue  contre  les  brigands  féo- 
daux. 

Près  de  Bautzen  et  de  Wurschen ,  qui 
n'en  est  pas  éloigné,  fut  livrée  une  ba- 
Uille  célèbre,  les  20  et  21  mai  1813. 
Après  la  bataille  de*Lutzen,  le  2  mai. 
Napoléon  était  maître  de  Leipzig.  L'ar- 
mée des  alliés,  sous  le  général  comte  de 
Wittgenstein ,  qui  ne  s'était  pas  vu  assez 
fort  pour  renouveler  la  bataille  avec  suc- 
cès le  3  mai,  se  retira,  le  8  et  le  9,  en 
deux  colonnes  conduites  par  Blûcher  et 
York  et  couvertes  par  une  cavalerie 
nombreuse,  et  l'arrière-garde  sous  Milo- 
radovitch,  sur  la  rive  droite  de  l'Elbe, 
en  passant  par  Dresde,  Meissen  et  Mûhl- 
berg.  Napoléon,  qui  manquait  de  cavale- 
rie, ne  se  pressa  pas  de  suivre.  Il  occupa 
Dresde  le  8  au  soir,  et  la  Nouvelle-Ville 
(Neustndt)  le  1 1.  Mais  Tarmée  des  alliés 
prit,  le  14,  une  position  fortifiée  par  la 
nature  et  l'art  près  de  Bautzen,  sur  la  rive 
droite  de  la  Sprée.  De  nouvelles  troupes, 
au  nombre  de  25,000  hommes,  tant  prus<i 
siennes  sous  Kleist,  que  russes  sous  Bar- 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  IIL 


day  de  Tolly,  s'y  étaient  succeMiyemant 
réunies ,  eu  sorte  que  Teonemi  oomptaH 
96,000  combatUns,  dont  68,000  Russes 
et  28,000  Prussiens.  Napoléon,  de  son 
côté,  maître  de  la  IIaute-£lbe  depuis 
Wiltenbérg  et  Torgau  jusqu'aux  fron- 
tières de  la  Bohême,  augmenta  son*  ar- 
mée par  des  Saxons,  des  Wurtember- 
geois,  des  Bavarois  et  de  nouveaux  ba-< 
taillons  arrivés  de  France  et  dltalie,  et 
la  porU  jusqu'à  148,000  hommes.  Les 
3*^,  5®  et  7*  corps  (Ney,  Lauriston  et 
Reynier),  qui  d'abord  sous  Ney  devaient 
prendre  leur  direction  vers  les  Marelles 
prussiennes,  furent  rappelés  au  moment 
où  Napoléon  apprit  que  les  alliés  livre- 
raient une  bataille  près  de  Bautzen. 

L'issue  de  la  bataille  ne  pouvait  être 
douteuse;  mais  le  système  des  alliés  exi- 
geait alors  qu'on  disputai  le  terrain  aux 
Français  le  plus  long-temps  possible,  afin 
de  gagner  du  temps  et  aussi  pour  montrer 
à  TËurope,  et  principalement  à  l'Autri- 
che, que  la  bataille  de  Lutzen  n'avait  pas 
mis  leur  armée  hors  d'état  d'affronter 
l'ennemi.  D'ailleurs  la  continuation  de  la 
retraite  eût  découragé  l'armée  et  affaibli 
la  confiance  qu'elle  mettait  dans  ses  gé- 
néraux. Réunis  dans  le  quartier- général 
russe-prussien  près  de  Wurschen,  village 
situé  à  Test  de  Bautzen ,  où  se  trouvaient 
aussi  lesambassadeursd'Angleterre,d'Au- 
triche  et  de  Suède,  l'empereur  Alexan- 
dre et  le  roi  Frédéric-Guillaume  résolu- 
rent donc  d'attendre  l'ennemi,  daos  une 
position  déjà  fameuse  par  la  guerre  de 
Sept- Ans,  entre  Hochkirch  et  Bautzen. 
Leur  armée  se  trouvait  placée  avanta- 
geusement derrière  un  double  rang  de  re- 
tranchemens,  dans  une  ét^dae  de  près 
de  2  lieues.  L'aile  gauche  de  cette  armée 
s'appuyait  contre  une  montagne  boisée 
près  Hochkirch,  qui  s'étend  au-dessus  de 
la  rive  escarpée  de  la  Sprée  jusqu'à  la  fron- 
tière voisine  de  la  Bohême;  son  centre 
était  défendu  par  des  marais,  des  villages 
retranchés,  par  Bautzen  fortifié  par  des 
palissades  et  par  le  lit  profond  de  la 
Sprée;  son  ai  le  droite  s'appuyait  conti'e  des 
collines  fortifiées  qui  dominaient  le  pas- 
sage de  la  rivière;  mais  cette  partie  de 
l'armée  pouvait  facilement  être  coupée  du 
reste  et  un  grand  nombre  d'étangs  rendait 
pour  elle  les  communications  difficiles. 

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Déjà  ftii  moment  du  déport  de  Tep- 
nemiy  sar  la  roate  de  Dresde  à  Bnutzen , 
an  combat  très  vif  avait  ea  lieu  entre  Par- 
rière-garde  de  Qliloradovitch  et  le  mare- 
dial  Maodonald  qui  commandait  l'avant- 
garde  française,  près  de  Bischofswerda. 
Ce  combat  s'était  donné  le  11  et  le  1 2  ;  il 
y  «n  avait  en  un  autre  près  de  Kapellen- 
berg,  petite  ville  qui  fut  pillée  et  réduite 
en  cendres  par  les  légions  italiennes!  Na- 
poléon ne  quitta  Dresde  que  le  18  mai, 
après  avoir  proposé,  le  16,  au  général 
comte  Bubna,  que  rAutriche  avait  dé- 
puté vers  lui,  la  réunion  d'un  congrès 
de  paix  à  Prague.  Le  19,  il  put  recon- 
naître avec  quelle  prudence  les  alliés 
avaient  choisi  et  fortifié  leur  camp;  mais 
un  coup  d'oeil  lui  suffit  pour  voir  qu'il 
pouvait  prendre  l'ennemi  en  flanc,  du 
c6té  tle  son  aile  droite.  Dans  ce  dessein 
il  avait,  le  IB,  envoyé  la  division  Pery 
à  ELœnigswartha,  pour  ouvrir  la  commu- 
nication avec  le  corps  du  maréchal  Ney 
qui  venait  de  Hoyerswerda.  Du  c6té  des 
alliés,  18,000  Russes  sous  Barclay,  et 
5,600  sous  York  se  mirent  en  marche 
dans  la  nuit  du  19.  Barclay  rencontra 
Lauriston  près  de  Koenigswartba ,  le  19 
à  midi,  et  le  défit;  deux  heures  après, 
York  soutint  à  une  lieue  de  là,  près  de 
Weissig,  un  combat  très  vif  contre  le 
maréchal  Ney ,  qu'il  retint  jusqu'au  soir; 
mais  il  iiit  impossible  d'empécner  la  réu- 
nion des  3^  et  5^  corps  et  leur  rallie- 
ment avec  l'armée  sous  Napoléon,  par 
lequel  le  flanc  droit  de  la  position  des 
alliés  éuit  déjà  en  partie  débordé. 

Bi^rday  et  York  se  retirèrent  pendant 
la  nuit  sur  Farmée  principale,  où  BarcUy, 
avec  14,000  hommes,  se  présentait  à  l'aile 
droite  et  occupait  la  colline  dite  ties  Mou- 
Ims  à  vent  devant  le  village  de  Gleina. 

Le  30 .  de  grand  matin ,  se  développa 
le' plan  d'attaque  de  Napoléon.  L'armée 
française  passa  la  Sprée  sur  différens 
points  :  Oudinot  avança  snr  Fatle  gauche 
des  alliés;  Ney  et  Lauriston  menacèrent 
la  droite  du  côté  de  WeSssig  et  se  portè- 
rent jusque  vers  Klix,  pendant  qu^  le 
corps  de  Reynier,  venant  de  Kalau,  at- 
teignit Hoyerswerda.  Dans  le  centre  où 
commandait  le  maréchal  Soult,  Macdo^ 
nald  et  Marmont  commencèrent  à  une 
heure  après  midi  ia  première  attaque  sur 


les  divisions  poiMes,  sous  le  commande- 
ment de  Miloradovitch  et  de  Kleîst,  à 
Bautzen  et  auv  environs.  Ce  n'est  que  vers 
6  heures  du  soir  que  le  6^  corps,  sous 
Marmont,  occupa  ceUe  ville  alors  aban- 
donnée, et  qu'il  s'empara  des  hauteurs  de 
Niederkayna.  On  rencontra  la  plus  grande 
résistance  sur  les  hauteurs  près  de  Burg 
attaquées  par  le  4*  corps  sons  Bertrand  ; 
Kleist  qui  commandait  là  fut  cependant 
obligé  de  se  retirer,  le  soir  à  9  heures, 
sur  Litten,  des  forces  supérieures  de 
l'ennemi  se  trouvant  derrière  Ini  après 
l'occupation  des  hauteurs  de  Nieder- 
kayna. Napoléon  fat  alors  maître  de  la 
vallée  de  la  Sprée  et  prit  son  quartier- 
général  à  Bautzen. 

Le  lendemain,  de  grand  matin,  l'aile 
gauche  des  alliés  que  commandait  Milo« 
radovitch  fut  attaquée;  mais  après  un 
combat  très  vif,  vers  midi ,  les  Français 
cessèrent  le  feu  de  ce  côté.  Pendant  ce 
temps,  Ney  avait  repoussé  l'aile  droite  àes 
alli^  de  la  position  qu'elle  avait  occupée 
la  veille;  il  s'était  emparé  des  hauteurs 
de  Baruth,  et,  par  la  prise  du  village 
PreitiU,  derrière  l'aile  droite  de  Blû- 
cher,  il  avait  empêché  la  réunion  du 
corps  de  Barclay  avec  ce  général  qui  com- 
mandait le  centre  près  des  montagnes  de 
Petit-Bautzen  et  de  Kreckvritz.  Blûcher 
reprit  le  village;  mais  attaqué  avec  force 
sur  son  front,  où  l'ennemi  s'empara  des 
hauteurs  de  Kreckwitz  qui  étaient  la 
clef  de  la  position  ennemie,  tandis  que 
sur  l'aile  droite  Preititz  était  pris  et  que 
Ney  avançait  vers  le  flanc  et  le  dos  de 
Barclay,  il  fut  forcé  d'affaiblir  son  cen- 
tre en  détachant  des  troupes  à  l'aile  droi- 
te, ou  bien  de  faire  retraite  vers  Pusch- 
witz.  Comme  en  même  temps  le  7* 
corps  était'  arrivé  près  de  Gleina  et 
qu'il  avançait  dans  la  direction  de  Weis- 
senberg  sur  les  derrières  de  Blùcher,  les 
généraux  des  alliés  n'osèrent  pas  tenter 
un  coup  décisif  en  employant  la  réserve  : 
tb  firent  battre  en  rétraite  à  4  heures 
après  midi ,  lorsqu'ils  possédaient  encore 
tous  les  avantages  pour  maintenir  l'aile 
gauche  du  côté  des  montagnes.  Cette  re- 
traite fut  effectuée,  en  trois  Colonnes,  par 
Weîssenberg  et  Lœbau  à  Gcerlitz  et  vert 
la  Silésie,  avec  un  tel  ordre  que  Napoléon 
ne  put  recueillir  tous  les  firuits  d'une 


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victoire  quecepepdant  il  avait  payée  cber. 
Le  champ  de  bataille  était  couvert  de 
morts  et  éclairé  par  80  villages  evt  feu. 
Les  Français  avouèrent  une  perte  de 
12,000  hommes;  mab  elle  était ,  à  ce 
qu'on  assure  y  d'après  les  listes,  d'environ 
8,000  morU  et  18,000  Uessés.  Les  alliés 
avaient  perdu  environ  12,000  hommes, 
et  d'après  les  rappprts  des  géàéraux  fran- 
çais même  18,000  tant  morts  que  bles- 
sés, et  avaient  fait  plus  de  prisonniers 
que  les  vainqueurs.  Pour  stimuler  l'en- 
thousiasme de  la  victoire,  Napoléon  or- 
donna, le  22  mai ,  l'érection  d'un  monu- 
ment au  mont  Cenis,  en  mémoire  de  la 
victoire  remportée  à  Bautaen  et  à  Wur- 
schen.  H  destina  la  somme  de  25  millions 
de  fr.  pour  ce  monument,  par  lequel  il 
voulait  témoigner  sa  reGonnaissance»aux 
Français  et  aux  Italiens. 

Napoléon  poursuivit  l'armée  russo- 
prussienne;  mais  le  22  l'arrière-garde 
commandée  par  Miloradovitch ,  lui  ré- 
sista :  ce  fut  alors  que  Duroc  reçut  une 
blessure  morteUe  ;  et  près  de  Haynau 
l'avant-garde  de  Ney ,  sous  le  comman- 
dement de  Maison ,  éprouya  le  26  une 
défaite  par  l'arrière-garde  de  BlAcher. 
L'armée  russo-prussienne,  dont  Barclay 
de  Tolly  venait  de  prendre  le  comman- 
dement en  remplacement  de  Wittgen- 
stein,  se  retira,  contre  l'attente  de  Napo- 
léon, non  sur  Breslau,  mais  du  cèté  de 
Schweidnitz,  où  elle  établit,  le  29  mai , 
un  camp  retranché  à  Pfiizen.  Lauriston, 
de  son  côté,  occupa,  le  1*^  juin»  après 
la  bataille  de  Mark-Neukirchen ,  la  ville 
de  Breslau,  sans  éprouver  aucune  résis- 
tance. 

L'attitude  ferme  et  menaçante  que 
les  alliés  avaient  prise  vis-à-vis  du  flanc 
droit  de  l'armée  française,  la  perte  que 
celle-ci  avait  éprouvée,  et  les  corps  de 
partisans  qui  inquiétaient  en  Saxe  la  li- 
gne de  communication  avec  la  France, 
tout  cela  décida  l'empereur  des  Français 
à-acceptei*  Farmistice  que  les  alliés  lui 
avaient  proposé  après  la  bataille  de  Hay- 
nau. Cet  armistice  fut  conclu,  le  4  juin, 
dans  le  village  de  Plœswitz^  prëi  de 
Jauer.  C.  L.  m, 

BAUX  (hai^k  de).  'On  fait  remon- 
ter Forigîne  ^  la  maison  de  Baux,  en 
Fravence,  josqn'à  une  faattte  andqoité. 


Quelques  historiens  «nt  femdrqué  que 
le  nom  de  Baux,  en  provençal,  signifie 
un  rocher,  un  promontoire,  un  lieu  élevé 
et  entouré  de  précipices  ;  qtie  le  verbe 
débaussar  signifie  dans  la  inéme  langue 
se  précipiter, 'tomber  d'un  lieu  élevé.  D  y 
a  en  Provence  des  terres  connues  sous  le 
nom  de  terres  Baussenques.  Ce  sont,  dit- 
on,  79  vHle^,  bourgs  ou  villages,  qui  ont 
appartenu  aux  barons  de  Baux.  On  ajoute 
qu'ils  avaient  une  sorte  d'attachement 
mystérieux  pour  ce  nombre  de  79 ,  parce 
qu^l  était  composé  des  nombres  sept  et 
neuf.  On  sait  que  les  barons  de  Baux 
étaient  seigneurs  en  partie  de  Marseille , 
qu'ils  étaient  princes  d'Orange,  qu'ils 
ont  porté  le  titre  de  rois  d'Arles,  qu'ils 
ont  prétendu  à  la  souveraineté  de  la  Pro- 
vence ,  et  qu'ils  l'ont  disputée  les  armes 
à  la  main  aux  comtes,  anciens  posses- 
seurs de  cette  province. 

Le  plus  ancien  des  baroné  de  Baux 
dont  on  ait  connaissance  est  Guillaume 
Hugues,  qui  vivait  en  1040  ou  1050.  En 
1 898 ,  Marie  de  Baux  porta  dans  la  mai- 
son de  Chalon  la  principauté  d'Orange , 
qui  passa  depuis  dans  celle  de  Nassau , 
aussi  par  un  mariage.  La  baronnie  de 
Baux,  depuis  la  fin  du  xiv* siècle,  fut 
réunie  au  domaine  des  comtes  de  Pro- 
vence jusqu'en  1 84 1 ,  que  le  roi  de 
France  Louis  XIII  l^rigea  en  marquisat 
et  en  fit  don  au  prince  de  Monaco,  Ho- 
noré de  Grimaldi ,  pour  le  récompenser 
d'avoir  secoué  le  joug  des  Espagnols  et 
de  s'être  mis  sous  la  protection  de  la 
France.  A.  S-b. 

BAVAROIS  (ancienne  loi  des).  On 
s'accorde  à  croire  que  le  recueil  des  lois 
bavaroises  ftit  rédigé  au  vu*  siècle ,  sous 
le  règne  du  roi  franc  Dagobert  V^  (mdrt 
en  687) ,  quoique  peut-être  on  y  ait  fait 
usage  de  rédactioQs  antérieures  et  que 
plus  tard  on  y  ait  joint  des  additions  iso- 
lées. Les  passages  emprantés  textuelle- 
ment au  droit  romain  sont  fort  rares  ; 
cependant  on  cite  la  loi  qui*  impose,  le 
célibat  aux  prêtres,  tirée  mot  pour  mot 
du  BrevtariUnty  et  une  disposition  sur 
le  crime  de  lèse-majesté,  tirée  en  partie 
des  Pandectes  ou  deModestîn  lui-même. 
D'autres  passages  reproduisent  fidèle- 
ment Pesprit  du  droit  romain.  Ainsi ,  Ht, 
comme  (fons  XtBreviarwm,  les  mariages 


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BAV 


(180) 


BAV 


sont  prohibés  jusqu'au  4*  degré  de  pa- 
reotéyUndis  que,  dans  le  droit  de  Justinien 
et  dans  Tancien  droit,  la  prohibition 
s*arréte  au  3**  degré  ;  celui  qui  vole  à  la 
faveur  d*un  incendie  doit  rendre  quatre 
fois  U  valeur  des  objets  volés  ;  la  vente 
d'une  chose  litigieuse  est  interdite;  Té- 
change  est  assimilé  à  la  vente  quant  a 
ses  effets  ;  enfin ,  lorsque  le  pécule  d'un 
esclave  sert  à  l'acheteur  à  en  acquitter  le 
prix ,  le  vendeur  conserve  la  propriété 
de  l'esclave.  Dans  une  foule  de  passages 
l'imitation  du  droit  romain  est  évidente; 
les  Bavarois  semblent  avoir  aussi  em- 
prunté aux  Romains  l'usage  de  toucher 
l'oreille  des  témoins  qui  assistent  à  un 
acte  solennel.  On  sait  que  c'était  un  des 
symboles  de  l'ancien  droit  romain  ;  mais 
dans  le  code  des  Bavarois  il  parait  inti- 
mement lié  aux  mœurs  nationales.  On 
ne  saurait  préciser  comment  ces  élémens 
romains  ont  été  introduits  dans  la  loi 
bavaroise.  Nojos  connaissons  quatre  au- 
teurs de  ce  code  :  Claudius,  Chadoin- 
dus ,  Magnus  et  Agilulf.  Le  code  bava- 
rois offre  une  analogie  frappante  avec  le 
code  visigoth  (vof,),  et  même  certains 
passages  se  retrouvent  mot  pour  mot 
dans  les  deux  recueils.  M.  de  Savigny 
pense  que  le  code  bavarois,  dans  ce  cas, 
est  l'original ,  et  le  code  visigoth  la  copie. 
Du  reste ,  comme'  toutes  les  lois  barba- 
res, les  lois  bavaroises  étaient  person^ 
nelles  et  non  territoriales  ^^  laissant  à  cha- 
cun la  faculté  de  choisir  la  loi  sous  la- 
quelle il  voulait  vivre.  A-insi  que  plusieurs 
autres  lois ,  elle  donnait  encore  la  faculté 
de  réparer  tous  les  délits  par  des  com- 
pensations pécuniaires.  A.  S-a. 

BAVAROISE,  sort^  de  boisson 
agréable  que  l'on  peut  faipe  dans  quel- 
ques minutes,  pourvu  que  l'on  ait  de 
l'eau  chaude.  C'est  une  simple  infusion 
de  thé,  dans  laquelle  on  met  du  sirop 
de  capillaire  au  lieu  de  sucre.  On  en  fait 
ainsi  à  l'eau ,  ou  même  au  lait  chaud. 
Depuis  quelque  temps  on  a  beaucoup 
étendu  ce  genre  de  boisson  et  la  manière 
de  la  composer,  puisqu'on  en  fait  quel- 
quefois au  chocolat,  au  café,  etc.,  et 
même  avec  des  sirops  autres  que  celui 
de  capillaire.  Cette  boisson  a  l'avantage 
d'adoucir  ou  de  diminuer  les  toux ,  de 
favoriser  la  transpiration  et  de  ramener 


insensiblement  le  sommeil ,  surtout  lors- 
que le  lait  chaud  en  fait  la  base.  Les  au- 
tres espèces  de  bavaroises^,  particulière- 
ment celles  faites  au  chocolat,  sont  très 
bonnes  pour  fortifier  l'estomac,  et  for- 
ment une  sorte  de  nourriture  chez  les 
personnes  qui  viennent  de  relever  d'une 
longue  maladie.  On  croit  que  les  Bava- 
rois s'en  sont  servis  les  premiers.  F.  R-d. 

BAVE.  C'est  le  nom  qu'on  donqe  à 
la  salive  qui  découle  de  la  bouche  des 
vieillards  qui  ont  perdu  leurs  dents  et 
de  celles  des  enfans  qui  sont  dans  le  tra- 
vail delà  première  dentition  (vox*);  son 
abondance  d^s  ce  dernier  cas  peut  faire 
penser  qu'elle  est  destinée  à  attendrir  les 
gencives  qu'elle  humecte  sans  cesse. 

C'est  aussi  le  nom  du  liquide  spu- 
meujfc,  de  cette  salive  quelquefois  san- 
guinolente ,  toujours  mêlée  de  mucosités 
bronchiques  qui  s'échappe  de  la  bouche 
des  animaux  enragés.  On  peu^  encore 
donner  le  nom  de  bave  au  produit  de  la 
salivation  mrrcuriellc  {vojr,  Salfva- 
tion)^  ou  de  celle  qui  est  produite  par 
tout  autre  médicament  portant  son  action 
médiate  ou  immédiate  sur  les  glandes  sa- 
livaires.  A.  L-d. 

BAVIÈRE  j  Bojoaria  ou  Bajuvaria^ 
en  allemand  Bmern. 

\^  Géographie  et  statistique.  Le 
royaume  allemand  de  Bavière  confine  au 
N.  à  la  Hesse  électorale ,  au  grand-du- 
ché et  aux  duchés  de  Saxe ,  aux  princi- 
pautés de  Reuss  et  au  royaume  de  Saxe  ; 
à  l'Ë.  et  au  S.  à  l'Autriche  ;  à  l'O.  il  tou- 
che aux  grands-duchés  de  Bade  et  de 
Hesse -Darmstadt  et  au  royaume  de  Wur- 
temberg; la  proyince  rhénane,  qui  est 
entièrement  séparée  du  royaume,  con- 
fine à  la  France ,  à  la  Prusse ,  aux  grands- 
duchés  de  Bade  et  de  Hesse.  La  super- 
ficie de  cet  état,  la  province  rhénane 
non  comprise,  est  de  1282  milles  car- 
rés géogr.,  et  avec  cette  province  de  1 382 
milles.  Les  chaînes  de  montagnes  qui  en- 
vironnent la  Bavière  (a  couvrent  presque 
entièrement  de  leurs  nombreuses  rami&« 
cations  ;  on  trouve  au  S.  les  Alpes  rhé- 
ttennes  et  Doriques  ;  au  N.  £.  le  Boh- 
merwald  {voy,)  y  au  N.  le  Ficbtelberg 
(voy,) ,  la  forêt  de  Tburinge  et  lep  monts 
du  Rho^  {voy.)y  à  l'O.  les  Vosges  et  le 
Spesaari^  X^ea  rivières  les  plus  considéra- 


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BAV 

blés  sont  le  Danube ,  dont  les  principaux 
afflnens  sont  rillcr,  le  Lech,nsar  et  Tlnn; 
puis  le  Rhin  et  le  Mein.  Ses  montagnes 
s'abaissent  à  mesure  qu'elles  s'avancent 
vers  le  Danube ,  et  dans  les  plaines  qui 
s'étendent  le  long  de  ce  fleuve ,  il  a  formé 
des  marais  el  des  tourbières  dont  les  plus 
grands  sont  le  Donaumoos ,  près  d'In- 
golstadty  tiVErdingermoos,  entre  le  Da- 
nube et  risar;  ce  dernier  occupe  5  milles 
carrés  géogr.  Quoique  généralement  bien 
arrosée,  la  Bavière  manque  de  rivières 
dans  le  pays  qui  s'étend  entre  le  Danube 
et  le  Mein.  Son  climat ,  sain  et  tempéré 
au  total,  devient  froid  et  âpre  dans  les 
montagnes.  Ses  forêts  considérables  sont 
r<fmplies  de  gibier;  on  trouve  des  ours  et 
des  lynx  dans  le  Bœbmerwald  ;  des  cha- 
nu>is,  des  marmottes  dans  les  Alpes..  L'é- 
conomie rurale  occupe  un  grand  nombre 
de  bras,  et  l'éducation  des  bestiaux  sur- 
tout mérite  d'être  citée. 

La  Bavière  est  fertile ,  mais  inégale- 
ment ;  on  y  récolte  beaucoup  de  grains , 
du  lin  y  du  chanvre,  du  houblon ,  du  ta- 
bac, et  la  vallée  du  Mein  fournit  un  vtn 
estimé.  Les  montagnes  sont  riches  en 
plantes  médicinal^,  surtout  en  lichen  ; 
on  tire  de  leur  sein  des  minéraux ,  no- 
tamment du  fer  en  abondance  ;  le  mer- 
cure et  les  métaux  précieux  manquent. 
Quoique  l'industrie  èoît  en  progrès,  la 
Bavière  le  cède  sous  ce  rapport  aux  états 
qui  l'avoisinentr 

On  y  compte  4,190,000  habitans,  qui, 
à  l'exception  de  8000  Francis  environ, 
de  60^000  Juifs  et  de  quelques  restes, 
épars  de  peuples  slavons,  sont  d'origine 
allemande;  plus  de  3,800,000  profes- 
sent la  religion  catholique,  et  1,200,000 
sont  protestans.  Outre  les  Juifs  on  compté 
encore  un  millier  de  mennonites  et  de 
frères  moraves.  En  vertu  du  concordat 
conclu  le  5  juin  1 81 7  avec  le  pape  Pié 
VU,  et  promulgué  en  1821  comme  loi 
de  l'état ,  il  se  trouve  établi  en  Bavière 
deux  archevêchés,  l'un  à  Bamberg,  l'au- 
tre à  Munich  9  et  six  évêchés  qui  sont 
ceux  d'Augsbourg,  d'Eichstaedt ,  de  Pas- 
sau,  de  Ratisbonne ,  de  Spire  et  de 
"Wurzbourg.  Un  consistoire  générât  est 
à  la  tête  de  Féglite  protestante.  Le 
royaume  a  trois  universités  établies  à 
Munich  y  Worzbourg  et  Erlangen.  En 


(  ii\  )  BAV 

1829  on  y  comptait  7  lycées ,  18  gym- 
nases, 21  gymnases  préparatoires,  35 
autres  écoles  préparatoires,  16  écoles 
normales,  2  écoles  spéciales  et  6,394 
écoles  primaires. 

La  Bavière  contient  230  villes,  351 
bourgs  et  15,120  villages;  elle  est  divisée 
en  8  cercles,  ceux  de  l'Isai^,  du  Danube 
inférieur,  du  Regen,  du  Danube  supé- 
rieur, de  la  Rézat,  du  Mein  supérieur, 
du  Mein  inférieur,  et  du  Rhin.  Elle  four- 
nit 35,000  homm^  à  la  Confédération 
germanique,  et  ces  troupes  forment  le 
7*  corps  de  l'armée  fédérale.  Tout  Bava- 
rois âgé  de  21  ans  accomplis  est  tenu  au 
service  militaire  dont  la  durée  est  fixée  à 
6  ans.  En  1813,  on  a  organisé  une  garde 
bourgeoise,  composée  de  trois  classes: 
la  première  forme  les  bataillons  de  ré- 
serve de  l'armée  active;  la  deuxième , 
sous  la  dénomination  de  légions  mobiles, 
est  chargée  de  la  défense  des  frontières 
en  cas  de  danger  imminent;  et  la  troi- 
sième veille  au  maintien  de  Tordre  et 
de  la  sûreté  dans  les  présidiaux. 

L'acte  constitutionnel  du  26  mai  18 1 8, 
garantit  la  sûreté  individuelle  et  celle 
des  propriétés,  la  liberté  de  conscience 
et  de  la  presse;  toutefois  cette  dernière 
est  encore,  par  la  loi  de  censure,  sou- 
mise à  l'autorité  de  la  police,  quoique  la 
résistance  des  chambres  ait  fait  retirer 
une  loi  de  censure  plus  sévère  encore. 
La  servitude  est  abolie,  le  libre  exercice 
du  culte  est  accordé  aux  trois  confes- 
sions chrétiennes,  dont  les  membres  sont 
également  admissibles  aux'  enr.plois  pu- 
blics. Le  code  qui  régit  la  Bavière  (  co- 
dex  juris  Bavarici  judiciarii  )  a  reçu 
force  de  loi  le  1*'  janvier  18 1 1  ;  le  code 
pénal  introduit  en  1813  est  aussi  impar- 
fait que  la  forme  de  procédure;  le  code 
civil  n'est  pas  encore  terminé.  Débris  de 
ces  bons  vieux  temps  où  la  Bavière  ac- 
tuelle était  morcelée  en  une  infinité  de 
petits  états,  64  formes  judiciaires  difTé- 
rentes  sont  encore  en  vigueur  dans  les 
différens  présidiaux.' Les  affaires  impor- 
tantes de  l'état  sont  soumises  aux  déli- 
bérations du  conseil  d'état ,  composé  de 
4  ministres,  des  grands  of^ciers  de  la  cou- 
ronne, et  de  12  à  16  conseillers.  Cha- 
que cercle  est  administré  par  un  com- 
missaire général  dont  les  pouvoirs  sont 


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BAV 


(182) 


BAV 


très  étendas;  les  tribuDanx  inférienn  et 
les  conseils  municipaux  lui  sont  subor- 
donnés. Les  autorités  judiciaires. sont 
d'abord  le  tribunal  suprême  d'appel, 
pour  la  Vieille-Bavière  y  et  la  Cour  de 
cassation  pour  le  cercle  du  Rbin  ;  puis, 
dans  les  cercles,  les  cours  d'appel  et  les 
tribunaux  inférieurs. 

Le  commerce  a  été  favorisé  par  lé 
traité  des  douanes  conclu  en  1828  avec 
le  Wurtemberg,  et  auquel  ont  accédé  de^ 
puis  la  Prusse,  la  Saxe,  et  les  deux  Iles- 
\  ses.  L'industrie  et  l'économie  rurale  ont 
pris  de  grands  développemens  depuis 
que  la  liberté  a  été  accordée'  aux  corps 
de  métiers.  L'établissement  de  différen- 
tes écoles  d'arts  et  métiers,  et  surtout 
l'exposition  publique  des  produits  in- 
dustriels ont  imprimé  un  élan  nouveau 
à  l'industrie  et  à  l'économie  rurale. 

A  la  diète  fédérale  la  Bavière  a  la  3* 
voix;  elle  en  a  4  dans  l'assemblée  plé- 
nière.  Ses  revenus,  d'après  le  budget  ac- 
cordé pour  l'exercice  de  1881  à  1837, 
s'élèvent  annuellement  à  28,18^,139  flo- 
rins. La  dette  publique  était  en  1828  de 
123,377,000  fl.;  8,100,668  fl.  sont  al- 
loués par  an  pour  fonda  d'amortisse- 
ment; la  liste  civile  du  règne  actuel  est 
de  3, 1 88,800  fl.  Les  princes  et  princesses 
ont  le  titre  d'altesse  royale.  La  ligne  col- 
latérale du  comte  palatin  Jean  de  Bîr- 
kenfeld  (voy,)  est  en  possession  du  titre 
ducal  et  d'altesse  sérénissime.  Cette  li- 
gne est  babtle  k  succéder,  ainsi  qu'il  a 
été  stipulé  par  le  récès  du  30  novem- 
bre 1803  et  par  le  traité  de  (amillt  du 
18  janvier  1816;  ce  droit  avait  déjà  été 
reconnu  à  la  branche  de  Deux-Ponts  Bir- 
kenfeld  par  le  traité  de  paix  dé  Teschen 
et  par  décision  du  conseil  aulique  de 
l'Empire  ep  1711.  Il  y  a  en  Bavière  4 
grands  dignitaires  de  la  couronne  qui 
8ontlegrand-gouvemeur,le  grand-cham- 
bellan, le  maréchal  et  le  directeur  géné«- 
ral  des  postes.  Les  7  ordres  du  royaame 
sont  :  1^  l'ordre  de  Saintp-Hubert,  le  pre- 
mier en  rang,  fondé  en  1444  par  Ger- 
hard, duc  de  Juliers  et  de'Berg,  en  com- 
mémoration d'une  victoire;  il  fut  renou- 
velé en  1709  par  l'électeur  palatin  Jean 
Guillaume  et  reconstitué  en  1808.  Le 
roi  en  est  grand-mai  tre;  les  princes  de 
la  famille  en  sont  membres;  il  y  a  en 


oatre  12  capitidaires  qui  reçoivent  des 
pensions  variables  suivant  l'ancienneté 
de  leur  nomination;  cet  ordre  est  conféré 
aux  souverains  étrangers,  aux  princes 
régnans  et  autres.  2^  L'ordre  de  Saint- 
Georges  ,  dont  l'institution  remonte  au 
temps  des  croisades,  fut  restauré  le  24 
avril  1729  par  ^l'électeur  Charles- Albert 
(empereur  Charles  VU).  Le  roi  en  est 
grand-maitre;  il  se  compose  de  3  grands- 
prieurs  qui  doivent  être  princes  de  la 
maison  de  Bavière,  de  grand*croix,  ayant 
la  dignité  de  prince  et  de  comte  non  sou- 
verain, de  comniandeurs  et  de  cheva- 
liers; il  y  a  en  outre  un  évéque  et  un 
grand-chancelier  de  l'ordre.  8<*  L'ordre 
du  Mérite  civil  de  la  couronne  de  Ba- 
vière ;  il  a  trois  classes  et  fut  fondé  le  27 
mai  1808  par  le  roi  MaximiUen-Joseph, 
pour  récompenser  les  citoyens  qui  ont 
bien  mérité  de  la  patrie  dans  l'admi- 
>nistr8rtion  civile.  4^  L'ordre  militaire 
de  Maximilien* Joseph,  fondé  par  le 
même  le  l^*"  mars  1806  pour  récom- 
penser les  actions  d'éclat  dans  la  carrière 
militaire.  Le  roi  est  grand-maitre  de 
l'ordre  qui  est  composé  de  grand'croix, 
de  commandeurs  et  de  chevaliem;  il  peut 
être  conféré  à  des  militaires  étrangers; 
différentes  pensions  sont  afïectées  à  cet 
ordre.  5^  L'ordre  de  Saint-Michel,  qui 
est  celui  de  U  famille  régnante  :  il  fut 
fondé  le  20  septembre  1693  par  Joseph- 
Clément,  électeur  de  Colo^e^  né  duc 
de  Bavière,  et  restauré  le  1 1  septembre 
1808  et  le  6  août  18 10  ;  il  se  compose  de 
trois  classes.  Pour  être  re^u  dans  l'une 
ou  l'autre  de  cc^  classes  il  fattt  faire 
preuve  de  noëlesse;  il  existe  cependant 
une  classe  particulière,  celle  d^  cheva- 
liers d'honneur,  dans  laquelle  le  grand-- 
maitre peut  arbitrairement  recevoir  des 
gens  de  mérite^  surtoul  des  savans,  sans 
distinction  de  nal9sanc»%et  4e  religion. 
Le  grand-mattre  aotud  est  le  duo  Guil- 
laume. 6^  L'ordre  de  Thérèséa  été  fondé 
le  12  décembre  1827  pour  les  femmes. 
La  reine  en  est  grande-mai  tresse.  7^  L'or- 
dre de  Louis,  fondé  en  1828  par  le  roi 
actuel  pour  récompenser  40  années  de 
aervice»  L'ordre  du  Lion  palatin  ^  fondé 
en  1 768  par  l'éUctedl*  Charles-Théodore, 
a  été  déclaré  aboli  par  l'institution  de 
l'ordre  du  Mérite  civil  de  Bat  ière.  L*or- 


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BAV 


{188) 


BAV 


dre  de  Sainte-Elisabeth^  fondé  .par  Té- 
lectrice  Marie-ÉUsabelh,  est  conféré  aux 
princesses  et  dames  d'honneur  et  a  un 
but  religieux» 

d^  Histoire.  MM.  Pallhausen  et  Buch- 
ner  font  descendre  les  Bavarois  d'au- 
jourd'hui des  Celtes  Boîens,  qui  for- 
maient une  branche  des  Boîoares.  Ce- 
pendant M.  Mannert  prétend  que  les 
Boii  (Celtes  du  Danube),  qui  étaient  les 
habitans  primitifs  de  l'Allemagne  mé- 
ridionale 9  ont  été  ou  chassés  ou  exter^ 
minés.  Ces  contrées  dévastées ,  qui  du 
temps  cie  César  n'étaient  qu'un  désert, 
figuraient  sous  Auguste  au  nombre  des 
provinces  romaines,  sous  le  nom  de  Vin- 
délicia  et  de  Noricum;  lors  de  la  migra- 
tion des  peuples,  différentes  tribus  ger- 
maines vinrent  s'y  établir.  Vers  la  fin  du 
v^siècle  le&Boîoares,  fédération  semblable 
a  celle  des  Francs  et  des  Marcomane  et 
qui  tiraient  leur  origine  soit  des  Hérules, 
Rugiens,  Turciiingiens  et  Sevrés,  soit  de 
quelques  restes  dés  Éoii  et  des  Quades , 
étendirent  leurs  possessions  dans  la  par- 
tie occidentale  du  Norique  jusqu'au 
Lech)  Katisbonne  en  était  la  capitale. 
Ce  pays,  appelé  alors  le  Noricum,  ne  fut, 
suivant  M. .  Mannert,  jamais  soumis  aux 
Ostrogotbs.  En  496  il  n^y  avait  que  la 
Rhétie  qui  Ht  partie  de  l'empire  des  Os- 
trogotbs; elle  était  séparée  de  la  Bavière 
par  le  Lech  el  habitée  en  partie  par  des 
Allemani  qui  y  avaient  été  accueillis. 
Apres  la  chute  de  l'empire  des  Osti-o- 
gothsy  les  Francs  s'emparèrent  de  la  Ehé- 
*  tie,  et  les  Boîoares^  tout  en  conservant 
leurs  dues  ou  rois  particuliers,  tombèrent 
aous  la  dépendance  des  rois  d'Austrasie 
et  reçurent  des  lois  de  Dagobert  (630- 
660)  qui  laissa  au  ducGaribald  son  auto« 
rite.  Vers  l'an  566  l'histoire  fait  men- 
tion de  la  race  des  Agilolûnges  {vqjr.  )  ; 
c'était  apparemment  une  branche  colla- 
térale cies  Mérovingiens,  qui  sut  mainte- 
nir sa  dignité  jusque  vers  la  fin  du  tiii® 
siècle.  GarilMdd^  prinqe  de  ceUe  race,  ré- 
sidait à  Ratisbonne.  Le  règne  de  Thas- 
silo  I^^  (599)  devint  remarquable  par  le 
commeoçen^eot  de  la  guerre  qui  éclata 
entre  les  tribus  sla^nnea  et  les  Avares, 
leurs  alliés.  (>dilo  ^  cendre  de  Charles- 
Martel,  prit  formellement  le  titre  de  roi; 
Bail  «yaiU  Toola  te  soustraire  en  743  à 


la  souveraineté  des  Francs^  il  fut  vaincu 
par  ses  beaux- frères  Carloman  et  Pépin. 
Depuis  le  vii^  siècle  des  missionnaires 
francs  avaientiiiU'oduit  lecbrblianismeen 
Bavière.  Saint  Èmmeran  l'avait  prêdié  à 
Ratbbonne  et  Rupert  à  Salzbourg  ;  saint 
Boniface  créa  4  évêchés  :  ceux  de  Sala- 
bourg,  de  Passau,  de  Ratisbonne  et  de 
Freisingen.  Thassilo  II,  contraint  par  Pé- 
pin>le-Bref  (748)  à  lui  prêter,  à  la  diète 
de  Compiègne,  le  serment  de  vasselage, 
déclara  nul  ce  serment  et  s'allia  contre 
son  suzerain  avec  son  beau-père  Didier, 
roi  de  Lombardie,  elavec  le  due  d'Aqui- 
taine. Après  s'être  adjoint,  en  777,  son 
fils  Théodore  dans  le  gouvernement,  il 
forma  une  nouvelle  alliance  avee  les 
Avares,  contre  Charlemagne  qui  venait 
de  s'emparer  de  la  Lombardie;  il  fut  ce- 
pendant battu  et  dans  la  suite  condamné 
à  mort  pour  félonie  par  la  diète  d'In- 
^elsheim,en  78S  ;  Charlemagne  comnpua 
cette  peine  et  le  relégua  avec  toute  sa 
famille  dans  différens  couvent  où  sa  race 
s'éteignit.  A  la  diète  tebue  à  Ratisbonne 
en  788,  Charles  supprima  la  digoité  du- 
cale de  Bavière,  mais  le  pays  conserva  le 
rang  et  le  titre  de  duché;  le  gouvernement 
en  fut  confié  à  Geroïd,  comte  de  Souabe 
et  beau-frère  de  Charlemagne;  celui-ci 
introduisit  le  système  féodal  des  Francs 
en  ce  qui  concernait  la  juridiction,  les 
bans  et  arrière-bans,  et  l'administration 
locale  fut  confiée  à  des  comtes.  L'histoire 
lait  mention  à  cette  époqne  d'un  comte 
Guntram,  premier  margrave  de  la  Ba- 
vière orientale  (Ojr^iitarX)  qui  plus  taid 
fut  appelée  Autriche.  Les  possessions 
des  Agilolfinges  devinrent  domaines 
royaux;  la  dtuie  fut  introduite  en  faveur 
du  clergé,  l'évéchéde  Salzbourg  fut  érigé 
en  archevêché,  et  il  fut  créé  des  margri^ 
viats  sur  les  frontières  pour  les  défendre 
contre  les  iifvasions  des  Sorbes  et  des 
Bohèmes.  La  Raab,  à  son  confluent  avec 
le  Danube,  devint,  en  799,  la  limite  de  la 
Bavière,  qui  comprenait  aussi  le  Tyrol, 
le  pays  de  Salzbourg,  la  majeure  partie 
de  l'Autriche,  le  Palatinat  supérieur, 
Neubourg,£ichstaedt^Anspach,Bidreuth, 
Bamberg,  Nuremberg,  et  les  ctistricts  de 
Wetssenbonrg,  Noeixilingea  et  Pûnkela- 
bùhl. 
LoTi  du  pavta9(&  W^Cburtaongae  fit 


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B\V  (ï 

"de  ses  états,  la  Bavière  échut,  avecritalie, 
à  Pépin.  Plus  tard  Louls-Ie-Débonnairte 
la  donna,  après  l'avoir  érigée  vn  royaume, 
àLothaire,sonfilsaÎDé,qtti,  ayant  été  as- 
socié à  rerapire,lacéda,cn817,à  I.ouis- 
le-Germanique.  Cest  à  celle  époque  que 
la  puissance  temporelle  des  évéqu es  s*af- 
fermit  de  plus  en  plus  et  que  les  comtes 
palatins  auxquels  le  gouvernement  était 
confié  devinrent  si  puissans.  Lorsqu'à  la 
mort  de  Louis,  en  840 ,  son  fils  Carlo- 
man  obtint  la  Bavière,  la  Carinthie,  la 
Caroiole,  l'Istrie,  le  Frioul,  la  Panno- 
nie,  la  Moravie  et  la  Bohême  en  faisaient 
partie.  La  libre  élection  des  états  de  Ba- 
vière donna  pour  successeur  à  Carloman, 
en  880 ,  son  frère  Louis  III.  Pendant  ce 
rè^e,  la  Carinthie  passa  en  d'autres 
tnains;  et,  après  la  mort  de  Louis,  en 
882 ,  la  Bavière  eut  successivement  pour 
rois  Gharles^l^Gros ,  Amuif  et  Louis 
rV.  Pendant  le  règne  de  Charles-le-Gros, 
la  Bavière  fit  de  nouveau  partie  de  l'em- 
pire des  Francs.  Sous  le  règne  de  Louis 
elle  souffrit  beaucoup  par  les  invasions 
des  Hongrois.  A  la  mort  de  ce  roi  s'étei- 
gnit, en  911,  la  race  des  Carlovingiens, 
et  A^rnulf  II,  fils  de  Luitppld,  général 
bavarois,  qui  depuis  907  était  margrave 
et  général  en  chef,  prit,  du  consente- 
ment du  peuple ,  le  titre  de  duc  et  s'ar- 
rogea l'autorité  suprême;  il  signait  ses 
ordonnances  :  Amulf^  par  la  grâce  de 
Dieu ,  duc  de  Bavière  et  des  pays  envi- 
ronnans,  11  eut  quelques  démêlés  avec 
Conrad ,  rôi  d'Allemagne ,  qui  cependant 
lui  laissa  la  Bavière  comme  fief  de  TËm- 
pire. 

A  l'exemple  de  TAlIemagne,  la  Ba- 
vière eut  à  différentes  reprises  deux  ducs 
à  la  fois.  Ce  pays  souffrit  beaucoup  pen- 
dant plusieurs  siècles,  tant  par  les  croi- 
sadies  qui  le  dépeuplaient^ que  par  Tar- 
bitraire  des  Empereurs  qui  nommaient 
et  dépossédaient  des  ducs  suivant  leur 
bon  plaisir,  jusqu'à  ce  qu*il  tomba  en- 
tre les  mains  d'Othon  de  Witleisbach 
{vôy.).^  comtepalatin  de  Bavière. Quoique 
Othon  fût  obligé  de  céder  la  Stirie,  les 
terres  domaniales  de  la  maison  des  Welfs, 
et  des  districts  considérables  qui  échu- 
rent aux  prélats,  son  règne  fut  glorieux. 
Othon,  mort  en  1188  et  auquel  on  a 
donné  le  surnom  de  TTi^y  or(iier^^j^re) , 


84  )  BAV 

est  le  fondateur  de  la  maison  actuelle- 
ment régnante.  Il  eut  pour  successeur 
Louis  I ,  prince  actif,  qui  recula  les  li- 
mites de  la  Bavière  et  acquit  le  palatihat 
du  Rhin.  Sous  Oûkon-V Illustre  y  palatin 
du  Rhin,  les  évéques  surent  se  rendre 
indépendans;  il  étendit  cependant  assez 
considérablement  ses  étals.  Ses  deux  fils, 
Louis  et  Henri,  régnèrent  d'abord  en 
commun  et  puis  se  partagèrent  leui^ 
états.  La  Bavière  supérieure  échut  jk 
Louis  et  la  Bavière  inférieure  à  Henri, 
dont  la  ligne  s'éteignit  déjà  deux  années 
après.  Ces  deux  princes  avaient  recueilli 
l'héritage  de  l'infortuné  Conrad  in  de  Ho- 
henslaufen.  Le  second  fils  de  Louis  fut 
couronné  empereur,  en  1314,  sous  le 
nom  de  Louis  IV  ou  Louis  le  Bavarois, 
Il  fit  en  1329,  à  Pavie,  un  traité  avec 
les  fils  de  son  frère,  d'appès  lequel  il  leur 
céda  le  palatinàt  inférieur  et  supérieur 
et  conserva  pour  lui  la  Haute-Bavière; 
en  même  temps  il  fut  stipulé  que  les 
droits  de  l'électorat  seraient  alternati- 
vement exercés  par  les  princes  des  deux 
lignes,  et  l'on  régla  définitivement  le  droit 
de  succession  en  cas  d'extinction  de  mâ- 
les dans  l'une  des  deux  lignes  (C'est  en 
vertu  du  traité  de  Pavie  que  Maximilien- 
Joseph  réunit,  en  1799,  tous  les  états 
de  la  dynastie  de  Witteisbach  ).  D'après 
le  vœu  des  états,  Louis  FV  réunit  à  la 
Haute-Banère  toute  la  Basse- Bavière 
dontJa  maison  régnante  venait  de  s'étein- 
dre. Le  palatin  du  Rhin  et  le  duc  d'Au- 
triche voulurent  s'opposer  à  cette  réu-. 
nion  ;  mais  Louis  IV  triompha  de  leut 
résistance  et  obtint,  en  1318,  leur  con- 
sentement, au  moyen  d'apanages  qu'il 
leur  fit.  Il  gouverna  avec  beaucoup  de 
gloire:  la  Bavière  lui  doit  une  foule  d'in- 
stitutions utiles;  il  introduisit  un  code 
de  procédure  civile,  régla  l'administra- 
tion intérieure  et  accorda  le  droit  muni- 
cipal à  Munich  ;  mais  aussi  en  agrandis- 
sant ses  domaines  au  préjudice  de  la  ligne 
palatine ,  il  fit  naître  des  dissensions  de 
famille  entre  les  deux  lignes.  Il  laissa  un 
riche  héritage  à  ses  six  fils,  car  ses  états 
comprenaient  non-seulement  la  Bavière, 
mais  aussi  le  Brandebourg,  les  provinces 
de  la  Hollande  et  de  Zélande,  le  Ty- 
roi,  etc. 

La  discorde  et  les  partages  éparpil- 


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BAV 


(185) 


BA.V 


lèreot  ces  provinces j  mais  après  l*èx- 
tinclioD  assez  subite  des  li<;nes  fondées 
par  les  six  frères ,  celle  de  Munich  par- 
Tiot  à  réunir  en  partie  cet  héritage.  En 
1506  les  états  dt  la  Haute  et  de  la  Basse- 
Barière  se  réunirent  en  assemblée  pro- 
vinciale, et  le  duc  Albert  II,  de  la  ligne 
de  Munich^  frappé  des  inconvéniens  qne 
ces  partages  continuels  avaient  pour  les 
princes  autant  que  pour  leurs  sujets, 
institua ,  du  consentement  de  son  frère 
Wolfgang  et  avec  Tapprobation  des  états, 
une  pragmatique  sanction  qui  établit  le 
droit  d*aincsse  et  qui  fixa  les  apanages  des 
princes  puînés.  Cependant  à  la  mort 
d'Albert,  en  1508,  cette  loi  ne  fut  point 
respectée  :  Ernest  et  Louis  formèrent 
opposition  à  ce  que  Fatné,  Guillaume  lY, 
possédât  seul  le  trône;  après  différens 
démêlés  il  fut  convenu  que  Guillaume  et 
Loais  prendraient  ensemble  les  rênes  du 
gouvernement,  et  cela  dura  ainsi  de 
1515  jusqu'en  1534,  époque  à  laquelle 
mourût  Louis.  Les  deux  princes  s'op- 
posèrent de  toutes  leurs  forces  à  la  réfor- 
mation. Jean  Eck  d'Ingolstadt ,  Tadvér- 
versaire  de  Luther,  vivait  sous  leur  pro> 
tection  qu'ils  avaient  accordée  aussi  aux 
jésuites.  Guillaume  mourut  en  1550  ;  son 
fils  Albert  V,  dit  le  Magnanime^  quoi- 
que l'appui  des  Jésuites,  n'en  fut  pas  moins 
un  protacteur  libéral  des  arts  et  des 
sciences.  Il  avait  même  autorisé  ses  en- 
voyés, au  concile  de  Trente,  à  faire  la 
proposition  que  la  Santé- Cène  fût  célé- 
brée sous  les  deux  espèces,  il  accorda 
de  grands  privilèges  aux  états  du  duché, 
et  mourut  «n  1576.  Guillaume  Y,  dit  le 
Vieux,  l'alné  de  ses  tro»  fils,  lui  suc- 
céda; mais  en  1596  il  abandonna  le  gou- 
vemementà  sonfilsainé,  Maxîmilienl^'', 
pour  se  retirer  dans  un^couvent.  Cest  de 
son  consentement  que  son  frère  Ferdi- 
nand avait  épousé  Marie  Pelerbeck,  fille 
du  greffier  du  bureau  des  finances  de 
Munich.  Les  enfans  issus  de  ce  mariage 
furent  élevés  par  l'Empereur  à  1^  dignité 
de  comtes  de  Wartenberg.  Maximîlien 
I*'',  doué  de  rares  qilaHtés,  devint  l'ame 
de  la  ligue  formée  contre  Tunion  des 
protestans.  Pendant  la  guerre  de  trente 
ans,  l'empereur  Ferdinand  II  éleva  Maxi- 
milien  à  la  dignité  d'électeur  et  de  séné- 
chal (  truchtesij  de  l'Empire  qu'il  rendit 


héréditafre  pour  toute  la  branche  d« 
Guillaume.  La  paix  de  Westphalie  con- 
firma la  dignité  électorale  à  Maxirailieo 
I^**,  ainsi  que  fft*ppssession  du  palatinaC 
supérieur,  mais  à  condition  qu'il  se  dé* 
.  sistât  de  la  Haute-Autriche  qui  hii  avait 
été  engagée  pour  une  somme  de  1 9  mit* 
lions  de  florins;  en  même  temps  il  fut 
créé  un  huitième  électorat  en  faveur  da 
'  la  ligne  palatine ,  à  laquelle  fut  assuré  le 
drbit  de  succession  en  cas  d'extinction  de 
la  branche  de  Guillaume.  Maximiiieo 
monrut  en  1651,  après  un  règne  de  55 
ans.  Dans  la  guerre  pour  la  succession 
d'Espagne  Maximilien  -  Emmanuel ,  son 
petit-fils  (  1679-17S6],  se  déclara  pour 
la  France.  H  en  résulta  qu'après  la  mal- 
heureuse bataille  de  Hochstedt,  en  1704, 
ses  états  furent  traités  par  l'Empereur  en 
pays  conquis ,  que  l'électeur  fut  mis  au 
ban  de  l'Empire  et  qu'il  ne  rentra  en  pos- 
session de  ses  droits  qu'après  la  paix  de 
3ade,  en  1714.  Quoique  ChaHes-Albert, 
son  fils,  eût  adhéré  à  la  pragmatique 
sanctioii  de  l'empereur  ChariesYI,  il  n'en 
fil  pas  moins  valoir  après  sa  mort  les  pré- 
tentions à  la  monarchie  autrichienne  que 
la  maison  de  Bavière  fondait  sur  d'an- 
ciens traités.  Foy,  l'article  Succxs&ioir 
d'Autbiche. 

Charles- Albert  sconnk  par  la  force  des 
armes  l'Autriche  entière,  et,  en  1741,  i| 
prit  le  litre  d'archiduc ,  se  fit  prêter  ser^ 
ment  de  fidélité  en  qualité  de  roi  de  Bo« 
hême,  et  fut  même,  en  1742 ,  élu  empe- 
reur à  Francfort,  sous  le  nom  de  Charles 
YII.  Mais  le  bonheur  qui  jusque  là 
l'avait  favorisé  l'abandonna  pour  retour- 
ner À  Marie-Thérèse  qui,  victorieuse 
alors,  re^it  les  hommages  des  états  de 
la  Bavière  et  du  palatinat  supérieur. 
Malgré  l'union  de  1744  qui  attachait  à 
sa  cause  le  landgrave  de  Besse-Cassel  et 
le  roi  Frédéric  II,  et  malgré  ks  succès 
de  l'armée  prussienne,  l'Empereur  se  vit 
dans  la  nécessité  d'abandonner  la  Bavière, 
cédant  à  la  supériorité  et  aux  talens  de 
Charies  de  Lorraine,  qui  commandait  en 
chef  l'armée  autrichienne.  Charles  ne 
survécut  pas  à  l'issue  de  la  guerre  :  il 
mourut,  en  1745,  âgé  seulement  de  48 
ans.  Maximilien-Joseph ,  son  fils,  jeune 
prince  que  son  père  avait  déclaré  ma* 
jeur,  lui  soooéda.  Dès  le  oonuneDoeBent 


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BA.V  (  186  ) 

de  la  giMire  il  tvait  pris  le  titre.d'archi- 
duo  d'Autriehé  ;  nMiis  il  se  réconcilia  avec 
le  cabioel  de  Vieniie  quelques  mois  après 
la  mort  de  son  père,  .à»  la  paix  de  Fus- 
seû ,  du  22  avril  1 74é,  il  accéda  à  la  prag- 
matique sanctioii^  assurant  en  même 
temp$  au-  grandf^iuc  François  son  sui^ 
iirage  pour  l'élection  impériale^  etde  cette 
ntanière  il  rentra  en  posbessioa  de  tous 
ses  éuits.  , 

MaxiroiUen*Joseph  II  s'appliqua  alors 
aux  soins  du.  gouvernemeat  et  s'elTorça 
par  Itou»  les  moyens  possUbies  de  rétat>lir 
la  prospérité  dans  Télectorat.  Il  fit  refleu- 
rir Tagrtciidture  épuisée^  Thidustrie,  et 
Fexploitattio&  des  iBince^f  il  réforma  les 
éooits  et  porta  des  améiiofatîona  dans 
Tadministratioo  judiciaire,  dans  la  police 
et  les  finances.  Pour  fkire  revivre  les  let- 
tres $  il  fonda  T Académie  des  sciences  de 
Munich  y  en  1759;  il  fut  aussi  un  pro- 
tecteur généreux  des  beaux-arts.  Éunt 
sans  postérité,  il  confirma  toutes  les  con- 
▼entions  héréditaires',  faites  depuis  le 
traité  dé  Patie,  en  1839,  avec  la  famille 
^eotorale  du  Palatinat,  etQoncéda  même 
avant  sa  mort  le  .droit  de  possession 
commune  à  Télectear  palatin  Charles- 
Théodore. 

Maximilien-Joseph  II,  dernier  reje- 
tota  de  la  ligne  directe  de  ta  maison 
de  WftCeIsbach,  mourut  en  1777.  Alors 
la  succession. au  trône  de  Bavière  àp- 
panenail  intoUtèstablement  à  rélecteur 
pablin;  cepeiidant  Mntriehe  forma 
dés  prétcntâons  sur  k  Basse^Balrière  et 
menaça  de  les  appuyer  leé  urmes  à  la 
nain^  sans  attendre  même  d'explications. 
Gbailes-Théodore^  qai.h'avait  pasd'en* 
£tas,  te  laissa  persuader  a  souscrire  àia 
convention  da  14  janvier  177S,  par  la- 
quelle il  reaon^t  à  eet  héritage.  Mais 
le  duc  de  DeuxnPoats»  exalté  par  Fré«- 
déric  II ,  y  ibfma  opposition,  en  sa  qua- 
lité de  plue  probhe  agaat  et  d'héritier 
présomptif*  Telle  est  Totiglnede  la  guerre 
pour  la  sii€oessioh  de  Bavière  ^  qui  ce* 
pendant  se  termina  par  (a  paix  do  Tes-* 
chen,  le  11  mai  1779,  sans  qu'on  en  fût 
Tenu  atix  maioé.  La  Rbssie  avait  beau* 
«bupcdntribué;  pacsa  déclaration  contre 
l'Autriche,  à  amener  bette  paix,  par  la- 
cfuelle  k»  éodventions  de  famille  furent 
I  «I  réleeleitf  asfÉfé  daoB  la  pot- 


BAV 

session  de  la  Bavière  à  laquelle  le  palati- 
nat du(Biiin  fut  réuni;  l'Autriche  obtint 
rinnviertel  avecBraunau.  La  huitième  di- 
gnité électorale  s'éteignit  ainsi,  comité  l'ar 
vait  prescrit  la  paix  de  Westphalie.  L'Au- 
triche cependant  ne  put  renoncer  toot-à- 
Csit  au  désir  de  posséder  )a  Bavière;  l'em- 
pereur Joseph  II  mit  en  avant,  en  1784, 
un  projet  d^échange  qui  avait  déjà  été 
présenté  au  commencement  du  siècle.  Il 
proposait  à  l'électeur  de  recevoir,  en 
échange  de  la  Bavière^  les  Pays-Baa  au- 
trichiens, à  l'exception  de  Luxembourg 
et  de  Namur,  avec  le  titre  de  roi  de 
Bourgogne;  il  offrait  en  outre,  à  ti^ce  d'in- 
demnité, une  somme  de  3  millions  de  flo- 
rins, pour  lui  et  Son  frère  le  duc  de  Deux- 
PontSé  Cette  négociation,  appuyée  par  la 
Russie,  échoua  eontre  la  fermeté  du  duc 
dé  Deux-Ponts.  Fort  de  l'appui  de  la 
Prusse ,  il  déclara  que  jamais  il  ne  con- 
sentira[^  à  l'échange  de  ses  pays  hérédi- 
taires, et  Frédéric  Q  fit  connaître  qu'il 
verrait  dans  un  pareil  échange  la  rup^ire 
de  la  paix  de  Tescfaen  et  surtout  i^ne  vio- 
lation de  l'équilibre  établi  dans  les  états 
de  l'Allemagne.  Cette  déclaration  força  le 
eabinet  autrichien  d'abandonner  son  pro- 
jet; il  protesta  donc  que  jamais  il  n'avait 
pnaonger  à  un  échange  aivaché  par  force. 
Ce  qui  encore  a  signalé  le  règne  de  Char- 
les^Théodore,  c*e«t  l'ordre  des  illuminés, 
qui  prit  naissance  en  Bavière,  et  les  pour- 
suites qu'il  y  essaya.  Ces  luttes  intérieures 
portèrent  préjudice  à  la  liberté  de  la 
presse,  qui  fut  tellemott  reatreinte  que 
pendant  quelque  temps  on  redouta  im 
obscurdssemeiit  total*  Pendant  la  guerre 
de  la  révolution,  le  Païatiuât  souffrit 
beaucoup^  et  la  Batière  devint  même,  en 
1796^'  le  théâtre  de  la  guenre.  Au  milieu 
de  cette  crise,  Cl^arles-Théodore  mourut 
sans  (Postérité;  la  li^^e  de  Sulabacb^  de  la 
ihaison  palatine ,  s'éteignit  en  lui» 

Maximthen-Josepb ,  depuis  179J^  duc 
de  Denx-Poh(S4  lui  taocéda  enl799.  La 
guerre  qui  venait  encore  d'éelater  fut  ter^ 
mitiée  par  la  paix  de  L«lnéville«  conclue 
le  9  février  1 891;  Elle  assnra  à  k  Franœ 
toute  la  rive  gamcbe  du  Rhin  et  fit  per- 
dre à  la  Barière  tontes  sei  possessions 
situées  snr  cette  même  rive^  la  Bavière 
céda  aussi  à  l'éleeieiir  de  Bàdé  U  partie 
du  PaktÎMt  sîtaée  s«lr  la  rite  droila  du 


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BAY 


(187) 


BAV 


Rhin;  mtifl  elle  obtint  en  revinche  dif- 
férens  payd  qui  présentaient  dans  leur 
superficie   tn  excédant  de  99  \  mil- 
le» carrés,  avec  216,000  habiUns  de 
plus.  lia  ^erre  de  1805  fit  ressortir 
Fimportance  politique  de  la  Bavière, 
tant  pour  la  France  que.  pour  l'Autnche. 
Lorsque  l'Autriche  se  prépara  à  déclarer 
de  nouveau  la  guêtre  à  la  France»  de  tous 
les  prinoes  dont  les  états  sont  situés^  en- 
tre llnnft  le  Rhin»  l'électeur  de  Bavière 
lui  pan0  l'alixiliaire  le  plus  important, 
elle  négocia  avec  lui  pour  obtenir  qn'il 
rénnh  ses  troupes  aux  armées  auCrichiet^ 
nés  et  qu'il  renonçât  à  la  neutralité  qu'il 
aurait  désiré  garder.  Cependant  la  Ba- 
vière regardait  4'alUance  avec  l'Autriche 
comme  contraire  à  ses  véritables  intérêts. 
Lorsque  la  guerre  éclata ,  l'électeur  joi- 
gnit ses  troupes,  au  nombre  de  30,000 
hommes,  à  l'armée  française,  et,  par  com- 
pensation, la  paix  de  Presbourg  valut  à 
la  Bavière  me  augmentation  de  territoire 
d#500  milles  carrés  ^ographiques  avec 
me  population  de  1  million  d'ames;  l'é- 
lecteur reçut  le  titre  de  roi  avec  fdeine 
souteraîneté.  Il  céda  le  pays  de  Wurs* 
bourg,  qui  fut  érigé  en  électorat,  en  rem- 
placement du  8alxbodrg  qui  était  échu  à 
l'Antrlche.  Le  gouvernement  de  la  Ba- 
vière,-a  f  exemple  de  ceux  du  Wurtem- 
berg et  de  Bade,  profita  de  xette  occa- 
sion poni"  soumettre  à  sa  souveraineté 
toutes  les  posaésMdns  de  ta  noblesse  im- 
médiate de  l^Empîre  enclavées  dans  ses 
états.  Son    allifanèe-  politique    avec    k . 
France  fnt  resserrée  par  le  mariage  de 
la  princesse  Auguste ,  fille  du  roi,  avec  le 
prince  Eugène,  fils  àdoptif  de  Napoléon, 
qui  venait  d'être  élevé  à  la  vioe^royauté 
d'Italie  Par  stiite  de  cette  union,  la  Ba- 
vière céda  à  Napoléon  le  territoire  dé^ 
Berg  et  reçut  en  échange  celui  d'Anspaèh 
que  la  Prasse^  h)i0e  en  j^ssession  do  Ha- 
Bovre,  tedait  ée  <iédc#;  et,  le  12  juillet 
tSO^y  le  roi  Ma^iiniilien-Josrph  signa 
Tacte  de  la  CduCéwiéralioa  du  RImov  ei) 
t'engàgiéant  à  fournir  un  contingent  fé*- 
ëéral  de  'âO,000  hbmnies  et  à  fortifier 
Aogsbourg  et  Ltndau.  La  Bavièt^e  fut 
tÎBSt  amenée  à  pusndre  part  a  la  guerre 
caotre  la  Prusse,  en  1806,  et,  en  1809,  à 
celle  codti%  l'Autriche  qui  suscita  l'iri- 
•anaoUm  da  Tyrol  sous  Hofer.  Après 


cette  guerre,  la  Bavière  obtint  encore  un 
agrandissement  considérable,  tant  i^œc 
dépens  de  l'Autriche  que  par  suite  de 
différens  traité»  lâféchange  avec  le  Wur- 
temberg et  Wûrzbourg.  Lors  de  la  guerre 
de  Russie,  la  Bavière  fournit  de  nouveau 
son  contingent;  le  printemps  de  1813  ne 
ramena  que  quelques  débris  de  cette  ar- 
mée. Ce  coup  de  la  fortune  ne  découra- 
gea pas  Maximilien-Joseph  :  surmontant 
toutes  difficultés,  il  remit  iqie  nouvelle 
armée  sur  pied,  qui  vers  la  fin  d'avril  se 
réunit  4  celle  de  Napoléon,  au  moment 
où  elle  reprenait  les  hostiliiés.  Mais  bien- 
tôt un  changement  décisif  s'opéra  dans  le 
système  politique  que  la  Bavière  avait 
suivi  jusqu'alors  :  une  armée  d'observa- 
tion composée  de  troupes  françaisei  avait 
été  formée  près  de  Wûnboorg,  sous  le 
commandement  d'Augereau,  tandis  que 
l'armée  bavaroise,  postée  en  observation 
le  long  de  llnn,  faisait  face  à  un  eorps 
d'armée  autrichien  ;  Augereau,  en  quit- 
tant sa  position;  ayant  dégarni  le  point 
le  plus  vulnérable  de  la  Bavière,  le  roi 
se  détermina  à  se  a^;ager  de  son  an^ 
cienne  alliance.  Le  général  bavarois  Wre- 
de  entra  aussitôt  en  potvparlerB  avec  le 
général  autrichien  Frimont,  et  le  8  oc- 
tobre parut  la  déclaration  pfficielle  par 
laquelle  MastJoseph  se  retirait  de  la  Con- 
fédération du  Rhin  et  s^engageait  à  tour- 
ner ses  armes  contre  la  FKinoe.  Le  traité 
de  Ried  aâsnra  à  la  Bavière  la  aouveraî- 
neté  de  toutes  ses  possessions  et  une  in- 
demnité avantageuse  pour  la  cession  de 
pays  qu'elle  pourrait  être  appelée  à  faire 
à  l'AutrictieL  Après  avoir  soudainement 
abandonné  la  cause  de  leun  anciens  com- 
pagnons d'armtes,  les  Bavamis  se  mesurè- 
rent avec  eux  à  hi  bataille  de  Hanau.  La 
paix  de  Paris  termina  k  guemi  en  1814 
et  dans  la  neufelle  lutte  qui  s'engagea 
en  1816^  le  roi  abCitet,  alors  prince  royal, 
se  mit  à  la  tôte  de  l^rmée  bavaroise.  Pen- 
dant le  congrès  de  Vienne,  le  gonveme*- 
ilient' bavarois  prit  une  part  active  à  la 
rédaction -de  l'acte  dé  fédération  des  payis 
allemands  et  déploya  de  grands  talens  di- 
plomatiques en  faisant  respecter  sa  sou- 
véirftTocté  et  son  indépendance.  A  la  paix 
de  Paris  conclue4e  30  mal  1814,  la  Ba- 
vière Rendit  à  l'Autriche  le  Tyrol  et  le 
Vorarlberg  et  fut  indemnisée  par  le  grand- 


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ba:v  (  I 

duché  de  Wftrzbourg  et  celai  d'Ascbaf- 
f«obourg.  Par  suite  du  traité  du  14  avril 
1816,  elle  céda  à  TAutriche  :  1**  Le 
Hausrucks-Viertel  et  Tlnn-Viertel,  teb 
qu'ils  avaient  été  cédés  par  l'Autriche  en 
1809;  2^  ta  principauté  de  Salzbourg, 
4  l'exception  de  4  bailliages  situés  sur 
la  rive  gauche  de  la  Sfilzacb  et  de  la  Saale, 
et  8^  le  bailliage  de  Vils.  Elle  obtint  eh 
échange  tous  les  pays  qui  composent  le 
tiercle  du  Rhin  et  quelques  arrondisse- 
mens  du  ci-devant  pays  de  Fulde.  A  la 
même  occasion  PAutriche  garantit  à  la 
Bavière  U  possession  future  de  tout  le 
palatinat  du  Rhin ,  formant  le  cercle  i>a- 
dois  du  Mein  et  du  Tauber,  en  cas  d'ex- 
tinction de  la  ligne  mâle  directe  des 
grands-dUcs  de  Bade.  Quoique  l'intégrité 
du  grand-duché  de  Bade  eût  été  assurée 
par  le  récès  de  Francfort  de  1819,  la 
Bavière  fit,  le  8  juillet  1827,  une  demande 
de  dédommagement  pour  la  partie  du 
comté  de  Sponheim  cédée  à  la  France 
par  le  grand^duché  qui  cependant  jus- 
qu'ici est  restée  sans  réponse.  Max- Joseph 
conclut,  le  S  juin  1817,  un  concordat 
avec  4e  Saint-Siège,  et,  le  26  mai  1818, 
il  accorda  une  charte  constitutionnelle  à 
la  Bavière.  Il  mourut  le  1 8  octobre  1826 
et  eut  pour  successeur  aon  fils  Louis  l^*". 
Ce  pnnce  signala  sod  avènement  par  des 
réformes  |ant  à  la  cour  que  dans  sa  mat- 
son  militaire.  Pour  donner  plus  d'éclat  à 
sa  résidence,  il  transféra,  le  7  novembre 
1826^  l'ooiversité  de  Landshut  à  Munieh 
et  y  appela  des  savaos  distingués,  même 
connus  pour  leurs  opinions,  sinon  libéra- 
les, au  moins  libres  et  indépendantes.  Il 
accorda  des  privilèges  aux  étudians  et 
accumula  dans  cette  résidence,  avec  une 
libéralité  peu  commune,  d'autre»  disent 
af ee  ose  prodigalité  qui  a  donné  lifu  à  des 
plaintes,  toutes  sortes  de  monumens  des 
sciences  et  des  arts.  Il  fut  néanmoins  le 
restaurateur  de  plusieurs  couvens,  même 
d'ordre  mendiant,  et,  en  1*880,  du  cou- 
vent des  bénédictins  de  Metten,  fondé 
par  Charlemagne  et  supprimé  en  1808. 
'  La  vieille  Bavière  parait  lui  être  sincè- 
rement attachée;  mais  dans  la  province 
rhénane,  isolée  de  la  métropole  et  envi- 
ronnée de  douanes,  une  grande  fermen- 
tations'est  manifestée  dansl'espritde  lapo- 
pulatioD  depuis  1 830^  le  maréchal  Wrede 


86)  ftAV 

y  a  été  envoyé  avec  des  pouvoirs  très  éten- 
dus pour  mettre  fin  aux  désordres  qui 
avaient  éclaté  sur  plusieurs  points  et  que 
desjoumauxrévolutionnairescherchaient 
à  entretenir.  ïj'élection  du  prince  Othon 
au  trône  de  la  Grèce,  en  1881 ,  a  mis  la 
Bavière  en  rapport  très  étroit  avec  ce 
nouveau  royaume. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir ,  la  Bavière 
avait  depuis  les  temps  le&  plus  reculés 
des  assemblées  d'États ,  et  aucAi  pays  de 
TAllemagne  ne  présente  des  documens 
aussi  riches  sur  son  ancienne  constitution. 
Ces  États  se  composaient  des  trois  ordres 
suivans  :  1^  celui  des  prélats;  l'université 
qui  tenait  le  premier  rang,  et  un  assez 
grand  nombre  de  chapitres,  comme  aussi 
le  grand  prieur  de  Saint-Jean,en  faisaient 
partie;  2"  l'ordre  de  la  noblesse,  dont 
les  possessiQns  consistaient  en  900  do- 
maines, et  8*  ce^ui  de  la  bourgeoisie  des 
villes  et  bourgs  du  duché.  Les  drdits  et 
prérogatives  des  États  étaient  très  impor- 
tans;  mais  la  discorde s'étant  établie dtns 
leur  sein,  ils  perdirent  leur  influence, 
même  plutôt  que  dans  d'autres  pays.  Les 
derniers  États  se  réunirent  en' 1669,  et 
les  représentans  des  trois  ordres  n'y  pa-» 
rurent  qu'en  petit  nombre.  Un  comité 
usurpa  les  droits  qui  appartenaient  à  l'as- 
semblée entière,  et  la  sécularisation  des 
chapitres,  en  1808,  porta  la  dernière  at- 
teinte à  cette  constitution  iéodale;  l'an- 
cienne organisation  des  États  fut  entiè- 
rement abolie  en  1806.  Parmi  leshou- 
velles  acquisitions  de  la  Bavière  il  y  avait 
des  principautés  autrefois  indépendantes 
qui,  depuis  long-temps ,  n'avaient  plus 
d'États;  d'autres  enfin,  telles  que  Bam«- 
berg ,  Wûrebourg ,  Augsbourg ,  Freisin- 
gen ,  Ratiabonne,  n'en  avaient  jamais  eu. 
-La  constitution  qui  fut  promulguée  le 
l***  mai  1808,  pour  le  royaume  de  Ba- 
vière (Pœlitz,  Europ,  Ferfassungen , 
2*  édit ,  Leipz.  1882,  vol.  I,  pag.  96- 
100  ) ,  organisa  une  nouvelle  représenta- 
tion nationale,  qui  cependant  n'amena 
aucun  résultat.  Lors  du  congrès  de  Vien- 
ne, le  gouvernement  bavarois  s'était  rangé 
du  côté  de  ceux  qui  votèrent  oontre  l'es- 
sai qu'on  avait  fait  d'introduire  une  forme 
de  constitution  normale  pour  tous  les 
états  de  l'Allemagne.  Quoi  qu'il  en  soit , 
I  il  fut  le  premier  de  tous  les  gouvemeniens 


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B\V 


(189) 


B\V 


'de  l'Allemagoe  qui  remplit  avec  une  ex- 
tension convenable  la  promesse  de  r«rt. 

13  de  Tacte  fédéral,  et,  donnant  ainsi 
Vetemple,  il  mérita  la  gratitude  de  tous 
les  peuples  allemands. 

La  promulgation  de  l'acte  constitution- 
nel, du  ^6  mai  1818,  avec  ses  dix  articles 
additionnels  et  la  nouvelle  loi  municipale 
qui  l'avait  précédé  le  17  mai  1818,  mar- 
quèrent une  période  nouvelle  dans  la  vie 
constitutionnelle  des  Bavarois.  Les  États 
se  composent  maintenant  de  deux  cham- 
bres; dans  la  première  (cel  le  d es  sénateurs, 
Reichsrœthe)  9iéi;eBi^  d'après  la  loi  du  9 
mai  1828 ,  les  grands  officiers  de  la  cou- 
ronne, les  deux  archevêques,  les  16  chefs 
de  l'ancienne  noblesse  de  Tempire ,  un 
évéque  nommé  |!>ar  le  roi,  le  président 
du  consistoire  protestant,  15  membres 
héréditaires  et  12  membres,  nommés  à 
vie ,  tous  à  la  nomination  du  roi  ;  la  se- 
conde chambre,  celle  des  districts,  se 
compose  de  S  classes  où  curies  ;  d'après 
l'évaluation  approximative,  il  doit  y  avoir 
un  député  sur  7000  familles  ou  35,000 
âmes.  La  première  classe  se  compose  de 

14  représentans  des  chevaliers  ou  pro- 
priétaires territoriaux  qui  ont  leur  propre 
juridiction  et  tous  les  droits  de  la  no- 
blesse ;  à  la  deuxième  appartiennent  les 
trois  représentans  des  universités  ;  la  troi- 
sième se  forme  du  clergé  catholique,  re- 
présenté par  9  membres,  et  du  clergé 
protestant  représenté  par  5  ;  la  quatriènte 
classe  est  celle  des  représentans  des  villes 
et  bourgs  ;  Munich  en  a  3,  Augsbourg  1, 
Nuremberg  1,  et  les  autres  en  ont  24  con- 
jointement ;  à  la  cinquième  appartiennent 
56  propriétaires  ruraux  sans  juridiction. 

Les  élections,  qui  se  fondent  sur  la  loi 
municipale,  sont  très  compliquées;  les  ci- 
toyens sont  exclus  de  toute  participation 
immédiate ,  et  le  droit  de  suffrage  n'ap- 
partient qu'à  la  magistrature  et  aux  con- 
seillers des  communes..  De  ce  mode  d'é- 
lection pourrait  facilement  résulter  un 
esprit  de  corporation  et  de  monopole 
pernicieux ,  et  qui  déjà  du  temps  de  l'an- 
denne  constitution  a  amené  les  usurpa- 
tions des  comités.  Les  candidats  doivent 
être  citoyens  domiciliés  dans  l'endroit 
où  est  le  district  de  l'élection,  et  le  cens 
del'éligîbilitéy  qui  est  porté  à  8000  fl.  de 
reveau,  exdut  des  districts  entiers  de  la 


représentation.  D'un  autre  oÀlé  les  dé* 
pûtes  ne  sont  privés  d'aucun  des  droits 
essentiels  de  la  représentation  :  ils  en-- 
trent  en  partage  du  pouvoir  législatif,  ils 
ont  le  droit  de  porter  plainte,  le  droit 
de  supplique,  celui  de  voter  les  impôts, 
et  la  faculté  de  présenter  des  motions 
relatives  à  la  modification  des  lois.  Les 
chambres  sont  convoquées  tous  les  trois 
ans.  La  première  session  fut  ouverte  le 
4  février  1819.  La  publicité  donnée  aux 
débats  et  un  esprit  de  réforme  véritable, 
mais- non  pas  révolutionnaire,  qui  ani- 
mait la  deuxième  chambre,  ont  attiré  Tat- 
tention  de  toi^e  l'Allemagne,  qui  en  a  su  ivr 
avec  un  vif  intérêt  les  importantes  disrusr 
sions.  Dès  Torigine,  la  première  chambre, 
dans  sa  réponse  au  discours  du  roi ,  avait 
représenté  1^  peu  pie  comme  s'élevant 
contre  le  trèff  :  elle  avait  fait  connaître 
ainsi  de  quelle  manière  elle  envisageait 
sa  vocation  et  sa  position.  La  Bavière  est 
redevable  à  la  4*  session  de  l'organisation 
des  conseillers  provinciaux  et  de  Taboli- 
tion  des  tribunaux  militaires  en  matière 
de  procédure  civile.  Lors  de  |a  5^  session, 
l'assemblée  s'est  trouvée  en  partie  renou- 
velée. Les  chambres ,  désunies  entre  elles 
et  en  opposition  avec  le  gouvernement,  ne 
sont  arrivées  à  aucune  conclusion  défini- 
tive. Cependant  les  impôu  ont  été  réduiu, 
la  noblesse  a  obtenu  remise  du  timbre  féo- 
dal, plus  de  latitude  a  été  donnée  aux  con- 
seils provinciaux,  auxquels  on  a  aban- 
donné le  produit  de  la  moitié  des  con- 
tributions directes  pour  être  employé 
aux  besoins  particuliers  des  districts;  une 
loi  a  prononcé  le  rachat  de  la  juridiction 
patrimoniale ,  en  assignant  toutefois  une 
indemnité  aux  propriétaires.  La  loi  pré- 
sentée pour  prévenir  et  réprimer  les  dé- 
lits de  la  presse  a  donné  lieu  à  de  vifs  dé- 
bats, sans  que  les  chambres  aient  pu  s'ac- 
corder entre  elles  et  avec  le  gouverne-* 
ment.  La  désunion  qui  a  été  le  résultat 
des  débats  sur  Téconomie  publique  s'est 
maintenue  jusqu'à  la  clôture  des  cham- 
bres. CL. 

Les  principales  sources  de  l'histoire 
de  Bavière  sont  réunies  dans  la  collec- 
tion suivante  :  Monumenta  Boïca^  pu- 
bliée par  l'Académie  de  Munich  depuis 
1764  et  dont  le  28^  volume  in-4^  a 
paru  en  1880;  et  dans  Lang,  iZe^/Xa 


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BKX 


(190) 


BA.Y 


rerum  Bùîcanmu  On  peut  consulter  en 
outre  les  ouvrages  historiques  de  Pûtter, 
de  Westenrieder,  Zscbokke,  Geschich- 
ten  des  Baier,  Volkes  und  seiner  Furs^ 
ten,  AaraU)  1820  et  1821 ,  4  toL  grand 
in-8^;  ainsi  que  les  ànivans  :  Mannert 
Die  œlteste  Geschichte  Bojariens  und 
seiner  Bewohner,  Sulzbach,  1807,  in- 
8®,  et  Geschickle  Sotern^^Leipzig)!  826, 
3  yol.  In-8^;de  Pallhansen,  examen- du 
premier  ouvrage  de  M.  Mannert  et  dîf^ 
férens  antres  écrits  sur  le  même  pays; 
BœUiger,  Geschichte  Baiems^  Erlangen, 
1832,  in '8^.  De  bons  ouvrages  à  consul* 
ter  sur  la  statistique  de  la  Qavière  sont  : 
baron  de  Uechtenstem ,  SUft.  statisL 
Uebersieht  sœmtlicher  Provinzen  des 
K.  Baiem»  Munich  1823,  grapd  in-fol. 
et  Rœriier,  Geschichte,  Ci^eraphie  und 
St€UistiidesBaierlandes.Wxïnich,iS2^y 
3  vol.  in-8<>,  etc.  J.  H.  S. 

BAXTBR  (WiLLiAv),  neveu  de  Ri- 
chard Baxter,  théologien  non-confor- 
miste très  connu  (né  161 5,  mort  1691), 
naquit  en  1660  à  Lanlugany  dans  le 
Shropshire.  Son  éducation  fut  tellement 
négligée  qu*à  l'âge  de  18  ans  il  ne  savait 
que  le  gallois,  sa  langue  maternelle.  L'hé- 
ritage de  son  oncle  lui  fournit  left  moyens 
de  recevoir  une  éducation  distinguée  :  le 
latin,  le  grec,  Thébreu  ainsi  que  les  lan- 
gues septentrionales  lui  devinrent  fami- 
lières. Il  obtint  bientôt  une  place  de 
recteur  au  collège  de  Tottenfaam  (  Mid- 
dlesex),  et  fut  nommé  ensuite  à  Técole 
des  marchands  à  Londres.  Il  mourut  en 
1723.  Dans  une  de  ses  lettres  il  décrivit 
la  manière  dont  les  anciens  se  servaient 
pour  écrire  vite.  Ses  ouvrages  sont  :  1  ^ 
Glossarium  Antiquitatum  brkixnnica^ 
mm,  Londres,  1719  et  1783,  in-8*^;  2^ 
une  édition  d'Anacréon,  Londres,  1695 
et  1 7 10,  m-8*^;  8^  une  autre  d'Horace,  ac- 
compagnée d'extraits  des  scoliastes  an- 
ciens et  de  ses  propres  notes  qut  mar- 
quent «n  défaut  abôolu  de  goût  et  qui 
ont  exercé  le  persifflage  de  Wieland.  De 
plus  :  De  ancUogia  seu  arte  latinœ  lin- 
guœ  commentaiiolus  1694 ,  in  -  S*'. 
Son  Glossarium  romanarum  Antiquita^- 
tum,  publié  après  sa  mort,  1731 ,  in-8^, 
ne  contient  que  la  lettre  A-^les  éditeurs  y 
ont  ajouté  un  précis  de  la  vie  de  l'au- 
tour. F-8. 


BATADËRES,  ro/.  BAÎAniEEs. 

BAYARD  (  Pierre  «  DU  Terràil,  sei- 
gneur DE  ),  surnommé  le  chevalier  sans 
peur  et  sans  reproche  et  le  Bon  cheva- 
lier, n  naquit,  vers  la  fin  de  1476,  ^u  châ- 
teau de  Bay  ard,  situé  au  fond  de  la  vallée  de 
Graisivaudan ,  à  quelques  lieues  àe  Gre- 
noble. Sa  famille  était  une  des  plus  an- 
ciennes du  Dauphiné.  H  était  lé  second 
des  quatre  fils  d'Aymond,  ou  Aymé  du 
Terrail,  et  d'Hélène  Des  Allemans.  Son 
éducation  fut  dirigée  par  l'évlque  de 
Grenoble,  son  oncle.  Des  lettres  restées 
de  lui ,  et  dont  la  grâce  et  la  pureté  de 
style  sont  d'une  autre  époque,  prouvent 
qu'il  reçut  une  éducation  distinguée.  Il 
n'avait  pas  encore  accompli  sa  treizième 
année  que  déjà  il  montrait  pour  la  car- 
rière des  armes  un  goût  très  vif ,  ce  qui 
détermina  son  oncle  à  le  présenter  ati 
duc  de  Savoie,  Charles  I"*",  qui  l'hono- 
rait de  son  amitié.  Celui-ci  fut  si  charmé 
de  l'air  noble  et  mâle  du  jeune  Bayard, 
et  surtout  de  son  adresse  à  manier  un- 
dieval,  qu'il  le  fit  entrer  dans  les  pages 
de  sa  suite.  Le  roi  de  France,  Charles 
Vni,  se  trouvait  alors  à  Lyon  pour  un 
différend  relatif  au  marquisat  de  Saluces. 
Le  duc  de  Savoie  vint  le  visiter  dans 
cette  ville ,  et  le  jeune  Bayard ,  qui  fai- 
sait partie  4"  cortège,  fut  présenté  au 
roi  par  le  comte  de  Ligny,  Louis  de 
Luxembourg,  qui  l'avait  remarqué. 
^1\  quitta  bientôt  le  duc  Charles  pour  en- 
trer au  service  du  roi  de  France,  et  ce  fîit 
au  milieu  des  tournois  et  des  galantes 
passes  d'armes  qu'il  eut  l'occasion  de 
déployer  son  courage  naissant  et  son  ha- 
bileté dans  le  maniement  des  armes.  A 
l'âge  de  1 8  ans  il  accompagna  CharlesVni 
à  la  conquête  de  Naples.  Ce  fut  à  la  ba- 
taille de  Fomoue  que  Bayard  fit  ses  pre- 
mières armes  :  il  s'y  distingua  d'une  ma- 
nière éclatante,  eut  plusieurs  chevaux 
tués  sous  lui  et.  enleva  des  drapeaux  à 
l'ennemi.  Après  la  mort  piiématurée  de 
Charies  YUI ,  Louis  XH,  son  successeur, 
ayant  entrepris  de  réduire  le  Milanez, 
sur  lequel  il  avait  à  faire  valoir  les  droits 
de  Yaientine  de  Milan ,  sa  femme ,  con- 
tre Ludovic  Sforce,  Bayard  trouva  dans 
cette  nouvelle  expédition  l'occasion  de 
signaler  son  bouillant  courage.  Pendant 
que  l'armée  du  roi  de  France  se  trontaiC 


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BAT 


(191) 


BAT 


%  cbDfl  la  PûQfflc^  Bayard  défit  rm  parti 
espagBol  et  fit  lui^iaéme  prisonoier  don 
AloDzo  ie  $oto*Mayor,  qu'il  traita  av«c 
les  i^us  grandi  égards.  Cependant  don 
Àloozo ,  an  mépris  de  ses  sermena  s'é- 
tint  éefaappé,  fut  rattrapé  et  eonduit  de- 
Taot  Bayard  qui  lui  fit  des  reproches  sur 
sa  déloyauté;  mais  la  rançon  de  TEspagnol 
ayant  été  payée,  il  fut  ramené  à  Andres 
oè  il  calomnia  la  générosité  de  son  vain- 
queur. Bayard  Tayaut  appris  Fappela 
en  champ-dos.  8oto-Mayor  perdit  la  vie 
dans  ce  combat ,  dans  lequel  son  adver- 
saire déploya  une  force  et  un  courage  ex- 
traordinaires. Plus  tard ,  il  sauva  l'armée 
française  en  défendant  seul ,  contre  un 
corps  ennemi ,  un  pont  sur  le  Garigliano. 
Ce  haut  fait  d*armes  lui  mérita  ponr  de- 
vise un  porc-épie  avec  cette  inscription  : 
Fires  agndnis  unut  habet  En  1506  les 
Génois ,  à  l'instigation  du  pape  Jules  II, 
s'étant  révoltés  contre  la  France,  Bayard 
passa  en  Italie  à  la  suite  de  Louis  XII; 
mais  bientôt  les  révoltés  effrayés  se  sou- 
mirent à  la  clémence  du  roi. 

En  1509  la  ligue  de  Cambrai,  dans  la- 
melle toutes  les  puissances  s'étaient  réu- 
nies pour  renverser  la  république  de  Ve- 
nise, contraignit  le  roi  de  France  à  com- 
mencer la  guerre.  Qayard  fit  des  prodiges 
de  valeur  au  siège  de  Padoue ,  où  il  com- 
mandait une  compagnie,  et  entraîna  par 
son  audace  et  son  énergie  la  prise  de  cette 
place.  Jules  II,  qui  revendiquait  le  duché 
de  Ferrare  pour  le  saint-siége  et  voulait  l'y 
réunir,  leva  une  armée  dans  le  Bolonais, 
la  conduisit  entre  Concordia  et  la  Mi- 
randola,  et  s'y  rendit  lui-même.  Bayard, 
instruit  de  tout  ce  qui  se  passait,  réM)1ut 
d'enlever  le  pape  et  toute  sa  cour  :  le 
hasard  seul  fit  échouer  son  entreprise. 
Cependant  les  Yénitiens  s'étalent  enfer- 
ma dans  Brescia ,  après  avoir  été  battus 
à  Vérone  ;  Gaston  de  Foix  reçut  l'ordre 
de  réduire  cette  place.  Bayard  fut  chargé 
de  la  première  attaque;  la  résistance  des 
assiégés  fut  opiniâtre.  Emporté  par  son 
courage,  Bayard  allait  franchir  le  rem- 
part lorsqu'il  reçut  dans  le  haut  de  la 
cuisse  un  coup  de  pique  si  violent  que  le 
fer  resta  dans  la  blessure.  Il  fut  trans- 
porté mourant  dans  la  maison  d'un  gen- 
tilhomme de  la  vilU  qui  avait  pris  la  fuite, 
abandonnant  aux  violences  des  assiégeant 


sa  fenmie  et  ses  deox  filles.  Bayard  prit 
ses  hôtes  sous  sa  protection  et  reçut  tous 
les  soins  qu'exigeait  sa  santé.  Étant  réta- 
bli de  sa  blessure  et  se  disposant  à  se 
rendre  sous  les  murs  de  Ravenne  où  s'é- 
taient enfermés  les  ennemis ,  ce  fut  avec 
peine  que  ses  hôtes  apprirent  cette»ré«o- 
lution  et,  avant  le  départ  du  guerrier,  ib 
voulurent  le  charger  de  présens  qu'il  re- 
fusa avec  une  grande  noblesse.  Cependant 
pressé  d'accepter  et  ne  voulant  pas  dé- 
plaire par  son  refus  à  la  noble  famille, 
il  fit  distribuer  les  sommes  considérables 
qui  lui  avaient  été  oflertes  aux  institutions 
religieuses  qui  avaient  le  plus  50uiTert  des 
suites  de  l'occupation  de  la  ville  par  l'ar- 
mée française.  Arrivé  an  camp  deRavenne, 
le  duc  dçNemours  le  chargead'une  expédi- 
tion contre  un  corps  de  troupes  espagnoles 
qui  inquiétait  les  assiégeans  et  remporta 
plusieurs  avantages.  La  ville  de  Ravenne 
fut  prise,  mais  le  duc  de  Nemours  y  per- 
dit la  vie. 

Sur  ces  entrefaites,  l'armée  française, 
menacée  par  les  Véniàens  et  les  Suisses , 
épuisée  par  des  luttes  continuelles,  ré- 
duite dans  ses  forces ,  fut  obligée  de  se 
réplier  sur  Pavie  ;  mais  elle  s'y  vit  forcée 
par  les  Suisses ,  quelques  efibrts  que  pus- 
sent faire  pour  défendre  la  ville  le  capi- 
taine Louis  d'Ars  et  Bayard.  Celui-ci,  à 
la  tête  de  36  hommes,  arrêta  les  ennemis 
pendant  deux  heures  et  eut  deux  che- 
vaux tués  sous  lui.  Les  troupes  françaises 
ayant  été  obligées  d'évacuer  la  ville , 
Bayard  se  défendit  bravement  pendant  la 
retraite  et  reçut  un  coup  de  fauconneau 
qui  lui  fracassa  l'épaule.  Les  Français 
abandonnèrent  la  Lombardie,  où  ils  ne 
gardèrent  que  les  places  de  Milan ,  Cré- 
mone ,  Novarre ,  les  villes  de  Crème  et 
de  Brescia,  et  repassèrent  les  Alpes. 
Bayard  se  rendit  à  Grenoble ,  auprès  de 
son  oncle,  où  il  demeura  quelque  temps. 
Bientôt  le  roi  de  France  envoya  en 
Guyenne  une  armée  sous  le  commande- 
ment du  duc  de  Longue  ville,  pour  repren- 
dre la  Navarre  sur  le  roi  d'Aragon  ^  qui 
l'avait  usurpée  au  mépris  àes  droits  de 
Jean  d'Albret.  Parmi  les  capitaines  distin- 
gués on  comptait  le  vicomte  de  Lautrec, 
La  Palisse  et  le  chevalier  Bayard.  Quoi- 
que les  résultats  de  cette  gnerre  fussent 
loin  d'être  avantageux  pour  Louis  XH, 


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BAY 


(192) 


BAY 


Baytrd  ne  s'en  rendit  pas  moios  il- 
lustre par  son  intrépidité;  on  dut  à  son 
dévouement  la  conservation  d'une  ^ande 
partie  de  Tarmée.  En  1513,  Henri  VIII, 
roi  d'Angleterre,  d'intelligence, avec  le 
pape  Jules  II  et  l'empereur  Maximilien  , 
fit  un^  descente  près  de  Calais  avec  des 
forces  considérables ,  et  mit  le  siège  dé- 
liant Térouanne.  Bayard ,  sous  les  ordres 
du  seigneur  de  Piennes,  gouverneur  de 
Picardie,  fut  chargé  de  repousser  cette 
agression.  Bayard  rencontra  sur  la  route 
de  Térouanne  le  roi  Henri,  escorté  de 
12,000  hommes  de  pied,  et,  quoiqu'il 
n'eût  que  1 200  hommes  d'armés,  il  voulait 
risquer  une  attaque  ]  Piennes  s'y  opposa 
formellement  Bayard  dut  obéir;  toute- 


fois il  ne  put  maîtriser  entièrement  son     périaux  mirlent  le  s'ége  devant  Mouzoa 
ardeur,  car  il  attaqua  l'ar  ri  ère-garde  et  ^  et  s' 


lui  enleva  l'une  des  douze  pièces  de  ca- 
non qu'Henri  appelait  ses  douze  apôtres. 
Les  deux  armées  s'étant  rencontrées, 
Bayard  fut  fait  prisonnier  et  conduit  au 
camp  des  Anglais.  Henri  le  renvoya  sans 
rançon  ;  mais  avant  son  départ  il  lui 
fit  faire  des  offres  secrètes  pour  entrer 
à  son  service;  Bayard  se  contenta  de  ré- 
pondre :  «  Je  n'ai  qu'un  maître  au  ciel 
qui  est  Dieu,  et  un  maître  sur  terre  qui 
est  le  roi  de  France  ;  je  n'en  servirai  ja- 
mais d'autres.  »  La  ville  de  Térouanne 
fut  contrainte  de  capituler,  faute  de  vi- 
vres ;  Tournay  tomba  encore  au  pouvoir 
de  l'ennemi.  r 

François  I**"  étant  monté  sur  le  trône, 
à  la  mort  de  Xouis  XII,  Bayard  fut 
nommé  lieutenant  général  de  la  pro- 
vince du  Dâuphiné.  Le  monarque  ayant 
formé  le  projet  de  reconquérir  sur 
les  Sforce  le  duché  de  Milan ,  auquel  il 
avait  droit,  comme  arrière  petit -fils  de 
Valentine  de  Milan,  fit  passer  secrète- 
ment des  troupes  dans  le  Lyonnais  et 
ordonna  à  Bayard  de  se  porter  en  avant 
sur  les  terres  du  marquisat  de  Salu- 
ées que  Prosper  Colonne  occupait  pour 
le  pape  et  traitait  en  pays  conquis. 
Bayard  entra  dans  le  Piémont ,  attaqua 
le  général  du  pape  qui  était  enfermé  dans 
la  ville  de  Carmagnole ,  et  le  fit  lui-même 
prisonnier.  Le  roi  reçut  àSaint-Pol  la 
nouvelle  de  la  prise  de  Prosper  Colonne, 
traversa  ensuite  le  Piémont  et,  chassant 
devant  lui  les  Suisses ,  se  dirigea  vers 


Milan.  François  I®'  voulut  être  armé  che-  ! 
valier  par  Bayard ,  qui  refusa  modeste- 
ment cet  insigne  honneur.  Enfin  cédant 
aux  sollicitations  du  monarque  j  il  tira 
son  épée  et  dit:  «  Je  n'ai  plus  qu'à  obéir; 
sire ,  autant  vaille  que  si  c'était  Boland 
ou  Olivier,  Godefroy  ou  Baudoin  son 
frère  !  »  Puis  il  procéda  à  la  cérémonie. 
La  défaite  complète  des  Suisses  rendit 
au  roi  le  M;ilanez,  et  bientôt  |iprès  la 
paix  fut  conclue. 

A  cette  époque,  la  mort  de  l'empe- 
reur Maximilien  vint  jeter  la  discorde 
entre  Charles-Quint  et  le  roi  de  France, 
au  sujet  de  la  couronne  impériale.  Le 
premier  l'avait  remportée,  et  de  cette 
rivalité  devait  sortir  la  guerre.  Les  Im- 


én  emparèrenL  Cette  première  ten- 
tative inquiéta  le  roi  pour  la  sûreté  de 
la  Champagne.  On  songea  d'abord  à  dé- 
fendre Mézières,  ville  voisine  de  Mou- 
zon,  et  Bayard  fut  appelé.  Cependant 
en  raison  de  la  proximité  de  l'ennemi 
et  vu  la  difficulté  de  la  défense  ,  on 
fut  d'avis  de  brûler  cette  ville;  mais 
Bayard  s'y  opposa  et  dit  au  roi  :  «  Sire  , 
il  n'y  a  pas  de  place  faible  là  où  il  y  a 
des  gens  de  bien  pour  la  défendre.  »  Le 
siège  fut  mis  devant  Mézières;  mais  bien- 
tôt l'ennemi  fut  contraint  de  le  lever  :  ja- 
mais la  défense  d'une  ville  ne,  fut  plus 
glorieuse.  «  La  défense  de  Mézières ,  a 
dit  un  historien  moderne  %  suffirait  pour 
la  gloire  de  tout  autre  que  de  Bayard; 
mais  elle  n'est  qu'un  triomphe  de  plus 
pour  ce  grand  homme ,  modèle  le  plus 
accompli  des  chevaliers.  »  Cette  action 
héroïque  valut  au  chevalier  sans  peur 
une  distinction  sans  exemple.  Il  reçut'du 
roi  une  compagnie  de  100  hommes  d'ar- 
mes, honneur  Jusqu'alors  réservé  aux 
seuls  princes  du  sang.  H  revint  à  Paris  ^ 
et  le  parlement  lui  envoya  une  députa- 
tion  solennelle  pour  le  remercier  au  nom 
de  la  nation.  Bayard  reçut  une  fois  en- 
core la  mission  de  faire  rentrer  dans  le 
devoir  les  Génois  qui  s'étaient  de  nou- 
veau eouleyés  contre  la  France.  Au  com- 
mencement de  1524,  l'armée  du  roi  de- 
vant Milan  s'affaiblissait  chaque  jour, 
pendant  que  celle  de  l'Empereur  se  ren- 

(*)  La,  Frmncê  saut  t$s  Rêtt  t  par  A.pL.  Damp* 
martio. 


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BAY 


(193) 


BAY 


forçait  :  Bayard  fut  chargé  de  s'avancer 
jusqu'à  RébeCy  petit  village  à  quelques 
lieues  de  Milan.  Le  péril  était  imminent, 
cependant  Bayard  ne  balança  pas  à  obéir. 
Arrivé  à  son  poste,  il  demanda  un  ren^ 
fort  qui  ne  lui  arriva  pas.  Un  combat 
meurtrier  s'engagea  avec  les  troupes  es- 
pagnoles, et  Bayard  fut  contraint  de  re- 
gagner ,  après  une  vigoureuse  résistance, 
le  quartier-général. 

Peu  après  cet  échec,  après  une  retraite 
entre  Romagnano  et  Gattinara ,  Bayard, 
commandant l'arrière-garde,  traversant  la 
rivièrede  la  $esia,le  visage  tourné  vers  l'en- 
nemi,reçut  dans  le  flanc  droit  un  coup  d'ar- 
quebuse qui  lui  brisa  l'épine  du  dos.  Aus- 
sitôt qu'il  se  sentit  frappé  il  s'écria  :  «  Jé- 
sus, mon  Dieu ,  je  suis  mort!  »  Il  donna 
ordre  qu'on  le  plaçât  au  pied  d'un  arbre, 
de  manière  à  voir  l'ennemi  en  face.  Il 
baisa  la  garde  de  son  épée  en  guise  de 
cro\i  et  récita  quelques  versets  du  Mi^ 
serere.  Le  seigneur  d'Aligre  reçut  ses 
dernières  volontés,  après  quoi  le  mou- 
rant engagea  ceux  qui  l'environnaient  à 
se  retirer ,  pour  ne  pas  tomber  dans  les 
mains  des  ennemis.  Il  survécut  2  heures 
à  sa  blessure  et  mourut  le  30  avril  1 524  , 
à  dix  heures  du  matin ,  à  l'âge  de  48  ans. 
Quelques  instans  avant  sa  mort,  Charles, 
due  de  Bourbon,  connétable,  qui  avait 
passé  au  service  de  l'Empereur,  lui  ex- 
primant ses  regrets,  Bayard  lui  répon- 
dit :  a  Monseigneur ,  je  vous  remercie ,  il 
n'y  a  point  de  pitié  en  moi,  qui  meurs 
en  homme  de  bien  et  servant  mon  roi  ;  il 
laut  avoir  pitié  de  vous,  qui  portez  les 
armes  contre  votre  prince ,  votre  patrie 
et  votre  serment.  »  La  retraite  des  Fran- 
çais ayant  laissé  Bayard  entre  les  mains 
des  Impériaux  ^  le'  marquis  de  Pescaire 
lui  rendit  les  derniers  honneurs.  Selon 
ses  vœiix ,  son  corps  fut  rendu  à  sa  pa- 
trie et  transporté  à  Grenoble.  La  nou- 
velle de  sa  mort  attrista  le  roîet  l^  France, 
et  les  regrets  que  lui  donnèrent  même  les 
ennemis  de  sa  patrie  prouvent  assez  jus- 
qu'à quel  degré  d'estime. son  caractère, 
sa  bravoure,  sa  générosité,  son  désinté- 
ressement ,  toutes  ses  vertus  en  un  mot, 
l'avaient  élevé  dans  l'esprit  de  tous.  Il 
laissa  en  mourant  une  fille  naturelle , 
d'une  liaison  amoureuse  avec  une  demoi- 
ttUe  fort  beDe  de  la  maison  de  Trecque , 

Encfclop.  d.  G.  d.  M,  Tome  m. 


à  CanCu,  eâtre  Milan  et  Cône.  H  avait 
fait  soigneusement  nourrir  et  élever  cette 
fille,  qui  s'appelait  Jeanne  et  qu'il  ai- 
mait beaucoup.  Un  an  après  la  mort  de 
son  père,  elle  fut  mariée  à  François  de 
Chastelar,  par  les  soins  de  son  oncle , 
évéque  de  Glandève. 

Jamais  la  valeur,  la  fidélité,  la  conti- 
nence, les  talens  militaires,  toutes  les 
qualités  enfin  qui  font  les  grands  capi- 
taines, ne  se  trouvèrent  réunis  avec  au- 
tant d'avantage  dans  un  seul  homme. 
Gloire  militaire,  honneur,  patriotisme, 
galanterie,  le  nom  de  Bayard  résume 
tout  cela  avec  éclat.  Un  gentilhomme  de- 
mandait à  Bayard  quels  biens  un  gentil- 
homme devait  laisser  à  ses  enfans,  il 
répondit  :  «  Ce  qui  ne  craint  ni  la  pluie  , 
ni  la  tempête,  ni  la  force  des  hommes, 
ni  l'injustice  humaine;  la  sagesse  et  la 
vertu.  »  Quoique  pauvre  il  était  géné- 
reux et  libéral;  il  aimait  à  faire  le  bien 
sans  ostentation  et  à  répandre  ses  bien- 
faits avec  discrétion.  Il  était  d'une  mo- 
destie parfaite  et  jamais  on  ne  l'enten- 
dait parler  de  lui  ou  de  ses  victoires.  Il 
resta  toujours  étranger  à  la  flatterie  et  à 
l'artifice;  ce  qu'il  estimait  surtout  c'était 
la  justice,  qu^il  regardait  comme  la  prin- 
cipale vertu  d'un  roi,  c'est  ce  qui  lui  fai- 
sait dire  :  «  Tous  empires,  royaulmes  et 
provinces  sans  justice  sontforetz  plei- 
nes de  brigands,  »  Voici  le  portrait  qu'on 
nous  a  laissé  de  Bayard.  «  Il  était  de  sta- 
ture haute,  droicte  et  gresle,  d'un  visage 
doux  et  gracieux  ,  l'œil  noir,  le  nez 
traitis,  tirant  sur  Tachillin;  il  portait  la 
barbe  rase,  son  poil  était  chastain.  Il 
avait  la  charnure  fort  blanche  et  fort 
délicate.  » 

La  vie  du  chevalier  Bayard  a  été  écrite 
par  un  de  ses  secrétaires.  £Ile  parut  peu 
de  temps  après  sa  mort,  sans  nom  d'au- 
teur et  sous  le  titre  de  :  Le  loyal  Servi- 
teur. Un  siècle  après,  Théodore  Gode- 
froi  publia  une  2**  édition  de  cet  ou- 
vrage avec  des  notes.  Enfin  une  3^  édi- 
tion en  a  paru  en  1651,  avec  un  sup- 
plément de  M.  Expilly,  président  au  par- 
lement de  Grenoble,  et  de  nouvelles 
notes  de  Louis  Yidel,  pseudonyme  du 
président  Boissière.  M.  Guyard  de  Ber- 
ville  publia  une  histoire  de  Bayard  dans 
l'année  1768.  En  18211^  M.  Cohen  a. 

13 


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BÂT 


(194) 


BAY 


«totmiiuM  histoire  deBaymd ,  qui,  pour 
n*ètre  qa'ane  oompilatioii  du  précédent 
ouvrage,  n'est  cependant  pas  sans  mérite. 
Le  président  Hénault,  Brantème,  Berault 
de  Bercast^,  ont  fourni  des  détails  pr^ 
deux  sur  le  chevalier  Bayard.  Etienne  Pas^ 
quier^  dans  ses  Recherches  sur  la  France ^ 
a  eonsacré  plusieurs  chapitres  an  oheva- 
palier  Bayard ,  ainsi  que  d'Auvigny,  dans 
les  Fies  des  Hommes  illustres  de  France. 
Enfin  le  caractère  et  les  principaux  éré- 
nemens  de  k  vie  du  chevalier  sont  très 
bien  tracés  dans  la  tragédie  de  Gaston 
ei  Bayard ,  par  du  Belloy.     A.  de  C. 

BAYEN  (Fibreb),  dont  le  nom  n'a 
pas  jeté  autant  d'éclal  qoc  ceux  de  La- 
voisier,  de  Fourcroî,  etc.,  mais  à  qui 
nous  devons  de  belles  découvertes  et 
dont  les  travaux  eurent  constamment  un 
but  d'utilité  publique,  naquit  à  Cbâlons- 
snr-Mame  en  1735.  Il  manifesta  de- 
bonne  heure  son  goût  pour  les  sciences 
et  les  arts.  Dans  le  temps  des  vacances  il 
visitait  les  fabriques  et  les  ateliers,  en 
examinait  attentivememt  les  procédés,  et, 
jeune  encore,  il  s'aperçut  qu'on  pouvait 
les  perfectionner.  H  vint  è  Paris  en  1 749. 
Élève  successivement  de  Charras,  de 
Rouelle  et  de  Chamousset,  ce  fut  daBs 
le  laboratoire  de  ce  dernier  que  ses  ta- 
lens  en  chimie  prirent  un  grand  'déve- 
loppement; ils  ne  tardèrent  pas  à  être 
remarqués.  Le  gouvernement  chargea 
Bayen  et  Venel  d'analyser  les  eaux  mi- 
nérales de  la  France.  Ce  travail  fbt  inter- 
rompu par  ta  nomination  de  Bayen  à  la 
place  de  pharmacien  en  chef  de  l'armée 
expéditionnaire  de  Minorque.  Bayen  y 
rendit  d'importans  services.  L^eau  pure 
manquait,  les  soldats  ne  buvaient  qu'une 
eau  saumâtre  qui  leur  occasionnait  de  gra- 
ves maladies.  l'uses  connaissances  en  his- 
toire naturelle,  l'habite  pharmacien  dé- 
couvrît une  source  abond^ntbqui  sufïït  à 
toute  l*krmée.  L'artillerie  n'avait  plus  de 
salpêtre  pour  préparer  des  mèches  :  Bàyen 
demande  de  la  poudre  à  canon,  il  en  isole 
les  principes,  et  dans  le  même  jour  four- 
nit une  assez  grande  quantité  de  nitrate 
de  potasse  pour  que  l'artillerie  pût  con- 
tinuer ses  travaui;.  De  retour  à  Paris 
après  la  guerre  de  Sept-Ans  qu'il  fit  en  Al- 
femagne  en  qualité  de  pharmacien  en 
âief  ,  Bàyài  reprit  son  travail  sur  les 


cavx  mlBéralea*  En  analysant  les  eant 
de  Baguères-Luchon,  il  découvrit  la 
propriété  fulminante  du  mercure  dans 
q«elques-anes  de  ses  combinaisons,  élu* 
dia  les  divers  oxides  de  ce  métal  et  con- 
stata d'une  manière  positive  FjLcrétion  en 
pesanteur  qn^cquièrent  les  métaux  par 
leur  oxidatioB,  découverte  importante 
qui  conduisit  à  celle  de  Toxigène  et  pré- 
para les  voies  à  la  chimie  moderne.  Juste 
envers  toute  sorte  de  mérite,  Bayen  du 
Rey,  médecin  du  Périgord,  qui  avait  con^ 
signé  ce  phénomène  dans  un  mémoire 
imprimé  en  1620,  mais  alors  totalement 
oublié.  La  minéralogie  hii  doit  ses  pro- 
grès, n  donna  les  moyens  d'analyser 
plusietu*s  pierres  telles  que  les  ophites, 
les  serpentines,  etc.;  il  analysa  compara-* 
tivement  les  divers  marbres  et  désigna 
ceux  qui  convenaient  le  mieux  aux  ar- 
chitectes et  aux  statuaires.  Il  signala  la 
présence  de  la  magnésie  dans  les  schistes 
et  démontra  la  possibilité  de  frire  servir 
leur  décomposition  à  la  fabrication  du 
sel  d'Epson  que  l'on  est  obligé  de  reti- 
rar  de  l'Angleterre.  Bayen  reconnut 
qu'un  alcali  est  nécessaire  pour  déter- 
miner la'cristallisatîon  de  l'alun;  que  le 
fer  apathique  est  du  carbonate  de  fer. 

Henckef  etMargrafT,  dans  un  mémoire 
sur  l'étais,  reconnurent  que  ce  métal  conte- 
nait toujours  une  certaine  quantité  d'ar- 
senic; l'étain,  si  utile  dans  nos  usages 
domestiques,  (ht  sur  le  point  d*en  être 
banni.  Chargé  par  le  gouvernement  de 
répéter  les  expériences  des  chimistes 
étrangers,  Bayen,  dans  ses  recherches  sur 
l'étain,  prouva  que  ce  métal  ne  contenait 
pas  un  atome  d'arsenic.  Les  ci^ntes  du 
public  furent  calmées. 

A  la  formation  de  l'Institut,  Bayen 
fut  nommé  un  de  ses  membres.  Il  mou- 
rut à  Paris  en  1798,  âgé  de  73  ans. 

Les  œuvres  de  Bayen,  sous  le  titre 
â^  Opuscules,  forment  deux  volumes  in- 
8^       -  L.S-Y. 

BATLB  (Pice're),  l'un  des  hommes 
qui  ont  le  plus  illustré  les  lettres  et  leur 
pays  et  que  leur  siècle  a  le  plus  persé- 
cutés, précisément  pour  les  travaux  que  la 
postérité  admire  le  plus  en  eux,  naquit  au 
Cariât,  dans  le  comté  de  Foix,  le  18  no- 
vembre 1847.  Son  père,  ministre  pro- 
testant hii  donna  les  pttmières  leçons^ 


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bav  (m) 

cft  s*il  fuLt  d'aberd  surpris  de  U  TiTacité 
de  80D  iotelligence  et  de  l'étendue  de  sa 
mémoire,  il  le  fut  bieotèt  de  ses  progreS| 
et  TeoToya  au  cpUége  de  Pu^laurfsptpour 
lui  doBoer  des  quitrea  plus  savaus.  ^^ 
cpnoie  daos  la  maiscm  pa(ernelle|riusa- 
tiable  «irîdîcé  de  Bayle  ppur  riustruction 
faillit  comproneOre  aa  yie,  et  e^ç  ^k^^ 
ardeur  l/accoopagn»  à  la  campagne  d*un 
pareifi  où  il  fut  obligé  de  se  rendre  pqur 
prendre  quelque  repos.  Il  y  trouva  des 
livref  et  lut  tout  œ  qui  lui  tomba  sous 
la  matn  :  théologie»  moôde,  bistoire,  phi- 
losophie» controverse.  Gependaq^  il  dis- 
tingua dans  le  nombre  des  ouvrages  qu'il 
dévorait;  le  Plutarqoe  d'Amyot  et  Mon- 
taifoe  étaient  ses  livres  favoris.  Cette  lec- 
ture décida  de  sa  carrière  littéraire  ;  elle 
forma  le  futur  professeur  de  pbilo8Q|>bie 
et  d'histoire.  Bayle  ne  commença  ses 
études  de  logique  qu'à  21  ans;  mais  il 
s'y  appliqua  comme  un  homme  qui  vou- 
lait réparer  le  temps  perdu.  H  avait  d'ail- 
leurs lesmaltres  les  plus  habiles  du  temps, 
les  jésuites  de  Toulouse.  Cependant  les 
argumentations  auxquelles  il  se  livrait, 
soit  dans  ses  oours,  soit  dSns  ses  relations 
intimes  avec  les  prêtres  d'une  ville  jadis 
si  dévote,  ébranlèrent  ses  croyances  ;  il  ab- 
jura et  se  mit  aussitôt  avec  un  zèle  ex- 
trême à  vouloir  convertir  son  frère»  déjà 
ministre  au  CaclaL  Ce  fut  un  vrai  zèle 
de  néophyte»  qui  ne  tarda  pasà  se  re- 
froidir et  qui  même  ûi  place  auK  regrets. 
£n  efifet»  fisyle  rentra  brusquement  dans 
le  protestantiame,  et  se  réfugia  à  Genève 
pour  échapper  à  la  peine  du  bannisse- 
ment perpétuel  que  les  lois  portaient 
contre  les  relaps.  A  Toulouse  le  jeune 
étudiant  n'avait  coimu  que  cette  vieille 
philosophie  4u  moyen-âge  que  l'on  pre- 
nait alon  pour  la  doctrine  d' Aristote.  A 
Génère  11  connut  la  doctrine  du  nouveau 
réfoTfnateur  -des  études  philosophiques , 
celle  de  Descartes,  qu'il  préféra  dès  lors 
et  dont  il  ne  dépassa  jamais  les  prineî^pes. 
Dès  cette  époque,  comme  pendant  toute 
sa  vie,  spn  ambition  ee  réduisait  au  be»- 
heur  de  pouvoir  étudier  les  science^  sans 
soud.  Mais  il  fidlait  gagner  sa  yie,  et  il 
fat  suceessiveoient  précepteur  dans  <k 
maison  du  syndtc  d^  Genève,  dans  oelle 
da  comir  de  Dohna»  à  Copet,  dans  œUe- 
t^m  BégoctaiU  de  ILooen  ^  dans  oaBe 


d'un  M.  de  Beringhen  à  Paris*  H  s*étaît  ha- 
sardé de  rentrer  en  France^  espérant  que 
sa  double  abjuration  restât  inconnue 
dans  la  partie  durpy«|ume  qu'il  irait  ha-* 
biter. 

L'an  1075y  à  une  époque  oà  il  pré- 
tendais ne  plus  savoir  (es  éiémens  de  la 
logique  il  disputa  c(  obtint  ^u  poncofirs, 
par  des  thès^  sur  1^  lemp^,  la  chaire  de 
philosophie  à  t'ac^démi^  protestante  de 
Sedan.,l4iphilospphie,  q^^  estfedeveoue 
enfin  oe  qn'elle  a  ^té  4ai|s  ^on  origine, 
une  science  ii^dépend^pte,  que  douce  et 
hau^  spéculation»  était  alors  une  affaire 
fort  grave»  pleine  d^  sopcis»  hérissée  de 
questions  épineuses»  surchargée  de  dis- 
cussions polémiques,  ^'il  npus  la  fau^ 
mainten^n^  pour  «voif  U  solution  des 
grande  énigm^  de  l'existeno<)  et  de  la 
destinée  humaine»  il  1^  fallait  au  xyi;^ 
siècle  pour  échapper  soit  ajux  honteiises 
superstitions  du  peuple^  #oiUu:^ré?eri« 
mystiques  de  la  th^logie.  Bayle  k  com^ 
prenait  suivant  les  besaips  de  sqn  temps. 
La  rf^action  de  sou  cours  Toccnpa  pen- 
dant ^  ans  à  tel  point  qu'il  négligea  même 
ce  qui  était  pour  lid  la  source  des  seuls 
plaisirs  qu'il  connût»  9a  corr^sponda9oa 
ayec  ses  amis.  Sqn  travail  de  professeur 
débutant  n'était  pas  encore  terminé  que 
déjà  il  ^e  sentit  entraîné»  par  une  publi- 
cation mystique  et  un  procès  ridicule,  à 
prendre  la  parole  au  nom  de  la  philoso- 
phie. Le  duc  de  Luxembourg  était  ac- 
cusé, non-seulement  dans  l'opinion  po- 
pulaire, mais  devant  un  tribunal  composé 
de  conseillers  d'état  e(,  de  maîtres  des  re- 
quêtes» d'itvoir  fait  umpacte  avec  le  diable, 
d'entreta^ir  avec  lui  des  relation^  fré- 
quentes et  d'en  tenir  des  pouvoirs  im- 
menses. Ce  procès  était  honteux  pour 
le  aiède  et  cela  parut  grave  à  Bayle;  il 
coBipof a  et  mit  dans  h  bouche  du  duc 
un  discours  également  propre  à  montrer 
l'extravi^gancé  de  sa  renommée  et  celk 
delà  cour  qui  prétendait  le  juger.  Ce  fut 
un  premier  combat.  Baylobientêt  en  livra 
un  second  et  un  troisième.  Un  mystique^ 
le  ministre  Poiret,  grand  enthousiaste  d» 
M^^^  Bourignon  et  de  M°^®  Guyon  asset- 
vissail  a  son  système  et  faussait  dévote- 
ment les  plus  saintes  notions  de  la  phllo- 
.sophiesur  Dieu»rame»  le  monde  et  kmal; 
Bayle  8«li  «n  devoir  4«  k  redresser  dans 


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BAY  (  1^6  ) 

son  traite  qui  a  pour  titre  :  Cogîtatîones 
raiionales  de  Deo,  anima  et  malo.  Une 
comète  apparut  en  1680,  et  l'alarme  fut 
générale.  Bayle  crut  encore  devoir  éclai- 
rer son  siècle  à  cet  égard;  mais  ses  Pen- 
sées sur  la  comète  n'étaient  pas  encore 
tracées  sur  le  papier  que  déjà  Louis  XIY, 
inspiré  par  les  préventions  religieuses 
da  temps,  avait  supprimé  l'académie  pro- 
testante de  Sedan,  en  dépit  des  garanties 
données  an  duc  de  Bouillon,  quand  il 
céda  sa  principauté  à  la  France.  Bayle, 


BAt 


philosophe  véritable,  sachant  vivre  de 
peu,  portant  en  lui-même  une  fortune , 
fut  sans  inquiétude  sur  son  sort;  mais  il 
accepta  avec  joie  la  position  que  la  ville 
de  Rotterdam,  toujours  fière  de  la  gloire 
littéraire  qu'elle  devait  à  Érasme,  s'em- 
pressa d'oflrir,  dans  son  École  illustre, 
aux  professeurs  exilés  de  la  France.  Dans 
ce  pays  de  liberté,  Bayle  se  flattait  de 
pouvoir  dire  et  imprimer  tout  ce  que  lui 
inspirait  son  génie  ou  son  amour  de  l'hu- 
manité. Il  y  acheva  d'abord  son  livre 
sur  la  comète,  dont  il  eut  la  douleur  de 
voir  le  manuscrit  repoussé  par  la  police 
de  Paris,  mafs  qui  n'en  fut  pas  moins  lu 
en  France.  Un  théologien,  homme  de  ta- 
lent, écrivain  élégant,  mais  aveuglé  par 
l'esprit  départi,  le  P.  Maimbourg,  ve- 
nait alors  de  publier  une  histoire  du 
Calvinisme  où  les  faita  étaientreprésenlés 
sous  le  point  de  vue  le  plus  défavorable 
aux  réformateurs  et  à  la  réforme.  Dans 
le  court  espace  de  16  jours,  Bayle,  qui 
était  professeur  d'histoire  ausst  bien  que 
de  philosophie ,  écrivit  une  critique  gé- 
nérale de  ce  livre  (1682).  8on  ouvrage, 
estimé  même  de  son  adversaire,  fut  brûlé 
en  Grève,  mais  il  fut  lu  de  tout  le  monde 
et  parvint  en  peu  de  temps  à  sa  troisième 
édition.  Ce  succès  établit  la  réputation 
de  l'auteur;  mais  il  blessa  l'amour-propre 
et  la  jalousie  du  plus  irritable  des  hommes, 
4e  son  ami  Jurieu,  qui  avait  voulu  réfu- 
ter aussi  l'ouvrage  du  P.  Maimbourg , 
mais  dent  la  réfutation  ne  fut  pas  lue  et 
qui  désormais  fut  l'ennemi  implacable  de 
•on  collègue.  Bayle,  tout  aux  études,  con- 
çut bientôt  (1684)  le  plan  d'une  publi- 
cation périodique  intitulée  :  Nouvelles^ 
de  la  république  des  lettres ^  qui  obtint 
uo  succès  universel  et  lui  assura  tine  sorte 


entrepris  a  cette  époque  encore  peu 
éclairée,  un  travail  de  ce  genre  entraîna 
nécessairement  l'auteur  dans  une  foule 
de  démêlés  fastidieux,  et  il  ne  sortit  pas 
de  tous  ces  débata aussi  agréablement  que 
de  celui  qu'ileut  avec  la  reine  Christine. 
Cette  princesse,  qui  conserva  dans  la  con- 
dition privée  ces  habitudes  d'absolutisme 
qu'on  prend  sur  le  trône,  lui  fit  une  af- 
faire parce  qu'il  lui  avait  supposé  quel- 
ques restes  de  protestantisme;  mais  elle 
voulut  bien  sacrifier  sa  colère  aux  spiri- 
tuelles flatteries  de  Bayle.  Jurieu  ne  se 
laissait  pas  désarmer  ainsi.  Un  ouvrage 
de  Bayle,  digne  des  éloges  de  tous  les 
siècles,  son  commentaire  sur  ces  paroles 
de  l'Évangile  ;  contrains-les  d^ entrer, 
ouvrage  provoqué  par  les  persécutions 
que  Louis  XIY  dirigeait  alors  contre  les 
protestans,  fournit  au  rancuneux  ministre 
l'occasion  de  laisser  éclater  sa  colère. 
Bnyle  y  recommandait  la  tolérance  :  son 
ennemi  l'accusa  d'y  prêcher  l'indifTé- 
rence.  Bayle  répliqua.  Alors  Jurieu,  pour 
mieux  le  perdre ,  lui  attrifina  une  bro- 
chure ironique  qui  venait  de  paraître 
(1690)  sous  le  titre. d'^m  aux  réfugiés 
sur  leur  prochain  retour  en  France, 
Abusant  de  cet  écrit  de  la  manière  la  plus 
odieuse,  Jurieu  peignit  son  adversaire 
comme  l'ame  d'une  cabale  dévouée  aux 
intérêts  de  Lonis  XIY  et  hostile  à  ceux 
des  puissances  protestantes,  surtout  à  la 
Hollande  et  à  l'Angleterre.  Bayle  se  flatta 
trop  aisément  de  montrer  la  fausseté  de 
tout  cet^hafaudage  d'accusations  dans 
son  livre  intitulé  la  Cabale  chimérique. 
En  effet,  ^es  accusations  d'irréligion 
déduites  de  son  livre  sur  la  comète  s'é- 
tant  mêlées  aux  griefs  politiques  qu'on 
élevait  contre  Bayle,  et  quelques  change- 
mens  ayant  eu  lieu  dans  la  composition 
du  magistrat  de  Rotterdam,  cette  ville 
supprima  à  la  fois  la  chaire  et  la  pen- 
sion de  Bayle  et  lui  6ta  jusqu'au  droit 
d'epseigner  en  particulier  (1698).  La  me- 
siure  était  rigoureuse,  car  Bayle,  qui 
achetait  autant^de  livres  qu'il  en  pouvait 
payer,  était  sans  fortune;  il  s'émut  peu 
de  cette  situation.  D'autres  académies 
l'eussent  accueilli;  mais  heureux  d'une 
indépendance  qui  lui  permettait  de  réali- 
ser le  plan  depuis  long-temps  conçu  d*un 


de  dictature  dans  cet  empire  idéaL  Mais  |  dictioniiaire  hiatoriquei  il  te  livra  dé- 


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BAY 


(197) 


BA.Y 


sonnais  à  peu  près  exclusivement  à  ce 
travail.  Il  put  le  donner  dès  Tan  1696> 
en  2  vol.  in-fol.  Le  succès  qu'obtint  cette 
première  édition  surprit  Tauteur  lai- 
même,  qui  traitait  son  ouvrage  de  conh- 
pUation  informe,  composée  d'articles 
cousus  les  uns  à  la  queue  des  emtres, 
et  lui  imposa  l'obligatioD  de  perfection- 
ner son  recueil.  Il  lui  eût  donné  sans 
doute,  dans  plusieurs  éditions  nouvelles, 
un  plus  haut  degré  de  mérite  sans  les  tra- 
casseries infinies  et  les  persécutions  ré- 
voltantes qu'il  lui  attira  de  la  part  de  Ju- 
rieu,  du  consistoire  de  l'église  wal- 
lonne et  de  plusieurs  théologiens,  à  l'oc- 
casion des  articles  David,  Pyrrhonisme, 
Afemichéens etnuires.  Ces  querelles,  dans 
lesquelles  on  alla  jusqu'à  lui  donner  des 
injonctions  délibérées  en  consistoire  sUr 
les  changemens  à  introduire  dans  son  li- 
vre, injonctions  auxquelles  il  répondit 
par  une  docilité  extrême  et  par  des  mé- 
moires sans  nombre,  épuisèrent  sa  vie. 
Il  mourut  le  38  septembre  1706.  Les 
Jurieu,  les  Leclerc,  les  Jacqtlelot,  et  une 
foule  (Fhommes  obscurs  avaient  dérobé 
les  derniers  momens  de  Bayle  aux  écri- 
vains célèbres  qui  l'honoraient  de  son 
amitié,  fiayle  avait  été  en  correspondance 
avec  Malebranche,  Bignon,  Lamy,  Ben- 
serade,  Fontenelle,  Buckingham,  Shaf- 
tesbury,  Bumet,  Abbadie,  Saint-Évre- 
mond,  Leibnitz,  Thomasius,  Buddeus, 
Graevius,  Lenfant,  Huet  et  Basnage. 

Sobre  et  diaste,  modéré  dans  tous  ses 
désirs,  doué  d'une  prodigieuse  capacité 
de  travail,  Bayle  s'était  partagé  entre 
l'histoire  et  la  philosophie,  qui,  de  son 
temps,  embrassait  beaucoup  de  questions 
qui  sont  du  domaine  de  la  théologie.  Pro- 
fesseur d'histoire  et  de  philosophie,  il  ne 
fut  ni  un  historien,  ni  un  philosophe 
émînent;  il  fut  en  philosophie  un  syn- 
crétlsie  penchant  popr  le  scepticisme, 
en  histoire  un  ccmipilateur  d'une  criti- 
que sévère.  Son  principal  ouvrage,  le 
Dictionnaire  historique,  qu'il  jugea  lui- 
même  avec  trop  de  rigueur,  renferme 
une  foule  d'articles  sans  intérêt,  qui  ne 
sont  que  le  prétexte  des  notes  si  pro- 
lixes qu'y  rattache  l'auteur  ;  mais  beau- 
coup d'autres  sont  pleins  de  sens,  de 
raison,  de  critique,  d'érudition.  Sans 
doute  on  n'y  trouve  ni  un  système  de  phi- 


losophie, ni  un  système  de  religion  ;  mais 
on  y  rencontre  à  chaque  pas  les  indica- 
tions d'une  .haute  raison  i  les  lumières 
d'ub  homme  de  bien,  univei*sellement  in* 
struit;  et  cet  ouvrage,  proscrit  par  la 
France  et  la  HoUande,  s'est  vengé  de  la 
Hollande  et  de  la  France  en  les  éclairant 
l'une  et  l'autre;  il  a  exercé  une  influence 
immense  sur  les  lettres  et  la  philosophie 
de  l'Europe.  Un  grand  nombre  d'éditions, 
dont  celles  de  1697  et  1 720  sont  les  plus 
recherchées,  plusieurs  traductions,  des 
additions  et  des  remarques,  ont  ajouté  à 
la  célébrité  de  cette  grande  compilation. 
Une  édition  française,  due  aux  soins  de 
M.  Beuchot,  a  été  publiée  dans  les  an- 
nées 1820  et  suivantes,  en  16  vol.  in-8^; 
cette  édition  est  enrichie  de  notes  extrai- 
tes des  auteurs  qui  ont  critiqué  Bayle. 
Ses  OEuvres  diverses,  La  Haye,  1727- 
1731 ,  4  vol.  in-fol.,  ont  perdu  de  leur 
prix;  son  cours  de  philosophie,  imprimé 
en  latin  et  en  français ,  n*est  qu'un  ex- 
posé général  des  principales  opinions  des 
philosophes,  accompagné  de  remarques 
critiques»  La  vie  de  Bayle  a  été  écrite  par 
De  La  Monnoye  et  par  Des  Maizeaux.  Il 
est  un  de  ces  hommes  qui  sont  venus  trop 
tôt  de  quelques  siècles  ;  qui  ont  eu,  à  la 
vérité,  le  courage  de  se  dévouer  aux  plus 
purs  intérêts  de  l'humanité,  mais  qui  ont 
trop  présumé  de  leurs  forces  et  payé  trop 
cher  cette  généreuse  présomption.  M-r. 

BAYLE  (  Gaspari^-Laurent),  mé- 
decin, né  en  1774  au  Vernet,  village 
des  montagnes  de  la  Provence. 

C'est  à  ses  Recherches  sur  la  phthi« 
sie  pulmonaire  que  Bayle  a  dû  sa  ré- 
putation. II  est  cependant  bien  éloigné 
d'avoir  épuisé  la  matière;  car  s'il  à  su 
bien  établir  les  symptômes  de  cette  cruelle 
maladie  à  toutes  ses  périodes,  s'il  a  su 
bien  décrire  les  désordres  qu'elle  occa- 
sionne, il  n'a  point  été  aussi  heureux 
dans  la  recherche  de  ses  causes;  il  n'a 
rien  dit  de  nouveau  sur  son  traitement, 
et  sur  ce  point  tout  reste  encore  à  faire, 
même  après  de  nouvelles  études. 

Bayle  était  né  poêle  et  avec  un  esprit 
mystique  qu'avait  dû  exalter  l'éducation 
religieuse  qu'il  avait  reçue  dans  son 
enfance.  Il  fut  sur  le  point  d'entrer 
dans  l'eut  ecclésiastique;  la  crainte  de 
n'en  pas  bien  remplir  les  devoirs  put 


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BAT 


(  1*8  ) 


feeule  Veû  iempêdier.  H  pesM  tUisi  à  m 
faire  avocat;  mais  upe  drcOMtaoice  po- 
litique pen  hnportaiHe^  quoique  hononn 
ble  pour  lui ,  Tayaut  fbrcé  de  ae  retirer  k 
Montpellier,  il  y  conmeD^  Tétude  de 
la  médecine.  Il  parait  qu'il  ne  termina 
pas  ses  études  tnédiealea  dans  cette  irille, 
pnisqu*après  aroir  été  pendant  deux  ans 
attaché  aux  armées ,  il  vint  à  Paris  pour 
suivre  les  cotirsde  Téeole^  et,  après  avoir 
obtenu  un  prix  et  la  place  d*aide  d'ana^ 
tomie ,  il  fut  re^u  docteur  en  médecine 
en  1801.11  fbt  nommé,  en  1807,  médecin 
adjoint  dans  l'hôpital  de  k  Charité,  où  il 
avait  été  interne  jpendant  pknieurS  an-» 
nées;  c'est  là  qu'il  fit  toutes  «es  recher- 
ches d'anatomie  pathologique  et  qu'il  re- 
cueillit les  matériaux  de  son  ouvrage  et 
des  mémoires  qu'il  a  publiés  dans  le 
Journal  de  médecine  de  Corvisart  et  Le- 
i^uic,  mémoires*  qui  k  plupart  ont  pour 
objet  les  affections  tuberculeuses  et  squir- 
rheuses. 

Nommé,enl808,médecitipar  quartier 
de  la  maison  de  Napoléon  ^  il  le  suivit  en 
Espagne.  De  retour  en  France  en  même 
temps  que  l'empereur)  il  se  livra  entio« 
rement  à  la  pratique  de  k  médecine  et 
vit  sa  fortune  s'accroître  rapidement. 
Cependant  il  ne  refusait  jamak  ses  soins 
aux  indigens  et  une  panie  de  son  revenu 
était  consacré  à  des  actes  de  bienfaisance. 
Les  événemens  politiques  de  1 8 1 5  parais- 
sent avoir  précipité  k  fin  de  Bayle;  il 
mourut  à  42  aiis,  en  1816,  au  lieu  de  sa 
naissance,  où  il  était  venu  dans  l'espé* 
rance  d'y  rétablir  sa  santé  t0ttt4-fait  dé- 
truite. 

JLtt  moment  de  sa  mort,  Bayk  s'oo^- 
Ctipait  déjà  depuis  long-tempo  de  ras^' 
sembler  les  matériaux  d'un  grand  ou- 
vrage sur  les  maladies  cancéreuses;  on  tn 
annonce  la  prochaine  poblicatloti  qui 
doit  se  feire  par  les  éoina  de  son  neveu  ^ 
M.  le  ddcteur  Bayle.  A.  L-d* 

BATLEN  (  cAHftrLATioir  nn).  Cet 
événement,  que  le  sort  des  armes  a  jeté 
au  milieu  des  triomphes  de  l'armée  fran- 
çaise comme  un  avertissement  des  In- 
èonstances  de  k  fortune,  a  toujours  ^ 
(Considéré  par  Napoléon  comme  l'origine 
des  désastres  par*  lesquels  s'eAt  terminée 
k  guerre  dek  péulnsuk  hispaniqiie. 

Tandis  que  s'étendait  de  toutes  part» 


BAT 

riniUReetiQtt  fomentée  par  k  junte 
d'Aranjuefe,  elle-même  excitée  contre  k 
France  par  la  politique  anglaise  (v.  Ax  ak* 
lUBz)^  lea  divers  corps  de  l'armée  d'oc- 
cupation s'apf>rétaient  à  déjouer  ces  ma- 
nœuvres par  de  prompts  succès  contre  les 
insurgés.  C'est  ainsi  qu'en  dispersant  les 
bandes  du  général  CuesU  devant  Medi- 
na-del-Rio-Seoo  (  14  juillet  1808  ),  le 
maréchal  Bessières  venait  de  ramener  à 
k  aoubiasion  les  villes  et  les  provinces  de 
Léon,  Paknok)  ValkdoUd,  Zamora  et 
Sakmanque.  Ctet  dans  oea  circonstances 
que^  cinq  jours  après,  le  général  Du* 
pont  signait  l'outragenae  oé^ itnktîon  de 
Baylen. 

Parti  de  Tolède  vers  k  fin  de  mai,  à 
k  tète  de  7  à. 8,000  hommes,  pour  delà 
se  porter  sur  Cadix  >  ce  général  avait  eu 
d'abord  cpielquea  anccès,  malgré  l'infé- 
riorité numérique  de  ses  forces.  Après 
s'être  avaneé  juaqne  sur  Cordoue,  en 
poussant  devant  lui  les  bandea  du  géné- 
ral EschiAvari ,  il  était  entré  de  vive  force 
dans  cette  pkce  le  6  juin;  il  n'attendait 
pour  ae  porter  sur  Séville  que  l'arrivée 
d'un  renfort  que  devait  Ini  envoyer  Mu- 
rat  ,  commandant  en  dwf  à  Madrid. 

Cependant ,  à  k  nouvelle  de  Toccu- 
patioo  de  Cordoue  et  des  excès  qu'on 
disait  y  avoir  été  oommb  contre  les  ha- 
bitans  dans  leurs  personnes  et  dans  letu*8 
propriétés,  la  junte  jde  Sévilk,  qui  venait 
de  rassembler  40,000  hommes,  lea  diri- 
gea snr  ce  point ,  sons  ks  ordres  du  gé- 
néral Castaios. 

Dupont,  à  l'approche  de  ces  forces, 
se  repioye  vert  Ajidnjar  et  se  poru  sur 
ka  deux  rives  du  Guadalqidvir,  pour 
deÉieurer  en  cotmnimieatiôn  avec  Ma- 
drid, d'où  Sevary^  qui  remplaçait  Mu- 
rat,  Hii  envoyait  enfin  un  renfort  de 
8/)00  hommes,  et  en  même  temps  pour 
se  tenir  maître  dek  route  de  Sévilk,  où 
il  se  porterait  s'il  se  sentait  en  forée.  Un 
ailtre  eorpa  de  8,000  hooMMs,  commandé 
par  k  général  Yetkl^  avait  eu  ordre  dV 
vaneer  aussi  de  Tolède  an  secours  de  Du- 
pont; ce  corps  prit  position  à  Baylen,  à 
4  lieues  d'Andujar;  enfin,  à  pareille  dis- 
tance de  Baylen  et  tou^jours  sur  k  route 
de  Madrid^  un  fort  détachement  de  k 
division  du  général  Oobert  occupait  Ln 
Caroline  :  de  telk  aorte  qu'en  quelque* 


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BAY 


(199) 


BàY 


he«r«t  dé  Hiarche  ces  trois  corps  poo- 
vaient  faire  leur  joncdoo. 

L'avaotage  de  cea  dispositions  aUait 
être  perdu  par  la  précipitation  dss  géié- 
rauz.  Néanmoins  les  circonstances  n« 
jastifiaieût  pas  la  résolution  désespérée 
que  prit  le  général  Dupont ,  à  la  suite 
d'un  échec  dont  la  constante  et  le  cou* 
rage  des  soklata  pouvaient  encore  chan- 
ger Hssue. 

Menacé  dans  Anduj«r,  Dupont  amit 
appelé  à  lui,  le  18  juillet ,  l'une  des  bri-*> 
gades  de  VedeL  Aussitôt  celui-cî  part 
ayec  tout  sod  monde»  moins  deum  ba- 
taillons qu'il  laisse  pour  garder  le  gué  de 
Mangibar,  par  où,  bientôt  après ,  les  Es- 
pagnols franchissent  le  Guadalqurdr.  A 
U  vérité»  Gobert,  qui  avec  ses  1,600 
hommes,  a  remplacé  Vedel  à  Baylen,  bat 
et  disperse  Fennemi;  mais,  s«ppOsant 
qu'il  s'éUit  ré&igié  à  La  ûiroline»  poste 
qu'on  avait  eu  le  tort  grave  de  laisser 
découvert,  les  dedx  généraux  s'y  lancent 
Fan  après  l'antre  sans  s'être  concertés  et 
ne  trouvent  nuHe  part  les  Espagnols 
qui,  instruits  de  ces  mouvemens»  s'é- 
taient aussitôt  reformés  à  Baylen.  De 
son  côté  Dupont,  après  avoir  atteiSdil 
vainement  la  brigade  de  Vedel  à  Andu- 
jar,  Ja  croyant  engagée  avee  l'ennemi 
dans  Baylen,  s'y  porta  par  une  nuurche 
rapide  qui  exténua  sa  troupe  de  fatigue  ; 
et  au  lieu  dei  corps  avec  lesquels  il 
croyait  faire  sa  jonction ,  il  se  trouva  en 
face  d'une  armée  supérieure  en  nombre, 
commandée  par  le  général  Reding.  Forcé 
d'accepter  le  combat  dans  de  telles  con- 
jectures ,  il  ne  put  retrouver  ni  assex  de 
fermeté  pour  rdcver  le  moral  de  sa 
troupe,  ni  assez  de  présence  d'esprit  pour 
comprendre  hri-méme  que,  s'il  parve- 
nait à  tenir  plus  kmg-tetaips  pied  devant 
l'armée  eniiemie,  il  la  plaônrait  à  son 
tour  dans  une  position  plus  eritiqne  que 
la  sienne ,  pihisqué,  par  l'arrivée  du  gé- 
néral Vedel  et  de  sa  brigade ,  eHe  allait 
se  trouver  prise  entre  deux  feux. 

Vedel  accourait  en  effet.  U  attaqua 
avec  imj^éluosité  les  Espagnols  et  leur  fit 
d'abord  800  prisonniers  ;  Éiai»  alors 
difà  Dupont pa^en^bntàit  tt9tù  le  général 
Reding.  U  fit  cesser  le  feu  de  la  cokmne 
victorieuse  ^  et  |Ar  la  tAéploïmble  uapitu- 
hlioa  qm'il  sigba  le  ImàHAgàB^  SOjofllet 


1808,  il  se  rendit  prisonnier  de  guerre 
avec  les  8,000  hommes  qui  formaient 
son  arméew  ■ 

De  plus  honorables  conditions  furent 
accordées  à  Vedel  :  on  convint  que  sa. 
division  serait  renvoyée  par  mer  à  Ro- 
cheibrt  ;  mais  c'est  au  bagnede  Cadix  que 
les  vaisseaux  espagnols  conduisirent  ces 
braves  bataillons.  Le  reste,  transporté  à 
l'ile  de  Cabrera,  passa  plus  tard ,  sur  ia 
réclamation  des  Anglais,  dans  les  pon- 
toDs  de  Plymoutb. 

Pendant  les  pourparlers  de  cette  ca- 
pitulation arriva  vers  Baylen  l'armée  oon* 
duite  par  le  général  Castanos,  et  oe  der-^ 
nier  recueillit  tout  Thonneur  du  facile 
triomphe  des  Espagnols  qui  lui  a  valu  le 
titre  de  duc  de  Baylen,  Son  résultat  ex- 
plique l'importance  donnée  à  cette  capi- 
tulation qui,  ouvrant  aux  insurgés  la 
route  de  Madrid,  contraignit  Joseph  Bo^ 
naparte  à  se  retirer  a  Borgps,  dix>  jours 
seulement  après  son  entrée  dans  la  ca- 
pitale du  royaume  d'Espagne.       P.  C. 

BAYONNE  (  département  des  Basses- 
Pyrénées  )  est  la  yille  la  plus  importante 
du  pays  des  Basques.  Elle  est  située  à 
la  gauohe  de  l'Adour,  au  confluent  de 
cette  rivière  avec  la  Nive ,  à  une  lieue 
de  la  meri  à  environ  36  lieues  au,  sud- 
ouest  de  Bordeaux ,  et  à  6  lieues  des  fron-v 
tières  d'Espagne  et  de  la  rivière  de  Bi- 
dassoa  {voy,)  qui  sépare  les  deux  royau- 
mes^— L'ancien  nom  de  Bayonne  est  Zo- 
pnrditm  (en  langue  basque,  terre  stériU)f 
d'où  fe  pays  de  Laboiurd  a  pris  le  sien* 
Celui  de  Bayonne  ne  remonte  qu'au 
milieu  du  xii^  siècle;  il  vient  du  basque 
Boila^Ona,  bonne  baie.  Le  pays  qui  en- 
toure cette  ville  a  été  gouverné  par  des 
viconAes,  sous  ia  mouvance  des  ducs  de 
Gascogne,  depuis  le  milieu  du  xi®  siècle 
jusque  vers  la  fin  du  xii®  ou  le  eommen- 
cemeot  du  xni^ ,  époque  à  laquelle  eut 
lieu  sa  réuttion  an  duché  d'Aquâtaine.  Il 
fut  possédé  par  les  rois  d'Angleterre  jus- 
qu'au milieu  du  rv^  siècle, qu'ils  en  furent 
dépoiûllés  par  le  roi  Charles  VU.  Le  roi 
anglais  Jean-sans-Terre  avait  donné ,  en 
13 1 4,  à  la  ville  de  Bayonne,  des  privilèges 
qui  en  firent  Une  véritable  république,  jus* 
qu'à  l'uNiée  14&1.  Du  y^  au  xa^  siècle 
.  Bayonne  à  été  quatorze  fois  assiégée.  Le 
plus  cél^MPé  de  oes  si^oi  att  celui  de 


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ÈAV 


(200) 


BAY 


i52^,  ei]t^epn$  par  les  armées  combi- 
nées de  Teropereur  Cbarles-Quint  et  da 
roi  d'Angleterre  H«nri  VIIL  C'est  alors 
que  les  femmes  de  cette  ville  inventèrent, 
dit-on  y  l'arme  si  commune  anjourd'hni 
sous  le  nom  de  baïonnette  (vo/.).  Comme 
beaucoup  de  nos  anciennes  cités,  Bayon- 
ne  prend  le  nom  de  ville  vierge,  jamais 
conquête  étrangère  ne  l'ayant  souillée. 
Le  vicomte  d'Orthe  y  était  gouverneur 
à  l'époque  du  massacre  de  la  Saint- 
Barthélemi;  tout  le  monde  connaît  la 
belle  réponse  qu'il  fit  aux  ordres  de  la 
cour ,  qui  lui  enjoignaient  d'égorger  aussi 
les  protestans  de  son  gouvernement. 
Bayonne  eut  des  évêques  dont  on  ne 
connaît  la  suite  que  depuis  le  x^  siècle. 

La  population  actuelle  de  Bayonne  est 
de  13,250  babitans;  cette  place  est  le 
siège  d'une  sous-préfecture  du  départe- 
ment des  Basses -Pyrénées.  La  mobilité 
de  la  barre  qui  ferme  l'Adour  nuit  sin- 
gulièrement au  commerce  maritime  de 
Bayonne,  malgré  les  travaux  entrepris 
sous  Henri  III ,  sous  Louis  XTV  et  sous 
Napoléon,  pour  faire  disparaître  ce  dés- 
avantage. On  y  armait  autrefois  pour  la 
pèche  de  h  baleine  ;  mais  on  a  renoncé 
à  «es  expéditions,  et  il  ne  s'y  fait  plus 
que  peu  d'armemens.  Le  commerce  par 
terre  est  plus  actif,  surtout  avec  l'Espa- 
gne. Les  jambons  de  Bayonne  sont  re- 
nommés. 

Les  fortifications  de  cette  place,  cons- 
truites en  1818,  sont  boones;  mais  elles 
demanderaient  trop  de  troupes  pour  leur 
défense.  La  seconde  ligne,  œuvre  de 
Yauban ,  est  peu  importante.  Vauban  a 
encore  bâti  la  citadelle ,  qui  semble  des- 
tinée à  battre  plutôt  qu'à  protéger  la 
vHle,  et  qui  communique  avec  celle-ci 
par  un  souterrain  pratiqué  sous  les  deux 
rivières.  On  voit  dans  cette  ciudelle  un 
puits  dont  la  profondeur  est  remarqua- 
ble. On  désigne  sous  le  nom  de  château 
vieux  et  de  château  neuf  deux  fortins 
qui  se  lient  à  la  seconde  ligne  et  aux- 
quels on  arrive  par  la  ville.  Bayonne  pos- 
sède des  cbantiers  de  construction  pour 
la  marine  royale  et  pour  le  commerce. 
Cette  ville,  propre,  assez  bien  bâtie, 
mais  dont  les  rues  sont  irrégulicres ,  a  de 
jolies  promenades,  dont  les  allées  ma- 
rines sont  la  plus  belle.  Les  babitans  de 


Bayonne  ont  en  général  peu  d'instruc- 
tion; pourtant  leur  ville  a  produit  plu- 
sieurs marins  célèbres.  A.  S-b. 

BAYONNETTE  ou  BAÏON- 
NETTE. La  baïonnette  est  une  es- 
pèce d'épée  dont  le  manche  s'adapte  à 
l'extrémité  d'un  canon  de  fusil.  Elle  tire 
son  nom  de  la  ville  de  Bayonne  {voy.) , 
où  ont  été  fabriquées  les  premières  baïon- 
nettes. 

Cette  arme  a,  depuis  son  origine,  subi 
d'importantes  modifications.  Elle  fut 
ajoutée  au  fusil,  qui  laissait  sans  défense, 
au  moment  où  il  avait  fait  feu,  celui  qui 
en  était  armé.  La  baïonnette,  d'abord 
montée  sur  un  manche  de  bois  qu'on  en- 
fonçait dans  le  canon  du  fusil ,  avait  l'in- 
convénient d'empêcher  de  charger  ni  de 
tirer.  On  y  remédia  en  ajoutant  à  la  lame 
une  douille  coudée  qui  enveloppe  le  bout 
du  canon  et  une  virole  échancrée  qui 
entre  dans  un  tenon  et  arrête  la  baïon- 
nette. Par  cette  disposition  le  fusil  de- 
vint à  la  fois  une  arme  de  jet  et  une 
arme  d'escrime.  Mais  dans  une  bataille 
le  soldat  ne  garde  pas  constamment  la 
baïonnette  au  bout  du  fusil  ;  elle  le  ren- 
drait pesant  et  difficile  à  charger  et  ex- 
poserait même  les  mih'taires  placés  aux 
premiers  rangs  à  être  blessés  par  ceux 
du  second  et  du  troisième. 

Le  ftisil  sert  donc  d'abord,  comme 
arme  de  jet,  à  combattre  de  loin ,  et  c'est 
lorsque  les  balles,  lancées  avec  profu- 
sion, commencent  à  jeter  le  désordre 
dans  les  rangs  de  l'ennemi  que  l'on  or- 
donne de  mettre  les  baïonnettes. au  bout 
du  fîisil.  Alors  le  fusil  devient  arme  d'es- 
crime, et  le  soldat,  animé  par  l'odeur 
de  la  poudre,  échauffé  par  l'action  du 
feu  qu'il  vient  de  faire,  s'élance  avec  ar- 
deur sur  son  adversaire ,  qu'il  combat 
corps  à  corps ,  jusqu'à  ce  qu'il  l'ait  ren- 
versé ou  mis  en  fuite. 

L'armée  française,  si  impétueuse  dans 
l'attaque ,  fait  presque  toujours ,  avec  le 
plus  brillant  succès ,  usage  de  la  baïon- 
nette ,  non-seulement  contre  l'infanterie 
mais  encore  contre  la  cavalerie.  La  lon- 
gueur du  fusil,  armé  de  sa  baïonnette, 
permet  au  fantassin  d'atteindre  le  cheval 
du  cavalier  sans  se  laisser  approcher ,  et 
à  moins  de  l'effort  produit  par  une  charge 
violente^  que  l'infiuiterie  la  plut  vigoo» 


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BÀZ 


(201) 


BDE 


reuae  a  peine  à  souteûîr,  elle  résiste 
le  plus  souvent  avec  le  seul  secours  de 
la  baïonnette  aux  attaques  de  la  cava- 
lerie. C-TE. 

BAZAR  [bazari) ,  mot  arabe  qui 
signifie  trafic  de  marchemdises ,  et  se 
dit ,  par  extension,  des  endroits  où  a  lieu 
ce  trafic.  C'est  un  lieu  destiné  en  géné- 
ral au  commerce  parmi  les  Orientaux, 
et  surtout  chez  les  Persans.  Il  y  en  a  de 
deux  espèces  :  les  uns  sont  découverts 
comme  les  marchés  d'Europe  et- servent 
aux  mêmes  usages^  mais  seulement  pour 
j  vendre  les  marchandises  les  moins  pré- 
cieuses  et  de  plus  grand  volume.  Les  au- 
tres y  construits  comme  des  cloîtres,  sont 
couverts  par  des  voûtes  élevées  et  per- 
cées par  des  espèces  de  dômes  ou  cou- 
poles, dans  le  milieu,  d*où  arrive  le 
jour  ;  c'est  dans  ces  derniers  que  les  mar- 
diands  de  pierreries ,  de  riches  étoffes , 
d'orfèvrerie,  et  d'autres  semblables  mar- 
chandises ,  ont  leurs  boutiques.  La  con- 
struction de  ces  bazars ,  sous  le  rapport 
de  la  température,  est  admirablement 
adaptée  au  climat.  £n  toutes  saisons  les 
marchands  s'y  rassemblent,  et  l'on  y 
voit  même  des  Juifs  des  classes  infé- 
rieures s'y  promener  en  criant  le  prix 
des  objets  qu'ils  colportent  On  s'y  réunit 
aussi,  comme  à  la  fiourse,  pour  parler 
d'affaires,  de  courtage  et  de  banque. 
Quelquefois  même  on  y  vend  des  escla- 
ves, quoique  ce  barbaure  commerce  se 
fasse  particulièrement  dans  les  bazars 
découverts.  Le  bazar  ou  maïdan  d'Ispa- 
han  est  iine  des  plus  belles  places  de 
toute  la  Perse,  et  surpasse,  dit-on,  tou- 
tes celles  qu'on  voit  en  Europe;  mais, 
quoique  cette  place  soit  d'une  grandeur 
immense ,  on  cite  le  bazar  de  Tauns 
comme  l'emplacement  le  plus  vaste  que 
l'on  connaisse;  on  y  a  plusieurs  fois  rangé 
30,000  hommes  en  bataille.  Il  peut  con- 
tenir 15,000  boutiques. 

En  Russie,  les  Gastinoi  Dvor  sont  de 
véritables  bazars.  On  a  commencé  aussi 
à  les  naturaliser  en  France.  A  Paris  on 
voit  plusieurs  bazars  à  l'instar  de  ceux 
de  l'Orient;  tous  (bazar  BoulBers,  bazar 
de  la  me  Saint-Honoré,  etc.),  présentent 
aux  yeux  du  public  des  marchandises 
variées  de  la  plus  grande  beauté  et  de  la 
àenûère  perfectîonX'exposition  des  pro- 


duits de  rindostrie  française,  qui  doift 
avoir  lieu  tous  les  quatre  ans ,  n'est  autre 
chose  qu'un  vtste  bazar,  où  des  hommes 
de  tous  les  pays  se  donnent  rendez-vous 
à  certains  intervalles  de  temps.  Mais, 
c'est  le  Palais-Royal  qui  est  le  vrai  pro- 
totype d'un  bazar  européen  ;  ce  sont  les 
divers  passages  qui  y  aboutissent,  la  plu- 
part ornés  d'agréables  et  brillantes  bou- 
tiques :  les  galeries  du  Caire ,  de  Véro- 
Dodat,  de  Co)bert,  et  le  magnifique  pas- 
sage Yivienne,  qui  méritent  ici  d'être 
cités.  F.  R-D. 

BAZARD  (Amard)  ,  naquit  vers  l'ais 
1792.  U  fut  l'un  des  premiers  pères 
suprêmes  de  l'association  saint -simo- 
nienne,  et  l'un  des  fondateurs  du  car- 
bonarisme en  France»  Doué  d'une  ame 
ardente  et  d'un  caractère  ferme  et  cou- 
rageux, il  est  ji  regretter  qu'il  n'ait  pas 
appliqué  ses  talens  à  des  innovations  plus 
applicableset  plus  conformes  à  nos  mœurs 
et  à  l'esprit  du  temps.  D  est  cependant 
juste  de  dire  que,  sans  abdiquer  son  au- 
torité ,  il  combattit  ouvertement  le  pê/^ 
Enfantin  et  son  école,  lorsque  celui-ci 
prêcha  le  dogme  de  la  promiscuité  et  au- 
tres aménités  semblables.  Bazard  mourut 
à  Courtry,  près  de  Paris»  à  l'âge  de  41 
ans,  le  29  juillet  1832.  F.  R-n. 

BDELLOMÈTRE.  de  ^^iXka,  la 
sangsue  (  ^^oûàra ,  sucer  ) ,  instrumeni. 
imaginé  il  y  a  quelques  années  pour  rem- 
placer les  sangsues  dont  il  se  faisait  alors 
une  effroyable  copsommation.  U  se  com- 
posait d'une  cloche  de  verre  à  laquelle 
était  adaptée  une  pompe  pneumatique  et 
un  scarificateur  (  vqy.  )  porté  sur  une 
tige  mobile.  La  cloche  appliquée  sur  la 
peau,  on  y  faisait  le  vide  avec  la  pompe  ; 
puis  avec  le  scarificateur  on  entamait  la 
peau  sans  retirer  l'instrument,  et,  la 
pompe  continuant  d'agir,  le  sang  coulait 
avec  plus  ou  moins  d'abondance.  Cet  ap- 
pareil, compliqué  et  difficile  à  manier,  a 
fait  place  aux  ventouses  qui,  lorsqu'elles 
sont  adroitement  appliquées,  ne  sont  ni 
plus  douloureuses  ni  moins  efficaces. 
Quant  à  la  préférence  que  peuvent  méri- 
ter sur  les  sangsues  le  bdellomètre  et  les 
ventouses ,  elle  n'est  pas  suffisamment 
prouvée;  et  ces  insectes  seront  difficile- 
ment remplacés  dans  le  cas  où  Ton  a  be- 
soin d'une  saignée  locale  accompagnée 


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BÉÀ 

4\hi  «crttlii  degré  dlfi^fatioii.  F.  R. 

BÉARNi  Le  n<Mn  de  Bétam  apparaît 
piHHr  la .  première  fois  dans  l*itiDéraire 
d'Anton!  n  et  dans  la  notice  des  protinces 
de  refmpire  romain  oà  il  est  consigné  sous 
les  formes  de  Benehtimus  ou  Èenear- 
nus  et  de  civitas  BefiJeamentium*  La  cité 
ou  peuplade  des  Béamaià  était  alors  com- 
prise dans  la  province  de  NoTempopuia* 
nie,  la  même  que  Faneienne  Aquitaine, 
conquise  par  Crassus,  bt  dont  Strabon 
ndus  dit  que  les  habitant  étaient  de  race 
ibérienne  plutôt  que  gauloise.  Une  étude 
intime  des  populations  pjrénéetines  per- 
met de  reconnaître  encore  dans  leur  sein 
la  déiliarcation  respective  des  principaux 
élémens  hétérogènes  dont  elles  se  sont 
fbrméea.  Le  Béarnais,  placé  entre  le  Bas- 
que incontestablement  ibérien  et  le  Bi- 
gorrais  probablement  gaulgiéyconserve  un 
type  spécial  qui  révèle  une  colonie  grec- 
que avec  fton  exquise  douceur  de  langage 
et  sa  proverbiale  courtoisie  ;  la  nomen- 
clature géographique  du  pays  fourmiUe 
d'ailleurs  de  noms  grecs.  On  peut  con- 
jecturer que  c'étaient  des  Phocéens,  éta- 
blis d'abord  sur  la  Méditerranée  et  re- 
foulés ensuite  à  l'intérieur  par  l'invasion 
des  Arecomikes,  Tectosages,  et  autres 
hordes  kymriques  qui  atteignirent  le 
midi  de  la  Gaide  vers  la  fin  du  iv*  siècle 
avant  notre  ère. 

Les  deux  évéchés  limitrophes  de  Les- 
car  et  d*CHort)rt  (dont  le  premier  s'iap- 
pelait  originairement  Béam)  conservè- 
rent long -temps  chmd  leur  circonscrip- 
tion la  trace  des  anciennes  limites  des 
deux  cités  ou  districts  qui  existaient  aux 
derniers  jours  de  là  domination  romaine 
sur  le'  sd  béarnais ,  et  qui  passèrent  tour 
à  tour  des  Romaifas  aux  Gt>ths,  puis  des 
Goths  aux  Francs,  pour  subir  entre  les 
mains  de  ces  derniers  tontes  les  vicissi- 
tudes des  ihùrceflemens  successHîi  de  la 
monarchie.  Chllpéric!  fit  entrer  la  dtéde 
Béam  dans  le  cadeau  de  noces  qu'il  of- 
fHt  à  Gat^uiUthe  ;  et  quaud  celle-ci  fut 
tombée  sous  les  cou|>s  de  l'adultère  Fré- 
dégonde,  BrunehaùM  recueillit  cette 
]$art  de  l^éHtage  de  sa  soeur.  Béàm  fut 
enstiite  annexé  à  Bordeaux  et  Bigorrè , 
pôtrr  former  tin  duché  ou  gouvernement 
paHiëuHer ,  destiné  à  servir  dfe  barrière 
obhtre  les  iitvasit>itt'  dès  Vaseobs^  40! 


(  202  )  BEA 

trannnSgraient  dans  les  vallées  cis-pyré- 
néennes ,  désignées  de  nos  jours  encore 
par  la  dénomination  de  pays  basque 
(vojr.  Basques).  Malgré  l'opposition  des 
Francs,  les  nouveau^  venus  se  maintin- 
rent dans  les  cantons  envahis;  Thierry  de 
Bourgogne,  en  ratifiant  rétablissement 
de  ces  peuples  sur  les  terres  de  son  do* 
maine,  leur  donna  pour  surveillant  un 
duc  sous  les  ordres  immédiats  duquel 
furent  mises  les  cités  de  Béam  et  d'Olo- 
ron,  avec  celles  d'Aire,  Dax  et  Bayonne, 
pour  servir  de  ceinture  défensive  contre 
l'extension  des  hôtes  qu'on  n*avaât  pu 
renvoyer. 

Ces  précautions  ne  suffirent  point  à 
arrêter  le  développement  de  la  prépon- 
dérance des  Vasdons;  et  leur  alliance  ^ 
plus  que  tout  autre  appui ,  valut  à  Cha- 
ribert  le  royaume  d'Aquitaine,  englobant 
le  Languedoc  aveo  les  trois  provinces 
aquitaniques ,  dans  l'tme  desquelles 
éûient  compris  les  territoires  de  Béam 
et  d'Oloron.  Grâces  aux  Tascons  encore, 
Dagobert  ne  put  accomplir  la  confisca- 
tion de  ces  provinces  sur  la  postérité  de 
son  fVère.  Le  grand  Eudes  n'avait  pHt>{nt 
déchu  de  la  puissance  de  son  afeni  Cha- 
ribert,  et  quelques  monumens  histori- 
ques ne  lui  refusent  peint  le  titre  de  roi , 
bien  que  la  maison  carlovingieime,  qui, 
dans  la  possession  des  grandes  charges 
du  palais ,  préparait  dès  lors  son  usurpa* 
tion  ^  ne  voulut  reconnaître  à  ce  prince 
que  le  titre  de  duc.  Ses  enfans  fufvnt 
moins  heureux ,  et  son  arrière-petlt-fib 
Loup*,  qui  battit  l'arrière-garde  deChar- 
lemagne  à  la  fameuse  journée  de  Rohce- 
vaux,  ne  conservait  plus  au  nord  des 
Pyrénées  que  le  duché  de  Gascogne ,  ré- 
pondant k  rahcienne  Novempopuknie 
et  reilfentiant  par  conséquent  OlorMi  et 
Béarn.  Eb  vafn  les  CarloYingiens  es- 
sayèrent-ils  d*arracher  à  la  postérité  dé 
Loup  ces  derniers  lambeaux  de  mh  pa- 
trimohie.  Un  atttrS  Loup ,  arrière-peiil- 
fils  de  celui-là ,  abandonnant  la  Gascc»^ne 
pour  l'Espagne,  où  sa  fàmfHe  conquérait 
de  nouveaux  domaines,  laissa  ei^-de^ 
des  monts  ses  deux  fib  Donat  et  Cen- 
tulle ,  qui  recueHlîrettt  respectivement  le 
Bigorre  et  le  Béam ,  tant  du  chef  de  letir 
père  que  comtfle  cessionnaûres  des  droits 
de  leur*  coHktfiMix  étèdt^Bè  èA  Ebpague. 


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BÉâ 


{toi) 


BÉA 


lie  territoire  de  Bétr*  IbraUit  alere 
«ne  vicomte  dam  le  domahie  ptiticilUer 
des  dues  de  Gascogne  ;  les  vicomtes  de 
Béam  se  trouvaient  ainsi ,  comme  vas* 
sanx  immédiats ,  sur  la  même  ligne  que 
les  comtes  de  Bigorre,  de  Feienzac,  etc. , 
feodataires  dn  méirte  suzerain.  Il  est  ik>- 
table  que ,  seul  dans  toute  la  (ïascogne , 
et  sans  doute  comme  lieutenant  spécial 
du  due  9  le  vleoihte  de  Béarn  (  désigné 
aussi  dans  Torigine  aous  le  titre  de  y\* 
comte  de  Gascogne  )  battait  monnaie  à 
Morlai  ;  la  monnaie  morlane  avait  une 
valeur  triple  dé  celle  de  la  monnaie  tour- 
nois 9  et  il  n'y  pouvait  être  apporté  de 
changement  sans  le  bonsentement  exprès 
des  prélats,  barons  et  communes  de 
tout,  le  duché  9  où  die  avait  au  surplus 
cours  exclusif. 

En  la  personne  de  Centulle^  fils  de 
Loup ,  cbmmence  une  longue  série  de 
vicomtes  de  Béam  et  CHoitmi  ,  dont  la 
puissance  alla  toujours  croissant  par  la 
réunion  des  domaines  que  lés  alliances 
accumulaient  sur  la  même  tête;  c'est 
ainsi  que  la  Vicomte  de  M ontaner ,  fief 
mouvant  des  comtes  de  Bigorre ,  fut  dé- 
finitivement incorporée  au  Béarn  à  là  fin 
du  xi^  siècle.  Lorsque,  ajH-ès  une  dfirée 
de  315  années,  sous  onze  princes,  la 
maison  de  Béarn ,  issue  de  Clovis,  s'éteî* 
gilit  en  la  personne  de  CeotuUe  Y,  elle 
fut  remplacée  par  la  maison  de  Gabaret, 
qui  tenait  ses  droits  de  Guiscarde,  sœur 
de  Centulle ,  et  depuis  lors  les  vicomtes 
de  Gabaret  et  de  Brulhois  demeurèrent 
aanexées  au  Béarn. 

Après  un  règne  de  Sè  ans ,  sous  deux 
péinces^  la  ligne  liiasculîne  de  ces  vi-, 
comtes  s'éteignit  à  son  tour,  et  Marie  de 
Gabaret  porta  leur  héritage  à  ta  maison 
de  Mbncade  ^  puissante  et  considérée  en 
Catalogne.  Troia  vicomtes  de  cette  nou- 
velle d^fuastie  possédèrent  le  Béam  de 
1171  à  1990.  Ce  domaine  passa  alors  à 
la  maison  dePoii,  puis  à  celle  de  Orailly, 
qui  le  transmît  à  sofu  tour  à  celle  d'AI- 
bret,  rempMcée  eOe-même  ensuite  pai^ 
celle  de  Bourbon  |  enfin  le  Béam  fit  ac- 
cessiou  à  la  couronne  de  France,  par 
Pàvénement  de  Henri  IV,  qui  toutefois 
lutti^  obstiBémetrt  pendant  18  années 
contré  le  parlement  de  Paris  avant  de 
OMsenlb  à  fovréuniof»  de  ses  domtûne&  à 


c^  de  r  AiC  ;  cette  réunkni  M  Alt  ÉilaM 
phmoncée ,  quant  uu  Béam  et  à  la  Na- 
varre, que  paréditde  16S<^,  sousL«dt 
XIIL 

Le  Béam  était  régi  par  une  constitu-* 
tîon  spéciale ,  appelée^r,  dont  on  ignore 
la  date  première  ;  il  en  est  déjà  fait  men« 
tion  dans  une  charte  de  1080,  mais  la 
plus  ancienne  rédaction  qui  nous  eu  soit 
parvenue  est  due  à  Gaston  VII  et  ne  re- 
monte qu'à  1288.  La  discussion  des  af- 
faires du  pays  et  le  vote  des  subsides 
appartenaient  aux  États  ^  composés  de 
deux  chambres ,  l'une  de  la  noblesse  et 
do  clergé,  l'autre  des  communes  et  val~ 
lées  ;  ces  états  ont  subsisté  jusqu'à  la  ré- 
volution. La  justice  était  entre  les  mains 
d'une  cour  majour,  qui  fut  transformée 
par  Henri  d'Albret  en  un  conseil  souve- 
rain présidé  par  le  chancelier  de  Na- 
varre ce  Béam,  et  ensuite,  sous  Louis 
Xm ,  en  un  parlement. 

£n  1790,  le  Béam  et  les  provinces 
basques  furent  agrégés  en  un  seul  dépar- 
tement, sons  le  nom  de  Basses-Pyré^ 
nées;  le  Béam  forma  les  districts  d'Or- 
thez ,  Oloron  et  Pau,  qui  ne  subirent ,  à 
la  réorganisatiou  de  1800,  d'antre  ahé- 
ration  que  la  substitution  d'une  nouvelle 
administration  à  l'ancienne ,  et  du  nom 
d'ofTomiissement  à  celui  de  district.  Les 
évédiés  de  Lescar  et  d'Oloron ,  suppri- 
més dans  la  révolution,  sont  demeurés 
fondus  dans  celui  de  Bayonne ,  depuis  le 
concordat  de  1 80 1 . 

Le  meilleur  ouvrage  que  Ton  possède 
sur  ce  pays  est  Y  Histoire  de  Béam  en 
latin ,  de  Pierre  de  Marca ,  Paris ,  1 640, 
in-fol.;  les  Essais  historiques  sur  te 
Béam,  de  Fagét  de  Banre,  Paris,  1818, 
in-8^ ,  otnrent  aussi  de  l'intérêt  H  en 
existe  un  médiocre  abrégé  Sons  le  titre 
de  Résumé  de  V Histoire  du  Bémrn^  par 
Ader,  Paris,  1826 ,  in-18.      *A 

BÉARN  (viits  Dtj).  Les  contrées  mé- 
ridionales àb  la  France  poàbèdeni  de  ri- 
ches et  nombreux  vignobles  qui  offrent 
cela  de  particuHer  que  des  vind  récoltés 
dans  la  m^ne  zone  sont  pourvus, d'ttli 
très  haut  degré  de  spiritueux ,  tandis 
que  d'autres  eO  sont  totalement  privés. 
C'est  moins  le  climat  qu'il  faut  accuser 
de  cette  diiTérence  que  la  nature  du  sol  "et 
la  plus  légère  détetuosité  dans  l'exposi- 


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BÉA 


(204) 


BEA 


tion  des  vîgDobles.  Ainsi ,  dans  un  rayon 
de  peu  d'étendue  autour  de  la  ville.de 
Pau ,  on  rencontre  à  la  fois  des  vins  de 
première  et  de  dernière  qualité.  Parmi 
ces  vins  on  disting;ue  celui  àe  Jurançon  y 
qui  jouit  dans  le  Midi  d'une  grande  répu- 
tation ;  on  en  récolte  ordinairement  plus 
de  lilanc  que  de  rouge  :  celui-ci  pourtant 
ne  le  cède  en  rien  à  l'autre;  il  a  du  corps, 
de  la  sève  9  de  la  couleur  et  un  fort  joli 
bouquet.  Les  vins  paillets,  formés  de  vins 
rouges  et  blancs,  sont  légers ,  fins,  déli- 
cats et  d'un  goût  agréable.  Le  vignoble 
de  Gan ,  qui  touche  à  celui  de  Jurançon, 
produit  de  meilleurs  vins  encore ,  mais 
en  moins  grande  quantité;  les  vins 
blancs  surtout  sont  d'une  qualité  supé- 
rieure et  se  distinguent,  comme  ceux  de 
quelques  communes  environnantes,  par 
un  goût  et  un  parfum  assez  semblables  à 
ceux  de  la  truffe.  C'est  aussi  dans  le 
fiéam ,  et  dans  le  voisinage  de  Pau ,  d'O- 
loron.  et  d'Orthez ,  que  Ton  récolte  les 
vins  dits  de  J^iquebUle^  qui  sont  très' re- 
cherchés en  Flandre  et  en  «Hollande,  et 
qui ,  après  quelques  années  de  garde  en 
tonneaux ,  deviennent  parfois  meilleurs 
que  ceux  de  Jurançon.  Le  commerce  prin- 
cipal des  vins  de  Béam  se  fait  à  Pau ,  qui 
«n  consomme  une  partie ,  surtout  de  ceux 
des  dernières  classes;  il  y  a  en  outre 
à  Bayonne  de  riches  maisons  de  cora^ 
merce  qui  opèrent  en  grand  et  pour  l'ex- 
portation sur  les  vins  de  Jurançon  et 
ceux  dits  de  Viquebille.  D.  A.  D. 

BÉATIFICATION,actesolennel 
par  lequel  le  souverain  pontife  déclare, 
suivant  les  formes  usitées  dans  ces  cir- 
constances^ qu'il  y  a  lieu  de  penser  que 
Tame  de  telle.personnejouit  dans  le  sein 
de  Dieu  du  bonheur  étemel ,  et  qu'il 
est  permis  de  lui  rendre  un  culte  reli- 
gieux. La  béatification  est  une  espèce  de 
préliminaire  à  la  canonisation  (  voy.  ). 
Un  décret  d'Alexandre  YII ,  de  l'année 
1659,  défend  absolument  détendre  aux 
béatifiés  les  honneurs  rendus  aux  cano- 
nisés*  Les  bienheureux  ne  reçoivent  en 
quelque  sorte  que  des  honneurs  provisoi- 
res,  limités  quant  aux  lieux  et  quant  aux 
personnes.  Il  faut  un  induit  du  pape  pour 
ériger  des  autels  en  leur  nom ,  pour  ex-> 
poser  lei|rs  images  ou  leurs  reliques  dans 
une  église.  Jamais  le  pape  n'accorde  la 


permission  de  les  porter  en  procession. 
La  béatification  n'a  été  introduite  que 
pour  satisfaire  l'empressement  d'un  or- 
dre religieux,  d'une  communauté,  à  ho- 
norer le  personnage  qui  lui  avait  apparte- 
nu, ordre  qui  n'aurait  pas  voulu  attendre 
la  fin  des  longues  procédures  que  nécessite 
la  canonisation.  On  a  été  un  peu  étonné  du 
culte  rendu  dans  le  diocèse  de  Paris  à  la 
bienheureuse  Marie  de  l'incarnation , 
et  de  l'office  public  qui  est  célébré  en 
son  honneur  le  18  avril  ;  on  ne  sait  à  quoi 
attribuer  ce  privilège  singulier. 

Tout  ce  qui  concerne  la  béatification 
a  été  savamment  traité  dans  l'excellent 
ouvrage  de  Benoit  XIV  :  De  servorum 
Dei  beatificatione.  .  J,  L. 

BÉATITUDE,  eut  des  bienheureux 
dans  la  vie  étemelle.  Les  théologiens 
scolastiques  se  disputent  sans  fin  sur  la 
béatitude  objective  et  sur  la  béatitude 
formelle;  mais  l'apôtre  saint  Paul,  dans 
sa  première  épitre  aux  Corinthiens  (  II, 
8  et  9«},  déclare  expressément  que  per- 
sonne dans  ce-  monde  ne  peut  savoir  en 
quoi  consiste  cette  béatitude ,  et  que  l'œil 
n'a  point  vu,  que  l'oreille  n'a  point  en- 
tendu, que  l'esprit  de  l'homme  n'a  jignals 
conçu  ce  que  Dieu  a  préparé  à  ceiix  qui 
l'aiment. 

BEATITUDES  ivAHoiLiQUBS,  iQaximes, 
au  nombre  de  huit,  qui  servent  d'exorde 
au  célèbre  discours  de  Jésus-Christ  sur 
la  montagne,  et  que  rapporte  saint  Bfat- 
thieu  (  V,  3  et  suiv.  ).  J.  L. 

BEATOUN  ou  Bbatok  (Datid  ),  ar- 
chevêque de  Saint- Andrews,  cardinal  ro- 
main,,prêtre  violent,  voluptueux  et  vin- 
dicatif, le  principal  antagoniste  de  la 
réforme  en  Ecosse,  naquit,  ea  1494,  au 
sein  de  la  famille  écossaise  des  comtes 
de  Fife,  et  mourut  assassiné  en  1547. 
Beaton,  garde-des-soeaux  et  confident 
de  Jacques  Y,  négocia  son  mariage  d'a- 
bord avec  Marguerite  de  France  M  538  ) 
et  ensuite  avec  Marie  de  Lorraine  (  1  538)l 
Le  pape  Paul  m  le  nomma  cardioal  la 
même  année.  Après  la  mort  du  roi,  il 
devint  chancelier  de  la  jeune  reine  Ma* 
rie  et  força  le  régent  de  recevoir  de  lui 
ses  directions.il  régna  avec  violence  et  fit 
périr  dans  les  flamipes  une  foule  de  pro- 
testans.  J.  H.  S. 

BÉATRIX  (saints )y  sœur  de  saint 


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RÉÀ 


(205) 


BEA. 


Simplîoe  et  de  saint  Fanstîn  et  comme 
eux  martyre  de  la  foi  chrétienne ,  à  la  fin 
du  iii^  siècle  de  notre  ère. 

Béataix  ,  comtesse  de  Toscane,  morte 
en  1076,  voy.  MATHiLns  (comtesse), 

Béatbix  de  Provence,  voy.  Ratm okd 
BÉrnsHOBi.  S. 

BEATTIE  (  Jakes  ),  poète  et  philo- 
sophe écossais,  né  en  1735  dans  le  comté 
de  Kincardine,  professeur  de  philoso- 
phie morale  à  Edimbourg,  plus  tard  à 
Aberdeen,  où  il  mourut  en  1803.  G>mme 
philosophe  il  appartient  à  cette  noble 
école  écossaise  qui ,  sous  la  direction  de 
Dugalt  Stewart  et  de  Thomas  Reid ,  dé- 
fendit les  droits  de  l'idéalisme,  des  scien- 
ces morales,  de  la  physiologie,  contre  les 
doctrines  maférialistes  du  xviii*  siècle, 
et  qui  fut  naturalisée  en  France  par 
MM.  Royer-Collard  et  JoufTroy.  Beattie 
fit  surtout  une  guerre  acharnée  au  scep- 
ticisme de  Hume ,  qui  niait  l'esprit  et  la 
matière  et  jusqu'aux  axiomes  mathéma- 
tiques; il  dierche  moins  à  entraîner  par 
des  argtimeils  basés  sur  une  méthode  ri- 
goureusement philosophique,  que  par  sa 
chaleur  d'ame  et  sa  conviction  person- 
nelle; volontiers  il  s'adresse  à  cet  instinct 
général  de  l'esprit  humain ,  instinct  4pii 
loi  fait  accepter,  admettre  comme  vrais, 
certains  faits  évidens  ou  généralement  re- 
connus, teb  que-  l'existence  du  monde 
matériel,  du  bien  et  du  mal,  de  Dieu, 
du  libre  arbitre.  Si  cet  appel  au  sens  com- 
mun ne  satisfait  pas  toujours  les  philoso- 
phes de  profession,!dont  l'esprit  rigoureu- 
sement logique  réclame  une  manière  de 
iprocéder  plus  savante,  plus  méthodique, 
du  moins  a-t-il  conquis  à  Beattie  un  pu- 
blic très  nombreux  et  lui  a-t-il  valu  le 
renom  de  philosophe  populairt.  Dans 
ses  essais  critiques  (Londres,  1784,  in- 
4^  ) ,  on  apprend  à  Testimer  comme  bon 
esthéticien;  ses  remarques  sur  le  beau, 
le  sublime,  l*art,  la  nature,  la  langue, 
sont  très  judicieuses.  Ses  ouvrages  phi- 
losophiques consistent  en  un  Tridié  sur 
la  nature  àhmuable  de  la  vérité,  Edim- 
bourg, 1770;  en  des  Élémens  des  scien- 
ces morales  et  psychologiques,  1790;  et 
en  une  Théorie  de  la  langue,  1788. 

Comme  poète,  il  brille  plutôt  par  sa 
diction  élégante,  toujours  égale,  et  par 
sa  tendance  didactique,  que  par  un  ta- 


lent créateur.  La  philosophe  moraliste 
perce  partout  dans  ses  réflexions;  une 
contemplation  calme ,  une  suave  mélan^ 
colie  répandent  un  grand  charme  sur  ses 
élégies  et  sur  un  poème  descriptif  en  deux 
chants,  intitulé:  le  Ménestrel,  ou  les 
progrès  du  génie  [The  Minstrel,  or  the 
progress  ofgenius).  Ce  dernier  ouvrage 
contient  plus  d'un  tableau  qui  rivalise 
de  fraîcheur  et  de  coloris  avec  les  vers 
descriptifs  de  Walter  Scott;  on  y  respire 
partout  l'air  poétique  de  la  Calédonie. 
Beattie  a  peut-être  confusément  pres- 
senti combien  cette  brise  devait  vivifier 
quelque  poète  plus  heureusement  doué 
que  lui.  Il  semble  avoir  tracé  son  propre 
portrait  et  sa  destinée  dans  les  strophes 
du  début,  où  il  se  répand  en  plaintes 
harmonieàses  sur  les  influences  enne- 
mies qui  consument  tant  de  nobles  cœurs 
dans  le  vallon  solitaire,  au  pied  du 
mont  escarpé  que  couronne  le  temple 
de  la  gloire. 

Ses  ouvrages  poétiques  qui  renfer- 
ment encore  un  poème  moitié  allégori- 
que, moitié  didactique,  intitulé  le  Juge- 
ment de  Paris,  ont  été  réunis  dans  plu- 
sieurs éditions,  entre  autres  dans  celle 
de  1799,  2  vol.  in-8^  L.  S. 

BEAU«  On  nomme  ainsi  ce  qui,  dans 
la  nature  et  dans  les  arts,  donne  un  plaisir 
mêlé  d'admiration.  Le  6eiiif  n'est  pas  tout 
ce  qui  platt,  il  n'est  pas  tout  ce  qui  im- 
pose; il  est  ce  qui  réunit  ces  deux  con- 
ditions: il  associe  l'agrément  à  la  grandeur. 
Un  sentiment  est  beau,  une  action  est 
belle,  quand  on  y  rencontre  à  la  fois  de 
l'élévation  et  de  la  bonté;  un  animal,  une 
plante  y  un  monument  sont  beaux,  lors- 
que à  la  grâce  des  formes  ib  joignent  le 
grandiose  des  proportions. 

On  distingue  plusieurs  sortes  de  beau  : 
le  beau  matériel^  qui  appartient  à  la  na- 
ture physique,  inerte  ou  organisée;  le 
beau  moral,  qui  se  révèle  dans  nos  ac- 
tions et  dans  nos  sentimens;  le  beau  in- 
tellectuel, qui  réside  dans  la  pensée, 
dans  les  œuvres  de  l'esprit  humain.  Rien 
de  plus  divers,  assurément,  que  les  im- 
pressions produites  par  la  Vénus  de  Mé- 
dicis,  par  le  dévouement  de  Léonidas  ou 
par  les  découvertes  de  Newton  ;  cepen- 
dant, ces  impreséions  si  différentes  ont 
un  raj^port  commun  entre  ellea  :  toutea 


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BEA 


(206) 


BËA. 


produisent  ce  mélange  d'admiration  et 
4e  plaisir  qui  manifeste  la  présence 
dp  beau  et  qui  caractérise  spécialement 
3V  ^xistenc^.  I|  arrive  aussi  parfois  que 
ces  divers  genres  de  beauté  se  réunissent 
4ap9  un  même  objet  et  doublent  ainsi  leur 
puissance.  Dans  la  fignre  d'une  belle 
îj^mme)  vom  admirez  à  la  fois  des  lignes 
gracieuse»  et  une  Impression  touchante  > 
^intuelle  ou  naïve;  dans  les  scènea  de 
la  natmrey  Teflet  d'une  vue  pittoresque 
s'accroit  des  impressions  riantes,  mélan- 
coliques, terribles  ou  voluptueuses  qu'elle 
éveille  dans  notre  aroe. 

lie  beau  émane  de  deux  sources  dif- 
férentes :  il  est  donné  par  la  nature,  il 
est  produit  par  les  arts.  Ce  serait  une  er- 
reur de  {>enser  que  l'un  de  ces  genres  de 
beauté  ne  soit  que  l'imitation  de  l'autre: 
les  arts  ont  des  effets  qui  leur  appartien- 
nent et  dont  le  type  ne  préexiste  point 
dans  la  nature.  Une  belle  mélodie  n'i- 
mite rien  :  elle  touche  cependant.  C'est 
que  les  arts  soni  en  ëux-^mémes  une  sorte 
de  nature  merveilleuseï  qui  a  des  points 
de  contact,  sans  d<mte,  mais  aussi  des 
points  de  divergmoe  avec  la  nature  réelle. 
Aussi,  quoique  l'imitation  entre  fréquem- 
ment dans  les  procédés  des  arts,  nous 
croyons  nous  mieux  exprimer  en  disant 
que  leur  objet  est,  non  l'imitation,  mais 
la  création  du  beau.  Cette  simple  défi- 
nition nous  révèle  asscE  la  double  erreur 
cle  quelques  modernes,  littérateurs,  pein- 
tres ou  sculpteurs,  dont  les  uns  (but  con- 
sister la  mission  de  l^artiste  dans  14mi> 
tation  de  la  nature  pauvre  et  vulgaire,  les 
autres  dans  la  création  fantastique  de  la 
laideur  physique  et  monde.  De  œs  deux 
systmes,  l'un  est  la  dégradation,  l'autre 
est  la  subversion  de  Fart. 

A.  là  notion  du  heau  artificiel  se  rat^ 
tache  celle  du  beeiu  idéal;  des  critiques, 
des  écrivains  distingués  en  ont  contesté 
l'eaisteMce.  Suivant  eux,  tous  les  types 
du  beau  nou9  sont  offerts  par  la  nature: 
les  modifier,  c^est  en  altérer  les  rapports, 
c'est  en  détruire  l'harmonie.  C'est  là,  ce 
nous  semble,  «ne  erreiu'.  L'expérittice 
nous  montre  que  l'art  a  plus  d'uti  pro- 
cédé pour  embellir  les  images  de  la  na- 
ture. Il  peut  rectifier  ou  voiler  les  imper> 
fectioBS)  il  jpeut  accuinuler  les  beautés, 
"     '    Veot'peîadve 


imaginatioD  d'artiste  voit  encore  au-ddà 
des  perfections  do  taiodèle  charmant  qu'il 
a  sous  les  yeUx:  en  le  copiant,  il  le  cor- 
rige pair  mille  changemens  impercepti- 
bles, qui,  respectant  les  proportions  de 
l'ensemble,  effacent  de  légers  défauts  ou 
ajoutent  de  nouvelles  grâces.  U  rend  cette 
ligne  plus  moelleuse,  il  adoucit  oe  ton  un 
peu  trop  vif,  il  donne  plu4  de  noblesse  à 
ce  sourire,  il  met  plus  de  poésie  dans  cette 
pose  ou  dans  ce  regard.  Eien  n'est  sen- 
siblement changé  dans  chaque  trait,  et 
pourtant  d'une  mortelle  le  peintre  a  fait 
une  divinité.  Tout  ce  qu'un  grand  citoyen 
ferait  éclater  de  nobles  mouvement,  de 
sentimens  magnanimes  dans  une  année 
de  la  vie  réelle.  Corneille  le  concentipe  en 
deux  heures  dans  le  rôle  du  vieil  Horace, 
et  son  pinceau  sublime,  au  lieu  de  pein- 
dre un  patriote,  semble  avoir  évoqué  sur 
la  scène  le  patriotisme  lui-mâmfi.  Zeuxis 
et  Corneille  n'ont-ils  pas  atteint  ici  le 
beau^  idéal? 

Pour  rendre  plus  vives  les  impressioQs 
du  beau,  IWt  a  souvent  recours  aux  con- 
trastes qui  le  font  ressortir^  mais  re- 
marquons (ce  qu^on  oublie  trop  aujour- 
d'hui) que  le  secret  du  génie  n'est  pomt 
de  faire  contraster  le  beau  avec  le  laid, 
qui  doit  toujours  être  banni  des  arts;  ce 
secret,  c'est  d'opposer  entre  eiix  deux 
genres  contraires  de  beauté.  Ainsi  Mil- 
ton  fait  contraster  la  beauté  calme  et  ma- 
jestueuse de  l'ange  de  lumière  aiec'  la 
beauté  fiurouche  et  terrible  de  Sfitan,  et 
non  avecladifformiié  hideusedes  diables 
de  k  tenution  de  Saint-Antoine;  les 
grâces  molles  et  naïves  de  la  première 
femme  avec  la  mâle  et  noble  fier^  de  son 
époux,  et  non  avec  la  disgrâce  d'un  élre 
grotesque  ou  contrefait.  Aux  doux  ao- 
cens  de  la  flûte,  Haydn  et  Beethoven  op- 
posent le  bruit  guerrier  des  trompettes 
et  des  timbales,  et  non  les  cris  de  la  cré- 
celle ou  de  la  cornemuse.  Ces  contrastes 
heurtés  et  grinmçans,  ces  ^«sonanoes 
déchirantes  peuvent  servir  à  provoquer 
le  rire  dans  les  ouvrages  comiques;  il 
faut  les  bannir  des  oompositions  sérieussa 
et  touchantes,  oà  doit  sans  cesse  dominer 
le  sentiment  du  beau. 

En  déterminant  lès  conditious  «ssèto- 
tielles  du  beau ,  nous  croyons  uvotr^ 
dtt  niéin»a>apy  déiaî  icaeffolappleiiiry 


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tauL 


(Î07) 


BBâ 


admirfttioii,  telle  est  la  deuble  impres- 
B*oà  qu'il  est  appelé  à  produire.  Aussi  le 
pnirilége  du  beau ,  surtout  du  beau  mo- 
ral, n'esCr-il  pas  sesleaient  de  charmer^ 
iBais  d'élever  Tame^  Lorsque  eette  im- 
pression est  portée  au  plus  haut  degrés 
le  beau  prend  le  nom  de  sublime^ 

Las  mêmes  notions  nous  sernrent  à 
dtslioguer  le  beau  de  quelques  autres  at- 
Iribata  qui  s'en  rapproebent,  mais  qu'il 
ne  ùmi  point  oonfondre  aree  lui  Lejoii 
emble  au  beau  par  l'agrément,  il  en 

ère  par  la  grandeur  ;  le  grand,  au 
cootraire,  ressemble  au  beau  par  l'éton- 
oeflMBt  qu'il  inspire  et  en  diÂere  par  le 
sentiment  de  plaisir  que  le  bean  seul  a 
le  doo  de  faire  éprouver.  Parmi  les  ani- 
maux, le  diat,  Vécureufil,  malgré  leur 
gentillesse;  l'éléphant,  malgré  les  vastes 
dimensions  de  sa  stature,  ne  peuvent 
passer  pour  beaux;  ce  tHre  est  réservé  à 
ceux  qui,  eomme  le  eheval,  le  cerf ,  le 
lion,  joignent  à  l'élégance  des  tomeé  la 
noblesse  des  prcqwrtions.  De  même  au 
meraL  «  Taocepterais  ces  offres  si  fê- 
tais Aiexamdre,  —  Et  moi  si /étais 
Parmémon,  »  Celte  réponse  est  grande; 
peut-OD  dire  qu'elle  sok  belle?  Non ,  car 
sa  grandeur  est  plutôt  celle  de  Forgueil 
et  de  l'ambition  que  celle  de  la  vertu, 
lions  n'en  dirons  pas  autant  de  cette  au- 
tre réponse  dePorus  à  Alexandre  :  «  Cùnh- 
ment/atit-ii  vous  traitera  —-ÊnroLi^ 
Ici,  je  sens  Faccent  d'une  befie  ame  qui 
devine  une  beileome.  Cela  est  noble,  cela 
est  sublime. 

Yens  oontemplez  avec  ravissement  le 
magniftquespeetaclede  la  mer  irritée:  qu*à 
l'instant,  dans  une  barque  battue  des 
ioes,  apparaissent  des  malheureux  me- 
naoés  du  naufrage,  soudain  la  scène,  en 
conservant  sa  grandeur,  a  perdu  ssr  b^u^ 
té;  elle  n^ert  plus  que  douloureuse  et  tei^ 
rible.  Elle  ne  kit  plus  plaisir,  die  fait 
mal. 

On  serait,  dans  beaucoup  de  cas,  tenté 
de  confondre  le  bon  avec  le  beau.  M  y  a 
eependont  entre  enx  une  différence  du 
plus  au  mohis.  On  goàte,  on  approuve 
le  bon ,  on  ne  Fadmire  pas;  un  bon  poè- 
ne,  un  bon  tableau  peuvent  être  rœu< 
yre  d'un  talent  ordinaire  ;'ui^  beau  poè- 
■le,  un  beau  tableau  sont  toujours  Fœu- 
wi  du  gêtào,  Pot»  q^i'une  action'  sok 


belle,  il  ne  soffitjpas  qu'elle  smt  bonne  } 
il  faut  qu'elle  ait  exigé  dans  son  auteur 
de  la  fbroe,  de  la  gfandeur  d'ame.  Un 
riche  qui  aide  les  ihaiheureux  de  son  su^ 
perflu  £ut  une  bonne  action;  un  pauvre 
qui  se  prive  du  nécessaire  pour  d'autres 
infortunés  fait  une  belle  action. 

Dans  l'ordre  intellectuel  et  moral,  le 
beau  est  inséparable  de  la  vérité;  dans 
l'ordre  physicpie,  il  est  inséparable  de  la 
simplicité.  Boileau  a  dit  avec  raison: 
rien  n*es$  beau  que  ie  wrai;  tous  les 
grands  artistes,  tous  les  juges  éclairés 
ont  ajouté  :  rien  n'est  beau  que  le  sim-- 
pie. 

Le  bean  ne  saurait  exister  sans  l'har- 
monie, ni  l'harmonie  sans  l'ordre;  mais 
l'ordre  ne  suppose  pas  toujours  la  sy^ 
métrie  :  sduvent  un  désordre  apparent 
recèle  une  harmonie  réelle,  un  assorti- 
ment de  convenances  mieux  entendu  que 
ne  ferait  la  disposition  la  plus  régulière* 
Cest  en  ce  sens,  et  seulement  en  ce  sens, 
que  Boileau  a  pu  dire  encore  qu'mt 
beau  désordre  est  souvent  un  effet  de 
rart. 

Dans  une  acception  moins  étendue, 
le  mot  de  beauté  s'emploie  pour  dési- 
gner les  charmes  du  corps  chez  Thomme 
et  surtout  chez  sa  compagne.  L'aspect 
de  la  beauté  est  le  plus  doux  oui  puisse 
ravir  le  ccsur;  mais  ce  sont  là  de  ces 
jouissances  qu'il  est  plus  aisé  de  sentir 
que  d'analyser.  Nombrer  les  élémens  qui 
concourent  à  former  la  beauté,  classer 
ses  variétés  infinies,  sont  deux  tâches  que 
nous  n'oserions  nom  flatter  d'accomplir. 
La  suavité  des  contours,  la  finesse  et  la 
iîndeheur  du  coloris,  la  juste  proportion 
des  membres  du  corps  et  des  traits  du 
visage,  et  l'harmonie  de  l'ettsemble  qui 
en  est  te  résultat,  l'expression  Plâtre  ou 
touchante,  fine  ou  naîve,  gracieuse  ou 
noble,  pudique  ou  voluptueuse;  enfin, 
la  grâce  plus  beke  encore  que  la  beau- 
té, tout  cela  présente  à  Timagination 
miUe  idées  charmantes,  mais  que  lAille 
théorie  ne  peut  espérer  de  préciser  ni  de 
définir,  et  que  chacun  devra  toujours  ap- 
pliquer d'après  sa  mafhière  particulière  de 
sentir. 

Est-il  vraî  cependant  ^ue  la  bettulé 
soit  1^  résultat  d'une  convention  arbi- 
tnke'f  que  ttttdlfiiânr  itte^ssalttMflC  k» 


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BEA 


(208) 


BEA 


temps 9  les  c^titiimes,  ^es  préjugés,  les 
climats?  Quelqties-UDâ' l'ont  prétendu; 
nous  ne  pouvons  le  croire.  Seulement , 
nous  admettons  que  le  sentiment  de  la 
beauté  peut  légèrement  varier  avec  les 
convenances  qui  président  aux  rapporta 
des  deux  sexes  entre  eux.  Le  sentiment 
de  la  beauté  est  un  sentiment  de  rela- 
tion, et  des  relations  immuables  dans 
leurs  conditions  essentielles  peuvent  ce- 
pendant recevoir  des  circonstances  socia- 
les quelques  modifications  secondaires. 
L*homme  tire  sa  beauté  des  qualités  qui 
dépareillent  la  femme,  et  réciproque- 
ment Pourquoi  ?  c'est  que  leur  destina- 
tion est  différente.  Par  une  raison  ana- 
logue, on  conçoit  que,  chez  un  mâme 
sexe,  tous  les  caractères  de  la  beauté  ne 
soient  pas  toujours  appréciés  absolument 
de  même.  Ainsi,  chez  les  peuples  no- 
mades, où  Ja  femme  est  appelée  à  par- 
tager les  fatigues  de  l'homme,  on  atta- 
chera plus  de  prix  aux  formes  robustes, 
qui  annoncent  la  force  et  l'énergie,  qu'à 
ces  grâces  molles  et  délicates  qui  ont  tant 
de  charme  pour  les  peuples  sédentaires 
et  civilisés.  Dans  un  climat  tt  dans  une 
société  où  l'on  ne  connaît  que  les  jouis- 
sances matérielles  de  l'amour,  l'embon- 
point, même  excessif,  devra  passer  pour 
une  beauté;  c'est  ce  que  nous  voyons 
chez  les  Orientaux ,  tandis  qu'une  taille 
avelte  et  des  proportions  élégantes  plai- 
ront davantage  à  des  hommes  moins  avi- 
des des  plaisirs  des  sens  que  des  plaisirs 
de  l'imagination.  Le  beau,  pour  être  es- 
timé tout  son  prix,  doit  être  rare^  aussi 
le  Grec  aux  cheveux  d'ébène  se  peindra 
yénus  blonde,  et  l'Anglais  Byron  célé- 
brera les  brunes  Espagnoles  aux  dépens 
des  paies  beautés  de  son  pays.  Mais  ces 
légères  différences  d'appréciation ,  dont 
il, est  aisé  d'assigner  les  causes  tout  acci- 
dentelles, ne  prouvent  point  que  la  beauté 
soit  chose  arbitraire;  elles  prouvent  seu- 
lement que,  sur  ce  point  comme  sur  tant 
d'autres,  les  circonstances  influent  pour 
quelque  chose  sur  nos  impressions.  Ce  ne 
sont  point  ici  nos  jugemens  qui  varient, 
ce  sont  nos  sensations. 

La  beauté,  comme  la  laideur,  a  dififé- 
rens  degrés.  Une  taUle  élevée,  des  for- 
mea  pures,  des  traits  réguliers  et  nobles 
contUtaent  une  belle  femioe.  lipliis  d« 


perfections,  mais  animées  pçr  une  phy-* 
sionomie  heureuse;  moins  de  grandiose, 
mais  de  k  grâce,  de  la  finesse,  du  char- 
me, font  une  jolie  femme;  avec  de  la 
fraîcheur,  un  air  d'esprit  ou  de  bonté  et 
une  figure  ordinaire,  une  femme  est 
agréable.  Enfin,  des  traits  irréguliers 
peuvent  encore,  par  une  expression  en- 
jouée on  bienveillante,  former  ce  qu'on 
appelle  une  laideur  aimable.  N'oublions 
pas  de  remarquer^  en  terminant,  que  les 
trois  genres  de  beauté  que  nous  avons 
signalés,  la  beauté  physique,  morale,  in- 
tellectuelle, se  montrent  tour  à  tour,^- 
parés  ou  réunis,  sur  la  figure  humaine. 
La  beauté  physique  brille  dans  V Anti- 
nous; sur  le  front  de  Napoléon  rayonne 
la  flamme  de  l'intelligence;  enfin  (qu'on 
nous  pardonne  le  rapprochement  de  ces 
trois  noms),  la  beauté  morale  respire 
pure  et  sublime  dans  les  traits  de  THom- 
me-Dieu  dessiné  par  Raphaël.  S.  A.  B. 
Le  sentiment  du  beau,  regardé  comme 
invariable  et  absolu,  comme  sujet  à  des 
lois ,  à  des  conditions  précises ,  a  donné 
lieu  à  une  science  philosophique  qui , 
jugeant  par  Tidée  ce  qui  apparaît  aux 
sens,  en  d'autres  termes  mesurant  ce  qui 
plaît  à  ce  qui  nous  est  révélé  sur  la  per- 
fection,  réduit  à  des  règles,  formule  en 
termes  précis,  ce  qui  n'était  jusqu'alors 
qu'une  impression.  Cette  science ,  d'o- 
rigine allemande,  esl-lœsthétique;  elle  a 
eu  pour  fondateiur  Baumgarten,  mais 
c'est  Winckelmann  qui  l'a  mise  dans 
tout  son  jour.  Peut-elle  se  vanter  d'être 
certaine,  positive?  Il  est  permis  d'en 
douter.  Quant  à  nous ,  au  lieu  de  rap- 
porter le  sentiment  du  beau  à  une  révé- 
lation intérieure  de  la  perfection,  aux 
soui/enirs  d'un  dieu  déchu ,  nous  trou- 
verions plus  simple  de  l'expliquer  par 
l'abstraction  combinée  avec  la  synthèse. 
CerUins  caractères  de  beauté,  distraits 
d'une  foule  d'objets  où  ils  étaient  unis, 
soit  au  laid ,  soit  à  riodiiférent,  et  aux- 
quels ensuite  l'imagination  donne  corps, 
qu'elle  réunit  et  façonne ,  forment  l'idée 
du  beau  et  nous  donnent  cette  mesure  que 
nous  appliquons  aux  perceptions  des 
sens.  Fojr.  les  art.  ^Esthétique  et  Baq^- 
GAATEH ,  et  ajoutez  aux  ouvrages  cités 
danslt  premier  de  ces  articles,  le  suivant  : 
Pnncfpia  Philoçalim  s.  doctrinœ  pul^ 


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BE^ 


(209) 


BEà 


chri  ad  scientîœfonnam  exlgcre  cona- 
tus  Schedius.  Peslh ,  1829.       J.  H.  S. 

BEAUCAIRE,  jadis  Ugemum  et  au 
moyeo-âge  Belloquadra^  est  une  ville  de 
9,800  âmes,  chef-lieu  de  cantoD  de  Far- 
rondissemeut  de  Nimes  (Gard),  à  5  I. 
^  E.  de  cette  capiule,  à  4  I.  3  S.  O.  d*A- 
vi^po,  et  à  176  I.  de  Paris,  sur  la  rive 
droite  du  Rhône  qui  la.sépare  de  Taras- 
con ,  et  près  d*uD  canal  dit  canal  d'Ai- 
gueS'Mortes  à  Beaucaire,  canal  qui 
net  le  grand  Rhône  en  communication 
directe  d'une  part  avec  la  Méditerranée, 
de  Taufre,  par  les  étangs  de  Mauguio,  de 
Maguelonne  et  les  canaux  qui  les  tra- 
versent, avec  le  canal  do  Midi.  Jadis  les 
deux  rives  du  Rhône,  et  en  conséquence 
Tamscon  etBeaocaire,  communiquaient 
par  un  pont  de  bateaux.  Un  pont  sus- 
pendu en  chaînes  de  fer  opère  aujour- 
d'hui cette  communication;  il  a  441  mè- 
tres de  longueur ,  et  ses  trois  arcs  pro- 
duisant à  l'œil  l'effet  le  plus  pittoresque. 
On  -remarque  encore  à  Beaucaire  l'hôtel- 
de- ville,  la  porte  du  Rhône,  l'église  pa- 
roissiale, les  ruines  du  château  qui  fut 
Ugemum,  et  dans  ses  environs  un  sou- 
terrain qui  n'a  pas  moins  de  3  lieues  et 
qui  passe  sous  le  Rhône. 

Ce  qui  a  donné  à  Beaucaire  une  célé- 
brité européenne,  c'est  sa  foire  qui  l'em- 
porte encore  sur  celles  de  Leipzig  et  peut- 
être  de  Nijoi -Novgorod  (voj^.),  et  qui 
jadis  attirait  des  négocians  des  quatre 
parties  du  monde.  Aujourd'hui  que  la 
facilité  sans  cesse  croissante  des  commu- 
nications a  fait  de  toute  l'Europe  occi- 
debtale  une  foire  permanente,  et  que  nos 
compatriotes  ouvrent  des  magasins  à 
Constantinople,  a  Smyroe,  à  Tifli«,  dans 
Alexandrieet  dans  Alger,  le  Levant  n'en- 
voie plus  tant  d'acheteurs  à  Beaucaire;  et 
celte  foire,  réduite  au  commerce  intérieur 
et  aux  exportations  que  les  industries 
émigrantes  n'ont  pas  encore  rendues  inu- 
tiles, tend  sensiblement  à  diminuer.  Ce- 
pendant la  population  de  Beaucaire  dé- 
passe encore  1 00,000  âmes  à  l'époque 
de  la  foire.  On  sent  que  malgré  le  grand 
nombre  de  vastes  magasins,  d'hôtels,  de 
cafés, la  ville  ne  peut  suffire  à  cet  immen- 
se et  subit  accroissement.  Aussi  la  foire 
a*t-elle  lieu  non-seulement  dans  la  ville, 
mais  hors  la  yiUe,  sous  des  tentes,  dans 

Encyclop,  d,  G.  d.  M.  Tome  III. 


une  vaste  prairie  bordée  d'ormet  et  de 
platanes  et  qui  s'étend  le  long  du  Rhône; 
et  le  fleuve  et  le  canal  sont  alors  couverts 
de  bateaux  de  toute  espèce.  Les  plus 
beaux  jours  de  l'année  favorisent  ce 
grand  mouvement  du  commerce;  en  ef- 
fet les  marchands  arrivent  dès  le  25  juin, 
et  les  ventes  réelles  commencent  le  8  juil- 
let; le  2 1  du  même  mois  on  proclame  l'ou- 
verture officielle  de  la  foire  qui  est  fixée 
au  22,  à  partir  de  minuit,  et  qui  est  close, 
aussi  à  minuit,  dans  la  nuit  du  28  au  39. 
Les  effets  payables  en  foire  sont  présen- 
tés le  37  et  protestés  le  28.  Un  tribunal 
de  commerce  sous  le  nom  de  triàtinal  tle 
conservation  connaît  de  toutes  les  afTai- 
res  litigieuses  qui  peuvent  naître  à  l'oc- 
casion des  marchés;  il  est  composé  de 
13  membres.  Du  reste  la  police  est  (mite 
d'une  manière  admirable  tout  le  temps 
de  la  foire.  Les  garnisons  de  Nîmes,  4® 
Tarascon ,  etc. ,  se  rapprochent  alors  de 
Beaucaire  et  forment  autour  du  théâtre 
de  la  foire  un  cercle  qu'il  est  presque 
impossible  à  un  homme  malintentionné 
de  franchir.  La  présence  du  préfet  qui 
séjourne  «lors  à  Beaucaire  facilite  toutes 
ces  mesures;  ce  séjour  d'ailleurs  est  pro* 
fitable  au  commerce  dont  le  chef  du  dé- 
partement reçoit  à  sa  table  les  principaux 
mandataires.  Quant  à  l'industrie,  Beau- 
caire est  presque  nul.  Les  environs  pré- 
sentent des  pierres  à  chaux  et  des  pierres 
a  bâtir.  Plusieurs  bateaux  à  vapeur  font  le 
service  de  Lyon  à  Beaupaire;  cette  dis- 
tance de  80  lieues  est  franchie  en  10 
heures.  Tous  les  jours  pendant  le  temps 
de  la  foire  les  lettres  arrivent  de  tous  les 
bureaux  de  la  France  et  de  l'étranger. 
Une  brochure  authentique  de  Napoléon , 
encore  simple  capitaine,  porte  le  titre  de 
Souper  de  Beaucaire.  Val.  P. 

BEAUCE  {Bclsia)y  portion  de  l'Or- 
léanais qui  occupait  le  nord  et  l'ouest 
de  cet  ancien  gouvernement  militaire 
français,  et  confinait  à  l'Ile  de  France,  à 
la  Normandie,  au  Perche,  au  Maine  pro- 
prement dit.  La  Beauce  se  divisait  en  8 
parties  :  la  Beauce  propre  au  nord,  le 
Dunois  au  milieu ,  le  Yendomoii  au  sud  : 
chefs-lieux,  Chartres,  Châleaudun,  Ven- 
dôme. Le  Loir  y  a  presque  toute  la  par- 
tie supérieure  de  son  cours.  La  Beauce 
consiste  en  un  plateau  uni,  qui  n'est  un 

14 


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BEà 


(MO) 


BSk 


peu  tari^9  an  sud,  qae ptr  quelques  1^ 
gères  collines.  Sa  fertilité  en  grains  est 
proverbiale,  surtout  dans  la  Beau  ce  pro- 
pre !  mais  le  cultivateur  est  pauvre,  et  sa 
chaumière  misérable;  en  avançant  vers 
le  sud  les  prairies,  les  légumes,  les  chan- 
Très,  des  vignes  dont  les  produits  sont 
généralenient  médiocres,  diversifient  la 
monotonie  de  la  scène.  La  vallée  de 
Châteaudun  surtout  est  très  pittores- 
que. Val.  p. 

BEAUFFREM09T  ou  Beauf&e- 
IIONT,  famille  française  très  ancienne, 
long- temps  soumise  à  Tempire  d'Alle- 
magne, et  qui  tire  son  nom  d'un  village 
avec  un  château  en  Lorraine ,  à  2  lieues 
de  Neufchâteau ,  nuus  qui  acquit  ensuite 
4e8  possessions  dans  la  Bourgogne.  H  est 
fait  mention  d'un  baron  de  Beaufîremout 
à  l'année  1203;  cette  maison  se  divisa 
bientôt  en  deux  branches,  dont  l'aînée 
ne  tarda  pas  à  s'éteindre.  Elle  en  eut  deux 
autres,  notamment  celle  de  Scey  (de Scey- 
•ar-Sa6ne)>  qui  fit  l'acquisition  de  Senes- 
cey,  entre  Châlons  et  Toumus.  Mais  c'est 
la  branche  cadette  de  la  ligne  directe  qui 
est  la  plus  célèbre  ;  elle  comptait  parmi 
1^  plus  nobles  familles  du  duché  de  Bour- 
gogne et  un  ancien  adage  très  connu  dans 
cette  province  portait  :  «Riche  de  Châlon, 
noble  de  Vienne,  fier  de  Neuchâtel,  preux 
deVergyybons  barons  de  Beaufremont.  » 
La  principauté  de  Listenais,  le  duché  de 
^ont-de-Vaux,  le  marquisat  de  Mamay- 
If^-Ville,  etc.,  entrèrent  successivement 
dans  cette  famille  ,'hériiière  par  alliance 
des  Gorrevod  et  des  Courtenay  (voy,  ces 
noms);  ces  dernier3  descendaient  en  li- 
gne droite  du  roi  Louis  VI,  dit  le  Gros. 
En  1757,  l'empereur  François  l*'  con- 
féra à  Louis ,  fils  de  Louis-Benoit  ou  Bé- 
nij^e  de  Beauffremont  et  d'Hélène  de 
Courtenay,  pour  lui  et  pour  tous  les 
membres  de  sa  famille  de  l'un  et  de  l'au- 
tre sexe ,  la  dignité  de  prince  du  Saint- 
Empire  jqui  avait  déj^  été  accordée  aux 
Qorrevoa  en  1623;  cependant  le  dernier 
prince  a  accepté  de  Napoléoq  le  titre  in- 
lérieur  de  comte.  Le  uiéme  a  été  nommé 
pair  de  France  en  181  S.  J.  H.  S. 

Pierre  de  Beauffremont  épousa  en 
1448,  par  traité  passé  à  Bruxelles,  Ma- 
rie, ftUe  légitimée  de  Philippe-le-Bon, 
duc  de  Bourgogne.  Cette  haute  alliance 


prouve  ce  que  valait  alors  la  maison  d% 
Beauffremont,  qui  déjà  avait  fait  entrer 
une  de  ses  filles  dans  la  maison  même 
de  Bourgogne,  Marie  de  Beauffremont ^ 
dame  de  Couches,  que  prit  pour  femme 
Etienne  de  Montaigu  I***,  seigneur  de 
Sombernon,  fils  d'un  putné  de  la  maison 
de  Bourgogne.  Pierre  de  Beauffremont , 
chevalier  de  l'ordre  delà  Toison-d'Or, 
seigneur  de  Chami,  etc.,  ne  laissa  que 
trois  filles. 

Guillaume  ,  frère  du  précédent,  est 
la  tige  de  cette  branche  de  la  noble 
maison  que  l'on  retrouve  aux  xv*,  xvi* 
et  xYii^  siècles,  mêlée  aux  principaux 
événemens  de  notre  histoire  aux  affaires 
politiques  et  religieuses ,  aux  batailles  et 
aux  sièges,  aux  discussions  des  parle- 
mens  et  des  états -généraux.  H  eut  un 
fils ,  Pierre,  baron  do  Senescey ,  de 
Scey,  etc. 

Nicolas,  petit-fils  du  précédent,  ba- 
ron de  Senescey,  bailli  de  Châlons,  fut 
gouverneur  d'Auxonne.  Jeté  au  milieu 
des  guerres  de  religion,  il  s'y  montra  ca- 
tholique et  ligueur ,  au  gré  de  Médicis  et 
des  Guises.  Sous  Charles  IX,  il  fut  nom- 
mé grand-prévôt  de  Çrance ,  ce  qui  ne 
le  forçait  pas  pourtant  de  faire  office  de 
bourreau  comme  il  le  fit  dans  la  journée 
do  la  Saint-Bartfaélemy ,  où  il  alla  lui- 
même  à  la  tête  d'une  bande  d'assassins , 
arracher  Laplace ,  premier  président  de 
la  Cour  des  aides ,  de  la  retraite  oà  il 
était  caché ,  sous  le  prétexte  de  le  mener 
au  Louvre  et  sous  la  protection  du  roi , 
pour  le  livrer  en  chemin  aux  tueurs  qui 
l'attendaient.  Son  sang,  qu'il  versa  bra- 
vement dans  l'armée  catholique,  aux  deux 
con^bats  de  Jamac  et  de  Moncontour^ 
n'efface  pas  celui-là.  Aux  États  de  Blois 
de  1576  il  prit  la  parole  comme  ora- 
teur de  la  noblesse  et  harangua  le  roi 
Heuri  III.  Cette  harangue ,  qui  fit  quel- 
que sensation  dans  le  temps  et  eut  deux 
fois  les  honneurs  de  l'impression,  est  peu 
d'accord  avec  la  conduite  qu'il  avait  te- 
nue Jusque  là  :  le  rude  soldat  delà  guerre 
civile  y  pfurle  de  paix,  et  le  séide  de  la 
Saint-Barthélémy,  de  toléraUce  et  de  cal- 
vinisme. On  le  dirait  convertrà  la  modé- 
ration et  au  parti  deç  politiques.  Mais 
bientôt  après  il  redevient  Guizard,  et 
l'homme  qui  avait  porté  À  Moncontonr 


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BB4 


(«H) 


VBK 


!•  guidon  de  Lorraine  est  choisi  par  le 
duc  f>pu|r  garder  Auxonne ,  Tune  des 
p)i|s  fortes  pifices  de  Bourgogne,  quand 
lu  guerre  a  recommencé  plus  chaude  qu^ 
jamaî^.  Ni<'ola9  de  BeaufTremont  prit 
donc  sa  part  des  fureurs,  des  intrigues  ^t 
des.4^9tres  de  ces  temps  dépk>rab|es  , 
^  aoQ  nom  s*y  tachfî  plus  qu'il  fi'y  brille. 
L'illustration  ooipelle  qu'il  donne  aux 
B^uflremont  c'est  de  compter  parmi 
1^  savans  de  l'époque  et  d'être  cité  bo- 
Doral^lement  par  Pe  ^hou,  Dav^la,  Du- 
pldx,  Belleibréty  Louis  Jacob.  De  Ru- 
bis lui  dédia  ses  commentaires  sur  la 
coutume  de  Bourgogne.  U  ipourut  (1  ^^^) 
eo  ton  château  df  Senescey.  On  a  de  lui 
Qoe  traduction  du  Traité  de  /<»  Provi^ 
dencÇf  de  Salvien,  Lyon,  1573,  in-9^; 
Baranguepo^r  la  noblesse,  en  1^61  ; 
Proposition  pour  toute  la  noklessç  de 
françe,fyïte  en  t{^77aux£tatsdeBlois; 
IVif  ,  in-S*'. 

Claude f  filf  du  précédent,  baron  d^ 
Senescey,  gpuvçmeur  d'Auxonne,  fut, 
comme  son  père,  ligueur  et  partisan  de 
Lorrain^;  comme  son  père,  il. est  député 
de  ïa  noblesse,  il  harangue  aux  États  de 
l^ois  de  1593,  et  s^  paroles  sont  plus 
indurées  ft  plus  sages  q^ue  ses  at:tes. 
Sa  harangue  fit  du  bruit:  on  Ja  trouve 
dan^  le  tome  III  d^s  Mémoires  ite  la  Li- 
gu^.  Ce^t  eo  ^rivanlt  qu'il  parait  surtout 
aroir  seryi  )a  faction  catholique  et  l'avoir 
servie  avec  assez  d'éclat  |)Our  qi|*il  ^gurit 
oana  léf  ^t jres  cpntempondneji.  La  Mi- 
bliothèiiue  de  4^"«  de  Montpensier  met 
spos  son  90m  les  miracles  de  la  lâ^e.  Le 
remerçfmentfait  au  nom  de  la  noblesse 
de  France  est  de  lui,  et  peut-être  aussi 
Iç  Recueil  tfe  ce  qui  s'est  négocié  en  la 
coff^pagnie  du  tiers-^état,  aux  États  dé 
Blou,  depuis  le  16  novembre  I6767W- 
qu'en  n^ars  1577,  réimprimé  dans  le  Re^ 
cueii  général  des  États  tenus  en  France, 
16$l ,  içr^*^.  Il  ipoi^nU  a  $enesçey,  en 
1^6,lg^de&0ans. 

So^s  Hfijfai  de  ^eauCfremoDt,  fils  du 
pr^cédfm,  commence  pour  U  puissante 
et  fière  maison  d^  BeaufTremont  la  ré- 
volution que  subissent  les  nobles  f^  an- 
tîqvff  liimilles  de  JFrance  i^u  sortir  d^  la 
gD,errç  civUç;  ellf  est  gagnée  à  la  royauté 
et  df  viçpt  /lujette  à  la  cour,  d'égale  qu'elle 
hâ^  d|MM  9»  prorâce»  maîa  aaa  actraoes 


lui  sont  payés  en  accroissem^ns  de  tw 
1res,  de  hautes  fonctions,  d'hopneurs. 
Ileorî  de  Beauffr^ont,  baron  de  3ençsr. 
<?€y»  go^Yeroç^r  d*4u^onne,  est  nommé 
lieutçnaqt  do  ro)  au  cqmt^  du  Mécon- 
nais, choisi  ^n  1^14  pour  pr^ider  la 
chambre  de  I4  noblesse  ^ux  Éta^  de  Pa^ 
ris,  çt  fait  çbevaiiçf*  4c;9  ordres  de  s^ 
majesté,  dont  11  reçoit  |^  collier  en  î  Ç If). 
Sa  femmç,  Marie-Catherine  de  Laroch^ 
foi^cault,  de  comtesse  fst  créée  duchess^ 
de  Beodan,  première  dame  d'honpeuir 
d'Anpe  d*4LUlricb^  puis  gpuyernante  A^ 
Louis  XrV,  encore  ^om^  fofant.  Henri 
ffiit  tué  an  siège  de  Hoptpfllier  ep  1^3. 

Spp  fils  Hxna?  >  cpmulapt  Ifs  môipip 
gouvernemens  4*ÀM^onoe  çt  deMâcon, 
et  mestre  de  camp  du  régi^pent  dç  Pj^ 
mopt,  e^t  tu^  oi| plqt^t  assa^ioé  par  uq 
soldat  allembnd  à  la  l^ilaillç  d^  Sèda»» 
6  juillet  1641.  Louis,  SOO  frçrç,  est  (ail 
prisonnier  dans  la  piémç  journée*  £a 
eux  finit  cette  branph^. 

ÇLf  tjpp  de  âeaun'remon(  appartient 
à  l'autre  branche;  entré  dans  les  ordres, 
il  ^t  sacré  évêque  de  Troyes  du  vivant 
m^u^ç  du  titulaire  4  Antoine  Car^ccioli, 
qui,  en  embrassant  le  calvinisme ,  venait 
de  perdre  ses  droita  au  siège  épis- 
copal.  Il  le  remplaça  ;  ipais  il  se  vit 
obligé  de  lui  payer  une  redevance  do 
quelques  milliers  d'écus.  Ce  prélat,  an 
milieu  des  circopstances  çritiqpes  où  sf 
trouvait  l'Église,  sut  exercer  avec  habi- 
leté et  yeriu  son  long  pûoislèi^e*  U  mou- 
rut en  1599. 

AKTotn^  de  Beauffremont,  frère  du 
précédent  ^  chef  d«  ia  famiUe,  seigneur 
de  Lis^epais,  du  chef  de  sa  mère  Antoi- 
nette de  Vienne,  marquis  d'Arc  en  Bar- 
rois  ,  fu^  bien  placé  pi*ès  de  Henri  UI  : 
conseiller  d'état,  capitaine  de.  cinquante 
hommes  d'ordonnance,  gentilhomme  or- 
dinaire de  ta  chambre  du  rpi ,  chevalier 
de  ses  ordres  en  15^5,  chevalier  d'hon- 
neur du  parlement  de  Bourgogpe,  dont 
il  fit  partie  en  1,561,  il  n'eut  qu'un  fils, 
mort  sans  postérité.  Le  reste  de  ja  mai- 
son s'est  ménagé  une  fortune  en  Espa- 
gne. —  Chaiies-Louis ,  frère  du  précé- 
dent, marquis  de  Measimieux ,  est  grand 
d'Espagne ,  chevalier  de  la  Toison-d'Or 
et  général  de  bauiUe. — Pierre,  son  fila, 
marquii  de  Listeoaif ,  eat  élevé  commt 


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BEA 


(212) 


BË\ 


enfuQt  d'hoDDéur  près  du  roi  d'Espagne. 
Après  la  conquête  de  la  Franche-Comté, 
Jl  revient  en  France  et  re^it  les  deux 
régimens  à  la  tête  desquels  s'était  fait 
tuer  son  frère.  Il  mourut  tn  1685.  -» 
Au  milieu  des  guerres  incessantes  de 
Louis  XIV ,  la  maison  de  Beauffremont 
joue  toujours  un  rôle  honorable  et  ne 
s*épuise  point  en  hommes  de  guerre  ;  un 
marquis'de  Listenais,  deux  fois  blessé  en 
Allemagne,  chevalier  de  la  Toison-d'Or 
et  maréchal-de-camp,  reste  sur  le  champ 
de  bataille  en  1 7 1 0;  Louis^Bénigne,  mar- 
quis de  Beauffremont,  puis  de  Lîslenais, 
est  blessé  deux  fois,  Tune  à  Malplaquet  en 
1 709,  et,  de  sous-lieutenant  des  gens  d*ar- 
raes  de  "Bourgogne,  devient  colonel  des 
dragons  de  son  frère,  chevalier  de  la  Toi- 
800-d'Or  et  brigadier  d'armée  en  1719. 

Alexard&s-Emmahuel,  prince  de 
Beauffremont,  duc  et  pair  de  France,  fils 
du  prince  de  Listenais ,  vice-amiral,  na- 
quit à  Paris  en  1778.  IX  épou^  à  Madrid 
la  fille  aifiée  du  duc  de  La  Yauguyon , 
ambassadeur  de  France  près  de  cette 
cour.  Quand  la  révolution  éclata,  il  alla 
rejoindre  les  princes  en  Allemagne  et  prit 
part  avec  eux  à  l'invasion  en  Champagne. 
De  là,  il  revint  aux  Pyrénées  et  fit  les  cam-^ 
pagnes  de  1793  et  de  1794  contre  la  ré- 
publique française.  Rayé  de  la  liste  des 
émigrés  en  1795  ,  il  vivait  retiré  avec  sa 
famille  en  Franche-Comté,  quand  Napo- 
léon, qui  déjà  l'avait  fait  comte,  le  nomma 
président  du  collège  électoral  de  Haute- 
Saône  et  le  reçut  en  cette  qualité,  le  13 
avril  1813.  Napoléon  n'eut  point  à  se 
plaindre  delà  harangue.  En  juin  1815, 
il  le  nomma  pair  de  France;  mais  le  comte 
refusa  sous  prétexte  de  faiblesse,  d'âge  et 
de  santé.  C'est  de  Louis  XVIII  qu'il  re- 
çut la  pairie. 

Alphohsb,  duc  de  Beauffremont,  fils 
aîné  du  précédent,  créé  comte  par  Na- 
poléon, était  aide-de-camp  de  Murât;  il 
se  distingua  à  la  bataille  de  la  Moskowa 

iMoskva)^  dans  la  campagne  désastreuse 
le  Smc»  en  1818,  et  à  Dresde.  En  oc- 
tobre 1814,  il  servit  d'escorte  au  comte 
d'Artois  comme  commandant  de  la 
garde  d'honneur  deVesoul.  En  1815 
il  fut  rappelé  par  Murât,  puis  envoyé  en 
France,  à  la  première  nouvelle  du  dé- 
barquement de  Napoléon,  pour  assurer 


l'empereur  qu'il  pourrait*  compter^sur 
son  fr^re  de  Naples.  Il  fut  pris  au  re- 
tour, gardé  neuf  jours  à  Turin  et  ren- 
voyé en  France.  Depuis  il  a  voyagé  en 
Russie  et  y  a  pris  quelque  temps  du  ser- 
vice. H-D. 

BEAUFORT  (HxicainE),  cardinal 
évêque  de  Winchester,  fils  naturel  de 
Jean ,  duc  de  Lancaster  et  de  Catherine 
Roèt,  veuve  d'Othon  de  Swinford,  et 
frère  de  Henri  IV  de  Lancaster,  roi 
d'Angleterre,  reçut  son  nom  de  Beau- 
fort,  bourg  de  l'Anjou  où  il  était  né. 
Homme  d'état  et  prince  de  Rome,  trois 
fois  chancelier  d'Angleterre,  ambassa- 
deur en  France,  légnt  du  pape  en  Alle-^ 
magne,  il  a  son  rôle  dans  tous  les  grands 
faits  de  l'époque  contemporaine  déchirée 
par  la  guerre,  par  le  schisme,  par  d'af- 
freuses discordes  de  maisons  royales. 
D'ailleurs  ame  dure,  esprit  délié  et  pé- 
nétrant, sa  vie  pleine  de  passions,  d'am- 
bition et  de  violence,  a  été  un  singulier 
mélange  de  desseins  bien  menés  et  d'in- 
conséquences,  d'affaires  temporelles  et 
d'affaires  religieuses^  d'audace  et  de  re- 
mords. 

Il  reçut  l'éducation  forte  du  temps  à 
Oxford  et  à  Aix-la-Chapelle.  Il  n'y  avait 
point  de  trône  pour  lui  dans  la  famille; 
on  lui  donna  toute  la  science  anglaise  et 
allemande  pour  en  faire  le  premier  prince 
de  réglise  et  le  mettre  à  la  têle  du  clergé 
d'Angleterre.  Évêque  de  Lincoln  en  1 897, 
il  le  devint  de  Winchester  en  1414.  Ce- 
pendant il  avait-déjà  pris  part  aux  affaires, 
et  sa  capacité  l'avait  fait  d'abord  arriver 
à  la  première  magistrature  politique  de 
l'état  et  à  l'ambassade  de  France.  Alors 
l'avènement  des  Lancaster  avait  inter- 
rompu là  guerre  de  100  ans  ou  la  lutte 
d'extermination  entre  la  France  et  l'An- 
gleterre. Tout  à  coup  il  ne  se  montre 
plus  que  pieux  prélat  et  catholique  à  foi 
ardente;  il  se  met  en  route  pour  la  Terre- 
Sainte.  Mais  il  tombe  au  milieu  du  con- 
cile de  Constance  (vo^.),  et  son  démon 
d'habileté  et  d'intrigues  le  reprend.  Il  ne 
contribue  pas  peu  à  la  nomination  de 
Martin  Y,  et,  sans  mission  apparente-,  à 
l'improviste,  il  entraine  à  une  décision 
ses  collègues.  Martin  V  reconnabsant  le 
crée  cardinal  en  1436.  De  retour  en  An- 
gleterre, il  y  ressaisit  son  influence  po* 


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(213) 


BEà 


lilk(uey  et  c'est  par  lui  que  Jacques  I^' 
d*Éco&5e  obtient  sa  liberté.  L'homme 
d'état  cependaut  n'oublie  point  qu'il  est 
prince  de  l'église,  «t  il  s'oppose  à  la  levée, 
aor  le  clergé,  de  nouvelles  décimes  que 
réclamait  le  roi  Henri  Y,  son  neveu,  pour 
subvenir  à  la  guerre  contre  la  France; 
mais  il  donne  20,000  (ivres  sterling  de 
son  propre  coffre.  Martin  Y  jeta  les  yeux 
sur  lui ,  comme  sur  le  plus  énergique  et 
le  plus  renommé  champion  du  Saint- 
Siège,  pour  être  son  légat  en  Allemagne, 
où  l'église  avait  deux  grandes  blessures  à 
guérir,  le  schisme  et  Thérésie  des  Hussi- 
tes  de  Bohême.  U  ne  fallait  rien  moins 
qu'une  croisade  contre  l'hérésie,  et  ce 
fut  le  cardinal  anglais  qui  partit  pour  la 
publier  et  la  prêcher,  emportant  comme 
auxiliaires  d'énormes  sommes  d'argent 
(1429).  J\  échoua  et  remporta  l'argent, 
non  pour  le  rendre  au  saint  Père,  mais 
pourle  donnera  l'Angleterre  et  le  changer 
en  levées  de  troupes  contre  la  France. 

Sa  carrière  politique  s'achève  en  Fran- 
ce. Le  duc  de  Bedford,  qui  occupait  alors 
ce  pays  au  nom  du  roi  d'Angleterre  en- 
fant, eut  besoin  de  ses  services.  Ce  fut 
lui  qui  couronna  le  jeune  Henri  YI,  et 
qui  le  même  jour  où  ce  prince  était  pro- 
clamé roi  d'Angleterre  à  Londres,  le 
proclama  roi  de  France  à  Paris,  dans  Té- 
gliae  de  Notre-Dame,  au  mois  de  novem- 
bre 1431^Ce  fut  Beaufort  qui  s'entremit, 
vainement  il  est  vrai,  entre  le  duc  de  Bed- 
ford et  le  jeune  duc  de  Bourgogne,  pour 
opérer  une  alliance  qui  eût  été  si  pré- 
cieuse à  l'Angleterre.  Ce  fut  lui  encore 
qui  siégea  à  Rouen  parmi  les  juges  de 
Jeanne  d'Arc  et  la  fit  monter  sur  le  bû- 
cher, après  être  descendu  dans  sa  prison 
comme  un  mauvais  génie  et  l'avoir  tor- 
turée de  sa  présence  pour  lui  arracher  des 
aveux,  ^ous  rappelons  ici  le  tableau  de 
M.  P.  Delaroche,  où  le  type  du  cardinal 
de  Winchester  semble  trouvé.  Depuis, 
quoique  retiré  dans  son  évêché  et  y  fon- 
dant un  hôpital,  il  se  mêla  sans  doute  à 
ces  tragédies  sanglantes  des  deux  roses, 
à  ces  meurtres  de  famille  qui  déjà  com- 
laençaient  leur  cours.  Il  parait  certain 
•que  le  remords  d'avoir  trempé  dans  l'as- 
sassinat du  duc  de  Glocesf  er ,  son  neveu , 
le  rendit  fou ,  qu'il  voulut  s'empoisonner, 
et  qu'il  mourut  dans  d'horribles  terreurs, 


le  1 1  avril  1447.  Les  drames  de  Shakes-* 
peare,  biographies  si  vraies,  chroniques 
si  fidèles,  peuvent  être  cités  même  en 
matière  historique;  nous  renvoyons  à  la 
deuxième  partie  de  Henri  YI,  acte  m, 
scène  3.  H-d. 

BEAUFORT  (nue  de),  le  n>»  des 
halles^  voy,  Yendôme. 

BEAUFORT  (Louis  de).  Le  xviii' 
siècle  a  vu  naître  cet  historien,  mais  on 
ne  sait  pas  précisément  dans  quelle  an- 
née. Les  particularités  de  sa  vie  sont  éga- 
lement peu  connues,  bien  qu'elles  soient 
assez  rapprochées  de  nous.  Il  faut  appli- 
quer à  De  Beaufort  ce  que  l'on  a  dit  de 
plus  d'un  savant  :  «  La  vie  paisible  d'un 
homme  de  lettres,  qui  n'est  pas  eu  même 
temps  homme  d'état,  offre  par  elle-même 
peu  d'incidens  remarquables.  »  De  Beau- 
fort  était  de  la  société  royale  de  Londres, 
et  il  ^vait  été  gouverneur  du  prince  de 
Hesse-Hom bourg.  Il  mourut  à  Maés- 
tricht,  en  1 795  :  voilà  tout  ce  que  disent 
de  lui  les  biographes. 

Cette  existence,  pauvre  sous  le  rap- 
port des  événemens,  est  plus  ric|)e  sous 
le  rapport  littéraire.  De  Beaufort  a  lais- 
sé :  1**  Dissertation  sur  incertitude  des 
cinq  premiers  siècles  de  l'histoire  ro^ 
maine,  publiée  en^l738,  in- 8^,  et  réim- 
primée en  2  vol.  in-121,  en  1750;  2^  His'^ 
tpire  de  César  Germanicus  ^  1741,  in- 
12;  3^  La  république  romaine,  ou  Plan 
général  de  l'ancien  gouvernement  de 
Rome,  1766,  2  vol.  in-4**;  1767,  6 
vol.  in- 12.  Ces  trois  ouvrages  l'ont  placé 
au  rang  des  bons  historiens  du  siècle 
dernier.  On  trouve  dans  les  Mémoires 
de  l'Jcadéfffie  des  inscriptions  «f  belles^ 
lettres  une  dissertation  toute  contraire  à 
celle  qu'a  publiée  De  Beaufort  sur  l'in- 
certitude des  cinq  premiers  siècles  de 
l'histoire  romaine;  il  ne  serait  pas  sans 
intérêt,  pourl'Àude  de  l'histoire,  de  faire 
le  rapprochement  de  deux  ouvrages  si  op- 
posés. N.  A.  D. 

BEAUGENCI  j  ou  plutôt  Bauoenci, 
si  l'on  veut  suivre  l'orthographe  du  mot 
latin  Balgantium ,  est  une  ville  située 
sur  la  Loire.  Elle  appartenait  jadis  à  l'Or- 
léanais et  fait  aujourd'hui  partie  du  dé- 
partement du  Loiret.  Ses  environs  of- 
frent de  bons  pâturages,  des  bois  peu- 
plés de  gibier  et  des  vins  assez  estimés. 


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BBà 


(SU) 


BEA 


Ces  vins  tt  lés  laines  font  rébjét  prirt- 
cîpa!  dli  commeicc  db  cette  ViUe:  Son 
etidieau  avait,  dit-ôn,  éïé  cbnéti'iilt  par 
Ifes  Gaulois,  el  relevait  bh  partie  de  Vé- 
glise  d*Arï)iens  et  en  partie  du  bomté  de 
Blois.  On  peut  voir ,  dans  la  GaUxà 
chrlsttana ,  lei  circonstance  qiil  ont 
amené  ce  droit  de  1*^g1ise  d*Aiî^iehs. 

Sous  les  premiers  Cap'étîei^s  Beaùf^epci 
était  une  des  places  lek  mieuk  fortifii^ës 
du  royaume.  Elle  eut ,  comme  presque 
toutes  les  villes  frâH(^ais'ek ,  des  sèignetirs 
héréditaires  dont  le  preniter  Ait;  âuivah^ 
les  auteurs  ae  V/ért  de  vérifier  lèx  dates ^ 
Lancelin  ou  Lande I  l**",  que  l'ort  croit 
fils  de  Labdrisoré ,  qui  vivait  à  ta  Ifiii  dii 
i*  siècle,  el  qui,  'dît-on  ,  était  aille  \  ta 
inaîsoh  royaVe  de  Frâhce.  Oh  ne  ie  con- 
naît que  par  les  im'prUd'ehte^  libénilit'és 
envers  les  églisbs  el  l'es  cbtivehs,  (^ui  tùî 
furent  coniitiunes  avec  presque  td'ui  les 
seigneurs  de  son  lentps.  Lài^fl^n  oq 
Landei  tl  son  iils,  qiii  lui  succéda  vers 
1060,  aida  Philippe  1*%  rbî  de  France, 
dans  ses  guerres  contré  l*orguetlleux  Hu- 
gues du  Puiset,  (lit  f^ii  prlàonnieV  dâkîs 
celte  lu lté,^él  se  fit  remarque^  par  (Jrt  tà- 
lens  rares  à  celte  époque.  Kao^jl  I  ,  fHs 
de  Landri  ÎI,  maître  de  fiéàugehci  de- 
puis 1Ô80 ,  fut  rénommé  p4r  sa  valeulr, 
^suivit  t^od'etroi  de  Bouillon  à  là  Croisade, 
en  109ë,  se  distingua  surtout  a^^i  àiégè 
cl*Antioche,  et  à  àon  retour  eut  Quelques 
qberelVés  avec  son  suzerain ,  le  comte  dé 
Blois  Tiiibaul  IV.  Yves,  évéaiie  de  Chai-- 
Vés  \  réconcilia  césdebx  seigneàrs.  Kabiil 
(!é  Beaijgenci  entra  m'êiiië  dM'ns  là  ligue 
que  îliîbaut  forma  verà  H 12  coli(V*è 
Lo'u is  -  lé  -  G  ros ,  pour  sou léhi r  Huguek 
Idii  "Piiisel.  tl  participa  auàèi  \  dilTérehs 
démêlé  entre  ses  Voisins,  tJés  frèrei  de 
Beaugènci ,  Siko*  l**",  LVAbÊtifi  ttt , 
Ï'ean  1*',  ne  se  dislînfguérénl  [loittt  dé  Ik 
Ibûle  clés  chevaliers.  JÎEAif  tl;  fils  dé 
Jèati  t^*".  servit  avec  zèle  Phll1ptié-Ad- 
f^ùste,  et,  en  1215 ,  vendil  à  ce  priVi'ce 
ses  droits  sur  le  Vermtinàoià  [i)oyX  En 
'12i|è ,  s<Sh  ïiis  SiMOîl  n  accôn^pajgha 
lâinl  Louis  \  la  croisade,  fin  lid2  , 
llAouL  n ,  se  voyant  skn^  iVèk-è  et  sarts 
enfài^,  véhdit  à  PhiUppe-t^-Bél  la  siel- 
gneitrié  de  Beaugenci,  qui  fVkt  dôntkée 
en  dôuatre  \  la  reine  Clémence,  Veuve 
Aè  Louis  Hàtio.  Ce^té  terré  fht  l-étthié  t\i 


domaihè  lorsque  CVémence  (Vit  norté. 

Avant  17^9,  Brtiugenci  était  lechefl 
lieu  d*une  chàtellenie  dont  dépendaient 
Saint-Laurent-des-Eilujt ,  Chkumont  eà 
Sologne  ;  Oticques  \  Joui  fet  quelques  att- 
ires lienx.  A.  S-A. 

BEAUHARNAIS  (  FuXtfçois,  niar- 
quia  DE  ),  descend  d^uné  noble  (kmîllè 
de  rOrléaoais,  où,  dès  1890,  Guit-^ 
LAijME  de  Beatibarnàis  est  toomttié,cbnimè 
épousaiit  Marguerite  dé  Bourges.  Uil 
JkAi^dé  Beatthàrhais  téMoi^nH  eh  Avèuf 
de  la  PiicetTe,  lors  dd  ph>bèé  dé  cette 
derhièré.  Cfetté  Ikihille  se  di'stirtgua  par 
is'es  services  dans  difTérenS  ethplois  civiU 
et  ihilitaîrès,  et,  en  1764,  la  V^tft  de  ht 
FeHé-Auraiu,  qui  lui  àp^rtenaif,  f\ii 
érigée  en  mai*quisat  ious  lé  noib  de  Ftf^ 
tê-Beutthnrnais. 

Lé  marquis  FrAn^is  déBeauhàmkis^ 
tié  à  Là  Rochelle  eh  1756,  se  trbutait  lé 
chef  de  cette  l^millé  to  1789,  lorsqu'il 
représenta  la  hpbléssfe  ànt  Éuts-Géoé* 
rkux,  et  défbhdit  si  énei*giquement  les 
privilèges  dé  cé  corps  et  les  droits  dd 
rbi ,  qo*on  le  somotaimia  lé  fikU  Beaû^ 
harnais,  n  éssàyA,  niais  en  Vain,  de  dé^ 
^bber  Loui^  XVI  à  la  Fureur  deâ  factiotts, 
eh  1792,  eh  hki  faisant  (|Uitier  la  Fi«ndé; 
mais  ce  projet  h'àyànt  pbiht  réusèf,  il 
én^igra,  et  Ifbt  homtiié  htajor  ^ériéft-al  éktA 
Tàrméë  dé  ÏDoAdé.  Au  itiôlhekit  t^  l'6a 
ihstrùiiait  lé  procèè  db  Lodîè  XVt,  Frafti- 
çois  de  Bekuhàràtth^écKvH  àti  préiidèbt 
de  fa  CohVéntidh  pèh\r  VA  rejirësehtér 
rhon^uirdu  irfégîcîdé  ^ùi  %e  prépàHiit, 
deihahda  llioiihèuV  Vlé  Vtenir  déf^ridVte 
iOn  prit)de  k  M  hk&é,  et  s\>ltrit  en  mémh 
V^m^  ébihhië  btéjge.  Intmédiatékkiettt 
)ApV&s  lelic^bHemèhtdéraHhéédbGôndêy 
il  voulut,  à  Ik  tété  de  900  ^ehlilShoAimél, 
^ikbr  combattre  éh  Vendée,  iahspôttvoftr 
obtênirdes  i^ui^hees  éh^h^èk^  te  iMyeii 
Vl*y  passer.  Ifé^éimaitant'jamai^  iM>A  eé- 
rhctère,  il  étHVît  i  RdnàpaHé  qtié  SOù 
déVoIr  était  dbireàdk-e  \t  tk'ônê  nttx  BbQN 
bOnîS.  Bbnap&Ké,  qùf  Venait  d'éj^dusélr 
Joséphine',  v«ate  du  Vfdoihtift  Alétahdr^ 
de,Beaut^artlkié,  frère  de  FràH^dis,  ré^ 
pondit  à  cette  tettHe  par  titt  a<Aë  dé  «Ott^ 
feraineté;  il  marlA  l«  kllè  et  FrftnçoiA^ 
ètocoi^  émigf^,  à  M.  dé  Là  Vklleitni  :  (cm 
Mft  par  qt)^  dëvbbemént  elfe  iH^thi  ce 
bottfèiu  noih.  A^NUtt  ënfift  t^éliàôiiiiii  la 


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BEA. 


(216) 


BEA. 


dMBiDâtioB  àe  NâpoléOBi  U  marquis  de 
BeàiiluifiMÎs  fut  Bomoié  sac^esslvement, 
^  «e  itemief  y  ambassadeur  auprès  de 
la  reÎDé  d'ÉlrUri^  et  du  roi  d*£spagtie; 
mais  il  atait  trop  de  loyauté  pour  sccoo-' 
der  en  tout  les  desseins  ambitieux  de 
Tempertlur)  qui  u'osa  rien  lui  proposer 
d'iudifine  de  sa  répuUtion^  mais  souf- 
ûit  que  Murât}  brûlant  d*étre  roi  d'Es- 
pagne ,  le  pressât  d'entrer  dans  les  corn- 
ploU  4ui  devaient  rendre  rfapoléon 
maître  de  ce  payé.  La  résiatattiie  du  mar- 
€le  Beaubamais  fut  d'accord  avec 


ses  priaeipes»  et  il  re^t,  suivant  tous 
les  biographes^  Vàrâre  d'aller  vivre  eu 
Fulogneé  Celait^  dit-ou^  Tintentiou  de 
l'empereur  I  mais  par  inadvertance  od 
teivit  Sologne^  et  François^  proitant  de 
ce  libellé,  s'en  fut  babiler  la  terre  de  ses 
péresy  la  Ferté-Beauhardais^  que  le  prince 
Eugène  avait  racbetée  et  iqui  éuit  située 
en  Sologne.  L'empereur  apprit  cette  er- 
reur dnos  UB  de  sesmomens  de  galté;  il 
en  rit  bux  éclats  et  ne  la  fit  point  rec- 
tifier. Le  mart|uis  de  Beauharuais  resta 
dans  cet  c»l  jusqu'à  la  réStauratioB.  Ou 
S'éloupa  alors  de  ne  voir  récompenser 
son  ancieuae  fidélité  par  aucune  faveur. 
L'estime  générale  le  dédommagea^  et  la 
piété  filiale  de  W^^  la  comtesse  de 
BcaubartoiSy  cbanoinesse^  son  unique 
enfant  aujourd'hui  ^  le  co&sole  de  l'ou»- 
Ui  de  SCS  vieux  rois* 

AxBXAiHiEB,  vicomte  de  Bcauhai^naiS} 
frère  du  précédent^  né  à  la  Martinique 
SB  1760}  tint  uue  conduite  bien  diffé^ 
reute.  Dès  les  premiers  Éuts-GénérauX} 
il  se  montra  opposé  à  la  cour;  il  prési-» 
dait  rAssemblëe  oonstituatate}  le  21  juin 
1791}  lorsque  Louis  mSfl^  fujraUt  avec  sa 
famille,  Alt  arrêté  à  Yarennes.  Parvenu 
au  grade  dégénérai^  eu  1793,  Beaubar^ 
aais  refusa  le  asiaistère  de  U  guerre, 
mais  il  aoccpUi  l'a— éc  suivante  le  oom- 
ÉMUdetUent  de  la  preimère  armée  du 
Bbiu.  Toutefois  il  ne  fconsërva  pas.long^ 
tumps  ce  eUmmalidcment  i  indigné  de  la 
bautcUr  avec  laquelle  les  reprCbentans 
du  peuple  lui  ordonnaient  de  détàcbeir 
lfi,Ô90  hoibmes  poUr  renibroer  l'armée 
de  k  Moselle}  «u  moment  où  la  sienne 
ènliait  à  forces  inégalée  contre  Wurmser, 
prêt  à  profiter  de  Oetlc  fautci}  si  die  était 
,  ^ofr  feroar  les  %i«i  de  Wis- 


sembourgi  indigné,  disons-ooui}  4ê  eel 
ordres  et  prévoyant  ce  qui  réeulteiuit  dt 
leur  accomplissement}  il  donna  sa  dé* 
mission  et  se  relira  dans  sa  terre  où  il 
remplit  avec  aèle  et  dévou^eut  les  fono* 
tions  de  maire.  Brave }  aimable}  gai,  Oc 
n'était  que  par  générosité  de  éaraotèi% 
qu'il  avait  adopté  des  principes  dont  les 
conséquences,  poussées  alors  jusqu'à  lent 
dernier  terme,  lui  faisaient  borreur*  B 
fut  arrêté  dans  sa  paisible  retraite^  Traaa^ 
féré  à  Paris,  il  fut  enfermé  aii  Luxent-^ 
bourg,  d'où  on  le  traduisit  au  tribuual 
révolutionnaire  qui  le  condamna  à  mort^ 
le33  juillet  1 794,  cinq  Jours  avatttqu'dn 
j  envoyât  ^Robespief re  et  ses  «ompliceSi 
Séparé  depuis  long-temps  de  sa  feinme  | 
il  lui  écrivit  au  moment  de  mourir,  en  lui  . 
recommandant  ses  enùnS}  que  le  sbrt  aé 
chargeait  de  si  bien  pourvoir* 

Joséphine,  devenue  l'épouse  du  gé- 
néral Bonaparte}  premier  consul,  puis 
«empereur,  vit  son  fils,  Euciim  de  Beatt^ 
harnais ,  époux  de  la  princesse  Augusta, 
fille  du  roi  de  Bavière  ^  et  ViOS-ttil  d'IU- 
lie;  sa  fille  fioETBirsa  de  BeâUbariiaîs , 
reine  de  HollaUde ,  par  son  mariage  avec 
Louis  Bonaparte.  Le  prince  Eugène^ 
mort  eu  1824}  a  laissé  :  le  due  de  Lemeh^ 
temherg;  Joséphine ,  mariée  à  Oscu^ 
Bernadette ,  prince  héréditaire  de  Suèêc| 
Eugénie 9  mariée  au  priikte  héréditaire 
d'Hobeuibllem-Héchin^en  \  AtkéUé^  ma* 
riée  à  dou  Pedro ,  ël-empereur  du  Bré^ 
sil(  ThéodQlindaf  et  le  prince  Mtuié 
Foy*  les  articles  JoséPHUrB|  Etjoàini 
(prince  )}  Loui»  (roi  de  HoUmidfe),  ctci 
ClaudK}  comte  de  BeaubàIrnaM }  fila 
d'un  chef  d'escadre}  était  eousin  deFra» 
^is  et  d'Alexandre.  Sa  mère,  ¥kjmt  de 
BeauharDais(morte  en  i  8 1  S),publla  qud^ 
ques  ouvrages}  et,  pendant  long^Sempè} 
réunit  chez  elle  les  geni  de  lettres  lés 
plus  célèbres.  Officier  deS  gardée  fhuH- 
çatses,  le  comte  Claude  épctièa  dlibonl 
M"*"  de  Mhruésia}  puitt  M^^"*  Fortau^ 
fille  d'un  armateur  de  NaUteSi  fl  eut  de 
sa  première  femmO}  Sfràplàhûiki,  que 
l'empereur  maria  au  graod-duc  dé  Bade 
(vof.  l'art  Baoè,  t  U,  p.  689 )i  Sé^ 
natetu'  titulaire  de  la  sééatorerie  d'A«^ 
miens ,  chevalier  d'honneur  de  rim|béré«- 
trioe  Marie-Lesûee,  iprand^Kindo*  de  là 
LégiMKd'fiuÉùleu^,  ut  grauéMoix  du 


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BE4 

l'ordre  de  la  Fidélité  de  Bade,  sons 
l'empire,  Claude  fut  pendant  la  restaura- 
tion éleré  à  la  dignité  de  pair  de  France, 
tandis  qu*£u^ne  et  Hortense  de  Beau- 
harnais ,  enfans  d'Alexandre  et  de  José- 
phine, descendaient  du  faite  des  gran- 
deurs oik  la  fortune  de  Napoléon  et  sa 
Tolonté  les  avaient  placés.  La  princesse 
Stéphanie,  veuve  du  grand^duc  de  Ba- 
den ,  a  marié  sa  fille  ainée  au  prince  Gus- 
tave deVasa,  fils  de  l'ancien  roi  de  Suède, 
Gustave  IV;  la  seconde,  au  prince  hé- 
réditaire de  Hohenzolleni-Siegmaringep; 
il  ne  reste  plus  auprès  d'elle  que  sa  der- 
nière fille ,  la  princesse  Mewie.  De  son 
mariage  avec  M'**  de  Fortan,  le  comte 
Claude  eut  une  autre  fille,  aujourd'hui 
M°^*  la  marquise  de  Quinqueran-Beau- 
jeu.  Le  comte  Claude  de  Beanhamais 
est  mort  en  1819. 

Les  armes  des  Beanhamais  sont  :  d'uT" 
gent^  h  unefasce  de  sable,  surmontée 
de  trois  meriettes  de  même ,  avec  cette  ' 
devise  :  Jutre  ne  sers,  L.  C.  B. 

BBAUJEU  9  vojr,  AjfNE  de  Beavjeu. 

BBAUJOLAIS  (le),  Bellojocensis 
iracUtSf  petite  province  de  France,  bor- 
née au  nord  par  le  Charolais  et  le  Ma- 
çonnais ,  au  sud  par  le  Lyonnais  et  le 
Forez,  à  l'est  par  la  Sa6ne,  qui  le  sépa- 
rait de  la  principauté  de  Dombes ,  et  à 
l'ouest  par  le  Forez,  dont  il  était  en  par- 
tie séparé  par  la  Loire.  On  donnait  au 
Beaujolais  environ  10  lieues  de  long  et 
8  de  large.  Sa  capitale  était  dans  les  pre- 
miers temps  Beaujeu ,  qui  a  donné  son 
nom  k  la  seigneurie  même  dont  les  pos- 
sesseurs figurent  dans  nos  annales  sous 
le  titre  de  sires  de  Beaujeu;  plus  tard 
ce  fut  Villefranche  qui  tint  le  premier 
rang..  Le  pays  était,  avant  la  révolution, 
du  gouvernement  du  Lyonnais,  du  ressort 
du  parlement  de  Paris,  du  diocèse  et  de 
la  généralité  de  Lyon,  élection  de  Ville- 
franche;  il  fait  maintenant  partie  des  dé- 
partemens  du  Rh6ne  et  de  la  Loire. 

An  temps  de  Jules  César  le  territoire 
beaujolais  était  habité  par  les  Segusiani; 
sous  Honorius,  il  fut  compris  dans  la 
première  Lyonnaise;  de  la  domination 
des  Romains  la  province  passa  sous  celle 
des  Bourguignons,  puis  des  Francs,  après 
la  destruction  du  royaume  de  Bourgo- 
gne, par  les  enfans  de  Clovis.  Sous  les 


(  216  )  BE4 

empereurs  carlovingiens,  lors  de  l'éta- 
blissement du  régime  féodal,  le  Beaujo- 
lais se  trouva  compris  dans  l'état  de 
Guillaume  l^%  comte  du  Lyonnais  et  du 
Forez,  qui  reconnut  pour  roi  le  fonda- 
teur du  nouveau  royaume  de  Bourgogne, 
Boson.  Ce  comte  étant  mort  vers  l'an  900, 
après  avoir  partagé  sa  vaste  seigneurie 
entre  ses  trois  fils,  l'un  d'eux,  Bérard  I^% 
eut  en  partage  le  Beaujolais  et  fut  la 


tige  des  sires  de  Beaujeu.  Le  8°**  sire, 
Humbert  IV,  fut,  à  la  fin  du  xii*  siècle, 
le  fondateur  de  Villefranche  dont  il  fit 
la  capitale  du  Beaujolais;  il  épousa  Agiles 
de  Thiern ,  héritière  de  la  seigneurie  de 
Montpensier,  qui  se  trouva  ainsi  apportée 
dans  cette  maison.  Son  fils,  Guichard  m, 
lui  succéda  dans  ces  deux  baronnies,  mais 
après  sa  mort  elles  furent  de  nouveau 
séparées  et  l'un  de  ses  fils,  appelé  comme 
lui  Guichard,  devint  la  tige  des  seigneurs 
de  Montpensier  (vojr.  ce  mot).  Le  même 
Guichard  III,  qui  avait  été  chargé  d'une 
mission  auprès  du  pape  Innocent  III,  vit, 
en  passant  a  Assises,  saint  François  et  en 
obtint  trois  religieux  de  son  ordre,  q^i'il 
conduisit  en  France  et  avec  lesquels  il 
fonda  à  Villefranche  la  première  com- 
munauté de  cette  règle.  En  1365,  Isa- 
beau,  héritière  du  Beaujolais^  le  transmit 
par  mariage  à  Renaud,  comte  du  Forez, 
dont  le  second  fils  devint  l'auteur  d'une 
nouvelle  suite  de  sires  de  Beaujeu;  le 
dernier,  Edouard  U,  épris,  vers  l'an  1 898, 
d'un  fol  amour  pour  une  jeune  fille  de 
Villefranche,  la  fit  enlever  violemment 
et  conduire  dans  son  château;  ajourné 
au  parlement  pour  ce  rapt,  qui  avait 
excité  contre  lui  l'animadversion  publi- 
que, il  fit  précipiter  par  les  fenêtres  de 
son  manoir  le  malheureux  huissier  qui 
avait  osé  lui  faire  la  citation.  Alors  des 
troupek  furent  envoyées,  et  le  sire  de 
Beaujeu  fait  prisonnier  fut  conduit  à 
Paris.  Le  double  crime  dont  il  s'était 
rendu  coupable  lui  faisait  encourir  la 
peine  capitale  :  il  implora  le  crédit  de 
Louis  II,  duc  de  Bourbon,  son  oncle.  Ce- 
lui-ci lui  fit  payer  sa  protection  par  la 
cession  du  Beaujolais  et  de  Dombes; 
l'acte  est  de  l'année  1400.  Edouard  re- 
çut sa  grâce  et  mourut  peu  de  tempe 
après  sans  héritiers.  Ce  fut  ainsi  que  le 
Beaujolais  «e  trouva  compris  parmi  lea 


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BEA. 


vastes  possMsîoDs  de  la  maison  de  Bour- 
boD.  £q  1533,  Louise  de  Savoie,  mère 
de  Frati^is  V ,  se  fit  adjuger  celle  pro- 
yince  qui  avait  été  ooofisquée  sur  le  cod* 
oéCable  de  Bourbon;  en  1631,  Fran- 
çois V  la  réunit  à  la  couronne  ainsi  que 
le  pays  de  Dombes;  mais  en  1560  Fran- 
çois II  rendît  le  Beaujobis  à  Louis  de 
Bourbon,  due  de  Monipensier,  dont  le 
petit- fils,  Henri j  mort  en  1608,  la- trans- 
mit à' Marie  de  Monipensier  son  unique 
bérîtîère.  Cette  princesse  le  porta  en  dot, 
en  1616,  à  Gaston  d*Orléans,  frère  de 
Loi|is  XIII;  à  son  tour,  la  fille  de  Gas- 
ton,  la  célèbre  Mademoùelle,  légua  le 
Beaajolais  avec  tous  ses  autres  héritages 
à  Philippe,A/oR<f  i>t«r,f  rèrede  Louis  XIY, 
premier  duc  d'Orléans  et  tige  de  la  bran-* 
cbe  actuellement  É^égnante.  Depuis  cette 
^x>que,  le  Beaujolais,  avec  titre  de  comié, 
a  souvent  été  l'apanage  de  quelqu'un  des 
princes  de  cette  maison;  le  dernier  comte 
de  Beaujolais ,  troisième  frère  de  Louis- 
Pfaiiippe  1^',  roi  des  Français,  était  né 
à  Paris  en  i  779  ;  il  subit  une  dure  cap- 
tivité pendant  le  régime  révololionnai- 
re,  fut  rendu  à  la  liberté  sous  le  gou- 
vernement directorial ,  voyagea  avec  ses 
frères  en  divers  pays  de  FFurope,  et 
moamt,  en  1808,  en  Sidle,  où  il  était 
allé  chercher  le  rétablissement  de  sa 
santé  détruite  par  de  nombreuses.vicissi- 
todes.  P.  A.  D. 

BKAULIEU  (Jban  Pie&bb,  baron 
Ds)  naquit,  en  1 735 ,  d'une  ancienne  fa- 
mille du  comté  de  Namur.  Après  s'être 
distingué  dans  l'artillerie  autrichienne 
pendant  la  guerre  de  Sept- Ans,  il  se  re- 
tira dans  sa  famille  avec  le  grade  de 
lieutenant-colonel.  Promu  depuis  par  le 
chef  de  r£mpire  à  la  dignité  de  général- 
major,  en  récompense  de  ses  anciens 
services,  il  fut  investi,  en  17$9,  du 
commandement  des  troupes  envoyées 
pour  combattre  les  Brabançons  révoltés. 
Après  les  avoir  vaincus  dans  toutes  les 
rencontres,  il  étouffa  leur  révolte  par 
son  courage,  sa  persévérance,  ses  opé- 
rations stratégiques,  et  par  son  humanité 
à  laquelle  les  insurgés  eux-m^es  ren- 
dirent l'hommage  le  plus  éclatant.  Plus 
tsrd,  en  1792,Beaulieu  ne  fut  pas  moins 
beureujL  contre  les  armées  de  la  républi- 
que française  qui  avaient  ^va^ii  les  Pays- 


(217)  BEA 

Bas.  Avec  une  armée  de  4,000  hommes 
et  deux  pièces  de  campagne,  il  tint  tête 
au  général  Biron  qui  lui  opposait  1),000 
hommes ,  obtint  des  avantages  mar- 
qués à  Marche-en- Famine,  à  Templeu- 
vre,  à  Fumes  où  il  fit  sa  jonction  avec 
l'armée  anglaise  sous  le  duc  d'York ,  et 
s'empara  de  plusieurs  places,  entre  autres 
de  Menin  qu'il  prit  d'assaut.  Comman- 
dant ensuite  le  Luxembourg,  il  conti* 
nua  de  se  signaler  et  gagna  la  bataille 
d'Arlon. 

Cependant,  cette  vieille  renommée  mi- 
litaire finit  par  succomber  aux  talens  su- 
périeurs d'un  jeune  guerrier.  Nommé,  en 
1796,  commandant  en  chef  de  l'armée 
d'Italie  contre  les  Français  sous  le  géné- 
ral Bonaparte ,  il  s'empara  à  Volbie  de 
tous  les  retranchemens  de  leur  ligne  d'a- 
vant-poste; mais  ne  pouvant  se  rendre 
maître  de  la  redoute  de  Mondovi ,  il  fut 
complètement  battu  par  le  général  fran- 
çais, près  de  Montenotte.  Enfin,  après 
plusieurs  autres  défaites  et  des  revers  con- 
tinuels attribués  par  lui  à  la  jalousie  du 
général  d'Argenteau ,  revers  qu'il  essuya 
surtout  à  la  défense  du  passage  de  l'Adda 
et  du  Mincio,  il  (ut  forcé  de  gagner  le 
Tyrol.  La  U  quitu,  le  25  juin  1.796,  le 
commandement  qui  fut  confié  au  général 
Wurmser,  et  se  relira  à  Lintz  où  il  mou- 
rut dans  sa  95*  année,  en  1820.       Z. 

BBAUMANOIR  ,  ancienne  maison 
de  la  province  du  Maine,  dont  la  filiation 
n'est  bien  connue  qu'à  partir  du  xv*  siè- 
cle, bien  qu'on  trouve  cité,  dans  un  acte  de 
1293,unPhilippedeBeaumanoir,  grand- 
bailli  du  Beauvoisis.  Vers  le  milieu  du 
xv"  siècle  un  mariage  apporta  dans  cette 
maison  la  seigneurie  de  Lavardin ,  érigée 
depuis  en  marquisat;  et  c'est  sous  le  nom 
de  Lavardin  que  sont  connus  les  mem- 
bres de  cette  famille  qui  ont  figuré  dans 
l'histoire.  Voy.  Lavabdiu. 

BEAUM ANOIR  (Jeak ,  sire  de),  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  le  maréchal 
de  Lavardin  (vo^.),  aussi  appelé  Jean 
de  Beaumanoir ,  était  issu  d'une  des  pre- 
mières familles  de  Bretagpe.  Dans  les 
guerres  civiles  qui  déchirèrent  ce  duché 
au  XIV*  siècle,  lorsque  Charles  de  Blois 
et  Jean  de  Montfort  s'en  disputèrent  la 
possession ,  Jean  de  Beaumanèir  se  dé- 
clara pour  le  premier  de  ces  princes.  Il 


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BEk 


(218) 


bea; 


«HHfÉ  ptr  dès  traits  d^toë  bfaTonre 
MàUotè  l'hbhtièur  d^étre  armé  ch<^vâ> 
\i(6ti  ei,  ëo  1847,  après  la  bataille  de  la 
Rdche-Defriéii,  il  èdccéda  à  Robert  de 
BèautiMiDôi^,  9àû  père,  dails  la  dignité  de 
uraréchâl  de  BretA^e.  La  trêve  qui  fut 
èbndbë  qttéli{ùe  temps  apl-è^  tl'ëmpêcha 
pkk  deé  combatâ  àinguliers  où  les  elieva-- 
liëH  des  detix  partis  signalèrent  idutile- 
riittnt  leur  bravôuhe  et  leur  dévouement. 
La  plti^  cêlèbhe  de  ces  abtions  individuel 
les  fut  le  Combat  des  trente.  Jéari  de 
Behimràkibir  (hous  tie  si&vbi^s  sut*  quelle 
autorité  M.  de  Siértldhdi  nbnkitie  tlbbert 
de  àeaumanotr,  père  dé  Jean,  Hîstoirt 
éts  Français,  t.  X,  p.  897)  alla  dêûet 
lé  ehfttetaîn  anglais  de  Plbértbel  à  jouter 
dé  fer  de  glaives  pour  Tamour  de  leurs 
dàihe^.  l^rënte  chambrions  ebbtré  trente 
éii  vinrent  àni  mains,  en  1851,  le  27 
iiiAili,  ad  pied  dd  chêne  de  Mi-Voie,  à 
é^alé  dbtaticé  entre  Josselin  et  Pibêrmel. 
Hdit  des  Anglais  (Virent  tu^^  les  autres 
se  isendirëbt,  et  bé  combat  def  Trente  fut 
^a  deé  tilité  d'ahttés  les  )^\\m  célèbres 
é&b»  le  tetibps,  perce  qu'il  dohnait  quel- 
que sktinfâction  à  l'iimôur- propre  des 
Francis,  ^i  soùVent  Vainciis  dans  béltè 
gbeirre.  bèâuilnânoif  reçut  ][>ldsiedrs  blés- 
fcttfc^  et  fit  t>k'euve  d'un  hirè  fcburagé 
dan^  cette  rencontre.  £Ti  1854,  il  ait  èn^ 
vojé  en  Anèlete^re  pour  négociet-  la  hrisé 
«tt  liberté  dé  Charles  de  Blois.  Il  <^bti- 
ftoa  déjouer  bta  rôle  très  actif  dans  cette 
lutte  Si  désakreuëe  ^ùï  lés  dëlit  p^fti^. 
En  1864,  Il  pardi  aVet  é^elat  à  la  bataille 
d' Aurai,  bù  H  fVit  ûiit  prisonnier  a^rès 
db  jprbdi^e^  de  vàleiir,  tandis  qbe  Char- 
les d%  Bloiè  tombait  sodé  le^  cob|f>s  de 
rehnëml.  EhfeHné  dabs  le  chiteAd  d*  Au- 
M ,  Jèab  de  Bëddbiaboir  fût  rendd  biipb- 
t6l  a^i^ès  à  Ik  liberté,  rbrsqbfe  liés  Frab* 
Çédi  èdreni  Irepri*  cfetlb  ^lacé.  Il  figura 
comme  négociateur  à  la  cbncldslon  dd 
traité  dé  GdérÀhdë,  éb  1536,  et  mbnrut 
|>éà  de  teimps  après.  A.  S-a. 

teAtJBt AltCRAIS.  Beàumarichais , 
è*e*t  Fîjgiah);  c'est  rboHirae  sorti  du  peti- 
|ite  i)ui  devient  grand  Seigneur  tbbt  en 
)^ëstabt  ])éui^lé,ëtqtii  est  toujours  à  dire  : 
ht  rûoîy  fhoMï^ù!  méhie  quand  il  k  fertl- 
lilà^é^ék"  lëk  Vnbans  dé  sbië  et  Thàbit  d^ 
vV^lobrs  téb  galons  de  la  livi^.  BeatlMt^ 
èhàls  m,  tè   tëpHMtttiiiit  pMbiMl  ^ 


roppotkloo  plébéièoàe  da  xnn*  iiM* 
Ceux  qdi  ont  combattu  dani  le  corpé  d*ar» 
mée  philosophique  et  libéral  dont  Baa«* 
marchais  éuit  l'airant-garde  et  la  aeoti*^ 
nelle  perdue  étaieoi  tbm  ^  chacub  dam 
son  genre,  des  aristocrates  qui  tenaient  à 
raristocratie  par  quelque  vanité  ou  pai^ 
qbdque  habitude.  M.  de  Biiffoo  était  wa 
gi*a9d  seigneur  philosopha;  M.  de  Vol- 
taire était  ub  poète  grand  Seigneur  et 
chambellan;  J.- J.  Rousseau  était  uâ  grand 
seigneur  *  citoyen  de  Genève.  Les  autrei 
étaient  des  grands  seigneurs  caÉDiaradv 
du  barbn  d'Holbach  ou  amis  de  M'"?  dé 
Genlis;  ils  marchaient  daiM  la  odnip»* 
gnie  des  grands  seigneurs.  Beauniarchaià^ 
morbled  !  Beanmarchais  tout  seul^  dasé  la 
foule,  hors  dç  la  foule,  toûdoyant,  co«- 
dojé,  par  terre^  au  riel>  à  Sainr-Lacare^  à 
la  cour,  marchand  de  livres,  niarcliaad 
de  fruits,  ëvocat^  poêle  dramatique,  apa^ 
dassin  espagnol,  négociant  4n  tout  genre, 
Beanmarchais  est  l'eniatat  dÉ  peupla, 
rélève  du  peuple,  le  poète  du  peuple,  \%* 
cri  vain  du  peuple  surtout;  muUu,  raiUtfèr^ 
sobple,  méchaut,  patient  silrtttut  ooiuia 
est  le  peuple  1  Quel  esprit  I  quel  cou#aga! 
qdelle  verve!  Quel  ^rand  réviduliou» 
uaire  ! 

Ceè  bbmmb  est  ué  plus  tard  que  Vel^ 
taire  qui  éeift  ué  trop  tét  puur  étire  ié^ 
moin  de  sou  iHumplie  et  a*asi06ir  hm^ 
reux  et  tîriomphant  sur  les  ruines  anbu* 
celées  pat  sou  génie.  Beattmartbaiii  Aé  à 
Phri^éta  1781,mmon  en  17M.  AmsiM 
a  recifeilli  tobtea  les  teiHfétes  ^u»  m 
devancière  avaient  éeméea.  Il  a  porté  toitt 
le  îkix  de  cet  immense  hérkug«  et  hévu*- 
lut  ibbs.  Beaumarchais  pour  dtruicvu  aas»- 
sëm«ns  de  sa  vieillesse  a  été  letéuMMudè 
Ih  r^Vôlbtibb  française.  Q'étutlàuurëpèa 
digne  de  l'atti^téde  aajewwaaewBuiiegai 
Wabbrd,  musicien  ensuite  ^  bou  pas  mu>- 
sicrèn  pàrfôttes  bottfféei  oomilie  Figaro^ 
mais  mtlsicieta'séHeux  et  ambideux^  ii  du* 
Vibt  aibsi  hombiedecour  obexMeëdaaaea, 

X*)  Tfos  lëetefan  ont  déjà  éA  leaUHxjWci  ^fc, 
tMkcnrfodra  deanireà  Vmwài  ^-énà,  rcgiiar 
daos  cet  ouvrage»  nuos  Uissons  le  fluoifi  libre  à 
des  opinions  diverses  duns  tes  articles  de  titté- 
lature  et  d^iroagina^ioà.  On  nVcige  pas  d»  Aoui, 
Mn«  doétiB,  qo»  •bot  preatow  tar  aéuè  b  rt^ 
IHMtaliilité  dos  idées»  d«s  images  ftdM,jiig«niMs 

3 ai  seront  émis  dans  les  articles  de  cette  nature: 
s  porteat  an  oas,  pour  en  répondre,  des  noAis 
^Ulditlfc  Vt  ImIMWwUIS.  #»s*u« 


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BBA  (219) 

fiHM  4e  Loufo  XY.  Tout  sertait  à  cet 
homme  pom*  te  pnklii(re  :  sa  foAt*pe  lé 
fil  entrer  rfans  les  jietils  appsrtetneos  de 
Yerakilies)  soii  procès  GœtiHMiiib  le  mon- 
tn  à  la  FVance  sous  no  point  toot  hou- 
▼eau  en  France,  c'est  à-dire  cotnriie  on 
Orateor  ipiT  n'appartenait  itî  au  barreati, 
pi  il  là  chaire,  les  denx  seals  genres  d'éi- 
lo^uence  ^ws  l'on  conoût  alors.  Le  pro- 
cèi  Gtôetzbiann  eat  tirèa  cnrienx.  Le  pre- 
mier l>îeafaiteér  de  Beauomrcbais,  PArIs 
Dmremkyv  ^^ùi'  inort,  le  légataire  dé 
BsTerna^  rékïlaiMiit  à  Beaomarchals 
t§ê,Mù  fr.  De  là  procès;  BèantnarchalS 
sdon  l'usage  oflVit  4  Gostzmann,  ra(>por^ 
tenr  au  procès,  116  Ibuis  et  une  montre 
à  brilluîir.  Quand  te  proèès  lut  perdu,  le 
rapporteur  Gttix  manu  rendii  à  Bèaumar- 
chab  190  loois  et  la  montre.  Beaumar- 
cbaia  nManià  les  1 6  louis.  GoMzmànn  se 
crut  câtorànié,  et  il  intenta  urt  procès  en 
catoinni«.  Ybilà  qui  va  bien  I  Notre  bor* 
léger  de  tottt  à  Tlvéure,  botre  musicien 
éa  la  veille^  l'attaque  au  parlement  corps 
è  corps  poUr  16  touis.  Ce  t|ue  BeaAmar- 
eiicb  a  dépensé  d'esprit ,  de  safllieit,  de 
Wrve ,  d'ittBginatiôh ,  d'irooie  surtout, 
pour  dél^dre-  ces  15  Ibuis ,  est  à  peine 
crojablë;  bien  ttuenousa^oUsencoÉ^e  les 
pièces^dtt  procès  sous  les  yeot.  Déjà,  en 
cDfet^  dans  cette  cause,  et  i  propos  de 
tm  t^  kiufs ,  Bèaamàrcbais  ouvrfcit  une 
krge  itoie  aiu  Orateurs  qui  devaient  plus 
tard  reufvrserk  vieMe  France,  qui  avait 
l%ir  si  faie*  portante  encore  et  qui  était 
ruinée  de  toulm  parts.  Ce  fut  là  une 
fpiéde  décoUverto  que  fit  cet  bohfime  le 
jour  oii,  poUr  eutl-er  dans  Fbpinion  qui 
eotomcn^it  à  être  la  rei^e  de  cette  épo- 
que, Btauiinairciiais  trouva  son  véritable 
litfv  tHuis  cette  «ociété  qui  ne  savait  pas 
encore  podrquofi  elles^iutéresSait  à  Beau* 
mardNils;  -^  Je  sui^  un  leitoyen  !  s'écrie 
Buaumaft'c^als,  je  suis  un  citoyen  I  c'est-à- 
dire  je  4ie  -suis  ni  un  couktisan ,  ni  un 
é^  nimjt  gertWhwiiiime,  ni  un  finan^ 
r-)  ni  éu  fkvori,  ni  rien  de  ce  qu'on 
appeHé  puissance  aujourd'hui.  Je  suis 
un  cîtbjrte!  t'est^lt-dire  quelque  chose 
de  tout- nouveau^  quelque  cboso d'iu- 
éomsU,  d'inouf  «n  France.  Je  suis  un 
citoyen  I  c'esi-à^'dirii  be«tuevonsdevi^t^ 
être  dlqMiia  deplt  cents  tous,  ce  que  véus 
aarw  dîuM  vîBft  ans  peut-être  I  Ace  nom, 


BË4 


si  couyeau  en  1774,  la  société  rfesu  il* 
tentive  et  muette.  On  compreild  que 
Beaumarchais  jouait  un  jeu  qui  n'avait 
encore  été  joué  par  personne.  La  France 
de  ce  temps^là  se  rappelle  bien  qu'elle  â 
Vu  des  princes  du  sang  élever  l'étendard 
de  la  révolte,  des  parlemens  s'opposer  à 
là  justice  des  rois,  des  jésdites  mettre 
l'état  à  feu  et  à  sang  pour  des  bikllës; 
mais  ce  que  n'a  jamai»  vu  la  France,  c'est 
un  homme  tout  seul ,  bu  simple  àbcUU 
de  la  foule,  un  pauvre  diable  saUs  àféui^ 
sans  famille,*  sans  entburage^  sans  pro- 
tection, moins  que  rien,  relever  la  tété 
tout  à  coup,  se  grandir  tout  à  cou^  à  là 
-hauteur  du  Parlement,  lui  parler  face  à 
face  et  tout  haut,  et  d'égal  à  égal,  sibon  eA 
maître.  Non ,  U  France  n'avait  jAbtais  vu 
rébellion  pareille;  et  comme  c'est  un  no- 
ble pays^  <(p\  respecte  tous  les  courages, 
la  France,  elle  applaudit  au  courage  dé 
ce  ver  de  terre  qui  ne  voulait  pas  être 
écrasé  par  le  conseiller  Qœtàmann.  Elle 
reconnut  ce  titre  de  citoyen  que  ae'  doU«- 
nait  Beaumarchais,  plus  fier  en  ceci  que 
Figaro  uni  se  disait  /Us  d'un  priheê  et  tf/^ 
fant perdu.  De  ce  jour  donc,  Beaumar- 
chais fut  un  gentilhomme,  toUt  comme  ce 
Montmorency  qu'on  appelait  le  premier 
baron  chréUen  ;  Beaumarchais  fut  le  pre*- 
mier  citoyen  Jrançais  ;  et  quand  le  par- 
lement Maupeou^  trembknt  enfin  devant 
cettte  nouvelle  puissabce  dont  il  u'aYait 
aucune  idée,  eut  rendu  Cet  arrêt  qui  don^ 
nait  tort  à  tout  le  monde ,  il  se  trOuVa  que 
le  public  cassa  l^rrét  du  parlement. 

Tout  Paris  se  fit  écrire  Chet  le  citoyen 
Beaumarchais.  Le  prince  de  Cohti ,  uu 
des  phis  gtrands  seigneurs  de  ce  temps*- 
là,  l'invita  à  dîner;  M.  dé  Sartines,  lui-^ 
même,  tout  lieutenant  de  )k>l{ce  qu'il 
éttit,  se  conduisit  en  homthe  d'èsprit  et 
félicita  le  hardi  plaideur.  £t  VtSità  rom^ 
ment  le  public  saisit  cette  admirable  oc- 
casion de  flétrir  le  parlement  Maupèou, 
qui  avait  remplacé  Ses  vieux  parlemeus  si 
respectés.  Ce  fut  là  une  immense  gloire 
pour  Beaumarchais,  une  gloire  qui  a  Sur- 
vécu aux  passions  de  l'époque.  Ou  Kra 
toujours  avec  admiration  des  H^ntoirei 
si  remplis  de  faits  et  d'idée^,  à  llkMe  dCs^ 
quels  la  pMlokophSe  du  ttiii*  SiècKe  péf- 
uétra  enfin,  et  par  la  brèche,  e'cn-à^ 
dire  par  la  bouae  Toîe,  dans  la  Bftgitcr»- 


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BEA 


(220) 


BEA 


tare  qui  était  restée  inattaquable  jus- 
qu'alors. 

Après  ce  procès  si  plein  de  bonheur  de 
toutes  sortes ,  Beaumarchais  en  eut  deux 
autres  qui  ne  peuvent  pas  soutenir  de 
comparaison  ayec  le  premier.  Le  second 
de  ces  procès  est  le  procès  Bergasse. 
C*éUit  en  1781.  Déjà  à  cette  époque  la 
France  était  moins  frivole  ;  elle  commen- 
çait à  ne  plus  rire  que  du  bout  des  lèvres. 
On  prétait  l'oreille  avec  inquiétude  aux 
grands  bruits  qui  allaient  venir.  Beau- 
marchais accusé  d'avoir  aidé  à  la  séduc- 
tion de  M"^^  Komman,  n'était  guère  di- 
gne d'intérêt  pour  une  époque  qui  avait 
déjà  mis  en  pièces  le  manteau  couleur  de 
murailles  sous  lequel  elle  cachait  ses  bon- 
nes fortunes ,  et  qui  n'estimait  plus  guère 
que  les  grandes  passions ,  le  dernier  excès 
raisopnable  et  innocent  auquel  pouvait  se 
livrer  la  France  en  attendant  les  horribles 
et  sanglans  excès  qui  la  menaçaient  Donc 
cette  fois  Beaumarchais  n'eut  pas  pour 
lui  l'opinion- qui  lui  avait  donné  tant  d'é- 
loquence à  son  premier  procès.  Cette 
fois  son  rire  parut  déplacé,  sa  colère  parut 
feinte,  sa  verve  s'émoussa  contre  la  parole 
abondante  fil  chaleureuse  de  son  adver- 
sa  i  reBergasse.E(  pu  is  Téloq  uence  deBeau- 
roarchais^  cette  éloquence  de  la  place  pu- 
blique, n'éti^it  plus  une  nouveauté;  et 
puis  cette  publicité  donnée  aux  procès 
était  devenue  commune;  et  puis  ce  titre 
de  citoyen  français  était  à  présent  un  titre 
vulgaire.  Beaumarchais  gagna  sou  procès 
devant  la  cour  et  le  perdit  devant  l'opi- 
nion. Son  dernier  procès,  à>  propreihent 
dire,  n'est  qu'une  affaire  comme  toutes 
les  affaires  d'argent.  Il  s'agissait  de  1 5,000 
fusils  achetés  en  Hollande  pour  le  compte 
de  la  république,  retenus  en  Hollande 
faute  de  paiement ,  et  que  Beaunitr- 
chaîs,  disait-on,  voulait  vendre  aux  en- 
nemis de  la  république.  Cette  fois  qe 
n'est  plus  l'ennemi  de  Maupeou  ,  da 
Gcetzmana  ou  de  Bergasse;  ce  n'est  plus 
l'écrivain  satirique,  infatigable,  disant 
tout ,  parce  qu'il  n'a  peur  de  rien  :  c'est 
un  plaideur  modeste,  réservé,  respec- 
tueux devadt  son  juge,  qui  sait  fort 
bien  que  ce  juge  est  sans  appel.  La  Coe- 
yenlion  était  un  antagoniste  trop  redou- 
Uble  pour  Beaumarchais.  D'ailleurs  à  la 
Conveution  sa  mission  était  finie.  Il  avait 


livré  sa  puissance  destructive  à  de  plus 
fins  que  iui  qui  devaient  ne  la  porter 
qu'un  jour,  à  Mirab^u,  par  exemple. 
Comme  je  le  disais  tout  à  l'heure ,  U  vie 
de  Beaumarchais  se  retrouve  fort  bien, 
avec  toutes  ses  nuances ,  dans  les  divers 
procès  qu'il  a  plaides;  son  caractère  est 
parfaitement  représenté  «par  son  héros, 
son  fils  adoptif,  son  enfant,  Figaro.  Fi- 
garo est  une  biographie  tout  entière.  D'a- 
bord ,  ce  héros ,  pauvre  bafbier  de  vil- 
lage, déclame  contre  l'inégalité  des  con- 
ditions ,  comme  déclame  J.-J.  Rousseau^ 
mais  plus  directement  et  plus  à  brûle- 
pourpoint,  si  je  puis  dire.  Bientôt,  de 
pauvre  barbKer  qu'il  était,  Figaro  devient 
un  homme  du  tiers-état;  il  a  grandi  avec 
le  peuple.  Il  ne  débite  plus  de  maximes 
philosophiques,  parce  que  le  peuple  n'en 
est  plus  aux  maximes  philosophiques, 
mais  à  l'action.  Le  Mtuiage  de  Figaro^ 
qu*est-ce  autre  chose  que  la  lutte  heu- 
reuse du  peuple  contre  l'aristocratie ,  du 
valet  contre  le  maître?  Almaviva  est  un 
grand  .seigneur  très  bien  fait,  très  spi- 
rituel, très  généreux,  un  Castillan  en  un 
mot.  Comment  est-il  joué  par  Figaro? 
Figaro  lui  dispute  set  amis,  Figaro  est 
sur  le  point  de  lui  enlever  même  ma- 
dame la  comtesse,  Figaro  n'a  qu'à  vou- 
loir ,  mais  Figaro  ne  veut  pas  !  Dans  la 
pièce  de  Beaumarchais,  Figaro  est  un  hon- 
nête homme  renforaé  :  hoonéte  homme 
avec  tout  le  monde,  fidèle  et  dévoué; 
aventurier  d'abord ,  exo^ent  mari ,  ex- 
cellent fils  ensuite.  Enfin,  au  dernier 
acte  de  ce  grand  drame,  dans  ia  Mère 
coupable  y  Figaro  est  tout -à-fait  devenu 
ermite;  c'est  un  véritatile  saint,  digne  d'ê- 
tre canonisé.  Pour  ma  part  il  me  semble 
que  Beaumarchais  a  pria  trop  de  pré- 
caution :  il  se  méfie  trop  de  la  vertu  de 
son  héros  pour  qu'on  y  ajoute  une  foi 
entière.  Biais  que  lui  importe?  son  hé- 
ros.sera  vertueux,  à  la  bonne  heure  :  la 
yertu  ne  peut  pas  noire,  et  puis  il  aura 
tant  d'audace  et  tant  d'esprit!  Vous  saves 
que  ce  qu'il  y  eut  de  plus  difScile  ce  ne 
fut  pas  d'écrire  le  Mariage  de  Figaro, 
quoique  la  chose  eût  été  impotaible  à 
tout  autre  qu'à  Beaussarehab  ;  ce  fut  de 
le  faire  jouer.  Tout  l'ancien  régime  chan- 
celant s'opposait  à  la  représenUtion  de 
ce  drame,  qu'il  fav|iit  par  cœur,  poorea 


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BEA  (221) 

mvoir  entendu  parler  con^séaient  et 
qui  'répouTantait  à  l'égal  de  la  prise  de 
la  Bastille.  Le  roi  Loui#  XVI,  roi  mal- 
heureux, qui  prévit  tous  ses  malheurs 
sans  avoir  Je  courage  d'y  mettre  obstacle, 
s*étant  fait  lire  le  manuscrit,  s'écria  que 
la  pièce  ne  serait  jamais  jouée  sous  son 
règne  ;  voilà  pourquoi  peut-être  elle  fut 
jouée  six  mois  plus  tard. 

La  représentation  du  MariagetU  Fi" 
garo  est  un  des  faits  les  plus  importans 
de  la  révolution  française.  Les  premières 
représentations  de  cet  ouvrage,  qui  ren- 
versa la  Bastille  à  hii  tout  seul,  bien  plus 
qne  le  faubourg  Saint-Antoine  réuni ,  a 
laissé  dans  fesprit  des  contemporains  une 
impression  ineffaçable.  Qu'on'  nous  per- 
mette de  citer  ici  l'analyse,  très  complète , 
du  Mariage  de  Figaro.;  l'auteur  a  es- 
sayé de  rendre  en  même  temps  l'étonne- 
ment  d'une  grande  dame  d'ancien  ré- 
gime ,  assistant  pour  la  première  fois  à 
la  philippique  de  Beaumarchais. 

«  Je.  me  rappelle  encore  le  premiet* 
jour  oik  j'eus  l'honneur  de  conduire  ma 
mère  au  Théâtre-Français.  Il  fallut  de 
vives  protections  pour  nous  procurer  une 
lo^e;  nous  fûmes  rendus  au  théâtre  de 
bcmne  heure,  c'était  la  première  fois 
que  ma  mère  attendait.  Quand  noua  en- 
trâmes, la  salle  était  remplie  jusques  aux 
combliM.  L'attente  était  grande;  une  cu- 
rieuse attention  se  lisait  déjà  sur  toun  les 
visages;  on  disait  même  que  quelques- 
uns  des  spectateurs,  pour  être  plus  sûrs 
de  leurs  places,  avaient  passé  la  nuit 
dans  leurs  loges,  et  il  me  semblait  les  voir 
réveillés  en  sursaut  par  la  foule,  plongés 
encore  rdana  l'accablement  du  premier 
sommeil.  C'était  plaisir  de  les  voir,  leurs 
yeux  ébahie,  chercher  à  rajuster  leurs 
coiffures,  remettre  en  ordre  leurs  vête- 


BEA 


mens ,  et  se  préparer,  de  toute  la  puis- 
sance de  leur  réveil ,  au  spectacle  qui  les 
attendait 

«  L'habitude  de  ma  mère  éuit  d'être 
impassible;  c'était  pour  elle  un  devoir 
sacré,  un  devoir  d'étiquette  :  ma  mère 
attendit  patieqiment  jusqu'au  lever  de  la 
toile;  après  quatre  heures  d'attente  la 
toile  se  leva  enfin. 

«Alors  nous  assistâmeft  à  un  drame 
inmd,  que  nous  n'avions  pas  soupçonné, 
même  dans  nos  K^nget.  D'abord  parut 


un  valet  doré,  fringant,  beau  parleur, 
amoureux  en  homme  comme  il  faut.  Ce 
valet  parle  de  tout,  de  son  maître  plus 
que  de  personne:  il  fronde,  il  intrigue,  il 
ne  respecte  rien ,  pas  même  sa  maltresse  ; 
effronté  faiseur  de  calembourgs ,  parlant 
beaucoup  pour  ne  rien  dire  ;  libertin ,  jo- 
vial ,  osant  tout ,  prêt  à  tout ,  même  à 
l'adultère;  poète,  orateur,  diplomate, 
jouant  la  justice,  ancien  journaliste,  et 
médecin  de  cavalerie,  musicien  et  bar- 
bier, politique  effréné,  toujours  sautant, 
riant,  gambadant,  le  héros  de  la  pièce. 
Ma  pauvre  mère  ne  comprenait  rien. 

«  Puis  venait  un  grand  seigneur,  un 
Espagnol,  noble  même  pour  un  Espagnol, 
un  très  bon  seigneur,  élégant,  bien  fait, 
affable,  un  peu  philosophe,  bien  mis, 
sachant  le  prix  d'une  femme ,  excellent 
maître  d'un  excellent  château,  ayant  le 
droit  de  justice  haute  et  n'en  abusant 
pas  quand  il  est  sans  passion ,  en  un  mot 
un  bon  seigneur.  C'est  justement  ce  bon 
maître  que  son  valet  insulte.  Son  valet 
l'attaque ,  le  presse ,  le  pousse,  l'intrigue, 
le  réduit  à  rien  ;  son  valet  lui  dispute  jus- 
qu'à une  servante  dont  le  pauvre  comte 
Âlmaviva  prend  envie;  son  valet  lui  dis- 
pute jusqu'à  la  comtesse  elle-même. 
Quoi  donc?  à  entendre  l'impertinent, 
vous  n'avez  eu  que  la  peine  de  naître , 
monseigneur.  La  peine  de  naître!... 
Quelle  phrase ,  quel  contresens  pour  une 
femme  à  trois  quartiers  comme  ma  mère , 
une  princesse  de  Wolfenbuttel! 

«  Ma* mère  était  hors  d'elle-même: 
Quoi  donc  !  et  la  soubrette  aussi  qui  dé- 
daigne monseigneur  ;  la  soubrette  qui  re- 
dit tout  à  son  époux  futur!  incivile  vas- 
sale, égrillarde  espiègle,  si  facile  en 
apparence  ;  élégante  comme  une  doua , 
belle  parleuse  aussi ,  folle  d'amour ,  et 
ne  le  cachant  pas.  Quelles  mœurs  chez 
un  grand  d'Espagne,  chez  un  seigneur 
de  la  Toison-d'OrI  Quelle  maison;  et 
comment  tenue  !  Ma  pauvre  mère  n'en 
revenait  pas. 

«  Que  devint-elle,  quand  au  milieu  de 
l'intrigue  elle  vit  arriver  un  grand  homme 
habillé  tout  en  noir,  la  longue  soutane, 
le  chapeau  à  trois  cornes,  le  rabat  blanc , 
l'œil  creux,  l'air  hébété,  les  cheveux  hui- 
leux ,  la  tournure  ignoble ,  le  sourire  mé- 
chant, la  démarche  hypocrite!  rien  n'y 


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BB4 


(«*) 


BEA 


jpMBqne;  c'otlui,  c^est  I1ionimed*église, 
«*est  1«  profaoe  chapelain,  c*est  le prédi* 
otiepr  d«  salon,  le  courtisan  de  toales 
ks  heures,  le  /aiseur  des  bons  mots  du 
asaitre,  le  complaisant  de  madame,  le 
«arvitear  d^  valets  de, la  maison,  le flat- 
tcnr  «n  titre ,  le  compagnon  fidèle  du 
petit  chien,  que  vonle^-vous?  Cest  lui, 
<|«î,  toi-ipéme ,  saint  homme,  mêlé  à  une 
itttrigue  d'amour  I 

«  Alors,  léger  et  brillant  comme  un 
l^pillon  à  son  premier  yol,  se  posant  à 
peinai  insouciant  et  volage,  joli  et  frais, 
parfumé,  chantant,  rêvant  tout  haut, 
ignorant  et  naïf,  et  courant  après  les 
fismiy^cs,  poussé  par  l'instinct;  mon  Dieu  I 
Yoilà  Chérubin ,  Chérubin  transparent , 
Chérubin  qui  raconte  chaque  battement 
4a  son  co^ur  aux  nuages,  aux  arbres, 
aux  ienrs,  à  la  source  limpide,  à  Mar* 
oaliaal  Garde  à  vous  si  vous  êtes  une 
fiimme!  Enfant  folâtre  !  redoutez  son  pre- 
mier feu ,  ses  lèvfes  de  flamme  »  ses  ca- 
resses incertaines;  redoutez  son  fourlre, 
spB  regard ,  sa  vinx  ,  son  geste,  sa  vague 
passf  on.  y  oyez ,  Suzanne  Tem  brasse  avec 
peine  et  remords.  Voyez  madame  la  com7 
tess»;  mil,  une  comtesse,  que  femme 
mariée  à  un  giTand  seigneur,  la  comtesse 
1^  regarde  en  soupirant.  Voyez,  il  em- 
pnsse  la-vieille  Mareelinje  ;  voyez  comme 
on  le  dépoutUe  dans  le  boudoir,  comme 
OB  regardé  sa  main  blanche,  son  bras  si 
frais,  son  aein  qui  bat  si  fort  Voyez, 
cet  enfant,  on  Fadore;  il  a  des  envieux, 
des  ennemis,  des  jaloux,  maison  Tadore. 
Voyez,  ces  femmes  qu'il  enveloppe  d'a- 
mour n'osent  pas  lui  apprendre  ce  qu'il 
apprendrait  avec  tant  d'ardeur;  mais 
aussi  si  tu  savais  cela.  Chérubin,  Ché- 
rubin d'amour  1 

«  Et  cependant  à  cMé  de  Chérubin  il 
existe  un  être  encore  plus  ignorant;  une 
petite  fiUe  qui  ne  sait  rien ,  qui  se  laisse 
instruire,  mais  qui  n'apprendrait  rien 
tonte  se41e.  Cett  avec*  Fanchette  que 
Chérubin  répète  les  leçons  qu'il  dérobe 
çè  et  là;  avec  Fanchette  il  est  hardi 
comme  un  homme.  Il  prend  a  Fanchette 
tous  les  baisers  que  Suzanne  lui  refuse. 
Veillez  sur  FancheUe;  Fanchette,  c'est 
la  jeune  âlle^  la  jeune  fiHe  qui  soupire 
tout  bas,  qui  se  cache  pour  soupirer,  qui 
9itt0Oiàf^ïïémi  qpk  devina,  cpii  mowra 


plutêt  qui  de  faire  un  pas  Ttrs  la  scîmet, 
mais  pour  qui  la  science  est  délicieuse. 
,  «  Or,  toutes  ces  pas$ions  diverses,  la 
passion  de  Figaro,  la  passion  instruite  de 
Suzanne,  la  passion  craintive  de  madame 
la  comtesse,  la  passion  niaise  de  Fan- 
chon ,  la  passion  ardepte  et  curieuse  d^ 
Chérubin ,  la  passion  intéressée  du  doç- 
tevr  Bartholo,  la  passion  incestueuse  de 
Marceline,  confondues,  mêlées,  près* 
sées  l'upe  contre  l'autre,  arrivent' eofiQ 
au  résultat  le  plus  immoral,  le  plus  in-* 
téressant,  le  plus  anti-social,  que  jamais 
poètp  ait  osé  concevoir,  ait  osé  exécuter, 
ait  osé  reproduire  en  plein  jour,  en  prér 
sence  des  hommes .  assemblés.  Tel  était 
ce  drame  infernal] 

«  Dans  ce  drame,  tout  l'édifice  social 
était  ruiné  de  fond  en  comble ,  toutes  les 
vertus  domestiques  étaient  vouées  au  plus 
atroce  ridicule.  Là,  le  valet  trompe  son 
maître,  le  mari  trompe  sa  Ijemme,  la  femmç 
trompe  son  mari;  là,  une  fèm|ne  fst 
mère  sans  être  mariée,  un  père  a  un  en- 
fant à  reconnaître ,  fruit  des  d^bauckea 
de  sa  jeunesse  ;  la  mère  veut  épouser  aôn 
fils,  le  fib  iqsulte  sa  mère;  là,  le  juge 
est. vénal,  le  paysan  raisonne,  la  petite 
fille  fait  l'jimour;  le.  jeûne  enfant  est 
libertin  avant  toute  science  du  bien  et 
du  mal ,  l'honime  d'église  joue  le  r^e 
d'entremetteur  pour  plaire  à  son  maître; 
là,  chacun  raisonne,  chacun  parle  dé 
ses  droits  et  de  ses  devoirs;  là,  oq  se  tâ- 
tonne, on  se  coudde,  on  se  tutoie,  •• 
se  prend  au  hasard  dans  la  nuit ,  on  ne 
se  choisît,  on  se  saisit,  on  %e  mêle;  il  y 
a  une  nipit  sombre,  des  cabinets  sombres, 
des  pères  crédules,,  des  valets  Iburbct; 
c'est  l'intrigue  du  siècle ,  c'est  le  pouvoir 
du  siècle,  ce  sont  les  femmes,  ce  sont 
les  moeurs,  c'est  l'amour,  c'est  l'esprit 
du  siècle.  Qtie  la  vieille  comédie  dispa- 
raisse avec  ses  valets  meneurs  d'intrigueel 
les  valets  sont  montés  en  grade ,  ce  sont 
eux  à  présent  qui  font  les  passions,  eux 
qui  forment  les  intrigues,  ce  sont  eux  qui 
aiment  et  qui  se  marient,ce  sont  eux  qui 
sont  les  maîtres  absolument,  et  a'ilâ  gar* 
dent  encore  la  livrée,  ce  n'est  que  par 
pure  vanité. 

«  La  ville  et  la  ooor  applaudtsaaieDt 
à  cet  étrange  spectade.  Le  peuple,  mi* 
ditenr  actif  et  pmioMiéy  •'•■uiMit^  à 


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ÈÉk  (  m  )  BSA 

plushabiLBypIuf  aimable  et  plua  fio  à 


•i  cruellement  bafoué;  le  pfcupla  était 
beareax  de  yoir  eofio  arriver  sur  le  théâ- 
tre le  tour,  Don  plus  de  l'avare,  noo  plus 
de  l'hypocrite,  noD  plus  du  misanthrope, 
non  pins  du  ridicule  et  du  vieux,  mais 
bien  cette  fois  du  fort  et  du  puissant.  La 
comédie  avait  lait  de  singuliers  progi;^ 
à  celte  époque,  hà  comédie  s'attaquait 
M  Irène ,  aux  eroyances,  à  la  force;  elle" 
btiselt  les  sceptres  et  les  couronoce,  elle 
renversait  des  dkâteaUx  forts;  elle  mar- 
quai! ses  victimes  au  fer  chaud,  elle  les 
marquait  au  Iront;  la  comédie,  c'était 
une  lutte  tout  en  laveur  des  passions  po- 
pnlaires,  des  émotions  popul^res;  la 
comédie,  c'était  une  flatterie  perpétuelle, 
adressée  an  pauvre  aux  dépens  du  riche, 
an  faible  aux  dépens  du  puissant;  le  peu- 
ple alors  jouait  le  beau  réle;  rhabît  de 
cour  s'éclipsait  devant  l'habit  bourgeois; 
le  marquis,  fiikstigé  par  Molière,  était 
frappé  au  cœur  par  Beaumarchais;  aussi 
le  peuple  apphiudissait  à  outrance,  sa 
joie  éuit  sérieuse  comme  une  justice;  il 
y  avait  de  grandes  prévisions  à  f^ire  au 
parterre ,  mais  on  ne  savait  rien  prévoir 
dans  ces  temps-là  I 

«  Aux  premières  loges,  les  femmes 
étaient  attendries:  elles  pleuraient,  elles 
SQfvaJent ,  la  bouche  .entr'ouverte  et 
haletaote,  (es  maux  de  ces  cinq  femmes; 
elles  lee  accompagnaient  de  leurs  voeux. 
Les  femmes  de  ce  temps  ne  voyaient  que 
l'amour;  pour  les  femmes,  Famour  c'est 
la  grande  affaire;  et  comme  elles  sen- 
taient, elles  aussi,  que  la  fin  des  temps 
était  proche,  elles  se  hâtaient  d'aimer, 
de  ^éme  que  1^  cour  ^e  hâtait  de  com- 
mander, le  mousquetaire  de  se  battre , 
le  jeune  homme  de  s'enivrer,  le  poète 
d^  faire  d^  vers.  Le  peuple  seu) ,  comme 
je  l'ai  dit,  étai(  patient.  U  savait  cojqCu- 
•ément  pourquoi. 

«  Le  peuple  se  disait  tout  bas ,  comme 
Rgaro  :  «  £t  moi,  ^orbleu  I  »  Les  grands 
Mâgoears,  saignés  à  blaac,  imaginèrent 
4e  sourire.  Cela  leur  parut  beau  de  ne 
pas  sentir  le  supplice.  Les  petits  marquis 
ée  LoAÎs  XIV  ^  avaieat  agi  autrem.eot: 
ils  se  plaignirent  à  outrance  quand  le 
roi  eut  ordonné  à  MoKère  de  les  fusti- 
ger. Aioiii  If  co^r  se  plaisait  ,^  ce  spec- 
tacle, par  yanité^  elle  riaii  à  goi;ge.dé- 


lui  seul  que  toute  la  cour.  Voilà  qui  cH 
bien  I  Puis  cet  assemblage  4e  jolies  fem- 
mes sur  le  théâtre  faisait  toMt  pardonoçr* 
Inconcevable  licence!  Pendant  que  îef 
grandes  dames  des  loges  s'obstinaient  à 
faire  de  Chérubin  un  jeune  homme ,  le 
paraift  à  loisir  d'élégantes  dentelles,  de 
riches  broderies,  d^  plumes  légères  et 
des  éperons  d'or  d'un  jeune  psge,  les 
hommes  du  parterre  défiDuîUaient  Cfiér 
rubin  de  son  habit  de  cour,  les  hommes 
voulaient  à  toute  force  que  Chérubin  nt 
fikt  qu'une  femme.  Ils  lui  rendaient, 
comme  au  trobième  acte  >  ta  cornette, 
son  jupon  de  gaze,  sa  couronne  de  fleurs, 
ses  fines  dentelles  attachées  au  bonnetile 
la  nuit.  Être  double  des  deux  parts,  danr 
gereux  hermaphrodite  qui  peuplait  la 
ville  dfs  Chérubins  de  quinze  ans,  latala 
pasaion  qui  se  ruait  où  elle  pouvait,  qui 
se  dédommageait  de  mille  manières  !  Mais 
qu'y  faire  ?  Les  femmes  tenaient  à  être 
sensibles  ;  elles  voulaient  à  tonte  force 
que  Chérubin,  le  Chérubin  qu'elles  se  fai- 
saient, en  rentrant  chez  elles,  osât  oser. 
Quant  au|:  hommes ,  n'est-il  pas  dit  dans 
la  pièce  :  Il  n'y  a  que  les  petits  hommes 
qui  s'effrhient  des  petits  écrits? 

«  On  voyait  aussi ,  étalés  aux  places 
les  plus  apparentes ,  de  petits  abbés,  de 
riches  dignitaires  de  l'église,  gros,  fleu- 
ris, à  la  main  blanche,  qui  s'amusaient 
lort  de  Basile.  Le  moyen,  en  effet,  de 
reconnaître  l'église  de  France,  si  ricàe, 
si  voluptueuse,  ai  aimable,  dans  ce  cuistre 
crasseux  et  sans  style,  échappé  tout  au 
plus  aux  cuisines  du  cardinal  de  Eohan  I 
<c  Je  ne  saurais  vous  dire  quelle^  furent 
l'indignation  et  la  stupeur  ue  ma  mère. 
Ma  mère  assista  à  cette  pièce  comme  d 
elle  eût  été  sous  le  poids  d'un  horrible 
cauchemar.  Elle  était  là,  essouiflée,  co- 
lère ,  indignée ,  jetaI^  mille  exclamationa 
et  mille  soupirs.  A  chaque  instant  elle 
était  sur  le  point  de  criera  l'incendie  et 
au  meurtre;  mais  la  crainte  la  retenait. 
Lonj^-temps  elle  attendit  une  réactiop  à 
ta,Dt  d'infamie,. vne  pei^e  à  tant  (jie  f<\r- 
faits  ;  long-temps  elle  appela  le  speOre 
qui  emporte  don  Juan  dans  les  flammes. 
Le  s|>eclre  ne  vint  pas  ;  la  pièce  se  ter- 
nûiia  par  U0  tnwqviUe  «mariftgi^.  9b  1^ 


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BË4 


(224) 


BE4 


vk*c  mère  cacha  sa  figure  dans  aesmaios. 

ft  Elte  pensait  à  ce  qae  dirait  l'Aile- 
magne,  si  TAIIemagne  venait  à  savoir 
qu'elle  était  venue  à  ce  spectacle  en  pleine 
loge  avec  son  jeune  fils.  Puis  elle  me  re- 
gardait en  rougissant,  avec  un  air  indi- 
cible de  regret  et  de  pitié.  Son  rtgard 
suppliant  avait  l'air  de  me  dire  :  Par- 
donne-moi, mon  fils!  Elle  attendit  que  la 
foule  se  r&t  retirée  pour  se  retirer  elle- 
même.  Elle  qui  marchait  toujours  le 
corps  si  droit,  la  tête  si  haute,  comme 
pne  noble  dame ,  je  la  traînai  hors  de  la 
salle,  courbée,  la  tète  penchée,  chargée 
d'humiliations  et  de  honte;  on  eût  dit 
qu'elle  avait  été  insultée  et  que  je  ne  l'a- 
vais pas  défendue;  moi-même  j'étais  bon- 
teuxde  Voir  à  ma  mère  tant  de  honte,  sans 
pouvoir  en  demander  raison  à  personne. 

«  En  rentrant  chez  elle,  elle  chassa 
son  intendant ,  qu'elle  ne  trouva  pas  as- 
sez respectueux;  elle  tenait  beaucoup  à 
cet  intendant. 

«  Elle  ne  me  dit  que  ces  mots ,  avec 
un  soupir  de  terreur  :  «  Je  le  dirai  à  la 
reine;  la  reine  le  saura  demain!  » 

«  En  efTet ,  je  ne  crois  pas  que  jamais 
terreur  ait  eu  une  cause  plus  juste  que 
la  terreur  de  ma  mère,  à  présent  que  j'y 
réfléchis  mûrement.  » 

Au  Mariage  de  Figaro  s'arrête  la 
toute-puissance  de  Beaumarchais.  Il  lui 
arriva  ce  qui  arrive  à  tous  les  gens  de 
cœur  et  d'esprit  qui  entreprirent  et  qui 
servirent  de  toutes  leurs  forces  la  révo- 
lution de  89  :  cette  révolution  les  eut 
bientôt  appréciés,  et  ceux  qui  n'en  furent 
pas  les  victimes,  réduits  au  silence  et  à.la 
peur,  moururent  obscurs  et  ignorés,  s'ar- 
rétant ,  pour  la  définition  de  la  liberté, 
à  la  définition  de  Brut  us  pour  la  vertu. 

Beaumarchais  est  mort  à  l'âge  de  69 
ans,  subitement  et  sans  maladie.  Ainsi  sa 
vie  embrassa  toute  la  fin  du  xviii®  siècle 
et  il  mourut  sans  pouvoir  se  douter  de 
nos  destinées  à  venir'^.  J.  J. 

BEAUMONT  et  FLETCHER. 

Beaumont  (Feavgis),  poète  dramati- 

(*)  Pour  compléter  cet  article  tnr  Beaamar» 
cbait  (Pissas  Avoorrrv  Caroh  ds),  nous  «jou- 
tcroot  à  ce  qui  a  été  dit  tor  ton  débat  dan»  le 
moude  qu'ayaDt  en  des  lorc^  dana  les  affaires 
auxquelles  il  se  lÎTrait  sous  les  auspices  du  finan- 
cier Paris  Duvemaj ,  il  troura  asset  de  loisir 
poar  dMrcfaer  i  m  fairt  conaaltre  cooihm  écri- 


que  anglais,  naquit  en  1 585,  dans  le  Leî- 
ceslershire,  d'un  pèfe  qui  occupait  une 
charge  dans  la  magistrature.  Son  nom  se 
trouve  irrévocablement  uni  à  celui  de 
son  collaborateur  Fletcfaer  (JoHif),  né  en 
1576,  dans  le  Northaroptonshire.  lies 
deux  amis  se  lièrent  à  l'université  de 
Cambridge;  leur  union  liuéraire  fut  dès 
lors  indissoluble,  à  tel  point  que  sur  les 
53  pièces  qui  paraissent  d'ordinaire  sous 
l'enseigne  commune  de  ces  deux  noms, 
il  n'y  a  que  deux  ouvrages  dont  l'un  re- 
vienne exclusivement  à  Fletcher,  l'autre 
à  Beaumont.  Il  n'y  a  rien  dans  ce  genre 
de  travail  solidaire  qui  doive  nous  éton- 
ner,puisque  nous  voyons  sons  nos  yeux  des 
alliances  semblables.  Une  circonstance 
plus  embarrassante  et  plus  difficile  à  ex- 
pliquer, c'est  l'année  du  décès  de  Beau- 
mont S'il  est  réellement  mort  en  1615,  à 
Tàge  de  30  ans ,  comment  se  trouve-t-il 
avoir  contribué  pour  sa  part  à  totu  les 
ouvrages  de  Fletcher  qui,  né  9  ans 
avant  lui,  lui  siu^écut  de  10  ans  (il  est 
mort  en  1635)?  A  moins  d'accuser  leurs 
biographes  de  quelque  erreur  matérielle 
en  fait  de  dates ,  peut-être  est-il  permis 
de  supposer  que  dans  l'édition  complète 
de  leurs  œuvres,  faite  20  ans  après  leur 
mort,  on  a  fait  passer  sous  leur  nom  les 
pièces  de  quelques  autres  poètes.  Quoi 
qu'il  en  soit,  un  talent  dramatique  émi- 
nent  se  manifeste  dans  les  ouvrages  des 
deux  amis;  sans  êÉre  analysateurs  et  psy- 
chologues comme  Shakespeare,  ils  rétuais- 
sent  parfaitement  dans  la  peinture  des  ca- 

▼ain.  Les  deux  drames  Engémit  (  1767)  et  /<t 
Deux  amis  (1770)  sont  presque  oabliés  aujour- 
d'hui, mais  le  premier  réussit  pleioemrnt  a  i*efte 
époque.  La  comédie  d*intrigne  le  Bmrbitr  de  Se- 
pUU  (1775)  fit  déjà  beaucoup  de  seiisati««  et 
parut  très  origioule;  mais  le  Mmriagt  de  Figaro 
on  la  Fothjournit  (  17S4)  la  laissa  loin  derrière 
elle.  Tarart,  opéra  ('787),  et  la  Mint  compaU*  , 
drame  (i  79a),  n*ont  pas  paru  dignes  de  ranienr 
de  Figaro  dont  les  aventures  sont  contiuuéea 
dans  la  troisième  pièce  de  cette  grande  trilogie. 
Ayant  acheté  les  manuticrits  de  Voltaire,  Beao- 
marrliais  entreprit  la  fameuse  éditicm  de  Kehl 
des06arrt#rojii/»/«r«xdecegnind  érrivaio  (i 773), 
«monument,  estnl  dit  dans  la  liU»grmf*hi9  «ai- 
pertelU,  dont  Texécution  très  iro|Mi  fixité  ne  ré> 
pond  pas  à  Ténorme  dépense  dont  il  fut  Tobjet  » 
et  qui  ne  fut  pas  profitable  pour  r^luî  qui  avait 
Toulu  relever.  Les  OBmprtt  t^mpUtêi  de  Beau* 
marchids  ont  paru  à  Paris,  1730,  en  4  to].  in-8*, 
en  1809,  7  Tol.  în4J**,  en  i8ar,  6  toI.  in-8*,  et  en 
i8u6,0  Tol.  io•8^  L'édition  de  1780,  dit  M.  Que. 
rard ,  est  la  moios  complète.  I.  H.  S. 


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te4 


(22S) 


BE4 


factères;  comme  lui  peu  soucieux  des 
unités  de  temps  et*de  lieu  y  ils  respectent 
J'iuiité  d*actîon ,  et  grâce  à  leur  éducation 
littéraire,  ils  étaient  à  même  d'éviter  cer- 
tains défauts  dans  lesquels  tombe  leur  il- 
lustre modèle;  mais  cent  fois  plus  que  lui 
ils  se  laissent  aller  aux  indécences  gros- 
sières dont  s'accommodait  fort  bien  le 
goàt  du  temps  et  qui  dépassent  tout  ce 
que  le  cynisme  des  temps  modernes  a  pu 
se  permettre. 

Dans  leurs  tragédies,  Thomme  est  aux 
prises  avec  la  passion,  non  point  avec  la 
destinée  :  aussi  n'arrivent-elles  pas  au 
pathétique  de  Shakespeare;  elles  émeu- 
vent, elles  touchent,  mais  elles  n'ébran- 
lent point.  Nous  ne  citerons  que  T/ie 
nuiid's  tra^edjr;  The  f aise  one  (Cléopâ- 
tre);  The  bioodx  hrot/ter  (KoWod),  et  Va- 
lentinieo. 

Cest  surtout  dans  leurs  tragi-comé- 
dies qu'ils  brillent  :  ce  sont,  à  dire  vrai, 
des  nouvelles  dramatisées;  vous  n'y  ren- 
contrez que  noms  italiens,  espagnols  et 
grecs;  événemens  aventureux,  bizarres, 
extravagans;  des  Anglais  du  xvii*  siècle, 
affublés,  quoi  qu'ils  en  aient,  du  costume 
des  pays  lointains;  et  le  vernis  indispen- 
satrte  des  propos  gaillards  et  des  situa- 
tions éqtiivoques  répandu  sur  le  tout. 
Lisez  par  exemple  The  custom  of  the 
country^he  droit  du  Seigneur).  L'intri- 
gue de  leurs  comédies  est  quelquefois 
tout  aussi  romanesque  que  celle  de  leurs 
tragi-comédies;  rarement  la  scène  se 
passe  en  Angleterre,  et  les  sujets  sont 
presque  tous  empruntés  à  des  nouvelles. 
Le  cioivn  y  joue  un  grand  rôle;^mais  ses 
plaisanteries  n'étouffaient  pas  la  riche 
mine  d'esprit  et  d'études  satiriques  dé- 
posée dans  ces  pièces. 

La  fidèle  l^ergère  {the  faiihful  shep- 
herdess)  de  Fletcher  est  le  premier  essai 
de  drame  bucolique  que  nous  présente  la 
littérature  anglaise,  lorsque  l'Italie  avait 
déjà  sod  Pastor  fido  et  son  Aminta. 
Shakespeare,  à  ce  que  Ton  prétend,  a  mis 
la  main  à  la  tragi-comédie  intitulée  Les 
deux  nobles  cousins  [the  two  noble  Âins^ 
mm),  La  meilleure  édition  des  oeuvres 
des  deux  amis  est  celle-ci  :  H^orks  of 
Beaumont  and  Fletcher  y  hy  Theohald, 
Steward  ami  Sympson^  LonJon,  1750, 
10  voL  in-8^  L.  S. 

Encyclop.  d.  G.  tl  AT.  Tome  m. 


BE  AIT  M  ONT  (JxAimE  LeHivcx 
de),  sœur  de  Jean  Le  Prince,  peintre, 
naquit  à  Rouen  en  1711.  Mariée  a  Lu- 
nuville,  elle  fit  déclarer  son  mariage  nul 
peu  de  temps  après  l'avoir  contracté, 
sous  le  prétexte  d'un  défaut  de  forme; 
mais  dans  le  fait ,  comme  elle  l'écrit  à 
son  avocat,  pour  ne  point  devenir  mère 
d'enfans  que  l'inoonduite  de  son  mari 
lui  laissait  peu  d'espoir  d'élever.  Ce  fut 
par  un  roman  intitulé  Le  triomphe  de 
la  vérité  que  M"'^  de  Beaumont  dé- 
buta, en  1 748,  dans  la  carrière  littéraire. 
Ce  roman,  imprimé  à  Nancy,  fut  pré- 
senté au  roi  de  Pologne  par  l'auteur 
même,  qui,  peu  de  temps  après, .passa 
en  Angleterre,  où  elle  se  chargea  de 
plusieurs  éducations.  Elle  écrivit  alors, 
sous  le  titre  de  Magasins  ^  un  traité 
complet  d'éducation  à  l'usage  des  jeunea 
personnes.  Cet  ouvrage  dialogué  con- 
tient une  courte  instruction  religieuse, 
morale ,  historique ,  géographique  ,  et 
quelques  notions  sur  la  physique  du 
temps.  De  petits  contes  (dont  plusieurs, 
tels  que  la  Belle  et  la  Béte,  Blanche  et 
Vermeille,  ont  été  arrangés  pour  le 
théâtre,)  égaient  ces  magasins.  Le  style 
manque  quelquefois  de  couleur;  mais  on 
ne  peut  trop  louer  la  pureté  de  principes, 
la  droiture  et  la  force  de  raison ,  qui  ont 
dicté  ces  livres,  les  plus  excellens  peut- 
être  que  l'on  puisse  mettre  entre  les 
mains  des  filles.  Tous  les  ouvrages  de 
M™*  Le  Prince  de  Beaumont  ont  ce  ca- 
chet religieux,  moral  et  sensé,  qui  dis- 
tingue ses  premiers  ouvrages.  Outre  les 
Magasins  des  Enfans^  des  Jdolescens^ 
des  Pauvres ,  etc.,  qui  ont  d'abord  paru 
périodiquement  à  Londres,  elle  a  fait  im- 
primer :  Cida,  roi  de  Burgo,  anonyme, 
1764;  Lettres  de  Mme,  du  Montier  ; 
Anecdotes  du  xiv*  siècle;  Lettres  cu- 
rieuses; Principes  de  l'histoire  sar'nte; 
Instruction  pour  les  jeunes  dçmes  ; 
Lettres  d'Émerance  ;  Ménwires  de 
Mme.  de  Batteville;  Lettres  di4  mar- 
quis de  Rojrelle;  La  nout»elle  Clarisse; 
Les  dmvricaines;  Le  Mentor  moderne; 
Manuel  de  la  jeunesse;  Lettres  diverses 
et  critiques.  Nouveaux  contes  moraux; 
La  dévotion  éclairée;  OEuvres  mêlées; 
en  tout  70  volumes.  Elle  s'était  mariée 
en  secondes  nocet  à  un  da  ses  oompa- 


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çea; 


(?26) 


BËA 


trioteS|  dqnt  elle  eut  91%.  enfant  I^  di- 
teat  de  rÀngleterre  ne  convenant  point 
à  sa  santé,  elle  repassa  en  France  à  51 
ans,  oik,  du  fmSt  de  ses  nombreux  tra- 
vaux, elle  acheta,  près  d'Anneci,  tape^ 
tàe  terre  de  Chenavod;  elle  s'y  retira 
en  1768  t%  y  mourut,  en  1780,  à  l'ige 
de  70  ans,  laissant  une  réputation  in- 
tacte de  probité  et  de  bienfaisance  et 
des  livres  faits  pour  inspirer  des  senti- 
mens  tels  que  ceux  qui  avaient  été  la 
règle  de  sa  vie  uti)eet  laborieuse.L.C.B^ 
BEAUNE  (vins de  ).  Ce  au'on  ap- 
pelle la  côte  Èeaunoise  est  la  partie  de 
la  C6te-d'Or  qui  fait  suite  à  la  côte  Nui" 
toise,  et  s*étend  depuis  Nuits  jusqu'à  la 
rivière  de  Dheune*  Elle  fournît  environ 
140^000  pièces  de  vin  par  an ,  du  moi^s 
dans  les  bonnes  années ,  et  produit  des 
vins  fins  et  suaves  ;  mais  pour  être  excel- 
lens  il  faut  qi^*ils  aient  acquis  la  matu- 
rité nécessaire.  Souvent  ils  perdent  aussi 
par  le  transport  en  futailles  sur  mer. 
P^rmi  les  meilleurs  vins  rouges  de  la 
c6te  Beaunoise  on  distingue  ceux  de 
Tolnay,  Pomard»  Beaupe,  AJoxe  ou 
Corton  y'Chassagne  et  Savigny.  Les  trois 
premiers  sont  connus  partout.  On  n'ex- 
porte guère  les  vins  blancs  de  Montra- 
cbet  et  de  Meursault,  qui  sont  pourtant 
d^excellente  qualité.  A  l'étranger  on  ne 
connaît  aue  le  Meursault  rouge.  Cest 
cependant  à  Meursault  que  se  trouve  Ifi 
principale  fabrique  des  vin^  de  Bour- 
gogne  mousseux,  industrie  nouvelle 
créée  par  les  propriétaires  de  vignes  d|i 
pays.  Au  total,  les  vins  de  la  c6tè  Beau- 
noise le  cèdent  à  ceux  de  1^  c6(e  Nui  toise 
qui  comprend  les  vignobles  les  plus  éten- 
dus de)a  Bourgogne^  a^ssi  les  marchan4s 
et  connaisseurs  n^  ffjQgent  les  vins  rou- 
ges de  Çe^^ne  que  dans  U  çkuxjèfnq 
classe,  çt  en  fp^t  descendre  même  dans 
la  troisièpiç  quelques-ups,  tels  que  ceu^ 
d'Aloçe.  Cfeassagne  et  §avignv.  foir 
JMllien,  T9VOS^Pf^^  desvi^^iesjl-o^ 

BEAUI^VP Alliai  aiîcîen  ^us-lieu- 
tenant 4$^  çar»bipijers ,  fut  nommé  cbef 
du  prti^ier  b^taillop  de  M^ine-el-Iipîre, 
au  ippn^ent  où  le^  premjè^  guerres  de 
la  révplution  4ol|i^èren^  Appelé  ensuite  an 
commandement  de  la  plaœ  de  Y erdup,  il 


aii  duc  de  Bruntwicl^ ,  qui  commandait 
les  Prussiens.  Décidera  la  défendre,  sa 
résolution  trouva  dans  les  dispositiopsdes 
habitans  des  obstacles  insurmontables; 
niais  plutôt  que  de  se  rendre  à  l'ennemi 
il  se  brûla  |a  ceryelle.La  Convention  natio- 
nale lui  décerna  les  honneurs  du  Pan- 
théon et  ordonna  que  cette  inscription 
serait  gravée  sur  sa  tombe  :  Beatuwairç 
aima  mieux  mourir  que  de  capituler 
at^ec  les  tyrans.  Une  rue  de  Paris  (  quar- 
tier Montmartre  )  porte  sop  nom,  et  Ton 
joua  sur  divers  théâtres  des  pièces  intitu- 
lées :  Mort  de  Beaurepaire.  S* 

BEAUSOBRE  (  Isahq  d^  ),  Pu^  def 
pasteurs  les  plus  distingués  de  ces  églif<es 
que  les  réformés,  chassés  de  France  par 
1  intolérance  de  Louis  XIV,  allèrent  fon- 
der en  diverses  contrées  de  l'Europe  ,  et 
qui  sont  connues,  particulièreipent  ei^ 
Prusse,  sous  le  nom  i^ Églises  du  rrfuge. 
n  naquit  à  Niort  en  1  OoO.  Sa  fEuniUe  étai( 
originaire  du  Limousin.  Un  de  ses  apcé- 
très,  Léonard,  se  sauva  de  France  aprèç  la 
Saint-Barthélémy  et  se  retira  à  Genève, 
d*où  son  aïeul,  Isaac  de  Beausobre,  ren- 
tra dans  sa  patrie  après  les  victoire  d^ 
Henri  IV.  Le  jeune  De  Beausobre  an- 
nonça de  bonne  heure  beaucoup  d'in- 
telligence. Après  avoir  étudié  la  théolo- 
gie à  l'académie  de  Saumur,  il  fut,  en 
1683,  admis  au  saint  piinistère  par  Iç 
svnode  de  Loudun,  devant  lequel  il  sou- 
tint ses  épreuves  avec  une  grande  distinc- 
tion. Peu  de  temps  après  il  fut  nomm^ 
pasteur  à  Ch^tillon-sur-Indref  II  n'y 
resta  aue  deux  aps.  A  la  révocation  dç 
l'édit  de  Nantes,  son  tieinple  fut  fen^(|^ 
lui-même  piapqpa  d'être  emprisonpé, 
non  pour  aypir»  cppipi^  pp  l'ii  di|  ^  bris^ 
les  scellés  du  temple,  mais  pour  avoîjr 
tenu  chez  lui  des  réuniops  particpUères 
et  Secret^.  Il  se  sai|va  et  apiv^à  Rotter- 
dam en  novembre  1685.  La  prînot^^ 
douairière  d'Orange^  ayapt  gpûté  sa  pré- 
dicatiop,  le  fit  nommer  mipis^re  de  la  cour 
auprès  de  sa  fille^  épouse  du  priocç  d'Ao* 
haItDes5ap,dont  il  |^gna  toute  U  confiance 
et  qui  le  comb)a  de  bontés.  A 1*  >nort  d* 
son  époux,  cette  princesse  ne  pouvaçil 
plus  entretenir  sa  phape|le  française  ^ 
Beausobre  se  rendit  à  Berlin,  en  1 694,  ^ 
bientôt  apr^  Téleçteur  Frédérip-Gpil^ 


fûlfpWWéi^  M  W>A^  U??f  4ç  b  r«pdre  I  lauma  m  le  nomma  pasteur  4<$  )'ii|i^  d#f 


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BEi 


(  227  ) 


BBà 


Zglîses  françaises  de  cette  ville.  H  devint 
pende  temps anrès  chapelain  de  la  reine, 
et,  en  1707^  il  entra  dans  le  Consistoire, 
où  il  siéjçea  pendant  30  ans.  Les  églises 
de  Savoie  à  Londres,  d*Utrecbt  et  de 
fiambonr|  lui  adressèrent  des  proposi- 
tions fort  avania^euses.  Il  avait  accepté 
pour  cette  dernière  ville,  mais  à  la  solli- 
citation 4e  la  colonie  française  et  de  tout 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  distingué  à  Ber- 
lin, le  roi  le  retint  Beausobre  mourut 
dans  cette  ville  en  1738,  à  Tâge  de  79  ans. 
Fea  de  temps  avant  sa  mort  il  prêchait 
encore.— On  a  deux  vies  de  Beausobre  : 
Tune  rédigée  par  Formey ,  qui  se  trouve 
a  la  tête  du  deuxième  volume  de  V His- 
toire du  Manichéisme;  l'autre  composée 
par  Lachapelle ,  imprimée  à  la  suite  des 
Remarques  historiques^  critiques  et  phi- 
lologiques sur  le  Nouveau-Testament. 

Beausobre,  savant  très  laborieux,  a 
coopéré  avec  Lacroze,  Lenfant  et  d'au- 
tres, à  la  rédaiction  du  Journal  littéraire 
d'AUe/^agne,  de  Suisse  et  du  Nord, 
publié  à  la  Haye,  1741-1743,  2  vol. 
in-8*^.  Il  a  enrichi  la  Bibliothèque  al- 
lemande d'un  grand  nombre  de  sa  vans 
articles.  U  travailla  long-temps,  sans  l'a- 
chever, à  une  Histoire  de  la  réformation 
en  Allemagne^  que  Pajon  de  Moncets 
a  publiée  à  Berlin  en  1785, 4  vol.  in-8^. 
D  a  été  Féditeur  des  Mémoires  de  Fré- 
déric-Henri de  Nassau-d^ Orange f  im- 
primés \  I^xsïs\.etàAxay  1783,  in-4^,  et  en 
tète  desquels  il  a  placé  une  préface. 

On  a  epcore  de  lui  les  buvrges  sui- 
vans  :  Défer^se  de  la  doctrine  des  réfor- 
més, Magdebourg,  1694,  in-8®j  Re- 
marques historiques,  critiques  et  phi- 
lologiques sur  le  Nouveau-Testament, 
î  vol.  in-4**,  publiés  à  la  Haye,  en  1 742, 
par  les  soins  de  Jliachapelle;  Supplément 
à  thistoij^  des  Hussites,  de  lenfant, 
Lausanne,  1 745  ^  Essaicritique  de  Vhis- 
toirede  iffanichée  et  du  Maniçfiéisme. 
he  premier  voluipe  parut  in-4®  à  Am- 
sterdam en  1 734  ^  le  second  a  été  publié, 
en  1739,  par  Formey,  sur  le  manuscrit 
de  l'auteur.  Beausobre  se  montre  dans 
oet  ouvrage  critique  habile  et  plein  de 
sagacité  9  et  profondément  versé  dans 
rhistoire  ecclésiastique.  Dissertations 
sur  les  livres  d' Optât  ef  de  Mîlève.  Ser- 
mt>rfs  4^  feu,  M»  de  fieausobre,  divisés 


en  quatre  volumes;  la  troisième  édition 
.  est  de  Lausanne,  1758.  Le  Nouveau^ 
Testament  de  notre  Seigneur  Jésus- 
Christ,  traduit  en  français  sur  l'original 
grec,  avec  des  notes  làtéraires  pour 
éclaircir  le  texte ^  Amsterdam,  2  vol. 
în-4**,  réimprimé,  en  1741,  avec  des  cor- 
rections et  additions  considérables.  Ce 
fijt  par  Tordre  du  roj  de  Prusse  qu'il 
entrepris  cet  ouvrage  avec  Lenfant.  La 
préface  générale,  les  quatre  évangiles 
avec  les  actes  des  apôtres,  sont  de  ce  der- 
nier. Tout  le  reste  est  de  Beausobre.R.C. 

9EAUTÉ,  voy,  I^eau. 

BEAUVAIS  (ville  et  cHATELAnfs 
DE  }.  La  ville  de  Beanvajs ,  située  sur  la 
rivière  de  Terrain  et  chef-lieu  du  dépar- 
tement de  l'Oise  (i;o/.),  est  à  16  lieues 
de  Paris  vers  le  nord-ouest,  et  à  i5  au 
levant  de  Kouen.  Elle  est  très  ancienne. 
On  la  nommait,  sous  les  Romains,  Cœ- 
saromaguSy  avant  qu'elle  prît  le  nom 
des  Bellovaci ,  dont  elle  était  la  capitale. 
Sa  cathédrale,  dédiée  à  saint  Pierre,  n'a 
qi^e  )e  chœur ,  mais  c'est  un  admirable 
morceau  d'ardiitecture.  Le  palais  épis- 
copal  est  d'une  vieille  construction  ;  c'est 
une  véritable  forteresse,  qui  annonce  la 
demeure  d'un  guen'ier  plutôt  que  celle 
d'un  prêtre. 

Beauvais  eut  des  cbâtelains ,  mais  ils 
ne  furent  pas  les  véritables  maîtres  de  la 
ville.  Le  premier  des  châtelains  de  Beau- 
vais^ dont  on  ait  qne  conuaîssanre  cer- 
taine,  est  Guillaume  I*"",  qui  vivait  en 
1225,  et  dont  le  fils,  Guillaume  H,  vi- 
vait en  1252.  Leurs  descendans  de  la 
branche  aînée  et  de  la  branche  cadette 
servirent  ]es  rois  de  France  ^vec  plus  ou 
moins  d'éclat  et  de  zè|e.  Vers  le  milieu 
du  xv^  siècle,  nn  mariage  donna  la  chà- 
tellenie  de  Beauvais  à  Jean  Leclerc,  chan- 
celier de  France,  qui  la  vendit  à  Fstout 
d'Estoutevflle,  seigneur  de  Be^umont. 
Avant  la  révolution ,  la  justice  de  la  ville 
ét^it  exercée  par  le  bailli  de  Tévêque,  et 
il  y  avait  de  plus  un  siège  présidial  et 
une  élection. 

Vers  1100,  les  bourgeois  de  Beauvais 
se  constituèrent  spontanément  en  com- 
mune. Ds  contraignirent  leur  évéque  à 
jurer  qu'il  respecterait  la  nouvelle  con- 
sptution  4ç  1a  ville  :  on  pept  voir  leur 
d&ar|e  d^ns  les  Lettres  sur  l'histoire  d0 


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BÉA.  (  228  ) 

firance,  par  M.  Aug.  Thierry  !  En  1472 , 
Beâuvais  fat  assiégé  par  Charles-le-Té- 
mérairey  duc  de  Bourgogne.  Cette  ville 
se  défendit  avec  tant  de  courage  qu'elle 
força  Tennemî  à  la  retraite.  Jeanne  Ha- 
chette {voy.)f  à  la  tête  des  femmes  des 
bourgeois,  se  signala  par  une  brillante 
valeur.  An  xn*  siècle,  Beauvais  fut  agité 
par  les  troubles  de  la  religion  et  par  la 
défection  du  cardinal  de  Châlillon,  son 
évéque,  qui  avait  embrassé  le  calvinisme. 

Aujourd'hui  Beauvais  est  le  siège  d'un 
évéché,  d*un  tribunal  de  commerce,  et 
de  la  préfecture  du  département  de  l'Oise; 
il  y  a  aussi  un  tribunal  de  première  in- 
stance. Cette  ville  n'est  pas  dépourvue  de 
commerce  :  on  y  trouve  surtout  des  fa- 
briquet  de  draps  et  d'étoffes  de  laine 
dont  l'origine  remonte  au  moins  au  temps 
de  CharUmagne;  des  fabriques  de  toile , 
d'indiennes,  des  tanneries,  et  une  ma- 
nufacture royale  de  tapisseries,  fondée 
.en  1664 ,  quatre  ans  avant  celle  des  Go- 
belins. 

Le  Beautaisis  formait,  avant  1789, 
une  lieutenance-générale  qui  appartenait 
d'abord  au  gouvernement  de  Picardie , 
d'où  elle  fut  distraite  pour  être  attribuée 
à  celui  de  l'Ile-de-France.  Ce  pays ,  qui 
pouvaitavoir  1 5  lieuesd'étenduedu  levant 
au  couchant,  et  12  du  midi  au  nord, 
était  borné  au  nord  par  la  Picardie,  au 
couchant  par  la  rivière  d'Epte,  qui  le 
séparait  de  la  Normandie ,  et  par  le  Y exin 
français,  qui  le  bornait  aussi  au  midi 
avec  le  diocèse  de  Paris ,  et  au  levant  par 
ceux  de  Soissons ,  de  Senlis  et  de  Noyon  ; 
il  fut  habité  autrefois  par  les  Beltova" 
ci^  peuple  le  plus  brave  de  la  Belgi* 
que.  Il  fit  partie  du  comté  de  Verman- 
dois,  et  il  échut,  avec  la  Champagne ,  à 
Eudes  I*',  comte  de  Blois  et  de  Chartres, 
tige  des  comtes  de  Champagne.  Eudes  II, 
fils  d'Eudes  I*', l'échangea,  en  1 0 1 3,  con- 
tre le  comté  de  Sancerre ,  avec  Roger , 
évéque  de  Beauvais,  son  frère,  qui  en  fit 
donation  à  son  église;  ce  que  le  roi  Ro- 
bert confirma  deux  ans  après.  Depuis 
ce  temps  les  évéques  de  Beauvais  se  qua- 
lifient comtes  de  cette  ville,  dont  ils 
étalent  seigneurs  temporels  et  spirituels , 
el  vidâmes  de  Gerberoy.  Ils  furent  inis 
tu  nombre  des  douze  pairs  de  France  et 
eurent  le  premier  rang  parmi  les  trois 


htfi 

comtes  pairs  ecclésiastiques.    A^  S-a. 

BEAUVBAU.  La  maison  de  Beau- 
veau,  d'origine  dievaleresque  dans  l'an- 
cienne province  d'Anjou ,  naturalisée  de- 
puis en  Lorraine ,  est  une  des  pins  illus- 
tres familles  de  France.  Des  lieutenans 
généraux,  des  dignitaire^  de  l'ordre  de 
Malte,  des  ambassadeurs,  des  minis- 
tres, des  prélats,  des  chambellans,  des 
sénéchaux,  des  gouverneurs, des  hommes 
d'état,  des  écrivains  estimables,  sont  sor- 
tis de  son  sein ,  et  depuis  le  x*  siècle  elle 
figure  avep  éclat  dans  nos  annales.  Ses 
armes  sont  d'argent ,  à  quatre  lionceaux 
de  gueules,  lampassés,  ornés  et  couron- 
nés d*or.  Dans  le  cours  du  xiii^  siècle 
on  voit  \m  Rxici ,  baron  de  Beanveau  , 
figurer  parmi  les  plus  vaillans  chevaliers 
de  l'époque ,  mêler  ses  couleurs  à  celles 
de  Charles  d'Anjou,  frère  de  saint  Louis, 
prendre  une  part  glorieuse  à  l'expédition 
de  Naples ,  en  1 265  ,  devenir  connétable 
du  royame  des  Deux  ••  Siciles ,  et  mourir 
peu  de  temps  après,  victime  de  la  bra- 
voure qu'il  avait  d^oyée.  Deux  siècles 
plus  tard,  Louis  de  Beauveau,  héritier 
des  dignités  et  de  la  réputation  diploma- 
tique de  son  père ,  qui  avait  été  à  la  fois 
gouverneur  d'Anjou  et  du  Maine ,  séné- 
chal de  Provence,  exécuteur  testamen- 
taire de  Louis  II,  et  ambassadeur  de 
Louis  ni,  rois  de  Sicile,  devient  le  con- 
fident et  l'ami  du  bon  roi  René ,  et  par- 
tage avec  lui  les  vicissitudes  de  la  fortune, 
jusqu'à  ce  qu'ayant  laissé  le  trône  de 
Lorraine  à  son  fils  Jean ,  duc  de  Calabre, 
il  voulut  que  le  sénéchal  de  Beauveau 
restât  près  du  jeune  prince ,  pour  l'aider 
de  ses  conseils  et  de  sa  valeur.  Ce  seigneur 
mourut  en  1472,  à  Rome,  oà  il  avait 
été  chargé  de  plusieurs  ambassades  im- 
portantes. Une  de  ses  filles,  mariée  a 
Jean  de  Bourbon,  comte  de  Vendôme, 
est  devenue,  de  la  sorte,  trisaïeule 
d'Henri  IV.  A  la  fin  du  xvi"  siècle  Hekb  i, 
baron  de  Beauveau ,  doué  d'une  imagi- 
nation vive,  d'un  caractère  ardent ,  ai- 
mant Téclat  des  cours,  le  bruit  des  armes, 
les  voyages  et  la  littérature ,  combat  suc- 
cessivement sous  l'empereur  Rodolphe  II, 
sous  l'électeur  de  Bavière  et'  sous  le  comte 
de  Mansfeld,  prend  part  à  plusieurs  vic- 
toires contre  les  Turcs ,  devient  ambas- 
sadeur du  duc  Henri  de  Lorraine  à  la 


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BEà 


(  229  ) 


BEI 


cour  de  Rome;  quitte  la  pompe  niap- 
tiale  de  Catherine  de  Bourbon ,  sa  cou- 
sine ,  pour  marcher  de  nouveau  contre 
les  Turcs,  avec  le  duc  de  Mercœur;  con- 
tribue à  pacifier  TAllemagne ,  et  après 
avoir  parcouru  TEurope ,  t*Asie  et  l'A- 
frique ,  revient  en  Lorraine  s'asseoir  au 
conseil  du  prince ,  écrire  une  relation  de 
ses  campagnes  et  de  ses  voyages  (  Nancy , 
1619 ,  in-4^  fig.),  et  veiller  à  l'éduca- 
tion d'un  fils  unique ,  Henri,  marquis  de 
Beauveau ,  qui  fut  à  son  tour  gouverneur 
du  prince  ducal  et  auteur  de  Mémoires 
estimés,  imprimés  à  Cologne  en  1690, 
în-8**. 

Marc  de  Beauveau,  prince  de  Craon 
et  du  Saint-Empire,  grand  d'Espagne  de 
première  classe ,  chevalier  de  la  Toison- 
dX)r,  vice-roi  du  grand-duché  de  Tos- 
cane, fut  redevable  de  cette  haute  for- 
tune plutôt  encore  à  son  mérite  qu'à  sa 
naissance.  Petit-fils  d'Henri ,  marquis  de 
Beauveau ,  né  en  1679 ,  élevé  avec  le  duc 
Léopold  qu'il  accompagna  en  Hongrie 
et  qu'il  n'a  jamais  quitté  depuis,  il  prit 
part  à  toutes  les  grandes  affaires  de  la 
maison  de  Lorraine,  éleva  le  fils  de  Léo- 
pdd  avec  un  soin  particulier ,  et  lors- 
qu'une mort  prématurée  eut  enlevé  ce 
prince  à  l'amour  des  Lorrains,  il  de- 
vint le'copseiller  intime  de  son  royal 
élève ,  le  suivit  à.  Vienne  ,  fut  chargé  de 
diverses  ambassades,  s'attira  la  confiance 
de  tous  les  souverains ,  et  gouverna  la 
Toscane  avec  une  sagesse  dont  le  souve- 
nir ne  s'est  point  encore  effacé,  après 
queFrançois  de  Lorraine  eut  été  contraint 
d'échanger  la  couronne  ducale  contre  le 
brillant  sceptre  des  Césars.  Le  prince 
de  Craon  mourut  en  1754 ,  à  Florence, 
avec  la  réputation  de  l'un  des  beaux-es- 
prits de  l'époque.  Il  a  eu  20  enfans;  l'un 
d'eux,  Charles-Justï,  duc  de  Beauveau, 
né  à  Lunéville  en  1 720,  entré  à  l'âge  de  1 3 
ans  dans  la  carrière  des  armes,colonel  à  20, 
suroommélejeune brille sova  les  remparts 
de  Prague ,  qu'il  défendit  avec  une  bril- 
lante valeur  contre  le  prince  Charles  de 
Lorraine,  aide-de-camp  de  tout  ce  qui 
marche  à  rermerni,  selon  l'expression 
pittoresque  du  maréchal  de  Belle-Isie, 
vainqueur  au  passage  de  la  Bormida ,  à 
Passant  de  Mahpn ,  dans  les  plaines  de 
Corbadi ,  cueillant  des  lauriers  partout 


où  la  fortune  lui  présentait  des  périls , 
gagnant  ses  grades  à  la  pointe  de  son 
épée ,  c'était  toujours  Achille  au  combat, 
Ulysse  au  conseil.  Il  venait  de  recevoir 
le  commandement  d'une  armée  de  26,000 
hommes ,  destinée  contre  l'Espagne,  lors- 
quela  paix  del  763  l'empêcha  de  déployer 
ses  talens  militaires.  Tiommé  alors  gou- 
verneur du  Languedoc ,  il  fit  voir  autant 
d'habileté  courageuse  dans  l'administra- 
tion qu'il  avait  montré  de  valeur  sur  les 
champs  de  bataille.  Plusieurs  familles 
protestantes  qui  gémissaient  depuis  nom- 
bre d'années  au  fond  d'un  cachot  infect, 
lui  durent  la  liberté  et  la  vie.  On  le  me- 
naça de  destitution;  mais  la  colère  mi- 
nistérielle vint  se  briser  à  se&  pieds;  elle 
fut  également  impuissante  lorsqu'au  fa- 
meux lit  de  ju^ce  tenu  en  1771  il  re- 
fusa de  prêter  appui  aux  projets  du  chan- 
celier Maupeou.  Beauveau,  en  agissant 
ainsi ,  s'exposait  à  une  disgrâce  presque 
certaine;  cette  fois,  hâtons-nous  de  le 
dire  pour  l'honneur  du  monarque,  Louis 
XY  sentit  tout  ce  qu'avait  d'honorable  la 
conduite  de  cet  officier  et  lui  donna  des 
témoignages  non  équivoques  de  son  es- 
time. Commandant  d'ime  des  premières 
divisions  militaires  en  1 777 ,  gouverneur 
de  Provence  en  1782,  maréchal,  de 
France  quelques  mois  plus  tard,  le 
prince  de  Beauveau  marqua  toutes  ses 
actions  du  cachet  de  la  probité  la  plus 
sévère,  de  la  philanthropie  la  plus  sage; 
par  ses  soins  la  Provence  vit  ses  États  ré- 
tablis, son  académie  florissante,  sa  na* 
vigation  perfectionnée  ;  elle  se  couvrit  de 
monumens ,  et  la  citadelle  de  Marseille 
allait  être  remplacée  par  un  vaste  fprum 
où  les  cultes  et  le  commerce  devaient 
jouir  d'une  entière  franchise ,  lorsque  la 
révolution  éclata.  Ennemi  du  despotisme, 
mais  défenseur  de  l'infortune,  Beauveau, 
tout  en  applaudissant  aux  réformes  qui 
s'opérèrent  en  1 789,  ne  cessa  de  prodi- 
guer à  Louis  XVI  des  témoignages  d'in- 
térêt et  de  véritable  affection  ;  il  l'accom- 
pagna en  volontaire  dans  son  voyage  ora- 
geux de  Versailles  à  Paris,  le  16  juillet 
1 789 ,  accepta  le  portefeuille  de  la  guerre 
qu'il  avait  refusé  le  jour  où  Malesherbes 
n'avait  pas  voulu  accepter  les  sceaux,  te 
réser\ant  toutefois  la  liberté  de  quitter 
le  conseil  dès  qu'il  verrait  l'impossibilité 


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itk 


(2S0) 


BEA. 


d'y  opérer  le  bien  ;  et  lutta  peôclaDt  Ù 
mois  contre  la  démagogie  qui  s'introdui- 
sait déjà  partout.  Fatigué  de  cette  posi- 
tion incertaine  entre  deux  pouvoirs  qui 
cherchaient  à  se  détruire  y  prévoyant  la 
triste  catastrophe  aui  allait  arriver ,  il 
abandonna  le  tumulte  des  affaireâ  et  vé- 
cut respecté  de  tous  (es  partis ,  jusqu'au 
3l  mai  i  793 ,  époque  de  sa  mort.  Litté- 
rateur aima()le,  écrivain  élégant  et  pur, 
Beauveau  avait  pris  place  à  l'Académie 
française  en  177  l.Boufflers  y  a  prononcé 
l'éloge  d<xson  oncle  en  1Ô05.    Ë.  À.  B. 

BÊAUX-ARTS.  Ce  nom  indlique 
sufOsainroent  que  leur  essence  consiste 
dans  la  réunion  de  travaux  agi:éables  et 
utiles.  A  une  époque  où  le  sens  attaché 
aux  mots  était  plus  limité  et  plus  précis 
que  de  nos  jours ,  (es  beaux-arts  avaient 
r/eçu  la  dénomination  d*arts  libéraux  j 
parce  qu'ils  étaient  enfans  de  la  liberté 
et  de  l'Imagination. 

La  sculpture,  l'architecture,  la  pein- 
ture et  la  musique ,  font  partie  des  beaux- 
arts.  Jusqu'à  présent  on  n'a  guère  fait 
entrer  d'autres  spécialités  dans  cette  di- 
vision qui  semble  un  peu  restreinte.  N'y 
a-t-il  pas,  en  elîet,  telle  branche  dé 
notre  industrie  qui,  au  point  de  perfec- 
tion où  elle  est  parvenue,  ne  mérite  de 
figurer  au  nombre  des  arts  libéraux? 
Sans  doute  les  produits  des  manufaciureâ 
de  Sèvres,  des  Gobelins,  d'Aubusson, 
ont  tous,  plus  du  moins,  pour  principes 
les  arts  du  dessin;  mais  les  porcetaineé 
magnifiques,  les  tapisseries  admirables 
qui  sortent  de  ces  établissemeris  ne  sont 
pas  sans  rivaux  d' une  nature  différente.  La 
fabrication  de  nos  meubles ,  l'art  du  ta- 

fussier,  au  doreur,  du  mécanicien,  de 
'horloger ,  etc. ,  réclameraient  aussi ,  ce 
nous  semble ,  une  classification  nouvelle 
et  des  eqcouragemens  spéciaux.  Ceux  qui 
cultivent  aujourd'hui  ces  arts  sont  des 
artistes  remplis  souvent  de  l'indépen- 
dance du  génie  ;  leurs  productions  exi- 
gent des  études  et  un  travail  auxqueb 
tous  les  hommes  ne  sauraient  se  livrer, 
et  qui  réunissent,  comme  nous  venons 
de  le  dire ,  ces  deux  caractères  qui  cons- 
tituent les  beaux-arts,  utilité  t\ plaisir. 
On  comprend  qu'à  plus  d'ilne  épo- 
que, sous  l'influence  du  génie  des  peu- 
ples dé  i'tutiquité,  U  théorie  des  beaux- 


arts  a  d&  [sttbîr  une  foule  de  modifica- 
tions. Les  Égyptiens,  les  Grecs,  les 
Étrusques,  ont  eu  des  principes  fort  dif- 
férens  dans  la  théorie  des  beaux-arts.,  H 
y  avait  sur  lé  sol  du  Delta ,  aux  plaines 
de  Memphis,  ou  dans  les  montagnes  de 
Thèbes ,  une  pensée  orgueilleuse  qui  ani- 
mait despotes  et  esclaves,  lorsqu'ils  fon- 
dèrent poul*  l'avenir  des  monumeiis  d'une 
si  colossale  proportion. Ce  n'est  qu'à  l'aide 
d'immenses  populations  serviles  que  lea 
arts  de  l'Egypte  nous  ont  légué  quelques 
débris,  il  est  vrai,  souvent  gigantesques. 
Ces  arts  se  reproduisaient  sous  des  formes 
destinées  à  émouvoir  un  peuple  soumis  à 
la  misère  et  à  une  autorité  despotique.  Le 
génie  des  Grecs  ne  se  traduit  pas  moins 
ostensiblement  dans  l'ensemble  de  leuré 
beaux-arts.  La  statuaire  sort  des  langes  où 
les  Égyptiens  et  les  Étrusques  la  tinrent 
toujours.  £lle  est  gracieuse,  forte,  gf  ande, 
impassible,  inspirée  d'une  religion  cou- 
ronnée de  fleurs  et  de  la  liberté  absolue 
du  génie.  U  y  a  perpétuité  dans  l'Egypte, 
les  arts  y  sont  constitués  pour  vivre 
long-temps  \  chez  les  (}recs ,  le  dévelop- 
pement, le  choix,  un  rapide  contact,  leur 
acquièrent  une  perlection  spontanée, 
comme  tout  ce  qui  est  poésie. 

Ce  fut  après  laprise  oe  Corinthe^  après 
le  triomphe  de  Paul  -  Emile  et  eelui  de 
Pompée ,  que  le  peuple  romain  emprunta 
à  la  Grèce  sa  tnéorie  perfectionnée  des 
beaux-arts.  Mais  ib  devaient  végéter  au 
milieu  de  ces  hommes  ambitieux ,  de  ces 
guerriers  arrogans,  comnke  une  plante 
exotique  sur  un  sol  étranger.  Rome  cher- 
chait plutôt  le  luxe  que  la  beauté.  Les 
beaux-arts  y  devinrent  esclaves,  avec  les 
artistes  qui  les  cultivaient.  Le  goût  géné- 
ral fut  lourd,  incertain,  sans  délicatesse 
et  sans  inspiration.  Sous  les  empereurs, 
les  Grecs  leur  rendirent  une  sorte  d'élé- 
gance :  Trajan ,  Adrien,  firent  briller  la 
dernière  étincelle  du  ibyer  éteint;  mais 
les  révolutions  fréquentes ,  une  nuée  de 
souverains  éphémères  qui  inondaient  le 
monde,  amenèrent  promptement  la  déca- 
dence des  beadx-arts.  Le  Bas-£mpire 
se  traduisit  par  des  œuvres  méprisables , 
véritable  physionomie  de  son  existence. 
Les  Iconoclastes  survinrent  :  on  aurait  dit 
une  guerre  de  l'impuissance  coptre  le 
génie.  Pour  rallumer  le  sentiment  des 


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BEA  (231) 

hommes  pour  le  perfectioniiement  et 
pour  diriger  leurs  efforts  vers  des  pro- 
ductions dignes  d*étre  admirées,  il  fallut 
une  régénération  sociale ,  une  poésie  fon- 
dée sur  des  croyances  nouvelles,  les  in- 
fluences d'un  climat  différent ,  des  mœurs 
et  des  habitudes  élrangè|*es  à  Fantiquité. 
En  jetant  un  coup  d'œil  sur  Thistoire  du 
développement  des  beaux-arts,  nous  exa- 
minerons le  caractère  de  cette  nouvelle 
révolution  et  nous  compléterons  ainsi 
cet  aperçu  lies  principes  et  de  la  théorie 
des  oeaux-arts. 

La  vanité  a  guidé  la  plume  de  plusieurs 
artistes,  comme  celle  de  beaucoup  de 
biographes,  lorsqu'ib  ont  voulu  trouver 
Forigine  des  beaux-arts, dans  le  35^  cha- 
pitre de  TExode.  Philostrate,  Soamozzi, 
Lomazao,  expriment  à  cet  égard  des  opi- 
nions aussi  ridicules  quHnconséquentes* 
Ce  dernier  cependant  considère  avec 
quelque  raison  le  monument  de  Bagis* 
tone,  rocher  de  17  stades,  taillé  de  ma- 
nière à  représenter  la  statue  de  Sémiramis 
avec  lÔO  figures  d'esclaves,  comme  l'un 
des  premiers  qui  puissent  être  mention- 
nés dans  l'histoire  des  beaux-arts.  Dio- 
dore  de  Sicile  et  Yitruve  (livre  ÎI)  s'ac- 
cordent assez  avec  cette  indication,  en 
dtant  vers  cette  époque  des  monumcns 
d'arts  différens.  Le  troisième  âge  du 
monde  vit,  selon  l^line,  s'élever  les  py- 
ramides de  Giseh,  le  sphinx  et  le  laby- 
rinthe (PUne,  livre  XXXYI,  cbap.  10}. 
Au  quatrième,  les  Israélites  fondirent  le 
veau  d*or.  Bersel  et  Doliat  sculptèrent 
les  anges  et  tous  les  omemens  du  taber- 
nacle. Enfin,  trois  siècles  plus  tard,  le 
temple  de  Salomon  fut  édifié.  Mais  l'épo- 
que ouïes  beaux-artsfurent  véritablement 
cultivés,  où  ils  devinrent  populaires,  ne 
remont^  pas  au-delà  de  la  18®  olympiade 
(environ  l'an. 700  avant  J.-C.).  bepuis  le 
r^e  des  Pisistratides  jusqu'au  moment 
de  la  liberté  d'Athènes,  les  arts  restèrent 
endormis  dans  la  Grèee.  Ce  fut  à  l'expul- 
sion de  ces  tyrans,  etsurtout  depuis  les  ba- 
tailles de  Calamine  et  de  Platéei  que  le  gé- 
nie de  la  Grèce,  enflammé  par  la  liberté, 
prit  tout  son  essor,  A  cette  époque  appar- 
tient Agéladas,  ^naître  de  Phidias.  Ici 
commjOicenM^  chefs-d'œuvre  des  beaux- 
arts^  li  faut  lire  dans  Plutarque,  dans 
l^line  et  dans  les  Êliaques  de  Pausanias, 


BEA 

la  description  des  merveilles  qnî  sortirent 
de  son  ciseau.  Glicon,  Alcamèae  furent 
ses  rivaux.  Miron,  ]^olienote,  2euxtSy 
Timante,  Parrbaàius,  et  plus  Ur4  Apell»^ 
célébraient  dans  un  autre  genre,  par  dea 
combinaisons  et  des  peintures  brillantes, 
la  gloire  de  leur  patrie.  Praxitèle  vint  en^ 
suite  :  il  fit  deux  Ténus^  destinéef  aux 
temples  de  Guide  et  de  (^oos^  sUtaea 
dont  Lucien  donne  la  description  dans 
son  dialogue  des  amours.  Lisippe,  sculp- 
teur d'Alexandre-le-Grànd,  ei^,  comma 
ce  conquérant,  une  immense  renommée. 
U  fondit  760  figures  de  bronae.  Alora 
non-seulement  fa  peinture  et  la  sculp- 
ture florissaient  dans  l'Attique,  mais  ]m 
architectes  les  plus  habiles  fondaient  le 
Panhénon,les  temples  de  Pallas,  deDian^ 
ceux  de  Cyxique,  d'Olympe,  la  chapelle 
Éluzine,  etc.  Polyclèt^  Démétrius^  Phi- 
Ion,  rivalisaient  avec  les  philosophes  et 
les  poètes,  et  la  musique,  animée  par  cette 
foule  dé  sensations  nouvelles,  se  dévelop-« 
pait  rapidemenL  La  lyre  et  la  cythare 
firent  entendre  un  plus  grand  nombre 
de  sons.  On  vit  éclore  des  accords  incon- 
nus. L'harmonie  dorienne  et  phry|ienné 
produisit  de  nouveaux  efTeU.  Mék- 
nipède,  Cinésias,  Polyades,  et  leurs  auen 
cesseurs,  nous  léguèrent  des  chants  4'una 
beauté  simple  et  grandiose  qui  ^  suivant 
l'auteur  du  Devin  du  viilage^  servent 
encore  d'accompagnement  à  nos  prieras^ 
lorsque,  du  parvis  de  nos  temples,  nom 
les  élevons  vers  le  Créatsur. 

L'esprit  de  conquête  du  peii4[>lere« 
main  devait  le  rendre  maître,  dès  sctt 
berceau,  des  richesses  d'une  civilisation 
plus  avancée.  Aussi  voit-on,  dès  l'a* 
247  de  la  fondation  de  Home,  Horatiue 
Codés  immortalisé  par  une  statue  (TTite* 
Live,  I,  2).  Marcus  Scaurus  eonstnut  Un 
théâtre  qu'il  couvre,  s'il  faut  m  ei^iré 
les  historiens,  de  3,000  statues  de  méfaL 
Les  triomphes  des  consuls  servent  à  re- 
paître la  vanité  romaine  de  la  vue  des 
chefs-d'œuvre,  dépouilles  de  natîkens  ooti» 
quises.  L'ovation  de  Fabiva  JMaumus, 
de  Marcellus,  de  Scipion^  de  Paul-£niile« 
introduit  parmi  le  pevnde  de  R#ine  W 
go4t  des  arts.  Fabius  élevé  au  Cs^ût^e, 
à  côté  de  la  sienne^  me  effigie  colossale 
d'Herode  ;  Uaroellus^  rappdé  de  Sicsle  à 
Eome,  y  traîne  à  sa  suite  les  statues  et 


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BEA. 


(232) 


B£à 


les  tableaux  de  Syracuse.  Enfin  Paul- 
Emile  fait  durer  son  ovation  pendant  3 
jours,  et  il  emploie  250  chariots  à  prou- 
ver à  s^  compatriotes  qu*il  méritait  de 
semblables  honneurs.  Enrichie  des  chefs- 
d*œuTre  des  arts,  Rome  attire  bientôt 
tout  ce  qui  restait  d'artistes  au  monde. 
La  sculpture  est  employée  à  un  ^rand 
nombre  d'ornemens  de  luxe.  L'architec- 
ture se  développe  à  son  tour,  non  pas 
comme  aux  beaux  siècles  de  la  Grèce, 
mais  sons  des  rapports  en  harmonie  avec 
le  génie  de  la  nation.  Les  amphithéâtres, 
les  arcade  triomphe,  les  aqueducs,  les 
▼oies  publiques,  deviennent  autant  de 
créations  inconnues  jusque  là.  Quelques- 
unes  portent  les  caractères  d*une  grande 
perfection.  Le  goût  étrusque  qui  avait 
d*abord  prédominé  chez  les  artistes,  s'é- 
pure jusqu'à  un  certain  point,  au  temps 
de  SyHa.  Ainsi,  aux  premières  époques, 
les  constructions  architecturales  n'étaient 
composées  que  de  grandes  pièces  placées 
Tune  sur  Tautre,  sans  ciment,  réunies 
quelquefois  avec  des  tenons  de  bois,  tan- 
dis que,  sous  la  république,  on  adopte 
l'usage  de  bâtir  en  briques  d*égale  dimen<- 
sion  [opus  reticulatum);  le  marbre  ne  (ut 
employé  que  dans  les  derniers  temps.  Les 
habitations  particulières ,  tes  maisons  de 
campagne,  dont  Pline  le  Jeune  nous  a 
conservé  la  description,  sont  élevées  avec 
nn  luxe  et  une  perfection  remarquables. 
La  paix  constante  dont  Rome  jouit  sous 
le  règne  d'Auguste  devint  surtout  favora- 
ble aux  progrèi  de  Tarchitecture.  Auguste 
avait  conçu  le  projet  de  h'irt  de  cette  ca- 
pitale la  plus  belle  ville  de  l'univers;  ses 
enoouragemeus  trouvèrent  plus  d'un  génie 
disposé  à  le  seconder.  Rome  fut  dotée  du 
Panthéon,  d'un  temple  d'Apollon,  d'à- 
quéducs,  de  bibliothèques;  les  favoris  du 
prince  voulurent  partager  ce  noble  amour 
des  beaux-arts.  Siasile,  Agrippa,  Baibo 
consument  à  édifier  de  vastes  monumens 
des  richesses  immenses.  Hérode  construi- 
sit Césaré^  il  acheva  le  temple  de  Jéru- 
salem, pleuré  par  Titus.  Partout  cette 
poétique  terre  d'Italie  semble  répondre 
a  l'appel  du  génie  des  beaux-arts.  Poètes, 
architectes,  sculfiteurs,  immortalisèrent 
le  siècle  d'Auguste;  Viiruve  lui  déilia  des 
livres.  Protecteur  d*Horace,  de  Virgile, 
Auguatefut  l'ami  de  Mécène.  A  sa  mort 


il  dit  ce  root  :  «i  Pai  trouvé  Rome  en  bri- 
ques, je  l'ai  rebâtie  en  marbre.  » 

Nous  l'avons  dit  plus  haut  :  avec  la 
corruption  des  mœurs  arriva  chez  le 
peuple  romain  la  rapide  décadence  des 
arts.  L'architecture  ne  déclina  cependant 
qu'après  Constantin,  quoique  la  peinture 
et  la  sculpture  fussent  tombées  aupara- 
vant. Byzance  devint  le  tombeau  du  gé- 
nie, comme  elle  était  l'asile  de  la  corrup- 
tion, de  la  ruse,  de  la  cruauté.  La  religion 
chrétienne,  à  son  berceau,  ardente,  per- 
sécutée, contribua  aussi  au  bouleverse- 
n^ent  des  arts.  Vasari,  le  Biondo,  racontent 
la  guerre  que  les  croyances  nouvelles  li- 
vraient aux  chefs-d'œuvre  du  culte  païen. 
Les  invasions  des  peuples  barbares  ache- 
vèrent cette  croisade  dirigée  contre  les 
productions  du  génie.  11  devient  néces- 
saire de  s'arrêter  ici  quelques  instans. 
Tout  le  monde  connaît  les  ravages  des 
Goths,  d'Odoacre,  de  Genseric,  chef  des 
Vandales.  Un  précis  de  l'histoire  des 
beaux-arts  n'aurait  rien  à  revendiquer 
pendant  le  déluge  de  barbarie  qui  alors 
affligea  le  monde  civilisé.  Oublions  ces  ré- 
volutions désastreuses,  et  jetons  les  yeux 
sur  l'histoire  des  arts  chez  des  peuples 
dont  nous  ne  nous  sommes  pas  encore 
occnpés. 

Les  explorations  des  voyageurs  mo- 
dernes* ont  amené,  dans  plusieurs  parties 
du  monde,  des  découvertes  qui  prouvent 
qu'aux  siècles  antiques  elles  étaient  civi- 
lisées à  l'égal  de  l'Egypte,  de  la  Grèce  et 
de  l'Italie.  Mitta  et  Palengue,  dans  le 
Mexique,  présentent  des  restes  de  mo- 
numens que  d'habiles  archéologues  at- 
tribuent au  style  phénicien  :  la  sculpture, 
l'architecture  j  des  scènes  et  des  figures 
peintes  à  la  manière  étrusque,  annoncent 
un  singulier  développement  des  beaux- 
arts.  Les  grottes  souterraines  des  Indes, 
ces  pagodes  taillées  dans  le  roc  que  la 
petite  Ile  d'Éléphanta  oITre  aux  environs 
de  Bombay,  ne  font  pas  concevoir  une 
moindre  idée  de  leur  antiquité  et  de 
l'habileté  de  leurs  créateurs.  L'un  de  ces 
temples  a  180  pieds  anglais  de  longueur, 
et  1 10  de  largeur.  La  forme  des  colonnes 
est  plus  élégante  que  celle  des  temples 
d'É^ypte.  Ainsi  qu'à  Kandjevésam,  les 
côtés  de  ces  constructions  sont  ornés  de 
figures    humaines,    en    grand    relief, 


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BEA.  (  233 

qui  prooYent  des  études  et  une  théorie 
raisonnée.  Les  restes  des  monumens  des 
anciens  Perses  sont  dans  un  goût  tout 
difTérent  de  ceux  de  Tlnde  et  de  TÉ- 
gypre  :  le  palais  du  roi  Djémjid  n*a  ja- 
mais eu  peut-être  de  rival  comme  monu- 
ment. On  y  découvre  les  traces  de  su- 
perbes  portiques,  d'escaliers  hardiment 
jetés,  des  colonnes  construites  du  plus 
beau  marbre,  et  jusqu'à  1,300  figura 
sculptées  qui,  au  milieu  des  ruines,  sem- 
blent encore  raconter  l'histoire  de  ce 
héros.  S'il  est  impossible  de  nier  le  large 
développement  des  beaux-arts  teb  qu'ils 
•e  sont  manifestés  dans  les  monumens 
de  Persépolis,  il  n'est  pas  moins  difficile 
d'assi^er  à  leur  culture,  en  Chine,  une 
origine  qui  les  place  dans  l'histoire  au 
rang  de  copistes  ou  d'inventeurs.  La 
tour  de  porcelaine  ou  la  grande  pagode 
de  la  ville  de  Nankin  est  un  des  monu- 
mens les  plus  remarquables  du  génie 
ehinois.  La  forme  des  toits  dans  celte  ar- 
chitecture est  caractéristique  :  elle  rap- 
pelle toujours  l'idée  d'une  tente  ou  d'un 
pavillon.  En  Chine,  les  arcs  de  triomphe 
sont  multipliés  jusque  dans  les  moindres 
bourgades.  Nos  anciennes  porcelaines,  le 
▼ieux  laque,  popularisé  par  nos  mission- 
naires, ont  apporté  jusque  chez  nous  une 
idée  de  la  perfection  de  leurs  arts.  Ainsi 
ce  n'est  pas  dans  une  petite  portion  de  la 
terre  qu'il  faut  chercher  l'histoire  de  la 
civilisation  du  monde.  La  perfection  des 
beaux -arts  chez  des  nations  disparues 
prouve  que  la  langue  monumentale  sous- 
trait seule  quelquefois  un  peuple  aux  ou- 
trages du  temps.  De  la  masse  de  faits  tra> 
ditionnels  recueillis  par  nous  résultent 
souvent  des  perfectionnemens  nouveaux; 
les  ruines  donnent  naissance  à  des  chefs- 
d'œuvre,  et  le  philosophe  peut  suivre,  à 
travers  les  régions  de  l'Oi^ient,  le  progrès 
de  l'intelligence.  L'architecture  renaît  au 
mouvement  des  croisades  vers  des  climats 
méridFonaux.  Abou-Abdallah-Ben-Naser 
crée  sur  les  rives  du  Xénil  et  du  Darco 
un  chef-d'œuvre  d'architectui e  maures- 
que. L'Italie  se  ranime  inspirée  par  les 
hautes  méditations  de  l'Évangile,  et  la  re- 
naissance sort  de  cet  ancien  foyer  de  la 
civilisation  humaine,  plus  pure,  plus  fraî- 
che, pitis  exaltée,  pour  établir  dans  l'Oc- 
cident l'empire  immortel  des  beaux-arts. 


)  BEI 

Une  chose  qu'on  remarque  à  la  physio- 
nomie des  arts  à  leur  renaissance,c'est  que 
les  chefs-d'œuvre  de  h  Grèce  et  de  l'I- 
talie n'étaient  point  inconnus  aux  créa- 
teurs du  style  mauresque,  sarrazin  ou 
gothique.  Il  y  avait  choix  dans  leur  fait, 
et  nullement  ignorance.  Artistes  civilisés 
au  milieu  d'une  nature  et  d'une  société 
barbares,  ils  comprenaient  fort  bien 
qu'avec  un  climat  nouveau,  des  forêts 
immenses,  un  culte  contemplatif,  la  forme 
des  temples  antiques  ne  pouvait  être  ac- 
climatée su^  la  terre  d'Occident  Les  sons 
de  la  cloche  devaient  vibrer  au  milieu 
des  airs,  le  clocher  en  aiguille  se  dessi- 
ner comme  un  fanal  religieux,  les  vo&tes 
s^ élancer  cers  le  ciel,  et  les  colonnes  res- 
sembler aux  arbres  des  forêts  pour  des 
catéchumènes  arrachés  au  culte  de  la  na- 
ture et  des  Druides.  Aussi  est-il  certain 
maintenant  que  l'architecture  à  ogives 
est  la  plus  ancienne  de  la  renaissance; 
la  gothique  ne  date  nullement  de  l'in- 
vasion des  Goths,  et  son  style  ne  peut  être 
attribué  à  ces  peuples  barbares.  De  1060 
à  1150  s'opéra  la  révolution  connue 
sous  le  nom  d'architecture  de  transition. 
Dans  le  un*  siècle,  il  y  eut  plusieurs  in- 
novations qui  indiquèrent  clairement  l'é- 
poque de  leur  adoption.  Les  balustrades 
tri  bolées,  les  tours  romanes  à  pyramides 
à  quatre  faces,  les  arcs-boutans  pour  neu- 
traliser la  pesanteur  des  voûtes,  et  les 
statues  aux  porches,  prouvent  un  rapide 
progrès  dans  l'étude  des  arts.  Nous  lais- 
serons à  1  histoire  de  l'architecture  (voy,) 
à  suivre  les  nouvelles  combinaisons  ame- 
nées par  ce  que  l'on  appelle  le  gothique 
secondaire  ou  rayonnant,  le  gothique  ter- 
tiaire, etc.  Vers  cette  époque  parurent 
les  Erwin,  les  Robert  Coucy,  les  Cormon, 
les'Vulgrin  :  ils  élevèrent  des  chefs-d'œu- 
vre de  stéréotomie,  au  nombre  desquels 
il  est  juste  de  placer  les  cathédrales  de 
Strasbourg,  d'Amiens,  de  Reims,  Notre- 
Dame  de  Paris,  Saint-Maurice  d'Angers, 
l'abbaye  Toussaint ,  etc.  Ces  monumens 
servirent  aussitôt  d'asile  à  toutes  les  au- 
tres branches  des  beaux- arts,  et  furent 
tout  à  la  fois  les  sources  de  créations 
nouvelles  et  le  musée  perpétuel  et  pro- 
gressif où  se  conservèrent  les  produits 
des  modernes  inspirations. 

Avant  yan-£yck«  le  rénovateur  de 


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BEA. 


là  Denture  ptt  t^appticatfdn  qa^il  y  fait 
d«  l'huile  aux  couleurs,  les  arts  du  des- 
sin étaient  déjà  en  marche ,  comme  nous 
Tenons  de  le  voir  pour  Tarchitecture  et 
pour  la  sculpture.  Les  restes  découverts 
il  Pompela  et  à  t^ortici  n'avaient  pas 
été  arrachés  de  leurs  ruines  f  quand  pa- 
rurent ces  vitraux  de  couleurs ,  admi- 
rable mosaïque  transt>arenle  ignorée  des 
anciens.  Cette  découverte  y  qu'Albert 
Durer  porta  d'abord  à  son  point  de  per- 
fection ,  était  évidemment  due  au  travail 
des  moines  et  aux  belles  miniatures  dont 
ils  décoraient  le  vélin  de  leurs  liturgies. 
Alors  les  vitraUx  incolores,  a  peine  em- 
ployés, furent  probablement  remplacés 
par  des  feuilles  de  vélin  à  brillantes  pein- 
tures, dont  la  transparence  donna  l'idée 
des  vitraux  de  couleurs.  Le  pinceau  de 
tlimabué,  vers  1^40,  fut  le  premier 
qui  osa  s'exercer  dans  uii  genre  plus 
âevé.  Lui  et  Giotto,.son  élève,  ne  pei- 
gnaienjt  aue  sur  bois  de  mélèze  (larix);  ra- 
rement ils  employaient  la  toile.  Pline,  ce- 
pendant, fait  mention  d'un  tableau  co- 
lossal de  Néron ,  appliqué  sur  ce  tissu. 
La  nn  au  xy^  siècle  offrit  un  immense  per- 
fectionnement Léonard  de  Vinci  parut, 
qui  s'attaclia  à  la  perfection  des  dé- 
tails'; Michel-Ange  sut  retracer  la  gran- 
deur et  le  caractère  des, antiques;  Gior- 
gion  et  le  Titien  améliorèrent  le  coloris 
et  le  rapprochèrent  de  la  nature,  tandis 
que  Raphaël  rendait  sensibles  les  inspi- 
rations les  plus  pures  du  christianisme. 
tJn  genre  nouveau,  que  M.  de  Chateau- 
briand attribue  également  à  la  contem- 
plation religieuse  (G^/i.  du  Christ,  t  IV), 
le  paysage,  fut  cultivé  par  l'école  italienne. 
Cette  école,  ce  furent  Je  génie  de  Léon  X, 
f encouragement  prêté  aux  beaux-arts, 
la  liberté  dont  alors  jouissait  l'Italie  i  qui 
développèrent  son  admirable  splendeur. 
Les  nations  sortaient  de  la  barbairie  où 
les  avaient  maintenues  leurs  luttes  soute- 
nues pour  consolider  leurs  institutions. 
Les  richesses  commençaient  a  prendre 
des  formes  variées  et  à  sortir  de  cet  état 
tout  matériel  où  elles  ne  sont  qu'un  signe 
frappé  4e  mort.  Les  églises  demandaient 
des  ornemens  précieux,  les  princes  des 
vaisselleè  d'or  et  d'argent;  if  i'allait  des 
artistes  pour  satisfaire  à  ce  mouvement 
générd  des  idées,  j^eintres,  sUtuaires, 


(2U) 


BEA 


numismates,  poètes,  musidens,  répcm- 
dirent  par  des  inspirations.  L'art  des  m- 
tremets  {voyX  ces  espèces  de  furies  de  U 
mécanique^  dont  Léonard  de  Vinci  et 
Callot  ne  dédaignèrent  pas  de  ^'occuper, 
firent  naître  nos  représentations  drama- 
tiques et  constituèrent  par  la  suite  no- 
tre système  théâtral ,  par  l'ensemble  qu'y 
mirent  les  confrères  de  la  Passion ,  en 
jouant  des  mystères.  La  gravure  date 
aussi  de  ce  temps.  Le  xv^  siècle  dé<iou- 
vrit  ce  nouvel  art  qui,  d'abord  restreint 
à  graver  sur  des  planches  de  bois,  don« 
na  bientôt  naissance  à  l'imprimerie, 
mère  de  toutes  les  connaissances  actuel- 
les. Enfin,  l'Italie  de  L^n  JC,  comme  le 
siècle  d'Auguste ,  ressembla  à  ces  grands 
génies  qui  s'élèvent  au  travers  des  âges, 
pour  servir  de  jalons  à  l'histoire.  IjC  éiè- 
cie  de  Louis  XtV  n'est  pas  moins  re- 
marquable sous  le  rapport  des  beaux- 
arU.  Bâtons-nous  d^arriver  a  ilotre  gloire 
nationale,  et  cherchons  comment  cette 
ère  brillante  flit  préparée  pour  nous. 

Les  beaux-arts  étaient  deventis.  dans 
l'Italie,  le  partage  de  tout  ce  qui  était 
puissance,  couvens,  églises  ou  èarainaux. 
L'école  italienne  avait  toujours  parlé  un 
langage  élevé  et  divin,  et  ce  langage,  quoi- 
que contrastant  avec  les  mœurs  nationa- 
les, lui  était  imposé  par  la  mission  qu'elle 
avait  à  remplir.  Peut-être  cette  situation, 
en  contribuant  a  maintenir  son  éclat, 
empécha-t-ellè  la  popularité  qu'elle  au- 
rait pu  acquérir.  Si  l*éoole  flamande, 
tantôt  remplie  de  grâce,  de  souplesse, 
d'expressioh ,  tantôt  mordante,  satiri- 
que ,  tantôt  inspirée  ou  rivale  de  la  na- 
ture,.était  venue  jeter  au  milieu  de  nous 
ses  productions  si  variées  et  si  attrayan- 
tes, il  est  probable  que  le  siècle  de 
Louis  XlV  eÀt  été  devancé,  ou  que  les 
beaux-àrts  auraient  reçu  une  physiono* 
mie  difTérente.  IVtais  ce  développement 
était  réservé  k  nos  contemporains.  Au 
XYii*  siècle ,  rien  n'était  populaire.  Si 
les  Médicis  avaient  contribua  à  éveil- 
ler le  goût  et  la  poésie  dans  quel- 
ques parties  de  la  nation,  la  politique, 
les  massacres,  l'extrême  misère,  étouf- 
fèrent ce  germe  des  beaux-arts.  Jean  Gou- 
jon brilla  d'un  édai  passager  et  inutile  à 
ses  successeurs.  Il  fallut,  pour  amener  le 
siècle  de  fjouit  ^tV  et  les  grands  honi- 


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B£4  (  ii$  ) 

I  en  tout  genre  qni  rillnstrèrenty  un 
moaYemeot  général  dans  la  nation ,  à  une 
époque  où  les  arts  fussent  assez  perfec- 
tionnés pour  servir  de  bases  aux  chefs- 
d'œuvre  qui  devaient  rapidement  À;lore. 
La  Ligue ,  la  Fronde ,  ce  clioo  de  tant 
de  passions  y  cette  communication  d'i- 
dées si  divergentes,  produisirent  un  inap- 
préciable résultat  Tel  est  Teffet  des  ré- 
volutions sociales,  détruisant  ici  pour  re- 
construire plus  loin ,  et',  suivant  Tordre 
de  la  nature,  se  servant  des  principes  de 
destruction  pour  reproduire  avec  une 
force  nouvelle.  Vouêt,  I^oussîn,  Le  Brun, 
ILesueur,  comihe  peintres;  Jean  Cousin, 
Le  Puget,  I^errault,  comme  statuaires  et 
comme  architectes,  offrirent  à  TEurope 
étonnée  une  seconde  renaissance  des 
arts.  LuUi  transporta  l'orgue,  cet  orches- 
tre du  moyen-âge,  dans  des  compositions 
harmonieuses,  modulées,  où' commen- 
cèrent à  se  montrer  la  science  et  la 
copibinaison  des  sons.  Notre  poésie  fon- 
da des  genres  nouveaux,  dont  les  anciens 
n'avaient  offert  que  les  ébauches.  L'art 
de  graver  en  pierres  fines,. de  frapper 
les  monnaies^  d'employer  avec  habileté 
le  marbre  et  l'or,  dépassa  tout  ce  qui 
s'était  lait  jusque  là  parmi  les  nations 
modernes.  Malheureusement,  comme  ce 
perfectionnement  était  en  dehors  des 
institutions  du  siècle  de  Louis  XIV,  il 
dégénéra  avant  lui.  Ni  G)lbert,  ni  les 
efforts  du  duc  d'Orléans,  amateur  éclai- 
ré dès  arts,  ne  purent  soutenir  cet  éclat 
passager  :  les  mœurs  nationales  étaient 
trop  corrompues,  trop  peu  de  pensées 
nobles,  inspiratrices  circulaient  parmi 
ces  hommes  pour  que  des  artistes  de 
génie  fussent  émus.  Les  beaux-arts  ne 
furent  plus  alors  que  des  courtbans  mer^ 
cenaires  cbargés  de  produire  des  sensa- 
tions où  l'ame  n'entrait  pour  rien.  Ib 
n'étaient  pas  populaires,  car  ils  n'eus- 
sent pas  été  prostitués,  et  la  législation 
du  goût  aurait  été  indépendante  du  des- 
potisme des  corrupteurs.  A  Coypel  de- 
vaient succéder  Boucher,  Yanlck>,Largil- 
Uère.  L'architecture,  la  statuaire  avaient 
disparUj  il  fallait  avant  tout  des  émo- 
tions* J3avid,  le  restaurateur  de  cette 
école  dégradée,  vint  ,à  iin  moment  op  le 
paroxisme  de  cette  situation  révélait  la 
fausse  route  tenue  par  ses  prédécesseurs. 


n  retrempa  dans  le  mouvement  révolu- 
tionnaire les  sources  d'un  talent  qui 
avait  puisé  plus  d'une  erreur  à  sa  nais* 
sance.  Le  retour  vers  les  idées  républi- 
caines ramena  l'étude  des  chefs-d^œuvré 
de  l'antiquité  libre.  David  introduisit 
parmi  nous  une  foule  de  combinaisona 
nouvelles.  U  modifia,  pour  ainsi  dire,  la 
vie  privée,  en  changeant  la  forme  de 
nos  meubles,  de  nos  tissus,  de  nos  dé- 
corations. La  France  était  trop  avancée 
alors  dans  les  diverses  branches  de  l'in^ 
dustrie  humaine  pour  que  le  perfec- 
tionnement ne  fût  pas  appliqué  à  celles 
qui  n'auraient  pas  été  au  niveau  des  exi- 
gences du  moment.  Aussi  le  xix^  siède 
est-il  remarquable  par  celte  améliora- 
tion générale  des  plus  simples  prod^ts. 
Sennefetder  découvrit  la  lithographie  ; 
les  planches  d'acier  furent  appliquées  à 
la  gravure;  la  mécanique  s'enricJiit  de 
nouveaux  moteurs,  et  la  musique  inventa 
et  perfectionna,  avec  son  système  géné- 
ral, plusieurs  instrumens  compliqués.  La 
marche  de  l'esprit  humain ,  secondé  par 
la  liberté  et  l'impulsion  des  conquêtes , 
eut  un  mouvement  rapide  qui  rendit 
toutes  les  nations  solidaires  du  perfeo* 
tionnement  des  arts.  A  cette  source  fu- 
rent puisés  les  principes  de  ce  qu'on  ap- 
pelle de  nos  jours  école  romantique. 
Les  artistes,  dans  la  noble  émulation  que 
fit  naître  en  eux  la  vue  des  chefs-d'œuvre 
étrangers,  s'essayèrent  en  dehors  des  li- 
mites qu'une  sagesse  étroite  avait  autre- 
fois tracées.  Ils  scrutèrent  la  nature, 
reproduisirent  les  émotions  les  plus  inti- 
mes, fouillèrent,  non-seulement  dans  les 
trésors  de  l'antiquité,  dans  les  ruines 
nationales,  mais  encore  dans  tout  ce  que 
pouvaient  produire  pour  eux  les  nations 
et  les  mœurs  étrangères.  La  popularité 
fut  leur  but  Suivant  eux  la  nation  n'a- 
vait pas,  jusqu'alors,  joui  des  illusions  des 
beaux-arts.  Les  juger,  avant  que  le  ré- 
sultat de  cette  ère  nouvelle  soit  arrivé , 
serait  peut-être  injuste.  Il  est  certain 
que  les  jouissances  ont  été  variées  et 
multipliées.  Une  portion  de  l'école  fran- 
«çaise  contemporaine,  ^ous  la  dénomina- 
tion di^ école  classique,  veut  perpétuer 
des  formas  anciennes  et  croit  que  cha- 
que pas  hors  de  la  route  tracée  offre 
un  écueil.  Nul  doute  qu'il  ne  soit  impor- 


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BEA 


(286) 


BEA 


tant  de  tenir  compte  des  travaux  des  de- 
Tancîers  :  les  arts  et  les  sciences  reposent 
sur  cet  héritage  du  passé;  mais  nous  n'en 
sommes  plus  au  temps  où  pouvaient  dis- 
paraître, par  un  orage,  les  plus  beaux 
monumens  des  arts.  '     ^  R.  d.  C. 

Nous  n'entrons  ici  dans  aucuns  détails 
sur  la  théorie  des  beaux-arts,  de  peur 
d'avoir  à  répéter  en  grande  partie  ce  qui 
a  déjà  été  dit  (vojr.  Art)  sur  la  source 
et  la  tendance  de  l'art  en  général,  par 
lequel  l'homme  cherche  à  manifester  au 
dehors  le  sentiment  du  beau  dont  il  est 
anîraé^  car  la  peinture,  la  sculpture,  l'ar- 
chitecture, la  musique,  différentes  par 
leurs  applications,  par  les  moyens  dont 
elles  disposent  et  par  les  instrumens  dont 
elles  se  servent,  n'ont  pas  d'autre  but 
que  celui  de  la  poésie.  Ce  but  est  d'offrir 
à  l'homme  des  jouissances  nobles  et  pa* 
res  en  présentant  à  son  esprit  ou  à  ses 
sens  la  perfection  des  formes  alliée  à  la 
hauteur  de  la  conception ,  à  l'élan  par  le- 
quel la  pensée  s'élève  à  une  nature  idéa- 
le, type  de  la  nôtre.  En  effet,  les  beaux- 
arts  ne  sont  autre  chose  que  la  science 
de  manifester  et  de  réaliser  la  pensée 
poétique  autrement  que  par  la  parole;  de 
la  traduire  sur  la  toile,  de  la  faire  vivre 
dans  le  marbre,  de  lui  donner  l'essor  vers 
les  nues  en  dômes  et  en  pyramides,  de  la 
laisser  soupirer  ou  bondir  en  sons  har- 
monieux qui  répondent  à  tous  les  senti- 
mens  de  l'homme.  Le  poète  et  l'artiste 
sont  de  la  même  famille. 

Cependant  il  est  bon  de  s'entendre  sur 
le  véritable  sens  de  ce  mot  d'AETiSTE  au- 
quel on  a  donné  une  signification  bien 
étendue  en  l'appliquant  aux  danseurs, 
aux  comédiens  quelconques,  aux  joueurs 
de  gobelets  et  prestidigitateurs,  aux  ven- 
triloques, voire  même  aux  coiffeurs  et 
aux  tailleurs  d'habits.  S. 

L'artiste  est  celui  quf  cultive  un  art 
où  le  génie  doit  avoir  pour  interprète 
l'habileté  de  la  main  :  c'est  pourquoi  on 
ne  donne  le  nom  d'artiste  qu'aux  pein- 
tres, aux  sculpteurs,  aux  graveurs  et  aux 
architectes;  on  le  donne  aussi,  par  ex- 
tension,aux  musiciens  exécutans,  pour  les 
distinguer  des  musiciens  compositeurs, 
parce  que  les  premiers  ont  besoin  de 
leurs  mains,  de  leurs  doigts,  pour  expri- 
mer le  sentiment  de  leur  amc,  tandis  que 


les  seconds  sont  obligés  de  h  servir  du 
secours  des  autres  pour  donner  la  vie  à 
leurs  créations.  Artisan  et  artiste  déri- 
vent tous  deux  du  mot  latin  ars,  au  gé- 
nitif artis,  art.  Le  premier,  dans  notre 
langue,  s'applique  à  celui  qui  exerce, 
avec  plus  ou  moins  d'habileté,  un  art 
mécanique  ;  et  quand  la  pensée  devient 
la  partie  dominante  de  cet  art  mécani- 
que, alors  l'artisan  devient  aussi  un  vé- 
ritable artiste.  Le  second ,  le  nom  d'ar- 
tiste, désigne  celui  qui  exerce  un  art  li- 
béral ,  c'est-à-dire  où  le  génie  brille  dans 
l'invention  comme  dans  l'exécution. 

Les  Latins  n'avaient  pas  l'équivalent 
rigoureux  de  notre  mot  ai*tiste  ;  Cicéron 
dit  :  artifex peritus ;  opifex  avait  le  sens 
de  notre  mot  artisan ,  et  c'est  par  méta- 
phore que  ce  même  auteur  dit  opifex 
mundi,  Ovide  opifex  rerum,  artisan, 
c'est-à-dire  créateur  du  monde,  de  toutes 
dioses. 

Le  véritable  artiste,  a  des  idées,  des 
besoins,  un  genre  de  vie  qui  en  font  un 
être  à  part;  son  existence  est  toute  de 
méditation  et  de  contemplation;  la  na- 
ture l'a  marqué  d'un  sceau  particulier.  Sa 
vocation  se  décèle  dès  les  premières  an- 
nées ,  et  ce  serait  en  vain  qu'on  essaierait 
de  la  combattre.  Quelquefois  il  lui  faut 
une  occasion  pour  se  manifester.  Claude 
Lorrain,  né  de  parens  pauvres,  est  cJiassé 
violemment  du  logis  paternel,  parce  que 
son  intelligence  n'a  pu  aller  jusqu'à  ser- 
vir les  maçons  ou  faire  un  petit  pâté  : 
arrivé  à  Rome  il  entre  au  service  d'un 
peintre;  là  il  panse  le  cheval  de  son  maf- 
tre,  fait  la  cuisine  et  broie  ses  couleurs; 
mais  ses  yeux  s'ouvrent,  et  il  devient  lui- 
même  un  grand  peintre. 

Horace  a  dit  :  nascuntur  poetœ;  on 
peut  en  dife  autant  des  artistes,  et  c'est 
parce  que  leur  penchant  se  fait  jour  avant 
l'âge  où  d'ordinaire  on  adopte  une  car- 
rière, que  beaucoup  d'entre  eux  acquiè^ 
rent  de  l'habileté  avant  d'avoir  acquis 
de  l'instruction.  Cest  dans  un  âge  plus 
avancé  qu'ils  sentent  la  nécessité  de  se 
livrer  à  ces  études  ou  le  génie  lui  -  mêm« 
va  puiser  ses  inspirations;  ceux  qui  les 
négligent  peuvent  être  habiles,  maisleur 
horizon  sera  toujours  plus  restrefait. 

La  vie  d'un  artiste  est  tout-à-fait  eo 
dehors  de  la  vie  réelle  :  il  a  une  langue  à 


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BE4 


(257) 


TJÉC 


part,  celle  de  son  art;  le  sujet  continue! 
ae  ses  études,  de  son  admiration,  c'est 
la  natui*e;  et,  là  ou  Thomme  du  monde 
passe  sans  rien  voir  qui  soit  digne  de 
son  attention,  l'artiste  remarque  un  efîet 
piquant,  des  lignes  heureuses,  une  ins- 
piration bien  sentie.  C'est  qu'en  effet  il 
faut  étudier  la  nature  pour  en  apprécier 
toute  la  beauté. 

On  a  reproché  aux  artistes  de  vivre 
habituellement  sous  la  protection  et  dans 
la  dépendance  même  des  grands.  Les  noms 
d*Apeile,  de  Phidias,  de  Raphaël,  de 
Lebrun ,  etc. ,  sont  inséparables  de  ceux 
d'Alexandre,  de  Périclès,  de  Léon  X,  de 
Loub  XlV.Sans  Périclès,  Phidias  n'aurait 
point  eu  à  exécuter  les  admirables  sculp- 
tures du  Parthénon;  sanSwLéon  X,  Ra- 
phaël et  Michel-Ange  n'auraient  point 
orné  de  leurs  peintures  immortelles,  l'un 
le  Vatican,  l'autre  la  chapelle  Sixtiue; 
enfin  sans  Louis  XIY,  nous  n'aurions 
pas  les  batailles  d'Alexandre.  La  poésie, 
elle-même,  qui  vit  d'images  et  d'émo- 
tions ,  et  qui  n'a  pas  besoin  de  secours 
matériels  pour  se  produire,  h«nte  habi- 
tuellement les  cours  et  les  palais;  c'est 
que,  en  définitive,  les  pliis  beaux  modè- 
les, comme  les  plus  nobles  inspirations, 
le  trouvent  plus  encore  dans  les  classes 
élevées  que  dans  les  classes  inférieures  de 
la  société;  c'est  que  tous  les  arts  ont  be- 
soin de  mouvement,  de  pompe,  de  gran- 
deur. P.  A.  C. 

BEAUZÉE  (Nicolas),  membre  de 
P Académie  française  et  de  plusieurs  so- 
ciétés savantes,  naquit  à  Verdun,  dépar- 
tement de  la  Meuse,  en  1717.  Ce  célè- 
bre grammairien,  après  s'être  occupé, 
dès  son  jeune  âge,  des  sciences  exactes 
pendant  plusieurs  années,  se  livra  entiè- 
rement à  la  partie  des  langues  anciennes 
et  modernes,  pour  lesquelles  il  avait  un 
véritable  goût  et  des  dispositions  parti- 
culières. Il  s'appliqua  surtout  avec  ar- 
deur à  l'étude  de  la  grammaire,  et  les 
formes  agréables  dont  il  sut  parer  une 
science  aussi  abstraite,  les  principes  clairs 
et  méthodiques  auxquels  il  l'a  assujétie, 
n'ont  pas  peu  contribué  au  pérfectiontie- 
aent  de  û  langue  française.  Cest  de  lui 
que  le  chevalier  de  Boufflers  disait  :  «  Il 
•ê  fit  remarquer,  dans  tous  ses  écrits,  par 
une  f^ode  rectitude  de  jugement  et  par 


la  finesse  d'une  conception  raie.  ».  Beau- 
zée  succéda  au  savant  ûumarsais  dans  la 
rédaction  des  morceaux  de  grammaire 
qui  devaient  être  insérés  dans  VEnçyclo- 
pédi'e,  Oumarsais  n'avait  encore  composé 
que  les  articles  A,  B,  C,  lorsque  la  mort 
vint  le  surprendre  au  commencement  de 
son  travail,  en  1756.  Bauzée  s'est  parti- 
culièrement attaché,  dans  les  autres  let- 
tres, à  imiter  les  locutions  et  à  suivre  la 
marche  de  Dumarsais.  Les  principales 
productions  de  Beauzée  sont  :  Gram- 
maire  générale  ou  Exposition  raisonnée 
des  élémens  nécessaires  du  langage  (Pa- 
ris,! 767,2  vol.  în.8**),ouvrage dont  l'abbé 
Barthélémy  fait  le  plus  grand  éloge  et  pour 
lequel  Marie-Thérèse,  impératrice  d'Au- 
triche, fit  offrir  à  l'auteur  une  médaille 
d'or  à  titre  de  récompense.  Dans  le  même 
temps  il  fut  nommé  professeur  de  gram- 
maire à  l'école  royale  militaire  de  Paris. 
Les  Sfnonjmies  de  l'abbé  Girard,  édi- 
tion qui  fut  augmentée  des  Synonymes 
de  Duclos,  de  Diderot,  de  dAlembert 
et  de  Beauzée,  Les  articles  de  celui-ci 
sont  supérieurs  à  ceux  de  l'abbé  Girard , 
par  là  justesse  et  l'exactitude,  mais  non 
par  les  qualités  du  sîyle.  La  traduction 
française  des  OEuvres  de  Saltuste  (Paris, 
1770,  in-12),  ouvrage  dans  lequel  Beau- 
zée s'est  asservi  à  rendre  trop  fidèlement 
les  pensées  de  Fauteur  latin,  au  détri- 
ment de  la  diction  et  du  style,  et  dont 
la  lecture  eût  été  supportable  sans  la  bi- 
zarrerie de  l'orthographe  qu'il  voulut 
introduiredansla  langue  française.L'^/j-- 
toire  d' Alexandre-te-Grand,  traduite  de 
Quinte-Curce,  Paris,  1789,  2  vol.  in-12. 
U  Exposition  abrégée  des  preuves  his^ 
toriques  de  la  religion;  V Imitation  de 
Jésus- Christ,  etc.,  etc.  Le  grand  Fré- 
déric fit  à  Beauzée  la  proposition  de  ve- 
nir à  Berlin  se  fixer  auprès  de  lui  ;  mais 
son  amour  de  la  patrie  et  son  désintéres- 
sement l'emportèrent  sur  des  avantages 
considérables  :  il  aima  mieux  vivre  tran> 
quille  au  sein  de  sa  famille  et  de  ses 
nombreux  collaborateurs.  Le  grand  tra- 
vail avait  altéré  sa  santé  et  avancé  un  peu 
ses  jours;  il  mourut  à  Paris, 4e  25  jan- 
vier 1789,  âgé  de  72  ans.  F.  R-d. 

BEC  y  nom  qu'on  donne  à  la  bouche 
chez  les  oiseaux.  Quoique  servant  aux 
mêmes  usages  que  notre  bouche,  il  ne  lui 


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BEC 


(238) 


BÉC 


rmataùÀe  pas  plus  qu'à  la  gueule  des 
mammifères,  qu'aux  mâchoires  des  iu- 
•ectes,  qu'aux  suçoirs  des  y«s  et  des 
xopphytes.  Le  bec  se  compose  de  deux 
pièces  principales  superposées,  qu'on 
nomme  mandibules,  qui  renferment  la 
langue  et  dont  la  supérieure  est  percée 
de  deux  narines.  Tfi.,  GeofTroy-^aint- 
Hilaite  paralç  avoir  reconnu  dans  les 
mandibules  un  véritable  système  dentai- 
re, qui  n'est  apparent  que  chez  les  oi- 
seaux encore  renfermés  dans  l'œuf.  Acette 
époque  de  leur  vie,  cette  substance  cornée 
qui  revêt  les  mandibules  se  présente  sous 
la  forme  de  petits  corps  blancs,  arrondis, 
plus  larges  a  leur  extrémité,  et  disposés 
avec  la  plus  grande  régularité,  à  la  suite 
les  uns  des  autres,  sur  les  bords  des  deux 
mandibules  qui  sont  ainsi  de  véritables 
mâchoires.  Si  on  enlève  ces  corps  blancs, 
on  trouve  un  é^al  nombre  de  noyaux  pul- 
peux, yéritables  germes  dentaires  ayant 
leur  filet  nerveux  et  leur  vaisseau  san- 
ffuip.  Plus  tard  cette  apparence  de  dents 
oispai^att.  jCest  à  la  même  époque  de  leur 
existence  que  le  bec  est  surmonté  d'une 
émineuce  osseuse  et  cpnique  qui  sert  à 
Foiseau  à  briser  la  coquille  de  son  œuf; 
ce  tubercule  rostral  tombe  presque  im-» 
médijitement  après  la  naissance. 

Le  l^ec  varie  presque  à  l'infini  dans  sa 
forme  et  dans  ses  proportioqs  :  aussi  a-t- 
il  fourni  de  nombreux  caractères  aux  na- 
turalistes dans  les  classifications  qu'ils 
ont  créées  pour  l'étude  de  l'orqitbologie. 
Les  proportions  dans  la  longueur  du  bec 
permettent  jusqu'à  un  certain  point  de 
juger  de  l'inlelligeoce  des  oiseaux;  et  tout 
le  monde  sait  combien  la  grue  et  la  bé- 
casse sont  stupides  :  cependant  le  merle 
et  le  sansonnet,  dont  les  becs  sont  fort 
longs  proportionnellement  à  leur  gran- 
deur, sont  fort  intelli^ens.  Les  formes 
du  bec  paraissent  généralement  appro- 
priées aux  mœurs  et  aux  habitudes  des 
oiseaux.  La  plupart  des  oiseaux  de 
proie  ont  le^  mandibules  fortes,  tran- 
chantes et  terminées  par  deux  extrémi- 
tés acérées  qui  se  recourbent  Tune  vers 
Tautre.  Quelques  autres  oiseaux  frugivo- 
res offrent  une  disposition  analogue,  le 
perroquet,  par  exemple;  mais  un  bec  fort 
lui  était  nécessaire  pppr  briser  les  fruits 


rit;  il  fallait  que  les  bords  en  fussent 
tranchans  pour  les  éplucher;  un  bec  acé* 
ré  lui  était  nécessaif'e  enfin  pour  l'aider 
d^ns  ses  mouvemens  de  progression  que 
la  disposition  de  ses  doigts  rend  assez 
difficiles.  Les  oiseaux  vivent-îls  degrainçi 
ils  ont  le  bec  court;  il  est  cour^  aussi  et 
très  fort  s'ils  se  nourrissent  de  l'amande 
des  fruits  à  noyaux.  Vivent-ils  de  vers  ou 
d'insectes,  ils  ont  le  bec  long  et  mince; 
il  est  effilé  comme  une  aiguille  dans  l'oi- 
seau-mouche qui  darde  sa  langue  dans  le 
nectar  des  fleurs.  Il  es^  lsrge|  aplati 
chez  les  oiseaux  aquatiques  qui  saisissent 
leur  proie  en  tamisant  l'eau,  pour  ainsi 
dire,  et  qui  l'avalent  d'un  seul  iporceauj 
la  spatule  offrcçiette  disposition  à  un  haut 
degré.  A.  L-p. 

BÉCARRE.  On  nomme  ainsi  ce  ca- 
ractère de  musique  tj  qui  détruit  l'effet 
du  diêze  et  du  bémol,  en  replaçant  la 
note  qu'il  précède  dans  la  conditioci 
qu'elle  avait  avant  la  modification  que  lui 
a  fait  su)>ir  l'un  ou  l'autre  de  ces  signes. 
Vut,  par  exemple ,  ayant  été  haussé  d'un 
demi-ton  par  suite  de  l'addition  du  dicze 
(vojr.) ,  tous  les  ut  qui  suivraient  dans  le 
même  morceau  conserveraient  cette  élé- 
vation, si  le  bécarre  ne  venait  le  replac^ 
dans  sa  condition  primitive.  Prlmitiye- 
ment  ce  signe  de  musique  avait  été  nomm^ 
b  carré,  b  dur,  E.  F-f. 

BÉCASSE  (scolopax  rusdcola,  |ui- 
trefois  {tcée,  assée ,  ou  bec  d'asse,  de 
acus,  aiguille,  à  cause  de  la  forme  de 
son  bec),  oiseaH  de  la  famille  des  échas- 
siers  insectivores,  à  bec  long^  droît, 
grêle,  cylindrique,  à  lèvre  supérieure 
plus  longue  que  l'inférieure ,  obtuse  , 
molle,  rugueuse  à  son  extrémité;  lef 
narines  sont  linéaires,  logées  dans  une 
sorte  de  rainure  prolongée  presque  jus- 
qu'à la  pointe  du  bec;  la  langue  est 
grêle  ei  pointue.  La  bécasse  a  f^  tMe 
presque  carrée,  les  yeux  grands,  situés 
en  haut  et  fort  en  arrière ,  le  coi| 
court,  le  corps  trapu,  1^  queup  simple^ 
les  jambes  courtes,  garnies  de  plumes  jus- 
qu'à leur  partie  inférieure,  quatre  doigta 
libres  ;  le  postérieur,  composé  de  plusiei^a 
phalanges,  porte  par  sa  pointe  daof  1^ 
statioQ.  La  bécasse  est  à  peu  près  de  If 
grosseur  de  nos  pigeoi^  de  pieds  ;  (elle  4 


à  cnrebppes  résistantei  dont  il  se  i^our-  i  13  à  i4poaces  de  lof^gueur^  le  2>eç  jp(tttf 


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B^C  (  239  ) 

cnriran  3  ponces  et  demi,  la  qneue  3 


BEC 


pouces,  les  ailes  ont  30  poucjes  et  p|u§ 
d'envergure.  lia  bécasse  est  brunâtre  ei^ 
dessus  y  variée  de  tâches  et  de  raies  cour- 
tes^ noirâtres  ou  d'un  gris  ferrugineux; 
ime  ligne  ivoire  plus  tbncée  s'étepd  de 
FcBil  à  la  naissance  (du  bec  ^  auatfe  )b«Ddes 
transversal^  sont  écheloni^ ees  spr  le  der- 
rière de  la  tète.  Les  pennes  des  ailes  et 
de  la  queue  sont  marquées  de  taches 
rougeâtres  denticqlées;  en  dessous,  la  bé- 
cas^  es^  d'l^l  gris  foussâtre  avec  des  raies 
transversales  ondujées  d'une  teinte  plus 
sombre;  les  pieds  sopt  bleuâ^es,  Ug^ 
rement  msés  dans  le  jeune  âge.  Ces  cou- 
leurs sont  spjettes  à  varier  pour  Tinten- 
site  des  teintes  du  fond  et  reten4ne  plps 
ou  moins  grande  des  dessins,  e|t  ces  va- 
riétés de  coloration  ont  souvepU  été  con- 
sidérée^  coqaipfc  des  signes  cafactéristi- 
ques  d'espèce^  distinctes.  On  en  yoit 
quelquefois  oui  sont  presque  entièrement 
blanches^  mais  l'albinisme  complet  est  as- 
sez rare.  La  bécasse  est  assez  générale- 
ment répandue  dans  l'ancien  continent; 
elle  babiteles  bois  et  én^gre,  selon  (es 
saisons,  de  la  plaine  aux  montagnes,  et 
réciproquement;  elle  vit  ordinairement 
par  couples,  rarepep^  réupie  en  troupe. 
Elle  se  nourrit  de  vers  et  de  larves  d*in- 
sectes;  ses  fientes,  larges,  grisâtres,  sont 
connues  des  chasseurs  sous  le  nom  de 
miroirs.  La  bécasse  marche  mal,  court 
«fsez  vite  9  vole  asse»  rspidjemen^,  mais 
d'une  manière  lourde;  son  vol  n'^t  ni 
haut  n^  long-temps  soutenu  ;  ^ur  les  li- 
sières elle  tire  asse^:  4iY>it  et  en  rasant  la 
terre ^  mais  dans  les  taillis  elle  décrit  des 
crochets  qui  la  rendent  difficile  à  spivre. 
Elle  se  tapit  vob|>tiers  sous  les  feuiUes 
sèches ,  et  reste  souvent  immobile  sous 
Farrét.  Les  bécasses  sont  en  général 
muettes;  les  mâles  au  temps  des  ^mouFS 
ont  u^  cri  faible,  court,  guttural,  saccadé, 
monotone^  qui  vafrie  quelque  peu  4'a— 
oyité  selon  les  4geSy  quelquefois  aussi 
les  bécasses  donnept  une  9orte  4e  co^us- 
lement  ou  4e  stridulus.  La  bécasse  nide 
à  terre,  aux  pieds  des  arbres,  4aps 
des  fepilles  sèches  d^nt  la  teinte  la 
dissimule.  Ses  œufs  sont  eo  petit  nom- 
bre, oblopgs,  d'up  gfis  roussâtne,  mar- 
qués d'ombrefl  plus  foncée^.  Le  ipâle  et 
Û  femellf  rettef^t  çp  compumauté  jus- 


qu'à là  parfaite  éducation  des  petits, 
\jA  bécasse  ^t  peu  intelligente  ;  sop 
attire  (gauche  ^  ?es  allures  cqmm^  gê- 
nées, sa  vu^  ipal  affi^éiB  i^'r^ït  grande 
Ippiière  et  ses  jreu^  grands^et  déconvefts, 
lui.  donnent  pne  physionomie  stnpide  quj 
est  devenue  proverbiale.  C'est  un  gibier 
assez  estimé  :  mais  i|  faut  qp'un  eeftaiiy 
degré  de  putréfaction  vjenpje  atténuer  ou 
masqiper  Todiepr  qui  lui  est  propre  ff 
attendrir  sa  chair  papin^llement  ass«| 
ferme.  I^e  mot  bécassfi  sert  ^ussi  à  dési* 
gner  up  groupe  d'oiseapx  dont  la  bécasse 
commune  est  le  type.  T.  C 

B]ÉCAS3IJV£  (scoloffM  gaflfn^go  ). 
Cet  oiseau  est  très  voism  par  ses  carac- 
tères généraux  de  b  béc^Mse,  dont  il 
semble,  comme  son  nom  ri^dique,  un 
simple  dimiputif;  mais  ses  pfOport^opS} 
sa  coloration ,  H  surtout  ses  habitudes , 
l'en  distinguent  essentiellement.  La  bé- 
cassine est  de  la  taille  4e  nos  pigeons 
bisets;  son  corps  est  plus  svelte  que  ce- 
lui de  la  bécasse,  ses  jambes  sont  plus 
hautes  ;  son  bec  proportionnellement 
plus  bng;  |e  plumage  est  d'un  vert  bron- 
ze foncé,  varié  de  roux,  de  noir  et  de 
blanc;  mais  ces  deux  dernières  teinU* 
dominent  plus  que  chez  |a  bécasse. 
Elles  sont  en  général  disposées  chez  U 
bécassine  par  petits  traits  courts,  inter- 
rompus, rangés  longitudinalement  d'une 
mapière  irrégulière;  on  trouve  mic  la 
tête  prois  ou  pinq  bandefet^ef  ipieu^  ar* 
rétées,  deux  noires  et  prpis  fauves  cUirfM» 
deux  d'entre  elles,  quelqpefols  quatre, 
se  con tiquent  plus  op  moins  sur  le  man- 
teau et  la  qpeue.  Le  dessous  du  corps  e^ 
blanchâtre,  vergeté  de  brun;  snr  les  c6tés 
l'on  voit  quelques  bandes  sinueuses  trans- 
versales, fauves.  JJïrU  est  fauve ,  le  bec 
brun  à  sa  base ,  noir  à  son  extrémité;  les 
tarses  sont  d'un  brun  verdâtreet  les  pieds 
noirâtres. De  légères  dilTérences  détaille 
et  de  coloration  ont  donné  lieu  à  la  dis- 
tinction de  plusieurs  espèces  de  bécas- 
sines; mais  ces  espèces  paraissent  encore 
douteuses.  La  bécassine  marche  la  léte 
droite  en  lui  donnant  un  mouvement 
horizontal ,  tandis  que  sa  qnene  se  mmU 
de  haut  en  bas.  Son  vol  est  beaucoup  pins 
haut  et  plus  fort  que  celui  de  la  bécosse; 
elle  s'enlève  le  bec  haut,  fi|e  esses  droit 
lorsqu'elle  «tlaneéei  nuîs  en  dépéri  elk 


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BÉC 


(240) 


B£C 


décrit  aussi  des  crochets  assez  brusques. 
Comme  la  bécasse,  elle  s'éloigne  peu  de 
ta  retraite  ;  son  cri  est  chevrolapt,  faible, 
assez  monotone;  il  se  borne  quelquefois 
à  un  siniement  particulier  qu'elle  donne 
surtout  lorsqu'elle  part.  La  bécassine  ha- 
bite les  bords  des  marécages,  nîde  à  terre, 
entre  les  racines  des  sautes  et  des  osiers; 
elle  pond  trois  ou  quatre  œufs  blanchâ- 
tres, tachetés  de  roux;  comme  la  bé- 
casse, elle  reste  accouplée  jusqu'à  l'entier 
développement  des  petits.  La  chair  de  la 
bécassine  ne  possède  pas  à  un  aussi  fort 
degré  le  fumet  propre  à  la  bécasse;  ce- 
pendant elle  est  plus  tendre  et  d'une  di- 
gestion plus  facile.  T.  C. 

BECCARIA  (CisAR  Bonesan a,  mar- 
quis de),  né  à  Milan  en  1735,  philosophe 
criminaliste.  Il  s'appliqua  de  bonne  heure 
à  l'étude  de  la  philosophie,  en  prenant 
pour  guides  Condillac,  Helvétius  et  les 
encyclopédistes;  mais  ce  fut  Montes- 
quieu qui,  surtout  par  ses  Lettres  per- 
sanes ,  lui  révéla  sa  vocation.  Tout  le 
monde  connaît  son  traité  des  délits  et  des 
peines  (Dei  delitti  e  délie pené)y  qui  pa- 
rut à  Naples  en  1764;  mais  très  peu  de 
personnes  savent  que  quelques  années 
après  il  fit  paraître  une  grammaire  phi- 
losophique et  une  théorie  du  style:  Ri- 
cerche  intomo  alla  natura  del  stilo.  Le 
traité  des  délits  et  des  peines  fut  le  pre- 
mier cri  de  l'humanité  outragée  par  l'a- 
trocité dtl  système  pénal  :  il  faut  moins 
considérer  ce  livre  célèbre  sous  le  rap- 
port scientifique  que  comme  un  acte  de 
courage,  comme  une  pétition  énergique 
présentée  aux  puissances  au  nom  des 
peuples.  Du  reste  la  doctrine  de  Beccarla 
n'est  dans  beaucoup  de  parties  que  le  re- 
flet des  idées  erronées  proposées  par 
les  encyclopédistes.  Souvent  ses  raison- 
nemens  pèchent  par  leur  base;  souvent 
les  faits  historiques  lui  échappent,  car  il 
ne  connaissait  pas  l'antiquité.  A  cet  égard 
il  faut  consulter  surtout  le  commentaire 
d'AldobrandoPaolino(Florence,182 1  ),et 
deux  savans  articles  de  M.  le  docteur  Mit- 
f«rm«ier,  insérés  dans  le  Journal  de  juris- 
prudence étrangère  que  ce  savant  publie 
àHeidelberg  (ledcmieren  1 833,  t.  V  du 
Recueil).  En  y  reconnaissant  les  erreurs 
de  ce  philosophe,  oo  blâme  avec  raispn 
U  ton  haataio  «l  superbe  de  ceux  qui  kii 


reprochent  de  n'avoir  pas  enseigné  eo 
1760  tout  ce  que  le  droit  a  fait  de  pro- 
grès depuis  lors  jusqu'en  1833.  La  car- 
rière de  Beccaria  ne  fut  pas  exempte  de 
persécutions;  mais  le  comte  Firmiani, 
gouverneur  autrichieii'de  la  Lpmbardie, 
empêcha  toujours  ces  tracasseries  d'avoir 
pour  lui  des  effets  fâcheux.  Ce  fut  aussi 
sous  la  protection  de  ce  gouverneur  qu'il 
créa  une  société  pour  la  publication  d'un 
journal  consacré  à  la  littérature  et  aux 
sciences  intitulé:  Lf  Café,  En  1768  il 
fut  créé  professeur  d'économie  publique 
a  Milan  ;  mais  son  cours  ne  fut  imprimé 
qu'en  1804,  dans  la  collection  des  éco- 
nomistes italiens.  On  lui  doit  aussi  plu- 
sieurs dissertations  isolées,  par  exemple 
celle  sur  Le  désordre  des  monnaies  dans 
fétat  de  Milan ,  qui  fut  son  coup  d'es- 
sai en  1762.  Il  mourut- d'un  coup  d'a- 
poplexie en  novembre  1793.  Beccaria 
avait  un  caractère  fort  doux  et  ses  ver- 
tus domestiques  faisaient  le  bonheur  de 
sa  famille.  P.  G- t. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  crimina- 
liste ,  marquis  de  Beccaria ,  avec  le  phy- 
sicien Beccaria  (Jean-Baptiste),  né  à 
Mondovi  en  1716,  et  mort  en  1781  à 
Turin  ou  il  avait  été  appelé  par  le  roi 
Charles- Emmanuel,  pour  professer  les 
sciences. 

Au  xiv^  siècle  la  famille  Beccabia, 
dont  le  célèbre  auteur  Dei  delitti  e 
délie  pêne  parait  ^tre  descendu,  joua 
un  grand  r61e  à  Pavie  et  exerça  même  » 
pendant  quelque  temps,  la  souverai- 
neté dans  cette  ville  qu'elle  disputa  aux 
Yisconti,  ducs  de  Milan.  Ces  derniers 
triomphèrent  de  leur  résistance  et  la  fa- 
mille des  Beccaria  déchut.  $. 

BEC  DE  LIÈVRE,  nom  donné  d'a- 
près une  vague  ressemblance  à  une  divi- 
sion des  lèvres,  congéniale  ou  acciden- 
telle, mais  exempte  de  suppuration.  Cette 
difformité  peut  être  plus  ou  moins  con- 
sidérable. Tantôt  en  effet  la  lèvre  supé- 
rieure est  simplement  divisée,  tantôt  elle 
est  partagée  en  deux  ou  trois  portions. 
On  voit  même  les  os  de  la  mâchoire  su- 
périeure et  du  nez  écartés  dans  une 
grande  étendue.  Le  bec  de  lièvre  congé- 
nial  est  beaucoup  plus  commun  que  l'au- 
tre qui  succède  à  des  plaiei  ou  à  des  ul- 
cérations. Sa  cause  est  dans  un  trouble 


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MC 


«le  rorgaDÎsatîon  intra-utérine  qui  ne 
permet  pas  aux  parties  de  s'unir  corn- 
piètement;  et  Ton  doit  le  regarder  comme 
complètement  étranger  aux  envies  dont 
les  femmes  le  font  quelquefois  dériver. 

Le^  enfans  qui  naissent  avec  un  bec  de 
lièvre  simple  ont  un  peu  de  peine  à  téter; 
nais  ceux  chez  lesquels  il  existe  une  di- 
vision multiple  de  la  lèvre^  avec  écarte- 
sent  des  os,  sont  quelquefois  dans  l'im- 
possibilité absolue  de  prendre"  le  sein,  et 
mourraient  bientôt  si  on  ne  leur  portait 
des  atimeâs  à  lut  bouche,  avec  une  cuil- 
ler. A  mesure  que  l'enfant  grandit  on 
s'sperçoit  que  l'articulation  des  sons  est 
hnparfaite,  et  méme^chez  quelques-uns 
totalement  impossible;  outre  que  l'aspect 
de  la  face  est  plus  ou  moins  hideux. 

Cette  difformité  n'offre  aucune  ten- 
dance vers  la  guérison  spontanée,  et  l'on 
n'a  de  ressource  que  dans  une  opération 
chirurgicale,  qui  peut  devenir  fort  diffi- 
cile. Il  ne  faut  donc  pas  y  songer  avant 
que  le  sujet  soit  assez  âgé  pour  se  prêter 
docilement  à  ce  qu'on  exige  de  lui.  L'o- 
pération est  simple  en  elle-même  :  il  ne 
s'a^t  en  effet  que  d'aviver  avec  des  ci- 
seaux ou  le  bistouri  (vojr.)  les  bords  de 
la  division,  puis  de  les  traverser  avec  des 
aiguilles  d'acier  sur  l^quelles  on  tortille 
des  fils  destinés  à  rapprocher  les  sur- 
faces saignantes,  qui  se  réunissent  et  se 
cicatrisent  ainsi.  Alors  on  retire  avec  pré- 
caution les  fils  et  les  aiguilles  et  l'on  fa- 
vorise la  consolidation  de  la  cicatrice. 
Quelquefois,  avant  fopération,  on  est 
obligé  d'arracher  quelques  dents  sail- 
lantes, ou  bien  d'exciser  quelques  petites 
tumeurs  charnues  (^i  s'opposeraient  à  la 
réunion.  U  est  rare  qu'il  survienne  des 
accidens  graves  après  cette  opération 
qu'on  voit  assez  souvent  échouer  par 
des  circonstances  qu'on  ne  peut  pas  tou- 
jours prévoir  et  éloigner.  F.R. 

BEC-FIGUE.  On  a  de  tout  temps 
confondu  sous  ce  nom  une  multitude  de 
petits  oiseaux  de  nos  contrées  que  l'on 
voit  dans  la  belle  saison  becqueter  les 
figues ,  et  dont  la  chair  parait  être  éga- 
lement délicate  et  savoureuse,  tels  que 
des  fauvettes,  des  rouges-gorges,  des 
bouvreuils  y  des  alouettes,  etc.;  cepen- 
ciant  les  naturalistes  s'accordent  à  réser- 
Tcr  1«  nom  de  beo-figue  à  une  espèce  de 

Encjclop.  d*G,€L  M.  Tome  III. 


(Ui)  BEC 

gobe-mouche  de  l'Europe  méridionale 
[musclciipa  atricapUla  ou  luctuosa). 
Cet  oiseau  est  à  peu  près  de  la  Uille  du 
chardonneret;  les  parties  supérieures  de 
son  plumage  sont  d'un  gris  cendré  ou 
noirâtre,  plus  foncées  sur  les  ailes  et  la 
queue;  le  front  est  blanc  et  une  large 
tache  blanche,  imprimée  sur  les  tectrices 
grandes  et  moyennes,  coupe  transversa- 
lement la  partie  supérieure  des  ailes^ 

Le  beo-figue  habite  ordii^airement  les 
bois,  marche  rarement,  voltige  sur  les 
buissons  et  se  perche  volontiers  sur  des 
branches  un  peu  élevées;  il  se  nourrit  de 
baies,  de  graines^  et  aussi  d'insectes  qu*il 
chasse  au  vol.  Le  bec-figue  chante  peu,  et 
ce  n'est  guère  qu'au  temps  des  amours 
que  le  mâle  fait  entendre  un  petit  ga- 
zouillement court  et  peu  modulé.  Cet 
oisillon  est  recherché  des  anuiteurs  de 
gibier.  T.  C. 

BÊCHE,  voy.  Instrumsns  aratoires. 

BECHEE  ( Jeak- JoACHUi),  né  à  Spire 
en  1625,  et  mort  à  Londres  en  1682,  est 
un  des  pères  de  la  chimie  moderne.  Il  était 
médecin  et  avait  été  successivement  pro- 
fesseur à  Mayence  et  conseiller  àVienne; 
enfin  il  avait  parcouru  beaucoup  de  pays 
lorsqu'il  vint  mourir  misérablement  en 
Angleterre.  Très  savant  pour  son  siècle, 
mais  d'un  esprit  inquiet  et  entreprenant. 
Bêcher  a  plutôt  ouvert  les  voies  aux  dé- 
couvertes ultérieures  qu'il  ne  les  a  lui-mê- 
me réalisées;  il  se  fit  beaucoup  d'eiOiemis, 
et  encourut  le  reproche  de  charlatanisme 
et  de  mauvaise  foi,  et  cependant  il  a 
laissé  un  souvenir  distingué  dans  l'his- 
toire de  la  chimie  dont  la  partie  pratique 
lui  était  surtout  familière.  Ses  ouvrages 
contieîment  sur  la  théorie  chimique  des 
idées  lumineuses  résultant  de  ce  qu'il  y 
avait  appliqué  la  physique  plus  qu'on  ne 
l'avait  fait  avant  lui.  Le  premier  il  admit 
un  acide  fondamental ,  dont  les  autres 
n'étaient  que  des  modifications  ;  il  fit  des 
recherches  sur  les  phénomènes  de  la  com- 
busdoii  €(,  jeta  les  fondemens  de  la  théo- 
rie du  phlogistique  qui,  mise  en  évidence 
par  Suhl,  régna  jusqu'à  Lavoisîer.  Bê- 
cher soutenait  que  tous  les  métaux  con- 
sistaient dans  une  matière  terreuse  com- 
mune à  tous,  dans  un  principe  combustible 
également  €onunun,et  dans  une  substance 
merct&rielle  particulière  qui  se  dégage 

16 


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BEC 

IqMu'on  çbanfTe  le  méul  jasfu'au  point 
^e  changer  sa  forme,  laissant  pour  r^- 
siclu  une  chaux  métallique.  Son  principal 
ouvrage^  intitulé  Physique  souterraine, 
publié  eiî  16G9  à  Francfort,  fut  réim- 
primé par  les  soins  de  3tabl.  Ses  autres 
écritf  très  if ombreux  et  portant ,  suivant 
Fusage  de  cette  époc|ue^  des  titres  bi- 

1 — »  •^fi^^gjjj  publiés  auJQur- 

C*  L,  m* 
I^^n-Mathieu),  na- 
saxon ,  auteur  labo- 
les  principales  bran- 
naturelle   ^n   grand 
(}ui   p*ont  pas  peu 
ment  e^  à  la  diffusion 
tanique^  Tentomolc^ 
[ues  observations  eû- 
tes ;  sa  traduction  aU 
ce  naturelle  des  rep- 
,  renferme  une  foule 
de  notes  critiques  et  d'addil;ioiis  qui  ont 
complété  davantage  la  connaissance  du 
si^et  que  le  naturaliste  français  n'a  fait 
au*efûieurer.  Mais  ce  sont  surtout  Torni- 
thçldgïe  et  rbistoire  naturelle  particu- 
lière de  l'Allemagne  qui  ont  été  Tobjet 
de  tes  recherches;  ses  travaux  sur  ces 
d^u^  points,  ainsi  que.  sur  Fart  du  fo- 
r^tier,  lui  ont  valu  dans  le  monde  sa- 
vant une  bonorable   célébrité.   Né   en 
i7^7,dans  le  duché  de  Saxe-G[Otha,  il  est 
mort  en  1822.  C  Z. 

9ECK  (Chrétien -Daniel),  profes- 
seur à  l'université  de  Leipzig,  savant  lit- 
térateur, philologue,  antiquaire  et  histo- 
rien, naquit  dans  ladite  ville,  en  1757, 
et  y  mourut  en  1832.  Depuis  1779  jus- 
q^V*^  1&  ^n  <lc  ses  jours,  il  ne  cessa  pas 
un  instant  de  bien  mériter  du  haut  en- 
seianem^nt  en  Alleo^agne^  p^r  ses  ei(- 
c^llens  cours  d'exégèse,, de  philologie, 
^'archéologie,  d'hi^toir^  générale  et  d'hij^ 
toire  de  l^«gUs<e,  aiijsi  qpe  pai;  les  ei^er- 
cic^  pratiques  et  les  tJtièses.  qu'il  £lt 
soutenir  aux  candidats»  Il  fut  sucççs- 
siyemepf  iiopiipé  dpçteu^  en  th|§oio^e , 
profe&seui;  des,  lançp^s  grecque. e^  latine 
(1785),  et.  directeur  du  gymnase  royal 
philolQ^qil^  (18Q.9)  I  qui  avait  été  ÏDxmé 
d'une,  sf)ciéié  ph^jp^iqueéublie  p|ur  lui. 
La  scrupuleuse,  çxfictitude  avçc  laquelle 
il  remplit,  tou^e^^  ces  fonctions  lui  va- 
lut,  c^  1<§03,  U.û\^  dft  conatillt^nu-  ' 


(242)  BEC 

lîqne,  et,  plni  tard,  la  dëcoratlofi  d^ 
l'ordre  saxon  du  Mérite  civil.  Beok  con* 
sacrail;  la  plus  grande  partie  des  loisira 
que  lui  laissaient  ses  fonctions  à  des  re- 
cherches sur  les  littératures  anciennes. 
Il  a  publié  de  nombreux  ouvrages  histo- 
riques ,  philologiques  et  archéologiques  , 
dont  quelques-uns  sont  restés  inachevés, 
et  qui  tous  jouissent  d'une  grande  estimcw 
Ses  éditions  de  Pindare,  d'Apollonius, 
d'Euripide,  d'Aristophane  et  de  Calpur- 
nius  \  se§  excellens  programmes  sur  di- 
vers sujets  historiques  et  archéologiques, 
son  Histoire  générale  <lu  monde  et  des 
peuples,  Leipzig,  1787-1 806, 4  v.  in-8** 
(la  nouvelle  édition  refondue  de  181 3  n'a 
pas  été  continuée),  qui  va  jusqu'à  l'épo- 
que de  la  découverte  de  l'Amérique  et 
ou  Ton  trouve  ^ne  instruction  abondante 
et  solide;  ses  Êlémens  archéologiques 
pour  servir  à  la  connaissance  de  Vhis^ 
toire  de  Cart  antique  (Leipzig,  1816); 
ses  traductions  de  Y  Histoire  îles  Qrecs 
par  Goldsmith ,  et  de  V Histoire  de  la 
république  romaine,  par  Ferguaon; 
enfin  son  ouvrage  si  important  pour  les 
théologiens,  qui  a  pour  titre:  Commen- 
tarii  historici  decretorum  religionis 
christianoietformulœ  Lut/ier,  (Leipzig^ 
1 800)  ;  tous  ces  travaux  prouvent  que 
l'auteur  joignait  à  une  profonde  érudi- 
tion une  grande  perspicacité  et  luie  fi- 
nesse de  critique  extraordinaire.  Depuis 
1819  il  rédigea,  avec  toute  la  patience 
infatigable  de  l'énidit,  le  Répertoire  des 
littératures  mqdemes  nationales  et, 
étrangères.  £n  gén^l,  Beck  fit  preuve 
d'une  grande  supériorité  d'esprit  et  d'un 
zèle  infatigable dians  les  nombreuses  char- 
ges qu'il  eut  à  exercer,  y  compris  les 
fonctions  si  difficiles  de  censeur.  En 
1825  il  renonça  à  la  chaire  d'histoire 
pour  reprendre  celle  des  littératures 
grecque  et  romaine.  Ses  derniers  pro- 
grammes contiennent  des  additions  à  la 
Bibliothèque  grecque  de  Fabricius,  et 
dans  un  de  ceux  de,  189  &  il  a  donné 
des  Souvenirs  de  sa  vie.  A  l'occasion  da 
cinquantième  anniversaine  de  sa  promo- 
tipn  au  grade  de  maitre-ès-arts,  il  reçut 
de  nombreux  témoignages  d'estime  de 
savans  nationaux  et  élrangors.  An  mois 
de  mai  1829,  il  célébra  an  pareil  anni^ 
versaire  de  «a.  première  nominatMinaiw 


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bËc 


(Ut) 


BEC 


téiOldem  de  professeur  à  runirenité  de 
LeifMifg.  MM.  Eicbstaedt,  Wachsmnth  et 
Kebbe  (oe  dernier  en  1834)  ont  payé  à 
k  méiDoure  de  ce  vétérsn  de  k  sdenoe 
«n  jnste  tribut  d*élogef.  C  L, 

BE€ILBR  (CHAKLCs-FAinihuc),  doo^ 
teor  en  philosophie  et  mrtenr  d'une  ez- 
eeUente  histoire  nnivertelle  en  langue 
allemande,  naquit  à  BerUn,  en  1777,  et 
y  moamt  en  180i.  Becker,  homme  etti- 
mabloy  éertvain  plein  de  mérite  et  qui 
nvait,  «vec  un  art  merreiUèux,  te  met^ 
Ire  à  la  portée  de  la  jeuoeise  dont  Tint- 
|rttrtk>n  était  son  principal  but,  occupe 
«ne  plaoe  distiiigiiée  parmi  les  pédago* 
listes  alleflikands*  Il  alliait  une  scieoee 
profonde  à  «ne  grande  rectitude  d'esprit  ; 
et,  quoique  ûroita  des  pbis  sayantes  re- 
cheKhes,  sev^ouvragei.bbloriqves,  stm* 
pies  et  d'nne  intelliienoa  kcile,€mt  sou^ 
fent  tout  l'intérêt  du  roman.  Sm  Narra- 
thmf  tirées  de  Vhittoiré  ameienne  (  Halle, 
1801,  f'Tol.  io-d*),  ont  eu  beaucoup  de 
sucées,  et  YlSistoire  mmi^erselk  potêr  les 
tnfans  et  leun  maitres^  dont  le  cqmi- 
mencement  parut  en  1801 ,  a  eu  six  édi- 
tfens,  cootinuées,  après  la  mort  de  l'âu^ 
teur,  jusqu'à  nos  jours.  Elle  a  serrl  de 
baee  pour  le  Cours  d'histoire  moderm^ 
ouvrage  cdossal  de  ScImsU  (vot-)'  ^^  ^ 
teruBDa  peu  de  jeun  avant  sa  mort,  fioc- 
ker  n*a  pu  aller  au-delà  du  %^  volume; 
Wokasann  iyey,)  y  en  a  joint  un  diuàéie 
et  a  fait  «ae  révisîeii  rigoureuse  de  tout' 
FeQvrage,  mais  en  le  dénatuiao<,  en  j  in- 
troduisnrt  des  vues  historiques,  peui-èlre 
sahies  et  vnriea,  mais  qui,  ainsi  présentées 
à  k  jeunesse,' évcâlfeol  en  sMe,  avsnt  le 
temps,  un.aeeptieisme  dont  •»  »e  peut 
mécoBuallre^le  dangw.  Am^l  ^  premiers 
volumes,  M.  HenacAa  ajouté  Fhisseîi^de 
k  rérolutkm  et  celle  détf  ^raiers  temps; 
une  nouvelle  édMou  (Berlin,  1828, 
en  14  vofuroes),  esé  due  aen  soiae  de 
M.  Ixsbell ,  professeur  à  Serlm,  chargé, 
pÉT  féditeur,  de  fah^e  entrer  dana  l'ou- 
vrageles  réseAtata  de»  travaux  hlstns^qiiea 
les  fhm  rérens;  le  pmfesesur  a  cherché  en 
mémo  tempe  à  Kii  rendre  Son  coraetère 
primitif  de  8lm|>heîté  et  de  respect  pour 
lee  Iraditiofle  religieuses.  Un  HoisUaM 
ouvrage  de  le«àer  est  iulilèlé  :  Lm  F^é^ 
sie  enpismgée  tkt  poiàt  de  #tt^  de  Vhis" 
torim,  Bevlm»  i8«i.  J.  H.  S^ 


BÈCiKBT  (Thomas) ,  S^  ar(;bevéqQe 
de  Canterbury  et  lord  chancelier  d'An- 
gleterre ,  naquit  à  Londres  en  1119,  ou, 
d*après  d'autres  historiens,  en  1 1 1 7, d'un 
marchand  anglais  nommé  Gilbert  Becket, 
et  d'une  musulmane  baptisée  sous  le  nom 
de  Matfailde.  Il  est  le  premier  Anglais  de 
race  qui  depuis  k  conquête  ait  été  pri- 
mat du  royaume.  Apr^  avoir  commencé 
ses  études  à  Oxfoni ,  il  les  continua  à 
Paris  jusqu'en  1 1 39.  A  son  retour  il  fut 
recommandé  à  Thibaut,  archevêque  de 
Canterbury,  qui  se  l'attacba,  l'envoya  à 
Bologne  étudier  le  droitcanon ,  et  le  char- 
gea (1161)  de  remplir  à  Rome  quelq^ie» 
missions  asses  difficiles.  La  même  année 
où  Henri  II,  fils  de  Mathilde  Vemperesse, 
fut  sacré  roi  d'Angleterre  (ÎO  décembre 
1164),  Thibaut  l'avait  nommé  archi* 
dkcre  de  son  église.  Becket  qui ,  deux 
ans  anpavavaiM ,  avait  obtenu  du  pa^ 
Eugène  la  défense  de  sacrer  le  fils  d'É- 
tienne,  n'eut  pas  de  peine  à  gMgner  les 
faveurs  du  nouveau  roi.  Henri  le  nomma 
chancelier,  lui  confia  l'éducation  de  son 
fik  aîné,  et  |ui  assigna  de  grands  reve- 
nus. Cinq  ans  après  (  11 82  )  mourut 
Thibaut.  Henri ,  qui  était  alors  à  Fakise, 
crut  ue  pouvoir  mienx  le  remplacer  que 
par  Becket.  Celui  -  cl  résista  d'abord  ; 
nmk  le  roi  insista  et,  sans  s'arrêter  aux 
objectkme  cpt'on  kri  présentait,  en?oya 
au  chapitre  Tordre  de  l'élire  arche- 
vêque. Ce  choix  déptaisak;  car  Becket, 
qui  avait  pisqu*âlors  vécu  au  milieu 
d'une  pompe  et  d'un  luxée  (fr^rdinaires, 
nêr  sembktt  pas  devoir  apporter  des  dis- 
positions bien  propres  à  faire  un  homrtie 
d'é^se.  Après  une  assez  vive  opposition, 
lee  évéques  cédèrent  aux  ordres  formels 
du  roi.  Il  fut  ordonné  prêtre  le  samedi 
de  k  Petoteeéte,  et  le  lendemain  consa- 
cré archevêque  par  le  prékt  de  Wîn- 
^  chesier.  Au  grand  étonnement  de  k  cour 
èl  du  clergé,  fl  changea  tout  à  coup  de 
manière  de  vWre  et  devint  studreoit, 
hsmsble,  frugal,  Tami,  lé  somîen  et  le 
conraietisul  dcà  pauvres.  Ambitieux, 
avide  de  popularité ,  et  péoétré  de  ces 
idées  de  soprématkr  eccléisiarstique  qui 
prévakient  ale^^ ,  il  ne  se  regarda  plus 
comme  le  serti  teur  du  roi  Henri ,  mais 
comme  celui  do  souverain  pontife.  Aussi 
se  déarit-il  bîent^de  sa  charge  de  chaiH 


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(244) 


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eelier  qu'il  regardait  comme  incompati- 
ble afeç  M  nouvelle  dignité.  Le  rai  en 
fut  Tivement  piqué,  et  dès  ce  moment 
commença  entre  lur  et  l'archevêque  cette 
lutte  qui  ne  se  termina  que  par  Tassasi- 
nat  du  second.  Henri  avait  espéré  que  le 
primat  le  seconderait  dans  ses  vues  sur 
It  clergé  :  trompé  dans  son  attente ,  il 
Tooiut  Fobliger,  mais  en  vain,  à  se  dé- 
mettre de  son  archiépiseopat  en  faveur  de 
•on  ennemi  Geoffroy  de  Riddel.  Après 
leoondie  de  Tours  (1163),  Henri,  qui 
Toulait  abolir  la  juridiction  des  cours 
épiscopales  de  Goillaume-le- Conquérant 
et  rendre  le  clergé  justiciable  des  tribu- 
naux civils,  convoqua  dans  ce  but  une 
assemblée  à  Westminster.  Il  y  éprouva 
la  plus  vive,  opposition  de  la  part  des  évè- 
qireS|  et  notamment  du  primat,  qui,  tour 
à  tour  supplié,  menacé,  céda  enfin  et 
promit  de  se  conformer  aux  intentions 
du  roi ,  mais  sauf  les  droits  de  son  or- 
dre et  ceux  de  téglise,  Le  roi,  furieux 
de  cette  restriction  et  de  la  résistance  des 
évéques,  tint  le  28  janvier  1 164  une  nou- 
velle assemblée  où  furent  promulguées 
en  16  articles  co  que  Ton  nomma  les 
Constitutions  de  Clarendon.  Becket  s'y 
rétracta ,  se  repentit  de  ce  qu'il  appelait 
^  faiblesse ,  et  refusa  d'apposer  son  sceau 
au  bas  des  constitutions.  La  guerre  était 
alors  vive  et  acharnée.  A  l'assemblée  de 
Northampton ,  tenue  le  1 1  octobre  sui- 
vant, le  primat  fut  condamné  comme  cou- 
pable de  désobéissance,  et  ses  biens  fu- 
rent mis  à  la  merci  du  roi,  qui  accepta  en 
échange  600  liv.  (  7000  liv.  sterl.  valeur 
actuelle).  H  récUma.en  outre  44,000 
marcs  d'argent  pour  les  revenus  qu'il 
avait ,  disait-il ,  perçus  pendant  qu'il  était 
chancelier  et  dont  il  devait  rendre  compte. 
Toutes  ces  persécutions,  Becket  les  sup- 
porta avec  une  inébranlable  fermeté  et 
ne  résigna  point  son  siège.   Toutefois 
comme  sa  vie  n'était  point  en  sûreté,  il 
s'échappa,  le  16   octobre,  déguisé  en 
moine,  etabordaà  Gravelinesen  Flandre, 
d*oà  il  se  rendit,  par  Saint-Omer,  à  Sois- 
sons,  où  était  le  roi  Louis  YII,  et  ensuite 
à  Sens,, où  il  fut  reçu  solennellement 
par  Alexandre  lU,  qui  y  tenait  alors  sa 
ccnr.  Pendant  deux  ans  il  vécut  à  Pon- 
tlgny ,  monastère  de  l'ordre  de  Gteaux 
dont  il  prit  l'habit,  et  lorsque  Henri  l'en 


fit  chasser,  il  se  réfugia  au  couvent  dé 
Sainte-Colombe,  près  de  Sens.  Pendant 
qu'il  continuait  toujours  sa  lutte  contre 
Henri,  celui-ci  confisquait  ses  biens, 
proscrivait  ses  parens ,  ses  amis ,  et  en 
appelait  au  pape.  Becket,  que  ce  pontife 
avait  nommé  son  légat  en  Angleterre, 
excommunia  alors  à  Yézelay  tous  ceux 
qui  détenaient  les  biens  du  siège  de  Can- 
terbury,  condamna  les  Constitutions  de 
Clarendon,  et  surtout  6  de  ses  articles, 
et  délia  les  évéques  de  ieur  serment. 
Alors  Henri  envoya  Jean   d'Oxford  à 
Rome ,  où  éUil  retourné  Alexandre  III, 
après  la  mort  de  l'anti-pape  Victor.  Cette 
ambassade  n'eut  d'autre  effet  que  la  sus- 
pensiqn  des  pouvoirs  accorda  à  Becket 
comme  légat ,  et  la  nomination  de  deux 
nouveaux  légats.  On  tint  nne  nouvelle 
assemblée  dans  une  plaine  entre  Fretval 
et  La  Ferté-Bernard  :  la  réconciliation 
s'opéra  par  les  soins  des  nonces  Gratien 
et  Vivien.  Henri  promit  de  restituer  les 
biens  de  l'église  de  Canterbury,  et  le  pri- 
nsat  se  disposa  à  retourner  en  Angle- 
terre. Il  débarqua  à  Sandwich,  at^  le  jour 
de  Noël,  renouvela  ses  excommunications 
contre  ceux  qui  détenaient  les  biens  de 
son  siège  et  contre  l'archevêque  d'York, 
qui  avait  couronné  le  fils  du  roi .,^  privi- 
lège qui  de  tout  temps  avait  appartenu 
au  primat  d'Angleterre.  Quelques  jours 
auparavant,  Henri,  qui  était  alors  en 
Normandie,  avait  reçu  upe  ambassade  de 
prélats  qui  était  venue  se  plaindre  de  l'ar- 
chevêque, et  il  s'était  décrié  :  «De  tous  ceux 
que  j'ai  comblés  de  biens  il  ne  s'en  trou- 
vera, donc  pas  un  seul  qui  mfe  délivre  de 
ce  pi;être  turbulent!  »  Aussitôt  quatre  gen* 
tibhommes  se  rendirent  en  Angleterre  et 
assasainèrent  le  primat  au  pied  de  l'autel, 
le  29  décembre  1170.  Trois  ans  après  il 
fut  proclamé  martyr  et  canonisé  par  ce 
même  Alexandre  III  qui  l'avait  tant  de 
fois  trompé.  L'année  suivante,  Henri  vint 
faire  ^pénitence  à  son  tombeau;  depuis 
cette  époque  ce  fut  un  lieu  de  pèlerinage 
très  fréquenté.  Le  7  juillet  1220 ,  les  res- 
tes de  Becket  furent  exhumés  et  trans- 
portés dans  nne  châsse  précieuse.  Les 
trésors  qu'avait  amassés  la  piété  des  fi- 
dèles tentèrent  l'avidité  de  Henri  VJU, 
qui,  en  1638,  le  fit  condamner  comme 
coupable  du  crime  de  lèse -majesté,  fit 


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bi-ûler  ses  os  et  porter  éwns  son  trésor 
96  chariots  pleins  d'or  et  d*argent.  Vers 
1184  le  moine  Alain  de  Droche  fit  une 
collection  des  lettres  de  Becket,  et  en 
1682 ,  Christ.  Lupe ,  de  l'ordre  de  Saint- 
Augustin  ,  publia  (Bruxelles,  2  t.  in-4% 
sous  le  nom  de  :  Qutubilogus  ou  HisL 
quadrip.  vitœ  S,  Thomœ  Cant,,  ses  let- 
tres, celles  d'Alexandre  III ,  de  Henri  II, 
de  Louis  YEL,  et  ses  différentes  biogra- 
phies. L.  N. 

BÉCLARD  (Pis&&K-AucTJSTiif  ) ,  né 
à  Angers  en  1 785,  est  encore  un  de  ces 
hommes  qui,  sorti  des  rangs  obscurs  de 
la  sojciété,  est  parvenu  par  Texercice  sou- 
tenu de  son  intelligence  à  se  ftfire  un  nom 
dans  la  science.  Chirurgien  aussi  habile 
qu'anatomiste  profond ,  Béclard  ne  tarda 
point  à  faire  briller  son  talent  comme 
opérateur.  Jeune  encore  il  fut  appelé 
d'abord  aux  fonctions  de  chirurgien  en 
chef  de  l'hôpital  de  la  Pitié,  à  Paris,  où 
il  était  arrivé  en  1808,  et  à  la  chaire 
d'anatomie  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris  (1815);  c'est  là  sans  contredit  que 
Béclard  se  distingua  le  plus;  profondé- 
ment instruit,  exposant  les  matières  avec 
une  précision  et  une  netteté  admirables, 
il  obligeait  les  intelligences  les  plus  re- 
belles à  se  pénétrer  de  la  belle  science 
qu'il  professait.  Malheureusement  une 
mort  prématurée  vint  détruire  toutes  les 
espérances  qu'on  avait  pu  fonder  sur  un 
début  aussi  brillant.  Béclard  mourut  le 
1 6  mars  1 825  ;  il  n'a  laissé  que  peu  d'ou- 
vrages :  X^sÈlétw^ns  d'eumtomie  générale 
qui  ne  devaient  être  que  l'introduction 
d'un  Traité  complet  d'anatomie,  une 
traduction  médiocre  de  Lawrence,  sur 
les  hernies,  et  plusieurs  mémoires  et  ar- 
ticles de  dictionnaires.  S-n. 

BECQURREL  f  AirroiirE-CibAR), 
^naquit  en  1788  à  Châtillon-sur-Loing , 
, département  du  Loiret.  A  sa  sortie  de 
Técolepol^technique,  M.  Becquerel  entra 
dans  le  corps  du  génie  militaire  et  fit  les 
campagnes  d'Espagne  de  1810,  1811  et 
1812.  11  y  prit  part  à  un  grand  nombre 
de  sièges,  mais  il  se  distingua  particuliè- 
rement à  celui  de  Tarragone,  où  il  di- 
rigea une  colonne  d'attaque  à  l'assaut  du 
fort  le  Francoli ,  qui  détendait  les  Kgnes 
avancées  de  la  place,  et  où  il  pénétra  mal- 
gré tiD  feu  nourri  et  soutenu.  Pendant 


la  durée  de  ce  même  siège,  il  défendit 
avec  courage  et  succès  une  redoute  à 
peine  ébauchée  qui  était  sur  le  bord 
de  la  mer,  et  que  battait  le  feu  de  l'es- 
cadre anglaise.  Attaqué  le  soir  dans  cette 
même  position  par  plusieurs  colonnes 
ennemies,  il  les  força  à  rentrer  dans  la 
place  après  une  perte  assez  considérable. 
De  retour  en  France,  avec  le  grade  de 
capitaine  et  la  croix  de  la  Légion-d'Hon- 
neur,  M.  Becquerel  fut  nommé  sous- 
inspecteur  des  études  a  l'école  polytech- 
nique ;  mais  au  moment  où  la  France  fut 
envahie  par  les  armées  étrangères,  il  fut 
envoyé  aux  avant-postes  pour  préparer 
des  moyens  de  défense.  M.  Becquerel  ne 
quitta  de  nouveau  le  service  qu'après  la 
reddition  de  Paris.  Il  éuit  alors  chef  de 
bataillon. 

Depuis  1815,  la  carrière  de  M.  Bec- 
querel a  été  toute  scientifique  et  elle  est 
bien  digne  d'être  signalée  à  l'attention 
de  nos  lecteurs,  car  ce  savant  distingué 
a  ouvert  une  nouvelle  voie  dans  Tétude 
des  sciences.  Les  travaux  de  M.  Becque- 
rel sont  du  genre  synthétique,  comme 
ceux  de  Lavoisier,  et  s'il  a  fait  quelques 
analyses  à  l'aide  de  courans  électriques 
faibles,  il  a  plus  souvent  cherché  à  imi- 
ter la  nature,  et  il  y  a  quelquefois  réussi. 
Ainsi ,  à  l'aide  du  même  agent,  toujours 
employé  dans  les  limites  de  sa  plus  faible 
action,  il  est  parvenu  à  faire  prendre  à 
plusieurs  corps  les  formes  cristallines  que 
la  nature  leur  donne  le  plus  habituelle- 
nient.  Il  a  fait  plus  encore,  piiisqu'en 
soumettant  à  l'action  faible,  mais  long- 
temps prolongée,  d'un  courant  électri- 
que les  élémens  reconnus  par  l'analyse 
comme  conslituans  de  certains  corps,  il 
est  |Mirvenu,  pour  ainsi  dire,  à  les  créer; 
de  sorte  que  M.  Becquerel  entré  dans  la 
voie  scientifique  ouverte  par  OErstedt , 
si  agrandie  par  les  travaux  d'Ampère,  â 
su  cependant  tellement  l'agrandir  encore 
qu'il  serait  im^ssible  maintenant  de  lui 
donner  des  limites.  Il  n'avait  d'abord 
fait  qu'ajouter  des  faiu  analogues  à  des 
faits  déjà  connus;  mais  en  voyant  des 
courans  électriques  se  produire  dans  tant 
de  cirronstances  si  variées,  si  différentes, 
et^e  rappelant  qu'étudiant  la  minéralogie 
il  avait  observé  combien  la  nature  était 
bizarre  daqs  la  qianière- dont  elle  raa* 


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semble  les  divers  produits  qu'on  extrait 
jdu  «ein  de  la  terre,  il  a  vouju  voir  si  c«s 
mêmes  couraps  n'étaient  pas  Tagent  dont 
elle  se  servait  pour  décomposer  et  recon- 
«  stitucr  les  corps.  Des  travaux  si  variés  et 
si  curieux  ont  reçu  leur  récompense  en 
1829  :  c'est  cette  année  qbe  M.  Becque- 
rel a  été  nommé  membre  de  TAcadémie 
des  sciences.  M.  Becquerel  a  publié  15 
mémoires  qui  sont  tous  insérée  dans  les 
jinnalejf  de  physique  et  de  chimie ,  et 
il  publie  dans  ce  moment  un  Ihaité  gé' 
néral  d'électricité  et  de  magnétisme , 
destiné  sans  doute  à  faire  une  grande 
sensation  dans  le  monde  savant.  ▲.  L-d. 
B£D£,  le  FéHérùble,  né  en  678, 
dans  un  village  englouti  depuis  par  la 
mer  et  dont  le  sol  fait  maintenant  partie 
du  diocèse  de  Durham,  fut  élevé  à  JarroWy 
sur  les  bords  de  la  Tine,  sous  les  meil- 
leurs maîtres ,  dans  les  sciences  divines 
et  humaines.  Il  fut  ordonné  diacre  en 
691  et  prêtre  en  702.  Il  est  appelé,  dans 
un  ancien  livre,  le  prêire  de  la  messe  y 
parce  qu'il  élaitchargédechanter  la  messe 
conventuelle.  11  employait  tous  les  jours 
un  temps  con<vidérable  à  la  prière;  le  reste 
du  temps  était  rempli  par  le  travail  ma* 
nuel  qui  était  en  usage  à  JarroWy  par 
l'étude  et  la  composition.  Il  était  très 
habile  dans  la  langue  grecque,  il  partait 
aussi  très  bien  le  latin  et  l'anglo^^saxon. 
Il  savait  la  philc^sophie,  l'astronomie, 
l'aritbmélique,  la  grammaire,  l'histoire 
ecclésiastique,' la  théologie^  l'Écriture- 
Sainte,  qu'il  enseigna  aux  religieux  de 
l'abbaye  de  ferrow  et  siir  lesquelles  il 
avait  composé  45  ouvrages  j  dans  sa  69* 
année,  et  un  plus  grand  nombre  au 
temps  de  sa  mort.  Le  pape  Sergius  l^*"  le 
pressa  vivement  de  faire  le  voyage  de 
Kome;  mais  Bède  ne  se  rendit  point  à 
celle  invitation.  Il  aimait  la  vie  sécieii'- 
taire  et  ne  sortit  guère  de  son  abbaye, 
où  les  plus  illustres  personnages  allaient 
le  consul ler^  que  pour  des  voyages  peu 
conskdérablei  et  d*une  utilité  reconnue. 
11  mourut  à  Jariow,  le  37  mai  736. 

On  a  beaucoup  disputé  et  débité  beau- 
coup de  fables  kur  l'origine  du  titre  de 
vénétmble  qui  a  -censtammenl  aecom- 
pagné  le  nom  de  Bède.  Il  est  impoe- 
sible  de  rien  assurer  sur  oe  point  ;  maïs 
«0  sait  qu«  s'il  ne  l'a  paa  reçu  de  aoa  v»i- 


▼ant,  on  n'a  pas  tardé  à  le  lui  accorder 
après  sa  mort.  Ses  compatriotes  lui  ont 
prodigué  les  éloges  :  Camden  l'appelle 
une  lumière  singulièrement  éclatante; 
Léland,  k  plus  bel  ornement  de  la  nor- 
tion  anglaise  ;  le  moine  Folcbard,  i£A£ 
lumière  au  milieu  d'une  génération  igno- 
rante  et  perverse.  On  trouve  quelques 
détails  sur  sa  vie  dans  le  dernier  cha- 
pitre de  son  Histoire  ecclésiastique^  dans 
Guillaume  Malmesbury,  dansMabillon, 
Ceillier,  etc. 

La  phipart  des  ouvrages  de  Bède  sur 
l'ÉcriturchSainte  ont  été  imprimés  plli- 
sieurs  fois  à  Parb,  à  Bâle  et  à  G>logne. 
Son  Histoire  ecclésiastique  a  eu  plus 
d'éditions  enoore;  la  meilleure  est  eelle 
de  Cambridge,  1732,  in-fol.  Elle  ren-^ 
ferme  également  ses  autres  ouvrages  hia- 
toriques,  et  la  Lettre  qut  Cuthbert,  son 
disciple  et  son  ami,  écrivit  au  moine 
Guthwin,sur  sa  mort.  J.  L. 

BEDEAU.  C'est  en  général  un  em« 
ployé  subalterne  qui  somme  les  person- 
nes de  paraître  et  de  répondre.  Les  uni- 
versités avaient  des  bedeaux  dont  les 
fonctions  consbtaient  à  marcher  devant 
le  recteur  et  les  autres  principaux ,  dans 
les  cérémonies  publiques ,  une  masse  à 
la  main.  Les  églises  en  ont  encore.  Là , 
ce  sont  des  laïcs,  à  longues  robes  de  drap 
rouge  ou  bleu,  portant  sur  la  manche 
gauche  ou  une  plaque  d'argent  ou  un 
chiffre  en  broderie  qui  indique  le  patron 
de  l'église  à  laquelle  ila  appartiennent,  te- 
nant à  la  main  droite  une  verge  ou  ba- 
leine garnie  de  viroles  et  de  plaques 
d'argent.  Ils  précèdent  le  clergé  dans  les 
cérémonies,  maintiennent  l'ordre,  chaa- 
sent  les  mendiana,  lee  chiens,  etc.  Leur 
nom  vient  àepedum  baguette,  d^okpe^ 
delius  et  hedeilus.  Quelques  auteurs  le 
dérivent  du  saxon  bedel,  crieur  publie^ 
même  de  l'hébreu,  bedal,  ordonner, 
nuiger.  YjU^  P. 

BEDFORD  (ducs  dk).  lia  ont  thné 
leur  nom  d'une  petite  viHe  anglaise ,  si- 
tuée sur  l'Ouse  et  chef- lien  du  Bedford- 
shive,  eomté  central  de  L*ile  britannique. 

Les  prenûers  duca  de  Bedford  ont 
appartenu  à  la  famille  royale  des  Plan- 
tagenels.  JsaH ,  duc  de  ce  nom ,  frère 
de  Henri  V  et  tnleur  de  Henri  VI,  son 
f  fol  régest  de  France^  au  nom 4e 


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(247) 


BÉ0 


ce  roi  anglais ,  et  motinit  à  Rouen ,  en 
1495.  Shakespeare,  dans  son  Henri  IV ^ 
V^Y^X^ prince  John  ofLancasler,  C'est 
de  sa  femme  que  provient  le  beau  missel 
de  Bedfbrd,  orné  de  miniatures  précieu- 
ses et  qdî  fut  Tendu,  en  18S3 ,  pour  la 
somme  énorme  de  1 100  Ht.  sterl. 

Dans  la  suite,  le  titre  passa  daâs  la 
ikiaison  de  Russell. 

Jottir  RvssELL ,  duc  de  Bedford,  né  en 
1710  et  mort  en  1771,  fut  d'abord 
membre  de  l'opposition  dans  le  parle* 
ment.  Il  fut  nommé  ensuite  secrétaire 
d'état ,  puis  rentra  dans  l'opposition,  de- 
vint, en  17^8^  gouverneur  de  l'Irlande 
et,  en  1763,  préstdentdu  conseil  privé.  S. 

Lord  FaAifcis  Russell  ,  duc  de  Bed- 
jfbrd,  pair  d'Angleterre  \  et  Tun  des  mem- 
bres les  plus  distingués  de  Topposition , 
naquit  en  1765.  Il  se  dévoua  de  bonne 
heure  à  la  cause  d'une  liberté  sage  et 
constitutionnelle,  et  employa  tonte  sa 
vie  et  ses  grandes  richesses  au  bonheur 
de  l'humanité.  Il  se  montra  grand  par- 
tisan de  la  révolution  de  France;  mais  il 
en  blâma  les  excès.  Il  s'opposa  totijours 
atix  mesures  arbitraires  des  ministres 
anglais;  vota,  le  5  mai  1794,  contre  le 
bill  relatif  à  la  levée  d'un  corps  d*émi- 
grés  à  la  solde  de  l'Angleterre;  pronon- 
ça, le  80  du  même  mois,  un  discours 
éloquent  en  faveur  de  la  paix  ;  souscrivit, 
en  1796,  pour  une  somme  de  120,000 
livres  sterling  (environ  1,400,000  fr.  ), 
dans  l'emprunt  de  10,000,000  de  livres 
sterling  ;  s'opposa  ,  avec  énergie  y  en 
1802,  à  la  suspension  de  Vhnbeas  cor- 
pus; enfin,  il  demanda  avec  non  moins  de 
force  le  rapport  du  bill  sur  les  Séditions, 
et  montra  jusqu'à  sa  mort  (1802)  le 
plus  honorable  caractère.  Les  momens 
de  loisir  de  ce  véritable  philanthrope 
étaient  entièrement  consacrés  à  l'agri- 
culture, en  l'honneur  de  laquelle  il  a 
institué  une  fête  annuelle,  dans  sa  terre 
de  "VToburn-Abbejr.  Il  avait  acquis  sur 
cet  art  utile  les  connaissances  lés  pîus 
étendues,  dont  it  fit  toujours  ïes  plus 
beuretises  applications.  Ses  efforts  et  ses 
succès  loi  ont  mérité  la  reconnaissance 
de  ses  concitoyens. 

Son  fils ,  le  duc  de  Bedford  actuel ,  à 
été  nommé  gouverneur  pendant  le  minis- 
lène  tfë  F63^.  B  ^t  Tun  des  j^lds  riches 


propriétaires  de  Londres;  il  possède  le 
quartier  qui ,  par  sa  construction  régu-^ 
lière,  quoique  peq  élégante,  peut  élré 
considéré  copime  la  chaussée  d'Antin 
anglaise.  F.  R-d. 

BEDLAM  ^  maison  qui  a  en  Angle^ 
terre  une  renommée  aussi  grande  que 
notre  Bicétre  (vo/.) ,  et  qui  réunit  au^i , 
dans  une  même  enceinte,  des  aliéùé^  et 
des  criminels  ;  biimrre  et  triste  assembla- 
ge, qui,  dans  quelques  années,  n'exis- 
tera plus  en  France.  Bedtam ,  qui  est 
situé  en  dehors  et  au  Sud  de  Londres, 
est  un  véfitabfe  palais  dont  la  façade  â 
58Ô  pieds  anglais  de  long  et  dont  les 
dépendances  sont  immenses.  Cet  hospice 
(car,  comme  en  France,  c'est  plutôt  uil 
hospice  qu'une  prison) ,  fut  commencé 
en  1812,  pour  remplacer  le' Vieil  hos- 
pice du  même  nom,  qui  avait  la  même 
destination  et  remontait  à  Henri  VlII. 
Bedlam  renferme  400  aliénés  et  60  con- 
damnés; c'est  environ  le  8*  de  la  popu- 
lation de  Bicétre.  A.  L-d. 

BÉDOCII  (PiEttKt-JOstriÉ)  naquit 
en  1761,  à  Tilf le  (  Corrèïe  ) ,  où  11  était 
avocat  lorsque  la  révolution  commença. 
Ses  opinions  et  ses  talens  le  firent  porter 
à  diverses  fonctions  de  la  magistrature. 
En   181Ô,  il 
le  tribunal  ci 
1811,  subst 
près  la  coui 
1812  ses    c< 
corps  législat 
souverain,  il 
députation  d 
fidèle  des  b< 
En  1819, M 

qui  était  le  besoin  du  payâ$  tti^Xi  TfapO- 
léon  ne  voulut  pas  la  signer  à  des  condi- 
tions indignes  de  lui  et  de  là  Fi^âiice. 

Au  retour  des  Bourbons,  en  1914/' 
M.  Bédoch  se  plaça  parmi  les  dé|^utés 
décidés  à  réclamer  avèC  énergie  fe^  Ins- 
titutions qui  avalent  été  prôiWléè^.  H  si- 
gnala, des  premiers,  les  efforts  (Joïitre-' 
révolutionnaires  qui  étaient  f^ils  alors, 
et  défendit  avec  un  talent  remar(Jua-* 
ble  la   liberté  de  la  presse  Montré  le$ 
projets  de  loi    du  ministère   Montes- 
quiou.  (Voir  Y  Histoire  de  la  Restaura-  ' 
àùn,  t.  II.)  Lorsque  le  gouvernement  eut 
présenté  un  projet  de  loi  relativement  à 


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BED  *     (  2i8  ) 

la  remise  des  biens  d'émigrés  non  ven- 
dus, M.  Bédoch  fut  nommé  rapporteur 
de  la  commission  chargée  d'examiner 
cette  proposition.  Son  trav^l  fit  remar- 
quer en  lui  des  idées  justes  et  des  sen- 
timens  élevés;  il  conclut  par  demander 
Iç  maintien  des  faits  accomplis. 

Dans  les  Cent -Jours,  Fempereur 
nomma  M.  Bédoch  conseiller  d'état,  et 
l'envoya  dans  la  2*  division  militaire 
en  qualité  de  commissaire  extraordi- 
naire. U  fit  partie  de  la  chambre  des  Re- 
présentans^  et  se  distingua  dans  cette 
assemblée  par  sa  modération  autant  que 
par  les  lumières  de  son  esprit.  En  1816, 
il  fut  destitué  par  le  roi  des  fonctions 
qu'il  remplissait  au  parquet;  mais  le  dé- 
partement de  la  Corrèze  le  nomma  de 
nouveau,  en  1818,  à  la  chambre  des  dé- 
putés ,  où  il  a  toujours  voté ,  avec  les 
amis  de  la  charte  et  d'une  sage  liberté. 
A  l'expiration  (le  son  mandat ,  en  1822 , 
M.  Bédoch  a  repris  ses  fonctions  d'avocat 
à  Tulle,  et  n'a  reparu  sur  la  scène  politif* 
que  qu'à  la  dumbre  de  1830.  Il  siège 
presque  constamment  dans  la  commis^ 
sion  des  pétitions ,  dont  il  est  souvent 
rapporteur,  fonctions  dont  il  a  l'habi- 
tude et  où  il  montre  autant  d'impartia- 
lité que  de  connaissances.  Tous  les  partis 
rendent  justice  au  caractère  honorable 
de  M.  Bédoch.  F.  F. 

BEDOUINS  on  Arabes  nomades.  Ce 
peuple  est  répandu  en  Egypte,  en  Syrie, 
dans  les  États  barbaresques  et  dans  d*au- 
trw  parties  de  l'Afrique,  et  parait  être 
originaire  de  l'Arabie  et  des  autres  dé- 
serts de  l'Orient.  La  vie  des  Bédouins  est 
appropriée  au  sol  aride  qu'ils  habitent 
ou  qu'ils  parcourent,  et  leur  caractère 
même  s'est  en  quelque  aorte  modelé  sur 
cette  nature  atare,  dore  et  impitoyable 
qui  les  entoure.  U  règne  néanmoins  une 
grande  variété  entre  les  diverses  tribus  : 
les  unes  ne  sortent  pas  du  désert,  mépri- 
sent tout  travail,  et  vivent  de  brigandage; 
elles  dépouillent  les  caravanes  et  les  voya- 
geurs isolés  qu'elles  guettent  avec  une  pa- 
tience infatigable,  se  partagent  le  butin 
et  le  vendent  aux  marchands  qui  viennent 
chez  elles,  ou  auxquek  ils  envoient  ven- 
dre le  fruit  de  leur  rapine.  D'autres  tri- 
bus établies  sur  la  limite  des  pays  bien 
peuplé^  font  quelque  trafic  avec  eux,  se 


BED 

livrent  u»peu  ^  l'agriculture  el  se  char- 
gent de  guider  et  de  protéger  les  cara- 
vanes sur  les  routes  commerciales.  Cha- 
que tribu  a  sota  cheik  qui  est  à  la  foît  son 
juge  et  son.  commandant.  Ce  titre  de 
cheik  se  prodigue  même  aux  simples  Bé- 
douins ou  du  moins  beaucoup  d'entre 
etix  y  prétendent;  mais  les  fonctions  de 
cheik  sont  héréditaires  dans  une  seule 
famille  de  la  tribu,  et  attirent  un  respect 
général.  Quelquefois  plusieurs  tribus  vi- 
vent ensemble;  d'autres  fois  il  y  a  ini- 
mitié entre  des  tribus  voisines,  et  un  acte 
de  violence  en  provoque  une  longue  suite 
d'autres,  jusqu'à  ce  qu'une  réconciliation 
accompagnée  de  cérémonies  sacrées  y 
mette  fin.  Les  Bédouins  vivent  sous  des 
tentes  où  il  n'y  a  que  quelques  peaux  on 
couvertures  et  quelques  ustensiles;  en 
sorte  qu'une  famille  transporte  aisément 
tout  son  avoir  d'un  lieu  à  un  autre.  Les 
hommes  et  les  femmes  se  couvrent  ha- 
bituellement d'une  chemise  de  toile  de 
coton  bleu;  les  hommes  s'affublent  ordi- 
nairement du  houraous  ou  manteau  de 
laine;  ils  sont  tous  à  cheval  et  bien  ar- 
més. Us  font  consister  leur  luxe  dans  de 
beaux  chevaux  et  des  armes  bien  tran- 
chantes. Cependant  les  riches  aimept 
aussi  la  parure  et  se  couvrent  d'étoffes  fi- 
nes et  de  bijoux.  Ainsi  que  tous  les  Ara- 
bes ,  les  Bédouins  mènent  une  vie  très 
sobre,  aussi  ont  ils  peu  de  maladies;  quoi- 
que  professant  le  mahométisme,  ils  con- 
naissent peu  leur  religion  et  sont  plus 
superstitieux  que  réellement  pieux.  Ils 
sont  les  ennemis-nés  de  la  civilisation,  et 
on  peut  les  regarder  comme  un  des  plus 
grands  obstacles  au  progrès  des  relations 
sociales.  Il  y  a  des  déserts,  que  les  Bé- 
douins rendent  inabordables;  d'autres 
contrées  sont  si  souvent  infestées  par  ces 
brigands  qu'on  n'y  peut  voyager  sans 
courir  de  grands  dangers.  L'armée  fran- 
çaise, pendant  son  expédition  en  Egypte, 
eut  besucoup  à  sonfifrir  des  hordes  de 
Bédouins,  et  dans  la  régence  d'Alger  les 
Français  rencontrent  encore  fréquem- 
ment sur  leur  chemin  les  lances  de  ces 
nomades  du  désert  qui  toutefois  y  sont 
moins  cruels  que  les  Berbères  et  les  Mau- 
res. Foy.  l'art.  BAmBAmiE,  t  III,  p.  29. 

Don  Raphaël,  dans  son  ouvrage  sur  les 
Bedoitias  ou  Jrabts  du  désert  (Pàrift 


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fiED 


(24») 


BCB 


1818,  8  ▼•  îii*18),  a  fait  connaitre  les  di- 
verses tribus  qu'on  rencontre  en  Egypte  et 
en  Syrie.  Parmi  ces  tribus  on  remarque 
les  4i>Ab(lehs  (vojr»)  qui  habitent  près  du 
Fayoum  et  ont  de  nombreux  troupeaux  ; 
les  Hanadoués  dans  la  Haute- £gyple, 
que  Ton  regarde  comme  descendans  des 
anciens  Kx>phtes;  les  Akacés  en  Syrie,  qui 
ê^  chargent  de  Tescorte  des  pèlerins  et 
des  caravanes  sur  la  route  de  la  Mecque, 
elc^^n  connaît  l'hospitalité  des  Arabes 
•ous  leurs  tentes  :  cette  hospitalité  s'allie 
quelquefois  a;vec  une  férocité  impitoya^ 
blé  contre  les  mêmes  éti^anger»  dès  qu'ib 
ont  quitté  la  tente,  et  les  traités  faits  avec 
les  tribus  bédouines  pour  la  sûreté  des 
caravanes  n'empêchent  guère  les  vols 
particuliers.  Les  Bédouins  sont  un  fléau 
attaché au;L  déserts  brùlans  de  l'Afrique  et 
de  l'Asie,  et  dureront  probablement  aussi 
long- temps  que  ces  plaines  de  sable.  D>o. 

BEDRIAC  {Betinacum\  aujourd'hui 
Caneto,  petite  ville  de  la  Gaule  cisalpine 
où  l'empereur  romain  Othoo  fut  vaincu 
par  Vitellhis  l'an  69.  M.  le  général  de 
Vaudoncourt  nie  que  Bedriac soit  le  même 
endroit  que  Caneto;  il  place  l'ancienne 
ville  non  loin  du  P6  e(  sur  la  route  de 
Crémone  à  Mantoue.  S. 

BEEitZÉBUTII  ou  plutôt  Beel- 
Zbbub  (3T3T  773),  dieu  ou  maître-mou- 
che,  divipité  des  habitanvd'Accaron.  Il 
en  est  question  dans  le  premier  livré 
des  Rois.  BeeUZebub,  appelé  aussi  Beel- 
Zebul,  Beelzeboth  (peut-être  de  Bel-ze- 
baolh),  avait  un  temple  à  Accaron.  Ocho- 
zias  ayant  fait  une  chute  dangereuse  en- 
voya consulter  Beel-Zebub  pour  savoir 
s'il  guérirait  de  sa  blessure  (  2  Rois ,  i ,  9 , 
3).  Dans  le  P^ouveau- Testament  (Math., 
XII,  24;  Luc,  xi,  lô;  Marc,  m,  22),Beel- 
zebfib  est  souvent  appelé  le  prince  des 
démons.  Selon  quel(|ues  commentateurs, 
le  nom  de  Beel-Zebub^  ou  Beel-^eùul, 
le  dieu  d'ordure,  n'aurait  été  donné  par 
les  Hébreux  à  cette  divinité  que  par  dé- 
rision, tandis  que  son  véritable  nom  serait 
Beel  duunaïm.  Dieu  du  ciel.  Il  est  plus 
probable  d'admettre  qu'à  Accaron  on 
adorait  la  mouche.  Pline  f/f.  N.  xxx,  11} 
dit  que  les  J^gyptiens,  voisins  des  Philis- 
tins où  était  Accaron,  rendaient  des 
honneurs  divins  à  l'escarbot.  Voy.  Bel 
e^  Paai^  5.  C. 


BEER  (Geokcrs-Jossph}.  Ce  célèr 
bre  oculiste  naquit  à  Vienne  en  1768. 
Les  succès  de  sa  pratique  et  de  ses  ou- 
vrages montrent  combien,  est  profitable 
pour  la  science  et  l'bumanité  l'étude  ap^ 
profondie  d'une  branche  particulière  de 
l'art  de  guérir,  lorsqu'on  s'y  adonne  avec 
une  instruction  générale  solide^  Béer  est 
mort  en  1818  laissant  une  réputation 
européenne,  et  les  nombreux  écrits  qu  il 
a  publiés  sur  l'ophthalmiatrique  de- 
puis 1791,  empreints  d'un  cachet  peu 
brillant,  mais  sévère,  sont  encore  classi- 
ques dans  toutes  les  universités, d'Alle- 
magne et  mériteraient  d'être  plus  connus 
en  France.  T.  C. 

BEER  (Metex),  célèbre  composi- 
teur, plus  copnu  sous  le  nom  de  Meyex- 
BEER.    Voj. 

BEER(MiGHEL),poète  dramatique  alle- 
mand,frère  cadet  du  célèbre  compositeur, 
naquit  à  Berlin  en  1800.  Il  débuts  par 
une  traduction  de  VAristodètne  de  Monti 
et  par  une  tragédie  de  Clxtemnestre , 
essais  qui  portent  déjà  l'empreinte  du 
style  noble  et  brillant  dont  tous  les  ou- 
vrages de  Béer  sont  revêtus.  En  1823 
il  fit  paraître  les  Fiancés  d^Aragon  ; 
en  1826,  dans  VUnmia  (almanach), 
son  Paria  y  tragédie  en  un  acte,  d'une 
grande  simplicité  de  plan  et  d'action, 
mais  d'une  haute  portée  philosophique. 
C'est  une  éloquente  protestation  contre 
l'intolérance  de  quelque  théocratie  que 
ce  soit,  un  cri  du  cœur  échappé  à  un 
dissident;  on  dirait  un  drame  indivi- 
duel ,  joué  dans  les  forêts  du  Gange.  Ce 
Paria  n'a  de  commun  avec  la  tragédie  de 
M.  Delavigne  que  le  titre  et  une  diction 
également  pure,  racinienne.  Vera  1827 
parut  le  Struensée,  à  notre  sens  l'ouvrage 
le  plus  distingué  de  Michel  Béer,  quoi- 
qu'un peu  shalcespéarisant  par  le  mélange 
de  scènçs  populaires,  écrites  en  prose.  Les 
tourmens  d'un  esprit  ambitieux,  pas- 
sionné, qui,  né  dans  la  foule,  cherche 
ses  amours  sur  le  trône,  y  sont  tracés 
de  main  de  maître.  On  condamne,  on 
envie,  on  plaint  Struensée,  le  favori  du 
roi  Christiem  de  Danemark,  l'amant  de 
la  reine  Mathilde,  le  propagateur  en- 
thousiaste des  doctrines  du  xviti^  siè- 
cle. Une  dernière  tragédie,  à  titre  assez 
bizarre,  VÉpée  et  la  main,  a  parueq 


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BÊA 


(?40) 


BES 


lâif  ;  ht  seine  se  passe  en  Allemagne 
sous  lé  régime  napoléonien. 

Michel  Béera  sans  doute  écrit  beaucoup 
de  poésies  lyriques;  nous  n^n  connais- 
sons qu'un  hymne  sur  les  journées  de 
juillet.  Quoique  Allemilnd,  un  séjour  pro- 
longé à  Paris  associait  ses  pensées  et  ses 
inspirations  à  tout  ce  qui  ébranlait  la 
France.  M.  Béer  appartenait  à  cette  gé- 
nération de  jeunes  littérateurs  qui  ser- 
vent de  chaînons  entre  les  deux  pays.  Il 
est  mort  en  1838,  à  Munich,  théâtre  de 
ses  succès  dramatiques.  Toute  la  ville  a 
accompagné  son  convoi.  Dans  ses  papiers 
on  a  trouvé  encore  deux  drames  iné- 
dits. L.  S. 

BEETHOVEN  (Louis  vak)  naquit  à 
Bonn,  lé  16  décembre  1773.  Son  père, 
attaché  en  qualité  de  ténor  à  la  chapelle 
de  Félecteor  de  Cologne,  commença  de 
bonne  heure  son  éducation  musicale. 
Tenant  l'enfant  de  4  ans  sur  ses  genoux, 
il  familiarisait  ses  petits  doigts  avec  les 
touches  d'un  vieux  clavecin.  Blentdt  une 
instruction  plus  suivie  devint  nécessah*e; 
mais  n'y  pouvant  suffire  par  lui-même,  le 
père  confia  son  fils  aux  soins  de  Yan  der 
£den,  organiste  de  la  cour,  reconnu  alors 
pour  le  meilleur  claveciniste  de  la  ville 
de  BOnn.  Les  progrès  rapides  de  l'élève 
répondirent  à  Phabileté  du  maître,  et 
Louis  passa  bientôt  pour  Un  petit  pro- 
dige. Il  étonna  l'électeur  devant  lequel 
on  le  fit  jouer;  et  ce  prince,  ami  des  arts, 
lè  prit  dès  lors  sous  sa  protection  et  se 
chargea  de  pourvoir  à  son  éducation. 
Tan  der  £den  étant  mort,  en  17S2,  son 
successeur  Neefe  reçut  l'ordre  de  diri- 
ger les  éludes  de  Beethoven  aux  frais  de 
l'électeur.  Neefe,  masicien  profond  et 
consciencieux,  donna  à  son  élève  le  goût 
de  la  musique  sévère.  Illlnitia  aux  chefs- 
d'cenvre  de  Sébastien  Bach,  dont  Beetho- 
ven parvint  à  jouer,  à  l'âge  de  13  anS,  le 
recueil  de  préIndes  et  fugues,  connu  sous 
le  titre  de  Clavecin  bien  tempéré  (  fFbhl- 
temperittes  Clavier),  L'exécution  par- 
faite de  cette  GCiivre  difficile  excitait  l'ad- 
mh*atlon  des  connaisseurs;  mais  ce  qui 
valut  au  jeune  artiste  des  suffrages  nni- 
versels,  ce  fut  le  talent  de  l'improvisation 
qoi  se  développa  dès  lors  chek  hii  et  de- 
"^ànt  lequel  plus  tard  Motart  lUi^méme , 

^e  qu'on  raconte,  resu  slopéfiidc.  Dès 


l'âge  de  9  «ns,  Beethoven  avait  fait  qtiel'* 
ques  essais  de  composition.  En  1788  il 
publia  à  Spffe  et  à  Manhetm  d  variation* 
sur  une  marche,  8  sonates  de  clavetin  et 
quelques  chansons.  Il  serait  intéressant 
de  connaître  ces  premiers  essais  qu'il  dés- 
avoua plus  tard  en  ne  i^mmençant  \à 
série  de  ses  œuvres  c(u*à  partir  d'un  ca- 
hier de  trios  qui  parut  plus  tard  àVientie. 

Un  fait  curieux  et  peu  connu ,  c'est 
qu'à  mesure  qu'il  avançait  en  âge  son 
goût  pour  la  musique  s'affaiblit,  et  qu'il 
fallut  toute  la  sévérité  de  son  père  pour 
vaincre  la  répugnance  que  le  jetme  Vlr* 
tuose  témoignait  pour  son  Crt. 

En  1 79 1  Beethoven  reçut  le  titre  d'or* 
ganhte  de  la  cour  avec  l'assurance  d'être 
un  jour  le  successeur  de  Neefe;  il  obtint 
aussi  la  faveur  de  foire  'le  voyage  de 
Vienne  et  un  séjour  de  quelques  années 
dans  cette  capitale ,  au^  frais  de  rél^c- 
tetir.  Il  y  arriva,  en  1792,  muni  d'une 
lettre  de  recommandation  pour  Haydn. 
Celui-ci  le  reçut  avec  bienveilhinoe,  Inats 
sans  sympathiser  beaucoup  avec  un  élève 
dont  le  génie  fougueux  ne  savait  pas  se 
plier  à  ses  idées  et  à  son  goftt  Appelé 
quelque  temps  après  en  Ahgleterre, 
Haydn  adressa  le  jeune  homme  à  son 
ami  Albrechtsberger  (  voy*  ) ,  célèbre 
compositeur  qui  passait  a  Vienne,  et 
même  dans  toute  FAIIemagne,  pour  le 
meilleur  professeur  de  contrepoint.  Ce 
n'est  qu'alors  que  Beethoven  fut  initié 
dans  la  science  de  son  art.  Il  iiiWiA.  avec 
assiduité  les  leçons  de  ce  professeur  et 
conserva  Soigneusement  tous  les  exem« 
pies  qu'il  avait  écrits  sous  loi.  Nous  men- 
tionnons cette  circonstance  pour  signaler 
la  supercherie  d'un  marchand  de  musi- 
que, dont  le  public  a  été  la  dupe.  Ces 
paperasses,  trouvées  dans  la  succession 
de  Beethoven,  fhrent  vendues  à  Penchèrc 
avec  d'autres  manuscrits.  Un  éditeur  de 
musique  à  Vienne,  les  ayant  achetées,  en 
fit  l*objet  d'une  spéculation.  Après  avoir 
fait  arranger  ces  exemples  et  y  avoir 
ajouté  un  texte,  il  publia,  sous  le  titre  à^Ê- 
tudes  de  Beethoven ,  mr  soi-disant  Traité 
<F harmonie  et  de  composition ,  ouvrage 
auquel  Beethoven  n*a  jamais  pensé.  Une 
traduction  française  en  a  été  publiée  à 
Paris. 

Après  avoir  terminé  ton  cours  sous 


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(Ut) 


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Àlbrechtftberger  et  atteint  Je  but  de  son 
•éjoar  à  VieDDe,  Beethoten  devait  re- 
toamer  dans  sa  ville  natale;  mais  là  tout 
était  cbaagé  :  la  oour  D*exifttait  plus  et 
rdectear,  forcé  de  te  réfugier  successi* 
Tement  dans  différentes  villes  de  TA  Ile- 
magne,  chercha  hii-méme  un  asile  à 
Vienne,  oh  il  moumt  en  1801.  Privé  de 
•on  protecteur  et  réduit  à  ses  propres 
moyens,  Beethoven  résolut  de  rester 
daoa  cette  capitale  :  il  y  passait  pour 
la  premier  pianiste  de  l'époqne,  et  quoi- 
qu'il trouvât  dans  Worifl  un  nval  qui, 
sons  le  rapport  de  Phabileté mécanique, 
pouvait  lutter  contre  loi,  son  talent  d'im- 
provisation lui  assurait  toujours  le  triom- 
phe. D^  17^^  îl  avait  publiédiflérenter 
compositions  pour  piano  et  antres  in- 
stmmeni.  Cétait  là  tin  prélude  à  ses 
iprandes  conceptions  futures.  Quelques 
années  plna  tard  il  se  lança  dans  le  grand 
genre  instrumental ,  pour  lequel  il  était 
Dé.  Ce  fut  en  1801  qu'il  donna  sa  pre- 
mière symphonie  en  a/,  et  de  ce  moment 
sa  place  fut  marquée. 

Dans  la  réputation  colossale  dont  il 
jouîssait^alors,  Beethoven  aurait  pu  trou- 
ver des  moyens  d*indépendanée  et  même 
de  fortuneque  Cependant  elle  ne  lui  pro- 
cura point  Son  caractère  bizarre  ne  se 
pliait  pas  aux  usages  et  aux  exigences 
du  monde;  incapable  de  soigner  lui- 
même  ses  intérêts  et  de  mettre  de  l'or- 
dre à  ses  affahres  domestiques ,  il  se  trou- 
vait presque  toujours  dans  l'embarras , 
sans  cependant,  comme  cela  a  été  dit, 
être  réduit  à  la  misère.  Quinze  années 
s'étaient  ainsi  passées  lorsque  Beetho- 
ven, mécontent  de  son  sort  et  impatient 
d'arriver  à  ime  position  solide  et  assurée 
poiup  le  reste  de  ses  jours,  résolut  de 
quitter  la  capitale.  Jérôme  Napoléon,  rot 
de  WestphaUe,  qui  organisait  en  1809 
m  chapelle,  hd  en  offrit  la  direction  à 
des  coâditîons  très  avantageuses.  Beetho- 
ven allait  accepter  lorsque,vpulant  préve- 
nir la  perte  d'un  tel  homme,  l'arcliidoc 
Bodolphe  et  les  princes  Lobkowitz  et 
Kinsky  se  cotisèrent  pour  lui  assurer  une 
position;  ils  lui  présentèrent  un  acte 
009^  dans  les  termes  les  plus  flatteurs  et 
|Bir  leqod  ils  loi  assuraient  une  rente  aa« 
noelle  de  4,000  florins,  sous  la  condition 
de  laater  à  Yienoe  ou  au  moûia  de  se 


pas  quitter  l'Autriche  sans  lenr  consente- 
ment Beethoven  ne  put  résister  aux  ins- 
tances de  l'archiduc,  son  élève,  et  signa 
rengagemeoli 

Rassuré  sur  les  besoins  de  la  vie  et 
débarrassé  de  toute  espèce  de  soucis  in- 
térieurs ,  Beethoven  aurait  pu  vivre  heu- 
reux; mais  un  malheur,  pour  lui  le  plot 
cruel  de  tous,  devait  bientôt  Tatteiodre. 
Il  devint  sourd  I  Tous  les  secours  de  Tart 
(brent  inutiles  et  ne  firent  qu'aggraver 
le  mal  au  point  de  lui  rendre,  dans 
les  dix  dernières  années  de  sa  vie ,  toute 
conversation  impossible,  autrement  que 
par  écrit.  Ce  fut  un  spectacle  vraiment 
affligeant  pour  ses  amis  que  de  le  Voir 
présentant  ses  tablettes  potk*  recueillir 
les  paroles  qu'ils  lui  adressaient  Aussi^ 
dès  lors,  Beethoven  se  résigna  à  une  pro- 
fonde retraite,n'admettant  chea  lai  qu'un 
petit  nombre  d'amis  intimes.  Sa  mélan-* 
c^lie  habituelle  augmenta;  une  méfiance 
ombrageuse ,  compagne  ordinaire  de  la 
surdité  y  s'empara  de  lui ,  et  il  ne  trou- 
vait de  soulagement  pour  les  souffrances 
de  son  ame  que  dans  la  lecture  et  le  tra-* 
vail.  Il  composait  toujouTs.  ï^'entendant 
plus,  pour  ainsi  dire,  la  musique  que  par 
les  yeux,  il  continua d*enfanter des  com- 
positions oh  le  sublime  et  le  bizarre  se 
mêlent  d'une  manière  qui  fait  deviner 
l'état  de  son  ame. 

Toujours  robuste  jusque  là ,  la  santé 
de  Beethoven  s'affaiblit  rapidement  dans 
les  six  derniers  mois  de  sa  vie.  Surpris 
par  un  orage  qui  le  força  de  s'arrêter, 
tout  trempé  de  pluie ,  dans  une  mauvaise 
auberge ,  il  fut  atteîAt  d'un  rhume  violent 
suivi  d'une  inflammation  de  poitrine. 
Le  mal  céda  aux  soins  du  médecin  ;  mais 
ce  ne  fut  que  pour  faire  place  à  une  hy- 
dropisie  qui  vint  le  consumer  lentement. 
En  proie  à  des  souffrances  continuelles, 
Beethoven  attendait  avec  résignation  sa 
mort,  qui  arriva  le  26  mars  1857.  La 
capitale  témoigna  son  estime  pour  le 
grand  artiste  qu'elle  venait  de  perdre 
par  les  funérailles  les  plus  magnifiques  ; 
le  cortège,  auquel  une  foule  Immense 
formait  haie,  se  composait  de  tout  ce 
que  Vienne  possédait  d'illustrations.  On 
exécuta  la  Marche  sur' la  mort  d'un  hé- 
ros, composée  parle  défunt  et  arrangée 
en  harmonie  par  le  inaitre  de  chapelle 


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(252) 


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Seyrried,  €t  un  Miserere  altribué  aiiMÎ 
à  Beclhoven  ^  pour  4  voix  d'hommes  et 
4  trombones,  d  un  effet  imposant.  Huit 
compositeurs,  parmi  tesqu«|a  était  le  cé- 
lèbre Hummel,  portèrent  le  drap  mor- 
tuaire; ce  dernier  jeta  la  couronne  de  laiH 
rier  funéraire  sur  ta 'tombe  de  son  ami. 
Plus  tard  la  sQciété  des  Concerts  spirituels 
donpa  un  grand  concert  dont  le  produit 
était  destiné  à  Térection  d*un  monument 
consacré  à  la  mémoire  de  l'immortel 
compositeur. 

Beethoven  était  d'une  taille  ramassée 
qui  offrait  l'image  de  la  force.  Son  crâne 
se  distinguait  par  un  front  élevé  et  ma- 
jestueux. Sa  physionomie,  pleine  d'éner- 
gie, avait  «a  premier  aspect  quelque 
chose  de  farouche  ;  mais  lorsque ,  dans 
des  momens  de  satisfaction,  uq  doux  sou- 
rire l'adoacis^it ,  quelque  chose  de  gra- 
cieux se  répandait  sur  ses  traits  et  lui 
gagnait  tous  les  cœurs.  Son  caractère  était 
noble  et  d'une  di^oiture  à  toute  épreuve. 

Ne  s'étant  jamais  marié,  il  avaitadopté 
son  neveu  Charles  van  Beethoven  qu'il 
aimait  comme  un  fils  et  dont  il  faisait 
lui-même  l'éd^lK^tion  musicale.  C'était 
UB  véritable  sacrifice  pour  lui  ;  car  rien 
ne  lui  répugnait  tant  que  de  donner  des 
leçons ,  et  il  n'y  a  que  son  compatriote 
Bies  et  l'archiduc  Rodolphe  qui  puissent 
se  vanter  ^d'être  ses  élèves. 
.  Indépendamment  de  son  art,  Beetho- 
ven n'était  pas  sans  instruction ,  comme 
on  l'a  prétendu.  Il  aimait  l'élude  de  l'his- 
toire et  avait  appris  plusieurs  langues 
vivantes.  Sa  conversation  ne  manquait 
pas  d^espri^  et  il  se  plaisait  à  lancer  des 
traits  assez  piquans  contre  la  médiocrité 
de  certains  artistes. 

Nous  venons  de  peindre  l'homme;  il 
nous  reste  à  parler  de  l'artiste.  La  tâ- 
che est  moins  facile  :  il  faudrait  des  vou- 
lûmes pour  l'analyse  de  ses  oeuvres;  nous 
nous  bornerons  donc  à  quelques  ré- 
flexions. Si ,  en  général ,  la  musique  est 
le  plus  romantique  de  tous  les  arts,  ou 
plutôt  le  seiil  qui  le  sort  tout-à-fait, 
Beethoven  doit  être  regardé  comme  le 
représentant  du  romantisme  musical. 
Toutes  les  compositions  de  ce  génie  gi- 
gantesque portent  le  cachet  de  l'origitia- 
lité. Dédaignant  d'imiter  les  autres,  Beet- 
hoven f'eat  frayé  des  routes  oouvelle#| 


et,  an  risque  dé  paraître  bizarre,  il  a 
toujours  voulu  être  lui-même.  Rien  ne  le 
dérouta  dans  la  marche  qu'il  s'était  tra- 
cée. Méconnu  d'abord,  outragé  par  des 
critiques  qui  se  récriaient  contre  des 
innovations  inouïes,  peu  goûté  par  la 
masse  du  public  qui  De4x>uvait  le  com- 
prendre et  le  suivre  dans  des  régions  in- 
connues,  il  n'eut  pour  lui  qu'un  petit 
nombre  d'admirateurs.  Mais  ce  nombre 
s'accrut  bientôt;- et  lorscpie,  se  lançant 
dans  le  grand  genre  instrumental,  il  en- 
fanta ses. symphonies,  i^hefs-d'œuvre  à 
jamais  admirables,'  on  commença  à  ap- 
précier le  génie  créateur  de  ces  concep- 
tions sublimes,  et  les  détracteurs  firent 
place  aux  enthousiastes.  Cependant  on 
attaqua  encore  ses  compositions  vocales, 
et  un  critique  célèbre  ne  craignit  pas  d'é- 
crire que  dans  Fidelio  Beethoven  était 
resté  inférieur  à  lui-même.  Quelques  an- 
nées ont  suffi  pour  faire  justice  de  cet 
arrêt.  Aujourd'hui  Beethoven  est  l'objet 
d'une  admiration  sans  bornes,  je  dirai 
presque  d'un  culte  idolâtre. 

Le  nombre  des  compositions  de  Beetho- 
ven est  trop  considérable  pour  que  nous 
puissions  en  donner  ici  une  liste  étendue. 
On  en  jugera  par  le  résumé  suivant: 

I.  Musique  instrumentale  .*  1 0  sym- 
phonies à  grand  orchestre,  y  compris  la 
Bataille  de  Fittoria;  8  ouvertures,  dont 
quelques-unes  avec  entr*actes,chœur8,etc. 
pour  différentes  pièces  de  théâtre;  8  œu- 
vres pour  harmonie. , —  Pour  le  violon  : 
1  concerto,  1  septuor,  1  sextuor,  8  qui»- 
tuors,  17  quatuors,.  6  trios.  —  Pour  le 
piano  :  6  concertos,  1  concédante,  1  fan- 
taisie avec  orchestre  et  chœur,  1  quin- 
tuor,  4  quatuors,  7  trios,  17  duos  ou 
sonates  avec  accompagnement  de  violon 
ou  violoncelle,  32  sonates  pour  le  piano 
seul;  une  foule  de  variations aVec  et  sans 
accompagnement,  des  rondos,  fantaisica^ 
préludes,  marches,  bagatelles,  etc. 

IL  Musique  vocale  :  2  grand'mes- 
ses;  le  Christ  au  mont  des  Oliviers,  ora- 
torio; Fidelio,  opéra  en  2  actes;  Scena 
ed  Aria  (  Ah! perfido!)  avec  orchestre; 
Adélaïde,  cantate  avec  piano;  35  ohan» 
sons  écossaises  avec  chosur  et  accompa- 
gnement de  piano,  violon  et  basse,  eC 
une  quantité  de  morceaux  de  chant,  è 
une  ou  plusieurs  voix,  aur  des  textes  de 


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BEE 

Goçthe^   Mttthisson   et  autres  poètes. 

On  a  publié,  à  Leipzig,  un  Catalogue 
thématique  des  composilious  instrumen- 
tales de  Beethoven.  11  ne  va  que  jusqu'à 
Tœuvre  102^ ,  et  il  serait  à  désirer  qu'on 
en  donnât  la  suite;  car  ce  n*est  qu'à  l'aide 
d'un  tel  caUlogue  qu'on  peut  distinguer 
les  œuvres  originales  des  innombrables 
amingemens  que  les  marchands  de  mu- 
sique ont  fait  faire  de  toutes  leâ  compo- 
sitions de  Beethoven. 

Quant  à  la  biographie  du  grand  hom- 
me, un  ouvrage  spécial  reste  toujours  à 
faire;  car  on  n'a  encore,  outre  les  articles 
de  journaux,  qu'une  mince  et  mauvaise 
brochure  allemande  par  Schlosser,  et  la 
notice  en  tête  des  Études,  esquisse  trop 
incomplète  pour  mériter  le  titre  de  bio- 
graphie. 

L'esthétique  allemande  s'est  beaucoup 
occupée  de  Beethoven  et  de  l'analyse  de 
ses  œuvres.  De  tout  ce  qu'où  a  écrit  sur 
lui,  le  passage  suivant  me  parait  le  plus 
sublime  :  «  Beethoven,  a  dit  un  auteur 
dont  le  nom  m'échappe,  est  le  naviga- 
teur le  plus  téméraire  sur  l'océan  de  Thar- 
monie.  Quelquefois  il  s'égare^  on  le  perd 
de  vue;  nuis  bientôt  il  revient,  et  ce  n*est 
janmis  sans  avoir  découvert  un  nouveau 
monde.  »  G.  £.  A. 

R-FA  j  B-Mi.  Ces  dénominations,  qui 
étaient  autrefois  en  usage  chez  les  musi^ 
ciens  de  toutes  les  nations,  ont  cessé  de 
Fétre  depuis  long-temps  en  France,  en 
Allemagne,  en  Angleterre  et  dans  les 
Pays-Bas;  mais  elles  ont  été  conservées 
dans  la  solmisation  des  écoles  italiennes. 
Dans  ces  écoles,  on  continue  d'appeler 
mitt/a  les  deux  notes  entre  lesquelles 
il  se  trouve  un  demi-^on,  soit  que  ce 
demi-ton  ait  sa  place  entre  la  troisième 
note  de  la  gamme  et  la  qiMtrième;  soit 
qu'on  le  rencontre  entre  le  septième  de- 
pé^  ou  la  note  sensible,  et  la  tonique.  Par 
exemple,  si  |)  se  nomme  B'^rni,  si  \^  est 
B-fa,  Cela  est  fondé  sur  ce  que  B-mi 
est  toujours  la  note  inférieure  du  demi- 
ton^  tandis  que  B'-fa  en  est  la  note  su- 
périeure. Ce  mode  de  solmisation  est 
soavent  cause  de  grandes  incertitudes 
dans  le  nom  des  notes.  Foy.  Solmisa- 
Tiow.  E.  F-s. 

^FANA  {/ant6me)y  espèce  de  man- 
nequin costumé  et  de  sexe  féminin  qui 


(?5J)  BEF 

figure  dans  une  procemion  burlesque 
ayant  lieu  à  Florence,  à  Rome  et  dans 
quelques  autres  villes  d'Italie  pendant  le 
carnaval  et  à  i'époque  de  la  fêle  des  rois. 
Voy,  Caenayal.  C.  L,  m, 

BEFFROI.  Dans  le  Glossaire  latin 
de  Ducange,  ce  mot  se  trouve  traduit  par 
les  mots  de  basse  latinité  belfredus,  ter^ 
fredusy  verfredus,  herefridus,  bilfre* 
dus,  hejfrtit,  bclfragiunu  D'abord  on 
appelait  beffroi  une  machine  de  guerre 
construite  en  bois  et  en  forme  de  tour,  à 
plusieurs  étages,  montée  sur  quatre 
roues,  couverte  de  cmirs  ou  de  peaux 
pour  amortir  inaction  du  feu,  et  asset 
haute  pour  arriver  au  niveau  des  murs 
d'une  forteresse.  Dans  les  étages  supé- 
rieurs se  plaçaient  des  soldats  qui  lan- 
çaient continuellement  des  traits  sur 
l'ennemi  ;  dans  le  bas  étaient  des  hom- 
mes vigoureux  chargés  de  mouvoir  la 
machine  et  de  la  pousse^r  près  des  murs. 
Puis  on  donna  le  nom  de  beffroi  à  ces 
tours  assez  élevées  que. Ton  construisit 
dans  les  villes  et  les  forteresses,  au  haut 
desquelles  veillaient  des  gardes  qui,  en 
mettant  en  branle  une  cloche,  avertis- 
saient les  habitans  de  l'approche  de 
l'ennemi  et  les  appelaient  ainsi  aux 
armes.  Lorsque  les  communes  s'éta- 
blirent en  France,  le  premier  acte  de 
la  confédération  ou  commune  fut  gé- 
néralement l'occupation  d'une  tour  à 
laquelle  on  donnait  le  nom  de  beffroi, 
et  où  l'on  plaçait  une  cloche.  La  pre- 
mière clause  du  serment  des  communiers 
était  de  se  rendre  en  armes,  dès  que  la 
cloche  du  beffroi  sonnerait,  sur  la  place 
d'armes  qui  leur  était  assignée,  pour  se 
défendre  les  uns  les  autres^  Cette  cloche 
s'appelait  dans  le  latin  du  temps  cant" 
pana  bamnaUs,  et  en  français  banch- 
que  (cloche  du  ban),  parce  qu'elle  ser- 
vait a  convoquer  tous  les  individus  de- 
meurant dans  le  ban  ou  district  de  la 
ville.  Le  droit  de  beffroi  était  donc  un 
de  ceux  qui  constituaient  la  commune, 
comme  il  résulte  d'un  arrêt  de  Charles- 
le-Bel,  donné  à  Paris  en  1829,  et  qui 
enlève  à  ta  ville  de  Laon  les  droits  d'é- 
chevinage,  de  collège,  de  mairie,  de  sceau, 
de  cloche,  de  beffroi  et  de  juridiction. 

Quelques  auteurs  Ont  dérivé  brffroi  du 
saxon  et  du  tudesque  beU^  cloche,  et 


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BEF 


(254) 


BEG 


ffiedf  p«b,  •(  iU  tradaîsent  ew  mots  par 
cloche  de  la  commune,  parce  qu'en  effet 
plu»  4'uQe  foû  on  troure  la  commune  dé- 
fignée  par  le  nom  de  paix  {pe^y  Quoi 
qu'il  en  aoity  on  trouve  ce  mot  écrit  de 
di¥erse«  manière»  dana  not  vieilles  cou- 
Utmes  i  befroy ,  beaufroy  y  bdlefroy ,  ete. 
Enfin  encore  aujourd'hui  on  appeUe  be^ 
froy  la  charpente  qui  soutient  les.doohes 
dans  les  clochera.  Fcty,  Tocsin.  A.  S-n. 
BSFFRQY  (muaique),  voy.  Tax- 

7AM.  «. 

BEFFROY  DE  REIGIIY  (Lovi^ 
JkMKL)  eat  plus  connu  aoua  le  nom  de  Cou- 
sin Jacques,  espèce  de  sobriquet  qu'il  a'é» 
tait  donné  lui-même.  Né  à  Laon,  en  1 767, 
il  oommençii  à  se  faire  connaître  dans  la 
capitale  en  1 7S&,  par  la  publication  de  aes 
Lunes,  C'était  un  recueil  littéraire  et  pé* 
riodique  où  il  y  avait  parfois  de  l'esfrît 
et  souvent  de  la  malice  et  de  la  gailé.  £n 
1789)  i(  fit  Jouer  une  pièce  à  alkiaions 
politiques,  Nicodème  dans  la  lune^  qui 
obtint  une  vogne  prodigieuse.  Se  vouant 
alora  au  théâtre,  «1  y  donna  successive- 
ment plusieurs  ouvrages  qmi  durent  aussi 
de  grai^ds  succès  plutôt  aux  circonstan- 
ces qu'à  leur  propre  mérite.  Quelques- 
uns  même,  entre  autres  TuHututu  et  la 
peùte  Nanette,  firent  ombrage  ^ux  poi»- 
voira  du  temps  et  furent  interdits  ou 
8na|)endus..  Pk»  tard,  le  Cousin  Jacques, 
s*exagérant  un  peu  sa  puissance  d'écri- 
vain, voulut  résumer  et  juger  toute  la  ré- 
volution dans,  un  I>ictionfHÙre  néologi- 
que  des  hommes  ei  des  choses,  dont  la 
publication  éprouva  bientôt  des  entraves 
de  la  part  du  gonvemement  consolaMre 
(U  fut  arrêté  à  la  lettre  C  qui  n'est  qne 
commencée  )l  Beffroy  se  retira  alors  dans 
un  village  près  de  Paria,  où  il  est  mort 
en  1810,  oublié  d'un  publie  qui  s'était 
autrefois  beaneoup  plus  occupé  de  lui 
que  d'amtewra  d'un  talent  bâsn  supérieur 
àu  sien»  M.  O. 

BEG,  qu'on  proonnee  a«ssi  bey,  mot 
turc  qui  sigmfie  seigneur.  C'est  un  tkre 
fort  usité  chea  les  penp&es  de  race  tur- 
qiM,  et  qui,  placé  après  le  nom  propre, 
indique  un  hômmoau-de9sus.du  vulgaire. 

Bbguuuwqi,  mot  composé  qui  signifie 
littéralement  êeg^des  èegm.  Ce  tîlrey  ckea 
les  Turcs  othomans,  a  jusque  dans  ces 
dimiera  temps  désiçié  les  fou^ 


généraux  de  provinces.  Ainsi  on  abtcn^ 
dait  par  le  beglerbeg  de  Romélie  un  dief 
supérieur  de  qui  relevaient  les-goover* 
neurs  particuliers,  non-seulement  de  la 
Romélie  proprement  dite,  mais  de  Tbes« 
salie,  de  l'Épire,  eta  R. 

BÉGAIEMENT  (PselIisme),  infir. 
mité  fort  eommune  et  qui  consiste  dans 
une  difficulté  pins  ou  moins  grande  de 
parler.  Tantôt  c'est  une  hésitation ,  une 
répétition  saccadée  d'une  on  de  plusieurs 
syllabes,  tantôt  c'est  nne  suspension  pé- 
nible et  comme  convulsive  de  l'articul»- 
tion  des  sons.  Tous  les  bègues  ne  le  sont 
pas  de  la  même  façon;  les  uns  s'arrêtent 
seulement  avant  de  prooonocr  la  pro- 
mière  syllabe  ;  les  autres  ne  sont  arrêtés 
qne  par  certaines  lettres  ;  'd'autres  encore 
oDt  à  la  fois  plusieurs  vices  de  pronoo<* 
ciation.  Enfin  on  en  ^mit  ffnerqiics-uns , 
rares  à  U  vérité,  diez  lesquels  Faction 
de  parler  s'accompagne  de  grimaces ,  do 
contorsions  extrêmement  fatigantes  après 
lesquelles  ils  ne  foot  entendre  encore  qnn 
des  Sons  presque  inarticulés. 

On  ignore  tout>-à-favt  la  arase  dn  bé- 
gaiement, et  l'on  ne  troove  cbey  le  ptn- 
pnrt  des  sujets  aucun  moyen  ds  FexpK- 
qner  par  la  conformation  des  parties. 
D'ailleurs  les  vices  de  prononciation  fftà 
dépendent  de  k  longueur  et  de  la  briè- 
veté de  la  bngue,  de  Fabsenee  d'une  on 
de  plusienrs  dents,  ne  peuvent  être  nssi* 
mUés  an  bégaiement,  lequel  peut  prendre 
place  parmi  les  affections  nerveuses ,  si 
l'on  doit  nommer  ainsi  tontes  celles  dont 
les  causes  échappent  à  nos  recberefaes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'observation  noils 
montre  qnek  bégaiement  est  pins  ooi»- 
mnn  cnez  les  sn^ets  timides  e»  suscepti- 
bles; qu'il  se  propage  par  îmilatîen,  qu*il 
augmente  tontes  les  fois  qne  lé  sujet  esC 
sous  l'impression  d'tm  trooblo  q«elcon- 
quoh  Enfin  il  disparait  temporatremenC 
on  pour  toujours  dès  que  Et  maMo  est 
sonmts  è  une  volonté  énergfqn»,  que  en 
soit  la  sienne  on  eeHc  d'un  suCre.  On  re- 
marque aussi  que  dans  le  dmnt,  dans  (a 
déelamation  der  vers,  le  bégaiement  cesse 
en  général  de  se  fiUre  sentir;  cp'avee 
l'âge  il  s'af&iblit,  qu'il  semble  suivre 
ches  qudques  personnes  les  variations  dé 
l'atmosphère,,  et  qn^il*  présente  des  inter^ 
prolongées^ 


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BËG 


(255) 


BEG 


L'homme  est  plus  fréquemment  que 
la  femme  atteint  de  cette  infirmité  qui 
exerce  sur  les  dispositions  morales  une 
influence  incontestable.  On  voit  en  effet 
les  bègues  être  généralement  taciturnes 
et  réfléchis,  comme  aussi  les  attaques  fré- 
quentes auxquelles  ils  sont  trop  souvent 
exposés  les  rendent  irascibles  et  vio- 
lens.  On  à  établi  des  divisions ,  qu*on  a 
trop  multipliées  peut-être,  d*aprèa  les 
nuances  que  présente  le  bégaiement;  ainsi 
M.  Malebouche  en  admet  neuf  espèces,  sa- 
voir: 1^  Timpossibilité  momentanée  d'ar- 
ticuler; 2*^  doublement  précipité  des  syl- 
labes j  8^  arrêt  de  la  parole  par  habitude 
d'esprit;  4***  bredouillement;  6^  zézai- 
ment;  6"*,  7**,  8°  et  9*^  difficulté  pour 
les  lettres  (d^ avant,  de  haut,  d'arrière,  etc. 
pour  les  articulations  p,  L  X*.  M.  Deleau 
reconnaît  trois  bégaiemens  :  le  lingual  ou 
loquace,  le  labial  ou  difforme,  enfin  le 
douloureux  ou  muet. 

Le  traitement  du  bégaiement  a  son,Tent 
été  entreprb  et  avec  des  succès  varial^les* 
On  n'a  jamais  réussi  par  Les  médicamens 
dirigés  contre  des  causes  toutes  bypothé* 
tiques;  ainsi  les  toniques,  les  débilitans, 
les  révulsifs  ont  été  tour  à  tour  employés 
selpn  qu'on  a  cru  avoir  besoin  de  fortl^ 
fier  ou  d'affaiblir  les  organes,  ou  bien 
au  contraire  d'appeler  loin  d'eux  une 
humeur  ou  une  irritation  qui  aurait  en- 
travé le  libre  exercice  de  leurs  fonctions. 
L'examen  attentif  des  cas  de  guérisoa  a 
fait  voir  clairement  qu'il  valait  mieux 
observer  la  manière  dont  la  langue  et  les 
lèvres  fonctionnaient  dans  l'action  de 
parler  que  de  fabriquer  de  vaines  théo- 
ries; en  effet,  les  sujets  qui  ont  guéri  ont 
été  des  gens  d'une  volonté  très  pronon- 
cée qui  se  sont  soumis  eux-mêmes  à  un 
exercice  constant  et  méthodique  des  or- 
ganes de  la,  parole  et  de  la  respiration, 
ou  bien  des  personnes  d'une  disposition 
d'esprit  analogue  et  portant  intérêt  aux 
malades,  )es  ont  amenés  avec  adresse  à 
pratiquer  sans  interruption  cette  gym- 
nastique sans  laquelle  il  n'est  pas  de  gué- 
rison. 

Tel  a  été  tout  le  secret  d'une  dame 
Leigh  qui,  en  Amérique,  paya  l'hospi- 
talité qu'elle  avait  reçue  d'une  famille  en 
guérissant  un«  jeupe  fille  bègue  qui  en 
faisait  paitia.  Cette  dame  ayant  étudié 


avec  soin  la  malade  reconnut  que,  dans 
le  moment  de  l'hésitation,  la  langue  sé- 
journe dans  la  partie  inférieure  de  U 
bouchci  la  pointeiirrétée  derrière  les  in* 
cisives  d'en-bas,  et  qu'à  l'instant  ou  la 
difficulté  est  surmontée  l'organe  se  dé* 
place  et  se  porte  vers  le  palais.  £lle  oeo^ 
dut  de  là  qu'on  arriverait  à  la  guérisoa 
si  l'on  pouvait  habituer  les  bègues  à  par* 
1er,  la  langue  appliquée  contre  le  paUis. 
C'était,  il  est  Tffai,  «jubstituer  un  vice  de 
prononciation  à  un  autre;  car  de  cette 
manière  la  prononciation  est,  oonsme  oa 
dit ,  empâtée;  mais  c'était  le  vice  dia* 
métralement  opposé ,  et  l'on  pouvait  fsr 
pérer  que,  livrés  à  eux-mêmes,  let  sujets 
arriveraient  à  un  termes  moyen  avanta*- 
geux. 

Ses  tentatives  réussirent,  et  depiùf,  d« 
nombreuses  expériences  faites  dans  cette 
même  direction  ont  été  généralement 
fructueuses,  lorsqu'elles  ont  été  laites  par 
des  personnes  courageuses  et  persévéran- 
tes. D'ailleurs  les  exemples  de  guérison 
sont  nom|>reux.  Outre  ceux  qui  furent  ob- 
servés eu  Amérique,  plusieurs  eurent 
pour  témoins  les  commissaires  de  l'Aeie 
demie  royale  des  sciences  qui  furent  ap- 
pelés à  examiner  la  méthode  d^  traitement 
de  madame  Leigh ,  importée  par  M.  JBIa-> 
lebouche.  Un  des  plus  remarquables  est 
celui  d'un  homme  qui  à  l'âge  de  33  ans 
parvint  en  8  jours  à  se  guérir  asses  par- 
faitement pour  pouvoir  se  Uvrer  à  la  pr^ 
dica^on.  Le  fait  dominant  dans  cea  ob-* 
scrvations,  c'est  la  résolution  et  la  peraé^ 
vérance  des  sujets  :  qn  en.  voit  un  qui»,  à 
force  de  pratiquer  les  exeiTcicesprescrita, 
éprouve  de  vives  douleurs  dans  la  langue 
et  la  mâchoire,  et  un  autre  qui  travail- 
lait nuit  et  jour  indistinctement.  Le  suc- 
cès a  été  en  raison  bi/en  plus  de  l'activité 
des  malades  que  du  peu  d'intensité  de  la 
maladie.  Ainsi,  des  bèg^iea  presque  iniur 
telligibles  ont  guéri ,  tandis  que  d'autnes, 
n'ayant  pas  spivi  la  méthode,  ont  oonservé 
leur  infirmité. 

Voici  d'ailleurs  en.  peu  4e  mots,  les 
principes  et  les  procédés  de  k  méthode. 
Il  s'agit  de  rompre  complètement  lee  l^ai* 
bitudes  acquises  et  d'en  oontipaeisp  de 
nouvelles  ;  pour  cela  on  oooeeille  de  con- 
damner les  malades  à  un  silence  absolo 
bon  le  temps  des  exerakes^  «^  dift  les 


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ÈEG 


i^ntrfttndre  à  exprimer  leors  besoins  par 
signes  ou  par  écrit.  Cette  condition  est 
d'une  haute  importance  pour  les  exerci- 
ces qui  doivent  être  fréquemment  renou- 
velés (une  heure  de  repos  et  une  heure 
de  travail);  ils  doivent  consister  dans  une 
lecture  faite  lentement  et  pendant  la- 
quelle on  fait  prononcer  le  malade,  en 
tenant  sa  langue  appliquée  contre  le  pa- 
lais, le  phis  exactement  et  le  plus  cons- 
tamment possible.  D'abord  l'articulation 
des  sons  est  xonfuse  ^et  embaiTassée  et 
le  sujet  éprouve  une  fatigue  douloureuse; 
mais  peu  à  peu  les  difficultés  s'aplanis- 
sent et  il  est  récompensé  de  ses  efforts 
par  uoo  entière  guérison.  On  réussit  éga- 
lement bien  de  cette  manière  quelle  que 
soit  la  forme  particulière  du  bégaiement; 
et  non -seulement  on  n'observe  pas  de 
récidive,  mais  même  les  sujets  guéris  ne 
conservent  rien  qui  puisse  leur  rappeler 
qu'ils  ont  été  bègues. 

La  méthode  américaine,  outre  qu'elle 
est  sanctionnée  par  l'expérience,  est  sa- 
tisfaisante sous  le  rapport  théorique,  en 
ce  qu'elle  repose  sut  l'observation  exacte 
du  mécanisme  de  la  parole  chez  les  bè- 
gues ;  elle  est  préférable  à  l'introduction 
des  cailloux  et  autres  corps  étrangers 
dans  la  bouche,  en' ce  que  le  sujet  étant 
plus  constamment  actif  contracte  Thabi- 
tude  de  commander  à  ses  organes.  Il  est 
à  remarquer  d'ailleurs  qu'en  plaçant  un 
corps  étranger  sous  la  langue,  on  l'em- 
pêche de  rester  constamment  à  la  partie 
inférieure  de  la  bouche.  M-ib. 

BBGONIAy  genre  de  plantes  dont 
M.  Bonpiand  a  fait  une  famille  naturel- 
le, et  qui  appartient  aux  polygonées  de 
Jussieu  et  à  la  monœcie  polyandrie  té- 
tragynie  de  Linné.  Les  espèces  en  sont 
assez  nombreuses  et  ré^ndues  dans  di- 
verses cohtrées;  elles. ont  en  commun 
une  acidité  fort  remarquable  due  à 
Toxalate  de  potasse  qu'elles  contiennent 
en  quantité  assez  grande  pour  qu'on 
puisse  l'extraire.  Aussi  en  connait-on 
plusieurs  sous  les  noms  ^oseille  sauvage 
ou  é*osei/le  des  bois.  D'ailleurs  on  leur 
a  prêté  contre  le  scorbut  et  les  hémor- 
rbagies  des  propriétés  médicinales  b^u- 
coup  moins  bien  établies  qu'on  ne  serait 
porté  à' le  croire  d'après  les  auteurs  qui 
en  recommaiident  remploi.  F.  R. 


(  256  )  BÈH 

BÉGUINSet  BécHARDS,et,s'il  est  que». 
tiondéfemmeSjB^GUiNKsetBÉcuTTEs.Ce 
mot  sign  i  ûequi  demande,  qui  prie,  d  u  mot 
beggen,  demander.  On  donne  ces  noms  à 
des  personnes  qui ,  sans  avoir  prononcé 
des  vœux  monastiques  et  sans  s'être  as- 
treintes aux  règles  d'un  ordre,  se  sont 
réunies  pour  faire  des  exercices  de  piété 
et  de  bienfaisance,  et  ont  formé  des  so- 
ciétés duns  des  maisons  dites  Béguine- 
ries  ou  BégUinages ,  souvent  richement 
dotées,  et  où,  vivant  en  commun,  elles 
se  distinguent  par  l'activité,  la  piété, 
la  retraite,  et  par  les  soins  donnés  à  l'é- 
ducation de  la  jeunesse.  Il  y  a  eu  de  ces 
sociétés  en  Allemagne  et  dans  les  Pays- 
Bas,  dans  le  xii^  et  dans  le  xiii^  siècle. 
C'étaient  les  piétistes  du  moyen-âge,  et 
ils  eurent  beaucoup  à  souffrir  de  la  ja- 
lousie des  ordres  religieux.  On  les  a 
quelquefois  confondus  avec  les  loi- 
hards,Le$  béguines  se  conservèrent  long- 
temps en  Allemagne,  où,  à  l'époque  de 
la  réforme,  elles  étaient  appelées  See^ 
lenweiber,  femmes  des  âmes,  parce 
qu'en  effet  elles  avaient  soin  de  l'arae 
des  personnes  de  leur  sexe.  Dans  les 
Pays-Bas  il  s'en  trouvait  encore  vers  la  fin 
du  xYiii^  siècle.  Les  repenlans  et  les 
repentantes,  vivant  en  commun  sans 
autorisation  du  pape  et  sans  institutions 
fixes,  peuvent  être  comptés  parmi  les 
béguines.  Les  repentans  (  Reuer  )  par- 
coururent l'Allemagne  comme  pénitens, 
dans  le XII®  et  dans  le  xin.^  siècle.  Les Fra- 
ticelles  on  Frérotes,  restes  des  Tertiaires 
de  l'ordre  de  saint  François,  éteints  depuis 
1260,  rentrent  dans  la  même  catégorie. 
Il  y  a  encore  en  Allemagne  des  maisons 
béguines:  ce  sont  des  institutions  pieuses 
où  des  personnes  du  sexe  trouvent, 
comme  célibataires,  le  logement  et  quel- 
quefois d'autres  avantages.  Voir  Mos- 
heim,  De  beghardis  et  beguinabuscom- 
mentatio,  Leipz.,  1790.  CX. 

BEHAIM  (  Ma&tiit  ),  célèbre  astro- 
nome et  voyageur  auquel  quelques-uns 
ont  attribué  la  première  idée  de  l'exis- 
tence de  l'Amérique ,  dont  il  aurSiit  fait 
part  à  son  ami  C.  Colomb.  Maximilien 
l'honorait  comme  le  plus  grand  voya- 
geur de  t Empire, 

Il  appartenait  à  la  famille  bohème  de 
Scfawarzbach  et  naquit  à  Nuremberg  vers 


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BBH 


(257) 


BEI 


1480.  Il  se  voua  au  commerce^  et  c*est 
dans  des  inléréts  mercantiles  qu'il  fit  ses 
premiers  voyages.  Mais  comme  il  avait 
lait  de  bonnes  études  nautiques  et  ma- 
thématiques ,  il  se  laissa  entraîner  à  Lis- 
bonne, en  1480,  par  l'enthousiasme  des 
grands  voyages  qui  s'était  emparé  de 
tous  les  esprits.  Il  accompagna  Diego 
Cano ,  fit ,  dit-on ,  plusieurs  découvertes, 
et  contribua  à  celles  des  Açores.  A  son 
retour  il  fut  armé  chevalier  par  Jean  II, 
et  alla  ensuite  visiter  sa  ville  natale.  On 
montre  encore  à  Nuremberg  le  globe  qu'il 
fit  à  la  prière  de  quelques  amis;  c'est  un' 
monument  de  l'ignorance  du  temps  sur 
la  véritable  configuration  de  la  terre. 
Âpres  avoir  fait  quelques  autres  voyages 
Martin  Behaim  mourut  à  Lisbonne  en 
1506.  J.  H.  S. 

BEHEMOTH.  Job  (xt,  10)  parle 
d'un  animal  qui  porte  ce  nom ,  et  il  en 
décrit  les  propriétés.  Selon  Bochart  c'est 
l'hippopotame  ;  d'autres  croient  que 
c'est  l'éléphant,  le  bœuf  ou  encore  le 
crocodile  ;  selon  les  Pères  c'est  le  démon. 
Beherooth  en  hébreu  signifie  €ies  hétes 
et  se  dit  du  gros  bétail.  Selon  les  rab« 
bins  c*est  le  Leviathan,  animal  que  Dieu 
destine  au  repas  des  élus  israélites  au 
temps  du  Messie.  Ces  rêveries  n'ont  ja- 
mais eu  beaucoup  de  fondement  parmi 
les  Israélites  mêmes.  S.  C. 

BEHRING,  voy,  Bering. 
BEIRA  y  voy.  Portugal. 
BEIRARTAR  (Mustapha  ),  grand- 
visir  de  la  Sublime-Porte  en  1809,  ap- 
porta dans  cette  haute  charge  un  ca- 
ractère et  des  lumières  qui  ne  pouvaient 
sympathiser  avec  les  goûts  et  les  mœurs 
d'un  peuple  encore  imbu  des  préjugés 
les  plus  absurdes.  Ses  premiers  regards 
se  portèrent  sur  la  nécessité  d'introduire 
dans  l'armée  turque  l'organisation  et  la 
discipline  européenne  ( iV/^om/  Gedid\ 
D'habiles  officiers  français  et  allemands 
furent  choisis  pour  enseigner  les  ma- 
nœuvres à  de  jeunes  soldats  ;  on  ouvrit 
une  école  d'artillerie,  et  les  mathémati- 
ques devinrent,  pour  la  première  fois, 
Fétude  et  l'application  des  sectateurs  du 
Koran.  Ces  innovations  furent  accueil- 
lies par  des  murmures;  il  se  déclara  une 
forte  opposition,  et  on  rejeta  surtout 
l'usage  de  la  baïonnette.  Mais  Beiraktar, 

Rncyclop,  d.  G.  d.  M.  Tome  IIL 


doué  d'une  vilonté  ferme  et  penévé». 
rante,  convaincu  d*ailleurs  du  bien  qui 
devait  résulter  de  son  nouveau  système 
pour  une  nation  si  en  arrière  de  La  civi- 
lisation des  autres  peuples  de  l'Europe, 
fit  punir  les  mécontens.Ces  punitions  fi- 
nirent par  exaspérer  les  esprits,  et  le» 
janissaires,  s'indignant  déjà  d'obéir  à 
des  infidèles,  levèrent  l'étendard  de  la 
révolte  et  jurèrent  la  perte  du  graed- 
visir.  Secondés  fvtr  une  populace  en  fu- 
rie, ils  vinrent  sur  le  champ  attaquer  le 
sérail.  Les  nouvelles  troupes,  qu'avait 
formées  le  visir,  opposèrent  une  grande 
résistance;  mais  une  flotte,  qui  se  trou- 
vait dans  le  canal,  s'étant  déclarée  pour 
les  révoltés  et  ayant  dirigé  son  feu  con- 
tre le  sérail,  il  fallut  céder  au  nombre. 
Mustapha,  conservant  alors  tout  son 
sang- froid  et  son  courage,  et  ne  voulant 
pas  tomber  vivant  entre  les  mains  de  ses 
ennemis,  se  fit  sauter  avec  la. partie  du 
palais  qu'il  habitait.  F.  R-o. 

BEIRAM.  Les  Mahométans appellent 
ainsi  les  deux  seules  fêtes  dont  la  célébra- 
tion est  rangée  par  l'islamisme  au  nombre 
des  devoirs  religieux.  La  première,  ou 
le  grand  Betram ,  se  célèbre  le  10®  jour 
du  dernier  mois  de  leur  année.  C'est ,  d'a- 
près quelques  auteurs ,  en  commémora- 
tion du  pèlerinage  de  la  Mecque  que  tout 
musulman  doit  faire  dans  ce  mois,  au 
moins  une  fois  dans  sa  vie.  La  deuxième, 
ou  \e petit  Beïram,  tombe  le  1  *'de  la  lune 
de  Chaval  ;  elle  dure  3  jours ,  commence 
aussitôt  que  certaines  personnes  dési- 
gnées à  cet  effet  ont  annoncé  l'apparition 
de  la  nouvelle  lune,  et  se  célèbre  dans 
tous  les  pays  mahométai^,  ^t  surtout  à 
Constantinople ,  avec  une  extrême  ma- 
gnificence. Les  principaux  officiers  de 
l'empire  y  reçoivent  des  présens  de  leurs 
subordonnés;  les  Européens  même  en  font 
aux  fonctionnaires  d'un  ordre  inférieur , 
et  le  Grand-Seigneur  distribue,  à  l'occa^ 
sion  de  cette  solennité ,  des  largesses  et 
des  faveurs.  Comme  elle  met  fin  aux  jeA- 
nes  pénibles  du  Kamazan,  elle  est  pour  le 
peuple  l'objet  de  grandes  démonstrations 
de  joie,  et  passe  même  dans  l'opinion  vul- 
gaire pour  le  grand  Beîram.  — >  Cette  fête 
est  essentiellement  mobile  et  tombe  suc- 
cessivement à  chaque  saison  et  à  chaque 
mois  de  l'année.  Cette  singularité  s'ex- 

17 


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BEI 


(258) 


BËK 


lltlcfiië  facilement  par  rîirffjeclîoti  du  ca- 
lendrier des  musulmans,  qui  cdmptent 
pitf  adtîéeS  Idtiaires.  Ces  deux  Beîràm  se 
suivent  à  peu  près  comme  Pâqtte^  et  là 
Pentecôte  cHez  lés  chrëtleils.         L.  N. 

bElilAM  (HAbii] ,  saint  très  révéré 
dèè  Turcè,  dont  le  îioni  dérlte  J[)ëut- 
être  j  par  cdrruption,  du  mdt  perSaii  baha- 
rûm.  Il  Ait  cheikh  et  fondateul*  d'tm  dr- 
dlré  dé  derviches  qu'il  àjipcîsl  Beihami: 
Né  k  Sal,  tillagë  ^rèîf' d'Angora,  lion 
ld!n  dti  fleaVé  T^hduhoùkfchou,  Il  tilou- 
rirt  éh  ôre  (âh  de  J.-C.  147i).  Sdn  tom- 
beau était  un  lieu  dé  ^lerlnage  très  fbé- 
qtiétiil.  L.  N. 

BERRCft  (ËMHAif^ËL),  helléniste 
distingué,  professeur  à  rurilversitê  de  Ber- 
lin ,  membre  de  l'Académie  dë^  sciences 
dé  la  méiiie  ville,  et  âùtëui*  A'iiiipohans 
od^t^gès  philologiques. 

m  à  BeHIh ,  6n  i  tS5 ,  il  j  reçut  une 
bènné  instrdctlon  à  Pécote  du  Couvent- 
Gris,  SôuS  la  direction  de  feu  G.  L.  Spal- 
Mh'i,  et  se  reridlt,  eh  1 803,  à  Tiinitersité 
dé  Éalie.  Là  il  devint  ùh  des  meilleurs 
é&Uk  du  célébré  tfolf,  et  t*ori  assure 
qtié ,  plus  tard ,  6elùt-c2  se  plaisait  à  le 
proclamer  le  plus  capable  dé  continuer 
sc^  travaux  philologiques.  Ai>rès  trois 
années  de  fortes  études ,  dont  les  langues 
moderneè  firent  partie ,  M.  fiekkcr  passa 
dôcteut*,  et  en  1^07  îl  fut  désigné  pour 
remplir  Une  chaire  de  litté^iure  grec- 
que à  Tuhiversîté  de  Berlin ,  ({\i\  venait 
d'être  fbhdée ,  mais  dont  Fou  vertu  re  n'a 
eu  lieu  qu'en  18019.  En  rfnâi  1810  il  se 
rebdit  à  Paris ,  où  il  resta  jusqu^à  la  fin 
dél81jf,  occupé  à  faire  des  recherches 
dihis  lès  manuscrits  de  (a  Bibliothèque  na- 
tionale, et  notamment  à  cotlàtionner  ceux 
dé  Platon  et  d^diverà  rhéteurs  et  gram- 
mairiens grecs.  Nojriraé ,  éii  1815,  mem- 
bre de  rAcadém'îc  dés  sciences  dé  Berlin, 
îl  fit,  sur  la  demandé  dé  cette  éompà- 
gnie ,  ùri  second  voyagé  à  Paris  pour  ex- 
traire des  papiers  dé  Fourmoht  ce  qui 
pourrait  ^ervif  &  un  Corpus  ùiscnptio- 
num  gritecdruhiy  qu'elle  avait  résolu  de 
publier*.  En  l8i7,  ^a  Àiémé  soèiété  f  en- 
voya eiî  f  tàTie ,  chargé  de  déchiffrer,  con- 
jolntefàenl  aveé  le  profésseuf  tioescfaen , 

f)  CnH  H.  BfMkh  («oif .).qàt  TAcadémie  • 


un  de  ses  coUègties,  le  manuserii  ptlinw 
pseste  des  Institutes  de  Caïus,  décou- 
vert à  Vérone  par  Nieb^hr^  et  de  re- 
cueillir des  matériaux  p6ur  une  nouvelle 
édition  d'AHëtbte,  édition  que;  ^lus 
tard ,  elle  conba  aux  soins  de  M.  Bekker 
même,  qui  en  à  déjà  fait  paraître  les  trois 
premiers  volumes.  U  passa  deux  hivers 
à  Rome ,  dont  les  nombreuses  bibliôtbè- 
qilës  lui  furent  ouvertes  sur  la  recoin- 
mandation  de  Niebuhr.  Il  visita  Florence^ 
Venise,  le  Mont  Cassin,  Cesèhe,  Ba- 
yenne  et  Milan;  se  rendit ,  en  1819 ,  par 
Turin  à  Paris;  alla  de  là  (1820)  en  An- 
gleterre,  où  il  séjourna  alternativement 
à  Londres,  à  Oxford  et  à  Cambridge,  et 
revint  enfin ,  par  Leyde  et  Heidelberg , 
à  Berlin.  Les  réstiltats  de  ses  voyages 
sont  du  plus  haut  intérêt  pour  les  scien- 
ces philologiques.  Il  en  a  consigné  une 
partie  dans  les  ouvrages  qu'il  a  publiés 
juscju'à  présent,  et  parmi  lesquels  on  re- 
marque: les  Anecdota  greeca  (en  8  vol.), 
composés ,  pour  la  plupart ,  d'observa- 
tions grammaticales  ;  une  édition  de  deux 
traités  d'Apollonius  Dyscolus  :  De  Pro- 
nomine  et  De  Syntaxi,  dont  le  pîremier 
n'avait  pas  encore  été  iifipriraé  ;  une  édi- 
tion de  Théognis  (augmentée  de  150  vers 
inédits)  ;  de  Démosthènes  et  de  plusieurs 
autres  orateurs  athéniens  ;  de  la  biblio- 
thèque de  Photius,  des  Dialogues  de 
Platon;  enfin  celle  d'Arlstote  ( Berlin , 
1831 ,  in-4**,  t.  I-III),  que  nous  avons 
citée  dans  cet  article.  C  L, 

BERTACHS  ou  BB&TACHITES. 
C'est  un  ordre  moderne  de  religieux 
turcs.  On  regarde  comme  leur  fondateur 
Bektacb  Kouli,  ou  Hadji  Beklach.  Ce 
dernier  vivait  Ws  1360  et  remplissait 
les  fonttio'ns  d'aumônier  et  de  prédica- 
teur dans  les  armées  ;  il  était  également 
disposé  à  aller  aux  combats  et  à  donner 
l'absoTùtîôn.  H  esirévéi*é  comme  un  saint. 
Ce  fut  lui  qui,  dit-on,  donna  l'idée  de 
la  formation  des  corps  de  janissaires. 
Ses  disciples  avaient  re^u  de  lui  la  liberté 
4'obsèrver  à  leur  volonté  les  heures  de 
la  prière.  Cette  facilité  dans  l'exercice 
de  leur  piété  les  fait  détester  par  les  au- 


tres religieux ,  mais  leur  attire  particu- 
lièrement le  respect  des  janissaires ,  qui, 
chargé  de  ceiupubUcaiioDric  premier  Tolame     ^^  prenant  pour  modèles .  se  dispensent 
•t  aoépardt  Ja  deuxième  ont  déjà  paru.  I  de  suivre  eux-mémes  les  prières  ordion- 


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6EL 

nées  par  lé  korao.  Ces  religieux  peuvent 
te  inarîer,  et,  selon  leur  institution,  ils 
•ont  obligés  de  voyager  daioî^  les  pays 
éloignés.  On  en  voit  toujours  (quelques- 
lins  dans  les  cérémonies  publiques,  qui 
înarcheni  auprès  de  Taga,  en  faisant  en- 
tendre des  cris  continuels.  Ce  sont  ordi- 
ni^ireniênt  de  grands  libertins:  ils  sont 
1res  nombreux  et  trouvent  toujours  de 
zélés  partisans  pârîni  les  Janissaires,  qui 
souv<  -  »     -  •  ••-  hypo- 

crite :  eux 

aux  I  R-n. 

Bl  adi- 

tions  »te  et 

pard  tiea 

rois  <  père 

de  N  oprê 

à  la  culture .  en  Taisant  creuser  des  ca- 
naux pour  récoutement  des  eaux  sta- 
gnantes, donna  des  Ibis  à  son  peuple,  et 
lui  enseigna  les  éléméhs  des  sciences. 

Cependant  le  nom  de  Bel  n*étant 
qu'une  variante  de  celui  de  Baal{yoy,)^ 
seigneur,  dieu  dû  soleil^  il  Ist  à  croire 
qu'il  a  été  donné  souvent  aux  premiers 
rois,  et  que  les  traditions  postérieures 
ont  réuni  sur  le  même  individu  les  tra- 
vaux et  les  bienfaits  de  plusieurs  règnes. 
On  ignore  d'ailleurs  l'époque  précise  du 
roi,  du  législateur  ou  du  sage  le  plus 
célèbre  de  ce  nom.  {ybir  Bechtold,  de 
£elo  Èabylonis  philosopho  Çhaldœo, 
nor^  antigiiisslmp,  Giesen,  1755.) 

Un  roi  de  Phénîcie,  qui  vécut  vers 
rân  1500  avant  notre  ère  et  quon  dit 
père  d'Ègyptus ,  de  Danaus  et  dé  Ce- 
phée,  portait  aussi  le  nom  de  Bel,  ainsi 
que  l'un  des  aîeùx  des  Etéraclides,  qui 
furent  rois  de  Lydie*.  M-r. 

iEt  {  André  ),  roj.  BELL. 

BÊLA  I-T,  rois  de  Hongrie  dé  la  dy- 
nastie des  Àrpades  (vojr.)y  dont  le  pre- 


(*)  A  rârHcle  ÈaSil  tl  â  éiÈ  dit,  sans  dbate 
pir  erreur,  qué'eè  Bélo^  i  vôvif  loa^emps  itpiî^ 
Jid&M;  eepqadàac  Emibe  et  let  mutips  cbr^no- 
logistM  le  uLioeiit  IoD^t.eni|»s  aTant.  Bel  ou  Baal 
est  rÉereuie  des  Tyriens  ;  ce  lut  la  diviuité  na- 
tiobale  des  PhéDideus  et  des  Cartha|{inoiiicdfDiiiè 
«iee  Babyloniens.  On  troure  sur  elle  nn  aivaaC 
traTuil  dé  M.  Gesenius  dans  le  t.  VIII  deTEncy 
clopédie  d'Ersch  et  Cruher,  art.  Éel,  p.  397-46». 
Itons  reuToyons  fiour  les  cômpMés  de  Bel  et 
Baal ,  tels  que  Bèal-peor  on  Jit //»Aefer,  dieu  dei 
BinabitM,  à  Baal» d*afttB«t,  comme  Jiâ^%4bub, 
ont  dea  artidet  séparés.  î*  H.  S. 


(  259  )  BEL 

mier  et  le  i|uatrième  sont  le^  plaft  int*- 
portanS.  B^a  Y,  le  dernier  de  ce  nom 
et  petit-fils  de  Bêla  IV,  par  sa  mère, 
s'appelait  »  comme  duc  de  Bavière , 
Othon,  et  né  régna  qtl'iin  an  (1805)  sur 
là  Hongrie. 

BiitÀ  I,  fils  de  Lâdislàf;  avait,  ainsi 
que  son  frère  André ,  des  droits  à  la  suc- 
cession de  saint  Etienne ,  roi  de  Hon- 
grie; iliais;  à  l'ihstigatioh  ^e  sa  femlne, 
celui-ci  leur  |»référà  son  iieveii  Pierre  y 
^Is  d'un  ancien  doge  de  Venise.  Les  fib 
de  Ladislaf  furent  même  obligée  dé  s'en- 
fuir hors  du  pays,  et  c'est  aiusi  que  Bélm 
arriva  à  là  coiîr  dé  Casimir,  dont  11 
épousa  la  sceUr.  Le  rbi  de  Pologne  ré- 
compensa sa  bravoure  en  le  nommant 
duc  de  Poméranie.  Cependant  son  frère 
À-égnàit  à  Albe-Koyalë,  sôus  le  nom  d'An- 
dré l*'^;  celùî>çi  rappela  Ëéla,  lui  of- 
fVant  lé  titre  de  duc,  Uri  tiers  du  royaume, 
et  sans  doiite  la  survivance  ati  trône  de 
Hobgrie.  BCalgrë  les  services  que  Bêla 
t-endit  à  soti  frère ,  Atidré  ne  tint  pas 
^rdle ,  fit  cçuronnet*  le  jeune  prince  Sa- 
loUion ,  et  chercha  rtiénie  à  faire  périr  le 
compétiteur  de  son  fils.  Bêla  s'enfuit  en 
Pologne,  eu  1059 ,  ^  trouva  du  secours, 
éi ,  favorisé  des  Miidjai^ ,  il  s'empara  du 
trône  de  Hongrie.  Son  règne  fut  court  ; 
i(  rétablit  la  paix  à  l'inlêrieur,  fortifia 
l'autorité  royale,  affermit  le  christia- 
nisme, et  allait  combattre  Salompu  et  les 
princes  allemands  qui  le  soutenaient, 
quand  il  mourut  en  idfiS.  ^on  Ai^uail. 

Bkla  IV.  fils  d'Andr*  Il  (vof.), 
r^nà  de  1235  à  1270.  B^'à  enfant  il 
avait  été  codrbpné ,  et  Ibrsque  Son  père 
partit  pour  la  Paléstlue  il  réçui  ce  titré 
de  rèx  junior,  qu'on  a  fait  revivre  dé 
r^s  jours.  Bêla  IV  posa  des  borues  à 
l'inconduité  dd  cléfgë  et  ôppibsa  de  là 
fermeté  aux  pfétentionS  dé  la  noblesse: 
n  fui  enleva  lé  droit  de  s'asSebir  en  sa 


P' 
m 

til] 

K 

de 
i( 
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en 


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BEL 

après  lui  avoir  obstinémeot  refusé 
paiement  du  tribut.  Mais  après  la  re- 
traite des  Mongols,  Béla  IV  s'appliqua 
à  guérir  les  blessures  de  son  peuple  et 
rétablit  la  pai;L  et  la  sécurité.  Cependant, 
sans  autorité  dans  sa  famille ,  il  vit  son 
fils prendie  les  trmc3  contre  lui ,  et  mou- 
rut en  1270,  avant  que  cette  guerre  fût 
terminée.  J.  H.  S. 

BÉLÉD-EL-GÉRYD  ou  Pays  des 
Dattes,  vulgairement  écrit  Bilédulgérid 
par  les  Européens,  est  le  nom  g^éral 
sofis  lequel  les  géographes  arabes  dési- 
gnent cette  longue  chaîne  d'oasis  qui  s'é- 
tendent sur  le  versant   méridional  de 
l'Atlas  depuis  l'Océan  atlantique  jus- 
qu'aux confins  de  l'Egypte,  et  forment, 
au  nord,  du  stérile  Sabra,  une  zone  ir- 
régulière et  morcelée  oà  croissent  de 
nombreux  dattiers,  prématurément  dé- 
pouillés de  leurs  feuilles  par  les  vents 
biûlans  du  désert.  Cette  circonstance 
caractéristique  fournit  Tétymologie  véri- 
table et  la  signification  réelle  du  nom  de 
6éléd-el-Géryd  :  il  ne  faut  point  croire 
avec  Sbaw  que  ce  nom  veuille  àire pays 
desséché,  ni  avec  D'Â.nville  qu'on  doive 
le  traduire  par  pays  des  sauterelles  ;  . 
Géryd  est  la  palme  ou  branche  de  palmier 
dépouillée  de  feuilles,  et  c'est  d'elle  qu'a 
pris  aussi  son  nom  le  jeu  du  Géryd,  si 
célèbre  chez  les  romanciers  espagnols 
sous  le  titre  de  Jeu  de  cannes  (  canas  ). 
Le  Maure  Léon  Africain  qui,  dans  sa 
rédaction  italienne ,  a  choisi  la  dénomi- 
nation  de  Numidie,comroe  géographique- 
ment  synonyme  de  Bélêd-el-Géryd,  et 
l'Andalous  Marmol  à  son  exemple,  com- 
prennent dans  cette  division  de  l'Afri- 
que les  pays  de  Noun,  Ouadân ,  Dara'h, 
Segelmèsah,  Teqort,  Ouarqâlah,  Zâb, 
le  6é1éd-el- Géryd  propre,   Ghadames, 
le  Fezzân ,  Aougalah  et  les  Ouâhhât  voi- 
sines de  rÉgypte^  avec  nombre  d'autres 
districts  moins  connus. 

Quant  au  Béléd-el-Géryd  propre- 
ment dit,  quelques  géographes  arabes, 
dont  le  plus  explicite  est  Abd-el-Ouah- 
beh  el  Temymy,  de  Maroc,  admettent, 
cbns  les  limites  de  cette  région ,  les  deux 
cantons  de  Zàb  et  de  Qasthylyah ,  dont 
le  premier  a  pour  capitale  Beskarab  et 
le  second  Touzer.  I 

Dans  ses  limites  les  plus  restreintes,  le  | 


(5dO)  BEL 

ie  Bélèd-el-Géryd  propre  correspond  pré- 
cisément au  district  de  Qasthylyah  ou 
pays  de  Touzer,  ayant  à  l'ouest  le  Zâb, 
à  l'est  le  golfe  de  Qâbes ,  au  nord  la  pro- 
vince de  Tunis  ou  d'Afryqyah  propre , 
au  sud  les  montagnes  de  Nefzâouah  et  de 
Mathmath^h.  Ses  villes  principales  sont 
Touzer  (  le  Tjffovjooç  de  Rolomée,  Thu- 
suros  de  la  table  peutingérienne  ) ,  Te- 
qyous  (  l'ancienne  Thiges  ) ,  et  Neftah 
(  peut-être  Ncple  ).  Ce  canton  est  sou- 
vent appelé  simplement  Géryd  par  les 
modernes;  les  dattes  qu'on  y  recueille 
sont  renommées  dans  toute  la  Barbarie, 
surtout  celles  de  Neftah.  Le  pays  produit 
en  outre  beaucoup  d'orge,  d'oliviers,  de 
vignes ,  d'orangers,  d'amandiers,  de  gre- 
nadiers. 

Les  habitans  sont  grands,  d*une  con- 
stitution sèche,  d'un  teint  qui  tire  sur  le 
noir ,  souvent  en  hostilités  avec  le  bey 
de  Tunis,  dont  ils  déclinent  la  souve- 
raineté; ilsse  nourrissent  de  dattes,d'orge, 
de  sauterelles  marinées,  et  ils  sont  aussi, 
d'après  l'observation  de  M.  Desfontaines, 
très  friands  de  chiens,  ainsi  que  la  plu- 
part des  Berbers.  Leur  commerce  consiste 
en  laine,  baracans,  plumes  d'aiitruches, 
et  surtout  en  dattes. 

Près  de  Touzer  se  trouve  le  nmrécage 
salé  appelé  par  les  Arabes  SebAhat-el-- 
Aoudyeh  ou  marais  des  Vallées,  et  par 
les  Européens,  d'après  Shaw,  Uic  des 
Marques:  on  ne  le  traverse  qu'avec  des 
guides,  en  suivant  un  sentier  indiqué  par 
des  poteaux  ;  si  l'on  s'écartait  à  droite 
ou  à  gauche,  on  enfoncerait  dans  un  sol 
fangeux  qui  a  la  consistance  onctueuse 
du  savon.  Abon  O'bayd  el  Bekry  assure 
que  plus  d'une  fois  des  armées  et  des  ca- 
ravanes, s'étant  engagées  imprudemment 
dans  ce  terrain  trompeur,  y  ont  péri 
sans  laisser  aucune  trace  de  leur  exis- 
tence. •A..... 

BELEN  9  ancien  faubourg  occiden- 
tal,de  Lisbonne,  maintenant  réuni  à  la 
capitale.  Il  tire  son  nom  de  l'église  et  du 
couvent  de  Béthléhem  ou  Belem,  qui  fut 
fondé  par  le  roi  Manuel  après  la  décou  • 
verte  de  l'Inde,  à  l'endroit  de  la  rive  du 
Tage  où  Vasco  de  Gama  s'était  embarqué 
pour  cette  expédition.  L'église,  construite 
dans  le  style  gothique,  /ut  restaurée 
après  le  tremblement  de  terre  de  l'an 


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BEL 


(261) 


BEI. 


1 755.  Ce  sont  les  caveaux  de  l'église  qui 
serveot  de  sépufture  à  la  famille  royale 
de  Portugal.  Le  couvent  est  occupé- par 
des  moines  hiéronymites  et  possède  une 
bibliothèque.  Le  long  du  Tage  s*étend 
un  beau  quai  en  pierres  de  taille.  Non 
loin  de  là ,  sur  la  hauteur,  est  un  palais 
royal  nouvellement  construit,  avec  un 
jardin  botanique  à  mi-côte  et  un  cabinet 
d'histoire  naturelle.  Le  palais  d'Ajuda 
est  également  dans  le  voisinage.  Sur  le 
bord  du  fleuve  s'élève  un  fort  connu  sous 
le  nom  de  Tour  de  Belem;  il  domine 
par  ses  batteries  le  cours  du  Tage.  Cest 
là  que  sont  établis  la  dotkane,  le  bureau 
sanitaire  et  la  police  maritime.  Aussi  tous 
les  bàtimens  qui  entrent  dans  le  Tage  ou 
qui  en  sortent  sont  soumis  à  une  visite 
près  de  cette  tour.  D-g. 

BÉLEMNITE,  belemnithes,  hel- 
mintholilhus,  eu  pierre  de  lynx,  corps 
fossile  ou  pétrification  d'une  forme  al- 
longée, conique  et  pointue,  ayant  la 
longueur  et  la  grosseur  du  doigt.  On  a 
attribué  aux  bélemnites  toutes  sortes  d'o- 
rigines ;  les  auteurs  modernes  s'accordent 
à  les  regarder  comme  des  coquilles  mul- 
tiloculaires  de  l'espèce,  maintenant  per- 
due, du  nauttlus  belemnita,  Y. 

BÉLÉNUSy  un  des  nombreux  sur- 
noms que  les  Gaulois  donnaient  à  Apol- 
lon ,  dont  le  culte  fut  en  si  grand 
honneur  parmi  eux.  On  voit  dans  Hé- 
rodien  et  dans  l'histoire  Auguste  que 
les  Romains  regardaient  cette  divinité 
gauloise  comme  représentant  complète- 
ment leur  Apollon  ;  mais  l'étude  de  cette 
partie  de  nos  antiquités  prouve  que  les 
Gaulois  avaient  scindé  les  différens  at- 
tributs de  ce  dieu,  en  représentant  cha- 
que attribut  par  un  surnom  différent 
qu'ils  joignaient  au  nom  d'Apollon ,  et 
dont  probablement  chacun  avait  indiqué 
seul  la  divinité  gauloise  correspondante 
à  cet  attribut.  Fof,  Boa  von.     J.  B.  X. 

BEL-ESPRIT.  Rien  n'est  plus  rela- 
tif, plus  indéterminé  que  le  mot  esprit. 
Sa  signification  mobile  échappe  à  l'ap- 
préciation ,  et  à  peine  croit- on  en  avoir 
précisé  le  sens  qu'il  glisse  entre  les  termes 
de  la  définition  et  vous  laisse  en  présence 
de  l'usage  qui  en  règle  l'emploi.  Sa  va- 
leur dépend  de  l'entourage  de  mots  dé- 
tcrminatilB  qui  établissent  l'intention  de 


celui  qui  s'en  sert.  C'est  ainsi  que,  p4r 
opposition  à  corps,  il  est  une  des  expres- 
sions les  plus  génériques  du  langage  mé- 
taphysique; par  opposition  avec  bêtise  il 
n'est  plus  que  la  désignation  d'un  privi- 
lège intellectuel,  privilège  dont  personne 
ne  se  plaint ,  car  personne  ne  se  recon- 
naît tont-à-fait  en  dehors  du  cercle  des 
privilégiés. 

C'est  dans  cette  dernière  acception , 
la  plus  usuelle,  qu'il  a  passé  à  l'étal  com- 
plexe par  l'addition  de  l'épithète  bel;  nul 
doute  qu'en  formant  ce  composé,  bel^s- 
prit,  on  n'ait  voulu,  dans  l'origine,  carac- 
tériser un  snperiatif  très  flatteur  et  don- 
ner à  l'admiration  outrée  la  faculté  de  se 
faire  entendre.  Mais ,  hélas  I  i^rtroi  de 
ce  titre  doublement  laudatif  a]Bt  éveillé 
l'émulation  des  sots ,  ils  se  ruèrent  à  sa 
conquête  et  se  le  firent  décerner  chacun 
dans  sa  coterie.  De  là  un  prompt  et  com- 
plet discrédit  de  l'expression  nouvelle. 

Dès  lors  beUesprit  ex^rimkGt  qu'il  ex- 
prime encore  aujourd'hui,  quelque  chose 
qui  est  à  côté  ou  au-delà  de  l'esprit,  comme 
la  tartuferie  est  à  la  piété,  la  pruderie  à 
la  vertu,  le  pédantisme  à  la  science. 

Le  bel-esprit  se  présente  chez  quel- 
ques-uns comme  suppléant  à  l'esprit 
qu'ils  n'ont  pas,  par  un  certain  indus- 
trialisme de  la  pensée.  Il  consiste  alors 
à  s'approprier  habilement  l'idée  d'au- 
trui ,  ou  du  moins  à  l'exploiter  au  moyeo 
des  paraphrases ,  des  commentaires ,  des 
citations  ;  ou  à  obtenir  des  effets ,  là  ou 
le  talent  naturel  fait  défaut ,  par  la  combi- 
naison d'une  voix  sonore  avec  l'anima- 
tion du  geste  et  l'intervention  bien  mé- 
nagée de  l'inattendu;  enfin  les  médio- 
crités qui  visent  au  rôle  de  coryphées  de 
salons  ont  une  recette  de  ces  divers 
élémens  du  bel-esprit  qui  constituent  un 
savoir-dire  aussi  fécond  en  succès  dans 
1»  conversation  que  le  savoir-faire  dans 
la  conduite. 

D'autres  fois,  au  contraire,  le  bel- 
esprit  n'est  que  Tesprit  lui-même,  s'af- 
franchiqsant  de  la  tutdle  salutaire  du 
bon  sens  et  se  produisant  avec  des  écarts 
qui  le  font  justement  méconnaître;  c'est 
ainsi  qu'une  multitude  d'écrivains,  ou- 
blieux des  lois  de  proportion  qui  régis- 
sent un  oeuvre  quelconque ,  se  hasardent 
à  traiter  les  questions  d'une  haïAe  gra-    ^ 


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BEL 


(262) 


BEL 


vite  co  ^tyle  badin,  se  joyant  c|cs  pro- 
blèmes qu'ils  De  peuvent  résoudre,  tour- 
nant tes  difficultés  par  |a  Cantâîsîe,  et  se 
rendant  coupables  qii  crime  ^e  lèse-phi- 
losophie ;  car  la  science  aussi  bî^  que 
U  reli((ioa  a  ses  mystères  qu'il  ne  ikut 
aborder  qu'avec  respect.  A  la  tête,  et 
comme  type  de  cette  classe  de  beaux- 
esprits,  apparaît  Fontenelle.  Cet  écri- 
vain éminemment  spirituel  aurait  pu 
adapter  mierveiUeusement  à  des  sujets  de 
sa  compétence  |a  finesse  et  la  çrace  qui 
échouaient  contre  des  matières  ardues  et 
ne  servaient,  ainsi  employées,  qu'a  consta- 
ter de  la  fatuité  et  del!impuissance.  Cette 
tendance  de  futiliser,  si  je  puis  m'expri- 
mer  ain^les  choses  sérieuse,  a  poussé 
quelqoeflhilateurs  dans  cette  carrière 
où  ils  n'ont  jamais  recueilli  que  les  ap- 
plaudissemens  de  ces  intel|i|;ences  d^ 
biles  au  niveau  desquelles  ils  prétendaient 
en  vain  (aire  descendre  la  science. 

D'autres ,  dont  Marivaux  donoera  la 
mesure ,  tombent  dans  le  vice  contraire 
et  décorent  souvent  le  fonds  le  plus  mes- 
quin de  draperies  (fisparates  par  leur  ri- 
chesse et  leur  éclat  inéme.  Cette  école 
de  bçanx-esprits  av^ ît  pris  de  grands  dé- 
velqppemens  avaqt  Molière;  il  a  fallu 
qu'die  f4t  bien  vivace  puisqu'elle  a  sur- 
Vécu  aux  Précieuses  ridicules. 

Vient  ensuite ,  sous  le  commandement 
du  marquis  de  Bièvre ,  cette  innombrable 
armée  de  faiseurs  de  calembour^^  et  d'é- 
quivoques dont  l'existence  n'est  g;uèi>e 
plus  qu'hbtoriqne,  tant  le  ridicule  en 
lait  aujourd'hui  bonne  justice. 

Disons  mieux  :  on  peut  passer  en  ob- 
servation générale  qu'il  n'y  a  plus  de 
beaux-efpriis  mk  ce  temps-ci;  car  on  vise 
plus  haut  aujourd'hui.  On  ne  cherche 
plus  l'agrément  e^  la  grâce ,  mais  la  force 
et  la  profondeur;  et  si  l'on  voulait,  ana- 
logie gardée,  caraétéri^r  cette  univer- 
selle prétention  moderne ,  il  faudrait  re- 
côuk-ir  '  au  néologisme  c^t  dire  qu!au  lieu 
de  beaux-esprits  nous  avenus  de  bea^ix 
génies,  c'est-à-dire  des  hommes  qui  mon* 
tent  smr  des  échasses  là  oili  leurs  devan- 
ciers fe  haussaient  seulement  sur  la  pointe 
des  pieds.  A.  nombre  égal  de  chutes ,  il 
est  à'  craindre  que  celles  de  notre  tempa 
ae  soient  les  plus  lourdes.         F.  L-B. 

9BLETTE  9  mammifère  de  la  famille 


des  carnfissiers  digiu'grades,  à  corps  très 
allonge,  bas  sur  pattes,  très  souples,  qui 
n'ont  qu'une  dent  tuberculeuse  en  ar* 
rière  de  la  carnassière  4'en-haut,  à  con- 
que courte,  arrondie,  simple,  et  à  quatre 
quimclles  abdominales  peu  saillantes. 

La  belette  se  distingua  dans  cette  fa- 
mille par  son  pelage  marron  dairen  des- 
sus ,  blaQc  jaunâtre  en  dessous,  et  par  sa 
queue  grêle,  courte  et  formant  à  peu  prè^ 
la  moitié  de  la  longueur  du  tronc.  $09 
poil  partout  court,  souple,  égal,  devient 
quelquefois  blanchâtre  en  hiver;  mais 
l'extrémîté  de  la  queue  reste  toujours 
jaunâtre ,  ce  qui  la  distingue  de  1  her- 
mine ;  la  longueur  totale  de  la  belette  est 
de  hi|it  à  dix  pouc^,  sa  hauteur  d*un 
pouce  et  demi  à  deux.  Comme  les  autres 
espèces  de  la  même  famille  la  belette, 
dans  l'attitude  du  repos,  rapproche  JMsez 
le  train  de  derrière  de  celui  de  devant, 
de  manière  à  faire  saillir  la  région  dor- 
sale el  faire  croire  à  un  volume  plus  con- 
sidérable du  corps  ;  mais  lorsqu'elle  est 
en  mouvement  on  peut  avoir  une  plus 
juste  idée  de  sa  forme  et  de  sa  dimen- 
sion. 

La  belette  habite  dans  des  terriers 
pratiqués  sur  le  bord  des  bois  à  peu  de 
distance  des  habitations;  dans  le  jour 
elle  reste  habituellement  à  l'affût  à  l'ori- 
fice de  son  trou ,  mais  la  nuit  elle  se  met 
en  chasse  et  devient  un  ennemj  redouta^ 
ble  pour  les  poules ,  les  pigeons  et  lea 
lapins.  Les  rats,  les  mulots,  les  crapauds, 
les  couleuvres ,  ne  sont  pas  à  l'abri  de 
sa  voracité;  elle  les  poursuit  jusque  dans 
leurs  trous,  elle  grimpe  sur  les  arbres 
et  atteint  les  oiseaux  endormis  sur  les 
branches  les  plus  flexibles.  Il  n'est  pas 
rare  de  voir  dans  l'hiver  la  belette 
s'établir  dans  les  granges  et  di|ns  les 
grenier^.  Elle  s!acc6uple  assez  générale- 
ment au  printemps,  porte  cinq  seàiaines, 
et  met  bas  quatre  ou  cinq  petits  qui  vien-» 
nent  les  yeux  fermés  et  "atteignent  rapi- 
dement le  terme  de  leur  croissance. 
L|i  belette  a  un  petit  cri  aigre,  continu, 
de  peu  de  durée,  monotone ,  qu'elle  o« 
fait  guère  entendre  que  lorsqu'elle  est 
en  colère;  cet  animal  est  propre  aux  con- 
trées tempérées  de  l'Europe. 

La  fourrure  de  la  belette  pasqe  quel- 
fmefois  dans  le  commerce  qù  elle  racoil 


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BEI, 

une  teinte  b^ioe  fopcée  et  se  vend  en- 
suite sous  le  nom  de  marte  lustrée.  T.C. 

BELGES  y  peuples  qui  habitaient  les 
pays  compris  entre  TOcéan,  le  Rhin,  la 
Seine,  )a  Marne  et  |es  bouches  (|e  |a 
Meuse.  César  les  vante  comme  les  plus 
belliqueux  de  la  paule  (horui^  omnium 
/çrtissùm  Mclgœ)'^  ailleurs  il  nous  |ip- 
prend  que  la  plupart  des  Belges  étaient 
d*origine  gernpaipe  (plerosque  Belgas 
9fse  ortos  a(  Gçrmaw);  mais  il  ajoute 
qu'ils  i|vaien(  passé  le  Khin  fort  ancien- 
nement {antiquit^sy  Qf-  Amédée  Thier- 
ry,  se  fondant  sqr  \^  dénon^inatioq  de 
Germains  Gs-Rhéoans  donnée  aux  Con- 
dmsi,  aux  P^^anj,  aux  Çœrœsi,  aux  Se- 
gni>  en  conclqt  que  1«^  piasse  4^  peuples 
belges  ^tait  étningère  à  la  race  teutoni- 
que:c*est  upe  erreur;  ma|s  c'est  aller 
trop  loin  4*un  autre  côté  q^e  d'assimiler 
entièrement  i^ux  Germains  les  Pïerviens 
et  leurs  cliens  les  Centrones,  les  Grudii, 
les  Levaci  et  les  Pleiimosii.  C'est  faute 
d'avoir  su  distinguer  les  époques  de  mi- 
grations successives  qu'on  est  tombé  dans 
ces  erreurs,  et  nous  reprocherons  encore 
à  M.  Amédée  Thierry  d'avoir  dit  que, 
du  temps  de  César,  ces  migrations  de 
peuples  germaniques  avaient  ^jà  com- 
mencé., comme  si  César  lui-même  ne 
rappelait  pas  qu'il  s'en  était  fait  on/i- 
quitus^  4e  temps  immémorial. 

U  resta  toujours  sur  le  sol  belge  un  grand 
nombre  d'habitans  primitifs.  Les  peuples 
du  Bclgiuœ  ou  partiç  de  la  Belgique ,  et 
notamment  les  Bellovaques,  les  Atreba- 
tea,  les  Ambiant,  n'avaient  aucun  carac- 
itiçt  germain,  et  per^nne  ne  s'est  imagi- 
né de  dire  d'eux  ce  que  Strabon  applique 
9UJL  Nerviens,  xai  toûto  FrpfAàvcx^v  tl9yoc, 
qui  sont  aussi  un  peuple  germanique.  La 
raison  en  est  palpable  :  ils  étaient  de  la 
souche  des  Celtes,  et  si  le  nom  de  Belge 
leur  a  éié  donné,  c'est  que  le  tiers  de  le 
Gaule  auquel  ils  appartenaient  était  en 
partie  occupé  par  k^  advence  (i^rocxti) 
qui,  formant  la  majorité,  ont  fait  préva-* 
loir  une  dénomination  qui  n'est  qu'une 
proaonciatioq  germaine  appliquée  à  un 
mot  gaulois.  If  e/cAe  sert  encore  de  nos 
jours  à  désigner  les  habitans  qui  parlent 
le  français  et  l'italien  dans  les  pays  li* 
mitrophes  de  l'Allemagne,  et  ee  nom  fut 
4oiiDé  ^aaçi  «us  peuplades  germaines  qui 


(  263  )  BEL 

avaient  pris  le  caractère  et  la  langue  def 
Gaulois,  quoique  Germains  d'originç, 
tels  que  les  Treviri,  les  ^ervjens. 

Il  est  facile  ^e  prony^  l'erreur  ^af 
écrivains  qui,  comme  M.  Mone  et  M.  A  m^ 
dée  Thierry,  n'admettent  guère  qu'un  si^ 
de  de  date  pour  c^  migrations  à  l'époqq^ 
où  César  vint  dans  la  Gaule.*  Tlte-^ivè 
connaît  les  mêmes  dbtinctions  que  Cés^ 
pour  le  temps  de  Tarquin-l' Ancien,  et  par 
conséquent  il  les  fait  remonter  de  six  siè- 
cles plus  haut  [TarquinioPriscofiomc^ 
régnante  y  CeUarum  qu€ç  pars  Çailia 
fortis  est  pfines  Biturige^  summ^  fi^it)» 
Les  Celtes  proprement  dits,  les  Galli| 
étaient  donc  déj^  réduits  par  l'invasion 
comme  au  temps  de  César,  et  cette  6o^' 
née  historique  convient  à  merveille  à  Van- 
</^ai^desCommentaires;le  fait  était  déj|i 
accompli  quand  régnaitTarqnii^r  Ancieqy 
et  sans  doute  ce  mouvement  eut  lie« 
long-temps  ay^nt  la  fondation  de  Komn. 

IVous  distinguerons  en  trois  ^poquea 
les  invasions  des  Germains,  quoiqu'elles 
aient  eu  lieu  d'une  manière  continue  et 
qu'elles  aient  affligé  la  Qaule  avant  de 
menacer  l'empire  romain.  La  premier» 
de  ces  époques  est  ceUe  qui  vient  dt 
pQUS  occuper.  Le^  anciens  Qermains  de- 
vinrent entièrement  Qelges ,  si  biep  que 
leur  seul  voisinage  répandait  la.c^vilisa- 
tion  gauloise  sur  les  Germains  4'outre- 
Rhin.  César  parlant  des  Ubiens  q^4  alors 
encore  habitaient  la  r^ve  drpite  4it  :  ip^i 
propter  propinquitaifim  gatUcig  mari- 
bus  sunjt  assuefacti  :  çr  ces  Gaulqa^ 
dont  le  voisinage  change  les  mceufs  4^ 
Ubiens  sont  des  Trévirois,  eu^-méfne^ 
anciens  Germains.  Leur  natiqniilité  % 
tellement  changé  qu'ils  sont  obligés  de 
rappeler  leur  origine.  Dan^  l|  s^çQnd^ 
période  de  ces  invasions  nous  compren-» 
drons  ceux  qui,  venus  avent  Cé^^r»  n^9t 
point  encore  perdu  leur  iincienne  pby-r 
sionomie  nationale;  ce  sont  le^  Copdru:: 
ses,  les  Éburones,  les  Cérèses.  etc.  Cé- 
sar dit  que  ces  peuples  sont  les  c|ienf 
des  Trévirois  qui  les  ont  fait  yenic  et 
leur  ont  assuré  la  possession  d*<un  terri- 
toire, selon  la  coutume  qu'ils  avaient 
d'appeler  à  leur  secours  les  perniains 
d'outre-Rhin.  Cependant  la  ^sion  ^'o* 
père  à  la  longue;  au  temps  de  Tacite  il 
n'y  a  déjà  plus  de  Germains  incontestar 


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B£L 


(2B4) 


B£L 


blés  que  les  Triboques,  les  Vangions  et  les 
f^émètes.  La  querelle  des  Arvernes  et  des 
Êduent  ameua  la  troisième  migration; 
c'est  Tépoque  d^Arioviste,  c*est  celle  de 
César.  De  sept  nations  qui  suivaient  Ario* 
'Vîste  on  en  retrouve  trois  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin,  lesVangions,  lesTribo- 
ques,  les  Némètes.  LesTriboqnes  avaient 
même  entamé  la  Séquanie  que  César 
compte  dans  la  Celtique;  il  attribue  aussi 
les  Helvetii  à  la  Celtique,  et  cependant 
dans  la  suite  U  Séquanie  et  THelvétia  sont 
comprises  dans  la  Belgique,  témoins  Stra- 
bon,  Pline,  Ptolémée.  Strabon  étend  la 
Belgique  jusqu'aux  Alpes. 

Au  surplus  les  Germains  établis  anti- 
quitus  et  ceux  de  la  seconde  invasion 
avaient  les  mêmes  intérêts  politiques  que 
le  reste  de  la  Gaule.  Dès  qu'ils  étaient 
établis  ils  fabaient  partie  de  la  grande  fé- 
dération. Les  Nervii  fournissent,  comme 
les  autres  Belges,  leur  contingent  à  Ver- 
dngetorix.  Les  Treviri  envoient  leurs 
ambassadeurs  à  César  comme  les  Éduens, 
quand  il  s'agit  de  se  plaindre  d'Ario- 
viste  et  des  Harudes.  Quand  on  se  ré- 
volte contre  les  Romains,  les  Germains 
d'origine  agissent  comme  les  autres  Gau-^ 
lois,  ce  qui  Indique  que  cette  liaison. 
Cet  intérêt  commun  remontent  à  une  épo- 
que où  Ton  jouissait  de  la  même  liberté. 
Julius  Florus  chez  les  Trévirois,  et  Ju- 
lius  Sacro^ir  chez  les  Éduens,  s'insur- 
gent en  même  temps ,  etc. ,  etc. 

Les  Belges  proprement  dits  viennent- 
ils  des  Iles  de  la  Scandinavie  comme  le 
veut  Desroches  en  lisant  Bekœ  dans 
Pômponius  Mêla?  mais  d'antres  lisent 
Bercœ  ou  même  Sagœ^  de  sorte  que 
voilà  une  feuille  de  route  bien  mal  com- 
mencée. Nous  ne  parlerons  des  folles  tra- 
ditions recueillies  par  Jacques  de  Guise 
et  Jean  Le  Maire  que  pour  rappeler  des 
choses  curieuses ,  mais  absurdes.  Nous 
admettrons  volontiers  avec  Malte-Brun 
que  Belg  signifie  habitant  du  Nord,  et 
on  pourrait  ajouter  que  les  nouveaux 
venus  prenaient  tous  ce  nom ,  parce 
qu'ils  entraient  dans  la  confédération  du 
Nord.  P.  G-T. 

BELGIQUE  (moTAUXE  de),  ainsi 
nommé  de  l'ancien  Belgium ,  région 
septentrionale  de  l'ancienne  Gaule,  suc- 
cessivement soumise  aux  Francs,  à  la 


Bourgogne ,  à  l'Espagne,  à  l'empire  d'Al- 
lemagne et  à  la  maison  d'Autriche,  h 
la  France,  à  la  Hollande,  et  organisée 
comme  état  indépendant  à  la  fin  de  Tan- 
née 1880.C'est,avecleroyaumedeGrèce 
nouvellement  érigé,  l'état  le  plus  récent 
compris  dans  le  système  européen. 

1^  Géographie  et  statistique.  Le 
royaume  de  Belgique,  situé  entre-  49^  et 
52**  de  latit.  N.  et  entre  JO**  et  24<*  de 
long,  (de  l'ile  de  Fer),  est  borné  à  l'ouest 
par  la  mer  du  Nord,  à  l'est  par  la  mo- 
narchie prussienne  et  par  le  Luxembourg, 
au  nord  par  le  royaume  des  Pays-Bas,  et 
au  midi  par  la  France.  Il  a  un  peu  plus 
de  500  mil.  car.  géogr.  de  superficie; 
mais  ses  limites,  du  obié  de  l'est  et  du 
nord,  ne  sont  pas  encore  définitivement 
tracées.  C'est  un  pays  généralement  plat; 
toutefois  les  Ardennes  envoient  leurs  ra- 
mifications dans  le  Hainaut,  dans  la  pro- 
vince de  Namur  et  dans  la  portion  du 
grand-duché  de  Luxembourg  à  laquelle 
la  Belgique  étend  ses  prétentions.  Dans  le 
Brabant  et  la  Flandre,  des  plateaux  as- 
sez élevés  sont  couverts  de  forêts ,  et 
une  partie  de  l'ancien  évêché  de  Liège  est 
occupée  par  des  marais  et  des  bruyères. 
Deux  fleuves  arrosent  la  Belgique,  l'Es- 
caut et  la  Meuse.  L'Escaut  sortant  de 
France  traverse  le  Hainaut,  la  Flandre 
orientale,  sépare  celle-ci  de  la  province 
d'Anvers ,  et  se  divise  en  deux  branches, 
après  avoir  baigné  Tournay,  Gand,  Den- 
dcrmonde,  Anvers,  les  forts  de  Lillo  et 
de  Bath.  Ses  deux  principaux  affluens 
sont  la  Scarpe  et  la  Lys.  La  Meuse  sor- 
tant aussi  du  territoire  français  coupe 
les  provinces  de  Namur,  Liège,  Lim- 
bourg,  baigne  Namur,  Li^e,  Maêslrirht, 
Ruremonde,  et,  formant  un  grand  nombre 
de  bras,  va  confondre  ses  eaux,  par  deux 
branches  principales,  avec  la  mer  du 
Nord.  La  Sambre  est  le  principal  affluent 
de  la  Meuse,  qui  reçoit  encore  TOurte 
réunie  à  l'Amblève. D'autres  rivières  sont 
la  Dyle,  la  Senne  et  la  Dendre;  et  de 
plus  le  pays  est  traversé  par  un  assez 
grand  nombre  de  canaux,  parmi  lesquels 
se  distinguent  ceux  de  Bruges,  d'Anvers, 
de  Louvain,  de  Matines,  de  Bruxelles, 
de  Charleroi;  ce  dernier  est  achevé  de- 
puis deux  ans. 

Le  cUoiat  ^  doux  e|  takibre;  il  Tctt 


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BEL 


(26^) 


BtL 


rnoiiM  dans  la  Flandre  orcîdeottle ,  où  la 
température  inconstante,  l'eau  mauvaise, 
et  i*aîr  chargé  de  vapeurs ,  engendrent  des 
fièvres  malignes.  Le  sol  est  généralement 
fertile  et  bien  cultivé;  il  produit  du  blé 
en  abondance,  du  chanvre ,  du  lin ,  de  la 
garance,  de  bons  fruits  et  un  peu  de  vin. 
L'agriculture  a  fait  de  si  grands  progrès 
qu'elle  l'emporte  même  sur  celle  de  l'An- 
gleterre. Les  forêts  sont  nombreuses.  L'é* 
ducation  des  bestiaux  occupe  une  partie 
de  la  population ,  et  le  gibier  n'est  pas 
rare  dans  les  provinces  méridionales.  Les 
mioes  de  charbon,  découvertes  dans  le  XI ' 
siècle,  forment  une  grande  partie  de  la 
richesse  du  pays  de  Liège.  On  y  voit  aussi 
des  mines  de  fer,  de  plomb,  de  cuivre, 
de  soufre ,  d'alun ,  de  calamine ,  ainsi  que 
des  carrières  de  marbre,  de  grès,  de 
pierre  à  chaux,  de  pierre  de  taille,  de 
pierre  blanche  à  bâtir,  d'ardoises,  etc. 
Les  brasseries  et  dislilleries  y  sont  nom- 
breuses et  renommées;  c'est  la  princ^i- 
pale  branche  d'industrie ,  avec  le  com- 
merce des  grains  et  des  bestiaux. 

La  population,  répartie  sur  108  villes, 
113  bourgs  et  4,489  villages,  est  en 
progression  ;  elle  jeut  élre  évaluée  à 
8,600,000  individus  ;  c'est  un  mélange 
de  peuples  d'origine  celtique  et  germa- 
nique. Outre  le  français,  les  habitans 
parlent  les  dialectes  flamand-français  et 
flamand-allemand ,  et  le  wallon  ;  ils  ont 
plus  de  rapport  avec  les  Français,  leurs 
voisins  du  sud ,  qu'avec  les  Hollandais 
dont  ils  ont  plus  souvent  partagé  le  sort. 
La  province  d'Anvers  ayant  au  nord  des 
bruyères  et  une  grande  étendue  de  ter- 
rain couvert  de  sable,  on  y  créa,  en 
1822,  des  colonies  agricoles,  pour  fer- 
tiliser ces  déserts.  Quant  à  la  religion ,  la 
grande  majorité  des  habitans  appartient 
an  culte  catholique,  pour  lequel  elle  a 
souvent  témoigné  un  profond  attache- 
ment; on  trouve  en  outre  environ  10,000 
réformés  et  30,000  Juifs.  La  nouvelle 
constitution  ,  à  l'exemple  de  celle  de 
France,  établit  une  parfaite  égalité  entre 
les  membres  des  diverses  croyances. 

L'industrie  est  arrivée  en  Belgique 
à  un  haut  degré  de  perfection;  il  est 
d'autant  plus  à  regretter  qu'elle  cherche 
souvent  à  vivre  aux  dépens  de  celle  des 
pays  Toiains.  L'ezpotitioD  qui  a  eu  lieu 


en  1830  a  révêlé  des  talens  ignorés  de 
l'étranger.  L'attention  fut  plus  générait- 
ment  fixée  par  l'armurerie,  l'orfèvrerie, 
la  bijouterie,  les  bronzes,  les  cristaux, 
l'horlogerie,  les  dentelles,  les  instrumens 
de  mathématiques  et  d'astronomie,  les 
draps,  les  tapis,  les  couvertures  de  laine, 
les  toiles,  la  menuiserie  et  l'ébénisterie, 
etc.  On  compta  862  exposans  pour  les  0 
provinces.  Les  toiles  de  Flandre,  les  den- 
telles de  Bruxelles,  les  draps  de  Verviert, 
la  fayence  de  Toumay,  la  coutellerie  de 
Liège  et  de  Namur  sont  connus. 

Le  commerce  de  ce  pays  a  dà  consi- 
dérablement souffrir  de  sa  séparation  d'a- 
vec la  Hollande  qui  possédait  une  flotte, 
des  marchés  au  dehors  et  de  riches  co- 
lonies, et  qui  d'ailleurs  consommait  une 
partie  du  produit  des  fabriques  et  du 
sol  de  la  Belgique.  Aujourd'hui  il  cher- 
che de  nouveaux  débouchés  en  France 
et  en  Allemagne,  et  prépare  des  com- 
munications actives  entre  ce  dernier  pays 
et  l'Angleterre.  Anvers  et  Ostende ,  ports 
de  mer,  et  les  places  de  Bruxelles, 
Bruges  et  Gand  en  sont  les  principaux 
sièges. 

Sons  le  rapport  de  l'instruction,  ce 
pays  est  bien  moins  avancé  que  celui  avec 
lequel  il  a  récemment  fait  divorce;  ce- 
pendant on  y  trouve  de  nombreuses  éco- 
les et  des  universités  à  Louvain  (fondée 
en  1426),  à  Gand  et  à  Liège. 

Bruxelles,  l'une  des  villes  les  plus  in- 
dustrieuses et  les  plus  commerçantes  du 
royaume,  est  en  même  temps  le  alège 
du  gouvernement.  Elle  comptait,  en 
1 829,  avec  ses  faubourgs ,  1 1 2,000  âmes; 
aujourd'hui  (1834)  elle  atteint  à  peine 
à  91,000.  Après  Bruxelles,  les  villes  les 
plus  considérables  sont  :  Gand,  qui  pos- 
sède 80,000  habitans;  Anvers,  qui  en  a 
70,000 ,  et  Liège  dont  la  population  est 
de  60,000.  Tout  le  pays  se  divise  en 
neuf  provinces,  qui  formaient  ancienne- 
ment autant  de  départemens  français, 
mais  avec  des  noms  différens  ;  ces  pro- 
vinces dont  nous  indiquerons  en  même 
temps,  d'après  les  données  de  M.  de 
Reifîenberg,  l'étendue  en  lieues  car- 
rées, la  population  (de  1827),  le  nom- 
bre de  districts  et  de  représentans ,  ainsi 
que  le  chiffre  de  l'impôt  foncier  en  flo'» 
rins  (à  2  fr.  1 1  cent),  sont  les  suivantes  ; 


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BEL  (  26e  )  BEL 

ce»  QQmhres  p^^^  dpope>  9urtott(  pfmr  |  indiqua  p)u9  \^u 


M^fM 

Beabaxtt .;. 

EtAXDiis  ooqxoiiirTAi^. . 

FLAJTDIiK  09^IKirT4L«.  .  .  . 
HilVÂUT 

LiioK 

Hâmvr 

^90|JEG* ,... 

LuXXlfBOURO 


Total. 


*9 

Pi^tdatioii* 

?98,W 

3 

4féii.9repr. 

69 

458,900 

3 

7  »  14 

1,166,700 

71 

44p,200 

8»  U 

l.446,lf!7 

58 

624,200 

9  »  18 

1,718.384 

.1    >,  - .  < 

80 

457,400 

7  •  1& 

927,513 

102 

368,2aq 

*    • 

5.9 

551,^28 

58 

162.700 

3»    5 

87M21 

34 

303,900 

^ 

^-    ^ 

f^,97T( 

108 

264,600 

8 

4  »    8 

887,518 

879 

3,479,000 

44 

51,102 

7,793.197 

(*)  9o|is  iB)ettoBf  a^  |>a9  c|«  I«  l}*te  les  d^i^x  proTÎocesqne  la  Belgique  n*et^  pa«  ç^^taif  f^  df 
«nseryer  c^ios  leur  intégrité  ou  qui  of  sont  pas  fucorê  toiit-à-fâit  en  sa  possession! 


conserTer 

L8  ^çlgîque  est  une  moDarchie  l^ér^ 
ditaire  dai^s  ^e3  mâles,  et  temp^ré^  par 
des  formes  constitutionnelles.  La  loi  ion- 
dapeif^ale  est  du  3  rn^s  183^.  \jeroi 
des  Belges j  c'est  le  titre  qu'il  porte,  a 
le  pouvoir  exécutif,  mais  U  partage  le 
poifvqi^  législatif  avec  le  sépat  et  la  cham- 
bre des  représen^ns;  le  premier  $e  com- 
pose de  51  et  le  second  de  102,  mem- 
bre, les  uns  e(  les  autfe^  électifs.  La 
liste  civile  4u  roi  est  de  }^3Pq,Q0,Q  (for. 
L'impôt  foncier  rapporte  une  somme  4e 
plus  de  7,7Qp,0q0  florins,  et  l'on  évalue 
Iç  tqtaj  du  revenu  qrdinair^  à  6^  mil- 
lions. Les  dépenses  de  1832  s'élevaient  à 
^},89ô,pOO  flor.,  pt  ij  pn  r^ultait  par 
çonséqufn(  un  dé^cit  de  ^ô  millions^ 
qui  devra  9'ajouter  à  Impart  que  la  Çel- 
giquçi  aura  à  supporter  de  ^i  dette  na-: 
tjons^lç  d^  r^ncien  royaqi^e  des  Pays-Bas^ 
et  ^,  une  dette  de  48  cillions  déjà  con- 
tractée. Le  total  de  ces  obligations  for- 
mera une  çbi^rge  assez  pesante.  L'arinée, 
sur  le  pied  de  guçrre,  est  de  1QP,000 
hommes;  mais  les  grandes  puissa^cc^ 
ayapt  giirapti  à  la  Belgique  une  neutra- 
lité à  perp^Kiité,  ces  forces  deyrqpt  étr^ 
considérablement  réduites  aussitôt  que 
la  Hqllande  aura  consenti  à  recqnqaitre 
nuft^^ndaucç  4p  la  Heilgiquç  ^t  à  ç^ 


gler  les  liîqites.  l^a  marine  militaire  ht\^% 
ne  se  comjpose  encore  que  de  six  canon- 
nières; un^  frégate  et  une  corvette  spnt 
en  construction.  La  monnaie  belge;  est 
semblable  à  celle  de  France,  et  uepuis 
le  1  janvier  ^833  on  a  adopté  |e  sys- 
tème monétaire  décimal  en  franp^.  J.  ^'.  S. 
2**  Histoire*  Un  article  spécial  a  été 
consacré  aux  Belges,  dont  les  idiffçrefifes 
tribus  peuplaient  cette  région  du  temps 
de  César,  pe  ces  tribus,  ce  fi^fcnt  les 
Ner viens  qui  opposèrent  à  César  je  plus 
de  résistance.  Un  siècle  avant  notre  ère , 
les  Cimbres  et  ^s  Teutons,  ayt^nt  envahi 
les  Gaules ,  furent  chassés  pa^j*  le^  Qelges 
jusqu'a^i-delàdu  Rhin.  Ceux-ci,  ^nh^rdi^ 
pj|r  leurs  ^upcès,  traversèrent  une  parti^  de 
la  Qefmanie,  ^i\  se  grossissac^t  ^es  peu- 
plées qu'ils  rencpn traient,  ^\  plièrent 
défier  les  léçiops  romaines  sf|r  les  991^- 
6ns  de  ritalie  :  IV^arius  les  coipb^ttjt  et 
les  extermina.  Le  peu  d'hqmn^p  qui 
purent  échapper  à  son  glaive  rf:passt;rent 
le  Khin  e^  vinrent  s'établir'  parmi  lea 
Aduatiques.  Toutes  ces  peuplades,  réu- 
i)ies  à  une  parti^  de  la  Gafije ,  furent 
nomipées  Belgce.  Elles  étaient  si  consi- 
dérables qu'elles  (occupaient  le  territoire 
compris  en|re  TOcéan,  le  ^hin,  la  lytaruQ 
et  1^  S(^qe«  i^uite  on  dpiyia  if^différem: 


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B£L 


(Î67) 


BEL 


ment  le  nom  4e  £e(gimt^  à  la  Picardie  1 
ou  à  la  Flandre. 

Drusos,  Gennanicoty  Callgula,  com- 
mandèrent en  Belgique.  Le  premier  y  a 
laissé  plusieurs  monumens  dont  on  voit 
encore  les  ruines.  lies  Francs  et  les  Bel- 
ges y  écrasés  sous  la  puissance  romaine, 
formèrent  une  ligue  pour  expulser  leurs 
dominateurs.  Cest  k  cette  époque,  Tan 
420»  qu'un  guerrier,  Pharamond,  fils  de 
Marcomir,  est  élevé  sur  le  pavois  à  Ton- 
gres,  et  reéonnu  par  les  Francs  pour  leur 
chef.  Toumay  tombe  au  pouvoir  de  Clo- 
dion,  qui  pousse  ses  avantages  jusqu'à  la 
Somme.  Le  successeur  de  Mérovée,  ûU 
de  Clodion,  Ghildéric,  meurt  à  Touruay, 
oà  son  tombeau  fut  découvert  en  1668. 
Après  la  mort  de  Clovis,  deux  de  ses  en- 
fans  se  partagent  le  territoire  situé  en- 
tre le  ^bin  et  TOcéan,  sous  les  noms 
d'Austrasie  et  de  Neustrie.  La  Belgique 
est  gouvernée  par  les  maires  du  palais. 
Cbariemagne,  régnant  sur  toute  k  Gaule 
et  voyant  les  entreprises  des  Normands, 
établit  ^ux  emboucbures  des  fleuves  et 
des  rivières  un  grand  nombre  de  flottilles, 
danslebutderéprimer  leurs  brigandages; 
une  de  ces  stations  navales  était  à  Gând. 
L'empereur  qui  protégeait  le  commerce 
et  riostructiob  voulut  répandre  les  lu- 
mières dans  ses  vastes  étatf  :  Liège,  Lob- 
bes,  Saint-Amapdy  eurent  des  écoles  cé- 
lèbres en  Belgique.  Tant  que  'Charlema-' 
gne  vécut  il  sut  contenir  les  Normands; 
mais  if  sa  mort  ils  ravagèrent  Anvers, 
nie  de  Walchcren,  la  Frise,  Gand,  Cour- 
tray,  Toumay,  Louvain,  Térouenne,  les 
pays  voisins,  et  même  une  partie  de  la 
France ,  jusqu'à  ce  que ,  ayant  perdu 
109,000  hommes  en  tt  baUîlles  livrées 
par  Eudes,  ils  lurent  dégoûtés  de  leurs 
eoorses  sanglantes.  Après  la  mort  de  Lo- 
thaire,  souverain  d'AnstrasSe,  dont  la 
Belgique  faisais  partie,  on  ne  rencontre 
plus  pendant  6  siècles  que  des  seigneurs 
qui  s'érigept  en  petits  monarquéi  pour 
gouverner,  euseoible  ou  tour  à  tour,  les 
dhemes  fractions  de  |a  Belgique,  dépen- 
dantes tantôt  du  royaume  des  Francs, 
tantôt  de  l'empire  d'Allemagne. 

Après  avoir  î^h  long-temps  partie  de 
rancien  doché  de  Lorraine,  la  Belgique 
échut  à  celui  de  Boqrgogœ.  |^es  po»- 
sestioBt  du  dac  P|iiUppe-ie-9on  s'éten- 


daient de  la  mer  du  Nord  à  la  Somme. 
Prince  français  et  l'ame  des  grandes  in- 
trigues qui  tourmentaient  Louis  XJ,  il 
administra  la  Belgique  sous  le  titre  de 
grand-duc  d'Occident;  Quoiqu'il  fût  opu- 
lent, magnifique,  voluptueux,  sa  puis- 
sance et  sa  richesse  le  cédaient  en  lui  au 
désir  de  faire  le  bien,  chose  très  remar^ 
quable  en  ces  temps  de  barbarie.  U  insti- 
tua Tordre  de  la  Toison -d'Or.  Pour 
l'honneur  de  sa  mémoire  il  est  ttcheum 
que  la  résistance  opiniâtre  de  Dinant  l'ait 
porté  à  réduire  cette  ville  en  cendres 
quand  il  en  était  maître,  et  à  donner  Tor- 
dre de  jeter  dans  la  Meuse  800  de  ses 
habitans  pour  asisouvir  une  vengeance 
inutile.  Philippe-le-Bon  mourut  en  1467. 
Son  fils,  le  comte  de.  Charolais,  Charles- 
le-Téméraire,  en  lui  succédant,  recueillit 
ag,000,000  de  francs,  trouvés  dans  les 
coffres  de  son  père.  Malgré  ce  trésor,  U 
Belgique  souffrit  de  ses  levées  pécuniai- 
res, qui  l'aidèrent  dans  de  folles  entre- 
prises. Ennemi  de  Louis  XI  qui  s'était 
inconsidérément  rendu  auprès  de  lui  à 
Péronne,  il  le  retint  quelques  jours  pri- 
sonnier, et  peu  s'en  fallut  qu'il  ne  se 
défit  de  lui  dans  sa  fureur  ^  en  apprenant 
la  révolte  des  Liégeois.  Ce  prince  périt  à 
la  bataille  de  Nancy,  en  1477,  ne  laissant 
pas  d'héritiers  mâles.  En  conséquence 
Marie  de  Bourgogi^e  étant  Tunique  héri- 
tière d^  Charles,  une  partie  de  ses  états 
devait  retourner  à  la  couronne  de  France. 
Louis  envoya  des  négociateurs  et  des 
troupes.  La  Bourgogne  se  soumit;  maïs 
la  Flandre  et  T Artois  se  déclarèrent  pour 
Marie,  fille  et  unique  héritière  de  Char- 
les, qui  eut  la  dopleur  de  voir  les  Gantois 
trancher  en  place  publique  la  tète  d*Im- 
bercourt  et  d'Hogonet  ses  premiers  con- 
fidens,  Marie  ayant  épousé  Maximilien 
d' Autriche,fils  de  TeropereurFrédéric  III, 
fut  par  cette  union  la  cause  d'une  guerre 
de  H  siècles,  calamité  que  son  mariage 
avec  le  dauphin,  fils  du  roi  de  France, 
aurait  détournée.  La  Belgique  fut  alors 
(1613)  incorporée  à  Tempîre  d'Allema- 
gne et  forma  le  cercle  de  Bourgogne, 
Marie  mourut  à  Bruges  d'une'  chute  de 
cheval,  laissant  deux  enfans  en  bas  âge, 
Philippe  et  Marguerite.  Dans  les  troubles 
delà  régence,  Maximilien  fut  emprisonné 
par  les  Flamands.  Philippe,  ^'unissant  à 


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BEL 


(268) 


BEL 


Jeanne  de  Castille,  deiiiit  roi  d'Etpâgne. 
Le  commerce  el  la  prospérité  de  la  BeU 
gique  datent  de  cette  époque.  Charles- 
Quiot  réunit  bientôt  toute  la  monarchie 
espagnole.  Ses  succès  furent  mêlés  de 
grands  revers.  Épuisé  de  travaux,  lassé 
des  grandeu|rs,41  remit  la  couronne  à  son 
fils  Philippe  II,  en  abdiquant  à  Bruxelles, 
en  1555,  devant  les  États  assemblés, 
après  avoir  retracé  à  ses  sujets  avec  une 
simplicité  touchante  ses  nombreux  tra- 
vaux, et  à  son  successeur  les  devoirs  et 
les  principes  t|ui  devaient  le  guider  dans 
sa  nouvdle  ^carrière.  Malgré  sa  sévérité 
envers  la  ville  de  Gand  qui  l'avait  vu 
naître,  les  Belges  pleurèrent  ce  souverain 
lorsqu'il  mourut,  en  1558.  Philippe  II  se 
trouvait  alors  en  possession  de  l'Espa- 
gne et  de  ses  colonies ,  des  royaumes  de 
Naples  et  de  Sicile,. du  Mtlanez,  des 
Pays-Bas  et  de  la  Franche-Comté.  Ce 
prince  ambitieux,  hypocrite,  sombre  et 
cruel,  baissait  les  JFlamands.  Ils  portèrent 
tout  le  poids  de  son  caractère  sous  le 
gouvernement  du  fameux  duc  d'Albe, 
son  lieutenant  général,  qui  fit  périr  en 
6  ans  par  le  glaive,  la  roue,  la  corde  et 
les  flammes,  plus  de  18,000  personnes. 
Les  nobles  comtes  de  Hoome  et  d'Eg- 
mont  portèrent  leur  tète  sur  Téchafaud. 
Ces  horreurs  indignèrent  la  nation  et  des 
troubles  ne  tardèrent  pas  à  éclater.  Mal- 
heureusement elle  était  divisée  par  des 
dissensions  religieuses  :  les  provinces  du 
nord  avaient  adopté  les  principes  de  la 
réforme,  tandis  que  celles  du  midi  res- 
taient attachées  à  l'église  romaine.  Ces 
divisions  nuisirent  beaucoup  au  succès 
d'une  entreprise  que  le  prince  d'Orange 
conduisait  avec  prudence  et  talent.  Ce- 
pendant les  provinces  méridionales  dé- 
clarèrent, en  1576,  à  Gand  se  ranger  au 
parti  des  provinces  de  Hollande  et  de 
Zéelande,  déjà  en  pleine  révolte  contre 
l'Espagne,  mais  sans  entrer  ensuite  dans 
l'Union  de  1579.  Elles  furent  détournées 
de  cette  démarche  par  la  conduite  habile 
du  prince  de  Parme,  gouverneur  au  nom 
de  l'Espagne,  qui  retint  dans  l'obéissance 
les  provinces  wallonnes  et  qui  soumit  en- 
suite par  les  armes  le  Brabant  et  la  Flan- 
dre. 

Après  la  mort  de  Philippe  (1508)  les 
Belg^  respirèrent  Passant  en  1714  dans 


la  maison  d'Autriche  par  le  traité  de 
Rastadt,  ils  vécurent  paisiblement  sous 
le  sceptre  de  ses  souverains.  Charles  VI, 
dernier  prince  de  cette  maison,  mourut  en 
1740.  Sa  fille,  Marie-Thérèse,  épouse 
du  grand-duc  de  Toscane,  prit  possession 
de  tous  les  états  de  son  père.  Cette  prin- 
cesse fut  adorée  des  Belges  qu'elle  sut 
gouverner  avec  autant  de  douceur  que 
de  prudence.  En  4  789,  Joseph  II,  dont 
les  innovations  multipliées  appelaient  les 
murmures,  commit  plusieurs  infractions 
à  la  loi  fondamentale  du  Brabant  et  en- 
courut la  déchéance.  Il  avait  auparavant 
exigé  des  Hollandais  l'ouverturie  de  l'Es- 
caut, en  armant  contre  eux  les  Belges. 
Il  mourut  a  Vienne  le  20  février  1790. 
Léopold  II  prit  sa  place,  et,  afin  d'apaiser 
l'irritation  des  Belges,  il  leur  adressa  des 
propositions  modérées  qu'ils  rejetèrent. 
Le  maréchal  Bender  eut  l'ordre  d'entrer 
dans  le  Brabant.  Le  congrès  fut  dissous 
et  l'armée  belge  se  dispersa.  Léôpold 
mourut  en  1792;  François  II  devint  son 
successeur,  et  se  vit  un  mois  après  dé- 
clarer la  guerre  par  la  France.  La  ba- 
taille de  Jemmapes,  livrée  te  6  novembre 
1792,  ouvrit  aux  Français  le  territoire 
de  la  Belgique.  Réunie  a  la  France,  elle 
en  partagea  le  sort  jusqu'en  1814,  oà 
rinvasion  des  puissances  du  nord  l'en  sé- 
para ;  alors  elle  forma ,  par  le  traité  de 
Vienne  du  1 7  mai  1815,  avec  la  Hollande, 
le  royaume  des  Pays-Bas,  sous  le  gouver- 
nement de  Guillaume  de  Nassau,  prince 
d'Orange. 

Pendant  10  ans  les  Belges  furent  sa- 
tisfaits de  ce  nouveau  gouvernement,  qui 
encourageait  à  la  fois  le  commerce,  l'in- 
dustrie, l'éducation,  les  sciences,  les  arts, 
et  dont  l'étranger,  comme  les  nationaux, 
vantait  la  sagesse.  Mais  des  droits  mal 
appliqués;  la  langue  française  interdite 
aux  actes  publics  et  aux  plaidoiries;  l'o- 
bligation d'user  en  ces  cas  du  hollandais 
ou  du  flandre-allemand;  des  préférences 
envers  les  Hollandais  dans  les  emplois 
civib  et  militaires;  des  mesures  de  fi- 
nance impopulaires;  des  procès  contre 
la  liberté  de  la.  presse;  l'obligation  im- 
posée au  clergé,  encore  peu  avancé  en  lu- 
mières, d'envoyer  les  jeunes  séminaristes 
au  collège  philosophique  de  Louvain ,  et 
le  peu  de  sympatbie  que  cet  ordre  avait 


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BEL 


pour  an  gonvernemeot  protestant,  offen- 
sèreot  vifement  les  Belges.  La  religion,  les 
mœurs,  le  caractère,  les  intérêts  des  deux 
peuples  éUient  d'ailleurs  si  fort  en  oppo- 
sition que  Ton  pouvait  prévoir  aisément 
une  collision  prochaine.  Le  roi  la  i^etarda 
par  des  concessions  dictées  par  la  pru- 
dence, et  qui  eurent  Tagrément  des  Belges 
sans  les  satisfaire.  Deux  partis  puissans 
se  formèrent  dont  Tun ,  ennemi  juré  des 
calvinrstes,  conservait  le  souvenir  de  la  ré- 
sistance, couronnée  du  succès,  aux  nom- 
breuses réformes  tentées  par  Joseph  II , 
et  dont  Tautjre  réclamait  tous  les  avantages 
d'une  large  liberté.  Les  ecclésiastiques, 
qui  exerçaient  une  grande  influence  sur 
les  masses,  se  rapprochèrent  de  cette 
fraction  recevant  son  principal  appui  de 
la  France,  et  formèrent  funion  catholi- 
co- libérale.  Dès  lors  les  journaux,  em- 
preints, tantôt  de  principes  ultramon- 
tains,  tantôt  de  républicanisme,  publiè- 
rent dea  plaintes  qui  firent  écho  dans 
les  chambres.  Us  blâmèrent  avec  la  plus 
vive  amertume  l'acte  par  lequel  on  les 
obligeait  de  partager  avec  les  Hollandais 
une  dette  publique  de  787,000,000  de  fl., 
et  une  dette  flotUnte  de  1,204,000,000 
de  florins,  les  Belges  n'ayant  eu  qu'une 
dette  au  capital  de  4  millions  de  florins 
de  rente. 

L'opposition  grandissant  chaque  jour, 
le  gouvernement  fut  étonné  de  sa  violence; 
il  recourut  en  1829  à  des  mesures  de  ré- 
pression, dont  la  sévérité  produisit  un 
effet  contraire  aux  résultats  qu'on  at- 
tendait Des  fonctionnaires  publics,  dé- 
putés, perdirent  leurs  emplois  et  leurs 
pensions  en  votant  contre  le  budget.  L'ir- 
ritation des  partis  ne  connut  plus  de 
bornes  et  le  ministère,  comme  pour  la 
justifier,  intenta  un  procès  de  haute-tra- 
hison à  quelques  orateurs  dont  il  voulait 
se  débarrasser.  Un  millier  de  pétitions, 
protestant  contre  un  système  aussi  vio- 
lent, furent  écartées  par  l'ordre  du  jour, 
et  le  21  mai  1830  une  nouvelle  loi  res- 
tinctive  de  la  presse  arma  le  ministère. 
Dans  une  adresse  de  la  ville  de  Mons, 
peuplée  de  28,000  âmes,  on  demandait 
que  les  ministres  fussent  déclarés  res- 
ponsables, que  tout  le  monde  fût  libre 
cfe  faire  usage  de  la  langue  française;  et 
de  plus  une.  répartition  proportionnelle 


des  empbis  publics  entre  les  Belges  et 
les  Hollandais,  U révision  de  la  législa- 
tion sur  la  presse,  une  loi  sur  l'enseigne- 
ment, la  réduction  des  impôts,  une  équi- 
table répartition  des  sommes  affectées  à 
l'encouragement  de  l'industrie,  l'égalité 
proportionnelle  des  membres  dans  les 
État-Généraux  entre  la  Hollande  et  la 
Belgique,  etc.  Cette  adresse  résumait  les 
plaintes  générales  des  Belges;  mais  à 
toutes  les  réclamations  on  répondit  par 
le  maintien  de  ce  qui  existait  Le  minis- 
tre de  la  justice  Van  Maanen  devint  l'ob- 
jet des  plus  vigoureuses  attaques  dans  plu- 
sieurs journaux.  En  intentant  un  procès 
de  haute-trahison  aux  principaux  ré- 
dacteurs de  la  feuille  la  plus  répandue, 
le  ministère  accéléra  une  explosion  que 
la  moindre  portée  politique  aurait  dû  lui 
faire  pressentir.  MM.  de  Potter,  Tiel- 
mans,  Bartels  et  de  Nève,  furent  oon^ 
damnés,  9  mois  avant  cette  révolution,  le 
premier  a  8  ans,  les  deux  autres  à  7  ans, 
et  le  dernier  à  5  ans  de  bannissement. 
Le  ministre  de  la  justice  triomphait, 
croyant,  par  cet  exemple  de  rigueur,  avoir 
réduit  les  mécontens  au  silence;  ceux-ci , 
au  contraire,eocouragés  par  les  murmures 
qui  s'élevaient  de  toutes  parts,  n'atten^ 
daient  plus  qu'une  occasion  favorable 
pour  organiser  l'insurrection. 

Paris  en  trois  jours  venait  de  renverser 
un  trône  de  dix  siècles  par  un  prodige 
inouï  dans  Thistoire.  Bruxelles,  rempli 
d'admiration  d'un  si  haut  fait,  ne  pou- 
vait contenir  ses  élans.  Plusieurs  hommes 
influens,  profitant  de  son  enthousiasme, 
épièrentlemomentdepuniraussi  le  minis- 
tère néerlandais  de  SCS  fautes.  Le  28  août 
1830,  la  cour  des  Pays-Bas  éUnt  à  La 
Haye ,  on  devait  célébrer  le  jour  suivant 
a  Bruxelles  l'anniversaire  de  la  naissance 
du  roi;  mais  la  régence  informa  le  pu- 
blic que ,  vu  le  mauvais  temps ,  la  fête 
serait  ajournée,  qu'il  n'y  aurait  point  de 
feu  d'artifice  ni  d'illumination.  La  ville 
reçut  de  cette  nouvelle  un  certain  mou- 
vement Des  groupes  se  formèrent.  Dans 
quelques  chants  on  fit  entendre  ces  mots: 
Ce  soir  feu  d'artifice  y  demain  illumi'- 
.nation  y  après-demain  résolution.  Le 
24  j  un  Te  Deum  fut  chanté  en  l'hon- 
neur du  roi.  Le  temps  permit  la  revue 
de  la  garde  royale  en  nouvel  uniforme  à 


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J 


BEL 

fa  française.  Quelques  esprits  se  ipon- 
trèreht  agités,  mais  Sans  troubler  Tor- 
dre. Le  25  bd  medaça  d'incendier  le 
théairesi  les  acteurs  ne  jouaient /â  Muette 
de  Portici.  Cette  pièce  ayant  paru  sur 
f  affiché,  iinè  foulé  lUimense  assiégea  la 
ààllé,  et  beaucoup  de  bei*sohnes  n'y  pu- 
rerii  pénétrer.  Au  morceau  célèbre: 

Amour  sacré  Ae  la  patrie 
tleads-nous  l'aiidâce  et  la  fierté  ! 

tous  les  spectateurs  parurent  électrîsfe  ; 
lés  chants  hiretit  répétés  âù  dehors;  les 
fcris  de  libèirië  i-etentîrenl  de  toutes  parts. 
Un  groupé  ndtnbreux  enTahît  l'iinprî- 
ineriè  du  Journal  national,  feuille  sa- 
lanée  par  le  gouvernement,  et  le  doirii- 
cile  du  libraire  Libri  Ëagnano ,  qui  la 
rédigeait.  Comme  on  allait  enfoncer  par 
erreiir  les  portesde  Ik  Ubrairieparislenne, 
un  tiotnme  dans  il  h  fiacre  fut  kpefrii, 
disatit  à  la  foule  :  Ce  n'est  pas  ici^  mais 
plus  loîn,  et  désignant  ta  maison  de  Li- 
bri située  à  20  pas.  Cet  établissement  fut 
dévasté  complètement  en  {)eû  d'instàns , 
malgré  l'apparition  dès  gendarmes,  qui 
prirent  bientôt  la  fuite  sous  une  grêle  de 
pierres.  Les  enseigiies  âUx  arnies  royales 
et  les  réverbères  étant  brisés ,  des  attrou- 
pement allèrent  au  l'alais  de  Justice  cas- 
ser les  vitres  de  la  cour  d'assises,  aux  cris 
de  :  «  A  bas  Vâri  Maanen  !  Vive  de  Pot- 
tèr  I  Vivent  les  bahnis  !  Vive  la  liberté  ! 
Vivent  les  Parisiens!  «  Là  foule  grossie  se 
dirigea  vers  l'hâlel  du  ministre  de  la  jus- 
tice, oh  mille- imprécations  jaillirent  de 
la  fureur  populaire.  On  le  saccagea;  une 
partie  de  l'édifice  tomba  sous  les  coups 
des  dévastateur^  et  ses  débris  lancés  sur  la 
tix)npe  la  dispersèrent.  En  ce  ihoment  les 
magasins  des  armuriers  furent  vidés,  la 
maisoti  dit  directeur  de  la  police  atta- 
quée, son  mobilier  brûlé,  l'une  de  ses 
voitures  jetée  à  la  Senne.  Le  26 ,  la  mai- 
sBn  dd  coinmandant  dé  la  place  et  celle 
dh  gouverneur  subirent  le  même  Sort.  A 
six  heures  du  inàtin,  les  troupes  réunies 
sur  la  place  du  fcrarid  -  Sablon  tirèrent 
stir  la  multitude ,  qui  perdit  3  hommes  ; 
plusieurs  furent  blessés.  Leur  sang  fu- 
mant sur  les  dalles  de  marbre  porta  à 
soif  comble  Texaltation  du  peuple.  Le  27 
i!  se  dtvisà  en  déu^  classes ,  doni  l'une 
voulait  l'ordre  et  l'autre  le  pillage.  La 
première  forma  prûmpteinent  ime  garde 


(  2t0  )  BEL 

bourgeoise  afin  de  préserver  du  dégât 
les  palais  du  roi  et  du  prince  d'Orange; 
la  seconde^  connue  sous  lé  nom  de  sar^ 
reauàc  bleus,  hommes  dé  figures  sinistrés, 
circulant  dans  la  ville  avec  des  bâtons,  dei 
piques ,  des  crochets ,  cbûraii aux  maisons 
isolées  pour  les  piller.  Les  ouvriers  dès  ma* 
nufacttires,  animés  par  cet  exempte,  tni- 
lèreht  tous  ces  beaux  édifices  qui  les 
nourrissaient.  Enfin  la  régence  annonça 
que  le  droit  de  mouture  était  supprimé: 
èlIè  Invita  les  habîtans  dé  Bruxelles  a 
s'organiser  en  une  gardé  provisoire .  et  a 
illuminer  là  nuit  pour  suppléer  aux  ré- 
verbères détruits.  Céite  voix  fut  enten* 
due  :  la  garde  bourgeoise  se  partagea, 
sous  le  commandement  du  baron  d'tioog- 
vbrsty  éh  huit  seciions,  avec  lîné  ex- 
trême rapidité.  Par  ce  înoyeh,  les  pillards 
dispersés  ne  purent  prolonger  leurs  at- 
tentats. Néanmoins  quelques  sarreaùx 
bleus  incendièrent  lès  édiafauda|;es  et 
les  décorations  du  Parc,  malgré  les  ef- 
forts de  la  garde  urbaine .  qui  déjà  s'é- 
tait emparée  des  casernes.  Le  28  îin  ordre 
du  jour  annonça  l'organisation  dé  ta 
gardé  à  cheval.  PKisîeurs  fielgès  avaient 
arboré  dans  Bruxelles  les  couleurs  fran- 
çaises :  celles  du  Brabant  (rouge),  de  la 
Flandre  (jaunie),  et  du  tiainaut  (noire) 
les  remplacèrent  ;  on  trouva  l'origine  de 
leur  union  dans  le  blason  du  Brabant. 
Le  noir  est  le  fond  de  l'écussoo,  le 
jaune  est  la  couleur  du  lion  d'or,  et  lé 
rouge  celle  de  sa  langue. 

Les  Bruxellois  s'étant  réunis  en  as- 
semblée publique  nommèrent  président 
le  baron  de  Secus ,  et  l'avocat  Van  de 
Weyer  secrétaire.  Une  députation  de  S 
notable^  de  la  cit^,  composée  de  MM. 
d'Hoogvorst,  Félix  de  Mérode,  Gende- 
bien,  Frédéric  de  Secus,  Palmaert^ 
prend  le  chemin  de  La  Éaye ,  en  vue  de 
solliciter  du  roi  la  convocation  des  États- 
Généraux.  A  la  nouvelle  de  l'insurrection 
la  cour  avait  quitté  la  campagne;  le  roi, 
la  reine,  les  princes  et  les  princesses  s'é- 
taient rendus  k  là  Haye,  ou  Guillaume 
pi*ésida  le  conseil  des  ministres.  l.es 
troupes  hollandaises  se  mettent  en  mar- 
che; on  expédie  des  régi  mens  sur  deff 
chariots  de  posté  et  la  cavsderie  par  6 
bateîTux  à  vapeur.  t)àns  uneproclama- 
tion  des  princes ,  datée  dé  Vllvorde,  il 


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bÈt  (271) 

Mt  exprimé  qn'ib  entreront  I  BHixelles 
saivis  de  la  force  militaire,  pour  soulager 
le  service  de  la  bourgeoisie;  mais  qu'ad- 
paravant  les  couleurs  séditieuses  devront 
disparaître  afin  d*être  remplacées  par  la 
touleur  unie  de  la  maison  d*Orange.  A 
peibe  a-t-on  lu  cette  proclamation  aux 
flambeaux^  sûr  le  balcon  de  Fhétel-de- 
Tille,  c{ue  tes  cris:  «  Aux  armes,  Bruxel- 
lois !  »  se  font  entendre.  L'éclair  n'est  pas 
plud  prompt  que  le  motivement  du  peu- 
ple ,  coupant  les  arbres  des  boulevards 
et  les  entassant  en  barricades  aux  entrées 
de  la  ville.  A  ce  coup  de  tonnerre  qui  re> 
tentitdansLouvaiii,Liége,yerviers,Mons, 
Gand,  Anvers,  etc.,  les  citoyeUs  prirent  les 
armes  et  veillèrent  à  leur  sûreté.  Liège 
envoya  une  députation  à  La  Haye,  de- 
mandant le  renvoi  des  ministres ,  le  rcf- 
thiit  du  message  h)yal  du  11  décembt'e, 
Tinstitution  du  jury,  la  responsabilité 
tninisiérielle,  Fùsage  de  la  langue  fi*ançaise 
dans  tous  les  actes.  Mons,Toumay,Char^ 
leroi,  Terviers,  Lonvàin,  adressèrent 
les  mêmes  représentations.  Les  États- 
Généraux  furent  convoqués  à  La  Haye 
pour  le  13  septeihbre.  Guillaume  déclara 
positivement  aux  députés  de  Bruxelles 
^u'H  avait  seul  le  droit  de  nommer  et  de 
congédier  ses  ministres;  qu'il  ne  pouvait, 
éans  manquer  à  sa  dignité ,  consentir  à 
des  demandes  inspirées  par  la  violence  ; 
mais  qu'il  prendrait  Tavis  des  États-Gé- 
néraux. l.e  prince  d'Orange,  à  la  suite 
d'une  couvent  ion ,  ht  son  entrée  à  Bruxet 


ËËL 


les,  avec  soii  état-major,  le  1*  septem- 
bre ,  au  milieu  de  la  garde  urbaine,  dont 
les  étendards  tricolores  flottaient  autour 
de  lui.  Bien  que  les  députés  se  fussent 
portés  gjarans  de  sa  sûreté  personnelle, 
il  courut  des  aabgerS  et  n'entra  que 
malgré  lui  dans  lai  place  de  Tbôtel-de- 
villé,  au  lieu  d'aller  directement  à  son 
palais  comme  il  le  désirait.  Ce  ne  fut  que 
par  des  tues  détourtiées ,  franchissant  à 
cheval  les  barricades ,  qu'il  parvint  pâle 
et  défait  à  son  ancienne  demeure.  La  ré- 
ponse du  roi  à  la  députation  de  Bruxelles 
ayant  été  connue,  6n  lacéra  la  proclama- 
tion royale.  A  cette  occasion  le  prince 
d'Orange  fut  encore  exposé  à  de  nou- 
veaux pérlU  dans  son  palais,  dont  le  peu- 
ple exaspéré  provoquait  l'attaque. 
Des  oégociadons  ayant  décidé  qu'tbé 


séparation  administrative  de  la  Belgique 
et  de  U  Hollande,  sous  le  sceptre  des  Nas- 
sau, serait  l'unique  moyen  de  rétablir 
entièrement  l'ordre ,  le  prince  prit  l'en- 
gagement de  porter  ce  vœu  au  roi.  Il  se 
rendit  à  La  Haye  ;  les  troupes  abandon- 
nèrent Bruxelles.  L'krsenal  de  Liège 
étant  pris  d'assaut  par  le  peuple,  le 
prince  Frédéric  déclara  qu'il  n'enver- 
rait point  de  troupes  contre  cette  ville. 
En  ce  moment  Guillaume  acceptait  U  dé- 
mission du  ministre  Tan  Maanen.L^afri- 
▼ée  du  prince  d'Orange  à  La  Haye,  por- 
teur du  projet  de  la  commi^ion ,  pro- 
duisit peu  d'effet  sur  son  père,  qui  dé- 
clara ,  dans  une  proclamation  du  5  sep- 
tembre, que  le  concours  légal  des  États- 
Généraux  ferait*  justice  des  prétentions 
exprimées  dans  les  adresses.  Cette  déci- 
sion, très  mdl  accueillie  des  Belges,  les 
fait  courir  aux  armes.  Toutes  les  villes 
envoient  des  troupes  à  Bruxelles.  Le 
prince  Frédéric,  donnai^ à  une  députa- 
tion nouvelle  qui  exigeait  formellement 
la  séparation  une  réponse  à  peu  près 
semblable  à  la  proclamation  royale,  jette 
le  peuple  encore  une  fois  dans  feffer- 
vescence.  Une  cotbtnission  de  ^reté  est 
nommée  par  la  régence,  le  11  septem- 
bre, et  composée  de  MM.  Roupe,  Félix 
de  Mérode,  Van  de  Weyer,  Ferdinand 
Meecus,  du  dtic  d'Ursel,  du  prince  de 
Ligne,  de  Frédéric  de  Secus;  les  deux 
derniers  refusèrent. 

Le  M  ouvrit  \ei  États-Généraux  :  la 
seconde  chambre  décida  la  nécessité  d'un 
changement  à  la  constitution  fondamerl- 
tale,  à  la  majorité  de  50  voix  contre  44; 
celle  d'un  changement  dans  la  réunion  des 
deux  pays,  à  la  majorité  de  55  cotitre  4ti; 
les  dedx  questions  furent  résolues  altir- 
mativement  dans  la  chambre  haute ,  à  la 
majorité  de  3 1  voix  côhtre  7.  Lès  États- 
Généraux  déclarèrent,  le  29  éeptembre^ 
la  séparation  législative  et  administrative 
de  la  Hollande  et  de  la  Belgique,  soiis  le 
gouvernement  cohimun  de  la  maisob  de 
Nassau ,  à  la  majorité  de  8Ô  voix  contre 
19.  Les  Belges  n'attendirent  point  cette 
décision  :  le  20  septembre  Ils  remplacè- 
rent le  gouvernement  par  un  autre  pro- 
visoire, ainsi  coniposé  :  MM.  de  Pottèi', 
encore  à  Paris,  et  dé  Stassari,  ayant 
pour  adjoints  :  Tan  tteenen,  Gèndébièti^ 


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BEL 


^272) 


BEL 


Félivde  r>rcix)de,  Raikem ,  comte  d'Oui- 
tremont.  Van  de  Weyer.  Qudques  bour- 
geois notables,  redoutant  le  règne  de  l'a- 
narchie dont  ils  voyaient  les  symptômes , 
engagèrent  le  prince  Frédéric  à  venir  dé- 
gager la  ville  des  étrangers  qui  la  tour- 
mentaient. Le  prince  publia  une  procla- 
mation d^amnistie,  en  menaçant  de  livrer 
à  la  justice  les  chefs  instigateurs  des  trou- 
bles, exigeant  en  outre  que  les  couleurs 
brabançonnes,  fussent  déposées.  Cet  acte 
devient  le  signal  du  combat.  Le  prince  a 
promis  d'enirer  à  Bruxelles  au  point  du 
jour.  Huit  mille  Hollandais,    avec  28 
pièces  de  canon,  vont  attaquer  la  ville  sur 
quatre  points.  Six  pièces  et  un  petit  nom- 
bre d'hommes  leur  sont  opposés;  le  co- 
lonel français  Mellinet,  qui  avait  com- 
mandé un  régiment  de  la  jeune  garde  à 
Waterloo,  et  le  général  Juan  van  Halen, 
se  mettent  à  la  tête  des  forces  qui  se  pré- 
sentent et  repoussent  les  Hollandais  dans 
toutes  les  directions,  après  quatre  jours 
d'un  combat  pFesque  sans  exemple,  vu  la 
disproportion  des  moyens.  Les  Hollan- 
dais essuient  une  perte  de  4000  hommes, 
tués  ou  blessés,  tandis  que  les  Belges  ne 
comptant  que  165  morts  et  811  blessés. 
Un  tel  succès  enflamme  les  autres  villes  : 
Mons,  Gand,  Namur,  Philippeville,  éloi- 
gnent leurs  garnisons;  celle  de  Liège  éva- 
cue la  citadelle  le  6  octobre. 

M.  de  Potter  vint  à  Bruxelles  et  fut  ins- 
tallé au  comité  central  en  qualité  de  mem- 
bre du  gouvernement  provisoire.  Cette 
autorité  décréta  que  les  pays  qui  se  sépa- 
raient de  la  Hollande  foimeraient  un 
éti^t  indépendant;  qu'une  assemblée  na- 
tionale, convoquée  à  Bruxelles,  procé- 
derait au  choix  d'un  gouvernement  nou- 
veau; que  la  province  de  Luxembourg 
ferait  partie  du  nouvel  état.  Le  prince 
d'Orange,  muni  des  pouvoirs  de  son  père, 
se  flattait  d'obtenir  le  gouvernement  de 
la  Belgique,  mais  il  ne  put  y  réussir. 
MM.  de  Potter,  Rogier,  Van  de  Weyer , 
Félix  de  Mérode,  rédigèrent  un  projet 
de  constitution  pour  être  soumis  à  l'exa- 
men d'un  congrès  national  de  200  mem- 
bres. Cependant  la  tranquillité  publique 
n'était  pai  encore  revenue.  Le  major  hol- 
la^ndàis  Gaillard,  après  avoir  été  déjà  mal- 
traité par  ceux  qui  l'avaient  conduit  de 
Malînes  à  Louvain,  fut  massacré  dans  cette 


ville  au  pied  de  l'arbre  de  la  liberté.  Un 
grand  nombre  de  manufactures  détruites 
par  vengeance  et  de  grossiers  déréglemens 
attestaient  sur  plusieurs  points  le  règne  de 
la  licence.  Encore  que  l'on  eût  quelques 
regrets  de  tout  ce  qui  s'était  passé ,  nul 
mouvement  orangiste  ne  put  avoir  de 
succès,  même  à  Gand ,  dont  le  commerce 
souffrait  plus  qu'ailleurs.  Guillaume,  mé- 
content de  son  fils  aîné,  qui  avait  déclaré 
vouloir  seconder  les  hommes  de  la  révo- 
lution ,  défendit  de  reconnaître  son  au- 
torité et  le   disgracia.  Le  prince  partît 
dès  le  lendemain  pour  l'Angleterre.  Deux 
jours  après,  le  général  Chassé  (vo^.  ce 
nom),  commandant  la  place  d'Anvers 
(vojr,  ) ,  canonna  et  bombarda  cette  opu- 
lente cité  durant  sept  heiures,  avec  trois 
cents  bouches  à  feu  qui  détruisirent  30 
maisons,  l'arsenal  et  des  magasins  con- 
sidérables, dont  la  perte  surpassa  trois 
millions  de  francs.  Un  pareil  acte  n'était 
pas  propre  à  calmer  les  deux  partis  ;  la 
haine,  au  contraire,  n'en  devint  que  plus 
générale  et  plus  profonde.  Le  commerce 
demanda  des  dédommagemens  à  la  cour 
de  La  Haye ,  qui  se  renferma  dans  le 
silence.  . 

Quelques  tentatives  faites  pour  opérer 
de  nouveau  la  réunion  de  la  Belgique  à  la 
France ,  échouèrent  contre  la  volonté  des 
quatre  autres  grandes  puissances  de  l'Eu- 
rope. La  noblesse,  les  propriétaires  et 
les  négocians,  qui,  désireux  du  repos, 
ne  voulaient  ni  de  la  démocratie  de  M.  de 
Potter,  ni  de  la  théocratie ,  non  moins 
oppressive,  que  méditait  le  clergé,  ap- 
pelèrent de  leurs  vœux  une  monarchie 
constitutionnelle  avec  une  repré3entation 
du  pays  par  deux  chambres.  Le  congrès 
national  se  réunit  le  10  novembre,  et 
le  18  l'indépendance  de  la  Belgique  fut 
procla  mée ,  sous  la  présidence  de  M.  Sur- 
let  de  Chokier,  avec  toutes  réserves  re- 
latives au  duché  de  Luxembourg.  Le  22 
novembre  on  adopta  la  forme  monar- 
chique par  1 74  voix  conti*e  1 3.  Le  24 , 
l'exclusion  du  trône  de  la  famille  de  Nas- 
sau fut  prononcée  à  la  majorité  de  1 6 1 
voix  contre  28.  Les  membres  de  la  pi-e- 
mière  chambre  prirent  le  nom  de  séna- 
teurs ^  et  ceux  de  la  seconde  furent 
appelés  rcprésentans.  On  agréa  la  pro- 
position de  faire  nommer  l«i  sénateurs 


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feEL 


(273) 


BEL 


jpar  le»  électeurs  de  la  chambre  élective; 
une  autre  proposition  tendante  à  Télec- 
tioo  des  sénateurs  pour  un  temps  double 
de  celui  de  la  chambre  des  députés  fut 
aussi  adoptée  ainsi  «qu'une  troisième  por- 
tant que  le  sénat  pourra  être  dissous  et 
que  le  nombre  de  ses  membres  n'excé- 
dera point  Ifi  moitié  des  repvésentans. 
M.  de  Potter  (  voy.  ),  bien. convaincu  de 
llmpuissaoce  de  ses  elTorts  pour  le  triom- 
phe des  principes  républicains ,  donna 
VI  démission  le  15  novembre;  depuis  il 
n'a  plus  reparu  sur  la  scène  publique. 
La  conférence  de  Londres  \voy,\  qui 
craignait  de  voir  la  discorde  s'étendre  «n 
F.urope ,  se  bâta  d'en  arrêter  les  progrès  ; 
une  trêve  de  dix  jours,  enVe  les  deux 
gouvernemens,  fut  conclue  le  25  novem- 
hre,  sur  la  base  de  l'acceptation  des  li- 
mites du  39  mai  1814.  Il  fallait  un  sou- 
verain aux  Belges  :  Louis-Philippe,  roi 
des  Français ,  le  prince  de  Salm-Salm , 
Frédéric  de  Mérode ,  le  prince  Othon 
de  Bavière, Tarchiduc  Charles, le  prince 
de  Leuchtenberg ,  le  duc  de  Nemours, 
second  fils  de  Louis-Philippe,  eurent 
des  voix.  Le  dépouillement  du  scrutin 
donna  pour  résultat ,  sur  191  membres 
présens,  97  voix  pour  le  duc  de  Ne- 
mours, 74  pour  le  duc  de  l^uchtenberg, 
et  3 1  pour  l'archiduc  Charles.  Le  pré- 
sident proclama-  roi  des  Belges  Louis- 
Charles-Philippe  duc  de  Nemours,  né 
le  25  octobre  1814.  Une  députa  tioo  de 
dix  niembres  du  congrès,  le  président 
compris,  se  rendit  à  Paris  auprès  de 
Louis-Philippe,,  qui  l'accueillit  parfai|e- 
tement,  mais,  refusa  la  couroni^e  pour 
son  fils.  Le  congrès  avait  donc  encore  une 
fois  à  pourvoir  au  trône.  Le  24  février 
1831 ,  il  nomma  son  président,  M.  Sur- 
lét  de  Chokier,  régent  provisoire;  il 
fut  solennellement  instillé  le  lendemain 
et  placé  à  côté  du  trône.  M.  de  Gerlache 
le  remplaça  comme  président  du  con- 
grès. La  loi  électorale  ayant  été  adoptée, 
les  membres  du  gouvernement  provisoire 
déclarèrent  leurs  fonctions  expirée».  Le 
congrès  leur  vota  une  récompense  de 
él||c 


50,000  florins.  Il  s'él^^  dans  plusieurs 


grandes  villes  de  la  B^que  quelques 
troubles  qui  furent  peu  sérieux  ;  on  les 
attribua  au  parti  hollandais.  Le  29  mars, 
le  congrès  fut  ouvert  de  nouveau  par  le 

Encyclop,  d,  G.  d,  M.  Tome  III. 


régent.  H  vota  une  levée  de  90,000 
hommes  de  la  garde  urbaine^  une  réduc- 
tion sur  les  traitemens ,  ainsi  qu'un  em- 
prunt de  12  millions  de  florins.  On  fut 
instruit,  le  24  mai,  que  le  pavillon  beig« 
serait  admis  désormais  dans  les  ports  de 
la  Grande-Bretagne;  et,  le  4  juin,  on 
procéda  à  l'élection  du  roi.  Le  choix 
tomba  sur  le  prince  Léopold  de  Saxe- 
Cobourg ,  gendre  du  dernier  roi  d'An- 
gleterre et  firère  du  duc  régnant  de  Saxe- 
Cobourg.  Sur  196 membres  présens,  19 
ne  prirent  point  part  au  scrutin ,  10  fo- 
rent contre  le  choix  d'un  roi,  14  pour 
M.  Surktde  Chokier;  on  trouva  un  bul- 
letin douteux.  Le  prince  Léopold  eut  les 
autres  voix.  Le  président  du  congrès  le 
proclama  roi,  sous  la  condition  qu'il 
accepterait  et  jurerait  la  Constitution. 
Aucuqe  acclamation  ne  se  fit  entendre , 
ni  au  congrès,  ni  dans  les  tribunes.  Une 
députation  porta  le  décret  d'élection  au 
nouveau  souverain.  De  vifs  débats ,  qui 
durèrent  neuf  jours,  résultèrent  du  26* 
protocole,  dont  l'acceptation  était  une 
condition  du  consentement  de  Léopold. 
Les  18  articles  furent  acceptés,  le  9 
juillet,  avec  des  cris  de  joie.  Le  roi 
Léopold  fit  son  entrée  dans  Bruxelles,  le 
21  juillet,  et  prêta  serment  à  la  Consti- 
tution, sur  la  place  Royale.  Le  régent  se 
démit  de  ses  fonctions  le  même  jour,  & 
le  congrès  déclara  ses  séances  terminées. 
Les  collèges  électoraux  furent  oonto- 
qnés  pour  le  29  août  et  la  chambre  des 
représentans  pour  le  8  septembre. 

Mais  le  2  août,  les  Holllîndais  attaquè- 
rent à  l'improviste  le  nouveau. royaume, 
et  les  Belges,  battus  sur  divers  points» 
dorent  principalement  ce  désastre  à  l'in- 
discipline et  à  l'inexpérience  de  leurs 
mfilices.  La  France  intervint  d'une  ma- 
nière puissante,  en  faisant  entrer  une  ar- 
mée dans  la  Belgique,  et  les  Hollandais  se 
retirèrent  On  conclut  un  armistice,  suivi 
d'une  trêve  de  six  semaines,  prolongé 
ensuite  indéfiniment  L'armée  belge  fut 
réorganisée;  des  officiers  français ,  char- 
gés de  l'exécution  de  cette  mesure,  éveil- 
lèrent la  jalousie  des  Belges,  qui  les  re- 
'gardaient  comme  nuiaibles  à  leur  avan- 
cement. Le  roi  nomma  M.  Van  de  Weyer 
son  ministre  plénipotentiaire  auprès  de 
I  la  conférence  de  Londres ,  pour  conclure 

18 


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BEL 

nai  Mté  aéfoHîf  avae  k  Bottfinde. 
4bU  M«coii9irtion  les  ofificiers  belf^s  qui , 
^r  ito  fautes  graves ,  avaio^  comfM-o- 
mît  la  AÙrHé  de  l'élaL  Le  général  Datée , 
eommaéda&t  Tannée  dut  k  Meuse,  re-. 
^ta  la  défaite  sur  le  mÂaistre  delà  pierre, 
dont  il  atait  atteodu  phisteArs  jours  yai- 
sèment  les  ordres;  il  fui  absous  ea  mars 
1BB2.  Les  généraux  français  Évain  et 
Bespres  aelâvèrentroi^aatsation  de  Tair- 
mée.  Le  preaner^  s'étani  fait  nainraliser 
Belge  )  reçut  du  roi  sa  promotion  au  mi- 
^■istèife  de  la  guerre.  Une  loi,  tirée  de  la 
fliéceasilé  de  repousser  lioe  invaaion  nou- 
^le,  autorisa  le  rot  a  bnierir  les  fron- 
tières Ènx  années  étrangères^  dans^un  cas 
^ffgBsant.  L'aititade  bostile  dé  la  Hol- 
lande fil  augmenter  successiTemeul  les 
Jsrcas. belges,  au  point  que  Tarmée  de- 
wl  être  de  1 SO  mine  homiÉcs ,  sfuftenus 
ida  tZ9i  pièces  de  campagne.  Un  tel  état 
militaire  devait  absorber  une  masse  de 
fsnds  hôra  de  toute  proportion  avec  les 
tè venus  du  pa^  :  aussi  fallut-il  recourir 
WÊX  «mpmois,  yoie  périUeuse  pour  la 
ftntune  publique. 

Depuis letraitédu  ISno^erabre  16S1, 
la  face  des  afFiSres  a  peu  changé,  hors  la 
reoMmaissanoe  de  Léopold ,  comme  roi 
des  Belges,  par  les  diiq  grandes  puis- 
-aances.  Ce  traité  compose  le  nouvel  état 
des  andcMies  pmvÎDces  méridionales  des 
Pays-Bas ,  moins  une  partie  du  Luxem- 
iMnirg  et  dû  Limbonrg^  «ur  les  deux  rivés 
4lé  la  Meuse,  et  moins  -Maêstricht  et  sa 
banlieue;  il  reconnaît  la  libre  navigation 
du  fleuve,  selon  les  stipulàtvocis  du  oongrès 
àt  Vienne;  Tusage  des  canaux,  coupant  la 
B«4gM|ue  et  la  Mollande^icst  «léclaréeom- 
mun  afUft'dettk  peoples,  de  méane  que  les' 
niMtes  isntre  fâaOflfndtk  et^ttard  ^  pour 
lè«omMierds  do  transit  iivet  l'^AIleasagne. 
€fc  tvaivé  dotine  ^  la  fie^fîqite  la  liberté 
^V>tt%tfil' de  nouveaux  caninix;  llcbargc  ce 
pa^es  de)^a^  aiMiMliemeRtà  la  Hollande 
une  rMde  «de  ^^480,9^0  Aor.  de  la  deUe 
activé  4esiUiys-laS)  vfoi  sapa  oonsîdérée 
ttoÉime  «Iptia  puMiquè  tlu  Nouveau  isoyaa- 
b«,  laquetip^Mneot  s*ra  éat^pahr  moitié 
dèsirdMiis^inaikinoik  Un  protocole  por- 
tait «|0e  tt  nq4brtwe8sesjde  la  £«%  tqoe«^ 
talent  rasées^,  Mous^  Marleid»èuMg ,  Pbi- 
lippav^,  ^ÀJàk^  MfMint;  Hamirnssadeor 


(274)  BEL 

On    cola  «SI  rasté  sans  exécution.  Guilkume  i 
refusant  de  reconnaître'  le  24^  article 
duiraité  du  15  novembre,  qui  prescrit 
Tévacuation  de  la  citadelle  d'Anvers,  la 
Fi'ance  et  l'Angleterre  signèrent  une  con- 
vention pour  arriver  à  ce  but  important. 
Le  blocus  des  ports  de  la  Hollande  et 
l'embargo  mis  sur  ses  bàtlmens  de  com- 
merce, n'ayant  pu  vfldocre  Tobstinatioa 
du  roi,  il  fut  décidé  par  les  deux  puis- 
sauces  que  la  citadelle  serait  assiégée. 
Cinquante  mille  Français,  sous  le  com- 
mandement du   marécbal  Gérard,  en- 
trèrent en  Belgique,  le  15  novembre; 
les  ducs  d'Orléans  et  de  Nemours  pri- 
rent part  à  l'expédition,  qui  fut  parfai- 
tement conduite  et  délivra  la  forteresse 
eo  24  jours,  après  95,000  coups  d'artil- 
lerie tirés  des  deux  côtés  (voX'  Anvrbs). 
Le  général  Cbassé,  qui  (à  comDQao4aity 
se  rendit,  avec  cinq  mille  hommes ,  par 
capitulatiob  du  23  décembre  1832;  ils 
furent  conduits  en  France ,  où  dés  soies 
généreux  |eur  furent  prodigués.  On  les 
renvoya  en  Hollande  Tannée  suivante. 
La  liste  civile,  montant  à  1,300,000 
florins,  pour  toute  la  dorée  du  règne  de 
Léopold ,  avec  jouissance  des  palais  de 
Bruxelles,  de  Lacken  et  d'Anvers,  fut  vo- 
tée à  la  presque  unanimité.  Ses  bienfaits 
s'étendent  sur  deux  ihille  familles  pau- 
vres, outre  les  dons  journaliers  qui  tom- 
bent de  ses  mains  et  de  celles  de  la  jeune 
reine,  fille  abiéede  Louis-Philippe.  Après 
de  longs  délais,  la  Presse  et  l'Autriche 
ont  envoyé  des  ministres  résidant  auprès 
du  roi  de»  Belges.  Le  ministre  de  Russie 
est  toujours  attendu.  De  graves  désor- 
dres aont  souvent  résultés  de  la  liberté  de 
la  presse ,  poussée  jusqu'à  rextréme  H- 
eence.  Anvers  et  Gand  furent  déclarées 
en  état  de  siège,  à  cause  des  troubles 
que  des  écrivains  suscitaient  D'un  coté, 
M.  Steveo,  directeur  du  Messager  4c 
Gemdy  était  condanmé par  un  conseil  de 
gueme,  dont  le  jugement  fut  annulé  à 
la  suite  de  vifs  débats >  dans  la  chambre 
des  représenians;  de  l'autre ,  des  hom- 
mes armés  sortis  de  Luxembourg  al- 
laient eolevérfw  le  territoire  belge,  le 
sénateur  Tho^'pour  le  conduire  dans 
4a  forteresse  de  cette  ville,  où  il  .est  de- 
meuré captif  jusqu'au  renvoi  des  frères 
Xodumoy  pcùnnoieri  %  tenr  tour,  etguî 


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BEL 


(275) 


BEL 


âtftieojt  fftirijtcipé  k  cet  vc^ilèvement.  Au 
comkm9ioçei$ieni  de  1834  une  viccoos- 
lAiMT  ^nUabbe  a  rempli  ie3  Belge»  li'uoe 
vipleuJe  kiidligualion.  Le  ^éoéiiil  Jiumofi- 
}ij$y  déipipprpuv^nt  U$  aty»  du  cpm- 
iBt#l^ir«  àt  «lUUfct  Haniio  concerpadt 
riiMcnii^ioB  des  j^ufif^  geits  ^  k  MÛiice 
fit  i(^  ressort ,  'eu\s>jf^  4^  «oJdats  |>r^- 
^m  armés ,  qui  (léfiélrèrest  la  imil,  par 
9»ie  ^H.ètre ,  da#s  îe  dojnicUç  du  coo^uiis- 
^^e  ei  remnieotèffni  gaiTotUé  à  Luxew- 
^ai)g,  où  il  r^sta  18  jours  prisoojjîer. 
(;eU!e  iiMS ,  les  réclaniatii^ns  <f e  la  Fi^aoce 
f t  de  rAugleti?!  re ,  afif^yées  de  proo^ 
1^  ci^sur;t>s  tfùlU^es  ides  jSel^eSy  IVt 
t^ai  si  /ii^er^'^u€#  ^ue  M.  ^aoop  r^qof- 
iFTS  sa  Ul^rt.é  fuir  ordre  4^  la  d^àe  àe 
JFVMoloirt  :  ^e  lOrdiOn^ia  oi^iç^  4y?  I^^re 
reeomMHre  Je  coi^Mpiii^re  ^u^^^aMK  U- 
miles  -du  leiviiMire  b^ge  ^par  uii^b  f^- 
ft^ne  4*hiea#^Mr.    Totftt^lois,   foi^r  ne 
jNOml  fi^^Mser  itrof»  ^o  la  saû^ffiuti^ 
i|M*ils  icaordaipnl,  4es  .es^^iiiueU  de  Ber- 
Ha  et  de  yiemi^  qliar^rem,  4ans  ifii 
^«emievs  joiav  dVvi^»  h^  dipkMna^s 
l|iM  lescefnr^ntaieot^  Bru^eU^'s.detio- 
liâcr  au  i0ouver«ieineui  J»elge  qu^  h  ray«in 
4é0al  ée  b  lorver^sike  4p  iJuj^eiiibcHicg 
dUait  i%é  à  (4  iUe«ea»  par  m^  't^\Ub  eod- 
4rlu  enine  te  roi  /6u*^b«HWB  .et:(a  tCôn1M6- 
<ititk>n  .geiTniKuiifue;  t^ue  Tocq^paAion  de 
la  pantre  du  lampibâuiig  ou  smiîoiiuieot 
4N^jourd'i»<H  le#  troupes  helges  pvodui- 
4»ît,^  irtle  be  veoiiit  -biAiHot  à  <]eQser,  la 
l^is  fià<AftHaetîmpre«s«Qik  Hir  l'e^lide» 
^NMSsaiwffs  œpiÀielilte  .à  ;la  dîele  de, 
ÂaiicroM;  que  la  Couttd^iiAU«|ti  n'Msi'u 
4ûâe  eave^  fia  (Belgique  »  f»  :par  4e  4r#ri(é 
lin  91  «»i,*ifp^r  Ie4raîlédu  i^  ino- 
▼embre;  mats  que  cependant  fia  Beldî- 
t|«e4i^^k  pts  Ims otÎD  4e  faive  OCAuper 
•laîUtaMieaielit  -la  partie  du.liuumnbourg 
4|ua  Iui4i4tigne  fce  4eriàf^  Mraifié^  atteiidu 
t^uete^eiiftdéralipivbteftqu.'ftlIftpVHtipas 
«MOiHMsbs  'droilUdB  la  JB«?igî«Hi^^i'  <)^c 
4pai4ie  du<0r«nd<4u^b^  «'aMMitpoirtt  dHp- 
ilaoltaBa  tMMiiiUa  eiMit«eia  aouA«ftU.ro)SBu- 
lB^ftiM4^M^propOM>4.p%i^qMftQt^  préiMit, 
<làele4rDiii>kii*daasfl*état4le  paaajssiaarttrw 
ritorkie  oQéf^|iai'iks6v^flf0ai«b»de  Aft^; 
I9|ne  y  ai  rl'ooeupaUô^  ^lilaior  éfi  /ce  ter-i- 
cîtdiee  «a  demk  êlnp  :qiie  Je  f^élude  ide 
llaUtréè  ^es  4«<Mprs  bàlfe»  daas^.4li  par- 


le  i^rand  rajon  de  la  forteresse ,  la  Con- 
fédération était  bien  décidée  à  faire  res- 
pecter se^  <Jrpi|s  p^r  la  lorce,  et  à  faire 
occuper,  au  besoin,  par  ses  troupes  tout 
le  territoire  allemand;  <|uç,  rtf^ti veinent 
à  MP  dé^iaveu  ofliiiel  dp  la  couduile  du 
général  ptiuioulip^  ou  à  sa  destitution, 
mesure  que  le^  j>{enipot,entiaires  de 
France  et  d'Angleterre  avaient  sollicitée 
de  la  dièle^ celle- ci  ne  consei^irait  jamais 
k  punir  un  de  ses  offi/iiers  pour  avoir 
exécuté  ses  ord«e^  et  fjuit  respecter  les 
^droits  delà  Gonj^iléralion  germanique; 
qu^  4a  diète  ne  se  refuserait  pas  à  auto- 
riapr  le  général  iDum.oulîo  à  conclure 
^vec  1^  4^ij(éi;al  Xa.bor  une  conveniioo 
.militaire  destinée  à  expliquer  et  à  inter- 
prét/er,  suivant  Jegr  véritable  sens,  les 
déclaralioD^  écbai^ées  le  20  mai  JSSl, 
enta'elc.princede  Ûese-tioni bourg  et  le 
général  .Qoetjhal,  c^nivention  .qui  d'ail- 
leurs «ne  préjugerait  rien,  quant  à  la  re- 
conm^isaanqe  des  d,roits  de  la  Belgique 
aur  aucune  partie  du  grand-duché,  et  qui, 
4e  pUis,  devrait  être  basée  ^i  r  la  fixât ioa 
dM  rayon  de  la  forteresse  à  quatre  lieues 
et  ^ur  ifi  renonclatiQn  des  autorités  bel- 
ges ajoute  opéi*ajlion  militaire,  à  tonte 
lavé^  ou  tirage  {i^  sort  de  b  milice  daos 
j'^erHlt^e  de  c^  jraynn. 

1^^ avril  de  nouveaux  troubles  écla- 
tèrent dan/i  Bjri^Lelles,  à  Toccasion  d*uiie 
sousoriptiofi  pour  acquitter  le  rachat  de 
quatre  cbeuf^u  suites  ^cle  la  plus  belle 
rac)e,.pro^fM}«^t  du.hvas  Jjb  X<?»'vueren, 
ot  ipis  pous  le  séquesl^ie  paf  radminîs- 
MatiQU  ^1^  .donviinjRs ,  p\fc  les  autres 
(»iei^  4u  .pripc/e  d*0.i;9o^ei  D^ux  jour- 
tm^ ,  cppi^f^  par  le^r  attpcbeipent  à  la 
idynaslife  t4?  Na^u«  puolifèrent,  outre 
jfié  ^fffis  4f|»^uacrlpteMrs  avep  le  mon- 
fl^yU  de  :le.Mr  xot^ation ,  ('éh>g,e  de  Guil- 
Jaame  fil  de  aon  fils,  mçlé  J*outrages 
i90V(BrsvJÛopf|l4  jBl  ljBgf>u  v^rneiçent  bejge. 
jL'intftfitiofi  Ay<«i¥  4*î?  ii,cq,uéreui;8  ^es 
,cbewtu^,  Mei^U^  fi  M"  ^'^*  /laut  prix, 
é|a»tjl*eii  fyjfre  bopwm>je  a^frioc^  d'p- 
DftOge.  JDai^  Àa  npil  4u  ^  au  $ ,  on 
répWHtit  4la^  If  yJUp  et  on  gli^â 
aoMS  ^sforl^  u^D  j^cq(  vi^rulent  contre 
î^4^o^84?r^pt<Çu^».^.e  Pijuple  ^^n  courroux 
sa  fitprrta  rapîdem^t  sur  le^  b6ieU  du 
«doc  ^'tJrsel.a  du  ju!ii]|ce  de  Ligne,  qui 
intm^i  il^^pÇ^fi^  en  j»eu  4«  jnomensî  on 


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BEL 


(2t6) 


bÈL 


allait  même  démolir  celui  dia  j^ince  de 
Ligne,  quand  on  apprît  qu'il  appartenait 
au  général  français  Jacqueminot.  Les  hô- 
tels du  marquis  de  Trazegnies^  des  coitites 
d*Oukremonty  de  Béthuné,  deMamiz; 
différentes  maisons  subirent  le  même  sort. 
Des  pillards  montrèrent  les  listes  qu'ils 
avaient   reçues,  contenant   Tihdrcation 
àeB  maisons  à  dévaster.  Léopold  se  ren- 
dit sur  les  lieuz,  fort  attristé  de  tous  ces 
désordres,  et  fut  accueilli  par  des  dé- 
monstrations unanimes  d'attiour  et  de 
respect;  mais  après  son  départ  les  dévas:; 
tations  recommencèrent.  Le  ministre  de 
l'intérieur  Rogier,  haranguant  le  peuple 
«devant  $ainte>Gudule ,  afin  de  le  rame- 
ner au  devoir,  faillit  être  victime  de  son 
zèle,  en  recevant  sur  la  tête  et  lesr  épaules 
«un  violent  coup  de  bâton  armé  d'un  cro- 
chet ,  avec  lequel  on  essayait  de  le  faire 
tomber  de  cheval.  Ce  qu'il  y  eut  de  très 
remarquable  en  cette  occasion ,  ce  fut  de 
^oir  au  parc,  aux  promenades  et  dans  les 
rues ,  des  dames  en  riches  toilettes  et  qui 
semblaient  indifférentes  an  pillage  qui 
a^exeorçait  en  diffêrens  lieux  sous  leurs  re- 
jgards.  Plusieurs  personnes  périrent  sous 
les  coups  de  la  force  armée  et  des  dé- 
vastateurs eux-mêmes  qui  jetèrent  par 
les  fenêtres  des  meubles  sur  la  foule  ;>un 
plus  grand  nombre  fui  blessé.  La  tran- 
^quillité  reparut  le  lendemain.  ^ 

Par  malheur  les  passions  politiques 
bouillonnent  en  Belgique  comme  en 
Trance,  et  les  alimens  du  feu  ne  sont  pas 
près  de  s'épuiser.  J-  S.  Q. 

BELGRADE,  FiUe-Blanche  (de 
hiélo^  blanc,  et grad on  grod,  ville),  en 
latin  Aiba  grœca^  capiule  de  l'anoien 
royaume  et  la  princîpiale  ville  dé  la  princi- 
pauté actuelle  de  Servie,  est  une  forteresM 


commerce  importante.  Elle  est  située  sotis 
40*  3' delat.,et  89'' 7*  30' delong.,en  face 
de  Semlin ,  ville  de  la  frontière  militahre 
«sclavonne ,  au  confluent  de  la  Save  et 
du  Danube.  Belgrade,  bâtie  sur  une 
colline  escarpée  dont  b  forteresse  occupe 
le  soitomet,  se  divise  en  citadelle,  en 
ville  proprement  dite,  en  vHledeVeau, 
-c'est-à-dire  cette  partie  qui  longe  le  Da- 
nube ,  et  en  ville  des  Rasciens.  Le  nom 
de  Belgrade  parait  dater  de  1343,  épo- 
que à  laquelle  le  premier  diâteau  y  fut  éta* 


bli.  Après  avoir  appartenu  aux  rois  ou  dés- 
potes  de  Servie,  cette  ville  passa  sous  la 
domination  des  Hongrois,  et,  en  1456 , 
Jean  Hunyade  remporta  sous  tes  murs 
une  victoire  éclatante  sur  le  sulthan  Ma- 
homet II.  Les  Turcs  firent  degraiids  ef- 
forts pour  s'en  emparer;  en  1531  vingt 
assauts  qu'ils  livrèrent  à  la  citadelle  fu- 
rent repoussés,  mais  sansqu'ilf&tpossible 
aux  Hongrois  de  sauver  la  ville.  Apr^  des 
tentatives  multipliée3,mais  infructueuses, 
le  prince  Eugène  de  Savoie  en  fit  la  con- 
quête en  1717,  à  U  suite  d'un  éclatant 
triomphe  renkporté  sous  les  murs  de  la 
ville  et  en  prit  possession  au  nom  de* 
l'Autriche;  cette  puissance  dépensa,  après 
là  paix  de  Passarowitz(t;q;'.),  une  somme 
considérable  pour  faire  de  Belgfade,qu'oB 
pouvait  considérer  comme  la  clef  de  la 
Hongrie,  ce  que  son  excellente- position 
réclamait,  une  forteresse  de  premier  or- 
dre. Il  s'y  établit  bieptàt  un  commerce  flo- 
rissant; la  ville  s'agrandit ,  de  beaux  édi- 
fices l'embellirent  successivement,  et  elle 
présentait  alors  un  aspect  remarquable. 
Mais  la  paix  de  1 739,  qui  porte  le  nom  de 
cette  viUe  la  livra  de  nouveau  aux  Otbo- 
mans,  démantelée,  il  est  vrai,  mais  avec 
des  matériaux  suifisans  pour  rebâtir  ses 
fortifications.  Les  Turcs  n'aimant  pas  les 
maisons  trop  élevées  en  démolirent  les 
étages  supérieurs  et  ne  tardèrent  pas  à  dé- 
figurer une  ville  jusque  là  belle  et.  floris- 
sante. Après  on  court  siégeelle  fut  repriae, 
en  1789,  par  le  maréchal  Laudon;  mais 
déjà,  en  1791 ,  on  la  restitua  aux  Turcs. 
LesSeriMs  révoltés  sous  Tchemii-George 
s'y  établirent  dé  1804  à  1812;  les  Turcs 
à  leur  rentrée  se  vengèrent  par  d'horri- 
bles massacres. 

Aujourd'hui  on  remarque  à  Belgrade 


turque  du  premier  ordre  et  une  place  de  ,  le  même  délabrement  que  dans  les  autres 


villes  othomanes  ;  de  misérables  mos- 
quéesrusses  occupent  la  place  des  beaux 
temples  chrétiens  et  les  rues  sont  déser- 
tes. Les  hahitans,  presque  tous  Serbes 
(  les  Turcs  ne  forment  qu'une  faible  mi  • 
Borîté  ),  sont  au  nombre  de  30,000;  ils 
sont  souvent  décimés  par  la  peste.  Bel- 
grade est  le  siège  d'un  évéque  grec. 

La  peux  de  Belgrade  Ait  conclue  le 
1*^  septembre  1739;  par  ce  traité  l'Au- 
trid^  s'engagea  à  restituer  à  la  Porte 
tout  ce  qui  iol  avait  été  cédé  par  celui  de 


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BËt 


(  277  ) 


BEL 


Pa^rôtviu,  la  Servie  ^  avec  Belgrade , 
SnbatcB,  etcr.  Lors  de  rechange  des  ra- 
tifications, le  18  septembre  suÎTafnt ,  la 
Russie  fut  comprise  dans  ce  traité  et 
avec  un  égal  désavantage.  Cette  puissance 
s'engagea  (  maïs  sans  tenir  parole  )  à 
rendre  ce  qu'elle  avait  conquis  sur  la 
Porte  depuis  la  dernière  paix,  excepté 
Asof ,  et  à  renoncer  à  la  navigation  de  la 
merNoîrc.  L'empereur  Charles  YI  futtel- 
lement  indigné  de  l'issue  des  négociations 
qu'il  fit  mettre  en  prison  le  f(^-maréclial 
Wallis  et  le  plénipotentiaire  Neiperg.  De . 
son  c6té  le  feld-maréchal  Munnich  té- 
moigna hautement  son  mécontentement 
au  sujet  d'an  traité  sur  lequel  on  neJ'a- 
▼ait  pas  consulté.  La  FraÎMie  garantit 
Texécation  du  traité  de  Belgrade.  J.  H.  S. 
BÉLIAL^  mot  hébreu  qui  signifienui- 
sible,  mauvais,  et  par  lequel  l'Ancien- 
Testament  désigne  souvent  l'esprit  des- 
tructeur, le  génie  du  mal.  Ce  mot,  pris  le 
plus  souvent  comme  substantif,  a  été  exr* 
pliqué  par  quelques  interprètes  comme 
désignant  l'enfer,  ou  te  dieu  des  ombres^ 
le  dieu  des  démotas  de  l'enfer,  et  ces  in- 
terprètes supposent  qu'il  a  été  emprunté 
par  les  Juifs  à  la  mythologie  égyptienne. 
Cest  aussi  dans  ce  sens  qu'il  est  employé 
dans  le  lYouveau- Testament,  par  ex&ca- 
ple,-»  Cor.  vi,  15.  On  appelle  au  figuré 
enfans  de  Bélial  les  impies.       M.  B. 

BELIDMi  (  BEBtf  AKD  FoausT  de  ) 
naquit  en  Catalogne,  en  1697  etilmour- 
rut  à  Paris,  en  1761,  brigadier  des 
armées  du.  roi ,  inspecteur  général  des 
mineurs  de  France,  chevalier  de  Tordit 
militaire  de  Saim-Louis,  et  membre  dies 
Acadén^es  des  sdences  de  France,  d'AiH 
gleterre  et  de  Prufse.  Belidop,  privé  à  5  . 
mois  de  ses  parens  qui  le  laissaient  sans 
ressources  en  pays  ennemi^  fut.  recueilli 
par  un  officier  d'artillerie,  à  qui  il  avait! 
été  recommandé  par  son  père;  celui-d< 
le  compta  au  nombre  de  ses  enfans  et  cul- 
tiva par  une  éducation  soignée  les  heu* 
reuses  difl^>OBitions  de  son  fils  adoptil!.  ; 
La  vie  de  Belidor  fut  partagée  entre, 
lea  travaux  de  campagne  et  ceux  du  «a-* 
binet.  Après  avoir  assisté  dès  l'âge  de  15 
ans  aux  sièges  de'Bouchain  et  du  Ques- 
noy,  il  reprit  lé  cours  de  ises  études  et 
s'y  livra  avec  une  telle  ardeur  qu'il  avait 
résolu  de  se  retirer  dans  un  cloitre  pour 


se  soustraire  aux  distractions  de  la  vie 
du  monde.  Cassini  et  Lahire ,  justes  ap- 
préciateurs des  talens  qu'il  avait  montrés 
en  travaillant  avec  eux  à  prolonger  la 
méridienne  de  Paris  du  côté  du  nord, 
le  détourbèrent  de  ce  projet  et  le  firent 
présenter  à  M.  le  duc  d'Orléans,  régent, 
qui  lui  procura  bientôt  la  place  de  pro- 
fesseur à  l'école  d'artillerie  de  La  Fère. 
Les  ambassadeurs  étrangers,  réunis  alora^ 
au  congrès  de  Cambrai,  venaient,  sur  la 
réputation  du  savant  ingénieur,  assister 
à  ses  leçons.  Dans  le  même  temps  Beli- 
dor publia  son  cours  de  mathématiques 
è  l'usage  de  l'artillerie  et  du  génie.  Cet 
ouvrage,  qui  eut  en  peu  d'année  plusieurs^ 
éditions,  étendit  la  renommée  de  Belidor 
dans  toute  l'Europe,  et  bientôt  on  vit  » 
l'école  de  La, Fère,  outre  les  officiers 
français  qui  voulaient  se  distinguer  par 
des  connaissances  supérieures  dans  l'art 
militaire,  affluer  une  infinité  d'officiers 
étrangers,  souvent  du  plus  haut  rang. 
Belidor  donna  le  premier  la  théorie 
du. globe  de  compression  (  vojr,  oe  mot), 
qu'il  dévdoppa  dans  deux  mémoires  im- 
primés parmi  ceux  de  l'Académie  des 
sciences,  en  1756. 

Les  nombreuses  recherches  qu'il  avait 
faites  sur  les  propriétés  de  la  poudre  lui 
donnèrent  lieu  de  reconnaître  que  c'était 
un  préjugé  de  croire  que  plus  la  charge 
d'une  pièce  est  forte  plus  la  portée  du 
boulet  doit  être  grande;  et  il   fit  voir 
qu'on  brûlait  inutilement  près  de  la  moi- 
tié de  la. poudre  qu'on  employait  Cette 
découverte,  qui  blessa  quelques  amours- 
propres,  lui  fut  contestée  avec  toute  l'a- 
nimosité  de  l'intrigue  et  de  la  jalousie  ^ 
à  tel  point  qu'il  perdit  cette  place  de 
professeur  qiy  lui  avait  proci;^'é  une  si 
honorable  célébrité  en  France  comme  à 
l'étranger.  Belidor  quitta  le  corps  de 
rartillerie  pour  .servir  en  Bavière  et  en 
Bohême  comme  aide-de-carop  de  M.  de 
Ségur^  lieutenant  général,  et  il  fut  fait 
prisonnier   à   Linz    avec  la  garnison. 
Échapgé  au  li^ut  de  2  mois ,  il  fut  atta- 
;ché  coipmeaidè-de-camp  au  duc  d'Har- 
court  avec  le  grade  de  lieutenant-colo- 
nel. 1}  $t  les  deux  campagnes  de  1744 
e$  de  1746  .sous  les  ordres  du  prince  de 
Conti.  Dans  la  première,  son  habileté 
lui  suggéra  le  moyen  de   détruire  eu 


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BEL 


(ÎT«) 


BBL 


quelques  henrw  lé  c^âtéàtt  de  EWlhont 
en  Sardaîgne.  Grâce  ftii  génie  Je  lieUifor, 
on  put  faire  di.ip.iraftrr  prescfoè  ihstàrt^ 
tani'meni  une  placé  Forle  qu^bh  n*aAi*4il 
pu  entreprendre  de  cféMolir  <aWS  |M»rdre 
un  tenipà  considéraljle  et  séM  ^'e)(p<fà«r 
à  un  engagement  sivé'c  ^âfmée  enni^mle. 

Bclidor,  indt^iendâmment  de»  ouvra- 
ges qu'it  ft  pnbliés  et  dont  Tespaee  «lous 
empêche  de  doïiner  tel  1^  lUts,  à  lAlsué 
un  Traité  Ct)tïîp1et  ^ûv  b  f^uérre  sùnivr-' 
raine;  liiaià  le  goiivérnertiènt,  ptiS^  le 
réserver  au  îerVrcé  de  h  Fnintè,  a  jn^ 
à  propos  de  ne  |ifls  lé  îh'i\^  impHifier. 
Parvenu  à  Ti^èdé  (t2àns,  Bt'ii^l*  jOtiiai- 
•ait  d*nnë  anse 2  grande  liî^ahtë.    C-tÈ. 

BÉLUdH  (  hHiàh^  hàtUhétfé  j ,  vo/. 

MoUTOïf. 

BÉLf  Eli  (ktf  miirtéh^).  l*ih^enti<M 
de  la  pondre  tf  fait  renoncer  à  tfèHë  nM^ 
chine  que  les  anciehi  efrtploj'iiîenf  p^mr 
percer  ei  déiruirc  \eà  murailles  dM  villl^^ 
qu'ils  atlaqiiâieiih  On  tti  éttribtfë  VUi^ 
vçntion  atix  ('«^Hhngihbis  qui  éh  Varié- 
i^nt  la  toHne-aâns  en  varier  ^^s}M#t' 
ment  les  elVels.  Hoh  fiôM  M  vi*«(  éd  r* 
que  ta  masse  de  fèr  filacée  à  é6U  eyiné^ 
mité,  dont  on  se  servait  \iàut  battre  le* 
murailles,  fèt>rëieutiiit  UHé  îkt  Ùé  bé- 
lier. 

La  forme  h  phii  dsitée  était  eéNtf  du 
bélier  suspendu.  Il  ^oUt  dompofé  d*qi#f 
poutre  garnie  &  TiiHe  de  st*s  etlt^émiiés 
d'une  tête  de  bélier  enïé)r  oU  en  brènin», 
que  Ton  sn^peridait  avet-deschafm^  00  dé 
gros  ciàble^à  anéaiit1*"(Virté  pdn(i1»tt*ân»' 
versftfè  Sbutenu*é  [kit  trnf  êc4#jtftfndiigé 
en  grosse  cKar)>é^ife,  et  elle*  étàilb^^n-i' 
cée  en  é  pillibrè.  OH  rtrtwA  W  irtiich*^ 
e^  nVoVtvèiiient  en  r^tï^aVit  lia  pàtiUé^n 
ahiëHé  à  /oieë-  dfi  bf-às'  et  éH  lit  lîkî^aétt'l 
chsiilt^  IbWliëi^  viytitié  le^  itint^ 

Véspasîen'eihlïibya  Uh  bélier  éftttfM* 
cHrilt*'è  Ici»  tnin^s  de  Jêfàsa^yélhVlii  ^MiHhé 
qiit  âëf  vàH  de  dôViiré^ltfsl^  là'l^fe  tlW  W 
li^rp(^Siii(  l,50b  ^HIëii^(éVH)rët^  bO,««^ 
kilo'irâ^mmei'j.  L^héliVi^àart  pfaw é* îtOï^*' 
une  ^aty^ie  cnnV^tê  ()îii  pà^im  1é  ïMth 
de  éohfùi^,  dû  dahè/  îih-é?  toWdc^bbf»  to^ 
sacrée  à  cet  Uéh^è.  .     . 

Q^i^nd  on  À\à\\  ébfaftW  tcS  in*ra«II*« 
que  Vàn  âtu.|hâil'  àvee  frWIfe  frtaybîW*^ 
oci  éiii|)l6jatt  une  )!6^itk  fiii^  ée  fe»is 
galHiië  d'Utl^aiJt^idj^tit'kiÂiuVMipfe^iJ' 


ir».  CcfCé  iHaohiM  s"éfft^kcorè&au^ 
inaiistran  Leé  ààsiégé»  se  servaient  de 
Corl)e*fix  d*nite  autre  (bnne  pour  neolr»^ 
liser  les  effetA  dco  dprbeaua  ou  béHers  dee 
asiié||MfMi  On  w>i(  dftu^leaCcanmenUHitee 
de  César  que  le»  Gaulota^  assiégés  d«a« 
Bourges,  déloumaieol  Uw  eprbeiuix  44** 
mbltstenrs.  avec  led4fi«ekoB  jetait  ba4  le^ 
débris  des  murai llea,  ei  qu*a^ès  les  afgk* 
kcèrochét  f  b  Us  euleveieiii  ea  haut  avaQ. 
des  HiRclMues.  i«»  aacfets  avaieol.  desi 
cdHtfeiui.  à  griffe  àoBl  Ua  sei  sar^aîMii 
pour  enlevei*  les  huaMMsdMs  |«iiasa«liltii 
et  les  #scabdas. 

L'emjpereur  Sévèae  siyUya  an  fc* 
meu)(  siéige  de  9}ïsnea,  qw  duvar^l  aosi 
ua^  espèce  4e  eorbfau  dire  corbeau  a 
tefiAÎlleé  p6ur  |Maeer  Aes*  béUers  el  1er 
enlever.  Ces  awrlMaes  éiaitaK  ausii  Uèt 
usinées  draa»  les  eofubnta^sur  mer. 

Lès  assiégé»,  pour  détruire  ITell^  4a 
bélier,  lui  apptsaieut  des  matelas  ô«  dea 
sacs^  remplis  de  fieille^  ou  préeipitaient 
sur  eetie  madHiiet  poui^  la  fracasser^ 
des  pierres  énOrraiea»  4«a  ttiasaet  4ii 
pleihi»,  des  irtHiiçona  de  etdunsits  et  da 
slatnrs.  CMmue  \é  firent  leaRoasaiwa  «Wia^ 
la  défense- du  mé&s  d*Ailirien  oarttire  ket 
OolInL  C-Tii. 

ÀeLf  ER  {  astra^DoMe)^  aiAra  mj^ 
tboIngSqued^uiiecoiisteHstiea  dutodia- 
((ué«  formée  de66  élailes  dàris  Ucsialei* 
gue  brîtaimi^ue^  et  dent.  li'aspMT  V*a 
rien  sb  remèn^qUaMe,  Suinmst  quelque» 
lieritonoès^  lalevcb^  Mé/iméfuv  (  v«(r.)  de 
la*  dnéstéHation  4u  bélier  jaurreipoudait 
à  Pèqninoae  du  prrntefnps,.»  Vé^oquiac 
drrinstitmroiiduxodi*qiir;4*aht«e$rfoht 
iremÀriler  iwtlé.iBatîluiiehbNNhiraa^  pkia 
•hiut.  L*équrnoâedfi  prrnféiapsse.iran- 
xsit'dâns  le  conktêUafeimr:.4u^  bélier  à 
yêfKHp^ùù:  raUfoneuiie  a  ceaMneueé- 
;d1kre  cuèiîvée  ehes  les  Grecs.  Les*  aa« 
tiîDnoiiies  a^wqt  divisé:  lëf  aadiaque  en 
ÎË^iffni^  airapot  sle  M  de§rés  ebpeiw^ 
inesuiré»  à  paejlir  darécyithloBe  4»  prîf>'  ' 
temps  V  c^  si|^e»  mit  reteaw^  ieS  acMua*. 
dtsennsrtHainriaâvecifisqlieBea  ilecor- 
iresfmndaient  orqçbMiireme»!^  Aitasrroia 
tapfieile  si^àe  tbtàétier  mîd  ara  4e  90  4a^ 
grés ,  meaniiè  sur  rérUptW^N^^  de  l^oueei 
à  l'esté  4  partir  4»  Féquiiioka  4u  fpvin* 
teiMps^  qiioiqoérpérsurta  4»  laauVe^ 
ÏDMIM  di^*)iHoattiao^»oal  m».^}^  é^ 


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BEL 


(279) 


BBL 


cQryftyndc  ^KtAtonaat,  m?  h  apbère 
éloifée,  à  la  constellation  4et  poissons» 
I^  même  observation  «'appliqua  à  tous 
les  signea  <)u  aodiaqua»  (|ti'it  fau^  se  ^r* 
4er  cU.  coprondre  avec  les  groupes  d*é^ 
toiles  ou  coDSIellations  sodiacales.  Au 
surplus,  depuis  uo  oeruio  nombre  dén- 
uées l«a  astronomes  absM^onoent  tout^ 
à-(ak  la  cousîdératîou  des  signes  et  ue 
comptent  plus  que  par  degrés,  de  loogi- 
t«4e.  Btositoti  1^  lignes  du  zodiaque  ne 
flgiHreroutque  dans  les  almauacbs  popu- 
lairca.  Il  faut  faire  une  exception  à  Té- 
gpird  du  sig^e  i»  bélier |  indiqué  p^r  le 
caractère  T *  i^ea  astronomes  fqnt  encore 
un  usage  très  fcéquent.de  ce  caractère , 
maïs  pouf  désigner  TéquiaoKe  du  prin- 
temps ou  le  point  qui  est  l'origine  du 
signe  bélier,  et  DOq  plus  le sigae  lui-même. 
On  emploie  souveni,  dUna  le  style  astrsK 
immique*  au  lieu  du  mot  fran^is  liéU'er, 
son  équifalent  latin  «r»eJ>  et  Ton  dit  ie 
pretfiirr  peint  4'ariat  pOur  désigner 
réquino«e  du  printemps.  A*  C. 

BÉLIBR  BYORAUUQUEy  appât 
rail  îqgénlei»  di^  à  Monigolfter  et  qui 
sett  à  utiliser  ui|e  obute  d'eau  pour  éle- 
ver à  une  certaine  bauteur  au-dessus  de 
son  niveau  une  portion  de  cette  eau.  On 
peut  W  voir  figuré  dans  le  Traité  de 
mécofèique  indu^trieUe  de  Christian  y 
pi.  4  7>  6g*  1-  C'esl  une  machine  peu  coà- 
tfuiAf  e»^9a|it  peu  d'entretien  et  ibrt 
utile  quand  on  nn  peut  disposer  que 
d*iM»a  petite  quantité  dev  force  motrice 
el  que  l'on  ne  veut  élever  l'eau  qu'à  une 
faible  bsHiteur.  ^o;*.  AUcB»i6HTnnAii^ 
UQOKS^  C. 

i|lU.I«AIRR,  m  des  plus  Uluslres 
guerriers  dont  lea  aonales  romoine^  aient 
conservé  la  mén^nire,  doit  ^pendant  sa 
plua  grande  célébrité  9  oeHe  que  lui  ont 
faite  lea  artistea  et-  lea  peèlea  parmi  le 
vulgaire  illetiréy.à  une  iable  rpnanesque. 
Cesl  le  cooAeuv  Ttetaea  qui,  à  la  fin  du 
XH^  siMeyGM^in^apfès-lesévénemensy 
s'Avisg  de  trewvee  les  infortunes  de  Béli*^ 
saire^aveugle  et  nt^ndiaiity.plus  piquantes 
qua  U  vérité  historiqua  et  meilleures 
pour  «oittier  sds  fers,  s'ils  a^Miant  pu  s'a* 
nimer.  Flusieurs  évudita  reeommanda-p 
blaei»  i  Fépe^ue  dfa  W  renaissance  des 
kllm»  priMitl  Ântérél  à  oe  réob  piu"  l'afr.- 
tvai^  4a  k  •#«l»Mltév  |ia#  la  séduçtina  4a 


l'effet  oralpife  m  d^  reqsaigngmf»!  ph^ 
losopblquç,  par  le  plaisir  a^mt  d«  U  é^ 
couverte  dans  ime  mûi^e  ob^c^re  oji  ii 
a'éiait  donné  qu'à  peu  <|'babil^  de  p^ 
nétrer.  Crin^us,  VoUter»anw,  ?Qnianit^ 
Egnatius  répandir^t  cette  tradition  d«W 
le  B^nde  savant^*;  4e  là  elle  passa  sué 
les  théâtres,  dans  les  rom<|n%,  dan«  \m 
peintureik.  Toutefois  Tzetaès  n'en  eat  pna 
le  premier  auteur;  un  écrit  anonyme^ 4* 
xi^  siècle  prouve  qu'elle  av^it  eauca 
avant  lui.  Mais  les  plus  judicieux  crilâr 
ques«  PagI,  Dtacauge,  Bfindari>  Labeau, 
Gibbon  l'aocordeal  à  la  rejeter  parmi  \m 
inventions  apocryphes.  Un  jeune  Auglaia^ 
dans  uu  livre  rempli  d'une  iostructÎMi 
curieuse  et  solide  sur  la  vie  de  Bél|saivfi*% 
s'est  efTeroé  en  ^itin  de  remettre  Tzetil» 
en  erédil;  14  n'a  pu  réussir  qu'à  faire 
preuve  d'esprit  et  de  savoir,  et  en  mâmë 
ten^ps  de  bonne  foi;  car  il  avoue  les  dé- 
fauts ordinaires  de  l'éiarivitin  qu'il  dèr 
fend.  U  reooanail  auasi  avee  Winrftel* 
mann  que  la  statue  dite  l^Béiiêair^mem'* 
diant%  placée  autrefois  dans  le  mq^ee 
Borghèse,  à  présent  dans  celnl  du  Lauvra^ 
est  d'un  t^avait  trop  précieux  pourqu^o» 
n'y  voie  pas  une  production  de  l'art  bien 
antérieure  à  l'âge  de  décadence  m  Bélâ» 
saire  vécut 

Revenons  à  l'histoire.  Si  on  l'interraga 
sut 4a  famille  du  Kéroe,  sur  le  Ueu  et  la 
date  de  sa  naissance,  sur  ses  |>reaàitraa 
aanées  et  son  éducation,  elle  gardé  le  sh 
lence  ou  ne  donne  peint  de  réponse  pré*' 
cise.  Tout  ee  que  nous  pouvons  sarvoir, 
c*est  qu'il  vit  le  jour  str  les  confiné  dé  la 
Thraee  et  de  rillyrie,  dané  ui|e  ville  que 
Proeope  nomme  Germanim,  isaintenant 
inconlnùe;:  le  reste  est  livré  aiîx  coojee^ 
tures.Le  biographe  anglais  parait  îbn 
duire  asaei  jnstement  de  quelques  pét- 
roles de  Proeope  en  un  de  ses  envroges**^** 
et  de  son  silence  dans  lui  autre***'*,  que 
Béiisairen'avài  t  pas  eu  des'parensfiaunnriBa 
et  inoepid)le»de  cukiveraa  jeunesse*  Oriiie 
commence  à  le  oomaltre  que  du  i 


(*)  Crinit.  dt  hqmst,  4!*cipJ,  îgt,^.  yolalw, 
Ànthropol.  lîb.  xxifr,  p.  710,  Pont»n  tUJcrùud. 
optfr.T6l.  tt,  p.  23g,  Egnat  dêtxampl.  illlrir.Uh. 
iV,  p.  1 16. 


C*)  Tfif  lifê  qfJSêlùarmt  by  Und  M^^eiipLea* 
don,  i8ota,it>-8o. 


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BEI. 


(280 


BEL 


oÀ  il  fait  partie  de  la  garde  de  Jn^inien, 
du  vivant  de  Justin  I**".  Était-ce  son  pre- 
mier emploi?  avait-il  passé  par  une  au- 
tre, milice  avant  d'y  parvenir?  nous  l'i- 
gnoroRS.  n  fut  envoyé  en  Ch'ient  à  la  tête 
«i'un  corps  de  cavalerie,  se  distingua  .par 
des  expéditions  hardies,  et  devint  gou- 
verneur de  Dara,  qui  servait  de  poste 
avancé  contre  les  Perses,  depuis  que  Ni- 
sibe  était  tombé  en  leur  pouvoir.  Bien- 
i6t  après,  Justinien,  qui  venait  de  mon- 
ter sur  le  trône  (528),  le  nomma  général 
en  chef  de  Tarmée  et  des  frontières  d'O- 
rient. Il  y  acquit  de  la  gloire  par  des  com- 
bats heureux,  par  de  savantes  manœu- 
vi*es,  et  même  par  une  défaite.  La  pré- 
somption et  la  désobéissance  de  ses 
soldats  le  forcèrent,  malgré  ses  remon- 
trances, d'en  venir  à  une  action  auprès 
de  Callinique;  îb  furent  battus  par  tes 
Perses.  La  paix  lui  permit  de  revenir^ 
Constantinople  (5 Si).  Ce  fut  alors  qu'il 
eut  le  malheur  d'épouser  Antonirie,  fille 
d'un  conducteur  de  chars,  favorite  de 
l'impératrice  Théodora,  autrefois  sa  di- 
gne amie.  Ainsi  la  pourpre  impériale  et 
les  lauriers  militaires  servaient  de  joyaux 
et  de  présens  de  noces  à  deux  prostituées. 
Justinien  dut  en  ce  temps  la  conserva- 
tion de  sa  couronne  et  de  sa  vie  à  Béli- 
saire.  La  haine  de  Théodora  contre  une 
faction  du  Cirque  (ses  haines  et  ses  anno- 
tions devenaient  celles  du  prince)  excita 
une  sédition  :  Constantinople  était  en 
proie  aux  révoltés;  ils  avaient  proclamé 
un  autre  empereur;  Justinien  ne  son- 
geait plus  qu'à  la  fuite.  Bélisaire  se  met 
à  la  tète^e  quelques  hommes  de  sa  garde^ 
car  c'était  «iors  une  coutume  moitié  bar- 
bare,  moitié  romaine,  que  les  chefs  d'ar- 
mées eussent  des  compagnies desoldats  at- 
tachées à  leur  personne,  semblables  à  la 
fois  aux  prétoriens  des  anciens  généraux 
et  aux  dévoués,  aux  fidèles  des  princes  ger- 
mains. Bélisaire  vainquit  la  rébellion 
(583).  L'année  suivante,  il  prit  le  com- 
mandement de  l'armée  que  Justinien  en- 
voya pour  reconquérir  l'Afrique  sur  les 
Vandales.  La  seule  idée  de  cette  expédi- 
tion avait  fait  pàlir  les  membres  du  con- 
seil et  reculer  tous  les  généraux;  Justi- 
nien persista  dans  son  dessein  et  Béli- 
saire l'exécuta  dans  l'espace  de  neuf 
mois  (juin  5S8,  avril  534).  Plusieurs  ar- 


mées de  Vandales  furent  détruites  suc- 
cessivement et  les  Maures  chassés  dans 
leurs  déserts;  les  étendards  de  l'empire 
romain  flottèrent  encore  une  fois  sur  les 
remparts  de  Carthage,  et  le  butin  amassé 
par  Genséric  et  ses  successeurs  suivit  à 
Constantinople  Gelimer,  dernier  roi  des 
Vandales,  amené  captif  par  Bélisaire.  Le 
consulat,  qu'aucun  sujet  n'obtint  plus 
dans  la  suite,  fut,  avec  une  partie  de  la 
;dépouille  des  vaincus,  la  récompense  du 
général  victorieux.-  Sa  richesse  devint  ai 
grande  qu'il  pouvait  entretenir  7,000 
hommes  à  ses  dépens.  Cétaient  les  beaux 
jours  du  règne  de  Justinien  :  il  appré- 
dait  Bélisaire  sans  le  crundre,  il  se  ser- 
vait de  lui  sans  le  punir  de  pouvoir  être 
dangereux.  L'occasion  s'ofirit  d'enlever 
l'Italie  aux  Ostrogoths.  Tout  leur  était 
contraire  :  irritation  des  peuples  contre 
des  barbares  ariens,  dissensions  parmi 
les  oonquérans,  gouvernement  affaibli  en- 
tre les  mains  d'une  femme  et  d'un  rot  lâ- 
che et  odieux.  Cependant  ils  pouvaient 
mettre  150,000  hommes  sous  les  armes, 
Bélisaire  n'en  eut  jamais  plus  de  12,000w 
Il  s'empare  de  la  Sicile,  grenier  de  l'Ita- 
lie; il  prend  Naples  d'assaut,  se  rend  maî- 
tre de 'Rome,  y  soutient  un  long  siège, 
poursuit  à  son  tour  les  Goths,  investit 
Eavenne  leur  capitale,  et  conduit  eAcore 
une  fois  à  Constantinople  un  roi  captif, 
Vitigès  (535-540).  On  dit  que  les  G4ths 
lui  offrirent  la  royauté;  à  la  cour  de 
l'empereur,  les  calomnies  et  les  soupçons 
ne  l'épargnaient  pas;  en  retournant  it 
Constantinople  il  avait  obéi  à  un  ordre 
de  rappel.  Il  est  vrai  qu'il  fallait  défen<- 
dre  l'Orient;  il  le  défendit  contre  le  re- 
douUble  Coshroès  (541-542).  Mais  il 
succomba  lui-même  à  l'inimitté  d'une 
femme.  Antonine,  après  l'avoir  désho- 
noré par  le  scandale  de  ses  débordement, 
voulut,  non  pas  le  perdre,  il  lui  était  né- 
<;essaire,  mais  l'humilier  pour  satisfaire 
sa  vengeance.  Les  yeux  fascinés  du  trop 
crédule  mari  s'étaient  ouverts  à  la  fin  :  il 
snrprit  sa  femme  coupable  et,  dans  sa  co- 
lère^, il  la  fit  enfermer.  Mais  sa  femme 
était  la  confidente  de  Théodora:  il  tomba 
dans  la  disgrâce  de  l'empereur.  On  l'ac- 
cusa 4*nn  complot,  il  fiil  jeté  dans  les 
fera,  dépouillé  de  ses  biens,  menacé  du 
suppUoe,  et  n'obtint  sa  grâce  que  par 


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BEL 


(2èl) 


BEL 


lIotercessioQ  d'Atatonioe.  Il  faUut  qu'il 
la  remerciât  à  genoux  et  qtt'ii  la  priât 
d'oublier  le  passé;  elle  voulut  bien  tout 
oublier,  excepté  son  amour  adultère.  Bé» 
lisaire  fiécri  alla  une  secbnde  fpis  en  Ita- 
lie pour  reprendre  ses  conquêtes  perdues 
en  son  absence.  Mais  a^rès  d»  alterna- 
tives de  succès  et  de  revers,  mal  obéi,  mal 
secouru,  il  finit  par  échooer,  et  il  demanda 
la  permission  de  retourner  à  Constanti- 
nopte  (544^548).  Il  vécut  pendant  1 1  ans 
dans  l'inaction;  JastinieU  était  veuf  de 
Théodora.  Tels  furent  les  courtisans  qui 
après  elle  abusèrent  de  la  vieillesse  de 
Tempereur  que  la  mort  de  cette  femme 
était  une  calamité  publique.  Un  péril 
soudain  de  Tétat  rendit  encore  une  fois 
à  Bélisaire|M>ur  un  moment  son  éclat  et 
sa  puisçance.  Les  courtisans  souffrirent 
qu'il  reprit  son  épée  pour  les  sauver,- avec 
l'empire,  de  l'invasion  des  Bulgares  (559). 
Mais,  la  première  terreur  passée,  ils  re- 
GommenGèrent  leur  guerre  contre  lui, 
et  sur  i'imputatioû  mensongère  d'avoir 
trempé  dans  une  conspiration  contre  la 
vie  de  Justinito,  il  subit  une  enquête  ou- 
trageuse,  fut  retenu  long-temps  en  cap- 
tivité, et  n'échappa  au  supplice  que  parce 
cju'il  n'était  plus  à  craindre  ou  parce 
qu'on  le  ré8«*vait  pour  le  cas  d'un  nou- 
veau besoin.  On  lui  rendit  même  ses 
biens  en  grande  partie.  Quelques  mois 
après  (565),  il  mourut,  et  avec  lui  l'hon- 
neur des  armes  romaines.  Gramd  général; 
administrateur  habile,  et,  ce  qui  était  plus 
rare  en  ce  temps  et  à  cette  cour,  hon- 
nête honûne,  fidèle  envers  un  prince  in- 
grat, ayant  refusé  une  couronne  pon^  le 
servir  et  lui  garder  la  foi  jurée,  il  aurait 
brillé  d'une  gloire  sans  tache  s'il  avait 
en  ou  plus  de  force  de  caractère  ou  une 
autre  épouse.  N-t. 

EELL  (  Airomi),  inventeur  de  la  mé- 
thode dite  d'enaeignement  mutuel ,  était 
natif  de  l'Ecosse  et  fut  reçu  ministre  de 
l'église  anglicane.  Inspecteur  d'une  école 
d'orphelins  dan» les  Indes,  il  a  eu  l'idée 
de  faire  instruire  les  élèves  moins  avan- 
cés par  ceux  qui  le  sont  davantage,  et  il 
a  fait  l'emploi  de  cette  méthode  dans  une 
ÎMtitution  d'Ëgmore,  près  Madras,  de 
1790.  à  1 7J^5.  Le  rapport  qu'il  présenta 
sur  sa  métnode  à  la  compagnie  des  Indes 
a  été  publié  à  Londres  en  17^7.  Ce  rap- 


port fit  d'abord  peu  de  sensation;  mais* 
l'année  suivante  Jos.  Lancaster  (  vaf,  ), 
quaket,  établit  dans  un  des  faubourgs 
de  Londres  une  école  de  pauvres  qu'il 
dirigea  d'après  la  méthode  de  Bell;  et, 
soutenu  par  la  générosité  de"  quelques 
amisd'çnfance,  il  établit,  en  1805,  une 
autre  école  où  il  réunit  jusqu'à  800  en- 
fans.  Les-ecclésiastiques  anglais,  mécon-- 
tens  de  devoir  Famélioration  de  l'ensei-^ 
gneinent  mutuel  à  un  quaker,  opposèrent 
Bell  à  Lancaster  et  déclarèrent  le  pfc^ 
mier  seul  inventeur  de  la  méthode.  Il  fut 
chargé  d'établir  ces  écoles  en  Angleterre 
et  de  cotnposer  pour  elles  les  livres  né- 
cessaires. Bell  fut  soutenu  par  le  partr 
de  la  cour;  Lancaster,  par  celui  du  peu- 
ple. Le  comte  de  Laborde  importa,  en' 
1814,  leur  méthode  en  Frai^ce,  où  Ton* 
parait  en  avoir  eu  connaissance  dans  le* 
XVII*  siècle;  le  chevalier  Pftulet,  dit-on,- 
l'a  appliquée  à  un  petit  nombre  d'élèves. 
Quoi  qu'il  en  soit,  dès  1815  une  société 
se  forma  à  Paris  sous  le  nom  de  Société 
pour  l'instruction  éiémentdire.  Cette 
société,  soutenue  par  des  contributions 
volontaires ,  a  poursuivi  son  but  aVec  per- 
sévérance. Une  ordonnance  royale,  dvt 
19^  février  t816,  vint  lui  prêter  un  non-»- 
vel  appui.  P^ojr,  ËifsxiGNBMXirr  mijtiïkl. 

Le  nom  de  Bèll  est  devenu  immortel 
comme  celui  de  Jenner;*et,  bienfaiteur 
de  l'humanité ,  sa  mémoire  vivra  tou- 
jours. S.  C 

BELL  (J%AV  et  Chaules),  célèbre» 
chirurgiens  anglais  contemporains.  Les 
deux  frères  ont  suivi  la  même  carrière 
et  ont  publié  en  commun  des  ouvrages 
estimés.  Jean  Bell,  né  à  Edimbourg,  en 
1763,  après  des  études  médicales  com-  ' 
plétées  par  un  voyage  en  Russie  et  dans 
le  nord  jde  l'Europe,  se  livra  a  Tepsei-  < 
gnement  de  la  chirurgie  et  des  accouche- 
mens.  Pendant  10  années  il  y  obtint  un 
succès  brillant  qui  le  conduisit  bientM  à 
une  clientelle  très  étendue,  et  à  laquelle 
il  fut  contraint  de  ee  livrer  exclusive-  ' 
ment,  en  s'oocupant  néanmoins  de  la 
publication  de  ses  ouvrages  dont  il  des- 
sina et  grava  lui-même  les  planches,  aidé 
de  son  frère  Charles.  Jean  Bell  fût  un  des 
anatomistcs  et  des  chirurgiens  les  plus 
habiles  de  ces  derniers  temps,  et  il  fut 
recherché  ^vec- empressement  pour  pra-* 


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BEL 


(2W) 


QEL< 


tiquer  ^M  opénUîoas  le$  plat  difficiles  el 
les  pUiii  délicates.  £d  1816,  il  fit  une 
cdttte  ^  cheval  des  auiies  de  laquelle  il 
parait  ne  s'être  jamais  complètement  ré- 
tabli, et  il  mourut  à  Rome»  en  1820, 
dmis  un  voyage  qu'il  avait  entrepris  pour 
sa  santé  et  dans  lequel  il  reçut  les  térooi- 
gna§ea  les  plus  flalteurs  de  l'estime  et  de 
la  confiance  qu'il  avait  inspirées.  Bell 
avait  lu  prodigieusjement,  et  les  livres  de 
sf  nomUreufe  bibliothèque  portaient  tous 
dea  iM>t6s  marginales.  <|itesiant  qu'iU  n'a- 
Tfienf  pat  été  de  stériles  objeU  de  k^e. 
Cas  lectures  lui  avaient  profilé  et  avaient 
do^iié  a  son  espvit  et  à  s^  conversation 
un  obarme  tout  particulier  qui  tempérait 
ce  que  k  vivacité  ei^tréme  de  son  carao- 
tère  avait  de  désagréiihte.  Ses  ouvrages 
pnncipaux  som  VAMUomk  4u  c^rpr 
hmnain,  2  vol  enrichis  de  magnifiqMM 
gnivutee;  Prmdpes  de  chirurgie,  Z  yvA. 
iqr  8^  ^  J^iscQurs  siêr  la  Miture  et  lu  trui^ 
tenwu  de^  piaies  i  ^c,  ^ 

Charles  B«ll|  chirurgien  de  Thèpilal 
d«  MMlasex  et  professeur  d'analomie  à 
l'iim  de«  éeolee  de  n^édeeine  de  Londres^ 
estaiissi  un  anatomisteet  un  chirurgien 
du  prennar  «trdre;  entve  la  part  -qu'il  a 
prise  à  la  pnfalîcatiQn  de  YAmitomie  du 
corps  ht^n^iiny  il  est  eoeore  l'auteur  d'un 
Synime  de  médeane  opt^ratoir^  basé 
surVéUHUomie,  2  voL  in-8?;  d'on  recueil 
trimestriel)  intitulé  Obsefv^uioms  de  chi-^ 
rurgie,  et  de  plusieurs  monographies  sur 
dlversea  midadies  ohirufgîaUes  ;  enfin 
d'une  collection  de  gravures  représen* 
tint  des  sujets  d'analomie  pathologi-r 
q«U),  f.  R« 

3SLIi»(Hit]fiiT),  né  en  1767  àTnr- 
pbichen*  dans  le  cemti  delinlkhgow,  en 
ÉQMie«.est  le  pivemier  qni,  en>  Eupppe,  ait 
•ppliqilé  la  vapeur  a  1»  navigatfon.  Jk^rè» 
av^  ve^  nne  éd^eatiei»  modeste,  b| 
eiKTfa  différentes  prortssions  et  se  livra 
à  l'étude  de  la  mécanlqne  powr  lsK|iielle> 
il  avait  une  prédilectioa  marquée,  et  qui 
l'epJewt  même  à  aes  srfTaircs;  Déjà,  en. 
17«8,  M.  Miller  de  Dnlwiosten^  dans  In 
com4é  de  Dumfrie»,  avnit  essayé  sur  un 
la*  aitué  dans  ses  propriétés  de  finire 
mouvoir  un  bateau  pav  le  moyen  de  la 
v)ft|leiip>  mais  bien  quceetteexpérienen, 
qMi  ^VMt  élét  répétée  par  bM^néme  nii 
p«r4'«iit*ra  piwey,  déiintrèfa  é^.. 


demm«nt  h  possibilité  de  (^  «(»ode.  4# 
navig^ti^n,  cette  idé^  ûit  iibni^QOfi^ 
pendant  plusieiws  années»  Ce  ^iMoi^ 
fiell  qui,  en  1812,  mit  le  (ait  hors  i^ 
doulc.  Il  construisit  à  QelensbQurg  o^  \\ 
demeurait  un  bâtiment  de  4^  pieds  à% 
long,,  qui  remonta  la  rivière  avec.  un# 
vitessf  de  7  milles  à  l^ heure.  Il  ne  prit 
point  de  patente,  son  inventi^w  ayant  ét4 
jugée  par  d'habtl^  ingéo^e^rs  amoepti-r 
ble  de  quelques  perfectionp^mens.  Rie% 
qMe  dès  18Û7,  Fullnn,  ingénieur  «piér^ 
ci^tt»  fut  lancé  un  btttean  à  vaf^çnr  ft  ng- 
vigué  sur  (lEudfoay  et  que  pit4>ablem«fM, 
Bell  ait  eu  opnngisaanee  de  ise  faiit,  i|  ^'en 
est  pas  mpips  méritoire  pour  lui  d*avfiif 
e&éouti  ce  que  n'avaient  oeé^eotrepren^r 
dre  des.  homme#  plus  instniits^  al  pbi% 
favorisés  de  k  fortune»  Malgré  ee  fervicg 
éouncRt  rendue  son  pays,  Benry  Bell  «g 
trouvait,  daas  sa  tieiU^ae,  dans  un  ét%t 
voisin  4e  la  pauvreté,  loraqu'unQ  squih 
criptioq  volontaire  fut  onverta  ensg  igrr 
veur;  les  assureurs  de  la  Clyde  lui  olTri* 
rent  une  penaion  de  lOQ  Uv^  sterl;  dnpl 
la  moitié,  depuis  sa  mort  arrîvéeen  183^, 
est  encore  payée  a  sa  veuve.         F^  R, 

pu  bell€idvrma)y  espèee  du  genre J^tropn 
qui  appartient  à  la  grande  famille  des  s<h 
lanées,  connue  comme  qn  poisnn  Irèe^ 
violent,  el  qui, produit  des  pbi^nnmènea. 
tout  particuliers*  C'est  une  plante  cwm^ 
mune  dana  les  parties  moyenne  el  méirirv 
dioneW  de  l'Enro^^  qui  eroU  daoa  lu», 
lieux  cultivés,  et  dont  les  (f  uita»  qui  tnC 
l'appavenoe  de  petites  eertsea  el  une  st** 
venr  doueeélre,  ont  foulent  produit  dee 
empoisonnemens,  surtout  ohe^  lea  enCrae 
qui  sont  tentés  de  les  mangeiv  L#  mm 
de  beUadoee  {beiU  d0$m)  lui  vieot> 
dit-on,  de  ce  qu'en  ItaKe  oj|,nn  JNrépn* 
rait  une  cnu  diaiilUe  usitée  comiM  €e»« 
métique,  et  eelni  d'utr^pa. du  ihm»  de  In 
parque  Àteopns,  qui  trannbe  le  fil  de-  In 
vie*  Sa  racinn  vivaee  pnuise  une  tige 
droite  de  3  ou  8*  pieds  de  faaul,  garf  ie& 
d^'feuilWa  alteenes  et  porléns  sue  un 
ceurt  pétiole,  nvalea»,  in^lee^  d'un  «eri 
sombre;  elle  donne  des  Ara rs  d'un  bien 
nnirâlvo, en  cloche,  a  8  divislonsy  8  élan 
mineaet  1  piftil^  eft  auxquelltl  aucoàde. 
une  baie  glploiulefiee>è  %  kigasy  entoinréa 
d'qn  oaficé  persiatani» 


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BEI, 


(28>) 


Bd, 


J» 


IpM  exemplo-d- empolsainiyçmeixt  «om 
eillrémemenl  nombruux»  el  souvçot  on 
a.  i:tt  ^usieurai  personne»-  allcîiUes.  ea 
mène  Unifs»  dont  ka  unes  ont  succoin* 
bi^  et  les  cmre»ott  gu^i,  suivajit  U  q«iaiir 
tité  deheîesi  qu* elles  avaient  mangé,  aui* 
r%9%,  kyr  âge  et  leur  plus  oit  moins  de 
force,  eof^me  aussi  «uivaot  Tépoque  à 
llM1(Ml^  elles  oût  élé  seeotivues.  .Les^  ex- 
p^rleiueta  faites  sur  les  animauii  vivajna 
Oint  dmmé  4es  résuUata  coiaplètemeol 
aimlc^ea,  et, jiirouvé  que  toute  la  plante 
eft  pourmie  de  prtncipe^  ▼énçueiw.  L'a- 
wày9»  çhiuùq/a/^  y  ^  découvert  im  aLca* 
loîdkaw}udl<yi  a.  donné  te  9Qm  A*atro^ 

Oq  «haerv^  ^bev  les  st^eta  einpoîsaQ-> 
n^  des  vertiges^  puis  un  dèUr«  ordinai^ 
rmuçot  g^i^agqiuel  &e  Me  une  pette  ptua 
ou  moins  complète  de  la  vue,  de  l'ardeur 
à  la  bcMpdie,  du  reCroidi^scoittit,.  des 
raoKveuaeiis  coAvuUifs,  enHa  un  a&sou^ 
pMsement  profond,  pendai^  U<p»ei  le 
malade  sucropdie,  après  un  tenips»  qi^l^- 
quefoia  assez  eourt.  Cee  phéooownes  in 
diquent  une  4^tioa  profonde  ei  éoergU 
que  sur  le  syatèaae  nerveuK;  d'afUeur^ 
rii^i  ne  vient  ÎMdiquerqfe  ce  poison  S09^ 
irritant. 

Viudiculîon  la  plu«pr«9«i4te  en  pareil 
caft  eti  de  pix^voqucr  l*expujjùea  par  haut 
ci  par  l|aa(vowitifs  et  piirsatira)df  toutes 
les  baies  qui  peuvent  étire  anooi^e  dana  le» 
voie&di^je^lve^f^quiUHl  on«s,t  assez  beu^ 
renx  pmirolt^nif  ce  vési^llat,  de  aimple» 
baieaôns^«doiici«sanle«'  ou  acidulés  suf^ 
sent  pottt  achvier  la  çjure;  mais  quand 
\%  poison  a  été  fibr^orla^,  U  n'y  a  plu«  qu^à 
attendra  Téwén^n^jent. 

P'ailleitr^qi.  qu'il  y  a  d^  pliift  remar^ 
qnabl^  dana  l'iictm  d^4^  l»elladone, 
c'est  la  UAaniVf  doi  t  ella  port^  son  iiivr 
pr«aaian^sur  Uayeux.  H^uffilde  mc^ire 
sunuii^qpd^  pendant  un^  Ueiiife,  un  lifige 
inthibé'  deauç  de  beU^di^ne  pour  pro^ 
duir*  iu)e  diia(a|Um  absolue  da  lapupillei 
et  si  Ton:  ^(  AM«  lea  d6u«  veujt)  ii  eu  ré- 
ittUe  un^  inyopîi;  ieU#  qu'on  peut;  lire 
avi^  lea  vfirreik  les  pitw  covcavea.  U  31  Ht 
queiquea  «cv^fe^  on  einployait  cette  ai^ 
percl^eriA  pour  échapper  à  la  consa'ip" 
Uon,  el  cela  réusfis^it  4'aut^ut  mieux, 
qu«  c'<||t.|^9T^«tcpiêlqu^joyr4  ^pr^ 
qw  ka  jr«M^;(fivif)iMf^à  ku^  ét»t«ora4ai« 


Celte  propriétéde  dilater  \a  pnpilk»ét4  - 
heureusement  appliquée  au  traXteu^nt  4% 
diverses  Qioladies,di!a  yeux  ^t  aotainUienlt 
à  l'opération  de  la  cataracte  par  extjn^«^ 
tion.  On  a  également  vo^ulu  en  tirer  V^^ 
contre  le  resserrement  spasniodiqoci  4<t' 
col  de  la  nur|i*ice^  du  apibincter  de  l'anua» 
de  la  vesaiey^etr.  (>ana  un  grand  noiplini 
de  oaUiHea  nerveuses,  la  beiladqn^  % 
été  aussi  conseillée  avec  dea  «uccès  trèt, 
variables.  Suivant  quelques  auleun^,  elh|. 
serait  «péciûqu^  contre  la  co^queUic^,,  et 
diina  ces  derniei»  tenj^s,  on.  a  prétenid^ 
que  l'usage  da  ce  remède  pendant  ^| 
épidémies  de  scarlatine  suffisait  pour  ga*> 
rantir  de  cette  maladie.  Bien  que  cettf. 
assertion  paraisse  ^i^éré^,  il  n'y  a  ai^ 
cun  inconvénient  ^  f u  eas^yer  d«Q^  V^fi^^ 
casion.  F.  ^» 

^EI^XiAMY  fmlss  à9mQEomQ«Tr«)| 
célèbre  actrice  anglaise,  née  v^rt  17|#^ 
était  fille  naturelle ,  mais  reconni|e^  4# 
lord  Tirawley .  IJne  circonstance  bonev^n 
bif  popr  son  ccçur  la  priva  de  l'appui  fT 
dea  soins  d«  son  ^re.  Ce  dernier,  pnut 
satisfait  de  li^  conduite  tenue  par  U  mèrf^ 
de  misa  Rellatny»  l'avait  pvompttaieni 
éloignée  de  lui.  Toucbée  de  pitié  pour  m 
mère,  la  jeune  nxiss,  malgré  l'expresaQ  • 
défense  du  bid,alU  partager  sa  demciiff- 
^t  sa  gène.  Dana  «a  colère^  lord  Tirawley 
lui  retira  sfs  bienfoit^  et  ne  prit  p)ua  aiM 
cun  intérêt  à  ao^  s^rt* 

JviéjC  avec  dea  actrices,  actrice  fUt^ 
rnème,  celte  mère,  dès  ca  monient >  vont, 
sa  ûlU  à  la  scène ,  aur  hH]uelle  au  snrplut 
semblaient  l'appeler  lef  pUia  bcilWintiia. 
dJaposiiioQs.  Lne  figure  inoinf*régulièr^ 
meut  belle  qu'expressive,  un  jeu  aoill^ 
de  tonte  la  chaleur  de  v^  ame  tendra  ei 
passionnée^  une  de  ce^  \^%  tl>(|c(mites 
et  uȎl^dieusfs  d^nsi  leequell^  la  Daturei 
a  mis  des  larmes,  tels  Turent  lea  iivimtegf% 
qui  Km  valurent  l'appui  du  célèbre  Gar^ 
ritli,  de  Sheridan  le  père,  u»»  WQin% 
an^i  des  arta  qiif  sqn  Hhialne  i|a,  et  de 
Rich ,  le  directeur  du.  tbé4^e  de  Covfiiu 
Giirdefi  à  Lpodi.es»  qui&Vmpi^fa  de  V^% 
roetUe  dan^  sa  troupe»  t^fs  suqçèfde  aM 
d«ibuts  furent  pro4igfeux«  ils  sédiif sivani 
jusqu'au  famieux  couiédiçA  l^^t^^^^9^' 
bojrd  prévaoH  cunifeflUu  Paua  ^  peya,. 
op .  lès  deuot.  aei^ea  de  la;  bwtie  aofli4tè  4wM, 
ég^Oement  portas  au  j^mroiM^  «ivem 


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BEL 


(iU) 


BEL 


lês  nrtistes,  son  talent  lui  Assura  des  pro- 
têctènrs  distingnés.  Henry  Fox,  qui,  airant 
son  fils  y  mérita  aussi  un  double  renom 
comme  ministre  et  comme  orateur ,  fut 
plus  qa*un  protecteur  ;  il  fut  Tami  de  la 
sédnisante^ctrice. 

Il  faut  bien  le  dire;  plus* d'une  tendre 
ftiblesse  fut  le  partage  de  miss  Bellamy; 
mais  an  moins  jamais  Fintérêt  n*en  fut  le 
motif,  et  ce  fnt  toujours  à  son  cœur 
qu'elle  céda. 

De  longues  maladies ,  un  funeste  acci- 
dent, attristèrent  la  fin  de  la  carrière' de 
miss  Bellamy.  Retirée  forcément  du  théâ- 
tre, celte  femme,  qui  en  avait  été  la 
reine ,  se  Vit  réduite  à  solliciter  la  com- 
passion des  directeurs  pour  quelques  re- 
présentations à  son  bénéfice.  Cette  res- 
source épuisée,  elle  en  trouva  une  autre 
dans  la  publication  de  ses  Mémoires , 
écrits  avec  beaucoup  de  naturel  et  de 
facilité,  mais  qui  offrent  parfois  trop  de 
petits  détails  de  théâtre  et  de  biographie, 
itàportans  seulement  pour  l'écrivain.  Us 
parurent  à  Londres ,  on  1784 ,  et  quatre 
éditions  de  l'ouvrage  se  succédèrent  ra- 
pildement.  Néanmoins  les  secours  de  ses 
fils  et  la  générosité  de  la  duchesse'  de 
Devonshire  furent  nécessaires*  au  soutien 
des  derniers  jours  de  miss  Bellamy. 

Une  traduction  un  peâ  abrégée  de  ses 
Méînoires  fut  publiée  en  France  en 
1 799 ,  par  M.  Benoist.  Elle  a  reparu  en 
1 8Î3 ,  dan*  la  collection  des  Mémoires 
dramatiques  (  12  vol.  in-8**)  ;  elle  y  est 
précédée  d'une  Notice  ^  où  M.  Thiers , 
que  la  politi^ne  n'avait  point  encore  en- 
levé à  la  littérature ,  apprécia  avec  au- 
tant de  g6ùt  que  de  finesse  la  vie  et  l'écrit 
de  l'actrice  auteur.  M.  O. 

BELLAMT  (Jacques)  ,  poète  lyrique 
hollandais  très  distingué ,  dont  on  vante 
surtout  les  chants  patriotiques,  naquit 
de  parens  obscurs  à  Flessingue,  en  1767, 
et  mourut  en  1796.  S. 

'BELLARMIN  ^Robert),  né  en 
1542,  à  Montepulciano  en  Toscane, 
entra  en  1S60  dans  la  xximpagnie  de  Jé- 
sus, oà  il  étudia  la  théologie,  les  con- 
ciles, les  Pères,  l'hébren,  l'histoire  et 
le  droit  canon.  H  se  livra  à  l'éloquence 
de  la  chaire,  et  fournit,  avec  le  plus 
grand  succès,  plusieurs  sUtions  en  Italie 
et  à  LoQvain,  où  ses  supérieurs  l'en- 


voyèrent professer  la  théologie.  De  retour 
à  Rome,  en  1576  ',  il  fut  chargé  par  Gré- 
goire Xni  d'enseigner  la  controverse 
dans  le  nouveau  collège  que  ce  pontife 
venait  de  fonder.  Sixte^V  l'adjoignit  au 
cardinal  Cajetan ,  son  tégat  en  France. 
Clément  YIII  le  fit  cardinal  en  1598  et 
archevêque  de  Capoue  en  1601.  Nommé 
par  Paul  V,  en  1605 ,  conservateur  de  la 
bibliothèque  du  Vatican,  Bellarmin 
donna  sa  démission  de  l'archevêché  de 
Capoue.  On  prétend  que  sa  qualité  de 
jésuite  l'empêcha  de'  succéder  à  Léon  Xl 
et  ensuite  à  Paul  V.  Il  mourut  en  1621. 
Se&  anciens  confrères  ont  souvent  solli- 
cité sa  canonisation ,  et  Benok  XIV  y 
était  assez  disposé,  s'il  n'en  eût  été  dé- 
tourné par  un  mémoire  du  cardinal  Pas- 
slonei  et  par  les  réclamations  de  la  France. 
Giacomo  Fuligatti,  jésuite,  publia,  en 
italien ,  une  Vie  du  cardinal  Bellarmin , 
ornée  de  tous  les  éloges  qu'on  a  donnés  à 
cet  illustre  écrivain  ;  Rome,  1624,  in-4**. 
Elle  a  été  traduite  en  français  par  le  P. 
Morin,  Paris,  1625  ,  in-8».  Le  P.  Loi- 
zon ,  autre  jésuite ,  en  a  publié  une  de 
sa  composition  dans  cette  langue,  Nancy, 
1700,  în-4*^.  H  fellut  y  mettre  15  car- 
tons pour  la  faire  circuler  en  France. 

Le  cardinal  3ellarroîn  a  compo^  un 
grand  nombre  d'ouvrages  dont  nous  al- 
lons indiquer  les  principaux  :  1"  Dispu- 
tationes  de  Côntropersiis  christiance 
fideiy  adversus'hujus  temporis  hafreti-- 
cosy  Paris,  1613,  4  vol.  in-fol.  Cest  la 
première  édition  complète  et  correcte. 
Prague,  1721,  4  vol.  in-fol.  Les  protes- 
tans  les  plus  instruits  lui  ont  rendu  la 
justice  qu'il  ne  dissimulait  point  la  force 
des  argumens  de  ses  adversaires,  et  les 
catholiques  FcMit  constamment  regardé 
comme  un  de  leurs  plus  habiles  contro-' 
versistes.  On  lui  a  cependant  reproché 
en  France  d'avoir  enseigné:  1*  que  les 
princes  tiennent  leur  puissance  du  choix 
des  peuples,  et  que  les  peuples  ne  peu- 
vent exercer  leur  droit  qu«  sous  la  direc- 
tion du  pape;  2^  que  le  pap^y  monarque 
absolu  dans  Téglise,  est  supérieur  aux 
conciles  généraux,  etc.  On  a  condamné 
les  ouvrages  qui  renferment  cette  doc- 
trine, et  on  s'est  plaint  qu'on  ne  se  dé- 
cidait que  trop  souvent  à  Rome  d'après 
les  opinions  de  BeilarmiQ.  Quelque  gloire 


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BEL 


(285), 


BEL 


qu*il  tdt  acqidae  dans  ses  combats,  il 
avait  coutome  de  dire  :  «  Qu*utie  once  de 
paix  vaut  mieux  qu'une  livre  de  victoire.  » 
2^  Insiituiîones  hebrtiïcœ  linguœ  ;  3^ 
Explaitado  ià  psalmos;  4®  De  Scripto- 
nàus  ecclesiasticit ;  S^  De  editione  la- 
tinàvulgatd;  6*De  q/fjfîciis  episcoporum; 
7^  Dodrina  christiana,  ouvrage  im- 
primé un  grand  nombre  de  fois  et  tra- 
duit ea  plusieurs  langues  -yS^  De  ascen- 
sione  mentis  m  Deum  per  scalas  rerum 
creatarum ,  traduit  en  français  par  le  P. 
Brignon,  Paris,  1701  ;  9^  De  arte  bene 
moHendi,  traduit  en  français  par  Bel* 
sunce,  1751  ;  \0^  De  gemitu  columbœ. 
Tous  ces  ouvrages  sont  estimés.  Il  adiiessa 
à  Eudémon-Jean  l'Histoire  de  sa  Vie, 
dans  laquelle  il  montra  que  l'humilité 
chrétienne  ii'était  pas  sa  vertu  favorite. 
La-  vanité  lui  suscita  aussi  de  son  vivant 
quelques  traverses,  et  elle  a  certaine- 
ment, ainsi  que  sa  doctrine  sur  Tomni- 
potence  des  papes,  mis  obstacle  à  sa  ca- 
nonisation. BeUarmia  contribua  à  faire 
mettre  l  l'index  l'arrêt  du  parlement  con- 
tre Jean  Châtel,  et  chercha  à  détourner 
les  catholiques  anglais  du  serment  d'allé- 
geance ,  dans  une  lettre  qui  provoqua  une 
réponse  de  la  part  de  Jacques  1^'.  Cepen- 
dant ce  même  prélat  fit  avertir  Fra-Paolo, 
par  un  ami,  de  se  tenir  sur  ses  gardes  parce 
qu'on  en  voulait  à  sa  vie,  et  il  délivra  à 
Galilée  le  certificat  qu'on  va  lire  :  «  Nous, 
Robert,  cardinal  Bellarmin,  ayant  ap- 
pris  que  le  sieur  Galilée  a  été  calomnié 
et  qu'on  lui  a  imputi^  d'avoir  fait  une  ab- 
juration entre  nos  mains ,  et  d'avoir  été 
condamné  à  une  pénitence  salutaire;  sur 
la  réquisition  qui  nous  en  a  été  faite, 
nous  affirmons,  conformément  à  la  vé- 
rité ,  que  le  susdit  sieur  Galilée  n'jBi  fait 
abjuration,  ni  entre  nos  mains,  ni  entre 
celles  <i'autres  personnes  que  nous  sa- 
chions, soit  à  Rome,  soit  ailleurs ,  d'au- 
cune de  ses  opinions  et  doctrines  ;  qu'il 
n'a  été  soumis  à  aucune  pénitence  salu- 
taire, de  quelque  sorte  que  ce  puisse 
être;  qu'on  lui  a  seulement  signifié  la  dé- 
claration de  N.  S.  P.,  publiée  parja  con- 
grégation de  l'index,  savoir  que  U  doc- 
trine attribuée  à  Copernic ,  que  la  terre 
se  meut  autour  du  soleil  et^que  le  soleil 
oeeupe  le  centre  du  monde,  sans  se  mou- 
voir d'Orient  en  Occident,  .^t  contraire 


à  l'Écriture-Sainte ,  et  qu'en  ooaséqiMooe 
on  ne  peut  la  défendre  ni  la  soutenir.  En 
foi  de  quoi  nous  avons  écrit  et  signé  la 
présente  de  notre  propre  main;  le 36 
mai  iai6.  Robert,  oardinal  Bellar- 
min.  »  J.  L. 

BELLARf  (NiooLAS^mAKçois),aTo- 
cat  éloquent  et  plus  tard  procureur  gé«> 
néral  à  la  Cour  royale  de  Paris,  naquit 
dans  cette  capitale  en  1761.  Il  était  fib 
d'un  charron.  Toutefois,  son  père,  qui 
jouissait  d'une  certaine  aisance,  lui  fit 
donner  une  bonne  éducation  classique. 
Au  sortir  du  collège  il  se  livra,  sous  ia. 
direction  de  l'habile  professeur  Pigeau , 
son  parent,  à  l'étude  du  droit;  admis  en 
1784  au  suge  et  en  1788  au  ubleau 
des  avocats,  Beliart  se  distingua  de  bonne 
heure  entre  ses  jeunes  confrères,  d'abord 
par  des  mémoires,  et  plus  tard  par  des 
plaidoiries  dont  le  résultat  fut  presque 
toujours  heureux.  Pendant  le  cours  de  la 
révolution  il  défendit  un  grand  nombne 
d'accusésenmatière  politique,et  rarement 
ses  efforts  furent  sans  succèss.Il  partagea 
sous  le  consulat,  avec  son  ami  M.  Bonnet, 
la  défense  du  général  Moreau,  pour  lequel 
il  écrivit  un  mémoire.  En  1 804,  sa  poitrine 
affaiblie  l'ayant  contraint  de  renoncer  à  la 
plaidoirie,  il  se  livra  exclusivement  à  la 
défense  écrite  et  fit  paraître  un  grand 
nombre  de  mémoires  empreints  d'un  ta- 
lent inégal,  mais  remarquable.  En  1814, 
Beliart  était  membre  du  conseil  muni- 
cipal de  la  ville  de  Paris,  lors  de  l'entrée 
des  étrangers.  U  fut  le  promoteur  et  le 
rédacteur  de  la  fameuse  adresse  par  la* 
quelle  ce  conseil  jprovoquait  la  déchéance 
de  Napoléon  Bonaparte  et  le  rappel  des 
Bourbons.  Aussi  fut-il  un  de  ceux  que 
Napoléon,  au  retour  de  l'ile  d'Elbe, 
excepta  de  l'amnistie  qu'il  accordait  à 
tant  d'autres.  Pendant  les  Cent -Jours 
Beliart  se  retira  en  Belgique,- puis  en  An- 
gleterre. Rentré  en  France  avec  les  Bour- 
bons ,  il  fut  nommé  procureur  général 
près  de  la  Cour  royale  de  Paris.  Cette 
nouvelle  carrière  convenait  bien  moins 
que  celle  du  barreau  àaon  caractère  na- 
turellement honnête  et  généreux,  mais 
trop  ardent,  trop  impressionnable  pour 
les  graves  fonctions  du  ministère  public. 
Aussi  ne  fut-elle  pour,  lui  ni  sans  er- 
reurs ni  sans  ^merti^nes.  Charge  d'ac- 


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tla  Cour  deii  pnfrs  TiHësCre 
0t  mlortmé  naréchai  K^,  il  eat  le 
«iàM»Nir  db  imiiquer  àt  moèéninim  en- 
Wrt  I'«eeii6è  «t  d^égtrdB  eiivere  b  dé- 
-€mm*  Deptt»,  OQ  m  Wu&é  iiv«c  raison 
Mb  «ystème  de  rigueurs  envers  la  presse  ; 
<€■  a  àèp^é  Sa  «Menoe  ée  c^dcfSes- 
•HBsécaesré^biMireS)  purtftcaéièreinisnt 
«40  cm»  -qa^  km^  contra  Us  jeunes  mé- 
JdaiTM  itmptb|uê3  ^ana  la  coniftiiMnon 
-ëe  La  fifocMle^icC  contre  denK  jounMux 
i(le  CottsmuMnmU  et  te  iMurèerfrun^ 
'fmù)  meeméê  et  tendamie  irréligie<ise 
fNMM*  «vmr  «ignoté  les  envahissenietis  4e 
il  fa^on  ««oiurdutiale.  Mai^é  ces  ne- 
^pv«eh«speai>élretaérMs,4l  ne  fa«t  |>olrft 
«Miîaodrâ  Beltatt  «iret;  cesiMniiiies  «né- 
jprisés  iA  «népHsalMes  q««,  «sans  ixifiWc- 
to»^  irie  latsartenc  sétécs  cki  pouvoir.  RH- 
lart  élftitskicère:  témoHi>4e6  àmges'd^tfiie 
férokidoM  qfi*il  a^aittraversée,  nfm  Sans 
^bogen  •peitsunncds,  il  en  cimtgna4t  le 
mour^  et  son  litis^çi^Nrtion  ti^ewi^nl 
ftrafp6a  Im  kîaak  voir  ànm  les  opinions 
«tidaos  4es  AiwdaiiecB  ofiiposiées  «me  sien- 
mm  des  4an|(ers  ëont  il  eroyak  ne  po«i> 
IMT  réfriinor  te  |>i*inotpe  ^vec  *ro|i  -él'é- 
IRMyie.  àk>n  fnaUliettr  Ifk  -de  B*aVGrk*  pas 
«ae  foreê  «t'esfrit  égalée  «on  «afient  ora- 
téire.  il  |iar«k  certain  ^oe,  sur  la  en  de 
ta  vie,  se  voyant  •ëéboréé  par  le  purtî  <le 
kcootÉ«-névo4iition,4l  se  repentit  <le  l'ap- 
fiii^u'il  loi  a¥tHt  frété  «t  qu'il  dièrdia 
tnèma  à  dél«niitier  TafviMgle  -successear 
ée  liOuis  XVI9I  <le  U  voie  de  perdition 
éana  laqveMe  il  4e  voyait  Rengager.  Dans 
laipvnie  pffifeifient  adévinistmtive  de  ses 
^tMictfOna,  BeHar^^ifttérité  qaed  eséloges 
fi»  sa  flrotture  «et  «on  esprit  d^urté. 
Député,  à  fkdNir  de  181&,  il  te  montra 
pett  favopaùe  «aux  Idées  nouveltes,  cl, 
èan»  pttftager  Itoutes  les  opinions  de 
Vbwt^meiir^î^,  «Il  s*associa«onVent  à  ses 
^m4kb.  «Belliirt  «si  mort  «n  fS^SPe.  Sa  fa-^ 
nM^.  a  Ailt  ini^imet<  Ses  eetivres,  en  4  v. 
In-^^.  Dttos  t5e  recueil  'on  distinguera 
^rtlctftlèreni^t'Sà^edmespondance;  elle 
fkk  iiooneiir  à  «a  wrértioii^.  'On  trouve 
«iMsf  d«ns  4t*s  Amtalei  du  barreau  Jmn- 
fmk  un  voluiBe  Templi  de  ses  oeuvi^es 
«niloIreë.'Sous^e  rtrppbit  do  talent,  les 
fféqtmUtoIres  d«  «e«art,  ses  discours  de 
tribaBOn'^l^tfïai  de  bien  rem^na- 


{m) 

révëttttVQ  viérîtsUe  oraUcsr^  vgÊm  (futit 
«lanière  «oit  iriiâpuscéMibltt  :  <iii  tÉx»^ve 
chex'KiidcB  finîtes  4e  goût  «MO^Mq^ien- 
tes,  des  fiiélé);Mwet  de  langiigi^,  die k  dif- 
4Jusioo,  de  la  WoiViOiiflwreiç  lmi^«  «lélé  de 
^ïosdUkuUse't'^niieatrenldiMiiMfiiriitions 
ékiqactoDet,  des  ai^ottvéMiM^fiaiihiMqwei, 
et  panofiKwi  profond  «eminKAt  de  pi^obiié 
4A  de  digiKité.  ^  4'on  iiefe«ticil«r  ft^llert 
<omme  iui  orateur  iK*coiii|i)ii-,  i4  «st  im- 
posaiiilc  de  «ikéeownajli'e  «n  M  «n  ora- 
teur dÂstisigtié.  Le  ^sfrreaa  deeon  épeq^ie 
compté  phwïeuvs  bommce  «f^inés  «t  di- 
•erisç  il  ne  coiDpie  que  4uî  d%omme 
"éloquent!  ^.  A*  #. 

SEIXA Y ,  tiof.  D«  8«Lt/ft^. 

BlfiLLfc-ALLIAN€£,  iM>f.  WilMh 
cep. 

Sei^LBAtT  {R«WiX  «NI  de*  |>«èH»  de 
•la  pléiade  françike  eu  k<vi^  siè<4e,  ëHit 
«é  à  Nogent-lè'-ftotroe,  M  lut  prét*e^ 
ieur  de  Charles  de  Lerf»ailie,  decdtâ*- 
-bœef.  S(«  ftoéfties,  aujovi'd*N^  O^btiées, 
étaitent  tfbit  testrmées  de  son  teftnps ,  «sur- 
loBt  son  Trakéiks  Pif  taries ,  kiVyù  VUhi- 
eei-d,  lui  fit  tMiH<e épitapKe 'Cpil  «elH^ilr 
soli  tombeau  à  Notre-4>ame  de  ^tris^ 

l^e  taillez,  mafos  iodustrieiiftrt, 
1>M  pieiTes  |M>ur  ««ouvrir  iDHli*Aii  ; 
Lmjt  «fWiÉne  «  liM  étm  «tofittHNAl 


On  admirait  aussi  ses  'ùe^f^erf^,  qui 
lui  valurent  de  Ronsard  1e  noin  dep&in* 
tre  (le  1/4  /tature.  'Comme  les  ^nncîpaUx 
pokits  de  soti  tempb,  il  était  très  vei^é 
dans  les  langues  anciennes  et  donna  des 
odes  d'Anacréon  une  traduction  en  vers, 
poin*  laquelle  Pasquier  Tapp^e  TAna- 
créon  de  s6n  siède.  tl  a  f^it  aussi  sur  une 
partie  des  poésies  de  Ronsard  un  corti- 
rtientifire  rempli  de  sâvans  rapproclie- 
mens.  Ses  otïvrages  ont  été  i*éunis  en  ^ 
volumes  în-U,  Rouen,  1604.  Il  était 
sourd  et  mourut  à  Paris  tû  15T7,  à'I'â^e 
dfe^Oans.  ^  J.  B.  X. 

BELLfi  Wt  ï  Wll,1HtîW)fT,  voff. 

COW^VOLV  OLAC  ÉBS. 

vain  du  xv^  siècle,  naquit  à  Sarimn  dans 
le  pays  de  Comminges,  en  1$9D.  On  lui 
a  domié  la  qualité  d'historien,  quoiqu'il 
se  soit  ex^ercê  dans  toUs  les  {;enrt?s ,  aiTéc 
une  égale  médiocrité.  Là  réiole  de  "Na- 
ITârre,  tksur  de  Fhm^h  f*,  prit  soin, 


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(887) 


4it*«a9  es  FeB6M)cede  Bdleferert.  Oq  le 
dcrtÎMi  au  barreav  c  il  éuidta  à  Bordeaux 
.  et  à  Toulome^  aous  d'habiles  professeiurs 
en  dh>tt;  -nais  il  se  dégov^  de  ee  feare 
d'écnde  et  se  mit  à  faire  4e  mauvais  wn 
]pdur  les  seiffoeurs  et  pcmr  les  dames.  Les 
diaers  et  W  oomplimens  Jmii  on  paya 
■es  poésies  twi  firent  croire  ^ue  la  pro- 
vince était  nn  trop  pelitihéâtre  pour  ses 
lÉlens.  il  se  rendit  donc- à  Paris  oà  il  se 
lia  avec  Ronsard,  Baîf  et  Duverdier.  La 
fortune  de  Ronsard,  ^e  les  rois  et  les 
grands  comblaient  d*éloges  et  de  présens, 
4ai  fit  envie.  Il  rima,  comme  son  modèle, 
■mis  aea  vers  restèrent  sans  ieeteurs. 
Abandonnant  un  métier  qui  ne  lui  rap- 
portait ni  hpnnenr  ni  profit,  Betleforeat 
•e  mk  auK  gages  des  libraires.  Doné 
d'mm  malheureuse  fécondité,  il  enfanta 
des  volMnes  de  prose  anssA  médioci%  que 
•Ml  vers.  Le  seul  mérite  qu'il  m<H»tra  fut 
WÊé  scrupuleuse  potaetuaHté  aux  enga- 
liemetts  qu'il  avait  pris;  Dnverdier  q«ri, 
jbns  sa  Biblhihèque  française  ^  a  oon- 
iacré  plusienrs  pages  à  Téloge  de  son 
•mii,  rapporte  que  Belleîorest  faisait  vi- 
vre sa  famille  avec  ses  nombreux  ou- 
vrages. Cette  fécondité  lui  fit  une  9orte 
tie  réputation.  Ils*avisa  d*écrire  Vfftstoii'e 
legs  netifrois  de  France  qui  ont  pw  té  le 
nom  de  Chartes  (1  vol.  in- fol.).  Cette 
bistotre  lui  valut  la  place  d'htstoridg^- 
phe  de  France.  Enivré  autant  qu'étonné 
d^Bm  piareil  snccès,  il  crut  qu*il  n*avait 
tien  ^  mieux  à  faire  que  d^écriiie  t*hls- 
toifè.  Maïs  il  faHaH  se  livrer  à  des  re- 
«bercbes  et  s*appliqoet'  à  démêler  le  faux 
âu  wal.  An  lien  de  cda,  Beïleforest  dé- 
natura les  faîfo  et  mêla  à  la  véHté  des 
contes  absurdes  et  des  fables  puériles. 
*âofn  n|anque  de  bonne  foi ,  d'exactitude 
let  de  taléfi  lui  ayant  fait  perdre  sa  pl?ire, 
U  se  remît  à  la  disposition  tics  libraires. 
n  publia  successivement  une  Cosinogra- 
pkie,  les  Histoires  tragiques  extraites' 
des  œuvres  itaièertnes  de  BandeUo  (7 
Vol.  <n-16),  les  tlistoires  prodigieuses 
"extrààes  de  pèuneurs  fameux  auteurs 
grecs  et  latins  (8  vol.  in-16).  Bettefo- 
fen  eut  pour  collaboratetn*  à  ces  deux 
ouvrages  Boistùau  Delaunai,  son  ami. 
Htradttisit  Les  secreui  de  là  vraie  iigrl- 
euUatede  lltaKen  d' Augustin Callo,  (  t  v. 
1ii-4^),  et  les  Fùtgtjour/^es  d^agnatl-^ 


iufei  du  même;  nmis  il  gâta  par  ^  tiv 
ductina  tout  ce  que  l'original  offre  de 
retaMiques  iniéressaates  et  judicieuses 
danji  ces  deux  dernières  productions. 
Enfin  il  composa  les  Annales  ou  Hiêtoire 
générale  de  Fmmce  (8  vol.  in-fol.),  qu'il 
poussa  iuaqu'en  1 674.  Ce  travail  niélé  de 
fables  est  souvent  inexact  et totgonrs  faaCâ- 
dieux.  Belleforestmouruten  t4S3.Ta.  D. 

BELLEOAROfi  (  le  comte  bk),  issu 
d'une  des  plus  anciennes  familles  de  la 
Savoie,  est  né  4  Chambéry  en  1760.  Il 
entra  de  bonne  heure  au  service  de 
r  Au  triche  et  lit  si  bien  ses  preuves  dans 
les  campagnes  de  1798-96,  qull  lut 
nommé  membre  du  conseil  de  guerre 
auprès  de  Tarchidiic  Charles,  et  bientét 
après  feki- maréchal  ^lieutenant.  C'est 
cQmme  tel  qn*il  conclut  à  Léoben ,  daus 
Vannée  1 797,  Tàrmistiee  avec  Bonaparte, 
et  qu'il  commanda  eitsuite,  en  1799,  le 
corps  d*armée  qui  devait  maintenir  les 
communications  entre  Tarchiduc  Char- 
les et  Souvorof.  Après  la  campagne  de 
1690  en  Italie,  il  fut  investi  de  Tun  des 
première  emplois  dans  le  conseil  de 
guerre  aniique,  dont  il  accepta  la  pré- 
sidence lors  du  départ  de  l'archîdttc 
Charles,  en  1805.  Dans  le  mois  de  juil- 
let de  cette  année  il  fat  dhargé  d'un 
commandement  en  chef  dans  les  élata 
de  Venise.  L'année  suivante  il  fut  promu 
au  grade  de  feld  -  mM*échal  et  nommé 
gofuvemeur  civil  et  militaire  de  la  Gâ- 
lioie.  Dans  la  campagne  de  1809  il -se 
distingua  an  combat  de  Oross-Aspeiti. 

Après  fa  pa»x  tie  Vienne,  il  prit  poàr 
la  ïreconde  fois  le  eommandeinent  en  chef 
de  la  Galicie,  oà  il  resta  jusqu'à  la^erre 
de  1818.  II  fut  alors  nommé  président 
du  conseil  de  goenreaulique;  mais  il  alla 
bientôt  rejoindre  Tarmée  en  Italie,  oik  il 
pénéti*a  jusqu'à  ^idsance.  Le  16  avril  il 
'  y  conclut  un  armistice  avec  £u|Çène,  vice- 
roi  d'Italie.  Comme  gouverneur  géoéral 
des  provinces  autrichiennes  reconqui^s 
en  Italie,  il  sut  se  comMtier  au  pkn  haut 
degré  Tamour  de  leurs  habitafns ,  et  c^est 
graceàcetanMNir,autant  qu'aux  victoiriBS 
qu'il  remporta  à  Ferrare  et  au  pont 
d*Oc(hto  Bello,  qu'il  pat^int  à  mainte- 
nir Tordre  dans  ce  pa\s,  lors  derirrti^- 
tion  de  Murât  ^  1816. 

U  resta  cnmtii^  gouteriumr  4  ttilan 


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BEL 


(288) 


«EL 


jti8qu*k  la  ooioination  de  Fârchiduc  An- 
toine à  la  vice- royauté  du  royaume 
Lombardo- Vénitien,  et  à  celle  du  comte 
Saurau  au  gouvÀmement  de  la  Lom- 
bardie. 

Bellegarde  vint  alors  habiter  pendant 
quelque  temps  Paris  comme  simple  par- 
ticulier; puis  il  afi  remit  à  la  tête  du  con- 
,seil  de  guerre  aiilique ,  jusqu'à  ce  qu'en 
1825  la  faiblesse  de  sa  vue  l'obligea  à 
donner  sa  démission.  C  L. 

BELLE-ISLE  (  Charlk&-Loui&- Au- 
guste FouQUET,  comte  de  ),  né  en  1684 
à  Yillefranche  (  Eouergue  ),  était  petit- 
fib  du  surintendant  Fouquet.  Très  jeune 
encore  il  commandait  un  régiment  de 
dragons  ^n  siège  de  Lille;  blessé,  il  fut 
fait. brigadier  des  armées  du  roi,  puis  il 
passa  en  Espagne  où  it  se  fit  une  répu- 
tation militaire  très  brillante.  Villars 
l*emmena  aux  conférences  de  Rastadt, 
et  les  services  qu*il  rendit  là  comme  né- 
gociateur lui  valurent  le  gouvernement 
de  Huningue.  Maréchal -de -camp  en 
1719,  il  eut  part  à  la  prise  de  Fonta- 
rabie.et  de  Saint-Sébastien,  revint  en 
France  à  la  paix,  et,  après  avoir  été  en- 
veloppé dans  la  disgrâce  de  Leblanc,  fut 
promu  au  grade  de  lieutenant  général 
(  1732).  En  1734,  sous  les  ordres  du 
maréchal  Berwick,  il  pritTrèves  et  Tner- 
bach,  rendit  des  services  lors  du  siège 
de  Philippsbourg,  et  eut  la  gloire  de  tenir 
tête  au  prince  Eugène  dont  les  plans  ten- 
daient à  délivrer  cette  ville.  La  paix  de 
1736,  qui  assurait  la  Lorraine  à.  la 
France ,  fut  en  grande  partie  l'ouvrage 
du  comte  de  Belle-Isle  qui  fut  ensuite 
.investi  à  perpétuité  du  gouvernement  de 
Metz  et  des  trois  évêchés.  L'année  sui- 
vante il  fut  chargé,  conjointement  avec 
le  maréchal  d'Asfeld,  de  reconnaître  Té- 
tât de  toutes  les  places  de  la  Meuse ,  et 
en  1738  il  fournit  un  plan  relatif  à  la 
succession  de  Berg  et  deJulie^rs.  Ce  plan 
fut  adopté.  Belle-Isle  alors  aurait  voulu 
être  nommé  à  une  grande  ambassade; 
mais  le  cardinal  de  Fleury  ne  voulant 
point  Téloigner  lui  donna  le  bâton  de 
maréchal  de  France. 
.  Sur  ces  entrefaites  Tempereur  Charles 
VI  mourut  (  1740),  et  une  nouvelle 
guerre  de  succession  embrasa  l'Europe 
(  1741  ).  Belle-Isle  avait  parcouru  T Al- 


lemagne pendant  la  courte  période  de 
temps  qui  sépara  ces  deux  événemens 
et  négocié  eà  secret  la  .nomination  de 
rélecteur  de  Bavière^  Charles-Albert 
(Charles  VII),  à  VEmpire.  En  même 
temps  Belle-Isle  avait  dcnnandé  100,000 
hommes  pour  aller  conclure  la  paix  dans 
trois  mois  sous  les  murs  de  Vienne  ;  on 
les  lui  donna.  Tandis  que  Charles-Albert 
pénétrait  jusque  près  de  cette  capitale, 
il  s'avança  en  Bohême  et  sVmpara  de 
Prague  par  surprise.  Mais  son  ambition 
démesurée  gàu  tout.  Comme  il  voulait 
à  la  fois  remplir  la  double  fonction  de  n& 
gociateur  et  de  guerrier ,  il  parut  à  Franc- 
fortavec  le  titre  d'ambassadeur  extraordi  - 
naire  dans  tout  l'éclat  d'un  prince  d'Em- 
pire ;  la  diète  inflnentée  par  ses  soins 
élut  Charles- Albert  empereur., Pendant 
ce  temps  ses  liéutenans  commettaient 
des  fautes  graves;  Belle-Isle  malade  leur 
envoyait  souvent  des  ordres  peu  en  har- 
monie avec  les  exigences  du  moment.  La 
petite  victoire  de  Sakai  sur  le  prince  de 
Lobkovitz  améliorait  peu  les  affaires;  en- 
fin la  Saxe  et  la  Prusse  abandonnaient 
la  cause  commime.  Hors  d'état  de  tenir 
la  Campagne,  Belle-Isle  se  jeta  dans 
Prague  avec  28,000  hommes  qu'assié- 
gèrent bientôt  60,000  impériaux  ;  puis, 
ne  pouvant  obtenir  des  généraux  de 
Marie-Thérèse  une  capitulation  raison- 
nable, il  opéra  en  dix  jours;  de  Prague  à 
Égra  (  1744),  une  retraite  que  l'on  com- 
para dans  le  temps  à  celle  des  10,000. 
L'armée  de  Maillebois  acheva  de  mettre 
ce  corps  à  l'abri  de  tout  danger.  Peu 
après  le  n^iréchal  de  Belle-Isle  et  son 
frère  furent  arrêtée,  malgré  le  droit  des 
gens,  à  une  poste  hanovrienne,et  retenus 
un  an  entier  en  Angleterre  (1744-45  )>. 
En,  1746  Belle-Isle,  général  en 'chef  de 
l'armée  d'Italie,  défendit  avec  succès  les 
frontières  sud-est  de  France,  menacées 
par  les  Autrichiens  et  les  Sardes  ;  deux 
ans  après,  il  fut  créé  duc  et  pair,  et,  en 
1753,  il  fut  chargé  dû  portefeuille  de  la 
guerre,  qu'il  garda  presque  jusqu'à  sa 
mort.  Il  s'appliqua  surtout  à  détruire 
les  abus  qui  se  perpétuaient  dans  l'or- 
ganisation de  l'armée,  et  principalement 
la  nomination  de  ce  qu'on  appelait  bur- 
lesquement  coloneis  à  la  bavette.  Déjà 
il  avait  eu  la  plus  grande  part  aux  fa- 


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BEL 


(289) 


BEL 


meuses  ordonniiDces  militaires  de  1787. 
L'Académie  de  MeU  et  Tordre  du  Mé- 
rite lui  Tarent  redevables  de  leur  fonda-» 
tion.  Il  était  de  plus  membre  de  l'Acadé- 
mie française  depliis  1.756.  Sa  mort  eut 
lien  le  26  janvier  1761.  On  a  de  lui  des 
Mémoires. 

Lovis-  Charles-  AmKAKn  Fouquet  , 
•on  frère,  connu  sous  le  nom  de  chevor- 
Uerde  Belle^Isle^  né  en  160  S,  se  signala 
par  plusieurs  faits  d'armes  très  brillans, 
et  périt  à  la  funeste  affaire  du  Col-de- 
TAjssiette,  en  essayant  de  forcer  le  passage 
de  ce  nom  è  la  tête  de  50  bataillons 
(1746).  II  avait  aussi  du  goût  pour  la 
carrière  diplomatique.  A  un  génie  ardent, 
à  une  ambition  encore  plus  excessive 
que  celle  de  son  frère,  il  joignait  une 
passion  immodérée  pour  les  femmes. 

Val.  P. 

BELLÉROPHON  est  un  des  héros 
mylhologftiues  immortalisés  par  les  poè* 
tes.  Il  était  fils  de  Glaucus,  roi  de  Co- 
rintbe,  et  petit-fils  de  Sisyphe.  Il  s'ap- 
pelait d'abord  Hipponoûs;  mais  ayant 
tué  par  mégarde  son  frère  ou  quelque 
grand  personnage  de  G)rintbe,  on  le 
nomma  Bellérophon ,  c'est-à-dire  meur- 
trier de  Belleroûs.  Forcé  de  s'expatrier 
à  la  suite  de  ce  crime  involontaire,  il 
alla  chercher  un  asile  à  la  cour  de  Pro- 
clus  on  Prœtus,  roi  d'Argos,  dont  l'é- 
pouse, Stéoobée  ou  Antée,  essaya  de  le 
rendre  sensible  à  la  tendresse  qu'elle  avait 
conçue  pour  lui;  mais  Bellérophon  ne  vou- 
lut  pas  trahir  la  confiance  du  roi  d'Ar- 
gos ,  et  Sténobée  furieuse  l'accusa  d'a- 
voir voulu  la  séduire.  Cettç  calomnie  eut 
tout  le  succès  qu'elle  en  attendait:  Pro- 
clus  respectant  les  droits  de  l'hospitalité 
ne  se  vengea  pas  lui-même,  mais  il  envoya 
Bellérophon  chez  lobatès,  son  beau- 
père,  roi  de  Lycie,  avec  des  lettres  dans 
lesquelles  il  le  priait  de  le  faire  mourir. 
Bellérophon,  prévenu  des  dangers  qu'il 
courait,  sortit  triomphant  de  toutes  les 
épreuves  qui  lui  furent  suscitées  par  lo- 
batès; grâce  à  la  protection  de  Minerve 
qui  lui  amena  le  cheval  Pégase,  il  défit  et 
tua  la  Chimère,  monstre  horrible  que 
lobatès  lui  avait. ordonné  de  combattre. 
U  dompta  ensuite  les  Solymes,  les  Ama- 
zones et  les  Lyciens;  lobatès,  reconnais- 
sant son  inncKsence,  lui  donna  la  main  de 

Encyclop.  d.  G,  eL  M.  Tome  IIL 


sa  fille  Phikmoé,  et  le  déclara  suceetseur 
de  son  trèn^. 

Il  est  resté  de  cette  tradition ,  moitié 
fabuleuse  et  sans  doute  moitié  historique, 
une  expression  proverbiale,  d'après  la- 
quelle on  nonmke  lettres  dp  BeUérophon^ 
les  lettres  écrites  contre  ceux  qui  les 
portent.  D.A.*D. 

BELLES-LETTRES,  v.  Lsttexs. 

BELLIARD(  AuGusmr-DAHiftL, 
comte),  lieutenant  général,  né  en  1773 
à  Fontena^-le-Comte  (  Vendée  ). 

Belliard  entra,  en  1791 ,  dans  le  1*' 
bataillon  de  la  Vendée  et  fut  élu  ca- 
pitaine. Nommé  officier  d'état  -  major 
à  l'armée  du  Nord,  commandée  par  U 
général  Dnmouriez ,  il  se  distingua  dans 
la  campagne  de  Belgique,  surtout  aux 
journées  de  Grand-Pré ,  de  Sainte-Mé- 
néhould  et  de  Jemmapes.  Il  eut  deux 
chevaux  tués  sous  lui  aux  affaires  de 
Liège  et  de  Nerwinde  et  fut  nommé  en- 
suite adjudant  général;  mais  la  fuite  de 
Dumouriez  arrêta  sa  carrière.  Les  soup- 
çons qui  s'élevèrent  contre  lui  le  firent 
destituer  par  les  représentans  du  peuple, 
et,  envoyé  à  Paris,  il  chercha  vainement 
à  faire  révoquer  cette  destitution.  Bel- 
liard s'enrâla  aussitôt  comme  volontaire 
et  soldat  dans  le  3*  régiment  de  chas- 
seurs à  cheval;  mais  après  une  campagne 
où  il  signala  son  courage  et  ses  talens,  il 
fut  replacé  à  son  rang  d'adjudant  géné« 
rai  aux  acclamations  de  l'armée.  Il  suivit 
d'abord  le  général  Hoche  en  Vendée; 
puis,  envoyé  à  l'armée  d'Italie,  en  1 796, 
il  combattit  héroïquement  à  Castiglione, 
à  Vérone  et  à  Caldiéro ,  où  il  fut  blessé 
en  s'élançant  sur  les  retranchemens  des 
Autrichiens  à  la  tête  d'un  bataillon  du 
40®  régiment.  A  Arcole  il  fut  griève- 
ment blessé  après  avoir  eu  deux  che- 
vaux tués  sous  lui.  Bonaparte  le  nomma 
général  de  brigade  sur  le  champ  de  ba- 
taille. Belliard  se  montra  digne  de  cette 
distinction  par  les  nouveaux  services 
qu'il  rendit  en  Italie  et  dans  le  Tyrol, 
au  passage  du  Lavis  et  à  Ombra,  dans 
la  vallée  de  l'Adige,  à  Brixen  et  Civita- 
Vecchia  dont  il  prit  possession  après 
quelques  combats.  Ensuite  il  fut  envoyé 
en  mission  extraordinaire  à  Naples  pour 
empêcher  le  roi  de  soutenir  les  ennemis 
de  la  France. 

10 


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BBL 


(29^) 


BEL 


BMê^  il  ^«rtie  4«  »VipéctttioB 
d'É^ypte,  et  lorsque  rarmée  natale  at- 
taqua rUe  lie  Malte  )  U«e  dialÎB£^  eo- 
oore  dam  cette  deaeente.  Em  Egypte,  il 
reçut,  à  \â  bataille  des  Pytaudea,  à  ia 
tête  du  fd*  régêtteMtdHafiwlçrie  légère, 
la  première  eliw§e  des  Maneliiks)  il  les 
dispersa  en  peu  d'instans,  et  prit  en* 
sttite  une  pért  hnfMrtanto  aux  aanglans 
cotabats  de  Chebreia,  de  Siène^  de  Pbîlé. 
It  pénétra  jnaqa*en  i.byisiBie. 

A  U  bataiMe  d'milopelie,  le  général 
Belliilrd  essuya  la  premiiM  charge  de  la 
caraletie  turque  et  la  repoussa;  près  de 
Oatniette,  il  détwiîsit  tout  un  corps 
tdrc  qtii  avait  surpris  1*  ville.  DMaiette 
et  le  Ibft  de  Lesbé  tembÀrent  en  sno 
pouvoir.  Gravemettl  blessé  à  la  repdse 
dé  Boillak  et  du  Caire,  Belliard  guérit  ra- 
pidement et  fut  nomm^  général  de  divi* 
sfon  et  gouverneur  du  Caire.  Après  avoir 
vâlH(Htamellt  déf^du  celte  viÛe  contre 
lés' Mameluk»,  les  Turcs- et  les  Angblia» 
BéHf  af  d  obtint  une  enpltnlalion  bonora* 
blé  qui  lui  permit*  de  s'énbarquev  poor 
lé  Fnxttt  avec  armes  ft  bagages. 

'  fin  18dl,  le  premier  consul  lui  donna 
te  commandement  de  la  34®  division  mi* 
Ittalre  dont  le  siège  était  à  Bruxelles.  H  y 
hrissa  d'honorables  souvenirs. 

Loradefta  ctfmpngne  de  180^,  il  ftit 
nommé  chef  d^étaft-nrajoi^- générai  de 
Mmrat;r  ses  talens  et  son  activité  te  firent 
remar(|ner  dans  plusieurs  affaires,  et 
après  la  victoire  remportée  a  AusterKtz, 
il  Ait  homme  par  Napoléon ,  sur  le  champ 
dé  batalHe  môme ,  gmnd-ofBcieF  de  la 
Eégion-d'Honneur.  Dans  la  campagne 
é€  tWJf  et  t80&  iïi^MpUt  encore  les 
fStmctldnB  de  major  généml  auprès  de 
Murât,  Hé  cessa  de  se  monter  un  des 
plus  habiles  officiers  de  Tarmée,  k  léna, 
É  Erftm,  k  Sletlin,  à  l^beek,-  a  Heils- 
berg,  à  Hoff,  à  J^lau,  àPriedlandet 
devant  TAiltt»  Aucun  oflScier  général  n'a 
mérité  pliw  de  gloire  dans  l'armée  et  au^ 
eun-  n^étàrit  phn  modeste,  il  rappelait  à 
phùieifrs  égards  eet  iHnatre  Desalx  au- 
prèé  dii^uM  H  s'était  formé. 

Sn  ^pagne^  BeHiard  contribua  à  la 
prise  de  Madrid^  puis  il  re^t  le  gou- 
vensettent  de  ceite  ville.  Une  sédition 
y  ayant  éclaté  apvèa  la  bntaflle  de  Ta- 
laveira,  il  se  rendit  seul  aamiUea  de  la 


population  insurgée  et  sut  k  calmer.  H 
quitta  TËspagne  en  1813  pour  (aire, 
cofnaae  aide-major-général  de  cavalerie, 
la  campagne  de  Enmie;  il  se  couvrit  de 
glouré  durant  oette  expédition,  surtout  k 
Vilebsk,  à  Smolensk,  à  Dorogobouge 
et  à  la  Moskva.  Par  l'établissement  ra- 
pide d'nne  batterie  de  30  pièces  d'ar- 
tillerie il  (on^k  à  la  retraite,  dans  cette 
dernière  battdlle  ^  dea  masses  profondes 
de  la  garde  russe.  A  Mojaîsk^  un  boulet 
le  blessa  à  la  jambe;  mais  cette  blessure, 
malgré  sa  Cavité,  n'interrompit  point 
son  serrice  :  il  suirit  patiemment  la  re- 
traite et  kit  nommé  colonel-général  des 
cttirassieiv  à  Smorgenie.  En  Prusse ,  le 
général  Belliard  réorganisa  la  cavalerie 
avec  une  prodigieuse  actirité.  Napoléoii 
le  chargea  durant  la  bataille  de  Dresde, 
en  1813,  de  remplir  les  difficiles  fonc- 
tions d'aide-majoiwgénéral  de  l'armée. 
Aux  trois  journées  de  Leipxig*  il  eut  do 
nouveau  plusieurs  chevaux  tués  sous  lui 
et  le  bras^ucbe  brisé  par  un  boulet. 

Maigre  tant  de  blessures,  Belliard  se^ 
conda  tous  les  mouvement  de  l'armée 
jusqu'au  passage  du  Rhin.  A  Mayenceil 
rempla^  B«*thier  que  l'empereur  em- 
mena à  Paris ,  pour  y  organiser  une  nou- 
velle armée.  Après  la  bataille  de  Craonne, 
il  reçut  de  rcmpereur  le  commandement 
en  chef  de  toute  la  cavalerie  de  l'armée 
et  de  celle  de  la  garde  impériale.  Dana 
cette  admirable  campagne  de  France  on 
le  vit,  héroïque  et  dévoué  comme  dans 
lea  bellee  années  de  l'empire,  combattre 
anx  journée»  de  la  Haute-Épine ,  de  Châ> 
teau-Thierry ,  de  Fromenteau,  de  Laon, 
de  Craonne ,  de  Reims  et  de  Paris  ;  il  ne 
fléchit  nulle  part 

Napoléon  le  nomma,  à  Fontainebleau, 
un  jour  avant  son  abdication,  grand- 
eordonde  la  Légion- d'Honneur.  Belliard 
resta  auprès  de  hri  jusqu'au  moment  de 
son  départ  pour  File  d'Elbe.  Lorsqu'il 
put  se  croire  libre,  Belliard  accepta  de 
Loub  XVUI  sa  nomination  à  la  pairie. 
Pendant  les  Cent  Jours,  l'empereur  l'en- 
voya en  Italie  pour  diriger  les  opérations 
militaires  du  roi  de  Naples;  il  arriva 
trop  tard.  De  retour  à  Paris,  Belliard  fut 
nommé  pair  le  3  juin  1 8 1 6  et  prit  le  com- 
mandement en  chef  des  3*  et  4*  divisions 
militaires.  Lorsque  Loûia  HYUÎ  rentra  | 


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BBL 


(Ml) 


BEL 


Il  fq|  rayé  de  là  liste  dii  aooleM  ftàH 
par  Votd<Mtumt4  du  ÈÀ'yMéi  1816, atw 
rété  âom  It  préfemioii  d'atoir  prit  part 
à  UB  complot  dont  le  bol  aofait  été  de 
délhrer  le  mâré^^al  Nejr ,  et  enfermé  à 
l'Abbaye  en  attendant  qa*il  fui  jugé  |  on 
M'osa  paa  le  juger.  Bellkfd  ne  ftit  rendo 
à  ta  faadlle  que  le  I  juin  I8ie.  £n  1819 
mm  Ordonnatioe  royale  le  rappela  à  la 
ekambre  des  paire  f  où  il  ¥ota  to^joure 
itee  la  fraotkm  nationale  de  cette  cbam- 
bro)  ttne  oo«rage«M  réolamation  eontre 
UB  majorât  qu'on  lui  imposait  lui  aitûrli 
une  Bonvelle  diigraee.  Il  fut  un  des  pro* 
ml««,  es  1830»  à  prendre  parti  pour  la 
réfolationdejuiUeli.et  fut  nommé,  en 
mare  1811,  ambamadeuren  Bel|ique«ll 
i^aequilta  àvee  talent  et  •upéHorité  dee 
levoire  de  olf  poêle  difficile,  dans  un  diO' 
ment  où  là  Belgique  evait  besoin  de  éon 
assistance  pour  se  donder  un  roi  et  pour 
nrganiser  son  aHnée»  C'est  à  Brmelleé 
qne  lA  mort  vint  le  fhipper  au  «nilieo  de 
l'hiver  de  168t;  il  suceomba  à  une  at-» 
laque  d!apopleHie» 

.  Belliard  eétmert  sans  fortune.  Il  étaif 
d'une  petite  Ullle,  ce  qui  contrastait 
aVco  lés  laits  de  fabuleuse  Yaleur  que 
rà pillait  son  nom.  F.  F 4 

BBLLIN  9  BaLLiHt  (JacQvia,  Gsr*- 
^nk  et  iaail)*  Ces  trois  peintres  (  le  pré^ 
mier  père  dîes  deux  autres)  sortt  généra* 
tement  regardés  coAimé  les  eheCs  de  l'é» 
iole  vénitienne,  en  ce  sens  que  ee  fiàrenl 
«Ox  qni  abandOti aèrent  les  premiers  cette 
sécheresse  dé  contours  particulière  aua 
peinlrcs  4H  siècles  précédent,  et  eon^- 
nurent  et  enseignèrent  les  principal  de 
ce  coloris  qui  rendit  si  célèbres  le  Gtor*> 
gion  et  le  Titien,  leurS  élèves. 

L'on  ignore  la  date  de  la  naissante 
et  dé  la  mort  de  Jacqvks  BcIUb,  et  II 
if  est  guère  resté  d'autre  oUvrege  authen- 
tiqué de  sa  main  qu'une  làaddne  ^  citée 
psr  Lansi  comme  appartenant  a  uti 
ndmmé  Sasso,  et  au  baa  de  laqtieUe  Ja^ 
0^0  a  biissé  sén  nàm* 

Q9MTTLÉ  naquit  en  1491  et  mourut 
en  téOl.  Jbav,  né  après  lui,  mourèt 
>sr»  1818,  à  80  ans.  Ces  deus  Crèrèa, 
qu'une  mutuelle  affection  et  une  émula^ 
tien  paisible  unirent  constamment,  ne 
dêiteiil  point  être  eépuréa  oonuOe  pei»- 
InS)  leurs  talsne  ayant  été  omployée  an 


commwiiQtépir  la  républiqnede  Yenlst, 
4iii  lenr  conte  la  décoration  de  la  grande 
salle  du  conseil.  Salle  dans  kqueUe  ils 
eurent  à  représenter  les  beuU  faks  des 
Vénitiens  dans  la  paix  et  dans  la  guerre. 
Gentile,  moine  favorisé  de  la  nature 
que  son  frère,  lui  resta  inférieur- en 
mérite  I  il  conserva  plus  l'aridité  de  Tao» 
des  stylè^  téaran  sa  Prédication  de 
saint  Marc,  composition  riche  d'espre^ 
sinns  variées  qui»  prises  sur  une  nature 
sans  choix,  sont  rendues  avec, une  vérité 
qui  dé^^re  en  sécheresse»  Mahomet  U 
ayant  demandé  aul  Yénitiensun peintre 
db  portraits,  la  république,  lui  envoya 
G«llilei  Outre  le  portrait  du  grand-«u^ 
tban  i  ceux  des  principaut  seigneurs  de 
M  Cour  et  lé  tabksu  de  Ni  décollation  de 
miol  Jean ,  qni  donnf  Heu  a  nue  scènf 
d'épouvante  pour  le  peintre,  dont  notai 
ne  dirons  rien  ici,  on  cite  encore  de  lui 
une  médaille,  devenue  rare,  représe»» 
tant  Teffigie  de  Tempereur,  et ,  sur  !• 
reters,  trois  couronnes*  Quant  è  Jean 
Bellin ,  le  plul  rélèbre  des  peintres  de  œ 
nom,  ses  prinr ipatix  titres  à  la  gloire  souf 
d*èvoir  contribué  plus  qu'aucun  de  ses 
devanciers  aux  progrès  de  ee  nouveau 
style  qui  devait  emencr  presque  subitOi» 
ment  la  peihture  è  sa  perfecticui,  et  d*»* 
voir  terme  des  élèves  t«ls  que  le  Gior- 
gton  et  le  Titien«  Les  Verni  iens  durent 
à  ea  libéralité  la  connaissance  du  secret 
de  la  printure  à  l'huile^  qu'il  avait  su 
obtenir  pér  adresse d*Anloine de  Messine, 
lé  premier  des  péînirei.  baUnns  qui  en 
eussent  Ikit  ueége.  Jean  Bellin  eUt  en  o»- 
tre  un  mérite  bien  rare  ebea  Les  artistes  » 
oeini  d'être  parvenu ,  ilens  un  âgeawancét 
à  réfomser  sdn  style  d*apre^  leé  \mmt 
ouvragés  de  seà  dlscipléei  devenus  ses 
amiu^es,  et  de  les  avoir  égalés  plus  d'une 
foisi  Entré  les  tableaux  à  bi  détrempe, 
4e  sa  première  -enenière ,  et  le  tableeu  à 
l'huile  de  iaint  Znebarie,  exécute  eo 
1605  pour  Véglisé  de  ce  nom  à  Venise, 
quel  hnisenSe  progrès I  On.  cite  cpcore, 
coihHte  l'un  de  Ses  phis  beanx  ouvrages, 
née  Bacchanale,  datée  de  1814 ,  que  son 
grand  ége  ne  lui  permit  paSf  d*achever, 
mais  a  kquelle  le  Titien  mit  la  dernière 
tnain  en  la  plaçant  au  nûlieu  d'un  paysage 
délicienx.Les  tableaux  deJ.BelUnsosa  très 
recbercèée  des  amateurs  de  ooUectîoas^ 


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BEL 


(29Î) 


BEL 


l«art  prix  varient  selon  leur  dato|  leur 
importance,  leur  mérite.  En  1819,  à  la 
vente  Lebrun ,  une  Vierge  à  mi-corps , 
tenant  l'enfant  Jésus,  é'est  vendue  1001 
fr.  L'on  n'estime  pas  moins  de  200,000 
fr.  fe  tableau  de  k  Vierge  sur  son  trône, 
dont  nous  avons  parlé  plps  haut,  et  qui, 
après  avoir  figuré  au  Louvre ,  a  repris  sa 
place  sur  le  tnaitre-autei  de  l'église  Saint- 
Zacharie  à  Venise.  L.  C.  S. 

BELLINt  (ViifCBiiT) ,  l'un  des  com- 
positeurs modernes  les  plus  féconds ,  est 
né  à  dune  en  1808 ,  et  son  âge  encore 
peu  avancé  permet  de  former  pour  l'a- 
venir les  plus  belles  espérances.  Issu 
d'une  famiUe  oà  la  musique  est  cultivée 
avec  succès,  il  eut  pour  maître  Zinga- 
relli.  Il  s'est  fixé  à  Milan  où  il  a  travaillé 
pour  le  théâtre,  et  presque  toujours  dans 
le  genre  tragique.  Son  style  sévère  est  si 
complètement  opposé  au  goût  établi  en 
Italie  par  Rossini ,.  que  ses  premiers  ou- 
vrages, Bianca  e  Fernando  etZaira^ 
éprouvèrent  une  chute  complète.  Ce  fut 
U  Pirata  qui  appela  sur  lui  l'attention 
publique  et  qui  jeta  les  premiers  fon- 
deméns  de  sa  réputation;  Rubini,  le  fa- 
meux ténor  italien,  y  débuta  et  y  com- 
mença une  belle  carrière  d'artiste.  Ses 
opéras  de  la  Straniera,  de  la  Sonnam- 
hula  et  des  Capaled  ed  i  Montecchi^  eu- 
rent un  plein  succès  et  ajoutèrent  à  sa 
célébrité.  Son  dernier  ouvrage,  Norma^ 
représenté  au  théâtre  de  la  Scala^  en 
1883 ,  est  tiré  du  drame  de  M.  Soumet. 
Un  homme  célèbre,  Félice  Romani ,  n'a 
pas  dédaigné  de  faire  les  libretU  dO 
compositeur  sicilien,  dont  les  œuvres 
ont  été  reçues  avec  enthousiasme  dans. 
tontes  les  grandes  villes  de  l'Europe. 

La  musique  de  Bellini,  sans  rien  per- 
dre de  l'éclat  propre  à  la  musique  ita- 
lienne, tend  à  se  rapprocher  de  la  pureté 
germanique.  Ses  compositions  sont  ha- 
bilement conçues,  et  ses  effeU,  surpre- 
nahs  et  pleins  de  charme,  sont  tou- 
jours produits  sans  effort.  Doué  d'un  as- 
sei  brâu  Ulent  pour  faire  école,  Bellini 
ne^pouvait  s'attacher  à  copier  servile- 
ment un  maître;  s'il  peut  être  comparé 
par  quelque  côté«  Rossini,  c'est  par  suite 
de  ces  coïncidences  naturelles  chez  des 
hommes  qui,  vivant  dans  le  même  siècle, 
s'adressent  au  même  public  dont  ils  ont 


dû  consulter  le  goût  et  la  tendance.  Ob 
s'accorde  à  louer  en  hci  la  simplicité,  la 
grâce  et  le  naturel ,  et  un  sage  emploi  de 
l'instrumentation ,  qui  ne  Tempéche  pas 
cependant  de  produire  de  beaux  effets 
d'orchestre.  F.  R. 

BELLMANN  (Chablxs-Mighkl),  le 
poète  le  plus  original  que  la  Suède  Ait 
produit,  naquit  à  Stockholm,  en  1741 , 
et  fut  élevé  au  sein  d'une  famille  mo  - 
deste  et  tranquille.  Les  premiers  fruits 
de  sa  muse  étaient  des  poésies  religieuses, 
des  épanchemens  d'une  ame  pure  et  sen- 
sible. Plus  tard,  la  vie  dissipée  de  quel- 
ques jeunes  libertinage  Stockholm  attira 
son  attention ,  et  leurs  joyeuses  aven- 
tures lui  fournirent  matière  à  des  chan- 
sons qui  le  firent  renommer  par  toute  la 
Suède.  Gustave  III  qui  s'intéressait  à 
Bellmann  le  pourvut  d'un  emploi  dont  les 
appointemens  et  les  fonctions  peu  péni- 
bles lui  permettaient  de  cultiver,  avec 
indépendance,  son  beau  talent  poétique. 
Ce  poète  mourut  en  1795.  Ses  ouvrages 
consistent  principalement  en  chansons 
populaires ,  dont  un  grand  nombre  ont 
pour  objet  des  scènes  d'orgies ,  et  retra- 
cent, avec  une  vérité  frappante,  le  train 
de  vie  que  menaient  les  roués  suédois  de 
cette  époque-là.  Il  règne  dans  les  poé- 
sies de  Bellmann  on  ton  élégiaque  qui 
semble  donner  aux  pensées  un  certain 
caractère  de  profondeur  ;  elles  sont  écri- 
tes d«  verve  et  renferment  des  tableaux 
011  la  convenance  et  la  fidélité  sont  ob- 
servées jusque  dans  les  moindres  détails. 
Leur  couleur  locale  les  rend  peu  propres 
à  être  traduites  dans  une  langue  étran- 
gère. '  C.  Z. 

BELLONE,  la  déesse  de  la  guerre 
chex  les  Romains ,  et  la  représentation 
de  l'idée  de  VEnjro  des  Grecs  et  de  la  fu- 
reur dans  le  combat.  Bellone  paraît  avoir 
fait  partie  des  divinités  de  Tancienne 
Italie,  puisque  dans  le  milieu  du  cin- 
quième siècle,  avant  notre  ère,  Appius 
Claudius  lui  avait  déjà  dédié  on  temple 
à  Rome.  Les  poètes  en  font  la  compagne 
de  Mars  au  milieu  des  champs  de  ba- 
taille, et  lui  donnent  pour  attributs  une 
lance  et  un  fouet.  Dans  les  cérémonies 
de  son  oui  te  les  prêtres  s'animaient  et 
se  mettaient  en  fnreur,  ce  qui  peut  faire 
croire  que  cette  divinité  est  d'une  origine 


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BEL 


(29S) 


BEL 


thrtce.  On  te  réonisitit  sootent  dans 
80D  temple  pour  y  tenir  des  conseils.  Les 
monnaies  des  Mamértins  portent  une  fi- 
gure d*£nyo  qui  ressemble  exactement  à 
celle  de  Bellone.  C.  X. 

BELLOVËSE,  chef  gaulois,!  neveu 
du  roi  Â.mbigat,  et  frère  du  cousin  de 
Sigovèse,  vivait  Tan  600  avant  J.-C.  Sa 
jalouse  défiance  du  vieux  roî  et  Thumeur 
aventureuse  des  Gaulois  décidèrent  les 
jeunes  princes  à  tenter  une  émigration 
armée.  Ils  se  séparèrent  au  confluent  du 
Rhône  et  de  la  Saône  :  Sigovèse  prit  par 
THelvétie  et  la  Germanie ,  tandis  que 
Tarmée  de  Bellovèse  descendait  le  long 
du  Rhône  et  se  dirigeait  vers  le  pays  des 
Tricastius  qu'elle  battit.  Justement  »  à 
la  même  époque  9  les  Phocéens  venaient 
d*aborder  sur  la  plage  gauloise,  et  les 
Salyes  ne  voulaient  point  leur  concéder 
de  terrain;  Bellovèse  prit  soudain  le 
parti  des  Phocéens  et  leur  assura  la  vic- 
toire. £n  revanche,  ses  nouveaux  alliés 
Faidèrent  à  franchir  les  Alpes,  et  il  ar- 
riva par  les  défilés  de  Turin  dans  le  Pié- 
mont et  la  Lombardie  actuelle.  Sa  vic- 
toire du  Tésin  paralysa  la  résistance  que 
les  Étrusques  voulaient  lui  opposer^  et 
bientôt,  maître  àe  la  région  marécageuse 
que  traversent  FOsona  et  TAdda ,  il  bâtit 
sur  la  première  de  ces  deux  rivières  Me- 
diolanum  ou  Milan.  Sa  colonie  se  com- 
posait de  Sénones,  d*Ambarves,  de  Car- 
nutes,  de  Bituriges,  d'Éduens  et  d*Ar- 
vemes.  Le  pays  occupé  par  eux  s'appela 
le  Champ  des  Insubres.  Dans  la  suite 
beaucoup  de  peuplades  gauloises, attirées 
par  le  bruit  du  succès  de  Bellovèse  et  par 
la  beauté  du  climat,  vinrent  se  fixer  aux 
environs,  et  c*est  ainsi  que  toute  Tltalie 
septentrionale  prit  le  nom  de  Gaule  cis- 
alpine. Val.  p. 

BELLOT  (Pisams-LAumBXfT  Bui- 
EETTE  dr),  né  à  Saint-Flour,  en  1727, 
mort  à  Paris,  en  1775. 

L*anioor  de  la  patrie  a  fait  toate  m  gloire. 

Privé  des  dons  de  la  fortune  et  de  la 
santé.  De  Belloy  se  voit  réduit,  pour  se 
livrer  à  ses  goûts  littéraires,  à  aller  exer- 
cer dans  les  cours  du  Nord  le  triste  état 
de  comédien.  Mais  cet  homme  si  dénué 
de  ressources  a  conservé  des  mœurs  pu- 
res et  une  ame  élevée.  La  nécessité  a  pu 


lui  faire  abandonner,  mais  non  al>JQrer 
sa  patrie.  Son  amour  pour  elle,  qui  s'ae- 
orolt  à  mesure  qu'il  s'en  éloigne,  se  ré-^ 
vêle  jusque  dans  les  vers  qu'il  adressa 
aux  princes  étrangers;  il  ne  craint  pas, 
de  mettre  à  leurs  yeux  la  France  au-des- 
sus de  tout.  Loin  de  son  pays,  il  ne  tra- 
vaillait que  pour  y  rentrer  avec  gloire. 
Son  Titus,  qu'il  envoya  aux  comédiena 
français,  ne  put  lui  en  rouvrir  les  chemins. 
Zelmùv  fut  plus  heureuse.  Cette<  pièce 
toute  faible  qu'elle  est,  valut  a  De  Belloy 
des  protecteurs  assez  nobles  pour  lui  as- 
surer, dans  sa  terre  natale,  un  sort  in- 
dépendant. L'un  d'eux,  le  maréchal  de, 
Duras,  lui  donna,  dit-on,  l'idée  et  plu- 
sieurs détails  du  Siège  de  Calai%;  mais 
il  est  permis  de  croire  que  l'auteur  eût 
trouvé  en  lui-même  les  grandes  pensées 
qui  brillent  dans  cet  ouvrage.  Il  ne  dut 
souvent  consulter  que  ses  souvenirs,  no- 
tamment quand  il  fit  ces  vers  dont  l'ap* 
plication  a  été  si  fréquente  : 

Ah!  de  set  fils  abseiu  la  France  est  dIm  «^lérie  » 
Plua  je  via  rétranger,  plos  j^aimai  «a  patrie. 

Le  succès  populaire  qu'obtint  en 
France  le  Siège  de  Calais  est  un  des 
événemens  1^  plus  intéressans  de  notre 
histoire  littéraire.  Ce  n'est  pas  que  Vol- 
taire et  quelques  autres  écrivains  n'aient 
contesté  le  mérite  de  cette  èeuvre  héroï- 
que, oiii  d'honnêtes  bourgeois  ont  TaiH 
dace  de  captiver  notre  admiration,  dont 
les  rois  jusqu'alors  étaient  presque  seuls 
en  possession  au  théâtre.  Un  de  ces  cri- 
tiques traitait  fort  mal  l'ouvrage  :  «  Vous 
n'êtes  pas -Français,  lui  dit-on.  —  Je 
voudrais,  répondit- il  avec  plus  d'esprit 
que  de  justice,  que  les  vers  de  la  pièce 
fussent  aussi  français  que  moi.  » 

Cette  tragédie,  où ,  comme  le  dit  l'au- 
teur avec  un  juste  orgueil,  la  nation  eut 
la  première  fois  le  plaisir  de  s'intéresser 
pour  elle-même,  frappa  toute  la  France 
d'un  enthousiasme  d'autant  plus  grand, 
qu'accablée  par  la  guerre  déûstreuse  de 
Sept- Ans,  elle  sentait  le  besoin  de  se  re- 
lever à  ses  propres  yeux.  Le  poète,  dès 
sa  première  scène,  lance  cet  anathème 
par  la  bouche  d'un  de  ses  héros  : 

Malheur  aox  nationt  qui  c^ant  à  1*orage , 
LaÎMeat  par  les  revert  avilir  leor  roorace, 
N^osent  braver  le  aort  qnt  vient  lea  «pf^nmei^ 
Et  pour  dernier  affront  cessent  de  s'eatimer. 


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BEL 


Les  Fnmca»,  par  VMét  an  reUebi* 
ment  àeê  principes  et  des  noMirs,  ftllai^nt 
tombant  danaoette  boDtfuse  iiNliflftrefi** 
oe.  Qoellé  recoiiiiaiaaàiHse  ne  devait-on 
pas  à  uo  écrivain  qui  cbercbait  k  ftaiU' 
mer  «es.oompâtriotea  par  lés  esemples 
de  leurs  ancêtres  I 

Le  style  de  cet  ouvrage  e^t  sans  doate 
qtielquefois  emphatique  et  entortillé  i 
Tauteur  des  ttoracet  eàt  fai(  parier  les 
bourgeois  de  Calais  avec  une  simpKcîli 
plus  nobte;  mais  si  De  Belloy  nous  oiTre 
moment  ces  traits  d*ian  natorfl  profond, 
si  fréquens  dans  Corneille,  il  faut  du 
moins  convenir  que  souvent  son  takfit 
s*élève  à  toute  la  hauteur  des  seiîtimens 
généreux  qu^îl  veut  peindre.  Ce  talent  se 
sodtient  dans  l|i  partie  pathétique  de 
GahrieUe  ele  Ver^y  et  il  prend  un  essor 
nouveau  dans  la  seèiie  sublime  qui  a  Aiit 
le  succès  de  Gtêsion  et  Baynnf, 

Les  orili(]ttea,  et  surtout  Lnharpe,  ont, 
selon  nous,  jugé  trop  sévèreinent  De  Bel- 
loy. Il  étak  réservé  à  Tauteur  des  TVm- 
piiers  de  hii  rendre  justice.  Dans  un  ar- 
ticle dit  J0tfmat  des  su^-a^s  (mars  1 B34), 
cpQMcré  à  re;i(amen  des  $iud€s  s.ur  la 
pq^f^n^è^  ^  les  di'i^rs  ecrks  de^  /.  F* 
D^ls,  ^^  in.  Opésime  Lflroy,  f/i.  IRay- 
i)Wi^r4  II  p«yé  ce  tribut  k  â'^tqur  du 
&^  d0  Calais  et  de  Çastan  et  Bajard» 
qui ,  m»\gi'*  ^  défapis  qu'on  peu^  lui  vp- 
proéher,  cpna^vera  la  gloire  d*avoir,  le 
premier,. pui4é,daf^  PC»  qmnafef  des  mo- 
d^eadf  vff  ^iwçiiriqMf»  tt^fk  vertus  gMC«- 
viif  res.  Q9.  !*•  V^ 

BELLOT  (Jmi^tQ^TI^tb  p»),  ver- 
meille fiiiMt,  «l*qqii  w  17^9,  pràf  4e 
Se«l^,tt  «iq^rut  en  18p8  k  Paris-  Il  M 
successivement  n<HQ4>^  vioaifTChS^^^^  «I 
ari^idiiu^  de  Çei^uviiis,  ^éyie.dei  (Jlan- 
4èY^(175<),  évéque  4fi  »fer»*ilte,*ï^ 
«{bevéque  de  Paris  et  cardinel  romain»  «f 
hoii^r^  r^pifmp9t  p^r  sa  ^lériLOce  e;  p«r 
soiB  69prH  de  couçili«itioQ.  Ces  vertus  qt 
eelte  modéralioa,  il  les  si§^  dèfli  l'ao-- 
née  1745  où  U  siégea  ooin^e  dépulé  k 
Vasaemblée  dfi  clergé  qi^(  avait  pour  mis- 
siou  de  mettre  un  tçro^  aux  déplorables 
dissensions  oées  de  li^  promulgation  dfS 
la  fameuse  buUe  Uni^enitus.  La  révolu- 
tion vespecta  son  âge  et  ses  yeri^s,  et  lors- 
que le  oDooordat  eut  été  signépar  le  pape 
et  par  le  premier  consul  de  France ,  De 


(IW) 


BÉti 


Belloy  fàt  M  det  premiers  à  fcire  le  ft* 
orifice  de  aoo  titre dWéqu».  £q  1803,  U 
fut  nommé  archevêque  de  Péris  et  ta 
1808  il  reçut  du  pape  le  chapeau  de  oar- 
dioal.  ^  S. 

BELLUNB  (wfo  w),  véy.  Vi61p6r. 

BÉLOMANTIB,  vof.  DiTncATioir. 

BÉLOUGA  (poisson  Mano).  Cest  U 
nom  sous  lequel  est  généralement  oonnn 
en  Russie  le  grand  esturgeon  ou  iehtyo* 
colle  du  Volga,  ichtyocoUa  piscU  et  ac'm 
cipenser  huxo.  Il  yi^  de  950  à  1400  li* 
\Tes.  Il  donne  quelquefois  jusqu'à  lOS 
livres  de  caviar.  Vojr,  ce  mot,  l'art.  Ea^ 
TuaeBON  et  Pallas,  f^oyagts  en  diffé^ 
reines  provinces  de  f  empire  de  Russie, 
1. 1,  page  100. 

La  bélouga  de  mer  {delphênns  iemcoi 
ou  delpkinfipterus  et  eetus  mékieams)^  es* 
péce  de  dauphin  qui  habite  fréquemment 
le  çolfe  de  TObi  et  vers  le  Gresnland, 
n*a  de  commun  avec  l'autre  que  le  nom. 
On  l'appelle  aussi  jpo<>.foyi  bkrncW  9l^ 
comme  la  baleine,  deux  veniriculea,  deux 
poumons,  le  sang  chaud ,  lés  parties  de  la 
génération  à  l'eilérieur,  et  des  tétines.  U 
n'a  jsroafs  plus  de  8  toises  de  longueur 
et  a  beaucoup  d*afBnlté  avee  le  «bien  ma- 
rin. Fallas,  mémo  ouvrage,  t  IV,  page 
114.  J.H.S. 

BéLOUT<:Bf STAK  ^  paye  monta* 
gueux,  élevé,  et  eu  partie  désert,  à  Test 
de  la  Perse  et  au  nord-oMt  de  l'Inde , 
sur  l'Océan.  On  évalue  sa  surface  k  plus 
de*  1040  lieues  carrées.  A  Pest  le  aol  est 
ocwvert  des  monts  Brabouibs;  le  nord  et 
le  nord -ouest  o'ofl^t  quNm  Iwmense 
désert  avee  qnîslques  oasis,'  datif  lequel  If 
samoum  souffle  quelqueli^is  L'intérieur 
du  Béloulcbîstao  est  travené  par  des  nt^ 
mifioattons  des  monts  du  Kermao;  la 
ptlige  de  la  mer  est  aride,  ainsi  qm  les 
rochers  de  l'intérieur,  eu  il  B*y  a  guère 
que  des  pâturages;  mais  le  pays  renferme 
des  vallées  fertiles  et  des  bols  coosidé* 
râbles.  Il  y  a  des  mines  de  miétaus  pré- 
cieux; il  y  en  a  aussi  de  fer^  de  cuivre,  de 
soufVc  et  d'alun.  Les  babitabs  cultivent  le 
rfz,  le  coton,  findigo,  le  tabac,  le  sucre; 
ih  font  de  l'huile,  de  ta  soie,  ^e  facier, 
des  toiles  de  coton ,  ainsi  que  des  châles 
et  des  tapis.  La  poputatton  du  Bélout- 
cblstan  est  évaluée  à  8  minions  drames. 
Les  Èéloutches  parlent  im  idiome  ana- 


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BEL 


(295) 


BEL 


]og:De'  an  penan  et  professent  rislanis- 
me.  Cest  une  race  brave  ^  active  et  ro- 
bsste.  Il  sont  ea  ^ande  partie  nomades 
et  pasteurs  )  se  Bonrris^Bt  de  la  cbair 
des  bestiaux  et  des  chameaut^  de  laitaiçe, 
de  daftes,  de  ri£,  ognons,  assafétida  et 
autres  pnyductions  de  leur  sol.  Quand 
le  iientenant  anglais  Pottinger  visita  le 
Béloutcbistan^  on  lui  servit  la  dro^e 
d'asaai^tida  en  liqUeur  pour  son  repas. 
On  distingue  dans  la  race  béloutohe  trois 
tribus  !  celles  des  Rhinds  et  des  Mogchis 
sont  pacifiques  et  hospitalières ^  mais  la 
tribu  des  Nharroues  se  fiait  redoitter  par 
sea  brigandages.  B  y  a  dans  le  Bélout- 
chistan  un  Autre  peuple^  les  Brahouis, 
qui  sont  probablement  d'otigine  hindoue^ 
et  dont  le  langage  se  rapproche  en  effiet 
de  TindoStany;  les  Brabouis  ont  des  de- 
meures fixes  conraie  les  babitans  de  Tln^ 
de  ;  cependant  ils  professent  auasi  TiSla- 
misme  comme  les  BéloutcbeS.  On  trouve 
encore  beaucoup  d*Indous  dans  ee  pays, 
ils  s'y  livrent  pour  la  plupart  an  com- 
merce. Toutes  les  tribtis  du  Béloutchîs- 
tan  ont  des  magistrats  particnliers,  mais 
^les  sont  soumises  au  khan  qui  réside  à 
Kélat.  T^éanmoins  sous  lé  khan  actuel, 
plusieurs  tribus  se  sont  rendues  Indé- 
pendantes de  son  autorité.  Les  Anglais, 
ayant  intérêt  à  connaître  le  pays,  lors- 
qu'on 1^8  Napoléon  rechercha  Tal- 
liànce  de  la  Perse  pour  menacer  flnde, . 
envoyèrent  le  lieutenant  Pottinger  dans 
le  Bébiftdiistan.  l\  s'y  introduisît  comme 
marchand  de  chevaux,  et  c'est  à  ses  ob- 
servations qne  nous  devons  les  notioés 
les  plus  récentes  et  les  plus  détaillées  que 
nous  ayons  sur  ce  pays.  D-o. 

BELPHEGCfty  voy*  B«i  et  Baau 
BELSUNCB  BE  C  ASTEI^MORON 
(HEirai-FaAKçois-XAviEa  vz)  naquit 
*u  château  de  la  Force,  en  Périgord,  en 
16T1.  Il  entra  dans  la  société  de  Jésus 
en  1691  et  en  sortit  quelques  années 
après,  pouf  être  vfcair«-^éiiéfal  d'Agen. 
Kommé  à  Févêché  de  MarsetHe  en  1709, 
il  se  montra  h  vivante  hbage  do  bon 
Pasteur,  pendant  que  la  peste  ravageait 
cette  Vilfe,  en  1720;  paféourant  tous  les 
quaitiers,  toutes  les  rues,  portant  partout 
des  secours  spirituels  et  temporels,  et  en- 
coifaàjg^ùt  toWfe  mondé  atntphfe  grands 
sacrifices ,  par  ses  discours  et  plnaencote 


par  son  cBempla.  Son  hfaoiqtta  €«TaHa- 
meot  dans  cette  ctrconlSanct  a  inspiré  à 
Millevoye  son  poème  intitulé  Beîsmwt 
om  Im  pesée  de  MangiUe^  désigné  j^ete* 
Tun  das  pris  déaëmiaiix*  Le  roi  OfllHt 
en  vain  à  ÈelsuDoe  l'évêché  de  Laos  et  «il- 
suite  rarehevêohé  daBordeauk:  il  refcHa 
d'abandonner  Karaeille.  On  kii  coniSéra 
la  riche  abbaye  de  Saint^Araoul  de  Metz 
et  le  pape  Clément  XQ 1^  décora  àapal- 
Imm,  en  ITSl^  Il  paraît  que  BelsuAée 
avait  de  l'cstâcment  dakn  »ea  opiàiens 
et  de  la  ténadté  daas  èes  affeelîonè  je- 
snkiqttca.  On  prétend  que  le  'égent,  an 
soitant  d*una  conf%f«nee  qu'il  avait  eue 
avec  lui,  dit  a  quelques  courtisans  t  «  YdUà 
an  saint  qui  a  bien  de  la  ranonneé*  B  asôii- 
rut  en  1765,  dans  sa  ville  épisoopale 
qu'il  avait  édifiée,  pendant  sa  lonpie 
carrière,  par  de  solides  vertus^  et  qn'il 
avait  sauvée  de  la  ruine  par  son  inimetise 
charité. 

Nous  avotM  de  Beisunoe  de  Oaslal- 
VL&tonit*^  Abrégé  de  la  vie  dé  Suzanne 
Henriette  de  Foix  (satanta)>  Agen^  1 707, 
in-lS.  Cest  ^ouvrage  de  sa  jennesse.  %^ 
V  Antiquité  de  Im  ville  de  Âîarteiiie  et 
la  skccession  de  ses  évéqueSf  JMat^eîUe, 
1747-51,  3  vol.  in-4^;  rautèilr  (kit  re- 
monter a  saint  Lazai%  l'origine  lU  fiége 
de  Marseille,  t^  Un  grand  noaSbre  d'iîif- 
truetions  pastoixUes^  on  I'ob  l  toute  ime 
piété  tendre  et  souvent  de  félévatkoi 
dans  lés  pensées.  4^  VAi^  de  bien  mou- 
rir, inànïi  du  latin  d#BellarÉDin^  1751. 
5^  Le  combat  du  chrétien ,  traduit  de 
saint  Augustin,  17a$.^^L*aUié  JatifTpat, 
chanoine  de  Mete^  a  recueilli  Us  QEh- 
près  choisies  de  Tévêque  Belsnnee  et  Us 
a  pvbiiées^  à  reaceptioti  dé  VAitti^mié 
de  la  TnUe  de  Marseilie^  dont  il  n'a 
donné  qne  des  Fragmens  sur  fa^difiéité 
de  l'église  e^  la  succession  Se  ses  év^r 
ques,  Metz,  1822,  2  vol.  in-^**j  cette 
édkion  est  précédée  âtimé  Êtétkw  sur  la 
vie  de  Beùunce,  h  L. 

B£LT  (onMin  et  mnav),  noms  de 
deux  détroits  évL  Daoemarkf  UptfeinUr 
situé  entre  llle  de  Fyen  (Finiiie)  et  caHe 
de  S^laad  (SéUnde)^  el  U  aenand  ma- 
are  cette  première  Un  etUoâca  aiientaU 
d»  Jntland. 

Le  Orand^Beh  octtnmanaa  entre  la 
peinte  nofd'tatde  F^en  «t  U  mtfi.U  pliM 


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BEL 


(296) 


BFX 


orii||tal  d«  SJKlUnd,  et  te  termine  entre 
la  poÎDte  septentrionale  de  Langeland  et 
la  petite  Ue  de  Mœe^  Il  a  environ  6  lieues 
de  largeur  moyenne;  sa  profondeur  varie 
de  6  à  20  brasses  (13  à  40  mètres).  On 
le  traverse  entre  Nyborg,  dans  l'Ile  de 
Fyen ,  et  Kbrser ,  dans  celle  de  Sjselland. 
Les  nadies  marchands  acquittent  à  Ny- 
borg  un  droit  de  péage. 

Le  Petit-Belt  commence  vis-à-vis  du 
boni^  de  Middelfart,  et  se  termine  en- 
tre les  lies  d*Aken  et  d'^rœe  ;  sa  largeuf 
varie  de  celle  d'une  grande  rivière  à  3 
lieues;  il  n'a  pas  un  quart  de  lieu  entre 
le  hameau  de  Snoghsc,  en  Jutland,  et 
Middelfarty  où  le  passage  a  lieu  aujour- 
d'hui. Sa  profondeur  est  de  6  à  26  bras- 
ses (19  à  52  mètres).  Le  péage  auquel 
sont  soumis  les  bâtîmens  est  établi  à  la 
petite  ville  forte  de  Fredericia,  près  de 
Mddelfart. 

Ces  détroits  sont  moins  commodes  et 
moins  fréquentés  aujourd'hui    que  le 
Sund.  Ils  gièlent  quelquefois.  En  1658, 
le  Grand-Belt  se  trouvant  totalement 
pris;  Charles-Gustave,  roi  de  Suède,  le 
traversa  avec  son  armée  pour  aller  assié- 
ger Copenhague.  J.  M.  C 
BÉLUS,  Doy,  Bel. 
BBLVÉDÈRE,  de  l'iulien  bel-ve- 
dere,  belle ^me,  pavillon  percé  à  jour, 
élevé  au-dessus  d'un  édifice  ou  bien  à 
l'extrémité  d'un  jardin  ou  d'un    parc 
pour  y  prendre  le  frais.  Dans  la  cons- 
truction des  belvédères  on  observe  qu'ils 
soient  exposés  à  plusieurs  points  de  vue, 
que  la  décoration  extérieure  soit  simple 
et  rustique  et  la  décoration  intérieure 
en  marbre,  stuc  ou  peinture  de  décors 
sans  lambris.  La  plupart  des  maisons' de 
Rome  présentent  ce  genre  de  décoration; 
le  heli^édère  du  Vatican  est  célèbre  par 
ta  magnificence  et  son  Apollon.  Voy. 
Vaticak.  P-t. 
BELZÉBUTH,  voy.  Bbelzebuth. 
BBLZONI  (Jbah-Baftistb),  hardi 
voyageur,  naquit  à  Padoue,  en  1778,  d'un 
barbier  originaire  de  Rome.  Destiné  d'a- 
bord à  l'état  religieux,  il  fut  élevé  dans 
œtte  dernière  ville,  mais  il  la  quitta  dès 
que  les  Français  en  prirent  possession. 
En  1808  il  vint  à  Londres  et  s'engagea 
an  théâtre  d'Astley,  où  on  le  vit  jouer, 
•ni re  antres,  les  rôles  d'Apollon  et  d'Her- . 


cule.  Il  employa  alors  ses  loisirs  à  étudier 
la  langue  anglaise  et  à  se  perfectionner 
dans  l'architecture  hydraulique,  art  qui, 
déjà  à  Rome,  avait  été  sa  princi|)a]e  oc- 
cupation et  qui  devint  plus  tard  la  cause 
de  son  voyage  en  Afrique.  Après  un  sé- 
jour de  neuf  années  en  Angleterre,  il  se 
rendit  avec  sa  femme  (véritable  amazone 
qui  plus  d'une  fois  se  défendit,  les  armes 
à  la  main,  contre  les  Arabes),  par  le 
Portugal,  l'Espagne  et  l'ile  de  Malte,  en 
Egypte.  Dans  ce  pays,  où  il  resU  de  1 8  U 
à  1819,  il  exàrça  d'abord  la  profession 
de  danseur,  et  gagna  ensuite  la  bienveil- 
lance du  pacha  qui  sut  le  faire  servir  à 
ses  plans.  Beizonî ,  bien  qu'il  se  trouvât 
souvent  seul  avec  les  habitans  grossiers 
des  campagnes,  leur  inspira  nâinmoins 
du  respect  par  sa  taille  élevée  et  sa  force 
musculaire.  Ainsi  il  parvint  à  ouvrir  (ou- 
tre la  pyramide  de  Ghiseh ,  déjà  ouverte 
dans  le  xvii^  siècle  par  Pierre  de  X<a 
Valle),une  autre  pyramide  appelée  Chié- 
phrème ,  plusieurs  tombeaux  de  rois  à 
Thèbes,  notamment  le  tombeau  si  magni- 
fique et  si  bien  conservé  qui  se  trouve  dans 
la  vallée  de  Biban-el-Molouc,  et  qu'on 
croit  être  celui  de  Psammouthis,  mort  400 
ans  avant  notre  ère.Les  dessins  que  Belzo- 
ni  a  faits  de  ce  monument  passent  pour  les 
plus  exacts  qu'on  en  ait  donnés;  M.  Cail- 
liaud  a  cependant,  dans  une  Lettre ,  con- 
testé l'exactitude  de  quelques  autres  des- 
sins. Par  son  zèle  et  son  habileté  Belsoni 
réussit,  en  1816,  à  fajure  transporter  de 
Thèbes  à  Alexandrie  le  buste  de  Jupiter- 
Memnon  et  un  sarcophage  en  albâtre ,  qui 
tous  les  deux  ont  passé  dans  le  musée 
britannique  de  Londres.  Le   1*'  août 
1817  il  ouvrit,  près  de  la  deuxième  ca- 
taracte du  Nil,  le  temple  d'Ipsamboul 
découvert  précédemment  par  MM.  Cail- 
liaud  et  Drovetti  (alors  consul  général  de 
France  en  Egypte),  mais  .qui  avaient 
vainement  essayé  d'en  forcer  les  por- 
tes. Il  trouva  sous  les  ruines  de  cet  édi- 
fice l'entrée  d'un  temple  souterrain  dont 
l'existence  était  jusqu'alors  tout-à-fait 
ignorée.  Plus  tard  Bdzoni  visita  les  o4tes 
de  la  mer  Rouge,  la  ville  de  Bérénice,  et 
fit  enfin  une  excursion  à  l'Oasis  d'Am- 
mon.  Son  voyage  à  Bérénice  fut  marqué 
par  la  décourerte  des  mines  d'émeraudet 
de  Zottbara. 


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BEL 


(297) 


BEM 


Belxoni  ooiltesU  à  M.  Caitliaad  l'hoQ- 
r  d'avoir  découvert  Bérénice ,  en  sou- 
tenant que  Ini-méme  avait  trouvé  les  rui- 
nes de  cet  ancien  entrep!6t  du  commerce 
entre  TËurope  et  l'Inde,  à  une  distance  de 
quatre  journées  du  lieu  où  M.  Giilliand 
avait  cru  reconnakre  son  emplacement 
Nous  n'avons  pas  à  prononcer  entre  les 
deux  voyageurs.  Il  publia  en  anglais  une 
relation  de  ses  voyages  et  de  ses  travaux , 
qui  a  été  accueillie  avec  la  plus  grande 
faveur.  En  voici  le  titre  :  Relation  de 
nouvelles  découvertes  et  explorations  de 
pyramides,  temples  et  tombeaux  dans 
VEgXpte  et  dans  la  Nubie;  d'un  voyage 
aux  cotes  de  la  mer  Rouge,  à  la  recher- 
che de  V emplacement  de  V ancienne  ville 
de  Bérénice;  et  d*un  autre  voyage  à  l'oa- 
sis de  Jupiter^ A mmon,  Londres,  182 1 , 
avec  un  atlas  in-fol.,  de  44  grav.  coloriées. 

Beizoni  donna. deux  statues  égyptien- 
nes, provenant  de  Thèbes,  à  sa  ville  na- 
tale (Padoue),  qui  les  fit  placer  dans 
l'une  des  salles  de  l'université ,  et  lui  en 
témoigna  sa  reconnaissance  par  une  mé- 
daille. 

En  novembre  1833  Beizoni  partit 
pour  Bénin ,  dans  l'intention  de  pénétrer 
de  là  jusqu'à  Houssa  et  Tombouctou, 
mais  il  ne  lui  fut  pas  permis  d'exécuter 
ce  projet  hardi  ;  la  mort  te  surprit  le  3 
du  mois  suivant,  à  Gâta ,  sur  la  route  qui 
conduit  à  Bénin.  Beizoni  avait  aussi 
adopté  l'opinion  que  le  Nil  et  le  Niger 
ne  sont  pas  le  même  fleuve,  et  que  ce 
dernier  se  jette  dans  la  mer  Atlantique. 
Ses  dessins  du  grand  tombeau  qu'il  avait 
exploré  en  Egypte  ont  été  publiés  en 
1829,  à  Londres,  par  les  soins  de  sa 
veuve.  C.  Z. 

BEM  (Joseph)  (et  non  Bœhm,  comme 
quelques-uns  écrivent  ce  nom)^  général 
de  l'armée  nationale  polonaise,  naquit  en 
1795,àTamowen  Galicie,  d'une  ancienne 
famille  polonaise.  Après  avoir  fait  ses 
études  à  l'université  de  Cracovie,  il  entra 
en  1810  à  l'école  militaire  de  Varsovie, 
que  dirigeait  à  cette  époque  le  général 
français  Pelletier,  et  en  sortit,  au  bout 
de  deux  ans ,  officier  d'artillerie  à  cheval. 
Bien  jeune  encore  il  fit  en  qualité  de 
lieutenant  toute  la  campagne  de  1812  , 
d'abord  sous  les  ordres  de  Davoust,  puis 
loqs  ceux  4e  Afacdonald ,  avec  lequel  il 


se  trouva  tlans.Dantzig,  lors  du  siég^  de 
cette  place.  Les  Russes  ayant  violé  la  ca- 
pitulation ,  il  fut  forcé  de  retourner  en 
Pologne ,  et  se  retira  chez  son  père ,  qui 
avait  une  propriété  près  de  Kielcé. 
Après  la  création  du  nouveau  royaume  de 
Pologne,  M.  Bem  reprit  du  service;  mais 
la  discipline  russe  et  l'esprit  ^e  l'on 
voulait  introduire  dans  l'armée  ne  pou- 
vaient convenir  au  jeune  patriote;  abreuvé 
de  dégoûts,  il  ne  tarda  pas  à  olTrir  sa  dé- 
mission. Cependant,  pressé  par  le  grand- 
duc  Constantin,  il  consentit  à  rester. 
Fait  capitaine  en  1819,  il  fut  placé 
comme  aide-de-camp  auprès  du  général 
Bontemps  et  nommé  professeur  dans 
une  école  d'artillerie  nouvellement  orga- 
nisée à  Varsovie.  Ce  fut  alors  qu'il  s'oc- 
cupa d'introduire  dans  l'armée  polonaise 
les  fusées  à  la  congrève.Biçntôt,  ne  voulant 
plus  rester  attacha  à  l'école  d'artillerie , 
il  sollicita  son  remplacement:  Constantin 
ne  voulut  voir  dans  cette  demande  qu*un 
acte  d'insubordination.  M.  Bem  fut  mis 
hors  d'activité,  trainé  devant  les  conseib 
de  guerre,  jeté  dans  les  cachots.  Était- il 
acquitté ,  on  convoquait  un  autre  conseil 
auquel  on  intimait  l'ordre  de  le  trouver 
coupable.  Après  avoir  passé  dans  les  souf- 
frances le  temps  de  sa  détention ,  Bem 
fuit  envoyé  à  Kotzk ,  et  placé  sous  la  sur- 
veillance de  la  police.  Après  la  mort  de 
l'empereur  Alexandre  il  parvint  enfin  à 
obtenir  sa  démission  et  se  rendit  à  Léo- 
pol  en  Galicie.  Là  il  s'adonna  entière- 
ment aux  sciences;  il  avait  commencé 
un  ouvrage  sur  les  machines  à  vapeur , 
lorsque  la  révolution  de  1830  éclata*  A 
la  première  nouvelle  de  cet  événement  ^ 
Bem  vola  à  Varsovie  :  ses  concitoyens  ^ 
qui  n'avaient  oublié  ni  son  patriotisme , 
ni  les  persécutions  dont  il  avait  été 
l'objet,  le  reçurent  à  bras  ouverts.  Il 
fut  nommé  major  ;  puis  on  lui  confia  le 
commandement  d'une  batterie  de  l'artil- 
lerie à  cheval,  et  bientôt  il  déploya,  en 
présence  d'un  ennemi  nombreux,  tou- 
tes les  connaissances  d'un  tacticien,  toute 
la  bravoure  d'un- soldats  Qui  n'a  entendu 
parler  d'Iganié  et  d'Ostrolenka  ?  Là ,  avec 
16  canons  contre  40,  il  força  la  victoire 
à  venir  se  ranger  ious  l'étendard  polo- 
nais; ici,  bravant  le  feu  de  70  pièces,  il 
parvint,  à  force- d'audace,  à  repousser 


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BfiH 


(298) 


BEM 


peiMKnii  «t  à  ia«Ter  Ttrinée  natioiiale. 
Bem  fut  fait  géoéral  et  chef  de  tonte  Tai^ 
tîHerije.  A  Plotzk,  dans  des  circonstat»*- 
ces  difficiles  ,  son  nom  fut  prononcé 
d'une  voix  presque  unanime^  et  Ton 
convint  de  remettre  entre  ses  mains  et 
les  rênes  du  pouvoir  et  le  sort  do  pays. 
Il  refuAi.  Brave  et  dévoué  jusqif  à  la  fin , 
on  le  vit  tenter  sous  Varsovie  et  puis  à 
IVaga  un  dernier,  mais  inutile  effort,  et 
étonner  encore  l'ennemi  même  par  son 
courage  et  son  sang-froid. 

Quand  tout  fut  perdu  et  qfue  les  dé- 
liris  de  l'armée  polonaise  se  furent  retirés 
sur  le  territoire  prussien ,  tous ,'  officiers 
et  soldats,  tournèrent  les  yeux  vers  le 
général  Bem ,  plaçant  en  lui  leur  dernier 
espoir  ;  et  quand  ses  malheureux  compa- 
gnons d'armes  demandèrent  à  se  rendre 
en  France ,  il  n'est  point  d'efforts  qu'il 
n'ait  tentés ,  point  de  négociations  dans 
lesquelles  il  ne  se  soit  entremis  pour  leur 
en  ouvrir  le  chemin. 

En  France ,  son  hostilité  contre  M.  Le- 
lewel ,  alors  président  du  comité  national 
à  Paris  ^  lui  attira  le  mécontentement  et 
presque  la  haine  de  la  jeunesse,  dont  Le- 
iewel  était  l'idole  ;  mais  ce  qui  lui  nuisit 
encore  plus  à  leurs  yeux,  ce  fut  son  ex- 
pédition de  Portugal,  entreprise  à  l'insu 
de  ses  compatriotes,  et  sa  convention  avec 
don  Pedro.  Une  fois  maître  ée  Lisbonne, 
le  duc  de  Bragance  refusa  les  fonds  né- 
cessaires pour  le  transport  et  l'équipe- 
ment des  Polonais  ;  et  cette  expédition^ 
pour  laquelle  on  n'avait  guère  pu  réunir 
qu'une  poignée  d'homme$ ,  finit  par  avor- 
ter entièrement ,  et  donna  même  lieu  à 
tin  exalté  d'attenter  aux  jours  du  général. 
La  baHe  partie  s'arrêta  dans  sa  poche,  sur 
une  pièce  de  monnaie.  Bem  est  retourné 
seul  auprès  de  doua  Maria.     A.  R-sxi. 

BEMBEX,  du  grec  ps^t^iÇ,  toupie , 
genre  d'insectes  de  l  ordre  des  hyménop- 
tères, de  la  famille  des  fouisseurs,  ayant 
la  forme  et  la  couleur  des  guêpes  et  vo- 
lant très  rapidement.  Le  bembex  ordi* 
naire  et  le  berabcx  il  bec  sont  très  com- 
muns fiux  environs  de  Paris.  X. 

BfiMBO  (Pierre,  cardinal)  eut  une 
de  ces  existences  honorables  et  douces 
qu'à  la  renaissance  des  lettres  le  goût  de 
l'étude,  allié  aux  dignités  de  l'église,  pro- 
curait fréquemment.  Fils  d'un  sénateur 


qui  s'était  ùât  reinarqner  par  ses  con- 
naissantes-, Bembo  était  né  à  Yeuise  l'an 
1470.  Son  père  ayant  eu  ^ambassade  de 
Florence,  Pierre  commença  dans  cette 
ville  et  continua  ensuite  daus  sa  patrie  ses 
premières  études.  Son  goÀt  suivit  celui 
de  l'époque.  Pour  avoir  dans  l'étude  de 
la  langue  grecque ,  si  recherchée  alors 
en  Italie,  le  meilleur  maître  de  l'époque, 
le  célèbre  Lascaris ,  Bembo  se  rendit  à 
Messine,  et  y  passa  deux  ans.  Il  fit  eufin 
k  Padoue  son  cours  de  philosophie. 

La  carrière  d^  emplois  devait  être  celle 
du  fils  d'un  sénateur  vénitien.  Bembo 
préféi^a  celle  des  lettres  et  prit  l'habit  ec- 
clésiastique,  qui  offrait  le  meilleur 
moyen  de  se  livrer  doucement  à  l'étude. 
Parmi  les  princes  d'Italie  qui  le  proté'^ 
geaient  le  plus  on  remarquait  Alphonse 
d'Esté ,  duc  de  Ferrare.  Pierre  Bembo  se 
rendit  à  sa  cour  et  obtint,  avec  la  pro- 
tection d'Alphonse,  celle  de  son  épouse, 
Lucrèce  Borgia,  dont  la  bienveillance 
pour  loi  fut,  à  ce  qu'on  dit,  extrême ^ 
et  dont  il  ne  se  lassa  pas  de  tépéter  les 
louanges.  Sa  patrie,  la  ville  de  Venise, 
avait  aUssi,  dans  la  maison  d'Aide  Ma- 
nuce,  son  académie.  Bembo  alla  la  fré^ 
queuter,  et,  pour  recueillir  toutes  lés  le- 
çons, tous  les  exemples  qu'offrait  son 
heureux  pays ,  il  passa  ensuite  quelques 
années  à  la  cour  dlJrbino ,  qui  était  un 
autre  asile  des  lettres.  L'an  1512  il  s'at- 
tacha à  Julien  de  Médicis,  qu'il  strîtit  à 
Rome.  Bientêrt  les  bénéfices  vinrent  le 
chercher;  il  obtint  de  Jules  H' la  corn- 
manderie  de  Bologne.  Un  pontife  plus 
pacifique,  plus  ami  des  lettres  et  des  arts 
que  Jules,  Léon  X,  étant  monté  sur  le 
trône,  Bembo  fut  appelé  par  lui  au 
poste  de  secrétaire  intime.  Quelques 
missions  de  confiance,  beaucoup  de  ri- 
chesses et  d'honneurs,  furent  la  suite 
naturelfe  de  cette  position.  Les  hommes 
les  plus  distingués,  les  cardinaux  Bi- 
biena  et  Jules  de  Médicis,  les  poètes 
Tebaldeo  et  Accolti,  le  peintre  ftaphaêl 
et  les  principaux  seigneurs  de  Rome, 
furent  les  amis  de  Bembo.  Deux  com- 
manderies,  deux  doyennés,  trois  ab- 
bayes, plusieurs  canonicats  et  d'antres 
bébéfices  lui  assuraient  une  aisance  dont 
il  savait  jouir,  k  la  mort  de  Léon  X,  son 
protecteur,  la  beflè  Morosfaui  (ih>;'.)| 


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BEM 


(  299  ) 


BÉM 


(fui  iT&it  donné  à  Bembo  on  fils  et  deux 
filles  y  le  fit  renoncer  iox  afTairea  et  choi- 
sir à  Padone,  que  distinguait  l^nedes 
meilleures  universités  d'Italie,  une  re- 
traite dont  II  fit  y  on  pourrait  le  dire,  un 
temple  des  Muses.  Il  y  réunit  une  bi- 
bliothèque qui  fut  Tune  des  plus  belles 
de  cette  époque  et  qui  passé  plus  tard 
dans  celle  du  Vatican  ;  une  collection  de 
médailles  et  demonumens  de  l'antiquité, 
parmi  lesquels  on  remarquait  la  fameuse 
table  Isiaque.  Une  de  ces  velléités,  qui 
troublent  éoovent  les  plus  douces  retrai- 
tes,  parait  s'être  réveillée  dans  le  cœur 
de  Bembo,  lors  de  réiévation  de  Clé- 
ment ^11  :  il  se  rendit  à  Kome  pour  of- 
frir se^  hommages  au  nouveau  pape.  Ce- 
pendant, loin  de  se  fiier  dans  la  ville 
pontificale,  il  retourna  à  Padoue  et  n'ac- 
cepta la  charge  d'historiographe  de  Ve- 
nise qu'en  en  refosant  les  honoraires.  Il 
devait  à  ce  titre  retracer  la  période  de 
1486  à  15S0;  mais  il  ne  conduisit  son 
histoire  qu'à  Tan  15 Id,  et  on  ne  l'im- 
prima qu^  quatre  ans  après  sa  mort.  Il 
avait  écrit  cet  ouvrage  en  latin  :  on  le  tra- 
duisit et  on  te  publia  presque  aussitôt  en 
italien.  Jl  a  été  souvent  réimprimé  dans 
cette  langue.  (  On  le  trouve  dans  le  re- 
cueil Dfgii  istorici  dette  cose  Vene^ 
ziane  9  iquatihannoscrittoperjfuhiiço 
deereto,  Veneria,  171  S).  Ce  travail 
ameni^  naturellement  la  république  à 
Dommef  Bembo  aux  fonctions  de  biblio- 
thécaire, qu'il  ne  refusa  pas.  Cependant 
Paul  m  rayant  appelé  au  cardinalat,  il 
s'empressa  d'aller  à  Rome ,  oà  il  se  lia 
avec  l'un  des  hommes  les  plus  distingués 
de  l'époque,  le  cardinal  anglais  Polus 
[voy.\  Avec  le  cardinalat  de  Bembo 
commença  dans  sa  vie  une  époque  nou- 
velle. Il  renouai  aux  lettres  profanes, 
étudia  tes  Pères  et  les  théologiens ,  fut 
successivement  nommé  aux  évéchés  de 
tiubbio  et  de  Bergame,  et  mourut  enfin, 
dans  des  sentimens  convenables  à  son 
eut,  en  1547. 

Bembo,  que  ses  panégyristes  ont,  dans 
leurs  discours,  dans  des  Inscriptions  faites 
en  son  honneur,  porté  au  rang  des  plus 
grands  hommes^  ne  fut  qu'un  écrivain 
pleiu  dç  goût  et  de  grâce.  Son  véritable 
mérite  est  d'avoir  été  l'un  des  restaura- 
tetirs  de  ta  belle  latinité.  H  fut  te  chef 


des  Cieéroniem  de  l'époque.  Mais,  ainsi 
que  Sadolet ,  son  émule  et  son  ami , 
Bembo  a  poussé  jusqu'à  l'aflectatlon  le 
goût  du  style  ancien.  H  fut  puriste  en 
italien  comme  en  latin;  dans  sa  prose 
il  écrivait  moins  sa  langue  que  celle  de 
Boccace,  et  exprimait  moins  ses  idées 
que  celles  de  Pétrarque.  L'anecdote  des 
quarante  tiroirs  par  lesquels  il  faisait 
passer  successivement  ses  manuscrits, 
quarante  fois  corrigés,  est  sans  doute 
fort  exagérée,  mais  elle  peint  le  goût  de 
Bembo.  Ses  œuvres,  imprimées  à  Venise 
en  4  vol.  in-fol. ,  se  composent  de  son 
Histoire  de  Venise ,  de  morceaux  de  lit- 
térature, de  polémique  et  de  critique, 
de  dialogues  sur  la  nature  de  l'amour 
{gli  Jsotani)^  de  poésies  (sonneti  et 
canzoni)y  et  de  lettres  remplies  de  dé- 
tails curieux  sur  les  affaires  et  les  mœurs 
du  temps.  La  partie  la  plus  précieuse  de 
sa  correspondance  est  sans  contredit  celle 
qui  se  rapporte  aux  afTaires.  Tous'  ses 
écrits  sont  empreints  du  même  cachet 
d'élégance;  presque  tous  manquent  d'é- 
nergie et  d'originalité.  Voir  A  Bembi 
vita ,  auctore  /canne  Casa,  notU  iiius" 
irauii  et  auxit  apost,  Zenus,  —  Biblio^ 
thèque  choisie,  de  Le  Clerc,  t.  I,  p. 
314.  M-E. 

BÉMOL.  On  appelle  ainsi,  dans  le 
langage  si  incomplet  et  si  peu  rationnel 
de  la  musique,  un  signe  ainsi  figuré  k, 
auquel  on  a  donné  la  faculté  de  baisser 
d'un  demi -ton,  de  l'aigu  au  grave,  la 
note  qu'il  précède.  Les  lignes  de  la  por- 
tée et  les  intervalles  qui  les  séparent 
étant  occupés  par  les  notes  ayant  entre 
elles  la  distance  que  l'on  est  convenu 
d'appeler  un  ton,  on  dut  avoir  recours, 
pour  compléter  le  système  de  notre  to- 
nalité moderne,  à  des  signes  supplémen- 
taires qui  baissassent  ou  élevassent  ces 
notes  de  l'intervalle  qu'on  nomme  demi- 
ton;  tels  sont  le  bémol  et  le  dièze.  Les 
notes  ainsi  modifiées  prirent  le  nom  du 
signe  qui  leur  était  joint,  et  l'on  dit  ut 
bémoif  ré  bémol,  etc.,  quoique  l'intona- 
tion qui  résulte  de  l'addition  du  bémol 
au  signe  primitif  en  fi^e  un  son  entiè- 
rement nouveau  et  que  Vut  bémol  res- 
semble aussi  peu  à  Vut  naturel  qu'au  ré 
ou  à  toute  autre  note. 

Nous  expliquerons  à  Fartide  Nota- 


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BEN 


(SOO) 


BEN 


TiON  d'où  Tient  à  ce  signe  le  nom  de  bé^ 
mol,  peu  compréhensible  pour  quicon- 
que ignore  son  origine. 

LorsquMl  y  a  nécessité  de  baisser  une 
note  d*un  ton  entier  (ce  qui  arrive  dans  de 
certaines  modulations  où  Poreille,  devant 
conserver  la  sensation  du  ton  primitif,  il 
n'est  pat  indiCTérent  d'employer  la  note 
placée  au  degré  inférieur) ,  on  emploie  le 
signe  redoublé  qui  se  Ggureainsi  [^  [^  et  qui 
prend  le  nom  de  doublt  bémol,  £.  F-s. 

BEN 9  fils,  mot  arabe.  Foy,  Kailv. 

BÉNABENy  né  à  Toulouse,  en  1765, 
fit  d*abord  ses  études  dans  cette  ville,  et 
se  rendit  ensuite  à  Orléans,  où  il  fut 
nommé  professeur  de  belles- lettres.  Des 
circonstances  particulières,  et  peut-être 
même  des  idées  politiques,  ramenèrent 
bientôt  à  Paris,  où  il  se  fit  journaliste  et 
devint  l'un  des  plus  babiles  rédacteurs 
du  journal  intitulé  La  Minerve.  Lorsque 
ce  journal  cessa  de  paraître,  il  devint 
auccessivement  rédacteur  de  l'ancien 
Journal  de  Paris,  et,  par  suite,  fut  em- 
ployé comme  rédacteur  de  la  Gazette  de 
/Vâ/ire  jusqu'en  1827.  Après  la  chute 
du  ministère  Villèle,  Bénaben  continua 
à  écrire  dans  la  Gazette  sous  le  minis- 
tère Polignac,  et  en  fut  toujours  l'un  des 
plus  fermes  soutiens.  Il  mourut  d'une  at- 
taque d'apoplexie  vers  la  fin  de  1833. 
On  a  de  lui  les  Lettres  de  Phalaris,  ty- 
ran d'jégrigente,  les  Satires  toulousai- 
nes, le  Procès  de  C oligarchie  contre  la 
monarchie,  Paris  1817,  etc.  Il  avait  pré- 
paré encore  une  réfutation  de  V Essai  sur 
V indifférence,  etc. ,  de  M.  de  La  Men- 
nais.  F.  R-d. 

Pe^  d*écri vains  se  sont  montrés  plus 
versatiles  dans  leurs  opinions.  La  plume 
de  Bénaben  était  légère  et  volait  à  tous 
les  vents.  >  V-vb. 

B^NARÈS^  dans  le  Bengale,  ville 
vénérée  par  les  Hindous  qui  la  regardent 
comme  assise  sur  la  pointe  du  trident  de 
Siva.  Elle  est  construite  en  amphithéâtre 
sur  un  plateau  granitiqqe  au  bord  du 
Gange.  Ses  maisons  élevées  et  serrées  les 
unes  contre  les  autres,  ses  pagodes  et  ses 
chapelles,  ses  mosquées  et  ses  palais,  pré- 
sentent un  coup  d'œil  imposant.  Cest  un 
lieu  tout  saint;  on  y  compte  près  de  7,600 
brahmes  et  Ton  y  voit  partout  des  pagodes 
et  des  oratoires.  Des  taureaux  consacrés  à 


Siva  et  des  singes  consacrés  au  dieu  Huni- 
maux  parcourent  la  ville;  des  nuées  de  fa- 
kirs,de  mendians,  de  lépreux  y  demandebt 
l'aumône;  40  à  50,000  personnes  y  vien- 
nent en  pèlerinage  chaque  année;  des  dé- 
vots y  terminent  leur  vie  en  se  jetant  dans 
les  eaux  sacrées  du  Gange.  Bénarès  sert 
aussi  de  retraite  a  une  foule  de  familles 
hindoues  et  musulmanes,  en  partie  très 
riches.  Les  ryes  sont  étroites  et  sombres. 
On  remarque  le  Vidalaya  ou  collège  hin- 
dou, où  200  élèves  sont  instruiu  par  10 
maîtres  dans  le  sanscrit ,  les  mathémati* 
ques,  etc.  La  mosquée  d'Aurengzeyb  est  le 
principal  monument  érigé  par  les  anciens 
vainqueurs  de  l'Inde.  Les  Européens  de- 
meurent à  Sécrole  et  dans  d'autpcs  lieux 
d'alentour.  Bénarès  a  de  grandes  maisons 
de  commerce  et  des  fabriques  de  châles, 
de  brocards  et  de  soieries;  les  boutiques 
de  joaillerie  >  offrant  les  diamans  tirés 
des  mines  de  l'Inde.  On  a  beaucoup  exa- 
géré la  population  de  Bénarès,  en  la  por- 
tant, avec  Hamilton,  à  632,000  âmes. 
On  sait  maintenant  qu'elle  n'atteint  pas 
le  chiffre  de  200,000  et  que  Bénarès  n'a 
que  la  grandeur  d'Edimbourg  ou  de  Bris- 
tol. D-G. 

BENDA  (les  frères),  musiciens  cé- 
lèbres du  dernier  siècle,  naquirent  tous 
deux  à  Altbenatky,  en  Bohême,  où  leur 
père,  qui  avait  un  goût  décidé  pour  la 
musique,  était  tisserand. 

François,  l'ainé,  qui  fut  un  violoniste 
de  première  force,  était  né  en  1709;  il 
mourut  en  1786  à  Potsdam,  phef  d'une 
école  de  violon ,  maître  des  concerts  de 
Frédéric-le-Grand,  alors  prince  royal  de 
Prusse,  et  laissant  deux  filles,  cantatrices 
de  mérite,  mariéjes  à  deux  maîtres  de  cha- 
pelle distingués,  Reichardt  et  Wolf.  Dans 
sa  jeunesse  il  s'attacha  à  une  troupe  de 
musiciens  ambulans  où  se  trouvait  un 
vieux  Juif  aveugle  nommé  Lœbel,  qui 
jouait  du  violon  avec  un  aplomb,  avec  une 
perfection  merveilleuse,  et  dont  il  reçut  les 
leçons.  Plus  tard,  à  Prague,  il  se  perfec- 
tionna d'après  les  conseils  de  Konyczeck; 
et  enfin  à  Vienne  il  étudia  encore',  sous 
Franciscello ,  son  instrument  favori.  Ses 
compositions  sont  nombreuses,  mais  fort 
peu  d'entre  elles  ont  été  publiées. 

Georges  Benda,  plus  jeune  de  12  ans 
que  son  frère  et  plus  célèbre  que  lui, 


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BEN  (  SOI  ) 

commeDça  par  être  second  Tiolon  à  la 
chapelle  de  Berlin.  Alors  îl  se  fit  con- 
naître comme  compositeur  et  s'occupa 
surtout  de  musique  sacrée.  H  fit  un  voya- 
ge en  Iulie,  grâce  à  l'appui  du  duc  de 
Gotha  Frédéric  III,  prince  ami  de  la 
mdsique.  Mais  la  période  brillante  de  sa 
tie  est  celle  oii  il  se  mit  à  travailler  pour 
le  théâtre.  H  s'était  déjà  essayé  par  deux 
opéras  Ciro  riconosciuto  et  //  buono 
maritOé  Lorsqu'il  composa  Ariadne  et 
PypnaUon^  il  ignorait  que  J.-J.  Rous- 
seau eût  traité  ce  dernier  sujet.  Tous  ses 
OQvrages  et  plusieurs  autres  qu'il  publia 
soccetaivement  furent  favorablement  ac- 
cueillis en  Allemagne;  son  Àriadne^  tra- 
duite en  français,  fut  représentée  avec 
succès  à  Paris,  en  1781,  époque  à  la- 
quelle il  fit  un  voyage  dans  cette  ville 
pour  7  fftire  jouer  sa  pièce.  Georges 
Benda  mourut  en  1 795,  à  l'âge  de  78  ans, 
dans  U  retraite  qu'il  s'était  choisie  après 
avoir  dit  adieu  à  la  musique.  C'était  un 
homfcie  bizarre  et  fantasque,  dont  l'ori- 
ginalité fournirait  matière  à  de  nombreu- 
ses anecdotes  et  qui  mena  une  vie  assez 
vagabonde.  C.  X.  m\ 

BENDAVID  (LAZAms),  philosophe  et 
mathématicien ,  naquit  de  parens  juifs ,  à 
Berlin,  en  1762.  Il  fit  lui-même  son  édu- 
cation. Après  avoir  gagné  sa  vie  à  polir 
le  verre,  il  se  rendit  à  l'université  de 
Gœttingue  et  étudia  sous  Lichtenberg 
et   Rsestner    les    mathématiques,  avec 
tant  de  zèle,  que  ce  dernier  professeur 
donna  le  témoignage  que  Bendavid  était 
capable  de  remplir  toute  chaire  de  ma- 
thématiques, excepté  celle  de  Gœttin- 
gue, tant  que  lui-même  vivrait.  Il  fit  à 
Vienne  des  cours  sur  la  philosophie  cri- 
tique que  Kant  venait  de  mettre  en  vo- 
gue. Des  persécutions  le  forcèrent  de 
revenir  à  Berlin  où ,  par  ses  discours  et 
par  ses  écrits ,  il  n'a  cessé  de  se  rendre 
utile.  Il  se  montra  habile  écrivain  dans 
la  rédaction  d'un  journal  qu'il  publia 
pendant  le  séjour  des  Français  en  Alle- 
magne. Directeur  de  l'école  libre  des  Is- 
raélites, il  s'acquitta  de  ses  fonctions  avec 
le  plus  grand  désintéressement  et  avec  un 
sèle  an-dessus  de  tout  éloge.  Il  a  publié 
tme  foule  d*écrits  philosophiques  et  on 
travail  remarquable  sur  le  calendrier  juif. 
Bendavid  est  mort  en  1883.    CL.  m* 


BEN 


BENDER,  Tigino  ou  Tekin,  forte- 
resse et  ville  commerçante,  de  la  pro- 
vince russe  de  Bessarabie ,  sur  le  Dnies- 
ter, est  bâtie  en  forme  de  croissant.  Les 
fortifications,  moitié  antiques  et  moitié 
dans  le  nouveau  système,  sont  entourées 
de  fossés  et  de  remparts;  un  château  fort 
placé  sur  une  des  hauteurs  qui  entourent 
Bender  en  dépend.  Il  y  a  dans  cette  ville 
2  faubourgs,  sept  portes,  l'3  mosquées, 
une  église  arménienne;  les  rues  y  sont^ 
obscures,  étroites,  sales.  On  n'y  compte 
guère  plus  de  5,000  habitans,  parmi  les- 
quels beaucoup  de  familles  armériiennes, 
tatares,  moldaves,  juives,  etc.  H  s'y  fait 
un  commerce  considérable,  et  on  y  trouve 
des  papeteries,  des  tanneries,  une  salpé- 
trière  et  des  forges.  Bender,  alors  ville 
turque,  fut  prise,  en  1770,  à  l'assaut  par 
les  Russes,  sous  la  conduite  du  général 
Panine.  La  ville  fut  incendiée,  la  garnison 
et  les  habitans,  en  tout  près  de  80,000 
âmes,  furent  passés  au  fil  de  Tépée.  Ce- 
pendant la  ville  retourna  aux  Turcs,  en 
1774,  par  suite  de  la  paix  de  Kaînardji. 
Elle  lui  resta  jusqu'au  1 5  novembre  1809, 
époque  où  les  Russes  la  reprirent  sans 
beaucoup  de  peine ,  mais  pour  la  rendre 
encore  une  fois  aux  Turcs  à  la  suite  de 
la  paix.  Enfin ,  après  l'avoir  reprise ,  en 
1811,  les  Russes  l'incorporèrent  défini- 
tivement à  leur  empire ,  par  la  paix  de 
Boukharest.  Bender  est  remarquable  par 
le  séjour  que  fit  presqu'à  ses  portes , 
dans  le  village  de  Varnitza,  Charles  XII, 
roi  de  Suède,  pendant  les  années  de 
1709  à  1712.  CL. 

BENDER  (Jbah  Blaisx  baron  db), 
naquit  an  sein  de  la  bourgeoisie  à  Gen- 
genbach  en  1715  et  mourût  en  1798; 
gouverneur  militaire  de  la  Bohême,  feld- 
maréchal  autrichien  et  baron  de  l'Em- 
pire. Il  a  fait  plusieurs  campagnes  con- 
tre les  Turcs,  a  rendu  de  bons  service-i 
dans  la  guerre  de  Sept- Ans,  et  sauvé 
Luxembourg  en  1789  lorsque  les  Pays- 
Bas  se  furent  révoltés.  En  1 794  il  rendit 
par  capitulation  cette  forteresse  aux  Fran- 
çais. S. 

BÉNÉDICTINS,  ordre  religieux 
fondé  par  saint  Benoit  {vof.)^  au  vi* 
siècle.  Les  statuts  de  cet  ordre  étaient  un 
choix  des  meilleures  règles  pratiquées 
par  les  monastères  de  l'Orient  et  con-^ 


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BSN 


(301) 


BËN 


temiM  surtout  dans  let  inatitutiom  de 
Cassien.  lia  règle  de  saint  Benoit  a^ait 
priocîpatcmept  pour  but  de  prévenir  la 
vie  purement  contemplative  et  oisive ,  et 
par  conséquent  inutile  au  monde ,  dans 
laquelle  s'abrutissaient  beaucoup  de  cé« 
nobitçs  orientaux^  Saint  Benoit  r^la 
l'emploi  du  temps  »  voulant  que  les  ira* 
yaux  manuels  et  la  lecture  alternassent 
avec  les  pratiques  de  dévotion.  Chaque 
couvent  devait  posséder  et  produire  ce 
dont  il  avait  besoin ,  et  même  ajouter  à 
son  bien^tre  par  la  vente  de  ses  pro- 
duits d*industrie.  Il  interdit  aux  moines 
l'usage  de  la  viande  de  quadrupèdes ,  ex- 
cepté en  cas  de  maladie;  rbabillement 
devait  consister  en  une  double  robe  et 
uue  espèce  de  scapulaire  d'étoffe  com- 
mune ;  du  reste,  ce  vêtement  devait 
être  modifié  suivant  le  climat  et  tes  cir- 
constances* Uhospitalité  fut  recomman- 
dée comme  un  précepte  de  Tordre.  Saiqt 
Benoit  autorisa  le$  çouvens  à  recevoir 
des  enfans  après  une  seule  année  de  no*- 
viciat*  Il  donna  aux  abbéa  un  pouvoir 
presque  illimité,  quant  à  la  discipline;  ce 
n'était  que  pour  les  affaires  graves  que 
las  moines  devaient  être  consultés.  Au" 
dessous  de  l'abbé ,  un  doyen  devait  être 
chargé  de  la  surveillance  de  10  moines. 
Commeles  statuts  de  saint  Benoit  n'impo^ 
saieot  pas  aux  religieux  des  efforts  extra- 
ordinaires et  pouvaient  aisément  se  met  - 
tre  en  pratique,  ils  furent  adoptés  dans 
un  grand  nombre  de  oouvens,  sans  qu'il 
y  eût  d'abord  aucune  associatipn  ou  af- 
filiation entre  eux.  Celui  du  Mont  Cassin, 
pour  Uquel  oef  stututs  avaient  été  faits 
spécialement,  fut  considéré  par  les  au^ 
très  c^uvens  comme  leur  métropole;  mais 
il  n'eut  d'abord  aucune  suprématie  sur 
eux.  En  France,  ce  ne  fut  qu'à  la  fin  du 
vii^  siècle»  que  la  règle  de  saint  Benoit 
remplaça  peu  à  peu  dans  les  oommunau-^ 
tés  retigieusea  celles  de  Cassien  et  de 
saint  Colomban.  L'jUlemagoe  ne  la  reçut 
qu'un  demi-siècle  plus  tard,  par  les 
soins  des  missioBBaires  qui  prêchèrent 
l'évangile  dans  ce  pays;  c'est  alors  que 
furent  fondées  les  abbayes  de  Prum, 
Lorschy  RatisboDne,  Fulde,  Ëllwaug, 
Salxbourg,  eto.  D'autres  couveus  fleuri*» 
rent  àLobbés,  Suvelo  et  Malmedj.  Le 
aMaei  Augustin  avaii  portée  à  k  fin  du 


vi*  siède,  cette  règle  en  Augleterrf  i  «( 
bientôt  après  on  vit  naître  le«  eommU'* 
nautés  de  Cantorbéry,  York,  West«- 
mînster,  et  Saint*^Aibau.  Benoit  d' Aniaim 
réforma,  d'après  la  règle  du  Mom  C$Hm$ 
plusieurs  couvens  d'Aquitaine,  m  un  sjr-* 
node  auquel  il  présida  en  917,  à  Aix-k- 
Chapelle,  en  modifiant  les  staluts  dit 
Mont  Cassin,  les  imposa  eoiimie  loi  ftiiH 
damenlale  aux  couvens  de  l'eitipire  dft 
Francs*  Les  couvens  de  Tours  ^  Corbîf  # 
Saint- Bertln,  Reims,  Fleury ,  prospéré^ 
rent  et  furent  le  foyer  des  études*  D'aoH 
très  couvens  refusèrent  la  réforma  béoé«> 
dictine,  et  se  dérobèrent  aux  statuts  in^ 
posés  par  le  sypode. 

Quoique  devenus  les  Institutetnrt 
de  la  nation  t  les  bénédictine  ne  furent 
pas  à  l'abri  de  la  barbarie  des  mtruri  du 
Umps  et  eurent  eux-mêmes  besoin  d'unt 
réforme.  £lle  fut  opérée  au  corom#no#^ 
ment  du  x**. siècle,  au  monastère  dé  Cltt<» 
ny,  oà  l'abbé  Eudei  introduisit  ime 
nouvelle  règle,  ou  plutôt  renouvela  et 
exagéra  celle  de  saint  Benoit  t  eu  y  «aso« 
ciant  plusieurs  abbayes;  deux  sîèdea 
après,  cette  congrégation  compta  1Q,000 
moines,  tant  en  France  qu'eu  Espagne, 
Italie,  Anglfïterre,  Allemagne  et  PoIop* 
gne  ;  aussi  Cluoy  devint  la  métropole 
d'un  grand  nombrej  d'abbayes  afïïliées^ 
ainsi  que  de  prieun^,  et  son  abbé  obtint 
les  prérogatives  d'un  évêque.  Mais  lé 
silence  perpétuel  que  Eudes  avait  vouhi 
imposer  aux  cénobites  fui  mal  nbacrvé  t 
les  moines  se  trouvèrent  trop  souvent  en 
contact  avec  le  monde  pour  pouvoir  ai* 
sèment  renoncer  à  la  parole.  Une  dci 
reformes  utiles  que  cette  congrégation 
avait  introduite  fut  l'abolition  de  là 
coutume  insensée  de  recevoir  des  en- 
fans  et  de  les  laisser  condamner  éter« 
nellement  par  leurs  parons  à  la  vie  doU 
trée.  Cette  coutume  avait  forcé,  H  eal 
vrai,  les  bénédictins  à  organiaer  d«s 
écoles  dans  lesquelles  furent  (ormes  lé 
plupart  des  grands  hommes  de  ces  si^ 
des.  A  l'exemple  du  dcrgé  de  Franet^, 
celui  d'Allemagne  easaya  de  rélonner 
l'ordre  bénédictin  de  ee  pays  :  ce  ne  fut 
pas  sans  une  vive  résistance  et  de  ion* 
gues^fuerellea^e  cette  réforme  s'opéra^ 
au  moins  partiellement.  Fulde  devinr^ 
jusqu'à  on  eatfCâin  pnuit  poèr  l'Alto^ 


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&EM 


(SOI  y 


BEN 


I  ce  que  dan j  fut  pour  la  Fnmee. 
A  Hinan ,  Tabbé  GuillauHUi  preacrivit, 
Ttrt  l'an  1080,  TéubtisaeiaeQt  d'ua 
Mriptorium  on  d'une  ckambre  do  CQ- 
pîatea,  eà  12  moines  devaient  a'oeenper 
ianseesse,  tous  la  surTeiilaaeed'un  chef, 
à  copier  des  manuserits,  tant  pour  Ja  bl- 
bltothèque  du  couvent  que  pour  la  vente 
an  dehoirsw  IJne  école  se  forma  dans  cette 
abbaye.  Malbeureusemenl  ces  institu- 
tions ne  durèrent  qu'un  siècle,  au  bout 
duquel  la  oongrégatioo  d'Hirsau,  qui 
avait  compté  6^  oouvens,  fut  dissoute. 
Uue  oongréc;atien  moins  utile  aux  letp- 
tres  naquît  à  Chise,  en  Piémont.  £n 
France,  Robert  de  Cbampagne  fonda 
mi  nonvel  ordre,  celui  do  Citeaux,  en 
preoapt  pour  base  la  règle  de  saint  Be- 
noit. Ce  ibonveau  monastère  devint  à  son 
lonr  lochef-lien  d'une  congrégation  nom<> 
breuae,  qui  toutefob  dtifTéra  par  ai^  cens- 
titutioD  de  oeile  de  Cluny,  où  un  seul 
■bbé  était  le  supérieur  des  prieurs  de 
tous  les  cowens  aiBliés ,  tandis  que  cette 
dépendance  n'existait  peint  dans  la  con- 
grégation de  Citeaux.  Ce  nouvel. ordre 
eaclut  également  les  enfant  et  punit 
de  Fexil  dans  un  autre  couvcntles  moines 
qui  s'aviseraient  de  composer  des  vers  : 
oîasi  n'est-il  pas  sorti  de  [poètes  de  cet 
ordre.  Cependant  les  Italiens  cbercbèrent 
à  conserver  la  suprématie  sur  tous  les 
bénédictins  du  monde.  A  U  fin  du  xi^ 
siède,  le  pape  donna  à  l'abbé  du  Mont 
Gaasin  la  dîrâotlon  de  tous  les  couvf  ns 
quelconques;  ee  prélat  re^  le  titre  d'abbé 
«les  abbés;  mab  on  n'y  eut  pas  beaucoup 
égard  dans  le  reste  de  la  cbrétienté.  Du 
n*  au  xn^  siècle  on  composa  dans  les 
eouvens  bénédictins  un  grand  nombre 
de  légendes,  d'annales  et  de  chroniques, 
qui  sont  devenues  une  des  principales 
sources  pour  l'hisU^e  tant  civile  qu'ec- 
déaiastique  de  cette  époque.  On  ne  peut 
refuser  des  éloges  aux  annales  écrites 
dans  les  abbayes  de  Saint-Bertin ,  Pram, 
Metz,  Fulde,  quelque  sèches  etdéfoo- 
tueuses  qu'elles  soient  Si  elles  nous  man- 
qm^ent ,  l'histoire  du  moyen-âge  ne  nous 
siralt  guère  connue. 

Piosîenrs  de  ces  abbayes  formèrent 
des  bibliothèques  dans  lesquelles  as  eon- 
Mrvèrent  quelques-uns  des  auteurs  des- 
iiquei  du  l'Mtiqnité,  qui  sans  ee  soin  se^ 


Taîeni^  ^«obablement  perdus  pour  o<his. 
Ou  sait  que  ce  fut  à  Corvey ,  sur  le  We^ 
ser ,,  que  fut  découverte  une  partie  des 
Annales  de  Tacite.  Cependant  la  grande 
masse  des  moines,  richement  dotée  par 
la  libéralité  des  princes  et  seigneurs,  pos- 
sédant des  viUages,  des  églises^  des  reli- 
ques vénérées  I  oublia  trop  souvent  ses 
trois  voBUx  de  pauvreté,  de  oîiasteté  et  d'o-* 
béisaance.  On  vit  des  bénédictins  entrete- 
nir des  concubines,  s'entourer  de  tous  lea 
déâioes  de  la  table  et  vivre  ,dans  Tabou- 
danoe,  tandis  que  leurs  serfs  croupia» 
saient  dans  la  misère;  on  les  fit  habillés 
comme  des  seigneurs ,  armés  et  éperQn<* 
nés;  des  scènes  scandaleuses  eurent  lieu 
dans  l'enceinle  des  cloîtres  où  l'on  se  sou- 
venait à  peine  des  prescriptions  de  saint 
BenoiL  Le  concile  de  Vienne,  tenu  en 
131 1,  défendit  ces  excès,  ordonna  lamo* 
destie  aux  moines ,  leur  enjoignit  de  ne 
pas  recevoir  de  jeunes  gims  ai>-desaous 
de  %ù  ans  et  d'enseigner  dans  tous  leurs 
oeuvens  la  grammaire  et  la  philosophie. 
Ces  ordres  firent  peu  d'effet  et  les  excès 
continuèrent.  Aussi  le  pape  Benoit  XII 
crut-il  devoir  appeler  auprès  de  lui 
l'abbé  de  Cluny  et  d'autres  abbés,  pour 
rédiger  avec  eux  uue  nouvelle  oonstitu- 
tion  de  leur  ordre;  cette  constitution  bé<- 
nédictine  parut  en  1886.  Tous  les  cou«- 
vens  de  Toidre  y  sont  classés  en  86  pro- 
vinces, dont  7  en  Italie, ^len  Sicile, 
1  en  Sardaigne  et  Corse,  6  en  France,  4 
en  Espagne,  1  en  Irlande,  1  en  Ecosse, 
1  en  Angleterre,  1  en  Korwége,  1  en 
Suède,  1  en  Poldgne,  1  en  Hongrie,  1 
en  Dade,  1  en  Bohême,  t  en  Illyrie  et 
Dalmatie,  1  etf  Grèce,  1  en  Chypre,  et 
5  en  Allemagne.  Dans  ebaque  province 
les  abbés  et  députés  devaient  tenir  tous 
les  3  ans  un  chapitre  général,  pour  les 
affolres  de  la  province; 'de  plus  i'ab^ 
bé  et  les  prieurs  de  ebaque  abbaye  de- 
vaient tenir  un  chapitre  annuel  pour 
les  affaires  temporelles  et  spirituelles  de 
leur  ressorL  Les  jeunes  moines^  dans  la 
proportion  de  1  sur  10  religieux,  de*- 
vaient  fréquenter  les  univeraités  de  Tor- 
dre sous  rînspecHoii  des  prieurs,  pour  se 
livrer  à  l'étude  de  la  théologie  et  du 
droit  canon.  Les  abbayes  devaient  rester 
indépendantes  l'une  de  l'autre,  et,  à  l'ex** 
option  de quelquei-H»es^reivltoesdtt|iii« 


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BËN 


{m) 


B£N 


y  ilé^e  de  rexemptlon(iM>/.),elle8  devaient 
demeurtr  sous  Ja  juridiction  épiscopale. 

Le  monde  religieux  ne  se  codfornia 
qu'imparfaitement  à  cette  constitution, 
excepté  pour  ce  qui  concernait  les  études, 
qui  prirent  dès  lors  une  meilleure  di- 
rection. Il  fallut  que  lé  concile  de  Con- 
stanèe  renouvelât,  en  1 4 1 6,  la  bénédictine 
du  pape  Benoit  ;  ce  qui  n*empécha  pas, 
en  1423,  les  bénédictins  d'Angleterre 
d'un  c6té,  et  ceux  de  69  couvens  des  pro- 
vinces de  Trêves  et  de  Cologne  de  l'autre, 
de  tenir  des  chapitres  provinciaux  pour 
travailler  à  la  réforme  des  moeurs  disso- 
lues des  moines.  A  cette  époque  Tordre 
•0  général  comptait  encore  16,100  cou- 
vens et  prieurés.  La  vieille  métropole  du 
Mont  Cassin  avait  perdu  son  éclat  et  son 
autorité.  Au  commencement  du  xvi^  siè- 
cle le  pape  chercha  à  la  relever,  en  y 
associant  la  congrégation  de  Sainte-Jus- 
tine qui  subsistait  depuis  un  siècle  à^ 
Padoue,  celle  de  Saint-Nicolas  d'Avesne 
en  Sicile,  et  celle  de  Lérins  en  Provence; 
elle  se  composait  alors  de  près  de  200 
couvèns  tant  grands  que  petits.  Ses  sta- 
tuts furent  renouvelés  au  xtii^  siècle; 
et  comme  ses  richesses  ne  l'empêchèrent 
pas  de  se  livrer  à  l'étude,  elle  a  traversé 
les  siècles  et  s'est  maintenue  jusqu'à  nos 
jours;  mais  elle  n'est  plus  qu*une  ombre 
de  ce  qu'elle  était  au  moyen-âge,  et  à 
peine  connait-on  son  existence  hors  de 
l'Italie.  Dans  les  deux  derniers  siècles 
presque  chaque  pays  avait  ses  congréga- 
tions particulières,  sans  rapport  avec 
celles  d'autres  contrées.  C'est  ainsi  que 
l'Allemagne  possédait  celle  de  Bursfeld 
dans  le  pays  d'Hanovre,  de  Mœlk  ea  Au- 
triche, et  de  Salzbourg.  L'Espagne  recen* 
naissait  pour  métropole  l'abbaye  de  Yalla- 
dolid;  le  Portugal,  l'Angleterre,,  la  Flan- 
dre,laSuis8e,la  Pologne,  eurèhtégalement 
leurs  congrégations.  Dans  plusieurs  de  ces 
associations  les  nobles  étaient  parvenus  à 
accaparer  les  revenus  des  abbés  ou  les 
places  des  moines,  surtout  quand  les 
couvens  étaient  rjches. 

Les  congrégations  de  France  furent 
celles  qui  se  signalèrent  le  plus  dans  le 
monde  savant.  Déjà  au  commencement 
du  XT11*  siècle  s'était  organisée  la  con- 
grégation, dite  de  Saint-Vannes,  du  nom 
^n  couvent  ainsi  appelé  à  Verdun;  cette 


congrégation  qui  avait  renforcé  la  rè^ 
du  Mont  Cassin,  attira  dans  son  sein 
tous  les  bénédictins  de  l'Alsace  et  de  la 
Lorraine  et  plusieurs  couvens  de  l'in- 
térieur de  la  France.  Dom  Calmet  en  fut 
un  des  membres  les  plus  érudits.  C'est 
de  cette  congrégation  qu'est  issue  celle 
de  Saint-Maur ,  à  laquelle  le  pape  Ur- 
bain VIII  accorda,  en  162  7, son  approba- 
tion et  des  privilèges ,  et  à  laquelle  le 
cardinal  de  Richelieu  for^  tous  les  cou- 
vens bénédictins  en  France  d'accéder. 
Ciuny  n'obéit  qu'à  regret,  et,  malgré  les 
ordres  du  cardinal  Mazarin^cetteréunion 
forcée  ne  put  jamais  être  effectuée  com- 
plètemeut.  La  congrégation  de  Saint- 
Maur  est  la  branche  la  plus  respectable 
de  tout  l'ordre  bénédictin,  qui  trop  sou- 
vent a  cherché  plus  à  briller  par  l'opu- 
lence que  par  lea,  vertus  monastiques. 
Voici  quelle  organisation  elle  se  donna. 
Elle  se  divisa  en  6  provinces,  dont  les 
députés  devaient  se  réunir  à  des  époques 
indéterminées  pour  élire  un  général,  qui 
résidait  au  chef-lieu,  à  l'abbaye  de  Saint 
Germain-des-Prés,  à  Paris.  Ce  général 
avait  2  assistans;  de  ^lus  un  collège  de  dé- 
finiteura  et  6  visiteurs  étaient  à  la  tète  de 
l'ordre.  Chaque  couvent  avait  un  prieur; 
il  y  avait  long-temps  que  la  cour  donnait 
le  titre  et  les  revenus  des  abbés  à  des  ca- 
dets de  familles  nobles  ou  à  des  favoris 
des  princes  et  des  femmes  en  crédit. 
Deux  ans  de  noviciat  servaient  aux  jeunes 
aspirans  à  s'instruire  dans  les  connais- 
sances théologiques.  Plusieura  des  cou- 
vens bénédictins  avaient  de  hautes  éco- 
les et  des  établissemens  d'instruction 
pour  la  jeunesse  noble.  Chaque  couvept 
était  obligé  d'avoir  une  bibliothèque  avec 
un  préposé  instruit.  Ce  fut  particulière- 
ment par  les  soins.du  cardinal  de  Riche- 
lieu que  les  travaux  d'érudition  furent 
introduits,  comme  occupation  habituelle, 
dans  cette  congrégation.  Afin  de  laisser 
plus  de  loisir  pour  ces  travaux  aux  re- 
ligieux, des  frères  lais  furent  chargés  des 
affaires  matérielles;  des  dispenses  d'as- 
sister régulièrement  aux  offices  furent 
accordées  à  ceux  qui  se  livraient  aux  re- 
cherches d^érudition;  il  fut  permis  aux  re- 
ligieux de  se  charger  des  cures  qui  dépen- 
daient des  couvens,  et  ib  (Urent  presque 
entièrement  exempté^  de  la  juridiction 


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BÉN 


(S05) 


BEN 


épiscopale.  Us  te  distribuaient  le  travail^ 
en  sorte  que  les  uns  se  chargeaient  des 
recherches,  les  autres  coordonnaient  les 
matériaux,  d'autres  rédigeaient  ou  re- 
voyaient la  rédaction  de  leurs  confrères. 
Cest  grâce  à  leur  émulation  pour  les  pro- 
grès de  la  science,  à  leur  vie  paisible,  ré- 
gulière et  affranchie  de  tous  soucis,  en- 
fin aux  habiles  in  vestigations  qu'ibavaieni 
faites  dans  les  iirchives  et  les  bibliothè- 
ques, qu'ils  purent  entreprendre  ces 
grands  travaux  qui  ont  illustré  leur  or- 
dre, tels  que  la  Gallia  chrisliana,  ou 
Histoire  des  évéchés^  monastères  et  églises 
de  France,  les  AnfUdes  ordlnis  Sancti- 
Benèdicd^  les  Acta  sanctorum  de  leur 
ordre,  Y  Art  de  -vérifier  les  dates,  et  VHis- 
ttnre  littéraire  de  la  France,  Ces  deux 
derniers  ouvrages  n'ont  pu  être  achevés 
par  4es  bénédictius  de  Saint-Manr.  C'est 
aussi  à  cette  congrégation  que  sont  dus 
des  recueils  précieux  depièces  historiques, 
savoir  le  Spicitegium,  le  Thésaurus  no~ 
vus  anecdotorum  et  veterum  scriptorum 
ampUssima  collectio ,  les  Historiens  de 
France,  les  Monutnens  de  France,  la 
Diplomatique,  V Histoire  de  Paris,  le 
Glossaire  de  la  latinité  du  mojren-âge, 
les  Acta  sanctorum  de  Surius.  Ce  sont 
encore  .les  bénédictins  de  Saint-Maur  qui 
ont  donné  les  belles  éditions  des  Pères  de 
l'église  dans  une  cinquantaine  de  volu- 
mes in -fol.  C'est  avec  reconoaissaoce 
pour  les  Mabillon ,  les  Montfaucon ,  les 
Sainte-Marthe,  et  tant  d'autrçs  religieux, 
que  le  monde  savant  jouit  aujourd'hui  des 
collections  qu'ils  ont  élaborées  avec  une 
application  si  persévérante  et  avec  une 
si  admirable  conscience.  Si  Ton  désire 
généralement  un  esprit  plus  philosophi- 
que dans  leurs  travaux,  d'un  autre  côté 
on  est  obligé  de  respecter  leur  bonne 
/  foi ,  leur  candeur,  et  leur  modestie  qui  a 
même  dérobé  à  la  reconnaissance  de  la 
postérité  les  noms  de  plusieurs  érudits 
de  cet  ordre.  Quoique  l'ordre  comptât 
180  couvens,  la  plupart  des  travaux  lit- 
téraires ont  été  faits  à  ,Satnt-4^ermain- 
des-Prés  qui  possédait  une  bibliothèque 
précieuse  et  surtout  riche  en  manuscrits. 
Les  querelles  théologiques  sur  la  grâce  qui 
igitèrent  le  clergé  catholique  au  xviii^ 
siècle  troublèrent  malheureusement  la 
tranquillité  de  ces  cénobites  laborieux. 

Fncyclop,  d.  G.  d.  M,  Tome  III. 


S*étant  avisés  de  rejeter  la  constitution 
C/>»i^«Ri/u^^  protégée  par  les  jéauites,  ils 
furent  en  butte  aux  persécutions  de  cet 
ordre  jaloux  et  intrigant;  bannis,  em- 
prisonnés, tourmentés,  ces  hommes  pai- 
sibles finirent  par  se  soumettre  à  ce  que 
voulurent  leurs  ennemis.  \m  congréga- 
tion ne  se  releva  point  de  ce  coup  porté 
à  son  institution,  et  elle  était  dians  un 
état  languissant  lorsqu'à  la  fin  du  der- 
nier siècle  elle  fut  supprimée,  comme 
toutes  les  autres  institutions  monasti- 
ques en  France. 

Malgré  le  goût  des  Allemands  pour 
les  études,  leurs  bénédictins  ne  purent 
rivaliser  avec  la  congrégation  de  Sainl- 
Maur;  ceux  de  Bohème  entreprirent  une 
Germania  jtacra  sur  le  modèle  de  la 
Gallia  sacra,  mais  ce  travail  ne  fut  pas 
achevé;  un  autre  ouvrée  projeté,  les 
Scriptores  rerunt  bohemicarwn ,  ne  fut 
même  pas  commencé.  Cependant  il  y  eut 
dans  des  couvens  d'Allemagne  quelques 
érudits,  tels  que  les  frères  Pez,  en  Au- 
triche, qui  filment  honneur  à  l'ordre;  il  en 
fut  de  même  en  Espagne  et  en  Italie.  Un 
Espagnol,  Yèpes,  devint  l'historien  de  son 
ordre;  parmi  les  Portugais  se  distingua  le 
moine Feyjoo.  Du  reste  les  bénédictins  de 
la  Péninsule  se  sont  peu  signalés  par  dçs 
travaux  littéraires.  Dans  le  nord  et  en 
Angleterre  les  moines  avaient  dispaiu 
lors  de  la  réforme  de  Luther. 

Actuellemenl  il  ne  reste  plus  que  quel- 
ques abbayes  de  bénédictins  en  Europe; 
les  principales  sont  celles  du  Mont  Cassin 
qui  a  été  rétablie  depuis  af  rentrée  des 
Bourbons  à  Naples ,  celle  de  Montserrat 
en  Espagne,  celles  de  Kremsmunster, 
Mœlk,  Gcetweih  et  Saint-Florian  en  Au- 
triche, celle  de  Martinsberg  en  Hongrie; 
la  plupart  de  ces  abbayes  possèdent  de 
belles  bibliothèques.  Les  bénédictins  à^ 
Hongrie  sont  chargés  de  l'instruction  pu- 
blique dans  les  académies  de  Presbourg 
et  de  Raab,  et  dans  plusieurs  gymnases. 
Le  nombre  de  tous  les  bénédictins  exis- 
tans  n'atteint  probablement  plus  un 
mille;  on  est  loin  du  temps  où  des  milliers 
decouvensnesuffisaient  pas  pour  contenir 
tous  les  moines.  Voy.  Annales  ordinis 
Sancti - Benedicti  (qui  ne  coudu(seot 
l'histoire  ou  plutôt  les  annales  de  Tor- 
dre qu'à  l'année  1157);  la  Bibliothçcd 

20 


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BEN 


(SÔ<) 


B^N 


beneà,-^mntiriana,  Augi^bôurg,  171((; 
R.  TassiH,  ffistoire  Htiéralne  de  la  con* 
gré  cation  de  Saint^Maur^  Bruxelles  et 
Paris,  1770,  îb-4*';  et  Tart.  Bénédictins 
àkM  TEncyclopédie  itll«mande  d'Ërsch 
et  Grnber.  D-c. 

HÉNÉDICTIOn.  On  entent!  en  gé- 
néral par  ce  terme  tout  les  bienfaits  de 
la  divinité,  mais  spécialement  ceux  qui 
se  rapportent  à  notre  situation  tempo- 
relle; c'est  ainsi  qu'on  range  aiî  nombre 
des  bénédictions  de  Dien,  fa  santé,  le  suc- 
cès de  nos  entreprises ,  les  influences  du 
ciel  qui  fécondent  la  terre,  les  riches 
productions  dont  les  campagnes  se  cou- 
vrent chaque  année.  "^ 

On  désigne  aussi  sous  te  nom  de  bé- 
nédictions les  voBux  que  les  hommes  fon< 
)<es  uns  pour  Tes  autres  en  invoquant 
Bleu.  Telle  est  la  bénédiction  paternelle, 
la  bénédiction  prononcée  par  fes  vieil- 
lards sur  les  peVsonnes  d'un  âge  inférieur. 
On  voit  dans  la  Bible  les  lévites  et  les  sa- 
crificateurs juifs  prononcer  du  haut  du 
mont  Carizim  des  bénédictions  sur  te 
peuple,  au  cas  où  il  demeurera  fidèle 
au:K  loh  de  Moïse,  et  des  malédictions 
du  haut  du  mont  Hébal ,  au  cas  où  il  per- 
drait de  vue  les  devoirs  de  sa  religion. 
On  Voîl  également  le  roi  Salomon,  à  l'é- 
poque de  la  dédicace  dti  temple  de  Jé- 
rusalem, prononcer  la  bénédiction  sur 
son  peuple.  En  général,  ce  terme  indique 
de  la  part  du  supérieur  envers  l'inférieur 
nn  acte  de  bienveillance  accompagné 
d'expressioi^  religieuses. 

La  bénédiction  prononcée  iMns  l'âge 
patriarcal  par  le  père  à  son  Ht  de  niort 
avâit'un  caractère  de  plus;  eTIe  tenait  en 
quelque  sorte  lieu  d'un  acte  testamen- 
tatre,  elle  désignait  celui  des  fils  qui, 
après  le  décès  du  père,  devait  être  re- 
connu comme  chef  de  la  famille  Ou  de  la 
peuplade. 

Lé  devoir  de  prpnoncet*  la  bénédiction 
est  spécialement  du  ressort  dés  ministres 
du  culte.  C'est  ainsi  que  Moîse  [Nombres, 
Vï)  charge  expressément  les  Sacrifica- 
teurs de  là  race  d'Aaron  de  donner  au 
euple  la  bénédiction  et  qu'il  en  prescrit 

termes.  De  nos  jours  encore  cette  bé- 
nédiction n'est  prononcée  dahs  les  syna- 
gogues que  par  des  individus  régardés 
comme  descendans  d'Aaron,  et  s'il  ne 


«"en  trouvé  pBû  parmi  les  juifs  ptésMs^ 
la  bénédiction  n'est  pas  prononcée. 

Dans  les  églises  chrétiennes  Pusflge  de 
prononcer  des  bénédictions  s'est  conser-* 
vé;  mais  II  existe  à  cet  égard  quelques 
dîfTérences  qui  peuvent  être  remarquées. 
Dans  les  églises  protestantes  l'office  reli-» 
gieux  se  termine  par  la  bénédiction  dont 
Moïse  avait  prescrit  les  paroles;  elle  est 
en  certains  pays  accompagnée  du  signe 
de  la  croix.  Les  itiinistres  protestans  pro- 
noncent en  d'autres  cas  des  bénédictions 
en  imposant  les  mains,  par  exemple  en 
cas  dé  mariage,  de  consécration  des  pas- 
teurs, de  confirmation  des  catéchumè- 
nes, de  baptême  des  enfans;  ces  béné* 
dictions  ne  s'adressent  jamais  qu'à  des 
personnes  :  dans  les  églises  catholique  et 
grecque  la  bénédiction  se  prononce  sur 
des  personnes  et  sur  des  choses.  Elle  est 
plus  ou  moins  solennelle,  selon  qu^elle 
est  accompagnée  de  tels  ou  tels  gestes, 
de  l'onction  du  saint  chrême,  ou  que  le 
prêtre  en  la  prononçant  prend  en  main 
tels  ou  tels  objets  consacrés,  ^est  ainsi 
qu'on  distingue  des  autres  bénédictions 
celle  qu'on  nomme  bénédiction  du  Saint- 
Sacrement  Parmi  les  bénédictions  pro- 
noncées sur  des  choses  on  peut  remar- 
quer celle  de  l'eau  bénite,  du  pain  bénit, 
du  cierge  pascal ,  des  vases  sacrés ,  des 
ornemens  d'église  ,  des  costumes  reli- 
gieux, des  autels,  des  chapelles,  des  égli-^ 
ses,  des  vaisseaux,  des  drapeaux,  de  l'an- 
neau nuptial,  de  la  terre  des  cimetières; 
et,  dans  l'église  grecque  en  particulier, 
la  bénédiction  solennelle  du  pain  pascal 
à  Pâques  et  celle  des  eaux  qui  se  fait  le 
jour  des  Rois  et  te  premier  dlnoùt. 

Les  bénédictions  accompagnées  d'onc- 
tions sont  désignées  sous  le  nom  de  con- 
sécration. Elles  sont  réservées  aux  évê- 
quesy  qui  seuls  aussi  ont  le  droit  de  bénir 
hors  des  églises  et  en  particulier. 

On  voit  en  certains  cas  les  papes  faire 
présent  d'objets  bénis  par  eux  et  auxquels 
la  dévotion  atUcde  un  haut  prix;  telle  fut 
en  1266  la  rose  d'or  bénite  envoyée  par 
le  pape  Urbain  V  à  la  reine  de  Sicile.  Les 
chapelets  bénits  sont  plus  abondamment 
distribués. 

Il  résulte  des  t>énédîctions  prononcées 
sur  certains  objets  diverses  conséquences  : 
par  exemple,  qu'à  moins  de  dispenses  spé^ 


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BÉN 


(80Î) 


BEN 


didcs  il  nVet  permis  qu'à  des  hommes 
ayant  reçu  les  ordres  de  tuocker  aux  va- 
ses sacr^;  que  les  corps  d'enfans  morts 
sans  baptême  ou  de  défunts  non  catho- 
liques ne  doivent  pas  être  inhumés  dans 
la  portion  bénite  du  cimetière,  ete* 

Biir^DicTioK  iTUPTiALB,'  cérémooie 
religieuse  observée  en  cas  de  mariage 
dans  toutes  les  communions  chrétiennes. 
Elle  est  désignée  dans  la  communion  ro- 
maine sbus  le  nom  de  sacrement,  dans 
la  communion  grecque  sous  le  nom  de 
couronnement ,  dans  les  communions 
protestantes  sous  le  siiripte  nom  de  bé^ 
nétUction,  Cette  cérémonie  n'avait  pas 
lieu  avant  rétablissement  du  christianis- 
me; on  ne  voit  pas,  dit  Fleury,  que 
chez  les  Juifs  le  mariage  ait  été  autre- 
fois accompagné  d'aucun  acte  religieux, 
sinon  peut-être  la  bénédiction  du  père 
de  famille.  Dans  la  plupart  des  pays 
chrétiens  l'aete  célébré  par  le  ministère 
ecclésiastique,  en  cfts  de  mariage,  est  à 
la  foi^  acte  religieux  et  acte  de  l'état  ci* 
vil.  Dans  les  pa^s  où,  comme  en  Fran- 
ce, les  actes  de  l'état  civil  sont  dévolus 
au  magistrat ,  la  bénédiction  nuptiale  ne 
peut  avoir  lieu  qu'après  la  célébraticm 
du  mariage  de^'ant  l'ofBcier  de  l'état  ci- 
til.  Elle  n'ajoute  an  mariage  aucun  nou- 
veau degré  ni  de  force,  ni  de  stabilité  : 
sans  elle  déjà  le  mariage  est  indissoluble; 
elle  n'est  phis  qu'un  acte  pieux  dont  au- 
cun chrétien  ne  croit  pouvoir  se  dispen- 
ser et  par  lequel  les  époux  ae  promettent 
de  faire  descendre  sur  leur  union  l'onc- 
tion de  la  grâce  céleste.  C'est  sous^re  der- 
nier point  de  vue  que  la  bénédiction  nup- 
tiale fut  envisagée  dès  les  premiers  siè- 
cles de  l'église,  où  déjà  les  fidèles  étaient 
eshortés  à  ne  se  marier  qu'après  avoir 
pris  conseil  de  leurs  évéques  et  en  rece- 
vant la  bénédiction  de  l'église.  Nubat  in 
eceiesia,à\t%9\ïïl  Ignace,  disciple  des  apô- 
tres, benedictione  eeclesiœ,  ex  Domini 
prœcepto.  Ep.  ad  Polycarp.  Le  pape 
Sirice  an  rv*  siècle  parle  même  d'une 
bénédirtion  qui  précédait  le  mariage. 

La  bénédiction  nuptiale  ne  se  confon- 
dNît  pas  alors  avec  le  contrat  du  mariage. 
On  voit  dans  le  code  romain  (lib.  V, 
eap.  IV )  qu'il  se  contractait  par  simple 
serment  entre  l'époux  et  l'épouse;  Jus- 
tinien  prescrivit  ensuite  que  ce  serment 


fût  prononcé  en  présence  de  témoins 
(Nweti.  XXIV,  cbap.  4);  puis  parmi  ces 
témoins  fut  spécialement  déèigné  le  pas^ 
teur  (Nopeli.  Lxxiv,  ohap.  1 4}  ;  mais  les 
lois  de  Justinien  gardent  un  silence  ab** 
solu  sur  la  bénédiction  nvptiale. 

Sons  Charlemagne  il  fut  ordonné,  par 
un  capitulai re  de  809,  que  le  mariage 
n'aurait  lien  qu'après  enquêtes  fisiites  par 
le  ministre  des  autels,  assisté  des  anciens 
du  peuple,  afin  de  s'assurer  qu'aucun  em* 
péchement,  et  en  partioulier  aucun  degré 
de  parenté,  ne  s'oppoteit  à  l'alliance 
projetée.  Ce  ne  fut  que  sous  les  premiers 
Cariovihgiens,  enOocident^  et  éous  l'em- 
pereur Léon-le-Philosophe,  au  x"  siècle, 
en  Orient,  que  la  bénédiction  nuptiale  fut 
déclarée  nécessaire  à  la  validité  du  ma- 
riage. Encore  cette  loi  ne  concernait-elle 
que  les  personnes  de  condition  libre:  elle 
n'obligeait  ni  les  esclaves,  ni  les  affran- 
chis, ni  les  soldats;  elle  ne  fut  rendue 
obligatoire  pour  toutes  les  classes  que 
par  l'empereur  Alexis  Comnène  au  xiii* 
siècle. 

L'église  t>rofita  de  ces  lois  pour  éten* 
dre  son  influence;  les  fausses  décrétâtes 
et  les  théologiens  scolastiques  concouru- 
rent à  faire  prévaloir  l'Idée  que  le  ma- 
riage avait  été,  par  l'Évangile,  élevé  à  la 
dignité  de  sacrement;  que  le  sacrement 
absorbait  le  contrat;  que  te  mariage  était 
affaire  de  religion  et  que  «'était  à  l'église 
à  en  régler  les  conditions.  Dès  lors  les 
princes  oubliant  que  l'église,  à  cet  égard, 
n'avait  de  droits  que  ceux  que  leurs  lois 
lui  avaient  conférés,  tremblèrent  à  l'idée 
de  se  souiller  d'un  sacrilège  en  portant 
la  main  à  l'encensoir  :  ils  abandonnèrent 
aux  tribunaux  ecclésiastiques  les  causes 
matrimoniales;  et  l'on  vit  dès  le  Xiii*  siè" 
cle  le  prêtre  se  servir, en  donnant  la  béné- 
diction nuptiale,  de  la  formule:  ^^o  co/i«- 
jungo  vos ,  et  même  nn  condie  de  Co- 
logne, en  1649,  défendre  sous  peine 
d'excommunication  à  tous  juges  séculiers 
de  s'arroger  la  connaissance  des  affaires 
relatives  au  mariage. 

Cette  idée  exagéi-ée  des  pouvoirs  de 
l'église  n'est  pas  néanmoins  généralement 
adoptée.  De  savans  théologiens  de  la 
communion  romaine  persistent  à  soute- 
nir que  l'église  a  de  tout  temps  fait  dis- 
tinction entre  le  contrat  et  le  sacrement, 


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BEN 


(308) 


BEN 


et  qu'elle  a  regardé  comme  indissolubles 
et  légitimes  des  mariages  contractés  sans 
TioterventioD  du  rit  religieux. 

L'abbé  Renaudot  [Perpétuité  de  la 
foi,  vol.  y)  cite  à  ce  sujet  d'anciens  usa-» 
ges  de  l'église  grecque  qui  ne  permet^ 
tent  pas  de  couronner  les  secondes  no- 
cesy  auxquelles  on  n'accorde,  après  péni- 
tence et  au  lieu  de  bénédiction,  qu'une 
siinple  prière  par  laquelle  on  demande 
pardon  à  Dieu  pour  ces  époux  qui,  après 
un  premier  mariage,  se  trouvent  incapa- 
bles de  garder  la  continence.  Il  ajoute 
que  cette  église  n'accorde  aucun  rit  reli- 
gieux aux  troisièmes  et  quatrièmes  noces, 
et  que  cependant  elle  ne  fait  que  soumet- 
tre les  époux  dans  ce  cas  à  une  pénitence 
canonique ,  sans  les  excommunier,  sans 
exiger  de  séparation  a  thoro,  sans  dé- 
clarer le  mariage  Jion  valable*.  Durand 
fait  mention  d'une  discipline  semblable 
en  Occident. 

M.  Tabaraud  [Principes  àur  la  dis- 
tinction du  contrat  et  du  sacrement  de 
mariage  f  1825)  fait  remarquer  qu<t  l'é- 
glise n'a  jamais  songé  à  réhabiliter  les 
mariages  des  infidèles  et  des  hérétiques 
qui,  déJ9  mariés,  se  convertissent  à  elle; 
que,  dans  les  anciens  temps,  elle  n'accor- 
dait de  bénédiction  nuptiale  ni  aux  chré- 
tiens soumis  aux  rigueurs  de  la  péniten- 
ce, ni  aux  catéchumènes  qui  ne  se  fai- 
saient quelquefois  recevoir  que  vers  la 
fin  de  leurs  jours  et  qui  n'en  vivaient 
pas  moins  les  uns  et  les  autres  en  état  de 
mariage.  Il  cite  les  conciles  de  Saragosse, 
en  1656,  et  de  Tolède,  en  1660,  qui, 
sans  interdire  aux  époux  les  droits  du 
mariage,  défendent  de  prononcer  la  bé- 
nédiction nuptiale  en  temps  d'avent  et 
de  carême,  et  qui  se  bornent  à  condam- 
ner à  une  amende  pécuniaire  ceux  qui 
vivent  «n  état  de  mariage  et  qui  diffè- 
rent plus  de  6  mois  à  réclamer  la  béné- 
diction nuptiale.  A  l'appui  de  toutes  ces 
renuurques,  d'où  il  r^uUe  évidemment 
que  l'église  considère  en  certains  cas 
comme  réellement  ^t  légitimement  ma- 
riés des  époux  qui  n'ont  pas  reçu  la  bé- 
nédiction, M.  Tabai*aud  allègue  le  con- 

(*)  Ttéanrooios  Téglise ,  en  Rnsiiie ,  Mt  »enle 
chargée  d«s  affaires  matrirnooiales.  Aassi  ne  c<m- 
natl-on  le  nombre  des  mariage» ,  etc-  •  qu9  psr 
les  puhliriitioui»  <iu  St-S)uoiic^  ^. 


cile  de  Trente  qui  permet  de  se  aerVir  « 
en  bénissant  le  mariage,  de  formules  au- 
tres que  oélibEgo  coryungo^vQs,  et  le  ri- 
tuel romain  qui  défend  de  prononcercette 
formule  à  l'église,  lorsque  déjà  le  mariage 
a  été  contracté  aa  domicile,  en  présence 
du  curé  et  de  témoins.  Il  fait  mention 
^  spéciale  des  rituels  de  Strasbourg,  In- 
golsudt,  Cologne  et  Tolède  quiporteot, 
au  lieu  de  la  formule  Ego  conjungo  vos,  - 
la  formule  :  Matrimonium  per  vos  con- 
tractum,  ego  tanquam  Dei  ndnister 
confirmo,  sanctifico,  benedico.  On  peut 
remarquer  de  plus,  comme  preuve  que 
l'église  regarde  le  mariage  comme  réel  et 
valable,  même  sans  bénédiction  religieuse, 
que  dans  les  dispenses  qu'elle  accorde 
pour  1^  cas  de  mariage  entre  catholi- 
que et  non-catholique„  elle  autorisa  sim- 
plei|ient  le  prêtre  à  recevoir  les  promes- 
ses des  époux  et  prescrit  formellement 
que  l'acte  aura  lieu  hors  de  l'église  et 
sans  prières,  extra  ecclesiam  et  sinepre^ 
cibus,  B-D. 

BÉNÉFICE  (du  latin  beneficium , 
bienfait,  grâce,  avantage,  profit),  signi- 
fie, dans  les  églises  chrétiennes,  place, 
charge,  titre,  dignité  ecclésiastique,  et 
plus  particulièrement  les  revenus,  les 
droits,  les  fonds  de  terre  attachés  à  telle 
charge,  à  telle  dignité.  C*est  une  imita- 
tion des  usages  des  rois  goths  et  lombards, 
en  Italie,  qui  distribuaient  à  ceux  qui  les 
avaient  bien  servis  à  la  guerre,  des  terres 
appelées  bénéfices  et  qui  conféraient  à 
leurs  possesseurs  le  titre  de  bénéficiera, 
benejîciarii. 

Dans  les  beaux  temps  de  l'église  on 
ne  connaissait  du  bénéfice ,  ni  le  nom,  ni 
la  chose.  Tout  le  bien  de  l'église  était 
commun,  et  l'évêque  en  disposait  comme 
un  père  de  famille,  pour  entretenir  les 
ecclésiastiques,  les  églises  et  les  pauvres. 
Le  relâchement  des  derniers  temps  in- 
troduisit le  partage  des  biens  en  bénéfi- 
ces, de  sorte  que  le  bénéfice,  suivant  les 
canonistes,  e^  le  droit  de  jouir  d'une 
partie  du.  bien  de  l'église,  spécialement 
assignée  et  déterminée,  à  l'exclusion  d'un 
autre  possesseur  ou  usufruitier,  moyen- 
nant renonciation  aux  parties  des  biens 
ecclésiastiques  qui  n'entrent  point  dané. 
le  lot  déterminé.  On  a  voulu  que  ce  ne 
fut  pas  seuîeŒient  on  droit  de  jouir  du 


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BÉN 


(3<Ï6) 


BEN 


revenu  de  Pëglise,  mais  un  droit  ûxe^ 
permanent,  et  transmissible  à  un  autre 
après  là  mort  on  la  déposhion  légale  de 
celai  qni  l'a  possédé.  Voir  le  Diction- 
noire  du  droit  canon ,  par  Durand  de 
Blaillane. 

Les  bénéfices  existent  encore  dans  la 
plupart  des  étafo  chrétiens,  mais  il  n*y  en 
a  pins  en  France  depuis  la  révolution. 
Là  ecclésiastiques,  quels  qu'ils  soient, 
n'ont  que  des  traitemens.  J.  L. 

Bénî^FiCKs  militaires  et  féodaux,  ?>c^. 
FiET  et  Liu^ES. 

BÉNÉFICE  (droit).  C'est  en  général 
une  exception  favorable  admise  par  la 
loi  dans  certains  cas  déterminés. 

Bénéfice  d'âge.  On  nommait,  dans 
l'ancienne  législation  française,  lettres  de 
bénéfice  d'âge ,  des  lettres  de  la  grande 
chancellerie  ou  des  chancelleries  établies 
près  des  parlemens,  en  vertu  desquelles 
un  mineur  j  resté  sans  père  ni  mère,  ob- 
tenait le  droit  de  disposer  de  ses  biens 
meubles  et  d'administrer  ses^  immeubles, 
mais  sans  pouvoir  aliénerouengilger  cette 
dernière  espèce  de  biens.  Ces  lettres 
pouvaient  être  accordées  aux  garçons  à 
l'âge  de  30  ans,  et  aux  filles  à  celui  de 
16  ans.  L'usage  de  ces  lettres  a  été  aboli 
par  la  loi  du  7  septembre  1790.  On  ap- 
pelait encore  autnefois  lettres  de  bénéfice 
d'âge  celles  qui  permettaient  à  un  mi- 
neur de  traiter  d'un  office  et  de  se  faire 
recevoir  avant  d'avoir  atteint  sa  majorité. 

C'est  par  tfne  sorte  de  bénéfice  d'âge 
'que  les  personnes  parvenues  à  l'âge  fixé 
par  diverses  lois  jouissent  du  privilège  de 
n'être  point  soumises  à  certaines  de  leurs 
disposîtiotis.  Ainsi  tout  individu  âgé  de 
M  ans  peut  refuser  d'être  tuteur,  et, 
dans  le  cas  oà  il  aurait  été  nommé  avant 
eet  âge,  se  faire  décharger  de  sa  tutelle 
à  70  ans.  Les  septuagénaires  inscrits  sur 
les  listes  élémentaires  du  jur^r  sont  dis- 
pensés, s^ls  le  requièrent,  der fonctions 
de  juré.  Les  gardes  nationaux  âgés  de 
S6  ans  peuvent  se  dispenser  du  service  ; 
à  60  ans  ils  sont  rayés  du  registre  matri- 
cule deleur  commune.Enfin,  la  contrainte 
par  corps  ne  peut  être  prononcée ,  ex- 
cepté dans  le  cas  de  stellionat,  contre  ce- 
lui qid  est  entré  datis  sa  70*  année. 

Bénéfice  de  cession.  Ces!  la  facuké 
aoaordée  par  la  loi  an  débiteur  de  bonne 


foi,  que  des  malheurs  ont  rendu  insolva- 
ble, de  faire  en  justice  l'abandon  de  tous 
ses  biens  à  ses  créanciers  pour  conserver 
la  liberté  de  sa  personne.  Foy,  Cessioh 

DE  BTEirS. 

Bénéfice  de  discussion^  du  latin  dis- 
eutere,  rechercher.  Le  bénéfice  de  dis- 
cussion ,  que  nous  avons  emprunté  à  la 
législation  romaine,  est  la  fîlculté  accor- 
dée à  la  caution  d'obliger  le  o^ncter, 
au 'moment  où  il  dirige  des  poursuites 
contre  elle,  à  saisir  et  faire  vendre  les 
biens  du  débiteur  principal.  Après  cette 
vente  et  en  cas  d'insuffisance  du  prix ,  la 
caution  peut  être  contrainte  à  acquitter  le 
surplus  de  la  dette.  La  caution  qui  veut 
user  du  bénéfice  de  discussion  doit  in- 
diquer au  créancier  des  biens  du  d^ïi- 
teur  principal  situés  dans  le  ressort  de  la 
Cour  royale  du  lieu  convenu  pour  le 
paiement,  et  avancer  les  sommes  néces- 
saires pour  subvenir  aux  frais  de  la  dis- 
cussion. Elle  ne  peut  indiquer  des  biens 
litigieux,  ou  qui,  hypothéqués  à  la  dette, 
ne  seraient  cependant  plus  en  la  posses- 
sion du  débiteur. 

Bénéfice  de  division,  Cest  la  faculté 
que  la  loi  accorde  aux  diverses  cautions 
d'un  même  débiteur,  pour  une  même 
dette,  d'exiger  que  le  créancier  divise  sa 
demande  et  la  réduise  à  la  portion  de 
chacune  d'elles  dans  la  dette.  Si  au  mo- 
ment où  l'une  des' cautions  a  fait  pronon- 
cer la  division,  il  y  en  avait  d'insolvables, 
cette  caution  serait  tenue  proportionnelle- 
ment de  ces  insolvabilités;  mais  elle  ne 
le  serait  point  de  celles  qui  seraient  sur- 
venues depuis  la  division.  Le  bénéfice  de 
division. existait  dans  le  droit  romain;  il 
y  avait  été  introduit  par.  l'empereur 
Adrien. 

La  caution  ne  peut  user  ni  du  bénéfice 
de  division  ni  du  bénéfice  de  discus^ 
m/7,lorsqu'elle  est  obligée  solidairement 
avec  le  débiteur  principal. 

Bénéfice  d'inoentaire,  La  loi ,  en  ap- 
pelant l'héritierà  recueillir  tous  les  biens 
et  droits  qu'une  personne  laisse  en  mou- 
rant, l'oblige  à  acquitter  toutes  les  charges 
de  la  succession.  Cependant,  si  l'héritier 
craint  que  la  succession  ne  lui  soit  oné- 
reuse, il  peut  déclarer,  au  greffe  du  tri- 
bunal de  ppemière  instance,  sa  volonté 
I  de  ne  l'accepter  que  sous. bénéfice  d'in- 


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BÉN 


(«0) 


BBif 


y«iitaîre.  Cette  déclaration  n'a  d'effet 
quViutant  qu!elle  est  précédée  ou  suÎTie 
d'un  inventaire  de$  biens  de  la  sacces- 
eion,  dressé  dans  ies  formes  et  les  ddais 
fixés  par  la  loi.  Le  bénéfice  d'inventaire 
consiste  diips  Tavantagay  pour  l'héritier, 
dtf  n*6tre  tenu  de3  charges  de  to  succes- 
sion que  jusqu'à  concurrence  de  la  va- 
leur des  biens  dont  elle  se  compose; 
d'empécber  la  confusion  de  ses  biens  per- 
sonnels avec  ceuK  de  la  succession,  et  de 
«ônserver  te  droit  de  réclamer  contre  elle 
le  paiement  de  ses  créances,  1^.  R. 
BÉNIÉFICE  (&EP|iisEJfTATios  a). 
Cette  récompense  à  la  fois  honorifique  ei 
fructueuseaccordéeau  talent,  oudu  moins 
sux  longs  services  d'un  acteur,  n'était 
point  enoorei  il  y  #  quelques  années, 
prodiguée  outre  mesure,  comme  aujoifr- 
d'htti.  alors  elle  était  presque  toujours  le 
prix  de  droits  réels,  et  par  'Conséquent 
beaucoup  plus  rare  et  plus  productive;  il 
n'en  est  plus  ainsi  de  nos  jours»  Tout  ar- 
tiste dramatique,  en  renom  exige  qu'à  sep 
•ppoiftetnens,  renforcés  de  l'accessoire 
desyiȣ/x  journaliers  {voy,  Fx<rx),il  soit 
•jouté  deux  supplémens  qui  souvent  ex- 
cèdent le  principal,  un  oon§é  et  une  re- 
présentation à  bénéfice  chaque  année. 
Les  ressouiroes  que  l'on  emploie  pour 
•Alirer  ks  curieux  à  cette  dernière  for^ 
OMraMnt  un  des  chapitres  les  plus  pi- 
4]nans  d'une  histoire  du  charlatanisme. 
C'est  à  qui  bur  promettra  le  plus  de  dis- 
-traetioMi  accumulées  dans  l'espace  de  ^ 
nu  7  heures,  à  qui  réunira  sur  l'affiche 
\m  objets 'les  plus  disparates.  On  a  soin, 
ctt  même  temps,  de  réiveiller  chaque  m»- 
tin  l'attieiitio».  publique  par  de  pe^ts  ar- 
bdes  .adressés  aux  .^^^irnaux.  L'éloge 
obligé  du  bénéficiaire  a  fourni  la  matière 
<d«  prehilbr;.deiis  le  second»  on  a  vanté 
k  covpûsition  du  spectacle  extniordW 
naii«  qtte  tout  Parit  v#i«dra  «Knr;  #fi 
gardera  en  réserwte pour  kseui vans  quel- 
ques ad4itiens.auK  noesbreux  plaisirs  de 
Ja  seiréc;  enfin  le  dernier  vous  appre»^ 
dm  qiaep#ifiS7sie  tontes  kâ  loges  et  stal- 
ks  sont  kuéés,  restrictioa  prudente  pour 
ne  pas  déçearager  las  amateurs  moins 
empressés.  En  .général,  œltte  tactique 
proidkit  «nceve  «ases  d'efiCrt  surtout 
quand  l'ariiste  némunéeé  n'a  pas  fixé  le 
prix  des  places  d'apeès  j'opinign  ^'il  a 


de  son  mérite.  De  nombreux  spf  ctateure 
accourent  à  celte  solennité  dramatique, 
tant  prônée  d'avance;  mais  souvent  de 
grands  désappointemens  les  y  attendent 
Telle  cantatrice,  fastueusement  annon- 
cée, a  été  prise  d'un  rhume  inopportun; 
tel  acteur,  par  zèle  pour  les  intérêts  d'un 
camarade  (car  il  est  ju^de  reconnaî- 
tre l'obligeance  mutuelle  des  artistes  en 
pareil  cas),  viendra,  quoique  également 
enrhumé ,  débiter  à  voix  bdsse  un  long 
rôle  dont  personne  n'entendra  rien. 
Ajoutez  que,  comme  on  a  convoqué  le 
ban  et  l'arrièro-ban  des  autres  specta- 
cles de  la  capitale,  l'obligation  d'atten- 
dre pour  .chaque  pièce  des  acteurs  qui 
jouent  le  même  soir  sur  d'autre  théâtres 
nécessite  des  entre-actes  étemels.  Aussi 
est-il  de  règle  que  la  représentation, 
commencée  la  veille,  fini^  le  lendemain, 
aux  fréquens  bâiÙemens  de  ceux  des 
spectateurs  qui  ont  pris  Leurs  plaisirs  en 
patience  et  qui  jurent  en  surent  de  ne 
plus  s'y  laisser  prendre  :  serment  que  U 
plus  grande  partie  ne  tiendra  pas,,  pa^ 
bonheur  pour  )es  futurs  bénéficiaires. 

I^es  acteurs  de  leconçlCf  parfois  même 
de  troisième  ligne,  ont  aussi  maintenant 
leurs  représentations  à  bénjéfice;  mais  ce 
n'est  que  nominalement  et  sur  l'affiche 
qu'elles  leur  appartiennent  en  entier  ; 
les  g€«is  au  fait  des  secrets  de  coulisses 
savent  que  le  directeur  ou  l'administra*- 
tion  pei^oit,  en  pareilk  occasion  «  taur 
tôt  k  quart,  tadttk  la  moitic,  quejque- 
fois  Wme  ks  iiois  quar^  du  bénéfice» 
suivant  le  plus  ou  moins  d'importance 
théâtrale  du  sujet  rémunéré.  Un  v^wlo^ 
ville  spiritudi  et  admirabUnicnt  joué  par 
Potier,  i4  Bénéfiduire^  meUeit  a4^  jour 
ks  tribuktiops  du  pauife  nmii^Mft  chef> 
chant  à  rendre  sa  représentation  lucratir 
wc,.  en  même  temps  que  les*  faiUes  de 
quelques  ArtistAs  à  la  mode. 

Jl  est  JHSie  de  dire  que,  dans  (ous  nos 
i|>ectacles  les  représentations  à  bénéfiœ 
ont  été  pUs  d'une  Ceis  des  acl^  de  irérita- 
blehkttfaiaaace  «ud'une^énoaitéqps'on 
nepeuttrop  louer.  Telles  furent  celles  que 
ks  théâtres  s'empressèrent  de  dona^ 
pour  ks  victimes  de  rincfi»dk  de  Salins, 
de  celui  du  Cirque-Olympique,  peur  ks 
vakurenx  réfugiés  de  û  PolofBi^4Ac,  etc. 
Seuveot  «HSM,  et  puni  nul  ièrfiner  dUas 


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fiéic 


(811) 


BÉN 


kf  hircrs  lî^ureDi,  le  pAxluit  de  ces  re- 
présenUtioDS  a  senri  à  soulager  les  be- 
fçînsde  riodigenee.  Ab!  quelle  que  soît 
la  cooipip^ition  de  ces  dernières,  quelques 
mpyeas  qu*0Q  emploie  pour  y  ameaer  la 
foule,  quelque  mécompte  que  Top  pMisse 
trouver  dans  Içur*  promesses»  je  me  gar- 
derai bieo  d'en  frirp  i'objel  de  ma  crilj- 
que,  M.  O, 

BÉNJÈVENT.  Cette  graqde  et  impor- 
taute  ville  dllalie,  tuclave  de  la  prioci- 
pluie  ultérieure  (royaume  de  Naples) 
ttapparteDantà  rÉutKom^îniest  située 
daos  une  vallée  délicieuse  au  confluent  du- 
Sabato  et  du  Calore,  à  |^  lieues  nord- 
fçst  de  })faplas.  L'oHgine  de  cette  viUe  re- 
monte à  une  époque  très  reculée  ;  Tite- 
]Live  en  attribue  la  fondation  au;i  fugitifs 
de  la  guerre  4«  Troyes  qui  vinrent,  sous  la 
conduite  de  Diom^e,  s'établir  dans  celte 
partie  de  la  péninsule.  On  Tappela  d*a- 
bord  UalevenUim,  nom  qu'elle  cbangea 
plus  tardl  pour  celui  de  Beneventum. 
C'était ,  au  rapport  de  Pline,  une  colonie 
des  Hirpiniy  c'est-à-dire  qu'elle  (aisait 
p^tie  d«  ce  qn'on  a  appelé  plu*  tard 
Samnium-  L'empereur  Adrien  la  classa 
danslaCan^panie^en  ô4^,Tntibi,roi  des 
C^tbs,  la  prit  et  la  détruisit  presque  entiè- 
rement. Ver»  la  ^  du  même  siède,  Ajv- 
tbaris,  rpi  des  L4unbardf ,  la  releva  d^  sa 
ruine  et  en  fit  le  siège  d'un  di|ché  (vojr. 
ci-après).  Bén^vent  a  «Quvent  été  forte- 
ment endommagée  pur  des  se cpgssea  4^ 
tremblepient  de  terrée  celui  de  1708  no- 
iapiipent  en  renversa  une  grande  partie, 
^le  est  le  siège  d'un  arcbevécbé,  érigé 
en  969  et  impfsrtant  par  ses  revenus;;  c'est 
toujours  un  cardinal  qui  epest  titulaire. 
Plusieurs  conciles  fe  spnt  tenus  à  Bén^ 
venu  I4  ville  avec  s«n  territoire  forme 
ce  qu'op  appelle  une  délégation ,  parpe 
que  le  fonctionnaire  qui  l'admini^re  au 
nom  du  gouvernement  pontifical  porte 
le  titre  de  délégat,  ;pénéveftt  possède  de 
fort  beaux  édifices,  enti>e  entres  sa  ca- 
thédmle»  fm^i  <|Uiedçs  rest^  d'antiquités 
(brt  lem^^iuablet;  surtout  le  bel  arc  de 
triompbf  de  Traja»  àpp^^ponq  aurea. 
On  cpnqHe  4î|o*  cetU  vijlee»  viron  >  4,000 
babitana.  Ç'f^tdaof  la  plaine  quiTentou- 
re  que  Charles  d'Anjou  â^^  et  tua>  l^  ?6 
A^vTÀçr  iW^f  Maiiifrpi,  «»  cpinpiMiear 


BéNévEVT  (duché  de).  Celle  princi- 
pauté, qui.  fut  pendant  plusieurs  siècles 
l'un  des  plus  importans  états  d'Italie,  eut 
pour  fondateur  le  célèbre  eunuque  War- 
sès,  lors  de  la  cnnquète  qu'il  fit  de  la  p^ 
ttinsule  italique  spr  les  Gotb^  qui  levaient 
précédemment  enlevée  aux  empereurs 
d'Orient.  Vers  l'an  ^71»  le  ducbé  ayant 
été  conquis  par  les  I^ombards,  Alboio, 
chef  de  ces  nouveaui  maîtres  de  l'Italif , 
en  investit  un  certain  Zothus  ou  Zothon, 
l'un  de  se4  meilleurs  capitainest  Celui-ci  le 
posséda  30  ans  et  fut  remplacé  à  sa  mort 
par  un  chef  appelé  J^régae  ou  Archia , 
qui  guerroya  toute  sa  vie,  tantôt  au  nord 
sur  l^s  domaines  pù  s'ébauchait  d^  la 
puissance  papele ,  tantôt  au  midi  sur  les 
terres  on  subsistaient  encore  quelques 
restes  de  la  puissance  des  empereurs  de 
Byzance.  Ce  prince  mourut  en  641,  après 
avoir  beaucoup  agrandi  |e  duché,  qu*il 
transmit,  en  ei^cluant  aon  propre  fils,  ^ 
l'un  de  ceu|[  du  due  de  Frioul ,  »on  pa- 
rent. Le  cinquième  duc  de  Bépévent,  de 
celte  famîHe,  Grimoald  l*^*^,  profita  de  ]fL 
division  qui  régnait  entre  aenx  frères, 
compétiteurs  au  tr^ne  dei  JLombards, 
pour  s'en  emparer.  Il  se  rendit  arec  une 
armée  auprès  de  Godebert,  l'un  d'eux, 
qui  avait  réclamé  sqn  appui»  et  entrant 
dans  sa  tentât  il  le  poignarda  lui-même 
fin  l'embrassant;  après  ce  crime  i)  fut 
j^roclanié  roi.  Cinq  ans  après,  en  667,  il 
inatitug  son  fiJs  BomoaÛ  c|up  de  Béné- 
vent;  celui-ci ,  qui  était  arien^  se  conver- 
tit à  la  foi  catholique.  La  princf  paqté  m 
maintint  dans  la  même  lamille,,  ipais 
toujours  concédée  néanmoins  à  titre  de 
bénéfice  viager  par  ks  rpis  lombards,  jus- 
qu'à l'avènement  du  lô*  duc,  Ar^se, 
gendre  du  roi  Didti^r  qui,  lors  de  |a  chute 
de  ce  prince  I  s'érigea  en  prinee  aouva- 
r^jn  héréditaire.,  c'est-à-dire,  r^udîa 
tout  lien  de  vassalité  à  Fégard  d^Fjrancs, 
se  fit  sacrer  par  un  évoque  de  son  éta^, 
prit  les  ornem^a  royaux  et  fit  mettre 
sep  effigie  sur  les  monnaijts^  Eu  737  9 
Ch^lemague,étantà  Borne,  somma  h  fier 
duc  de  le  rec9no^tre  ppur  suzerain,  et, 
fur  sou  4re&]S»  il  s'avança  vers  Bé^Hfé^ent. 
Arégife  ae  retira  alors  à  Salerne  et  en- 
Toy^  une  d^utfitipn  avec  ^es  ptageaf¥>«r 
^p^yae^  |e  n^oniirqu^  firau/ç;4ptfi»]ennfP- 

br^  #f it  fi^  proprf  #)^  p^^i^mm^ 


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BEN 


(312) 


BEN 


accepta  sa  soumission  moyennant  un  tri- 
but de  7,000  sous  d*or  et  la  cession  de 
quelques  villes  qu*il  donna  au  Saint- 
Siège.  Le  duc  mourut  la  même  année,  au. 
moment  où  il  méditait  de  se  soustraire 
aux  conditions  qu'il  avait  été  contraint 
'  de  subir.  Cétait  un  prince  magnifique 
dans  ses  manières  et  protecteur  des  lettres; 
'  il  se  fit  élever  deux  beaux  palais  à  Béné- 
vent  et  à  Saleme.  Son  fils,  Grimoald  III, 
qui  lui  succéda,  marcha  sur  ses  traces; 
'  son  règne  fut  rempli  par  une  suite  de 
guerres  qu*îl  soutint  contre  Pépin,  roi 
d'Italie ,  fils  de  Cbarlemagne,  pour  main- 
'  tenir  son  indépendance.  Il  mourut  sans 
postérité,  et  le  duché  passa  alors  en  di- 
'  verses  mains,  tantôt  acquis  par  Tusurpa^ 
tion  accompagnée  de  meurtre,  tantôt  par 
l'élection  populaire.  Toutefois,  ces  prin- 
ces appartinrent  presque  tous  à  deux 
familles    de    race    lombarde  ;    d'abord 
celle  d'un  Radelgise,  à  l'avénemcnt  du- 
f}uel ,  en  840 ,  le  duché  fut  partagé  en 
troié  souverainetés  :  Bénévent,  Salerne 
et  Capoue;  secondement,  celle  d'Até- 
nulfe  I^^,  comte  de  Capoue,  dont  la 
race  régna  à  Bénévent  jusqu'à  Textinc- 
tion  du  duché  dans  la  personne  de  Pan- 
dulfe  III,  virfgt-quatrième  et  dernier  duc, 
mort  en  1077.  Cest  par  les  Normands, 
fondateurs  du  royaume  des  Deux-Siciles, 
que  fut  consommée  l'extinction  de  cette 
souveraineté  qui  avait  compris  un  mo^ 
ment  toute  l'étendue  du  royaume  actuel 
de  Naples,  moins  les  Abruzzes  et  les  Ca« 
labres.  Conquise  par  Robert  Guiscard , 
la  principauté  cessa  d'avoir  un  duc  par- 
ticulier; elle  fut  confondue  dans  le  du- 
ché de  Pouille  et  de  Calabre,  dont  la 
création  précéda  celle  du  royaume,  et  la 
^•ille  elle-même  fut  alors  cédée  aux  pa- 
'  pes  par  le  chef  normand.  Dans  la  courte 
durée  de  son  empire,  Napoléoii  restaura 
le  titre  de  cette  principauté  du  moyen- 
âge  en  faveur  de  M.  deTalleyrand  {vojr.'j; 
le  décret  qui  créa  ce  fief  impérial  est  du 
5  juin  1806.  P.  A.  D. 

BENGALE ,  grande  et  belle  province 
de  l'Hindèustan,  située  entre  les  21**  et 
27**  de  latitude  nord,  et  les  84<*ct90*de 
longitude  est,  et  bornée  au  nord  par  le 
Népaul,  le  territoire  de  Sikkins  et  le 
Boutan,  an  nord-^t  par  le  territoire 
d*Assam ,  à  Feat  par  l'empire  Birnm, 


au  sud  par  le  golfe  du  Bengale,  au  sud- 
ouest  par    la  province  d'Orissa,  et-  à 
l'ouest  par  celle  de  Bahar.  Il  a  environ 
1 50  lieues  de  l'est  nord-est  à  Touest-sud- 
ouest;  à  peu  près  autant  du  nord  au  sud, 
et  12,786  lieues  carrées,  dont  un  hui- 
tième consiste  en  rivières  et  en  lacs.  On 
évalue  sa  population  à  23,S06jOOO  indi- 
vidus. Tout  ce  pays  ne  forme  qu'une 
vaste  plaine  d'ailuvion,  imperceptible- 
ment inclinée  vers  la  mer  et  arrosée  par 
le  Gange  qui  y  forme,  avec  l'Hougli,  un 
vaste  delta  entrecoupé  d'une  multitude 
de  bras  de  ces  deux  fleuves;  par  le  Brah- 
mapoutra  et  ses  afQuens,  la  Mahanada, 
la  Fichetha    ou    Altri  ,    la   Damoda- 
ra,  etc. ,  qui  les  uns  et  les  autres  pren- 
nent'leurs  sources  dans  l'Himalaya,  le 
Bihar,  le  Gandouana,  le  Boutan ,  leNé- 
paul  et  l'Orissa.  L'année ,  dans  le  Bèn- 
gafe ,  est  divisée  en  trois  saisons  :   la 
chaude,  la  pluvieuse  et  la  froide.  La  pre- 
mière commence  en  mars  et  finit  en  juin  ; 
la  deuxième  commence  en  juin  et  finit 
en  otobre;  après  quoi  la  température 
se  rafraîchit  et  dure  ainsi  quatre  mois. 
Les  brouillards   sont  très  fréquens  et 
il  tombe  de  fortes  rosées  à  l'approche 
de  la  saison  pluvieuse;  cette  humidité, 
qui  contribue  singulièrement  à  la  fertilité 
du  sol,  rend  Je  climat  très  pernicieux 
pour  les  Européens.  On  recueille  du  riz 
en  abondance,  du  froment,  de  l'orge,  du 
maïs,  du  tabac,  du  sucre,  du  coton ,  de 
l'indigo,  des  clous  de  gérofle,des  noix  mus- 
cades, des  drôles  médicinales,  du  bois 
de  sandal  et  autres,  du  lin,  du  sénevé,  du 
sésame,  de  la  graine  de  lin,  des  pavots 
dont  on  fait  de  l'opium ,  etc.  On  élève  dans 
le  Bengale  du  g^s  bétail,  des  chèvres, 
des  moutons  et  des  vers  à  soie.  On  y 
trouve)  particulièrement  dans  la  partie 
sud- est ,  des  éléphans  qui  sont  très  re- 
cherchés et  d'un  grand  usage;  et  datas 
les  autres  parties,  des  bufOes,  des  tigres, 
des  sangliers  et  autres  animaux  sauvages. 
Il  existe  des  mines  de  fer  dans  les  dis- 
tricts qui  avoisinent  l'Himalaya.  On  en 
exporte  principalement  du  riz ,  du  co- 
ton ,  de  la  soie  écrue  et  en  ceuvre ,  de 
l'indigo,  du  sucre,  de  l'ivoire,  du  tabac, 
des  drogues  médicinales,  etcf.;  et  on  y 
importe  par  mer  de  l'or,  de  l'argent ,  du 
cuivre  et  du  fer  en  barre,  des  draps  de 


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BEN 


(313) 


BEN 


tonte  espèce  9  da  thé ,  du"  sel ,  de  la  por- 
celftfne  et  de  la  verroterie ,  des  vins,  et 
quelcfoes  chevaux  arabes  et  anglais. 

La  majeure  partie  de  la  population 
du  Bengale  se  compose  d'Indous^  peu- 
ple timide  et  doux ,  mais  ingénieux  et 
versé  dans  tous  les  arts  utiles.  Il  y  a  aussi 
un^  grand  nombre  de-Mahométans,  des- 
cendans  des  conquérans  afghans  et  mon- 
gols, et  de  marchands  arabes.  On  y  parle 
l'idiome  bengali. 

Après  avoir  été  long-temps  un  royaume 
indépendant,  le  Bengale  tomba,  en  1303, 
au  pouvoir  des  Afghans  et  resta  tribu- 
taire d^  Femperertr  des  Mongols  jusqu'en 
Pan  1340,  qxfuD  certafn  Fakher  Addin 
s'en  empara  et  prft  Te  titre  de  sulthan 
Sekonder.  En  1538 ,  il  fut  conquis  par 
Cher- Chah ,  et  peu  après  réuni  au  Delhi. 
Enlevé  aux  descendans  de  ce  dernier  par 
Pempereur  Akbar ,  ii  resta  sous  la  dof- 
mhiation  du  Grand  -  Mogol  jusqu'en 
1757 ,  que  les  Anglais  en  firent  la  con- 
quête. Ils  y  ont  graduellement  changé 
la  forme  du  gouvernement  et  introduit 
un  code  de  législation  fondé  sur  les  lois 
hindoues  ,  mahométanes  et  anglaises. 
Cette  province  est  divisée  en  vingt  districts 
Bacar^Gani,  Jasar,  HogK,  Jangel-Makals, 
-les  vingt-quatre  «iParganah's  ,  Neddija, 
Mednîpor,  Berdhouan,  Birbhom,  Mor- 
ched-Abad ,  Chatigand ,  Tipora,  Dacca, 
Mifmen^inyh,  Silhet,  Rai-Chahi,  Ma- 
nypor,  Dinaipor ,  Purniya  et  Cotch-Bi- 
har.  La  FVance  possède  dans  le  Bengale 
Chandemagor,  et  le  Danemark  Seram- 
pore. 

BxKG  ALS,  présidence  anglaise  de  l'Hin- 
doustan ,  située  dans  sa  partie  nord -est, 
comprend  aujourd'hui  les  provinces  du 
Bengale,  de  Bahar,  d'Orissa,  de  Béna- 
rès,  les  territoires  cédés  aux  Anglais  par 
le  nabab  d'Oude,  le  Bondelcond ,  cédé 
par  le  Péchoua,  les  territoires  conquis  et 
situés  entre  le  Gange  et  la  Djomna,  ainsi 
que  celui  situé  sur  la  rive  droite  de  cette 
dernière  rivière  et  qui  a  été  cédé  par 
Daoulet-Maou-^india.  L'Ile  du  prince 
de  Galles,  sur  la  cÀte  de  Siam,  dépend 
aussi  de  cette  présidence.  On  évalue  sa 
population  totale  à  39,679,000  indivi- 
dus. Elle  est  divisée  en  38  districts,  dans 
chacun  desquels  il  y  a  un  résident  an- 
gltîa,  un  juge  y  «n-riiagbtrat  et  un 


veur.  t,e  gouvet*nement  civil  est  confié  à 
un  conseil  suprême  composé  du  gouver- 
neur général  et  de  trois  conseillers  :  le 
premier  est  nommé  par  le  roi,  les  autres 
sont  choisis  par  la  cour  des  directeurs 
de  la  compagnie  des  Indes,  parmi  les 
enoployés  de  cette  compagnie.  Il  y  a  pour 
l'administration  de  la  justice  line  cour 
suprême  siégeant  à  Calcutta,  6  cours 
d'appel ,  et  46  magistrats  inférieurs  ré- 
sidais dans  autant  de  districts.  J.M.  C. 

BENGALE  {golfe  du  ).  Formé  par 
l'Océan  Indien  ,  sur  la  côte  méridionale 
de  l'Asie,  ce  vaste  golfe  est  compris  en- 
tre l'Ile  de  Singhala  (  Ceyian  )  et  les  c6tes 
de  THindoustan  et  de  l'empire  Birman, 
à  l'ouest,  au  nord-ouest,  au  nord-est  et 
à  l'est,  n  prend  son  nom  de  la  province 
de  Bengale,  qui  le  limite  au  -nord;  il  a 
environ  450  lieues  dans  sa  plus  grande 
largeur,  de  l'ouest  à  l'est,  et  400  lieues 
de  profondeur^  du  nord  au  sud.  La 
partie  comprise  entre  les  îles  Apdaman 
et  Nicobar,  le  littoral  de  l'empire  Birman 
et  la  côte  septentrionale  de  Sumatra, 
porte  le  nom  de  golfe  de  Meryhi.  Sa  côte 
occidentale  n'offre  aucun  port  suscepti- 
ble de  recevoir  de  grands  b£timens,.  tan- 
dis que  sa  côte  orientale  en  présente 
plusieurs  excellens,  tels  que  Rakhang 
(  Arracan  )^  Tchédaba,  Négrais,  Sam- 
lien  (Syriam),  Daouay  (Tavey),  Djan- 
Sailan  (  Djonkseylon),  etc.  Les  vents 
soufflent,  dit-on,  dans  ce  golfe,  pendant 
6  mois  de  Pannée ,  dans  la  direction  du 
nord-est,  et  pendant  les  six  autres  dans 
celle  du  sqd-ouest.Cette  observation,pour 
ne  pas  être  rigoureusement  exacte,  suffit 
cependant  aux  navigateurs  dans  les  cir- 
constances ordinaires.  J.  M.  C. 

BENGALE  (flammes  du).  C'est  une^ 
composition  pyrotechnique  que  l'on  em- 
ploie avec  le  pins  grand  succès  dans  les 
feux  d'artifice  et  sur  le  théâtre.  La  blan- 
cheur et  l'éclat  de  sa  lumière  ont  fait 
long-temps  l'étonnement  et  l'admiration 
des  amateurs;  mais  alors  le  secret  de 
cette  composition  était  si  bien  gardé  c[ue 
sa  présence  dans  un  feu  d'artifice  était  une 
bonne  fortune.  Il  y  a  maintenant  une  tren- 
taine d'années  que  la  recette  en  est  tom- 
bée dans  le  domaine  public  jet,  depuis  cette 
époque,  il  n'y  a  pas  de  feu  d'artifice, 
et  presque  pas  de  pîèce4e  théâtre  à  grand 


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BE» 


<«14) 


BEM 


ipictaclc,  qui  ne  se  termine  par  det  flam- 
mes do  Bengale. 

Cette  com|>osition  consiste  en  un  mé- 
lange de  sal  pélre,de  sou  fre  et  d*antimoi  ne, 
employés  à  certaines  doses.  Après  avoir 
passé  le  tout  dans  un  gros  tamis  de  crin, 
on  le  fait  entrer  dans  un  vase  de  terre , 
dont  on  saupoudre  la  superficie  avec 
ilu  poussier  sec;  après  quoi  on  le  re- 
oonvre  d*une  feuille  de  papier  trouée 
en  quelques  endroits,  et  au  dernier  mo- 
ment on  ranw>rce  avec  un  porte-feu 
Pupille.  D.  A.  D. 

aENIN  ou  BÉNI ,  petit  royaume  de 
Ja  Guinée  septentrionale»  borné  au  nord- 
jist  par  l'Ajourriba,  à  Test  par  le  royaume 
d'Eboe^  au  aud  par  celui  d*Ouari,  et  an 
aud-oueat  par  le  golfe  du  même  nom. 
On  peut  évaluer  sa  superficie  a  environ 
t709  lieues  carrées.  Sa  surface  »  qui  com- 
prend  uoe  partie  du  delta  du  Kimara 
(If  igtr),  est  arrosée  du  nord-est  au  sud* 
nuest  p«r  le  Kio^Forroose  ou  Benin^ 
Tuai  dés  Jyaa  du  Kxmara.  Le  soi,  pres^ 
que  entiireo^nt  formé  d'alluvions,  eat  de 
la  plus  grande  lertilit^  et  offre  toutes 
les  productions  de  cette  partie  de  VA^ 
frique»  là  même  où  Teau  douce  est  rare. 
Hais  la  nsture  bumide  du  sol ,  jointe  à 
«ne  multitude  de  mares  d'eau ,  y  don* 
mmt  Heu  à  de  perpétuelles  exhalaisons 
qui  en  rendent  le  climat  insalubre,  sur* 
tout  pour  les  Européens.  L'industrie  ma- 
DueUis  y  a  pour  objet  la  confection  des 
measa»  étoCfes  et  toiles,  ustensiles,  nat* 
IM,  ete.  que  dans  les  autres  parties  de 
In  Guinée  septentrionale.  Oa«n  exporte 
4«  ael ,  4e  rbuile  de  palmier  et  de  V^- 
^ofi^m.  «orail  bleu;  mais  les  minéraux 
y  Bont  jwres  et  on  n'y  lixmve  point  de 
*f>eudi>e  d'or.  Les  naturels  ont  Les  défauts 
«t  kea  bonnes  qualités  communs  à  la  plu- 
fiarl'des  Mitions  africain^  :  ils  sont  bien- 
«ciilana  et  fidèles,  doux  et  bospitaliera, 
nais.iraaeibles  et  vindicatifs,  indolena 
mè  insoodans.  Leur  «uUe  est  le  féti^bif  me, 
ar compagne  des  filus  absurdes  aMf»erstl* 
tiona,  et  de  sacrifices  bumains,  dans 
quelques  eireonstanoes,  La  polygamie 
eet  généralement  admise  parmi  eux  «i 
n'a  de  bornes  que  les  facultés  de  eba^ 
cnn.  Le  roi  a ,  dit-«on ,  4,000  femmes  ; 
à  i'époque  où  fd.  Falisot  àt  Bentivoi» 
ao  nmMaU  liami  MAe.MAUréa^  m  Am 


premiers  ministres  du  roi  en  avait  dOO. 

Le  pouvoir  de  ce  dernier,  comqae  celui 
de  tous  les  princes  nègres,est  éminemment 
despQtiqu^;  il  est  vépéré  presque  à  l'instar 
d'une  divinité  par  ses  sujets.  Néanmoins, 
son  autorité  est  quelquefois  niçutralisé^ 
par  l'influence  de  ses  câ^o<:ci>Y2^ on  cbefs. 
Tout  le  monde,  excepté  ces  derniers ,  a» 
prosterne  en  sa  présence,  en  touchant  du 
front  la  terre.  Le  roi  jouit  aussi  du  droit 
de  vendre  ceux  qui  se  sont  rendus  fîou**- 
pables  de  quelque  prime  ou  qui  eneou- 
rent  aon  déplaisir.  Un  collier  de  corail 
est  le  signe  distinctif  de  la  noblesse,  qM9 
le  roi  confère  en  l'attachant  lut  même, 
et  auquel  il  ajoute ,  les  jours  de  qérém^ 
nie,  une  ceinture  de  la  même  matierç. 
Lors  de  l'audience  qu'il  accorda,  en 
1 81 3,  au  lieulenant  anglais  ^og»  il  était 
vêtu  à  l'européenne,  et  portait  un  eb»- 
peau  galonné  en  or. 

Le  royaume  de  Benîn  ef(  connu  4«a 
Européens  depuis  1436  qu'il  fu^déco^ 
vert  par  Alfooxo  de  Aveiro,  navigatmif 
portugais  ;  et  depuis  il  fut  très  IréqurnUé 
par  les  marchands  d'esetavçs. 

Sa  capitale,  qui  porte  le  même  nom» 
est  une  ville  aaaex  considérable  ;  lea 
mes  y  sont  droites  et  larges  ;  les  maiaona 
bâties  en  terre  et  r^ulièrement  4isp<^ 
sées,  mais  non  pas  contiguês,nnt  toulaa 
une  eoui*  carrée  au  milieu.  Chaque  piibc^ 
estm(;Hblée  d'no  divan  qui  en  fait  ^  tour 
et  sur  lequel  sont  étendues  des  nattes  | 
te  plancher  en  est  aussi  couvert,  Cellea 
des  cjbefa  sont  propres  ^t  assea  jolies. 

Lorsque  M.  King  visita  Benia,  lepa*- 
laia  du  roi  avait  été  en  grande  partie  in- 
cendié par  suite  d'une  insurrection  qui 
avait  eu  lieu  à  une  époque  antérieure. 
Avant  xet  événement  il  oonsial^t  m 
une  vaste  enceinte  murée  et  renfermant 
un  certain  nombre  de  maipopa  ou  ca^ 
baoes  carrées. 

Bénin  est  aitué  à  ^^  lieues  nord^est 
de  l'embouchure  de  la  rivière ,  et  à  peu 
près  par  6^  30'  de  latitudo  ^lyiret  d^ 
30'  de  longitude  est. 

On  donne  le  nom  de  oox^x  np  Akvvt 
k  la  partie  du  golfe  de  Guinée  jqui  s'é- 
tend entre  l'emboMchuro  de  la  Lagos  et 
ia  eap  Formosr,  J.  M.  C^ 

WIllTlEli  9  vaae  on  vaicsfpu  deatiné 


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BBH 


(815) 


BEN 


ordîo&i|*emeDt  placés  à  Ventrée  fies  égli- 
ses,  adossés  à  des  piliers  ou  sur  un  pié- 
destal. Ils  empruntent  toutes  sortes  de 
formes  etsont  de  toute  espèce  de  matières. 
Ceux  .de  Téglise  Saint-Sulpice  de  Paria 
sont  remarquables  par  leur  beauté  ;  ce 
sont.de  magnifiques  coquilles  9  bordées 
de  cuivre  doré.  Il  y  a  des  bénitiers  dans 
les  chambres  à  coucher  et  près  des  lits; 
ils  ont  une  forme  partic|ilière«  Il  y  en  a 
de  portatifs  pour  les  processions  et  les 
epterremens.  C'est  À  ceux-ci  que  BoiJej^u 
fitit  allusiojB  dans,  ces  deux  vers  : 

Mais  1»  êèrm  d«iMio,  m  Nodant  UjfAm  fort», 
Ua  héoifier  «^s  piedf»  t;i  Téteodre  à  la  port«. 

Les  bénitiers  ressemblent  souvent  à  des 
fftMft  aaCiqmw,  de  la  ùxmt  la  plna  élé- 
gaota  et  4e  la  plus  rinhe-ittière  y  argent 
et  or»  oemme  eeux  de  Charles  Y,  «lont  il 
«•t  fait  fliention  dans  les  inTentaires  du 
IDobilier  de  ee  «onarqne. 

Au  salon  de  1894  on  a  remarqué  le 
bépitiar  da  K.  £.  Bien,  groupe  en  pU^ 
tre  repréif  lasit  ristraduotioa  de  Tnsafe 
da  i'aaa  bénite,  par  la  pape  saint  AUxa^ 
dra  Tan  129  da  J.^ 

Ménage  écrit  hétutier^  BMiis  il  avane 
qua  hpùher  est  plas  uské.  Dans  la  vnF 
aSàela  at  a^aai ,  on  écrivait  benoistUrnU 
on  prononçait  benoitier.  Oft  Ut  dans  Ma^ 

lie  hénoittiiT  fat  faft  en  un  grand  plain , 
lyua  lac  fort  loia  ^^cHms  ,  plaaCes  et  fle«n; 
Pour  f  aa  h^i^t  était  à*  larinm  plaia , 
Ppot  fut  Aouupé  le  piieiu  lue  de  pleura. 

BfiHIOWSKI  (MAuaicB-  Adodste 
j»E  )  t  iMMPina  dont  les  destinées  furent 
extraordinaires  9  naquijt  en  1741 ,  à  Ver- 
bova»  en  fioB^ict  eoooîtat  da  Neutra. 
&M1  para  était  général  de  cavalerie  au 
servioe  impérial.  Liû^méflae  servit  aussi 
la  vaison  d*Attlriehe  aomafte  lieutenant 
dana  la  fuanre  da  Sapt^Ans»  jusqu'en 
174^,  «à  ma  a^a  dont  il  devait  hé^nr 
Aar  rappela  an  lylthnanse.  Quelque  temps 
après  il  se  mit  à  ^^ager,  à  Hambourg,  à 
AaMt«rdam  at  à  PUmouih  :  dana  ces 
paris  de  inar  il  étudia  i*art  de  la  naviga«- 
tioa;  aatfidie  il  alla  en  Pologne,  accéda 
à  ia  ooalédénition  contra  les  Russes^ 
devint  ooloAcl,  commandant  de  la  cava»- 
lerie  atiqoartier'-nialtjne^  général.  C'eat 
ainairqa*ii  iandia  au  pouvoir  dea  Rossai» 


en  1769,  €t  il  fut  exilé  au  Kamtchatkii. 
Dans  la  traversée  qui  devait  terminer  co 
voyage,  il  sauva  du  naufrage  le  vaisseau 
qui  le  poruit»  circonstance  à  laquelle  il 
dut  le  bon  accueiLque  lui  fit  le  gouver* 
neur  Nilof.  Bientôt  il  devint  le  précep»> 
tenr  des  en  fans  de  cet  officier.  Il  leur  en- 
seigna le  français  et  rallemand.  Sou 
élève  Aphanasie  devint  amoureuaa  de 
lui,  et  les  talens  de  Texité  engagèrent  le 
gouverneur  à  lui  accorder  la  liberté  et  à 
le  fiancer  avec  sa  fille,  Beniowski,  da  coi^ 
cert  avec  plusieurs  complices,  avait  déjà 
conçu  le  plan  de  s'évader  du  Kamtchatka* 
Instruite  de  son  dessein ,  Aphanasiane 
Tabandonqa  pas;  elle  Tavertit  air  oon- 
traire  de  ce  qui  le  menaçait  lorsqu'on  fut 
sur  le  point  de  a'assurer  de  sa  personne. 
Accompagné  d' Aphanasie,  fidèle,  à  son 
serment  mémo  après  qu'elle  eut  appris 
que  son  fiancé  était  déjà  varié  ^  Ra- 
niowski  quttu  le  Kamtchatka  an  mai 
1771 ,  avec  76  autres  personnes,  JX  fit 
voile  vers  Fonnose,  puis  vers  Maoao, 
oà  il  perdit  Aphanasie  et  où  mouruecsit 
aussi  beaucoup  do  ses  compagnons.  Enfin 
il  vint  en  France,  et  là  il  fut  destiné  à* 
fonder  un  étahliaiement  à  Madagascar , 
entreprise  dont  il  prévoyait  toutes  lea 
difficultés.  En  juin  1774,  Beoiowski  èm*- 
riva  à  Madagasear,  fonda  une  colonie  à 
Foui  point  y  et  s'acquit  l'estime  de  plu- 
sieurs p&pladea  Indigènes  qui^eo  1776, 
firent  4e  lui  leur  ampamsatabe  ou  roi. 
Dans  la  solennitié  de  son  élection  Jes 
femmes  aussi  jurèrent  fidétitd  et  sownis- 
sion  à  son  épouse,  qu'an  France  U  avait 
fait  venir  du  fond  da  la  Hongrie.  Plus 
tard  il  fit  un  voyage  en  Europe  pour  pnv- 
curer  à  la  nation  qu'il  gouvernait  une 
puissante  alliaoee  et  des  relations  eoui^ 
marcialea.  Mais,  à  son  arrivée  en  France, 
les  persécutions  du  ministère  français  la 
forcèrent  d'entrer  au  serviee  impérial, 
et  c'est  à  oe  servjeè  qu'en  1779  il  eut 
la  «ommandemant  dans  le  combat  é^ 
Habelschwerdt,  qui  fut  livré  contre  les 
Prussiens.  En  178;8,  il  chercha  en  An»» 
gleterra  à  faire  réussir  une  expédition 
pour  l'ile  de  Madagascar;  il  trouva  du 
secours  et  de  l'appui  chea  des  particuliers 
de  Londres,  et  surtout  dans  une  «laisou 
de  oomneroa  à  Baltimore ,  en  Amérique. 
£u  oetobea  1744^  il  partit^  laissa  sa 


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BEN 


(316) 


BEN 


femme  en  Amérique,  et  en  1785  débar- 
qua à  Madagascar.  Lorsqu'il  y  commença 
. des  hostilités  cootre  les  Français,  le  gotf- 
"vemement  de  TIsle-de-France  enToya  deà 
troupes  contre  hii.  Dans  un  combat  livré 
le  23  mai  1786 ,  il  fut  blessé  à  mort. 

Bçniowski  a  écrit ,  en  français,  le  récit 
des  événemens  de  sa  vie  (Paris,  1791, 
3  vol.  in-8*^);  William  Nicolson  a  tra- 
duit son  manuscrit  en  anglais ,  et  Ta  mis 
an  jour.  Il  en  a  paru  des  traductions  en 
diverses  langues.  Sa  veuve  mourut  en 
1835  dans  sa  terre  de  Bieska ,  près  de 
Betzko.  Kotzebué  a  mi^  en  scène  cet 
homme  remarquable.  C,  L. 

BENJAMIN  ,  dernier  fils  de  Jacob 
et  de  Bachel.  Celle-ci  accoucha  de  Ben- 
jamin quand  Jaeob ,  revenant  de  la  Mé- 
sopotamie, 8*ftvançait  vers  Bethléem.  Elle 
mourut  dans  les  doyileurs  de  Tenfante- 
nent  et  en  mettant  au  monde  Benjamin, 
à  qui  elle  donna  le  nom  de  Ben-^ni^fils 
de  ma  douieur;  mais  Jaeob  l'appela  Ben- 
jamin, ^/C/!r  de  ma  droite.  Ce  fut  Benja- 
min que  Jacob  garda  atiprès  de  lui 
quand  il  envoya  ses  autres  fils  en  Egypte 
*  acheter  du  blé ,  lors  de  la  famine  qui  dé- 
sola la  terre  de  Chanaan«  On  connaît 
Thistoire  touchante  de  la  reconnaissance 
de  Joseph  avec  ses  frères  qui,  sur  son  or- 
dre ,  lui  avaient  amené  Benjamin ,  et  à  la 
vue  de  qui  Joseph  fondit  en  larmes.  S.  C. 

BENJAMIN,  voy.Tfinv%{&sdouBe). 

BEN JAMÏJÎ. CONSTANT,  voyez 
Constant  db  Rebecqub. 

BENJOIN  j  substance  végétale  de  l'es- 
pèce des  baumes ,  fournie  par  le  styrax 
henzoin,  Lùm.  arbre  qui  croit  aux  lies 
Moluques.  D'autres  végétaux ,  tant  exo- 
tiques qu'indigènes,  en  contiennent  aussi, 
mais  en  proportion  trop  peu  considéra- 
ble pour  être  recueilli  et  utilisé.  On 
obtient  le  benjoin  en  faisant  au  tronc  et 
aux  branches  de  l'arbre ,  lorsqu'il  a  at- 
teint dnq  ou  six  ans ,  de  profondes  in- 
cisicms  d'où  s'écoule  ub  liquide  qui  se 
concrète  et  qu'on  met  dans  des  banls 
pour  le  livrer  au  commerce. 

Le  benjoin  le  plus  pur  est  en  mor- 
ceaux arrondis,  blanc- jaunâtre ,  à  cas- 
sure luisante;  ou  l'appelle  amygdaloïde. 
IXjOLh.  point  de  saveur,  mais  son  odeur  est 
suave  et  se  développe  surtout  loraqu'oa 
le  ûdt  brûler  sur  les  obarbons;  elle  est 


due  à  l'acide  bemoïque ,  qui  fonne  une 
assez  forte  proportion  du  benjoin  et 
qui  d'ailleurs  se  trouve  également  dans 
la  vanille,  la  fève  tonka,  et  même  dans 
l'urine  de  certains  herbivores.  Cet  acide 
cpi'on  Bomihait  autrefois  fleurs  de  ben- 
join y  parce  qu'on  Tobtenait  par  sublima- 
tion ,  est  en  prismes  aciculaires ,  blancs , 
solublés  dans  l'alcool ,  fusibles ,  volatils 
et  s'enflammant  avec  rapidité.  Quelques 
chimistes  le  regardent  comme  identique 
avec  l'acide  succinique.  Outre  cet  acide 
le  benjoin  contient  encore  de  la  résine", 
une  suàMttmce  analogue  au  baume  du 
Pérou ,  et  un  principe  particulier  aroma- 
tique. 

Ces^  généralement  conraie  objet  de 
parfumerie  que  le  benjoin  est  usité;  il  a 
été  aussi  quelque  peu  employées  méde* 
cine.  L'odeur  agréable  qu'il  exhale  en 
brûlant  le  fait  choisir  pour  les  parfums 
destinés  à  être  brûlés  ;  tels  sont  les  dons 
fumans  et  les  trochisques.  Dans  les  égli- 
ses on  s'en  sert  en  place  é'eoœns.  C'est 
la  base  des  SKmeime^pastiilet  MujértUL 
Ce  qu'on  nomme. ^à  virginal 9%  pré- 
pare avec  du  benjoin  trituré  dans  l'eau , 
et  jilus  facilement  encore  en  Tersant  dans 
ce  liquide  de  la  teinture  spiritueuse  de 
cette  substence. 

Les  médecins  en  faisaient  des  fumiga^ 
tions  ou  l'administraient  en  substance 
comme  antispasmodique,  et  aussi  comme 
expectorant  dans  les  maladies  de  poi- 
trine. On  le  considérait  encore  comme 
stomachique  et  propre  à  favoriser  l'éva- 
poration  des  ibaladies  aiguës  de  la  peau. 
Il  est  maintenant  presque  inusitée  F.  R. 

BEN  lONSON ,  voy.  Johnson. 

BENNINGSEN  (Lxvin  Auo.-Tsio- 
PHiLE ,  comte  de)  ,  un  des  plus  oélèbrea 
généraux  russes,  naquit  en  1 746^,  à  Bmns- 
vrick;  son  père,  possesseur  delà  terre  de 
Bantein ,  étant  vassal  du  Hanovre,  il  entra, 
en  1765,  dans  les  pages  de  l'électeur  et  de- 
vint 1  ieutenant  de  la  garde  hanovrienne,  en 
1 760.  Benningsen,  qui  aimait  les  plaisirs 
et  les  fenMnes,  n'avait  aucun  penchant 
pour  rétat  militaire  ;  devenu  posses- 
seur de  Bantein ,  à  la  mort  de  son  père,' 
il  se  retira  dn  service  et  se  maria.  Dans 
sa  tranquille  retraite  il  semblait  n'avoir 
rien  à  désirer;  mais  les  jouissances  qu'il 
se  donna  épuisèrent  aa  fortnne  :  c'est  la 


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BBN 


(817) 


BEN 


ce  qui  le  décida  à  prendre  da  service  «ont 
les  drapeaux  de  CatheriDe ,  dans  la  guerre 
ooDtre  les  Turcs..  Pour  aTancer  plus  ra- 
pidement il  était  boD  d'arriver  avec  un 
grade  militaire  déjà  considérable.  H  sol- 
licita donc  auprès  du  ministère  de  Ha- 
novre et  en  obtint  un  brevet  de  lieute- 
nant-colonel. Il  partit  en  1773.  Nommé 
major  en  premier  dans  l'armée  russe  | 
il  servit  sous  Eoomantsof ,  d'abord  con-^ 
tre  les  Turca,  puis  contre  le  rebelle  Pou- 
gatcbef.  U  avait  le  grade  de  colonel  lors- 
que» dans  la  deuxième  guerre  contre  les 
Turca»  en  1787 ,  il  se  fit  remarquer  au 
siège  d'Otobakof.  Sa  conduite  ne  resta 
pas  inconnue  à  l'impératrice  :  après  la 
paix,  en  1791,  elle  le  chargea  de  met- 
tre à  exécution  les  desseins  qu'elle  avait 
sur  la  Pologne.  Après  s'être  distingué  en- 
core dans  plusieurs  combats  il  fut  nom- 
mé major  général.  Commandant  la  cava- 
lerie russe  dans  la  Lithuanie,  il  détermina 
par  une  courageuse  attaque  la  vicloire 
près  de  Yilna.  Dans  la  guerre  contre  la 
Perse,  en  1796 ,  c'est  à  lui  qu'on  fut  re- 
devable de  la  prise  de  Derbent,  forte- 
resse sur  la  mer  Caspienne. 

Sons  Paul  V^y  fils  et  successeur  de  Ca- 
therine, Benningsen  vécut  à  la  cour  de 
Saint-Pétersbourg,  sans  jouir  d'une  grande 
faveur  auprès  de  l'empereur,  qui  ne  l'em- 
ploya pasdans  la  guerre  contre  la  France  ; 
cependant  il  l'éleva  au  grade  de  lieutenant 
g^éral.  Dans  la  conspiration  contre  Paul, 
Benningsen  fut  un  des  principaux  acteurs  : 
sa  fermeté  et  sa  présence  d'esprit  contri- 
buèrent à  la  réussite  de  la  conspiration  ; 
mais  il  ne  (îit  pas  présent  à  la  catastro- 
phe. *  A  peine  Alexandre  était-il  monté 
sur  le  tréne,  en  1801 ,  qu'il  nomma 
Benningsen  gouverneur  général  de  la  U- 
thuanie,  et,  en  1802,  général  (en  chef) 
de  la  cavalerie.  Dans  la  guerre  contre  la 
France,  en  1805,  Benningsen  eut  le  com- 
mandement de  l'armée  du  Nord,  et,  en 
1806,  il  obtint  un  léger  avanUge  sur  Na- 
poléon ,  à  Pultusk  ;  ce  fut  lui  qui ,  chargé 
du  commandement  en  chef  dont  Ka- 
menskoî  était  revêtu  jusque  là,  livra  aux 
Français,  en  1807,  la  baUilie  d'Evlau 

(*)  Ce  fat  BcnningMD,  dit-un,  qui  empêcha 
riiBiiératrice  Marie  d*aocourir  aox  cris  de  son 
fpoox.  Au  reste,  toot  ce  tragique  évéoeiDebt 
sera  raooaté ,  d*après  lea  donnée»  le»  plus  au- 
Uieatiques,  à  Tarticle  Paul  l^  Pktxovitch.  $. 


{voY.)j  dont  les  deux  parties  belligéran- 
tes s'attribuèrent  également  la  victoire. 
Cependant  Benningsen  demanda  sa  dé- 
mission qui  loi  fut  refusée  ;  ce  ne  fut 
qu'après  la  paix  de  Tilsitt,  en  1807,  qu'il 
put  se  retirer  du  théâtre  de  la  guerre, 
poiur  vivre  quelcpie  temps  dans  ses  terres. 
Mais  il  reparut  en  1813,  pendant  la 
guerre  entre  la  Kussie  et  la  France,  et 
dans  la  bataille  de  la  Moakowa  (ik>x-) 
Benningsen  commanda  le  centre  de  l'ar- 
mée russe  ;  on  affirme  qu'il  fut  de  ceux 
qui  conseillèrent  à  l'empereur  Alexandre 
de.  livrer  une  seconde  bataille  devant 
Moscou.  U  remporta  quelque  temps 
après,  àVoronova,  un  suocès  sur  Murât; 
mais  ensuite  des  rivalités  entre  lui  et  le 
feld-maréchal  Koutousof  l'engagèrent  à 
quitter  l'armée.  Après  la  mort  de  ce  ca- 
pitaine ,  Benningsen  prit  le  comnunde- 
ment  de  l'armée  de  réserve  dite  de  Po^ 
logne ,  et  il  eut  une  grande  part  à  la  vic- 
toire remportée  par  les  alliés  à  Leipzig. 
Victorieux,  le  18  octobre,  à  Zweinaun- 
dorf,  il  fut  élevé, sur  le  champ  de  ba- 
taille même,  à  la  dignité  de  comte,  et 
plusiard  il  fut  un  instant  investi  du  com- 
mandement en  chef  de  l'armée  russe. 
Après  la  paix  il  fut  nommé  au  comman- 
dement de  celle  qui  occupait  la  Bessara- 
bie; mais  en  1818  il  donna  encore  une 
fois  sa  démission  et  se  retira  dans  ses 
terres  du  royaume  de  Hanovre,  où  il 
mourut  en  1826,  ayant  perdu  la  vue  à  la 
suite  d*|we  chute  de  cheval.  On  a  de  lui 
un  ouvrage  sur  le  service  des  officiers  de 
cavalerie ,  et  il  a  laissé  des  Mémoires  sur 
une  partie  de  sa  vie.  Voir  sa  biographie 
dans  les  Zeùgenossen,  1822,  2^  série, 
p.  47-66.  C.  Zk 

^  BENNON(sÂiifT),  évêque  deMeis- 
sen,  au  xi*  siècle.  Il  embrassa  d'aboixl 
le  parti  de  Henri  lY  contre  le  pape ,  et 
se  déclara  ensuite  en  faveur  de  Gré- 
goire yn  contre  l'empereur,  à  l'excom- 
munication duquel  il  adhéra  dans  un  cou- 
cile.  Il  mourut'  en  1 107,  à  l'âge  de  06  an«. 
Les  Allemands  lui  attribuaient  une  telle 
vertu  quUls  avaient  coutume  de  dire 
d'une  .terre  fertile  :  Vévéqae  Bennon  a 
passé  par-là.  Il  fut  canonisé  en  1523. 
Luther  écrivit,  à  propos  de  cette  cano- 
nisation ,  son  Traité  contre  la  nouvelle 
idole  qu'on  va  élct*er  à  Meissen,  Jérôme 


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BGN 


(S18) 


BfiN 


Xms^r)  aatear  de  la  Fie  dé  Bennon^ 
(Lcipiig,  1512  et  1728,  \n4o\*)  répon- 
dit a  Luther.  On  croit  que  Bennot>  est 
Fauteur  d'une  hymne.  Oo  célèbre  sa  fête 
kiejnio.  J.L. 

BBNOIT  (saint)  ,  né  en  <480 ,  à  Nor-' 
aie,  en  Ombrie  (duché  de  Spolète)»  fut  en 
Italie,  et  plus  tard  par  ses  disciples  dans 
tout  rOccident,  pour  la  régularisation  de 
la  Yie  aicéti<|oe,  ce  que  saint  Antoine  et 
saint  Pacôme  avaient  été  pour  l'Egypte, 
et  saint  Basile  pour  FAsie-Mineure  et 
quelques  régions  voisines.  L'ascétisme 
prenait  encore  à  cette  époque  trois  for- 
■lea  principales  :  réduit  à  la  simple  ob* 
aervation  de  certaines  pratiques  de  dé- 
votion ,  il  se  conciliait,  sinon  avec  la  vie 
du  nonde,  du  moins  avec  la  vie  de  fa- 
mille; plus  rigoureux,  rompant  le  lien 
de  la  famille  et  fuyant  les  séductions  du 
mondé,  il  consacrait  la  vie  du  solitaire, 
la  vie  de  Fermite;  plus  social,  mais 
non  moins  éloigné  du  monde  et  de  la  fa- 
mille, Fascétisme  préférait  la  vie  corn- 
mutie,  la  vie  des  cénobites.  Ces  trois 
formes  semblaient  répondre  à  tous  les 
besoins  de  la  piété  disciplinaire;  mais 
on  commençait  à  faire  une  grande  dis- 
tinction entre  elles.  La  vie  de  famille 
semblait  toilcher  de  trop  près  à  celle  du 
monde  et  laisser,  faute  d* u  ne  ru  pture  com- 
plète et  d*un  engagement  définitif,  trop 
de  chances  à  Famour  terrestre;  la  vie 
érémitique  se  prétait  au  contraire ,  par 
Fabsence  de  toute  règle  et  de  toute  sur- 
veillance, à  une  liberté  dangereuse  et  à  de 
graves  aberrations.  Déjà  on  signalait  des 
désordres  et  réclamait  des  réformes. 

Benedîcttts,  d'une  famille  riche,  consi- 
dérée et  pieuse,  était  destiné  à  introduire 
ces  réformes.  Le  vœu  de  ses  parens  l'ap- 
pelait aux  emplois  et  aux  honneurs,  et  il 
fut  envoyé  à  Rome  pour  faire  les  études 
convenables.  A  Rome  'se  maintinrent 
long-temps,  sous  la  domination  des  He- 
rnies et  des  Goths,  les  anciennes  écoles 
de  littérature  et  de  jurisprudence  ;  mais 
déjà  les  doctrines  de  ces  vieilles  institu- 
tions ne  répondaient  plus  aux  nouvelles 
Idées.  Le  jeune  Benoit ,  qui  avait  reçu 
dans  la  maison  paternelle,  comme  sa 
soeur  sainte  Scholaslique,  de  profondes 
impressions  de  piété,  trouva  bien  vides 
•t  bien  «tériks  des  leçons  que  n'inspi- 


rait pins  le  génie  de  la  religion  et  de  t« 
patrie.  Ces  maîtres  qu'avait  formés  le 
paganisme  mentaient  à  des  générations 
accablées  de  tous  les  maux  et  privées  do 
toutes  les  libertés,  je  ne  sais  quelle  na« 
tiorralilé  fictive  et  antique,  je  ne  sais 
quel  enthousiasme  de  convention^  Benoit, 
à  17  ans,  se  dégoûta  de  cet  enseigne- 
ment stérile ,  de  ce  monde  de  fictions  et 
de  mensonges,  et  s'attacha  avec  toute 
J'ardeur  de  son  âge,  avec  toute  la  piété  de 
ses  habitudbs,  à  cette  religion  qui  lui  of- 
frait une  patrie  sans  doute  éloignée  | 
mais  glorieuse,  et  une  carrière,  il  est  vrai^ 
pénible,  mais  libre  et  pure.  Benoit  exé- 
cuta avec  calitie  une  résolution  dans  la- 
quelle entrait  plus  de  résignation  que 
d'entraînement.  H  se  retira  dans  une 
grotte  solitaire  près  de  Sublacum  [Su-- 
biaco),  à  40  milles  de  Rome,  et  y  vécut 
.  8  ans,  connu  seulement  de  la  personne 
qui  lui  apportait  les  alimens  indispensa- 
bles. Des  pâtres  ayant  découvert  sa  re- 
traite et  ses  idées  s'étant  nettement  des- 
sinées ,  il  prêcha  et  se  fit  rapidement  un 
nombreux  auditoire  de  curieux  et  de 
dévots.  Sa  demeure,  devenue  pour  quel- 
que temps  un  lieu  cle  pèlerinage,  fut 
bientôt  le  centre  d'une  sorte  de  congréga- 
tion. Plusieurs  de  ceux  qui  étaient  venus 
Fentendre  s'étant  mis  sous  sa  direction  : 
il  en  forma  autour  de  lui ,  de  Fan  520  à 
537,  douze  familles  religieuses,  compo- 
sées chacune  de  douze  moines  et  d'un 
chef  ou  d'un  abbé,  et  vivant  suivant 
les  règles  qu'elles  s'étaient  données  elles- 
mêmes.  Benoit,  qui  comprenait  les  droits 
de  la  piété,  pensait  que  la  loi  la  plus  li- 
brement vb^ée  était  la  meilleure.  Ce  ré- 
formateur des  mœurs,  dont  la  destinée 
était  plus  haute,  se  trouvait  heureux 
dans  le  monde  mora!  qu'il  s*était  créé. 
U  ne  songeait  pas  à  le  quitter.  Mais,  dans 
la  vie  des  hommes  que  la  Provitlence 
appelle  à  des  œuvres  qui  sont  hors  de  la 
ligue  ordinaire,  la  persécution  est  de 
tous  les  moyens  celui  qui  les  conduit  le 
plus  loin.  tJn  prêtre  chrétien  du  voisi- 
nage, Florentin,  voyait  avec  une  pro- 
fonde jalousie  et  entravait  avec  une  dé- 
plorable adresse  les  progrès  du  pieux 
cénobite.  Fatigué  de  ses  vexations ,  Be- 
noit va  s'éublir  entre  Sublacum  et  Na- 
ples,  aor  la  pente  du  Mont  Cassia,  an* 


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(m) 


BSIf 


jocndlmi  êerra  di  Lupora.  Dé}à  le  pa- 
faniame,  depais  long'^temps  miné  par  le 
acepticiame  de  aea  philosophes,  par  la  nul- 
lité de  ses  prêtres  et  les  violences  de  la 
dynastie  de  0>natantin ,  n'avait  plus  de 
coite  (^gal  :  ses  rares  fidèles  ne  se  réanis- 
saieoi  pins  qu'en  secret,  dans  quelques 
saneluaires  en  raines  que  la  cour  ou- 
bliait de  faire  détruire.  Un  temple  d*A- 
pollon,  entouré  d*un  bois  sacré,  et  qui 
attirait  encore  des  idolâtres,  se  trouvait 
dans  le  voisiaage  de  saint  Benoit,  favori- 
sant des  superstitions  qui  avaient  au 
Aoins  l'avantage  d'entretenîr  quelques 
sentimens  religieux.  Le  pieux  cénobite 
convertit  ces  malhenreuX ,  détruisit  leur 
temple,  fonda  en  place  deux  oratoires, 
•t  érigea  un  couvent  sur  la  montagne. 
La  renommée  publique  s'occupa  bien- 
tôt de  ces  établbsemens  et  de  leur  fon- 
dateur. Le  roi  des  Ostrogoths,  Totila, 
qui  ne  connaissait  que  l'arianisme,  mais 
qui  respectait  la  foi  de  Ificée  que  pro- 
fessait la  majorité  des  peuples  d'Italie, 
foulut  voir  le  célèbre  cénobite  du  Mont 
Cassin.  Dans  l'entrevue  qui  eut  lieu  en- 
tre ces  deux  personnages,  le  saint,  dit- 
•n ,  parla  au  roi  avec  une  égale  fran- 
ebise  sur  les  désordres  auxquels  se  li- 
trait  le  prince  et  sur  le  peu  de  temps 
qui  lui  restait  pour  en  réparer  le  scan- 
dale; et  si  la  sévérité  de  ce  langage  ne 
corrigea  pas  le  barbare ,  du  moins  n'ex- 
dta-t-elle  point  sa  colère.  Saint  Benoit 
put  continuer  tranquillement  la  direc- 
tion de  sa  maison  ;  elle  prospéra  rapide- 
ment. Le  chef  qui  y  recevait  des  fidèles 
de  tout  âge  et  même  des  enfans ,  savait 
occuper  tout  le  monde  aussi  utilement 
que  pieusement.  Le  travail  des  mains 
alternait  avec  celui  de  l'intelligence,  la 
culture  des  champs  avec  celle  des  lettres 
saintes  et  profanes.  Les  moins  habiles 
de  ceux  qui  avaient  quelque  instruction 
savaient  an  moins  écrire.  On  leur  fil  co- 
pier les  codes  sacrés,  les  livres  de  la 
piété  ou  les  chefs-d'œuvre  de  la  littéra- 
ture ancienne.  Cest  ce  qui  distingua  les 
établis^mens  du  Mont  Cassin.  Les  er- 
mites d'Occident ,  avant  cfe  rétbrmaleur 
de  leur  vie  ascétique,  perdaient  dans 
une  stérile  oisiveté  leurs  facultés  physi- 
ques et  intellectuelles.  On  comprit  l'im- 
portmc^  de  fat  réforme,  tin  régime  pré- 


cis, sans  être  rigoureux,  quelqtiesjeèfies/ 
un  coituine  simple ,  des  habitudes  régu- 
lières, tout  ceb  assura  les  destinées  de 
cette  nouvelle  congrégation.  Son  fonda  • 
teur,  en  lui  prescrivant  ces  observances 
dans  une  régie  bien  supérieure  à  celles 
de  saint  Pac6me  et  de  saint  Basile  (rè* 
gle  que  Grégoire-le-Grand  caractérise 
si  bien  en  ces  mots  :  Disert tione  prœci-' 
pua,  sermone  lucuienta  ),  la  rapprocha 
en  quelque  sorte  de  Tancienne  institu- 
tion que Pythagore ,  non  loin  de  la,  avait 
jadis  fondée  dans  des  vues  un  peu  diffé- 
rentes, et  que  les  Esséniens  et  les  Théra- 
peutes avaient  plus  tard  imitée  en  Egypte 
et  sur  les  bords  de  mer  Morte. 

L'Occident  adopta  généralement  l'ou- 
vre de  saint  Benoit  comme  un  moyen  de 
piété  et  de  civilisation.  Aussi,  de  toutes  les 
institutions  morales  du  moyen-âge,  an« 
cune  ne  lutta  avec  plus  de  succès  contre 
cette  barbarie  qui  vint  envahir  l'Occi- 
dent au  commencement  du  yi*  sièèlcé 
En  effet,  par  leurs  travaux  et  leurs 
exemples  les  disciples  de  saint  Benoit 
donnèrent  les  meilleures  leçons  d'ordre, 
d'économie,  d'instruction  et  de  défri- 
chement que  pussent  recevoir  les  popu- 
lations barbares.  Jetées  au  milieu  de  ces 
peuples,  les  colonies  des  bénédictins  fu- 
rent autant  d'écoles  de  civilisation ,  d'in- 
dnstrfe,  de  culture.  Saint  Benoit  n'en 
vit  pas  l'immense  développement  (  il 
mourut  en  643  au  Mont  Cassin  );  mais 
ses  premiers  disciples.  Placide  et  saint 
Maur,  furent  accueillis  de  la  Sicile  et 
de  la  France,  comme  il  l'avait  été  de 
l'Italie.  Foy»  Bén^Idictihs. 

On  peut  consulter  d'Achery  et  Mabil- 
lon,  Acta  S.  Benedicti\  Mabillon ,  An^ 
naies  ordinis  henediciorum^  Lucas  Hols- 
tenius,  Codex  reguiarum  monastic,^  éd. 
Brockie,t.  L  M-a. 

BENOIT  (papes).  Dans  la  série  des 
pontifes  romains,  quatorze  ont  porté  le 
nom  de  Benoit,  sans  compter  Pierre  de 
Luna,antipape  sous  le  nom  deBenoltXUL 
Le  premier  du  nom  fut  élu  en  574;  le 
second  en  G84.  Ce  dernier  avait  été  élevé, 
dit  l'abbé  Fleury,  dans  l'amour  de  la  pau- 
vreté ;  il  était  patient,  doux,  libéral,  in- 
struit des  Saintes-Écritures  et  du  chant 
ecclésiastique.  Ainsi  que  ses  cinq  suc- 
cesseurs immédiats  9  il  était  Romaiiu  A« 


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BEN  (8Î0) 

nombre  de  ces  derniers,  Bskoit  V  (964- 
965)  laisserait  quelque  doute  sur  sa  lé^ 
gitimitéy  si  l'usage  n'avait  pas  prévalu  de 
le  compter  au  rang  des  papes,  ainsi  que 
Léon  VIII,  son  compétiteur. 

Benoit  VIII  {Jean)y  né  à  Tusculu^ , 
pape  de  1012  à  1024 ,  eut  pour  ooncui^ 
rent  Grégoire ,  dont  il  se  débarrassa  par 
la  protection  de  l'empereur  Henri  H.  En 
191 6,  il  remporta  une  victoire  signalée 
sur  les  Sarrazins  et  les  chassa  de  la  Tos- 
cane, qu'ils  avaient  envahie.  En  1017,  il 
accepta  le  secours  de  Raoul  et  de  ses 
Normands  pour  repousser  les  jGrecs  qui 
avaient  conquis  une  partie  du  Bénéven- 
tin.  Cependiant  il  fut  obligé  de  faire  le 
voyage  d'Allemagne,  en  1.020,  pour  im- 
plorer l'assistance  de  l'empereur  contre 
ces  mêmes  Grecs  qui  faisaient  des  pro- 
grès ,  et  il  parvint  à  les  vaipcre.  Dans 
l'intervalle,  il  tint  un  concile  à  Pavie,  où 
le  mariage  fut  défendu  aux  ecclésiasti- 
ques. Il  mourut  en  1024  ,  avec  la  répu- 
tation d'un  savant  pontife,  d'un  grand 
prince  et  d'un  habile  politique. 

Behoit  IX  (  Théophilacte)y  fils  d'Al- 
béric,  comte  de  Tusculum,  ;nonta  en 
1033  sur  le  saint-siége,  que  sa  famille 
avait  acheté  pour  lui.  Il  n'était  âgé  que  de 
1 2  ans.  Sous  son  pontificat ,  la  chaire  de 
Rome  fut  envahie  par  Silvestre  III  eu 
1045,  par  Grégoire  VI  la  même  année, 
et  par  Clément  II  l'année  suivante.  Be- 
noit ne  cessa  de  la  leur  disputer  jusqu'en 
1048,  qu'il  abdiqua.  On  croit  qu'il  mou- 
rut en  1054,  à  Grotta-Ferrata,  où  il 
s'était  retiré  après  son  abdication. 

Benoit  XI  (saint) y  ancien  général 
des  dominicains,  cardinal-évêque  d'Os- 
tie,  élu  pape  à  l'unanimité  des  suffrages, 
en  1303 ,  leva  spontanément  l'excommu- 
nication lancée  par  Boniface  VIII  contre 
Philippe-le-Bel ,  le  clergé  et  le  royaume 
de  France,  révoqua  quelques  bulles  de 
son  prédécesseur,  rétablit  les  Colonna 
dans  leurs  biens ,  accorda  divers  privi- 
lèges à  ses  anciens  confrères ,  et  mourut 
en  1304. 

Benoit  XII  [Jacques  Fournier)^  né 
dans  le  comté  de  Foix,  religieux  de  Ci- 
teaux,  évêque  de  Pamièrs  et' cardinal, 
fut  élu  successeur  de  Jean  XXII ,  à 
Avignon,  en  1334.  Il  s'efforça  de  ré- 
parer les  maux  qu'avait  causés  la  rapacité 


BEN 


de  son  prédéoeiseur,,  repoussa'  leB'pré» 
tentions  de  Philippe-de- Valois,  et  tenta 
de  se  réconcilier  avec  l'empereur  Louis 
de  Bavière.  Il  fit  des  concessions  pour 
l'amour  de  la  paix  et  doiina  des  déci-» 
sions  que  la  morale  n'a. pas  toujours  ap- 
prouvées. Il  eut  des  relations,  avec  tous 
les  princes  de  son  temps,  et  les  traita 
moins  impérieusement  que  ne  le  00m* 
portaient  les  idées  dominantes  de  celte 
époque.  Il  se  montra  généralement  ob- 
servateur de  la  discipline  ré^lière,^mo-- 
déré,  généreux,  désintéressé.  Il  opnF- 
damna  comme  hérétique  l'erreur  de  Jean 
XXII  sur  la  vision  béatifique,  U  disait 
sçuvent  :  «A  Dieu  qe  plaise  que  le  roi 
de  France  m'asservisse  tellement  par  mefi 
parens  qu'il  me  porte  à  faire  tout  ce 
qu'il  désire  ,  comme  mon  prédéces- 
seur. »  Il  mourut  à  Avignon,  le  2^ 
avril  1342. 

Benoit  XHI,  Romain  (  Pierre^Fran-- 
çois  Orsini) ,  ^minicain,  archevêque  de 
Bénévent,  succéda  à  Innocent  XIII,  en 
1724.  U  se  présentait  à  Rome  sous 
d*heureux  auspices  :  il  avait  puissam-» 
ment  contribué  à  la  restauration  et  à  l'em- 
bellissement de  la  ville  de  Bénévent, 
qu'un  violent  incendie  avait  dévalée  et 
des  décombres  de  laquelle  il  n*avait  été 
retiré  qu'avec  peine.  W  voulait  pacifier 
les  troubles  de  l'église  occasionnés  par 
la  constitution  Unigenitus ,  et  pour  cela 
il  prit  à  tâche  de  la  justifier  de  toute  op- 
position à  la  doctrine  de  saint  Augustin 
et  de  saint  Thomas,  dans.un  bref  du  6 
novembre  1 724 ,  adressé  aux  professeurs 
de  l'ordre  de  saint  Dominique,  et  dans  le 
concile  qu'il  tint  à  Rome,  en  1725.  Il 
avait  également  l'intention  d'approuver 
les  douze  articles  du  cardinal  de  Noailles; 
mais  cette  bonne  intention  échoua  contre 
les  menées  de  ceux  qui  l'entouraient.  Le 
bref  qu*il  publia,  en  1 729,  poiir  autoriser 
la  légende  de  Grégoire  VII,  souleva  coa^ 
tre  lui  toutes  les  puissances  et  fut  rejeté 
par  la  majeure  partie  de  l'église  catholique. 
La  bonne  union  qu'il  entretenait  avec  la 
cour  d'Autriche  fut  troublée  par  ses  pré- 
tentions sur  les  duchés  de  Parme  et  de 
Plaisance.il  n*envit  pas  le  rétablissement, 
étant  mort  en  1730.  On  a  de  lui  des  Ho-- 
tnélies sur  V Exode ^  Rome,  1724, 2  voU 
in-4^,  Alexandre  Borgia,  archevêque  de 


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BEN 


(821) 


BEN 


Fermoi  a  écrit  ta  vie  en  latin ,  Rpuie, 
1741,iQ-4^ 

BsiroiT  XrV  {Prosper  Lambertini), 
de  Bologne,  fut  élu  en  1740,  ponr  suc- 
céder à  Clément  XII.  Ses  profondes  con- 
naissances en  théologie ,  en  droit  civil  et 
canonique  et  en  littérature,  le  firent  suc- 
cessivement nommer  avocat  consistorial, 
promoteur  de  la  foi ,  consultant  du  saiot- 
olBce,  canoniste  de  la  pénitencerie,  évé- 
que  d*Ancôae  en  1727,  cardinal  en  1728, 
archevêque  de  Bologne,  en  1 732,  et  il  en 
remplit  les  fonctions  avec  une  rare  capa- 
cité et  une  tolérance  admirable.  On  ra- 
conte de  lui  des  traits  qui  font  honneur 
à  sa  charité.  Dans  le  conclave  de  1740 
les  cardinaux  ne  savaient  plus  sur  qui 
diriger  leur  choix,  quand  Lambertini 
leur  dit,  avec  son  enjouement  ordinaire  : 
«  Si  vous  voulez  up  saint,  nommez  Gotti  ; 
un  politique,  Aldro  vandi  ;  un  bon  homme, 
prenez-moi.  »  Ces  paroles  décidèrent  de 
son  sort,  et  il  fut  nommé.  Il  prit  pour 
ministre  le  cardinal  Valenti ,  et  pour  amis 
les  cardinaux  Passionei ,  Quirini  et  Poli- 
gnac.  L'inquisition  d'£spagne  voulait  cen- 
surer la  défense  des  quatre  articles  par 
Bossuet;  Benoit  XTV  s'y  opposa.  Ce  pon* 
tife  avait  dit  autrefois  au  P.  de  Mpntfau- 
con  :  «  Moins  de  libertés  de  Tégli^e  galli- 
cane de  votre  part ,  moins  de  prétentions 
ultramantaines  de  la  nôtre ,  et  nous  met- 
trons les  choses  au  niveau  qu'elles  doi- 
vent avoir.  ».  Consulté  par  la  cour  de 
France  au  sujet  du  refus  des  sacremena, 
il  répondit, en  1756,  qu'on  ne  pouvait  re- 
fuser les  secours  spirituels  qu'à  ceux  qui 
seraient  notoirement  convaincus  d'être 
réfractaires  ou  désobéissant  à  la  bulle 
Vtiigenitus,  Il  garda  la  plus  stricte  neu- 
tralité dans  la  guerre  déclarée  à  l'Autri- 
che par  la  France  et  la  Prusse,  pour  ex- 
clure François  de  Lorraine  du  trône  im- 
périal. U  permit  à  Marie-Thérèse  de  to- 
lérer le  culte  protestant  dans  ses  états.  Il 
favorisa  le  progrès  des  sciences  et  pro- 
tégea les  savans.  Tous  les  souverains  de 
l'Europe  avaient  pour  lui  la  plus  haute 
estime.  Les  voyageurs  les  plus  distingués 
s'empressaient  de  solliciter  son  audience 
et  de  recueillir  de  sa  bouche  quelques— 
unes  de  ces  paroles  spirituelles  qui  rele- 
vaient sa  conversation.  Il  mourut  en  1 758. 
Ses   ouvrages,    imprimés    plusieurs 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  UL 


fois  séparément,  en  italien  ou  en  latin, 
ont  été  recueillis  à  Rome,  s  Bassano  ou 
à  Venise,  en  12  ou  15  vol.  in-fol.  L'édi-* 
tion  de  Bassano,  la  plus  complète  de 
toutes,  a  15  vol.  in  -  fol. ,  non  comprit 
le  BuUaire  (4  vol.  in-fol.,  Venise,  1760). 
Elle  renferme  :  1^  Deservorum  Deibea- 
tificatione  et  canonisalione ,  le  chef- 
d'œuvre  de  Lambertini ,  dont  le  P.  Ban- 
deau a  donné  une  analyse  en  français 
(Paris,  1759  et  1761 ,  in-12);  2^  Mis- 
celUmeay  tppendice  à  l'ouvrage  de  la 
canonisation  des  saints;  3^  De  sacro^ 
sancto  Missœ  sacrificio^  Ubritres,  com- 
posé en  italien  et  traduit  en  latin  par  Ja- 
comelli,  imprimé  trois  fois;  4^  Defesds 
Domini  Nostri  Jesu  Christi  et  Beatœ 
Marias  virginis,  Ubriduo,  écrit  en  ita- 
lien par  l'auteur  et  traduit  en  latin  par 
Michel- Ange  Jacomelli  ;  5^  Institutiones 
ecclesiasticœ,  composées  en  italien  et  tra- 
duites en  latin  par  Ildefonse  de  Saint- 
Charles  ;  6^  De  Sjmodo  dioeesand  li- 
brimiif  ouvrage  excellent;  7®  Opéra 
MisceUaneay  autres  que  les  Mlsçeilanea 
dojat  il  est  parlé  cindessus;  8^  Quœs- 
tiones  canonicœ  et  morales,  2  vol. — Ca- 
raccioli  a  publié  une  fie  de  Benoit  XIV 
(1784, in-12),  mais  elle  est  peu  sûre,  peu 
exacte. 

BenoIt  Xin  {Pierre  de  Luna)  ^ 
Aragonais ,  antipape ,  commença  par 
étudier  le  droit  civil  et  canonique  avec 
beaucoup  de  succès,  prit  le  parti  des 
armes ,  et  revint  à  ses  études  de  droit 
qu'il  enseigna  avec  éclat  dans  l'univer- 
sité de  Montpellier.  Grégoire  IX  le  créa 
cardinal  en  1375.  U  s'attacha  à  Clément 
VU ,  qui  régnait  à  Avignon ,  et  se  fit 
reconnaître  au  concile  de  Salamanque  en 
1387.  Il  succéda  à  ce  pontife,  en  1394 , 
avec  l'assentiment  de  la  France  qui  comp- 
tait sur  ses  promesses  de  tout  sacrifier 
ativ  bien  général.  Vain  espoir  !  promesses 
trompeuses  I  Benoit  se  refusa  à  toutes  les 
propositions  d'accommodement  et  fou- 
droya toutes  les  mesures  que  l'on  prit 
pour  y  parvenir.  Sa  fermeté  et  ses  intri- 
gues lui  ramenèrent  le  roi  de  Castille ,  qui 
s'était  soustrait  à  son  obédience,  et  même 
Charles  VL  Cependant  il  faisait  semblant 
de  vouloir  se  rapprocher  du  pape  de 
Rome,  lequel,  de  son  côté,  se  jouait  de 
ses  adbérens  par  de  semblables  artifices. 

21 


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BEN 


^3Î2) 


BEN 


LMsës  de  tant  de  fourberie,  le$  eardi-- 
naax  des  deuit  obédiences,  d*accord 
avec  les  sonverains,  convoquèrent  à  Pise 
un  concile  œcuménique  qui  s'ouvrît  le  25 
mars  140^  Benoit  refusa  de  s'y  rendre 
et  en  brava  les  décisions,  barricadé  d'a- 
bord à  Collioure ,  et  ensuite  à  Peniscok, 
avec  l'appui  des  royaumes  d'Aragon  , 
de  Castille  et  d'Écosseï  14  ne  se  rendit 
fias  davantage  aux  déterminations  du 
concile  de  Constance,  en  1414,  et  aux 
ambassades  qu'on  voulut  bien  lut  en- 
voyer. Fier  de  l'obéissanee  d'Alphonse, 
toi  d'Aragon ,  il  mourut  dans  son  ob- 
stination ,  au  château  de  Peniscola ,  en 
1424,  à  l'âge  de  90  ans.  Bossuet  a  re- 
marqué que  Benoit  est  le  premier  qui  ait 
condamné  les  appels  du  pape  au  con- 
cile. J.  L. 

BBI9SERADE   (Isaac  dk)  est  un 
^  ces  écrivains  qui ,  avant  tout  autre  ta- 
lent, ont  en  celui  de  naître  à  propos.  Il 
vît  le  jour  en  1612 ,  à  LIOns,  petite  tille 
de  Normandie ,  et  vint  très  jeune  dans 
la  capitale,  où  les  concettij  les  pointes, 
le  style  affecté,  le  bel- esprit  en  un  mot, 
étaient  alors  en  grande  faveur.  Benserade 
«e  distingua  bientôt  dans  ce  détestable 
genre.  Pensionné  tour  à  tour  par  Ri- 
chelieu et  Mazarin  qui,  en  fait  de  goût, 
n'étaient  pas  des  oracles,  il  séduisit  jus- 
qu'au poète  Boileau ,  qui  le  loua  dans 
VArt  poétiqtee  et  plus  tard  en  fit  amende 
honorable  dans  sa  satire  de  VÉijuù^oque. 
En  1651  encore,  Benserade,  émule  de 
Voiture,  partagea   avec  lui   l'honneur 
d'exciter  une  petite  guei*re  lîttératl^  par 
les  fameux  sonnets  de  Jdb  et  d'Uranie; 
et  ta  conr  et  la  ville  se  partagèrent  en  /o- 
heîins  et  en  Uranins.  Mais  ïk^à^kt  de  la 
réputation  et  de  la  fortune  dé  Bcfnsèrade  ; 
fut  le  Commencement  du  règne  de  Louis 
XrV.  Poète  de  la'  cour,  t  eut  Ventre- 
prise  de  ces  petites  pièces  de  vers  dési- 
gnées alors  sous  le  nom  cle  devises  et 
qui  faisaient  partie  des  ballets  où  figu- 
rait, au  premier  rang,  W  jeune  et  ga- 
lant monarque.  H  est  juste  de  dire  que 
Benserade  sut  mêler  parfois  à  d'ingénieu- 
ses Batteries  pour  le  roi  et  pour  les  sei- 
gneurs et  les  dames  qui  prenaient  part  à 
ces  fêtes,  de  piquantes  et  malignes  allu- 
sions. Généreusement  récompensé  par 
-son  héros,  il  se  créa  un  revenu  de  près 


de  lâ,000  fhiDcs,  somme  prodigieWB 
pour  i'époque;  il  eut  de  plus  un  carrosse, 
ce  qui,  aujourd'hui  même,  est  un  luxe 
réservé  à  bien  peu  de  ses  confVères.  Soui 
le  rapport  de  l'amour-propre  il  ne  fut 
pas  moins  bien  traité.  En  1674  il  avait 
été  élu  à  l'Académie.  Louis  XTV  donna 
10,000  francs  pour  l'impression  et  les 
gravures  de  ses  métamorphoses  d'Ovide 
mises  en  rondeaux;  et  dans  le  privilège 
du  roi ,  nécessaire  alors  ponr  la  publica- 
tion de  tous  les  livres ,  le  sien  fut  favori- 
sé, par  exception,  d'éloges  officids. 

Mais  le  siècle  plus  fort  que  le  prince 
avait  marché  pendant  ce  temps  :  des  chefs- 
d'œuvre  avaient  édairé  le  pubKc  et  fait 
justice  des  prétentieuses  médiocrités.  Ben- 
serade pendant  ses  triomphes  s^tait  con- 
solé des  épigrammes  :  il  ne  se  consola  pas 
de  l'oubli.  Il  se  résolut  à  fuir  un  monde 
qui  l'abandonnait  et  se  retira  à  Centilly, 
dans  une  petite  maison  de  campagne ,  où 
s'écoula  le  reste  de  ses  jours  entre  les  re- 
grets, la  dévotion  pt  quelques  instans  coti- 
sacréi  encore  à  une  lyre  qui  ne  rendait 
plus  que  de  bien  faibles  sons  sous  sa  mai* 
défaillante.  Six  ans  après  sa  mort^  qni  eut 
lieu  en  1691,  on  publia,  en  2  vol.  in-12, 
un  chol^  de  ses  poésies.  Cest  aujourd'hoi 
une  rareté  bibliographique.         M.  O. 

BENSLEY  (Tkomas  ) ,  imprimeur  à 
Londres  et  l'un  des  premiers  t3rpogra- 
phes  d'Angleterre.  Parmi  les  ouvrages 
sortis  de  ses  presses  on  distingue  la  Bible 
anglaise  de  Macklin  (  1800-181 5 , 7  vol. 
lu-fbl.  ) ,  et  l'édition  de  luxe  de  Hume 
(lj806,  10  vol.  in-fol.).  L'imprimerie  de 
M.  Bensley  devint  en  1819  la  proie  des 
flammes.  Y. 

BENTHAM  (JiéméMiE),  l'un  des  ju- 
risconsultes et  pubUcistes  les  plus  distin- 
gués de  l'Angleterre ,  naquit  à  Londres , 
l'an  1747,  et  montra  déjà,  dès  sapins 
tendre  enfande,  des  dispositions  tellement 
précoces  qu*à  l'âge  de  3  ans  il  lisait,  dit- 
on,  l'histoire  d'Angleterre,  par  Rapin, 
pour  son  amusement.  A  8  ans,  il  savait 
jouer  du  violon,  et  à  Tàge  de  18  ans  il 
commença  ses  études  à  Oxford. 

Son  père ,  un  des  avocats  célèbres  de 
Londres,  l'introduisit,  en  1772,  sous  tes 
meilleures  auspices,  dans  la  carrière  pu- 
blique ,  où  bientôt  il  donna  des  preuves 
éclauntes  de  son  talent  et  de  ses  profioiH 


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BEN  (  tu  ) 

éei  ^»fill*isS«Qce8  praticpiet.  Mâigi^  un 
bHllant  début,  il  quitta  l«  barreaa  dès 
qu'il  eut  reconnu  les  abus  delà  juftioeai>- 
glaise  à  la  cour  de  fa  dianeelltrie,  et  qu'il 
eut  a)>prls,  entre  autres,  que  de  temps 
immémorial  les  avticats  airateot  la  cou* 
tume  de  ne  comparaître  à  f  audience  que 
#ttHatroisièmea8signation;qu*ilsporUieiit 
les  trois  assignations  en  compte  à  leurs 
cHens  pour  en  partager  le  bénéfice  a? eo  le 
Mnseit  de  la  cour.  Bentham  fut  révolté 
de  éet  abus.  Après  en  avoir  obtenu  le  con^ 
•enlement  de  son  père  il  résolut  de  irtt* 
¥ailler  à  abolir  de  si  mauvais  usages,  plu* 
|6C  que  d*en  tirer  parti  pour  luinnéme. 

Lé  fluort  de  son  père  Tayant  mb  ea 
)M)S9etetotf  d'wie  modeste  fortune^  il  re- 
HOrfi^a  à  toute  ambition  d'arrÎTer  aux  em* 
plois  et  aux  honneurs,  pour  ne.consacrer 
sa  vfe  qu'à  raméNoration  de  la  justice  et 
desétablisftemens nationaux.  Sa  brochure: 
w/  f*a^ent  on  goverftment  (Londres, 
1776  ), par  laquelle  il  débuta  et  qui  don*- 
iMit  des  édajrdesetnens  sur  nu  chapitrç 
4es  eommentaires  de  Blacksione,  aniHmça 
déjà  toute  la  sagacité  d'un  profond  peo^ 
«eur.  Mais  ce  qui  établît  sa  réputation 
Iblsa  Défense  cfasury{LondttSy  i  7^7), 
^ans  taqueflè  il  proétait  qu'il  était  im* 
l^lillque  dé  «lettre  des  «ntmvea  ou  tiooBh- 
nveriee  de  fargèfut.  Son  Introduction  to 
^he  prineiples  (jf  moral  andlegiâlcuiOM 
^ridl^,  f  790,  in^^;  nowelle  éditiou, 
J  toi. ,  Londres  \Mt)  traite  à  fo»d  les 
poiots  prlMcipaWx  de  Tart  gouivernemen*- 
lai.  Son  Rationak  ^fjûdicial  évidence 
(6  vol.,  Londl^ee,  i%^f)  donnoi  avec  la 
Viéctt^e de  lapreuVe,  tinexamen général 
él  approlbodi^de  la  procédure  deè  tribu* 
Mux  anglaîéi' 'fHHni  ses  écrits  les  plus 
pt^foMds  fl^«re  son  Plan  of  ajudiciûl 
'éirt^li^ki/kènt^M'^W  ckttînait  à  la  France 
i^é«ét^.  Quoique  «cet  ouvrage  ait  été 
bnpriméà  Llndreteiil792,  il  n'a  jamaà 
été  répandv  dans  le  oarmmeroe;  Deux  de 
ses  meilleurs  ouvrages  n'oÉt  jusqu'à  rpoé- 
setil p«8  eooeke été impriaaés  en  Ordinal. 
Vu  de«ea  amiS)  DoaMut  de  Oeuè^y  kfi 
*lrtiduitaenfVaili^is«ur  sos  mMMiacrit: 
m  sont  lé  IVaixé  de  (a  législation  civile 
ef  pénaie  (l^aria  IMl,  3  toi.)  et  sa 
Théorie  det  peine}  et  récompenses  (2 
Vol.,  Londres,  1 S 13).  Ces  ounages  agrao- 
'ArcaM,  DoUmmeDi  en  Fnmce^lar^Mrt^^ 


BBN 

tien  de  Bealbàm  à  un  tel  point  qu'ayant 
TÎsité  une  des  cbanibres  de  la  Coor 
royale  pendant  .son  séjour  à  Paris,  tout 
les  avocats ise  levèrent  à  son  entrée,  pour 
lui  rendre  us  bommage  éclatant  de  leiur 
considératt<m.  L'emper«ur  Alexandre  lu« 
avait  envoyé  une  bague  euricbie  de  dîa^ 
Mans;  BentbamkreAiaa  en  disant  ;  «  Que 
son  intention  n'était  point  de  rectv«ir 
des  bagues  des  aouvemius,  mais  seule* 
ment  de  rendre  quelques  services  au 
monde.  » 

Un  de  ses  plus  intéressans  ouvragée» 
JSssfty  on  FÔlilical  luçiiest  qui  parut 
pour  la  première  fois  en  1701^  fut  pu<- 
blié  par  Du  mont  d'après  le  manuscrit  - 
rev«  et  augmenté  par  Bentbam,  sous  le 
titre  é* Essai  sur  la  tactique  des  assenh- 
blées  législatives  (Genève,  181$).  L# 
petU  écrit  de  Bentliam  St^ar  not  at  ail 
^Londres^  1  SI  3)  était  dirigé  contre  Tabu» 
judiciaire  du  serment,  et  son  Tàe  art  qf 
pacÂingjuries  (Londres,  1 82 1)  attaquait 
l'influence  illégale  des  autorités  sur  les 
jurjs»  Il  combattit  le  système  d*excliii«> 
sion  de  l'égUse  angliccuie  dans  son  Churçk 
of  engian€iism  {hon^r^y  t^t7)i  s€9 
V4iea  sur  la  nécessité  d'wie  réforme  g4< 
n^rale  sont  renfermées  dans  son  Plan  qf 
pariia/nenlafy  re/omi  (Londres,  1317) 
et  dans  son  Hadicai  feform  ^{//(l^oud*» 
1819).  Ces  éciits  et  pUtsiaurs  antref  s'é^ 
levaient  eveotant  d'éoergjis  et  deoonragi 
contre  k  corruption  dans  TéUt  et  dant 
l'église^  que^  de  tous  les  écriiMnP)*!  fut  le 
pluseobétté  àranimositôde#aU«qufisdi| 
parti  toryt).  et  cetlje  cir^ouftau^f  n>  paf 
peu  oontrtbué  à  ijntraver  pepdau^  loqg^ 
teeaps  la  publication  d^  sn^  euvrages  e^ 
Angletcft^re.  C'est  sous  son  influence  quf 
parut  en  18t4  In  WesUnimtter  review, 
destinée  n  défonds-e  et  à  appliquer  fcp 
principes  politiques.  IVmi  sas  preijaier^ 
écrits  mérite  amai  d'èt«-jQ  çUé.«Q#  Panop^ 
Uœn  or  the  inspection  hQti^(4^  vol, 
Londres»  1791)^  il  y  développe  le  plan 
d'une  BOuvelle  manière  d^  opustruim  1^ 
prisons,  les  msiaons  dé  tns^uii,  les  4tablie- 
semens  pour  les  aliénés»  et  autres;  et  o'eftt 
d'après  œ  plan  qu'on  exécuta  en  partie  la 
prison  de  Millbauk,  à  Londres. 

Bentham  était  simple  et  plein  de  di^ 
gnité  dans  ses  habitudes  ;  son  oommeroe 
était  doux,  d'une  aimable  faite.  Phâlo- 


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BBN 


(324) 


BEN 


êophe  pratique,!!  exerçait  la  bienfaisance 
d'une  manière  peu  ordinaire.  Tout  son 
extérieur,  sa  belle  tête,  son  oeil  bien  ou- 
vert, ses  longs  cheveux  ondoyans  et  la 
douceur  de  ses  traits,  jointe  à  l'expres- 
sion naturellement  spirituelle  et  énergi- 
que de  sa  figure,  lui  donnait  une  ressem- 
blance frappante  avec  Benjamin  Franklin. 
En  France,  M.  David  a  fait  son  buste  en 
marbre.  Même  dans  un  âge  avancé  il 
aimait  encore  à  jouer  de  Torgue  et  avait 
disposé  à  cet  effet,  dans  son  jardin,  une 
maison  qu'avait  habitée  Milton  et  que  dé- 
corait le  buste  de  ce  poète.  Il  était  pas- 
sionné pour  la  poésie  ;  la  botanique  était 
•  un  de  ses  passe-temps  favoris.  Le  triom- 
phe de  la  réforme  venait  d'embellir  les 
derniers  jours  de  sa  vie,  lorsque  la  mort 
l'enleva  le  6  juin  1832. 

Sa  correspondance  avec  les  hommes 
les  plus  distingués  de  son  temps,  un 
fragment  de  sa  biographie  et  tous  ses  ma- 
nuscrits ont  été  confiés  au  D^  Bowring,  qui 
est  chargé  de  la  publication  de  ses  osuvres 
complètes;  un  ouvrage  inédit,  la  Déontolo- 
gie, en  fera  partie.  Dans  ses  dernières  dis- 
positions Bentham  ordonna  que  son  corps 
serait  livré  à  la  dissection,  et  cela  pour  se 
metti*e  en  opposition  avec  le  préjugé  qui 
règne  encore  en  Angleterre.  Ses  amis 
furent  obligés  de  lui  faii'e  la  promesse 
soiennelle  d'exécuter  fidèlement  cette 
dernière  volonté,  malgré  tous  les  empé- 
chemens  qu'on  pourrait  y  opposer.  C.  X. 

BENTHElîf ,  comté  de  la  province 
faasovrienne  d'Osnabruck  à  l'ouest  de 
TBms  sur  la  Vechte ,  borné  par  les  Pays- 
Bas,  les  principautés  hanovriennes  d'A- 
remberg  et  de  Kheina-Wolbeck ,  et  par 
la  principauté  prussienne  de  Salm,  avec 
26,000  habitans,  sur  19  milles  c.  géogr. 
Une  partie  du  sol  consiste  en  terrains 
marécageux  et  n'a  que  des  pâturages  et 
des  tourbières.  Le  restant  est  fertile  en 
blé,  en  légumes,  chanvre  et  bois.  Les 
revenus  du  comté  sont  d'environ  100,000 
florins.  La  religion  du  pays  est  la  réfor- 
mée; mais  les  luthériens  et  les  catholi- 
ques ont  le  libre  exercice  de  leurs  cukes. 
Autrefois  Bentheim  était  un  comté 
immédiat  de  l'Empire.  L'extraction  de 
la  première  lignée  des  comtes  de  Bent- 
beim  eut  lieu  en  1421;  alors  le  plus 
proche  héritier  de  ces  comtes,  un  uoble 


de  Goterwyck ,  acquit  par  mariage  It 
comté  de  Steinfurty  et  son  petit-fils, 
Eberwyn  lY,  mort  en  1562,  y  réunit 
encore  le  comté  de  Tecklenbourg.  Ses 
petits-fils,  qui  partagèrent  entre  eux  l'hé- 
ritage paternel,  fondèrent  au  commen- 
cement du  XVII*  siècle  les  trois  branches 
Tecklenbourg ,  Bentheim  et  Steinfurt, 
dont  la  dernière  est  éteinte.  En  1768  le 
comte  Frédéric-Charies-Philjppe  I  for- 
tement obéré,  se  rit  obligé  d*engager  son 
pays  au  Hanovre  pour  trente  ans,  et  le 
contrat  fut  renouvelé,  en  1788,  pour  un 
égal  espace  de  temps.  Mais  lorsque  les 
Français  se  furent  emparés  du  Hanovre, 
le  comte  se  détermina,  en  1808,  à  dé- 
gager ses  domaines  moyennant  une  somme 
d'argent  :  ce  qui  n'empêcha  pas  Napo» 
léon  de  soumettre  ce  pays,  en  1807, 
au  grand-duché  deBerg,  et,  en  1810, 
de  le  réunir  à  la  France.  Le  comté  à% 
Bentheim  resta  médiatisé;  mais,  en  1 8 1 7, 
les  comtes  furent  élevés  à  la  dignité  dn 
prince  par  le  roi  de  Prusse.  Le  titulaire 
actuel  de  Tecklenbourg,  le  prince  ÉiitLS, 
est  né  en  1765  et  réside  à  HohenlioK 
bourg;  outre  Tecklenbourg  il  possède, 
sous  la  souveraineté  de  la  Pmsse,  It 
comté  de  Hohenlimbourg  et  la  seigneurie 
de  Rbeda,  formant  environ  8  j  milles 
c.  géogr.  avec  environ  10,500  babitana; 
plus  les  seigneuries  de  Gronau  et  de 
Wevelinghofeo.  Ses  revenus  sont  de 
60,000  florins.  Nous  disons  le  titulairt, 
car  le  comté  de  Tecklenbourg  appaiv 
tient  depuis  1706  à  la  couronne  de 
Prusse  qui  en  a  fait  l'achaU  t 

Le  comte  de  Bentheim  esl  à  la  f«ls 
sujet  de  la  Prusse ,  pour  Steinfort ,  et  d« 
Hanovre,  pour  BentlMinK  Xe  : prinee 
Alsxis,  né  en  1781 ,  réside  à  Bcatbeim. 
U  »  racheté  Bentbeim  en  1821.  Bent- 
heim et  Steinfurt  comptent  26,000  ha- 
bitans,  sur  un  espace  de  20  toiWm  c.  g. 
Les  revenus  du  prince  sont  amucUemeat 
de  160,000  fl. 

Son  frère,  Guillaûmb,  fekknarécbal- 
lieutenant  de  l'armée  autrichienne,  né  k 
Steinlort,  en  1782,  eut  encore  le  prér 
nom  de  Bdgicus,  parce  queiet  états-gé- 
nénux  de  la  HoUande  lui  servirent  de 
parrain.  En  1609  il  fut  nommé  colonel 
sur  le  champ  de  bataille  d'Aspem.  Le 
la  «Mon,  il  ramena ,  à  la  ba« 


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ftEIf 


(826) 


BEN 


taille  de  Wagram,  son  régiment  d*abord 
repoussé.  li  se  battit  avec  une  égale  bra- 
voure, en  1813,  près  de  Dresde  et  de 
Culm.  C'est  en  1827  qu'il  fut  nommé 
feld-maréchaKlieutenant.  Par  son  activité 
et  ses  sages  mesures  il  contribua  beau- 
coup, lors  de  l'entrée  des  Autrîcbiens 
dans  les  états  romains,  en  1831,  kj 
apaiser  les  troubles.  C.  L, 

BENTINGK  (  Wiixiam-Hehbt-Ga- 

▼SHDISH  )  ,  VOr-  POETLAND  (duC  de). 

SENTINCK  (Williàx-Henbt-Ca- 
TEHDisH,  lord),  gouverneur  général  de 
riode  anglaise,  est  né  en  1774.  Étant 
entré  de  bonne  heure  au  service  mili- 
taire ,  il  fut  nommé,  dès  l'âge  de  29  ans, 
gouverneur  de  Madras.  Rappelé  en  Eu- 
rope quelques  années  après,  l'Angle- 
terre l'envoya  en  Sicile,  auprès  du  roi 
de  Naples ,  avec  la  mission  de  comman- 
der les  troupes  auxiliaires  anglaises.  £n 
présence  d'une  reine  ambitieuse,  qui 
supportait  impatiemment  la  présence  des 
troupes  étrangères  dans  ses  états,  ce 
poste  exigeait  une  grande  prudence; 
nuis  l'Angleterre,  convaincue  de  l'inca- 
pacité de  cette  princesse  Intrigante,  ne 
consentait  à  la  protéger  contre  Napo- 
léon qu'à  la  condition  qu'elle  se  laissât 
diriger.  Ce  fut  par  l'influence  de  son 
ambassadeur  et  malgré  la  reine  Caro- 
line, qu'une  constitution  fut  introduite, 
en  1812 ,  dans  la  Sicile.  On  a  reproché, 
avec  raison ,  à  l'Angleterre  de  n'avoir  pas 
stipulé  le  maintien  de  cette  constitution 
lorsque  les  troupes  anglaises  se  retirè- 
rent, après  la  chute  du  trône  de  Napo- 
léon. Il  est  vrai  que  les  partisans  du  mi- 
nistère anglais  ont  dit ,  pour  son  excuse , 
qu'on  s'était  convaincu  que  la  Sicile  n'é- 
tait pas  mûre  pour  apprécier  le  bienfait 
d'une  constitution.  Napoléon  combattait 
encore  contre  les  alliés  du  nord ,  au  com- 
mencement de  1814,  lorsque  le  gouver- 
nement anglais  chargea  lord  Bentinck  de 
soulever  l'Italie  contre  lui  et  de  soute- 
nir les  efforts  de  la  population  par  les 
troupes  qui  furent  mises  à  sa  disposition, 
dans  la  flotte  de  la  Méditerranée.  Le  com- 
mandant en  chef  adressa  une  proclama- 
tion libérale  aux  Italiens,  força  la  garni- 
son française  à  Gènes,  à  capituler,  et 
promit  le  rétablissement  de  l'ancienne 
république    génoise.   Lorsqu'ensuite  le 


congrès  de  Vienne  soumit  Grénes  au  roi 
de  Sardaigne,  l'indignation  fut  générale; 
de  vîolens  reproches  furent  adressés  au 
ministère  anglais,  par  l'opposition  par- 
lementaire ,  pour  avoir  sacrifié  uq  pays  à 
qui  le  représentant  de  l'Angleterre  avait 
solennellement  promis  le  rétablissement 
de  son  ancienne  indépendance.  Lord 
Castlereagh  ne  rougit  pas  de  désavouer 
le  commandant  en  chef,  et  lord  Bentinck 
eut  la  faiblesse  de  continuer  de  servir 
sous  un  ministère  qui  lui  avait  fait  un 
tel  affront.  Il  accepta  le  poste  de  minis- 
tre près  le  Saint-Siège;  mais  il  revint 
bientôt  en  Angleterre  et  ne  fut  plus  em- 
ployé tant  que  dura  le  pouvoir  de  lord 
Castlereagh.  Ce  ne  fut  que  sous  le  mi- 
nistère de  Canning,  en  1827,  qu'il  fut 
appelé  an  poste  important  de  gouver- 
neur général  de  l'Inde.  Il  en  remplit  de- 
puis ce  temps  les  fonctions,  à  la  satis- 
faction générale.  L'Inde  n'a  jamais  été 
plus  tranquille  ni  mieux  gouvernée  que 
sous  son  administration.  Un  voyageur 
français,  Jacquemont,  qui  reçut  de  lord 
Bentinck  toutes  les  facilités  pour  ses 
recherches  d'histoire  naturelle,  dit  de 
lui  :  a  L'homme  qui  fait  peut-être  le  plus 
d'honnneur  à  l'Europe,  en  Asie,  c'est 
celui  qui  la  gouverne.  Lord  Bentinck^ 
sur  le  trône  du  Grand-Mogol,  pense  et 
agit  comme  un  quaker  de  Pensylvanie. 
Mêlé  long-temps  dans  des  scènes  de  tu- 
multe et  de  sang,  il  a  gardé  pure  et  vierge 
cette  fleur  d'humanité  que  les  habitu- 
des de  la  vie  militaire  flétrissent  si  sou- 
vent. Éprouvé  aussi  par  le  plus  corrup- 
teur des  métiers,  celui  de  diplomate,  il 
est  sorti  de  cette  épreuve  avec  la  pensée 
droite  et  le  langage  simple  et  sincère  de 
Franklin.  »  D-o. 

BENTIVOGLIO  (la  famille), 
originaire  du  château  du  même  nom , 
aux  environs  de  Bologne,  et  souveraine 
dans  cette  ville  au  xt**  siècle ,  prétend 
descendre  d'un  fils  naturel  d'£nzio,  lui- 
même  fils  naturel  de  l'empereur  Frédé- 
ric II.  Enzio ,  22  ans  captif  chez  les  Bo« 
louais,  mourut  dans  leur  ville,  en  1271, 
laissant,  selon  des  chroniques  peut-être 
apocryphes,  un  fils  du  nom  de  Ben- 
tivoglio.  Pendant  le  xit^  siècle,  on  voit 
la  famille  de^  Bentivoglio  attachée  à  la 
corporation  des  houchers.  Peu  après  elle 


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BEN 

t'âhittrey  et,  pu* «on  àttichement  au  parti 
de  l'Échiquier,  elU  acquiert  les  pre^ 
nières  place*. 

Jbak  Betitivoglio,  ebef  du  parti  dk 
rÉohiqnier,  aapplanteManiie  Goazadini 
et  se  fait  proclamer,  en  1401,  seigneur 
de  Bologne.  L^anoée  sqitante  il  perd  la 
bataille  de  Fasaleochio  contre  Jean-Ga- 
Ua»  Viacoiitl;  pni»  il  est  tué  par  le  peuple 
de  Bologne  dans  une  révolte.  Mais  son 
usmpatîon  n'en  devient  pas  moins  un 
titre  pour  sa  maisote.  Antoike,  son  fils, 
banni  de  Bologne  en  1420,  y  rentre  au 
bout  de  16  ans,  acquiert  la  faveur  po-< 
pulaire,  puis  est  arrêté  par  ordre  du 
pape  Eagène  IV,  et  décapité  au  même 
instant  (1436).  Anitibal,  placé  à  la 
tête  du  godvernement  de  Bologne,  en 
1488,  par  Nie.  Piocinino ,  est  peu  docile 
aux  ordres  de  ce  proteotear ,  se  voit  en^ 
fermé  dans  la  citadelle  de  Yarrani,  s'é- 
vade ,  et  gouverne  de  nouveau  Bologne, 
nais  sans  titre  ,  jusqu'en  1446.  A  cette 
époque  il  est  tué  par  des  hommes  qui 
prétendent  rétablir  la  liberté  dans  BÎo- 
logne,  mais  au  fond  obéissent  aux  insti* 
gâtions  du  duc  de  Milan.  Santi  ou  SAïf^ 
CHS  était  chef  d*une  manufacture  de 
laines  à  Florence ,  quand  Cosme  de  Mé<- 
diois  lui  offrit  le  choix  entre  ses  occupa- 
tions industrielles  et  le  gouvernement  de 
Bologne.  Santi  opta  pour  le  poste  péril* 
leux  qui  le  plaçait  parmi  les  chefs  de  1*1- 
talie,  gouverna  16  ans  avec  sagesse, 
toujours  d'accord  et  avec  le  peuple  de 
Bologne  et  avec  le  pape ,  et  mourut  uni«- 
verseilement  regretté,  en  1462.  Jean  II , 
fils  d'Annibal  I®' ,  encouragea  les  arts, 
Orna  Bologne  d'édiices  magnifiques, 
appela  les  scntpteurs,  les  peintres,  les 
poètes,  autour  de  lui.  César  Borgia  l'avait 
en  ^vteiin  envirenné^l'embàches  :  Jean  dé- 
joua tous  ses  pièges  ;  mais  Tarrivée  do 
pape  Jules  il ,  avec  une  armée  et  des 
rrawgals,  le  contraignit  à  quitter  Bolo« 
gne  (  1606  )  pour  ae  réfugier  à  Milan, 
où  il  mourut  en  160S<  AimiBAL  II  et 
Hkb «ris  rétablis,  en  161 1 ,  par  les  Fran- 
çais dans  l'exercice  de  leur  souveraineté 
î  Bologne ,  en  jouirent  nn  an  ;  puis,  for* 
eés  de  se  retirer  à  Ferrare  et  à  Mantoue, 
Ils  renoncèrent  à  leur  pouvoir  en  faveur 
du  pape.  HKKCiruc  Bentivogllo,filsd'A»»- 
ttibal  II,  né  vers  I'm  16ifl» te  mai^ojé 


(  826  )  BEIf 

par  les  princes  d'Esté  dans  plusleon  iléw 
gociations  délicates  etmoiurut  en  167S» 
Il  excellait  dans  la  poésie,  la  musique 
instrumentale  et  les  exercices  du  corps. 
On  a  de  lui:  1°  des  stances,  sonnets, 
églogues  ;  2^  des  satires  et  des  oapiioli  ; 
8^  deux  comédies.  Sa  facilité,  sa  graoe^ 
le  rendent  presque  l'égal  de  l'Arioste. 
Opère  poetiche  del  signor  SreoU  Ben* 
thogUo,  Paris,  1719,  in*  12. 

Camille  Bentivoglio ,  petit-fils  d'Aa^ 
nibal  II,  s'attacha  aux  rois  Henri  U  et 
François  II  dont  il  fat  premier  gentil*» 
homme;  puis,  faussement  accusé  par  le 
parti  des  Guises  de  l'assassinat  du  coaita 
d'Enghien  et  même  cité  pour  un  cas  plua 
grave  encore  devant  le  pape  Pie  IV,  il 
pasm  en  Pologne  et  se  signala  pendant 
la  guerre  contre  les  Turcs.  Cm,  sucœ^ 
sirement  camérier  secret  de  Clément 
yill,  référendaire  de  Paul  y,arehevé^ 
que  de  Rhodes,  nonce  apostolique  tm 
Flandre  et  en  France,  et  enfin  cardinal^ 
fut  choisi  par  Louis  XIII  pour  protee^ 
teur  de  la  cour  de  France  auprès  du 
pape,  et  devint  le  confident  intime  d'Ur« 
bain  VIII  qui  le  fitévéque  de  Palestrine 
et  auquel  on  crut  qu'il  allait  succéder,  en 
1644,  lorsqu'il  mourut  dès  l'ouverture 
du  conclave.  U  avait  66  ase.  On  a  de  lui 
des  ReUuiofis  de  ses  nonciatures,  dee 
Lettres  j  une  Histoire  de  Flandre :,  des 
Mémoires  sur  sa  vie.  Tous  ces  ouvragée, 
traduits  en  français,  offrent  de  l'intérêt, 
quoique  superfioieb,  et  trahissent  dea 
opinions  fortement  ultramoDlaines, 

HippoLYTZ,  d'une  autre  branche  de  la 
famille,  marquis  de  Magliano,  comte 
d'Antignano,  noble  bolonais,  ferrerais 
et  vénitien,  colonel  de  cavalerie,  était 
au  siège  de  Pavie  avec  le  duc  Françoie 
de  Modèoe.  U  perlait  plusieurs  langues, 
possédait  la  musique  et  l'archileeture, 
inventa  plusieurs  madunes  théâtrales, 
composa  4  tragédies  (  Annikal  à  Ctt^ 
poae^  Pbj'ilisy  jéchille  à  Scyrosj  Tirir» 
<fet/#),uneooniiédieetdespoésieslyriques. 
Son  fils  CoaiiELio,  né  à  Ferrare  en  1 668, 
fut,  sons  Clément  XI,  prékt  domesti<^ 
que,  clerc  de  la  chambre  apostolique, 
archevêque  de  Carthage  et  nonce  ea 
France.  Il  ^développa  beaucoup  de zèle^ 
pour  U  bulle  Unigenitus  et  en  oonaè« 
quenoa  re^  beaucoup  de  fiteenea  M 


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BEW 


(327) 


BEN 


Loois  XIV.  La  régenco  chanfea  siogu- 
lièftm^t  cet  ordre  de  choses,  et  le  pape 
l'ayant  rappelé  en  Italie  le  nomma  car- 
diiMtly  4n  171S,  puis  légat  à  latere  dans 
la  Eomagne ,  nonce  en  Espagne ,  etc.  U 
y  mournt  en  1732.  Le  cardinal  Bentivo*- 
glîo  était  versé  dans  Isa  lettrea,  dans  le 
droit  »  la  théologie  et  les  sciences.  Il  son* 
tint  noua  Jea  établisaemeos  favorables  à 
la  littérature.  On  a  de  loi  plusieurs  Dis^ 
cours  (  un  entre  autres  sur  Tutililé  mo- 
rale des  arts  du  dessin),  une  traduction 
en  TCta  de  la  Tkékaide  de  Stace ,  et  quel-* 
qoea  jfomutf  (Collection  de  Gobbi,  t. 
UI).  VauP. 

BBNTLEY  (EiQHaanXrun  desphi- 
lologues ka  plus  instruits  et  les  plus  ju^ 
dieieux»  était  le  fils  d'un  aftaréchal^fer- 
rant.  Il  naquit,  en  1669,  à  Oultoo  près 
Wakefield ,  dana  le  oomté  dTork,  et 
fréquenta  d'abord  l'école  de  Wakefield , 
d'où  il  passa  à  l'uni  versilé  de  Cambridge, 
qu'il  quitta  en  16$1 ,  pour  devenir  mai-* 
tre  d'école  à  Spalding,  dans  le  Lincoln- 
ihirt ,  puis  précepteur  du  fils  de  l'évéque 
de  Worcester,  alora  doyen  de  Sainte 
?aul,  et  dont  U  détint  quelque  temps 
après  le  chapelain.  Son  épttre  en  latin  au 
diooteur  John  Mill  (1 69 1)  commença  à  le 
faire  connaître;  Bentley  y  fit  preuve  d'une 
wsta  érudition  et  d'une  critique  h^ireu- 
sementappllquée  à  l'étude  des  classiques 
anciena.  Il  «listait  un  legs  qu'on  aocor^ 
dait  pour  un  csruîn  nombre  de  sermons 
qui  devaient  être  prêches  chaque  année 
en  l'honneur  de  la  défense  de  la  religion 
uaturelle  et  révélée.  Bentley  ayant  été 
choisi,  en  16»$  ,-pour  remplir  la  volonté 
dutestatami,  il  composa  huit  sermons 
consacrés  à  hi  réfoUtion  de  l'athéisme;  il 
prouva  dans  cette  occasioB  qu'il  avait 
o^n-eeuleraent  une  profonde  connais-» 
••noe  des  philosophes  de  Tantiquité,  mais 
Wii  était  à  la  hauteur  des  idées  de  son 
époque.  Lora  de  la  publication  du  Calli- 
asaqne  de  Gvtt^us,  m  1 697,  Bentley  en» 
voya  à  ce  demcr  une  grande  cQlleetk)n 
de  fragmeos  de  ce  poète,  avec  ses  Pemap* 
ques.  Déjà  conservateur  de  la  bihliothè- 
qve  royale  de  St-Jaroas,  Bentley  fut  nom- 
iné  profcssenr  au  collège  de  la  Trinité  à 
GMabridge,  «n  1760$  et  ayant  renoncé 
Ml  CfaBoniçal  de  Worocster,  il  fut  investi 
idn  lfarehîdiaefliiatd*By. 


Tout  en  Bà  livrant  a  une  vive  polémiqua 
littéraire  el  en  s'engageant,  à  la  suite  da 
sa  position,  dans  des  discussions  pénibles 
pour  lui,  Bentley  continua  êes  travaux 
scientifiques  et  publia,  en  1710,  ses  re- 
marques critiques  sur  U  comédies  d'A- 
ristophane, et  ses  corrections  des  fjrag-* 
mena  de  Méoandre  et  Philémon.  Son 
eicellente  édition  d'Horace  parut  en  1711 
(3"*  édition,  Amsterdam,  1 728  ).£n  1736 
il  publia  Térence  et  Phèdre.  Son  édition 
du  Paradis  perdu  de  Milton  lui  attira 
beaucoup  de  critiques  en  Angleterre ,  et 
fournit  une  nouvelle  preuve  de  son  peu 
de  goût  pour  la  poésie,  par  les  change- 
mens  qu'il  y  glissa  et  les  beautés  et  les 
traits  caractéristiques  qu'il  en  effaça. 

Sa  vie  fut  une  longue  série  de  querelles 
académiques;  il  y  déploya  autant  de  cou- 
rage que  de  capacité.  Il  mourut,  en  1743, 
à  Tàge  de  81  ans.  Sa  correspondance  a 
été  imprimée  à  Londres  en  1807,  in-4^ 
et  réimprimée  à  Leipzig  en  1825,  in-8^, 
sous  ce  titre  :  JUck.  BenUeii  et  doctorum 
virorum  Epis^iwpartim  mutuœ,  novis 
addidamentis  ^  God.  Uervnanni  dis^ 
sertatione  de  Bentieio  efusque  ed,  7<r- 
r&nlii  auxit  Friedemann.  On  peut  con- 
sulter sur  Bentley  l'art,  de  VEncyclopœ^ 
dia  Britannica.  Dans  la  biographie  la 
plus  récente  que  nous  ayons  de  lui,  bio- 
graphie publiée'deraièrement  par  James 
Henry  Monk,  évéque  de  Glocester, 
soua  le  titre  :  7%e  Ufe  ofRich.  Bentley 
{ London ,  1 880,  in-4''  ) ,  on  rend  justice 
à  Bentley  comme  savant,  mais  on  pré- 
sente sa  vie  et  son  caractère  sous  des 
couleurs  très  peu  avantageuses.  Le  célè- 
bre Wolf  avait  aussi  écrit  sa  biographie 
(Berlin,  1816);  mais  cet  émule  de  Bent- 
ley ne  disposait  pas  de  matériaux  aussi 
riches  ni  aussi  authentiques  que  ceux 
quVi  eus  le  biographe  anglais*        C.  X. 

BENZBL-STERNAU  (  CnniTiEw- 
EmNxsT,  comte  de  ),  écrivain  distingue- 
par  rorigînalité  de  ses  écrits  et  par  ses 
opinions  libérales,  naquit  à  Mayence 
en  1767,  entra  au  service  de  l'électeur 
de  cette  ville  en  1791,  en  qualité  de  con- 
seiller de  régence  à  Erfort ,  et  fut  nom- 
mé, en  1803,  conseiller  intime  d'état. 
U  prit  ensuite  du  service  dans  te  grand- 
duché  de  Bade,  où  lui  lut  confiée,  en 
1806,  la  direction  du  ministère  d#  Tin- 


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BEN 


(328) 


BËO 


teneur  ;  enfin  il  fat  nommé,  en  1 S 1 2,  mi- 
nistre d'état  des  finances  par  le  grand-duc 
de  Francfort.  Lorsque  ce  grand  -  duché 
cessa  d'exister,  en  1 8 1 3,  le  comte  Benzel 
alla  demeurer  en  Suisse  et  séjourna  al- 
ternativement dans  ses  propriétés  près  de 
Hanau  et  à  Mariahalden,  près  du  lac  de 
Constance.  Le  Veau  d'or,  biographie 
(  4  vol., Gotha,  1802  ),  plaça  Tauteur  au 
rang  des  écrivains  humoristiques  les  plus 
distingués  de  1* Allemagne.  Dans  ses  au- 
tres écrits  de  même  nature  on  a  remar- 
qué la  richesse  des  images,  la  justesse 
des  comparaisons,  une  manière  spiri- 
tuelle, beaucoup  de  finesse  d'observation, 
jointe  à  une  connaissance  profonde  du 
monde.  On  peut  toutefois  reprocher  à 
ses  compositions  un  désir  souvent  im- 
modéré de  faire  de  l'esprit  et  la  manière 
quelquefois  énigmatique  et  subtile  dont 
il  y  traite  son  sujet,  défauts  auxquels  se 
joignent  encore  l'étrangeté  et  la  surabon- 
dance de  phrases.  M.  Benzel-Sternau 
s'est  aussi  essayé  dans  le  genre  dramati- 
que, mais  pas  avec  un  égal  bonheur. 
Son  Théâtre  de  la  cour  de  Barataria 
(4  vol.,  Leipz.,  1838  ),  recueil  de  pro- 
verbes dramatiques,  présente  plusieurs 
scènes  spirituelles  et  en  partie  bien  or- 
données, mais  ne  constitue  pas  une  vé- 
ritable production  de  l'art.  Sa  comédie 
A  moi  l'univers  a  des  caractères  bien 
dessinés;  mais  le  véritable  comique  y 
manque  et  l'action  languit  souvent.  Aprà 
avoir  servi  deux  princes  ecclésiastiques, 
le  comte  se  fit  recevoir,  en  1827,  dans 
la  communion  évangélique  avec  son  frère 
Godefroy,  mort  en  1832,  et  cette  conver- 
sion fit  du  bruit.  D'après  sa  déclaration 
publique ,  la  conviction  seule  Ta  porté  à 
cette  démarche.  Deux  ouvrages  sur  les 
États  de  Bavière  font  connaître  M.  Ben- 
zel  comme  partisan  éclairé  de  la  liberté 
et  des  droits  constitutionnels;  cepen- 
dant son  opposition  n'est  pas  sans  l'al- 
liage de  quelques  prétentions  aristocra- 
tiques. C,  L,  m, 

BÉOTIE,  contrée  de  la  Grèce  propre 
(aujourd'hui  Livadie),  avait  pour  bornes 
au  sud  la  Mégaride  et  l'Attique,  à  l'ouest 
le  canal  d'£ubée,  à  Test  la  mer  d'Alcyon 
et  la  Phocide,  et  au  nord  la  Phocide  et 
les  Locriens  Opnntiens.  Une  chaîne  de 
montagnes  qui  traverse  di^on^lemeot  le 


pays  le  divisait  eu  S  régions;  l'une,  vers 
le  nord,  est  la  Phocide,  froide,  âpre,  mon- 
tueuse,  peu  fertile,  très  saine;  l'autre, 
vers  le  sud  et  l'ouest,  beaucoup  plus 
chaude  et  plus  riche  en  fruits,  en  vins, 
mais  beaucoup  moins  salubre  et  où  l'at- 
mosphère était  plus  épaisse.  Les  princi- 
pales cimes  étaient  leCithéronyl'Hélicony 
le  montduSphynx,  etc.  Deux  lacs,  l'Ha- 
liée  et  le  Copais,  sont  regardés  comme  des 
vestiges  d'un  ordre  de  choses  antique, 
détruit  depuis  des  siècles,  et  dont  la  fa- 
ble a  rendu  compte  par  le  déluge  d'Ogy- 
gès.  Ces  lacs  n*ont  point  d'issue  naturelle  ; 
il  leur  en  a  été  méningé  une  par  des  ca- 
naux percés  à  travers  les  monts  qui  cir- 
conscrivent les  bassinsde  ces  lacs.  La Béo- 
tie,  surtout  comparativement  à  l'Attique, 
était  bien  arrosée  ;  aussi  ses  habitans  s'a- 
donnaient-ils principalement  aux  soins 
de  l'agriculture  et  de  Thoiticulture  et  à 
l'éducation  des  bestiaux.  Indépendam- 
ment des  vins  et  des  fruits  ordinaires, 
l'olive  donnait  de  très  riches  produits 
dans  le  sud ,  les  grains  abondaient  dans 
le  nord.  Le  poisson,  le  gibier,  étaient 
en  grande  quantité.  Le  voisinage  des  deux 
mers  eût  pu  favoriser  le  commerce ,  si 
Athènes  n'eût  pas  trouvé  moyen  de  s'en 
emparer. 

Les  premiers  habitans  de  la  Béotie 
étaient  lesLélègues,les  Aones,]es  Hyantes. 
Ils  constituaient  peut-être  une  race  plus 
ancienne  encore  que  celle  des  Pélasges. 
Soumis  par  eux,  ils  firent  dans  la  suite 
cause  commune  avec  les  Hellènes,  enne- 
mis de  la  race  pélasgique,  et  améliorèrent 
ainsi  leur  sort.  L'histoire  primitive  de  la 
Béotie  se  confond  avec  la  fable;  après 
les  premiers  rois  antochthones  vient  Cad- 
mus  le  Phénicien,  l'initié  de  Samothrace, 
qui  apporte  à  la  Grèce  l'alphabet  et  l'é- 
criture, soumet  les  indigènes  à  son  scep- 
tre et  fonde  Thèbes,  qui  éclipsera  la  vieille 
et  noble  Orchomène*  A  la  mort  de  Cad- 
mus ,  la  guerre  s'engage  entre  sa  famille 
et  les  Spartes  ou  indigènes  personnifiés 
dans  Échion.  Les  deux  races  régnent 
tour  à  tour  et  chacune  donne  à  la  con- 
teuse et  crédule  Béotie  des  dieux,  des 
héros,  des  victimes  :  Sémélé,  Bacchus^ 
Ino,  Penthée,  Mélicerte,  Actéon,  Am- 
phioD,  OËdipe,  etc.,  etc.  Ce  qu'on  peut 
condnre  de  toat^  ces  traditîoas,  c'asi 


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BÉO 


(»2d) 


BER 


<Iti6  primitirettent  rAtticfiie  et  la  Béotie 
se  confoBdeDt  :  un  même  roi  Ogygès , 
l'Océtn  ,  les  opprime  ;  la  dvilisatioD 
naissante  refoule  les  eaux  dans  leur  lit 
actuel.  Bientôt  y  tandis  que  les  riverains 
(Aktiqne  ou  Attique)  s'occupent  de  pê- 
che,  d'industrie,  les  montagnards  se  font 
pAtres  (Boôtes,  Botes,  Boutes);  Mercure 
(Hermès  ou  Kadraos)  est  leur  dieu.  Les 
Péiasges  Tiennent,  et  avec  eux  une  ci- 
vilisation nouvelle;  on  en  fait  honneur 
à  leur  chef  à  qui  l'on  donne  tous  les 
attributs  du  dieu.  Villes,  écriture,  sa- 
crifices, tout  naît  en  même  temps.  Les 
réactions  ont  leur  tour  et  les  indigènes 
s'insurgent  de  temps  à  autre  contre  les 
civilisateurs.  Une  religion  nouvelle ,  im- 
mense^ surgit  au  mili^  de  ce  conflit ,  la 
religion  de  Bacchus. 

Des  nuages  plus  épais  encore  couvrent 
les  annales  de  la  Béotie  jusqu'au  rv®  siè- 
cle avant  J.-C  On  sait  seulement  que 
9  villes  principales,  Thèbes,  Coronée, 
Chéronée,  Lébadée,  Orcbomène,  Thes- 
pies,  Platée,  Tanagre,  Onchieste  (ou  plu- 
tôt Haliarte)  formaient  ensemble  une 
confédération  dite  Pambéotique;q\ï*e\\ea 
envoyaient  des  députés  à  une  diète  com- 
mune; que  le  lieu  des  réunions  était  Stone; 
que  Thèbes  avait  la  présidence;  que  du 
reste  chaque  ville  était  gouvernée  par  un 
Béotarque  chargé  du  pouvoir  exécutif, 
mais  que  tout  ce  qu'ils  faisaient  était 
soumis  au  contrôle  de  4  conseils  qui  ju- 
geaient souverainement;  enfin  que  l'en- 
semble des  Béotiens  était  un  des  12  peu- 
ples qui  avaient  séance  au  conseil  des 
Amphictyons.  Les  guerres  roédiques four- 
nirent aux  Béotiens  quelques  occasions 
de  se  signaler  ;  ils  eurent  part  à  la  ba- 
taille de  Marathon  et  plus  encore  à  la 
bataille  de  Platée,  où  ils  ne  firent  pas 
moins  que  les  Lacédémoniens.  Pendant 
la  guerre  du  Péloponèse  Thèbes  se  dé- 
clara pourLacédémone;  Platée,  sa  rivale 
étemelle,  prit  parti  pour  Athènes.  Les 
événemens-  de  cette  guerre  mémorable 
permirent  à  Thèbes  de  réduire  presque 
toute  la  Béotie  à  son  obéissance  :  aussi , 
malgré  la  paix  d'Antalcidas  qui  la  con- 
traignit à  rendre  toutes  ses  conquêtes, 
se  trouva-t-elle  inopinément  belliqueuse 
et  habile  dans  l'art  de  la  guerre.  Épami- 
noAdaa  et  Pélopidas  mirent  Sparte  à  deux 


doigts  de  sa  mine;  inais  ces  événemens 
trouveront  mieux  leur-place  à  l'article 
TniBEs. 

Les  Béotiens  passaient  pour  lourds, 
peu  spirituels  et  peu  guerriers ,  et  leur 
nom,devenu  proverbial,s'emploie  comme 
une  injure;  bouviers,  garçons  de  labour, 
jardiniers  et  vignerons  pour  la  plupart,  ils 
devaient  en  effet  s'entendre  fort  peu  aux 
arts,  aux  lettres  que  cultivaient  leurs  élé- 
gans  voisins  les  Athéniens,  et  ils  se  sou- 
ciaient médiocrement  des  guerres  si  ai- 
mées des  Lacédémoniens.  Cependant  le 
génie ,  la  bravoure  ne  leur  manquaient 
pas  plus  qu'à  nos  compatriotes  péri- 
gourdins  et  beaunois.  Beaucoup  de  Béo* 
tiens  allaient  entendre  Socrate;  Hésio- 
de, Pindare,  Corinne,  Épaminondas, 
Plutarque,  en  sont  des  preuves  qui  n'ad- 
mettent point  de  réplique.  Enfin  ib  avaient 
l'oreille  musicale  à  un  très  haut  degré  : 
presque  tous  savaient  jouer  de  la  flûte. 
Et  quand  une  fois  ils  s'étaient  déter- 
minés à  combattre,  c'était  une  guerre  de 
géans  ;  vainqueurs  ou  mourans  ils  gar- 
daient le  champ  de  bataille.      Val.  P. 

BÉRANGER  (Pierre-Jean  ub)  est 
né  à  Paris  le  19  août  1780,  chez  un  tail- 
leur, son  pauvre  et  vieux  grand- père 
maternel.  Son  père  et  sa  mère,  à  ce  qu'il 
semble ,  eurent  peu  d'influence  sur  son 
éducation.  Il  resta  à  Paris  jusqu'à  l'âge 
de  9  ans.  Peu  de  temps  après  il  fut  con- 
fié à  une  tante  paternelle,  qui  tenait  une 
auberge  dans  un  des  faubourgs  de  Pé- 
ronne  ;  cette  respectable  femme,  main- 
tenant octogénaire,  est  pour  quelque 
chose  dans  une  gloire  qu'elle  a  préparée 
et  dont  elle  apprécie  la  grandeur.  C'est 
chez  elle  et  sous  ses  yeux  que  l'enfant 
sortit  de  son  ignorance,  en  lisant  le  Té^ 
lémaque  et  quelques  volumes  de  Racine 
et  de  Voltaire  qu'elle  avait  parmi  ses  li- 
vres. Aux  vers  du  plus  religieux  de  nos 
poètes  et  à  ceux  du  plus  moqueur  de  nos 
philosophes,  sa  tante,  bonne  et  pieuse, 
joignait  d'excellensavertissemens  de  mo- 
rale, et  des  conseils  d'une  fervente  dévo- 
tion. Néanmoins,  déjà  à  cette  époque  le  gé- 
nie de  Béranger,  libre,  sceptique  et  malin, 
se  trahissait  par  des  saillies  involontaires. 

A  14  ans  il  entra  en  apprentissage 
dans  l'imprimerie  de  Péronne;  là  il  com- 
mença à  apprendre  les  preonièrea  règles 


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BÉR 


(380) 


BËR 


d«Forthofraphe  et  de  la  hngae.  Mais  sa 
Téritable  école,  celle  qui  contribua  le 
plus  au  développeinent  de  son  intelli- 
gence  et  de  ses  sentimeos  moraux,  ce  fut 
Técole  primaire  fondée  à  Péronne  par 
M.  Ballne  de  Bellanglise,  ancien  député 
à  TAssemblée  législatiTe.  Dans  son  &k^ 
tlH>ii8iasme  pour  Jean-Jacqoes,  ce  repré- 
sentant avait  imaginé  un  institut  d*ciifaiM 
d'après  ks  maximes  du  citoyen-pliilo- 
sopbe  ;  mais  dans  cette  éducation  toute 
citoyenne  on  n'enseignait  pas  le  latin  : 
Béranger  ne  Tapprit  donc  pas. 

▲  17  ans,  muni  d'urf  premier  fonds 
de  connaissances  et  des  bonnes  instruc- 
tions morales  de  sa  tante,  Béranger  re- 
Tint  à  Paris  auprès  de  son  père.  Vers  18 
ans,  pour  la  première  fois  l'idée  de  faire 
des  ^-ers  se  glissa  dans  sa  tête,  sans  doute 
à  l'occasion  de  quelques  représentations 
théâtrales  auxquelles  il  assistait.  La  co- 
médie fut  son  premier  rêve:  il  en  ébau- 
cha une  intitulée  les  Hermaphrodites , 
oà  il  raillait  les  hommes  fats  et  efféminés, 
les  femmes  ambitieuses  et  intrigantes. 
Mais  ayant  lu  avec  soin  Molière,  il  re*. 
ttonça,  par  respect  pour  ce  grand  maître, 
à  un  genre  d'une  si  accablante  diffi- 
culté. Après  le  théâtre^  le  genre  satirique 
Occupa  un  moment  son  esprit;  mais  il 
loi  répugna  comme  acre  et  odieux.  Alors 
pour  satisfaire  à  son  besoin  de  travail  et 
de  poésie,  il  prit  la  grande  et  solennelle 
détermination  de  composer  un  poème 
épique:  Clovis  fut  le  héros  qu'il  choisit. 
Le  soin  de  préparer  ses  matériaux,  d'a(>« 
prc»fondir  les  caractères  de  ses  person- 
nages, de  mûrir  ses  combinaisons  princi- 
pales, devait  l'occuper  plusieurs  années; 
<|uant  à  l'exécution  proprement  dite,  il 
l'ajournait  jusqu'à  l'époque  où  il  aurait  80 
ans. 

Cependant  sa  position  malheureuse 
contrastait  amèrement  avec  ses  grandioses 
perspectives.  Il  connaissait  le  dénûment 
et  la  misèi^;  de  rudes  années  d'épreuves 
commençaient  pour  le  jeune  homme. 
Alors,  voulant  transporter  la  poésie  de 
sa  pensée  dans  sa  vie,  il  songea  un  m»* 
ment  à  l'existence  active,  aux  voyages^ 
à  l'expatriation  sur  cette  terre  d'Egypte 
qui  était  encore  au  pouvoir  de  nos  sol- 
dats; un  membre  de  la  grande  expédi- 
tlMy  reTtna  oq  Franco  désenchanté  de 


rOrient^  le    détowna  de   ta    proj«L 

Cette  époque  de  lutte  contimie  Qontr« 
la  pauvreté  et  contre  lea  obslaieles  qu'elle 
montrait  pour  l'avenir,  plus  grands  qulb 
ne  l'étaient  dans  le  présent,  fut  auivia 
d'une  espèce  de  découragement  dont  un 
bienfait  digne  et  inespéré  vint  beuren- 
sèment  tirer  le  poète.  Le  frère  du  pro* 
mier  consul,  M.  Lucien  Bonaparte,  l'aio* 
cueillit  avec  intérêt  et  Un  neooîrda  une  gé- 
néreuse protection;  Béranger,  dans  In 
décUcace  de  ses  dernières  chantons,  noua 
a  raconté  lui-même  cet  événement» 

L'influence  des  ouvrages  de  M.  de 
Chateaubriand  sur  le  jeune  de  Béranger 
fut  prompte  et  vive.  Son  admtcntion  est 
restée  fidèle  à  ce  beau  génie,  dont  lea  in- 
spirations religieusei  firent  revivre  en  lui 
quelques-uns  des  germes  que  ta  bonne 
tante  de  Péronne  y  avait  aeméa.  Vers 
cette  époque,  recommandé  à  Landon» 
éditeur  des  Awiaks  du  Musée,  Béran- 
ger fut  employé  un  ou  deux  ans  (1805* 
1806)  à  la  rédaction  du  teste  de  oet  ou- 
vrage. 

Grâces  à  l'appui  de  M.  Ameuh,  Bé* 
ranger  entra,  en  qualité  de  oommk  expé-^ 
ditionnaire ,  dans  les  bureaux  de  l'Uni*-* 
versité,  ou  il  resta  12  ans.  Ses  appointe* 
mens  ne  s'élevèrent  jamais  an-delà  de 
2,000  fr.;  mais  cette  somme  modique 
suffisait  à  ses  besoins  et  il  ne  sollieita  au* 
cun  avancement.  Grardant  pour  lut  an 
pensée  et  son  intelligence,  U  ne  vonlait 
donner  que  son  temps  et  sa  main,  oomnin 
Jean- Jacques  quand  il  copiait  de  la  ma- 
sique.  En  1821,  quand  Béranger  reprit 
son  opposition  politique,  du  jour  de  la 
publication  de  son  second  reoneii  il  nn 
reparut  plus  à  son  bureau. 

U  refusa,  dans  les  Cent* Jours ^  neto^ 
rellement  et  sans  se  croire  un  Brutns,  lea 
fonctions  lucratives  de  censeur.  Un  go&t 
fin,  un  tact  chatouilleux,  une  probité 
haute,  l'ont  constamment  dirigé  dans  set 
nombreux  et  invincibles  refus»  Il  a  oom- 
pris  son  r61e  de  chantre  populaire  et  tl 
s'y  est  tenu. 

Le  fait  le  plus  remarquable  de  la  vie 
privée  de  Béranger,  c^est  son  amitié  avee 
Manuel.  Il  l'avait  connu  en  181 6  et  dès 
lors  tous  deux  s'unirent  étroitement.  Bé» 
ranger  appréciait  ohes  le  néêéram  d*Jr* 
€ole  i'iataUigince  lenne  «t  kieidey  lei 


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BËR 


(SS 


NBlîiiiêas  ebandt  et  droitty  la  franckise 
tans  rien  de  faclice,  le  naturel  sans  au- 
eoo  effort  :  brasy  tête  et  cœw,  tout  était 
peuple  en  lui.  Sa  noble  amitié  conserve 
la  mémoire  de  Manuel. 

Notre  poète  a  expliqué  comment  les 
trois  journées  de  juillet  le  trouvèrent  dis- 
posé à  la  révolution  de  1880,  et  quelles 
raisons  l'ont  empêché  de  se  rendre  conv" 
pUce  des  actea  qui  s'en  sont  suivis.  Nous 
Dt  pouvons  que  renvoyer  nos  lecteurs  à 
ce  qu'il  a  dit  hii-méme  à  ce  sujet. 

Ses  œuvres  ont  été  publiées  successif 
Ttmeot  en  cinq  recueils;  le  premier  à  la 
in  de  1315,  le  second  à  la  fin  de  1821; 
le  troisième  en  1825,  le  quatrième  en 
1828,  et  lecîaquième  en  1833.  Le  pre* 
mscr,  qui  était  plus  égrillard  et  gai  que 
politique;  1»  troisième,  qui  parut  sous  le 
ministère  spirituellement  machiavélique 
de  M.  de  Villèle,  et  le  cinquième  que 
1888  a  vu  mettre  au  jour,  n'ont  encouru 
aucun  procès.  Le  recueil  de  1821  valut 
à  l'auteur  8  mois  de  prison;  oelui  de  1828 
(sous  le  ministère  Martignac),  le  fit  con- 
damner à  9  mois  de  captivité.  C'est  tout 
ee  qu'il  y  a  à  dire  siu*  le  matériel  de  ses 
ouvragée. 

Son  ame,  avide  de  gloire  et  pleine  en 
même  temps  de  modestie  sincère  et  vraie, 
s'est  de  bonne  heure  dévoilée  au  grand 
jour  dans  ce  petit  nombre  de  vers  échap- 
pés è  sa  muse  attristée.  A  22  ans  le  jeune 
poète  s'écriait  avec  une  constante  mélan- 
colie t 

Poarqaoi  faat-il,  dans  un  siècle  de  gloire. 
Mes  vers  et  moi,  que  nous  mourions  obscurs! 
JaoMiis,  hélas  I  d*une  noble  hnrmonie 
2«*aBtiquité  ne  n'apprit  1rs  secrets. 
L'instruction,  nourrice  du  génie. 
De  son  lait  pur  ne  m'aiireuva  jamais. 
Qne  demander  à  qui  n'eut  pomt  de  mattre? 
D«  malhenr  aeol  les  leçons  m'ont  formé, 
£t  ces  épis  que  mon  printemps  vk  naître 
Sou'i  ceux  d'un  champ  où  rien  ne  fut  semé. 

Trente-deux  ans  ont  passé  depuis  sur 
la  vie.  L'éloge  universel,  le  sufTrage  de 
tons  les  gens  de  goàt,  Tidolâtrie  du  peu- 
ple» les  tributs  de  Tadmiration  euro- 
p^one  9  semblent  n'avoir  en  rien  altéré 
ces  senti  mens  naïfs  et  purs*  Au  risque  de 
commettre  une  indiscrétion,  faisons  con- 
Daltre  un  épanchement  rapide  et  spon- 
Uusé  diB  confiance  en  son  noble  coeur,  et 
de  \k  défiance  qu'il  consenre  nepcndast 


1)  BÉR 

encore  à  la  vue  de  tout  ce  q«*il  croit  lui 
m<«nquer  pour  être  digne  du  culte  dont 
il  est  devenu  Tobjet.  Chargé  de  cet  ar* 
ticle,  nous  avons  cru  devoir  consulter 
M.  de  Béranger  lui-môme  ;  voici  sa  ré- 
ponse. 

Pa«j,  la  •  OMi  iSS4. 

«  Quoi  I  monsieur ,  par  bienveillanœ 
pour  moi ,  vous  acceptez  un  travail  fat« 
tidicuxl  £n  vérité,  je  vous  dois  de  la 
reconnaissance.  Si  pareille  tâche  pouvait 
vous  rendre  la  santé,  passe  encore;  nuûa 
je  vois  que  vous  êtes  surchargé  de  tra» 

vaux Aussi  voudrais-je  bien  pouvoir 

voua  alléger  la  peine.  Mais  comment  m'y 
prendre  ?  Je  n*ai  que  des  détaib  biagra« 
phiques  à  fournir  et  ils  sont  en  petit 
nombre.  Mes  plus  intimes  amis  n*ont  pa 
tirer  davantage  de  moi  quand  ils  se  sont 
chargés  de  besogne  pareille  à  la  vùtre. 
J'ai  mis  dans  ma  dernière  préface  la  seul* 
portion  de  mes  idées  et  de  mes  sentimena 
qui  concerne  le  public  Quant  à  mea 
chansons,  ce  n'est  pas  à  moi  d'en  parler 
et  c'est  peut-élre  fort  heureux  poinr  elles: 
ce  sont  pour  la  plupart  d'anciennes  maW 
tresses  dont  j'ai  bien  de  la  peine  à  mt 
faire  des  amies.  Quant  à  ma  philosophie, 
vous  la  connaissez:  je  ne  suis  resté  indif- 
férent à  rien  de  ce  qui  a  intéressé  mon 
pays  et  l'humanité.  La  science  m'a  tou- 
jours manqué  :  l'instinct  du  bon  et  du 
beau  m'en  a  quelquefois  tenu  lieu,  et  si 
je  ne  craignais  d'être  accusé  de  vanité , 
je  dirais  qu'il  m'a  fait,  dans  mes  bons 
jours ,  aller  en  avant  de  ta  science.  Est- 
ce  là  ce  qu'on  appelle  de  la  philosophie? 
J'ai  d&  à  des  goûts  simples  et  à  un  grand 
amour  de  l'indépendance*,  ,ce  qu'on  a 
bien  voulu  baptiser  du  nom  de  sagesse 
dans  ma  conduite.  Je  vous  assure  que  la 
sagesse  n'est  pas  du  tout  mon  fait,  au 
moins  comme  l'entendent  les  docteurs. 

«  Je  ne  vous  en  dirai  pas  plus  long  sur 
mon  compte.  Je  doute  que  vous  en  sa- 
chiez jamais  davantage ,  et  si  vous  avez 
la  bonté  de  vous  déranger  pour  me  venir 
voir,  que  ce  soit  pour  me  procurer  un 
vrai  plaisir  plutôt  que  pour  juger  de  la 
ressemblance  du  modèle  avec  la  peinture 
que  vous  avez  la  bonté  de  faire.  Vous 
avez  trop  de  partislité  pour  moi  pour 
que  le  portrait  soit  jamais  ressemblant* 
Je  ne-  vous  en  devrai  que  plus  de  recon« 


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BER 


naissance ,  et  je  vous  attends  pour  vous 
en  renouveler  l'assurance  et  celle  de 
tous  les  sentimens  que  vous  m'inspirez. 
,  «  A  TOUS  de  cœur ,  BïaANOBR.  » 
La  carrière  de  M.  de  Béranger  serait 
par  trop  phénoménale  si,  échappant , 
malgré  la  supériorité  de  ses  talens ,  aux 
crocs  de  l'enyiense  critique  littéraire ,  il 
avait  également  trouvé  grâce  devant  l'es- 
prit de  parti ,  au  sein  de  nos  tristes  dis- 
sensions civiles.  Quelques  personnes, 
admirateurs  sincères  de  Béranger,  affec- 
tent des  craintes  sur  la  tendance  de  ses 
opinions  politiques;  «lies  redoutent  la 
puissance  de  ses  vers  sur  une  jeunesse 
ardente,  trop  impatiente,  trop  impres- 
sionnable. Une  de  ses  lettres,  jetée  dans 
le  domaine  public  par  la  lecture  judi- 
ciaire qui  en  a  été  faite  récemment  à  l'au- 
dience de  la  cour  d'assises ,  va  donner  la 
juste  mesure  de  cette  exaltation  tant  re- 
prochée à  M.  de  Béranger.  Le  lecteur 
voudra  bien  remarquer  la  date  de  cette 
lettre  et  surtout  se  rappeler  les  circon- 
stances politiques  de  l'époque  ;  époque 
pleine  d'enthousiasme  libéral  et  de  chau- 
des espérances  pour  la  jeunesse. 


(  332  )  BÉR 

soin  et  le  temps  si  nécessaires  dies  nous 
à  la  perfection  des  ouvrages  et  par  con- 
séquent à  leur  durée.  J'ai  renoncé  de 
bonne  heure  à  l'improvisation ,  et  je 
m'accuserais  de  n'avoir  depuis  pu  y 
parvenir,  même  par  abnégation  patrio- 
tique, si  je  ne  m'étais  convaincu  qu'en 
définitive  la  méditation  est  un  moyen  de 
succès  pour  les  idées  qu'on  veut  popula- 
riser. Voilà  pour  le  vieux  poète.  "Éa  ma 
qualité  de  vieux  républicain ,  je  pourrais 
bien  aussi  m'ingérer  de  vous  débiter  quel- 
ques maximes  ;  mais  je  ne  veux  pas  don- 
ner trop  beau  jeu  à  votre  verte  jeunesse 
de  me  rire  au  nez.  Puis ,  parce  que  notre 
feu  commence  à  s'éteindre,  nous  con- 
vient-il d'aller  jeter  de  l'eau  sur  celui  du 
voisin ,  qui  bràle  e^Jlambe  un  peu  trop  ? 
Laissons  au  temps  faire  sa  besogne.  Fai- 
tes la  vôtre,  monsieur,  soyez  poète,  et 
croyez  qu'il  me  sera  doux  d'applaudir 
au  succès  que  j'ose  vous  prédire  d'avance, 
si  la  méditation  préside  à  la  dépense  de 
vos  richesses. 

«  Recevez ,  etc. ,  B^eavcee.  » 


« Aussitôt  mon  retour  définitif  à 

Passy,  c'est-à-dire  depuis  quatre  à  cinq 
jours,  je  me  suis  donné  le  plaisir  de  Jire 
vos  diverses  productions.  Elles  m'ont 
confirmé  dans  l'idée  qu'il  y  avait  en  vous, 
monsieur,  un  beau  talent  de  poète  et  un 
cœur  d'excellent  patriote.  L'un  et  l'autre 
manquent  peut-être  un  peu  de  ce  dont , 
nous  autres  vieux ,  nous  sommes  si  fiers  : 
de  cette  expérience,  triste  produit  de 
l'âge ,  marchandise  toujours  payée  trop 
cher  et  dont,  pour  nous  punir  d'en  exa- 
gérer la  valeur,  nous  trouvons  bien  ra- 
rement le  débit.  Un  jour ,  monsieur ,  vous 
en  aurez  votre  part  et  ferez  vous-même 
le  procès  à  quelques  peccadilles  que  l'exal- 
tation des  sentimens  et  la  précipitation 
du  travail  ont  pu  faire  commettre  à  votre 
jeune  muse.  Il  y  aurait  du  pédantisme  à 
moi  de  vous  les  indiquer  ici.  Toutefois 
je  ne  puis ,  en  ma  qualité  d'ancien ,  m'em- 
pécher  de  vous  mettre  en  garde  contre  la 
rapidité  de  l'improvisation.  J'ai  toujours 
peur  qu'on  n'en  conserve  l'habitude  au 
point  de  ne  pouvoir  ensuite  mettre  le 


Peu  de  poètes,  peu  d'écrivains  dans 
aucun  genre ,  ont  jamais  été  l'occasion  de 
tant  de  jugemens  littéraires.  Béranger  a 
été  analysé,  disséqué,  peut-être  même 
un  peu  torturé  et  disloqué.  On  aime 
à  retracer  le  témoignage  d'un  grand 
écrivain  en  faveur  du  poète  qui ,  dans  la 
préface  de  ses  œuvres,  a  cftprimé  d'une 
manière  si  vive  tout  ce  qu'il  croit  devoir 
à  la  lecture  du  Génie  du  Christianisme* 

«  Un  grand  poète ,  quelle  que  soit  la 
forme  dans  laquelle  il  enveloppe  ses 
idées ,  est  toujours  un  écrivain  de  génie. 
Pierre  de  Béranger  se  plait  à  se  surnom- 
mer le  Chansonnier,  comme  Jean  de 
La  Fontaine  le  Fablier  ;  il  a  pris  rang 
parmi  nos  immortalités  populaires.  Sa 
renommée,  déjà  sans  rivale,  s'accroîtra 
encore.  Peu  de  juges  aujourd'hui  sont 
capables  d'apprécier  ce  qu'il  y  a  de  fini 
et  d'achevé  dans  ses  vers,  peu  d'oreilles 
assez  délicates  pour  en  savourer  l'har* 
monie.  Le  travail  le  plus  exquis  s'y  ca- 
che sous  le  naturel  le  plus  charmant. 

«  Dans  la  préface  de  mes  Études ,  con- 
sidérant Béranger  comme  historien ,  j'ai 
remarqué  que  cette  strophe  était  digne 
de  Tacite^  qui  faisait  a^sai  des  vers  : 


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BÉR 

Ua  conqaéraBt,  dans  m  fdrtniM  altlère, 
Se  fit  un  j«a  det  sceptres  et  des  lois , 
Et  de  ses  pieds  on  peut  Toir  la  poussière 
Empreinte  encore  sur  le  bandeau  des  rois. 

«  Lorsqu'il  entonne  U  louange  du  Roi 
ttTvetot  et  r Hymne  au  Ventre;  lors- 
qulL  célèbre  le  Mctrquis  de  Carabas  et 
les  Myrmidons;  lorsqu'il  dicte  U  lettre 
prophétique  dun  petit  roi  à  un  peut 
duc;  lorsque  9  à  mon  grand  regret,  il  rit 
de  la  Gérontocratie,  Béranger  est  un  po- 
litique à  la  manière  de  Catulle ,  d'Horace 
et  de  Juvénal.  » 

Les  étrangers  eux-mêmes  ne  sont  pas 
restés  en  arrière  de  notre  admiration 
pour  le  poète  le  plus  populaire  qu'ait  eu 
la  France;  VEdimburgh  Review  lui  a  con- 
sacré un  long  article  dont  on  nous  saura 
gré  d*o(Trir  ici  quelques  extraits. 

<i  Un  changement  qui  n'a  rien  que  de 
naturel ,  et  qui  certes  n'est  pas  à  regret- 
ter,  s'est  opéré  dans  l'esprit  de  Béran- 
ger, après  ces  jours  de  jeune  enthou- 
siasme, de  souffrance  et  de  triomphe. 
Nous  avons  devant  nous  le  dernier  vo- 
lume de  ses  chansons;  non  pas  vrai- 
ment, comme  il  nous  en  menace  dans 
sa  préGace ,  le  dernier  qu'il  pourra  écrire, 
mais  le  dernier  qu'il  ait  rintentîon  de 
publier* 

Hélav!  hélas  !  j*ai  einqnante  ans. 

tel  aurait  pu  être  le  titre  bien  approprié 
de  plus  d'une  chanson  que  ce  volume 
nous  ofVre«  La  gatté  n'est  pas,  à  la  vérité, 
exeluede  ses  pages,  mais  elle  y  est  plus 
tempérée  que  jadis  et  elle  revient  moins 
souvent.  Souvent  aussi  quelque  triste  sou- 
venir, qui  s'échappe  soudiainement  du 
coeur,  vient  comme  un  nuage  obscurcir 
son  esprit,  et,  à  son  insu,  ce  souvenir 
convertit  en  une  larme  son  sourire.  Cest 
un  cèangement,  nous  osons  en  être  ga- 
rant ,  que  personne  ne  pourra  regretter, 
de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  la  gloire 
de  Béranger.  U  était  indigne  de  ses  gran^ 
des  facultés,  de  ses  facultés  si  variées, 
qu'il  continuât  d'être,  comme  il  ne  l'a  que 
trop  souvent  été,  un  poète  licencieux. 
Cétait  une  insulte  à  "ce  peuple  dont  il 
aspirait  à  être  le  grand-prêtre  en  poésie, 
que  de  montrer  au  monde  les  composi- 
tions que  ce  peuple  honorait  avec  dé« 
lices.  Ses  metlleurs  amis  ne  pourront 
nier  qu'il  a  écrit  beaucoup  de  vers  qu'a*- 


(  333  )  BÉR 

vant  de  mourir  il  voudrait  ef&oer.  Noua 
sommes  sûrs  qu'il  le  sent  lui-même  et 
qu'il  le  regrette '*^.  La  meilleure  preuve 
en  est  que,  dans  le  présent  volume,  pro- 
duit d'une  expérience  plus  mûre  et  d'une 
plus  juste  appréciation  de  ce  qu'il  se  doit 
à  lui-même,  de  ce  qu'il  doit  à  la  morale 
publique,  son  goût  épuré  a  fait  dispa- 
raître ces  taches,  et  lui  a  commandé  de 
reléguer  les  lises  ,  les  Roses  et  les  Mar- 
goîs  dans  cette  obscurité  dont  la  main 
d'un  poète  telle  que  la  sienne  n'aurait 
jamais  dû  les  faire  sortir.  H  n'y  a  plus 
que  peu  de  chose  de  trop  dans  ses  aima- 
bles saillies,  et  l'éditetu*  futur  d'un  Bé^ 
ranger  de  famille  pourra  se  borner  à 
faire  disparaître  de  ce  dernier  volume 
un  très  petit  nombre  de  stances..... 

«  Les  chansons  de  Béranger  nous  frap- 
pent principalement  et  nous  paraissent 
supérieures  en  général  à  celles  des  An-^ 
glais,  parce  que  le  plan  en  est  invaria- 
blement tracé  avec  beaucoup  d'art  et  de 
soin,  tandis  que  celles  de  nos  chanson- 
niers semblent  en  manquer  totalement. 
Chacune  des  chansons  de  Béranger  forme 
un  tout  bien  complet,  dont  il  serait 
impossible  de  détacher  un  seul  vers  sans 
ruiner  l'édiâoe  et  sans  détruire  l'effet 
général.  Rien  ne  semble  se  trouver  là 
par  accident:  chacun  des  détails  va  droit 
au  but  et  favorise  le  résultat  général. 
Comme  chaque  trait  est  bien  choisi  pour 
ce  tableau  dans  lequel,  en  un  petit  nom- 
bre de  stances,  il  nous  montre  l'agonie 

(*)  Yoici  la  réponse  de  M.  de  Béranger  :  «  Qoel* 
qaes-anes  de  mes  chansons  ont  été  traitées  d^im  - 
pies,  les  paarrettes!  par  MM.  les  procureurs  dn 


roi,  STocaU  séoéraux  et  leurs  substituts,  qui  sont 
tous  gens  très  reliffi^nx  à  Taudience.  Je  ne  puis, 
à  cet  égard,  que  répéter  ce  qu'on  a  dit  cent  fois. 
Quand ,  de  nos  jours ,  la  religion  se  fait  instru- 
ment politique,  elle  s'expose  a  Toir  méconnaître 
son  caractère  sacré;  les  plus  tolérans  deTienoeut 
intoléraos  ponr  elle.  Les  crojans,  qui  oroient 
autre  chose  que  ce  que  disent  ses  ministres,  Tont 

3uelqnefois,  par  représailles ,  l'attaquer  jusque 
ans  son  sanctuaire.  Moi,  qui  suis  de  des  croyant, 
je  n'ai  jamais  été  jusque  là  ;  je  me  suis  contenté 
de  faire  rire  de  la  livrée  du  catholicisme.  Est-ce 
de  l'impiété?  » 

Nous  aTons  préféré  cette  citation,  sons  nous 
en  amuser  autant,  à  celle  de  ce  qu'on  trouve 
sous  forme  de  dialogue  imaginé  entre  un  cen- 
seur et  le  chansonnier  Collé,  dans  la  préface 
des  cBUTres  de  Béranger,  eu  i8i5. 

L«i  n4r«s.  Ut  marit  ma  prendront  eut  ebertui 
Pour  dis  ou  douM  conta*  liloai  1 
Tojrt  an  pou  U  hoUe  anaire  I 
Ca  qoa  ia  n'ai  pas  (bit  non  Hm  iraU  k  Mral 


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B3ÉR 


(334) 


BÉR 


vflwttale  dtt  Louh  XI,  dans  son  diàteau 
de  Plessis-léS'Tour»  !  Le  doux  soleil  du 
printemps  Tivifiant  \oiit  à  la  ronde,  les 
gak  villageois  qui  dansent  sur  le  gazon , 
le  tyran  pâle  et  tremblant  a'avançaat 
comme  un  fantôme  au  miKeu  de  ses 
fardes,  dana  l'espéraoce  de  -chasser,  par 
la  vue  de  la  galté  innocente,  le  démon 
de  la  mélancolie  qui  s*est  logé  dans  son 
sein;  puis  ensuite,  bourrelé  à  Taspect 
d'une  joie  que  le  crime  ne  saurait  par- 
tager, il  revole  au  désespoir  vers  ses  lu- 
fubres  touro.  Avec  quel  art  admirable 
aont  disposés  les  inoidens  dans  la  petite 
pièce  intitulée  Le  6  de  mai^  sujet  dans 
îequel  un  poète  doué  de  moins  de  tact 
aurait  infailUblemeot  échoué,  soit  sur  la 
rive  de  l'exagération  ou  sur  celle  des 
lient  ooamuns.  Fatigné  de  la  vue  des 
«nnemîs  qui  ont  envahi  sa  patrie,  un 
soldat  français  s'est  volontairement  con- 
damnéà  l'exil  et  est  parti  pour  les  Indes. 
Cinq  années  se  sont  écoulées,  et  l'irrésis^* 
tible  désir  de  revoir  son  pays  vient  as- 
siéger son  àme.  Il  s'embarque  pour  TËu^ 
rope  sur  un  navire  espagnol.  Il  jouit  d'à'- 
Vanee  et  avec  délice  en  pensant  au  sol 
natal,  à  sa  famille,  a«  fils  chéri  dont  la 
BMÛn  lui  fermera  les  yeut.  On  approche 
4e  Sainte-Hélène,  et  pendant  que  les 
Souvenirade  l'illustre  captifassiégent  son 
€Sprit,  il  voit  se  déployer  tout  à  coup  au 
hMl  du  rocher,  un  drapeau  noir  qui 
—once  que  c'est  là  qu'a  péri  le 

Grand  maître  du  monde 

délaissé  et  solitaire.  Ici  le  seul  refrain  de 
la  chanson  donne  un  corps  à  l'idée  do- 
miaaiite  dans,  toute  la  conception  : 

Pauvre  soldat  \  j«  rererrai  la  Fruacet 
La  Mais  d'ua^ls  ne  (erioera  les  yeni. 

Le  même  art,  la  même  pureté  dans  le 
choix  des  ineidens ,  distinguent  ses  bal- 
lades joyeuses  ;  telle  eît,  par  exemple,  la 
chanson  intitulée  îè  Marquis  de  Cara*' 
bas  y  peinture  extrêmement  comique  des 
prétentions  ridicules  de  la  noblesse  de 
la  restauration;  le  Roi  d'Yvetot,  leçon 
politique  adressée  à  Bonaparte  et  qu'il 
aurait  si  bien  fait  d'écouter ,  et  cette  pe> 
tîte  pièce  d'un  comique  exquis ,  le  Se- 
natcury  dans  laquelle  un  vieux  sot  vante 
les  attraits  de  sa  femme  et  se  loue  des 
HttentioQg  de  son  ami  le  sénateur^  de  quh 


nière  à  rendre  les  motifs  de  là  complai- 
sance de  cet  illustre  ami  transparens  pour 
tout  le  monde,  excepté  poiur  le  mari ,  qui 
s'en  félicite. 

«Deux  lugubres  esauisses  de  la  vie 
réelle  sont  intitulées  le  Vagabond  et 
Jacques,  Dans  la  première,  un  malheu- 
reux mendiant,  vieux  et  souffrant ,  en  se 
plaçant  pour  mourir  dans  un  fossé  qui 
borde  la  grande  route,  exhale  des  plain- 
tes contre  cette  société  qui  lui  refuse  les 
moyens  d'exister  et  le  bannit  ensuite  de 
sou  sein  pour  des  délits  dont  la  misère  a 
été  l'unique  conseillère.  La  seconde  est 
une  scène  de  l'ancien  régime ,  peinture 
rembrunie  des  souffrances  du  pauvre^ 
quand,  au  sein  de  la  maladie,  de  la  dé- 
tresse et  du  besoin,  sa  dernière  ressource 
lui  est  arrachée  par  le  fisc.  La  femme 
essaie  de  réveiller  son  mari  d^un  som- 
meil qu'elle  ne  sait  pas  être  celui  de  la 
mort  ;  elle  lui  annonce  que  le  collecleur 
des  taxes  demande  à  entrer. 

Jaoqaes ,  il  nw  £aut  troabler  toa  9omam0VU 

«L'expérience  personnelle  et  journa- 
lière qu'avait  eue  Béranger  des  annales 
du  pauvre  lui  donnent  un  grand  avan- 
tage pour  la  vérité  et  la  vigueur  avec  là- 
quelle  il  a  dessiné  ces  scènes  de  souf- 
france «  dans  les  huttes  sot»  lesquelles 
vivent  les  iodigens.  b  II  avait  vu  i|ulrf»- 
que  chose  4e  la  difficulté  qu'il  y  a  4la 
distribuer  entre  tant  de  monde  le  ninne 
repas  qui  suffit  à  peine  pour  la>  suftsia*' 
tance  d'un  seul;  il  avait  vu  la  pauvre 
épouse  réduite  à  vendre  son  anneau  nup*> 
iial ,  «e  dernier  souvenir  des  jours  ]pkis 
heuieui,  pour  procurer  un  peu  de  vin  à 
son  naari  expirant;  il  savait  la  filtale  coa» 
neXfté,  la  nécessité,  presque  absolue  qui 
lie  le  besoin  au  crime,  et  chaque  année 
les  maux  de  la  société  ont  semblé  faire 
sur  lui  une  impression  4e  plus  en  phit 
profonde ;. et  «iyourd'hui  que  \»  bruif^ 
le  tumulle  dé  sea  polémiques  a  cessée 
que  la  ferveur  étourdie  et  les  empértn*- 
mens  de  la  jeuoesse  ont  été  tempérée  et 
châtiés  par  la  douloureuse  expérience  de 
Tage,  son  esprit  semble  se  portek*  Avet 
une  aympalhie  encore  pUis  vive  et  plm 
profonde  vers  la  contemplation  de  cet 
maux  qui  déforment  d\ûie  manière  él 
hideuse  et  si  triste  la  «Échme  80oial««   ' 


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BÉA 


(835) 


BÉR 


I  l'inÉMMoe  de  cet  ^mm  plutsé- 
•t  fhu  exakéety  wm  deFoières 
eonpotitions  te  toat  rapprochées  de  plos 
en  plus  da  caractère  de  â*ode.  Plusieurs 
«ks  pièces  si  frappantes  y  si  pleines  d*é- 
notions,  du  présent  vokime  conservent  à 
peiae  rien  de  la  chanson,  telles  que  le 
Juif  errant  j  les  Quatre  âges  hUtari" 
^ueff  le  Smtide,  i* ÀlcJUmiste*  Ce  sont 
▼éritâblemeot  des  odes  contes  dans 
l'esprit  classique  et  pur  de  l'antiquité  ; 
BOB  pas  de  œ  psendo-<;lassique  de  mau- 
fiis  goût)  qui  jadis  amit  fait  considé- 
ler  «B  France  ce  tenl  nom  d'ode  comme 
synonyme  de  tont  ce  qu'il  y  a  d'ennuyeux. 
«  Qu'est-ce  qu'un  dithyrambe  ?  Oh  1  c'est , 
répondait*on ,  qnelque  chose  d'un  peu 
phis  manvais  qu'une  ode.  »  Nous  croyons 
que  les  odes  de  BégBpgcr  susciteraient 
de  tout  autres  émotions.  La  scène  en  est 
plaeée  dans  le  monde  qui  nous  entoure  ^ 
at  BOB  pas  dans  FOlympe  ou  sur  le  mont 
Hmasse;  leur  artSIioe  repose  sur  les 
passions  hamalnes>  sur  les  sentimens, 
a«r  les  erreurs ,  et  non  pas  sur  des  vi-^ 
iiona  mythologiques  ou  sur  la  persoBni'^ 
fleation  poétique  des  vertus  et  des  vices; 
Biles  ont  emprunté  à  l'antiquité  classique, 
ou  plutôt  elles  ont  puisé  à  k  grande 
■onrce  de  i'inspiration ,  leur  simple  ma* 
ÎBitéy  et  flot  de  réflexion  et  de  pensée 
qui  coule  droit  au  cœur  et  à  l'ame  de 
tnmMy  eHes  «Bt  aealeinent  de  Tantiquiié 
dasaique  cette  grande  préèision ,  ^  poH 
dasa  l'expressioB  quA  donne  de  l'unité  à 
la  oMBpositton  et  qui  concourt  à  f\Mrmer 
BB  beau  tout. 

«Parmi  les  chansons  dh^géeâ  contre  ses 
vieux  eBmonis,  les  Bourbons,  la  seule  de 
eevohtme  qui  oflreun  mérite  remarqna- 
bit  et  vraSmeBt  tout  le  sel  et  le  bonheur 
ëaas  lesaftusions  qui  ont  si  éminemment 
marqué  les  anciennes  satires  politiques 
éà  poète,  c'est  celle  intitulée  Denys , 
maure  éCéede.  Cependant  Béranger  a 
paru  croire  qu'il  lui  était  nécessaire  de 
faire  une  sorte  d'apologie  pom*  avoir 
dirigé  les  traits  de  sa  satire  contre  un 
iMnBM  abêent  et  déchu.  Mais  assuré- 
ment Béranger  est  le  dernier  des  hommes 
qu'on  sera  teâté  d'accuser  de  donner  un 
coup  de  pied  au  Uoil  mourant.  Quelque 
Bcérée  que  soit  cette  satire,  elle  est  en- 
«une  bitB  UàA  du  piquant,  de  la  person^ 


naiité  àê  ph»ieurs  de  ees  tivi»  mtttquui 
que  le  poète  osa  publier  pendaut  q«t 
l'objet  de  sa  satire  était  près  de  lui,  ar- 
mé de  toutes  les  menaces  du  pouvoir.  » 

Molière  lisait  ses  comédies  à  sa  vieille 
servante  pour  juger  par  ses  impressions 
de  l'effet  qu'elles  produiraient  au  tliéâ» 
tre.  Le  critérion  de  Béranger  était  plus 
sàr  encore  :  il  a  suspendu  ses  cèaBsona 
à  la  guitare  des  ménétriers  ambulana,  et 
elies  ont  pénétré  sous  le  chaume  avant 
d'escalader  les  salons,  Afunt  d'arriver  ici 
elles  étaient  jugées,  et  beaucoup  mi^x 
que  par  toutes  les  académies  de  l'Suropew 

On  a  voulu  voir  de  l'imitation  dam 
les  chansons  de  M.  de  Béranger;  le  poète 
a  répondu: 

«  Mes  chansons,  c'est  moi,  et  moi  je 
suis  l'œuvre  de  la  nature  assidàment  in-^ 
terrogée.  »  Si  parfois  on  peut  trontef 
quelque  ressemblance  entre  M.  de  Bé* 
ranger  et  La  Fontaine,  quelle  distance 
ne  rencontrera-t-on  pas  plus  km  qui  les 
sépare!  P-tE. 

BÉRARD  (SiMoif  )  naquit  vers  1 780, 
et  devint  en  1810  auditeur  au  conseil  d'é^ 
tat,  puis  maître  des  requêtes  et  chevalier 
delaLégioB-dfionneuren  t814.EnlM4 
il  fut  remplacé  comme  maître  des  requê- 
teS)  et  élu  député  en  1827  par  l'arrOndisA 
sèment  d'Arpajon  (Seine-et-Otse);  il 
combattit  à  la  chambre  tous  les  projeta 
eoMTe-révolutiounaires  de  la  Resuura*» 
tion.  Ge  sont  les  événemens  de  juillet 
1880  qni  l'ont  fait  sortir  de  son  obscu^ 
rite  parlementaire;  il  devint  alors  direc» 
teur  général  des  ponts  et  chaussées  et 
conseiller  d'état. 

L'un  des  premiers ,  M.  Bétafd  antton« 
ça,  en  183#,  qu*il  était  décidé  k  résis- 
ter par  la  force  aux  ordonnances  du  35 
juillet  ;  40  députés  étaient  à  pehie  arri-* 
vés  à  Paris  :  le  26  au  matin  il  pirotesta 
ouvertement;  le  37 ,  il  offrk  à  ses  collè- 
gues sa  maison  pour  lieu  de  réunion,  et 
il  s'éleva  vivement  contre  ceux  qui  d*a* 
bord  avaient  refîné  d*atihérer  à  une  pro- 
testation colleeiive;  le  80,  il  lue  dani 
cette  réunion  une  proclamation  qui  f\ûtt 
rejetée  comme  républicaine,  et  le  8  août 
il  rédigea  un  projet  de  loi  on  une  pro* 
position  qui  devait  dePtir  de  base  pottt 
les  modifications  à  apporter  à  la  Charte 
de  1814.  Ses  modifications  et  tddittoiiS| 


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BÉR 


(836) 


BÈR 


présentées  tux  ministres  d'alors  »  pam- 
reot  si  bien  conçues  qu'elles  réunirent 
beaucoup  de  suffrages  et  qu'elles  furent 
presque  toutes  consenties  par  la  cham- 
bre. Pourtant  M.  Bérard  demanda  inu- 
tilement que  Fige  de  Téligibilité  fût  fixé 
à  25  ans;  il  parait  aussi  que,  d'après  ses 
intentions  y  cette  nouvelle  charte  devait 
subir  une  discussion  de  8  mois  au  lieu 
du  petit  nombre  d'heures  qu'on  a  pu  lui 
consacrer,  et  être  soumise  ensuite  à  la  ra- 
tification des  assemblées  primaires.  En 
1838  des  divergences  essentielles  de  vues 
entre  lui  et  le  ministère,  sur  le  système 
général  du  gouvernement,  lui  ont  fait  ré- 
signer les  places  qu'il  occupait.  M.  Bé- 
rard prit  parti  pour  l'Opposition  à  la 
chambre  des  députés,  et  dans  un  ouvrage 
intitulé  Souvenirs  historiques  sur  la  ré- 
volution de  1830,  récemment  mis  au 
jour ,  il  se  sépare  publiquement  du  sys- 
tème dit  du  7  août.  Témoin  des  faits 
principaux  de  la  révolution  de  juillet ,  il 
les  a  racontés  dans  cet  écrit  avec  des  par- 
ticularités nouvelles  et  en  publiant  des 
pièces  très  utiles  à  consulter. 

M.  Bérard  est  aussi  auteur  de  l'ou- 
vrage suivant  :  JSssai  bibliographique 
sur  les  éditions  des  EUévirs,  etc.,  Pa- 
ris 1822,  in- 8^  F.  F. 

BÉRARD  (Fa^Déaic)  naquit  à 
Montpellier  en  1789  et  y  mourut  en 
1828,  professeur  d'hygiène  à  la  Faculté 
de  Montpellier.  Il  est  l'auteur  de  la  Doc- 
trine  médicale  de  cette  école  et  com- 
paraison de  ses  principes  avec  ceux  des 
autres  écoles  de  l'Europe,  ouvrage  écrit 
avec  solidité.  Le  premier,  il  publia  la  let- 
tre posthume  de  Cabanis  sur  la  cause 
première,  publication  qui  lui  attira  un 
procès  de  la  part  des  parens  de  l'au- 
teur. On  lui  doit  aussi  plusieurs  autres 
écrits  dont  le  plus  célèbre  est  ^Doctrine 
des  rapports  du  physique  et  du  moral 
(Paris,  1883,  in-8^),  dans  lequel  il  a 
posé  d'une  main  sûre  les  limites  qui  doi- 
vent séparer  le  domaine  de  la  métaphy- 
sique de  celui  de  la  physiologie.  Dans  cet 
ouvrage,  qui  fut  adopté  par  l'Université 
de  France,  Bérard  a  employé  avec  succès 
la  méthode  d'observation  et  d*analyse 
pour  prouver  qug  l'ame  est  distincte  du 
corps  et  qu'elle  est  active.  Cet  ouvrage 
de  Bérard  est  un  des  plus  recouMnanda* 


blés.  L'anteur  en  préparait  une  seconde 
édition  avec  quelques  changemens  et  des 
notes;  mais  surpris  par  la  mort,  en  1 828, 
a^ant  sa  40^  année,  il  n'a  pu  remplir 
l'espoir  qu'on  avait  conçu.  On  peut 
aussi  citer  de  Bérard  les  articles  Cranio^ 
scopicy  ÉLémenSy  et  autres,  dans  le  2)/c- 
tionnaire  des  sciences  médicales.    N-a. 

BERBERS.  Ce  nom  est  exclusive- 
ment appliqué  par  les  Européens  à  la  po- 
pulation la  plus  remarquable  des  côtes 
septentrionales  d'Afrique,  appelées  pour 
ce  motif  Barbarie  (vqjr.)  ou  États  bar- 
baresques.  L'application  en  est  plus  éten- 
due chez  les  Arabes,  auxquels  nous  l'a- 
vons emprunté  :  car  ils  le  donnent,  en  ou- 
tre, soit  aux  tribus  nubiennes  que  nous 
désignons  spécialement  par  celui  de  Ba- 
ràbras  (Berdberdt^pXunei  de  Berifery)^ 
soit  aux  habitans  dès  côtes  orientales  com- 
prises entre  la  terre  de  Habesch  (Abyssi- 
nie)  et  celle  de  Zeng  (Zanguebar)  et  que 
nous  appelons  Somâlys.  Ce  sont  pourtant 
trois  populations  fort  diverses  d'aspect 
et  de  langage  :  les  Somâlys  sont  olivâtres 
à  cheveux  floconneux;  les  Baràbras  ou 
Qenouz  offrent  la  nuance  brun-rouge  de 
l'acajou  poli  ;  les  Berbers  atlantiques  sont 
en  général  de  race  blanche. 

Pour  recevoir  une  application  aussi 
étendue  que  celle  que  lui  donnent  les 
Arabes,  ce  nom  de  Berbers  a  à(k  avoir 
dans  l'origine  une  acception  fort  laiige, 
analogue  à  celle  du  mot  barbares  (voy.) 
chez  les  Grecs  et  les  Latins;  aussi  Gibbon, 
Volney  ei  tous  les  bons  esprits  après 
eux,  ont-ils  pensé  avec  raison  qu'il  tm 
devait  être  dérivé.  Or.iohez  les  Grecs, 
ainsi  que  le  fait  remarquer  Slrabon  (liv. 
XIV  ) ,  l'épithète  de  pâp^apoç  s'entendait 
du  langage;  Homère  le  premier,  parlant 
des  Kariens  (Iliad.  II,  887),  les  appelle 
jSapêapô^voc.  Hérodote  (II,  158)  assure 
que  les  Egyptiens  qualifiaient  de  barba- 
res tous  ceux  qui  parlaient  un  autre 
idiome  qu'eux  :  on  en  pourrait  conclure 
que  le  mot  est  égyptien,  et  que  les  Ara- 
bes ismaîlytes  l'ont  appris  au  passage  en 
se  rendant,  à  travers  l'Egypte,  soit  vert 
l'ouest  chez  les  Numides  et  les  Gélules, 
soit  vers  le  sud  chez  les  Qenouz,  soit  au 
sud-est  chez  les  Somâlys. 

Une  nouvelle  considération  en  faveur 
decetteétymologieégypiico^réoo-tatiney 


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BER  (  837  ) 

c*est  que,  même  dans  T Afrique  septen- 


BER 


trionaîe,  l'appellatloo  de  Berbers  dési- 
gne, non  une  race  spéciale  bien  carac- 
térisée, mais  ce  mélange  confus  de  po- 
pulations hétérogènes  qui,  à  l'époque  de 
la  conquête  des  A  ral;>es,  devaient  être  ap- 
pelées, par  les  dominateurs  byzantins  oc 
pàcÊapoi,  c'est-à-dire  la  masse  formée, 
tantôt  par  simple  agrégation ,  tantôt  par 
croisement  et  amalgame,  de  tous  les  peu- 
ples, autochtones  ou  advènes,  qu'avait 
portés  jusqu'alors  la  terre  d'Afrique, 
qu'ils  fussent  Numides  (nomades,  bé- 
douins) ou  qu'ils  fussent  sédentaires. 
Aussi  des  différences  sans  nombre  dans 
les  traits  du  visage,  comme  dans  les  dia- 
lectes, témoignent  hautement  de  cette 
hétérogénéité  primordiale  que  la  com* 
munauté  de  demeures,  d'habitudes  et  de 
langage  n'a  pu  couvrir  d'une  croûte  assez 
épaisse  d'uniformité.  L'homme  au  teint 
blanc,  au  front  large,  à  la  figure  carrée, 
aux  traits  saiUans,  aux  yeux  bleus,  à  la 
blonde  chevelure,  se  montre  près  de 
l'homme  au  teint  olivâtre,  au  front  étroit, 
à  la  figure  ovale,  aux  traits  arrondis,  aux 
yeux  foncés  et  cruels,  aux  cheveux  noirs 
et  rudes;  et  l'Arabe,  et  le  Turc,  et  l'Eu- 
ropéen disent  d'eux  indistinctement  :  Ce 
sont  des  gens  d'entre  les  Qohdjrl,  ce  sont 
des  Beréber,  Et  ce  nom  de  Berêber,  ils 
l'acceptent  tous  deux,  aussi  bien  que 
toutes  les  tribus  que  lie  entre  elles  un 
même  langage,  depuis  l'Egypte  jusqu'à 
la  mer  Atlantique,  et  depuis  la  Médi- 
terranée  jusqu'aux  derniers  confins  du 
Sahrâ.  On  les  trouve  dans  l'oasis  Bah- 
hryeh,  dans  celles  de  Syouah  et  d'Aou- 
gelah ,  et  sans  doute  aussi  dans  la  plu- 
part des  autres  ouâdys  de  cette  région  ; 
puis  dans  les  montagnes  des  trois  régen- 
ces, où  elles  sont  désignées  par  les  Ara- 
bes sous  la  simple  dénomination  de  Qo- 
^4?^/ (pluriel  de  QabyUhy  tribu);  ensuite 
dans  l'Atlas  occidental  jusqu'à  la  hauteur 
de  Marok,  appelées  ici  plus  spécialement 
Beréber  (pluriel  de  Berber),  et  depuis 
Marok  vers  le  sud  jusqu'au  désert,  sous 
le  nom  de  Chelouh  (pluriel  de  Càilah); 
jadis  même  dans  les  Canaries,  où  les 
Guanches  avalent  des  coutumes  et  un 
langage  identiques  à  ceux  des  Chelouh. 
Derrière  cette  longue  zone  de  l'Atlas, 
dans  la  chaîne  d'oasis  où  sont  Ghadà- 

Encyclop.  d.  G.  d,  M.  Tome  III. 


mes,  Teqort,  Ouerqelah,  Ghardéyah, 
Tebelbelt.  Dara'h,  et  que  termine  au 
sud  la  plus  vaste  de  toutes,  celle  de 
Touât,  habitent  des  populations  séparées, 
les  unes  blanches ,  d'autres  olivâtres , 
quelques-unes  noires  et  représentant  les 
Mélano-Gétules  des  anciens,  distinctes 
les  unes  et  les  autres  des  Qobâyl  et  parlant 
néanmoins  encore  le  même  langage.  En- 
fin, derrière  cette  ligne  d'oasis,  depuis 
Soqnâ  jusque  par-delà  Tem-Boktoue ,  et 
depuis  Touât  jusqu'auprès  de  Kasynah, 
vivent  les  Toudryq  (pluriel  de  Tarqy^ 
adjectif  formé  de  ïerqd,  tribu),  au  lan- 
gage berber,  les  uns  blancs,  d'autres 
hâlés,  la  plupart  olivâtres,  quelques-uns 
presque  noirs. 

Le  Berber  Ebn  Khaldoun  ^  écrivain 
arabe  du  iiv*  siècle,  a  composé,  sur 
l'histoire  de  sa  nation ,  un  ouvrage  assez 
étendu,  dont  les  manuscrits  sont  fort 
rares ,  et  dont  une  version  anglaise  par 
le  docteur  Lee  est  depuis  long-temps 
annoncée.  On  doit  à  M.  Schultz  la  tra- 
duction ,  en  français,  du  premier  chapi- 
tre, contenant  la  généalogie  générale  des 
tribus  et  des  recherches  sur  leur  ori- 
gine ;  ce  curieux  fragment  constate  lui- 
même,  d'une  manière  frappante,  que  ni 
les  généalogistes  ni  les  historiens  des  Ber- 
bers ne  savent  rien  de  précis  sur  l'ethno- 
logie ni  les  annales  primitives  de  cette 
nation  ;  les  opinions  variées  qui  les  rat- 
tachent aux  Kophtes,  aux  Kananéens, 
aux  Amalécites,  aux  anciens  Arabes, 
prouvent  seulement  que  des  colonies  plus 
ou  moins  importantes  de  ces  races  di- 
verses sont  venues  se  superposer  au 
noyau  primordial,  comme  les  couches 
rocheuses  des  âges  secondaires  se  sont 
assises  sur  le  granit  de  l'Atlas. 

Nous  ne  relèverons  point  ici  à  grand' 
peine  le  peu  d'indications  éparses  dans 
les  auteurs  grecs  et  latins  sur  l'histoire 
des  Gétules,  depuis  le  roi  Tarbas,  con- 
temporain de  Didon ,  jusqu'au  procon- 
sul Salluste,  et  ensuite,  à  travers  des 
révoltes  perpétuelles,  jusqu'au  comte  Bo- 
ni face  sous  Honorius.  Il  est  intéressant, 
toutefois ,  de  remarquer  que  le  christia- 
nisme des  Romains  vint  s'enter  en  Afri- 
que sur  le  judaïsme  des  tribus  Yéménites 
et  des  Hébreux  palestins ,  comme  celui- 
ci  s'était  implanté  au  milieu  du  sabéisroe 

22 


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BBH 


(8t8) 


BfiR 


apporté  par  lot  Rouchytes,  el  du  tièd« 
pftgtniMnedet  indigents.  Quand  les  Van* 
dalet  arrivèrent,  les  Africains  se  joignis 
rent  volontiers  à  eux  contre  les  Romains 
et  contre  les  Byzantins  qui  leur  sut^cé- 
dirent. 

XiCS  Arabes  conquérans  qui  s'avance- 
Mot  vers  l'ouest  dans  la  première  fer* 
^Reur  de  Tlslam  furent  bientôt  maîtres 
des  côtes  ;  mab  les  Berbers  de  Tintérieur 
leur  opposèrent  une  plus  vive  résistance, 
et  le  célèbre  0*qbah  lui-même  éprouva 
une  défaite;  leur  reine  Kahyneh  ne  se 
laissa  vaincre  qu'après  de  rudes  combats; 
et  quand  ils  curent  été  subjugués  ot  con» 
vertis,  de  fréquentes  rébetlion9  montrè- 
rent dans  ces  nouveaux  frères  des  gens 
impatiens  du  joug,  IndifTérens  à  tous  les 
•ultes,  chrétiens,  juifs,  païens,  plutôt 
^e  mahométans.  £t  pourtant ,  ébranlés 
par  la  commotion  musulmane,  ils  s'é- 
laqcèrent  les  premiers  sur  TEspagne,  ou 
les  AVabes  les  suivirent,  et  ils  continuè- 
rent avec  eux,  sur  ce  nouveau  théâtre, 
une  lutte  incessante,  depuis  les  haines  de 
Thâriq  et  Mousày  jusqu'aux  dernières 
querelles  des  Abencérages  et  des  Zé- 
gris. 

£41  AfVrique ,  la  conquête  arabe  n'em- 
pêcha point  l'établissement  de  nombreu- 
ses dynasties  indigènes  dont  Thistoire 
est  fort  peu  connue  et  dont  nous  ne 
pouvons  indiquer  ici  qi^e  les  principales. 
Les  Médrârytest  qui  ftirent  rois  de  Se- 
gelmêsah  (  de  722  à  960  ) ,  étaient  de  la 
tribu  de  Meknêsah ,  aussi  bien  que  les 
A*âjy-ytes  qui  possédèrent  Fés  un  îo- 
Slant  et  régnèrent  à  Atehersyf  (  01  î<- 
1058).  De  la  tribu  de  Moghrâouab, 
branche  de  Zenétah,  étaient  les  Ztyrjrtes 
Jtyytes  de  Ouetchdah  (070-1069)  qui 
donnèrent  plusieurs  rois  à  Fcs;  et  de 
celle  de  Yafrounah^  autre  branche  de 
Zenêtah,  étaient  les  Bekryieê  de  Salé 
(960-1040)  qui  régnèrent  aussi  quelque 
temps  à  Fés.  A  la  tribu  de  Senhêgah 
appartenaient  les  Zerrytes  de  Qavrouân 
et  d'Aohyr  (03S-1148)  rt  le$  Hamà- 
d^fj  de  Bougie  (907-1152);  à  celle  de 
Ghomêrah  les  princes  de  Seblah  (  845?- 
081);  à  celle  de  Rarghaouâtah  ccnx 
de  Témesnah  (  ? 85?- 1 029  )  ;  Â  celle  de 
Lamtounah  les  Teqlânytes  du  désert 
(762-918),  et  les  Almoravides  ou  Al- 


Morâhétkyn  (  1050*1144),  fcNidàtonri 
de  Marok,  dont  la  puissaocs  absorba 
toutes  ces  autres  dynasties  ,  s'étendit 
sur  l'Espagne  et  conserva  les  Baléa- 
res jusqu'en  1205.  Les  Almohades  ou 
Al'MouahheHyn  9  leurs  successeurs 
(1 12 1-1 2 69),  quoique  se  targuant  d'uno 
plus  noble  origine,  étaient  aussi  des 
Berbers  de  Mesâmedah  6u  de  Tchen- 
fesyah.  Près  d'eux  s'élevèrent  parallèle* 
ment,  à  leurs  dépens,  àTelemsên,  les 
Zyanytes  (1200?- 1560)  rejetons  des 
A  *bile/ondtiy(€s  qui  y  depuis  trois  siècles 
déjà ,  régnaient  en  ce  canton  et  apparte- 
naient à  la  tribu  zénéte  de  Moghrâouab; 
àFés,lcsAf^r7/fr/w(1212.1423),  issus 
aussi  de  Zenétah,  et  dont  une  branche 
collatérale,  sous  le  nom  de  Beny-Oud- 
thnz^  régna  dans  le  Marok  jusqu'en 
1550;  enfin  a  Tunis  et  à  Bougie,  les 
Hha/ssytrs{\'ï\iiASTA)  de  la  tribu  da 
Hentétah ,  branche  de  Mesâmedah. 

La  dynastie  régnante  des  chéryfs  da 
Marok  a  détrôné  les  Beny-Ouâthaz  ;  la 
reste  de  la  Barbarie ,  tombé  au  pouvoir 
des  Turcs ,  a  formé  trois  états  désignés 
vulgairement  sous  le  titre  de  régences, 
dont  deux,  Tunis  et  Tripoli,  sont  de- 
meurées feudataires  de  la  Porte,  et  la 
plus  considérable,  celle  d'Alger,  a  passé, 
en  1830,  sous  la  domination  française. 
Les  oases  lybiennes  sont  toujours  consi- 
dérées comme  des  annexes  de  l'Egypte. 
Mais  si  la  soumission  des  Berbers  aux 
pouvoirs  politiques  locaux  est  réelle  sur 
quelques  points,  elle  est  à  peine  nomi- 
nale en  quelques  autres  et  ailleurs  com- 
plètement nulle.  Quant  aux  Touâryq 
du  désert,  ib  demeurent  sans  maître  eC 
sans  frein. 

La  langue  qui  sert  de  lien  commun  à 
tant  de  populations  diverses  mérite  un 
examen  particulier.  Il  n'en  existe  point 
de  monumens  connus,  et  pourtant  les 
historiens  arabes  parlent  de  livres  écrits 
en  cette  langue  ;  peut-être  même  est-ce 
à  elle  qu'il  faudrait  rapporter  certains 
fragmens  paléographiques  en  caractères 
inconnus,  notamment  une  inscription 
bilingue  découverte  dans  l'État  de  Tunis 
par  le  comte  Camille  Borgia,  et  dont 
MM.  Hamaker  et  Quatremère  ont  expli- 
qué le  texte  punique.  D'autre  part,  le 
voyageur  Oudnej  parle  d'inscriptions  at 


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BfH 


(  3M  ) 


BBR 


àê  cartcferes  particulier»  qu'il  «  vat  éhez 
ItsTouâryq,  mais  dont  il  u'i  rapporté 
qu'on  insulGsanl  échantillon.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ie  berber  t'écrit  aujourd'hui 
âFec  l'alphabet  arabe,  sauf  addition  des 
trois  lettres,  tchim,  jâ  et  guéf,  pour  ex- 
primer des  sons  qui  manquent  dans  l'a* 
rabe.  C'est  un  idionie  tout-à-fait  suige^ 
nerisy  que  l'on  a ,  trop  à  la  léger»,  rap- 
ptoché  des  langues  sémitiques  ,  bien 
qs'ii  ait  fait  à  ceUe»-€i)  du  ipoins  à  l'a- 
rabe, des  emprunts  fort  nombreuiç,  dé- 
gniséà  ensuite  par  des  formes  grammatî- 
oalea  propres,  telles  que  le  f^  préfixe  et 
suffixe  dans  les  noms,  le  da  préfixe  dans 
les  adjectifs,  etc.  La  prononciation  est 
dure  et  gutturale  ;  la  consonne  gbayn , 
aspirée  avec  rudesse,  abonde  et  domine. 
La  phraséologie  est  fort  hachée,  à  raison 
de  l'absence  de  la  copulalive  [et)  qui 
manque  totalement.  Plusieurs  auteurs 
modernes  ont  recueilli  des  vocabulaires 
aC  des  notions  grammaticales  de  ce  lan- 
gage. Venture,  e^  178T,  composa  uqe 
grammaire  et  requeillit  un  Tocabulaire 
fort  étendu  ;  Langlès  a  publié  des  extraits 
àm  l'tin  et  de  l'autre.  M.  Hodgson  affirme 
avoir  conversé  avec  des  habitans  de  Da- 
n'b,  Tafilélt,  Fighigh,  Thouât,  Tagho- 
rarah,  Ted3rkels,Ouerqelah,  Ghadâmes, 
Oerbeh ,  Gliaryân,  et  avoir  reconnu  qtfe 
la  langue  est  dans  tous  ces  endroits  ra- 
dicalement la  même ,  et  il  a  rapporté  en 
Europe  une  traduction  berbère  roanns- 
trite  des  évangiles ,  qui  s'imprime  par 
las  soins  de  l'association  biblique.  '^A.... 

■ERBICB,  vor>  GuYAHE. 

■ERBI8  (Henei  ,  chevalier  be).  Issu 
d'une  ancienne  famille  de  la  Bourgo- 
gne, il  servit  d'abord  comme  olBcier 
d'artillerie,  éroigra  en  1700  et  fit  les 
campagnes  c*ontre  la  Franee  dans  l'ar* 
Bée  du  prince  de  Condé.  Rentré  en 
Franee  sous  le  consulat,  on  assure  qu'il 
refusa  tous  les  emplois  qui  lui  furent  of- 
ferts par  Napoléon.  Lorsque  Louis  XVIII 
rentra  poorlasecondefois,  il  re^t la  croix 
de  Saint- Louis  et  devint  membre  du  con  - 
seil  municipal  de  Dijon  et  du  conseil  gé- 
néral du  département  de  la  Cote-d'Or. 
Pendant  les  Cent- Jours  il  refusa  de  voter 
l'acte  additionnel  et  ne  reprit  ses  fonctions 
qu'à  la  seconde  rentrée  de  Louis  XVIII. 
S  rendit  de  grandi  services  à  son  dépar- 


tement, qu*otfeupa  pendant  15  mois  unit 
armée  étrangère,  qui  campait  et  ma- 
nœuvrait autour  de  la  ville  de  Dijon  • 
Nommé  président  de  la  commission  de  la 
liquidation  des  fournitures  faites  a  cette 
armée  d'occupation,  il  fut  epnstammeni 
occupé  pendant  5  ans  à  ce  travail  pénible 
et  fastidieux,  et  il  est  parvenu  à  terminer 
les  comptes  à  la  satisfaction  générale. 
Élu  député  en  1820,  par  le  grand  col- 
lège du  départeoseni  de  la  Côte-d'Or, 
M.  de  Berbis  fut  secrétaire  de  la  cham- 
bre et  proponça  divers  discours  impro- 
visés qui  souvent  éclairèrent  les  discus** 
siona  et  corrigèrent  les  défauts  des  pro- 
jets de  loi.  U  fut  réélu  à  diverses  re- 
prises, en  dernier  lieu,  en  18S7  et  par 
le  gt^nd  collège.  Orateur  sage  et  spiri- 
tuel, il  a  souvent  ramené  sçs  collègues  à 
son  opinion,  en  traitant  les  sujets  divers 
avec  une  profonde  lucidité.  M,  de  Ber- 
bis ne  s'est  peint  fait  remarquer  par  un 
ministértalismc  trop  outré;  il  votait  quel- 
quefois avec  la  contre-opposition,  surtout 
delSaeàlSST.  F.R-D. 

BERCEAU  {cunabula),  lit  des  petiu 
enfans  à  la  mamelle.  C'est  d'ordinaire 
une  espèce  de  panier  long  en  osier  ou  en 
jonc,  au-dessus  duquel  s'élèvent,  dans  la 
moitié  de  sa  longueur,  des  baguettes  re- 
courbées destinées  à  recevoir  des  rideaux. 
L'intérieur  en  est  garni  de  coussins  rem- 
plis de  balle  d*avoine  qu'on  change  à 
mesure  qu'elle  est  salie  par  les  excrétions 
de  l'enfant,  puis  d'un  petit  oreiller  et  de 
couvertures  chaudes  et  légères.  Le  tout 
est  supporté  sor  un  pied  de  bois  quel- 
quefois dispesé  de  manière  à  recevoir  fa- 
cilement un  mouvement  d'oscillation  la- 
térale. On  peut  fabriquer  ces  berceanx 
en  bois  avec  beaucoup  de  luxe  et  de  ma- 
gnificence; mais  les  plus  simples  sont  en- 
core les  meilleurs ,  et  aucun  ne  noua  ' 
semble  préférable  à  un  petit  hnmae  sem-* 
blable  à  ceux  dont  on  se  sert  à  bord  des 
vaisseaux.  Il  joint  Patantage  d'une  grande 
propreté  à  oehii  d^étre  étabti  à  peu  de 
frais.  Il  est  bon  que  les  enfans  pendant 
leur  Sommeil  soient  abrités  par  un  léger 
' rideau  contre  les  courans  d'air  froid; 
mais  il  serait  nuisible  d'avoir  des  rideaux 
assez  épais  et  assez  hermétiquement  fei^ 
mes  pour  forcer  le  jeune  enfant  à  res- 
I  pLrer  un  air  chargé  de  Tapeurs  et  de 


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BER  ^840) 

miasmes.  Une  des  précautions  les  plus 
indispensables  est  celle  de  placer  le  ber- 
ceau bien  en  face  de  la  lumière  :  beau- 
coup d'enfans  deviennent  louches  parce 
qu'ils  ont  été  obligés  de  diriger  leurs 
yeux  obliquement  vers  le  point  d'où  leur 
venait  le  jour, 

BB&GEMBirr,  action  de  bercer,  d'im- 
primer au  berceau  un  mouvement  oscil- 
latoire continu  et  plus  ou  moins  rapide , 
dans  la  vue  d'amuser  l'enfant  et  de  l'en- 
dormir. Cette  pratique,  contre  laquelle 
on  a  prodigué  beaucoup  d'éloquence  en 
pure  perte,  n*est  vraiment  nuisible  que 
quand  elle  est  poussée  à  l'excès.  Mais  il 
est  indubitable  qu'un  balancement  léger;^ 
tel  que  celui  qu'imprime  à  son  enfant 
une  mère  qui  le  tient  sur  ses  genoux  ou 
dans  ses  bras,  ou  qui  l'a  placé  dans  un 
berceau  suspendu  ou  dans  un  hamac, 
n'a  d'autre  résultat  que  de  l'apaiser  ou 
de  l'endormir.  Il  est  vrai  que  les  enfans 
s'accoutument  à  ce  mouvement,  qui  leur 
est  agréable,  et  finissent  bientôt  par  l'exi- 
ger impérieusement  par  leurs  cris.  Là 
est  un  inconvénient  qu'on  évite  en  n'u- 
sant de  ce  moyen  que  quand  il  est  vrai- 
ment nécessaire,  et  en  habituant  les  nou- 
veau -  nés  à  rester  paisiblement  couchés 
quand  tous  leurs  besoins  sont  satis- 
faiu.  F.  R. 

BERCEAU  (architecture),  voûte  en 
plein  cintre,  comme  celle  d'une  cave, 
d'une  orangerie,  etc.  Au  mot  Youte 
nous  nous  étendrons  sur  ce  sujet  qui 
est  d'un  si  haut  intérêt  dans  la  con- 
struction ;  nous  ferons  voir  combien  les 
Grecs  et  les  Romains  étaient  avancés 
dans  l'art  du  trait  ou  dans  la  stéréoto- 
mie; alors  les  berceaux  inclinés  ou  des- 
centes droites*  des  arènes  de  Nimes  ne 
présenteront  plus  rien  d'extraordinaire, 
et  l'on  sera  fondé  à  croire  que,  s'ils  n'ont 
pas  fait  un  plus  grand  nopibre  d'applica- 
tions de  cette  science  aux  voùtes.de  leurs 
édifices,  c'est  que,  d'une  part,  l'art  de. 
l'appareil  qui  ne  pouvait  sufEre  à  leur 
décoration  se  fût  trouvé  perdu  dans  les 
compartimens  dont  ils  ornaient  les  voû- 
tes, et,  de  l'autre,  que  les  voûtes  en  ma- 
çonnerie étaient  d'unie  exécution  beau- 
coup plus  prompte  et  plus  facile. 

On  ap^iWe  berceau ,  dans  un  jardin, 
une  partie  de  treillage  dont  la  voùle  ost 


BER 

terminée  par  un  cintre  circulaire  ou 
ovale  quoique  ses  bouts  soient  terminés 
en  arc  de  cloître.  P-t- 

BERCHOUX  (Joseph),  auteur  du 
poème  ingénieux  de  la  Gastronomie, 
avait  été  au  commencement  de  la  révo- 
lution juge  de  paix  à  Saint-Symphorièo 
(près  de  Lyon),  où  il  naquit  en  1765. 
Plus  que  suspect  en  98,  par  le  royalisme 
ardent  dont  il  avait  fait  preuve,  il  échappa 
aux  proscriptions  en  se  réfugiant  sous 
les  drapeaux;  mais  après  3  ou  3  cam- 
pagnes il  put  revenir  dans  sa  patrie  où  il 
se  livra  à  des  travaux  pour  lesquels  il 
avait  plus  de  dispositions  que  pour  la 
carrière  judiciaire  ou  celle  des  armes.- 
Le  premier  pas  du  jeune  Berchoux  dans 
l'arène  poétique  fut  cette  piquante  satire 
si  universellement  connue  et  si  souvent 
citée: 


'  «Qui  me  délirrera  des  Orect  et  d«s  Romains?  • 

En  l'adressant  à  l'une  des  feuilles  de  la 
capitale  il  ne  levait  point  signée  d'un 
nom  encore  ignoré,  et  certains  littéra- 
teurs parisiens  se  la  laissèrent  com- 
plaisamment  attribuer  pendant  quelque 
temps. 

En  1800  M.  Berchoux  vint  faire  im- 
primer à  Paris  la  Gastronomie:  son  sue- 
ces  fut  plus  grand  encore;  et,  après  trois 
éditions  enlevées  dans  une  seule  année , 
l'auteur  dut  renoncer  au  modeste  ano-> 
nyme  qu'il  avait  aussi  gardé  dans  la  pu- 
blication de  cet  ouvrage.  Des  conseils 
utiles ,  sa  propre  expérience ,  en  firent 
successivement  disparaître  quelques  lon- 
gueurs, quelques  traces  de  mauvais  goût. 
Tel  qu'il  est  devenu  par  ces  améliora tiona, 
cet  agréable  badinage  sera  placé  sans 
doute  par  la  postérité  près  du  Vert^Fert 
et  non  loin  du  Lutrin.  Déjà  il  a  obtenu 
dans  les.langues  anglaise,  allemande,  et 
dans  plusieurs  autres,  les  honneurs  de 
la  traduction. 

M.  Berchoux  fut  moins  bien  inspiré 
dans  son  poème  de  la  Danse,  ou  les  Dieux 
de  r  Opéra,  qui  parut  en  1806.  Malgré 
plusieurs  jolis  détails  on  y  trouva  de  la 
froideur,  une  gatté  trop  affectée  et  des 
emprunts  trop  fréquens  à  la  mythologie , 
à  cette  littérature  surannée,  auxqudles 
il  avait  porté  lui-même  les  premiers, 
coups  : 


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BEA 

«  ^  toi,  trûte  fMniU«  à  qaî  Diea  fasse  paix! 
Race  d^Agamemooa,  etc.,  etc.  » 

C'éuit  d'ailleurs  une  de  ces  productions 
beaucoup  trop  empreintes  du  cachet  de 
la  circonstance;  aussi  est-elle  tombée 
dans  le  même  oubli  que  la  rivalité  dfi 
Yestris  et  Duport,  dieux  de  la  iianse 
depuis  long-temps  détrôoés^qui  en  avaient 
fourni  le  sujet. 

F'oltaùr,  ou  le  Triomphe  de  la  phir- 
losophie  moderne,  poème  soi-disant  co- 
mico-satirique,  ofirait  un  tort  plus  grave  ; 
élaît-ce  à  un  poète  qu'il  convenait  de  re- 
prendre en  sous-oeuvre  le»'censures  hai- 
neuses .des  Nonote  et  des  Clément  contre 
l'auteur  de  la  Henriade  ?  Jje%  événemens 
de  1815,  au  milieu  desquels  parut  cette 
longue  satire  empêchèrent ,  pour  ainsi 
dire,  le  public  de  s'en  apercevoir;  et  cet 
eiîet  de  la  préoccupation  fut  peut-être 
ce  que  l'écrivain  pouvait  espérer,  en  pa- 
reil cas,  de  plus  favorable. 

On  ne  peut  guère  citer  ici  que  .pour 
mémoire  le  Philosophe  de  Charenton, 
roman  non  sans  esprit,  mais  sans  action, 
publié  en  1 803,  txV  Art  politique  (1819), 
dernière  oeuvre  satirique  de  M.  Berchoux, 
connue  de  bien  peu  des  lecteurs  de  la 
Gastronomie.  M.  Berchoux  a  étéen  1 81 4, 
avec  MM.  de  Chazet ,  Rougemont ,  Gen- 
til ,  Désaugiers ,  etc.,  l'un  des  rédacteurs 
du  feuilleton  de  la  Quotidienne.  Retiré 
depuis  plusieurs  années  dans  le  départe- 
ment qui  l'a  vu  naître,  il  n'a  plusdonné 
signe  de  vie  poétique.  M.  O. 

BÉRÉCYNTHIE,  tM>r.  CTBiLK. 

BÉRENGER  I  ET  II ,  rois  d'Iulie. 

BÉ&xifOEB  I ,  fils  d'un  duc  de  Frioul , 
lut  couronné  roi  d'Italie  en  888  à  Pavie, 
et  empereur  romain  en  915.  £n  924  il 
fut  assassiné. 

BiaEHGEa  II  était  petit-fils  de  Béren- 
fer  I ,  par  sa  mère  Gisèle,  qui  avait  épousé 
le  marquis  d'Ivcée,  Adalbert.  Bérenger 
hérita  en  926  de  ce  puissant  marquisat, 
et  fut  élu  roi  d'Iulie  en  950,  avec  son  fils 
Adalbert.  U  mourut  en  966  à  Bamberg, 
prisonnier  d'Othon,  roi  d'Allemagne, 
et  qui  en  96 1  avait  posé  sur  sa  tête  la 
couronne  de  fer  dltalie.  Foy.  Italie.  S. 
BÉRENGER  (Ratmoud)  I-IV, 
comtes  de  Provence  depuis  l'an  1113. 
.  Raymond  BéaENOEElV,  1209-1245, 
4pp^sa  en  12)0  Béatriz,  fille  de  Thomas, 


(  3il  )  BÉR 

comte  de  Savoie.  Leur  cour  fut  le  centre 
de  la  politesse  ;  Béalrix  protégea  les  let- 
tres et  la  poésie,  et  Bérenger  cultivait 
kû^méme  cette  dernière  avec  succès.  Nos-r 
tradamna  affirme  avoir  vu  ses  produc- 
tions poétiques  dans  la  bibliothèque  du 
comte  Robert  Ils  procurèrent  à  leurs 
filles  de  brillans  éublissemens  :  Tainée 
épousa  Louis  XI,  roi  de  France;  une 
autre  Charles  d'Anjou,  roi  deNaples; 
une  troisième  se  maria  avec  le  roi  d'An- 
gleterre ,  et  une.  quatrième  avec  le  frète 
de  ce  dernier. 

RATMOifD  Bé&EHGEE,  célèbre  grand- 
maître  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jéru- 
salem ,  est  regardé  par  quelques  auteurs 
comme  appartenant  à  la  même  famille; 
mais  il  descendait  d'une  maison  noble  du 
Dauphiné.  A  peine  élu  grand  -  maître 
(1365),  à  la  grande  satisfaction  du  pape 
Urbain  Y,  il  ajouta  à  la  gloire  déjà  ac- 
quise dans  ses  guerres  contre  les  infi- 
dèles celle  de  la  prise  d'Alexandrie  en 
Egypte,  et  de  Tripoli  en  Syrie.  Il  mou- 
rut en  1373.  S. 

BÉRENGER^  dit  de  Tours,  philo- 
sophe scolastique,  théoloc;ien  hardi,  ar- 
chidiacre d'Angers,  naquit  à  Tours  au 
commencement  du  xi^  siècie  et  fut  dis- 
ciple de  Fulbert  de  Chartres ,  qui ,  en 
mourant,  le  nota  comme  un  homme  dan- 
gereux. Bérenger  renouvela  les  erreurs 
de  Scot  Érigène  ;  il  dogmatisa  sur  l'eu- 
charistie, en  disant  que  ce  sacrement 
n'est  que  la  figure  du  corps  de  J.*C.  Il 
attaquait  les  mariages  légitimes  et  le  bap- 
tême des  enfans,  qu'il  regardait  comme 
nul;  il  dirigea  aussi  de  vives  attaques 
contre  les  PP.  de  l'église.  £n  1030  il 
fut  nommé,  à  Tours,  scolastique  éco^ 
Idtrej  c'est-à-dire  maître  de  l'école  de 
Saint  -  Martin  ;  il  fut  aussi  trésorier  de 
cet  établissement,  Lorsqu'en  1039  il 
parvint  à  la  dignité  d'archidiacre  d'An- 
gers, il  continua  ses  leçons.  Quelques 
historiens  lui  donnent  des  disciples  fort 
nombreux;  d'autres  prétendent  que  le 
nombre  en  était  très  limité.  On  a  nommé 
Bérengariens  les  sectateurs  qui  ont  pro- 
pagé ses  doctrines.  Brunon ,  éyéque  d'An- 
gers, soutint  ses  hérésies ,  si  Ton  en  croit 
les  uns;  selon  d'autres  il  essaya  au  con- 
traire de  le  ramener  à  une  foi  plus  orlho- 
I  doxe  y  avec  le  secoujrs  de  Hugues  de  Lan* 


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'     KÈK  (942) 

gteê  et  d*Âd€lmafi  de  Bresse.  Le  Saint* 
Siège  condamna  set  écrits  dans  de» x  eon- 
cîles  tedds  par- J^éon  IX ,  en  10^0,  à 
•Rome  et  à  Verceii*  Excommunié  par  un^ 
bulle  du  paiie,  Il  se  retira  à  Tabbaye  de 
Préaux,  en  Normandie,  dans  Tespolr 
d*étre  soutenu  par  Gulllailme-le-BâUrd; 
ibais  il  Ait  de  nouveau  condamné  à 
BHonne  (ville  de  la  raérfie  province)  par 
les  théologietn  et  Icis  évéques.  Dans  le 
côncflè  de  Paris,  présidé  par  le  roi 
Henri  I ,  ce  prince,  en  sa  qualité  d'abbé 
de  Saint-Martin  de  Tours,  ordonna  de 
ne  point  pater  à  Bérenger  les  revenus 
du  canonical  qu*il  possédait  dans  eette 
église.  Plus  sensible  à  cette  perte  qu'à 
la  bulle  dtt  Saint-Père,  Bérenger  se  ré- 
tracta au  comelle  de  Tours,  eAt  1094; 
mais  il  en  rei'inl  toujours  aux  mêmes 
doctrineè  sur  le  pain  dans  l'eucharistie, 
qu'il  ne  consentait  à  regarder  qile  comme 
un  s^bole  dn  corps  du  Chrisé^  Il  fut 
éhé  k  Kome,  abjura  eticore  plusieurs  fois 
et  ne  put  cepehdîliit  renoncer  à  sa  con- 
viction.  L'an  1080  il  alla  passer  les  huit 
dernières  années  de  sa  vie  dans  la  petite 
\\é  de  Saint  Côme,  près  de  Tours,  et  fit 
pénitence  jusqu'à  Sa  mort  ^  qui  arriva  en 
10S8  ;  il  avait  alors  90  ans; 

La  plupart  de  ses  outrdges  sont  per- 
dus. Cent  qui  nous  restent  de  lui  sont 
bien  au-dessous  de  la  réputation  qu'ils 
lui  Valurent  de  son  vivant.  Sa  Letird  à 
Jicellrk,  une  autre  à  Richard  y  trois 
Professions  de  Joi  et  une  partie  de  Soh 
Traité  contre  la  seeonde  profession  de 
foi  qn*on  l'avait  obligé  de  ftiire,  se  trOU^ 
yetit  dans  lé  Thésaurus  AneedoiorUm 
de  lilaftemte  éf  dans  les  œuvres  de  L«n<i- 
friinc.  N.  Ki  D. 

IIÉRÉMGEII  (AirHOfrSB-MABix- 
IllAi(CËtLt*-THoiiAs),  conseiller  à  la  eour 
de  eàss^tl6ti,'ruM  des  vke-présldens  de 
la  chambre  des  députés  pendant  les  trois 
dernières  ées^ions,  etc.,  naqtdt  en  178S 
à  Taléncé,  départetiietit  de  la  Dt^me.  11 
est  ftfe  du  représentant  Bérenger  (J«Ait, 
comté  B.,  pair  de  France,  né  en  1767), 
qur,  au  18  brumdli^é,  se  dévoua  à.Bonii- 
pftrte  dans  le  sein  du  eonsell  àH  Cinq- 
Cents  ,  et  qui ,  à  la  detitième  séance  de 
f  Ok^angerie,  proposa  et  fit  adopter  la  ré- 
solution par  laquelle  Tassent b^  déelara 
que  le  général  en  chef  et  ses  fienteMos, 


BER 

ainsi  que  les  troupes  sous  lenrs  oféres, 
avaient  bien  mérité  de  là  patrie. 

M..  Bérenge^  âU  débuta  dans  la  cai^- 
Hère  de  la  magistrature  en  qualité  de 
conseiller  auditeur  à  la  cour  de  Grenoble 
en  1808.  Trois  ans  après,  il  fut  nommé 
avocat  général  près  la  même  cour.  Dé- 
puté de  l'arrondissement  de  Valence  à  la 
chambre  des  Représentans  en  1815,  il  y 
montra  un  v^f  attachement  à  l'empereur, 
dont  il  regardait  la  cause  comme  liée  à 
celle  de  la  lil>erté  eonstirutionnelle  et 
même  aux  destinées  de  la  France. 

C'est  pour  préserver  de  tou le  atteinte 
la  dignité  nationale  et  celle  de  l'assem- 
blée représentative  que,  le  lendemain  du 
jour  de  f  abdication  de  l'empereur,  il 
prononça  les  paroles  suivantes  :  «  Un 
grand  sacrifice  a  été  consommé  bier;  11 
l'a  été  par  le  ptus  grand  des  héros,  avec 
une  magnanimité  digne  de  lui  et  de  la 
nation  qui  en  est  l'objet;  car  c'est  pour 
lès  intérêts,  te  salut  de  la  France,  que 
l'empereur  a  montré  cette  abnégation  de 
loi-même,  le  plus  beau  trait  de  nos  siè^ 
des  modernes,  et  qui  fera  bénir  son  noiti 
dans  la  postérité  avec  ceux  des  Titus  et 
des  Marc-Aurèlel»  £t,  à  l'occasion  du 
projet  à^ Adresse  aux  f'rantaiSy  rédigé 
par  le  représentant  Manuel,  le  30  juin , 
il  s'écriait  dans  le  même  intérêt  :  «  N'est- 
ce  pas  une  humiliation  eittrême  de  ne 
pas  soutenir,  en  face  de  la  nation  à  la«- 
quelle  vous  parles^  la  déclaration  que 
vous  avez  faite  que  Napoléon  II  soeôé- 
deràit  à  son  père  I  » 

L'expérience  éé  quinse  ans  et  de  plus 
profondes  méditations  ont  d6  modifier 
quelques -nns  des  sèntimens  de  M.  Bé<- 
religer.  C'est  du  moins  ce  qui,  est  arrivé 
par  rapport  à  Topinion  qu'M  avait  pro*- 
fessée  le  7  jtiillet ,  en  se  prononçant  con- 
tre l'Avis  de  la  commission,  dans  la  quei- 
tlon  relative  à  l'hérédité  de  la  pairie.  Il 
avait  demandé  alors  que  les  oOlIdges  éleo- 
toraut  coiecotfrossent  à  la  première  no«- 
ttinatton  des  pairs,  -en  nombre  égal  au 
choix  du  trône.  Lorsque,  après  la  révo- 
lution de  juillet,  Il  aeceptA  l'office  de 
rapporteur  daOs  la  même  qtiestion  (19 
M'ptembre  18^1),  H  aima  mieux  avouer 
le  changement  qnl  s'était  opéré  dans  ses 
convictions,  que  de  se  bovner  simple- 
ment à  appn  jrer,  an  nom  de  ife  temnl*^ 


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BÉn 


{S48) 


BËR 


•HHl  f  le  |Mnojet  présenté  ptr  Casimir  Pe- 
rler; et  s'il  vota  avec  la  minorité  qui  déjà 
comptait  parmi  les  organes  de  ses  vœux 
MîVf.  Jars,  Roycr-Collard,  Thiers,  Gui- 
£0t  et  Martifnac,  il  ne  voulut  pas  que 
son  vote  restât  douteux,  en  raison  de  ce- 
lui qu'il  avait  émisa  lachambredel815. 

Écarté  des  fonctions  d'tfvocat  général 
lors  de  la  réorganisation  c)e  la  coor  de 
Grenoble  (mars  1816),  M.  Bérenger  se 
trouva  également  exclu  de  la  carrière  lé- 
gislative en  raison  des  conditions  exigées, 
pour  l'éligibilité,  par  l'article  S8  de  la 
Charte  de  1 8 1 4.  Ce  n'est  qu'aux  élections 
de  1 827  qu'il  pdt  être  porté  à  la  députa^ 
tion.  Le  collège  départemental  de  la 
Dr6me  l'envoya  alors  à  la  chambre  élec- 
tive, où  il  n'a  pas  cesséde  siéget*  depuis. 
Un  incident  relatif  à  son  admissiori  prouva 
que  le  pouvoir  n'avait  rien  négligé  pour 
empêcher  son  élection  (séance  dn  15  fé- 
vrier 1828). 

M.  Bérenger  a  pris  paît  à  presque 
toutes  les  discussions  importantes  de  la 
chambre  depuis  cette  époque;  mais  c'est 
surtout  comme  rapporteur  et  bomme 
eommissaire  chargé  de  suivre  devant  la 
chambre  des  pairs  l'accusation  portée 
contre  les  ex -ministres  de  Charles  X 
(décembre  1831)^  qu'il  s'est  acqiiis  la 
réputation  qui  lui  a  vahi  depuis  la  ses- 
sion suivante  l'honneur  d'être  porté, 
chaque  année,  par  ses  collègues,  à  la 
vice-présidence;  Lors  de  sa  dernifre  can- 
didatnre,M.Per8il,  aujourd'hui  garderies- 
sceaux,  lui  fut  opposé  par  le  ministère. 

Immédiatement  après  la  révolution  de 
jnillel ,  M.  Bérenger  fut  appelé  à  la  cour 
de  cassation  en  qualité  de  conseiller.  De- 
puis long-temps  il  avait  pris  rang  parmi 
les  plus  habiles  jcirisconsultes  par  son 
ouvrage  intitulé:  De  la  Justice  crinii* 
nelie  en  France,  d'après  les  loir  per- 
manentes, les  lois  d'exception  et  les 
doctrines  des  tribmnaux.  Parb,  1818, 

«B-8^ 

On  ne  doit  pab  onbHer  de  compter  au 
nombre  des  titres  leis  plus  hononbleé  de 
M.  Bérengetr  celui  de  président  de  ht 
Société  fxmr  le  patronage  de^  Jeunes 
libérés  du  département  de  la  Seine.  Il 
est  glorieux  pouV  ce  magistrat  d'avoir 
dû  à  son  lèle  pour  me  esuvre  ainsi  émi- 
t  plûhnitttM|}iqve  flMmieiir  é^ 


présider  l'assemblée  des  hommes  de  biea  . 
qui  s'y  sont  dé\oués.  P.  C. 

BÉRÉNICE  (qui  porte  victoire,  é% 
fipo»  et  vixn),  nom  de  plusieurs  reiuea  •! 
princesses  de  l'antiquité. 

Bér^hice,  reine  juive  connue  par  lea 
deux  pièces  de  ce  nom  que  composèreai 
Corneille  et  Racine  à  la  prière  de  Hen* 
riette  d'Oriéans,  avait  po^  père  Hérodk 
Agrippa;  elle  eut  pour  époux  llérode, 
son  oncle,  puis  le  roi  de  Cilicie  PolémoOy 
et  i\it  aimée  de  Titos  qui  l'aurait  épousée  | 
dit-oh,  s'il  n'avait  respecté  l'opinion  ro« 
maine  qui  eût  blâmé  un  tel  mariage,  et 
qid ,  en  montant  sur  le  tràne,  se  sépara 
d'elle  avec  regret.  On  accusait  Bérénice 
d'avoir  eu  on  commerce  incestueux  avet 
son  frère  A  grippa. 

Parmi  les  antres  princesses  ancieooee 
qui  ont  porté  ce  notn  nous  Indiquerons 
les  suivantes:  1^  La  femme  de  Plolé- 
mée-Sof  er ,  mère  de  Ptolémée-Philadel<^ 
phe  (elle  avait  eu,  d*on  premier  mariage 
avec  un  Macédonien  de  basse  naissance, 
Magas,  qu'elle  fit  gouverneur  de  la  Cy* 
rènaîque);  2^  la  fille  de  Ptolémée-Phi^ 
ladelphe,  deuxième  lemme  d'Antiocbus 
Théos  (Laodice,  sa  rivale,  empoisonna 
Théos  et  la  fit  assassiner^  948  ans  atant 
J.-C.  );  3""  encore  une  fille  de  Ptoléffiée- 
Phlladelphe^  mais  celle-là  épousa  SOU 
frère  Ptolémée-É vergeté  1*'  et  eut  pour 
fils  Ptolémée-Philométor  qui  la  fit  mou- 
rir (ce  fut  elle  qui  consacra  sa  chetelnre 
à  Vénus  en  reconnaissance  dé  l'heuretit 
retonr  de  son  mari  ;  l'astronome  Conon 
donna  le  nom  de  Chevelure  de  Bérénice 
à  nne  constellation  nouvellement  décoti- 
verte,  et  les  courtisans  répétèrent  que  la 
magnifique  offrande  de  la  reine  avait  été 
changée  en  astre  par  les  dieux);  4^  là 
fille  de  Ptolémée-Aulète ,  fiemme  de  Se*- 
leiK-ns  qu'elle  étrangla,  puis  d'Arc4iélafi»y 
prêtre-roi  de  Comane  (elle  détrôna  txm 
père  qni  plus  tard  la  vainqnit  et  la  fit 
n^onrir,  55  ans  av.  J.-C);  ô^  le  femme 
d'Attale  III,  roi  de  Périme,  qui  la  fit 
mourir  et  pnblhi  que  des  magiciens  l'a-» 
vaienttnée  ;  %^  nne  desfemfnes  dn  grand 
Mitbrfdate  cftri  la  fit  étrangler  (  7 1  ans 
av.  J.-C.)  potir  qu'eHe  ne  tombât  point 
entre  les  n^ains  de  l'emier*),  été. 

On  voyait  le  long  de  la  mer  BxMige  4 
vMes  «lu  ttoaa  de  BéMileei;  la  0)f¥«Mfqu« 


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BER 


(344) 


BER 


en  poaèédait  une  cinquième.     Val.  P. 

BÉRESFORD  (  William-Gaer  Bé- 
EESFORD,  vicomte  de)^  d*UDe  ancieone 
famille  irlandaift,  pair  da  royaume 
d'Angleterre,  général  d'infanterie  au  ser^ 
vice  de  la*  Grande-Bretagne,  colonel  en 
chef  du  16^  régiment  d'infanterie,  gou- 
verneur de- Jersey,  grand'croix  de  l'ordre 
'du  Bain  et  de  l'ordre  hanovrien  des 
Gnelphes,  etc.,  est  en  même  temps  mar- 
quis de  Campo-Major  et  comte  de  Tran* 
cora,  dans  lé  royaume  de  Portugal,  dont 
il  a  commandé  l'armée  en  qualité  de 
maréchal.  Ses  talens  militaires,  jusqu'a- 
lors peu  connus,  se  déployèrent  dans 
cette  armée,  et  il  parvint  même  à  orga- 
niser les  milices  de  ce  pays  au  point 
que,  durant  la  guerre  révolutionnaire  de 
l'Espagne,  elles  rivalisèrent  avec  les  meil- 
leures troupes  dés  alliés.  Le  1 6  mai  1811, 
le  général  Béresford,  à  la  tête  de  deux 
divisions  anglaises,  d'une  division  portu- 
gaise et  de  17,000  Espagnols,  livra  aux 
Français,  commandés  par  le  maréchal 
Soult,  la  bataille  d'Albuhél^  {'^ox.)  et 
les  força  de  se  retirer  sur  Séville.  En 
1813,  il  commanda  un  des  corps  de 
l'armée  sous  les  ordres  du  duc  de  Wel- 
lington; il  eut  une  part  considérable  aux 
victoires  des  alliés  à  Yittoria,  Bayonne 
et  Toulouse.  Le  13  mars  1814,  le  géné- 
ral Béresford  entra  dans  Bordeaux  avec 
le  duc  d'Angoulême;  le  6  mai  de  la 
même  année,  le  prince  de  Galles,  régent 
de  la  Grande-Bretagne,  rendit  justice  au 
mérite  de  cet  officier  général  et  récom- 
pensa ses  services  en  l'appelant  à  la  cham- 
bre des  pairs  comme  baron  du  royaume. 
Lord  Béresford  fut  bientôt  après  chargé 
d'une  mission  importante  et  partit  pour 
le  Brésil  d'où  il  revint  à  Londres  au 
mois  de  juillet  1815.  Le  prince-régent 
de  Portugal  le  nomma  de  nouveau  gé- 
néral en  chef  des  troupes  portugaises; 
mais,  à  peine  arrivé  à  Lisbonne,  il  fut 
envoyé  une  seconde  fois  au  Brésil  par  le 
cabinet  de  Saint-James.  A  son  retour  de 
cette  dernière  mission  diplomatique,  il 
reprit  le  commandement  de  l'armée  de 
Portugal  qu'il  quitta  au  bout  de  quelques 
années.  Il  parait  qu'il  n'approuva  pas  en- 
tièrement les  efforts  d'un  grand  nombre  de 
Portugais  pour  obtenir  un  gouvernement 
représentatif  constitutionnel;  et  ne  vou* 


tant  point  être  impliqué  dans  les  troubles 
dont  ces  efforts  furent  suivis,  il  retourna 
en  Angleterre  où  le  roi  Georges  IV  lui 
avait  conféré  le  rang  de  vicomte  en  1823. 
Depuis  l'époque  de  son  retour,  le  vicomte 
Béresford  n'a  plus  pris  part  aux  affaires 
politiques  de  l'Europe,  si  ce  n'est  en 
1826,  lors  de  l'envoi  de  troupes  anglai- 
ses, en  Portugal.  Pour  charmer  l'ennui 
d'une  retraite  presque  toujours  pénible 
à  ceux  qui  ont  joué  un  rôle  important 
sur  la  scène  du  monde  ^  il  a  épousé  sa 
belle  cousine,  veuve^  du  banquier  Tho- 
mas Hope ,  qui  n'était  pas  moins  distin- 
gué par  son  goût  pour  les  beaux-arts  et 
les  belles-lettres  que  par  une  fortune 
brillante.  D.  B. 

BÉRETTINI ,  voy.  CoaToiOL 

BÉRÉZINA,  fleuve  lithuanien  qui 
prend  sa  source  près  de  Polotsk,  traverse 
le  gouvernement  russe  de  Minsk,  et  se 
jette  dans  le  Dnieper,  après  un  cours 
41'environ  86  lieues.  Cette  rivière  est  de- 
venue fameuse  par  le  passage  des  Fran- 
çais, lors  de  leur  retraite  en  1812. 

Là  les  Russes  avaient  marqué  le  tom- 
beau de  l'armée  française,  le  lieu  où  elle 
devait  mourir  ou  mettre  bas  les  armes. 
Le  18  octobre,  quand  Napoléon  sortait 
de  Moscou,  l'armée  de  Wittgenstein,  à 
1^0  lieues  derrière  sa  gauche,  précipitait 
sa  marche  sur  Polotsk,  en  -descendant 
du  nord.  Plus  loin ,  derrière  sa  droite , 
Tchitchagof,  avec  l'armée  de  Moldavie, 
profitant  de  sa  supériorité  sur  Schvrar- 
tzenberg,  s'élevait  du  sud.  Tous  deux 
s'efforçaient  de  se  joindre  à  Borissof , 
afin  d'occuper  les  passages  de  la  Béré- 
zina  et  de  fermer  d'avance  toute  issue 
à  nos  soldats  que  poussait  vers  eux  l'ar- 
mée déjà  plus  nombreuse  de  Routou- 
sof. 

Le  22  novembre,  Napoléon  n'était 
plus  qu'à  trois  jours  de  marche  de 
Borissof ,  quand  un  aide  -  de  -  camp 
lui  annonça  que  les  Russes  en  étaieiit 
maîtres  depuis  la  veille.  A  cette  nou- 
velle désastreuse,  l'empereur,  frappant 
la  terre  de  son  bâton,  lança  au  ciel  un 
regard  furieux  avec  ces  mots  :  «  Il  est 
donc  écrit  là-haut  que  nous  ne  ferons 
plus  que  des  fautes  (  Ségur,'iVb^o/^6ii 
et  la  grande  armée),  »  Mais  le  lende- 
main, le  maréchal  Oudinot  avait  renver** 


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BÉR 


(345) 


BÉR 


•é  cett«  avant-garde  nisie.  Toutefois  ses 
débris,  en  repassant  par  Borissof,  avaient 
détruit  son  pont  de  800  toises  de  lon- 
gueur. Destruction  irréparable  I  Sur  ce 
point  la  Bérézîna  était  un  lac  de  glaçons 
mouvans.  M.  de  Ségur,  dans  le  10^  livre 
de  son  ouvrage  sur  la  campagne  de  Rus- 
sie,  a 'peint  l'état  déplorable  de  l'armée 
française.  La  colonne  de  Moscou,  à  l'ex- 
ception de  7,000  hommes,  n'offrait  plus 
qu'une  longue  traînée  de  spectres,  cou- 
verts de  lambeaux ,  de  morceaux  de  ta- 
pis ,  les  pieds  enveloppés  de  haillons ,  le 
visage  terreux,  hérissé  d'une  barbe  hi- 
deuse, sans  armes,  et  marchant  comme 
un  troupeau  de  captifs.  L'aspect  de  cette 
épouvantable  désorganisation  ébranla  les 
corps  de  Victor  et  d'Oudinot  qui  ve- 
naient d'opérer  leur  jonction.  I^e  premier 
était  en  arrière  avec  16,000  hommes,  le 
second  aveo  5,000  en  avant  et  déjà  sur 
la  Bérézina  (  Ségur  )  *.  Une  sombre  in- 
quiétude avait  saisi  les  plus  fermes  cou- 
rages. Napoléon  donnait  ordre  de  détruire 
les  rapports  de  ses  ministres,  brûlait  la 
moitié  des  bagages ,  afin  de  réserver  les 
chevaux  à  l'artillerie,  et,  dans  son  ordre 
du  jour,  menaçait  de  la  peine  de  mort, 
si  par  défaut  de  chevaux  une  seule  pièce 
était  abandonnée  (  Chambray,  1.  IV,  p. 
35,  8S). 

Dans  U  nuit  du  28  au  34,  Ou<jlinot 
avait  fait  foire  des  reconnaissances  sur  la 
Bérézina  au-dessous  de  Borissof,  à  Uko- 
loda,  et  au-dessus  à  Stakhof,  àStudianka« 
Ce/dernier  point,  à  4  lieues  de  Borissof, 
offrait  un  gué.  Le  général  Corbincau,  en 
se  -retirant  devant  les  Russes,  l'avait 
passé  le  31  et  n'y  avait  trouvé  que  trois 
pieds  et  demi  de  profondeur.  La  rive 
droite  était  bordée  par  un  marais,  alors 
impraticable  aux  voitures  par  suite  du 
dégel;  mais  la  gelée  commençait  à  se  faire 
sentir  et  Ton  pouvait  rendre  le  marais 
praticable  avec  des  fascines.  Le  général 

(*)  L'exact  M.  de  Onimbray  donne  Pétat  des 
forres  da  Napoléon  ,  4e  a6  novembre  an  matin, 
et  let  porte  à  30(700  corabattans.  Le  nombre  des 
militaires  isolés  était  jiresque  aussi  çrand  (L  iv, 
p.  5i,  5a;  iSaS).  D*aprèr  Tévalnation  do  colo- 
nel Bontoarlin ,  aide*de-«amp  de  l'emperenr  de 
Ros«e,il  porte  à  57,000  hommes  de  troupes  ré- 

falières  les  deux  armées  de  Witt^enstein-  et  de 
chitcfaagof.  Ce  dernier  est  compru  ponr  27,000 
-Commet.  P.  29^3. 


d'artiUerie  Aubry  écrivait  le  94  : 1  Fai 
tout  disposé  à  Studianka  pour  l'établis- 
sement du  pont  projeté.  Ce  soir,  à  neuf 
heures,  13  chevalets  seront  prêts  et  des 
bois  rassemblés  pour  former  le  tablier. 
La  rivière  a  85  à  40  toises  de  largeur; 
la  crue  des  eaux  a  augmentera  profon- 
deur du  gué  ;  l'abord  de  ce  côté  ne  sera 
pas  difficile;  mais  jUi  rive  droite,  au  sor- 
tir du  marais, domine  un  peu  celle-ci, 
elle  découvrira  en  plein  nos  t^^avaux  lors- 
qu'ils seront  commencés.  Je  vois  des 
mouvemens  d»  cavalerie  et  d'infanterie 
dans  les  villages  à  mi-c6te.  Des  canons  s'é- 
tablissent; pas  de  doute  que  demain  une 
nombreuse  artillerie  ne  plonge  sur  le 
pont  et  ne  rende  le  passage  très  difficile.» 
(Chambray,  p.  193-4). 

Cependant,  pour  détourner  l'altention 
des  Russes,  on  faisait  des  démonstra- 
tions sur  les  autres  points.  Une  foule  de 
travailleurs  rassemblait  à  grand  bruit 
les  matériaux  nécessaires  à  la  construc- 
tion d'un  pont.  La  division  de  cuirassiers 
défilait  pompeusement  en  vue  des  Russes; 
et  des  questions  faites  avec  adresse  à  des 
espions  payés  par  eux  leur  donnaient 
le  change  sur  la  direction  projetée  par 
les  Français. 

Le  35,  à  la  chute  du  jour,  Oudinot, 
cédant  à  Napoléon  l'occupation  dç  Bk>- 
rissof ,  vint  prendre  position  sur  les  hau- 
teurs qui  dominaient  le  passage  de  Stu- 
dianka. A  cinq  heures  du  soir  les  gêné* 
raux  Éblé  et  Chasseloup,  forçant  leur 
marche,  y  étaient  arrivés  avec  les  4OO 
pontonniers  qui  restaient.  Deux  forges  de 
campagne,  deux  voitures  de  charbon, 
et  six  caissons  d'outils  et  de  clous,  maté- 
riel conservé  par  leurs  efforts,  rendaient 
la  constjruction  des  ponts  possible  avec 
le  dévouement  des  pontonniers.  Une 
vingtaine  de  chevalets,  construits  la 
veille  avec  les  poutres  des  cabanes  po- 
lonaises, se  trouvèrent  trop  faibles;  il 
fallut  tout  recommencer.  On  démolit  les 
maisons  du  village,  dont  les  murailles^ 
selon  l'usage  du  pays,  étaient  construites 
en  troncs  de  sapins  non  équarris  et  pla- 
cés horizontalement  les  uns  sur  lesautres; 
mais  le  temps  si  précieux  de  la  nuit  s'é> 
coulait.  Sur  la  rive  opposée  étincelaient 
les  feux  des  ennemis.  Avec  le  jour  leur 
artillerie  pouvait  mettre  eo  pièces  Iç 


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BÉA 

firèlff  éctiafândage  qui  n'étâîl  pts  encore 
commencé!*' 

A  sept  heares  du  tnàtin ,  Napoléon 
iHtit  hâter  les  travanx-,  trop  lents  an  gré 
de  son  impatience.  On  reconnut  que  la 
ririère  avait  64  toises  de  largeur  au 
lieu  de  40 ,  et  que  sa  phis  grande  pro- 
fondeur était  de  6  pieds.  Les  ponton^ 
nfers  affaiblis  par  la  misère,  privés  dV 
limens  substantiels  et  de  liqueurs  fortes, 
plongés  dans  l'eau  josqu'aut  épaules,  lut- 
taient contre  les  glaces  charriées  par  la 
rivière.  Plusieurs  périrent  de  froid  on 
snbmei^.  Lé  souvenir  de  4eur  dévone- 
fnent  doit  vivre  aussi  long-temps  que 
eèlui  de  la  Bérétina  f 

A  huit  heures  du  matin  deux  ra* 
deaux  contenant  chacun  10  hommes  je- 
tèrent successivement  400  fantassins  sur 
la  rive  ennemie;  50  chasseur» avaient  tra- 
versé à  la  nage,  portant  en  croupe  deé 
Voltigeurs;  et  l'ardent  Jacqueminof,  re- 
passant à  ti-avers  les  glaces  qui  déthi- 
raîent  le  poitrail  de  son  cheval,  ramenait 
itir  l^ir^n  de  sa  selle  un  Russe  qu'il  ve- 
nait de  désarmer,  pour  que  rem|>e^eur 
pût  Tînterroger.  L'artillerie  du  deuxième 
eorps  couronnait  la  crête  de  la  colline; 
celle  de  la  garde  arrivait  pour  foudroyer 
tout  cequise  présenterait.  Les  voltigeurs, 
i^Xjks  dans  le  itiarais  sous  leur  protection, 
eurent  bientôt  nettoyé  les  broussailles. 
L'ennemi  n'opposa  point  de  résistance; 
deux  de  ses  pièces  seulement  débouchè- 
rent du  bols  sur  la  gauche  du  point  de 
passage  et  tirèrent  deux  coups  de  canon, 
mais  disparurent  aussitôt  accablés  par  le 
fVu  de  notre  artillerie  sur  ce  point  ;  la 
sienne  étatt  d*nn  ûiiblé  <^libre  (Cham- 
brày ,  I.  IV,  p.  51  ;  Gonrgaud ,  p.  4>9). 
A  une  heure,  le  pont  de  Finfanterie  s'a- 
chevait et  la  division  Legrahd  le  traver- 
éâit  rapidement,  avec  deui  cartons,  aox 
cris  de  Vive  l'empereur!  Lui-même  ai- 
dait an  passage  de  l'artillerie.  A  quatre 
heures  du  soir  le  second  pont,  plus  so- 
lide et  destiné  aux  bagages  et  à  l'artille- 
rie, était  terminé.  OmNnOt,  avec  7,000 
hommes,  poussa  les  Russes  de  la  division 
Tchaptitz  jusqu'à  Slakhof,  dans  la  direc- 


(*)  Oo«rgan4  évaloc  le  gmnd  pare  friooai*  à 

00  Toiture» dont 5o  pièt(  '         ' "  * 

1  U  totiilité  des  pièces  <j 

itûàttÂém  à  fl5b  (lu  445). 


|oo  Toitures  dont  5o  pièi-es  de  ranoo  (t)«g.  439}^ 
et  U  totiilité  des  pièces^dWtilleria  bien  appro- 


(  846  )  BÉR 

tion  de  Borlisof ,  le  long  de  la  Béréxloti 
et  dirigea  en  toute  hâte  un  détachement 
vers  Zembin.  Le  chemin  de  cette  ville  était 
pour  lesFrançai:*  le  seul  mo^en  de  retraite. 
A  une  lieike  et  demie  de  Stndianka,  ce  che- 
min traversait  un  bois  marécageux,  ae 
laissant  de  passage  que  pour  une  voîttum. 
Troia  ponts  de  bois  sur  la  Oaina,  longs  en<- 
semble  de  300  toises ,  pouvaient  être  mb 
en  cendres  avec  quelques  bourrées  et  la 
pipe  d'un  Cosaque.  Si  Tchaplitz  y  eût 
songé,  il  aurait  fVu-cé  les  Français  ou  à 
passer  sur  le  ventre  à  Tannée  de  Molda- 
vie, où  à  faiettre  bas  les  arroe«;  la  fortune, 
d'aille«rs  pour  eux  si  cruelle ,  les  servit 
en  cette  occasion.  L'espace  nous  manque 
pour  montrer  quels  rapports  jetèrent 
Tchitchakof  dans  l'erreur  ^  malgré  \e$ 
avis  et  la  résistance  de  TehapMta  qu'il 
rappelait  à  lui. 'Écrire  trop  tard»  il  re- 
venait à  Borisaof  dans  la  nuit  du  3S  aa 
37,  réunissait  seé  divisions  pour  atta-* 
queit  le  S8,  aveo  26,000  hommes^  le 
corps  d'Oudlnot  qui  couvrait  prèa  4e 
Stakhof  le  débouché  des  ponts.  Mais  le 
JI8,  Ney  l'avait  rejoint;  l'empereur  et  «a 
garde  se  tenaient  en  réserve  sur  la  rive 
gauche;  d,600  Français,  Suisses  et  Polo- 
nais, suffirent  contre  l'armée  de  Tchi|«' 
chakof.  Une  de  ses  colonnes,  sous  l'effort 
de  laquelle  avait  plié  la  légion  de  la  Via- 
tule,  fut  enfbncée  par  les  600  cniraaajers 
de  Doumerc  qui  prirent  1,600  bomiaei 
et  sabrèrent  le  reste  ;  l'eanemi  repousié 
rentra  dans  Slakbof. 

Presqu'en  même  temps,  de  l'autre  cdté 
de  la  Bérézina,  Victor,  placé  sur  lea  hau^ 
teurs  de  Stndianka  avec  4,300  hommes» 
était  attaqué  par  l'armée  qobt^ple  4e 
Wittgeostein.  Pendant  tout  le  jour,  il  se 
soutint  avec  une  admirable  valeur,  chasia 
l'ennemi  d'un  bois  dont  il  s'élait  un  in- 
stant emparé,  à  une  portée  de  eanlm  de 
Studianfta.  Vers  neuf  heures  du  aoir  «ei^ 
lement  il  commença  sa  retracé  el  re- 
passa les  ponts  de  la  Bérézina.  Le  lende- 
main 29,  à  huit  heures  et  demie  du  ma- 
tin ,  Éblé  voyant  approcher  lei  Russes  j 
mit  le  feu.  ITittgenstein  ne  parût  sur  les 
hauteursqu'une  heure  après  son  départ.La 
glohre  de  l'armée  française  n'eût  rien  per- 
du de  son  éclat  à  la  Bérézina,  si  un  malen- 
tendu n'eàt  fait  rester  à  Borissof  la  divi- 
sion Partouneaux  dont  lea  3^00  iipmmq^ 


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Btft 


(Si7) 


BER 


9épkr4B  da  f;ro«  de  rannëè,  fufetit  obli- 
gés de  se  rendre  après  de  vains  effoi'ts. 
Remarquons-le,  pendant  trois  jours,  le 
t«,  le  37,  le  28,  et  môme  jusqu'au  20 
Dorerobre,  les  Français  restèrent  maîtres 
des  poDts  et  de  leurs  positions  sur  la 
Béf^ioa.  Un  froid  mortel  qui  surrinC, 
le  défaut  de  Ti  Très,  les  souffrafices  pré- 
cédentes, qui  avaient  affaibli  le  coura|(e 
avec  les  forces,  empêchèrent  la  foule  de 
leurs  hommes  désorgattiséâ  de  profiler 
ée  ces  trois  jours,  et  surtout  des  nuits, 
pour  s'écooler  avec  leurs  bagages.  Le 
géhéral  Éblé  calculait  qu'il  aurait  fallu 
six  jours  pour  leur  passage;  nécessité 
f^t  dond  de  les  abandonner.  Trois  piè- 
ces de  céinoa  seuleinenC  restcreut  stn* 
Pautre  rive,  et  le  nombre  des  prisonniers 
que  Pennemi  ramassa  (au  dire  du  colonel 
russe  Boutourlin,  Campoffne  de  Russie, 
tn^  p.  S83)  ne  s'éleva  qu'à  i,000  tral- 
neurs,  blessés,  malades  ou  vivandiers 
{  F'oir  Gourgaud ,  p.  46 1  ). 

Tels  sont  les  faita  rapportés  par  les 
éfrrvains  que  recommandent  avant  tout 
rexactiiude  et  la  connaîssance  des  opé- 
rations militaires.  Le  défaut  d'espace  ne 
permet  pas  de  raconter  les  accidens  du 
passage,  les  ponts  trois  fols  rompus, 
la  mnilrltude  des  traineUrs  accourant 
«  en  masse  confuse  et  profonde  d'hom- 
mes, de  chevaux  et  de  chariots,  assié' 
ger  l'étroite  entrée  des  pottts  qu'elle  dé- 
bordait tf ,  sansqu^on  pât  rétablir  l'ordre 
parmi  ces  malheureux  qui  se  foulaient 
«tfx  pieds  ou  tombaient  précipités  dans 
la  BéréXina.  Iful  aussi  bien  que  M.  de 
Ségur  n'a  su  reproduire  ces  sombres  ta- 
bleaux de  nos  frialheurs,  à  la  description 
desq^jels  quelques  critiques  lui  repro- 
chent de  s'être  un  peu  trop  complu.  D  -t. 

BERO,  autrefois-  duché  indupen> 
dant,  mais  faisant  n^intenant  f>artie  de 
la  monarèbié  prusSieMhé  (province  de 
fuliers,  Clèves  et  Berg,  dans  la  régence 
de  Dussëldorf).  Cest,  Hi  Allemagne,  la 
fn-évlnce  là  plus  riche  en  fabriqués.  En- 
trecoupée àè  montagnes,  elle  produit 
bolnsde  blé  qti'il  n*en  faut  pour  la  con- 
sommation, car  nulle  part  en  Allemagne 
h  popuiafibri  relative  n'est  aussi  forte; 
mais  il  y  d  abondance  de  fer,  de  plomb 
«t'dê  hotfifle.  L'industrie  7  est  floris- 
MMtè^  swtcMt  à  Elbérfeld  et  à  BaTitiedy 


dans  le  Woprpertbal.  Lu  lotïàlité,  d*imd 
part,  et  le  gouvernement,  de  l'autre.  H*- 
vorisent  cette  prospérité.  La  constante 
neutralité  du  pnys  pendant  les  guerres 
dans  le  xtii*  el  le  xviii*  siècle  lui  fut 
très  avantageuse  et  engagea  des  indus^ 
triels  des  Pays-Bas  et  de  U  France  l 
chercher  dans  ce  duché  un  refbge  contre 
les  persécutions  pour  cause  de  religion 
dont  ils  étaient  menacés  dans  lenr  patrie. 
-  Du  temps  des  Romains  le  pays  de  Bérg 
était  occupé  par  les  Ublens;  mais  leurs 
tribus  disparureiït  lors  de  la  mIgratioA 
des  peuples,  et  leur  pays  devint  le  partdge 
des  Ripuaires.  Depuis  le  xii'  siècle  ce 
pafys  étallt  gouverné  par  des  ducs  hérédix 
taires;  transmis  par  héritage  à  différenteè 
familles,  il  a  même  été  partagé  ouelqué^ 
fois,  jusqu'à  l'époque  (1 348)  oà  il  passa  à 
lA  maison  de  Jutiers,  par  suite  d'un  ma-^ 
riage.  Lorsqu'en  i609  cette  maison  resta 
sans  héritier,  l'Autriche  réclama  le  duché 
à  titre  de  fief  de  l'Empire,  et  l'Espagne 
promit  de  soutenir  cette  prétention  ; 
mais  elle  fut  combattue  |)ar  la  Saxe  et  par 
les  maisons  électorales  de  Neubourg-Pa- 
latinat  et  de  Brandebourg,  et  il  s'en* 
suivit  pour  le  duché  un  gouvernement 
commun  entre  ces  maisons,  du  consen- 
tement des  Pays-Bas.  Ce  gouvernement 
partagé  dura  jusqu'en  1666  6ù  le  duché 
de  Berg  échut  définitivement  au  Palatînat 
Là  révocation  de  l'édit  dé  Nantes  amena 
une  foule  d'indtfstrlelsdans  ce  duché;  ils 
y  établirent  la  fabrication  dé  la  soie,  da 
coton ,  de  la  dentelle ,  etc.  Le  duché  dé 
Bèrg  resta  dans  Cet  état  jusqu'en  1804 
où  il  passa  d*âbord  à  la  Bavière,  en 
échangé  du  margraviat  d'Anspach,  puis, 
dans  la  même  année,  à  la  France.  Ifapo- 
léon  le  donna  avec  le  duché  de  Clèves  à 
son  beau-  frère  Murat  qui  prh  le  titre  dô 
grand -duc,  après  Son  accession  à  la  Con-> 
fédéra tioirdtf  Rhin.  Aux  duchés  de  Berg 
et  de  Clèves  on  ajouta  les  possessions  dé 
la  maison  de  Nassau,  la  principauté  de 
Munster,  dit férens  comtés  et  Seigneuries, 
de  manière  cfU'it  eut  une  étendue  de  âOO 
mil.  car.  géogr.  aveè  près  dé  900,000 
hablians.  Lôrsqu'en  1808  Mui*atf  devint 
roi  de  Naples,  le  pays  de  Bèrg  eut  pour 
grand-duc  Louis  Napoléon ,  prince  royal 
de  Hollande,  «ncoré  mineur;  taich  6n  éa 
déuchà  quelques  portions.  Lé  gràud-duo 


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BER 


(848) 


BBR 


jp*éuit  pas  encore  arri?é  à  majorité  lors- 
qu'en  1813l  les  alliés  occupèrent  -son 
lirand-duché  dont,  en  1615,  le  congrès 
de  Vienne  agrandit  les  éuts  du  roi  de 
Prusse.  C.  Z. 

BERG  AMEy  grande  ville  du  royaume 
Lombard- Vénitien ,  et  chef-lien  de  la 
délégation  du  même  nom,  du  gouverne- 
«peut  dje  Milan,  est  à  10  1.  N.-E.  de  cette 
ville  et  à  10  1.  N.-O.  de  Brescia,  par  7^ 
30'  long.  £.  45^  42'  lat.  N.,  entre  le  Sé- 
rio  et  le  Brembo ,  sur  de  petites  collines 
oà  elle  s'élève  en  amphithéâtre.  £lle  a 
un  évéque,  32,000  habitans,  une  ca- 
thédrale et  14  églises,  4  hôpitaux,  6 
maisons  pour  les  orphelins,  un  mont^ 
de-piété,  une  citadelle,  4  faubourgs.  Le 
monument  moderne  le  plus  remarquable 
est  le  bel  édifice  de  la  Fiera;  cons- 
truit ^ut  entier  en  pierres  de  taille  entre 
les  faubourgs  de  San-I^eonardo  et  San- 
Antonio,  il  contient  plus  de  600  bouti- 
ques symétriquement  disposées,  avec  une 
vaste  place  et  une  belle  fontaine.  Rien  de 
plus  animé,  de  plus  riche,  que  le  specta- 
cle dont  cette  large  enceinte  est  le  théâ- 
tre pendant  la  foire  qui^  8*y  tient  du  24 
août  au  8  septembre,  et  pendant  laquelle 
il  se  fait  pour  plusieurs  millions  d'affaires. 
Bergame  a  de  plus  4  autres  foires  (  les  1 7 
janvier,  13  février,  28  octobre,  13  dé- 
cembre ).  Presque  toutes  ont  pour  objet 
principal  la  soie  dont  jadis  -on  exportait 
des  quantités  considérables  en  Allema- 
gne, en  Angleterre  et  en  France;  les  vins 
dont  Bergame  approvisionnait  toute  la 
Lombardie  ;  enfin  les  meules  et  les  fers 
tirés  des  vallées  bei^gamasques. 

Bergame  existait  du  temps  des  Ro- 
mains sous  le  nom  de  Bergomum,  Prise 
successivement  par  Attila,  par  les  Lom- 
bards, par  Charlemagne,  puis  ville  libre, 
mais  désolée  pendant  les.  guerres  des 
Guelfes  et  des  Gibelins,  elle  finit  par 
tomber  sous  la  protection,  c'est-à-dire 
sous  la  domination  de  Venise  (1428). 
Louis  XII  la  prit,  en  1509,  après  la  vic- 
toire d'Agnadel,  mais  il  ne  la  garda  que  7 
ans  ;  les  Français  y  entrèrent  de  nouveau 
en  1796,révacuèrent  en  98,  puis  y  re- 
parurent en  1800.  Le  nord  de  l'Iulie 
formait  alors  la  république  Cisalpine,  et 
Bergame  était  le  chef-lieu  du  départe- 
ment du  Sério.  Bemardo  Tasso,  père  de 


Torquato,  et  Tiraboschi  naquirent  à  Ber*» 
game. 

Le  Bergnmasque,  dont  on  a  formé  la 
province  actuelle  de  Bergame,  est  mon» 
tueux,  fertile  dans  les  vallées,  riche  en 
mines  de  fer  et  en  sonroes  minérales,  ea 
gibier,  en  poisson.  Les  céréales  ^pourtant 
ne  suffisent  pas  à  la  consommation;  les 
prairies,  les  pacages,  l'élève  du  bétail,  et 
surtout  l'éducation  du  ver  à  soie,  com- 
pensent ce  manque  de  ressooroes.  L' Adda 
est  la  rivière  principale.  Les  habkans  ont 
une  réputation  d'activité,  de  gatté,  qne 
ne  leur  dispute  aucun  peuple  de  l'Italie; 
mais  leur  dialecte  est  le  moins  pur  et  le 
moins  élégant  de  la  péninsule.  La  comé- 
die bouffe  italienne  a  souvent  donné  à 
ses  valets  (Arlequin,  Trufaldin,  etc.)  et  à 
ses  soubreUes  (Brighella)  le  caractère  et 
le  langage  bergamasques.  Vjll*  P. 

BËRGAMI^  vof,  CàaoumBj  reine 
d'Angleterre. 

BERGAMOTE.  On  donne  ce  nom 
à  une  espèce  d'orange  petite  et  dHme 
odeur  fort  agréable,  dont  on  peut  faire  des 
bonbonnières.  On  extrait  de  ce  fniit  une 
huile  essentielle,  d'un  parfum  fort  doux, 
et  connue  dans  la  parfumerie,  ou  elle  est 
souvent  employée^  sous  le  nom  â^ huile  de 
Bergamote.  Voy,  Poibes.        A,  L-d. 

BERGASSE  (Nicolas),  né  en  1750, 
d'abord  avocat  à  Lyon,  s'y  fit  connaître 
avantageusement  par  quelques  pkudoyert 
où  l'on  trouve , autant  d'éloquence  quA 
pouvait  alors  en  comporter  la  discussion 
des  affaires  civiles.  Attaché  ensuite  au 
barreau  de  Paris ,  il  y  fut  chargé  d'une 
cause  qui  attira  sur  lui  l'attention  pu» 
blique  et  fit  le  plus  grand  honneur  à  ses 
principes  et  à  ses  talens.  Beaumarchais, 
mis  en  goût  de  succès  judiciaires  par 
ceux  de  ses  fiimeux  Mémoires  ^  s'était 
lait  le  chevalier  de  M°^^  Kornmana 
plaidant  coi^tre  un  mari  qui  lui  repro- 
chait les  torts  les  plus  graves  :  Bei^gasse 
ne  craignit  point  de  soutenir  les  droits 
de  l'époux  ofTensé  contre  ce  mordant  et 
dangereux  adversaire,  et  ce  ne  fut  pas 
seulement  devant  les  tribunaux  qu'il 
gagna  ce  procès. 

A  l'époque  de  la  convocation  des  Étata- 
Généraux  \m  suffrages  de  ses  concitoyens 
se  portèrent  sur  cet  avocat  distingué,  et 
Il  fut  élu  par  le  tiers-état  de  Lyon; 


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mas 

Aitii  Bergttse  ne  prit  part  qu'aux  pre- 
mière timyaux  de  TAssemblée  coDsti- 
tuante.  U  refusa  de  se  soumettre  au  ser- 
ment que  devaient  prêter  ses  membres 
aux  bases  de  la  Constitotion  et  abandonna 
son  poste  dès  le  mois  d'octobre  1789; 
dès  lors,  se  bornant  au  rôle  de  publiciste, 
mais  de  pubticiste  frondeur,  il  fit  paraître 
dWerses  brodiures  dirigées  contre  les  as- 
signats et  conue  Vautres  mesures  adop- 
tées par  l'assemblée  nationale.  Sans  être 
tont-à-fait  partisan  de  la  monarcbie  ab- 
solue, il  se  rapprocha  du  parti  de  la 
cour  et  fit  passer  à  Louis  XVI  plusieurs 
mémoires  et  projets  dont  les  mannscriu 
furent  trouvés  aux  Tuileries  dans  l'ar- 
moire de  fer,  après  le  10  août;  c'était 
un  arrêt  de  proscription  contre  leur  au- 
teur t|ui,  en  effet,  fol  arrêté,  en  1798,  à 
Tarbesoù  il  s'éuit  réfugié,  et  amené  dans 
les  prisons  de  la  capitale.  Le  9  thermidor 
le  rendit  à  la  liberté,  et  il  vécnt  dans  la 
retraite  ju^'à  la  resuuration  de  1814. 
Bergasse,  rentrant- alors  dans  la  car- 
rière politique,  publia  dans  quelques 
écrits  ses  idées  qui  se   rapprochaient 
beaucoup  plus  de  oelles  des  émigrés  et 
des  partisans  de  nos  vieilles  institutions 
que  de  la  charte  de  Louis  XVIII  ;  aussi 
trouvèrent-elles  plus  de  faveur  près  de 
l'empereur  Alexandre  que  dans  les  es- 
prits de  ses  concitoyens.  Cependant  il 
refusa  les  offres  de  ce  prince  qui ,  pen- 
dant son  séjour  à  Paris,  éuit  allé  le  vi- 
siter dans  sa  modeste  demeure  et  vou- 
lait lui  assurer  un  sort  dans  ses  états.  En 
1831  un  ouvrage  intitulé  De  la  pro^ 
priété,  et  dans  lequel  était  atUquée  la 
vente  des  biens  nationaux,  fit  traduire 
Bergasse  devant  la  cour  d'assises  de  la 
Seine;  son  arrêt  acquitta  un  vieillard 
dont  an  moins  l'attachement  à  sa  patrie 
ne  pouvait  être  contesté  et  dont  les  con- 
victions profmdes  pouvaient  excuser  les 


Bergasse,  dont  l'existence  a  été  depuis 
ce  temps  obscure  et  tranquille,  est  mort, 
dans  un  âge  avancé,  en  1882.  H  s'occu- 
pait, depuis  beaucoup  d'années,  d'un 
grand  ouvrage  sur  la  morale  religieuse. 
Il  est  probable  que  cette  production  doit 
offrir  des  traits  de  mysticisme,  d'illumi- 
nisme  même,  d'après  la  foi  qu'avait  Té* 
crivain  pour  les  prodiges  dusomoambu- 


(  M  )  BËK 

lisme  magnétique.  Non-seulement  il  avait,' 
en  1 784 ,  consacré  un  écrit  à  la  défense 
du  raesmérisme,  mais,  quelques  années 
après,  il  n'avait  d'autre  médecin  qu'une 
servante  douée,  suivant  lui,  de  cette  se- 
conde vue ,  de  cette  intuition  merveil- 
leuse qui  devine  à  la  fois  la  maladie  et 
le  remède.  M.  O. 

BERGE,  plus  commlinément  Baaok. 
La   5èr^  est  une  petite  embarcation 
plate  destinée  à  transporter  sur  les  fleu-* 
ves  les  marchandises  que  doivent  débar- 
quer ou  embarquer  les  b&timens  de  com« 
merce.  Dans  la  plupart  de  nos  ports  les 
berges.ne  sont  connues  que  sons  le  nom 
plus  significatif  à^ allèges  {voy,  AxLi« 
Gxa  )  ;  mais  sur  les  bords  de  la  Loire  on 
ne  se-  sert  que  du  mot  barges  pour  dé- 
signer ces  sortes  d'embarcations  de  ri-^ 
vières.  Le  patron  d'une  barge  se  nomme 
le  barger.  Dans  les  autres  parties  mariti- 
mes de  la  France  on  ignore  complètement 
cette  dénomination  toute  locale.     £.  C. 
BERGEN  j  voy.  Noavége. 
BERGER  y  l'homme  qui  soigne  e( 
garde  les  troupeaux  de  bêtes  i  laine.  On 
ne  s'attend  pas  à  ce  qu'il  soit  fait  men- 
tion ici  de  ces  bergère  chantés  par  Théo- 
crite,  Virgile  et  Gessner,  dont  la  vie, 
toute  patriarcale ,  plaît  aux  âmes  sensi- 
bles et  nous  reporte  aux  mceure  des  pre« 
miere  joure  de  |a  vie  sociale;  les  scènes 
pastorales  de  ces  âges  reculés  sont  si  loin 
de  nous,  que  depuis  long- temps  on  est 
obligé  de  les  reléguer  dans  le  domaine 
de  la  poésie,  et  qu'en  les  retraçant  nous 
rendrions  trop  pénible  le  tableau  des  ha- 
bitudes réelles  des  bergère  de  notre  épo- 
que (voy,  AmcADix).  Cette  profession  , 
honorée  dans  la  haute  antiquité,  est  de- 
puis bien  des  siècles  tellement  avilie  qu'il 
faudra  de  longs  efforts  pour  relever  la 
houlette  de  l'abjection  où  l'ont  précipitée 
l'ignorance  >  l'orgueil  et  les  préjugés.  On 
y  travaille  en  France  depuis  la  révolution, 
et  déjà  qndques  départemens  prouvent 
les  heureux  effets  des  efforts  entrepris 
{voy.  ComoBs  agricolss).  Ce  change- 
ment exercera  la  plus  grande  influence 
sur  la  vie  privée ,  sur  les  mœure  publi- 
ques, et  sur  la  prospérité  de  l'agriculture. 
Un  bon  berger  est  un  homme  précieux 
dans  une  ferme;  en  recevant,  avec  la  garde 
du  troupeau ,  son  administration  de  jont 


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(M) 

Hâ^  Mi{(,  ifip^  chemin  comm9  k  la  b^r- 
§erU ,  il  tient  daps  ses  ipaÎQS  une  partie 
4û  la  for^Moe  du  cullivateupr.  De  »eA  bop- 
nés  ou  oa^uYaûi^s  qMa|ilé»y  de  ses  soins 
TÎ^Uns  QU  4e  800  iqsouciapce  dépendeol 
le  succès  du  troMpeau,  la  LH)nté  et  même 
raboadaoce  de  ses  produits.  $*ii  est  ac- 
tif i  probe ,  ami  des  animaux  qui  lui  sont 
confiés  f  et  bahiU  d^ofi  Tart  de  les  main- 
tenir eu  sanié ,  tou^  lui  réussira  ;  s'il  lui 
manque  une  seule  de  ces  qualités  tout 
est  perdu  ;.c*est  4e  lui  que  Ton  peut  dire  : 
Tant  v^ûf  h  b^i^er,  tant  vaut  U  trou^ 
peau. 

Le  choix  d*uii  berger  est  donc  plus 
important  qu*on  ne  le  croit  ordinaire-* 
nent.  )1  faut  qu'un  berger  sacbe  lire, 
écrire  et  raisonner  sur  ce  qui  convient 
aux  bétes  k  laine  dans  lea  divers  âges  de 
la  vie 9  à  telle  espèce,  à  telle  variété;  il 
doit  connaître  les  maladies  qui  les  afleo- 
tent,  afin  d'éloigner  à  \%m^s  les  individus 
attaqués,  de  leur  donner  les  premiers 
soins  en  attendant  Varrivée  du  médecin 
Tétérinaire;  il  doit  posséder  assez  de 
botanique  pour  distinguer  les  plantes  fu- 
nestes et  les  plantes  utiles ,  et  avoir  Tha- 
bitude  d'employer  la  flamme,  la  lancette 
et  le  bistouri ,  dans  les  cas  pressaos.  Il 
faut  qu'il  pr/évienne  les  accouplemens 
prématurés,  qu'il  préside  à  la  naissance 
des  jeunes  animaux ,  qu'il  pourvoie  aux 
besoins  des  mères ,  à  la  sàreté  des  petits; 
il  faui  qu'il  sacbe  distinguer  les  agneaux 
et  leurs  mères,  pour  les  rapprocher 
quand  ils  ne  savent  pas  se  retrouver ,  ov 
pour  forcer  les  femelles  qui  n'aiment 
point  leurs  petits  à  leur  donner  à  téter. 
Dans  lea  champs  il  veille  à  ce  que  lea 
troupeaux  errans  ne  se  mêlent  aux  siens, 
ne  leur  enlèvent  leur  subsistance  ou  n^ 
leur  apportent  les  germes  de  maladies 
contagieuses.  Il  faut  enfin  qu'il  sacbe  les 
garantir  des  attaques  des  animaux  car- 
nassiers, tant  par  son  courage  personnel 
que  par  le  soin  d'élever  de  JKm^  chiens. 
Ôe  retour  à  la  bergerie,  il  distribue  le  four- 
rage, dont  il  est  tonjenrs  économe  et  dont 
il  ne  néglige  jamais  de  constater  la  quali- 
té; il  en  fixe  la  quantité  pour  chaque  in* 
dividu,  et  en  écarte  avec  la  pins  scritpu- 
leuse  attention  les  chardons  et  autres  plan- 
tes épineuses  qui  pourraient  s'y  trouver  et 
décMrar  k  bouche  de  ses  bétea,  etc. 


Tontes  eea  emmaîssancca  ne  |i«pven% 
être  le  fruit  de  la  tfisle  routine  :  il  faut 
doneaq  berger  des  études  prétiminaires, 
et  c'est  pour  lui  en  ofirir  les  moyens  que 
diverses  écoles  publiques  existent.  C'est 
là  qu'un  propriéuire  doit  aUer  chercher 
le  berger  auquel  il  veut  remettrç  Le  gou^ 
vememeot  de  ses  troupeaux.  Il  le  prendm 
robuste,  âgé  de  plus  de  30  ans,  jamais  au** 
dessous  de  cet  ége;  il  s'assurera  s'il  est  Uhh 
joiurs  propre,  roatineux,  adroit,  patient, 
économe  8ans4»arcimonie,  et  gai  decavae- 
1ère.  Du  mpment  qu'il  aura  trouyé  cet 
agent  essentiel  il  ne  négligera  rien, pour 
se  l'attacher.  Un  berger  dont  le  salaire 
est  fixe ,  qui  n'a  pas  l'espoir  de  le  voin 
grossir  par  des  gratificatigns  aecordéea 
avec  justice ,  finit  \ài  ou  tard  par  né^^ligar 
ses  devoirs  ;  il  se  livre  à  hi  fraude  et  44* 
cide  plus  ou  moins  prompiêment  de  la 
ruine  de  son  patron.  Il  en  sera  tout  aun 
trement  si  vous  entreteoex  le  courage  patf 
des  récompenses.  L'intérêt  et  l'éeHilatioA 
sont  deux  puissans  mobiles;  mis  en  jeu 
avec  habileté  vous  en  obtenez  des  avao-r 
tages  incakulabies  ^  toujours  inattendns» 
La  Saxe  nous  en  fournit  une  preuve  frapt 
pante  :  les  propriétaires  de  troupeaux  n']F 
accordent  aucun  appointement  aux  ber«* 
gers,  mais  ils  leur  donnent  un  bénéfice 
sur  les  produits.  Il  arrive  de  là  que  les 
bergers  soqt  soigneux,  qu'ils  mettent  toa| 
en  o^vre  pour  conserver  les  bêtes  à  laine 
qui  leur  sont  confiées ,  qu'ils  s'occupcnl 
sana  cesse  de  leur  plus  grande  prospé- 
rité>  et  que  la  mient  value  du  trou-^ 
peau  relève  leur  profession,  en  même 
temps  quelle  leur  assure  une  honpête  ai- 
sance. A.  T.  D.  B. 

BERGmiE  y  logement  destiné  aux 
bêtes  à  laiœ ,  dont  l'aire  n'est  poipt  pa- 
vée, mais  fortement  battue  de  glaise  bien 
corroyée,  siu'  laquelle  on  met  nn  lit  de 
terre  sèche ,  pnis  un  patte  de  paille ,  qui 
s'imprègnent  l'un  et  l'autre  de  l'urine  el 
de  la  fiente  du  mouton.  La  forme  de  la 
bergerie  varie  suivant  les  localité  et  le 
goût  da  propriétaire;  qu'elle  soit  ronde, 
carrée  ou  longue,  n'importe»  pourvu 
que  ses  dimensions  soient  en  proportion 
avec  le  nombre  des  bêles  à  contenir. 

La  bergerie  veut  être  tournée  au  nord^ 
être  élevée  au  moins  de  un  mètre  à  deux, 
an-deastts  da  sol:^  percée  de  ^randce  erbî» 


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WR 


(Wt) 


tm 


•te  gamies  et  harremi  dt  f«r  ti  d'une 
toile  métallique  à  krge  réseaux  en  fil 
d'arcbal.  U  convient  que  ces  croisées  se 
trouvent  en  face  les  unes  des  autres  et 
ouvertes  sur  tous  les  points,  aûn  que 
l'air  puisse  circuler  librement  et  être  re- 
Bouvclé  à  chaque  instant.  Dans  sa  cou- 
struclion ,  la  bergerie  a  besoin  d'être  un 
peu  inclinée ,  du  fond  vert  la  porte  d'en- 
trée, pour  donner  écoulement  aux  uri- 
nes; il  faut  aussi  que  le  sol  en  soit  cons- 
tamment uni ,  sec  et  disposé  en  clayon^ 
nage  pour  faciliter  l'é^Hiration  de  l'air. 

Il  est  indifférent  de  placer  la  porte 
d'entrée  à  une  exposition  plutôt  qu'à 
l'autre ,  quand  la  bergerie  présente  des 
ouvertures  pratiquées  sur  toutes  les  faces, 
ou  seulement  aux  deux  extrémités ,  ce  qui 
tnlfit  a  la  rigueur,  lorsque  l'étendue  du 
local  est  médiocre;  mais,  si  les  ouver- 
tures ne  sont  poipt  assex  nombreuses  et 
qu'il  soit  impossible  d'en  établir  d'au- 
tres ,  il  faut  alors  que  la  porte  d'entrée , 
ainsi  que  les  croisées ,  soient  toiunées  au 
Bord. 

Les  croisées  ne  doivent  commencer 
qu'à  un  mètre ,  à  partir  du  sol ,  pour  que 
la  pluie  ou  la  neige  ne  vienne  point  in- 
commoder le  mouton.  Le  froid  est  très 
salutaire  dans  une  bergerie,  l'humidité  y 
est  au  contraire  très  pernicieuse. 

Contre  les  murs  on  place  des  crèches 
solides ,  assez  basses  pour  que  l'animal , 
en  prenant  sa  nourriture,  perde  le  moins 
possible  d'herbe  et  n'en  laisse  point  tom- 
ber sur  lui.  Leur  construction  est  égale- 
ment calculée  de  manière  à  ee  que  les 
agneaux  ne  puissent  entrer  dedans  ou  se 
glisser  dessous.  Une  auge  en  pierre  doit 
tégner  un  peu  en  avant  des  râteliers, 
pour  recevoir  les  graines  des  fourrages 
•t  pour  contenir  les  légumes  et  la  pâture 
qu'on  donne  an%  moutons. 

Outre  la  bergerie  proprement  dite, 
où  les  béliers  se  tiennent  éloignés  des 
brebis,  le  logement  des  bètes  à  laine  doit 
offrir  la  bergerie  d'élèves ,  la  bergerie  de 
supplément  et  une  infirmerie.  Les  deux 
premières  sont  séparées  par  des  cloisons 
en  plâtre,  en  pisé  ou  en  torchis,  ou  bien 
encore  en  planches  bien  jointes ,  afin  que 
le  Voisinage  des  mâles  ne  nuise  point  à 
la  tranquillité  des  femelles,  pour  que 


tant  ou  oB  «nloodaBi  le»  brebî«.  L'îutiVH 
merie»  devant  contenir  les  bétes  maU* 
des,  se  place  en  un  lieu  isolé  et  sans  cy>m-» 
muuicalion  dir^te  avec  Thabîtation  des' 
autres  animaux  ;  cette  précaution  eat  in- 
dispensable. Dans  la  bergerie  d'élèves  se 
tiennent  les  agneaux  en  sevrage.  La  ber^ 
gcrie  de  supplément  est  pour  les  brebis 
portières,  prêtes  à  mettre  bas ,  ou  qui 
sont  occupées  de  rallaitement  des  petits. 
Tout  près  de  là  est  la  chambre  destinée 
au  berger;  elle  communique  librement 
avec  toutes  les  divisions  afin  qu'il  puiâse 
exercer  sa  surveillance  pendant  la  nuit. 
Au  temps  de  l'agnelage  il  est  essentiel 
de  tenir  une  lanterne  allumée  dans  Ui 
bergerie  ;  on  la  fixe  solidement,  on  la  re* 
oouvre  d'ûa  grillage  de  fer,  puis  on  lu 
place  à  i|ne  certaine  hauteur. 

Tous  les  huit  jours  en  été  et  tous  les 
quinie  jours  en  hiver  il  faut  enlever  le 
fumier  de  la  bergerie;  en  l'y  laissant  plus 
long-temps  on  compromet  la  santé  des 
animaux*  La  plus  grande  propreté  doit 
régner  dans  oe  local;  le  vêtement  spon- 
gieux du  mouton  le  rend  plus  qu'aucun 
autre  animal  domestique  susceptible  des 
moindres  atteintes  de  la  mauvaise  odeur, 
de  Tinsalubrîté,  du  désordre  et  du 
manque  de  soin.  Toutes  les  fois  qu'on 
lavera  ^  bergerie,  et  il  convient  de  le  faire 
au  moins  ime  fois  par  mois,  on  la  ba» 
laiera  soigneusement  dans  toutes  ses  par?- 
ties  intérieures  et  extérieures.  A.T.D.  B. 

BERGEROBîKETTB,  en  latin  mo^ 
t€u:illa.  C'est  ua  petit  oiseau  auquel  on 
a  donné  ce  nom,  soit  parce  qu'il  voltige 
d'ordinaire  près  des  berges,  des  rivières 
et  eaux  douces ,  soit  parce  qu'on  le  voit 
souvent  à  la  suite  des  bergers  et  de  leurs 
troupeaux.  On  l'appelle  aussi  korÂe" 
queue.  Il  est  long  de  7  pouces ,  a  le  bec 
faible,  mince,  un  peu  écbancré  à  son  ex* 
t^émité;  le  bout  de  la  langue  déchira,  les 
pieds  grêles;  sa  queue  est  longue  et  v»^ 
rie  sebn  les  espèces. 

La  bergeronnette  jaune,  qui  est  la  plus 
commune ,  et  qui  d'ailleurs  ne  porte  celte 
couleur  caractéristique  que  sous  le  ventre 
et  vers  la  queue,  se  trouve  eh  Europe, 
ainsi  que  la  bergeronnette  grise  et  la 
printanière.  Parmi  les  autres  espèces,  on 
distingue  celle  de  la  baie  d'Hudsoa ,  la 


1m  béliers  ne  s'^ohauffont  point  en  soa^  |  bevger<^nnotte  blandw  ^  Uou«y  «itritto,  à 


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BER 


(1352) 


BER 


collier  f  k  gorge  noift^  de  Plie  de  Timor, 
de  J«va,  lugubre,  de  Madras,  mélanope, 
à  tête  noire ,  variée ,  verdâtre,  verte,  etc. 

La  bergeronnette  du  printemps  diffère 
des  autres  en  ce  qu'elle  est  presque  en- 
tièrement jaune  et  qu'elle  est  la  seule 
qui  émigré  à  l'approche  de  rhiver.  Cest 
du  reste  le  premier  oiseau  qui  reparaisse 
au  printemps ,  et  son  retour  est  toujours 
d'un  heureux  présage.  Il  fait  tout  atassi- 
t6t  son  nid  au  milieu  des  prairies  nou- 
velles ou  aux  bords  fleuris  des  ruisseaux  ; 
sa  ponte  est  ordinairement  de  six  à  huit 
œufs. 

Les  autres  bergeronnettes  d*£urope 
restent  en  France  toute  Tannée,  suivant 
le  laboureur,  pour  faire  leur  pâture  des 
vers  que  le  soc  de  la  charrue  élève  à  la 
surface  de  la  terre ,  et  les  bergers  pour 
se  nourrir  des  nombreux  insectes  que  le 
bétail  attire  autour  de  lui  et  qui  le  fe- 
raient dépérir,  sans  ce  petit  animal. 
Cette  dernière  considération  devrait  re- 
tenir les  chasseurs,  qui  au  contraire  s'en 
montrent  fort  gourmets ,  précisément  k 
cause  de  cette  nourriture  qui  donne  à  la 
bergeronnette  beaucoup  de  saveur  et 
d'emlx>npoint.  D.  A.  D. 

BERGHEM  (Nicolas),  né  à  Harlem, 
en  1624,  mort  d^ns  la  même  ville,  en 
1683,  et  qui  s'est  fait  une  répuUtion 
européenne,  comme  peintre  et  comme 
graveur  de  paysages  et  d'animaux ,  reçut 
de  son  père,  Van  Haarlera ,  les  premiers 
principes  de  son  art  Une  aventure  d'é- 
colier lui  valut  le  sobriquet  de  Berghem 
ou  Berchem ,  qui ,  en  flamand ,  signifie 
c€u:?iet-4e ,  sous  lequel  il  a  continué  d'ê- 
tre connu  et  dont  il  signa  même  ses  ou- 
vrages. On  dit  que,  pour  le  soustraire  à 
un  châtiment  que  son  père  voulait  lui 
infliger,  Van  Goyen,  son  maître,  criait 
k  ses  antres  disciples:  herg^hemî  berg- 
hem l  iSBichtiA^l  cachez-le!  Peu  après  la 
mort  de  son  père,Nicolas  Berghem  épousa 
la  fille  de  Wils,  un  autre  de  ses  maîtres  ; 
l'avarice,  la  mauvaise  humeur  et  les 
duretés  de  sa  femme  empoisonnèrent 
toutes  ses  jouissances  et  le  réduisirent  à 
une  grande  pénurie. 

Berghem  vit  de  bonne  heure  sa  répu- 
tation s'accroître  et  s'étendre.  Ses  ou- 
vrages sont  nombreux ,  et  leurs  soiets  of- 
frent une  grande  variété.  Bien  qu'ils  ne 


soient  souvent  que  Phnagé  d'une  nature 
peu  élevée ,  peu  poétique ,  ils  se  recom- 
mandent généralement  par  un  goîkt  ex- 
quis, et  une  vérité,  une  harmonie  de 
coloris  que  le  temps  n'a  pu  détruire.  Sa 
manière  est  piquante  et  spirituelle ,  trop 
peut-être  ;  son  exécution  est  remplie  d'in*- 
telligence;  le  fini  de  ses  détaib  ne  dé- 
truit point  le  bel  effet  de  l'ensemble;  ses 
figures,  ses  animaux  sont  dessinés  avec 
une  grande  correction  et  une  élégance 
que  les  peintres  de  son  pays  n'ont  pas 
toujours  possédées.  Si  sa  touche  est  sou- 
vent affectée,  elle  est  du  moins  toujours 
ferme  et  soignée,  et  l'on  peut  dire  que 
Berghem  n'a  produit  aucun  ouvrage  mé- 
diocre. Quelque  multipliés  que  soient 
les  tableaux  de  Berghem,  ils  sont  aussi 
recherchés  que  s'il  n'en  avait  fait  qu'un 
petit  nombre,  et  on  les  voit  toujours  chè- 
rement payés  par  les  amateurs.  Les  pe- 
tits ne  se  vendent  guère  moins  de  8,000 
fr.  et  les  principaux  34,000  fr.  ;  ses  des- 
sins et  ses  nombreuses  graxiires  à  l'eau 
forte  sont  également  recherchés  des 
amateurs,  parce  qu'ils  rappellent  en  par- 
tie les  beautés  qui  distinguent  ses  ta- 
bleaux. L.  C.  S, 

BERGHEN  (Louis  de)  ,  voy.  Dia- 
mant. 

BERGMàNN  (To&be&n-Olof),  briU 
lante  illustration  scientifique  de  la  Suède. 
Né  k  Catharinaberg  (  Weslgolhlaod) ,  en 
1 735 ,  il  passa  des  écoles  de  Skara  à  l'u- 
niversité d'Upsal.  Ses  parens,  placés 
dans  les  hauts  emplois  de  la  finance,  le 
destinaient  aux  charges  importantes  de 
l'État;  mais  un  goût  décidé  pour  l'étude 
de  la  nature  et  la  méditation  de  ses  phé- 
nomènes se  prononça  de  bonne  heure 
chez  Bergmann,  et,  par  un  précieux 
instinct ,  il  voulut  préluder  à  l'étude  des 
sciences  d'observation  par  une  applica^ 
tion  opiniâtre  à  celle  des  sciences  élé- 
mentaires du  raisonnement,  les  mathé- 
matiques et  la  philosophie.  Mais  les 
progrès  d'une  maladie  de  langueur  le 
contraignirent  k  changer  plutôt  qu'à 
abandonner  les  occupations  de  son  choix. 
De  retour  dans  sa  famille,  obligé  au  re- 
pos, il  s'efforça  vainement  de  combattre 
le  penchant  qui  le  dominait;  la  botani- 
que et  l'entomologie  remplirent  les  ins- 
tans  de  ses  promenades,  et  d'une  ma- 


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BER 


(8o3) 


BER 


DÎère  BÎ  fructueuse  q)i^  Ton  a  quelque- 
fois regretté  que  sou  attention  en  ait  été 
depuis  détournée.  AÏS  ans  il  proposa 
une  méthode  de  classification  des  in- 
sectes,  fondée  sur  Texamen  si  difficile 
de  leurs  larves ,  et  elle  parut  tellement 
intéressante  à  linnée  et  à  de  Géer  qu'elle 
fut  insérée  dans  le  premier  volume  des 
Mémoires  de  Tacadémie  d*Upsal.  Ou  lui 
doit  encore  un  travail  sur  les  moyens  de 
détruire  les  chenilles  qui  dévorent  les 
feuilles  des  arbres  y  lequel  fut  couronné 
dçux  fois,  et  des  recherches  curieuses 
sur  les  cinips ,  les  xylocopes  et  l'éduca- 
tion des  abeilles.  C'est  lui  qui  découvrit 
le  mode  de  reproduction  des  sangsues.' 
Linnée  consacra  le  souvenir  des  services 
qu'il  avait  rendus  à  l'entomologie  en 
appliquant  le  nom  de  Bergmann  à  une 
espèce  de  phalène.  Il  revint  à  Upsal,  et 
bientôt  ses  travaux  sur  les  phénomènes 
du  crépuscule  y  sur  les  interpolations  as- 
tronomiques et  sur  l'attraction  générale , 
loi  méritèrent  successivement  le  titre  de 
docteur  en  philosophie  et  les  places  de 
professeur  de  physique,  puis  de  mathé- 
matiques et  d'algèbre.  Ces  réooa»penses 
ne  furent  pour  lui  qu'un  encouragement; 
en  peu  de  temps  il  donna  un  grand  nom- 
bre de  mémoires ,  entre  lesqueb  on  dis- 
tingue ceux  qui  traitent  des  aurores  bo- 
réales et  de  l'électricité.  Il  publia  les  le- 
çons de  Scheffer,  et  fit  paraître,  en 
1 766,  un  traité  de  physique  assez  étendu, 
ouvrage  qui  fut  à  l'instant  traduit  dans 
toutes  les  langues  européennes ,  et  dopt 
deux  éditions  furent  épuisées  en  moins 
de  deux  ans.  En  1767,  il  se  mit  sur  les 
rangs  pour  la  chaire  de  chimie.  Ses  com- 
pétiteurs contestèrent  ses  connaissances 
en  chimie,  il  repoussa  leurs  attaques 
par  un  excellent  mémoire  sur  l'alun. 
Çustave  III ,  alors  prince  et  chancelier 
de  l'université,  sut  apprécier  la  capacité 
de  Bergmann  et  les  conseils  des  savans 
impartiaux  qui  l'approchaient,  et  défen- 
dit ses  droits  de  toute  son  influence  ;  et 
plus  tard  celui-ci,  reconnaissant,  paya 
sa  dette  au  roi  de  Suède ,  en  refusant  les 
offres  du  grand  Frédéric,  qui  voulait 
l'attirer  à  Berlin.  Arrivé  au  poste  qu'il 
avait  recherché, Bergmann  s'adonna  tout 
entier  à  la  chimie  et  porta  dans  son  ap- 
plication à  cette  branche  de  l'histoire 

Encyclop.  d,  G.  d.  M,  Tome  III. 


naturelle  Hesprit  de  méthode  et  de  cri- 
tique rigoureuse ,  dont  ses  p|*emières 
études  lui  avaient  donné  l'habitude.  Les 
travaux  qu'il  publia  sur  cette  science 
sont  nonï>reux  et  tous  portent  l'em* 
preinfe  d'un  jugement  fort  et  d'une  sa- 
gacité profonde.  Son  nom  se  rattache 
aux  lois  des  affinités  de  la  doctrine  ato- 
mique et  à  celles  de  la  cristallisation,  sur 
lesquelles  Haûy  établit  depuis  sa  belle 
théorie  de  la  cristallographie;  on  cite 
encore  ses  mémoires  sur  les  eaux  miné- 
rales, sur  leur  composition  artificielle, 
sur  l'hydrogène  sulfuré,  l'acide  carbo- 
nique, l'acide  oxalique,  la  silice^  la  ma- 
gnésie, le  fer,  le  zinc,  l'arsenic^  le  ni- 
kel,  etc.  Il  forma  d'excellens  élèves. 
Schéele  entre  autres  doit  à  sa  bienveil- 
lance son  bonheur  et  ses  premiers  suc- 
cès. Se*  travaux  épuisèrent  en  peu  d'an- 
nées sa  constitution;  il  succomba  en 
1784.  Peu  d'hommes  ont  tant  produit, 
et  surtout  des  travaux  aussi  dura- 
bles. Dans  le  cours  de  sa  carrière  scfen- 
tifique  il  écrivit  plus  de  quarante  mé- 
moires tous  curieux ,  tous  marquans, 
soit  par  les  découvertes ,  soit  par  les  per- 
fectionnemens  qu'ils  contiennent.  T.  C. 
BERG-OP-ZOOM,  c'est-à-dire 
Bergen  sur  le  Zoom ,  ville  très  forte 
de  Hollande  (Brabant  septentrional),  à 
8  lieues  sud-ouest  de  Bréda,  7  d'Anvers, 
près  de  l'Escaut  oriental  dont  un  canal 
lui  porte  les  eaux.  Des  marais  l'entou- 
rent et  rendent  ses  abords  très  difficiles. 
On  admire  son  château,  dont  la  tour  s'é- 
largit en  s'élevant,  son  arsenal,  le  sou- 
terrain, et  la  galerie  par  laquelle  les  Fran^- 
çais  s'y  introduisirent  après  la  bataille  d,e 
Fontenoy,  les  ravelins  de  la  Pucelle  et  de 
Cœhorn,  etc.  L'église  de  Sainte-Gertrude 
mérite  une  mention.  Population ,  6,000 
habitans.  Murée  au  xiii^  siècle  par  Gé- 
rard de  Wasemale,  qui  la  défendit  par  un 
château,  Berg-op-Zoom  fut,  lors  de  l« 
révolte  'des  17  provinces  contre  la  do- 
mination espagnole,  une  des  premières 
résidences  des  états-généraux.  Le  siège 
fameux  qu'elle  soutint ,  en  1622,  contre 
les  Espagnols,  coûta  10,000  hommes  à 
ses  anciens  maîtres.  Le  maréchal  de  Lœ- 
vendal  s'en  empara  par  surprise  en  1 747. 
En  1814,  les  Anglais,  en  essayant  de  la 
prendre  sur  les  Français,  éprouvèrent 

23 


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ÈEti 


Oh'  écbèo.  cotisidéràtté  âtràttC  séé  mtifs. 

Avant  le  règne  de  PUîiippe  II,  Bcrg- 
6p-Zoom  était  un  marquisat     Tal.  P. 

BÉRIL.  Les  lapidaire»  désignent  sons 
ce  nom  une  i^riété  d'émeraude  qui  se 
distingue  par  sa  Couleur  d*on  vert  bleuâ- 
tre. Cependant  on  doit  comprendre  aussi 
ê6ùi  la  même  dénomination  celle  qui  est 
jaune  ou  jaunâtre,  et  que  les  tapidaires 
Comment  ëmeraude  miellée.  Le  béril , 
quelle  que  soit  sa  teinte ,  est  en  général 
peu  estimé;  Taigue-marine  [voy.  ce  mot) 
tl  Témeraude  d*un  beau  vert ,  apparte- 
Bânt  à  la  même  espèce  minéralogi'que , 
nous  traiterons  de  ses  caractères  physi- 
ques, de  sa  cristallisation,  de  sa  compo- 
àition  chimique,  de  son  gisement  et  de 
ton  emploi  à  Tarticle  Émkbaude.  J.  R-t. 

BERING  ou  BEHRING  (Titus)  , 
navigateur  qui  a  découvert  le  détroit  du 
inêmenom,  naquit  à  Horsens  en  Jùtland. 
Bfarin  expérimenté,  il  fut  employé  à 
K.rpnstadt  comme  capitaine  de  vaisseau 
par,Pierre-le-Grand,  dans  sa  marine  à 
peine  créée.  Les  talens  et  Tintrépidité  de 
Behring,  dont  il  fit  preuve  dans  la  guerre 
contre  les  Suédois,  lui  procurèrent  l'hon- 
neur d*étre  choisi  pour  la  direction  d'un 
iroyage  de  découvertes  dans  Ta  mer  de 
ICamtchâtlca.   Il   partit  Je  Pétersbourg 

rour  la  Sibérie,  le  5  février  17^5.  En 
728  il  visita  les  côtes  du  nord  de  celte 
^ande  presqu'île,  jusqu^au  67*  18'  lat. 
nord,  et  acquit  la  certitude  que  l'Asie 
n'était  pas  jointe  à  TAmérique.  Mais 
comme  le  but  de  son  voyage  était  de  ré- 
soudre la  question ,  si  les  côtes  opposées 
ï  celles  du  Kamtchatka  étaient  des  lies 
ou  bien  si  elles  faisaient  partie  du  conti- 
nent, il  repartit  le  4  juin  1741  d'O- 
khotsk, avec  fleui  bâtimens,  et  débarqua 
i  ta  côté  nord-ouést  de  FAmérique.  Des 
tempêtes  et  des  maladies  rémpêchèrent 
de  pousser  plus  loin  ses  découvertes.  Il 
fut  jeté  sur  nfe  déserte  d'Avatcba ,  cou- 
verte de  neige  et  de  glace,  et  qui  est  si- 
tuée a  1^2  milles  anglais  au  nord- est  du 
Sort  de  Sl-Pierré-et-Paul  du  Kamtchatka, 
ehring  y  tomba  malade  et  mourut  le  8 
décembre  1741.  On  nomma  File  Hé  tic 
Èer'ng.  CL, 

B£RING(le  nKTKoiTnE),appelé  aussi 
Ajiian,  est  entre  la  côte  occidentale  de 
rAmérique  du  nord  et  la  côte  orientale  I 


(854) 


Bfift 


àé  rÂii«.  Le  toytge  do  Cosaqoe  Deidi^ 
Aéîef,  parti-  en  1648  d'au  pan  de  H 
Sibérie  à  l'Océan  polaire  et  rentré  par 
ce  détroit  dans  la  mer  de  Kamtchatka , 
démontra  que  TAsie  ne  tient  pas  à  l'A-  , 
mérique.  Pendant  long^temps  les  Enro*- 
péens  regardèrent  tout  ce  voyage  comme 
une  invention ,  jusqu'à  ce  (|u*H  fhx  con- 
firmé en  1728  par  Behring.  Le  capitaine 
Cook  visita  ce  détroit  en  1 778  :  aossi  les 
Anglais  appellent-ils  ce  détroit  du  nom 
de  Cook.  Il  n'a ,  selon  ce  voyageur ,  que 
10  milles  de  largeur,  là  où  II  est  le  plus 
étroit;  plus  loin,  le  passage  s'élargit,  au 
point  que  sous  le  69*  degré  de  laL  la 
distance  est  à  peu  près  de  75  milles. 
De  part  et  d'autre,  les  deut  pays  sont 
d'une  ressemblance  frappante;  tous  leé 
deux  manquent  de  bois;  bas  sur  les  côtes, 
ils  s'élèf  eut  vers  l'intérieur.  Do  côté  de  l'A- 
mérique, la  ner  est  plus  basse  près  des  cô* 
tes  que  du  côté  de  fAsie  ;  la  sonde  donné 
le  plus  souvent  de  29  à  30  toises.  C,  X. 

BERKELEY  (Georges).  Ce  savant 
et  ingénieux  évêque  de  Cloyne,  en  Ir- 
lande, naquit  dans  cette  lie  en  1684,  à 
Kilcrin.  Il  acheva  ses  études  à  l'univer- 
sité de  Dublin ,  et  avant  d'avoir  atteint 
l'âge  de  20  ans  il  publia *son  premier  ou» 
vrage  intitulé  :  Arithmetica  absque  At^ 
gebrd  aut  Euclide démon. ttrata,  qui  fut 
suivi,  en  1 709,  de  son  essai  sur  une  /Von* 
velle  Théorie  de  la  Vision,  Un  an' après, 
il  exposa  dans  ses  Principes  des  Con^ 
naissances  humaines  [PrincipBes  of 
human  knowledgc)  son  singulier  système 
d'idéalisme  ou  d'immatérialisme,  qu'il 
étaya  des  argumens  les  plus  subtils  et 
qu'il  défendit,  en  1713,  dans  Trois  Dea-- 
lof^ues  entre  Bjlas  et  Phiîonous,  En 
1713,  Berkeley  suivit  le  comte  de  Pe- 
terl>orough  en  qualité  d^umônier  de  son 
ambassade  auprès  du  rOi  de  Naples.  H 
fit  ensuite  le  tour  de  IHElurope  avec  le  fils 
du  docteur  Ashe,  évoque  de  Cloghei\  Ce 
fut  dans  cette  tournée  que  Berkeley,  en 
1715,  visita  à  roraloït-e,  à  Paris,  le  père 
Mallebranche ,  qu'il  trouva  préparant 
dans  sa  cellule  une  potion  qui  devait  le 
guérir  d'une  inflammation  de  poitrine. 
Les  deux  philosophes  raisonnèrent  en- 
semble sur  leurs  systèmes  :  la  dispute  s^é» 
chauffa,  et  la  vivacité  avec  laquelle  Mal- 
lebranche se  prononça  contré  rimmaté* 


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ÈÈti 


llAlilme  de  B«fkeley  atlgtnètit»  éàû  thâl 
io  poîbt  qu'il  tn  tnotirut  qticlqneé  joUrA 
après.  Au  bont  dé  qmtré  àdi ,  Béfièlèy 
retint  en  Angleterfe,  d'oh  il  «ccompagnA 
lé  duc  de  Orafton  k  Dublin.  I!  y  obtint 
le  degré  académique  de  docteur  en  théo- 
logie et  Ait  promu,  eti  1724,  au  doyentié 
de  Derry.  Ce  fut  k  peu  pràs  à  la  même 
époque  que  M*^  Vanbomrtgfa,  délébrét 
pir  Swift  ftouâ  lé  floin  de  Vaneàsra,  Indi- 
gnée de  ce  que  le  9âtiH(jtie  âvaK  secrète- 
ibent  épousé  m  Stélta  (M"^  JohUsoh), 
Hévoqua  le  testament  qu'elle  avait  fait 
«tt  faveur  de  S^ifc  et  légua  une  partie  de 
tes  bif'ns'à  Berkeley  dontSwfft  lut-mème 
tuf  avait  ^it  faire  la  tonnais^ncé.  Cette 
accession  de  l'icbesses  suggéra  au  docteur 
Berkeley  Ttdée  de  convertir  les  sauvagèé 
de  l'Amérique  au  christianisme.  Il  y  eut 
beaucoup  de  souscripteurs  qui  s'intéres- 
sèrent à  son  entreprise  et  qui  partirent 
ivec  lui  pour  Bhode-Istand  ob  l'on  se 
(proposait  d'acheter  des  terres  pour  leâ 
sadvageé  convertis;  mais  le  parle^Ment 
lyattt  refusé  les  secours  qu'on  s'était 
ftuté  d'en  obtenir,  le  projet  manqua,  et 
Berkeley,  après  avoir  Sacrifié  pour  son 
èitécutîon  une  grande  partie  de  ^a  for- 
tune et  nu  séjour  de  àept  an.^  en  Amé- 
rique,  retourna  dans  sa  patrie  oit  il 
publia  son  Altyphron  ou  le  pctù  Phi- 
UMophêfâiim  Te  goèl  des  Dialogues  de 
flàton.  Kb  173S,  H  Hit  êfu  évéqué  de 
(Hoyné.  Il  cObtInua  de  se  distinguer  par 
plusieurs  écrits  utiles  sur  deS  sujets  dé 
philosophie  9  de  religion  et  d^éconofnie 
politique.  Telles  furent  surtout  les  ques^ 
tions  \QueHes)  pour  le  bien  de  l'Irlande, 
^•îl  publia  en  17^5.  Dît  ans  après,  le 
eomte  de  Chesterfiëtd  lui  offrît  l'ëvéché 
de  Clogher,  dont  le  revenu  était  doublé 
de  celui  de  son  siège  ;  m^is  Berkeley  eut 
là  modération  de  le  refuser.  Il  cOmmen- 
çitîl  alors  à  souffrir  d'une  Colique  ner- 
veuse ,  et  ayant  trouvé  quelque  soulage- 
ttém  11  ses  maux  en  prenant  dé  l'eau  de 
(dudrod,  il  publia  des  recherches  sur 
refficacilé  de  cette  eau  [Enqulries  on  thè 
viriues  of  tar  waler)^  qui  eurent  line 
seconde  édition  en  1747  et  furent  suivies, 
en  lt5à,  d'une  autre  brochure  sur  le 
fliéme  sujet.  Ce  fut  son  dernier  ouvrage. 
H  alla,  dans  la  même  année,  s'éublir  à 
Oiford  pour  y  sorveiÛer  l'éducation  d'un 


(SÀ«) 


fiER 


dé  ses  fil»  $  Mais  là  teort  Tjr  Surprit  lé 
14  janvier  175S.  Ses  ewvres  furent  pn^ 
bliées  eft  2  volumes  lD-4^en  17S4.  Lé 
bel  éloge  que  Pope  à  ùiit  de  Berkeley,  eil 
disant  qu'il  possédait  fOtltés  les  fêrtuS 
Sous  le  ciel ,  a  été  confirmé  par  tous  ses 
conteniporainS,  et  kt  postérité  fS  plus  re^ 
Cttléè  rendra  justice  l  l'étendde  et  à  la 
Variété  de  ses  couttaiMmies.  Malgré  l'ob^ 
servatioti  dé  Dlivid  HuMe,  qtife  riMlnaté*< 
riilîsmede  eèphllttsopbe  était  plus  fkvo* 
rable  au  sceptielstne  qtte  les  écrits  dé 
Bayle ,  rattachement  de  Berkeley  à  la  foi 
chrétierine  et  soii  tf  rdénte  piété  n'ont  ja* 
Mais  été  ntls  en  dOiité.  D.  B. 

Berkeley  s'est  rebdil  pttrdcdlièrémeni 
Célèbre  par  son  système  i^ idéalisme,  Dtf 
son  temps  remplHsme  de  Locke  com^* 
tUèn^ait  à  porter  ses  fruits;  déjà  même 
des  esprits  é:roits,  mais  rigoureux,  ett 
Svàiënt  Dtit  éortir  le  msiérialisrtié  et  l'a-^ 
théisme.  Lé  verttieut  évéque  prélendit 
couper  court  ati  mal  en  détruisant,  non 
pas  immédiatement  les  conséquences; 
mais  le  principe,  Cest-à-dire  l'opinion 
dès  philosophes  contem|iorains  sur  la 
portée  et  la  légitimité  dé  nos  connais- 
sances sensibles.  Partant  dotic  de  Ce  point, 
iitrplieitement  professé  par  touto  la  phi- 
losophie depuis  DesCàrtes,  qtié  dans  le 
fslt  de  lu  perception  il  v  «i  trois  termes, 
\A  sujet  connaissant,  l'objet  t^otirtu^  et  uti 
întertnédialre  qtiî  à  utte  ëjtistence  indé- 
pendanté,savoir  Tidée;  adrttettanr  déplus, 
avec  Locke,  que  le  Sujet  connaissant  ott 
l'esprit  fie  perçoit  jamais  que  l'Idée,  il 
démontra  facilement  l*fmposslbilHé  At 
s^àssurer  de  la  conformité  de  l'Idée,  seule 
chose  que  tityxi  connaissons,  âVec  l'objet 
que  nous  né  percevons  dans  auctm  cas. 
Avec  autant  de  ràiso^  il  sdtitlnt  que  rien 
ne  ttotts  garantît  l'ejilstenceittéliWe  de  Pob- 
jei,  TexisténCe  dé  là  hiâtière  OU  des  ob- 
jets éktérieuh  en  général;  ï\  flt  pluêf  qtïe 
douter  de  cette  existence;  H  fa  nia  posi- 
tiveiàeht.  Nous  percevons  bien  des  sen- 
sations et  des  idées  de  cbuletir,  d'éten- 
due, de  forme,  de  mouvement;  mais  ces 
phénomènes  ne  nous  apprennent  pas  qu'il' 
y  ait  en  dehors  de  nous  quelque  chose  de 
coloré,  d'étendu,  de  figuré;  car  la  cou- 
leur, rétendue,  la  figure  sont  de  simples  ' 
modifications  de  l'ame,  qui  varient  sui- 
vant ses  dispositions,  qui  n'existent  40*111- 


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B£R 


tant  (nae  Tame  les  perçoit,  qui  ne 
blent  qu'à  elles-mêmes;  tout  ce  qu'ib 
nous  apprennent,  c'est  qn*en  dehors  de 
nous  il  y  a  d'autres  causes  que  nous  et 
semblables  à  nous,  c'est-à-dire  des  es- 
prits. £t  comme  il  y  a. entre  nos  idées  un 
ordre  et  une  proportion  admirables,  elles 
doivent  être  produites  en  nous  par  un 
esprit  infiniment  parfait.  Supposer  par- 
delà  les  idées  de  notre  ame  une  s^b- 
stanee  matérielle  qui  nous  les  cause,  c'est 
faire  l'bypothèse  la  plus  gratuite;    car 
cette  substance  est  inçrte;  elle  n'est  pas 
susceptible  d'être  connue,  par  conséquent 
elle  n'existe  pas  dans  l'esprit  ;  elle  n!exlste 
pas  non  plus  hors  de  lui ,  car  l'étendue 
n'existe  que  dans  l'esprit.  Tout  ce  que 
nous  savons  de  cette  substance  se  réduit 
à  des  négations  :  elle  n'ajgit  point,  ne 
perçoit  point,  n^est  point  perçue;  c'est 
un  sujet  d'inhérence,,  dit-on,  mais  c'est 
un  sujet  qui  ne  supporte  rien,  toutes  les 
qualités  qu'oo  lui  rapporte  n'existant  que 
dans  l'esprit.  Il  n'y  a  dope  au  monde  que 
des  esprits  et  des  idées;  les  objets  exté- 
rieurs sont  des  chimères,  la  saine  philo- 
sophie doit  les  supprimer.  Du  reste  les 
esprits  étant  connus  sans  intermédiaire 
par  une  perception  immédiate  et  directe, 
leur  existence  est  à  l'abri  de  tout  doute  : 
faible  barrière  contre  le  scepticisme  uni- 
versel, comme  Hume  le  fit  bien  voir. 
,  Tel  est  le  résultat  que  pressentit  Belite- 
ley  dans  sa  Théorie  de  la  vision  et  qu'il 
développa  dans  ses  Principes  de  la  con- 
naissance ;  il  l'exposa  de  nouveau  avec 
infiniment  d'esprit  et  de  sagacité  dans  ses 
Trois  dialogues  entre  Hylas  et  Philo- 
nous.  Mais  quelque  favorable  que  fût 
cette  doctrine  aux  dogmes  de  Timmaté- 
riaiité^  de  la  création,  de  la  Providenpe, 
elle  était  trop  contraire  au  sens  commun 
pour  faire  fortune  hors  de  l'école.  Dans 
l'école  même,  Reid,  tout  en  la  trouvant 
inattaquable  en  soi,  renversa  la  théorie 
des  idées-images  qui  lui  servait  de  base; 
et  depuis  lors  (.'idéalisme  de. Berkeley, 
ainsi  que  celui  de  Mallebranche ,  a  été 
considéré  comme  il  devait  l'être,  comme 
une  savante  absurdité,  destinée  à  mou- 
rir en  naissant.  L-^-t. 

BEHLICHINGEN  (Goetzou  Gooe- 
VROf  ue).  a  toutes  les  époques  de  tran- 
sition il  uait  deâ  cajaclcres  singulière- 


(  356  )  BER 

ment  trempés,  qui  s'attachent  avec  obalî- 
nation  au  passé  qui  croule  et  rejettent 
loin  d'eux  le  présent  comme  une  matière 
hétérogène;.  Tel  était  Gcetz  de  Berlichin- 
gen,  le  chevalier  à  la  main  de  fer,  né, 
dans  la  seconde  moitié  du  xv*  siècle,  à 
Jaxthausen,  en  Souabe.  L'Allemagne  en 
ce  temps  était  en  proie  aux  défis,  aux 
guerres  privées,  aux  rapines,  en  un  mot  à 
l'état  anormal  de  la  chevalerie,  qui  avait 
fait  son  temps  et  mettait  le  troi4>le  dans 
une  société  qu'autrefois  elle  avait  été  ap- 
pelée à  embel  lir  et  à  défendre^  L'empereur 
Maximilien ,  résolu  de  couper  le  mal  par 
la  racine,  fit  passer  à  la  diète  de  Worms 
en  1495,  l'édit  de  paix  perpéUielle,  qui 
interdisait  toute  voie  de  fait  entre  les 
membres  du  corps  germanique;  la  Chani' 
bre>  impériale,  établie  par  la  même  as- 
semblée, devait  évoquer  à  elle  tous  les 
différends. 

Gcetz  avait  assisté  à  cette  diète  :  son 
caractère  énergique  se  soulevait  contre  la 
destruction  de  toute  existence  chevale- 
resque f  de  toute  individualité  indépen- 
dante, d'autant  plus  que  des  mesures  qui 
changent  de  fond  en  comble  l'état  d'une 
société  ne  s'exécutent  jamais  sans  vexa- 
tions, sans  injustices  de  détail.  Malgré 
l'édit,  les  guerres  privées  continuaient; 
Gcetz  avait  suivi  la  bannière  de  princes 
puissans,  tantôt  l'aigle  de  Brandebourg, 
tantôt  le  lion  bavarois.  Lorsque  vint  à 
éclater  la  guerre  de  succession ,  dite  de 
Landshut,  entre  les  deux  branches  de 
l'antique  maison  de  WiUelsbach,  Gostz 
prit  parti  pour  le  duc  Albert  de  Bavière 
contre  Robert,  comte  palatin.  Ce  fut  au 
siège  de  Landshut  qu'il  perdit  sa  main 
droite,  remplacée  par  une  main  de  fer, 
qu'on  montrait  encore  il  y  a  utie  vingtaine 
d'années  à  Jaxthausen.    Cette  querelle 


terminée  en  1507,  Goetz  fut  en  lutte  avec 
les  chevaliers  sur  les  bords  du  Kocher, 
avec  les  villes  impériales  sur  les  bords  du 
Neckar.LorsqueUlric  deWurtembergfut 
chassé  de  son  pays,  Ckstz,  son  ami  et  son 
partisan,  ne  se  racheta  d'une  dure  pri- 
son qu'en  payant  3,000  florins  d'or.  Im- 
pliqué, trois  ans  plus  tard^  dans  la  hideuse 
guerre  des  paysans,  qui  l^a valent  forcé  de 
se  mettre  à  leur  tête,  et,  pris  de  nouveau 
par  les  troupes  de  l'Empire,  il  n«  fut  re- 
lâché que  sur  sa  promesse  de  ne  plus  re- 


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BER 


(357) 


BER 


prendre  tes  armes.  Le  repos  forcé  rongea 
feolemeot  oe  corps  et  ce  coeur  du  moyen- 
âge.  Pour  tromper  tes  ennuis  de  sou  inâc- 
tiouy  tandis  que  sa  Tieille  armure  se  rouil- 
lait avec  casque  et  épée  dans  un  coin 
obscur  de  son  ckâtean,  il  écrÎTit  son  au- 
tobiographie. Cest  sur  cet  écrit  naïf  que 
Gœthe  a  calqué  en  grande  partie  les 
scènes  pittoresques  et  dramatiques  de 
son  Gœtz  de  Berlichingen ,  admirable 
début  de  ce  génie  universel,  qui  a  compris 
tontes  les  époques  et  reproduit  dans  le 
drame  de  Gœtz  toutes  les  passions  qui 
agitaient  les  esprits  penseurs ,  les  carac- 
tères actifs  et  les  masses  an  moment  où 
croulait  la  féodalité  allemande.  Gcetz 
mouratle23  juillet  1563,  dernier  re- 
présentant de  cette  noblesse  cuirassée, 
remuante,  généreuse,  qui  allait  faire  place 
aux  légistes  de  la  cour  impériale,  aux 
conseillers  de  la  cour  auliquè  et  aux 
bourgeois.  L.  S. 

'  BERLIER(lecomteTHioPHiLE),avo- 
cat  au  parleiûent  de  Dijon ,  naquit  dans 
cette  ville  en  1761.  Il  y  a  deux  hommes 
à  considérer  dans  M.  Berlier  :  le  juris- 
consulte savant  et  consciencieux,  et 
Thomme  public.  Nous  allons  l'envisager 
sous  ce  double  rapport. 

M.  Berlier  fat  nonraié,  en  septembre 
1793,  député  de  la  Cote-d'Or  à  la  Con- 
vention nationale.  Dans  le  procès  de 
LonU  XVI ,  il  soutint  que  le  roi  n'était 
pas  inviolable,  vota  la  peine  de  mort,  re- 
jeta rappel  au  peuple  et  le  sursis.  Il  pro- 
voqua le  décret  d^accusation  contre  Du- 
châtel,  accusé  d'intelligence  avec  les  re- 
belles. Envoyé  en  mission  à  l'armée  du 
nord,  il  donna  tous  ses  soins  aux  besoins 
de  cette  armée.  Rentré  à  la  Convention , 
il  parut  rarement  à  la  tribune.  Après  le 
9  thermidor,  il  fit  ordonner  la  mise  en  li- 
berté des  cultivateurs  détenus  pour  cause 
politique;  C'est  lui  qui  fit  révoquer  la  loi 
du  17  nivôse  dont  l'effet  rétroactif  avait 
jeté  un  grand  trouble  dans  les  familles 
des  pays  du  droit  écrit.  M.  Berlier  pro- 
posa d'abolir  les  confiscations  prononcées 
par  les  tribunaux  et  par  les  commissions 
révolutionnaires,  et  de  supprimer  immé- 
diatement le  tribunal  révolutionnaire  de 
Paris.  Il  s'opposa  au  jury  constrtution- 
naire  de  Sièyes  et  fit  décider  que  f  arîhéé 
serait  appelée  à  exprimer  son  vote  sik  Ik 


constitution  de  Tan  m.  Il  avait  été  mem- 
bre du  comité  de  salut  public,  après  la 
chute  de  Robespierre;  il  fut  réélu  dé- 
puté, après  la  retraite  de  la  Convention. 
Il  s'opposa  avec  énergie  aux  déplorables 
excès  de  la  réaction  thermidorienne,  et 
pourtant  les  prévenus  d'émigration  provi- 
soirement rayés  furent  admis,  sur  sa  pro- 
position^ à  voter  dans  les  assemblées  pri- 
maires. M.  Berlier  était  substitut  du  com- 
missaire du  Directoire  exécutif  près  le 
tribunal  de  cassation ,  quand  il  fut  réélu , 
pour  la  troisième  fois,  membre  du  conseil 
des  Cinq-Cents,  dont  il  devint  secrétaire. 
Après  le  1 S  brumaire,  il  fut  nommé  con- 
seiller d'état,  puis  président  du  conseil 
des  prises,  membre  de  la  Légion-d'Hon- 
neur  et  comte  d'empire;  il  fut  révoqué  en 
1814,  reprit  ses  fonctions  en  1  SI 5,  fut 
nommé  secrétaire  du  gouvernement  pro- 
visoire et  banni  ensuite  comme  conven- 
tionnel régicide,  ayant  accepté  des  fonc- 
tions publiques  dans  les  Cent -Jours. 
Après  les  événemens  de  1 830,  M.  Berlier 
est  rentré  en  France. 

Nous  venons  de  voir  l'homme  public, 
voyons  maintenant  le  jnrisconsulte.^  On 
l'entendit  peu  discourir  à  la  Conven- 
tion; mais  il  s'y  occupa  des  améliora- 
tions de  notre  droit  civil.  On  lui  doit 
quelques  changemens  à  la  loi  des  suc- 
cessions ,  de  sages  modifications  sur  les 
attributions  des  tribunaux  de  famille, 
et  des  principes  plus  équitables  sur  leè 
donations  et  les  successions.  Berlier  pro- 
posa diverses  mesures  pour  ramener  la 
liberté  de  la  presse  à  la  dignité  et  à  l'in- 
dépendance de  son  institution  ;  mais  l'a- 
vénement  de  Bonaparte  trancha  la  ques- 
tion tant  de  fois  et  si  inutilement  agitée. 
Berlier  contribua  beaucoup  à  la  ré- 
daction des  nouveaux  codes.  Retiré  à 
Bruxelles  il  se  consacra  à  de  longues 
éludes  historiques,  et  publia,  en  1 822,  un 
Précis  historique  de  Vancienne  Gaule^ 
qu'il  a  continué  et  qui  forme  une  his- 
toire complète  des  événemens  arrivés 
avant  l'invasion  de  César.  Il  a  aussi  ré- 
digé pour  V Encyclopédie  moderne  le» 
articles  Code  civil.  Code  criminel,  et  an- 
trear  non  moins  importans,  et  tous  re- 
commandables  par  l'érudition  et  par  la 
talent  de  l'analyse.  Th.  D. 

BERLIN^  capitale  de  la  monarchie 


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BER 


(8M) 


Bpn 


pniifîtqof  et  en  particulier  de  la  Mar- 
che de  Brandebourg,  située  3ur  \^ 
Sprét,  par  31**  ?'  30"  4f  longitude  ^  ^t 
f  2**  ^y  de  lati(i)de  N.,  c^  une  des  plqa 
grandes  et  surtout  des  plqs  belles  villes 
de  l'Europe.  84ii^  d*«^  une  plajnç  aa- 
blonneuaf  et  aridf,  ^le  est  à  ^97  pîeda 
av-dessus  du  nî  v^^  de  li|  n)iïr,  à  î  !{ 0  liçues 
Dord-QQrd^^e^  tU?  Yîçune  et  à  193  pord- 
e^  de  Paris.  C'wt  1^  cbef-ljeu  de  la  r^ 
geqoe  df  J^rax^e^r^,  la  r^jdepce  du 
roî  al  le  ^éga  du  çouvcmem^t.  jC^ip 
ville  a  plus  da  4  lieues  de  circouféreppq 
Teor^nta  eq  es(  furfu^e  dVn  "PUr  ^14 
pieds  de  hauteur.  U  y  a  Ifl  pprte»  et  9 
quartierf  dan(  $  Of)t  |e  pon^  dç  yillea  e( 
ont  été  ré^^U%  eu  ii7H;  le^  aHtres  celui 
de  faubourgs  Ces  qw^ftier»  W»î  î  Çer|in 
propre;  l^iriu  9m  1^  Spw^^i  divisé  ai| 
TÎewx  et  eu  uquv^i^  K.«^Iu;  f  riedrich^ 
werder,  Dorolb^ustadt,  Friedriçhstad^t 
Friedrich -rTYilMwUdt,  fLoeqigasfadd 
quarilerf  de  Strplau  f t  d«  Spandau,  ^^ 
Sprée  traxeraa  Bf rljp  du  fwd-çijl  au  pord- 
ouest.  Berlin  a  158  rues,  92  plap^  P^* 
bliquaa  et  marché^,  27  église^  parois- 
aiales  ^37  pouts.  Eu  1  a??  on  y  a  coiupl* 
1 1  ,d7 1  niaUDus;le  ûoiubrç  dçses  habiUu^x 
y  eoinprU  la  garoiaqu ,  éfalt  de  :j 3^,830, 
parmi  lesquels  ^,^3^  r^form^  frfnçaif , 
S6arélbr«i4s  bohémea»  4,6|4  çalhoU- 
quea  et  4,43?  Juift;  ces  derniers  Qf-^iob^ 
tauu  le  droit  de  citoyen  depuis  Iç  ppoia 
de  ma»  1«12  et  (out  pa^-tiç  des  bahi^aua 
les  dIus  richçf  et  le^  pluf  ^cla'iréa  da 
Berliq.  Cest  k  Bcr|iu  quç  s'est  fo^-n^^ 
MandeMiMB»  le  prf  wûwr  philosqph^  juif 
dta  tempa  roudfrofï^.  l^  r^H&Wi^  4xa^- 
gaiique  est  la  domi^u^e. 

Bevliq,  villa  Werne»  pwède  ^^ 
grand  n«mbra  dç  bpllçf  pb^ea,  de  ru^ 
liieu  aUin^ea,  de  pvçiAÇU^d^  fgr^bl^f 

al  de  ponM  d'M^a  couat^c^ou  r^arqM?-* 
Ue.  Paruû  lç«  Wifie^î»  mV\^  plww» 
aa  dUtinguau^  par  r^auce  ^\k  par  uu^ 
aachitec^rfv  impPWn^.  Noua  Çi^e^ppa 
aHPioui  las  auÎH^wa  ;  Tarienal  «  ^  çb^t^u, 
l'uuivenM,  |b  4m9>  Végliae  c^^hpl^M^i 

k  mw^,  la  porte  d^  pr^qc^bpurg.  If 
pnneipal  cwp^  de  gard^  eu  Ç^ç^  4^  pa- 
lais du  pou  Ta^d^UM*  4^  WW»4Wf  i*Or 
liera,  la  fialludie  apecucle,  V4eo|^  v^ÂUr 

taira,  Véglise  lulhérieuue  4^.  Çaip^I^ir 

aolaa(U|duaau«ieuua4sV^.<V^^}f^)9  ' 


régUse  Sainte^Marie  avec  une  tovr  dt 
286  piedî?  dç  bapleur,  élevée  sous  le  rè^ 
gqe  de  Fi'édét  jc-Quillaquie  |I,  par  Lang? 
haus;  Téglise  réformée,  avec  un  caiiUuu» 
la  nouvelle  église  frauçaiae,  la  sypagoguft 
juive,  etc.  f^es  plu9  beapx  édifice^  aoq^ 
situés  d^qf  }^  qiagnjBque  rue  dite  des 
TiUeuU  at  ainsi  oomfu^e  de  la  prqnieuad^ 
qui  eu  occupe  le  centre*  Cçtte  ruç,  nn% 
des  plus  belles  de  l'Europe,  s'étçpd  de- 
puis le  uouveau  pont  de  la  5prée  jus- 
qu'au portique  appela  fom  4c  Bro^-^ 
debourg.  Au-delà  dq  m$u»e  pq^t  est  h 
plac^  du  ch^teatt,  bordée  de  tro^  c6\é% 
du  château»  du  dôma  et  du  musé^;  1% 
Bourse  oat  w  peu  plqa  loin.  Para)!  \^ 
mouuweus  publica  da  la  statuaire  çl^  ^e^ 
marqua  surtout  h  pi9,\n^  équeatr^  et  e^ 
bruu^  du  graud  x^lecteur,  cellea  ep  nur- 
bra  et  à  pied  du  maréchal  Qlûçber»  dçt 
généraux  Scbarnbqrs^atBulo^,  les  mor 
numeusdulVilhelnisplatzetceluiduvieuil 
Da^sau,  Uu  iqupçu^  yaae  eu  porpbyre 
urne  la  place  du  ipufée  ou  du  ch^eau» 
et  un  peu  ep  dehors  de  |a  ville,  sqr  la 
K,re^tzberg  »  s'éleva  U  ûèçba  gqtbÎT 
que  çu    brquïe    çopaacrée    à    la  ip^^ 

qioirede  la  dé|ivv««^ça  da  rAl|cmi;o^ 

en  1813. 

flerlûi  paut  être  con^idér^  qoipma  la 
métropola  de  l'AlUi^ague  du  pord  H 
coince  la  prindpal  foyar  de  lumière  da 
tous  les  paya  de  la  CquCédératioD  geroiaT 
niqua,  ie  n^ouveu^eut  iotellçctuel  y  est 
immeqsa  :  il  u'y  a  guera  de  ^pdauce^  dl? 
f<|quUé  aciaqtiBqu^  qui  n*ai(  ^^  repr^ 

sentant  dans  catte  oapiule  dç  la  Pn^a. 

Vuuiversi|é  d^  Çerl^p,  Çoud^  ^  18Q7,a 
çou\ï4é,  depu^  ^n  oçigioe,  p^mî  f es  pfo^ 

fa^aanrs  la^  ho.PMu^a  les  plus  distî^ggéf, 
tala  que  Fîcbte,  fteget,  Wplf,  Jlitter, 
SobUierroaçhçK,  Neauder,  de  Savig^y, 
R«^KU)eir,  atç,  MM-  de  H^u»b«ldt  fppa;c-r 
tianupo^  égaleinepv  k  Qerl^u,  i^uai  qoa  1^ 
ipju^tra  4'?Piil«J^  Di^ua  la^^cbVre^d<( 
çe^a  univar^té,  iç  droH»  1^  philologie, 
l§a  ^uidç«  orieqialça,  rhi^pifa,  la  ii>hy-^ 
stqw,^  la,  iné^acipc  (pm,  brii^ei:  la»  taleqii 
Iça  plu»  çeu^arquables^  Pavidimi  la  aeaiaa- 
trç  de  1^32  f,  lÇi33  op  couij^taÂU  flfxli^ 
1^732  él,^diana^  t^  fei^iqtbèqi^  royala, 
riche  e^  régulièremaot  organisé»,  poa-t 
^4fi  ?4QipOP  vu(uuiea,  qùira  uugcand 


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BER 


(359) 


BER 


niedef  scleoces,  fondée  par  Leibnitz ,  est 
célèbre  par  ses  travaux,  et  plusieurs  éta- 
blissemens  d*înstruction  supérieure,  tant 
pour  le  civil  que  pour  le  militaire,  mérite- 
raient également  d'élre  cités.  Les  artistes 
trou  vent  au  m  usée,  ouvert  en  1 82S,  une  ri- 
che collection  de  modèles  et  des  «lonu-' 
mens  de  toutes  les  époques  et  de  toutes  les 
écoles;  la  peinture  de  la  période  avant  Ra- 
phaël y  est  surtout  bien  représentée.  Ber- 
lin possède  en  outre  plusieurs  établisse- 
mens  de  bienfaisance  et  un  grand  nom- 
bre d'institutions  scientifiques.  En  1825 
on  a  fait  le  relevé  des  écrivains  qui  s*y 
trouvent  et  qui  alors  étaient  au  ooqabre 
de  416.  Berlin  fait  un  commerce  consi- 
dérable et  possède  plusieurs  manufac- 
tures de  drap,  de  porcelaine,  d'étoffes  de 
soie,  de  coton,  etc.,  et  une  grande  fon- 
derie royale  en  fer.  La  cour  de  Berlin 
fut  très  brillante  sous  le  règne  de  Frédé- 
ric-le-Grand,  et  la  société  est  réputé  espi- 
rituelle  et  très  caltivée.  Plusieurs  ^itté< 
rateurs  français,  à  la  tête  desquels  fut 
Voltaire,  ont  fait  de  Berlin  la  ville  du 
bon  goût  et  de  Tesprit. 

Berlin  a  été  occupée  par  les  Autrichiens 
et  Içs  Russes,  en  1 760,  et  par  les  Français, 
en  1806,  après  la  bataille  d*Iéna.  A  l'ex- 
ception de  ces  deux  occupations,  les  fas- 
tes de  la  ville  n'offrent  point  de  grands 
événemens.  L'origine  de  Berlin  ne  re- 
monte pas  au-delà  du  moyen-âge,  et  ce- 
pendant elle  n'est  pas  connue  aune  ma- 
nière certaine.  On  croît  que  c'est  Al- 
bert II,  margrave  de  Brandebourg  (de 
1206  à  1220),  qui  a  fondé  cette  ville  et 
celle  de  Kceln  qui  y  est  réunie.  On  sait 
d'une  manière  positive  que  l'église  de 
Saint- Nicolas ,a  été  construite  en  1223. 
Les  fondemens  du  château  furent  posés 
en  1442;  mais  c'est  surtout  Frédéric- 
Guillaume,  le  grand  Électeur,  auquel 
Berlin  doit  ses  principaux  embellisse- 
mens,  ainsi  qq«  les  fortifications  dont 
elle  était  autrefois  enceinte.  Cependant 
alors  Berlin  n^avait  que  20,000  habitans; 
ce  nomWe  s'éleva  à  50,000  sous  Frédé- 
ric, premier  roi  de  Prusse,  et  sous  le 
fnnd  Frédéric  elle  devint  ce  qu'elle  est, 
une  des  villes  les  pi  gis  belles  et  les  plus 
curieijises.  Voir  Spiker,  Berlin  et  ses 
^Iwlour^  ftu  tjo!'  skèele,  JBerlin,  1833> 
|i|-^*  i^v^  planches,  Ç.  i.  m. 


BERLlNEy  brelingue,  breliodci  vqy^ 
Voitures. 

BERLUE,  voy.  Vue. 

BERMUDÉS  ou  lies  de  Sumbiem 
(SumrnerS'lslattds)y  archipel  composé 
d'environ  400  petites  lies  peu  fertiles , 
dans  l'Océan  Atlantiqne,  à  la  hauteur  dé 
l'état  américain  de  la  Caroline,  et  à  250 
lieues  de  la  côte  des  États-Unis.  Elles 
sont  entourées  d'écueils  et  hérissées  de 
rochers  ;  au  nord,  les  écueils  se  prolon<r 
gent  très  avant  dans  la  mer.  Les  rocher» 
constituent  une  grande  partie  du  sol  de 
l'archipel  et  sont  la  cause  de  sa  stérilité^ 
quelques-unes  ne  sont  même  que  des  ro- 
chers inhabitables;  mais  partout  oà  il  y 
a  de  la  terre  le  sol  est  fertile  et  pro- 
duit, sous  une  température  douce,  quoi- 
que agitée  par  les  ouragans,  du  froment, 
du  coton,  du  tabac,  divers  fruits  et  des 
bois  de  construction,  parmi  lesquels  on 
compte  le  genévrier  qui  acquiert  dans 
cet  archipel  une  grosseur  considérable. 
Il  n'y  a  qu'un  dixième  de  toute  ta  sur- 
face de  l'archipel  qui  soit  cultivé  et  qui 
vaille  la  peine  de  l'être;  d'ailleurs 
le  défaut  d'eaux  vives  est  un  gntnd  in- 
convénient; aussi  les  400  iles  ne  nour- 
rissent qu'une  population  d'un  peu  plus 
de  4000  habitans  dont  les  trois  quarts 
sont  des  nègres.  A  peine  y  a-t-îl  200 
blancs.  Jls  subsistent  de  la  pèche,  de 
l'exportation  du  sel  et  de  la  construction 
des  navires  dans  laquelle  ils  ont  fait  de 
grands  progrès.  La  plus  grande  de  ces 
îles  est  celle  qu*on  appelle  ^crmude; 
elle  est  très  étr^oite,  mais  elle  a  5  lieues 
de  long. 

Lés  Bermudes  furent  découvertes  par 
les  Espagnols  au  xvi^  siècle;  mais  n'y 
trouvant  pas  d'or  et  n'espérant  même  pas 
pouvoir  les  cultiver,  ils  négligèrent  cette 
découverte  qui»  dans  la  suite,  fut  totale- 
ment oubliée;  ce  ne  fut  qu'un  siècle  après, 
en  1 610,que  le  hasard  fit  retrouver  cet  ar- 
chipel. Deux  Anglais,  ep  se  saxïvant  d'un 
naufrage ,  y  abordèrent  :  c'étaient  sir 
Thomas  Gates  et  sir  George  Summers; 
cette  seconde  découverte,  annoncée  à  un 
peuple  plus  actif  et  plus  industrieux  qu« 
les  Espagnols,  ne  fut  pas  infructueuse 
comme  la  première.  Deux  ans  après,  le 
gouvernement  anglais  envoya  wne  exp^ 
diUpn  AOU«  lf^4)sdr^  dp S^cjti^rfl  Woo« 


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BER 


(360) 


BER 


pour  fonder  une  colonie  dans  cet  archi- 
pel désert  La  première  tentative  de  co- 
Ionisation  manqua  d'échouer  contre  un 
obstacle  singulier  :  déjà  on  comptait  en- 
viron 600  colons  aux  Bermudes,  lors- 
que les  rats,  introduits  on  ne  sait  com- 
ment, peut-être  par  des  navires  eu- 
ropéens, se  multiplièrent  au  point  que 
la  place  ne  fut  pins  tenable  pour  les 
hommes  et  que  la  colonie  fut  sur  le  point 
de  disparaître;  on  trouva  pourtant  moyen 
de  se  débarrasser  de  ces  hôtes  incom- 
modes, et  depuis  ce  temps  les  Bermudes 
sont  devenues  une  colonie  utile  pour 
l'Angleterre.  Quoique  le  nom  de  Sum- 
mers  ait  eu  une  autre  importance  pour 
cet  archipel  que  celui  de  Jean  Bermu- 
dez  qui  le  découvrit ,  le  no^  de  ce  der- 
nier est  pourtant  resté  et  a  prévalu  dans 
la  géographie.  D-o. 

BERMUDEZ  (Jérôme).  On  sait  que 
la  Galice  était  la  patrie  de  ce  poète  du 
xvi^  siècle;  qu'il  entra  dans  l'ordre  des 
Dominicains,  et  qu'il  professa  la  théolo- 
gie à  Salamanque.  Du  reste,  son  origine, 
l'époque  de  sa  naissance  et  ceHe  de  sa 
jndort  sont  enveloppées  d'une  même  ob- 
scurité. On  croit  vaguement  qu'il  descen- 
dait de  Diego  Bermudez,  neveu  du  Cid. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Bermudez  a  droit  à 
une  place  honorable  entre  les  auteurs 
espagnols  du  xvi^  siècle  :  fameux  comme 
théologien,  comme  humaniste,  il  l'est  en- 
core plus  comme  auteur  dramatique.  Les 
tragédies  de  Nice  lastimosa  et  de  Nice 
iaurceuiay  dont  il  puisa  le  sujet  dans 
l'histoire  d'Inez  de  Castro  et  qu'il  publia 
sous  le  nom  à*Jntonio  de  SUva,  sont 
assurément  fort  médiocres  sous  le  rap- 
port du  plan  ;  mais  à  cette  époque  l'art 
dramatique  en  Espagne  sortait  à  peine 
de  l'enfance.  Ce  qui  platt  dans  ces  tra- 
gédies, ce  qu'il  faut  admirer,  c'est  la  pu- 
reté du  style,  le  naturel  du  sentiment,  la 
poésie  répandue  dans  les  chœurs;  ce  sont 
enfin  quelques  belles  scènes  dans  Nice 
lastimosa,  telles,  par  exemple,  que  celle 
où  les  conseillers  du  roi  de  Portugal  dé- 
libèrent sur  le  sort  d'Inez.  Nous  ne  fe- 
rons qu'indiquer  un  poème  en  cinq  chants 
et  une  Hespéroëde  du  même  auteur,  tous 
deux  écrits  à  la  louange  du  trop  fameux 
duc  d'Albe. 

Plusieurs  rois  des  Asturies  ont  porté 


le  nom  de  Bermudez;  Bermudez  I^'  fut 
élevé  au  trône  en  788 ,  et  Bermudez  III 
périt  dans  la  bataille  de  Carion  en  1037; 
c'était  le  dernier  de  la  famille  des  anciens 
rois  goths.  L.  L.  O. 

BERNADOTTE  (  Jean-Baptimte- 
JuLEs) ,  né  à  Pau  en  Béarn  y  le  26  jan- 
vier 1764. 

Parmi  tant  d'illustrations  que  la  révo- 
lution française  a  produites  celle  de  Ber- 
nadotte  se  fait  distinguer,  non  comme  la 
plus  brillante,  mais  comme  la  plus  soli- 
demcfnt  fondée,  parce  qu'elle  a  été  loya- 
lement acquise. 

Dès  l'âge  de  17  ans  il  prit  le  parti  des 
armes,  dominé  par  son  goût  pour  l'état 
militaire  et  peut-être  aussi  par  cette  sorte 
d'instinct  qui  parle  ordinairement  si  haut 
chez  ceux  que  la  nature  a  formés  pour 
s'élever  au-dessus  de  leurs  contempo- 
rains. Simple  adjudant  en  1789,  il  sa- 
vait déjà  par  quelle  oonduite  un  militaire 
peut  acquérir  l'estime  de  ses  chefs,  sans 
rien  perdre  de  l'amitié  de  ses  camarades 
et  de  l'affection  de  ses  subordonnés. 
Cette  expérience,  acquise  de  si  bonne 
heure,  ne  lui  servit  pas  moins  que  sa 
bravoure  pour  éviter  les  nombreux  écueils 
de  cette  époque  d'anarchie  où  tout  Fran- 
çais, contraint  d'être  soldat,  se  pliait  dif- 
ficilement à  la  discipline  militaire,  tandis 
que  la  méfiance  et  la  terreur  faisaient 
punir,  dans  les  chefs,  une  défaite  et 
même  un  insuccès,  comme  si  c'était  tra- 
hison. Pendant  cette  malheureuse  époque 
où  tant  d'officiers  succombaient  so^s  les 
difficultés  du  commandement,  victimes 
de  leur  inexpérience  ou  de  l'indiscipline 
de  leurs  soldats,  Bemadotte,  se  faisant 
remarquer  par  l'ascendant  qu'il  savait 
prendre  sur  les  siens  et  par  l'esprit  de 
subordination  qu'il  leur  inspirait,  mar- 
cha de  succès  en  succès  et  s'éleva  de 
grisde  en  grade. 

Déjà  colonel  en  1798,  il  se  fit  ap- 
précier par  Custine  aux  combats  de  Spire 
et  de  Mayence.  Quelques  mois  apr&  il 
sauva  le  général  Marceau  de  la  fureur 
de  ses  propres  soldats;  Kléber,  qui  accou- 
rait au  secours  de  Marceau,  ayant  aperçu 
Bernadotte  dans  la  mêlée,  se  retira  di- 
sant :  «  Laissons-le  faire,  j'irais  peut-être 
tout  gâter.  »  En  juin  1794  il  contribua 
si  bien  an  succès  de  la  mémorable  ba-i- 


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BER 


(361) 


BER 


iatlUde  Fletirus,  tant  par  ses  combats 
aatérieurs  que  par  ceux  de  cette  jour- 
née,  qu'il  fut  promu  au  grade  de  géné- 
ral de  brigade  pour  actions  (Téclat  et 
traits  de  bravoure.  En  septembre  de 
cette  même  année  le  général  Kléber,  cet 
excellent  juge  de  la  valeur,  écrivait  dans 
son^buUetin  sur  la  bataille  de  Juîlliers  : 
«  Je  ne  puis  trop  me  louer  du  général 
Bemadotte  ;  toujours  sous  le  feu  le  plus 
vif  y  il  dirigeait  ses  opérations  avec  un 
sang-froid  héroïque  ;  son  courage  infa- 
tigable et  son  intrépidité  ont  décidé  le 
sort  de  cette  bataille.  » 

Général  de  division  à  Tannée  de  Sam- 
bre-et-Meuse,  pendant  près  de  deux  ans 
(95  et  96)  où  furent  livrés  tant  de  com- 
bats, Bemadotte,  par  de  nombreux  suc- 
cès et  par  ses  savantes  manœuvres ,  s'é- 
leva au  rang  des  généraux  les  plus  expé-. 
ri  mentes  et  montra  qu'il  savait  puiser  en 
lui-même  de  bien  grandes  ressources. 
Par  sa  glorieuse  résistance  anx  forces 
triples  du  prince  Charles,  il  protégea  la 
retraite  de  l'armée  et  la  sauva  des  plus 
grands  désastres  (voir  les  Bulletins  de 
cette  époque,  les  Mémoires  de  Jourdan, 
pag.  136  et  suiv. ,  et  surtout  la  Stratégie 
du  prince  Charles  lui-même).  C'est  vers 
ta  fin  de  cette  campagne  que  le  Direc- 
toire résumait  en  deux  mots  les  éloges 
qu'il  lui  avait  si  souvent  donnés  :  «  La 
république,  lui  écrivait-il,  est  accoutu- 
mée à  voir  triompher  ceux  de  ses  défen- 
seurs qui  vous  obéissent.  » 

Le  Directoire  donna  bientôt  au  gé- 
néral Bemadotte  une  preuve  plus  grande 
de  la  haute  idée  qu'il  avait  de  ses  talens 
militaires  :  il  lui  confia  le  commandement 
de  20,000  hommes  qu'il  voulait  faire 
passer  de  l'armée  de  Sambre-et-Meuse 
à  celle  d'Italie.  Aucun  poste,  aucune 
mission  ne  pouvait  être  pins  agréable  à 
Bemadotte  :  il  désirait  vivement  d'aller 
combattre  sur  Ce  nouveau  théâtre  de  la 
gloire  française  et  sous  les  ordres  d'un 
général  qui,  dès  son  début,  s'était  placé 
parmi  les  pins  grands  capitaines.  Il  était 
loin  de  prévoir  que  ce  général,  alors 
l'objet  de  son  admiration  ,  lui  ferait 
éprouver  plus  tard  cette  longue  série 
d'injustices  auxquelles  il  lui  a  été  si  dif- 
ficile de  ne  pas  succomber. 

Le  prince  Charles,  avec  20,000  hom- 


mes, quitta  l'armée  du  Rhin  pour  passer 
à  celle  d'Italie,  le  même  jour  où  Bema- 
dotte partit  de  Coblentz.  La  route  que 
prit  la  colonne  autrichienne  était  plus 
courte  de  cent  lieues  :  elle  n'arriva  que 
huit  jours  après  celle  de  Bemadotte , 
d*où  il  résulta  que  ces  20,000  Autri- 
chiens ne  purent  être  employés  à  la  ba- 
taille du  Tagliamento,  et  que,  séparés  de 
leur  armée,  ils  furent  pris  en  détail  dans 
les  montagnes  de  la  Carinthie  et  de  la 
Camiole. 

Dès  son  arrivée  à  l'armée  d'Italie,  à 
laquelle  il  s'éuit  Unt  félicité  d'être  en- 
voyé par  le  Directoire,  Bemadotte  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  qu'il  était  sur 
un  théâtre  bien  diflerent  de  celui  où  il 
s'était  élevé  en  combattant  avec  Jourdan, 
Kléber,  Championnet,  Marceau,  LeCeb- 
vre,  etc.  Ces  généraux ,  tous  francs  ré^ 
publicains  comme  lui ,  n'avaient  d'autre 
ambition  que  de  s'illustrer  en  défendant 
la  patrie,  d'autre  pensée  que  le  maintien 
de  ses  lois;  il  se  trouvait  sur  ce  nouveau 
théâtre  avec  des  généraux  non  moins 
valllans,  non  moins  habiles,  mais  chez 
lesquels  il  démêlait  une  ambition  et  des 
sentimens  d'un  autre  genre.  Au  retour 
de  sa  première  entrevue  avec  le  général 
en  chef,  il  fut  curieusement  questionné 
par  les  officiers  qu'il  avait  amenés  de 
l'armée  de  Sambre-et-'Meuse  et  qui  lui 
étaient  tous  dévoués.  «  Il  m'a  fort  bien 
reçu,  leur  dit-il;  mais  j'ai  vu  là  un  homme 
de  26  à  27  ans  qui  veut  avoir  l'air  d'en 
avoir  50 ,  et  cela  ne  me  dit  rien  de  bon 
pour  la  république.  »  De  son  côté  le  gé- 
néral Bonaparte  avait  jugé  Bemadotte  et 
le  caractérisait  avec  cette  originalité  d'ex- 
pression qui  lui  était  si  naturelle  : 
«  C'est,  disait-il,  nne  tête  française  sur  le 
cœur  d'un  Romain.  »  Ainsi,  dès  leurs  pre- 
miers rapports,  leur  regard  pénétrant  les 
avait  fait  se  deriner  l'un  l'autre.  Cest 
dans  la  différence  de  leurs  sentimens,  de 
leurs  opinions,  de  leurs  principes,  qu'il 
faut  reconnaître  la  véritable,  la  seule 
cause  de  cette  lutte  incessante  qui  s'é- 
leva bientôt  entre  ces  deux  personnages. 

Tant  qu'il  convint  à  Bonaparte  de  se 
montrer  républicain  et  de  n'employer 
son  génie  qu'à  combattre  les  ennemis  de 
la  France,  il  n'eut  qti'à  se  louer  de  B^- 
nadotte  (jn'il  trouva  tonjoors  prêt  à  la 


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BEB 


(86$) 


BBR 


Uconder»  Dès  Touverture. de  cette  mé- 
morable campagne  où  ses  victoires  vont 
le  mener  au^  portes  de  Yîeiine,  il  place 
Seroadotte  à  Tavant-garde  de  Tarmée, 
ctap  moment  du  passage duTagliamepto, 
il  Tentend  dire  à  ses  soldats  :  «  Mes  amis, 
n'oubliée  pas  que  vous  sortez  de  Tarmée 
de  3«mbre-et-^eusey  et  que  l'armée  d'I- 
talie vous  regarde.  »  Par  sa  marohe  ra- 
pide, ses  savantes  manœuvra  et  surtout 
par  Tardeur  dont  il  sait  animer  ses  trou- 
pes, le  général  Bernadotte  contribue  au 
succès  de  cette  campagne  en  chassant 
Tannemi  de  Godrolppo,  de  Palma-Nova, 
da  Gradisca,  deGorixja,  et  en  lui  fai* 
saDt,  a  chaque  rencontre,  des  prises  im- 
portantes tant  ao  hommes  qu'en  pièces 
dVtilleHe  et  munitiopsde  guerre.  A.près 
avoir  enlevé  au  prince  Charles  la  lorte* 
resse  de  Gradisca ,  4,000  hommes  d'élile, 
t7  pièces  de  canons  et  8  drapeaux,  il  le 
poursuit  daqs  la  Carniole  jusqu'à  I^ay- 
iKich  dont  U  s'empare,  ainsi  que  des  mi^ 
pead'Idria,  où  il  trouve  pour  $  millions 
dç  métal  ^caisse  et  prêt  à  être  enlevé,  et 
dont  le  général  en  chef  ordonne  la  v^nte 
au  profit  de  l'armée.  Dans  cette  pour- 
suite, il  enlève  encore  1,500  hommes 
l^u  prince  Charles,  Ayant  tout  réglé  dans 
I4  Carniole ,  il  traverse  le  mont  Léoben 
avec  «es  troupes  et  son  artillerie ,  et  re- 
joint le  général  en  chef  à  Léoben  au  mo- 
ment où  va  se  livrer  la  bataille  qui  aura 
pour  résultat  la  signature  des  prélimi- 
paires  de  paix.  Le  général  Bonaparte 
montra  qucil  degré  d'estime  il  avait  alors 
pour  Bernadotte  en  l'appelant^  avec  Ber- 
Ihief  et  Jdasséna,  pour  leur  communiquer 
les  stipula tipos  de  ces  préliminaires  et 
demai^der  leur  avis  avant  de  les  signer  ; 
ils  furent  unanimes  poqr  l'adoption. 

Dans  c^te  mémorable  campagne  le 
général  Bernadotte  avait  souvent  obtenu 
1^  éloges  du  général  eq  chef  (  voir  les 
bulletins  )•  La  Directoire  y  «jouta  les 
siens  en  (ui  écrivant  ;  «  Vous  ave*  prouvé, 
général,  que  vous  vqus  êtes  déjà  rendu 
£smiU«r  ce  nouveau  théâtre  de  la  guerre; 
la  pince  Charles  a  dû  reconnaître  à  Gra- 
disca eelui  dont  il  1^  si  souvent  redouté 
Tsudac*  et  Tbabileté  en  Allemagne  v, 

ftgmaparte,  ramenant  son  ^mée  en 
i^H^}  laUsa  sur  les  frontières  de  l'AUeipa- 
|i^  11^  dÂvMMQs  4((M  il  49^a.  k  fi9ip- 


mandemenl  k  Bernadotte  q^i  admînisCnt 
le  Frioul  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix. 
Pendant  cette  administration  il  eut  occa- 
sion de  montrercombien  lui  était  naturelle 
cette  probité  politique  dont  il  a  donné 
tant  de  preuves  et  dans  laquelle  il  eut  si 
peu  d'imitateurs.  Les  principaux  babi- 
tans  du  Frioul  et  de  l'état  Vénitien  vin- 
rent lui  offrir  de  former,  parmi  leurs 
concitoyens,  des  bataillons  pour  servir 
contre  l'Autriche,  si  les  hostilités  recom- 
mençaient. Bernadotte  sachant  que  leur 
pays  allait  être  cédé  à  l'empereur  d'Al- 
lemagne ,  et  prévoyant  que  ce  zèle  pour 
la  France  leur  pourrait  être  funeste  quand 
ils  seraient  soas  la  domination  autri** 
chienne,  ne  prit  conseil  que  de  sa  loyauté, 
et,  sans  leur  dire  ses  motifs,  il  caln>a  leur 
ardeur  guerrière  et  les  détourna  Âe.leiir 
projet. 

Le  général  en  chef  annonçant  an  Di- 
rectoire qu'il  avait  chargé  le  général  Ber-^ 
nadotte  de  lu]  présenter  des  <lrapeaui( 
pris  sur  les  Autrichiens  ajoutait  :  «  Cejt 
excellent  général, qui  a  fait  sa  réputatioa 
sur  les  rives  du'Bhin,  est  aujourd'hui  un 
des  officiers  les  plus  essentiels  à  la  gloire 
de  l'armée  d'Italie.  Je  vous  prie  de  vou- 
loir bien  le  renvoyer  le  plus  i6t  possible. 
Vous  voyez  dans  le  général  Bernadotta  un 
des  amis  les  plus  solides  de  la  république, 
incapable,par  principes  comme  psr  caracr 
tère,  de  capituler  avec  les  ennemis  de  U 
liberté^  pas  plus  qu'avec  l'honneur.  » 

Après  le  1 8  fructidor>  le  Directoire  en- 
voya Bernadotte  à  l'armée  d'Italie  avec  des 
ordres  et  des  instructions  verbales  pou^ 
|e  général  en  chef.  Ce  fut  au  château  de 
Passeriano  qu'il  alla  le  trouver.  Bonaparte 
s'empressa  de  le  questionner  sur  ce  qu'il 
avait  pu  observer  à  Paris,  et  lui  demanda 
son  avis  sur  la  conduite  qu'il  avait  à  tenir. 
Ne  consultant  que  l'intérêt  de  la  patrie» 
Bernadotte  ne  balança  pas  à  lui  conseiller 
de  faire  la  paix  ;.  il  entra  dans  les  détails 
les  plus  propres  à  lui  en  démontrer  la 
nécessité,  tant  pour  sa  gloire  que  pour 
Tintérét  de  la  république.  «  Quel  est 
l'avis  du  Directoire,  dit  vivem^t  Bo^ 
naparte?  —  Général  vous  mV**  d'a- 
bord demandé  mon  avis  particulier ,  je 
vous  l'ai  dit  avec  franchise  ;  vous  véulex 
maintenant  celui  du  Directore  ;  il  est,  en 


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BBft 


(8U) 


BER, 


toîre  ]D*fl  chargé  très  expressément  de 
vous  engager  à  ne  pas  eéder  Venise ,  à 
tftMivcr  quelque  aiO)co  île  recommencer 
la  guerre  et  à  fonder  partout  ^e$  répu- 
bliques démocraliques ,  oligarchiques, 
théôcratiques  mémey  suivant  les  lieux  et 
Ifs  peuples  que  vous  pourrez  soumettre 
4  vqs  aripe^*  —  Si  je  recommence  U 
gqerre,  reprit  Bonaparte  y  pensent- vouf 
qu^  Ton  me  fournisse  long-temps  (es 
poyeos  4«  la  soutenir  ?  —  Vous  ne  pou- 
Tç*  p^  y  compter;  |a  nation  désire  vive- 
WfBt  If  pi^qu  Vous  ^ves  (orç^  le  chef  de 
Tempère  germanique  à  reconnaîtra  la 
répiihlfque  :  si  au  îjeu  de  remettre  soa 
C^ist^cf  en  problème  en  prolongeant 
1#  gnerre,  on  oherclie  à  VafTermir  par  la 
paix  y  votre  gloire  reste  dans  tout  son 
^dat^mais  ce  «*fst  p^  |e  compte  du  Vi- 
reçtoireà  qifi  le  sentiment  de  sa  faiblesse 
ne  laisse  voir  d'autre  moyen  decçnsenrer 
•çn  fxiste^ce  qu*en  tenant  le  sort  d^  U 
république  daps  Tincertitude  ».  D*après 
ces  considérations,  et  surtout  par  la 
fri^inte  4es  revers  que  Berpadotte  lui 
Oûsa^  epMrevoif ,  Bonaparte  se  décida  à 
ligner  le  traité  de  Can^po-Formio  et  à  le 
porter  lui-même  à  Pw»  pour  observer 
^pelles  étaient  (^  ebances  qui  r^t^i^Qt 
^ésormai^à  fqp  ambitÎQU. 

|>  général  Berna^otte  éUwt  |iUé  r^ 
prepdre  le  compiandement  de  son  corp^ 
qui  foripait  Tarr^ère-garde  de  Farmée. 
Bopapi^rley  parUipt  popr  P^MPia,  alla  lui 
fairç  UQ^  lisite  à^  ^n  quartier-général 
4*Udii^  f  t  pf  le  quitta  qu*à  ptii^uit  après 
Tavpir  coinblé  de  protestations  d'amitié^ 
ipaîs  arrivé  k  ^liUn  pour  régler  le  mçu^ 
Tfpent  dM  trqtipea  qwi  devaient  re«t?r 
en  luli^  ou  r^ptrer  en  France  »  il  ôtf^  à 
llçr^adiQtt^  \^  n^CMtié  de  cf  Mes  qu'il  avait 
ipifnées  d^  bards  du  (Lbin  et  to^ipprs 
conservées  sous  s<m  c^mmanderoent»  et 
M  prefiorivit  de  retourner  e<^  France 
î^teç  le  reste. 

Ce  procédé,  dopt  B^rnad<it^e  fut  trè^ 
fiécontent»  reporta  #es  pensées  sur  ce 
qy'ii  i^v^  qbservé  à  Paris,  sur  la  part 
que  Bopapaptq  Avait  priie  au  coup  d'étet 
#U  li^  frpctidpr  en  (aisant  signer  aui( 
44v^onf  <f e  apn  armés  dee  adresses  auv 
qpelles  lui  sful»  Bernadolle»  avait  refusé 
^  s^Mffcriire;  il  réflécUit  sunqpt  i  la  cppr 
imatîqn.  ^aiiUY^^  «VA  jçéçepmeai  rm 


le  comte  de  Meerfeld,  plénipot^tialre  d^ 
signé  au  congrès  de  Ra&fadt  avec  Cobep* 
txely  Engelmann  et  Gallo,  conversatioii 
dans  laquelle  il  a%ait  cru  démêler  quç. 
rAutricbe  ne  comptait  pas  siir  une  Ion* 
gue  paix  et  qu*il  y  avait  quelques  pointa 
secrets  arrêtés  entre  Bonaparte  ^  Co- 
bentzel  pour  le  renverseipent^M  gouver- 
nement républicain.  Ia  résultat  de  ses 
réflexions  (ut  qu'il  devait  chercber  à  Kr- 
vir  sa  patrie,  sans  avoir  à  marcher  sur  ce 
terrain  d'intrigues  et  de  factions  popr  l^ 
quel  il  éuit  si  peu  fait.  Ceat  d^s  ce  but 
qu'il  écrivit  au  Directoire  pour  |ui  d^ 
ipander  un  commandement  aux  i|e^  d« 
France,  de  la  Béunien,  dans  l'Inde  o« 
dans  les  nouvelles  possessions  acquî^ef 
par  le  traité  de  paix  daps  la  mer  Ionienne^ 
3i  le  gouvernement  Q^  pouvait  lui  aq- 
corder  un  de  ces  commandemens,  il  sol^^ 
licitait  de  l'emploi  dans  l'armée  du  Por- 
tugal, ou  enfin  sa  retraite.  A  La  mi^me 
date  (Trévise,  8  frimaire  an  VI),  il  écrit 
au  général  Bonaparte»  lui  donne  copie  de 
sa  lettre  au  Directoire,  lui  recommande 
deux  de  ses  aides-de-cemp  si  la  retraite 
lui  est  accordée,  et  tern^ine  sa  lettre  eu 
disant;  n  Quoique  j'aie  à  me  plaindre 
de  vous,  je  m'en  séparerai  sans  cesser 
d'avoir  pour  vos  talens  la  pltfs  grande 
estime.  «  Le  28  du  même  mois,  le  prési-r 
dent  Barras  lui  répond:  «I^  Directoire 
exécutif,  citoyen  généra),  a  reçu  votre 
letUe  datée  de  Trévise ,  ^  frimaire  ;  i) 
vous  destinait  à  commander  une  des  4'* 
visions  de  l'aripée  d*Àpgleterre  ;  mais  s^ 
des  raisons,  qu'il  ne  peut  prévoir»  vous 
faisaient  préférer  1^  commandement  mi- 
litaire de  Corcytce,  d'Itbaque  et  de  la  mef 
Egée,  le  Directoire  vous  le  contrait 
avec  plaisir*  Il  attend  votre  réponse,  ^^ 
Le  même  jour,  418  frimaire,  le  général 
Bonaparte  lui  écrit:  «Le  Directoire  exé- 
cutif, à  ce  qu'il  m'a  assuré»  s'empressera 
de  ?aisir  toutes  les  occasiopf  de  ùire  ce 

qui  pourra  vqus  convenir.  l\  e  décidé 
qu'il  ^us  laisserait  le  choix  ^e  prendre 
Iç  commaivlemeut  des  |les  lopietinee  qu 
une  divisicMP  de  IV^ée  ^'^ïP^leterre  qui 
sera  augmentée  des  troupea  que  vpus 
avie^  à  l'armée  de  Saml)re->et-lf  e^ae,  ou 
même  une  diviaiop  territoriale,  U  17% 
par  e^empl»  CP«^ri*  ep  é^M  le  çhff-tlicu). 


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BER 


^  pureté  de  vos  principes,  de  la  loyauté 
de  votre  caractère  et  des  taletts  militaires 
que  vous  avec  développés  pendant  le 
temps  que  nous  avons  servi  ensemble. 
Vous  seriez  injuste  si  vous  pouviez  en 
douter  un  instant  Dans  toutes  les  cir- 
constances ,  Je  compterai  sur  votre  es- 
time et  sur  votr^e  amitié.  » 

Peu  de  temps  après,  le  Directoire,  plus 
content  que  fâché  de  savoir  que  Berna- 
dotte  ne  voulait  plus  servir  sous  les  or- 
dres de  Bonaparte,  et  voulant  se  ratta- 
cher pour  affaiblir  les  prétentions  de 
celui-ci,  lui  donna  le  commandement  de 
Tarmée  d*Italie  qu'on  avait  laissé  à  Ber- 
thier  par  intérim.  Le  général,  se  rendant 
à  son  nouveau  poste,  reçut  à  Vérone  une 
lettre  de  Bonaparte  qui  lui  disait  :  «  J'au- 
rais fort  désiré  vous  «voir  avec  moi  en 
Angleterre;  mais  il  parait  que  le  gouver- 
nement croit  votre  présence  nécessaire 
pour  cx>mmander  Tltalie.  Ce  poste  est  Si 
essentiel,  que  j'aurais  mauvaise  grâce  à  y 
résister.  Vous  servirez  la  république  en 
éclairant  la  marche  des  nouveaux  répu- 
blicains d'Italie.  Groyez  que,  dans  toutes 
les  circonstances,  je  vous  donnerai  des 
preuves  de  restline  que  vous  m'avez 
inspirée.  »  Bemadotte  reçut  encore,  près 
de  Peschiera,  un  courrier  de  Berthier  qui 
le  pressait  de  se  rendre  en  tonte  hâte  à 
Milan  ;  mais  lorsqu'à  son  arrivée  il  croyait 
recevoir  de  lui  je  commandement  de 
l'armée,  Berthier  lui  remit  un  ordre  du 
Directoire  qui  >nommait  Bemadotte  à 
l'ambassade  de  Vienne.  On  peut  juger  de 
sa  surprise.  Avec  sa  convicdon  sur  les 
conventions  secrètes  entre  Bonaparte  et 
Cobentzel  et  sur  le  peu  de  durée  qu'au- 
rait la  paix  signée  à  Campo-Formio ,  le 
général  Bemadotte  n'avait  pas  besoin  de 
la  sagacité  dont  il  a  donné  tant  de  preu- 
ves pour  reconnaître  dans  ce  change- 
ment de  destination  l'influence  de  Bo- 
naparte et  le  r61e  qu'il  voulait  lui  faire 
jouer;  et  comme  ce  rôle  ne  lui  convenait 
ious  aucun  rapport,  il  refusa  la  miS'- 
sion.  Mais  Berthier  lui  fit  observer  que 
son  refus  alfait  contrarier  les  vues  du 
gouvernement.  «Le  Directoire,  lui  dit-il, 
^e  donne  l'ordre  de  marcher  sur  Rome 
pour  demander  réparation  de  l'attentat 
où  Dnphdt  a  péri.  Il  a  pensé  qu'il  fallait 
«nvoyer  à  yi«nne  un  homme  assez  !•- 


(S«4  ) 


BER 


fluent  pour  fiiire  entendre  à  ce  cabinet 
que  notre  marche  n'a  pour  but  que  cette 
réparation  et  nullement  de  renverser  te 
gouvernement  papal.  Vous  trouverez  des 
instructions  dans  ce  sens  à  Vienne.  Si 
vous  refusez  d'y  aller,  vous  me  forcez  à 
suspendre  mon  départ  et  à  attendre  de 
nouveaux  ordres.  »  Bemadotte,  voyant 
une  trop  grande  responsabilité  à  retarder 
le  départ  de  Berthier,  ae  décida  à  piartir 
pour  Vienne,  où  sa  loyauté  connue  lui 
valut  un  accueil  très  distingué  et  lui  ren- 
dit facile  l'exécution  des  ordres  du  Di- 
rectoire. Mais  on  apprit  bientôt  que 
Brune  s'était  emparé  de  Berne  et  que 
Berthier  avait  proclamé  la  république  ro- 
maine en  invoquant  les  mânes  de  Pompée 
et  de  Caton. 

A  la  vue  dé  ces  violations  faites  au 
traité  de  Campo-Formio,  sans  que  l'em- 
pereur d'Allemagne,  protecteur  du  gou- 
vernement papal,  y  mit  aucun  obsta- 
cle, le  général  ambassadeur  redoubla  de 
prudence  et  de  circonspection  pour  qne 
du  moins  sa  loyauté  personnelle  ne  fût 
pas  compromise.  Cependant  on  vit  pa- 
raître dans  les  journaux,  que  l'on  sa- 
vait être  sous  l'influence  de  Bonaparte, 
divers  articles  où  l'on  rappelait,  tantôt 
les  querelles  qui  avaient  eu  lieu  entre  les 
officiers  de  Bemadotte,  qu'on  appelait 
l'état-major  des  messieurs j  et  ceux  de 
Masséna  bien  autrement  qualifiés  ;  tantôt, 
le  refus  qu'avait  fait  Bemadotte  de  per* 
mettre  à  son  corps  d'armée  de  délibérer 
sur  les  adresses  au  Directoire  à  Fépoque 
du  18  fruetidor;  et,  pour  donner  plus 
d'importance  à  ces  faits  antérieurs,  on 
assurait  que  les  officiers  et  la  suite  du  gé- 
néral ambassadeur  ne  portaient  la  co- 
carde tricolore  que  dans  l'intérieur  de 
l'hôtel;  et  qu'on  ne  devait  pas  en  être 
surpris,  quand  on  se  rappelait  la  con- 
descendance que  Bemadotte  avait  mon*^ 
trée  pour  le  cabinet  de  Vienne  après  les 
préliminaires  de  Léoben  et  à  des  époques 
antérieures.  Le  Directoire  transmet  à 
l'ambassadeur  le  journal  qui  contenait  ce 
dernier  article,  lui  dit  qu'il  ne  peut  croire 
qu'un  général  qui  a  si  bien  servi  I9  France 
8OU8  le  drapeau  tricolore  ait  pu  donner 
lieu  à  une  teHe  accusation,  et  lui  or- 
donne de  faire  distinguer  son  hôtel  par 
les  couleurs  nationalee,  s'il  ne  l'a  déjà 


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BEB 


(865) 


BËH 


ùût  Conformément  à  icet  ordre ,  le  se^ 
créuire  de  légation  fait  peindre  Téensaon 
de  la  république  où  figuraient  des  dra- 
peaux tricolores  9  et  le  placement  de  cet 
écuaton  sur  la  porte  de  Thètel  de  Tam- 
bnaade  devient  le  signal  d'une  émeute 
oà  9  sans  son  imperturbable  bravoure  et 
celle  de  ses  officiers,  Tàmbassadeur  de- 
vait avoir  le  même  sort  que  te  général 
Dnpbot  à  Rome. 

Bemadotte  comprit  alors  quel  avait  été 
le  vrai  but  de  Tordre  qu'on  lui  avait  don- 
n^  il  ne  douta  pas  qu'on  n^  voulût  entraî- 
ner le  cabinet  d'AÛtriebe  dans  une  nou- 
velle guerre;  néanmoins  il  parla,  dans  son 
rapport,  avec  beaucoup  de  respect  de  l'em- 
pereur et  de  manière  à  porter  le  Directoi- 
re à  se  contenter  d'une  réparation  conve- 
nable,sans  rompre  la  paiz.Bonapârte,per- 
dant  Tespoirde  rallumer  la  guerre,  voyant 
que  le  Directoire  ne  songeait  qu'à  l'éloi- 
gner de  la  capitale  par  l'offre  chaque 
jour  renouvelée  de  tel  ou  tel  commande- 
ment, et  qu'enfio,  k  la  menace  qu'il  avait 
faite  de  sa  démission,  le  directeur  Rewbel 
s'était  empressé  de  lui  présenter  la  plume, 
dut  se  résoudre  à  dissimuler  encore  et 
se  décida  à  proposer,  ou  peut-être  seu- 
lement à  accepter,  l'expédition  d'Egypte. 

Bemadotte  ne  put  voir  sans  douleur 
avec  quelle  facilité  le  gouvernement  se 
prétait  à  une  expédition  si  intempestive. 
H  prévoyait,  il  anoonçait  les  revers  aux- 
quek  la  France  allait  être  exposée  par 
l'absence  de  40,000  hommes,  l'élite  de 
nos  braves,  et  d'un  immense  ,matériel. 
k  ces  pressentimens  vinrent  se  joindre 
les  profonds  chagrins  que  lui  donnait  un 
goufernemeot  tout  occupé  d'inUrigues  et 
de  factions,  lui  demandant  sans  cesse  ses 
avis  pour  la  direction  des  armées  et  n'en 
tenant  aucun  compte;  l'appelant  tantôt 
an  commandement  de  l'armée  d'Italie, 
tantôt  à  celui  de  l'armée  d'observation, 
sans  jamais  lui  donner  les  moyens  d'agir. 

Cependant  l'éUt  déplorable  où  la  ré- 
publique était  déjà  tombée  empirait  en- 
core par  l'esprit  de  faction  qui  se  mon- 
Urait  tous  les  jours  avec  plus  de  violence 
au  sein  du  Directoire,  dans  les  conseils 
et  jusque  dans  les  corps  électoraux.  Cette 
crise,  qui  menaçait  la  république  d'une 
dissolution  immédiate,  se  termina,  le  30 
prairial,  par  rélimioation  dé  trois  mem- 


bres du  Directoire  et  par  le  renouvelle^ 
ment  des  deux  conseils.  Mais  pendant  ces 
dissensions  et  cette  espèce  d'anarchie, 
nos  armées,  depuis  six  mois  sans  solde, 
dans  le  plus  absolu  dénuement  d'armes, 
d'habitsetd'équipement,plus  découragées 
encore  par  la  dirediob  la  plus  incertaine 
qui  les  faisait  incessamment  changer  de  gé- 
néraui,  n'avaient  pu  déployer  qu'un  cou- 
rage inutile  et  n'éprouvaient  que  des  re- 
vers. L'armée  d'Italie  avait  été  forcée 
d'évacuer  le  Mantouan,  la  Cisalpine  et  le 
Piémont;  l'artillerie  était  perdue  ou  prise, 
les  places  fortes  au  pouvoir  de  l'ennemi; 
l'armée,  qui  deux  ans  -auparavant  me- 
naçait Vienne,  s'était  retranchée  sur  les 
Apennins  liguriens ,  sans  munitions , 
sans  vivres  et  consternée.  L'armée  de 
Naples  venait  l'aider  à  reprendre  l'of- 
fensive :  la  bataille  de  la  Trébia  lui  en- 
leva cet  espoir;  la  chaîne  des  Alpes  était 
occii^  par  l'ennemi;  Briançon  devenait 
de  première  ligne;  une  partie  des  dépar- 
temens  des  Hautes -Alpes  et  du  Mont- 
Blanc  était  insultée  et  celui  du  Léman  à 
la  veille  d'être  attaqué;  l'Helvétie  jusqu'à 
Zurich  était  aux  Autrichiens. 

Telle  était  la  position  militaire  et  po- 
litique de  la  France,  quand  le  général 
Bemadotte  fut  appelé  au  ministère  de  la 
guerre,  le  15  messidor  an  VU.  Il  eut  le 
courage  d'accepter.  Comptant  sur  la  va- 
leur des  soldats ,  sur  l'énergie  et  l'expé- 
rience des  généraux  qu'il  connaissait  si 
bien  et  sur  le  patriotisme  des  administra- 
tions civiles,  il  s'occupa  d'abord  de  rani- 
mer leurs  espérances.  A  sa  voix,  la  garde 
nationale  s'organise  avec  un  nouveau  zèle; 
des  légions  se  forment  dans  les  quatre  dé- 
partemens  entre  Rhin  et  Moselle;  des  ba- 
taillons de  vétérans  prennent  la  place  des 
régimensquivontrenforcerceuxauxquelâ 
est  confiée  la  défense  de  nos  frontières; 
notre  cavalerie  s'accroît  d'une  remonte 
de  40,000  chevaux;  cent  mille  conscrits 
habillés,  armés,  équipés,  reçoivent,  aux 
cris  de  :  Vive  la  république!  les  drapeaux 
sous  lesquels  ils  rivaliseront  bientôt  de 
courage  avec  ceux  qu'ils  vont  rejoindre. 

A  ces  beaux  résultata  de  ses  travaux 
administratifs  Bernadette  ajoute  bientôt 
ceux  de  ses  conceptions  stratégiques.  Il 
donne  l'ordre  au  général  en  chef  de  l'ar- 
mée du  Rhin  de  passer  ce  fleuve,  d^in- 


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fiBK 


[iBé) 


ÉËn 


Vésttf  nfîippsbôurg ,  ât  memcer  Ulm 
en  se  portant  «ur  VÈmi.  Ce  mouvement 
avait  ponr  bat  d*abord  de' connaître  avec 
précision  les  progrès  d'un  corps  russe  qui 
ft^àvançait  par  ta  Bavière  et  d*en  prévenir 
les  desseins;  en  second  lieu,  de  menacer 
la  Souabe  et  d*empécher  les  princes  de  la 
rive  gauche  du  Danube  de  fournir  des  se- 
cours à  Tarméè  autrichienne  ;  mais  le  but 
principal  était  de  détermltier  la  marche  du 
prince  Charles  fur  le  Bas-Rhin. et  de  di- 
minuer ainsi  teS  forces  opposées  à  Tarmée 
d'Helvétie.  Il  ordonna  au  général  de  Tar- 
mée  du  Rhih  de  se  retirer  sur  la  rive  gau- 
che aussitôt  que  le  prince  Charles  serait  k 
tme  journée  de  lui,  et  au  général  en  chef 
dé  rarmée  d'Helvétie  de  livrer  bataille, 
àussilôtàprès  le  départ  de  ce  prince*  Cette 
savante  combinaison  eut  tout  le  succès  que 
le  ministre  s'en  était  promis.  Le  prince 
Charles,  craignant  d'avoir  sa  droite  débor- 
dée par  Farmée  du  Bals  -  Rhin ,  quitta 
THelvétie  en  emmenant  25,000  hommes, 
et  dans  ce  moment,  si  bien  calculé  par  le 
ministre,  le  général  Massénâ  livra  la  ba- 
taille de  Zurich  dont  le  succès  fut  très 
heureux  pour  la'France,  car  les  Russes 
battus  se  retirèrent  dans  la  Bohême  et  Ui 
coalition  commença  à  se  diviser. 

X'influence  du  ministre  ne  fut  pas 
âiôîns  heureuse  pour  notre  armée  en 
Hollande.  La  promptitude  des  secours, 
qu'au  moment  de  la  descente  des  Anglais 
et  des  Russes  il  envoya  au  général 
Brune  avec  des  officiers  aguerris,  décida 
le  succès  des  batailles  de  Bergen  et  de 
Kortricum.  Aussi  le  ministre  de  la  guerre 
qui  avait  déjà  succédé  au  général  Berna- 
dotte  eut'-il  la  Joyaulé  de  dire  au  Direc- 
toire, en  lui  présentant  les  drapeaux  en-» 
levés  à  l'ennemi  :  n  Je  ne  puis  m'attrîbuei' 
aucune  part  dans  ces  victoires,  elleS  Oni 
été  préparées  p^  mon  prédécesseur.  » 

On  doit  se  demander  quel  fut  le  mau- 
Tais  génie  qui  priva  la  république  d'un 
ministre  à  qui  deux  mois  et  demi  avaient 
iuni  pour  lui  créer  une  nouvelle  armée 
et  ramener  la  victoii  e  sous  ses  drapeaux. 
Un  des  membres  du  Directoire  de  celte 
époque  a  fait  connaître  avec  quelle  per- 
fidie celui  qui  en  était  alors  président 
avait  préludé ,  par  le  renvoi  de  ce  minis- 
tre,  à  la  destruction  de  la  forme  de  gou- 
vernement qull  avait  fait  serment  de 


maintenir  {toy/Mém,  ée  Gohler,  tome 
r',  p.  88  et  suiv.};  mais  il  ifeu  ft  pas  si« 
gnalé  les  causes  premières  «fti'll  ignorait 
sans  doute  lui-même,  et  êtir  iesqifèlteè 
nous  pouvons  donner  des  nôtiODS  posi- 
tivés d'un  grand  intérêt  ponr  TbiStoIrè 
de  cette  é^oqUe. 

Bemadotte  saViit  parflAitemeât  quels 
étaient  les  desseins  dé  BotiapHrlè  en  par- 
tant pour  l'Egypte.  Il  aurait  pu  dire 
presque  textuellement  comment  Bona- 
parte les  avait  développés  M'-mémeà  ses 
intimes  confidens,  ainsi  que  les  histrae^ 
tions  qu'il  leur  avait  laissées.   Celait 
surtout  polir  rompre  ses  desseins  et  pour 
éviter  qu'on  eàt  besoin  de  Son  reteur^ 
dont  il  savait  quelles  seraierit  iès  sùKeS^ 
que  Berriadotte  avait  accepté  lé  porté* 
feuille  dehi  guerre  et  montré  tant  d'ar- 
deur à  remettre  nos  armées  en  état  de 
reprendre  toffensive.  H  pontah  erofre 
qu'il  Avait  bien  compris  les  sentiArenS  de 
l'armée  et  de  la  France  d'après  la  ma-» 
nière  dont  elles  avaient  répcNtdti  à  sdQ 
appel,  n  croyait  voir  les  mêmes  semi-* 
mens  dans  la  majorité  du  Directoire  et 
des  conseils,  et  ne  pouvait  supporter  VU 
dée  de  voir  retomber  sa  patrie  sous  lé 
pouvoir  d'un  seul  homme,  quel  qu'il  flkt. 
Mais  les  fatales  destinées  de  la  républi- 
que venaient  d'introduire  au  Directbh'é 
un  homme  qir!  n'avait  jamais  approuvé 
la  constitution  de  l'ari  m.  Après  un  hsiet 
long  séjour  à  la  cour  de  Berlin ,  en  qoïk- 
litéd^ambassadeur  de  la  république  fran- 
çaise, Sièyes  Venait  d'êtrenommé  membre 
de  ce  pouvoir  exécutif,  dans  lequel  tt 
avait  refusé  d'entrer  lors  des  premières 
élections.  Il  n'y  avait  rien  de  changé  dans 
Ses  sentimens  ni  dans  ses  opinions;  mai» 
pendant  son  ambassade  tl  avait  entrevit 
les  moyens  de  renverser  cette  coristifa- 
tion  qdi  n'était  pas  son  ocrvrage  et'  en 
avait  jugé  fdCcasion  faVoratbIe.  Sa  pTe*- 
mière  démarche  avdit  dft  être  d'entrer  atr 
Direct  oîre,  et  les  événemem^  Favaietit  si 
bien  servi  l^ù'fl  en  était  non-sculemenf 
membre,  mais  président  Ce  premier  stfo 
ces  obleitu,  il  ne  lui  m'anqaait  pitts  qtier 
de  s'attacher  on  général  a  qui  il  pdt  fkitie 
partager  ses  idées  sur  la  nécessité  dTùoe 
plus  grande  concentration  du  pouvoir  et 
qui  voulût  employer  son  crédit  et  son 
influence  sor  Tannée  poor  loi  serrir  d'ap* 


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ptA.  ttorean,  à  qui  il  4*a<MèM  d*âhard, 
ftfuâa  neltemettt  son  concours  à  toute 
espèce  de  coup  d'état.  La  conduite  que 
Sièyes  voyait  teniràBernadollè  dans  son 
ministère  de  la  guerre  Tent  bientôt  con- 
▼aineu,  non-seulement  qu'il  n'y  avait  pas 
de  confidence  à  lui  faire,  mais  qu'il  Tab- 
lait l'entraver  dans  ses  efforts  qui  ne 
tendaient  qu'à  raffermissement  de  ce 
qu'il  se  proposait  de  détruire.  De  là  ses 
refus  continuels  d'acquiescer  aux  propo- 
sitions du  ministre,  et  ces  débats  qui  de> 
tmrent  si  vifs  que  le  président  ayant  of- 
fert au  ministre  un  commandement  aux 
armées,  celui-ci  fui  avait  répondu  qu'il 
n'en  accepterait  aucun  tant  qu'il  serait 
président,  parce  qu'il  était  tont  de  glace, 
quand  il  faudrait  être  tout  feu  pour  lui 
donner  les  moyens  de  faire  triompher  les 
armées. 

Cependant  les  républicains,  en  grande 
majorité  au  conseil  des  Cinq-Cents,  con- 
naissant les  entraves  que  le  ministre  de 
li  guerre  éprouvait  chaque  jour  de  la 
part  du  Directoire  et  surtout  de  son  pré- 
sident, lui  firent  proposer  leur  concours 
pour  l'en  affranchir.  Quelques  membres 
des  plus  influens  lui  furent  envoyés  pour 
en  combiner  avec  lui  ieâ  moyetas^  maïs 
Ces  moyens  se  réduisaient  toujours  pé- 
cessairement  à  un  nouveau  coup  d'étkt 
Le  Ministre  leui^  dit  que  ce  n'était  point 
par  dei  secousses  concfnuelTes  que  l'on 
parviendrait  à  consolider  la  république; 
qné  le  sang  d'un  million  de  Français  ayant 
cimenté  ce  système  de  gouvernement ,  il 
ne  se  prêterait  jamais  à  ce  qui  tendrait  à 
lé  détruire.  Les  députés  lui  demandèrent 
)é  Secret  sur  leur  démarche  auprès  de 
lai:  il  le  leur  promît  en  exigeant  leur  pa- 
role d'honneur  qu'ils  renonceraient  à 
linir  projet.  Peu  de  jours  après,  Joseph 
BonaparteyparlantàBemadotte,son  beau- 
frère,  d'une  conversation  qu*il  venait  d'a- 
irbir  avec  Barras  sur  l'état  actuel  des 
choses,  lui  dit  combien  ce  directeur  re- 
mettait que  son  frère  ne  fût  pas  en  France; 
ikiais,  ajouta-t-il,  il  peut  arriver  d'un  jour 
à  Pautre.  «  Je  ne  crois  pas  qu'il  s'y  ha- 
sarde, répliqua  Bernadotte:  il  n'a  ni  or- 
dre ni  congé  pour  reparaître  en  France; 
il  sait  à  quoi  Ton  s'expose  quand  on  dé- 
ierte  son  armée.  » 

I^  Bonaparte  >  à  qui  SaGcetti  avait 


«m 

parlé  <fe  ra  annarené  des  dépilléa  atipfèi 
du  ministre  de  la  guerre,  effrsyés  de 
l'ascendant  qu'ils  voyaient  prendre  à 
Bernadotte,  mais  plus  encore  de  la  ré- 
ponse qu'il  venait  de  faire  à  Joseprh,  se 
hâtèrent  d'informer  Barras  et  Sièyes  de 
ces  deux  circonstances,  ayant  soin  de 
taire  la  réponse  que  Bernadotte  avait 
faite  aux  députés.  Sièyes  qui ,  par  Tin- 
termédiahre  du  chargé  d'affaires  de 
Prusse  à  Constantinople,  avait  fait  par- 
venir à  Alexandrie  les  documens  les  phit 
propres  à  porter  Bonaparte  à  reparaître 
en  France,  prit  vivement  l'alarme  sur  la 
démarche  des  députés  auprès  du  minis- 
tre de  la  guerre  et  conclut  qu'il  fallait  se 
hâter  de  lui  rétirer  le  portefeuifle;  et 
certes  il  en  était  temps ,  car  il  est  pro- 
bable que  la  carrière  de  Bonaparte  se  se- 
rait terminée  à  Fréjus,  s'il  y  fât  arrivé 
pendant  le  ministère  d'un  général  qui 
n'aurait  ni  craint  ni  négligé  de  faire  exé- 
cuter les  lois. 

Telles  furent  les  causes  qui  privèrent 
la  république  d'un  ministre  qui  la  ser- 
vait avec  zèle  et  succès.  Vingt-cinq  jours 
après,  Bonaparte  apparut  à  Fréjus;  un 
mois  plus  tard  il  n'y  avait  plus  de  Direc- 
toire, et  Sièyes  était  réduit  à  annoncer 
que  ta  France  avait  un  maître. 

Bernadotte  n'avait  ni  la  mission  ni  le 
pouvoir  de  s'opposer  à  ce  renversement; 
mais  il  eut  le  courage  et  la  probité  de  re- 
fuser hautement  son  concours  :  ^  Général^ 
avait-il  dit  à  Bonaparte,  je  conçois  la 
liberté  autrement  que  vous,  et  votre  plan 
Ta  tue.  Je  ne  suis  que  simple  citoyen^ 
depuis  trois  seitiaines  j'ai  iha  retraite 
comme  militaire,  mais  si  je  reçois  des 
ordres  de  ceux  qui  ont  encore  droit  de 
m'en  donner ,  je  combattrai  toute  ten- 


tative illégale  contre  les  pouvoirs  éta- 
blis ». 

Après  cette  révolution  Bernadotte, 
affranchi  de  ses  sermens  envers  un  pou- 
voir qui  n'avait  pas  osé  se  défendre,  en^ 
vers  la  nation  qui  se  précipitait  vers  la 
servitude ,  ne  vit  aucun  motif  de  refuser 
à  la  patrie  des  services  qu'elle  avait  tou* 
jours  droit  de  réclamer  de  lui.  Mais  il 
sentit  que  la  France  ayant  repris  les  liens 
de  Pobéissance  passive,  il  n'avait  plus 
d'impulsion  à  donner,  mais  seulement 
des  fonctions  à  rempÛr^  sa  loyauté  lui 


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BJÊ» 


(868) 


B£fl 


traça  les  devoirs  de  cette  nouvelle  exis- 
tence. Le  nouveau  chef  de  l'état  con- 
naissait bien  ses  sentimens  et  ses  prin* 
cipes;  mais  il  savait  aussi  qu'il  était  in- 
capable de  trahir  ses  devoirs,  et,  pour  pre- 
mière preuve  de  son  estime,  il  l'appela 
à  son  conseil  d'état.  «  C'est  l'absorber, 
dit  Sièyes  au  sujet  de  cette  nomination, 
mais  c'est  prouver  qu'on  n'ose  pas  l'ou^ 
blier  a.  Cette  observation,  par  laquelle 
Sièges  croyait  mpntrer  son  esprit  fin  et 
pénétrant,  prouvait  seulement  qu'il  n'é- 
tait pas  meilleur  juge  de  Bonaparte  qu'il 
ne  l'avait  été  de  Bemadotte  trois  mois 
auparavant;  car  le  premier,  en  donnant 
au  second  le  commandement  des  dépar- 
temens  de  l'Ouest,  montra  non-seule- 
ment qu'il  n'avait  pas  voulu  l'absorber, 
mais  qu'il  avait  en  lui  la  plus  grande 
confiance. 

Dans  ce  commandement  de  l'Ouest, 
Beniadotte  avait  une<iouble  tâche  à  rem- 
plir :  celle  de  repousser  les  Anglais  dont 
la  flotte,  portant  18,000  hommes  de  dé- 
barquement, menaçait  nos  côtes,  cher- 
chait à  incendier  Brest  et  à  s'emparer  de 
Belle-Isle;  et  celle,  non  moins  impor- 
tante de  prévenir  ou  d'étouffer,  parmi 
leshabitana,  tout  moyen  de  retour  à  la 
guerre  civile.  Les  troupes  dont  il  pouvait 
disposer  n'étaient  pas  nombreuses,  il  ne 
pouvait  les  étendre  sans  danger;  il  faHait 
que  l'activité  suppléât  à  la  faiblesse  du 
nombre.  Il  forma  d'abord  un  camp  au 
centre  de  sa  ligne  de  défense ,  un  autre 
^  Saint-Renaud  pour  couvrir  Brest ,  et 
partagea  le  reste  de  ses  troupes  en  déta- 
chemens  qui  parcouraient  le  pays  en  se 
croisant  sans  cesse.  Ces  prudentes  dis|>o- 
sitions  eurent  tout  le  succès  qu'il  s'en 
était  promis  :  les  Anglais  essayèrent  de 
débarquer  à  Quiberon  et  furent  repous- 
sés même  avant  l'arrivée  de  sa  réserve  ; 
Belle-Isle  et  Brest  furent  préservés  de 
toute  atteinte,  et ,  pendant  les  deux  ans 
que  dura  ce  commandement,  il  ne  put 
se  former  un  seul  rassemblement  qui  ne 
fût  dissipé  dans  les  24  heures.  Dans  la 
partie  civile  et  politique  de  sa  mission , 
son  succès  ne  fut  pas  moins  complet  II 
se  montra  aux  habitans  plus  conciliateur 
que  guerrier,  modéra  le  grand  et  dange- 
reux pouvoir  des  commissions  militaires 
que  le  gouvernement  avait  établies ,  ne 


s'en  servit  que  pour  ['effroi  des  méchaqs 
et  Le  soumit  aux  formes  qui  protègent 
l'innocence.  Tour  à  tour  affable  ou  sé- 
vère, il  parcourait  le  pays ,  prenait  l'avis 
des  administrateurs,  parlait  aux  citoyens, 
les  rassurait,  par  son  langage  franc  et 
persuasif,  sur  les  intentions  du  gouver- 
nement ,  sans  jamais  leur  promettre  au- 
delà  de  ce  qu'ils  en  pouvaient  attendre. 
En  quittant  ce  commfindement,  il  eut  le 
bonheur  d'emporter  les  regrets  des  dif- 
férons partis  qu'il  avait  rapprochés  en  les 
éclairant  sur  les  suites  funestes  de  leurs 
égaremens. 

Deux  ans  ainsi  employés  à  ramener  la 
paix  dans  ces  malheureuses  contrées,  si 
long-temps  humectées  de  sang  et  de  lar- 
mes par  les  horreurs  de  la  guerre  civile, 
étaient  pour  Bemadotte  une  gloire  plus 
pure  que  celle  qu'il  aurait  pu  acquérir^ 
dans  le  même  temps,  sur  des  champs  de 
bataille.  C'était  le  dernier  des  services 
qu'il  pouvait  se  glorifier  d'avoir  rendus 
à  la  république;  il  voyait  bien  qu'elle 
était  expirante  et  que  son  premier  con- 
sul ne  larderait  pas  à  lui  créer  et  faire 
subir  une  nouvelle  dynastie. 

Dès  le  commencement  de  cette  ère 
nouvelle,  Bemadotte  parait  parmi  les 
maréchaux  de  l'empire.  C'est  bien  au 
sujet  de  cette  nomination  que  Sièyes  au- 
rait pu  dire,  avec  plus  d'à-propos  et  de 
justesse,  qufon  n'avait  pas  osé  l'oublier; 
car  l'empereur  était  alors  assez  puissant 
pour  pouvoir  se  passer  des  services  de 
Bemadotte  et  lui  montrer  son  mécon- 
tentement sur  cette  proclamation  à  l'ar- 
mée de  l'Ouest  où  il  avait  dit  à  ses  frères 
d'armes  :  «  Que  ceux  d'entre  vous  qui  vont 
rejoindre  leurs  familles  donnent  à  leurs 
concitoyens  l'exemple  de^  vertus  civiles  ; 
ce  sont  elles  qui  ont  enfanté  nos  prodi- 
ges militaires.  La  paix  vous  rend  à  une 
vie  plus  douce  :  jouissez  dfins  le  repos  du 
souvenir  dé  vos  triomphes  et  ne  perdez 
jamais  de  vue  que  l'amour  de  la  liberté 
vous  a  conduits.  Vous  pouvez  conserver 
votre  gloire,  il  est  difficile  que  vous  puis- 
siez jamais  l'augmenter  ».  L'empereur 
ne  pensa  pas  que  des  griefs,  uniquement 
fondés  sur  une  diversité  de  sentiment  et 
d'opinion,  dussent  faire  oublier  Tillustra- 
tion  que  Bemadotte  s'était  acquise;  il 
l'admit  donc  parmi  les  maréchaux  de 


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BER 


(369) 


BER 


l'empire;  mais,  pour  qu'il  n'eût  plus  oc- 
casion de  parler  de  liberté  et  de  civisme 
eo  France ,  il  l'envoya  gouverner  le  Ha- 
novre. 

Bemadotte  accepta  ce  gouvernement 
comme  une  faveur  ;  car  il  n'était  pas  plus 
jaloux  de  rester  en  France  que  l'empe- 
reur de  l'y  garder.  Dès  son  arrivée  à 
Hanovre,  il  mit  ses  soins  à  bien  connaître 
le  paysy  l'esprit ,  les  mœurs  de  ses  habi^ 
tans  y  ainsi  que  leurs  ressources.  Par  la 
discipline  qu'il  sut  maintenir  dans  l'ar- 
mée ^  par  la  manière  dont  il  ménagea  les 
rmsources  du  pays,  et  par  sa  sollicitude 
constante  à  pourvoir  aux  besoins  de  tous, 
il  se  fit  également  chérir  des  habitans  et 
de  l'armée.  Il  laissa  dans  le  cœur  des 
Hanovriens  des  souvenirs  qui  n'ont  pas 
été  stériles  ;  et  au  premier  appel  de  l'em- 
pereur pour  la  mémorable  campagne  de 
1805,  il  lui  amena  ce  beau  corps  de 
troupes  parfaitement  exercées  et  équi- 
pées, dont  l'empereur  fit  le  premier  corps 
de  la  grande  armée. 

En  quittant  le  Hanovre,  Bemadotte 
se  porte  rapidement  sur  Wûrtzbourg  où 
s'était  retiré  l'électeur  de  Bavière;  il  ra- 
masse à  la  hâte  les  troupes  bavaroises 
dispersées  par  l'invasion  de  l'armée  au- 
trichienne, les  réunit  à  ses  divisions 
françafses,  marche  sur  Munich,  et  réta- 
blit l'électeur  dans  sa  capitale.  Dès  le 
lendemain  il  pousse  son  avant-garde  sur 
lion ,  tient  en  échec  l'armée  russe  qui 
arrivait  au  secours  des  Autrichiens,  fait 
1,500  prisonniers,  prend  30  pièces  de 
canon,  et  contribue  par  cette  manœuvre 
à  la  chute  d'IJIm  qui  décida  du  sort  de 
la  campagne.  Appelé  par  l'empereur  sur 
le  terrain  où  il  avait  décidé  de  livrer  ba- 
Uille,  Bernadette  part  d'Iglau  avec  son 
corps  d'armée,  fait  28  lieues  en  36  heu- 
res, arrive  en  avant  de  Brûnn  et  prend 
le  rang  qui  lui  est  assigné  dans  cette  su- 
perbe ligne  qui  n'attend  plus  que  le  si- 
gnal pour  se  lancer  sur  l'ennemi.  Avant 
de  donner  ce  signal ,  l'empereur  fait  sa 
dernière  inspection  ;  arrivé  devant  l'ar- 
mée d'Hanovre  :  «  Sou  venez- vous ,  dit- 
il,  que  vous  êtes  le  premier  corps  de  la 
graude  armée  ».  Et  ce  corps  contribua 
puissamment  au  gain  de  la  bataille  en 
enfonçant  le  centre  de  l'armée  ennemie. 
Après  la  paix  de  Presbourg,  le  ma- 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  111. 


récfaal  B^nadolte,  maintenant  duc  et 
prince  souverain  de  Ponte -G)rvo,  va 
occuper  avec  son  corps  d'armée  le  pays 
d'Anspach ,  que  l'empereur  l'a  chargé  de  ^ 
recevoir  du  roi  de  Prusse,  pour  le  re- 
mettre au  roi  de  Bavière. 

Cette    principauté   de    Ponte -Corvo. 
(vox.)y  qu'il  recevait  pour  récompense 
de  ses  services  à  Hanovre,  dans  cette 
campagne  de  cent  jours,  et  surtout  à 
Austerlitz,  disait  sentir  à  Bemadotte , 
combien  les  temps  étaient  changés.  Il 
voyait  bien  encore  dans  nos  armées  k , 
même  ardeur,  un  égal  courage,  et  même  . 
nne  meilleure  discipline;  mais  quelle  dif- . 
férence  dans  le  but  de  la  guerre  et  dans 
les  résuluts  de  la  victoire!  quelle  diffé^ . 
rence  surtout  dans  l'esprit  et  les  senti-* 
mens  dont  les  généraux  étaient  animés  ! 
Quand  on  ne  combattait  que  pour  la  pa- 
trie, pour  assurer  son  indépendance  en 
repoussant  l'ennemi  qui  voulait  l'asser- 
vir, les  guerriers  qui  guidaient  nos  pha^ 
langes  ne  rivalisaient  entre  eux  que  de , 
talens  et  de  bravoure;  les  récompenses  > 
auxquelles  ils  pouvaient  aspirer  se  bor- 
naient à  un  avancement  en  grade,  et^ 
pour  les  grands  succès,  à  une  déclara-, 
tion  solennelle  «  qu'ils  avaient  bien  mé- 
rité de  la  patrie,  »  De  telles  récompen-. 
ses  excitaient  leur  émulation,  mais  jamais 
leur  envie;  rien  ne  pouvait  affaiblir  en- 
tre eux  cette  confraternité  d'armes  qui,  les 
portant  au  même  but,  en  faisait  des  hé^ 
ros.  Maintenant,  on  voyait  qu'il  s'agis- 
sait toujours  bien  de  combattre  et  de 
vaincre  ;  mais  la  victoire  ayant  pour  ré- 
sultat une  distribution  de  trônes  et  de 
principautés,  les  généraux  avaient  bien- 
tôt compris  que ,  pour  avoir  meilleure 
part  à  la  dépouille  des  vaincus ,  les  qua- 
lités du  guerrier  seraient  insuffisantes,  s'ils 
n'y  joignaient  celles  du  courtisan.  Ber- 
nadette eut  le  pressentiment  de  tout  ce. 
que  ce  funeste  système  avait  de  dange-, 
reux  et  de  menaçant,  non -seulement 
pour  lui ,  mais  pour  la  France  ;  et  ses, 
pressentimens  ne  furent  que  trop  con- 
firmés par  le  développement  de  ces  pas- 
sions   haineuses,  rongeantes,  dont  on 
avait  si  abondamment  répandu  les  ger- 
mes, n  en  vit  résulter  pour  lui  ce  tissu, 
de  fausses  imputations  et  de  calomnies 
dont  on  paya  ses  plus  belles  actions  dans 

24 


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BÊR  (370) 

l<t  eattipagnes  suhrantes  (Knimbourg, 
Wagranft);  mais  la  France  et  Napoléon 
luî-ujiéme  eo  recueillireol  pkis  tard  des 
fruits  bien  plus  amers. 

Dos  Touv^rture  de  la  campagne  (oc- 
tobre 1806;,  le  maréchal  Bernadotte 
commence  par  battre,  à  Schlettz,  Tavant- 
garde  de  Fermée  prussienne  et  donne  à 
l'empereur  les  renseignemens  les  plus 
préois  sur  la  position  des  divers  corp^  de 
cette  armée.  D'après  la  certitude  qu'il 
sVn  est  acquise,  il  accourt  au  quartier 
da  maréchal  l>ii?oust  et  le  prévient  qu'il 
aura  devant  hit  des  forces  bien  supé- 
rieures à  celles  que  le  major-général  lui 
avait  annoncées;  il  lui  offre  de  faire  une 
marche  de  nuit  pour  les  attaquer  dès  le 
point  du  jour,  s'il  veut  le  soutenir.  Da- 
vovst  refuse  et  persiste  à  se  tenir  dans 
son  déhlé  de  Kccsen  :  Bernadotte  se  re- 
tire, et,  se  conformant  aux  ordres  qu'il 
a  reçus,'  il  se  concerte  avec  Murât  pour 
aHer  pendant  la  nuit  couvrir  les  hau- 
téUrs-qui  menaçaient  le  corps  du  maré- 
chal'Davoust.  Par  cette  manœuvre  ils 
arrêtent  8  à  10  mille  hommes  de  la  ca- 
valerie prussienne  qui  allaient  tomber  stnr 
Davoust  et  changer  sa  défense  en  déroute 
funeste.  Par  sa  dépêche  de  ce  jour-là 
même  (14  oct,  11  heures  du  soir),  le 
maréchal  Bernadotte  rend  compte  direc- 
tement à  l'emperenr  du  mouvement  qu'il 
a  fait  de  concert  avec  Murât  et  du  suc- 
cès qu'ils  ont  obtenu.  Dès  le  lendemain 
le  niajor-général  lui  écrit  d'Iéna  (15  oct., 
10  heures  du  malin)  :  «  Que  l'aide-de- 
camp  du  maréchal  Davoust ,  porteur  de 
c«ttef  lettre,  l'informera  de  ce  qui  est  ar- 
rivé la  veille  ;  que  l'empereur  le  laisse 
libre  de  manoenvrcr  suivant  que  les  cir- 
conitances  le  lui  Inspireront;  qu'il  lui 
demande  de  poursuivre  vivement  l'en- 
nemi et  dé  lui  faire  le  pluà  de  mal  possi- 
ble, et  lui  recommande  seulement  de  se 
tenir  le  phrs  f^rès  possible  de  Nauitibourg, 
pour  qu'aUsàitôt  que  le  mouvement  sur 
lequel  Davoust  n'a  pu  donner  due  des 
indices  vagues  sera  bien  connu ,  le  pre- 
mier corps  soit  prêt  à  se  porter  sur  l'Elbe 
et  sur  Berlin.  » 

Bernadotte,  profitant  de  la  liberté 
i^u'on  laisse  à  ses  mouvemens,  fait  une 
marche  de  nuit  et  se  présente  à  l'im- 
proviste  aux  portes  de  Halle  où  11  sait  que 


BEA 


les  réterves  de  l'armée  pruaiienne  ont  ea 
ordre  de  se  réunir.  Il  y  entre  de  vive 
forc^,  en  chasse  le  prince  de  Wurtem- 
berg ,  qui  se  réfugie  avec  ses  troupes  sur 
les  hauteurs  derrière  la  vHIe ,  d'où  Ber- 
nadotte le  force  encore  à  la  retraite.  Ses 
mouvemens  sont  si  impétueux ,  si  rapi- 
des ,  que ,  tandis  que  sa  première  divi- 
sion poursuivait  l'ennemi  en  avant  de 
Halle ,  la  3*  division ,  en  arrière  de  la 
ville,  faisait  mettre  bas  les  armes  à  des 
régimens  prussiens,  arrivés  trop  tard  au 
rendez-vous  qu'on  leur  avait  donné.  Maî- 
tre du  seul  point  où  les  corps  épars  de 
l'armée  ennemie  pouvaient  se  joindre  à 
leur  réserve,  leur  ayant  fait  7  mille  pri- 
sonniers, enlevé  36  pièces  de  canon  ^ 
Bernadotte  arrive  à  minuit  au  quartier- 
général  de  l'empereur  qui  le  comble  d'é- 
loges sur  cette  brillante  affaire.  Mais  son 
ancien  ami,  le  maréchal  Lefebvre,  kii  dit 
combien  ce  succès  avait  excité  de  jalou- 
sie parmi  les  favoris;  <t  Je  doute,  ajouta- 
«  t-il ,  que  l'empereur  lui-même  soit  bien 
«  content  que  l'on  apprenne  qu'avec 
«moins  de  15  mille  hommes  tu  as  si 
«  prompt ement  dispersé  cette  réserve 
«  contre  laquelle  son  bulletin  du  15  an- 
(t  nonçait  que  nous  allions  marcher  avec 
«  60  mille.  »  —  n  J'aurai  donc  trop  bien 
fait,  lui  répondit  Bernadotte  en  riant; 
je  connais  bien  leurs  sentimens  à  mon 
égard ,  mais  ils  ne  m'empêcheront  paa 
d'être  toujours  ce  que  nous  étions  à  l'ar- 
mée du  Rhin.  » 

Quelques  heures  après,  Bernadotte  se 
meta  la  poursuite  de  Blôcher,  qui  a 
passé  l'Eme  avec  différens  corps  qu'il 
était  parvenu  a  rallier.  Il  l'atteint  plu- 
sieurs fois  et  lui  offre  le  combat;  mais 
Btûcher,  malgré  la  supériorité  numéri* 
que  de  ses  troupes,  bat  en  retraite  jus- 
qu'à Lubeck  où  il  s'enfei^me.  Bernadotte, 
arrivant  sur  ses  pas,  commence  aussiiôt 
l'attaque,  emporte  d'assaut  le  Burgthor 
(porte  du  château),  défendu  par  une 
formidable  artillerie,  chasse  les  Prus- 
siens de  rue  en  rue,  et  les  poursuit 
jusqu'au  village  de  Ralkau  où  Blûcher 
est  réduit  à  capituler.  Le  prince  de 
Ponte  -  Corvp  envoie  64  drapeaux  à 
l'empereur,  qui  lui  écrit  de  Berlin,  13 
nov.  :  «  Mon  cousin ,  j'ai  reçu  les  dra-« 
«  peaux  que  vous  m'avez  envoyés.  J'ai  va 


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BËR  (i71) 

«  ÉYec  plâîsir  Tactivité  et  les  talens  que 
«  TOUS  avez  déployés  dans  cette  circon- 
<  stance,  et  la  bravoure  distinguée  de  vos 
«  troupes.  Je  vous  en  témoigne  ma  satis- 
«faction  et  vous  pouvez  compter  sur 
€  ma  reconnaissance.  » 

Après  quelques  jours  de  repos  donnés 
à  Ses  troupes,  le  maréchal  se  dirige  vers 
la  Yistule  et  passe  ce  fleuve  à  lliom. 
L'empereur  lui  confie  le  commandement 
de  Taile  gauche  de  la  grande  armée, 
prescrivant  aux  maréchaux  Ney  et  Bes- 
dères  de  concerter  leurs  mouvemens  avec 
hii.  U  commence  par  balayer  toute  la 
plaine  jusqu'à  la  F^ssarge,  prend  posi- 
tion le  long  de  cette  rivière,  étend  sa  li- 
gne jusqu'aux  bords  de  la  Baltique.  L'em- 
^enr  ayant  ordonné  les  quartiers  d'hi- 
Ter,  le  général  russe  conçoit  FespoU*  de 
réparer  par  la  ruse  les  échecs  qu'il  ve- 
nait d'éprouver  à  Pultusk  et  à  Ostro- 
lenka.  Il  dirige  vivement  son  armée  de 
gauche  à  droite ,  ne  laissant  devant  l'em- 
pereur qu'une  ligne  suffisante  pour  mas- 
quer son  ipouvement.  Benningsen  espère 
jpercer  U  ligne  di^  pripce  de  Ponte-Corvo 
qu'il  sait  être  atfaiolie  par  son  extension 
jusqu'à  la  mer,  et  aller  s'emparer  du 
pont  de  Thorn,  tandis  que  l'empereur, 
Avec  la  majeure  partie  de  son  armée,  se 
tient  à  Yarsovie.  Mais  par  son  active  vi- 
gilance  Bernadotte  découvre  le   mou- 


BER 


Tement  du  général  russe  ^  il  voit  quel 
en  est  te  but  et  quel  en  sera  le  résultat 
s'il  pe  se  h$te  de  l'arrêter.  La  nuit  est 
employée  à  réunir,  par  un  mouvement 
général ,  toutes  ses  troupes  vers  le  point 
par  lequel  l'cuneroi  va  se  présenter;  et 
▼ers  midi ,  quand  la  colonne  russe  arrive 
par  la  route  de  Liebstadt,  croyant  n'avoir 
qu'à  enfoncer  une  partie  du  corps  d'ar- 
mée ,  elle  le  trou^ve  eo  bon  ordre  de  ba- 
taille ,  sur  la  plaine  en  avant  de  Mphrup- 
gen.  Après  un  combat  opiniâtre  qui  dura 
jusqu'à  la  nuit ,  les  Russes  furent  repous- 
ses à  deux  lieues  du  champ  de  bataille, 
sur  lequ/el  l'armée  française  passa  la  ivuit 
et  mie  partiç  de  la  journée  suivante.  Le 
maréchal  ne  reprît  son  mouvement  qu'a- 
vec lenteur  pour  couvrir  Thorn  et  atti- 
rer sur  lui  le  géuéral  russe,  en  lui  dis- 
putant le  terrain  pas  à  pas ,  jusqu'à  ce 
que  l'empereur,  par  un  grand  mouve- 
ment, l'eût  fait  renoncer  à  son  projet. 


Dans  cette  résistance,  il  prît  un  obusier 
et  fit  beaucoup  de  prisonniers. 

Le  général  russe  rouvrit  la  campagne, 
le  \jnin,  en  essayant  de  débaucher  par 
Spanden  où  le  maréchal  Bernadotte  avait 
fait  construire  une  tête  cie  pont.  Ce  pont 
fut  attaqué  par  une  forte  colonne  sou* 
tenue  d'une  nombreuse  artillerie.  A^ 
fort  de  Taclion,  le  prince  de  Ponte-Corvo 
fut  atteint  d'une  balle  à  la  tête;  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  commander  jt|squ')t 
ce  que  Tennemi  fût  repoussé  à  plus  d'un« 
liçue  de  distance;  mais  par  les  suites  de 
sa  blessure  il  fut  contramt  de  qi^ilter  ce 
beau  premiei^  corps  qu'i(  avait  formé  lui* 
même,  avec  lequel „  depuis  son  dépari 
de  Hanovre,  il  avait  eu  tant  de  succès,^ 
et  4ont  les  regrets  de  passer  sous  un  au< 
tre  commandement  se  manifestèrent  aus* 
sitôt  avec  franchise. 

Après  la  paix  de  Tilsitt,  Fempereur 
confia  au  maréchal  prince  de  Poute-> 
Corvo,  le  gouvernement  des  villes  an* 
séatiques,  avec  le  commandement  d'une 
armée  composée  de  Français,  d'Espa* 
gnols  et  de  Hollandais,  en  nombre  à^ 
peu  près  égal.  C'est  à  la  tête  de  cette  ar- 
mée que  Bernadotte  devait  marcher,  à 
travers  le  Danemark,  contre  U  SuècUi 
peur  concourir  avec  l'armée  rusae,  qui 
s'avançait  vep.  la  Finlande  i  à  vaincre 
l'obstination  dç  Gustavç  IV  ^  eupeiui  ir-. 
réconciliaUe  de  la  révolution  Crançaise 
et  du  chef  qu'elle  s'était  donqé.  Qui  ku 
eût  dit  qu'i^u  moment  ou,  il  serait  à  U 
veille  de  remplir  cette  mjs^ion  que  Na- 
poléon lui  avait  imposée,  1^  pal^riotisme 
suédois  saurait  la  rendr^  vain,e,,et  qu^> 
bientôt  après,  il  serait  appelé  pac  les  Sué- 
dois eux-méiçes  ppur  raffermir  et  défen-. 
dre  leur  indépendance  fondée  sur  de  meilr 
leures  bases  ?  L'armée  rus^e  occupait  déjà 
la  Finlaode  e^  marchait  sur  Stockholm» 
quand  les  Suédois  eurenjt  ^Pifin  reoQurt, 
au  seul  mqyen  qui  leu^  resMût  pour  q^mi- 
server  leur  exisfenpe  n^UQn^^ljç, 

Instruit  de  ce  qui  vçnai|t  d^  se  passer 
en  Suède,  Iç  1 3  mars,^  le  pri^^ce  de  Ponie^ 
Corvo,  sur  la  demap<le  du  nouveau  gou- 
vernement suédois,  n'hésita  pas  à  ordon- 
ner au  général  Gratien,  son  Lieutenant  en 
Poméranie ,  de  suspendre  toute  hostilité 
et  même  d'accueillir  les  bâtimens  su^ 
dois   que  les  circonstances  pourraient 


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BER 


(87Î) 


BER 


amener  dans  retendue  de  son  commande- 
ment. Il  ne  se  doutait  pas  que  Fempereur 
Toulût  continuer  la  guerre  contre  une  na- 
tion qui  venait  de  prouver  si  énergique- 
ment  qu'elle  était  loin  de  partager  les  ini- 
mitiés de  son  roi  contre  lui;  il  se  croyait 
d*ailleurs  d*antant  plus  fondé  à  accorder 
cet  armistice  à  la  Suède  qu'il  venait 
d'être  appelé  à  Dresde  pour  la  nouvelle 
campagne  qui  allait  s'ouvrir  contre  l'Au- 
triche; mais  l'empereur  l'en  blâma  en  lui 
disant  que,  par  cet  armistice,  il  avait  pa- 
ralysé les  opérations  de  la  Russie  en  Fin- 
lande et  les  projets  dés  Danois  sur  la 
Scanie  :  preuve  certaine  que  l'empereur, 
dans  ses  conventions  avec  Alexandre  et 
le  roi  du  Danemark,  avait  résolu  non- 
seulement  la  chute  de  Gustave  IV  Adol- 
phe, mais  l'extinction  de  la  nationalité 
suédoise. 

Depuis  son  arrivée  ]i Dresde,  vers  la  fin 
de  mars,  Bemadotte  s'attendait  de  jour  en' 
jour  et  d'heure  en  heure  à  recevoir  des 
instructions  sur  l'organisation  de  la  nou- 
Telle  armée  et  surtout  sur  le  nombre  et 
l'état  des  troupes  dont  il  devait  avoir  le 
commandemenL  Ce  ne  fut  que  le  11 
avril  qu'il  reçut  les  premières  dépêches 
du  major-général;  elles  étaient  des  25  et 
36  mars.  Leur  contenu  lui  parut  si  étran- 
ge qu'il  en  écrivit  sur-le-champ  directe- 
ment à  l'empereur.  Après  lui  avoir  ex- 
primé sa  surprise  sur  la  teneur  des  dé- 
pêches du  major-général,  il  lui  disait: 
«  Je  suis  arrivé  à  Dresde  sans  aucune 
instruction.  La  première  lettre  qui  en 
contienne  et  que  les  hasards  de  la  guerre 
pouvaient  me  rendre  si  importante  m'est 
•xpédiée  par  la  poste  et  ne  m'arrive  qu'au 
bo<4it  de  1 6  jours.  Tout  cela,  sire,  me  fait 
trembler  pour  la  suite  de  mes  opérations, 
et  je  me  vois  exposé  à  ce  que  mes  efforts 
soient  continuellement  paralysés  par  une 
force  cachée  dont  il  me  serait  trop  difQ- 
oile  de  triompher.  Je  conjure  Votre  Ma- 
jesté de  m'accorder  ma  retraite  à  moins 
qu'elle  ne  préfère  me  réserver  pour  quel- 
qu'expédition  lointaine,  où  mes  ennemis 
n'aient  plus  d'intérêt  à  me  nuire.  »  Le 
lendemain  12  avril,  il  renouvelle  sa  de- 
mande; il  la  renouvelle  le  15  et  encore 
le  20,  mais  ce  jour-là  même  il  reçoit  la 
lettre  suivante  en  date  d'Ingolstadt,  19 
avril.  «  Mon  cousin,  j'ai  reçu  toutes  vos 


lettres  :  la  guerre  que  j'ai  à  soutenir  est 
de  concert  avec  la  Russie;  vous  êtes  en- 
tré pour  quelque  chose  dans  cette  com- 
binaison. Voyez  donc  une  preuve  de 
mon  estime  et  du  cas  que  je  fais  de  vous 
dans  la  destination  que  je  vous  ai  don- 
née. Je  suis  arrivé  à  l'armée  depuis  deux 
jours,  j'ai  tout  mis  en  mouvement,  et 
j'espère  chasser  bientôt  cette  nuée  d'Au- 
trichiens au-delà  de  l'Inn ,  etc.  » 

Déçu  dans  son  espoir  d'obtenir  sa  re- 
traite, le  maréchal  s'occupe  de  son  com- 
mandement, mais  sans  cesser  de  pres- 
sentir qu'on  finira  par  le  jeter  dans 
quelque  fausse  position.  On  a  mis  sous 
ses  ordres  l'armée  saxonne,  toutes  les 
troupes  du  grand-duché  de  Varsovie  avec 
les  garnisons  de  Dantzig  et  de  Glogau. 
Il  organise  ces  troupes  étrangères  dont 
il  a  bientôt  gagné  la  confiance  et  le  dé- 
vouement, et  les  mène  rejoindre  la  ligne 
des  opérations  de  la  grande  armée  fran- 
çaise dont  il  doit  former  le  9"  corps.  Il 
dirige  sa  marche  de  manière  à  menacer 
la  Bohême,  pour  forcer  l'ennemi  à  y  lais- 
ser des  troupes.  Il  passe  le  Danube  à 
Straubing,  arrive  le  17  mai  à  Lintz  et 
défend  le  passage  de  ce  pont  contre  une 
partie  de  l'armée  autrichienne,  sous  les 
ordres  du  général  G>llowrath ,  qui  cher- 
chait à  s'en  emparer  pour  tourner  l'ar- 
mée française.  Ses  mouvemens  ultérieurs 
le  font  enfin  entrer  en  ligne  à  la  gauche 
de  la  grande  armée  et  sous  les  ordres  im- 
médiats de  l'empereur. 

Suivant  la  direction  qui  lui  est  don- 
née, le  maréchal  marche  à  l'ennemi,  le 
5  juillet,  le  chasse  de  la  première  posi- 
tion où  il  le  rencontre,  s'empare  du  vil- 
lage de  Rachsdorf  et  s'avance  vers 
Deutsch-Wagram.  Pendant  sa  marche , 
il  voit  déboucher  sur  sa  gauche  un  corps 
ennemi  d'environ  8,000  hommes  de  ca- 
valerie; son  chefd'état-major,  le  général 
Gérard ,  à  la  tête  des  hussards  et  des  dra- 
gons saxons,  va  mettre  cette  cavalerie 
ennemie  en  pleine  déroute  et  revient  avec 
500  prisonniers  et  le  drapeau  du  régi- 
ment Chasteler.  Le  général  Savary  vient 
dire  au  maréchal  que  l'empereur  veut 
finir  la  journée  par  un  coup  d^éclat,  que 
la  gauche  de  l'ennemi  va  être  écrasée  et 
qu'il  l'engage  à  marcher  rapidement  pour 
soutenir  l'attaque.  Le  prince  se  hâte  de 


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fiBR 


(878) 


BIR 


réunir  ses  troupes  »  laisse ,  pour  stré* 
serve,  la  division  française  forte  d'envi- 
ron 3,000  hommes,  une  division  saxonne 
restée  à  la  tète  de  pont  et  les  dragons  du 
prince  Jean.  U  se  porte  sur  Deutsch-Wa- 
gram,  fait  attaquer  vivement  par  Ttnfan- 
terie saxonne  qui  s'empare  du  village  et  s'y 
maintient  malgré  la  nuit  contre  tous  les 
efforts  de  l'ennemi  pour  le  reprendre. 
Mais  quand  le  prince,  voyant  ses  Saxons 
exposés  aux  ravages  d'une  nombreuse 
artillerie,  veut  faire  avancer  sa  réserve 
pour  conserver  une  position  dont  il  con- 
naît tonte  l'importance,  il  apprend  qu'il 
n'a  plus  de  réserve  :  on  en  a  disposé  sans 
l'avoir  prévenu!  Il  retire  ses  troupes  de 
ce  village  de  Wagram  que  les  obus  de 
Tennemi  incendiaient  déjà,  et  se  porte  sur 
▲dierkiau. 

Cest  là  que  l'empereur  étant  venu  le 
lendemain  avec  son  état-major,  entre  6 
et  7  heures  du  matin ,  le  prince  de  Ponte- 
Corvo  osa  lui  adresser  des  reproches  sur 
la  destination  donnée  la  veille,  au  mo- 
ment de  l'attaque ,  à  la  division  du  gé- 
néral Dupas  et  à  la  eavalerie  saxonne  j  et 
que,  faisant  appeler  le  général  Dupas  qui 
venait  d'arriver,  il  lui  ordonna  de  dé- 
clarer par  quel  ordre  il  s'était  séparé  de 
son  corps  d'armée,  l'empereur  venant 
d'assurer  qu'il  n'en  avait  pas  donné.  Ce 
général ,  pétrifié  par  un  regard  de  l'em- 
pereur ,  ne  put  que  balbutier  qu'il  n'a- 
vait agi  que  d'après  un  ordre  supérieur. 
Le  prince  de  Ponte-Corvo  reprenant  un 
ton  calme  et  même  respectueux,  dit  à 
l'empereur  :  «  Vous  êtes  trop  élevé ,  sire , 
pour  pouvoir  ni  vouloir  ambitionner  la 
glclre  de  personne;  mais  u'j  acte  de  dé- 
loyauté ou  de  trahison  a  failli  me  faire 
perdre  hier  le  fruit  de  trente  années  de 
bons  services.  Cest  au  courage  de  ces 
intrépides  Saxons ,  à  l'héroïsme  de  leurs 
chefs,  que  je  suis  redevable  de  vous 
avoir  conservé  le  terrain  où  nous  som- 
mes. La  principale  force  de  l'ennemi  est 
là  :  vous  n'avez  eu  hier  devant  vous  que 
très  peu  de  monde;  l'ennemi  n'a  mar 
nceuvré  que  pour  vous  placer  entre  deux 
feux  ;  et  si ,  au  lieu  de  m'enlever  ma  ré- 
serve, on  m'avait  fait  soutenir,  Votre  Ma- 
jesté pouvait  finir  la  journée  par  un  coup 
d'éclat,  comme  elle  m'en  avait  (ait  ié- 
moigfMT  l'intention»  »  L'empereur  était 


si  affecté  qu'il  ne  put  prononcer  que  ces 
mots ,  plusieurs  fois  répétés  :  «  Dans  un 
moment  j'aurai  100,000  hommes.» 

Pendant  cette  journée  du  6 ,  qui ,  par 
les  fautes  de  la  veille,  devint  si  meur- 
trière ,  le  maréchal  Bernadotte  ne  cessa 
de  manœuvrer  et  de  se  porter  sur  les 
points  les  plus  menacés  ;  plusieurs  fois 
il  rétabht  les  affaires  sous  les  yeux  même 
de  l'empereur  qui  lui  prodiguait  les  si* 
gnes  d'approbation;  la  bataille  fut  enfin 
gagnée,  et  l'on  sait  à  quel  prix. 

Mais  pendant  les  deux  jours  suivans  , 
chacun  cherchant  à  se  rendre  compte 
des  causes  qui  avaient  rendu  cette  vic- 
toire si  long- temps  douteuse  et  de  celles 
qui  l'avaient  décidée,  le  prince  de  Ponte- 
Corvo  s'aperçut  que  les  parts  de  gloire 
étaient  fort  mal  distribuées;  et  ne  pouvant 
supporter  que  ses  braves  Saxons  fussent 
privés  de  celle  qu'ils  avaient  si  bien  ac- 
quise, il  crut  devoir  en  consigner  les  titres 
dans  une  proclamation  qu'il  leur  adressa 
de  son  bivouac  d'Enzersdorf  et  dans  le 
compte  très  détaillé  qu'il  en  rendit  au  roi 
de  Saxe,  par  une  lettre  du  même  jour,  9 
juillet,  et  du  même  bivouac.  L'empereur 
avait  supporté  avec  le  plus  grand  calme 
toute  la  véhémence  des  plaintes  que  son 
lieutenant  lui  avait  fait  entendre  dans  la 
matinée  du  6  :  il  avait  encore  besoin  de 
ses  services,  et  ses  plaintes  n'étaient  que 
trop  fondées;  mais,  trois  jours  après  la 
victoire,  se  permettre  un  acte  aussi  grave 
qu'une  proclamation  en  désaccord  avec 
le  bulletin  de  l'empereur!  Le  lieutenant 
ne  pouvait  mieux  s'y  prendre  pour  obte- 
nir ,  ce  Jour-là  môme ,  le  congé  dont  il 
avait  si  souvent  fait  la  demande  deux 
mois  auparavant,  et  même  la  veille ,  après 
la  bataille. 

Cependant  le  maréchal  prince  de 
Ponte-Corvo  ne  jouit  pas  long-temps  du 
repos  qu'il  était  venu  goûter  à  Paris  et 
que  les  courtisans  appelaient  sa  disgrâce. 
Le  conseil  de  gouvernement  que  l'empe- 
reur avait  institué,  suivant  son  usage 
quand  il  quittait  la  capitale,  venait  d'ap- 
prendre que  lord  Chatam,  débarqué  à 
î'ile  de  Walcherep ,  s'était  déjà  emparé 
de  Middelbourg,  de  Tervem ,  du  fort  de 
Batz,  et  se  portait  sur  Flessingue.  Juste- 
.  ment  alarmé  des  progrès  de  cette  expé;- 
dition  y  ce  conseil  n'hésita  pat  à  profiter 


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(m) 


BER: 


de  la  présence  du  maréchal  à  Paris,  et 
lui  proposa  le  commanilement  de  tout 
ce  qiroD  pourrait  réunir  de  troupes  et 
de  moyens  pour  arrêter  cetic  invasion 
anglaise.  Avec  une  ame  moins  élevée  que 
la  sienne,  le  maréclial  n*aurait  pas  man- 
qué de  motifs  pour  refuser  des  services 
dont  il  devait  s'attendre  à  ne  recueillir 
due  de  nouvelles  preuves  de  méfiance  et 
aingralituae  ;  mais  ses  ressentimens  et 
ses  appréhensions  disparurent  devant  les 
maux  dont  la  gravité  ne  permettait  pas 
d'ajourner  le  reniède  :  le  maréchal  se 
rendît  aux  instances  du  conseil  et  partie 
poUr  Anvers. 

A  son  arrivée,  il  apprend  que  Pies- 
singue  a  capitulé^  tes  troupes  dont  il 
peut  disposer  manquent  de  tout  et  ne 
présentent  qu'une  masse  confuse  que  l'on 
vient  d'amonceler  à  la  hâte  sur  un  seul 
point.  Tout  était  à  créer  dans  cette  ar> 
mée  où  Pou  voyait  matelots,  dragons, 
chasseurs ,  hussards ,  amalgamés ,  former 
des  compagnies  de  fantassins  et  ou  se 
trouvaient  ensemble  des  Polonais,  des 
Bollandais,  des  Hanovriens,  Pendant 
qu'il  mettait  tous  ses  soins  et  son  acti- 
irité  à  organiser  et  discipliner  ces  trou- 
pes, l'empet-eur  ayant  appris  à  la  fois 
le  débak-quement  des  Anglais  et  le  départ 
du  prince  de  Ponte-Corvo  pour  Anvers, 
lui  avait  expédié  sur-le-champ  le  général 
Kellle,  avec  une  lettré  (  du  24  août)  con- 
tenant des  instructions  très  détaillées  d'a- 
près lesquelles  il  espérait,  disait- il,  qu'il 
empêcherait  les  Anglais  de  passer  le  ca- 
nal de  Berg-op-Zoom,  et  qu'il  les  ferait 
repentir  de  leur  audace.  Dans  «une  se- 
conde lettre  du  27,  l'empereur  lui  rap- 
pelle les  instructions  que  le  général  Reille 
doit  lui  remettre  le  30.  «  Si  FÎessingue 
est  pris^  )mî  dit-il,  je  ne  puis  l'attribuer 
qu'au  màdque  de  tète  du  comnftandanly 
et  soiis  ce  point  dé  vue  je  considère  An- 
vers comme  imprenable.  »  Il  lui  annonce 
qu'il  lui  envoie  en  poste  un  chef  d'état- 
nugor  (  mais  non  le  général  Gérard ,  que , 
le  prince  avait  demandéj,  un  général 
d'artillerie ,  deux  généraux  de  division , 
quatre  généraux  de  brigade ,  etc. ,  et  ter- 
mine sa  lettre  en  lui  disant  :  «  Je  me  con- 
fie en  votre  bravoure,  habileté  et  expé- 
rience; si  les  ennemis  tentent  quelque 
chose  contre  Anvers  ib  seront  repousses,  i» 


Cette  confiance  fut  pleinement  justifiée  d 
même  surpassée  ;  car  le  prince  de  Ponte- 
Corvo  ne  se  borna  pas  à  préserver  An? 
vers.  Par  des  mesures  d'administration 
sagement  combinées  et  les  savantes  évo- 
lutions par  lesquelles  il  sut  multiplier 
les  12,000  hommes  qu'il  avait  enrégi- 
mentés ,  il  réussit  non-seulement  à  con^ 
tenir  l'armée  de  lord  Chatam ,  mais  à  lui 
faire  abandonner  ses  positions  et  à  1^ 
faire  remonter  sur  ses  vaisseaux  pour  v^ 
tourner  en  Angleterre  ;  et ,  chose  remarr 
quable,  il  obtint  du  clergé  belge  des 
prières  publiques  pour  Napoléon,  que  c« 
clergé  avait  toujours  refusées ,  par  suite 
de  l'excommunication  laRcée  contre  lui 
par  le  pape. 

Tandis  que  le  prince  de  Ponte-Corvo 
se  félicitait  d'avoir  préservé  U  France 
d'une  invasion  dont  lea  suites  pouvaient 
être  si  funestes  parles  mouvemensqu'elle 
aurait  excités  tant  en  Belgique  qu'en  Hol^ 
lande,  l'empereur,  vivei^ent  irrité  co,ntr^ 
lui  pour  quelque  passage  d'une  procla» 
mation  qu'il  avait  faite  à  son  armée ,  le 
faisait  remplat^  dans  son  commande* 
ment  et  mandait  au  ministre  de  la  guerre 
de  lui  défendre  le  séjour  de  la  capitale 
et  de  lui  enjoindre  de  voyager  vers  st 
principauté  de  Ponte- Corvo.  Lorsqu'à 
son  arrivée  à  Paris  le  comte  de  Hune« 
bourg  (Clarke)  lui  communiqua  la  lettres 
contenant  cet  ordre  ^  le  prince  indi- 
gné lui  dit  :  «  Écrivez  à  l'empereur  qu# 
je  m'attendais  à  plus  de  reconnaissance 
de  sa  part;  que  je  lui  abandonne  toua 
mes  titres,  lui.donne  démission  de  toutea 
mes  places,  et  que,  rentrant  dans  la  classa 
de  simple  citoyen,  je  reste  à  Paris,  parof 
qu'il  me  convient  d'y  rester.  C'est  à  moi 
de  fixer  mon  domicile  et  je  ne  permettrai 
pas  qu'on  me  l'assigne,  »  Le  ministre 
effrayé  de  cette  réponse ,  n^iis  contralnoi 
que  le  maréchal  ne  résisterait  pas  à  ui» 
ordre  purement  militaire,  le  lui  remit 
ainsi  conçu  ;  «  Paria ,  29  septembre  1 800» 
Prince,  l'intention  de  l'empereur  cat  que 
y.  A.  se  rende  sans  délai  à  l'armée  d'Al* 
lemagne.  Je  prie  Y.  A.  de  vouloir  iHeii 
m'accuser  réception  de  la  présente  et  dé^ 
me  faire  connaître  le  moment  de  son  de* 
part  de  Paris.  Agréez ,  etc.  »  Le  prince 
partit  pour  Vienne ,  oà  il  arrive  cin(t  oa. 
six  jours  ava^t  le  aigoaturc^do  k  feix. 


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BER 


(875) 


BER 


Plir  la  manière  noble  et  franche  dont  il 
répondit  à  Tempereur  dans  leur  première 
entrevue  à  Schœnbrutin ,  il  fit  changer 
eette  grafode  colère,  à  laquelle  il  avai^ 
dû  s'attendre  ,«n  dispositions  tout-à-fait 
bîenTeilbntes ,  dn  moins  en  apparence. 

Après  avoir  signé  la  paix,  Tempereur 
ordonna  qu'on  fit  jouer  la  mine  pour  dé^ 
nantder  la  place  de  Vienne;  mais,  ré~ 
fléchissant  qae  cet  ontrage  à  la  monar- 
ehte  antncfaienno  pouvait  non-seulement 
amener  le  refns  de  la  ratification  du  trai- 
té, mais  encore  exciter  la  population  de 
cette  capitale  à  s'opposer  k  un  acte  qui 
en  était  une  violation  manifeste,  Tempe- 
reiir  quitta  brusquement  l'armée,  en  or- 
donnant an  major-'général  d'écrire  au 
prince  de  Ponte-Corvo  la  lettre  suivante  : 
«  Schoeabrunn,  16  octobre  1809.  L'enh- 
pereur  en  partant  m'a  chargé  de  tous 
prévenir  que  son  intention  était  que  vous 
restassiez  à  Vienne  jusqu'ati  mqment  oà 
j'aurai  la  certitude  des  ratifications.  Sa 
Majesté  m'a  ordonné  de  vous  prévenir 
du  moment  on  vous  devrez  partir  pour 
Paris.  »  Le  maréchal  comprit  fort  bien 
le  double  but  et  la  double  portée  d'un 
tel  ordre;  mais  les  événeméns  lut  furent 
favorable»,  il  n'y  eut  pour  Ini  ni  peine, 
ni  danger. 

Pendant  aôn  séjour  à  Vienne  l'empe- 
reur avait  plusieurs  fob  parlé  au  prince 
de  Ponte^CorVo  du  dessein  qu'il  avait 
de  l'envoyer  à  Rome  où  il  voulait,  di- 
sait-Il, lui  faire  une  belle  existence.  De 
retour  à  Paris^  le  prince  profila  d'une 
occasion  favorable  pour  s'expliquer  sans 
détour  avec  l'empereur  et  renouveler 
ses  instances  pour  qu'il  lui  fÙt  permis  en- 
fin de  se  retirer  des  affaires  et  de  rentrer 
dans  k  vie  privée,  t  Vous  avec  acquis 
assez  de  gloire,  lui  dit  l'empereur,  pour 
penser  au  repos;  je  ne  sais  à  quoi  cela 
tient,  mais  je  vois  bien  qne  nous  ne  nons 
entendons  pas.  Cependant  j'ai  compté 
sur  vous  pour  aller  tenir  ma  cour  à  Rome  : 
vous  aurez  une  gi-ande  existence;  nous 
aurons  des  relations  plus  directes  en- 
semble et  peut-être  ehangerez-vons  d'i- 
dées, le  ne  Vous  demande  que  dix-huit 
mois.  »  Le  prince  pria  l'empereur  de 
ki  dire  s'il  lui  était  réellement  néces- 
saire k  Rome;  sur  no  oui  pmnoncé  avee 
hkvrniUaiice,  il  répondit  :  «  Tobé»  »; 


et  rempeÉ*ear  l'engagea  à  faire  ses  pré^ 
parai  ifs  pour  être  prêt  k  partir  dans  16 
ou  16  jours. 

Mais  un  événement  auquel  l'empercnr 
ne  s'attendait  pas  plus  que  son  lieuto^ 
nant  vint  présenter  à  celui-ci  nne  destin- 
nation  tout-à^fait  différente.  Il  re^t  la 
visite  de  deux  officiers  suédois  dont  h. 
mission  était  de  lui  faire  connaître  let 
dispositions  des  membres  de  la  diète  qui 
se  tenait  alors  à  OErebro  pour  l'électiott 
d'un  prince  royal,  et  de  lui  demander 
quelles  seraient  les  siennes  d^ns  le  Cii 
oà  il  serait  élu.  Le  prince  de  Pontes 
Corvo  répondit  qu*il  se  sentirait  honoré 
du  vote  libre  d'un  seul  des  membres  de 
la  diète;  mais  que,  s'il  devenait  l'objet  de 
Télection,  ce  qu'il  ne  croyait  pas  possible^ 
il  ne  pouvait  disposer  de  loi-même  sans 
le  consentement  de  l'empereur  Napoléon. 
Dès  le  lendemain  l'empereur,  informé  dé 
toutes  ces  circonstances,  répondit  qu'é^ 
tant  monarque  élu  du  peaple^  il  ne  san-* 
rait  s'opposer  à  l'élection  des  antres  peu^ 
pies,  et  qne  le  choix  libre  de  la  diète 
suédoise  aurait  son  assentiment.  Et  pour 
prouver  qu'il  ne  voulait  y  exercer  aucune 
influence,  il  ordonna  le  rappel  de  M.  Dé- 
saugiers^  son  chargé  d'affaires,  aussitôt 
qu'il  eut  appris  que  cet  agent  avait  donné 
des  notes  en  faveur  du  roi  de  Danemark. 
An  jour  fixé  pour  l'élection  (21  aoât),  les 
suffrages  se  portèrent  sur  le  prince  de 
Ponte-Corvo  avec  une  unariimilé  jusque 
alors  sans  exemple  dans  les  fastes  de  là 
Saède  ni  d'aUcune  autre  nation.  Le  cour- 
rier porteur  de  l'acte  d'élection,  d'une 
lettre  du  roi  Charles  XIII  à  l'empereni^ 
et  de  l'acte  par  lequel  il  adoptait  pour 
fils  le  nouveau  prince  héréditaire,  repar- 
tit pour  Stockholm  avec  les  lettres  d'ac- 
ceptation du  prince  et  ta  réponse  apprCH 
bative  de  l'empereur  à  Charles  XIII. 

Le  prince-royal  avait  tei^miné  tons  set 
préparatifs  de  départ  et  n'atlendalt  pIns 
que  ses  lettres  d'émancipation.  Impatient 
du  retard  que  l'on  mettait  à  les  éxpëdlei^ 
il  prit  le  parti  d'aller  les  deihandelr  à 
l'empereur  lui-même.  Il  fut  étrangemettt 
surpris  quand  l'empereur  lui  dit  que  ce 
retard  éuit  causé  par  Une  dêcrsimi  Ûb 
sdn  conseil  privé  d'après  lflt)Uëlle  611  ftîr 
devait  kii  expédier  ces  hfSthx  ^'aprèi 
qu'il  auMtit  sigteé  rengat^enieitt  «kne  j*-» 


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BER  (3' 

Huais  porter  les  srmes  contre  la  FraDoe. 
«  J'étais  loin  de  m'attendre  à  cette  pré- 
tention, lui  dit  vivement  le  prince;  ce 
n'est  sûrement  pas  Votre  Majesté  qui  a 
Toulu  m'imposer  cette  condition ,  ce  ne 
peut  être  qu'une  idée  de  i'archi-chan- 
celier  ou  tlu  grand^juge,  et  ils  m'hono- 
rent infiniment  par  cette  conception,  car 
ib  m'élèvent  à  votre  niveau  comme  capi- 
taine; celame  vaut  une  couronne.  Tou- 
tefois je  supplie  Votre  Majesté  de  consi- 
dérer que  je  suis  déjà  sujet  du  roi  de 
Suède  à  qui  j'ai  prêté  serment  de  fidélité, 
par  suite  de  votre  propre  autorisation , 
et  que  l'acte  même  de  mon  élection  me 
défend  de  contracter  aucun  engagement 
de  vassalité  étrangère.  Si  Votre  Majesté 
persiste  à  m'imposer  la  condition  dont 
il  s'agit,  mon  devoir  et  l'honneur  me 
prescrivent  d'envoyer  un  courrier  au  roi 
de  Suède  pour  l'informer  des  motifs 
qui  me  forcent  à  renoncer  aux  droits 
que  le  vœu  des  États ,  son  adoption  et 
votre  approbation  même,  m'avaient  fait 
accepter.  »  Napoléon ,  fixant  ses  regards 
sur  le  prince,  lui  dit  :  «  £h  bien!  partez, 
que  nos  destinées  s'accomplissent  »  £t, 
reprenant  son  calme  ordinaire ,  il  se  mit 
à  lui  parler  du  système  continental  et  de 
sa  politique,  l'engageant  à  s'y  confor- 
mer* 

Les  lettres  d'émancipation  furent  en- 
fin expédiéjBs,  et  Bernadette  quitta  la 
France  pour  se  consacrer  à  sa  nouvelle 
patrie. 

Cette  seconde  période  de  la  vie  de 
Bemadotte  sera  traitée  par  nous  dans  un 
second  article ,  complément  nécessaire  de 
celui-ci.  Voy,  Charles  XIV  Jean.  J.  I. 

BERNARD  (saint)  naquit  en  1091 
au  château  de  Fontaine,  à  une  demi-lieue 
de  Dijon.  Son  père,  homme  de  guerre, 
nommé  Tescelin,  descendait  des  comtes 
de  Châtillon;  et  sa  mère,  Alèthe  ou  Eli- 
sabeth, était  fille  du  comte  de  Montbart. 
Envoyé  à  Châtillon  pour  y  faire  ses  pre- 
mières études,  il  étonna  ses  maîtres  par 
la  rapidité  de  ses  progrès.  Il  avait  14  ans 
quand  il  perdit  sa  mère  ;  à  22^  il  résolut 
d'embrasser  la  vie  monastique.  Ni  les 
prières  de  ses  amis,  ni  les  remontrances 
de  ses  parens  ne  purent  triompher  du 
penchant  qui  l'entralnaU  au  sein  d'un 
doitre.  Il  y  avait  mente  dv  péril  à 


6  )  BER 

battre  sa  vocation;  car,  en  lui  donnant 
lieu  de  la  justifier,  on  s'exposait  à  la  par- 
tager soi-même.  Plusieurs  de  ceux  qui 
s'efforcèrent  de  le  retenir  dans  le  inonde 
finirent  par  le  suivre  à  Cileaux  ;  ses  cinq 
frères,  son  oncle  Gaudry  et  plus  de  20 
autres  prosélytes  y  prononcèrent  avec  lui 
des  vœux  solennels  en  1114.  Déjà  sa  re- 
doutable éloquence  enlevait  les  fils  à  leurs 
pères,  les  maris  à  leurs  épouses,  et  dé- 
composait les  familles  pour  peupler  les 
monastères.  On  dit  que  les  mères  ca- 
chaient leurs  enfans,  les  femmes  leurs 
époux,  afin  de  les  soustraire  à  ce  jeune 
apôtre  du  cénobitisme. 

Quatre  abbayes,  filles  de  Citeanx,  fu- 
rent fondées  en  ces  temps-là  :  La  Ferté. 
en  1 1 1 3,  Pontigny  en  1114,  Morimond 
et  Clairvaux  en  1115.  Clairvaux  avait 
porté  le  nom  de  vallée  d'Absinthe,  re- 
traite inculte  et  sauvage  où  Bernard,  ses 
parens  et  quelques  autres  cisterciens  bâ- 
tirent de  leurs  propres  mains  les  pre- 
miers asiles  de  leur  modeste  commu- 
nauté. Bernard,  à  peine  âgé  de  24  ans, 
en  fut  le  premier  abbé.  Les  austérités  aux- 
quelles  il  se  condamnait  ayant  fort  altéré 
sa  santé,  on  le  mit  entre  les  mains  d'un 
médecin  dont  les  ordonnances  lui  sem- 
blaient plus  insupportables  que  la  ma- 
ladie. Toute  obéissance  coûtait  dès  lors 
un  peu  au  jeune  abbé;  il  avait  contracté 
plus  aisément  l'habitude  de  commander. 
Son  père,  Tescelin,  attiré  aussi  par  lui  à 
Clairvaux,  y  mourut  en  1117.  Seule  de 
toute  la  famille,  sa  sœur  Humbeline  tenait 
encore  aux  plaisirs  et  aux  devoirs  de  la 
société;  mais  en  ll22  elle  vint  à  Clair- 
vaux, croyant  n'y  faire  qu'une  simple  vi- 
site, et  elle  n'en  sortit  qu'après  avoir 
pris  l'engagement  d'embrasser  un  autre 
genre  de  vie.  Le  point  difficile  était  de  la 
séparer  de  son  époux,  qui  pourtant,  après 
deux  ans  de  débats ,  consentit  à  la  laisser 
partir  pour  l'abbaye  de  Juilli  oà  elle  finit 
ses  jours  en  1136. 

Fille  de  Citeaux,  l'abbaye  de  Clairvanx 
devintla  mère  de  plusieurs  communautés; 
par  exemple  de  celle  de  Fontenay,  et  de 
Trois- Fontaines,  instituées  l'une  et  l'au- 
tre par  saint  Bernard.  Cependant,  obligé 
lui-même  de  quitter  une  seconde  fois  la 
sienne,  ou  du  moins  de  n'en  plus  suivre 
les  rigoureuses  observances  ^  inoompatH 


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(377) 


BER 


blés  a?ee  s^  précoces  infirmités ,  il  se 
rendit  peu  à  peu  accessible  aux  gens  du 
monde,  et  soit  qu'il  s'applaudit  en  secret 
de  l'influence  que  ses  vertus  et  ses  ta- 
lens  exerçaient  sur  eux,  soit  qu'il  sentit 
que  ses  facultés  se  développaient  dans  ce 
commerce,  il  s'habitua  par  degrés  à  s'oc- 
cuper des  affaires  générales  de  l'église  et 
par  conséquent  de  l'État.  Son  temps  se 
partageait  entre  les  sociétés  qui  le  ve- 
naient chercher  et  quelques  études  soli- 
taires ;  il  Usait  les  Pères  de  l'église  et  sur- 
tout la  Bible  qui  lui  devenait  plus  fami- 
lière qu'à  aucun  de  ses  contemporains. 
Il  se  préparait  ainsi  à  des  fonctions  écla- 
tantes auxquelles  peut-être  il  ne  se  des- 
tinait point  encore;  à  l'âge  de  88  ans 
il  ne  lui  manquait  plus  pour  s'illustrer 
comme  prélat ,  comme  homme  d'état, 
comme  écrivain,  que  de  le  vouloir  et 
d'en  saisir  les  occasions.  Durant  la  fa- 
mine de  1 125,  il  se  distingua  par  la  plus 
active  bienfaisance,  et  depuis,  il  acquit 
de  jour  en  jour  une  réputation  si  bril- 
lante et  si  vaste  qu'on  le  vit,  en  1128, 
prendre  part  à  des  affaires  importantes , 
tout-à-fait  étrangères  à  l'administration 
de  son  abbaye.  L'évéque  de  Paris  Etienne 
avait  prétendu  se  soustraire  à  des  impo- 
sitions publiques,  et  ses  revenus  ayant 
été  saisis,  il  osait  mettre  en  interdit  son 
diocèse  et  tous  les  domaines  du  roi 
Louis-le-6ros.  Une  autre  querelle  éclata 
entre  le  même  prince  et  l'archevêque  de 
Sens  qui  ne  voulait  reconnaître  pour  juge 
en  toute  matière  que  le  souverain  pon- 
tife. U  est  pénible  d'avouer  que  Ber- 
nard, pour  soutenir  des  prélats  rebelles, 
traita  son  roi  d'impie,  de  persécuteur,  de 
oouyel  Hérode,  et  pressa  la  cour  de 
Home  de  commettre  des  attentats  dont 
elle  s'abstint.  L'abbé  de  Clairvaux  se  fit 
remarquer,  en  1 22  8,  au  concile  de  Troy es 
qui  prescrivit  une  règle  aux  Templiers; 
en  1229,  au  concile  de  ChAlons  qui  dé- 
posa l'évéque  de  Verdun.  Ce  fut  vers  ces 
mêmes  temps  que  Bernard  refusa  l'évêché 
de  Gênes  et  celui  de  Châlons-sur-Mame, 
résolu  de  se  renfermer  désormais  dans 
une  retraite  profonde  ;  mais  de  nouveaux 
démêlés  qui  allaient  déchirer  l'église  en- 
tière le  devaient  bientôt  entraîner,  plus 
que  jamais,  hors  de  son  cloître. 

Le  pape  Honorius  II  mourut,  eo  1 1 80, 


dans  un  monastère;  et  à  l'instant  des 
cardinaux  qui  se  trouvaient  rassemblés 
autour  de  son  lit  de  mort  lui  élurent  un 
successeur,  sans  avoir  publié  4a  vacance 
du  saint-siége,  ni  convoqué  leurs  collè- 
gues. Ceux-ci ,  dès  qu'ils  apprirent  cette 
élection ,  la  déclarèrent  illégale ,  et  nom- 
mèrent, non  moins  irrégulièrement,  un 
autre  pape.  L'église  se  partagea  entre  ces 
deux  pontifes  dont  le  premier  prit  le 
nom  d'Innocent  II  et  le  second  celui 
d'Anaclet;  ce  dernier  s'appelait  aupara- 
vant Pierre  de  Léon,  fils  d'un  juif  fameux 
parsa  conversion  et  par  son  opulence.  Ana- 
clet  resta  dans  Rome  où  son  parti  domi- 
nait; Innocent  se  réfugia  en  France,  où 
des  prélats  et  des  seigneurs  convoqués  à 
Étampes  le  reconnurent  pour  le  véritable 
chef  de  l'église.  Cette  assemblée  est  l'une 
des  époques  mémorables  de  la  vie  de 
Bernard  ;  car  on  n'y  délibéra  que  pour  le 
charger  d'examiner  les  droits  des  deux 
compétiteurs,  et  pour  confirmer  le  juge- 
ment qu'il  porta  en  faveur  d'Innocent  II. 
Louis- le-Gros  reçut  ce  pape  à  Saint-Be- 
noit-sur- Loire,  tandis  que  l'abbé  de 
Clairvaux  se  rendait  en  Normandie  au- 
près du  roi  d'Angleterre,  et  obtenait 
l'adhésion  de  ce  prince  à  la  décision 
d'Étampes.  Comme  il  importait  d'inspi- 
rer les  mêmes  sentimens  à  l'empereur 
Lothaire,  Innocent  et  Bernard  allèrent 
le  trouver  à  Liège  :  il  leur  montra  des 
dispositions  favorables,  mais  en  rede- 
mandant le  droit  d'investiture.  A  cette 
proposition  les  Romains  pâlirent  :  elle 
menaçait  les  intérêts  de  la  puissance 
pontificale.  Bernard  sauva  Rome  de  ce 
péril  :  toujours  enclin  à  rabaisser  le  pou- 
voir civil,  il  employa  contre  les  préten- 
tions de  Lothaire  son  éloquence  victo- 
rieuse, et  le  rendit  docile  à  toutes  les  vo- 
lontés d'Innocent. 

Quand  ce  pape  visita  Clairvaux ,  les 
Romains  qui  l'accompagnaient  admirè- 
rent, sans  envie,  la  modeste  simplicité  de 
ce  monastère.  Clairvaux  n'avait  alors  d'é- 
clat que  par  les  moeurs  de  ses  habitans 
et  n'était  riche  que  de  leurs  vertus.  Dès 
ce  temps  néanmoins  ils  s'affranchirent, 
ainsi  que  tous  les  autres  Cisterciens,  des 
dimes  qu'ils  devaient  aux  Clunistes.  Cette 
exemption  qu'accordait  Innocent  II,  sans 
doute  en  considération  des  services  qoe 


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(878) 


BER 


Bernard  Tenait  de  lui  rendre,  mécon- 
^nta  Tabbé  de  Cluny,  Pierre  le  Vénéra- 
ble, qui  ayait  bien  aussi  quelques  droits 
à  la  reconnaissance  du  nouveau  pontife. 

Bernard  fit,  en  1 1 3 1  ,un  premier  voya ge 
en  Italie  et  assista  sur  les  bords  du  P6  à 
une  conférence  entre  Innocent  II  et  Lo- 
^aire.  Envoyé  à  Gènes,  pour  réconci- 
lier cette  ville  avec  celle  de  Fisc,  il  acquit 
•Hr  les  Génois  un  tel  ascendant  qu'ib 
tentèrent  une  seconde  fois  de  Ta  voir  pour 
prélat.  D'autres  hommages  non  moins 
flatteors  lui  furent  offerts  par  les  Pisans, 
lorsqu'il  vint  animer  dans  leur  ville  un 
concile  qu'Innocent  y  fkisait  tenir.  Un 
auccès  plus  difficile  l'attendait  à  Milan  : 
il  s'agissait  d'arracher  cette  cité  au  parti 
de  Pierre  de  Léon;  il  en  vint  à  bout,  et 
il  n'eut  de  contestation  avec  les  Milanais 
que  parce  qu'ils  voulurent  aussi  le  con- 
traindre d'accepter  la  dignité  d'archevê- 
que ;  ils  n'obtinrent  de  lui  qu'Une  colo- 
nie de  religieux  :  il  fonda  le  monastère 
de  Cherval.  Si  nous  le  suivons  en  Alle- 
magne, nous  l'y  voyons  occupé  à  rappro- 
cher d'Innocent  II  et  de  Lolhaire  le  duc 
Conrad,  l'un  des  partisans  de  l'anti- 
pape. Après  avoir  rempli  ces  diverses 
missions,  toutes  avec  zèle  et  la  plupart 
avec  un  plein  succès,  il  reprit  par  le  Mi- 
lanea  et  par  les  Alpes  le  chemin  de  sa 
retraite  et  vit  accourir  successivement 
à  sa  rencontre  les  habitans  des  monta- 
gnes, le  peuple  de  Besançon,  celui  de 
Langres  et  les  religieux  de  Clair  vaux  : 
ceux-ci  étaient  devenus  si  nombreux 
qu'on  leur  bâtissait,  aux  frais  des  prélats, 
des  seigneurs,  et  surtout  de  Thibault, 
oonate  de  Champagne,  on  plus  spacieux 
monastère.  Pendant  cette  construction 
Bernard  accompagna  en  Aquitaine  Geof- 
froi,évéque  de  Chartres  et  légat  du  sainte 
siège.  £n  passant  à  Nantes  ils  fondèrent 
l'abbaye  de  Buzai,  et  ila  eurent  à  Par- 
thenai  un  entretien  avec  Guillaume,  duc 
d'AqniCaine,  qu'ils  parvinrent  k  déta- 
cher du  parti  d'Anaclet  ;  l'abbé  de  Clair-^ 
vanx  exigea  de  ce  prince  le  rétablisse- 
ment des  prélats  qu'on  avait  expulsés  à 
raison  de  leur  fidélité  au  pape  légitime. 

Ce  pontife  encore  mal  aflermi  en  1 1 87» 
appela  Bernard  en  Italie  ^  le  reçut  à  Vi- 
lerbe  avec  de  grands  témoignages  d*es« 
timei  «ta'emprëss»  de  l'employer  à  extif^ 


per  les  derniers  restes  du  schisme;  l'abbé 
y  réussit  à  Rome  et  en  d'autres  lieux  : 
il  soumit  à  Innocent  les  religieux  du 
Mont  Cassin  qui  jusqu'alors  avaient  sou* 
tenu  la  cause  de  Pierre  de  Léon.  Son 
zèle  éclata  surtout  contre  Roger,  duc  da 
Sicile,  protecteur  de  Fanti-pape;  il  osa 
prédire  que  l'armée  impériale,  qui  venait 
d'être  vaincue  par  ce  prince,  ne  tarderait 
point  à  triompher  de  lui,  et  l'événement 
justifia  cette  prophétie.  Roger,  honteux 
de  sa  défaite  et  voulant  se  ménager  la 
temps  de  la  réparer,  proposa  une  con'^ 
férence  à  Salerne,  où  seraient  examinéa 
les  droits  des  deux  contendans  à  la  pa- 
pauté :  il  comptait  sur  l'éloquence  du 
cardinal  de  Pise,  l'un  dee  plus  chauds 
partisans  d'Anaclet;  mais  ce  cardinal  cé^ 
da  lui-même  à  l'ascendant  de  Bernard 
et  renia  Tanii-pape  qui  en  mourut  de 
chagrin.  En  vain  les  schismatiques  élu* 
rent  pour  le  remplacer  un  {k>nlife  qui 
prit  le  nom  de  Victor  :  trop  sûr  de  sa 
propre  impuissance  et  se  voyant  sans  ap- 
pui, Victor  vint  trouver  Bernard  et  dé- 
poser entre  ses  mains  les  signes  du  sou- 
verain pontificat.  L'abbé  le  conduisit,  lé 
29  mai  1138,  aux  pieds  dlnnocent  II) 
et)  après  8  années  de  troubles,  le  schisme 
prit  fin. 

Le  retour  de  Bernard  à  Oairvaux  fat 
retardé  par  un  séjour  qu'il  fit  à  I^oH 
pour  s'opposer  à  la  consécration  d'un 
évêque  de  Langres  nouvellement  élu,  au- 
quel il  fit  substituer  un  religieux  de  sa 
propre  abbaye  ;  il  ne  voulut  pour  lui* 
même  ni  de  cet  évêché  ni  de  l'archevêché 
de  Reims  qu'on  lut  offrit  vers  les  mêmes 
temps.  Peu  après  il  fit  un  voyage  au  Pa- 
raclet,  où,  malgré  l'honorable  accueil 
qu'il  re^t  d'HéloFse,  il  dissimula  fort 
peu  la  haine  théologique  qu'il  avait  vouée 
au  malheureux  Abélard.  Un  i^oncile  se 
tint,  en  1140,  en  présence  du  comte  de 
Kevers  et  du  rôt  Lonis-te-Jenne  :  l'âbbé 
de  Clairvaux  y  exerça  nn  tel  empire 
qu'Abélard  n'osa  s'y  défendre  et  fut  con- 
damné sans  avoir  été  entendu*.  Rome 
confirma  cette  sentence;  l'amant  d'Hé- 
lolse  vint  mourir  à  Chmy,en  1 142,api^a 

(*)  A  rartic]«  AaéLARD  oa  a  fait  cooaattre  les 
détails  de  cette  lutte  eotre  deux  <baroi)ion&  éga- 
lement célèbres,  mais  si  différens  parleur  génie 
«t  l«or  tMxmeièth, 


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BER 


(879) 


BER 


atoir  fait,  pour  fléchir  le  conrroux  apos- 
tolique de  ses  persécuteurs,  d'inutiles  et 
généreuses  teututives.  Puissant  en  crédit 
et  en  paroles,  saint  Bernard  avait  d*é- 
normes  avantages  sur  un  homme  qui 
donnait  beaucoup  de  temps  à  l'étude  et 
que  son  caractère  disposait  à  la  fois  aux 
affections  douces  et  aux  méditatious  pro- 
fondes. Un  cœur  tendre  et  un  esprit  cu- 
rieux égaraient  Abélard  :  son  adversaire 
était  prémuni  coptre  ces  deux  genres  de 
séductions  par  une  via  austère  et  par  une 
inflexible  adhésion  à  tontes  les  doctrines 
établies  ou  dominantes. 

Dans  le  oou|rs  des  années  qui  saivirent, 
Bernard  usa  de  son  influence  en  faveur 
d*un  archevêque  de  Bourges  dont  Té- 
lection  avait  déplu  à  Louis  YII ,  et  du 
comte  de  Champagne  »  Thibaud,  vassal 
rebelle,  assez  peu  digne  du  dévonement 
q^u*il  obtenait  du  saint  abbé.  Innocent  II 
aiissi  justifiait  mal  Tintérêt  si  vif  que 
Bernard  avait  pris  à  sa  cause;  il  oubliait 
ce  qu'il  devait  de  reconnaissance  et  d'é- 
gards à  celui  qui  lui  avait  soumis  Téglise. 
Cette  ingratitude  affligea  l'abbé  de  Clair- 
vaux»  dont  le  cœur  noble  et  pur  ne  soup- 
çonnait point  encore  le  péril  auquel  de- 
meure exposé  toutbienfaitaur  d'un  grand 
de  la  terre. 

Innocent  n  étant  mort  en  1148,  Cé- 
lestin  II  en  1 144,  Lucius  II  en  1 145 ,  on 
élut  pape  un  religieux  qui  s'appelait  aussi 
Bernai^d,  et  qui,  après  avoir  habité  Clair- 
vaux,  était  devenu  abbé  de  Satnt-Anas^ 
tase  à  Rome.  Ce  nouveau  pontife  prit  le 
nom  d'£ugène  III  et  accorda  une  pleine 
confiance  à  son  ancien  supérieur;  l'abbé 
de  Clair  vaux  parvint  sous  ce  pontificat  à 
un  si  haut  degré  de  puissance  qu'il  écri- 
vait un  jour  à  Eugène:  «  On  dit  que  je  suis 
plus  pape  que  vous.  »  Une  ambassade  des 
^retiens  d'Arménie  vint  informer  la 
cour  de  Rome  du  triste  état  des  églises 
d'Orient.  Lc|s  Sarrazins,mattrcs  d'Édesse, 
menaçaient  Antioche  et  Jérusalem.  Une 
croisade  nouvelle  semblait  nécessaire  et 
d^à  Louis  VU  avait  résolu  de  l'entre- 
preodi*e.  Les  seigneurs  dont  il  réclama 
le  concours  demandèrent  qu'avant  tout 
l'on  consultât  l'abbé  Bernard  :  l'abbé  ré- 
pondit que  ce  projet  devait  être  soumis 
au  jugement  du  pape,  et  le  pape  ordonna 
de  le  mettre  à  cxécutioB.  Chargé  par  £it- 


gène  d*exciter  le  zèle  des  Français  et  cU 
leurs  voisins,  Bernard  s'acquitta  decettf 
mission  avec  un  succès  trop  mémorable| 
son  irrésistible  éloquence  enrôla  des  miû 
liers  de  nobles  et  d'hommes  du  peuple 
i*asscmblés  à  Vezelai  aux  fêtes  de  Pàquea 
de  l'année  1146;  il  y  distribua  tant  de 
croix  qu'il  finit,  dit-on,  par  découper 
en  parcelles  ses  propres  habits.  De  Ver 
zelai  il  passe  en  Allemagne  où,  comme  en 
France,  ses  prédications  apostoliques  1^ 
vent  des  armées,  dépeuplent  les  champay 
les  bourgs,  les  villes  et  les  châteaux. 
D'Allemagne  il  revient  en  France^  et, 
dans  une  assemblée  tenue  àÉtampes,  M 
raconte  ce  qu'il  a  vu  au-delà  du  Rhin, 
ce  qu'il  a  lait,  ce  qui  d^à  s'tentreprenA 
pour  affranchir  la  Terre-Sainte;  aes  ré«- 
cits  sont  des  exhortations  nouvelles  qui 
agrandissent  sans  mesure  l'effet  des  pre- 
mières. On  se  dispose,  on  se  hâte,  et 
Louis -le -Jeune  emmène  en  Palestine 
d'innombrables  légions  dont  les  nesf 
dixièmes  ne  reverront  jamais  la  France. 
Lorsque  les  malheurs  des  Croisés  furent^ 
en  1 1 49 ,  reprochés  à  saint  Bernard ,  aea 
apologistes  répondirent  que  c'était  ans 
Croisés  eux-mêmes,  à  leurs  péchés,  à 
leurs  désordres  qu'il  fallait  imputer  leuis 
revers  et  non  à  des  prédications  évangé- 
liques  qui  avaient  été  accompagnées  d'é- 
clatans  miracles,  signes  irrécusables  de 
la  volonté  du  Très-Haut.  Les  censeurs 
de  l'illustre  abbé  répliquaient  que  les 
fautes  des  Croisés  avaient  dû  être  prê^ 
vues,  et,  à  l'égard  des  miracles,  ils  oeaiéîit 
entamer  des  discussions  alors  délicates. 
Ces  prodiges  étaient -ils  parfaitement 
constatés?  L'église  avait-elle  ordonné  d'y 
croire?  Se  pouvait-il  que  la  sagesse  di- 
vine les  eût  opérés  pour  entraîner  de  fai- 
bles humains  à  leur  perte?  Il  Iç  faut 
avouer,  Suger  avait  eu  raison  de  blâmer 
cette  entreprise;  mais  l'équité  veut  qu'oÉi 
reconnaisse  que  saint  Bernard  n'en  foc 
pas  le  premier  instigateur,  qu'il  attendit 
pour  la  conseiller  le  jugement  du  pape, 
pour  la  prêcher  l'ordre  du  pape^  pour 
la  coinmander  aux  peuples  le  consente- 
ment des  rois.  Il  remplissait  sans  scru- 
pule comme  sans  intérêt  personnel  une 
mission  qu'il  avait  reçue  dans  les  formes 
les  pkis  régulières  et  dont  11  ne  peuvak 
pressentir  les  ocpséquencea  détu^Maei^ 


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knbu  comme  il  était  de  toutes  les  opi- 
nions qui  avaient,  au  temps  de  son  en- 
fance, provoqué  la  première  expédition 
du  même  genre.  S'il  faut  le  plaindre 
d'une  grave  erreur,  toujours  doit-on  des 
hommages  à  son  désintéressement,  à  sa 
bonne  foi,  et  même  à  ce  fatal  empire 
que  ses  talens  et  ses  vertus  exercèrent 
sur  Taveugle  multitude. 

Tandis  qu*à  sa  voix  on  s'armait  con- 
tre les  Sarrazins  et  qu'on  partait  en  foule 
pour  la  Palestine,  il  restait  en  France, 
occupé  à  combattre  les  hérétiques.  Il  fit, 
avec  le  légat  Albéric  et  l'évéque  de  Char- 
tres Geoffroi ,  une  excursiob  en  Langue- 
doc pour  extirper  de  cette  province  les 
doctrines  de  Pierre  de  Bruis.  £n  1 1 48,  on 
le  retrouve  réfutant  Gilbert  de  la  Porrée 
au  sein  d'un  concile  de  Reims,  présidé 
par  Eugène  III.  Peu  après  il  i^eçut  à 
Clairvaux  ce  pontife  qui  s'en  retournait 
en  Italie,  et  saint  Malachie  qui  termina 
dans  cette  abbaye  sa  carrière  édifiante. 
S»  mort  affligea  vivement  le  pieux  abbé 
déjà  si  malheureux  d'apprendre  chaque 
jour  les  déplorables  résultats  de  la  croi- 
sade dont  il  avait  été  l'apotre. 

La  dernière  assemblée  à  laquelle  il 
assista  fut  celle  qui  se  tint  à  Chartres,  en 
1150,  et  non,  comme  on  l'a  supposé 
long-temps,  en  1146.  Elle  avait  pour 
but,  non  de  préparer  la  croisade  de 
1147,  mais  d'en  réparer  les  malheurs. 
On  y  proposa  une  expédition  nouvelle 
dont  l'abbé  de  Clairvaux  serait  le  chef. 
On  voulait  apparemment  que  le  plus  zélé 
promoteur  de  ces  entreprises  se  chargeât 
enfin  d'en  diriger  l'exécution.  Il  était  peu 
jaloux  de  cet  honneur  et  les  circonsun- 
ces  le  dispensèrent  de  l'accepter  :  la  croi- 
sade que  l'assemblée  de  Chartres  jugeait 
indispensable  n'eut  pas  lieu;  Suger  qui, 
après  avoir  désapprouvé  l'expédition  de 
1147,  conseillait  celle  de  1150,  mourut 
en  1151  et  l'on  abandonna  ce  projet. 

Vers  le  commencement  de  1153,  une 
maladie  grave  conduisit  Bernard  aux 
portes  du  tombeau.  Délivré  de  ce  pre- 
mier danger ,  il  reprit  assez  de  forces 
pour  se  transporter  en  Lorraine  où,  à 
la  prière  de  l'archevêque,  de  Trêves,  il 
apaisa  les  dissensions  élevées  entre  la  no- 
blesse et  les  bourgeois.  Mais  de  retour  à 
CUûnnauXi  il  ne  fit  plut  que  dépérir,  et,  !• 


20  août  1 15S,  il  mourut  environné  de  ses 
religieux,  regretté  des  nobles  et  du  peuple 
et  pleuré  surtout  par  les  femmes.  Il  était 
âgé  de  63  ans,  moine  depuis  40,  abbé 
depuis  38;  ayant  fondé  ou  agrégé  envi- 
ron 72  monastères,  savoir  35  en  France, 
11  en  Espagne,  10  en  Angleterre  et  en 
Irlande,  6  en  Flandre,  4  en  Italie,  2  en 
Allemagne,  2  en  Suède,  1  en  Hongrie 
et  1  en  Danemark.  Il  fut  enterré  à  Clair- 
vaux où  il  laissait  700  religieux.  R  a  été 
déclaré  saint  en  1174  et  l'eût  été  dès 
1 1 63,  si  Alexandt*e  III,  à  qui  l'on  deman- 
dait plusieurs  autres  canonisations,  n'eût 
jugé  à  propos  de  différer  la  plus  méritée 
pour  se  mettre  en  mesure  de  refuser  les 
plus  gratuites.  Bernard  avait  acquis  des 
titre»  à  cet  honneur  insigne  par  la  pureté 
de  ses  moours,  par  la  ferveur  de  son  zèle, 
par  la  loyauté  de  sa  conduite,  par  la  sin- 
cérité de  ses  pieux  discours.  Il  n'a  rien 
dit  qu'il  ne  crût  vrai,  il  n'a  rien  fait  qu'il 
ne  crût  juste;  et  nous  souscririons  à  pres- 
que tous  les  éloges  qu'on  lui  a  décernés, 
sans  autre  réserve  que  celle  des  imper- 
fections naturellement  attachées  à  tant  de 
qualités  brillantes.  Il  est  difficile  d'être 
toujours  zélé  avec  modération,  fort  avec 
douceur,  persuadé  sans  intolérance.  Le 
siècle  où  il  a  vécu  n'était  pas  du  très  pe- 
tit nombre  de  ceux  où  la  raison  peut 
prévaloir  sur  l'enthousiasme  ;  mais,  pour 
le  mieux  apprécier,  pour  le  bien  con- 
naître, il  faut,  après  avoir  considéré  ses 
actions,  jeter  les  yeux  sur  ses  écrits. 

On  lui  en  a  jadis  attribué  plusieurs 
qui  ne  lui  appartiennent  pas,  et  dont  la 
plupart,  environ  60,  lui  sont  tellement 
étrangers  que  Mabillon  ne  les  a  pas 
même  compris  au  nombre  de  ses  pro- 
ductions apocryphes.  Douze  autres  arti- 
cles imprimés  à  la  suite  de  ses  osuvres 
ont  été  reconnus  pour  des  ouvrages  de 
quelques-uns  de  ses  contemporains.  R 
en  est  enfin  dont  on  s'aperçoit  aisément 
qu'il  n'est  point  l'auteur, soit  parce  qu'on 
n'y  retrouve  ni  ses  idées,  ni  son  style, 
soit  parce  qu'ils  offrent  des  détails  in-^ 
conciliables  avec  l'histoire  de  sa  vie.  Son 
unique  sœur,  Humbeline,  avait  été  ma- 
riée; par  conséquent  il  n'est  pas  l'écri- 
vain qui  adresse  à  sa  sœur  un  traité  de 
la  manière  de  bien  vivre,  où  il  est  dit 
qu'elle  n'^  jamais  eu  d'épooju 


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Les  Tëritables  écrits  de  saint  Bernard 
sont  ses  épltres,  ses  sermons  et  12  trai- 
tés ou  opuscules  théologiques  ou  moraux. 
On  a  perdu  quelques-unes  de  ses  lettres; 
mais  il  en  reste  444  recueillies  par  Ma- 
billon  et  36  publiées  par  Martène;  en 
tout  480^  ou  du  moins  439,  en  retran- 
chant celles  que  Fabbé  de  Clairvaux  n'a 
point  écrites,  c* est-à-dire  celles  qui  lui 
sont  adressées,  ou  qui  ont  été  rédigées 
par  son  secrétaire  Nicolas,  ou  bien  qui 
manquent  d'authenticité;  ou  qui,  sauf 
quelques  variantes,  ne  sont  dans  le  re- 
cueil de  Martène  que  des  copies  des 
épitres  que  Mabillon  avait  publiées.  Les 
personnages  auxquels  écrit  saint  Bernard 
peuvent  se  diviser  en  cinq  classes  :  d'a- 
bord des  religieux,  simples  moines  ou 
abbés;  puis  des  archevêques,  évéques  ou 
autres  ecclésiastiques  séculiers;  en  troi- 
sième lieu,  le  chef  et  les  officiers  de  la  cour 
de  Rome,  le  pape,  les  cardinaux,  les  légats; 
quatrièmement,  des  princes,  des  grands, 
des  ministres,  des  hommes  revêtus  de 
quelque  autorité  ou  dignité  civile;  enfin 
des  hommes  privés,  plus  ou  moins  ob- 
scurs, dont  quelques-uns  même  ne  sont 
ni  nommés  ni  désignés.  Les  matières 
traitées  dans  ces  épltres  se  distribueraient 
aussi  en  plusieurs  genres  :  lettres  mo- 
nastiques, exhortant  les  uns  à  embrasser 
Tétat  religieux ,  les  autres  à  y  persévérer; 
enseignant  comment  il  faut  en  remplir 
les  devoirs,  comment  on  peut  en  attein- 
dre la  perfection;  discutant  les  droits, 
les  intérêts ,  les  affaires  particulières  ou 
locales  de  certains  moines  ou  de  certaines 
communautés  :  lettres  ecclésiastiques  re- 
latives à  l'élection  de  quelques  évéques , 
à  l'administration  des  diocèses  ou  même 
au  gouvernement  général  de  l'église, 
surtout  au  schisme  entre  Innocent  II  et 
Anaclet  :  lettres  politiques  où  il  s'agit 
d'affaires  qui  intéressent  à  la  fois  la  reli- 
gion et  l'état,  telles  que  les  croisades  et 
les  démêlés  du  sacerdoce  et  de  l'empire: 
lettres  dogmatiques  ou  polémiques  contre 
Abélard ,  contre  les  disciples  de  Pierre 
de  Bruis;  et,  en  dernier  lieu,  lettres  de 
complimens,  de  romerciemens,  d'excuses 
ou  d'affaires  purement  personnelles.Tou- 
tes  ces  épitres,  si  l'on  n'en  veut  faire 
qu'une  classification  chronologique,  se 
partageront  en  quatre  séries,  l'une  depuis 


1119,  date  de  la  plus  ancienne,  jusqu'à 
la  mort  d'Honorius  II,  en  1 130,  pendant 
que  Bernard,  moine  de  Citeaux,  puis 
abbé  de  Clairvaux,  acquiert  de  la  re- 
nommée et  d^éjà  de  la  puissance;  l'autre, 
de  1130  à  1138,  lorsqu'il  soumet  la 
France,!*  Allemagne,  l'Italie  à  Innocent  II; 
la  troisième,  qui  atteint  1145,  corres- 
pond au  temps  où  son  zèle  s'exerçait 
particulièrement  contre  Abélard;  et  la 
dernière,  au  pontificat  d'Eugène  III,  jus- 
qu'en 1153.  Toute  cette  correspondance 
est  celle  d'un  fervent  cénobite,  défenseur 
des  anciennes  croyances^  ennemi  des  noiM- 
vel les  doctrines,  réformateur  des  monas- 
tères, prédicateur  des  croisades,  ami  des 
papes, et  leur  conseiller  quelquefois  sé- 
vère, censeur  des  rois  et  presque  leur 
juge;  habile  et  consciencieux  personnage, 
dont  les  opinions  ne  sont  pas  toujours 
saines  ni  les  démarches  toujours  modé- 
rées, mais  dont  les  mœurs  fortes  et  pures 
inspiraient  l'estime  et  commandaient  le 
respect.  Le  style  de  ses  lettres  est  fort 
inégal  :  dans  quelques-unes  les  pensées 
ont  de  la  noblesse  et  une  grâce  naturelle 
qui  se  communiquent  à  l'expression;  le 
mauvais  goût  défigure  la  plupart  des  au- 
tres. Tantôt  l'écrivain  s'amuse  à  jouer  sur 
les  mots,  particulièrement  sur  ceux  de  la 
Bible;  tantôt  il  s'épuise  en  déclamations 
plus  violentes  qu'énergiques.  Souvent  il 
revêt  des  idées  ou  communes  ou  subtiles, 
d'une  diction  barbare.  Mais  on  sait  que 
saint  Bernard  n'a  pas  rédigé  toutes  les 
missives  qu'il  a  souscrites:  il  en  indiquait 
le  sujet  et  les  intentions  à  des  secrétaires 
qui  n'exprimaient  pas  toujours  assez  di- 
gnement ses  pensées;  il  s'en  plaint  lui- 
même  dans  une  lettre  à  Pierre-le-Véné- 
rable.  On  a  lieu  de  croire  que  les  plus 
recommandables  par  les  qualités  du  style 
sont  celles  dont  il  se  réservait  la  rédac- 
tion à  cause  de  l'importance  des  matières 
ou  de  la  dignité  des  correspondans;  et 
celles-là  sont,  à  tout  prendre,  les  plus 
heureuses  productions  du  genre  épisto- 
laire  au  xii*  siècle. 

Le  nombre  de  ses  sermons  est  de  340  ; 
savoir,  86  qui  s'adaptent  au  cours  de 
Tannée  ecclésiastique;  43  sur  la  Vierge 
Marie  et  sur  les  saints;  125  sur  divers 
sujets  et  85  sur  le  Cantique  des  Cantiques. 
Voilà  beaucoup  de  discours  ;  mais  ils  ont 


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in  général  fort  peu  d'érendne.  Ceux  de 
k  quatrième  série  sont  les  plus  remar- 
quables; le  goût  de  Bernard  pour  les 
allé^ries  et  pour  les  interprétations  mys- 
tiques nous  explique  assez  comment  il  a 
cherché  les  textes  de  tant  d'exhortations 
pieuses  dans  un  livre  saint  dont  la  lettre 
ne  présentait  pas  immédiatement  un  coai*s 
d'instructions  morales.  Cest  avec  un  art 
ingénieux  qu'il  traduit  en  maximes  édi- 
fiantes les  détails  poétiques  ou  même 
erotiques  de  cet  épithalame  divin.  Le 
dernier  de  ces  discours  n'atteint  que  le 
troisième  chapitre  du  poème  sacré;  Gil- 
lebert  de  Hollande  a  continué  et  n'a  point 
achevé  ce  commentaire. 

A  vrai  dire,  les  sermons  de  saint  Ber- 
nard appartiennent  assez  peu  au  genre 
oratoire.  Ce  sont  des  chapitres  de  morale 
religieuse  plutôt  que  des  discours  propre- 
ment dits;  les  pensées  d'un  auteur  pieux 
et  tnystique  plutôt  que  les  paroles  d'un 
orateur.  On  y  remarquerait  plus  de  sy- 
inétrie  cfue  d'enchaînement,  plu$de  mou- 
vement dans  les  idées  que  dans  les  alTec- 
tîons,  plus  d'esprit  que  d'éloquence.  Ils 
sont  écrits  en  latlp ,  et  il  y  a  peu  d'appa- 
rence qu'il  les  ait  composés  ou  prononcés 
en  français.  A  la  vérité,  plusieurs  des 
religieux,  ses  auditeurs,  surtout  les  frères 
lais,  pouvaient  bien  ne  pas  les  compren- 
dre; mais  les  prédications  étaient  en  quel- 
que sorte  une  partie  de  la  liturgie  qui  se 
faisait  et  a  continué  de  se  faire  en  langue 
latine,  même  depuis  que  les  idiomes  mo- 
dernes se  sont  de  plus  en  plus  établis  et 
perfectionnés.  C'est  une  ancienne  ver- 
sion française  faîte  après  la  mort ,  même 
après  la  canonisation  de  l'abbé  de  Clair- 
vaux  qij^i  se  lit  dans  les  manuscrits  inti* 
tnlés  :  JU  Sermon  saint  Bernaut,  Il  n'a 
prêché  en  langue  vulgaire  que  la  croisade, 
et  nous  devons  regretter  que  ces  dis- 
cours, qui  produisaient  de  si  vastes  mou- 
Temens,  qui  précipitaient  sur  rOrient  une 
partie  de  la  population  de  l'Europe  oc- 
cidentale, n'aient  point  été  recueillis, 
qu'iU  ne  nous  soient  connus  que  par 
leurs  éclatans  et  lamentables  effets.  Il  n'a 
dû  qu'à  ce  genre  de  harangues  la  repu  • 
tation  du  plua  grand  orateur  de  son  siècle. 
«  Son  éloquence,  a  dit  M.  Garât  paraissait 
l'un  des  miracles  de  la  religion  qu'il  prê- 
chait L'églliei  dont  il  était  la  lumière^ 


semblait  recevoir  les  volontés  divines  par 
son  entremise.  Les  rois  et  les  ministres, 
à  qui  il  ne  pardonnait  japiais  ni  un  vice« 
ni  un  malheur  public,  s'humiliaient  sous 
ses  réprimandes  comme  sous  la  main  de 
Dieu  même,  et  les  peuples,  di^ns  leurs 
calamités,  allaient  se  ranger  autour  de 
lui  comme  ils  vont  se  jeter  aux  pieds  des 
autels.  » 

A  la  suite  des  quatre  séries  de  sermons 
latins  composés  par  saint  Bernard  Ma- 
billon  a  placé,  sous  letitrede/'/o/^j,  des 
fragmens,  des  pensées,  des  paraboles  et  des 
hymnes  fort  mal  versifiés.  Ces  appendi- 
ces, qui  n'ont  à  peu  près  aucune  valeur, 
seraient  à  rejeter  à  la  Gn  dçs  œuvres  du 
saint  abbé,  après  ses  douze  traités  ou  opu9> 
cules  dont  le  premier,  dans  l'ordre  chro- 
nologique,  est  intitulé  :  Des  degrés  de 
l'humilité  et  de  l'orgueil.  Cette  double 
matière  est  disposée  de  telle  sorte  que  le 
plus  bas  degré  de  l'orgueil  est  mis  en  op- 
position au  plus  élevé  de  l'humilité,  et 
qu'on  va,  montant  l'échelle  du  vice,  des- 
cendant celle  de  la  vertu.  Les  antltoèset 
fourmillent  dans  ce  traité  qui  est  écrit 
avec  beaucoup  de  soin  et  non  sans  élé- 
gance. Le  livre  de  l'amour  de  Dieu  n'est 
pas  moins  remarquable  par  l'enchaîne- 
ment des  idées  et  par  la  précision  du^ 
style  ;  il  peut  jeter  quelque  lumière  sur 
la  question  délicate  de  Tamour  désinté- 
resse. Selon  Bernard,  il  faut  un  prix  \ 
l'amour;  mais  Pintérêt  pour  lequel  oi^ 
aime  n'est  pas  distinct  de  Tobjet  véritar 
blement  aimé. 

Il  a  donné  le  titre  ^Jpologie  à  un 
opuscule  où  il  attaque  beaucoup  plua^ 
(^u'il  ne  se  défend  :  après  avoir  réprimandé 
les  Cisterciens  qui,  méconnaissant  les 
avantages  que  promet  à  la  religion  la  di- 
versité désordres  monastiques, décriaient 
amèrement  celui  de  Cluny,  il  croit  avoir 
acquis  le  droit  d'adresser  des  remontran- 
ces aux  Clunistes  eux-mêmes,  et  il  use 
amplement  de  ce  droit  :  il  dénonce ,  il 
décrit  les  graves  et  nombreux  désordres 
qui  se  sont  introduits  à  Cluny  et  propa- 
gés dans  tous  les  couvens  du  même  insti- 
tut. On  a  détaché  du  recueil  de  ses  let- 
tres une  longue  épilre  sur  les  mœurs  et 
les  devoirs  des  prélats.  Il  s'y  plaint  de 
l'habitude  que  l'on  prend  d'élever  sou- 
dainement aux  dignités  ecclésiastiques 


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im  adolescMis  à  peine  échâpfiés  des  banes 
de  l'école  et  n'ayant  d'autre  titre  que  la 
noblesse  de  leurs  faniilles.-II  s'étend,  k 
ee  propos,  en  réflexions  snr  Thumilité, 
mais  avec  moins  de  méthode  que  dans  le 
premier  de  ses  traités.  Le  S**  concerne  la 
grâce  et  le  libre  arbitre,  sujet  qui  offrait 
un  riche  fonds  d'antithèses,  et  qui  par 
cela  même  convenait  à  l'esprit,  au  goût, 
au  talent  de  l'auteur.  Ce  livre  se  recom- 
mande à  la  fois  comme  orthodoxe  et 
comme  l'un  des  plus  ingénieux  qu'on  ait 
écrit  sur  ces  questions  épineuses. 

Celui  qui  a  pour  titre  de  Conversione 
ad  ctericos  ri'est  qu'une  exhortation  pro- 
noncée devant  une  assemblée  de  clercs 
dans  une  école.  L'article  suivant  est  un 
éloge  de  la  nouvelle  milice,  c'est-à-dire 
de  l'ordre  monastique  et  militaire  des 
Templiers,  institution  amphibie  qui  ra- 
mène les  formes  antithétiques  si  familiè- 
res et  si  chères  à  saint  Bernard.  Le  plus 
court  de  ses  opuscules  traite  du  baptême; 
ee  n'était  originairement  qu'une  lettre  à 
Hugues  de  Saint-Victor.  Une  épttre  plus 
étendue,  adressée  à  Innocent  II,  est  une 
réfutation  véhémente  des  doctrines  d'A- 
]»élard.  Certaines  questions  proposées 
par  des  moines  de  l'abbaye  de  Saint-Père 
donnèrent  lieu  à  un  traité  du  Précepte 
et  de  la  Dispense  qui  a  long-temps  passé 
pour  un  des  meilleurs  livres  de  morale 
monastique. 

Une  vie  de  saint  Halachie  est  la  seule 
production  de  saint  Bernard  qui  appar- 
tienne tant  soit  peu  au  genre  historique  ; 
il  y  raconte  beaucoup  de  miracles  et  quel- 
ques faits  positifs.  Il  entremêle  aux  récits 
des  réflexions  pieuses  et  des  censures  de 
la  conduite  des  prélats.  Son  principal  ou- 
vrage est  celui  qu'il  a  composé  après  tous 
les  autres,  le  traité  de  la  Considération 
dédié  au  pape  Eugène  III.  Le  mot  co/z- 
sidé ration  y  qui  a  tant  d'autres  sens,  dési- 
gne ici  l'habitude  des  réflexions  morales 
et  des  méditations  religieuses.  Un  1^^  li- 
Tre  est  employé  à  prouver  la  nécessité 
de  contracter  ou  de  conserver  cette  ha- 
bitude, même  sur  le  siège  pontifical;  et 
le  2*  à  exposer  ce  que  doit  être,  ce 
que  doit  faire  un  souverain  pontife.  Ses 
inférieurs,  qui  sont  tous  les  peuples  de 
la  terre,  comparaissent  dans  le  3®  livre. 
I^  4*  envisage  les  personnes  qui  en- 


(S8l)  BEft 

tourent  le  chef  de  réglise,  set  conseil» 
lers,  ses  cardinaux,  sa  cour;  et  le  5®  en- 
fin les  êtres  qui  lui  sont  sapérieurs,  les 
anges  et  le  Très-Haut.  Alabillon  a  mis  à 
la  suite  de  ce  grand  traité  un  opuscule 
sur  le  chant  ecclésiastique  ou  sur  la  ré- 
forme de  l'antiphonier;  l'abbé  de  Clair- 
vaux  n'en  a  réellement  composé  que  le 
très  court  prologue. 

Une  partie  considérable  des  sermons 
de  saint  Bernard  a  été  imprimée  à  Mayen- 
ce,  en  1475,  avec  son  livre  snr  la  milice 
nouvelle;  et  l'on  a,  dans  le  cours  des  30 
années  suivantes,  publié  plusieurs  autres 
de  ses  écrits;  mais  ils  n'ont  commencé 
de  paraître  tous,  ou  la  plupart,  ensem- 
ble, qu^en  1508.  Un  catalogue  généra,  de 
toutes  les  éditions  et  versions  complètes 
ou  partielles  de  ses  œuvres  a  été  inséré 
dans  le  tome  XIII,  pag.  218-337,  de 
\ Histoire  littéraire  de  la  France,  où  se 
trouve  aussi,  pag.  130.  131 ,  la  liste  des 
livres  et  notices  qui  concernent  sa  vie 
et  ses  travaux.  Il  nous  suffira  d'indiquer 
ici  l'édition  en  3  vol.  in-fol.  que  dom 
Mabillon  dédia,  en  1 667,  au  pape  Alexan- 
dre VII,  et  qu'il  reproduisit  plus  correcte 
et  plus  riche  en  1690;  celles  de  1719  et 
de  1726  n'en  sont  que  des  copies  avec 
quelques  additions. 

On  a  vu  que  les  trois  genres  d*idées 
qui  dominent  dans  les  écrits  de  saint; 
Bernard  sont  :  1**  les  règles,  les  devoirs, 
les  vertus  de  la  vie  monastique,  les  af- 
faires et  les  intérêts  des  monastères;  2^ 
l'ensemble  et  les  détails  du  régime  ecclé- 
siastique, auquel  il  subordonne  toujoun^ 
celui  des  empires;  3"  la  doctrine  catho- 
lique qu'il  défend  contre  les  novateurs. 
Les  formes  dont  il  a  revêtu  ces  matières 
méritent  d'être  observées.  Son  style  n'est 
jamais  sans  couleur,  il  a  souvent  de  Té- 
légance  et  de  la  grâce,  il  acquiert  de  la 
force  et  prend  un  caractère  quand  un 
travail  plus  soutenu  les  lui  donne.  La  fic- 
tion est  celle  des  meilleurs  écrivains  d^ 


xii*'  siècle;  mais  quoiqu'an  y  aperçoive 
quelques  traces  de  Tétude  des  livres  clas- 
siques latins,  on  ne  saui;ait  la  regardei^ 
comme  assez  pure.  Çile  est  défiguréç^ 
non  -seulement  par  des  expressions  tQut- 
à-fait  barbares,  mais  pli^  souvent  p^^r 
des  locutions  et  des  constructions  em- 
pruntées de  la  Yulgate,  L'auteur  ne  m 


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(384) 


BER 


contaDte  pas  de  citer  les  livres  saer^  ou 
d*eo  recueillir  les  petisées;  il  en  adapte 
le  plus  qu'il  peut  le  texte  latin  au  sien 
propre.  Il  avait  assidûment  étudié  la  Bi" 
ble;  mais  il  n'en  lisait  que  la  version  la- 
tine, et  s*appliquait  surtout  à  multiplier 
les  explications  mystérieuses  que  chaque 
verset,  chaque  expression  pouvait  rece- 
voir. Les  écrits  des  principaux  docteurs 
de  Téglise  latine,  principalement  de  saint 
A^ugustin ,  lui  étaient  aussi  très  familiers, 
et  la  lecture  de  quelques  anciens  auteurs 
profanes  avait  été  Tun  des  exercices  de  sa 
jeunesse.  Il  cite  assez  souvent  Ovide  qui 
peut-être  lui  avait  laisséquelque  empreinte 
de  la  mobilité  de  son  esprit  et  de  son 
extrême  habileté  à  reproduire  une  même 
pensée  sous  des  aspects  divers.  L'abbé 
de  Clairvaux,  toujours  plus  occupé  d'af- 
faires que  d'études,  ne  fut  pas  l'homme 
le  plus  savant  de  son  siècle;  mais  toutes 
ses  connaissances  étaient  précises  et  dis- 
ponibles :  sa  mémoire,  qu'il  aurait  pu  en- 
richir davantage,  avait  du  moins  cette 
heureuse  vivacité  qui  rend  à  chaque  in- 
stant évocables  ou,  pour  ainsi  dire,  pré- 
sentes, toutes  les  notions  acquises  dans  le 
cours  de  la  vie.  Sa  brillante  et  fertile 
imagination  se  montre  dans  presque  tous 
ses  ouvrages,  quelque  comprimée  qu'elle 
y  soit  par  la  gravité  et  du  sujet  et  de  l'au- 
teur; mais  de  toutes  ses  facultés  intellec- 
tuelles, il  n'en  est  aucune  dont  la  nature 
fait  plus  libéralement  doué  et  qu'il  ait 
plus  cultivée  par  un  continuel  exercice, 
que  celle  qui  a  reçu  dans  notre  langue  le 
nom  à^ esprit,  et  qui  semble  consister 
principalement  à  saisir  entre  les  idées  ou 
entre  leurs  expressions  de  nouveaux  rap- 
ports, des  similitudes  inaperçues,  des 
contrastes  non  observés.  Cette  faculté, 
au  degré  où  il  la  possède,  est  digne  du 
nom  de  talent;  elle  en  acquiert  l'éclat  et 
la  puissance. 

On  ne  peut  guère  douter  de  l'élo- 
quence et  du  génie  d'un  cénobite  qui  sut 
envoyer  100,000  croisés  en  Palestine 
sans  y  aller  lui-même.  Mais  quoiqu'il 
soit  plus  célèbre  par  son  influence  ou 
son  autorité  sur  ses  contemporains  que 
par  les  écrits  qu'il  a  laissés  à  la  postérité, 
ses  livres  suffiraient  encore  pour  dévoiler 
Ténergie  de  son  ame,  l'activité  de  son  in- 
telligence,  la  fécondité  de  son  imagina- 


tion. La  plupart  des  auteurs  de  son  temps 
écrivent  ce  qu'ils  ont  appris ^  non  ce 
qu'ils  ont  pensé  :  les  ouvrages  de  saint 
Bernard  sont  bien  moins  les  fruits  de  ses 
études  que  de  ses  talens ,  et  les  défauts 
même  de  son  style  tiennent  à  l'ardente 
vivacité  de  son  esprit  beaucoup  plus  qu'au 
mauvais  goût  de  son  siècle.  D-N-u. 

BERNARD  (  Pieeee  -  Joseph  ,  sur- 
nommé le  Gentil).  C'est  à  Voltaire  que 
le  gentil  Bernard  doit  cette  épithète,  et 
i'épithète  et  le  nom  ne  font  qu'un  main- 
tenant ;  Bernard  tout  court  ne  serait 
rien.  Voilà  la  puissance  d'un  quatrain. 

Fils  d'un  sculpteur  de  Grenoble,  il. 
était  né  dans  cette  ville  en  1710.  Élevé 
chez  les  jésuites  de  Lyon,  qui  voulaient 
le  garder  pour  en  faire  un  des  leurs ,  il 
s'échappa  et  vint  cacher  sa  muse  égril- 
larde à  Paris,  dans  une  étude  de  procu- 
reur. Il  rima  au  lieu  de  minuter  et  gros-, 
soyer  ;  VÉpttre  à  Claudine  et  la  chanson 
de  la  Rose  y  qui  commencèrent  sa  ré- 
putation, furent  écrites  probablement 
sur  du  papier  à  procès.  Deux  ans  après 
on  le  trouva  en  Italie ,  à  l'armée  des  ma- 
réchaux de  Mailiebois  et  de  Coigny.  Il 
se  tint  bien  de  sa  personne  à  Guastalla  y 
à  Parme ,  et  fut  remarqué  à  l'armée  au- 
trement que  par  ses  vers  ;  car  il  en  fai- 
sait toujours  l'épée  au  côté,  et  même 
avec  assez  d'éclat  pour  que  le  maréchal 
de  Coigny,  qui  ne  les  aimait  pas,  ne  vou- 
lût le  prendre  comme  secrétaire  qu'à  la 
condition  expresse  de  n'être  plus  poète. 
Le  duc  de  Coigny  le  recommanda  vive-- 
ment  à  son  fils ,  avant  de  mourir ,  et  il 
obtint  ainsi  la  place  de  secrétaire  général 
des  dragons,  dont  le  nouveau  duc  de 
Coigny  était  colonel  général,  sans  comp- 
ter la  liberté  d'avoir  tout  son  esprit  dé- 
sormais et  de  faire  des  vers ,  liberté  qu'il 
recouvrait  et  qui  lui  valut  une  autre  for- 
tune. La  marquise  de  Pompadour  lui 
paya  ses  louanges  poétiques  en  places 
lucratives,  une  par  bouquet  galant  :  celle 
de  bibliothécaire  à  Choisy,  celle  de  garde 
des  médailles  et  des  marbres ,  etc. 

En  même  temps  qu'il  s'enrichissait , 
s'élevait  sa  réputation  de  poète.  Son  Ca^^ 
tor  et  PoUux,  ce  vieux  chef-d'œuvre 
de  notre  scène  lyrique ,  comme  on  con- 
vint de  l'appeler  depuis,  alla  aux  nueg 
avec  la  musique  de  Rameau  ;  mais  le  der. 


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nier  scetu  de  M  gloire,  ee  fut  l^ÂH  d*ai^ 
mer.  Il  ne  le  it  point  imprimer,  mais  il  le 
eolporU  Ini-mtee  pendant  ^np,  ans.  H 
y  a  peu  d'exemples  d'une  vogue  et  d'nne 
curiosité  si  long-temps  tenues  en  haleine  : 
on  s'enviait ,  on  s'arrachait  les  morceaux 
de  lecture  ;  point  de  lever  de  femmes  à 
la  mode ,  point  de  souper  qui  fût  couru 
si  on  ne  devait  y  entendre  quelque  frag- 
ment de  l'Art  d'aimer.  Voltaire  contri- 
bua à  l'engouement  d'un  trait  de  plume  ; 
c'est  le  quatrain  dont  nous  avons  parlé. 
Les  femmes  se  prirent  à  aimer  le  gentil 
Bernard ,  pour  savoir  ce  qu'il  y  avait  de 
vrai  dans  son  poème  ;  et  il  fut  l'homme 
à  bonne  fortune  le  plus  occupé. 

En  1771  il  perdit  tout  à  coup  la  mé- 
moire' et  la  verve  et  la  pointe  de  son  es- 
prit. Un  soir  à  l'Opéra ,  pendant  la  re- 
présentation de  son  Casiar  et  PoUax, 
où  chantait  Sophie  Amould,  il  demanda 
à  son  voisin  le  nom  de  l'auteur  et  celui 
de  l'actrice.  La  réponse  toutefois  l'éveilla 
en  sursaut:  «  Ah!  oui...  Ma  gloire  et  mes 
amours!  *  Ce  fut  son  dernier  éclair;  il 
végéta  cinq  ans  ainsi,  et  mourut  tn  1775. 
Des  amb  mal  avisés  profitèrent  de  sa 
démence  et  firent  imprimer  l'Jrt  d^ai* 
mer,  dont  il  avait  ménageai  habilement 
le  succès  inédit.  Soit  réaction ,  soi^  fai- 
blesse du  poème  ^  qui  ne  pouvait  sup- 
porter le  grand  jour,  l'Art  d'aimer  iombti 
dan»  l'opinion. 

VArt  d'aimer,  Phrosine  et  Mélidor 
qui  a  les  mêmes  défauts  et  les  mêmes 
qualités,  le  Cantique  des  Cantiques  ou 
Dialogues  orientaux,  Jminde  et  Mé- 
dmr ,  tableau  nuptial  d'une  indécence 
toute  nue,  des  opéras-ballets,  Elmire, 
comédie  en  5  actes  et  en  vers,  présentée 
en  1801,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  an 
oomité  de  lecture  du  Tbéêtre-Fran^iis, 
et  refusée, telles  sont  les  oeuvres  com- 
plètes de  Gentil-Bemard,  Deux  éditions 
ont  paru  en  1801 ,  l'une  en  4  v.  in-18, 
l'autre  en  2  v.  iB-8®.  Une  éditioa  a  été 
refaite  en  1810.  H-o. 

BERNARD,  voy.  Saxx-Wsimah. 
BERNARD  (Samuxlj,  un  des  plus 
riebes  banquiers  du  xvii^  siècle,  jouit  à 
la  conr  de  Louis  XTV  d'une  grande  fa- 
veur, et  Chamillart  et  Desmarêu  puisè- 
rent souvent  dans  son  coffre.  Le  duc  de 
Saint-Simon  décrit  Ui  réception  que  lui 
Bncxclop.  d,  G.d,  M.  Tome  IIÎ. 


fit  Louis  XIV  à  Marly  dont  le  roi  voulut 
bien  lui  faire  lui-même  les  honneurs  ;  il 
avait  besoin  d'argent  Bernard  mourut 
en  1789.  s. 

BERNARDIN  (Bemardino),  mon- 
tagne qui,  faisant  partie  des  Alpes  Lé- 
pontines,  s'élève  dans  le  canton  des  Gri- 
sons entre  les  vallées  du  Rhin  postérieur 
et  de  Misox,  et  forme  la  ligne  de  démar- 
cation entre  les  climats  italique  et  ger- 
manique. Deux  chemins  la  traversent: 
le  plus  court  n'est  praticable  qu'en  été, 
ce  qui  n'empêcha  pas  le  général  Lecourbe 
de  franchir  ce  mont,  en  1 799,  pour  mar- 
cher sur  les  Autrichiens.  A  la  cime  du  Ber^ 
nardin  est  une  auberge  avec  des  eaux 
minérales  ;  non  loin  de  là  le  petit  lac  de 
Muésa  éule  ses  jolies  Iles,  et,  recevant 
les  eaux  qui  descendent  du  revers  occi- 
dental du  glacier  du  Rhin,  donne  lieu  par 
son  écoolemoat  an  ruisseau  du  même 
nom.  La  hauteur  du  Bernardin  est  de 
1585  toises;  la  composition  géologique 
fait  vcMT  du  gn^ss  entremêlé  d'épais 
filons  quartzeux.  Val.  P. 

BERNARDIN  DE  SAINT-PIHR- 
RE,  voy.  SAiifT-PixaBs. 

BERNARDINS,  voy,  Citbaux. 

BERNBOURG,  l'une  des  princi- 
pautés d'Anhalt  (voy.  ce  mot).  Elle  a  16 
milles  carrés  d'étendue,  avec  40,000  ha- 
bitans,  qui,  à  l'exception  de  400  juifs, 
appartiennent  tous  à  la  religion  évangé- 
lique,  nom  sous  lequel  sont  réunis  les 
calvinbtes  et  les  luthériens  depuis  l'année 
1820.  Le  pays  se  divise  en  principauté 
supérieure  et  inférieure.  Sa  constitution 
est  monarchique;  cependant  les  impôts 
ne  peuvent  être  exigés  qu'après  une  ré- 
solution favorable  des  États  provinciaux. 
On  estime  les  revenus  à  la  somme  de 
450,000  florins  ;  le  contingent  fédéral 
est  de  870  hommes.  Bembourg  ne  devint 
une  principauté  indépendante  qu'après 
le  partage  d'Anhalt  qui  se  fit  en  1609, 
et  tomba  alors  en  partage  à  Louis,  le 
5*  fils  de  Joachim-Ernest,  dont  les  des- 
oèndans  régnent  encore  aujourd'hui.  Vic- 
tor-Amédée  ayant  institué  le  droit  de 
primogéniture,  en  1660,1e  plusjenneide 
ses  fils,  Frédéric  Lebrecht,  reçut  en  apa- 
nage, après  sa  mort  qui  arriva  en  1718, 
le  comté  d'Hoym  et  devint  le  fondateur 
de  la  ligne  d'Anhalt-Bembourg-Uoym- 

95 


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QSR 


CM») 


mof^  4i^  prince  Frédéric  tfui^-AcÛIplw, 
et  l'apanage  fit  retour  à  la  ligne  directe. 
Cependant  Hefqa^fH)>  fiflf  4f.  W  pr^Hœ, 
mariép  à  Tarpli^dMic  4'4-ilti:icbie  Josepli  e( 
iQort0  ep  19  i7  9  a^fiU  oérilé  de^i  ^igtieu'- 
ries  de  $c(fa^lll)}om'g  et  LfHirimbouiïg. 

X.e4ucrégQa|itfittM«liqMilt^résid««ce 
i^l^fistefifc,  fe  oQQimiie  Ai^ixis-F&i- 
D^MG'^i^^TlKif;  U  {eet  n^  le  12  juin 
11^7  et  a  succédé  à  son  p^e  l-Aii  1 79t.  Il 
fi^  iqyesti  ep  l^QP  pac  i'ei9»pereiii!  dîÂU 
lemagqp  du  iHredaç^let.emrâ,  en  ISO 7^ 
djiof^  la  Cpn^^^tioa  rb^nane.  Uim  or-r 
^opn^ncQ  rendue  (^  2jt  juîllel  1^26  a. fait 
accéder  le  di^cbé  4e  Bernbourgâu sya^ 
t^Q  de  douaDâ9  prU9^ie«,  8a  capitale 
ea^  Berpbovrg  sur  k  Saftlé»  ville  de 
^»$Q0  «npkea»  qà  Ton  toit  un  pidaiis  du^ 
c^  fA  qHcl()lMa  fabriques  aaaez  impôt** 
tiote»«  C  il» 

^ÇAJfPy  dan»  \^  Suisf»  pocidentale; 
U  plM%  grand  canlon  de  b  Ginfédérstioa 
façlyçllque. 

t^  Gétjtgt^pidc  eistaiistiquû.  Le  can- 
ton de  Berne  e»t  borné  au  nord  par  ta 
France;  à  l'eM  par  iea  cnatuna^  de  Bile, 
de  $o(eurei  d'Argoy  iç,  de  I^ocme,  d'Un- 
Icrwaldep,  d*Uri  ;  an  sud  par  le  Yahiii,  e^ 
à  l'oqesl  par  les  paya  de  Vaud  et  de  Neuf^ 
çbAldy  par  le  canton  de  Fri bourg  et  par 
U  France.  Son  étendue  eai  de  178  m. 
car.  géogr»  Le  canton  de  Berne  est  mon- 
tUgncuiL  :  depuis  le  lao  de  Bienne  le  sol 
%'élcv.C  vers  lesud  et  atteint  upe  banteni* 
fMrodigiense  en  formant  qnehpieft-^qes 
des  cimes  les  plus  ^lev^e  de»  Alpes.  Le 
Jnra  monlce  au^si  dt. hautes  crètâs  dans 
Cf  ctnton.  S^  pBincipéleHvîere  èsl  TAnr; 
i^autma  moins  coaaidérables  smâ  TEm-^ 
mal»  le  Bin^  èi  le  Doiibe^  L*  pVMfèrte 
fotfQiC  lea  ^108  dfa  Bienne  et  et  Tbuni  Lo 
clîrott.^t  tcès  vn^^  suivant  laniitvre 
^  sol  Gelni-cî  pi>9dnit  dU  blé^  d»  ck|n^ 
vre,  dttlb)|  d^  tiB)  elc^  Mais  la  jprinc)- 
paiè  vedBCMrbe.  lie»  bâbitaba,  4*cét  IléUu- 
catii>oi4è^  bcatiaucy  on  c6  qi^bn  appelle 
«I  allemand  JlpBfwimkseJmft  (é^no« 
«ne  rnrule  des  Alpes): 

La  panie  scplenfridnak  du  canton , 
4;itmpée  pec  beanoeifp  de  oollines>  pos- 
sfde  de  bdlea  plaines  ^  des  Tallées 
déiicieutet;  son  soi ,  très  fertile ,  est 


icnkivé  n^cc  soia  d  piod^ril  m  9lbt^ 
dance  du  yîn,  de^i  cénénli^  et  toutes  9PC- 
tcn  de  fruka^  Dans  cettii partie  se  trouve 
U  ¥aUée  d'firamentiial,  Tune  des  pbj% 
pittoresques,  des  pbis  Ctrtiles  et  des  pb» 
ricbes  de  la  Suisse,  aussi  reqoromée  par 
U  beauté  de  ses  bétes  à  oorpc*  ^e  par 
les  fromages  qui  s'y  fabriquent,  epua  le 
nom  de  /rom0ffes  itEmmewfhal;  de 
belles  oonstractions,  on  cosinme  pmpre 
et  recberohé,  e(  nn  grand  fonds  de  gêUé 
sont  de  sacs  garana  de  L'aisenof  des  ba- 
biUns.  de  cette  vallée*  ^  partie  méri- 
dionale du  canton,  appelée  VOberland» 
et  dont  dépendent  les  velléea  de  Hasli, 
Grindelwald,  Lauterbrlimen  »  Gander» 
Frntigen,  Adelboden,  Simmen  et  Saanen, 
avec  un  grand  nqmbDe  de  vallées  inter- 
médiairea,  copunenoe  au  pied  de  le  limite 
chaîne  de  montagnes  du  côté  du  Yekia 
et  ft'étend  jusqu'à  leur  sommité  la  plue 
élevéci  Les  vallées  les  plus  profondes 
produisent  d'excellens  fi'uits;  elles  sont 
d'ailleurs  très  agréeblea  et  d'une  grande 
fertilité.  Leurs  parties  supérieure»  sont 
couvertes  de  gras  pâturages,  au-dessus 
desquels  s'étendent  desntMSsea  de  rochers 
dominés  par  d'immenses  glacie»»  De 
magniiques  ehutes  d'eau  y  prennent  leur 
soiù*ce  et  l'on  y  tn>nve  aussi  les  monta- 
gnea  les  plus  élevées  de  la  Suisse,  entre 
antre»  le  Finsteraarhem ,  le  Scfareck- 
iiorn ,  le  Wetterhom,  TEiger  et  la  Jnng- 
frau.  Cest  surtout  de  T^u cation  des 
bestiaux  que  vivent  les  habîtans  de  VO^ 
berland.  La  fabrication  de  draps  et  de 
toiles  forme  la  principale  hcancbe  d'in«> 
dttstrie  du  canton  >  surtout  dans  TEn^ 
mentfaak  Ses  revenus  sqnt  de  l,SOO,<IMf. 
snîsscs;  il  Conmii  à  la  <2onféckration  «n 
contingent  de  S48I4  hommes,,  àvco  nn 
snfaeide  de  104v08a  Ir. 

Berne  est  ^proportion  gàitlée^  le  pins 
nobe  état  de  J'£nrope }  aussi  les  împ6l^ 
n'y  sont  peint  onéreux»  'Fous  see  établie* 
semens  public»  sont  entrepris  «i  dirigés 
dans  Un  esprit  sage  qui  ne  Éianqne  pas 
de  grandeur. 

On  trouve  dans  ce  oantotiAne  industrie 
assez  avancée  et  des  relation»  cenuner^ 
cialesbien  établies.  Le»  hebitan»,  au  nemp^* 
bre  de  S67,000  «ont  presque  tons  nlle^ 
mands;  environ  50>^009  parlent  le  fra»^ 
^.  II»  sont  la  phipart  réiomé»  H  4'o« 


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BBR 


(W) 


D»  QOliipte  ^e««i#ofi  4f  ,066  oathoU- 
qèês;    '        ' 

'  Le  emtdn  «e  diviate  «b  2T  baîHia^es 
qaf  appartiennent  au  pays  intérieur,  à 
f  ObeHand,  an  Seèland^a  rËmmeothal,  à 
la  Haute- Argorie  et  an  Leberberg.  Il  sera 
parlé  plus  hàs  de  la  constltulkm  et  du 
gôuf emement  de  ce  canton. 
'  «^  Histoire.  Déjà,  dans  le  xn^  siècle^ 
€ttnd  de  Bubenberg  avait  entouré  de 
murs  et  de  fossés  le  petit  bourg  de  Berne, 
Mrès  Àtt  cbâ'teau  fort  de  Nydeck ,  et  ce 
fut  le  duc  deZsèhrIngue,  à  qui  apparte^ 
ttaît  ^ydeck,  qui  donna  dés' lois  à  cette 
fille,  aujourd'hui  la  Capitale  du  canton, 
Dané  le  xiii*  sfècîe  sa  population  alla 
foujourà  en  auj^mentant  et  s*accrut  tant 
de  la  basse  noblesse  qui  venait  ciiercher 
dans  son  enceinte  un  refuge  contre  la 
vexation  des  grands  des  environs,  que 
dé  beaucoup  dé  paysans  et  surtout  d'une 
^ule  de  bourgeois  de  Fribourg  et  dé 
Zurich  (Çiî  s'y  retirèrent.  L'empereur 
FrédéHclI,en'12f  8,  déclara  Berne  ville 
Hbi^  irtipériaTe  et  sanctionna' ses  fran^ 
«^Ises  par  ùh  décret  -que  l'on  conserve 
encore  dans  les  archivés  de  la  ville  sous 
le  nom  de  /iaiserUche  Hànd/estè,  Ro- 
dolphe dé  Habsbourg  fit  le  siège  de  Berne 
éfl  l28d;  liiaîs  if  ne  put  parvenir  à  s'en 
emparer.Trois  apnées  plus  tard,  en  1191, 
\eh  Bernois,  sous  le  commandement  de 
Wrich  d'Erlachj  livrèrent  un  combat  à 
leur  propre  noblesse  dont  ils  avaient 
beancQup  à  se  plaindre,  et  Isl  défirent 
complètement! spires  cette  victoire, Berne 
devint  t^n  lieu  dé  refuge  pour  toutes  les 
Victimes  de  f  oppression  de  (a  noblesse 
antrichienne,  et  bieqt6t  ta  Ville  fut  elle- 
même  une  puissance  qui  excita  l'envie. 
Plusieurs  &utrés  villes  et  les  nobles  du 
pavs  se  fédérèrçni  à  f effet;  d'humilier 
Cftte  cité  àïyiiré;  mais  leur  armée,  com- 
posée dp  l^jOÇfO  fiomnles  et  dirigée  par 
766  seigneurs  aui^  casques  couronnés,  et 
^r  1,5100  chevaliers,  fut  iptalement  bat- 
tre,  le  3 1  juin  i^ 8i ',  près  de  ^aupen , 
pai*  le^  Bernois  commandés  encore  cette 
Ç)îs  par  tin  Êrlâcl^  (Rodolphe),  quoi - 
^îi'as  hissent  it-ois  fois  moin^  nombreux 
que  l^s  contéi^vé^.  Après  ce  nouveau 
niccèâ  la  vUie  s'agrandit  de  beaucoup 
et  entra  bientôt  après,  en  1858,  dans 
U  Confédératioii  suisse  ^  où  Me  tint  le 


BBR 

!kiscp^  la 


second  rang,  tocp^  la  fin  de  oe  al^ 
de ,  Berne  continua  toujours  à  aug- 
menter son  territoire,  tant  par  des  achats 
que  par  droit  de  conuuété.  La  plus 
grande  partie  de  k  viHe  ayant  été  ta 
proie  des  flammes,  dans  le  courant  de 
Fannée  1405,  on  la  rebâtit  d'une  ma* 
nière  plus  régulière^  et  c'est  dès  lors  que 
commencèrent  les  longues  guerres  qu'elle 
eut  à  soutenir  contre  rAulriche,  Milan, 
la  Bourgogne  et  la  Savoie,  guerres  d'où 
les  confédérés  sortirent  toujours  victo» 
rieux  et  dans  lesqnellies  Berne  fit  la  con-« 

3uéte  de  UArgovIe.  La  réforme  pénétra 
ans  le  canton  en  1528*.  Plus  tard,  dans 
la  guerre  qu'elfe  soutint  contre  le  duo 
de  Savoie,  Berne  s'empara  aussi  du  pays 
de  Vaud  qu'elle  fit  administrer,  comme 
ses  autres  pays  conquis,  par  des  grands- 
baillis  (//X/^</f>/3p^^),  qui  résidaient  dans 
^  des  châteaux  fortifià.Depuis  cette  époque 
jusqu'au  5  mars  1798,  Faisance  et  la  ri- 
chesse dé  âeme  ne  diminuèrent  pas  ;  la 
domination  de  la  ville  embrassait  une- 
superficie  de  286  milles  carrés  géogr. 
Mats  ce  jour-là  86,000  Français  enva- 
hirent son  territoire.  Il  se  trouva  bien  un 
nouvel  Erlach  pour  se  mettre  en  campa- 
gne avec  18,000  Bernois  et  8,000  autres 
confédérés  ;  mais  l'esprit  qui  les  avait 
animés  ai^x  jourqées  de  lil^orgarten ,  de 
Laupeil  et  de  Murten  ne  les  conduisait 
pîùs'à  la  victoire  ;  et  pendant  leur  retraite 
ils  allèrent  jusqii^à  mfiSsacrer  leur  propre 
cfeef  {voy.  %&lach).  Ayant  pour  la  pre- 
mière fois  OHv'er^  ses  pprtek  à  Pennemi, 
Qerne  perdit  à  peu  près  fa  moitié  de  ^on 
territoire.  S^  partie  septentrionale  fut 
incorporée  ai4  canton  actuel  d'Àrgovie, 
et  l'on  fpirma  de  1^  partie  située  au  sud- 
est  ûù  captbn  j^ouverain  appelé  canton 
de  V^ud.  Diaprés  \ei  dispositions  du 
congrès  deyienn^j  dç  1SI4,  on  a  ajouté 
au  éaçtoq  de  Berne  X^_  plus  grande  parti^ 
de  l'évèché  de  jffâle.       "    •         < 

Jusqu^àù  npuvéàu  chapgement  oui  s'o- 
péra à  Cerne  en  183) ,  le  pquvoif  supé- 
Heur  et  souyçn|)n  y  était  exercé  p^r  i'a- 
voyer  {SchuUHeiss),  et  par  le  grand  et 
(e  petit  copseil  4q  ^^  viUe  et  république. 
Leà  conseils  étaient  composés  de  300 
membres  choisis  par  la  ville  et  représen- 
tant k  peu  près  1,400  citoyens;  et  de  99 
membres  dioisis  par  les  autres  villes  da 


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BER 


(S88) 


BER 


cantoo  et  par  la  campagne,  lesquels  repré- 
senUîent  plusde  109,000  citoyeos.  L'é- 
leclioo  des  200  membres  de  Berne  éuit 
faite  parmi  les  citoyens  capables  d'admi* 
QÎstrer,  qui  avaient  leur  29^  année  révo- 
lue,et  par  un  oollége  électoral  composé  des 
membres  du  petit  conseil  et  d'une  com- 
mission du  grand  conseil.  Les  99  mem- 
bres des  villes  et  de  la  campagne  étaient 
en  partie  nommés  dans  les  villes ,  par  les 
'autorités qui  les  représentaient,  en  par- 
tie dans  chacun  des  22  arrondissemens, 
par  un  collège  électoral  formé  dans  leur 
sein,  et  en  partie  immédiatement  par  |e 
conseil  supérieur.  Deux  avoyers  avaient 
alternativement  y  chacun  '  pendant  une 
année ,  la  présidence  dans  le  petit  et  le 
grand  conseil.  Le  grand  conseil  avait  la 
puissance  législative;  le  petit,  le  pouvoir 
adminbtratif.  Ce  dernier  se  composait 
des  2  avoyers,  de  23  membres  et  de  2 
secrétaires  (Heimlicher)^  et  c'était  le 
grand  conseil  qui  en  choisissait  les  mem- 
bres parmi  les  siens. 

Lorsqu'en  1830  le  mouvement  dé- 
mocratique de  la  Suisse  eut  aussi  gagné 
le  canton  de  Berne,  le  grand  conseil 
nomma  de  suite,  le  6  décembre,  une 
commission  des  États  pour  prendre  en 
considération  les  vœux  de  la  nation  ;  et 
le  i  3  janvier  183 1  l'avoyer  (M.  R.deWat- 
tenwyl),  le  petit  et  le  grand  conseil 
proclamèrent  la  dissolution  du  gouver- 
nement bernois ,  et  en  même  temps  un 
gouvernement  provisoire,  en  attendant 
la  nouvelle  constitution ,  et  autorbèrent 
aussitôt  la  commission  des  États  de  pro- 
céder à  l'élection  d'un  conseil  national 
et  constituant.  Ce  conseil  fut  formé  de  1 1 1 
membres,  et  déjà  le  6  juillet  suivait,  la 
commission  présenta  à  la  nation  le  projet 
d'une  constitution  toute  libérale,  d'après 
laquelle  les  assemblées  primaires  des  pa- 
roisses devaient  élire  les  électeurs  qui, 
dans  les  collées  électoraux  de  chaque 
arrondissement  communal,  comme  dans 
celui  de  l'arrondissement  de  Berne,  au- 
raient ensuite  à  élire  les  membres  du 
grand  et  du  petit  conseil.  Ce  projet  fut 
adopté  à  une  grande  majorité  dans  le 
canton ,  mais  dans  la  ville  de  Berne  seu- 
lement à  une  majorité  de  329  voix  con- 
tre 287  ;  et  le  20  octobre  suivant  on  in- 
stalla le  nouveau  gouvernement.  Ainsi 


fut  renversée  de  fond  en  comble  l'admi- 
nistration des  familles,  long-temps  cé<* 
lèbre  sous  le  nom  de  VarUiocraiie  ber^ 
noise  y  et  la  souveraineté  se  trouva  re- 
mise à  la  généralité  de  la  nation.  Diaprés 
la  constittttion,cette  souveraineté  s'exerce 
exclusivement  par  une  seule  assemblée 
appelée  grand  conseil  et  composée  de 
240  membres,  qui  sont  les  représ^tans 
du  peuple.  Un  landamman ,  premier  of-t 
£cler  de  la  république ,  en  dirige  lés  tnh> 
vaux  comme  président;  et,  au  bout  d'un  an 
d'exercice,  il  rentre  dans  le  grand  oooaeU 
au  sein  duquel  il  avait  été  élu.  Cest  avssi 
le  grand  conseil  qui  nomme,  à  la  majorité 
absolue,  le  secrétaire  d'état  on  chancelier^ 
emploi  accessible  à  tous  les  citoyens  du 
canton.  La  durée  de  cette  fonction  est  de 
6  ans.Un  conseil  de  régence  composé  del  5 
membres,  sous  la  présidence  d'un  avoyer, 
forme  l'autorité  executive  supérieure. 
On  le  choisit  au  sein  du  grand  conseil 
et  il  se  divise  en  7  départemens.  Un  tri- 
bunal supérieur  composé  de  10  mem-' 
bres  tous  versés  dans  la  jurisprudence, 
et  d'un  président ,  et  élus  par  le  grand 
conseil,  exerce  le  pouvoir  judiciaire  e9, 
dernière  instance  ;  ses  séances  sont  pu- 
bliques. Le  3  avril  1832,  Berne  forma 
une  confédération  avec  les  cantons  de 
Zurich,  Lttceme,  Soleure,  Saint- Gall, 
Argovie,  et  Thurgovie,  à  l'effet  de  pro- 
céder à  la  révision  du  pacte  fédéral  du 
corps  helvétique  (  vof.  Suissx  ). 

Une  conspiration  du  parti  aristocra- 
tique avait  été  annoncée  comme  devant 
éclater  dans  le  courant  du  mois  de  sep- 
tembre 1832;  mais  déjà  le  29  août  et  les 
jours  suivans,  on  parvint  à  l'étouffer  i^u. 
moyen  de  l'arrestation  de  beaucoup  de 
personnes  sou  pennées  d'y  avoir  pris 
part;  l'instruction  de  ce  procès  n'est  pas. 
encore  terminée.  Cependant  un  arrêté  du 
tribunal  supérieur  a  ordonné,  en  1833, 
l'élargissement,  sous  caution,  de  plu- 
sieurs accusés. 

La  ville  de  Bbeke,  sur  une  espèce  de 
presqu'île  formée  par  TAar,  est  bien  bâ- 
tie; son  élévation  au-dessus  de  la  mer 
est  de  1,673  pieds.  Les  rues  sont  pour 
la  plupart  droites  et  bien  pavées ,  et  l'on 
voit  des  arcades  sur  le  -devant  de  beau- 
coup de  maisons.  La  cathédrale,  édifice 
gothique  y  est  surmontée  d'une  tour  de 


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B£a 


190  pieds  de  haut.  L'église  du  ^iot- 
Esprit  date  de  1122.  Il  y  a  à  Berne  une 
académie  et  un  gymnase ,  une  bibliothè- 
(lue  de  30,000  'volumes  et  riche  en  ma- 
nuscrits, avec  un  musée,  un  arsenal  où 
Ton  voit  une  belle  collection  d'armes , 
une  société  formée  par  les  artistes,  un  hô- 
pital appelé  Vile  qui  ressemble  à  iin  pa- 
lais, et  un  autre  hôpital  non  moins  impo- 
sant,plusieurs  collections  d'objets  d'art  ou 
d'histoire  naturelle ,  etc.  De  belles  pro- 
menades entourent  la  ville  et  l'on  visite 
avec  le  plus  haut  intérêt  la  chute  de  l'Aar, 
en  un  endroit  où  le  terrain  s'élève  de 
108  pieds  au-dessus  de  ce  torrent  Voir 
la  Description  topographique  et  histo- 
rique de  la  ville  deBerne,  B.  1 829.  C.  L, 
BERNI  (  Feancesgo  ) ,  appelé  aussi 
Bs&iiA  et  Bebu lA  y  poète  du  xti^  siècle. 
Né  vers  la  fin  du  xv^  dans  le  grand-du* 
ché  de  Tosâine,  d'une  famille  florentine 
pauvre,  quoique  d'une  ancienne  noblesse, 
il  alla  dans  sa  19^  année  à  Rome ,  ch'ez 
un  cardinal  son  parent;  mais  celui-ci  ne 
lui  faisant,  comme  il  le  disait  lui-même, 
ni  du  bien  ni  du  mal,  il  se  vit  forcé 
d'entrer  comme  secrétaire  chez  l'évéque 
de  Vérone  Ghiberti ,  président  de  la 
chancellerie  du  pays.  L'ennui  que  lui 
inspirèrent  les  fonctions  de  son  nouvel 
état  le  porta  bientôt  à  rechercher  des 
distractions  qui  déplurent  au  prélat.  H 
s'était  alon^  formé  à  Rome  une  société 
déjeunes  ecclésiastiques  qui,  pour  faire 
allusion  à  leur  amour  pour  le  vin  et  l'în* 
souciance,  se  nommaient  i  FignajuoU , 
les  Vignerons.  Ils  se  moquaient  en  vers 
des  choses  les  plus  sérieuses.  Les  vers  de 
Bemi  se  faisaient  surtout  remarquer  par 
leur  piquante  tournure,  et  son  nom  en 
est  resté  à  ce  genre  de  poésies  {maniera 
Bemesca  ou  Bemiesca  ).  Lors  du  pil- 
lage de  Rome  par  les  troupes  du  connéta- 
ble de  Bourbon,  en  1527,  Berni  perdit 
le  peu  qu'il  possédait.  Il  fit  plusieurs 
voyages  avec  son  protecteur  Ghiberti,  et 
fatigué  enfin  d'être  au  service  des  autres, 
il  se  retira  à  Florence,  où  depuis  plu- 
sieurs années  il  avait  obtenu  un  canoni- 
cat.  Alexandre  de  Médicis,  alors  duc  de 
Florence,  vivait  ouvertement  dans  les 
rapports  les  plus  hostiles  avec  le  jeune 
cardinal  Hippolyte  de  IMfédicis.  Bemi 
était  lié  avec  tous  les  deux;  on  lui  insi- 


(389) 


BER 


nua  des  propositions  d'assassinat  ;  mais 
on  ne  sait  pas  au  juste  auquel  des  deux 
on  doit  les  attribuer.  Ce  qu'il  y  a  de 
certain ,  c'est  que  le  cardinal  mourut  em- 
poisonné en  1535.  Berni,  qui  avait  re- 
fusé de  se  souiller  d'un  crime,  mourut 
le  26  juillet  de  Tannée  suivante,  proba- 
blement victime  lui-même  du  poison  du 
duc  Alexandre. 

Berni  passe  encore  aujourd'hui  pour 
le  meilleur  modèle  dans  le  genre  burles- 
que. Il  mêle  quelquefois  beaucoup  de 
fiel  à  son  style,  et  ses  satires  réunissent 
assez  souvent  à  la  bonhomie  d'Horace 
l'âcretéde  Juvénal.  Ce  qui  .excuse  un  peu 
l'excessive  licence  qui  règne  dans  toutes 
ses  poésies,  c'est  qu'il  ne  les  composait 
que  pour  ses  amis,  qu'elles  furent  livrée^ 
à  l'impression  sans  sa  participation  et 
après  sa  mort.  L'admirable  légèreté  qui 
se  fait  remarquer  dans  toutes  ses  com- 
positions était  chez  lui  le  fruit  d'un 
travail  pénible,  le  résultat  de  l'exacti- 
tude qu'il  mettait  à  retoucher  itérati- 
vement  tous  les  vers  qu'il  faisait.  On 
raconte  la  même  particularité  de  l'A- 
rioste;  et  cependant  ce  sont  sans  contre- 
dit les  deux  auteurs  italiens  dont  les  vers 
sont  les  plus  légers  et  les  plus  coulans. 
Ses  Rime  burlesche  et  son  Orlando  in- 
namorato,  composto  già  dal  sig.  Bo- 
j'ardo,  conte  di  Scandiano,  ed  ora  re- 
fatto  tutto  di  nuoço  da  Fr,  Bemi  (Ve- 
nise, 1541,  in-4«),  quoiqu'il  y  ait  entière- 
ment dénaturé  le  Bojardo ,  sont  les  plu:^ 
remarquables  de  ses  productions. 

Il  ne  faut  pas  confondre  avec  ce  poète 
le  comte  Feancesco  Berni,  né  en  1610 
et  mort  l'an  1693,  dont  on  ail  drames 
(  Ferrare,  1666)  et  diverses  poésies  ly- 
riques. C.  L. 

BERNIER  (FBAirçois),^dans  le  siè- 
cle brillant  de  Louis  XIV,  se  distingua 
également  comme  philosophe  et  comme 
voyageur.  Son  mérite,  sous  ce  double 
rapport,  était  encore  rehaussé  par  les 
grâces  de  son  esprit  et  de  sa  {Personne. 
Tant  d'avantages  lui  procurèrent,  de  son 
vivant, une  grande  célébrité  qui  lui  a  en 
partie  survécu.  On  ne  lit  plus  ses  traités 
de  philosophie;  mais  ses  voyages  sont 
mieux  appréciés  qu'ils  ne  l'ont  jamais 
été.  Ils  font  connaître  des  contrées  qu'au- 
cun Européen  n'avait  visitées  avant  lui 


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BEE 

et  qu'oQ  n*a  pas  mieux  décrites  depuis  ; 
ils  jettent  une  vive  lumière  sur  les  révo- 
lutions de  l'Inde  à  Fepoque  d'Aurenç- 
Zeyh. 

Bernîer  fut  réchercbé  par  lés  person- 
nages Tes  plus  ilfustres  et  fes  pTus  distin- 
gués de  son  temps:  il  eut  4eâ  liaisons 
particulières  avec  Ninon  dé  LencFô^, 
M"*"  de  la  Sablière,  La  î^ôntaine.  Cha- 
pelle dont  il  a  composé  l'éloge,  et  Saint- 
Évreipônd  qui  nous  le  représente  comme 
digne,  par  sa  figure,  sa  taillé,  ses  maniè- 
res, sa  conversation,  d'être  appelé  îeJoH 
philosophe.  Il  contribua,  avec  fiôiléaii, 
a  la  composition  de  cet  arrêt  burlesque 
qui  empêcha  le  {rave  président  dé  Lâ- 
moignon  de  fai^e  rendre  par  le  uaflefnènt 
de  Paris  un  arrêt  véritable  qui  eiilît  été 
plus  sérieuseînépt  "    '        ^e, 

Bernier  ôàqUit  rs,  on  né  dii 

point  en  quelle  ai  étudia  fa  mé- 

decine, et^  après  a'  recevoir  doc- 

teur à  Montpellier  Ta  à  son  ^bùt 

pour  [es  yoyages;  i  en  $yrie  éq 

16^4,  et  de  la  il  se  rendit  en  Egypte. 

ïl  demeura  plus  d*ûné  année  au  Câirç 
où  il  fut  attaqué  de  la  peste;  \\  s'emhar- 
qua  peu  de  temps  après  à  Sqe^  pour 
aller  dans  Ttnde  et.y  résidfi  Xi  ans,  dont 


des  lettres,  protégea  Ëernier  et  l'emmèna 
avec  lui  dans  le  JMcbmyr.  Xie  rétour  en 
France,  Ëernier  publia  ses  yoyages  et  ses 
ouvi^ges  pnilosopbiques.  Il  vis|tâ  TAn- 
gleterre  éif  }685  et  vpulut  y  àltit-er  XÀ 
Foplaine.  timonrut  a  I^aris  en  iîSdâ.  Qq 
trouve  la.  liste  des  ouvrage^  de  Bernier 
dans  les  Kies  de  plusiçurs  personnaffos 
céièbrefy  par  M.  le  bârôh  Walckenaér. 
t.  11 ,  p.  1^-11*  Nous  n'ei^  çUfrQDs  ici 
qqejes  deux  bîrini^ipaiix  : 

1  tiistQÎrt  ((e  la  âerniè're  j^vôtùtioh 
du  ùrqnd-Mùgol,  etc.,  (•  I  et  11,  raris^ 
167t),  în  12^  avec  qne.cfiiHe;  ^uite  des 
Mémoires  du  s\eur  Jjemier  si^if  tept- 
pi're  du  Grànd-Àfogoi,  i  Ut  et  IV,  Pa- 
ris, li57i*  Ces  diverjl  écrits  tirent  distin- 
guer Bernier  de  ses  hofi)on;|fmes  par  lé 
surnom  de  MogoL  Ih  ont  éié  plusieuni 
foîi  i^imprliaés;  2^  Abrégé  d^  la  philo- 
sophie de  Gassendi^  Ia  prei^ière  édition 
a  été^  imprimée  à  Lyon  çq  )^@73|  ^q  o 


(990)  BER 

vol.  in-12;  la  seconde,  de  1684,  est  m 
7  Vol.  W-R. 

BËttNilVt.  Le  çavalferBernin  (JfCAN- 
Laurrnt)  ,  hé  à  Naples  en  I59é  et  mort 
à  Rome  en  i  686,  à  la  fois  statuaire,  pein- 
tre et  architecte ,  fut  le  Micbel-Ahge  dé 
son  siècle.  Son  père,  qui  était  sculpteur 
florentin,  lui  enseigna  les  éléniens  de  soq 
art.  Ses  talehs  furent  si  précpces  qu*à  (0 
ansf  il  exécutait  des  ouvrages  dignes  d*ê* 
tre  remarqués.  Son  groupe  d* Apollon  et 
Daphné,  qui  passe  pour  l'une  de  ses 
meilleures  productions,  date  de  sa  16 
année.  Dans  sa  vieillesse  il  ne  pvtt  s'éiq- 
picher  de  dire,  en  lé  revoyant,  qu^il 
avait  fait  bien  peu  de  progrc^sf  depuis(^ 
Lorsque  le  cardinal  MafTeï,  qui  avait  été 
son  premier  protecteur,  devint  pape  sgus 
le  nom  d'Urbain  VllJ,  ce  pôntSfe  fui  pror 
cura  Foçcasioa  de  développer  les  resr> 
sources  de  ce  génie  fécond  et  vaste  qù*i( 
lui  avait  reconnu,  çn  Inl  confiant  là  4^- 
coralion  de  cette  partie  de  b^  basilique 
de  Saint-Piérré  nommée  la  Confession^ 
C'est  là  q^'est  placé  cC  fameu)^  bald^-: 
cjuin  en  bronze  dont  on  a  tant  parlé  et 
qui  valut  au  Bernin  des  récompenses  ei 
deâ  honneurs  jusqu'alors  sans  exemple 
Dès  ce  moment  la  direction  des  arts  fut 
reqijse  entré  ses  iqaln^  :  aueiin  ouvragé 
public  ne  s'exécuta  dans  Bome  sàqs  èoo 
assentiment;  mais  ce  patronage ,  qu'au*- 
cun  artiste  n'avait  exercé  avant  lui,  e^t 
lé  malheureux  résqltat  d'encoun^ger,  d« 
maintenir  cette  mîmière  plus  aimab(e 
que  savante,  plqs  facile,  plus  abondant^ 
que  châtiée  et  rédéchie  introduite  par 
le  Cortohe^  affectionnée  par  le  Berqiqj) 
et  qui  égara  tant  dcjeuneé  artiste^. 

Les  travaux  de  Bernin  en  sçulptnrô 
sont  innombrables  ;  la  seule  çilaUoq  de 
ceux  qni  ont  de  la  célébrité  npus  pbli^ 
gérait  à  sortir  des  bornes  qui  qous  sqqt 
prescrites,  Aprè#  le  baldaquin,  b|  cbaîiro 
de  saiqt  Pierre,  le  groupe  de  si(|ntci  Tbé-i 
rçsê,  le  ^auiiolée  d'Urbain  VIII,  celui 
d^A-le^andre  YII,  o^vr^ges  çonsidérablet 
qui  sont  de  vrais  titres  de  gloire,  vién* 
netit  les  fontaines  des  plae^  Barberini , 
d'Espagne,  Navone,  et  le^  figures  ()ont  il 
décora  le  cbâteau  Saint-Ange,  figurea 
qqi,  pour  le  dire  en  passant,  ont  biea 
p^rdu  de  leur  répqtation  prepiièrCf  £a 
généra)  lêf  piivr^iges  de  14  jeupo^e  çln 


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BER 


(891) 


BER 


Beroin  lûot  d*mi  aiyU  plusi  eorr^^  {dus 
étudié  que  çeqx  d'un  âge  i^viiqcé. 

Comme  architecte  tel  ar^ist^  occupé 
un  rang  moips  élevé  peuf-êfre  que  comme 
sculpteur^  mais  c*e8^  toujours  Thomuie 
aux  graD4^  et  belles  idées,  aux  riches 
et  élégantes  conceptions,  s*çiccupant  da-t 
vaptage  de  i'ensemble  que  ^es  détails,  et 
sacrifiant  parfojs  les  règles  reçiies  pour 
arriver  à  un  effet  cherché.  S^  licences 
soqt  celles  d'un  artiste  ingénieux ,  clle^ 
9Pt  un  charme  qi|i  leur  i|  donpé  d^  pom^ 
hreùi(  partisuna.  On  leur  reproche  d*a voir 
ouvert  la  carrière  aux  extravagances  du 
Borrouiinit  La  fameusç  coloppade  de  la 
place  Saint-Pierre,  conçue  et  élevée  par 
le  Berqin ,  comparable  en  grandeur  et  en 
magnificence  à  ce  que  |es  fippiei>s  ont 
laissé  de  plus  in^posant,  suffirait  sfeule  à 
sa  réputation  de  grand  architecte,  si  Tpn 
n'avait  point  encore  à  citer  de  lui  ce  cé- 
lèbre escalie^^à  deux  rafnpcs  qu'il  coo- 
struisii  au  Vatioin,  dans  un  emplace- 
ment ingrat,  et  dont  l*efTet  de  perspec•^ 
t^v^,  de  lumtèfre,  et  l'aspect  général  sont 
sî  merveilleux,  ainsi  que  le^  immenses 
travaux  exécutés  dans  rjntérieur  du  Va- 
tican ,  pour  donner  de  l'ui^ité  à  cet  en^ 
semble  formé  d^  tant  d*élémens  divers 
et  fru^t  de  tant  de  génies  différons. 

Si  le  Bernin  n'avait  été  que  peintre» 
sans  doute  la  renommée  n'aturatt  peint 
embouché  pour  lui  les  cent  boMches  de 
sa  trompette;  cependant  ses  tableaux | 
très  nombreux,  sont  loin  d*étre  sans  mé- 
rite. Ils  sont  pour  la  plupart  réunis  au 
palais,  Barb^rin  et  ^u  palajs  Ghisi.  On 
en  ?oit  un  dans  Téglise  de  Saint-Pierre^ 
à  Tautel  du  Saint-Sacrement;  il  repré* 
l^te  un  si^et  de  la  vie  de  saint  Maurice* 
Qe  iqéme  que  Léonard  de  Vinci,  le  Bfr- 
nin  s'occupa  des  science^  exactes.  Il  in« 
venta  plusieurs  macbines  jitiles^  entre 
i|utr^  celles  qui  smeat  k  l^ome  à  firap* 
per  la  monnaie. 

Doué  d'unc^  grande  mobilité  d'esprit| 
enjoué  y  ^if,  plein  do  feu,  d'une  pbyàio- 
noipio  aimable  el  noble,  courtisaiiadroity 
le  Bernin  sut  gagner  l'affectioB  et  lesXa- 
veitrs  des  gmmds.  Louis  XIII  voulut  l'at- 
tirer..^, sa,  cour)  Urbain  VIII  ^  Alexan- 
dre VII»  Clément  IX>  l'admettaient  fr^ 
qoepimea^  à  leur  table;  (a  reino  Çbristino 
4«  ÀiM^  à.soa  yoiiigo  à  A#m^  oui^  fMur , 


lui  mille  attentions,  et  tout  le  mpf^  sai^ 
que  Louis  XI Vet  Col bert  enlamèrep^  a?69 
la  cour  de  Rome  des  négociations  pouR 
obtenir  qu'^elle  conscptit  à  1»  l|isse|r  vén 
njr  à  Paris  diriger  les  trfivaux  du  Loin 
vre.  Les  honneurs  ipsignes  qui  furtm 
rendps  au  Bernin  par  les  souverains  dont 
il  traversa  les  états  pour  venir  en  Franoo 
et  p^r  les  autorités  des  villes  de  Fraooct^ 
l/accueil  qui  lui  fut  fait  à  son  arrivée  à 
la  cour  passent  toute  croyance,  aussi  bLe|i 
que  les  largesses,  pour  ne  p9s  diredat 
prodigalités,  du  roi  en  safaveuTi  lora-r 
qu'après  8  mois  de  séjour  à  Paris  et  à 
Versailles  il  retourna  en  Italioi  abreuvé 
de  dégoûts  et  ne  laissant  pour  tout  sottt 
venir  qu'un  buste  de  3a  Majeatéet  dos 
plans  inexécutables  pour  racbàveMonC^ 
ou  si  Ton  veut,  pour  l'anéantisseiBoal 
du  Louvre;  c^r  |e  moindre  défaut  do 
sop  prqjet  éuit  de  faire  un  accessoiiit 
du  principal  et  de  détruire  uno  pa^* 
tie  de. ce  qui  exisUit.  C'est  ici  le  lion 
de  réfuter  une  assertion  emmée  êmÊf 
ven(  réproduite.  U  est  faux  que  le  Bor^ 
nin  ^it  pu  voir  la  colonnade  élevée  pat 
Perraplt  et  qu'il  se  soit  étonné  qu'on  Fàil 
fait  venir  lorsque  la.Franeo  avait  d'aussi 
habiles  architectes.  Lç  Bernin  quitta  Ptn 
ris  en  1^66  et  Perrault  qe  jeu  leê  foB« 
dations  de  la  fagade  du  Louvre  qu'eb 
1667.  A  son  retour  à  Rome  le  premieir 
soin  du  Bernin  fut^'exécuter  on  marbro 
la  statue  équestre  de  Louis  XTV  et  de  la 
lui  envoyer  comme  un  témoignage  de  s« 
gratitude.  Malheureusement  cet  ouvrage^ 
d'abord  accueilli  avec  des  transports  d'ad-» 
miration,  fut  bioitôt  i^pprécié  à  ta  juste 
valeur  y  et,  pour  en  faire  disparaître  ïë 
ridicule,  Girardon  fut  chargé  de  le  trans-* 
former  en  Marcua  CurtiAs;  cotte  sUtué 
se  voit  dans  le  paré  de  Versailles.  Joo-^ 
qu'à  son  dernier  moment  le  Bomm 
jouit  de  la  considértlion  dlie  à  ses  laloilà 
et  à  sa  personne.  On  ki  fit  des  obpèquoi 
magnifiques  et  son  oorpsftttportéàSainlo* 
Mario-Majearo«  Los  poètes  s'enpress^ 
rent  à  l'onvi  de  chanter  ses  louanges.  Il 
bûssa^  dit-^ODy  une  fortiino  do  Àemx.  MU' 
lioBs.  L.  C.  £k 

BERNtS  (F&Airçôié^OA<»M  dîi 
PtEBBits,  camlinal  db)^  naquili  à  Soiot-^ 
Maroeido  l'A^dodié,  on  1716i  CoalflM 
cMkidosa  nuaon^il  mtmifttkom  ki* 


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&ËR 


(392) 


im 


éDtttlimes^  dani  les  ordres;  chanoine  de 
BriôHdè,  puis  cbmte-chtfnoine  de  Lyon, 
it  >iliC  jeune  à  Paris ,  portant  (e  nom 
d'abbé.  Ce  titre  n'obligeait  point  à  une 
Tie  austère,  la  danse  exceptée.  Un  abbé 
fl*était  dntingné  dans  U  aociété  que  pa^ 
la  coupe  de  ses  cheveux,  par  le  petit  man- 
teau noir  attaché  sur  ses  épaules  et  par  le 
<broh  de  refuser  un  duel,  que  plusieurs 
cependant  acceptaient  volontiers.  Quoi- 
que Bemis  logeât  au  séminaire  Saint- 
Sulpioe,  il  n*eut,  par  sa  naissance,  des 
rapporta  qu'avec  des  gens  de  la  cour  ou 
les  riches  financiers  qui  les  recevaient, 
tandis  que  sa  pauvreté  se  fût  beaucoup 
mieux  accommodéede  la  compagnie  de  ses 
confrères;  mais  il  avait  un  si  joli  visage, 
de  si  jolies  manières,  il  faisait  de  si  jolis 
vers,  que  la  cour  et  U  ville  se  Tarra- 
chaient.  Ces  agrémens  frivoles  étaient 
joints  à  un  caractère  égal,  désintéressé, 
s6r,  iieconnaissant;  et  Bernis,  qui  com- 
mençait par  plaire,  finissait  par  se  faire 
esdmer.  Vainement  Voltaire,  qui  jugeait 
assez  légèrement,  le  sumomma-t-il  Ba- 
ket  la  bouquetière;,  ce  sobriquet,  qui  au- 
rait perdu  un  homme  ordinaire,  n'éloi- 
gna pas  de  Bemis  un  seul  de  ses  amis; 
mais  il  contribua*  peut-être  à  la  sévérité 
àê  Mirepoix  qui,  sollicité  par  l'abbé  de 
disposer  en  sa  faveur  d'un  bénéfice,  lui 
dit  avec  rudesse  :  «  Vous  n*avez  rien  à 
espérer  de  mon  vivant.  —  J'attendrai , 
mons^gneur!  »  répondit  Bernis,  d'une 
voix  douce,  qui  ne  rendit  pas  U  réplique 
moins  piquante;  car  l'abbé  était  jeune  et 
l'évéque  avait  80  ans.  Cependant  la  pa- 
tience devait  être  pénible  pour  l'abbé  de 
Bemis,  puisque'  ses  amis  lui  donnaient 
un  petit  écu  pour  payer  son  fiacre,  quand 
il  venait  diner  chez  eux  :  attention  qui  fait 
honnenr  à  ce  siècle  où  donner  et  recevoir 
une  aussi  faible  somme  ne  prouvait  ni 
l'humilité,  ni  l'embarras,  et  où  l'on  n'ima- 
ginait point  que  l'inégalité  de  fortune  dût 
entraîner  un  changement  d'habitudes  so- 
ciales. Comme  il  n'est  rien  de  complète- 
ment inutile  on  nuisible  sur  la  terre, 
M"^^  de  Pompadour  demanda  et  obtint 
pour  l'abbé  de  Bemis  un  logement  aux 
Tuileries  et  1,600  fr.  de  pension  sur  la 
casseUe  du  roi.  Céuit  à  6,000  liv.  de 
rentes  que  Bemis  bornait  ses  préten- 
tions;  malt  ayant  été  nommé  amlMsaa- 


deor  à  Venise,  il  y  dé|>1oyi  des  talent 
qu'on  ne  lui  sOui(ȍonnak  point  Tout  en 
servant  la  France,  il  obligea  le  pape  Be- 
noit XIV,  qui  le  prit  pour  médiateur 
dans  une  discussion  entre  lui  et  les  Vé- 
nrtiens;  et  sa  faveur  s'en  accrat  Rappelé 
en  France ,  il  entra  au  grand  conseil  et 
devint  ministre  des  affaires  étrangères. 
Ayant  contribué  à  l'alliance  de  la  France 
et  de  l'Autriche,  qui  décida  de  la  guerre 
de  Sept- Ans,  l'abbé  de  Bemis  fut  blâmé  ; 
mais  Duclos,  qui  fait  si  sévèrement  la  part 
des  grands  et  du  clergé,  le  justifie  sur  ce 
point,  et  les  lettres  de  Bemis  à  Paris  Du- 
vemey  prouvent  seulement  les  soins  que 
prenait  le  ministre  po«r  assurer  le  succès 
de  cette  guerre  qui  fut  assez  malheureu- 
se. Cependant  il  céda  à  l'opinion  publi- 
que et   rendit  le    portefeuille  peu    de 
temps  après  avoir  été  fait  cardinal;  ce 
qui  n'empêcha  ni  un  exil,  ni  une  dis^ 
grâce  qui  dura  6  ans,  au  bout  duquel  on 
le  nomma  à  l'archevêché  d'Alby.  En 
1769,  on  renvoya  ambassadeur  à  Rome, 
où,  dans  les  conclaves  de  1769  et  1774, 
il  montra  de  l'habileté;  et,  pour  obéir  à  la 
cour,  il  poursuivit  la  destraction  des 
jésuites ,  contre  ses  opinions.  Jamais  la 
France  né  fut  plus  dignement  représen« 
tée  que  par  le  cardinal  de  Bernis;  on 
peut  en  croire  le  ministre  Roland  qui 
dit  :  «  L'assemblée  du  cardinal  de  Ber- 
nis est  peut-être  l'une  des  assemblées 
périodiques  de  société  les  plus  magnifi- 
ques de  l'Europe.  Grand  par  lui-même , 
il   est   en    outre   magnifique  dans   ses 
représentations;  tout  ce  qui  concourt 
à  leur  éclat  est   double  chez  lui.  Te- 
nant table  ouverte,  donnant  k  tout  le 
monde,  ne  recevant  de  personne,  et  tou* 
jours  auHlessus  de  toute  comparaison 
dans  les   fêtes ,  dans  les   cérémonies , 
dans  les  illuminations  publiques.  Tant  de 
somptuosité,  le  concours  des  grands, 
les  hommages  du  peuple,  une  politi- 
que qui  a  mis  plus  d'une  fois  en  dé- 
faut celle  du  Vatican ,  une  politesse  ai- 
sée, qui  toujours  est  à  tout  et  s'étend  à 
tout  le  monde,  donnent  au  cardinal  de 
Bernis  un  crédit,  un  ascendant,  que  des 
grands  talens  soutiennent  d'une  manière 
imposante.  »  Sa  maison  était  ouverte  à  tous 
ses  compatriotes,  et  tandis  que  Bemis 
prodiguait  i  tas  ocmrivrs  les  meta  les  fins 


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BER 


(898) 


BER 


d^Ucatt,  lai,  doot  une  tflBtâtWe  d'empoi- 
•onnement  avait  pour  toujours  altéré  la 
Motéy  diaaît  avec  uo  œuf  mia  à  Teau. 
Quoique  ses  poésies  Feusseot  fait  noa* 
mer  membre  de  T Académie  française,  il 
les  trouvait  beaucoup  trop  frivoles  pour 
aimer  alors  qu'on  les  lui  rappalât;  car  il 
savait  joindre  à  la  dignité  d'un  ambasaa* 
deur  la  politesse  d'un  courtisan,  la  ré^ 
gularité  d'un  prêtre.  U  reçut,  en  1791 , 
les  tantes  de  Louis  XTVi  comme  il  rece- 
vait tous  les  Français,  avec  l'hospitalité 
la  plus  généreuse  :  ce  qui  n'empédu  point 
les  princesses  de  se  montrer,  ainsi  que 
leur  suite,  très  exigeantes  et  un  peu  <ra* 
cassicres.  Mais  la  révolution  débarrassa 
bientôt  le  cardinal  de  tous  les  soins  que 
ses  dignités  et  son  caractère  obligeant 
entraînaient.  Refuser  le  serment  que  Ton 
exigea  alors  des  ecclésiastiques  et  que 
Bemîs  croyait  incompatible  evec  ses  pre- 
miers vœux,  c'était  renoncer  à  l'ambas- 
sade de  France  et  à  400,000  liv.  de  ren- 
tes :  il  n'hésita  point.  Cette  résolution 
consciencieuse  qui  bouleversait  sa  posi- 
tion sociale,  est  très  honorable  pour  un 
courtisan  :  aussi  en  eût-il  été  quitte  pour 
être  pauvre,  ce  moindre  des  maux  qui 
puisse  afQîger  un  honnête  homme,  sans 
le  chevalier  Azara  qui  obtint  ^ur  lui 
une  pension  du  roi  d'Espagne.  Le  car^ 
dinal  de  Bernis  mourut  a  Rome  en  1794. 
Sa  iamille  et  la  légation  française  lui  fi- 
rent faire  un  mausolée  sur  le  modèle 
de  celui  du  pape  Casini  ,  que  l'on 
a  transporté,  ainsi  que  son  corps,  à  Nî- 
mes. Un  autre  monument  élevé  dans  l'é- 
glise de  Saint- Louis  des  Français  à 
Rome,  contient  son  cœur  et  ses  entrail- 
les. Indépendamment  des  lettres  de  Ber- 
nis à  Paris  Duverney,  on  a  recueilli  en 
un  petit  volume  ses  Œuvres  mêlées  en 
prose  et  en  vers.  Son  style  est  facile  et 
ne  manque  point  d'élégance,  mais  il  nous 
semble  pâle;  et  la  mythologie,  qui  n'est 
plus  employée  par  nos  poètes,  donne  à 
ses  œuvres  un  air  suranné.  Son  poème 
de  la  Religion,  qui  a  eu  plusieurs  édi- 
tions, honore  plus  ses  principes  que  son 
talent  L.  C.  B. 

BERNOULLI  (les).  Cette  famille 
illustre  par  la  série  de  géomètres  du 
premier  ordre  qu'elle  a  fournis,  était 
originaire  d'Anvers;  mab  dès  le  xri^  siè- 


cle, les  guerres  de  religion  Tataievt  fait 
émigrer  a  Bâie ,  ou  elle  était  parvenue 
aux  premières  dignités  de  la  république. 
Le  premier  qui  ait  acquis  un  nom  célè* 
bre  dans  les  sciences,  Jacques  Bemoulli, 
était  né  à  Bàle  en  1654,  et  il  y  professa 
les  mathématiques  depuis  1687  jusqu'à 
sa  mort  arrivée  en  1705.  Conjointement 
avec  son  frère  Jean«  il  développa,  à  la 
grande  admiration  de  l'Europe  savante, 
dans  les  jicta  eruditorum  de  Leipzig, 
les  merveilleuses  ressources  du  nouveau 
calcul  infinitésiauil,  dont  le  génie  péné^ 
tra^t  et  si  varié,  de  Leibnitz  n'avait  fait 
en  quelque  sorte  qu'indiquer  les  princi- 
pes et  l'algorithme.  Outre  un  grand  nomr 
bre  de  recherches  sur  la  théorie  des 
courbes  et  sur  la  mécanique  rationnel!^ 
les  géomètres  lui  doivent  la  connaissance 
de^  propriétés  des  nombres  qu'on  appelle 
de  son  nom  NoinJbres  de  Bemoulli  et 
qui  jouent  un  grand  rôle  dans  la  théorie 
clu  développement  en  séries.  Un  recueil 
de  ses  œuvres  mêlées  a  paru  à  Genève, 
en  1744,  sous  le  titre  de  Jacobî  Ber- 
noulli  opéra  j  2  vol.  in  4**.  Mais  l'écris 
qui  le  recommandera  peut-être  le  plus  à 
la  postérité,  celui  ou  il  a  posé  les  fou- 
démens  de  la  théorie  mathématique  et 
philosophique  des  probabilités,  a  paru 
après  sa  mort,,  par  les  soins  de  son  neveu 
Nicolas  Bernoulli,  sous  le  titre  de  Jrs 
conjectandi  (  Bàle  ,1713,  în-4*'  ).  C'est 
dans  cet  ouvrage  que  se  trouvent  les 
théorèmes  qui  portent  son  nom,  concer- 
pant  les  lois  de  la  probabilité  résultantes 
de  la  répétition  des  événeftiens,  théo- 
rèmes sur  lesquels  reposent  toutes  les 
applications  pratiques  de  la  théorie  des 
chances. 

Son  frère  Jeait  Bemoulli ,  né  à  Bàle 
en  1667,  lui  succéda  dans  les  fonctions 
de  renseignement  et  les  remplit  jusqu'à 
sa  mort ,  arrivée  le  1*'  janvier  1748.  Les 
œuvres  de  celui-ci  ont  été  réunies  dans 
une  édition  publiée  à  Genève,  en  1743 , 
2  vol.  in-4^.  Doué  peut-être  d'un  génie 
mathématique  plus  spécial  que  celui  de 
son  frère,  il  fut  rangé  par  ses  conteif;po- 
rains  à  côté  de  Newton  et  de  Leibnitx, 
et  on  le  regainle  comme  le  véritable  in- 
venteur du  calcul  intégral.  Par  suite  des 
progrès  que  les  sciences  mathématiques 
ont  faits  depuis  lui,  il  ne  s'attache  plus 


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«Et: 


(394) 


•m 


ittlfe  8iij6iird^iit  qa'imiiirérâl  tiktori^ 
que  à  86$  trtLVfiiïK,  > 

.  '  Nicolas  Bernoulli ,  neveu  des  deun 
préoédens,  rtiêla  l'étude  de  la  géométrie 
a  celle  du  droit,  et  se  fit  remarquer  par 
nût  thèse  sur  leé  a&se/îs,  oh  il  proposait 
iTâppIlqiier  le  calcul  des  probabilités  à 
cette  question  délicate  de  jurisprudence. 

DaItikl  Bernoulli,  Vifn  des  fils  de 
Jean,  né  à  Grœningueen  1700,'iAort  en 
1783,  soutint  aVec  éclat  le  nom  de* sa 
fcmilledans  le  cours  du  xtih*  siècle 
cft  fui  le  digne  émule  des  Clalraut ,  èti 
â'Aleinbert,'des  Eu  1er.  Dit  fois  eou- 
ronné  pai^  l'Académie!  des  sclencies  de 
Paris,  il  remplit  de  ses  mémoire^  lès 
eoHections  de  èette  compagnie  et  de  celles 
dé  Bei^lin  et  dé  St-Pélersboiirg.  Son* père 
êl  son  oncle  avaient  été  les  soutiens  de 
réoote  de  Leibnitz,  et,  par/sUité,  les  plus 
redoutables  adversaires  des  doctrines 
Bewtoniennes  auxquelles  s'étaient  iran^ 
gés  tous  les  géomètres  ahg|fais;  mais  Da- 
niel suivit  lé'progrès  des  idées,' en  con- 
courant, avec  }es  ^ébmèrrés ^con tempo- 
étiîns  qu'on  vient  de  liommer,  à  déve- 
lopper la  théorie  du  système  du  monde, 
fohdée  sur  la  loi  de  la  gravitation  nevir- 
tôoienne.  Physicien  ingénieux,  aussi  bien 
^ue  profond  géomètre,  il  a  déployé  émi- 
ôemment*  ces  deut  qualité  dans  son 
grand  triiiéd^Hjrtiroefyfià/nique,  Slra^ 
ik)urg,  lt38,  in-4**.  Il  a  cultivé,  comme 
h  plupart  dés  autres  menibres  de  sa  fa- 
mille, le  calcul  des  probabilités;  ce  fut 
lut  qui  proposa ,  daiis  lés  mémoires  dé 
facadémie  de  Pétèrshpurg,  le  paradoxe 
devenu  célèbre  soùs  lé  nt>m  de  Problème 
iftf/^/ffrtf^oz/r^,'btqiii  imagina, pour  le 
Tésou4re,  la  théorie  de  V espérance  mo- 
rale, Lè^roçédé  de  l'inoculation  vînt  lui 
offrir  une  autre  occasion  d*âppliquç|r  lé 
caleul  des  chsince^^  et'iT  eut  à  ce  sujet 
de  vifs  démêlés  avec  d'Alénîber^       "   '■ 

Nous  hbuà  dispenserons 'de  citer  une 
foule  d'autres  géomètres  de  la  métiiç  fa- 
mille, d*un  nom  moins  célèbre;  le  der- 
nier qui  ait  acquis  de  la  réputs^tton,  au 
moins  à  fétrahgcr,  était  fils  de  Daniel, 
et  périt  en  1789 ,  en  se  bfilgnant  4ans  la 
Névà.  A.C.' 

BERNSTORFP,  famille  originaire 
dèk  Bavière,  et  d*oii  sopt  Issus  plusieurs 
honunes  d*étmt. 


Ktrbtft^^vi^VBtLJL  y  premteF  niHifa* 
tre  du  Hàhovre,  mnrt  ènf  ^796,  est 
moim  connh  que  son  cousin' jÉÀii  Habt» 
wio-Tittif EST ,  né  a  Hanbirre  en  ï  715, 
quti  avaif  fait  élever  ponr  la  carrière 
administrative  et  quî  entra  dans  sa  Jeu- 
nesse au  service  du  Danemark ,  où  If  fut 
employé  d^aboïtl  aux  légation^  ëtrahgè^ 
res ,  et  où  il'  partrlat  en  peu  de  temps  aux 
pbstes  de  secrétaire  ^*état,  de  conseiller 
intime,  et  de  teemlire  du  conseil  d^état. 
C'était,  comme  dît  Falken&kîœld  dans 
ses  MémoiirSf  tin  homme  d'un  caractère 
doux  et  habitiié  à  plier  sous  le  iôug  des 
favoris.  Il  éontribua  beaucoup  k  Faboli^ 
tfon  delà  servitude  féodale,  des  corvées 
et  des  pâtures  communes,  ll'ébbtlt des 
écbtés  pour 'former  des  sAges-femmes. 
Sa  chiUrité  était  grande  et  les  pauvres 
recevaient  une  partie  cohsidéràble  de 
ses  reventis.  Dans  la  guerre  de  Sept-Ans, 
dans  laquelle  furent  entraînés  la  plupart 
dès  états  de  ^Europe,  il  fit  garder  pair  le 
Danemark  une  neutralité  armée,  et  as- 
sura à  son  pàyft  adoptif  la  possession  du 
Hèlslein.  En  1701,  aprè^ ta  mort'du' der- 
nier duc  de  ce  nom,  Christian  VU  lui 
accorda  le  rang  de  comte.  Quand  Struçn- 
sée  eut  àcouis  un  ascendant  irrésistible  à 
la  cour  de  Copenhague,  Bernstorlt  îut 
d*abord  maintenu  dans  son  poste  ;  pnalf 
s'éiant  opposé  au  rappel  de  Ràntzau^ 
ministre  à  Pélersbourg,  il  reçut  son  congé 
en  revenant  d*.un  voyage  qu^il  av^U  {aî( 
avec  le  roi  dans  le  Holstein.  Conservant 
une  pension  de  6,000  thalers ,  il  ^e  ré-' 
tira  a  Hambourg,  puis  )!  fut  rappelé  a  la 
cour  après  la  chiite  du  favori;  mais  il  mou- 
rut avant  d'avoir  pu  profiter  dés.gr^ce^ 
de  son  soiiverain. 

Elles  furent  dévolues  à  son  neveu  Ak- 
DEiS-Pi^RtiE  (  né  dans  le  Lunebourg  en 
1^85  ),  hanovrien  çoipme  lui ,  et  formé 
sous  le  mlntstè^e  de  Jcfin-Hartwîg-Ër- 
nest.  I|  était  conseitter  intime  quand  il 
fût  enveloppa  dans  la  disgrâce  de  son 
oocle.  Il  revint  \  Cïonenhague  éq  1772, 
et  prit  une  part  active  atix  affaires  pu- 
bliques. IJ  fit  renouveler  l^alliance  entre 
leDanettiaik  et  TAngl^erce»  mi»  Il  <Jé- 
plut  à  la  Russie,  pour  s*étr^  <^ppps.<^  ^  ^^^ 
système  de  politique,  elî  le  favori  Guld- 
berg  en  profita  pour  le  faire  renvoyer, 
en  1780.  Cependant  lor&()ue;  pendant  U 


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BBR  (  S&S  ) 

ifmpit  dk  O^iiUtB  Vn,  le  ;  né^  dont  b 


prittce  béréditaSr«  m  ftM  Mparé  des  ft^ 
i«irM,Berii«tor(f  fut  rappelé  et  obtint 
alors  usa  fpnftadeînAaencetur  les  afAii(r«s 
^tmrigères  «t  de  PhitMeor.  €é  fat  lui 
qui  étabUt  «■  principe  c|tte  le  pavillon 
neutre  couvre  b  mareharidise»  et  qui  fit 
proposer  à  la  Snède  un  traité  de  neutra*- 
lité  aroiéei  traité  que  FalkeoslutfBld  re- 
garde coniiBe  une  grande  faute.  «  Au 
re»t«,  dit  eet  auteur,  quelles  que  seient 
lee  erreurs  oè'  ait  pu  tomber  le  comte 
de  Bemsterffv  il  laot  reconnaître  que  le 
Denemark  lui  doil  pHocipalement  de 
ii*evoir  pas  été  entraîné  dans  la  coalition 
Ibrmée  contre  U  France.  Il  eut  d'au« 
tant  plus  de  mérite  à  cet  égard  qu^l  éuit 
f^rsonneUement  animé  d*«ine  baine  pro^ 
fonde  contre  les  révolutioneaires  fran-^ 
faiSk  Sa  correspondance  atec  le  mînis* 
tare  anglais,  pour  repousser  les  sollicita-^ 
tiens  relatives- à  eet  objet,  est  pleine  dé 
raispn  et  de  dignité.  Le  comte  de  Bems^ 
«erff  n'a  pas  entiravé  la  liberté  de  la  presJie 
établie  en  1770  par  Struensée.  Il  «  ron*- 
eburu  efficacement  aut  mesures  prises 
pour  affrancbir  par  degrés  le  paysan  da^ 
•eis  de  la  servitude  de  la  glèbe.  Aut  senti- 
mens  de  droitiu*e  il  joignait  de  Finstroc- 
tion  et  une  mémoire  fort  heureuse.  Il 
avait  plus  de  fermeté  de  caractère  que 
son  oilcle;  mats  tous  deux  oontHbuèrent 
peut-être  à  accroître  les  dettes  et  lés 
èfiarges  du  Danemark,  en  ttiuhint  lui 
faire  jouer  le  rMe  d'une  grande  puis^ 
sance.  »  Bemétdrff  avait  contribué  à  faire 
flenrir  les  fiibriques  et  à  donner  du  las-^ 
tre  à  Tuniversilié  de  Kiel.  Il  mourut  à 
CSopenbàgue, en  1797,. regretté  comme 
son  père  à  qui  les  paysans  avaient  élevé 
lui  monument  Malte-Brun  fit  une  ode 
sa  mort 

Il  eut  pour  successeur  au  département 
des  affaires  étrangères  son  fils  Chuis- 
TIA9,  né  à  Copenhague  en  1769,  qui 
administra  sans  iK^l,  d^if^  4^^epfyps  à 
la  vérité  très  difficiles.  Tout  ce  qu*il  put 
faire,  ce  fut  de  se  ménager  Talliance  de 
Napoléon;  mais  par  cette  politique  il  ex- 
posa la  marine  danoise  à  être  la  proie 
des  Anglais,  et  tout  en  conservant  le 
Holstein  et  leSlesvig  au  Danemark,  il  fut 
obligé  de  signer,  au  congrès  de  Vienne, 
h  renonciation  à  la  possession  de  la  Mor* 


91» 

fui«|faalei  Mlb 
de  Suède.  On  me  sait  fi  ce  fat  le  repro«« 
che  général  d'avoir  cédé  la  Norvège  ou 
d'autres  motîfit,  qui  4uî  firent  perdft  le 
portefeuille  des  relations  extérieures,  et 
qui  le  détermtDfrept,  ea  1818>  à  quitter 
le  servioe  danois  pour  entrer  à  «elui  da 
roi  de  Prusse  aa^ès  duquel  il  Avait  été 
envoyé  comme  ministre  plénipotentiaire^ 
Le  roi  de  Prusse  lui  confia,  le  département 
des  affaires  étrangères,  et,  en  sa  qualité 
de  miaistrf,  le  oomtedeBembti)|tf  auista 
à  tous  les  congrès  tenus,  par  la  SaMfte* 
Alliance  dans  l'intentloa  d'assurer  le  sno^ 
oès  de  son  système  iPabsobifisaie.  H  pa^ 
rut  à  Ajx4»-Ghapellé,  àCarlsbad^  Tmp* 
pau ,  Laibaeh,  Vérone^  et  signa  toot  ca 
que  les  antrse  mioîitPes  signèrent  En 
1830  on  lui  adjoignit  BiL'Amillott  qai^ 
au  bojit  de  qp^elq^e  tçajipSf  ttevinjt  son 
successeur.  Le  comte  de  Bemstorff  a  priy 
sa  retraite  ^n  18âfl,  maïs  en  conservant 
tous  ses  èraohimens.  Lé  roi  ^e  Prusse 
s*est  réservé  la  faculté  de  ^admettre  4  ses 
conseik^^  dans  les  chrtokistances  im(>or- 
tantes.  De. 

BÉR08B  (  peà.t-être  Ê^r  Osea,  fils 
d*Osée),  historien  chaldéen,  parait  avoir 
vécu  du  temps  «TAléxandrè-le^firand; 
on  trouve  dans  la  BtBi/ôthecà  grrtrca  dé 
Fabricios  (  t.  ^IV  )  les  IVs|gmens  les 
moins  douteux  des  écflts  de  Bérbse  et 
surtout  des  passages  de  VBtstoire  au 
royaume  de  BûBjrfoné  ;  ce  dernier  ou- 
vrage existait 'du  témp^  do  ju7f  losèp^e, 
qui  en  a  tiré  un  grand  parti  pouf  sei  Un- 
tiquités,'Etk  1545,  ùne^hlstoire  en  cinq 
livres  fut  publiée pa(  Annîtis  dTe  V!ler|>e , 
BOuï  le  noin  de  Bero^e  ;  mais  on  ne  taVda 
pas  à  reconnahf e  '  la  fausseté  de  cet 
écrit* 

L'historien  Bérose  doit-il  être  regardé 
comme  le  même  personnage  que  l'astro- 
nome du  même  nom ,  Chaldéen  comme 
lui ,  et  prêtre  de  Bélus  à  Babylone  ?  C'est 
ipne  question  gui  |i'a4)as  été  éclaire  ie  par 
les  discussions  des  savans.  Quoi  qu'il  en 
soit,  l'astronome  Bérose  quitta  sa  patrie, 
selon  Yitruve,  pour  aller  à  Cos,  patrie 
d'Hippocrate,  ouvrir  une  école  où  il  en- 
seigna, devant  de  nombreux  disciples, 
la  science  dans  laquelle  il  excellait.  En 
reconnaissance  de  ses  belles  prédictions, 
les  Athéniens  lui  érigèrent  une  statue 


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'éùÊi  h  UmpM  était  éot49k  U  imafiiia 
»im  nouvèHe  e^plce  de  cadran  so- 
laire. 

Ihi  reste ,  eeux  qui  distiitgueiit  Fhis* 
torien  Béroee  de  i'aairoti^Me  ne  savent; 
,  point  iléterminer  i'&poque  où  celui-ci 
aurait  vécu,  Jnatin-ie-Martyr  kii  attri- 
bue une  fiUe  déAifaée  ao«8  le  nom  de  la 


BER 


^  ^      -  .  _  ^  __  -_  y  —  — ^  _j — ^ 

olfrit  à  Tarquin  les  fameux  livres  sibyi<? 
lins.  'A.  S»a. 

1  BERQUIN  (Aanaud)  naquit  à  Bor- 
deaux en  1748;  il  est  peu  de  noms  aussi 
eoonus  en  France*  U ami  iie^  en/ans  s'est 
aeqifis  des  droits  à  la  recounaiseanoe  de 
tous  les  parensy  et  il  a  l'avantage  d'avoir 
intéressé  toutes  les  mères.  Il  n'en  est  pas, 
surtout  de  celles  qui  nourrissent,  qui 
n'ait  souvent  dit  : 

Dors,  mon  «nfant ,  elos  ta  paopière. 

La  romance  dont  ce  vers  est  le  refrain 
est  une  des  pi qs,  jolies  de  l'auteur.  On 
distinipie  encore  celle  de  Gena^icve  de 
BrahanU  Ce  fut  dans  oe  genre  et  dans 
celui  des  idylles  que  débuta  Berquin. 
Son  recueil  intitulé  XAmi  des  en/ans 
forme  6  volumes;  c'est  son  ouvrage  le 
plus  important  par  son  utilité,  en  ce  qu'il 
présente,  soit  en  dialogues,  soit  en  ré- 
cils, soit  en  actions,  des  instructions 
d'auUnt  plus  intéressantes  que  la  variété 
de  leur  ferme  pique  la  curiosité  de  l'âge 
pour  lequel  elles  ont  été  composées.  L'A- 
cadémie française  avait  proposé  pour 
1 784  un  prix  à  l'ouvrage  le  plus  utile  qui 
aurait  paru  dans  Tannée  :  il  fut  décerné 
à  VAmi  des  enfans. 

La  Harpe,  en  parlant  de  Berquin  dans 
son  cours  de  littérature,,  cite  avec  éloge 


son  idylle  LepeHiJUwe  otgiueiUeUx, 
traduite  de  MéUstase,  VOrgogliosaJiu' 
micello.  Qm  peut  supposer  qu'en  tradui- 
sant cttte  pièce  Bei^juin  a  eu  en  vue  des 
enfans  pi»  grands  q«e  ceux  pour  qui 
ont  été  iûts  aea  autres  ouvrages.  Ceux- 
ci  sont  eft  gmod  nombre,  etibrment  une 
longue  sérié  de  volumes  inrl8.  La  justice 


wu«  %»m%0  «M««;  «VDi^nw  m^m  IV  UVUl    «UC   wm.        «wwçfaw  ocftio  %MK  TVlUnia*  UlriO*  l^a  JUStlCO 

sibxUe  babjdmîenme,  celle ,  dit-<m ,  qui^,  exige  l'aveu  qu'ils  sont  pour  k  plupart  de/T* 
olfrit  à  Taniuinles  fameux  livres  sibvl-?  ^Weiss  (vairX  écrivain  »UfmkmnA  a..» i 


Weiss  (in^.),  écrivain  allemand  auquel 
la  jennesse  doit  un  si  grand  nombre  de 
bons  écrits  et  recueils  ;  quelques-uns  sont 
imités  de  l'anglais;  mai$  lenteur  français 
se  les  est  appropriés  par  le  naturel  et  la. 
naïveté  de  son  style.  L'^mi  des  encans 
n'a  point  été  éclipsé  par  les  ouvragée, 
nombreux  composés  d^uis  dans  le  même 
but;  on  peut  même  dire  que  aon  mérite 
n'en  a  été  que  mieux  apprécié.  Les  idylles 
de  Berquin,  ses  rompis  et  le  PygmaUan 
de  J.-J.  Rousseau  qu'il  a  mis  en  vers, 
attestent  son  talent  pour  la  poésie  pas- 
sionnée et  pour  celle  qui  exprime  les  plus 
doux  sentimens  du  ccsur.  Berquin  avait 
étéappelé  par  la  nature  à  coniposer  les  ou- 
vrages qu'il  a  laissés.  Son  caractère  était 
doux,  franc,  naïf  même.  Il  aimait  beau- 
coup les  enfans,  se  plaisait  à  leurs  jeux 
et  y  prenait  part. 

On  se  tromperait  en  croyant  que  Ber- 
qMÎn  ne  pouvait  écrire  que  dans  le  genre 
qu'il  avait  adopté.  U  rédigea  pendant 
quelque  temps  le  Moniteur,  et  fut  coo- 
pérateur  de  Cinguené  et  de  Grouvelle 
dans  la  Feuille  villageoise.  U  fut, en  1791, 
un  des  candidats  proposés  pour  être  in- 
stituteur du  prince  royal;  mais  il  mourut 
le  21  décembre  de  la  même  année.  On 
ne  sait  que  trop  à  qui  cette  place  fut 
donnée  1  j^^^ 


nir  Dl  tA  FASMti&B  »AETIB  DU  TOMK  TKOISïiltE. 


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ENCYCLOPÉDIE 


DES 


GENS  DU  MONDE. 


TOME  TROISIÈME, 


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X 


IMPRIMi 
PAR  LA  PBB8B  MÉCANIQUE  DB  B.  DUTBRGEB^ 

tOB  DB  TBMIBVIL,  V.    4. 
• 


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SIGNATURES 


DES   AUTEURS  DU  SIXIEME  VOLUME. 


MM. 

Allou C.  N.  A. 

AlTDRAL G.  A.-L. 

AUBE&GIKB H.  A. 

Bâudrt  de  Balzac.  .  .  B.  B. 

BiciH(àMctz).  .  .  .•  .  E.A.B. 

Bbboer  de  Xiteet.  .  .  J.  B.  X. 

Blokdel F.  B-L. 

BoiLEAU  (  à  Londres  }.  .  D.  B. 

B0I88ABD B-D. 

BouLLiE  (  à  Lyon  ).  .  .  A.  B-e. 

BBADi(M"^Uconite88ede)  L.  C.  B. 

Beuhet B-T. 

Caheh S.  C. 

Candolle  (Aug.-Pyr.  de).  D.  C-le. 

C&RETTE(lelieQt.-coloiid)  C-TE. 

Catlus C-8. 

C^AMEOBEET  (  de  ).    .    .   •  P.  C. 

COTTEAU T.  C 

GlUEHOT A.  C. 

Ceoî  (Raoul   de,  à  La 

Goerche  ) R.  d.  C 

Dauhou D-K-U. 

DiADDi D.  A.  D. 

DEHiQUE F.  D. 

Deibaee Th.  D. 

Delpit J.  D. 

Depfiko D-G. 

Dbbode D-G. 

Deouiheau G.  D. 

DuFAu p.  A.  D. 

DmiEBSAir D.  M. 

DmioiiT  d*Urtille.  .  .  J.  D.U. 

Famih CF-H. 

Fatot F.  F. 

FiTis E,  F-8. 

FEmixsT  DE  Couches.  .  F.  d.  C. 

Galibbjut L.  G. 


MM. 

GeHCE G-CE. 

GoEPP J.  J.  c. 

GoLBiBY  (  de,  k  Golmar).  P.  G-r. 

HUBAULT H-LT. 

HUOT J.  H-T. 

Jaih.  .  .  .• A.  J-L. 

KXAPBOTR Kl. 

Laboudebie  (l'abbé  de).  J.  L. 

LANouBAis(de) L.  N. 

LATiHA  (  J.  de) J.  L.  T.  A. 

Latebghe P.  L-E. 

Leglebc-Thouih O.  L.  T. 

Ledhut L.  D. 

Legbahd A.  L-D. 

Lepah L-K. 

Le  Rot  de  Cbahtiont.   .  L.  d.  C. 

Maggabtbt J.  M.  C. 

Marchai. Cb.  M. 

Matteb M-B. 

Meldola M-A. 

MoLioir  (  de  ) Y.  de  M-iv. 

MOHTBOL  (  de  ) DE  M. 

OURRT M.  o. 

ÔzEKifE  (M"*  Louise).  .  .  L.  U  O. 

Paquist  (  à  Bourges  ).  .  .  P-st. 

Parxsot  (  Valérien  )  .  .  .  Val.  P. 

Payen P-K. 

Pelouce  (  père  ) P-ze. 

Pebhot P-T. 

PirEiiwicz. M.  P-c. 

RATimR(FéUx) F.  R. 

Raymond. F.  R-d. 

Reohard  (  Emile  ).    .  .  .  E.  R. 

RiEHZx  (  de  ) L.  D.  D.  R. 

Rtpirbki A.  R-«Li. 

Satagner A.  S-R. 

SCHHITILER S.  et  J.  H.  S. 


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LISTE  DES  COLLABORATEURS. 


MM. 

Simon S-v. 

SiNNER  (de) L.  dcS-R.. 

SOTER L.  C  S. 

Sfagh  (Louis) L.  S^. 

SroBBsa  (à  Strasbourg).  .  E.  St. 

THrÉBAUT  DE  Bbehiâud.  .  A.  T.  D.  B. 


MM. 

TissoT  (à  Bourges) J\  T. 

ViBL  "  Castel   (  le  comte 

Henri  de) V. 

VlLLENAYE V-VK. 

Walckxhabe  (le  baron).  .  W-e. 

YouTfo J.Y. 


Les  lettres  C.  L.  indiquent  que  l'article  est  traduit  du  ObnversationS'Lexicon. 
C.  X»  m.  signifie  Conversaiions^Lexicon  modifié. 


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ENCYCLOPÉDIE 


DES 


GENS  DU  MONDE. 


B  (  taite  de  la  lettre). 


BERR  (Michel),  Israélite  connu  par 
ses  idées  de  réforme  applicables  au  culte 
qu'il  professe  et  par  des  écrits  plus  nom- 
breux qu'étendus  sur  cet  objet,  comme 
sur  diverses  matières  de  religion,  de  phi- 
losophie, de  politique  et  de  littérature. 
Fils  d'Is^AC  BeiT,  surnommé  de  Turri- 
que  (mort  en  1828,  à  l'âge  de  85  ans), 
Israélite  éclairé  qui  a  pris  une  part  active 
à  l'organisation  du  culte  juif  en  France, 
M.  Michel  Berr  naquit  à  Nancy,  en  1 780, 
y  fit  de  bonnes  étudeÉ  qu'il  continua 
ensuite  à  Strasbourg,  et  il  fut  le  premier 
de  ses  co  -  religionnaires  qui  choisit  la 
carrière  du  barreau.  Cependant  il  la 
quitta  et  fut  successivement  membre  de 
l'assemblée  des  Israélites  convoquée  à 
Paris  en  1807,  secrétaire  du  grand  san- 
hédrin de  France  et  d'Iulie,  chef  de  di- 
vision au  ministère   de  l'intérieur   du 
royaume  de  Westphalie,  etc.  Il  quitta 
l'administration  pour  se  vouer  entière- 
ment aux  lettres  et  à  la  défense  des  prin- 
cipes philosophiques  et  religieux  qu'il 
avait  proclamés.  Une  nouvelle  existence 
avait  commencé  pour  les  Juifs  :  M.  Mi- 
chel Berr  en  comprit  Importée  et  reven- 
diqua pour  ses  co-religionnaires  toutes 
les  conséquences  qui  en  découlaiiént.  Sous 
oe  rapport  son  nom  occupe  une  place  ho- 
norable dans  l'histoire  de  leur  émanci- 
pation. Il  a,  du  reste,  professé  en  diffé- 
rentes chaires  et  il  est  membre  de  beau- 
coup de  sociétés  savantes.  Il  compte  parmi 
les  premiers  collaborateurs  de  Y  Encyclo- 
pédie des  gens  du  monde,        J.  H.  S. 

BEftRUGUATE  (  Aloitzo),  célèbre 
petirc  et  architecte  espagnol,  mort  à 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


Tolède  en  1545.  Il  fut  l'ami  d'André 
del  Sarte  et  imita  la  manière  de  Michel- 
Ange.  Charles-Quint  l'employa  pour  la 
construction  du  palais  du  Prado  et  pour 
restaurer  l'Alhambra.  On  trouve  de  lui 
des  tableaux  remarquables  à  Yalladolid, 
à  Tolède  et  à  Salamanque.  C.  X. 

BERR  Y,  ancienne  province  de  France, 
qui  forme  actuellement  les  départemens 
du  Cher  et  de  l'Indre,  et  une  partie  de 
ceux  de  la  Nièvre,  de  la  Creuse  et  de 
l'Allier.  Elle  est  bornée  au  nord  par  l'Or- 
léanais, à  Test  par  le  Nivernais  et  le 
Bourbonnais,  au  midi  par  le  Limousin,  et 
à  l'ouest  par  le  Poitou  et  la  Touraine. 
Cette  province  qui  forme  le  centre  de 
la  France,  a  joué  à  différentes  époques 
un  rôle  dans  l'histoire.  Ses  anciens  ha- 
bitans  occupaient  la  première  Aqui- 
taine, et  on  les  distinguait  sous  le  nom 
de  Bituriges  Cubi,pour  les  distinguer  des 
Bituriges  Fivisci,  qui  habitaient  la  se- 
conde Aquitaine  et  n'étaient  qu'une  co-. 
lonie  des  premiers.  Les  Bituriges  tenaient 
le  premier  rang  parmi  les  peuples  de  la 
Gaule  Celtique,  et  plusieurs  historiens 
prétendent  que,  même  avant  l'invasion 
des  Romains,  les  sciences  y  étaient  déjà 
fort  avancées.  Lorsque  César,  après  avoir 
soumis  toute  la  Gaule  du  midi  et  de  Test, 
menaça  les  nations  du  centre,  les  Bitu- 
riges lui  opposèrent  la  plus  vive  résis- 
UnccYercingétorix,  leur  général  en  chef, 
avait  adopté,  pour  sauver  son  pays,  un 
moyen  que  nous  avons  vu  renouveler  de 
nos  jours.  Il  proposa  de  ravager  et  d'in- 
cendier tout  le  pays  pour  enlever  toute 
espèce  de  Tivres  aux  Romains.  Vingt 

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villes  furent  brûlées  et  Bonrge^  {Avari- 
cumjf  la  capitale,deTaît  éprouver  le  même 
sort;  toutefois  y  sur  lei  trepréseutations 
des  principaux  habi tans  elle  fut  épargnée. 
César  l'assiégea:  les  habitans  autour  des- 
quels s'étaient  réunis  tous  les  seigneurs 
voisins  se  défendirent  vaillamment;  mais 
Bourges  fut   obligé  d'ou?rir  enfin  ses 
portes.  Le  Berry  resta  sous  la  domina- 
tion des  Romains  jusqu'en  475  envi- 
ron (an  de  J.-C. ),  où  cette  province 
fut  envahie  par  Évaric,  roi  des  Goths 
d'Espagne.  £n   507  Clovis  en   chassa 
les  Goths  et  la  réunit  à  son  royaume. 
Long-temps  elle  fut  gouvernée  par  des 
chefs  militaires  qui  prirent  le  titre  de 
comtes  de  Bourges  et  surent,  en  profitant 
de  la  faiblesse  des  rois  de  la  seconde  race, 
rendre  béréditaire  une  dignité  qui  était 
purement  personnelle.  En  1061  Herpin, 
comte  de  Bourges,  voulant  s'engager  dans 
la  guerre  des  croisades,  vendit  le  comté 
à  Philippe  l*'.  Le  Berry  demeura  uni  à 
la  couronne  jusqu'à  l'an  1 360  ;  à  cette 
époque  le  roi  Jean  l'érigea  en  duché- 
pairie,  à  charge  de  reversion  à  la  couronne 
en  cas  d'extinction  d'héritiers  mâles,  et 
le  donna  en  apanage  à  Jean,  son  troisième 
fils,  qui  prit  le  titre  de  duc  de  Berry  et 
d'Auvergne.  Le  duc  Jean   étant  mort 
sans  enfans ,  Charles  VI  donna  le  Berry 
à  Jean  son  second  fils,  en  1401  ;  puis  à  la 
mort  de  celui-ci  qui  ne  laissa  pas  d'héri- 
tiers, il  le  transmit  à  son  quatrième  fils^ 
Charles,  depuis  roi  de  France  sous  le 
nom  de  Charles  VII.  En  1461,  Louis  XI 
l'ajouta  à  l'apanage  de  son  frère  Charles 
que  plus  tard  il  fit  empoisonner.  Le 
Bérry  passa  successivement  à  Francis 
de  France,  son  troisième  fils,  puis  à  Jean- 
ne de  France ,  sa  fille  puînée  qui  épousa 
Louis  d'Orléans,  depuiâ  Louis  XII i  el 
qui,  après  l'annulation  de  son  mariage, 
se  retira  dans  un  couvent  de  Bourges  où 
elle  acheva  sa  vie  passée  dans  des  actes 
de  piété  et  de  bienfaisance.  Deux  autres 
princesses  de  la  maison  de  France,  Mar^ 
guérite  de  Navarre,  sœur  de  François  I*% 
et  Marguerite,  duchessie  dç  Savoie,,  sœur 
de  Henri  II,  jouirent  de  ce  même  duché. 
J^e  duc  d'Anjou,  qui  en  avait  également 
la  possession,  le  réunit  à  la  couronne 
après  son  avènement,  en  1574.  Hen- 
ri IV  l'accorda  en  usufruit  à  la  reine 


Louise,  veuva  de  Henri  111}  mais  depuis 
la  mort  de  oette  reine,  en  1601,  le  Berry 
est  toujours  resté  uni  k  la  couronne.  Les 
habitans  prirent,  dans  plusieurs  circon- 
stances, une  part  active  aux  guerres  po- 
litiques ou  religieuses  qui  désolèrent  la 
France,  et  spécialement  à  la  Ligue  du  bien 
public  sous  Charles  Vil,  et  aux  guerres 
religieuses  auxquelles  donna  lieu  Calvin 
qui  avait  étudié  la  théologie  à  Bourges. 
Mais  on  a  remarqué  que,  pendant  les 
agitations  de  la  révolution  de  89,  le 
Berry  fut  une  des  provinces  qui  se  dis- 
tinguèrent le  plus  par  leur  modération; 
on  n'y  vit  presque  pas  d'exécutions  poli- 
tiques. 

Le  Berry  jouissait  de  plusieurs  privi- 
lèges fort  remarquables:  entre  autres  set 
habitans  ne  pouvaient  être  appelés  à  faire 
la  guerre  hors  du  tenitoire  sans  l'exprès 
consentement  des  magistrats.  Les  mœurs 
y  sont  douces,  paisibles.  Le  Berry  abonde 
en  fruits  de  toute  espèce,  en  blés,  en 
vins  dont  les  plus  renommés  sont  ceux 
d'Issoudun  et  de  Sancerre.  U  y  a  aussi 
beaucoup  de  bois,  de  forges,  et  l'agricul- 
ture, qui  était  fort  en  retard,  commence 
à  y  faire  des  progrès.  Ses  fabriques  de 
draps  étaient  autrefois  très  estimées, 
mais  aiyourd'hui  il  n'en  existe  presque 
plus*  Le  Berry  est  surtout  renommé  pour 
ses  moutons  dont  la  laine  est  fine  et  U 
chair  délicate.  Bourges  sa  capitale  est  une 
ville  fort  animée  qui  a  été  détruite  plu- 
sieurs fois,  en  partie  par  des  incendies  ; 
on  y  trouve  encore  des  restes  de  mu- 
railles bâties  par  les  Eomaâns*  Elle  avait 
une  tour  munie  d'artillerie  qui  n'avait 
pas  sa  pareille  en  Europe,  dit-on,  et  qu'on 
nommait  la  grosse  tour;  elle  servait  de 
prison  d'État.  Le  prisonnier  U  plus  connu 
qui  y  fut  enfermé  fut  Louis,  duc  d'Or  - 
léans,  depuis  Louia  XU;  elle  fut  démolie 
en  165 1.  Bourges  a  2  monumens  remar- 
quables qui  subsistent  encore,  lli6tel  de 
Jacques-Couir  (vojr')  qui  sert  d'Hôte- 
de-Ville,  et  la  cathédrale,  qui  n'a  été 
achevée  que  dans  le  cours  de  plusieurs 
siècles  et  qui  est  un  des  plus  beaux 
monumens  de  l'architecture  gothique. 
L'université  de  Bourges  a  été  une«  des 
plus  célèbres  de  l'Europe.  Alciat  et  Cu- 
jas  y  ont  enseigné  le  droit;  Caltln  j  a 
étudié  la  théologie.  £Ue  ooi^^  au  iieift» 


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(401) 


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bt*è  de  m  hômfties  thfltqtians  JacqtiaK 
Oœuf  qiAl)  de  ftiltiplè  ttiflfcbaftd,  devint 
tninlêtredéê  fihaâ«es  iûtift  ChiifleaVlI^éi  lé 
peifltré  Boiltïhéi*  qui  €ut  et  la  téput&tiott 
iu  tYtl*  siècle,  ^qy»  Cber.         P-«*. 

BERET  (  Marié  ^ÉLi&AâÈttt,  da-^ 
thtêêè  Dt  )  i  tlé«  d*Or1éitfi8  et  fille  du  Ré« 
gdlit  I  tiâquit  eu  1605,  épousa,  en  1710, 
le  duo  de  Berfy,  8*  fib  de  Louîé^  Grand-» 
Dauphin,  et  moutnit  eu  1 7 19.  Cette  prîu« 
ctMe  se  diatingua,  méttfe  à  la  eonf  dis^ 
•oloe  de  son  père,  par  des  nioeUrt  corrofiH> 
puea  et  par  le  scaUdalede  ses  amours,  daus 
ta  eoufidencè  deaquelles  le  publie  a  été 
tnia  par  lea  indiscrètes  et  houteUses  té- 
télatioua  de  Saint'^Siillbrt.  -^^  Le  duc  dé 
Berry,  Ué  en  1686  et  mort  eii  1714,  itt-^ 
térèsse  ptf  ses  lUalheurs  et  par  Ses  qua^^ 
litéé  aiuiables.  8. 

HEURT  (CttAtilïs-PtsmDiiyAiru  n^Ali- 
toîBf  et  CAKottif«*>FïftUiifAirùÉ-LôtisÊ 
tun  Namjes,  duc  et  duchesse  ne)  ap- 
partiennent à  deUk  branches  différentes 
de  la  royale  maison  de  BourboiT. 

Le  premier,  petit ^fiU  de  Fmftte^ 
né  il  Yei^itlea,  eu  1778,  n'était  âgé 
que  dé  onte  ans  quand  le  comte  d'Af- 
toia,  SOI*  père,  frère  de  LonfS  XVI, 
quitta  la  Fratice.  Le  duc  dé  Berry,  ainsi 
que  le  duc  d'AngouIéme,  son  frère  aine, 
avait  eu  pour  gouremeur  le  comte  de 
Sérant ,  honamé  pîeut ,  austère ,  qui  ^ 
adoptant,  sans  les  discnter ,  tous  les  prin- 
cipes strtr  lesquels  OU  croyait  la  monar- 
chie basée ,  pensait  ne  faire  qne  son  de- 
voir en  les  inculquant  à  ses  élèves  et  en 
ne  s'en  écartant  jamais  lui  -  même.  Le 
duc  de  Berry  ne  douta  point  qu'il  ne 
aati^t  à  l'honneur  y  lorsqu'éU  1792 
il  pointait,  devant  ThionviHe,  un  canon 
contre  des  Français.  Une  partie  dé  la  na- 
tion voulait  les  Bourbons  ;  mais  ceujt-ci 
malheureusement  devaient  S'aider  des 
étrangers,  et  b  duc  de  Berry  combattit 
dans  les  rangé  des  ennemis  de  fa  France, 
qui  n*étaîent  même  pas  soUs  les  ordreâ 
du  prince  fram^is.  Il  se  fit  remarquer  par 
son  courage,  dans  cette  armée  de  Cortdé 
6à  tout  le  monde  en  montrait,  non-seu- 
lement en  bravant  les  dangersde  la  guerre, 
mab  eu  luttant  contre  fa  mauvaise  volonté 
et  la  mauvaise  foi  des  alliés  que  l'on  avait 
été  contraint  d'aCcepter.  L'armistice  de 
LAoben  for^a  le  due  de  Berry  de  se  met- 


tre au  lervicê  de  la  Russie,  aveb  les  dé- 
bris de  l'armée  dé  Gohdé^  qui  monuit  en- 
core à  10,600  hommes,  qu'on  licencia 
définitivement  eu  1801.  Le  duc  de  Berry 
alors  avait  ftdt  neuf  campagnes ,  obtenant 
toujourt  par  aa  conduite  l'e&tîftie  et  l'af- 
fection de  cent  t{Ul  contbattaletit  avec 
lui.  Obligé,  par  les  Intriguée  du  ministre 
Acton ,  de  renoncer  au  mariage  qu'on  lui 
avait  fkit  espérer  avec  Christine,  priit* 
cesse  de  If  aples,  le  duc  de  Berry,  vraiment 
pauvre,  se  retira  auprès  de  son  père,  dans 
le  château  d'Hôly^Rood  en  Ecosse,  d'où 
il  Vint  demeurer  à  Londres.  Ce  fut  là  qu'il 
épousa  Une  jeune  Anglaise  \  mats  le  chef 
de  la  famille  desBôUrbôUs,  Louis  XVIII, 
n'ayant  point  donné  son  consentement  à 
ce  mariage ,  madame  Brovrn  n'eut  aucun 
sujet  de  se  plaindre  kirsqii'il  fut  annulé. 
Plusieurs  fols,  depuis  cette  époque,  lé  duc 
de  Berry  forma  lé  projet  de  rentrer  en 
France  et  de  s'y  mettre  à  la  tête  des 
partisans  de  sa  maison  \  ancun  de  ses 
plans  ne  put  réussir.  H  ne  revit  son  pays 
qu'après  92  ans  d'absence.  Il  attendait 
depuis  quelques  mois ,  à  Jersey ,  T issue 
de  la  terrible  campagne  de  1814,  lors- 
que le  pavillon  btanc  fut  arboré  à 
Cherbourg.  Le  18  avril,  le  dUc  débar- 
qua dans  ce  port,  ivre  du  bonheur  de 
revoir  sa  patrie,  et  laissant  éclater  une 
joie  qui  aurait  touché  toUS  tes  cofeurs , 
s'ils  n'eussent  été  blesSés  par  la  présence 
àeh  armées  étrangères  et  attendris  par 
les  revers  du  grand  homute  auquel  la 
France  devait  tant  de  glértre,  à  défont 
de  bonheur.  Les  Bourbons  cessaient  d'ê- 
tre proscrits,  NapoléOtk  lè  devenait  :  les 
sentlmens,  les  devoirs  se  déibélaient  dif- 
ficilement dans  les  ame»  les  plus  nobles, 
et  une  nouvelle  génération  demeurait 
étonnée  dcvarrt  les  transports  de  ses  pè- 
res. Les  partisans  de  la  famille  royale 
accumulèrent  les  foutea  i  ffs  nfsultèrent 
I  la  nation  dans  la  personne  dé  celui 
qu'elle  avait  refonnu  pour  chef;  et, 
san^  avoir  cotispiré .  Wapoléon  revint 
occuper  le  trdne  de  Franœ  lé  SO  mars 
1815.  Mais  rissue  de  la  bataîlle  deWa- 
fèrlôo  y  fit  rasseoir  Louis  XVIII.  On  vît 
encore  le  drapeau  bhu^  flotter  au  milieu 
des  étendards  ennemis;  de  Hi,cefte  plaie  sé- 
crèteque  toute  la  Sagesse  de  LèuisXVIII, 
tea  vertus  dlfflârentes  des  membres  de  as 


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(404) 


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famille  ne  pouvatent  cicatriser.  Cepen- 
dant la  loyauté  de  caractère  de  M.  le  duc 
de  Berr^,  ses  habitudes  militaires,  sa  gé- 
nérosité, et  en  même  temps  son  esprit 
d'ordre,  lui  acquéraient  peu  à  peu  de  Tin- 
fluence.  Quoique  le  parti  de  l'opposition 
fût  attentif  à  publier  les  moindres  torts 
qu'il  se  donnait  en  se  livrant  à  une  viva- 
cité qui  parfois  allait  jusqu'à  l'empor- 
ttment,  ou  en  ne  réprimant  point  son 
penchant  pour  les  femmes,  on  l'aimait 
généralement  et  ceux  qui  étaient  atta- 
chés à  sa  personne  l'idolâtraient.  Son  ma- 
riage avec  la  princesse  Caroline  de  Na- 
pies,  célébré  à  Paris  le  17  juin  1816, 
lui  imposa  plus  de  réserve,  puisqu'il  par- 
vint à  inspirer  un  attachement  aussi  ten- 
dre que  passionné  à  sa  jeune  épouse.  Ca- 
roline de  Bouchon ,  petite-fille  du  roi  de 
Pfaples,  n'avait  que  16  ans  lorsqu'elle 
épousa  le  duc  de  Berry.  Son  visage  n'é- 
tait point  régulier  et  au  premier  aspect 
on  la  jugeait  défavorablement^  mais  la 
beauté  de  ses  cheveux,  la  blancheur  de 
sa  peau,  la  délicatesse  de  sa  taille  et  de 
ses  formes ,'  la  rendaient  très  agréable , 
quand  on  l'examinait  en  détail;  sa  jeu- 
nesse ,  sa  gai  té ,  son  naturel  méridional 
ravivèrent  la  cour ,  qu'un  vieux  roi  et  les 
austères  vertus  d'une  seule  princesse  ap- 
pelée à  représenter,  rendaient  bien  grave 
aux  yeux  des  Français.  M™*  la  duchesse 
de  Berry  cultivait,  protégeait  tous  les 
arts.  £lle  aimait  les  concerts,  les  bals ,  la 
mode;  son  mari  l'approuvait  toujours  et 
la-  rassurait  quand  les  conseils  sévères  de 
M™*  la  duchesse  d'Angouléme  lui  fai- 
saient craindre  pour  ses  plaisirs.  L'irré- 
prochable prisonnière  du  Temple  voulait 
que  ses  méditations  profitassent  à  la  nou- 
velle habitante  des  palais  de  France;  son 
esprit  embrassait  les  malheurs  passés  et 
à  venir  :  Caroline  ne  voyait  que  les  joies 
présentes ,  quand  elle  apprit  que  les  joies 
des  princes  sont,  de  toutes  celles  que 
l'on  peut  trouver  sur  la  terre ,  les  plus 
faciles  à  s'anéantir.  Elle  aTait  perdu  deux 
fils  ;  mais  remplie  de  jeunesse  et  de  santé, 
l'espoir  d'une  famille  nombreuse  lui  était 
resté,  et  sa  fille,  charmante  enfant,  l'au- 
torisait à  croire  que  cette  famille  serait 
aimable  et  qu'elle  s'en  enorgueillirait. 
Avide  d'amusemens,  comme  on  l'est  à 
son  âge,  M°^*  la  duchesse  de  Berrj  aa« 


sistaiti  le  dimandie  19  féfrier  1890^ 
à  une  représentation  de  l'Opéra,  chobie 
à  dessein  pour  célébrer  le  carnaval.  Se 
trouvant  fatiguée,  elle  se  retirait  avant  le 
ballet,  et  le  prince  lui  ayant  donné  .la 
main  pour  la  mettre  en  voiture,  était 
encore  anprès  du  factionnaire  placé  à 
la  sortie  de  l'Opéra  réservée  à  la  famille 
royale,  quand  il  se  sentit  frapper.  Un  fa- 
natique des  révolutions,  à  la  manière 
des  Clément ,  des  Ravaillac  ,  des  Da- 
mien,  un  assassin,  grâce  au  ciel,  sans 
complices  (voy.  Louyel),  venait  d'enfon- 
cer son  poignard  tout  entier  dans  le  sein 
de  M.  le  duc  de  Berry  ;  quoique  ayant 
été  plongé  dans  le  c6té  droit,  la  pointe 
du  poignard  avait  atteint  le  cœur.  Le 
prince  eut  le  courage  de  le  retirer  lui- 
même,  avant  de  tomber  entre  les  bras 
de  M.  de  Mesnard.  La  duchesse  de  Berry 
s'élance  de  sa  voiture,  au  risque  de  sa 
vie,  sans  attendre  que  le  marche -pied 
en  soit  abaissé  ;  elle  embrasse  son  mari 
et  ses  habits  se  couvrent  de  son  sang.  Le 
prince  est  porté  dans  une  des  chambres 
de  ce  lieu  consacré  jusqu'alors  aux  plai- 
sirs et  à  la  folie  ;  toute  la  famille  royale, 
sauf  Louis  XVIII,  y  accourt.  Là  se  ma- 
nifestèrent,  sur  le  lit  de  douleur  du  duc 
de  Berry,  la  sensibilité  de  l'homme,  la 
résignation  du  chrétien,  le  courage  du 
guerrier,  la  générosité  du  prince I  Plu- 
sieurs fois  le  mourant  répéta  ces  paro- 
les :  «  Promettez-moi ,  mon  père ,  pro- 
mettez-moi de  demander  au  roi  la  grâce 

de  cet  homme Pardonnez,  mon  Dieu, 

à  celui  qui  m'a  ôté  la  vie!  »  Louis  XYIIl 
arrive  à  5  heures  du  matin  :  «  Mon  on- 
cle, je  vous  demande  la  grâce  de  la  vie 
de  l'homme....;  cette  grâce  adoucirait  mes 
derniers  momens Du  moins  si  j'em- 
portais l'idée que  le  sang  d'un  hom- 
me   ne  coulera  pas  pour  moi  1.....  » 

Cette  ame  élevée  entra  dans  le  repos 
éternel  au  point  du  jour  le  14  février 
1820.  La  douleur  de  M'"''  k  duchesse 
de  Berry  éclata  avec  violence;  c'était 
une  vraie  femme  napolitaine  regret- 
tant le  plus  cher  objet  de  ses  affections^ 
cependant  sa  grossesse,  déclarée  sur-le- 
champ,  donna  le  droit  de  lexhorter  à  la 
modération;  elle  se  réunit  à  la  famille 
royale,  et,  devenue  son  unique  espérance, 
elle  la  combla  en  mettant  aa  monda  an 


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(405) 


BER 


fils  (voy.  BoKDtkJJXy  due  de)y  le  39  sep- 
tembre,  7  mois  et  15  jours  après  la  mort 
de  soD  mari.  Par  une  Dégligence  que 
FoD  pourrait  appeler  coupable  dans  un 
temps  de  factions ,  la  princesse  accou- 
cha seule,  et  toutes  les  oppositions  s'em- 
parèrent de  cette  circonstance  pour  met- 
tre en  doute  sa  maternité,  ne  convenant 
point  que  cette  maladresse  inouïe  était 
une  des  plus  grandes  preuves  de  son  ac- 
couchement; il  était  aussi  facile  de  se 
procurer  des  témoins  qu'un  nouveau-né. 
Cet  enfant,  que  Ton  nomma  duc  de 
Bordeaux,  prit  en  grandissant  une  telle 
ressemblance  avec  sa  sœur  et  sa  mère 
qu'il  fallut  renoncer  à  le  croire  supposé; 
car  l'amour  de  la  duchesse  de  Berry 
pour  son  mari  ne  permit  même  point 
de  l'accuser  de  légèreté  tant  qq'il  vécut, 
n  n'en  fut  pas  ainsi  après  la  naissance  de 
M.  le  duc  de  Bordeaux  ;  et  ce  que  nos 
usages  souffrent  à  peine  que  Ton  remar- 
que dans  la  conduite  d'une  femme  de  la 
société,  on  Je  reprocha  avec  amertume 
et  satisfaction  à  M™^  la  duchesse  de 
Berry ,  qui  ne  s'en  fit  pas  moins  aimer 
dans  tontes  les  provinces  de  France  qu'elle 
parcourait ,  par  ses  libéralités  et  ses 
manières  affables  envers  tous;  il  en 
fut  de  même  à  Paris,  où,  dans  toutes  les 
classes,  elle  eut  des  partisans  dévoués. 
Pendant  les  trois  journées  de  juillet  1 830, 
qui  firent  monter  sur  le  trône  la  branche 
cadette  des  Bourbons,  M°^®  la  duchesse 
de  Berry  voulut  opposer  de  la  résistance 
aux  insurgés  et  balancer  leurs  résolu- 
tions en  venant  au  milieu  d'eux  avec 
son  fils  :  Charles  X  s'y  opposa,  et  la 
princesse ,  en  suivant  ce  roi ,  se  promit 
bien  de  revenir  en  France.  Elle  y  rentra 
en  effet,  contre  la  volonté  des  Bourbons, 
résidans  alors  à  Holy-Rood,  et  débarqua, 
dans  la  nuit  du  28  avril  1832,  sur  la 
plage  à  quelques  lieues  de  Marseille,  où 
l'on  tentait  un  mouvement  en  sa  faveur , 
qui,  n'ayant  point  réussi,  l'obligea  à  ga- 
gner la  Vendée,  traversant  ainsi  la  France, 
dont  elle  était  bannie,  et  bravant  les  nou- 
velles lois  qui  l'avaient  proscrite.  La  prin- 
cesse trouva  des  amis  en  Bretagne  :  on 
s'arma  pour  son  fils;  elle  alluma  la  guerre 
civile.  Mais  si  elle  compromit  la' fortune 
et  la  vie  des  serviteurs  demeurés  fidèles 
i  sa  race,  elle  exposa  plus  qu'eux  et  ris- 


qua son  honneur.  Un  juif  de  Cologne , 
qui  s'était  converti  à  Rome  et  que  le 
pape  avait  recommandé  à  la  princesse,  la 
trahit  et  révéla  la  maison  qu'elle  habitait 
depuis  cinq  mois  à  Nantes.  Découverte, 
le  7  novembre  1832,  chez  mesdemoisel- 
les Du  Guîgni,  dans  un  espace  de  3  pieds 
et  demi  de  long  sur  18  pouces  de  large, 
ménagé  derrière  une  cheminée  et  dans 
lequel  elle  s'était  réfugiée  depuis  16 
heures  avec  M"*  Stylite  de  Kersabiec  , 
MM.  de  Mesnard  et  Guibourg,  ayant 
une  partie  de  ses  vétemens  et  la  main 
brûlée,  M°**  la  duchesse  de  Berry  (qui 
n'avait  crié  merci  que  parce  que  M.  de 
Mesnard  s'évanouissait  )  fut  renfermée 
dans  le  château  de  Blaye.  Peu  de  temps 
après  on  lut  dans  le  Moniteur  une  let- 
tre datée  de  sa  prison  et  portant  sa  signa- 
ture, dans  laquelle  elle  écrivait  que  les 
circonstances  graves  dans  lesquelles  elle 
se  trouvait  la  forçaient  à  déclarer  qu'elle 
avait  contracté  un  second  mariage.  Elle 
était  prête  à  devenir  mère,  et  le  public 
sut  quelque  temps  après  que  son  nouvel 
époux  était  le  fils  d'un  noble  seigneur 
napolitain ,  M.  de  Lucchesi  Palli.  On  se 
complut  à  refuser  a  une  princesse  la  foi 
que  la  politesse  et  la  bienveillance  accor- 
deraient à  une  simple  particulière;  les^ 
légitimistes  y  oubliant  son  pays,  son  âge 
et  les  exemples  qu'offre  l'histoire ,  niè- 
rent ce  nouvel  hymen  comme  un  crime 
et  secondèrent  ainsi  les  ennemis  de 
la  princesse ,  qui ,  par  son  aveu ,  perdait 
tous  droits  à  une  régence  incertaine,  mais 
ne  s'attirait  plus  que  le  blâme  des  ambi- 
tieux. Comme  elle  avait  montré  le  mé- 
pris de  la  mort  pendant  son  ^pédilion, 
elle  montra  celui  de  la  captivité.  (  Voir 
l'ouvrage  de  M.  le  général  Dermoncourt  : 
La  Vendée  et  Madame  y  2*  édit.;  Paris, 
1834.J  Renvoyée  de  France  une  seconde 
fois,  M"^*  la  duchesse  de  Berry  s'em- 
barqua à  Blaye  le  8  juin  1838  et  arriva 
en  Sicile  après  une  traversée  de  24  jours. 
De  là  elle  alla  rejoindre,  aux  environs  de 
Prague,  la  famille  royale  avec  laquelle 
elle  parait  maintenant  réconciliée. 

Les  lettres  de  M.  le  duc  de  Berry,  pu- 
bliées après  sa  mort  par  M.  de  Chateau- 
briand et  imprimées  dans  les  oeuvres  de 
ce  dernier ,  sont  d'un  grand  intérêt.  Ce 
prince  a  laissé  deux  filles  de  son  pre- 


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9ER 


(406  ) 


BER 


rpne  RU  niarqui»  d»  C*îïW»W« ,  l'autre  «U 
priqce  4fiFï(uqign]f;«(d»4P9ftlUAnQ^«V0Q 
C^rolioe  4e  Bourlnm,  ï^ttif^TMiupiflhr 

ri»  lo  21  lep^mbre  l^JQ,  ç(  Reori,  «tc„ 
duc  de  BordeuMiU  I*.  C  B, 

BBR|tYBR(9uiLiE*^AjrT<nif«),  ûk 

d*U«  (tes  AVQQ«i(fi  lai  pld^  divtipgnéd  du 
b4r^9a^  4o  P«rîf  »  Q^quit  dnns  oett^  villo 
e^  U80,  |î,  Bçrryc»  jeuae,  avQoat  rt 
dépmé,  M  r«Ç4r4é  commp  Tun  d#  chefs 
du  parti  légitimiste* 

Voloptnir«  royal  daui  \f»  Cofit-jQur», 
il  fit  le  voyage  de  Gand.  A  »<»)  r^our» 
luttant  cofitre  Teaprit  imprimé  d'abord  à 
la  aeoondf  Ae^taw^tiQp,  il  awiaU  aon 
père  d4n«  li^d^ffPse  4u  mar^cbal  N*y, 
et  sauva  le  général  Caml^roi^ne  dpnt  tov'* 
tes  les  bQUcbM  répéuiqqt  9\pv%  ç%  inol  ) 
«(  Xa  garde  l^e^n>  e(  ne  SQ r^^d  pasi  « 
Moins  bewreiiK  à  ('audience  p^i^ur  la  gé« 
néral  Debelle,  il  i^lU  A^  jeter  eo  wp* 
pliaat  a^x  pjeds  de  J^qis  XVIU  et  obn 
tint  sa  gr^ce,  Paitis^p  sélé  de  la  liberté 
de  la  presae,  il  n^bésita  pas  à  la  défendre 
contre  ^es  amis  politiques.  Dans  son  plai*^ 
doyer  ppw  lï*  Quciidi^rw^  (?4  jpin 
1»J4),  il  signala  1^  tentative»  q"e  fai-^ 
salept  1«^  puifsf^na  dw  jour  pour  amortir 
Topiuiou  publique  eu  achetant  à  prin 
d*ar  les  jouru<iu]^  dout  le  nombre  élsit 
alora  limité,  h  f^om  içtrcuocf^i^  d^ 
opiniom  ^  vçMS  ne  savez  p^  les  dé^- 
fi^dre!  ^  dit-il  publiquement  a  Itfn  de 
Yillèle  et  è  ses  partisans.  Oeu^  an^  plmt 
upd  (9 1  Avril  1 92Q).  défeud^nt  Febbé  de 
1^  Af emmi  mis  en  accusation  pQur  le^ 
dootriuef  sur  l^utprité  du  p^pe ,  y  A\^ 
«ait  :  «  4  qui  ose^a-rtrou  faire  Hu  crim^i 
da  véuérer  dep»  #on  oŒwir  et  ^es  p^r^e^ 
cette  glande  puis^auce  splrituelltt  qui 
fait  sAus  ç^ifim  eptendre  çe%  w*le^  ei^r 

aeignemws  :  Peuple,  obéis  ^Um  roi,  il 
est  Timege  4e  Weu  sur  la  icrrej  roi» 
garde-teil  d*Qublier  dep»  les  pompée  de 
ta  graudepr  que  le  dernier  de  tee  s^j«^ 
est  tou  frire.  » 

£n  iaS9,  envoyé  à  U  çbemhre^des  dé- 
putés par  le  département  de  le  Rente- 
I.care>  il  attira  aussîtàt  VaUentioD,  lora 
de  le  discupslon  de  la  femeuse  adresse 
des  9)1.  Après  la  rétoMun  de  t^^^  \\ 
prêta  eermeat  à  le  QQuetitutîoo  i|ouveUe 


e|  à  Louis^PhilippOa  roi  des  Français. 
«  Qnand  la  foroe  domiue  dans  un  état, 
disait^il,  les  gens  de  bien  doivent  encore 
à  la  eociété  le  tribut  de  leurs  efTorls 

Sur  détourner  de  plus  grands  maua 
ance  du  1 1  août),  »  Le  procès^eriminel 
dont  M.  Serryer  a  été  le  héros  en  18321 
lui  a  donné  Tocoasion  dedévelopper  com- 
ment il  entendait  ce  serment  d'obéissance. 
J!^  duchesse  de  Berry  venait  de  dé- 
barquer près  de  Marseille.  Des  brulu  de 
complots,  de  guerre  civile  circulaient ^ 
édataieqt  pertout,  quand,  |e  20  mai, 
M.  Berryer  reçoit  de  deu»  amis  commu- 
nication d'une  lettre  de  la  Vendée.  «  La 
duchesse  de  Berry  vient  d'arriver  dans 
ce  pays,  mandait-on*  «  Aussitôt  il  part  et 
arrive  à  Neptes  le  22  à  8  heures  du  ma- 
tin. Trois  heures  après,  un  afûdé  le 
conduit  à  plusieurs  lieues  de  là  yers  la 
duchesse,  i.  minuit,  il  lui  remettait  une 
note  rédigée  par  JH,  de  Chateaubriand. 
Après  une  longue  conférence,  il  la  quitte 
dana  la  matinée  du  23.  A  U  heures  du 
soir  il  était  de  retour  à  Plantes,  et  H  en 
repert^it  le  ^  juin.  I.e  7  on  l'arrête  à 
Angouléme  eomme  prévenu  de  complot 
contre  le  gouvernement^  Péjà  le  9,  son 
amî»  M,  de  Qranville,  avait  avoué  à 
|k|.  Demapgeat,  procureur  du  roî  a 
Nantes,  qu'il  «  était  revenu,  le  cœur  na- 
vré de  douleur  de  YÇMr  que  la  princesse 
^valt  obstinément  refusé  de  se  rendre  a 
ses  avis,  qui  étaient  de  renoncer,  du  moùu 
pour  le  mLommt,  à  toute  entreprise  de 
soulèvement  et  de  oherober  s^  s  embar^ 
quer  pour  r Angleterre,  »  I^  U>  M*  Ber- 
ryer répète  le  même  aveu  ^  m.  Deman^ 
geet  (voir  lea  Pièces  du  procce»  Peria 
lB32i  pag,  6â,  129,  ^6,  âa,  b!^).  Le 
la,  devant  le  juge  d'instruction,  il  di- 
sait :  n  Si  je  n'evaia  pes  lu  dane  lea  jour-» 
naui(  qu'il  e  é^é  saisi  plusieurs  pièces 
écrites  et  signées  par  U  duçhe«se  de 
Bwry  et  datées  de  la  Vendée,  je  ne  ré- 
pondrais pas  è  ^s  questions  sur  son  al- 
tesse royale^  Sans  me  permettre  de  l'in- 
terroger sur  ses  résolutions,  je  lui  ai  dé- 
veloppé mon  opinion,  ûane  Téut  présent 
de  la  société,  je  suis  profondément  eon^ 
vaincu  que  le  succès  4'une  entreprise 
violente f  d'une  guerre,  d'une  révolte, 
ne  peut  ét^e  qu'un  point  de  dépa«!i  d«ii- 
gereuj^  pour  r4iieblis«ementt  «m  le  r^- 


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ma 


(407) 


BEB 


bliflii^eat  4*110  gQav«nifin«iil.P#mi«<lé 
que  la  Frtooe  oe  peut  trouver  l'ordre  et 
U  paâ  qoe  par  le  retour  de  U  loi  foo^ 
dameotale  de  la  saonarchie  sur  la  traoa- 
miaaion  de  la  •ouveraîneté»  je  croU  en* 
core  que  U  diacusaion  aeuU  doit  Cure 
entrer  cette  vérité  dans  la  couvioUon  de 
toua.  C'est  dana  oeUe  peiiaée  qu'eu  ju* 
raot  obéiaaauce  au  gouvememeut  de  fait, 
je  auia  realé  à  la  cbambre  dea  députés, 
pour  tendre  au  aucc^  de  mea  opioiona» 
{Jbid,t  P«8*  ^^-^i  1^3-^>  1^<>>  >^ux  aa* 
siaea  de  Bioîa,  M.  Berryer  a  été  acquitté 
aprèa  d«  court*  débata  qui  ont  fait  rea* 
sortir  la  taleot  de  aa  défense,  l'impar^ 
tialité  des  magistrats  et  rindépeud^uce 
du  pouvoir  judicUire, 

Dana  lea  premiers  jours  de  janvier 
1834,  M*  Berryer  reproduisant  à  la  tri*" 
bime,  avec  plu»  de  développeoient,  ses 
doctrine*  sur  le  serment,  s'est  attiré  cette 
réponse  du  garde*- des -aoeaux  :  «  Voua 
n'élea  ici  qu'en  vertu  du  serment  que 
voua  avec  prêté  au  roi  et  A  U  Cbarte, 
Youlez*vQus  le  retirer?  dites -le  fran** 
chemeot;  mais  ne  fauaaea  pas  la  morale 
publique  par  des  subtilités,  »  (Momteitr.) 
Son  mandat  a  expiré,  avec  celui  des  au^ 
très  dépiités,à  la  fipdeinaidemier(1834), 
lora  (le  la  dissolution  de  la  dernière  ses- 
sion des  chambres;  mais  en  juin  il  a  été 
réélu  dans  quatre arrondissemans  des  dé- 
partemnna  delaHaule-Garonne,desBou- 
ches-du-Bbône,  du  Yar  «t  de  U  Haute* 
Loire«  D-i. 

BEBTHV  (<ztf  grand  pied)^  ainai 
nonMuéiç  ptfce  qu'elle  avait,  dit -on,  un 
pied  plus  grand  que  l'autre.  Fille  4«  Ca** 
riberl,  comto  da  l4K>n,  oatte  princeaae 
épousa  Pépin-lch-Bref,  aveo  lequel  elle 
fut  élevée,  en  761 ,  au  tràne  de  France, 
et  fut  mère  d»  Charlemagne.  C'est  là  sou 
plus  beau  titre  aux  boounages  de  la  pos- 
térité i  car  la  eouduitA  qu'elle  naeua  aprèa 
Uiuort  de  son  époux  et  l'inAuenoe  qu'alla 
exerça  sur  un  de  ses  fila,  pour  l'oUigar  à 
r^kudier  90U  épouse  Uémiltrude,  (but 
regr^tcr  que  Vbistoire  u'aM  pu  se  twm 
fermer  à  aoa  égard  dans  le  silence  qu 
couvre  l^a  deriûèreaannéaa  de  «on  exis-i 
Mv^ce^  Qiu  «ait  seuUoicHt  qu'dle  mourut 
à  Q^oisj^ke  t^^iuiUat  7ë3,  et  qu'elle  fui 
plwitaiîî  i^^rréeà  SaiulrQenie»  «uprèa 
4f^«mAépewa^ 


M.  PauUn  Paria  vi^t  (  1839  )  de  i 
susciter  un  vieux  poème  du  xui^  siècle 
qui  porte  le  nom  de  Berie  ^us  granf 
piéf,  et  qui  est  Ifouvrage  d'un  poète 
français  appelé  Adenès  ou  Adans,  dont  . 
les  inspirations  eharmaieut  les  loisirs  de 
la  cour  du  roi  Philippe-le-Hardi,  La  U- 
ble  sur  laquelle  Adenès  a  composé  son 
poème  n'offre  que  peu  de  rapports  avec 
l'histoire  de  la  reine  dont  il  porte  le  nom; 
et  si  nous  en  parions  ici  c'est  uniquement 
à  cause  de  l'analogie  qui  résulte  du  titre 
de  son  oeuvre  entre  sonhérmne  et  l'épouse 
de  Pépin-le-Bref.  D.  A.  D. 

BEET0IEB  (AuxAMmix),  le  plus 
intime  des  oonfidens  de  Napoléon,  dont 
il  avait  été  le  chef  d'état^migor  pendant 
l'immortelle  campagne  d'Italie,  en  1796, 
et  qui,  depuis,  le  déoora  suooeasivement 
des  titres  de  maréchal,  de  grand-ve- 
neur, de  vice-connétable,  de  prince  sou- 
verain de  I^eufchâtel  et  Valengln,  de 
prince  de  Wagram,  etc.,  etc.,  naquit  en 
1763  à  Versailles,  d'un  officier  au  ourpa 
des  ingénieurs-géographes,  et  mourut  en 
181Ô,  à  Bamherg,  au  château  du  prince 
de  Bavière,  son  beau-père. 

Il  occupe  une  place  distinguée  dans 
l'histoire  contemporaine,  l'homme  qui 
un  moment  remplaça  Bonaparte  dans  le 
commandement  en  chef  de  l'armée  d'I- 
talie, qui  acheva  U  conquête  de  Borne, 
qui  organisa  la  république  de  Milan,  et 
qui  atUcba  son  nom  à  d'importaaa  trai- 
tés, comme  la  capitulation  d'Ulm  {vqx.)y 
le  traité  de  Munick  (  1806>),  U  eonven- 
lion  de  Koenigsbevg,  ela^  car  cet  homme 
avait  la  pensée  du  maître,  et  son  talent 
c'était  de  la  meUre  en  apf^tion. 

Deatiné  par  son  père  au  corps  des  in- 
génieurs, il  y  entra  aprèa  en  avoir  fait 
lea  études  spéoîaka;  maia  bientôt  U  ob- 
tint une  compati  dana  les  dragons  do 
Lorraine,  d'on  il  pesaa,  comme  o^Bcier 
d*état*4najer,  à  l'armée  expéditionnaire 
d'Amérique,  sous  les  ordres  du  fénéral 
Roohambeau.  I>eveDu  colonM  aide-*ma- 
joe-géaéral  pendant  bi  guene  de  V'indé- 
pettdanoe,  oà  il  a'élail  veiUMiwent  con- 
duit, il  fut,  aprèa  son  retaiir>uom«»é,  en 
1789,  major^général  de  la  garde  natio- 
nak  dei  VerMiUea ,  vil  W  où  îï  s'aoqnit  des 
deotta  à  l'essime  des  hena  eiloyens  par 
le  Modéiniie»  et  k  fenneté  qu'il  mit 


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BER 


(  408) 


B£H 


dans  ses  fonctions,  surtout  à  l'occasion 
des  troubles  excités  par  la  nouvelle  de  la 
fuite  des  tantes  du  roi  pour  Tltaîlie. 

^ers  la  fin  de  170i  il  fut  envoyé  à 
Metz  en  qualité  d'adjudant-général,  et 
bientM  après  le  maréchal  Luckner  se  l'at- 
tacha comme  chef  d'état-major.  Employé 
dans  l'ouest,  il  y  fit  son  devoir  contre  l'in- 
surrection avec  la  même  vigueur ,  et  il 
échappa  ainsi  aux  accusations  que  moti^ 
vait  sa  conduite  à  l'égard  des  démago- 
gues à  Versailks. 

Le  13  juin  1793  il  eut  trois  chevaux 
tu^  sous  lui  en  défendant  Saumur  trou- 
tre  l'armée  royaliste;  alors  il  était  chef 
d'état-raajor  du  maréchal  Biron.  Deux 
ms  après  il  fut  promu  au  grade  de  gé- 
néral divisionnaire  et  choisi  pour  chef 
d'état-major  par  le  général  Bonaparte, 
lorsqu'il  prit  le  commandement  de  l'ar- 
mée d'Italie.  C'est  la  belle  époque  de  la 
vie  militaire  de^  Berthier,  qui  seconda 
dignement  son  chef  et  eut  une  glorieuse 
part  aux  combats  de  Millésime,  Ceva, 
Mondovi,  au  passage  du  pont  de  Lodi, 
à  la  bataille  de  Rivoli.  Il  avait  mérité 
ainsi  l'honneur  d'apporter  au  Directoire 
le  traité  de  Campo-Formio.   / 

Ce  fut  au  mois  de  décembre  1797 
qu'il  remplaça  dans  le  commandement 
en  chef  Bonaparte,  forcé  par  la  difficulté 
des  négociations  à  se  rendre  au  congrès 
de  Rastadt.  Berthier  ne  fit  que  continuer 
l'exécution  des  desseins  de  soogénéral  en 
chef. 

Il  suivit  en  Egypte  le  héros  qui  dès 
ce  temps  l'associait,  pour  ainsi  dire,  à 
son  brillant  avenir,  et  auquel  il  était 
lui- môme  attaché  par  affection  autant 
que  par  devoir.  De  retour  avec  lui  ^  il 
devint  ministre  de  la  guerre  quand  son 
chef  et  son  ami  fut  nommé  premier  con- 
sul ;  mais  il  ne  resta  dans  ce  poste  que 
jusqu'au  3  avril  1800,  époque  à  laquelle 
il  retourna  eor  Italie  avec  le  titre  de  gé- 
néral en  chef.  Il  ouvrit  ainsi  la  campa- 
gne de  Marengo,  dont  la  gloire  reste  à 
Napoléon.  On  ne  peut  pas  séparer  da- 
vantage le  reste  de  ses  service»  militaires 
de  l'histoire  des  campagnes  de  l'empe- 


Berthier  fut  fait  maréchal  le  19  mai 
1804  ;  les  autres  dignités  plurent  sur  lui 
à  de  eoorto  intervalles,  et  ce  fut  pour  le 


grandir  encore  que  Temparenr  lui  fit 
épouser  la  fille  du  duc  Guillaume  de 
Bavière -Birkenfeld,  cousin  do  roi  de 
Bavière,  union  dont  il  devait  rester  à 
son  auteur  un  souvenir  plus  digne  que 
ne  le  donneraient  à  croire  les  prétendues 
réminiscences  de  l'exilé  de  Sainte-Hélène, 
enregistrées  dans  le  Mémorial  (t.;y,  pag. 
72  et  suiv.).  Il  y  a  dans  l'honneur  des 
familles  quelque  chose  de  plus  sacré  que 
les  paroles  même  d'un  monarque  déchu  ; 
et  les  invectives  qu'à  l'égard  de  cette  union 
l'on  s'est  cru  autorisé  à  livrer  au  public, 
sous  la  forme  de  révélations  historiques, 
sont  dignes  tout  au  plus  de  figurer  dans 
un  pamphlet 

A  la  Restauration  de  1814,  le  prince 
de  Wagram  ne  fut  pas  des  derniers  à  si- 
gner l'acte  de  déchéance  de  Napoléon.  Ce 
fut  lui  qui,  à  la  tète  des  maréchaux,  pro- 
nçnça  l'allocution  obligée  à  Louis  XYIDE, 
dans  le  château  de  Compiègne.  Compris 
dans  la  formation  de  la  chambre  des 
pairs,  il  inspira  assez  de  confiance  au 
roi  pour  que  celui  -  ci  le  plaçât  à  la  tête 
d'une  des  deux  compagnies  qu'il  ajouta 
à  la  première  formation  de  ses  gardes-du- 
corps.  On  sait  que  l'autre  porta  le  nom 
du  duc  de  Raguse.  La  suite  a  prouvé  que 
c'était  là  une  mesure  habile,  car  ces  deux 
maréchaux  n'ont  point  failli  à  la  foi  jurée 
envers  la  Restauration. 

La  principauté  de  Neufchâtel,  dont 
Berthier  avait  été  investi,  à  titre  de  fief, 
par  Napoléon,  à  qui  la  Prusse  l'avait  cé- 
dée par  la  convention  de  Vienne  du  8 
décembre  1805 ,  rentra  en  la  possession 
de  Frédéric-Guillaume  m  dès  le  S 5  jan- 
vier 1814  ;  cette  reprise  fut  sanctionnée 
par  un  article  additionnel  au  traité  de 
Paris  du  30  mai  1814;  Berthier  y  adhéra 
par  son  acte  de  renonciation ,  signé  le  S 
juillet  suivant,  moyennant  une  pension 
de  35,000  francs  réversible  par  moitié 
sur  sa  veuve;  pension  que  le  roi  de  Prusse 
consentit  à  lui  payer. 

Le  prince  deWagram  ne  jouit  pas  long- 
temps des  bonnes  grâces  de  Louis  XVIII  : 
une  lettre  qu'il  avait  reçue  de  Tlle  d'Elbe 
lui  suscita  des  tracasseries  «outre  lesquel- 
les il  sut  opposer  plus  de  courage  qu'on 
n'en  avait  à  la  cour  de  Napoléon;  pour^ 
tant  au  retour  de  celui-ci  il  ne  céda  pas  à 
l'occasion  de  se  venger.  D  prh  le  parti  4^ 


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BER 


(409) 


BER 


se  retirera  Bamberg,  et  n  mort  même  n*« 
pas  trouvé  grâce  devant  l'esprit  de  parti 
pour  une  résolution  aussi  loyale.  On  a 
prétendu  que  le  suicide  qui  termina  ses 
jours  n'aaraît  été  qu'un  dernier  acte  du 
vertige  que  décelait,  dans  les  derniers 
temps,  son  état  mental.  Mais,  ne  serait- il 
pas  plus  juste  de  dire  qu'après  avoir  cédé 
une  première  fois  à  l'empire  des  circon- 
stances en  sacrifiant  à  ses  devoirs  poli- 
tiques les  engagemens  de  l'affection  et 
de  la  reconnaissance,  Berthier  ne  voulut 
pas  déirorer,  comme  tant  d'autres,  l'hu- 
miliation d'un  nouveau  parjure,  en  répu- 
diant la  foi  jurée  à  la  Charte  de  1^14, 
qui  garantissait  l'indépendance  et  la  li- 
berté de  la  France. 

Il  existe  quelques  pièces  de  monnaie 
frappées  à  l'effigie  de  Borthier ,  comme 
prince  souverain  de  Neufchâtel  ;  on  en 
a  vu  dans  le  médailler  d'un  savant  ama- 
teur. Nous  ne  sachions  pas  qu'il  ait  ja- 
mais composé  de  vers,  quoiqu'on  l'ait 
représenté  comme  un  Céladon;  mais  il  a 
publié  les  ouvrages  suivans  :  Relation  de 
la  bataille  de  Marengo,  Paris,  an  XIV, 
in-8*  et  în-4**  avec  cartes;  Relation  des 
campagnes  du  général  Bonaparte  en 
Egypte  et  en  Syrie,  Paris,  1800,  in-8^ 
On  a  imprimé  à  Paris,  en  1836,  les  Mé- 
moires  tP Alexandre  Berthier,  prince 
de  "Neufchâtel  et  de  fF'agram,  1  vol. 
in.8**.  '  P.  C. 

BERTHIER.  Deux  frères  du  prince 
de  Wagram,  Victor-Léopold  (1770- 
1807)  et  CisAR  (mort  en  1819),  ont  aussi 
servi  avec  distinction  dans  les  armées 
françaises  et  sont  arrivés  l'un  et  l'autre 
jusqu'au  grade  de  général  de  division. 

Le  comte  Feudinaih)  de  Berthier,  fils 
de  l'ancien  intendant  de  P&ris  et  ancien 
député,  appartient  à  une  autre  famille. 
La  manière  misérable  dont  son  père  ter- 
mina sa  vie  en  1789,  pendu  par  la  po- 
pulace à  la  corde  d'un  réverbère  et  mu- 
tilé encore  après  sa  mort,  lui  inspira 
pour  les  idées  appelées  libérales  une  ré- 
pugnance profonde  qu'il  n'a  jamais  dé- 
mentie et  qui  Fa  même  fait  accuser  en 
1831  d'avoir  cherché  à  attenter  à  la 
vie  de  Lôuis-PhlIippe.  Successivement 
préfet  du  Calvados  (1815)  et  de  l'Isère, 
conseiller  d'état  (1811)  et  député  de  la 
Seine,  il  «  constanunent  déifehda  des 


opinions  ultra-monarchiques  qui  même 
l'ont  fait  exclure  du  conseil  d'état  par 
le  gouvernement  d'alors.  Il  y  fut  de  nou- 
veau nommé  en  1824  et  y  fut  admis  en 
service  ordinaire  en  1828;  S. 

BERTHOLD,  le  deuxième  apôtre  du 
christianisme  parmi  les  Livonieris,  était 
abbé  du  couvent  cistercien  de  Loccum 
dans  la  Basse-Saxe;  en  1196,  après  la 
mort  de  MeiAhard ,  premier  missionnaire 
et  évéque  de  ce  peuple  païen  (Lives  et 
Lettons),  Berthold  fut  nommé  par  l'ar- 
chevêque de  Brème  et  de  Hambourg  évê» 
que  et  missionnaire  en  Livonie.  Arrivé  à 
Ixkull  sur  la  Duna,  siège  des  premiers 
chrétiens  de  la  Livonie,  il  chercha  à  ga- 
gner les  naturels  p^r  la  douceur,  mais 
néanmoins  il  fut  expulsé.  Il  y  retourna 
bientôt  après  avec  des  croisés  venant  de 
la  Basse-Saxe,  pour  forcer  le  peuple  par 
les  armes  à  embrasser  le  christianisme; 
mais  il  fut  tué  dans  un  combat,  en  1 198. 
Les  croisés  finirent  cependant  par  vain- 
cre et  obtinrent  par  la  force  la  conver- 
sion des  Livouiens;  mais  à  peine  avaient- 
ils  repris  le  chemin  de  leur  pays  que 
les  Livoniens  retournèrent  au  paga- 
nisme. C.  L. 

BERTHOLLET  (  Louis-Cl aude  ) , 
mort  le  6  novembre  1822,  sénateur, 
comte  de  l'empire,  grand-officier  de  la 
Légion-d'Honneur,  titulaire  de  la  riche 
sénatorerie  de  Montpellier,  grand-cor- 
don de  l'ordre  de  la  Réunion,  était  né  le 
9  décembre  1748,  de  parens  d'origine 
française,  à  Talloire  près  d'Annecy,  en 
Savoie.  Élève  distingué  dans  son  enfance, 
il  fut  reçu  docteur  en  médecine  à  Turin 
n'ayant  pas  encore  23  ans.  Il  se  rendit 
alors  à  Paris  où  il  fit  la  connaissance  de 
Tronchin,  qui  l'aida  de  son  immense  cré- 
dit et  lui  assura  une  position  honorable  en 
l'attachant  à  la  maison  du  duc  d'Orléans, 
aïeul  du  roi  régnant.  Presque  en  même 
temps  qu'il  se  liait  avec  Trondiin,  Ber- 
thollet  était  devenu  l'élève  de  Bucquet 
et  de  Macqner ,  et  ce  fut  près  d'eux  qu'il 
puisa  son  goût  décidé  pour  les  sciences 
chimiques,  à  l'étude  desquelles  il  put  se 
livrer ,  grâces  à  la  munificence  du  duc 
dont  il  était  devenu  le  commensal.  Ce 
prince  lui  donna  un  laboratoire  et  le 
nomma  son  préparateur;  car  il  aimait 
les  ictences  naturelles  et  «v»t  étudié  la 


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BER  (410) 

diimie  tTeeBomber|,  BerlboUet  awan 
»on  «venir  en  9e  faisant  natitraliser  etrec^ 
voir  (1779)  docteqr  en  médecine  de  la  Fa- 
culté de  Paris;  il  soutint  «a  thèse  sur  les 
Propriétés  médicales  du  lait  des  ani" 
maux.  Bientôt  après,  abandonnant  $uhl 
et  ses  partisans  et  repoussantla  vaine  théo- 
rie du  phioglstique  qu'il  avait  soutenue 
jusqu'alors,  il  entra  franchement  dans  la 
voie  nouvelle  ouverte  par  l^voisier,  et  se 
livra  entièrement  à  l'étude  de  la  chimie. 
Son  immortel  ouvrage»  Essai  de  statique 
chimique t  prouve  assez  combien  il  oqn- 
Iribua  aux  immenses  progrès  que  fit  alors 
cette  «dence.  Ia  plupart  de  ses  recher<- 
ches  avaient  un  but  utile  :  aussi  après 
avoir  été  en  avril  17^0  préféré  à  Four- 
cro^  pour  remplacer  Bncquet,  et  après 
avoir  été  appelé  à  la  même  époque  à  rem- 
placer Baume  à  l'A-cadémie  des  sciences, 
i|  fut  nommé  commissaii^  pour  la  direc^ 
tion  des  teintures  aux  Gobelins  ;  ses  tra^ 
vaux  dans  cette  branche  si  difficile,  ai 
importante  de  la  chimie  appliquée,  prou^ 
vent  combien  il  convenait  a  cette  place. 
Qui  ignore  en  efifet  que  Berthollel,  faisant 
une  curieuse  application  de  la  découverte 
de  Scbeele  sur  la  propriété  qu'a  le  chlore 
(acide  fnuriatique  déphlogistiqué d'^- 
lors)  de  détruire  les  couleurs  végétales, 
créa  un  nouvel  art,  celui  du  blanchi- 
ment par  le  chlore,  méthode  dont  l'usage 
fut  bientôt  universellement  adopté  et 
qu'on  connaît  encore  sous  le  nom  de  pro- 
cédé ^ertfiQllien.  D'autres  travaux  non 
moins  importons  firent  connaître  Beiv 
thoUet  du  grand  capitaine  qui  allait  pré- 
luder par  les  campagnes  d'Italie  à  la  con^ 
Su^te  du  continent  européçut  Bientôt 
icrtholM  associé  à  JMonge,  dont  la 
acieqçe  égalait  le  patriotisme»  créa  par^ 
tout  des  salpétrièrea  et  améliora  les  piH^ 
oédéa  suivis  pour  la  fabrication  de  la 
poudre,  Cest  à  Toccasion  de  ces  tra^vaux 
qu*il  conçut  ridée  de  #nbstitu«r  an  nitr«» 
dans  la  composition  de  la  poudre,  uqe  aub- 
ftance  to^e  nouvelle  que  «ea  recberchea 
sur  le  chlore  lui  avaient  permis  de  hi^ 
connaître»  If  chlorate  de  potasse,  Les  e^ 
aail  faits  à  &aonne  firent  sauter  le  mou- 
lin e^  périr  cinq  per^onnea  (t>ojr%  I\)uniki 
ruioiiK^KTv^  U  découvrit  upe  awbaungi 
plua  d^gerense  eocore  dans  l'itmwQ^ 


BBR 

soua  la  wm  d'o/yn^r^^UîmifMr*  Après 
avoir  suivi  Bonaparte  en  Italia,  il  fut 
nommé  pour  faire  partie  de  l'expédition 
d'Egypte  et  chargé  du  soin  de  choisir  les 
savans  qui  devaient  composer  le  corps 
scientifique  d^  cette  expédition.  Au  faite 
dea  grandeurs,  Napoléon  prouva  toute 
l'estime  qu'il  porUit  à  Berthollet  et  toute 
son  amitié  pour  lui  en  le  comblant  d'hon- 
neurs et  de  dignités,  Berthollet  ne  s'est-il 
pas  moptré  oublieux  de  tant  de  bienfaiu 
en  votant,  le  l*''  avril  181 4,  la  déchéance 
de  l'empereur?  I^e  roi  Louia  ILYltL  lui 
aut  gré  de  cet  acte,  que  dicta  sans  doute 
l'impérieuse  nécessité  de  l'époque,  en 
l'appelant  à  la  pairie  le  4  juin  auivant, 
position  dans  laquelle  Berthollet  fut  un 
constant  défenseur  des  libertés  constitu- 
tioonellea.  L'expédition  d'Egypte  avait 
été  nécessairement  pour  Berthollet  l'oc- 
casion de  nouveaux  et  importans  travaux  : 
reconnaissant  que  les  immenses  quan- 
tités de  natron  qu'on  trouve  dans  ces 
contrées  résultent  de  la  transformation 
spontanée  du  muriatede  soude,  qui  n'y 
est  pas  moins  abondant  et  qui  repose 
sur  une  couche  de  craie  (carbonate  de 
chaux),  en  carbonate  de  aoode  ou  uatron, 
il  enrichit  l'art  de  nouveaux  procédés 
pour  décomposer  lé  muriate  de  soude,  et 
fournit  ainsi  d'immenses  quantités  d'a^ 
oide  muriatique  aux  blanchisseries  qu'il 
avait  créées  et  de  la  soude  aux  fabriques 
de  verre  et  de  savon* 

Après  la  Restauration,  ayant  à  prendre 
une  part  moins  active  a^ix  a(fairea  de 
l'eut ,  il  vécut  plus  retiré  datis  sa  maison 
de  camoagne  d'Arcueil  (vqr4  ^  i^  ^^^^ 
cette  So^té  d'Àrçueil,  composée  de 
l'élite  dea  chimistes  et  des  pbysicieiis  de 
l'époque,  et  qui  publia  3  Yolnmca  de  mé- 
moires, Cest  dans  cette  charmantti  i^o- 
traite  qu'il  mourut  à  l'âge  de  74  ans. 
Nous  n'avoua  pu  qu'indkiucr  les  travaux 
de  BerUtolle(  ;  parmi  ses  nombreux  mé- 
moires et  ses  ouvrages  nous  citerons  les 
Jilémem  de  l'^n  de  la  teii^ure,  qui 
sont  encore  consultés  jouruellement. 

Berthollet  preuve,  qu'il  avait  du  cou- 
rage quand  il  démontra  qu'une  portion 
d*eau-de-Yie>  qui  était  fort  tn>uble  et 
qu'il  panMsaai^  entrer  daoa  Ifs  plans  du 
comité  di;  «alut  piibUp  et  de  HobMpierre 
d«  faÂf<^.w^ii4éwr  çmmf^  e^w'^ûnoéc^ 


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BEa 


(«») 


um 


ne  rwrçrmai(  aaoun  principe  nubible, 

BertboUet  avait  qp  6b  (Aiikdée)  dont 
les  premiers  travaui^  avaient  d^à  faU 
concevoir  les  plua  brillantea  espérances 
pour  soq  av^r;  mais  à  l'âge  d'eqviron 
Ï8  ans,  en  1811 ,  étant  à  Marseille,  il 
s'asphyiiia  volontairement  Dans  son  mé~ 
qmire  sur  V Analyse  de  Farmnonifiqae 
il  avait  complété  les  travaux  de  son  père 
qui  avait  découvert  que  l'azote  est  un 
4çs  principes  oenstiluans  de  eette  sub- 
stance, et  que  cet  azote  eiiiste  en  grande 
abondance  dans  la  chair  des  animaux;  il 
avait  indiqué  le  moyen  de  l'en  extraire 
par  Tacide  nitrique  alTaibli*      A.  L-d« 

BERTIN  (AiiTOïKis),  poêle  erotique 
français  foi*mé  à  l'école  de  jDorat,  mais 
bien  supérieur  à  son  maître  et  heureux 
imitateur  de  Parpy.  Il  naquit  à  l'Ile  Bour- 
bpn»  en  1762,  et  mourut,  en  1791,  à 
SaiplrDomiogue  où  il  venait  d'épouser  une 
jeqqe  créole.  On  a  de  lui  >  sous  le  titre 
d'Jmoiirs,  des  élégies  qui,  avant  d'étrç 
imprimées,  en  1782 ,  avaient  fait  fortune 
dans  les  salons ,  et  un  Foyage  de  Bout* 
gagne  en  prose  cl  en  vers.  S, 

BEHTIN  (TaÉODORE-Pus^aK), 
connu  comme  traducteur  et  comme  sté^ 
nographe»  naquit  à  Dooemarie,  près  de 
Provins ,  en  1 751 ,  et  mourut  à  Paris  en 
1819.  Attaché  en  qualité  de  sténographe 
à  plusieurs  assemblées  législatives  de 
Fraoce,  il  iniroduisit  dans  ce  pays  ce 
procédé  d'abréviatiop.  XI  traduisit  un 
grand  nombre  d'ouvrages  anglais,  et  en 
composa  lui-même  en  français  pour  T in- 
struction de  la  jeunesse  et  sur  diverses 
matièrea,  J^  mécanique  et  la  pbyaiquq 
formaient  son  étude  de  prédilection ,  et 
on  lui  doit,  l'inventâon  des  lampes  doci-^ 
uwcistes^  S, 

91SKTIN  (Irfîu?a-FaA5çoxs),  l'aîné 
des  deux  frèrea  Qe^tin  ^  naquit  à  Paris 
en  1766  et  fut  destiné  à  l'état  ecclésiasr 
tique.  Au  sortir  du  collée  du  Ple^sis  it 
fit  sa  théologie  au  collège  Saintç-Barbe, 
et  ses  ca<nai*l|de9  se  rappellent  encore; 
a(\jourd*bui  la  bibliothèque  qu'il  avait 
formée  avec  If  revenu  d'un  petit  bénén 
fiée  doni  U  était  ^éy\  pourvy ,  quoique 
écolier.  Avant  qu'il  entr&t  dans  les  or- 
dres, cette  carrière  lui  f^t  fermée  par 
la  réwltttion,  Il  en  ftvai^  em^rî^sé  les 
espér^l^es  et  les  réfpfm^  V{%^  pi^ 


Gamme  tout  lea  ocmira  généraux  de  cette 
époque,  il  voulait  une  rénovation  poli^ 
tique;  mais  sans  l'acheter  par  les  longs 
déchiremens  de  l'anarchie.  Débordé  par 
la  violeoce  du  mouvement ,  il  s'attacha  à 
en  combattre  lés  excès.  Depuis  93 ,  on 
le  vit  concourir  à  la  rédaction  de  plu* 
sieurs  journaux ,  no^mment  du  Journal 
français^  de  V Eclair  (11  ^S)^  du  Caur^ 
rier  universel,  et,  après  le  18  brumaire 
an  Vin  (9  nov.  1799),  il  fonda,  de  con- 
cert avec  son  frère  (v-  BsnTur  nsYAnx), 
le  Journal  des  fiéboXs  {voy,\  le  premier, 
le  plus  brillant ,  et  le  plus  influent  des 
organes  de  la  critique  littéraire  et  de  IV 
pinion  monarchique.  Impliqué»  en  l'an 
IX,  dans  une  accusation  de  royalisme»  il 
fut  9  mois  détenu  dans  la  prison  du 
Temple  où  les  épreuves  de  son  journal 
lui  étaient  apportées.  De  là»  déporté  à 
l'Ile  d'Elbe»  il  s'en  échappa,  parcourut 
ritalie»  cette  patrie  des  beaux-^rts,  et  fit 
connaissance  à  Rome  de  M.  de  Château*  . 
briand  dont  il  devint  l'ami  intime,  e| 
qui  plus  tard  devait  avoir  sur  son  jour- 
nal une  si  grande  influence.  En  1804  i| 
revint  à  Paris  \  la  police  fermait  les  yeux 
sur  sa  présence.  Il  reprit  la  rédaction  en 
chef  du  Journal  des  Débats,  auquel,  en 
1805,  Napoléon  imposa  le  titre  de  Jour- 
nal de  l'Empire,  De  plus,  il  imposa 
M.  Fiévée  comme  rédacteur  en  chef  avec 
un  traitemeot  de  ôO  à  60,000  francs  qui 
lui  fut  assigné  sur  le  journal,  Cepepdan^ 
M.  Fiévée,  cédant  à  l'influence  de  M,  Ber- 
tip,  laissa  insérer  un  morceau  extrait 
du  Mercure  de  France  qui  appartenait 
alors  à  MM.  Bertin  et  de  Chateaubriand 
et  où  oe  dernier,  avec  sa  verve  ordinaire 
peignait  Tacite  marquant  la  tyrannie 
d'une  empreinte  ineffaçable  e|  désignait 
évidemment  Napoléon-  Celui-oii  mécon- 
tent, remplaça»  en  1808,  M,  Fiévée  dans 
la  rédaction  du  Journal  de  C empire  par 
M.  J^tienne.  Les  propriéuire*  du  Jour-t 
nal  des  Débats  perdirent  toute  influence 
sur  la  rédaction  de  leur  jouroal»  ce  qui 
n'empêcha  PM  qu'en  1 8 1 1  ils  furent  tout- 
à-^faît  dépouillés,  par  un  arrêté  de  l'empe- 
reur, de  leur  propriété)  L'énorme  revepH 
créé  par  leura  talçpa  et  par  ceux  de9  9^\^ 
qu'ila  ^éuiçn^  attachés,  le  mobilier  de 
la  rédaction»  jusqu'aux  glaces  et  aux  iUu- 
teuUs  l>^  ^  ^m^  t^^(  fut  ^aiii  «aw 


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BER 


(412) 


BER 


trrét  dat  Iribunaux.Ce  n'était  pas,  comme 
on  le  voit,  l'époque  des  garanties  pour 
la  presse. 

M.  Berthi  ne  reprit  cette  propriété 
qu'en  1814,  au  retour  des  Bourbons. 
Dévoué  à  leur  cause  où  il  voyait  celle  de 
la  France,  il  suivit  Louis  XVIII  à  Gand 
et  y  fut  chargé  de  la  rédaction  du  M(y- 
niteur  universel,  le  journal  officiel  des 
royalistes  pendant  les  Cent-Jours.  De  re- 
tour à  Paris  en  même  temps  que  les 
princes,  il  seconda  yivement  les  mesures 
du  gouvernement  par  la  direction  du 
Jfournal  des  Débats.  La  manière  dont 
M.  de  Chateaubriand  fut  renvoyé  du  mi- 
nistère et  les  plans  imprudens,  avant- 
coureurs  de  la  catastrophe  de  Charles  X, 
le  firent  passer  dans  les  rangs  de  l'Oppo- 
sition. En  juin  1830,  M.  Bertin  eut  à  se 
défendre  devant  le  tribunal  de  police 
correctionnelle  d'un  article  qu'il  avait 
publié  dans  les  Débats  contre  Ta  vendirent 
du  ministère  Polignac,  avènement  qui 
lui  avait  arraché  ces  mots  :  Malheureuse 
France^  malheureux  roi!  Condamné  par 
le  tribunal  de  police  correctionnelle,  il 
fut  acquitté  par  la  Cour  royale,  sur  la 
plaidoirie  de  M.  Dupin,  l'ainé.  Ses  adver- 
saires n'ont  pas  manqué  de  lui  reprocher, 
surtout  après  la  révolution  de  1830,  qu'il 
avait  abandonné  le  principe  de  la  légiti- 
mité. «(  Nous  avons  voulu  et  nous  voulons 
toujours  l'hérédité  de  la  couronne,  a-t-il 
répondu,  non  pour  accumuler  pendant 
des  siècles  dans  une  même  famille  les 
honneurs,  la  richesse  et  la  puissance, 
mais  pour  les  avantages  qu'en  retire  la 
propriété ,  le  commerce ,  l'état  entier 
dont  il  représente  et  maintient  l'unité. 
En  1830,  fallait-il  sacrifier  au  principe 
tout  ce  qui  en  fait  la  valeur,  nos  libertés, 
notre  civilisation ,  notre  repos,  nos  lois? 
Des  flots  de  sang  versé  ne  l'auraient  pas 
conservé  à  ce  prix.  Le  peuple,  tout  san- 
glant du  combat,  aurait  repoussé  le  prin- 
cipe de  la  monarchie  héréditaire  s'U  eût 
été  irrévocablement  lié  au  maintien  de 
la  branche  atnée  des  Bourbons  sur  le 
tr6ne.  Nous  l'avons  tiré  des  décombres 
où  l'avait  enseveli  le  canon  des  soldats 
de  Charles  X.  »  {Débats^  3  nov.  1833). 

M.  Bertito,  heureux  au  milieu  de  sa 
famille  et  de  la  brillante  élitedes  hommes 
de  talent  qu'il  a  sa  s'attacher ,  est  tout 


entier  à  la  direction  de  son  journal  qu'il 
n'a  jamais  quittée  que  par  la  force ,  et 
n'a  jamais  eu  d'autre  ambition.  Il  n'a 
recherché  ni  places  ni  décorations. 

Dans  sa  jeunesse  (  1798  et  1799  ), 
M.  Bertin  a  publié  quelques  romans  en 
partie  traduits  de  l'anglais  :  ÉUza  ou  la 
famiite  d^Elderland;  la  aoche  de  Mi- 
nuit; la  Caverne  de  la  mort  et  r  Église 
de  Saint'Silfrid.  D-k. 

BERTIN  DE  VAUX  (Lotris-FEAW- 
çois)|  frère  du  précédent,  aujourd'hui 
pair  de  France,  naquit  en  1771 .  Quoique 
sa  carrière  politique  ait  eu  plus  d'éclat 
que  celle  de  son  frère,  il  a  pourtant  tou- 
jours suivi  la  même  ligne. 

M.  Bertin  de  Vaux  seconda  son  frère 
dans  la  rédaction  du  Journal  des  Dé^ 
bats,  eut  sa  part  des  poursuites  que  leur 
attirait  l'esprit  du  journal,  et  fut  dépouillé 
avec  lui,  en  1811,  de  cette  propriété. 

En  1801  il  fonda  une  maison  de  ban- 
que à  Paris.  Quelques  années  après  il  fut 
nommé  juge,  puis  vice-président  du  tri- 
bunal de  commerce.  A  la  chute  du  gou- 
vernement impérial,  il  se  prononça  vive- 
ment pour  les  Bourbons,  et ,  au  mois  de 
septembre  1815 ,  il  présida  l'un  des  col- 
lèges électoraux  de  la  capitale  qui  le  choi- 
sit pourdéputé.  Un  mois  après,  il  fit  partie 
du  ministère  de  la  police  en  qualité  de 
secrétaire  général  et  il  y  resta  jusqu'en 
1817.  En  1820,  il  présida  de  nouveau 
le  collège  électoral  qui  l'avait  déjà  nommé 
député  et  qui  le  nomma  une  seconde 
fois.  Il  échoua  aux  élections  suivantes; 
mais  peu  de  temps  après  il  fut  élu  par 
l'arrondissement  de  Versailles  qui  renou- 
vela son  mandat  en  1834  et  en  1827. 
Conseiller  d'état  en  1837,  puis  démis- 
sionnaire en  1839,  il  se  rangea  parmi 
les  321  pour  renverser  un  ministère 
dont  la  chute  ne  fîit  que  le  prélude  de 
celle  de  l'ancienne  dynastie.  Cétait  peut- 
être  plus  que  ne  voulait  M.  Bertin  de 
Vaux  ;  cependant  après  la  révolution  de 
juillet  il  s'associa  à  ceux  de  ses  collègues 
qui  proclamèrent  roi  le  doc  d'Orléans. 
Rappelé  alors  au  conseil  d^état  et  chargé 
de  missions  diplomatiques  en  Hollande 
(33  sept.  1830)  et  en  Angleterre,  il  fut, 
par  l'ordonnance  du  13  octobre  1833, 
nommé  à  la  chambre  des  pairs  où  il  siège 
encore  aujourd'hui.  Dm  M. 


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tSA 


(41Ï) 


BER 


BBRTINAZZI  (Charlks),  vojr, 
Carlut. 

HERTIUS  (Piebue),  coamograpbe  et 
historiographe  da  roi  Louis  XIII,  pro- 
fesseur royal  de  mathématiques,  naquit 
à  Beveren,  en  Flandre,  en  1566.  Les 
troubles  de  religion  engagèrent  ses  pa- 
rens  à  le  transporter  à  I.ondres,  «ù  il 
commença  son  éducation.  Il  l'acheva  à 
Leyde,  où  son  père,  qui  était  devenu 
ministre  protestant  à  Rotterdam,  le  fit 
Tenir  à  l'^e  de  12  ans.  En  1582 ,  Ber-; 
tins,  âgé  de  17  ans ,  embrassa  la  carrière 
de  renseignement,  et  professa  successi- 
vement à  Dunkerque,  à  Ostende,  à  Mid* 
delbourg,  à  Gces  et  à  Strasbourg.  Le 
désir  de  s'instruire  lui  fit  entreprendre 
un  voyage  en  Allemagne  avec  Juste- 
Lipse;  le  même  motif  le  conduisit  en 
Bohême,  en  Silésie,  en  Pologne,  en 
Russie  et  en  Prusse.  Il  revint  enfin  à 
Leyde,  où  il  avait  été  nommé  profes- 
seur. On  le  chargea  aussi  du  soin  de  la 
bibliothèque  de  l'université  de  cette  ville, 
qu'il  mit  le  premier  en  ordre  et  dont 
il  publia  le  caulogue.  En  1606,  il  fut 
nommé  régent  du  collège  des  États,  à 
la  place  de  Jean  Kuchlin,  son  beau-père; 
mais  ayant  pris  le  parti  des  disciples 
d'Arminius  contre  ceux  de  Gomarus  et 
publié  contre  ces  derniers  un  grand  nom- 
bre d'écrits  théologiques ,  it  se  vit  dé- 
pouillé de  toutes  ses  places  et  de  tout 
moyen  de  subsistance,  quoique  chargé 
d'une  nombreuse  famille.  11  présenta 
aux  États  de  Hollande  une  requête  pour 
obtenir  une  pension ,  qui  lui  fut  refusée. 
En  1618,  Louis  XIII  l'avait  honoré  du 
titre  de  son  cosmographe.  Contraint  par 
la  misère,  Bertius  se  rendit  en  France 
et  embrassa  la  religion  catholique.  Il  fit 
son  abjuration  le  25  juin  1620,  entre 
les  mains  de  Henri  de  Gondi,  cardinal 
de  Retz,  évêque  de  Paris.  Les  protestans 
s'affligèrent  beaucoup  de  eette  abjura- 
tion et  les  catholiques  n'osèrent  pas 
s'en  glorifier.  Peu  de  temps  après,  Ber- 
tius fut  nommé  professeur  d'éloquence 
du  collège  de  Boncourt,  ensuite  histo- 
riographe du  roi ,  et  il  fut  enfin  pourvu 
d'une  chaire  surnuméraire  de  professeur 
royal  de  mathématiques.  H  mourut  en 
1629. 

Bertius  a  laissé  un  grand  nombre  d'é- 


crits ,  les  uns  théologtques,  les  astres  de 
géographie.  Les  premiers  causèrent  ses 
malheurs  et  sont  oubliés,  les  seconds  lui 
procurèrent  une  existence  heureuse  et 
sont  encorç  quelquefois  lus  ou  feuilletés 
par  les  savans. 

Le  plus  connu  des  ouvrages  géogra^ 
phiques  de  Bertius  et  le  plus  recherché,  - 
est  son  Thtatrum  geogrophios  veteris 
(2  vol.  in-fol.,  1618  et  1619,  EIxevir  ). 
Cependant  ce  recueil,  dont  Bertius  n  a 
été  que  l'éditeur  et  l'éditeur  négligent, 
a  plus  de  réputation  qu'il  n'en  mérite. 
Le  premier  vojume  se  compose  unique- 
ment de  la  géographie  de  Ptolémée,  en 
grec  et  en  latin ,  réimprimée  sur  l'édition 
donnée  1 4  ans  auparavant  par  Montanus 

(désignée  vulgairement,  mais  à  tort,  sous 
e  nom  d'édition  de  Mercator),à  laquelle 
Bertius  a  seulement  ajouté  les  variantes 
d'uu  manuscrit  de  la  bibliothèque  pala- 
tine, qui  lui  avait  été  fournies  par  Syl- 
burg;  mais  Bertius  a  laissé  faire  dans 
son  édition  un  bon  nombre  de  fautes  qui 
n'existent  pas  dans  l'édition  de  Monta- 
nus.  Le  second  volume  du  Theatrum 
renferme  Titinéraire  d'Antonin  et  la  no- 
tice des  provinces  de  l'Empire,  réim- 
primés sur  l'édition  d'André  Schott, 
dont  Bertius  a  copié  jusqu'aux  fautes 
d'impression.  Ensuite  vient  la  table  de 
Peutinger,  telle  que  l'avait  donnée  Yel- 
ser,  et  avec  les  commentaires  de  ce  der- 
nier auteur;  enfin,  un  choix  de  cartes 
de  géographie  ancienne,  extraites  du 
Parergon  d^Ortelius,  et  avec  le  texte 
descriptif  de  cet  excellent  géographe, 
tout  cela  sans  aucune  note  ni  addition 
de  Bertius. 

Voir  pour  les  autres  ouvrages  de  Ber- 
tius les  Fies  de  plusieurs  personnages 
célèbres,  des  temps  anciens  et  moder- 
nes, Lyon,  1830, 1 1,  p.  350-53.  W-r. 
BERTOLACCI  (Antoine),  fils  de 
Pascal  Bertolacci,  ancien  président  de  la 
Cour  suprême  en  Corse  sous  la  domina- 
tion francise ,  ayant  émigré  avec  sa  fa- 
mille lors  de  la  révolution  de  1793,  fut 
employé,  sous  le  ministère  de  lord  Guil- 
ford,  son  ami,  dans  l'Ile  de  Ceyian,  où  il 
exerça  pendant  17  années  la  charge  d'ad- 
ministrateur et  de  contrôleur  généi*al.  Ces 
hautes  fonctions  développèrent  ses  vues 
d'économie  politique  et  civile,  et  il  ne 


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BER 


(414) 


BËR 


ttêêà  ûê  diriger  ses  idées  vers  la  tnorale 
et  le  droit  publie,  comttie  les  vraies  bases 
de  la  liberté  et  de  Tordre,  ert  y  appro* 
priant  les  conûaissances  acquises  de  l'an- 
tique dtilisation  religieuse  de  Tludë. 
Mais  les  fatigues  excessives  causées  par 
l'activhé  de  son  esprit,  quoiqu'il  fût  d'une 
constitution  robuste,  et  Faltération  crois- 
sante de  sa  santé  sous  le  tropique,  le  dé- 
terminèrent à  quitter  son  emploi,  et  il 
revint  en  Europe.  Il  s'occupa  en  Angle* 
terre  d'appliquer,  dans  plusieurs  ouvra- 
ges, ses  principes  sur  l'économie  sociale, 
d'abord  à  l'administration  des  établisse- 
mens  de  la  Grande-Bretagne  dans  l'Inde 
et  ensuite  à  l'état  présent  de  la  Grande- 
Bretagne  elle-même,  en  publiant:  i^  J 
viefP  of  the  agricuUural,  commercial ^ 
and  financial  inierests  of  Ceylan,  wiih 
an  appentUx  containing  sonïe  of  the 
principal  laws  and  usages  ofthe  Can- 
diansy  etc.,  Londres,  1817,  in-S**,  577 
pages,  avec  une  carte  topographique  de 
rile  de  Ceylan  par  le  capitaine  Schnei- 
der; 2*  An  inquiry  into  several  ques- 
tiens  of  political  economy  applicable 
10  the  présent  state  of  Great-Britain , 
Londres,  1817,  in-8^,  94  pages.  Après  la 
seconde  Restauration,raoteur  vint  se  fixer 
en  France,  sa  patrie,  redevenue  Palliée  de 
l'Angleterre.  Nul  n'intéressa  plus  vive* 
ment,  dans  un  écrit  plein  d'un  patriotisme 
vraiment  chrétien ,  les  deux  peuples  amis 
en  faveur  des  Grecs  martyrs  et  victimes 
de  la  persécution  musulmane.  Ce  fut 
après  la  victoire  de  Navarin,  qui  a  signalé 
l'accord  des  deux  nations  rivales^  qu'il 
publia,  8**  cette  brochure  où  i!  proposait 
une  alliance  étroite  par  mariage,  sous  le 
titre  de  La  France  et  la  Grande-Bre^ 
tagne  unies  i  avec  l'épigraphe,  Terrce 
marisque  connubium,  Paris,  1828,  în- 
8^,  45  pages.  L'auteur  y  considère  ceS 
deux  grandes  puissances,  continentale  et 
maritime,  comme  le  complément  l'une 
de  l'autre,  et  comme  garantes  de  la  paix 
de  l'Europe  entière,  par  l'établissement 
légal  de  1  ordre  chez  les  divers  peuples, 
d'après  te  forte  et  Tanalogie  des  consti- 
tutions, dont  le  but  politique  est  le  même, 
quoique  le  champ  et  les  moyens  d'action 
soient  différens.  Ce  fut  enfin  dans  la 
même  vue  qu'il  mit  au  jonr^  4^,  en  1829, 
un  projet  d'asaoranoes  générales    aor 


la  vie^  administrées  et  gal*afttteft  par  le 
gouvernement,  afin  d'attacher  récipro* 
quement  les  peuples  à  l'État  et  l'État  aux 
peuples,  par  un  plan  basé,  non  <^ômmé 
les  autres  plans  de  ce  genre  sui*  des  as- 
Sociatk)ns  particulières,  mais  Sur  le  cré- 
dit public  même,  et  qui  n'eût  pii  qilè 
consolider  l'édifice  social,  en  assurant  vé^ 
ritablement  l'avenir  de  la  vie  parle  bien- 
être  des  Individus  et  des  fàmiUeS.  C-oe. 

BERTO!!  (JÉAif-BAMisTfe),  marë- 
chal-de-camp,  naquit  en  1774  près  de 
Sedan,  à  Francheval  (Ardènnesj.  A  l'Igè 
de  17  ans  il  entra  à  l'école  de  Ërlenne 
et  de  là  il  passa  à  l*école  d'artillerie  de 
Châlons,  où  il  fit  son  apprentissage.  Là 
guerre  ayant  éclaté,  en  1792,  Berton  fat 
nommé  lieutenant  dans  la  légion  des  Ar- 
dennes;  il  fit  avec  ce  corps  les  campagnes 
des  armées  de  Sambre-et-Meuse,  sous  le 
commandement  du  général  Moreau,  et 
obtint  le  grade  de  capitaine.  Sa  bravoure 
l'ayant  fait  distinguer  à  la  bataille  d'Ans- 
terlitz,  dans  les  campagnes  de  PrUsse,  en 

1806,  et  à  la  bataille  de  Friedland,  en 

1807,  il  fut  attaché  aux  états-majors  des 
généraux  Bemadotte  et  Victor.  Lorsque 
le  général  Sébastian!  entra  en  Espagne, 
Berton,  nommé  chef  d'état-major  à  Va- 
lence, donna  de  nouvelles  preuves  de  sa 
bravoure  k  la  bataille  de  Talaveira  et  k 
celle  d'AImanacid.  Il  enleva,  dans  cette 
dernière,  la  position  la  plus  élevée  dû  pis- 
ton sur  lequel  la  ville  est  assise.  A  Ocana 
il  montra  Une  habileté,  un  sang-froid  et 
une  intrépidité  si  remarquables  que  le 
prince  Sobieski ,  à  c6té  duquel  il  venait 
d'être  blessé,  l'embrassa  en  présence  du 
régiment,  et  lui  dit:  «le  ferai  savoir  a 
ma  nation  la  manière  dont  vous  venez  de 
vous  conduire  à  la  tête  de  ses  enfans;  je 
demanderai  pour  vous  la  croix  du  Mérite 
militaire  :  les  Polonais  seront  fiers  de  la 
voir  briller  sur  la  poitrine  d'un  brave  tet 
que  vous.  «Berton^  avait  conduit,  dans 
cette  attaque,  les  lanciers  polonais  à  l'en- 
nemi. Lorsque  le  corps  au  général  Sé- 
bastian! fut  dirigé  sur  le  royaume  de 
Grenade,  Berton  prit  Malaga  à  la  tête 
d'un  détachement  de  1000  hommes,  et 
fut  nommé  gouverneur  de  cette  ville  par 
le  maréchal  Soult.  En  1813,  promu  au 
grade  de  maréchal-de-camp,  il  com- 
manda  une   brigade  à  la  bataille  de 


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fiBR 


(41M 


BBR 


TodouM  eft  1S14.  ItenM  k  PftHs  il  Té- 
pôqna  de  la  première  Restanntioti)  il  Fut 
mis  à  U  denii<-Bo1de  et  De  reparut  que  daa» 
le*  Geot^Jours.  L'emperear  lui  ayant 
eonfié  le  Gommaiidettieiit  dett  dragous  du 
^éral  Excelmans,  à  la  bataille  de  Wa^ 
terloOy  Berton  fit  preuve  d*ufie  bravoure 
extraordinaire.  Biais ,  k  la  seconde  Res- 
tauradoO)  la  firanchise  de  ses  opinions 
politiques  et  les  écrits  qu^il  publia  le 
firent  rayer  des  contrôles  de  Tannée  ! 
ce  fut  4  Toecasion  d'un  ouvrage  du  gé- 
néiml  Tarayre^  intitulé  De  la  foret  dans 
hs  goutfememeHS.  A  cette  époque  la  po- 
lice tramait  elle-niéme,  en  France,  des 
ooflaplots  perfides  pour  faire  tomber  dans 
le  piège  les  méoontens  dangereux.  Ber^ 
UMf  crédule  et  ne  se  défiant  d'aucune 
supercherie  y  ne  tarda  pas  à  y  donner  : 
le  complot  oii  il  s'engagea  lui  devint 
funeste.  Le  22  février  1822,  il  leva  à 
Thouars  l'étendard  de  la  révolte^  pro- 
claflM  on  gouvernement  provisoire,  et 
marcha  avec  sa  petite  troupe  sur  Sau- 
mur.  Là  ses  soldats  se  débandèrent  !  Ber- 
ton trouva  le  moyen  de  s'évader^  mais 
il  fut  arrêté  à  Laleu,  près  de  Saint-Flo- 
rent ^  déguisé  en  marchand  de  vin.  Son 
arrestation  fut  suivie  de  celle  de  plusieurs 
de  ses  complices,  et,  enlevé  à  la  Gmr  des 
pairs,  son  tribunal  naturel,  il  fut  renvoyé 
devant  la  Cour  d'assises  de  Poitiers,  qui 
instruisit  l'affaire  dite  de  la  conspiration 
de  Saumur.  Ce  procès  fut  aussi  scanda- 
leux que  celui  de  Caron  (vojr.  ce  nom)  : 
même  dureté  dans  les  juges,  mêmes  bas- 
sesses dans  les  dénonciateurs;  c'est  alors 
que  le  nom  de  M.  Mangin,  procureur 
général  et  depuis  préfet  de  police  (18S0), 
acquit  sa  triste  célébrité.  Condamné  à  U 
peine  capitale,  après  17  jours  de  débats, 
avec  6  de  ses  co-accusés,  Berton  refusa 
Passistanoe  de  deux  missionnaires  qui 
l'accompagnaient  sur  la  charrette.  Au 
moment  de  recevoir  le  coup  mortel,  le 
S  novembre  1822,  il  s'écria  :  Fiçê  la  li- 
bertél  Vivt  la  France  l  et  mourut  avec 
la  fermeté  d'un  soldat  français.  On  avait 
eu  la  cruauté  dé  refuser  à  ses  enfans  de 
placer  une  pierre  sur  sa  tombe,  dernière 
consolation  d'iroe  famille  infortunée; 
mais  la  révolution  de  1880  leva  cet  in- 
terdit. F.  R-0. 
BBaTOll  (Hmi^HoirTÂiis}  naquit 


à  Paris  en  1767.  H  f  eçut  à  l'âge  de  6  ans 
ses  ;)rcmières  leçons  de  musique,  et  dans 
sa  IS*'  année  SI  Ait  admis  comme  violon 
dans  l'orchestre  de  l'Opéra.  Le  premier 
de  ses  maltreé  crut  devoir  déclarer  à  son 
père  qu'il  ne  le  croyait  pas  destiné  à 
réussir  dans  ta  carrière  qu'il  embrassait; 
mais  te  jeune  Berton  connaissait  mieux 
que  personne  et  ses  penchans  et  ses  fa- 
cultés. Sa  profonde  admiration  pour  les 
chefs-d'œuvre  de  Gluck,  de  Sacchini,  de 
Piccini,  indiquait  chez  lui  des  dispositions 
plus  qu'ordinaires  ;  la  partition  de  Paê- 
siello,  la  Frascatana,  devint  Pobjet  de 
ses  constantes  études,  et  l'on  peut  croire 
qu'il  y  puisa  te  sentiment  de  cette  clarté 
et  de  cette  simph'cité  qu'il  fit  remarquer 
ensuite  dans  toutes  ses  productions.  Il 
composa  la  musique  d'un  opéra-comique 
intitulé  la  Damé  invisible. 

Ce  premier  essai  présenté  à  Sacchini 
lui  fit  découvrir  sans  peine  dans  le  jeune 
Berton  le  germe  d'un  beau  talent  :  il  dis- 
sipa ses  craintes,  le  fit  travailler  long- 
temps sous  sa  direction,  et  ce  ne  fut  qu'à 
sa  mort,  arrivée  en  1786,  qu'il  cessa  de 
lui  servir  de  guide.  Cette  même  année 
M.  Berton  débuta  dans  ta  carrière  mu- 
sicale, par  l'exécution  au  concert  spirituel 
de  plusieurs  oratorios  de  sa  composition, 
qui  furent  accueillis  avec  une  grande 
bienveillance.  Ce  fut  en  1787  qu'il  fit 
jouer  au  Théâtre-Italien ,  aujourd'hui 
rOpéra-Comique ,  son  premier  opéra 
qui  avait  pour  titre  Les  promesses  de 
mariage.  Le  succès  en  fut  complet.  En 
1807  M.  Berton  fut  appelé  à  la  direction 
de  l'Opéra  buffa^  et,  pendant  2  ans,  il 
administra  ce  théâtre.  C'est  alors  que  Le 
nozze  di  Figaro  furent  représentées  à 
Paris,  et  que  l'on  entendit  pour  la  pre- 
mière fois  d'autres  chefs-d'œuvre  de  Mo- 
zart et  de  l'école  italienne.  Eu  quittant 
l'Opéra  bujjfa  M.  Berton  entra  à  V aca- 
démie royale  de  musique  potu*  y  rem- 
plir les  fonctions  de  chef  de  chant. 
Nommé  professeur  d'harmonie  au  Con- 
servatoire de  musique,  lors  de  sa  fonda- 
tion, il  devint  maître  de  composition 
dans  te  même  établissement,  quand  il  fut 
reconstitué  dans  les  premières  années  de 
la  Bestauration  sous  le  titre  d*£cole 
royale  de  musique. 

Le  nombre  des  membres  de  la  section 


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BER 


(4t6) 


BER 


de  musiqae  ayant  ét^  augmenté  à  l'Insti- 
tut en  1815,  M.  Bertoi^  fut  appelé  à  en 
faire  partie  en  même  temps  que  MM. 
Chérubini  et  CateL  \prs  la  même  épo- 
que ce  compositeur  fut  fait  chevalier  de 
la  Légion-d'Honneur,  ordre  dont  tout 
récemment  il  a  reçu  la  croix  d'officier. 
Sous  l'ancien  gouvernement  il,  obtint  le 
titre  de  surintendant  en  survivance  de 
la  musique  du  roL 

M.  Berton  est  un  des  compositeurs  de 
Técole  française  qui  ont  le  plus  fait,  dans 
les  30  années  qui  viennent  de  s'écouler, 
pour  la  gloire  de  cette  école;  l'originalité 
des  idées  et  la  nouveauté  des  formes 
sont  des  qualités  qu'on  ne  saurait  mé- 
connaître dans  un  grand  nombre  de 
ses  partitions,  et  particulièrement  dans 
Mine,  reine  de  Golconde,  dans  3îon- 
tano  et  Stéphanie,  dans  le  Délire,  trois 
opéras  qui  ont  fondé  la  réputation  de  ce 
compositeur  sur  les  bases  les  plus  soli- 
des. Si  l'on  veut  oublier  un. moment  les 
révolutions  qui  se  sont  opérées  depuis  30 
ans  dans  le  système  de  l'instrumentation; 
si ,  se  reportant  à  l'état  de  l'art  musical 
au  temps  où  Montana  et  Stéphanie  fut 
représenté,  on  veut  examiner  cet  opéra 
de  son  point  de  vue  réel,  on  trouvera  que 
peu  d'ouvrages  de  la  scène  lyrique  fran- 
çaise méritent  de  lui  être  préférés.  L'é- 
légance et  la  pureté  du  style,  la  vérité 
dramatique  observée  plus  scrupuleuse- 
ment qu'on  ne  le  fait  de  nos  jours,  sans  être 
minutieuse  et  exagérée  comme  nous  la 
présente  Grétry ,  des  formes  originales  et 
neuves  à  l'époque  où  elles  furent  em- 
ployées, tels  sont  les  points  les  plus  sail- 
lans  par  lesquels  se  distingue  cet  œu- 
vre remarquable.  Aux  autres  beautés  que 
renferme  la  partition  à* Aline  se  joint 
une  heureuse  transition  entre  la  musique 
des  deux  premiers  actes  et  celle  du  troi- 
sième ;  la  couleur  asiatique  contraste  de 
la  manière  la  plus  piquante  avec  le  ca- 
ractère naïf  des  airs  de  la  Provence. 

M.  Berton  a  été  compositeur  fécond  : 
49  opéras  ou  ballets  qu'il  fit  seul  et  en 
société  ont  été  représentés  tant  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique  qu'au  théâtre 
Feydeau.  On  a  de  lui  plusieurs  cantates, 
un  grand  nombre  de  romances,  quelques 
recueils  de  canons  à  3  et  4  voix,  et  un 
système  général  de  l'harmonie  formant 


4  ToL  îii-4*  qui  contfeimeDt  on  Jthre 
généalogique  des  accords,  un  Traité 
^  de  l'harmonie  basé  sur  l'arbre  généalo- 
gique et  un  DictionHoire  des  accords. 
Enfin  M.  Berton  a  rédigé  les  articles  de 
musique  qui  ont  paru  dans  le  journal  lit- 
téraire intitulé  V Abeille,  £.  F-8. 

BERTRAND  (HEHiii-G&ATiXNy 
comte),  général  de  division,  grand-ma- 
réchal du  palais  sous  Napoléon ,  grand- 
officier  de  la  Légion-d'Honoeur,  naquit 
vers  l'année  1770,  à  Ch&teauroux  (In- 
dre), d'une  famille  honorable  du  Berry. 
Son  père  voulut  d'abord  le  faire  entrer 
dans  la  carrière  civile,  mais  les  événe- 
mens  de  la  révolution  apportèrent  de 
grands  changemens  dans  ses  premières 
dispositions.  Le  service  qu'il  fit,  comme 
garde  national,  dans  la  journée  du  10 
août  1792 ,  en  se  plaçant  dans  un  batail- 
lon, qui  se  porta  volontairement  aux  Tui- 
leries pour  y  défendre  Louis  XVI,  lui 
inspira  le  goût  militaire.  Il  se  décida  alors 
pour  l'arme  du  génie  et  en  parcourut  ra- 
pidement tous  les  grades;  il  suivit  Bo- 
naparte en  Egypte  et  y  contribua  à  for- 
tifier plusieurs  places.  Ses  services  mul- 
tipliés et  ses  succès  lui  ayant  gagné  la 
confiance  du  général  en  chef,  il  reçut 
bientôt  et  successivement  les  brevets  de 
lieutenant-colonel,  de  colonel  et  de  gé- 
néral de  bngade.  De  retour  d'Egypte,  le 
général  Bertrand  ne  quitta  pas  Napoléon 
dans  ses  triomphes,  particulièrement  à 
la  bataille  d'Austerlitz,  où  il  se  couvrit 
de  gloire  par  son  intrépidité  et  par  la  pré- 
cbion  et  l'habileté  de  ses  opérations.  Dès 
ce  moment  l'empereur  l'admit  au  nom- 
bre de  ses  aides-de-camp.  Il  se  distingua 
pareillement  à  Spandau,  à  la  bataille  de 
Friedland ,  et  surtout  à  la  construction 
des  différens  ponts  jetés  sur  le  Danube 
et  destinés  à  faciliter  le  passage  de  l'ar- 
mée française  qui  se  portait  sur  Wagram, 
où  il  se  fit  encore  remarquer.  Cette  cam- 
pagne et  celle  de  Russie  mirent  telle- 
ment en  évidence  les  talens  et  la  bra- 
voure du  général  Bertrand,  que  Napo- 
léon voulut  le  récompenser  par  le  titre 
de  comte  et  la  charge  de  grand-maréchal 
du  palais,  vacante  par  la  mort  de  Duroc. 
Il  obtint  de  brillans  succès  à  la  bataille 
de  Lutzen ,  à  Bautzen  et  à  Leipzig.  jMais 
la  fortune  de  noa  armet  ooi|wcP(ant  a 


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chanceler  «près  cette  dernière  bataille , 
le  général  Bertrand  réussit  à  protéger  la 
retraite  de  nos  troupes,  en  s'emparant  de 
Weissenfels  et  du  pont  sur  la  Saal.  Ses  ser- 
vicesfuren  taussi  d'une  grande  importance 
après  la  bataille  de  Hanau.  Dans  ces  deux 
circonstances  et  dans  cçlles  qui  suivirent 
le  départ  de  Napoléon  pour  la  capitale, 
le  comte  Bertrand  ne  songea  plus  qu'a 
sauver  les  débris  de  l'armée  et  eut  le 
bonheur  de  presque  toujours  réussir  au 
milieu  de  tant  d'événemens  malheureux. 
Revenu  à  Paris  par  l'ordre  de  l'empereur, 
en  1814,  il  fut  nommé  aide-major  de  la 
garde  nationale,  fit  ensuite  cette  campa- 
gne de  France  si  étonnante  par  les  suc- 
cès et  les  revers  de  Napoléon,  assista  à 
l'abdication  de  Fontainebleau  et  suivit 
l'empereur  à  l'ile  d'£lbe.  Accoutumé  à 
lui  obéir  comme  à  son  souverain  dans 
cette  ile,  il  crut  lui  devoir  la  même  obéis- 
sance en  France.  La  marche  triomphale 
de  l'empereur  jusqu'à  Paris  électrisa, 
comme  beaucoup  d'autres ,  le  général 
Bertrand,  qui  employa  toute  son  activité 
et  tout  son  talent  à  favoriser  les  projets 
de  Napoléon  pendant  les  Cent -Jours. 
Depuis  ce  moment ,  fidèle  à  la  mauvaise 
comme  à  la  bonne  fortune  de  ce  prince, 
il  ne  le  quitta  plus  après  la  seconde  Res- 
tauration. Désigné  comme  l'un  des  trob 
officiers  qui  eurent  la  permission  de  sui- 
vre l'empereur  à  l'ile  Sainte-Hélène,  avec 
le  comte  de  Las  Cases  et  le  général  Mon- 
tholon ,  il  partagea  et  adoucit  les  infor- 
tunes du  héros  de  la  France  par  les  soins 
les  plus  assidus,  et  ne  pensa  à  reveuirdans 
sa  patrie  qu'après  avoir  recueilli  le  dernier 
soupir  de  Napoléon.  Si  legénéral  Bertrand 
avait  écrit,  avant  les  Cent* Jours,  qu'il  vou- 
lait rester  sujet  fidèle  de  Louis  XVIII, 
comme  il  l'avait  été  de  Napoléon,  il  adou- 
cit bien  vertueusement,  aux  yeux  de  l'il- 
lustre captif,  ce  qu'avait  de  dur  un  pareil 
souvenir,  par  la  conduire  la  plus  honora- 
ble et  le  plus  ioviolable  attachement.  Ber- 
trand avait  été  condamné  à  mort,  par 
contumace,  le  7  mai  1816.  Mais,  à  son 
retour  dans  sa  patrie ,  en  182 1 ,  après  la 
mort  de  Napoléon ,  le  roi  annula  par  or- 
donnance son  jugement  et  le  réintégra 
dans  tous  ses  grades  militaires.  M™^  Ber- 
trand, fille  du  général  Arthur  Dillon,  vic- 
time des  excès  révolutionnaires  qui  eu- 

Encyclop.  d,  G.  //.  M,  Tome  III. 


rent  lieu  en  179^,  avait  voulu  partager 
l'exil  volontaire  de  son  mari.  Depuis  leur 
retour  en  France  ils  s'occupaient  tous 
les  deux  de  l'éducation  de  leurs  enfans 
et  de  la  culture  d'un  domaine  qu'ils  pos- 
sèdent à  Chiteauroux,  lorsque,  par  suite 
des  événemens  de  juillet  1830,  le  général 
fut  élu  député  de  son  département  Dès 
son  entrée  à  la  chambre  il  s'est  fait  re- 
marquer par  des  idées  libérales  folle- 
ment prononcées,  autant  que  par  un 
grand  amour  de  la  justice.  Il  n'a  jamais 
oublié,  à  la  fin  de  ses  discours,  son  vote 
inébranlable  pour  la  liberté  illimitée  de 
la  presse,  qui  est  son  delenda  Carthago. 
L'honorable  député  de  Châteauroux,dont 
le  mandat  vient  d'expirer  (mai  1834), 
s'est  souvent  distingué  par  des  proposi- 
tions en  faveur  des  militaires  de  tous  gra- 
des, surtout  de  l'ancienne  armée  de  l'em- 
pire. F.  R-D. 

BERTRAND  DE  MOLLEVILLE 
(AifTOiNE-FBANGOis,  marquis  de)  na- 
quit à  Toulouse  en  1744.  Il  fut  maître 
des  requêtes  sous  le  ministère  Maupeou, 
puis  intendant  de  la  province  de  Breta- 
gne ,  et  il  reçut ,  comme  tel,  la  périlleuse 
mission  de  dissoudre  le  parlement  de  Ren- 
nes. Aussi  n'échappa-t-il  qu'avec  peine, 
ainsi  que  M.  le  comte  de  Thiars,  aux  bâ- 
tons de  la  jeunesse  bretonne.  Ce  fut  peut- 
être  une  imprudence  à  Louis  XYI  de 
nommer,  au  mois  d'octobre  1791,  pour 
ministre  de  la  marine,  un  homme  dont 
la  fermeté  et  les  principes  anti-révolu- 
tionnaires étaient  si  connus  ;  et  la  vive 
opposition  qui  éclata  contre  le  nouveau 
ministre  dans  TAssemblée  législative 
n'a  rien  qui  doive  étonner.  £lle  dura  jus- 
qu'à la  retraite  de  Bertrand.  Mais  ce  fut 
pour  lui  une  espèce  de  triomphe,  dans  un 
temps  où  les  ministres  du  roi  étaient  si 
légèrement  décrétés  d'accusation,  d'a- 
voir pu  échapper  à  cette  proscription. 
Parmi  tant  d'accusations  multipliées  con- 
tre lui,  celle  d'avoir  causé  la  perte  de 
St-Domingue  n'était  pas  la  moins  grave. 
Cependant  l'Assemblée  législative,  ju- 
geant apparemment  la  position  pénible 
où  se  trouvait  Bertrand  de  Molleviite, 
refusa  de  donner  suite  à  cette  accusa- 
tion. Chargé  par  Louis  XYI  de  sa  po- 
lice secrète^  l'ex-ministre  fit  de  vains  ef- 
forts pour  arracher  le  roi  a  l'abîme  où 

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M  Ikûlité  !•  poomit.  DéMiieé  aoK  jàeo- 
bint  potir  les  «iibrts  q[u*il  fainlt)  paU  à 
rAMtmblée  1égisla(We,  BcrtraNl  fut  «n«- 
fin  décrété  d'accusatioD  le  15  avril  1792. 
II  se  cacha  daiia  Paris  at  ce  ne  fut  qu*a^ 
près  le  10  août  qu*il  panrnK  à  passer  ea 
Angleterre*  H  a  raeonté  luKHnéme  les 
daogers  qu'il  courut  alors.  Pendaot  le 
procès  de  Lo«is  XVI ,  il  adressa  aa  pré^ 
sidèot  de  la  CodTention  une  lettre  en  fac- 
teur de  cet  infortuné  flBOoarqaa.  Dans 
les  loisirs  de  sou  long  eail  il  composa: 
1®  V  Histoire  de  ia  RéiX>iuiiom/rançaise, 
14  vol.  in-«**,  Paris,  1800*1S08;  2* 
Costumes  des  états  héréditaires  de  U 
maison  d'Autriche,  60  planches  œlo^ 
riées  avec  un  texte  (Van^is  et  anglais, 
in-fol.,  Londres,  1804;  8^  HUk>ire 
d'Ân^terre  définis  la  pretnièr^  inva^ 
sion  des  Romains  jusqu'à  la  paix  de 
1763,  avec  tables  généalogiques  et  po>- 
litlques,  6  vol.  tn-8*,  Paris,  ISIS.  Les 
eiHieMîs  de  M.  de  Bertrand  D*ont  pu  re* 
fuser  du  mérite  à  cet  ouvrage.  Rentré 
en  1816,  il  fit  paraître  des  Mémoires 
particuliers  sur  ia  fin  du  règne  de 
Louis  Xrï,  t  vol.  in-8®.  Ces  méinoires, 
comme  son  Histoire  de  la  révolution,  ont 
été  jugés  avec  tout  l'esprit  de  parti  qui 
caractérise  notre  époque.  On  y  a  trouvé 
des  erreurs ,  des  mensonges,  des  calom- 
nies, d^  aveux  indiscrets.  On  y  a  ponr> 
tant  reconnu  quelque  talent,  et  ceux  qui 
ont  écrit,  comme  ceux  qui  étarlront  l'his- 
toire de  nos  temps  de  troubles,  ont  été 
et  seront  forcés  d'y  puiser  plus  d'une 
vérité.  Bertrand  de  Molleville  avait  dé- 
buté dans  le  monde  littéraire  avant  de 
se  faire  connaître  dans  le  mende  politi- 
que. Sa  Lettre  à  l'auteur  (Condoroet) 
de  l'éloge  du  chamelier  de  rUâpitat, 
contenant  des  recherches  smr  Vhistùire 
de  Henri  II,  qui  parut  en  1778,  avait 
principalement  pour  but  de  défendre  la 
mémoire  d'un  de  ses  ancêtres,  Jean  Ber- 
trand dkx  Bertrand!,  qui  f\it,dans  le  xvi^ 
siècle,  cardinal  et  chancelier.  En  1818, 
Bertrand  de  Molleville  termina  à  Paris 
«une  vie  pleine  d'Orages  et  de  travaux  qui 
seront  peut-être  nn  jour  mieux  appré- 
ciés. Th.  D. 

BERTrCfl  (FïiiDÉMe-JiîSTiH)  na- 
quit à  Weimar  en  1748.  Déjà  à  l'uni- 
versité  de  léna,  ô4  U  étudia  de  1766  à 


1 769  ^  a  M  fit  mi  délassettaiH  de  la  poé- 
sie ancienne  et  moderne,  ainsi  qu'il  l'a 
prouvé  par  l'onvrage  intitulé  :  Copies  dé- 
diées à  mas  amis  (Àltenb.,  1770),  et  par 
ses  Chansons  à  bercer  {fFierenlieder, 
Alteob.,  1773).  ▲  son  retour  a  Weimar, 
en  1 768 ,  il  se  chargea  de  l'éducation  des 
fils  du  baron  d'£cht,  connu  par  son  talent 
poétique  et  par  ses  relations  intimes  avec 
Wieland,  Muskus,  de  Seckendorf  aine, 
Bode,  etc.  Bertuch  prit  une  part  active 
à  la  publication  du  Mercure  allemand, 
traduisit  différentes  pièces  françaises  et 
l'ouvrage  de  Marmontel  De  la  poésie 
dramatique, ti  arrangea,  pour  l'Opéra, 
X€ /^fw /o/ (  Weimar  1774),  et  Po- 
fyscêne,  monodrame  lyrique,  pour  lequel 
Schreiber  composa  une  délicieuse  mu-» 
sique.  Sa  tragédie  à'Elfrieele  eut  bean^ 
coup  de  succès ,  et  il  traduisit  de  l'anglais 
VBistoire  du  frère  Gerundio  de  Cam* 
patas  (  3  vol.,  Leiptig,  1778  ). 

Le  baron  d'Echt  avait  été  pendant 
quelque  temps  ministre  du  roi  de  Dane^ 
mark  en  Espagne  :  il  réveilla  en  Bertuch 
le  goût  pour  la  littérature  espagnole  et 
portugaise,  jusque  là  si  peu  connue  en 
Allemagne,  et,  grâce  à  ses  travaux,  elle 
fut  bient6t  aussi  répandue  que  générale- 
ment goûtée.  La  traduction  en  allemand 
du  chef-d'œuvre  de  Cervantes  (6  vol., 
Weimar,  1778-79),  avec  la  continuation 
qu'en  a  faite  Avellaneda ,  fut  pour  l'épo- 
que une  apparition  vraiment  extraordi* 
naire.  Ce  que  Meinhard  avait  déjà  fait 
pour  la  poésie  italienne,  Bertuch  tenta  de 
le  faire  pour  l'espagnol  et  le  portugais,  de 
concert  avec  Sediendorf  et  Zanthier ,  par 
son  Magasin  de  ia  littérature  espagnole 
etportagaise{\l%0'%%).  Depuis  1775, 
Bertuch  était  entré  au  service  du  duc  de 
Saxe- Weimar  comme  conseiller  et  secré- 
taire intime  du  cabinet,  mais  saâs  renon- 
cer à  son  actirité  littéraire.  Il  projeta  une 
nouvelle  édition  des  oeuvres  complètes 
de  Hans  Sachs ,  poète  populaire  du  xvi* 
siècle;  mais  dans  cette  entreprise  si  dif- 
ficile et  d'un  si  grand  intérêt  pour  l'art 
poétique  en  Allemagne,  il  ne  fut  point  se- 
condé comme  il  devait  s'y  attendre.  Avec 
Wieland  et  Schdtz,  il  arrêta,  en  1784, 
le  plan  et  jeta  les  fondemens  du  Journal 
général  de  la  littérature  y  ^i ,  à  partir 
de  l'année  1786,  il  publia,  oocjointë- 


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(411) 


BBK 


mmit  «reo  «on  «mi  Kjniu«,  la  Journal  du 
lus9  ft  4esmo4^*  Eq  17^0  U  oomn 
neoça  la  publîctUoQ  4e  ^onfiiUkH^çà» 
V44te  cpIUg^oo  d'e^mpe*  avw  tw^lo,  à 
ruMC9  <le«  «iir«D9i  doQt  !•  «ucoès  a  été 
inmeote.  Dan»  I9  mém*  tf  aip»  parut  son 
MmueliU  la  langue  espagmik  (Wp* 
«g,  nî>0).  Bertpçb  fonda,  ea  17^1,  If 
oproptoir  d*indaairi#  nationaU  à  'Wei-* 
mar,  à  laqiMla  fut  rattachée  Tacitdéinîe 
Cratutt«  de  dewifi»  dpm  Qç^th^  ê^nit  m 
la  direction, 

Eu  donoaul»  le  premier,  Vidée  d«  U 
Bibliothèque  bienê  4e  toutes  lesnatiçfy 
(  n  vol.,  GotliP,  17904300),  il  fit  ai», 
cor^  une  foi#  preuve  de  «ou  «mour  çoo^ 
«tant  pour  las  artf  «t  l«  litlka^ura.  Cette 
prédeaie  çolleotioQ  da  contes  de  Fée«, 
If  plu»  «ovvent  traduits  ha^ilamant,  ave« 
des  blographiea  iotérfefantos  et  d*e^ce^ 
laoa  oonun^ntAîre»,  le  comptait  p«rifii 
•as  plus  actifs  collaborateurs»  U  foudt 
nnwi  UQ  grand  éublissement  destiné  a 
la  gravure  dee  curtea  géogi^phiques , 
l'Institut  géograpUquc  de  Weimar  qui, 
nvec  les  iphéméri4e0  g^mphiquç^^ 
publiées  d*abord  par  lui  et  par  le  b«h 
rpo  de  Shchi  qne  remplacèrent  plm 
tard  (^a9pari,  Ehrmano  et  plusieurs  au^ 
lres,a  doQuéet  donne  encore  aqjourdHiui 
ipne  forte  impulsion  à  l'étude  de  la  géogre*- 
pbîe,  Cest  à  cette  «ustitutioo  que  l'on 
deit  le  grend  MmnuclçQHtpletd^liagéon 
graphie  mo4eme  »  piu*  nne  nocléié  de 
mvans,  qui  •  été  terminé  en  1992.  Il 
forme  ^0  tomee  dont  (a  plupert  se  diviaeot 
en  plusienn  volumes,  Enfin  c'ait  «urtout 
è  BertuQb  qu'on  doit  U  Géographie  po- 
Udgue^  dont  le  93*  volume  1^  paru  en 
1993;  ^  la  I^uvell^  bibliûiheq^e  4e^ 
rekuions  de  voyages,  dont  U  e^He  déiè 
environ  90  volumes. 

Ce  «avant  laborieniL  mouruK  en  1939 
à  Wwmar;  il  evalt  elor«  le  titre  de  eoqr 
sejller  de  légation*  C  L> 

W»\iç  {Ç^k^im9^vin%vt)y  dont 
lea  vraie  nom  et  prénome  étaient  Jeof^ 
Gud^umf  Mal^ax,  gr^^vfur  en  tniller 
4oMce,  membre  de  rin«t|tnt>  naquit  à 
Pari»  en  }7$0,  Cest  enisto  ne  miireit  prér 
tendre  «u  reny  des  premiei»  m^^tre»  dn 
l^in;  mai»  U  cside  beiU«  plaees  eneore 
eprM  le«  premières,  et  U  en  a  «ppreoké 
de  trèa  prè»  dena  <p»elqne»«euia  de  «ee 


onvrafe».  Bcrvki  vint  à  nne  époque  de 
régénération,  et  il  rendit  à  la  gravure 
le»  aerviee»  que  U  peinture ,  décboe 
dan»  Técole  de  Boneber,  raeevait  du 
aérere  David*  Entraîné  par  un  penebani 
irrésiatâble,  U  oopieit,  enfant,  lentes  le» 
imaga»  que  le  baaard  frîaait  tomber  dan» 
»e«  main»,  et  to  vue  de  qu»lqne«  tableaux 
et  les  leçons  de  dessin  qu'il  re^t  de  Ln»> 
prince  déeidirani  de  »a  vocation.  U  vou- 
Int  être  peintre;  maia,  phi»  ealenlateur» 
qn'entbo«»îa»tt»,  m»  pêran»  oraignirent 
pour  lui,  dans  la  vonca  de  la  fortune» 
la  lenteur  de»  études,  et  virent  dan»  la 
gravure  nne  per»peotive  mein»  éloignée 
de  euoei».  On  le  plaça  donc  ehes  le  gra«> 
veur  J.  Géorgie  Wllle,dèa  l'âgede  19  ane 
(1769),  Wille  aieMit  le»  tour»  de  forée, 
jouait  avec  le  burin,  abii»»it  du  métier  el 
»»crii»it  à  iréclat  de»  effet»  d'nne  taille 
pure,  ebéisaanu  et  facile,  la  vérité  dn 
rendu.  Bnrvic,  dan»  »a  longue  carrière,  eut 
beaneenp  de  peine  k  vaincre  le»  influence» 
de  cette  première  éducation;  mais  oepem- 
dant  U  laiaaa  de  beaucoup  derrière  lui  son 
mnitre.  On  admire  en  li4  le  pur  et  savant 
dnssin ,  la  puiasanee  de  miMlelé,  de  ton 
et  de  couleur  qu'il  savait  produire  maU 
gré  le«  moyen«  dont  il  entravait  à  plaisir 
»on  beau  talent.  Caa  qualité»  supréuM» 
racbètent  bien  de»  défonis,  et,  ces  dé«- 
f»ut»,  il  »ut  d'ailleor»  »*en  affrauobir  à 
la  fin  de  »a  carrière  quand  il  reproduisit 
le  groupe  aubUme  du  Laocooa.  lit  il  piw 
rut  avec  une  manière  neuve  et  inventé» 
à  son  naage,  et ,  par  k  correetîo»  de» 
oontow»,  rhalvle  dégradation  dea  In-r 
mièrc«,  et  le  •estiment  OBqui»  répandn 
sur  fteut  l'ouvrage,  il  se  montra  digue 
do»  meilleuf»  maître». 

Après  avoir  »uecesaîv»mnnl  grasse  plu» 
aieur»  portrait»  oA  il  e»l  intére8»ant  de 
«uivre  paa  è  pes  le»  [irogrè»  de  «on  burin; 
aprè»  avoir  fisit  au  froid  Lépicié  l'bon*» 
neur  de  gravep  »e»  CiNiîds  tableaux  dn 
^P9t  et  de  YJeccmUleileviilage,  qu'à 
(4ien»ba  vainement  a  réobniHer  du  fen 
de  «on  talent,  il  prît  »a  revanche»  en 
1790,  dan«  le  portnaitdeliMM  XVI,  et 
de  U  pin»  misérable  peinture  dn  CalAit 
H  fit  nne  bonne  estampe»  pleine  de  vér 
rlté,  de  œiilenr  el  d'barmonie»  Sa  rér 
putatson  dâU  de  eeiié  époque.  Elle  a'en» 
«rut  et  e'aifemnt  encore  à  rapfariden 


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BER 


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BEft 


de  V Éducation  d'Achiiie,  d'après  Ré- 
gnauU,  et  surtout  de  V Enlèvement  de 
Déjanire  d'après  le  Guide.  Cest  là  une 
belle  œuvre  qui  reproduit  avec  fidélité  ia 
légèreté  de  ton  et  la  manière  lumineuse 
de  ce  maître,  la  noblesse  et  le  haut  style 
de  dessin  et  de  pensée  de  la  figure  de 
Déjanire,  avec  l'expression  passionnée 
de  son  ravisseur. 

Après  qu'il  eut  gravé  le  Laocoon ,  son 
chef-d'œuvre  et  l'un  des  chefs-d'œuvi^  de 
l'école  française,  il  gémissait  de  n'avoir  pu 
réaliser  qu'en  partie  les  vues  nouvelles 
qu'il  avait  sur  son  art.  Ces  vues  étaient 
sans  cesse  présentes  à  son  esprit.  Dana 
l'école  de  gravure,  où  de  nombreux  élè- 
ves recueillirent  ses  leçons ,  nul  maître 
ne  s'attacha  plus  à  démontrer  les  dan- 
gers de  l'imiution  servile,  nul  ne  dirigea 
mieux  ses  élèves  dans  la  liberté  du  gé- 
nie naturel  de  chacun.  Aussi  cette  école 
s*est-elle  distinguée  entre  toutes. 

La  vie  de  Bervic  fut  sans  événemens 
imporCans.  Son  histoire  est  dans  ses  œu- 
vres. Les  souverains  et  les  gouvernemens 
s'empressèrent  de  lui  décerner  les  récom- 
penses et  les  encouragemens  dus  à  ses 
lalens.  Il  fut  logé  par  Louis  XVI  au 
Louvre,  reçut  le  prix  d'encouragement 
pour  la  gravure  en  1792,  fut  désigné 
pour  le  prix  de  gravure  par  la  commis- 
sion des  prix  décennaux  et  décoré  des 
ordres  de  la  Réunion  et  de  la  Légion- 
d'Honneur.  Il  avait  été  membre  de  l'an- 
cienne Académie  royale  de  peinture  et 
sculpture;  il  mourut  à  Paris ,  en  1832 , 
membre  de  llnstitut,  laissant  la  réputa- 
tion d'un  habile  artiste  et  d'im  homme 
de  bien.  F.  d.  C 

BERVILLE  (Saint- Albin),  avocat 
général  à  la  G>ur  royale  de  Paris,  naquit 
en  1788  à  Amiens,  où  son  père  était  se- 
crétaire général  de  la  préfecture,  et  y 
resta  jusqu'en  1810.  A  cette  époque  il  se 
fit  inscrire  au  tableau  du  barreau  de  Pa- 
ris et  commença  une  carrière  marquée 
par  de  nombreux  succès  et  par  un  dé- 
vouement parfait  à  la  cause  des  lumières 
et  de  la  liberté.  M.  Berville  plaida  dans 
plusieurs  des  procès  les  plus  célèbres  de 
la  Restauration,  et  se  distingua  toujours 
par  sa  modération,  par  le  goût  qui  le  di- 
rigeait et  par  l'urbanité  de  ses  manières, 
autant  que  par  ses  talena  oratoires  *  et  ses 


connaissances  en  jurisprudence.  Comme 
littérateur,  il  débuta  par  l'éloge  deDeiille, 
qui  fut  couronné  en  1 8 1 7  par  l'Académie 
d'Amiens;  l'année  suivante  il  concourut 
pour  le  prix  proposé  par  l'Académie 
française  et  le  remporta  par  son  éloge  de 
Rollin;  le  public  a  ratifié  le  jugement  de 
l'Académie.  M.  Berville  a  pris  une  part 
active  à  la  rédaction  de  la  Revue  ency- 
clopédique et  de  divers  autres  journaux 
politiques,  littéraires  ou  de  jurispru- 
dence. Il  s'associa  vers  1820  à  M.  J.- 
Franç.  Barrière  pour  la  publication  de 
la  Collection  de  mémoires  relatifs  à  la 
révolution  française.  Un  grand  nombre 
de  ses  plaidoyers  ont  été  compris  dans  le 
Barreau  français  publié  par  M.  Pah- 
koucke  et  dans  les  Annales  du  barreau 
français  de  Warrée.  Après  la  révolution 
de  juillet,  les  honorables  services  de 
M.  Berville,  dans  la  carrière  du  barreau, 
rerurent  leur  récompense.  M.  Dupont 
de  l'Eure,  garde-d es-sceaux,  lui  confia 
le  poste  d'avocat  général  près  la  Cour 
royale  de  la  Seine  qu'il  occupe  encore. 
U Encyclopédie  des  gens  du  monde  lui 
doit  plusieurs  bons  articles;  7>oy.  Ac- 
cent, Action,  Avocat,  Baillt,  Beau, 
Bellaet.  J.  h.  S. 

BERWICR  (Jacques  FiTi- James,  duc 
de),  fib  naturel  du  duc  d'Tork,  connu 
depuis  sous  le  nom  de  Jacques  II,  roi 
d'Angleterre,  et  d'Arabelle  Churchill, 
sœur  du  duc  de  Marlborough,  naquit  en 
1670  et  fut  envoyé  dès  l'âge  de  7  ans  en 
France  au  collège  de  Juilly,  d'où  il  passa 
à  ceux  du  Plessis  et  de  La  Flèche.  A 
16  ans  il  commença  l'apprentissage  de  la 
guerre  en  Hongrie,  sous  Charles  de  Lor- 
raine, contre  les  Turcs.  A  16  ans  il  reçut 
de  l'empereur  un  régiment  de  cuirassiers, 
et  il  revint  à  17  ans  en  Angleterre  avec 
l'expérience  de  deux  campagnes,  du  siège 
de  Bude  et  de  la  bataille  de  Mohacz.  De- 
puis 1 685  son  père  avait  succédé  à  Char- 
les II;  il  lui  donna  le  gouvernement  de 
Portsmouth,  et  lorsqu'en  1688  arriva  la 
révolution,  il  avait  jeté  les  yeux  sur  lui 
pour  rassembler  l'armée.  La  trahison 
empêcha  Tordre  de  lui  parvenir  à  temps. 
Néanmoins  il  suivit  4  régimens  de  ca- 
valerie que  leurs  chefs  faisaient  passer 
au  prince \rOrange,  et,  les  ralliant  au 
«ttilieit  àë  lanuifr,  U  parvint  à  les  rame* 


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BER 


(421) 


BER 


ner  à  son  père.  La  rérolation  était  irré- 
sistible :  bientôt  il  lui  fallut  se  sauver  en 
Fran^,  lui  cinq9ième ,  avec  Jacques  II. 
Il  n'avait  pas  18  ans.  Des  partisans  leur 
restaient  en  Angleterre  :  l'archevêque  de 
Gmtorbéry  avec  6  autres  évéques;  et  tout 
le  midi  de  l'Irlande  était  aussi  resté  fi- 
dèle. Le  duc  de  Berwick  y  passa  avec  son 
père,  30  vaisseaux  et  des  tronpes  fournis 
par  Louis  XIY.  Il  paralt^dit  Montesquieu 
dans  son  Éloge  historique  de  Berwick, 
que  les  Français  n'eurent  que  trob  choses 
en  tète  :  arriver,  se  battre  et  s'en  retour- 
ner, tandis  que  les  Anglais,  pour  éloigner 
d'eux  la  guerre  civile,  assommèrent  l'Ir- 
lande. Néanmoins  le  duc  de  Berwick, 
malgré  la  perte  de  la  bataille  de  La  Boyne 
(iH>/.),  s'y  soutint  avec  des  succès  variés 
jusqu'en  1691.  A  cette  époque,  étant  re- 
passé en  France,il  suivit  comme  volontaire 
Louis  XIV  au  siège  de  Mons,  à  Luxem- 
bourg,à  la  bataille  deSteinkerqne  en  1 693. 
Lieutenant-général  en  1 693,  il  fut  pris  à  la 
bataille  de  Nerwinde  en  tenant  ferme 
presque  seul  dans  le  village,  point  straté- 
gique qu'il  avait  emporté.  Après  ses 
campagnes  de  1703  et  1703  sous  le  duc 
de  Bourgogne  et  le  maréchal  de  Yilleroi, 
il  se  fit  naturaliser  Français.  Tout  espoir 
de  se  rétablir  en  Angleterre  semblait 
perdu.  £n  1 693,  des  c6tes  de  la  Norman  • 
die  il  avait  vu  le  désastre  de  La  Hogue 
(voX')  où  l'amiral  Tourville  avec  ses  44 
vaisseaux  avaitsuccombé  devant  les  flottes 
combinées  d'Angleterre  et  de  Hollande. 
Lassé  de  ces  sacrifices,  Louis  XIY  de- 
mandait que  les  partisans  de  Jacques  II 
commençassent  à  se  montrer.  Berwick, 
arrivé  à  Londres  sous  un  déguisement, 
en  1696,  ne  put  les  y  décider.  Dès  lors 
il  se  donna  tout  entier  à  la  France.  £n 
1704,  il  alla  commander  en  Espagne  où 
la  cour  de  Philippe  Y  éuit  divbée  entre 
diiîérens  partis  qui  le  voulaient  gagner. 
«  Il  ne  pensa  qu'à  la  monarchie,  dit  Mon- 
tesquieu, sauva  l'Espagne  et  fut  rappelé.  » 
£n  1705  son  activité  fut  employée  con- 
tre les  Camisards  duLanguedoc.  En  1 706, 
maréchal  de  France,  il  alla  rétablir  les 
affaires  qui  étaient  désespérées  en  Espa- 
gne; en  1707  il  gagna  la  batAille  d*AI- 
manza  qui  rendit  le  royaume  de  Yalence 
à  Philippe  Y.  De  1709  à  1712  il  couvrit 
1^  province  du  Dauphiné;  en  17|  3  il  prit 


Barcelonne.  Nommé  gouverneur  de 
Guienne,  en  1716,  il  eut,  en  1718  et 
1 7 1 9,  le  regret  de  servir  contre  PhilippeY 
qui  par  ses  bienfaits  avait  fiié  en  Espa- 
gne le  duc  de  Liria ,  un  de  ses  fils.  Après 
14  ans  de  paix,  la  guerre  de  1733  le  re- 
montra aux  armées.  Il  fut  tué  d'un  coup 
de  canon,-  le  13  juin  1734,  au  siège  de 
Philipsbourg. 

Montesquieu  dit  de  lui  que  son  talent 
particulier  était  de  faire  une  guerre  dé- 
fensive, de  relever  les  choses  d^espérées, 
de  bien  connaître  toutes  les  ressources 
que  l'on  peut  avoir  dans  le  malheur. 
Souvent  il  disait  que  la  chose  qu'il  avait 
toute  sa  vie  souhaitée  ,  c'était  d'avoir 
une  bonne  place  à  défendre.  En  1700, 
Louis  XIY  érigea  la  terre  de  Warthi,  près 
de  Clermont  de  Beauvoisis,  en  duché- 
pairie  pour  lui  et  ses  héritiers.  Le  nom 
de  Warthi  fut  changé  en  celui  de  Fiu- 
James. 

Le  duc  de  Fitz- James,  petit-fils  du 
maréchal,  a  publié,  en  1778,  les  vérita- 
bles Mémoires  de  Benvick  (Paris,  3  vol. 
in-13)  revus  par  l'abbé  Hook.  Une  édi- 
tion beaucoup  moins  estimée  avait  été 
publiée  à  Rouen,  par  De  Margon,  en 
1 737.  Dans  un  éloge  oùTamitié  l'animait, 
Montesquieu  rappelle,  à  l'occasion  de  ces 
Mémoires,  ce  qu'il  a  écrit  dans  l'Esprit 
des  lois  sur  la  relation  d'Hannon  :  «  Le 
même  homme  qui  a  exécuté  a  écrit.  Il  ne 
met  aucune  ostentation  dans  ses  récits. 
Les  grands  capitaines  écrivent  leurs  rela- 
tions avec  simplicité,  parce  qu'ils  sont 
plus  glorieux  de  ce  qu'ils  ont  fait  que  de 
ce  qu'ils  ont  dit.  »  D-E. 

BERZÉLIUS  (Jacques  de),  un  des 
savans  les  plus  laborieux  et  les  plus  esti» 
mables  de  notre  époque,  est  né  en  1779 
à  Linkœping,  dans  l'Ostgothie  (Suède). 
Après  avoir  étudié  à  l'université  d'Upsal 
la  médecine  et  les  sciences  naturelles,  il 
se  consacra  à  la  chimie  et  fit  plus  tard 
plusieurs  voyages  scientifiques.  Bientôt 
il  fut  nommé  professeur  de  chimie  et  de 
pharmacie,  assesseur  au  collège  de  santé, 
et  secrétaire  de  l'Académie  royale  des 
sciences  de  Stockholm.  Le  roi  Charles- 
Jean  lui  a  conféré  la  noblesse,  et  ses  con- 
citoyens  l'ont  choisi  pour  représentant  à 
la  diète  suédoise.  Ces  témoignages  de 
l'estime  publique  et  de  la  bienveillance 


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BBR 


(4ÎI) 


«ES 


Ai  goof cncinaity  M«  Bérzélhit  Itt  «tait 
Urg#iflént  mâritésw  II  tiTésl  peul«étro  pU 
Un  polot  eo  diimie  qu'il  n'ait  éclaii^  pàt 
•M  recherchés  tt  enridii  da  tet  décôo^ 
tertéi.  AilMÎ  faudraiMI  plosqu'Ml  aperçu 
pour  éttUÉiérèr  saultmeot  m  qu'il  a  (kk 
dans  «ne  cérrièn  qui  proaiet  eii<»r«  an 
monda  Mi«iil  lèi  fruita  léft  plasabondané^ 
Ce  qui  distingue  surtout  Ica  trataun  d* 
M.  Beraélhsi  &étA  uli*  préobloù  ec  Une 
csaotitnda  onaciettcEeUte,  jointta  à  m  «s^ 
prit  loujoiira  dirifé  tén  lei  applioaliooA 
utile»  «t  à  mme  sagadtéqui  n'abandonna 
jaBMtis  un  lait  aans  an  avoir  tlté  toutni 
les  «oUftéquancat  quil  pani  C6urnlr.  Aveo 
cti  qualitéi  il  n'es»  paa  étonnant  quil 
jOuîMede  la  plut  gtanda  autorité  auprès 
dea  chiuiiilas  vivana^dunt  un  grand  nom^ 
bre  out  été  MS  élèiTat>  et  qui  tous  le  rt» 
gardent  comme  uU  étt»  fondateurs  de  lu 
ehimie  orgatriquii  Un  deli  pt^lniér»,  H  tira 
un  grand  parti  du  système  électrOHAii«> 
«itque,  an  appliquant  Ja  pilé  gahanique 
à  l'abalysè  des  COrpi;  Il  soumit  à  une  r^ 
viaiott  judioieUse  la  IhéUrie  atomistiqué^ 
décourrit  pluaieurs  eorps  simples,  èl  ré^ 
duisit  à  Tékal  taiétaUiqiie  divers  oxidea 
qu'on  avail  jusqu'alors  considérés  oumme 
parfiiiteinent  coo*u^  8ta  reuharehes,  tou» 
jours  suivlui  d*iàléreasanm  découtérlea, 
s'étendirent  sur  una  lonle  de  oumbinai^ 
sotisy  et  le  càdlameaUi  qu'il  sut  employer 
ateè  toute  la  supériorité  de  son  talent^  lui 
fournit  un  puissaul  aoyus  d'iartsUga^ 
tien. 

Panui  tes  plus  buaux  tinres  on  oite 
surtout  eas  reefaar<éMs  de  ohimia  «rgant^ 
que,  urience  qu'il  a  pour  ainsi  dim  créée 
et  à  laqufeUt  il  a  impriuié  une  si  rapide 
impulsidn  qu'dle  u  déjà  fàTorâsé  les  pro** 
grès  des  seiences  autufellei  et  de  ia  mé^ 
devine. 

Aà  taomondaïuf  e  ituinilqttey  «wn  qu  a^ 
flsqaabhs  eu  quelques  pointa^  jouit  néiri^' 
mulns  d*unè  gtamie  vogue,  surtout  daus 
lu  uord  de  l'Europe)  et  ses  travaux  sur 
lu  minéralogie  montreraient  au  besoin 
quil  est  capable  d'envisager  d'un  osup 
d'Ail  le  vaste  ohftuip  des  scieneeS)  et  de 
les  perféciionuér  les  Uttta  par  les  autres 
au  lieudesereUfbruMlr  daua  une  étroite 
spéolAltté. 

Peraennu  pkis  que  M.  Bemélius  ti'a*- 
vuit  k  droit  de  publi«r  an  Traité  ée  uM^ 


mie^  l«i  ^ul  pouvait  èu  exposer  toutes  Tes 
parties  d'après  Ui  résultstd  de  éou  expé« 
Heuce  personnelle^  Une  grande  laveur 
atscueillit  oet  ouvrage  qoi  paroi  pour  là 
première  fbisenlSlS  eo  suédofs(4yo1.)  et 
qui  eut  en  1681  une  seconde  édition.  Oïl 
le  traduisit  en  phisieut^  langues,  notam  - 
ment  eo  angluis,  en  allemand,  en  fran- 
çais^ et  l'auteur  donna  des  soins  particu- 
liers à  la  dernière  publiée  par  le  do<Heur 
Jourdan  (Paris,  18^9).  Cest  là  que 
M.  Beraélibâ  à  réêumé  toute  sa  vie  de  èa^ 
vant(  mais  auparavant  il  avait  donné  un 
lofflbt^  in6ni  de  mémoires  Insérés  dans 
divers  journaux  et  recueils  scientifiques, 
ou  mis  au  jour  séparément.  On  peut  dter 
ics  Betthêrtheit  de  chimie  otganiqhe, 
1606;  son  Coup  â'àâil  sut  la  tomposi^ 
tion  dè9  fluides  Affimautô,  1615;  sou 
Coup  d'«ii  ëur  iès  pn>grès  et  l'état  pré* 
Sent  de  la  chimie  ahimalt,  1615;  sdu 
Thûtéde  Vemphida  th^tnmeau  en  thi-- 
mie  H  en  minéml&gie^  1636.  Eb6n  un 
travail  qui  montre  bien  avec  quelle  acti^ 
vite  M.  Berzéliuft  se  livré  à  l'étude  et  èe 
tient  au  courant  dèA  sciences,  c'est  sou 
Annuaire  despfogrèi  des  sciences  phy- 
siques, publication  dans  laquelle  il  fait 
en  quelque  sorte  rinvenufre  de  tout  ce 
dout  s'est  enrichi  l'esprit  humain  dans 
chaque  année  écoulée.  Ou  e  traduit  en 
Allemagne  cet  estimable  recueil  qUi  est 
parvenu  à  sa  il*  année. 

Comme  la  plupaK  des  vrais  savans, 
AT.  Bertéitus  est  bieuveillAnt,  ieceèsifale 
et  généreux.  Il  est  chéri  de  sH  nombreux 
disciples  qu^il  associe  à  seè  travsux  et 
parmi  leAqueh  ou  voit  figut«r  de»  hom- 
nies  du  premier  oHte.  C.  L,  m. 

M.  Bertélius  u  promis  ta  ooepérsti^n 
aux  éftideA  de  chimie  qui  seront  tom** 
pris  dans  VEneyciôpédie  des  gens  du 
ménde^  m  nos  lecteurs  peuvent  étfe  ter- 
tahM  q^e  nous  lui  rappellerons  cette  pro- 
messe. J.  H.  S. 

HBSilNCONy  t^.  Dovhs. 

BESANi*  ou  BxzAftY,  nom  d^une 
monnaie  d'or  d'origine  byzantine,  ainsi 
appelée  parcorruption.Cependantd*Her- 
belot)  dans  sa  Bd^lvotMque  àtientale, 
donne  à  ce  nom  une  autre  étynlologiè  ; 
Il  le  fkit  venir  d'un  mot  ttrabe  qui 
signifie  ûeu/d^r,  Sous  les  ptremier*  rois 
de  k  8*  Mu^^  otttre  leé  soie  d'or  y  ké  flo- 


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(m 


BBS 


rltia  d'or  tt  les  firanos»  <m  m  scrfaît  tu*- 
eore  tn  France  des  heums  qui  éUiaot 
cependant  une  monnaie  des  empereurt 
de  ContlanUnopli*  On  lil  dane  le  céré- 
monial du  cacre  daa  rois ,  dreiaé  par  l'or^ 
dre  de  Looia  ^  le  -  Jcvne  :  J  toffrandê 
sqU  porié  um  pain,  un  huril  d*atig€n$ 
plein  <k  vin  et  trôiae  bfiont  d'on 

Cette  oeutome  é'obtervait  enoore  sons 
Henri  II»  qui  fit  faire  pour  àon  eacre 
treize  pièoec  d'or  qui  furent  nommées 
kiuuHùbts. 

Quelques  auteurs  ont  pensé  qst  ks 
pièoss  dont  t(  4st  mentioto  étaient  des  sob 
d'or  pWitét  ^%  des  monnaies  étraugères» 
et  qu'on  donnait  déns  «e  tAmps^là  le  nom 
de  besans  à  toute  sorte  de  monnaie  d'or, 
qu'elle  Ua  ou  non  de  CoeatMlinopIe, 
comme  dans  la  suite  on  donna  le  nom  de 
florin  lénéralemcnt  à  toutes  les  espèces 
d'or,  quoiqu'cUes  ne  lussenC  pas  de  Flo* 
renée.  Ce  qui  pourrait  appuyer  œtte  cqn** 
jecture  o'est  que  Im  SanraEÎns  appelâtes! 
leur  monnaie  d'or  ie^ani^  quoiqu'elle 
ne  fiât  pas  fabriquée  à  Constantlnople. 

On  peut  voir  dana  JoinriUe  que  la 
rançon  demandée  par  leaoudan  ^'ÉgjrptCy 
ponr  faire  cesser  la  eaptivîté  de  aain^ 
Louis,  fut  de  9^0,000  becans,  iqnlva** 
laient  alors  400,090  Ittrea.  €«  beians 
arnâenl  -cours  dans  l'armée  du  rot>  el 
JoîwviUn  Im  nomme  ^eami#^'ar  garnit* 
aîpfosr» 

Lm  bezaiu  «sK  eu  longx-temp»  ooors 
eu  FVaneecilen  est  parlé  en  1146  eous 
Louis  VII, eousPUl^p^^Au^ttste,  sous 
Philippe-le- Hardi.  Us  avaleot  eimore 
eoum  eouaxPhiUfpc-k^BeL  L'auteur  du 
AomoJi  €k  ha  iùre ,  ^ui  vivait  aous  ce 
lègpe,  perle  du  beunt  mi  plusieueami* 
di^iis. 

Mali  «M  gnittd  lK>oft«  pêtattt 
Toatsf 


WkU  a  prii^aiaÉ*  fonemaa 
Qyi  coûtait  |pUui  4e  aail  bfj^aaU, 
Où  je  tie  fu$se  ja  presens. 

U  est  fort  «enveut  question  de  bezans 
dans  les  fabliaux,  et  leur  valeur  j  varie 
beauçQi^,  ^Ipu  les  époques  auxquelles 
ces  petitsppèmça  ont  été  composé^  D.  M» 
BESEN  V  AL  (Pt^aan-VicTûa,  baron 
nf,)^  i9fli»ecl4ur«)^énéral  des  Suisses  et 
<^4«0Uf«  puM  liçutmiaol^jéoâ^  m  aer^ 


Tice  de  France,.  plu9  connu  par  lee  M^ 
moires  qui  ont  paru  sous  sou  nom  que 
par  l'importance  de  sa  carrière  militaire 
ou  politique,  naquit  à  Soleure  en  1732. 
U  était  fils  de  jEAU^YiCToa  de  Besenval, 
qui  fut  oolonel  du  régim<»nt  des  Gardes- 
Suisses»  et  que  Louis  XIV  envoya,  eu 
1707,  près  de  Cbarles  XH,  en  Saxe, 
avec  la  qualité  de  ministre,  pour  offrir  à 
l'aventureux  monarque  suédois  ,  alors  a 
Tapotée  d^  sa  fortune ,  de  devenir  le  mé* 
diateur  entre  la  France  et  les  puissauces 
avec  qui  elle  était  en  hostilités.  Il  s'agis^ 
sait  de  l'ametier  d'abord  i  une  réconci^ 
lialion  avec  le  tmr  Pierre  I^^,  puis  à  en«- 
gager  Charles  XII  dans  les  intérêts  de  It 
France  contre  l'Angleterre.  Aussi  pour 
balancer  Im  efforts  de  Besenval,  le  cabi^ 
net  de  Saint*James  crut^il  nécessaire 
d'envoyer  pareilleoftent  le  fameux  Mari- 
borottgb  prie  de  Cbarles  XII. 

Trompés  par  sa  prononciation  étran^ 
1^,  des  historiens  ont  éerît  Besseval 
le  nom 4e  ce  diplomate*  iqui»  d'après  un 
témoignage  de  Rulhière,  rapporté  par  le 
baron  de  Besenval  dans  sea  Mémoires 
(tom.  I,  p.  329  et  suiv.),  parait  être  le 
premier  auteur  du  fameux  projet  de  des* 
ceote  en  Angleterre  dont  le  plan  a  été 
attribué  au  baron  de  ûmrta  et  «u  cardi- 
nal Albcroni. 

.  Admis  au  acrvios  dès  l'Iips  de  8  ans, 
éOmme  cadet  dans  le  régûnent  des  Car- 
dee*Suisee8 ,  In  baron  de  Besenval  fit  sea 
premières  armes  dans  la  oampagee  de 
1736,  et  il  assista  à  la  fin  de  celle  de 
1 74  S,  en  Bobêase,  comme  aido-de-^:amp 
du  maréchal  de  Broglte.  Son  nom  et  sa 
belle  figure  œ  oentribuèrent  pas  moins 
q«e  sa  valeur  et  sou  .genre  d'esprit  à  Té- 
Icwier  aseea  rapidement  aux  premiers  gra- 
das.  U  éUiit  parvenu  à^elui  de  maréchal- 
de-*camf>  lors  de  l'ouYerture  de  la  cam- 
pagne de  1757,  cK  d  y  accompagna  le  duc 
d'Orléans  en  qualité  d*aide-<ie-camp. 

Commandant  du  régiment  des  Gardes- 
^Êû»fik  pendant  la  campagne  de  1761 , 
il  obtint  l'année  suivanle,  par  le  crédit 
du  duc  de  Cboiseul ,  la  pUoe  d'inspeo- 
teur  dea  Suisees,  créée  «ous  le  précédent 
ministère.  Il  ae  donna  beaucoup  de  mou- 
vement pour  augmenter  l'importance  de 

(*)  ItoUtBMaaae  M.  Svhnl ,  Bk^étn  dbrégié 


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tes  attribntioot,  et  il  ne  réoisit  qu'à  sou- 
lerer  le  mécoDtentement  de  ses  compa- 
triotes, qui  ne  gagnèrent  pas  à  la  nou- 
velle capitulation  tout  ce  qu'elle  coûta 
de  surcroît  de  dépenses  à  la  France. 

C'est  dans  les  Mémoires  du  baron  de 
Besenval  qu'il  faut  voir  a?ec  quelle  fatui- 
té ingénue  il  traite  les  constitutions  qui , 
à  cette  époque,  régissaient  les  cantons  soi- 
disant  démocratiques  de  la  Suisse.  Et 
ai  leur  lecture  pouvait  convaincre  qu'il 
exerça  sur  le  duc  de  Choiseul  toute  l'in- 
fluence dont  il  se  targue,  il  faudrait  ré- 
former l'opinion  qu*on  s'est  faite  des 
vues  larges  et  libérales  de  ce  ministre  de 
Louis  XY. 

On  trouve  de  néme,  dans  ces  Mémoi- 
res, la  preuve  irréfragable  que  le  baron 
de  Besenval  joignit  à  la  rouerie  des  cour- 
tisans de  cette  époque  leur  affectation 
d'élégance  aisée,  leur  babil  inconséquent 
et  leur  gaité  frondeuse.  On  y  voit  enfin 
qu'il  se  crut  obligé  à  être ,  par  ton ,  l'ami 
et  le  protecteur  des  beaux-arU,  comme, 
pour  suivre  la  mode,  il  s'était  fait  bel-es- 
prit; et  dans  le  peu  de  vers  qui  sont  im- 
primés avec  ses  Mémoires^  il  s'en  trouve 
d'assez  bons  pour  qu'on  puisse  douter 
qu'il  les  ait  faits  seul. 

Devenu  lieutenant-général,  il  se  trouva 
chargé,  en  1789,  d'un  commandement 
dans  les  troupes  réunies  autour  de  Paris; 
mais,  soit  qu'il  eût  bientôt  démêlé  qu'il 
n'y  aurait  pas  de  rôle  fort  avantageux 
pour  un  Suisse  à  s'engager,  comme  un 
champion  de  l'aristocratie,  dans  la  grande 
lutte  qui  s'ouvrait,  soit  qu'en  efTet  il  fût 
impossible  qu'il  trouvât  en  lui  ceUe  ré- 
solution et  ce  courage  que,  dans  les  cir- 
constances extrêmes,  le  patriotisme  seul 
peut  inspirer,  il  évita  de  se  compromet- 
tre, et  il  prit  la  fiiite,  muni  de  passe- 
ports qu'il  s'était  ménagés.  On  l'arrêta 
pourtant  et  il  fut  traduit  au  tribunal  du 
Châtelet  ;  mais ,  déclaré  innocent  et  re- 
lâché, il  pat,  sans  péril,  conserver  sa  ré- 
sidence à  Paris,  où  il  vécut  fort  paisible 
et  tout-à-fait  oublié  jusqu'en  1794,  épo- 
que  de  sa  mort. 

Le  vicomte  A.  -  J.  de  Ségur  a  publié , 
comme  son  exécuteur  testamentaire,  les 
Mémoires  de  M,  le  baron  de  Besenval^ 
(Paris,  1805  et  1807,  4  vol.  in-8''),  et  il 
a  fait  précéder  d'une  notice  très  louan- 


geuse cette  publication  que  la  famille  du 
baron  a  cru  devoir  désavouer.  Elle  ne 
pouvait  effectivement  être  pour  les  siens 
une  bonne  recommandation  dans  les 
cours  étrangères,  à  cause  de  la  causticité 
avec  laquelle  l'auteur  se  venge  du  r6le 
passif  qu'il  joua  près  des  grands  person- 
nages, en  livrant  à  la  publicité,  sous 
forme  de  documens  historiques ,  les  fai- 
blesses, les  ridicules  et  les  travers  de 
ceux  auxquels  il  fut  attaché  par  des  fonc- 
tions intimes.  En  général,  on  trouve  dans 
ce  livre  toute  la  mordacité  et  la  couleur 
partiale  qui  ont  distingué  depuis  un  autre 
Mémorial,  où  sont  aussi  passées  en  revue 
les  célébrités  d'une  plus  récente  et  plus 
brillante  époque.  P.  C. 

BESMES  9  voy.  Ck>Li«HT  et  Saikt- 
BaethI^lemt. 

BESSARABIE,  province  méridio- 
nale de  l'empire  de  Russie,  non  encore 
régulièrement  organisée  en  gouverne- 
ment. Elle  a  pris  son  nom  de  la  famille  d« 
Bessaraba  qui  l'a  gouvernée,  et  elle  rece- 
vait des  Tatars,  auxquels  elle  a  été  long- 
temps soumise ,  celui  de  Boudjak  qui 
appartient  à  un  petit  endroit.  Divers  peu- 
ples se  sont  succédé  sur  ce  territoire  com- 
pris entre  la  mer  Noire,  le  Dniester,  le 
Prouth  et  le  Danube  ;  les  Russes  le  dis- 
putèrent long-temps  aux  Turcs  ses  der- 
niers possesseurs,  et  il  devint  enfin  leur 
propriété  par  la  paix  de  Boukharest  en 
1812.  L'histoire  antérieure  de  la  Bessa- 
rabie se  confond  avec  celle  de  la  Moldavie 
dont  elle  a  le  plus  souvent  dépendu,  sous 
le  noai  de  Basse-Moldavie. 

La  prorince  russe  actuelle  est  séparée 
au  nord-est,  par  le  Dniester,  des  gouver- 
nemeos  de  Podolie  et  de  Kherson  ;  à 
l'ouest,  le  Prouth  en  forme  la  limite  Avk 
côté  de  l'empire  Othoman  (Moldarie), 
et,  dans  l'intervalle  des  deux  fleuves,  la 
Bessarabie  confine  à  la  monarchie  autri- 
chienne (Galicie).  Au  sud,  le  bras  sep- 
tentrional du  Danube  la  sépare  de  la 
Boulgarie,  et,  entre  l'embouchure  de  ce 
bras  et  celle  du  Dniester,  elle  est  bordée 
par  la  mer.  Les  auteurs  varient  beaucoup 
sur  son  étendue  :  la  plupart  l'ont  exagé- 
rée en  la  portant  au-delà  de  800  m.  car. 
géogr.  Le  pays  est  plat;  il  est  arrosé  par  le 
Saka,  le  Roghilnik,  le  Rottna  et  le  Rir- 
ghis,  et  produit  du  blé,  du  vin  et  du  nuus;; 


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Hiaity  malgr^iaferlîlitéyleB  prodniuda  sol 
tuffitent  k  peine  à  la  conftominatioo.  L'é- 
ducation des  bestiaiePL  fournit  surtout  aux 
besoins  des  habitans  qui  élèvent  en  ou- 
tre beaucoup  d*abeiUes.  Ils  sont  ou  Mol> 
daves,  ou  Boulgars,  ou  Tatars;  mais  on 
trouve  anssi  parmi  eux  des  Bohémiens  y 
des  Juifs,  des  Arméniens,  des  Serbes, 
et  beaucoup  de  colons  allemands.  On  éva- 
lue le  total  de  la  population  à  un  peu  plus 
de  400,000  âmes.  Kichenef,  le  cbef-lieu 
de  la  province,  est  situé  à  peu  près  au 
centre;  les  autres  villes  sont  Akermân 
(vqx»)f  Bender  (voy.)y  Izmaîl,  le  port  de 
KiUa ,  et  Khotine.  On  divise  le  pays  en  6 
districts  ou  tsinouth,  J,  H.  S. 

BESSARION  (Jban  ou  Basile),  car- 
dinal ,  archevêque  de  Nioée ,  patriarche 
de  Constantinople,  naquit  à  Trébizonde 
en  1S96.  U  n'était  qu'archevêque  de  Ni- 
cée  lorsqu'il  se  concerta  avec  le  patriar- 
che de  Constantinople  et  avec  le  métro- 
politain de  Russie ,  afin  de  persuader  à 
l'empereur  Jean  Paléologue  de  travailler 
a  réunir  l'église  grecque  avec  la  latine. 
Dans  ce  dessein,  les  trois  prélats  vinrent 
au  concile  de  Ferrare  transféré  ensuite 
à  Florence  (1433),  et  Bessarton,  qui  en 
fut  un  des  orateurs,  y  mérita,  par  son 
orthodoxie,  le  chapeau  de  cardinal.  Il 
vint  ensuite  se  fixer  à  Rome  où  il  écrivit 
contre  Alexis  LMcaris ,  Grégoire  Palama 
et  Marc  d'Éphèse,  métropolitain  d'An- 
tioehe,  qui  engagea  l'empereur  et  les 
prélats  grecs  à  secouer  le  joug  de  l'o- 
béissance qu'ils  avaient  jurée  au  Saint- 
Siège.  Le  cardinal  Bessarion  prit,  m 
1463,  le  titre  de  patriarche  de  Constan- 
tinople et  fut  légat  en  Allemagne.  Nico- 
las Y  lui  avait  donné  la  légation  de 
Bologne,  et  son  mérite  était  si  reconnu 
qu'il  eût  été  mis  sur  le  siège  pontifical 
après  la  mort  de  ce  pape,  si  le  carilinal 
Alain  Breton,  archevêque  d'Avignon, 
n'eût  traversé  ce  dessein  comme  inju- 
rieux à  l'église  latine.  CalixtelII  et  Pie  II 
employèrent  Bessarion  pour  la  ligue  con- 
tre le  Turc.  Sixte  IV  l'envoya  légat  en 
France,  en  1471,  avec  l'ordre  de  voir 
aussi  le  duc  de  Bourgogne^  Il  vit  le  duc 
le  premier,  ce  que  Louis  XI  trouva 
mauvais  et  dont  il  lui  fit  un  reproche 
auquel  le  cardinal  fut  si  sensible  que  ce 
désagrément  h^ta  lis  mom^t  de  sa  mort. 


On  raooBte  qu'après  la  mort  de  Paul  II  ^ 
les  cardinaux  l'avaient  élu  pape,  mais  " 
que  les  trois  prélats  qui  lui  en  portaient 
ù  nouvelle  n'ayant  pas  été  admis  par  son 
camérier,  on  élut  Sixte  IV.  Ce  bruit,  peu 
vraisemblable  en  lai-même,  est  contredit 
par  les  règles  canoniques  qui  fixent  les 
opérations  du  collège  àt%  cardinaux  dans 
l'élection  des  papes.  Bessarion  cultiva  les 
lettres;  sa  maison  était  la  retraite  des  sa- 
vans.  £n  y  attirant  beaucoup  de  ses  com- 
patriotes il  contribua  à  la  renaissance. 
C'est  à  lui  que  l'on  doit  la  découverte 
des  poètes  grecs  Coluthus  et  Quintus  de 
Smirne.  Attaché  à  la  philosophie  de  Pla- 
ton ,  il  écrivit  son  apologie  dans  un  ou- 
vrage intitulé  Contre  le  ealotnniateur 
de  Platon  9  pour  le  venger  d'un  écrit  de 
Georges  de  Trébizonde  qui  dobnait  la 
préférence  à  Aristote.  Il  laissa  aussi  d'au- 
très  ouvrages  de  philosophie  et  de  théo- 
logie dont  un,  sur  le  sacrement  de  l'eu- 
charistie, a  été  inséré  dans  la  Bibliothè- 
que des  Pères.  Il  aima  beaucoup  les  livres, 
et  à  sa  mort  il  légua  sa  riche  bibliothèque 
au  sénat  de  Venise,  où  on  l'a  toujours 
conservée  avec  soin.  Il  mourut  à  Raven- 
ne,  l'an  1472,  âgé  de  78  ans.  Voir  De 
vitd  et  rébus  gestis  JBessarionis  card, 
Nicœni  Commentarius,  par  Al.  Bandini , 
Rome,  1777,  in-4^  N-e. 

BESSEL  (Fain^aïc- Guillaume), 
astronome  et  professeur  d'astronomie  à 
Kœnigsberg  depuis  1810,  né  à  Minden 
en  1 784,  s'éuit  d'abord  adonné  à  la  pro- 
fession du  commerce;  mais  il  éprouva 
bientôt  une  vocation  décidée  pour  les 
études  astronomiques.  Les  célèbres  ob- 
servateurs Olbers  et  Schrœter  dirigèrent 
ses  premiers  travaux  et  le  firent  attacher 
à  l'université  de  Gœttingue.  De  là  il  fut 
appelé  à  Kœnigsberg,  pour  diriger  le 
nouvel  observatoire  érigé  aux  frais  du 
gouvernement  prussien.  Outre  un  grand 
nombre  de  mémoires  insérés  dans  les 
recueils  académiques,  on  lui  doit  :  une 
Théorie  des  perturbations  des  comètes 
(en  allemand,  Kœnigsb.,  1810);  Fun-- 
damenta  astronomiœ  deducta  ex  ob^ 
serv.  /.  Bradiej;  Tabulas  regiomontanm 
reductionum  observationum  ab  sumo 
17S0  usque  ad  ann,  1850  computatœ 
( Kœnigsb. ,  1 8S0  )  ;  un  RecueU  d'obser^ 
voilons  astronomiques  faites  à  Vobser- 


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.Pûtoife  âê  Kmmi^berjf,  fraUté  en  alle- 
mand,  par  lif  raisons.  Leé  recherches  4e 
M.  BMel  snr  la  théorie  du  pendule  et 
snr  la  délermination  de  la  masse  de  Ju- 
piter ont  ûxé  particulièrement  l'atten- 
tion des  géemètree  et  det  astronomes 
én^angers  à  l'Allemagne.  C  L. 

BE88ES^  penple  belliqueux  de  la 
Thraee^  an  nord  du  mont  Rhodope; 
leur  obef4ien  élait  Uskndama.  Les  RO'^ 
mains  »e  purent  les  subjuguer  qu'après 
une  longue  résîstaneew  X* 

BB8SIÉIIBS  (JcAir-BaPTiffE),  duo 
distrie,  maréchal  d'empire,  colonel -gé^ 
serai  de  la  eavalerie  de  la  garde,  naquit 
en  1760  à  Preissao,  département  du  Lot, 
et  débuta  à  2)  ans,  comme  simple  soldat, 
dans  la  earrrère  où  il  s'est  illustré  par 
d'incontestables  ulens  et  par  une  valeur 
qttfi  mérita  d'être  distinguée  des  brevet 
enx-mémes. 

Compris,  comme  cavalier,  dans  le  coa^ 
tingent  de  son  département  pour  la  garde 
de  Louis  XVI,  organisée  en  vertu  de  la 
oonstitntîon  de  1791,  il  passa,  aprèa  son 
licenciement,  en  qualité  d'adjudant  sou»^ 
officier,  ûàM  la  légion  des  Pyrénées,  où 
il  obtint  legrade  decapitaine  par  de  belles 
actions  qui  le  signalèrent  à  Tattention  des 
ehefe  de  larmée.  De  celle  des  Pyrénées- 
Orient.,  où  il  avait  fait  les  premières  cam- 
pagnes de  hi  révolution.  Il  passa,  en  1 796, 
à  l'armée  dltalie.  Ce  fut  le  général  Auge- 
rean  qui  le  désigna  à  Bonaparte  comme 
l'oflcier  le  plus  digne  d'être  mis  à  la  tête 
des  guides  à  cheval  qu'il  voulait  organi-> 
ser,  à  l'instar  de  ceux  créés  au  mois  d'a^ 
vril  179!l  pour  chacune  des  trois  gran- 
des années,  ^  qui  avaient  été  d'une  si 
grande  utilité  pendant  cette  eampagne  et 
k  siltvnnte.  Un  décret  (2  S  fruot.  an  YII) 
a^ani  entnriNé  la  formation  de  ces  guides 
à*  chef  al ,  et  Bessières  ayant  eu  le  com^ 
mandement  de  cenx  de  Tarmée  d'Iulie, 
M  ée  trouva  tiomme  attaché,  dès  cette  épo* 
que ,  a  la  garde  du  jentie  genértn  en  chef, 
§ona  tes  yeux  «hiauel  il  eut  une  part  glo^ 
rieuse  «ûx  bauilles  de  Roveredo,  de  la 
Fatorile  el  de  Rivoli.  L'une  des  premier 
rts  marques  de  distinction  qu'il  reçut  Ait 
â'étr«  chargé  d'apporter  an  Directoire 
tes  drapeaux  enlevé!  dans  ces  jouMéea 
mt  Autrldifenft» 

Besalèiies  ne  Ût  qn>nn  trèa  o««rt  aéjoiir 


à  Paris,  où  il  nfatltit  sa  promotion  an  fang 
de  colonel,  et  il  retourna  en  cette  qualité 
à  l'armée  d'Italie,  pour  ne  plus  quitter 
son  général  en  chef.  Ce  fut  encore  à  la 
tète  des  guides  qu'en  Ég)-pte  il  gagna  lé 
grade  de  général  de  brigade  par  ses  fait» 
d'armes.  De  retour  en  France  ^  aveo  Bo^ 
naparte,  il  eut  à  déployer  sa  part  d*at« 
tivité  pour  le  seconder  au  18  brumaire  ; 
devenu  alors  général  divisiomalra ,  il  ne 
£t  que  passer  du  commandement  des 
guides  à  celui  de  la  garde  du  conaul;  do 
même  qu'après  son  élévation  an  rang  do 
maréchal  d*empire  (19  mai  li94)«  Il 
resta  colonel  «général  de  la  garde  à  ch^ 
val.  Car,  ainsi  que  le  dit  avec  justice  le 
Mémoriaide  Sawte^Béiènè  (toM.  II,  p. 
118),  cTett  a  la  tête  de  ces  escadrons  r^ 
serves  pour  décider  la  violoire  on  r%>- 
cueillir  ses  fruits,  qu'on  Pa  im  «onfdurt 
«  rattacher  noblement  son  nom  k  toutes 
«  nos  bellet  batailles.  »  Il  avoH  en  ono 
part  importante  à  celle  de  MarOngo,  par 
U  charge  qu'il  fournit  à  k  tête  det  oses- 
dronsdela  garde  consnlairei  commeansai» 
malgré  Terreur  de  M.  de  Bèurieone, 
c'est  an  maréchal  Bessières,  qui  les  cooh- 
manda,  que  doit  rester  le  pHodpal  hon- 
neur de  ces  charges «avantes  par  lesquels* 
les  fut  décidé  le  gain  de  cette  bataille. 

Pour  compléter  rindieatîon  des  prin- 
cipaux faito  d'armes,  tl  laudralt  nomteef 
encore  les  batailles  d'Iéna,  Bylau,  Fried- 
land;  il  fsodraic  parler  dn  boulei  de  Wa^ 
gram,  qui  fit  phurer  la  garde  ^  Mais 
heureusement  ne  fil  qne  rttk^^wm  de 
dKval  le  brave  Bessières;  il  faudrait  le 
suivre  en  Espagne  à  Burgos,  Léon ,  Me^ 
dina-del- Rio-Seco;  eà  Portugal,  à 
Fnente-d'Onoro,  etc.  Mais  la  carl'ière 
milkaire  de  Bessières  est  t#np  pleine 
pont*  se  prêter  à  l'analyse  d'une  w>ttce| 
et  si  nous  pouvions  lui  constcrnr  pins 
d'étendue  i  nous  aimerions  nsienx  en- 
core rapporter  les  nombreux  actes  de 
blenfaisanoe  et  d'humanité  que  f  on  citn 
de  ce  guerrier  illnstre,«qul  atahvéen 
«  coMMnte  Bayard,  et  qui  mourut  comme 
«  Tnrenne.  % 

C'est  pen  de  temps  sprès  là  bainillo 
de  Wàgram  que  Bessières,  devenu  duo 
d'Istrie,  reçut  la  délicate  miàeiùn  de  rem- 
plaeer,  dtnsle  oomàMiDdeiÉeiit  d' Anven» 
Bemâdott» ,  dont  il  n*ei«  ^^  a 


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BES  (  427  ) 

•I  k  Mfule  repris*  de  Fleiftiagaa  mr  le» 
▲nglaia  suffirait  pobr  faire  honnear  au 
iHarédMl  dont,  vingt-deux  ans  plus  tard, 
le  fils  a  ra|>pelé  la  noble  tondutoe  auK 
Anvertok^  en  se  plaçant  comme  volon- 
teire  dans  les  rangs  de  Tarmée  française 
devaÉC  Icvre  mure. 

Les  journaux  du  temps  ont  publié  la 
lettre  par  lac|uelle  Napoléon  apprit  à  la 
Toave  du  duo  d'Istrie  la  perte  qu'il  ve^ 
sait  de  fiire  par  k  mort  de  son  mari, 
qu'on  boulet  emporu  k  veille  de  la  ba^ 
taille  de  Lutzen(l"  mai  1813),  au m<^ 
ment  oà  il  dik-lgeait  une  simple  manon^ 
vre  de  préparation,  l'attaque  du  défilé  de 
Rippach.  P.  C. 

ÛBSStK ,  «ilciefi  nom  d'une  division 
de  k  Bàsse^Normandie  dont  k  chcf-^lieu 
éuit  Beyeux,  Jk^oc€Ér.  De  k  k  iK>m,  par 
cénryptioD.  S. 

BE8TIAUX«  On  donne  commune-- 
ment  k  Uom  de  sÉTAiit  ou  de  beetiaui  à 
cette  classe  de  quadrupèdes  domestiques 
qui  paiseent  rberbe  des  champs  et  que 
l'homme  élève  pour  so  nourrir  de  leur 
chair ,  se  \dtir  de  leurs  peauic  on  de  leurs 
toisons»  s'aider  de  leur  force  dans  ses  tra- 
vuux,  féconder  see  terrée,  en  un  mot  pour 
setisfaire  médiatemeni  ou  immédlatei- 
meat  à  ses  premiers  besoins.  D'après 
cette  définiiioa  te  mot  bétail  ne  corn* 
prend,  dans  k  plupart  des  pays  de  rËu** 
repe>  que  le  eheval,  k  bmuf,  le  mouton» 
le  eoebon  (quatre  eftpèces  désignées  cha-^ 
cnoe  par  Un  nom  qui  u'eat  ni  celui  du 
mâle  ni  celui  de  k  femelle),  la  chèvre, 
réfte  et  le  mulet;  dans  d*«utres  contrées 
il  peut  «'appliquer  aussi  à  d'autres  ani- 
uMux,  par  exemple  au  renue  dans  k  La^ 
ponie,  eu  chameau  et  au  dromadaire 
dea^  KAsk  et  l'Afrique,  au  lama  et  à  la 
vigogne  datis  le  I^érou,  bref  à  tous  les 
asNmaux  domestiques  qui,  appartenant  à 
Tordre  detf  pachydermes  et  à  celui  des 
mminans^  sont  susceptibles  d'être  em-» 
pkyés  comme  nous  Venons  de  l'indiquer* 

De  tout  tempe  l'entretien  du  bétail  a 
été  considéré  comme  un  des  pritidpaux 
Aoyms  qui  toncoureni  h  la  production 
des  matières  nécessaires  à  notre  subsi^^ 
ttncei  mais  soue  le  régime  de  k  «k  nO'^ 
iMde  et  patrkrcele»  l'homme  n'élevait 
dee  idlauHik  domestiquée  i|ue  p^uf  eon«> 


BES 

leur  chahr  et  koft  pean,  tMMlk 

que,  gruoe  à  la  vk  agricole  et  sédentaire, 
qui  lui  a  permis  d'attendre  sur  pkee  lee 
effers  des  matières  fertilisantes  répan*- 
dues  par  eux  sur  le  sol,  il  est  arrivé  peu 
à  peu  jusqu'à  regarder  l'utilité  dont  ik 
lui  sont  sous  ce  dernier  rapport  commè^ 
supérieure  à  celle  que  «euk  il  kur  re- 
oonnaissait  jadis.  Ce  changement  de  vues, 
qui  est  loin  d'être  encore  entièrement  ae^ 
compli,  est  un  grand  progrès.  Les  pktitei 
cultifées  puisent  en  grande  partie  daoft 
la  terre  les  sucs  dont  elles  se  nourris^ 
sent  et  ne  lui  rendent  pas  les  principes 
indispensables  à  la  végétation  :  il  faut 
donc  trouver  ailleurs  de  quoi  combler 
ce  déàcit;  or  cette  ressource  nous  est 
naturellement  offerte  par  les  bestiaux, 
dont  l'organisme,  en  agissant  sur  les  ma- 
tériaux de  sa  nutrition,  fait  subir  à  ceux 
même  qu'il  ne  s'incorpore  pas  une  ék-^ 
boration,  une  préparation  qui  les  met 
dans  l'eut  le  plus  convenable  pour  deve^ 
nir  à  leur  tour  les  sources  les  plus  abon^ 
dentés  et  les  plus  faciles  de  la  nutrition 
des  végétaux.  Par  ce  cercle  de  transfbr^ 
mations  perpétuellement  répétées  la  cul- 
ture des  plantes  se  trouve  intimement 
liée  à  l'éducation  des  bestiaux,  et  les 
progrès  de  l'une  supposent  on  prbvo^ 
quent  les  progrès  de  l'autre.  Aussi  re» 
garde-t-^n  maintenant  la  nourriture  des 
bestiaux  à  Tétable,  pendant  toute  l'année, 
comme  k  méthode  qui  a*èuré  là  produc* 
tion  la  plus  ooniidérable  et  comme  l'ex^ 
pression  de  l'agriculture  k  plus  perfeO- 
tionnée,  parce  qu*elle  a  pour  principal 
efl^t  k  moindre  déperdition  possible  dea 
substances  fertilisantes. 

Puisque  le  but  principal  qu'on  doit 
se  proposer  en  élevant  dès  bestiaux  est 
la  création  des  engrais,  le  premier  objet 
qui  se  présente  dans  leur  éducation,  c'est 
la  détermination  du  rapport  qui  existe 
entre  la  quantité  des  fourrages  qu'ik  con« 
somment  et  celle  du  fumier  qu'ils  ren-* 
dent;  en  effet  c'est  au  moyen  de  celte 
connaissance  qu'on  peut  fixer  le  nombre 
de  bétes  qu'on  doit  tenir  et  la  propor* 
tion  convenabk  entre  l^étendue  de  terre 
qui  doit  porter  des  (burragèè  et  célk  qui 
peut  recevoir  des  téréales.  MàH  k  science 
agronomique  possède  peu  de  données  sur 
ce  sujet,  de  aorte  que  le  problème  échippcr 


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BES 


(428) 


BES 


edbore  à  une  solution  géaérak  «t  que  de 
vagues  indices,  d*iDcertaines  traditions , 
sont  les  seuls  guides  des  cultivateurs  dans 
chaque  cas  particulier.  Ce  que  nous  avons 
de  plus  positif  se  réduit  aux  estimations 
de  Tfaser.  Partant  des  résultats  de  quel- 
ques expériences ,  cet  agronome  admet 
que,  pour  trouver  les  poids  que  donnera 
en  fumier  une  certaine  quantité  de  foin , 
de  paille  et  de  litière,  en  passant  dans  les 
intestins  des  animaux,  il  n'y  a  qu'à  dou- 
bler le  poids  de  chacune  de  ces  matiè- 
res. Quant  aux  autres  fourrages,  il  est 
disposé  à  leur  assigner  sous  ce  rapport 
une  valeur  proportionnelle  à  leur  faculté 
nutritive  plutôt  qu'à  leur  poids,  et  c'est 
de  là  qu'il  part  pour  déterminer  la  quan- 
tité de  substance  fertilisante  qu'on  peut 
espérer  en  faisant  consommer  par  telle 
ou  telle  espèce  de  bétail  les  produits 
d'une  étendue  donnée  de  terrain,  ou  telle 
ou  telle  espèce  de  plantes.  Mab  les  be- 
soins en  fourrages  sont  si  variables  sui- 
vant les  espèces  d'animaux  et  suivant  la 
taille  des  individus;  les  données  que 
nous  devons  à  différens  observateurs 
sont  si  divergentes,  qu'il  est  impossible 
d'en  tirer  des  résultats  {,énéraux  un  peu 
précis.  On  voit  seulement  qu'une  nour- 
riture très  abondante  est,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  mieux  payée  par  l'emploi  du 
bétail  et  de  ses  produits  que  ne  peut 
l'être  une  chétive  alimentation. 

Si  dans  l'éducation  des  bestiaux  on 
n'avait  absolument  en  vue  que  d'obtenir 
des  engrais,  peu  importerait  le  genre 
des  bétes  par  lesquelles  on  ferait  con- 
sommer les  fourrages;  car  on  n'observe 
pas  une  différence  bien  sensible  sous  le 
rapport  de  la  fertilisation  entre  les  dé- 
jections des  différentes  espèces  d'ani- 
maux. Mais  comme  dans  cette  éducation 
on  peut  se  proposer  différens  autres  buts, 
comme  on  doit  même  les  poursuivre  si  l'on 
ne  veut  pas  que  les  fumiers  reviennent 
énormément  cher,  le  choix  des  hôtes  de- 
vient une  affaire  plus  grave  et  plus  dif- 
ficile. Chaque  espèce  peut  en  effet  don- 
ner lieu  à  des  spéculations  fort  diverses. 
Avec  le  gros  bétail  à  cornes,  on  peut,  soit 
faire  des  élèves,  soit  produire  du  lait; 
et  ce  dernier  peut  être  vendu  en  nature, 
ou  être  converti  en  beurre  ou  en  froma- 
ge, ou  être  employé  à  l'engraissement 


des  veaux;  on  peut  aussi  se  livrer  à  l'en- 
graissement des  bœufs  ou  des  vaches. 
Les  moutons  nous  fournissent  et  leurs 
toisons  et  lenr  chair,  mais  on  ne  peut 
guère  espérer  d'obtenir  à  la  fois  la  plus 
belle  qualité  et  la  plus  grande  abondance 
de  l'une  et  de  l'autre;  il  faut  ordinaire- 
ment opter  entre  ces  deux  produits.  Si 
l'on  recherche  le  dernier,  on  peut  en- 
tretenir constamment  un  troupeau  d'une 
race  ou  d'une  autre  en  vendant  les  ex- 
traits à  un  âge  plus  ou  moina  avancé;  ou 
le  renouveler  chaque  année  en  achetant 
des  agneaux;  ou  se  livrer  à  l'engraisse- 
ment en  conservant  chaque  lot  seulement 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  long. 
Quant  aux  chevaux ,  on  voit  aussi ,  dans 
beaucoup  de  localités,  les  cultivateurs 
adopter  la  méthode,soit  de  vendre  les  pou- 
lains très  jeunes ,  soit  d'en^cheter  au  con- 
traire pour  les  revendre  un  peu  plus  tard. 
Selon  les  localités  et  selon  les  circonstances 
particulières  de  l'exploitation,  il  pourra 
se  présenter  des  différences  énormes  en- 
tre les  bénéfices  qu'on  devra  espérer  de 
l'une  ou  de  l'autre  de  ces  spéculations. 
La  laiterie  et  l'éducation  des  veaux  ne 
sauraient  être  lucratives  qu'aux  environs 
des  centres  de  consommation  un  peu 
considérables,  et  en  général  la  proximité 
des  débouchés  est  une  cause  assez  puis- 
sante de  modifications  pour  rendre  pos- 
sible l'éducation  des  bestiaux  à  des  gens 
qui  ne  possèdent  aucune  terre;  tel  est 
le  cas  des  nourrisseurs  qui  à  Paris  tien- 
nent des  bestiaux,  et  qui  ne  les  entre- 
tiennent qu'au  moyen  de  fourrages  ache- 
tés. L'éducation  des  troupeaux  de  bétes 
à  laine  est  presque  exclusivement  réser- 
vée aux  grands  propriétaires. 

Lorsqu'on  est  &xé  sur  le  nombre  et 
sur  l'espèce  des  bétes  qu'on  veut  entre- 
tenir, ihreste  à  considérer  les  qualités 
que  doit  présenter  chaque  animal  pour 
remplir  le  plus  utilement  le  but  auquel 
il  est  destiné.  Ces  qualités  se  rapportent 
principalement  à  la  taille ,  9xxx  formes , 
au  tissu  de  la  peau,  à  la  constitution  et 
au  caractère, 

£n  général  on  ne  doit  pas  attacher 
une  grande  importance  à  la  taille^  et  sur- 
tout on  doit  se  garder  de  croire  que  la 
même  quantité  de  fourrages,  la  même 
étendue  de  prés,  puisse  servir  à  entrele- 


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BES  (4 

nir  des  animaux  de  stature  colossale  et 
des  animaux  de  grosseur  moyenne.  Il  y 
a  même  dans  Féducation  des  bétes  à  laine 
un  avantage  à  élever  des  individus  de  pe- 
tite taille ,  en  ce  que  généralement  leur 
chair  est  plus  délicate  que  celle  des  grands, 
leur  lainre  plus  fine  et  proportionnelle- 
ment plus  abondante. 

"LtA  formes  ne  constituent  pas  un  ca- 
ractère qu'on  puisse  définir  d'une  ma- 
nière absolue  y  et  un  coup  d*œil  exercé 
peut  seul  les  apprécier  avec  justesse.  On 
a  cru  trouver  une  relation  de  certaines 
formes  avec  la  production  du  lait  et  de 
la  laine,  dé  même  qu'avec  la  disposition 
à  l'engraissement;  mais  ces  rapports  sont 
équivoques.  Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est 
qu'une  vache  dont  le  pis  est  volumineux 
peut  donner  beaucoup  de  lait  ;  que  chez 
le  mouton  les  différentes  régions  du  corps 
produisent  différentes  qualités  de  laine; 
qu'on  doit  préférer  les  individus  chez 
lesquels  les  régions  chargées  de  la  laine 
la  plus  fine  oflrent  le  plus  de  surface  ; 
qu'il  en  est  de  même  pour  la  production 
de  la  chair  chez  tous  les  bestiaux,  et 
que ,  si  l'on  considère  cette  dernière  pro- 
duction seule,  on  doit  rechercher  les 
animaux  dont  la  charpente  osseuse  oc- 
cupe le  moins  d'espace  par  rapport  aux 
portions  propres  à  nous  servir  d'alimens. 
Mais  sous  le  rapport  de  l'action  et  du 
travail,  les  formes  sont  plus  faciles  à  ap- 
précier, en  même  temps  qu'elles  acquiè- 
rent une  plus  grande  importance.  En 
effet,  il  est  dair  que  la  forme  ne  se  dé- 
veloppera pas  de  la  même  manière  suivant 
que  les  couches  musculaires  seront  min- 
ées ou  épaisses ,  que  le  thorax  sera  étroit 
ou  large,  et  qu'elle  subira  une  décompo- 
sition plus  ou  moins  grande,  que  le  frot- 
tement sera  plus  ou  raoitis  intense ,  selon 
que  le  corps  sera  ramassé  ou  allongé,  haut 
ou  bas,  bien  ou  mal  proportionné,  etc. 

Il  y  a  peu  de  chose  à  dire  des  qualités 
de  la  peau.  Lorsqu'elle  est  douce  et 
onctueuse  c'est  un  indice  de  la  tendance 
de  l'animal  à  prendre  de  la  chair;  car 
il  est  évident  qu'une  peau  fine  et  douée 
doit  être  plus  souple  qu'un  cuir  épaiv  et 
rude  pour  se  prêter  à  un  acoroissement 
de  volume;  mais,  d'un  autre  cÂté,  les 
pea«x  épaisses  sont  dtine  plus  grandie 
valeur  pour  dirvenes  fabrications^  «t^  date 


29  ) 


BES 


les  pays  froids,  elles  garantissent  même 
les  animaux  de  la  rigueur  des  saisons.  Le 
bœuf  dont  le  cuir  est  souple  et  mince ,  le 
poil  fin  et  brun,  est  sensible  à  l'ai* 
gui  lion. 

Nous  croyons  inutile  de  nous  arrêter 
à  prouver  que  la  constitution  des  bes- 
tiaux doit  être  robuste  et  leur  caractère 
docile;  mais  nous  ne  pouvons  nous  dis- 
penser de  dire  quelques  mots  de  leur 
nourriture,  de  leur  propagation  et  de 
leur  amélioration. 

Leur  alimentation  peut  avoir  lieu  au 
pâturage  ou  à  Tétable;  le  plus  souvent 
les  mêmes  animaux  sont  alternativement 
tenus  à  ces  deux  sortes  de  régimes.  Ils 
peuvent  consommer  les  substances  végé- 
tales les  plus  diverses ,  mais  qui  se  clas- 
sent ordinairement  sous  deux  chefs,  ce- 
lui de  la  nourriture  sèche  ou  d'hiver^  et 
celui  de  la  nourriture  verte,  La  nourri- 
ture sèche,  qui  consiste  principalement 
en  foin  et  en  grains,  se  donne  le  plus 
souvent  sans  aucune  préparation  ;  depuis 
quelques  années  on  concasse  aussi  les 
grains,  on  les  étuve  ou  on  les  met  en 
soupe.  La  distribution  de  la  nourriture 
verte  exige  quelques  précautions  sans 
lesquelles  la  santé  des  animaux  peut  être 
gravement  compromise.  La  quantité  des 
aiimens  doit  être  en  rapport,  non->seule^ 
ment  avec  la  destination  et  le  service  de 
l'animal ,  mais  encore  avec  son  âge  et  la 
saison. 

Par  le  moyen  d'alimens  abondans  et 
de  bonne  qualité,  ainsi  que  par  un  ré- 
gime hygiénique  bien  entendu ,  on  peut 
améliorer  notablementlesindividusd*nne 
espèce  quelconque;  mais  les  améliora- 
tions ainsi  obtenues  se  trouveraient  tou- 
jours à  une  seule  génération  et  ne  pour- 
raient jamais  constituer  une  race,  si  la 
procréation  ne  venait  les  fixer  et  les  pro- 
pager d'une  génération  à  Tautrc.  Par  une 
loi  invariable  de  la  nature ,  un  être  issu 
de  l'alliance  de  deux  antres  reproduit  le 
type  commun  de  ses  parens  et  présente 
en  outre  un  mélange  ou  une  sorte  de  fu- 
sion des  caractères  qui  les  différenciaient 
et  qui  les  constituaient  individus.  On  a 
tiré  parti  de  cette  double  observation 
ponr  greffer  sur  certains  individus  et 
]^rpét^er  dans  leur  postérité  des  carao- 
.tôre<  et  des  qualités  qui  leur,  étaient 


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BIS 


(«0) 


BËS 


étringtra;  o*«t  ainti  que  les  Anglais  ont 
«réé  leurs  chevaux  de  pur  tang,  que  les 
Saxons  ont  obtenu  leurs  brebis  électG«- 
rales,  et  que  Bakewell  a  façonné  ces 
porcs,  ces  boeufs  et  ces  moutons  qui 
semblent  n'éd?e  que  des  fabriques  de 
graisse^  Masî  quand  on  a  voulu  pénétrer 
plus  avant  dans  ces  phénomènes  où  tout 
est  mystère,  et  analyser  les  élémens  qui 
concourent  a  les  faire  nakre,  on  n*a  rien 
trouvé  <le  certain  et  de  précis;  loin  de 
s'accorder  sur  les  explications,  on  ne  s*est 
pas  même  entendu  sur  la  nature  des  faits. 
Ainsi,  les  uns  ont  prétendu  que  lorsque, 
par  des  croisemens  ou  par  un  choix  ju- 
dicieux des  individus  destinés  à  la  muK^ 
tiplication ,  on  est  arrivé  à  une  oerlatne 
perfeetion  de  la  race,  il  faut  la  perpétuer 
par  des  alliances  restreinlfos  aux  sujets 
de  la  même  Cimille;  d*autres  ont  soutenu 
que  par  ce  système  elle  ne  tarde  pas  à 
dégénérer.  De  même  quand  on  a  voulu 
distinguer  rinfluenee  du  mâle  et  celle 
•de  la  femelle  sur  leur  progéniture,  per*- 
aonne  n'a  pu  assurer,  comme  un  fait  con- 
stant et  positif,  ni  que  le  père  transmet 
plus  spécialement  les  formes  externes , 
surtout  celle  des  extrémités,  et  que  la 
mère  transmet  plutôt  sa  ressemblance 
dans  les  organes  internes,  ni  que  le  petit 
ressemble  plutéi  à  son  père  dans  la  par^ 
tie  antérieure  du  corps  et  a  sa  mère  dans 
son  train  postérieur ,  ni  qu'il  doive  être 
d'un  sexe  plutôt  que  de  l'autre  parce 
qu'il  y  aura  eu  une  différence  quelcon- 
que d'âge  ou  de  vigueur  entre  ses  pe- 
rens,  etc. 

Ce  serait  entrer  dans  trop  de  détails 
€[ne  de  parler  des  soins  journaliers 
qu'exige  le  bétail,  de  l'emploi  de  ses 
foroes ,  de  la  disposition  du  local  où  on 
le  tient,  ete.  Il  nous  suf6ra  de  dire  que 
les  maîtres  les  plus  empressée  à  lui  pro^ 
curer  une  habitation  saine  et  conunodie 
et  a  le  traiter  avec  douoeuir,  sont  juste- 
ment ceux  à  qui  il  rapporte  le  plus  de 
profit.  Voy,  BxaoEa,  Bx&OBmiE,  Ha- 
ras, Établb,  etc.  J.  Y. 

BBSTOUJEF  (et  non  BestU9cheff), 
nom  de  piusieurs  ftimilies  russes  qu'il  ne 
faut  pus  confondre  avec  les  Bcstoujef-- 
Rumine  (vo^.  l'art.  •  suivant).  Flusieufs 
personnes  des»nf»m  bnt  pris  ipert;  à  la 
«ottspîra&kmqul^owidbeilèsi'aiioée  1610^ 


éclata  à  Salnt-Péterahoorg  à  It  fib  4e 
1825,  et  notamment  trois  frères^Alexan^ 
dre,  Michel  et  Nicolas,  tous  oapilaines 
d'infanterie,  et  Pierre,  officier  de  martne* 
Alexandre,  ayant  été  rangé  par  U  haute* 
cour  de  justice  dans  la  première  de  ses 
catégories,  fut  oondamné  à  être  décapité; 
mais  l'empereur  Nicolas  commoa  oelte 
peine  (en  considénathn  de  ce  qu*U  4*est 
présenté  sponianémemt  à  /Voies  peur 
confesser  son  crime)  en  exil  en  Sibérie  t 
avec  travaux  forcés  pour  90  ans,  dégrs* 
dation  miliUire  et  de  la  noblesse.  Michel 
et  Nicolas,  rangés  dans  |a  seconde  esté* 
gorie,  furent  condamnés  a  la  dégradation, 
aux  travaux  forcés  à  perpétuité  en  Sibérie 
et  à  poser  leur  téie  sur  le  billot*  A  Tex- 
ceptioD  de  cette  demièpe  formalité»  leur 
sentence  ne  fut  pas  modifiée* 

M.  Albxavd&b  BettoHJef,  membre  de 
plusieurs  société  savantes  de  Eussie,  eit 
un  littérsteur  distingué.  U  a  publié  avec 
Eyléfef,  pendant  les  années  1823,  l<iâ4 
et  1826,  tin  almaoach  russe  intéressant 
qui  avait  pour  titre  i* Étoile  poiaire*  On 
a  encore  de  lui,  aussi  en  langue  russe  y 
unf'QyageàMepel(S%\ntr¥éiwh,,  1831) 
en  forme  de  lettres  et  semi^poétiquCy 
ei  un  Aperçu  de  la  littérature  russe  an^ 
cienne  et  moderne.  C'est  par  Rylélef 
(voj.),  son  intime  ami,  que  Bestoujef  fat 
affilié  à  la  conspiration  ;  depuis  le  moU 
d'avril  1825  il  faisait  partie  de  la  section 
supérieure  du  directoire.  Des  sentimoQs 
généreux,  mais  extravagans  par  leur  tuh- 
deur,  l'ont  égaré.  On  assure  que,  intsp- 
rogé  par  l'empereur  lui-même ^  il  lui  ftt^ 
sur  l'état  judiciaire  et  sur  l'administrer 
tion  en  Russie ,  des  révélations  inatleiH 
dues  qui  frappèrent  vivenaentle  monai^ 
que.  J.  H.  & 

BESa^OUJEF-RUMIliiB(et  non 
Beêtttscheff).  CeUe  famille,  k  oe  qu'on 
assure,  d'origine  anglaise  et  aaturaliaée 
en  Russie  au  xv*  siècle,  a  donné  a  cet  em- 
pire plusieurs  hommes  d*ét«t  do^t  Tun  s 
compté  parmi  les  plus  oélèbres  ministres 
du  siède  dernier.  Originairemont  son 
nom  fut  Bést;  mais  le  premier  boiard 
russe  qui  le  porta  prit  celui  de  BestoiyeC^ 
dit  Rumap  dont  Pierre- le-Grand  fit»  en 
ITOl,  Bufnme^  PiEnas  MixvaIu>titcI» 
Besloujef*-Rumine,  ministre  réildenft  de 
JUÉsînAHittbottiTg(iwrMa»elein,iift<> 


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BBS 


(4SI) 


BBS 


!•  titre  héréditaire  d«  oom^t;  set  deux 
&U,  TuB  et  Taytre  diplomates  ^  lui  ont  dû 
TexcelleAte  éduoalioo  qu'iU  ont  re^ue  à 
Beriio  el  eo  d*auurea  eodroita  bon  de 
l'empire. 

L'aloé  parait  avoir  été  It  comte  Mi^ 
iCXSL  PiT&oviTCS,  mort  à  Tàge  de  74  ans, 
en  1760,  eoiMeUler-privé<>actuel  et  cbe- 
¥aiier  de  Saintr André.  Eo  1731,  après  la 
paia  de  I^yttadt,  il  fnt  envoyé  comme 
miaiatre  à  Stockholm,  et  Pierre-le-Grand 
lui  domia  dea  ÎMiructiooa  particulières 
•i  détaillées  qu*on  peut  lire  daus  StefaUn, 
^aecdoUê  dt  Piem^ie-Grandy  p.  fi  19. 
Cal  auteur  dit  que,  sons  le  rè^e  d'Éiisa- 
heth, Michel  Pétrovitch  fut  nommé  grand- 
maréchal  de  la  cour  ;  mabde  1 756  à  1 7  60 
il  ocaupa  le  poète  d*ambamadeur  russe  à 
Paris.  Ce  fui  la  femme  de  ce  diplomate, 
aceor  du  comte  Gollofkîne  dont  elle  ne 
pouvait  supporter  la  di4graee,qoi  eotra,en 
1748|  avec  les  Lapoukhine,diMi8UD  oom- 
plol  tramé  contre  la  personne  d*Élisa^ 
betb.  L'£stocq  eu  fut  instruit  à  temps,  et 
la  comtesse  Bestoujef,  avec  les  autres 
ooajurés,  reçut  le  knout,  eut  la  langue 
coupée  et  fui  envoyée  en  Sibérie.  Il  pa- 
rait que  le  marqub  de  BotU,  chargé  d'af- 
laires  d'Autriche^  mêla  dans  cette  affaire 
la  nom  du  roi  de  Prusse,  et  c'est  peut- 
être  14  l'origine  de  U  haine  d'Elisabeth 
•outre  Frédéric  ll(/7>ir  IManstein,  pag. 
613-616). 

M  aie  l'homme  U  plus  célèbre  de  cette 
funille  fut  le  comte  Âlbxu  Pét^otitch 
Bestoujef-Rumine ,  grand^ahanoelicr  et 
ohevalier  des  ordres  de  Russie,  sénateur, 
etc.  U  naquit  à  Moscou,  en  1 603,  et  reçut, 
avec  son  frère,  une  bonne  éducation 
dans  les  pays  étrangers  où,  de  bonne 
beure,  il  se  dégagea  des  préjugés  dont  k 
oettn  époque  presque  tous  les  Russes 
éuient  encore  imbus.  Ayant  accompagné 
Pierre- le-Grand  dans  son  voyage  en  An- 
gleterre, il  passa,  avec  sa  permission,  au 
aervâcede  Georges  I^',  qu'il  avait  déjà 
suivi  oommepage  ou  comme  gentilhomme 
de  la  chambre,  braque  ce  roi  n'était  en- 
core qu'électeur  de  Hanovre.  Cest  k  h 
cunr  de  Georges  que  Bestoojef  fit  l'ap- 
prentissage de  la  diplomatie;  cependant 
dm  retour  en  Russia,  en  It  IS,  il  n'entMi 
paa  d'abord  duM  natta  caivièray  naia  11 


fut  placé  an  qualité  de  gentilfaomine  de  la 
chambre  près  de  la  personne  delà  granda- 
priiu:esse  Anne  Ivanovna,  alors  duchesse 
douairière  de  Courlaode.  Cest  dans  cette 
position  qu'il  se  lia  avec  le  fameux  comte 
deBireo  ou  Buren  (voy.)  dont  plus  tard  il 
manqua  de  partager  la  mauvaise  fortune. 
Peu  après  son  avènement  (1780),  Anne 
nomma  Bestoujef  son  résident  à  Ham- 
bourg; puis,eB  17  34,8on  ministreà  Copen- 
hague. Dans  le  dessein  de  l'opposer  à  la 
vieille  expérience  du  comte  Ostermann 
dont  l'influence  contrariait  souvent  les 
plans  de  Biren,  celui-ci  le  fit  rappeler,  en 
1740,  et  à  son  instigation  Bestoujef  i\it 
nommé  conseiller  privé  et  membre  de  son 
cabinet.  Mais  Anne  mourut  bientôtaprès  ; 
Biren  ne  tarda  pas  à  tomber  du  faite  des 
grandeurs,  et  ce  ne  Ait  que  par  miraele 
que  Bestoujef  échappa  aux  fers  qui  lui 
étaient  destinés.  Cependant  il  resta  sans 
emploi  sons  le  jeune  Ivàn. 

A  peine  Elisabeth  s'était  emparée  du 
sceptre,  avec  le  secours  de  L'Estocq,  que 
ce  favori  lui  conseilla  d'appeler  Bestou- 
jef à  la  direction  des  affaires  étrangères. 
Il  fut  nommé  vice-chancelier  et  sénoteur, 
et  même  grand-chancelier,  le  15  juillet 
1744 ,  à  la  mort  du  prince  Tcherkasskof. 
Après  avoir  rendu  compte  de  cette  no- 
mination, Manstein  (p.  533  de  l'or,  ail.), 
igoute  :  «  Il  ne  manque  pas  de  distceme- 
ment,  et,  par  une  longue  routine,  il  con- 
naît fort  bien  les  affaires,  étant  d'ailleurs 
très  laborieux.  Msis  d'un  autre  côté  il 
est  d'un  caractère  altier ,  avare,  débau- 
ché, faux,  et  si  vindicatif  qu'il  n'a  jamais 
pardonné  à  ceux  qui  ont  choqué  son  or- 
gueil ou  qui  ont  touché  à  son  intérêt.  » 
Toutefois ,  il  servit  bien  son  pays  ;  en 
1749  il  conclut  une  alliance  avec  l'An- 
gleterre, et  l'année  suivante,  avec  la  Suè- 
de, le  traité  d'Abo  par  lequel  la  succes- 
sion au  trône  de  ce  royaume  du  Nord  fut 
réglée  suivant  les  désirs  de  la  Russie.  Ce 
traité  fut  suivi  d'une  alliance  avec  la 
Suède  et  d'une  autre  avec  la  Saxe.  Par 
tous  ces  succès  il  établit  si  bien  son  cré- 
dit auprès  d'Elisabeth  qui,  comme  ou 
sait,  avait  une  extrême  répugnante  pour 
les  affaires,  qu'il  déjoua  sans  peine  les 
intrigues  tramées  contre  lui  et  secrète- 
ment appuyées  par  rhérkier  du  tréne. 
Eat  1746  il  entra  dans  la  ligne  formée 


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BES 


432) 


bES 


cotttre  U  PrOfse  par  les  cabineU  deVienne 
et  de  Dresde,  et,  à  cette  occasion ,  Bes- 
toujef  est  formellement  accusé  de  s*étre 
laissé  gagner  à  prix  d'argent  (Fbit  Dohm 
DenfitvûrdigkeUen  f  tom.  IV,  p.  196, 
sqq.  ).  Kaunîtz  mêla  ainsi  Tempire  mos^ 
covite  aux  affaires  de  l'Europe ,  et  de- 
puis ce  temps  il  y  a  toujours  pris  une 
part  active  et  presque  prépondérante. 

Non  content  de  contrarier  les  aiîec- 
tions  àk  grand*prince  héritier,  le  chance- 
lier Bestoujef  le  brava  encore  en  formant, 
en  1746,  une  alliance  avec  le  Danemark 
et  en  préparant  la  cession  à  ce  royaume 
du  Slesvig  et  du  Holstein.  En  1747  il 
conclut  un  nouveau  traité  d'alliance  avec 
l'Angleterre ,  à  Saint-Pétersbourg,  et ,  à 
l'efTet  d'accélérer  la  conclusion  du  traité 
de  paix  d'Aix-la-Chapelle,  il  s'engagea 
à  faire  marcher  à  travers  l'Allemagne 
un  corps  auxiliaire  russe  de  30,000  hom- 
mes ou  au-dessus.  Ce  corps ,  sous  la  con- 
duite du  prince  Repnine,  traversa  en 
effet  les  états  autrichiens,  pénétra  dans 
la  Franconie  et  marchait  sur  le  Rhin 
quand  il  fut  arrêté  par  la  mort  de  son 
chef  et  par  la  convention  du  2  août  1 748 
qui  fut  suivie  de  la  paix  du  18  octobre, 
dont  l'intervention  de  la  Russie  déter- 
mina ainsi  la  conclusion. 

Sûr  de  son  crédit,  Bestoujef  osa  ren- 
verser, en  1748 ,  le  comte  de  L'Estocq, 
qui  favorisait  le  parti  prussien  dont 
Pierre  Fœdorovitch  était  le  chef.  Après 
avoir  adhéré  à  l'alliance  de  la  France  et 
de  l'Autriche  contre  Frédéric-le- Grand, 
il  poussa  son  antagonisme  contre  l'héritier 
d'Elisabeth  jusqu'à  chercher  à  l'exclure 
de  la  succession ,  en  y  faisant  appeler, 
de  préférence,  le  jeune  Paul,  son  fils. 
Mais  loin  de  réussir,  cette  entreprise  té- 
méraire devint  l'occasion  de  la  chute  du 
ministre.  Apraxine  [voy,)y  qui  comman- 
dait l'armée  russe  envoyée  contre  Frédé- 
ric ,  agissait  de  concert  avec  le  chance- 
lier ;  au  lieu  d'avancer,  après  la  bataille 
de  Gross-Jegemdorf ,  il  revint  sur  ses 
pas,  suivant  les  uns  pour  soutenir  les 
projets  de  Bestoujef,  suivant  les  autres 
pour  ne  pas  se  compromettre  avec  le 
grand-prince  ^  mais,  en  tout  cas,  sur  l'or- 
dre formel  du  chancelier  et  à  l'insu  d'Ë- 
Usabeth  qu'on  croyait  .mourante.  L*im* 
pératrice  s*étant.réublie  demanda  T^t 


plication  de  la  marche  rétrograde  de  ses 
troupes  ;  et ,  ne  recevant  pas  de  réponse 
satisfaisante,  elle  fit  tomber  tout  son 
courroux  sur  l'auteur  de  la  mesure.  Au 
commencement  de  Tannée  1758  BestoiH 
jef  fut  arrêté ,  dépouillé  de  ses  titres  et 
honneurs,  accusé  de  hante  trahison,  et 
reconnu  coupable  par  la  commission 
nommée  à  cet  effet.  L'impératrice  toute- 
fois lui  fit  grâce  de  la  vie;  mais  la  ma- 
jeure partie  de  ses  biens  fut  confisquée 
et  lui-même  exilé  dans  la  moins  impor- 
tante de  ses  terres  située  à  80  lieues  de 
Moscou.  Bestoujef  supporta  sa  disgrâce 
avec  fermeté,  trouvant  sa  consolation 
dans  l'affection  de  sa  femme  et  de  son 
fils  qui  avaient  voulu  partager  son  exil, 
et  dans  de  fréquentes  lectures  de  la  Bible 
dont  il  fit  imprimer  plus  tard  quelques 
extraits,  en  allemand  et  en  franaiis,80us 
ce  titre  :  Passages  choisis  de  l'Ècriture- 
Sainte,  recueillis  pour  servir  de  conso- 
lation à  tout  chrétien  souffrant  injuste- 
ment. 

En  1762  Catherine  II  le  rappela  h 
Saint-Pétersbourg,  lui  rendit  ses  hon- 
neurs, lui  conféra  le  rang  de  feldmaré- 
chal-général ,  le  nomma  sénateur  et  lui 
assigna  un  revenu  considérable;  eUe  fit 
publier  et  afficher  dans  les  églises  un  ou- 
kase (31  août  1762  )  par  lequel  sa  con- 
damnation fut  déclarée  injuste.  Cepen- 
dant il  n'obtint  plus  aucune  influence  et 
mourut  en  1766,  au  moment  où  il  son- 
geait à  déshériter  son  fib  unique,  con- 
seiller-privé-actuel  et  chambellan.  Ce  fils 
mourut  en  1768. 

Le  comte  Bestoujef-Rumine  était  un 
homme  d'un  grand  talent  et  d'une  extrême 
activité,  mais  il  était  peuacrupuleux  dans 
le  choix  des  moyens  qui  devaient  le  me- 
ner à  son  but.  Sa  noble  conduite  dans  le 
malheur  honore  sa  carrière,  mais  elle  ne 
peut  faire  oublier  les  défauts  que  lui  re- 
proche Manstein  et  dont  la  plupart  de 
ses  contemporains  l'ont  accusé.  Voici  le 
jugement  bien  sévère  que  porte  de  lui 
Rulhière  :  «  C'était  le  Russe  Bestuchel, 
génie  vi^ureux,  mais  sans  culture  (?), 
sans  morale,  sans  aucun  soin  de  sa  ré- 
putation. La  cour  le  croyait  -audacieux, 
parce  qu'il  méprisait  toute -pudeur  et 
que  jamajûi:  il  n'employa  l'intrigne  où 
|K)«wt  réOftMr  rimfitiidtfibe;  Sapolitir 


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BES 


(483) 


BET 


que  était  de  croire  qu'on  peut  toujours 
faire  à  un  autre  homme  la  proposition 
d'un  crime...  Ce  ministre  perdu  de  luxe, 
comme  le  furent  tous  les  courtisans  sous 
ce  rèjçne,  trouvait  une  ressource  perpé- 
tuelle à  sou  désordre  en  vendant  Talliance 
de  sa  cour  aux  puissances  étrangères. 
Aussi  soutenait-il  dans  le  conseil  «  que 
l'état  naturel  de  la  Russie  est  la  (pierre; 
que  son  administration  intérieure,  son 
commerce,  sa  police,  toute  autre  vue 
doit  être  subordonnée  à  celle  de  régner 
au  dehors  par  la  terreur,  et  qu'elle  ne 
serait  plus  comptée  parmi  les  puisstances 
européennes,  si  elle  n'avait  pas  100,000 
hommes  sur  ses  frontières,  toujours  prêts 
à  fondre  sur  l'Europe  ».  Histoire  de  l'a- 
narchie de  Pologne  f  1. 1,  p.  172. 

Outre  cet  ouvrage  et  celui  de  Man- 
•tein,  il  faut  consulter  Busching,  Maga- 
zin,  t.  II,  p.  417  et  suiv.  Ce  laborieux 
savant  était  bien  vu  du  chancelier  qpi 
«fTectionnait  les  Allemands. 

On  attribue  au  chancelier  Bestoujef 
la  première  préparation  (lt26)  de  la 
tinctura  tonica  nervitta  Besturhcffi, 

Bkstoujef- Rumine  {Michel) ^  sous- 
lieutenant  dans  le  régiment  d'infanterie 
de  Poltava,  appartenait  à  une  autre  bran- 
che de  la  même  famille.  Vers  l'année 
1 820  il  entra  dans  un  complot  tramé  con- 
tre la  vie  de  l'empereur  Alexandre^  et  qui, 
ayant  pour  but  d'amener  une  révolution 
en  Russie,  avait  son  principal  siège  à 
Toullchine,  dans  la  Petite-Russie.  En 
1823  il  fut  chef  de  l'un  des  comités  de 
V Union f  et  c'est  alors  qu'il  parait  avoir 
adhéré  au  projet  de  Mathieu  Mouraviof- 
Apostol,  du  colonel  Pestel,  du  prince 
Serge  Vol khonski,  de  Davouidof  et  de 
plusieurs  autres  militaires,  d'exterminer 
la  famille  impériale.  Ce  fut  par  l'organe 
de  Bestonjef-Rumine  que  le  directoire 
de  Toultrhine  entra  (1824)  en  négocia- 
tions avec  la  société  secrète  de  Varsovie, 
dont  le  but  était  l'indépendance  de  la 
Pologne  sur  l'ancien  pied,  et  qui  devait 
agir  de  concert  avec  les  sociétés  russes 
(Voir  le  Rapport  de  la  commission  d'en- 
guéte,  pag.  47-48).  En  janvier  1826  il 
fut  pris  les  armes  à  la  main,  dans  Tin- 
aurrection  qui  éclata  à  cette  époque  près 
de  Vassiikof  dans  le  gouvernement  de 
Kiefy  dont  Mouraviof-Apostol  ^  lieute- 

Mneyclop.  d.  C.  dl  M,  Toma  UL 


nant-coYonel  du  régiment  d'infanterie  de 
Ti^ernij»of ,  avait  donné  le  signî^l  et  dont 
nous  ferons  çonnaitre  ailleurs  tes  détails. 
Par  sentence  de  la  hautc-cour  spéi  iale 
de  justice^  il  fut  placé,  avec  quatre  autres 
accusés,  hors  des  catégories  établies,  va 
Vènorinité  de  leurs  forfaits  y  et  condamné 
à  être  écartelé  comme  régicide.  Mais 
Tempcrcur  Nicolas  ayant  commué  la 
peine  de  la  plupart  des  autres  et  aban- 
donné les  cinq  principaux  coupables  a  la 
décision  de  la  haute-cournntionale ,  ils 
furent  simplement  condamnés  à  être  pen- 
dus» par  arrêt  du  11/23  juillet  1826. 
Deux  jours  après,  à  4  heures  du  malin, 
cette  juste  sentence  reçut  son  exécution 
sur  les  glacis  de  la  forteresse  de  Saint- 
Pétersbourg.  Bestoujef  eut,  avec  deux 
de  ses  compagnons  d'infortune,  le  mal- 
heur de  tomber  à  bas  du  gibet,  la  corde 
ayant  été  mal  affermie  autour  de  leur 
cou;  un  quart-d'heure  après  il  cessa  de 
vivre.  J.  H.  S. 

BÊTE,  BÊTISE.  Une  bête  n'est  pas 
seulement  un  homme  privé  de  cette  fa- 
culté brillante  que  nous  avons  nommée 
esprit;  l'absence  de  cette  faculté  ne  suf- 
fit pas  pour  constituer  la  bêtise.  Il  faut 
encore,  pour  bien  motiver  cette  expres- 
sion méprisante,  le  manque  d'intelli- 
gence, l'absence  du  sens  commun.  Mais 
notre  amour-propre  est  en  général  trop 
pressé  d'en  faire  l'application  à  d'autres 
pour  adopter  cette  définition ,  et  nous 
donnons  facilement  un  brevet  de  bêtise 
à  ceux  que  nous  jugeons  moins  spirituels 
que  nous. 

La  bêtise,  même  absolue,  a  pourtant 
son  mérite,  si  on  la  compare  à  la  sot- 
tise. La  première  sait  se  rendre  justice 
et  se  mettre  de  côté  quand  le  talent  passe  ; 
la  seconde  se  place  en  travers  sur  son 
chemin,  et  quand  elle  a  reçu  quelque 
avanie,  elle  se  console  en  songeant  qu'on 
s'est  occupé  d'elle.  Aussi  l'on  vit  aisé* 
ment  avec  l'une,  tandis  que  l'on  fuit  l'au- 
tre. On  dit  :  C'est  une  bonne  béte;  on  ne 
dit  pas  :  C'est  un  bon  sot, 

11  y  a  la  bêtise  de  l'esprjt  et  surtout 
du  génie  ;  La  Fontaine  avait  cette  der- 
nière, n  Les  gens  d'esprit  ont  des  plans  bê- 
tes >»,  a  dit  une  femme  éminemment  douée 
du  premier  :  mot  plus  fin  et  plus  vi  ai  que 
celui  de  Beaumarchais.  Une  autre  femma 


18 


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immole.  C'est  par  la  même  raison  que  la 
pollronnene  nous  plait  toujours  beau- 
coup sur  la  scène  :  en  s*amusant  d'elle 
diaque  spectateur  se  persuade  qu'il  a  du 
ooura^e. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  ce 
qq'on  appelle  une  bêtise  n'est  pas  tou- 
jours re&pressloQ  de  la  pensée  d'une 
b^ie.  Il  est  des  bétîses  spirituelles,  de 
bonnes  et  franches  bêtises,  qui,  par  un 
rapprochement  inattendu ,  une  contra- 
diction bizarre,  excitent  une  explosion 
dt  surprise  et  de  gaité.  On  a  cité  comme 
une  des  meilleures  bêtises  celle  de  ce  per- 
ionnage  d'un  de  nos  vaudevilles,  qui  di- 
sait très  sérieusement  :  «  Si  je  savais  un 
paysoik  l'on  ne  mourut  pas,  j'irais  y  finir 
mes  jours.  »  Ces  bonnes  fortunes  sont 
rares  au  théâtre;  une  bêtise  saqs  naturel 
n'y  est  plus  qu'une  sottise.  M.  O. 

BÉTEL.  C'est  tout  à  la  fois  le  nom 
d'une  plante  et  celui  d'une  composition 
tris  usitée  d^ns  l'Inde.  Le  pfpcr  hetle 
croit  dans  oe  pays  et  aux  IVf oluqucs ,  et 
•es  feuilles  sont  employées  par  les  Java- 
nais comme  le  tabac;  le  suc  qu'elles  four- 
nissent est  aussi  considéré  par  eux  comme 
an  précieux  médicament. 

Ija  préparation  appelée  bétel  se  com- 
pose en  effet  des  feuilles  et  même  des  jeu- 
net fruits  du  poivrier  que  nous  venons 
de  noauner,  et  quelquefois  de  celles  d'un 


vive,  qui  y  entre  pour  on  quart,  enfin 
de  noix  d'arec,  areca  cathecu,  qui  forme 
la  moitié  du  poids  total.  Dans  quelques 
pays  seulement  le  tabac  fait  partie  de  ce 
mélange ,  dont  il  se  fait  une  grande  con- 
sommation, attendu  que  les  personnes 
des  deux  sexes  et  de  toute  condition  en 
font  usage  et  qu'on  en  offre  à  ceux  qui 
viennent  faire  visite. 

On  mâche  le  bétel  habituellement,  à 
peu  près  comme  les  matelots  font  du  ta- 
bac :  la  saveur  acre  qu'il  présente  n'a  rien 
de  désagréable;  seulement  lorsqu'on  n'y 
est  pas  encore  habitué  on  éprouve  un 
peu  d'ivresse.  Il  colore  en  rouge  la  sa- 
live, noircit  les  dents,  les  altère  et  les 
détruit  même  jusqu'au  niveau  des  gen- 
cives,  sans  cependant  produire  de  dou- 
leur. 

Le  bétel  peut  être  considéré  comme 


BET  (  484  )  MET 

<Mt  é$  Tkomu  :  <  Son  ploi  grand  dé-  |  antre  poivrier,  pîper  tirBoa,  de  thtnx 
IkttI  €$t  de  n'être  jamais  bête.  »  '  ' 

On  a  dit  H  y  e  long-temps  que  l'ar 
aour 

En  gens  «Tetprit  change  les  bét«t, 
£t  r«od  t>étes  les  geas  d'esprit 

Il  en  est  de  même  de  plus  d'une  autre  pa» 
sîon  :  la  haine,  la  colère,  prêtent  par- 
Ibis  à  un  homme  très  vulgaire ,  très  peu 
intelligent,  des  expressions  énergiques 
et  pittoresques ,  tandis  que  Thomme  de 
talent  irrité  perdra  tous  ses  avantages  et 
ne  trouvera  pour  exhaler  son  courroux 
que  des  idées  basses  et  des  expressions 
plus  que  communes.  Sous  ce  rapport, 
Voltaire  lui-même  a  été  bête  quelque- 
fois. 

Rire  des  bêtises  et  aux  dépens  des 
bêtes  est  une  de  nos  jouissances  les  plus 
TÎves  au  théâtre  :  c'est  que  notre  vanité 
fait  une  comparaison  continuelle  et  fausse 

entre  nous  et  l'être  stupide  que  l'on  nous  ^   un  astringent  puissant,  et  les  naturels 

des  régions  équatoriales  le  regardent 
comme  un  objet  de  première  nécessité 
qui  balance  l'action  énervante  de  la  cha- 
leur et  qui  les  garantit  des  fièvres  et  des 
dyssenteries  communes  et  funestes  dans 
ces  climats.  Les  étrangers  se  trouvent 
bien  d'adopter  cette  coutume  locale.  En 
effet,  les  usages  généraux  sont  quelque- 
fois les  résultats  de  l'expérience,  et  il  est 
bon  de  s'y  conformer  lorsqu'on  e^t  ap- 
pelé à  changer  de  climat*  F.  R. 

BETH-EL  (maison  de  Dieu) y  ville 
sur  une  montagne  au  couchant  d'Aï, 
entre  Sichem  et  Jérusalem,  autrefois 
Louz;  depuis  Jéroboam,  siège  du  culte 
des  veaux.  C'est  là,  sur  les  confins  des 
tribus  d'Lphraîm  et  de  Benjamin  9  que 
Jacob  s'arrêta  la  première  nuit  en  fuyant 
son  frère.  Selon  les  rabbins,  la  pierre  sur^ 
laquelle  Jacob  reposa  en  cet  endroit  fut 
mise  dans  le  sanctuaire  du  temple  et 
l'on  plaça  dessus  l'arche  d'alliance.  Les 
Mahométans  croient  que  c'est  leur  tem- 
ple de  la  Mecque  qui  est  fondé  sur  cette 
pierre.  Scaliger  (Jnirnadv.  adEuseb,^ 
p.  198)  dit  que  c'est  de  l'onction  da 
la  pierre  par  Jacob  qu'est  venu  le  nom 
de  Bétyles  (  vo/.),  pierres  célèbres  dans 
l'ancien  paganisme  et  qu'on  adorait 
comme  symboles  de  la  divinité.     S.  C. 

BÉTHESDA,    étang  de  Jérusalem 
qui,  à  certaines  pério4es^  renfermait  des 


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BET 


(««) 


BET 


prdprlMt  ^ritWefl,  et  ah  l'on  m  M- 
gnaît  pcfUr  échapper  à  diverses  mahdies 
(  F,  Év.  de  saint  Jean  ▼,  1  et  suiv.  ).  On 
ne  sait  pas  dans  quelle  partie  de  Jérusa- 
lem cet  étang  était  situé,  car  la  tradition 
qui  le  place  au  sud  et  derrière  la  mon- 
tagne du  temple  ne  repose  sur  aucun  fon- 
dement solide.  Cependant  on  est  parti  de 
ettte  donnée  pour  établir  que  c'est  le 
sang  des  victimes  immolées  au  temple 
qui  lui  communiquait  des  propriétés  sa- 
lutaires. Eusèbe  dit  positivement  qu'il 
avait  une  teinte  rouge  très  prononcée; 
mais  on  pourrait  l'attribuer  aussi  au  mé- 
lange d'ocre.  Cin(|  réservoirs  de  eet  étang 
étaient  entourés  de  galeries  couvertes 
tous  lesquelles  les  malades  attendaient 
que  l'eau  se  mit  en  mouvement.  «  Un 
ange  descendait  en  certains  temps  au  la- 
voir et  troublait  Teau ,  et  alors  le  premier 
qui  descendait  au  lavoir  était  guéri ,  de 
quelque  maladie  qu'il  fàt  détenu.  »  Ainsi 
s'exprime  le  récit  évangélique;  mais  de 
savans  critiques  regardent  le  verset  4* 
comme  une  évidente  interpolation.      ^ 

On  dit  figurément  :  Attendre  aux  sour- 
ces de  Béthesda  pour  marquer  l'attente 
de  quelque  événement  heureux.  J.  H.  S. 

BBTHLÉHeNy  ville  de  la  tribu  de 
Juda,  éloignée  de  Jérusalem  d'environ  5 
lieues,  et  qu'on  distinguait  de  celle  de 
la  tribu  de  Zabulon  en  ajoutant  de  Juda. 
Elle  portait,  dans  les  temps  antérieurs  à 
Moïse,  le  nom  d'Éphrat  ou  Éphrata  qui, 
comme  Bethléhem  (maison  de  pain),  fait 
allusion  à  la  fertilité  de  la  contrée.  Cet 
ancien  nom  se  trouve,  dans  plusieurs  pas- 
sages de  la  Bible,  uni  au  nom  plus  mo- 
derne de  Bethléhem,  particulièrement 
dans  la  prophétie  de  Michée  (ch.  v).  11 
est  question  de  Bethléhem,  dans  le  livre 
des  Juges,  comme  de  la  ville  natale  de 
Booz;  dans  le  l^""  livre  de  Samuel,  comme 
de  la  ville  natale  du  roi  David.  Au  2^  li- 
^re  de  Samuel  on  voit  trois  des  guer- 
riers qui  accompagnaient  David  persé- 
cuté par  SàÛl ,  lui  procurer,  au  péril  de 
leur  vie,  de  l'eau  du  puits  de  Bethléhem 
qu'il  refuse  de  boire  en  frémissant  du  dan- 
ger au|uel  s'étaient  exposés  pour  lui  ses 
compagnons  d'armes.  Bethléhem  est  sur- 
tout remarquable  comme  le  lieu  de  nais- 
sance de  Jésus^Cbrist,  désigné  d'avance 
par  le  prophète  fiiichée,  J^ea  docteurs 


jqffihrtefprétil6iitceiteproi>iétl»e»«wiia 
l'entendent  encore  aojourahui  les  chré** 
tiens;  dans  l'Évangile  de  saint  Matthieu 
on  les  voit  répondre  en  citant  les  paroles 
de  Michée  au  roi  Hérode  nui  fetir  de- 
mandait oÀ  devait  naître  le  Messie.  L« 
dernier  fttit  qui  se  rattache  au  nom  de 
Bethléhem  est  le  massacre  des  enfans  d# 
cette  bourgade,  eiécnté  par  ordre  d'Hé- 
rode,  dans  l'intention  de  faire  périr  le 
Christ  dont  la  naissapce  commençait  à 
fahre  du  bruit  parmi  le  peuple  et  pouvait 
fournir  à  ceux  qui  détestaient  la  domi- 
nation étrangère  un  prétexte  de  soulève- 
ment. B-D. 

BETHLEN  (GABBitL^,  connu  sous 
le  nom  de  Bethlcit-Gaboe  (à  raison 
d'un  usage  de  Hongrie  d'après  lequel  le 
nom  de  baptême  suit  le  nom  de  famille) , 
naquit  en  1580,  d'une  famille  riche  et 
distinguée  de  la  Haute- Hongrie,  qui 
avait  embrassé  la  religion  protestante. 
Dans  les  troubles  qui  agitèrent  la  Tran- 
sylvanie, pendant  les  règnes  de  Sigis- 
mond  et  de  Gabriel  Bathori ,  Bethlen  sut 
se  faire  des  amis  parmi  les  grands  du 
pays,  et,  après  la  mort  de  ces  deux  mal- 
heureux princes,  en  1613,11  parvint, 
avec  l'appui  de  la  Turquie,  à  se  faire 
nommer  prince  de  Transylvanie ,  la 
maison  d'Autriche  n'étant  pas  alors  eu 
mesure  de  faire  valoir  contre  lui  ses  pr^ 
tentions.  Lorsqu'on  1619  les  États  de  la 
Bohème  se  révoltèrent  contre  l'Autriche, 
Bethlen  entra  en  alliance  avec  eux,  pé- 
nétra avec  une  forte  armée  dans  la  Hon- 
grie, prit  Presbourg,  menaça  Vienne,  et 
se  fit  élire  roi  de  Hongrie  le  25  ao6t  1 620, 
Mais  la  fortune  ayant  de  nouveau  favo- 
risé les  armes  impériales ,  Bethlen  fit  la 
paix  avecFerdinand, renonça  au  royaume 
et  au  titre  de  roi ,  et  en  fut  dédommagé 
par  la  possession  de  la  ville  de  ^.aschau, 
de  sept  comitats  hongrois  et  des  princi- 
pautés silésiennes  d'Oppelp  et  de  Ratibor« 
Mais,  turbulent  et  guerrjer,  il  reprit  les 
aimes  en  1628  et  s'avança  avec  60,000 
hommes  jusque  vers  Bruno  en  Moravie, 
où ,  n'ayant  pas  pu  joindre  ses  troupes  fc 
celles  du  duc  Chrétien  de  Brunswick,  11 
fut  obligé  de  conclure  un  armistice  et  de 
faire  de  nouveau  la  paix  (  1624J  aux  con- 
ditions de  la  dernière.  Une  nouvelle  rup- 
ture, eu  1626,  resu  encore  saos  eflat  ^  à 


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BET 


(486) 


BET 


Usuite  deU  défaite  da  comte  deMansfeld 
sur  lequel  Bethleii  avait  compté.  Betlilen- 
Gabor  mourut  sans  eiifans,  en  1629. 
Par  son  testament,  il  recommanda  son 
pays  cl  sa  femme  à  Fempereur  romain 
Ferdinand  II ,  nomma  pour  exécuteur  de 
sa  dernière  vulonté  l'empereur  othoman, 
et  légua  à  chacun  d*eux,  de  même  qu'au 
roi  romain  Ferdinand  III,  un  beau  che- 
val richement  enharnaché  et  40,000  du- 
cats comptant.  ,  C.  L, 

BETIIMANN  (les  fràres),  célèbre 

maison  de  banque  à  Francfort- sur- le- 

MeÎD,  fondée  en  1748.  (.es  héritiers  de 

celte  maison   possèdent  une  galerie  de 

.  tableaux  célèbre.  X. 

BETHMANN  (Faéni^.RiQUE-AiiGus- 
te-Conradikk),  née  Flittner,  mariée 
d^abord  à  Tacteur  comique  Unzelmann, 
et  puis  à  un  acteur  moins  connu  appelé 
Bethmann,  naquit  à  Gotha,  en  1766,  et 
mourut  à  Berlin, en  1814.  Elle  occupa, 
sur  le  théâtre  allemand,  un  des  rangs 
les  plus  distingués.  Sa  voix  agréable  la 
porta  à  s'essayer  d'abord  dans  lopéra 
que,  même  dans  la  suite,  elle  n'abandonna 
pas  tout-à-fait.  Bientôt  elle  eut  un  succès 
de  vogue,  tant  pour  son  chant  mélodieux 
que  pour  bon  jeu  expressif  dans  toute 
espèce  de  t6\^\  appelée  avec  Unzelmann 
au  théâtre  de  Berlin,  elle  continua  de 
s'y  perfectionner.  En  1803  elle  se  sépara 
de  son  mari  et  épousa  l'acteur  Bethmann. 
De  l'esprit,  du  sentiment,  une  voix  har- 
monieuse, réunis  à  un  physique  agréa- 
ble et  eipressif  et  à  l'art  de  dire  avec 
goût  et  intelligence  les  rôles  les  plus  di- 
vers, firent  d'elle  une  artiste  accomplie. 
Dans  la  tragédie  comme  dans  la  comé- 
die, elle  réussit  également;  mais  son 
triomphe  fut  surtout  dans  les  rôles 
naïfs.  C  L. 

BÉTHUNE,  voy\  Sully. 

BÉTIQUË,  nom  d'une  division  de 
TEspagne  ou  Ibérie  occidentale,  sous  les 
Romains.  Ces  derniers  divisaient  Tlbérie 
occidentale  en  Lusiunie  et  eu  Bétique  ; 
l'Anas  formait  la  limite  entre  les  deux 
provinces.  Celle  de  Bétique  tirait  son  nom 
du  fleuve  Bétis  ou  Guadalquivir;  cepen- 
dant César  ne  parait  pas  avoir  connu  ce 
nom,  qu'on  trouve  dans  Plutarque,  Pline, 
Sénèque,  etc.  La  Bétique,  habitée  par 
IcsTurdules,  qui  paraissent  être  le  même 


peuple  qne  les  Turdéuîns,  par  les  Bas- 
tedani  et  les  Cellici ,  était  bornée  au  sud 
par  la  Méditerranée,  au  nord  et  à  l'ouest 
par  l'Anas ,  et  n'avait  pas  de  limites  cer- 
taines du  côté  de  l'est.  J.  H.  S. 

BÉTIS  y  voy.  l'article  précédent  et 
Guadalquivir. 

BÉTON,  espèce  de  mortier  composé 
avec  des  recoupes  de  pierre,  du  caillouiage 
et  de  la  chaux,et  qui  s'emploie  ordinaire- 
ment dans  les  travaux  hydrauliques.  Les 
anciennes  voies  romaines  sont  en  partie 
faites  avec  ce  mortier;  elles  étaient  com- 
posées de  4  couches.  La  première  était 
formée  par  un  ou  deux  rangs  de  pier- 
res plates  posées  à  bain  de  mortier;  la 
deuxième  d'une  maçonnerie  de  blocage 
bien  battue.  Sur  cette  maçonnerie  on 
étendait  une  troisième  couche  faîte  avec 
du  gravier  bien  broyé  et  de  la  chaux 
nouvellement  éteinte.  On  posait  ensuite 
sur  celte  dernière  couche  le  pavé,  que 
l'on  enfonçait  *en  le  battant.  Les  che- 
mins dont  la  superficie  n'était  pas  pavée 
en  grandes  pierres  étaient  terminés  par 
une  couche  de  béton ,  composé  de  gra- 
vier broyé  avec  de  la  chaux;  on  réservait 
les  cailloux  les  plus  gros,  qu'on  enfonçait 
ensuite  dans  ce  béton,  pour  former  la  sur- 
face  supérieure.  Dans  les  travaux  hydrau- 
liques on  compose  le  béton  de  13 
parties  de  pouzzolane  el  de  6  parties  de 
sable  non  terreux;  après  les  avoir  mêlées^ 
on  forme  une  bordure  circulaire  de  cinq 
à  six  pieds  de  diamètre  ;  on  remplit  l'in- 
térieur de  neuf  parties  de  chaux  vive 
bien  cuite,  concassée  avec  une  masse  de 
fer,  pour  qu'elle  s'éteigne  plus  vite,  ce 
qui  se  fait  en  jetant  peu  à  peu  de  l'eau 
de  mer  dans  les  travaux  maritimes;  on 
peut  employer  l'eau  douce  en  y  faisant 
séjourner,  pendant  quelque  temps,  de 
vieilles  ferrailles.  Dès  que  la  chaux  est  ré- 
duite en  pâte  on  y  incorpore  la  pouzzo- 
lane et  le  rable.  Le  tout  étant  bien  méiéy 
Ton  y  jette  13  parties  de  recoupes  de 
pierre  et  3  de  mâche- fer  concassé, 
lorsqu'on  est  à  portée  d'en  avoir;  ou  bien 
on  se  contente  d'employer  16  parties 
au  lieu  de  13  de  recoupes  et  de  bio- 
cailles de  pierre,  du  de  cailloux,  dont  la 
grosseur  ne  doit  point  excéder  celle  d'un 
œuf.  Vof,  Mortier.  F- t. 

BETTE  {beta  vulgaris)y  plante  de 


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BET  ( 487 ) 

la  famille  des  chénopodées  de  Jussieu  et 
de  la  pentandrie  digynie  de  Linné,  et  qui 
est  connue  sous  le  nom  de  poirée.  Elle 
est  alimentaire,  principalement  par  ses 
feuilles  qui  sont  douces  et  mucilagineu- 
ses  et  à  grandes  nervures.  On  la  cultive 
dans  les  jardins  ou  elle  croit  avec  facilité. 
Ses  racines  sont  sèches,  peu  volumineuses, 
larges  et  fort  dures,  ce  qui  empêche  d*en 
faire  usage  dans  l'économie  domestique. 
Pour  rendre  les  feuilles  plus  charnues,  on 
a  recours  à  la  ligature  qui  amène  l'étio- 
lement.  Alors  les  pétioles  s'élargissent  et 
t*épaississeDt.  C'est  ce  qu'on  nomme 
cardes  et  qu*on  emploie  sur  les  tables , 
accommodées  de  différentes  manières. 
Les  feuilles  de  poirée  se  mêlent  à  l'oseille 
dont  elles  corrigent  l'acidité;  car,  lors- 
qu'elles sont  seules,  elles  sont  d'une  fa- 
deur extrême.  Elles  entrent  dans  les  bouil- 
lons et  les  potages  maigres.  D'ailleurs 
elles  sont  encore  plus  usitées  en  méde- 
cine que  dans  la  cuisine  :  elles  figurent 
parmi  les  plantes  émollientes  et ,  comme 
telles,  sont  employées  tant  à  finlérieur 
qu'à  l'extérieur.  On  sait  que  les  feuilles 
de  poirée  servent  de  temps  immémorial 
au  pansement  des  vésicatoires,  des  affec  - 
lions  dartreuses,  etc.,  et  qu'on  ert  fait 
des  cataplasmes  très  adoucissans.  F.  R. 

BETTERAVE.  La  racine  charnue 
de  cette  plante  offre  un  très  bon  ali- 
ment à  divers  animaux  et  surtout  aux  va- 
ches dont  elle  peut  améliorer  le  tait  en 
augmentant  sa  quantité;  ses  feuilles  ser- 
vent aussi  à  la  nourriture  des  bestiaux; 
une  portion  de  leurs  débris  reste  sur  le 
sol  et  contribue  à  le  féconder. 

Déjà  la  betterave  avait,  depuis  plu- 
sieurs années,  ^xé  l'attention  dessavans, 
des  agronomes,  des  manufacturiers  et 
des  gpns  du  monde.  Les  travaux  des 
Margraff,  Achard  ,  Déyeux,  Chaptal, 
Barrucl,  Mathieu  de  Dombasie,  etc.,  et 
de  nombreuses  applications  en  grand, 
avaient  appris  quelles  ressources  offre 
ce  précieux  végétal,  le  seul  dont  on  ait 
pu  obtenir  économiquement  en  France 
un  sucre  identique  avec  celui  des  cannes. 
Cependant  on  ignorait  la  composition 
chimique  de  la  betterave;  on  n'avait  pas 
encore  des  données  précises  sur  ses  pio- 
duits  comparés.  Nous  avons  voulu  es- 
sayer (1835)  de  remplir  ces  lacunes  par 


BET 

une  analyse  et  des  recherches  microsco- 
piques dont  nous  reproduisons  ici  les 
principaux  résultats. 

Toutes  les  substances  contenues  dans 
les  betteraves  varient  en  proportion», 
suivant  les  variétés,  les  teiTains,  les  sai- 
sons, les  soins  de  la  culture,  etc.;  le  plu» 
ordinairement  elles  sont,  dans  Tordre  sui- 
vant, rangées  d'après  leurs  plus  fortes 
proportions. 

l""  Eau  (de  85  à  90  centièmes).  3^ 
Sucre  cristallisable,  identique  avec  celui 
des  cannes  (de  6  à  11  pour  1 00).  8^  Su- 
cre incristallisable.  En  suivant  avec  /k 
plus  grand  soin  les  procédés  décrits  par 
nous,  on  réduit  à  une  si  petite  quantité 
le  sucre  incristallisable  qu'il  est  proba- 
ble que  ce  sucre  ne  préexiste  pas  dans  la 
betterave,  mais  qu'il  est  le  résultat  d'une 
altération  du  sucre  cristallisable*  Les 
dernières  recherches  de  M.  Pelouze  ont 
confirmé  cette  prévision.  4^  Albumine , 
matière  azotée  coagulable  par  la  chaleur. 
5^  Acide  pectique,  substance  capable  de 
former  une  gelée  consistante  avec  100 
fois  son  poids  d'eau.  6^  Ligneux ,  en  fi« 
bres  fortes  tubulaircs  et  en  utricules  ex- 
cessivement minces.  7^  Substance  azotée 
solubledans  l'alcool  et  dans  l'eau,  analo- 
gue à  Tosmazone.  8^  Matières  colorantes 
rouge,  jaune  et  brune<  9^  Substance  aro- 
matique offrant  une  odeur  analogue  à 
celle  de  la  vanille.  lO''  Matières  grasses, 
l'une  fluide  à  10  degi*és,  l'autre  consis- 
tante à  cette  température.  11^  Malates 
acides  de  potasse,  d'ammonianue  et  de 
chaux.  12*'  Chlorure  de  potassium.  13^ 
Nitrates  do  potasse  et  de  chaux.  14® 
Oxalate  de  chaux.  15**  Phosphate  de 
chaux.  lO^Chlorophylle.  Cette  substance . 
n'existe  en  proportion  sensible  que  dans 
le  tissu  fibreux,  sous  Tépiderme  et  seule- 
ment dans  les  parties  verdàtres  des  raci- 
nes sorties  hors  de  terre.  17®  Huile  es- 
sentielle, principe  de  l'odeur  vireuse  des 
betteraves,  en  partie  soluble  dans  l'eau , 
à  laquelle  elle  communique  un  goàt  âcre^ 
désagréable  et  son  odeur  forte.  18®  Sul- 
fate de  chaux,  silice,  soufre. 

Les  betteraves  offrent  près  de  leur 
sommité  une  sorte  d'alvéole  demi-trans- 
parente qui  diffère  de  texture  avec  le 
reste  de  la  racine,  par  l'absence  totale 
de  gros  aisseaux  6breux  et  dont  la  oom- 


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BBT 


pétition  cbimiqne  t$t  dlfférenU»  surtout 
par  le  manque  total  de  sucre  et  par  une 
plus  forte  proportion  de  nitrates  et  d*hy- 
dix>chlonitM  de  potasse  et  d'ammonia- 
que» et  d«  substance  aromatique;  elle  se 
rapproche»  par  cette  composition ^  des 
pétioles  das  feuilles  à  leur  origine. 

I)ea  expériences  faites  sur  plusieurs 
tariétés  de  betteraves  Tenues  la  même 
année  dans  le  même  terrain,  semées  et 
técoltées  è  la  fois»  etc.,  oi^t  offert  dee  ré- 
aultata  variables  sous  If  rapport  du  sucre 
^stallisé.  que  Ton  en  a  obtenu,  depuis 
0,0S  jusqu'à  0,09;  cependant  elles  ont 
sensiblement  conservé  le  même  ordre, 
placées  ainsi  suivant  les  plus  grandes 
proportions  de  sucre  olitenu  ; 

I^BETTEaAYB  i»L4ircHE  (betaalba); 
c'est  aussi  celle  qui  contient  les  plus  for^ 
tes  fibres  ligneuses,  le  plus  diacide  pecti* 
que  et  qui  est  la  plus  difre.  £lle  ne  doQoe 
que  la  matière  colorante  brune. 

7^  BiTTiuiATX  lAUKR  {lutca  major\ 
vitnue  de  la  graine  de  Castelnaudary.^ 

t^  BETTCRi^ys  1LOUOX  {rubra  roma* 
rta)f  graine  tirée  de  la  même  localité. 

4^Bettsb  ▲vEDi8ETTR(^eto  sUî>estris)y 
qui  peut  acquérir  un  volume  énorme  et 
tel  qu'une  seule  racine  pèse  jusqu'à  23 
livres;  dans  uo  soi  riche,  profond,  léger, 
un  peu  humide I  on  a  récolté  jusqu'à 
100,000  kilogr.  par  arpent. 

Le  sucre  W  plus  abondamment  con- 
sommé dans  presque  toutes  les  parties 
du  oionde  est  entrait  des  cannes  cultivées 
datis  le»  lodesi  aux  Antilles,  etc,  eldei 
bttteravaa  récoltées  en  Europe. 

Le  sucre  pur,  cristallisablci  identique 
«lans  les  cannes,  betteraves,  bâtâtes,  éra<- 
blet^  Atlons»  etc<,  est  un  principe  im«- 
médiat  des  végétaux,  c*est^à^ii^  qu'à 
moins  de  i'ultérer  ou  de  Le  décomposer, 
il  n«uf  est  impossible  d  en  extraire  deux 
aobstâDOes.  Il  est  blano« diaphane, solide; 
il  pèse  1  (^»6||,  Tmo  pasant  1 0  sous  le  même 
Yoluaia)  ses  cristaux  purs  ne  contiennent 
presque  pas  d'eau;  la  saveur  du  sucre  est 
4ouCQ  et  très  agréable  p>our  la  plupart 
des  animaux;  seul  il  ne  jouit  pas  d*une 
faculté  Nutritive  oomplète,  mais  il  forme 
Ml  assaisonnement  susceptible  de  cun*- 
iourir  à  l'aasimiUtion  d'autres  substan- 
èm  aliflseotairés. 

Dans  la  coltort  4«  «HMMi  «1 4f»  bc^ 


(  48S  )  BET 

teraves,  les  engrais  actifs  de  matière  auU 
maie  produisent  de  très  bons  effets,  s'ils 
sont  employés  en  quantité  convenable. 

Ainsi,  500  à  750  kilugr.  de  chair  ou 
sang  sec  en  poudre,  ou  18  à  20  hectol. 
de  noir  animal,  résidu  des  clarifications, 
ou  mieux  encore  15  hectol.  de  noir  ani- 
maiisép  suffisent  pour  la  iumure  d'un 
hectare  qu'on  sème  d'abord  eu  blé,  puis 
ensuite  en  betteraves.  A6n  de  mieux 
nettoyer  et  amcubb'r  les  terres  ou  pour 
avoir  une  provision  plus  grande  de  bet- 
teraves, lorsque  le  terrain  à  disposition 
ne  suffît  pa^  pour  alterner  les  cultures, 
on  peut  obtenir  plusieurs  années  de  suite 
des  récoltes  de  betteraves  sur  le  même 
terrain;  mais,  dans  ce  cas,  on  ne  profite 
pas,  pour  la  culture  des  céréales  et  au- 
tres, du  nettoiement  du  sol  par  les  bina- 
ges donnés  aux  betteraves. 

Les  betteraves,  dès  qu'ellessontmAreS| 
ou  même  très  peu  de  temps  avant,  sont 
arrachées  et  décolletées  dans  les  champs, 
et  h/ane  est  portée  aux  bestiaux,  qu'elle 


nourrit  pendant  1  à  2  mois;  durant  cet 
intmiiglle,  on  arrache  et  Ton  porte  à  la 
râpe  la  quantité  nécessaire  à  la  fabrica- 
tion journalière;  le  surplus  est  déposé 
dans  des  magasins  frais  ou  mieux  dans 
des  silos  (vojr.),  au  bord  des  terres  mêmes, 
pour  être  traité  poslérieurcment. 

Il  y  a  un  double  avantage  à  commen- 
cer le  traitement  des  betteraves  très  peu 
de  temps  avant  leur  maturité:  l**  elles 
contiennent  alors  autant  de  sucre  et  d'une 
plus  facile  extraction;  2^  le  temps  de  l'ar- 
rachage se  prolonge  aisément ,  et  les.  bet- 
teraves non  arrachées  s'altèrent  moins 
encore  que  dans  les  silos,  ne  fût-ce  que 
parce  qu'elles  n*ont  pas  epcore  été  frois- 
sées, meurtries  ni  blessées, 

A  l'entrée  dans  la  fabrique,  la  pre- 
mière opération  consiste  dans  un  nat- 
toyage  dont  le  but  est  d'enlever  d'abord 
la  terre  adhérente  et  les  cailloux.  Deux 
moyens  sont  emplov^  pour  y  parvenir  :  le 
premier,  plus  simple,  quoique  rpoins  éco- 
nomique dans  une  grande  exploitation, 
consiste  à  racler  avec  un  couteau  toutes 
les  parties  couvertes  de  terre;  on  tranche 
même  les  radicelles  qui  reeèlent  des  pier- 
railles, he  deuxième  moyen  consiste  en 
un  Uivagc  dans  un  grand  cylindre  creuK, 
m  bmp  d*nt  las  douvfs  loni  étmém  de 


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BIT 


(489) 


BBT 


If  à  U  Ugiitt  à  Ynthkm.  Ce  cyliiHbre 
tavme  tur  sod  axe  en  fer,  cd  plongeant 
à  sa  partie  inférieure  dans  une  caisse  en 
bpis  remplie  d'eau. 

Il  convient  généralement^  dans  une  fa-» 
brique  de  sucre  de  betteraves,  de  se  ser- 
vir de  bœufs  ou  de  vaches  pour  impri* 
mer  la  puissance  mécanique  au  laideur, 
aux  râpes  t  presses  y  pompes,  tire- 
sacs ,  etc.;  car  ces  animaux,  nourris  en 
grande  partie  avec  le  marc  pressé  de  la 
pulpe,  rendent,  soit  en  accroissement  de 
cbair  musculaire,  soit  en  produit  de  lait, 
une  valeur  qui  représente  celle  de  ces  ré- 
aîdus  tt  ks  utilise  mieux.  Un  manège 
aUelé  de  6  bœufs,  ce  qui  en  suppose 
t4  à  l'écurie  pour  se  relayer,  suffit  pour 
une  usine  traitant  6^000^000  de  kUogr. 
de  betteraves. 

"Dèt  qoe  les  betteraves  sont  nettoyées 
far  l'un  des  deux  procédés  ei-dessus,  on 
Ice  porte  à  la  râpe.  Plusieurs  sortes  d'ut- 
ttnsiles  de  ee  nom  sont  destinés  à  déchi- 
ftr  les  utricules,  ou  le  tissu  cellulaire, 
qui,  dans  les  betteraves,  renferment  le 
aac  Les  différeos  systèmes  des  râpes,  dé- 
•igués  sous  les  noms  de  leurs  construc- 
teurs ,  sont  ceux  de  Caillon,  de  Picbooi 
de  Burette,  d'Odobel  et  de  Thierry; 

Depuis  très  peu  de  temps  le  perfec- 
tionoemeot  davs  les -constructions  des 
presaca  hydrauliques  et  à  vis  en  Cer^  la 
faeilité  et  l'habitude  de  leur  service,  les 
iait  employer  exclusivement  dans  beau- 
coup de  fabriques  bien  montées.  On  serre 
graduellement  la  presse,  et  l'on  obtient 
directement  ainsi  70  à  76  de  jus  pour 
100  de  pulpe  fraîche.  Pendant  qu'une 
presse  agit,  use  autre  est  chargée  de 
Même,  en  sorte  que  la  pulpe  soit  tou- 
jours rapidement  exprioiée;  une  presse 
de  moyenne  dimension  donne  6,000 
kilegr.  de  jus  ea  111  heures* 

Les  procédés  usuels  que  nous  Tenons 
d^ndiquer  pour  rettraction  du  jus  des 
betterave  laioaeut  m  marc  pesant  en- 
core 15  à  80  pour  100  du  poids  des 
betteraves ,  et  comme  celles-ci  ne  con- 
Uennest  que  S  centièmes  environ  de 
iubstance  ligneuse  non  réductible  en  jus, 
k  marc  de  100  kilogr.  de  betteraves  re^ 
•iie  encore  21  à  SS  de  jus;  el  û  im<- 
porte  d'autant  plus  d'obtenir  eette  pev- 
liott  i{a*  M  mre  u  éifk  aiippoité  tous 


les  frais  de  nettoyage,  de  râpage^  tto. 
Ce  qui  s'oppose  à  ce  que  Ton  extraye  fa« 
cilement  le  jus,  c'est  qu'il  est  renfermé 
dans  des  cellules  ou  ulricules  dont  plu^ 
sicui-s  parties  ne  sout  pas  atteintes  paf 
la  râpe;  aussi  est-on  parvenu  dernière-» 
ment  à  extraire  les  \  du  jus  restant  dani 
les  marcs,  en  chauffant  ceux-ci  brusque* 
ment  pendant  10  minutes  par  une  injeo» 
tion  de  vapeur  et  sans  même  les  faire  sor-* 
tir  des  sacs  déjà  exprimés.  Celte  tempi^ 
rature,  déterminant  la  rupture  des  cellu-^ 
les,  laisse  le  suc  qui  y  est  contenu  libre  df 
suivre  les  lois  ordinaires  de  l'écoulement 
des  liquides,  et  il  suffit  de  reporter  au»* 
sitôt  sous  la  presse,  pour  obtenir  la  pro* 
portion  précitée  qui  porte  de  88  à  90 
pour  100  la  quantité  totale. 

Tout  le  jus  étant  obtenu,  à  froid  et  à 
chaud,  est  porté  dans  les  chaudières  à 
déféquer)  il  doit  être  soumis  successive* 
ment  aux  opérations  désignées  ainsi: 
1^  k  défécation;!^  la  première  filtra« 
tion;  3*^  la  première  évaporation;  4^  la 
deuxième  filtration;  5^  la  deuxième  év** 
poration  ou  cuite;  6"  la  cristallisation; 
7""  l'égouttage;  8^  le  raffinage. 

Le  système  général  du  chauffage  dans 
les  diverses  opérations  que  nous  alloni 
décrire ,  est  à  feu  nu ,  ou  mieux  encore 
à  la  vapeur.  Ce  dernier  mode  présente 
une  économie  marquée  de  combustible 
et  de  main  d'oeuvre,  puisqu'tin  seul  four* 
neau,  pour  le  chauffage  d*une  chaudière 
ou  d'uD  générateur  k  produire  U  vapeur, 
suffit  à  toutes  les  clarifications  el  à  l'éva- 
poration. 

Défécation,  Il  est  utile  de  multiplier 
les  défécations,  afin  que  le  JUS  soit  exposé 
le  moins  de  temps  possible  aux  réactiona 
spontanées  qui  TaltèrenL  On  doit  dono 
chauffer  le  jus  très  vite,  et  dès  que  la 
température  du  liquide  est  élevée  à  60^, 
pu  lorsqu'on  peut  à  peine  y  tenir  le  doigt 
un  instant,  on  verse  le  kit  de  diauu 
bouillant,  ou  agite  vivement  quelquei 
secondes,  puis  on  Uisse en  repos  jeuqu'à 
ce  que  la  première  apparenèe  d^cbulli* 
tion  se  manifeste.  1^  proportion  du 
chaux  varie  entre  S ,  â  et  10  pour  100, 
suivant  la  qualité  du  jus;  et  celle*ei  dé* 
pend  de  la  variété  des  betteraves,  de  \ê 
nature  du  sol,  des  «ngnik^  de  k  eaisea^ 
dea  foitt*  di  oultAMi  ute. 


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BIT 

Première  flllratioru 


faîle,  après  6  ou  6  minutes  de  repos,  on 
«otitire  au  clair,  sur  un  filtre  Dumoot, 
le  suc  délégué,  par  le  robinet  du  fond 
de  la  chaudière. 

Èvaporation,  En  sortant  du  filtre,  le 
liquide  clair  coule  dans  les  chaudières 
évaporatoires,à  large  surGice.  Trois  ou 
quatre  de  ces  chaudières  reçoivent  tout 
le  liquide  liltré  qui  n*y  occupe  qu'une 
bauteur  de  6  à  7  pouces  ;  elles  Tévapo- 
rent  aussitôt  rapidement  par  une  vive 
ébullition. 

-  Deuxième fillmtion.  Dès  que  l'écume 
albu mineuse  est  bien  formée  k  la  super- 
ficie, on  décante  avec  précaution,  à 
Taide  de  la  cannelle  inférieure,  et  le  plus 
poitsible  à  clair,  afin  d'éviter  que  le  filtre 
De  s*obstrue  par  des  flocons  albumineux 
trop  abondans.  On  remet  dans  la  chau- 
dière le  liquide  filtré;  on  évapore  encore 
rapidement  jusqu'à  35  degrés,  puis  on 
fihre  pour  la  troisième  fois,  mais  sur  un 
filtre  Dumont  chargé  de  noir  neuf.  Le 
airop  devenu  limpide  est  prêt  à  éprouver 
la  cuite. 

i  uiteou  dernière  évûporation.  Cette 
opératioo  importante  s'est  pratiquée  de 
diverses  manières,  et  a  donné  lieu,  soit 
dans  rextraclion  du  sucre  de  betteraves, 
soit  dans  le  raffinage  des  sucret^  à  plu- 
sieurs inventions  brevetées.  Ici  nous  nous 
borneront  à  indiquer  les  3  systèmes  pria» 
cipaut  en  usage  :  cuite  à  la  chaudière- 
bascule,  à  feu  nu;  cuite  à  la  vapeur  for- 
cée (Taylor);  cuite  dans  le  vide  relatif 
(Roth).  Quant  au  système  d'Howard, 
c'est  au  raffinage  seul  que  ce  dernier 
mode  de  cuire  le  sucre  est  appliqué  jus- 
qu'aujotird'hui.  Mais  ce  procéilé  per- 
fectionné par  M.  Degrand  s'est  déjà  in- 
troduit avec  de^rands  avantages  dans  les 
raffineries  et  les  fabriques;  on  en  peut 
dire  autant  de  l'ingénieux  appareil  éva- 
porant par  insufflation  de  l'air  chaud,  dû 
à  MM.  Brame-Qievalier  et  Peuvion  ;  en- 
fin un  nouveau  mode  d' évaporât  ton  in- 
venté par  M.  Champonnois  et  tout  nou« 
vellement  introduit  dans  nos  fabriques 
de  sucre  indigène,  de  sirop  de  dexirine, 
et  dans  nos  raffineries,  peut  suffire  seul  à 
Ijuie  Tévaporation.  Il  consiste  en  colon- 
nes de  tôle  de  cuivre  chauffées  intérieure- 
ment par  un  jet  de  vapeur  ;  le  liquide  à  éva- 


(  440  )  BCT 

La  défécation  i  porer  coule  c<nitinuellemeDt  sur  toute  la 
surface  extérieure  en  se  divisant  dans  les 
mailles  d'un  réseau  métallique;  en  pas- 
sant ainsi  3  fois  dans  l'intervalle  de  5  oa 
6  minutes,  le  jus  des  betteraves  est  amené 
au  degré  de  concentration  convenable.  Ce 
terme  se  reconnaît  de  la  même  manière 
à  peu  près  dans  tous  les  systèmes  de  rap« 
prochement;  on  plonge  dans  le  sirop 
bouillant  une  tige  ou  une  écumoire,  on 
retire  et  l'on  effleure  vivement  sa aarface 
avec  le  bout  de  l'index;  en  posant  alors 
ce  doigt  sur  le  pouce,  puis  é«*jirtant  aus- 
sitôt les  doigts,  on  observe  l'effet  du  li- 
quide interposé;  si  celui-ci  forme  un  fi- 
let, qui,  se  rompant,  se  replie  en  crochet, 
le  rapprochement  du  sirop  est  à  son 
terme. 

Un  autre  moyen  simple  consiste  i 
souffler  fortement  sur  la  face  de  l'écu- 
moire  relevée  et  légèrement  secouée  ;  si 
alors  une  multitude  plus  ou  moins  grande 
de  globules  plus  ou  moins  légers  s'envo* 
lent  en  arrière,  la  cuite  est  finie^  et  plus 
ou  moins  rapprochée.  ' 

Lorsque  les  diverses  cuites  sont  réu- 
nies dans  les  rafralchissoirs,  on  laisse  leur 
température  s'abaisser  jusqu'à  55*;  on 
agite  avec  une  grande  spatule  en  bois, 
en  raclant  les  parois,  afin  d'en  détacher 
les  cristaux  adhéreos  et  de  les  i*épandre 
dans  la  masse;  on  porte  aussitôt  après 
tout  ce  sirop  cuit  dans  les  cristatlisoirs , 
à  l'aide  de  puisoirs  (Pucbeux)  et  de  ^at- 
sins  à  anses. 

Toutefois,  on  se  contente  des  grandes 
formes  dites  bd(ardes  dans  la  plupart 
des  fabriques.  Ces  vases,  en  terre  cuite , 
sont  bouchés  avec  un  linge  tamponné  in- 
troduit dans  le  trou  dont  leur  fond  est 
percé  ;  on  les  pose  sur  ce  fond  pour  les 
emplir,  et,  lorsque  la  cristallisation  est 
achevée,  on  les  débouche  et  les  pose  sur 
des  pots  ou  mieux  dans  les  trous  d'un 
faux  plancher  sous  lequel  des  rigoles  re- 
çoivent les  sirops  égouttés  pour  les  con- 
duire, par  une  pente  douce,  dans  les  ré- 
servoirs. 

Les  sirops  rassemblés  en  qnantité  suf- 
fisante pour  emplir  un  crislallisoir,  peu- 
vent quelquefois  être  rapprochés,  afin  de 


produire  une  2^  et  même  une  8*  cris- 
tallisation. 

Ainsi  l'on  obtient  ai^joord'hni  jusqu'à 


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BEt 


(441) 


BEU 


4  crtstallisations  des  jos  traités  sans  cla- 
rification, et  par  3  filtrai  ions. 

A  Taide  des  derniers  perfeclionnemens 
on  a  obtenu  jusqu'à  7  pour  1 00  de  sucre  de 
betteraves,  et  I  hectare  en  très  bonne  cul- 
ture, produisant  jusqu'à  45,000  kUogr. 
de  celles-ci,  représenterait  une  produc- 
tion de  8,150  kilogr.  de  sucre. 

En  comptant  sur  un  produit  moyen  de 
6  pour  100  de  sucre  cristallisé  de  bette- 
raves, on  voit  que  1  hectare  de  terre  pro- 
duisant au  moins  20,000  kilogr.  de  ces 
racines,  donnerait  1000  kilogr.  de  su- 
cre, et  que,  pour  la  consommation  de  la 
France  portée  à  60,000,000  de  kilogr. , 
il  suffirait  de  cultiver  chaque  année 
1,300,000  hectares  de  terre,  c'est-à-dire 
la  6^  partie  des  terrains  laissés  encore 
improductifs.  P-N. 

M.  de  Beaujeu  vient  de  soumettre  à 
TAcadémie  des  sciences  les  procédés 
nouveaux  qu'il  emploie  dans  la  fabrica- 
tion du  sucre  de  betteraves ,  et  qui  sont 
remarquables  par  lear  simplicité  qui 
amène  de  grandes  économies  de  temps , 
d'ustensiles  et  de  forces,  et  par  la  bonne 
qualité  des  produits.  Diviser  les  bette- 
raves en  lames  minces ,  qn'on  place  dans 
plusieurs  cuves  communiquant  entre  elles 
et  faire  passer  dessus  à  plusieurs  reprises 
de  l'eau  chaude  qui  s'empare  de  la  ma- 
tière sucrée,  sans  entraîner  de  substances 
étrangères,  telle  est  la  manière  de  pro- 
céder de  M.  de  Beaujeu ,  qui  traite  en- 
suite ce  liquide  sucré  à  peu  près  comme 
dans  la  fabrication  ordinaire.  Dans  la  fil- 
tratlon  à  circulation  continue  le  travail 
se  fait  presque  seul ,  et  cependant  Tépui- 
•enent  de  la  matière  sucrée  a  lieu  très 
complètement.  Celte  fabrique  est  en 
pleine  activité  à  Narce;  elle  a  été  éublie 
avec  d'autant  moins  de  frais  qu'il  ne  faut 
plus  de  machine  à  vapeur,  de  manège, 
de  râpes,  de  presses,  de  sacs,  de  claies, 
etc. ,  et  cependant  on  peut  y  faire  jusqu'à 
150  milliers  de  sucre  par  jour,  avec  un 
si  petit  nombre  d'ouvriers  que  les  per- 
sonnes qui  ont  visité  l'établissement  peu- 
vent à  peine  en  croire  leurs  \eux.  On  a 
observé  d'ailleurs  que  les  résidus  de  bet 
teraves  étaient  plus.substanciels  et  plus 
nutritifs  pour  les  bestiaux  que  ceux  que 
fournissent  les  fabriques  oà  l'on  emploie 
la  râpent  la  pr«ss«.  F.R. 


BÉTTLES  on  Béthtlcs,  pierres  in- 
formes que  les  Orientaux  adoraient  et 
qu'ils  croyaient  représenter  les  divinités, 
avapt  Tépoqne  où  la  sculpture  leur  donna 
des  formes  humaines.  Les  Grecs  appe* 
laient  bœtjle ,  {^ukvloç  et  piBw.oç)  la 
pierre  que  Cybèle  fit  dévorer  à  Saturne 
pour  lui  soustraire  son  fils  Jupiter.  Ce 
mot  désignait  encore  une  pierre  trouvée 
dans  le  Liban  près  de  la  ville  dn  Soleil; 
selon  d'autres,  Uranus  fabriqua  des  pier- 
res animées  appelées  bœtyles.Damascius, 
qui  écrivait  sous  Justinien,  racontait 
qu'il  avait  vu  une  de  ces  pierres  se 
mouvoir  en  l'air.  Il  y  avait  plusieurs  bie^ 
tyles  consacrés  à  des  dieux  difl'érens. 
L'empereur  Élagabale,  que  l'on  nomme 
communément  Héliogabale,  avait  ap- 
porté à  Rome,  de  la  Phénicie,  une  grosse  * 
pierre  noire  en  forme  de  cône,  qu'il  vou- 
lut faire  adorer,  et  qui  représentait  le 
dieu  Élagabal.  On  voit  sur  les  médaillet 
de  cet  empereur  cette  pierre  conique 
portée  sur  un  char.  D.  M. 

Il  li'y  a  pas  loin  des  Cordicoles  aux 
Bétyldtres.  Ce  culte  remonte  aux  temps 
les  plus  reculés,  si  Ton  en  croit  Sancho- 
niaton  et  les  hymnes  orphiques,  et  il  a 
été  répandu  dans  une  partie  de  l'univers, 
comme  on  le  voit  dans  différens  auteurs. 
Ce  culte  a  eu  ses  rubriques,  ses  légendes, 
ses  fourberies,  Mm  charlatanisme.  On  voit 
encore,  dit-on,  des  aérolilhres  ou  météo- 
rites suspendus  dans  quelques  églises 
d'Allemagne;  ce  fétichisme  serait  une 
preuve  irréfragable  d'une  profonde  igno- 
rance. J.  L. 

BBUG  NOT(J  acqubs-Cl  AunB,comte), 
est  né  en  1761,  à  Bar-sur-Aube,  dépar- 
tement de  l'Aube.  Quelque  temps  avant 
la  révolution  de  1789,  il  était  lieutenant 
général  du  présidial  de  cette  ville.  En 
1790,  il  fut  nommé  pfocureur  général 
syndic  de  son  département,  et,  l'année 
suivante,  élu  membre  de  l'Assemblée  ^lé- 
gislative, où  il  siégea  avec  le  parti  co^ 
stitutionnel.  Sincère  ami  de  la  liberté,  il 
suivit  toujours  les  principes  d'une  grande 
modération.  Ce  fut  lui  qui,  le  premier, 
fit  la  motion  de  demander  à  la  cxiur  de 
Vienne  une  explication  sur  le  traité  de 
Pilnilz;  il  s'opposa  à  la  proposition  que 
fit  Condorcet  de  laisser  nommer  par  le 
peuple  les  agent  de  la  trésorerie  nationale; 


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BEU 


(442) 


BEU 


il  porurà  rMtemblée  une  démmcitUon 
•ontrt  Carra  et  Marat,  comme  ayank 
provoqué  par  leucs  discours  et  leurs 
écrito  l'assaisioat  du  général  Dillon,  et 
fit  rendre  le  décret  d'accusation  centre 
Marat  II  dénonça  aussi  la  municipalité 
de  Paris  et  le  ministre  de  la  justice,  re- 
lativement à  la  publication  àa  journal  de 
V^wi  du  peuple.  Cette  modération  at  - 
Ura  à  M.  Beugnot  la  haine  de  la  multi-^ 
tiidA.  A.pi*ès  le  10  août,  il  n'osa  plus  re- 
paraître à  rAssemblée  législative;  et,  en 
1798|il  fut  conduit  à  la  Force,  on  il  resta 
jnaqu'aii  9  thermidor.  Dès  ce  moment  il 
passa  dans  k  retraite  tout  le  temps  que 
dura  la  république;  mais,  après  le  18 
briMMÎre,  il  rentra  dans  la  carrière  po- 
litique, et  fut  attaché,  en  qualité  de  con- 
'•eiller  iotkne,  à  Lucien  Bonaparte,  qui 
était  devenu  minietre  de  Tintérienr.  Dans 
cette  position  il  prit  une  grande  part 
à  l'organisatioa  départementale;  il  fut 
•osullA  préfet  à  Rouen ,  jusqu'en  1806, 
époqua  à  laquelle  Napoléon  Tappela  au 
•onseèl  d'état  En  1S07,  appelé  à  conoon- 
rir  à  Torganisation  du  nouveau  royaume 
de  Westpbalie,  il  fut  nommé  ministre 
des  finances  du  roi  Jérôme  Bonaparte. 
£o  1808,  M.  Beugnot,  depuis  peu  admi- 
nistrateur du  grand-duché  de  Berg  et  de 
Clèves,  reçut  la  croix  d'officier  de  la  Lé- 
gion-d'Honnenr  et  le  titre  de  comte.  Re- 
▼eon  dans  sa  patrie  en  1813,  après  la 
fatale  journée  de  Leipzig,  il  fut  nommé 
préfet  du  département  du  Nord,  Lorsque 
ieeénat,  en  1814,  prononça  la  déchéance 
de  l'empereur,  le  comte  Beugnot  reçutdu 
gouvenBeflient  provisoire  le  portefeuille 
d»  ministère  de  l'intérieur.  Lopuîs  XVIIl 
loi  oonfia  bientôt  la  direction  générale 
dk  la  police;  mais,  dans  cette  haute  (onc- 
tion il  perdit  une  partie  de  la  considé- 
tatlMi  que  les  principes  de  sa  jeunesse 
•t  aea  idées  libérales  lui  avaient  acquise. 
On  lui  rtfprocfaa  le  rétablissement  de  la 
eélébration  forcée  du  dimanche  et  des 
processions  devenues  publiques.  Km  corn- 
mencemeot  de  1815,  il  échangea  la  di- 
rection de  la  police  contre  le  portefeuille 
dn  ministère  de  la  marine;  et  Napo- 
léon étantrevenu  de  l'île  d'Elbe,  M.  Beu> 
goot  a«ifit  Louis  XVIII  à  Gand.  Après 
U  twond  reto«r  de  la  famille  des  BouN> 
I  mFnaeay  ilfol  qaaAq«t 


reoteor  général  des  postes;  nais  le  parti 
dominant  lui  fit  retirer  tous  «es  emploiS| 
et  ne  lui  laissa,  comme  seule  retraite,  que 
le  ti^re  de  ministre  d'étal,  sans  fonctions. 
Nommé  député  de  la  Haute-Marne,  il  fit 
partiedela  minoritédelachambrede  1815* 
Après,  le  6  septembre,  réélu  dans  le  dépar- 
tement de  la  Seine-Inférieure,  il  continua 
de  siéger  au  c6té  gauche;  miais  il  s*était 
déjà  beaucoup  rapproché  du  ministère.En 
18 19,  il  soutint  avec  chaleur  le  principe 
de  la  liberté  de  la  presse;  et,  en  sa  qua- 
lité de  rapporteur  d'une  com  mission  sp^ 
ciale,  il  eut  la  plus  grande  part  au  rejet 
de  la  proposition  Barthélémy  {voy.)  qui 
avait  pour  objet  de  modiier  la  loi  sur 
les  élections.  On  sait  que  cette  proposi- 
tion, après  avoir  fait  naître  une  discus- 
sion fort  orageuse,  fut  rejetée  aune  grande 
majorité;  on  sait  aussi  que  les  ministres, 
ne  s'étant  pas  rebutés,  la  renouvdérent 
l'année  suivante  et  réussirent  à  la  faire 
adopter.  En  1824,  il  donna  sa  démissipn 
de  député,  et  l'on  s'attendait  générale- 
ment  qu'il  serait  nommé  pair  de  Francei 
on  disait  même  qu'il  avait  reçu,  sa  l#ttre 
de  nomination;  mais  celle-ci  avait  besoin 
d'être  confirmée  par  une  ordoonance 
royale  qui  se  fit  attendre  6  ans.  La  révo- 
lution de  1830  n'a  pas  encore  réparé  on 
tortde  la  Restauration  envers  M.  Beugnot» 

Le  vieomte  AmTHUE  Beugnot,  fila  do 
précédent,  né  à  Bar-sur- Aube  en  1797^ 
s'est  déjà  distingué  comme  littérataur.Soa 
premier  ouvrage  (1831)  fut  son  EêS€d 
sur  les  institutions  de  Saint-Louis  ^ 
a  été  couronné  par  l'Académie  des  in* 
scriptions.  £n  1824,  il  publia  un  second 
ouvrage  sur  les  Juilk  d'Occidnnl  (JUf 
cherches  sur  l'état  civil,  le  commerce  ei 
la  littérature  des  Juifs  eu  Franeê,  «n 
Espagne  et  en  Italie,  pendant  la  durée 
du  mojren-dge).  Ces  travaus  ^  des  nuvm» 
ges  poétiques  et  une  traduction  de  l'O- 
dyssée, ont  ouvert  à  M,  Beugnot  les  portée 
de  l'Institut;  il  fut  reçu  membre  de  TA- 
endémie  des  inscriptionaetbelles-letAma 
le  9  novembre  1832.  F.  R-d. 

BEURNONVILLB  (Piiams  Rixl, 
comte,  puis  marquis  m),  ancien  mi* 
nistre  de  la  guerre ,  naquit  en  1 752 ,  à 
Champignoles  (Aube),  el  mourut  à  Pa- 
ris en  182 1 ,  Maréobal  et  pair  de  FrsDo% 
obifâlier  de  Tordre  daSiMi^nEeprit  (d* 


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(44S) 


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la  promotion  d'octobre  i  820  )^  comman- 
deur de  Tordre  de  Saint>Louis ,  etc. ,  etc. 
Cest  un  de  ces  hommes,  que  le  souv<fnir 
des  émotions  violentes  de  la  première  ré- 
volution qu'ils  avaient  traversée  avec  cou- 
rage et  habileté  y  prépara  à  suivre  la 
pente  rétrograde  de  Taiûstocratie  sous  la 
Restauration. 

Cadet  de  famille  f  il  avait  été  destiné  à 
r^tat  ecclésiastique;  mais  son  goût  le 
portant  vers  la  carrière  militaire,  il  s'y 
prépara  par  l'étude  des  sciences  exactes. 
Dès  1766  il  était  inscrit  comme  surnu- 
méraire dans  le  corps  des  gendarmes  de 
la  reine»  Il  passa  en  1775  dans  le  régi- 
ment de  rile-de- France ,  s'éleva  de  grade 
en  grade  à  celui  de  major  dans  les  milices 
de  la  colonie  de  Bourbon ,  et  fit  les  cam- 
pagnes de  riode  de  1779  à  1781,  sous 
le  bailli  de  Suffren.  Destitué  arbitraire^ 
ment,  il  revint  en  France  en  1789,  et  en 
guise  de  satisfaction  pour  ce  grief,  dont 
il  porta  plain  te  à  l'Assemblée consti  tuante, 
il  obtint,  avec  la  croix  de  Saint- Louis, 
la  charge  de  lieutenant- colonel  de  la 
compagnie  suisse  de  la  garde  ordinaire 
du  comte  d'Artois.  Cette  réparation  in- 
complète ne  put  lui  faire  oublier  l'injus- 
tice qu'il  avait  soufferte  et  il  n'en  fut  que 
plus  disposé  à  embrasser  les  idées  de  ré- 
Corme  politique  qui  se  faisaient  jour  de 
toutes  parts. 

Appelé  d'abord  comme  aide-de^camp 
cplooel  près  du  maréchal  Luckner  (  1 79  2), 
puis  nommé  presque  aussitôt  général  de 
brigade»  Beurnonville  fut  détaché  au 
camp  de  Maulde ,  où  sa  bonne  conduite 
en  fkce  de  Tennemi  lui  valut  son  éléva- 
tion au  rang  de  lieulenant^général. 

A  cette  époque  où ,  dans  l'armée , 
cbefs  et  soldats  pour  la  plupart  étaient 
des  hommes  nouveaux»  Beurnonville  fut 
oaturellement  distingué;  $$.  qualité  de 
gentilhomme  rendait  plus  méritoire  son 
patriotisme  et  ta  valeur.  Aussi  Diimou- 
riez,  qui  lui  avait  procuré  cet  avance- 
ment si  rapide,  lui  fit-il  dans  ses  rapports 
la  réputation  d'un  J/ax.  £nfin,  dès  le 
mois  de  novembre  de  la  même  année 
i  792,  Beurnonville  fut  fait  général  d'ar- 
mée, et  à  ce  titre  chargé  d'organiser  l'ar- 
mée du  ^ord,  à  la  tête  de  laquelle  il  ar- 
riva asaes  tôt  en  ligne  pour  prendre  part 
ao  oMobaideValmy.  ttautordra^â  U 


porter  à  la  défense  de  lâUe  et  il  en  fil 
lever  le  siège;  mais  ses  tentatives  sur 
Trêves  n'eurent  pas  de  succès,  et  le  jour 
même  de  la  bataille  de  Jcmmapes  il  es- 
suyait, de  la  part  des  Autrichiens,  plu- 
sieurs échecs  qu'il  crut  devoir  déguiser 
dans  aes  rapports ,  ce  qu'il  fit  avec  une 
exagération  qui  provoqua  la  risée  de  ses 
propres  soldats.  Cependant  la  trêve  qui 
fut  conclue  permit  à  l'armée  du  Nord 
de  prendre  de  bons  quartiers  d'hiver  der- 
rière la  Sarre.  £lle  n'eu  sut  aucun  gré  à 
son  général ,  et  fnême  des  dénonciations 
qui  s'élevèrent  contre  lui  de. diverses 
parts  faillirent  lui  faire  expier  le  tort 
d'avoir  terminé  la  campagne  par  les 
échecs  de  Pellingen  et  Grewenmacher» 
C'est  le  jour  même  où  ces  dénonciations 
parvinrent  à  la  Convention  qu'il  y  fut 
nommé  ministre  de  la  guerre  à  la  majo- 
rité de  356  voix,  sur  600  voUns.  Il  étoit 
porté  à  ce  poste  par  le  parti  de  la  Gi- 
ronde ,  et  il  avait  besoin  de  tout  son  cou** 
rage  pour  faire  tête  à  la  fureur  que  pro- 
voqua, parmi  les  Jaoobins,  le  nouveau 
succès  par  lequel  la  majorité,  en  le  re-* 
nommant  au  même  poste  (14  mars), 
après  une  première  démission  qn'il  avait 
donnée ,  voulut  le  venger  des  dégoûts  et 
de^  outrages  dont  il  s'était  vu  d'abord 
abreuvé.  Des  sicaires  pénétrèrent  de  nuit 
dans  ses  appartemens  et  il  n'échappa  à 
leurs  poignards  que  par  sa  présence  d'es* 
prit. 

Un  incident  dont  la  coïncidence  aveo 
cette  tentative  put  paraître  avoir  été  cal- 
culée pour  acquérir  une  grande  popula- 
rité au  ministre,  fut  la  dénonciation  qu'il 
fit  alors  au  comité  de  défense  générale 
des  desseins  de  Dumouriez ,  qui ,  vaincu 
à  Nervindo,  voulait  jouer  le  rôle  de  Co- 
riolan  et  croyait  pouvoir  eompter  sur 
le  concours  de  Beurnonville  à  soo  plaa 
qu'il  lui  dévoilait  Ce  plan  n'était  pas 
exécutable.  Beurnonville  le  dénonça  et 
fut  choisi  pour  se  rendre  au  camp  de 
Saint -Amand,  accompagné  de  quatre 
commissaires  de  la  Convention,  avec  la 
mission  d'arrêter  Dumouriez.  Ce  fbt  ee 
dernier  qui  arrêta  et  les  commissaîret 
et  son  dénonciateur,  aUqvel  sans  douta, 
n'eût  pas  été  réservée  une  èaptivité  de 
38  mois  ei  Dumouriez  hû-mêma  avait 
dt  ïtnmmi  l'a 


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des  conditions  stipulées.  Mais,  à  tout 
prendre,  Beurnon ville  put  encore  se  fé- 
liciter de  traverser  ces  temps  difficiles 
dans  la  forteresse  d'Égra  ou  à  Oliniitz. 

Après  réchange  qui  rendit  à  la  liberté 
les  cinq  captifs  (  voyez  duchesse  d*Aif- 
coulême),  un  décret  du  Corps  législatif 
déclara  que  Beurnonville  et  ses  compa- 
gnons d'infortune  avaietit  dignement 
rempli  la  mission  dont  la  Convention  les 
avait  chargés,  et  à  son  retour  à  Paris  il 
fut  nommé  au  commandement  en  chef 
de  Tarmée  de  Sambre-et-Meuse  qu'il  ra- 
mena sur  la  rive  gauche  du  Rhio ,  après 
une  série  d'avantages. 

Il  se  trouvait  à  la  tête  de  trois  armées 
réunies  quand,  dans  les  premiers  jours  de 
Tan  YI,  il  résigna  ce  commandement  par 
suite  du  dérangement  de  sa  santé  ,  et  fut 
employé  par  le  Directoire  en  qualité  d*in- 
apecleur-général  d'infanterie.  Depuis,  on 
l'employa  à  quelques  négociations.  Il 
passa  deux  ans  comme  envoyé  extraordi- 
naire à  la  cour  de  Berlin;  c'est  par  sa 
médiation  que  fut  saisie  la  correspon- 
dance des  émigrés  réunis  à-Bajreuth,  et 
il  a  attaché  son  nom ,  entre  autres,  à  la 
convention  du  24  mai  1802,  qui  régla  avec 
la  Prusse  les  conditions  de  la  renoncia- 
tion de  la  maison  de  Nassau -Orange  au 
•tadhoudérat  de  Hollande.  Ambassadeur 
de  France  a  Madrid,  il  y  conclut  la  con- 
vention de  subsides  du  30  octobre  1 805, 
qui  n'a  jamais  été  publiée  et  par  laquelle 
le  roi  d'Espagne  qui,  aux  termes  du  traité 
de  Saint-Ildefonse  (1796  ) ,  devait  four- 
nir 15  vaisseaux  armés  et  un  corps  de 
24,000  hommes ,  s'engagea  à  remplacer 
ces  subsides  par  le  paiement  de  5  mil- 
lions de  livres  par  mois.  C'est  à  l'occasion 
de  ce  traité  que  l'Angleterre  prit  à  par- 
tie l'Espagne,  qu'elle  réussit  bientôt  à 
détacher  de  son  alliance  avec  la  France. 

Beurnonville,  au  retour  de  sa  mis- 
sion ,  fut  fait  grand-officier  de  la  Légion- 
d'Honneur,  nommé  sénateur  et  décoré 
du  titre  de  comte.  Élu  membre  de  la 
commission  extraordinaire  composée 
dans  le  itein  du  sénat,  au  mois  de  décem- 
bre 1813,  il  fut  envoyé  en  cette  qualité 
à  Mézièras,  d'où  l'invasion  de  la  fron- 
tière ne  tarda  pas  à  le  ramener  à  Paris.  Il 
•  y  arriva  assez  tôt  pour  appuyer  l'acte  de 
déchéance  d«  liapoléOD.  U  fut  l'ao  des 


cinq  membres  du  gouvemement  pWtl- 
soire  formé  par  le  sénat,  et  il  se  prononça 
avec  beaucoup  de  force  contre  la  pro- 
position des  généraux  qui  voulaient  Na- 
poléon H  et  la  régence  de  Marie- Louise. 
Son  zèle  fut  récompensé  par  le  titre  de 
ministre  d'état,  et,  par  suite,  sa  place 
était  marquée  près  du  roi  à  Gand,  pen- 
dant les  Cent- Jours. 

La  seconde  Restauration  ajouta  tout 
ce  qu'elle  pouvait  .ijouter  de  dignités  au 
nom  et  à  la  personne  de  ce  vétéran  de  la 
politique  active;  et  il  joignit  à  tous  ses 
titres  civils  et  militaires  les  titres  les  plus 
éminens  de  la  franc-maçonnerie,  dont  son 
éloge  funèbre  a  fait  ret<*ntir  les  loges. 

Un  document  plus  curieux  à  consulter 
que  les  écrits  maçoniques ,  où  se  trouve 
retracée  la /été  funèbre  célébrée  en  son 
honneur,estson  éloge  prononcé  à  la  cham- 
bre des  pairs,  par  M.  le  maréchal  Mac- 
donald,  à  la  séance  du  12  juin  1821.  P.C. 

BEURRE,  corps  gras  de  couleur 
jaune  ou  jaunâtre  et  de  consistance  fort 
variable.  Il  abonde  naturellement  dans 
le  lait  sous  la  forme  de  globules  légers 
qui  surnagent  à  la  surface  de  ce  liquide, 
entraînant  une  certaine  quantité  de  sé- 
rum et  de  caséum  avec  lesquels  il  est 
confondu  dans  la  crème. 

On  ne  fait  pas  du  beurre  seulement 
avec  le  lait  de  vache ,  on  en  extrait  aussi 
de  celui  de  brebis,  de  chèvre  et  même 
d'ànesse;  maïs  aucun  d'eux  n'approche 
de  la  qualité  du  premier.  Du  reste ,  le 
mode  d'extraction  est  en  tout  le  même, 
quoiqu'il  offre  pour  quelques  espèces 
plus  de  difficulté  que  pour  d'autres. 

On  sépare  le  beurre  de  la  cr^me  par 
le  battage.  Les  haraltes  dont  on  se  sert 
à  cet  effet  varient  non- seulement  dans 
leurs  formes  et  leur  mécanbme,  mais 
encore  dans  la  substance  même  dont  elles 
sont  formées.  Le  pluso.'dinairement  elles 
sont  en  bois,  quelquefois  en  fer-blanc, 
en  étain ,  en  zinc  ou  en  terre.  U  importe 
surtout  qu'elles  ne  puissent  communiquer 
au  laitage  aucune  saveurou  aucune  odeur 
étrangères.  Toutes  les  barattes  se  compo- 
sent de  deux  parties  principales  :  le  vais- 
seau qui  contient  la  crème  et  l'appareil 
qui  sert  à  la  transformer  par  la  percus- 
sion. Le  plus  communément  ce  vaisseau 
est  UD  o6ae  tronqué ,  composé  de  douvet 


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BEU  (  445  ) 

étroitement  jointes  par  des  cercles ,  fermé 
à  son  extrémité  inférieure  par  un  fond 
solide,  el  à  son  orifice  par  une  rondelle 
mobile  percée  au  centre  d'un  trou  assez 
grand  pour  permettre  au  manche  du  ba- 
ration  de  glisser  sans  effort.  Ce  dernier 
est  terminé  intérieurement  par  un  disque 
de  bois ,  d*un  diamètre  et  d*une  épaisseur 
peu  considérables ,  ordinairement  percé 
de  quelques  trous  destinés  à  diviser  la 
crème  et  à  livrer  passage  au  liquide  sé- 
reux à  mesure  que  le  beurre  se  séparé  et 
s*épaissit  en  une  masse  homogène,  par 
suite  du  mouvement  régulier  et  continu 
du  baratton. 

La  baratte  de  Normandie  se  compose 
uniquement  d'un  petit  baril  muni  à  l'ex- 
térieur, aux  extrémités  de  son  axe,  de 
deux  manivelles  propres  à  lui  imprimer 
un  mouvement  de  rotation  sur  le  bâtis 
qui  le  supporte,  et,  à  rintéiieur,  de  deux 
ou  trois  planchettes  étroites  et  écbancrées 
fixées  aux  douves  de  manière  à  agiter  la 
crème  pendant  Topéralion.  La  baratte 
flamande  diffère  de  celle-ci  en  ce  que  le 
baril ,  au  lieu  de  tourner  sur  lui-même  , 
est  solidement  et  fixement  assujéti  sur  un 
chevalet ,  et  en  ce  que  les  planchettes 
intérieures  des  douves  sont  remplacées 
par  un  moulinet  mobile  à  quatre  ailes 
évîdées  au  centre.  Ailleurs  le  nombre  et 
la  forme  des  ailes  varie.  En  puisse  et  dans 
les  Vosges  on  en  compte  jusqu'à  huit. 
Dans  une  partie  du  Brabant  et  de  la 
Hollande  il  n'y  en  a  que  deux  de  gran- 
deur inégale.  Dans  le  pays  de  Clèves  elles 
sont  ovales  comme  la  baratte  elle-même. 
Toujours  elles  présentent  des  trous  plus 
ou  moins  nombreux.  Enfin  il  est  aussi 
des  barattes  qui  contiennent  à  l'intérieur 
deux  fp'ilies  fixées  à  certaines  distances 
l'une  de  l'autre  et  destinées  à  rompre  la 
crème ,  tandis  qu'on  imprime  à  la  ma- 
chine entière  un  mouvement  d'oscilla- 
tion analogue  à  celui  d'un  pendule.  On 
les  a  nommées  barattes  à  balançoire.  Ce 
dernier  mode  de  construction  est  fort 
usité  en  Angleterre  et  en  Amérique. 

Si  le  choix  du  lait,  l'espèce,  l'âge  et 
la  santé  des  vaches  qui  le  produisent,  la 
différence  des  herbages  et  diverses  autres 
circonstances  qui  influent  sur  la  qualité 
de  la  crème,  réagissent  directement  sur 
celle  du  beurfre,  le  mode  de  fabrication 


BEU 

et  -les  circonstances  dans  lesquelles  elle 
s'effectue  exercent  dans  le  même  sens 
une  influence  des  plus  marquées.  Un 
battage  trop  lent  ou  trop  rapide  a  l'in- 
convénient de  retarder ,  de  diminuer  la 
formation  et  l'agglomération  des  molé- 
cules butireuses  ou  de  nuire  à  leur  sa- 
veur. Le  moindre  défaut  de  propreté 
peut  amener  le  même  résultat.  Enfin  la 
température  seule,  par  ses  variations, 
peut  changer  plus  efficacement  encore 
la  nature  de  cette  substance  délicate. 
Tandis  que  de  12  à  15  degrés  centigra- 
des, on  obtient,  en  quantité  et  en  qualité, 
les  meilleurs  produits,  de  ce  deraier 
point ,  à  mesure  que  la  chaleur  augmente, 
le  beurre  devient  moins  abondant  et 
moins  bon.  A  2 1  degrés  on  en  perd  près 
d'un  sixième.  Il  se  transforme  en  une 
masse  molle  et  huileuse  qu'aucun  lavage 
ne  peut  dépouiller  complètement  de  pe- 
tit-lait. Aussi  cherche-t-on  soigneusement 
à  entretenir  dans  la  laiterie  une  tempé- 
rature égale,  et,  lorsqu*on  n'y  peut  par- 
venir, est-on  obligé  de  recourir  à  des 
moyens  artificiels  pour  obvier  aux  fâ- 
cheux effets  du  froid  pendant  l'hiver  et 
de  la  chaleur  pendant  l'é'é.  Malgré  ces 
précautions  il  arrive  parfois,  sans  qu'il 
soit  toujours  facile  d*en  trouver  les  mo- 
tifs, que  le  beurre  refuse  de  se  former. 
On  est  parvenu  dans  plusieurs  circons- 
tances à  empêcher  un  semblable  effet  en 
facilitant  la  séparation  des  parties  ca- 
seuses  par  l'addition  de  quelques  subs- 
tances acides,  alcooliques  ou  salines.  En 
Angleterre  on  emploie  le  vinaigre  et  le 
citron,  en  Allcma«^ne  l'eau-de-vie,  et  je 
crois  que  récemment  on  s'est  bien  trouvé 
en  France  de  l'usage  à  petites  doses, 
comme  dans  tous  les  cas  précédens ,  du 
sel  ordinaire  et  de  l'alun. 

Quoique  ce  soit  généralement  de  la 
crème  seule  qu'on  extraye  le  beurre ,  à  la 
Prévalaie  et  dans  quelques  autres  lieux  , 
pour  l'obtenir  plus  fin,  on  bat  le  lait  frais. 
Dans  d'autres,  afin  d'augmenter  les  pro- 
duits ,  on  laisse  la  crème  sur  le  caillé  et 
on  opère  sur  la  masse  entière  du  lait  aigri. 
Dans  d'autres  encore  on  fait  préalable- 
ment bouillir  la  crème.  Enfin  on  prépare 
aussi  du  beurre  avec  le  petit-lait ,  résidu 
de  la  fabrication  des  fromages.  Ce  der-- 
nier  surtout  est  de  qualité  très  inférieure. 


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BEtI 


(44ê) 


BBW 


Oft  fma  témrnxmiqwtf  «u  kmvrè,  en 
l«  faisait ,  difert  arômes  ;  on  peat  égale* 
WMntf  tans  ineonvénient  réel ,  mais  sans 
autre  avantage  que  de  duper  les  ache- 
teurs, lui  donner  artificiellement  celte 
eouleur  jaune  qui  flatte  le  regard  parce 
qu'elle  est  ordiiiairemeDt  un  indice  de  sa 
bootéi 

Quelque  soin  qu'on  ait  pris  de  la  fabri- 
cation du  beurre,  il  contient  toujours  au 
sortir  de  la  baratte  une  quantité  notable 
de  substance  séreuse  et  caseuse  qui  lui 
communiquerait  promptement  de  la  ran- 
eiditési  on  ne  parvenait  à  Ten  dépouiller. 
Cest  à  un  délaiuge  bien  fait  que  celui  de 
Normandie  et  de  Bretagne  doit  en  grande 
partie  sa  supériorité.  Cette  opération  se 
complète  le  plus  communément  par  des 
lavages  ;  cependant  le  délaitage  sans  eau, 
quoique  plus  long  et  plus  difficile,  est  pré- 
féré avec  raison  dans  divers  lieux.  Là  on 
pétrit  le  beurre  avec  des  battoirs;  on  Té- 
tend  ensuite  sur  des  tables  de  marbre,  et 
enfin  on  le  presse  à  plusieurs  reprises 
avec  un  linge  propre  et  sec  qui  absorbe 
jusqu'aux  moindres  gouttelettes  de  pétil- 
lait. 

La  conservation  du  beurre  avec  toutes 
les  qualités  qu'il  possède  lorsqu'il  est 
(Vais  étant  impossible  au-delà  d'un  temps 
assez  court,  on  a  cherché  par  divers 
moyens  à  l'empêcher  du  moins  de  rancir 
en  vieillissant  Pour  cela  la  méthode  la 
plus  en  usage  est  de  le  saler.  Quelques 
auteurs  recommandent  de  mêler  au  sel 
ordinaire  une  petite  quantité  de  sucre 
pulvérisé  et  de  nitre.  Quand  on  veut  pro- 
longer encore  davantage  sa  durée,  on  le 
fait  fondre  à  une  température  qui  doit 
être  élevée  progressivement  jusqu'à  l'é- 
bullition  ;  on  écume  et  on  laisse  refroidir. 
En  Angleterre ,  d'après  Anderson ,  on  fait 
entrer  le  beurre  en  fusion  au  bain-marie. 
Cest  par  un  semblable  procédé ,  par  une 
décantation  atlentive  du  liquide  trans- 
parent et  par  un  refroidissement  subît , 
que  les  Tatars  parviennent,  dil-on,  à  des 
résultats  encore  préférables. 

Dans  tous  les  cas ,  que  le  beurre  ait 
été  fondu  ou  simplement  salé,  on  lui  con* 
serve  sa  bonne  qualité  d'autant  plus  long- 
temps qu'on  le  tient  dans  un  lieu  frais  et 
à  l'abri  du  contact  de  l'air.        O.  L.  T. 

BSVfiEMINGK  (Jé&Aju  ta»}. 


boAmt  d*éH(C  eâèbre  des  Pro^nèes* 
Unies  de  Hollande,  naqnit  à  Gouda,  ea 
1614,  et  mourut  en  1090.  Il  fut  un  des 
négociateurs  les  plus  habiles  de  son  temps 
et  on  l'a  surnommé  le  Pacificateur,  Tré- 
sorier de  l'Union  jusqu'en  1665 ,  H  ren-» 
Ira  ensuite  dans  la  carrière  diplomatique. 
Les  Provinces-Unies  l'employèrent  dans 
un  grand  nombre  de  circonstances  et 
presque  toujours  avec  un  plein  succès  : 
eu  1667  à  Bréda,  en  1668  à  Aix-la- 
Chapelle,  en  1675  à  Kimègue.  Louis 
XIV  le  combla  d'honneurs  :  Beverningk 
opposa  à  ses  flatteries  le  plus  honorable 
désintéressement.  Il  fut  nommé  curateur 
de  l'université  de  Leyde  et  mourut  dans 
la  retraite.  S. 

BEWICR  (Thomas),  le  régénératea 
de  la  gravure  sur  bois  et  l'un  des  plus 
habiles  dessinateurs  d'animaux  qui  aient 
vécu  à  notre  époque,  naquit  l'an  175S, 
en  Angleterre ,  dans  le  Northumberland, 
au  petit  village  de  Cherrybum.  Il  vint  au 
monde  dans  une  ferme  dont  son  père 
était  propriétaire,  et  ce  fut  en  y  jouant 
au  milieu  des  troupeaux  qu'il  sentit  naî- 
tre en  lui ,  dès  ses  plus  tendres  années, 
ce  génie  d'observation ,  cet  instinct  pit- 
toresque, ce  penchant  spécial  et  irrésis- 
tible qui  devaient  en  faire  un  rival  de  Cari 
Dujardîn  et  de  Berghem.  Sans  cesse  occu- 
pé à  suivre  les  mouvemens,  à  observer  les 
formes  et  les  attitudes  des  animaux,  ce9 
premiers  amis  de  son  enfance,  il  repro- 
duisait, au  moyen  d'un  peu  de  craie  ou  de 
charbon, celles  de  ces  formes,  celles  de  ces 
attitudes  qui  avaient  le  plus  frappé  sa 
naïve  imagination.  De  toutes  parts ,  les 
portes,  les  murailles,  les  lambris  de  la 
ferme  et  du  village  étaient  tapissés  de  ces 
fresques  grossières.  A  cette  époque,  un 
graveur  sur  cuivre ,  nommé  Bielby,  vint 
à  traverser  le  hameau  de  Cherryburn. 
Étonné  à  la  vue  de  cette  galerie  d'un  nou- 
veau genre,  il  veut  en  connaître  l'auteur! 
et,  frappé  de  sa  jeunesse  non  moins 
que  de  ses  étonnantes  dispositions,  il  de- 
mande avec  instance  l'enfant  à  son  père , 
l'obtient,  et  l'emmène  comme  apprenti 
à  Newcastle,  lieu  de  sa  résidence.  Bielby 
ne  manquait  ni  d'adresse,  ni  même  de 
talent  :  sous  lui  Bewiçk  fit  de  rapides 
progrès;  mais  peut-être  n'eût-il  jamais 
été  que  F  un  de  ces  nulle  graveurs  habiiea 


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tell  rAogktwre  tbondci  méê  émt  la 
répHtatkHi  meurt  avec  eax,  sftos  nne  cir- 
constance particnlière  qui  lui  fit  embras^ 
ser  exclusivement  une  branche  spéciale 
4e  son  art  :  la  gravure  sur  bois. 

Le  docteur  Hutton ,  qui  préparait  la 
publicatian  de  son  Traité  de  navigation , 
orné  d'un  grand  nombre  de  figures  géo- 
métriques, avait  chargé  Bielby  de  les 
lui  graver  an  burin.  Bielby  lui  conseilla 
d'employer  de  préPérence  la  gravure  sur 
bois.  Moins  dispendieuse  et  plus  rapide 
d'exécution  à  la  fois  et  d'impression , 
elle  avait  surtout  encore  l'inappréciable 
avantage  de  pouvoir  se  placer  en  tout 
«ndroit  dans  le  courant  du  texte  même 
et  d'en  faciliter  immédiatement  l'in- 
telligence, en  faisant  tomber  sous  un 
même  coup  d'œil  et  la  démonstration  li- 
néaire et  l'explication  théorique.  Le  doc- 
teur go&ta  ce  conseil,  et  ce  fut  le  jeune 
Bevrick  qui  fut  chargé  de  l'exécution  du 
travail.  Mais  ni  le  professeur,  ni  l'élève 
n'avaient  exercé  ce  genre  de  gravure  ;  ils 
s'en  étaient  tenus  à  la  théorie.  Toute- 
fois, grâces  à  ses  efforts  et  aux  directions 
de  Bielby,  le  jeune  homme  fut  bientôt 
maître  du  procédé  pratique,  et  les  figu- 
res du  docteur  furent  terminées.  Netteté, 
précision,  effet,  tout  s'y  trouvait  réuni. 
Satisfait  au-delà  de  ses  espérances,  Hat- 
ton  se  joignit  à  Bielby  pour  encourager 
le  jeune  artiste  à  persister  dans  la  voie 
qu'il  venait  de  s'ouvrir,  et  désormais  la 
Tocâtion  de  Bewiclc  fut  fixée.  Alors,  il 
existait  encore  à  Londres,  dans  quelque 
rue  misérable,  près  de  Hatton-Garden , 
tio  graveur  sur  bois ,  vieillard  ignoré,  au- 
teur de  la  plupart  des  chefs-d^œuvre  qui 
décorent  les  légendes  populaires  et  les 
complaintes  à  deux  sous.  Thomas  alla 
courageusement  se  mettre  en  apprentis- 
sage chez  ce  maître;  mais  il  vit  sur-le- 
champ  qu*il  n'avait  point,  dans  son  art, 
de  secrets  à  lui  surprendre,  et,  le  lais- 
sant faire  sans  partage  les  délices  des  fau- 
bourgs et  des  campagnes,  il  se  hâta  de 
retourner  à  Newcastle,  fidèle  à  son  pre- 
mier atelier. 

Cependant  Bewick  avait  sur  le  cœur 
et  Tinutilité  de  son  long  voyage  (  New- 
castle est  à  80  lieues  de  la  capiule),  et 
répuisement  de  ses  finances ,  et  le  dédai- 
gneux accoeil  qu'avait  rencontré  le  pau- 


(  U1  )  BBW 

tre  apprenti.  Le  bruit,  la  dépéBM,  les 
rivalités,  avaient  fait  de  Londres  un 
épouvantail  pour  cette  ame  simple,  amie 
de  la  paix  et  des  champs.  Londres  ne 
le  revit  plus.  Une  infortune  qui  devait 
laisser  dans  son  cœur  un  chagrin  profond| 
l'attendait  à  son  retour  dans  le  Northum* 
berland  :  la  mort  de  son  père.  Dès  qu'il 
eut  recueilli  le  dernier  soupir  du  vieil- 
lard, il  retira  de  la  ferme  John,  son  plue 
jeune  frère,  dont  il  fit  un  graveur,  et  tout 
ses  voyages  se  bornèrent  désormais  dana 
le  cercle  de  Newcastle,  sa  résidence  ha- 
bituelle, au  village  de  Cherry burn  où  se 
conservaient  encore  religieusement  quel- 
ques-uns des  informes  essais  de  ta  pre- 
mière enfance. 

Associé  à  cette  époque  aux  travaux  et 
aux  bénéfices  de  Bielby  chez  qui  la  be- 
sogne abondait,  jamais  il  ne  fut  plus 
laborieux;  mais  peu  soucieux,  par  carac- 
tère, de  son  avenir,  s'il  travaillait,  c'était 
par  amour  du  travail ,  par  passion  pour 
son  art.  Nul,  en  effet,  ne  fut  plus  profon- 
dément artiste;  nul  aussi  n'eut  une  vie 
plus  régulière,plus  sobre  et  plus  heureuse 
à  la  fois  dans  sa  monotone  simplicité. 

Ce  fut  en  ce  même  temps  (1775) 
que  la  Société  des  Arts  de  Londres,  vou- 
lant faire  revivre  une  branche  intéres- 
sante des  arts,  si  brillante  aux  beaux 
temps  des  Albert  Durer,  des  Burgmaier 
et  des  Holbein,  mais  réduite  depuis  an 
vil  usage  des  papiers  peints  et  des  cartes 
à  jouer,  proposa  un  prix  pour  la  meil- 
leure gravure  sur  bois  dont  le  sujet  était 
laissé  aux  concurrens.  Toute  rivalité 
tomba  devant  l'œuvre  qu'envoya  Be- 
wick :  il  eut  le  prix.  Sa  gravure,  exécutée 
sur  son  propre  dessin,  représentait  un 
vieux  chien  de  chasse.  C'est  le  premier 
dessin  sur  bois  remarquable  depuis  la 
régénération  de  cet  art.  Depuis,  il  fut  in- 
séré dans  une  édition  des  fables  de  Gay, 
imprimée  à  Newcastle,  livre  charmante 
dont  tous  les  embellissemens,  sortis  du 
crayon  de  Bewick  et  gravés  par  lui  et 
par  son  frère,  sont  dignes  de  l'essai  cou- 
ronné. Alors  les  commandes  arrivèrent  de 
toutes  parts  ;  Bewick  redoubla  d'ardeur, 
et  toutefois  à  ses  travaux  graphiques  il 
trouva  encore  le  moyen  de  joindre  de 
sérieuses  études  d'histoire  naturelle.  A 
trente  ans  le  ^  du  fermier  de  Cher* 


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BEW 


(448) 


BEL 


ryburn  fut  l'un  des  premiers  artistes  de 
FEurope. 

Il  méditait  une  Histoire  des  quadru- 
pèdes  :  dixTiint  six  années  il  en  recueillit 
sans  relâche  les  matériaux;  ses  carions  se 
remplirenld'esquissesvetson  burin  rendit 
le  bois  obéissant.  Enfin  le  grand  ouvrage 
parut,  et  le  succès  en  fut  universel;  Tarliste 
applaudit,  le  savant  admira.  Ce  p*étaient 
plus  ces  images  insignifiantes  et  fausses, 
misérables  parodies  de  la  nature,  qui  dé- 
paraient et  qui ,  journellement  encore, 
inondent  les  publications  d*hi:itoire  na- 
turelle :  c'était  une  représentation  exacte, 
sentie,  vivante  des  animaux. 

On  peut  dire  qu'il  expira  le  ciseau  à 
la  main;  aussi  Toeuvre  de  cet  artiste  est-il 
immense,  et  cependant,  quand  il  mourut, 
en  1828,  il  ne  laissa  pas  la  fortune  que 
tant  deiabeurs  et  tant  de  succès  auraient 
pu  lui  faire  attribuer.  Peu  de  profits  lui 
échurent  pour  ces  ouvrages  qui  enri- 
chirent des  libraires  et  devaient,  après 
lui,  prendre  tant  de  valeur.  Les  amateure 
et  les  artistes  se  les  disputent  aujourd'hui 
dans  les  ventes,  et,  par  la  vivacité  de  leurs 
enchères,  semblent  payer  un  nouvel  hom- 
mage à  la  mémoire  de  Thomme  modeste 
qui  rendit  à  la  gravure  sur  bois  ses  titres 
méconnus  et  Tenrichit  de  procédés  ou- 
bliés ou  nouveaux.  C*est  Bewick  en  effet 
qui  a  retrouvé  celui  des  hachures  croi- 
sées dont  l'extrême  difficalté  avait  en- 
traîné la  désuétude;  c'est  lui  qui  a  sub- 
stitué l'usage  général  du  bois  de  bout  au 
bois  de  fil,  amélioration  immense  qui  a 
prêté  au  bois  une  richesse  inconnue  d'ex- 
écution. Foy,  Gravure  sur  bois.  F.  d.  C. 

BEYy  titre  employé  chez  les  Turcs 
(voy.  Bec)  et  synonyme  quelquefois  du 
mot  dey.  Les  Turcs  nomment  aussi  ùeys 
des  capitaines  de  galère  ayant  rang  de 
pacha  à  deux  queues,  et  chargés  quelque- 
fois du  gouvernement  d'une  ilc.  S. 

BEZBORODKO  (le  prince  Alexan- 
DRE;,chancelierdeRussie,con8eillerprivé- 
actuel  de  première  classe  et  chevalier  des 
ordres  de  l'empire,  naquit  en  1742,  dans 
la  Petite- Russie,  d'une  famille  noble, 
mais  obscure,  se  fraya  lui-même  le  che- 
min à  la  plus  baille  dignité  dans  l'admi- 
nistration rubsc,  et  termina  sa  carrière  en 
1799  avec  la  réputation  du  plus  habile 
homme  d'état  de  aco  pays.  Après  avoir 


fait  quelques  études  à  Kîef ,  Il  entra  aa 
service  militaire  comme  officier,  et  bien^ 
tôt  après  il  devint  secrétaire  près  du  feld- 
maréchal  Roumantsof.  En  1774  l'impé- 
ratrice Catherine  le  chargea  des  mêmes 
fonctions,  d'abord  dans  la  chancellerie 
impériale  et  ensuite  dans  son  cabinet; 
elle  lui  conféra  en  même  temps  le  grade 
de  colonel.  En  1780  elle  le  nomma  mi- 
nistre de  l'intérieur,  a  la  suite  d'une  sur- 
prise qu'il  lui  avait  ménagée  et  qu'on 
peut  lire  dans  les  Mémoires  secrets  de 
Masson,  t.  T"",  p.  292. 

Doué  d'une  extrême  facilité  pour  le 
travail,  d'une  mémoire  prodigieuse,  d'un 
esprit  fécond  en  ressources,  il  rendit  dans 
ce  poste  des  services  éminens;  à  la  mort 
du  comte  Paiiine  (  1 783j,  l'impératrice  re- 
porta sur  Bczborodko  toute  sa  confiance, 
et  pour  faire  sa  cour  a  cette  puissante  al- 
liée, Joseph  II  conféra  au  ministre  le  ti- 
tre de  comte  du  Saint- Empire.  Après  la 
mort  du  prince  Potemkin  (lisez  Patioin- 
kine),  dont  Bezborodko  avait  été  le  secret 
antagoniste, celui-ci  fut  envoyé  au  congrès 
de  lassy  et  signa  le  traité  du  9  janvier 
1 792,  par  lequel  Otchakof  et  le  pays  d'a- 
lentour furent  cédés  à  la  Russie.  Le  col- 
lier de  Tordre  de  Saint- André  devint  sa 
récompense  et  Catherine  II  l'appela  ans* 
sitôt  à  siéger  au  collée  des  aU'aires  exté- 
rieures, poste  dans  lequel  l'occupèrent 
principalement  les  afTaires  de  Pologne. 
Cependantsoniiifluencediininua  ensuite; 
il  fut  effacé  par  Platon  Zoubof,  alors 
favori  de  Catherine.  Mais  Paul  I*'  le 
combla  de  bienfaits,et  ce  fut  lui  qui, après 
l'avoir  nommé  prince  et  altesse,  l'éleva, 
en  1797,  à  la  dignité  de  chancelier  de 
l'empire  dont  il  resta  investi  jusqu'à  sa 
mort,  à  la  satisfaction  de  son  maître.  Paul, 
afiligé  de  sa  perte,  lui  fit  faire  de  magni- 
fiques obsèques  et  ordonna  qu'il  fût  en- 
terré dans  l'église  claustrale  de  Saint- 
Alexandre  Nefski.  Pendant  sa  gestion  y 
Bezborodko  avait  conclu  des  traités  d'al- 
liance avec  la  Porte,  avec  les  Deux-Si- 
ci les  et  avec  la  Grande-Bretagne  contre 
Ta  France.  On  assure  (|ue  ses  papiers  d'é- 
tat servent  encore  aujourd'hui  de  mo- 
dèles. 

Le  prince  Bezborodko,  grand  ami  des 
arts,  avait  formé  dans  son  magnifique  hô- 
tel de  Saiot-Pétersbourg  une  galerie  de 


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BEZ 


tableaux  et  d'autres  objets  d'art  très  re- 
marquables; 16  des  meilleurs  Vernet  dé- 
coraient la  chambre  à  coucher.  Celte  ga- 
lerie existe  encore  et  les  étrangers  peu- 
"vent  être  admis  à  la  visiter.  Sa  belle 
maison  de  plaisance  dans  le  quartier  dit 
c6té  de  Vybourg,  sur  la  Neva,  quoique 
toujours  la  propriété  de  la  famille,  forme 
une  promenade  publique.  Le  prince  a  de 
plus  attaché  son  nom  à  une  école  latine 
qu*il  a  fondée  à  Néjine,  gouvernement 
de  Tcbernigof,  près  de  son  lieu  natal. 

Tous  ses  biens  et  les  47,000  paysans 
mâles  qui  en  formaient  la  partie  essen- 
tielle, ont  passé  à  son  frère  unique,  le 
comte  Élie  AndkéFbvitch  Bezborodko, 
mort  en  1815,  conseiller-privé- actuel, 
chevalier  des  ordres  de  l'empire  et  ma- 
réchal de  la  noblesse  du  gouvernement 
de  Saint-Pétersbourg.  J.  H.  S. 

BÈZE  (Théodore  de),  l'un  des  plus 
célèbres  théologiens  réformés  du  xvi*^ 
siècle,  DoquK  à  Yezelai  en  Nivernois,  en 
1519.  Son  goût  semblait  devoir  le  porter 
bien  plus  vers  la  littérature  que  vers  la 
tbéologie  :  spirituel,  railleur,  satirique, 
il  marqua  son  entrée  dans  la  carrière  par 
des  poésies  erotiques  désignées  sous  le 
nom  de  Poemata  juvenilia.  Déjà  pourvu 
par  le  crédit  de  sa  famille  de  riches  béné- 
fices ecclésiastiques,  sa  position  dans  le 
inonde  était  assurée;  mais  des  motifs  de 
conscience  le  décidèrent  à  renoncer  a 
tous  ces  avantages.  Secrètement  engagé 
dans  les  liens  du  maiiage*^  et  prévenu 
d'ailleurs  contre  les  principes  du  catho- 
licisme, (1  partit  de  France  et  se  rendit 
à  Genève  où  il  embrassa  la  religion  ré- 
formée. Bientôt  les  fonctions  de  profes- 
seur de  langue  grecque  qu'il  remplissait 
à  Lausanne,  sa  traduction  des  Psaumes 
en  vers  français,  ouvrage  déjà  commencé 
par  Clément  Marot,  une  foule  d'écrits 
poétiques  et  polémiques  parmi  lesquels  on 
remarque  sa  tragédie  à* Abraham  sacri- 
fianl  (1550),  une  apologie  du  supplice 

(•)  Notre  impartialité  noug  impote  le  devoir 
de  faire  oliserver  ici  que  In  jruoesM  deBi-ze, 
set  rapports  avec  Claudine  Ueiiosse  long-temps 
•yanl  qu^elle  ne  fût  ta  femme,  d'autres  liaisons 
d*iiraoar,  les  vers  liceorieux  qu'il  puldia  en  i548, 
oot  dû  rendre  suspect  à  %k%  adversaires  le  xèle 
ardent  avec  lequel  il  pratiqua  les  leçons  de  son 
maître  Melcbior  Yolmar  et  oe  Urda  pas  a  mdr- 
Am  aor  les  traces  de  Calvin.  J.  H.  S. 

Mmcyclop.  d.  C.  d.  M.  Tms  lU. 


(44») 


BEZ 


de  Servet,  vivement  reprochée  à  sa  mé- 
moire, sa  traduction  (1556)  et  5  éditions 
critiques  du  Nouveau -Testament,  etc., 
lui  donnèrent  une  haute  célébrité  et  Ten- 
vironnèrent  d'une  considération  juste- 
ment acquise.  Ce  ne  fut  rependant  qu'à 
Tàge  de  40  ans  qu'il  fut  admis  à  Genève 
aux  fonctions  du  ministère  ecclésiastique 
et  à  l'enseignement  de  la  théologie.  Des 
lors  Théodore  de  Bèze  fut  l'un  des  prin- 
cipaux représentans  du  parti  de  la  ré- 
forme; envoyé  au  colloque  de  Poissy 
pour  en  soutenir  la  cause,  il  présenta  la 
confession  de  foi  des  2,150  églises  ré- 
formées de  France  au  roi  Charles  IX , 
dans  l'assemblée  solennelle  des  États  du 
royaume.  Après  le  massacre  de  Vassy, 
sollicitant  en  vain  la  protection  du  roi  de 
Navarre  en  faveur  des  réformés,  il  ne 
craignit  pas  d'adresser  à  ce  prince  ces 
énergiques  paroles  qui  se  sont  conser- 
vées :  Sire,  l'Église  de  Dieu  est  une  en- 
clame  sur  laquelle  doivent  se  briser  en- 
core bien  des  marteaux.  De  retour  à 
Genève  après  la  mort  de  Calvin,  De  Bèze 
fut  le  digne  successeur  de  ce  laborieux 
réformateur;  il  trouva  des  forces  et  du 
zèle  pour  suffire  à  celte  mission  difficile. 
On  le  vit  présider,  en  1571,  le  synode 
national  de  La  Rochelle,  proléger  de  ses 
recommandations   auprès    des    princes 
d'Allemagne  et  des  cantons  suisses,  la 
foule  de  réformés  français  qui  s'exilaient 
de  leur  patrie  à  la  suite  des  massacres  de 
la  Saint-Barthéleniy;  tenter,  en  1586,  au 
colloque  de  Montbéliard,  de  réunir  les 
deux  branches  de  la  réforme;  prévenir , 
au  colloquede  Berne,  en  1 588,  un  schisme 
prêt  d'éclater  entre  les  théologiens  suis- 
ses; remplacer  à  lui  seul,  de  1589  à  1591, 
à  Tàge  de  70  ans,  tous  les  professeurs  de 
l'académie  de  Genève  que  la  république 
ne  se  trouvait  plus  en  état  d'entretenir. 
Cestravauxmultipliés  n'avaient  pas  éteint 
s^  verve;  il  sut  trouver  encore  des  loisirs 
pour  publier  une  foule  d'écrits  en  vert 
et  en  prose^  et  surtout  le  plus  remarqua- 
ble de  ses  ouvrages,  V Histoire  ecclésias^ 
tique  des  églises  réformées  au  royaume 
de  France  depuis  Van  1521  Jusqu'en 
1563.  Théodore  <le  Bèze  mourut  à  Ge- 
nève, en  1605,  après  avoir  poussé  jus- 
qu'à l'âge  de  86  ans  aoa  honorable  et 
laborieuse  carrière.  B-d. 

fi9 


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BEZ 


(450) 


fiËZ 


BÉZQAl^D  ^  nom  dérivé  de  Tarabe  et 
qa*on  donnait  jadis  à  des  substances  ani- 
males qu'on  payait  au  poids  de  Tor,  en 
raison  des  vertus  extraordinaires  qu'on 
leur  attribuait.  L'esprit  de  critique  est 
"encore  venu  déchirer  cette  page  de  l'his- 
toire de  nos  erreurs,  et  les  bézoards,  exa- 
minés par  la  chimie  moderne,  n'ont  plus 
été  que  des  concrétions  de  diverse  nature 
formées  dans  les  intestins,  dans  la  vési- 
cule biliaire  ou  la  vessie  urinaire  de  dif- 
férens  animaux. 

Les  bézoards  avaient  reçu  'des  noms 
variés  suivant  le  pays  d'où  ils  venaient; 
de  là  les  bézoards  orientaux ,  occiden-' 
taux,  germaniques.  On  appelait  bulithes 
ceux  du  bœuf,  hippoliihes  ceux  du  che- 
val, egagropiles  ceux  de  la  chèvre.  Le? 
calculs  urinaires  et  biliaires  de  l'homme 
ont  été  des  bézoards  humains. 

Dans  l'enthousiasme  qu'on  avait  pour 
ces  concrétions,  les  spéculateurs  cher- 
chaient à  en  produire  de  faux  qui,  à  vrai 
dire,  n'étaient  pas  moins  elBcaces  que  les 
véritables.  Il  fallait  d'ailleurs  que  les  bé- 
zoards fussent  encore  bien  en  honneur 
en  1808,  puisqu'il  s'en  trouvait  parmi 
le3  présens  que  le  chah  de  Perse  envoyait 
à  cette  époque  à  l'empereur  Napoléon , 
qui  les  fit  analyser ^  et,  dit-on,  jeter  au 
feu. 

C'est  donc  aux  mots  Concertions  et 
Calculs  qu'il  faut  chercher  la  composi- 
tion chimique  des  bézoards.  Quant  à 
leurs  propriétés  médicinales,  il  est  bien 
évident  qu'elles  sont  tout-à-falt  imaginai- 
res; car  on  n'avait  pas  craint  de  les  in- 
diquer comme  antidotes^  des  poisons  les 
plus  violens,  et  comme  spécifiques  dans 
les  maladies  dont  l'incurabilité  absolue, 
oi^  tout  au  ^o\m  relative,  est  démontrée 
par  Texpérie^ce. 

On  a  totalement  renoncé  à  l'emploi 
des  bézoards,  puisque  les  substances  sa- 
lines ov^  avUres  dont  ils  sont  cpmposés 
se  trouvent  p!\^s  facilement  et  à  un  état 
de  pureté  plus  grande  dans  les  phari^ia- 
cies.  F.  R. 

BE70UT  (Étiettnk  )  naquît  à  Ne- 
mours, en  1730,  d'upe  famille  fort  pau- 
vre, lia  lecture  d^  quelques  ouvrages  de 
géométrie  lui  révéla  sa  vocation.  Obligé 
de  se  livrer  à  Tinstruction,  il  consacra  ses 
loisirs  à  des  recherches  sur  le  calcul  iaté* 


gral  ;  deux  mémoires  sur  oe  sujet  lai  ou^ 
vrirent ,  en  1 763 ,  les  portes  de  l'Acadé- 
mie des  sciences;  il  n'ayait  encore  que 
28  ans.  Les  goûts  de  Bezout  l'auraient 
porté  à  embrasser  les  généralités  du  cal- 
cul; mais,  père  de  famille  sans  fortune, 
il  sut  renoncer  à  ce  genre  d'études  qui 
conduit  plus  à  la  gloire  qu'à  la  richesse, 
et  il  accepU,  en  1763,  la  place  d'exami- 
nateur des  gardes  de  la  marine.  M.  de 
Choiseul  le  chargea  en  môme  temps  de 
la  composition  d'un  ouvrage  pour  l'in- 
struction de  ces  élèves,  et  il  publia,  en 
1764,  son  Cours  de  mathématiques  à 
l'usage  des  gardes  de  la  marine.  Dans 
ce  cours  il  traite  d'une  manière  simple 
des  questions  élevées  dont  la  solution 
indispensable  pour  la  construction  des 
vaisseaux ,  était  jusqu'alors  ignorée  par 
les  élèves  de  la  marine.  Bientôt  après,  en 
1768,  nommé  examinateur  pour  l'ar- 
tillerie, il  donna  une  nouvelle  édition  de 
son  ouvrage,  en  y  introduisant  les  ap- 
plications nécessaires  aux  officiers  de 
cette  arme.  On  peut  reprocher  à  Bezout 
d'avoir  trop  souvent  négligé  des  démon- 
strations indispensables  dans  l'enseigne- 
ment des  sciences  rigoureuses;  son  traité, 
le  seul  complet  qui  ait  existé  pendant 
long-temps,  n'en  a  pas  moins  servi  de 
base  à  Tinstruction  durant  de  longues 
années,  et  acquis  à  son  autear  une  im- 
mense popularité. 

En  1779  parut  la  Théorie  générale 
des  équations  déterminées,  à  laquelle 
Bezout  travaillait  depuis  1763;  cette 
théorie  n'a  certes  pas  tranché  toutes  les 
difficultés  qqe  présente  cette  partie  du 
calcul ,  mais  elle  a  du  moins  fait  pres- 
sentir la  marche  à  suivre  pour  arriver  à 
une  solution  complète. 

Bezout,  adonné  à  la  géométrie,  cul- 
tivait cependant  avec  snceès  les  sciences 
physiques;  il  a  le  premier  fait  connaître 
les  grès  cipistallbés  de  Fontainebleau,  qoi^ 
depuis,  ont  été  l'objet  de  recherches  sa- 
vantes* 

Ce  savant  modeste  était  d'un  carac- 
tère fort  doux;  cependant  son  abord 
froid  prévenait  mal  en  sa  faveur  ceux  qui 
le  connaissaient  peu  :  ce  qui  a  fait  dire 
à  Condorcet  qu'il  y  avait  deux  hommes 
en  lui  :  l'homme  des  amis ,  ei  l'homm* 
des  étrangers.  Des  Caticpiea  ocoaMOiméei 


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bia: 

par  sMTotages,  et  quelc^fts  chagrins  per- 
sonnels, abrégèrent  ses  jours  :  il  mourut 
en  1783.  C-s. 

9  FA  SI  est  une  anciepne  expres- 
sion dont  on  se  servait  en  France  pour 
désigner  la  note  ou  le  ton  de  si  bémol,  et 
qpi  est  basée  sur  le  même  principe  que 
le  ^yâ  des  Italiens.  On  dit  simplement 
aujourd'hui  si  bémol.  Cependant  quel- 
ques vieux  maîtres  de  solfôge  se  servent 
encore  de  l'antique  dénomination  de  B 
fa  sL 

On  écrit  encore  au  commencement 
d'un  morceau  de  cor  ou  de  trompette  en 
si  bémol:  cordon  trompette,  en  B,  £.  F-&. 

BHAGAViU>-GHITA,^oj.  Maha- 

BARATA. 

BIAI4OTIÊTZ,  nom  d'une  immense 
forêt  de  la  Lithuanie,  située  dans  le  gou- 
▼erneraent  (ci-devant  palatinat)  de  Grod- 
no ,  district  de  Pruzany,  entre  52°  29' 
et  52^*  51'  de  laUtudeN.,  et  41^  lO'  et 
420  de  longitude  de  Tîle  de  Fer.  Elle  tou- 
che, du  côté  de  l'est,  aux  forêts  de  la 
itai*ostie  de  Szereszéw  (lisez  Chéréchef) 
et  autres  qui  s'étendent  jusqu'à  celle  de 
Pinsk;  au  sud,  elle  est  bornée  par  les 
champs  du  district  de  Brzesc-Litewski  ; 
\  Fouest  par  les  frontières  du  district 
de  Bialystok ,  et  au  nord  par  la  rivière 
Naref  qui  la  sépare  de  la  forêt  de  Tysz- 
kiéwicz  (lises  Tischkiévitch).  Sa  circon- 
férence est  de  plus  de  30  milles  de  Li- 
thuanie ;  elle  a  7  milles  de  long  sur  6  de 
large. 

La  forât  de  Bialovietz  est  devenue, 
depuis  Catherine  II,  la  propriété  des 
tsars ,  qui  l'ont  placée  sous  la  surveillance 
de  12  gardes  forestiers.  Ce  qui  la  rend 
surtout  célèbre ,  o*est  qu'elle  est  aujour- 
d'hui le  seul  endroit  en  Europe  où  l'on 
trouve  l'espèce  de  bœuf  sauvage  appelé 
bison  (yojr.)^  en  polonais  zubr;  aussi  cet 
animal  y  eat-il  gardé  avec  un  soin  tout 
particulier. 

Autrefois  cette  ibrét  était  encore  bien 
plus  étendue  qu'elle  ne  l'est  actuellement, 
Elle  faisait  partie  du  domaine  national 
de  la  république  polonaise,  et  renfermait 
une  foule  d'animaux  sauvages  de  toute 
espèce  ji  mais  le  nombre  de  ces  animaux 
le  trouva  considérablement  réduit  par 
les  chasses  continuelles  que  leur  faisait 
le  roi  Auguste  IL  Ce  prince  ordonna 


(451)  BIA 

d'établir  dans  la  forêt  deux  gran^ei 
routes  connues  sous  le  nom  de  route 
de  Grodno  et  de  route  de  Varsovie,  et 
qui  ne  tardèrent  pas  à  être  d'une  grande 
utilité  aux  Moscovites  dans  leqrs  plans 
contre  la  Pologne ,  en  leur  offrant  un 
passage  pour  leurs  troupes  et  eu  facili* 
tant  toutes  leurs  communications.  Après 
l'achèvement  de  ces  deux  routes,  Auguste 
n  ordonna  une  grande  chasse  dont  il 
voulut  consacrer  le  souvenir  par  un  mo« 
nument  en  marbre  que  l'on  voit  encore 
aujourd'hui  dans  le  village  de  BialowietZ| 
et  sur  lequel  ce  monarque  fit  inscrire  les 
noms  de  tous  les  chasseurs  et  le  nombre 
de  gibier  qu'ils  paient  pris. 

Après  l'envahissement  de  la  Pologne 
par  les  Russes ,  Catherine  II  en  distribua 
plusieurs  portions  à  ses  courtisans ,  et  le 
plus  grande,  échue  à  Ronmantsof,  fut 
ensuite  vendue  à  différentes  personnes 
qui  s'y  établirent  ;  le  reste,  appelé /ô/^# 
impériale,  et  qui  appartient  au  gouver- 
nement, fut  destiné  à  former  le  parc  des 
zoubres.  Plusieurs  colonies  étant,  en 
outre ,  venues  s'y  établir,  la  forêt  se  trouva 
peu  à  peu  dévastée  et  réduite  à  ses  li-* 
ifiites  actuelles,  et  la  plupart  des  races 
d'animaux  qui  l'habitaient  finirent  par 
disparaître. 

Cependant  elle  renferme  eoopre ,  ou- 
tre les  zoubres,  des  élans,  des  daims» 
des  ours,  des  sangliers,  des  loups,  etc* 

Le  climat  y  est  tempéré |  oopune  dans, 
toute  la  province.  Le  terrain  b'v  est  point 
marécageux;  le  Naref  et  la  Narefka  ta 
coupent  en  partie.  fMe  n'a  dans  son  ii|- 
térieur  que  3  villages  ei  presque  pas  de 
montagnes.  La  plus  haute  coÛine  qu'on 
y  trouve  est  celle  fie  Batory,  ainsi  oom- 
mée  en  con^çnémoration  du  diner  qu'y  fil 
le  roi  Etienne  pçncïani  upç  chasse.  Ses 
sapins  sont  renommés ,  et  ce  q'est  pas 
sans  raison  qu'on  les  nomme  sapins pri-^ 
miiifs;  c'est  di|  bois  de  eet  arbre  quf 
l'on  fait  les  mâts,  et  Ton  vient  squvent 
de  fort  loin  pour  en  recueillir  la  se- 
mence: le  gouvernement  russe  en  envoya 
chercher  pour  les  environs  ée  Saint-Pé- 
tersbourg. 

Il  serait  difficile  de  dire  à  quelle  épo* 
que  remonte  l'origine  de  cette  forêt  ;  on 
y  découvre  cependant  des  traces  de  murs 
et  de  remparts,  et  dans  plusieurs  endroks 


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BIA. 


(452) 


BU 


«lie  offre  des  promenades  si  régulières , 
des  perspectives  si  bien  ménagées,  qu'on 
serait  vraiment  tenté  de  croire  qu'elle 
ne  doit  pas  tout  à  la  seule  nalure  et  que 
le  génie  des  hommes  a  aussi  passé  par-là. 

L'ouvrage  le  plus  complet  et  le  plus  in- 
téressant sur  la  forêt  de  Bialovietz  est  ce- 
lui de  M.  le  baron  Jule^Brinken,  chef  fo- 
restier du  royaume  de  Pologne;  il  est 
écrit  en  français  et  intitulé  :  Mémoire 
descriptif  sur  la  grande  forêt  de  Bia- 
lovietz, Varsovie,  1826. 

La  dernière  insurrection  de  Lilhuanie 
a  ajouté  encore  à  la  célébrité  de  celle  fo- 
rêt. Un  de  ses  gardes,  le  vieux  Jacques 
Szretter  s'y  est  couvert  de  gloiie,  ainsi 
que  ses  trois  fils  et  plusieurs  de  ses  conci- 
toyens, en  résistant  pendant  6  mois,  avec 
une  héroïque  bravoure,  aux  oppresseurs 
de  sa  malheureuse  patrie  {f^oj,  sa  bio- 
graphie dans  Les  Polonais  et  les  Polo^ 
naises  de  la  Révolution  du  29  novem- 
bre 1830).  A.  R-sKi. 

BIANCIfINI.  Plusieurs  savans  ita- 
liens ont  porté  ce  nom  ;  le  plus  remar- 
quable estFaAMçoi»  Bianchini,  célèbre 
astronome  et  antiquaire,  qui  naquit  à 
Vérone  en  1662  et  pikssa  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie  à  Rome  où  il  fut  comblé 
de  distinctions  et  de  grâces  par  les  papes 
Alexandre  VIII,  Clément  XI  et  Inno- 
cent XIII.  Chargé  de  tirer  une  ligne 
méridienne  et  de  dresser  un  gnomon 
dans  l'église  de  Sain te-Marîe-des- Anges, 
il  accomplit  avec  succès  cette  difficile 
opération;  il  perfectionna  beaucoup  la 
machioe  qui  sert  à  corriger,  dans  les  lu- 
nettes du  plus  grand  foyer,  les  imper- 
fections des  tubes.  La  liste  des  ouvrages 
qu'il  a  laissés  sur  les  sciences  exactes  et 
sur  les  antiquités  serait  fort  longue  et  il 
faudrait  encore  y  joindre  ses  poésies; 
car  ses  graves  études  ne  l'empêchaient 
pas  de  se  livrer  à  la  littérature. 

Son  neveu,  Joseph  Bianchini,  né  à 
Vérone  en  1704,  marcha  sur  ses  traces 
et  fit  preuve,  surtout  comme  antiquaire, 
d'un  savoir  presque  aussi  étendu  que  le 
sien.  Un  autre  Bianchini,  Joseph-Ma- 
&1B,  né  en  Toscane  en  1685,  était  dis- 
tingué comme  littérateur^  et  laissa  des 
ouvrages  en  prose  et  en  vers  dont  une 
traduction  du  Cantique  des  Cantiques; 
et  un  quatrième  Bianchini,  GtovAirifi- 


FoRTUNATO  (né,  enl  720,dans  leroyanuM 
de  Naples  ),  jouit  d'une  grande  réputa- 
tion comme  philosophe  et  comme  mé- 
decin. L.  L.  O. 

BIARMIE,  nom  d'un  royaume  fin* 
nois  au  nord  ou  nord-est  de  la  Russie 
dont  il  est  souvent  question  dans  les  an- 
nales des  pays  Scandinaves,  mais  dont 
aujourd'hui  il  est  impossible  de  détermi- 
ner les  limites.  C'est  sans  doute  à  ce  nom 
que  celui  de  Permie  (  Grande- Permie, 
Permeki^  etc.)  doit  son  origine;  mais  on 
s'est  trompé  en  faisant  coïncider  les  bor- 
nes de  l'ancienne  Biarmie  avec  celles  du 
gouvernement  russe  actuel  de  Perm,  car 
elle  parait  s'être  étendue  le  long  de  la 
Dvina  sur  une  grande  partie  des  gouver- 
nemens  d'Arkhangel  et  de  Vologda  et 
avoir  été  baignée  par  la  mer  Blanche  : 
Khotmogory  est  regardé  comme  en  ayant 
été  la  capitale.  Le  nom  qui  correspond 
plus  exactement  à  celui  de  Biarmie  est  le 
nom  de  Zavolotchié,  ancienne  province 
de  Novogorod.  Le  royaume,  traversé  par 
la  route  commerciale  qui  servait  de  com- 
munication entre  les  ports  de  la  mer  Bal« 
tique  et  l'Asie,  cessa  d'exister  long- 
temps avant  la  fin  du  moyen-âge  et  à  son 
nom  souvent  répété  par  les  traditions  du 
Nord,  on  peut  à  peine  rattacher  le  petit 
nombre  de  faits  que  nous  avons  rappelés 
dans  l'ouvrage  actuellement  sons  presse  : 
La  Russie t  la  Pologne  et  la  Finlande, 
tableau  statistique,  hist.,  géogr,  et  io- 
pogr.  de  toutes  les  parties  delà  monar- 
chie russe  prises  isolément,  par  M.  J.  H. 
Schnitzier,  un  gros  vol.  in-8^.         S. 

BIASy  Yun  des  sept  Sages  de  la  Grèce, 
naquit  à  Priène,  dans  l'Ionie,  vers  l'an 
570  avant  J.-C.  Il  se  consacra  à  l'étude 
de  la  philosophie  et  mit  surtout  en  pra- 
tique la  haute  sagesse  qu'il  y  puisa. 
Quoique  un  peu  misanthrope,  il  prit  une 
part  active  aux  affaires  publiques,  et  il 
employa  les  connaissances  qu'il  avait  ac- 
quises dans  les  lois  au  profit  de  ses  amis, 
pour  lesquels  il  plaidait  devant  les  tribu- 
naux ou  dont  il  conciliait  les  différends. 
Il  fit  toujours  le  plus  noble  emploi  des 
biens  qu'il  tenait  de  la  fortune.  Après  la 
défaite  de  Crésus,  Bias  conseilla  aux 
Ioniens  d'aller  s'établir  dans  la  Sar- 
daigne;  mais  ils  ne  voulurent  point  se 
rendre  à  son  avis,  et  après  une  vaine  ré- 


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BIB  (  453  ) 

sisUnct  ils  furent  subjugués  par  les  gé- 
néraux de  Cyrus.  Les  seuls  habitans  de 
Priène  résolurent  de  quitter  leur  ville 
avec  ee  qu*ils  avaient  de  plus  précieux. 
Bias,  ne  faisant  aucuns  préparatifs  de  dé- 
part, répondit  à  un  de  ses  concitoyens 
qui  lui  en  témoignaitson  étonnement:  «Je 
<  porte  tout  avec  moi.  »  C'est  cet  Omnia 
mecum  porto  devenu  fameux.  Bias  mou- 
rut dans  sa  patrie  à  un  âge  très  avancé. 
Plutarque,  dans  son  Banquet ^  Diogène 
Laêrce,  Stobée  et  d'autres  nous  ont  con- 
servé des  fragmens  de  Bias  qui  font  foi 
de  sa  sagesse.  C.  L, 

BIBERON  (de  bibere ,  boire),  vase 
destiné  à  donner  à  boire  aux  malades  qui 
ne  peuvent  pas  se  lever,  et  aux  petits  en- 
fans  qu'on  allaite  artificiellement.  Dans 
le  premier  cas,  c'est  une  petite  tasse  un 
peu  recouverte  et  pourvue  d'un  bec 
comme  celui  d'une  théière,  de  manière 
t  ce  que  le  liquide  ne  se  répande  pas; 
dans  le  second ,  c'est  un  appareil  un  peu 
plus  compliqué  à  cause  des  indications 
qu'il  est  appelé  à  remplir.  Il  s'agit  en  ef- 
fet, dans  l'allailement  artificiel,  non-seu- 
lement de  donner  au  nourrisson  un  li- 
quide analogue  au  lait  de  la  mère,  mais 
encore  de  le  lui  présenter  d'une  façon 
qui  se  rapproche  le  plus  possible  de  la 
nature,  eu  un  mot  de  le  faire  téter;  car 
cettt  action  préliminaire  est  d'autant  plus 
indispensable  que  déjà  l'on  est  hors  de 
la  voie  naturelle;  et  faire  boire  un  enfant 
qui  devrait  téter,  c'est  tout  comme  si  l'on 
faisait  avaler  à  un  adulte  ses  alimens  sans 
les  mâcher.  Aussi  a-t-on  imaginé  divers 
moyens  pour  arriver  à  ce  résultat.  Dans 
rOukraine,  une  corne  au  bout  de  laquelle 
est  adapté  un  pis  de  vache,  qu'on  renou- 
velle quand  il  se  décompose  et  qu'on  rem- 
plit de  lait,  est  placée  dans  le  berceau  de 
l'enfant  et  remplace  la  mère  absente.  On 
se  sert  souvent  ici  d'une  fiole  en  verre  à 
laquelle  on  adapte  une  petite  éponge  tail- 
lée en  mamelon  et  enveloppée  d'un  linge 
fin.  Mais  le  lait  qui  reste  dans  les  cavités 
de  l'éponge  s'y  altère  proroptement  et  y 
contracte  une  mauvaise  odeur  qui  re- 
pousse complètement  les  enfans.D'autres, 
mieux  inspirés,  ont  adapté  à  la  bouteille 
un  bouchon  de  liège  souple  et  mou,  qu'ils 
ont  percé  d'un  étroit  canal,  après  l'avoir 
Uîllé  en  forma  de  mamelon.  Enfin,  pour 


BIB 


réunir  tons  les  avantages  possibles,  on  a 
fait  des  flacons  en  cristal  surmontés  d'un 
bouchon  à  l'émeri  percé  dans  sa  longueur 
et  sur  lequel  s'ajuste  une  tétiue  de  vache 
préparée  pour  être  incorruptible.  Sur  le 
côté  du  flacon  est  un  petit  trou  sur  le- 
quel on  pose  le  doigt,  et  qui  sert  à  régler 
l'afflux  du  liquide  dans  la  bouche  de  l'en- 
fant. 

Au  reste  ces  divers  appareils  peuvent 
réussir  lorsqu'ils  sont  maniés  avec  soin 
et  intelligence  ;  chacun  peut  les  con- 
struire au  besoin,  suivant  les  circonstan- 
ces où  il  se  trouve  et  les  matériaux  qu'il 
a  sous  la  main,  pourvu  qu'il  se  conforme 
à  ces  principes,  savoir  :  que  les  biberons 
soient  d'une  matière  qui  ne  puisse  com- 
muniquer au  lait  ni  odeur,  ni  saveur  dés- 
agréable et  moins  encore  y  introduire 
aucune  substance  vénéneuse;  qu'ils  soient 
a&sez  grands  pour  contenir  un  repas  suf- 
fisant; que  leur  forme  soit  calculée  pour 
que  les  enfans  les  prennent  avec  facilité; 
enfin  qu'ils  soient  extrêmement  faciles  à 
tenir  propres.  F.  R. 

BIBLE  (en  grec  tcc  ^t^ia).  C'est  la 
collection  des  livres  sacrés  du  judaïsme 
et  du  christianisme.  Cette  collection  , 
qu'on  a  surnommée  à  juste  litre  le  Livre 
des  iipres,  se  distingue  en  trois  grandes 
séries,  dont  la  première  est  originaire- 
ment écrite  en  hébreu  ou  en  chaldéen, 
tandis  que  la  seconde  et  la  troisième  le 
sont  en  grec.  La  première  se  compose  de 
tous  les  livres  canoniques  du  judaûme;  la 
seconde  du  recueil  des  apocryphes,  dont 
la  canon icit é  (vojr,)  est  devenue  un  objet 
de  controverse;  la  troisième  des  livres 
canoniques  du  christianisme.  Ensemble, 
les  deux  premières  séries  forment  l' An- 
cien-Testament, c'est-à  dire  les  livres  de 
l'ancienne  alliance;  car  lu  mot  grec  de 
SiaOïix^,  dont  se  servent  les  apôtres  pour 
désigner  te  code  de  l'ancienne  alliance, 
a  été  rendu  en  latin  par  celui  de  Testa" 
mentum,  La  troisième  séiie  forme  le 
Nouveau-Testament. 

Dans  l'histoire  de  la  littérature,  dans 
celle  du  développement  de  l'intelligence 
humaine  en  général,  aucun  livre  n'a  joué 
un  rôle  aussi  important  que  la  Bible;  au- 
cun ouvrage  ne  peut  lui  être  comparé; 
nul  ne  mérite  au  même  degré  de  devenir 
l'objet  é^une  étude  approfondie.  L'Iliade 


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WB  (  464  ) 

a  M  pour  U  Grèce,  à  certaines  époques, 
le  coch  des  traditions  religieuses,  morales 
et  politiques  du  pays  :  la  Bible,  depuis  30 
àiècles,  est  plus  que  cela  pour  la  nation 
juive,  et  elle  est  plus  que  cela  depuis  18 
siècles  pour  une  grande  portion  du  genre 
humain.  On  a  aussi  cpmpai*é  avec  les  vo- 
lumes sacré*  des  Juifs  et  des  chrétiens 
les  écrits  religieux  de  l'Orient,  les  Védas 
de  rinde ,  le  Zend-Avesta  de  la  Perse,  le 
Koràn  des  Atâbes;  mais  plus  on  à  appro- 
fondi cet  etamen,  plus  on  a  été  frappé 
de  la  différence  fondamentale  qui  existe 
entre  ces  codes  et  là  Bible. 

Indiquer  les  diverses  parties  qui  com- 
posent ce  l'écùeil  si  varié,  les  époques 
auxquelles  se  rapporte  chacune  d'elles  et 
le  caractère  qui  U  distingue,  ce  ne  serait 
encore  en  donner  qu'une  faible  idée, 
^our  assigner  à  la  Bmle  la  place  qu'elle 
doit  occuper  dans  tes  bibliothèques  et 
pour  apprécier  l'influence  qu'elle  est  ap- 
pelée  a  exercer  sUr  les  destinées  du  monde, 
il  faut  envisager  d'un  côté  l*orielné  qu'elle 
i*attribué  et  l'autorité  dont  eile'jouit  en 


vertu  de  ce^e  origine,  et  d'un  autre  côté 
«considérer  Fattention  qu'on  a  donnée  à 
l'étude  de  ses  textes  et  le  degré  de  pro- 
pagation qu^ls  ont  re^u.  C'est  en  vain 
que  nous  fessaieriotis  de  résumer  aussi  la 
richesse  des  doctrines  qu'ils  exposent, 
TactioB  morale  que  ces  doctrines  ont 
eue  sur  le  monde,  les  bienfaits  qu'elles 
y  répandent.  Ces  questions,  secondaires 
pour  nous,  seront  l'objet  d'articles  spé- 
ciaux, et  Uotis  devrons  nous  borner  ici  à 
ce  qui  regarde  la  Bible  comme  collection 
de  livrer  sacrés,  comme  lé  Livre  des  li- 
¥^s.  Indiquons  d'abord  les  diverses  par- 
ties ^oUt  se  compose  chacune  des  tt-ois 
séries  de  traités  qn^embrasse  lé  Code  bi- 
blique. 

L  Première  série.  Elle  se  cpmpose  de 
livras  fUstoHques,  didactiqnes,  prophé- 
tiques ti  poétiques,  1  «Livrés  historiques. 
CItoq  livres  ae  Motse,  que  les  Juifs  ont 
désignée  sous  le  noiU  commun  de  loiltho- 
ra)  et  que  les  Grecs  out  appelés  Pentateu- 
liue,  ouvrent  cette  magnifique  collection. 
Le  premier,  la  Genèse,  raéonte  l'origine 
du  motade  et  icelle  du  genre  humain,  les 
moeurs  et  les  erreurs  des  premiers  hom- 
mes; la  naissance  des  premiers  peuples, 
e^e  4q  peupk  de  Diei^^  les  desànées  de 


BIB 

ses  patriarches,  leur  entrée  et  leur  séjour 
en  Egypte.  Le  second  livre,  Y  Exode,  dé- 
crit l'oppression  dans  laquelle  leurs  des- 
cendans  gémirent  sous  les  Pharaons  ou- 
blieux du  passé;  leur  sortie  de  cette  terre 
d'esclavage  sous  la  conduite  de  Moïse; 
leurs  migrations  au  désert,  la  toi  divine, 
les  institutions  religieuses,  morales  et  po- 
litiques qu'ils  recurent  de  Jéhovah  sur  le 
Sinaî.  Le  troisième  livre,  le  Lévitique, 
donne  le  complément  de  cette  grande 
loi,  de  ces  puissantes  institutions,  de 
toute  cette  théocratie  qui  fut  en  Judée 
plus  nette,  plus  franche  et  plus  complète 
qu'en  aucun  pays  ancien,  et  dont  le  culte, 
le  sacerdoce  et  le  pouvoir  disciplinaire 
sont  empreints  d'un  cachet  si  sublime. 
Le  quatrième  livre,  celui  des  Nombres, 
après  quelques  dispositions  législatives 
et  quelques  détails  de  statistique,  peint 
le  séjour  au  désert  de  la  nouvelle  nation, 
la  lutte  qui ,  au  milieu  de  toutes  les  mer- 
veilles dont  elle  fut  témoin .  éclata  dans 
son  sein  entre  la  démocratie  et  la  théo- 


cratie; le  triomphe  de  la  dernière  et  les 
débuts  de  la  conquête  du  pays  promis. 
Le  Deutéronome^  ou  le  cinquième  livre, 
nous  monti^e  Moïse  prêt  a  quitter  le 
monde,  résumant  et  complétant  son  œu- 
vre, désignant  son  successeur  et  jetant 
un  premier  et  dernier  regard  sUr  la  terre 
sainte  que  son  pied  ne  foulera  pas.  La 
conquête  de  la  Palestine  et  son  partage 
entre  les  tribus  d'Israël  sont  l'objet  du 
livre  de  fosué.  Celui  des  fuffes  peiqt  l'a- 
narchie qui,  après  Josué,  divisa  les  con-r 
quérans,  les  défaites  qu'ils  essuyèrent 
dans  leur  désunion  de  la  part  des  peu- 
ples de  Canaan,  les  grands  tiommes  qui 
s'élevèrent  parmi  les  Hébreux,  et  les  vic- 
toires que  Jéhovah  accorda  à  leur  repen- 
tir. Le  livre  des  Juges  n'est  pas  l'ouvrage 
des  divers  personnages  qui  furent  revêtus 
de  ce  titre.  liCS  deux  livres  de  Samuel* 

(*)  L'avUiir  dp  cet  artkk  éotît  es  protwtaat 
et  IM  diTMion^  qfi^il  toit  sont  celles  qae  TAlle* 
magne  protestante  a  adoptées.  Ce  qu'elle  nomme 
les  dent  Irrres  Je  Samuel  est  c«  que  lek  cathol^ 
•nies  kititaleat  les  deux  ptmaiert  Imct  de»  Mms^ 
dont  ils  comptent  qoatre,  tandis  qae  les  protes- 
taos  n'en  connaissent  que  deox.C>s  derniers  dÎTÎ- 
•ent  les  deuxtipreêd'Esdras'dti  Cotacile  de  Trente 
m  Arr»  d'E§drms  et  U^n  dêNékimk.  Ils  tefettent 
parmi  les  livres  apocryphes  ceax  de  Ttèi^  de  Jm 
dith,  de  la  Sageue,  de  ^omcA^  àts  Mtifienbê**» 
qae  It  concilo  de  trente  i  re^iu  au  aomhrt  des 


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BIB  (  455  ) 

ne  sont  pas  non  plus  de  ce  pontife;  nais 
Sis  conlîcdtttût  l'histoire  de  son  sacer- 
doce et  de  sa  judicatut*e,  et  celle  de  la 
royauté  de  Saûl  et  de  David,  mise  en  face 
de  la  théocratie  par  son  intermédiaire. 
Les  JJpres  des  Rois  (3  et  4,  soi  vantTau- 
tre  division),  continuant  jusqu'aux  temps 
de  Texll  ThUtoire  de  cette  royauté  tantôt 
alliée,  tantôt  enneoie  de  l'ancienne  théo- 
cratie que  représentent  désormais  des 
prophètes  et  des  prêtres,  retracent  Tune 
des  époques  les  plus  remarquables  du 
Judaïsme,  les  foliés  de  la  royauté  sous 
Roboam,  la  défection  des  dix  tribus  d'Is- 
raël, le  parallèle  des  exploits  et  des  fau- 
tes des  deux  dynasties  qui  gouvernent  les 
royaumes  de  Juda  et  d'Israël.  L'histoire 
de  Juda  y  est  suivie  jusqu'à  la  chute  de 
son  dernier  roi,  et  l'on  y  trouve  quelcjues 
détails  sut  les  débris  de  la  population  lais- 
sée en  Palestine.  Les  Pamlipomênes  ou 
Chroniques  complètent  ces  renseigne- 
mens  et  y  joigtient  des  tables  généalogi- 
ques, des  récits  sur  la  famille  de  David, 
sqr  le  règne  de  Salomon ,  sur  l'état  de  la 
religion  et  des  mœiirs.  A  ces  anhàles  de 
la  dynastie  dé  David  se  rattache  le  livre 
de  Ruth,  tradition  de  famille  sUr  le  iha- 
ri  âge  d'un  des  aïeux  de  ce  prince ,  et  ta- 
bleau de  mœurs  d'une  grâce  inimitable. 
Après  le  règne  de  David ,  de  Salomon , 
de  quelques-uns  de  leurs  successeurs, 
l'état  d'abaissement  oii  tomba  la  nation , 
son  exil  et  sa  captivité  inspirèrent  peu 
les  historiens.  Mais  Esm  (Ësdras)  et  iVe- 
hémie,  dans  les  livres  qui  portent  leurs 
noms  (deux  livres  d'Esdras)^  recom- 
mencent ses  annales  publiques  et  racon- 
tent avec  bonheur  les  joies  et  les  travaux 
du  retour  en  Judée,  la  réparation  des 
murs  de  Jérusalem ,  le  rétablissement  de 
toutes  les  institutions  politiques  et  reli- 
gieuses qui  étaient  compatibles  avec  la 
nouvelle  conditioti  d'un  peuple  si  long- 
temps dispersé,  dont  tant  de  familles 
étaient  i*eteniies  encore  dans  les  régions 


BIB 


YtfHi  eataoïilqiieft.  liH  deux  lÎTres  d<Mit  les  Sep- 
tlMite  ont  traduit  le  titre  hébrea  par  le  mot  greo 
de  partilipomènês ,  nont  connns  parmi  les  Alle- 
mands et  les  Anglais  sons  celui  de  la  Chronique. 
KoQs  n'ATohs  pas  touIq  changer  les  iotitolés 
adoptés  par  Vaûteor  protestant  ;  nais  nous  dé- 
voua avertir  aos  leoteurs  eatholiqaes  que  ce  ne 
font  ]^a8  ceu^  admis  par  leur  ÉglUe  :  ob  sçra  du 
reste  d'accdrd  lor  les  doctrines.  J.  S.  $. 


où  les  avait  conduites  leur  malheur.  Aux 
temps  de  Texil  et  à  ses  peines  appar- 
tient V Histoire  d'Esthcr,  de  celle  bell« 
et  pieuse  Juive  dont  les  grâces,  jointes 
aux  efforts  de  son  protecteur  Mardochée, 
amenèrent  une  heureuse  révolution  de 
palais,  en  mettant  Mardochée  à  la  place 
d'Aman,  le  plus  cruel  ennemi  du  peuple 
opprimé.  Cette  sainte  légende  et  les  piè- 
ces qui  en  font  partie,  le  songe  de  Mar- 
dochée, les  édits  d'Aman  et  ceux  de  son 
successeur,  forment  la  clôture  des  livres 
historiques  de  la  première  série.  Le  ta- 
bleau qu'ils  tracent  est  complet^  il  n'est 
point  de  peuple  de  l'antiquité ,  quelque 
célèbre  qu'il  soit,  dont  les  annales  soient 
suivies  avec  ce  développement;  et  il  n'est 
aucune  nation  sur  la  terre  dont  l'histoire 
présente  d'une  manière  aussi  grave,  aussi 
instructive,  les  voies  et  les  leçons  de  la 
Providence  dans  l'éducation  du  genre 
bumain|cependant  ces  voies  et  ces  leçons 
se  trouvent  bien  plus  nettement  expri- 
mées dans  les  livres  didactiques  et  pro- 
phétiques de  l'ancien  code. 

2^  Les  livres  didactiques  sont  au  nom- 
bre de  trois  :  ce  sont  les  Proverbes  et 
VEcclésiaste*  de  Salomon,  qui  résument 
d'une  manière  tantôt  ingénieuse,  tantôt 
solennelle  les  vérités  pl^ilosophiqiles  et 
morales  qui  étaient  entrées  dans  la  sa- 
gesse populaire  de  l'époque,  et  un  traité 
du  mal  et  de  la  Providence  intitulé  Job, 
qui  offre,  dans  le  tableau  de  la  vie  et  des 
infortunes  de  ce  personnage,  sous  les 
formes  du  dialogue  et  celles  du  drame, 
une  théodicée  {vojr,)  admirable  de  vérité 
et  cette  grande  leçon  que,  sur  le  gouver- 
nement du  monde  et  les  destinées  de 
l'homme,  il  ne  nous  appartient  pas  de 
proclamer  une  théorie;  que  la  marche 
des  choses  terrestres  doit,  au  contraire, 
nous  convaincre  au  même  degré  de  la 
profondeur  de  notre  ignorance  et  de  la 
nécessité  de  notre  résignation,  puisque 
le  bonheur  peut  sourire  au  méchant , 
comme  pour  l'avertir  ou  ponr  le  confon- 

(*)  VEeelitimttê  oa  la  Sapiwcê  de  Bmi^mtm  est 
regardé  comme  un  livre  canonique  par  les  deux 
confessions  chrétiennes;  le  concile  de  Trente  re* 
connaît  en  outre  cette  qualité  k  V Ecclésiastique 
ou  à  la  Sapiencê  éi  Jé$ut ,  Jils  de  Siraeh ,  livre 
que  les  protestam  rangent  parmi  les  apocryphes. 
C'est  par  cette  raison  que  Fauteur  de  Tarticle 
pt8leicil'lb«<»fAM^MMtt9iil«tlk:«.    I.H.S. 


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BIB 


(4S«) 


Bill 


cire,  et  que  le  malheur^  à  titre  d*épreuve, 
peut  alleindre  le  vertueux  lui-même. 

3**  Si  le  Ion  de  ces  leçons  est  grave, 
celui  des  livr^  ptophctiques  est  plus 
solennel  encore.  Ces  livres  sont  au  nom- 
bre de  1 6*,  dont  4  ont  une  certaine  éten- 
due, tandis  que  les  12  autres  n'offrent 
que  peu  de  pages,  que  des  résumés  de  la 
baute  mission  dont  étaient  chargés  leurs 
auteurs.  £n  effet,  les  prophètes  ont  à  la 
fois  une  œuvre  morale  et  une  œuvre  po- 
litique à  accomplir:  ils  doivent  arrêter  le 
peuple  sur  le  penchant  de  sa  ruine,  l'ar- 
racher en  même  temps  à  la  corruption 
des  mœurs  et  aux  aberratious  de  Tintelli- 
gence,  le  ramener  à  fa  pureté  de  ses  in- 
stitutions et  de  ses  croyances.  L'histoire 
du  genre  humain  n'offre  plus  ailleurs 
rien  d'analogue  à  cette  mission.  Elle  nous 
fait  connaître  d'autres  nations  qui  tra- 
hissent leurs  lois,  fou\ent  aux  pieds  leurs 
institutions  et  désertent  leurs  mœurs;  elle 
nous  montre  aussi  des  écrivains  qui  si- 
gnalent ces  désordres,  des  orateurs  qui 
les  censurent  avec  autorité,  des  législa- 
teurs qui  essaient  de  combattre  le  mal 
par  leui-s  réglemens  :  elle  ne  nous  pré- 
sente nulle  part  ailleurs  des  hommes 
pareils  à  ces  prophètes  qui,  de  par  la 
Providence  elle-même,  parlent  avec  le 
même  ascendant  aux  rois  et  aux  peuples, 
présagent  avec  la  même  assurance  une 
ruine  commune  aux  uns  et  aux  autres, 
et,  dans  cette  mission  périlleuse,  se  suc- 
cèdent avec  le  même  courage  pendant 
plusieurs  siècles.  Pour  relever  cette  ihéo- 
cralie  dont  le  rôle  est  tout  moral,  tout 
providenciel,  et  qui  n'est  partout  que  le 
germe  d'un  autre  empire ^  que  le  com- 
mencement d'une  révolution  supérieure, 
les  prophètes  remplissent  un  sacerdoce 
d'un  nouveau  genre.  Ils  sontles  interprètes 
directs  de  Jéhovah,  les  oracles  du  peuple, 
des  prêtres  et  des  rois.  Ils  sont  surtout 
les  précurseurs  de  ce  Messie  dont  le 
sceptre  gouvernera  le  monde.  Ils  ne.sont 
pourtant  rien  en  eux-mêmes  :  ils  parlent 
quand  Jéhovah  leur  dit  de  parler;  ils  di- 
sent ce  qu'il  leur  inspire;  ils  {;ardent  le 
silence  et  vivent  dans  la  retraite  quand 
l'esprit  de  Dieu  ne  les  agite  pas.  Quand 
ils  parlent  leur  mission  est  double  :  ils . 

(*^  En  ne  comptant  pas  Baravh,  comme  on  le 
lait  dana  Téglise  cathoUqu.  J.  H.  S. 


doivent  rameDer  aux  loû  aDcjeones  et 
annoncer  une  loi  nouvelle.  De  là  leur 
langage  symbolique,  voilant  quelquefois 
un  avenir  qui  est  aussi  voilé  à  leurs 
propres  regards;  mais  proscrivant  tou- 
jours ,  avec  la  même  netteté  et  la  même 
énergie,  la  mollesse  et  l'idolâtrie, adultère 
moral  chez  le  peuple  de  Dieu.  Leur  loa 
souvent  poétique,  leur  voix  toujours 
hardie,  quelquefois  vulgaire,  souvent  su- 
blime, ne  craint  jamais  de  blesser:  c'est 
la  voix  de  Dieu,  celle  4*uu  père  qui  a 
droit  de  vie  et  de  mort,  celle  d'un  époux 
tendre, mais  irrité,  qui  s'est  allié  une  na- 
tion comme  une  épouse,  pour  en  faire  le 
type  et  le  moyen  de  salut  de  toutes  les 
autres.  Le  premier  de  ces  missionnaires, 
qui  sont  au  même  degré  les  panégyristes 
du  passé,  les  interprètes  de  l'avenir  et 
les  censeurs  du  présent,  Isaïe,  se  leva  au 
ix^  siècle  avant  notre  ère  et  prophétisa 
sous  4  rois,  Usia,  Jotham,  Ahas,  Hiskia. 
Le  second,  Je  ré  mie  ^  parut  sous  le  règne 
de  Joâias  et  vécut  jusqu'à  la  chute  du 
royaume  de  Juda,  c'est-à-dire  dans  les 
temps  les  pluscalamiteux  d'un  pays  dont, 
sur  la  fin  de  ses  jours ,  il  n'habita  plus 
que  les  ruines.  Ezéehiel  et  Daniel  pro- 
noncèrent l'un  et  l'autre  leurs  oracles 
dans  cet  exil  qui  d'abord  pesa  si  tepî- 
blement  sur  la  nation  vaincue,  déportée, 
captive  9  mais  qui  bientôt  deviii|  pour 
beaucoup  d'Hébreux  et  surtout  pour  le 
second  de  ces  prophètes,  élevé  aux  pre- 
miers postes  de  la  cour  de  Darius  ou 
Cyaxarès  II,  une  source  de  gloire  et  d'in- 
fluence morale.  De^  douze  petits  pro- 
phètes, le  plus  grand  nombre  c'cst-à-dirt 
Jnël^  Jona^  f  Amos^  0.»ee,  Michée, 
Na/ium,  Sophonie^  Habacue^  se  pré- 
sentèrent, soit  avec,  soit  après  Isaîe  et 
avant  la  chute  de  la  nation;  quatre  au- 
tres Obadia  {Khà\9is)  ^  Haggaï  {k%%ée)^ 
Zacharie^  3f<a/eV/c/i/  (Malachias),  la  con- 
solèrent dans  les  malheurs  du  bannisse- 
ment ou  la  dirigèrent  après  son  retour 
dans  la  Judée.  Quoique  ces  divers  ora* 
teurs  appartiennent  à  un  période  de 
plusieurs  siècles  et  que  l'expression  de 
leur  pensée  diffère  suivant  le  génie  de 
chacun  d'eux ,  suivant  leur  éducation 
reçue  en  Palestine,  ou  sur  les  confins  de 
l'Egypte,  ou  en  Mésopotamie,  aii  milieu 
des  BÂbylonieDS,  des  Mèdes  et  des  j^er- 


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BIB  (  457  ) 

tes,  cette  pensée  est  la  même  chex  tous; 
c'est  celle  que  la  corruption  du  peuple 
de  Dieu,  son  amour  pour  les  mœurs  et 
les  dieux  de  ses  ennemis  n*est  pas  une 
défection  politique,  mais  une  infidélité 
morale  et  le  plus  ingrat  abandon  de  celte 
révélation  sublime,  de  ce  grand  dogme 
de  monothéisme  y  qui  n'est  populaire 
que  dans  la  seule  nation  de  Dieu,  que  les 
autres  peuples  n'osent  pas  même  procla- 
mer dans  leurs  mystères,  que  leurs  phi- 
losophes laissent  à  peine  entrevoir  à  leurs 
disciples  les  plus  intimes.  Celte  manière 
profonde  d'envisager  les  destinées  mo- 
rales et  politiques  fait  de  ce  recueil  de 
prophéties  un  ensemble  de  vues  provi- 
dencielles  auquel  la  littérature  du  genre 
humain  n'a  rien  à  comparer. 

4**  Les  livres  poétiques  reproduisent 
souvent  les  mêmes  idées  sous  d'autres 
formes,  et  si  le  langage  des  prophètes  est 
sublime  par  la  hardiesse  des  pensées  et 
par  la  grandeur  des  symboles,  celui  des 
poètes  sacrés  ne  l'est  pas  moins  par  Té- 
oergie  des  sentimens  ei  la  pompe  toute 
orientale  des  images.  On  pourrait  dire 
que  la  poésie  esl  pres(|ue  le  langage  natu- 
rel des  écrivains  de  rAncien-Teslament, 
tant  elle  éclate  fréquemment  dans  leurs 
pages  £n  effet,  dans  tous  leurs  livres  his- 
toriques, prophétiques  etdidactiques,sui^ 
tout  dans  le  Pentateuque,  dans  Isaîe  et 
dans  Job,  se  rencontrent  non-seulement 
des  odes  et  des  chanta  nationaux,  mais 
de  nombreux  passages  empreints  du  ca- 
chet d'une  brillante  imagination.  Les  li- 
Tres  poétiques  proprement  dits  ne  sont 
qu'au  nombre  de  trois,  les  Psaumes  de 
David,  le  Cantique  de  Salomon,  les 
Élégies  de  Jéréniie*.  Mais  Jérémie,  Sa- 
lomon et  David  ne  furent  pas  les  seub 
poètes  de  la  nation.  Les  psaumes,  re- 
cueil d'hymnes  consacrés  au  culte,  de 
prières,  d'odes  du  genre  méditatif  et  de 
chants  nationaux,  sont  l'ouvrage  de  di- 
vers auteurs,  dont  les  plus  célèbres  fu- 
rent David,  Moïse,  Salomon  et  Assaph. 
D'autres,  par  exemple  Héman  et  Éthan, 
nous  sont  inconnus.  Le  peuple,  les  femmes 


BIB 


Ç)  Aalrement  appelées  le»  Lamentations  (6p^ 
vci).  Les  Septaote  donnent  en  ontre,  sou»  le  nom 
de  Jérémie,  une  épttre  dont  il  Hem  qneMÎon  pins 
l^as  (pé  459).  lis  placeot  BarocU  immédiaienient 
après  lérémM.  J.H.> 


mêmes,  avaient  pris  dans  leurs  habitudes 
religieuses  le  goût  de  cette  poésie  lyri- 
que. On  en  voit  la  preuve  dans  l'Exode, 
dans  les  Psaumes,  dans  le  livre  des  Juges, 
dans  ceux  de  Samuel.  Les  prophètes  en- 
tretinrent ce  feu  sacré  jusqu'au-delà  des 
temps  de  Texil.  Dans  toutes  les  prières, 
dans  les  hymnes,  dans  les  odes  dont  se 
compose  le  recueil  des  psaumes,  se  repro- 
duisent aussi,  nous  l'avons  dit,  les  mêmes 
idées  que  recommandent  les  prophètes  : 
c'est  la  confiance  et  la  soumission  la  plus 
entière  aux  volontés  et  aux  décrets  de 
Jehovah;  c'est  la  foi  ta  plus  absolue  en 
son  amour,  en  sa  protection  ;  c'est  le  mé- 
pris de  tout  autre  culte,  de  tout  autre 
dieu,  de  toute  pensée  qui  n'est  pas  à  lui; 
c'est  aussi,  dans  cette  confiance,  le  mé- 
pris de  tout  ennemi  et  de  tout  danger. 
Le  Cantique  de  Salomon  et  les  chants  de 
Jérémie  tiennent  au  même  ordre  d'idées; 
mais  si  le  roi  se  complaît  dans  la  con- 
ception idéale  des  rapports  d'Israël  et  de 
Jéhovah  et  dans  les  délices  de  cette  union 
mystique,  de  cette  fidélité  conjugale,  qui 
était  la  grande  idée  de  l'ancienne  alliance, 
le  prophète  déplore  les  malheurs  d'une 
nation  qui  ne  sait  pas  garder  sa  fidélité, 
dont  le  cœur  adultère  s'est  attaché  aux 
faux  dieux,  et  qui  gémit  dans  l'abaisse- 
ment, dans  la  flétrissure  du  malheur,  sous 
la  honte  de  ses  trahisons.  Quelques  théo- 
logiens ont  vu«  dans  le  canevas  du  Can- 
tique, une  allégorie  :  l'union  du  Christ 
avec  son  Église.  Aller  si  loin,  c'est,  à  no- 
tre avis,  dépasser  la  vraie  limite  de  l'al- 
légorie judaïque  et  tomber  dans  ce  sys- 
tème à^ allégorie  arbitraire  que  Phi  Ion 
a  inventé  pour  accommoder  l'histoire  et 
les  institutions  de  son  peuple  au  goût 
des  Grecs.  D'un  autre  c6té,  quelques 
critiques  ont  présenté  cette  composition 
comme  un  morceau  de  poésie  erotique, 
une  églogue  pastorale.  C'est,  suivant  nous, 
méconnaître  complètement  ce  mêmegénie 
allégorique  que  Philon  n'a  pu  tant  fausser 
que  parce  que,  dégénéré  de  ses  pères  et 
de  leurs  grandes  inspirations  religieuses, 
le  peuple  avait  perdu  la  clef  de  ce  langage 
énigmatique  si  favorable  aux  saints  mys- 
tères; c'est  méconnaître  plus  complète- 
ment encore  la  poésie   religieuse    an- 
cienne et  moderne  de  l'Orient,  dont  les 
image»  les  plus  pittoresques  sont  sou- 


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TCDt  emptimtées  aux  affections  conjuga- 
les et  peignent  1*amour  de  Dieu  aret  toute 
l'ardeur,  toute  Timpétuosité  de  Tamour 
profane.  D'ailleurs,  imaginer  que  ceux 
qui  ont  arrêté  le  codé  sacré  du  judaïsme, 
c'est-à-dire  le  sacerdoce  et  les  anciens  du 
peuple,  aient  voulu  y  recevoir  des  chants 
erotiques,  n'est-ce  pas  véritablement  in- 
sulter à  leur  bon  sens?  A  qui  persuader, 
en  effet,  qu'ils  ont  admis  sans  examen, 
comme  on  se  plaît  à  le  dire,  tout  ce 
qu'offrait  l'ancienne  littérature  natio- 
nale, et  que  le  seul  nom  de  Salomon, 
que  porte  cette  composition,  a  dû  trom- 
per leur  jugement  et  commander  leur 
respect?  Disons-le  simplement,  avec  une 
expression  vulgaire  :  nous  n'admettons 
pas  qu'il  soit  entré  dans  la  composition 
de  la  Bible  un  seul  morceau  de  remplis- 
Sage.  Tous  les  livres  qui  forment  la  pre- 
mière série  de  l'ancien, code  présentent, 
au  contraire,  un  ensemble  qui,  s'il  laisse 
à  peine  à  désirer  quelque  chose  de  plus , 
ne  permet  pas  d'en  rien  retrancher.  Ces 
hautes  inspirations  religieuses  appar- 
tiennent toutes  à  une  période  de  onze 
siècles,  comprise  entre  Tépoque  de  Moïse 
et  celle  de  Malachie,  ou  entre  l'an  1512 
et  l'an  400  avant  notre  ère.  Dans  un 
espace  de  temps  aussi  prolongé,  l'état 
inoral  du  peuple  de  Dieu,  que  réfléchit 
son  code  sacré ,  présente  nécessairement 
des  phases  diverses.  On  y  voit  le  culte 
primitif,  la  religion  des  patriarches,  la 
loi  de  MoFse,  les  institutions  de  David  et 
de  Salomon ,  les  prédications  des  pro- 
phètes, la  pensée  de  l'exil  et. celle  du 
retour;  mais  c'est  précisément  par  cette 
succession  d'idées  et  par  ce  progrès  d'in- 
àtruction  que  ces  pages  sublimes  devien- 
nent plus  précieuses  encore  et  reçoivent 
le  caractère  spécial  qui  distingue  cha- 
cune d'elles,  sans  effacer  toutefois  leur 
empreinte  commune.  Du  début  à  la  fin,  le 
inéme  système  domine  dans  ce  saint  code; 
il  consiste  à  dire  que  la  nation  d'Israël 
est  à  Dieu  et  ne  peut  être  qu'à  lui.  Ce 
n'est  pas  autre  chose  que  le  germe  du 
système  chrétien. 

n.  Les  livres  de  la  seconde  série  dési- 
gnés sous  le  nom  à^ apocryphes  y  parce 
qu'ils  ont  été  joints  à  l'ancien  code,  non 
par  les  auteurs  ou  les  collecteurs  de  la 
première  série  ^  mais  par  ceux  de  la  ver< 


sion  dite  des  Septante,  ont  cependant 
joui  d'une  grande  estime  auprès  des 
Juifs  ;  ils  ont  été  cités  avec  beaucoup  de 
respect  par  les  Pères,  déclarés  canoniques 
au  concile  de  Trente,  et  conservés  aussi 
dans  le  code  biblique  par  la  nlupart  des 
communions  protestantes.  Ils  sont  ce- 
pendantdevenus,dans1esdernier8  temps, 
l'objet  d'une  vive  contestation  parmi  les 
sociétés  bibliques  et  ont  été  retranchés 
de  plusieurs  éditions  des  saints  livres. 
Cette  discussion ,  qui  intéresse  la  théo- 
logie (  voy,  l'article  lNSPiEATio]lr  ou 
Théopneustié) ,  nous  est  étrangère  :  elle 
peut  bien  jeter  quelque  défaveur  sur  ces 
livres ,  elle  ne  saurait  rien  ôtek'  à  leur 
mérite.  Sans  doute  ils  sont  écrits  dans 
une  autre  langue  et  appartiennent  à  une 
autre  époque  que  les  précédens.  Cepen- 
dant si  les  uns  portent  le  cachet  des 
mœurs  ou  des  doctrines  de  Fexil  ;  si  les 
autres  se  rattachent  aux  doctrines  et 
aux  mœurs  de  l'Egypte  grecque,  de  l'é- 
cole d'Alexandrie  (  voy,  cet  article  ),  ib 
n'en  forment  pas  moins  des  anneaux  né^ 
cessaires  dans  la  grande  chaîne  qui  lie 
l'ancien  code  et  le  nouveau,  les  premiè- 
res et  les  dernières  inspirations  accor- 
dées au  peuple  de  Dieu.  On  les  classe 
en  livres  historiques  ,  didactiques  et 
prophétiques.  A  la  tète  de  la  pàHie  his- 
torique on  doit  mentionner  une  sorte  de 
compilation  pleine  de  légendes  et  four-> 
mi  liant' d'erreurs  de  chronologie,  irédi— 
gée  sous  le  nom  à*EsdraSy  mais  diftérant 
du  livre  écrit  en  hébreu  par  ce  chef  du 
peuple,  quoiqu'il  roule  sur  le  même  su- 
jet, le  retour  de  la  captivité  et  les  tra- 
vaux des  Juifs  après  l^exil.  Kejetés  par  le 
concile  de  Trente,  les  livres  3  et  4  d'Es- 
dras  qui  se  trouvent  dans  quelques  édi- 
tions imprimées  et  dans  beaucoup  de 
manuscrits  de  la  Bible ,  ne  sont  joints  à 
la  Yulgate  que  par  forme  d'appendice , 
comme  Voraison  du  toi  Manassès^  pour 
qu'ils  ne  se  perdent  pas  {^ne prorsùs  in- 
terirent).  Les  trois  livres  des  Mâcha- 
bées*,  d'une  tout  autre  importance,  ra- 


(*)  Le  caBon  da  concile  de  Trente  (4*  session) 
relatif  à  la  Bible  ne  parle  que  de  «ieax  libres  des 
Maccabées  et  PAncien-Testanient,  asité  cbez  les 

Srotestans ,  n'en  renferme  anssi  que  deux  ;  mais 
y  en  a  trois  danà  leé  Septailte  et  quelquefois 
même  ou  eii  compte  todatre.  Ko  ils  Syons  déjà  dit 
que  l'Éj^Ute  regarde  les  âettt  livres  des  Sbcca* 


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content lei  Talenrenx  efforts  qoe  fit,  de 
Tan  175  à  136  avant  notre  ère^  cette 
glorieuse  famille  de  héros  qui  se  dévoua 
à  la  grande  cause  de  rafTranchissement 
des  Juifs  subjugués  par  les  Séleucides , 
cause  qui  était  celle  de  l'indépendance 
religieuse  comme  celle  de  la  liberté  na- 
tionale. Ces  livres  rapportent  aussi  quel- 
ques documens  de  la  correspondance 
que  les  Juifs  qui  étaient  restés  dans  leur 
patrie  entretinrent  avec  ceux  de  leurs  fre- 
ins que  la  politique  des  Lagides  fixait  en 
Egypte ,  et  racontent  les  tentatives  que 
cette  dynastie  fit  plusieurs  fois  pour  sou- 
mettre le  pays  et  dominer  le  sanctuaire 
de  Jérusalem ,  le  palladium  de  sa  natio- 
nalité. Le  livre  de  Judith  ,  dont  Tépoque 
est  incertaine,  se  rattache  au  même  or- 
dre d'idées;  c'est  l'histoire  de  la  déli- 
▼rance  de  Béthulie  assiégée  par  Holo- 
femès,  général  de  Nébucodonosar.  C'est 
une  sorte  de  monument  religieux  élevé  en 
rhonneur  d'une  femme  dont  l*héroîque 
dévouement  a  satTvé  la  nation  et  la  reli- 
gion. De  nombreuses  fautes  de  chrono- 
logie et  de  géographie  s'étant  glissées 
dans  le  texte  grec  de  cette  composition, 
On  a  Toulu  y  Voir  tantôt  une  sorte  de  lé- 
gende ,  tantôt  quelque  grande  allégorie. 
L'intention  de  l'auteur  inconnu  est  au 
contraire  de  rapporter  un  fait  aussi  glo- 
rieux pour  la  personne  de  Judith  que 
pour  le  peuple  de  Dieu  et  son  perpétuel 
protecteur.  L'histoire  d^Tobie,  qui  se 
rapporte  au  temps  de  l'exil ,  est  un  autre 
monument  du  même  genre;  c*est  le  dé- 
veloppement historique  de  cette  idée 
fondamentale  que  le  Dieu  dlsraêl  n'a- 
bandonne Jamais  le  vrai  Israélite ,  quel- 
que malheur  qui  puisse  l'accabler. — La 
série  des  apocryphes  (w>irlanotep.  45S) 
ne  renferme  que  deux  livres  didactiques, 
la  Sagesse  de  Salomon  et  V Ecclésiasd- 
ue^  ou  les  maximes  morales  de  Jésus, 
Is  de  Sirach.  Le  premier  développe  cette 
sublime  pensée  que  l'amour  de  Dieu  ou  la 
crainte  ae  Toffenser  est  la  vraie  sagesse; 
que  r indifférence,  Tidolàtrie  et  le  vice 
cokistituent  tme  sorte  d'aberration  intel- 
lectuelle, de  folie,  de  démence.  Le  second 
bées  comme  canoniques  et  non  comme  apocry- 
phes ;  cependant,  écrits  en  grec  ainsi  tfoe  les  ri- 
▼ret  de  Tobie  »  Jndith ,  U  Sagesse  et  FEoclénas- 
tif  M ,  tu  m'ofiX  jaiMif  ^%  l^artie  4a  eanoa  des 
/mis.  !•  H*  S. 


îi 


de  Ces  traités,  celui  du  Siraeide,  offre  le 
pendant  des  Proverbes  de  Saloibon ,  les 
maximes  de  la  prudence,  de  la  morale 
populaire  de  l'époque.  Le  Siracide  est 
d'ailleurs  aussi  inconnu  que  l'auteur  ano- 
nyme de  la  Sagesse;  ce  dernier  traité 
n'est  pas  la  traduction  grecque  d'un  ou- 
vrage de  Salomon ,  ce  que  ses  principes 
ne  permettent  pas  d'admettre. — Un  livre 
prophétique ,  celui  de  Baruch,  adressé 
aux  exilés  de  Babylone,  exhortation  dont 
la  lecture  offre  un  charme  si  puissant , 
et  une  lettre  écriteà  ces  malheureux  sons 
le  nom  de  Jérémie,  forment  la  clôture 
de  cette  partie  intermédiaire  de  la  Bible, 
qui  n'offre  plus  qu'un  reQet  des  anciens 
temps  d'enthousiasme  et  d'inspiration, 
de  ferveur  et  de  gloire.  Cela  devait  être  : 
c'est  une  époque  de  décadence,  c'est 
l'ancienne  alliance  expirant  devant  une 
alliance  nouvelle. 

in.  Troisième  série.  La  partie  de  la 
Bible  contenant  le  code  de  cette  nouvelle 
alliance,  de  cette  seconde  révélation  qui 
modifie,  explique,  complète  la  première, 
se  distingue  aussi  en  livres  historùjues , 
didactiques  eiprophétiques,  et  contient, 
dans  quelques-unes  de  ses  parties,  des 
hymnes,  des  prières  et  des  méditations 
poétiques  qui  rappellent  les  inspirations 
de  David  et  de  Moïse.  Cependant,  dans 
ce  nouveau  code,  tout  est  à  la  fois  plus 
simple  et  plus  sublime.  Une  culture  plus 
occidentale,  le  génie  de  la  langue  grec- 
que ,  a  passé  sur  l'ancienne  poésie  de  la 
Terre-Sainte. 

1®  Trois  livres  historiques,  les  évan- 
giles de  s{iint  Mathieu,  de  saint  Marc  et 
de  saint  Luc,  nous  racontent  d'abord  la 
naissance,  la  vie,  les  paroles,  les  œuvres, 
la  mort,  la  résurrection  et  l'ascensipn  du 
Sauveur,  avec  une  coïncidence  si  re- 
marquable dans  la  marche  et  dans  les 
expressions  de  leurs  récits,  qu^on  a  cru 
devoir  les  considérer  comme  autant  de 
versions  ou  de  périphrases  d'un  même 
texte  original,  écrit  en  hébreu  ou  plutôt 
en  araméen,  idiome  de  la  Syrie  à  cette 
époque.  On  n'a  pourtant  pas  tardé  à  se 
convaincre  qu'il  fallait  bien  plus  attri- 
buer cette  analogie  au  respect  des  évan- 
gélistes  pour  les  communications  et  les 
paroles  du  maître,  recueillies  religieu- 
sement par  ses  disciples  et  rapportées 


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de  même  aux  fidèles.  Un  quatrième  évan- 
HÎle,  celui  de  saint  Jean,  diffère,  dans 
son  ordonnance,  par  son  introduction  , 
par  ses  tendances,  par  quel(|ues  faits  de 
plus  ou  de  moins  qu*il  consigne,  des 
trois  autres  récits  évangéliques,  parla 
raison  que  saint  Jean  Ta  écrit  à  Tépoque 
des  premières  aberrations  de  doclrine, 
des  premières  hérésies  [voy.  Évangiles 
et  Concordance).  Mais  entre  celle  com- 
position et  les  trois  autres  il  y  a  non- 
seulement  unité  de  vues  et  de  principes, 
il  y  a  parfaite  solidarité  ;  et  si  saint  Jean 
passe  soiis  silence  quelques  faits  qu*ont 
retracés  ses  collègues,  c'est  pour  en  con- 
signer d'autres  qui  ne  sont  pas  moins  im- 
porlans  et  qui  ne  devaient  pas  périr  faute 
d'histor>en.  Saint  Luc,  auteur  d'un  évan- 
gile, complète  ses  récils  sur  l'origine  du 
christianisme  et  sur  son  fondateur  en 
racontant  aussi  les  actes,  les  premières 
prédications,  les  travaux  elles  missions 
des  apôtres,  surtout  de  saint  Pierre  et 
de  saint  Paul.  Les  Actes  forment  la  clô- 
ture des  livres  historiques  da  nouveau 
code. 

2^  Cependant  les  livres  didactiques 
renferment  assez  de  renseignemens  pour 
nous  donner  une  idée  sufGsante  de  l'é- 
glise primitive,  de  ses  travaux,  de  ses 
institutions,  de  sa  foi  et  de  ses  mœurs. 
Les  livres  didactiques,  tous  revêtus  de  la 
forme  épistolaire  (  et  l'on  conçoit  qu'au- 
cun des  disciples  n'ait  voulu  faire  ce  que 
n'avait  pas  fait  le  maître,  c'est-à-dire 
tracer  un  système  de  dogmes  et  un  code 
d'institution), les  livres  didactiques  sont 
de  saint  Jacques,  de  saint  Pierre,  de 
saint  Jean,  de  saint  Jude,  disciples  pri- 
mitifs du  Seigneur,  et  de  saint  Paul,  son 
nouvel  apôtre.  Les  épllres  de  saint  Paul, 
les  plus  importantes  par  leur  nombre  et 
leur  étendue ,  ont  toutes  pour  but  de 
compléter,  dans  les  communautés  qu'il 
avait  fondées  ou  qu'il  était  appelé  à  di- 
riger par  sa  parole,  l'enseignement  oral 
qui  leur  avait  été  donné  par  lui,  par  ses 
collègues  ou  par  ses  aides,  sur  le  dogme, 
la  morale,  la  discipline,  l'organisation 
de  l'église.  Quelquefois  le  but  principal 
de  ces  écrits  est  la  répression  d'un  dés- 
ordre survenu  dans  les  rangs  des  fidèles; 
mais  alors  même  l'apôtre  s'élève  bientôt 
à  des  instructions  générales.  D«  ces  épt- 


très,  une  seule,  celle  aux  ffSreus,  est 
adressée  à  toute  une  classe  de  fidèles  et 
a  pour  but  spécial  de  faire  comprendre 
aux  chrétiens  nés  dans  le  judaïsme  qu'il 
faut  en  sortir  complètement ,  en  quitter 
les  fêtes,  les  cérémonies,  les  préventions, 
et  s'élever  à  ce  sacerdoce  spirituel,  à  ce 
culte  en  esprit  et  en  vérité ,  à  cette  foi 
morale  et  universelle,  qui  distingue  la 
seconde  église  de  la  première.  Des  treize 
autres  épitres  de  saint  Paul  neuf  sont 
adressées  à  des  communautés  spéciales. 
Avant  la  ^captivité  de  l'apôtre  furent 
écrites  les  épitres  aux  Thessaloniciens , 
aux  Calâtes,  aux  Corinthiens,  aux  Eo^ 
mains;  pendant  sa  captivité  à  Rome, 
celles  aux  Colossiens,  aux  Éphésiens, 
aux  Philip piens.  Les  quatre  dernières 
sont  des  lettres  particulières,  adressées 
l'une  àPÀiYef/no/i,  une  autre  à  Tue^  deux 
à  Timothée,  Les  trois  dernières  sont  les 
plus  belles  lettres  pastorales  que  possède 
la  littérature  chrétienne,  et  l'admirable 
traité  de  saint  Chrysostôme  intitulé  Z>i< 
sacerdoce  n'est  autre  chose  qu'une  pa- 
raphrase développée  de  ces  épitres.  La 
lettre  de  saint  Jacques  à  tous  Les  fidèles 
sortis  du  judaïsme  et  habitant  en  dehors 
de  Jérusalem;  celle  de  saint  Pierre  au 
même  ordre  de  fidèles  habitant  les  pro- 
vinces de  Pont,  de  Galatie,  de  Cappa- 
doce,  éCAsie  (mineure)  et  de  Bithynie; 
celle  de  saint  Jean  à  plusieurs  commu- 
nautés que  n'indique  pas  l'auteur;  enfin 
celle  àe  saint  Jude,  aux  fidèles  en  géné- 
ral ,  portent ,  à  cause  de  cette  destina- 
tion plus  étendue ,  le  titre  commun  de 
catholiques ,  c'est-à-dire  à'' universelles. 
Elles  ont  pour  but,  celle  de  saint  Jac- 
ques, de  combattre  l'erreur  qui  ferait 
négliger  les  œuvres  pour  la  foi  et  sous 
le  prétexte  qu'elle  en  tient  lieu  ;  celle  de 
saint  Pierre,  de  fortifier  les  fidèles  dans 
l'adversité,  sous  les  persécutions  dont  ils 
sont  l'objet;  celles  de  saint  Jean,  de 
leur  recommander  le  premier  des  pré- 
ceptes de  son  maître,  cette  charité  qui  le 
distinguait  et  qui  doit  distinguer  tous  les 
chrétiens;  de  les  préserver  des  premières 
atteintes  de  cette  immense  hérésie,  de 
ce  gnosticisme  qui  a  désolé  l'église  pen- 
dant plusieurs  siècles  et  a  donné  lieu  à 
des  doctrines  si  ambitieuses  (  vof.  Giros- 
TXGisMB  );  celle  de  saint  Jade,  enfin,  d'a- 


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BtB 


vertir  des  peines  qui  suivent  toujours  le 
désordre  dans  les  mœurs  et  dans  les 
croyances.  Une  seconde  et  une  troisième 
épltre  de  saint  Jean ,  adressées  Tune  à 
une  pieuse  chrétienne  (  W)xy.Tii  ),  l'autre 
à  un  fidèle  nommé  Cyrus,  ont  été  com- 
prises par  erreur  dans  le  nombre  des 
épures  générales;  elles  sont  au  contraire 
aussi  spéciales  que  celles  de  saint  Paul 
à  Tite,  à  Philémon  et  à  Timothée.  Ce 
qui  peut  expliquer  Fespèce  d'erreur  que 
nous  signalons,  c'est  qu'on  a  pensé  quel- 
quefois que  la  seconde  de  ces  saintes 
missives  entendait,  sousie  nom  de  la 
chrétienne  y  l'église  tout  entière,  hypo- 
thèse qui  n'a  pourtant  pas  de  fondement. 

S^Unseul  livre/7ro/7^^'//i7i/^ entre  dans 
la  collection  de  la  nouvelle  alliance,  pour 
en  former  la  clôture;  c'est  V Apocalypse 
ou  Révélation  de  saint  Jean,  tableau  al- 
légorique de  la  grande  lutte  de  l'évan- 
gile contre  le  judaïsme  et  le  paganisme, 
chant  de  triomphe  en  l'honneur  de  son 
divin  auteur,  du  céleste  époux  de  l'église. 
La  victoire  que  célèbre  ce  poème  allé- 
gorique est  d'autant  plus  éclatante  que 
ce  n'est  pas  seulement  celle  des  fidèles 
des  premiers  siècles,  mais  encore  celle 
des  justes  de  tous  les  temps.  En  effet 
l'auteur  de  l'Apocalypse  ne  chante  pas  le 
châtiment  et  la  ruine  de  la  Jérusalem 
terrestre  sans  célébrer  aussi  le  jugement 
dernier  du  genre  humain  et  les  joies  de 
la  Jérusalem  céleste,  |K>int  de  vue  dou- 
blement moral  et  par  cela  même  digne 
de  toute  l'attention  des  interprètes  d'un 
livre  si  difficile  à  bien  expliquer. 

Tous  les  livres  qui  composent  le  Nou- 
veau-Testament, ou  la  troisième  série,  ap- 
partiennentàlasecondemoitiédu  premier 
sièclede  l'ère  chrétienne.Il8varient,quant 
k  la  forme,  suivant  l'éducation  et  le  gé- 
nie de  leurs  auteurs;  mais, pour  le  fonds, 
ils  présentent,  ainsi  que  ceux  des  deux 
premières  séries ,  un  ensemble  de  vues 
et  de  doctrines  qui  montre  évidem- 
ment qu'ils  découlent  delà  même  source. 
En  même  temps ,  tout  en  constituant  la 
base  d'une  religion  nouvelle ,  d'un  culte 
universel  mis  à  la  place  d'un  culte  natio- 
nal, les  livres  de  la  troisième  série  se 
lient  de  la  manière  la  plus  étroite,  non- 
seulement  à  ceux  de  la  seconde ,  dont 
ils  ont  adopté  le  langage ,  mais  encore  k 


(461)  BÎB 

ceux  de  la  première,  dont  ils  sont  le  com- 
plément annoncé  :  en  sorte  que  tous  en- 
semble ne  forment  réellement  qu'un  seul 
code,  qu'un  seul  système  de  révélation* 
Nous  avons  déjà  dit  qu'ik  ne  contien- 
nent, pour  ainsi  dire,  qu'une  seule 
grande  pensée  dont  les  uns  donnent  le 
germe,  les  autres  le  développement. 

On  le  voit  :  la  Bible  est  un  livre  dont  les 
diverses  pages  ont  été  écrites  pendant  un 
espace  de  temps  de  16  siècles.  Cependant, 
on  le  pense  bien,  elle  n'a  pas  toujours, 
comme  de  nos  jours,  formé  un  seul  vo- 
lume. La  réunion  des  livres  de  la  pre- 
mière série,  à  commencer  par  les  diffé- 
rentes parties  du  Pentateuque  et  à  finir 
par  les  oracles  des  derniers  prophètes,  a 
été  quelquefois  attribuée  à  Esdras  et  à  Né- 
hémîe,  et  si  cette  opinion  u'a  rien  de  cer- 
tain, elle  n'a  du  moins  non  plus  rien 
d'iuvraisemblant.  Il  est,  au  contraire, 
tout  naturel  de  penser  qu'au  retour  de 
l'exil  les  Juifs  aient  songé  à  recueillir  et 
à  classer  les  écrits  sacrés  de  leur  nation, 
et  personne  n'était  évidemment  plus 
propre  à  remplir  cette  tâche  que  les  deux 
chefs  qui  présidèrent  au  rétablissement 
des  institutions  publiques.  Ce  qui  est 
hors  de  doute,  par  les  témoignages  de 
Daniel  (chap.  ix,  vers.  12),  du  Siracide 
(voy.  le  prologue),  de  saint  Mathieu 
(xxv,  35),  de  saint  Luc  (xxiv,  44)  et 
de  Josèphe  [contre  A  pion  y  i,  8),  c'est 
qu'à  toutes  les  époques  on  a  mis  chez 
les  Juifs  un  soin  extraordinaire  à  re- 
cueillir les  livres  sacrés.  Il  serait  difficile 
d'indiquer  avec  quelque  précision  l'épo- 
que de  la  réunion  en  un  seul  ensemble 
des  livres  qui  composent  la  deuxième 
série,  qui  ne  furent  dans  l'origine  qu'une 
addition  à  la  version  grecque  de  ceux  de 
la  première;  mais  il  est  évident  que  ce  fait 
est  antérieur  au  premier  siècle  de  notre 
ère.  Quant  à  la  collection  de  la  dernière 
série,  elle  ne  fut  arrêt éedéfinitivement  par 
l'église  grecque  qu'au  concile  deLaodicée, 
entre  360  et  365  de  J.-C;  par  l'église 
latine  qu'au  concile  d'Hippone,  en  393. 
Mais  il  est  bien  entendu  qu'il  ne  s'agit 
ici  que  d'une  déclaration  olficielle,  d'une 
formalité  d'église,  et  que  l'opinion,  la 
foi  générale  avaient  déjà  arrêté  ce  code 
long- temps  auparavant.  La  surveillance 
des  églises  intéressées  dans  U  question. 


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BIB 


(462) 


BIË 


celle  <jle  tous  les  écrivains  chrétiens ,  de 
tous  les  évéques,  de  tous  les  prêtres,  avait 
facilité  le  travail  des  conciles  que  nous 
venons  de  nommer;  elle  avait  surtout 
écarté  du  code  la  foule  des  écrits  ano- 
nymes et  pseudonymes  que  les  pieux 
faussaires  des  premiers  siècles  avaient 
publiés  sous  les  titres  d^ÉvangUes,  à*ÂC' 
tes,  6^ É pitres  et  ôl  apocalypses  [voy. 
Apocryphes). 

lia  même  attention  qu'on  mit  dans 
tous  les  temps  à  recueillir  les  écrits  sa- 
crés y  on  la  mit  aussi  très  généralement 
à  en  conserver  l'intégrité  et  à  mainte- 
nîr  la  pureté  des  textes.  II  faut  distin- 
guer, dans  Thistoire  des  codes,  les  tex- 
tes manuscrits  et  les  textes  imprimés. 
Les  premiers  manuscrits  du  texte  hé- 
breu étaient  écrits  en  caractères  anciens, 
tels  qu'on  les  trouve  encore  sur  les  mé- 
dailles des  Machabées.  Ces  caractères 
ressemblaient  à  l'écriture  samaritaine  et 
se  suivaient  sans  accens,  sans  ponctua- 
tion. A  partir  de  l'exil,  les  Juifs  adoptè- 
rent l'écriture  chaldéenne,  celle  qui  est 
atgourd'hui  généralement  admise  pour 
l'hébreu.  A  cette  époque  on  n'indiquait 
encore  ni  les  signes  des  voyelles,  ni  d'au- 
tres caractères  d'accentuation  que  les  doc- 
teurs juifs  des  premiers  siècles  de  l'ère 
chrétienne  et  leurs  successeurs  ont  in- 
ventés pour  la  facilité  des  lecteurs,  ca- 
ractères qui  n'ont  d'ailleurs  changé  en 
rien  les  paroles  des  textes  sacrés.  Il  en  a 
été  à  peu  près  de  même  pour  les  textes 
grecs.  Les  plus  anciens  manuscrits  les 
donnaient  en  lettres  capitales,  sans  ac- 
cens, sans  esprits,  sans  ponctuation,  sans 
distinction  de  mots.  Ce  sont  les  critiques 
qui  ont  successivement  porté  ces  amélio- 
rations dans  les  copies  ou  les  éditions. 
Ils  ont  été  plus  loin.  Ils  y  ont  non-seu- 
lement séparé  les  mots  par  de  légei's  in- 
tervalles, et  divisé  les  textes  par  pério- 
des et  par  phrases  :  pour  faciliter  les  re- 
cherches ils  en  ont  divisé  l'ensemble  par 
chapitres  et  par  versets.  Au  temps  de 
saint  Jérôme  on  n'y  distinguait  encore 
que  certains  alinéas;  un  peu  plus  tard 
on  adopta  de»  chapitres.  Hugues  de  Saint* 
Clair  et  Étien  ne  Langthon  partagent,  dans 
l'opinion  générale,  l'honneur  d'avoir  éta- 
bli dans  le  Nouveau-Testament  la  division 
^u'oa  soit  ^éraleme&t  au^jonrd'hoi. 


Celle  de  l'Ancien-Testament  en  chapttret 
n'a  été  définitivement  fixée  que  par  la  Bible 
de  Bomberg,  imprimée  en  î  ^25.  Restait  à 
déterminer  les  versets.  Robert  Etienne, 
dans  son  édition  de  la  Yulgate  de  1548, 
fixa  ceux  qu'on  suit  actuellement.  Plus  on 
a  ainsi  apporté  de  soins  à  faciliter  la  lec- 
ture des  textes,  plus  on  a  facilité  aussi  leur 
conservation  ou  le  rétablissement  de  leur 
primitive  pureté.  Ils  avaient  souffert  natu- 
rellement par  la  multiplication  des  copies 
et  l'ignorance  des  copistes.  De  là  viennent 
quelques  passages  altérés  etde  nombreuses 
variantes.Les  Pères  en  ont  gémi  comme  les 
critiques  qui  leur  ont  succédé  (Or igène. 
Comment,  sur  VÉv,  de  saint  matth.^  t. 
Xy,  vol.  III,  p.  Ô71,  édit.  de  La  Rue.  Clé- 
ment d'Alexandrie,  Stromata,  lib.  IV, 
p.  490,  édit.  de  Sylburg);  mais  les  uns 
comme  les  autres  ont  reconnu  qu'aucune 
altération  n'a  été  apportée  dans  les  textes 
au  profit  d'un  parti,  d'une  secte,  d'une 
erreur  quelconque.  On  sait  de  quelle 
manière  Marcion  avait  imaginé  de  faire 
un  nouvel  évangile  et  de  nouvelles  épt- 
tres,  en  retranchant  du  code  reçu  ce  qui 
contrariait  son  système;  on  sait  aussi  avec 
quelle  énergie  et  quelle  unanimité  soa 
œuvre  frauduleuse  fut  rejetée.  Le  f^it  est 
que  les  variantes  qui  se  sont  glissées  dans 
les  manuscrits,  et  que  plusieurs  éditions 
imprimées  reproduisent,  ont  fort  peu 
d'importance,  soit  pour  l'Ancien  aoit 
pour  le  Nouveau-Testament. 

Nous  ne  nous  attacherons  pas  à  mon- 
trer comment,  par  quelle  longue  série 
de  travaux,  la  critique  est  parvenue  à  nous 
donner  les  textes  si  purs  que  nous  possé- 
dons aujourd'hui;  mais  nous  devrons 
mentionner  les  principales  éditions  de  la 
Bible.  Les  trois  premières  de  l'Aneien- 
Testament,  celles  qui  ont  valeur  de  ma- 
nuscrits, sont  celle  de  Soncino  (1488, 
in-foL);  le  texte  hébreu  de  la  Polyglotte 
d'AIcala  (en  latin  C^mplutum)  de  1514; 
l'édition  de  Ben  Chajim,  Venise,  1525. 
Viennent  les  éditions  de  Bomberg,  Bux- 
torf,  Munster,  Vanderhoogt,  Michaélis, 
Houbigant,  Kennicot,  Poederlein ,  Meis- 
ner,  Jahn.  La  première  édition  complète 
du  Nouveau-Testament  parut  aussi  avec 
la  Pol}^loHe  d'AIcala,  1514;  celle  d'É- 
rasme vit  le  jour  en  1516.  Ces  deux  édi- 
tions ont  établi  k  texte  géoéralemeot  reça 


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BIB 


dans  celles  qu'on  a  publiées  depuis  trois 
siècles.  Dans  ce  nombre  on  distingue  les 
éditions  de  Robert  ^tienne  [mirifica  ou 
regia) ,  de  Théodore  de  Bèze,  des  £lzé- 
virs,  de  Walton,  de  Fell^  de  Mill,  de 
Wetsteîn,  de  Griesbach,  d'Alter,de  Birch. 
Deux  critiques  célèbres  ont  cru  reconnaî- 
tre de  nos  jours  que  tous  les  textes  ma- 
nuscrits du  Nouveau-Testament  se  rap- 
portaiei^t  à  quelques  recensions  principa- 
les,  comme  celle  d'Alexandrie ,  celle  de 
Constantinople  et  celle  d'Occident;  mais 
Mathaei  a  fort  bien  démontré  que  celte 
hypothèse  avait  besoin  d'être  mieux  éta- 
blie. On  est  plus  généralement  d'accord  à 
regarder  comme  les  plus  exacts  de  tous 
ces  manuscrits  ceux  du  Vatican,. d'Ox- 
ford et  de  Cambridge. 

Les  versions  de  la  Bible  en  langues 
vulgaires  se  sont  multipliées  autant  que 
les  éditions  de  ses  textes.  Il  serait  impos- 
sible d'énumérer  tous  les  travaux  de  ce 
genre  y  et  l'on  peut  se  borner  à  dire  que 
la  Bible  a  été  traduite  dans  toutes  les 
langues  qui  ont  une  littérature  et  dans 
une  foule  d'idiomes  qui  ne  possèdent 
pas  encore  d'autre  livre.  Les  Juifs  ont 
peu  traduit  et  peu  propagé  leur  saint 
code.  Ils  ne  songèrent  pas  à  le  donner 
aux  Mèdes,  aux  Chaldéens,  aux  Perses, 
aux  Égyptiens  y  et  ne  s'avisèrent  de  le 
mettre  en  grec  que  dans  les  derniers 
siècles  avant  notre  ère.  Peut-être  même 
n'y  eussent-ils  pas  pensé  du  tout  sans 
l'invitation  que  leur  adressa  le  roi  Plolé- 
mée-Philadelphe  qui  voulut  emrichir  d'un 
volume  de  plus  la  riche  bibliothèque  du 
musée  d'Alexandrie.  Une  fois  faite,  cette 
version,  qui  reçut  du  nombre  traditionnel 
de  ses  auteurs  le  nom  de  Sepiaate  {voy, 
ce  mot),  devint  la  Bible  de  tous  les  Juifs 
parlant  le  grec  ou  heliénisans.  Son  texte 
est  suivi  même  par  les  écrivains  du  nou- 
veau code,  quoiqu'ib  aient  dû  connaître 
les  textes  originaux  de  l'Ancien-Testa- 
ment.  L'exemple  de  cette  version  étant 
donné,on  fit,un  peu  avant  l'ère  chrétienne, 
non-seulement  une  version  ou  plutôt  une 
paraphrase  chaldéenne,  mais  encore,  im- 
médiatement après  cette  ère,  une  version 
grecque  pi uslittérale  quecelle  des  Septan- 
te. Ce  travail,  dCk  au  juif  Aquila,  offrait 
même  du  texte  hébreu  un  calque  trop  ser- 
vile  pour  obtenir  quelque  succès  à  la  lec* 


ture,et  deux  chrétiens,Symmaqa6  etThéo* 
dotion ,  publièrent  des  versions  nouvelles 
tenant  une  juste  ligne  entre  la  fréquente 
inexactitude  des  Septante  "^  et  la  raideur 
trop  littérale  d'AquÛa.  A  mesure  que  Vtc 
vangilese  propageait  dans  le  monde,  la  Bi- 
ble complète  fut  traduite  dans  toutes  les 
langues  :  aux  versions  araméenne,  syria- 
que, égyptienne  ou  kophte,  éthiopienne, 
arménienne,  géorgienne,  arabe  et  per- 
sane, répondirent  les  versions  occiden- 
tales, italique  ou  latine,  gothique,  sU- 
vonne,  anglo-saxonne,  romane  ou  vau- 
doise  (xii**  siècle),  française  (xiii*  siècle), 
anglaise  (de  Wiclef),  allemande  (1378), 
italienne  (1471).  La  première  version 
latine,  revue  par  saint  Jérôme  et  plusieurs 
autres,  fut  reçue  généralement  dans  1'^ 
gUse  d'Occident  sous  le  nom  de  Fulga- 
te  :  nous  lui  consacrerons  un  art.  a  part; 
la  version  allemande  fut  13  fois  réimpri- 
mée avant  la  réforme.  On  voit  par-là  com- 
bien il  faut  modifier  deux  opinions  assez 
généralement  répandues  :  celle  que  la  Bi- 
ble, avant  la  réforme,  n'était  plus  guère 
connue  des  fidèles,  et  celle  que  la  réforme 
a  donné  l'exemple  de  la  propagation  des 
saints  livres  en  langue  vulgaire.  Ce  qui 
est  certain,  c'est  que  la  réforme,  appelant 
de  l'Église  à  la  Bible,  a  multiplié  les  édi- 
tions du  volume  sacré  et  ses  traductions 
en  langue  vulgaire,  et  qu'elle  l'a  répandu 
avec  un  zèle  et  un  succès  auparavant  in- 
connus. Par  suite  de  la  réforme,  la  Bible 
fut  traduite  au  xvi^  siècle  dans  toutes  les 
langues  de  l'Europe.  Les  plus  célèbres  de 
ces  versions  sont  celle  de  Luther,commen- 
cée  au  château  de  Wartbourg,  en  16^1, 
revue  plusieurs  fois  soit  par  l'auteur,  soit 
par  d'autres ,  et  supérieure  encore ,  par 
sa  grâce  antique  et  sa  pittoresque  éner- 
gie, aux  travaux  d*Augasti,  de  Wette  et 
de  Meyer;  celle  de  Calvin,  préparée  par 
Robert  Olivétan,  deux  fois  revue  par  les 
théologiens  de  Genève,  et  plus  ou  moins 
suivie  par  Martin  et  Osterwald  **\  ceUe  de 

(*)  On  se  rappelle  qoe  Faotear  de  cet  artiole 
est  protestant.  Or,  cbex  les  protestans  l'inspira- 
tioa  (les  L\X  iaterprèces  n*«st  point  admise ,  et 
de  mdme  iU  regardent  la  Vulgate  comme  osarra 
humaine,  s'attacbant  exclusivement,  pour  Taa- 
tlieuticicé  littérale,  au  texte  bébren  de  PAncie»- 
TesUment  et  au  texte  grec  (heHoaique)  dn  !f  on- 
yeau-Teslameot.  J«  JL  S. 

!(*')  Iiet  traductions  do  Martin  ot  d^Oalorwald 


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Tindaly  Matthew,  Coverdale  et  Cranmer, 
revue  par  Tépiscopat  d'Angleterre  au  com- 
mencement du  xvii®  siècle  (Bible  de  Ge- 
nève, des  épéques,  du  roi  Jacques,  etc.), 
sans  être  éclipsée  par  celle  de  Geddes, 
de  la  fin  du  dernier  siècle.  Avec  les  théo- 
logiens de  la  réforme  ont  rivalisé  digne- 
ment ceu:^  de  Tégli^e  catholique,  Castalio 
ou Cbàleillon (nouvelle  version  latine), Le 
Maître  de  Sacy,  Vence,  M.  de  Genoude, 
Dereser,  Brentano,  les  frères  Van  £ss. 
Les  Israélites  ont  traduit  TAncien-Testa- 
ment  en  espagnol ,  en  portugais ,  en  ita- 
lien, en  français  (fédition  de  M.  Cahen, 
Paris,  1 830  et suiv.,  offre  texte  et  version), 
et  en  allemand  (le  célèbre  Mendelsobn). 
Les  versions  anciennes  de  la  Bible  se 
trouvent  dans  les  éditions  polyglottes 
{voy.  ce  mot)  dont  il  existe  quatre  prin- 
cipales :  celles  d*Alcala ,  d*  An  vers ,  de 
Paris  et  de  Londres.  Les  traductions  mo- 
deraes  se  multiplient  tous  les  jours, grâce 
aux  missions  et  aux  sociétés  bibliques 
(vojr.  Bibliques);  mais,  on  le  conçoit, 
r interprétation  de  cette  grande  biblio- 
thèque de  la  révélation  est  une  œuvre 
difficile.  La  Bible  peint  les  mœurs  de 
quarante  siècles  :  dans  ce  long  espace  de 
temps  la  pensée  a  revêtu  des  formes  bien 
différentes  et  les  institutions  ont  varié 
comme  les  croyances.  Pour  bien  traduire 
un  code  aussi  étendu,  aussi  ancien,  il  faut 
joindre  à  la  connaissance  des  langues  et  du 
génie  de  l'Orient  et  de  la  Grèce  la  connais- 
sance de  leurs  mceuis,  de  leurs  doctri- 
nes, celle  des  sciences  auxquelles  font 
allusion  des  textes  si  nombreux,  et  celle 
des  choses  qu'ils  renferment.  Jamais  les 
forces  d'un  seul  homme  n'eussent  suffi 
à  l'accomplissement  d'une  tâche  si  im- 
mense, et  des  versions  un  peu  fidèles  ne 
sont  devenues  possibles  que  par  les  tra- 
vaux successifs  de  plusieurs  générations 
d'interprètes  ou  de  commentateurs.  Les 
Pères,  en  possession  d'une  foule  de  tra- 
ditions et  de  connaissances  de  détail  qui 
nous  échappent,  ont  commencé  ces  com- 

ont  été  fouTenk  réimpriméet  par  les  soins  des 
Sociétés  hililiques,  et  surtout  de  celle  de  Paris  ; 
la  libmirie  Treuttel  et  Wuriz  m  pulilic,  de  la  trû* 
dui-tiou  de  Martin,  une  édition  qui  raciite  d*étre 
citée  comme  l*uiie  des  plus  correctes.  Cest  un 
volume  in-S"  d'environ  i6oo  pages,  avec  indi- 
cation das  pasaagaa  parallèles,  stéréotypé  par 
HeriiSB.  J.  a.  S. 


mentaires,  cet  notes,  ces  explication» 
critiques,  philologiques,  chronologiques, 
historiques,  géographiques,  allégoriques, 
typologiques,  dogmatiques,  morales,  qui 
out  été  continuées  par  plusieurs  écri- 
vains du  moyen  -âge  et  reprises  avec  une 
ardeiur  nouvelle  à  la  renaissance  des  let- 
tres, et  qui  ont  enfin  donné  le  jour  à 
trois  sciences  importantes  :  la  critique 
sacrée,  V herméneutique ,  et  Vexrgè.se. 
La  première  examine  l'authenticité  des 
livres  sacrés  et  la  pureté  de  leur  texte;  la 
seconde  trace  les  règles  d*une  saine  in- 
terprétation, la  dernière  fournit  cette  in- 
terprétation elle-même.  Telle  est  l'impor- 
tance de  cette  triple  étude  que  sans  elle  il 
n'existe  pas  descieuce  biblique;aussi  l'his- 
toire des  lettres  chrétiennes  ne  connaît-elle 
pas  d'écrivain  un  peu  remarquable  qui 
n'ait  voué  à  cette  étude  une  application  sé- 
rieuse. Telle  est  aussi  l'influence  exercée 
par  cette  étude  dans  le  monde  moderne , 
surtout  dans  les  derniers  siècles,  qu'il 
n'est  aucune  des  sciences  morales  qui 
n'en  ait  reçu  les  plus  vives  lumières  et 
qu'elle  en  a  répandu  sur  plusieurs  autres 
branches  du  savoir  :  en  sorte  qu'il  est 
bien  vrai  de  dire  que,  si  la  littérature 
profane  a  donné  à  l'Europe  les  élémens 
de  sa  philosophie,  de  sa  politique  et  de 
ses  arts,  la  littérature  sacrée  a  décidé  de 
nos  doctrines  morales  et  religieuses,  tan- 
dis que  nos  institutions  et  nos  mœurs 
ont  reçu  d'elle  une  direction  décisive. 
La  politique  que  Bossuet  dicte  avec 
tant  d'autorité  aux  rois  et  aux  nations  et 
qui  fut  si  long- temps  celle  de  TËurope, 
qui  l'est  encore  en  partie,  n'est  qu'un 
reflet  de  la  théocratie  biblique.  La  phi- 
lologie, l'archéologie,  l'histoire  générale, 
celle  de  la  civilisation,  celle  de  l'huma- 
nité ont  reçu  des  études  bibliques  le  plut 
grand  jour;  et  la  Bible,  qui  a  été  si  long- 
temps le  symbole  des  croyances  et  des 
habitudes  morales  de  l'Europe,  est  le 
seul  livre  qui  présente  la  clef  de  notre 
histoire  intérieure,  de  notre  vie  sociale 
comme  de  notre  vie  de  famille.  C'est 
aussi  la  Bible  qui  a  placé  si  haut  les  pays 
chrétieus,  qui  a  inspiré  aux  peuples  de 
rOcoident,  dans  leurs  beaux  siècles,  une 
moralité  si  profonde;  qui  leur  a  donné 
cet  esprit  d'ordre,  de  travail,  de  sobriété, 
d'économie  y  de  modération  et  d'hum»» 


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BIB 


nité  qui  est  la  base  de  la  civilisation  mo- 
derne et  la  cause  de  la  sûreté  comme  de 
la  rapidité  de  ses  progrès.  Les  nations 
chrétiennes,  celles  même  qui  sont  placées 
sur  les  derniers  échelons  de  la  culture 
intellectuelle,  trouvent  sans  cesse,  dans 
les  destinées  morales  du  peuple  que  leur 
peint  la  Bible,  les  leçons  les  plus  graves ^et 
les  plus  utiles.  La  société  chrétienne  ne 
Tignore  pas  :  elle  n*a  pas  toujours  attaché 
la  même  importance  à  la  lecture  de  la  Bi~ 
ble  en  général ,  mais  la  Bible  a  toujours 
été  vénérée  par  elle.  Nous  avons  déjà  dit 
que  les  Juifs  Font  peu  propagée,  peu  tra- 
duite ;  cela  tenait  au  caractère  éminem- 
ment national  de  leur  code.  Les  chrétiens, 
plus  heureux  du  caractère  d'universalité 
qui  distingue  leurs  croyances,  n*ont  cessé 
d'en  multiplier  et  d*en  répandre  les  exem- 
plaires. Dans  l'histoire  de  l'Église  il  ne 
se  trouve  pas  un  siècle  où  L'on  n'ait  fait 
de  la  Bible  une  version  de  plus.  On  re- 
marque, sous  ce  rapport,  des  époques 
de  langueur,  d'indifférence  et  mêane  d'in- 
terdiction :  l'état  imparfait  des  langues , 
l'ignorance  générale,  la  grossièreté  des 
mœur8,d'autresraisonsencore,expliquent 
cette  disposition  des  esprits;  mais  jamais 
on  n'a  manqué,  quand  il  a  été  question 
d'agir  fortement  sur  les  hommes,  de  re- 
commander les  saintes  études.  Tous  les 
docteurs  du  moyen-age,  qui  ont  vu  la  dé- 
cadence de  la  foi  dans  celle  des  mœurs , 
ont  vu  aussi  que  la  parole  divine  pouvait 
seule  ranimer  dans  l'ame  le  culte  intérieur 
que  ne  peut  remplacer  nul  autre.  Au  xv* 
siècle  Gérard-le-Grand  fonda  une  congré- 
gation spéciale  pour  l'étude  de  la  Bible  et 
la  multiplication  des  exemplaires  ou  des 
copies  de  ce  saint  code.  L'imprimerie 
fournil  enfin  un  moyen  plus  économique 
de  le  reproduire,  et,  depuis  ce  moment, 
il  a  pu  être  donné  à  l'homme  du  peuple 
comme  à  l'homme  du  sanctuaire.  On  a 
pu  le  mettre  jusque  dans  les  mains  de 
l'enfance,  et  la  Bible,  ce  grand  monument 
de  science  religieuse  et  morale,  a  souvent 
été  le  premier  livre  d'étude  de  nos  écoles*^. 

(*)  Ce  fait  n'est  exact  qoe  par  rapport  anx 
prole.Htans  :  TÉglise  catholique  a  presque  con»- 
tamment  éloigné  des  fidèles  les  versions  de  la 
Bible  eu  langue  valgnire,  et  des  bons  esprits, 
dam  les  deux  coromanious  chrétiennes,  ont  mis 
en  question  Tatilité  de  la  lecture  de  l'Ancien- 
Testament  dans  son  ensemble  par  les  enfans  ou 

Encyclop,  d,  G.  d,  M.  Tome  III. 


Le  prix  nécessairement  élevé  d*an  yo~ 
lume  si  considérable  a  été  quelque  lemps 
un  obstacle  à  sa  propagation  générale. 
Bientôt  des  hommes  pieux  conçurent  le 
projet  de  le  mettre  à  la  portée  de  toutes 
les  fortunes,  et  celui  de  le  donner  gratui- 
tement à  l'indigent.  Le  baron  de  Can- 
stein  illustra  son  nom  par  la  fondation 
que,  dans  ce  but,  il  joignit  à  la  maison 
des  orphelins  de  Halle    {voy,   le  mot 
Canstkiw).  Un  projet  plus  vaste,  un  pro-  ' 
jet  gigantesque,  celui  de  donner  la  parole 
de  Dieu  à  toin  les  peuples  de  la  terre 
comme  code  de  morale,  de  religion  et  de 
civilisation,  fut  conçu  en  1804  par  quel- 
ques-uns des  hommes  d'état  les  plus  dis* 
tingués  de  l'Angleterre.  L'exécution  de 
cette  œuvre  fut  aussitôt  commencée  de 
la  manière  la  plus  brillante.  Présidée  par 
lord  Teignmouth,  ancien  gouverneur  gé- 
néral des  Indes,  la  Société  biblique  bri- 
tannique et  étrangère  provoqua  dans  le 
monde  entier  l'organisation  de  sociétés 
auxiliaires,  et  distribua  dans  l'espace  de 
30  ans  4  millions  d'exemplaires  du  code 
sacré.  Des  contradicteurs,  quelques  mem- 
bres de  la  société  anglaise  pour  la  pro- 
pagation des  connaissances  chrétiennes 
et  plusieurs  membres  de  l'épiscopat  an-> 
glican  ont  combattu  cette  œuvre;  quel- 
ques membres  de  l'épiscopat  catholique 
et  le  chef  de  cet   épiscopat  ont  aussi 
pensé  un  instant  qu'il  était  peu  sage  de 
prodiguer,  pour  ainsi  dire,  les  textes  de 
la  révélation  et  de  donner  à  l'homme  en- 
core plongé  dans  la  barbarie  ou  à  l'homme 
du  peuple  la  collection  complète  de  livres 
appartenant  à  des  siècles  si  divers,  offrant 
aux  savans    mêmes    des    difficultés   si 
grandes  et  ayant  quelquefois  donné  lieu 
à  des  interprétations  si  déplorables  (Bulle 
pontificale  de  1816,  provoquée  par  l'ar- 
chevêque de  Gnesen).  Quelques  gouver- 
nemens,  celui  d'Autriche  entre  autres , 
se  sont  opposés  aussi  à  l'établissement 
dans  leurs  éuts  (1817)  de  sociétés  auxi- 
liaires de  celle  d'Angleterre;  mais  c'est 
à  peine  si  l'on  s*est  aperçu  de  ces  inci- 
dens  dans^  le  développement  général  de 
l'association  britannique  et  de  ses  pieuses 
profusions  auxquelles  se  sont  joints  des 
hommes  de  toutes  les  communions  (So« 

par  les  adultes  dénués  de  tonte  culture  intelleo- 
tuelle.  J.  H.  S. 


30 


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BIB 


(4M) 


BIB 


iiélés  UbU^HMi  d«  Rmki;  mdiéU  Irtbli. 
^e  dirigét  par  los  frèr«9  Vaa  Ess,  pré-> 
trtt  oalhoUques). 

Une  oMivre  si  grainl^,  continuée  avee 
toute  U  persévérance  du  caractère  an-» 
gUii,  aura  nécessairement  des  résultats 
immentesi  car  il  y  a,  dans  la  Bible,  plus 
^'un  code  de  civilisadon.  Elle-même 
prétend  à  un  rang  plus  élevé;  elle  se  dit  la 
parole  de  Dieu ,  ou  du  moins  le  fruit  de 
Tinspiration  de  Dieu,  si  la  parole  est  de 
rhomme.  De  Moïse  à  saint  Jean  c'est , 
dans  tous  ses  textes,  la  même  affirma- 
tion. Elle  fut  jadis  prise  à  la  lettre.  On 
pensa  qtle  lès  mots  mêmes  étaient  de 
Dieu,  et-  c*est  pour  cela  qu'on  trouva  si 
•ublime  le  langage  des  textes  sacrés.  Le 
progrès  des  études  philologiques  et  phU 
losophiques  a  fait  reconnaître  que  l'af- 
firmation était  outrée  et  se  nuisait  par 
ton  exagération  même;  que,  sous  le  rap- 
port du  style,  le  texte  hébreu,  seul  mo- 
nument des  temps  classiques  de  cette  lan- 
gue, était  sans  doute  ciassique;  mais  que 
telui  des  textes  grecs  ne  Tétait  point  et 
ne  pouvait  pas  l'être  :  on  en  a  conclu  que 
la  pensée  seule  et  non  sa  forme  était  d'in- 
tpiration  divine.  De  ce  progrès,  quelques 
^ri vains  des  derniers  siècles  et  de  notre 
temps,  les  uns  ennemis  du  christianisme, 
les  autres  sans  hostilité  pour  ses  doctri- 
nes, ont  pris  texte  pour  aller  encore 
plus  loin  et  pour  affirmer,  que  dans  la 
Bible,  la  pensée  n'est  pas  plus  inspirée 
que  la  parole;  que,  sans  doute,  le  code 
des  juifs  et  des  chrétiens  n'est  pas  un  li< 
vre  comme  un  au^re,  mab  qu'après  tout 
c'est  une  oeuvre  humaine.  On  ne  s'est  pas 
arrêté  là.  On  a  attaqué  l'authenticité  de 
plusieurs  parties  de  cette  collection ,  la 
eanonicUé  de  quelques  antres,  la  pureté 
des  textes  de  celles-ci,  Yêntéffnté  de 
eelles-là.  Il  en  est  qu'oti  a  décomposées 
ou  plutAt  déchirée  en  une  foule  de 
fragmens  qui  auraient  été  joints  les  uns 
aux  autres  par  la  fraude,  l'ignorance  ou 
le  hasard.  Ce  n'est  pas  tout  :  on  a  argué 
les  livres  sacrés  de  contradiction  entre 
eux,  d'erreurs  d'histoire,  de  chronologie, 
de  généalogie,  de  géographie,  d'astrono- 
mie, d'histoire  naturelle;  on  a  cru  y  dé- 
cou  vrir  des  principes  contraires  à  la  bonne 
morale  et  à  La  saine  philosophie.  Mais 
les  apologistes  n'ont  pas  manqué  à  la  Bi- 


ble,  61  i^t  fcHaft  nn  tolnm*  ponr  artlq»- 
1er  les  attaques  dont  elle  a  été  Fobjet,  il 
en  faudrait  plusieurs  pour  résumer  la 
défense  qu'on  leur  a  opposée.  Il  suffit  dé 
dire  que  la  Bible  est  sortie  victorieuse 
du  combat;  que,  sous  He  rapport  de 
l'authenticité  et  de  la  pureté  de  ses  textes, 
elle  s'est  placée |  dans  les  discussions, 
au-dessus  de  tons  les  livres  religieux  da 
monde  ancien;  que,  sons  le  rapport  de 
l'exactitude  des  faits,  elle  s'est  mise  non-» 
seulement  au-dessus  de  tous  les  ouvrages 
d'histpire  de  l'Orient,  mais  à  côté  des 
écrivains  grecs  et  romains  qui  inspirent 
le  plus  de  confiance.  Sans  doute  la  criti* 
que  sacrée  a  reconnu  qu'au  Pentateuque 
de  Moïse,  par  exemple,  il  a  été  joint  quel- 
ques fragmens  qui  ne  sont  pas  de  la 
main  de  ce  législateur,  le  récit  de  sa 
mort  et  plusieurs  autres  pièces;  malt 
pour  être  de  plusieurs  mains,  le  Penta- 
teuque ne  perd  rien  de  son  caractère. 
Sans  doute  aussi  la  critique  a  remarqué 
quelques  difficultés  de  géographie  et  de 
chronologie  qui  demandent  une  étude 
approfondie;  mais  les  écrits  d'Hérodote 
et  de  Tite-Live  sont-ils  rejetés,  sont-ils 
seulement  contestés  à  leurs  auteurs  par 
la  raison  qu'on  y  trouve  des  difficultés, 
des  erreurs  ou  même  des  fables  ?  Plus  la 
Bible  a  été  attaquée,  examinée,  compa- 
rée avec  science  et  gravité,  plus  sa  haute 
supériorité  sur  tout  autre  livre  de  reli- 
gion a  été  reconnue,  proclamée.  L'a- 
pologie n'a  pas  même  dédaigné  d'oppo- 
ser de  ses  raisons  aux  épigrammes ,  aux 
plaisanteries,  aux  injures;  et,  s'il  faut 
citer  un  exemple,  nous  dirons  que,  pour 
réfuter  un  homme  de  génie  du  dernier 
siècle  qui  s'est  joué  de  sa  foi  et  de  celle 
des  autres,  dans  sa  Bible  expliquée  par 
quelques  aumôniers  du  roi  de  Prusse, 
il  n'a  fallu  qu*nn  homme  d'esprit,  de  sens 
droit ,  l'auteur  des  Lettres  de  quelques 
J ut/s  portugais  (vqjr,  au  mot  GoEKis). 
La  critique  a  distingué  avec  raison  entra 
les  diverses  parties  de  la  Bible ,  entre  les 
livres  de  la  première  série,  ceux  de  la 
seconde  et  ceux  de  la  troisième.  PTétait- 
il  donc  pas  entendu  que  l'ancien  code 
renfermait  l'ancienne  religion,  et  le  nou- 
veau code ,  Ir  nouvelle  ?  Si  le  déisme  a 
fait  confusion,  l'église  a  distingué.  Elle 
l'avait  toujours  (kit  :  elle  avait  toiiyoara 


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BtB 


(467) 


^BIB 


ék  <ttle  Wû^  ftTiiit  nqa  une  |iTeni)ère 
ré?élalioA  et  que  Jésus-Christ  tn  avait 
apporté  une  seconde.  C'est  ce  que  le 
Kouveau-Testament  avait  proclamé  à  la 
naissance  même  de  la  nouvelle  religion  ; 
et  telle  estrévidence  de  cette  vérité  qu'on 
ferait  disparaître  tous  les  livres  de  la 
Jpremière  et  de  la  seconde  série  sans  que 
le  ehristianisrae  en  reçût  la  moindre  at- 
teinte. Cependant  cette  distinction ,  si 
importante  qu'elle  soit,  n'a  nullement 
pour  but  de  désavouer  une  partie  quel- 
conque de  la  collection  biblique.  Telle 
qu*eile  est,  elle  offre  un  si  bel  ensemble 
de  faits  politiques,  religieux  et  moraux , 
de  principes  dWdre,  de  raison  et  de 
bonheur,  d'élémeos  d'instruction  et  de 
moyens  de  salut,  qu'il  y  aurait  de  la  part 
du  genre  humain  une  sorte  de  folie  à 
répudier  une  portion -quelconque  de  cet 
héritage ,  à  ne  pas  se  glorifier  de  toutes 
ces  communications  providencIelles,à  ne 
pas  s'enorgueillir  de  Tancienne  comme 
de  la  nouvelle  alliance  dont  la  Bible 
donne  les  ducumens.  Qui  ne  connaîtrait 
que  la  Bible  pourrait  se  demander  si , 
dans  ses  textes  et  dans  ses  doctrines,  se 
manifestent  bien  réellement  tous  les  si- 
gnes d*une  révélation  divine?  Mais  qui- 
conque a  pu  comparer  avec  la  Bible  des 
Juifs  et  des  chrétiens  les  livres  religieux 
des  autres  peuples  a  reconnu  que  si , 
quelque  part.  Dieu  a  parlé  aux  hommes, 
ce  n'a  pu  être  qu'aux' hommes  qui  seuls 
ont  su  parler  dignement  de  Dieu. 

Mais  nous  le  sentons  à  notre  tour, 
pour  parler  dignement  d'un  livre  inspi- 
ré il  faudrait  avoir  participé  à  celte  in- 
spiration même.  Pourquoi,  au  surplus, 
faire  l'éloge  d'un  livre  qui  porte  en  lui 
tous  les  caractères  de  puissance  et  de 
perpétuité,  qui  s'est  fait  une  destinée  si 
grande,  auquel  est  réiervée  une  plus 
grande  destinée  encore;  qui  s'est  an- 
noncé à  juste  titre  comme  preinière  et 
dernière  révélation  de  Dieu  à  l'homme? 
Foy,  les  mots  Inspiration,  RéviiLA- 
TioN,  Évangile,  Testament, etc.  Mr. 

BIBLIA  PAUPERUM  ,  bible  à  bon 
marc/lé.  Avant  l'invention  de  l'impri- 
tnerie,iUn  exemplaire  complet  delà  Bible 
était  une  chose  très  précieuse  qu'on  ne 
se  procurait  qu'au  prix  de  mille  florins 
d*or;  les  riches  seuls  pouvaient  donc  y 


prétendre.  Cependant,  pour  rtfidrt Vt^ 
crilure-Sainte  accessible  à  eeux  qui  ne 
l'étaient  pas  (mais  à  condition  sans  doute 
qu'ils  appartinssent  toujours  à  la  cléri- 
cature),  on  grava  sur  le  bois  les  princi- 
paux sujets  de  l'Ancien  et  du  Nouvean"» 
Testament,  avec  une  courte  explication 
en  latin  au  bas,  et  l'on  fit  ainsi  en  Aile** 
magne  nne  iHiition,  petit  in-folio,  qui 
compte  aujourd'hui  parmi  les  curiositée 
bibliographiques  etqui  était  pent-étre  l'un 
des  premiers  essais  faits  dans  la  xylogra* 
phie(vo/.  ce  mot).  Outre  l'édition  avec 
le  texte  en  latin,  on  en  fit  une  avee  le 
texte  en  allemand  dont  les  exemplaires 
portent  le  millésime  de  1470.  Les  es- 
tampes sont,  suivant  Lessing,  l'imita* 
tion  des  peintures  sur  verre  qu'on  voyait 
autrefois  dans  l'église  du  couvent  de 
Herschau.  On  achète  très  cher  aujour* 
d'hui  les  exemplaires  de  la  Bihlia  uatt^ 
peruin  qui  se  présentent  dans  les  ventes; 
le  duc  de  Devonshire  en  a  acquis  un  en 
1 81 5 ,  à  l'enchère  d'Edwards,  et  l'a  payé 
201  liv.  st.  Voiir  Ebert  All^.  Inblto^r. 
Lexikon,  1. 1,  p.  191.  J.H.S. 

BIBLIOGRAPHIE  9  mot  qui  dési^ 
gnait  primilivement  la  profession  de  co<* 
pier  des  livres,  de  ypa^îtv  et  j5i6/.to».  Dans 
son  acception  plus  récente  la  bibliogra-* 
phie,  appelée  aussi  quelquefois  hibliogno^ 
sie  et  bibliolo^ie,  est  la  connaissance  des 
livres,  tant  sous  le  rapport  de  leur  con* 
tenu  c|ue  sous  celui  de  la  forme  sous  !«••• 
quelle  ils  se  produisent.  En  conséquence 
on  peut  la  diviser  en  scientifique  et  en 
matérielle.  La  bibliographie  scientifique 
n'envisage  les  livres  que  sous  le  rapport 
de  leur  contenu,  et  le  bud  qu'elle  se  pro* 
pose  alors,  dans  les  notices  auxquelles  elle 
donne  lieu  ou  dans  les  jugemens  qui  éma-^ 
nent  d'elle ,  est  de  familiariser  les  savans 
avec  tous  les  principaux  ouvrages  de  la 
branche  quils  cultivent.  Les  bibliogrS'- 
phies  de  ce  genre  sont  ordinairement  ré<^ 
digées  sous  une  forme  systématique.  Ls 
bibliographie  mafértelle  tient  note  de 
toutes  les  circonstances  qui  se  rattachent 
à  un  livre  et  à  son  auteur,  à  Timpressioni 
aux  gravures,  aux  éditions,  etc. 

La  bibliographie  est  une  science  dont 

le  développement  dépend,  d'une  part,  de 

la  justesse  des  principes  suivis  par  ceUt 

I  qui  la  cultivent,  et,  de  l'autre,  des  drcott^ 


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Bll»^ 


(468) 


BIB 


•tances  plus  ou  moins  faYorables  oh  ils  se 
trouvent  à  cet  égard.  Si  la  France  n*est  pas 
son  berceau ,  elle  est  le  pays  dans  lequel 
cette  science  s*est  exercée  avec  le  plus  de 
suc4:ès.  D*un  côté  Texcessive  richesse  des 
bibliothèques  publiques,  dont  les  collec- 
tions s'accroissent  journellement  et  dont 
la  jouissance  est  si  libéralement  offerte 
aux  sa  vans;  le  nombre  considérable  de 
grandes  collections  particulières;  enfin 
le  commerce  de  livres  anciens  et  nou- 
veaux le  plus  animé,  y  présentent  des 
avantagea  extraordinaires;  et,  d'im  autre 
c6té,  l'esprit  pratique  de  la  nation  recon- 
naît dans  les  travaux  des  bibliographes 
un  moyen  de  satisfaire  convenablement 
un  besoin  essentiel.  C'est  ainsi  qu'après 
la  Bibliographie  instructive  de  G.  F.  de 
Bure(l763-1768,7vol.in-8%le^a/itf<?/ 
du  libraire  et  de  l'amateur  de  livres  de 
Bruoet  (3*'  éd.,  Paris,  1 830, 4  vol.  in-8% 
a  été  le  premier  ouvrage  un  peu  remar- 
quable qui  ait  compris  sous  une  forme 
alphabétique  la  littérature  la  plus  pré- 
cieuse de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
peuples;  que  Barbier,  dans  son  Die- 
ùonnaire  des  ouvrages  anonymes  et 
pseudonymes  y  a  offert  à  la  curiosité  des 
amateurs  le  premier  travail  positif  et  sa- 
tisfaisant sur  cette  matière  ;  que  le  Co- 
talogue  d'un  amateur  de  M.  Renouard 
a  été  quelque  temps  pour  tous  les  ama- 
teurs de  collections  le  seul  code  d'a- 
près lequel  ils  se  guidaient  ;  et  que  la  £i- 
bliographie  de  la  France^  ou  Journal  de 
la  Librairie  de  M.  Beuchot,  fournit  de- 
puis 1811  la  preuve  incontestable  de 
l'accroissement  annuel  de  la  littérature. 
Ces  travaux  importans  nous  dispensent 
de  citer  les  ouvrages  non  moins  recom- 
mandables  de  Peignot,  de  Petit-Radel, 
les  Aldines  [yoy.)  de  M.  Renouard  etc. 
La  bibliographie  anglaise  ne  peut  se 
vanter  que  d'un  seul  de  ces  avantages,  de 
la  richesse  des  collections  publiques  et 
particulières.  Mais  outre  que  leur  usage 
est  ou  très  restreint  ou  entièrement  dé- 
fendu, un  goût  quelquefois  bizarre,  la 
passion  exclusive  des  curiosités,  et  un  as- 
sujétissement  trop  complet  aux  caprices 
de  la  bibliomanie  du  jour,  ont  rarement 
permis  aux  bibliographes  anglais  d'arri- 
ver à  une  certaine  indépendance  et  à  une 
activité  vraiment  utile  à  cette  science.  Les 


deux  seuls  ouvrages  bibliograpliiqiies  de 
quelque  importance  publiés  par  eux,  ce- 
lui de  Adam  Clarke  (  A  BibUographiad 
Dictionary,  Londres,  1803, 8  vol.  în-13 
avec  le  supplément  intitulé  JTte  Biblio^ 
graphitai  Miscellany^  2  vol.  in-12, 
1806),  et  de  Robert  Watt  {Bibliotheca 
britannica,  1819,4  vol.  bi-4^)  sont  des 
compilations  entièrement  manquées.  Le» 
collections  de  Beloe  [Anecdotes  oflite-- 
rature  t  1807,  6  vol.  in-8**),  Brydge 
Egerton  (British  bibliographer,  1818, 4 
vol.;  Censura  Literaria,  1805),  de  Savage 
(The  Librarian,  1808),  et  d'autres,  sont 
dépourvues  de  choix  et  souvent  aussi  de 
solidité.  L'ouvrage  de  Ottley  (History  of 
engraving,  1816,  3  vol.  in-4^)  et  celui 
de  Singer  (Researches  into  the  history 
qf  playing cards ,  1816,  in-4^),  man- 
quent de  toute  critique;  et,  à  moins  de 
se  laisser  éblouir  par  l'impression,  le  pa- 
pier et  les  gravures  des  ouvrages  de  Dib- 
din  (  Typographical  antiqu'ities ,  1 8 1 0  ; 
Bibliotheca  spenceriana,  1814,  4  vol. . 
in-r8^;  Bibliographical  Decameron , 
1817,  3  vol.  in-8**;  Tour  in  France  and 
Germany,  1821,  8  vol.  in-8^),  on  ne 
peut  s'empêcher  de  reconnaître  le  peu 
de  solidité  et  de  goût  d'un  auteur  dont  le 
principal  mérite  est  l'activité  avec  la- 
quelle il  cherche  à  satisfaire  les  caprices 
des  riches  bibliomanes  de  sa  nation.  Ce- 
pendant on  reconnaît  un  véritable  pro- 
grès dans  Touvrage  de  Lowndes,  the  £i^ 
bliographers  Manual^  4  vol.  in-8^  dont 
la  dernière  livraison  a  paru  en  1833. 

Les  savans  de  T Allemagne,  peu  sou- 
tenus par  les  bibliothèques  publiques  et 
presque  toujours  privés  de  collections 
particulières,  n'ont  cherché  a  donner  de 
l'élan  à  la  bibliographie  que  pour  venir 
au  secours  de  la  science,  pour  laquelle 
la  connaissance  exacte  des  livres  est  un 
besoin  journalier.  Ërsch,  savant  estima* 
ble  et  Iflîborieux,  doit  être  regardé  comme 
le  créateur  de  la  nouvelle  bibliographie 
allemande,  tant  par  won  Allgeineines  Re- 
pertorium  der  Litteratur (179Z~tS09)y 
l'ouvrage  le  plus  complet  dans  son  genre, 
que  par  son  Handbuch  der  deutschen 
Litteratur.  (3*  édit.  Leipzig,  1833  et 
suivantes  et  non  encore  achevée,  4  vol. 
in-8^).  La  bibliographie  allemande  est 
surtout  riche  en  systèmes  ou  catalogues 


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BIB  (  469  )  BIB 

et  Tétude     ment  des  écrivains  français  da  xrm^  et 


pour  les  sciences  spéciales  ^ 
approfondie  des  anciens  auteurs  fprecs  et 
latins,  ainsi  que  la  connaissance  des  an- 
ciens imprimés ,  nous  \ient  surtout  de 
FAIIeroagne  (  voir  l'article  Biblioma- 
HiE,  note).  M.  Ebert  fit  le  premier  essai 
notable  d'un  ouvrage  bibliographique 
général ,  dans  son  excellent  dictionnaire 
Mlgemeines  bibliographisches  Lexicon 
(Leipzig,  1 82 1-30, 3  vol.  iD-4<>};  c'est  un 
ouvrage  qui  fait  autorité  et  qui  mériterait 
d'être  plus  connu  en  France  qu'il  ne  l'est 
encore.  Le  même  savant  bibliothécaire  a 
inséré  dans  le  journal  Hermès  (N**  X), 
une  Critique  de  l'ensemble  de  la  bibiio- 
graphie  récente  de  V  Allemagne. 

La  bibliographie  italienne  n'est  plus 
aujourd'hui  ce  qu'elle  était  du  temps  des 
Mazzucchelli,  des-Audiffredi  et  des  Tira- 
boschL  II  règne  une  étonnante  tiédeur 
dans  presque'toutes  les  bibliothèques  pu- 
bliques ;  les  collections  particulières  de- 
viennent de  plus  en  plus  rares,  et  celles 
si  précieuses  des  comtes  CassanojSerra  et 
de  Meizi,  à  Naples  et  à  Milan,  viennent 
tout  récemment  d'être  vendues  pour  être 
transportées  en  Angleterre  où  tout  va 
s'engloutir.  Les  Italiens  se  sont  surtout 
occupés  de  bibliographies  provinciales, 
comme  le  prouvent  la  Bibliografia  ragio- 
nata  délia  Toscana  (1805),  de  Moreni; 
les  Série  de*  testi  (Venise,  1828,  in-4*') 
et  les  Série  degU  scritti  impressi  in  dia- 
letto  veneziafio  (Venise^  1832,  in-16), 
de  Gamba;  et  la  CoUeziqne  délie  opère 
m  tUaletto  napoletano  ( 3  vol. ,  Naples, 
1836),  publiée  par  G.  di  Simone. 

Les  Hollandais,  les  Espagnols  et  les 
Portugais  n'ont  presque  rien  fait  pour  la 
bibliographie  dans  ces  derniers  temps  ; 
mais  la  Littérature  polonaise  (1814), 
du  savant  Bentkowsld ,  mérite  les  plus 
grands  éloges.  M.  Sopikof  a  publié  à  Pé- 
tersboui^  une  Bibliographie  russe,  5  v. 
in-8*(  1813-21  ).Le  comte  Zechenyi  publia 
à  Pesth,  de  1799  à  1807,  un  très  bon 
catalogue  de  tous  les  ouvrages  hongrois. 

Enfin  nous  citerons  encore  d'une  ma- 
nière spéciale,  outre  le  Afanuelde  M.Bru- 
Bet  avec  ses  supplémens  publiés  en  1 834, 
et  La  France  littéraire  ou  Dictionnaire 
bibliographique,  par  M.  J.-M.  Quérard 
(tom.I-Vy  Paris,  1828-34,  encoreincom- 
plet);  ouvrage  qui  s'occupe  principale- 


du  xix^  siècle,  les  ouvrages  suîvans  : 
Nœsselt ,  Connaissance  des  meilleurs 
owrages  généraux  de  théologie  (  4* 
édit.,  Leipzig,  1799,  continué  par  Si^ 
mon,  Leipzig,  1813);  Westphal,  Con^ 
naissance  des  livres  de  jurisprudence 
(3^  édition  ,  Leipzig,  1791);  Bridgmao, 
Légal  bibliography ^  et  Camus,  Let* 
très  sur  la  profession  d'avocat  et  bi- 
bliothèque choisie  des  livres  de  droit 
(nouvelle  édition  par  M.  Dupin,  Paris  » 
1832,  2  vol.);  Burdach,  Littérature  de 
la  médecine  (2  vol..  Gotha,  ISiO); 
Plouccpiet,  Literatura  medica  (4  vol., 
Tubingue,  1808,  in-4^);  Adamson,  Tke 
life  of  Camoëns  (Lond.,  2  vol.  in-8^, 
1820);  Meusel,  BibUotheca  historica 
(Leipzig,  1782-1804,  11  parties  en  22 
vol.  non  terminés);  le  même.  Littérature 
de  la  statistique  ( 2  vol.,  Leipzig,  1816); 
Murhard,  Littérature  des  sciences  ma^ 
thématiques  {^  vol.,  Leipzig,  1797,  sqq.); 
La  Lande,  Bibliographie  astronomie' 
que  (  Paris,  1803,  in-4*')  ;  Weber,  Ma- 
nuel de  la  bibliographie  des  sciences 
économiques{Z  vol., Berlin,  1 803  -1810); 
Young,  Catalogue  of  works  relaiing  lo 
natural  philosophy  and  the  meehanical 
arts,  dans  l'ouvrage  Lectures  on  natured 
philosophy;  Bœhmer,  BibUotheca  scrip- 
torum  historiœnaturalis  (7  vol.,  Leipzig, 
1786-99);  Alb.Haller,-5i*/«>^^ca/^l»- 
nica  (2  vol.,  Zurich,  1771 ,  \U'4?),anato- 
m/cfl  (2  vol..  Zut.,  1 774,  in-4*');  oA<ni/]grfr- 
ca  (2  vol.,  Berne,  1774,  in-4*')  et  me- 
dicinœ practicœ  (4  vol.,  Berne,  1776  et 
suiv.,  in-4**),  etc.;  Boucher  de  la  Riohar- 
àev\t,Bibliothèqueuniverselledesvoxar 
ges  ou  Notice  complète  et  raisonnée  de 
tous  les  voyages  anciens  et  modernes 
dans  les  quatre  parties  du  monde,  tant 
en  langue  française  qu'en  langues  étran- 
gères  (Paris,  6  forts  vol.  in-8**,  1808). 

Des  caulogues  de  bibliothèques  re- 
marquable» par  leur  richesse  dans  dif- 
férentes branches  de  la  littérature  s«nt 
quelquefois,  lorsqu'ils  se  trouvent  com- 
posés avec  soin,  d'une  très  grande  utilité. 
Tels  sont  les  catalogues  de  la  bibliothè- 
que bodléîenne,  du  Musée  britannique, 
d'Edimbourg,  hariéïenne  et  le  Cataiogus 
bibliothecœ  historiée  naturalis  /psephi 
Banks  {voy.  l'art.  Catalogue). 


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BD 


(470) 


BIB 


IfcMM  «vont  4éjà  ntotio^né  la  Jour^ 
nmldela  librairie:  parmi  les  autres  jour- 
naux ,  les  deux  suivans  foiiilé:^  il  y  a  30 
aos  par  la  librairie  TreuUel  cl  AVûrU 
et  qui,  loujoui*»  continués  depuis  celte 
éfMque,  forment  une  véritable  Bihlio- 
tJèèifue  fie  Ih  iidêmture  française  et 
éUangèrCi  «néritenl  d>lre  cités  :/o«r- 
nalfiétwiml  (ie  ia  littéraêure  de  FrancCf 
om  Indicateur  bibliofp^phiqfte  et  rai- 
tonmé  des  iii^its  nouveaux  çn  tous  een^ 
reey  tic,  f  fui  paraissent  en  France,  cùu- 
tés  par  ordre  de  matières,  etc.,  Paris, 
tl9%^tSMi  ti  Journal  f^ênéraltie  lalù" 
térattue  étrangère  ou  Indicateur  hihlio^ 
graphique^  elc.,  Paria,  1800-1830  (Ces 
deux  journaux  6oi  été  réunis  en  1831). 

Enfin  des  ouvrages  consacrés  à  la  science 
bibliographie  ne  elle-même  et  à  la  ma- 
aièredonl  elle  doit  être  cultivée  sont  Ein^ 
teiium^  in  die  Bûcher kunde,  de  lal^bé 
Denis  (a*'  éd.,  Vienne,  1795,  2  v.  itt4"); 
Cours  Ae  bibliographie ,  par  Achard 
(8  voL,  Marseille,  1807);  I/iùvductioH 
tù  the  study  of  biblio^raphjn,  de  Tk.  Hai^ 
twell'Hor»e(a  vod*  in-8'',  London,  1 8 1 4); 
tt  Dietii^nmtire  raisonné  de  bibUologie, 
de  Gabriel  PeÎ9Dot(d  vol^Paris,  1802-4). 
Uacoatimoent  les  i>olions|;énérales  ei  bis- 
lonques  indispensables  au  bibliographe* 
Nous  arrivons  à  la  biblîograpbie  lu^- 
lériflW  à  laquelle  on  a  donné  quelqqeCoiti 
d*  préférence  le  imm»  de  biblioffraf^/ii^. 
Elle  ooilsidère  les  livres  sous  le  rapport 
de  leurs  qualités  extéi^eures^  de  leurs  des- 
tinée» {htdtent  Mia  fnUi  iibelU]  plus  ou 
ttôim  reoMMrquaMes^  et  d*auU*es  circon- 
it«*og«  hiÉkNrt^ttes.  C'est  surtout  ^ 
Fnmce  et  en  Angleterre  que  cette  par- 
tie de  la  aoience  d^  bibiioj^rapbe  s'est 
pcrfootfonDéek  La  biWiogi'aphie  n^alé- 
vSeUe  {"^ny^  aussi  Tart^  Bibl^ovanu;}  a 
difPbemca  brancbes  :  la  eoAnaUsance  des 
aêf^lHil  îihprim es  (éditions  i  nouoeblfis,QU, 
^aifd  \\  S'àgii  d'jittleurS'eiassiqiieB,  édi- 
lfibn»/9^oi)»r#)»poiir  larpielle^^  coosul- 
leva  aeeo  le  pi  as  d'avaoïage  le  travail 
iMidamenlal  de  Panacr,  4/males  tfpo- 
grapArei  (ii  vol.,  m^À^^  Nuiemberg, 
irM.1803),qui  arrive  jusqu'en  1636, 
et  nwqMst  il  fa«it  joindre  les  Annales  ty- 
pogmpkici  édt  artis  invent*o  ori^tne  de 
Maittaîre  { 1 1  v«4.,  in^^  U  Haye,  17(9- 
1789),  qui  CMUienMot  ^  que  les 


simplta  titret  dee  oDTragea^  et  le  Ae« 

pertorium  biblio^raphicum  de  Hain  (î 
vol.,Sluttgard,  1826-31).  Le  Diction^ 
naire  bibliograpbifjue  du  xv®  siècle, 
par  Serna  Sanlander  (Bruxelles,  1805, 
3  vol.  )  ;  le  Catalogus  codicum  sttc 
XV  inipreysor.  bHUoikccœ  AJa^Uube^ 
c/iianœ  (  3  voL  in-fol.,  Florence,  1793), 
et  beaucoup  d'antres,  donnent  les  descrip- 
tions tiès  détaillées  de  plusieurs  ancienf 
imprimés.  La  connaissance  des  livres  raréa 
est,  à  cause  des  tâlonnemcns  auxqueU 
souvent  on  est  réduit  et  dea  chancea 
d'erreur  auxquelles  on  est  exppsé,  piuf 
difficile  qu'on  ne  le  pense  ordinairement, 
et  tourne  malheureusement  le  plus  siH^ 
vent  en  un  verbiage  superficiel  et  en  dea 
assertions  tout  arbitraires.  Mais  un  #u<* 
vrage  curieux  dans  ce  fsenre  est  la  JBh 
bUothèque  protypnigrajtàiquf  ou  librui" 
ries  des  fils  du  rai  Jean ,  de  M.  Barroia 
(Paris,  1830,  in -4^,  chea  Treuttel  el 
Wûrta).  Le  Catalogus  historien  çritic^s 
lib^vfutn  rarùtrum ,  de  J,  Vogt  (  Frano^ 
fort  et  Leipiig,  1793),  et  U  Bikiistheca 
Ubrorum  rasiorum  universalis ,  de  J.-J. 
Bauer  (12  vol.,  Nuremberg,  1770-9t) 
ont  plutôt  servi  à  présenter  c^te  scÂenoe 
sous  un  faux  jour  «^'à  H  ptppager«  le 
Bibliothèque  curieuse  ou  Cautlçigue 
raisonné  des  litves  rares  de  Pavid  Clé- 
ment (9  vol,,  io^^,  G<euir»gMe,  1750- 
00  )  est  bien  préférable  à  ^a  ouvrages, 
mais  n'est  p^s  achevée  («Ile  ne  va  que 
jusqu'à  k  lettre  I).  Enfia  ^ou^elterttM 
eiM^ore  1^  DictionsMireMibliographiqufi 
historique  ei  critique  des  Mi^s  imres, 
précieux  f  singuliers,  cjurie^»^  estimés 
et  reckepchés^  sçit  iufprimiésy  soit  m»- 
r^seritSf  at^c  dourt  valeur  t  par  Tabbé 
DmcIop  ,  avec  un  supplément  par  Bmiiei, 
Paris,  1790-180»,  4  vol,  in^^ 

On  pourrait  aussi  placer  iei  leaoaulo- 
gues  des  livres  prohibés  par  i'ffgliao  ro- 
maine (indices  kbrorum  firokibitorum 
et  cxpurf$ardorum) y  ^elqitefoÎB  aasez 
intéressons;  et  dans  ce  ^nire  nous  nue»- 
Uonn^rons  le  Di^osmaise  oritàpte  et 
bibliographique  des  princépaust  livres 
eomlamnés  au  feu ,  suppri/nés  ou  cem» 
sures p  par  G.  PeigfioC,  Paris,  1806,  2 
vol.  in- 8^,  et  le  Thésaurus  bibliogn*^ 
pidcus  ex  i/9dûP9bitâ  Ubrorum  prcJubiiD-^ 
ntm  eon^stmt,  Dfesd«|  174a.n-^Ootee 


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B»  (471) 

U  lonrdt  0Dni|ii1«tioii»  nulltmeot  hiblio- 
grapbiqne^  de  Yinoent  Piaccius  :  Thea- 
trum  cuionymor.  ei  pseudon*  CDTtsde^ 
1708,  avec  les  tupplémeos  de  Myllut, 
HamboMrg,  1740  et  «uiv.),  le  Diction^ 
nairç  des  ouvrages  anonymes  et  pseu" 
donymes,  de  BarUler  (4  vol.,  2*  édit, 
(àris,  1826-38  ji  quoiqu'il  necontieiiDe 
que  les  auteurs  latios  et  frao^is»  est  un 
ouvrage  reconunandable  par  son  exacti- 
tude et  la  sagesse  de  sa  concision ,  et  sert 
utilement  à  œux  qui  Tculent  parvenir  à 
la  découvertedes  auteurs  d'ouvrages  ano- 
Ojrmes  ou  pseudonymes.  Çofinil  existe  en» 
(x»re  beaucoup  de  collections  mélangées  ^ 
de  descriptions  de  livres  rares,  et  entre 
autres  le  Catahgue  des  livres  imprimés 
sur  véiin  de  Us  bibliothèque  du  roi,  de 
M.  Van  Praet  {%  vol.  in-8<>.  Paru,  1322); 
le  Catalogue  des  livres  imprimés  sur 
vélin  à»  tout«s  les  autres  bibliothèques 
françaises  et  étrangères,  >  du  même  au- 
teur(4  vpl.  in-8^,Paris,  1822);  lescolleo» 
lions  de  F.-G.  Freytag,  AnaUcta  litten 
(]Ups.»l  l^O^yoUïy&'^î^Àpparatuf  litte^ 
ratus  (3  vol,  Lips*!  1762);  Na4;^nchten 
von  seltenen  und  merkwikrdigen  BU^ 
chçrn  (  1"  partie,  Gotha,  1776);  et  de 
I>enis,  MeràtvurdigAeiten  der  QareUi- 
schen  BibUotbek  (Vienne,  1 780,  in-4<^), 

lies  sources  les  plus  importantes  po«r 
la  bibliograpbieiiQnt  les  j^urnajax  surtout 
littéraires,  les  notices  nécrologiques,  les 
catalogues  de  venie  annotés,  dont  nous 
parierons  à  Tarticle  CÀTALOotJB,  en  ne 
citi^  ici  parmâ  les  plus  récens  qse  cebii 
de  9oulani  el  ceUi  du  savant  théologien 
de  Strasbourg,  {bfTner  (Strasb.>  18a2> 
a  foL  in-«''). 

^  Enfin,  il  noua  resterait  k  parler  des 
aystèmes  bibUographiqiie^  ou  de  W  divi< 
sion  des  bibliothèques;  niais  nous  rea- 
iroyons  W  leeteur  pour  cette  matière  à 
Fartiole  Citàloopx-    X.  C  et  J.  H»  S. 

BMMQUTIWNSouscfnpiiMMipU»- 
t&t  S9W  b»  nom  lniinisé  de  PhylobibUa 
et  Litkabiblia  (lipr9  de  planses  et  liv^e 
pétrifié) 9  quelques  anciens  aatumUsles 
désignaient  eertaînes  roches  calcaires  ou 
scfaisteosoi  à  empreinte  de  végétaux 
fossiles ,  ou  simplement  diverses  roches 
teuîUelées ,  «ficaires,  arg»lei»0es  ou  scbis- 
Unaes*  Qmn  déaeniiBaiâon  imfiropre  et 
fMMff»  jMiln%  f«  M  «inl  qttft  dflt  ai»- 


briquets  scientiequcs ,  im  «mt  pla»  «n 
usage  depuis  que  les  sciences^  par  suite 
de  leur  marche  progressive,  se  sont  (mi 
une  langue  correcte.  J.  H-*t. 

BIBLIOMAMS.  C^  mot  «ses  boih 
veau  ,  composé  de  deux  mou  gre<« 
6i^>4oy  et  fi«Wa,  signifie,  il  est  vrai,  k 
manie  ou  la  passion  des  livres ,  nais  on  y 
attache  aujourd'hui  une  idée  secondaire, 
qui  lui  donne  un  aspect  sinon  plus  élevé, 
du  moins  plus  artistique  ;  tandis  que  U 
bibliophilie  f  l'amour  des  livres,  indique 
un  degré  inférieur  à  la  manie  de  faire  des 
collections  de  livres.  Le  vrai  bibliomane, 
dans  l'acception  actuelle  du  mot,  Beae 
contente  pas  d'acheter  îndistinetemenf 
tout  ce  qui  lui  vient  sous  la  nain  :  il  pre^ 
cède  d'après  certains  principes,  mais^s'at- 
tache  cependant,  dans  le  choix  de  aes 
livres,  principalement  k  de»  conditîaat 
purement  accidenteikas  et  nifllement  es% 
sentielles}  et  c'est  plULét  d'après  cet 
dernières  que  d'après  leur  oootemt 
scientifique,  ou  du  moins  autant  d'après 
r«n  que  d'après  l'autre,  qu'il  règle  ordi« 
nairemeat  ses  acquisitions.  Ce*  dietino^ 
lions  sa  rapportent  t|uM^  à  ck  qu'on  afH 
pell«  des  collections,  tant^  à  l'âge  dea 
livres  et  aux  vicissitudes  par  où  tl^  odt 
passé,  et  ta»t^  seulement  à  la  matière 
dont  ils  aont  composés^  Los  oollAeC}#ns 
qu'on  regarde  comme  complètes  r  P^rce 
qu'elles  consistent  dans  Uie  spénialilé  qui 
excite  l'intérât  des  bibliomane»,  ou  parce 
qu'elles  sont  ooeaposées  dans  un#  cer^ 
taiue  manière  qui  plaît ,  au  parceqy 'elles 
sont  sorties  d'une  impriaoerin  célèbre, 
sont  en  partie  encore  les  plus  intérefti' 
santés  et  les  plus  insiruttives.  De  ce  nom^ 
brc  sont  les  coHeotions  des  éditions  de  Kl 
Bible,  dont  la  plus  complète  se  trouve  à 
StuUgard;  celles  des  éditions  de  certaine 
classiques;  des  Républiques  des  Ëlxévir; 
des  méditions  iu  usum  D^lphini  tk  cum 
notis  vufiorum;^  des  éditions  italiennes 
citées  par  la  Crusca;  des  ouvrages  impri- 
més par  les  Aides,  les  Comino  de  ?»•• 
doue  et  les  Bedoni  ;  les  éditions  de  cla»^ 
siques  publiées  par  Maitlafire,  Foulis  , 
Barbou,  Brindley,  Baskerviîte,  et  celles 
publiées  a  Deux-Ponts  et  a  Strasbourg, 
etc. ,  etc.  Autrefois  on  s*occupait  beau- 
coup de  collections  de  livres,  remar* 
quaUjBs  par  \m  évéoeoMBiu  qui  •'%  m-* 


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BIB 

tachaktit  (ceHes  de  Engel  et  de  Sal- 
thon ,  par  exemple);  de  livres  défendus 
et  recherchés  pour  leurs  étonoantes  mu- 
tilations, etc.;  mais  aujourd'hui  cette 
manie  est  bien  moins  à  Tordre  du  jour. 
On  n'en  recherche  pas  moins  encore  les 
livres  qni  datent  de  la  première  époque 
de  Timprimerie  (vojr.  Incunables),  et 
surtout  les  premières  éditions  des  au- 
teurs classiques  (edittone^  principes)*. 
Mais  le  plus  ordinairement  le  biblio- 
mane,  à  présent,  ne  s'occupe  que  du  ma- 
tériel des  livres.  On  voit  souvent  acheter 
à  des  prix  incroyables  des  éditions  de 
kixe ,  ornées  de  planches ,  d'autres  im- 
primées en  couleur;  des  exemplaires 
avant  la  lettre  ou  ornés  de  miniatures  et 
de  lettres  initiales  peintes  avec  recherche; 
d'autres  encore  imprimés  sur  parche- 
min (la  plus  importante  de  ces  collections 
celle  de  Màc-Carthy  fut  vendue  aux 
enchères  en  18t5;  le  catalogue  en  fut 
alors  publié  par  De  Bure,  3  vol.  in-8^. 
Une  grande  partie  des  plus  belles  édi- 
tions a  été  acquise  par  la  Bibliothèque  du 
roi  ;  consulter  le  Catalogue  des  livres 
imprimés  survéiin,  de  la  Bibliothèque 
du  r&i,  et  cehti  des  autres  bibliothèques, 
de  Van  Praet.)  ;  ou  sur  du  papier  d'une 
ftibrioation  ou  d'une  nature  nouvelles 
(  OEuffres  du  marquis  de  Filleto,  Lon<-> 
dre»,  1786,  in-10;  VHistoria  naturalis 
asbesti,  de  F.  £.  Bmckman,  Brunswick, 
1727,  in-4**,8urdu  pap.tl'asbeste);  sur  des 
papiers  de  couleur  ordinairement  bleue 
en  Italie ,  rose  en  Franee,  jaune  et  quel- 
quefois, mais  plus  rarement,  verte  dans 
les  anciens  (ivres  allemands  (  voir  leur 
description  dans  le  Répertoire  des  biblio- 
graphies spéciales  de  Peîgnot,  Paris, 
1 81 0)  ;  ou  sur  grand  papier,  c'est-à^ire 
•ur  un  papier  muni  de  très  larges  mai^ 
^es  que  les  -vrais  bibliomanes  détermi- 
nent an  pouce  et  à  |a  ligne;  ou  bien  des 
exemplaires  imprimés  avec  des  caractè- 

(*)  On  peut  prendre  pouf  guides  dans  cette 
irecherche  les  ourrages  suivans  :  Harwood,  A 
vii'9  ofihê  varions  Ediliont  o/tke  grtàk  and  ro- 
man Ctas^ict,  X775;  ôoniet  Gamba,  DegU  Au- 
tori  classici  t  sacri  e  profanl ,  greci  «  latinij  DU 
htioli'ca  portatiU  t  Venise,  r7f)l,a  vol  in-t?,  ; 
Mo%9,  A  Manual  of  datùeal  hibti  ^graphf ,  iSaS, 
2  vol.  In-H°;  les  catnUtguos  d'Enslin,  les  ouvm- 
ge<  de  Eherl  et  d'Ei-sih;  le  Manuel  de  Schwei- 
ger  \xïi\ivi\èHandbuch  dercfassischen  Bibliographie^ 
Leipz.,  x83o44«  3  vol.  iihS^  (vMraoMÎp.  47o).  S. 


(  472  )  BIB 

res  d'or  et  d'argent  ou  de  Kmte  autre 
couleur  (par  exemple,  les  FaStiNapo- 
leonis,  Paris,  1804,  in-4**,  sur  véliu 
bleu  avec  des  lettres  d'or;  la  Magna, 
Charta,  London ,  Whitaker,  1816,  dont 
trois  exemplaires  ont  été  imprimés  sur  du 
parchemin  pourpre  avec  des  lettres  d'or); 
ou  enfin  des  ouvrages  dont  le  texte  a  été 
entièrement  gravé  sur  cuivre  (  voir  Peî- 
gnot, loc,  cit.);  puis  des  livres  qui  ont  ap- 
partenu à  des  personnages  célèbres,  à  Na- 
poléon ,  à  lord  Byron,  à  sir  Walter  Scott, 
etc.  En  France  et  en  Angleterre  la  re- 
liure est  aussi  devenue  un  grand  objet  de 
luxe  pour  le  bibliomane.  On  estime  sur- 
tout les  reliures  françaises  de  Derome,  de 
Padeloup,  deSimier,  deXhouvenin  et  de 
Bozerian  ;  en  Angleterre  celles  de  Char- 
les Lewis  et  de  Roger  Payne  sont  très 
recherchées.  Entre  autres  ouvrages  de  ce 
dernier,  la  bibliothèque  de  lord  Spen- 
cer possède  un  Eschyle,  de  l'édition  de 
Glasgow,  1796,  dont  la  seule  reliure  a 
coûté  10  livres  sterl.  7  shell.  En  géné- 
ral on  a  poussé  ce  genre  de  prodigalité 
à  un  tel  excès  à  Londres,  qu'une  ma- 
gnifique reliure  de  Pouvrage  biblique  de 
Macklin  (  4  vol.  in-fol.  )  y  coûte  75  gui- 
nées,  et  qu'on  paie  132  livres  sterl.  celle 
de  la  grande  édition  de  Shakespeare  pu- 
bliée par  Boydell  (  9  vol.  avec  de  gran- 
des planches).  On  fa  même  quelquefois 
jusqu'à  orner  la  tranche  des  plus  jolies 
peintures.  Souvent  on  cherche  aussi  à 
rehausser  la  valeur  des  reliures  par  toutes 
sortes  de  singularités.  Le  libraire  Jeffery, 
«Londres,  par  exemple,  fit  relier  l'his- 
toire de  Jacques  H,  par  Fox,  en  peau 
de  renard  (  fox-skin),  pour  faire  allusron 
au  nom  de  l'auteur;  et  le  fameux  biblio- 
mane anglais  Askew  fit ,  par  caprfee ,  re- 
lier un  livre  dans  de  la  peau  humaine. 
Dans  les  anciens  temps  on  relia  souvent 
des  livres  dans  des  feuilles  'de  cuivre , 
d'argent  et  d'or  même ,  qu'on  embellis- 
sait de  gravures  et  de  pierres  plus  on 
moins  précieuses.  Il  fant  aussi  compter 
au  nombre  des  ornemens  extérieurs  des 
livres  l'encadrement  des  pages,  au  moyen 
de  lignes,  tantôt  simples,  tantôt  doubles, 
qu'on  y  traçait  à  la  plume  (  exemplaires 
réglés  ),  ordinairement  avec  de  l'encre 
rouge;  usage  qu'on  trouve  d'ailleurs  éé^ 
dans  les  premières  impressions,  et  notaô^ 


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(473) 


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ttient  dans  celles  des  Etienne.  LSxstge 
qu'on  avait  autrefois  d'enluminer  les  gra» 
vures  est  enlièrement  passé  de  mode ,  à 
moins  cependant  que  les  sujets  ne  Tex  igent 
expressément,  comme  par  exempte  dans 
les  ouvrages  d'histoire  naturelle  ou  qui 
traitent  de  costumes,  attendu  que  les 
couleurs  empêchent  de  bien  apercevoir 
-  tout  le  mérite   et  la  finesse  du  burin. 
Aussi  les  exemplaires  enluromés  des  gra* 
vures  sur  bois  de  Durer  sontnis  moins 
estimés  que  ceux  qui  ont  encore  leur 
type  primitif.  Malgré  tous  les  frais  d'i- 
magination et.de  luxe  par  lesquels  les 
bibliomanes  renchérissaient  les  uns  sur 
les  autres,  il  se  trouva  nn'jotn*  que  tons 
leurs  moyens  étaient  tellement  épuisés 
qu'on  tomba  sur  cette  idée  vraiment  lu- 
mineuse d'enrichir  certains  tivres  avec 
des  gravures  qui  édaircissent,  il  est  vrai, 
quelquefois  le  texte,  mais  qui  ne  con- 
viennent pourtant  pas  toujours  à  ces  sor- 
tes d'ouvrages ,  pour  se   procurer  des 
exemplaires  uniques.  C'est  ainsi  que  la 
maison  Longman  à  Londres  offre  aux 
amateurs  une  illustrated  copy  du  Bio^ 
graplitcal  diciionary  ofali  the  Engra- 
vers  y  d'ailleurs  tout  ordinaire,  de  John 
Slmtt  (2  vd.  in-4^,  Londres,  1785-86), 
qu'elle  a  enflée  au  point  d'en  faire  37  vol. 
grand  in-fol. ,  et  pour  laquelle  elle  de- 
mande 3,000  livre»  sterl. 

La  bibliothèque  du  doc  de  Roxburgh , 
qui  fut  vendue  à  Londres  en  1813 ,  con- 
serve ,  parmi  toutes  les  ventes  publiques 
dant  l^uellet  se  montra  l'extravagance 
de  quelques  biMiomanes  anglais,  un  rang 
qui  ne  lui  sera  jamais  contesté.  Tout  y 
monta  àd«8  prix  presque  incroyables.  On 
se  rappelle  que  la  première  édition  de  Boc- 
cacc,  publiée  en  1471  par  Valdarf,  y  fut 
adjugée  pour  la  tomme  énorme  de  3,360 
livret,  et  on  fonda  en  son  honneur,  l'an- 
née suivant  «^  on  Bihliomamo-Roxburgk- 
Club  dont  lord  Spencer  est  le  président^ 
et  qui  te  réunit  tous  les  ans,  le  13  juil- 
let, jour  anniversaire  de  la  vente  du 
Boccace,  dans  la  taverne  de  Saint- Al- 
ban.'  Cx>mme  pendant  de  ce  club  ligure 
en  Ecosse  le  B allant}  ne- Club, 

Après  ces  sociétés  opulentes ,  celle 
des  bibliophiles  de  France  formée  il  y 
a  un,  petit  nombre  d'années  et  qui  ré 


d'exenfMrea  qu'elle  eompCe  de 
bres,  mérite  encore  d'être  citée. 

Il  serait  sans  doute  inutile  de  prouveif 
davantage  que  la  biblontanie ,  après  avoir 
pris  son  premier  développement  régulier 
en  Hotlande,  vers  la£n  du  xvii^  siècle  » 
a  maintenant  fixé  son  siège  priucipal  en 
Angleterre ,  et  le  rang  qu'elle  y  occupe 
ne  peut  pas  plus  lui  être  disputé  par  let 
Français  que  par  les  Italiens ,  et  encore 
moins  par  le  petit  nombre  d'amateura 
qu'on  trouve  cependant  dant  l'Allema- 
gne méridionale.  Les  Anglais  joignent  à 
cela  le  mérite,  assez  équivoque  d'ailleurs^ 
d'avoir  fait  un  système  det  idées  les  plut 
extraordinaires ,  qui  peuvent  passer  par . 
la  tête  d'un  riche  amateur,  comme  on 
peut  le  voir  dans  la  Bibliomania  or 
Book-Madness  (Londres,  1811),  et 
dans  le  Bibliographical  Decameron  de 
Th.  Frognal  Dibdin  (3  vol.,  Ijondres, 
1817).  CL, 

BIBLIOPHILIE ,  amour  des  livres, 
désigne  un  goût  sage  et  honorable  dont 
la  bibliomanie  est  en  quelque  sorte  une 
aberration.  Un  amateur  de  bons  livres 
n'est  point  un  bibliomane  >  car  il  ne  re- 
cbercfae  les  livres  ni  par  caprice,  ni  par 
amour  du  luxe,  ni  par  tout  autre  travers; 
mais  pour  avoir  sous  la  main  une  collec- 
tion plus  ou  moins  nombreuse  de  livres 
instmclifs  et  propres  à  l'aider  dans  ses 
études  ou  dans  ses  travaux  de  composi- 
tion. Y. 

BfBLIOPOLES,  vojr,  Libeaiees. 

BIBLIOTAPHES  j  gens  qui  enfouis- 
sent (BépKxoa)  les  livres  rares  et  curieux 
qu'ils  possèdent.' 

BIBLIOTHÉCAIRE,  nom  donné  à 
celui  qui  est  préposé  a  la  garde  et  à  la 
conservation  d'une  bibliothèque  (vqy. 
ce  mot).  Il  est  peu  d'emplois  (et  peut* 
être  n'en  est>il^pas)  qui  demandent  des 
connaissances  aussi  étendues.  Un  boa 
bibliothécaire  doit  avoir  étudié  les  lan<- 
gues  anciennes  et  modernes,  l'histoire 
littéraire  de  toutes  les  nations,  tout  ce 
qui  est  relatif  à  l'art  typographique,  pour 
pouvoir  distinguer  Tâge  des  livres  du 
XV*  ou  des  premiers  temps  du  xvi*  siè- 
cle, qui  souvent  ont  été  imprimés  sans 
date,  ou  avec  une  fausse  date;  la  biblio- 
graphie ou  la  connaissance  des  livres;  la 


imprime  det  ouvrages  rares  ^  autant  I  paléographie  pour  pouvoir  lire  les  écri- 


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I  âge*  «rtfi  hên  «bv^ 
viations  et  faire  le  cUsseineat  des  na* 
ïrascrits;  la  namitmatique  ou  la  science 
des  médailles  et  des  monDaies  qui  peu- 
vent servir  à  la  comparaiaon  des  carac- 
tères et  à  Éxer  Tige  des  œaniisiariu;  et 
lesdiTeresystèmesbibliofrapyqueSypour 
nndre  rfiisoB  de  la  préférence  donnée  à 
oelai  qu'on  a  trouvé  éubli,  oa  pour 
montrer  Tulilité  des  changemena  qu'on 
croirait  utile  d'introduire. 

On  voit  dans  le  code  tbéodosien  (ehap. 
xxrr,  tit.  9),  ainsi  que  par  des  inscrip«- 
ttons  sépnkrnies  plus  andenoes  et  citées 
par  Gruter  (pag.  576-684)  que,  cbes  lés 
•  Homaios,  l'emploi  de  bibHotliécaire  était 
vme  fonction  publique,  et  qne  cenu  qui 
l'exerçaient  éuient  appelés  anù'quaire^. 
Un  des  premiers  réglemens  concernant 
la  garde  et  la  consenration  des  Uttos  a 
été  trouvé  dans  un  manuscrit  du  ix'  siè- 
cle. Une  règle  de  l'abbaye  de  Marftioa«- 
Cier,ràpportée  p«r  D.Martenoe(2#/i7/}lr>j. 
Collège.,  t  IX,  pag.  Ilfi9),  voulait  que 
là  bibliothèque  de  oe  monastère  ne  fût 
confiée  qa*à  des  bibliolbécaires  aarans,. 
chargés  de  correspondre  avec  les  antres 
monastères,  pHncipalemeot  pour  la  dé* 
oouverte  et  pour  la  correoiien  des  m»^ 
nuserits. 

Dans  le  moyen^âge  la  date  et  Texpé* 
tfition  des  actes  de  t'autorité  royale  ap- 
partenaient tLUX  bibliothécaires;  les  mê- 
mes fonctions  leur  étaient  confiées  en 
Italie  par  les  papes  et  par  les  iUrehové- 
quM. 

Les  grandes  briiliéthèques  ont  un  bi» 
bliothécaire  en  chef,  ou ,  comme  la  Fu^ 
tienne,  un  préfet,  des  sone^blbliotbécai- 
ires  et  de*  employés.  Or  souvent  il  arrive 

Ee  les  employés  sont  plus  instmks  qne 
4;hefs,  parce  qu'ils  n'ont  pas  dé  ^urs 
modestes  fonctions  à  la  protection  et  à 
fa  fatenr,  mais  à  leiiirs  études  et  k  leurs 
IraVaxnt. 

Les  principales  bibliothèques  de  Paris 
Otit  ime  organisation  plus  étendue.  La  bi- 
bliothèque du  roi  a  un  grand  nombre  de 
conservateurs  et  un  président  quinquen- 
nal du  Conservatoire,  avec  des  employés 
de  diverses  classes.  A  la  bibliothè^e  de 
r Arsenal  on  compte  un  bibliofh^écaireen 
chef,  un  sous-bibliothécaire,  quatre  con- 
servateurs et  plusieurs  adjoiarta^  |ll«aks 


enplôjés.  U  bibliothèque  Maaaiinf  m 
sous  la  direction  d*un  bibUotbécaira  ado 
ministrateur  perpétuel,  de  six  oonserva*- 
teurs,  de  deux  >ous*bibliotbécaJres  et 
d'un  économe,  plus  les  employés.  La  bir 
bliolbèque  de  Sainte-Geneviève  a  un  bir 
blioihécaire  admimstrateur  perpétuel, 
quatre  oonservateurs,  un  adjoint  «  ua 
sous-bibliotbécaire,  pkis  encore  les  «m^ 
ployés.  On  voit  qu'il  y  a  dans  nos  bi- 
bliothèques un  certain  luxe  de  fonction*' 
nairea. 

Parmi  les  bibliothécaires  les  plus  cé^ 
lèbres  4e  l'antiquité  nouf  citerons  Dé^ 
métrius  de  Phalère  qui  fut  chargé  d'or^ 
^aaisev  la  célèbre  bibliothèque  d'^aan*- 
dr}e  aoua  Ptolomée^Philadelphe,  et  qui 
eut  pour  sucoesseura  Zéoodota,  Êratos- 
thènea,  A|k>Uo9hi0,  ete.  La»  Grecs  n'owt 
eu  aucun  bibliothécaire  dont  le  nom  soit 
venu  jusqu'à  noua.  Cbea  lef  Aon^ainson 
trouva  Varron,  bibliothécaii^  A^  Jules^ 
César,  le  grammairien  Lah»us  Hygin  qui 
ftit  préposé  par  Auguste  à  la  garde  de  la 
bîMiatbèqne  palatine;  Afeliasns  élak  à  la 
tête  de  la  bibliothèque  Octavienne* 

En  France,  un  valetKlew:hambre  da 
Charlea  Y,  Gilles  Malet,  fut,  s««s  le  ti-' 
trede  maitre  4f  la  librume  duroi,  nhat^ 
gé  de  la  gank  de  sa  petite  biUiotbèqHa 
dans  une  des  totini  du  Louvre^  Qnonaît 
qu'un  de  nos  premiers  bistorievit,  Rnfeerl 
Gaguin,  fut  bibAinthécaira  de  Louis  XI  > 
de  ChaHeaVm  ei  de  Louis  XXI.  GwUlanr 
me  Budé  reçM  de  Fran^  l*^*^  la  iit  v«  da 
biUîptliécnive  as  ohaf.  Parod  seasuoona* 
senrsnona  citerons  JaoqMsa  Ajn^oft,  tmh 
dueteur  4a  Pkitai^uei  le  aélèbre  bi^l** 
rien  Jaoques  de  Tboa,  grtmd^mmtam 
de  la  ktèliotkèqme  sous  Henri  IV,  le  sa-- 
vaut  Pierre  du  Puy ,  Jéréma  Bignoui  Jaa«-r 
Paul  Bignon  «t  Sallicr,  membM^  de  l'A» 
oadémîa  fran^aîsa  et  de  l'Académie  dea 
bellea^lettres;  l'abbé  Boudat«  Gapperocir 
nier,  Yan-Praet,  etc.  *  La  Fmaie  a  en 
d'autres  bibliothéeaîrea  oé&èbreaou  di»^ 
tîngnés;  à  Paria,  Gabriel  Kandé,  tiblsa^ 
théeaire  du  eardinai  Mazaràn;  iferder, 
abbé  de  Sainlr-Léger,  l'abbé  Riva,  AmeiU 
bon,  Camus;  et  de  nos  joors  Aiex.Barbier, 

(*)  Lff  Bîl^liotbèqiM  eu  ttà  m  etnpté  |iarmi 
•es  i.*oM««rvaff  urt  fiàrfhélMvy,  I«|ion«  Dathnl« 
Dacier,  Millio,  l.anglè« ,  Legrand  d^Aussj,  Gail» 
Àhel  Rémutat  ;  elle  compte  encore  BfM.  SylTCS- 
teéé0tSétef,  faaiiir<r,'Ba4é^1Lsc#«Éii#,ele, 


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FiDilWCt  BendMt,  Cbarlat  Hbdi«r,BoUe» 
BaiUy,  Petitp'RadcL  Dans  les  dcparle- 
ment  te  sont  fait  coonaitre  :  Tabbé  Saas 
à  Rouen,  Laire  k  Toulouse,  Gabriel  Pei* 
gnot  à  Vesoul,  Deiandioe  à  Lyon ,  Weiaa 
à  Besançon  I  etc. 

La  nombre  des  savans  bîblîothéoairee 
étrangers  esl  considérable;  les  plus  connus 
•ont:  pour  T Allemagne,  Lambecius  Tab- 
hé  Df  nia  à  Vienne,  Eettss  à  Gaetiingue, 
Wilken  à  Berlin ,  Ébert  à  Dresde;  pour 
ntaK€,Xéon  Allatius,  les  Assemani,  fab- 
bé  Morèllr,  Angelo  Mai;  pour  la  Suisse, 
fiàiner  d  SéneA>ier,  etc.,  etc. 

Aases  souvent  on  a  confié  le  soin  dés 
bibliotlièques  à  des  littérateurs  distin- 
gués, qui  s'étaient  fait  un  nom  par  leurs 
ouvrages,  mais  qui  se  tronvaieni  la  plu- 
part étrangers  aux  connaissances  ^blio^ 
graphiques  :  il  lallaii  récompenser  leurs 
travaux  d'une  autre  manière;  on  n'a 
peint  oublié  la  nomination  du  poète  Tre- 
oeufl  à  la  place  de  bibKotbécaire*eB  chef 
de  l'Arsenal.  Son  titre  éuk  une  Ode  sur 
ht  naissance  du  r&i  de  Borne,  Il  est  rare 
que  les  meilleurs  bibliographes  de  Fran- 
ce (et  II  y  en  a  eu  de  très  dis6ngués  dans 
la  librairie),  aient  été  nommés  bibliotbé- 
oaiFes,  et  c'est  pourquoi  nés  grandes  bi- 
bliothèques sont  éans  oalalogues  par  or- 
ëre  des  matières;  et  c'est  avec  quelque 
raison  ^e  Mirabeau  disalit  s  •  En  Fran- 
'««,  «a  ne  regarde  pas  si  la  cheviHe  va 
au  trou  r  oh  commence  par  l'y  i*etlre.  » 

M.  Parent  a  publié  (cbns  l'an  ^X,  in- 
9*)  un  Essai  sur  Ut  bibliographie  et  sur 
letuient  dui>ibt(othécairr.  Martin  Schret- 
tlrmr  afait  imprieier  (Muniob,  1808, 
\n^9*)  un  éra^é-en  ajlemsnd  sur  les  fooe- 
tions  du  bibliothécaire;  et  nous  devons 
cHer  aussi  l'excellent  ouvrage  du  sa- 
vant M.  Ebert,  Bîldung  des  Bibiioihe^ 
kar»  (l'École  du  blbUothécaire),  Leipz., 
18  tO,  In-a*.  V-^i. 

MBUOTHÈQUll.  Cénom  est  formé 
de  de»  x  mots  grecs  dont  le  premier,  piÇX^ç 
ou  pe^iov,  srgnîfie/iWw,  et  le  second,  «hfheij, 
dépôt,  liev  ou  l'on  place.  Ainsi,  selon  le 
sens  littéral,  bibliothèque  veut  dire  un 
lieu  destiné  à  renfermer  des  livres. 

Mais  en  s'écariant  du  sens  IKtéral,  la 
collection  des  livres  même  a  reçu  le  nom 
de  bibliothèque;  et,  par  extension  en- 
ce  mom  est  doft&é  k  tles  recueils 


plus  eo  rnotnt  «ontidénblfi,  lab  q«i 
la  Bibliotheca  sacra,  la  Bihliotheca  pth 
trum,  la  Bibliothèque  des  auteurs  ec^ 
clésiastiques  y  la  Bibliothèque  rabbini" 
que ,  les  Bibl:otIièque.s  grecque  et  latine 
de  Fabricius,  la  Bibliothèque  de  Photius^ 
la  Bibliothèque  des  théâtres  ^  des  ro^ 
maas,  tles  dames,  la  Bibliothèque  chi- 
mique, la  Pibliotheca  hispana,  la  Bi^- 
hliothcque  historique  de  la  France,  etc. 
Un  grand  nombre  de  journaux  ont  été 
publiés  à  Paris,  à  Genève,  à  Berlin,  et  sur 
d'autres  points  à  rétranger,  sous  le  titre 
de  Bibliothèque;  et  c'est  encore  le  même 
titre  que  plusieurs  ordres  monastiques 
ont  sdopté  pour  la  publication  des  listes 
biographiques  de  leurs  écrivaina^ 

Nous  ne  nous  occuperons  peint  ici 
des  divers  systèmes  bibliographiques, 
concernant  le  classement  des  livres  dans 
les  bibliothèques  [vof.  CATai.oovK),  ai 
des  soins  qu'il  faut  prendre  pour  pré*- 
server  les  livres  de  rbuasidité,  da  la 
poussière  et  des  vers  {voy.  Litbxs). 

Les  bibliothèques  sont  les  réservoirs 
de  l'esprit  àe%  uèdes,  les  dépÀta  des  lit- 
tératures anciennes  et  modernes,  leaar« 
chi ves  du  génie  de  Tbomme,  et  aussi  celles 
de  sa  faiblesse,  de  sa  folie  et  de  see  longs 
égaremens. 

C'est  aux  bibliothèques  des  roomatè* 
res,  dans  les  premiers  siècles. du  cbria- 
tianisme,  que  noM  devons  la  conecrvatieo 
de  tout  cîe  qui  nous  reste  des  livres  de 
l'antiquité.  Fendant  les  longues  irrup- 

(^  Lc«  pldf  renmrqoables  é9  r«i  ]ottrn«inc 
9ùtïi\t%wah*m»'.Bikiiotkiqu9miéMfmlUàmmtm- 
têt»  bêllu'l4ttrt9  0t  arl*f  co|niD«o«:ce  «oos  le  tilr« 
ùe  Bibliothèque  britannique,  publiée  par  Pictef  et 
Maurice,  Genève,  r^^iSiS,  i4o  vol.  in-8*,  et 
continuée  som  l*aatre  «itM  Ji«»^!ii  eiejoar.—- 
Biblicthf^me  gtrmuni^uê  |iubÛé«  pu  Le«C»Mt,4e 
Beausobre,  de  Mauclere,  Formey,  etc.  Àmstei^ 
dam,  1720-40,  JQ-J a  ,  et  cooliDuée  ensuite  soos 
d*antres  tirrrs  jtfsqa*en  t*jto.^^liibHtitkiquê  mni- 
mtrmIUmUmundê  (w^.  Hiooi.*I),  Berlla,  f«65- 
91 ,  106  >ol.io-8^.  Nous  citerons  encore  la  £•- 
bliothèquê  frecout  de  Coray^  Pwris,  iBo5  et  suiv. 
in-8**;  Bthlioihtqué  dêt  Voyages  ,  de  Spreogel , 
Elirmann  ef  fiertin-ti,  en  1»ng««  aOemMide;  Wei- 
mar,  1800  juMju^à  «-e  jour,  inA^ ,  eA  U  SiMHkê' 
ifut  unii^erselU  des  Vojagu  {voir  pag.  469}  de 
Boucher  de  la  Kicburderie,  Paris,  iXo8,6to1. 
in  -S**  ;  cbct  Treutreî  et  W&rt«.  —  Pour  dlffc- 
ren«  autres  ouvrages  du  même  noai  eoat  ren- 
voyons le  leoleur  aa  Dtetmnuire  kilMfgrapkifiiê 
de  M.  Ebert,  et  surtout  à  rexcelleut  Dictiot^ 
nairg  enerçtoptdiquê  de  Plerer,  art.  (ibmothkk 
(fltetfT.).  ^  r  H.  S, 


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(476) 


BU 


tîoBt  des  barbares  qui  tmeoèrent  la  cbate 
de  l'empire  romain ,  et  l'érection  des  états 
modernes  sur  ses  vastes  débris ,  les  mo^ 
nastères  étaient  seuls  respectés  dans  le 
tumulte  des  armes,  dans  l'incendie  ou  le 
sac  des  villes,  dans  le  pillage  et  la  dé- 
vastation. Or  dans  chaque  mqnastère  se 
trouvaient,  avec  une  bibliothèque,  des 
moines  légendaires,  chroniqueurs  et  co- 
pistes. Là  seulement  il  n'y  avait  ni  héri- 
tage, ni  partage,  ni  dispersion  :  tout  res- 
tait, tout  était  conservé.  Sans  doute 
l'igooraoce  générale  avait  aussi  ses  ténè- 
bres dans  les  cloîtres  :  elle  a  dû  faire  pé- 
rir, par  le  grattage  du  vélin,  bien  des  li- 
vres où  les  poètes  et  les  philosophes  ont 
été  métamorphosés  en  psautiers  et  en 
missels,  où  l'on  aXait  d'Horace  un  père 
de  l'église,  de  l'Art  d'aimer  un  rituel,  et 
de  Pétrone  un  théologien  (vojr.  Pai.iM- 
psestk);  mais  si  les  moines  ont  ainsi 
causé  la  perte  ou  la  mutilation  d'un  grand 
nombre  d'ouvrages  dont  il  ne  reste  plus 
que  le  titre  ou  des  fragmens,  il  est  juste 
de  reconnaître  que  tout  ce  qui  nous  reste 
de  l'astiquité,  c'est  a  eux,  à  eux  seuls,  que 
nooi  le  devons;  et  il  faut  ajouter  encore 
que,  s'ils  nous  ont  conservé  la  plupart  des 
historiens  de  la  Grèce  et  de  Aome,  iU 
ont  aussi  rédigé  les  chroniques  des  pre- 
miers siècles  iBoderoea,  comme  celles  du 
moyen-âge;  en  sorte  que,  sans  eux,  nous 
n'aurions  p<Mnt  d'histoire. 

On  peut  juger  de  l'étal  de  la  civilisa- 
tion d'un  peuple,  moins  par  l'étendue  et 
la  magnificence  que  par  le  nombre  de 
ses  bibliothèques  publiques  et  particuliè- 


tain  du  progrès  des  lumières.  Or,  il  serait 
impossible  de  compter  dans  Paris  les  ca- 
binets-bibliothèques qu'il  renferme  :  le 
nombre  en  est  prodigieux;  à  aucune  épo- 
que, il  ne  fut  aussi  considérable,  et  sou- 
vent H  s'en  trouve  plusieurs  dans  la  même 
maison. 

Parmi  les  bibliothèques  publiques,  les 
tmes  sont  générales,  c'est-à-dire  qu'elles 
embrassent  toutes  les  sciences,  et  sont, 
pour  ainsi  dire,  des  encyclopédies  de  l'es- 
prit humain,  conâme  à  Paris  la  biblio- 
thèque Royale,  celles  de  l'Arsenal,  du 
Panthéon  et  la  bibliothèque  Mazarine; 
1^  autres  sont  spéciales ,  comme  celles  de 
l'Ecole  de  médecine,  du  Muséum  d'his- 


toire naturelle,  du  Conservatoire  dea 
arts  et  métiers,  du  Conseil  des  mine%  etc. 

On  pourra  consulter  les  aitidesBisLio- 
TH  Éc  AI  as,  Liv&Ks,  Catalogues,  M4HUS- 
caiTS,  etc.,  pour  connaître  tous  les  dé- 
tails de  la  composition  d'une  bibliothè- 
que; ici  nous  nous  bornerons  à  donner 
le  tableau  des  collections  de  ce  genre 
les  plus  célèbres  chez  les  anciens  et  cbex 
les  modernes,  dans  les  diverses  parties 
du  monde. 

1^  Les  Hébreux.  Les  plus  anciennea 
bibliothèques  paraissent  avoir  été  celles 
des  Hébreux.  Moïse  avait  ordonné,  dans 
le  Deutéronome  (chap.  xxn),  de  placer 
les  livres  sacrés  dans  l'arehe  du  Seigneur. 
Les  tables  de  pierre  de  la  loi ,  où  furent 
écrits  les  dix  commandemens,  étaient 
conservées  dans  cette  arche  dite  d'al^ 
liance.  Le  législateur  d'Israël  fit  faire, 
selon  quelques  auteurs,  13  copies  de  la 
Loi  qu'il  distribua  aux  12  tribus,  el,  se- 
lon Maimonide,  une  treizième  copie  fut 
donnée  aux  Lévites.  Les  interprètes  ne 
s'accordent  pas  sur  la  question  de  savoir 
si  le  volume  sacré  fut  placé  dans  l'arche 
avec  les  tables  de  pierre,  ou  s'il  fut  dé- 
posé dans  la  plus  secrète  partie  du  sanc- 
tuaire avec  les  livres  de  Moïse,  le  livre 
de  Josué  et  ceux  des  prophètes.  Il  était 
défendu  de  lire  les  livres  saints,  et  même 
d'y  toucher.  Si  ce  n'était  pas  le  moyen 
de  les  faire  connaître,  c'éuit  du  moins 
celui  de  les  préserver  de  l'altération  do 
texte  par  les  copistes  et  des  variations 
des  interprètes,  qui,  dans  la  suite,  de- 
vinrent si  nombreux,  que  la  seule  no- 


res.  Celles-ci  surtout  sont  un  indice  cer-     menelature  de  leurs  commentaires  forme 


on  gros  vol.  in-foL ,  dans  la  Biblioikeca 
sacm  da  père  Lelong* 

On  dit  qu'après  le  retour  de  la  capti- 
vité de  Babylone,  Esdras  et  Néhémie 
rassemblèrent  les  livres  de  Moïse,  les  li- 
vres des  Rois  et  ceux  des  Prophètes  qui 
avaient  pu  échapper  au  aaccagement  dn 
temple  et  de  sa  bibfiotbèque  par  les  Ba- 
byloniens. Mais  les  auteurs  sont  loin  de 
s'accorder  sur  ce  point  historique  qui  a 
été  long-temps  controverié. 

Il  en  est  de  même  du  nouveau  réta- 
blissement de  la  bibliothèque  sacrée, 
qu'aurait  exécuté  Judas  Macchabée  lors- 
que Antiochus  en  eut  brûlé  la  plus  grande 
partie,  et  qu'il  eut  ordonné  par  un  édit 


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(  47 


de  mettre  à  mort  tout  les  Juifs  chez  qui 
seraient  trouvés  des  livres  de  la  Loi 
(MaccA.,  I.  I,  c  I,  vers.  69-60).  Un 
des  rabbins  qui  ont  écrit  tant  de  contes 
absurdes,  Rabbi  Benjamin,  affirme,  dans 
la  relation  de  ses  voyages,  qu'on  voyait 
de  son  temps  (xii^  siècle)  sur  les  bords 
de  V£uphrate,  dans  un  lieu  qu*îl  dési- 
fcne,  à  côté  du  tombeau  du  prophète 
Ézécbiel,  la  bibliothèque  sauvée  de  Tan- 
cien  temple  détruit  et  du  temple  rebâti 
dans  Jérusalem;  mais  Manassez  de  Grœ- 
ningue  et  d'autres  sa  vans,  dont  le  témoi- 
gnage ne  peut  être  suspect,  ayant  fait 
exprès  le  voyage  de  Mésopotamie  pour 
voir  ces  antiques  monumens,  déclarent 
n'en  avoir  trouvé  aucun  vçstige. 

Lorsque  l'Évangile  du  Christ  vint 
remplacer  la  loi  de  Moïse,  l'académie 
de  Jérusalem  était  composée  de  450  sy- 
nagogues ou  collèges,  et  chaque  synago- 
gue avait  sa  bibliothèque  sacrée  où  les 
Juifs  allaient  lire  les  saintes  Écritures 
(Actes,  XV,  2i;  £p.  de  S.  Luc,  IV, 
16-17). 

Après  la  ruine  de  Jérusalem  et  la  des- 
truction de  son  temple  par  Titus  (l'an 
70  de  notre  ère),  les  Juifs  se  dispersè- 
rent dans  le  monde  sans  pouvoir  s'y  con- 
stituer en  corps  de  nation;  et  depuis 
cette  époque,  leurs  rabbins  ont  écrit  une 
foule  de  livres  pleins  de  rêveries,  le  TaU 
mud,  des  paraphrases,  des  recueils  de 
traditions  rabbiniques;  ils  ont  des  sjFoa- 
gogoes,  mais  ib  n'ont  plus  de  bibliothè- 
ques.  , 

3*  L'Egypte,  Sa  plus  ancienne  biblio- 
thèque fut  fondée,  selon  Diodore  de  Sici  le, 
parOsymandias  qui  vivait  13  siècles  avant 
notre  ère,  et  qu'on  fait  contemporain  de 
Priam.  Pierius  raconte  que  cette  biblio- 
thèque était  magnifique,  ornée  des  sta- 
tues, de  tous  les  dieux  d*Égypte,  et  que 
le  roi  fondateur  fit  écrire  ces  mots  sur  le 
frontispice  du  monument  :  Le  trésor  des 
remèdes  de  rame.  Mais  ce  trésor,  contre 
l'existence  duquel  d'ailleurs  des  doutes 
peuvent  être  élevés,  devait  être  peu  con- 
sidérable. Les  livres  n'abondaient  pas 
dans  cas  temps  reculés  qui  n'ont  point 
d'histoire,  et  les  statues  des  dieux  se 
trouvaient  sans  doute  en  plus  grand  nom- 
bre que  les  volumes.  Ces  derniers  étaient 
tous  écrits  par  des  prêtres,  car  les  livres 


7  )  BIB 

divins  attrijbués  aux  deux  Mercures  égyp- 
tiens ne  nous  sont  connus  que  par  des 
titres  peut-être  menteurs,  et  les  écrits 
de  Manéthon  sont  bien  postérieurs  à  la 
guerre  de  Troie. 

Memphis  eut,quelques  siècles  plus  tard, 
une  grande  bibliothèque  qui  était  placée 
dans  le  temple  de  Vulcain.  S'il  fallait  en 
croire  le  poète  Naucratès,  qui  fit  des 
élégies  commandées  par  la  £utueuse  dou- 
leur de  la  reine  Artémise,  vers  l'an 
350  avant  J.-C. ,  Homère  aurait  trouvé 
et  volé  dans  la  bibliothèque  de  Memphis 
les  poèmes  immortels  de  l'Iliade  et  de 
l'Odyssée,  et  s'en  serait  déclaré  l'au- 
teur. 

La  plus  célèbre  de  toutes  les  bibliothè- 
ques de  l'antiquité  fut  celle  d'Alexan- 
drie (voy,  ALEXAirnaiE,  écoie  <f);  on 
s'accorde  généralement  à  lui  donner  pour 
fondateur  Ptolomée-Soter,  qui  mourut 
l'an  285  avant  I.-C.  Ce  prince  chargea 
Démétrius  de  Phalère  du  soin  de  la  for- 
mer. Des  recherches  de  livres  furent  faites 
à  grands  frais  chez  tous  les  peuples  de  la 
terre,  et,  selon  saint  Épiphane,  Démé- 
trius réunit  une  collection  de  54,800 
volumes.  L'historien  Josèpbe  prétend  que 
le  nombre  des  volumes  recueillis  était  de 
200,000,  et  que  Démétrius  se  flattait  de 
l'élever  jusqu'à  500,000.  Mais  Ëusèbe 
dit  qu'à  la  mort  de  Ttolomée-Philadel- 
phe,  fils  et  successeur  de  Soter,  la  bi- 
b^othèque  d'Alexandrie  ne  contenait 
pas  plus  de  100,000  volumes.  Philadel- 
phe  avait  fait  chercher  dans  la  Perse, 
en  Ethiopie,  à  Rome  et  dans  Athènes, 
un  grand  nombre  de  livres.  Il  acheta  de 
Nélée,  à  des  prix  exorbitans,  une  partie 
des  ouvrages  d'Aristote.  Il  fit  traduire  en 
grec  l'Ancien-Testament  par  70  inter- 
prètes. Ptolomée  dit  Phiscon  (le  ventru), 
mort  l'an  1 1 6  av.  J.-C,  augmenta,  comme 
l'avaient  fait  tous  ses  prédécesseurs,  la 
bibliothèque  d'Alexandrie.  On  dit  que, 
dans  une  famine  qui  désolait  l'Attique , 
il  refusa  aux  Athéniens  le  blé  qu'ils 
achetaient  tous  les  ans  en  Egypte,  jus- 
qu'à ce  qu'ils  lui  eussent  envoyé,  pour 
les  transcrire,  disait-il,  les  originaux  des 
tragédies  d'Eschyle,  de  Sophocle  et  d'Eu- 
ripide, et  qu'il  les  garda,  en  renvoyant 
à  Athènes  les  copies  qu'il  en  fit  faire,  et 
en  abandonnant  d'ailleurs  15  talens  qu'il 


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•rtik  êemigttéà  pour  sûreté  du  prêt  des 
•riginaux. 

On  raconte  que  la  bibliothèque  d'A- 
lexandrie, incessamment  accrue  par  les 
Ptolomées,  avait  fini  par  réunir  700,000 
Tolumes.  Mais  ces  volumes  étaient  des 
rouleaux  qui  contenaient  peu  de  choses. 
Si  un  ouvrage  était  divisé  en  30  ou  60 
livres;  il  y  avait  80  ou  60  rouleanx,  qui 
d*ailleurs  avaient  peu  de  Snrlace,  et  100 
de  ces  rouleaux  ani'aient  été  facilement 
compris  dans  un  de  nos  volumes  in-folio , 
car  il9  u^étaient  ordinairement  écrits  que 
sur  le  recto.  Aussi  saint  Jean  bignale-t-il, 
comme  livre  extraordinaire,  un  rouleau 
qui  était  écrit  dos  deux  côtés ,  scriptus 
inms  et /cris. 

On  sait  que  Jules-César,  assiégé  dans 
Alexandrie,  fut  réduit  à  brûler  la  flotte 
qui  était  dans  le  port,  et  que  Fincendie, 
ayant  gagné  les  maisons  voisines,  se  com> 
muoiqua  au  quartier  de  Bruchion  où  était 
placée  la  bibtiotb^ue,  et  qu'elle  fut  con- 
lumée  par  les  flammes.  Quelques  auteurs 
rapportent  que  400,000  volumes  furent 
ieulement  brûlés,  que  800,000  autres 
purent  être  sauvés,  et  que,  réunis  aux 
300,000  volumes  de  la  bibliothèque  de 
Pergame,  qui  furent  donnés  par  Antoine 
k  Cléopâtre,  ils  formèrent  la  nouvelle  bi- 
bliothèque du  Sérapeîon,  qui  ne  tarda  pas 
à  devenir  aussi  considérable  que  Tavait 
été  celle  du  Bruchion.  Mais  elle  eut  en- 
core ses  révolutions.  Enfin ,  après  avoir 
été  plusieurs  fois  pillée  et  rétablie  sous 
les  empereurs  romains,  incendiée  en 
891  dans  une  émeute  à  laquelle  le  culte 
deSérapis  donna  lieu,  elle  fut  détruite, 
Tan  650  de  Tère  chrétienne,  sur  un  or- 
dre du  khalife  Omar.  Ainsi  périrent  à  ja- 
mais un  grand  nombre  d'auteurs  de  l'au- 
tiquité,  et,  après  tant  de  siècles,  cette 
perte  est  encore  déplorable.  Cet  acte  de 
fanatisme  a  été  un  peu  reproduit  en  Es- 
pagne, sous  le  règne  de  Ferdinand  et 
d'Isabelle,  lorsque,  après  l'expulsion  des 
Maures,  le  cardinal  Xi  menés  fit  brûler, 
sur  les  remparts  de  Grenade,  tous  les 
exemplaires  du  Koran  et  ses  nombreux 
commentaires,  c'est-à-dire  plusicui's  mil- 
liers de  manuscrits  arabes. 

8*  Pergatiie»  Les  rois  Eumène  et  At- 
iale,  voulant,  par  une  noble  émulation, 
rivaUaer  eu  graadeur  et  eu  magoificeûce  I 


avec  les  Ptolomées  d'Egypte,  Ayndèml 
une  bibliothèque  célèbre  dans  rantii|uiléy 
et  qui,  selon  le  vieux  Pline,  contenait 
300,000  volumes.  Raphaél  Yolateran  a 
prétendu  que  cette  bibliothèque  Ait  brû- 
lée lot*s  de  la  prise  de  Pergame;  mais 
Pline  et  d'autres  auteurs  assurent  que 
Marc-Antoine  en  fit  présent  à  Cléopâtre. 
Cependant  Strabon  dit  que,  de  «ou 
temps,  c'est-à-dire  sons  le  règne  de  Ti- 
bère, Pergame  la  conservait  encore. 
Quelques  savans  ont  pensé  qu'on  pouvait 
concilier  les  témoignages  contradictoires 
de  Pline  et  de  Strabon,  en  supposant 
qu'Auguste,  qui  se  plaisait  à  défaire  tont 
ce  qu'Antoine  avait  fait,  rétablit  dans 
Pergame,  après  la  victoire  d'Actinm,  qui 
lui  valut  l'empire  du  monde,  la  bibliothè- 
que que  son  rival  avait  fait  transporter  à 
Alexandrie;  mais  ce  n'est  là  qu'une  con- 
jecture. 

4*^  Grèce.  On  ne  sait  rien  de  certain 
sur  l'histofre  des  Grecs  avant  la  guerre 
de  Thèbes,  et  cette  histoire  est  encore 
obscure  et  mêlée  de  fables  dans  les  temps 
homériques. 

Les  Lacédémoniens  n'avaient  point  de 
livres.  Leur  langage,  si  concis  qu'il  est  de- 
venu proverbe  sous  le  nom  ^tlaconisme^ 
rendait  pour  eux  l'écriture  superflue,  et 
leur  mémoire  suffisait  à  garder  le  souve- 
nir de  ce  qu'ils  voulaient  savoir.  Mais  les 
Athéniens,  grands  discoureurs,  eurent  be- 
soin de  beaucoup  éci'ire.  Les  sciences  et 
les  lettres  fleurirent  dans  l'Attique  et  bien- 
tôt les  livres  se  multiplièrent.  Ce  fut  le  ty- 
ran Pisistrate  qui,  selon  Yalère-Maximei 
fonda  dans  Athènes  la  première  biblio- 
thèque publique.  C'était  un  moyen  de 
distraire  le  peuple  de  la  perte  de  sa  li- 
berté. La  bibliothèque  que  Pisistrate 
avait  fondée,  et  dans  laquelle  était  com- 
prise, dit-on,  la  première  collection  de 
rhapsodies  do^t  se  composent  les  deux 
poèmes  d'Homère,  s'était  considérable- 
ment accrue,  et  d'autres  bibliothèques 
enrichissaient  Athènes,  lorsque  Xerxès, 
s'étant  emparé  de  cette  ville,  fit,  dit-on, 
transporter  dans  la  Perse  tons  les  livres 
qu'il  y  trouva.  Cependant,  quelques  siè- 
cles après,  si  l'on  en  croit  AulugelICi 
tous  ces  livres  furent  rendus  aux  Athé- 
niens par  Séleucus  Nicator. 

Qéarque^  disciple  de  PUtoa  et  tjraa 


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criiéfMlééy  M  ut  pftrdoMiêt  $êè  cnuniiéB 
en  fondant  nne  bibliothèque  dans  sa  ca- 
pitale. U  j  avait,  selon  Zwingerydans  Tile 
de  Cntdos(ane  desCycladetj,  nne  biblio- 
thèque qui,  d'après  une  tradition  plus 
que  donteose,  aurait  été  brèiée  par  Tor* 
drt  d'Hippocrate,  parce  que  les  insulaires 
icoraient  refusé  de  suivre  sa  doctrine.  Ce 
Serait,  sans  contredit,  la  plus  mauvaise 
ordonnance  de  médecin,  si  celle-ci  mé- 
ritait quelque  créance.  Le  savant  Camé- 
rarius  cite  la  bibliothèque  d*Apamée 
comme  l'une  des  plus  célèbres  de  l'anti- 
quité; et,  dans  son  ApoîtoUca  vaticana, 
Angelo  Rocca  prétend  qu*elle  contenait 
plus  de  30,000  volumes,  nombre  qu'il 
serait  permis  de  croire  exagéré,  si  on  ne 
savait  ce  que  les  anciens  entendaient  par 
volume,  ^rmi  les  bibliothèques  partic.u- 
llèresy  celle  d'Arislote  occupe  le  premier 
rang;  après  la  mort  du  philosophe,  elle 
fut  achetée  par  Apellicon  de  Téos,  et 
Sylla,  en  ayant  fait  Tacquisition,  la  fit 
transporter  à  Rome. 

6^  Aornains,  Leurs  bibliothèques  fu- 
rent long-temps  moins  considérables  que 
celles  des  Grecs.  Il  y  avait  à  Rome  deux 
sortes  de  bibliothèques ,  les  unes  publi- 
ques, les  autres  particulières.  Les  pre- 
mières étaient  comme  les  archives  de  la 
république  et  de  l'empire  :  on  y  conser- 
vait les  lois,  les  sénatus-consuUes  et  les 
édits.  Il  y  avait  aussi  des  bibliothèques 
sacrées  confiées  à  la  garde  des  pontifes, 
desaugures,  desdécemvirs,  etc. Là  étaient 
gardés  les  livres  sibylhns  et  tous  les  écrits 
qui  regardaient  la  religion,  tels  que  les 
livres  pontificaux,  les  livres  rituels,  les 
livres  achérontiques,  les  livres  fulmi- 
nans,  les  livres  des  augures,  des  aruspi- 
ces,  etc. 

Les  bibliothèques  particulières  étaient 
celles  que  d'illustres  Romains  avaient 
formées  pour  leur  usage  particulier  et 
dont  plusitiirs  furent  rendues  publiques. 
La  première  dont  il  soit  fait  mention  dans 
l'histoire  est  celle  que  le  sénat  donna  à 
la  famille  de  Régulus,  après  la  prise  de 
Carlhage,  et  qui  se  composait  de  tous  les 
livres  que  le  vainqueur  avait  trouvés  dans 
cette  ville,  principalement  de  28  volumes 
que  l'Africain  Magon  avait  écrits  sur  l'a- 
nriculture,  et  qui  furent  alors  traduits  en 
ktin.  La  iMbUothèqoe  d«  Pàul-ÉmUe  fat 


apporta  Mit  Ul  àè  Blaoédola*,  «prit  te 
défaite  (Fan  168  av.  J.-C)  de  Pemét^ 
qu'il  mena  lui-même  en  triomphe  à  Rone« 
On  lit  dans  Plutarque  que  PauUÉmile 
distribua  cette  bibliothèque  à  ses  enfans; 
mais  Isidore,  dans  ses  Origines ,  dit  po« 
sitivement  que  Panl-Éniiie  ligna  §••  li- 
vres aux  Romains* 

Il  a  déjà  été  question  de  U  bibllotb^ 
que  de  SyiU  dont  celle  d'Aristote  fnt 
la  bast.  Asioius  PoUion  forma,  pour 
en  faire  présent  à  Rome,  une  riche  bi- 
bliothèque qu'il  composa  des  dépouilles 
des  peuples  par  lui  vaincus  et  d'un  grand 
nombre  de  livres  achetés  à  grands  fraii. 
Il  orna  ce  dépôt  public  de  portraits 
d'hommes  célèbres  dans  les  sciences  et 
dans  les  lettres.  Lucullus  ne  pla^  pas 
tout  son  luxe  dans  les  festins  :  Plutarque 
rapporte  que  sa  bibliothèque  était  Tnce 
des  plus  riches  du  monde,  non  moins  par 
le  nombre  des  volumes  que  par  les  orne* 
mens  qui  la  décoraient.  Le  plus  savant 
des  Romains,  Varron,  avait  nne  belle  col- 
lection  délivres.  La  bibliothèque  de  Cicé- 
ron  fut  augmentée  de  celle  de  son  and 
Atticus,  l'une  des  plus  considérables  de 
ce  temps,  et  le  consul  romain  disait  qu'il 
la  préférait  à  tous  K*s  tréaors  de  Crésus. 
La  bibliothèque  de  Jules-César  n'était 
pas  moins  considérable  ;  la  garde  en  était 
confiée  au  célèbre  Varron.  Les  poètes  du 
siècle  d'Auguste  parlent  souvent  de  la 
bibliothèque  que  ce  prince  établit  sur  le 
mont  Palatin,  près  du  temple  d'Apollon, 
et  qui  fut  appelée  palatine.  Cest  là  que 
les  favoris  des  muses  venaient  réciter  et 
déposer  leurs  ouvrages. 

Scr^Ui  Pmlmimms  quaemmquê  rteêpk  Jpdh, 

(HOBAT.) 

A  Texemple  de  César  et  d* Auguste,  l'em- 
pereur Vespasien  fonda  une  grande  bi-* 
bliothèque  près  du  temple  de  la  Paix. 
On  vante  encore  celles  de  Pline  et  du 
poète  Silius  Italiens. 

Mais  la  plus  magnifique  de  toutes  les 
bibliothèques  de  Tempire  fut  celle  de 
Trajan,  connue  dans  l'antiquité  sous  le 
nom  de  bibliothèque  Vlpienne.  On  lit 
dans  divers  auteurs  que  cet  empereur 
fit  porter  à  Rome,  peut-être  par  le  con- 
seil de  Piine-le-Jeune,  son  favori  et  son 
panégyriste,  tous  les  livres  qui  se  trou* 
ynSml  danalM  vilha  ooiiqQÎaai  par  les 


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armes  romaines,  et  qa'ib  furent  placés 
dans  sa  bibliothèque.  Raphaël  Volaleran 
dit  que  Trajan  avait  fait  écrire  les  actes 
du  sénat  et  les  belles  actions  des  princes 
sur  des  pièces  de  toile  qu*il  fit  couvrir 
d'ivoire. 

Isidore  et  Boèce  parlent  avec  admira- 
tion de  la  bibliothèque  de  Sammonicus 
Sirenus,  précepteur  de  l'empereur  Gor- 
dien. Elle  contenait,  disent-ils,  8,000 
▼olumes  choisis  *  et  placés  dans  un  apparte- 
ment pavé  de  marbre  doré,  dont  les  murs 
étaient  lambrissés  de  glaces  et  d'ivoire,  et 
où  les  armoires  et  les  pupitres  étaient  en 
bois  de  cèdre  et  d'ébène. 

Bibliothèques  des  premiers  chrétiens. 
On  a  dit  que  les  premiers  chrétiens  avaient 
brûlé  les  livres  ^de  rantiquité  païenne, 
pour  ne  conserver  que  les  livres  relatifs 
à  leur  religion.  Cette  accusation  parait 
fausse  ou  du  moins  très  exagérée.  Il  est 
à  présumer  que,  dans  la  primitive  église, 
les  livres  profanes  étaient  peu  recherchés; 
mais  il  serait  téméraire  d*ad mettre  qu'un 
fanatisme  religieux  ait  voulu  les  détruire. 
Il  suffit  de  parcourir  les  écrits  des  Pères, 
pour  se  convaincre  qu'ils  lisaient  les  au- 
teui*s  anciens.  Peut-être  aussi  l'empereur 
Julien  fut-il  à  tort  ac.usé  d'avoir  voulu  in- 
terdire, dans  les  écoles  des  chrétiens,  l'u- 
sage des  livres  classiques;  mais  cette  ac- 
cusation même  prouve  que,  loin  d'être 
proscrits,  ces  livres  étaient  admis  dans 
l'instruction  publique.  Les  historiens 
parlent  avec  éloge  de  ta  bibliothèque  de 
saint  Jérôme  et  de  cellede  George,  évéque 
d'Alexandrie.Saint  Augustin  dit  que,dans 
la  bibliothèque  d'Hippone,  on  lisait  assi- 
dûment Homère,  Virgile,  et  sans  doute 
aussi  tous  les  auteurs  qu'il  nomme  dans 
son  grand  ouvrage  de  la  Cité  de  Dieu. 
Cest  ainsi  que  la  bibliothèque  d'Isidore 
de  Peliise  (t*  siècle)  devait  contenir  les 
nombreux  auteurs  qu'il  cite  dans  ses 
Épitres;  celle  d'Isidore  de  Séville,  les  li- 
vres des  anciens  dont  il  publia  des  frag- 
mens  (tii^  siècle);  et  celle  de  Photius, 
(ix^  siècle)  les  204  volumes  dont  il  fait 
l'analyse.  Jules  l'Africain  avait  fondé  à 
Césarée  une  grande  bibliothèque,  qui 
fut  augmentée  par  Thistorien  Eusèbe, 
parsonaroiPamphilefprctredeLaodicée, 
(*)  D'aatfM  aoteurf  l*ont  portée  à  6a,ooo  vo- 

J.  H.  S. 


et  par  saint  Grégoire  de  Nazianxe.  La  bi- 
bliothèque d'Antioche  éuit  célèbre  lors^* 
que  l'eiiipereur  Jovien  la  fit,  dit-on,  dé- 
truire pour  plaire  à  sa  femme.  Chaque 
église  enfin  avait  sa  bibliothèque  pour 
l'usage  de  ceux  qui  s'appliquaient  aux 
études.  Eusèbe  l'atteste,  et  il  ajoute  que 
toutes  ces  collections  de  livres  furent 
brûlées  et  détruites  avec  les  temples  où 
elles  étaient  conservées  pendant  la  lon- 
gue persécution  de  Dioclétien. 

Bibliothèques  des  Empereurs  d'O- 
rient à  Constantinopie,  Selon  Zonare, 
Constantin-le-Grand  fonda,  l'an  386,  la 
fameuse  bibliothèque  de  €k>nst4ntinople, 
qu'il  composa  de  livres  rassemblés  ou 
transcrits  à  grands  frais.  Dans  leur  aveu- 
gle haine  contre  l'empereur  Julien,  les 
chrétiens  l'ont  accusé  d'avoir  voulu  dé- 
truire la  bibliothèque  de  Constantinople, 
afin  de  les  tenir  plongés  dans  l'ignorance. 
Mais  Thistoire  nous  apprend  que  Julien 
fonda  lui-même  deux  grandes  bibliothè- 
ques, l'une  à  Constantinople,  l'autre  à 
Àntioche,  et  qu'il  fit  écrire  ces  mots  sur 
leurs  frontispices  :  Alii  quidem  equos 
amant,  eUii  aues,  alii feras;  mihi  vero 
a  puerulo  mirandum  acquirendi  et  pos- 
sidenrli  libros  insedit  desiderium.  La 
bibliothèque  de  Constantin  ne  contenait 
d'abord  que  6,900  volumes  ;  mais  Tfaéo- 
dose-le- Jeune  la  porta  en  peu  de  temps 
à  30,000,  ou  même  selon  quelques 
auteurs  à  100,000.  C'est  dans  cette 
bibliothèque  que  fut  déposée  la  copie 
authentique  des  actes  du  concile  de  Ni- 
cée  (tenu  l'an  325).  On  raconte  qu'on 
y  voyait  une  copie  des  Évangiles,  re- 
liées en  plaques  d'or  du  poids  de  15  li- 
vres, et  enrichies  de  pierreries,  et  tous 
les  ouvrages  d'Homère,  écrits  en  lettres 
d'or.  Il  est  parlé  dans  le  code  Théodo- 
sien  (liv.  XII,  til.  9)  de  7  copistes  em- 
ployés à  la  bibliothèque  de  Constantino- 
ple, sous  les  ordres  du  bibliothécaire 
principal.  Ce  nombre  avait  été  porté  à 
12  lorsqu'en  730  l'empereur  Léon  III, 
Hit  VIsnurien,  n'ayant  pu  amener,  ni  par 
promesses,  ni  par  menaces,  le  bibtiothé- 
thécaire  Loecuménique  et  ses  12  copistes 
à  se  prononcer  contre  le  culte  des  ima- 
ges, fit  entourer  la  bibliothèque  de  fas- 
cines, d'autres  matières  combustibles,  et 
brûla  les  livres  avec  ceux  qui  les  gar- 


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BIB 


dàîent,  comme  il  faisait  brAler  les  images. 
Alors  périrent  encore  de  précieux  tré- 
sors de  l'antiquité. 

Dans  le  vui^  siècle,  Constantin  Por- 
phyrogénète  forma  une  nouvelle  biblio- 
thèque qui  ne  fut  pas  détruite  à  la  prise 
de  Coostantinople  par  les  Turcs  (1458). 
Mahomet  II  ordonna  qu'elle  fût  con- 
servée, et  elle  resta  déposée  dans  quel- 
ques appartemens  du  sérail  jusqu'au  rè- 
gne d'Amurath  IV  qui,  dans  sa  haine 
contre  les  chrétiens,  prononça  sa  destruc- 
tion, au  commencement  du  xvii^  siècle; 
et  lorsqu'en  1739  deux  savans  acadé- 
miciens, l'abbé  Sévin  etFourmont,  fu- 
rent envoyés  par  le  gouvernement  fran- 
çais, à  Constanlinople ,  pour  obtenir 
d'Achmet  III  la  cessiou  de  quelques  ma- 
nuscrits grecs,  le  résultat  de  leur  mission 
fut  peu  satisfaisant. 

Bibliothèques  du  moyen-âge.  Les  ba  r- 
bares  avaient  détruit  dans  leurs  longues 
invasions  une  grande  partie  des  trésors 
de  l'antiquité  littéraire,  et  cette  perte  a 
été  irré|Mirable.  Caasiodore,  qui  avait  été 
ministre  et  favori  de  Théodoric,  roi  des 
Goths  en  Iulie,  dégoûté  du  monde  et 
des  grandeurs,  se  retira  dans  un  monas- 
tère qu'il  avait  fait  construire,  afin  de 
finir  ses  jours  dans  l'étude  et  dans  la  so- 
litude. Il  forma  une  bibliothèque  pour 
•on  usage  et  pour  celui  de  ses  compa- 
gnons, et  il  y  avait  sans  doute  recueilli 
tous  les  auteurs  qu'il  cite  dans  ses  ouvra- 
ges. Le  pape  Hilaire  T*",  mort  l'an  468, 
fonda  deux  bibliothèques  à  Rome;  un 
peu  plus  tard  Zacharie  I*',  mort  en  752, 
en  établit  une,  dit  Platine,  dans  l'église 
de  Saint-Pierre.  Vers  le  même  temps, 
Charleraagne  fonda  celles  de  l'ile  Barbe, 
près  de  Lyon,  d'Aix-la-Chapelle  et  de 
Saint-Gall.  Tous  les  monastères,  toutes 
les  églises   cathédrales  eurent   bientôt 
leurs  bibliothèques  et  leurs  écoles.  On 
trouve  des  deuils  curieux  sur  les  biblio- 
thèques du  moyen-âge  dans  les  Act,  SS. 
BeneiL;  on  y  voit  les  moines  de  la  célè- 
bre abbaye  de  Fleury  ne  songer  qu'à 
sauver  leur  bibliothèque  dans  un  incen- 
die qui  consuma  tout  leur  mobilier.  Le 
nombre  des  volumes  était  peu  considé- 
rable dans  les  bibliothèques  du  \^j  du 
XI*  et  du  xii*  siècle  ;  il  ne  s'élevait  qu'à 
90  dans  la  bibliothèque  du  moot  Cassin, 
Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


(481) 


BIB 


et  ce  n'était  pas  celle  qui  avait  le  moins 
de  renommée. 

La  bibliothèque  que  saint  Louis  avait 
fondée  dans  la  Sainte-Chapelle,  où  il 
admettait  les  hommes  studieux  à  venir 
s'instruire  avec  lui,  et  que  nous  font 
connaître  God.  de  Beaulieu,  et  Vincent 
de  Beauvais  dans  sa  Bihliolheca  mundi, 
fut  léguée  par  le  saint  roi  aux  monastè- 
res, dans  un  esprit  de  conservation  et 
comme  s'il  eût  prévu  le  sort  de  la  biblio- 
thèque de  Charles  V,  qui  passa  en  An- 
gleterre après  la  mort  de  Charles  VL 
Nous  arrivons  aux  états  modernes. 
Italie.  L'Italie  possède  un  grand  nom- 
bre de  belles  et  riches  bibliothèques 
dont  plusieurs  jouissent  dans  le  monde 
savant  d'une  réputation  méritée.  M.  Va- 
léry, bibliothécaire  de  Louis  XVIII  et  de 
Charles  X,  les  a  toutes  visitées  et  décrites, 
peut-être  avec  trop  de  détails,  dans  son 
^ojrage  en  Italie,  publié  depuis  la  révo- 
lution de  juillet. 

Rome,  La  célèbre  bibliothèque  du  Va- 
tican fut  fondée  par  le  pape  Nicolas  V 
(mort  en  1455)*,  lorsque  l'imprimerie 
venait  d'être  découverte.  On  dit  qu'il 
avait  réuni  6,000  volumes  qui  ne  pou- 
vaient être  encore  que  des  manuscrits. 
Plusieurs  pontifes  avaient  augmenté  cette 
bibliotbèque,lorsqu'ellefutpresqueentiè- 
rement  détruite  pendant  le  sac  de  Rome 
par  l'armée  de  Charles-Quint  (1527). 
Sixte-Quint  la  restaura;  Léon  X  l'agran- 
dit encore,  et  le  cardinal  Baronius  (mort 
en  1607)  la  comparaitàun  vaste  filet  qui 
reçoit  toutes  sortes  de  poissons,  bons  et 
mauvais.  Cette  bibliothèque  contient 
maintenant  plus  de  30,000  ouvrages  im- 
primés et  40,000  manuscrits.  Parmi  ces 
derniers  est  un  Virgile  qu'on  croit  avoir 
été  écrit  dans  le  vu*  et  peut-être  dans  le 
VI  siècle;  un  Térence  qu'on  suppose 
avoir  été  copié  sous  le  règne  d'Atexan- 
dre-Sévère  (mort  l'an  222)  et  par  son 
ordre;  les  Actes  des  A|>6tre3  en  lettres 
d'or;  les  sonnets  de  Pétrarque  écrits  de 
sa  main,  etc.  La  bibliothèque  vaticane 
remplit  une  galerie  de  204  pieds  de  long 
sur  48  de  large,  et  plusieurs  appartemens 
ornés  de  fresques  admirables.  Elle  est 

(•)  Quelques  aareurten  font  remonter  Tongine 
à  Gré^oire-le-Gntud  et  même  à  Suiot-Hilaire  qui 
fat  assit  daas  la  chair«  pontificale  aa  v*  siècle.  S. 

ai 


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BIB 


(48J) 


MB 


diiiféfcpi  trois  partial^  dont  bi  p^mi^e 
est  seule  ouverte  au  public.  Il  faut  des 
protectious  pour  être  admis  dans  la  se- 
conde, et  l'accès  de  la  troisième  est  plu9 
dirQc^le  encore.  11  n*existe  point  de  ca- 
talogue général  inipiiiné;  mais  il  a  été 
publié  de  savans  ouvrages  sur  cette  bi- 
bliothèque. Noui  citerons  les  Ha^^iona- 
menti  de  Muùo  Pansa,  1590,  in-4*'; 
ÏApostoUca  vaùcatia  d';^ngelo  ftocca, 
1591, 10-4*^  :on  y  trouve  le  catalogue  de 
1^,000  manusci*its;  la  Bibliolhecaorien- 
talis  CUemenuno-  f^ati(uina  de  Jos. -Sim. 
Assemani,  1719-1724,  4  vol.  in-M.  ou- 
vrage estimé.  On  imprima  en  4S04,  à 
Leipzig,  le  catalogue  ^^^  manusci'ils  au 
nombre  de  àOl,  de  13Q  ani'ieoues  édi- 
tions, de  737  anciennes  monnaies,  let  de 
1$  vases  éirusciues,  qui  furent  remis 
aux  commissaires  iran^'ais,  par  ordre  de 
Pie  VU,  en  1797.  Mais  les  plus  précieux 
de  ces  manuscrits,  eolre  autres  le  procès 
de  Galilée,  ont  été  réclamés  et  rendus  en 
1815. 

Il  existe  à  Eome  un  graiid  nombre 
d*autres  bibliothèques.  Nous  citerons 
celle  de  â^ainte-iMaiie  de  la  iVIinervc,  ap- 
pelée Casq,n(ita  parce  qu'elle  avaii  ap- 
partenu au  cardinal  de  ce  nom.  J.B.  Au- 
difredi  en  a  publié  le  caulogue,  1761- 
1788,  4  vol.  in-fol.;  la  bibliothèque  du 
collège  romain,  où  ont  été  réunis  les  li- 
vres et  le  musée  du  célèbre  Kircher;  Ja 
bibliothèque  Borgiane,  rîcbe  en  inaou- 
scrits  de  Chine,  du  Pégu,  de  Siam,  etc., 
dont  P.  à  San  Bartolomeo  a  donné  la  des- 
cription (Rome,  1793,  in-4*',  fig.);  la  bi- 
bliothèque Barberine,  cotèdemant  6iO,000 
volumes  et  plusieurs  oailUers  de  manu- 
scrits^ la  bibliothèque Coloaiui «on  moins 
riche  que  la  précédep&ç^  les  lûbliotiiè- 

}ues  de  $aîote-MAine  in  Àf>B  eœii,  des 
ésuites,  <j!le8  Oratorieos,  des  Au^uatirv, 
de  la  Chifisif,  nova^  de  Sa4at-Isidore,  des 
cardinaux  Moftftltet  Corûni  alla  Langera 
etPampbiU^du  piinoe  Berghèae,  eie. On 
prétendquedai»s les  dernières f;ftierresdl- 
talie,  1^  Fj-ançaès  ae  trouvèrent  à  &»me 
qu'un  seul  ei^emplaire  des  ittuvres  de 
Yoltajre.  lOlais  c'est  sans  doute  une  épi- 
gramme  cootl*e  l'inqiiistlioo  romaine. 
Bologne.  La  bibliothèque  de  l'uni 


187  ^«  îMM.;  Mift  de  Mmtk  II¥^ 
du  moins  en  piitie.  Mais  les  Bolonais  ont 
la  singulière  prétention  de  montrer  le 
Penipteuque  écrit  en  très  beaux  carac- 
tères sur  une  grande  |Meu  qui  est  Cort 
longue,  de  U  main  même  d'£sdt*as,  qui 
vivait  467  ans  av.  J.-G.  Cette  {grande 
rareté  bibliographique,  dont  la  supposi- 
tion a  été  prouvée  sans  peine  par  Hot*» 
tioger,  serait  bien  plus  précieuse  que  les 
pi'étendus  autographes  de  saint  Maro 
et  de  saint  Jean  l'évan^liste,  qui  eont 
conservés  à  Venue  et  à  Florence.  Les 
voyageurs  français  diffèrent  aînfulière» 
ment  sur  le  nombre  des  volumes  de  la 
grande  bibliotbè<|ue  de  Bologne  :  Richard 
n'en  compte  que  50,000,  tandis  que  La- 
lande  en  assigne  1 15,000.  Il  j  a  deux 
autres  grandes  bibliothèques  à  Bologne. 
— Ferra rf.  Sa  bibliothèque  est  riche  en 
manuscrits  et  en  monumetis  curieux  de 
l'antiquité.  —  Césène  a  une  bibliothèque 
riche  en  manuscrits  dont  J.-M.  Mucdoti 
a  fait  imfM'imer  le  catalogue  avec  des  no* 
tes,  1780  84,  2  vol.  in-fol.,  «g.  — F/ar- 
retli  possède  une  belle  bibliothèque  fon- 
dé epar  le  cardinal  dTork,dans  le  XTiit* 
siècle. 

Tttrin,  On  voit  dans  la  bibliotbèqae 
de  cette  ville  les  manuacrits  de  P.  Ligo- 
rius,  savant  architecte,  qui  dessina  et  dé- 
crivit les  antii|uités  de  l'Italie;  la  faroeose 
table  ûiaque ,  décrite  par  Pignoriui 
[mensa  isiacay  Amst.  1^690.  in -4",  fig.), 
plusieurs  tableaux  de  TAIbane,  les  por- 
traits de  Luther  et  de  sa  femme,  peints 
par  Holbein,  et  une  belle  collection  de 
mamiscrits  dont  la  description  par  Jos. 
Parini,  Ani.  Rivantella  et  Fr.  Berta,  a 
été  publiée  en  1749  (Turin,  impr.  roy., 
S  vol.  in-fol.). 

Jean  Andrès,  auteur  d'une  histoire 
littéraire  universelle,  a  fait  imprimer  à 
Parme  (chez  Bbdoni,  1^04 ,  in-8'*  )  une 
lettre  curieuse  sur  divers  manuscrits  pré- 
cieux qui  sont  dans  les  bibliothèques  en-* 
pitulakes  de  No^are  et  de  VerceiL  II  y 
décrit  un  diplôme  du  roi  des  Lombarcib 
Luitprand,  de  l'an  730,  et  ime  collection 
de  lois  lombardes  du  vin^  siède  (con- 
servée à  Vèrceil  ). 

Venise.  La  bibliothèque  dî te ^âÇrtfVr^ 


Tersil^  contieut  les  aaanusciiis  de  Mar-  j  Marc  dont  lt$  bâtiment  fut  commenoé 
•ifU,  «eiixdM.Ml«ffaliste  Aidmf«nde«n  \  •o«sledogatdeMooeBlgo(flBHNrtelil4dt)^ 


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•I  iM%  \f  <^m\  BessftfÎQO  fat  p««ipe 
le  fondateur  ea  léguant  à  Saîol-rMarjB 
(i468Jj  une  coïleclion  dç  800  wL,  a  une 
nraode  réputation  luéiit^e  ;  elle  est  fort  ri- 
che en  manuscrits,  dont  le  plus  prérieuf, 
s'il  élak  authentique,  serais  celui  de  Té- 
van^iledesaintMarc^qu*on  dit  écrit  desa 
propre  main,  et  qui,  âpre»  avoir  été,  pen- 
dant bien  des  siècles,  conservé  à  Aquilée, 
o^  le  SHÎnl  prêcha,  dît-on,  la  religion  du 
Christ,  aurait  ^lé  depuis  porté  à  Venise. 
Mais  il  reste  seulement  quelquea  c^iiiei's 
de  ce  manuscrit»  et  l'écriture  y  est  elTarée 
à  ce  point  q,u*oB  ne  peut  distinguer  si  c*^t 
du  {;rec  ou  du  lai  in.  Monifaucon  croit 
que  ce  mapi^sçr^t  est  du  iv*^  siècle;  il  est 
railleurs  dan^  un  tel  état  diç  vétusté 
gu*oo  n*en  pourrait  tourner  les  feuillet^ 
sans  Y.oir  leurs  débris  r^^r  danf  les 
inains.  Le  s^v^nt  bil>lioib<éc?ire  Alorelli, 
5|ui  a  beaucoup  contribué,  dans  ces  dep*- 
^j.er^  temps,  aus  prqgrès  des  éludes  bi- 
bliographiques, a  publié  en  ila|ieu  une 
jbonne  dissertation  historique  sur  la  bi- 
bliothèque de  3aint-])larc,  Venise,  1 774, 
^1^-8^.  Un  cjatafo^^ue  des  inanus,criLs  de 
cette  biblioih^ue, dressé  pa^  Jacq.-Phil. 
Tpjnasini,  fut  publié  à  Udine,  1660, 
ia-4°;  up  autre  calalojçue  plus  complet 
dles  mêmes  manuscrits,  rédigé  par  Zanelti 
et  Bongiovanoi,  a. été  iu^primé  à  Venise, 
1740-1741,  2  vol,  in-fol.  —  Mitarelli  a 
^ODué  le  catalogue  des  manuscrits  du 
cpMVept  de  Saiot-Michel ,  avec  un  ap- 
pendice de  livres  imprimés  dans  le  xy^ 
^îecle,  Venise,  1779,  gr.  io-fo.l.r-La  bi- 
|)liolhèque  Nanienne  est  uue  des  plus 
considérables  qu*il  y  ait  à  Venise.  La 
de^criplioD  de  ses  manuscrits  Ifitins  ^ 
Italiens  par  Morell;i;  celle  de  ses  uiapgs- 
crifs  grecs  et  égyptiens  par  Mingarelli ,  pt 
celle  de  ses  manuscrits  orien.taux  p^r 

Îlm.  Assen>,ani,ont  été  publiées  à  Venise, 
776i  Bologne,  1784-95j  et  Pa^çue, 
1787,6  vol.  in-^^ 

Jpadt^uf  a  trois  gra^e^JI;>ibliothèque|. 
La  principale  fut  fçindée  par  Pigoorius. 
Sixte  de  Sienne  (fit  avoir  vu  dans  la  bi- 
bliothèque de  Saint-^ean-de-Latran  une 
très  ancienne  copie  d*une  épUredesajpt 
Paul  aux  babitans  de  Laodicée,  et  il 
ajoute  qu'il  en  fit  un  extrait. 

Spalairo^  capitale  de  la  Dalmatie  vé- 
nitieaaei  a  une  bibilothique  riche  «o  ma- 


QUtcHto  prAcifw,  parmi  leagi^  ^  ||f) 
livre  d'évangiles  du  yi^  ou  du  ifii ,  aièctiQi 
assez  bien  con^^vf 

Miiaa,  La  célèbre  bibliothèque  ^^^^ 
/^roxiefinç,  fondée  par  le  cardinal  Fréilé- 
rie  Borromée,  renferme  âP^0((p  vnlu>»ies 
impriinéf  et  environ  l^.QOO  manuscrits, 
dont  la  |>lupart  ont  ^é  ^*ecueillis  pat 
Qggiati.  lin  de  ces  ipanu^^njs  cnn|icp( 
quelques  livres  def  antiquité  judaïques 
d^  Josèphe.  Bosc|ii  a  éfL;ri|,  et^  latin,  un^ 
h'ftoire  et  une  description  de  la  biblio-^ 
thèque  Ambrusienne  :  on  la  trouy^  d^nf 
le  tomf  I^  des  T/fe»ai/n  (mtiqititiUam 
ft  hMor,  Ifftii'oK  Opi.celll  et  Rryctuf 
Puteanu#  (Henri  4h  P<iy  )  <>r^  publié,  If 
premier  un  îraité  (Milan,  1 6 1 8,  in-8<*),  If 
aecQnd  un  discours  (dans  ses  Ontii'onrs), 
sur  les  Hioniimens  et  les  richenet  de  !# 
bibliothèque  Ambrosienne. 

La  bibliothèque  de  Flqrrace  {Medl'^ 
cea'Laure/i^iana)^f\\\\  fail  partie  ^^^^  «^• 
ièbi*emusjte  Florentin,  contient  90,009 
volumes  et  1,090  nsanusci^is  rares*,  et 
dont  plusieurs  sont  d*un  p^ix  inestimar 
ble.  ix,  Év.  Assetnani  a  rédigé  le  cata^ 
logue  des  mamiscriis  orientaux  d«  cett« 
bibliothèque,  1743,  in-fol.  Hobtenius, 
Langitis,  Magltabrcobi  et  Bii^cioni  ont 
'fait  connaître  les  principales  richesses  de 
la  bibliothèque  Laurenlienne  (  »v)/.  le 
Selecta  hlttorica  ri  liHemnti  de  Liiie»T 
thaï,  Leipzig,  1716,  in-8  ;  le  Prodro- 
ma^hisionœfittrrariagJiM  P.  Laoïbeciua, 
Leipzig,  1710,  in-fol.;  et  les  Jim^ni^ 
tates  liutrarim  de  Sbedhori»,  ^  8  ).  La 
bibliothécaire  Bandint  a  fait  imprimer 
un  savant  catalogue  des  manuscrits  conr 
fiés  k  ta  «arde,  Florence,  17||4.79,  8 
voi.in-fol.ll  a  aussi  publi^(J179M794)» 
ea  8  vol.  in4uj.,  la  cataloî^tfe  àpà  manu- 
•C4rit8  de  la  bibliothèque  LéapejUlinf  »  qui 
aâLé^uoie  à  la  Laurentienne.  On  trouva 
dans  ces  oiiao  voiunes  ia  description  et 
l'analyse  des  aanuscrits^awecdes^xtrfiita 
cboists  et  des  plancibes  >  gfavé^f  neprétr- 
sentant  les  caractères  d'écriture  les  piat 
anciens.  C'est  dans  la  chapelle  de  la  cOur 
qu'est  conservé  le  manuscrit  prétendu 
autographe  de  l'évangile  Saint-Jean,  et 

(*)  Le  savant  l>ibIiograplip  £i>ert  affirme  an*il 
n'y  a,  à  1«  i>ibliotlièqaeMédi<-eo.LHiirentiiiea  Flo- 
reace  doat  il  rapporte  lei  Ticiasitades,  qoe  des 


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BIB 

l^tiî>ti'est)>isplus  autilentique  que  celui 
de  sa  ml  'Marc. 

Florence  powède  encore  d'antres  bi- 
bliothèques riches  en  manuscrits.  On 
dfoit  cher  en  première  ligne  celle  que 
Antoine  i^agliabechi\é%QA,  en  1714,  au 
gi^nd'duc  de  Toscane  et  à  laquelle,  en- 
tre autres  collections,  fut  jointe  celle  du 
ftelàl^  Pitli;  on  y  compte  120,000  vol. 
dont*  plusieurs  font  des  incunables  Ibrt 
eslf  mes,  et  8  à  9,000  manuscrits.  Celle  de 
Maruceliiytonàée  eirt  768,compte40,000 
Smprimés'et  beaucoup  dé  manuscrits. 

Pise  a  une  bibliothèque  digne  de  sa 
célèbre  université;  elle  fut  enrichie  dans 
\è  XVI**  siècle  de  8,000  volumes  légués 
par  Aide  Manuce. 

Nappes,  La  bibliothèque  de  cette  ville 
est  riche  et  considérable;  on  y  conserve 
les  mamiscrits  autographes  de  Pontanus. 
Sa  fille  Eugénie  en  fit  don  pour  immor- 
taliser la  mémoire  de  ce  savant.  Toppi  et 
Nîcodemo  ont  publié  la  bibUotheca  Na- 
polctunoy  1078  et  1685,  2  vol.  in-foi. 
Les  imprimés  sont  au  nombre  de  80,000, 
et  les  manuicrils  de  4,000.  On  a  imprimé 
à  Naples  le  caulogue  de  la  bibliothèque 
dite  .V.  Angelitid  Nûfum,  1750,  in-foi. 
LabibliothèquedeSainl-Sauveur,à^^j- 
Sï'ne ,  est  riche  en  manuscrits  grecs  ;  on 
en  trouve  le  catalogue  dans  le  tome  IX 
du  Thés,  antiqutt,  et  hifior.  Siciliœ. 

EsPACHE.  S^il  fallait  juger  de  Tétat  des 
lumières  dans  une  nation  par  le  nombre 
de  ses  livres  et  de  ses  bibliothèques,  FEs- 
pagne  serait  un  des  états  de  TEurope  les 
plus  avancés  dans  les  voies  de  la  civili- 
sation. 

La  bibliothèque  des  Maures,  à  Cof- 
é/oeie,  fut  long- temps  célèbre  et  conte- 
nait une  collection  précieuse  de  aianus^ 
erits  orientaux  ;  elle  fut  saccagée  par  les 
Espagnols,  lorsque  cette  ville  fut  prise 
sous  le  règne  de  Ferdinan<l  et  d'IsabeHe, 
et  que  sa  chute  mit  fin  à  la  domination 
des  Maures  qui  durait  depuis  phis  de 
6W  ans. 

La  première  bibliothèque  de  la  Pénin- 
sule ,  et  qui  compte  aussi  parmi  les  plus 
riches  bibliothèques  du  monde*,  est  celle 


(•)  Ccri  peut  Hrt  révoqué  en  dnnte.  En  1671 

la  bibliothèque  fnt  roitrnient  riidoiiimjigée  par 

un  incendie,  ef,  à  en  «-rnire  And.  Ximcnès  {Dêt* 

ipfion  d9l  f0almtmasttrio  dêl  Kteonat,  p.  iSS* 


(  4ft4  )  BIB 

de  VEscuriai;  elle  fut  fondée  par  Char- 
les-Quint,  et  considérablement  augmen- 
tée par  Philippe  II.  Placée  dans  le  ma- 
gnifique monastère  de  Saint-Laurent,  elle 
contenait  plus  de  1 30,000  volumes  et  en- 
viron 5,000  maouscrrts,  dont  8,000  ara- 
bes ;  les  autres ,  hébreux ,  grecs  et  latins. 
Les  livres  sont  magnifiquement  rangés 
sur  des  tablettes  en  bois  des  Indes,  dans 
cinq  rangs  d*armoires  élevées  les  unes  au* 
dessus  des  autnes,  et  chaque  rang  est  long 
de  100  pieds.  On  voit,  dans  ce  magnifi- 
que vaisseau,  pavé  de  marbre  et  riche 
d*ornpméns  somptueux ,  les  portraits  de 
Charles-Quint ,  de  Philippe  II,  de  Phi- 
lippe III  et  de  Philippe  IV.  On  y  montre 
le  Traité  d* Augustin  sur  le  baptême, 
comme  étant  le  manuscrit  original  du 
saint  docteur;  et  quelques  savans  préten- 
dent ihéme  que  les  originaux  de  tous  ses 
ouvrages  sont  aussi  dans  la  bibliothèque 
de  l'Escurial.  On  y  montre  encore  un 
rouleau  en  parchemin  contenant  un  ma- 
nuscrit grec  de  saint  Basile,  les  quatre 
Évangiles  écrits  en  lettres  d*or,  par 
ordre  d*un  empereur,  il  y  a  plus  de 
700  ans,  in -fol.  de  160  feuillets  sur 
vélin,  et  qu'on  appelle  le  Lit>re  d'or. 
Pierre  Davity  rapporte,  dans  sa  généa- 
logie des  rois  de  Maroc,  que  Tun  d*eux, 
Muley  Cydam ,  avait  rassemblé,  dans  sa 
forteresse  de  Carache,  plus  de  4,000  ma- 
nuscrits arabes;  que  cette  forteresse  ayant 
été  prise  par  Us  Espagnols,  la  bibliothè- 
que fut  pillée;  qu*on  porta  les  manuscrits 
à  Paris  pour  y  être  vendus,  mais  que  le 
gouvernement  français  ayant  refusé  d*en 
faille  Tacquisilion,  Philippe  II  les  acheta 
et  les  fit  dépo&er  à  l'Escurial,  où  fut 
aussi  réunie  la  bibliothèque  du  canlinal 
Sirlct,  archevêque  de  Saragosse.  En  1 67 1 , 
un  orage  éclata  sur  le  monastère  de  Saint- 
Laurent,  et  la  bibliothèque  de  l'Escurial 
perdit,  par  le  feu  du  ciel,  une  partie  de 
ses  richesses.  Le  savant  orientaliste  Hot- 
tinger  a  fait  connaître,  dans  sa  Bibliothè- 
que orientale  (Heidelberg,  1658,  in-4®), 
les  principaux  manuscrits  arabes  de  l'Es- 
curial. Michel  Casiri,  maronite,  a  pu- 
blié à  Madrid  (1 760-1770, 2  vol.  in-fol.) 
un  ouvrage  précieux  et  recherché  sous  le 
titre  de  BihUotheca  antbico-hispana , 

aie),  elle  ne  comptait  plus,  en  1764»  q««  >7»8oo 
▼oUiOM  et  4»3oo  manotcrits.  S.  H.  S. 


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BIB 

Escuriaknsis  ;  on  y  trouve  l'analyse 
des  manuscrits  9  avec  divers  extraits  et 
le  texte  arabe. 

Madrid  a  trois  bibliothèques  publi- 
ques. La  Bibliothèque  royale  fut  fondée 
eo  1 7 12,  par  Philippe  Y,  et  considérable- 
ment augmentée  par  ses  successeurs.  Elle 
contient  plus  de  100^000  volumes  et  un 
grand  nombre  de  manuscrits  arabes,  etc.; 
elle  est  ouverte  au  public  tous  les  jours. 
Jean  Iriarte  fit  imprimer,  en  1769,  une 
description  des  manuscrits  grecs  de  cette 
bibliothèque.  Mais  il  n*a  paru  que  le  pre- 
mier volume  de  cet  ouvrage,  qu*on  joint 
ordinairement  à  celui  de  Casiri. — La  bi- 
bliothèque de  $aint- Isidore,  composée 
de  60,000  volumes,  est  aussi  ouveile  tous 
les  jours.  Celle  de  Saint-Fernandez  n'est 
ouverte  que  trois  jours  de  la  semaine. 

Alcala,  Salamanque,  d'autres  villes 
encore  ont  des  bibliothèques  publiques. 

Parmi  les  bibliothèques  particulières, 
qui  ont  été  célèbres  en£spagne,onci  te  celle 
que  Ferdinand  G)lomb,  frère  de  Chris- 
tophe, avait  formée  avec  Taide  du  célè- 
bre Clenard;  celle  du  cardinal  Ximénès, 
léguée  à  Funiversité  d'Alcala;  celle  de 
Ferdinand  Nonius  qui,  le  premier,  en- 
seigna le  grec  dans  la  Péninsule,  et  qu'il 
donna  à  l'université  de  Salamanque;  celle 
d'Arias-Montanus,  d'Antoine ^  archevê- 
que de  Tarragone ,  etc. 

Portugal.  Les  bibliothèques  publi- 
ques y  sont  peu  nombreuses  et  peu  con- 
sidérables ;  on  peut  en  attribuer  la  cause 
à  ce  que  ce  royaume  n'a  été  long-temps 
qu'une  province  de  l'Espagne.  Ij^  trou- 
bles prolongés  de  la  révolution,  qui  mit 
la  maison  de  Bragance  sur  le  tr^ne,  ont 
dû  nuire  aussi  à  l'accroissement  des  déi- 
pôts  littéraires. 

La  bibliothèque  du  roi  à  Lisbonne, 
fondée  dans  le  xv*  siècle ,  par  Alphon- 
se V,  contient  une  riche  série  de 
bons  Ifvres;  on  trouve,  dans  celle  de 
Saint- Vincent-de-Fora  I  une  collection 
complète  des  ouvrages  portugais ,  et  dans 
celle  des  Bénédictins  un  grand  nombre 
d'auteurs  portugais  et  espagnols,  des  li- 
vres français ,  même  \ Encyclopédie  par 
ordre  r/e  matières.  Le  catalogue  des  ma- 
nuscrits de  la  bibliothèque  alcobatienne 
(d'Alcobaçaj  fut  imprimé  à  Lisbonne  en 
1776,  in-4*;  celui  de  la  bibliothèque 


(  485  )  BIB 

mariaoe  de  l'Oratoire  fut  publié  en  1 736, 
in- 12  Le  couveat  des  hiéronymites  de 
Bélem  a  aussi  une  bibliothèque. 

On  voit  dans  le  cabinet  d'histoire  na- 
turelle du  pakis  Ajuda  un  minerai  de 
cuivre  natif,  du  poids  de  plus  de  t,280 
livres. 

FaÂircE.  Ce  n'est  pas  rooips  fMr  aies 
bibliothèques  que  par  ses  collèges,  ^«8 
académies,  sa  littérature  et  ses  aris,  que 
la  France  s'est  depuis  long- temps  placée 
au  premier  rang  des  nations  civilisées. 
Quoiqu'elle  compte  moins  de  bibliqthèr 
ques  publiques  que  l'Allemagne,  192  ou 
195  de  ses  villes,  Paris  non  compiis,  en 
possèdent  :  plusieurs  des  ces  collections 
comptent  au-delà  de  30,000  volumes, 
comme  cellesd'Arras,  Cambrai,  Cbarires, 
Chaumont,  Clermont-Ferrand ,  Colmar, 
Compiègne,  Metz,  Reims,  Toulouse, 
Yalenciennes;  plusieurs  plus  de  40,000, 
comme  celles. d'Amiens,  Caen,  Dijon, 
Grenoble,  le  Mans,  Montpellier,  Ver- 
sailles; plusieurs,  plus  de  50,000,  comme 
celles  d'Aix,  Besançon,  Marseille,  Rouen, 
Strasboui'g,  Toulon,  Troyes;  et  deux 
en  ont  plus  de  100,000,  comme  celles 
de  Bordeaux  et^c  Lyon. 

Paris  a  39  bibliothèques,  dont  4 
principales,  la  bibliothèque  du  roi^  qui 
a  urai  t  d  û  toujours  être  appelée /if///o/m/e, 
mais  qui  a  été  tour  à  tour  royale^  rue 
de  Richelieu  et  nationale  et  impériale, 
rue  de  la  Loi;  la  bibliothèque,  dite  de 
MonùeuTy  à  l'Arsenal;  la  bibliothèque 
Mazarine,  au  Palais  des  Beaux -Arts  (an- 
cien collège  des  Quatre-Nations);  et  la 
bibliothèqMC  Sainte  -  Geneviève  ou  du 
Panthéon.  La  première  contient  900,000 
volumes,  brochures  et  pièces  fugitives,  et 
80,000  manuscrits;  la  seconde  170,000 
volumes  et  5,000  manuscrits;  la  troisiè- 
me 100,000  volumes  et  4,000  manus- 
crits; la  quatrième  1 12,000  volumes  et 
20,000  manuscrits  :  total  1,191,000  vo- 
lumes dont  109,000  manuscrits. 

Les  autres  bibliothèques  sont  celles 
de  la  ville  de  Paris  (45,000  volumes), 
particulière  du  roi  (55,000),  du  conseil 
d'état  (35,000),  de  la  Chambre  des  dé- 
putés (36,000),  de  la  Chambre  des  pairs 
[2,000),  de  la  Cour  de  cassation  (36,000), 
de  la  Cour  des  comptes  (6,000),  du  tri- 
bunal de  première  instance(25,000),  des 


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È» 


irés  éti^àtigèréft  (13,000),  dé  IMhténeUir 
(11,000),  lies  finarioM  (8,600),  de  !a 
fuerrè  (7,000),  cla  dépôt  de  la  ^icrre 
(14,000),  de  ta  marine  (2,700),  du  dé- 
pôt den  cartes  et  |dan4  dé  la  marine 
i  12,000),  de  la  préfecture  de  imlice 
1,209),  de  rinèiilnt  nàliohal  (91,000), 
du  Muséum  d*his(bire  miturelle (  1 0,000), 
dé  la  Faculté  de  itiédecîne  (26,boa),  du 
collège  de  Louis- le-Grahd  (30,000),  du 
eoltége  rOfèl  de  FHificé  ^6,000),  6ù  Bu- 
reau des  ioVigitudcs  (4,500),  dé  Téédle 
^yale  des  mihes  (4,000),  du  cftnàeil  des 
mines  (12,600),  de  rétolé  royale  poly- 
technique (27,000),  du  Conservatoire  dec 
itrts  (12,000),  de  Técole  royale  de  chant 
(1,600),  du  Muséum  (»,00Ô),  d(i  Musée 
royal  (.....),  des  Invalides,  fohdéfe 
par  ikàpbléôn  (iÔ,000),  dé  Thospice 
dèA  Quinze- Vinj^ti  f2,(tOO),  de  rimprl- 
merie  rhyalè  (800),  déi  ArdiiV^  du 
royaume  (14,000). 

Quoi(|Ue  offrant  uh  petit  hombre  de 
iohnriës,  là  plupart  de  ce»  biblldlhèi- 
quei  iont  riches  cl  précieuses  J^ar  leur 
spécialité.  Ensemble,  elles  contiennent 
672,100  volumeà  :  ce  rjul  dôhne  J>bur  16- 
tal  darts  les  bibliothèque^  dé  Parié  |)lus 
de  1,703,000  volumes. 

M.  l'imoihée  Deshâyes  établît,  ânni  lé 
Jdibnial  de  la  Sociéié  de  Matistiqne  uni- 
verstite  (octobre  1833),  qu>n  France 
192  villes  seulemeot  ont  des  biblîothè- 
quei  publlftues,  cbntenaht  2  ob  3  mil- 
lions dé  volumes  qui,  comparés  à  la  po- 
pulation totale  deé  dépâricmens  (  non 
compris  celui  de  la  .Wne),  ne  doririeni 
qh'uh  voluiVié  |iour  16  habiians;  cjuc  1^ 
6  bîbi:ôthèc|iié^  pMblî(|ue8  de  Paris  cot^- 
tiehbehi  1,378,000  vbibinei  ob  3  vobt- 
mès  piuf  2  habibhs;  et  t^  822  filV^s 
de  S,000  \  <  8,000  aiiièi  ^Oht  entièl-è^ 
ttént  prîVéeè  de  bibliothèqlieé  publiques, 
sir.  Èbésdbge  t>è^é,  dans  bn  mémoire  ab- 
térieur  Ité  plusieurs  ibois  II  celui  de 
M.  DéîJhayes,  avait  fait  à  peu  près  le 
toéme  calcbl;H  fcomptc  196  villes  qui 
ont  dés  bibliothèques  pnb1i(^ues  dahs 
les  départemens  et  qui  contiennent 
i,600,000  volumes,  ce  qbl  ne  donne 
qu'un  seul  volume  pour  16  habiians. 
T)*aiUeursy  H  assigne  atisii  te  même 
îioinfcre  dé  ^tth»  (822  )  ^tA  ne  p6*- 


(4*«) 


Itîb 


tôdèiit  aiiéiibë  Biblfdtbèirué  ^btlqbè. 
Avaiit  la  révolution,  Paris  avait  ufc 
grand  nombre  de  bibliothèques  dont  léè 
plus  céltbres  étaient  :  1  ^  celPe  de  Tàbbaye 
de  Saint-Victor,  déjà  connue  dans  le 
*ii*  siècle  et  qui  fut  la  première  biblio- 
thèque pleinement  ou\Hié  au  public, 
dÀns  fa  capitale,  en  1662.  Quelques  an- 
néc*s  auparavant  (1644),  le  Savant  Ga- 
briel Naudé  ne  complaît  que  trois  biblio- 
thèques publiques  en  Europe  :  la  biblio- 
que  du  roi  (qui  ne  reçut  cependant  qu*èà 
1709  l'ettension  de  publicité  qu*aVàit 
depuis  plus  d*ub  demi-Siècle  la  biblio- 
thèque de  Saint-Victor);  la  bibliotfièoue 
Bodleîenne,  à  Oxford  (1 6 1 2),  et  la  biblio- 
thèque Angélique  à  Rome  (1 620).  Grôtius 
confirme  le  fait  attesté  par  If^udé,  dans 
une  lettre  écrite  de  PàHs  à  Gérard  Jean 
VossiUs,  le  22  aoAt  1643.  2""  La  biblio- 
thèqne  de  Tabbayé  lié  St-Germaib-des- 
Prés,  nrie  des  plus  considéi*ableS  et  des 
plus  riches  de  Paris,  quoiqu'elle  n*eût 
commenc<^à  mériter  un  réng  que  dan^  lé 
xvti*  siècle.  Elle  s'enrichit,  par  legs  oa 
donations,  des  bibliothèques  d'Antoine 
Baudnind ,  dé  l'abbé  d'Estrées,  de  l'abbé 
Renaudot  de  1* Académie  française,  du 
èârdibal  de  Gesvres,  dU  président  de 
itarlay  et  dé  la  ^lande  collection  des 
manuscrits  du  chancelier  .^égin'er.  Cette 
bibliothèque  n'était  polbt  pVibtique,  malk 
les  satans  et  les  gens  de  lettres  y  trouvaient 
bn  fdcile  accès.  Elle  cobtèbalt  100,006 
Vblumeset  20,000  manuscrits  orientaux, 
grecs,  latins  et  français;  parihi  ceS  dér-*- 
blers  bn  reHirtrqiTait  h?s  Pehséei  dé  Pas- 
cal, 1  vol.  in-fol.,  écrit  en  ébtier  de  sa 
mâib.  Celte  grande  bibliothèque  fdt  Con- 
sumée par  lé  feu  qui  prit  à  16  millier^ 
de  salpêtre  dans  la  maison  de  VUhité 
f  bom  qu'on  donnait,  en  1^94,  àuk  bâ- 
timens  de  l'Abbàye),  fa  nuit  du  20  août 
1794.  A  cette  époque,  tes  HabitaOs  dé 
I^rlé  étaient  mi^  en  t^Uisition,  commfe 
pobr  le  Service  de  la  garde  nationale, 
dans  les  nombreux  atellc^rs  de  salpêtre 
établis  par  les  48  sections  de  Paris  pôul* 
les  besoins  des  14  ou  16  àHnées  de  là 
république.  Les  manuscrits,  nob  en  to- 
talité, mais  en  partie,  furent  sauvés  dé 
rini*endie  et  transférés  à  la  bibliothèque 
nationale;  mais  il  dut  «'en  égareir  en* 
ebré  tor  là  foate.  V  Là  bibttodiè^bé  dé 


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ÈBt 


{4Én 


ÈÎÉ 


rôii,  docteur  en  thôolôgief,  ftit  onvcrte 
an  pnblicet)  1718. 

On  coroplaie  encore  à  Pàrîs,  parmi  le« 
bibliothèques  ftionasliques  les  plas  con- 
sidérables, celle  des  Jésuites  du  noviciat 
et  d^  la  rhaison  professe,  qui  furent  ven- 
dues aux  enchères  en  1 764  ;  celle  dn  mo- 
Daslère  de  Saint-Mariin-des-Champs,  oà 
les  livres  les  plus  précieux  étaient  en- 
chaînés; celle  des  récollets  qni  contenait 
plus  de  80,000  volumes;  celle  des  jaco- 
bios  réformés  où  l'on  voyait  l'original 
drt  ùitéchtsine  ths  /émîtes ^  composé 
par  Estien^e  Pasquiel*  et  éctit  de  sa  main; 
celles  des  augustins  de  fa  pliice  des 
Ylcioirés,  deè  célestins,  des  minimes 
(114,000  Volumes);  des  petits  aqgtlstlns, 
des  carmes  de  la  place  Maubert,  des  pic- 
pus  à  qui  le  cardinal  Du  Perron  avait 
donné  en  partie  sa  bibliothèque  dt  fia- 
gnolet. 

Une  dé*  bibliothèques  les  plus  célè- 
bres était  celle  de  la  Sorboime,  fondée 
dans  1^  XIII*  sièrle.  Elle  conten«lit  envi- 
ron ($0,000  volumes  et  5,000  manuscrits 
hébraïque^,  syriaques,  arabes,  turcs  et 
persans.  La  bibliothèque  de  Navarre 
était  riche  en  manuscrits  anciens;  celle 
de  l'église  de  Pitrin  était  curieuse  :  on  y 
voyait  Toriginal  dfs  enquêtes  qui  furent 
Alites  pouf  la  canonisation  de  saint  Vin- 
cent-de-Paul et  qui  durèrent  plus  de  2 
ans.  Une  copie  de  ceè  procès- verbaux 
fut  seule  envoyée  à  Rome.  L'original  ap- 
parlieht  maintenant  à  Panteur  de  cet  ar- 
ticle. La  bibliothèque  du  séminaire  de 
Saint-Sulpice  se  composait  de  30,000 
volumes;  on  y  trouvait  la  collection  la 
plus  complète  connue  de  tontes  les  piè- 
ces en  prose  et  «n  vers  burlesques  qui 
fbrent  publiée^  pendant  la  ^erre  de  la 
Fronde  (1049-1052),  et  qui  sont  con- 
Bueé  sous  le  hom  de  Màzurinades^,  Ce 
niême  séminaire,  a  recomposé  to  bi- 
bliothèque et  possède  aujourd'hui  une 
Collection  qui  a  beàucot]t>  plus  de  prix, 
celle  de  tous  les  manuscrits  de  Fénéton. 
Paris  avait  encore  fa  bibliothèque  des 
avocats,  fondée  par  de  Riparfond,  célè- 
bre jurisconsulte,  et  ouverte  au  public 
deptilis  l70S;  la  bibliothèque  de  la  Fa- 
ion  compUt^  àp  ces  pi^c^ffoimt 
&  M  Btl4îoib«i)a«  da  roi. 


cxiMé  dé  ïftédécftve'  atïvétté  tOtU  leè  Jéi- 
dif ;  celle  de  l'Académie  royale  ^Vc^bi-» 
tecture,  etc. 

On  porte  à  500,000  îè  nombre  àti 
volumes  que  renfermaient  fes  bibliothè- 
ques monastiques  à  Paris  et  dans  le  dé- 
partement de  la  Seine.  On  peut  après 
cela  juger  quelle  immense  quantité  de  li- 
vres contenaient  les  bibliothèques  des 
couvens  répandus  en  si  grand  nombre 
dans  toute  la  France;  la  seule  ville  de 
IVfet2  en  avait  une  douzaine,  avec  des 
bil'lioihèqucs  plus  ou  moins  considéra- 
bles. Autrefois  on  regardait  un  monas- 
tère qui  n'aurait  pas  eu  de  bibliothèque 
comme  un  fort  ou  un  camp  dépourvu 
de  ce  qui  lui  était  le  plus  nécessaire  pour 
sa  défense  :  Claitstriun  sine  armario  , 
quati  castra  m  sine  annamentano  (^En^ 
rfchp.  de  Diderot).  Il  serait  Impossible 
de  calculer  aujourd'hui  tout  ce  qui  a  péri 
par  Pincurie  administrative  de  l'époque^ 
par  ventes  il  l'épicier,  par  dilapiJailon. 
1^  célèbre  bibliothèque  du  comte  de 
Mac-Carihy,  vendue  à  Paris,  en  t785,  et 
si  riche  en  éiWllons  princrps ,  eu  livres 
rares  et  précieux,  avait  été  formée  à 
Toulouse,  en  grande  pari  le  avec  les  li- 
vres des  couvens  supprimés  et  dont  fe 
dépôt  remplissait  la  grande  église  des 
cordeliers. 

L'histoire  et  la  description  de  la  2^/- 
biiotlwqae  du  roi  serait  à  peine  conte- 
nue en  un  volume.  Celui  que  Le  Prince  a 
publié,  sous  fe  titre  d* Essai  historique 
(1782,  in- 12),  est  devenu  rare  et  pa- 
rait aujourd'hui  très  incomplet.  On  peut 
dire  ({ue  ta  bibliothèque  du  roi  e^t  fa  pre- 
mière de  toutes  les  bibliodièques,  par  sa 
richesse  et  son  immensité.  L'histoire  de 
ses  premiers  temps  est  assez  obscure,  et 
il  serait  difficile  de  déterminer  à  que) 
roi  elle  dut  sa  fondation.  Las  petites  bi<* 
bliothèques  formées  successivement  par 
Louis  IX  et  par  ses  successeurs  furent 
souvent  dispersées  après  leur  mort.  La 
saint  roi,  qui  avait  établi  la  sieniie  dana 
la  Sainte-Chapelle,  la  légua,  par  poriîons 
égales,  aux  jacobins  et  aux  cordeliers  de 
Paris, à  l'abbaye  deRoyaumont  etaux  do- 
minicains de  Compîègne.  Cet  usage  fu  t  snî* 
vi  par  Philippe-le-Bel  et  par  ses  trois  fils. 
Les  rois  iransafiettaiaAt  seulemeot  à  leurs 
suécesseura  les  livres  litargiques  de  lenr 


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(m) 


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chapelle.  La  plupart  des  historiens  re- 
gardent Charles  V  comme  le  fondateur 
de  la  Bibliothèque  du  roi*.  Ce  prince, 
qui  aimait  Tétude,  était  parvenu  à  réu- 
nir, ce  qui  était  difficile,  vu  la  grande 
rareté  des  livres  dans  le  xiv^  siècle, 
9l0  volumes  qu'il  plaça  dans  une  des 
tours  du  Louvre,  qui  fut  dès  lors  appe- 
lée Tour  de  la  librarie**;  et  afin  que  les 
aavans  pussent  y  travailler  de  jour  et  de 
nuit,  il  avait  fait  suspendre  à  la  voûte 
80  petits  chandeliers  et  une  lampe  d'ar- 
gent. Mais  Charles  Y  et  Charles  YI, 
son  fils,  firent  souvent  porter  dans  leurs 
maisons  royales  des  volumes  tirés  de  la 
Tour  de  la  librairie,  et  qui,  la  plupart, 
n'y  rentrèrent  plus.  Enfin  toute  celte  pe- 
tite bibliothèque  fut  dissipée  sous  le  rè- 
gne de  Charles  YII,  et  il  ne  panit  plus 
en  rester  aucun  vestige.  On  croit  que  le 
duc  de  Bedford  en  avait  enlevé  la  plus 
grande  partie  et  qu'il  l'avait  fait  passer 
en  Angleterre***.  Louis  XI  s'occupa  du 
soin  de  rechercher  les  débris  de  cette 
bibliothèque,  et  il  s'en  forma  une  qu'il 
augmenta  depuis  des  livres  de  Charles  de 
France,  son  frère,  et  probablement  aussi 
de  la  bibliothèque  des  ducs  de  Bourgo- 
gne à  Dijon****,quand  il  eut  réuni  le  duché 
à  sa  couronne.  Charles  YIII  augmenta 
cette  collection  d'une  grande  partie  de 
la  bibliolhèt|ue  de  Naples  dont  il  avait 
fait  la  conquête.  Lorsque  Louis  XII  fut 
monté  sur  le  trône,  la  bibliothèque  que 
X^hnrles  d'Ortéans  son  père  avait  formée 
à  Blois  fut  conservée  dans  cette  ville  où 
on  porta  les  livres  de  Louis  XI  et  de 
Charles  YTII;  et  quand  le  roi  se  fut  em- 
paré du  Milanez,  il  fit  aussi  transporter 
à  Blois  une  partie  des  livres  qui  avaieut 

(•)  Voir  le  Liminaùê,  p«g.  m  et  suir.  de  la  Bi^ 
bfiolhèqut  protvpof^raphiqu;  ou  LVtrairitt  dêtfiU 
du  mi  Jenn ,  Charleg  V,  Jean  de  Berri ,  Phihpp§ 
d0  Bourgogne  et  Ut  siens  (  pur  J.  Barrois.  Paris, 
i83o,  io-j",  cheaTreuttel  et  Wiirta).  «  La  ri- 
cheAse  litteruire ,  y  e»l-il  dit,  transmise  à  Char- 
les V,  cororoe  héritier  du  lr6oe,  consistMit  en 
dix  ▼olomes!  >•  La  bibliothèque  des  comtes  de 
Nrfroar,  mise  en  vente  en  1439,  se  composait  de 
huit  volumes.  J-  H.  S. 

(♦*)  Librariê  était  alors  le  vrai  nom  :  le  mol  bi- 
bliothèque, employé  dans  Tantiquité,  avait  ce^sé 
d'être  en  usage  :  un  gardien  de  livreK  s'appelait 
armarint,  scrinuriui,  noiartus  ^  etc.  Liminaire , 
pHÇ    V  et  II.  J.  U.  S. 

"^*)  Lminair»,  p.  xtr. 

**)  f^oir  le  m^me  Uminmin»  pag.  v,  xv  «k 
Dtes.  S. 


apparteou  à  Pétrarque,  et  les  bililiodiè- 
ques  que  les  Yisconti  et  les  Sforoe  avaient 
dans  la  ville  de  Pavie.  Car,  c'est  une  chose 
remarquable  que ,  dans  les  guerres,  chez 
les  anciens  et  chez  les  modernes,  les 
premiers  et  les  plus  nobles  fruits^  de  la 
conquête  ont  souvent  été  l'enlèvement 
des  plus  riches  monumens  de  l'esprit 
humain  et  des  arts.  François  V^  ^  après 
avoir  augmenté  la  bibliothèque  de  Blois, 
'  dont  on  parlait  déjà  en  Italie  et  en  Fran* 
ce  comme  d'une  meiveille,  la  fit  trans- 
férer, en  1544,  au  chûteau  de  FontaU 
nebleau;  et  cependant,  quoiqu'il  l'eàt 
enrichie  de  manuscrits  achetèi  par  set 
ambassadeurs,  à  Rome  et  a  Yenise, 
cette  bibliothèque  royale  ne  se  compo- 
sait encore  que  d*à  peu  près  400  vol.,  40 
manuscrits  orientaux,  et  70  volumes  im-^ 
primés  depuis  les  premiers  temps,  en- 
core peu  éloignés,  de  la  découverte  de 
l'imprimerie.  Elle  reçut  peu  d'accrois- 
semens  sous  Henri  II  et  sous  ses  trois  fils 
François  II,  Charles  IX  et  Henri  IIL 
Henri  lY,  voulant  que  les  savant  fussent 
plus  à  portée  de  profiler  de  cette  biblio- 
thèque, la  fit  transporter  de  Fontaine- 
bleau à  Paris,  en  1^95,  et  elle  fut  pla- 
cée rue  Saint- Jacques,  dans  le  collège 
de  Clermont,  après  l'expulsion  des  jésui- 
tes. C'est  alors. qu'elle  fut  enrichie  de  la 
grande  Bible  de  Charles-le-Chauve,  qui 
avait  été  conservée  dans  l'abbaye  d« 
Saint-Denis,  et  par  l'acquisition  de  U 
bibliothèque  de  Catherine  de  Médicis, 
composée  de  plus  de  800  manuscrits 
grecs  et  latins.  £n  1604,  après  le  réta- 
blissement des  jésuites,  la  bibliothèque 
royale  fut  transférée  du  collège  de  Cler- 
monl  chez  les  cordeliers,  où  elle  resta 
quelques  années  en  dépôt  sous  la  garde 
de  Casaubon,  et  d'où  elle  fut  retirée,  sous 
le  règne  de  Louis  XIII,  pour  être  pla- 
cée dans  une  grande  maison  qui  appar- 
tenait à  ces  religieux,  rue  de  la  Harpe. 
Elle  ne  se  composait  encore  que  d'en- 
viron 16,746  volumes  imprimés  ou  ma- 
nuscrits. 

La  bibliothèque  royale  reçut  peu  d'ac- 
croissemens  sous  le  règne  de  Louis  XIII  : 
le  cardinal  de  Richelieu  avait  porté  toute 
son  attention  sur  la  sienne  qu'il  légua  à 
la  Sorbonne.  Les  principales  acquisi- 
tions furent  celle  d'environ  418  Tolnma» 


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(489) 


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oNanucrHi  de  Philippe  Hnranlt,  évêqiie 
de  Chartres,  et  celle  de  1 10  beaux  ma- 
nuscrits syriaques,  arabes,  turcs  et  per- 
sans qui  avaient  ap|>artenu  à  De  Brèves, 
ambassadeur  à  Ginstantinople. 

Ce  fut  sous  le  règne  de  l^uis  XIV  et 
sous  TadministratioD  de  Colbeil  que  la 
bibliothèque  du  roi  prit  Tempreinte  de 
la  grandeur  de  cette  époque.  Jacques  du 
Puy,  qui  avait  élég<ir(ie  de  la  librairie, 
et  qui  eut  pour  successeur  Nicolas  Col- 
bert,  frère  du  ministre,  l^ua  au  roi  sa 
bibliotlièque  (1657);  le  comte  de  Bé- 
thune  lui  fit  don  de  1,923  volumes  ma<- 
nuscritSy  fonds  précieux  pour  Thistoire 
de  France  et  la  plupart  remplis  de  let- 
tres autographes  et  de  pièces  originales. 
Colbert  fit  acheter  les  manuscrits  de 
Brîenne  (340  volumes)  sur  les  affaires 
d*état.  D'autres  acquisitions  importantes 
et  rouhipliées  furent  faites  encore.  On 
en  trouve  le  détail  curieux  dans  le  mé- 
moire historique  sur  la  bibliothèque  du 
roi,  placé  en  tête  du  catalogue  dont 
Fimpression  fut  confmencée  en  1739. 

Déjà  cette  bibliothèque  était  devenue 
trop  considérable  pour  pouvoir  rester 
dans  la  grande  maison  de  la  rue  de  la 
Harpe.  Colbert  la  fit  transporter,  en 
1666,  dans  deux  maisons  qui  lui  appar- 
tenaient^ rue  Vivienne.  La  bibliothèque 
du  surintendant  Fouquet  avait  été  saisie 
et  vendue  après  sa  disgrâce;  plus  de 
1,300  yolumes  et  le  recueil  de  l'histoire 
d'Italie  furent  achetés  à  cette  vente  pour 
la  bibliothèque  du  roi.  Tous  les  manus- 
crits de  la  bibliothèque  du  cardinal  Ma- 
zarin,  au  nombre  de  2,151 ,  furent  ac- 
quis en  1668.  L'année  précédente,  le 
cabinet  des  médailles  et  le  cabinet  d'es- 
tampes formés  par  l'abbé  de  Marolles 
furent  retirés  du  Louvre  et  réunis  à  la 
bibliothèque  dont  ils  ont  continué  de 
faire  partie.  Parmi  les  acquisitions  qui 
furent  faites,  on  distingue  celle  d'une 
grande  partie  des  livres  du  savant  Jac-c^ 
ques  Golius,  à  Leyde,  et  celle  de  plus 
de  1,200  volumes,  manuscrits  ou  impri- 
més ,  de  Porientaliste  Gaulmin.  Enfin  des 
correspondances  établies  dans  toute  l'Eu- 
rope  et  des  recherches  faites  dans  le  Le- 
yant  firept  entrer  dans  la  bibliothèque 
du  roi  les  meilleurs  manuscrits  anciens 
«n  fp«Cy  «D  «vabe,  en  persan  el  antres 


langues  orientales,  et  des  trésors  litté« 
raires  de  tout  genre. 

Lorsque  le  grand  Colbert  mourut 
(1683),  la  bibliothèque  du  roi  se  compo- 
sait d'environ  40,000  volumes  imprimés 
et  de  11,000  manuscrits.  Louvois,  suc- 
cesseur de  Colbert  dans  la  direction  de 
la  bibliothèque,  fit  faire,  en  Europe, 
des  recherches  et  des  achats  considéra- 
bles de  livres  et  de  ipanuscrits  qui  arri- 
vèrent de  toutes  parts.  D.  Mabillon,  qui 
voyageait  en  Italie  avec  une  mission 
spéciale,  rapporta  plus  de  4,000  volu- 
mes. Après  la  mort  du  ministre,  Tabbé 
de  Louvois  lui  succéda  avec  les  titres  de 
maure  de  la  librairie,  intendant  et 
garde  du  cabinet  des  Hures,  manus- 
crits,  médailles,  etc,  et  garde  de  la 
bibliothèque  royale,  sous  l'autorité  de 
Sa  Ma/esté  seulement.  En  1697,  le  père 
Bouvet ,  missionnaire ,  enrichit  de  49 
volumes  chinois  la  bibliothèque  qui  n'en 
avait  alors  que  4,  et  qui  se  sont  depuis 
prodigieusement  accrus.  En  1700,  l'ar- 
chevêque de  Reiras  (Le  Tellier)  fit  don 
de  500  manuscrits  hébreux,  grecit,  latins 
et  français.  En  1711,  le  riche  cabinet  de 
Gaignières;  en  1715,  100  volumes  ou 
portefeuilles  de  manuscrits  arabes,  turcs 
et  persans  de  l'orientaliste  Galland,  et 
14  portefeuilles  de  livres  tatars  vinrent 
ajouter  encore  aux  richesses  de  la  biblio- 
thèque royale,  et  quand  Louis  XIV  mou- 
rut, elle  était  composée  de  plus  de  70,00Q 
volumes;  elle  n*en  contenait  que  16,746 
à  son  avènement  au  trône. 

C'est  en  1721  que  la  bibliothèque 
fut  transférée  de  la  rue  Vivienne  à  la  rue 
Richelieu,  dans  les  bâtimens  qu'elle  oo- 
ciipe  encore  aujourd'hui  sur  l'emplace- 
ment du  palais  du  cardinal  Mazarin.  Il 
avait  été  question,  à  cette  époque,  de  la 
placer  dans  la  galerie  du  Louvre,  mais 
l'arrivée  de  l'infante  d'Espagne  (elle  de- 
vait occuper  le  Louvre  et  fut  bientôt 
renvoyée;  avait  fait  renoncer  à  ce  pro- 
jet, qui,  presque  un  siècle  plus  tard, 
vint  occuper  la  pensée  de  Napoléon  et 
ne  parait  pas  encore  abandonné.  La  bi- 
bliothèque a  reçu ,  sous  le  règne  de 
Louis  XV,  des  accroissemens  considéra- 
bles. Le  magnifique  cabinet  d'estampes 
du  marquis  de  Beringhem,  composé  de 
plus  de  80,000  pièces  reliées  en  près  de 


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«n  (490) 

eM  idinttèki  %9  vôldièâr  êfèHtàïopéà  an 
maréchal  d'Ûxelles;  la  riche  collection 
4e  portraits  et  de  gravures  historiques 
dé  Fevret  de  Foiilette;  une  pnrtie  du 
èabinet  de  Pierre  Mariette,  qui  fut  payée 
50,000  livres,  et  d'autres  recuerU  réu- 
itls  à  la  grande  collection  de  Tabbé  de 
Maroffes,  Ont  fait  du  cabinet  d*estampes 
de  la  bibliothèque  du  roi  le  plus  vaste 
éi  le  plus  riclie  dépôt  qu'il  y  ait  en  ce 
^enre.  La  collection  de  livres  chinois,  ta- 
tars  et  hindous,  donnée  par  Tabbé  Bl- 
gnon,  nommé  bibliothécaire  en  1^28, 
à  la  mort  de  Pabbé  de  Louvois;  l'acqui- 
sjition  des  manuscrits  de  La  Marre  et  de 
Balo/.e,  formant  plus  de  1,000  volumes; 
un  pareil  nombre  acquis  à  la  vente  de  la 
bibliothèque  Colbert,  plus  de  600  ma- 
nuscrits envoyés  de  Constantinopfe,  un 
très  grand  nombre  d'autres  achetés  dans 
IflindoUstan ,  les  manuscrits  de  saint 
Martial  de  Limoges,  ceux  du  président 
de  Mesmes,  la  collection  si  précieuse 
des  manuscrits  de  Gingé ,  une  foule 
d'autres  acquisitions  dont  le  détail  serait 
tfoplong,  et  enfin  l'accroissement  pro- 
digieux, procuré,  depuis  1790,  par  la 
èuppression  des  ordres  monastiques,  ont 
fait  de  la  bibliothèque  du  roi  la  première 
bibliothèque  du  monde.  La  victoire  y 
avait  fait  entrer  et  la  victoire  en  a  fait 
sortir  les  manuscrits  de  la  bibliothèque 
du  Vatican,  ce  que  contenaient  de  plus 
|>réckeuxles  bibliothèques  de  Saint-Marc 
dé  Venise,  de  Bologne,  de  Milan,  de  Mu- 
nich et  d'autres  villes  d*ltalie  et  d'Alle- 
ihagne.  Mais  elle  conserve  les  riches  col< 
léclions  de  manuscrits  de  vSa^nt- Victor, 
de  la  Sorl^oune,  de  Saiot-Cermain-des- 
ft-és,  etc. 

La  partie  des  manuscrits  est  divisée 
éù  fonds  du  roi,  de  Du  Puy,  de  Béthu- 
né,  de  Brieone,  de  Mesmes,  de  Gai- 
snîères,  de  Colbert,  de  Lancelot,  de 
Joaluze,  de  Cangé,  de  Sérilly,  de  Fon- 
taniéu,  etc.  Peut-être  serait-il  utile  de 
Supprimer  ces  divisions  et  d'en  former 
une  collection  générale,  unique,  et  par 
ordre  des  matières.  Déjà  l'académicien 
bibliothécaire  Mellot  a  publié  la  descrîp* 
tïon  d'une  grande  partie  de  ces  manus- 
crits, formant  les  quatre  premiers  volu- 
mes du  Catalçgue  de  la  bibliothèque  du 
roi,  Paris,  împr.  roy.,  tii^-ilS^^  Id 


V6L  m^féL  Ré  pii^éi  (iiwt^\Èt9)  %% 

vol.  în-4*  dé  Tfotices  et  éttraits  de  céA 
méme^  Tnanuscrits.  MM.  Al.  Haittil^oti 
et  Langlès  ont  donné,  en  1807,  U  Ca^ 
talo^ue  dei  mann.icrîts  sanxcrlts;  et 
M.  Abel  Rémusat  a  fait  imprimer,  en 
1818,  nb  lifêhioiré  sur  les  Ihr&s  nhi^ 
/lois  de  In  bibliothèque  du  roi.  Mais  il 
serait  à  désirer  que  ce  qni  à  été  fait  pour 
les  bibliothèques  du  Vatican,  de  Vienne, 
de  l'Kscurial,  et  pour  d'autre^  encore,  fût 
cmi rageusement  entrepris  ponr  la  biblio* 
thèque  dû  roi,  c'est-a-dire  llmpressioa 
du  catalogue,  non  des  livret  imprimés,  ce 
qui  pourrait  paraître  un  travail  immense 
et  trop  dispendieux,  mai»  le  câtalbgoé 
systémati(}ue  et  général  des  manUscrrU, 
ouvrage  qui  aérait  sané  doutë  volaini^ 
neiix,  mais  dont  la  pabircatlon  bonùré- 
rait  un  règne,  et  dont  la  très  grande  uti* 
llté  ne  peut  être  contestée. 

On  petit  résumer  ainsi  l'hbtoTre  des 
accroissemens  de  la  bibliothèque  dii  l*ol  : 
sous  le  roi  Jean  (xiv*  siècle),  0  à  8  vo- 
lumes; sous  François  1*',  1,81>0;  sous 
Louis  XIII,  16,746;  sous  Louis  XIV, 
en  1689,  à  la  monde  Colbert,  dO,541; 
sous  Louis  XVI,  avant  la  révointlon, 
environ  Î00,00Ô,  et  à  Tépô^foe  arluelle 
450,000  imprimés  ,  environ  100,000 
manuscrits  et  plus  de  400,000  pièces 
fugitives  placées  danti  des  cartôné.  On 
dit  que  la  bibliothèque  royale  S*accroU 
tous  les  ahs  d'enviro*  6,0(1^  ouvHgeS 
français  et  3,000  éti^nge^s*,  el,  suivant 
cette  progression,  le  hombre  dti  volu- 
mes actuel  se  trouverait  doublé  dàna  iO 
ans. 

A  la  bibliothèque  est  joint  le  tiabihet 
de  médailles  et  d'ahtiqiiltés,  cômmertcé 
par  François  I**",  augmenté  (rtir  Bént-i  II, 
de  la  riche  collection  apportée  de  Flo- 
rence par  Catherine  de  Médlcli  ;  par 
Charles  IX,  de  la  côMectioA  de  Jean 
Oroiller.  Ce  roi  poète,  élevé  et  ami  dé 
Ronsard,  avait  placé  le  càWnet  des  rtié- 
dailleS  au  Loovt^.  Louis  XIV  le  réunit, 
en  1667,  à  U  bibliothèque  t^ul  était  alors 
rue  Vivienne.  Sous  son  règne  îf  fut  aug- 
menté de  la  belle  collecliofei  de  Gaston, 
due  d'Ortéans;  Colbert  chargea  le  célè- 

(*)  Cû  nokihre  rappriM-hé  de  ta  («énurie  en 
livre»  étrangers  que  tout  le  monde  teprorlie  à 
1^  ^^Ho^Ue^  iK^alp.df  9Mi«,.|i0i|f  Mraift 
trop  considénble.  J.  H.  8, 


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Éi» 


(491) 


ÈtÉ 


kèftâti^luUréyiillàiltd^tb^^^  Ita- 
lie, dait»  là  Grèce,  puis  sur  les  côtes  d'A- 
frique et  enfin  en  Egypte  et  en  Perse, 
pour  y  refcheixher  cl  aclieter  des  mé* 
dalMes.  La  même  mission  Tut  donnée  au 
ii\kbrt  voyageur  Paul  Lucas.  Les  orîen- 
tàtiétes  Oalland  et  Petis  de  la  Croix, 
rambdssadeur  de  France  k  Constantltio- 
pl«  (de  Ndintel)  d'autres  encore,  furent 
febargéS  de  faire  des  achats.  Des  cabinets 
fetitiérs  tinirerit  enrichir  celui  du  roi  qui, 
à  h  niôrt  de  Colbert,  excitait  déjà  Tad- 
inirâtion  dé  FËui'ope;  les  récherches 
coritirtuèrènt  sôUs  LouvoiS,  et  le  catdlo- 
guti  qui  fut  rédigé  par  son  ordre  for- 
inalt  déjà  6  vol.  in-fol.  Dans  te  xvii*  siè- 
cle, lé  cabinet  ^'accrut  presque  du  dou- 
blé; Sbùà  la  garde  de  Tacadémicien  de  Ëo- 
ie,  thon  en  1734.  L'abbé  Barthélémy, 
qui  lui  éubcéda,  fit  uh  voyage  d*etplora- 
tion  en  Italie  et  en  rapporta  une  ample 
et  Hche  moisson.  Le  cabinet  de  l'anli- 
É[uairePellerIn,cotitenant  plus  de  1 1,000 
Médailles,  fut  acheté  en  lt76.  Et  enfin, 
digne  de  la  bibliothèque  dont  il  fait  par- 
tie, le  cabiriet  du  roi,  malgré  le  xol  qu'il  a 
lK>uffert  dans  ces  derniers  tetnps  (1S5l), 
est  le  plhè  vaàtfe  et  le  plus  précieux  hno- 
Dûment  consacré  à  la  nâulismatiqne. 
Avant  ce  vol  il  comptait  plus  de  100,000 
ptècc^s,  huit  en  ot*,  qti'eù  argent  et  en 
brot)ze. 

Paiifii  les  antiquitéè,  oti  distingue  Jeu)t 
l^ti^ds  boucliers  votifs  eh  argent,  dits 
foH  fnàl  à  propos  boucliers  de  Scipion 
et  d'Annibal;  Fagaihe-onyx  représentant 
Tapothéclse  d'Auguste,  la  collection  des 
pierres  ^vées,  etc.  Parmi  leé  curiosités, 
le  fhuteuil  du  roi  Dàgobert,  l'armure  dé 
François  I*',  etc.  A.  L.  Coîntreau  a  fait 
Imprimer,  éfl  1800,  une  Histoire abrcf^ée 
du  cabinet  des  médaUti^s  et  antiques 
tfe  II  hiblloifièqxie  riatiàHhle,  în-S**. 

Lé  cabinet  dés  estampes  éontient  en- 
viron 1, 1^09,000  pièces  disposées  en 
{îus  de  60^  pôrtèfeuitlèé  oti  volumes. 
,'ordré  qui  s'y  trouve  établi  doit  beau- 
coup au  zèle  intelligent  de  M.  Duchesiie, 
3Xk\  a  publié  une  description  éurieûse 
e  ce  magnifique  dép6t. 
D'après  la  toouvelle  (n-ganiëadon  de 
la  bibliothèque  du  roi,  Tâdmittist ration 
actuelle  est  ainsi  composée  :  un  président 
^}iliimttéiiAAl  da  cà/Uéri^éMtè;  dàin  lé 


dépàf'iéhiëHt  dés  UHiè:f  vA'fifwlêi  p  A^iHL 
conservateurs,  trois  employée  à  la  rédàO* 
tioti  du  catalogue  et  douze  aiitrés  em- 
ployés et  auxiliaires  oU  surnuméraires. 
Dans  le  dé/  artcment  des  ma/tuscHts, 
trois  conservateurs,  plusieurs  conserva-^ 
t eu rs-ad joints  et  employés.  Départeméht 
des  médailles ,  deux  conservateurs,  plu- 
sieurs conservateurs  -  adjoints  et  em- 
ployés. Département  des  estampes^  tin 
conservateur,  un  conservateur -adjoint 
et  un  employé.  Département  deâ  carteà 
géof^raphiqites  et  plans  (nouvellement 
créé),  un  conservateur. 

La  bibliothèque  de  Monsieur  ou  de 
Y  Arsenal  fut  créée  par  le  marquis  de 
Paulmy  {vny,  ARCKirsoif)^  qui  acheta 
celles  de  Barbazan,  de  Sàinte-Palaye  et 
autres;  ses  héritiers  la  vendirent  (vert 
1785)  au  comte  d'Artois;  on  y  réunit, 
en  1787,  la  seconde  partie  de  la  biblio- 
thèque du  duc  de  là  Vallière,  dont  lé 
catalogue,  rédigé  par  Nyon,  forme  tt 
gros  vol.  in-8^.  Cette  bibliothèque  doit 
des  accroisscmens  considérables  à  l'hié- 
torien  Amëillion,  qui  en  fut  long-tempi 
bibliothécaire. 

La  bibliothèque  Mazdrine ,  fondée 
par  le  cardinal  Mazarin,  en  iB4S,  for- 
mée par  les  soins  Je  Gabriel  Naudé,  fut 
léguée  au  collège  dit  des  Çuatre-Na" 
tions ,  en  1 66 1 ,  et  transférée  de  la  rue 
Richelieu  dans  son  local  actuel,  en  1668; 
son  bibliothécaire  administrateur,  M.  Pe- 
tlt-Radel,  a  publié,  en  181^,  de  sa  van-» 
tes  Recherches  siir  les  bibliothèques  et 
particulièrement  sur  la  bibliothèque  Mà« 
zariné. 

La  bibliothèque  de  Sainte-Ge^evlèPè 
n'existait  pas  encore  en  l6dS.  Les  savans 
géhovéfdins  Pronleau  et  Laltemand  en 
furent  les  fondateurs;  Du  Molinet,  Pin- 
gré  et  Mercier,  abbé  de  Saint-Léger, 
contribuèrent  à  son  a((rand}Mement. 
L'archevéïtue  de  Keims,  Le  Tellier,  lui 
avait  légué  sa  riche  collection  de  livrés. 
La  galerie  où  elle  est  placée  a  53  toises 
de  longueur  et  la  forme  d'une  croit 
grecque,  mais  dont  les  côtés  ioUX  iné- 
gàut. 

La  bibliothèque  de  ta  i^tllè  M  ouverte 
au  public  en  1^63.  M.  Baîlly  a  publiéy 
en  18W,  in-8°,  des  Notices  historiques 
sû^  leàl  tfihiiôlM^itês,  dtxirâge  éaAéuà 


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(492) 


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dans  ItqofA  on  troave  l'histoire  de  la  bi- 
bliothèque de  la  ville. 

Enfin  la  bibliothèque  de  VJ/tttitut, 
dont  la  création  est  moderne,  contient 
près  de  80,000  volumes,  des  collections 
précieuses  et  beaucoup  de  livres  envoyés 
par  les  académies  et  les  savans  étrangers. 

Il  nous  reste  à  faire  connaître  les  prii^ 
cîpales  bibliothèques  des  départemens. 
La  plus  considérable,  celle  de  Lyon, 
qui  contient  1 1 7,000  volumes,  a  été  suc- 
cessivement enrichie  par  Henri  III,  Hen- 
ri IV,  Louis  Xin  et  Louis  XIV.  Elle  a 
compté  parmi  ses  bibliothécaires  les  sa- 
vans jésuites.  Labbe,  Ménestrier,  de  Co- 
lonia.  Cette  bibliothèque  fut  en  par- 
tie détruite  par  un  incendie,  en  1644; 
un  grand  nombre  de  livres  périrent  en- 
core dans  le  bombardement  de  1793,  et 
après  la  prise  de  la  ville,  par  le  loge- 
ment d'un  bataillon  de  volontaires.  Bien- 
tôt après,  14  caisses  de  manuscrits,  choi- 
sis par  des  commissaires  du  comité  de 
salut  public,  furent  expédiées  pour  la 
bibliothèque  nationale  de  Paris ,  et  n'ar- 
rivèrent pas  toutes  à  leur  destination. 
Ces  pertes  ont  été  réparées  par  la  réu- 
nion de  la  bibliothèque  des  avocats,  de 
celles  de  P.  Adamoli,  du  séminaire  de 
Saint-Irénée,  des  cordeliers,  des  carmes, 
des  dominicains,  des  augustins,  des  mi- 
nimes, des  couvens  de  Picpus  et  de  Saint- 
Jean.  Un  savant  catalogue  des  manuscrits 
de  la  bibliothèque  de  Lyon  a  été  publié 
par  Delandine,  1812,  8  vol.  in-8°.  Le 
vaisseau  de  la  bibliothèque  est  remar- 
quable par  sa  beauté  :  il  a  150  pieds  de 
longueur  sur  38  de  largeur  et  40  de  hau- 
teur, avec  une  terrasse  de  70  pas,  d'où 
la  vue  est  magnifique. — La  bibliothèque 
de  Bordeaux  contient  plus  de  100,000 
volumes. — Celle  d'^/x,  placée  dans  les 
salles  supérieures  de  l'Hôtel-de-Ville,  en 
compte  plus  de  80,000  depuis  la  réu- 
nion de  la  belle  bibliothèque  du  marquis 
de  Méjanes,  léguée  à  la  ville,  en  1786. 
Les  manuscrits  sont  au  nombre  de  plus 
de  1,000;  presque  tous  ceux  qui  con- 
cernent la  ville  d'Aix  ou  le  parlement  de 
Provence  viennent  de  M.  de  Saint- Vin- 
cent, d'autres  appartenaient  à  Peiresc.  Le 
bibliothécaire  actuel,  M.  Rouard,  a  pu- 
blié sur  ce  riche  dépôt  un  ouvrage  inti- 
Inlé  :  Notice  sur  la  IMhthèque  d'Aix, 


dite  de  VLé\uktM^  précédée  d^un  Essai 
snr  l'histoire  littéraire  de  cette  ville, 
sur  ses  anciennes  bibliothèques  pidfU-^ 
ques,  etc.,  Paris  et  Aix,  1831,  in-S**.— 
La  bibliothèque  publique  de  Strasbourg, 
dont  la  fondation  remonte  à  l'an  1531 
et  est  due ,  ainsi  que  d'autres  institutions 
utiles,  au  patriotisme  de  Jean  Stunn,  ne 
consistait  d'abord  qu'en  700  volumes; 
elle  en  compte  aujourd'hui  près  de 
80,000.  Marcus  Otto  lui  légua  sa  riche 
collection  de  livres,  en  1692;  le  célè- 
bre professeur  Daniel  Schœpûin  lui  fit, 
en  1 772 ,  le  magnifique  legs  de  ses  livres, 
de  ses  manuscrits  et  de  son  cabinet  d'an- 
tiques et  de  médailles.  MM.  Winkler  et 
Garus  lui  donnèrent  leurs  manuscrits  en 
1783,  et  la  même  année  la  précieuse  col- 
lection deSilberraann,sur  Thistoire  et  sur 
les  antiquités  de  Strasbourg  et  de  l'Al- 
sace, fut  réunie  à  la  bibliothèque.  La  ré- 
volution enrichit  cette  collection  de  celles 
d'un  grand  nombre  de  monastères;  en 
1832  fut  faite  l'acquisition  de  toute  la 
partie  théologique  (environ  10,000  vol.) 
de  la  bibliothèque  de  l'éloquent  docteur 
Haffner.  On  y  trouve  un  grand  nombre 
de  livres  rares,  des  manuscrits  relatifs  à 
la  province  d'Alsace  et  à  la  poésie  alle- 
mande et  chevaleresque  du  moyen-àge, 
et  beaucoup  à*incunables.  On  dbtin- 
gue,  parmi  les  portraits  qui  ornent  la 
bibliothèque,  celui  de  Jean  Guttenberg, 
qui  trouva  le  levier  du  monde,  et  celui 
de  Schœpflin  qui  a  si  bien  su  se  servir 
de  cette  d^uverte  dans  Técole  la  plus  cé- 
lèbre des  temps  modernes  pour  la  srJence 
de  l'histoire  et  de  Téconomie  politique. 
Il  faut  y  ajouter  ceux  des  deux  Slurm. 

Belgique  et  Pays-Bas.  La  bibliothè- 
que de  l'un  i  versi  té  de  i>/^^  fut  fondée,  en 
1586,parGuillaumeI"'',princ«d'Orange, 
enrichie  par  Joseph  Scaliger  de  tous  ses 
manuscrits  hébraïques,  chaldéens,  syria- 
ques, persans,  grecs,  arméniens,  etc., 
par  la  réunion  de  la  bibliothèque  d'Isaac 
Vossius,  qui  contenait  un  grand  nombre 
de  manuscrits  ayant  fait  partie  du  cabi- 
net de  la  reine  Christine;  par  celle  de 
Ruhnken  à  laquelle  sont  restés  joints  les 
papiers  de  ce  célèbre  philologue.  On  y 
compte  maintenant  40,000  ii^primés  eC 
1 0,000  manuscrits  dont  2,000  orientaux. 
Pierre  Bertins^  Frédéric  Spanbeim ,  Jac- 


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(  *&8  ) 


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qnes  GronoTÎns  et  d'antres  savans  ont  pu- 
blié des  catalogues  de  cette  bibliothèque. 
M.  Hamaker  a  fait  imprimer,  en  1 820,  in- 
8^,  le  catalogue  des  manuscrits  orientaux. 
—  On  M  aussi  des  catalogues  imprimés 
des  bibliothèques  publiques  d'Amster- 
dam, de  La  Haye,  de  Harlem,  de  Delft, 
de  Gouda,  de  Groeningne,  d'Utrecht,  etc. 
Valère  André,  savant  bibliothécaire  de 
Loovain,  et  Van  de  Putte,  connu  sous 
le  nom  d'Erycius  Pnteanus,  ont  publié, 
l'un  rhistoire  {primordta\  Tautre  le  ca- 
talogue de  la  bibliothèque  de  Louvaio , 
1688-89,  J  vol.  in-4'*.  Ant.  Sander  a  fait 
imprimer,  en  3  vol.  in-4^  (Lille,  1641- 
44  j,  la  Bihliotheca  Beiffica  manuscrip- 
ta;  c'est  un  catalogue  des  manuscrits  qui 
étaient  encore  cachés  [adhuc  latentium) 
dans  les  abbayes  de  Flandre,  du  Bra- 
bant ,  du  Hainaut  et  du  pays  de  Liège. 

On  voit  à  Bruxelles  la  célèbre  biblio- 
thèque dite  de  Bourgogne ^  parce  qu'elle 
a  appartenu  aux  ducs  de  Bourgogne*. 
Elle  se  compose  d'un  grand  nombre  de 
manuscrits  précieux,  la  plupart  magni- 
fiquement exécutés,  et  qui  sont  entassés 
dans  un  petit  cabinet  obscur  de  l'ancien 
palais  d'Orange.  Ce  trésor  enroni  a  été 
successivement  confié  à  la  garde  de  Jean 
Molinet,  Jean  le  Maire,  Viglius,  Au- 
bert  le  Mire.  Une  traduction  de  la  Cy- 
ropédie,  que  la  bibliothèque  de  Bourgo- 
gne avait  perdue  depuis  plus  de  trois  siè- 
cles et  qui  fut  trouvée,  dit -on,  dans  les 
bagages  de  Charles-le-Téméraire ,  tué 
en  1477,  lui  a  été  nouvellement  donnée 
par  la  reine  des  Belges.  Un  savant  Mé- 
moire sur  cette  bibliothèque  a  été  pu- 
blié, en  1809,  par  de  La  Sema  SanUn- 
der  (grand  in -8^  Bruxelles).  D'autres 
auteurs  tels  qu'Ant  Sander,  Van  der 
Wynck,  Duclercq,  Hœnel,  Mone,  Bec- 
ker,  Beving,  Pertz,  le  baron  de  Retf- 
fenberg,  J.-B.  Barrots  et  Van^^raet,  dans 
ses  Notices  sur  CoUird  Mans  ion  et  Jean 
de  Gruthuse,  ont  fait  connaître  les  ri- 
diesses  de  la  bibliothèque  de  Bourgogne. 

Allbm AGMS.  Cest  de  toutes  les  con- 
trées de  l'Europe  celle  oÀ  le  nombre  des 
bibliothèques  est  le  plus  grand ,  et  peut- 
être  celle  ou  plusieurs  de  ces  bibliothè- 

(*)  Yoyes  sur  m  première  formadon  le  /ûnt- 
nMirg  déjà  cité  de  TooTrage  de  M.  Barroîf ,  Bi- 
^fi»tkéqm9pr4^rp0gra^hiqm9,  p.  xv,  t^q.      S. 


ques  oflîrent  le  plus  de  collections  spé- 
ciales remarquables,  sur  les  diverses 
parlies  des  connaissances  humaines.  On 
compte  dans  30  villes  d'Allemagne  en- 
viron 4  millions  d'ouvrages  ou  volumes 
imprimés,  non  compris  les  dissertations, 
les  discours  académiques ,  les  brochures 
politiques  et  les  pamphlets.  Le  nombre 
des  manuscrits  s'élève  à  plus  de  1 60,000. 
Les  bibliothèques  les  plus  célèbres  de 
l'Allemagne  sont  celles  de  Vienne ,  de 
Berlin,  de  Munich,  de  Dresde,  de  Wol- 
fenbnltel  et  de  Stuttgard. 

Autriche  avec  la  Bohême^  la  Hon^' 
grièf  etc.  Il  y  a  dans  Vienne  8  biblio- 
thèques publiques.  La  bibliothèque  im^ 
pénale,  fondée  en  1480  par  l'empe- 
reur Maximilien ,  et  à  laquelle  fut  réunie 
celle  de  Mathias  Corvin,  roi  de  Hongrie, 
contenait,  en  1666,  plus  de  80,000  vo- 
lumes ;  leur  nombre  dépasse  aujourd'hui 
800,000.  On  y  voit  une  vaste  collection 
(13,000)  de  manuscrits  hébreux,  ara- 
bes, grecs,  latins,  turcs,  etc.  On  y  re- 
marque le  célèbre  senatus-consultum 
sur  les  bacchanales,  écrit  sur  bronze, 
donné  l'an  186  avant  J.-C,  et  dont 
parle  Ti(e-Live  dans  sa  4^  décade,  liv. 
IX  :  ce  monument  a  été  trouvé  en  Cala- 
bre;  un  manuscrit  de  Tite-Live  qu'on 
croit  du  v^  siècle;  un  manuscrit  mexi- 
cain écrit  sur  peau  humaine  g  avec  des 
figures  coloriées  ;  les  cinq  livres  de  Moïse, 
le  Deutéronome,  l'Eccléiiaste,  le  Canti- 
que des  cantiques,  les  livres  de  Ruth  et 
d'Esther,  écrits  par  un  Ju*f  sur  le  recto 
d'une  seule  feuille  de  8  pouces  de  hau- 
teur sur  6  et  un  peu  plus  de  largeur, 
sans  abréviations  (  la  ligne  comprend  en 
français  plus  de  800  lettres  )  et  qu'on 
peut  lire  sans  le  secours  d'une  loupe;  le 
manuscrit  des  Assises  de  Jérusalem  qui 
avak  appartenu  à  la  bibliothèque  de 
Saint-Marc  de  Venise,  que  les  conquêtes 
de  l'armée  d'Iulie  firent  passer  dans  U  bi- 
bliothèque nationale  de  Paris ,  et  que  les 
tristes  événemens  de  1816  ont  fait  re- 
tourner en  Autriche.  Parmi  lesimprimés, 
on  remarque  un  des  deux  seuls  exemplai- 
res connus  du  livre  de  Servet,  Christia-^ 
nismi  restitutiOfimprimé  en  1 568,in4(^; 
et  dans  la  collection  d'estampes  en  700 
grands  vol. ,  un  recueil  unique  de  por- 
traits ett  317  Tol.  Cette  magnifique  bi^ 


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(4W) 


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tjii^ihl^qan  9<^pt  po^  «acittoiMi  église 
^Yec  8  graDJcs  salles^  mpç  pçuvième  ^alle 
^t  consacrée  aux  médailles  et  aux  mfi" 
numeos.  On  y  voit  le  talisman  du  célèbr^ 
çt  trop  crédule  Wallenslein,  etc.  I^ichar^ 
a  écrit  en  latin  rhi^ioire  de  la  bibliothèque 
Césarienne  (Jéna,  171?  in-8®).  M.  Léon 

9  dpno^  MP  précis  bJ^ori(||i^  sur  cette 
mçme  bibliothèque,  1820,  in-8o.  P. 
jUmbécius  en  a  réd'i^  le  catalogue, 
(Vieipne,  46(iô-J679,  8  vol.  in-f«l.  fig.; 
Douv.  éd.,  1768-178e>,S  vol.  ip-fo|.);de 
Ne^el  a  publié,  avec  des  notes  et  des 
figures,  un  recensement  s|>écial  des  ma- 
nuscrits ^recs  et  orientaux  (Vienne,  1 690, 
6  parties  reliées  ordinaireipent  en  2  vol. 
iorjol.),  q^i  f^it  suite  au  catalogpue  de 
l.ambécius.  ËLeimmao  a  fait  imprimer, 
en  1719,  in-8^,  un  abrégé  des  catalogi^s 
de  Lambéci'is  et  d^  N^:»!iel.  Mit*hel  De- 
pis  a  décrit  les  manuscf  ils  de  théologie  en 
{»  parties  ou  2  vol.  in-fol.  (  Vienqe,  1 783 
et  apn-  sujv.).  A.-f,  KoUar  a  fait  impri- 
ma un  premier  livjre  de  supplément  au 
çfiUlogue  deLaa9béciii8(Vieni^e,  1790, 

10  fol.).  11  n*a  paru  aussi  qu^une  première 
partie  de  la  liche  description  des  bi<^ti- 
mens  de  la  bibliothèque  Césarienne  H.  de 
ses  monument  dessifies  pai  $al.  Klelner» 
^  gravés  par  Jéj\-Jacq.  Sfddmayr,  avec 
texte  lahniet  allemand,  Vienne,  1737, 
Vi-fol.  M.  J.  de  Uammer  a  décrit  les 
manuscrits  arabes,  persans  et  turcs  (Vien- 
Uç,  1820,  inibi.}. 

La  bibliothèque  de  Funiversilé  de 
yiei^ne,  formée  en  |777  ayec  celles  des 
jésuites  et  de  plusieurs  couvent  suppri- 
més, rcnfermç  plus  de  90,00Q  volumes. 
La  bibliothèque  de  l'Académie  théré- 
sienntft,  formée  aus$i  em  partie  de»  livres 
de  couvens  supprimés  et  d'acquisitions 
faites  depuis  1797,  se  compose  d'envirou 
30,000  vplumes. 

La  bibliotbèque  de  Prague  contient 
160,000  volun^  et  environ  8^000  ma- 
nusc;rits.  Parmi  .q^ux-ci  sont  :  une  Bulle 
pontificale  >  de  Taq  1145.  La  signature 
des  cardina,ux  <^t  une  croix;  leurs  noms 
se  remarquent  icrits  tous  de  la  même 
main  :  mais  les  croix  appariiennent  à  des 
mains  diverses ,  d'où  suit  la  .preuve  que 
cas  cardinaux  ne  savaient  pas  écrire;  une 
Table  dfis  logariihmeSj  autographe  de 
TjrçhQ*Bridi^#  un  Uwe  naiabiu'»  toit 


•or  4w  f^QîVf»  U  ptimifTi  ^Çfmtf 

de  Consti^cç^  manuscrjt  d'après  lequel 
a  été  faite  la  premier^  édi^nn;  une  ^Z- 
ùfd  bohiétne^  ^vjec  des  lettres  ^ngoli^ique^ 
(  voy.  )  ^t  qu*on  croit  du  l^M*  9^  ^^ 
commencement  du  ^lu*"  siècle  ;  Ips  «Si^r- 
tu^  synodaux  de  l>rc)iev.  ^  Prague 
premier  (ivre  impriuié  fa  Qohèn?^!  ^ 
PiUen,  14715,  jçta 

La  bibliothèque  df  Grofi^ftT^  StjrM  % 
|)lus  de  )  00,009  vo|.;  c^U  fiç  jf^ifkmrs 
n*en  compte  que  2<^,00Q. 

La  bibliothèque  de  PreskpHrg^  4^" 
née  par  le  comte  d^  Szecbeny,  qui  en 
avait  fait  rédiger  \p  catalogue  (sn  1799 
et  ann.  suiv.  (7  vol.  in-8<^;,  ^*eat  accr«9 
encor^  de  nouvelles  acquîaitipns  faites 
par  le  même  jcomie,  de  1899  k  1897. 
Celle  de  l'unlvepiité  de  Pe^4h9  fondé»  «tt 
1772,  fi  ^0,000  volume^. 

Pruxxe.  BeiUn  possède  7  biblinthè- 
ques  publiques.  La  principal^  «at  la 
bibl.  du  rpj;  eUe  fut  fo/idée  par  Frédé* 
ric-GuillaU'PfBf  électetur  de  Bri^lldebourg, 
et  a  été  considérablement  augmentée  par 
celle  du  savant  Spanheim.  'ÈXÏ^  onnlîent 
200,000  vol.  et  2,000  manuscriu  dcmt 
quelques-uns  cju  temps  de  Cbarlemagne. 
VeirièreLaCroze  a  publié  dans  les  MU" 
cellaneu  Berolineiuia  une  notice  snr  Ut 
manuscrits  chinois  de  celte  bibliothèque. 
Il  a  fait  aussi  connaître  les  raretés  qu*ell« 
contient,  dans  un  livre  imprimé  à  Berlin 
sous  ce  titre  :  De  fcrihendd  historid 
bibL  régies  Berolinensis,  1 726 ,  în-4^. 
Airich  a  publié  une  notice  sur  n:tt«  bi- 
bliothèque [Enlwurf  einer  Gexch.  tl,  à. 
BibL  zu  Bt-rlUty  B.,  1 762,  in-8**);  mais  U 
plus  importante  est  celle  de  M.  Wilken, 
bibliothécaire  en  chef  ((vejrcA.  d.  à.  Bi' 
bl.  zu  Berlin,  B.,  1828,  in-8^). 

La  bibliothèque  de  ruoiversité  dn 
Halle,  fondée  en  1694»  compte  mainl*- 
nant  près  de  50,900  vol.,  et  a  une  belle 
coUeclionde  gravures. — CelledeCb/o^/te 
contient  beaucoup  de  n^Auscrits  dont  le 
catalogiije  bistorico-cri  tique  a  ét^  imprimé 
en  1762,  in-4'.  On  pei^t  consulter  la 
Bibliotheca  coloni^nsù,  publiée  par  le 
jésuite  Gos.  Uartzhei.m,  1747,  in-foL 

Bavière.  L^  bibliothèqun  de  Munioh^ 
fondée  par  Albert  V  au  commencement 
du  xvt*  siècle,  con  tient  an  moins  300,900 
Yob^  dont  U«099  incttaabint;  I8i  ùii>f 


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M> 


(♦•M 


BIB 


IM^fUJnni  iiir  TéUo,  et  9,000  oMovicrita. 
On  remarque  un  de  ce»  dentiers  iur 
papyrus,  que  le  pape  Pie  VI  fît  copier 
pendant  »on  voyage  à  Vienne  (  1782  ). 
On  imprima,  en  1609,  le  caulogue  des 
manuscrits  ;  on  lit  dans  Taverlissement 
que  la  bibliothèque  n'était  ouverte  qu'aux 
caiholictues.  Le  baron  d*A.rétin  et  Ignace 
Har4(  ont  publié  avec  des  notes  le  cata^ 
logne  des  man^sorlts  grecs  de  la  biblio* 
thèquedeMankh,  1806-1812,  5  vol. 
in-4^ 

La  bibUotbèqne  ài*4ugsbQurgî\ii  fon- 
dée, en  1^37,  par  Xystus  Betuleîus.  Le 
fénai  $t  «<;beler  à  Venise,  vers  lâ45, 
les  mannsci*it«  grec$  d*Ant  ËparcJius, 
arch.  de  Corfon, et  la  oollectioa  de  WeU 
ter  y  fut  jointe  ensuite.  D.  Hœichelius  fît 
imprimer,  en  1595,  in-4®,  un  savent  cata- 
logue des  manuscrits  de  cette  bibliothè- 
que. Ajit*  Reiser  a  donné,  en  1 675,  in-8'', 
un  second  catalogue  des  m^mes  manus- 
orits;  d'autres  catalogues  des  livres  de 
oette  bibliothèque  ont  été  publiés  par 
Ireorg.  Heniscbius,  1600,  in- foi.,  et  par 
£lie  Ëhinger,  1633,  in-fol. 

I«a  bibliothèque  de  ^furemberg  a 
30,000  vol.  Jean  Satubert  en  a  écrit  l'his- 
toire^ 1648,  in- 12  ;  Leibnitz  a  fait  con- 
oaUre,  sons  le  titre  de  MemorubUia 
(1674,  in-4*),  ce  qu'elle  oITre  de  plus 
renuirquable.  Solger,  bibliothécaire  de 
TaBcienne  république  de  Nuremberg, 
a  donné,  en  2  vol.  iii-8*  (1760H61),  le 
catalogue  de  aef  Uvres  les  plus  rares  et 
de  ses  manuscrits.  €hr.-Tb.  de  Murr  a 
déisrit  aussi,  sous  le  titre  de  Menn^rabi" 
HUf  les  objets  les  plus  importans  qui  se 
trouvent  dans  les  bibliothèques  publi- 
ques de  Nuremberg  et  de  l'université 
d'Mtdorf,  1786,  3  vol.  io-8%  fig. 

Same,  Dresde,  Auguste  Beyerafait 
paraître,  de  1731  à  1788,  quati*e  écrits 
io-4®  ei  in-8®  sur  les  bibliotbèques  pu- 
bliques et  particulières  de  cette  viUe. 
La  bibliothèque  tvyale,  placée  dans  le 
palais  japonais,  est  une  dîîes  plus  i»elles 
qu'il  y  ait  «dans  le  nord  de  l'Europe.  Elle 
lut  fondée,  en  1566,  par  l'électeur  Au- 
guste, et  contient  220,000  vol.  dont 
1,000  incunables,  63  impressions  sur 
parcbemin ,  ti  2,700  maMUsoHts.  Un  de 
ces  derniers  a  été  écrit  dans  le  Meaique 
)  c  c*eiC  on  oalendrier 


avec  quelques  fr^gmens  de  rhit^ftirf  dea 
loca9.  pn  conserve,  dans  cette  biblioth^ 
qj/e,  un  be)  exemplaire  du  K.oran,  qu'où 
dit  avoir  appartenu  à  Bajazet  XI ,  et  qui 
fut  pris  au  dernier  siéjçe  de  Vienne  par  un 
officier  saxon;  les  Rtf'verie.t  du  maréchal 
deSfixe^  manuscrii  original  lait  sous  le» 
yeux  du  vaimpieur  de  Footenoy.  La 
bibliothèque  royale  est  riche  en  livres 
rares,  en  premières  éditions  du  «v*  ai^ 
de.  On  y  trouve  600  éditions  des  Aides* 
M.  Adolphe  Ebert,  directeur  de  eetl^bî* 
bliothèifue,  en  a  donné  une  description 
détaillée  sous  ce  titre:  Geschickte  vmd 
Beschred}iing  tler  katn,  œffentUchen 
Hihliothvk  zu  Drrsden.  Leipz.,  1822. 

Leipzig dnii^wx  bibliothèques  connues 
sous  les  noms  de  Puultna  et  Th'inKina. 
La  première,  qui  e»t  celle  de  Tuniver- 
siié,  renferme  50)000  imprimés  et  2,000 
manuscrits;  l'autre ,  celle  du  conseil  mu- 
nicipal, a  40,000  imprimés  et  2,000 
manuicrils.  J.>Chr.  Gjtlsched  fit  irapri- 
mer,  en  1 746,  uoe  notice  des  plus  rares 
manuscrits  de  la  bibliothèque  Pauline. 
Feller  donna,  en  1676  et  1686,  les  ca- 
talogues des  deux  bibliothèques. 

La  bibliothèque  de  fVcimar  toniXtnt 
95,000  vol.;  U.-J.  Gerdes  en  publia  le 
catalogue,  en  1703,  in-foL  Schurrfleisoh 
fit  imprimer,  en  1 7 11 ,  une  notice  in-fol. 
sur  cette  même  bibliothèque. 

L*histoire  de  la  bibliothèque  de  6o- 
tha  a  été  publiée  par  God.  Vockerodt, 
1714,  in-40.  On  y  trouve  une  eollection 
de  manuscrits  chimiques  qui  ontétéTob* 
jet  d*une  dissertation  de  Th.  Beine-iius, 
imprimée  dans  le  catalogue  des  manus* 
crits  de  Golha,  [«eipzig,  1714,  in-4^. 

Messe,  La  bibliothèque  de  Cassei 
contient  60,000  vol.  ;  celle  de  Tuniver- 
stté  de  Marbourg  renferme  56,000  im- 
primés et  quelques  manuscrits;  celle  de 
Darmstadt,  30,000  vol.;  cellede  Miiyen- 
ce  90,000;  celle  de  T université  de  Gies^ 
sen,  24,000.  Un  spécimen  des  lîvrea 
rares  de  cette  dernière  a  été  publié,  dans 
oette  ville,  par  C.-F.  Ayrmann,  1738, 
in-4  •. 

fVurtemherg.  La  bîbHolhèqne  de 
Suutgard  contient  180.000  vol.  Elle  est 
reaommée  par  sa  coHect  on  Unique  de 
9,000  Bibles;  mais  il  en  faudrait  plu» de 
3,000  euncm  pour  k  compléter.  Le  bft« 


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BIB 


(4Ô6) 


BIft 


timent  de  cette  grande  biblioth^ue,  où 
Ton  voit  plus  de  2,000  impressions  du 
xv^  siècle,  est  cQnstruit  en  bois  et 
pourrait  devenir  facilement  la  proie  des 
flammes. 

Hanovre.  J.-^Em.  Hausmann  fit  pa- 
raître, en  1734,  în-4*>,  une  notice  sur 
Torigine,  sur  les  accroissemens  et  sur 
les  principales  richesses  des  bibliothè- 
ques publiques  de  ce  royaume.  En  1727, 
S.-»Fréd.  Hahn  a  donné  une  description 
in-fol.  de  la  bibliothèque  royale. 

La  bibliothèque  de  Funiversité  de 
Gœiii'ngen,  se  compose  de  200,000  vol., 
de  1 10,000  dissertations  et  discours  aca- 
démiques, et  de  5,000  manuscrits.  Elle  a 
un  catalogue,  imprimé  dans  cette  ville, 
en  1729,  in-4*. 

jBofie,  La  bibliothèque  de  l'université 
de  Heidelberg,  fondée  en  1390  et  réor- 
ganisée en  1703,  possède  45,000  impri- 
més. Ses  précieux  manuscrits,  relatifs 
aux  premiers  siècles  de  la  littérature  alle- 
mande, transportés  à  Rome  dans  le  xyii^ 
siècle,  lui  ont  été  restitués  en  1816. 

Brunswick»  La  bibliothèque  ducale 
de  fFoifenbultel  ^  fondée  en  1604  et  en- 
richie de  celles  de  Marquard  Freher  et 
de  Joach.  Gluten ,  contient  190,000  vol., 
40,000  disserUtions,  et  4,500  manus- 
crits hébreux ,  grecs  et  latins.  Jacq. 
Burckardc  a  écrit,  en  12  livres,  Thistoire 
de  cette  magnifique  bibliothèque,  et  fait 
connaître  ses  principales  richesses,  Leip- 
aig,  1744-1746,  3  vol.  in-4«. 

Filies  libres,  La  bibliothèque  de 
Hambourg,  fondée  en  1529,  renferme 
50,000  vol. ,  et  celle  de  Francfort-sur- 
le-Mein  40,000.  J.-J.  Lucius  en  a  donné 
le  catalogue ,  divisé  en  dix  sections , 
1728,  2  vol.  in-4*. 

Suisse.  Sa  plus  riche  bibliothèque  est 
cellede  5^^/^(50,000  vol.).On  y  voit  beau- 
coupd*anciennes  éditions  duxv^'etduxvi*^ 
siècle,  un  manuscrit  du  Nouveau-Testa- 
ment en  lettres  d'or,  dont  Érasme  s'est 
servi  pour  corriger  la  version  de  ce  livre 
sacré;  d'autres  manuscrits  dont  les  plus 
anciens  remontent  au  ix^  siècle;  plu- 
sieurs tableaux  et  beaucoup  de  dessins 
originaux  d'Holbein. — La  bibl.  à^  Berne 
contient  80,000  vol.,  des  manuscriu  cu- 
rieux ,  et  une  collection  de  médailles  et 
anciennes  monnaies  de  Suisse.  Le  tavant  1 


bibliothécaire  Sinner  a  donné  le  catalo<-> 
gue  des  manuscrits  de  cette  bibliothèque, 
1760,  3  v0l.  in-8^— La  bibliothèque  de 
Zunchy  dont  le  catalogue  a  été  publié 
en  1 744,  2  vol  in-8**,  renferme  environ 
40,000  vol.  On  y  montre  les  manuscrits 
autographes  dn  célèbre  réformateur 
Zwingle;  trois  lettres  autographes  de 
Jeanne  Gray  écrites  à  Bullinger  en  1 55 1 , 
52 ,  53 ,  et  contenant  des  notes  hébraï- 
ques et  grecques,  qui  annoncent  qu'elle 
était  versée  dans  ces  deux  langues;  l'an- 
cien manuscrit  de  Quintilien ,  trouvé 
dans  la  bibliothèque  de  Saint-Gall,  et 
d'après  lequel  a  été  donnée  Pédition 
princeps  de  ce  célèbre  rhéteur;  les  psau- 
mes en  grec,  écrits  sur  vélin  violet  en 
lettres  d'or;  le  corps  complet  des  Chro- 
niques  de  la  Suisse,  etc. — La  bibliothè- 
que de  Genève  (50,000  vol.)  est  riche 
en  manuscrits  curieux,  orientaux,  latins, 
français ,  italiens  et  espagnols.  Le  savant 
bibliothécaire  Senebier  en  a  publié  le 
catalogue,  en  1778,  in-8^.  On  conserve 
dans  cette  bibliothèque  un  bouclier  votif 
trouvé  dansl'Arve. — La  bibliothèque  pu- 
blique de  Saint'Gallf  fondée  dans  le  xvi^ 
siècle  par  Wadian ,  théologien ,  poète  et 
géographe,  contient,  parmi  ses  mille  ma- 
nuscrits anciens  et  précieux,  un  Firgile, 
dont  les  moines  ont  rempli  les  marges  de 
cantiques;  un  Juvénal,  un  Silius-ItaUcus, 
un  Cicéron^  un  Saint- Augustin  complet, 
un  recueil  de  Capitulaires  qui  a  été  con- 
sulté par  Baluze,  un  bon  manuscrit  des 
Nfbelungs ,  etc.  On  remarque,  dans  les 
manuscrits  modernes,  la  correspondance 
originale  de  Wadian  avec  les  réforma- 
teurs du  xYi^  siècle,  reliée  en  13  vol. 
in-fol. 

ORAHDE-BaETAGifE.  L'Angleterre  et 
l'Irlande  avaient  déjà,  dans  le  viii^  siècle, 
de  nombreuses  bibliothèques  qui  furent 
détruites  pendant  les  incursions  des  peu- 
ples du  Nord.  La  grande  bibliothèque 
d'York ,  fondée  par  l'archevêque  Egbert , 
et  dont  Alcuiu ,  appelé  près  de  Charle- 
magne ,  parle  dans  son  épitre  à  l'église 
d'Angleterre,  fut  brûlée  par  les  Danois. 
La  bibliothèque  également  célèbre  dn 
monastère  de  Saint  -  Alban  fut  détruite 
par  les  mêmes  pirates.  Richard  de  Bury, 
évêque  de  Durbam,  chancelier  d'Angle- 
terre dans  le  xiu^  «i^le,  et  antenr  da 


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BIB 


(497) 


BIB 


philobiblion ,  traité  du  choix  des  livres 
et  de  la  manière  de  former  une  blblio- 
thèque%  avait  établi  dans  sa*ville  épisco- 
pale  une  bibliothèque  qui  eut  aussi  une 
grande  célébrité,  et  qui  n*existe  plus. 

Aujourd'hui  les  plus  gi*audes  biblio- 
thèques de  r  Angleterre  sont  : 

10  Celle  d'Oxford,  dite  Bodlêienne , 
parce  qu'elle  eut  pour  commencement  la 
bibliothèque  de  sir  Thomas  Bodley,  am- 
bassadeur d'Llisabelhdans  plusieurs  cours 
de  L'Europe  ;  elle  se  compose  de  300,000 
vol.  imprimés  et  de  25,000  manuscrits. 
On  y  reçoit  un  exemplaire  de  tous  les  ou- 
vrages qui  sont  imprimés  en  Angleterre  ; 
son  revenu,  qui  est  de  3,000  liv.  sterl. 
(75,000  fr.),  lui  a  permis  d'acheter  à 
Venise,  pour  le  prix  de  160,000  francs, 
2>040  manuscrits  hébreux ,  grecs  et  la- 
tins, dont  un  savant  Hongrois,  J.  tJri , 
avait  rédigé  le  catalogue  descriptif  dans 
un  travail  de  cinq  années.  La  biblio- 
thèque d'Oxford  commença  à  être  publi- 
que en  1612.  Thomas  Hvde  a  publié  son 
catalogue  en  1674,  in-fol.  Jos.  Bowles, 
Rab.  Fischer  et  E.Langfurd,  en  ont  donné 
une  édit.  augm.  en  1738,  2  vol.  in-fol. 

2^  A  Londres  y  la  bibliothèque  du 
Muséum  britannique ,  dont  la  fondation 
ne  remonte  qu*à  17.55>  contient  environ 
200,000  vol.  et  30,000  manuscrits.Peude 
temps  après  son  avènement,  George  IV 
réunit  à  cette  bibliothèque  celle  que 
George  III  avait  formée  à  grands  frais 
poor  son  usage,  et  qui  se  composait  de 
170,000  vol.  C'était  la  première  biblio- 
thèque qu'un  roi  d'Angleterre  eût  eu  en 
propriété.  George  111  avait  acheté,  en 
1762 ,  celle  de  Jos.  Smith ,  consul  à  Ve- 
nise, pour  la  somme  de  10,000  liv.  st. 
(250,000  fr.)  ;  elle  s*était  annuellement 
augmentée  de  tous  les  ouvages  offerts  au 
roi  et  de  l'acquisition  de  livres  faite  tous 
les  ans  pour  la  somme  de  50,000  fr.  On 
remarque  dans  la  bibliothèque  du  Bri" 
tis/i  Muséum  un  magnifique  manuscrit  in- 
fol.  ayant  appartenu  aux  anciens  sophis 
de  Perse  et  qui  a  été  acheté  dans  l'Inde 
1500  liv.  st.  (  36,000  fr.  ) ,  vers  la  fin  du 
xviii®  siècle;  on  y  voit  aussi  une  col- 
lection curieuse  de  22,000  petits  écrits 

(*)  Le  Philobibliim  tut  imprimé ,  pour  la  pre- 
tBMre  Coit,  a  Spir«  eo  1488.  Cetoavi-uge  est  auri* 
b«é  par  Fabridus  au  moioe  dominicain  Holcot. 

Encyclop,  d.  G,  d.  M.  Tome  III. 


et  pamphlets,  publiés  depuis  1564  jus- 
qu'en 1660,  et  reliés  en  2000  volumes. 

Z^  La  b  bliothèque  du  collège  de  la 
Trinité,  à  Cambridge,  renferme  environ 
100,000  volumes  ;  on  y  trouve  sur  toutes 
les  séries  des  sciences  des  collections  à 
peu  près  complètes. 

4**  La  bibliot  hèque  de  l'université  (PÉ' 
dimbourf;  {50 yOOO  vol.),  fondée  par  Clé- 
ment Little:on  y  conserve  105  sceaux 
des  princes  de  Bohême,  avec  l'original 
de  la  protostation  des  Bohémiens  contre, 
le  concile  de  Constance,  qui  fit  brûler 
Jean  Huss,  en  1 4 1 5,  et  Jérôme  de  Prague, 
en  1416. — La  bibliothèque  de  Glasgow, 
celles  de  Saint-Andrews,  du  collège  d*A- 
berdeen,  de  Norfolk,  méritent  d'être  ci- 
tées.— La  bibliothèque  du  collège  de  la 
Trinité,  à  Dublin,  renferme  50,000  vol. 
imprimés  et  environ  1,200  manuscrits 
hébreux,  persans,  arabes,  grecs,  latins, 
anglais ,  etc. 

L'Angleterre  a  aussi  un  grand  nombre 
de  bibiolhèques  particulières  riches  et 
curieuses. 

SuKDR  et  NoRYÈGR.  La  bibliothèque 
royale  a  été  fondée  ùStockhol  m  par  la  reine 
Christine.  On  y  montre,  1®  une  des  premiè- 
res copies  du  Koran,  et  quelques  auteurs 
n'ont  pas  craint  d'avancer  que  cette  copie 
était  loriginal  même  qu'un  sulthnn  aurait 
envoyé  à  un  des  empereurs  d'Allemagne. 
2®  le  f  odcx  f^i^nnteus,  qui  a  deux  aunes 
suédoises  de  longueur  et  une  de  largeur  : 
on  l'appelle  aussi  Bible  du  Diabie,  C'est 
une  espèce  de  bibliothèque  historique, 
terminée  par  un  Traité  de  Magie  orné 
«l'une  figure  diabolique.  Le  savant  abbé 
Dobrowski  fit,  en  1792,  le  \oyage  de 
Stockholm  pour  voir  ce  manuscrit  géant, 
qu'on  croit  écrit  sur  des  peaux  d'âne.  On 
montre,  parmi  le^  livres  imprimés,  la 
vulgute  dont  s'est  servi  Luther  et  qu'il 
a  chargée  de  notes  écrites  de  sa  main. 
M.  Bailly,  dans  ses  Notices  historiques, 
donne  à  la  bibliothèque  royale  de  Stock- 
holm 250,000  volumes  imprimés  et 
5,000  manuscrits;  c'est  peut-être  trop; 
mais  M.  Peignol,  dans  son  Dicl,  de  Bi- 
bliolfif^ic,  réduit  le  nombre  des  volumes 
à  20,000,  et  celui  des  manuscrits  à  500j 
c'est  sans  doute  trop  peu*. 

(*)  M.  Ebort  porta  I0  nombre  d«t  volumes  à 
40*000.  ^- 
M        •  ■' 


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BI» 


(4W) 


BIB 


Unédet  plot  Mèbres  bibUothk|uet  est 
celle  de  Puniversité  d'Upsal  ;  Oiafis  TeU 
sius  ea  a  écrit  ThUtoire,  1746,  in-8^. 
Le  chancelier  Aidgnus-ôabriel  de  La 
Oardie  lui  lé^ua  sa  riche  collection  de 
livres,  de  manuscrits  et  de  monumens 
concernant  l'histoire  et  les  antiquités  des 
trois  royaumes  du  Nord  (1672).  J.^J. 
Bioemstael  lui  fit  don  de  ses  manuscrits 
chaldaîques,  hébreux,  grecs  et  arabes, 
dont  le  catalogue  a  été  imprimé  en  1 785. 
Jean-Oabriel  Sparwenfeid  lui  avait  donné 
en  1705  ses  manuscrits  arabes,  persans, 
turcs,  grecs,  latins  et  espagnols,  dont  le 
catalogue,  rédi);é  par  Péringer  Lilien- 
blad,  fut  imprimé  en  1706,  in-4'*.  Cette 
bibliothèque  contient  plus  de  80,000  vol. 
On  y  montre  le  premier  livre  imprimé 
en  Suède  :  Dlatogux  creaturarum  mora-- 
Ifsatus  (Stockholm,  1483,  in-fot.),  et  le 
premier  ouvrage  imprimé  à  Upsal,  en 
1515  :  c'est  un  commentaire  latin  sur  les 
PlMumes.  Parmi  les  manuscrits  les  plus 
anciens  on  remarque  lea  Loit  d'Islande ^ 
Edda  et  Scaida,  en  islandais,  et  surtout 
le  Codex  argenteus ,  contenant  les  qua- 
tre Évangiles,  tiraduits  dans  la  langue  des 
Goths  et  écriu  en  caractères  gothiques, 
par  ITIphitas,  évéque  des  (îoths  (370),  à 
qui  est  attribuée  l'invention  d^  carac- 
tères gothiques.  Ce  manuscrit ,  précieux 
par  son  antiquité,  est  écrit  sur  vélin ,  en 
lettres  d'or  et  d'argent.  Le  catalogue  des 
manuscrits  grecs  et  latins ,  et  celui  de  la 
première  section  des  livres  de  la  biblio- 
thèque d'Upsal,  ont  été  imprimés  en 
1806  et  1807. 

Christiania ,  Bergen,  Drontheim,  d'au- 
tres villes  encore,  ont  des  bibliothèques 
publiques. 

Danbma&k..  La  bibliothèque  royale  de 
Copenhague,  fondée  de  1648  à  1670, 
contient  plus  de  200,000  volumes  et  en- 
viron 10,X)00  manuscrits.  On  y  entre  par 
une  galerie  de  232  pieds  de  long  ,  suivie 
de  plusieurs  grandes  salles  et  d'autres 
galeries.  Cette  bibliothèque  a  été  succes- 
sivement accrue  par  le  legs  de  celle  du 
comte  de  Thott,  de  celles  de  Fuiren,  de 
Mulenius,  et  de  Resenius,  dont  les  cata- 
logues furent  imprimés  en  1659,  1670  et 
1689, 8  vol.  in-4^;  ^ar  l'achat  de  celle  de 
Luxdorr(1779},  et  par  le  legs  de  celle 
du  célèbre  bistoriea  Subm^  qui  contenait 


un  grand  nombre  de  manoscrits  Islandais 
précieux  poiu*  l'histoire  du  Nord.  On  voit 
dans  la  bibliothèque  royale,  parmi  les 
manuscrits,  les  Heures  de  Charies-ie-^ 
Téméraire,  les  Heures  du  cardinal  de 
âourf/on,  qui  vivait  sons  Louis  XI,  et 
les  Heures  de  François  F\  qui  étaient 
dans  la  bibliothèque  Colbert.  Mais  une 
collection  plus  précieuse  est  celle  de  tous 
les  manuscrits  du  voyageur  Niebuhr,  au 
nombre  environ  de  250.  Parmi  les  im* 
primés  sont  des  bibles  islandaises,  mala« 
bares,  etc.  A  la  bibliothèque  est  joint 
un  cabinet  d'estampes,  contenant  près  de 
100,000  pièces.  Le  cabinet  des  médailles 
est  dans  le  château  de  Rosenberg.  4,000 
rixdalers,  ou  plus  de  20,000  francs,  sont 
destinés  tous  les  ans  à  l'augmentation 
de  la  bibliothèque  royale. 

Les  savans  ont  beaucoup  écrit  sur 
cette  bibliothèque  célèbre.  P.  Scavenius 
a  décrit  les  livres  les  plus  rares  qu'elle 
contient,  1765,  in -4*^;  Jo.  Mollerus  et 
Alb.  Thora,  l'un  dans  sa  Cimbria  litte^ 
rata ,  l'autre  dans  son  Hiîtoria  littera^ 
ria  Danorum,  font  connaître  les  biblio- 
thèques du  Danemark  ,  leurs  riches- 
ses, etc. 

Celte  de  l'université  de  Copenhague 
(60,000  volumes  et  4,000  manuscriu) 
est  placée  dans  la  tour  de  l'observatoire. 
La  collection  des  manuscrits  islandais 
est  importante  et  curieuse.  —  Les  autres 
bibliothèques  de  la  capitale  du  Dane- 
mark sont  celles  de  l'académie  de  chi- 
rurgie ,  de  l'arsenal ,  des  affaires  étran- 
gères, etc^ 

La  PoLOoirs  possédait  autrefois  de 
grandes  et  riches  bibliothèques  :  celle  de 
Zaluski,  fondée  à  Cracovie,  fut  transférée, 
en  1 795,  de  Varsovie  à  Saint-Pétersbourg; 
et  celle  de  l'université  de  Varsovie ,  fon- 
dée en  1796,  pour  la  remplacer,  y  fut 
également  envoyée  en  1833.  Elle  renfer- 
mait 70,000  vol.  et  1,500  manuscrits. 
La  bibliothèque  des  princes  Czartoriyski 
à  Poulavy  eut  le  même  sort. 

Russie.  Il  y  a  un  siècle  le  vaste  em- 
pire des  tsars  n'avait  encore  aucune  bi- 
bliothèque digne  de  ce  nom  ;  car  on  ne 
peut  appeler  bibliothèques  quelques  col- 
lections de  livres  sur  U  relt^on,  écrits 
h  plupart  dans  la  langue  slavonne  et  qui 
tous  étaient  consenrés  dans  dea  couTtnSy 


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BIB  (  éB9  ) 

qvtlqiiM  ohroniqufla  Bédigém  par 
4çs  moinea. 

Plerrerte-Grand  jeta  les  fomltmcasilela 
hikliQtiwque  dtt  f  Académie  des  svU&oes 
avec  â,60û  volumes  4oQt  il  a'éuit  tsnparé 
«u^  siège  de  Mi  tau,  dans  sfts  guerres  avec 
la  Suède.  Elle  a  reçu  depuis  de  grands 
aficroissemen^  et  se  composa  aujouo- 
il*bui  d*epviroQ  100,000  volumes.  La 
bibliothèque  du  prince  Radzivill,  dont 
|ee  Russes  s'emparèrent  pendant  les  trou- 
bles de  la  Pologne,  a  été  réunie  à  celle 
da  l'académie.  Les  plus  anciens  manus- 
crits sont  uoa  Vie  à^%  .SainU,  écrite  en 
1298;  la  Cbroniqua  de  Nestor,  las  Chro- 
niques de  Novgorod,  de  Pskof ,  d'Ur 
kraine,  da  Kasan ,  d*iLStrakhan ,  toutes 
éeritas  an  slavon,  ainsi  que  les  Tables 
généalogiques  des  ancians  princes  de 
Ruasia,  dapuis  Vladimir  jusqu'à  Ivan 
Vassiliévitch.  Ces  Chraniques  et  ce^  Tar 
Isles  furant  rédigées  c(ans  les  xii®,  xiii^ 
at  xiv^  i»iècl0S.  Parmi  le»  pianuscrits 
modernes  on  remarque  la  Collection  des 
actes  diplomatiques  du  règne  da  Pierre 
V^\  16  vol.  in-  fol.  de  négociations  des 
ainistresdaPierrar'^(17U-1716);  30 
vol.  in-fol.  4a  la  Correspondance  du  prin- 
ce Mentchikofsur  les  affaires  publiques 
(I708-Ï717j;  l7/w/n/tf/«o/ideCatberine 
II,  écrite  de  sa  maiq  et  adressée  au  comité 
chofsi  pour  la  rédaction  d*UB  nouveau 
aode  :  ce  manuscrit,  placé  dans  un  riche 
vase  de  bronze ,  est  exposé  sur  une  table 
dans  les  séances  publiques  de  racadémie  ; 
la  plus  riclye  collection  de  livres  chinois 
qui  sait  en  ^irope,  et  qui  se  compose  de 
S,600  eahiars  séparés,  dont  M.  Laontipf 
a  rédigé  le  catalogue  ;  une  belle  cplleo- 
tipn  da  manuscrits  japonais,  mongols, 
tibétains ,  mantcbous ,  etc.  >  le  premier 
livre  qui  ait  été  imprimé  en  Russie  (  à 
Moscou,  en  1563),  VJpostolou  lesl.ctes 
at  les  Épttres  des  Apôtres ,  volume  qui , 
auivaot  Nichols,  fut  dix  ans  sous  pressa. 
Jean  Bacmeisteir  a  publié  un  Essai  sur  la 
Bibliothcqite  de  VAcadénùe  des  scien- 
ees  tle  Pétersbourg^  1776,  in-8**.  On 
trouve  aussi  des  détails  curieux  sur  cette 
bibliothèque  dans  le  3^  vol.  du  Voyage 
au  Nord  de  r Europe ,  par  M.  de  Fortia 
4a  Piles. 

La  bibliothèque  impériale,  dite  de 
{BrmUage^  att  tria  oonaîdérabU;  dla 


BIB 

s'est  composée  an  grandf  partie  dfs  bi« 
bliothèqups  particulières  de  Voltaire ,  à% 
Diderot,  de  d'4lembert,  de  Busphing, 
qui  furant  achetées  p^ivCatherine  II  *t. 

[Mais  la  bibliothèque  la  plus  impop- 
Unta  de  Saint-Pétersbourg  est  la  grande 
bibliothèque  impériale  de  la  perspective 
de  Nefski.  Elle  ét^it  autrefois  célèbre 
dans  toute  PEuropa,  sous  le  nom  de  bi- 
bliothèque de  Zalusti ,  at  iVit  fondée  à 
Cracovie  par  le  comte  .Stanislas  Ealuski 
év^ua  de  cette  ville.  8on  héritier,  A.ndré 
Ealuski,  évéque  de  Kîovie  (Kier,  légua 
cette  bibliothèque  à  la  république  de 
Pologne,  et,  par  suite,  elle  fut  transférée 
a  Varsovie,  vers  le  milieu  du  xvm*  siè- 
cle. Mais  la  capitale  de  la  Pologne  ayant 
é^é  prise  par  las  Russes  et  ensuite  cédée 
aux  Prussiens ,  Catherine  II  se  fit  adju- 
ger 66  grand  dépôt  littéraire  qui  arriva 
sur  las  bords  de  la  Neva  vers  la  fin  de 
Tannée  1796.  Paul  fit  construire  pour  la 
recevoir  un  édifice  vaste  et  d'une  belle 
construction.  Elle  se  composait  à  Varso- 
vie de  8pO,000  volumes ,  dont  beaucoup 
de  doubles;  mais  le  transport  et  le  peq 
de  soins  qu'on  lui  consacra  à  6a{nt-Pé- 
tersbourg  réduisirent  considérablement 
ce  nombre.  Alexandre  y  réunit  la  précieu- 
se collection  de  manuscrits  que  lui  avait 
donnée  un  conseiller  d'état  nommé  Dou- 
bvofski.  En  1831  on  comptait  378,776 
volumes  imprimés  et  environ  1 8,000  ma- 
nuscrit. Mais,  en  1838,  l^empereuf 
Nicolas  y  a  jouté,  7,7^8  vol.  pris  à  Pou- 
lavy,  et  1 50,ai0a  enlevés  à  Varsovie  après 
l'issue  de  la  dernière  guerre  da  l'indé- 
pendance. J.  H.  S.] 

Moscou  a  detix  bibliothèques  impor- 
tantes :  celle  de  Puniversilé  et  celle  du 
saint-synode.  L'une  et  l'autre  ont  souf- 
fert des  dommages  dans  l'incendie  de  la 
ville  en  1819.  Toutes  les  portes  et  fenê- 
tres de  la  bibliothèque  du  saint -synode 
sont  en  fer,  et  toutes  les  salles  voûtées.  Les 
volumes,  au  nombre  de  4060,  ne  traî- 
tentguèrequede  matières  ecclésiastiques. 
Parmi  180  volumes  qui  ont  appartenu  à 
Pierre- le- Grand,  il  en  est  un  qui  traite 

(•)  Une  des<-n[)tioD  romplète  de  toutes  lei 
liihliotlièqnes  ruase*  et  en  partitulier  de  fcMcs 
djs  S^iMtrPélprtbourg,  «e  trouTu  d  ins  l'ooTrag© 
actuellement  tous  presse,  de  M.  Schoitzler, Z.à 
Russie  ,  la  Polognt  tt  la  Finlande,  tableau  itaU$m 
ti^$  hùtêrifue,  etc« 


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BIB 


(500) 


BIB 


de  la  guerre  et  qui  contient  des  notes  de  sa 
main.  On  trouve ,  parmi  les  manuscrits , 
les  reghstivx  erclcs'astiquvs  cinoxcs  aux 
prélats  de  Russie  par  les  patriarches  de 
Conslaiilinople,  avec  leui-s  seings  et  leurs 
sceaux,  et  des  manuscrits  grecs  des  moines 
du  mont  Atlios.  Un  catalogue  de  celte  bî- 
bliotbè(|ue  a  été  imprimé  en  russe  et  en 
lalio.  Il  faut  une  permission  de  Tarche- 
Véque  de  Moscou  pour  être  admis  dans 
les  salles  du  saint  -  synode.  Alhanase 
Schiada,  professeur  de  Técole  grecque 
de  Moscou ,  fit  imprimer  dans  celle  ville 
le  catalogue  des  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque synodale  (1723),  in-4*';  il  en  dé- 
crit plus  de  400.  Char.-Fréd.  de  Mathaei 
a  donné  la  description  de  101  manus- 
crits grecs  de  cette  bibliolbèquc, Leipzig, 
1806 ,  2  tom.  in-8^ 

On  voit  dans  les  archives  de  Moscou, 
dont  les  salles  sont  voûtées,  les  corres- 
pondances des  souverains  de  la  Russie, 
qui  ont  commencé ,  avec  la  Pologne  en 
1431;  avec  la  Crimée  en  1474;  avec  le 
Brandebourg  en  1517;  avec  les  papes  en 
16S2  ;  avec  ta  France  eu  1505  ,  par  une 
lettre  de  Henri  IV,  contresignée  Neufville 
(du  6  avril),  où  le  tsar  est  qualifié  em- 
pereur des  Russes  ;  avec  la  Hollande  en 
1613.  On  remar(|ue  parmi  les  traités 
celui  d*alliance  avec  Tcmpereur  Maxi- 
mil  ien  1*^%  qui  donne  M5I4)  le  litre 
d'empereur  (kaiser)  au  tsar  Vassili  I\a- 
novitcb.  Ces  archives  ne  vont  que  jusqu'à 
1742.  Le  reste  a  été  transféré  à  Péiei-s- 
bourg  depuis  1791 ,  époque  où  Githe- 
rine  II  y  Gt  transporter  tous  les  manus- 
ails  qui  avaient  rappoit  à  Hiistoire  de 
Russie  et  qui  se  trouvaient  épars  dans 
les  bibliothèques  de  l'empire.  Les  archi- 
ves de  Moscou  reçurent  comme  dé<lom- 
magemenl  les  livres  du  savant  historien 
G.  Fr.  Muller,  et  ses  manuscrits,  dont 
l'impératrice  avait  fait  Tacquisition. 

La  bibliothèque  du  monastère  de 
Troitza  (voy.)  (à  16  lieues  en\iron  de 
Moscou)  est  placée  au  premier  des  5 
étages  de  la  tour  ou  clocher  qui  s'élève 
au  milieu  de  la  cour  de  ce  couvent  cé- 
lèbre qui  servit  de  refuge  à  Pierre-le- 
Grand  ,  lors  de  la  révolte  des  strélitz.  On 
y  trouve  6000  vohimes  et  une  centaine 
de  manuscrits  dont  plusieurs  ont  été  à 
l'usage  de  saint  Serge  et  de  saint  Nicon. 


En  1721  les  Russes  trouyèrent  cfaei 
les  Tatars  Kalmuks  une  bibliothèque 
de  manuscrits  dont  les  volumes ,  d'une 
forme  singulière,  sont  extrêmement  longs 
et  n  ont  presque  point  de  largeur.  Les 
fciiillels,  fort  épais,  sont  composés  d'une 
espèce  de  coton  ou  d'écorce  d'arbre  en- 
duite d'un  double  vernis,  et  les  carac- 
tères sont  tracés  en  blanc  suf  un  fond 
noir. 

On  peut  citer  encore  les  bibliothèques 
de  Kief,  de  Riga,  de  l'université  de 
Dorpat  (30,0,00  vol.) ,  de  Vilna,  de  Khar- 
kof ,  de  Kasan  et  d'Astrakhan.  Cette  der- 
nière est  riche  en  manuscrits  persans  et 
tatars.  On  conserve  dans  celle  de  Riga 
une  lettre  de  Luther,  écrite  aux  magis- 
trats de  cette  ville,  qui  lui  avaient  de«- 
mandé  un  prédicateur. 

Parmi  les  bibliothèques  particulières, 
les  plus  remarquables  ont  été  ou  sont 
encore  celles  du  grâml-duc  Constantin , 
dans  le  palais  de  marbre,  c  >ntenant 
30,000  volumes;  des  princes  Kourakine 
et  loiissoupof;  des  comtes  Chouvalof, 
Slrogotiof,  Tchernichef;  celle  de  Bou- 
tourliiie  et  surtout  celle  du  comte  Tols- 
toï, aujourd'hui  la  plus  importante  de 
Moscou. 

Asie.  C'est  par  le  seul  récit  des  voya- 
geurs qu'on  a  quelques  notions  sur  les 
biblinthètiues  d'Asie,  et  les  renseigne- 
mens  donnés  ne  sont  pas  toujours  cer- 
tains. 

Chinr.  Les  bibliothèques  de  la  Chine 
remontent  à  une  haute  antiquité.  On  ra- 
conte que  l'empereur  Ching  ou  King, 
qui  régnait  enviion  deux  siècles  avant 
notre  ère,  ordonna  que  tous  les  livras 
fussent  brûlés,  à  l'exception  de  ceux  qui 
traitaient  de  Tagriculture,  de  la  méde- 
cine et  de  la  divination;  qu'il  prétendait 
ainsi  anéantir  l'histoire  de  ses  prédéces- 
seurs, afin  (|iie  son  nom  devint  le  plus  an- 
cien dans  les  fastes  des  rois  de  son  em- 
pire. Mais  on  ajoute  qu'il  fut  trompé 
dans  sa  folle  espérance;  qu'une  femme, 
dont  le  nom  eut  mérité  d'être  consei'vé, 
sauva  tous  les  écrits  de  Confutzée  ou 
Confucius  et  de  quel(|ues  autres  lettrés 
dont  elle  colla  les  feuilles  sur  tous  les 
murs  de  sa  maison;  et,  suivant  les  histo- 
riens, ce  fut  ainsi  que  furent  conservés 
les  neuf  livres  du  grand  législateur  dt 


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BIB  (  60i  ) 

l'empire  céleste.  Depaîs  celte  époque  les 
livres  se  multiplièrent  à  ce  point  qu*nn 
inandarin,convri'ti  au  Christ  par  les  niis- 
aionnaircs  d*ocriilent,  passa  4  joui's  en- 
tiers à  brûler  sa  bibliothèque,  afin  de  ne 
rien  garder  qui  sentit  les  superstitions 
chinoises.  Spizclius,  qui  a  écrit  un  livre 
curieux  De  re  litterarid  Sinenstum, 
rapporte  ^u*il  y  a^virlemont  Lingnmen, 
une  bibliollièque  composée  de  plus  de 
30,000  volumes, lousécritsdans  la  Chine, 
et  que  celle  qui  est  dans  le  temple  de 
Yenchung  n'est  guère  moins  considéra- 
ble. Les  manuscrits  chinois  se  ?ont  ré- 
pandus dans  les  bibliothèques  de  TEu- 
rope;  la  France  en  a  eu  de  riches  collec- 
tions dans  les  cabinets  du  libraire  de  La 
Touryderorientaliste  Abel  Rémusat,  etc. 
Et  en  voyant  ces  livres  ainsi  multipliés 
en  occident,  on  doit  conclure  qu'H  se 
trouve  dans  la  Chine  un  grand  nombre 
de  bibliothèques. 

Japon.  Les  voyageurs  y  ont  vu  plu- 
sieurs belles  bibliothèques  ;  ils  citent 
surtout  cellede  la  ville  deiV^r^/4'/,prèsdu 
temple  de  Xaca,  qui  fut  le  prophète  cl  le 
legislateurderempirejaponais.Une^alIc, 
soulemie  par  34  colonnes,  est  remplie  de 
livres  conGés  à  la  garde  des  bonzes. 

Indes  Obientales.  Dans  la  relation 
de  l'ambassade  anglaise  envoyée,  en  1 795, 
dansleroyaumed*Ava  ou  empire  des  Bir- 
mans (traduite  de  Michel  Symes,  par  J. 
Casiera,  Paris,  an  ix  (1800),  3  vol.  in-8'' 
et  allas  in-4®),  on  trouve  de  curieux  dé- 
tails sur  la  riche  bibliothèipie  birmane, 
établâi  à  Ummerapoura,  capitale  de  l'em- 
pire, dans  un  bâtiment  en  bri<|ues,  élevé 
sur  une  terrasse,  et  dont  la  structure  est 
très  compliquée.  L'édifice  se  compose 
d'une  chambre  carrée  entourée  d'une  ga- 
lerie. L'entrée  de  la  chambre  en  interdite 
aux  étrangers,  et  l'ambassadeur  anglais  ne 
pat  y  pénétrer;  mais  le  bibliothécaire 
hindou  lui  dit  qu'on  n'y  voyait  rien  au- 
tre que  ce  qui  était  dans  la  galerie.  Là, 
le  long  du  mur,  sont  rangés  symétrique- 
ment une  centaine  de  grands  Coffres,  in- 
crustés de  jaspe  et  ornés  de  dorures;  les 
livres  y  sont  classés  par  ordre,  et  sur  les 
couvercleseslindiquéentettresd*orc'equi 
est  contenu  dans  chaque  coffre.  Le  biblio- 
thécaire ouvrit  deux  de  cA  coffres  devant 
ramhaifdear,ct  en  tira  de  minces  feuilles 


BIB 

d'ivoire,  qu!  présentaient  une  belle  écri- 
ture, avec  (les  eiicadremens  de  (leurs  ar- 
listemenl  travaillées.  Cette  bibliothè(|ue 
contient  des  livres  d'histoire,  de  méde- 
cine et  surtout  de  théologie;  on  y  trouve 
aussi  des'livres  sur  la  musique ,  sur  U 
peinture,  et  des  romans.  Plusieurs  manu- 
scrits sont  écrits  en  ancien  pâli,  h.  langue 
sacréedesRirmans;  quelques-uns  sont  faits 
de  minces  fila  mens  de  bainlxju.tressés  avec 
art  et  vernis  de  manière  û  former  des 
feuilles  solides;  ces  fcuJles  sont  dotées, 
et  les  caractères  saciés  y  sont  éeriis  eu 
noir  avec  des  encadremens  ornés  de  fi- 
gures cl  de  guirlandes  sur  un  fond  rouge, 
vert  ou  noir.  Tous  les  volumes  de  la  bi- 
bliothèque birmane  sont  numérotés.  Le 
major  Symes  la  regarde  comme  la  plus 
riche  qu'il  y  ait  dans  les  Indes. —  Il  y  a 
dans  tous  les  kioum  ou  monastères  des 
bibliothèques  où  les  livides  sont  ordinai- 
rement conservés  dans  des  colTres  cû  la- 
que. 

Mysorr.  La  bibliothèque  de  Typo- 
Saêb  contenait  des  manuscrits  en  langue 
sansciile,  qu'on  faisait  remonter  au 
xi^  siècle,  et  une  vaste  colleiHîon  de  li- 
vres où  les  Rrahmes  ont  développé  leur 
science  sur  diverses  matières;  on  y  voyait 
une  histoire  des  principaux  royaumes 
d'Orient  jusqu'à  l*an  1000  de  notre  ère, 
en  sanscrit  et  rédigée  en  forme  de  drame; 
une  histoire  de  la  conquête  de  l'Inde  par 
Timour  dans  le  xiv**  siècle;  des  mémoires 
historiques  sur  l'Hindouslan;  des  ver- 
sions du  Koran  dans  la  plupart  des  lan- 
gues orientales,  etc.  Cette  bibliothèque^ 
qui  devait  être  transportée  à  Londres, 
après  la  chute  de  l'empire  du  Mysore, 
reste  dans  l'Inde  et  a  été  mise  à  la  dispo- 
sition de  la  société  asiatique  de  Calcutta. 

La  bibliothèque  de  cette  société  est 
une  des  plus  riches  de  l'Orient. 

Empire  othouan.  Les  Arabes,  qui 
sontaiijoiu'd'hui  si  étrangers  aux  lettres, 
étaient,  dans  le  x^  siècle,  le  peuple  qui 
les  cultivait  avec  le  plus  de  succès.  Le 
khalife  Almamoun  fut  le  premier  qui  ré- 
veilla chez  les  Arabes  le  goût  dessiiences 
et  des  lettres.  Après  avoir  vaincu  dans  le 
ix*^  siècle  Tempereur  Michel  III,  il  le 
contraignit  à  lui  laisser  choisir  à  Con- 
staulinople  et  dans  loules  les  bibliothè- 
ques de  l'empire  grec,  un  grand  nombre 


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BIB 


(602) 


Bm 


«t    tHiduM    étt 


db   màiNiieritt 
arabei 

Oii  a  lin  peu  éxag^é  le  rtiépnt  deâ 
Tares  pbur  lés  Bviëhces  ;  ils  ne  Sont  pttS 
lout-à-(aii  sans  Ihtémtiire^  ils  ont  leurs 
fibètes,  leurs  historiens,  et  surtout  leurs 
théologiens^  iiifhiigebies  interprétés  et 
comiBieillaiéurs  dû  KoruHi 

Cùmtemtinûpièi  11  y  a  dans  cette  Ville-, 
suivant  Maradja  d^Ohsson^  85  bibliothè- 
ques publit^ues",  dont  la  moins  eoâsidé^ 
rablc  contient  piul  de  1000  volumes) 
toutes  tant  des  catalogues  où  les  titres  dès 
livres  sbnt  accompAgnés  d'ëxtraitft.  On 
regardé  cohnne  dépendantes  nécessaires 
d'un  ((/àmi  on  mosqiiéD  du  pi-emier  or- 
dre, i*adjottrtloil  d'un  m^iirisss^  ou  col- 
lège pbur  Ttustr^ctfon  de  là  jeun'esse,  et 
d'ud  kitkvMtiiné  ou  bibliothèrfue.  Les 
àitltak^ané  les  plus  «ohèidérableb  sont 
deux  d«8  Mosquées  Sainte-Sophie  et  %&^ 
liihanie^  et  telui  qui  a  été  iVmdé  par  le 
visir  Raghib,  avec  un  médressé  où  cent 
jeunéë  Tunes  appréhtietit  à  lire*.  Cejien- 
dant  lé  PortlBS  fait  vendra  au  poids  tobteé 
les  bfMiothèquies  partitub'ères  de  €on- 
slhntinopl^,  dnire  autres  celle  des  princes 
Mokrobsi,  devenus  snspe<[is  ^ar  léurs  H- 
chesses  et  leur  pà1rroti»n>ec 

iia  hUbli^ihHpfe  "du  sérail  ftit  tom^ 
menoée  par  1^  siiUinih  Sélim  V^^  ^ut 
ceoqult  régypté  (1517)  et  àimfa  les  let- 
tres; "dite  ne  contient  que  8  on  4^000  v. 
arabe»,  tnrcà  et  persans,  dbnt  t  S04  mu- 
iniscrtts^  mais  aubun  h'est  en  gin?e  :  fl  y 
en  évBÎl  beauCiiMJp  encore  dans  Ite  xvïi** 
sièdei  En  168*,  Colbert  fit  atheter,  pkr 
l'entremise  de  l^rnsbatsàdeui*  français,  1  ô 
rosnusHritB  pi^éfcieux,  d^ént  un  'Hérodote 
qui  ié  été  très  utile  à  Lértlier  pbur  «* 
traduction I,  et  un  /Vim»/^Ap^«ri  a-servi 
à  <'a*rfe  éviieri,  par  1>.  Ritéàrd^  tes  ftiu- 
tes  que  Méinrlà*c  drsmt  avoir  relevées 
fera  nmikbrè  de  2,000  dans  ta  version 
d*Amyotç  188  autres  mai^ésAiTits  f^r0c« 
fwefrt  vendues  à  Oonstântiitophe^  et  payés 
«haonn  100  llv.  tournois.  L'AUglaisÔreâ- 
vW  en  avait  déjà  acheté  plusfeuirs  eA 
1686i  Le  ftâtiment  dek  bihhbthèque  du 
sérail  «  h  fonne  d'tme  croix  g reo(|uteu 

^*)  M.  Ebert  f  n  fait  connaître  iS  dans  ion 
ek'cellçDt  article  BiBLioTHèouBS  de  l*tenfTf1oi)é- 
dM  àHdbkb4«  enHMi  é.  eéiAbr,  pà|.  6é  ^ 
«vtsu  6. 


Gé  Ht  Mtf  k  porte  eéé  ntitë  un  arabei 
Eritrez  tn  pane.  Les  liVrè^  sont  placée 
dans  des  armoires  à  8  battans  ornés  d'un 
treillis  dont  le  travail  est  curieux.  Il  y  a 
dans  l'intérieur  du  sérail  pldsieurs  au* 
très  petites  bibliothèques  dodt  l'accès 
est  sévèrement  défendu;  elles  he contiens 
nentque  des  Manuscrits  arabes,  ou  tra*> 
duits  dans  cette  langue  du  liurc  ou  du 
persalii 

Datnw,  Le  savant  M.  PeIgnUt  dtl^ 
dans  son  Dicthnnaire  de  hibUologèe 
(t.  V^s  P^  02)  9  que  Franc.  Rosa  deRà^ 
venrte  trouva  dabs  ,1a  bibliothèque  de 
Damas  la  Philosophie  mystique,  àttrii- 
buéé  è  Aristote,  trad.  en  arabe,  et  qu'il 
pdblia  dons  là  suite; 

Les  chrétiens  grées  de  l'Onetit  tae  sont 
guère  moins  étrangers  aux  lettres  que  lek 
TnfCs.  Ils  oht  oublié  l'ancieunte  langn* 
de  leur  patrie.  Les  éviêqués  leur  défen- 
dent la  lecture  des  livres  profanes^  et  ib 
se  bornent  à  lire  les  actes  des  sept  sybo- 
des  de  leur  église.  Les  moins  ignorans  lî^ 
sent  les œu  vres  de saintBasiltSjdèsaintJean 
Chrysostèmeet  dé  saint  Jean  Da«hiascènei 
Ils  ne  connaissent  point  T^sége  de  Tim- 
pl^imbrite  et  leims  bibliothèques  ne  gom- 
tiennent  que  dés  manusch'its'. 

Il  y  a  des  bibliothèques  «latas  les  Iles 
de  l'Archipel,  surtout  dans  celle  de  Pit-^ 
mos,  dans  le  monastère  de  iSuint-Basile  à 
Gaffa(rancienneThéodôsi«),  dans  la  Grî» 
Mées  et  en  diviérMi  provinces  dts  INenpirè 
othoman. 

Le  prince  MàUrb-Oonlato  aVaît  réuni 
en  Talachie  un  grand  nombre 'de  «ami* 
scrfts  grecs. 

Il  y  a  dans,  la  péninsule  d«  Monte-^ 
8anto  (mont  Atfaos)  un  grand  nombra 
de  conviens  grecs-,  dont  les  plus  célèbres 
o«it  des  btbitolkfaèques  tfue  nos  àavâin* 
d'Europe  ont  plus  d'une  fois  été  ooAsuk 
ter;  mets  le  iB6nds  de  ces  iMbltuchèques  se 
compose  de  livres  ascéliqueB;  il  y  a  bléeu«> 
coïkp  de  manuscrits  A  peu  de  livres  im* 
primés. 

Le  jésuite  Possevîn,  dans  son  Appth- 
ratus  sacèr%  Tabbé  Sévîn,  4«bs  wom 
Voyage  a  Constantinople;  Fefurmoot^ 
dans  «a  Rektm^  du  Levant^  et  le  Vlil* 
vol.  dés  MénMires  de  TAcad.  des  beMea^ 
lettres,  Î&êA.  condaHre  les  «aniiscrîti 
grlâcaipM^è  divehna  ^époifueBy  b«téclu»A> 


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PD 


(601) 


91» 


qnîs  dans  TOrient,  et  apporta  en  France, 
en  Allemagne  et  en  Italie. 

Afrique.  Cest  un  singulier  conte  que 
celui  de  la  bibliothèque  éthiopienne 
qui  aurait  été  établie  dans  le  monastère 
de  Sainte-Croix ,  sur  le  mont  Amara,  et 
qui  devrait  son  origine  à  la  célèbre  reine 
de  Saba.  On  prétend  que  Saloraon  lui  fit 
présent  d'un  grand  nombre  de  livres  par- 
mi lesquels  oo  nomme  celui  d'Enoch  sur 
les  élémens,  celui  de  Noé  sur  les  ma- 
thématiques, ceux  d'Abraham  sur  la  phi- 
losophie qu'il  aurait  enseignée  dans  la 
vallée  de  Mambré;  plus  lea  livres  de  Job, 
des  Prophètes,  des  Sibylles  et  des  pre- 
nuers  grapds-prétres  des  Juifs.  Or,  ces 
magnifiques  mooumens  de  Tenfance  dn 
monde  auraient  été  conserviés  dans  la  bi- 
bliothèque éthiopienne,  avec  les  ouvra- 
ges composés  par  la  reine  de. Saba  et  par 
son  fila  Mémilech  qu'elle  eut,  dit-on,  de 
Salomon;  et  cette  fameuse  bibliothèque 
n'aurait  pas  contenu  moipsde  1 0»  1 00,000 
volumes,  tous  écrits  sur  parchemin  et  ren- 
fermés dans  des  étuis  de  soie!  Certes,  il 
n'y  a  rien  de  plus  merveilleux  dans  les 
Mille  et  une  Nuits.  On  dit  que  le  pape 
Grégoire  XIII,  mort  en  lâ73,  envoya 
Laurent  de  Crémone  et  AnL  Brians  vi- 
siter cette  bibliothèque  incomparable; 
mais  le  rapport  qu'ils  durent  faire  au 
souverain  pontife  ne  nous  est  pas  connu. 
On  est  étonné  que  le  P.  Kircfaer  ait 
donné  trop  de  créance  aux  contes  qui 
ont  été  faits  de  cette  prétendue  merveille 
du  monde  qu'auraient  conservée  des 
moines  sehiamaiiq^ea,  n^storiens,  et  d*ail- 
leurt  fort  ignorans. 

FftL.  Si  l'on  en  croit  Erpeoius,  la  bi- 
bliothèque de  œtte  ville  se  composerait 
de  32,000  volumes,  et  les  Maures  y  con- 
serveraient toutes  les  décades  de  Tite- 
livc,  ainsi  que  tous  4es  ouvrages  d'Hip- 
pocrate,  d  e  Gai  ien,  de  Pappvs,  phHoaophe 
d'Alexandrie,  et  d'un  assez  grantl  nombre 
d'autres  auteurs  de  l'antiquité,  dont  les 
écrits  ne  sont  pas  venus  jusqu'à  nous,  ou 
que  nous  avons  incomplets,  tels  que  Sal- 
lusle,  Tite-Live,  Tacite,  etc.  Sans  ad- 
mettre légèrement  tout  ce  que  racontent 
les  voyageurs,  on  peut  croire  que  beau- 
coup de  «apattscrJRs  anciens  pcoveni  en- 
ooM  éM-e  «aachét  -da^a  l«i  hJbliathnqiia» 


Maroc  Le  roi  AI^IMhnsbrt  qrd  aim» 
les  lettres,  fonda  dea  écoles  et  des  bi- 
bliothèques dans  ses  états.  Lea  Arabes 
lettrés  se  vantent  de  conserver  dans  celle 
de  Maroc  la  première  copie  du  Code  de 
Justinien. 

Amérique.  Il  y  a  dans  les  Ëtats-Unia 
un  si  grand  nombre  d'éooles  et  de  jour- 
naux politiques  et  littéraires  qu'il  doit 
s'y  trouver  aussi,  et  qu'il  s'y  trouve,  dea 
bibliothèques  publiques  et  particulières 
dans  toutes  les  villes  de  l'Union.  Celle» 
de  Philadelphie  (32,000  vol.),  de  Boa.- 
ton ,  de  Cambridge  et  de  New- York  sont 
les  plus  considérables;  mais  elles  ont 
besoin,  comme  toutes  les  autres,  dea'ao- 
croitre  et  de  s'enrichir  encore. 

[Un  ouvrage  important  à  consulter  sur 
les  manuscrits  des  bibliothèques  de  l'Eu» 
rope  est  le  suivant:  Heenel,  Catalogi  U^ 
brorum  mss.  qui  in  bibUothecis  Galliœ, 
Heà^eUéPy  Hùtpaniœ^  Lusitaniœ,  BeU 
gii,  Èritanniœ  asserpantur  y  Leipsig, 
1829,  in-4'';  et  sur  les  trésora  des  bi- 
bliothèques de  l'Italie  seulement:  Bluroe, 
Iter  ItaUcumy  Berlin  et  Balle,  1824- 
1880,  r  vol.  in.8^]  '        V-yb. 

BIBLIQUE  ,  ce  qui  a  rapport  a  la 
Bible  ou  ce  qui  peut  être  puisé  dans  la 
Bible.  Ainsi  à  l'art.  Bibls  (p.  464),  on  a 
pu  parler  de  la  science  bibiiqœ, dont  volet 
quelques  branches.  La  chroftologge  bi^ 
hliqae  esi  celle  dont  les  livres  historiques 
de  la  Bible  ont  fourni  les  bases;  bases  au 
reste  incertaines  et  qu*on  a  besoin  de  rec- 
tifier par  la  comparaison  des  données  da 
l'hiitoire  profane  avec  celle  de  l'bialoirt 
sacrée  et  par  l'inspection  des  monumena 
littéraires  et'autres  que  le  temps  a  res- 
pectés. Uhistoire  bibUque  forme  depuia 
plusieurs  siècles,  dans  la  chrétienté,  la 
première  lecture  des  eafans;  elle  doit 
être  présentée  avec  choix  et  dieeemeitteni 
pour  remplir,  sans  inconvénient,  l'objet 
qu'on  se  propose;  cette  condÂiion  qae  lea 
«Mteurs  des  anciens  livres  de  œ  |Eenre^ 
français,  allemands,  aniglais^  etc.,  nsi 
^op  souv«aft  négligée,,  se  trouva  réali- 
sée dans  les  ISarraùoas  hièiiqmef  de  l'an  - 
teur  des  OKu/s  depdfâte.  Kmaunacher, 
à  qvû  la  jeunesae  doit  ka  ^acietises 
ParitMes^  a  varié  ces  leotnrta  4*una 
■Muaièreingénieuae  par  soacftceUcwt  cn»^ 
nantalre  aur  VMslûire  UbHqm  4m  fg^ 


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BIB 


(604) 


BIB 


mien  livre»  de  rAncien-TesUmeiit.  L'in- 
terprétalion  de  la  Bible,  YexrgèxebibU' 
çtir,  se  qualifie  iVejcr;^cte\y^v  excellence; 
on  appelle  hcniwneuUqne  le  dévelop- 
pement des  principes  sur  lesquels  on  se 
règle  dnns  Tinlerprélalion.  La  (logmati- 
que ,  la  morale  bibliques  ^  sont  encore 
celles  dont  les  principes  sont  empruntés 
à  nos  livres  sacrés  ;  la  philologie  biblique 
est  la  connaissance  de  tous  les  idiomes 
qui  sont  entrés  dans  la  rédaction  de  ces 
livres,  de  Thébreu  ,  du  chaldéen,  du 
grec,  et  des  autres  langues  dont  Tétude 
•ertà  compléter rinlelligence  des  premiè- 
res. Enfin  on  appel  le  ^'c^o^//?^'^,  archiva- 
lofiic^  etc.^  biblfq'KW,  cette  partie  des 
«ciences  nommées  qui  se  rapporte  exclu- 
sivement à  des  lieux,  villes,  pays  et  au- 
tres, ou  îi  des  objets  d  arts  et  d'anli(|ui- 
té  dont  il  est  fait  mention  dans  la  Bible. 
L'importance  de  notre  code  sacré  justifie 
répithèie,  et  Ton  peut  dire  avec  vérité 
que  c*e5t  sur  la  Bible  que,  d'abord 
parmi  nous,  les  sciences  se  sont  exer- 
cées et  enbardies  pour  les  conquêtes 
qu'elles  n*ont  pas  tardé  de  faire  ensuite 
sur  d*autres  domaines.  La  critique  bibli- 
que, par  exemple,  a  émancipé  l'esprit 
des  modernes;  cVstà  la  discussion  con- 
S'iencieuse  des  versions  du  texte  sacré 
et  de  toutes  ses  variantes  qu'on  doit 
l'indépendance  qu'ils  ont  portée  dans  les 
études  classiques  et  surtout  dans  celle  de 
l'histoire.  J.  H.  S. 

BIBLIQUES  (sociétés).  On  ap- 
pelle ainsi  des  associations  formées  dans 
le  but  de  répandre  la  Bible.  La  première 
société  qui  s'occupa  de  cet  objet  fut 
fondée  en  A.ngleterre,  en  1780;  mais  elle 
ne  distribua  la  Bible  qu'aux  armées  de 
terre  et  de  mer  de  la  Grande-Bretagne. 
D'autres  sociétés  anglaises ,  notamment 
celle  pour  l'avancement  tle  la  connais- 
sance  tlu  christianisme,  formée  en  1 098, 
et  celle  pour  la  propagation  fie  Vévan- 
gile  dans  les  pays  étrangers,  formée 
en  1701,  distribuèrent  aussi  des  Bibles; 
mais  comme  ces  sociétés  cherchaient  à 
atteindre  encore  par  d'autres  moyens  le 
but  de  leur  institution,  leur  distribution 
du  volume  sacré  ne  pouvait  être  que  peu 
considérable  eu  égard  au  besoin  qui 
t'en  manifestait  tdnt  en  Angleterre  que 
tur  d'autres  poioU  du  globe.  Ce  besoin 


se  fit  surtout  yWement  sentir  vers  la  ftti 
du  xviii®  siècle  dans  le  p^ys  de  Galles, 
et  devint  l'occasion  de  la  foriniition  d'une 
société  nouvelle  sous  le  nom  de  Société 
bibltqne  britannique  et  éiran^cre.  Elle 
fut  fondée  à  Londi*es  au  mois  de  mars 
1804  et  se  proposa  pour  but  unique  de 
répandre  les  saintes  Écritures,  sans  notes 
ni  commentaires,  dans  les  éla^  soumis 
à  la  Grande-Bretagne  et  dans  d'autres 
pays  tant  chrétiens  que  mahométans  ou 
pgîens,  selon  que  ses  moyens  le  lui  per- 
mettraient. Lord  Teiiçn mou th,  ancien 
gouverneur  des  Indes-Orientales,  ac- 
cepta la  pbice  de  son  président,  et  plu- 
sieurs évéqiies,  loi^ds  et  membres  du  |>ar- 
lement,  celle  de  viceprésidens.  Celte 
société  excita  le  plus  vif  intérêt  et  trouva 
de  nombreux  imitateurs,  au  point  que, 
d'après  «on  rapport  de  1815,  il  existait 
déjà  à  cette  époque,  dans  les  diverses 
parties  de  la  Grande-  Bretagne ,  484  so- 
ciétés semblables,  affiliées  comme  auxi- 
liaires ou  branches  à  celle  de  Londres, 
lui  fournissant  des  contributions  en  ar- 
gent, et  recevant  d'elle  les  Bibles  dont 
elles  avaient  besoin  dans  leur  ressort. 
Outre  ces  sociétés,  il  se  forma  encore 
dans  les  villes  et  à  la  campagne  un  grand 
nombre  d'associations  bibliques  parmi 
les  artisans  qui  donnent  un  penny  ou  un 
demi-penny  par  semaine  pour  se  procu- 
rer, soit  à  eux-mêmes,  soit  à  leurs  enfans, 
ou  à  des  personnes  plus  pauvres  qu'eux , 
le  volume  sacré.  Les  dons  recueillis  par 
ces  associations  sont  également  transmis 
à  la  société-mère  et  s'élèvent  annuelle- 
ment à  des  sommes  très  considérables. 
Le  nombre  de  ces  sociétés  est  aujour- 
d'hui (i834)  comme  suit  : 

■us*.       br. 

Dans  la  Grinde- 
BrrUgne 291     411 

Dhiis  les  cotonies 
et  antres  dépendan- 
res  de  laOriiude-Bre- 
tugne 35 

£o  Ecosse,  affi- 
liées à  la  sodété  de 
ce  pays 73 


2,019    2,721 


39        19 


93 


294      256        623 


Total. 


399    744   2,294     3,437 


Les  efforts  réunis  de  tant  d'amis  de 
l'œuvre  biblique  portèrent,  dès  la  pre- 
oiière  année ,  U  recette  de  la  Société  de 


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BIB 


(506) 


BIB 


LoMket  à  pkis  àt  6,691  \ir,  sterlinj^,  et 

celle  i-eccUe  saccriir  progressivement,  nu 
point  4|ue,  |>oiir  la  1 1*''  année,  elle  fut  de 
plus  de  09,000  liv.  sierl.,  et,  dans  Tan- 
née 1832  à  1833,  de  plus  de  7â,492 
liv.  «lerl.  La  dépt-nse  a  été  en  propor- 
tion charpie  année:  elle  s*csl  élevée,  pour 
Tannée  1 832 ,  à  88,676  liv.  sterl.,  et,  de- 
puis la  fondation  de  la  société  jusqu'à 
1832  inclusivement,  à  la  somme  énorme 
de  1,967,058  liv.  18  sh. 

Ces  fortes  sommes  furent  employées 
à  aider,  dans  les  pi*emiers  temps  de  leur 
existence  ou  dans  leurs  opérations  fu- 
tures, une  foule  d  autres  sociétés  qui  se 
formèrent  successivement,  à  Texemple 
de  la  Société  de  Londres,  d*nprès  les 
méinefl  principes  et  pour  le  métne  but, 
dans  d'autres  pays,  tant  en  Europe,  que 
dans  les  Imles-Orientales  et  Occiden- 
tales, en  Amérique  et  en  Afrique.  Le 
nombre  de  ces  sociétés  est  aujourd'hui 
en  Ëuix>pe  de  55,  en  Asie  de  4,  en  Amé- 
rique de  2;  en  tout  61.  Dans  ce  nombre 
ne  sont  fias  comprises  les  sociétés  auxi- 
liaires,  branches  et  associations  de  fem- 
mes et  d'artisans,  qui  sont  très  considé- 
rables et  se  montent  en  Amérique,  pour 
la  société  de  Neiv-York  setilemenl,  à  848. 
Ces  sommes  ont  servi  encore  parti- 
oulièrement  à  faire  imprimer  et  à  ré- 
pandre la  Bible  ou  le  Nouveau- Testa- 
ment, ou  des  portions  des  Livres  saints, 
dans»  presque  toutes  les  langues  euro- 
péennes, dans  un  grand  nombrede  lan- 
gues asiatiques  et  dans  plusieurs  langues 
d'Amérique  et  d'Afrique.  Le  nombre 
des  Bibles  dititribnées  dans  ces  diverses 
langues  par  U  Société  de  Londres ,  de- 
puis son  origine  jusqu'en  1832 ,  est 
de  3,120,183 

celui  des  Nouveaux-Testa- 
mena  de  5,026,373 


8,145,556. 
LfS  langues  dans  lesquelles  les  saintes 
Écritures  n^avaient  pas  encore  été  impri- 
mées avant  l'établissement  de  la  société 
et  dans  lesquelles  elle  a  publié  des  traduc- 
tions, soit  de  la  Bible  entière,  soit  du 
Nouveau -Testament,  ou  de  quelques 
livres  détachés  de  U  Bible,  sontau  nom- 
bre de  72.  Elle  a  fait  faire  aussi  4  réim- 
preeiwna  et  6  t^adoctioiu  aoigiieiuemeat 


revues  et  corrigées  des  saints  Livres. 
Parmi  ces  dernières  se  distingue  parti- 
culièrement celle  en  lan;^ue  turque  qu'elle 
doit  au  zèle  laborieux  de  Kicffor,  alors 
|>rofessour  au  collège  de  France. 

Les  autresSoeiélés  bibliques  ont  aussi 
fait,  chacune  selon  sa  sphère  d'activité 
plus  ou  moins  étendue,  avec  leurs  pro- 
pres fond»  ou  avec  l'assistance  de  celle 
d'Angleterre,  d'amples  distributions  des 
Libres  saints.  Parmi  elles  nous  nomme- 
rons celle  de  Russie ^  à  laquelle  l'empe- 
reur Alexandre  contribua  annuellement 
pour  line  assez  forte  somme ,  et  qui  a 
fait  imprimer  la  Bible  ou  des  portions 
de  la  Bible  dans  près  de  30  langues  diffé- 
rentes. Suspendue  en  1826  par  un  oukase 
impérial,  cette  société  fut  remplacée  la 
même  année  p<ir  une  société  biblique 
protestante.  Nous  nommerons  encore 
celle  de  Calcutta  qui  a  pour  but  de  pour- 
voir de  Bibles,  dans  leurs  langues  di- 
verses ,  les  habitans  des  Indes-Orientales; 
celles  qui  se  sont  établies  successive- 
ment en  Aflcmaf^nCy  notamment  à  Ber- 
lin, Stuttgard,  Dresde,  Francfort,  Ham- 
bourg, Hanovre,  Hessc-Darmstadl,Carls- 
ruhe,  Nuremberg;  celle  de  Stockholm; 
la  société  danoise;  celles  de  la  Hollande; 
celles  de  Bàle,  de  Zurich ,  de  I^ausanne, 
de  Berne  et  de  Genève,  en  Suisse.  Toutes 
ces  société.-)  et  beaucoup d*autres,auxquel« 
les  nous  ajouterons  celles  de  New- York  et 
de  Philadelphie,  en  Amérique,  avec  leurs 
nombreux  auxiliaires,  ont  fait  imprimer^ 
d'après  une  évaluation  modérée,  depuis 
leur  origine  jusqu'en  1832,  25,294,413 
Bibles  el  Nouveaux-Testamens.Nous  de- 
vons encore  faire  mention  de  celle  de 
Strasbourg  dont  les  opérations  sont  prin- 
cipalement consacrées  à  l'Alsace  et  qui 
a  publié  successivement  deux  belles  édi- 
tions allemandes  de  25,300  Bibles  et 
Nouveaux-Testamens.  Nous  citerons  en  fin 
la  Socit'lé  hdnique  protestante  de  Pa-^ 
ris,  fondée  en  1818,  qui  compte  aujour- 
d'hui, à  la  fin  de  la  14^  année  de  son  exis- 
tence, 51  auxiliaires,  167  branches,  37 
sociétés  de  femmes  et  beaiR*oup  d'asso- 
ciations d'artisans,  et  qui,  dans  ce  laps 
de  temps,  efficacement  secondée  par  ses 
auxiliaires,  a  distribué  64,226  Bibles  et 
80,009  Nuuv.-Testam.  Depuis  1831, 
indépendamment  de  ses  autres  distribua 


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(60«) 


HC 


tioD»t  Ift  Sodété  de  Parlt  fiilt  rtnMttrt, 
par  rentremiftc  des  pasteurs ,  la  Bible  à 
chaque  nouveau  couple,  à  Foccasion  de 
la  béaédiclion  de  son  mariage,  et  le  Nou- 
veau-Testament à  chaque  catéchumène, 
à  l'occasion  de  sa  confirmation. 

Le  bien  qu*a  déjà  produit  et  que  pro- 
duira encore  dans  les  diverses  parties  de 
la  terre  cette  grande  dissémination  de  la 
parole  de  Dieu ,  sous  le  rapport  de  la 
connaissance  des  vérités  religieuses ,  des 
encouragemens  à  la  piété,  de  Taméliora- 
Uon  des  mceurs  et  de  la  civilisation ,  est 
incalculable.  On  a  adopté  le  sage  prin- 
cipe de  répandre  la  Bible  sans  notes  ni 
commentaires,  pour  que  les  membres  de 
toutes  les  communions  puissent  la  lire  sans 
crainte  de  blesser  leur  conviction  reli- 
gieuse ,  laissant  à  qui  il  appartient  d'en 
expliquer  les  passages  obscurs.  On  a  sui- 
vi un  autre  principe  non  moins  sage,  ce- 
lui de  l'offrir  aux  peuples  chrétiens  telle 
qu'elle  était  en  usage  chez  eux ,  pouvant 
espérer  qu'ainsi  elle  serait  partout  d'au- 
tant plus  favorablement  accueillie.  Plus 
tard  ce  mode  de  distribuer  les  Livres  saints 
a  été  changé  par  la  Société  britannique.  En 
1826  et  1827  elle  a  arrêté  qu'elle  ne  dis- 
tribuerait plus  de  Bibles  avec  les  livres 
apocryphes,  et  qu'afin  de  mieux  assurer 
\e  retranchement  de  ces  livres,  tous  les 
enemplaires  qui  sortiraient  de  ses  maga- 
sins seraient  reliés.  Ce  n'est  pas  ici  le 
lieu  d'examiner  la  nécessité  ou  l'oppor- 
tunité de  f^tte  mesure;  mais  la  Société 
de  Londres  rétrécit  ainsi  le  cercle  de  son 
activité,  quant  à  celles  du  continent,  qui, 
ayant  assez  généralement  refusé  de  l'ad- 
mettre, ne  peuvent  plus  obtenir  d'elle  de 
secours  en  argent.  Dans  plusieurs  de  ces 
Sociétés,  comme  dans  celle  de  Londres, 
la  question  des  apocryphes  est  devenue 
«o  siigeC  de  discussions  fâcheuses  ;  il  en 
est  au  sein  desquelles  elle  a  (ailli  amener 
des  schismes. 

Il  en  a  été  ainsi  à  Paris,  où  il  s'est 
formé,  en  1833,  une  seconde  Société  bi- 
hUque/rançuire  et  étrangère  sous  la  di- 
rectiott  d'hommes  qui  tous  avaient  ap- 
partenu au  comité  de  la  première  et  qui 
ont  adopté  les  principes  de  la  Société  an- 
glaise. J.^J.  G. 

BICÉPHALES  ou   plutôt  Bicem, 


BICafeniB^  Mtrefoii  Bicestrê^  £iis^ 
sestte^  est  situé  sur  un  plateau  élevé,  Ht*- 
tre  la  route  de  Fonuinebleau  et  le  vil- 
lage de  Gentilly,  à  une  demi^heune  de 
marche  environ  de  Paris.  Bâti  sous  Char^ 
les  y ,  par  les  ordres  de  Jean  ^  duc  de 
Berry,  îl  formait  alors  un  poste  impor- 
tant; pillé,  dévasté  pendant  les  troubles 
qui  agitèrent  le  règne  de  Charles  VI,  Bi- 
cétre  fut  rétabli  sous  Louis  XIII,  qui  en 
fit  un  superbe  hôpital,  oà  la  patrie  don- 
nait asile  aux  soldats  mutilés*  Louis  XIV 
ayant  plus  tard  fait  coostniire  l'hàtel  des 
Invalides,  Bicètre  devint  une  suceursak 
de  l'hôpital  général ,  un  hospice  dviL 
Pendant  quelque  temps  il  a  été  une  ta* 
pèce  de  dépôt  de  mendicité  ou  l'on  r»-> 
tirait  les  pauvret  qu'on  y  occupait  a  di» 
vers  travaux,  ei  une  maison  de  correction 
où  l'on  renfermait  les  vagabonds  et  les 
gens  d'une  moralité  suspecte.  Bîoétre  est 
aujourd'hui  à  la  fois  un  hospice  ponr  les 
vieillards,  un  hôpital  ponr  les  fous,  un 
cachot  pour  les.  criminels,  qui  attendenfti 
pour  porter  leur  tète  sur  l'échaland,  qne 
la  Cour  de  cassation  ait  rejeté  leur  pour-» 
voi ,  et  une  prison  temporaire  ponr  ceux 
qui  doivent  aller  btenlôt  expier  lenrs 
crimes  dans  les  bagpea.  Cette  agglo- 
mération d'infortunes  si  différentes  est 
pour  l'observateur  philosophe  la  eouroe 
de  réflexions  toor  à  lour  amèrea  et  oon- 
solantes. 

La  condition  qu'on  exige  des  vieil- 
lai*ds,  pour  être  admis  à  Bicétre,  s'est 
l'âge  de  70  ans;  ceux  d'un^ége  bna«ooup 
plus  jeune  qu'on  y  rencontre  dans  la  di- 
vision des  incurables  sont  dns  airengles, 
des  paralytiques,  d'autres  qui  aont  at^ 
teints  de  maladies  ohroniqnes  au-deisns 
des  ressources  de  l'art,  et  qui  les  mettent 
dans  l'impossibilité  absolue  d«  subvenir 
à  knni  besoins.  Quand  un  vieillard  a  été 
une  fois  admis,  il  devient  membre  de  la 
grande  famille,  et  la  maison  lui  accorde 
toutes  les  nécessités  de  la  rie  :  de  vmales 
dortoirs  garnis  de  lits  irès  propres  s'ou-» 
vreot  le  soir  à  l'heure  du  repoa  ;  unn 
nourriture  saine  et  abondante  leur  est 
distribuée  à  dififérentea  heures  du  jour; 
chaque  aemaine ,  du  linge  blanc  leur  est 
donné,  et  chaquesemaine  «usai  îl  leur  est 
permis ,  à  des  jours  fixes,  de  eortfir  de  U 
iMMMi.UMd«yMa 


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Bia 


(é07) 


ne 


yr«Mtaiit  ciiit«nl  daab  rkuMmr  ê»  Vé- 
tflbliBsemtntyOà  chacun  »  suivant  sa  re- 
ligion y  peut  adresser  ses  prières  à  Dieu. 
Parmi  ces  vieillards  i  il  en  esl  quelques- 
VDs  qui»  ayant  conservé  un  reste  de  ver- 
deur^ sont  employés  à  divers  travauE  que 
l'adniinlstralion  rétribue  suivant  leur 
iitiportanee.  Enfin  un  grand  nombre  d'a- 
teliers ont  été  eonsiruits  où  travaillent 
chaque  jour  plusieurs  centaines  de  vieil- 
lards et  d'aveugles  plus  ou  moins  vali- 
desi  Ces  ouvriers  vendent  librement  le 
produit  de  leur  industrie  et  peuvent  par- 
là,  comme  ils  le  disent  dans  leur  langage 
■lodeste, se  procurer  quelques  douceurs. 
VfieBt  ensuite  lé  division  des  insensés,  qui 
comprend  les  fous  et  les  idiots.  Ces  der- 
niers sont  renierlnés  dans  une  cour  peu 
étendue  c  on  en  voit  peu  se  protnener  ; 
presque  tbus  sont  assis  ou  eouthés  sur 
le  sol ,  se  livrant  à  des  mouvemens  sans 
but,  et  qu'aucune  pensée  ne  dirige.  Les 
aliénés  sont  plus  nombreux  et  renfermés 
dans  des  cours  distinctes  et  plus  spacieu* 
ses  ;  cctts-ci  pour  la  plupart  vivent  d'une 
vie  moins  solitaire  que  les  premiers  t  on 
les  voit  se  proméher  par  groupes  ou  se 
livrtr  à  des  occupations  qui  réclament 
davantage  le  concours  de  rintelligence. 
Quand  on  se  trouve  au  milieu  de  ces  in- 
fortunés ^  on  est  souvent  abordé  par  des 
empereurs,  des  rois  qtd  viennont  deman- 
der deux  sous  pour  acheter  du  tabac  ; 
d'autres  vous  poursikiveni  d'un  ceil  ha- 
gard ^  jusqu'à  ce  qu'on  sok  hors  de  la 
portée  de  leur  we.  Les  fous  furieux  sont 
renferhf)és  dans  des  loges  où  ils  sont  re- 
tenos  jfÉsqu'à  ce  que^  redevehius  plus  cal- 
mes, ils  prissent  être  rendus  à  la  vie  oom^ 
mune  sans  danger.  Dans  ta  même  divi- 
sion se  trouve  une  Infirmerie  oè  «ont 
j-eçus  des  iadividus  qui  n'ont  perdu  la 
raison  que  depuis  peu  de  tempe  et  doni 
l'état  demande  l'application  d'une  méde- 
cine plus  active. 

La  cuHosîlé  que  les  vfeiHards  no  tatnuK 
q««ot  jamais  d'ifidaqSrar  à  iseux  qui  vtii- 
tent  Bi^re^  o'est  tm  fMiita  qui  a  166 
pieds  do  proTondeur  sur  16  de  largeur; 
un  seau  tfuî  contient  660  litres  verse 
Teaki  tèuCes  les  cinq  minutes  4ans  tm 
immense  réservoir  ^  distribuo  ce  li- 
quide pour  toos  fas  aervioea  de  l'établîs- 
80Mtt^par  ie  «bjen  de  73  «txiMto.  €• 


sont  des  idiote^  des  •▼etiglès,  qtd  Hbmi 
marcher  cette  machine  qui  Ta  jour  et 
nuit  ;  14  hommes  pour  cela  sont  em^ 
ployés  à  la  fois»  La  population  de  Bio^ 
tre  est  environ  de  4,000  individus.  S-n* 
BICHAT  (MAaiK-FEAKçois-XA* 
▼IB&)  nsqnit  en  1771  à  Thoirette,  dépar- 
tement de  l'Ain.  Fils  d'un  médecin  estî*' 
mé  comme  praticien,  et  devant  suivie 
la  même  carrière  que  son  père ,  il  fut 
placé  au  collège  de  Nantua  où  il  fit  ses 
huBsanités  avec  une  grande  distinction» 
Au  moment  où  il  sortit  du  collège,  la  ré- 
putation de  Marc- Antoine  Petit  attirait 
à  Lyon  un  grand  nombre  de  jeunes  gens 
qui  entraient  dans  la  carrière  médicale; 
c'est  aussi  à  Lyon  que  Bicfaat  commença 
l'étude  d'une  science  à  laquelle  son  génU 
devait  donner  une  impulsion  ai  heureuae  ; 
mais  les  troubles  politiques  qui  éclatè- 
rent alors  dans  cette  ville  la  lui  firent 
bientôt  abandonner.  Il  se  rendit  à  Bour- 
ges où  il  ne  resta  que  peu  de  temps ,  et 
vint  enfin  à  Paris  où  Desault  professait 
avec  éclat  la  chirurgie^  Une  circonstance 
heureuse  le  fit  bientôt  distinguer  de  l'il- 
lustre professeur  qui  le  reçut  «dans  ea 
maison  et  l'associa  à  ses  travaux.  Cette 
intimité  dura  peu  :  Desault  mourut,  et 
Bichat^  pour  acquitter  envers  lui  sa  dette 
de  reconnaissance,  publia  le  4^  voIubm 
du  Jvumai  de  Chirurgie  de  son  protec- 
teur ,  et  plus  tard  ses  leçons.  Jusque  là 
Bichal  n'avait  fait,  en  quelque  sorte,  que 
préluder  à  sa  gloire ,  s'occupent  presque 
exclusivement  d'anatomfie  et  de  chirur- 
gie; mais  étudiant  l'anatomie  sous  un 
point  de  vue  tout  nouveau,  il  décomposa 
le  corps  humain  en  ses  tissus  élémentai- 
res, et  montra  comment  ceuxMîi  s*< 


cient,  se  groupent,  pour  (brmer  les  dif- 
férons organes.  Cette  décomposition  do 
corps  aniasal  en  ses  élémens  cototilutifs 
est  certainement  une  des  vues  les  pkis 
originales  des  temps  modernes:  en  mon- 
trant ainsi  llmperlection  des  éludes  ana- 
toÉiiqnes  (ail  es  avant  lai,  etdanslesquellea 
les  organes  étaient  examinés  en  masae,  on 
peut  dire  que  Bîdmt  a  ouvert  la  vote  dans 
laquelle  ont  marché,  avec  tent  de  sucoès, 
plusieurs  médecins  oontetaporaifii^  mais 
il  n'a  point  suffi  à  son  esprit  plein  de  vi- 
gueur d'avoir  analysé  ainsi  l'organisatioB 
hwnaÎBa^  il  o  touk  iaira  conoo^rir  \ 


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BIC  (  508  ) 

peifecHon  de  l'analyse  anatomique  au 
progrès  de  la  science  de  la  vie.  Malgré 
tous  les  elTorls  de  Barihès  et  de  Bordeu, 
pour  subordonner  les  phénomènes  viiaux 
à  des  principes  dislincls  de  ceux  qui  ré- 
gissent les  corps  inertes,  les  idées  des 
médecins  mécaniciens  et  chimistes  ré~ 
gnaient  encore  dans  la  plupart  des  es- 
prits. Ce  n*est  pas  que  déjà  on  ne  sentit 
généralement  que  les  forces  d'où  éma- 
nent les  phénomènes  dc<  êtres  animés 
doivent  difrérer  de  celles  auxquelles  olicit 
la  matière  morte,  mnb  on  ne  regardait 
cette  distinction  que  comme  tme  nécess.lé 
logique,  bonne  pour  le  cabinet  et  qui, 
vague  et  sans  règle  fixe,  n'était  d'aucune 
utilité  en  face  des  faits.  Bichat  sentit 
quelle  était  la  cause  qui  faisait  ainsi  re- 
jeter le  vilalisme  à  ceux  qui  avouaient  la 
légitimité  de  ses  hases,  et  chercha  à  cooi^ 
donner  les  phénomènes  de  la  vie  en  les 
groupant  autour  des  forces  diverses  sous 
l'empire  desquelles  ils  s'accomplissent  ; 
ces  forces,  il  les  appelle  ptx>priétés  vita- 
les et  les  classé  de  la  manière  suivante. 
Il  admet  une  sensibilité  animale  mi  per- 
cevante, d*où  dérivent  les  sensations;  une 
sensibilité  organique,  fa<*ullé  de  la  ma- 
tière vivante,  qui  rend  celle-ci  sensible 
aux  impressions,  sans  que  l'individu  chez 
qui  elles  ont  lieu  en  ait  la  conscience  ; 
une  conltactilité  animale  ou  volontaire, 
et  une  contractilité  organique  sensible, 
propriétés  inhérentes  aux  fibres  muscu- 
laires, qui  se  raccourcissent  ou  se  con- 
tractent sous  l'influence  de  la  volonté,  ou 
bien  sous  celle  d'autres  excitans,  et  qui 
président  à  la  locomotion  et  aux  mouve- 
mens  des  plans  musculaires  des  viscères; 
enfin  une  contractilité  or^çanique  insen- 
sible, qui  existe  dans  tous  les  tissus  vi~ 
vans,  et  en  vertu  de  laquelle  tous  ces 
tissus  exécutent  des  moux'cmens  intimes, 
inaccessibles  à  nos  sens,  mais  indiqués 
par  les  résultats,  et  qui,  jointe  à  la  sensi- 
bilité organique ,  a  sous  sa  dépendance 
la  circulation  capillaire,  l'absorption,  les 
sécrétions  et  la  nutrition.  A  près  a  voir  ainsi 
distingué  les  diverses  propriétés  des  tis- 
sas, complétant  cette  élude  analytique 
par  une  étude  d'ensemble,  il  est  conduit 
à  admettre  dans  les  animaux  en  général, 
et  rhomine  en  particulier,  deux  vies,  con- 
•équemmcnt  deux  séries  d'organet  oor- 


BIC 

relatifs  :  Tune  est  la  vie  animale,  vie  ex- 
centrique qui  a  pour  inst rumens  matériels 
les  organes  au  moyen  desquels  Tétre  vi- 
vant se  met  en  rappoi*t  avec  te  monde  ex- 
térieur; l'autre  est  la  vie  organique  dont 
le  caractère  est  de  présider  à  la  conser- 
vation et  à  la  nutrition  de  l'animal,  et  qui 
a  des  organes  en  harmonie  avec  la  spé- 
cialité de  sa  nature.  Une  seple  fonction 
reste  en  dehors  de  cette  belle  division 
systématî(|ue,  c'est  la  fonction  de  re|>ro- 
duction.  Ces  principes  physiologiques 
étant  I  osés,  Bichat  en  conclut  que  la  ma- 
ladie consiste  essentiellement  dans  une 
altération  des  propriétés  vitales ,  et  -que 
la  thérapeutique  doit  avoir  pour  but  de 
ramener  ces  propriétés  à  leur  type  nor- 
mal. Telles  sont  en  substance  les  idées 
que  Bichat  a  développées  avec  un  talent 
admirable  dans  4  volumes  in-8®  qu'il  a 
publiés  sons  le  titre  à^Ànatomie  ^éné- 
rule  ;  c'est  là  sans  contredit  l'ouvrage  où 
ce  médecin  illustre  a  jeté  le  plus  d'idées 
originales,  mais  ce  n'est  point  le  seul 
qu'il  ait  produit ,  quelqne  prématurée 
qu*ait  été  sa  mort.  Il  a  laissé  de  nom- 
breux mémoires,  un  Traité  des  mem- 
branes, en  un  vol.  in-8  ;  5  volumes  d'i/- 
natomie  descriptive ,  dont  les  deux  der- 
niers ont  été  rédigés  par  Buisson  et 
M.  Roux;  enfin  ses  Recherches  sur  la 
vie  et  la  mort ,  dont  M.  Magendie  est 
l'éditeur ,  et  auxquelles  il  a  ajouté  des 
notes  intéressantes.  Dans  ces  nombreuses 
productions  Bichat  montre  un  esprit  su- 
périeur qui  eût  reculé  les  bornes  de  la 
science  plus  que  personne  ne  l'a  fait 
peut-être,  s'il  lui  avait  été  donné  de  four- 
nir une  plus  longue  carrière.  Il  mourut 
le  22  juillet  1802  ;  à  sa  mort ,  Corvisart, 
son  médecin ,  écrivit  au  premier  consul  : 
«  Bichat  vient  de  mourir  sur  un  champ 
de  bataille  qui  compte  plus  d'une  vic- 
time; personne,  en  si  peu  de  temps,  n'a 
fait  tant  de  choses  et  aussi  bien,  m  Quoi- 
que beaucoup  des  idées  de  Bichat  ne 
soient  déjà  plus  admises  dans  l'état  ac- 
tuel de  la  science,  il  en  est  plusieurs 
dont  l'expérience  de  chaque  jour  confirme 
la  justesse ,  et,  dans  le  mouvement  pro- 
gressif qui  nous  entraine  loin  de  lui.  Ton 
sent  encore  TimpoUion  vigoureuse  que 
sa  main  puissante  «  donnée  aux  scieo- 
ces  médicales.  G.  A-l  et  S-v. 


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BIC 

BlCBE^voy,  Ccbv. 
-    BICIIET,  vof,  Mbsihies  (anciennes), 

BiCOQtË  [£uoca)y  vilbge  à  une 
lieue  de  Milan ,  en  un  lieu  hérissé  d'ar- 
bres et  coupé  de  canaux.  Lautrec,  chargé 
de  la  défense  du  duché  de  Milan  ,  y  ren- 
ronlra  (es  Impériaux  retranchés  dans  une 
forte  position  :  le  général  français  et  son 
conseil  furent  d*avis  de  les  bloquer  et  de 
les  affamer,  et  tout  annonce  qu'il  les 
aurait  eus  à  discrétion  sans  Tindisci- 
pline  des  mercenaires  suisses  qui  com- 
posaient à  peu  près  toute  Tinfanterie  de 
ton  armée.  Ceux-ci,  irrités  de  n'avoir 
pas  reçu  de  solde  depuis  long-temps  et 
espérant  au  moins  s'indemniser  par  la 
victoire!,  demandèrent  à  gt*aDds  cris  leur 
argent  ou  le  combat;  si  bien  que  sous  la 
menace  d'une  défection ,  Lautrec  se  vit 
obligé  d'engager  l'affaire  contrairement 
aux  plus  simples  calculs  d'une  saine  tac- 
tique. Ce  lut  la  Journée  de  la  Bicoque 
(1522J.  Les  Suisses  firent  rage  au  pre- 
mier choc,  mais  ils  se  déconcertèrent 
bientôt  devant  le  courage  flegmatique 
des  Allemands,  et  se  dispersèrent,  aban- 
donnant la  gendarmerie  française  qui  fai- 
sait des  prodiges  et  dont  les  succès  au- 
raient pu  devenir  décisifs.  Cette  journée 
eut  des  suites  très  importantes.  Le  Mi- 
lancz  échappa  à  la  France.  Quand  Lau- 
trec se  plaij(nil  à  la  cour  du  manque  d'ar- 
gent ,  source  de  tout  le  mal ,  il  fut  assez 
mal  reçu,  attendu  que  les  ducats  avaient, 
à  ce  qu'il  parait ,  passé  par  les  mains  de 
la  duchesse  «PAngouléme  qui  aima  mieux 
les  employer  à  se  faire  des  amis  qu'à  dé- 
truire les  ennemis  de  la  France. 

Le  mot  bicoque,  par  extension ,  sert 
aujourd'hui  à  désigner  une  place  de  guerre 
diétive,  ou  une  bourgade  quelconque 
aans  importance.  P*  L-k. 

BIDASSOA,  en  latin  Vedassus  et 
Villa  sa ,  rivière  qui  prend  sa  source  à  la 
cime  du  fielat,  l'une  des  crûtes  des  Pyré- 
nées, entre  Saint-Jcan-Pied-de-Port  et 
Maya,  vilbge  espagnol  qu'elle  baigne  en 
coulant  à  l'ouest-sud-ouest.  Française  à 
sa  source  seulement,  elle  parcourt,  en  ser- 
pentant, un  arc  sinueux  d'environ  douze 
lieues  dans  le  territoire  espagnol,  pour 
venir,  non  loin  de  son  embouchure  dans 
là  mer  de  Biscaye ,  tracer ,  sur  une  très 
laibU  étendue  y  la  limite  de  la  France  avec 


( 509  )  B1D 

l'Espagne,  entre  le  village  d'Andaye  et 
Fuenterrabia ,  après  avoir  coulé  à  gauche 
de  Ma\a,  puis  entre  Ëlisondo  et  Bcrtiz,  et 
arrosé,  en  iciuontant  \ers  le  noid- ouest, 
San-Estevan,  Bera  et  Iron.  Son  cours 
forme  un  angle  obtus  et  rentrant,  qui 
regarde  l'autre  angle,  obtus  et  saillant, 
que  présente  la  chaîne  des  Pyrénées  d'An- 
daye au  mont  Ma)  a. 

La  Bidassoa,  que  les  vieux  auteurs  es- 
pagnols nomment  indifféremment  Ve- 
daso  ou  Vidasoa ,  et  les  anciens  géogra- 
phes français  Bidasse  ou  Bidassea,  n'a 
donc  d'autre  importance  topographique 
que  celle  que  lui  donne  le  passage  de 
Bayonne  à  Saint- Sébastien,  dont  elle 
coupe  la  route.  Son  lit  est  presque  par- 
tout fort  marécageux  et  elle  ne  pourrait 
porter  tout  au  plus  que  de  légères  bar- 
ques, si  ce  n'est  vers  son  embouchure , 
à  une  lieue  de  laquelle  elle  forme  Xile 
des  Faisans  ou  de  la  Confcrenve.  Nous 
ne  saurions  dire  si  le  dernier  nom  donné 
à  cette  ile  vient  de  ce  qu'elle  fut,  en 
1659,  le  siège  du  congrès  où  le  cardinal 
Mazarin  et  D.  Luis  de  Haro  jetèrent  les 
bases  du  traité  de  paix  des  Pyrénées 
[voy.) ,  ou  bien  s'il  faut  le  rattacher  à  une 
origine  plus  ancienne,  notamment  à  l'en- 
trevue qu'y  eurent,  \ers  la  fin  d'avril 
14.63,  Louis  XI  et  D.  Enriquc,  roi  de 
Castille,  au  sujet  des  démêlés  de  ce  der- 
nier avec  le  roi  d'Aragon ,  et  dans  les- 
quels les  parties  coniendantes  avaient 
choisi  le  roi  très  chrétien  pour  arbitre. 
Mariana,  dans  son  Histoire  générale 
iVEspagne  (  xxiii ,  6  ) ,  entre  à  l'égard 
de  cette  conférence  dans  de  curieux 
détails;  il  décrit  les  féjles  dont  elle  lut 
l'occasion,  peint  la  magnificence  qu'y 
déplo}èrent  D.  Ënrique  et  sa  cour,  et 
rapporte  comment  le  costume  plus  qîie 
négligé  du  roi  de  France,  que  la  simpli- 
cité de  son  accoutrement  distinguait  entre 
les  princes  de  sa  suite ,  fil  la  riaée  des  ga- 
lans  Espagnols. 

Le  même  historien  s'étend  à  cette  oc- 
casion sur  la  contestation  qui  a  long- 
temps existé  eiitre  les  deux  états,  relati- 
vement à  la  possession  sou\eraine  de  la 
rivière  Bid<iâsoa.  Celte  contestation  pour- 
rait fournir  la  matière  d'un  intéressant 
mémoire;  mais  il  suffira  ici  de  dire  que 
depuis  l'an  1610 ,  où  des  oommissairee 


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BlD 


(MO) 


Bit 


ifoyftVXy  nommés  de  part  et  d'tutre  après 
la  rixe  sanglante  qui  avait  eu  lieu  entre 
lea  habitans  d*Andaye  et  ceux  de  Fuen- 
terrabia,  sur  la  propriété  de  la  rivière, 
diécidèrent  que  chacune  des  deux  rives 
appartiendrait  au  pays  qu'elle  baigne,  la 
rivière  elle-même  demeurant  propriété 
commune  ou  neutre ,  sauf  cette  réserve 
que  les  Français  ne  pourraient  y  avoir  de 
b&timens  à  quille  (  vaxeles  con  quUla , 
ei  à  saber  fpundes)^  il  ne  s'éleva  plus 
de  différend,  et  de  part  et  d^autre, 
même  en  temps  de  guerre ,  on  s'acquitta 
■Hituellement  des  droits  de  partage  avec 
une  grande  6délité.  C'est  qu'apparem- 
ment ces  droits,  réglés  à  l'amiable,  n'é- 
taient pas,  à  beaucoup  près,  ce  que  les  lois 
de  douanes  les  ont  faits  depuis. 

Cette  question  a  été  débattue  encore 
une  fois  du  temps  de  Colbert ,  par  Pieire 
de  Marca,  dans  sa  Marea  Hùpanica 
(chap.  XIV,  lib.  i),  dédiée  à  ce  minis- 
tre. P.  C. 

BIDPAI,  voy.  PiLPAÎ. 

BIEL  (grotte  de),  dans  le  district 
de  Blankenbourg  du  duché  de  Bruns- 
wick, sur  le  Rubeland,  torrent  du  Hartx, 
et  à  peu  de  distance  de  la  grotte  de  Bau- 
nann  [vny,).  La  grotte  de  Biel,  comme 
cette  dernière,  formée  de  stalactites,  est 
encore  plus  curieuse  et  a,  en  plusieurs  en- 
droits, une  espèce  de  second  étage.  Elle  se 
divise  en  onze  compartimens  principaux 
qui  ont  ensemble  une  longueur  de  près, 
de  650  pieds.  Les  stalactites  forment  des 
accident  souvent  bizarres  :  dans  l'une  des 
salles  on  croit  voir  de  grandes  orgues  d'é- 
gUse  et  dans  l'autre  une  mer  agitée.  Cette 
grotte  remarquable  est  assez  élevée  et 
dans  une  montagne  qu'on  appelle  Biel- 
stein  (roche  de  Biel).  Découverte  en 
1763  elle  a  été  rendue  abordable  aux 
visiteurs  en  1788,  par  un  nommé  Bec- 
ker,  auquel  le  duc  de  Brunsvick  a  con- 
cédé le  privilège  exclusif  de  servir  de 
guide  aux  curieux.  On  adorait  sur  le 
Bielstein  une  idole  du  nom  de  Biel,  dont 
la  montagne  a  sans  doute  tiré  son  nom.  S. 

BIEL  A.  (comète  de).  On  appelle 
ainsi  la  8^  des  comètes  périodiques  dont 
le  retour  ait  été  constaté,  du  nom  de 
M.  Biela ,  de  Josephstadt,  oiftcier  au  ser- 
tice  autrichien ,  qui  fa  observée  en  1 816. 
BU*  «t  identi<{M  8v«o  1m  oooièces  ob- 


servées en  1773,  1866,  etcf.,  tt  Mtrit 
en  six  ans  trois  quarts  une  ellipse  mé^ 
diocrement  excentrique.  Sa  dernière  ap- 
parition est  arrivée  en  1881,  et  la  pro- 
chaine aura  lieu  en  1818.  C'est  une  petite 
comète  insignifiante,  rarement  visible  à 
l'œil  nu ,  et  qui  n'olfVe  ni  queue,  ni  au* 
cune  apparence  de  noyau  solide.  Par  une 
coïncidence  remarquable,  son  orbite 
coupe  le  plan  de  l'écliptique  très  près  de 
l'orbite  de  la  terre  ;  et  ^i ,  lors  du  pas- 
sage de  1888  ,  la  terre  eût  été  en  avance 
d'un  mois  sur  son  orbite ,  elle  aurait  trar 
versé  la  nébulosité  de  la  eémète.  Ce  ré- 
sultat, annoncé  par  M.  Olbert  et  trar- 
vesti,  d'abord  dans  les  journaux  alle- 
mands ,  puis  dans  ceux  des  autres  pays , 
avait  renouvelé  en  1881  (année  trop 
célèbre  par  des  calamités  réelles  )  le  bruit 
populaire  que  les  astronomes  prédisaient 
la  fin  du  monde.  Au  reste  il  faut  dire  que 
cette  prétendue  prédiction  était,  pour  le 
peuple  comme  pour  les  salons ,  un  sujet 
de  plaisanteries  plutôt  que  de  terreur 
véritable.  Nous  sommes  redevables  à 
cette  circonstaqce  de  la  curieuse  notice 
sur  les  comètes,  insérée  par  M«  Arago 
dans  P Annuaire  de  1881,  et  à  laquelle 
nous  renvoyons  le  lecteur.  Foyez  aussi 
l'article  Comète.  A.  C 

BIBLEFELD  j  ville  de  la  Westpha- 
lie  prussienne  (régence  de  Minden),  sur 
le  Lutter.  Elle  est  célèbre  par  son  indusr 
trie  en  toiles  et  par  ses  blanehisseries. 
La  toile  de  Bieiefeld ,  employée  surtout 
pour  linge  de  table,  est  plus  fioe  et  ou- 
vrée avec  plus  de  goAt  que  celle  de 
Silésie.  Cette  branche  occupe  76  métiers 
et  160  tisserands,  et  les  blanchisse- 
ries sont  au  nombre  de  17,  avec  460  ou- 
vriers. La  ville  de  Bieiefeld  n'a  que  6,606 
habitans,  et  pourtant  on  y  trouve  un 
gymnase,  une  école  d'industrie  et  6  écoles 
élémentaires.  Elle  a  aussi  beaucoup  de 
tanneries  et  fait  surtout  un  commerce 
très  considérable.  J.  H.  S. 

BIEM  (philosophie  ).  Tous  les  hom- 
mes ont  la  conception  du  bien  et  du  mat 
moral;  tous  distinguent  t'un  et  l'autre 
du  bren  et  du  mal  physique  ;  toua 
savent  que  le  bien  moral  peut  coexis- 
ter avec  le  mal  physique;  que  celui-ci 
est  souvent  même  une  conséquence  du 
premier;  «a  d'antres  teriMSi  que  li^^rtrtm 


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filK  (511) 

B'ètt  postiMeyen  géQéral,qa*à  la  (Condition 
àa  sacrifice;  tandis  qu'au  contraire  le 
nal  moral  est  loin  d*élre  incompatible 
avec  le  bien  physique ,  si  surtout  Ton  ne 
hit  attention  qu*aux  couditions  exté- 
rieares  da  bien-être. 

Ce  fait  proQve  à  lui  seul  que  le  bien 
physique  et  le  bien  moral  ne  sont  point 
deux  dénominations  différentes  d*une 
seule  chose ,  à  supposer  même  qu'on 
Ttavisageât  sous  deux  points  de  vue  dif- 
férens.  Le  bien  moral  existe  et  demeure 
quand  même  le  bien  physique  n*esl  point 
réalisé  ou  qu'il  vi^nt  à  disparaître;  il 
n'est  même  jamais  plus  frappant  que 
quand  le  mal  physique  de  l'agent  en  de« 
vient  la  condition  nécessaire ,  sans ,  du 
reste,  qu'il  résuite  de  ce  sacrifice  aucun 
avantage  physique  pour  autrui  :  par 
exemple  dans  le  châtiment  qu'un  père 
est  obligé  d'infliger  à  son  enfant  ou  dans 
la  modération  nécessaire  à  la  conserva- 
tion du  respect  de  sa  propre  dignité. 

Ce  n'est  donc  point  d'après  le  résultat 
physique  on  sensible  de  l'action  qu'elle 
est  dite  bonne  ou  mauvaise  moralement, 
puisque,  à  certains  égards,  le  bien  moral 
et  le  bien  physique ,  le  mal  moral  et  le 
mal  physique  se  repoussent  mutuelle- 
ment. Le  bien  moral  n'est  donc  point  tel 
à  la  condition  de  quelque  autre  chose; 
il  n'est  point  tel  comme  moyen  pour  une 
fin  ;  il  n'est  point  subordonné  au  bien 
physique  :  il  le  domine  au  contraire  de 
toute  la  supériorité  de  la  raison  sur  la 
sensibilité. 

Le  bien  moral  est  donc  fin  à  lui- 
même;  c'est  l'expression  du  vœu  ou  plu- 
tôt du  commandement  de  la  raison  pra- 
tique. Le  bien  moral  n'est  donc  pas 
autre  chose  en  définitive  que  ce  que  la 
raison  proclame  primitivement  et  abso- 
lument comme  tel ,  malgré  les  réclama- 
tions aveugles  de  la  sensibilité.  C'est  ce 
caractère  d'indépendance  qui  lui  mérite 
iPétre  appelé  bien  absolu  ou  suprême. 

Il  faut  se  garder  de  croire  cependant 
que  le  bien  moral  n'ait  aucun  rapport  au 
bien  sensible,  qu'on  ne  doive  pas  le  con- 
fondre avec  la  prudence,  qui  n'est  jamais 
qaTun  calcul.  D'abord,  il  est  très  proba- 
ble qu'il  en  a  tiré  sa  dénomination.Coiume 
le  sensible  frappe  plus  les  esprits  que 
1«  rationnel  pur^  et  qu'il  s'en  fait  re« 


BÎË 

marquer  plus  facilement  et  plag  tôt    il 
fut  sans  doute  nommé  le  premier.  Pas- 
sant des  effets  aux  causes ,  des  réâuUats 
aux  actions,  aux  intentions,  à  l'agent 
même,   l'analogie  dut  conduire  à  carac- 
tériser les  actions,  les  intentions  et  Ta- 
gent,  comme  les  résultats  physiques  et 
sensibles  eux-mêmes.  £t  comme  d'un 
autre  côté  nous  sommes  plus  frappés 
des  devoirs  envers  autrui  que  des  de- 
voirs envers  nous-mêmes  et  à  l'occasion 
de  Dieu,  le  bien  moral  ne  signifia  d'a- 
bord que  l'injonction  de  la  raison  rela^ 
tive  à  nos  rapports  avec  nos  semblables. 
Enfin  comme  les  devoirs  stricts  ou  de 
justice  nous  frappent  plus  que  les  de- 
voirs larges  ou  de  bienfaisance,  le  bien 
moral  ne  signifia  d'abord  que  des  rap- 
ports de  pure  équité;  en  sorte  que  la 
morale  put  passer  dans  la  législation. 

Ce  fait  provoqua  chez  quelques  esprits 
inattentifs  ou  plutôt  préoccupés  de  quel- 
ques conceptions  systématiques,  une 
confusion  fâcheuse.  Perdant  de  vue  la  loi 
interne,  dont  la  loi  écrite  ou  manifestée 
par  les  usages  et  transmise  par  la  cou- 
tume n'avait  été  d'abord  que  l'expres- 
sion, et  les  regards  fixés  sur  cette  der- 
nière, des  penseurs  n'aperçurent  qu'elle 
et  la  proclamèrent  le  principe  du  bien 
et  du  mal  moral.  Désigne  ou  de  traduc- 
tion qu'elle  avait  été  d'abord  elle  devint 
quelque  chose  de  primitif,  elle  prit  le 
caractère  d'un  texte  original.  De  là  la 
facilité  avec  laquelle  elle  se  laissa  sou- 
vent modifier  et  défigurer  ;  n'étant  point 
primitive,  n'ayant  pas  en  elle  sa  raison 
d'être ,  elle  ne  résista  point  à  la  main 
mal  habile  qui  i-oulut  la  changer. 

Ne  la  comparant  plus  à  son  modèle ,  à 
l'original  qu'elle  avait  été  destinée  à  ex- 
primer d'abord,  on  dut  la  défigurer  au 
profit  de  l'inlérêt  particulier  dès  qu'on 
eut  la  témérité  d'y  porter  la  main.  Mais 
cependant  celte  altération  ne  fut  jamais 
assez  profonde  pour  la  dénaturer  com- 
plètement, parce  que  jamais  l'homme  ne 
put  méconnaître  entièrement  la  loi  vi- 
vante qu'il  porte  au  dedans  de  lui.  Or, 
cett  3  loi,  dars  ce  qui  est  relatif  à  nos  sem- 
blables, est  essentiellement  une  loi  de 
concorde,  d'harmonie  et  de  bonheur. 
Elle  déclare  injuste  tout  mal  fait  à  au-^ 
trui  sans  nécessité  morale  \  elle  fait  plier 


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BIE  (5 

rintérét  individuel  devant  Téquilé  ou 
Tinlérét  général  :  en  un  mot  elle  veut  la 
plus  grande  sooinie  de  libcrlc  el  de  bien 
possible. 

£lle  est  donc,  comme  on  volt,  en  par- 
faite harmonie  avec  la  sensibilité  en  gé- 
néral; elle  n*est  contraire  qu*aux  appé- 
tits excessifs  ou  mat  dirigés  de  l'agent. 
C*esl  ce  parfait  accord  de  la  raison  et  de 
la  sensibilité  qui  plus  tard  fit  prendre 
le  bien  général  pour  le  souverain  bien, 
rintérét  pour  le  devoir ,  le  désir  pour 
mobile  de  la  volonté,  la  sensibilité  pour 
la  raison.  On  ne  s'aperçut  pas  que  Thar- 
monie  n'est  que  dans  les  contraires,  et 
qu'ôter  Tun  des  élémens  constitutifs  de 
Tordre,  c'en  est  fait  de  Tordre  lui-même. 
On  ne  s'aperçut  pas  surtout  que  la  sen- 
sibilité n*u  rien  de  sage,  de  réglé,  de 
mesuré,  ni  de  jiiite  par  elle-même; 
qu'elle  n'aspire  qu'à  la  plus  gianJe 
somme  de  bien-physique  individuel  pos- 
sible. De  là  les  c«ticuls  dtt  la  prudence, 
l'amour  de  soi  bien  entendu,  substitués 
à  la  raison;  de  là  Tintérêl  persofuiel  ou 
le  principe  de  la  force  et  de  Tastuce 
érigé  eu  suprême  loi  ;  de  là  Tauéantisse- 
ment  de  toute  morale  et  même  de  toute 
justice. 

Le  bien  physique  n'est  donc  point , 
dans  Tindividu  ,  louj<iurs  naturellement 
d'accord  avec  le  bien  moral  ;  il  n  y  est 
qu'autant  que  la  raison  el  la  volonté  Ty 
mettent.  Il  ne  peut  donc  évidemment  pus 
plus  se  passer  d'elle  ([ue  des  coursiers 
fougueux  ne  peuvent  se  passer  des  mains 
d'un  habile  cocher.  Proclamer  la  raison 
inutile  parce  qu'on  voit  la  sensibilité  s'y 
soumettre,  c'est  abandonner  la  force 
aveugle  à  elle-même,  c'est  6ter  Tintelli- 
gence  du  monde,  c'est  faire  rentrer  le 
monde  moral  dans  le  chaos. 

Observons  enfin  sur  celle  harmonie 
de  la  raison  et  de  la  sensibilité  que  la 
raison  ne  veut  point  le  bien  physique 
parce  qu'il  est  tel,  mais  uniquement 
parce  qu'il  e^t  convenable  à  la  nature 
humaine,  parce  qu'il  est  une  des  fins  ab- 
solues de  celte  nature ,  et  qu'il  devient  à 
ce  litre  un  bien  en  soi,  un  Sien  absolu. 
£n  d'autres  termes,  on  ne  feiti  jamais 
sortir  par  l'analyse  le  bien  rationnel  ou 
moral  du  bien  ph)sii|ue,  par  la  raison 
bim  simple  qu'il  n'y  est  point  cootenii. 


12  )  BIE 

Le  bien  moral ,  pow  être  le  bien  ab- 
solu ,  n'est  fias  le  .souverain  bie/t ,  si  Ton 
entend  par-là  la  plus  grande  somme  de 
bien  possible.  Telle  était  cependant  Topi- 
nion  des  stoïciens;  mais  les  épicuriens 
les  accusaient  avec  raison  de  mentir  à  la 
nature.  A  leur  tour  les  épicuriens  n'y 
étaient  pas  plus  fidèles,  et  moins  encore 
sans  doute,  quand  ils  plaçaient  le  souve* 
rain  bien  dans  la  volupté,  même  tem- 
pérée par  la  qua&i-vcrtu  de  la  prudence. 
Le  fait  est  ^que,  maigre  le  charme  de  la 
vertu,  les sacri lices  <|u'el le  im|>ofie d'ail- 
leurs à  la  sensibilité  empêchent  que  le 
bonheur  de  Thomme  vertueux  ne  soit 
parfaiL  Le  fait  est  surtout  que  les  délec- 
tations honteuses  ou  crimi«ielles  sont 
toujours  plus  ou  moins  empoiiionnées 
par  le  mépris  de  soi-même  ei  dos  autres 
hommes,  par  les  tourmens  intéi leurs  de 
Tame ,  et  très  souvent  même  par  de  fâ- 
cheuses conséquences  physiques. 

Point  donc  de  bonheur  absolu  ou  de 
souveiain  bien  avec  la  vertu  seule;  point 
de  souverain  bien  avec  la  volupté  seule; 
point  de  sou.verain  bien  encore  avec  Tal- 
liance  monstrueuse,. contradictoire,  im- 
possible de  la  vertu  et  du  vice.  Point  donc 
de  souverain  bien  sur  la  terre.  Et  ce- 
pendant la  raison  le  réclame  hauleuient 
comme  la  destinée  absolue  de  Thomme, 
on  même  temps  qu'elle  impose  la  vertu 
de  toute  Ténergie  de  sa  puissance.  Qu'en 
conclure?  que  Thomme  est  une  c*<mtra- 
diction?  Non;  mais  «pie  la  vertu  étant  un 
devoir ,  quand  le  bonheur  n'est  qu'un 
appétit;  que  la  vertu  étant  possible  ici- 
bas  bien  plus  que  le  bonheur,  que  la 
plus  grande  somme  de  bien  terrestre 
étant  même  réservée  à  la  vertu,  Texis- 
lence  de  Thomme  ne  se  termine  |)as  avec 
les  apparences  de  la  vie;  qu'elle  a  un 
prolongement  inconnu,  indéfini,  infini 
même,  suivant  lequel  Tharmonie  de  nos 
capacités  ira  toujours  croissante,  jus- 
qu'à ce  qu'enfin  elle  soit  parlaite.  Il  faut 
en  conclure  que  la  vertu,  fin  abstduede 
celle  vie  pour  Thomme,  est  un  moyen 
ou  plutôt  un  antécéileiit  d'après  Içs  dirS- 
seins  de  la  Proxidencc  ;  antécédent 
dont  le  bonheur  sera  le  conséquent.  Ici 
donc,  vertu  d'abord  ,  espérance  en- 
suite, boubeur  par  accident;  là,  félicité 
absolue.  J^.  T. 


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BIE 


(ilS) 


BIË 


BBNFAISANCE.  La  perversité  ho- 
maine,  ou,  si  Ton  veut,  celle  de  quelques 
hommes  seulement,  nous  a  rendus  si  peu 
exigeaos  sous  le  rapport  de  la  bienfai- 
sance qu'on  appelle  déjà  homme  de  bien 
celui  qui  ne  fait  réellement  pas  le  moindre 
bien  aux  autres  hommes,  mais  qui  aussi 
ne  leur  fait  point  de  mal  ;  cependant  sous 
le  rapport  moral,  Ton  n'est  véritablement 
bienfaisant ,  homme  de  bien  dans  toute 
la  compréhension  du  mot,  qu'autant  que 
Ton  fait  du  bien ,  un  bien  positif  et  réel. 
Maintenant,  il  est  clair  que  l'on  peut 
être  plus  ou  moins  bienfaisant,  suivant 
que  l'on  fait  plus  ou  moins  de  bien,  qu'on 
le  fait  plus  ou  moins  à  propos,  et  suivant 
qu'on  en  fait  plus  ou  moins  souvent  et 
dans  des  proportions  pljus  ou  moips  gran- 
des avec  ses  propres  moyens. 

La  bienfaisance  n'est  pas  un  devoir  de 
droit,  c'est-à-dire  un  devoir  auquel  on 
puisse  être  contraint  sans  injustice  par 
la  loi  civile.  Même,  suivant  certains  phi- 
losophes, il  n'est  pas  sûr  que  ce  soit  un  de- 
voir moral.  Toutefois ,  et  sans  parler  des 
nobles  élans  du  cœur  et  des  suggestions 
généreuses  de  la  raison ,  il  nous  parait 
clair  que  si  c'est  un  devoir  pour  l'homme 
de  tendre  à  sa  fin  ,  à  sa  destinée  morale , 
avec  le  plus  de  moyens  et  de  rapidité 
possible;  si,  d'un  autre  côté,  les  hom* 
mes  ont  besoin  les  uns  des  autres ,  pour 
se  perfectionner  de  plus  en  plus  et  mar- 
cher ainsi  à  leur  fin ,  aider  les  autres  est 
pour  nous  un  devoir,  comme  en  être  aidé 
est  un  droit.  D'ailleurs,  quoiqu'à  la  ri- 
gueur le  monde  pût  subsister  par  la  simple 
justice  et  quoique  alors  son  aspect  total 
préseiitât  moins  d'anomalies  criantes,  il 
manquerait  cependant  d'un  beau  specta- 
cle,d'un  lien  de  plusau  sein  de  l'humanité. 
La  froideur,  Tindifféreuce,  l'impassible 
justice  aux  mains  glacées ,  au  sévère  re- 
gard ,  sourde  à  la  pitié ,  aux  larmes  et 
aux  souffrances  des  hommes,  donnerait 
à  la  société  humaine  une  physionomie  si 
peu  animée ,  si  calme ,  que  le  mouvement 
qui  resterait  seul  pourrait  plutôt  faire 
croire  à  une  société  d'automates  qu'à  utie 
société  d'êtres  moraux. 

La  bienfaisance  est  bonne  en  elle- 
même  ;  il  faut  prendre  garde  de  l'empoi- 
sonner en  humiliant  celui  qui  en  est  Tob- 
jet.  Il  y  a  long-temps  qu'on  l*a  dit  :  la 

Er.ryclop.  d,  G.  d.  M.  Tome  IIL 


manière  de  faire  le  bien  en  double  le 
prix:  nous  dirions  volontiers  qu'elle  en 
fait  tout  le  prix  ;  car  on  peut  mettre  un 
bienfait  à  si  haut  prix,  par  la  manière  de 
l'accorder,  qu'une  ame  un  peu  noble 
n'en  voudrait  jamais.  Ce  n'est  plus  alors 
un  bienfait ,  c'est  un  contrat  très  oné- 
reux où  la  honte  a  presque  le  droit  de 
tenir  lieu  de  la  reconnaissance,  quand  fa 
misère  plutôt  que  la  bassesse  a  fiait  passer 
par  de  trop  humiliantes  conditions.  Sans 
doute  que  le  nombre  des  ingrats  serait 
bien  réduit  si  l'on  tenait  compte  de  tout 
les  mauvais  bienfaiteurs.  J^  T. 

BIENFAISANCE  (buebaux  de), 
administration  locale  des  secours  publics 
qui ,  sous  différens  noms  et  avec  diffé- 
rentes modifications,  existent  dans  tous 
les  pays. 

En  France,1es  bureauxde  bienfaisance 
gèrent,  dans  les  communes,  les  révenus 
des  pauvres  et  distribuent  les  secours 
publics.  Ils  se  composent  d'un  certain 
nombre  de  notables  qui  se  réunissent 
sous  la  présidence  du  maire ,  et  remplis- 
sent gratuitement  leurs  fonctions.  Cha- 
que bureau ,  excepté  à  Paris ,  compte  5 
administrateurs.  Ils  étaient  nommés^ 
dans  l'origine,  par  l'autorité  municipale 
ou  par  le  bureau  central  (depuis  la  sous- 
préfecture),  et  justifiaient  des  recettes  et 
des  dépenses  à  l'autorité  dont  ils  tenaient 
leurs  pouvoirs.  Ils  sont  aujourd'hui  à  la 
nomination  du  préfet ,  et  les  bureaux  de 
bienfaisance,  assimilés  en  tous  points 
à  l'administration  communale,  dpivent 
dresser  des  budgets  et  présenter  des 
comptes  dans  la  forme  et  avec  les  garan- 
ties exigées  pour  la  comptabilité  des  corn* 
munes. 

La  création  des  bureaux  de  bienfai- 
sance remonte  à  l'an  Y.  On  en  trouve  la 
première  organisation  dans  le  décret  du 
7  frimaire,  qui  établit  en  même  temps, 
au  profit  de  la  classe  pauvre,  un  impôt 
sur  les  spectacles,  les  bals,  les  concerts 
publics,  etc.  Une  instruction  ministé- 
rielle de  l'an  IX,  développant  la  dispo- 
sition législative,  fait  connaître  que  l'es- 
prit de  la  loi  était  de  confier  aux  bureaux 
de  bienfaisance  la  distribution  des  se* 
cours  publics  à  domicile  et  les  fonctions 
que  remplissaient  autrefois  envers  les 
pauvres  les  associations  de  charité^  les 

8d 


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ttE 

I  adniiMtnitieai  d«  paroitsety 
4es  fabrique»  cC  des  fbndfttiofit,  iDstitu- 
tioDs  qw  avaient  cessé  d*exister  depuis  le 
commencement  de  la  i*évohilion.  Un  dé- 
cret du  7  germinal  an  XIII  a  rendu  tem- 
poraires les  fonctions  d'adiiiîaistrateur, 
en  prescrivant  le  renoovelleineiit  annoet 
par  cinquième  des  membres  de  toute  ad- 
itataistratioD  obaritabl«. 

Il  n'existe  point  de  bureaux  de  bien- 
iiisance  dans  tontes  les  communes  :  le 
défaut  dSostniotîon  ou  le  manque  de 
ressources  s'opposent  encore  à  leur  for- 
mal  ion  sur  beaucoup  de  points.  Au  con- 
traire ,  dans  les  communes  considérables, 
et  surtout  dans  les  villes,  cette  institu- 
tion! a  pris  une  p*ande extension;  c'est  là 
aussi  que  le  besoin  s'en  faisait  le  plus  sen- 
tir. On  peut  citer,  sous  ce  rapport,  les 
bureaua  de  bienfaisance  de  Paris  qui,  en 
raison  même  de  leur  importance,  ont  reçu 
«ne  organisation  particulière/  Indépen- 
damment d'un  bureau  central ,  on  avait 
créé  d'abord  un  bureau  dans  chaque  quar- 
tier ;  puis ,  l'ensemble  du  service  a  été 
réuni  à  l'administration  générale  des  hos- 
pices, ce  qui  a  permis  la  suppression  du 
bureau  central.  Enfin,  en  1813,  on  n'a 
maintenu  qu'un  bureau  par  arrondisse- 
ment, en  portant  à  12  le  nombre  des  ad- 
ministrateurs qui,  de  plus,  ont  été  auto- 
risés à  s'adjoindre  un  nombrp  illimité  de 
commissaires  et  de  dames  de   bienfai- 
sance pour  les  seconder  dans  Leurs  fonc- 
tions, et  un  agent  comptable  camionné. 
Les  administrateurs  sont  nommés  par  le 
ministre;  Tagent  comptable  est  nommé 
par  le  préfet.  Bien  que  des  ordonnances 
de  1816  et  de  1880  aient  apporté  pos- 
térieurement divers  changeuiens  clans  ce 
service,  les  bases  de  l'organisation  de  1 8 1 3 
ont  été  conservées. 

Quelques  mets  donneront  nne  idée  des 
secours  que  distribuent  les  bureaux  de 
bienfaisance  de  Paris,  et,  par  analogie, 
de  l'assistance  que  ceux  des  autres  loca- 
lités peuvent  ofîrir  à  ta  classe  pauvre. 

A  Paris,  par  exemple  en  1881,  les 
secours  publics  s'étendaient  à  une  popula- 
tion de  39,846  ménages  pauvres,  compo- 
sés de  88,244  personnes.  La  position  de 
cesfamillesavaitéléconstatée,Janschaque 
arrondissement,  par  l'administrateur  sur 
le. territoire  duquel  elles  se  tronvaient 


(«14)  Btt 

demtoiKéeSy  et  o^t  apvàs  i 

du  bureau  que  l'inscription  sur  le  li?rt 

des  indigens  avait  pu  avoir  lieu. 

Les  vieillards,  les  infirmes  reçoivent 
des  secours  mensueb  en  argent;  aux  fem* 
mes  en  couches  on  donné  du  bouillon  ^ 
du  pain,  une  layette,  de  la  farine,  des 
draps  ;  les  malades  obtiennent  des  médi- 
camens;  on  supplée  an  dénùmeni  dans 
lequel  se  trouvent  les  convalescens  qui 
sortent  des  hôpitaux  en  lenr  donnant 
des  alimens  pour  plusieurs  jours,  en  lenr 
procurant  des  outils.  En  outre,  des  dis- 
tributions mensuelles  de  bons  de  pain , 
de  viande,  de  paille,  de  sabots,  etc.,  sont 
faites  en  faveur  des  plus  nécessiteux,  des 
ménages  chargés  d*enfans,  des  blessés , 
des  orphelins  sans  appui.  Enfin,  les  bu- 
reaux entretiennent  des  écoles  et  des 
ouvroirs  pour  les  en  fans  dont  les  parens 
sont  admis  anx  secours. 

A  chaque  arrondissement  sont  attachés 
des  maîtres  et  maîtresses ,  des  sœurs  de 
la  charité,  des  médecins  et  d»  sages- fem- 
mes dont  les  soins  sont  toujours  gratuits 
pour  les  pauvres. 

Les  ressources  dont  disposent  les  bu- 
reaux de  bienfaisance  de  Paris  provien- 
nent des  subventions  fournies  par  la  ville^ 
des  dons,  aumônes,  produits  de  quêtes 
recueillis  par  l'administration  des  hospi- 
ces, ou  par  chaque  arrondissement.  Leurs 
budgets  s'élèvent,  terme  moyen,  de  180 
à  200,000  fr.  Les  dépenses,  y  comprises 
celles  que  l'administration  des  hôpitaux 
fait  directement  pour  le  service  des  se- 
cours à  domicile ,  dépassent  200,000  fr. 

On  ne  comprend  pas  généralement 
toute  l'importance  d'un  système  raisonné 
de  secours  publics.  La  bienfaisance  a 
trouvé  et  trouvera  toujours  de  l'écho  en 
France  ;  mais,  pour  le  plus  grand  nom- 
bre, elle  consiste  seulement  à  donner  à 
ceux  qui  demandent.  On  ne  tient  compte 
ni  des  difficultés,  ni  des  dangers  que  pré- 
sente l'application  d'un  semblable  prin- 
cipe ,  quand  elle  s'étend,  comme  à  Paris, 
à  une  population  de  800,000  personnes. 
On  oublie  qu'entre  deux  écueils  égale- 
ment à  craindre,  donner  trop  et  donner 
trop  peu,  l'assistance  publique  n'est  réel- 
lement utile  qu'autant  qu'elle  agit  avec 
discernement.  Alors  seulement  elle  peut 
prévenir  les  abus  nombreox  de  la  i 


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(61&) 


BIE 


AéStê  èC  do  {w«ipénsine(w>r-  cm  deBX 
nets),  Umdf»  qu^nna  fausse  direction  en 
fiiit  uot  obarge  toujours  de  plus  en  plus 
onéreuse  pour  Tétat. 

Bats  randenne  monarchie ,  ta  roen- 
didté  était  une  plate dpnt  la  société  souf- 
fhiil,  sans  ehercher  à  en  éviter  Vac- 
orobsement,  à  en  diminuer  les  funestes 
•ffets.  La  ligueur  était  le  seul  moyen  au- 
quel les  gouvememenspecofiraient  dans 
leur  ignorance.  On  expulsait  les  men- 
diaas  des  ▼illes ,  quand  la  misère  deve- 
nait trop  grande;  et  s'ils  n'obéissaient 
pas,  une  loi  de  1533  voulait  qn'ils  fus- 
seni  enchaînés  deox  à  deux.  En  1585,  il 
y  eut  même  peine  de  mort  Une  juris- 
prudence à  peu  près  semblable  Ait  en 
▼Igueor  en  1543,  1547,  et  même  beau- 
cxmp  plus  tard ,  à  la  honte  de  l*homa- 

En  1698  on  commença  à  créer  des 
impôts  pour  le  soulagement  de  la  classe 
pauvre,  d'abord  sur  le  revenu  des  parois- 
ses, pois  sur  les  boue^  et  les  lanternes. 
Mais  rien  encore  ne  se  faisait  et  ne 
frétait  fait,  avant  1 790,  pour  régler  la  dis- 
tribution des  secours  publics.  Les  cou- 
vens  étaient  devenus  le  centre  des  aomd- 
BCS;  les  paroisses  faisaient  des  distribu- 
tions et  administraient  les  biens  qu(e  les 
âdèles  voulaient  consacrer  à  cette  desti- 
nation. Mais  c'était  une  charité  particu- 
lière, étroite  dans  ses  vues,  restreinte 
dans  des  affections,  des  intérêts  de  po- 
sition et  de  classe ,  et  non  une  assistance 
générale  au  nom  de  la  société,  assistance 
impartiale,  déterminée  dans  son  appli- 
cation, éclairée  dans  sa  marche.  Aussi 
Toit-on  que  la  plupart  des  associations 
appartenaient  aux  ordres,  religieux  et  ne 
s'occupaient  que  des  pauvres  qui  sui- 
vaient exactement  la  religion.  Pour  être 
admis  aux  secours,  il  fallait  bien  répon- 
dre sur  tes  commandemens  de  Dieu  et 
de  t Église  y  fréquenter  les  sacremens, 
n»  point  travaifler  pour  l'opéra^  ni  pour 
tailleur  ou  marchand  d'habits  de  mas- 
que. 

Ce  Alt  au  sein  de  l'assemblée  natio- 
nale que  l'on  proclnma  pour  la  première 
fois  ce  grand  principe  :  que  la  société 
doit  des  moyens  d^existence  à  tous  ses 
membres;  qu'il  est  du  devoir  d'un  eut 
do  procurer  du  travail  aux  valideS|  des 


seceai^  âW  vîeJlhirds  et  am  liitFiii».  Die 
cette  époque  datçnt  aussi  les  premières 
lois  qui  ont  été  promulguées  sur  les  se- 
cours publics,  et  qui,  en  partie,  Servent 
encore  de  bases  à  l'organisation  actuelle. 
Celte  organisation  laisse  aux  communes 
IVdministration  des  secours  et  la  charge 
&y  pourvoir;  elle  présente  sans  doute  des 
imperfections,  mais  il  faut  lui  tenir  compte 
également  de  ses  nombreux  avantages  et 
se  rappeler  nnexpértenee  ou  nous  som- 
mes même  aujourd'hui,  non-seulement 
en  France,  mais  dans  les  pays  étrangers, 
sur  la  partie  de  l'économie  poétique  qui 
s'appliqaeà  l'administration  des  secours 
publics.  F.  B-L. 

BIElfllEUllEIJX.  Ce  mot  s'applique 
à  trois  sortes  de  personnes. 

1*  Ceux  qui  jouissent  dans  le  «rel  de 
la  félicité  éternelle.  Lear  félicité,  suivant 
les  théologiens,  consiste  à  voir  Dieu  face 
à  face,  à  l'aimer  de  tout  leur  ccetir,  a  cé- 
lébrer sans  cesse  ses  louanges.  2^  Ceux 
qui  sont  dans  la  voie  du  salut,  qui  prati- 
quent dans  toute  leur  étendue  les  pré- 
ceptes de  la  loi,  et  même  les  conseils 
évangéliques.  Fojr.  Béatitude.  8°  On 
donne  aussi  le  titre  de  Bit*nàeun'ux 
aux  serviteurs  de  Dieu,  que  le  souverain 
pontife,  après  nn  mûr  examen  et  des 
procédures  usitées,  a  jugés  dignes  d'être 
l'objet  dans  Téglise  catholique,  d'une  vé- 
nération particulière,  mais  qui  n'est  pas 
le  culte  réservé  aux  saints  qui  ont  été 
canonisés,  f^of.  Béatification.    J.  L. 

BIENNE  (viLLB  ET  LAC  db).  La  ville 
de  Bienne  (  en  allemand  Biel)^  autrefois 
une  petite  république  qui  reconnaissait 
l'évêque  de  Bâie  pour  son  suzerain ,  est 
comprise  aujourd'hui  dans  le  canton  de 
Berne  et  se  trpuve  dans  sa  partie  septen- 
trionale, balHiage  de  Kidau,  an  pied  du 
Jura.  L<îs  habitans  de  cette  petite  ville, 
au  nombre  de  près  de  8000,  parlent  alle- 
mand et  sont  réformés.  Bienne  a  un  gym- 
nase, une  bibliothèque  et  ui^  h^nitat  bien 
entretenu.  £n  1786  elle  déclara  s'incor* 
porer  à  la  république  française;  en  1814 
la  Fï*ance  la  perdit,  mais  sans  que  Bienne^ 
recouvrât  son  ancienne  indépendance  : 
elle  fut  donnée  à  Berne  avec  la  majeure 
partie  de  Tancien  évéché  de  Bàle. 

Le  lac  de  Bienne  sur  lequel  die  est 
située,  lac  très  poissonneux  et  élevé  de 


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(S16) 


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1 332  |Meds  au-dessus  de  la  mer,  a  3  lieues 
de  lon^r  et  1  de  large.  Il  re^ît  le  Thiel 
qui  est  un  écoulement  du  lac  de  Neufchâr 
tel.  L'Ile  de  Saint-Pierre ,  si  célèbre  par 
leséjour  qu'y  fit  en  1766  J[.-J.  Rousseau, 
est  au  rodieude  ce  lac^  c'est  un  lieu  en- 
chanteur avec  des  vues  délicieuses,  fer- 
tile ,  et  Myant  un  quart  de  lieue  de  cir- 
cuit. J.  H.  S. 

BIENS.  Les  biens  se  divisent  en  deux 
grandes  classes:  1*  en  meub(es,ei  2^  en 
immeubles,  hes  biens  meubles  sont  tels 
par  leur  nature  ou  par  la  détermination 
de  la  loi.  Les  meubles  par  leur  nature 
sont  ceux  qui  peuvent  se  transporter  d'un 
lieu  à  un  autre,  soit  qu'ils  se  meuvent 
{MU*  eux-mêmes,  comme  les  animaux,  soit 
qu'ils  ne  puissent  changer  de  place  que 
par  l'effet  d'une  force  étrangère,  comme 
les  choses  inanimées.  Sont  meubles  par 
la  détermination  de  la  loi,  les  obligations 
et  actions  qui  ont  pour  objet  des  sommes 
exigibles  ou  des  effets  mobiliers,  les  ac- 
tions ou  intérêts  dans  les  compagnies  de 
finance,  de  commerce  ou  d'industrie,  en- 
core que  des  immeubles  dépendans  de 
ces  entreprises  appartiennent  aux  com- 
pagnies. Ces  actions  ou  intérêts  sont  r^ 
pûtes  meubles  à  l'égard  de  chaque  asso- 
cié seulement,  tant  que  dure  la  société. 
Sont  aussi  meubles,  par  la  détermination 
de  la  loi ,  4es  rentes  perpétuelles  ou  via- 
gères, soit  sur  l'état,  soit  sur  des  parti- 
culiers. 

Les  bateaux,  bacs,  navires,  moulins  et 
bains  sur  bateaux,  et  généralement  toutes 
usines  non  fixées  par  des  piliers  et  ne 
faisant  point  partie  de  la  maison ,  sont 
meubles.  Les  matériaux  procédant  de  la 
démolition  d'un  édifice,  ceux  rassemblés 
pour  en  construire  un  nouveau,  sont  meu- 
bles jusqu'à  ce  qu'ils  soient  employés 
par  l'ouvrier  dans  une  construction. 

Le  Code  s'applique  ensuite  à  préciser 
la  signification  du  mot  meubles,  c'est-à- 
dire  les  objets  compris  par  ce  mot,  em- 
ployés dans  les  dispositions  de  la  loi  ou 
de  l'homme,  selon  qu'il  se  trouve  seul 
sans  autre  addition  ni  désignation,  ou 
bien  suivi  de  l'épithète  meublons.  Les 
expressions  de  mobiliers,  èi  effets  mo- 
biliers ^  de  biens  meubles  ont  été  égale- 
ment prévues  et  expliquées  par  le  légis- 
Isleur.  Ce  dernier,  dans  sa  prévoyance,  a 


cru  devoir  en  outre  déterminer  toute  la 
portée  de  cette  disposition  fréquente  par 
laquelle  on  vend  une  maison  meublée 
sans  autre  spécification.  Enfin  le  législa- 
teur pose  en  règle  que  la  clause  par  la- 
quelle une  maison  est  vendue  avec  tout 
ce  qui  s'y  trouve  àoiiklce  entendue  d'une 
manière  restrictive;  il  excepte  en  con- 
séquence certains  objets  que  la  clause, 
malgré  sa  généralité,  ne  saurait  atteindre. 

Les  biens  sont  immeubles  ou  par  leur 
nature,  ou  par  leur  détermination,  on 
par  l'objet  auquel  ils  s'appliquent.  Les 
fonds  de  terre  et  les  bâtimens  sont  im- 
meubles par  leur  nature;  il  en  est  de  même 
des  moulins  fixés  sur  piliers  et  faisant 
partie  du  bâtiment,  etc.  Les  objets  que  le 
propriétaire  d'un  fonds  y  a  placés  pour 
le  service  et  l'exploitation  de  ce  fonds 
sont  immeubles  par  destination.  Ainsi 
sont  immeubles  à  ce  titre  les  animaux  at- 
tachés à  la  culture,  les  ustensiles  aratoires, 
les  semences  données  au  fermier  ou  au 
colon  partiaire,  les  pigeons  des  colom- 
biers, les  lapins  de  garenne,  etc. 

Sont  aussi  immeubles  par  destination, 
tous  effets  mobiliers  que  le  propriétaire 
a  attachés  au  fonds  a  perpétuelle  de^ 
meure  et  de  manière  qu'on  ne  puisse  les 
enlever  sans  être  fracturés  ou  détériorés, 
ou  sans  briser  et  détériorer  la  partie  du 
fonds  à  laquelle  ils  sont  attacha 

Sont  immeubles  par  tobjet  auquel 
ils  s'appliquent  ^  l'usufruit  des  choses 
immobilières,  les  servitudes  ou  services 
fonciers,  les  actions  qui  tendept  à  reven- 
diquer un  immeuble.  Y. 

BlEXS  NATIONAUX.  «  On  dési- 
gne ainsi  spécialement,  dit  le  savant  au- 
teur du  Répertoire  de  jurisprudence,  les 
propriétés  qui,  en  vertu  des  lois  émanées 
de  nos  assemblées  nationales,  ont  été  re- 
tirées des  mains  du  clergé  et  des  corpo- 
rations religieuses  supprimées,  on  qui 
ont  été  confisquées  sur  les  émigrés.  » 

La  défaveur  que  le  public  a  long- 
temps attachée  à  l'origine  de  cette  espèce 
de  propriété  n*est  pas  juste  sous  beau- 
coup de  rapports.  La  création  des  bie/is 
nationaux  était  une  conséquence  néces- 
saire de  la  révolution  française.  Lorsque 
la  Constituante  voulut  s'occuper  de  re- 
mettre l'ordre  dans  les  finances ,  une 
foule  d'abus  s'offrirent  à  ses  inyesUga-  * 


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{SU) 


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ttons.  En  première  ligne  se  présentait 
la  concentration  entre  les  màîns  du  cler- 
gé de  la  masse  immense  de  propriétés 
connues  sous  le  nom  de  ôie/ts  ecclé- 
siastiques, dont  le  revenu  s'élevait  à 
70,000,000  de  livres  tournois.  Ces  pvo* 
priélés,  en  dehors  de  la  circulation  et 
du  commerce,  étaient  pour  la  nation  une 
valeur  morte.  Long-temps  avant  1789, 
il  avait  été  question  de  changer  un  pareil 
ordre  de  choses ,  et  lorsque  la  révolution 
fut  arrivée,  quelques  membres  éclairés 
du  haut  clergé  comprirent  qu'ils  devaient 
se  donner  le  mérite  d'un  sacrifice  devenu 
inévitable.  Le  2  novembre  1789,  sur  la 
proposition  de  Tévéque  d'Autun ,  l'alié- 
nation des  biens  du  clergé  fut  décrétée. 
Toutefois  la  Constituante ,  modérée 
dans  ses  actes,  craignant  de  porter  at- 
teinte au  droit  de  propriété,  rendit  son 
décret  en  des  termes  qui  ne  préjugeaient 
rien  sur  cette  question  importante,  et 
décida  que  les  biens  du  clergé  seraient 
mis  à  la  déposition  de  la  nation.  Cette 
mesure  reçut  aussit6t  un  commence- 
ment d'exécution  ;  mais  pour  qu'elle  rem< 
plu  le  but  qu'on  s^était  proposé,  H  fallait 
que  les  résultats  en  fussent  immédiats 
et  non  pas  soumis  à  l'éventualité  de  con- 
trats partiels.  Bailly  proposa  de  trans- 
mettre les  biens  nationaux  aux  com- 
munes qui  les  achèteraient  en  masse,  et, 
faute  de  fonds,  en  acquitteraient  le  prix 
avec  des  bons  qui  serviraient  à  payer  les 
créanciers  de  l'état.  On  excepta  toute- 
fois de  cette  cession  les  grandes  masses 
de  bois  et  les  forêts,  ainsi  que  les  prin- 
cipaux édifices  'qui  furent  attribués  aux 
services  publics.  Les  bons  émis  par  les 
communes,  qui  représentaient  une  valeur 
égale  en  propriétés,  reçurent  le  nom  de 
papier  municipal  el  devinrent  l'origine 
des  assignats  {voy.  ce  mot).  A  cette  es- 
pèce de  biens  nationaux  s'en  joignit  bien- 
tôt une  autre  malheureusement  plus  con- 
sidérable. La  révolution  poursuivait  sa 
marche  rapide;  un  grand  nombre  Je  Fran- 
çais, froissés  dans  leurs  opinions  ou  me- 
nacés dans  leur  existence,  cherchèrent 
un  asile  sur  le  sol  étranger.  Le  28  octo- 
bre 1791  ,  l'Assemblée  législative  or- 
donna par  un  décret  que  tous  les  émi- 
grés qui,  au  mois  de  janvier  suivant, 
n'auraient  pas  fait  constater  lear  retour 


en  France,  seraient  considérés  comme 
coupables  de  conjuration,  punis  de  mort, 
et  leurs  biens  séquestrés.  Le  9  novembre 
suivant  parut  un  nouveau  décret  qui  dé- 
clarait coupables  de  conjuration  Mon- 
sieur, frère  du  roi,  le  comte  d'Artois 
et. leurs  adhérens;  ce  même  décret  les 
condamnait  à  mort  et  confisquait  leurs 
propriétés  pour  couvrir  les  frais  de  la 
guerre.  La  carrière  des  confiscations^, 
une  fois  ouverte  ,  ne  devait  plus  se 
refermer  de  long-temps ,  et  les  gens 
honnêtes  ,  après  en  avoir  malgré  eux 
re/connu  la  nécessité  ,  en  déplorèrent 
bientôt  les  conséquences.  Des  biens  des 
émigrés  le  séquestre  s'étendit  à  ceux  des 
personnes  condamnées  pour  crimes  ré- 
volutionnaires, et  la  cupidité  jointe  au 
fanatisme  multiplia  à  l'infini  le  nombre 
de  ces  spoliations.  Enfin  il  suffit  bien- 
tôt qu'un  homme  fôt  accusé  ou  sim- 
plement soupçonné ,  pour  qu'il  fût  sur- 
le-champ  dépouillé  de  son  patrimoine. 
Le  22  frimaire  an  II,  on  déclara  biens 
nationaux  ceux  appartenant  aux  socié- 
tés ou  confréries  formées  dans  un  but  de 
piété  ou  de  charité.  Un  décret  du  4  ni- 
vôse y  comprit  les  biens  des  tribunaux 
de  commerce,  et  enfin  un  autre  décret 
du  1 3  pluviôse  engloba  dans  cette  masse 
toutes  les  propriétés  que  les  étrangers 
possédaient  en  France.  Il  est  vrai  qu'on 
ne  tarda  pas  à  revenir  sur  cette  dernière 
mesure  qui  avait  excité  contre  nous  au 
dehors  de  sévères  représailles. 

Cependant  la  \eniede%  biens  nationaux 
rencontrait  partout  des  difficultés  sans 
nombre  que  la  crainte  et  la  défiance  ve- 
naient encore  accroître.  La  Convention 
chercha  les  moyens  de  Surmonter  cea 
obstacles.  Par  des  décrets  d'une  sévérité 
excessive^  elle  réveilla  l'énergie  des  fonc- 
tionnaires publics.  Pour  remédier  à  là 
défaveur  du  papier-monnaie,  elle  offrit 
aux  acquéreurs  des  facilités  de  paiement 
extraordinaires.  Mais  le  résultat  le  plus 
certain  de  ces  facilités  fut  d'encourager 
les  spéculations  d'une  foule  d'agioteurs 
qui,  sans  bourse  délier,  s'enrichirent  par 
des  reventes  et  des  morcellemens.  Cam- 
bon,  ministre  des  finances,  avait  imaginé 
ua  moyen  qui  ne  reçut  point  la  sanction 
légale  ;  c'était  d'établir  une  loterie  com- 
posée de  quatre  millions  de  lois,  chacun 


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Bn 


(5U) 


tm 


^dm^.  La  mise  de  la  ^yart  'dn  publtc  eàt 
été  de  4  mCIHards  de  frafttcs,  et  le  gain 
présumé  pour  TÉtal  de  4  millions  de 
francs  en  sus  «le  la  vakur  des  inenh.  A.  cet 
expédient  en  succéda  um  autre  qui  eut 
plas  6t  succès  :  Bourdon  prupoaa  de  met- 
tre les  bieiunafhfmum  à  pcfrtéèdes  acbc^ 
teuré,  «a  u'enigeaiit  id*euic  que  ia  yaleor 
^'ils  pouvaient  ta  donner  dans  Tétat 
actifel  du  prît  de  fargent  on  samnt  le 
etNirs  de  la  dépréciation  du  papierHnoti- 
Baie;  enconséqtHinoe^  il  fnt arrêté  <pi*on 
adjugeraîl  les  biens  Mrs  enchères,  et  sur 
8înipleproC€%-verbal,  à  celni'qttiea  offri- 
rail  en  assi|çiiat»  trois  fois  lavaleur  de  1 T90; 
en  cas  de  ooiicunrence,ie  premier  oCfrant 
était  préféré.  La  ifctanti  té  des  soumissions 
Alt  dès  lors  «xlraordiaaire  :  on  en  faisait 
jusvpei'à  cinq  cents  pour  certains  domai- 
nes. Des  gmft  sans  fortune  qtii,  par  ha- 
sard, avaient  entre  les  mains  des  sommes 
d^asstgnals  considérables,  couraiMt  son- 
Inissionner  poirr  revendre  ensuite  $  tou- 
tefois celte  ardeur  me  dura  pas.  Le  gem- 
▼emement  relira  son  arrêté  et,  toujtiurs 
ballotté  d^ih  proj«>t  à  un  nutre,  revînt 
au  s^iftème  àe  rente  par  enchères ,  qui 
reprit  av«ô  *ott  -ancienne  tiédeur. 

Telle  é^aft  la  poaîilon  des  dibses 
lorsqu'un  régime  pli^s  dont  s'annonça 
poiir  la  France.  Malgré  tons  les  efforts 
de  la  Convention ,  les  ressources  tirées 
de  la  vente  des  bien^  Tutlàmana:  avaient 
été  extrêmement  minime».  vSur  une  NMBse 
de  proptiétéft  répi^â^entant  Wà  tiers  du 
territoire  et  évaluée  à  13  milli^ds,  nn 
ttiilliatd/senlenvent  était  entfié  dans  les 
tïôffnes  de  t'Éttit,  et  c'était  avec  ce  mil- 
liard  qtre  la  France  avait  soutenu  one 
Inttè  athàtnéê  voatré  tontes  les  nations 
de  TEuropl^.  Aprèè  la  chute  <ki  régime 
de  la  terretlr,  riVMportanbft  ôMnéri^Ue 
âeè  biehs  nàtionauk  dittiinua  oonthioel- 
lemènt  )iat*  VtX^  de  la  réà^dion  qui 
&*bpérà  depuis  cette  époque^  \M  grand 
tioihbre  d'éttiîg^  tentrèrent  en  Fratice 
kous  ides  noms  eVnpmntés.  Grâce  au  di»- 
éréditdu  papieT^monnaie^ à  la  complai- 
sance des  enchériS!seurs,  ilstrouTèrent  le 
moyen  de  se  remettre  en  possession  d*one 
part?e  de  leors  propriétés.  Un  décret  du 
14  floréal  an  Ul  restitua  lesi^'ms  eonib- 
^é»  eb  VérUk  àb  Jtt|;euiiêM  MvolutfiMi^ 


ntiiraaf  u  a«rété«r^  «oaaok^f  AovM 

an  IX  snrsi  t  à  la  ^enleàeêbt^nsmMonaus 
non  aliénés*  Enfin,  le  6  floréal  an  X,  un 
séoatus-consulte  détermina  Jes  effets  de 
Tamnistie  en  faveur  dea  émigrés.  Toc» 
les  biens  non  vendus  leur  furent  resti» 
tnés ,  à  rexception  des  (bréto  et  dtê  im*- 
MMttMts  affectés  au  service  public*  Sur 
ceé  dernières  propriétés,  qui  consti- 
tuaient ce  qu'on  devait  entendra  désor* 
■Mis  par  biens  natiùnaum^  on  préleva^ 
en  18 10,  ^0,000  francs  de  rentes  poni* 
la  dotation  de  chacune  dea  cobortei  de 
k  Légion-d'Honoear. 

A  la  Restauration*,  le  premier  soin  des 
Bourbons  fut  de  eomplétier  la  restitution 
des  biens  nationmue  non  aliénés*  Malgré 
les  assurances  répétées  du  gouvernement, 
des  défianceà  se  manifestatent  enoorb 
parmi  les  acquéreurs  de  ta  portion  de  ces 
biena  vendus  pendant  la  révolution.  Lto 
gouvernement,  dans  ta  vue  de  meure  un 
terme  à  ces  inquiétudes  et  d'aocomplàr 
ce  qn'ii  considérdt  comme  no  acte  dn 
justice ,  pressé  sans  doute  aoasi  par  des 
sollicitations  intéressées,  proposa  aux 
Chambres,  en  1886^  une  loi  qui  t'auto- 
riiât  à  «Mlemniser  la  clame  de  dtoyena 
désignés  aous  le  titre  do  wctimes  de  la 
rèpolutiùn^  mais  dans  laquelle^  par  nne 
partialité  injuste,  il  s'opinîàtra  a  ne  ooas- 
prendre  que  ceux  auxquels  on  avait  en- 
levé des  propriétés  immobltières»  Oetto 
loi,  vivement  combattue,  futreodna  le  97 
avril  183é.  En  coti^équeoces  lefoovmvn^ 
ment  se  trouva  autorisé  à  sooacrire,  pour 
cet  effet,  90  millions  de  rentes  à  %  pour 
f  00.  Une  commîmioN  fut  nomiméo  pour 
examiner  les  titres  des  émigrés^  et  cette 
liquidation  «'accomplit  uv«c  une  aetîvilé 
t^le  qu'il  fut  aisé  de  voir  que  do  puismua 
personnages  y  prenaient  le  pins  vif  intérêt. 
La  loi  de  Tindemnifé  fut  ju^  lors  deaâ 
promnigation  avec  nne  sévérité^xcéaaivn^ 
L'opposition  s'atinclM  à  n'y  voir  tfurVnw 
concession  dite  auK  exigences  de  la  natte 
nobiliaire.  UneteMe  mesure,  provenant 
d>m  gou verneitient  moins  impopulaina, 
eût  été  appréciée  avec  plus  de  justico; 
car,  au  fond,  la  loi  de  l'mdevimké  ne 
doit  pas  être  considérée  comme  une  sim- 
ple loi  de  finances,  mais  bien  oomaae  ua 
grand  acte  politiqM  qui  achevait  de  cl« 
Msrivdr  ka  "jfMA^  «noore  mi((lm>tn  du 


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mê 


(«18) 


k  téHAéÛôOj  H  qui  dôliMttiAttx  tlétefi^ 
teora  de  propriétés  nationaies  tin  gage  de 
séctrrité  poar  l'âv^nlp.  Ott  ne  peut  s'em- 
pêcher de  reconnaître  que  cette  loi  eitt  la 
plus  salctaire  influence  sur  la  circulation 
delà  richesse  en  France.  Aussitôt  qu'elle 
fut  promulguée,  tes  ttansacttons  immo^ 
bitières  prirent  une  ftctivilé  jusqu'alors 
iocdtioue ,  et  ht  défaveur  qui  pesait  en- 
core sur  les  propriétés  dites  nationales 
dhiparut  tout  à  ooup.  Dans  la  répartition 
de  rindemnîté  on  a  eu  sans  doute  des 
atms  grades  à  signaler  :  ta  faveur  pins 
d*une  foî^  a  prévalu  sur  la  justice  ;  mais 
ce  n'est  pa»  fci  ie  Keti  de  nous  livrer  à 
la  discussion  des  conséquences  de  ce 
principe  dont -les  bases  étaient  essentiel- 
lement  justes.  Foy.  le»  artScleà  Indem- 

tlTty    DûMAlKBS    DE    L'étAt  et    Bl%If5 

éonuNAut.  L.  G. 

BIEH  S  f^V  CIJSROÉ,  -ùof,  Clcag^. 

BIBNSÉANCE  se  disait  physique- 
ment de  ce  qui  est  commode,  utile,  avan- 
tageux ;  et  Ton  dwaitégalement  bien  d'une 
diose  qu'elle  est  à  la  commodité  ou  à  1^ 
bienséance  d'une  personne.  Le  droit  de 
bienséance  ii*est  autre  chose  que  le  droit 
d'utilité^  qu'en  jurisprudence  on  désigne 
plus  techhiqnement  par  les  mots  de  coin- 
modo  et  htcommodo  qui  lui  servent  de 
titre  dai^s  les  anciennes  lois. 

La  bienséance,  dans  le  sens  moral, 
est  la  convenance  des  paroles  et  des  ac- 
tions par  rapport  aux  temps,  aux  lieux, 
afUx  personnes,  aux  conditions  et  aux 
mteurs  de  la  société.  Le  soin  que  l'on 
prend  d'observer  la  bienséance  constitue 
là  politesse,  et  l'enfreindre  ou  la  mépri- 
ser serait  la  preuve  d'une  mauvaise  édu- 
cation. Chez  nous,  les  bienséances  sont 
mieux  observées  que  les  lois,  quoiqu'elles 
soient  de  toutes  les  lois  les  moins  rigou- 
reuses ,  je  veux  dire  qui  obligent  le 
iboins  la  conscience.  C'était  aussi  le  dé- 
faut dominant  de  la  Grèce  polie. 

Dans  le  discours  public,  les  bienséan- 
ces oratoires  consistent  à  prendre  tou- 
jours le  ton,  le  geste,  Texpression  et  le 
style  qui  conviennent  le  mieux  et  au  su- 
jet que  l'on  traite,  et  à  l'assemblée  qui 
nous  écoute,  et  au  lieu  où  nous  parlons  : 
espnt,  délicatesse,  harmonie,  devant  uHe 
assemblée  d'académiciens;  solidité,  en- 
fraHhèttient  et  persuasion,  à  la  tfîbulie; 


utie  bgfqunpfBMmite  etnèrfenaeitt  bir» 
rean;  de  la  graoe  et  de  k  légèreté,  si  l'oo 
veut,  eu  poésie;  mai^  gravité  et  ausié* 
rite  sans  rudesse,  un  langage  palhéti^ 
que  et  insinuant  uvec  dignité,  simple  et 
naturel  dan»  rexpressven,  mais  gr  nd  et 
inspiré  par  la  pensée,  dans  la  chaire  d« 
vérité  :  telles  sont  les  principales  bten« 
séances  dont  l'orateur  ou  Téerivain  d« 
doivent  jamais  s'écarter.  H-a. 

BIENVEILLANCE,  M^:BoifT^. 

BII^E,  anciennement  vervotse  (  te- 
reinsia  ),  boisson  qui  contient  de  ta  gom* 
me,  du  sucre,  de  l'amidon,  un  principe 
amer,  un  peu  de  gluten,  de  l'alcool,  mais 
en  moins  gmnde  quantité  (pie  le  vîn,le  ci- 
dre,eic.,etquj  i^^ultedela  fermentation 
de  l'orge.  On  place  cette  céréale  dans  les 
meilleures  conditions  possibles  pour  la 
fermentation ,  en  la  faisant  séjourner  d'a- 
bord pendant  48  betnres  dans  l'eau,  pour 
l'étendre  ensuite  en  touches  peu  épaisses 
sur  une  dalle  de  briques  ou  -de  pierre 
pendant  l'été,  et  sur  un  parquet  pendant 
l*blver.  Le  gmin  pénétré  d'eau,  étant 
ainsi  amassé  en  couches ,  ne  tarde  point 
à  présenter  les  phénomènes  de  la  germi- 
nation, qu^  développe  le  principe  mcré; 
on  modère  celle-tîî  et  on  la  reud  géné- 
rale en  retournant  l'orge  une  ou  deux 
fbis  par  jour,  suivant  l'épaissenr  des  cou- 
«hes  et  le  degré  actuel  de  la  tempéra- 
ture; il  suffit  ordinairement  de  trois  ou 
quatre  jours  pour  que  la  gerfhination 
soit  arrivée  au  degré  convenable;  on  la 
suspend  alors  en  f^ou mettant  le  grain  à 
la  torréfaction.  Le  grain  ainsi  desséché^ 
on  le  moût  grossièrement ,  on  le  place 
dans  une  cuve,  on  le  délaie  dans  l'eau 
bouillante  et  l'on  brasse  fortement  le 
mélange;  cette  eau  dissout  le  sucre,  la 
fécule ,  le  gluten  et  une  matière  analogue 
au  ferment  contenus  dan»  l'orge;  c'est 
ce  liquide  qui  est  susceptible  de  fernven- 
ter  et  de  donner  la  bière.  îl  ne  re^ic 
plus  dès  lors'qo'à  le  faire  bouillir  et  à  y 
ajouter  le  boiÂlon.  Le  temps  que  doit 
durer  cette  ébullitlon  vari«  suivant  le 
degré  de  concentration  qu'on  veut  obte- 
nir; puis  on  verse  le  liquide  dans  des 
cuves  larges  et  peu  profondes  ,  pour  ob- 
tenir un  reiroidissemeUt  plus  rapide;  et 
lorsque  la  chaleur  est  tombée  à  13  on 
15^,  on  le  plaça  dans  h  ctive  de  (br- 


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BIE 


(,520) 


Aie 


meotadon  et  l'on  y  délaye  un  pea  de 
levure.  Bientôt  la  fermeotation  a  lieu  : 
une  écume  blanchâtre ,  crémeuse ,  vient 
è  la  surface,  et  s'élève  successivement  à 
la  hauteur  de  deux  ou  trois  pieds.  Les 
brasseurs  suspendent  cette  fermentation 
active ,  quand  une  odeur  fortement  vi- 
neuse s'exhale  de  la  euve  de  travail; 4a 
bière  est  introduite  alors  dans  de  petits 
tonneaux,  qui  demeurent  ouverts  et  où 
la  fermentation  continue  quelques  jours. 
Au  bout  d'un  certain  temps  la  bière  est 
mise  dans  des  bouteilles,  ou  elle  fer* 
mente  légèrement  encore;  alors,  si  elle  a 
été  bien  brassée,  elle  a  acquis  toutes  les 
qualités  qui  la  distinguent  :  elle  est  lim- 
pide, transparente,  d'une  teinte  rouge 
plus  ou  moins  foncée;  quand  on  la  yerse 
dans  les  verres  elle  se  couronne  de  cette 
mousse  neigeuse  qui  lui  est  particulière. 

Nous  avons  indiqué  les  elémeos  qui 
entrent  dans  la  composition  de  la  bière, 
et  dont  les  principaux  sont  le  principe 
fucré,  le  principe  amer  et  l'alcool;  nous 
ajouterons  ici  que  le  léger  goût  piquant 
qu'elle  offre  est  dû  à  une  certaine  quan- 
tité d'acide  carbonique  libre  que  la  fer- 
menlation  développe.  La  bière  de  Flan- 
dre, le  porter  de  Londres,  la  bière  de 
France,  celle  d'Allemagne  (Bamberg, 
Berlin,  Stettin),  toutes  ont  la  même 
composition,  mais  les  principes  signalés 
y  existent  dans  des  proportions  diffé- 
rentes; de  la  les  diverses  variétés  qui  ont 
été  admises  :  bière  forte,  bière  légère  et 
petite  bière.  La  bière  forte  contient  6,80 
pour  100  d'alcool,  le  porter  de  Londres 
4,20,  et  la  petite  bière  1,28.  On  conçoit 
aisément  qu'entre  tous  ces  degrés  il  est 
beaucoup  d'intermédiaires. 

Quant  aux  effets  par  lesquels  ces  di- 
verses sortes  de  bières  révèlent  leur  ac- 
tion sur  les  organes ,  ils  varient  suivant 
la  quantité  d'alcool  et  de  principe  amer 
qu'elles  contiennent.  La  bière  forte, 
comme  la  bière  de  Bruxelles  par  exem- 
ple, excite  fortement  l'estomac  et  peut 
Qiéme  agir  sur  le  cerveau ,  de  sorte  à  pro- 
duire l'ivresse  à  la  manière  des  boissons 
plus  alcoolisées.  Quand  elle  a  été  bien 
brassée  elle  borne  là  ses  effets;  dans  le 
cas  inverse  elle  peut  occasionner  des  co- 
liques avec  dégagement  de  gaz.  Pour  ce 


qui  est  des  écoulemens  muqueux,  que  i  en  1816. 


plusiéon  auteurs  .ont  dit  naîtra  souvent 
sous  l'influence  de  l'usage  de  cette  bois- 
son ,  il  parait,  d'après  quelques  recher- 
ches faites  dernièrement  à  cet  égard, 
que,  si  cet  effet  a  été  quelquefois  constaté, 
on  en  a  au  moins  exagéré  la  fréquence. 
Le  mode  d'action  du  porter  sur  Técono- 
mie  est  à  peu  près  le  même  que  celui  de 
la  variété  que  nous  venons  d'examiner. 

Les  bières  fortes  ont -elles  des  pro- 
priétés nutritives?  Cette  question  ne  nous 
parait  point  facile  à  décider  :  le  seul  fait 
bien  constaté  à  cet  égard  c'est  que  les  in- 
dividus qui  font  un  usage  habituel  de 
ces  boissons  présentent,  la  plupart  au 
moins,  un  embonpoint  remarquable; 
mais  est-ce  la  bière  qui  les  nourrit,  ou 
bien  celleci,  imprimant  un  certain  degré 
de  stimulation  aux  oi*gapes ,  ne  fait-elle 
autre  chose  que  placer  Téconomie  dans 
des  conditions  telles  que  le  mouvement 
nutritif  y  devienne  plus  actif?  On  ne  peut 
le  dire.  La  bière  de  France  est  plus  lé- 
gère que  les  deux  variétés  précédentes  ; 
elle  excite  moins  les  organes,  produit 
moins  souvent  Tivresse,  désaltère  lente- 
ment eC  d'une  manière  durable.  La  pe^ 
Ul€  bière  enfin  est  une  boisson  éminem^ 
ment  rafraîchissante  et  dont  un  grand 
nombre  d'individus  pourraient  avec  avan- 
tage faire  leur  boisson  habituelle.  S-N. 

BIESTER  (Jean-Éeig),  littérateur 
allemand,  né  à Lubeck,  en  1749.  Il  étu- 
dia le  droit  à  Gœttingue,  mais  il  s'adonna 
de  préférence  à  l'histoire  littéraire  et  à 
la  critique.  Dans  la  maison  du  ministre 
d'état  prussien  Zediitz,  il  se  lia  avec 
Gedike  (i>o/.);  il  entreprit  avec  lui,  en 
1783,  la  publication  du  journal  pério- 
dique Berlinische  Monatschrifty  dans  le- 
quel il  attaqua  avec  trop  de  véhémence, 
sans  doute,  les  doctrines  du  catholicis- 
me. L'esprit  polémique,  inspiré  par  la 
réforme,  n'était  jamais  complètement 
mort  dans  l'Allemagne  protestante  et  se 
réveillait  chaque  fois  que  le  parti  con- 
traire manifestait  quelque  velléité  de 
rentrer  dans  la  lice.  Biester  fut  nommé, 
en  1784,  directeur  de  la  bibliothèque 
royale  de  Berlin ,  qu'il  ouvrit  le  premier 
au  public.  Il  a  fait  connaître  en  Allema- 
gne, par  une  bonne  traduction,  le  f^oyage 
dujifune  Anacharsis,  Biester  est  mort 


ex. 


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Bid 


(421) 


BIG 


BIÈVRE  (Maréchal,  marqaif  de), 
Dé  en  1747,  petit-fils  de  George  Maré- 
chal, premier  chirurgien  de  Louis  XJV, 
et  l'un  des  hommes  qui  firent  le  plus  de 
calembourgs  et  de  bons  mots  dans  un 
pays  où  ils  ne  sont  pas  races.  Il  servait 
dans  les  mousquetaires  et  s*àcquit  bien- 
tôt une  grande  réputation^  par  son  esprit. 
En  1 788  (8  nov.),  il  fit  représenter  \e  Sé- 
ducteur, comédie  en  cinq  actes  etenvers, 
qui,  bien  que  faiblement  conçue,  s'est 
toutefois  conservée  long-temps  au  réper- 
toire. Une  autre  comédie,  également  en 
cinq  actes  et  en  vers,  les  Réputations, 
qui  fut  jouée  le  23  janvier  1788,  n*ept 
que  cette  seule  représentation.  En  1789 
il  se  rendit  aux  eaux  de  Spa,  où  il  mou- 
rut. Sa  galté  ne  l'abandonna  jamais , 
même  à  ses  derniers  momens;  peu  de 
temps  avant  sa  mort,  il  disait  à  ceux  qui 
l'entouraient  :  Mes  amis  je  ne  me  tirerai 
point  de  Spa  (de  ce  pas).  Outre  les  deux 
comédies  que  nous  avons  nommées,  on  a 
encore  de  lui:  V*  une  Lettre  à  ia  comtesse 
Tationparle  sièur  de  Bois- Flotté ,  étu- 
diant en  droit  fil  (Paris,  1770,  in-8°); 
2^  une  tragédie  de  Vercingentorixe ,  en 
un  acte  (Paris,  même  année,  in-8°);  Z^ 
une  brochure  intitulée  :  les  Amours  de 
Fange  Lure  et  de  la  fée  laure  (Paris, 
1772),  et  4°  quelques  autres  petits  ou- 
Trages.  Son  AUnanach  des  ceUembourgs 
parut  en  1771.  En  1800,  Devillefit  un 
recueil  de  ses  bons  mots  et  de  ses  meil- 
leurs calembourgs  qu'il  publia  sous  le 
titre  de  Bièvriana,  Ce  petit  ouvrage  a 
eu  plusieijirs  éditions.  L.  N. 

BIGAMIE.  C'est  l'état  d'une  per- 
sonne ayant  contracté  i^n  second  mariage 
avant  lailissolution  du  premier.  La  bi- 
gamie est  un  crime  en  quelque  sorte  re- 
latif, mais  non  d'une  manière  absolue  ; 
il  existe ,  en  effet ,  des  sociétés  où  l'état 
d'un  individu  mari  de  plusieurs  fem- 
mes, et  vice  versa,  est  l'état  ordi- 
naire et  légal;  d'autres  au  contraire  où 
un  semblable  état  dégénère  aussitôt  en 
crime  puni  avec  la  plus  grande  rigueur. 
Nous  ne  nous  élèverons  pas  jusqu'au  mo- 
tif  de  cette  différence  que  les  publicistes 
nous  expliquent  avec  plus  ou  moins  de 
sagacité.  Chez  les  Romains  la  bigamie 
était  un  crime  dont  la  peine  était  aban- 
donnée à  l'arbitrage  du  juge;  dans  la 


suite  cette  peine  fut  législativemeDt  dé« 
terminée  et  consistait  dans  la  dégrada^ 
tîon  sans  châtiment  corporel.  Depuis 
l'introduction  du  christianisme,  le  crim^. 
de  bigamie  dut  prendre  un  caractère  de 
gravité  plus  grand  encore.  En  France, 
très  anciennement  il  était  puni  du  der- 
nier supplice.  Peu  à  peu  on  finit  par  se 
contenter  d'envoyer  le  bigame  aux  galè- 
res, après  l'avoir  exposé  au  carcan  sur 
lequel  on  disposait  autant  de  quenouiHes 
que  le  coupable  avait  épousé  de  femmes. 
Notre  Code  pénal  statue  aujourd'hui 
de  la  manière  suivante  sur  la  bigamie  : 
(c  Quiconque ,  étant  engagé  dans  les 
liens  du  mariage,  en  aura  contracté  un 
autre  avant  la  dissolution  du  précédent, 
sera  puni  de  la  peine  des  travaux  forcés 
à  temps.  L'officier  public  qui  aura  prêté 
son  miiystère  à  ce  mariage,  conni^issant 
l'existence  du  précédent,  sera  condamné 
à  la  même  peine,  d  II  serait  trop  long  de 
rapporter  la  législation  des  dilférens  peu* 
pies  de  l'Europe  sur  le  sujet  qui  nous  oc- 
cupe. Observons  seulement  qu'en  Suisse 
les  peines  étaient  terribles  contre  le  bi- 
game dont  le  corps  devait  être  coupé 
par  la  moitié.  En  Angleterre,  jusqu'au 
règne  de  Guillaume  III,  la  peine  atta- 
chée au  crime  de  bigamie  fut  la  mort;  à 
cette  peine  on  substitua  celle  de  la  pri- 
son ;  toutefois  le  criminel  devait  avoir  en 
outre  la  main  brûlée.  O.  Y. 

BIGE ,  voy-  Char. 

BIGNON  (JéBÔMs),  avocat-général 
au  parlement  de  Paris^  un  des  hommes 
les  plus  savans  de  son  siècle,  naquit  à  Pa- 
ris, en  1580.  Rollai^d  Bignon,8on  père, 
avocat  instruit,  mit  à  profit  les  loisirs  for- 
cés que  lui  procuraient  les  troubles  de  la 
Ligue,  pour  se  vouer  entièrement  a  son 
éducation.  I/élève  fit  des  progrès  rapides 
et  publia,  à  peine  âgé  de  10  ans,  sa  Cho- 
rographie  ou  Description  de  la  Terre- 
Sainte,  Paris,  1600,  iM-12.  Henri  IV 
voulut  connaître  l'auteur  et  le  plaça  pen- 
dant quelque  temps  auprès  du  duc  de 
Vendôme,  son  fils  naturel.  Ce  fut  pour 
ce  jeune  prince  que  Bignon  écrivit  son 
Discours  de  la  ville  de  Rome,  des 
principales  antiquités  et  singulatités 
d'icelle,  1604,  in-8^.  Il  n'avait  alors 
que  14  ans.  A  la  mort  de  Clément  VIII, 
Bignon  publia  un  Traité  sommaire  de 


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fttô 


(525) 


ÉIO 


MIeddon  ésè  papes,  ?aH»,  1695,  in^^. 
Ce  livre,  produit  d*i]ite  érudition  peu 
eommune,  obtint  trois  éditions  dans  la 
iiéme  année.  Jérôme  Bignon  avait  com- 
mencé, dès  râ«;e  de  18  ans,  Tétude  du 
diroit  :  il  parcourut  avec  édat  toutes  les 
phases  de  cette  vaste  science  ;  mais,  au 
moment  où  ^  se  disposait  à  recueillir  le 
fruit  de  ses  travaux,  Henri  IV  le  dési- 
gna pour  partager  avec  Desyvetaux  rem- 
ploi de  précepteur  du  dauphin,  depuis 
Louis  XIII.  Les  dissipations  de  la  cour 
tt'afTaiblirent  point  son  goàt  pour  Té- 
tude.  n  présenta  à  Henri  IV,  en  1610, 
son  savant  ouvrage  intitulé  de  V Excel- 
lence ehs  rois  et  du  royaume  tle  France 
par-desstts  tous  les  autres,  etées  causes 
rfVce//tf,«wivrage  entrepris  pour  réfuter 
Cehii  de  Valdès  De  dignitale  regufn 
Birpaniof,  A  la  mort  de  Henri  ^Bfgnon 
lie  tarda  pas  à  se  démettre  de  cette  charge 
qui  contrariait  son  penchant  pour  ia  re- 
traite. Il  s'adonna  avec  ardeur  à  Tétude 
do  droit,  et  publia  en  161 3  les  Formules 
de  Marcuife,  avec  des  notes  pleines  de 
goàt.  Cette  publication  lui  valut  le  sur- 
Dom  de  Varronfrant^ais,  Bignon  consa- 
era  ensuite  une  année  à  parcourir  T  Ita- 
lie, voyage  sur  lequel  il  a  laissé  d'inté* 
ressan» détails,  et  revint  en  France  où  il 
se  livra  aux  exercices  du  barreau,  sans 
perdre  toutefois  de  vue  les  travaux  qui 
lui  avaient  fait,  si  jeune  encore,  un  nom 
parmi  les  savans.  A  la  suite  de  l'exercice 
le  plus  honorable  du  ministère  d'avocat. 
Il  fut  nommé,  en  1620,  aux  fondions 
d'avocAt-général  au  grand  conseil.  H  avait 
alors  31  ans.  Cette  compagnie  hri  donna 
mre  marque  éclatante  de  son  estime,  en 
décidant,  contre  l'usage,  qu'il  serait  reçu 
^ns  sa  charge  sans  examen  préalable. 
Le  roi  le  nomma  peu  de  temps  après  con- 
seiller d'état.  £n  1626 ,  H  succéda  à  Ser- 
YÎta  comme  avocat-général  au  |>arlemertt 
de  Paris.  Ce  choix  fiit  universellement 
approuvé  :  la  piété  sincère,  l'instruction 
profonde  et  étendue  du  nouveau  magis- 
trat ,  étaient  des  garanties  puissantes  du 
tèle  éclaiiié  avec  lequel  il  coopérerait  à 
Fadministration  de  la  justice,  et  Bignon 
justifia  complètement  l'attente  du  pu- 
bKc.  Il  porta  la  parole  avpc  éclat  dans 
«ne  Toute  de  causes  importantes;  mais, 
romme  homme  poKtiqoe,  il  -(lafriit  iwe 


moim  ^NMmM%è^  Un  nàttMl  ièh^pn- 
leuxy  une  crainte  eofitinttelie  de  faiittr 
et  offenser,  comme  dit  Talon,  le  pri- 
vaient en  général  de  cette  décision  d'ea^ 
prit  si  nécessaire  dans  les  temps  orageux. 
L'indépendance  qu'il  déploya  cependant 
lors  de  la  création  de  nouveaux  n^es  «U 
magistrature  faillit  à  hu  attirer  nne  dis- 
grâce; l'estime  que  Richeiliea  prôfîeÀsait 
potnr  kii  détourna  l'oirage.  £n  464 1 ,  Bi- 
gnon céda  à  Briguet,  son  gendre,  sa  char- 
ge d'avocet-génénd ,  pour  se  «nncentr«r 
dans  l'exercice  de  ses  fonction^  de  con- 
seiller d'état.  A  k  mort  tde  De  Thou ,  il 
fut  nommé  grand  maître  de  la  bihiin- 
thèque  du  roi.  Pendant  la  minoHté  de 
Louis  XlY  il  jMMséda  k  confiance  de  ta 
régente,  et  ooncoarut  à  plusieurs  opéra* 
tions  d'état  importantes.  Il  rentra,  par  k 
mort  de  son  gendre,  dans  aa  «harge  d'a- 
vocat-général, afin  de  k  conserver  À  son 
fils,  et  «iégea  en  cette  qualité  à  la  «uita 
d*Omér  Talon,  snr  lequel  il  avait  eu 
long-temps  la  préséance,  k>i%  de  -aon 
premier  exercice.  Cette  droonalance  lui 
épargna  l'obligation  dangereuse  d'avoir 
à  remplir,  lors  des  troubles  de  la  Fron- 
de, un  i6le  politique  pour  leqtidiFn'é* 
tait  point  fait. 

Bignon  mourut  en  1656,  faixêaPtt^Axl 
Voltaire,  un  grand  nom  piatât  ^tfe  de 
grands  ouvrages,  Snn  instruction  était 
aussi  prodigieuse  qu'elle  avait  élé  pré* 
coce;  il  n'est  aucune  brandie  des  eon- 
naissances  humaines  dans  laqneNe  il  ne 
fût  profondément  versé.  Richelieu  dtsail 
qu'il  ne  connaissait  que  trois  savans  en 
Europe,  Grotius,  Sanmatae  et  Bignon. 
L'abbé  Péraa  a  publié  k  Fàs  êe  Même 
Bignon ,  Paris ,  1 747 ,  în*l  J.    A.  B-b. 

BIGNON  (jRAH-PAm.),  pel9t-fik  du 
précédent,  était  abbé  de  Sahlt^^l^ntin , 
bibliothécaire  tin  roi ,  membre  de  l'Aca- 
démie française,  des  Académies  ^des  scien- 
ces et  des  belles-lettres,  et  IHita  des  pre- 
miers collaborateurs  du  /onmttl  des  sa^ 
vans.  Sa  maison  de  Saint>Côme  éhdt  le 
rende£-vons  des  savans  et  des  artistes. 
Né  à  Paris,  en  1662,  il  mourut  près  d« 
Melunen  1743.  X. 

BfGNON  (LouTs-EnotïAia),  baron), 
naquit  en  1771  à  la  Merlleraye  (Seine-In- 
férieure), et  fbt  élevé  an  coHége  de  Li- 
sieiHCy  a  nufii.  Jcn  yiriiuiI  Iftus  te  i 


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la  >nii«  Bifooo  «oi  vît  UM  lî^  Kbérale^ 
SNiM  eo  même  ittmp»  modérée  «I  géné- 
reuse, «t  celle  direclîoii  de  «et  senliinens 
politiques,  qu*il  ne  cecliait  pas,  le  sî^ala 
aux  limités  de  03.  Pour  échapper  à  leurs 
aoupçons  il  se  réfugia  dans  les  rangs  de 
IWmée ,  o4  il  resla  cinq  ans. 

NoHMiéserréUfrede4égalioo,eB  1797, 
près  U  CenfédératloD  lieKétique,  et, 
ea  1700,  près  la  répuUiqiie  Cisalpine,  il 
ifk  ê'éerouler  eea  deux  gouTemeniens. 
M.  Big»mi  fut  envoyé  eosnile  à  Berlin , 
ao«M  le  consulat,  avec  la  même  qualité, 
•t  remplit  ces  fonetious  pendant  les  an- 
Méea  1800  et  1801  ;  puis  il  fut  élevé  au 
rang  de  clmrgé  d'aflairea^  et  contimm  et 
résiderdana  laeapitalede  la  Prusse  enl  80ft 
eC  IMA.  Il  reçnt  du  roi,  de  aa  famille,  et 
des  premsara  fonctionnaires  des  marquca 
d'nne  hante  nattme. 

II.  ftignon  a  été  accrédité,  dnrant  les 
•nnées  1«04)  18^5  et  18M,  à  Casselv 
CfMBme  ministre  plénipotentiaire.  Ce  po»- 
te  parah  avoir  exigé  des  talens  et  de  Tae- 
tivité.  C*est  4m  ministre  de  Téleclenr  de 
Hnsae  q«i  lui  donna  le  premier  Ttdée 
d'uDe  confédération  des  prinoet  alle- 
mands intermédiaires,  qui  eefait  proté- 
gée cénjo^bt^Éient  par  la  France  et  la 
Russie.  L*idée  en  «Me»mèmn  n'amit  rven 
de  Doikveau  :  Frédéne  il  avait  déjà  aongé 
à  s*en  faire  ime  arme  oontne  l'Autriche 
{firsiemêmki)^  et  il  fànt  remonter  à  Ri- 
eMcen  ponr  «rriver  à  ta  sonnce.  Qnoi 
qn'il  en  soH,  la  txmfédératkm  dn  Rhin 
sortît  de  «e  conseil ,  maia  avee  le  protec- 
torat de  la  France  seulement  ;  Napoléon 
éVtmja  la  Rmaie  malgré  ses  réclamations. 

Le  jour  qu<  précéda  la  bataîHe  d*Iéff»a, 
M.  Rif(''^n  ofFHt  encore  à  Télecteur  de 
Hesae  de  signer  -nné  convention  de  nfcu- 
ImHté.  Ce  prinee  la  repoussa  d'abord, 
mais  il  vonkit  y  reveoir  en  apprenant  les 
résultali  de  la  jouitiée.  Alors  M.  Rigiton 
tfafnsa  à  son  tonr;  Napoléon  entra  vic- 
torieux à  Berlin,  et  l'éleclorat  ée  Hesse 
disparut.  A  la  euîte  de  ces  événemens , 
M.  BIgnon  fnt  nommé  commîsMiire  im- 
pér'ial  près  les  auiorllésprassiennes.  L'em- 
pereur loi  confia  l'administration  gêné- 
mie  des  domaines  et  des  financée  des 
provinces  coitquiseft,  et  ces  ftmcfions  loi 
restèrent  jnsqu'au  mortietat  loù  Tafarifée 
fcnnsaîai'^nluala  hmpe,4kfift  dé  l«0ê. 


M.  BignoD  ndcNwitantaoi  ^uaiaca  devoirs 
le  lui  permettaient  l'impérieuse  loi  dn 
vainqueur;  il  fit  payer  les  frais  de  la 
guerre  y  mais  sans  ruiner  les  peuples. 
Une  intégrité  parfaite  et  une  inépuisable 
bienveillance,  qui  avait  aussi  sa  source 
dans  les  marcfues  d'alfectioa  dont  il  avait 
été  autrefois  l'objet  à  Berlin,  lui  dido» 
rent  des  règles  d'administration  dont  les 
populations  eussent  à  aouflrir  le  moîns 
possible.  Quand  il  eut  quitté  ce  paya, 
lès  habitans  de  Berlin  lui  firent  encore 
exprimer  leur  recoonaissanoo.  A  Carls<- 
ruhc ,  où  M.  Btgnon  remplit  en  1809  la 
place  de  ministre  plénipotentiaire  aoprèa 
du  grand-due  de  Bade,  nn  décret,  daté 
de  ScboBubrunn,  vint  Ini  apprendre  q«è 
l'empereur  rélevait  au  posledilBcîled'ad- 
mioistrateur  général  de  l'Autriche.  Il  as 
conduisit  dans  la  ville  des  Césars  comme 
il  s'était  conduit  oaos  eelle  ée  Frédério- 
le-Grand,  avec  équité,  bienveillance  et 
fermeté.  De  là,  l'empereur  le  fit  passer  à 
Varsovie,  où,  pendant  trois  ans,  il  servit 
les  vues  de  Napoléon  sur  la  Pologne,  et 
lutta  avec  bonheur  contre  mille  difficul- 
tés. Lorsque  Napoléon  l'appela  à  Yilna 
pour  d  iriger  ladmittistration^  M.  de  Pradt, 
archevêque  de  MaKnes ,  prit  sa  place  à 
Varsovie,  avec  le  titre  d'ambassadeur; 
nuiis  aprèa  la  retraite  de  Moscou,  ce  der- 
nier fut  rappelé ,  et  M.  Bignou  reprit  la 
direction  des  afTaires  pnlitiqncn  de  Va  Po* 
logne  avec  le»  pouvoirs  les  plus  étendus^ 
quoiqu'avec  un  titre  inférieur,  il  fit  tout 
pour  suspendre  la  retraite  des  Autri* 
Hiiens  et  ponr  tirer  de  l'allianoe  avec  l'Au- 
triche, qui  allait  échapper  aux  F^nçaia, 
des  avantages  sur  lesquels  la  mauvaise 
volonté  des  généraux  ne  permettait  plus 
de  compter.  La  nouveths  de  la  bataiUe  de 
Lutzen  ranima  les  espéranees  des  amis 
des  Français,  Ledévouement  des  Polonais 
dans  ces  circonstances  difficile»  fut  ab^ 
selu;  il  produisit  des  miracles  de  courte. 
Réduits  au  nom4>re  de  7  à  8  mille  par 
les  maHienrs  de  la  retraite  de  Russie,  ib 
virent  arriver  dans  leurs  rangs  15,000  de 
leurs  compatriotes.  La  jeuntesse  polonaise 
accourait  de  tontes  parts;  elle  franchis- 
sait les  iMitaiNous  russes  et  venait  re- 
joiVidre  cette  armée  que  commandait  le 
prince  Poniatowâki.  Tous  les* Polonais  sui* 
ifilteûi  la  Ibrtuiieito  iVtm^  qtiumd  4 


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BIG 


1524) 


BIG 


fallut  quitter  leur  pays  pour  appuyer  Na- 
poléon. Poniatowski  traversa  à  leur  tête 
les  états  autrichiens  et  se  rallia  à  Tarmée 
française  à  Dresde.  M.  Bignon  était  dans 
ses  rangs;  c'était  vers  la  fin  de  l'armistice. 

Après  la  bataille  de  Leipzig,  M.  Bi- 
gnon était  à  Dresde  où  il  avait  été  laissé 
près  du  roi  de  Saxe;  il  s'y  trouva  donc 
pendant  le  siège.  Gouvion-Saint-Cyr,  qui 
commandait,  capitula;  mais  la  capitula- 
tion ayant  été  violée,  M.  Bignon  fut  un 
moment  prisonnier  d'un  aide-de-camp 
du  prince  de  Schwarzenberg  ;  cependant 
le  prince,  accueillant  sa  réclamation,  le  fit 
reconduire  aux  avant-postes  français,  à 
Strasbourg.  Il  fut  de  retour  à  Paris  le  7 
décembre  1813.  C'est  lui  qui  annonça  à 
l'empereur  la  défection  de  Murât,  à  la- 
quelle d'abord  personne  ne  voulut  croire. 

M.  Bignon  disparut  un  moment  de 
la  scène  politique  après  les  événemens 
de  18i4.  Il  se  retirii  à  la  campagne. 
Mais  il  reparut  aux  aflàires  lors  des 
Cent^ours.  L'empereur,  qui  avait  à  re- 
connaître en  lui  la  fidélité  unie  aux  ta* 
lens  et  à  de  grands  services ,  le  nomma 
sous -secrétaire  4*état  au  ministère  des 
affaires  étrangères,  en  même  temps  que 
M.  Otto.  Il  fut  élu,  dans  le  même  temps, 
membre  de  la  Chambre  des  représentans 
pour  la  Seine-Inférieure.  Le  portefeuille 
des  affaires  étrangères  lui  ayant  été  con- 
fié vers  la  fin  de  la  crise  (22  juin),  il  si- 
gna la  convention  du  3  juillet,  dictée  par 
une  haute  sagesse  politique,  mais  qui  fut 
violée.  Lorsqu'on  rappela  ses  articles 
à  lord  Wellington,  il  déclara  «n'avoir  en- 
gagé que  le  général  anglais,  et  que  celui- 
ci  ne  pouvait  forcer  la  main  au  gouver- 
nement légitime  de  France.  »  Cependant 
Louis  XVIII  avait  si  bien  accepté  la  con- 
vention du  3  juillet  qu'à  peine  arrivé 
aux  Tuileries  et  y  apprentntque  Blucher 
allait  faire  sauter  le  pont  d'Iéoa,  il  envoya 
chercher  M.  Bignon  et  lui  donna  l'ordre 
de  se  rendre,  comme  signataire  de  la  con- 
vention, au  quartier-général  des.  alliés 
pour  réclamer  officiellement  l'exécution 
de  l'article  portant  que  «  les  monumens 
publics  seraient  respectés.»  Blucher  d'a- 
bord résista;  mais  Wellington  recon- 
nut la  clause  et  promit  de  la  faire  res- 
pecter. Le  poDt  fut  sauvé;  mais  la  con- 
vention  interdisait  aussi  «  les  recherches 


pour  les  opinions  émises  dans  les  Cent- 
Joui*s  ;»  et  elle  devait  sauver  le  maréchal 
Ney  avec  tous  ceux  que  les  commissions 
militaires  ont  condamnés. 

Les  mauvais  jours  passèrent  M.  Bi- 
gnon fut  élu  en  1817  député  de  TEure  à 
la  Chambre  des  députés.  Membre  de  l'Op- 
position, il  demanda  le  rappel  dfes  ban- 
nis, en  invoquant  la  convention  du  3  juil- 
let, mais  sans  accuser  cependant  fai  con- 
duite du  roi.  Son  discours  remua  la 
chambre  et  le  pays,  mais  n'arracha  au^ 
cune  concession  au  gouvernement.  M.  Bi- 
gnon insinua  «qu'il  pouvait  révéler  des 
faits  qui  donneraient  un  grand  poids  à 
ses  réclamations.  »  Interpellé  par  un  mi* 
nistre,  six  semaines  après,  de  préciser 
le  sens  de  .ses  paroles,  il  refusa  de  le  faire, 
en  disant  avec  calme  que  «dans  le  mo- 
ment l'explication  ne  serait  d'aucune  uti- 
lité aux  proscrits  et  qu'elle  pourrait  nuire 
au  gouvernement.  >  Les  clameurs  de  la 
majorité  couvrirent  sa  voix  :  M.  Bignon 
résista.  Depuis  on  a  diversement  inter- 
prété cet  incident  :  l'allusion  tendait  à 
rappeler  au  vieux  roi  qu'il  avait  reconnu, 
par  le  fait  du  pontdiénay  la  convention 
de  juillet  1815. 

Depuis  la  session  de  1819,  il  s'est 
placé  au  premier  rang  des  orateurs  à  la 
Chambre  des  députés.  Bien  qu'il  n'ait 
point  la  faculté  d'improviser,  il  y  a  parlé 
sur  les  plus  intéressantes  questions,  dans 
des  discours  précis  et  faisant  preuve  de 
connaissances  spéciales.  Dans  ses  dis- 
cours, rien  n'est  hasardé  et  de  premier 
jet;  tout  y  porte  un  cachet  de  réflexion 
active  et  précise,  et  d'une  profondeur  de 
vues  remarquable.  Réélu  à  la  Chambre 
par  le  Haut-Rhin,  en  1820,  il  le  fut  en- 
core en  1824,  et  par  Farrondissement  de 
Rouen  en  1826.  £n  1827,  il  eut  à  opter 
entre  trois  arrondissemens  qui  l'avaient 
nommé,  et  le  fit  en  faveur  des  Andelys 
(Eure),  oik  il  futitérativementéluen  1831 
et  en  juin  1834. 

M.  Bignon  avait  été  chirgé  par  le  tes- 
tament de  Napoléon  d'écrire  l'histoire  de 
notre  diplomatie  depuis  le  1 8  bnunaire. 
Cette  recommandation  a  été,  dès  qu'il  l'a 
connue,  la  tâche  de  sa  vie.  La  première 
partie  de  ce  travail  est  publiée;  elle  va 
jusqu'à  la  paix  de  JïlsitL  Mais  l'ouvrage 
est  plus  «  qu'une  histoire  de  la  diploma" 


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BIG 


tie»\  o*e»t  cdle  du  pays  sous  les  rapports 
les  plus  éleTés  et  les  plus  nouveaux. 

Ce  député  a  publié,  en  outre,  les  ou- 
vrages suivaos  :  Coup -d' œil  sur  les 
démêlés  des  cours  de  Bavière  et  de 
Bade,  1818;  des  Proscriptions,  1820; 
du  congrès  de  Troppau^  1820;  les  Ca^ 
binetstt  les  Peuples,  1822,  livre  qui  a 
eu  depuis  2  éditions.  Ces  différens  ou- 
vrages^ les  discours  parlementaires,  les 
services  publics  de  M.  fiignon,  que  l'em- 
pereur n'oublia  point  sur  son  rocher  de 
Sainte-Hélène,  le  placent  à  un  rang  élevé 
parmi  les  diplomates,  les  publicistes  et 
les  hommes  d'état  de  la  France. 

Depuis  la  révolution  de  juillet,  M.  Bi- 
gnon  a  défendu  plusieurs  fois  et  avec 
éclat,  à  la  Chambre  des  députés,  la  cause 
polonaise,  et  il  a  fait  recevoir  dans  l'adres- 
se de  la  Chambre,  session  de  1833,  un  pa- 
ragraphe additionnel  relatif  au  respect  dà 
à  la  nationalité  d'un  peuple  aussi  mal- 
heureux qu'héroïque.  F.  F. 

BIGORRE  (le  comté  de)  avait 
l'Armagnac  et  l'Astarac  au  nord,  le  Ne- 
bouzan  et  les  Quatre-Vallées  au  levant, 
les  Pyrénées  qui  le  séparaient  de  l'Es- 
pagne au  midi,  et  le  Béaru  au  couchant. 
Les  peuples  nommés  Bigerri  ou  Biger- 
rones ,  du  nombre  de  ceux  qui  compo- 
saient la  Novempopulanie,  habitaient  an- 
ciennement ce  pays  et  lui  ont  donné  leur 
nom.  Le  Bigorre,  après  avoir  passé  de 
la  domination  des  Romains  sous  celle  des 
yisigolhs,  au  commencement  du  cinquiè- 
me siècle,  et,  cent  ans  après,  sous  celle 
des  Francs  ^  fit  partie  du  duché  de  Gas- 
cogne, dont  les  descendans  d'Eudes,  duc 
d'Aquitaine,  furent  dépouillés  en  768 
par  Pépin -le -Bref.  Charlemagne  leur 
rendit  une  parlée  de  ce  duché,  mais  ils 
se  soulevèrent  contre  Louis-le -Débon- 
naire; ce  prince  les  priva  du  même  du- 
ché et  se  cou  tenUd'élablir,  en  8 1 9,  comte 
de  Bigorre,  Donat-Loup,  fils  de  Loup- 
Centulle,  duc  de  Gascogne  et  qui  était 
isiu  de  Clovis.  La  postérité,  de  Donat- 
Loup  jouit  du  comté  de  Bigorre  jusqu'en 
1038.  A  cette  époque,  il  passa  daus  la 
maison  de  Carcassonne,  par  le  mariage  de 
Gersende,  héritière  de  ce  comté,  avec 
Bernard  de  Carcassonne,  comte  de  Con- 
serans.  Béairix,  petite-fille  de  Bernard  et 
son  jiéi^itière,  le  porta  vers  la  fia  du  xi^ 


(  525  )  BIG 

siècle  dans  la  maison  de  Centulle  lY,  vi- 
comte de  Béam,  son  mari,  et  il  passa  en- 
suite successivement  daps  les  maisons  de 
Marsan  et  de  Comminges.  Pétronille  de 
Comminges,  héritière  du  comté  de  Bi- 
gorre, morte  en  1220,  laissait  des  enfans 
de  deux  lits  :  Constance  de  Béarn ,  fille 
de  Gaston  VU ,  vicomte  de  Béarn,  et  de 
Mathe  de  Mathas,  fille  de  Pétronille, 
obtint  le  comté  de  Bigorre,  dont  elle  fut 
dépossédée  en  1292.  U  fut  alors  réuni  à 
la  couronne.  Le  roi  Charles  VII  le  céda, 
en  1425,  au  comte  de  Foix,d'où  il  passa 
au  roi  Henri  IV,  qui  le  réunit  définitive- 
ment à  la  couronne  en  1607. 

Au  reste,  Bernard,  comte  de  Bigorre, 
voua  son  comté  (au  xi^  siècle)  à  l'église 
de  Notre-Dame-du-Puy,  ce  qui  donna 
lieu  dans  la  suite  aux  évéques  du  Puy  de 
prétendre  que  le  Bigorre  était  de  la  mou- 
vance de  leur  domaine.  Jean  de  Cumenis, 
évéque  du  Puy,  céda  au  roi  Philippe-le- 
Bel  son  droit  sur  ce  comté,  en  1307, 
ponr  800  livres  tournois. 

Tarbes  était  la  capitale  du  Bigorre.  Ce 
comté  était  un  pays  d*É(a(s.  Lorsqu*en 
1790  toute  la  France  fut  divisée  en  dé- 
partemens,  le  comté  de  Bigorre,  devenu 
département  des  Ha  ut  es -Pyrénées,  fut 
partagé  en  cinq  districts  :  Tarbes,  Ba- 
gnères,  Argelès  ou  la  Mon(af(ne,  Vie  et 
Labarthe  ou  les  Quatre-Vallées.  Voy. 
Essais  fus  toriques  sur  le  Bigorre  ^  par 
M.  A.  d' Avezac-Macaya.  Bagnères,  1823, 
2  vol.  in-8°  avec  carte.  A-  S-b. 

BIGOTISMë,  voy.  Dévotion. 

BIGRE,  en  latin  bigrus.  Ce  mot, 
souvent  employé  dans  les  chartes  latines 
et  françaises  à  partir  du  xii^  siècle,  dé- 
signait principalement  un  garde  chargé 
de  veiller,  dani  les  forêts,  à  la  conser- 
vation des  abeilles,  de  réunir  leurs  es- 
saims et  de  recueillir  leur  miel  et  leur 
cire.  Les  bigres  avaient  le  droit  de  coi:-^ 
per  et  d'abattre  les  arbres  où  elles  se 
trouvaient;  et,  comme  alors  les  forôts 
étaient  impunément  ravagées,  ils  s'at- 
tribuèrent le  droit  de  prendre  tout  le 
bois  nécessaire  à  leur  chauffage  :  ce  qui 
leur  fit  donner,  dans  certaines  localités, 
le  surnom  de  francs-bif^res.  Dans  un 
I  aveu  et  dénombrement  du  prieuré  de 
Lierru,  ordre  de  saint  Augustin,  dio- 
cèse d'Évreux,  présenté  au  comte  de 


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BU 


(èJe) 


m 


€3oodM89  «o  14€2,oBlit:«ilMi9  a^ons 
«  droit  tl'aToir  et  tenir  eo  ladite  (brét 
ft  (de  CoDches)  uo§  bigre,  lequel  peut 
«  prendre  mouschet,  miel  et  cire  pour  le 
c  kiiaiuaire  de  ootre  dite  église,  mercber 
«  (marquer)  couper  et  abatre  les  arbres 
«  ou  elles  seront  sans  aucun  dangier  ne 
«  reprinse,  etc.»— -Du  mot  bigre,  on  avait 
fait  ùigrerie  qui  se  trouve  dans  un  aveu 
de  la  seigneurie  de  Nesophle,  présenté 
en  1479  au  comte  de  Breteuil  :  «  et  da- 
m  dit  fief  d'Anvergny  dépend  ung  hostcl 
«  appelle  k  Bigrerie,  ou  Thostel  aui 
<  Mouscbes.  m  Selon  le  Mercure  de  Frcui- 
ce  de  février  1739,  le  terme  de  bigre 
inent  du  latin  apiger^  qui  gouverne  les 
mouckes  à  miel  [quigerity  qui  régit  apes), 
on  d'apicuruSf  qui  a  soin  des  abeilles 
(qui  curai  aprs,}  £.  R. 

BIJOUTIEA,  celui  dont  la  profet- 
siotf  est  de  fabriquer  et  de  vendre  les 
bijoux.  Cette  industrie  n*est  pas  mainte- 
nant séparée  d*iine^  manière  bien  nette 
de  celle  de  Torfèvre  et  du  joaillier,  dont 
l'un  travaille  l'or  et  l'argent  tandis  que 
l'autre  s'occupe  principalement  de  mon- 
1er  les  pierres  précJetises.  La  fabrication 
des  bijoux  est  extrêmement  complexe, 
tant  à  cause  des  matières  diverses  qu'elle 
emploie  qu'a  raison  des  nombreuses  in- 
dustries auxquelles  elle  doit  avoir  re- 
cours  pour  confectionner  ses  produits. 
D'abord  le  bijoutier  se  servait  exclusive- 
ment de  l'or,  de  l'argent,  des  pierreries, 
objets  d'une  grande  valeur;  plus  tard  on 
essaya  de  faire  avec  des  matières  moins 
chères  des  ouvrages  semblables ,  et  c'est 
ainsi  qu'on  est  parvenu  à  faire  des  brjoux 
en  chry^ocalqlle  on  similor  et  en  pierres 
artificielles  travaillés  avec  tant  de  per- 
fection que  l'oeil  est  facilement  trompé. 
Enfin  dans  la  bijouterie  de  jais,  d'émail, 
de  nacre,  de  1er  et  d'acier,  tout  le  mé- 
rite est  dans  la  pureté  du  dessin  et  dans 
la  beauté  du  poli.  La  fabrication  des  bi- 
joux en  faux  et  en  acier  a  pris  une  ex- 
tension considérable  et  est  devenue,  sur- 
tout pour  Paris,  l'objet  d'un  commerce 
très  important  à  l'intérieur  et  à  l'étranger. 
De  nombreux  ouvriers  et  des  machines 
presque  aussi  nombreuses,  servent  à  dé- 
couper les  pièces,  à  les  estamper,  à  les 
poliîrf  puis  il  faut  monter,  ajuster,  gra- 
iPir  ^  éoudUer,  «ICi  et  mal^  eda  lia  oAh 


I  jetsiabri^émmÀ  trèabÉ«pi4»,efcM^ 
pendant  procurent  encore  des  bénéficct 
énormes.  Fojr.  Buoux.  F.  R. 

Il  y  a  cette  différence  e»lre  las  bijoux 
et  les  joyaax ,  que  ces  derniers  ne  sont 
quelquefois  que  la  matière  brute,  tandis 
que  les  bijoux  sont  toujours  des  ouvrages 
travaillés.  Dans  la  comparaison  on  voit 
le  joyau  plus  grand ,  et  le  bijou  plus  pe- 
tit Toutefois  il  y  a  ufM  teUeaffteilé  entre 
ces  deux  gearea  de  commerce,  qo^autre» 
ibis  les  bijoutiers  ne  faisaient  qu'un  seid 
et  même  corps  avec  les  joaHlievs ,  tandis 
qu'ib  n'avaient  avec  les  orfèvres  que  oer? 
tains  rapports  de  classification. 

Un  joaillier-  bijoutier  était  reçu  au 
Cbâtelet,  par -devant  le  procureur  ém 
roi,  entre  les  mains  duquel  il  prétail 
serment,  après  avoir  preuve  qu'il  a^ail 
fait  trois  ans  d'apprentissage. 

Saint  Louis  éuit  le  patrcm  des  jeall- 
liers-bijoutiers*  D.  A.  B. 

BIJOUX,  ouvrages  d*orfévrerie,  la 
plupart  enrichis  de  pierres  précie'ises, 
servant  à  la  parure  de  Phomme  et,  quel- 
quefob ,  à  l'ornement  des  objets  a  son 
usage.  Au  singulier ,  ce  mot  s'applique , 
par  métaphore,  à  tout  ce  qui  nous  pavait 
délicat  et  gracieux. 

On  retrouve  dans  hî/ou  le  /ocus  dei 
Latins,  comme  dans  les  composés /^cr ^ 
j'oie ,  /ojreux  j  joyaux ,  foui^iiiiery  etc. 
Le  monosyllabe  bt  est  sans  don  te  un  dé- 
rivé de  biau  ou  hettu. 

L'usagedes  bijoux  {voy,)  reiMmte  à  Ut 
plus  haute  antiquité;  on  peut  dire  qu'il  est 
né  avec  la  société.  Il  a  évé  commun  aux 
deuxsexea;  man  leplus souvent  l'homme 
a  suivi  à  cet  égard  les  inspirations  de  sa 
compagne.  La  première  femme  qui  ap- 
pela à  son  secours  cet  attirail  de  la  co- 
quetterie fut  celle  qui  craignit  que  ses 
rivales  ne  lui  enlevassent  le  cteur  de  son 
amant;  et  celle-là  fut  bien  mal  inspirée  ^ 
s'il  n'y  avait  pas  urgence  à  cacher  sa  lai- 
deur. 

Que  de  phases  n'a  pas  subies  Wn  du 
bijoutier  dans  cette  longue  série  de 
siècles!  Que  de  bizarres  conceptions,  et 
surtout  quel  débordement  de  mauvais 
goût  chez  tous  les  peuples  et  à  tontes  les 
époques ,  pour  un  petit  nombre  de  pro- 
ductions que  le  bon  sens  peut  tolérer? 
La  natore  des  bijoox,  leiv  aatlère  e| 


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bU 


(Sit) 


BU 


les  temps  et  les  peuples.  Hors  de  la  ci- 
▼ilisatioo ,  la  femme  cherche  à  efTacer 
sa  forme  naturelle  sous  un  amas  de  co- 
quillages, de  graines,  d'ossemenset  de 
cercles  en  métal  qui  gênent  ses  mouve- 
mens  et  lui  donnent  un  aspect  mons- 
trueux. Elle  met  des- anneaux  aux  doigts, 
aux  bras,  aux  orteils,  aux  jambes,  au 
cou ,  aux  oreilles ,  aux  lèvres  et  jusqu'au 
Bel!  Dans  les  sociétés  civilisées  nous 
trouvons  d'abord  Thomme,*  cet  esclave 
de  la  superstition,  attacher  à  certains 
bijoux  des  idées  religieuses.  Salomon 
▼oyait  dans  le  chaton  dé  son  anneau  loot 
ce  qu'il  désirait  y  voir;  Gygès  se  rendait 
invisible  au  moyen  du  sien;  les  Romains 
avaient  des  amulettes,  les  Arabes  des 
talismans,  le  moyen-âge  des  anneaux  ca- 
balistiques, et  nous,  nous  avons  des  ba- 
gues aimantées  contre  la  migraine,  et 
des  colliers  pour  favoriser  la  dentition. 

Les  bijoux  furent  aussi  la  marque  dis- 
tinctive  du  pouvoir.  Les  rois  en  portent 
encore  à  leurs  couronnes.  Chea  les  Hé- 
breux, les  Égyptiens  et  les  Grecs,  les 
grande  dignitaires  avaient  le  droit  de 
porter  une  bague  d'or,  A  Home,  les  am- 
basaadenrs  et  les  chevaliers  se  distin- 
guaient par  des  anneaux  et  des  colliers; 
cet  usage  se  retrouve  dans  les  statuts  de  la 
chevalerie  du  moyen-âge ,  et ,  par  con- 
tinuation, dans  les  ordres  chevaleresques 
des  temps  plus  modernes.  En  Russie, 
l'empereur  confère  souvent  à  des  per- 
sonnes qui  ont  rendu  des  services  émi- 
nens  les  insignes  en  diamans  d'un  ordre 
de  chevalerie.  Dans  les  autres  élau  de 
l'Europe  le  souverain  donne  plus  com- 
munément, comme  témoignage  de  sa 
haute  satisfaction ,  son  portrait  enrichi 
de  diamans,  ou  une  tabatière  ^'or  sur- 
montée de  son  chiffre,  ou  des  bagues  en 
diamans. 

L'église  a  ses  bijoux  particuliers.  L'/7/i- 
neau  du  pécheur,  à  l'image  de  saint 
Pierre,  sert  au  pape  à  sceller  les  brefs 
apostoliques.  Les  cardinaux  et  les  évé- 
ques  ont  aussi  un  anneau  distinct  if.  Les 
prélats  et  lesrhanoinesportent  une  croix 
d*or  suspendue  à  une  chaîne  de  même 
métal. 

Les  bijoux  ont  songent  figuré  dans  les 
âctca  le^plos  imporians  de  k  vie  aodale. 


Chea  1ns  Héhreax  el  Ica  B^naitta,  k 
mari  donnait  un  anneau  de  fer  ou  d'of 
à  sa  fiancée  ;  nous  leur  avons  eanprunté 
cette  coutume,  roy.  Amheau. 

Les  législateurs  se  sont  vus  maintefoîa 
dans  la  nécessité  de  mettre  un  frein  à  la 
mode  de  ces  objets,  par  des  édita  som|^ 
tuaires;  mais  il  eit  vrai  d'ajouter  qu'il 
n'est  pas  de  lois  qui  aient  été  plus  mal 
accueillies  ^  moins  observées ,  ni  phia 
tôt  révoquées.  D'après  une  loi  de  Zalet»* 
eus ,  le  législateur  des  Locriens,  les  eouiw 
tisanes  seules  portaient  des  bijoux  el  des 
broderies  d'or  ;  un  homme  devait  s'en 
abstenir,  excepté  quand  il  allait  dans 
de  mauvais  lieux.  A  Sparte,  Lycnrgue 
proscrivit  l'or  et  l'argent;  à  Rome,  la 
loi  Orchia  défendait  aux  femmes  de 
porter  des  omemens  d'or  au-delà  du 
poids  d'une  demi-once.  Jules  -  César  , 
Auguste,  Tibère^  Néron  et  Alexandre- 
Sévère  ,  firent  également  des  lois  somp- 
tuah'es,  dirigées  en  partie  contre  l'abiis 
des  bijoux.  L'an  460  de  notre  ère,  l'em- 
pereur Léon  défendit  à  ses  sujets,  souê 
peine  de  mort,  d'enrichir  de  perles  ^ 
d'émeraudes  ou  d'hyacinthes,  leurs  bau-* 
driers,  le  frein  des  brides  ou  les  selles 
des  chevaux.  Chartemagoe,  à  son  retour 
d'Italie ,  rendit  une  loi  somptuaire.  Phi- 
lippe-le-Bel  interdit  apix  bourgeois  le 
droit  des  fourrures,  des  bijoux  en  or  on 
des  pierres  précieuses.  Louis  XO  et  ses 
successeurs ,  jusqu'à  Louis  XV,  s'occu- 
pèrent du  même  objet. 

Les  bijoux  ont  souvent  aeqms  un  in- 
térét  historique.  Une  dame  romaine,  qui 
avait  de  grands  biens  dans  la  Campanie, 
montrait  un  jour  à  la  mère  des  Grec- 
ques un  riche  écrin.  Pressée  à  son  tour 
cîe  faire  voir  ses  bijoux,  Cornélie  amena 
ses  enfans  :  «Voilà,  dit -elle,  toute 
ma  parure.  »  Qéopâtre  eut  la  folie  de 
se  vanter,  à  la  suite  d'un  repas  splen- 
dide  qu'elle  avait  offert  à  Antoine,  d'a- 
voir fait  dissoudre  une  perle  dont  la 
valeur  se  montait  à  10  millions  de  seS' 
terces  (2  millions  de  francs)  dans  du 
vinaigre ,  et  d'avoir  avalé  ce  riche  breu- 
vage. Le  vinaigre  n'a  pas  la  propriété  de 
dissoudre  les  perles:  aussi,  en  supposant 
que  le  fonds  de  celle  anecdote  soit  vrai, 
il  ne  l'est  pas  moins  que  les  circonstanoM 
sont  apneryphes.  L*aQ  de  Boom  %êB  | 


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BU 

Camille  voulait  offrir  à  iipoUon  une 
part  du  butin  qu'il  avait  pris  à  Vêles; 
mais  ses  soldats  avaient  déjà  dissipé  leur 
part  et  refusaient  de  contribuer  à  cette 
offran'ie;  ils  menaçaient  même  de  se 
révolter,  et  cependant  il  fallait  satisfaire 
le  dieu.  Les  dames  romaines  vendirent 
leurs  bijoux  et  payèrent  la  dette  du  pieux 
général.  Cbarles-Quint ,  lors  de  ton  pas- 
sage à  Paris,  dut  peut-être  sa  liberté  à  un 
brillant  offert  à  propos  à  la  duchesse 
d*Étampes.  Tout  le  monde  connaît  le 
scandaleux  procès  du  collier,  où  une 
reine  de  France,  qui  devait  être  exempte 
du  soupçon ,  comme  elle  Tavait  été  du 
crime ,  fut  si  méchamment  compromise. 

Dans  Pantiquité  le  goût  des  bijoux 
fut  maintefois  porté  à  Texcès.  A  Rome , 
il  fut  un  temps  où  les  matrones  avaient 
des  colliers  dont  une  seule  perle  coûtait 
1  million  de  notre  monnaie  ;  elles  se  ser- 
vaient de  miroirs  de  métal  poli,  garnis 
de  pierreries  Leur  coiffure  était  sur- 
chargée de  joyaux  de  toute  espèce  ;  elles 
en  portaient  au  milieu  du  front,  ainsi 
que  le  fit ,  plusieurs  siècles  après ,  une 
maîtresse  de  François  l^*",  connue  sous 
le  nom  de  la  belle  Ferronnière  ;  elles  en 
avaient  également  sur  leur  ceinture  pec- 
torale ,  ou  strophia/i'  Elles  portaient  en- 
fin des  agmfes,  des  aiguilles  d*or,  des 
bagues ,  des  colliers ,  des  bracelets ,  des 
éventails  enrichis  de  perles  et  de  pier- 
reries. Plusieurs  de  ces  objets  ont  été 
retrouvés  à  Herculanum  et  à  Pompéi ,  et 
les  bijoutiers  de  notre  époque  les  ont 
souvent  pris  pour  modèles.  £n  effet ,  au 
moment  où  nous  écrivons  (1834)  la 
forme  des  bijoux  est  généralement  ro- 
maine. Tantôt  c'est  un  serpent  d'or,  aux 
yeux  de  rubis,  roulé  autour  du  bras; 
tantôt  le  bracelet  se  compose  d'une  col- 
lection de  grands  médaillons  enchaînés 
les  uns  aux  autres  par  des  cercles  de  mé- 
tal ;  quelquefois ,  enfin ,  c'est  une  paire 
de  girandoles  composées  de  trois  poires 
à  longue  dimension ,  suspendues  à  une 
plaque  qui  touche  elle-même  à  un  an- 
neau. 

Dans  le  moyen -âge  les  dames  por- 
taient ,  indépendamment  de  tous  les  ar- 
ticles de  la  toilette  commune  aux  di- 
verses époques  de  la  civilisation,  des 
plastrons   garais  de   pierreries   et   des 


(  528  )  BIL 

châtelaine*  ou  loogacs  diaSoet  tuspen- 
dues  à  la  teinture  par  un  crochet,  et 
soutenant  un  trousseau  de  petites  clefs 
en  métal  précieux.  Les  courtisans  avaient, 
avec  le  costume  du  règne  de  Henri  III , 
de  riches  colliers  de  rubis,  d'émeraudes 
et  de  saphirs ,  enchâssés  avec  art  dans  un 
or  pur.  La  plume  de  leur  chaperon  re- 
posait sur  un  diamant ,  et  la  poignée  de 
leur  dague  étincelait  de  pierreries. 

Aujourd'hui  les  hommes  fiaraissent 
généralement  avoir  senti  que  ce  brillant 
attirail  n'était  pas  convenable  à  un  sexe 
essentiellement  grave  et  sérieux.  Quant 
aux  dames,  elles  sont  encore,  sous  ce 
rapport ,  dans  la  période  romaine ,  et  ce 
n'est  pas  leur  faute  si  elles  nous  plaisent 
toujours,  car  elles  font  tout  pour  s'e 
laidir,  soit  qu'elles  rompent  les  lignes 
suaves  de  leur  front  par  une  ridicule 
ferronnière^  soît  qu'elles  sacrifient  la  dé- 
licatesse de  leurs  oreilles  au  poids  fati- 
gant de  deux  énormes  girandoles.  C  F-N. 

BILAN,  du  latin  btlanx,  balance. 
Le  bilan  est  le  livre  sur  lequel  les  mar- 
chands écrivent  leurs  dettes  actives  et 
passives.  Ce  livre,  qui  est  du  nombre  de 
ceux  qu'on  appelle  auxiliaires ^  se  nomme 
livre  des  échéances ,  livre  des  mois ,  livre 
des  paiemens;  d'autres  l'appeUent  car- 
net.  On  appelle  bilan  des  accepUttions^ 
dans  les  bourses,  le  livre  que  les  négo- 
cians  portent  sur  la  place  de  change,  sur 
lequel  ils  écrivent  les  lettres  de  diange 
tirées  sur  eux,  à  mesure  qu'elles  leur  sont 
présentées;  on  donne  aussi  le  nom  de 
bilan  au  livre  sur  lequel  ils  font  les  vi- 
remens  des  parties.  Quand  on  accepte 
une  lettre  de  change  on  met  une  croix  à 
côté  de  la  lettre  de  change  enregistrée  au 
bilan;  quand  on  veut  délibérer  surTac- 
ceptation  on  met  un  Y  qui  veut  dire  vue; 
et  quand  on  ne  veut  pas  accepter,  on  écrit 
les  deux  lettres  S  P  qui  veulent  dire  sous 
protéi.On  appelle  encore  bilan  la  solde  du 
grand -livre  ou  d'un  compte  particulier, 
ou  la  clôture  d'un  inventaire.  On  dit 
d'un  marchand  qu'il  donne  son  bilan , 
pour  dire  qu'il  se  déclare  en  état  de  fail- 
lite. Dans  ce  cas,  en  effet,  le  failli  est 
obligé  de  fournir  son  bilan ,  c'est-à-dire 
l'état  passif  et  actif  de  ses  affaires,  et  à 
son  défaut  les  syndics  ou  agens  de  la 
faillite    sont   obligés    de  le    préparer. 


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BIL  (  529  ) 

Toutefois  ce  biUn  ne  se  borne  pas  à 
faire  coonaitre  les  dettes  actives  et  pas- 
sives da  failli  relativement  à  son  com- 
merce, mais  il  doit  de  plus  contenir  Té- 
numération  et  l'évaluation  de  tous  ses 
biens  mobiliers  et  immobiliers,  le  tableau 
de  ses  profits,  de  ses  pertes  et  de  ses  dé- 
penses. La  loi  fait  une  obligation  à  tout 
négociant  de  tenir  le  bilan  de  ses  affai- 
res; car  si,  dans  le  cas  de  faillite,  il  ne 
pouvait  le  fournir  fi»ite  d'avoir  eu  ses 
livres  de  commerce,  il  pourrait  être 
poursuivi  comme  banqueroutier  fraudu- 
leux et  déclaré  tel  (Code  de  commerce ^ 
art.  594  j.  Fojr^  Faillite  et  Livres  de 

COMMBaCE.  N-E. 

BILBOQUET.  Ce  mot  est  employé 
en  des  sens  bien  différens,  sans  que  Ton 
puisse  remonter  à  son  étymologie  avec 
quelque  apparence  de  certitude.  Vient- 
il  de  biUe  (latin  pila?) y  comme  le  sup- 
pose M.  Roquefort,  dans  son  Diction^ 
naire  des  étjrmoiogies  de  la  langue/ran* 
çaise?  Vient-il  de  biUeboc  {voy,  Rabe- 
lais), dont  nous  ne  connaissons  pas 
mieux  l'origine?  L*a-t-on  formé,  comme 
le  pense  M.  Charles  Nodier  {Examen 
critique  des  dictionnaires) y  de  blmbe^ 
loquet  y  bimbeloterie,  bambin?  \\  im- 
porte assez  peu  de  le  savoir. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  mot  est  français 
au  moins  depuis  le  xvi*  siècle.  Il  n'est 
point  d'écolier  qui  ne  connaisse  le  jeu 
de  bilboquet.  Le  jouet  est  ainsi  construit  : 
un  morceau  de  bois  plus  ou  moins  élé- 
gamment tourné,  à  l'un  des  bouts  une 
pointe,  à  l'autre  une  espèce  de  sébille 
légèrement  creusée;  au  milieu  un  cor- 
don ou  ficelle  qui  soutient  une  boule 
percée  d'un  trou.  Il  s'agit  de  lancer  cette 
boule,  de  la  placer  en  équilibre  sur  la  sé- 
bille ou  partie  creuse,  ou  de  la  faire  tenir 
sur  la  partie  aiguë  du  manche,  en  faisant 
pénétrer  celle-ci  dans  le  trou  pratiqué 
dans  la  boule.  Comme  on  le  voit,  ce  passe- 
temps  est  naïf,  innocent,  et  doit  être 
agréable  pour  une  intelligence  même  peu 
▼ulgaire  :  aussi  n*a-t-il  pas  été  de  tout 
temps  abandonné  à  l'enfance.  Il  s'est 
trouvé  au  moins  un  roi  qui  ne  dédaignait 
pas  de  charmer  ses  loisirs  en  exerçant 
ainsi  son  adresse.  Le  dernier  des  Valois, 
Henri  III,  y  trouvait  un  singulier  plai- 
sir; souvent  il  portait  à  la  main  un  bil- 

Encyclop,  d.  G.  d.  M,  Tome  III. 


BIL 

baquet f  comme  nous  l'apprend  le  jour- 
nal de  son  règne.  Depuis  cette  époque 
jusqu*en  1789,  il  en  est  fait  peu  men- 
tion dans  l'histoire;  il  fut  alors  momen- 
tanément remplacé  par  le  jeu  de  Vémi^ 
grnnt. 

On  appelle  encore  bilboquets  de  peti- 
tes figures  garnies  de  plomb  à  leur  base, 
et  qui,  par-là,  retombent  toujours  sur 
leurs  pieds ,  quelle  que  soit  la  position 
qu'on  veuille  leur  faire  prendre. 

Les  imprimeure  appellent  bilboquets 
de  menus  ouvrages,  tels  que  têtes  de 
lettres,  affiches,  cartes  de  visites,  adres- 
ses, etc.,  etc.  Le  nom  de  bilboquet  a 
encore  été  donné  à  certains  instruinens 
en  usage  parmi  les  monnayeurs,  les  per- 
ruquiers et  les  doreura;  et  aussi ,  en  ar- 
chitecture, aux  petits  carrés  de  pierre  qui, 
détachés  d'un  plus  gros^  restent  dans  le 
chantier,  etc.  A.  S -a. 

BILDERDYK  (Guillaume),  célè- 
bre poète  hollandais,  naquit  a  Amster- 
dam, en  1756,  et  passa  à  l'âge  de  16  ans 
à  l'université  de  Leyde  où  il  étudia  avec 
succès  le  droit  et  la  philologie.  Doué 
d'une  imagination  vive  et  brillante,  il 
consacra  tous  ses  loisirs  à  la  poésie  et 
eut  le  bonheur  de  voir  ses  premiers 
essais  couronnés  par  la  société  littéraire 
de  Leyde  qui  jouissait  à  cette  époque 
d'une  grande  célébrité.  En  1782  il  s'éta- 
blit à  La  Haye ,  et  bientôt  après  il  em- 
brassa la  profession  d'avocat*^.  L'atta- 
chement qu'il  avait  toujours  montré  pour 
la  maison  d*Orange,  lui  attira  plus 
tard  la  haine  des  patriotes;  aussi ,  lors- 
qu'en  1795  la  Hollande  fut  envahie  par 
l'armée  française,  sous  Pichegru ,  se  vit- 
il  obligé  d'émigrer.  Il  voyagea  long-temps 
dans  le  nord  de  l'Allemagne ,  passa  deux 
années  à  Brunswick,  où  il  l'ut  précep- 
teur d'un  jeune  gentilhomme ,  et  se  ren- 
dit, Yera  1800,  à  Londres.  Dans  cette 
capitale  il  fit  des  coura  de  littératures 
comparées,  et  publia  successivement 
des  traductions,  en  vera  hollandais,  des 
meilleurs  poèmes  d'Ossian,  lesquelles 
ont  le  grand  mérite  d*être  laites  sur  le 

(*)  L*uutear  de  ret  artirle  insiste  peo  sur  sa 
carrière  comme  membre  da  barreno  de  La  Haye  : 
dans  le  Con^.  LexieoH  allemand,  Uilderdyk  cft 
qualifié  de  grand-jmritecnsmUê,  et  l*on  nte  avec 
éloge  %9i0bs9rvatipnet  «1  emtndationêsjuris.lbrmi^ 
irick,  i8o6,  et  Leyde ,  i8ao.  1.  H.  S. 

24 


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6lL 


ïexifc  'original  en  langue  gàeriquè,  et 
non ,  comme  presque  toutes  les  autres  , 
sur  la  version  anglaise  île  Macpheiaon. 
De  retour  à  Amsieidatn  ,  en  1807,  il  fui 
présenté  au  roi  Louis  Napoléon,  qui  Pac- 
cueillil  avec  bonté  et  le  chui^il  pour  son 
professeur  de  néerlandais.  Plus  tard,  ce 
prince  lui  accorda  une  pension  et  le 
nomma  président  de  la  2*  classe  de  Vin- 
ttitutde  Hollande,  qui  venait  d'être  créé. 
Mais  le  bonheur  de  Bilderdyk  ne  fut 
pas  de  longue  durée;  à  l'abdication  de 
Louis  (1810),  il  perdit  sa  pension ,  et  la 
police  impériale  le  traita  comme  suspect, 
à  cause  de  ses  relaiions  antérieures  avec 
l'ex-roi.  Dès  lors  il  quitLi  Am^lerdam, 
habita  successivement  plusieurs  petites 
villes  de  province,  et  se  fixa  enfin  dans 
lés  environs  de  Uaarlem,  où  il  consacra 
le  reste  de  ses  jours  à  des  travaux  phi- 
lologitiues,  et  mourut  en  1831  à  i*àge  de 
75  ans. 

Quelles  qu'aient  été  les  circonstances 
où  Bdderdyk  se  soit  trouvé,  il  n*a  ja- 
mais cessé  de  cultiver  les  muses ,  et  par- 
là  s'explique  le  nombre  prodigieux  de 
ses  poésies.  Il  s'est  essayé  dans  tous  les 
genres,  depuis  Tépigranime  jusqu'à  Tépo- 
pée;  et  si  oo  ne  trouve  pas  dans  ses  com- 
poiiiions  cette  verve  brûlante,  cette 
hardiesse  d'images  qui  entraînent  tous 
les  cœurs,  au  moins  ne  saurait -on  y 
méconnaître  le  mérite  d'un  style  pur, 
facile  et  élégant;  mérite  d'autant  plus 
grand  que  l'idiome  néerlandais  est  d'une 
dureté  extraordinaire  et  peut-être  un 
des  plus  reb<;tles  à  la  versiQcation.  Voici 
une  liste  des  ouvrages  les  plus  remar- 
quables de  Bilderdyk  :  1  °  Ouvrages  en 
vers  :  Àinusemcns  ,  1778 ,  et  Poésies, 
1783;  deux  recueils  de  pièces  fugitives. 
Mélanges  poétiques  y  en  2  vol.,  1802, 
où  l'on  distingue  surtout  un  poème  di- 
dactique sur  l'astronomie  et  quelques- 
unes  des  traductions  d'Ossiaq,  dont 
bous  avons  p^rlé  plus  haut,  Poètnes  y 
1803,  contenant  entre  autres  pièces  une 
belle  imitation  àQl'tlomi nèfles  champs, 
de  Delille.  Mélanges,  1804,  composés 
en  grande  pari  le  de  traductions  d'Ossian. 
"JLe  Fin^al  d'Ossian,  traduit  en  entier. 
Nouveaux  méiùnges  poétiques,  en  2 
vol.,  1806;  diauts  religieux  et  3  poèmes 
vo\XmkiiAssanède^  Achille  tl  tyrus. 


(530) 


Bit 


La  Maïadie  des  savons ,  petit  poème 
où  les  tribulations  des  gens  de  lettres 
sont  racontées  d'une  manière  comique 
et  très  spirituelle.  Tragédies,  en  3  vol., 
1808  ;  ce  sont:  GuiLaumede  Hollande, 
Eif/è'le,  Honnark ,  Cinna,  d'après 
Corneille,  et  Iph'génie  en  AuUde,  d'a- 
près Racine;  en  tête  du  2^  vol.  se  trouve 
un  savant  Traité  de  la  tragédie.  Poésies 
diverses,  1809,  composées  en  grande 
partie  d'imitations  ou  traductions  de 
poèmes  classiques  grecs  et  latins.  Feuilles 
d'automne  et  Fleurs  d'hiver^  1 8 1 0  ;  deux 
collections  de  poésies  dont  la  dernière 
renferme,  sous  le  titre  d'^r/  poétique , 
une  excellente  satire  contre  le  roinao- 
lisme  allemand.  Appel  aux  armes  et 
Épancliemens  patriotiques,  1815,  deux 
poèmes  qui  furent  inspirés  à  l'auteur  par 
les  événemens  qui  suivirent  le  retour  de 
Napoléon  de  l'île  d'Elbe.  Destruction  du 
premier  monde 1 1816-1817,  poème  épi- 
que dont  il  n'a  paru  que  les  cinq  premiers 
chants.  Les  belles  descriptions  qui  s'j 
trouvent  en  assez  grand  nombre  font  re- 
gretter que  cette  œuvre  n'ait  pas  été  ter- 
minée. Guerre  des  souris  et  des  gre- 
nouilles, 1820,  Fléaux  moraux ,  1821, 
et  Chants  degrillonSy  1823,  trois  poèmes 
du  genre  bas-comique,  qui  sont  devenus 
populaires  en  Hollande.  2^.  Ouvrages 
en  prose  :  une  Géologie ,  1813,  uq 
Traité  de  botanique  ,  1817,  qui  a  été 
traduit  en  français  par  M.  Mirbel ,  de 
rinslitut  ;  7  vol.  Miscellanées  sur  les 
langues  et  la  poésie,  1820-1822;  une 
Grammaire  raisonnée  de  la  langue 
hollandaise,  1824,  qui  est  générale- 
ment reconnue  pour  la  meilleure  qui 
existe.  M-a. 

BILE  {bilis),  Li  veine  que  l'on  dési- 
gne sous  le  nom  de  veine-porte  se  ra- 
mifie lorsqu'elle  pénètre  dans  le  foie,  et 
donne  naissance  à  une  multitude  de  pe- 
tits vaisseaux  qui  se  réunissent  ensuite 
pour  former  un  canal  nommé  hépatique* 
Le  liquide  qui  le  traverse  a  perdu  tous 
les  cfiractèrci  extérieurs  du  sang,  et  prend 
le  nom  de  bile  :  s'il  se  rend  directement 
dans  un  des  intestins,L'duodcnumf  comme 
cela  a  lieu  pendant  l'acte  de  la  digestion, 
on  rappelle  bUe  hépatique^  Si  au  con- 
traire il  est  recueilli  dans  une  membrane 
pyriforme,  la  vésicule  biliaire ,  et  teau 


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tXL 


(5S1) 


»It 


^iï  féiieWë  Ipôàr  Te  moment  où  cét'tfe  fonc- 
tion s'opère,  il  se  distingue  par  une  amer- 
tume plus  prononcée  et  constitue  la  bile 
dite  cystique.  Celte  dernière  a  été  exa- 
minée dans  un  certain  nombre  d'ani- 
maux, parce  qu'on  peut  se  la  pix)çurer 
avec  facilité;  eTIe  doit  manrjuer  néces- 
sairement dans  ceux  qui  n'ont  pas  de 
Vésicule. 

La  bile  présente  ordinairement  une 
teinté  verte  plus  ou  moins  prononcée  ; 
iK>a  odeur  est  nauséabonde.  Sa  consistance 
varie  selon  les  animaux  qui  l'ont  fournie, 
et  dans  la  nième  espèce  d'animal  selon 
l'Age.  Elle  est  plus  fluide  cbez  les  oiseaux 
que  chez  mammifères;  moins  épaisse  chez 
les  mammifères  qu«  chez  les  poissons.  Sa 
viscosité  augmente  avec  les  années. 

La  bile  c^slique  de  bœuf  est  celle  qui 
H  été  analysée  avec  le  plus  de  soin.  On 
y  a  trouvé  des  matières  mucilagineuses  et 
albumineuses ;  une  résine  particulière, 
une  substance  sucrée,  noùimée  picro/nel 
par  M.  Théoard  qui  a  signalé  le  premier 
son  existence,  et  sucre  biliaire  par  quel- 
ques chimistes  allemands.  On  y  a  cons- 
taté également  la  présence  de  la  choies- 
terine,  corps  gras  qui  constitue  souvent 
à  lui  seul  les  calcttU  biliaires  de  l'hom- 
me.  Quelquefois  11  est  mélangé  avec  la 
matière  colorante  jaune  à  laquelle  la  bile 
doit  sa  couleur.  Cette  matière  a  été  ob- 
servée à  Tétat  de  poudre  jaune  dans  une 
bile  humaine,  et  formant  des  calculs  plus 
ou  moins  volumineux  dans  celle  de  quel- 
ques bœufs.  On  en  a  trouvé  un  qui  pesait 
une  livre  et  demie  dans  un  éléphant  mort 
au  Jardin  des  Plantes.  C'est  cette  sub- 
stance qui  colore  en  jaune  la  peau,  le  blanc 
de  l'œiI  et  les  parties  qui  environnent  la 
vésicule  biliaire,  pendant  la  jaunisse. 

Sa  dissolution  dans  un  alcali,  mêlée 
avec  une  forte  proportion  d'acide  nitri- 
que, présente  des  phénomènes  de  colora- 
tion adsez  remarquables.  Elle  passe  suc- 
cessivement, et  dans  un  espace  de  temps 
très  court,  du  jaune  au  vert,  du  verts(u 
bleu,  du  bleu  au  rouge,  et  enfin  du  rouge 
au  jaune  pâle. 

L'analyse  parait  encore  avoir  fait  re- 
connaître dans  la  bile  un  acide  qu'on  a 
appelé  cholique  (de  x,tM<,  bile),  une  ma- 
tière cristalline  nommée /ai/r/'/ie,  les  ad- 
âet  oléic|ii«  et  margariqae  ;  des  carbona- 


tes, des  ptiosphbles,  des  sutTa'tès  à  base 
de  soude,  de  potasse  et  de  chaux.  Les 
calculs  biliaires  contiennent  quelquefois 
desphosphatesetdescarbonatesdechaux; 
quel(|uefois  aussi  ils  paraissent  formés 
uniquement  de  charbon. 

L'usage  physiologique  de  fa  bite  est 
mal  connu.  Les  uns  prétendent  qu'elle 
joue  un  rôle  important  dans  Tarte  de  la 
digestion;  d'autres  croient  quelle  se^rt 
seulement  à  séparer  du  sang  les  matières 
destinées  a  être  évacuées. 

L'importance  accordée  à  la  bile  dans 
la  digestion  l'a  fait  employer  quelquefois 
en  médecine,  lorsqu'on  suppose  que 
cette  sécrétion  n^est  pas  assez  active;  on 
a  recours  alors  a  la  bile  de  bœpf.  Les  bi- 
tes  d'ours,  de  brochet  et  d'anguille,  que 
les  idées  les  plus  brizarred  avaient  intro- 
duites dans  ta  thérapeutique,  en  SQDt 
aujourd'hui  rejetées. 

La  bile  de  bœuf  est  employée  dans  les 
arts.  La  propriété  dont  elle  jouit  de  mous- 
ser par  l'agitation  a  conduit  depuis  long- 
temj)s  à  la  considérer  comme  un  savon; 
aussi  les  dégraisseurs  s'en  servent-ils  avec 
avantage  pour  enlever  les  tdches  d'huile. 

Epaissie  en  consistance  d'extrait  et  dé- 
layée dans  un  peu  d'eau»  elle  donne  une 
teinte  d'un  brun  de  bistre  [voy.)^X.  est 
employée  par  les  peintres!  Vo^.  Bilieuses 
[mala<lies,)  H.  A. 

BILÉDOtJL'ÛltËRtB^  voy.  Bélso- 

EL-GÉaYD. 

BILn^èEII  ou  èuLFiNOEti,  famille 
allemande  remarquable  par  une  mons- 
truosité héréditaire  parmi  ses  membres, 
et  qui  consistait  en  un  sixième  doigt 
(Finger)  a  la  main  et  au  pied;  de  là  son 
nom. 

George  -  Beïlnard  biffinger,  né  à 
Kansudt  eii  1693  ,  professeur  à  l'ubin* 
gue,  1724.  fut  un  savant  philosophe  de 
Técole  de  Léibnitz ,  et  puis  de  celle  de 
Wolf.  Appelé,  en  Itï^,  a  Saînt-Pétef?^ 
bour^  par  Pierre-ïe-Grarïd^  H  n*y  resja 
pas  long-temps,  mais  revint  à  Tubipgue 
et,  au  boulde  (|uelques  ànnées,devint  coo* 
seiller  privé  du  duc  de  Wurtemberg  et 
président  du  consistoire.  Il  mourut  en 
1750  et  laissa  beaucoup  d  ouvrages.  S. 

BILIBtSËS(HALAuiF.s).Labile(vo/.) 
n'est  pas,  comme  le  pense  le  vulgaire, 
une  humeur  nuisible;  elle  est  indispen-» 


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BU.  (  532  ) 

sable  à  raccomplissement  régulier  de  la 
digestion,  mais  dans  quelques  circonstan- 
ces  elle  semble  devenir  cause  de  inala> 
die,  soit  que  ses  matériaux  n'aient  pas 
été  séparés  du  sang,  soit  qu'elle  ait  été 
sécrétée  en  trop  grande  abondance,  ou 
bien  enfin  qu'elle  ait  subi  quelque  alté- 
ration de  composition.  Les  faits  observés 
très  anciennement  ont  servi  de  base  aux 
diverses  théories  médicales  qui  ont  suc- 
cessivement régné,  et  d*où  se  déduisent 
les  différens  systèmes  de  pratique. 

La  surabondance  de  la  bile  [polycho- 
lie  des  anciens)  se  manifeste  par  des  éva- 
cuations de  ce  liquide,  par  les  voies  tant 
inférieures  que  supérieures,  évacuations 
ordinairement  suivies  d'un  certain  sou- 
lagement. De  là  venait  naturellement 
la  pensée  de  provoquer  des  évacuations 
semblables  dans  des  circonstances  ana- 
logues. 

On  admettait  aussi  autrefois  que  la 
bile  subissait  des  altérations,  et  nous 
voyons  de  nos  jours  se  reproduire  cette 
doctrine,  flétrie  il  y  a  vingt  ans  à  peine, 
que  la  bile  noire  (mélancolie)  des  Grecs 
est  une  cause  primitive  de  maladie.  En- 
fin, en  voyant  la  peau  et  tous  les  organes 
prendre  quelquefois  une  couleur  jaune, 
tandis  que  la  bile  était  absente  des  lieux 
ou  elle  se  trouve  dans  Tétat  normal,  on 
a  pensé,  les  uns  que  la  bile  était  passée 
dans  le  sang,  les  autres  que  l'organe  sé- 
crétoire  ne  l'avait  pas  extraite  de  ce  li- 
quide qui  fournit  les  matériaux  de  cha- 
que sécrétion. 

Beaucoup  de  médecins  croient  encore 
que  la  plupart  des  affections  bilieu&es  ai- 
guës dépendent  d'une  irritation  des  or- 
ganes destinés  à  sécréter  ou  à  contenir  la 
bile,  et  que  cette  irritation  est  la  con- 
séquence de  celle  qu'exercent  les  agens 
extérieurs  sur  le  canal  digestif.  Pour  eux 
tout  ce  qu'on  appelle  fièvres  bilieuses, 
embarras  gastrique,  fièvre  jaune,  etc^, 
doit  être  rapporté  à  l'inflammation  de 
l'estomac,  du  duodénum  et  du  foie,  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  théorie  qui 
peut  aller  si  loin,  l'expérience  montre 
que,  dans  des  circonstances  particulières, 
telles  qu'une  disposition  spéciale  (tempé- 
rament bilieux),  les  saisons  et  les  climats 
très  chauds,  une  alimentation  acre  et  ir- 
rilante,  se  manifestent  des  symptômes  à 


DIL 

peu  près  constans,  savoir:  amertame  et 
empâtement  de  (a  bouche  avec  enduit 
jaune  de  la  langue,  soi!*,  perte  d'appétit, 
nausées,  et  souvent  voraîssemens  et  dé- 
jections bilieuses  jaunes  ou  vertes.  En 
même  temps  le  malade  éprouve  une  cha* 
leur  acre,  du  brisement  général,  de  la 
douleur  au  creux  de  l'estomac  et  souvent 
de  la  fièvre;  la  peau  est  plus  ou  moins 
colorée  en  jaune;  l'urine,  foncée  en  cou- 
leur, parait  également  chargée  de  bile. 
Ces  phénomènes  peuvent  se  rencontrer 
séparés  ou  réunis  et  à  des  degrés  diffé- 
rens,  depuis  le  simple  embarras  gastrique, 
affection  passagère  et  sans  danger,  jusqu'à 
la  fièvre  jaune  qui  est  presque  toujours 
mortelle. 

Quand  ces  maladies  sont  portées  à  un 
certain  degré,  la  bile  est  expulsée  en  plus 
ou  moins  grande  quantité ,  et  long-temps 
on  a  provoqué  artificiellement  son  ex- 
pulsion (voy.  Vomitifs).  Mais  cette  mé- 
dication, employée  sans  mesure,  a  pro- 
duit beaucoup  de  mal  en  comparaison 
de  quelques  bons  effets,  et  les  praticiens 
les  plus  sages  ont  reconnu  que,  dans  le 
plus  grand  nombre  des  cas  simples,  il  suf- 
fisait de  soustraire  les  malades  à  l'action 
des  causes  déterminantes ,  pour  que  la 
sécrétion  biliaire  reprenne  son  rhythme 
habituel,  et  que,  dans  les  circonstances 
graves,  le  traitement  qui  convient  aux  in- 
flammations aiguës  est  le  plus  efficace. 
Les  boissons  rafraîchissantes  et  acidulés, 
que  les  malades  recherchent  par  une  sorte 
d'instinct  salutaire,  contiibuent  beau- 
coup à  la  guérison,  ainsi  que  l'abstinence 
complète,  au  moins  pendant  les  premiers 
jours.  L'état  bilieux  plus  ou  moins  intense 
peut  se  présenter  comme  complication 
de  diverses  maladies,  et  l'on  entend  par- 
ler encore  d'angines,  de  pleurésies  bi- 
lieuses ,  etc.  Les  médecins  du  siècle  der- 
nier, pensant  que  ces  affections  étaient 
dues  à  la  présence  de  la  bile,  prescri- 
vaient les  vomitifs  comme  partie  princi- 
pale du  traitement.  On  a  généralement 
renoncé  à  cette  méthode  qui  ne  présente 
pas  d'avantages  suffisans  pour  balancer 
ses  dangers;  en  effet,  il  n'était  pas  rare, 
à  la  suite  de  l'emploi  des  vomitifs,  de  voir 
la  maladie  dégénérer  en  fièvre  putride 
ou  maligne.  Voy,  Foie,  Hépatite,  Cal- 
cris.  F.  R. 


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BIL 


(533) 


BÎL 


BILINÈUE  (do  latin  WingUÎSy  qui 
parle  deux  langues).  Ce  terme  est  depuis 
quel  |aes  années  employé  par  les  archéo- 
logues pour  désigner  tes  inscriptions  et 
a\ilr&s  monumens  anciens  où  les  mêmes  ' 
idées  sont  exprimées  en  deux  idiomes. 

Telles  sont  les  inscriptions  de Fatmyre 
(voy,  ce  mot)  d'après  lesquelles  Pabbé 
Barthélémy  a  rétabli  Fanden  alphabet 
syriaque,  à  Taide  de  la  traduction  grecque 
jointe  à  plusieurs  d'entre  elles.  La  dé-' 
couverte  bi«n  autrement  imp6rtante  qui 
a  soulevé  le  voile  dont  TÉgypte  était  e«- 
velo)>pée  depuis  lent  de<«iècle9,  est  due 
en  grande  partie  à  rinscription  bilingue 
de  Rosette.  Cest  la  comparaison  du  texte 
grec  de  ce  décret  et  des  hiéroglyphes 
correspondans  qui  a  fait  reconnaître  que 
ces  symboles  sacrés  avaient  quelquefois 
une  valeur  phonétique  (vof.  Hiérogly- 
phes). Dés  papyrus  bilingues  sont  venus 
répandre  un  nouveau  jour  sur  Fandenne 
Iffngue  de  TÉ^pte. 

Cette  contrée,  soumise  snceesstvement 
à  plusieurs  dynasties  étrangères,  devait 
renfermer  un  grand  nombre  de  décrets  et 
d'actes  publics  ou.  particuliers,  écrits  à  la 
fois  dans  la  langue  des  indigènes  et  dans 
celle  des  oonquérans.  Aussi  la  recherche 
des  monumens  de  ce  genre  éttfk-elle  si- 
gnalée par  Ckampollion,  dans  le  plan  de 
son  voyage  en  Egypte,  coinme  tM  ohj'et 
fin  plus  pressant  intérêt  pour  êes  études 
historiques  et  phUolo^iquh^  (Lettres 
écrites  d'Egypte,  Paris,  t834,  pàgi  17). 
Déjà,  on  efTet',  «ne  courte  toscription 
en  hiéroglyphes  et  en  caractères  per- 
sépolitatn6(9ax.  l'ar^  CvNi^iFoKilm),  oh 
Saint-Martine  et  ChampoNion  avaient , 
cbaciMrde'MNi  e6té,  recoimn  le  nom  de 
Xerjcès,  avait  confirmé  leurs  déooQ'vertes, 
en  éclairant  rdH  par  Tautre  ces  deux  sys- 
tèmes d'écriture  également  mystérieux." 
Sur  le  vevers  de  l'inscription  d'Axtim 
(voy.)  Sait  {f^oynge  en  Ahyssime^  x,\\^ 
p.  187-193)  avait  aussi  découvert  des 
caractères  éthiopiens  qui  probablement 
étaient  la  répétition  du  texte  grec.  Mal- 
heureusement ils  étaient  tropeffacés  pour 
que  ce  savant  voyageur  pût  en  prendre 
une  copie  complète  qui.  aurait  peut-être 
éclairci  les  origines  éthîopiqûes. 

Les  inscriptions  bilingues  en  grec  et 
en  latipy  moins  importantes ,  puisqtie  ces 


deux  langues  nous  sont  fncn  '  connttes  ; . 
petnrent  servir  à  constater  la  synonymie 
dequelqnes  expressions^.  On  ne  peut  guère 
citer,  en  fait  de  manuscrits  bilingues  gl*eé&-' 
latins,  que  les  courlà  lexiques  ^e Cyrille' 
et  de  Philoxène.  Ori]gène,  dans  ses  T^/ra- 
/?/<??, ''avait  rédni  le  texte  hébreu  de  la 
Bible  et  s«s  diverses  traductions  grec- 
ques. Voy,  PéLYOLOTTE.  '    lUt.  " 

BIIiL.  Ce'mot  «ii^aSs  signifia  en  '^é* 
u^ral  Une  dédaration  écrite  ou  un  ex- 
posé formel,  et  désigne  plus  partiouliè'- 
rement  un  projet  de  loi  présenté  par 
écrk  au  parlement  d'Angleterre.  Ce  n'est 
qu'après  avoir  été  discuté  et  approuvé 
par  les  deux  chambres  et  sanctionné  par 
le  roi,  qu'un  tel  projet  devient  acte  {yoy,) 
du  parlement  et  prend  le  nom  de  statut 
da  fx>yatttne.  Chaque  mtfmbre  de  l'une  et 
l'autre  chambre  a  le  droH  d'introduire 
un  bHI.  Si  ce  bill  a  pour  objet  des  ré^ 
glemensd'un  intérêt  général  pour  la  na- 
tion ,  une  simple  mrotion  diHment  -aa- 
coudée  suffit  ;  mais  si  le  projet  iregarde 
des  intérêts  locaux  ou  particuliers,  il 
faut  une  pétition  préalable  qui  doit  tou- 
jours être  présentée  par  un  membre. 
Quand  elle  est  fondée  sur  des  faits  su-- 
jéts  à  'cohti*adiction ,  elle  est  renvoyée  à 
un  oomilé'dè  plusieurs  députés,  qui, 
après  s'être  enquis  de  la  vérité  des  allé- 
gallons  qu'elle- contient ,  ert  farit  son  rap- 
port à  la  4;hambre.  Tout  bill  dont  l'in- 
troduction est  accordée  dans*  la  chambre 
des  communes  est  lu  tout  de  suite  une 
première  fois  ;  à  un  certain  intervalle  de 
temps  on  en  fait  une  seconde  lecture  : 
s'il  a  la  majorité  des  voix  en  sa  fareor, 
il  est  soumisr  à  nu  comité,  ou,  quand  le 
projet'  de  loi  dont  il  Vagit  est  d'-une 
grande  importance ,  toute  la  chambre  «e 
foriwe^n  comité ,  le  président  {the  spea- 
ker) descend  -de  son  siège ,  et  chaque  ar- 
ticle du  bill  est  d'iscuté  spécialement  sous 
la  présidence  d'un  directeur  (chairman  ) 
nommé  à  cet  emploi  dès  l'ouverture  de 
la  session.  Aussitôt  que  le  biH  â  passé 
par  ces  comité^ ,  on  le  transcrit  en  gros 
caractères  sur  du  parchemin  {the  bill  is 
enf^rossed);  après  quoi  on  le  lit  pour  la 
troisième  fois.  S'il  a  toujours  pour  lui  la 
majorité  des  voix ,  le  président  en  pro- 
pose le  titre,  et  l'un  des  députés,  accom- 
pagné de  pluaieiQrs  autre»  membres ,  le: 


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souopis  ftux  néiue»  formes  de  dl^ci^ioa 
qu*il  a  subie»  dUos  U  cbambre  des  com^ 
mimes.  Cepevdiuil  il  est  des  cas  Ui^efi4 
où  iei  ré^emens  perpélucU  (the  stan^ 
(Unf!  orders)  de  Tmieet  r«Mlre,çlipmbre , 
retaiifft  «ms  iolerv^li^s  de  t^mps  requis 
pour  passer  un  M\  »  somt  suspendus.  Si 
1^  prqjet  de  loi.  e^  eniièrenpeoi  d/ésap* 
prouvé  par  les  pairs*  il  n'tm  mt  pius 
question  ;  s*i|  est  epproiivé^  il  reste  dans 
la  chansbrf-liAiit«  jusqu'à  ce  qu*i(  soit 
sanclioaDè;  ipais  si  les  pairs  opt  modiC^ 
le  hill  et  que  les  communes  u'adoptoui 
pas  ces  amendemens  »  il  y  a  oofiféreace 
entre  un  nonabre  égal  de  d^tés  des 
deux  chambres,  H  si  oelta  eoqféieiice 
est  sans  Mccès  le  hill  ep|  fejeté,  La  stmo* 
tion  se  donne  dans  la  ebaffibre^hftute  par 
le  i-ol  eopersetwie,  PU  par  des  cpminis- 
sairea  nooMnésà  cei  effet,  par  letires- 
patentes  sous  le  Jieing,  mi^nuel  da  monar- 
que. Aprè$  k  ledttre  du  ti(re  de  chaque 
bill,  le  clero  du  partemient  répond  an  nom 
du  roi,  en  vieur  français,  quand  il  a'afit 
d'un  bill  public  :  JLe  rai  le  veui  ;  si  c'e^ 
un  bill  parliouUer  (  a  /TcVaftf  biU)  :  Soit 
faiioomme  UtHfiésiré;  et  si  la  sanction 
est  refusée  :  Le  roi  A'avùenu  Quant 
auix  bi|U  par  lesquels  les  communes. ae- 
oordent  des  ressources  pécuniaires^^quel' 
oofwfoes  où  la  levée  4e  quelque  iraipét, 
qu*on  appelle  //MMV^^  biMi^ïÛ  sont  pré- 
sentés par  le  président  de  la  chambre 
des  commuoea,  et  la  réponse  au  nom  du 
roi  est.:  Le  roi  remercie  ^es  iùyuujc  wi- 
rvts  ,i  aûtepie  leur  bémévolence  et  auan 
le-veiuL  S^\\s^K%\xà'Mn  acte  de  grâce  qui 
teiujonns  procède  originairement  du  rai, 
le  dcrc  du  parlerlient  dit  a«  «mm  «des 
deujc  èhembresc  «  Le3  prélats,  seigileurs; 
»  et  «^om^niMed  en  ce  présent  paHoesent 

*  aBscifiblés,  au  nom  de  4oub  voe  autres 

•  sujets,  remereieel  trèe  humblement 
4  V.  M.  et  prient  I>ieii  de  vous  do<io|er 
«  en  sattté  bonne  ide  et  longue.  »  D.  B. 

BIU.AED  (JBV  br).  Le  biUerd  est 
un  jen  d'exercice  et  d!2uire8ae  qui  con- 
siste à  faire  rouler  une  boule  d'ivoire 
anree  une  queue  de  bois  faite  e^tprès,  pour 
en  frapper  une  autre  boule  et  la  faire 
entrer  dans  des  trous  que  Ton  nomme 
bloutet.  Le  mot  de  bUkml  «'applique 
à  la  table  for  b^weUe  f 'eiefoent 


le*  jople^rs*  C^i^  table  m  4^  cawé 
oUong,  garnie  de  quatre  rebords  o« 
bandes  de  bois  rembourrées  de  lisières 
dtt  drap,  et  couverte  d*on  tapis  ordi^ 
nairement  vert;  ces  bandes  sont  atti^ 
chées  en  dessus  avec  des  clous  de  cui-^ 
vre  à  tite  ronde  ^  posés  près  les  uns 
des  autres  et  sur  un  galon  de  fil  qui  ca* 
che  Textrémité  du  drap.  Aux  quatre 
coins  de  la  table  et  au  milieu  des  longues 
bandes  sont  pratiqués  des  trous  on 
blousée  pour  recevoir  les  billes  que  l'on 
y  pousse.  Aux  deux  tiers  de  le  longueur 
de  la  table,  vers  le  baul ,  on  voyait  au* 
trefois,  et  rarement  aujourd'hui ,  un  fer 
eu  forme  de  voûte,  visaé  dans  le  bois, 
et  que  l'on  nomme^^^M^  ;  c'est  au  mi- 
lieu de  cette  voi^te  que  l'on  place  la  btUe 
rouge ,  ou  sur  un  point  lorsqu'il  n'y  a 
pas  de  fer.  Il  y  a  des  biUards  de  pla- 
sieura  grandeurs  :  les  plus  grands  OAt  de 
1^  à  14  pieds  et  s^  voient  en  Provence, 
en  Languedoc,  etc.;  ceux  de  $  à  10 
pieds  sont  usités  k  hyau  et  atix  environs 
de  cette  ville.  Cette  dernière  grandeur 
est  plus  convenable  lorsqu^oo  joue  plus 
souvent  le  doublet,  partie  qui  aérait 
trop  longue  et  trop  difficile  stir  un  btl- 
land  .d:un  tiers  pl«^  grand.  A  Paris,  les 
bltla^ds  ont  -de  10  ait  pieds  de  long , 
stfr  à  peu  près  moitié  de  large,  largeur  qui 
e^t  aussi  ceUe  des  biUar<U  pAus  grands  on 
plus  petite. 

La  partie  la  plus  ordinaire  se  fait  avec 
dêOK  billes  blanches  et  une  rouge ,  nom* 
ï»éécarutnb<%te ,  qui  a  dqnné  son  nom  à 
cette  partie.  On  la  joue  oh  même  et  au 
i(Qub/e$i.  Le- même  oonaiste  en  ee  que  la 
bille  est  poussée  per  Un  seul  coup  dens 
la  blouse; ;bte«  dtffiérenle  dndolibletoè 
i|  faut  q4ie  la  biile  poussée  soit  frappée 
deMX  /oié,  e'est^îndire^  ait  reçu  ,  après 
le- -coup  de  queue'  qni  la  pousse,  un 
oentre-ODup  de  la  bendt  ou  d'une  bille 
qtt'elje  rencontre  en  son  chemto,  etc., 
ponr  compter  au  joueur,  en  tombent 
dans;la  blôtise;  ee  qui  s'observe  égale- 
ment pour  rendre  boe  le  coup  de  quatre 
au  doublet  qu'on  appelleyGmrtc  doubtet, 
Am  reste,  cet  pirties  sont  si  bien  co»* 
nues  qti'il  B*est  gttère  nécessaire  de  les 
expliquer  plus  en  détail.  Les  billes  bien- 
cbes  vajent  deux  potiits ,  perte  on  gmio  ; 
la  rouge  ea^aut  teeis;  \t  coup  et  qoetve 


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Bli 


(6»4> 


BQ. 


est  celi^  DU  i)  y  a  cara^Aolag^  et  bille 
faite  j  et  le  coup  de  sept  s'opère  pr  un 
carambolage  et  les  deux  billes  faites.  La 
carambole  se  joue  à  tout  coup  bille  ou 
à  suivre  ;  tout  coup  bitle,  c'est  jouer 
chacun  à  son  tour;  à  suivre ,  c*est  jouer 
tant  qu'on  fait  bille  :  c'est  la  partie  la 
plus  usitée.  L'une  des  parties  les  plus 
jolies  et  qui  est  soumise  à  un  calcul 
plus  compliqua  et  plus  étudié,  c'est  la 
partie  russe.  Elle  s'exécute  avec  cinq 
billes  y  deux  blanches,  une  bleue,  une 
rouge  e(  une  jaune.  La  rouge  se  place 
entie  le  fçr  ou  sur  le  point  qui  en  tient 
la  place,  la  jaune  au  milieu  du  billard, . 
et  la  bleue  sfir  le  point  opposé  au  fer  ou 
à  h  place.  Cette  partie  se  joue  en  3 G 
poiii^»  ou  plus,  au  gré  des  joueurs,  ^s 
deux  blanches  valent  deu^  points  ch^- 
cque,  b  bleue  et  la  rouge  quatre  points 
chacune;  la  j^une  seule  en  vaut  six.  f^es 
billes  blanches  peuvent  être  faites  dans 
toutes  les  blouses;  la  bleue  et  la  rouge 
119  comptent  que  dans  les  quatre  coins , 
et  la  jaune  pe  peut  être  bonne  que  faite 
dans  les  blouses  du  milieu  ;  partout  ail- 
leur^,  la  bleue  et  la  ix)uge,  ainii  que  la 
jaune  >  sont  en  perte  pour  celui  qui  les  y 
fait  entrer.  Celui  qui  a  la  main  se  place 
autour  de  la  bille  bleue  pour  donner 
r&cquifj  de  manière  à  cacher  sa  bille 
d^rière  le  fer  ou  la  bille  rouge ,  afin  que 
son  adversaire  ue  puisse  la  toucher. Mais, 
en  dounaut  l'acquit,  il  faut  qu'il  prenne 
g^e  dç  ne  Coucher  aucune  des  billes 
pigées,  sans  quoi  il  perd  un  point. 
Qaus  cette  partie,  quelquefois  on  est 
niasqné  paf  une  ou  deux  ):iilles,  etc.; 
\\  faut  alors  recourir  à  la  bricole,  comme 
da^s  quelqiies  ^utres  coups  de  billard. 
De  même  qu'à  la  cai-ambole ,  le  caram- 
bolage compte,  n'importe  sur  quelle 
bille  il  soit  faix.li  existe  bea,ucoup  d'autres 
p^'t^es,  délies  qpe  L^  partie  russe  à 
écrire  i  1^  partie  blanche  ou  avec  dçux 
belles,  la  partie  ({e  çpfnmande,  celle  de 
l^  perte,  celle  de»  cinq  blouses,  des 
trois  blpuses,  celle  de  trente-six  poi/tts, 
celle  de  bricole,  etc.,  qui  s^exécutent 
de  convention  entre  les  joueui*s.  La 
royale  est  une  partie  que  plusieurs  per- 
sonnes peuvent  jouer  ensemble.  Si  Ton 
eajt  trois,  ellç  se  joue  en  P  points;  si 
^W^qûii4f.Ç,  Ç»  IP  poipts,  cij^q  en 


8  points ,  et  six ,  çn  Q  poin^.  Chacun  jonc 
à  son  tour,  et  quand  un  joueur  fait  une 
perte  ,  elle  compte  pour  tous  les  autres. 
Quant  à  la /ww/^,  elle  se  joue  de  deux 
façons:  avec  deux  billes  ou  à  toutes  bil- 
les. Lorsqu'on  la  joue  à  deux  billes,  ce- 
lui quiatirédu  panier  le  numéro  1  donne 
son  acquit;  le  second  tire  sur  sa  bille,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'au  dernier  entré.  La 
poule  se  fait  en  deux  ou  trois  points,  se- 
lon le  nombre  des  joueurs  et  l'usage  de 
l'endroit;  celui  qui  reste  le  dernier,  et 
qui  par  conséquent  a  le  moins  de  points, 
gagne  la  poule  ou  l'argent  mis  sur  jeiu 
Quand  on  approi  be  de  la  fin  de  la  partie, 
on  achète  les.dernières  billes  de  c-eu^  qui 
craigne/it  de  ne  pas  les  défendre  comme 
il  faut:  ils  aiment  mieux  retirer  quel(|ue 
avantage  par  la  vente  à  un  des  joueurs 
les  plus  habiles,  qui  la  prend  pour  moi-^ 
tié,  ou  quart  de  poule,  selon  les  points 
marqués  aux  derniers  joueurs  restans.  La 
poule  a  toutes  billes  n'est  pas  d'usage  à 
Paris;  elle  était  autrefois  très  en  vogue  à 
Lyon  et  dans  seseu v irons;mais  ellea  perdu 
up  peu  de  sa  renomuiée:  en  tout  les  usa- 
ges de  la  capitale  prévalent  dans  les  pro- 
vinces. Dans  cette  partie,  chacun  a  sa 
bille  numérotée,  de  manière  que,  si  on 
est  douze  ou  quinze,  il  y  a  douze  ou 
quinze  billes  sur  le  tapis;  le  n**  2  joue  sur 
le  l^**,  le  3  sur  le  2,  je  4  sur  le  3,  et  ainsi 
de  suite,  avec  les  mêmes  résulta|Ls  qu'a  la 
poule  aux  deux  billes.  Très  souvent  on 
es^  masqué  par  une  bille  ou  plusieurs 
billes ,  et  bien  plus  souvent  ^\^  dans 
toute  autre  partie,  en  raison  du  nombre 
des  billes;  il  faut  alors  faire  sauter  la 
bille  par-dessus  celles  qui  gênent,  si  l'on 
ne  peut  employer  la  bricole.  Il  y  a  des 
cas  où,  pour  éviter  le  saut  ou  la  bricole, 
les  habiles  joueurs,  par  un  certain  coup 
de  queue,  impriment  à  leur  bille  d'abord 
up  mouvement  rotatoire  qui  se  chang;e 
subitement  en  un  autre  mouvement  cir- 
culaire qui  la  rejette  sur  celle  qu'ils  veu- 
lent atteindre;  ce  qui  s'exécute  aussi  dans 
d'autres  parties  pour  opérer  des  caram- 
bolages. D'autres  fois  ils  font  tourner 
sur  elle-même,  au  milieu  de  sa  course, 
leur  bille  qui  revient  frapper  ctlle  dont 
elle  avait  déjà  dépassé  la  ligne  transver- 
sale; ils  nomment  ces  deux  manièies  de 
pousser  ou  chasser  les  billesyâ/re  ren" 


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BIL 


(  586  ) 


BIL 


dre  le  coup,  ou  effet  de  queue»  A  toutes 
les  parties,  lorsqu^un  joueur  pousse  deux 
billes  à  la  fois ,  cela  s'appelle  queuter;  si 
la  bille  va  dans  une  blouse,  le  coup  eit 
nul.  Lorsqu'un  joueur,  au  lieu  de  frap- 
per au  centre  sa  bille,  la  frappe  sur  le 
côté,  ce  faux  coup  s'appelleyàu^xe  queue^ 
el  il  perd  un  point  si  sa  bille  ne  touche 
pas  celle  de  son  adversaire. 

Ce  n'est  qu'au  moyen  d'une  table  bien 
unie,  bien  dressée,  que  les  coups  se  des- 
sinentavecprécision.Aussi,  lorsque  toutes 
les  pièces  d'un  billard  sont  fabriquées  et 
qu'on  le  monte  sur  place,  l'artisan  l'exa- 
mine avec  attention  en  les  accordant, 
l'ajuste,  le  régularise,  et  promène  sur  la 
table,  dauH  toute  sa  longueur,  un  niveau 
d'eau  pour  s'assurer  d'un  aplomb  parfait. 
On  ne  peut  pas  tromper  au  jeu  de  bil- 
lard, comme  cela  arrive  au  jeu  de  cartes; 
il  se  joue  librement,  à  la  vue  des  specta- 
teurs, et  d'une  manière  loyale.  On  l^a 
appelé  le  noble  jeu  de  billard. 

On  a  vu  à  Paris,  il  y  a  une  trentaine 
d'années,  chez  un  marbrier  du  boule- 
vard des  Invalides,  un  billard  tout  en 
marbre;  il  avait  appartenu,  dit-on,  au 
duc  d'Orléans,  père  de  Louis-Philippe. 
Il  avait  14  pieds  de  longueur;  mais 
quoiqu'on  donnât  de  légers  chocs,  la  bile 
partait  et  ne  s'arrêtait  plus.  On  n'a  consi- 
déré ce  billard  que  comme  une  curiosité. 

On  donne  encore  le  nom  de  billard  à 
la  masse  ou  bâton  recourbé  avec  lequel 
on  pousse  également  les  billes  dans  une 
partie;  il  est  ordinairement  de  bois  de 
gaîac  ou  de  cormier ,  garni  par  le  gros 
bout  ou  d'ivoire  ou  d'os  tout  simplement: 
on  peut  même  se  passer  de  ces  garnitu- 
res. On  tient  cet  instrument  par  le  petit 
bout,  et  Ton  pousse  la  bille  avec  l'autre 
bout. — Billarder,  c'est  pousser  en  même 
temps  les  deux  billes  avec  la  masse.  Ce- 
lui qui  billarde  perd  un  point;  le  coup 
est  nul  si  on  a  chassé  la  bille  de  son  ad- 
versaire dans  une  blouse;  mais  on  perd 
deux  points  si  l'on  y  fait  entrer  les  deux 
billes. 

Ce  mot  de  billardcry  en  termes  de 
manège,  se  dit  d'un  cheval  qui ,  en  mar- 
chant ,  jette  ses  jambes  de  devant  en  de- 
hors. F.  R-D. 

BILL4UD-VARENNE$,néen  1760 
près  de  La  Rochelle,  était  âgé  de  25  ans 


lorsquMl  vint  à  Paris,  oà  il  fut  reçu  avocat 
au  Parlement.  Avant  la  réunion  des  états- 
généraux,  il  s'était  déjà  fait^onnaltre  par 
des  principes  hardis;  un  de  ses  premiers 
ouvrages,  signé  seulement  des  initiales  de 
son  nom,  fut  un  écrit  en  3  vol.  in^^  sur 
le  Despotisme  des  ministres  de  France; 
il  parut  en  1 790.  Il  s'y  élevait  contre  des 
abus  que  tout  le  monde  connaissait  alors, 
mais  n'indiquait  pas  le  remède  qui  pou- 
vait les  détruire.  Il  penchait,  dans  le 
commencement,  pour  ce  que  l'on  a  de- 
puis appelé  une  monarchie  entourée 
d'institutions  réptUflicaines.  Dès  l'ori- 
gine, il  fit  partie  de  la  société  de»  Jmis 
de  la  Constitution  y  si  célèbre  ensuite 
sous  le  nom  de  société  des  Jacobins,  A 
la  journée  du  10  août^  it  joua  un  rôle 
très  actif,  et  on  l'a  accusé  d'avoir  contri- 
bué aux  massacres  de  septembre,  d'avoir 
encouragé  et  soudoyé  les  égorgeurs.  Il 
avait  rempli  une  mission  dans  les  dépar- 
teinens ,  au  nom  de  l'Assemblée  législa- 
tive, lorsqu'il  fut'<tfilu  substitut  du  pro- 
cureur de  la  commune.  Quand  les  deux 
partis  des  Girondins  et  des  Montagnards 
se  dessinèrent,  dès  les  premières  séances 
de  la  Convention,  Billaud-Varennes se 
jeta  sans  réserve  dans  le  parti  extrême 
et  accusa  violemment  et  sans  relâche 
les  rois  et  la  royauté.  Il  s'acharna  contre 
Louis  XVI,  lors  de  son  procès,  s'opposa 
à  ce  que  les  pièces  utiles  à  sa  délense 
lui  fussent  communiquées,  vota  contre 
l'appel  au  peuple,  et  demanda  la  mort  du 
tyran  dans  les  24  heures.  Quand  on 
adopta  le  décret  qui  instituait  le  tribanal 
révolutionnaire,  H  proposa,  dans  l'inté- 
rêt des  accusés,  que  les  jurés  fussent 
choisis  par  tous  les  départemens  et  sou< 
vent  renouvelés.  Sa  motion  fut  rejetée. 
Envoyé  en  mission  dans  le  département 
d'Ille-et -Vilaine,  il  ne  se  méprit  point 
sur  le  caractère  de  l'insurrection  ven- 
déenne, et  demanda  l'envoi  de  noovellet 
forces  dans  ces  contrées.  Puis  il  revint 
prendre  sa  place  à  la  Convention.  Le  81 
mai  1793,  les  Girondins  et  les  Monta- 
gnards engagèrent  décidément  leur  lutte 
déplorable.  Peu  d'hommes  ont,  autant 
que  Billaud-Varennes,  signalé  les  dange- 
reux effets  d'une  méfiance  qui  ne  respec- 
tait rien  et  qui  ne  s'arrêtait  devant  ao-^ 
cune  vertu  ;  et  peu  dlioamet  pourtaiil 


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•    BIL 


(  5ST  ) 


BIL 


ont  autant  contribué  à  répandre  et  à  en- 
tretenir cette  méfiance.  Il  accusa  et  Cla- 
vière,  et  Fouaûer-I* Américain,  et  Cus- 
tine,  et  le  général  Bouchard,  puis  f^an- 
jutnais.  Il  demanda  Taccusation  des  dé- 
putés de  la  Gironde  et  de  leurs  parti- 
sans ,  etc.  Le  15  juillet  il  fit  décider  la 
mise  en  jugement  des  Girondins.  Après 
une  mission  dans  les  départemens  du 
Nord  et  du  Pas-de-Calais ,  il  appuya  la 
pétition  de  quelques  sections  de  Paris, 
qui  demandaient  la  formation  d'une  ar* 
mée  révolutionnaire,  et  fit  révoquer  le 
décret  qui  défendait  les  visites  domici- 
liaires pendant  la  nuit.  Il  fut  successive- 
ment nommé  président  de  la  Convention 
et  membre  du  Comité  de  salut  public.  Il 
s'opposa  à  ce  que  ce  comité  prit  le  nom 
de  Comité  de  gouvernement ,  disant  que 
la  Convention  seule  devait  gouverner. 
Cest  encore  lui  qui,  lors  de  Tanniver- 
saire  de  ia  mort  de  Louis  XVI ,  fit  dé- 
cider que  la  Convention  assisterait  en 
corps  à  la  fête  de  Tabolirthn  de  la  royauté. 
Il  s'était  déjà  séparé  de  Danton,  que  l'on 
soupçonnait  de  projets  aristocratiques  : 
il  se  sépara  encore  de  Robespierre  lors- 
que celui-ci  f\it  accusé  d'aspirer  à  la  dicta- 
ture. Billaud-Varennes  fut  même  un  des 
premiers  qui  parlèrent  contre'lui  dans  la 
séance  du  9  thermidor  {voy.)  Six  jours 
après  il  donna  sa  démission  de  membre  du 
Comité  de  salut  public.  Plusieurs  fois  ac- 
cusé, il  resta  à  l'abri  des  vengeances  jus- 
qu'en 1795.  La  réaction  faisait  de  grands 
progrès;  il  les  signala  énergiquement  à  la 
tribune.  Le  1^*^  avril  1795,  il  fut  con- 
damné a  la  déportation,  avec  Cotlot- 
d'Herbois,  Barrère  et  Vadier.  Conduit 
au  château  de  Ham ,  puis  à  Oléron  ,  il 
▼enait  de  partir  lorsqu'un  ordre  arriva 
de  ramener  les  déportés,  qui  devaient 
éCre  traduits  devant  un  tribunal.  Il  était 
trop  tard;  il  était  encore  à  Sinnamari 
quand  les  déportés  du  18  fructidor  y  ar- 
rivèrent On  ne  sait  s'il  obtint  sa  liberté 
on  s'il  parvint  a  s'évader  de  Cayenne,  où 
il  avait  passé  son  temps  à  élever  des  per- 
roquets. On  a  dit  qu'il  était  allé  fonder 
a  Saint  -  Domingue  un  pensionnat.  Ses 
Mémoires,  publiés  en  1828,  paraissent 
apocryphes  comme  tant  d'autres  ;  ils  di- 
sent qu'il  parcourut ,  comme  mission- 
mire  poliii(|iie  et  religieux ,  l'Amérique 


méridionale  et  les  Antilles,  et  qu'il  par- 
ticipa activement  aux  révolutions  du 
Nouveau -Monde.  Il  est  resté  de  lui  quel- 
ques écrits.  On  prétend  qu'il  avait  ca- 
ché dans  le  mur  de  la  jnaison  n*  55  de 
la  rue  Saint- André  des -Arts  ses  mé- 
moires sur  la  révolution.  A.  S-&. 

BILL  A  UT,  voy.  Adam  [maitre.) 

BILLET.  Dans  son  acception  pnmi* 
tive,  ce  n'était  qu'une  petite  épitre,  un  di- 
minutif de  la  lettre;  mais  ce  mot  a  main- 
tenant beaucoup  d'autres  significations 
déterminées  par  ceux  dont  il  est  suivi. 
Ainsi  le  (>iliet  à  o^dre  et  le  biUet  nu  por- 
teur sont  des  elTets  commerciaux,  et  nos 
jeunes  prodigues  connaissent  parfaite- 
ment l'importante  différence  entre  les 
premiers  de  ces  billets  et  la  lettre  de 
change.  Les  hiUets  de  banque  sont  tou  • 
jours,  pour  beaucoup  de  consciences, 
des  argumens  irrésistibles.  Les  billets  de 
confession  ne  sont  plus  guère  exigés 
que  comme  préliminaires  d'un  mariage 
religieux.  Les  billets  fie  faire  part,  au 
contraire,  sont  un  usage  adopté  plus  que 
jamais  dans  la  société,  surtout  depuis 
que  les  procédés  économiques  de  la  li- 
thographie l'ont  facilité  pour  toutes  les 
classes  un  peu  aisées.  Les  billets  doux, 
enfin,  interprètes  de  Tamour  timide, ont 
beaucoup  perdu  de  leur  crédit  et  sont 
presque  devenus  un  ridicule. 

Les  femmes,  en  général,  écrivent 
beaucoup  mieux  que  nous  le  billet,  pria 
dans  sa  première  acception.  Sous  une 
plume  masculine,  la  concision  qu'il  exige 
a  presque  toujours  un  peu  de  sécheresse; 
chez  elles,  au  contraire,  la  grâce  et  la 
finesse  s'accommodent  bien  de  cette  briè- 
veté. M.  O. 

BILLET  A  ORDRE)  voy,  Lettrk 

DE  CHANGE. 

BILLET  AU  PORTEUR.  On  ap- 
pelle ainsi  un  billet  par  lequel  on  s'en- 
gage au  paiement  d'une  certaine  somme 
dans  les  mains  du  porteur  du  billet,  quel 
qu'il  soit.  Les  billets  au  porteur  avaient 
sembléoffrirbeaucoupd'inconvéniensqui 
anciennement  les  avaient  fait  proscrire. 
Autorisés  de  nouveau  par  la  déclaration 
du  21  janvier  1721 ,  ils  n'ont  cessé  de- 
puis d'être  en  usage.  Le  Code  de  com- 
merce, muet  à  leur  égard ,  est  naturelle- 
ment censé  ep  autoriser  la  circulation^  Y. 


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BIL 


C«S8) 


BIH 


ULLINOTÛN  (ÊLmBBTv),  run9 

des  plus  célèbres  canUtrices  de  PAn- 
gleterre,  était  la  fille  d*un  musicien  am- 
bulant saxon,  appelé  Weichnel,  et  naquit 
en  Angleterre  en  1770.  Elle  montra  de 
bonne  heure  un  talent  musical  très  re> 
marquable.  A  7  ans  elle  joua  un  concerto 
d^  piano  sur  le  théâtre  de  Hayroarket,  et 
«  1 1  ans  elle  en  exécuta  un  de  sa  com- 
position. £n  1782,  elle  épousa  en  pre- 
mières noces  son  ancien  maître,  Jantes 
Billington,  homme  honnête,  mais  faible 
musicien  (contre- bassiste)  de  Torchestre 
de Drury-Laoe,  et  passa  en  Iilande  pour 
y  débuter  comme  cantatrice.  Là  elle 
quitta  son  mari,  se  livra  sans  frein  à 
800  penchant  pour  le  désordre,  et  négli- 
gea ses  études  au  point  qu'en  1 786,  lors- 
qu'elle parut  au  théâtre  de  Covent-Gar- 
den,  elle  ne  produisit  qu'un  effet  mé- 
diocre; cependant  elle  reçut  1,000  livret 
sterling  pour  la  saison.  Mais  étant  venue 
à  Paris  elle  reçut  de  Sacchini  des  leçons 
auxquelles  elle  dut  le  premier  succès 
qu'elle  obtint  à  Londres,  à  son  retour 
en  1 785,  et  après  lequel  elle  voulut  voya- 
ger en  Italie  (  1 794),  pour  se  perfectioo- 
ner  encore.  Alors  ses  progrès  furent  ra- 
pides, mais  sa  conduite  devint  encore 
plus  dissolue.  Son  mari  mourut  à  Na- 
ples,  en  1798;  on  suppose,  sans  que  cela 
ait  été  prouvé,  que  le  poison  termina  ses 
jours.  La  jeune  veuve  épousa  bientôt 
après  un  jeune  Lyonnais  nommé  Floris- 
sant, et  se  retira  à  Venise.  £lle  reparut  à 
Londres,  en  1801,  ayant  atteint  Tapo- 
gée  de  son  talent.  Elle  possédait  tout  ce 
qui  peut  charmer  et  l'oreille  et  les  yeux  : 
une  voix  pleiae  de  grâce  et  d'expression, 
développée  par  toutes  les  ressources  de 
l'art,  avec  une  figure  ngble  et  attrayante. 
Par  suite  d'un  engagement  jusque  là  sans 
exemple,  elle  jouait  tour  à  tour  sur  les 
théâtres  de  Covenl-Garden  et  de  Dru- 
ry-Laue.  £lle  réunit  tous  les  suffrages 
dans  le  rôle  deMandane  de  l'opéra  d'^/^ 
taxerce. 

Mistress  Billingtnn  mourut  prématu- 
rément en  1818  à  Saint- Art ien,  près  de 
Venise,  où  elle  avait  suivi  son  mari  obligé 
de  quitter  l'Angleterre  par  suite  de  Va^ 
Uen-htU,  a  L,  m. 

BILLON,  composé  de  métaux  dans 
lequel  la  quantité  du  métal  précifiux  caâ 


beaucoup  pl^  p^ite  qn^  ç«Ue  à^  an? 
très  métaux.  I^es  numbmatistes  se  ser« 
vent  du  mot  billon  pour  désigner  des 
médailles  de  cuivre  alliées  d'une  inûni- 
ment  petite  quantité  d'argent.  Il  faut  les 
distiuguer  des  médailles /ofir/Y^.r  et  j^au- 
cTes.  On  a  employé  indifféremment  les 
mots  biUon  eipou'n  :  cependant  |e  nom 
de  billpn  est  plus  généralement  appUqtié 
aux  monnaies  romaine9,et  celui  de  po- 
tin aux  impériales  grecques.  Les  m^dail* 
le^  frappées  à  Alexandrie  d'Egypte  sont 
très  nombreuses  en  ce  métal. 

A  dater  dc^  règne  de  Gallien  les  mpo-* 
naies  d'argent  furent,  ex^émeificpt  alté* 
rées  :  la  partie  d'argeot  fut  réduite  à 
presque  rien;  enfin  |e  cuivre  fut  à  pe^e 
couvert  d'une  légère  teinte  argentée,  jus- 
qu'à ce  que  Dioctétien  rétablit  la  mon- 
naie d'argent  fin,  qui  ooutinpa  d*étre  ainsi 
frappée  sans  nouvelles  altération»,  sauf 
quelques  exceptions  dans  le  teqips  du 
fias-Empire. 

Ce  n'est  guèreff|ue  de  11  à  1200,  yers 
le  règne  de  Phili|>pe-Auguste,  que  Ton 
voit  du  billon  dans  les  monnaies  de 
France.  Le  Blaoc  (Traité d^s  moimaies) 
doute  si  ces  monnaies  sont  de  ce  roi  ou 
de  ses  successeurs  qui  ont  porté  le  nom 
de  Philippe. 

I^  monnaie  de  biUoo  s*est  q^psefvée 
jusqu'à  nos  j<»urs.  Les  dernières  piècea 
de  ce  métal  qui  aient  été  frappées  aont 
les  petites  pièces  de  d^BgjL  squa^  ou  dix 
centimes,  de  Napoléon.  D.  H* 

BIl.tONNAGE,  vof.  Laaouaaos. 

B1LLU5GËN  oi|  Billiiigs,  dyoaatîe 
saxonne  qui  régna  dans  leducliédeSaxe, 
de  91^1  à  1 106.  Le  premier  coqal^Billiog 
mourut  en  967;  il  eut  pour  succeaseur 
Hermann ,  tige  des  ducs  de  ce|te  maison. 
Après  la» mort  de  Matous»  ae&deua  filles 
portèrent  leur  héritsq^e  daos  |a  maison 
des  Guelfes  (  voy.  )  et  daos  celle  d'Asca* 
nie  (\u^y,),  4,  H*  S. 

BIMANE  et  BIPÈDE.  Tous  les  au- 
teurs s'accordent  à  particulariser  par  ces 
deux  épii hèles  deux  des  qualité»  fonda* 
mentHles  de  l'homme  considéré  sous  le 
point  de  vue  de  l'histoire  naturelle. 

Par  l'expression  de  bimane  (bis  et 
manus,  ayant  deux  mains)  oo  indique 
que  l'homme  est  pourvu  de  deux  maioa^ 
etaeulemeot  ^edèi^t  iiMâiMy/f«i|itt^iUa^ 


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BIM 


(519) 


BIN 


tuiKiM  des  quadniiDAiiea  {vox-  ce  «lot), 
famille  d*aniiiuiiuL  qui  renferme  tous  les 
singes,  tandis  que  le  genre  komii^e 
compose  à  lui  seul  toute  la  famille  dési- 
gnée sous  le  nom  de  bimane.  Les  natu- 
ralistes modernes  ont  eu  raison  de  s'ar- 
rêter à  Texistence  d*une  main  véritable 
okez  rhomme  pour  le  distinguer  du  reste 
det  animaux,  car  elle  contribue  sans 
éwité  plofl  que  toute  autre  partie  de  son 
organisation  à  servir  habilement  cette 
intelligence  supérieure  à  laquelle  il  doit 
aa  auprématie.  Et  si  Ton  veut  s'arrêter 
à  rechercher  à  quelle  disposition  spé- 
ciale cet  organe  doit  sa  perfection,  on 
trouvara  que  c'est  à  la  facilité  d'opposer 
1^  pouce  aux  autres  doigts,  à  la  longueur 
et  à  la  mobilité  des  diverses  phalanges 
de  chaque  doigt,  à  l'indépendance  des 
mouvemeaa  de  rotation  de  l'avant- bras. 
Fojr,  Kaik. 

Quant  au  mot  bipède  [bis  et  pes, 
pourvu  de  deux  pieds),  il  est  moins  ex- 
clusivement applicable  è  l'homme,  puis- 
que réellement  les  oiseaux  n'ont  aussi 
que  deux  pieds,  ce  qui  rappelle  la  plai- 
santerie de  Diqgène.  Platon  définissant 
l'homme  un  animal  à  deux  pieds  et  sans 
plume,  Diogène laissa  échapper  dans  son 
école  un  coq  plumé  et  s'écria  :  «  Voilà 
l'homiBe  de  Platon.  »  Néanmoins  la  (a- 
ouicé  de  se  tenir  habituellement  et  de 
OMrcher  mn  deux  pieds ,  la  station  et  la 
progression  bipède,  sont  des  caractères 
ibndamentaqx  du  genre  homme,  quoi 
qu'en  aient  pu  dire  ceux  qui,  comme  J.-J. 
Rousseau  (Discussion  sur  l'inégalité  des 
cofuHtionf,  etc.),  ont  peqsé  que  l'homme 
était  easéntieUement  et  originellement 
quadrupède.  Les  amateurs  de  causes  fi- 
nales ont  remarqué,  non  sans  quelque 
rftison,quela  condition  bipède  de  l'homme 
est  singulièrement  favorable  à  l'entretien 
de  la  délicatesse  des  mouvemens  et  du 
tact  dans  la  main  et  par  conséquent  à  sa 
Infection.  Foy,  Pixo  et  Station.  B.  B. 
BIMANES.  Cuvier  désigne  sous  ce 
nom  nn  genre  de  reptiles  de  la  famille 
d«ft  saoriens  ou  lézards,  de  la  tribu  des 
seinooldiens,  dans  laquelle  il  est  com- 
pris avec  les  genres  scinque,  seps,  bi- 
pède et  chalcide.  Le  genre  bimane 
ae  di^ingue  de  ces  genres  divers  et 
4e8  preaûers  ^fhidie^a  ou  aerpens  {>ar 


l'absence  de  pattes  postérieurea  et  par 
Texiiitence  de  deux  petites  pattes  anté* 
rieiu*es. 

La  seule  espèce  connue  est  du  Mexi- 
que :  c'est  un  petit  animal  gros  comme  le 
duigt,  long  de  8  ou  10  pouces,  couleur 
de  chair.  Il  se  nourrit  d'insectes.    B.  B. 

BIMBELOTIER  (du  mot  bimbelot, 
jouet  d'enfant,  bagatelle),  marchand  de 
jouets  d'enfans  et  d'une  foule  de  petits 
objets  de  fantaisie  et  de  mode  provenant 
de  diverses  industries.  On  pourraità  peine 
faire  l'énumération  des  différens  articles 
de  ce  commerce  qui,  bien  futile  en  ap- 
parence, occupe  un  grand  nombre  de 
bras  et  fait  mouvoir  de  grands  capitaux^ 
il  suffira  de  dire  qu'ils  appellent  le  con-* 
cours  du  menuisier,  de  l'ébéniste  du 
sculpteur,  du  tourneur,  du  ferblantier, 
du  tailledr,  du  mouleur,  du  sellier,  etc., 
et  qu'il  existe  en  France  et  en  Allema* 
gne  des  fabriques  considérables  exclusi- 
vement consaa'ées  à  ce  genre  de  produc- 
tion, dont  le  bon  marché  est  encore  un 
objet  de  surprise. 

Ce  sont  des  bimbelotiers  que  ces  mar- 
chands tant  ambulans  qu'en  boutique  qui 
vendent  à  prix  fixe,  depuis  un  sou  jusqu'à 
3  fr.  et  au-delà,  une  foule  d'objets  au 
choix.  Malgré  la  modicité  du  prix  de 
vente,  ils  réalisent  encore  des  bénéfices 
oonsidérables,car  les  prix  d'acquisition  en 
grosn'ensontpassouvent  la  moitié.  F.R. 

BINAGE,  voy.  Labouback. 

BINAIRE.  Le  mot  de  combinaison 
ayant  perdu  le  sens  restreint  que  l'étymo- 
logiesembleraitluidonner,ets'employant 
en  général  pour  désigner  une  association 
dans  laquelle  le  nombre  des  choses  as- 
sociées peut  être  quelconque,  on  est  obli- 
gé de  caractériser  par  l'épithète  de  bi- 
naires les  combinaisons  deux  à  deux,  les 
plus  simples  de  toutes.  Cette  épithète 
n'est  pas  exclusivement  propre  au  lan- 
gage mathématique,  elle  s'emploie  dans 
toutes  les  sciences  qui  se  rattachent  par 
quelque  point  à  la  théorie  des  combi- 
naisons. 

On  appelle  plus  spécialement  arrthmé» 
tique  buutife  un  sysième  de  numération 
écrite  ddnt  le  nombre  deux  sei'ail  la  base 
[voy.  Numération)  et  pour  lequel  il  ne 
faudrait  en  conséquence  que  deux  ca- 
raotèreg,  Tuniié  et  le  léro.  L'idée  de 


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BIN 


(540) 


BIN 


cette  arithmétique,  qui  n*a  jamais  été 
qu'un  jeu  d'esprit,  avait  frappé  Leihnitz; 
cethommecélèbreellemissioiinairejésui- 
te  Bouvet  avaient  cm  pouvoir  s'en  servir 
pour  expliquer  une  énigme  hiéroglyphi- 
que, attribuée  par  les  Chinois  à  leur  per- 
sonnage mylhologi(|ue  Fo-Hi.  Mais  per- 
sonne ne  croit  aujourd'hui  qu'à  aucune 
époque  les  lettrés  chinois  aient  effecti- 
vement pratiqué  l'arithmétique  binaire. 
L'imagination  vive  de  Leibnitz  voyait  un 
emblème  de  la  création  dans  cette  espèce 
de  génération  des  nombres,  au  moyen 
de  l'unité  et  du  zéro.  Peut-être  aussi  des 
philosophes  d'une  tournure  d'esprit  tout 
opposée  ont-ils  à  dessein  trop  insisté  sur 
un  rapprochement,  sans  doute  insigni- 
fiant dans  le  fond,  échappé  à  k  pensée 
active  de  ce  grand  homme.  A.  C. 

BI^'iiEN  (fond  de).  La  petite  ville 
de  Bingen  est  d'une  haute  antiquité  : 
Tacite  en  fait  mention  dans  le  récit  de 
la  guerre  excitée  par  4a  rébellion  de  Ci- 
vilis;  Ammien  Marcellin  dit  que  Julien 
fit  réparer  ses  remparts;  enfin  la  table 
Théodienne  la  place  entre  Mayence  et 
Vesel  (Ober).  On  ne  saurait  douter  non 
plus  que  ce  ne  soit  de  Bingen  que  le 
poète  Ausone  a  voulu  parier  au  commen- 
cement de  sa  Moselle,  Bingen  n'occupait 
pas  alors  la  place  ou  on  le  voit  aujour- 
d'hui, et  était  près  du  château  de  KIopp 
avant  les  ravages  des  Alemani  et  des 
!Normands. 

Le  fond  de  Bingen  dans  lequel,  suivant 
une  vieille  tradition,  le  tr^or  des  Ni- 
belungs  {vojr,  ce  mot)  aurait  été  plongé, 
est  fort  dangereux  pour  la  navigation  ; 
les  chaînes  de  nu^ntagnes  se  joignent  en 
prolongeant  leurs  roches  sous  les  flots. 
Les  géologues  pensent  que  primitivement 
une  muraille  de  roc  fermait  entièrement 
)e  passage,  qu'ti  y  avait  ici  un  grand  lac, 
et  qu'il  fallut  une  révolution  du  globe 
]K>ur  donner  au  fleuve  un  passage  fort 
étroit.  Charlemagne  le  fit  élargir;  mais 
alors  on  ne  put  encore  y  hasarder  que 
des  nacelles.  L'archevêque  de  Mayence 
Hatton  et  l'électeur  Sigismond  y  firent 
exécuter  de  grands  travaux.  Le  génie 
français  et  le  génie  prussien  ont  de  beau- 
coup diminué  les  écueils.  Tout  cela  n'em- 
pêche pas  que,  dans  les  basses  eaux,  le 
Ehio  ne  soit    encore    fort  dangereux. 


L'ouverture  qu'on  s'est  procurée  dans  les 
écueils  n'est  guère  que  de  M)  pieds,  et  il 
faut  bien  connaître  le  fleuve  pour  y  gou- 
verner une  embarcation. — C'est  là,  dans 
une  lie,  que  l'on  voit  la  fameuse  tour 
appelée  Mœusethurm  (Tour  des  souris). 
La  tradition  veut  qu'en  punition  de  son 
avarice  et  de  ses  accaparemens  pendant 
une  disette,  l'évéque  Hatton  ait  été  as- 
sailli de  souris  qui,  de  son  château  d'Eh- 
renfels,  le  suivirent  à  la  nage  et  le  dévo- 
rèrent dans  son  lie.  Toutefois  l'histoire 
ne  reconnaît  d'existence  à  la  tour  qu'à 
partir  du  xiii^  siècle.  Les  bâtimens  de 
transport  y  étaient  assujétis  à  un  droit 
En  1650  encore,  les  gros  navires,  dé- 
chargeaient leurs  marchandises  à  Lorsch, 
et  on  les  conduisait  par  terrejusqu'à  Ru- 
desheim.  P.  G-y. 

BINGLEY,  acteur  hollandais,  naquit 
à  Rotterdam,  en  1755,  de  parens  anglais 
qui  le  destinèrent  au  commerce  et  lui  fi- 
rent même  commencer  cette  profession; 
mais  après  une  résidence  de  quelque 
temps  dans  un  comptoir,  une  vocation 
puissante  se  révéla  en  lui,  et  il  fit  à  ses 
goûts  le  sacrifice  de  ses  espérances  de  for- 
tune. Il  employa  quelques  années  en  es- 
^  sais  préparatoires  et  débuta  sur  le  théâtre 
d'Amsterdam  à  l'âge  de  24  ans,  vers  l'an 
1779.  Il  se  montra  excellent  tragédien 
et  ne  tarda  pas  à  faire  les  délices  du  pu- 
blic hollandais.  Son  zèle  excessif  pour 
son  art  le  porta  à  se  multiplier  merveil- 
leusement, de  manière  à  suppléer  à  la  di- 
sette de  premiers  sujets  en  ce  pays,  di- 
sette grande  à  cette  époque;  aussi,  malgré 
ses  dispositions  spéciales  pour  le  genre  sé- 
rieux, s'exerça-t-il  en  même  temps  dans 
le  comique  où ,  sans  exceller ,  il  se  fit 
néanmoins  goûter.  On  l'applaudissait  tour 
à  tour  sur  les  théâtres  d'Amsterdam ,  de 
La  Haye ,  de  Rotterdam ,  et  il  sut  réunir 
aux  qualités  d'un  acteur  distingué  celles 
d'un  bon  administrateur;  car  il  se  char- 
gea à  diverses  reprises  de  la  direction 
des  entreprises  Uiéàtiales  et  donna  au- 
tant de  satis!act.fon  à  ses  administrés 
dani  cel'e  dernière  fonction -qu'il  ea  avait 
donné  au  public  dans  la  première.  Bin- 
gley  mourut  à  La  Haye  en  1S18.  P.  L-e. 

BINOCLE  y  voy,  Lonettes. 

BINOME.  On  appelle  binôme ,   en* 
algèbre ,    une   expresstoa    formée    de. 


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BIN  (  S4 

deux  termes ,  liés  par  les  signes  plus  ou 
moins  :  u  -\  fc,  a^  —  Ic^  sont  des  bi- 
nômes. 

Lorsqu'on  multiplie  un  binôme  un 
certain  nombre  de  fois  par  lui-même, 
ou  qu*on  l*élève  à  une  certaine  puissance, 
le  résultat  du  calcul  se  développe  sui- 
vant une  formule  dont  la  loi  peut  élre 
exprimée  par  des  symboles  généraux, 
quelle  que  soit  la  puissance.  Cette  for- 
mule a  été  démontrée  par  Newton,  et 
Fusage  est  de  la  désigner ,  par  abrévia- 
tion, sous  le  nom  de  binôme  de  New- 
ton ,  quoiqu'il  entre  nécessairement  dans 
son  expression  plus  de  deux  termes. 

La  formule  du  binôme  deJNewton  est 
fondamentale  en  algèbre,  par  deux  rai- 
sons qui  pourront  être  comprises,  même 
des  personnes  peu  versées  dans  cette 
science. 

D*abord ,  le  procédé  de  la  multiplica- 
tion, quand  les  facteurs  sont  complexes 
ou  formés  de  plusieurs  termes ,  consiste 
à  multiplier  successivement  chaque  terme 
de  Tun  des  facteurs  par  chaque  terme  de 
l'autre;  ce  procédé  se  rattache  donc  à 
un  certain  mode  de  combinaisons,  de 
sorte  qu'en  développant  les  produits  des 
binômes  on  aura  par  cela  même  effectué 
une  opération  plus  générale  d'analyse 
combinatoire  qui  recevra  son  application 
dans  d*autres  cas  où  il  ne  s'agit  plus  de 
multiplication.  Aussi  remarque  -  t- on 
l'analogie  d'une  fuule  de  formules  ana- 
lytiques avec  celle  que  Newton  a  donnée 
pour  le  développement  des  puissances 
d'un  binôme. 

En  second  lieu,  le  but  le  plus  impor- 
tant de  Tanalyse  étant  d'étudier  les  lois 
suivant  lesquelles  les  quantités  varient , 
on  est  conduit  immédiatement  à  recher- 
cher ce  que  devient  la  valeur  d'une  cer- 
taine expression,  quand  une  ({uantilé  x 
qui  y  entre  prend^  un  acrroisseinent  et 
devient  x-^-jr,  c'est-à-dire  quand  une 
quantité  monôme  devient  binôme  ou 
formée  de  deux  termes.  La  théorie  du 
développement  des  binômes  sert  donc  de 
fondement  à  la  science  du  calcul. 

On  peut  voir  dans  V Histoire  des  Ma- 
thématiques de  MontucU  (partie  IV, 
liv.  6  ),  la  manière  dont  Newton  décou- 
vrit vers  1663 ,  au  début  de  ses  travaux 
mathématiques,  la  formule  qui  porte  son 


l)  BIO 

nom.  On  compte  maintenant  par  cen- 
taines les  démonstrations  qui  ont  été 
données  de  la  formule  du  binôme  de 
Newton,  comme  de  la  plupart  des  théo- 
rèmes fondamentaux  en  mathématiques. 
Voy.  Newton.  A.  C. 

BINOT,  voj.Instrumens  aratoires. 
BIOGRAPHIE  y  mot  formé  du  grec 
pioc,  vie  y  et  ytàyw,  j* écris  ^  et  qui  si- 
gnifie Histoire  de  la  vie  d'un  personnage. 
On  appelle  biographe  celui  qui  a  écrit 
une  ou  plusieurs  de  ces  histoires.  Quand 
le  personnage  dont  on  retrace  la  vie  l'a 
illustrée  par  ses  lalens  ou  par  ses  vertus, 
et  que  l'historien  sait  le  peindre  sans  flat- 
terie et  sans  haine,  avec  les  qualités  qui 
fout  le  sage  et  Thabile  écrivain  ,  il  est 
peu  de  livres  qui  soient  plus  attachans 
et  en  même  temps  plus  utiles,  plus  ri- 
ches en  leçons  pour  la  vie  publique  ou 
pour  la  vie  privée.  Mais  il  faudrait, 
comme  Plutarque,  se  montrer  sans  autre 
passion  que  celle  de  la  vérité;  il  faudrait 
ne  louer  et  ne  blâmer  que  par  les  faits. 
Le  biographe  grec  et  Cornélius -Népos 
sont  encore  des  modèles  en  ce  genre  : 
aussi  est-il  peu  de  livres  qui  aient  été 
aussi  souveut  réimprimés  et  aussi  sou- 
vent traduits  dans  toutes  les  langues,  où 
ils  sont  devenus  classiques  et  populaires. 
On  ne  sait  pas  bien  quel  rang  tenait  la 
biographie  chez  les  anciens;  mais  il  est 
certain  que  ce  genre  de  littérature  était 
beaucoup  moins  cultivé  qu'il  ne  l'est 
chez  les  modernes ,  surtout  depuis  la  fin 
du  XVII®  siècle.  Dès  lors  il  a  pris  de 
nouveaux  développemens  que  la  révolu- 
tion française  a  rendus  plus  rapides  ;  et 
aujourd'hui  c'est  peut-être  de  tous  les 
genres  celui  qui  a  le  plus  de  vogue  et  le 
plus  d'extension.  Les  ouvrages  d'un  au- 
teur mort  ne  peuvent  plus  être  repro- 
duits sans  qu'ils  ne  soient  précédés  d'une 
notice  historique.  On  fait  même  entrer  !a 
biographiedes  morts  et  des  vivans,  comme 
besoin  de  l'époque  actuelle  et  comme 
élément  de  succès,  dans  les  grands  ou- 
vrages scientifiques,  dans  les  encyclopé- 
dies où  ,  jusqu'à  ces  derniers  temp>î ,  elle 
n'avait  pas   pénétré*.   Les  biographies 

(*)  CVst  ce  goût  dii  pul)lic'  et  \e  désir  de  réu- 
nir dans  un  seul  et  môme  ouvmge  toutes  les  no- 
tions utiles  à  Vliomme  du  monde  et  même  à 
riiomme  d^études  (  en  dehors  de  sa  sphire  pro- 
prement dite  )  qui  a  engagé  les  éditeurs  de  VEn* 


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ÊIO 


(542) 


BIO 


le  multiplient  sans  cesse ,  sous  les  titres 
de  Vies,  de  Notices ,  d^Ëlo^es,  de  Mé- 
moires, de  Dictionnaires;  et  tout  serait 
pour  le  mieux  si  chaque  parti,  chaque 
coterie  n*avait  ses  biographes  qui  sou- 
i^ent  flattent  ou  dénigrent  suivant  leurs 
passions,  et  altèrent  la  vérité  pour  le  ser- 
vicede  leurs  opinions  ou  de  leurs  intérêts. 
Il  est  plusieurs  sortes  de  biographies, 
et  nous  avons  pensé  que  leur  étonnante 
abondance  rendait  enfin  nécessaire  de 
les  diviser  en  biographies  ùt(iit>ùluelles , 
spéciales,  collectives  et  universelles  (vojr. 
Autobiographie  et  Nécrologie).  Nous 
allons  suivre  rapidement  ces  divisions. 

Biographies  individuelles.  Le  nom- 
bre en  est  immense,  et  leur  seule  no- 
menclature remplirait  plusieurs  volumes. 
Tacite,  dans  sa  f^ie  d'^égncola,  a 
donné,  pour  ce  genre,  un  modèle  qui 
n'a  pas  été  souvent  surpassé.  UHistoire 
d* Alexandre,  par  Quinte-Curce ,  est  un 
livre  de  toutes  les  nations.  Parmi  les  bio- 
graphes modernes  nous  nous  coHtente- 
rons  de  citer ,  en  France ,  la  Vie  de  Des- 
cartes ,  par  Baillet  ;  celle  de  Théodose , 
par  Fléchier  ;  les  Histoires  de  Fénélon 
et  de  Bossuet,  par  le  cardinal  de  Ba  us- 
set;  la  Vie  de  La  Fontaine,  par  M.  Wal- 
ckenaér;  celles  de  Molière  et  deCorneille, 
par  M.  Taschereau  ;  celle  de  Voltaire , 
par  G)ndorcet,  etc.  :  en  Angleterre,  la 
Vie  de  Cicéron ,  par  Middieton  ;  les  Vies 
de  Laurent  de  Médicis  et  de  Léon  X, 
par  W.  Roscx>ê:  en  Hollande,  la  Vie  de 
Ruhnkenius,  par  \¥ittenbach  ;  celle  de 
Wittenbach  par  Mahne:  en  Allemagne,  la 
Vie  de  Heyne  par  M.  Heeren;  celle  du  cé- 
lèbre prédicateur  Reinhard,  par  M.  Poe- 
litz;  celle  de  Dorothée,  duchesse  de 
G>urlande,  par  M.  Tiedge,  etc.,  etc. 
Toutes  les  littératures  modernes  sont 
riches  en  biographies  individuelles,  et  il 
en  est  beaucoup  qui  mériteraient  encore 
d'être  citées. 

Biographies  spéciales.  Elles  sont  très 
Dombreuses  et  embrassent  le  vaste  do- 
maine des  sciences  et  des  arts.  Chez  les 
anciens,  Diogène - Laêrce  écrivit  dix  li- 

ejrclopédié  des  Gens  flu  Blonrie  à  rei*CToir  duo.t  lenr 
Cdfire,  ni;ilgré  rexisteiiti*  (J*iin  ou%r.tge  uii»m  e». 
tiniMLIr  <[ue  l'csl  lé  Bipraphi'  uuiver^eUe  de  Mi- 
chaud,  un  rlioix  de  otitic^s  biogru|>iiiqiie«  sur 
les  plus  hautes  notabilités  des  temps  passés  et 
^êôe  parmi  les  coalemporaîiM.  -  —  - 


vres  de  là  Vie  des  Phlldsopti^;  nous 
avons  de  Denys  d'Halicamasse  un  Traité 
des  anciens  Orateurs;  de  Cicéron,  des 
Entretiens  sur  les  Qraleui^  iîfifstres;  de 
Suétone ,  outre  la  Vie  des  XII  premiers 
Césars,  un  Catalogue  biographique  des 
Grammairiens  et  des  Rhéteurs  illustres. 
Cornélius- Népos  s'est  rendu  célèbre  par 
ses  Vies  des  grands  Capitaines.  Eutia- 
pius,  qui  vivait  dans  le  iv*  siècle,  nous 
a  laissé  les  Vies  des  Pln'losophes  et  des 
Sophistes;  saint  Jér6me,  la  Vie  des  Pères 
du  Désert  et  un  Traité  de  la  Vie  et  des 
Écrits  des  auteurs  ecclésiastiques  qui 
avaient  vécu  avant  le  v*  siècle  :  cet  ou- 
vrage a  été  d'un  grand  secours  aux  bio- 
graphes modernes. 

Quant  aux  biographies  spéciales  écrites 
depuis  là  renaissance ,  le  nombre  s'en  est 
tellement  multiplié  qu'il  suffira  d^iudi- 
quer  les  plus  importantes  :  les  Àctasanc- 
torum  |>ar  les  Bollandîstes  (53  voL  in- 
fol.)  ;  les  Fies  des  Saints  par  Baillet  et 
par  Alban  Butler;  les  Vies  des  Pères  du 
Désert  par  Arnauld  d'Andilly  ;  les  Vies 
des  Papes  par  Platine  et  ^r.  Bruys; 
l'Histoire  générale  des  Auteurs  sacrés  et 
ecclésiastiques  par  D.  Cellier  (  26  vol. 
in-4**)  ;  la  Bibliothèque  des  Auteurs  ec- 
clésiastiques par  Elliesdu  Pin  (61  vol. 
în-8*};  les  Vies  des  Philosoplies  par  Fé- 
nélon ,  Savérien  et  Naigeon  ;  des  grands 
Capiuinespar  Brantôme  et  Chasteauneuf 
{Cornélius^  Népos  français)-^  des  Ma- 
rins célèbres  par  Richer;  des  plus  lllus^ 
très  Favoris  par  P.  du  Puy  ;  des  Femmes 
célèbres  par  Boccace,  Ménage,  le  P.  I^ 
moyne,  Tabbé  de  La  Porte,  M"*  de  Ké- 
ralio ,  de  Lacroix  el  M""*  Fortunée-Bri- 
quet; des  Enfans  célèbres  par  Baillet; 
des  Poètes  grecs  par  l^fèvre;  des  Poètes 
grecs  et  latins  par  Gérard-Jean  Vossius, 
par  J.  Albert  Fabricius,  par  Lauteires  ;  les 
Vies  des  Poètes  provençaux  par  Jefaan  de 
Nostre-Dawe;  des  Troubadours  par 
Fauchet,  dans  ses  œuvres  (1610 ,  in-4**), 
par  La  Curne  de  Sainte-Pataye  et  Millot 
(1774,  3  vol.  in>12  ;des  Poètes  français 
par  labbé  Goujet  (Bibliothèque  fran^ 
çaise)y  Sautrcau  de  Marii  [Annales 
poétiques)^  Auguis  et  Crapelet  (Lespt^ 
tesftançitis)^  et  Ph.  de  la  Madeleine; 
p«sés  et  '^*  ^*^  ^^  Historiens  grecs  et  latins  par 
I.H.S*    I  Gértrd^eaa  VoMÎut;  la  Biographie  mé« 


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felÔ 


(54J) 


BIO 


dicàlè  (par  66  médecins,  Pftrid,  t820); 
les  ancien<(  Minéralogistes  de  France  par 
Gobet,  1779,  2  vol.  in-8**;  les  Biogra- 
phies des  Jurisconsultes  par  Simon ,  Ca> 
mus,  Dupin,  etc.  Il  a  paru  dans  ces  der- 
niers temps,  en  France,  une  foule  de  Bio- 
graphies spéciales  où  Tesprit  de  parti  est 
rarement  étranger.  Nous  citerons  les  Bio- 
graphies des  ministres,  des  convention- 
nels, des  députés,  des  pairs,  des  lieute- 
nans-généraux  et  préfets  de  police,  des 
archevêques  de  France,  des  usurpateurs, 
des  quarante  de  TAcadémie  française, 
des  journalistes,  etc.  On  a  aussi  les  Bio- 
graphies des  pères  de  rÉ^^lise,  des  pré- 
dicateurs, des  hérétiques  (par  Pinchinat 
et  Ptuquet);  des  romanciers;  des  auteurs 
dramatiques  par  les  frères  Parfait,  le  duc 
de  la  Vallière, de Laboide,  etc. ;  des  mu- 
siciens par  de  Laborde,  Choron,  Fayolle, 
et  par  Gerber  (en  allemand);  les  Bio- 
graphies des  artistes  par  Fontenay,  par 
Roderic  Fuessly  (en  allemand),  2  vol.  in- 
fol.;  des  peintres,  par  Vasari,  Bellori, 
Orlandi  (en  italien),  par  Pilkintoo  (en 
anglais),  par  Houbraken  (en  hollandais), 
par  A.  Félibîen,  Descamps,  de  Piles, 
d'Argeoville,  Papillon  de  Laferté,  Quil- 
Ict  (en  français);  par  îea  Bermudez  et 
Palomino  Velascô  (eu  espagnol}.  On  a  les 
Biographies  des  graveurs  par  G.  Gori, 
Basan,  Horace  Walpole;  les  Biographies 
des  architectes  par  Fr.  Milizia,  Pinge- 
ron,  Ûe2allier  d*Argenville,  etc. 

Il  est  peu  de  nations  qui  n*aîent  des 
biographies  spéciales  de  leurs  hommes 
célèbres;  c'est  ainsi  que  Rossi  a  donné 
rUistoire  des  Auteurs  hébreux  et  celle 
des  Auteurs  arabes;  que  d*Herbelot  a 
publié  la  Bibliotlièfjue  orientale  ;  que 
Chabert  a  traduit  en  allemand,  de  Has- 
san Tcheleby,  des  Notices  sur  les  prin- 
cipaux poètes  turcs;  que  M.  Graberg 
de  Hemso  a  écrit  les  Vies  des  Scahles  ou 
des  anciens  poètes  Scandinaves;  Johnson 
ses  Biographies  des  poètes  anglais;  MM. 
de  Recke  et  Napiersky  des  Notices  sur 
tous  les  écrivains  des  trois  provinces  bal- 
tiques  (Courlande,  Livoiiie  et  Eslhonie); 
Jos.  Eguia  sa  Bihio'heca  mvxicnna ,  etc. 

Presque  toutes  les  anciennes  provinces 
de  France  ont  leurs  biographies  spé- 
ciales, comme  celles  de  Lorraine,  par 
Dom  Calmel  et  Cbevrier^  de  Bourgognei 


par  Ph.  PapiHon;  du  Poiton,  par  Drenx 
du  Radier;  du  Danphiné,  par  Allard; 
de  la  Provence,  par  Bougerel  et  Papon; 
du  Maine,  par  Ansart;  de  Bretagne,  par 
Miorcec  de  Kerdanet  ;  du  Lyonnais,  par 
De  Colonia  et  Pernelly;  de  la  Seine-Infé- 
rieure, par  Guilbert,  etc.,  etc.  Lltalie  a 
un  grand  nombre  de  biographies  spé- 
ciales :  générales,  par  Mazzuchelli,  Fa- 
broni,  etc.  ;  locales,  pour  Bologne,  Cré^ 
mone ,  Modène ,  te  Piémont ,  le  Milanez, 
le  Parmesan,  la  Toscane,  Venise,  Na- 
ples,  le  Frioul,  etc.  L'Espagne  a  Nie.  KH'- 
ion\o  (Bihtioiheca  h/spanaj^Jos,  Rod'.  de 
Castro,  ûi,  Vinc.  Ximenez  {E.\crito/vs 
del  reyno  de  Valent  i a).  Le  Portugal  a 
Machado  ,  etc.  ;  TAIIemagne ,  Meusel 
\^dns  gelehrte  Deutschland)  Mu  lier 
(  Clmbf'ia  literata),  B.  Balbini  [Bohe- 
mia  flocta).  Les  Pays-Bas  ont  la  ^Z- 
bLotheca  bel^lva  de  Foppens;  les  Mé- 
moires de  Pacquot  '1763,  3  vol.  in-fol.); 
le  Trajvcttun  eruddum  de  Gasp.  Bur- 
mann,  etc.  L'Angleterre  compte  John- 
son, AValton,  Ballard,  Mackenzie,  Da- 
vid Irwine,  etc. 

Il  est  peu  de  congrégations  monasti- 
ques qui  n'aient  des  biographies  spécia- 
les de  leurs  écrivains.  EnGn  dans  ces  der- 
niers temps  ont  été  publiées,  sous  le  titre 
de  G  (de  ries  y  les  Biographies  des  Fem- 
mes célèbres;  des  Médecins  ide/n^  par 
le  docteur  Doin,  des  Illustres  Germains ^ 
par  Klein  et  par  Fcst;  le  Musée  des  pro- 
testant célèbres  y  la  Galerie  européenne, 
le  Plutarque  français,  etc.,  avec  noti- 
ces, portraits  ei  fnr-simtle» 

Ainsi  les  biographies  spéciales  em- 
brassent toute  riiistoire  ancienne  et  mo- 
derne, civile,  religieuse,  guerrière,  po- 
litique, artistique  et  littéraire. 

Biographies  collcct/ui'S,  La  plus  jus- 
tement célèbre,  est  celle  des  f^ii's  des 
Hommes  illustres  de  Plutarque,  ouvrage 
traduit  d'âge  en  âge  dans  les  principales 
langues  de  l'Eun^pe,  et  qui  a  été  comme 
le  bréviaire  des  grands  capitaines,  des 
homiries  d'état  et  de  plusieurs  écrivains, 
tels  que  Montaigne  el  J.-J.  Rousseau. 
Hesxcliius,  de  !\Itlft,  écrivit  un  livre  qui 
a  elé  publié  en  grec  et  en  latin,  sous  ce 
litre  :  De  its  qui  en/di/innis  famd  cla- 
rucre.  Pline-le-Jeune  composa  un  recueil 
De  viris  iUustribus,  qui  «  été  MduU  en 


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BIO 


(644) 


BIO 


français  par  Savîo,  «i  qui  est  attribué 
par  plus^êura  savans  à  Aurélius  Victor. 
Yalère-MaxinM  et  Elien  peuvent  être 
aussi  comptés  parmi  les  biographes.  Gen- 
nade,  prctre  de  Marseille,  fui  florissait 
dans  le  y^  siècle ,  nous  a  laissé  un  livre 
De  vira  illuslribus,  qu'on  croit  avoir  été 
altéré  par  une  main  étrangère. 

Les  biographies  collectives  se  sont  tel- 
lement multipliées  dans  les  littératures 
modernes  qu'on  ne  peut  en  citer  plu- 
sieurs que  comme  exemples  :  De^U  uo^ 
mini  famosif  par  Pétrarque;  Biblio- 
theca  iliustrium  virorum,  par  Boissard  ; 
la  Sibliothèque  française ,  de  La  Croix 
du  Maine  et  celle  de  Du  Verdier;  les 
Hommes  illustres,  de  Perrault;  les  Mé- 
moires de  Niceron  (44  volumes),  les  mé- 
moires de  Palissot,  les  Trois  siècles  lit- 
téniires  de  Sabatier,  V  Europe  illustre 
de  Dreux  du  Radier,  les  Fits  des  hom- 
mes illustres  de  d'Auvigny  (37  volumes), 
le  Plutarque  anglais^  trad.  en  franc., 
12  vol.  iu-8^,  les  Éloges  académiques 
de  Fontenelle,  Fouchy,  Mairan,  Condor- 
cet,  Cuvier  (pour  l'Académie  des  scien- 
ces); de  Pélisson,  d'Olivet  et  d'Alembert 
(pour  l'Académie  française);  de  Gros  de 
Boze  et  Dacier  (pour  l'Académie  des 
belles- lettres);  de  Vicq-d'Azyr  (pour  la 
Société  ro}ate  de  médecine);  des  acadé- 
miciens de  Berlin,  par  Formey;  V An- 
nuaire nécrologique  y  de  M.  MahuI,  etc. 
Biographie  universelle.  Les  anciens 
ne  nous  ont  point  transmis  de  modèle  de 
ce  genre  d'ouvrages,  qui  a  maintenant, 
chez  tous  les  peuples  civilisés,  un  succès 
de  vogue  fondé  sur  le  désir  et  sur  le  be- 
soin de  trouver  réunis,  en  un  seul  corps, 
des  notices  historiques  sur  les  personna- 
ges célèbres  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
pays.  La  première  pensée  d'un  diction- 
naire historique  parait  avoir  été  conçue, 
ou  du  moins  exécutée  par  Conrad  Gess- 
ner,  surnommé  le  Pline  de  l'Allemagne  y 
et  dont  la  première  édition  parut  à  Zu- 
rich, en  1645.  Juigné  de  la  Boissinière 
publia,  le  premier  en  France,  un  Dic- 
tionnaire historique,  dont  la  huitième 
édition  est  de  1645.  Vinrent  ensuite  le 
fameux  dictionnaire  de  Moreri,publié  d'a- 
bord en  un  seul  volume  (1673),  et  qui 
successivement  augmenté  par  Jean  le 
Clerc,  Du  Pin,  Dronet  et  l'abbé  Goujet^ 


eut,  en  1 759,  sa  dix-neuvième  et  dernière 
édition,  10  voL  in-fol.;  le  dictionnaire 
de  Bayle  qui  parut  en  1697,  et  qui  a  eu 
six  éditions  in-fol.;  et  une  édition  refon- 
due par  M.  Beuchot  (1820),  en  16  vol. 
in-8^;  le  dictionnaire  de  Chaufepié,  pour 
servir  desuppléroentàceluideBaylel  750, 
4  vol.  in-fol.;  le  dictionnaire  de  Prosper 
Marchand,!  758,2  petitsvol.  in-fol.;  te  dic- 
tionnaire historique  portatif  de  Ladvo- 
cat,  dont  les  éditions  et  les  contrefaçons 
sont  assez  nombreuses;  le  dictionnaire 
historique  de  l'abbé  Barrai,  1758,  6  vol. 
in-8*';  le  dictionnaire  historique  de  Chau- 
don,  continué  par  Delandine  et  dont  la 
neuvième  édition  (1810-12)  est  en  20 
vol.  in-8*^;  le  dictionnaire  historique  de 
l'abbé  Feller,  qui  scêXiAntichaudoniste, 
et  qui  a  eu  plusieurs  éditions;  et,  de  nos 
jours  la  Biographie  universelle  (52  voL 
in- 8®,  sans  compter  le  supplément  qu'on 
imprime  actuellement];  la  Biographie 
desvivans  (1816-19),  5  vol.  in-8^;  la 
Galerie  historique  des  contemporains  y 
ou  nouvelle  biographie ,  etc.,  Bruxelles, 
1817-1819,8  vol.  in-8**  ;  la  Biographie 
des  contemporains  y  20  vol.  10-8**;  la 
Biographie  universelle  et  portative  des 
contemporains  publiée  sous  la  direciif» 
de  MM.  Rabbe,  Vieilh  de  Boisjolin  et 
Sainte-Preuve  (1826  et  ann.  suiv.,  in- 
8^,  édition  compacte,  dite  en  un  vol.);  le 
dictionnaire  historique  rédigé  par  le  gé- 
néral Beauvais  et  Al.  Barbier;  le  Dic- 
tionn,  histor,  critique  et  biographique  y 
publié  par  le  libraire  Desenne,  en  30 
vol.  in- 8**,  etc.;  en  Allemagne,  le  Lexicon 
de  Chr.  Gottl.  Joecher,  continué  par  J. 
C.  Adelung  et  autres,  11  vol  in-4^;  les 
dictionnaires  de  Fréd,  Hirsching  et  Er- 
nesti,  etc.;  en  Angleterre,  le  Biographie 
cal  diction  narjr  de  Chai  mer,  32  voK 
8®;  le  General  Biographjr  d'A.ik'm, 


l 


vol.  in-4   ,  etc.  * 


V-VE. 


BIOLOGIE  et  BIOMÉTRIE,  vor. 
Vie. 

BION.  Dix  ou  douze  hommes  célè- 
bres de  l'antiquité  ont  porté  ce  nom. 
Ceux  qui  l'ont  le  plus  illustré  sont  :  1®  un 
mathématicien    d'Abdère ,   disciple    de 

(*)  Non»  literons  comme  an  utile  snpplément 
à  toutes  les  Biugrapbies  aoirerseIle&  rexcellrot 
jouroal  «llemaad,  /««  ComtemporaiitB  {  Zettftmos-^ 
4«M),  eommem^  (à  Ldpsif ,  cbes  Brockhaas)  en 
18 16  et  contiiiDé  jusqu'à  ce  jour.  /.  H.  S. 


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BIO 


(545) 


BIO 


Démocrite,  le  premier  qui  ait  dit  qu'en 
certain  pays  il  y  a  six  mois  de  nuit  et  six 
mois  de  jour;  2^  ub  philosophe  ou  plu* 
tôt  un  sophiste  grec,  d'origine  scythe, 
au(|uel  Diogène  de  Laérte  a  consacré  un 
article;  3^  le  poète  bucolique,  une  des 
gloires  de  la  période  alexandrine.  On  n'a 
des  traditions  un  peu  précises  que  sur  la 
vie  des  deux  derniers. 

BiON,  le  poète  bucolique,  naquit  au 
village  de  Phlossa,  près  de  Smyrne,  en 
lonie.  Contemporain  de  Théocrite  et  de 
Moschus,  il  ûorissait  vers  le  milieu  du 
111*^  siècle  avant  J.-C,  à  une  époque  où 
déjà  la  civilisation  avancée,  le  luxe  des 
villes  et  leurs  jouissances  excessives 
avaient  mis  en  vogue  la  paix  et  le  calme 
des  champs  et  Tinnocence  de  la  vie  pas- 
torale. C'est  Moschus,  son  disciple  et 
rhérilier  de  sa  muse,  qui  nous  a  conser- 
vé, dans  une  touchante  idylle,  intitulée 
VEpitaphe  de  Blon ,  les  seules  circon- 
stances de  sa  vie  qui  nous  soient  con- 
nues. Nous  y  voyons  qu'il  était  de  la  pa- 
trie du  prince  des  poètes  :  «  Fleuve  d'Io- 
nie,  ô  Mélès,  une  nouvelle  blessure  est 
faite  à  ton  cœur.  La  mort  te  ravit  autre- 
fois Homère  :  pour  un  autre  de  tes  fils 
tes  pleurs  encore  vont  couler.  »  Nous  y 
apprenons  aussi  qu'il  mourut  avant  Théo- 
crite :  n  Philétas  et  Théocrite  pleurent  ta 
mort,  l'un  sur  les  bords  de  THalente, 
Taulre  à  Syracuse.  »  Ces  regrets,  ce  deuil 
qu'excita  la  mort  de  Bion  attestent  ses 
talens;  mais  le  crédit,  les  honneurs  qu'ils 
lui  procurèrent,  le  rendirent  une  des 
plus  déplorables  victimes  de  Tcnvie;  il 
mourut  empoisonné.  Le  temps  ,  non 
moins  jaloux  que  l'assassin  de  Bion,  ne 
nous  a  laissé  de  ses  ouvrages  que  neuf 
idylles  et  huit  fragmens.  Le  mérite  de 
ces  poésies  est  dans  la  délicatesse  et  la 
grâce  de  la  pensée,  dans  l'agrément  et  la 
lucidité  de  l'expression.  Moins  simple, 
moins  naïf,  moins  passionné  que  Théo- 
crite, il  ne  peut  lui  être  comparé;  mais 
placé  au-dessous  d'un  si  grand  poète ,  il 
occupe  encore,  avec  Moschus,  son  élève 
et  son  émule,  une  des  premières  placrt 
de  la  poésie  antique.  On  a  remarqué  que 
ces  deux  aimables  poètes,  unis  pendant 
leur  vie,  n'ont  point  été  séparés  après 
leur  mort.  En  effet,  leurs  œuvres,  pour 
ainsi  dire  fraternelles,  ont  toujours  été 

Encydop.  d.  G.  d,  M.  Tome  UL 


publiées  ensemble,  d'abord  à  Brtigeft,ptr 
Meckerch,  1665;  ensuite  pà^  H.  £s- 
tienne,  1566,  etc.  Les  meilleures  éditions 
sont  celles  de  Jacobs,  1795;  de  Manso, 
1807;  de  Heindorf,  1810,  2  vol.  à  la 
suite  du  Théocrite;  de  Schsefer,  Leipz., 
1811,  in-(ol.  également  avec  le  Théo- 
crite; de  M.  Boissonade,  Parb,  1822, 
dans  sa  collection  des  poètes  grecs. 
Longepierre  a  traduit  Bion  et  Moschus 
en  assez  mauvais  vers,  mais  il  les  a  très 
bien  commentés.  Moutonnet  de  Clair fons, 
Paris,  1779,  et  Gail  les  ont  traduits  en 
prose.  F.  D. 

BIOT  (Jsak-Baptiste),  de  l'Acadé- 
mie des  sciences,  professeur  d'astrono- 
mie au  collège  de  France  et  chevalier  de 
la  Légion-d'Honneur.  Né  à  Paris,  en 
1774,  M.  Bîot  fut  admis  à  l'école  poly- 
technique après  avoir  quitté  l'artillerie 
où  il  était  entré  à  sa  sortie  du  collège 
Louis-le-Grand ,  après  de  brillantes  étu- 
des. Envoyé  à  Beauvais,  comme  profes- 
seur à  Técole  centrale  de  cette  ville,  il  en 
revint,  en  1800,  pour  occuper  la  chaire 
de  physique  au  collège  de  France,  quoi- 
qu'il n*eût  encore  que  26  ans.  Ayant  été 
admis  à  l'Académie  des  sciences  sous 
rhonorable  patronage  de  Laplace,  il 
empêcha,  de  concert  avec  Camus,  l'Ins- 
titut de  voter  sur  l'élévation  du  général 
Bonaparte  au  trône  impérial.  Cette  dé- 
cision basée  sur  ce  que  l'Institut  n'était 
point  un  corps  politique,  fut  cassée  le 
lendemain  par  une  décision  contraire. 
M.  Biot  fut  de  la  première  ascension  aé- 
rostatique de  M.  Gay-Lussac  (i;o^.),  et 
nommé,  en  1806,  membre  du  Bureau 
des  longitudes,  il  accompagna  M.  Arago 
{voy.)  en  Espagne,  et  ce  fut  lui  qui  fit  à 
rinstitut  le  rapport  sur  l'opération  géo- 
désique  dont  ce  voyage  était  le  but.  On 
croit  assez  généralement  qu'en  1815  il 
vota  contre  l'acte  additionnel;  ce  vote 
serait  en  rapport  avec  ses  antécédens. 
M.  Biot  a  entrepris  plusieurs  voyages 
scientifiques  :'nous  citerons  celui  aux  Iles 
Orcades  où  il  fut  secondé  dans  ses  ob- 
servations astronomiques  par  plusieurs 
savans  écossais  qu'avait  attirés  sur  ses 
pas  sa  grande  réputation.  Une  excursion 
moins  éloignée  ne  fut  cependant  pas 
sans  intérêt;  elle  eut  lieu  dans  le  dépar- 
tement de  l'Orne  et  dans  le  but  de  cons- 

t5 


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WP 


(  Si6  ) 


bui 


fMMt  la  cètité  de  ptétre^  tombés  de  Tat- 
molphèr^vox*.  AÉHOLiTttt^s  ).  En  géné- 
rât on  peut  dire  des  travaux  de  M.  Biot 
qu'ils  4ont  plus  scientifiques  que  d'ap- 
plication; cependant,  dans  dJs  derniers 
temps,  il  a  fait  une  application  ingé- 
nieuse du  phénomène  de  la  polarisation 
(vofA  de  la  lumière  (polofùation  cif^a- 
laine)  comme  moyen  de  distinguer  dif- 
férentes espèces  de  socni.  C'est  dans  les 
mémoires  qu*il  a  lus  à  Tlnslitut  sur  ce 
sujet  (séances  du  7  et  du  14  janvier  1833) 
que  M.  fiiot  à  fait  jireuve  d*une  noble 
impartialité  en  proclamant  à  plusieurs 
reprises  Texactilude  des  travaux  et  des 
recherches  de  M.  Raspail,  à  l'égard  du- 
quel l'Académie  des  sciences  s'était  lais- 
sée aller  à  des  préventions  injustes.  Nous 
De  saurions  donner  ki  le  titre  de  tous 
les  mémoires  que  M;  Biot  a  publiés;  elle 
serait  du  reste  incessamment  incomplète, 
car  l'âge  ne  ralentit  pas  son  activité,  et 
il  vient  encore  de  lire  à  l'Académie  des 
sciences  (séance  du  30  juin  1834)  un 
mémoire  plein  d'intérêt,  de  recherches 
savantes  et  curieuses  Sur  (Quelques  dé^ 
tertnlnalions  d'tistrohomie  ancienne, 
étudiées  comparativement  chez  les 
Ji^fjiiens,  les  Chaldéenx  et  les  Chi- 
nois, C'est  dans  les  Annafex  de  physi- 
que et  de  chimie,  dans  les  Mémoires 
d'Arcucil,  dans  le  Journal  des  saxHiris , 
dont  il  est  un  des  directeurs,  qu'on  trou- 
vera la  plupart  des  nombreux  mémoires 
publiés  par  M.  Biot,  à  la  plume  duquel 
on  doit  aussi  un  assez  ^rand  nombre  de 
uoticea  biographiijues  dans  la  Biogra- 
phie universelle  et  deuk  ^*^nds  Traités 
de  physique,  qui  ont  l'inconvénient  de 
n'être  pas  assez  élémenlâires.  Ce  repro- 
che petit  même  s'adresseb  à  celui  en  2 
yoliimes;  quoique  l'auteur  se  Soit  alta- 
clié  a  le  melthe,  mieux  que  le  premier  (en 
4  volumes),  à  la  poKëéd'un  {^lus^rand 
nombre  il'intelligeliccs.  Al  L-n. 

BIPÈDE.  Seloh  Cuvîer,  tm  genre  dé 
reptiles,  famille  des  saurletîs  6u  lézarda, 
trib:iJë&  scincordleri^.  Il  se  distihgue  des 
derniers  lézards  et  des  premiers  serpens 
parTcxislencededeux  petites  pattes  pos- 
térieures, ^ans  lesquelles  on  confondrait 
aisément  les  bipèdes  avec  les  orvets;  et, 
d'autre  part,  s'ils  étaient  pourvus  de 
pattes  akitérîéar^y  dont  le»  irUdlmens 


etî8t«nt  ^ttà  là  peau^  on  kt  oo«fowli«ii 
avec  les  seps. 

Cuvier  en  décrit  trois  espèces,  Ftme 
de  la  Nouvellç-Hollande,  l'autre  du  Gapi 
et  la  troisième  du  Brésil. 

Sur  les  BtvibEs  en  général,  voy.  Tirt. 
Bimane.  B.  B; 

BIRAGUE  (Rxifi  na),  né  à  Milan, 
où  sa  famille  occupait  un  rang  honora- 
ble, avait  été  destiné  au  barreab;  mais  il 
préféra  le  parti  des  armes  et  entra  an  ser- 
vice de  France.  Il  jouîl  d'une  grande  fa- 
veur sous  Henri  II,  qui  lui  donna  le  gou- 
vernement du  Lyonnais  et  le  nomma  en- 
suite conseiller  au  parlement  de  Paris. 
Il  ne  larda  pas  à  devenir  un  dos  confi- 
dens  de  Catherine  de  Médicis,  et  il  fut, 
sous  Charles  IX,  l'un  d^s  auteurs,  selon 
quelques  écrivains  même,  le  principal 
instigateur  du  massacre  de  la  Saint-Bar- 
thélémy (voy,),  Garde-des-sceaux ,  en 
1570,  après  que  Charles  IX  lui  eut  donné 
des  lettres  de  naturalisation,  il  prit  le  ti- 
tre de  chancelier  en  1578,  lorsque  L'Hô- 
pital fut  mort.  Il  partagea  les  folies  et  les 
dévotes  mascarades  de  Henri  IH  {voy, 
Flacrllans).  Comme  tous  les  moyens 
lui  étaient  bons  pour  conserver. sa  fa- 
veur, il  flatta  sans  réserve  les  goâts  dn 
maître;  c'est  lui  qui  introduisit  à  la  cour 
la  mode  des  petits  chiens  de  Lyon  et  de 
Malte.  Birague,  devenu  veuf,  se  Gt  prê- 
tre, et  fut  fait  évéque  de  Lavaur,  puis 
cardinal;  il  avait  remis  les  sceaux  wù. 
comte  de  Chivemi.  Insouciant  et  pro- 
digue, il  ne  songea  pas  à  se  faire  donner 
de  riches  bénéfices,  ce  qui  |>ourtant  Idl 
eût  été  facile.  Dévoué  sans  réserve  an 
pouvoir  royal,  il  ne  ihontra  pas  adtaiiC 
dé  zèle  pour  les  intérêts  du  Saint-SiégC. 
Sa  fortune,  qui  lui  avait  ]|>ermis  de  faire 
réparer  et  de  doter  magnifiquement  l'é- 
glise Sainte-Catherine  du  Val-des-Écô- 
liers,  à  Paris,  et  d'élever,  non  loin  de  là, 
une  fontaine  monumentale,  ne  se  soutint 
pas.  Il  mourut  en  1583,  à  l'âge  de  73 
ans.  Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie, 
il  répétait  souvent  qu'il  était  cardinal 
sans  tiliv,  prêtre  sans  bénéfice,  et  chan^ 
cet  ter  sans  chanceilert'e.  Il  ne  laissa 
qu'une  fille  qui  vécut  d'aumônes  et  mou- 
rut pauvre.  A.  S-s. 

BIRElf  ou  BtxaBN  (EaKEST-JEAN), 

plus  connu  sous  le  nom  usurpé  de  Bt^ 


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SIR 


(647) 


BIR 


ffon,  naqpitt  en  1690  en  Conriânde  où 
ses  pareas  possédaient  une  terre.  Son 
exiratrion  ne  fut  pas  aussi  obscure  qu'on 
s'est  plu  à  le  répéier,  car  son  père  avait 
legradedecapitaine;et,sison  jçrand -père 
a  été  prcuiicr  palefrenier  du  duc  de  Cour- 
lande  Jacques  III,  Il  avait  cependant  dé- 
jà obtenu  le  grade  de  lieutenant.  Aussi, 
quoiqu'on  dise  Manstein,  l'éducation  du 
jeune  Biren  ne  fut  pas  négligée  :  comme 
la  jeane  noblesse  de  son  pays,  il  alla  étu- 
dier à  Puniversité  de  Kœnigsberg,  et  ce  ne 
fut  pas  la  faute  de  sa  naissance  s'il  n'attei- 
gnit pas,  dans  ses  éludes,  à  un  degré  plus 
avancé. 

Arrivé  en  1714  à  Saînt-Pétersboui-g, 
il  se  flatta  d'être  compris,  comme  gen- 
tilhomme, dans  la  maison  qu'on  formait 
alors  à  la  jeune  fiancée  du  CIs  aine  de 
Pierre-le-Grand  ;  ce  projet  manqua,  mais 
la  protection  de  Bestoujef- Rumine,  le 
père,  le  fit  recevoir  en  la  même  qualité  à 
la  cour  d'Anne-Ivanovna,  alors  duchesse 
douairière  de  Courlande.  La  bonne  mine 
de  Biren,  ses  manières  insinuantes,  et  une 
hardiesse  qui  n'était  pas  sans  habileté, 
lii!  valurent  les  bonnes  grâces  de  sa  maî- 
tresse qui  le  maria  à  une  de  ses  dames 
d'honneur  appartenant  à  une  bonne  fa- 
mille du  pays,  contre  le  gré  des  parens 
de  cette  demoiselle.  Biren  crut  ainsi 
prendre  place  parmi  la  noblesse  cour- 
landaise  et  sollicita  l'honneur  d'être  in- 
scrit sur  ses  registres;  mais  ce  corps  féo- 
dal, jaloux  de  ses  prérogatives,  repoussa 
le  petit- fils  d'un  palefrenier. 

En  1730  des  députés  de  la  haute  no- 
blesse russe  vinrent  à  Mitau,  offrir  à  la 
duchesse  le  trône  de  son  pèi'e  que  la 
jeune  Elisabeth  Pétrovna  n'osait  pas  en- 
core revendiquer;  nous  avons  dit  ailleurs 
quelles  conditions  furent  imposéesà  Anne 
(voy.)  et  de  quelle  manière  elle  les  rem- 
plit. L'élôignement  de  Biren  était  au 
nombre  des  conditions.  Anne  souscrivit 
à  tout,  et  Biren  n'accompagna  pas  la  nou- 
velle impératrice;  mais,  par  son  ordre, 
il  la  suivit  de  près,  et  l'acte  restrictif  des 
droits  du  trône  n'était  pas  déchiré  en- 
core par  la  main  de  la  princesse  qu'on 
connut  à  Moscou  q»ie  sou  favori  y  était 
arrivé.  Après  son  courouficmenl,  l'impé- 
ratrice le  nomma  grand-chambellan ,  lui 
donna  dea  terres  considérables ,  et  lui 


conféra  le  cordon  de  Saint-André,  ainsi 
que  le  titre  de  comte  de  l'empire  russe; 
à  ce  titre  l'empereur  romain  ajouta  bien- 
tôt celui  de  comte  d'£mpire.  Depiiis  ce 
moment  jusqu'à  la  mort  d'Anne,  Biren 
gouverna  la  Russie  et  sa  souveraine,  non 
sans  gloire,  car  il  sut  sesei*fir  d'excellent 
înstrumens,  mais  avec  une  dureté  Inouïe. 
Outre  les  infortunés  princes  Dolgorouki, 
on  nomme  plusieurs  milliers  de  ses  vie-^ 
times.  Anne  elle-même,  dit-on,  ne  put 
pas  toujours  le  fléchir  et  avilit  quehfue* 
fois  son  rang  suprême  jusqu'à  le  supplier 
à  genoux.  L'élévation  de  Biren  au  trône 
de  Courlandepar  l'élection  (  1 3  juin  1787) 
de  cette  même  noblesse  qui  jadis  lui  avait 
refusé  Vindioénat  ne  satisfit  pas  encore 
son  ambition  :  il  nourrissait  l'espérance 
de  marier  la  princesse  de  Me<*klenbourg, 
nièce  de  l'impératrice,  à  l'ainé  de  ses  fils, 
et,  s'il  fit  quelque  bien  au  duché  de  Cour- 
lande,  il  ne  détourna  pas  pour  cela  un 
instant  son  attention  de  l'empire  russe 
et  ne  quitta  pas  Moscou.  Plusieurs  con* 
spiraiions  tramées  contre  sa  vie  furent 
découvertes  et  échouèrent.  La  haine  pœ- 
fonde  que  la  plupart  des  grands  de  l'em- 
pire lui  avaient  vouée  ne  l'empêcha  pat 
de  se  faire  déclarer  régent  de  la  Russie 
pendant  la  minorité  d'Ivân  Antonovitch, 
dans  le  cas  où  l'impératrice  mourrait 
avant  que  ce  jeune  prince  ne  fût  majeur. 
Ce  cas  arriva  le  28  oèl.  1740,  et  Biren 
exigea  aussitôt  l'hommage  dû  à  son  tilre| 
il  se  serait  même  emparé  de  la  personne 
de  l'héritier  sans  l'opiniâtre  résistance 
des  parens.  Après  avoir  tout  lait  pour 
conirarierjeuf  union  et  leur  élévation, 
le  régent  crut  devoir  se  rapprocher  de 
ceux-ci  :  il  leur  fit  décefner  là  qualité 
d'altesse  impériale  avant  de  se  l'attri- 
buer à  lui-mêHie,  et  leur  alloua  une  pen- 
sion. Puis  il  ^égna  en  maître  absolu  an 
nom  d'un  enfant  qn'on  le  soupçonnai 
même  de  vouloir  déshéHier  en  faveur  dé 
.son  filé  qu'il  aurait  uni  à  k  gràfide-pHn- 
cesse  Elisabeth. 

Le  feld  maréchal  Mumiich  (tJOf.Ja^t 
secondé  le  favori  d'Anne  juscfi^à  le  pous- 
ser à  la  régence;  mars,  plus  fid  que  lui  et 
voyant  que  ses  services  ne  recevaient  pas 
la  récompense  qu'il  en  avait  attendue,  il  le 
trompa  par  des  dehors  de  dévouement, 
Undis  qu'il  travaillait  à  le  renverser.  La 


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BIK  (  548  } 

catastrophe  eut  lieu  le  20  oov. 


BJH 


1740 
(nouv.  slyle):  MuDoich  proclama  la  prin- 
cesse Anne  grande-duchesse  et  régente, 
fit  surprendre  et  garrotter  Biren  dans  son 


lit  par  le  colonel  Manstein ,  et  ordonna  ^  b  de  Wartenberg  en  Silésie,  était  né  à  Mi- 


ensuite  qu'il  fût  transporté  dans  la  for- 
teresse de  Schlûsselbourg  avec  son  frère 
cadet,  Gustave  Biren.  Quoiqu'on  ne  prou- 
Tàt  pas  le  fait  qu'on  lui  imputait,  d'avoir 
Toulu  changer  au  profit  de  sa  famille  Tor- 
dre de  succession  au  trône,  le  duc  de 
Courlande  fut  condamné  à  mort,  en  mai 
1 74 1 .  La  régente  commua  cette  peine  en 
exil  perpétuel,  et  il  fut  envoyé  à  Pelim, 
600  verstes  au-delà  deTobobk,où  Mun- 
nich  lui  avait  fait  préparer  une  prison 
bien  palissadée.  Ses  biens  furent  confis- 
qués, et  il  entraîna  dans  son  infortune 
presque  tous  les  membres  de  sa  famille. 
Mais  une  nouvelle  révolution  du  palais 
arriva  vers  la  fin  de  la  même  année  :  Eli- 
sabeth, devenue  impératrice,  rappela  fii- 
ren  de  Sibérie  et  y  envoya  Munnich  à  sa 
place.  Les  deux  rivaux  se  rencontrèrent 
à  Kasan  et  se  mesurèrent  des  yeux  sans 
pi*oférer  une  parole;  mais  leur  regard 
parlait  pour  eux.  Ce  genre  d'éloquence 
peut,  suffire  aux  hommes  ;  les  passions 
des  femmes  leur  permettent  moins  de  s'y 
JtK>rner  :  aussi  la  duchesse  de  Courlande 
ne  put-elle  s'empêcher  d'insulter  la  mal- 
heureuse régente  lorsqu'elle  la  rencontra 
également  sur  son  passage,  allant  en  exil 
avac  son  mari  et  son  fils. 

Elisabeth  n'obéit  pas  à  son  premier 
mouvement  de  clémence  :  Biren ,  au  lieu 
de  revenir  à  Saint-Pétersbourg,  reçut 
l'ordre  d'aller  vivre  à  laroslavl.  Deux 
ducs  furent  successivement  élus  à  ?a  place 
par  les  États  de  Courlande;  mais  sans  pou- 
voir se  faire  reconnaître.  Enfin  Pierre  III 
rappela  Biren  aussi  bien  que  Munnich , 
et  Catherine  II  lui  rendit  même  son  du- 
ché. Le  20  janvier  17G8  Biren  rentra  à 
Mitau,  et,  profilant  des  leçons  du  malheur 
avec  la  même  sagesse  qu'il  avait  prouvée 
en  le  supportant  sans  faiblesse,  il  régna 
avec  douceur  et  justice  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  le  28  déc.  1772.  (FbiVBûsching 
Ma^aùn^  t.  IX,  p.  383-414;  Manstein; 
SchmidtPhisetdeck3//{fer<Vi//>/i  ze/rri/J^. 
Gesch,y  t  II;  Vie  €ie£iron,en  allemand, 
2*^  édit.,  Brème,  1742;  de  Helbig  Russ. 
GûnsUinge,Tubin^.  1806).  Il  laissa  deux 


fils  qui  rtin  et  l'autre  avaient  partagé  toa 
sort. 

Vaine,  PiEBBB,  qui  lui  succéda  en  qua- 
lité de  duc  de  Courlande  et  de  seigneur 


tau  en  1742,  et  régna  de  1769  à  1705. 
Ce  fut  lui  qui  fonda  en  1774  le  Gymna^ 
sium  illustre  de  Mitau.  Mais  son  règne 
fut  orageux  :  une  longue  absence  avait 
laissé  le  pouvoir  aux  mains  d'un  conseil 
qui,  n'ayant  pu  faire  approuver  tous  ses 
actes  par  le  duc,  lutta  contre  lui,  et  finît 
par  le  trahir  en  s'adressant  à  Catherine  II, 
déjà  maîtresse  de  la  Pologne.  Celle-ci, 
mécontente  de  Pierre  qui  s'était  placé 
sous  la  protection  du  roi  de  Prusse,  prit 
possession  du  duché  dont  la  dépulation 
des  États  lui  avait  offert  la  souverai- 
neté ;  il  ne  resta  plus  au  duc  qu'à  sanc- 
tionner cet  arrangement,  ce  qu'il  fit  par 
acte  du  28  mars  1795.  En  revanche,  l'im- 
pératrice s'engagea  à  lui  payer  une  pen- 
sion de  100,000  écus  d'Albert  et  lui 
acheta  pour  la  somme  de  500,000  du- 
cats ses  domaines  en  Courlande.  Depuis, 
Pierre  vécut  alternativement  à  Berlin, 
dans  son  duché  de  Sagan ,  et  dans  ses 
terres  de  Wartenberg,  de  Nachod  et  de 
Gellenau.  C'est  dans  la  dernière  quSl 
mourut  en  1800. 

Pierre  s'était  marié  en  1 779,  en  troisiè- 
mes noce9,avecAnneCharlotte-Dorothée, 
fille  d'un  comte  de  Medem  {voy.  Coua- 
lanob);  un  prince  né  de  ce  mariage  est 
mort  en  1790,  mais  quatre  filles  qui  en 
sont  également  issues  sont  encore  en  vie. 
Ce  sont  la  comtesse  de  Schulenbourg, 
duchesse  de  Sagan;  la  princesse  régnante 
deHohenzollern-Hechingen;  la  duchesse 
Acerenza,  et  la  duchesse  de  Dino,  nièce 
du  prince  de  Talleyrand.  Deux  fils  de 
Chables- Ernest  deBiren  (1728-1801), 
frère  de  Pierre,  sont  également  morts, 
et  la  ligne  mâle  des  Biren  est  ainsi 
éteinte.  J.  H.  S. 

BIRIBI  (jeu  de).  C'est  un  jeu  de  ha- 
sard qui  a  été  long-temps  en  grande  vo- 
gue et  qui  se  joue  encore  quelquefois  à 
Paris  et  dans  d'autres  villes.  Il  nous  est 
venu  d'Italie,  de  même  que  le  cavagnol  ; 
les  Italiens  le  nomment  biribisso;  mais 
d'abord  il  différait,  quant  aux  chiffres, 
du  biribi  que  l'on  joue  actuellement.  Voici 
quelles  sont  les  règles  de  ce  jeu  :  il  y  a  les 


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BIR 


(549) 


BIR 


pontes  et  le  banquier.  On  place  sur  une 
grande  table  un  tableau  divisé  en  soixante- 
dix  cases  :  dans  chacune  de  ces  cases  on 
distingue  une  figure  et  un  nombre  de< 


ce  qu'ils  veulent  sur  chaque  nombre.  On 
a  un  sac  fermant  à  clef,  dans  lequel  sont 
enfermées  70  olives  :  dans  chacune  de 
ces  olives  est  un  billet ,  peint  sur  vélin , 
qui  porte  une  figure  et  un  nombre  cor^ 
respondant  à  Tun  de  ceux  du  tableau.  Le 
banquier  alors  fait  sortir  les  olives  une 
à  une ,  par  le  moyen  d'un  ressort  qui  se 
trouve  à  la  téle  du  sac.  Si  le  billet  qui 
sort  se  trouve  répondre  à  une  case  char- 
gée, le  banquier  est  obligé  de  payer  64 
fois  la  mise  qui  s'y  trouve.  La  couche  ap- 
partient toujours  au  banquier,  en  sorte 
qu'il  a  un  avantage  de  7  sur  70.  Le  bi- 
ribi  est  au  cavagnol  ce  que  le  pharaon 
est  au  lansquenet;  car  le  pharaon  et  le 
biribi  sont  avantageux  au  banquier ,  qui 
tient  constamment;  mais  au  lansquenet 
et  au  cavagnol,  tous  les  joueurs  ou  pon- 
tes sont  banquiers  à  leur  tour,  lorsque 
cela  leur  convient,  c'est-à-dire  tiennent 
la  main  ou  le  sac  qui  renferme  les  bou- 
les; le  cavagnol  est  même  d'une  parfaite 
égalité,  et  le  banquier  n'y  a  aucun  avan- 
tage. 

Le  biribi  se  joue  quelquefois  aux  c6- 
tés,  c'est«-à-dire ,  au  pair,  de  sorte  que 
le  banquier  ne  donne  que  ce  qui  se  trouve 
sur  la  case:  mais  il  a  toujours  pour  lui 
trois  cases  d'exception  qui  font  perdre 
le  ponte,  quoique  son  c6té  arrive.  On 
jone  encore  le  biribi  à  la  raie  droite ,  de 
cette  manière  :  On  met  ce  que  l'on  veut 
à  la  tête  du  tableau ,  où  il  ne  se  trouve 
que  sept  chiffres  dont  un  produit  l'avan- 
tage, au  choix  du  ponte.  L'on  se  sert  de 
jetons  qui  diffèrent  ou  par  les  couleurs, 
ou  par  le  dessin,  ou  par  la  forme,  afin 
qu'on  puisse  reconnaître  ce  qu'ils  valent 
et 'il  qui  ils  appartiennent.         F.  R-d. 

BlRRENFfiLDy  petite  principauté 
allemande,  montagneuse,  boisée,  arrosée 
par  la  Nahe,  et  dont  le  chef-lieu  porte 
le  même  nom.  Par  acte  du  9  juin  1815, 
cette  principauté  fut  cédée  par  la  Prusse 
au  grand-duché  d'Oldenbourg,  dont  il 
est  cependant  séparé  par  d'autres  pos- 
sessions. Son  étendue  est  d'environ  10 
milles  car.  géogr.  Une  partie  de  cette 


principauté  ayant  appartenu  depuis  1 43Y 
à  la  maison  palatine  du  Rhin  et  à  celle 
de  Deux-Ponts,  elle  forma  un  apanage 
en  faveur  de  la  ligne  palatine  de  Birken- 


puis  1  jusqu'à  70 ,  et  les  pontes  mettent  '  ^  feld  ,  issue  de  Charles  (mort  en  1600) , 

'  ^  6ls  du  comte  palatin  Wolfgang.  C'est  à 
cette  ligne  qu'appartient  le  duo  de  Ba« 
vière  Birkenfeld ,  oncle  du  roi  de  Ba- 
vière et  père  de  M**^^  la  princesse  ée 
Wagram.  J.  H.  S. 

BIRMAN  (EMPreE),  vaste  état  dans 
la  presqu'île  orientale  de  l'Inde,  trarer^ 
versé  par  l'Iraouaddy  et  ayant  une  sur* 
face  de  plus  de  40,000  lieues  carrées , 
entre  6  et  37^  de  latitude  N.  Au  nord , 
il  touche  au  Tibet  et  à  la  Chine,  du  côté 
de  l'est  au  Siam ,  qui  en  est  séparé  par 
une  chaîne  de  montagnes;  à  l'ouest  il 
est  situé  sur  le  golfe  du  Bengale,  enfin 
au  sud  il  touche  à  la  presqu'île  de  Ma- 
lacca. 

Le  bassin  de  l'Iraouaddy  est  enfermé 
^tre  de  longues  chaînes  de  montagnes. 
Outre  ce  fleuve,  on  ti*ouve  le  Loukiang 
qui  descend  du  Tibet,  l'Aracan,  le  Tavay 
et  le  Tenasserim  qui  tous  se  jettent  dans 
la  mer  des  Indes.  On  connaît  peu  le  nord 
de  cet  empire,  où  habitent  des  tribus 
sauvages  dont  on  assure  qu'ils  sont  d'une 
taille  inférieure  à  celle  des  Birmans, 
qu'ils  n'ont  aucun  culte,  et  que  leurs 
femmes  gâtent  leurs  jolis  traits  par  un 
tatouage  d'une  couleur  bleue;  Le  pays 
birman  a  un  sol  fertile,  surtout  en  ris; 
les  jonques  chinoises  en  exportent  une 
grande  quantité.  On  cultive  l'indigo ,  le 
coton,  la  soie.  Dans  les  forêts  il  croit 
beaucoup  de  bois  tek,  bon  pour  la  con- 
struction des  navires.  On  tire  des  mines 
l'or,  l'argent,  l'étain,  le  fer,  presque 
tous  les  métaux.  L'empire  birman  four- 
nit aussi  des  pierres  précieuses,  de  l'am- 
bre ,  du  naphte.  On  se  sert  d'éléphans. 
Il  y  a  des  singes,  des  tigres,  des  rhino- 
céros. On  évalue  la  population  de  l'em- 
pire birman  à  7  ou  8  millions  d'ames.  Le 
peuple  birman  ressemble  aux  Chinois;  sa 
nourriture  principale  consiste  en  riz  et 
en  poissons.  Il  est  bien  constitué;  on  vante 
la  beauté  des  Birmanes.  Leur  culte  est  le 
bouddhisme ,  et  ils  croient  à  la  métem- 
psycose. Ils  ont  du  goût  pour  les  arts  :  la 
ville  de  Pagahmore  est  remplie  de  mo- 
numens  d'architecture;  on  cite  surtout 


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sm 


(«50) 


Bin 


le  leinfle  i^  Gandfpâ ,  qai  dat«  de  plu- 
iieai's  siècletf  cl  que  décorenl  des  ftciil|>- 
tures  el  des  taldcAiix  à  (resi|tie.  Lrs  iiir- 
maiis  oiil  de8  s|H'iiaL'les  fti'nililabltt  à 
ceux  drs  Clitiiob.  On  |>eriiiet  aux  hom- 
me» d*éinigrer;  mais  les  femmes  ne  le 
peuYenU  Cb  sont  elles  qui  font  tous  le^ 
travaux  du  ménage  ;  les  boromes  s*adon- 
Dent  au  re |>os  en  niAchaot  du  bélel.  £q 
cas  de  misère ,  ils  vendent  leurs  propres 
filles.  Ofi  les  dit  a\ides,  rusés  et  que- 
relleurs. L  empereur  exerce  un  pouvoir 
absolu,  prélève  la  dîme  de  toutes  les  den- 
rées, perçoit  un  droit  sur  rimporlaiion 
des  marchandises,  et  s'attribue  le  mono- 
pole des  marbres ,  du  bois  tek ,  ôes  élé- 
phans.  Il  choisit  son  successeur  parmi  ses 
fils.  Sa  résidence  est  Oumerapour.  L'em- 
pire birman  consiste  dans  les  anciens 
royaumes  d'Ava,  de  Fégu  et  d'Aracan, 
ainsi  que  dans  diverses  antres  contrées 
que  les  empereurs  ont  réunies  successi- 
vement sous  leur  sceptre. 

Les  Birmans  ne  régnaient  d'abord  que 
sar  le  royaume  de  Péj^u  ;  au  xvi^  siècle 
ils  subjuguèrent  celui  d'Ava  et  étendirent 
leur  empire  jusqu'aux  frontières  de  la 
Cbine.  En  1740  les  iiNligèiiet  de  Pégu 
secouèrent  le  joug  et  dominèrent  à  leur 
tour;  mais  un  Birman  obscur,  Alompra, 
que  la  nature  avait  doué  de  grandes  qua- 
lités, ré><>lut  de  rendre  à  sa  nation  la  su- 
préipalie  dont  elle  avait  joui  depuis  quel' 
ques  siècles.  Ayant  battu  les  troupes  pé- 
guaties,  il  s^emiNira,  en  1755,  de  la  ville 
d*  A  va,  di  prisonnier  le  roi,  le  jeta  dans  les 
fers  et  monta  sur  son  trône.  Ce  fut  sous  le 
règne  de  son  Irèra  que  la  G>n»pagnie  an- 
glaise des  Indes  chercha  d*établir  des  re- 
lations commerciales  plus  intimes  avec 
l'empire  birman  dont  elle  s'était  appro- 
eliéc  par  les  agrandissemenasiiecessils  de 
ses  possessions.  A  cet  effet  elle  envoya, 
au  commencement  de  ce  siècle,  à  Ban- 
gouD ,  le  capitaine  Hiram  Cox ,  chargé, 
à  ce  qo'on  présume,  de  prendre  en  secret 
tous  les  renaeig«emens  propres  à  servir 
les  desseins  ambitieux  de  la  Compagnie. 
Cox  a  publié  une  relation  trop  succincte 
de  sa  mission  :  Foya((e  tlu  capitaine  H. 
Cox  dans  r  empire  des  Birmans  y  tra- 
duit de  Tanglais  avec  des  notes  historié 
ques  sur  cet  empite^  |>ar  Cliaaions  d' Ar- 
•^^  Buria,  1815.  Ce  frère,  Meoderagee- 


Prawe,  monnu  en  1819  et  son 
lui  sucréda.  Celui-ci  soumit  le  royaume 
d'A}>s:im  ,  et  eut,  en  1823,  des  querelles 
a^cc  les  Anglais  au  sujet  des  frontières 
du  sud-ouest.  Une  lie  du  fleuve  Naaf| 
appelée  Chapouri,  que  les  Birmans  en- 
levèrent aux  Anglais,  douna  lieu  a  des 
représailles  de  la  paftde  ceux-ci;  Tannée 
suivante.ils  prirent  sous  leur  protection 
le  rajah  de  Cachar,  poursuivi  par  les 
Birmans  :  ce  fut  le  signal  ou  le  prétexte 
d*une  guerre,  à  laquelle  la  Compagnie 
s'était  depuis  long  temps  préparée.  Les 
Birmans  ne  la  redoutaient  pas»  Ce  peu- 
ple a  Tesprit  belliqueux,  il  regarde  le 
service  militaire  comme  l'occupation  la 
plus  honorable,  et  tout  sujet  de  l'empe- 
reur y  est  astreint.  A  la  tête  des  troupea 
de  la  Compagnie,  le  général  Arcbibald 
Campbell  débarqua,  en  mai  1834,  dapa 
l'empire  birman:  il  éprouva  une  vive  ré- 
sistance de  la  part  de  l'armée  de  l'empe- 
reur,  et  ce  ne  fut  pas  sans  des  pertes  con- 
sidérables que  les  Anglais  s'emparèrent 
des  palissades  dont  les  Birmans  entou- 
raient habilement  toutes  leurs  positions. 
I^  bataille  de  Prome  détrubit  enfin  les 
illusions  des  Birmans.  Sur  la  route  d'Ava 
une  armée  de  40,A00  bomafies  essaya 
encore  d'anéantir  les  troupes  d'invasion; 
mais  une  nouvelle  défaite  apprit  aux  Bir- 
mans que  leur  empire  allait  finir.  Au  roo* 
ment  où  les  Anglais  se  disposaient  à 
entrer  dans  A  va,  l'empereur  a'emprcasa 
de  demamler  la  paix.  Il  ne  l'obtint ,  le  34 
février  1826,  qu'en  cédant  tes  provinces 
méridionalesaux  Anglais  et  en  leur  payant 
25  lacs  de  nnipres  pour  les  frais  de  la 
guerre.  Ces  conditions  humiliantes  ont 
mis  l'empereur  birman  dans  la  même 
dépendance  q«e  les  piînces  de  l'Inde  à 
l'égard  de  la  Comfiagnie.  L'histoire  de  la 
guerre  a  été  publiée  par  le  major  Snod- 
grass,  gendre  du  comasandant  :  Ntinth- 
tive  ofthe  Buraexe  war,  Londres,  1^27; 
et  par  un  autre  officier,  M.  Trant,  Hvo 
years  in  Ava^  Londres,  1827.  L'em- 
pire birman  a  perdu  les  provinces  de 
Yé,  Tavaî,  Martaban  et  Mergoi,  avec 
TArchipel  de  ce  nom.  Dana  cette  nou^ 
vclle  conquête  les  Anglais  ont  fondé 
une  nomTlIe  ville,  celle  d'Amberst- 
lown,  pour  servir  de  résidence  aux  au- 
torités publiques  et  de  garoisoa  à  leurs 


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(«") 


«ft 


tvoQiMt.  SHvée  auprès  de  la  mer,  elle  de- 
viendra probablement  Irèspomiiier^'anle 

Dans  le  Mar(aban  il  y  a  des  ibrèude  buis 
t<*k,  de  bois  sapan  et  d*au(res  espèces.  On 
tisie,  dans  ce  psys,  des  étoiles  «le  coton 
et  de  soie;  une  tribu  indépendante,  celle 
des&arians,  habite  les  montagnes  au  nord 
dii  Martaban.  Ces  montagnards  vendent 
aux  habUans  di)  bas  pays  de  l'ivoire,  du 
cardamome  et  de  la  cire.  La  ville  de  Mar- 
taban, ainsi  que  cellt^s  de  Tavaî  et  de 
Mergul,  sont  toutes  bien  situées  pour  l« 
commerce.  Par  l'Iraouaddy  on  peut 
d-ailleurs  oommjBrcer  avec  Tintérieur  de 
Fempire;  aussi  e^t-il  probable  que  les 
Anglais  trouveront  dans  ce  pays  un  dé- 
bouehé  important  pour  Jenrs  marchan- 
dises ,  et  qu'ils  en  tireront  par  écliange 
beaucoup  de  productions  utiles.  D-g.^ 
BIRMINCHAll,  une  des  villes  ma- 
Bufaeturiéres  les  plus  importantes  de 
FAnglelerre,  est  située  dans  le  comté  de 
Warwick,  k  109  milles  anglais  de  Lon- 
dres, sur  le  penchant  d'une  colline  près  de 
la  rivière  Rea,  au  milieu  d'un  pays  riche 
en  mines  de  fer  et  de  charbon.  8ous  le 
règne  d'Alfred-le-Grand  c'était  un  petit 
bourg  qui,  danslexii"  siècle, avait d'px- 
cellens  tanneurs;  mais  ces  tannenes  (  il 
n'en  existait  plus  qu'une  en  1 79S  )  ont 
fait  place  à  une  immense  variété  de  fa- 
briques, surtout  en  fer  et  en  acier.  En 
166tt  la  peste  fit  de  grands  ravages  à  Bir- 
mingham ,  qui ,  vers  la  fin  dn  xvii^  siècle, 
ne  comptait  encore  que  900  maisons  et 
6,000  habitans.  On  commença  à  y  fabri- 
quer des  ustensiles  de  fer  avant  la  révolu- 
tion de  1688;  mais  c'est  depuis  cette  épo- 
queseulementqne  l'activité  industrielle  de 
cette  ville  s'est  graduellement  développée. 
Jean  Baskerville  (voy.)  y  établit  une  célè- 
bre imprimerie  en  1766.  La  fabrique  de 
boutons,  de  boucles,  de  toutes  sortes  de 
quincaiHeries  et  d'ouvrages  vern4s  d'un 
beau  lacque,  qui  lui  est  antérieure  de 
quelques  années,  fut  singulièrement  se- 
condée par  Boiilton ,  qui  inventa  l'art  de 
travaiHer  l'acier  ep  mosaïque  et ,  k  son 
décès,  en  1746/  en  transmit  le  secret, 
ainsi  qu'une  fortune  considérable ,  à  son 
§ls  Matthieu  Boulton.  Celui-ci  porta  cet 
art  à  sa  perfection  et  forma  des  établis- 
semens  d'où  sont  sortis  des  ouvrages  d'a- 

eiar  qui  elfreot  tout  ice  que  l'^magiiiation 


de  riiQBnu  peqt  désirer.  Ce  fol  à  |nmi  piis 
dans  ce  m^me  temps  que  la  manufao-  ' 
turc  de  vaisselle  plaquée  passa  en  gitajide 
partie  de  Sheffield  à  Birniinghain.  Mais 
dest  surtout  depuis  la  fabrique  de  ma- 
chines établie  à  Soho,  en  1 7fi4,  que  l'iii- 
dustrie  de  Birmingham  a  pris  un  essor 
prodigieux.  Matthieu  BouUou  entra  en 
société  avec  le  créateur  de  cet  établisse- 
ment, James  Watt  de  Glasgow,  qui,  en 
1760,  ^vait  obtenu  un  brevet  dUnventioD 
pour  les  machines  à  vapeur.  C'est  k  Soho 
qu'ont  été  construits  ces  étonnans  leviers 
qui  ont  supplanta  une  partie  de  la  main 
d'œuvre  et  qui,  en  diminuant  le  coût  de 
la  fabrication,  pnt  mis  à  la  portée-  des 
plus  humbles  méaages  plusieurs  objets 
d'utilité  et  d'agrément,  anciennemool  ré- 
servés à  l'opulence  et  dont  |e  prix  est 
devenu  très  modique.  Mais  ^esprit  in- 
ventif des  fabricans  de  Birmingham  a 
continuellement  devancé  les  besoins  des 
riches.  Témoins  ces  tire -bouchons  en 
spirale  qui  opèrent  sans  secousse  ;  ces 
machines  à  copier  des  lettres;  ces  plians 
cachés  dans  une  canne;  ces  parasols  de 
poche  ;  ces  maixrhe  pieds  de  carrosse 
qui  s'élancent  au  moment  qu^'on  ouvre 
la  portière;  ces  cravaches  manies  de 
petits  aiguillons,  qu'on  fait  sortir,  au 
moyen  d'un  renfoi^,  pour  servir  d'épe- 
rons; ces  béquilles  qu'on  peut  allonger 
ou  raccourcir  également  au  moyen  d*un 
i^essort  ;  ces  coqleaux  pour  les  manchots, 
et  mille  jolis  riens  en  fait  de  bijoux  et  de 
joujoux  d'enfans.  Les  lampes  de  table 
en  obélisques  de  bronze ,  surmontées 
d'un  dôme  qui  en  réfléchit  la  lumière 
sans  donner  de  l'ombre,  sont  aussi  une 
invention  nouvelle  dont  i«  fabrication 
à  Birmingham  ne  date  que  de  18  ans. 
Le  monnayage  y  est  aussi  très  remar- 
quable :  un  seul  moulin,  établi  en  1788, 
fait  travailler  b^it  machines  qui ,  en 
moins  d'une  heure,  frappent  SO  nille 
pièces  de  monnaie;  les  fol^ri^ues  d'ar- 
mes ne  sont  pas  raolqs  élonnantes.  Des 
marteaux  énormes,  mus  par  une  machine 
k  vapeur  de  la  force  dé  120  chevaux, 
battent  les  barres  de  fer  a  leur  sortie  de 
la  fournaise  :  en  un  instant  elles  sont 
converties  en  cerceaux  et  roulées  autour 
d'une  baguette  de  métal  qui  détermine  le 
calibre  d^s  fusils,  pendant  lesgi^errea  de 


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BIR 


(55Î) 


BIR 


•  la  rérolatton  de  France,  Birmiegham  a 
'  fourni  au  gonverDement  anglais  14,500 
fuails  par  semaine;  on  conlinued*y  fabri- 
quer toutes  sortes  d*arnies  à  feu  et  des  la- 
mes de  sabres  pour  des  puissances  étraa- 
gèrea.  Des  barreaux  de  fer  au-delà  d*un 
pouce  en  grosseur  sont  découpés  par  de 
fortes  tenailles  tranchantes,  comme  sic*é- 
tait  du  papier.  On  taille  12,000  épingles 
en  pointe  en  une  heure,etron  fait  50,000 
têtes  d'épingle  dans  le  même  espace  de 
temps.  Le  cuivre  aussi  s'amincit  sous  le 
cylindre  d'une  machine  a  yapeur,  comme 
la  pâte  sous  la  brie  du  pâtissier,  et  donne 
ces  feuilles  de  cuivre  dont  on  revêt  les 
vaisseaux  de  guerre.  Il  parait  cependant 
que  l'activité  des  usines  a  décliné  depuis 
1825  à  l'égard  du  cuivre. 

Birmingham  a  l'avantage  de  plusieurs 
canaux  qui  y  portent  le  minerai  de  fer, 
le  charbon  et  d'autres  objets  de  consom- 
mation, et  en  transportent  les  marchan- 
dises aux  ports  de  Liverpool  et  de  Hull, 
d'où  elles  passent  à  toutes  les  parties  du 
globe. 

On  peut  juger  du  profprès  de  la  pros- 
périté inJustrielle  de  Birmingham  par 
l'accroissement  de  sa  population.  £n 
1801,  cette  ville  comptait  73,670  habi- 
tans;  20  ans  après  elle  en  avait  85,416, 
et  en  1831  elle  en  compta  118,914.  Jus- 
qu'à cette  même  année,  Birmingham  n'a- 
vait pas  eu  de  députés  dans  la  chambre 
des  Communes  ;  mais  depuis  la  réforma- 
tion du  Parlement,  cette  ville  y  envoie 
deux  représentans.  Les  communes  adja- 
centes d'£dgbaston ,  de  Bordsley ,  De- 
riteod  et  Poddeston  avec  Nechells,  par- 
ticipent au  droit  d'élection ,  ce  qui  fait 
monter  le  nombre  des  habitans  de  la  ville 
et  de  la  banlieue  ensemble,  à  142,251 , 
et  cekii  des  électeurs  dûment  enregistrés 
à  4,309.  D.  B. 

BIRON,  nom  appartenant  à  l'an- 
cienne  et  illustre  famille  française  de 
Goniauif  qui  a  fourni  des  hommes  re- 
marquables sous  plus  d'un  rapport. 

BiAON  [Armaml  de  Gortaut,  baron 
bb),  né  vers  1524,  fut  élevé  parmi  les 
pages  de  Marguerite,  reine  de  Navarre. 
Il  se  distingua  dans  les  guerres  du  Pié- 
mont et  fut  fait  gentilhomme  de  la  cham- 
bre du  roi.  Il  penchait  secrètement  pour 
les  huguenots,  et  cependant  il  prit  parti 


contre  em ,  Idra  des  guerres  de  rdigioQ  ; 
il  figura  aux  journées  de  Dreux  (  1562  ), 
de  Saint-Denis  (  1567)  et  de  Moncon- 
tour  (  1 569  ).  C'est  à  cette  dernière  épo- 
que qu'il  fut  nommé  grand-maître  de 
l'artillerie.  Il  fut,  avec  De  Me^me  ,  né- 
gociateur, pour  la  c«ur,de  la  paix  de 
Saint> Germain  (1570)  qui  fut  appelée 
boueuse  et  miU-assise,  parce  que  Biron 
était  boiteux,  et  que  De  Mesme  était 
seigneur  de  Malassise.  Dans  la  nuit  de 
la  Saint- Barthélémy ,  il  se  renferma 
dans  l'arsenal ,  d'où  il  repoussa  les  assas- 
sins. Lorsqu'il  fut  envoyé  par  Charles  IX 
à  La  Rochelle  pour  y  commander,  les 
habitans  refusèrent  de  le  recevoir  ;  il  fit 
vainement  le  siège  de  la  ville,  et  alla 
guerroyer  avec  plus  de  bonheur  en 
Guienne.  Henri  III  le  rappela  de  cette 
province  en  1 580  et  le  décora  de  l'or- 
dre du  Saint-Esprit  ;  il  avait  été  fait  ma- 
réchal de  France  en  1577.  Il  donna  d'in- 
utiles conseils  au  duc  d'Alençun  qu'il 
suivit  dans  les  Pays-Bas  en  1583.  Trois 
ans  après,  il  essaya,  sans  y  réussir,  d'em- 
pêcher la  journée  des  barricades  (vo/.).  A 
la  mort  de  Henri  III,  il  fut  un  des  pre- 
miers à  reconnaître  Henri  IV ,  et  lui  ren- 
dit un  grand  service  en  retenant  les  Suis- 
ses dans  son  armée.  A  la  journée  d'Ar- 
qués, au  premier  siège  de  Paris  (1589), 
à  la  bataille  d'Ivri  (1590),  il  se  distingua 
par  la  valeur  et  les  talens  que  tant  de 
fois  déjà  il  avait  déployés.  Il  eut  la  tête 
emportée  d'un  coup  de  canon  au  siège 
d'Épernay,  en  1592,  à  l'âge  de  68  ans. 
Aux  qualités  du  guerrier  il  joignait 
quelques  connaissances  littéraires.  Il 
portait  toujours  avec  lui  des  tablettes  où 
il  notait  tout  ce  qu'il  voyait  ou  entendait 
de  remarquable.  Elles  étaient  passées  ea 
proverbe  et  quelquefois  même  le  fou  du 
roi  jurait  par  elles.  Le  maréchal  de  Bi- 
ron fut  le  parrain  du  cardinal  de  Biche- 
lieu. 

Son  fils,  Bnioir  (Charles  de  GoirrAUTy 
duc  de),  né  en  1562,  se  fit  de  bonne 
heure  remarquer  par  une  entière  indif- 
férence  pour  Tune  et  l'autre  des  reli- 
gions qui  causaient  alors  des  guerres  si 
cruelles.  Il  montra  dès  sa  jeunesse  un 
goût  décidé  pour  les  armes,  et  fut  obligé 
de  s'éloigner  quelque  temps  de  la  cour  à. 
la  suite  d'un  duel  qui  eut  beaucoup  d'^ 


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BIH 


dat  Attaobé  à  Henri  IV  dès  raTéntment 
de  ce  prince,  il  devint  son  ami  et  son 
favori  et  obtint  un  avancement  très  ra- 
pide, qu'il  justifia  dans  tous  les  combats 
auxquels  il  assista,  par  ses  talens  et  son 
intrépidités  11  était  colonel  des  Suisses 
dès  Tage  de  14  ans;  il  fut  bientôt  maré- 
chal-de-camp ,  puis  lieutenant-général. 
£n  1592,  après  la  mort  de  son  père,  le 
roi  lui  donna  le  titre  d*amiral  de  France. 
Biron  était  d*un  caractère  bouillant , 
d'une  activité  effrénée,  brillant  à  la  cour 
et  sur  les  champs  de  bataille,  prodigue, 
magnifique,  sans  aucun  principe  de  mo- 
rale, vain,  léger,  opiniâtre,  présomp- 
tueui,  n'épargnant  pas  même  dans  ses 
propos  Henri  lY,  qui,  en  1594,  lui 
donna  le  titre  de  maréchal  de  France  en 
échange  de  celui  d'amiral  qu'il  rendit  à 
Villars.  En  1596,  il  fut  nommé  gouver- 
neur de  Bourgogne;  Henri  lui  sauva  la 
vie  au  combat  de  Fontaine-Française,  et, 
en  1598,  après  la  reprise  d'Amiens,  le 
fit  duc  et  pair.  «  Messieurs,  dit  le  roi 
aux  députés  du  parlement  qui  étaient  ve- 
nus le  complimenter,  voilà  le  maréchal 
de  Biron ,  que  je  présente  avec  un  égal 
succès  à  mes  amis  et  à  mes  ennemis.  » 

Mais  Biron  avait  toujours  besoin  d'ar- 
gent; il  s'irritait  de  ce  que  le  roi  n'épui- 
sait point  pour  lui  ses  trésors.  Il  devait 
bientôt  passer  du  mécontentement  au 
crime.  Beauvais  la  Nocle,  sieur  de  La- 
fin,  agent  secret  des  £spagnols,  qui, 
malgré  la  paix  de  Yervios,  cherchaient 
toujours  à  exciter  des  troubles  en  Fran- 
^^y  S^na  Biron,  et  celui-ci,  dans  une 
mission  dont  il  fut  chargé  par  le  roi  à 
Bruxelles,  promit  de  se  joindre  aux  re- 
belles que  l'Espagne  parviendrait  à  sou- 
lever en  France.  En  1599,  lors  du  voya- 
ge du  duc  de  Savoie  en  France,  Biron 
fit  un  traité  formel ,  contre  Henri  son 
bienfaiteur,  avec  ce  prince  et  avec  Foen- 
tès,  gouverneur  de  Milan.  Quoique,  dans 
la  guerre  de  1601 ,  il  combattit  franche- 
ment le  duc  de  Savoie,  ses  intrigues  ne 
purent  rester  cachées  au  roi,  qui  eut 
avec  lui  uue  explication  dans  le  cloître 
des  cordeliers  de  Lyon.  Biron  fit  des 
aveux ,  et  Henri  lui  pardonna.  Mais  le 
maréchal  continua  ses  menées:  le  roi  l'a- 
vertit encore  une  fois  et  l'envoya  comme 
ambassadeur  à  Londres  auprès  d'Élisa- 


(  553  )  BIS 

beth.  A  son  retour,  des  preuves  non 


équivoques  de  sa  trahison  furent  décou- 
vertes; Henri  IV  le  fit  venir  à  Fontaine- 
bleau et  essaya  inutilement  de  l'amener 
an  repentir.  Biron  fut  arrêté  au  milieu 
de  la  nuit,  en  sortant  de  la  chambre  du 
roi,  conduit  à  la  Bastille,  jugé  et  con- 
damné à  être  décapité;  cette  sentence 
fut  exécutée  dans  l'intérieur  de  la  Bas- 
tille, le  SI  juillet  1602.  Le  maréchal  de 
Biron  était  âgé  de  40  ans.  (Pour  plus  de 
détails  sur  ce  qui  le  concerne,  nous  ren- 
voyons aux  divers  historiens  de  France, 
et  surtout  à  M.  de  Lacretelle,  Histoire 
des  guerres  de  religion.) 

Le  petit-neveu  de  ce  maréchal  de  Bi- 
ron, CHAaLBS-AaMAifD,  né  en  1663, 
mort  en  1756,  fut  maréchal  de  France, 
ainsi  que  le  fils  de  celui-ci,  Loul9~Jn~ 
toine,  né  en  1701 ,  mort  en  1788.  Aa- 
M AND  -  Louis  DE  GoHTAUT  (  duc  de 
Biron),  né  en  1747, neveu  de  Louis-An- 
toine, fut  connu  jusqu'à  la  mort  de  son 
oncle,  dont  il  fut  l'héritier,  sous  le  nom 
de  duc  de  Lauzun  (voy,), 

Voy,  sur  la  famille  des  Biron,  V His- 
toire générale  du  P.  Anselme,  t.  VII,  p. 
296  et  suiv.  Quelques  autres  détails  se- 
ront placés  à  l'art.  Gontaut.     A.  S-a. 

BISCAYE,  vof.  Basques  (provin- 
ces). 

BISCAYE  (MEa  ou  baie  de),  partie 
du  grand  golfe  de  Gascogne,  n'est  qu'une 
sons-division  de  la  mer  qui  baigne  toute 
hi  côte  septentrionale  de  la  péninsule 
hispanique.  On  circonscrit  le  nom  de 
baie  de  Biscaye  à  la  partie  qui  longe  la 
côte  de  la  Biscaye  propre.  Cette  côte,  en 
général ,  est  rude  et  sauvage ,  mais  peu 
dentelée;  la  mer  n'a  point  d*iles  impor- 
tantes. Le  meilleur  port  est  Santander. 
La  mer  de  Biscaye  nourrit  des  sardines 
excellentes,  et,  comme  si  la  nature  se 
plaisait  à  semer  partout  des  contrastes , 
c'est  dans  cette  mer  que  s'est  opérée 
pour  la  première  fois  la  grande  pèche 
des  baleines.  Mais  aujourd'hui,  décimé 
par  l'activité  d'une  chasse  destructive, 
cet  énorme  cétacé  a  pris  pour  refuge  les 
régions  polaires,  malgré  l'exquise  saveur 
des  sardines  qu'il  consommait  par  mil- 
liers. Val.  p. 

BISCAYEN  y  adjectif  devenu  sub- 
stantif; on  nppclail  mousquet  biscajcn 


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3» 


(6&é) 


BIS 


PD  fntil  de  rempart*  Âiijoar4*}iQl  on  en* 
teiui,  sous  le  mol  de  blycayen,  un  petit 
boulet  de  icv  ou  balle  de  fer  batlu,  de 
divei*s  calibres,  dont  on  cliarjçe  les  ca- 
nons pour  lancer  ces  projectiles  à  U  dis- 
UDce  de  400  à  600  mètres. 

On  range  les  biscayeos  exactement 
par  couches  dans  les  boites  à  cartouches: 
on  met  an  fond  des  bottes  un  culot  de  fer 
battu  qui  donne  beaucoup  de  portée  aux 
biscayens,  parce  qu*il  leur  communique 
toute  Taction  de  la  charge,  qui>  sans  cela, 
s'échapperait  à  travers  les  balles  et  les 
ferait  écarter  davantage.  C-tk. 

AISCUIT,  espèce  de  pain,  sec,  cas- 
sant, te  ramollissant  et  s*enflant  à  Peau, 
c}ne  l'on  donne  aux  marins  pendant  les 
navigations.  Son  nom  semble  dire  que 
ce  pain  est  deux  fois  cuit  (bis  coetut)  : 
il  n'en  est  rien.  Le  bbcuil  est  cuit  deux 
fois  plus  long«temp5  que  le  pain  ordi- 
naire et  voilà  tout.  Cette  longue  cuisson 
M  pour  but  de  faire  rendre  au  biscuit 
toutes  les  parties  aqueuses  qu'il  lient  de 
la  fabricatitm.  La  farine  avec  laquelle 
on  feit  le  biscuit  est  épurée  à  3t>  pour 
JOO,  c'e^t-à-dire  que  100  livres  de  fro- 
ment sortant  de  dessous  la  meule  du 
mouHn  perdent  au  blutage  36  livres  de 
son  et  de  farine  grise.  Le  levain  de  bierre 
ne  s'emploie  jamais  dans  la  fabrication 
•lu  biscuit;  on  lui  préfère  le  levain  de 
pâte,  et  l'on  a  soin  de  choisir  uu  vieux 
levain.  Sa  pâte  est  plus  travaillée  que 
celle  du  ))ain  ordinaire;  on  lui  donne 
plusieurs  fa^ns.  C'est  une  opération  fort 
pénible  que  celle  du  pétrissagedu  biscuit: 
on  y  employait  autrefois  les  pieds,  après 
les  mains.  Quand  le  biscuit  sorti  du  four 
est  bien  refroidi,  on  le  met  dans  des 
soutes,  soigneusement  tenues  à  l'abri  de 
toute  humidité  et  généralement  construi* 
tes  près  des  fours;  là  ii  ressuie,  c'est-à- 
dire  qu'il  perd  tout  ce  qu'après  la  cuisson 
il  peut  avoir  conservé  de  principe  aqueux. 
U  reste  généralement  six  semaines  dans 
la  soute,  après  il  peut  être  embarqué. 
Après  un  an  de  caroiiagne,  le  biscuit  doit 
être  encore  bon  à  manger.  A  bord  des 
navires  on  l'enferme  dan:»  des  magasins 
on  soutes,  mises  autant  que  possible  à 
l'abri  de  Thuiiiidité.  Le  biscuit  ne  reçoit 
point  de  sel ,  parce  que  le  sel  lui  donne 
raît  une  disposition  fâcheuse  à  attirer 


rair  Mmi^  fl  se  oonl«etioMie  cb  gilet'- 
les  rondes  ou  carrées  d'environ  quinze 
lignes  d'épaisseur ,  et  de  boit  pouces 
de  largeur.  Chaque  homm^  consomme 
par  jour  18  onces  de  biscuit,  autant 
qu'on  le  peut  à  la  mer;  on  alterne  cette 
ration  avec  celle  de  pain  frais  qu'on  fa- 
brique quand  le  temps  et  la  provision 
d'eau  le  permettent  Entre  les  ports  de 
commerce,  celui  qui,  pour  le  biscuit 
des  officiers,  a  le  plus  de  réputation, 
c'est  Honfleur.  Son  biscuit  est  excellent, 
alTriolant  le  goût  par  les  yeux.  Quand  il 
est  tout  nouveau,  c'est  un  vrai  fé^L  Le 
célèbre  Parmentier  essaya  de  faire  du 
bbcuit  de  pomme  4e  terre,  U  réussit  par- 
faitement; ce  serait  une  bonne  ressonrce 
si  le  froment  venait  à  manquer,  quand  la 
récolte  des  pommes  de  terre  serait  abon- 
dante. On  n'a  jamais  été  oontratot  d'y 
avoir  recours,  depuis  1781  que  le  biscuit 
de  Parmentier  a  été  soumis  aux  épreuves 
d'une  longue  campagne.  A.  J-l. 

mSE,  voj.  VEirrs. 

BISEAUTÉES  (cAaTSs),  nom  dé- 
rivé de  biseau  y  terme  d'architecture  et 
de  pratique  :  tailler  en  biseau  c'est  cou- 
per en  talus  ou  former  un  angle.  Plusieurs 
procès  «  dans  lesqueb  des  noms  célèbres 
ont  été  compromis ,  ont  fait  parler  dana 
la  bonne  com|iagfiiedes  cartes  biseaptéea 
et  des  autres  moyens  par  lesquels  des 
joueurs  peu  délicats  r^larisent  à  leur 
profit  les  chances  Incertaines  du  hasard. 
Pour  avoir  à  propos  des  rois  à  l'écarté  ou 
des  brelans  à  la  bouillotte,  il  faut  savoir 
où  sont  les  cartes,  afin  de  les  prendre  et  de 
ne  pas  les  laisser  à  l'adversaire.  Pour  cela 
les  filous  bisautenl  le  jeu ,  c'est-à-dire 
qu'ils  retranchent  de  chaque  c^é  de  la 
carte  une  bandelette  aiguë ,  un  triangle 
extrêmement  allongé,  de  façon  que  la 
base  soit  en  bas  d'un  côté  et  en  haot  de 
l'autre  :  on  laisse  d'ailleurs  dans  son  en- 
tier le  reste  du  jeu.  Cette  supercherie  , 
usitée  par  les  escamoteurs  qui  font  des 
tours  de  cartes,  permet  de  sentir  dans  le 
jeu  des  inégalité ,  indicatives  pour  edui 
qui  est  prévenu  et  trop  légère  pour 
rhomme  de  bonne  foi.  Si  l'on  ajoute  à 
cela  le  saut  de  ta  coupe  et  les  autres  tours 
du  métier,  le  bonheur  est  invariablement, 
fixé ,  et  le  joueur  ne  perd  que  quand  U 
veut  et  pour  piquer  au  jeu  sa  dupe. 


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p» 


(iss) 


BIS 


M»is  les  cartes  Uaesntées  9ûQt  facile- 
meol  recoonues^n  cas  de  soupçon,  cl  de 
plua  il  faut  pouvoir  les  siibsliluer  à  celles 
qui  sont  sur  la  lable  ;  aussi  les  escrocs  du 
grand  monde  9i\9\enKAh  trouvé  une  au- 
tre ressource  pçur  gagner  constamment. 
Sans  avoir  besoin  de  préparer  le  jeu  ^  ils 
nelèvent  les  cartes  la  face  en  Tair  et  là  9 
en  un  tour  de  main  et  sans  avoir  Tair  d*y 
faire  atleoUcii»  ils  disposent  les  couleurs 
de  manière  à  ce  que  tous  ks  atous  se 
trouyen(  dans  leurs  mains  ou  dans  le 
talon. 

La  connaissance  de  ces  faits  a  eu  IV 
Tantagc  de  modérer  un  peu  la  passion  du 
jeu  (|uf  avait  epvahi  la  société,  et  d'appe- 
ler Vatt^ntioD  sur  certaines  gens  qu'on 
voyait  jopier  avec  un  bonheur  non  inier- 
romptu  F.  R. 

BI^WOPycLu  mot  hishop,  évéque. 
Celte  boisson ,  digue ,  disait-on ,  d'être 
présentée  aux  princes  de  Téglise  anglî- 
/cane,  est  uoe  espèce  «le  punch  composé 
de  viu  rouge  qu'on  fait  bouillir  avec 
4e  r^corce  d'orange  et  auquel  on  ajoute 
du  sucre  et  du  jus  d'oranges  douces.  On 
le  prépare  eztemporanémeot  avec  une 
^meill^  de  vin  roiige ,  deuiL  onces  de  si- 
rop /d'oranges  <hi  de  limons,  et  une  once 
4e  teinture  d'écorces  d'oranges* 

CeUe  boisson  est  M^n  copinue  eu  An- 
gleterre ,  en  Hollapde  et  en  Allemagne  ; 
dans  ce  dernier  pays  on  en  fait  d'autres 
appelées  cardinal  et  paf^,        •  F.  R. 

9IHJIIUT0.  Le  bismuth  est  un  métal 
qui  a  été  pendant  long**temps  connu  sous 
le  nopi  à'cêéiinflp  giff^e,  nom  qui  indi- 
que l'usage  auquel  on  l'employait  autre- 
fois. Qn  lui  préfère  aujourd'hui  l'amal- 
gaoAe  d'étain. 

Le  bUmuth  comp^  parmi  le  petit  nom- 
bre de  substances  métMliqnes  que  l'on 
rencontre  dans  la  oiaiu*e  à  l'état  natif. 
La  Saxe,  la  Bohême,  nous  en  présentent 
des  gisemeqs.  Il  renferme  presque  tou* 
joiura  un  pe»  d'argent.  On  le  trouve  aussi 
ooDpbiiyé  avec  |e  soufre  et  plus  laremeot 
^vec  l'oxigène. 

Ce  métal  entre  si  facilement  en  fusion 
qu'on  se  contentait  autrefois,  pour  le  sé- 
parer de  sa  gangue,  de  renferma*  le  mi- 
serai dans  un  arbre  creusé  à  l'intérieur 
et  de  le  mélanger  avec  des  morceaux  de 
t>ois  auxquels  on  mettaîi  le  feu.  Pendant 


la  combustion  le  métal  coWnît  dans  .une 
fosse  pratiquée  pour  le  recevoir.  Aujour- 
d'hui on  iem|)lnc«  cet  appareil  grossier 
par  des  tuyaux  en  fonte  que  l'on  cliauffe 
convenablement  et  dont  l'extrémité  com- 
muni(juc  avec  un  réservoir  également  en 
fonte.  On  a  aussi  recours  aux  fourneaux 
à  réverbère.  Les  creusets  que  l'on  y  intro- 
duit sont  percés  à  leur  lond,  et  le  métal 
qui  en  découle  se  rend  dans  un  bassin  de 
réception  disposé  convenablement. 

Le  bismutb  se  rapproche  de  Tanti- 
moine  par  son  éclat;  mais  îl  en  diffère 
par  sa  teinte  rosée  et  non  bleuâtre.  Sa 
pesanteur  spécifique  est  de  9,8;  il  fond  à 
247^  et  peut  être  coulé  dans  des  cornets 
de  papier  sai^s  les  brûler.  Si  en  le  laisse 
refroidir  dans  un  creuset,  qu'en  perce 
la  pellicule  qui  recouvre  la  surface  au 
moment  où  elle  vient  de  se  figer ,  et  que 
l'on  décante  le  métal  encore  liquide ,  on 
trouve  une  multitude  de  cristaux  cubi- 
ques, qui  deviennent  irisés  au  contact  de 
l'air,  et  qui  ressemblent,  pour  la  forme, 
à  ceux  qui  prennent  naissance  au  milieu 
d'une  dissolution  concentrée  de  sel  mar 
rln. 

Les  alliages  de  plomb,  de  bismuth  et 
d'étain ,  sont  très  fusibles.  Le  plus  re- 
marquable est  celui  de  d'Arcet,  qui  fond 
avant  la  température  de  l'eau  bouillante. 
On  se  sert  de  ces  alliages  pour  laire  des 
soupapes  de  sûreté  pour  les  machines  à 
vapeur. 

Les  sels  de  bismuth  sont  ordinaire- 
ment précipités  par  l'eau.  Unaous-sel  in- 
soluble se  forme  et  un  sd  acide  reste 
dans  la  liqueur.  C'est  ainsi  que  l'on  pré- 
pare le  sous^nitrate  {le  bismuth  ou  blanc 
de  Jard,  Il  présente  l'inconvénient  de 
noircir  dans  une  atmosphère  mêlée  d'hy- 
drogène sulfuré. 

Le  bismuth  n'a  pas  d'autres  emplois  ; 
aussi,  quoiqu'il  soit  assez  rare  dans  la 
nature,  son  prix  est- il  peu  élevé. 

On  reconnaît  ce  métal  à  ce  qnt  ses 
dissolutions  dans  les  acides  précipitent 
en  blanc  par  les  alcalis  et  les  carbonates 
alcalins,  en  noir  par  l'hydrogène  sulfuré. 
En  Induisant  son  oxide  par  le  charbon, 
on  le  distingue  du  plomb  paroe  qu'il 
est  cassant,  et  de  l'antimoine  parce  qu'il 
se  dissout  facilement  dans  l'acide  nitri- 
que, p.  A. 


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BIS 


(AS6) 


BIS 


BISON,  quadrupède  maiiiiiiiCer«  du 

genre  bœuf  (voj).  Souvent  on  a  confon- 
du sous  ce  nom  deux  espèces  distinguées 
par  les  naturalistes  modernes.  L*une, 
nommée  quelquefois  bison  de  Lithuanie, 
est  maintenant  décrite  sous  celui  d*â</- 
rocks  {voy.  Boeuf);  Tantre,  désignée 
soua  le  nom  Aebisond* Amérique^  retient 
aujourd'hui  le  nom  de  bison. 

D'une  taille  intermédiaire  entre  le 
bœuf  et  l'aurochs  qui  est  le  plus  grand 
quadrupède  de  TEurope,  le  bison,  qui 
habite  en  troupeaux  nombreux  les  prai- 
ries humides  de  l'Amérique  septentrio- 
nale, se  fait  remarquer  par  la  crinière 
épaisse,  laineuse  et  touffue  dont  son  cou 
est  garni.  Une  bosse  graisseuse,  d'une  di- 
mension variable  selon  les  individus,  s'é- 
lève sur  ses  épaules  et  contribue  à  ren- 
dre son  train  de  devant  singulièrement 
plus  développé  que  celui  de  derrière,  qui 
est  efflanqué  et  revêtu  d'un  poil  court, 
surtout  pendant  la  saison  chaude,  car  il 
paraît  qu'en  hiver  il  devient  plus  long. 
Il  est  généralement  d'une  couleur  rouille 
foncée ,  surtout  à  La  crinière  où  il  est 
presque  noir.  Son  menton  est  bizarre- 
ment décoré  d'une  barbe  assez  longue. 
Les  cornes  du  bison  sont  très  distantes 
à  leur  base;  elles  sont  courtes,  arrondies, 
noires  et  susceptibles  d'un  très  beau  po- 
li. Sa  queue,  peu  longue,  se  termine  par 
un  bouquet  de  poil. 

Le  bison,  naturellement  farouche, 
s'apprivoise  aisément  s'il  est  pris  jeune. 
Aussi,  comme  sa  force  surpasse  celle  du 
bœuf,  y  aurait-il  avantage  à  chercher  à 
l'acclimater  en  Europe  ou  à  l'utiliser  au 
moins  par  le  croisement  avec  nos  tau- 
reaux ou  nos  vaches,  qui  s'opère  aisé- 
ment et  produit  des  métis  féconds.  Dans 
son  état  sauvage  actuel,  le  bison  est  chassé 
pour  sa  peau  qui  donne  un  bon  cuir;  sa 
langue  et  sa  bo«se  sont  un  manger  déli- 
cat. B.  B. 

BISQUE.  Dans  l'art  culinaire  on 
nomme  ainsi ,  de  bis  coctus  (  deux  fois 
cuit  ),  une  espèce  de  purée  dans  laquelle 
il  entre  des  coulis  d'écrevisse  et  du  riz, 
et  qui  se  sert  en  guise  de  potage  au  com- 
mencement d'un  repas.  Il  y  en  a  de  gras 
et  de  maigres;  quelquefois  on  remplace 
les  écrevisses  par  une  purée  de  gibier. 
La  bisque  à  la  reine  se  fait  avec  d^ 


jeunes  poulets  dont  on  pile  le  blanc  avec 
du  riz.  C'est  un  mets  fort  recherché  et 
qui  demande  de  grands  soins  de  la  part 
du  cuisinier;  il  ne  peut  être  bon  qu'au- 
tant qu'il  a  été  parfaitement  réduit  au 
feu.  La  bisque  est  essentiellement  nutri- 
tive et  restaurante;  ce  n'est  pas  un  ragoût 
de  prolétaire  :  on  le  voit  par  ces  vers  en. 
Lutrin  : 

Qa*est  derena  ce  teût  dont  U  eoaleiir  fleurie 
Semblait  d'ortoUiu  moU  et  de  bisqoe  noorrie. 

D.  A.  D. 

BISSEXTILE  y  voy.  AN!rtE(2"»* 
art.  tom.  I,  pag.  788). 

BISSON  (Henki)  naquit  à  Gaéméné 
(Morbihan)  en  1796,  acheva,  en  18 15, 
à  Técole  de  Brest,  ses  études  prépara- 
toires, et,  après  avoir  parcouru  en  qua- 
lité d'élève  de  première  classe  les  mers 
de  l'Inde  et  visité  les  côtes  d'Afrique  et 
d'Asie,  il  obtint,  en  1830,  le  brevet  d'en- 
seigne de  vaisseau. 

Son  histoire  est  celle  d'un  jour;  on 
ne  connaît  de  lui  que  le  dévouement  hé- 
roïque qui  a  appris  en  même  temps  à  la 
France  et  son  existence  et  sa  mort.  Vers 
la  fin  de  la  lutte  des  Grecs  contre  la  Tur- 
quie, en  1827,  les  mers  du  Levant  étaient 
infectées  de  pirates  tolérés  par  le  non* 
veau  gouvernement  établi  à  Égîne,  et 
qui,  certains  de  l'impunité,  rançonnaient 
les  vaisseaux  de  toutes  les  nations,  amies 
ou  ennemies.  Les  amiraux  français  et  an* 
glais  adressèrent  vainement  d'énergiques 
représentations  au  gouvernement  de  la 
Grèce  :  elles  furent  accueillies,  mais  sans 
produire  d'effet  Alors  ils  résolurent  de 
donner  eux-mêmes  la  chasse  aux  for- 
bans. C'est  à  la  suite  d'une  expédition 
de  ce  genre  que  la  corvette  française  la 
Lamproie  conduisit  à  Alexandrie  le 
brick  grec  le  Panayotij  qu'elle  avait 
pris  sur  les  c6tea  de  Syrie,  et  qui  portait 
66  hommes  d'équipage.  Là,  les  prison- 
niers furent  mis  à  bord  de  la  frégate  ia 
Magicienne  qui  partait  pour  Smyrne,  et 
qui  fit  voile  avec  la  prise  grecque,  sur  la- 
quelle fut  envoyé  l'enseigne  Bisaon  avec 
1 5  hommes  d'équipage  et  6  Grecs  qui  y 
avaient  été  laissés  ;  mais  un  coup  de  vent 
sépara  les  deux  bâtimens  dans  la  nuit  du 
4  novembre  1827,  et  le  Panayoti  fut 
forcé  de  relâcher  à  l'Ile  de  Stampalie. 
Deux  des  prisonniers  confiés  a  Bisson 


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BIS 

éuiept  parvenus  à  s'échapper ,  et  cette 
circoDStance  lui  avait  lait  concevoir  quel- 
ques craintes;  aussi  avait-il  pris  d'avance 
ses  mesures ,  dans  l'attente  d'un  événe- 
ment qui,  en  effet,  ne  tarda  pas  à  se 
présenter:  «  Camarade,  avait-il  dit  au 
pilote  TaiMEiiTiif ,  jurons  que  celui  des 
deux  qui  survivra  à  l'autre  mettra  le 
feu  aux  poudres  plutôt  que  d'abandon- 
ner le  dépôt  sacré  qui  nous  a  été  confié.» 
Et  le  serment  avait  été  prononcé.  Mais 
laissons  parler  le  ministre  de  la  marine 
qui  vint  quelques  mois  après  demander 
à  la  tribune  le  prix  de  cette  belle  action; 
«  A  10  heures  du  soir,  deux  grands  mis- 
ticks  attaquent  avec  furie  le  brick  :  il  est 
abordé  par  l'avant;  15  hommes  luttent 
avecuneadmirable  intrépidité  contrel  30; 
le  nombre  seul  peut  l'emporter;  9  Fran- 
çais tombent;  le  pont  est  envahi  ;  Bisson, 
blessé,  couvert  de  sang,  s'échappe  de  la 
mêlée  ;  il  n'a  que  le  temps  de  dire  à  ses 
amis:  Sauvez-vous  Jetez-vous  à  la  mer! 
Puis,  se  tournant  vers  Trémentin,  il  ajou- 
te :  Adieuy  pilote^  voilà  le  moment  d'en 
finirl  Aussitôt  Bisson  se  précipite  dans 
la  chambre,  oà  d'avance  il  a  tout  disposé; 
il  prend  la  mèche,  il  met  le  feu  aux  pou- 
dres :  le  navire  saute,  le  sacrifice  de  l'hon- 
neur et  du  patriotisme  est  consommé,  un 
noble  cœur  a  cessé  de  batlre,et  la  France 
compte  un  héros  de  plus.  »  C'est  à  la 
suite  du  rapport  que  nous  venons  de  ci- 
ter qu'une  loi,  votée  par  les  deux  Cham- 
bres, donna  1,500  fr.  de  pension  à  la 
sœur  de  Bisson ,  à  titre  de  récompense 
nationale.  Le  roi  ordonna,  en  outre ,  l'é- 
rection à  Lorient  d'un  monument  des- 
tiné à  perpétuer  le  souvenir  de  son  action 
héroïque.  Le  pilote  Trémentin,  qui  avait 
eu  assez  de  bonheur  pour  gagner  je  ri- 
vage, ainsi  que  quatre  matelots  français, 
reçut  La  croix  de  la  Légion  -  d'Hon- 
neur et  le  grade  d'enseigne  de  vais- 
seau, et  ses  compagnons  ne  furent  pas 
oubliés.  D.  A.  D. 

BISTOURI,  nom  par  lequel  on  dé- 
signe un  petit  couteau  à  l'usage  des  chi- 
rurgiens. On  le  fait  dériver  de  Pistori 
[pistoriensis  gladius)^  nom  d'une  ville 
ou  était  une  fabrique  estimée  de  ces  ins- 
truroens.  La  forme  des  bistouris  est  varia- 
ble suivant  l'usage  auquel  on  les  destine, 
e(  l'on  a  même  étendu  cette  dénomination 


(  567  )  BIS      '  . 

à  des  instrumens  compliqués  et  qui  s'é- , 
loigiient  beaucoup  de  celle  du  simple  bis- 
touri. Une  lame  montée  à  charnière  sur 
un  manche  tantôt  semblable  à  celui  des 
rasoirs,  tantôt  garni,  à  la  façon  des  cou- 
teaux de  poche,  d'une  pièce  destinée  à 
rendre  le  tout  Rxe^  tel  est  le  couteau 
chirurgical;  et  cette  lame  peut  être  ai- 
guë et  droite,  ou  bien  courte,  et  tran- 
chante sur  sa  convexité  ou  sa  concavité. 
On  en  voit  de  carrées,et  quelques-unes  ont 
un  double  tranchant,  tandis  que  d'autres 
ne  coupent  que  dans  une  petite  partie 
de  leur  étendue.  D'autres,  enfin,  desti- 
nées à  agir  sur  des  parties  profondément 
situées,  sont  terminées  par  un  bouton 
mousse.  On  appelle  bistouri  caché  une 
lame  renfermée  entre  deux  chas,  et  qui, 
pressée  par  un  ressort,  fait  une  saillie 
d'une  longueur  déterminée ,  et  rentre 
après  dans  sa  retraite. 

Lesbistouris  sont  faits  d'acier  trempé, 
et  doivent  avoir  un  tranchant  très  fin  pour 
épargner  autant  que  possible  aux  mala- 
des les  douleurs  que  produit  un  instru- 
ment mal  acéré.  Ils  ont  besoin  d'être  te- 
nus avec  une  extrême  propreté  pour  ne 
pas  devenir  le  véhicule  de  maladies  con- 
tagieuses. 

De  tous  les  instrumens  de  chirurgie, 
le  bistouri  est  peut-être  le  plus  usité;  il 
est  à  peine  nécessaire  de  dire  qu'il  sert 
à  diviser  les  parties  molles.  Il  peut  suf- 
fire pour  pratiquer  un  grand  nombre 
d'opérations;  quelques  maîtres  de  l'art 
le  préfèrent  à  beaucoup  d'appareils  plus 
compliqués,  et  la  dextérité  et  la  certi- 
tude avec  lesquelles  ils  le  manient  font 
pencher  vers  leur  opinion.  F.  R. 

BISTOURNAGE,  voy.  Casteation. 

BISTRE.  Le  bistre  est  cette  couleur 
brune  et  un  peu  jaunâtre,  formée  de  suîe 
détrempée,  ou  tirée  seulement  des  égout- 
tures  des  tuyaux  de  poêles,  dont  les  ar- 
tistes se  servent  pour  dessiner  et  laver 
sur  le  papier.  On  fait  avec  le  tabac  une 
couleur  à  peu  près  semblable  au  bistre, 
et  qui  a  sur  lui  quelques  avantages. 
Quelquefois  on  s'est  servi  pour  le  même 
objet  du  jus  de  réglisse  noir.  Les  pein- 
tres anciens  ont  fréquemment  employé 
le  bistre  pour  exprimer  les  premiè- 
res pensées  de  leurs  tableaux;  aussi  la 
gravure  s'est-elle  appliquée ,  et  avec  suc- 


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BIT 


(&58) 


Bit 


cèiy  à  reproduire  leurs  dessins  ainsi  co- 
loréi.  L.  C.  S. 

BITAUBÉ  (PAUL-JÉHéMiE),  né  en 
17S2,  à  Kœniçïsberg,  en  Pi*u>se,  appar- 
tenait à  Tune  de  ces  t'amilles  |in>l*^laiiles 
que  rintotérance  de  Louis  X.1V  obligea 
de  quitter  leur  patrie  ;  mais ,  toujours 
Français  par  le  cœur  et  les  afTections, 
ce  fut  dans  notre  langue  que  Bitaubé 
publia  ses  premiers  essais;  c*est  en 
France  qu^il  vînt  fixer  son  séjour,  dès 
qu*il  lui  fut  possible  d'exécuter  ce  projet 

Une  traduction  libre  de  Tlliade,  pu- 
bliée à  Berlin  en  17G2,  attira  sur  le 
jeune  auteur  les  regards  de  Frédéric. 
Voulant  en  même  temps  récompenser 
son  talent  et  Taltacher  à  la  Prusse,  ce 
roi  littérateur  le  nomma  membre  de  son 
académie  ,  et  ajouta  une  pension  au  trai- 
tement attaché  à  cette  place.  Bitaubé 
sollicita  une  faveur  plus  précieuse  encore 
pour  lui,  et  Frédéric  lui  permit  d'aller 
passer  plusieurs  années  à  Paris ,  afin  d'y 
perfectionner  son  ouvrage. 

II  y  fil  paraître,  en  1764,  sa  traduc- 
tion complète  de  l'Iliade,  et  le  succès 
qu'elle  obtint  ne  l'empêcha  pas  d*y  ap- 
porter encore  pendant  plusieurs  années 
d'utiles  améliorations  que  firent  con- 
naître des  éditions  successives.  Ce  fut 
seulement  en  1785  qu'il  y  joignit  la  tra- 
duction de  rOdyssée ,  à  laquelle  il  avait 
aussi  consacré  beaucoup  de  temps  et  de 
soins.  Homère,  dont  on  n'avait  encore 
en  français  que  la  traduction  deM^'^'Da- 
cier,  eut  enfin  un  interprèle  un  peu  plus 
digne  de  lui. 

Dès  ses  plus  tendres  années  Bitaubé 
avait  partagé  son  admiration  entre  les 
beautés  de  la  Bible  et  celles  d'Homère; 
l'épisode  SI  ioiichaini  de  Jôsep/t  lui  ins- 
pira un  poème  en  prose  qui  ne  fut  pas 
moins  bien  accueilli  que  ses  traductions 
et  qui  eut  des  éditions  nombreuses. 

La  résolution  de  89  vint  rendre  à  Bi- 
taubé ses  droits  de  cité.  Il  redevint  Fran- 
çais avec  bonheur,  en  voyailt  la  nation 
qui  le  rappelait  dans  son  sein  proclamer 
en  même  temps  des  principes  de  tolé- 
rance, de  sage  liberté,  de  respect  aux  lois, 
qui  depuis  lon«;-temps  étaient  les  siens. 
Son  poème  GulUauine  de  Nassau  ou  les 
BaUives,  peinture  énergique  et  animée 
de  rélaa  patriotique  qui  affranchit  la 


Hollande,  fut  won  tribut  au  nonrel  ordre 
de  choses  ;  mais  bientôt  les  orages  politi- 
ques,des  passions  révolutionnaires  mena- 
cèrent les  jours  de  Bitaubé,  comme  ceux 
de  tant  d'autres  hommes  venuen  t.  Ami  de 
Brissot  et  de  Roland,  comme  fl  Tàvait  été 
autrefois  de  Thomas  et  de  Ddcfs,  il  de- 
vait être  suspect  aux  décemvirs  de  93; 
aussi  fut-il  jeté  dans  lent^  cachots  sur 
un  mandat  d'arrêt  qui  poriaK  entre  au- 
tres causes  :  «  Ancîeh  membre  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres.» 
Rendu  à  la  liberté  après  le  9  thermidor, 
avec  une  épouse  qui  avaît  partagé  et 
adouci  sa  captivité,  Bitaubé  se  troura 
encore  dans  une  position  très  Hlcheuse; 
mais  la  paix  signée  avec  Frédéric  Guil- 
laume, la  nomination  du  traducteur 
d'Homère  à  la  8«  classe  de  Tlnstitut, 
vinrent  enfin  lui  rendre  dès  jours  plus 
heureux.  Plus  tard  Napoléon  le  nomma 
membre  de  la  Légion-d'Honneur  et  lui 
accorda  une  pension.  Une  éditiari  com- 
plète de  ses  œuvres,  en  9  vol.  în-8**,  pu- 
bliée en  1807,  acheva  de  lui  assurer  une 
aisance  conquise  par  des  travaux  estima- 
bles. Mais  bientôt  après  la  perte  de  sa 
compagne,  dont  les  qualités  et  là  ten- 
dresse étaient  devenues  en  quelque  sorte 
une  partie  de  son  existence,  mina  sa  santé. 
Il  mourut  en  1808. 

Sa  carrière  littérale  s*était  terminée, 
en  1802,  par  la  publication  d* Hermann 
et  Dorothée,  imitation  pâle  et  décolo- 
rée du  poème  de  Goethe.  M.  O. 

BITCHB  ou  BiTSCHC,  petite  ville 
dont  l'ancien  nom  est  Kaltenhausen , 
située  sur  le  ruisseau  de  Horde  (Moselle), 
ayant  aujourd'hui  une  population  d'en- 
viron 3,000  individus,  et  dominée  par 
un  château  dont  l'origine  se  cache  dans 
la  nuit  des  temps.  Ce  château  avait  déjà 
beaucoup  d'importance  au  xi*  siècle,  et 
formait  le  ch«-f-lieu  d'un  comté  qui  fut 
tantôt  indépendant,  tantôt  réuni  aux  do- 
maines des  princes  de  Deux-Ponts,  de 
Lorraine  ou  d'Alsace.  Dahs  les  guerres 
entre  l'Allemai^ne  et  la  France,  le  châ- 
teau de  Bitche  souliiit  plusieurs  siégra; 
celui  de  1793  occupe  Une  page  glorieuse 
dans  les  annales  contemporaines:  la  pos- 
térité n'apprendra  jamais  sans  en  être 
émue  le  trait  de  ce  généreux  citoyen  qui 
mit  le  feti  à  $a  mal^o  pour  éclairer  \m 


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BIT 


détboMun  d«  U  plac«  dont  rennemi 
franchissait  les  barrières.  Le  château , 
élevé  à  203  toises  au-dessus  du  diveau  de 
la  mer 9  est  considéré  comme  imprena- 
ble. K  A.  B. 

BITHTIIIE,  pays  de  T Asie-Mineure, 
entre  la  Mysie,  la  Phrygie,  U  Galalie,  la 
Paphiagonie,  îePont-Euxin  ella  Pi-opon- 
tide.  Un  mont  Olympe,  non  moins  célè- 
bie  que  celui  de  la  Grèce  et  plus  élevé, 
en  occupait  nne  partie  à  Touest.  La  Pro- 
pontide  y  formait  denx  golfes  qui,  du  nom 
des  villes  placées  à  leur  pointe,  s'appe- 
laient golie  de  Nicomédie  et  golfe  de 
Cionte.  Un  peu  plus  à  Test,  au  bord  du  lac 
de  Nicée,  était  Nlcée,oiise  tint  en  825  le 
premier  concile  œcuménique.  Le  San- 
garide  (aujourd'hui  Sakaria)  était  le  fleuve 
principal  :  il  courait  des  monts  phrygiens 
à  la  mer,  en  coupant  le  pays  par  moitiés 
à  peu  près  égales.  Aux  8  villes  déjà  nom- 
mées doivent  s'ajouter  P^use  (Brousse), 
capitale  do  m*  au  i**^  siècle  avant  J.-C, 
Cbalcédoine,  au  fameux  concile  de  457, 
Honoriade;  Bithynium  ou  Claudiopolis, 
Héraclée,  république  grecque  indépen- 
dante des  rois  bithyniens  et  célèbre  par 
•on  commerce,  enfin  Thim,  sa  succtir- 
sale. 

L'histoire  de  la  Bithynie  est  peu  con- 
nue. Arrien  en  avait  composé  une  que 
nous  avons  perdue.  Apollodore  parle  de 
49  rois  qui  occupèrent  le  trône  avant 
l'invasion  romaine;  mais  les  rioms  de  peu 
de  ces  rois  ont  été  sauvés  de  l'oubli. 

La  Bithynie  venait  de  secouer  le  joug 
des  Macédoniens  lorsque  Nicomède  I^*" 
(281-250),  pour  succédera  Zypète  son 
père,  massacra  deux  de  ses  (Vères,  appela 
les  Gaulois  ou  Galates  en  Asie-Mineure, 
et  bâtit  Nicomédie.  Gendre  de  Philippe 
de  Macédoine,  Prusias,  fils  de  Nicomède, 
loi  promit  des  secours  contre  les  Ro- 
mains et  re^ut  Annibal  à  sn  cour.  Son 
fib  Prusias  II  (192- 148)  fit  alliance  avec 
Antiochus-le-Grand  contre  les  Romains, 
pois  se  déclara  neutre,  vainquit  Eumène, 
roi  de  Pergame,  à  l'aide  d' Annibal,  et  finit 
parlivrerl'illustrefu;;itifâFlaminiiis,mais 
n'en  fut  pas  moins  obligé  de  rendre  à  Eu- 
mène, et  plus  tard  au  roi  Attale  II  qu'il 
avait  aussi  battu,  toutes  ses  conquêtes.  Il 
parut  à  Rome  la  tête  rasée,  aux  pieds  la 
dlnusared^UlafIhulclli,  et  dit  aux  se- 


(  559  )  Brr 

natenrs  :  «  Dieux,  voici  votre  esclare!  » 
Nicomède  II,  son  fils,  le  tua;  son  longrè> 
gfte  de  53  ans  (148-90)  fut  troublé  par 
des  (|uerellps  avec  Milhridate-le-Grand, 
son  beau-li  ère.  Nicomède,  dernier  roi  de 
Billiynic,  était  sou  fils.  Celui-ci  fit  d'à* 
bord  cause  commune  avec  Mithridate 
son  oncle  ;  puis,  ayant  conquis  la  Paphla«> 
gnnieet  jeté  les  yeux  sur  la  Cappadoce, 
il  eut  à  combattre  cet  oncle  célèbre,  fut 
vaincu,  choisit  pour  asile  U  Paphiagonie, 
se  vit  rétabli  par  Mithridate  même,  puis 
mourut,  léguant  son  royaume  au  peuple 
romain.  C'était  sans  doute  la  condition 
imposée  par  Syila.  Sous  Constantin  et 
ses  successeurs,  la  Bithynie,  comprise 
presque  tout  entière  dans  le  diocèse  de 
Pont,  forma  deux  divisions  :  la  Bithynie, 
à  l'ouest  du  Sangaride,  l'Honoriade,  à 
l'est;  une  très  petite  portion  appartint 
au  diocèse  d'Asie.  Au  xi^  siècle  les  Seld- 
joukides  comprirent  tous  ces  pays  dans 
leur  conquête.  Enfin  les  Othomans  s'en 
emparèrent,  et  en  1827  Brousse  devint 
la  capitale  de  leur  empire  à  la  place  de 
Koniah.  Val.  P. 

BITON,  vor-  CLioBis. 


,  VOf. 

BITUME,  substance  minérale  com- 
bustible que  l'on  serait  tenté  de  regar- 
der comme  étant  d'origine  végétale,  à  en 
juger  par  la  quantité  de  carbone  qui 
entre  dans  sa  composition.  Son  principal 
caractère  est  de  répandre  pendant  sa  com- 
bustion, qui  est  toujours  accompagnée 
d'une  flamme  peu  brillante  et  d'une  fu- 
mée épaisse,  une  odeur  particnlière  que 
l'on  désigne  pour  cela  sous  le  nom  de  bi- 
turnineuse. 

Cependant,  à  t'aide  d*autres  caractère  s, 
on  a  été  conduit  à  distinguer  plusieurè 
eshèces  de  bitume,  que  nous  allous  exa- 
miner. 

Le  naphte  est  une  matière  liquide  à 
la  température  brdinaii-e,  d'une  couleur 
jaunâtre,  extrêmement  inflammable,  ré- 
pandant une  forte  odeur  de  goudron,  et 
sohible  en  tonte  proportion  dans  Talcool. 

Le  pâtrote  est  un  bitume  li-|uide  et 
huileux, decouteur  noirâtre  pinson  moins 
foncée;  îl  donne  du  naplitc  à  une  distil- 
lation douce  et  lainse  pour  résidu  une 
matière  grasse,  épaisse,  vi^quiMise  qui 
prend  de  la  consistance  lorsqu'elle  à  été 
exposée  à  Tair. 


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BIT  (  560  ) 

Le  naphte  et  le  pétrole  sont  toujours 
uois  dans  la  ualure.  Ils  accompagnent  le 
gaz  hydrogène  oarboné  qui  se  dégage  ée 
Tintérieur  de  la  terre  dans  certaines  lo- 
calités; dans  les  environs  de  Bakou  (vojr.) 
sur  les  bords  occidentaux  de  la  mer  Cas- 
pienne, il  suffit  de  creuser  un  puils  de 
8  à  10  pieds  de  profondeur  pour  que  le 
mélange  de  naphte  et  de  pétrole  s'y  ras- 
semble en  grande  quantité;  on  en  extrait 
aussi  près  d'Amiano  dans  le  duché  de 
Parme,  et  sur  la  pente  des  Apennins  dans 
celui  de  Modène,  ainsi  qu'en  France  aux 
environs  de  Pézenas,  dans  le  département 
de  l'Hérault. 

Partout  ou  le  naphte  est  abondant  il 
est  employé  pour  l'éclairage,  comme  l'hy- 
drogène carboné.  Celui  que  l'on  extrait 
à  Gabian,  dans  les  environs  de  Pézenas, 
est  en  usage  comme  vermifuge  sous  le 
nom  à* huile  de  Gabian, 

Le  bitume  élastique,  appelé  commu- 
nément caoutchou  minéral^  a  reçu  le 
nom  de  dapèche  et  ^èlatéiite.  C'est 
une  substance  d'un  brun  plus  ou  moins 
foncé,  compressible,  et  qui  devient  élas- 
tique lorsqu'elle  a  été  chauffée  dans  de 
Teau  bouillante.  Son  odeur  tient  à  la  fois 
de  celle  du  cuir  et  de  celle  du  suif.  On 
trouve  l'élatérite  en  Angleterre ,  dans  les 
mines  de  plomb  Jl'Odin,  dans  le  Derby- 
shire;  et  en  France,  dans  les  mines  de 
houille  de  Montreloir,  près  deVarades, 
déparlement  de  la  Loire-Inférieure. 

Sous  le  nom  de  malthe  on  désigne 
le  bitume  glutineux  appelé  aussi  poix  tni- 
nérale  y  pétrole  tendre ,  {goudron  miné- 
ral y  ei  piss  us  phalte^  substance  molle, 
glutineuse,  qui,  douée  d'une  assez  grande 
dureté  l'hiver,  se  ramollit  Télé,  mais  qui 
se  fond  toujours  dans  l'eau  bouillante  et 
se  dissout  dans  l'alcool.  La  malthe  abonde 
dans  un  grand  nombre  de  pays ,  en  Eu- 
rope et  en  Asie  :  la  Suisse,  la  Bavière,  la 
Hongrie  ,  la  Galicie  et  la  France  possè- 
dent plusieurs  localités  où  elle  découle 
soit  du  calcaire,  soit  du  grès,  soit  de  l'ar- 
gile, soit  aussi  de  quelques  roches  d'ori- 
gine volcanique  ou  en  contact  avec  celle- 
ci.  Ce  bitume  est  employé  à  dtfférens 
usages:  on  en  enduit  les  cordages  et  le 
bois  qui  doivent  servir  dans  l'eau;  on 
s*en  sert  pour  goudronner  les  toiles,  pour 
préserver  de  rhumidité  les  plâtres  et  les 


BIT 


constructions  en  maçonnerie,  pour  mâS-*. 
tiquer  les  caves,  les  citernes  et  les  fosses 
d'aisance.  Mélangé  avec  des  sables  et  des 
calcaires  en  poudre,  il  remplace  avec 
économie  et  solidité  les  tuiles,  les  ar- 
doises et  le  plomb  laminé  pour  la  cou- 
verture des  bâtimens.  On  le  fait  entrer 
dans  la  composition  du  vernb  dont  on 
recouvre  le  fer  et  dans  des  peintures 
grossières  qui  ont  besoin  d'être  très  so- 
lides; enfin  on  s'en  sert  en  Auvergne,  en 
Suisse,  en  Allemagne  et  en  Hongrie  pour 
graisser  les  voitures. 

Le  bitume  solide  est  connu  sous  les 
noms  à* asphalte ,  de  bitume  de  Judée ^ 
de  poix  minérale  scoriacée,  de  k arabe 
de  Sodome  et  de  baume  de  momie. 
C'est  unesubstance  noire,solide,brillantey 
à  cassure  conoîdale,  insoluble  dans  l'al- 
cool, et  fusible  à  une  température  plus 
élevée  que  celle  de  l'eau  bouillante.  Son 
nom  d'asphalte  lui  vient  de  la  mer 
Morte  (vo/.),  autrefois  le  lac  Asphaltite, 
où  elle  est  exploitée  de  temps  immémo- 
rial, avec  d'autant  plus  de  facilité  qu'elle 
surnage  l'eau  et  que  le  vent  la  pousse 
et  la  réunit  dans  les  anses  ou  petits  golfes 
de  ce  lac.  Les  Égyptiens  s'en  servaient 
dans  les  embaumemens;  les  Babyloniens 
en  enduisaient  les  briques  qu'ils  em- 
ployaient aux  divers  édifices  de  leur  ville; 
les  Romains  même  en  recouvraient  d'une 
couche  légère  les  statues  qu'ils  voulaient 
préserver  des  injures  de  l'air.  Les  mo- 
dernes le  font  entrer  dans  la  composition 
de  certains  vernis  noii-s,  dans  la  cou— 
leur  connue  sous  le  nom  de  bitume  de 
Judée,  et  dans  celle  qui  a  reçu  le  nom  de 
momie,  parce  qu'on  l'a  souvent  extraite 
des  anciens  cadavres  égyptiens. 

Il  existe  encore  un  autre  bitume  qui 
est  sans  usage  dans  les  arts  ;  c'est  le  re- 
ttnasphalte  ou  rétinite,  matière  solide  , 
d'un  brun  plus  ou  moins  clair  ^  d'uo 
aspect  résineux  et  qui  a  quelquefois  l'ap- 
parence du  succin  ou  de  l'ambre  com- 
pact et  veiné.  Il  est  fusible  à  une  basse 
température;  il  pétille  au  feu  et  répand 
en  brûlant  une  odeur  d'abord  agréable, 
puis  bitumineuse. 

Le  ret inasphalte  se  trouve  dans  le 
Devonshire,  en  Angleterre,  en  rognons 
isolés  dans  la  formation  de  lignite  (  voj\ 
ce  mot).  Il  en  est  de  même  de  celui  qui 


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BIT  (  66 

existe  dans  l'État  de  New-Tork  en  Amé- 
rique. J.  H-T. 

BITCRIGES.  Les  Biturigcs,  habi- 
tans  du  Berry  (voj.)  actuel,  avaient  été 
jadis  une  des  plus  florissantes  nations  gal- 
liques;  mais  lorsque  César  entreprit  la 
conquête  des  Gaules,  ils  étaient  tenus  par 
les  Ëduens  (vojr.)  dans  une  condition 
voisine  de  celle  de  sujets.  D*après  le  té- 
moignage de  Strabon  (1.  lY),  ils  exploi- 
taient des  mines  de  fer  d*un  grand  rap- 
port. Plus  tard  leur  pays  fit  partie  de  la 
première  Aquitaine.  On  les  appelait  ^Z- 
turiges^Cubi,  pour  les  distinguer  d*une 
autre  tribu  dont  nous  allons  parler.  Leur 
ville,  appelée  d'abord  Avaricum ^  puis 
^itun'ges,  d*ou  lui  est  venu ,  dans  les 
temps  modernes,  le  nom  de  Bourges 
(vo/.),  résista  avec  courage  aux  elTorts  de 
César,  qui  ne  parvint  à  la  prendre  qu'a- 
près un  siège  long  et  difficile. 

Les  BttungeS'Fivfsci,  peuplade  gal- 
llque  détachée  des  Bituriges-Ùtbi  à  Té- 
poque  de  Tinvasion  des  Kimris ,  occu- 
paient les  bords  de  la  Garonne,  vers 
Teinbouchure  de  ce  fleuve.  Par  leur  ac- 
tivité ils  se  créèrent  une  marine;  leur 
capitale,  Burdigala  (Bordeaux),  devint 
un  des  entrepôts  du  commerce  entre  la 
Méditerranée  et  TOcéan.  Après  la  con- 
quête romaine,  les  Biluriges^Vivisci  fu- 
rent compris  dans  la  seconde  Aquitaine. 
Voy,  Gaule.  A.  S-r. 

BIVALVES,  vo/.  Coquilles. 
BIVOUAC.  Ce  mot  est  composé  de 
deux  mots  hollandais,  hy^  auprès,  et 
wak'tf  veille.  Le  mot  bivouac  (  en  alle- 
mand beywacht)  a  acquis  dans  les  guer- 
res de  la  révolution  un  sens  plus  étendu 
que  celui  qu*on  lui  avait  donné  jusque 
là.  Il  ne  s'entendait  que  d'une  veille  ou 
garde  de  nuit  que  faisait  extraordinai- 
rement  en  plein  air  un  poste,  une  divi- 
sion ,  quelquefois  même  une  armée  en- 
tière; mais  ce  n'était  que  dans  les  occa- 
sions périlleuses  qu'on  tenait  une  armée 
au  bivouac.  Dans  les  circonstances  or- 
dinaires l'armée  restait  campée  sous  des 
tentes  om  logée  dans  des  baraques  qu'elle 
avait  faites  elle-même.  Dans  les  pre- 
mières campagnes  de  la  révolution,  nos 
généraux ,  reconnaissant  avec  le  maré- 
chal de  Saxe  que  tout  le  secret  de  la 
(oerM  CM  daas  les  jambes,  se  délivrèrent 

Mncyclop,  d,  G.  d,  M.  Tome  lÎL 


1) 


BIZ 


des  embarras  do  campement  et  da  bara» 
quement,  et  tinrent  hig||it«iellement  tou- 
tes les  troupes  au  bivouac,  excepté  dans 
la  mauvaise  saison  et  quand  les  armées 
devaient  prolonger  leur  séjour  dans  les 
positions  qu'elles  occupaient.  Quand  une 
troupe  bivouaque ,  une  partie  est  de  garde 
pendant  que  l'autre  se  repose  sur  la  terre. 
Quelquefois  on  distribue  de  la  paille  au 
soldat  pour  se  coucher;  mais  souvent  on 
ne  peut  pas  lui  en  procurer  et  il  couche 
•ur  la  terre. 

De  tout  temps  on  a  fait  bii*ouaquer\tg 
troupes,  soit  quand  elles  sont  en  pré- 
sence de  l'ennemi ,  soit  quand  on  lait  la 
circonvallation  d'une  place.  La  santé  du 
soldat  a  sans  contredit  à  souffrir  dans 
les  nuits  froides  et  humides  du  bivouac 
presque  constant  auquel  il  a  été  soumis; 
mais  la  rapidité  introduite  ainsi  dans 
les  mouvemens  de  nos  armées  rachète 
cet  inconvénient  et  leur  procure  dans 
les  manœuvres  une  supériorité  à  laquelle 
la  France  est  redevable  d'une  partie  des 
victoires  que  nous  avons  obtenues  pen- 
dant tant  d'années.  C-tb. 

BIZARRE  (de  bis  et  variare)^  ce 
qui  diffère  des  choses  de  la  même  es- 
pèce et  s'écarte  des  règles  générales  que 
la  nature,  l'usage  ou  l'opinion  leur  ont 
prescrites.  Un  homme  bizarre  est  un 
homme  dont  le  caractère ,  les  goûts ,  les 
opinions  varient  sans  cesse,  sans  être 
jamais  conformes  au  caractère,  au  goût , 
aux  opinions  générales  des  autres  hom- 
mes; ou  qui  se  fait  remarquer  par  une 
pure  affectation  de  ne  rien  dire  ou  ne 
rien  faire  que  de  singulier.  Il  est  dange- 
reux de  passer  pour  bizarre  :  cette  ré- 
putation nuit  à  la  confiance  que  l'on  dé- 
sire inspirer.  L'on  regarde  aussi  comme 
bizarre  celui  dont  le  caractère  est  inégal 
et  brusque,  ce  que  l'on  peut  distinguer 
par  la  dénomination  àeJarUasque;  mais 
biuwre  s'applique  plus  particulièrement 
à  celui  qui ,  contre  le  goût  ordinaire ,  se 
distingue  par  la  singularité  de  ses  prédi- 
lections ou  par  l'extravagance  dans  sa 
conduite,  comme  l'exprime  ce  vers  de 
Boileau  : 

Mut  noi  qu'on  vnn  eapric*,  a&e  Mf«rrt  ha« 
Bear,  «te. 

Biuure  signifie  austi  extraordinaire, 


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BLA 

•io^liëif  y  ainsi  due  l'indiqué  ce  vers  du 
bon  La  Fontaine  ! 

Plus  le  tour  est  bisarre  et  plus  elle  (la  Fortune) 
est  contente ,  etc. 

P^ojr.  Caprice  el  Idiosyncratte.  F.R-d. 
BLACAS-D'AULPS ,  maison  fran- 
çaise très  ancienne  ,  surnommée  d^Aulps 
du  nom  d*une  seigneurie  de  la  Provence. 
Elle  fut  illustrée  au  xiii^  siècle  ^ar  le 
^û/i^/^i/emerÈlacas-d'Aulps,  Tun  des 
plus  brillans  chevalîers  de  ta  ;  cour  du 
comte  Raimond  Bérenger,  et  qui  mou- 
rut en  1235.  S. 

,  C'est  à  cette  maison  qu'appartient 
M.  le  duc  de  Blacas  d'jA.ulps  (Pierre- 
Louis-Casimir),  ancien  pair  de  France, 
ministre  et  ambassadeur.  Il  naquit  en 
1770,  à  Aulps  (Varj.  Entré  de  bonne 
beure  au  service,  daiis  un  régiment  de 
cavalerie,  il  se  trouvait  capitaine  au  com- 
mencement de  la  révolution  lorsqu'il  sui- 
vit le  torrent  et  émigra.  Pendant  les  guer- 
res dé  laVendée  il  revint  en  France  et  com- 
battit sous  les  drapeaux  royalistes;  mais 
forcé  de  nouveau  de  chercher  un  refuge 
à  l'étranger,  il  passa  en  Ita|Ie,  où  il  par- 
vînt à  fixer  Tattention  de  Louis  XVlII, 
qui  était  alors  à  Vérone.  Dès  ce  moment 
il  s'attacha  à  la  fortune  de  l'auguste  exile 
et  en  partagea  toutes  les  vicissitudes.  En- 
voyé a  Saint-Pétersbourg  afin  d'obtenir 
de  l'empereur  un  asile  pour  son  maître, 
le  comte  de  Blacas  vit  ses  efforts  cou- 
ronnés de  surcès  ;  et  plus  tard ,  lorsque 
Paul  l***  fit  signifier  aux  Bourbons  de 
quitter  ses  étals,  il  suivit  Louis  XVlII  à 
Londres  et  fut  nommé  par  ce  prince 
ministre  de  la  guerre,  en  l'absence  de 
de  M.  (i'Avaray  ;  maié  ce  simulacre  de 

Î)uissance  n'était  encore  au'un  rêve  dont 
a  réalisation  n'était  pas  très  éloignée. 
En  18 14,  M.  de  Blacas  rentra  en  France, 
à  la  suite  de  la  famille  royale^  et  fut 
nomme,  en  récompense  de  ses  services 
pendant  Témigralion ,  ministre  dé  la 
maison  du  roi  ^secrétaire  d'état,  et,  peu 
de  te^ps  après,  granJ-inaître  de  lâ^arde- 
^obe  et  intendant  général  des  bau'inens 
de  la  couronne.  Son  influencé  auprès 
du  roi  était  tellealois  que,  dans  nue  dis- 
cussion qu^l  eut  avec  l'abbé  de  Montes- 
quiou,  ce  dernier  l'apostropha  de  ces 
parolfa  deyeoufiA.liisMÛçiqji^e^;  aA^pre-^ 
nez^  Monsieur  ^  que  la  France  peut  sup* 


(  5(52  )  BLA 

porter  dix  maîtresses,  mais  pas  un  seul 
favori  ».  Parmi  les  ennemis  qu'il  s'attira  à 
celte  époque,  il  faut  mettre  en  première 
ligne  M.  de  Chabannes,  qui  lui  adressa 
les  reproches  les  plus  amers  dans  des 
lettres  qu'il  fit  imprimer  à  Londres,  en 
i815.  Pendant  les  Cent- Jours,  M.  de 
Blacas  suivît  Louis  XVIII  à  Gand ,  et  ce 
fut  là  le  terme  de  son  éclatante  faveur. 
Au  retour,  il  entra  à  la  chambre  des  pairs, 
en  1815;  mais  Louis  XVIII,  craignant 
de  sa  présence  à  Paris  des  suites  fô- 
cheuses*,  l'envoya  en  ambassade  ex- 
traordinaire à  Naplcs,  où  il  prépara  le 
mariage  du  duc  de  Berry  avec  la  fille  du 
prince -royal  des  Deux-Siciles.  Nommé 
ambassadeur  à  Rome ,  Ut.  de  Blacas  eut 
tout  l'honneur  du  fameux  concordat  de 
1815.  On  prétend  que  depuis  il  assista, 
mais  d'une  manière  invisible,  au  congrès 
de  Laybach,  qui  se  tint  en  1821.  En 
1823  il  fut  encore  une  fois  nommé  am- 
bassadeur à  Naples,  el  y  résida  jusqu'en 
1830,  sauf  quelques  voyages  qu'il  fit  de 
temps  à  autre  à  Paris  pour  exercçr  ses 
fonctions  de  gentilhomme  de  la  cham- 
bre. jFidèle  à  la  cause  des  Bourbons,  il  se 
mit  en  devoir,  dès  que  la  première  nou- 
velle des  événemens  de  juillet  lui  par- 
vint en  Italie,  de  réaliser  sa  fortune  et 
d'aller  la  mettre  à  la  d^isposilio'n  du  roi 
Charles  X ,  dans  sa  retraite  de  Prague , 
oii  il  est  encore  en  ce  moment,  auprès 
du  monarque  exilé.  D.  A.  D. 

Celte  fortune  est  très  considérable,  et 
M.  de  Blacas,  que  Louis  XVIU  avait 
éîeve  au  titre  de  duc,  s'en  servit  pour 
proléger  les  arts,  qu'il  cultivait  lui- 
même,  et  pour  former  cette  irîche  collec- 
tion d'antiquités  que  M.  Reinaud ,  de 
rinstilul,  a  décrite  en  partie  [Description 
des  monumehs  musulmans  du  cabinet 
de  AÏ.  le  duc  de  Blacas.  taris,  i82&, 
ivol.  în-80).  S. 

BLACK  (Joseph),  chimiste,  né  en 
1728  à  Bordeaux,  de  parens  écossais  , 
éludia  la  médecine  a  Glasgow,  sous  le 
célèbre  Cullen ,  qui  lui  inspira  le  goût 
de  sa  science.  Déjà  dai|s  la  thèse  qu'il 
soutint  pour  obtenir  le  titre  de  docteur 
en  médecine,  il  fit  connaître  ses  décou- 
vertes sur  l'acide  carboni(]^ue  et  les  alca- 

rains,  tom,  II,  p.  1 66.  9, 


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BLA 


($6S) 


SLk 


li»!  à^éomxyerteê  qu*il  défeloppa  plat 
tard  dans  les  essais  physiques  et  litté- 
raires de  la  Société  littéraire  d'Édim- 
bouig  (  1756).  Il  y  démoolrc  Pexisteoce 
d*ua  fluide  aériforme  y  qu^il  appelle  air 
lue  et  doDt  la  présence  adoucit  la  caus- 
ticité des  alcalis  et  des  terres  calcaires. 
Cette  découverte  peut  être  considérée 
comme  le  principe  de  toutes  celles  qui 
ont  immortalisé  les  noms  de  Caveodish, 
de  Priestley^  de  Lavoisier,  et  qui  ont 
fait  prendre  k  ht  chimie  une  face  nou- 
velle. £q  1757  il  enrichit  énoore  la 
science  de  sa  Théone  du  calorique  la* 
tent.  Dès  1756  il  avait  été  nommé,  en 
remplacement  de  Cullen ,  professeur  de 
médecine  à  Tuoiversilé  de  Glasgow,  et 
en  1765  il  lui  succéda  dans  la  chaire 
^u'il  occupait  à  Edimbourg.  Son  ensei- 
gnement contribue  beaucoup  à  popula- 
riier  dans  la  Grande-Bretagne  le  goût 
de  la  chimie.  Il  mourut  en  1709.  L*A- 
oadémie^des  sciences  de  Paris,  sur  le 
rapport  de  Lavoisier,  Pavait  nommé  Tun 
de  s^  huit  membres  étrangers.  Black 
était  de  mœurs  simples,  d'un  caractère 
froid  et  réfléchi.  Comme  médecin  sa  ré- 
putation fut  bornée ,  et  comme  chimiste 
il  nuisit  à  sa  propre  renommée  par  son 
opposition  au(  nouvelles  théories  chimi- 
ques, auxquelles  cependant  il  finit  par 
rendre  justice.  On  a  de  lui  :  Lectures  on 
chemistry  (Edimbourg,  1803 , 2  vol.  in- 
4®),  deux  Mémoires  dans  les  Phièoso^ 
phical  transactions^  1774  et  1 79 1 ,  et 
deux  Lettres  sur  des  sujets  de  chimie 
publiées  par  Crell  et  Lavoisier.     C.  L, 

BLACKSTONE  (sir  Williàh),  célè- 
bre jurisconsulte,  néà Londres  en  1723, 
âls  d*un  tisserand  en  soie,  perdit  de 
bonne  ïieure  ses  père  et  mère,  et  fut  élevé 
par  un  parent  jusqu*en  1738*;  alors  il  #e 
rendit  à  Ojiford  où  il  ne  tarda  pas  à  se 
distinguer  par  son  application  et  par  des 
talens  remarquables.  U  mootra  des  dis- 
|A>sitions  et  du  goût  pour  la  poésie,  se 
décida  toutefois  pour  le  droit ,  et  en  en- 
trant à  Técole  de  Middle  -  Temple  de 
Londres,  il  cOm|>osa  un  poème  fort. spi- 
rituel qfti  a  pour  titre:  Adieux  d'un  Lé- 
^iste  aux  mwies.  Ce  poème  se  tix>uve 
dams  le  recueil  deDudley.  En  1746  il 
oommea^  à  plaider  devant  les  tribunaux 
I  avMtt^  ■aaîavian^ttattl  du  talent 


de  l'élocution ,  \\  ne  put  parvenir  à  se 
faire  une  réputation,  ce  qui  Tengagea  à 
retourner  à  Oxford  où  il  avait  déjà  pré- 
cédemment  possédé  un    nénéfice  (/cl" 
lowship).  On  ne  faisait  pas  alors  de  cours 
publics  sur  le  droit  civil  et  politique  an- 
glais :  Blackstone  se   décida  à  remplir 
cette  lacune  dans  renseignement  et  ou* 
vrit  en   1753  des  cours  publics  sur  In 
constitution  et  la  législation  de  son  pajs, 
cours  qui  furent  très  suivis.  Cette  inno- 
vation donna  à  un  jurisconsulte  nommé 
Viner  l'idée  de  léguer  par  son  testament 
une  somme  pour  servir  à  la  feodation 
d*une  cbairie  de  droit  public  anglais  ;  et 
quand,  après  la  mort  de  Viner,  en  1 758^ 
on  se  disposa  à  nommer  un  titnlaire  ponr 
cette  chaire,  Blackstone  fut  nommé  à  Tu- 
nanimité.  La  gloire  que  lui  procurèrent 
penaant  plusieurs  années  ses  leçons  l'en- 
gagea à  se  représenter  de  nouveau  à  Lon- 
dres, comme  avocat,  et  alors  il  acquit 
une  grfinde  réputation.  £n  1761 ,  il  en- 
tra au  Parlement  et  bientôt  après  il  aban" 
donna  sa  chaire  d'Oxford.  £n    1759^ 
Blackstone  avait  publié  une  nonvelle  édi- 
tion de  la  Grande-Charte  avec  une  pié- 
face  historique.   Ses  lectures  publiques 
lui  servirent  ensuite  de  base  pour  son 
onvra^  intitulé  :  Commentaries  on  the 
taw  q/ Enftland,  dont  le  V^  volume  pa- 
rut en  1765  et  (ut  suivi  de  trois  autre^ 
Dans  cet  ouvrage  célèbre,  il  ne  se  con- 
tenta pas  d^  donner  si^plenient  l'expli- 
cation ée&  loisi,  mais,  il  chercha  à  pn  of- 
frir le  commentaire  le  plus  complet,  et 
ses  effo^rts  furent  d'autant  plus  méritoi- 
res qu'il  n'avait  pas  de  modèle. dans  ce 
genre.  11  ne  se  borna  pas  à  exposer  d'uqe 
manière  phikMophique  les  principes  du 
droit  civil  et  politique  anglais^  mais  il 
présenta  avec  clarté  la  défense  du  systè- 
me en  ipénécal;,  et,  abstraction  faîte  de 
quelques  propositions  hardies,il  semonii^ 
zé\é  défenseur  des  prérogatives  de  1^  cou- 
ronne, saps  beaucoup  de  tolérauceen 
matière  religieuse.  Par*là  il  «'attira  de  vi- 
ves attaques,  et  il  trouva  un  vigoureux 
adversaire  en  Bentharp  qui  avait  dirigé 
contre  lui  son  Fragment  on  goi^emment. 
Un  travail  constant  -mina  sa   santé;  il 
mourut  le  14  sept.  1780,  après  avoir 
refusé,  en  1770,  le  poste  de  soUicifor 
generoL 


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ÊLk  (  d«4  ) 

La  meilleure  Mil  ion  de  ses  Commen- 
tariesj  imprimés  16  fois  en  Angleterre 
et  traduits  en  plusieurs  langues,  est  celle 
de  Christian  publiée  eo  1809  à  Londres, 
en  4  volumes.  C  L, 

On  en  a  publié  plusieurs  traductions 
françaises,  mais  la  plupart  incomplè- 
tes, et  dont  quelques-unes  (comme  celle 
de  M.  Gomicourt)  ont  dénaturé  l'ou- 
vrage; M.Çhompré  en  a  donné  une  sur 
la  15^  édition  anglaise,  avec  les  notes  de 
M:  £dmoDd  Christian.  Paris  1838,  6 
vol.  in-8*.  S. 

BLAIR  (Hue h),  Tun  des  prédicateurs 
et  des  écrivains  les  plus  célèbres  des  temps 
modernes,  naquit  en  1718  à  Edimbourg, 
où  il  étudia  la  théologie.  Les  preuves 
qu'il  ne  tarda  pas  à  donner  de  ses  talens 
et  de  son  éloquence  lui  valurent  déjà  en 
1742  une  place  de  ministre,  qu'il  échan- 
gea ,  dès  l'année  suivante ,  contre  la  mê- 
me place  près  de  l'église  cathédrale  de 
sa  ville  natale,  oà  il  s'éleva,  en  1768,  à 
la  plus  haute  dignité  de  l'Église  presby- 
térienne en  Érosse.  Une  fois  parvenu  à 
ce  faite  de  sa  sphère  d'activité  pratique, 
qu'il  ne  perdit  jamais  de  vue,  il  ne  tarda 
pas  à  se  créer  une  carrière  littéraire  ;  et 
déjà  à  la  fin  de  l'année  1769  il  ouvrit, 
avec  l'approbation  de  rUiiiversilé,  des 
conférences  publiques  snr  la  théorie  de 
l'éloquence.  Le  gouvernement  fonda,  en 
1763,  une  chaire  spéciale  de  rhétorique 
et  de  belles-lettres,  qui  lui  fut  conférée 
en  reconnaissance  de  ses  honorables  ser- 
vices. Noos  connaissons  sa  théorie  de  l'é- 
loquence par  ses  Lectures  on  Rhetoric 
andhcUes-lenres  (2  vol.,  Londres,  1 788, 
in-4*),  traduites  en  français  par  Cantveell 
(Paris,  1797,  4  vol.  in-8«)  et  avec  plus 
de  succès  par  Prévost  (Genève,  1808). 
Ses  pensées  sur  la  rhétorique,  sans  avoir 
un  caractère  original,  offrent  beaucoup 
*  d'attrait  et  d'instruction  a  celui  qui  veut 
se  familiariser  avec  les  principes  de  l'art 
oratoire,  par  la  multitude  d'excellentes 
observations  pratiques  qu'elles  contien- 
nent sur  la  composition.  Il  rendit  aussi 
des  services  signalés  à  la  poésie ,  en  sou- 
tenant de  toute  son  activité  les  travaux 
de  Marpherson  dans  la  publication  des 
chants  dK>ssian,  et  le  premier  il  en  sou- 
tint l'authenticité  dans  un  traité  remar-  i 
quable  sous  tous  le»  rapports  [Poems  of  I 


BLA 

Ossian\  Enfin  il  devint,  en  1756,  lefoiH 
dateur  de  VEdinbur^h  RevietP, 

Mais  ce  fut  surtout  par  ses  sermons 
que  Blair  acquit  sa  célébrité.  On  les  re- 
garde comme  des  modèles  de  Téloquence 
sacrée  chez  les  Anglais.  Us  se  distingnent 
par  une  exposition  claire  et  élégante;  ils 
tendent  moins  à  briller  par  des  formes 
oratoires  qu'à  produire  une  douce  per- 
suasion, et  sont  plutôt  d.es  traités  de  mo- 
rale que  des  '  sermons.  Leur  première 
partie  ne  parut  qu'en  1778,  et  déjà  l'an- 
née suivante  ils  arrivèrent  à  leur  10^  édi- 
tion. Blair  en  publia  plus  tard  une  se- 
conde collection  qui  eut  le  même  succès 
que  la  preinière.  On  les  a  traduits  dans 
presque  toutes  les  langues;  parmi  les  tra- 
d  uct  ions  françaises,  nous  citerons,  comme 
la  plus  estimée  celle  de  l'abbé  de Tressan, 
qui  a  été  faite  sur  la  23*  édition  anglaise 
{.Sermons  fh  Hugues  Blair,  6  vol.  in-8**, 
Paris  1807).  Les  sermons  de  Blair  de- 
vaient d'autant  plus  agir  sur  ses  audi- 
teurs qn*il  donnait  lui-même  l'exemple 
sévère  de  ses  préceptes  et  qu'il  offrait, 
autant  que  l'homme  en  est  capable,  la 
digne  image  d'un  parfait  ap6tre  dé  la  re- 
ligion. Pendant  toute  sa  vie,  il  travailla 
avec  une  sage  modération  à  la  liberté 
et  au  bien-être  de  son  église,  et  mourut 
heureux  et  généralement  estimé  et  re- 
gretté, en  1801 ,  après  une  courte  mala- 
die. C.  L,  m. 

Parmi  lea  écrivains  qui  ont  porté  le 
même  nom  de  Blair,  nous  citerons  en- 
core John,  Écossais,  moi*t  en  1782,  et 
connu  comme  chronologiste  et  comme 
géographe.  Ses  tailles  chronologiques  ont 
été  traduites  en  français  par  Chantreau  ; 
Jamfs,  mort  en  1743,  théologien  qui 
fonda  une  mission  en  Virginie;  et  PiL- 
TBiCK,  botaniste,  mort  en  1718.       S. 

BLAIREAU  (en  latin  mêles  eitaxus\ 
nommé  taisson^  iesAOn,  dans  quelques 
provinces.  Le  blaireau  ne  parait  pas  avoir 
été  connu  des  anciens,  car  on  ne  lai 
trouve  pas  de  nom  dans  la  langue  grec- 
que. 

Il  forme  un  genre  distinct  dans  la  tri- 
bu des  plantigrades,  famille  des  cami<« 
vores,  ordre  des  carnassiers,  selon  la  mé- 
thode de  Cuvier.  Linné  l'avait  considéré 
comme  une  espèce  du  genre  ours,  ainsi 
que  tous  les  aptmaux  qui,  comme  l'oura, 


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BLA 


(565) 


BLilL 


marchent  en  reposant  sur  la  f^nte  du 
pied  tout  entière. 

Le  blaireau,  dont  on  ne  tonnait  qu'une 
seule  espèce  avec  quelques  léj^ères  varié- 
tés, selon  que  le  pelage  est  plus  ou  moins 
foncé  en  coidriir,  est  un  quadrupède 
long  de  20  à  25  pouces,  mesuré  du  bout 
du  museau  à  l'origine  de  la  queue  qui 
est  courte  et  droite.  Son  corps  «st  assez 
ramassé-  et  sa  télé  prolongée* ■  Son  as- 
pect est  peu  agréable,  à  cause  de  la.maU 
propreté  baiNtuelle  de  son  poU,  qui 
parait  toujours  gras.  Sa  couleur,  est 
grisâtre,  claire,  presque  blanche  au-dee- 
sus;  d*an  noir  plus  ou. moins  roux  en 
dessous, selon  les  espèces;  de  chaque  côté 
de  la  tête,  une  bande  plus  noire  entoure 
l'œil  et  %e  prolonge  en  arrière.  Ses  oreil- 
les sont  courtes ,  drokes  et  .mêlées  irré- 
gulièrement de  poil»  noirs  et  blancs. 

Sa  tête  est  un  peu  busquée,  ses  yeux 
petits,  son  regard  inquiet;'  une  mem- 
brane clignotante,  pourvue  d'un  cai*tilage 

•  qui  la  soutient,  peut  à  volonté  couvrir 
tout  lé  globe  de  l'œil  en  forme  de  troi- 
sième paupière. 

Les  pieds  dit  blaireau  sont  onurte»  sur- 
tout ceux.de  derrière;  chacun  d'eux  est 
pourvu  de  cinq  doigts^  qui  aont  profon- 
démenl' engagés  dans  la  peau,  et. munis 
d'ongles  o^eUséa  en  gouttière,.assez. re- 
courbés, allongés  surtout  au  membre  an- 
térieur on  ils  paraissent- tout-à-£ait  pro- 
prës'i  fouir  la  terre. 

^  Le  blaireau  ressemble  à  l'ours, par  s^ 
YiesoUtatre,  par  son  caractère,  défiitot , 

'  par  ses  habit ndea  nonchalantes;  sa  mar- 
che «st  rampante;  il  erre  volontiers  la 

■Ottt 

"Il  liabite  l'Europe  et  l'Asie  septen- 
trionale jusqu'en  Perse,  mai»  en  général 
son  espèce  est  assez  rare.  S'il  ne  trouve 
pas,  au  fond  d'un  bois  touffu,  un  amas 
de  pierres  ou  une  crevasse  de  rocher 
dont,  il  puisse  faire  sa  retraite,  il  se 
crense  un  terrier,  d'où  il  ne  jort  guère 
que  la  nuit,  et  dans  lequel  il  a  la  précau- 
tion de  creuser  un  conduit  particulier , 
où  il  dépose  ses  excrémeos.  Telle  est 
l'habitation  du  blaireau  que  le  renard 
a'appMpHe  quelquefois,  soit  en  l'absence 
du  maître,  soit  en  Ten  faisant  d^égUerpir 
par  ses  importunités.  Il  fait  sentinelle 
antonr  du  terrier,  inquiète  le  proprié- 


taire par  sa  présence  continuelle,  c^.va 
même  jusqu'à  Tinfecter  de  ses  excré- 
meus.  11  s'empare  alors  de  son  nouveau 
domicile  et  l'élargit  pour  son  usage. 

La  nourriture  du  blaireau  est  assez  va- 
riée :  des  insectes,  des  (grains,  des  œufs, 
divers  végétaux  dont  il  parait  même  qu^l 
,fait  provision  pour  l'hiver.  Il  passe  cette 
saison ,  non  point  dans  un  engourdisse- 
ment léthargique,  mais  dans  un  repos 
qu'il  n'interrompt  fréquemment  que 
pour  sucer  l'humeur  fétide  de  son  folji* 
culc  anal.  £o  tout  temps  il  dort  beau* 
coup,  mange  peu, et  sa  nuit  ea(t  employée 
à  rechercher  les  lapius,  dont  il  est  un 
ennemi  redoutable. 

.  Le  blaireau  attaqué  par  un  autre  ani- 
itfal,  s'il  n'a  le  temps  de  se  réfugier  dans  son 
terrier,  ne  peut  espéi*er  échapper  par  la 
fuite;  il  est  trop  mauvais  coureiir.  Il, se 
défeiKl  jusqu'à  l'extrémité,  en  reculant, 
en  se  couchant  sur  le  dos  .et  en  se  9^r- 
vaut  de  ses  dents  et  de  ses  griffes,  pro- 
tégé d'ailleurs  par  l'épaisseur  de  son  poil. 
U  a  la  vie  très  dure  et  peut  supporter 
une  diète  de  plusieurs  jours.  Il  est  sujet 
à  une  espèce  de  gale  qu'il  peut  commu- 
niquer aux  chiens. 

Son  accouplement  a  lieu  en  novembre; 
la  gestation  est  de  neuf  semaines  et  la 
portée  de  trois  ou  quatre  petits,  que  la 
femelie  , dépose  sur  un  lit  d'herbe,  au 
fond  de  son  terrier;  elle  les  soigne  avec 
assiduité  et^eur  appqrte  le  produit  de  sa 
chasse. 

Lorsqu'on  réduit  le  blaireau  en  capti- 
vité on  parvient  à  l'apprivoiser  jusqu'à  un 
certain  point  s'il  est  jeune;  vieui^,  il  se 
laisse  mourir  de  faim,  .  ... 

La  chair  du  blaireau  est  d'un  goût  dés* 
agréable;  sa  peau  fournit  une  fourrure 
grossière;  ses  poils  servent  à  faire  des 
brosses  niOlles  et  des  pinqraux.  Dans 
certains  endroits  sa  graisse,  ^fpplojécjen 
frictions,  passe  pour  uu'  remède  actif 
contre  les  rhumatismes;  c'est;  uqe  er- 
reur. B.  B. 

BLAISE  (^t^MÉDiCTioN  a«  saint). 
Dans  beaucoup  de  pays  il  est  d'usage  de 
bénir  du  sel  et  du  pain  le  jour  de  saint 
Biaise,  ou  tout  autre  jour  en  son  hon- 
neur, pour  la  guérisoti.  des  animaux  ma- 
lades,et  même  des  personnes  afA^ées  du 
mal  de  gorge.  Cette  bénédiction,  bifu 


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BLA 


(iM) 


BLà 


xfae  très  répandue  en  AllenagM  et  en 
France,  a  cependant  disparu  de  la  plu- 
part des  rituels  modernes.  On  la  trouve 
pourtant  encore  dans  le  Rituel  de  Vienne 
en  Autriche,  imprimé  en  1 774,  in-4**.  Le 
prêtre  dit  une  oraison  dans  laquelle  il 
prie  Dieu  de  faire  descendre  sa  béné- 
diction sur  le  sel,  afin  qu*il  soit,  par 
Fintervention  de  saint  Biaise,  martyr  et 
pontife,  pour  quiconque  en  fera  usage, 
le  salut  de  Tesprit  et  du  corps,  un  pr^ 
servatif  contre  toutes  les  maladies,  et  un 
appui  contre  les  attaques  de  l'ennemi 
infernal.  Le  prêtre  asperge  ensuite  |e  sel 
d'eau  bénite  et  Tenoense  trois  fois. 

La  Fleur  des  saints  de  Ribadeneira 
prétend  que  saint  Biaise  vivait  dans  le 
désert  du  mont  Argée,  au  milieu  des  bê- 
tes les  plus  féroces,  s^en  faisant  obéir  et 
respecter  et  les  guérissant  par  sa  béné- 
diction. Si  le  saint  était  en  prières, 
quand  les  bêtes  venaient  le  visiter  ou  cker- 
cber  remède  &  leurs  mamc,  elles  alleii- 
daient  qu'il  eût  fini  son  otaison  et  fie  se  re- 
tiraient qu'après  avoir  obtenu  œ  qu^elles 
demandaient.  Nous  voyons  aussi  dans  les 
Vies  des  saints,  parBaHlet,  queHe  était 
la  puissance  de  saint  Biaise  sur  les  ma- 
ladies des  en  fans  et  des  bestiavM,  dont 
il  accordait  ia  f*ttâri.son,  ce  qui  a  sans 
doote  contribué  à  accréditer  «on  eul^e 
d'abord  dans  l'église  grecque  et  ensuite 
dans  toutes  les  parties  de  l'église  la«lnè, 
de  telle  sorte  qu'il  j.a  «u  peu  de  saiots 
aussi  vénérés  que  le  saint  évéque  de^é- 
basce.  Il  fiint  mre  aàssii  que  ce  jcnlte-était 
bien  dimFnué  en  France  wi  rv^'  «i%dle, 
comme  nous  le  Soyons  par  Wi  stHtiht  sy- 
nodal du  diocèse  de  Clennent,  lie  Fanaèe 
1559.  J.  L. 

BLAIS619  y  pays  ëe  Blois  {voy.  ^ 
nom). 

ëLAKB  faeiÂRr),  «élèbr«  «mirai 
anglais,  né  en  i6f  d,  à  Bridge^Mitèr  dans 
le  comté  '  de  Sbmerset,  contribua  beau- 
coup à  Affré  pinenidre  4  la  marine  de  ««n 
pays  le  rang  qu'elle  occupe  maintenant. 
Il  affaiMit  la  pafssaAce  des  SoUandais 
et  des  Espagnols  (ft  prit  à  ees  derniers 
une  flotte  des  Indes  ^argée  4e  grandes 
-valeurs. 

n  embrassa  eliaudement  4e  parti  des 
indépendans  et  fut,  après  la  mort  du 
comte  de  Warwick,  nominé^MntiNil^Mna 


avoir  pavcoma  tous  les  ranfs  ÎBfériean. 
Alors  il  devint  le  redoutable  adversaire 
de  Tromp.  Blake  apprit  aux  marins  a 
mépriser  les  forteresses.  Cromwdl  l'ea- 
tima  ;  mais,  connaissant  ses  idées  répu- 
blicaines^ il  saisit,  en  1667,  roccasioo 
de  l'éloigner,  en  le  chargeant  de  faire  res- 
pecter riionnenr  du  pavillon  anglais  dans 
la  Méditerranée.  Le  nom  seul  de  Blake 
sufit  pour  inspirer  la  orainte  aux  États 
Barba  resqoes  et  le  respect  aux  pays  voj- 
•ins.  La  faiblesse  de  sa  aanté  le  força  d^ 
retourner  dans  sa  patrie.  D  mounit  en 
1 667 ,  au  moment  oè  sa  flotte  entrait  daiis 
(e  poi^  de  Plymoutb.  CromirelHionQrmsa 
mémoire  par  des  (unéraillea  magnifiques 
et  le  fit  enterrer  dans  l'abbaye  <te  West- 
minster. Le  caractère  de  Blake  était  anm- 
bre,  eéw^re,  et  daae  loujtes  les  oîrooaataa- 
|Ces  ce  marin  ee  aaoïitra  calme  et  impas- 
sible. C  L, 

•LARE  (Wiluam),  gravenr,  peli^- 
trè  et  poète  angines,  iiaqoit  à  Londres, 
eu  176  7,  et  mourut  en  ISSfl.  ¥ey.  Liv^s 
of  engUsh  artistes,  de  M.  Allan  Cn- 
ningham.  Ji, 

'  -SLAKE  (loiMVTM),  un  des  généraux 
qui  ont  dé^nsdu  ^indépendance  espa- 
gnole contre  Tfapeléon,  appartenait  à  ufe 
iuttiMle  irlanéiise, établie  «  Madaga,  où 
eNe  faisait  le  ^on^neroe.  Il  fut  rèçn,  en 
1778,  cadet  dans  le  ré^nuint  d'Améri- 
que qui  pourtant  ne  qm/lta  pas  l'Anda- 
lousie. Il  en  sortit  eapîfaine  in  179t,  px 
servit  comme  major  paraM  les  ivbkkntai- 
^es  de  GaatUle,  lors  de  Ipipoôr»  coatre 
la  répuMique  Irançaise.  iijiarvtni  daps 
ceDte'oafnpagae'iusqn'an  grade  deèui^ 
dier.  Depuis  ce  temps  il  ne  se  présenta 
pe«ir  lui'  aueune  nfoasînn  de  ise' distin- 
guer însqn'à  i^ipsurrectioa  de  FEspagae 
contre  Napoléon,  filake  commanjJaol,  en 
IMS  ,4  la  Oerogne^fMt  noSMKé  obef  d^^ 
tat-4najor,  puis  commandant  eo  d^ef  de 
l'armée  de  Galiceç  îl  fit  afs  «flbrts, 
avec  l^amnéè  de  CanliHe  comnsandée 
par  C^uesu^  pour  repousser  à  Médina- 
del-4tio  âieos  Joseph  fiooaparte  ^ui  ve- 
nait prendre  possession  du  iràae  ^e  lui 
avait  destiné  son  •firère.  Quoi<|ne  iin  peu 
inférieures  en  nombre  aux  34)/OiN^^spn- 
gnols  des  deux  armées,  lestroupesifnm- 
çaises  eommandées  par  le  qiaréebal  fic^ 
siièraB  pt  bannies  d'une  boiuM  amîUeHe 


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pLf 


($67) 


^LA. 


ngnèrent  la  bataille i  et  tout  ce  qpe  put 
laîre  Blake,  ce  fut  de  couvrir  habile- 
ment la  retraite  de  son  corps  d'armée 
vers  les  montagnes  de  la  frontière  de 
Galice,  sans  qu'il  put  être  entamé.  Il 
occupa  ensuite  Bilbao,  et  lorsque  la  ca- 
pitulation de  Ba)  len  (  voy.  )  et  Tarrivée  du 
corps  de  troupes  de  La  Romana  eurent 
relevé  les  espérances  des  Espagnols,  il  re- 
prit Toffensive,  de  concert  avec  ce  corps. 
Les  deux  généraux  livrèrent  bataille 
aux  Fpnçais  à  Espinosa,  point  de  la 
réunion  des  routes  de  Santander,  Rey- 
nosa  etVilIarcayo.  BJake,  récemment  ap- 
provisionné par  TAngieterre ,  perdit  son 
artillerie  et  ses  magasins,  et,  mis  en  dé- 
route, il  fut  obligé  de  se  jeter  dans  les 
montagnes.  Il  remit  le  commandement  a 
son  collègue  La  Romana,  et,  sur  Tinvita- 
tion  de  la  junte  centrale  de  Séville,  il 
prit  le  commandement  des  troupes  es- 
pagnoles de  Ja  pitalogne,  de  TArâgon 
ëfc  de  Valence.  Malgré  quelques  succès 
qu*il  obtint,  il  ne  put  empêcher  Tenva- 
hissement  de  T^ndalousie.  Il  fut  rappelé 
pour  présider  la  régence  du  royaume; 
mais  II  ne  garda  pas  long-temps  ce 
poste  important  :  on  sentit  qu*U  étai^ 
plus  nécessaire  à  la  tête  d'une  partie 
de  Tarmée  espagnole.  Le  malheur  l'y 
poursuivit,  comme  dans  les  campagnes 
précédentes.  On  prétend  d'ailleurs  qu'il 
n'exerçait  pas  un  grand  ascendant 
moral  sur  les  troupes.  Ayant  essuyé 
une  défaite  à  Murviedro ,  il  se  jeta 
dans  Valence,  et,  ne  pouvant  tenir  dans 
une  place  mal  fortifiée,  il  fut  obligé  dé 
capituler  le  9  janvier  1S12.  Il  lut  fait 
prisonnier  de  guerre  avec  toute  la  gar- 
nison et  conduit  au  château  de  Vincen- 
nes,  près  Paris.  Au  moment  de  se  mettre 
en  route,  il  écrivit  à  la  régence  pour  lui 
recommander  sa  famille,  n'espérant  plus 
de  revoir  sa  patrie.  Cependant  les  événe- 
mens'lournèreut  fiutrement:  le  Irone  de 
ÏJajpoléon  ayant  é(é  renversé  en  1814, 
Ëlake  sortit  de  Vincennes,  reçut  un  bon 
accueil  des  souverains  alliés,  rentra  en 
Espagne  et  obtint  la  direction  du  corps 
du  génie  militaire.  \a  révolution  libérale 
de  1820,  qu'il  (|ut  nécessairement  secon- 
der, le  porta  au  conseil  d'état.  Cepen- 
<Unt  lorsque  Ferdinand,  à  l'aide  des  se- 
court de  Louis  XVIXI,  eut  anéanti  le 


syst,ème  jt^es  portés,  pia|ce  re^ta,  commit 
les  autres  membres  de  l'ancienne  régence, 
en  butte  aux  persécutions  des  absolutis- 
tes. Ce  fut  avec  peine  qu'il  obtint  la  fa- 
veur de  n'être  plus  inquiété.  Il  mourut 
en  1827  à  Valladolid,  délaissé  par  le  ro^ 
pour  lequel  il  avait  souffert;  il  n'avait 
tenu  qu'à  lui  d'être  employé  par  Joseph 
Bonaparte.  D-G.' 

BLAME.  On  nommait  ainsi,  danf 
notre  ancienne  législation,  Ja  réprimande 
adressée  par  les  juges  à  un  criminel,  en 
exécution  d'une  sentence  ou  d'un  arrêt. 
Le  blâme  emportait  infamie,  et,  dans 
l'ordre  des  peines,  venait  immédiatement 
après  le  bannissement  à  temps.  Le  Code 
pénal  de  1791  a  aboli  la  peine  (ju  blâme. 

Dans  la  langue  du  droit  féodal,  le 
blâme  est  l'acte  par  lequel  ^e  se^gneu^ 
contre(^isait,  lorsqu'il  le  trouvait  défec- 
tueux, l'aveu  et  dénombrement  fourni 
par  sop  nouveau  vassal.  X^a  coutume  de 
Paris  accordait  nu  seigneur  un  ^é\i\\é^ 
40  jours,  à  partir  de  la  présentation  du 
dénoinbiement,  pour  le  blâmer  {voy. 
Aveu).  E.  R^, 

BL^NC  (couleur),  ^ux  articles  Colo- 
ïiATioN  et  Lumière,  on  exposera  les  rai,- 
sons  qui  ne  permettent  d'adn^eltre  le:i  per- 
ceptions de  l'organe  de  la  vue,  d'où  résulte 
pour  nous  l'idée  (;les  couleurs^  que  soup 
la  dénomination  rationnelle  f^apparen" 
cei.  Mais  ici,  pour  matérialiser  notre 
sujet ,  nous  considérerons ,  par  abstrac- 
tidn,  la  couleur  comme  un  être  substan- 
tiel. Nous  trouvons  qu'elle  dépcoiji  pour 
nos  organes  du  degré  particulier  de  té- 
nuité des  lames  dans  lesquelles  elle  se 
manifeste  à  notre  vue,  en  raison  du 
mouvement  des  ondes  prdduites  par  le 
fluide  subtil  éthéré;  cela  est  si  vrai  qu'il 
nous  sera  toujours  possible ,  à  l'aide  du 
calcul ,  de  prévoir  jusqu'où  il  suffira  de 
pousser  la  division  mécanique  ,des  famés 
pour  ariver  à  une  nuance  quelconque  qui 
varie  continuellement  avec  ^épaisseurde 
ces  lames. 

Dans  le  système  nevrtpnien  ^e  l'émis- 
sion lumineuse  solaire,  on  considérait  le 
blanc  comme  un  résultat  de  la  réflexion 
complète  et  simultanée  de  tous  les  rayons 
colorés;  et  par  une  opposition  consé- 
quente le  noir  était  considéré  comme  un 
résultat  d'absorption  totale  de  ces  mêmes 


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BLÀ 


(568) 


BLÀ 


rayofM  ;  d*oà  cette  atsertioii ,  que  le  noir 
ii*élait  qu'une  couleur  négative,  c'est-à- 
dire  rdbsence  de  coulfur.  On  verra  en 
son  lieu  combien  ,  en  admettant  le  mou- 
vement onduleux  du  fluide  éthéré  pour 
cause  unique  de  tous  les  phénomènei 
lumineux,  une  multitude  d'apparences 
qui  semblent  d'abord  contradictoires  , 
viennent  plausiblement  se  ranger  sous 
des  lois  invariables  parfaitement  en  bar- 
monie  avec  Tobservation  des  faits  et  les 
déductions  mathématiques. 

Le  mot  adjectif  blanc,  est  devenu 
substantif  dans  une  multitude  d'accep- 
tions diCTérentes.  Pour  les  énumérer,  il 
nous  faudrait  passer  en  revue  tous  les 
mrts  de  la  vie,  toutes  les  bizarreries  de  la 
nomenclature,  toutes  les  fantaisies  des 
imaginations  vagabondes,  et  du  blanc-' 
manger  des  cuisiniers  {voy,  plus  bas), 
nous  élever  jusqu'au  blanc  céleste  qui 
déguise  l'irréparable  outrage,  tourment 
de  la  beauté  fanée. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  théorie  physi- 
que du  blanc  dans  les  deux  hypothèses 
d'Huygens  et  de  Newton ,  il  e5t  un  fait 
qu'elles  essaient  toules  deux  d'expliquer 
et  dont  les  conséquences  pratiques  sont 
utiles  à  connaître  :  c'est  que  les  corps 
blancs  s'échauffent  le  moins,  que  le  ca- 
lorique dont  ils  sont  frappés  se  réfléchit 
en  plus  grande  abondance,  et  que  par 
conséquent  un  revêtement  blanc,  celui 
de  Tintérieur  des  cheminées,  par  exem- 
ple, est  le  plus  convenable  pour  mettre 
à  profit  le  calorique  rayonnant  dans  les 
appartemens. 

Dans  les  arts  de  l'industrie ,  on  con- 
naît beaucoup  de  produits  sous  la  déno- 
mination de  blanc.  Les  blancs  d'Espa- 
gne, d'Orléans,  de  Senlis,  de  Troie, 
de  craie,  ne  sont  que  du  sous-carbo- 
nate de  chaux  plus  ou  moins  divisé ,  lo- 
tionné,  purifié;  le  blanc  de  plomb  est  un 
mélange  de  sous-carbonate  et  de  sous- 
acétate  de  ce  méul  (vof,  CiLausB).  Le 
blanc  de  Rremnitz  est  un  sulfate  de 
plomb;  le  bhnc  ou  magistère  de  bis- 
muth ,  ou  blanc  de  fard,  est  un  mé- 
lange d'oxide  hydraté  de  ce  métal  et  de 
sous-nilrate,  qu'on  précipite  par  l'eau 
versée  en  abondance  dans  la  solution 
nitrique;  le  blanc  de  zinc  que  Guy- 
ton  de  Morveau  avait  proposé  de  substi- 


tuer, dans  la  peinttire,  au  blaoe  de  plomb, 
comme  moins  altérable  et  moins  mal- 
sain, est  le  peroxide  de  zinc,  obleDU 
par  la  combustion  rapide  de  ce  métal: 
c'est  le  pompholix,  nitritalbum,  laine 
philosophiipie  des  anciens  chimistes;  oq 
Ta  aussi  appelé  bl^inc  de  perles,  La  sy* 
nonymie  est  à  l'infini;  on  retrouve  les 
mêmes  substances  sous  les  noms  les  plus 
divers.  C'est  ainsi  que  dans  les  blancs 
de  plomb  nous  avons  le  blanc  d'écaillés, 
le  blanc  d'argent,  le  blanc  de  krems; 
dans  les  craies,  le  blanc  des  carmes ,  etc. 

Chacun  connaît  le  blanc  de  baleine, 
concrétion  sébacée  qui  se  trouve  princi- 
palement et  en  plus  grande  quantité  dans 
l'huile  contenue  dans  la  tète  âviphyseter 
macrocephalus,  et  à  laquelle  le  vulgaire, 
sous  l'impression  d'une  fausse  notion, 
a  ridiculement  donné  le  nom  desperma 
cetr.  Voir  plus  bas.  P>zb  ,  p. 

BLANC  y  Blanquet,  Blanc  seiicc. 
Ces  trois  mots  désignent  une  pièce  dans 
laquelle  on  laisse  un  blanc  que  remplit 
la  personne  qui  doit  en  faire  usage  On 
donne  en  blanc  une  prociiration,  une 
lettre  de  change,  lorsqu'on  n'indique  ni 
l'étendue  du  pouvoir  ni  la  somme  qu'on 
met  à  la  disposition  du  poileur.  EndoS' 
seren  blanc^  c'est  signer  au  dos  une  let- 
tre de  change  en  laissant  une  place  vide 
pour  inscrire  l'ordre  auquel  elle  doit  être 
payée.  Être^/i  blanc,  en  terme  de  banque, 
signifie  accepter  une  traite  sans  en  être 
couvert,  ou  donner  un  mandat  avant 
d'en  avoir  reçu  les  fonds. 

Dans  quelque  affaire  que  ce  soit,  un 
blanc  seing  est  le  témoignage  d'une  haute 
confiance,  qui  ne  doit  être  que  rarement 
accordé,  mais  qui  est  indispensable  lors- 
qu'on rie  peut  fixer  à  l'avance,  ni  les  dé- 
marches à  faire,  ni  l'étendue  des  res- 
sources dont  le  mandataire  peut  avoir 
besoin.  C  L.  m. 

BLANC  (monnaie).  On  donnait  le  nom 
de  monnaie  blanche kldL  monnaie  d'ar- 
gent, sous  le  règne  de  Charles  YL  Les 
gros  tournois  d'argent  fin  étaient  nommés 
gros  deniers  blancs;  et  on  appela  long- 
temps les  écus  de  3  livres  écus  blancs. 

On  nommait  (*rtinils  bleuies  ou  gros 
deniers  blancs  ceux  qui  valaient  10  de- 
niers tournois,  et  petits  blancs  ou  demi- 
blancs  ceux  qui  n^én  valaient  quo  &•  Sçua 


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BLA 


(569) 


Ètk 


Philippe  de  Valois  et  le  roi  Jean,  les 
blancs  remplacèrent  les  gros  lournois 
qu*on  ne  fabriquait  plus  à  cause  de  la  di- 
sette d'argent.  On  leur  substitua  des  mon- 
naies de  billon('i;o/'.)qtii  étaient  de  si  bas 
aloi  qu*elles  ne  valaient  réellement  pas 
deux  deniers.  Pour  cacher  cette  fraude  au 
peuple,  on  blanchissait  ces  espèces,  afin 
qu'elles  parussent  être  de  l'argent. 

En  1438,  Philippe  de  Valois,  que  l'on 
surnomma  le  faux  monnayexir,  fit  faire 
des  gros  tournois  qu'il  nomma  blancs: 
ils  ne  contenaient  que  six  deniers  d'ar« 
gent,  et  il  leur  assigna  pourtant  une  va- 
leur de  15  deniers  tournois.  Le  roi  Jean 
en  fit  Ùiire  qui  ne  valaient  que  4  deniers 
et  qui  eurent  cours  au  taux  de  8  deniers 
tournois.  En  1354,  il  fit  fabriquer  les 
blancs  à  la  couronne  qui  valaient  5  de- 
niers; on  ne  $t  guère  d'autre  monnaie 
BOUS  son  règne. 

Sous  Charles  V,  qui  remit  de  l'ordre 
dans  les  monnaies,  les  blancs  furent  tou- 
jours à  4  deniers  de  96  au  marc,  valant 
5  deniers  tournois  la  pièce.  Charles  VIII 
fit  faire  une  sorte  de  grands  blancs  qu'on 
appela  aussi  Karolus;  un  K  était  gravé 
sur  cette  monnaie. 

Sous  tes  règnes  suivans  cette  monnaie 
ne  varia  guère.  Henri  II  fît  faire  des  gros 
et  des  demi-gros  dont  le  premier  valait 
deux  sols  sfx  deniers,  et  le  second  un 
sol  trois  deniers,  qu'on  appela  des  piè- 
ces de  six  blancs  et  de  trois-  blancs.  On 
n'en  fabriqua  plus  après  Henri  III.  Les 
dernières  pièces  de  six  blancs  ont,  je 
crois,  été  frappées  sous  Louis  XIV.  Quoi- 
qu'il n'y  ait  plus  de  ces  pièces  dans  le 
commerce,  on  a  conservé  l'usage  de  dire 
/ûr^(^/i<;.c pour  deux  sousetdemi.  D.M. 

BLANC,  Doy.  Leblanc. 

BLANC  DE  BALEINE  y  substance 
plus  anciennement  connue  sous  le  nom 
de  spertna  ceti,  lequel  entraîne  une  idée 
complètement  fausse.  Ce  n'est  pas  non 
plus,  comme  on  l'a  pensé  depuis,  le  cer- 
veau du  cachalot,  mais  bien  une  subs- 
tance environnant  cet  organe  (voy,  sur  la 
colonne  précédente),  et  qui  forme  un  des 
produits  importans  de  la  pèche  de  la  ba- 
leine. Elle  est  usitée  dans  la  pharmacie 
et  dans  les  arts  industriels.  Liquide  au 
moment  de  son  extraction,  elle  a  besoin 
d'être  débarrasiée  par  la  pression  d'une 


certaine  quantité  d'bnile  qu'elle  retient 
toujours;  puis,  quand  elle  a  été  fondue  et 
qu*elle  s*esl  refroidie,  elle  se  présente  en 
masses  blanches,  cristallines,  foliacées, 
brillantes,  onctueuses  et  translucides. 
Le  blanc  de  baleine  se  fond  avec  facilité; 
il  se  dissout  promptement  dans  les  huiles 
fixes  et  volatiles.  Sa  saveur  est  douceâtre, 
et  son  odeur,  faible  quand  il  est  récent, 
devient  désagréable  quaiid  il  est  ancien , 
et  qu'il  a  subi  le  contact  de  l'air  et  de 
la  lumière. 

On  avait  jadis  prêté  au  blanc  de  ba-* 
le'ue  des  vertus  mei*veillei>ses  contre  une 
foule  de  maladies;  mais  il  est  bien  évU 
dent  qu'il  ne  peut  agir  que  comme  adour 
cissant,  à  la  manière  des  graisses.  Il  esT 
employé  à  la  confection  d'emplâtres ,  ât 
pommades,  de  cérats,  etc.  Mais  son  prin^ 
ci  pal  emploi  est  la  fabrication  de  bougies, 
fort  recherchées  à  cause  de  leOr  blan* 
cheur  et  de  leur  transparence  qui  les  fait 
ressembler  à  l'albâtre.  F.  R. 

BLANC  DE  PLOMB,  V07.  Creuse. 

BLANCHABD  (François),  célèbre 
aéronaulenéaux  Andeljs(£ure)en  1738, 
se  voua  dès  sa  jeunesse  aux  arts  mécani- 
ques, et,  à  peine  âgé  de  16  ans,  consiruf- 
sit  une  voiture  mécanique  avec  laquelle 
il  parcourut  un  espace  de  sept  lieuè^. 
Cette  invention,  qu'il  perfectionna  encore 
en  1 778,  le  fit  admettre  à  la  cour  de  Ver- 
sailles. A  li^ans  il  imagina  une  machine 
hydraulique,  et  enfin  un  vaissean  volant 
qui,  au  moyen  d'un  contrepoids  de '6  U^ 
vres,  s'éleva  à  20  pieds  au-dessus  de  terrei 
La  découverte  des  frères  Montgol  fier  et  lès 
perfectionnemens  de  Robert  et  de  Char- 
les, ne  pouvaient  manquer  d'être  accueil- 
lis par  Blanchard  :  aussi,  après  les  pre^ 
mières  expériences,  osa-t-il  traverser  en 
ballon,  accompagné  du  docteur  Jefferies^ 
la  Manche  de  Douvres  à  Calais  (1785); 
et  si  l'art  de  diriger  les  aérostats  n'est 
point  trouvé,  ce  passage  du  détroit  k 
travers  les  airs  rendra  le  nom  de  Blan^ 
chard  immortel.  Un  présent  de  1 2,000  fr, 
et  une  rente  de  1,200  livres  que  lui  ae^ 
corda  le  roi  de  France  furent  la'rérom^ 
pense  de  cet  essai.  Dans  la  même  année, 
il  fit  à  Londres  le  premier  essai  pubKe 
du  parachute  inventé  par  lui,  mais  attri- 
bué par  quelques  personnes  à  Etienne 
Monlgolfier,  En  1798,  après  plusieum 


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PL4 
TPytfçs  jiftpîiçps  exécu^éf  à  |*érfaogcr,  il 
(ut  emprisonné  à  Kurstein  ()ans  le  Ty^^!) 
comme  prévenu  tl*avoir  propagé  les  prin- 
cipes révolutionnaires; mais,  bi(!nl6t  ren- 
4u  à  la  liberté,  il  partit  pour  ^ew-York 
oii  il  fit  sa  46**  ascension.  £n  1798 ,  à 
Eouen,  il  s*élèva  avec  16  personnes  dans 
un  vaste  ballon  et  alla  descendre  à  6  lieues 
de  cette  ville.  U  piourut  en  }809,  ayant 
tj^it  plus  de  66  voyages  heureux  dans  la 
r^ion  des  ni^ag^s.  Cétait  un  homme  il- 
lettré et  peu  versé  dans  les  sciepoçs  pby^ 
Ûqpes. 

Sa  femme,  qu>  avait  participa  à  se^ 
tfavaux,  les  continua.  En  13M  ellç  fit 
UQçadcepsion  à  Honac,  et,  après  ^voir  par- 
jfïouru  un  espace  de  0  milles,  elle  s'éleva 
de  nouyeau  pour  se  rendre  à  Naples.  Sa 
mort,  arrivée  eq  1819,  fut  ameuée  par 
Texplosion  de  son  ballon.  {Ule.  s'était 
élevée  de  Tivoli  et  retomba  morte  dans 
fà  naoe||e,  rue  de  Provence.         C.  Zn 

PLA?1CHE  y  fille  d'Alphonse  IX ,  roj 
de  ÇasUI|e,  naquît  Tfu  1 185 ,  épousa  en 
4?Q0  l^uis,  (ils  de  Philtppe-A  ugivte  qui, 
en  }?23,  (jcvint  roi  de  France,  et  fi^t 
couronnée  avec  lu|  à  Kejros.  Elle  devint 
jpèr«  de  saÂot  J^uis.  Après  )iuit  ans  de 
ri^e,  INOUÏS  YI^I  mourut,  et,  d'après  sa 
yQÏQnl.éf  3ianqhe  devint  tutrice  de  ses  en- 
iJfm^^r^gMifç  4.U  ^o)  au  me,  qu'eue  gou- 
Ypf^a,  «avec  sagesse.  Elle  mourui  à  Me- 
luflcn  125?.  To/.LouislX.  Y. 

t  «|L4^>iCW$  (  LA  ^xa  ) ,  au  Qord  de  Ja 
j$ju||si^,  p'est  qu'un  golfe  de  la  mer  Gla- 
PHile»  Lal)vina,  TOnéga,  le  JVIézeo,  elc, 
pnt  leur  embouchure  da^is  cette  mef,  e( 
Ari^an^l  es^  h  principal  port  que  les 
bitimeps  y  fréquentent.  |La  mer  JÇlai^c^e 
e^  couverte  de  glace  pendant  six  mois 
^  )^*9^om*'  4ku  pord-est  ^a  mçir  3|anche 
l;»aigiiie  les  c6f.es  de  la  ]Laponi.e,  et  à 
Tç.*';^  celles  de  la  Fiailande.  Parmi  le^ 
^If^  ,de  ceue  mer  on  dislingue  celui 
/qu^  fonne  i'embouqhure  de  la  iDrina, 
Alla  i*extrémUé  duquel  est  situé  A,rkhan^ 
j|^,'i&e  fIpUe  de  ÏOoé$aL  et  eni^  celui  de 
JLQudalok ,  qui  ae  prolonge  dans  la  La- 
jHHHC  Lf  commerce  qui  se  fait  dans  cette 
■Plfir, appartient  princi  paiement  à  ArUian- 
^\.(.9fojr^  ce  mot},, et  ce  sont  surtout 
J^  Atàtioiiens  anglais  qui  f^e  fout.  j[U  vien- 
lOant  cborUiar  les  graioa,  ^le  chanvre,  le 
Jin,  leiM>ic,  le  goudroo,  etc.  .4ea  jirp^ 


(610)  pLi^ 

yîçcej^  qi|i  fLYçis^o^çt  |^  f>y%nf,  J^  ^^ 
il  est  entré  dans  cette  mer  ^72  bâtlroeps; 
il  en  est  sort  i  429.  Lesdroits  que  la  douane 
a  per^'us  sur  le  mouvement  commercial 
(indi(|ué  à  l'article  AaxHAjiGEL)  ont  éié 
de  910,1 39  roubles^  encore  dans  les  <^er- 
nieras  années  les  exportations  ont-elles 
été  moins  considérables  qu'elles  ne  l'é- 
taient quinze  ans  auparavant.  En  |âl5 
il  fu^  expçrté  pour  plus  de  15  mif- 
lions  de  roubles,  e(  en  1817  ppujr 
plus  4^  18  millions.  En  général^  il  y 
a  dç  grandes  variations  4^os  |e's  a^ 
faire^,  suivant  les  événepaeDS  qui  af- 
fectent le  pojnm'erce  ou  |a  pçljtique  de 
l'Angleterre.  C'est  ainsi  qu'en  1828  ]sl 
marine  ^'a  pas  tiré  de  la  mer  Blanche 
ppur  8  millions  de  denrées^  Dans  les 
cinq  années  de  18^8  a  1832,  le  nom- 
bre des  ^âtjmens  qui  sont  entrés  dans  1^ 
mer  Blanche  a  été  de  34*9 ,  5(J9 ,  '  467  , 
565 ,  472  ;  ce  qui  peu^  donner , une  idée 
des  f^uctuationa  du  commerce  4^ns  ces 
parages.        j 

Les  harengs  qu'on  sale  ^ans  les  ports 
de  la  mer  Blanche  sont  moins  estimés  eo 
Jtluss^e  que  ceuf  qw  viennent  d  autres 
mers;  on  avait  espéré  relever  cette  branche 
4*induslrieeo  loudant,en  1803,lacoinpa- 
l^nie  pour  le  commerce  de  la  mer  Blan- 
che; n^^is  jusqu'à  pr^sen^  les  pçc^eri^ 
de  cette  mer  y  ont  peu  gagné ,  com|aa« 
on  le  voit  par  le  mpntant  de^  importa* 
lions  de  poissons  en  Russie.  D-G. 

pL^NjC/ipiil^ENT^opéraMon  au 
moyeu  de  laquelle  on  blanchit  diveni 
cprps  ou  divers  produits  içanujactu- 
riers ,  en  les  dépouillaot  ^u  principe  qui 
Les  colore.  Le  flambeai^  de  la  chimie  a 
po^é  depuis  quelques  années'  un  grand 
jour  sur  cet  ^rt  important  et  qui  ^ivté- 
rcs^  à  vtn  haut  degré  la- sa|uurilé  et 
réc^npmie  /lomesljque.  Çest  a'Beknol- 
let  qu'on  ^i,t  )a  première  aj^licatiou 
^u  chlore,  connu  alors  squs  le  r^om  ^'a- 
cide  munatique^  à  ^a  destruction  du 
principe  colorant  de  la  jaioe,  d^  coton, 
du  chanvre ,  du  lin  ,  etc.  ;  le  chimiste 
suédois  Scheele  avait  seulement  entrevu 
celte  propriété  du  chlore,  ^e  temps  a  ap- 
porté de  grandes  améliorations  au  blan- 
chiment ^^r2Ao//e^€/i.  En  général  les  sub> 
stances  employées  au  blanchiment  sont 
1^.  acHifi*, ,lcls  9ue  ^'^qi^e  ^lyfl^ro-c^CK 


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fiti 


(671) 


9LilL 


rfqilf ,  «IHwM  ancici^wnfp^  «çi4e  ma- 
rin y  acide  muriatiqiie  ;  Tacite  pxajjque, 
l'acide  citrique ,  le  sel  d'oseille ,  Tacide 
iulfiireui  y  la  potasse ,  Tcau  o^ig^née  de 
1$.  Thénard ,  etc. ,  etc.  Qo  se  sert  aussi 
^e  divers  savons  économiques ,  tels  que 
le  S4ivon  propre  à  blanchir  le  fil  de  co- 
U^ ,  le  savoo  de  méoagje ,  le  savon  11- 
.<|UÎde  4<^  Giaptaly  le  savon  de  laine ,  ce- 
fui  4«  »^i9^  Ia  lumière  claire ,  l'air , 
1^  çfAofiqui^ ,  r^au ,  ies  acides,  les  ^- 
al^Qpef  al4;^lines>  1^  cfelorp  jb^Ics  cblo- 
mres  son(  autant  de  corps.  dpQt  po  peu^ 
#e  f ervijr  dans  les  n^uaufuctMres  ou  atet- 
li^rs)  miiis  «y^c  dep  pjPQc^dés  divers, 
c^t  c))aque  substance  exjge  un  mode 
f  articpU^ir  :  #iD^  les  tpi^ea  eugiepi  des 
imanipujatipps  «ujtres  qu^  jodles  qu'on 
fl^U  poi^  le  fil  en-  éohevea^x,  pour  le  êà 
k  cpudre ,  les  finoos  ;  les  toîlea  4e  colon 
4«f^fef  ^  rfmpres^ipn  n^  se  blanc^s- 
fent  pa^  cQmme  celles  desUnées  à  /âjtre 
Uyrém  »u  commerce  eu  IPkkpp,  etc. 

Qttolq)9^il  Y  9i%  une  g^ai^de  w^ogte 
iifare  la  matiène  colorante  4u  cotpn  et  celle 
4u  ckmyre^kdulm  ^«^,nmoii^s  l'e^é- 
jfifipce  a  d^niQoti(é  qfi'i.  était  k^^W^p 
pf  Ms  facile  d'enlever  la  matière  colprau;!^ 
4y  ^p^o#  /|i|.e  pelU  des ^f|c  witrRa ,  et 
^ib'il  suffi^t  d'c^plqyer  la  vape^r  de 
ii*em  hoiifVi!^i£é  VjQur )A^nclm  f^^  trois 
.§Qvts9  df  mut/ènos  09  grilt?  d'abord  les 
smle^i  jce  ^ui  lenr^ei^lèye  I/9  dMKe^,,s^s 
#lt«quer  |a  jih^e  v^gié^e  QM  le  tis^u  ô  en- 
suite ,oB  les  macirf  yppuY  leiK  ^r  ua^ 
jeApfice  de  .cp^e  xw  par^ment^  et  puis  pn 
)^  la.ve  fiik ie^soiume^VaiU hl  diverses  les- 
^ivies.  Duoa  plusienArs  bdaixc^isseries  on 
ijout»  à  cfia  Uoiff  opi^falÂo^s  l'eipotM^Of) 
;  iUt^  Wyea  sur  (le  pré.  Là  fiml-  le  blanchi- 
«lenl^oppcimeAtidjLjPmMir  {blanchir  Ves 
i0ime$  on  ^eiur  .onlèv^  4*abord  l«Mr^i/^t 
^«MB.  dnploitomun  «sxQ»  i  \m^  <^  poiasa^, 
M»;  ce  4|ui  ^<pr,^terahle9  burine  am- 
:«i^o»iiieide^  on  Jes  l«v>e  4an8  iupe  ,«au 
iMtfUiioDBjBt  jOfci  les  soumet  .eoauite  à  Tac- 
âîoo  de  l'apîdje  suUureux,  gazeux  ou  JU- 
ifyuidjB«^'il  a*agk4e  la  soict  on  compieoce 
imr  hdécnmëer;  on  kii  enlèye.son  ver- 
nis en  la  plongeant  dans  un  Itain  de  aa- 
.  yon  J>lanc  de  Marseille, .et  on  ila  :lave  en- 
«uiVe  dûn^  le  <)ou£ant>d'utte  xivière.  On 
4>lancbiâ  amai  vies  piume^  et  ht9  îrwrç,- 
^otÊêp  âjvee  vme  eau  de  Javou  légère;  ijes 


<PPW«^>#vepi}el'acidesulfuriVîP(^^4* 
d-eau;  la  cirç^  en  la  réduisant  en  rubana 
trcs  n^inces  et  en  l'exposaot  alternative* 
meut  au  contact  de  l'air  humide  et  de 
la  lumière;  le  papier ^  en  le  trempant 
dans  une  dissolution  de  chlore.  On  voit, 
en  résumé,  que  le  blanchiment  est  une 
opéra^on  que  la  chimie  a  mise  à  la  por- 
tée de  tous  les  fabricans  et  qu'elle  n'exige 
que  des  précautions  facile^  ^  prendre* 
FqY"  Tart.  suivant  .    y.  pE  M-^, 

BMNCliISSâCE,  ppérapop  <d'^ 
ponomie  domestique  au  moyen  ^e  la- 
quelle 00  eqlève  les  cqrps  qui  saUssen^ 
accidentellement  le»  fibres  végi^tales  dç^ 
tissus,  tandis  (|ue  dans  le  blanjcbj- 
ment  on  a  pour  ^ut  de  dépouille^  ces 
i^émçf  âbres  de  leur  princjpf  co|orax4. 
Ces  corp*  aali^ans  étant  en  général  dje 
nature  gr^^sç»  on  emploie  pour  les  4^ 
truite ^  aljcalis,  qui,  agvs/^^^ sur  eux  , 
les  saponifient;  jtel  estle  principe  deslea- 
^iyes  qu'on  fait  d^na  les  ménages  ou  che^ 
les  blanphiss.eu^es.  Ces  op^^tjoi^  ^nt 
|rpp  connues  pou^r  que^ous  ne  puissions 
pas  nous  dispen^r  d^  le^  décrire,  l^ouji 
,nqHS  çpi^f  utei;ops  ^'ajouter  /c^^'op  len  A 
^per/ectioi^iées  et  q^e,  aoua  ce  rapfxu^y 
la  salubrité  a  fajt  lliieaucouj^  de  progrqi. 
file  est  Ici  upe  ciuiso  infiuente  sur  U 
sanjLé)  car  le  U^i^pl^i^^s^,  jo^re  qu'il 
ôte  au  linge  de  table  ^  de  ci^ine  jl|e? 
^natières  .gras^^  jet  qiu'il  dipndgye^u  lingp 
,en  général  Wjie  p^t^  de  l'éclat  eA  4^  la 
J>lancb/9ur  qu'il ay^t  étant  ueyf,  U  enl^vp 
jeuqore  à  m^  ,\étjemjens  les  ji^iasmes  ^j^ 
v/ept  putrides  que  \fi%  éman|iUops  de  no^s 
corps  Ifcur  çomnwniqu^t- 

lÛn  des  prinoipaMx  pei^feçtion^mcina 
^o^isiâte  à  14anchir  à  fl^. vapeur.  ,On  épo- 
j^omrise  les  cinq  sixièmes  du  «^mbuatit^ 
et  beaucoup  de  ^emps,  car  on  peut  Xaii^e 
la  lessive  en  8  heures  au  lîeujd'y  en  em- 
ployer 24;  oiu  ré^it  pw  jtiers  )«r  CQQpom- 
malÂPn  du  savon  /et  d'ijn  ^tie^rs  les  irais 
demain^'c^AT»^  enfin  pn  a  la  oerUtude 
de  pouvoir  porter 4a  chaleur  ^  la  ;temp!é- 
rature  de  l'eau  bouillante,  qbaleur  Ji>ien 
nécessaire  pour  enlever  des  «taobcs  qui , 
^ans  elle,  ne  disparaîtraient  pas.  .On  est 
parveuuà  blanchir  avec  d'autres  m^lièpes 
que  le  sa.voA  :  c'eftt  ainsi  qu'oin  W^^nchit 
^v/eçjplusieurs.substanoes  végétales,  telles 
qu^le^wuTon  d'Ande,.)a  jKunn^d^iten^y 


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BIA 


(472) 


BLilL 


1i  saponaire,  le  rit  (te  procédé  est  em- 
ployé dans  rinde  ) ,  ïe  savon  végéul  de 
la  Jamaïque  qui  est  tiré  dû  grand  aloès 
d'Amériqnc,  etc.  V.  de  M-w. 

BLANCHISSEUR,  Blanchihskusr, 
induittrîels  occupée  à  nettoyer  le  linge  au 
moyen  des  procédés  indiqués  dans  Tar- 
ticle  précédent ,  et  dont  il  est  question  ici 
sous  le  rapport  de  Thygiène  publique  et  de 
l'économie  sociale.  En  général  les  éta- 
blîssemens  de  blanchisseurs ,  formés  sur 
des  bases  étroites,  avec  trop  peu  de  ca- 
pitaux et  de  lumières,  deviennent  des 
causes  puissantes  dMnsalubrité,  tant  pour 
les  personnes  qui  y  sont  employées  que 
pour  le  voisinage,  outre  qu'il  y  a  une 
perte  énorme  de  temps  et  de  matière  et 
une  grande  imperfection  dans  le  travail. 
Les  blanchisseuses  (car  ce  sont  presque 
toujours  des  femmes  qui  se  livrent  à  ce 
travail)  habitent  les  étages  élevés  de  mai- 
sons situées  dana  les  quartiers  les  plus  mal- 
sains qu'elles  rendent  plus  fâcheux  encore 
par  les  eaux  qu'elles  laissent  couler  et 
croupir  sur  hi  voie  publiqae.  Une  à  deux 
chambres  au  plus  servent  à  la  fois  à  l*ex- 
ploitatîoW  de  l'industrie  et  à  Thabitation 
-de  la  famille  :  aussi  est-Il  peu  déclasses 
d'ouvrières  qui  soient  exposées  à  plus  de 
maux.  Les  accidens  occasionnés  par  le 
charbon  y  sont  extrêmement  fréquens;  les 
affedtions  de  poitrine,  les  scrofules,  lesdé- 
cimertt'cruellement;  les  ulcères  variqueuk 
aux  jambes  semblent  leur  ap(taKenîr 
presque  exclusivement.  A  ce»  considéra^ 
tions,  qui  seules  devraient  appeler  l'at- 
tenlidn  des  philanthropes  et  dn  gouver- 
nement ,  joignez  l'ignorance  ou  l'emploi 
irîclefifx  des  procédés  industriels  néces- 
salre^  pour  dépouiller  ^jOmplètemeM  h 
linge  des  matières  étrangères  qui  s'y  at- 
tachent et  qui  sont  des  causes  puissantes 
de  maladie.  F.  R. 

BLANC-MANGER.  On  appelle  ainsi 
une  espèce  de  gelée  ou  d'émulsion  qui 
est  à  la  fois  du  domaine  du  confiseur  et 
de  celui  du  pharmacien.  C'est  un  mets 
agréable  el  léger  et  d'un  effet  excellent 
pour  l'eslomac.II  entre  dans  sa  composi- 
tion de  la  gelée  de  corne  de  cerf,  des  aman- 
des  douces,  de  l'eau  de  fleur  d'orange,  de 
l'esprit  et  des  testes  de  citron ,  et  du  su- 
cre. On  sert  aussi  k  table,  en  même  temps 
que  les  crèmes  ^  une  sorte  de  blano^maa- 


ger  qui  te  fait  aree  des  amandes,  de  It 
crème,  deJa  colle  dé  poisson  et  du  su- 
cre. D.  A.D. 

BLANC*S  ET  NOIRS  (  fiianchi  e 
Neri  ),  (Victions  rivales  qui  ensanglantè- 
rent Floi*ence  pendant  les  cinq  premières 
années  du  xiy^  siècle.  Sous  ces  noms 
nouveaux  elles  ne  firent,  à  proprement 
parler,  que  continuer  l'ancienne  lutte 
des  bourgeois  et  des  nobles  ;  ceux-ci 
composèrent  le  parti  des  Noirs,  ceux-là 
le  parti  des  Blancs;  aux  Blancs  se  mêlè- 
rent les  restes  de  l'ancienne  faction  des 
Gibelins,  de  même  que  les  débris  du 
parti  Guelfe  entrèrent  dans  l'iniérêt  de 
la  faction  opposée.  P.  C 

BLANCS-MANTEAUX,  nom  que  le 
peuple  donna,  à  Paris,  aux  religieux 
d'une  maison  située  dans  la  rue  qui  s'ap- 
pelle encore  aujourd'hui  des  Blancs^ 
Manteaux;  par  la  raison  qu'appartenant 
à  la  règle  de  saint  Augustin  ils  portaient 
un  manteau  hianc.  Plus  tard  (t39S)  des 
Bénédicttns  gu4llelmites  s'établirent  dans 
ce  couvent ,  et  quoique  leurs'  vêiemens 
fussent  noirs,  ces  nouveaux  babitans 
conservèrent  le  nom  de  Blancs-Mau* 
teaux.  S. 

BLAN6INI  (  JosEPH4^ftc-'MAaTB- 
Félix  ),  né  à  Turin  en  1781,  doit  à 
l'abbé  CHtani,  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  cette  ville,  les  premières 
leçons  de  théorie  musicale  qui  l'ont  î<i- 
troduit  dans  la  carrière  qu'il  a  poursuivie 
avec  succès.  Il  atait  14  ans  lorsqu^il  fit 
exécuter  son  premier  ouvrage:  o^éiaitune 
messe  à  grand  orchettre.  M.  Blavigioi  vint 
a  Paris  en  1701^,  et  se  fit  connatlre  par  la 
publication  d'un  grand  nombre  de  ro- 
mances et  de  nocturnes,  qui  eurent  dans 
leur 'bouveauté  un  auoeès  de  vogue.  De- 
ptm  fors  il  se  livea  à  renseignement  4u 
chant  et  à  la  composition  «Irahmiiqve. 
La  faune  Du^finer,  q«e  Délia  Maria 
avait  laissée 'roadftevée,  fnt  terhiiBér|air 
lui;  et  peu  de  temps  apr^  il  fit  repiré 
sert  ter  Zélie  et  TetvUCs^  opéra  qui  e«it 
peu  de  succès ,  ainsi  que  d'autres  qui  f«« 
rent  joués  à'rOpéra*C)onNque  et  à  l'Aca- 
démie royale  de  musique. 

£n  180S  M.  Blangini  quitta  Paris  et 
se  rendit  a  Munich.  L'opéra  qu'il  y  com- 
posa sons  le  titre  de  Encore  um  tour  de 
khaitfe  lui  valut  le  titra  de  maitrv  àm 


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BLA 


(S7J) 


BLA 


chapelle  (la  roi  de  Bavière.  Cène  fut  pas 
la  seule  faveur  royale  qu'obtint  M.  Blan- 
gini:  la  princesse  Bor^bèse.sœttrdeNa- 
poléon,  le  nomma,  en  1806,  directeur 
de  sa  musique,  et,  en  1800,  le  roi  de 
Wtsiphalie  fit  de  lui  ie  maître  de  sa  cha- 
pelle et  de  sa  musique.  Revenu  eu  France 
en  1814,  il  fut  successivement  nommé 
surintendant  honoraire  et  compositeur 
de  la  musique  du  roi.  Il  devint  aussi  pro- 
fesseur de  chant  à  l'école  royale  de  mu- 
sique; mais  cette  place  lui  fut  retirée  en 
1827. 

M.  Blangini  a  composé  17  opéras  qui 
ont  été  représentés;  environ   175   ro 
mances  en  84  recueils;  170  nocturnes 
à  deux  voix ,  quantité  de  cantonette ,  6 
motets  et  4  messes.  £.  F-s. 

BLAKREKROUaO  y  ancienne  prin- 
cipauté dans  le  Harz ,  voy,  BauRsvtricK. 

BLANQUETTE  j  sorte  de  vin  blanc 
agréa  bleet  rccherc^bé,  propreau  Bas- Lan- 
guedoc et  ainsi  nommée  du  duvet  blanc 
dont  le  pampre  est  garni  par-dessous.  La 
blanquette  la  plus  connue  est  celle  de 
Linfoux  {^ude\  Y. 

BLAQUERNES,  palais  d'été  des 
empereurs  grecs  de  Conslantinople,  bâti 
dans  le  faubourg  du  même  nom ,  où  il  y 
avait  aussi  une  belle  église,  au  rapport  de 
plusieurs  historiens  byzantins.  A  près  leur 
avènement ,  les  empereurs  d'Orient  par- 
taient du  palais  des  Blaqeernes  en  grande 
pompe,  et,  suivis  de  toute  leur  cour,  fai- 
saient ainsi  leur  entrée  solennelle  à  Cons- 
lantitiople;  c'est  ce  qu'on  appelait  lu 
piocession  des  Blaquernes     j.  B.  X. 

BLASON.  On  appelle  ainsi  l'art  qui 
s'occupe  spécialement  de  l'étude  et  de  U 
composition  des  armoiries;  quelquefois 
ce  mot  se  prend  aussi  pour  les  armoiries 
elles-mêmes.  La  plupart  des  auteurs  l'ont 
fait  dériver  de  l'allemand  hfnren  (sonner 
du  cor),  parce  que,  dit  le  P.  Ménestrier, 
c'était  la  coutume  de  ceux  qui  se  présen- 
taient pour  combattre  dans  les  tournois 
de  notifier  ainsi  leur  arrivée.  Les  hérauts 
les  annonçaient  ensuite  de  la  même  ma- 
nière, décrivant  a  haute  voix,  ou  blason- 
nantk  mesure  les  armes  de  chacun  des 
concurrens.  Par  le  même  motif  lei>Uison 
a  reçu  encore  le  nom  iVart  héreUt/ique. 
Cest  en  France  qu'il  a  été  le/|4iis  cul- 
i  tivé;  ei^  ce  qui  le  prouva  ,  c'est  que  les 


étrangers,  et  surtout  les  Anglais,  nous  en 
ont  emprunté  tous  les  termes.  Cet  art» 
auquel  on  avait  accordé  jadis  une  haute 
importance,  quand  il  semblait  u'avoir 
pour  but  que  de  constater  l'ancienneté  et 
les  diverses  illustrations  de  quelques  fa- 
milles privilégiées,  éUiit  tombé,  depuis 
les  premiers  temps  de  la  révolution  de 
1789,  dans  un  oubli  presque  complet.  Il 
reprit  quelque  faveur  sous  l'empire,  à 
l'époque  où  la  création  d'une  noblesse 
nouvelle  reporta  l'attention  vers  l'étude 
des  signes  et  des  emblèmes  par  lesquels 
on  avait  distingué  l'ancienne.  Mais,  de 
nos  jours,  une  utilité  plus  réelle  recom- 
mande l'art  du  blason.  On  a  compris  que 
cette  étude,  trop  vantée  du  temps  de  nos 
pères ,  mais  beaucoup  trop  dépréciée  de- 
puis, peut  rendre  les  plus  grands  servi- 
ces à  l'archéologie  et  à  la  numismatique 
nationales.  Ainsi,  quand  nous  apercevons 
dans  quelques-unes  des  salles  abandon- 
nées du  château  de  Saint-Germain ,  on 
sur  un  écu  d*or  du  xvi*  siècle,  ou  sur 
une  des  pièces  de  canon  récemment  ap- 
portées d'Alger,  l'emblème  si  oonnu  de 
la  salamandre,  nous  nous  reportons  aus- 
sitôt au  règne  de  François  I*'''.  De  même, 
BU  château  d'Écouen,la  devise  AIT  AANOZ 
(sans  reproche)  et  Técusson  d'or  chargé 
d'une  croix  de  gueule  et  de  seize  alérions 
d'azur,  rappellent  le  nom  des  Montmo- 
rency et  l'un  des  beaux  faits  d'armes  qui 
ont  illustré  cette  famille.  On  a  vu,  à 
l'article  Armoiries  ,  que  le  système  le 
plus  probable  reportait  seulement  au 
temps  des  croisades  l'origine  des  distinc- 
tions héraldiques  (  Nous  ne  parlons  pas 
ici  des  anteui'S  qui  ont  donné  sérieuse- 
ment les  armoiries  des  enfans  de  Noé  et 
celles  des  enfans  d'Israël).  L'assertion  que 
nous  venons  de  rappeler  a  bien  été  con- 
tredite par  des  personnes  éclairées  :  ce- 
pendant nous  ne  voyons  citer  nulle  part 
de  monumens  antérieurs  à  l'époque  de 
ces  guerres  lointaines,  qui  soient  déco- 
rés d'armoiries.  AinAi,  l'on  n'en  voit  pas 
même  l'apparence  dans  la  célèbre  tapis- 
serie de  Bayeux,  exécutée  (d'après  la  date 
la  plus  ancienne  qu'un  puisse  lui  donner), 
vers  l'an  1070,  c'est-à-dire  moins  de 
30  ans  avant  la  première  croiïtade.  Il  y 
a  ici,  au  surplus,  une  distinction  impor- 
tante à  faire.  $ans  doute,  à  toutes  les  épo- 


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BLk 


(574) 


BLA 


fQefl;  ks  pehplés  gùerriert  et  leurs  chefs 
eux-mêmes  ont  pu  porter,  au  milieu  de 
leurs  boucliers  et  sur  leurs  étendiyds , 
des  emblèmes  pr(>[)re^  4  les  rallier  sur  le 
champ  de  bataille;  mais  il  y  a  une  graodo 
difCércnce  entre  ces  signes  isolés,  varia- 
bles suivant  le  caprice  de  la  nation  ou  de 
•es  maîtres  (on  sait,  par  exemple,  que 
l*kif;te  n'a  été  définitivement  adoptée  par 
les  Romaibs  qu'au  temps  de  Mtfrtus), 
M  dés  signes  convenus  et  invariables,  dis* 
posés  suivant  an  ordre  régulier,  et  surtout 
héréditaires.  Or,  ce  sont  ces  derniers 
traits  qui  caractérisent  Tart  du  blason. 
Les  signes  nombreux  qu'il  emploie,  re- 
présentation plus  ou  moins  exacte  d'ob- 
jets naturels  ou  fictifs,  ne  sont  pas  les 
seuls  élémens  dont  il  fasse  usage.  On  j 
joint  encore  les  devises  {vqx,)^  qu'il  faut 
distinguer  du  cri  de  guerre  ou  d'armes 
ifloy»)  et  dont  plusieurs ,  devenus  célè- 
bres, rappellent,  d'une  manière  souvent 
ingénieuse^  des  faits  qui  ont  obtenu  une 
juste  illustration.  C'est  ainsi  que  l'histoire 
du  moyen-âge  et  la  science  des  armoiries 
peuvent  encore  se  prêter  un  mutuel  ap- 
pui et  s'édairer  l'une  par  l'autre. 

n  faut  s 'occuper  d'abord  du  champ  de 
récu.Cedernier,variable  de  forme  suivant 
les  pays,  est  en  France  rectangulaire,  posé 
droit,  et  termibépar  une  pointe  peu  sail- 
lante. On  y  distingue  le  haut  ou  le  che/y 
le  milieu  ou  centre^  et  le  bas  ou  la  -pointe. 
Si  on  le  partage  égalenhent  par  deux  li- 
gnes, l'une  horizontale,  l'autre  vertica- 
le, la  première  donnera  le  parti \  la  se- 
conde, le  coupé.  Le  tranché  et  le  tailté 
s'obtiennent  par  des  diagonales  menées 
dé  droite  à  gauche,  et  de  gauche  à  droite. 
Là  division  où  partition  en  quatre  car- 
rés donne  ce  qu'on  ap[ielle  les  quartiers^ 
qui  peuvent  ^re  subdivisés  à  leur  tour. 
De  Ht  Texpression  si  connue  de  qttar^ 
tiers  de  nohlessej  dont  les  preuves  étaient 
exigées  dans  certains  cas.  On  a  appelé 
^car/Wl^tesécussons  qui  offrent  alterna- 
tivement, dans  le  premier  et  le  troisième, 
le  deuxième  et  le  quatrième  quartier, 
les  armes  de  deux  familles  ou  de  deux 
nations,  réunies  par  suite  d'une  alliance, 
ou  par  tout  autre  motif.  Tel  était  l'écus- 
soh  d'Angleterre,  sous  Edouard  III,  qui 
l'avait  écarieié  de  Frctnce^  en  y  faisant 
«Utmer  les  fieurs^^^it  et  les  léopards 


Le  ëb«in|j  bien  reëoBnii^  il  ÎkoX  maîii* 
tenant  en  distiifiguer  les  partitions  ad 
moyen  des  émau-t.  On  en  emploie  neuf^ 
savoir  :  deui  métaux,  or  et  «r^/?/;  einq 
couleurs,  qui  Sent:  aztir^  gneUie  (rouge)^ 
pourpre  (violet),  sinopU  (vert),  et  sabie 
(noir).  Enfin  il  y  a  encore deux/ourrun»': 
hermine  et  voir  ou  petit  gris.  Chacun  de 
ces  émaux  est  distingué  dans  la  gravure 
par  des  points^  des  hachures  j  etc.,  dis- 
posés d'une  manière  partictllière.  Ainsi  ^ 
Vargent  eft  fc*eplréseiité  par  lui  fond  toiit 
blanc  ;  l'or  par  un  fond  sablé  à  petits 
points;  le  gàeuh  par  des  hachures  ver- 
tioalea;  l'asurpar  des  hachures  horiaoa- 
tales;  le  sàtfle  par  un  fond  noir,  ete. 
Une  des  lois  les  plus  sévères  du  blason 
est  de  ne  pas  mettre  couleur  iurctmleur^ 
ni  métal  sur  métàL  Cela  aé  pnMilté  pbur- 
tant  dans  quelques  cas  2  ainsi,  férusalem 
porte  d'argent  à  la  d-oil  d'ôr^  étb. 

Avec  les  élémena  qui  viennent  d'être 
indiqués  V  on  peut  déjà  décrire  on  bla- 
sonner  un  assez  grand  nombre  d'krmoi* 
ries;  celles  qoi  ne  contiennent  aucune  fi- 
gure. Ainsi  on  se  représente  très  bien  lies 
armes  de  la  ville  de  Bordéaul(d'Or  |>fein); 
de  Narbonne  (de  gueuk  plein);  celles 
dé  Bretagne  (d'heràiine),  de  la  mai- 
son de  Biron  (écartelées  d'or  et  de  gUen- 
le),  etc. 

Mais  sur  la  plupart  des  écns  d'armoi- 
ries on  trouve  encore,  outre  les  émanx, 
des  figures  dont  les  fornies  et  le  nombre 
varient  à  l'infini.  Il  faut  distinguer  ici  les 
figures  héraldiques  et  celles  que  Ton 
nomme  naturelles  et  artificielles.  Les 
premières  portent  encore  le  nom  db  pii- 
ces  honorables^  et  ont  été^  pour  la  plo- 
part,  empruntées  aux  tournois.  Ce  sont, 
en  ne  citant  que  les  principales  Ha^îixctf 
(ou  bande  horizontale);  le /mi/ (bande 
verticale);  la  bande  et  la  barré  (bande 
proprement  dil!e,  inclinant  à  droite  ou 
à  gauche);  le  chevron ,  Vécu  en  abùne 
(ou  isolé);  la  croix^  le  soMtoir^  le  canton, 
etc.  Ces  pièces  se  modifient  de  mille  ma- 
nières et  reçoivent  des  noms  difiérens, 
suivant  leur  nombre  et  leurs  dimensions. 
On  peut  consulter  à  cet  égard  les  divers 
traités  de  blason. 

Les  figures  natmreUei  sent  prise»  des 
Imimanx,  des  plantes ,  des  astoreB,  du 
tbrpshwnaiai  etc.  Lès  wiifidHiet  sont 


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EU 


(5^5) 


BLA 


dés  iiieubks  ou  îosU'anieQs  de  métiers, 
de  guerre,  de  cérémonies,  etc.  Tous  ces 
objets  peuvent  être  peints  avec  les  émaux 
que  nousavons  indiqués.  Ainsi,  il  y  aura 
des  croix  d'or,  de  gueule,  des  lions  d*azur , 
des  ours  de  sable, des  tours  d'argent.  Ici 
sont  encore  employées  des  dénominations 
oouvelles:  un  bras  droit  étendu  s'appelle 
dextrochère  ;  deux  mains  unies,  une  foiy 
etc.  Les  figures  d*animaux  ont  aussi  des 
désignations  qui  leur  sont  propres.  Ainsi, 
11  y  a  des  lions  passons  (qui  marchent), 
léopardés  (vus  de  face),  rarnpans  (quand 
ils  semblent  grimper),  etc.;  ils  sont  d'ail- 
leurs armés  ^  lampasscs  ^  mornes  y  etc. 
Plusieurs  de  ces  emblèmes  constituent 
des  armes  parlantes:  la  maison  de  Cré- 
qui  porte  des  criquets  (arbustes  épineux 
des  haies)  ;  celle  de  Mailly  des  maUletr^ 
celle  de  Colbert  une  couleuvre {€i)tuifer)\ 
les  dauphins  de  France  et  d*Aa vergue 
avaient  un  dauphin  y  etc. 

Nous  n'avons  pas  encore  parlé  des  bri- 
sures. On  appelle  ainsi  tout  accessoire  et 
même  toute  modification  introduite  dans 
des  armoiries ,  et  qui  ont  pour  objet  de 
distirtguer  les  bitmches  d'une  même  famil- 
le. On  emploie  surtout  pour  cet  usage  :1e 
lambel^  la  bordure  y  le  bdion  péri  [r^c- 
courci  et  isolé),  V étoile  y  la  coquille  y  la 
croizette,  et  autres  accessoires  qui  n'al- 
tèrent pas  sensiblement  le  blason  prin- 
cipal. Ainsi,  Técu  de  la  branche  aînée  de 
Bourbon,  brisé  d'un  lambel  dVgent  à 
trois  pendans,  forme  les  armes  de  la 
branche  d'Orléans.  Le  dernier  duc  de 
Bourbon  portait  utk  bâton  péri  en  bande 
de  gueule,  pour  brisure;  Montmorency- 
Laval  charge  là  croix  de  gueule  de  cinq 
coquilles  d'argent,  eic.  On  peut  regar- 
der encore  comme  une  brisure ,  la  ligne 
de  bâtardise  qui,  tracée  en  diagonale 
sur  tout  le  champ  de  Técu,  annonçait 
que  le  titulaire  n'appartenait  que  d'une 
manière  illégitime  a  la  noble  famille 
dont  il  portait  les  armes. 

Maintenant  que  nous  avons  étudié  l'écu 
et  les  divers  emblèmes  dont  il  peut  être 
orné  (et  nous  observons  eu  passant  que 
les  armes  les  plus  simples  sont  regardées, 
en  général,  coihme  étant  les  plus  ancien- 
nes) ,  il  nous  reste  à  parler  des  oruemens 
extérieurs ,  tels  que  les  casques  et  coU" 
ronnesp  les  lambrequins  ^  les  $uppom 


et  tenant,  les  insignes  et  les  ordres  de 

chevalerie» 

On  a  appelé  timbres  les  omemens  tels 
que  les  casques,  couronnes,  etc.,  qui  re- 
posent immédiatement  sur  l'écu  des  ar-^ 
moiries.  Les  couronnes  s'emploient  , 
non-seulement  pour  les  souverains,  mais 
même  pour  la  noblesse  titrée,  jusqu'au 
rang  de  vicomte  inclusivement  £lles 
sont  distinguées  par  le  nombre  des  perles 
etdesy/etiro/tjquiles  surmontent  Ainsi, 
la  couronne  de  duc  porte  alternative^ 
ment  une  perle  et  un  fleuron;  celle  de 
comte  n*a  que  des  perles,  et  celle  de  vi- 
comte quatre  perles  seulement.  Sons  le 
régime  impérial,  on  avait  employé,  pour 
les  personnes  attachées  à  la  magistrature 
et  à  l'ordre  civil,  une  toque  ornée  de 
plumes,  dont  le  nombre  variait  selon  le 
rang  du  titulaire.  Cette  innovation  parait 
n'avoir  pas  été  maintenue.  Les  casques 
ou  heaumes  sont  réservés  à  la  noblesse 
militaire;  ils  diffèrent  de  même  de 
forme  et  de  richesse.  Les  rois  et  empe- 
reurs ont  le  casque  d'or ,  bordé  et  da^ 
masquiné  du  même ,  tout-à-fait  ouvert  et 
sakis  grilles;  le  métal  change  et  les  orne- 
meus  diminuent  à  mesure  qu'on  des- 
cend, et  le  nombre  des  grilles  aug- 
mente dads  la  même  proportion. 

Les  lambrequins  sont  des  bandes  d'é- 
toffe, de  rubans  découpés  qui  descendent 
en  forme  de  festons  très^  enroulés  autour 
du  timbre,  pour  lui  servir  d'ornemens. 
C'était,  dit-on,  l'ancienne  enveloppe  des 
Casques,  destinée  à  les  préserver  de  la 
chaleur  et  de  la  |)oussière,  comme  le  fai- 
sait la  cotte  d'armes  pour  le  reste  de  l'ar- 
mure. Le  fond  des  lambrequins  est  ordi- 
nairement de  la  couleur  du  champ  de 
l'écu,  et  les  bords  sont  de  celle  des  antres 
émaux  Au-dessus  des  casques  et  des 
couronnes  se  place  encore  quelquefois 
un  ornement  particulier  qui  a  reçu,  par 
suite  de  sa  position ,  le  nom  de  cimier. 
C'est  tantôt  une  touffe  ou  masse  de  plu- 
mes, tantôt  une  figure  d*animal  ou  de 
tout  autre  objet  réel  ou  imaginaire,  tels 
que  les  chevaliers  en  portaient  jadis  sur 
leur  casque,  à  ribiitalion  des  héros  grecs 
ou  romains. 

On  a  donné  le  nom  de  tenons  à  des 
figures  humaines,  telles  que  des  guer- 
riers, des  sativages;  et  même  des  toA^m , 


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BLA.  (  s; 

qu*OD  place  des  deux  côtés  de  TécussoD. 
Quand  ce  sont  des  animaux  qui  sont 
ainsi  placés ,  ils  revivent  le  nom  de 
supports.  Ainsi,  les  armes  de  France 
avaient  pour  tenaos  deux  anges;  celles 
d'Angleterre  ont  pour  supports  une  li- 
corne d'un  côté  et  un  léopard  de  l'au- 
tre, etc. 

Quant  aux  marques  de  dignités,  ce 
•ont  les  chapeaux  de  cardinaux,  les  mor- 
tiers pour  la  haute  magistrature,  la  croix 
patriarcale  pour  les  archevêques,  etc., 
placés  comme  timbres  sur  Técu.  Les  bâ- 
tons de  maréchaux  ,  les  masses  des 
chanceliers,  se  mettent  en  sautoir,  der- 
rière le  champ.  Les  cordons  des  or- 
dres nationaux  et  étrangers  sont  disposés 
autour  de  l'écu;  la  croix,  derrière  celui- 
ci  ,  ou  pendante  au  bas  du  collier  ,  sui- 
vant le  rang  du  dignitaire.  Enfin,  derrière 
les  armoiries  des  souverains  on  ajoute 
un  manteau  ou  pax^Ulon^  plus  ou  moins 
riche, aux  couleurs  du  blason;  c'est  sur 
ce  pavillon  et  au-dessous  de  la  pointe  de 
l'écu  que  se  voit  ordinairement  la  de- 
vise, tandis  que  le  cri  d'armes  se  place 
plus  volontiers  autour  du  timbre,  comme 
dans  Técusson  d'A.ngleterre. 

Pour  de  plus  amples  détails,  on  peut 
consulter  les  traités  spéciaux,  et  particu- 
lièrement celui  du  P.  Ménestrier,  revu  et 
augmenté  par  M.  L.  Lyon,  1770;  et  les 
ouvrages  de  Favyn ,  de  La  Colombière 
et  du  P.  de  Varennes. 

Ce  mot  blason  a  été  encore  employé 
par  les  vieux  poètes  français,  surtout 
au  XYi**  siècle,  pour  désigner  de  petits 
poèmes  ,  le  plus  souvent  satiriques. 
Marot  en  olfre  beaucoup  d'exem- 
ples. C.  N.  A- 

BLASPHÈME.  La  véritable  dèhni- 
tion  du  blasphème  se  trouve  dans  ces  pa- 
roles de  Moïse  :  Quiconque  aura  mau- 
dit son  Dieu  portera  la  peine  de  son 
péché  (Lév.  XXIV,  15).  Le  blasphème 
consiste  donc  à  proférer  contre  Dieu  des 
outrages,  des  imprécations  ou  des  me- 
naces; à  braver  sa  puissance;  à  mécon- 
naître, dans  une  folle  iuipiété,  sa  grandeur 
et  ses  droits  ;  à  blâmer  ouvertement  les  di- 
rections de  sa  sagesse  el  les  dispensât  ions 
de  sa  providence.  On  le  confond  à  tort 
avec  la  profanation,  le  sacrilège,  le  par- 
jure; avec  Fath^me  et  le  p/inthéisme. 


76)  BLE 

On  a  même  quelquefois  qualifié  du  nom 
de  blasphème  des  injures  proférées  con- 
tre la  Vierge  et  les  saints.  Réprouvé  par 
la  loi  de  Moïse  qui  prononçait  contre  lui 
la  peine  de  mort,  le  blasphème  fut  aussi, 
même  chez  les  nations  idolâtres,  l'objet 
de  l'horreur  universelle.  Cependant  les 
condamnations  pour  cause  de  blasphème, 
prononcées  par  les  Athéniens  contre  So- 
crate  et  par  les  prêtres  juifs  contre  Jé- 
sus-Christ ,  montrent  assez  l'abus  qu'il 
est  trop  facile  de  faire  des  lois  pénales 
en  pareille  matière.  Les  anciennes  légis- 
lations avaient  généralement  proscrit  le 
blasphème  sous  les  peines  les  plus  sévè- 
res. Justinien,  Saint-Louis,  Pie  V,  eta, 
l'avaient  puni  de  l'amende,  du  fouet,  de 
la  mutilation  de  la  langue,  des  galères 
et  même  de  mort  La  dernière  exécution 
à  mort  pour  fait  de  blasphème  eut  lieu 
en  1748,  à  Orléans,  sur  sentence  du  par- 
lement de  Paris.  Ces  anciennes  lois  aoot 
généralement  tombées  en  désuétude  :  la 
diversité  des  opinions  religieuses  et  l'in- 
convénient qu'il  y  aurait  à  prononcer 
exclusivement  dans  le  sens  de  telle  ou 
telle  d'entre  elles  en  est  peut-être  la  cause. 
Les  lois  actuelles  gardent  un  profond 
silence  sur  le  blasphème  :  serait-ce 
par  la  raison  qui  porta  Solon  à  garder 
le  silence  au  sujet  du  parricide?  Le  sage 
athénien  ne  voulut  pas  supposer  la  possi- 
bilité du  parri4  ide  :  il  est  aussi  de  la  sa- 
gesse du  législateur  de  ne  pas  supposer 
la  possibilité  du  blasphème.  B-D. 

BLÉ,  vo)\  CÉRÉALES  et  Gbains. 

BLÉ  DE  TURQUIE,  voy.  Maïs. 

BLEMMYES,  peu  pie  d'AIVique,  chez 
les  anciens.  Sirabon  et  Am mien-Marcel- 
lin  le  placent  au  sud  de  Méroè,  entre  le 
Nil  et  la  mer  Rouge.  Pline,  Aulu-Gelle, 
Pomponius-Méla,  Solin,  Isidore  de  Sé- 
ville  représentent  les  Blemmyes  comme 
n'ayant  point  de  tête  et  comme  ayant  le 
visage  sur  la  poitrine,  ce  qui  peut  n*étr« 
qu'une  expression  figurée  pour  exprimer 
un  cou  excessivement  court  et  une  tête 
très  enfoncée  dans  les  épaules.  Vopiscus 
rapporte  que  ces  barbares  furent  soumis 
par  Teiupereur   Probus,  qui  en  amena 
<{uelques-uns  captifs  à  Rohie,  où  leur  vue 
extraordinaire  excita  le  plus  grand  éton- 
nement.  Quelque  temps  après  ils  secouè- 
rent le  joug  et  s'emparèrent  même  de 


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BLE 


(57 


Coptos  et  de  Ptolémaîs,  où  ils  massdcrè- 
rent  tous  les  Romains.  J.  B.  X. 

BLENDE.  Ce  nom  a  été  donné  par 
les  minéralogistes  allemands  au  sulfure 
de  zinc.  Il  vient  du  mot  allemand  blen- 
den  qui  signifie  r/y/oi//r  et  tromper,  parce 
que  le  minéral  dont  il  est  ici  question  a 
souvent  Tapparence  du  sulfure  de  plomb 
avec  lequel  il  se  trouve  fréquemment,  et 
avec  lequel  les  mineurs  peu  expérimentés 
le  confondent  quelquefois. 

Le  nom  de  blende  est  depuis  long- 
temps admis  par  les  minéralogistes  fran- 
çais :  il  désigne  une  substance  jaunâtre 
ou  brune  dont  Ta^ect  n'est  point  mé- 
talloïde et  qui  est  composée  de  30  à  33 
parties  de  soufre,  de  50  à  63  de  zinc,  et 
de  3  à  10  de  fer. 

Ce  sulfure  cristallise  dans  le  système 
cubique;  il  se  présente  en  octaèdres  et 
en  tétraèdres  plus  ou  moins  modifiés 
sur  Les  angles  ou  sur  les  arêtes.  Mais  ses 
foruies  irrégulières  les  plus  ordinaires 
•ont  en  mamelons,  en  lamelles  et  en  fi- 
bres; très  souvent  il  est  translucide  et 
même  transparent. 

On  le  trouve  dans  des  roches  graniti- 
ques, ou  dans  des  calcaires  magnésiens 
et  des  gypses  appartenant  au  terrain  de 
sédiment  inférieur.  Les  Alpes  et  les  Py- 
rénées en  sont  abondamment  pourvues. 
Ce  minéral  est  eiploilé  pour  en  retirer 
le  zinc  qui  entre,  comme  alliage,  avec  le 
cuivre,  dans  la  composition  du  laiton  ou 
cuivre  jaune.  J.  U>T. 

RLENUEIM,  vof*  Hochstaot  et 
Marlborough. 

BLESSIG  (Jeau-Laureut)  naquit  à 
Strasbourg  en  1747  de  parens  obscurs 
et  sans  fortune.  Il  annon^  de  buone 
heure  des  talens  éminens  et  fut  assez 
heureux  po«r  trouver  des  protecteurs  qui 
le  mirent  à  même  de  pouvoir  se  vouer 
aux  études.  Il  fréquenta  successivement 
les  leçons  du  gymnase  et  les  cours  de 
Funiversilé  de  sa  ville  natale.  Sa  piété 
l'engagea  à  se  consacrer  à  la  théologie; 
c'est  en  1770  qu'il  fut  reçu  docteur  en 
cette  faculté.  Indépendamment  de  la  par- 
tie dogmatique ,  il  fit  une  étude  spéciale 
des  langues  grecque,  latine  et  sémitiques, 
ainsi  que  de  la  philosophie  et  de  This- 
toire;  il  se  sentit  moins  de  goût  pour  les 
sciences  exactes.  En  1772  il  entreprit  un 
Encyclop.  d,  G.  d.  M.  Tome  III. 


7)  BLE 

premier  voyage  littéraire,  en  société  avec 
le  célt^bre  helléniste  Brunck  (w^.).  11  visita 
\  ienne  en  Autriche,  Berlin,  léna.  Halle, 
les  Pays-Bas,  Francfort.  Dans  toutes  ces 
excursions,  les  bibliothèques  et  les  mu- 
sées fixèrent  son  attention ,  et  il  se  con- 
cilia la  bienveillance  des  hommes  les  plus 
distingués.  Plus  tard  il  fit  un  voyage  en 
Suisse,  où  il  se  lia  avecLavater.  La  théo* 
logie  était  encore  emprisonnée  dans  une 
orthodoxie  stationnaire,  tandis  que  TAl- 
lemagne  protestante,  armée  du  flambeau 
de  la  critique,  avait  déjà  lait  justice  d'une 
foule  de  dogmes  surannés,  étrangers  au 
véritable  esprit  du  christianisme;  Blessig 
implanta  ces  idées  nouvelles  en  Alsace. 
Après  avoir  passé  par  quelques  fonctions 
subalternes  dans  la  carrière  sacerdotale 
et  dans  celle  de  l'instruction  publique , 
il  fut  nommé,  en  1781 ,  prédicateur  au 
Temple  neuf,  principale  égKse  des  pro- 
testans  de  Strasbourg,  et,  en  1783  » 
professeur  de  théologie.  Comme  prédis 
çateur,  Blessig  se  distingua  par  une  élo-r 
quence  entraînante,  qui  parlait  à  la  fois 
au  cœur  et  à  l'esprit.  A  Strasbourg  le 
service  divin  se  fait  en  allemand  :  les 
annales  littéraires  de  l'Allemagne  placent 
le  nom  de  Blessig  parmi  ceux  des  pré- 
dicateurs les  plus  distingués  de  notre 
époque.  Blessig  aimait  et  cultivait  cepen- 
dant la  langue  française  :  jeune  encore  il 
eut  occasion  d'en  donner  une  preuve 
ériatanle  dans  une  circonstance  mémo* 
rable.  Louis  XV  avait  fait  ériger  un  mo- 
nument au  n^aréchal  de  Saxe  (voy.  Pi- 
galle  et  Strasbourg)  dans  l'église  de 
Saint-Thomas  de  Strasbourg.  £n  vertu 
d'une  ordonnance  du  roi  les  dépouilles 
mortelles  du  vainqueur  de  Fonteooi  de- 
vaient être  déposées  dans  le  caveau  qui 
se  trouve  au-dessous  de  ce  monumtni. 
Cet  acte  de  reconnaissance  nationale  fut 
accompagné  d'une  cérémonie  solennelle; 
Blessig  fut  cliargé  d'y  prononcer  un  dis- 
cours. Le  jeune  orateur  obtint  les  ap- 
plaudissemens  d'un  auditoire  aussi  nom- 
breux que  brillant.  Son  discours  fut  im- 
primé et  valut  à  son  auteur  les  éloges  les 
plus  flatteurs.  Blessig  fit  quelques  an- 
nées plus  tard  un  voyage  à  Paris,  où  il 
reçut  les  encouragemens  de  d^Alembert, 
de  Thomas,  de  l'abbé  Arnaud  et  d'autres 
hommes  célèbres;  il  fut  .surtout  sensible 

37 


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BLE  (o 

à  eavht  éxL  P«  ÉlMe ,  ûIùtè  le  prédicateur 
le  )itUs  étoquem  dé  là  Fréfrée;  Blessig 
flÉtoelgnak  rexégèse,  hi  dogmatique,  Vhis- 
toîre  ecdésiadtique;  maïs  loifi  de  se  bor- 
ner à  ses  covrs  obligés ,  il  arait  besoin 
d'an  cercle  d'activité  plus  vasie  et  tout 
■on  tslent  briflaH  dam  ses  le(o*f  de 
^Hosopkie  et  dâàs  ees  euplitations  d'au- 
teoM  âàcietts.  U^  créai  eu  fkvèur  de  c««tè 
ievnesaè  studiefiM  one  société  d'éumla^ 
tien  qai  fut  Aie  pépinière  cThommes  dis^ 
tÎDgués  daàs  les  carrière^  les  plus  dtfTé- 
rentes.  Si  Blessig  en  dMlfe  rtfppeltrit  Fé- 
Bélon,  il  était  Plet<m  a»  «oitieii  de  ses 
disciples.  CortinM  pffcileMhrope,  Taetivité 
de  eec  bommè  était  prodigieuse  :  toutes 
0tt  pensées  étaient  éirigétt  vers  le  tiksh 
de  ses  sembla  btes.- 

Ce  digue  pasteur  (Vit  aties!  ùA  eXceftent 
ekoyeo  ;  il  saHia  atec  efltho^sîasMre  Fai^ 
rore  de  notre  réfofasitioi^.  Pitriète  ifélé  et 
aftieèi^,  M  ne  put  cepeudane  échapper 
ttiiè  ftarenre  de  9^8  )  itt»%  ni  Vét^y  ta  ^ 
ieéÈ  ne  paYvi«rent  à  ébrauler  sou  cou- 
rant ;  on  ti^  toujours  bk*f Her  slir  son  front 
k  ealme  et  la-  séréfiité  du  philosophe 
chrétien.  Lorsque  \at  loi  duf  18  germinal 
ifuX  eut  réorgeofîsé  le  culte,  Blessig  fin 
nommé  membre  ecclésiastique  du  direc- 
toire et  du  consistoire  général  des  pro- 
testant de  la  confession  d'AugsbOurgèri 
France;  il  remplit  les  devons  muHipliés 
que  lai  imposait  cette  fonction  avec  at^- 
tant  de  zèle  qtiié  d'intelligente. 

Outre  des  dissertations  et  des  discours 
acaklémiques  rédigés  en  tatiu,  outre  un 
grand  nohnbre  de  petites  bt'othures  mo- 
fttle»  et  religieuses ,  dloût  la  simple  énu- 
méi^atïon  prend  sepé  pages  dttns  sa  bio- 
graphe, on  né  petft  guère  citer  d'ou- 
vragés de  hiî  qefeles-âtei^attîr;  Fùrksuhg 
éUrp^raktiàchen  Seekniehrë  {Leçons  de 
psyth&tùgief  pratiqué) \  \t  ÉèogriXjyhiè 
da  càmi^  dé  Mêdè&ty  éétàTi^gM^  <h 
sacàft^spohdtirVQe  dt^ec^a  s^tir  J^^  de 
Reckci  Stt-asboittt»  3  vtol:;  cf  Predîg^ 
ten  M  dèM  EinMw  àt  da:thtuhieHntê 
I^hnhundétf  {^Sérhtoks  prononcés  an 
aorrkmenceHierit  du,  invâ  sfièdle,  Stras» 
bourg,  1816î). 

Blessig  mourtit  en  ISf  e,  et  sa  ville  na- 
tate  kii  fil!  les  é%sèqu^  VeS  phis  tou- 
ehatftesi  Un  mbàùment  en  maïti/re  lui  a 
Mmgk  iNiTMi]^  neuf,  Pekébtttion  en 


78  )  BLË 

a  été  confiée  wst  statuaire  Ohfaaekt  Yolr 
Leben  Johann  Lorent  £lessigs  [Bio- 
graphie  de  Jean  Laurent  Blessigy  par 
Max.  FriUy  Strasbourg ^  1819),  2  vol. 
ïtï-90.  E.  St. 

BLESSURE  est  un  mot  générique  par 
lequel  on  désigne  touteii  les  lésions  acci- 
dentelles produites  dans  nos  organes  par 
des  agens  extérieurs.  Ainsi  une  brûlure 
par  le  fea  ou  par  lescaostiqnes^  eitté  eon-> 
tusion ,  une  fractore,  une  plafe,  sont  des 
blessures.  Outre  l'usagé  vulgaire  qu'on 
en  fait,  à  la  guerre  surtout ,  c'est  dans  la 
médecine  légale  que  cette  expression  est 
principalement  employée;  car  la  lot  ,qm 
ne  peut  pas  entrer  dans  les  détails  mini- 
mes ,  s'en  sert  pour  signaler  les  lésions 
occasionnées  par  la  violence,  et  même 
par  les  imprudences  dont  l'auteoBr  est 
responsable  devant  elle.  L'examen  et 
l'appréciation  des  blessmres  sont  an  rea^ 
sort  de  l'expert,  et  c'est  souvent  d'après 
son  rapport  que  le  jury  décide  et  que  lé 
tribunal  applique  la  peine.  H  importe 
donc  d'établir  des  divisioivs  ent^e  elles. 
On  distingue,  en  effet,  parmi  les  blessures 
celles  qui  sont  mortettes,  œtles  qui ,  bien 
que  graves  et  dangereuses,  peuvent  gué- 
rir sous  l'inftuence  d'un  traitement  bien 
dirigé,  celles  ehfin  qui  sont  légères.  Mab 
il  reste  encore  du  vague  dans  cette  appré- 
cîatioii  relative ,  puiisqu'une  blessure  as- 
sez sf  mple  d'ordrnaf  re,  et  par  elle-même^ 
peut  entraîner  k  mort  par  suite  de  con- 
ditions personnelles  à  l'individu  :  tel  ae^ 
rait  pat*  exemple  le  cas  d'un  homme  af- 
fecté d'une  tumeur  anévriSmate  dont  on 
euup-  léger  déterminerait  la  rupture;  tel 
serait  encore  cehii  d'un  sujet  qui,  ayant 
ufie  transposition  des  viscèl^  intérieurs^ 
viendrait  à  avoir  le  eoeur  percé  par  un 
instruAieàt  qui  pénéti^erait  dans  le  côté 
droit  de  fa"  poîtfine.  L'expert,  qui  n'est 
pas  appelé  à  juger  là  moraHré  de  l'ao- 
rion,  doit  s^att^cher  à  bien  pkiéciser  les 
fifis'qui  lui  sont  sOémiSj  et  à  mettre  duos 
un  jour  exact  toAies  \^  drcdustancee  qui 
s'y  rattathent  Laf  mort,  quaàd  elle  est 
survenue,  esT-elle  le  résultat  de  l'homi*^ 
cide  ou  du  suicide?  La  Messure  n*est— 
elle  pas  devenue  plus  fâcheuse  ou  fb- 
neste  par  le  manque  de  soins  nécessaire^ 
ou  même  parce  qn*on  aurtfH  employé  ÛA 
pratiques  nuisibles?  Telles  sent  qptelfiMi» 


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BLE 


(579) 


BLE 


itoes  deA  Bonbteoset  qaestioDs  qal  pour- 
ra ieiH^re  p<^ées  et  (|ii*il  serait  facile 
de  mulrtplier  beaucoup  plus  encore. 

Cette  préewion  est  d'aifriaot  plus  né- 
cessaire que  11  pénalité  peut  être  tnfio)' 
Btent  dii'féreDte  dHùs  des  circoustaïKïes 
semblables,  lord<)u'oB  a'allache  à  là  lettre 
d'tine  loi  qui  demanderait  à  être  revue 
avec  soin,  et  que  d'aiUears  k*interveii- 
lidn  du  jui*7  à  iot/yeoi  adiouoie.  Aiod, 
par  etempk,  le  code  pronoiiGè  lâl  peîoe 
dei^  t^vaax  fôroés  à  temps ,  dans  les  ois 
de  btessures  laites  avèo  yiotenoe  et  pré- 
Ébéditation,  lorsqu'il  s'en  est  suivi  ane 
ièoapàdté  dé  travail  dé  plutf  de  vihgt 
jotnrs  (art.  8Î0  )^  èl  Itfftqne  Tînèapacité 
dé  traVdil  a  été  moindre,  il  neis'afife  pins 
^pwd'aÉ^emprî^oVidtieaient  dé  deux  à  cinq 
mdi  eft  d'mie  anâtende  de  60  àf  900  francs 
(art.  811).  On  voit  donc  que  d'uh  jonr 
ea  plu»  dépend  ooe  grande  pénalité  î  or 
combien  de  ciroonatances  indépendantes 
de  fat  volodk«é  et  dn  feit  de  Taùtenr  di^ 
btessui^  peuVeni  faire  varier  bfen  d«- 
viantage  \à  dnitée  de  l'incapacité  de  tra^ 
rtàtï  ht  cette  variatiôh  conatttn'é  l'énnrme 
différence  entre  une  peine  simplement 
cbrrecîtîoBnellé  et  une'  petoie  îà&mafnteJ 

On  nesiUiraA  donc  protcédér  avectré^ 
de  sompiAê  «l'eùmen  des  blesàiréi  lo^ 
qu'on  est  appelé  à  éclairer  la  justice;  non*- 
f  nUigHifOt  il  fan*  décrire  aveé  exactitude 
^  ^Mé  lesf  phénomènes  qui  ée  présè^ 
tenrt  eé  dire  ce  qdi  est,  mai»  encore  dii^e 
qtféHo^  aont  les  parties  et  les  fonction^ 
etéAptfe»  de  MÀm  lésion.  Rien  n'est  à 
négliger,  ei  son  vent  nb  fîdt  eri  apparence 
iMfguiftaAt  a  jeté  siii^  la  prodédore  la 
phi»  vive  lanière;  car  bien  sboventhi 
iktîûê  ou  fcr  malveillance  chérchenif  à  eit^ 
piolter  nir  événement  OMlbéa^euic  et  pén^ 
wé^  pty>âtrer  de  fimpéritle  ou  de  le  lé- 
gèreté dé  rez)[iert  pour  atteindre  leoi* 

MUÊXf  (ecfùtêat),  ïïbm  renvoyons^ 
pMtt  hi  citinteur  en  général,  aux'  articles 

KVtfê^s  et'  BLJtHe. 

La  vottlé  des  deux  né  nom  pîairalt 
anxnée  que  loftqiiè  le  degré  de  téntttté 
liée'  eûftlch^  «fmos|)liériqikes,  par  rffp- 
dcfn  Été  ftMi  vistttftl,'  IC9  rend  propret 
à*  pfôdntrtf  iw  notre  orgabe  la  tfehta- 
li<M  âU'  hXettf  et  voilà  encore  pourquoi 


le  même  cî«l  qui  sera  gris  et  plus  6m. 
mo^As  obscur  pour  robsèrvatcur  plaéé  î 
la  Surface  de  la  terre,  se  teindra  de  ia 
plus  vive  couleur  bleue  pour  un  autre 
qui  serait  an  fond  d'un  puit^  ;  voilà  pbur- 
quoi,  etï  quHUnt  une  vàlléc  profonde^ 
l'aafcenaîon  au  sommet  d'un  pie  élevé  nous 
oAVe  successivement  et  par  degrés,  des 
teintes  de  |ilu».e;n  plus  âkignéea  de  k 
couleur  bleue.  Non»  podvons  déjà|-  d'àJ> 
près  ces  premières  vues  ^  concevoir  cdm- 
mc^t  le  séM^  ÎBcnmat  et  vermeil  qui^cbulè 
dans  ies  ramificatienâ  veînénsetf  placéei 
«<Niâ  la  peÉU  ne  s'offre^  à  noué  que  soiiS 
l'ap^renee  bleuey  et  oonmfent  lé  progrès 
de  l'âge  6u  le^  perM*bttio(is  morbides 
peuvent  transformer  un  frais  cioloris  en 
itee  tetnie  livide  et  brunie;  Lès  produo^ 
lions  naturelles/  pHncipalemeUt  dans  h 
claSae:  des  êtres' organisés^  sont  fertiles  ek 
transformations  de  ee  genre.  Les  ieurk , 
et  surtont  celte  pâh*tie.des  fleurs  éiiiineni- 
ment  aldrcèbstUe  et  délicate ,  la  corolle , 
cfri  cbangisant  l'épaisseur  requibe  pour  le 
reflet  bleu,  pè^d  d'ifne  lirinute  a  l'autre 
la  propriété  de  àdus  lé  laisser  percevoir. 
Les'  admirable  cheloieéaens^  bleus  des 
ébaittes  d'nn  grand: ndmbre  de  poissons 
semblent  n'avoir  ()u'uiife^extstéface  dépend 
danfef  de  la  vie  dé  l'atfiéinft  et  ne  lui  sur^ 
vfrént  ^9.'  An  contraire/,  le  bleu  «te 
pennes  des  oiseaux,  des  nÎM  dés  j^pii- 
ïobs^  de^  élyti^èt  #nne  multtlude  d^in— 
s'ec(ed,ietc.  ^  sobsiale  enooré  lôngi* temps 
apfès  leur  mori  Ces  é^tsf  dièpÉurates  n^ 
peUvéét  tenir  qu'à  la-  iaollesse  ^eUtivë  dm 
k  là  sécheresse  des  tissus  ^  c'est  du  Retrait 
qui  s*opèrè  atnr  lés  Mmes  que  défend  fé*- 
pnfeteur  i]^'dlles  adcfliîèi^i  ou  qu'ellck 
perdeht,  èi  paMa  suite  la'colônriion  api- 
parent.  Vknk  d^âtrt^ea  circonattinéès  en^ 
cofe  il  séraMè  que  la  pré^nbe  #un  des 
fèigrédiens  de  la  com'^omtién  CimniiEpié 
unprimef  le  cdchet  de  ly  durée  à  la  obnfeué 
bleive  ;'  tel  est  le  caètdés  féëdéa  oxigéoéet 
de  l'o/iï!  indtgùféra^'  de  Vihtuis  tmctà^ 
ria,  etc.  :  enlevez-leur  l'oxtgèi^  le  bku 
disjiàfralty  et  rf  revient  avec  la  reartitûâon 
de  Péxigène.  Non-4enlem«vt  afoi's  la  cofh« 
leu^  bleue  isblée  resté  permanente,  miaia 
c4lef  seconserve,s'exalte  même  f)uelqùefofa 
dtfAa/  les  surcompiositions  chimiques  dont 
k  fécule  fiiit  partie  ;  les'  opérations  de  H 
tdntnrenodb  en  élfreattaiefD«led^eiééni^ 


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BLE 


(580) 


BLË 


pies.  Mais  c*'est  surtoat  le  r^e  mîoénl 
qui  abonde  en  faits  de  cette  nature.  Noos 
troovoDS  à  la  couleur  bleue  une  indes- 
tructibllité  remarquable  dans  plusieurs 
oxides  tnétalliques  et  dans  les  combinai- 
sons naturelles  ou  artificielles  odi  ils  sont 
entrés.  Aucune  division,  aucun  brise- 
ment, aucune  atténuation,  par  exemple, 
ne  peut  affaiblir  1* intensité  de  la  couleur 
Ueae  du  lapis-lazuli. 

Parmi  les  végétaux,  le  type  de  la  per- 
fection est ,  pour  la  couleur  bleue,  dans 
la  corolle  d'une  fleur  assez  commune, 
Vanagallb  cœruleus  des  moissons.  Cette 
pureté  de  teinte  est  rare;  car  il  n'y  a 
guère  de  corolle  bleue  qui ,  dans  quel- 
qu'une de  ses  parties ,  ne  soit  plus  ou 
moins  lavée  de  rouge.  Le  règne  animal, 
dans  la  daase  des  oiseaux  surtout ,  est 
fort  riche  en  couleurs  bleues  admira- 
bles. Parmi  les  minéraux ,  c'est  le  genre 
ooryndon  qui  nous  l'offre  dans  toute 
sa  pureté.  Le  coryndon  hyalin  bleu  (qui 
comprend  soua  des  noms  vulgaires  le 
saphir  oriental  nUUe  ^\.  femelle  y  le  sa- 
phir indigo  ) ,  le  béryl  hyalin  ou  aiguë- 
marine  orientale,  sont  des  bleus  char- 
mane;  en  seconde  ligne  nous  avons  le 
lapis- lazuli  ou  bleu  d'outre-mer;  puis, 
le  saphir  du  Brésil  et  le  faux  saphir  ou 
chaux  fluatée  bleue,  et  enfin  le  phosphate 
de  fer  hydraté. 

Aux  substances  naturellement  colorées 
€n  bleu  il  faut  maintenant  ajouter  la 
Jongoe  série  de  celles  qui  sont  un  produit 
de  l'art.  An  premier  rang,  pour  l'inten- 
sité de  la  nuance,  nous  plaçons  le  bleu 
dit  de  Prusse^  puis  les  bleus  tirés  du  co- 
balt (azur  et  bleu  Thénard),  les  cendres 
bleues  (oxide  de  enivre  calcarifère-hyd ra- 
té ),  l'outre-mer  artificiel  de  M.  Guinet , 
quelques  sels  de  cuivre,  en  tête  desquels  il 
fant  mettre  le  sulfate,  puis  le  carbonate 
hydraté,  et  même  l'acétate  de  cuivre,  quî, 
à  un  certain  degré  d'oxidation  et  peut- 
être  surtoat  A*f^dratation,  affecte  la 
nuance  bleue. 

L'existence  du  bien  de  Prusse  natif  est 
encore  douteuse  :  plusieors  naturalistes 
ont  admis  cependant  un  bieu  maniai 
fossiie  qu'ils  y  rapportent,  et  ce  que  l'on 
connaît  d'ailleurs  des  élémens  constitu- 
tifs du  bleu  de  Prusse  ne  répugne  pas  à 
l'idée  de  aa  formalion  dans  le  voisinage 


des  volcans,  en  présence  de  matières  ani- 
males et  de  substances  potassifères  et 
ferrugineuses  simultanément  soumises  à 
une  haute  température.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  est  permis  de  penser  que  le  prétendu 
bleu  de  Prusse  natif  ne  serait  que  du 
phosphate  de  fer  hydraté. 

Nous  ne  pouvons  qu'indiquer  ici  les 
produits  de  l'art  en  fait  de  substances 
bleues:  dans  l'ordre  alphabétique  de  cha- 
cune d'elles,  on  reproduira  ce  qu'il  y  a 
de  connu  sur  leur  composition.  1^  Bien 
de  Prusse  (hydro-ferro-cyanate  ou  ferro- 
cyanure),  no/.  CTAKOoiifi;  2®  bleu  de 
cobalt,  bleu  minéral  ou  bleu  Thénard, 
vojr.  Cobalt;  3®  bleu  Guimet,  voy. 
OuTUBMEa;  4^  cendres  bleues  d'Angle- 
terre, tio^.  Cuiv&k;  S^  bleu  de  bismuth 
et  de  molybdène,  voy.  Bismuth  et  Mo- 

LlTBDÀirB. 

Quant  à  la  nomendature  des  mar- 
chands, elle  est,  comme  de  coutume, 
fort  oonfufe,  et  les  mêmes  substances  s^ 
reproduisent  sous  une  multitude  de  noms 
divers  qui  ne  mettent  pas  d'ailleurs  sur  la 
trace  de  l'origine.  On  trouve  donc  dans 
le  commerce  le  bleu  en  liqueur^  les 
boules  célestes,  les  boules  azurées,  le 
bleu  en  pâte,  l'essence  de  bleu,  le  bien 
soluble,  le  bleu  français,  le  bleu  miné- 
ral, etc. 

Pour  offrir  du  moins  une  première 
idée  sur  les  propriétés  caractéristiques 
de  y  apparence  bleue  dans  le  système  de 
la  coloration ,  nous  sommes  forcés  d'an- 
ticiper quelques    considérations  qu'on 
trouvera  plus  développées  à  l'article  Lu- 
MiiaK.  La  zone  bleue  du  spectre  solaire 
est  une  de  celles  qui  jouissent  au  moin^ 
dre  degré  de  la  faculté  éclairante;  en 
cela  bien  différente  des  zones  verte  et 
jaune,  si  on  trace  des  caractère»  dans 
le  bleu,  ils  s'apercevront  de  beaucoup 
moins  loin  et  moins  distinctement*  Main- 
tenant, en  comparant  entre  elles  les  sept 
zones  du  spectre  solaire  soua  le  mp» 
port  de  la  calorification,  nous  trouvons 
que  le  bleu  est  une  zone  relativ 
froide  ;  les  vétemens  de  cette  couleur  j 
ront  donc  frais.  Enfin,  les  ondes 
neoses,  dans  la  zone  bleue,  ont  peu  d'é- 
tendue; voilà  pourquoi,  pour  notre  oeil, 
l'habit  bleu  doit  rapetisser  Tindividu  <|ni 
le  porte;   de  la  le  dicton  popalnire  : 


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ULI 


tt  L'habit  blea  écrase  l'homme.  »  P-ze,  p. 

BLINDAGE,  du  motallemand^/^)?^, 
aveugle  ou  blenden^  aveugler,  éblouir. 
Le  blindage  a  pour  objel  de  mettre  à 
l'abri  des  feux  de  l'ennemi  les  magasins 
et  les  établisseroens  militaires;  on  blintle 
surtout  avec  soin  les  magasins  à  poudre 
dont  l'explosion  cause  toujours  de  si 
grands  ravagea.  Les  blindages  se  compo- 
sent de  diverses  manières,  auivant  la  na- 
ture des  matériaux  que  l'on  a  à  sa  dis- 
position. Quand  des  bàtimens  militaires 
•ont  construits  solidement  et  que  leurs 
murs  sont  assez  épais  et  d'une  assez 
bonne  maçonnerie  pour  supporter  la 
charge  d'un  fort  blindage,  on  met  les 
planches  à  l'épreuve  de  la  bombe ,  en  les 
soutenant  par  des  poutres  transversales 
portées  par  des  poteaux,  et  on  place  en 
travers  sur  les  solives  d'autres  pièces  de 
charpente  que  l'on  recouvre  de  fascines, 
de  fumiers,  de  terres,  sur  8  ou  4  pieds 
d'épaisseur.  On  met  ainsi  à  l'abri  des 
bombes  et  des  obus  des  bâti  mens  propres 
à  recevoir  des  munitions,  des  vivres; 
quelquefois  même  ils  servent  d'abri  aux 
hommes  malades  et  à  ceux  qui  ne  sont 
pas  de  service. 

Kn  campagne  quand  on  peut  blinder 
un  corp^e*^rde,  une  église,  un  mou- 
lin, une  chapelle,  on  en  fait  des  postes  ca- 
pables d'une  assez  longue  résistance.C-TS. 

BLOCH  (MABcns-ÉLiÉzEa),  natura- 
liste, né  à  Anspacb,  en  1728,  de  parens 
juifs  très  pauvres,  fut  élevé,  comme  pres- 
que tous  les  enfans  de  cette  religion,  dans 
une  extrême  ignorance.  Jusqu'à  l'âge  de 
1 9ans  toute  sa  lecture  consista  en  quelques 
écrits  de  rabbins.  Il  fut  toutefois  employé 
comme  instituteur  chez  un  chirurgien 
juif,  à  Hambourg;  là  il  trouva  l'occasion 
d'apprendre  l'allemand.Un  catholique  lui 
apprit  le  latin.  Il  acquit  aussi  alors  quel- 
ques connaissances  astronomiques.  De 
Hambourg  il  se  rendit  à  Berlin  où  il  étu- 
dia avec  un  zèle  incroyable  l'anatomie 
et  toutes  les  branches  de  l'histoire  na- 
turelle. Il  fut  reçu  docteur  à  Francfort- 
sur-l'Oder  et  revint  à  Berlin  pour  y  exer- 
cer la  médecine.  Des  travaux  soutenus 
étendirent  %ei  connaissances.  Son  prin- 
cipal ouvrage  est  son  Ichthyologi^  ou 
Histoire  naturelle  générale  et  particu- 
lière des  poissons,  en  allemand  et  en 


( 581  )  BLO 

français.  (Berlin,  1785  et  suiv.,  12  vol* 
in-4'*).  Cet  ouvrage  est  regardé  comme 
fondamental.  Des  princes  et  de  riches 
amateurs  firent  les  frais  de  la  gravure 
des  planches  des  5ix  derniers  volumes,  et 
chacune  de  ces  planches  porte  le  nom 
de  la  personne  qui  en  avait  fait  les  frais. 
Bloch  publia  d'autres  ouvrages  sur  l'a- 
natomie et  l'histoire  naturelle,  et  mou- 
rut, jouissant  d'une  réputation  méritée, 
à  l'âge  de  76  ans.  C,  £.  nu 

BLOCKHAUS,  petit  fort  en  bois  que 
l'on  place  sur  des  points  détachés,  et  dont 
la  garnison  est ,  comme  dans  une  place 
assiégée,  pourvue  de  vivres  et  munitions 
de  guerre  et  chargée  de  défendre  ce 
poste  jusqu'à  la  dernière  extrémité. 
Blockhaus  (maison  en  blocs,  poutres) 
est  un  mot  allemand,  et  les  Allemands  > 
qui  s'en  servent  beaucoup  en  campagne , 
s'attribuent  le  mérite  de  l'invention  de 
ce  genre  de  forts  portatifs.  Cependant  il 
y  a  long-temps  que  les  Français  font  de 
semblables  constructions.  Charles  VI 9 
ayant  projeté  une  descente  en  Angleterre, 
fit  construire,  en  1385,  à  l'Écluse,  une 
grande  ville  de  bois,  pour  mettre  l'armée 
française  à  couvert  quand  elle  aurait  mis 
pied  à  terre.  Cette  ville  était  composée 
de  pièc*es  de  charpente  qui  se  plaçaient 
facilement  sur  les  vaisseaux  et  pouvaient 
être  ensuite  dressées  et  assemblées  sur  les 
côtes  d'Angleterre. 

Les  murs  des  blockhaus  sont  percés 
d'un  et  même  de  deux  étages  de  chéneaux, 
et  couverUt  d'une  plate-forme  armée  de 
quelques  pièces  de  canon.  Cette  forme  de 
construction  est  très  commode;  elle  peut 
être  disposée  à  l'avance  ou  transportée  et 
dressée  promptement  sur  le  point  que  Too 
veut  occuper.  On  en  avait  construit  à 
Paris  un  assez  bon  nombre  pour  l'expédi* 
tion  d'Alger,  et  quand  le  débarquement 
de  l'armée  française  fut  effectué,  on  fit 
usage  de  ces  blockhaus  avec  le  plus  grand 
succès,  pour  mettre  les  avant-postes  à 
l'abri  de  toute  surprise  de  la  part  des 
Arabes.  Aussi  continue-t-on  à  les  em- 
ployer en  Afrique  dans  la  plupart  des 
opérations  militaires.  C-te. 

BLOCKSBERG  ou  Bbocx-em. 
C'est  la  plus  haute  eime  du  Harz  {voy,). 
Prenez  dans  le  premier  pays  venu  une 
montagne,  un  rocher  bien  en  évidence, 


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BLO 


(582) 


«t  Ift  ffrojênat  pofwUire  y  tort  kiéfiu- 
blemcnt  ratladié  <|uelqiics  léguides  su- 
pertMdieuftes.  L«  Blodubcrg,  ctpwMJtt, 
ml  privilégié,  sovt  ce  rapport»  paroN  les 
noms  4t  k  Oemuinie.  De  <emps  HUpi^ 
Biorial,  pendpnt  la  ««U  ém  i^'  mai,  les 
sorcières  de  l'ANeiMigiio  tavl  eMii^è»  se 
rtsaemblenl  «ur  le  lominet  da  ftrvokea 
peur  y  célébrer  tour  sabbat.  CeUa  fête 
elassi^foe  i^appclNf  Ui  Muii  de  Fuipiirge, 
Sans  -feiMlement  aacuo ,  oo  a  préUadn 
%«#  l«s  rilcs  paieiM  des  *odoM  S«L*ns 
trcHHrèrtBt  im  refage  Hi^Fslériftux  daps  ce 
dernier  an  le,  après  que  CharlesMignc  eut 
cooverti  la  Mfestphalle  «as  Meii^ûts  de 
la  rdigîoo  iiou«vlle.  Mais  qu'Importe  aux 
poètes!  et  ne  sak-ton  pa»  qn^i^a  «Ifnent  le 
dfHiii-jonrblsl«riq«e?<ïœ(4w  8*est  emparé 
de  cette  tradltioii  cooAMe  pour  en  îiirt 
le  «ftt  d'une  de  «es  ballades  ^éh  êntfi 
99^atjmrgisnackty  Le  sabbat  des  aoroiè* 
nes,d*aQ  autre  côté,  a  sobi,  sous  ses 
knaios  eréatrfees,  une  arié|aa[VM*pbose«dé»- 
le  €i  faoïastique.  Les  seèees^es  p4«s  ber* 
lesques,  les  phis  vaporeuses,  les  plus c^ 
lifqties,  les  plus  îmnMMigfbles  de  «on 
FAust  se  passent  é^fy^  tes  forêts  desapÎM 
et  sur  la  cIhm  du  Blodtsfberg.  En  réalité, 
^ous  ne  troe^s  lli^bael,  à  9,400  pledf 
an -dessus  de  la  Hier,  qu'une  aoberge 
airec  les  momt  de  tous  les  éitidians,  ba* 
dauds,  et  voyageurs  rafisossabies  du  fiord 
de  rAllemagne.  L.  S. 

BLOCUS^  de  hïocy  coiMse  hiock- 
haus  (hioqmer,  entourer  de  blocs ,  puis 
en  géivéral ,  cerner).  Qoaad  oo  n'est  pas 
MseK  fort  pour  faire  le  snége  d^Moe  place, 
otk  qu'on  craint  d^ada^lîr  une  armée  eo 
disséeifeant  les  troupes,  ou  ^^on  afa 
fMis  un  éntérêt  puissafet  à  se  ntedrf  prom^ 
leAient  tnaltre  d^u«e  plvce^  ^m  m  «ob- 
tente  dVn  fliire  leMoows,  «'«st^^Hdîre 
#en  occuper  toutes  les  aveuQ«ii  pour  em- 
pêcher les  secours  en  troupes ,  «■  muni- 
(tons  de  guerre  ^ou  en  Wwes  d'y  pésié 
trer,  afin  de  rédaire  h  famtoeii  à  k  fa<» 
inttie. 

Il  arrîte  qurfquefois  que  l'on  tient  «me 
pfocebtoquée  p^»dant  un  certani  temps, 
pour  en  faire  ensuite  le  siège.  Comme 
alors  eNe  a  consommé  la  plus  grande 
partie  de  ses  approvisionnemcfw,  et  que 
la  garnison  a  déjà  éprouvé  de  longoee  fa- 
(tgnesy  on  a  Vespoir  de  •'eo 


BLO 
eiâvae 


deaa- 


pbis| 
crifieea. 

Un  général  peot  bîea  laisser,  sans  m* 
eonvéoient,  bloquer  ainsi  de  faibles  gaiv 
Bwoas  dans  lus  petit  nombre  de  plaees; 
mais  qnaral,  poinvnîvî  par  des  arnsées 
vicUMÎeuses,  Û  enferme  dans  Coules  tos 
places  qii^il  abaudenne  des  gamiseos 
pbip  eu  moina  ibrtes,  il  allai blk  eouai* 
dévaUemeot  ses  tra«pca,  et  ae  prive  des 
■Miyeus  de  résister  aux  attaques  de  l'eu* 
uemi  €fÊà  U  barcèto  el  to  poiinuk  «rea 
des  fareas  supérieures» 

Le  devoir  d'une  garnison  btoquée  est 
de  faire,  dès  les  pfemiein  asomens,  de 
firéquentes  sorties  dans  tos  environs  de 
la  pAace,  pour  y  ramasser  tpua  les  grains, 
bestiaux,  léguînea,  outils  et  matériaux 
de  toute  espèce;  puis  de  s'appeam  vi- 
gourruscpnent  à  l'étabBasement  des  bat- 
teries que  Tennemi  cbercbe  à  élever  cuu- 
treU  plaee;de  l'obligera  se  tenir  tou- 
jours à  nue  dtatsDoe  respectueuse  dm 
travaux  de  défense,  enfin  d'entraver  an* 
tant  que  possibto  ses  moyens  d'attaqne, 
et  de  donner  à  quelque  corps  d'armée  le 
temps  de  venir  an  secours  de  k  pkee  et 
de  délivrer  la  garnison.  C-rs. 

BLOIS  (tillx  bt  évAnu  nu).  Le  Bùu- 
sots  ou  Blésols ,  ou  pays  de  Bloîs,  fiu'saît 
jadis  partie  du  gonvemeuMut  de  l'Orléa- 
nais. Btois  est  situé  à  16  lieues  au-des- 
sous d'Orléans,  sur  l«  bords  dek  Loire^ 
partto  sur  une  élévation  et  partie  dans 
un  tonds,  au  unlien  d'une  des  pldl  beHes 
campagnes  de  France.  Cette  vilto  n'est 
connue  q«ie  depuis  to  Ti^  siècto  de  f  ère 
cbrikieiioe.  Aujourdiiui  elto  est  le  cbcf- 
lieu  du  départenmut  de  Leir-ct-Cher  ; 
eUe  est  aussi  le  mége  ^Nm%  eeur  d^aasi- 
aee,  d'un  tribusml  de  première  instance 
et  d^yn  tribunal  de  eommeroe.  Les  no- 
aeurs  qui  eut  éerêi  en  latin  l'appèttcnft 
JUessB ,  Bhsente  eastrmm.  On  y  reiMMC 
que  plusieurs  menumens,  mais  auftuut 
to  «bateau  mya)  oè  naqm't  Louis  Xfl, 
ob  résidèrent  FVam^  i^,  ObaHet  IK 
et  Henri  111,  et  qui  a  été^  dans  cm  der- 
niers temps ,  transformé  en  caserne  d*$u- 
fanterto  ;  c'est  un  assez  beau  monument 
gothique.  On  y  voit  aussi  un  aqueduc 
dent  on  attribue,  è  tort  ou  à  rakou,  U 
oanstrmctien  aux  Romains.  BMs  a  été  up- 
pelée  k  -pMf  dei  rmsj  parce  que  Ima^ 


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BLO 


(5M) 


BLO 


tmofê  la  pDTvté  de  fair  ipi'oft  y  nspire 
a  fait  choisir  ce  lien  pour  y  élever  les  ea- 
fans  de  FraDoe. 

Le  Blaiiois  [Blesensis  ager)  avait 
environ  SO  lienea  de  long  anr  1 1  de  lar- 
ge ;  sca  limitea  étaient  :  an  nord ,  le  ¥en- 
dènoia,  le  Dnnoia  et  4*OrléaDais  propre; 
an  fud ,  le  Berry;  k  fest,  la  Sologne }  à 
Tonett,  la  Touraine,  Il  Ibrnnit  le  comté 
de  Blois^  qui  a  eu  une  suite  de  comtes  de 
qnatma  races  différentes  depuis  le  ix"  àlè- 
cle.  Louis  de  France,  duc  d^Orléans,  ac- 
quit ce  coaoté  airec  celui  de  Danois,  à  la 
fin  dn  xit"  siècle,  deOni  de  ChastiHon. 
Il  fut  emièrenient  néunl  à  la  couronne 
sous  4e  règne  de  i&nrî  IL  II  it  partit  de 
l'apanage  des  duos  d*Orléana,  depuis  Pfai- 
lippe,fràre  de  Lonis  XIV;  il  avait  la  niéme 
étûidne  que  le  haUHagt  de  Blois ,  qui 
avak  une  oe«tnnie  paniculièro»  L^évéché 
de  Blois  lut  érigé,  en  1697,  par  un  dé- 
neaabrement  de  celui  de  Chartres.  Liils- 
toire  da  eomté  de  Blois  se  confond  telte- 
nient  avec  èeUe  des  comtés  de  Chartres 
et  de  Champagne,  et  avec  celle  de  l'il- 
lustre maison  de  Chastillon,  q«e,  pour 
éritcr  des  répétitions,  nous  renvoyons 
aux  articles  CnAamBs,  Chamfa^imie  et 

dlASTILLOir. 

Dans  les  goervea  de  rdlgioo  du  xvi^ 
siècle ,  Blois  fot  deua  -fois  le  siège  des 
ÉtalB-<}énéra«x,  «p  1577  et  1586. 

ÉOTAVsoB  Blois  bb  1577.  Dans  le 
trakd  oonelu  par  Heinri  ill,  en  1576, 
avec  les  prolestans,  traité  qui  donna  nais- 
sance à  la  Ligne,  on  avait  résolu  de  con- 
voquer les  Étals-Oéoéraux  ;  ils  furent  as- 
semblés à  Blois.  Jean  Bodin  {voy,)^  qui, 
daus  ce  siècle  de  désordres,  avait  réfléchi 
sur  les  principes  oonstkntifs  des  gouver- 
nemens,  ftt  entendre  la  voix  <le  la  raison 
an  milieu  des  clameurs  de  la  violence  et 
dn  délire.  Les  Éuts  de  Blois  voulaient 
lioiiler  l'autorité  royale,  en  créant  un  ce- 
luHé  perflMttieot  de  dépntés  pris  dans  leur 
se$n.Otte«e!M]re,à  jàne pareille  époque, 
oà  l'Espagne  croyait  pouvoir  placer  une 
lie  ses  princesses  sur  le  tr^ne  de  France, 
eftt  été  plus  funeste  encore  à  la  litierté 
et  à  l'indépendance  de  la  nation  qu'au 
pouvoir  du  roi.  EHe  eût  suhs^ué  è  «in 
roi laible plusieurs tjrrans,  fkit  delà  mo- 
narchie utte  «Hatocratie  turbulente,  et 
déddépettt«étreVussrpatiovi  étrangère. 


Bodin  ooinbatik  ne  fdan  a««c  antaot  de 
sagesse  que  de  vigueur.  Cependant  la 
proposition  eèt  pent*étre  passé,  malgi^ 
sa  résistance,  si  les  États,  divisés  sur  la 
conduite  à  tenir  envere  les  pvotestans,  ae 
s'étaient  pas  sépauls  sans  âtre  arrivés  k 
des  conclusions  fixes  et  générales.  Hen^ 
ri  lil  s'était  flatté  d'opposer  la  volonté 
nationale  k  la  puissance  de  la  ligue  nai«- 
santé.  Il  avait  para  aux  États  avec  tout 
l'édat  d'inse  grande  représentation  et  y 
avait  employé  toutes  les  rsssooMes  de 
son  éloquence  naturelle  pour  rallier  lea 
esprits  antour  du  trène;  maïs  ce  lut  sana 
eitet.  Il  vit  dair^ment  que  la  plupart  des 
memlMnes  de  Fassemb^  avaient  signé 
l'acte  de  V  Union  ^  on  se  préparaient  à  le 
faire.  G^eat  alors  qu'il  résolut  de  se  met- 
tre lui-même  à  la  tète  de  la  lignes  {roy, 

Ll^UB.) 

ÉTArs»B  Bt«iiM«  4  566.  après  la  jour- 
née des^«/nVa/^e;r(<oo/.),  iianri  III,pour 
déjouer  les  projets  ambitieux  du  duc  de 
G«ise,  eue  encore  une  fois  recours  aux 
négociations,  au  lieu  d'agir  avec  forée. 
Les  États-Généraux  furent  de  nouveau 
convoqués  à  Blois ,  pour  réformer  tous 
les  abus  du  royaume.  Le  roi  espérait 
trouver  dans  cette  assemblée  nationale  de 
l'appui  contre  le  dae  deOuise.  Mais  lors- 
qoe  las  Élau  furent  ouverts ,  Henri  vit 
avec  effroi  que  la  grande  majerité  des  dé- 
putés adoptait  les  principes  et  partageait 
les  affections  des  ligueurs.  Uédit  dWniom 
fut  déclaré  loi  de  l'état.  Ganse,  parlant 
d'où  ton  de  maître ,  fit  des  demandes  et 
forma  desprétentioaaqui  tendaient  à  dé- 
pouiller le  roi  de  toute  sonMitorité.  C'est 
alors  que  Henri  III  le  fit  assassiner.  Ce 
crime  ne  fit  qu'exaspérer  la  Ligne.  Le| 
États  nommèrent  on  comité  de  46  per- 
sonnes poin*  gérer  les  affairss  générales 
du  royaume.  Heni4  Ili,  excommunié,  fut 
assassiné  bientôt  apnès  par  un  moine  fa- 
nalique. 

£n  1614,  loasque  Paris  4nt  menooé 
par  foutes  les  forces  de  la  coalition,  f  i|n<- 
pératrice  Marie-Louise  se  retira  un  i 


ment  à  Blois^  les  dendersactes  de  Ja  ré- 
gence el  du  gouvernement  impérial  fu- 
ront^atés  et  expédiés  de  cette  ville.  Lliis.- 
toire  de  celte  courte  régence,  dctîte  par 
Hodey,  a  été  imprioiée  en  1614  at  a  eu 
pàisieurs  écUtions.  1-  S^u 


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BLO 


(684) 


BLO 


BLOmnELD  (CaAmx.E8^ James), 
philologue  anglais  très  connu ,  naquit  en 
1786  à  Bury-Saint-Edmnnds ,  dans  le 
comté  de  Suffolk.  Ce  fut  dans  celte  der- 
nière ville  qu*il  reçut,  avec  son  frère 
Edward,  d^excellentes  leçons  de  littéra- 
ture ancienne  de  Bêcher,  directeur  de 
la  Graminar-school  très  renommée  qui 
s'y  trouve.  De  là  il  se  rendit  à  Cam- 
bridge, où  il  se  fit  remarquer,  non-seu- 
lement dans  les  eatmeot  publics  qu'il  y 
subit,  mais  encore  dans  les  solennités  aca- 
démiques auxquelles  il  prit  part  et  q^i 
lui  méritèrent  plusieurs  dislinctions  ho- 
Dorable^.  Lorsqu'il  eut  publié  son  édi- 
tion du  Prométhée  d'Eschyle ,  il  fut  élu 
feUow  du  collège  de  la  Trinité.  La  re- 
nommée de  ses  vastes  connaissances  se 
répandant  bientôt,  lord  Bristol  lui  con- 
féra ,  en  1810,  la  cure  de  Quarrington 
dan&  le  Lincolnshire ,  et ,  de  son  propre 
chef,  lord  Spencer  lui  en  donna,  dans  la 
même  année,  uue .autre  à  Dunton.  Il  y 
séjourna  environ  sept  années,  pendant 
lesquelles  il  publia  la  3*  édition  du  Pro- 
méthée ,  et  de  plus  les  Sept  contre  Thè- 
bes,  les  Perses  et  l'Agamemnon  d'Es- 
chyle. Il  travailla  aussi  à  une  édition 
de  Callimaque ,  et  publia,  de  concert 
avec  T.  Rennel,  les  Musœ  cantahrif^ien- 
ses  y  et  en  même  temps,  en  1812,  avec 
le  professeur  Monck,  les  Posthumous 
tracts  of  Porson.  Il  publia  seul,  en  1 8 1 4, 
les  Adversaria  PorsonL  Lord  Bristol  le 
mit  eo  même  temps  en  possession  des 
deux  cures  du  grand  et  du  petit  Ches- 
terford,  dans  le  comté  d'Essex. 

C'est  au  nom  que  lui  méritèrent  ses 
connaissances  philologiques  et  théologi- 
ques qu'il  dut  l'honneur  d'être  appelé 
auprès  de  l'évéque  de  Londres,  en  1 8 1 9, 
en  qualité  de  son  chapelain  ordinaire  ; 
ce  choix  tombe  toujours  aur  un  homme 
dont  l'érudition  est  généralement  recon- 
nue, attendu  qu'il  est  en  même  temps 
chargé  de  l'examen  des  prédicateurs  qui 
se  présentent  à  l'ordination  dans  le  dio- 
cèse. M.BIomfield  obtint  enfin  lui-même, 
en  1824,  le  siège  épiscopal  de  Londres. 
Parmi  ses  derniers  travaux  littéraires,  la 
publication  de  son  Eschyle  est  le  plus 
împortanL 

Son  frère  EDw^KD-VALEHriK,  égale- 
ment philologue ,  était  né  en  1788  y  et 


avait  fait  de  briUantes  études  à  Cam- 
bridge. Entre  autres  prix  qu'il  remporta 
est  surtout  remarquable  la  médaille  que 
lui  valut  sa  belle  ode  In  tUsiderium 
Poraonù  Après  un  voyage  qu'il  fit  en 
Allemagne,  en  1813,  il  s'occupa  de  di- 
vers travaux  philologiques,  et  il  mourut 
dans  le  mois  d'octobre  1816,  à  son 
retour  d'un  voyage  qu'il  venait  de  faire 
en  Suisse..  C  JL 

BLONDELy  voy.  RicsAmo-CoBum- 
DE-Lioir. 

BLONDES ,  vof,  Dbktellss. 

BLOOMFIELD  (Robebt),  poète 
anglais  né  à  Honington  en  1766.  Fils 
d'un  pauvre  tailleiu*,  élevé  au  village,  il 
apprit  le  métier  de  cordonniet  chez  son 
frère  à  Londres.  Là ,  en  fréquentant  les 
oonventicules,  les  clubs,  les  théâtres  et 
en  lisant  beaucoup,  il  vit  un  nouveau 
monde  s'ouvrir  devant  lui  :  il  devint 
poète  et  débuta ,  dans  le  London  ma- 
ffazùte,  par  quelques  chants  populaires, 
tels  que  la  Laitière  (  ihe  Mâk-maid)  et 
le  Retour  du  Matelot  {the  SaUor's  Re- 
turn).  En  1786  il  conçut  l'idée  de  son 
Ftirmer's  Boy  (le  Garçon  fermier  ),  et 
le  composa  dans  une  trbte  mansarde, 
jetant  son  propre  caractère  et  ses  plus 
belles  inspirations  dans  ce  moule.  En 
1799  seulement,  un  jurisconsulte,  Ca- 
pel  Lofft ,  vint  à  lire  par  hasard  le  ma- 
nuscrit de  ce  poème  intéressant,  plus 
simple  que  les  Saisons  de  Thompson  , 
aussi  bien  versifié,  aussi  pathétique  et 
rempli  d'idées  fortes  :  charmé  de  cette 
découverte,  Lofft  le  fait  imprimer  et  pro- 
cure par-là  au  pauvre  artisan  de  l'argent 
et  des  protecteurs.  Plus  tard,  Bloomfieid 
composa  encore  une  espèce  d'idylle  dra- 
matique, BazeUJi*oO€l  haU ,  et  publia  on 
recueil  de  poésies  qui  a  été  traduit  en 
français.  Au  lieu  de  souliers  il  fabriqua 
des  harpes  éolieones,  occupation  un  peu 
plus  poétique.  Il  ne  cessa  cependant  d'ê- 
tre en  butte  aux  coups  du  sort.  Il  perdit 
sa  fortune,  ses  yeux,  sa  santé,  et  dea  ac- 
cès nerveux  faisaient  craindre  pour  sn 
raison ,  lorsqu'il  mourut  à  Shefford  eo 
1823.  CL.  m. 

BLOITSE  GAULOISE.  On  donne 
le  nom  de  blouse  ou  de  blaude  à  nne 
espèce  de  surtout  ou  de  robe  d'élofie 
fort  courte  et  serrée  sur  kt  raina  âTec 


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(585) 


BLU 


une  oeintafe.  Ce  vêtement  vient  dee  Gau- 
lois f  chez  lesquels  il  était  déjà  afTecté 
aux  hommes  du  peuple  qui  se  livraient 
à  de  grossiers  travaux.  Il  existe  dans 
quelques  parties  de  la  France,  et  notam- 
ment dans  les  Pyrénées ,  des  habitans  qui 
portent  la  blouse  telle  que  la  portaient 
les  Gaulois;  comme  eux  ils  la  font  en- 
core avec  des  peaux  de  bétes  qu'ils  tuent 
dans  la  montagne. 

De  nos  jours,  Tusage  de  la  blouse  s'est 
considérablement  répandu ,  surtout  par- 
mi certaines  classes,  comme  celles  des 
artistes,  des  imprimeurs,  et  en  général 
celles  qui  se  livrent  à  des  travaux  qui 
demandent  une  grande  liberté  dans  les 
mouvemens. 

Les  charretiers  ne  portent  pas  d'autre 
costume,  et  lorsqu'il  fait ,  froid  ils  le 
mettent  par-dessus  leurs  vétemens.  Leurs 
blouses  sont  presque  toujours  en  grosse 
toile. 

Le  nom  de  blouse  gauioire  a  été  donné 
par  Napoléon  à  la  blouse  qui  servait 
d'uniforme  aux  gardes  nationales  de  la 
campagne,  dont  les  services  lui  furent  si 
utiles  au  temps  de  ses  désastres  pour  re- 
tarder la  catastrophe  qui  devait  les  ter- 
miner. A  l'époque  de  la  révolution  de 
1880  ,  l'élan  universel  des  habitans  des 
départemens  empêcha  le  gouvernement 
de  pourvoir  à  rhabiliemeot  des  nom- 
breuses gardes  citoyennes  qui  surgis- 
saient de  tontes  parts.  La  blouse  gau- 
loise, si  commode  et  si  peu  dispendieuse 
leur  fut  rendue ,  et  plusieurs  l'ont  con- 
servée. 

£lle  consiste  dans  une  sorte  de  robe 
bleue,  semblable  à  la  blaude  des  voitu- 
riers,  avec  le  parement  et  le  collet  des 
gardes  nationales  de  la  ville;  elle  est 
bordée,  en  bas,  par  une  bande  rouge  et 
serrée  sur  les  reins  par  une  ceinture  tri> 
colore.  D.  A.  D. 

BLUCHER  (  GEBHAan  -  LuBBGHT 
DE  ),  prince  de  Wahlstatt,  issu  de  la 
maison  de  Grossen  -  Rensow ,  dans  le 
duché  de  Mecklenbourg ,  naquit  à  Ros- 
tock  en  1742.  A  l'origine  de  la  guerre 
de  Sept-Âns ,  son  père ,  capitaine  au  ser- 
vice de  l'électeur  de  llesse-Cassel ,  l'en- 
voya à  nie  de  Rûgen,  où  la  vue  des 
hussards  suédois  forma  son  inclination 
pour  le  métier  des  armes.  Set  parens 


s'étant  vainement  efforcés  de  l'en  détour- 
ner ,  il  entra  en  qualité  de  cadet  dans  un 
des  régimens  de  hussards  suédois.  Dès 
sa  première  campagne  il  fut  fait  prison- 
nier par  des  hussards  du  même  régiment 
prussien  qu'il   commanda  plus  tard  si 
glorieusement.  Le  colonel  de  ce  régiment 
rengagea  à  entrer  au  service  de  la  Prusse, 
et,  la  Suède  y  ayant  consenti,  BIncher  ob- 
tint une  lieutenance  dans  les  hussards  ; 
mais  un  passe-droit  dont  il  eut  à  se 
plaiudre  lui  fit  prendre  son  congé.  Il  se 
retira  avec  le  grade  de  capitaine.  Alors 
il  se  voua  à  l'économie  rurale,  et  bien- 
tôt il  se  vit  en  état  d'acquérir  une  terre, 
se  maria  et  devint  conseiller  provinciaL 
Après  la  mort  de  Frédéric  II,  il  rentra, 
avec  le  grade  de  major,  dans  son  ancien 
régiment.  Bientôt  après ,  il  en  obtint  le 
conunandement ,  et  pendant  les  années 
1 793  et  1 794,  appelé  à  l'armée  du  Khip, 
il  s'y  signala  par  sa  bravoure  ;  Orchies  , 
Luxembourg,    Frankenheim,    Oppen- 
heim,  Kerweiler  et  Edesheim,  furent  té- 
moins de  ses  faits  d'armes.  La  journée 
du  18  septembre  1794,  près  de  Ley- 
stadt ,  réleva  au  rang  de  général-major 
à  l'armée  d'observation  du  Bas  -  Rhin, 
En  1802  il  s'empara  d'Ërfurt  et  de  Mul- 
hausen,  au  nom  du  roi  de  Prusse.  La 
gueiTe  qui  éclata  en  1806  le  conduisit 
au  champ  de  bataille  d'Auerstaedt.  Après 
cette  journée  fatale  aux  armes  de  la 
Prusse,  il  suivit,  à  la  tête  de  la  plus 
grande  partie  de  la  cavalerie,  le  mouve- 
ment du  corps  d'armée  du  prince  de 
Hohenlohe,  qui  battait  en  retraite  sur 
la  Poméranie.  Cependant  la  distance  qui 
séparait  les  deux  corps  était  trop  grande 
pour  pouvoir  espérer  une  jonction  en- 
tre eux  ;  des  marches  forcées  l'auraient 
seule  rendue  possible,  et  Blucher  ne  vou- 
lut pas  hasarder  ce  mouvement.  Alors  le 
prince  de  Hohenlohe  fut  obligé  de  se 
rendre  aux  Français  à  Prenziau ,  et  Blu- 
cher, voyant  ainsi  sa  retraite  coupée  sur 
Steltin ,  entra  dans  le  Mecklenbourg  et 
opéra  sa  jonction  avec  le  corps  du  duc 
deWeimar,  commandé   par  le  prince 
Guillaume  de  Brunswick-OËls.  Ses  trou- 
pes étaient  tellement  épuisées  qu'il  ne 
pouvait  tenter  aucun  combat.  Inquiété 
sur  l'aile  gauche  par  le  grand -duc  de 
Berg ,  menacé  sur  son  front  par  le  prince 


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(58«) 


BLO 


ée  PèBte-Oorv« ,  cft  Mnré  par  le  maré- 
chal Souk  snr  l'aile  droite,  il  fte  vit 
obligé  de  se  porter  en  arrière  de  la 
Trave,  aln  d'éloigner  de  l'Oder,  aussi 
loDg^ temps  que  possible,  ces  trois  corps 
d'armée.  Il  opéra  ce  mouTement  en  se 
dirigeant  snr  le  territoire  de  la  TÎlle  ih- 
bre  de  Lubeck ,  qui  Tenait  d'être  tor- 
tiêée  à  la  bâte,  mais  qui  fut  enlevée  par 
l'armée  francise,  qu^aucun  obstacle 
s'arrêtait  Blncher  se  sauva  encore  assez 
à  tempe  avec  quelques  troupes;  mais, 
privé  de  tout  moyen  de  défense  et  coupé 
dans  aa  retraite,  il  se  vit  forcé  de  se  ren- 
dre,  près  de  Ratkau,  village  de  la  ban- 
Iteue  de  Lubeck.  Après  de  longs  pour- 
parlers, il  lui  fut  accordé  qtf'il  pourrait 
ajouter  à  sa  capitulation  un  artide  signé 
de  sa  main ,  portant  t  que  la  capitulation 
hii  avait  été  offerte  par  le  prince  de 
Poote-Corvo  et  qu'il  n'avait  cédé  que  par 
le  manque  de  vivres  et  de  fourrages. 
Blncber ,  prisonnier  de  guerre ,  fut  bien- 
tôt échangé  contre  le  général  Victor.  A 
peine  de  retour  à  Kœnigsberg ,  il  reçut 
l'ordre  de  se  rendre  par  mer,  à  la  tête 
d'un  corps  d'armée,  dans  la  Poraérame 
suédoise,  pour  coopérer  à  la  défense  de 
Straisund  et  pour  seconder  les  Suédois 
dans  leurs  entreprises.  Après  la  paix  de 
Tilsitt,  il  fut  employé,  tant  à  Beriin  ^i/à 
Roeaigsberg,  an  département  de  la 
guerre.  Plus  tard ,  il  obtint  le  comman- 
dement militaire  de  la  Poméranie;  mais 
ensuite  il  fut  admis  à  la  retraite.  On  pré- 
tend que  le  cabinet  prussien  avait  été 
déterminé  à  cette  mesure  par  le  désir 
déplaire  à  Napoléon.  Blucher  ne  prit  au- 
cune part  à  la  campagne  de  Russie  ;  mais 
lorsque  la  Prusse  se  déclara  contre  Na- 
poléon ,  il  déploya ,  quoique  âgé  de  70 
ans,  une  activité  étonnante. 

Il  obtintle  commandement  en  chef  de 
^rmée  prussienne  et  du  corps  d'armée 
russe  commandé  par  le  général  Winzin- 
gerode,  qui  cependant  en  fut  détaché 
dai|S  la  suite.  Il  se  distingua  à  la  bataille 
de  Lutzen,  le  2  mai  1 8 1 8;  les  journées  de 
Bautztn  et  de  IJaynau  ne  furent  pas 
moins  glorieuses  pour  lui.  Le  combat  de 
la  Katzbach  lui  valut  de  justes  éloges; 
après  un  avantage  remporté  sur  le  maré- 
chal Maçdonald,  il  fit  évacuer  toute  la  St- 
lésie,  ce  qui  fut  cause  que  son  corps  dTar- 


Napoléon  essaya  d'arrêter  éÈn»  sa  mar- 
che le  vieux  général  de  hussards,  comme 
il  se  dénommait  lai-même:  le  S  octobre, 
Blucher  passa  l'Elbe  près  de  Warten-r 
burg,  et  ))iff  celte  manœuvre  hardie  il 
excita  ^'plus  d'activité  la  grande  armée 
de  Bohême ,  sous  les  ordres  du  prince 
de  Schwarsetiherg,  et  Famée  du  nord 
commandée  par  le  prince-royal  de  Suède. 
Le  16  octobre,  il  remporta  de  grasds 
avantages  sur  le  maréchal  Marmentprèa 
de  Mœckem.  Le  16  ,  ayant  opéré  m 
jonetioa  avec  Bernadottje^  M  contriboa 
beaucoup  à  la  déroute  de  nos  armée», 
et  ses  troupes  furent  les  premières  qm 
entrèrent  à  Leipzig,  le  19.  La  rapidké 
qu'il  mettak  dans  Fexéoutloa  de  ses  plans 
et  sa  méthode  d'attaque  Inl  avaient , 
dès  l'ouverture  de  la   eampagae ,  feft 
donner  dans  l'armée  rasae  le  aunnom 
de  maréchal  vortvœrts  (  en  avant  ).  Toute 
l'Allemagne  lui  conféra  alors  ce  sobri- 
quet honorifique.  Le  1*'  jatrrier  1814 
il  passa  le  Rhin,  près  de  Katib,  avec  l'ar^ 
mée  de  Silésie ,  composée  alors  de  deux 
corps  d'armée  prussiens ,  de  deux  corps 
d'armée  russes ,  d'un  corps  d'armée  héa* 
sois  et  d'un  corps  d'armée  mixte;  le  17 
janvier  il  entra  a  Nancy  et  gagna,  le  1" 
février,  la  bataille  de  la  Rothière.  il  s'a** 
vança  alors  sur  Paris;  mais  Napoléon 
repoussa  ces  différens  corps  d'armée,  et 
Blncher  ne  parvint  à  couvrir  sa  retitilte 
sur  Gliâlons  qu*apf^  une  perte  considé- 
rable, il  se  porta  alors  sur  Soisaotis  o& 
il  passa  l'Aisne  et  effectua  sa  jonctioii 
avec  l'armée  du  Nord.  Après  la  bataille 
de  Laon  il  dirigea  sa  marche  sur  Paris, 
conjointement  avec  le  prince  Sdiwaneen- 
berg.  Ses  succès  à  Montmartre  lui  ou- 
vrirent la  capitale  où  il  entra  le  81  mars. 
Alors  tons  les  souverains    envoyèrent 
leurs  ordres  au  général  Blucher;  Frédé- 
ric'Ouiflaume  III  le  nomma  prince  de 
Wahlstatt,  en  commémoration  de  sa^vic- 
toire  remportée  sur  la  Katzbach,  près  da 
village  de  Wahlstatt;  il  lu!  assigna  en 
même  temps  de  grandes  dotations  et  lui 
conféra  la  dignité  de  feld-maréchal  et  do 
chevalier  de  tons  les  ordres  de  Prusse. 
L'Abgletprre,  où  il  avait  suivi  les  mo- 
narques alliés,  le   reçut  avec  enihoa- 
slasme^  Kttnivrrsité  (POxfbrd  le  nomma 


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BLU 

loitantlUment  docuvr  en  àtA  :  sin* 
gulkr  bonaeiur  peur  vo  hassard!  Il  se 
readll  alen  daas  tes  terres  eo  Silésie. 
£o  1815,  iJ  fut  de  nouveau  noiraié  gé- 
oéral  en  chef  et  panit  brusquement  dans 
ies  Pays-Bas.  Napoléon  le  baltit  à  la  ba- 
taille de  Lîgny ,  le  16  juin.  Renversé  de 
4;heval,  il  6it  redevable  de  sa  vie  et 
de  sa  liberté  an  basard  de  ne  pas  avoir 
4tà  racoMNu  Le  18,  vers  le  soir,  il  arriva 
•asez  k  tempe  «ur  le  champ  de  bataille 
4e  Waterloo  pour  décider  ea  laveur  def 
«lltés  k  victoire  ^i  penchait  pour  les 
Fraaçafs.  li  refusa  Fannistice  proposé  et 
Bsaroha  sur  Paris,  où  il  eronCra  une  grande 
— iieaité  eontre  les  vainons.  Dans  le 
conseil  des  fowerains  il  s'opposa  a«  sys- 
tème de  ménagement  qu*oa  avait  observé 
lors  de  la  première  campagne.  Frédéric- 
OoîllaiNae  Hf  ,poor  récompenser  ses  nou- 
veaux eervioes,  l'honora  d'un  ordre  parti- 
•cellier  créé  exprès  pour  lui  ;  c'était  une 
croix  de  fer  entourée  de  rayons  d*or. 
▲près  la  paix  de  Paris,  Blucher  se  retira 
tie  nouveau  dans  ses  terres.  Le  36  août 
1819 ,  pour  célébrer  ranniversaire  de  la 
inteille  de  la  Katzbach ,  ses  concitoyens 
^ent  ériger  en  son  honneur,  à  Rostock, 
ea  ville  natale,  me  statue  colossale  cou- 
lée «n  bn>nze  représentant  le  vieux  gé- 
oéra).  Cest  le  seul  exemple  en  Allemagne 
éSm  mmiiinent  élevé  à  la  mémoire  d'un 
iMinme  encore  vivant. 

Blocher  mourut  la  même  année,  après 
«ae  courte  maladie,àKriblowitK, l'une  de 
ees  terres  en  Silésie.  Le  roi  de  Prusse  lui 
£i  ériger  à  Berlm ,  en  face  du  principal 
«orps-de-garde  (BartpHvache) ,  sons  tes 
tdieuU  f  le  18  juin  1836,  une  statue  en 
iMTonze  hante  de  12  pied:»  et  placée  sur 
«n  piédestal  orné  de  bas-rdiefs;  en  1827 
«ne  antre  statue  fut  élevée  à  sa  mémoire 
à  Bresbn.  M.  Yamhagen  d'Ense  a  écrit 
ta  Kiographie  do  feld-maréchal  (Berlin, 
l«a7).  CL. 

BLUETTE.  En  littérature,  ce  mot 
désigne  une  petite  pièce  de  vers  sur  un 
eujeC  frivole  ou  léger.  Il  est  telle  de  ces 
binettes ,  entre  autres  le  quatrain  du 
marqois  de  Saint-Aulaîre  :  La  divinité 
qui  s'amuse^  etc.,  qui,  dans  les  deux 
deniers  siècles  ,  suffisait  pour  faire  une 
réputation  à  leur  auteur.  Les  poé- 
tnts  en  chevalier  de  BoufHers  ne  sont 


{  5»7  )  BLU 

gnèfe  qu'un  reoaeâ  de  binettes,  el  la 
plume  féconde  de  Voltaire  en  a  laissé 
échapper  un  assez  grand  nombre. 

On  a  aussi  nommé  bluette,  dans  cet 
derniers  temps,  des  ouvrages  dramati- 
ques d'une  coniexture  très  légère,  sur- 
tout des  vaudevilles  où  Tetprit  et  les 
traits  piquans  suppléaient  à  la  faiblesse 
de  l'action.  Ces  deux  genres  de  blueCtes 
ne  sont  plus  en  grande  faveur  aujour- 
d'hui. En  poésie ,  la  gravité  de  l'époque 
t'accommode  peu  de  ces  pièces  fugitives 
qui  feisaîent  les  délices  de  nos  afeex.  Au 
théâtre,  il  faut  une  intrigue  attachante, 
uo  intérêt  vif  et  soutenu  pour  faire  vi- 
vre les  ouvrages;  l'esprit  phiiosophiifue ^ 
la  politique  et  le  dram^  ont  décidé  U 
chute  de  la  bluette.  M.  G. 

MAJMAUEft  (Ai^OTs),  poète  alle- 
mand, né  à  Sleyer,  ville  d'Autriche,  eu 
1765  ,  entra  dans  Fordre  des  jésuites 
à  Yienae,  en  1772,  fut  nommé  plut 
tard  censeur,  se  mit  à  la  tète  d'une  li- 
brairie, en  1793,  et  mourut  en  1798. 
Blumauer  se  lit  un  nom  par  son  Enéide 
travestie  (1781),  qui  ne  le  cède  point, 
pour  l'esprit  burlesque,  à  ceUe  de  Scai^ 
ron;  c'est  une  parodie  fort  amusante^ 
quelquefois  un  peu  triviale.  Blumauer 
se  sert  avec  un  grand  bonheur  des  ana- 
ehronismes;  et,  le  genre  une  fois  admis^ 
on  ne  lit  guère  de  meilleure  caricature 
poétique.  Le  même  esprit  caractérise  le 
reste  de  ses  vers,  dont  quelques-nus 
sont  remplis  de  verve  comique  et  écrits 
avec  un  talent  de  style  très  remarquable^ 
d'autres  au  contraire  pèchent  par  la  tri- 
vialité et  l'incorrection.  La  tragédie d'^r* 
vin  de  Steinheim  n'est  pas  sans  mérite. 
Ses  œuvres  complètes  ont  paru  à  Leip- 
zig, en  1801  et  1862,  en  8  vol.   C.  L. 

BLUMENBACII  (  Jean-Ebéd^big), 
naquit  à  Gotha,  le  11  mai  1762.  Il  étu« 
dia  d'abord  à  léna,  puis  à  GœCtingue  dans 
cette  université  qu*il  devait  plus  tard  il-r 
lustrer  par  ses  nombreux  éciits,  ses  dé- 
couvertes et  la  direction  nouvelle  qu'il 
éearait  imprimer  aux  sciences  qui  con- 
sidèrent U  vie  dans  l'état  de  santé,  dans 
celui  de  maladie,  et  dans  ses  rapports 
avec  la  création.  Il  apporta  un  goût  si 
prononcé  pour  l'observation,  une  apti- 
tude si  grande,  qu'il  remplit  rapidement 
le  cours  de  ses  dasses  et  se  nt  dfsthi* 


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BLU 

gaer  par  det  saccès  dont  ses  condisciples 
liaient  émerveillés.  A  2 1  ans  il  élait  reçu 
médecin ,  il  professait  publiqueroenl  les 
sciences  naturelles,  et  il  se  trouvait  à  la 
tête  du  muséum  qui  fait  partie  de  la 
riche  bibliollièquede  Tuoiversité.  fiientôt 
après,  son  nom  devint  européen,  et  TAU 
lemagne  1* inscrivit  avec  orgueil  parmi  ses 
savans  les  plus  distingués. 

M.  Blumenbach  s'est  spécialement  oc- 
cupé de  riiistoire  physique  de  Thomme 
(de  Generis  humani  varietaU  nadvd^ 
Gotlingae,  1775  et  1794,  in-4°).  Avant 
lui ,  un  voyageur  fi*ançais,  eu  1684  [Jour- 
nal dex  savons ,  p.  1 33  et  suiv.  ),  avait, 
le  premier,  divisé  le  genre  humain  en 
quatre  races  distinctes ,  que  Leibnitz  mo- 
difia légèrement  ensuite.  Pownai  n*eo 
voyait  que  trois,  qu'il  désignait  d'après 
la  couleur  blanche ,  rouge  et  noire;  Buf- 
fon  en  admettait  six,  Hunter  sept;  Linné 
les  ramena ,  d'après  les  limites  naturelles, 
aux  quatre  parties  de  la  terre  alors  con- 
nues ,'appuyé  sur  des  données  constantes 
fournies  par  chacune  d'elles.  D'autres  en 
ont  porté  le  nombre  de  onze  à  quinze  et 
même  plus.  M.  Blumenbach,  qui  possède 
la  collection  de  ci  ânes  la  plus  considéra- 
ble et  la  plus  complète,  n'en  reconnaît 
que  cinq,  la  caucasienne,  la  mongole,  la 
nègre,  l'américaine  et  la  malaise;  il  fixe 
les  caractères  distinct  ifs  qui  spécifient 
leur  conformation  particulière,  ainsi  que 
les  différences  qui  les  séparent  les  unes 
des  autres ,  les  points  de  contact  qui  les 
rapprochent,  les  traits  de  ressemblance, 
les  nuances  jusque  là  insensibles  à  tout  au- 
tre œil  que  le  sien  qui  les  appellent  à  l'uni- 
té; il  les  suit  dans  les  situations  géographi- 
ques  que  ces  races  occupent,  et  jusque 
dans  les  couleurs  qu'elles  afTectenl.  Si  le 
naturaliste  découvre  des  différences  plus 
ou  moins  notables  dans  quelques  grandes 
familles  non  encore  observées,  il  les  rap- 
porte aisément ,  comme  variétés,  à  cet 
types  essentiels,  à  ces  cinq  divisions  par- 
faitement tranchées  (  Décades  viii  cm- 
niorum  dwersatum  gentium,  Gottingae, 
1790-1808,  in-4°,  contenant  quatre- 
vingts  figures  ). 

Ce  travail  important  amena  M.  Blu- 
menbach vers  l'anatomie  comparée  (Ma- 
nuel d'aoalomie  comparée,  Handbuch, 
derverglcicliendenjéncitomie,  Goet|in* 


(  588  )  BLU 

gen,  1805  et  1815,  in-8^).  Set  coaipt- 
raisons  des  animaux  à  sang  chaud  et  à 
saog  froid  y  ovipares  et  vivipares,  sont 
remplies  de  vues  piquantes ,  d'observa- 
tions neuves,  de  recherches  étenduet 
(  Spécimen  phy.sioUigiœ  comparaiœ 
inter  aniinantia  caluU  tic  fri^idi  san- 
guitiiSf  vmpara  et  ovipara,  Gottingae  , 
1787  et  1789,  in-4*>). 

Son  manuel  d'histoire  naturelle  (£foii<l- 
buch  der  NaUtrgeschichte ,  traduit  en 
français  par  S.  Artand,  Metz,  1808, 
deux  vol.  in-8^),  est  un  livre  élémentaire 
très  estimé,  propre  à  ouvrir  à  l'adepte 
la  route  de  la  science  et  à  b  lui  rendre 
facile.  Il  compte  dix  éditions  allemandet 
depuit  1779  et  1780  que  parurent  les 
deux  volumes. 

La  médecine  doit  à  M.  Blumenbach 
plusieurs  excellena  ouvrages;  nont  cite- 
rons particulièrement  ses  Insiitutiones 
physioiogicœ  et  pathoiogicœ,  Gœttin* 
gue,  1787  et  1798,  2  volumes  io-8^; 
son  Introducdo  ad  historiam.  mediclnm 
ItUerarioin ,  Gœtt.,  1786,  in-8**  ;  ta  Bi- 
bliothèque médicale  (  Medicinische  Bi- 
bliothek),  qu^il  publia  de  1798  à  1795 
et  qui  forme  3  volumes  in-8^,  etc. ,  etc. 

Toute  sa  vie  a  été  employée  à  profes- 
ser la  science  d'une  manière  également 
soutenue  et  progressive,  et  à  enrichir  les 
recueils  scientifiques  de  l'Allemagne  de 
mémoires  d'un  haut  intérêt  II  a  formé 
un  grand  nombre  d'excellens  élèves  ho- 
norant leur  maître  par  des  services  rendus 
aux  sciences  et  à  l'humanité  souffrante. 
M.  Blumenbach  jouit  de  la  plénitude  de 
son  illustration  :  il  appartient  à  toutes 
les  Académies  de  l'un  et  de  l'autre  hémi* 
sphère.  Doué  d'une  forte  constitution,  les 
travaux  assidus  du  cabinet,  les  fatigues 
des  dissections  et  de  la  chaire  n'ont  point 
altéré  sa  santé;  et  ce  Nestor  des  natura- 
listes allemands  a  célébré  en  1 826  (et  avec 
lui  l'Allemagne  savante  tout  entièrej  le  50* 
anniversaire  de  sa  nomination  au  profes- 
sorat A.  T.  D.  B. 

BLUTAGE,  Blutbau,  Blutebir. 
On  appelle  blutage  Topération  qui  a 
pour  but  de  nettoyer  le  grain  et  de  dé- 
barrasser la  farine  du  son  et  des  corpt 
étrangers  introduits  par  la  nnfjture; 
bluteau  c'est  le  nom  de  Tinstrument  em- 
ployé, et  bluterie  le  nom  do  IJeu  où  l'oq 


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BLU 


(589) 


BOA 


opère.  L'ioTention  du  blutage  est  fort 
ancienne  quoique  presque  tous  les  au- 
teurs ne  la  fassent  remonler  qu'au  xvi* 
ou  tout  au  plus  au  xiii*^  sièclede  l'ère  vul> 
gaire.  On  commença  d'abord  par  se  ser- 
vir de  paniers  d'osier,  ensuite  de  tamis 
faits  avec  des  jonf*s  très  menus,  et  enfin 
de  toiles  tissues  en  crins  de  cheval.  Ces 
premiers  essais  ont  été  perfectionnés  par 
la  succession  des  temps  et  la  marche 
progressive  de  l'industrie;  après  les  sacs 
de  crin ,  d'étamine  et  de  toile ,  dont  on 
fait  encore  usage  dans  beaucoup  de  loca- 
lités ,  on  a  imaginé  les  cylindres  com- 
posés de  feuilles  de  fer-blanc,  trouées 
comme  les  râpes,  et  de  fils  de  fer  très 
déliés  placés  circulairement  les  uns  à 
c6té  des  autres,  de  manière  à  interdire 
le  passage  à  tout  ce  qui  pourrait  nuire  à 
la  grande  pureté  de  la  farine.  On  emploie 
surtout  les  toiles  métalliques. 

Les  bluteanx  actuels  sont  de  deux 
sortes  :  les  bluteaux  à  grains ,  qui  seraient 
cribles  s'ils  étaient  plats  et  à  découvert , 
et  les  bluteaux  à  farine  que  Ton  appelle 
aussi  biutoirs.  Tous  les  deux  sont  utiles 
et  même  nécessaires  dans  un  ménage  un 
peu  considérable.  L'un  et  l'autre  sont 
composés  de  deux  pièces  principales:  le 
cylnulre  ou  bluteau  proprement  dit,  et 
la  grande  caisse  ou  coffre.  Celle-ci  est 
un  cadre  de  dimensions  plus  ou  moins 
étendues,  recouvert  de  planches  ou  de 
grosses  toiles  à  plusieurs  doubles,  lors- 
qu'elle est  destinée  à  recevoir  le  grain; 
elle  est  en  bois ,  longue  de  deux  mètres 
et  demi  (  7  à  8  pieds  ),  large  de  48  à  54 
centimètres  (18  ou  20  pouces  )  sur  97 
(  36  pouces  )  de  haut ,  quand  elle  doit 
contenir  la  farine.  On  l'élève  sur  quatre, 
six  et  huit  soutiens  de  bois  en  forme  de 
pied. 

Dans  les  bluteaux  à  farine,  il  y  a 
trois  ou  quatre  divisions ,  selon  l'espèce 
de  farine  que  l'on  veut  obtenir,  et  le 
bahut  est  coupé  par  autant  de  planches 
qu'il  y  a  de  différentes  toiles  pour  re- 
couvrir le  cylindre.  De  la  sorte ,  chaque 
divisiou  forme  une  sorte  de  réceptacle 
séparé  qui  renlerme  une  farine  dont  la 
qualité  est  relative  à  l'étamine  au  travers 
de  laquelle  elle  passe.  La  première  prend 
le  nom  à»  fine  fleur;  la  seconde  celui 
&t  farine  blanche;  la  troisième  celui  de 


farine  de  gruau  ;  on  donne  à  la  qua- 
trième division  le  nom  de  recou/ft*s\  la 
cinquième  est  l'ouverture  par  laquelle 
sort  \e  gros  son. 

Dans  les  bluteaux  à  grains ,  les  cases 
sont  inutiles;  le  blé,  en  son  trajet,  est 
fortement  gratté  toutes  les  fuis  qu'il  ren- 
contre la  tôle  piquée;  la  poussière,  le 
grain  avorté,  les  ordures  et  le  grain 
niellé,  charbonné  ou  moucheté,  s'échap- 
pent par  les  cribles  de  fil  d'archal ,  tan- 
dis que  le  grain  de  haute  qualité  sort 
clair,  brillant  et  tout-à-fail  pur. 

Il  est  inutile  de  dire  que,  avant  de 
soumettre  le  grain  à  l'action  du  bluteau, 
l'on  doit ,  en  l'enlevant  du  tas ,  le  passer 
à  la  grille ,  c'est-à-dire  le  purger  en  le 
lançant ,  par  pellée  et  à  une  distance  con- 
venable, contre  les  mailles' de  la  grille. 
Sans  cette  précaution  il  faudrait  répéter 
à  plusieurs  reprises  le  blutage.  A.  T.  o.  B. 

BOA.  Dans  l'immense  variété  des 
serpens  dont  les  espèces  ne  sont  pas 
toujours  déterminées  d'une  manière  bien 
rigoureuse  par  les  savans,  il  en  est  peu 
dont  la  célébrité  soit  aussi  grande  que 
celle  du  boa.  Ce  nom  est  donné  par  les 
naturalistes  à  plusieurs  reptiles  dont  le 
plus  remarquable  est  sans  contredit  le 
ht  a  constrivtor,  ou  serpent  élevin;  les 
autres  espèces  n'approchent  pas  de  celle- 
ci  par  leur  dimension. 

Long  de  30  pieds  et  plus,  gros  comme 
le  corps  d'un  bomme,  paré  de  couleurs 
vives,  de  marbrures  en  forme  d'anneaux 
réunis  en  deux  chaînes  latérales,  le  boa- 
devin  présente  tantôt  du  noir,  tantôt  du 
rouge,  du  jaune  doré,  du  cendré  jaunâ- 
tre, suivant  les  parties  de  son  corps  que 
l'on  observe,  et  ces  couleurs  sont  dispo- 
sées avec  symétrie;  peut-être  leur  variété 
tient- elle  à  des  diversités  d'espèce,  k 
des  différences  d'âge,  car  on  n'est  pas 
encore  bien  certain  que  les  boas  d'Asie, 
d'Afrique  et  d'Amérique  soient  de  la 
même  espèce.  La  tête  allongée  du  boa 
est  susceptible  de  s'ouvrir  en  une  gueule 
immense;  elle  est  armée  de  dents  fortes 
et  déchirantes,  mais  dépourvues  de  ces 
crociiets  à  venin  si  redoutables  dans 
d'autres  serpens  (vo/.).  Quel  besoin  en 
effet  d'un  venin  pour  un  animal  que  sa 
force  peut  rendre  maître  de  presque  toua 
les  aiUres? 


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BOA 


(&90) 


BOS 


Le  boâ  se  liait  babitoeHement  dans 
de  grandes  herbes  qu'il  silloooe  au  loin 
de  ses  longs  replis,  ou  bien  il  se  réfugie 
dans  un  antre  obscur,  attendant  la  f>roie 
qui  ne  peut  guère  lui  échapper,  pour  peu 
que  ses  gros  yeun  Faperçoivent.  Une 
gaxelte  au  pied  léger  a -t- elle  paru,  il 
s'élance  comme  un  trait  et  d^'à  il  Ta  sai- 
sie^ un  bufùe  aux  cornes  acérées^  aux 
muscles  vigoureux,  à  la  masse  îtopoiao- 
te  f  n'a  guère  de  reSlM>urCes  contre  le  boa. 
Ses  replis  l'enveloppent  de  toutes  parts, 
quelquefois  niiéane  un  arbre  lui  sert  de 
pfoint  d'appui  et  l'air  retentit  au  loin  du 
brisement  des  os;  l'agilité  du  singe  ne 
lui  permet  pas  d'échapper  en  s'élançant 
sdr  la  cime  d'un  arbre  :  le  boa  enveloppe 
le  tronc  dea^  replis  de  sa  queue  et  lance 
stf  gueule  épouvantable  jusque  sur  les 
branches  les  pilus  flexibles.  Un  fleuve 
n'est  pas  même  un  abri  centre  l'appétit 
du  boa;  il  y  poursuit  et  y  atteint  sa  vic- 
time. Quelquefois  même  le  boa  cherche 
le  poisson  ,  qu'il  à  l'artifice  d'afltrrer ,  en* 
dégorgeant  dans  l'eau  quelque  reste  d'«- 
Ument  comme  un  appât. 

Si  la  proie  qu'il  a  saisie  es€  peu  volu- 
miùeuBe,  elle  est  avalée  d'un  seul  coup; 
ai  elle  est  trop  grosse  pour  franchir  sa 
gutenlcy  îi  hi  broie,  l'allonge,  la  couvre 
d'une  bave  abondante  et  fétide,  l'avale 
peu  à  peu ,  mais  sans  la  séparer  eh  frag- 
mens,  et  la  digère  graduellement.  Il 
tombe  pendant  cette  opération  dans  une 
sorte  de  torpeur  qui  permet  à  l'homme 
de  ^attaquer.  £n  tout  autre  cas,  sa  vue 
doit  glacer  d'horreur,  et  il  ne  doit  pas 
rester  à  l'homme  le  plus  résolu  assez  de 
présence  d'esprit  pour  aviser  à  aucunf 
moyen  de  salut,*  ce  qar  même  ne  parait 
pas  possibfe.  Aussi  les  populations  des 
pays  où  te  boa  se  reUcontre  en  font-ils 
une  de  leurs  rdoles,  cherchant  hiiAino- 
tivement  peut-^  être  k  apwiser  par  un 
culte  religieux  un  ennemi  contre  lequel 
îi  n^y  a  pas  de  défeil^e  possh>le  :  tant  est 
grande  la  prop«iis{t$rif  dés  peuples  bar- 
bares à  adorer  ce  qu'ils  redoutent! 

Mais  de  quel  élonnement  n*est-on  pfis 
frappé  quand  ou  penM  cpjre  Toetlf  d'où 
provient  u>n  tel  animal  n'a  guère  que 
deux  à  iVols  pouces  dans  son'  plus  grand 
dtamètfe?  Aussi  est-^l  probable,  vu  l'é- 
norme  développement  qu'il  est  stUMepti^ 


ble  d'acquérir,  que  le  boà-deviti  tit  long- 
temps. 

Il  change  de  peau  plusî^rs  fois  par 
an  et  sa  dépouille  est  recherchée  par  le» 
nègres  qui  en  font  uq  objet  de  vénéra* 
tion;  néanmoins  s'ils  trouvent  l'oceitfsioD 
de  s'emparer  d'un  boa  pendabt  le  repbrf 
léthargique  de  sa  digestion,  ka  savourent 
sa  chair  avec  délices.  Bw  B. 

BOABDlLy  voy.  Guïirjbinl  {royaume 
de). 

BOARD  OF  CONTROLA  Le  b*re«t 
de  contrôle  pour  les  affaire  de  l'Inde  est 
établi  à  Londres,  et  occupe,  dans  le  quâi^ 
tier  de  Westminster,-  tin  aséèz  bel  édifice 
muni  d'uè  portique  avec, des  Colooses 
d'ordre  dorique.  Le  (nrésident  dé  ce  bu- 
reau fait  partie  des  membres  du  cifbîoet 
ministériel  ;  aussi  cbange^t-'il  ordraaire- 
meAt  quaod  les  priHcIpÉux  ministres  se  re- 
tirent. Cet  office  Ae  pupalt  même  créé  que 
pour  mcfttre  une  place  lucrative  de  plds  à 
la  disposition  du  ministère.  Vhxm  Ve  temps 
où  les  privilèges  de  la  compignié  de  f  In^ 
fie  étaient  très  étendus,  le  bureau  du 
contrôle  était  lïn  petit  ministère  colooîaU 
Aujourd'hui  encore  il  influe  sur  les  ffo* 
mtnations  aux  principale^  fooctkM»  daiff 
l'Inde  britannique.  I>^. 

BOBOLIN  Ay  veuve  d'un  armateur  de 
Spe^zia,  assassiné  à  Constanlhiople  es 
1812  par  ordre  du  sulthâxiy  excltu  se§ 
compatriotes  an  commencement  de  f  89f 
à  soutenir  \a  arase  de  ITîAsurfectkiit 
grecque  <\m  hrri  promettait  ntoe  échitaûftê 
vengeance.  Elle  arma  8  vâisseofuï  è  aet 
frais,  arbora  sou  paVillon  sur  un  brick, 
et,  confiant  les  deux  autres  bâthuens  à 
des  capitaines  babHe8,'eHè  se  fit  leur  ami- 
ral. Ses  deux  f?ts  combatuié^t^déià  sur 
le  continent.  Elle-même  vint  au  siège  de 
Tripolilza  (sept.  1821)  où  presque  tous 
les  chefs  du  Péloponèse  Se  ttrouvafient 
réunis.  Elle  offrit  ses  vaisseaux  dU  gou-- 
vernement  pour  continuer  le  bloous  ds 
Nauplie.  Elle  le  fNaiotlnt  dtfraf&t  t4  mtM 
avec  une  grande  persévérance.  Sa  Vigi- 
lance et  la  fermétér  der  ses  discours  itè- 
rent tout  espoir  aux  assiégés  qui  furent 
enfin  cootraiàts  d'abaisser  devint  tnke 
femme  grecque  l'orgoeit  orasulman  et  de 
solliciter  une  capitulation.  Ap^èg  avùfr 
ainsi  coutribué  puissammetft  k  la  oâti- 
quéii/  de  cette  pUcë  impottulté/  Bdlbo^ 


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BOC 


(5di) 


bOG 


lilift  fut  chargée  de  protéger  a?eo  une  di- 
TÎsioD  Dftyale  les  côtes  dé  la  Morée,  de 
transporter  des  renforts  sur  les  points 
m^acés  ou  de  concourir  à  l'attaque  des 
places  maritimes,  comme  elle  l'avait  déjà 
fait  pour  celle  de  Mooembasie.  On  dit 
quA  pendant  le  siège  de  cette  ville,  un  de 
ses  neveux  ayant  été  tué  d^un  coOp  de 
cdDon^  elle  étendit  sur  lui  son  manteau, 
et,  sans  s'abandonner  à  d'inutiles  regrets, 
ordonna  de  venger  sa  mort  en  bombar- 
dant la  ville  avec  plus  d'activité.  C'est 
avec  la  même  apparence  de  résignation 
fttojque  qu'elle  parlait  de  k  perte  de  son 
mari  et  de  son  fils  atné ,  morts  les  armes 
à  la  maïUé  Cette  femme  extraordinaire, 
tto  teint  bronzé,  aux  yeux  brillana  et 
pleine  de  feu,  à  la  démarche  guerrière, 
objet  des  louanges  et  quelquefois  des  épî* 
^ranmea  de  ses  compatriotes,  excitait  vi- 
vement k  curiosité  des  étrangers.  Ib 
étaient  aoGueilhs  avec  une  cordiale  hospi* 
lalité  danssafaeUematsondeSpetzia  qu'el- 
le était  venue,  en  1824,  habiter  de  nou* 
yeauavecaes  frères  pendant  lesdissensions 
qàî  divisaient  les  Grecs.  £n  1826  sa  mai- 
•en  fut  assaiUie  par  les  parens  et  les  aflûs 
cTuiie  jeuae  personne  séduite,  dit-on, 
par  cfnelqu'un  de  ea  famille.  Quelques 
paroles  peu  mesurées  de  Bobolina  aug^ 
naentèrent  l'exaspératièn  ^  et  on  oolip  de 
fusil  parti  des  groupes  tumoltueox  teiw 
mÎAa  la  vie  de  l'héi  oîne.  B-t. 

BeCAGB.  C'est  vo  joK  pays  de  k 
Mormsrfidie^i,  selon  rancienae  division, 
•^étcndast  des  plaines  du-  Besein  jutfqu^à 
k  Bretagne  et  de  k  rirre  gauche  de  TOme 
à  l'Océair.  h  n*a  que  16  lieues  de  large 
Éiir  1 7  de  long,  et  fait  aojouM'hui  partie 
des  départemens  du  Calvados  et  de  la 
lianehev  Son  chef-liea  est  Vire. 

La  Vendée  a  aussi  son  Bocage  ;  dans 
les  guerres  civiles  œ  canNm  est  devenu 
célèbre  par  les  expbits  des  Vendéens  qui 
traamrent  enéore  derrière  les  baies  touf- 
fwes  et  dans  les  bois  nombreux  dont  il  est 
couvert  xm  asile  tellement  sur  que  nos 
soldats  ne  peuvent  les  y  suivre  quediffif- 
Cilement  et  qu^its  s'y  sortt  kissé  souvent 
arracher  k  viclowe.  Kof.  Vende*  et 
CîitouAHs.  B.  A.  D. 

B0CAtlD^  vcy.  Pilaob  et  Pifx>ir. 

BOCCABADATI  (Lui^iA^  célèbre 
«ÉMMCrkè  taliettfeé  iiééà'ifDdètte'et««8si 


distinguée  par  ses  avantages  personnek 
que  par  son  art  et  la  beauté  de  sa  voix. 
Ses  représentations  à  Bologne,  en  1827, 
excitèrent  au  plus  haut  degré  l'enthou- 
siasme du  public.  X. 

BOCCACE  (GiovAmn  Bocgagcio 
m  Cextaldo).  On  est  d'accord  sur  l'an- 
née (1313),  mais  non  sur  le  lieu  de  sa 
naissance.  Les  uns  le  dkent  né  à  Flo- 
rence méuM,  d'autres  à  Paria  oèi  son 
père  exerçait  le  négoce.  La  question  n'est 
pas  toul-a-fait  indifférentei  comme  on 
serait  tenté  de  le  croire  au  premier  coup 
d'œiL  Si  en  effet  il  a  vu  le  jour  à  Paris^ 
son  talent  de  conteur  s'explique  par  ses 
premières  lectures;  les  fabliaux  et  les 
rooMins  de  chevalerie  y  tombaient  natu- 
rellement entre  les  mains  du  jeune  com- 
mis, qui  un  jour  devait  donner  ce  genre 
à  l'Iulie. 

A  28  ans  Boccace  se  trouve  à  Naplea^ 
on  ne  sait  trop  comment.  Au-dessus  de 
Naples  s'élève,  comme  on  sait,  le  riilrit 
Pausi lippe ,  et  sur  cette  colline  classique 
un  vieux  colombaire  (  vqy»)^  que  les  sa- 
vans,  les  enlbouskstes  et  le  peuple  déco- 
rent toujours  du  nom  de  Tombeau  da 
Virgile.  Sur  ces  ruines  Boccace  fut  saisi^ 
dit-on ,  d'une  grande  résolution  :  il  jeta 
au  vent  les  comptes  de  commerce ,  et  se 
fit  poète,  malgré  son  père,  en  étudknt 
k  droit  canon ,  k  kci  n  et  le  grec  ;  car  en 
ce  beau  temps,  ou  l'on  reprenait  l'étude 
des  anciens,  oà  le  Dante  et  Pétrarque, 
par  leur  exemple,  favorisèrent  cette  ten- 
dance,- il  fallait  être  érudit  avant  que 
d'écrire  en  vers  ou  en  prose. 

Puis  Boccace  fut  amoureux ,  caractère 
indispensable  des  poètes  de  tous  les 
âges.  Licencieux  dans  son  Deeamerone, 
comme  Ovide  dans  ses  élégies ,  il  a  porté, 
si  l'on  en  croit  certains  biographes ,  ses 
désirs  aussi  haut  que  l'exilé  du  Pont. 
Fiametta  n'est  autre,  disent-^ls,  que  k 
filk  naturel  k  de  Robert  y  roi  de  Naples. 
Une  opinion  toute  récente,'  assez  para- 
doxale de  prime  abord ,  mais  basée  sur 
de  fortes  probabilités,  reconnaît  dans 
Fiametta  k  personnification  de  la  puis- 
sance impériak.  Si  cette  doctrt«ke,  émise 
par  M.  Rosetti,  prenait  de  k  coosbtanee^ 
s'il  était  vrai  que  k  gaie  stiettce^  k 
dire  à^ amour  ^  a  sel'vi  de  jargov  an  part» 
GibeHn,  ^»  Famoiir  ^kftiiàiqnei  <élé« 


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ment  principal  de  la  poésie  italienne  pen- 
dant trois  siècles,  nichait ,  sfMS  l'emblème 
d'une  dame  ardemment  désirée,  Tespoir 
d'un  meilleor  avenir  poliliqne,  plusieors 
des  ouvrages  de  Boccace  auraient  un 
sens  emblématique;  comme  la  divine  co- 
médie, ils  poursuivraient,  sous  le  voile  de 
la  fiction,  un  but  positif.  Fiametta^  jetée 
dans  le  m^me  moule  que  Laure  de  Pé- 
trarque et  Béatrix  du  Dante,  serait  comme 
tes  seeurs  aînées  un  être  allégorique;  le 
Fiiocopo,  le  Labyrinthe  d^ amour  ^  la 
<  Vision f  porteraient  le  sceau  d'une  franc- 
maçonnerie  qui  faisait  pendant  le  moyen- 
âge  une  guerre  acharnée  au  pouvoir  pon- 
tifical. 

Réduits  à  discuter  le  mérite  purement 
littéraire  des  œuvres  de  Boccace,  nous 
dirons  que  son  grand  poème  JiFilostratOf 
dans  lequel  «  le  prince  Troîlus  aime  la 
belle  Griséida  (Chryséis),  fille  de  Cal- 
chas  ,  évéque  de  Troie ,  qui  a  trattreuae- 
ntent  passé  aux  Grecs,  »  renferme  des 
strophes  élégiaques  d'une  grande  beauté; 
mais  que  ce  n'est  point  ce  poème  qui  a 
fait  la  gloire  de  Boccace  ;  moins  encore 
la  Téséide,  que  les  littérateurs  citent 
comme  le  premier  essai  de  poème  épique 
en  Italie.  Dans  la  même  catégorie  d'ou- 
vrages presque  oubliés  se  rangent  et  son 
Nimfcâe  Jivsolano,  autre  espèce  de 
poème  épique  en  l'honneur  de  la  belle 
-ville  de  Fiesole,  aujourd'hui  si  déserte, 
et  sa  Vision  amoureuse {L Amorosa  t;/- 
sione),  imitation  monotone  des  'friofnn 
pkes  de  Pétrarque,  et  son  AtlmèiCy  ou 
la  Comédie  tles  nymphes  de  Florence , 
poème  bucolique,  le  premier  en  date  dans 
la  littérature  moderne. Dav^s  cet  ouvrage, 
supérieur  du  reste  aux  deux  précédens, 
pur  des  descriptions  simples  et  gracieu- 
ses, la  prose  se  trouve  déjà  mêlée  aux 
Ycrs  ;  peut  être  Atimète  a-t-il  servi  de 
transition  et  révélé  à  Boccace  sa  vérita- 
ble vocation.  Ses  vers,  qnoi  qu'il  fasse, 
sont  toujours  embarrassés;  les  sonnetti 
et  \e%.canzon€y  sortis  de  sa  plume,  vous 
frappent  même  par  une  lourdeur  incon- 
cevable à  une  époque  où  l'harmonieuse 
versification  de  Pétrarque  remplissait  tou- 
tes les  oreilles.  Boccace  est  le  créateur  de 
la  prose  italienne,  de  même  que  Dante 
et  Pétrai*que  ouvrent  le  cortège  des  poètes 
de  «e  pays»  Mais  Bopoace  n'arriva  pas  d'un 


seul  bond  à  écrire  une  prose  modèle; 
il  n'est  point  de  transition  brusque  dans 
le  développement  des  inielligences.  Le 
FtlocopOf  l'amorosa  Fiametta,  le  Cor- 
baccio  ou  Labjrinthe  d'amour^  ne  sont 
que  les  préludes  du  Decamerone,  L'exa- 
gération pompeuse  des  romans  de  che- 
valerie prédomine  encore  dans  les  pre- 
miers ;  dans  le  Decamerone  (  les  dix 
Journées  )  c'est  la  grâce  naïve  des  fa- 
bliaux qui  a  pris  le  dessus  :  la  diction  se 
déroule  lente,  douce,  moelleuse,  comme 
ces  rivières  paisibles,  unies  comme  glace, 
dont  le  courant  ne  connaît  ni  vague,  ni 
écume. 

II  y  a  toujours  eu  un  concert  unanime 
i'imprécations  contre  l'indécence  des 
Cent  Nouvelles ,  contenues  dans  le  De- 
camerone; la  nier  serait  une  entreprise 
vaine  et  dangereuse  :  mais  il  est  permis 
de  l'expliquer  par  les  mœurs  du  temps 
et  surtout  du  pays.  Les  aventures  bnr* 
lesques  ou  tragiques  racontées,  d'après 
la  fiction  de  Boccace,  par  ces  beaux  jeunes 
gens  et  ces  belles  Florenlines,qui  fuyaient 
la  peste  et  s'égayaient  dans  une  fraîche 
maison  de  campagne ,  pendant  que  leurs 
concitoyens  se  mouraient  à  une  demi- 
lieue  de  là,  ces  aventures  se  reproduisent 
encore  dans  certaines  classes  des  pays 
méridionaux,  et  leur  répétition  journa- 
lière rend  un  compte  suîfisant  de  la  vo- 
gue qu'obtiennent,  depuis  cinq  siècles,  et 
Boccace  et  la  foule  des  novtUieri  qui 
inondent  la  littérature  italienne.  Boccace 
d'ailleurs,  élevé  à  l'école  des  anciens  et 
des  romanciers  peu  chastes  du  moyen- 
âge,  n'a  point  appris  l'art  des  réticences 
perfides  et  drs  circonlocutions  gazées:  ii 
raconte  ce  qu'il  a  entendu  dire  au  coin 
des  rues  par  les  commères,  avee  infini- 
ment plus  d'esprit  et  de  style  qu'elles, 
mais  avec  tout  aussi  peu  de  retenue  ;  il 
parle  de  VappetUo  catnalé  comme  on 
parle  aujourd'hui  des  grandes  passions; 
sans  être  impudent ,  il  vous  fait  mugîr. 
A  tout  prendre,  le  Decamerone  reste  un 
livre  inteixlil,exceplé  aux  philolognesà 
Iront  d'airain.  Le  tableau  aniisié  de  la 
peste  de  1348,  qui  se  trouve  dans  l'in- 
troduction du  Decamerone,  a  él,é  plus 
d'une  Ibis  comparée  la  peste  .d'Athènes, 
décrite  par  Thucydide. 

Poète  et  savant  célèl^f^  jRoftcace  moats 


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êficorc  plus  haut  :  il  devînt  Taiiiî  de  Pé- 
trarque. La  Tille  de  Floi*ence  lui  confia 
plus  d'une  fois  des  emplois  politiques 
d'une  haute  importance.  Il  occupa  le  pre- 
mier la  chaire  fondée  pour  l'interpréta- 
tion de  la  Divina  Comedia,  et  mourut, 
chargé  de  gloire,  à  CerUido,  en  1375. 

Boccace  a  écrit  aussi  de  bons  ouvra- 
ges en  beau  lutin,  tel  que  celui  de 
Cenealo^M  deorumy  espèce  de  discours 
apologétique  sur  la  poésie,  et  d'encyclo- 
pédie classique;  de  mulieribus  claris ; 
de  casihus  virorum  etfeminarum  Ulus- 
triunty  etc.  L'ingrat  public  lit  tout  cela  à 
peu  près  autant  que  les  ouvrages  latins 
de  Pétrarque.  L.  S. 

Le  comte  Baldelli  a  écrit  une  vie  de 
Boc*eace  et  l'on  peut  voir  dans  le  Bio^ 
graphical  Decameron  de  M.  Dibdin  et 
dans  le  Lexique  bibliographique  de 
M.  Ébert  la  liste  de  toutes  les  principa- 
les éditions  des  œuvres  de  ce  grand  écri- 
vain. S. 

BOCCAGE  (  M"*  FiQUKT  du  ) ,  née 
Mabie-Ahrk  liiPACS,  se  fit  remarquer 
dans  le  siècle  dernier  par  son  talent  poé- 
tique et  épistolaire,  et  plus  encore  par 
son  amabilité  et  le  charme  de  sa  société. 
Née  à  Rouen  en  1710,  elle  épousa  iiu 
receveur  des  tailles  de  Dieppe,  qui  la 
laissa  veuve  de  bonne  heure.  Pendant 
long- temps  elle  crut  que  les  bienséances 
lui  fHÎsaient  un  devoir  de  cacher  son  goût 
inné  pour  la  poésie.  Elle  ne  débuta  que 
fort  tard  dans  la  carrière  littéraire,  mais 
son  coup  d'essai  fut  un  triomphe.  L'A- 
cadémie de  Rouen  lui  décerna,  en  1 746, 
un  prix  pour  son  premier  poème.  Dès 
ce  moment  ses  scrupules  s'évanouirent 
et  elle  publia  successivement  une  imita- 
tion du  Paradis  perdu  et  du  poème  de 
la  Mort  d'Abel.  En  1749  elle  donna  un 
poème  en  dix  chants,  intitulé  la  Colom- 
bitide,  et  fit  jouer,  à  la  Comédie  Fran- 
çai!«e,  une  tragédie ,  les  Amazones ,  qui 
n'eut  que  onze  représentations.  A  cette 
époque  sa  célébrité  était  parvenue  au 
plus  haut  période  :  elle  était  successive- 
ment admise  au  sein  des  académies  de 
Rome, de  Bologne,  de  Padoue,  de  Lyon 
et  de  Rouen.  Son  salon  renfermait  tout 
ce  que  la  France  comptait  d'hommes  dis- 
tingués; Voltaire  lui  consacrait  quelques* 
uns  de  set  loisirs  el  Fontenelle  l'appelait 
Sncyrlop,  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


sa  fille.  Forma  Venux^  axte  Minerva, 
telle  était  Ja  devise  que  lui  avaient  dé- 
cernée ses  nombreux  admirateurs.  Lors 
de  sa  réception  à  l'académie  des  Arcades 
à  Rome ,  on  lut  tant  de  vers  à  sa  louange 
qu'on  en  forma  un  recueil  imprimé  en 
un  fort  volume.  La  plupart  de  ses  ou- 
vrages furent  traduits  en  anglais ,  en  es* 
pagnol,  en  allemand  et  en  italien.  Mais, 
chose  bizarre!  la  seule  production  de 
M""*  du  Boccage  dont  la  pohtérité  ait 
confirmé  le  succès  est  précisément  celle 
pour  laquelle  elle  reçut  le  moins  d'éloges 
de  la  part  de  ses  contemporains.  Notis  vou- 
lons parler  des  lettres  qu'elle  adressa  à  sa 
soeur.  M"**  Duperron,  pendant  ses  voya- 
ges en  Italie ,  en  Angleterre  et  en  Hol- 
lande. Elle  mourut  en  1 803 ,  après  une 
longue  carrière ,  toute  de  triomphes  et 
d'honneurs.  D.  A.  D. 

BOCCHERIIII  (Luioi  ),  né  à  Luc- 
ques  en  1740,  annonça  dès  son  enfance 
de  grandes  dispositions  que  Yanucci  ^ 
maître  de  musique  de  l'archevêché,  s'em- 
pressa de  cultiver.  A  Rome,  où  son  père 
l'envoya,  il  acquit  en  peu  d'années  une 
grande  réputation  et  s'illustra  par  des 
œuvres  qui  annonçaient  toute  l'étendue 
de  son  génie.  Alors  il  revint  à  Lucques 
où  Martfredi,  célèbre  rioloniste,  se  lia 
avec  lui  d'une  étroite  amitié.  Ils  jouèrent 
en  public  plusieurs  œuvres  de  Boccbe- 
rini ,  et  recueillirent  les  plus  grands  élo- 
ges. Quelque  temps  après  ils  partirent 
ensemble  pour  l'Espagne  ;  Boccherini  s'y 
fixa.  Le  roi  se  plut  k  le  combler  d'hon- 
neurs et  il  fut  attaché  à  l'Académie  royale, 
avec  la  condition  de  fournir  chaque  an- 
née neuf  morceaux  de  sa  composition. 

Cet  artiste  célèbre  fut  le  premier  qui 
donna,  vers  1768,  an  caractère  fixe  au 
trio.  Aprt*s  lui  viennent  Fiorillo ,  Cra-_ 
mer,  Giardini ,  Pngnani  et  Viotti.  Il  sur' 
passa  encore  ses  prédécesseurs  dans  le 
quatuor  auquel  il  donna  des  formes  pkis 
arrêtées;  il  fut  suivi  par  Giardini  et 
Cambini ,  et ,  dans  une  autre  école,  par 
Pleyel,  Haydn,  Mozart  et  Beethoven; 
dans  le  qnintetto  il  n'eut  de  rival  que 
Mozart.  Les  symphonies  à  grand  orches- 
tre de  Boccherini  ne  sont  pas  à  la  hau- 
teur de  celles  de  Haydn;  mais  en  géné- 
ral la  noblesse  de  ses  chants  et  les  formes 
suaves  doot  il  a  tu  ratélir  set  idées  le 


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pif p(m(  ^  ciàé  des  mfilUttn  composi- 
teurs c|^  musique  ipstruin^Dtale.  Les  ai|a- 
^04  lie  Boocberini  oot  fait  e(  ferpnt  eo- 
core  lof^-temps  Fadmiratiqn  des  arMstes. 
Sa  musiqy«,  empreiota  d'upe  couleur  re- 
ligieuse, fi^itaît  dire  cpnupuqément  «  que 
ai  Pieu  vouM^  eotçndre  de  L^  mi^iquç , 
U  choisirnu  celle  <ie  JSQcchermh 

Uoe  cprrespoiid^pçQ  s'étail  établie 
entre  lui  etHaydo.  Cfs  d^u^f;  bpn^roes 
illustres  cbercbaieol  à  s'éclairer  par  des 
discussions  cposciepcieuses  «ur  fart  qu'ils 
honoraient  tous  deux. 

Boccberini  mourut  ^  Madrid  en  130&. 
Il  a  laissé  58  œuvrer  de  sympbopieii,  sex- 
tuiKy  quintetti,  quatuor,  trio,  duQ,  sona- 
tes pour  violoncelle  et  piaoo ,  etc.  Li.  D. 

BOCCHBTTA,  di^ns  les  éMts  sar- 
des. C'est  1q  mont  le  plus  élevé  de  la 
poftipn  des  Apenoins  qui  longe  la  mer 
de  Ligurje.  Ôe  spn  sQinnmt  on  voit 
G^oe^  et  son  golfe;  la  route  de  Gènes  à 
Npvi  le  traverse.  Là  se  trouve  le  célèbre 
^filé  de  U  Boccbetta  (  souveot  nommé 
en  français  Col  cA?  ia  Boqu^tu)y  qui 
tut  forcé  en  1746,  malgré  les  Impériaux 
qui  le  défendaient,  et  francbi  en  1796. 
Ce  passage  est  un  des  points  les  plus 
importaps  de  l'Italie  antérieure  et  une 
des  clefs  de  la  Lombardie.  Du  mopt  Boq- 
ohettA  sortent  la  Polcevera  qui  tombe 
dans  la  mec,  et  la  Lemme  qui  va  grossir 
l'Orba.  V41.  P. 

BOCPART  (Sahubi.),  fils  d'un  mi- 
nistre  calviniste  et  de  la  soeur  de  Pierre 
Dumoulin ,  si  connu  parmi  lee  pasteurs 
de  la  même  communion ,  nequit  à  Bouen 
en  1599.  Thomas  DempaieTi»  son  maître, 
inséra  danf  tea  AntiquUéf  g^utnaimcf  des 
vers  grecs  que  BochaFt  avait  composés  à 
14  ans  en  son  bonaeqv.  Apres  avoir  fait 
sa  pbi|osopble.  et  «mb  couss  de  (béqlo- 
gie  à  Sedan,  il  fit  un  vuy.agpen  Angle- 
terre el  alla  ensuite  à  Leyde,  où  il  ac- 
quit une  oonnaisaanoe  pioibnde  de  la 
langue  arabe.  Hofumé  pasteur,  à  Caen,  il 
se  fit  un  grande  réputation  par  sea  con- 
férences avec  le  jésuite  Véiron.  la^,  r^ne 
Cbristine  lui  écsivit  une  leltne  autogra- 
phe, poun  nnvitec  à  inenir  la  voir  à 
Stockholm.  Qocbart  fit  oe  wiyagr;  maûs 
son  absenoe  de  Caen  ne  fut  pas  de  lon- 
gue dorée  ;  il  mourut  au  milieu  de  ses 
^aroîaaîtn^  ea  IM7.  Bea  41vmtae»  nui 


excellé  eomme  lui,  à  cette  époqun,  dtns 
la  connaissance  des  langues  orientales 
dont  il  fit  d'utile^  applications  à  la  science 
biblique  eo  général;  la  géographie  de  la 
Bible  et  ce  qu'elle  renferme  de  notions 
sur  l'histoire  m^lurelle,  aurtout  la  zoo- 
logie» opt  été  mi#^  an  lumi^  par  lui,  et 
aujourd'hui  même  on  trouve  epcore 
beaucoup  d'instruction  dans  ses  nom- 
breux traités  sur  l'archéologie  juive.  Ce 
qui  a  nui  cependant  à  fes  savantes  re- 
cherches, c'est  U  manie  de^  étymologies 
et  son  engouement  pour  la  Ungue  phé- 
nicienne, à  laquelle  il  veut  tout  rapport 
ter.  Bocbart  a  lais^  de  nombreux  ou- 
vrages dont  les  principaux  sont  :  Ceo^ 
gtaphia  sacra ,  X^^  édition.  Cadorni, 
1645,  in- fol;  Hierozoîcon  s.  Historim 
aaimalium  S,  ScrîpL  Lond,  1663 ,  in- 
fol.  Ses  ceuvres  ont  été  réunies  et  pu- 
bliées à  Leyde  en  1713,  S  vol  in-fol.  S. 

BOCHNIA  (sAi«ivR8  de).  Bochnia 
est  une  petite  ville  de  l'ancien  royaume 
de  Pologne  (dans  la  Galicie  occiden- 
tale ) ,  à  3  lieues  de  Cracovie.  Cest  le 
siège  d'une  administration  de  «iliaes  et 
de  mines.  Sous  la  ville  même  on  a  dé- 
couvert, à  peu  près  Ters  le  milieu  du 
XJii^  siècle,  de  ricbes  minas  de  sel 
gemme ,  et  en  quelques  parties  de  l'alb&f 
tre.  Ces  mines,  qui  sont  d'Un  rapport  très 
considérable,  occupent  joumellemeot 
400  ouvriers,  f.  YiiivtcwLA.  D.  A.  D« 

BODS  (JEàH-Éi^KET)  naquit  à  Ham- 
bourg en  1747,  et  termina  à  Berlin,  en 
1826 ,  une  carrière  longue  et  laborieuee, 
entièrement  consacrée  à.  l'astronomie.  U 
a  publié,  outre  plusieuiis  ouvrages  popu- 
laires sur  cette  science  (nommément  son 
Aaieitung  zur  KenninUs  des  f€*iimteM 
MiinmeU^  n^  édit.,  Qerlin,  1621)  très 
népandus  en  Allemagne»  M  volumes  dea 
Éphéméridea  aMropquuquea  de  {krlia 
{Mintnomitche  Joàràiicher) ,  a  comp- 
ter de  1774,  et  un  grand  atlas  céleste  em 
%0  feuilles^  où  sont  marquées  les  poaî» 
lions  de  1 7,340  étoiles,  et  dont  U  sepMMlm 
édition  a  paru  a  Berlin  en  i^^9t. 

On  oonnak  assex  généralement  mmm 
le  nom  de  loi  de  Botle  une  loi  fort  re- 
marquable que  présente  le  système  pln^ 
nétaire,  quoique  Bode  ne  se  donne  pii« 
poiur  l'avoir  olMervée  le  premier,  et  que 
mén^  elle  eAt  d^  fixé  ralt«MÎMi  «m 


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(595) 


BOD 


Kepler.  Rédaitê  à  ses  termes  les  plus 
simples,  oette  loi  consiste  en  ce  que  les 
intervalles  des  orbites  des  planètes  vont 
à  pen  près  en  doublant,  à  mesure  qiie 
Ton  s'éloigne  du  soleil.  Ainsi  Tintervalle 
entre  les  orbites  de  la  Terre  et  de  Mars 
est  à  peu  près  double  de  celui  qui  sépare 
les  orbites  de  Vénus  et  de  la  Terre;  l'in- 
tervalle entre  les  orbites  de  Saturne  et 
d'Uranus  est  à  peu  près  double  de  ce> 
lui  qu'on  observe  entre  les  orbites  de 
Jupiter  et  de  Saturne.  On  avait  remarqué 
que  la  distance  de  Mars  à  Jupiter  était 
beaucoup  trop  grande,  et  qu'il  aurait 
fallu,  pour  que  la  toi  se  soutint,  une  pla- 
nète intermédiaire.  Or,  la  découverte  deé 
4  planètes  télescopiques,  dans  le  courant 
de  ee  sièele,  est  venue  précisément  oom^ 
bler  la  lacune  ;  les  orbites  de  ces  4  pla- 
nètes, qui  sont  à  peu  près  à  la  même  di- 
stance du  soleil,  se  trouvent  à  la  place 
qu'aurait  dû  occuper  Torbrte  de  la  pla- 
nète intermédiaire.  Malheureusemenf  un 
areord  si  remarquable  offre  une  excep- 
ffcm  pour  la  planète  Mercure,  dont  la 
distance  à  l'orbite  de  Vénus  est  presque 
égale  à  l'intervalie  des  deux  orbites  de 
Vénifs  et  de  la  Terre,  tandis  qu»le  n'en 
dlerrart  être  que  la  moitié.  On  a  imaginé, 
IkHir  sauver  celte  anomalie,  de  présenter 
•PUS  waii  forme  un  peti  différente,  la  lot 
de  progression  des  intervalles  planétaires; 
initis  II  nous  semble  plus  rationnel  d'ad- 
mettre l'anomalie  que  de  Kéluder  en  al- 
térant par  une  modification  arbitraire  la 
sinrplieité  de  hi  loi  ;  car  c'est  uniquement 
en  raiaott  de  cette  simplicité  que  l'on  est 
porté  k  voir    dans  la  loi  dont  tl  s'agit 
reffct  de  causes  cosmologîqties  incon- 
ivtt«fly    plutèt  qu^urn  rapport   purement 
ferrtuit.  Il  est  à  noter  que  Mercure  fait 

Paiement  exception,  dads  le  système  des 
planètes  nOn  féte»copiques,  tant  par 
hi  grandeur  de  Texeentricfté  de  son  or- 
bite, presque  égale  à  celle  des  orbes  d^ 
Jnnon  et  de  FaHas,  que  par  la  distance, 
reTativement  considérable,  du  pôle  de  son 
orbite  à  hi  région  du  ciel  où  sont  grou- 
pés maintenant  les  p61es  des  6  autres 
orbes  planétaires.  Si  f  on  met  cette  pla- 
nète de  c6té,  h  progression  des  inter- 
Yalles  doubles  se  vérifiera  rigoureusement 
entre  les  limites  des  excentricités^  c'esl- 
Jt-dfire  ^a'ott  pomrra  assigner  pour  eha- 


que  planète  une  Taleur  du  rayon  vecteur» 
comprise  entre  le  périliélie  et  rapbéli«| 
de  manière  à  ce  que  la  série  satisfaite 
rigoureusement  à  la  progression  des  in- 
tervalles doubles.  Présentée  de  la  sorte, 
on  peut  dire  que  la  loi  de  Bode  oonH 
porte  an  énoncé  natbématiqae^  ansai 
bien  que  les  célébrée  lois  de  Kepler 
{voy.  ce  mot),  A.  C. 

BOPE  (JBAir-JoAcniii-€nBiSTorHs}y 
qui  s'est  fait  nne  grande  réputation 
comme  traducteur  et  eomme  frane-ma<^ 
çon,  naquitàBransiriok  en  1780  at  moi»- 
rot  à  Weimar  en  1799.  T. 

BODENSEE.  voy.  ComàxoL  (lac 
de). 

BODIN  (Jeaiv),  célèbre  puMioiste,  na- 
quit à  Angers  en  1530.  Oli  prétend  qn'il 
s'était  fait  moine  dans  sa  jeunesse)  mais 
ce  qui  est  plus  certain,  c'est  qu'il  étudia 
le  droit  à  Toulouse  et  qfi'il  y  fit  une  ri~ 
cbe  provision  de  connaissances  dans  di<^ 
verses  branches.  Après  avoir  enseigné 
quelque  temps  le  droit  dans  la  même 
ville,  il  vint  k  I^aris  dans  l'intention  d'y 
suivre  la  carrière  du  barreau;  mais  son 
ambition  sonffrit  de  se  voir  éelipsé  par 
tes  Briason,  les  Pasquièr,  les  Pithon, 
et  tl  résolut  de  se  faire  un  nom  coinme 
écrivain.  Ses  eonnalssanees,  sa  gatté,  sea 
bons  mots,  le  recommandaient  à  Henri  III 
qtn  pendant  quelque  temps  lui  martfua 
beaucoup  de  faveur.  Mais  Dodin  perdit 
ses  bonnes  grâces  et  s'ftttaeba  au  frère 
dn  roi,  François,  duo  d'Alen^n  et  d'An^ 
jou,  cfci'H  aecompagna  dans  ses  veyagea. 
DéjÀ  il  avait  publié  sa  République^  et,  ar- 
rivé à  Cambridge^  H  ne  fut  pas  peu  flatté 
de  voir  que  son  ouvrage  y  était  inter* 
prêté  par  dé  savans  prefeasenrs.  De  re^ 
tour  en  France,  il  s'établit  à  Laon  oàM 
fut  proenretfr  dû  rek  Dani  lef  États- Gé- 
néraux de  6tois  de  1577  (vojrj,  où  il 
fut  député  pér  le  tiêrs^tat  du  Terman- 
dois,  il  fit  son  vent  de  roppotitia«^  ae 
qui  kri  attira  la  perte  de  sa  pkoe,  qnoft- 
qu'H  eèt ,  if  un  autre  eôlé^,  défendu  tfvac 
énergie  les  droits  do  la  royauté  centre 
les  prêtent  ions  del'aristoeratre.  En  1689, 
It  détermina  la  v'ille  de  Laon  à  se  déclarer 
pour  la  Ligue  ;  cependant  il  fit  sa  seur 
mission  à  Henri  IV  et  monniC  de  ht  \ 
à  Laon,  en  I&96. 

Les  •  livrée  de  la  Répuhèique,  publiée 


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BOD  (  596  ) 

par  Bodin  en  1577  (Paris,  îd -fol.)  en  lan- 
gue française,  réimprimés  iii>8   en  1 583, 
et  traduits  ensuite  par  lui-même  (1586; 
en  latin,  firent  partout  une  grande  sen- 
sation et  ne  sont  pas  encore  entièrement 
oubliés    aujourd  liui.   Sans   suivre   une 
méthode  fixe  et   bien   régulière,   c'est 
le  premier  essai  de  réduire  la  politique 
à  un  système,  et  d'y  appliquer  les  formes 
de  la   science;   les  doctrines    qu'on   y 
établit  sont  appuyées  de  faits  nombreux 
et  bien  choisis,  preuves,  de  la  part  de 
Fauteur,  d'une  érudition  variée.  Bodin 
a  traité  son  sujet  avec  une  indépendance 
très  remarquable  à  celte  époque  ;  son 
opinion  est  favorable  au  pouvoir  monar- 
chique, et  il  nie  que  les  peuples  aient 
jamais  le  droit  de  déposer  leurs  souve- 
rains, même  lorsqu'ils  régnent  en  tyrans; 
mais,  d'un  autre  côté,  il  demande  l'inter- 
vention du  peuple  toutes  les  fois  que  des 
contributions  nouvelles  doivent  lui  être 
imposées,  et  il  oppose  à  l'absolutisme  des 
princes  les  droits  de  ta  conscience  contre 
lesquels  leurs  commaudemens  ne  sau- 
/raient  prévaloir.Cei  ouvrageaeu  un  grand 
nombre  d'éditions  ;  Montesquieu ,  Jean 
de  Muller  et  d'autres  en  ont  fait  une 
étude  sérieuse.  £n  1555  Bodin  avait  déjà 
publié  une  traduction  des  livres  de  la 
Chasse  d'Oppien ,  avec  des  commentai- 
res, et  on  lui  doit  encore  un  ouvrage  in- 
titulé Methodus  adfacilem  hisioriarum 
cognitionem  (Paris,  1566,  in^**),  ainsi 
que  la  Démonomafiie  (Paris ,  1581,  in- 
4°  )  et  le  Theatrum  univers œ  naturœ 
(Lyon,  1596,  in-8^}.  Ces  deux  derniers 
écrits  sont  empreints  de  superstition;  le 
premier  surtout  prend  la  défense  de  la 
magie  et  parait  peu  digne  d'un  esprit  si 
élevé.  J.  H.  S. 

BODIN  (Jeait-Feançois),  député  et 
historien  français,  naquit  à  Angers  eo 
1776.  Pendant  la  révolution  il  occupa 
une  place  de  payeur  à  l'armée  de  l'Ouest; 
sous  l'empire  il  eut  celle  de  receveur 
particulier  à  Saumur.  Il  employa  alors 
tes  loisirs  à  rédiger  des  Recherches  his- 
toriques sur  Saumur  et  le  Haut- Anjou, 
Cet  ouvrage,  publié  en  2  vol.  in-8^  avec 
gravures,  en  1812  el  18 13,  est  écrit  ju- 
dicieusement et  contient  surtout  des  dé- 
tails intéressans  sur  les  monumens  que 
l'auteur  avait  dessinés  lui-même.    Lies 


BOD 


connaissances  qu*i1  avait  acquises  en  ar- 
chitecture lui  furent  très  utiles  pour  la 
description  des  monumens  de  ce  pays. 
Voulant  compléter  son  travail  sur  l'An- 
jou, il  fit  paraître  dans  la  suite  un  ou- 
vrage semblable  :  Recherches  histori* 
ques  sur  l'Anjou  et  ses  monumens,  sur 
Angers  et  le  Ba^- Anjou  (Paris,  182 1  et 
1823,  2  vol.  in-8^,avec  fig.),  renfermant 
aussi  des  notices  sur  les  hommes  nota- 
bles qui  sont  nés  dans  cette  contrée.  Bo- 
din perdit  sa  place  de  receveur  après  la 
rentrée  des  Bourbons,  et  vécut  depuis 
d'une  manière  tout-à-fait  indépendante. 
Ayant  été  élu  en  1820  dans  son  pays  na- 
tal, il  se  distingua  parmi  les  représentans 
les  plus  dévoués  aux  principes  constitu- 
tionnels et  s'opposa  énergiquement  à 
toutes  les  mesures  proposées  en  faveur 
du  régime  absolu.  A  la  fin  de  chaque 
session  il  adressa  une  lettre  à  ses  com- 
mettons ^  pour  leur  rendre  un  compte 
scrupuleux  de  ses  actes  et  de  sa  conduite 
durant  les  débals  qui  avaient  eu  lieu  sur 
les  propositions  de  lois.  Cet  usage  a  para 
heureux  et  il  a  été  imité  par  plusieurs  au- 
tres députés.  Il  sortit  de  la  chambre  en 
1823  et  ne  fut  plus  réélp.  L'Académie 
des  Inscriptions  l'avait  admis  au  nombre 
de  ses  correspondans.  Il  termina  sa  car- 
rière en  1 829,  à  Launay  (Maine-et-Loire), 
où  il  s'était  retiré. 

Son  fils,  Félix  Bodin,  est  également 
membre  de  la  Chambre  des  députés,  où 
il  est  entré  après  la  révolution  de  1830 
et  où  il  a  soutenu  le  ministère  de  Casi- 
mir Périer.  Il  a  été  envoyé  de  nouveau  à 
cette  Chambre  en  1834,  par  l'arrondisse- 
ment de  Saumur.  Avant  la  révolution  de 
juillet  1830,  il  avait  coopéré  à  plusieurs 
journaux  libéraux,  surtout  au  Constitua 
tionnel  et  à  divers  recueils  périodiques; 
pendant  quelque  temps  il  a  rédigé  le 
Mercure  du  xix®  siècle.  Il  commença  en 
1821  la  collection  des  Résumés  historié" 
queA:  le  volume  qu'il  rédigea  sous  le  ti- 
tre de  Résumé  die  C histoire  de  France 
est  celui  de  toute  la  collection  qui  a  eu 
le  plus  de  succès,  ayant  été  imprimé  7 
fois  sous  le  régime  de  ta  Restauration; 
depuis  ce  temps  ce  petit  ouvrage  a  para 
avecdes  additions.  Ce  résumé  se  distini^e 
par  le  point  de  vue  populaire  et  libéral 
sous  lequel  l'auteur  envisage  et  présente 


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BOD 


(597) 


BOD 


les  évéDeroens  de  Tbistoire  de  sa  patrie. 
M.  Bodin  a  rédigé  sur  un  plan  semblable 
un  Résumé  de  l'histoire  d Angleterre^ 
1824,  qui  a  en  4  éditions.  Il  a  fait  pa- 
raître plusieurs  brochures  politiques  et 
divers  opuscules  littéraires.  Il  devait 
joindre  à  la  grande  Histoire  de  la  révo- 
lution française  ^t  M.  Tbiers  une  his- 
toire des  États- Généraux  sous  le  roi 
Jean,  en  1355.  Ce  plan  n*a  pas  été  exé- 
cuté, et  M.  Bodin  n'a  encore  publié  que 
quelques  fragmens  de  son  travail.  Il  s*est 
livré  à  des  études  historiques  sur  les  as- 
semblées législatives  f  et  en  a  professé 
les  résultats  dans  un  cours  public  à  TA- 
tbénée  de  Paris.  On  assure  qu'étant  bon 
musicien  et  élève  de  Lesueur,  M.  Bodin 
a  composé  aussi  des  opéras  qu'il  garde 
dans  son  portefeuille  l^-o, 

BODLEIENNE,  voy.  Bibliothà- 
QUE  et  Oxford. 

BODJIIER  (JkaiT' Jacques),  poète  et 
littérateur  allemand ,  né  en  1 698  à  Grei- 
fensee,  près  de  Zurich,  mort  en  1783, 
après  avoir  occupé  pendant  50  ans  une 
chaire  d'histoire  dans  la  ville  de  Zurich. 
Son  père  l'avait  d'abord  destiné  à  l'état 
ecclésiastique,  puis  au  commerce;  mais 
Bodmer  s'adonna  exclusivement  à  l'étu- 
de de  l'hisSoire  et  de  la  poésie.  Au  com- 
mencement du  XYiii*  siècle  la  littérature 
nationale  allemande,  presque  nulle  en- 
core, se  distinguait  surtout  par  le  mau- 
vais goût  :  Bodmer  en  demeura  frappé, 
surtout  par  la  comparaison  qu'il  en  fit 
avec  les  littératures  étrangères,  qu'il 
connaissait  parfaitement;  aussi  eut-il  la 
prétention  de  jouer  le  rôle  de  réforma- 
teur. A  cet  effet,  il  s'adjoignit  un  autre 
savant  Zurichois,  nommé  Breitinger,  et 
ces  jeunes  gens  préludèrent,  avec  plus  de 
bonne  volonté  que  de  génie,  à  la  grande 
révolution  littéraire  qui  ne  s'opéra  en 
Allemagne  que  vers  1770,  par  de  plus 
grands  talens  que  les  leurs.  Ils  firent  pa- 
raître en  1722  une  feuille  littéraire,  des- 
tinée à  saper  les  renommées  contempo- 
raines du  Parnasse  allemand.  Quoique 
leurs  armes  ne  fussent  guère  redouta- 
bles, que  leur  raisonnement  n'eût  rien 
de  serré  ni  de  logique,  que  Bodmer  se 
montrât  jaloux  du  mérite  d'autrui  et 
qu'il  fût  d'une  partialité  choquante  en 
faveur  des  étrangers  contre  toutes  les 


illustrations  allemandes,  même  celles 
que  les  siècles  avaient  déj;\  consacrées, 
c'était  en  1722  chose  si  neuve  qu'une 
critique  hardie,  que  le  journal  de  Bod- 
mer fit  grand  bruit;  ce  fut  la  première 
étincelle  jetée  dans  les  esprits.  On  se 
réveilla.  Gottsched ,  le  fameux  aristar- 
que  et  grammairien,  qui  avait  de  grandes 
prétentions  au  fauteuil  de  président  dans 
la  république  des  lettres,  s'était  d'abord 
prononcé  en  faveur  des  jeunes  Suisses; 
mais  bientôt,  attaqué  lui-même,  il  passa 
en  qualité  de  général  dans  le  camp  en- 
nemi. Quelque  mesquine  que  fût  cette 
lutte  entre  les  Gotl\chediens  et  Vécole 
des  Suif  SCS,  elle  prépara  le  terrain  pour 
1770.  Bodmer  était  la  sentinelle  perdue 
de  l'armée  révolutionnaire;  il  a  rendu 
des  services  comme  critique  ;  comme 
poète,  il  a  peu  ou  point  de  mérite.  Son 
poème  épique,  intitulé  la  Noachide,  ses 
ouvrages  dramatiques ,  ses  traductions 
d'Homère  et  de  Milton,  ne  s'élèvent  point 
au-dessus  du  médiocre.  Il  a  plus  de  mé- 
rite comme  professeur  d^histoire  et  édi- 
teur d'une  partie  des  ouvrages  d'Opitz 
et  de  la  collection  des  Minnesinger,  dont 
le  manuscrit  avait  déjà  été  préparé  par 
Manesse,  le  dernier  des  chevaliers  trou- 
badours de  l'Allemagne.  C  L,  //t. 

BODONI  (Jean -Baptiste),  né,  en 
1740,  à  Saluces  en  Piémont,  où  son 
père  était  imprimeur,  et  mort  à  Padoue 
en  1813,  membre  de  presque  toutes  les 
académies  de  l'Italie,  chevalier  des  or- 
dres des  Deux-Siciles  et  de  la  Béunion^ 
directeur  de  l'imprimerie  royale  de  Par- 
me, dut  au  travail  la  fortune  et  la  célé- 
brité dont  il  jouit.  Tout  jeune  encore  il 
s'occupa  de  la  gravure  sur  bois,  et  ses 
premiers  travaux  ayant  été  couronnés  de 
succès,  il  se  rendit  à  Rome  où  il  fut  em- 
ployé comme  compositeur  à  l'imprimerie 
de  la  Propagande;  là  son  adresse,  son 
goût  et  ses  services  lui  gagnèrent  l'ami- 
tié  du  directeur  qui  lui  conseilla  de  s'ap- 
pliquer à  l'étude  des  langues  orientales , 
afin  de  pouvoir  travailler  exclusivement 
en  ce  genre.  Il  mit  en  ordre  une  grande 
quantité  de  caractères  orientaux  quecette 
imprimerie  possédait  sans  pouvoir  s'en 
servir,  et  ce  travail  lui  donna  Tidée  de 
graver  et  de  fondre  des  caractères  sem- 
blables. Pour  se  perfectionner  encore,  i| 


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BOB 

YMktt  M  rendre  en  Anglet* 
qu*une  §rAve  maladie  rarréta  dans  sa  ville 
natale.  A  celle  époque  le  duc  de  Parme, 
l'îfifaiiidonFerdiuaDdiavaîl  fonde,  entre 
enlres  établissemens  soietitiûqQes  «  une 
imprimerie  royale,  à  TiMlar  de  celles  de 
Paris,  de  Madrid  el  de  Turin.  Bodoni  fut 
oboisi  pour  la  diriger ^  et  non-^sculement 
il  U  mit  âu  niveau  des  plus  célèbres  éta-' 
bliseeméns  de  TEurope  en  ce  genre,  mais 
encore  il  ent  la  gloire  de  les  avoir  s«r« 
passés.  La  beauté  des  caractères  «  du  pa^» 
pter  e|  de  Tencre,  laisse  à  peine  quelque 
cboee  à  désirer,  et  ses  éditions  peuvent  se 
comparer  aux  plus  belles  d&ns  tous  les 
antres  pays)  son  Homère  surtout  est  un 
ouvrage  vraiment  admii^ble^  M  ses  ca- 
ractères gi'ecB,  objet  de  ses  recfaercties, 
approohent  beeucoup  du  trait  de  l*écri^ 
tnre  à  la  main.  On  estime  ses  éditions 
des  classiques  grecs ^  latins^  italiens  et 
fiançais.  C.  L, 

Son  MmMuale  TïpùgraJSco,  qu'il  re-^ 
gardait  comme  son  plus  beau  titre  à  Tes^ 
time  d%  son  siècle  et  de  la  postérité,  pa-* 
mt  en  1708  et  renfermait  100  oaracières 
latins  dit  romains^  60  iuliques,  et  une 
série  de  38  caractères  grecs,  en  deux 
éditions,  Tune  in«.4*,  l'antre  îo-8^<  La 
mort  le  surprit  quand  il  préparait  une 
nouvelle  et  magnifique  édition  de  son 
JltoiiMr/e  i  elle  a  paru  en  1818  (2  yoI« 
ith*4^)  et  contient  250  caractères  diffé*^ 
rens)  greos^  latins^  orientaux,  russes,  etc«, 
avec  un  grand  Inxe  de  fleurons.  La  vie 
de  Bodoni  a  élé  publiée  par  Lama  eu 
1816.  V-TE. 

IIOÈCB  (AincftJâ-MAirLitjs-Toa^ 
<^aTOft^S«VBaiirv»  Boëihius,  ou)^  phi^ 
losoplie  el  bomme  d'éut,  était  issv  d'une 
fiimille  ancienne  ei  naquit  en  470^  selo« 
quelques  antenrs  à  Rome,  selon  d'au^ 
frai  à  Milan.  Il  re^,  dans  la  première 
de  cet  villes,  «ne  éducation  qui  déve^ 
loppa  ses  beurenses  dispositions  pour  les 
seiences  et  les  lettres,  et,  plus  urd«  il  se 
rendit  à  Athènes*  où  il  étudia  la  pbilo«- 
Sophie  eoiM  Proekie  el  a«trce  prefc»* 
seurt  diitln^tiés*  A  Home»  Théodoric, 
n^  des  Ostrogotbs,  qui  alon  dominait 

ty)  M.  Biadt  <hrat  l'article  Boariiros  dtf  l^a- 
«y«l0|>édi«  alleattade  d'Ertck  et  Gruher ,  s'nf^ 
pafaat  d'oa  passage  d^uoe  lettre  de  Tkéodoric 
rC^^ioâ.  iy  45),  nie  qu'il  soit  jamais  allé  à 
jtth*tf«»  * 


(  b^  )  BUË 

lors-  )  sur  l'Italie,  lui  donna  des  témoignagea 
de  sa  bienveillance  et  Téleva  successive-* 
ment  aux  premières  charges  de  rétaC 
Boèce  exerça  une  influenoe  salutaire  sur 
l'esprit  de  oe  prince  et  oontribua  ainsi 
au  bonheur  des  peuples  placés  sous  son 
sceptre.  Il  devint  consul  en    S08   ott 
5 10.  Pendant  très  long-temps  il  fut  l'i- 
dole des  Goths.  Mais  Théodoric,  dans 
sa  vieillesse,  devint  mélancolique  «  om-^ 
brageux^  et  se  défia  de  oeux  qui  l'entoo^ 
raienL  Dès  lors  les  Gotbs  changèrent  de 
coftduite  à  l'égard  des  vaincus.  Boèce 
eisaya  vainement  de  résister  à  leurs  in* 
justices  et  è  leur  oppression  :  la  grande 
sévérité  avec  laquelle  il  avait  autrefoia 
réprimé  les  abus  lui  avait  attiré  de  poia* 
sans  ennemis  qui  parvinrent  enfin  à  i 
pirer  au  roi  des  soupçons  sur  sa 
dulte*  On  l'accusa  d'être  d*lntelligeiice 
avec  la  cour  de  CoDSlantinople.  Il  fut 
renfermé  dans  le  ohâlean  de  Pavie,  con- 
damné è  mort,  et  exécuté  en  634  ou  6)6. 
Pendant  qu'il  tenait  le  gouvernail  de 
l'état^  il  se  délassaii  de  ses  travaux  par 
la  culture  des  sciences  et  employait  même 
une  partie  de  ses  loisirs  à  faire  dea  in- 
strumens  de  musique  et  de  mathémati- 
que»; îl  fit  cadeau  de  pliiaieora  de  ces 
derniers  au  roi  Clocaire  de  France*  En 
outre,  il  se  livrait  à  des  rediercbea  snr 
les  philosophes  et  les  nalbénurtieiens 
grecs  dont  il  a  traduit  qoclqa 
latin»  Mais  le  plus  célèbre  do  s 
ges  est  celui  qu*il  composa  pmidnni  sa 
détention^  et  qui  a  peur  titM  :  Dé  corn* 
âolatione philosoffhivd*  C'est  un  mélange 
de  prose  et  de  vert,  oè  l'on  iroovo  mm 
grande  élévation  de  pensée 5  de  nobles 
sentimens  et  un  style  laoile  el  coocis) 
qualités  qui  mettent  oe  petit  livre  an- 
dessus  de  toutes  lee  attires  pmduollona 
littéraires  dn  même  siècle*  Parmi  lea 
nombreuses  éditions  qui  en  ont  été  fai- 
tes se  distinguent  celle  de  Bèfo^  1670» 
in-lbl.;  celle  de  Leyde,  cum  Mot.  '9ar., 
1671 ,  in-S"";  et  celledeOlasgovr,  1761  y 
in-4*'.  Il  en  exiaM  didérentea  lrad«o- 
lions  françaises.  C  A, 

BOaCKH  (  AnnnsTB  ),  im  dns  pkm 
célèbres  philologues  vivans  de  TAHesna-* 
gne,  actuellement  (  1884  )  profeSMur  de 
iangne  grecqoe  à  l'aniversité  de  Berlin, 
naqidt  à  Caiisrnhe  cti  1786*  Les  r»* 


l.H.S 


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BdË 

p\àeê  prbfgtià  qu'il  fit  I  TMlyertlté  de 
Halle  lui  vator^it  rhonnetir  d*dtre  admit 
dans  le  sèmiDalré  [Srédâgogtqtie  de  Berlin, 
établiàsement  qui,  à  cette  ét>o(]ue,  avait 
beaucoup  d'analogie  avec  Tancienne 
école  Dotmàle  de  PHris. 

Dès  son  ebtrée  datii  la  cairière  Scien- 
tifique, M.  fiteckh  à'est  bien  gardé 
dlinîter  l'ekeihplè  du  commun  des  pbi^ 
lotogues  dobt  les  travaux  se  bcrttient  k 
une  tninutieuse  6rl(iqiie  grammaticale. 
Émule  de  l'illuÂtte  Wolf ,  dont  il  a  été 
un  des  àaeflleiirs  élèves.  Il  s'est  princi- 
palement attaché  à  pénétrer  le  génie  des 
«Uciens  t>éuplés,  et,  poUr  t  parvenir,  il 
A  classé,  comparé  et  Combiné  les  faite; 
il  leè  a  réunis ,  pour  ainsi  dire ,  en  f  ais- 
teinx ,  pour  reconstruire  la  société  an- 
tique avec  ce^  matériaux. 

Cest  à  ce  procédé  que  nous  devons 
son  Économie  politique  des  Athéniens 
(Berlin,  1S17,  ^  vol.  în-8^),  qUi  pré- 
tente uh  tableau  des  relations  politiques 
financières,  industrielles  et  commerciales 
dé  l'ancienne  Crèce.  Il  Taut  lire  cette 
œuvre  pour  ie  faire  une  idée  de  l'im- 
mense érudition  de  l'auteur,  et  voir  avec 
quelle  sagacité  il  à  su  découvrir  deé  faits 
de  la  plus  haute  importance  dané  les 
passages,  en  apparence,  les  plus  Insi- 
gnifîans  ;  comment  il  a  su  ressusciter  lès 
peiiptadés  helléniques;  se  transporter 
au  milieu  de  leurs  villes,  de  leurs  mar- 
chés ,  de  leurs  ports  de  mer ,  et  y  obseN 
ver  {îisqù'aux  moindres  détails  de  moëtïrs. 

Cet  ouvrage ,  divisé  en  quatre  livres  et 
dont  touteâ  les  pâHiés  reposent  sur  des 
faits,  prouve  que  lès  finances  jouaient, 
dans  lei  anciennes  républiques,  un  r6le 
tout  aussi  important  que  dans  nos  états 
modernes;  et  que,  si  ées  républiques 
h*avaient  pas  de  dette  ptiblique,  leurs 
besoins  o^en  étaient  pas  înoins  onéreux 
pour  les  dtoyetis.  t)ès  qu^une  dépense 
extraordinaire  devenait  urgente,  éeux-éi 
étaient  appelés  à  combler  immédiate- 
ment te  déficit  des  caisses  dé  l'état;  ils 
étalent  donc  sans  cesse  exposés  à  être 
frappés  dans  leur  fortune,  et,  par  Contre- 
coup, dans  leur  commerce  et  leur  itidu^ 
trie;  inconvénient  auquel  les  gouverne- 
mens  modernes  échappent  en  recourant 
aux  emprunts.  Il  existe  de  VÉcOnomie 
pobiiqué  âes  Mkéhièm  urie  tràdutftloh 


(  ééd  )  KOfc 

h^hçaise  }laf  lA.  L&ligatlt  $  fîfris  »  19fë, 
îvol.  io•8^ 

Parmi  les  antres  Otiiràgèsié  M.  BfeHth 
nous  noiis  cotitenteroné  de  citer  les  dettx 
suivans  qui  figurent  Hxï  premier  rahg 
parmi  les  travaux  philologiques  de  notre 
époque  :  1®  Une  édition  de  Ptftdàre 
(Leipzig,  1811-1831,  8  vol.  ih-4*  ), 
contenant  le  texte  aVec  les  variantes  et 
tt>utès  les  scholies,  une  traduction  latine^ 
Uh  commentaire  perpétuel,  des  notes  et 
un  traité  de  versification  grecque.  Cette 
éditloh  est  sanft  contredit  la  pitis  criti- 
que et  là  plus  tomprète  qu'bti  ait  du 
prince  des  lyriques  grecs.  J**  CorpUs 
tnscriptionuth  grcecntutn ,  attttàritate 
et  itnpensis  Academiœ  regiœ  borusÈicœ. 
Ce  recueil,  qui  formera  8  vdl.  itt-fol.,  et 
dont  il  n'a  pahi  Jusqu'à  présetit  que  le 
premier  et  une  partie  du  ft*  (Berliri, 
1838-183}),  contiendra  tcnitës  les  Ins- 
criptions grecques  connues,  tarit  èelles 
qui  out  déjà  été  |)ubliéesque  fés  Inéditeé. 
L'auteur  classe  lei  Inscriptions  d'après 
Tordre  géographique,  et  a  prcmirs  de 
donner  à  ta  fin  du  dernier  vôliittie  tm 
traité  de  paléographie  grecque. 

M.  Bœckh  est  secTétaii^  dé  I*  diisse 
d'histoire  et  de  philosophie  de  l'Acadé- 
mie dès  sciences  dé  Berlin,  et  mem- 
bre éséocié  de  la  trt^àièmé  classe  de 
rinàlitut  de  Prante.  La  plupart  dès  au- 
tres sociétés  savante^  de  fÊârO^e  l'ont 
inscrit  àa  notebre  de  letlrs  é^H-expos- 
daris.  Bt-a. 

iMfiCRtt  (FEÉt>^mid  dk),  Miffi^rè  des 
fiftaticcs  du  gratid  duché  de  Badè,  est  (Hb 
d'bn  cdrlÀèillèr  deS comptée  de  Caf  Isruhé. 
Après  avoir  étudié  à  Heidelbèrg  et  avonr 
rempli  ensdlte  lei  fondions  de  secrétaire 
de  la  commission  chargée  de  prendre  po^ 
session  du  territoire  cétfé  en  1808  au 
grand-duché,  il  Vittt,  en  1 807^  à  Màrihèîm, 
en  qualité  dé  conscHVer  de  hi  Chatfibre 
des  financée  ;  quelques  àtitiéè^  plUé  tard 
fl  retourna  I  Càrlsruhe,  et  re^ut  le  titre 
dé  ctfhéeitler  des  finftftt^.  £A  Itf  8 ,  il 
éi\\tii  la  place  dé  référeridafré  IMfmé,  et 
ed  l^tS  il  fut  nomthé  eommi^aîN!  du 
gouvernement,  lors  de  la  première  seééfion 
des  États  dti  gratrd-duché.  Lé  gouverne- 
ment sentit  afors  le  besoin  de  ^âcer  à 
la  tête  des  affaires  des  homhiés  capa- 
bles éL  <|tii  euatem  d'amrèi  titré!  que 


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(600) 


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leurs  parcheminf  :  aasai  U  carrière  de 
M.  de  Bœckh  fut-elle  rapide.  En  1820  il 
fut  nommé  direcieur  de  la  Chambre  deb 
qomptes;  eu  1821,  conseil  1er- d*éiat  eu 
service  ordinaire;  eu  1824,  chef  du  dé- 
partement des  finances,  et  en  1828,  mi- 
nistre. Il  reçut  un  peu  plus  tard  des  ti- 
tres de  noblesse  et  la  croix  de  comman- 
deur de  l'ordre  du  Lion-de-Zsehringen, 
enrichie  de  diamans.  Par  ses  mesures  pru 
dentés,  M.  de  Bœckh  affermit  le  crédit 
du  grand  duché;  il  introduisit  l'économie 
dans  les  dépenses,  et  une  grande  régula- 
rité dans  l'administration.  Le  système  fi- 
nancier de  M.  de  Bœckh  a  été  hautement 
approuvé  par  les  ÉtaU  du  pays,  réunis 
en  1831.  C.  L. 

BCEH ME  ou  BoKHM  f  jACQUBs),lhéoso- 
pbe  allemand  et  au  leur  myst  ique  très  célè- 
bre, né  en  1575  dans  un  village  de  la  haute 
Lusace.  Fils  de  pauvres  paysans,  il  fut 
réduit  jusqu'à  l'âge  de  10  ans,  sans  ins- 
truction aucune,  à  faire  le  métier  de  pâ- 
tre. Au  milieu  des  forêts  et  des  monta- 
gnes, en  face  d'une  nature  imposante, 
l'imagination  de  cet  enfant  se  développa 
avec  une  prodigieuse  vivacité.  Il  trouvait 
un  sens  caché  à  toutes  ces  voix  du  dé- 
sert; son  ame  pieuse  y  croyait  entendre  la 
parole  de  Dieu ,  et  il  prétait  l'oreille  à 
une  révélation  qu'il  croyait  directement 
lui  être  adressée.  Ses  parens  lui  firent 
apprendre  l'état  de  cordonnier,  métier 
qu'il  eserça  plus  tard  à  Gœrlitz.  Loin  d'é- 
touffer sa  tendance  mystique,  cette  occu- 
pation sédentaire  ne  fit  qu'accroître  ses 
goûts  comtemplatifs.  Pendant  sa  tournée 
de  compagnonage,  il  parait  s'être  aban- 
donné en  plein  à  ses  rêves  religieux.  Sé- 
vère, zélé  pour  les  bonnes  mœurs,  renfer- 
mé en  lui-même,  les  uns  le  trouvaient  or- 
gueilleux ,  les  autres  le  prenaient  pour  un 
fou.  Ce  jugement  était  inévitable  :  toute 
éducation  scientifique  manquant  à  Bœh- 
me,  comment  ses  pensées  philosophiques 
ou  religieuses,  imparfaitement  commu- 
niquées à  d'autres,  n'auraient-elles  pas 
été  obscures,  confuses,  dénuées  de  lo- 
gique? Son  sens  intime,  religieux,  était 
vrai,  sans  doute;  mais  long-temps  séparé 
des  hommes,  il  avait  fini  par  voir  les  ob- 
jets extérie^rs  à  travera  le  prisme  trom- 
peur de  U  solitude. 

De  retour  à  Gœrlitz,  en  1694  »  il  se 


maria.  Bon  époux,  bon  père,  il  n'en  fut 
pas  moins  vi:tionnaire;  il  parait  même 
que ,  tourmenté  par  la  répétition  de  ces 
rêves  que  son  ame,  singulièrement  af- 
fectée, attribuait  à  Tiofluence  du  Saint- 
Esprit,  il  se  décida  enfin  à  prendre  la 
plume.  Son  premier  ouvrage  ,  inti- 
tulé Auront  f  écrit  en  1610,  publié  en 
1612,  contient  ses  révélations  sur  Dieu, 
rhomme  et  la  nature.  On  y  reconnaît  l'é- 
tude assidue  de  la  Bible,  spécialement  de 
l'Apocalypse,  vers  laquelle  il  se  sentait 
mystérieusement  attiré.  Le  clergé  into- 
lérant de  Gœrlitz ,  en  condamnant  l'Au- 
rora,  répandit  le  nom  de  Bœhme  dans 
toute  l'Allemagne,  et  lui  valut  la  visite 
et  le  patronage  de  beaucoup  d'hommes 
marquans.  A  partir  de  1619,  il  publia  une 
trentaine  de  traités,  parmi  lesquels  nous 
ne  citerons  que  la  Description  des  i/ois 
principes  de  l'essence  divine»  Elle  con- 
tient ses  vues  sur  la  divinité,  U  création , 
la  révélation,  le  péihé,  le  tout  basé  sur 
l'Écriture-Sainte,  entremêlé  de  fantJis- 
magories  poétiques,  où  la  métaphore 
remplace  presque  toujoura  Tidée,  où 
l'enchaînement  des  idées  est  dithyram- 
bique. Celte  manière  de  procéder,  Bœh- 
me l'attribue  à  une  illumination  divine, 
à  ime  révélation  qui  est,  selon  lui,  le 
^i>i<*^Kr//70/t  de  toute  connaissance  Mais 
sous  une  enveloppe  bizarre  se  trouve  ca- 
chée, sans  contredit,  plus  d'une  belle 
pensée  religieuse  qui,  dégagée  de  son 
attirail  mystique,  ne  déparerait  pas  les 
livres  des  plus  grands  philosophes. 

Les  dernières  années  de  Bœhme  fu- 
rent en  butte  aux  attaques  des  théolo- 
giens. Son  traité  Sur  le  repentir^  impri- 
mé à  son  insu  par  ses  amis,  y  avait 
donné  lieu.  L'auteur  se  rendit  lui-même 
à  Dresde  (en  1 724j,  pour  faire  examiner 
sa  doctrine.  La  cour  le  protégea  ;  mais , 
à  peine  de  retour  chez  lui,  il  mourut 
rempli  de  cette  foi  chrétienne  qui  fait 
Pessence  de  tous  ses  ouvrages. 

Abraham  de  Frankenberg,  son  dis- 
ciple et  son  ami,  a  commenté  ses  ouvra- 
ges, qui  ne  parurent  complets  qu*en 
1 682 ,  en  1 0  vol. ,  à  Amsterdam ,  sous  U 
direction  de  Gichtel,  qui  a  donné  son 
nom  à  une  secte  religieuse  fort  inofrea- 
sive,  professant  les  doctrines  d^  Bœlime. 
Une  autre  édition  parut  à  Amsterdam  , 


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B^C 


(601) 


BOE 


en  1780  9  sons  le  Htre  êeTheolof^a  rê- 
ve fa  ta  ^  3  vol.  în-4®.  V Aurore,  la  Tri- 
ple Fie  et  les  Ttvis  Principes  de  Jacob 
Bœhroe  ont  été  traduits  eo  français  par 
L.  Cl.  de  Saint- Martin.  Les  doctrines  de 
Bœhme  se  sont  répandues  en  Angleterre; 
'William  Law  traduisit  le  premier  les  ou- 
vrages du  théosophe  saxon.  Il  existe  en- 
core  de  nos  jours  une  secte  appelée  phi- 
ladelphique,  fondée  en  1697  par  Jane 
Leade,  femme  enthousiaste  qui  révérait 
Bœhme  à  Tinstar  d*un  saint.  £nfin ,  un 
médecin  anglais,  nommé  John  Pordage, 
s*e8l  fait  connaître  comme  commentateur 
de  Jacob  Bœhme.  C.  JL 

BŒHMERWALD,  voy.  Fobét  de 

BOHÈMR. 

BOËRHAAVR  (Hebmarit),  l'un  des 
plus  célèbres  médecins  du  xviii^  siècle, 
né  à  Yoorhout,  près  de  Leyde,  eo  1668, 
reçut  de  son  père  une  éducation  très  soi- 
gnée,  à  laquelle  concourut  pour  beau- 
coup sa  bel  le- mère.  Malgré  une  enfance 
maladive,  ses  progiès  dans  les  éludes 
furent  rapides;  à  onze  ans  il  savait  le 
grec  et  le  latin.  Destiné  par  sa  famille  à 
l'état  ecclésiastique,  il  suivit  à  Leyde 
les  cours  de  théologie.  Cest  là  qu'à  l'âge 
de  21  ans  il  soutint,  sous  la  présidence 
de  Gronovius,  son  professeur  de  grec, 
une  thèse  pour  prouver  que  la  doctrine 
d'Épicure  avait  été  bien  comprise  et  com- 
plètement réfutée  parCicéron.  Il  montra, 
dans  cet  exercice,  tant  d'érudition  et  d'é- 
loquence qu'une  médaille  d'or  lui  fut 
décernée  par  la  ville,  et  peu  de  temps 
•près  il  obtint  le  titre  de  docteur  en  phi- 
losophie, par  une  dissertation  inaugurale 
intitulée  :  de  Distinctione  mentis  a  cor- 
pore.  Son  goût  pour  la  médecine,  qui 
s'était  manifesté  dès  son  enfance,  ne  put 
être  satisfait  que  bien  tard;  à  l'âge  de  22 
ans  seulement  il  commença  à  s'y  livrer, 
et,  <x>inme  tous  les  hommes  de  génie,  il 
apprit  seul  une  science  sur  laquelle  il  de- 
vait exercer  une  si  grande  influence;  car 
il  n'eut  pour  maître  que  des  hommes  peu 
distingués.  Ses  études  anatoiniques  fu- 
rent les  moins  parfaites  de  toutes,  parce 
qu'au  lieu  de  se  livrer  aux  dissection»,  il 
te  borna  aux  ouvrages  surannés  de  Bar- 
tholin  et  deVé-^ale;  aussi  l'anatomie  est- 
elle  la  |>artie  faible  de  ses  ouvrages.  Mais 
les  sciences  mathématiques  ^  dont  il  s'é- 


tait particQlièrement  occupé,  inflaèreot 
beaucoup  sur  ses  tra\aux  et  sur  ses  àoo* 
trines.  Uippocrate  dans  l'antiquité,  et 
Sydenham,  THippocrate  anglais,  dans 
les  temps  modernes ,  étaient  les  modèles 
qu'il  s'était  proposé  d'imiter;  mais  loin 
de  se  borner  à  leurs  écrits,  il  lut  tout , 
anciens  et  contemporains,  en  même  tempa 
qu'il  étudiait  la  botanique  et  la  chimie. 
£n  1693,  à  Hardewick,  il  prit  le  grade 
de  docteur  en  médecine,  et  sa  dissertation 
katine  qui  semble  avoir  pour  objet  de  mon- 
trer que  rien  sans  les  sciences  n'est  à  mé- 
priser, était  intitulée  :  Des  avantages  qui 
résultent  de  l'examen  des  excrémens 
£fa/tf /r'^ma/a^/ze  r.  Hu  i  t  ansa  près  ru  n  i  ver- 
sité  le  nomma  lecteur  de  médecine  théori* 
que  pour  suppléer  Drelincourt;  il  débuta 
dans  ses  fonctions  par  un  discours  De 
comme  ndando  IHppocratis  studio,  dans 
lequel  il  paie  à  ce  grand  homme  un  tri- 
but éclatant  d'hommage  et  d'admiration. 
Dans  son  enseignement  il  s'attache  à  le 
faire  revivre,  en  quelque  sorte,  et  devient 
lui-même  le  modèle  de  tous  ceux  qui  se 
livrent  à  l'instruction.  Plus  tard,  cepen- 
dant, il  devait  abandonner  cette  voie  ex- 
périmentale et  substituer  les  calculs  et 
les  applications  exagérées  de  la  mécani-* 
que  à  la  simple  observation  des  faits. 
L'Université  put,  en  1709,  récompenser 
son  zèle  et  ses  services  en  lui  confiant  la 
chaire  de  botanique  et  de  médecine  qu'a- 
vait occupée  Holton,  et  il  est  à  remarquer 
qu'au  moment  même  où  il  quittait  les  ban* 
nières  d'Hippocrate,  il  était  encore  plein 
de  son  esprit ,  puisqu'il  prononçait  un 
discours  Sur  la  simplicité  primitive  de 
la  métlecine  et  la  nécessité  d'y  revenir, 
et  que  dans  sa  pratique  il  agissait  en  con- 
séquence de  ces  principes. 

L'activité  et  le  savoir  de  Boêrhaave 
pouvaient  sulfire  à  des  travaux  nombreux 
et  variés.  La  chaire  de  botanique  qui  lui 
fut  confiée  devint  pour  lui  un  nouveau 
moyen  d'étendre  sa  réputation.  Il  ne  se 
borna  point  à  enrichir  le  jardin  botani- 
que de  Leyde  d'un  grand  nombre  de 
plantes  ,  il  publia  aussi  plusieurs  écrits, 
donna  la  description  de  nouvelles  espè- 
ces, et  forma  plusieurs  genres  nouveaux* 
Boêihaave  peut  être  encore  considéré 
comme  le  fondateur  de  renseignement 
clinique ,  le  seul  connu  des  anciens  et 


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Bûe 


(  «02) 


È<m 


4ae  kt  nfeod«rn«d  avalent  otiblié;  t*éki  \m 
njai,  nommé  professeur  de  médecine  prâ* 
tique  à  là  place  de  Bidloo,  fit  deux  fois 
par  semaine  des  levons  dans  lesquelles, 
pour  joindre  l'exemple  au  précepte,  les 
malades  étaient  mis  anus  les  yeul  des 
élèves.  Ce  fut  alors  qu'il  publia  se^  deux 
OtiTrages  ^phorismi  de  cognoscendis  et 
curandis  kominum  tnorbis^  et  Institu- 
tkmet  medtcie,  qui  figurent  parmi  les 
livres  classiques  de  la  médecine  rtiodeme. 
Malgré  les  occtipations  dont  il  était  chan- 
gé, il  entreprit  encore  l'enseignement  de 
ià  chimie,  et  là  aussi  il  se  monti^  telle- 
ment supérieur  que  ses  ouvrages  sur  ce 
sujet  aoift  encore  estimés,  bien  que  la 
science  ait  totalement  changé  de  face. 

Une  réputation  immense  et  telle  qu'au- 
eun  savant  peut-être  n'en  a  possédé  tine 
aemblabe,  à  une  époque  oà  les  communi- 
cations n'éuient  pas  faciles,  fut  la  juste 
récompense  de  ses  travaux.  Un  manda- 
fin  écrivit  une  lettre  avec  cette  snscrip- 
tlon  :  A  Boêrhoùpe  médecin  en  Europe, 
et  la  lettre  parvint  à  son  adresse.  Un  jeune 
médecin  avait  une  réputation  faite  lors*^ 
qu'il  avait  étudié  sous  Boérhaave.  Comme 
praticien  il  jouit  de  la  plus  grande  vo- 
gue, et  compta  parmi  ses  cliens  des  têteS 
couronnées.  Sa  fille  unique  recueillit  dne 
fortune  de  plus  de  200,000  fi.,  fruit  de 
ion  travail  et  de  son  économie;  c4r  la 
simplicité  de  ses  habitudes  était  telle 
qu'on  l'aurait  prise  pour  de  Tavarice ,  si 
l'on  n'avait  tu  en  même  temps  les  dé- 
penses considérables  qu'il  faisait  dans 
le  seul  intérêt  de  la  science.  Outre  la 
bibliothèque  très  importante  qd'il  ras- 
sembla, il  fit  faire  à  ses  frais,  et  avec  beau- 
coup de  kixe,  un  grand  nombre  d'édrtlons 
d'auteurs  tant  anciens  que  modernes, 
dont  plusieurs  sont  ornées  de  gravures 
{irécieuses. 

Sd  éanté  chancelante  fe  força  de  re- 
noncer sudcessivement  à  sa  chaire  de  bo- 
ttnique  et  de  chimie,  et  àttx  fonctions  de 
recteur  dont  il  avait  été  investi  poor  la 
ëeconde  fols.  Il  fit  ses  adieux  à  ses  élèves 
par  cm  discours  danslequef, revenant  aux 
doctrines  hippocratiques,  il  déclarait  le 
mellfeur  médecin  celui  qui,  soumis  à  la 
mture,  sait  attendre  et  seconder  ses  ef^ 
forts.  La  goutte,  dont  tt  avait  depuis  bng- 
temps  éprouvé  de  (fé^eûtes  aftéfntei^ 


renleta  é«  ^78B  à  n^  êé  70  kûi.  9à 
modestie  et  èa  bienveillance  lui  avaient 
concilié  l'afTectton  de  ses  éotlègiteà,  et 
celle  des  nombreux  élèves  qui  Suivaient 
ses  levons,  et  dont  plusieurs,  qui  occupé» 
rent  un  rang  distingué  dans  la  science, 
propagèrent  ses  doctrine^.  La  ville  de 
Leyde  lui  fit  élever  dans  l'église  de  Saint- 
Pierre  un  monument  sur  lequel  on  gravai 
siiâe\\se: Simples sigiiltifnvtri.  F.  R. 

BŒRNE  (  Ldois),  naqàit  en  1784 1 
Fi*ancfbrt-suMe-Meio,  où  sôtt  t>ère,  Jàcob 
Baruch ,  faisait  des  affaires  de  banqtte. 
Exclu  du  servite  publie  cbmme  Ist^6- 
Itte,  M.  Bœrne  se  voua  i  l'étude  de  hi 
médecine.  Après  s^j  être  livré  pendant 
un  an  et  demi  à  Berlin ,  sous  Màrcdi 
Hert2 ,  médecin  jiilf  distingué,  fl  se  ren- 
dit à  l'université  de  Hàllë.  malgré  det 
succès  rapides  dans  ses  étude!  tnédlcft- 
les,  M.  Bœme  les  qtritta  en  1S07,  soit 
qu'il  n'ait  pd  y  prendre  un  gd&t  âéi^ 
cidé,  soit  aussi  que  les  événemèdS  dé 
cette  époque  aient  exercé  àur  lui  Tin- 
fluence  qu'elles  ont  eue  en  général  ént 
la  position  des  Israélites  dans  plnsîeùn 
étals  de  rAllemagne.  M.  fiœfne  se  rendit 
à  Heidelberg  où  il  se  livra  princi^ah^ 
ment  à  l'étude  de  la  politique^  ptrîs,  après 
avoir  (^it  un  nouveau  séjour  k  GfeéSefi , 
il  revint  à  Francfort  où  le  grànd-duc  Itl! 
Confia  un  emploi  que  les  événemens  de 
181S  et  1814  lui  firent  quitte^. 

M.  Boerne  à'eét  fàît  connatti^  par  plu- 
sieurs publications  remarquables,  entre 
antres  par  té^  Ailes  dû  li/nps  et  td  Èit- 
lanee.  De  182d  à  fdâMl  à  publié 
ses  oeuvres  complètes  ett  l<y  vd.  in-fS 
(Humbourg). 

Des  esprits  trop  faciles  l  s'effrayeront 
pHs  ombrage  <fécritâ  qui  ne  fespiraient 
qu'une  liberté  sage  et  raisonnable,  et 
M.  Bceràéent,  par  %ei  ouvragés,  au  tfâoins 
Auunt  d'adversaires  qiie  d'émis.  S/ts 
Lettres  de  Paris  (Hambourg  tS^t  et 
dont  otf  a  donné  une  traduction  fran- 
çaise eu  t8S2),  où  famôur  dé  la  tnberté 
lui  fait  quelquefois  traiter  durement  ses 
compatriotes,  mais  où,  à  travei^  une  es- 
pèce de  Cynisme  politique,  6n  toit  per- 
cer de  nobles  inspirations,  fui  ont  attiré 
dés  critiquée  amères,  et  on  a  été  jusqu'à 
fe  présenter  comme  contraire  k  iM  patrie 
éi:  fil  dënigfmtt  pit  ffdût. 


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BOK 


(603) 


BOB 


M.  Bœm«  «  quitté  Ut  relif;k>D  2frft4lîl« 
€n  181 7,  et,  eo  embrasiant  la  confession 
évtfDgéUque  d'Augsbourg,  il  a  échangé 
aoD  nom  de  famille  Baruch  contre  celui 
ifu'il  porte  maintenant.  C,  L, 

BŒTTIGEU  (  Cmarlbs-Auouste  ) , 
oéleLre  archéologue,  directeur  du  musée 
de  Dreede,  naquit  en  1760  à  Reichen* 
Ibach  I  en  Saxe;  il  avait  fait  ses  premières 
étndet  à  Leipxig  el  à  Goettingen,  lors- 
qu'on incendie  détruisit  toutes  se»  cspé*- 
ranocs;  alors  il  se  fit  gouverneur  d'un 
jeune  ^ève  à  Dresde,  puis  recteur  à  Ga-» 
ben«  où  il  créa  un  pensionnat  assez  oon^ 
aidérable.  Après  un  court  aéjour  à 
Bautzen,  il  dut  à  la  protection  de  Her** 
der  la  direction  du  gymnase  de  Weimar, 
qu'il  conserva  de  1791  à  1804;  Il  y 
vécut  daaa  ht  société  de  Wieland,  de 
Schiller  et  de  Goethe;  mais  ce  fut  prin- 
eipaleoient  la  fréquentation  du  savant 
artiste  Meyer  qui  détermina  son  gc^l 
pour  l'archéologie.  De  1795  à  1803  il 
publia,  à  lui  seul  y  mais  sous  le  nom  de 
Bertucfa»  le  Journal  du  luxe  et  de  la 
mode.  En  1797,  il  entreprit  le  Nouveau 
Mercure  eUienumd^  qui  bientèt  se  dé« 
cora  du  nom  de  WielainL  II  publiait 
aussi  le  recueil  intitulé  Zo/K/re/  et  Paris, 
et  faisait  pour  l'Allgemeine  Zeitung 
une  multitude  d'articles,  surtout  nécro- 
logiques ^  ainsi  M.  Bœttiger  éparpillait 
son  immense  érudition.  £a  1804  il  fut 
mis  à  la  tèle  de  l'institution  des  pages, 
qui  diz  ans  plus  tard  fut  réunie  à  l'École 
miliUire;  alors  M.  Bcettiger  lut  chargé 
do  la  direction  du  Musée  des  antiques. 
Pendant  ce  temps  il  donna  des  cours 
d'archéologie  où  il  sut  attirer  toute  la 
bonne  compagnie  de  Dresde.  On  a  in^ 
primé  beaucoup  de  ses  leçons;  par  exem'- 
pie ,  ses  idées  sur  l'histoire  de  la  petn- 
tore  tt  sa  dissertation  sur  la  Noce  Jl* 
dekrandmL  On  a  traduit  en  françab 
Sabima  ou  la  toilette  d'une  Romaime, 

M.  Bœttiger  est  un  homme  d'une  ér«« 
dition  très  vaste  :  il  a  une  oonnaissance 
approfondie  des  langues  anciennes  et 
modernes;  surtout  il  est  doué  d'un  rare 
bonheur  do  rapprochemens,  ce  qui  Ta 
conduit  à  la  solution  d'un  grand  nombre 
de  diffieukés  en  archéologie  et  en  my- 
thologie.  Il  •  éclairci  encore  bemicoup 
de  pointa  dootenz  soi  L'ert  4lnunatiqne 


des  anciens.  On  lui  doit  des  notices  sur 
Bode,  sur  Reinbard,  sur  Millin.  £a 
1830  il  entreprit  la  publication  de  son 
Amalthea^  qui  fut  continuée  sous  le 
titre  àeJountald  archéologie  etdeâ  arts. 
Il  ne  faut  pas  oublier  ses  remarques  et 
sa  préface  du  journal  de  voyage  de  M™* 
de  Recke,  dont  il  s'est  fait  l'éditeur.  Pln- 
sieurs  de  ses  ouvrages  ont  été  traduits  en 
français.  L'Institut  de  France,  académie 
des  inscriptions  et  belles  -  lettres  ^  l'a 
nommé,  en  1832^  membre-correspon* 
dant  étranger.  Q  JL  m, 

B€ËUF  (bist.  nat.).  Ce  nom  se  donne 
communément  au  taureau  ^  lorsqu'il  a 
été  châtré  ou  bistoumé;  il  sert  aussi  à 
désigner  l'espèce  dont  le  tauresu  est  le 
mâle,  la  vacbe  la  femelle,  le  veau  le  jeune 
âge,  et  la  génisse  la  femelle  qui  n'a  pas 
encore  été  fécondée. 

Le  nom  de  bœuf  s'applique  encore  à 
toute  la  lamille  des  mammifères  herbi* 
vores  ruminans,  à  pieds  fourchus,  à 
corne  simple,  à  tige  osseuse,  carrée,  ooo»- 
muniquant  avec  Tintérieur  des  sinus 
frontaux ,  à  qiwtre  mamelles  inguinales 
et  à  queue  longue ,  rase  ^  terminée  par 
un  bouquet  de  poils  longs,  onduleux. 
Celte  famille  se  compose  des  genres: 
bœufj  zébu,  aurochs,  buffle,  bison, 
yakj  etc. 

Dans  cette  famille  le  bœuf  domestique 
{bos  taurus  domestieus)  se  distingue 
par  son  con  pmi  en  dessous  d'un  repli 
de  la  peau  plus  ou  moins  lâche  et  peo*> 
dant ,  dont  l'usage  est  peu  connu  et  an- 
quel  on  donne  le  nom  àt  fanon  ;  par  ses 
cornes  coniques ,  presque  unies  et  lisses, 
recourbées  d'abord  en  dehors ,  pais  en 
avant  et  en  haut,  implantées  en  arrière 
do  front ,  qui  est  plat  et  à  peu  près  qua« 
drilatère  ;  par  son  mufle  large ,  ses  lèvres 
épaisses  et  son  poil  touffu,  simple  par- 
tout, court,  égal ,  si  ce  n'est  an  front , 
en  arrière  du  paturcHS,  à  l'extrémsté  d« 
iburreau ,  et  surtout  à  celle  de  le  queue. 
Sa  couleur  est  ordinairement  rougeèlre, 
noire  on  blanche,  souvent  mélangéo  de 
ces  trois  nuancesi  diversement  combi- 
nées. 

La  taille  moyenno  du  bœuf  est  de 
4  pieds  environ,  et  sa  longiienr  de 
7;  son  poids  est  de  1,000  à  1,200 
Uvre»^  BMift  eaa  proporliona  générales 


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(604) 


BOE 


•ont  sujettes  à  varier,  ainsi  que  les  pro- 
portions des  diverses  parties  du  corps  ; 
et  ces  différences,  transmissibles  jusqu'à 
certain  point,  impriment  à  la  physiono- 
mie du  bœuf  des  caractères  propres,  as- 
sez distincts  pour  que  l'on  ait  établi  d'a- 
près eux  des  variétés  d'espèces  auxquelles 
on  a  donné  des  noms  particuliers. 

L'origine  du  bœuf  domestique  a  été 
rapportée  à  V aurochs;  mais  d'après  de 
simples  probabilités  qui  paraissent  peu 
fondées,  et  si  l'origine  du  bœuf  n'est  pas 
essentielle  elle  est  encore  inconnue. 

L'aurocbs  parait  constituer  une  espèce 
distincte  dans  la  famille  des  bœufs;  plus 
fort  et  plus  haut  sur  jambe  que  le  bœuf 
domestique,  il  s'en  distingue  par  une 
paire  de  c6tes  de  plus  et  par  le  poil  la- 
nugineux, crépu,  qui  couvre  la  tête  du 
mâle  et  lui  forme  une  sorte  de  barbe 
sous  la  gorge.  Répandu  autrefois  dans 
toutes  les  grandes  forêts  de  l'Europe, 
l'aurochs  est  aujourd'hui  confiné  dans 
les  marais  boisés  de  la  Pologne  et  du 
ducase,  oti  il  devient  plus  rare  de  jour 
en  jour.  L'accroissement  du  bœuf  se  fait 
rapidement;  il  cesse  de  téter  à  deux  ou 
trois  mois;  du  dixième  au  vingtième 
mois  il  perd  successivement  ses  dents 
incisives  qui  repoussent  alors  pour  ne 
plus  se  renouveler;  ses  cornes  ne  tar- 
dent pas  non  plus  à  éprouver  la  même 
révolution.  Avant  trois  ans  il  est  parfai- 
tement développé  et  en  état  de  se  repro- 
duire ,  et  il  conserve  cette  faculté  géné- 
ratrice jusqu'à  sa  neuvième  année.  Sans 
avoir  une  grande  salacilé,  le  bœuf  s'ac- 
couple assez  facilement,  et  un  taureau 
suffit  aisément  à  plusieurs  femelles  et  ne 
souffre  pas  même  le  partage  d'un  trou- 
peau. Le  printemps  est  l'époque  ordi- 
naire du  rut.  La  vache  porte  neuf  mois 
et  donne  ordinairement  un  veau,  quel- 
fois  deux  ;  sitôt  qu'elle  a  vêlé,  elle  four- 
nit un  lait  abondant ,  dont  la  quantité  et 
la  nature  sont  à  peine  modifiées  par  le 
retour  de  la  gestation. 

La  durée  moyenne  de  la  vie  du  bœuf 
est  de  quatorze  à  quinze  ans. 

Le  bœuf  pousse  dans  certaines  circon- 
stances un  cri  grave,  sourd,  prolongé, 
presque  monotone ,  connu  sous  le  nom 
spécial  de  mugissement  ;  il  est  naturel- 
lement plus  rtnque  dans  le  taureau  et 


passe  facilement  chez  lui  à  l'aigu.  Le 
bœuf  est  parmi  les  animaux  celui  dont 
le  génie  de  l'homme  a  su  tirer  le  plus 
grand  parti.  Dès  la  plus  haute  antiquité, 
les  Égyptiens  consacrèrent  son  utilité  en 
lui  vouant  un  culte  plus  ou  moins  em- 
blématique :  Apis,  Sérapis,  empruntaient 
au  bœuf  leurs  caractères  extérieurs,  et 
l'on  trouve  encore  dans  la  Basse-Egypte 
des  puits  à  cavernes  remplies  d'ossemens 
de  bœufs,  débris  des  hommages  que  ren- 
daient à  ces  animaux  les  antiques  habi- 
tans  de  cette  contrée.  Les  Juifs  dans  le 
désert  reproduisirent  cette  idolâtrie  en 
adorant  le  bœuf  sous  l'emblème  du  veau 
d'or.  Fojr.  Apis,  Épaphus,  etc. 

Le  bœuf,  par  l'influence  du  climat , 
de  la  nourriture,  et  par  l'éducation,  a 
subi  des  modifications  plus  ou  moins 
notables  dans  sa  constitution ,  et  les  dif- 
férences organiques  transmissibles  plus 
ou  moins  persistantes  qui  en  ont  résulté, 
on  les  a  désignées  par  le  nom  de  race. 
Foy.  BoBUF  (  économie).  T.  C. 

BŒUF  (  économie  agr.  ) ,  être  mi- 
toyen, dépouillé  de  ses  facultés  généra- 
trices pour  rendre  à  Thomme  de  grands 
services,  d'aboi^d  comme  le  premier  auxi- 
liaire de  Tagriculture,  ensuite  comme  le 
domestique  le  plus  utile  de  la  ferme , 
comme  le  soutien  du  ménage  champê- 
tre, enfin  comme  ressource  constante,  et 
durant  sa  vie  et  après  sa  mort.  Un  si 
haut  degré  d'importance  mérite  aux 
bœufs  des  prérogatives  remarquables  :  il 
fut  sacré  chez  les  anciens,  et  des  lois  pu- 
nissaient de  la  peine  capitale  celui  qui 
les  frappait  avec  violence  ou  qui  leur 
donnait  méchamment  la  mort.  Les  légis- 
lateurs de  l'antiquité  allèrent  plus  loin 
encore  :  ils  limitèrent  les  heures  où  Ton 
pouvait  leur  demander  du  travail ,  ainsi 
que  l'espace  de  terrain  qu'ils  avaient  à  par- 
courir par  une  continuité  non  interrom- 
pue d'efforts  et  de  mouvemens.  Cet  es- 
pace était  borné  à  la  longueur  d'un  sil- 
lon de  40  mètres  ou  ISO  pieds  d'étendue 
et  à  6  heures  de  suite  pour  les  travaux 
réguliers  exécutés  d'un  pas  toujours  égal. 

Partout  où  le  bœuf  manque,  l'agricul- 
ture est  pauvre,  dans  un  état  de  stagna- 
tion pénible,  et  sans  espoir  d'améliora- 
tion. Cet  animal  n'est  ni  aussi  lourd,  ni 
aussi  mal  fait  qu'il  se  montre  au  premier 


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(  605) 


liOE 


eoup  d*œil;  il  sait  se  tirer  d'un  mauvais 
pas  mieux  que  ne  le  ferait  le  cheval  par- 
faiteroeut  dressé  ;  jamais  il  ue  doute  de 
sa  force,  jamais  vous  ne  le  voyez  reculer 
devant  le  danger,  il  j  donne  au  con- 
traire tête  baissée.  Naturellement  doux, 
il  obéit  à  la  voix  de  son  maître  quand 
celui-ci  le  traite  avec  bonté  et  qu'il  n'exige 
rien  au-delà  de  ce  qu'il  peut  faire;  il  a  de 
l'agilité  dans  la  démarche  et  de  la  dex- 
térité dans  les  mouvemens  quand  il  se 
porte  bien.  Un  signe  certain  de  sa  santé, 
c'est  le  luisant  de  son  poil  épais  et  doux 
au  toucher;  lorsqu'il  est  rude,  terne,  hé- 
rissé, dégarni,  l'animal  souffre,  ou  il 
n'est  pas  doué  d'un  fort  tempérament. 
Il  y  a  des  personnes  qui  prétendent  tirer 
de  la  couleur  de  sa  robe  l'induction  de 
telle  ou  telle  autre  qualité  ;  c'est  une  er- 
reur; que  cette  couleur  soit  fauve  comme 
elle  l'est  le  plus  ordinairement,  ou  noire, 
rouge,  grise,  blanche  ou  mouchetée,  le 
bœuf  sera  propre  à  tous  les  services  de 
la  ferme,  si  l'on  a  soin  de  lui  dans  les  di- 
verses circonstances  de  sa  vie. 

Les  cornes  dont  sa  tête  est  armée  sont 
des  armes  aussi  puissantes  que  redouta- 
bles. Elles  sont  démesurées  dans  la  race 
grise  mdigène  à  l'Italie  méridionale  et 
que  l'on  retrouve  dans  le  Tyrol,  dans  la 
Hongrie.  Le  bœuf  indigène  à  la  Germa  « 
nie  les  a  petites,  parfois  rudimentaires , 
très  mobiles  chez  quelques  individus. 
Les  races  françaises  portent  des  cornes 
de  moyenne  grandeur.  Quant  à  la  taille 
du  corp  et  même  à  la  forme,  elles  va- 
rient  considérablement;  elles  dépendent 
ici  de  la  race,  là  de  la  nature  des  pâtu- 
rages sur  lesquels  l'animal  a  passé  set 
premières  années;  le  climat  y  influe  éga- 
lement. Ceux  des  pays  très  chauds  et 
ceux  des  pays  très  froids  sont  plus  petits 
que  ceux  des  régions  tempérées.  On  vanta 
beaucoup  autrefois  les  boeufs  de  l'Épire 
tombés  aujourd'hui  dans  l'état  le  plus 
affligeant  De  nos  jours,  les  plus  grands 
existent  en  Sicile,  dans  la  terre  de  La- 
bour, en  Hongrie,  Podolie,  Oukraine  et 
Crimée;  les  plus  forts  habitent  la  Dal- 
matie,  la  Carinthie;  ils  sont  aussi  moins 
maladifs  que  les  bœufs  gras  et  courts  de 
la  Savoie,  de  la  Suisse,  et  de  la  vallée 
d'Aosle  en  Piémont.  Ceux  qui  fournis- 
sent la  chair  la  plus  délicate  proviennent 


de  la  Transylvanie.  La  France  en  pos- 
sède plusieurs  variétés  très  remarqua- 
bles :  on  les  range  sous  deux  grandes  ca- 
tégories, l'une  dite  bœufs  de  haut  crû, 
et  l'autre  les  bœufs  de  nature,  expres- 
sion qu'il  est  plus  aisé  de  comprendre 
quand  on  manie  souvent  les  bestiaux, 
que  de  définir  à  la  satisfaciioQ  du  lec- 
teur. Les  bœufs  de  haut  crû  ont  le  cuir 
fort^  le  fanon  considérable;  ils  donnent 
peu  de  suif  et  pèsent  de  74  à  416  kilogr., 
rarement  leur  plus  grand  poids  arrive  à 
490  kilogr.  ou  1,000  livres.  Les  bœufs 
de  nature  prennent  graisse  très  facile- 
ment et  abondamment;  ils  ont  la  peau 
moelleuse,  le  poil  souple  et  soyeux,  le 
regard  doux,  les  cornes  blanches.  A  cette 
seconde  catégon'e  se  rattache  une  es- 
pèce de  belles  proportions  et  d'une  nature 
fort  douce,  qui  vit  dans  plusieurs  con- 
trées de  la  France,  particul.èrement  dans 
la  vallée  d'Auge;  c'est  celle  que  les  prati- 
ciens appelent  bœufs  de  pays. 

A  l'inspection  de  ses  dents  et  de  ses 
cornes,  on  détermine  l'âge  du  bœuf 
d'une  manière  positive.  De  2  ans  et  demi 
à  3  ans,  on  le  dresse  au  labour,  ou  bien 
on  l'habitue  à  porter  le  harnais;  de  5  à 
10  ans,  il  a  atteint  le  maximum  de  sa 
force,  c'est  l'époque  de  ses  travaux  les 
plus  fatigans  pour  lui,  les  plus  lucratifs 
pour  son  propriétaire;  à  12  ans  il  quitte 
la  charrue  pour  passer  à  l'engraissement, 
et  celui  que  l'on  ne  soumet  pas  à  ce  genre 
de  spéculation  et  que  l'on  emploie  aux 
charrois  est  vendu  au  bout  de  l'année 
pour  la  boucherie. 

Dans  le  nombre  des  bœufs  du  volume 
le  plus  extraordinaire,  on  cite  celui  que 
l'on  vit  à  New- York,  en  Amérique,  dans 
l'année  1802;  son  poids  était  de  1,470 
kilogr.;  mais  il  est  effacé  par  les  trois 
bœufs  que  l'on  promena  dans  Paris,  en 
1826,  durant  le  carnaval;  l'un  provenant 
de  la  Suisse,  pesait  1,740  kilogr.,  l'au- 
tre des  plaines  du  département  de  la 
Seine-Inférieure,  pesait  1,860  kilogr.; 
le  troisième  qui  eut  les  honneurs  du 
triomphe,  atteignait  1,900  kilogr.  et  sor- 
tait des  pâturages  du  département  du 
Calvados. 

Rien  n'est  perdu  daus  le  bœuf  après 
sa  mort,  tout  est  mis  en  usage.  Sa  chair 
nourrit  l'homme,  soit   qu'il  la  mange 


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BOË 


(G06) 


BOG 


bouillie,  salée,  fumée,  apprêtée  avec  des 
sauces,  à  demi-cuite  et  presque  saignante, 
comme  on  le  fait  en  Angleterre,  ou  bien 
toute  crue,  comme  ciiez  les  peuples  de 
l'Abyssime.  On  en  consomme  annuelle* 
ment  à  Paris  71,600  tètes,  et  à  Londres 
141,600.  Le  bceuf  salé  de  Cork  en  Ir- 
laade  jouit  de  la  plus  haute  réputation. 
La  peau  tannée,  hongroyée  ou  chamoi- 
sée,  est  employée  pour  fabriquer  des  har- 
nais, des  chaussures,  ete.  :  c*est  une 
branche  considérable  de  commerce;  les 
cuirs  que  l'on  tire  de  la  Hongrie  et  de  la 
Russie  sont  fort  estimés  et  servent  à  une 
infinkéd'usages.  Ceux  en  poib  sont  pour 
Maroc  une  très  grande  richesse;  ceux 
que  Ton  sale  daus  les  plaines  de  Buenos- 
Ayres  et  au  Chili  se  conservent  loug> 
temps  :  on  en  fait  des  chapeaux,  des  cou- 
vertures de  maisons,  des  portes,  des  lits, 
des  chaises,  des  cordes;  coupés  en  petits 
morceaux,  ils  remplacent  les  clous;  dans 
les  habitations  peu  considérables,  les 
chevrons  sont  li^  ensemble  avec  des  la- 
nières de  ce  cuir;  enfin  il  sert  à  construire 
les  canots  dans  lesquels  on  passe  les 
courabs  d'eau  rapides.  Les  plus  anciens 
peuples  savaient  le  rendre  extrêmement 
souple  et  tellement  maniable  qu'ils  en 
faisaient  des  manteaux  couverts  de  bro> 
deries,  des  châles  élégans,  des  coiffes  et 
des  chaussures  découpées  de  mille  fa- 
çons différentes. 

La  graisse  du  bœuf  est  aussi  une  ma- 
tière très  utile  :  solide ,  c'est-à-dire  à 
Fétat  de  suif,  on  en  fabrique  des  chan- 
delles; liquide,  elle  prend  le  nom  à^ huile 
de  pieds  de  bœuf  y  et  est  employée  au 
service  des  lampes  et  dans  les  arts.  Le 
poil  donne  la  bourre  dont  on  garnit  les 
meubles,  les  selles,  les  colliers;  on  en 
fait  des  tapis  de  jeu ,  on  s'en  sert  pour 
fortifier  les  torchis  d'argile,  de  plâtre. 
Les  cornes  se  façonnent  en  peignes,  boi- 
tes, manches  de  couteaux,  etc.;  on  en 
fait  des  lanternes  et  tons  les  fanaux  de  la 
marine;  râpées,  elles  fournissent  un  très 
bon  engrais,  ainsi  que  les  ongles  dont  les 
arts  chimiques  tirent  parti.  Pour  prépa- 
rer une  espèce  de  colle  très  estimée,  on 
recherche  les  cartilages,  les  nerfs,  les 
rognures  de  la  peau ,  de  la  corne  et  des 
ongles.  Avec  les  issues,  tels  que  les  jar- 
rets ^  lét  {enouxy  on  Ait  des  tablettes  de 


bouillon,  et  avec  tes  os  des  ^patilea  on 
fabrique  des  moules  de  bouton.  En  Suisso 
et  dans  les  pays  oà  l'esprit  d'économie 
sait  présider  à  tout,  on  prépare  des  sau- 
cissons fort  appétissaos  avec  les  pou- 
mons, le  coeur,  les  reins,  le  eervean,  en 
un  mot,  avec  tontes  les  parties  qui  n'of- 
frent pas  d'autres  ressources.  Le  sang 
entre  dans  la  confection  du  bien  de  Prus- 
se, dans  plusieurs  préparations  chimi- 
ques, dans  le  raffinage  du  sucre,  etc.  Lei 
déjections  du  bœuf  forment  un  excellent 
fumier;  on  Ie5  met  à  sécher  dans  certains 
pays  pour  les  brûler.  En  un  mot,  il  n'est 
aucune  partie  de  la  dépouille  de  cet  ani- 
mal qui  ne  soit  utile  et  dont  Tindustrie  ne 
puisse  tirer  un  bon  profit.     A.  T.  n.  R. 

DCBUP  GRAS  y  voy.  CAKifATAL. 

B06DAN0V1TCH  (  HiPH)LTfB  ) 
naquit  dans  la  Petite-Russie,  en  1749,  et 
fut  envoyé,  en  1754,  par  son  père,  qui 
était  médecin,  à  Moscou  oh.  SI  devait 
entrer  dans  une  école  militaire  et  em- 
brasser l'arme  do  génie.  Biais  U  fut  dé- 
tourné de  cette  carrière  par  son  amour 
du  théâtre,  qui  le  domina  an  point  qu'il 
était  décidé  à  se  faire  acienr.  Mais 
ensuite,  suivant  les  conseils  de  Chérasfcof, 
il  se  mit  à  l'étude  des  poètes  les  plus  cé« 
lèbres  de  différentes  littératures  et  devint, 
en  1761,  inspecteur  de  rontverslié  de 
Moscou  et  translateiir  an  collège  des  af- 
faires étrangères.  Nommé  secrétaire  de 
légation ,  il  suivit  le  prince  Bélocelskî  à 
Dresde ,  et  ce  fut  le  séjonr  dans  cette 
ville  oè  les  arts  et  les  sciences  sont  cul- 
tivés avec  tant  de  succès  qui  lot  inspira  les 
beaux  vers  de  son  poème  Ûouchenka,  pu- 
blié en  1775.  De  1766  à  179511  fat  pré- 
sident de  la  commission  des  archives  de 
l'empire,  etil  mourut  à  Saint-Pétersbourg 
en  1603.  a  L, 

Les  Rosses  accordent  à  Bogdanovitch 
le  mérite  des  riantes  images  et  de  la  mé- 
lodie do  style  ;  ils  lui  doivent  une  tra- 
duction des  révohitfons  romaines  de 
Vertot  (Saînt-Péeersbourg,  1771  )  et  un 
recueil  des  proverbes  russes  (  1765  ). 
Ces  deux  ouvrages  ont  assuré  sa  réputa- 
tion comme  prosateur;  mais  c'est  sartont 
à  son  poème  de  Douckenka  (  Psyché  } 
qu'il  est  redevable  de  la  haute  renommée 
dont  il  jouit  parmi  ses  compatriotes. 
Cette  chatrtkante  composition,  U  pre« 


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BOG 


(«07) 


BOO 


mkr^  ea  ce  genre  qu'ait  produite  la  lit- 
térature russe,  fit  uoe  vive  seqsatioo;  Yim- 
pératrice  Catherine  Tavait,  dit-on,  si  pro- 
fondément gra\ée  dans  sa  mémoire, 
qu'elle  en  pouvait  répter  indistinctement 
tous  les  morceaux. 

L'exorde,  qui  ne  ressemble  en  rien  à 
ceux  des  deux  écrivains,ses  prédécesseurs, 
qui  ont  traité  le  même  sujet,  fak  voir 
que  BogdauQvitch  ne  manquait  point  d'i- 
magination t  et  qii'il  était  nourri  de  la 
lecture  des  anciens  et  des  auteurs  fran- 
çais. Son  entrée  en  matière  est  originale, 
et,  quoiqi^'un  peu  prolixe,  elle  prouve 
qu'ep  liomme  conaciencieuz ,  il  savait, 
tous  )e  voile  allégoriqne,  draper  les  vices 
dont  rarîstocratie  russe  était  alors  en- 
tachée. 

Le  reste  du  poème  est  calqué  sur  ceux 
d'ApMiée  et  de  Ia  Fontaine;  les  Russes 
prétendent  qu'il  a  surpassé  ses  originaux: 
quant  à  noua,  qui  ne  sommes  pas  obligés 
de  professer  pour  lui  le  même  culte  que 
les  pfitionaux,  noua  dirons  que  Bogdano- 
IFÎtch  est  un  poète  fort  agréable,  facile, 
exempt  de  prétention,  aucpiel  on  est  sur- 
tqut  fâché  4e  ne  pas  de?oir  quelques 
compositions  plus  originales.  T-f. 

BOGDO.  Sous  ce  nom  on  voit  figurée, 
«ur  la  carte  d'Asie  par  Anrowsmith  et  sur 
edles  des  géographes  qui  l'ont  copiée,  une 
chaîne  de  montagne*  faisant  partie  du  sys- 
tème du  grand  Allaf,  et  s'étendant  depuis 
Hao^i  jqsqu'ani^  sources  du  Jéqicei.  C'est 
une  erreur  plus  forte  encore  que  celle 
4|ll'a  faite  le  célèbre  Pal  las  en  donnant 
le  nom  de  Bogdo  à  toute  la  chaîne  de 
^clûaD-Chan ,  qui  traverse  l'Asie  cen- 
trale dans  la  direction  de  l'est  à  l'ouest, 
à  pen  près  sous  le  parallèle  de  42^  de 
lutitude.  Le  fait  est  qu'il  n'y  a  que  la  par- 
tie orientale  de  cette  chaîne,  au  nord- 
Queat  de  Tour! an  et  au  sud  du  grand  Al- 
tfj,  à  laquelle  les  Mongols  donnent  le 
nom  de  BogdowiBokda-Oulay  c'est-à- 
dire  montagne  sainte.  Pour  connaître  la 
véritable  position  du  Bogdo,  il  faut  con- 
solter  la  carte  russe  de  l'Asie  centrale 
per  Peosner,  celle  qui  accompagne  les 
MH^^oires  rtlatifs  à  tAsie^  par  M.  Klap- 
PQlh,  oa  la  carte  réduite  pour  les  Fra^- 
mens  asùttiques  de  Bf.  de  Humboldt.  Le 
^oman  de  saint,  attribué  par  les  Mon- 
0ah  ào»»«MWl»eitpmtiahlimaBt  WÊO^yfé 


par  sa  hauteur  qui  surpasse,  à  ce  qu'il 
pareil,  celle  du  reste  de  la  chaîne  de 
Tchian-Chan,  en  forme  le  point  culmi- 
nant, et  a  des  éruptions  volcaniques.  C'est 
au  pied  du  Bogdo,  au  sud  de  la  chaîne, 
que  le  volcan  de  Hotr-Cheou  laqee  ses 
flammes,  tandis  qu'au  nord  on  trouve  la 
solfatare  d'Ouromutsi,  et  plus  loin  des 
cavernes  de  sel  ammoniac.  M.  de  Hum-» 
boldt  pr^ume  que  le  mont  Bogdo  est 
trach) tique,  comme  les  grandes  monta- 
gnes des  Andes  volcaniques.  £n  cessant 
de  porter  le  nom  de  Bogdo,  la  chaîne  de 
Tchian-Chan  se  dirige  encore  un  peu 
vers  l'est  en  s'abaissant  jusqu'au  plateau 
du  désert  de  Gobi.  LesKalmuks  donnent 
aussi  le  nom  de  Bogda-  Ouia  ou  Bogdo 
à  des  montagnes  isolées,  telle  que  celle 
qui  s'élève  dans  la  steppe  d'Astrakhan,  et 
au  sm'et  de  laquelle  les  Kalmuks  débi-> 
tent  divers  contes;  et  une  autre  dans  la 
Boukharie  sur  laquelle  les  ghelong  ou 
prêtres  mongols  font  leurs  dévotions. 
F^oj.  J.  Potocki,  Voyages  dans  les  stêp-^ 
pes  d'Astrakhan  et  du  Caucase ^  Paris, 
1830,  t,I,  p,  79^d]«  Dg. 

BOCiDO-LAMA ,  voy.  Lama. 

BOGOMILES^  nom  d'une  secte  re* 
ligieuse  que  nous  trouvons  d'abord  à 
Constantinople,  mais  qui  parait  avoir 
son  origine  en  Russie,  puisque  le  nom 
est  slavon  et  dérivé  de  bog  (  dieu  )  et  de 
mUouyou  (je  prends  pitié  et  peut-être 
j'aime  ).  Il  vient  probablement  de  la  fré- 
quente répétition  du  bog  nu'ioui^  Sei- 
gneur, aie  pitié  I  qu'on  entendait  ohei  ces 
sectaires.  C'étaient ,  dans  l'empire  grée, 
des  piétistes,  manichéens  ou  autres,  dont 
les  dogmes  ne  peuvent  pas  être  définie 
avec  certitude.  Alexis  Comnène  abusa 
de  la  confiance  de  leur  chef,  un  méde* 
cin  nommé  Basile,  qui  lui  avait  donné 
sur  cette  hérésie  des  renseignemeps  dé* 
taillés,  pour  faire  condamner  le  vieillard 
et  ses  douze  apôtres.  U  mourut  sur  le  bû- 
cher avec  courage,  vers  1118. 

Les  Bogomiles  russes  actuels  se  di»* 
pensant  de  travailler  pour  se  rendre  plus 
aptes  à  recevoir  le  Saint-Esprit;  ils  se 
livient,  dit-on,  i^  beaucoup  d'excès.  Leur 
origine  doit  être  pi  us  récente,ear  M.Strahl 
affiroie  que  l'hérésie  ne  se  répandit  pas 
en  Russie  avant  le  moine  Biartin  qui  vé- 
oial  ett  1160,  {3eiir€9g0  amr  mm'i^ken 


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BÔG 


(608) 


BOH 


Kirrhenfre<chi'rhte,  p.  252).  J.  H.  S. 

BOGOTA,  voy,  Colombie  et  Nou- 
velle-Grenade. 

BOOUSTAWSKI  (  Albeet),  auteur 
et  artiste  dramatique,  naquit  en  Pologne 
en  17^.  Son  penchant  le  partant  vers 
le  théâtre,  il  débuta  sur  la  scène  de  Var- 
sovie, «*y  fil  remarquer,  et  le  roi  Ponîa- 
towski,  en  1790,  lui  confia  la  direction 
du  (hè&tre  royal.  Jusqu'alors  Tart  dra- 
matique en  Pologne  avait  été  dans  son 
enfance  :  on  donnait  sur  le  théâtre  de 
petites  pièces  détestables,  que  Ton  repré- 
sentait d*une  manière  encore  plus  misé- 
rable. Nommé  directeur,  Bogustawski 
eut  à  se  créer  lui-même  son  répertoire. 
Connaissant  le  français,  Tanglais,  Talle- 
mand,  Titalien  et  Tespagnol ,  il  traduisit 
de  toutes  ces  langues  les  pièces  les  plus 
en  vogue;  et  ces  vei*sions,  quoique  très 
souvent  faites  à  la  hâte,  ne  sont  point 
sans  mérite.  H  commença  le  premier  à 
traduire  les  opéras  italiens,  et  trans- 
planta, pour  ainsi  dire,  la  musique  ita- 
lienne sur  la  scène  polonaise.  Son  opéra 
les  Krakoitses  et  les  montagnards  {Ara" 
kowuicy  i  Gorale)^  est  sans  contredit  la 
seule  pièce  nationale  qu'aient  les  Polo- 
nais. Après  la  chute  du  royaume,  Bo- 
gustawski, parcourant  les  provinces  avec 
sa  troupe,  contribua  beaucoup  à  main- 
tenir la  nationalité  que  les  puissances  co- 
partageantes  s'efforçaient  d'anéantir.  En 
180t,  le  gouvernement  prussien  lui  dé- 
fendit de  paraître  sur  la  scène,  à  cause 
d'une  chanson  patriotique  qu'il  chanta  à 
Kalisch  au  jour  de  l'an.  En  1 809,  il  fonda 
à  Varsovie  une  école  dramatique,  et  con- 
tribua ainsi ,  non  moins  que  par  ses  ou- 
vrages, à  relever  cet  art  en  Pologne.  F.n 
1 8 1 4  il  se  démit  de  la  direction  d  u  théâ- 
tre; mais  il  la  reprit  quelques  années  après, 
et  la  quitta  définitivement  en  1828.  La 
traduction  du  Freyachùtz,  opéra  alle- 
mand deWeber,  estson  dernier  travail 
pour  la  scène  polonaise.  Bon  citoyen, 
excellent  patriote,  auteur  estimé,  il  mou- 
rut en  1828,  âgé  de  76  ans.vSes  ouvra- 
ges lorment  15  vul.  in-8*,et  contiennent, 
outre  les  pièces  dramatiques,  une  histoire 
complète  du  théâtre  polonais.  M.  P-cz. 

BOHÈME  (aoTAUMK  de),  dans  la 
langue  nationale  Tchèkhiéy  le  pays  des 
Tcbèkhea.  Quoique  habité  pour  ù 


jcure  partie  par  les  Slaves,  il  a  toujours 
fait  partie  de  l'empire  d'Allemagne  et  il 
est  compris  encore  maintenant  dans  la 
Confédération  germanique. 

1®  Géographie  et  statistique,  La  Bo- 
héme,  Boiohemum  (en  allemand  Boten" 
heim  ,  Bœhmen  ) ,  autrefois  royaume 
indépendant,  est  maintenant  l'un  des 
états  les  plus  importans  qui  composent 
la  monarchie  autrichienne  (  voy,  Autei- 
che).  Elle  est  comprise  entre  les  48^  33' 
33"  et  51  ^  2'  39'  de  latitude  N.,  et  entre 
les  29''  50'  15'  et  34''  26'  45" delongi- 
tude  E.  (de  l'ile  de  Fer).  Différentes  chaî- 
nes de  montagnes,  qui  l'entourent  de 
toutes  parts,  établissent  ses  lin  ites  natu- 
relles et  lui  donnent  la  forme  d'un  qua- 
drilatère rhomboîdal.  Le  Rieàengebirg 
(  mont  des  Géans)  sépare  la  Bohême  de 
la  Prusse;  l'Erzgebirg  (  mont  au  Minerai] 
de  la  Suxe,  et  le  Bœhmerwald  (lorét  de 
Bohême)  de  la  Bavière;  parla  Moravie 
et  la  Haute-Autriche  elle  confine  avec  les 
autres  états  de  la  monarchie  autrichien- 
ne. Elle  forme  ainsi  un  immense  bassin 
dans  le  cœur  du  continent  de  l'Europe. 
Sa  superficie  est  de  956  ^  m.  car.  géogr. 
Sa  feii nation  élevée  et  ses  montagnes 
nombreuses,  couvertes  de  forêts  épaisses, 
rendent  son  climat  généralement  âpre; 
cependant  la  température  devient  plus 
douce  vers  le  nord,  à  mesure  que  le  ter- 
rain s'abaisse  et  que  les  bois  diminuent; 
elle  est  agréable  dans  la  vallée  de  l'Elbe 
et  dans  la  plaine  où  se  trouve  la  capitale. 
La  température  moyenne  du  pays  est  de 
6**  6'  R. 

Ses  principaux  flemmes  sont  l'Elbe  et 
la  Moldau  dont  les  eaux  se  réunissent 
près  de  Melnik,  où  l'Elbe  devient  navi* 
gable;  on  peut  y  ajouter  TEger,  affluent 
de  l'Elbe.  Parmi  les  lacs  et  étangs,  qui 
sont  nombreux,  les  plus  importans  sont 
ceux  de  Bosenberg,  de  Siankau  et  de 
(vrand-Tchéperka.  Les  montagnes  et  le» 
alluvions  rendent  ce  pays  un  des  plus 
riches   en    productions    minérales.    £ti 
1831 ,  le  produit  des  mines,  qui  occu- 
paient au-delà  de  8,000  personnes,  fut. 
de  17,000  marcs  d'argent ,  1,200  qnin-> 
taux  d'étain,  400  de  plomb,  50,000  de 
raine   de   plontb,    12,000   de  lilhar^e, 
plus  de  400,000  de  fer,  6,000  de  soiiir«, 
30,000  de  vitriel ,  26,000  d'idde  vitrio- 


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BOH 


(609) 


BOH 


lique,  3,000  d'acide  sulfurique,  4,000 
de  sucre deSaturDB,  5,000  d'âlun,  8,000 
de  graphite,  dont  6,750  quintaux  furent 
exportés,  et  enfin  de  plus  de  2  millions  de 
quintaux  de  houille  et  de  charbon  de 
terre.  Les  forges  et  les  usines  les  plus  con- 
sidérables se  trouvent  à  Przibram ,  Joa- 
chimsthal,  Horzowic  et  Neu-Joachims- 
thaï.  Parmi  les  pierres  précieuses,  qui 
de  jour  en  jour  deviennent  plus  rares,  il 
faut  remarquer  le  pyrope  qui  est  propre 
à  la  Bohême.  Le  sel  y  manque  absolu- 
ment; mais  elle  est  riche  en  eaux  mi- 
nérales  très  renommées,  comme  celles 
de  Saîdschûlz ,  de  Sedlitz,  de  Franzens- 
bad ,  de  Karlsbad ,  de  Tœpiilz,  etc.  £n 
183]  ,  on  en  tira  au-delà  de  800,000 
bouteilles  dont  la  moitié  fut  exportée. 
Son  sol  très  fertile  produit  des  grains  de 
toutes   espèces,   quoique  peut-être  pas 
en  quantité  suffisante  pour  la  consom- 
mation. On  y  recueille  un  peu  de  vin;  la 
meilleure  qualité  est  celle  qui  croit  dans 
les  environs  de  Melnik  et  de  Tchernosek. 
La  principale  production  du  pays  con- 
siste en  lin  et  en  chanvre  dont  l'industrie 
sait  tirer  le  plus  grand  parti;  il  y  vient 
aussi  du  houblon  d'une  qualité   supé- 
rieure; les  arbres  fruitiers  y  abondent. 
De  vastes  forêts  couvrent  les  montagnes 
et  fournissent  une  grande  abondance  de 
bois.   L'éducation    des  bestiaux   prend 
tous  les  jours  plus  d'extension;  en  1831 
on  comptait  14J2,334  chevaux,  974,122 
bêtes  à  cornes,  et  1,349,186  bêtes  à  laine. 
La  population  de  la  Bohême  s*élève 
depuis  1833  à  4  millions;  elle  se  divise 
en  Tchèkhes  ou  Slaves,  Allemands  et 
Juifs;  en  sus  de  ces  trois  races  on  ne 
trouve  que  quelques  Italiens.  Les  Tchèk- 
hes, qui  forment  le  noyau  de  cette  po- 
rulation,  sont  au  nombre  de  3  millions. 
11  sera  question  plus  bas  de  Tidiome 
slavon  qui  leur  est  propre.  On  parle  la 
langue  allemande  surtout  dans  les  cercles 
du  iKird,  du  coté  de  la  Saxe;  pendant 
quelque  temps  celle-ci  fut  la  langue  de 
la  cour  et  de  la  société,  surtout  sous  les 
rois  de  la  maison  de  Luxembourg;  mais 
après  les  guerres  des  hussites,  les  A.lle- 
înands,  la  plupart  sectateurs  des  qou- 
yelies  doctrines,  furent  expulsés^  et  leur 
langue  perdit  son  caractère  de  générali- 
té. iS.]  On  compte  en  Bohême  387  villes, 

Enc^clop.  dt  G.  d.  M,  Tome  III. 


277  bourgs  et  11,951  villages.  Le  pays, 
se  divise  en  un  district  qui  comprend 
Prague,  et  en  16  cercles,  administrés 
par  des  commandans  de  cercle.  Le  pre* 
mier  burggrave  est  à  la  tête  de  Tadmi- 
nistration  civile.  La  majorité  4es  habi- 
tans  professe  la  religion  catholique;  ce- 
pendant depuis  Joseph  II  il  y  a  pleine 
liberté  des  cultes.  A  la  tête  de  Téglise  de 
Bohême  est  Tarchevêque;  on  compte 
ensuite  3  évêques ,  2  inspecteurs  ecclé- 
siastiques  protestans,  7  grands  chapitres, 
4  séminaires,  8,699  ecclésiastiques  sé- 
culiers catholiques,  1,019  moines,  147 
religieuses,  et  52  ecclésiastiques  protes- 
tans. L'instruction  publique  est  favori- 
sée par  une  université  (celle  de  Prague) , 
trois  académies  théologiques  (  celles  de 
Budweis,  Kœniggraetz  et  Leitmeritz], 
trois  académies  philosophiques  (  à  Bud- 
weis, Leitomischl  et  Piûen),  22  gymna- 
ses, etc. 

La  Bohême  est  le  principal  siège  de 
rindustrie  de  tous  les  états  de  TAutri- 
che.  Il  est  vrai  que  depuis  la  vogue  des 
cotons  manufacturés,  les  fabriques  de 
toile,  principale  ressource  industrielle 
de  la  Bohême,  ont  éprouvé  une  grande 
diminution;  mais,  en  même  teipps,  les  fa- 
briques de  draps  et  de  coton  ont  éprouvé 
un  accroissement  sensible.  En  183 1  on 
tituneconsommation  de  60,000  quintaux 
de  laine,  qui  toute  provenait  de  la  Hongrie, 
de  la  Transylvanie  et  de  la  Galicie,  les 
laines  Gnes  du  pays  étant  en  grande  partie 
exportées.  Les  verres  de  Bohême  ont  con- 
servé leur  ancienne  réputation  ;  les  ver- 
reries les  plus  considérables  se  trouvent 
à  Neuwald ,  Bergreichenstein  et  Winter- 
berg;  les  manufactures  de  glaces  à  Neu- 
hurkenthaJ  et  Bûrgstein.  La  labricaticn 
des  pierres  d'Allemagne ,  grains  de  verre 
et  iausses  perles,  est  toujours  très  im- 
portante. Les  fabriques  de  dentelles,  la 
chapellerie,  les  papeteries,  l'arquebuse- 
rie,  sont  particulièrement  renommées. 
Le  bénéfice  que  la  Bohême  fait  dans  son 
commerce  peut  s'élever  à  23  millions  de 
florins.  Pour  faciliter  ce  comftaerce  inté- 
rieur, on  a  construit  des  chemins  de  fer 
dont  l'un,  qui  établit  une  communication 
entre  Budweis  et  Lintz,  fut  achevé  en 
1833  ;  l'autre,  de  Pilsen  à  Prague,  avait 
en  1831  un  développement  de  18  lieues^ 

Z9 


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BOH  (610) 

On  déploie  aussi  beaucoup  d'activité  a 
oonstroire  des  routés;"  en  IftWIcs  rou- 
tes artificielles  avaient  un  développement 
de  869  milles. 

Lés  habitans  de  la  Bohême  ne  man- 
quent pas  de  dispositions  pour  les  scien- 
ces et  4es  arts;  ib  s'appHqpient  surtout 
aux    mJalhématiqnes   et  à  la  musique. 
Leurs  progrès  dans  Thisloire  naturelle , 
la  médecine,  la  technique,  l'économie  et 
lesscîrtices  forestières,  prouvent  leur  ca- 
pacité dans  ce  genre  de  sciences;  mais 
îb  ont  eu  moins  de  succès  dans  la  phi- 
losophie, la  politique  et  Thistoire.  L'es- 
prit national ,  dans  la  haute  société,  dif- 
fère essentiellement  de  celui  des  Hongrois 
et  dés  Polonab,  qui  se  signale  par  un 
âmonr  et  un  attachement  prononcé  pour 
la  lahgue  et  la  littérature  du  pays  et  les 
beaux -arts,  tandis  qu'il  se  caractérise 
chez  le  riche  habitant  de  la  Bohême  par 
îa  fondation  et  la  dotation  d'écoles  in- 
dustrielles et  d'établissemens  populaires. 
JjCS  principales  villes  de  la  Bohême 
sont,  outre  Prague,  sa  capitale  :  Reichen- 
berg  avec  12,000  habitans, Eger,  10,000, 
Pîlsen,  9,000 ,  KuUenbcrg,  8,500 ,  Bud- 
weîs,  8,000,  Leiimeritz,  4,600.  Kœnig- 
grtetz,  Josephstadt,  Theresîenstadt,  sont 
des  forteresses; Tœpiriz,  Karlsbad,  Ma- 
rîenbadj'Franzensbad,  sont  i-enommées 
par  leurs  eaux    minérales;   Rumberg, 
Schœnlinde,  Haîde,  Tumau,  sont  con- 
nuà  parleurs  nombreuses  manufactures. 
[  La  Bohême ,  dont  les  armoiries  con- 
sistent  en    un   lion  d'argent  à  double 
queue  et  portant  une  couronne  d'or, 
dahs  un  champ  roUge,  est  une  monar- 
chie héréditaire  avec  des  États  féodaux 
composés  des  prélats,  des  seigneurs,  des 
chevaliers  et  des  bourgeois  i  et  dont  les 
l^ôUvoirs  sont  excessivement  Kmités.  La 
part  de  Tordre  des  bourgeois  se  réduit  aux 
députés  envoyés  par  les  magistrats  des 
Villes  de  Prague,    Budweis,  Pilsen  et 
Kuttenberg.  La  juridiction  patrimoniale 
lègne  encore  partout,  et  presque  toute 
la  classé  des  paysans,  sans  vivre  dans  la 
servitude  proprement  dite,  est  dans  la 
dépendance  la  pluà  complète  de  la  no- 
blesse dont  ils  tiennent  leurs  champs  à 
ferme  çl  à  laquelle  ils  paient  des  rede- 
vances en  nature  et  en  argent,  en  même 
temps  qu'ils  sont  souihis  aux  corvées.  La 


BOH 

noblesse  a  sa  législation  particulière 
i^landrecht) ^  différente  de  celle  des 
villes  (siadtrecht).  Le  roi  de  Bohême', 
à  son  avènement,  prête  serment  de  veil- 
ler au  maintien  de  la  religioki  catholi- 
que^ de  respecter  les  privilèges  acquis  et 
de  ne  rien  aliéner  des  domaines  de  Tétat. 
Il  présente  aux  diètes  seapostuiats  re- 
latifs aux  impots,  aux  domaines,  etc.  ; 
mais  W  ne  dépend  pas  de  ces  assemblées 
de  refuser  les  demandes  qui  lui  sont 
faites.  Le  principal  ordre  de  chevalerie 
est  celui  de  Saint-Venceslaf ,  qui  est  très 
ancien.  F^oir  Texcel lente  Notice  statisti- 
que de  M.  André,  dans  l'Encyclopédie 
allemande  d'Ersch  et  GruBer,  tom.  XI, 
p.  17S-240.  J.  H.  S.] 

2^  Histoire.  Les  JBoii,  peuple  celte 
qui  a  donné  son  nom  à  la  Bohême  oà  il 
s'est  établi,  en  venant  de  l'ouest,  l'an 
400  ans  avant  J.-G. ,  possédèrent  ce 
pays  jusqu'au  temps  d'Auguste,  épo- 
que à  laquelle  ils  furent  chassés  par  les 
Marcomans  conduits  par  Marbod.  A  leur 
tour,  ceux-ci  furent  remfplacés  par  les 
Tchèkhes,  peuple  slavon,  dont  les  des- 
cendans  forment  encore  aujourd'hui  la 
masse  de  la  population.  Les  savans  ont 
beaucoup  disserté,  sans  pouvoir  en  venir 
à  un  résultat,  sur  la  question  de  savoir 
si  le  nom  de  Tchekh  était  celui  du  pre- 
mier chef  du  peuple  dont  l'histoire  ne 
fait  aucune  mention ,  ou  s'if  tire  son  ori- 
gine d'un -mot  slavon  qui  par  analogie 
signifierait  prince  ou  chef. 

Dans  les  premiers  temps  le  pays  était 
divisé  en  une  foule  de  petites  principau- 
tés. Samo  les  réunit,  dit-on,  en  une 
seule  monarchie  (627-662)  qui  devhit 
même  redoutable  aox  Francs;  cependant 
après  sa  mort  elle  retomba  dans  ses  an- 
ciens élémens.  Les  expéditions  dirigées 
en  805  et  806  par  Chaflemagne  contrt 
la  Bohême  n'eurent  pas  de  résultat  du- 
rable; Tempereur  Louis  réussit  encore 
moins  :  la  Bohême  refusa  souvent  le  tri- 
but qu'elle  avait  consenti  à  payer  à  l'Em- 
pire en  622,  et  en  849  Lour;  y  perdit 
son  armée  entière.  De  871  à  894  la 
Bohême  passa  sous  la  dépendance  de 
Sva*lopluk-le-Grand,  roi  de  Moravf»; 
c'est  à  cette  époqueque  le  christianisme 
s'y  établit.  Les  ducs  de  Prague,  descoch- 
dans  de  Liboussa  et  de  Premysl,  son 


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BOH 


(61 


époux,  si  célèbres  dans  les  traditions  po- 
pulaires, «fuirent  peu  à  peu  une  forte 
prépondérance  dans  le  pays.  Après  la 
mort  deSvaitoptuk,  la  chule  de  ce  royau- 
me ayant  été  accélérée  par  Tirruption  des 
Madjars,  les  anciens  habitans  adhérè- 
rent volontairement,  le  16  juillet  896,  à 
Ratisbonne,  à  la  constitution  de  l'empire 
germanique,  dont  depuis  cette  époque  la 
fiobéme  n'a  cessé  de  faire  partie.  Le  duc 
Boleslaf  I^**,  prince  ambitieux  et  puis- 
sant qui,  emporté  par  un  esprit  domina- 
teur, avait  assassiné  son  frère  aîné,  saint 
Yenceslaf  (926-86),  parvint  à  sou- 
mettre les  différentes  principautés  en- 
core indépendantes;  il  avait  même  ré- 
solu de  secouer  le  joug  de  rAllemagne, 
mais  il  écboua  dans  cette  entreprise 
(936-967).  Son  fils  Boleslaf  II  (967- 
999)  étendit  sa  puissance  au-delà  de  la 
Moravie,  jusqu'à  la  Yistule  et  au  Boug, 
«I  fonda,  en  973,  Tévéché  de  Prague.  Ces 
conquêtes  furent  cependant  anachées  à 
ses  fils  désunis  entre  eux  par  Bolesibf- 
le-Yaillant  (vcy.)^  duc  de  Pologne.  Ce 
ne  fut  que  Brzetîslaf  l*''  (1037-1055) 
qui  réussit  à  reprendre  la  Moravie,  la- 
quelle resta  dès  lors  réunie  à  la  Bohème. 
Le  duc  Vratislaf  II  (  1 06 1- 1 092)  fut  éle- 
"vé  à  la  royauté  par  Tempereur  Henri  lY, 
en  1086,  et  son  petit-fils  Yladislaf  II 
(1140-1173)  fut  inauguré  de  nouveau 
dans  cette  dignité  par  Tempereur  Fré- 
déric I**^  en  1158.  De  1173  à  1197,  dix 
princes  de  l'ancienne  maison  régnante  se 
disputèrent  un  trône  chancelant  que  la 
maison  de  Hohenstaufen  avait,  à  diffé- 
rentes reprises,  mis  à  Tencan. 

Ces  discordes  intestines  allaient  ame- 
ner l'entière  décadence  du  royaume,  lors- 
que Premysl  Ottokar  T'  (1197-1230), 
prince  instruit  à  l'école  du  malheur,  re- 
leva sa  puissance,  en  modifiant  l'an- 
cien droit  de  succession  et  en  affermissant 
la  royauté  devenue  héréditaire,  tant  par 
oa  politique  que  par  ses  armes.  Sous  le 
règne  de  Premjsl  Ottokar  II,  son  petit- 
êh  (1268- 1278),  la  Bohême  s'éleva  à  une 
puissance  formidable.  Elle  comprenait 
alors  tous  les  pays  actuels  de  la  monar- 
chie autrichienne,  faisant  partie  de  l'em- 
pire d'Allemagne,  à  l'exception  du  Ty- 
rol  et  du  pays  de  Salzbourg.  Ottokar  ce- 
pendant  perdit  ^  avec  ses  possessions  ^  la 


1)  BOH 

vie  dans  une  bataille  contre  Rodolphe  de 
Habsbourg;  son  fils  Yenceslaf  H  (1288-- 
1305),  prince  prudent,  réunit  par  élec* 
tion  le  royaume  de  Pologne  à  la  Bohême; 
et  son  petit-fils  Yenceslaf  III  y  réunit 
encore  celui  de  Hongrie.  C'est  avec  ce 
dernier,  mort  assassiné  à  Olmutz  le  4 
août  1306,  que  s'éteignit  la  maison  de 
Premysl.  Alors  Rodolphe  de  Habsbourg 
et  plusieurs  autres  princes  furent  suo- 
cessivement  élus  rois,  et  la  Pologne  pro- 
fita des  troubles  qui  en  résultèrent  pour 
secouer  le  joug.  De  1310  à  1437  la  Bo- 
hême fut  gouvernée  par  des  rois  de  la 
maison  de  Luxembourg.  Jean,  fils  de 
Henri  YII,  premier  roi  de  Bohême  de 
cette  dynastie  (13 10-1 846),  acquit  la  Si- 
lésie  en  renonçant  à  la  Pologne.  Char- 
les I*^',  depuis  empereur  d'Allemagne 
sous  le  nom  de  Charles  lY  (1346-1378), 
donna  de  l'éclat  à  sa  couronne  en  favo- 
risant et  encourageant  les  progrès  de  1« 
civilisation  et  en  agrandissant  l'état  parla 
réunion  de  la  Lusace,  d'une  grande  par-* 
tie  du  Palatinat-Supérieur  et  de  la  Mar« 
che  de  Brandebourg;  mais  ses  fils  et 
ses  neveux  dégénérés  ne  pouvant  défen- 
dre ces  possessions ,  les  perdirent  en 
grande  partie.  C'est  sous  le  règne  de 
Yenceslaf  IY(1378-14]9)que  Jean  Huss 
et  ses  disciples  développèrent  ces  nouvel- 
les doctrines  religieuses  qui  embrasèrent 
la  Bohême  et  l'Allemagne  et  amenèrent 
un  schisme,  peu  après  la  mort  de  Huss, 
condamné  au  bûcher  par  le  concile  de 
Constance,  en  1419.  Cependant  la  guerre 
des  hussites  ne  sévit  point  du  vivant  d^ 
Yenceslaf;  mais  suscitée  par  les  mesures 
imprudentes  de  l'empereur  Sigismond, 
son  frère,  elle  porta  pendant  16  ans  le 
ravage  et  la  désolation  dans  la  Bohême; 
la  prépondérance  des  hussites  dont  la  for- 
tune favorisait  les  armes,  transforma  la 
Bohême  en  royaume  électif(  1420- 154 7). 
Sa  couronne  devint  encore  une  fois  le 
partage  de  la  maison  de  Habsbourg  :  Al- 
bert Y,  duc  d'Autriche, s'y  fraya  le  che- 
min par  son  mariage  avec  la  fille  unique 
de  Sigismond,  et  la  laissa  en  mourant 
(1439)  à  son  fils  posthume  Ladislaf,  aa 
nom  duquel  George  de  Podiebrad,  sim- 
ple gentilhomme  bohémien  ,  occupait  la 
régence.  Après  la  mort  de  Ladislaf  (  1 457) 
George,  prince  pnident  et  énergique  y 


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BOH  (6 

ayant  embrassé  les  dogmes  de  Hass,  fut 
éln  roi  en  1458.  L'Autriche  et  le  pontife 
de  Rome  lui  suscitèrent  des  embarras  sans 
nombre;  ce  dernier  Texcommunia  et  sanc- 
tifia les  armes  de  Ions  les  conspirateurs. 
Mais  Podiebrad  se  maintint  jusqu'à  sa 
mort  (1471),  malgré  les  foudres  du  Va- 
tican, les  perfidies  de  son  gendre  Ma- 
thias,  roi  de  Hoogt  ie,  et  les  rébellions  de 
ses  plus  puissans  vassaux.  La  sagesse  de 
ton  règne  justifia  le  choix  de  ses  compa- 
triotes qui  l'avaient  préféré  à  un  empe- 
reur et  à  deux  rois.  Il  eut  pour  succes- 
seur un  prince  de  Pologne  de  la  maison 
de  laghiel  (Jagellon),  Vladislaf  V  (1471- 
1616),  qui  obtint  aussi,  par  élection,  le 
royaume  de  Hongrie,  et  transféra  sa  ré- 
sidence à  Bude,  en  Hongrie  (1490),  où 
Louis,  son  fils  et  son  successeur  (1516- 
1226),  continua  de  résider.  Mais  ce 
prince  s'élant  noyé  dans  le  Danube  après 
la  bataille  de  Mohalch,  la  Bohême  et  la 
Hongrie  passèrent  à  l'archiduc  d'Autri- 
che, Ferdinand ,  frère  de  Charles-Quint 
et  beau- frère  du  roi  Louis;  et  depuis  ce 
moment  la  couronne  de  Bohême  ne  sor- 
tit plus  de  l'illustre  maison  de  Habsbourg, 
continuée  par  celle  de  Lorraine. 

Lors  de  la  guerre  de  SmalkaldeUf  Fer- 
dinand voulut  contraindre  ses  nouveaux 
•ujets  à  prendre  les  armes  contre  l'élec- 
teur de  Saxe;  mais  ils  s'y  refusèrent, 
laissant  même  entrevoir  leur  intention 
de  secouder  l'électeur.  Cependant,  après 
la  victoire  de  Muhiberg,  remportée  par 
Charles-Quint,  Ferdinand  se  vengea  de 
ce  refus;  et,  employant  une  rigueur  sans 
exemple,  opposant  sa  volonté  aux  déli- 
bérations des  États  dont  un  incendie 
avait  dévoré,  en  1541,  la  charte,  fonde- 
ment de  leurs  privilèges,  il  déclara  la  Bo- 
hème avec  ses  dépendances  (la  Moravie 
et  la  Siléaie  autrichienne), royaume  héré- 
diUire,  à  la  diète  de  1547,  surnommée 
la  Dicte^anglanle,  Son  fils  Maximilien, 
prince  sage  et  tolérant,  lui  succéda  en 
1564  et,  après  la  mort  de  ce  dernier,  ses 
deux  fils  occupèi-ent  successivement  le 
trône  :  Rodolphe  en  1576,  et  Matthias  en 
161 1.  Des  troubles  motivés  par  l'atteinte 
portée  au  libre  exercice  du  culte  des  pro- 
tesuns  éclatèrent  vers  la  fin  du  règne  de 
Matthias.  Leur  gravité  menaça  la  maison 
d'Autriche  de  la  perte  de  la  Bohème  ;  car 


15)  BOH 

en  1619  les  méoontens  élurent  roi  Fré- 
déric V,  électeur  palatin  du  Rhin,  en 
écartant  Ferdinand  H  qui,  encore  du  vi- 
vant de  son  cousin  Matthias,  avait  été  cou- 
ronné roi  de  Bohème.  La  bataille  de  la 
Montagne-Blanche  [fVeissenbfrg) y  près 
de  Prague,  le  8  novembre  1620,  qui  se 
décida  en  faveur  des  armes  de  TEmpercur, 
rendit  à  l'Autriche  son  autorité  sur  ce 
royaume.  Les  moteui-s  et  complices  de 
l'insurrection  furent  en  partie  mis  à  mort, 
en  partie  exilés  ou  condamnés  à  une  pri- 
son perpétuelle.  La  confiscation  de  leurs 
biens  fut  prononcée  ;  elle  s'étendit  même 
sur  les  familles  de  ceux  qui  étaient  morts 
déjà  au^taravant,  et  de  29  autres  qui 
avaient  pris  la  fuite;  728  seigneurs  qui 
s'étaient  volontairement  déclarés  cou- 
pables furent  de  même  dépouillés  de  leurs 
possessions.  La  religion  protestante,  pro- 
fessée par  les  trois  quarts  de  la  popula- 
tion, fut  entièrement  extirpée,  l'ancienne 
constitution  annulée,  et  la  Bohême  de- 
vint ainsi,  en  1529,  une  monarchie  pres- 
que absolue  et  tout  à-fait  catholique.  Près 
de  36,000  familles,  dont  1,088  de  la 
noblesse,  tous  les  prédicateurs  et  doc- 
teurs protestans,  une  foule  d'artistes,  de 
négocians,  d'artisans,  s'expatrièrent  plu- 
tôt que  d'embrasser  la  religion  catholi- 
que, et  allèrent  se  fixer  dans  le  Brande- 
bourg, la  Saxe,  la  Pologne,  la  Suède,  etc. 
Cette  émigration  et  la  guerre  de  Trente- 
Ans,  qui  éclata  et  se  termina  en  Bohême, 
décima  tellement  la  population  de  ce  pays 
qu'enl637ellesetrouvaréduiteà780,000 
âmes.  Le  gouvernement  concéda  diflérens 
districts  à  des  colons  allemands,  et  fa- 
vorisa de  tous  ses  moyens  l'introduction 
de  la  langue  allemande  dans  l'adminis- 
tration publique.  Après  la  mort  de  Char- 
les VI,enl740,Charles-Albert,  électeur 
de  Bavière,  forma  des  prétentions  sur  la 
Bohême  et  se  fit  même  prêter  serment  de 
fidélité  par  les  États  à  Prague;  Marie- 
Thérèse,  cependant,  en  conserva  la  pos- 
session, qui ,  encore  aujourd'hui,  est  un 
des  plus  riches  joyaux  de  la  couronne 
impériale  d'Autriche.  C  L, 

Outre  les  Scn'/j tores  rerum  Bohemi- 
carum  (Prag.,  1783,  in-fol.),  les  ouvra- 
ges les  plus  importans  sur  l'histoire  de 
Bohême  sc^t  les  sui  vans  :  P.  Stransky,  De 
republica  bqjema^  Lugd.  Bat.  1643^  tn^ 


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BOH 


(613) 


BOH 


dult,  continué,  corrigé  et  complété  parle 
jésuite  J.  Comova,  Prag.,  1803,  7  vol.; 
Dobner ,  Annales  Bohemorum ,  Prag. , 
1761-82,  6  vol.  in -4°,  et  Monutnenta 
historica  Bohemiœ  nuxquam  antehac 
édita,  Prag.,  1764-87;  Pelzl,  Geschichte 
der  Bœhmen  von  den  œllesten  bis  auf 
die  nues ten  Zeilen,  Prag.,  1817,  2  vol. 
in-4**;  Pubilchka,  Chronotogische  Ge^ 
schichte  vonBœhmen,Vr^^,^  1770-1812, 
L  I-X.  Dumont  du  Florgy,  Histoire  de 
la  Bohême,  depuis  son  otigine Jusqu'à 
l'extinction  de  la  dynastie  de  Przemysl, 
Vienne,  1808  et  1809,  2  vol.  in-8^.  S. 

3**  Langue  et  littérature  bohèmes, 
La  langue  bohème  ou  tchèkhe,  Tun  des 
dialectes  les  plus  distingués  de  la  langue 
slavonne,  est  parlée  non-seulement  dans 
le  royaume  de  Bohême,  mais  encore 
dans  la  Moravie  et  parmi  les  Slovaks  de 
la  Hongrie;  elle  est  répandue  sur  une 
population  d*environ  7  millions.  Comme 
les  autres  branches  de  la  famille  slavon- 
De,  la  langue  tchèkhe  est  très  riche  en 
racines  et  très  souple  pour  la  dérivation 
et  les  flexions  diverses  auxquelles  elle  se 
prête;  elle  est  raisonnée,  pittoresque, 
précise ,  d*une  structure  grammaticale 
admirablement  réglée,  et  cependant  très 
libre  dans  ses  allures.  Plus  dure  que  la 
plupart  de  ses  sœurs,  elle  est  en  revan- 
che plus  mâle,  plus  énergique.  Avec  cela, 
elle  est  prosodique  au  point  qu'il  est  fa- 
cile de  lui  appliquer,  mieux  qu'à  pres> 
que  toutes  les  autres  langues  de  l'Euro- 
pe, les  règles  du  rhythme  grec  et  toutes 
les  mesures  des  anciens;  en  général,  son 
caractère  est  plutôt  antique  que  moder- 
ne. Elle  n*a  pas  d'article  et  les  flexions  par 
lesquelles  elle  modiGe  le  nom  et  le  verbe, 
dans  les  déftlinaisons  et  conjugaisons, 
lui  permettent  de  se  passer  d'une  foule 
de  particules  nécessaires  dans  les  autres 
langues;  les  constructions  participiales, 
d'un  emploi  fréquent  et  commode,  lui 
donnent  une  précision  toute  particuliè- 
re. Tout  cela  fait  que  sa  grammaire  est 
d'une  étude  très  difficile,  mais  qu'aucune 
langue  ne  rend  plus  facilement  les  idées 
et  les  formes  de  toutes  les  autres.  La  lan- 
gue bohème  a  un  alphabet  bien  plus  sim- 
ple que  la  polonaise, sa  voisine;  on  se 
sert  indistinctement  de  caractères  latins 
et  gothiques  y  mais  en  les  modifiant  par 


différens  signes  ou  accens,  que  l'illostre 
Bohême  Jean  Huss  mit  en  usage  au  xt^ 
siècle.  [Dans  les  temps  modernes  cette 
langue  ne  doit  à  personne  plus  qu'à 
l'abbé  Dobrofski  {voy,)  qui  en  a  écrit 
l'histoire  et  qui  en  a  donné  une  excel- 
lente grammaire  en  allemand  (2^  édit., 
Prague,  1819)  ainsi  qu'un  dictionnaire 
allemand  et  bohème.  M.  Joseph  Jung- 
mann  termine  dans  ce  moment  un  grand 
dictionnaire  critique  de  la  même  langue. 
Un  dictionnaire  complet  bohème-alle- 
mand est  celui  de  George  Paikovitch, 
(Prague  et  Presbourg,  1821-22,  2  vol. 
in-S**).  ^o/r  sur  la  langue  et  la  littérature 
bohèmes  l'excellent  article  Czeghisghb 
Sprache  und  Lite&4tur  ,  dans  TEncy* 
clopédie  allemande  d'Ersch  et  Gruber, 
par  le  savant  docteur  Schaffarik.  J.  H.  S.] 
De  tous  les  Slaves  les  habitans  de  la 
Bohème  possèdent  la  plus  ancienne  lit* 
térature  nationale.  Les  monumens  d'ou- 
vrages en  langue  tchèkhe  remontent  jus- 
qu'au x^  siècle.  Cyrille  et  Méthode 
avaient,  il  est  vrai,  introduit  déjà  vers 
833 ,  parmi  les  Slaves  «convertis  au  rit 
grec,  une  écriture  adaptée  à  leur  langu^ 
mais  le  dialecte  de  Cyrille  a  depuis  long' 
temps  cessé  d'être  une  languje  vulgaire. 
I^es  restes  les  plus  précieux  de  l'ancienne 
littérature  bohème  n'ont  été  retrouvés 
que  dans  ces  derniers  temps.  C'est  en 
1817  que  M.  Hanka  découvrit  à  Kœ- 
niginhof  les  débris  d'une  collection  de 
chants  épiques  et  lyriques  du  xiii"  siècle. 
Cette  collec|ion  doit  avoir  été  considé- 
rable, la  partie  conservée  ne  formant  d'a- 
près l'inscription  que  les  chapitres  xxti- 
xxYiii  du  III®  livre.  A  en  croire  les  natio- 
naux, ces  1 4  chants  surpassent  pour  la  dé- 
licatesse des  scntimens,  le  choix  et  la  ri- 
chesse de  l'expression ,  tous  les  ouvrages 
poétiques  du  moyen-age.  D'une  forme  à 
part,  ils  sont  empreints  d'un  cachet  tout- 
à-fait  national.  Outre  le  précieux  ma- 
nuscrit de  Kœniginhbf,  les  Bohémiens 
possèdent  encore ,  de  la  période  la  plus 
ancienne  de  leur  littérature,  decelleavant 
Huss,  environ  20  ouvrages  poétiques  et 
plus  de  50  en  prose  plus  ou  moins  éten- 
dus. Nous  ne  citerons  ici  que  la  chroni- 
que bohémienne  en  vers  de  Dalimil,  de 
l'an  1314;  l'excellent  livre  élémentaire 
da  chevalier  Thomu  de  S^titoy  pour  sf# 


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BOH 


(614) 


BOH 


enfans,  de  l'an  1376;  le  Conseil  des  ani- 
Baux,  fable  charmante,  par  un  anonyme 
de  la  même  époque;  puis  Touvrage  d'An- 
dré Duba  (  1403)  sur  Torganisation  ju- 
diciaire de  la  Boliéme;  le  poème  poli- 
trco-didactique  par  Smil-Flaszka  de  Ri- 
ehenbourg,  mort  en  1403 ,  ouvrage  en- 
core inédit  ;  une  comédie  mordante  et 
spirituelle,  à  la  manière  d'Aristophane, 
intitulée  V Empirique  y  du  commence- 
ment du  xiv^  siècle;  enfin  plusieurs 
chants  historiques  dont  un  sur  la  bataille 
de  Crécy  où  Jean,  roi  de  Bohème,  trouva 
la  mort;  des  satires,  des  fables,  etc.,  etc. 
La  complainte  un  peu  prolixe  et  prosaï- 
que de  Louis  Tkadieczek*  sur  la  mort  de 
son  amante,  de  la  seconde  moitié  du  xiv* 
siècle,  a  été  traduite  par  M.  de  Hagen. 
On  a  aussi  de  nombreases  traductions 
faites  Ters  la  même  époque  de  différons 
ouvrages  étrangers  alors  en  vogue,  comme 
V Âlexandre'^de y  la  Table  ronde ,  This- 
toire  de  Tristan  >  les  voyages  de  Marc 
Pol ,  etc. ,  etc. 

Jean  Huss  fut  pour  la  littérature  de 
la  Bohème  ce  que  Luther  devint  plus 
tard  pour  celle  de  TAllemagne  :  avec  lui 
commence  pour  elle  une  ère  nouvelle. 
Ainsi  que  nous  l'avons  dit ,  Torthogra- 
phe  bohémienne  si  simple,  si  précise  et 
•î  bien  raisonnée,  et  qui  est  encore  em- 
ployée de  nos  jours,  est  Touvrage  de  ce 
grand  réformateur  (son  Traité  sur  ce 
sujet  n*est  malheureusement  pas  encore 
hnprimé).  Il  traita  plusieurs  sujets  de 
religion  et  de  morale  en  hexamètres,  re- 
TÎt  et  corrigea  la  traduction  bohème  de 
la  Bible,  et  rédigea  enfin  près  de  vingt 
ouvrages  plus  ou  moins  étendus  dans  la 
langue  nationale.  Cependant  Huss  mar- 
qua plus  encore  par  l'impulsion  qu'il 
donna  que  par  ses  propres  écrits.  On 
connaît  peu  aujourd'hui  les  petits  Traités 
dogmatiques,  polémiques,  ascétiques  des 
différentes  sectes  hussites  entassées  dans 
les  bibliothèques  et  les  archives;  leur 
quantité  prodigieuse  en  fait  le  principal 
mérite.  Quelques-uns  de  ces  écrits,  et  ce 
ne  sont  pas  les  plus  mauvais,  eurent  pour 
auteurs  de  simples  ouvriers,  des  paysans, 
des  femmes.  La  poésie  dégénérée  ne  fut 
plus  qu'une  mauvaise  prose  rimée.  Ce- 
pendant 1»  chanu  religieux  des  hus- 

(*)  Lises  eonstammeiit  c«f  cooime  ieA«. 


sites  méritent  une  exception  honorable. 
Les  poésies  du  prince  Hynek  de  Podie* 
brad  ne  sont  pas  non  plus  sans  mérite; 
mais  leur  prolixité  en  rend  la  lecture 
fastidieuse. 

La  prose  bohémienne  acquit  au  xy* 
siècle  une  heureuse  flexibilité  et  une 
énergie  remarquable,  alors  que  la  laa- 
gue  nationale  était  seule  employée  dans 
les  délibérations  officielles.  Les  écrits 
politiques  et  toutes  les  lettres  des  publi- 
cistes  bohémiens  de  cette  é})oqne  sont 
de  vrais  modèles  de  clarté,  de  concision 
etde  vigueur.  Malheureusement  on  imita 
bientôt  le  style  verbeux  et  prolixe  dea 
Allemands.  Par  l'influence  de  l'université 
de  Prague  et  par  celle  de  la  cour,  la 
langue  bohème  fut  sur  le  point  de  domt* 
ner  chez  tous  les  peuples  slavons  catho- 
liques de  TEurope.  Elle  régna  à  la  cour 
de  Pologne,  dans  les  écrits  politiques  de 
Tépoque,  et  dans  le  grand- duché  de  Li- 
thuanie.  Cette  perspective  si  riante  s'a- 
néantit d'un  côté  par  les  innovations  des 
hussites,  car  tout  le  clergé  slavon  catho- 
lique repoussa  la  langue  en  même  temps 
que  l'influence  de  la  Bohême;  la  transla- 
tion du  siège  royal  hors  de  la  Bohème, 
depuis  1490,  devint  une  autre  cause  de 
décadence.  Cependant  dans  le  pays 
même  la  langue  continua  de  faire  d'heu- 
reux progrès  ;  le  nombre  des  écrivains 
nationaux  de  cette  époque  (1409-1536) 
est  fort  grand  :  nous  n'en  citerons  que 
quel  {ues  -  uns  des  plus  remarquables. 
Ziska  [voy,  ce  mot,  et  Wsez  Jichka) ^  le 
grand  général  des  hussites,  composa 
pour  ses  troupes  un  chant  de  guerre  et 
une  instruction  militaire.  Un  de  ses  con- 
temporains, le  chevalier  Haîek  de  Ho* 
detine,  écrivit  un  autre  ouvrage  de  ce 
genre,  qui  offre  de  grandes  lumières  sur 
la  manière  dont  se  faisait  la  guerre  à 
cette  époque.  Mais  l'ouvrage  le  plus  im- 
portant pour  l'histoire  militaire  en  gé-« 
néral ,  c'est  celui  du  général  Venceslaf 
yiczek  de  Czenow  (  lisez  Tchénof)^  ou- 
vrage d'une  précision  remarquable  et  qui 
trahit  à  chaque  page  la  vaste  expérience 
de  son  auteur;  il  est  de  la  dernière  par-> 
tie  du  xv^  siècle,  mais  il  n'a  été  décoo^ 
vert  que  tout  récemment.  On  y  trouve 
de  curieux  détails  sur  l'emploî  q«e  l'oii 
fit  dès  lors  de  la  grosse  artillerie  mobile. 


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BOH 


(.615) 


BOH 


GODcurremiiient  avec  les  chars  de  guerre 
(  wageoburg  ).  Il  est  à  regretter  que  cet 
ouvrage  totéressant  soit  eiDbarrasséd*uoe 
foule  de  termes  techniques  roilitaires 
doot  on  oe  devine  plus  le  sens  propre. 
L^istoire  contemporaine  de  la  Bohême 
ne  fut  pas  cultivée  avec  tout  le  zèle  qu*on 
désireraiU  M.  Palaoky*^  publia  en  1820, 
dans  son  ouvrage:  Scriptores  rerum  Bo- 
hei/Uy  8  vol.,  une  colieclion  de  ce  qu'on 
possède  dans  ce  genre  (  Foir  aussi  son 
ouvrage  allemand  :  Examen  critique  des 
anciens  historiens  bohèmes,  Prague, 
1830).  Les  Voyages  en  France  d*Albert 
Kostlca,  seigneur  de  Postupic,  en  1464  ; 
le  Voyage  en  Europe  de  Lew,  seigneur 
deRosmital,  en  1465^;  celui  du  frère 
Martin  Kabatnik  dansFOrient  et  en  Egyp- 
te,-en  1491,  et  celui  de  Jean,  seigneur 
deLobkowitz,dans  la  Palestine,  en  1493, 
fournissent  des  notions  intéressantes  sur 
les  pays  et  les  mœurs  de  Tépoque.  Parmi 
les  écrits  politiques  de  ce  temps  on  dis* 
tiogue  les  ouvrages  de  Ctibor,  seigneur 
de  Cimbourg  et  de  Tobitchau ,  capitaine 
général  de  la  Moravie,  mort  en  1494,  et 
ceux  du  chevalier  Victorin  Cornélius  de 
Vsebrd.  On  remarque  dans  les  premiers 
du  génie  et  une  force  d'éloquence  natu^ 
relie;  dans  les  derniers  une  élégance  qui 
rappelle  celle  des  anciens  classiques,  uo 
style  précis  et  arrondi.  Ils  ne  sont  pas 
imprimés. 

Les  Bohèmes  nomment  la  période  de 
1526  à  1620  l'âge  d'or  de  leur  ItUéra- 
ture  :  en  effet,  on  cultiva  alors  et  surtout 
sous  le  règne  de  Rodolphe  II  (  1576- 
1611  )  toutes  les  sciences  et  tous  les 
arts;  l'amour  des  lettres  anima  toutes 
les  classes,  et  bien  ^que  l'on  n'ait  pas 
à  citer  d'écrivain  national  qui,  par  son 
génie,  ait  frayé  des  routes  nouvelles  à  Tiur 
telligence  humaine^  ou  qui  ait  donné  un 
nouvel  essor  aux  arts  de  l'imaginatioA 
{mv  Kepler,  qui  fit  ses  découvertes 
immortelles  à  l'observatoire  de  Prague, 
n'était  pas  Bohépnien  ),.  la  culture  des 
lettres  qui  se  répandit .  parmi  toute  la 
nation  n'en  est  pas  moins  remarquable 
et  e:(erça  une  heureuse  influence  sur  ia 
prospérité  du  pays,  L*iustructioa  pu** 
blique  était  ak»rs  en  Bohême  ^a^s  UQ 

'  (*)  Lises  PtUatiki,  ta  prononçant  tonte»  ïn 
lettres.  S. 


état  plus  florissant  que  dans  aucuo  des 
pays  voisins.   Prague  seule  comptait  $ 
outres  ses  deux  universités,  16  écoles 
publiques,  dont  quelques-unes  pour  les 
jeunes  filles.  Les  campagnes  étaient  suf- 
fisamment fournies  de  gynmases  et  d'é- 
coles paroissiales.   La  langue  bohème, 
qui  dominait  seule  dans  tous  les  actes 
publics  et  particuliers  y  Atteignit  alors  sa 
plus  hante  perfection  grammaticale,  et 
le  nombre  des  ouvrages  de  tout  genre 
qui  furent  publiés  est  très  considérable. 
Mais  il  faut  convenir  que  le  mérita  in- 
trinsèque des  productions  littéraires  de 
cette  époqne  n'est  nullement  en  rapport 
avec  leur  quantité  et  leur  étendue  :George 
Streyc'^*^,  le  pieux  psalmiste  de  la  Bohè- 
me, et  Simon  Lomnicky  de  Budecz,  poète 
lauréat  de  l'empereuir  Rodolphe,  faibles 
nourrissons  des  Muses,  sont  cependant 
les  plus  distingués  de  l'époque.  En  re^ 
vanche,  l'éloquence  prit  un  essor  élevé, 
et  il  est  à  regretter  que  les  mooumens4]ui 
nous  en  restent  ne  soient  pas  en  plus 
grand  nombre.  Les  Mémoires  de  Chajrles 
de  Zerotine^  capitaine^énéral  de  la  Mo- 
ravie (1524-1614),  et  ses  lettres,  qui 
peuvent  passer  pour  des  modèles  de  style 
épistolaire  »  nous  dédommagent ,  jusqu'à 
un  certain  point,  de  ces  pertes.  Le  nom- 
bre des  historiens  estimables  s'accf  uL  A. 
leur  tète  on  remarque,  il  est  vrai,  ua 
homme  d'un  mérite  équivoque,  Venoes- 
laf  Haîek  de  Liboc^ao  f  mort  en.JM^)» 
dont  la  chronique  détaillée  de  la  Bohème 
peut  |>laire  comme  roman  histoHqu/ay 
mais   n'inspire  pas  assez  .de  confinnce 
comme  histoire  proprement  dite.  Cîaq 
autres  historiens  de  cette  époque,  eu-^ 
core  inédits,  méritent  d'étro  conius  :  m 
sont  Bartosz  de  Pi«gue  (  1544)4inoDair« 
public,  qui  peignit  sous  les  couleurs  les 
plus  vives  les  discordes  tvellgîeuAes  de  Uk 
Bohème  en  1524;  Sixte  d'Ottersdorf, 

{**)  Le  c  bohème  se  prononce  toujours  comme 
le  s  «nemand,  c'est-à<-dire  comme  tt  dans  l»ar> 
à  U  fin  comme  au  milieu  d^ta  Bot:  Il  vm  est'da 
même  dans  la  Ltngae  polonaise.  Le  «  se  {irononce 
comme  le 7  fraDçais,  le  ff  comme  jr.  devant  nue 
voyelle.  En  conséquence  le  mot  Slrejrc  derra  être 
la  Streytz,  et  de  même  :  Lomnithjr,  \\*0t  Lom* 
uitzky,  Paprockf,  Uaex  Pa^r»t«ky,  ./faiiiarfc»  Im 
sez  Bouduvetz»  JTonac,  lisez  %oitBl3L Pohic,  lises 
Puijitz.rïous  avons  rendu  quelquefois  pariei^,  et 
il  faut  toujbnrs  prononcer  ainsi,  le  c  sérmoété 
d'un  accent.  J.  H.  S. 


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BOH  (6 

chancelier  de  la  vieille  ville  de  Prague 
|(mort  en  1588),  qui  donne  des  détails 
jbrt  étendus  sur  les  événemens  qui  ame- 
nèrent la  Diète  sanglante  de  1547  ;  Jean 
Blaho8laf(morten  1571),  formé  à  Félude 
<les  classiques  etauteur  présumé  d'uneHis- 
toire  des  frères  bohèmes  et  moraves  ;  puis 
un  anonyme,  auteur  d'une  Histoire  uni- 
verselle de  la  Bohême  dont  il  n'existe 
que  le  premier  volume,  à  Stockholm  en 
Suède  ;  enfin  Venceslaf  Brzezan  (  1 609- 
1619  ),  excellent  généalogiste  et  biogra- 
phe, dont  les  ouvrages  se  distinguent  par 
la  clarté,  la  profondeur,  Texactitude, 
et  par  la  richesse  des  matières  jointe  à 
tinc  grande  brièveté.  Parmi  les  hislo- 
Tiens  de  cette  époque ,  dont  les  ouvrages 
ont  été  livrés  à  l'impression  ,  nous  ne  ci- 
terons que  le  studieux,  profond  et  patrio- 
tique Daniel  Adam  de  Veleslavine  (  mort 
en  1599)  et  le  Polonais  Barth.  Paprocky. 
Parmi  les  ouvrages  qui  ont  enrichi  Teth- 
nographie  nous  remarquerons  les  Voya- 
ges et  les  Aventures  dans  TOrient  du  che- 
valier Ulrich  Préfat  de  Vlkanova  (1546); 
ceux  de  Venceslaf  Vralîslaf  de  Mitrovic, 
en  1 599,  et  de  Christophe  Harant  de  Pol- 
zic,  en  1608.  Les  autres  écrivains  de 
cette  époque  sont  Nicolas  Konac  de  Ho- 
diskof,  mort  en  1546;  Tévéque  bohème 
Jean  Augusta,  mort  en  1572;  l'éloquent 
chanoine  Thomas  Bavorofsky,  vers  1560; 
le  sénateur  de  Prague,  Paul- Chrétien 
de  Koldine,  mort  en  1589;  le  philosophe 
Mathieu  Benesofsky,  vers  1687;  le  sa- 
vant archéologue  Abraham  de  Ginterrod, 
mort  en  1609;  Venceslaf  Boudowec  de 
Boudova,  mort  en  1621,  et  les  écrivains 
religieux  Martin-Philadelphe  Zamerski, 
mort  en  1592,  et  Gallus  Zalansky,  vers 
1620.  Les  savans  éditeurs  de  la  Bible  de 
Kralic  méritent  également  une  mention 
honorable.  Jean ,  seigneur  de  Zerotine , 
rassembla  huit  des  hommes  les  plus  éru- 
dits  de  Tanité  des  frères  bohèmes  dans 
on  château  de  Kralic  en  Moravie.  Là , 
réunis  pendant  15  ans,  ils  traduisirent  de 
nouveau  toute  la  Bible  sur  les  langues 
originales  et  la  publièrent  en  6  volumes 
iD-4**  (1579  93).  Aucun  peuple  dans  ce 
siècle  ne  pouvait  se  glorifier  d'un  pareil 
ofivrage.LaBibledeKralicadetouslemps 
été  considérée  comme  un  modèle  par- 
tit d*élégiQuo  fX  de  cpireotion.  Des  jé« 


16)  BOH 

suites  éclairés  ne  lui  refusèrent  pas  eux- 
mêmes  cet  éloge,  et  de  nos  jours  encore 
elle  est  un  objet  d'étude  pour  quiconque 
veut  écrire  correctement  le  bohémien. 

De  la  guerre  de  Trente-Ans  et  de  la  ba- 
taille de  la  Montagne-Blanche  (8  novem- 
bre 1620),  date  la  période  la  plus  dé- 
sastreuse pour  la  littérature  et  la  langue 
bohèmes.  Jamais  peuple  parvenu  à  un  si 
haut  point  de  civilisation  ne  retomba  plus 
rapidement  dans  la  plus  profonde  barba- 
rie. Le  fer,  la  guerre  et  la  peste  enlevèrent 
les  hommes  les  pluséminens  de  la  nation; 
presque  tous  les  habitans  qui  se  distin- 
guaient par  des  lumières  et  par  une  bonne 
éducation ,  à  l'exception  de  ceux  qui  se 
laissèrent  convertir  au  catholicisme,  sor- 
tirent du  pays  :  d'abord  les  professeurs 
et  lea  ecclésiastiques,  puis  les  bourgeois, 
enfin,  en  1628,  la  noblesse.  On  eut  de  l« 
peine  à  trouver  aussitôt  des  hommes  ca- 
pables de  remplacer  les  fugitifs.  La  nou- 
velle éducation  du  peuple  fut  confiée  à 
la  hâte  à  des  individus  qui  souvent  ne 
devaient  leur  nomination  qu'au  manque 
de  sujets  plus  aptes ,  ou  bien  à  leur  zèle 
anti  -  réformiste.  Le  pays  se  vit  ainsi 
inondé  d'une  foide  d'aventuriers  belges , 
flamands,  italiens,  espagnols  et  irlan- 
dais qui  se  firent  les  maîtres,  se  glissè- 
rent dans  tous  les  emplois  publics  et  don- 
nèrent le  ton  dans  la  société.  La  natio- 
nalité bohémienne  fut  ainsi  complète- 
ment anéantie.  Un  vrai  Bohême,  d'après 
le  nouvel  ordre  des  choses ,  n'était  plus 
qu'un  rebelle,  un  hérétique.  Beaucoup 
de  gens  du  pays,  afin  d'échapper  à  ce 
soupçon,  renièrent  leur  nation,  germa- 
nisèrent leur  nom  bohémien,  et  se  don- 
nèrent une  origine  étrangère.  Cependant 
le  sort  le  plus  cruel  frappa  les  inono- 
mens  de  l'ancienne  littérature.  Les  jé- 
suites, alors  maîtres  du  pays,  envoyaient 
partout  leurs  missionnaires  accompagnés 
de  soldats  :  ils  allaient  de  maison  en  mai- 
son enlevant  au  peuple  les  livres  accusés 
ou  soupçonnés  d'hérésie,  pour  les  livrer 
aux  flammes;  car  il  était  reçu  en  princi- 
pe que  tous  les  ouvrages  bohémiens  ré- 
dij;és  de  1414  à  1635  contenaient  des 
principes  anarchiques.  Ce  vandalisme 
dura  jusque  bien  avant  dans  le  XYtii^  siè- 
cle, et  le  jésuite  Antoine  Konias,  mort 
en  1700|  put  encore  se  ranter  d*aToir 


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BOH  (6 

fait  brûler  60,000  volumes.  Après  de 
telles  mesures  y  oo  demeure  étonné  en 
voyant  les  restes  encore  si  nombreux  de 
l'ancienne  littérature  nationale. 

Tout  le  pays  retomba  dans  les  ténè- 
bres, et  ce  qui  restait  de  bons  écrivains 
avaient  tous  été  formés  dans  la  période 
précédente.  Le  comte  Slavata  (  mort  en 
1652),  si  connu  par  la  défenestration 
de  Prague  (voy.  ce  mot),  écrivit  en  lan- 
gue bohème  une  histoire  de  son  pays, 
en  15  vol.  in-fol.,  qui  ne  sont  pas  impri- 
més, Paul  Skala  de  Zhor,  un  des  exilés, 
rédigea,  1626-1642,  d*abord  à  Lubeck, 
puis  à  Freiberg  en  Saxe,  une  histoire 
générale  de  TÉglise,  en  10  vol.  in-fol., 
d'un  très  petit  caractère,  et  puisée  à  de 
bonnes  sources  pour  la  plupart  inconnues 
aujourd'hui.  Cet  ouvrage  est  également 
inédit.  Jean  Amos  Coménius,  le  dernier 
évéque  de  l'Unité  morave,  fut  aussi  le 
dernier  flambeau  de  la  littérature  bohè- 
me. Si  son  style  latin  est  barbare,  son 
style  bohème  est  vif,  énergique,  agréable, 
et  pour  l'élégance  de  la  diction ,  pour  le 
savant  mécanisme  de  la  langue,  aucun 
autre  ne  l'a  surpassé.  On  a  de  lui  26  ou- 
vrages bohémiens,  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue le  Labyrinthe  du  monde.  Ses  œu- 
vres furent  d*abord  imprimées  à  Lissa  en 
Pologne,  puis  à  Amsterdam.  On  imprima 
aussi  ses  ouvrages  bohémiens  pour  les 
exilés,  à  Pirna  et  à  Dresde,  Berlin  et 
llalle.  Cette  littérature  se  conserva  aussi 
à  cette  époque  parmi  les  Slovaks  protes- 
tans  de  la  Hongrie,  et  quelques-uns  de 
leurs  écrivains  sacrés,  tels  que  Tranows- 
ky,  Masnik,  Pifarik,  Hermann,  Hruszko- 
vic  et  Doleszal  acquit  ent  de  la  réputation. 
Enfin  le  6  décembre  1774  fut  rendu 
lin  décret  impérial  qui  organisait  dans 
foute  la  Bohème  des  écoles  normales, 
supérieures  et  communales,  d'après  un 
nouveau  plan  et  supprimait  les  anciennes 
écoles  latines  des  couvens  ou  les  soumet- 
tait à  une  réforme.  Plus  tard,  en  1784, 
îl  fut  ordonné  que  dans  les  collèges  su- 
périeurs les  cours  se  feraient  en  langue 
allemande.  Dès  ce  moment  l'instruction 
qu'un  Bohémien  pouvait  recevoir  dans  sa 
langue  maternelle  se  bornait  à  la  lectu- 
re, à  récriture,  an  calcul  et  au  cathé- 
chisme.  Ce  fut,  s'il  est  permis  de  le  dire, 
le  copp  de  graoe  pour  h  laogaa  et  la  lit«  I 


17  )  BOH 

térature  nationales,  et  il  leur  fut  d'aih- 
tant  plus  préjudiciable  que  ces  deux  dé- 
crets firent  connaître  au  peuple  de  la 
Bohème  la  supériorité  des  lumières  et 
de  l'éducation  de  l'Allemagne  et  intro- 
duisirent l'emploi  exclusif  de  l'alle- 
mand dans  toutes  les  opérations  publi- 
ques et  privées.  Ce  coup  funeste  réveilla 
cependant  dans  un  corps  indolent  les  der- 
niers et  faibles  restes  de  sa  vigueur  en- 
dormie. Des  hommes  généreux ,  qui 
voyaient  avec  douleur  la  ruine  pro~ 
chaîne  et  définitive  de  la  langue  mater- 
nelle, lui  consacrèrent  toute  leur  solli- 
citude. Le  comte  François  Kinsky,  gé- 
néral non  moins  illustre  par  son  nom 
que  par  ses  talens,  éleva  d'abord  la 
voix  dans  un  écrit  intitulé  Observations 
sur  un  sujet  important,  1774.  Pelzel, 
l'historien  de  la  Bohème,  suivit  son  exem- 
ple en  1775  Le  gouvernement  consentit 
la  même  année  à  ce  qu'an  moins  dans 
les  écoles  militaires  supérieures,  l'instruc- 
tion eût  lieu  dans  la  langue  nationale. 
Alors  plusieurs  écrivains  distingués,  au- 
teurs originaux  ou  traducteurs,  se  présen* 
tèrent  presque  simultanément  dans  la  lice 
si  long-temps  abandonnée.  On  donna  des 
soins  assidus  a  la  recherche  et  à  la  publi- 
cation des  anciens  écrits.  Indépendam- 
ment de  Pelzel,  dont  la  Nova  hronyka 
tcheska  (3  vol.,  1791-1796)  est  jusqu'à 
présent  le  meilleur  manuel  historique  de 
la  Bohème,  nous  citerons  parmi  ceux 
qui  contribuèrent  le  plus  à  cette  régéné- 
ration ,  François  -  Faustin  Prochazka  y 
1777-1804;  Yenceslaf-Mathias  Krame- 
rius,  mort  en  1808,  le  meilleur  écrivain 
populaire  de  la  Bohème  depuis  1780; 
Jos.  Dobrofsky  {voy,  ce  mot),  le  plus 
grand  philologue  des  Slaves;  François 
Thomsa,  mort  en  1814,  qui,  outre  de 
bonnes  grammaires,  publia  plusieurs 
écrits  populaires  estimables;  Venceslaf 
Stach,  J.  Rulik,  les  frères  Tham  et  au- 
tres. Dans  ce  mouvement  des  esprits 
M.  Antoine Puchmayer,  prêtre  laborieux^ 
homme  de  talent  et  de  vastes  connais- 
sances, osa  (1795)  s'élever  par  un  libre 
essor  sur  le  Parnasse,  long-temps  aban- 
donné, de  la  Bohème.  Il  fut  aussi  le  pre- 
mier qui  fit  connaître  à  ses  compatriotes 
la  littérature  des  Polonais  et  des  Russes. 
Pliuieart  de  $es  amis  le  luivireiit  avec 


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BOH  (6 

plus  ou  IDOÎD8  de  succès  y  entre  autres  les 
4f ux  frères  Neîedly  et  Jos.  Rautenkraoz 
mort  eo  1 8 1 8 ,  François  Stepniscka  mort 
•B  1832,  Sébast  Hnevkovsky,  Franc. 
Jean  Svoboda,  etc.  M.  Joseph  Jungmaon, 
professeur  très  distingué  de  Prague ,  prit 
depuis  1806  un  essor  encore  plus  hardi. 
Toutefois  cette  persévérance  dans  les  et- 
fori3,ce  noble  dévouement  de  tant  de  gens 
de  bien,  n'eut  que  de  faibles  résultats;  car 
la  noblesse  et  les  classes  élevées  parmi  le 
peuple  étaient  devenues  presque  étrange- 
resàlalanguedeleurspères.Uannéel8 18 
annonça  à  la  littérature  de  la  Bohème 
une  nouvelle  et  meilleure  époque.  Le 
magnifique  manuscrit  de  Kœniginhof, 
découvert  par  M.  Venceslaf  Hanka  et  pu- 
blié avec  la  traduction  allemande  du 
professeur  Svoboda  (Prague,  1818,3* 
édit.,  1829)  n'agit  pas  moins  tivement 
sur  l'esprit  national  que  la  fondation,  à 
Prague,  d'un  musée  uational  par  les  soins 
du  comt*'  G>llovrat  et  plusieurs  décrets 
de  la  cour  (1816*1818),  qui  recomman- 
daient d'exercer  aussi  les  élèves  des  gym- 
nases dans  la  langue  du  pays.  Malheu- 
reusement plus  tard ,  le  12  février  1 82 1 , 
cea  décrets  furent  rapportés.  Néanmoins 
depuis  ce  temps  la  langue  et  la  littérature 
ont  fak  des  progrès  rapides,  on  pourrait 
presque  dire  trop  hasardés;  la  langue  bo- 
hème annonce  la  prétention  d'être,  elle 
aussi,  européenne,  et  elle  se  prête  main- 
tenant à  tous  les  b^oins  du  siècle  dans  les 
arts  et  dans  les  sciences.  Après  que  la 
perspicacité  de  Dobrofsky  eut  découvert 
toute  la  structure  organique  de  cette  lan- 
gue, on  osa  arrêter  une  nomenclature  ré- 
gulière et  claire  pour  la  plupart  des  bran- 
ches scientifiques  ;  en  même  temps  et  à 
l'appui  de  ce  travail ,  ou  s'appliqua  à  la 
recherche  des  richesses  long-temps  ou- 
bliées eu  négligées  de  l'ancienne  littéra- 
ture. Le  mérite  d'avoir  les  premiers, 
après  le  yénérable  Dobro£sky,  ouvert 
cette  «arrière  difficile,  appartient  aux 
professeurs  de  Prague  Jos.  Junginann  et 
Jean  Svat.  Pressel.  Le  manuscrit  de 
Kosoiginhof  ennoblit  aussi  la  diction  poé- 
tique, et  l'antique  forme  métrique  re- 
oommandée  par  MM.  Schaffarik  et  Pa^ 
laoky,  contribua  à  porter  depuis  1818  la 
poéaie  bobémieuiie  im  4egpéiide'4iaérile 
où  elle  s'est  élevée.  Sur  la  proposition  de 


18  )  fiOH 

Dobrofsky,  on  corrigea  aussi  quelques 
inconséquences  de  l'aneieaDe  orthogra- 
phe, innovation  qui  trouva  toutefois  de 
nombreux  contradicteurs. 

Parmi  les  poètes  et  les  littérateurs  les 
plus  distingués  depuis  1818,  nous  nom- 
merons les  suivans  comme  occupant  le  pre- 
mier rang.  François  Ladislaf  Celakowsky 
à  Prague  (né  en  1799  à  Strakooitz  en 
Bohême) y  talent  vigoureux  et  formé  par 
de  bonnes  études,  poète  original  et  po- 
pulaire. Ses  poésies  diverses  (2®  édit, 
Prague,    1880),  son  Écho  des  chants 
russes  (Prague,  1 829),  l'Écho  de  chants 
bohémiens  (1830)  et  plusieurs  autres 
sont  ce  que  la  poésie  nationale  a  de 
mieux  à  citer.  Venceslaf  KJicpera,  pro- 
fesseur à  Kiœniggrastz  (né  en  1792),  a 
fourni  plus  de  trente  pièces  dramatiques, 
drames,  comédies  et  tragédies  qui  pour 
la  plupart  ont  été  jouées  avec  succès.  Jean 
KoUar,  prédicateur  évangélique  à  Pesth, 
né  en  1792  à  Thurotz  en  Hongrie^  s'est 
placé  par  ses  Siayy  Dcéra,  reaieil  de  160 
sonnets  erotiques  et  patriotiques  (  2^  éd. , 
Bude,  1824),  ainsi  que  par  d'ingénieuses 
épigrammesetde  belles  élégies,  au  premier 
rang  des  poètes  de  son  pays.  Jos.  Langer 
(né  en  1 805),talent  jeune  encore,  mab  ori- 
ginal, s'est  déjà  fait  remarquer  par  ses  idyl- 
les nationales,  ses  contes  populaires  (Pra- 
gue, 1830),  et  par  des  poésies  diverses, 
la  plupart  satiriques.  Charles  Sim.  Ma- 
khatohek  (professeur  à  GitschWi,  né  en 
1799),  a  écrit  entre  autres  la  meilleure 
comédie  boh^ienne,  £a  demande^en 
mariage  (Prague,  1826);  l'opéra  lui  doit 
aussi  depuis  1823  de  nouveaux  progrès. 
Ch.  Agnell  Schneider  (homme  de  loi ,  né 
en  17fi6),  poète  aimé  de  la  nation,  a  fait 
les  meilleures  ballades  (2  vol.,  1828-M). 
Jean  Nep.  Stxepanek  (directeur  du  théâ- 
tre de  Prague,  né  en  1788  a  Chmdim) 
est  le  -créateur  et  le  promoteur  du  nou- 
veau théâtre  qu'il  enrichit  de  plusieurs 
drames  et  comédies.  Le  curé  Vincent 
Zahradnik  s'est  acquis  un  nom^distingué 
par  ses  apologues.  Vinarecky,  Kamaryt, 
Khme|ensky,Tiirinsky,  H.  Marek,  Scbaf- 
farik,  Hanka,  Svoboda,  lea  dames  Made- 
leine Rettig«t  la  aoQur  Marie  Antoqy» 
morte  4n  «1831  ^se  sont  essayés  «vaoiaac- 
cas  d^pa  le  conte  et  les  chauts  religieux 
ou  autres. 


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BOH  (  619  ) 

Parmi  ceux  qnt  prirent  k  part  la  plus 
active  a  rexploitaiioo  savante  de  la  lan- 
gue bohémienne  et  aux  travaux  scienti- 
fiques dont  le  pays  s'honore,  nons  dis- 
tinguerons Jos.  Jungmann  (professeur  à 
Prague,  né  en  1773,à  Hudiitzen  Bohè- 
me) devenu  le  Johnson  et  TAdelung  de 
son  pays  par  son  Slovesnosth  (Prague, 
1820),  son  Histoire  de  la  littérature 
bohémienne  (Prague,  1825),  ses  excel- 
lentes traductions,  ses  différens  écrits 
depuis  1 806,  et  par  le  grand  dictionnaire 
critique  de  la  langue  bohémienne  dont 
nous  avons  fait  mention,  travail  de  plus 
de  80  années.  Son  frère,  le  professenr 
Ant.  Jnngmann,  né  en  1775,  est  connu 
par  son  Anthropologie  et  autres  ouvrages 
de  médecine;  le  doyen  Ant.  Marek  Test 
par  ses  écrits  sur  la  logique  et  la  philo- 
aophie  théorique;  Franc.  Palacki ,  par  ses 
dissertations  aesthétiques  et  philosophi- 
ques (depuis  1818),  par  une  histoire  de 
Ttesthétique  (1828)  et  de  nombreux  mor- 
ceaux historiques,  insérés  dans  le  Jour- 
nal du  muAée  bohémien,  qu'il  rédige 
depuis  1827;  Jean  Svat  Presl  (profes- 
seur et  directeur  du  cabinet  d'histoire 
Daturelle  à  Prague,  né  en  1791),  s'est 
fait  connaître  par  beaucoup  d'excellens 
ouvrages  sur  la  botanique,  la  zoologie,  la 
minéralogie,  la  chimie,  etc.,  et  par  un 
journal  encyclopédique  intitulé  Krok  ; 
Paul-Joseph  Schaffarikpar  plusieurs  dis- 
sertations SMthético  -  critiques  (depuis 
1818);  Charles  Schadek  (né  en  1783), 
par  ses  ouvrages  de  géographie,  physique 
et  technologie,  et  le  professeur  Adeib. 
Sediacek  (né  en  1795),  par  des  ouvra- 
ges sur  les  mathématiques  et  la  physi- 
que, etc. 

En  1831  on  publiait  k  Prague  neuf 
écrits  périodiques  en  langue  nationale. 
Ce  nombre  est  petit,  mais  aussi  parmi  les 
7  millions  d'habitans  slavons  de  la  Bo- 
hème, de  U  Moravie  et  de  la  Hongrie  su- 
périeure ,  qui  doivent  former  le  public 
de  la  littérature  bohème ,  il  n'y  a  que  des 
individus  isolés  qui  s'y  intéressent.  Vien- 
nent ensuite  les  entraves,  comme  les  ri- 
gueurs de  la  censure ,  l'état  pitoyable  du 
commerce  de  la  librairie,  etc.  Si  la  lit- 
térature, malgré  tant  d'obstacles,  fait 
nésottoina  des  progrès ,  il  fint^a  ««voir 
gré  anx  drcoostances  mentionnées  plus 


BOH 


banc,  et  surtout  à  cet  esprit  natiooalda 
Bohémien ,  qui  n'a  besoin  que  d'un  bi- 
ble encouragement  pour  se  montrer  dans 
toute  son  activité ,  dans  tonte  son  éner- 
gie. C.  Z. 

BOHÊME  (roaiT  db),  en  allemand 
BœhmertvaltLOn  appelle  ainsi  oettechal- 
ne  de  montagnes  boisées  qui  descendent 
du  Fichtelberg,  et  qui,  dans  la  direo* 
tion  du  sud-est,  s'étendent  jusque  vers  les 
rives  du  Danube,  où  elles  touchent  anx 
montagnes  de  la  Moravie.  La  forêt  de 
Bohème  sépare  la  Bohème  de  la  Bavière, 
et  au  sud  de  l'Autriche.  Ses  sommeta  les 
plus  élevés  sont  le  Heidelberg  (4,800 
pieds),  le  Kubari  (4,200  pieds),  et  le 
Dreisessel  (  3,970  pieds  ).  La  région ,  en 
forme  triangulaire ,  renfermée  ent»  la 
forêt  de  Bohême  et  le  Danube,  appar* 
tient  en  partie  au  cercle  du  Danube  da 
royaimie  de  Bavière,  en  partie  k  l'Au- 
triche; la  première  partie  porte  le  nom 
de  Forêt  bavaroise;  la  dernière  oelni 
de  Montagnes  tie  Siiar.  Ce  pays  froid  et 
montagneux,  traversé  par  le  Regen  de 
l'est  à  l'ouest,  ne  produit  que  de  l'avoinei 
du  lin ,  et  quelques  frnita  sur  les  versans 
des  collines.  Le»  habitans  y  nourrissent 
une  grande  quantité  de  bétail ,  s'occu- 
pent à  filer ,  k  tisser,  à  faire  des  ou-t 
vrages  de  menuiserie,  etc.  La  grande 
abondance  de  bois  est  mise  k  profit  dans 
les  verreries  et  les  forges.  Les4iabitaBS 
de  cette  petite  contrée  sont  vigooreox , 
oontens  de  leur  sort»  hardis  «  mais  sau- 
vages ,  astucieux  et  entêtés.  Ils  tiennent 
beaucoup  aux  anciennes  mœnrs  et  habî* 
tudes,  et  en  ont  conservé  une  grande 
partie  dans  leurs  montagnes.  Leur  langue 
diffère  y  sous  beaucoup  de  rapporta,  dn 
dialecte  bavarois;  elle  a  beauôoup  de 
consonnances  qui  lui  sont  propres,  et 
elle  est  riche  en  voyelles^  La  ville  la  plus 
importante  est  Cham,  avec  1900  habi- 
tans, à  l'endroit  où  lo  Cham  se  jette 
dans  le  Regen.  Dans  des  temps  fort  re^ 
culés,  elle  fut  la  résidence  des  margraves 
de  Cham  y  qui  s'éteignirent  dans  le  xi® 
siècle.  C  L.  ■ 

BOHÉMIENS.  On  se  tromperait  n 
l'on  établissait  le  moindre  rapport  entre 
les  bandes  nomades- qu&.porteoi  es  Boaa 
et  la  Bohême  qui  n'est  point  leur  jMtt^e, 
et  à  laquelle  ils  n'appartiennent  point. 


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BOH 


(620) 


BOH 


Ce  n'est  même  qu*eD  France  qu*on  leur 
donne  ce  nom.  Les  Hollandais  les  appel- 
lent Païens;  les  Suédois  et  les  Danois, 
Tartares;  les  Anglais,  Égyptiens  (Gy- 
sies);  les  Espagnols,  Getanot.  Eux-mê- 
mes se  nomment  Pharaons;  mais  c'est 
dans  la  dénomination  allemande,  Zigeu^ 
nery  qu'on  pourrait  retrouver  quelque 
trace  de  leur  origine  :  ce  bom,  ainsi 
que  celui  de  Zingari  ou  Zingant\  usité 
chez  les  Italiens ,  les  Turcs  et  les  Yala- 
ques,  n'est  pas  sans  ressemblance  avec 
le  mot  Tchinp^anes  qui  désigne  une  peu- 
plade des  bords  de  l'Indus.  L'opinion  la 
plus  accréditée  les  fait  venir  de  l'Inde. 
Dans  leur  langue  il  y  a  beaucoup  de  mots 
sanscrits;  d'autres  appartiennent  au  Ben- 
gale et  au  Malabar;  enfin  la  construction 
en  est  toute  orientale.  Quand  ils  vinrent 
pour  la  première  fois  en  Italie,  ils  se  pro- 
clamèrent eux-mêmes  d'origine  indienne. 
Ce  fut  vers  1417  qu'ils  parurent  pour  la 
première  fois,  et  l'on  a  lieu  de  croire  que 
les  cruautés  de  Tamerlan  avaient  fait  fuir 
ces  populations  de  Tlnde*.  Q:ioi  qu'il  vn 
soit,  elles  arrivèrent  très  nombreuses.  En 
1418  il  en  vint,  dit-on,  en  Suisse  plus  de 
14,000.  Cela  fait  contraste  avec  le  petit 
nombre  de  douze  vagabonds  qui ,  selon 
Pasquier,  vinrent  à  Paris  en  1427.  Les 
uns  croyaient  que  les  Bohémiens  étaient 
des  chrétiens  revenus  de  la  Terre-Sainte; 
d'autres  pensaient  qu'ils  erraient  ainsi 
parce  que  le  pape  les  y  avait  condamnés 
en  expiation  de  leurs  fautes.  Ils  devaient, 
disait-on,  courir  pendant  7  ans,s»ns  jamais 
se  reposer.  On  évalue  à  700,000  le  nom- 
bre des  Bohémiens  actuellement  en  Euro- 
pe; sur  ce  nombre  il  y  en  a  environ  1 8,000 
en  Angleterre.  La  Hongrie,  la  Moldavie 
et  la  Transylvanie  en  possèdent  près  de 
200,000.  Enfin,  c'est  dans  la  Turquie, 
la  Bessarabie,  la  Crimée  qu'il  s'en  trouve 
le  plus;  Undis  que  la  France  et  l'Alle- 
magne n'en  voient  errer  que  des  bandes 
isolées.  Cette  population  est  ordinaire- 
ment laide  et  disgraciée  de  la  nature; 
toutefois  la  haute  taille  de  ces  nomades,  la 

(•)  Il  y  «  one  grands  plausibilito  dans  ro|>i- 
nion  de  GrellrnaD«qui  proure  que  le*  Bohémiens 
apiurliennent  à  «-ette  rhsse  in6roe  d*rndieat  ap 
pelées  Sudêrt,  et  qa'il»  ont  quitté  l'Iode  lors  du 
ravage  de  cette  contrée ,  en  1408 ,  par  Timonr 
qni  mit  à  mort  des  mol^tadet  d'hommes  de  tons 
Ift  rangs.  p^s. 


blancheur  de  leurs  dents  et  la  belle  cou- 
leur de  leurs  cheveux  noirs,  contribuent 
à  produire  des  exceptions  favorables. 
Il  est  des  pays,  l'Espagne,  par  exemple, 
où  les  beautés  bohémiennes  sont  fort  es- 
timées. Rarement  ces  bandes  voyageuses 
ont  des  tentes  :  elles  se  creusent  des  ca^ 
hules  sous  terre  et  les  recouvrent  de 
gazon.  On  leur  voit  faire  des  tours  de 
cartes  ;  souvent  les  femmes  disent  la 
bonne  aventure.  Il  y  a  quelques  métiers 
à  la  portée  de  ces  familles  errantes;  elles 
comptent  des  vétérinaires,  des  chaudron- 
niers, des  cloutiers,  etc.,  etc.  La  musi- 
que ne  leur  est  pas  étrangère ,  et  il  est 
des  contrées  où  les  orchestres  de  bal  leur 
appartiennent  exclusivement.  Quant  à  la 
religion,  ils  pratiquent  assez  ordinaire- 
ment celle  du  pays  où  ils  se  trouvent, 
mais  ils  n'ont  pas  pour  cela  Tintel- 
ligence  du  dogme  ni  de  la  morale;  ils  se 
marient  entre  eux,  sans  beaucoup  de 
préambule  ni  de  formalités;  mais  quand 
le  mari  est  las  de  sa  femme,  il  la  chasse. 
I^  morale  des  Bohémiens  est  en  général 
fort  relâchée;  le  vol  surtout  est  presque 
généralement  établi  chez  eux.  En  France 
les  Etats-Généraux  de  1560  condamnè- 
rent les  Bohémiens  à  un  bannissement 
perpétuel.  En  Allemagne,  Marie-Thérèse 
et  Joseph  II  ont  fait  de  vains  efforts  pour 
les  civiliser.  Foir  Grellmann,  Histori- 
s  cher  Versuch  ûher  die  Zigenner,  2* 
édition,  Gœtt.  1787.  C.  L,  m. 

Aujourd'hui,  dans  aucune  contrée  de 
l'Europe,  on  ne  trouverait  beaucoup  de 
descendans  des  Bohémiens  aborigènes. 
La  sévérité  de  la  police  exercée  contre 
ces  hordes  de  vagabonds  abrutis  a  beau- 
coup éclairci  leurs  phalanges,  principale- 
ment en  Suisse  et  en  Angleterre,  et  on 
est  même  parvenu  à  ramener  quelques- 
uns  de  ces  hommes  au  sentiment  des  de- 
voirs qu'imposent  les  lois  d*une  société 
civilisée.  Néanmoins,  tout  ce  qui  reste 
de  cette  étrange  race  continue  à  éluder, 
d'une  manière  ou  d'une  autre,  la  vigi- 
lance des  magistrats  sous  le  masque  de 
prétendues  professions,  à  l'aide  duquel 
ils  se  livrent  toujours  à  leur  trafic  habi- 
tuel. 

Les  Bohémiens  modernes  prétendent 
être  les  descendant  des  anciens  Égyp- 
tienS|  si  ftmeox  pour  leurs  ooniiâissaiioc^ 


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BOH 


(621) 


BOH 


tn  astronomie  et  dans  les  autres  scien- 
ces; et  sous  prétexte  de  dire  la  bonne 
aventure,  ils  trouvent  le  moyen  de  vo- 
ler ,  de  dépouiller  le  peuple  crédule  et 
superstitieux.  Pour  colorer  leurs  impos- 
tures ,  ils  se  peignent  la  figure  et  parlent 
une  espèce  de  baragouin  ou  d*argot  qui 
leur  est  particulier.  Ils  rôdent  dans  le 
pays  en  bandes  nombreuses,  au  grand 
effroi  des  fermiers,  sur  lesquels  ils  ne 
manquent  jamais  de  prélever  une  con- 
tribution en  oies  9  en  dindons  et  en  pou- 
les. 

Le  Journal  d*£velyn  nous  donne  quel- 
ques détails  assez  curieux  sur  ces  marau- 
deurs en  Angleterre,  et  jette  un  certain 
jour  sur  les  altérations  qu*a  subies  la  race 
primitive  de  ces  êtres  dégénérés  :<(  Dans 
«  nos  statuts,  ils  sont  qualifiés  d'Égyp- 
«  tiens ,  ce  qui  dans  le  fait  ne  signifie  au- 
«  tre  chose  que  des  coquins  déguisés  ;  car 
«  ce  ne  sont  pour  la  plupart  que  des  An- 
«  glais  on  Gallois  qui  s'affublent  de  vé- 
«  temens  bizarres,  travaillent  leurs  figu- 
«(  res  et  leurs  corps,  se  font  une  langue 
«  d'argot  qui  n'est  entendue  que  d'eux 
«  et  des  leurs,  s'en  vont  rodant  dans  le 
«  pays,  sous  prétexte  de  dire  la  bonne 
<c  aventure,  de  guérir  les  maladies,  etc.  ; 
«  font  des  dupes  parmi  les  ignorans,  leur 
«  attrapent  de  l'argent  et  no  manquent 
«  jamais  en  outre  de  voler  tout  ce  qui 
«  n'est  ni  trop  chaud,  ni  trop  pesant  pour 
«  être  emporté.  » 

En  1531,  les  hordes  vagabondes  qui 
se  donnaient  le  nom  d'Égyptiens  étaient 
devenues  si  nombreuses  et  tellement  in- 
commodes en  Angleterre,  qu'elles  en  fu- 
rent en  totalité  bannies  par  acte  du  par- 
lement, sous  peine  d'emprisonnement. 
Peu  de  temps  après,  le  comte  d'Arran 
imagina  un  moyen  différent  pour  se  dé- 
barrasser de  ces  odieux  vagabonds  :  ce  fut 
d'ordonner  à  tous  les  shérifs  et  aux  au- 
tres magistrats  des  comtés,  de  prêter  as- 
sistance à  John  Faw,  seigneur  et  comte 
de  la  Petite- Egypte,  pour  le  rassemble* 
ment  de  ses  sujets  les  Bohémiens  (  dont 
un  grand  nombre  s'étaient  révoltés,  sous 
la  conduite  d'un  certain  Sébastien  La- 
low).  John  Faw  avait  pris  l'engagement 
de  ramener  les  Égyptiens  dans  leur  pays. 

Un  intérêt  tout  nouveau  s'est  attaché  à 
ces  hordes  par  les  admirables  romans  de 


Walter  Scott,  et  surtout  par  le  r61e  im* 
portant  qu'elles  jouent  dans  Guy  Man- 
nering. 

Les  Bohémiens  vivent  en  ne  croyant 
à  rien ,  et  exempts  de  toute  inquiétude 
sur  la  vie  éternelle.  Il  ne  faut  donc  pas 
s'étonner  que  leur  conduite  dans  la  so- 
ciété corresponde  à  un  tel  ordre  d'idées 
morales.  Tous  les  devoirs  sont  négligés 
chez  eux  ;  jamais  la  prière  n'a  passé  sur 
leurs  lèvres;  jamais  ils  n'assistent  à  au- 
cun service  divin  ;  c'est  ce  qui  a  fait  dire 
aux  Yalaques  que  «  l'Église  des  Bohé- 
«  miens  ayant  été  construite  avec  du  lard, 
«  les  chiens  l'ont  mangée.  »  Le  culte  qui 
perd  un  Bohémien  perd  aussi  peu  que 
celui  qui  en  gagne  un.  Au  fond,  le  Zingari 
n'est  ni  mahométan  ni  chrétien;  car  les 
doctrines  de  Mahomet  et  celles  du  Christ 
lui  sont  également  inconnues  ou  mdiifé- 
rentes:  elles  n'ont  d'autre  effet  pour  lui 
que  de  faire  que  son  enfant  ait  été  baptisé 
ou  circoncis.  P-ze,  p. 

BOHÉMOND  (Marc),  fils  du  Nor- 
mand Robert  Guiscard,  duc  de  Pouille 
et  de  Calabre ,  s'habitua  de  bonne  heure 
aux  exploits  militaires  et  se  signala  par 
un  courage  qui  n'excluait  pas  la  pruden- 
ce. Son  père  lui  inspira  toute  sa  haine  et 
tout  son  mépris  pour  les  Grecs.  Robert 
avait  laissé  à  Bohémond  le  commande- 
ment de  son  armée  d'Iilyrie ,  avec  la- 
quelle le  jeune  prince  battit  l'empereur 
Alexis  à  Janina  et  près  d'Arta,  puis  pé- 
nétra sur  le  territoire  grec  et  mit  le  siège 
devant  Larisse.  Les  intrigues  d'Alexis  af- 
faiblirent l'armée  de  Bohémond,  dont  les 
succès  restèrent  sans  résultat.  En  1085^ 
Robert  mourut.  Il  avait  donné  le  duché  de 
Pouille  et  celui  de  Calabre  à  Roger,  son 
fils  cadet ,  dont  la  mère  lui  avait  inspiré 
un  attachement  plus  vif  que  celle  de  Bo- 
hémond. Cette  injuste  prédilection  indi- 
gna ce  dernier.  Les  deux  frères  se  firent 
une  guerre  sanglante ,  et  Roger  fut  forcé 
de  céder  à  Bohémond  la  principauté  de 
Tarente.  Bohémond  assiégeait  Amalfi 
(1096),  lorsqu'on  lui  apprit  le  passage 
des  premiers  croisés.  Il  s'informa  curieu- 
sement de  leui9  noms,  de  leur  nombre , 
de  leurs  armes  et  de  leurs  ressources; 
puis  il  prit  la  croix.  Ses  discours  et  sou 
exemple  enflammèrent  le  zèle.de  l'armée; 
il  déchira  son  habit  pour  fournir  des  croix 


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BOH 


(622) 


BOI 


à  ceux  qui  s'eorMaiebt  sous  ses  drapeaux, 
et  sepréparib à  vkitor  ConalMltiBopJeet 
rAiie,àia  tétetle  10,000  chevaux  et  de 
30,000  hommes  d'iofaDterie.  Plusieurs 
princes  normands  suivirent  leur  ancien 
l^énéral,  et  son  cousin  Tancrède  l'accom- 
pagna plut6t  qu'il  ne  marcha  sous  ses  or- 
értB  (vojr.  Tascmèdil},  Lorsqu'il  eut  re- 
joint Godefroy  de  Bouillon ,  Bohémond 
essaya  vainement  de  décider  celui-ci  à 
entreprendre  sur  Alexis  Comnène  la 
4)onquéie  de  Constantinople.  Objet  de  k 
haine  d*  Alexis,  il  fut  reçu  par  lui  comme 
un  ancien  et  fidèle  allié,  et  Tempereur 
ne  lui  rappela  ses  premières  hostilités 
que  pour  faire  l'éloge  de  sa  valeur.  Le 
fils  de  Guiscard  fut  logé,  servi  et  traité 
avec  une  magnificence  royale*;  l'empe- 
reur le  combla  des  plus  riches  présrâs. 
On  iatta  même  le  Normand  de  l'assu- 
rance d'une  principauté  indépendante  ; 
et  Alexis  éluda,  plus  qu'il  ne  refusa 
sa  demande  audacieuse  .de  l'office  de 
grand-domestique  ou  de  général  de  l'O- 
rient. On  avait  obtenu  à  force  de  pro- 
messes qu'il  prêtât,  comme  les  autres 
chefs  des  croisés,  hommage  à  l'empereur 
grec 

Des  marches  p^ibles  et  des  combats 
sanglans,  où  Bohémond  fit  admirer  sa 
vdeur  et  son  activité,  conduisirent  les 
croisés  devant  Antioohe.  On  était  arrêté 
depuis  sept  mois  au  siège  de  cette  ville  ^ 
lorsque  Bohémond ,  par  ses  intrigues  , 
amena  les  autres  chefs  à  lui  accorder  la 
souveraineté  de  la  ville,  s'il  s'en  rendait 
maître  avant  que  les  Grecs  ne  Teussent 
aeeourue.  Déjà  il  entretenait  des  intelli- 
gences dans  la  place  où  il  fut  introduit 
bientôt  après  par  un  traître.  C'est  ainsi 
qu'en  1097  Antioche  devint  la  capitale 
d'une  principauté  chrétienne  qui  subsis- 
ta ,  sous  neuf  princes  ,  pendant  90  ans 
(vojr,  AimocHE).  La  conquête  de  Bohé- 
mond hii  fut  disputée  et  par  Alexis  et 
par  Raymond,  comte  de  Toulouse  ;  mais 
il  en  resta  maître,  grâce  à  son  adresser  II 
ne  suivit  pas  les  croisés  à  Jérusalem ,  où 
il  ne  vint  que  plus  tard,  pour  recevoir 
du  patriarche  l'investiture  de  la  princi- 
pauté d' Antioche.  Fait  prisonnier  dans 

(*)  Voir  les  détails  intéressans  qa*oD  trooTe 
•ar  ton  séioar  à  Constantinople  dans  le  Comté 
J^pèméÊpmng,  roman  et  slrWalter  Saolt.  S. 


un  combat  par  un  émir,  il  resta  deux 
ans  captif.  Pendant  te  temps,  son^coiMia 
Tanorède  avait  augmenté  ses  domaines. 
La  haine  que  Bohémond  portait  à  Alexis 
n'était  point  éteinte.  Il  passa  en  Occi- 
dent, parcourut  l'Italie,  la  France  et  l'Es- 
pagne, pour  exciter  les  princes  contre 
l'empereur  grec,  et  bientôt  il  vint  en  Ilty- 
rie ,  avec  une  forte  armée,  mettre  le  siège 
devant  Durazzo.  La  famine  le  contraignit 
à  demander  la  paix.  Il  eut  avec  l'empe- 
reur cme  conférence  dane  laquelle  pa  vne 
fit  une  vive  impression  de  crainte  sur 
Anne  G)mnène,  fille  d'Alexis.  Cette 
princesse  a  laissé  le  portrait  de  Bohé- 
mond dans  ses  Mémoires.  Il  evait  coneki 
un  traité  assez  avantageux,  lorsqu'il 
mourut  dans  la  Fouille,  en  1111.  A .  S-a. 

Les  neuf  princes  d' Antioche  dont  û 
a  été  question  plus  haut,  furent  :  Bohè^ 
mond  F',  1098-1 1 1 1 ,  ou  plutôt  1 109; 
son  fils,  BoHénoHD  II,  1 109^1 130;  Rait- 
mond  de  Poitiers,  premier  mari  de  Cons- 
Unce,  fille  du  précédent,  1  ISO- 11 48; 
Réginaid  de  Châtillon,  son  second  mari, 
1 154-11^;  BoHéMONB  III,  fils  de  Rai- 
mondetdeConsUnce,  11«3-1201;  iîcif- 
mond  II  y  son  fils»  1201-1238;  Bovi- 
xoKD  IV,  son  fils,  1233-12^1;  Bovi- 
MOiTD  y,  son  fils,  1251- 127S;  Bos^- 
XOND  yi ,  son  fils,  1075-1288.  J.  H.  S. 

BOIAR,  titre  usité  en  Rn^isieetdans 
la  Moldavie  (dans  la  yalachie  le  titre  de 
boïlade  y  répond),  et  autrefois  encore 
dans  d'autres  pays  slavons  pour  désigner 
un  homme  de  haute  naissance  ou  un  fonc- 
tionnaire des  plus  élevés.  Il  est  donné 
dans  les  deux  principautés  aux  membres 
de  la  famille  du  prince  et  aux  nobles  les 
plus  riches  et  les  plus  distingués.  En  Rus- 
sie ce  titre,  qui  ne  parait  pas  avoir  été 
héréditaire,  est  fort  ancien  ;  on  le  dérive 
de  b<H\  bataille,  car  les  nobles  entouraient 
le  prince  dans  les  combats.  S'il  a  désigné 
d'abord  des  généraux,  des  guerriers,  il 
fut  donné  ensuite  aux  conseillers  les  pins 
intimes  du  souverain ,  anx  membres  de 
son  conseil  privé ,  et  aux  premiers  dignî- 
Uires  de  l'état;  les  princes  eux-mê- 
mes pouvaient  devenir  boîars,  et  cette 
qualité  était  quelquefois  accordée  à  des 
étrangers  qui ,  venus  en  Russie,  avaient 
rendu  de  grands  services  à  ce  pays.  Il 
parait  que  dans  les  anoîens  temps  le  ooih 


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BOI  (  623  ) 

seil  des  boîars  était  consulté  dans  tonte^ 
Im  afikîfe»  imparuntes  ;'<»««  senrail'dc 
celle  formule  :  «  Le  granë-priaoe  a  or- 
donné ,  les  boîars  onl  approuvé.»  On  dit 
«ttjoord'hai  Martine,  mol  dool  le  people 
a  lail  barùte,  seignear  :  e'esl  le  Ikre  qu'il 
donne  à  tous  ceus  qu'il  veul  honorer^  îd- 
dépendammenldeses  maîtres»  FoirReatZy 
Essai  sur  les  développemens  historiques 
du  droii  et  des  institutions  en  Russie  ^ 
ton.  I,pacf.  114-116  (en  allemand). 

Dans  l'ancienne  Russie  on  appelait 
diètiboïarsfiié  {enïwûé  de  boîars)  une  mi- 
lice noble  presque  toujours  montée ,  et 
qui  serrait  d'escorte  aux  boîars  et  aux 
voîvodes.  On  comptait  sur  celte  cavalerie 
dans  les  grandes  occasions.        J.  H.  S. 

BOI  ARDO  (  Matxo  -  Maria  y  comte 
DB' Scaudiaho)  poète  italien,  né  en 
1430,  dans  le  Milanez.  Il  remplit  des 
charges  d*honneur  à  la  cour  de  Ferrare, 
où  le  duc  Hercule  d'Esté  s'était  fait  le 
protecteur  des  lettres  et  des  arts,  l'émule 
de  la  famille  des  Médicis.  Celait  à 
celle  belle  époque  de  la  renaissance,  ou 
Unt  de  villes  d'iulie  se  glorifiaient  de 
quelque  célébrité  poétique ,  où  lanld'ea- 
prits  cultivés  se  précipitaient  à  la  fois  vers 
l'étude  de  l'antiquité  et  la  production 
spontanée.  Aussi  Boîardo  se  montra-t-il 
à  la  fois  philologue  érudil  et  poète  in- 
venteur ;  il  traduisit  en  italien  Hérodote, 
une  partie  de  Lucien,  l'Ane  d'or  d'A- 
pulée, et  composa  un  poème  épique  in- 
litnlé  le  Roland  amoureux  {Chiando  in^ 


amorato)y  prélude  faible,  il  est  vrai, 
de  l'immortel  poème  de  l'Arieste.  La 
ohevalerie  s'en  allait:  comme  dans  toutes 
les  époques  de  transition,  on  éprouvait 
le  besoin  de  poétiser  un  passé  désormais 
perdu  sans  retour.  Concurremment  avec 
fioîardo,  Luigi  Pulci  écrivait  à  la  cour 
de  Laurent  de  Médicis  son  Morganle 
maggiorCy  puisé  à  la  même  source  que  le 
Roland,  dans  la  Chronique  fabuleuse  de 
l'arche  véque  Turpin.  Le  Roland  de  Boîar- 
do est  on  inextricable  labyrinthe  d'aven- 
tures et  de  courses  chevaleresques ,  ou 
te  trouvent  déjà  les  noms  des  héros  de 
l'Ariosle  et  bien  d'autres  noms  encore, 
a  la  confection  desquels  le  poète  attachait 
une  grande  importance.  Il  tâchait  de  les 
rendre  aussi  ronflans  que  possible,  té 
moiM  ceux  de  Rodomonte,  de  Sacri" 


BOI 

ponte  f  qui  lui  a^ipaHiennent.  On  ne 
peut  lui  refuser  ustalentd'ioveBlioii  re^ 
marquable;  SMisde  la  vie ,  de  l'-iaiagiii»» 
lion  riche,  gracieuse  et  légère,  du  luxe, 
de  la  sève  poétique  de  l'Arioale,  pas  de 
vestige.  Boîardo  a  eu  le  Ion  de  prendre 
son  sujet  au  sérieux,  au  lieu  d'y  mêler  te 
burlesque  comme  Pulci,  ou  de  t^eù  mo- 
quer spirituellement  comme  TAriosle. 
Aussi  lui  a-t-K>n  reproché  quelque  ehose 
de  lourd  el  de  compassé.  Son  plan  d'aiU 
leurs  était  si  vaste  qu'il  esl  resté  loin  de 
le  termîaer,  quoiqu'il  arrive  au  69* 
chanU  De  nos  jours  on  ne  lit  guère  le 
Roland  amoureux  que  cbns  la  forme 
toute  neuve  que  Bemi  lui  donaa  au 
xvi^  siècle.  Boîardo  a  trouvé  encore 
d'autres  contimwteurs,  tels  que  Dommi- 
chini  et  Agostini.  Il  a  fait  preuve  de  ta* 
lent  lyrique  dans  ses  sonnets ,  ses  can^ 
zonej  see  terze  rime;  sa  comédie  de 
Timon,  imitée  d'un  dialogue  de  Lucien^ 
n'a  d'intérêt  que  pour  les  littérateurs  de 
profession.  Boîardo,  gouverneur  de  Ref- 
gio ,  mourut  en  1494.  L*  S* 

BOIENS,  BoîKs  ou  Boos,  peuple 
d'origine  Cimrique  (dont  on*  fait  venir 
le  nom  de  6^,  P^*»*»  àwg  etbogy  ter* 
rible,  en  langue  gallique)  et  divisé  es 
plusieurs  races.  Les  premlen  Botes goi»^ 
iois  habitaient  le  pays  qui  plus  lard  fut 
connu  sous  le  nom  de  Bourbonaait;  d'aiH 
très  s'établirent,  peu  après  l'expéditioa 
de  Bellovèse ,  dans  une  partie  de  l'Italie 
méridionale.  400  ans  après  la  fondation 
de  Rome ,  les  Boîens  vimlurenl  pénétrer 
plus  avant  dans  la  Péoiosule  italique; 
mais  les  Romains  les  repoussèrent  et  les 
contraignirent  à  se  réfugier  sur  les  bords 
du  Danube.  An  temps  de  César,  on  les 
voit  prendre  part  à  l'attaque  des  Helv^ 
tiens  contre  la  Gaule;  ils  furent  établis 
par  lui  dans  la  première  Lyonnaise.  D'ai»^ 
très  Boîens  gaulois  habitaient  le  pays  qui 
forme  aujourd'hui  le  territoire  de  jBuch, 
dans  les  Landes. 

Les  Boîens  de  Germanie  avaient  pour 
séjour  le  fertile  bassin  qu'entourent  les 
monts  Sudètes  et  1»  forêt  de  Hercyoie, 
aujourd'hui  la  Bohème,  Boio^fuemum^ 
Ce  nom,  qui  signifie,  en  langue  germa* 
nique,  demeure  des  Boîes  (Boienheim), 
lui  fut  donné  par  les  Marcomans,  qui 
s'en  emparèrent  après  en  avoir  expulsé 


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BOI 


(624) 


BOI 


les  habitans.  C'est  eacore  des  Boîens 
que  la  Bavière  [Boaria ,  Boiaria  )  a  tiré 
son  Dom.  Des  Boîens  figurèrent  aussi 
parmi  les  tribus  gauloises  qui  envahirent 
TAsie-Mioeure  et  laissèrent  leur  nom  à 
la  Galatie.  A.  S-r. 

BOIELDIEU  (Adrieic-François)  , 
compositeur  dramatique,  né  à  Rouen  , 
en  1775,  eut  pour  maître  de  clavecin 
et  d'harmonie  Broche,  organiste  de  la 
cathédrale.  Ce  fut  à  l'âge  de  20  ans  que 
M.  Boïeldieu  vint  à  Pans,  où  il  se  fit 
connaître  comme  pianiste  et  comme  au- 
teur de  romances  qui  eurent  un  succès 
de  TOgue.  Appelé  à  l'emploi  de  profes- 
seur d'une  classe  de  piano  au  Conser- 
vatoire ,  il  forma  d'excellens  élèves  parmi 
lesquels  on  distingue  M.  Zimmermann , 
qui  remplit  aujourd'hui  les  mêmes  fonc- 
tions. £n  1803  M.  Boïeldieu  se  rendit  à 
Saint-Pétersbourg,  oik  il  devint  direc- 
teur de  la  musique  de  Tempereur  jus- 
qu'en 1810,  époque  à  laquelle  il  revint 
en  France.  Pendant  son  séjour  en  Russie 
il  a  écrit  plusieurs  opéras  qui  out  été,  en 
partie ,  représentés  depuis  au  théâtre 
de  rOpéra-Comique.  Ces  opéras  sont  :  ta 
Jeune  Femme  colère ,  les  Deux  Para- 
ifents,  Mine  y  reine  de  Golconde  y  Ca- 
lypso ,  les  Foitures  versées,  un  Tour 
de  Soubrette  y  Télémaque  y  Ahderkcm, 
Avant  son  départ  M.  Boïeldieu  avait  fait 
jouer  à  Paris  la  Famille  suisse ,  en  un 
acte,  1795  ;  la  Dot  de  SuzettCy  un  acte, 
1796;  Montbreuil  et  Fendille  y  1797; 
Zoraïme  et  Zulnar,  trois  actes,  1798; 
les  Méprises  espagnoles ,  même  année  ; 
Beniowskiy  en  trois  actes,  1800;  le 
Calife  de  Bagdad^  un  acte ,  même  an- 
née; Ma  tante  Jurore,  en  trois  actes, 
1803.  Depuis  son  retour  il  a  donné  : 
Jean  de  Paris ,  en  deux  actes ,  18 12  ;  /é 
Nouveau  Seigneur  du  Village  y  en  un 
acte,  1813;  Angèla^  1814;  les Béar^ 
nais  y  en  un  acte,  1814;  le  Siège  de 
Méùèresy  1814;  la  Fête  au  Village 
voisin  y  trois  actes ,  1 8 1 6  ;  /è  Petit  Cha- 
peron fvuge y  trois  actes,  1818;  la 
Dame  Blanche^  trois  actes,  1826,  et  les 
Deux^uiUj  1829. 
.  M.  Boïeldieu  est  un  des  compositeurs 
fran^is  qui  ont  le  mieux  compris  le 
genre  de  TOpéra-Comique ,  et  qui  ont 
écrit  les  ouvrages  de  cette  espèce  les  plus 


remarquables.  Une  grande  netteté  dans 
la  pensée ,  beaucoup  de  grâce  et  d'élé- 
gance dans  l'invention  des  mélodies,  une 
scrupuleuse  observation  des  convenances 
sciniques,  de  Tesprit  et  de  la  finesse 
dans  le  choix  des  accompagnemens ,  tels 
sont  les  traits  principaux  du  talent  de 
ce  compositeur.  La  plupart  de  ses  opéras 
ont  eu  de  grands  succès;  la  vogue  dont  a 
joui  celui  de  la  Dame  Blanche  est  pres- 
que unique  dans  les  fastes  du  Théâtre 
de  rOpéra-Comique. 

M.  Boïeldieu  a  été  nommé  successive- 
ment compositeur  adjoint  à  la  musique 
du  roi  Charles  X,  compositeur  de  la 
duchesse  de  Berry  en  1826  ,  professeur 
de  composition  au  Conservatoire,  et 
membre  de  l'Institut.  Il  avait  été  décoré 
de  Tordre  de  la  Légion  -  d'Honneur  au 
mois  de  mai  1821.  E.  F-s. 

BOILEAU-DESPRÉAUX(NicoLAs) 
naquit,  le  1^' novembre  1636,  à  Paris 
ou  à  Crâne.  Cette  seconde  tradition  est 
moins  probable;  on  assure  pourtant  que 
son  surnom  de  Despréaux  vient  d'un  pe- 
tit pré  de  ce  village.  11  n'avait  pas  12 
mois  quand  il  perdit  sa  mère,  pas  20  ans 
quand  mourut  son  père,  greffier  du  con- 
seil de  la  grand*  chambre.  Onzième  en- 
fant de  cette  famille,  atteint,  dès  ses  jeu- 
nes ans,  de  maladies  graves,  languissant 
et  délaissé,  il  grandit  au  sein  des  dou- 
leurs et  des  contradictions.  Il  était  né 
dans  un  grefTc:  il  fut  condamné  à  deve- 
nir avocat.  Mais  ayant  lu  des  romans  et 
fait  des  vers,  il  ne  goûta  ni  la  science  des 
légistes,  ni  surtout  ce  qu'ils  appelaient 
leur  pratique,  et  ne  s'étudia  qu'à  les  con- 
vaincre de  son  entière  inaptitude;  il  y 
réussit.  Pour  mieux  échapper  au  barreau, 
il  s'avisa  de  se  réfugier  dans  une  école 
de  théologie  ;  et  le  plus  grave  de  ses  his- 
toriens, Tacadémicien  de  Boze,  nous  dit 
en  propres  termes  «  qu'il  y  retrouva  la 
«  chicane  qui  n'avait  fait  que  changer 
«  d'habit  »  Dès  lors  il  résolut  de  se  con- 
sacrer aux  lettres.  Deux  de  ses  frères, 
Gilles  et  Jacques ,  se  sont  engagés  dans 
la  même  carrière.  Jacques,  docteur  de 
Sorbonne,  n'a  guère  écrit  que  sur  des 
matières  ecclésiastiques ,  et  la  plupart  de 
ses  livres  sont  en  langue  latine.  Mais  Gil- 
les, auteur  de  poésies  françaises,  detra- 
d actions  en  vers  et  en  prose^  et  de  quel* 


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BOI 


(625) 


BOI 


qaes  antres  productions ,  a  été  Tun  des 
40  immortels  de  l'Académie  française, 
35  ans  avant  Nicolas.  Celui-ci  ne  souffrit 
pas  toujours  sans  murmures  les  hauteurs 
et  les  dédains  de  ce  frère  atné;  ib  ont  eu 
ensemble  des  démêlés  dont  on  retrouve 
des  vestiges  dans  les  ouvrages  du  plus 
jeune.  Toutefois  ils  se  réconcilièrent,  et 
Nicolas  demeura  si  fidèle  à  cette  amitié 
fraternelle,  qu*il  se  fît  l'éditeur  des  OEu- 
vres  posthumes  de  Gilles. 

Despréaux  nous  a  conservé  lui-même 
quelques-uns  de  ses  premiers  vers,  deux 
chansons,  un  sonnet,  une  ode;  faibles 
essais  qui  ne  méritaient  pas  le  nom  de 
préludes.  Son  véritable  début  est  de  l'an- 
née 1660,  la  24*  de  son  âge;  c'est  l'épo- 
que de  sa  1*^*  Satire,  intitulée  Adieux 
d*  un  poète  à  la  ville  de  Paris,  et  de  celle 
où  sont  décrits  les  embarras  de  cette 
grande  cité;  toutes  deux  déjà  remarqua- 
bles par  la  pureté  du  style,  par  une  ver- 
sification élégante ,  par  le  talent ,  alors 
bien  rare,  d'exprimer  les  détails  les  plus 
rebelles  et  d'ennoblir  les  plus  vulgaires. 
L'auteur  avait  été  admis  à  lire  ces  deux 
pièces  au  sein  d'une  société  fameuse,  où 
présidaient  la  marquise  de  Rambouillet 
et  sa  fille,  la  duchesse  de  Montausier.  Là 
brillaient  Chapelain  et  Cotiu ,  révérés 
comme  des  oracles  ;  le  jeune  Despréaux 
n'eut  pas  le  bonheur  de  leur  plaire;  il 
n'admira  pas  non  plus  leur  génie,  leur 
goût,  leur  savoir;  il  sortit  de  l'hôtel  Ram- 
bouillet beaucoup  plus  satirique  qu'il  n'y 
était  entré.  Dans  le  cours  des  sept  an- 
nées suivantes,  il  publia  les  6  satires  que 
les  éditions  nomment  la  7®,  la  2®,  la  4*^, 
la  3*  et  la  5*.  Celle  qui  a  pour  sujet  le 
genre  satirique  même  peut  sembler  in- 
férieure au  modèle  latin  qu'elle  imite; 
une  autre  n'est  qu'une  assez  médiocre  es- 
quisse des  folies  humaines;  mais  celle 
qui  expose  les  difficultés  de  l'art  d'écrire 
en  vers  français  a  du  moins  le  mérite  de 
les  surmonter.  Plusieurs  des  traits  sati- 
riques dont  la  description  d'un  festin  ri- 
dicule est  parsemée  sont  restés  mémora- 
bles; et  la  pièce  qui  commence  par  dé- 
clarer que  la  noblesse  n'est  point  une 
chimère,  a  pu  contribuer  à  propager  l'o- 
pinion contraire.  Quoi  qu'il  en  soit,  les 
deux  meilleures  satires  de  Boileau  sont 
la  8*  et  la  9*  ,  composées  en  1667  : 

Encyclop,  d.  G,  d,  Af.  Terne  III. 


l'une  peint  tous  de  vives  oonlenn  les 
travers  et  les  vices  de  la  race  humaine^ 
telle  que  les  sociétés  l'ont  faite;  l'au- 
tre, adressée  par  le  poète  à  son  propre 
esprit,  offre  un  brillant  tissu  d'idées 
ingénieuses  et  d'expressions  poétiques; 
on  y  voit  quelle  force  et  même  quelle 
grâce  une  raison  sévère  peut  ajouter  à 
l'atticisme  de  la  diction  et  à  la  verve  du 
style.  Il  y  a  26  ans  d'intervalle  entre  cette 
excellente  satire  et  la  10^,  où  les  femmes 
sont  si  amèi'ement  censurées.  Une  si  lon- 
gue distance  explique  ou  même  excuse 
l'affaiblissement  que,  malgré  de  rioiies  dé- 
tails et  de  très  beaux  vers,  on  a  cru  re- 
marquer ici  dans  le  talent  du  poète ,  et 
que  rendent  de  plus  en  plus  sensibles  ses 
deux  dernières  satires ,  où  il  s'agit  de 
l'honneur  et  de  l'équivoque.  On  y  recon- 
naît souvent  encore  l'auteur  des  neuf  pre- 
mières, mais  descendu  à  son  13*  et  à  son 
14^  lustre.  De  ces  1 2  satires,  trois  sont  pu- 
rement littéraires  ;  et  Despréaux ,  en  com- 
posant les  neuf  autres  y  a  fréquemment 
trouvé  ou  cherché  les  occasions  de  criti- 
quer les  vers  et  la  prose  d'un  grand  nom- 
bre de  SCS  contemporains.  Jeune  encore 
il  signalait  tous  les  écueils  de  l'art  d'é- 
crire, la  bizarrerie  des  sujets  et  l'incon-   ' 
venance  des  styles ,  l'insipide  afféterie  et 
la  grossièreté  triviale ,  la  sécheresse  et  la 
prolixité,  la  négligence  et  la  contrainte ^ 
la  froideur  et  l'emphase.  Le  mauvais  goût 
n'a  point  de  travers  qu'il  ne  condamne  ^ 
non-seulement  dans  les  auteurs  déjà  mé- 
prisés, dans  vingt  académiciens  dès  lors 
«obscurs,  mais  surtout  dans  les  coryphées 
du  monde  littéraire,  dans  les  Chapelain^ 
.  les  Cotin,  les  Scuderi ,  noms  aujourd'hui 
sans  honneur,  fantômes  alors  révérés; 
dans  ce  Charles  Perrault  qui,  ayant  con- 
tracté de  bonne  heure  la  facile  habitude 
des  intrigues,  mettait  son  étude  à  multi- 
plier ses  relations  avec  les  grands,  avec 
les  gens  de  lettres,  avec  les  artistes,  et 
parvenait  à  soutenir  sa  réputation  litté- 
raire par  l'idée  qu'il  faisait  prendre  de 
son  crédit  et  de  son  influence.  Loin  de 
confondre  Quinault  avec  tant  de  rimeurs 
inhabiles,  il  louait  chez  lui  la  versifica- 
tion la  plus  mélodieuse  dont  le  génie  de 
la  musique  eût  encore  pu  disposer,  et 
ne  critiquait,  parmi  les  poèmes  dç  cet  au* 
teuT;  que  ceux  qu'on  ne  chantait  pas, 

40 


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BOI 


(626) 


BOI 


fitratonice,  Amalazopte,  Astrale ,  dra- 
mes eo  effet  illisibles  et  depuis  long-temps 
oubliés.  U  admirait  aussi  dans  le  Tasse 
le  génie  d*un  poète  épique,  imitant  Vir- 
gile comme  Virgile  avait  imité  Homère; 
mais  il  osait  lui  reprocher  les  descrip- 
tions superflues,  les  interventions  de  dé- 
mons et  d'angea,  les  expressions  recher- 
chées, les  tours  affectés,  les  concetti  que 
déjà  Galilée  avait  condamnés  bien  plus 
durement,  et  qu'ont  censurés  depuis  avec 
autant  de  rigueur,  Rapin,  Bouhours, 
Addisson,Métastase.Si  d'autres  jugemens 
de  Boileau ,  en  bien  petit  nombre,  sem- 
blent un  peu  trop  sévères,  toujours  est-il 
un  satirique  bien  modéré,en  comparaison 
de  ceux  qui ,  avant  et  après  lui^  ont  écrit 
dans  le  même  genre.  La  gaité  qui  anime 
ses  satires  verse  le  ridicule  et  non  Tinfa- 
mie  ;  la  malice,  qui  les  dicte  plus  souvent 
que  la  colère  ne  les  inspire ,  se  prescrit 
toujours  des  limites:  elle  veut  des  jouets 
et  non  des  victimes. 

Les  12  épitres  de  Boileau  n'ont  paru 
qu'après  ses  9  premières  satires  ;  elles 
sont  en  général  les  fruits  d'un  talent  plus 
mûr  et  plus  exercé.  La  verâification  y  a 
plus  de  souplesse  et  de  grâce,  le  style 
plus  de  mouvement  et  de  consistance; 
des  pensées  plus  fortes ,  plus  étroitement 
enchaînées,  y  sont  exprimées  avec  plus 
de  vérité,  de  couleur  et  d*énergie.  Ce  pro- 
grès est  sensible  dans  les  épitres  sur 
le  respect  humain,  sur  la  connaissance 
de  soi-même,  sur  les  plaisirs  de  la  campa- 
gne, et  dans  le  remerciment  à  Louis  XIV. 
De  brillantes  descriptions,  des  vers  élé-* 
gans,  harmonieux  et  souvent  pittoresques, 
des  ornemens  très  variés  et  toujours  con- 
Yenables,  enrichissent  ces  4  épitres  qui 
ne  sont  pas  les  plus  belles.  C'est  quand  il 
célèbre  le  passage  du  Rhin,  quand  il 
chante  les  exploits  guerriers  et  recom- 
mande les  vertus  pacifiques;  c*est  cjuand 
il  exhorte  à  n'aimer  que  la  vérité;  c'est 
lorsque,  inspiré  par  legoût  et  par  l'amitié, 
il  enseigne  à  Racine  comment  le  génie , 
en  méprisant  la  critique  malveillante, 
peut  en  profiter  cependant;  c'est  en  des 
sujets  si  divers  que  Despréaux,  prenant 
tous  les  tons  avec  justesse,  ennoblit, 
agrandit  ce  genre  de  poèmes,  et  y  rem- 
place «au  moins  par  des  beautés  sévères 
Tenjouement  gracieux  d'Horace^son  aban- 


don inimitable  et  sa  négligence  si  par- 
faite. Nous  n'étendons  ces  éloges  ni  à  sa 
2^  épitre,  ni  aux  trois  dernières.  La  2* 
consiste  en  50  vers,  où  des  lieux  com- 
muns sur  la  manie  des  procès  se  termi- 
nent par  un  bien  aride  apologue,  quoique 
ce  soit  celui  de  Thuitre  et  des  plaideurs. 
Les  8  autres,  publiées  en  1695,  étaient 
de  pénibles  productions  d'une  muse  pres- 
que sexagénaire.  Despréaux  y  parle  à 
ses  propres  vers  des  circonstances  de  sa 
vie  ;  à  son  jardinier  d'Auleuil  de  la  néces- 
sité du  travail  ;  à  Tabbé  Renaudot  de  l'a- 
mour de  Dieu.  Respectons  la  vieillesse 
d'un  grand  poète  :  il  sait  encore  lutter , 
non  sans  vigueur ,  contre  d'épineux  dé- 
tails ,  et  jeter  de  la  clarté ,  quelque  cha- 
leur même,  jusque  sur  les  argumens  théo- 
logiques qu'il  se  condamne  à  versifier. 
Parmi  les  épitres  composées  20  ans  oa 
plus  auparavant,  trois  sont  adressées  à 
Louis  XIV,  ou  même  4 ,  si  l'on  tient 
compte  d'un  discours  en  vers  qui  se  lit  à 
la  tête  des  satires,  et  qui  n'en  est  pas  un 
très  digne  frontispice.  Le  grand  monar- 
que est  complimenté  sous  des  formes  di- 
verses et  souvent  ingénieuses,  non-seu- 
lement dans  ces  4  pièces,  mais  dans  les 
satires  mêmes,  dans  l'Art  poétique,  dans 
le  Lutrin,  ailleurs  encore  ;  et  l'on  peut  re- 
gretter qu'un  satirique  si  austère  ait  tant 
prodigué  les  louanges.  Chez  lui  du  moins 
elles  sont  circonspectes  jusque  dans  leur 
profusion  ;  jamais  il  n'encense  ni  un  vice, 
ni  une  mauvaise  action,  ni  même  une 
erreur  grave;  il  n'applaudit  point  aux 
dragonnades;  il  ne  célèbre  pas,  comme 
a  fait  Ch.  Perrault,  la  révocation  de  l'é^ 
dit  de  Nantes.  Préconiser  les  méfaits 
des  matures  du  monde,  c'est  en  être  le 
complice; leur  attribuer  des  vertus  qu'ib 
n'ont  pas  est  quelquefois  le  seul  moyen 
de  leur  adresser  d'utiles  conseils.  De»-- 
préaux  a  usé  de  celte  licence;  il  osa  in- 
viter Louis  XIV  à  s'illustrer  par  de  sages 
lois  et  par  une  administration  équitable, 
plutôt  que  par  des  conquêtes.  Le  monar- 
que lut  l'éptlre,  l'admira,  et  fit  la  guerre; 
mais  le  poète  avait  fait  un  bel  ouvrage 
et  une  belle  action.  Pensionné  comme 
historiographe,  il  rima  quelques  compli- 
mens  de  cour  et  s'abstint  d'écrire  des 
Annales  qui  n'auraient  pu  être  que  men- 
songères. 


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BOI 


(62T) 


BOI 


'  fin  1674  il  mit  au  jour  l'Art  poétique 
et  le  Lutrin;  ces  deux  chefa^'oeuvre  Ta- 
Taieut  occupé  duraut  cinq  années.  Le  pre- 
mier est  un  poème  didactique  où  sont 
d'abord  exposées  les  règles  générales  de 
Fart  d'écrire.  Jamais  encore  elles  n'a- 
Taient  été  exprimées  avec  autant  de  pré- 
cision ,  enchaînées  avec  autant  de  métho- 
de ;  et  néanmoins  le  poète  sait  les  inter- 
rompre à  propos  y  y  mêler  des  traits  de 
satire,  y  joindre  un  tableau  historique 
de  la  poésie  française.  En  appliquant  ces 
préceptes  généraux  aux  différentes  com- 
positions poétiques,  à  l'idylle ,  à  l'élégie, 
à  l'ode,  à  l'épigramme,  à  la  satire,  il  dé- 
crit Téritablement  ces  poèmes;  il  ensei- 
gne moins  ce  qu'ils  doivent  être  qu'il  ne 
montre  ce  qu'ils  sont  de  leur  nature.  Son 
style  harmonieux  nous  les  représente  en 
prenant  sans  effort  et  sans  dissonance 
tous  les  tons  qui  leur  conviennent.  Loin 
qu'un  tel  travaille  décourage,  il  se  laisse 
au  contraire  séduire  par  les  difficultés  et 
consacre  20  excellens  vers  à  l'exposition 
des  rèjglcs  minutieuses  du  sonnet.  On 
sait  avec  quel  éclat  la  tragédie,  l'épopée, 
la  comédie  sont  peintes  dans  le  8*  chant, 
et  quel  intérêt  profond  répandent  sur  le 
4®  la  sagesse  des  maximes,  la  noblesse  des 
sentimens  et  la  dignité  du  style;  Boileau 
nous  y  entretient  des  mœurs  de  l'écri- 
vain ,  et  son  langage  est  à  la  fois  celui 
d'un  poète  et  d'un  homme  de  bien. 

Indigné  du  succès  des  poésies  hurles- 
ques,  il  voulut,  à  cet  art  grossier  d'avilir 
de  grands  objets  par  des  formes  basses , 
substituer  un  art  plus  noble,  celui  de 
traiter  avec  gravité  un  sujet  comique  et 
de  faire  prendre  à  de  ridicules  figures 
des  attitudes  solennelles  ;  ingénieux  et 
fécond  système  où  devaient  se  succéder, 
se  fondre  et  ressortir  par  leurs  contras- 
tes les  saillies  de  la  gaité  satirique,  les 
richesses  de  la  poésie  descriptive  et  les 
fictions  hardies  de  l'épopée.  Voilà  ce 
qu'un  talent  flexible,  dirigé  par  im  goût 
exquis,  a  fait  admirer  dans  les  4  premiers 
chants  du  Lutrin.  Aucun  des  précédens 
ouvrages  de  Boileau  n'avait  promis  celui- 
là.  Son  génie  n'avait  point  encore  révélé 
le  secret  de  tant  de  ressources  ;  on  ne  le 
savait  pas  riche  de  tout  ce  qu'il  répand 
ici  d'ornemens  et  de  grâces  sur  les  récits 
et  sur  les  discours^  sur  les  portraits  et 


sur  les  tahlcOTX.  Les  deux  damiers  chants 
n'ont  été  composés  qu'environ  9  ans  plua 
tard.  Le  6®  platt  encore  par  l'élégance  du 
style  et  parla  gaité  des  détails,  quoiqu'ils 
soient  peu  variés  et  fort  épisodiques. 
Mais  l'aridité  du  6*  est  déplorable,  et  il 
est  trop  permis  de  dire  que  Despréaux 
n'a  réellement  point  achevé  son  plus  poé^ 
tique  et  plus  aimable  ouvrage. 

Après  avoir  distingué  dans  les  œuvres 
de  Boileau  d'excellentes  satires,  de 
meilleures  épitres,rArt  poétique  et  quatra 
chants  du  Lutrin,  il  serait  inutile  de  s'ar- 
rêter aux  essais  lyriques  et  aux  poésies 
diverses  qui  s'impriment  à  la  suite  do 
ces  chefs-d'œuvre.  D'heureux  quatrains 
n'ajouteraient  rien  à  une  gloire  si  haute} 
et  une  mauvaise  ode ,  de  froids  sonnets  , 
de  faibles  épigrammes  ne  peuvent  pas  la 
rabaisser.  Ses  écrits  en  prose  n'attirent 
l'attention  que  par  leurs  objets  et  par 
leurs  rapports  avec  de  plus  mémorables 
travaux.  Presque  toujours  claire  et  assez 
souvent  correcte,  la  prose  de  Boileau 
manque  beaucoup  trop  de  couleur , 
d'harmonie  et  même  d'élégance.  On  voit 
qu'il  l'a  composée  négligemment,  et 
comme  pour  se  reposer  de  ses  veilles 
poétiques.  Cependant  il  n'avait  fait  en- 
core que  deux  satires  quand  il  écrivit , 
en  1662,  sa  dissertation  sur  Joconde. 
Cet  hommage  rendu  avec  franchise,  et 
non  sans  quelque  soin,  au  talent  de 
La  Fontaine,  est  un  monument  de  l'estime 
qu'il  avait  dès  lors  conçue  pour  cet  im«- 
mortel  poète ,  dont  il  est  devenu  depuis 
l'un  des  amis  les  plus  intimes  :  on  a 
peine  à  comprendre  par  quelle  fatalité 
le  nom  du  fabuliste,  si  honorablement 
cité  en  divers  endroits  des  œuvres  de 
Boileau,  a  été  oublié  dans  l'Art  poétique. 
Mais  de  tous  les  ouvrages  en  prose  que 
le  satirique  a  laissés,  le  mieux  écrit,  le 
plus  plein  de  traits  piquans  et  de  saillies 
ingénieuses,  est  le  dialogue  des  héros  de 
romans,  publié  en  1664.  Il  s'en  faut 
qu'on  doive  les  mêmes  éloges  à  un  dis- 
cours sur  la  satire ,  composé  4  ans  plus 
tard,  non  plus  qu'à  d'autres  préfaces 
qui  portent  des  dates  encore  moins  an- 
ciennes. L'arrêt  buriesque  de  1671,  pro- 
duction en  soi  légère,  se  recommanda 
par  l'intention  qui  l'a  dicté  et  demeort 
mémorable  par  l'effet  qa'il  a  prodnil* 


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(628) 
ak>rt  U 


Là  phikMophie  de  Desctrtflt, 
plus  raisonnable,  était  menacée  d'one 
proscription  solennelle  :  Despréaux  eut 
le  bonheur  d'empêcher  l'université  et  le 
parlement  9  déjà  coupables  de  tant  de  sot- 
tises ,  d'en  commettre  une  de  plus. 

A  l'époque  de  la  plus  glorieuse  activité 
de  son  génie  poétique ,  en  1674 ,  Boileau 
fit  paraître  y  avec  ses  deux  plus  grands 
ouvrages,  la  traduction  d'un  traité  grec  sur 
le  Sublime.  Elle  était,  quoi  qu'on  en  ait 
dit ,  constamment  fidèle ,  mais  rarement 
élégante  ;  le  style  en  est  presque  partout 
faible,  décoloré,  traînant  et  pénible.  U 
n'y  a  d'excellent,  dans  cette  traduction 
en  prose,  que  les  vers.  Le  rhéteur  Lon- 
gin  n'est  interprété  que  par  un  helléniste; 
Homère  et  Sapho,  quand  Longin  les 
cite,  sont  traduits  par  un  poète  qui  sait 
reproduire  les  couleurs  et  les  beautés  de 
leurs  vers,  les  formes  et  les  tours  figurés 
que  l'auteur  du  traité  y  fait  remarquer. 
Despréaux  a  imposé  le  nom  de  Réflexions 
sur  Longin  à  des  dissertations  polémi- 
ques qu'il  a  composées  long-temps  après 
cette  traduction  et  dans  lesquelles  il  ne 
s'agit  règlement  ni  de  Longin  ni  de  son 
traité;  seulement  des  textes  de  ce  rhéteur 
grec  se  lisent  à  la  tète  de  ces  réflexions, 
et  y  servent  de  points  de  départ  pour 
arriver  à  d'autres  sujets.  Les  9  premières, 
imprimées  en  1693,  sont  des  réponses 
très  judicieuses  aux  détracteurs  des 
grands  écrivains  de  l'antiquité,  particu- 
lièrement d'Homère;  Ch.  Perrault  y  est 
durement  convaincu  d'ignorance  et  de 
mauvais  go&t.  Les  3  dernières,  écrites 
par  Boileau  dans  la  74^  année  de  sa  vie 
et  publiées  après  sa  mort,  concernent  un 
Terset  célèbre  du  premier  chapitre  de  la 
Genèse ,  et  quelques  vers  de  la  Phèdre  et 
de  l'Athalie  de  Racine.  Entre  les  au- 
tres opuscules  en  prose  du  poète  satiri- 
que, il  ne  resterait  guère  à  distinguer 
que  son  remerclment  épigrammatique  à 
l'Académie  française  en  1683,  et  ses 
lettres  depub  1672  jusqu'en  1710. 

S'il  est  entré  fort  tard  à  rAcadémie,c 'est 
surtout  à  lui  qu'il  faut  s'en  prendre  :  il  at- 
tendit un  ordre  exprès  de  Lou  b  XIV  pour 
se  juger  digne  de  succéder  à  M.  de  Bezons. 
Ses  succès  dans  cette  compagnie  n'ont 
pas  été  fort  éclatans  :  il  y  perdait  presque 
toutes  ks  causes  qu'il  ^l'ayisait  de  soute- 


BOI 

nifi  contredisait  inutileoMOt  le  décisif 
Charpentier ,  et  résistait  sans  pmdeooe 
à  l'admission  des  gens  de  cour,  ama- 
teurs d'honneurs  littéraires.  Il  s'abstint  de 
coopérer  à  l'exclusion  de  Furetière  ;  on 
assure  même  qu'il  s'y  opposa ,  et  qu'il 
porta  d'ailleurs  la  tém^ité  jusqu'à  propo- 
ser à  l'Académie  un  plandetravail,comme 
ont  fait  depuis  tout  aussi  vainement  Fé- 
nélon,  l'abbé  de  Saint-Pierre  et  Voltaire. 
On  a  recueilli  un  assez  grand  nombre 
de  ses  lettres,  85  à  diverses  personnes, 
30  a  Racine,  61  à  Brossette.  Les  plus 
remarquables ,  dans  la  première  de  ces 
trois  séries,  sont  celles  qu'il  adresse  à  Yi- 
vonne  au  nom  de  Balzac  et  de  Voiture , 
en  contrefaisant  les  styles  de  ces  deux 
écrivains;  au  docteur  Amauld  pour  le 
remercier  d'avoir  fait  l'apologie  de  la 
satire  des  femmes;  à  Ch.  Perrault  sur  la 
littérature  ancienne.  Ce  qu'on  a  conserré 
de  sa  correspondance  avec  Racine  ne 
commence  qu'en  1687  :  ces  deux  poètes 
ont  continué,  durant  les  onze  années  sui- 
vantes, de  se  consulter  mutuellement  sur 
leurs  ouvrages.  Ils  étaient,  et  ils  sont  en- 
core, les  deux  plus  habiles  écrivains  en 
vers  français  :  à  ce  titre  ils  pouvaient 
n'être  que  des  rivaux  ;  une  amitié  active 
et  franche  n'a  pas  cessé  de  les  unir  jus- 
qu'au jour  où  l'auteur  de  Phèdre ,  repo- 
sant sur  Boileau  ses  derniers  regards, 
se  félicita  de  mourir  le  premier.  De- 
puis 1699  jusqu'en  1710,1e  principal 
Gorrespoudant  de  Boileau  fut  Brossette, 
son  commentateur  futur,  qui  lui  était,  à 
tous  égards,  trop  inférieur  pour  que 
leur  commerce  épistolaire  puisse  toe 
d'un  grand  intérêt.  Cependant  les  lettres 
de  Despréaux,  sans  excepter  celles  de 
cette  troisième  série,  sont  encore  aujour- 
d'hui instructives  :  les  unes  expliquent  cer- 
tains endroits  de  ses  poèmes  ;  les  autres 
tiennent  à  l'histoire  littéraire  de  son 
siècle  ;  plusieurs  renferment  d'excellens 
conseils  et  d'utiles  observations  critique^ 
la  plupart,  enfin,  donnent  une  très 
bonne  idée  de  son  caractère  et  de  ses 
mœurs.  Sous  d'autres  rapports ,  il  serait 
permis  de  les  trouver  peu  dignes  de  ses 
ouvrages  :  il  n'est  point  du  petit  nombre 
des  auteurs  épistolaires  qui  attirent  et 
attachent  les  lecteurs  par  la  finesse  des 
peQ9ées;  par  la  vive  expression  des  scn-- 


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timeos ,  par  les  grâces  et  Tabandon  du 
style. 

C'est  par  les  écrits  de  Boileau  et  sur- 
tout par  ses  lettres  que  plusieurs  détails 
de  sa  vie  privée  sont  bien  connus;  mais  on 
y  a  joint  un  plus  grand  nombre  d'anec- 
dotes, puisées  à  des  sources  moins  dignes 
de  con6ance.  Pour  nous  borner  aux  faits 
avérés ,  nous  dirons  qu'il  s'estimait  heu- 
reux quand  il  pouvait  réparer,  envers 
les  hommes  de  lettres,  les  injustices  de 
la  fortune  et  de  la  société.  Il  acheta  la 
bibliothèque  de  Patru  en  lui  en  conser- 
vant la  pleine  jouissance.  D'autres  litté- 
rateurs dignes,  comme  celui-là,  de  toute 
son  estime,  se  sont  honorés  de  son  amitié 
généreuse  et  n'ont  pas  repoussé  ses  bien- 
faits; il  éprouvait  tellement  le  besoin 
d'en  répandre  qu'il  en  jeta  jusque  sur 
l'ingrat  Linière.  H  n'osa  point  en  offrir  à 
Corneille,  quand  la  pension  de  ce  poète, 
presque  octogénaire,  récompense  trop 
faible  et  trop  nécessaire  de  ses  veilles 
immortelles,  fut  tout  à  coup  supprimée. 
Mais  à  cette  nouvelle,  Despréaux  Tole 
vers  Louis  XTV,  il  tonne  contre  cette 
spoliation  barbare,  il  renonce  à  la  pen- 
sion dont  il  jouit  lui-même,  tant  que  la 
plus  sacrée  de  toutes  ne  sera  point  ac- 
quittée, et  Ton  s'empresse  de  réparer 
une  injustice  qu'il  menace  de  punir  avec 
tant  d'éclat.  Jamais  satirique  ne  fut 
moins  haineux;  il  n'était  cruel  qu'en 
▼ers,  a  dit  M™®  de  Sévigné.  Enclin  à  pai^ 
donner  les  offenses  qu'il  avait  reçues ,  et 
jusqu'à  celles  qu'il  avait  faites,  il  s'est 
réconcibé  de  bonne  foi  avec  Boursaut, 
avec  Regnard ,  peu  s'en  faut  même  avec 
les  frères  Perrault.  Admirateur  de  Pas- 
cal ,  ami  des  Jansénistes  plutôt  que 
leur  disciple,  il  savait  aussi  rendre  hom- 
mage aux  talens  des  Bourdaloue,  des 
Bouhours ,  des  Rapin  et  de  quelques  au- 
tres jésuites  recommandables.  Mais  les 
écrivains  qu'il  a  le  plus  fréquentés  et  le 
plus  chéris  sont  Racine ,  La  Fontaine  et 
Molière.  C'est  à  pleines  mains  que ,  dans 
l'épltre  à  Racine ,  il  a  répandu  des  fleurs 
sur  la  tombe  de  Molière  comme  sur 
celle  de  la  véritable  comédie.  Il  révérait 
en  lui  le  plus  ingénieux  censeur  des  fo- 
lies humaines,  l'appelait  le  contempla- 
teur, le  philosophe,  et  lui  décernait  le 
premier  rang  dans  la  littérature  d'un  si 


grand  siècle,  expiant  par  tant  d'hom- 
mages huit  vers  moins  équitables  du 
3®  chant  de  l'Art  poétique. 

Despréaux  porta  dans  tontes  ses  rela- 
tions, et  même  à  la  cour,  une  franchisa 
qui  pouvait  sembler  souvent  imprudente. 
Deux  fois  derant  M™®  de  Mainteoon  et 
son  second  époux,  il  couvrit  d'opprobre 
les  comédies  du  premier.  Peu  content 
de  déclarer  détesUbles  les  v«rs  que  prô- 
naient les  grands  seigneurs,  et  surtout 
ceux  qu'ils  faisaient,  il  se  mêlait  de  cen- 
surer la  tyrannie  comme  le  mauvais  goût. 
On  l'entendit  blâmer  hautement  les  per- 
sécuteurs de  ces  religieuses  de  Port- 
Royal  ,  déjà  si  cruelles,  disait-il,  contre 
elles-mêmes.  Apprenantque  l'ordre  d'ar- 
rêter Arnauld  venait  d'être  signé,  il  s'é- 
cria :  «  Le  roi  est  tn>p  heureux  pour  le 
trouver.  »  Coaueent  nepas  s'étonner  des 
succès  qu'obtint  à  la  cour  un  si  mauvais 
courtisan  ?  il  se  vit  pourvu  de  pensions  , 
accablé  de  faveurs  qu'il  n'avait  point 
sollicitées.  On  le  fit,  comme  nous  l'avons 
dit,  historiographe  et  membre  de  l'Acadé- 
mie française;  peu  après  on  l'adjoignit, 
avec  Racine,  aux  cinq  premiers  membres 
de  la  petite  Académie  des  méd/tilles,  au- 
jourd'hui des  inscriptions.  Cependant 
lorsqu'en  1 699  il  vint  faire  à  Louis  XTV 
le  récit  de  la  mort  de  Racine,  la  froide  ré- 
ponse du  monarque  lui  in^ira  la  réso- 
lution de  ne  plus  reparaître  en  de  si  hauts 
lieux  :  il  sentait  qu'il  avait  perdu  le  talent 
de  louer,  et  il  ne  le  re§retuit  pas;  mais 
il  croyait  avoir  coBsersé  celui  de  médire, 
et  l'usage  qu'il  en  fit,  en  1705 ,  dans  sa 
satire  de  l'équivoque,  nuisit  à  la  tranquil- 
lité de  sa  vieillesse.  Oublié  déjà  dans  une 
cour  qu'il  avait  désertée  et  où  les  jésuites 
devenaient  de  jour  en  jour  plus  puisp- 
sans,  il  n'obtint  pas  la  permission  d'in- 
sérer cette  douzième  satire  dans  le  recueil 
de  ses  (Buvres,  et  il  eut  la  faiblesse  de  s'af- 
fliger vivement  de  ce  refus  :  la  pièce  assu- 
rément ne  méritait  ni  cette  prohibition 
ni  cette  tendresse.  Un  autre  chagrin  de 
ses  vieux  ans  fut  la  perte  de  sa  maison 
d'Autèuil ,  vendue  par  lui  sans  nécessit  é 
au  financier  Leverrier.  Retiré  du  grand 
monde,  exilé  d'Autèuil,  Boileau  malade 
et  sourd  survivait  douloureusement  à  ses 
talens  et  à  ses  amis.  On  avait  pu  distin- 
guer trois  principaux  traits  dans  ses 


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;  la  probité,  la  bonté,  et  cette 
fermeté  d'opioions  et  de  sentimens  à  la- 
quelle on  8*e8t  accoutumé  à  donner, 
ootaime  par  excellence ,  le  nom  de  carac- 
tère. Ce  n'est  pas  qu*il  n'ait  subi  pliis 
d'une  fois  l'empire  des  circonstances  :  lui 
qui  maudissait  la  chicane  et  diflamait  les 
diarlatans,  lui  qui  se  moquait  des  gen- 
tilUtres ,  des  plaideurs ,  des  médecins  et 
des  théologiens ,  on  Ta  tu  rimer  des  ar- 
^rumens  théologiques,  obéir  successiTe- 
ment  à  dix  esculapes,  et  plaider  pour 
soutenir  de  fort  minces  titres  de  noblesse. 
Sa  famille  l'avait  associé  à  ce  vain  procès; 
Ba  santé  délicate,  qui  chancela  76  ans,  le 
livrait  à  la  médecine  ;  et  la  théologie  de 
Port-Royal,  alors  la  plus  respectable, 
le  séduisit  surtout  par  les  persécutions 
qu'elle  essuyait.  £n  1711  il  habitait  la 
maison  d'un  chanoine,  a»  cloître  Notre* 
Dame;  il  y  fit  son  testament  le  3  mars  de 
cette  année.  Les  sommes  dont  il  dispo* 
sait  forment  un  capital  d'environ  90,000 
francs.  Si  l'on  ajoute  une  rente  viagère 
que  lui  servait  la  ville  de  Lyon ,  et  les 
pensions  que  lui  payait  le  Trésor  royal , 
on  a  lieu  de  condure  qu'il  jouissait  d'un 
revenu  de  10,000  (V.au  moins,  sans  qu'il 
eût  pourtant  tiré  ancun  proât  de  ses  ou- 
vrages. Il  mourut  d'une  hydropisie  de 
poitrine  le  17  de  ce  même  mois  de  mars. 
Son  corps  fut  déposé  sans  pompe  et 
sans  faste  y  comme  il  Tavait  prescrit, 
dans  la  Sainte-Chàpelle  du  palais.  Trans- 
férés au  Musée  des  monumens  français , 
les  restes  de  ce  girand  poète  en  ont  été 
retirés  en  1829,  ponr  être  transportés, 
on  ne  sait  trop  pourquoi ,  à  l'église  de 
Saint-Germain-des-Prés;  il  eût  été,  ce 
iBemble,  jflus  convenable  de  les  replacer 
à  la  Sainte-Chapelle,  sous  l'endroit,  en^ 
core  bien  connu,  où  tournait  jadis  le  lu- 
trin qu'il  a  chanté. 

Mais  il  s'est  élevé  à  lui-même  le  plus 
durable  des  monumens  :  la  parfaite  beauté 
de  plusieurs  de  ses  poèmes  et  l'heureuse 
influence  qu'ils  ont  exercée  hi!  assurent 
une  place  éminente  dans  nos  fastes  litté- 
raires. A  l'époque  de  ses  débuts  (  1 660  ), 
les  écrits  en  prose  de  Montaigne  et  de 
Pascal,  les  meilleures  odes  de  Malherbe 
et  les  plus  belles  tragédies  de  Corneille, 


y  pouvait  joindre  quelques  pages  de  Qé- 
ment  Marot  et  de  Régnier,  et,  à  plus  just« 
titre,  d'honorables  essais  de  Molière  et 
de  La  Fontaine;  mais  d'innombrables  pro- 
ductions médiocres ,  informes  ou  barba- 
res,  étaient  plus  admirées  que  ces  chefs- 
d'œuvre.  Sans  dédaigner  encore  l'anti- 
quité classique,  on  imitait  de  préférence 
les  écrivains  modernes  de  ITtalie  et  de 
r£spagne,  entre  lesquels  on  ne  savait 
pas  choisir.  Le  faux  goût  corrompait  tous 
les  genres  de  compositions  en  vers  et  en 
prose.  Despréaux  vint ,  et  par  ses  cen* 
stnres,  par  ses  leçons,  par  ses  exemples, 
il  contribua,  plus  que  personne,  à  tous 
les  progrès  de  l'art  d'écrire.  Durant  les 
40  dernières  années  du  xvii®  siècle,  H 
rendit  le  public  sévère,  les  auteurs  cir- 
conspects, les  talens  laborieux,  et  la 
médiocrité  honteuse.  Ce  sont  là  des  elTets 
qu'on  ne  produit  pas  sans  se  faire  beau- 
coup d'ennemis  :  Boileau  en  eut  d'impla- 
cables. Us  critiquaient  dans  ses  vers  des 
incorrections  souvent  chimériques,  quel- 
quefois réelles,  et  lui  reprochaient  néan- 
moins une  perfection  laborieuse.  Ib  s'ef- 
forçaient de  le  représenter  comme  on 
exact  et  froid  versificateur  qui  ne  réussis- 
sait qu'à  traduire,  et  qui ,  de  son  propre 
fonds,  manquait  de  philosophie,  d'ima» 
gination,  de  sensibilité.  Il  se  plaît  sans 
doute  à  imiter  de  grands  modèles;  mais 
il  crée  les  pensées  d'antrui,  a  dit  La 
Bruyère;  et  l'on  peut  ajouter  que  oelles 
qui  n'appartiennent  qu'à  lui  et  qui  com- 
posent plus  de  la  moitié  de  ses  poèmes 
n'ont  jamais  moins  de  justesse  et  d'éclat 
que  celles  qu'il  emprunte.  £n  un  temps 
où  le  cartésianisme  était,  avec  le  jansé- 
nisme, la  plus  haute  lumière  et  la  plus 
forte  audace  des  meilleurs  esprits,  il  fut 
un  zélé  défenseur  de  la  philosophie  deDe»- 
cartes  et  de  la  théologie  d' ArnaulcLQuatre 
de  ses  vers  ont  délivré  notre  jurisprudence 
d'une  pratique  odieuse.  D'autres  saillies 
de  sa  verve  étonnent  par  une  énergique 
hardiesse  qui,  mêmeau  xvni*  siècle  et  au 
XTx^,  aurait  pu  sembler  téméraire.  D'une 
autre  part,  il  est  difficile  de  ne  pas  re- 
connaître dans  son  Lud-în  une  véritable 
création  poétique,  et  dans  presque  tous 
%eB  Vers  le  talent  de  revêtir  ses  idées  de 


étaient  les  premières  et  déjà  magnifiques  1  vives  images,  d'allier  avec  harmonie  aux 
ridièéses  de  la  littérature  fran^aisew  On  I  expressioBS  vrMes  et  simples  les 


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leurs  et  les  mouvement  du  style  figuré, 
,  d'animer  ainsi  son  style ,  et  de  faire  par- 
tager à  ses  lecteurs  rintérét  si  vif,  si  pa»^ 
sionné  même,  qu'il  prend  aux  sujets  qu'il 
traite. 

Tandis  que  les  Cotin,  les  Desmarets , 
et,  après  eux,  les  jésuites  rédacteurs  des 
Mémoires  de  Trévoux,  le  harcelaient 
de  critiques  injurieuses,  les  suffrages 
de  Racine ,  de  La  Bruyère ,  de  Bayle , 
de  tous  les  esprits  éclairés  ,  ven- 
geaient et  consacraient  sa  gloire.  Elle  a 
cependant  essuyé ,  sinon  de  pareils  ou- 
trages, du  moins  des  attaques  nou- 
velles, vers  le  milieu  du  dernier  siècle. 
Fontenelle,  dont  Racine  et  Boileau 
avaient  mal  accueilli  les  débuts  poéti- 
ques ,  survécut  58  ans  à  l'un ,  46  ans  à 
l'autre ,  et  ne  manqua  point  d'employer 
contre  les  juges  sévères  de  ses  premiers 
essais  Tautorité  de  son  long  patriarcat 
littéraire.  Quelques-uns  de  ses  élèves  , 
héritiers  de  ses  ressentimens,  essayèrent 
de  rajeunir  les  poudreux  libelles  despliu 
anciens  ennemis  de  Despréaux;  mais  Vol- 
taire le  proclamait  le  législateur  du  Par- 
nasse; mais  Yauvenargues,  Hel  vétius,d'A- 
lembert,  Marmontel  même,  étaient  forcés 
de  révérer  en  lui  le  fondateur  d'une  ex- 
cellente école;  et  l'on  vit,  après  1788  , 
au  sein  des  plus  violens  orages ,  quand 
le  mépris  des  vieilles  renommées  ne  con- 
naissait aucun  frein,  celle  de  Boileau  re- 
prendre au  contraire  an  plut  vif  éclat. 
Nous  venons  d'être  témoin  d'un  dernier 
déchaînement  contre  ses  préceptes  et  ses 
exemples.  La  France,  envahie  en  1814 
et  1815  par  des  armées  étrangères,  le 
fut  en  même-temps  par  des  doctrines  lit- 
téraires et  philosophiques  qui  devaient 
interrompre  ses  progrès,  éteindre  par 
degrés  au  milieu  d'elle  toutes  les  lumières 
pures  et  bienfaisantes,  et  la  rendre  ainsi 
incapable  ou  même  indigne  d'obtenir  ja- 
mais la  liberté  qu'elle  s'était  promise.  On 
entreprit  sérieusement  de  replonger  sa 
philosophie  dans  les  ténèbres  du  mysti- 
cisme ,  de  ramener  sa  littérature  à  la  bar- 
barie du  moyen-âge;  et  Boileau,  sans 
doute  l'un  de  ses  écrivains  les  plus  clas* 
siques,  eût  bientôt  perdu  toute  autorité 
par  le  triomphe  de  ces  étranges  théories. 
Mais  ti  ellei  ne  doivent  prévaloir  que 
lortqu'ellet  teront  clairenieBi  expUqiiéet, 


s'il  faut  attoidre  qu'eues  soient  justifiées 
par  des  productions  séduisantes»  noot 
avons  lieu  de  présumer  que  Detpréanx 
continuera  long-tempt  d'éclairer  et  de  di- 
riger les  talens,  de  leur  enseigner  les  loii 
du  bon  goût,  c'est-à-dire  celles  de  la 
nature  et  de  la  vérité.  U  a  ignoré  le  nom 
de  cette  littérature  fantastique  dont  nous 
avons  été  menacés  ;  mais,  toute  indéfinis- 
sable qu'elle  est,  on  la  retrouverait  com- 
prise parmi  les  extravagances  dont  il  a 
guéri  son  siècle  et  jusqu'ici  préservé  les 
âges  suivans.  A  toutes  les  époques ,  de- 
puis 1666,  et  spécialemment  à  celles 
où  l'on  a  tenté  de  le  déprécier,  let  édi- 
tions de  ses  œuvres  se  sont  multipliées  à 
tel  point  qu'il  nous  serait  impossible 
d'indiquer  toutes  celles  qui  mériteraient 
d'être  distinguées.  Il  en  a  lui  -  même 
publié  quatre,  entre  lesquelles  il  préférait 
celle  de  1 70 !•  Après  sa  mort  il  a  eu  pour 
éditeurs  Rcnaudot ,  Brossette,  Dumoii' 
teil ,  Souchai ,  et,  en  1747,  Saint-Bfarc. 
La  plupart  de  leurs  notes  ont  été  re- 
cueillies dans  l'édition  de  1772.  Celles 
du  poète  DenisLebrun  ont  paru  en  1808. 
On  a  pour  la  première  fois  rassemblé 
tous  les  écrits  de  Boileau  en  vers  el  en 
prose ,  y  compris  ses  lettres ,  dans  Tédi- 
tion  stéréotype  de  1809.  Ses  principaux 
ouvrages  ont  été  magnifiquement  im- 
primés chez  la  veuve  Bodoni  (à  Parme) , 
en  1814;  et  par  M.  P.  Didot ,  en  1819. 
L'année  1831  a  produit  8  éditions  avee 
commentaires.  U  en  a  été  donné  une  du 
même  genre  en  1836,  une  encore  en 
1830.  Cen  est  bien  assez  pour  montrer 
qu'il  y  a  peu  d'apparence  que  les  chefs- 
d'œuvre  de  ce  poète  cessent  de  si  t6t 
d'être  étudiés.  D-n-u. 

BOIS  (botanique),  lignum.  Le  bois 
est  la  partie  la  plus  solide  des  végétaux 
ligneux.  Dans  les  dicotylédons,  e'est-à- 
dire  dans  presque  tous  les  arbres  de  nos 
climata,  il  est  composé  de  feuillets  con- 
centriques, sortes  de  réseaux  fibreux, 
étroitement  liés  et  comme  tissés  ensemble^ 
dont  la  réunion  forme  à  la  fin  de  chaque 
année  une  de  ces  couches  plus  on  moine 
distinctes  qui  peuvent  servir  assez  ordi- 
nairement à  faire  reconnaître  l'âge  de 
chaque  tronc  ou  de  chaque  branche  et 
qui  s'étendent  depuis  Véud  méduUmrê 
jusqu'en  liber.  Yoy.  Ajii 


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Le  bois  oonrient  à  la  fois  des  vaisseaux 
séreux,  des  vaisseaux  aériens  el  des  vais- 
seaux  propres. 

Ses  couches  les  plus  internes  sont 
les  plus  dures  ;  elles  constituent  le  bois 
parfait  qui  est  recouvert  du  jeune  bois 
auquel  on  a  donné  le  nom  ^aubier.  Ce 
dernier,  toujours  moins  dense ,  est  aussi 
d'une  couleur  moins  foncée;  du  reste,  sa 
structure  est  la  même  et  il  se  transforme 
progressivement  en  bois  proprement  dit. 
Dans  les  monocotylédons  la  partie  exté- 
rieure du  corps  ligneux  est  au  contraire 
la  plus  compacte. 

Plus  la  croissance  de  chaque  espèce,  et, 
parmi  les  mêmes  espèces  celle  de  cha- 
que individu ,  est  rapide ,  moins  le  bois 
offre  de  densité  et  moins,  en  général,  il 
est  estimé.  On  conçoit  dès  lors  que  les 
circonstonces  qui  exercent  sur  la  végéta- 
lion  une  influence  directe  réagissent  in- 
directement sur  la  qualité  du  bois  et  que 
Tarbre  qui  s*est  le  plus  rapidement  dé- 
veloppé ne  soit  pas  toujours  celui  qui 
donne  les  meilleurs  produits. 

Pour  augmenter  la  dureté  et  par  con- 
séquent la  force  des  couches  de  l'aubier, 
on  a  proposé  d'enlever  l'écorce  une  an- 
née avant  d'abattre  les  arbres.  Ce  moyen, 
dont  l'efficacité  reconnue  par  Duhamel, 
Malus  et  quelques  autres,  a  été  contestée 
par  Varenne  de  Feuilles,  s'est  néanmoins 
conservé  çà  et  là  dans  la  pratique.  Sur 
divers  points  de  l'Afrique  et  de  l'Aus- 
tralasie,  presque  partout  ou  les  Euro- 
péens n'ont  point  encore  fait  connaître 
l'usage  et  le  travail  du  fer,  les  sauvages, 
après  avoir  trempé  les  bois  qu'ils  desti- 
nent à  former  des  instrumens  de  labour 
ou  de  guerre  dans  de  l'huile  ou  des  grais- 
ses fondues  dont  ils  les  laissent  s'imbi- 
ber,  les  enveloppent  de  feuilles  et  les  met- 
tent sous  la  cendre  chaude  ;  ils  acquiè- 
rent ainsi  une  dureté  telle  qu'on  a  vu  des 
zagaieê  lancées  contre  des  arbres  à 
d'assez  grandes  distances,  les  pénétrer 
comme  l'eussent  fait  les  dards  les  mieux 
aoéréSy  et  des  haches  assez  tranchantes 
pour  suppléer  celles  dont  nous  nous  ser- 
vons. 

Les  bois  une  fois  abattus  perdent  plus 
ou  moins  lentement  leur  humidité;  mais 
ils  conservent  une  propriété  hygrométri- 
que qui  contribue  surtout  à  les  faire  se 


déjeter  et  s'échauffer ,  lors  même  qu'ils 
ont  été  employés  en  apparence  parfaite- 
ment secs.  Le  procédé  indiqué  en  der- 
nier lieu  modifie  beaucoup  cette  fâcheuse 
disposition.  L'ébuUition  dans  une  huile 
chargée  d'oxides  métalliques  la  détrui- 
rait complètement,  mais  un  pareil  moyen 
n'est  pas  praticable  en  grand.  La  pein- 
ture à  l'huile  même,  à  cause  de  la  dé- 
pense qu'elle  occasionne,  ne  peut  être 
employée  dans  tous  les  cas  où  elle  pro- 
duirait un  bon  effet. 

Une  dessiccation  trop  rapide  altère  la 
qualité  des  bois  lorsqu'elle  a  lieu  en  plein 
air.  Pour  éviter  le  fendillement  qui  en 
résulte  et  afin  de  les  rendre  moins  acces- 
sibles aux  vers  qui  les  rongent,  on  a  ima- 
giné de  les  submerger  pendant  un  cer- 
tain temps.  Malheureusement  l'eau ,  en 
les  dépouillant  de  divers  principes  ^  di- 
minue à  la  fois  leur  densité,  leur  téna- 
cité et  leur  durée. 

Quelques  bois  se  conservent  beaucoup 
plus  long-temps  que  d'antres  à  Thiuni- 
dité.  De  ce  nombre  sont  l'orme,  le  chêne, 
et  peut-être  avant  tout  l'acacia.  U  en  est 
qui  s'altèrent  très  lentement  à  rair,comme 
le  chêne,  le  châtaignier,  divers  pins,  etc. 
On  les  préfère,  par  cette  raison ,  pour  la 
charpente.  D'autres  qui  se  distinguent 
par  leur  ténacité  sont  recherchés  des  char- 
rons, tels  que  l'orme,  le  hêtre,  le  frêne, 
le  charme.  Ceux  qui  se  déjettent  le  moins 
conviennent  de  préférence  a  la  menuise- 
rie. L'ébénisterie  choisit  les  bois  agréable- 
ment colorés  ou  veinés,  tels  que  l'acajou, 
le  noyer,  le  merisier ,  l'orme  tortillard , 
le  frêne  ;  pour  le  tour,  ceux  à  grain  fin, 
comme  le  buis,  l'alisier,  sont  les  meilleurs. 
Pour  la  cerderie  on  emploie  surtout  le 
châtaignier,  le  chêne,  le  bouleau,  parfois 
le  saule  et  le  coudrier;  enfin  pour  les  ar- 
ticles de  fente ,  c'est-à-dire  le  merrain , 
les  bardeaux,  les  lattes,  etc.,  ou  prend  le 
chêne,  le  châtaignier,  le  pin,  etc. 

Quoique  Ton  soit  assez  généralement 
persuadé  que  les  bois  les  plus  pesans 
donnent  le  plus  de  chaleur  pendant  la 
combustion,  les  expériences  de  Hartig 
tendent  à  démontrer  qu'il  existe  plusieurs 
exceptions  à  cette  règle.  D'après  ces  ex- 
périences en  effet  le  chêne  ne  viendrait 
tout  au  plus  qu'en  septième  ligne  parmi 
nos  meilleurs  bois  de  chauffage.  Le  syco- 


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(  633) 


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more ,  le  pin  commun,  leCréne,  le  hêtre, 
le  channe  et  l'alisier ,  sans  doute  parce 
qu'à  poids  égal  ils  retiennent  moins  d'eau 
de  végétation ,  lui  seraient  sensiblement 
préférables. 

De  tous  les  moyens  qui  ont  été  recom- 
mandés pour  rendre  les  bois  incombus- 
tibles ,  un  des  meilleurs  est  de  les  faire 
tremper  dans  une  dissolution  d'alun  parce 
que  ce  sel,  en  se  boursouflant  à  la  cha- 
leur ,  les  isole  complètement  du  feu  et 
de  l'air  indispensable  à  sa  propagation. 

Si  le  bois  employé  directement  est  in- 
dispensable sous  tant  de  formes  à  nos 
besoins,  les  produits  immédiats  qu'on  en 
obtient  naturellement  ou  artificiellement 
ont  aussi  une  grande  importance  dans 
l'économie  domestique  et  industrielle. 
Sans  parler  du  charbon  (vojr,)^  on  en 
retire  encore,  par  la  distillation,  une 
huile  également  propre  à  l'éclairage ,  à  la 
peinture,  et  dont  on  forme,  en  la  mêlant 
à  un  cinquième  de  résine,un  excellent  gou- 
dron;  et  de  l'acide  acétique  que  M.  Mol- 
iorat  a  su  transformer  en  une  sorte  de  vi- 
naigre inaltérable  fort  employé  surtout 
dans  les  manufactures  de  toiles  peintes 
et  les  ateliers  de  teinture.  Divers  bois 
contiennent  de  la  matière  colorante. 
T.e  bois  d'aloés  est  célèbre  dans  tout  l'O- 
rient par  son  odeur;  les  Chinois  en  brû- 
lent dans  leurs  temples  et  dans  leurs  ap- 
partemens  les  plus  somptueux  les  jours 
<le  grande  réception.  Le  bambou,  comme 
la  canne,  donne  une  liqueur  qui  s'épaissit 
dans  le  voisinage  de  chaque  nœud,  en  la- 
mes dures  et  fragiles  qui  ne  sont  autre 
chose  que  du  sucre.  On  retire  du  bois  de 
l'érable  une  liqueur  analogue,  et  de  celui 
des  pins  de  la  résine.  Beaucoup  de  bois 
partagent  avec  les  écorces  qui  les  recou- 
vrent des  propriétés  médicales  ;  il  en  est 
qui  contiennent  divers  sucs  dont  la  cou- 
leur et  la  consistance  sont  celles  du  lait; 
d'autres  qui  sont  tellement  pénétrés  des 
substances  résineuses  qu'on  peut  en  uti- 
liser les  fragmens  pour  l'éclairage.  Fojr. 
Canicb  a  sucre  ,  Érable  a  sucre  ,  Piir, 
Agave  ,  Euphorbe  ,  etc.,  etc.  O.  L.  T. 

BOIS  (technologie).  Nous  ne  considé- 
rons ici  le  bois  que  sous  le  rapport  de 
ses  divers  emplois  dans  les  arts.  Ils  sont 
très  nombreux. 

Pour  suivre  l'ordre  ^  nous  parlerons 


d'abord  du  bois  de  chauffage.  Les  bois 
qu*\\  faut  préférer  sont  les  plus  durs,  tels 
que  le  hêtre,  le  charme,  le  chêne,  etc. 
Chacun  de  ces  bois  peut  se  vendre  dans 
trois  états  différens  :  commme  bois  neuf, 
c'est  celui  qui  vient  par  bateauk  ou  par 
charrois;  comme  bois  flotté,  il  arrive 
par  trains  flottans  sur  les  rivières  et  perd 
son  écorce  par  le  long  séjour  qu'il  fait 
dans  l'eau;  enfin  comme  bois  gravier,  il 
n'est  plus  alors  que  demi-flotté  et  descend 
du  Nivernais,  de  la  Bourgogne,  etc.  On 
connaît  encore  le  pélard,  qui  n'est  autre 
chose  que  le  chêne  dont  on  a  enlevé  l'é» 
corce  pour  le  service  des  tanneries ,  et  le 
bois  d'Andelle  qu'on  fait  flotter  sur  la 
rivière  de  ce  nom  et  qui  est  en  grande 
partie  du  hêtre.  Le  bois  se  vend  à  la  me- 
sure; mais  il  est  plus  équitable  de  le  ven- 
dre au  poids ,  et  on  doit  à  M.  Rieussec 
d'avoir  introduit  à  Paris  l'usage  de  ce 
dernier  mode.  Dans  certains  chantiers 
on  le  vend  des  deux  façons  en  même 
temps ,  au  moyen  d'appareils  qui  sont,  à 
la  fois,  balance  et  mesure. 

Bois  de  construction.  Les  plus  propres 
à  cet  emploi  sont  le  chêne,  le  sapin,  le 
hêtre ,  le  châtaignier ,  l'orme.  Comme  le 
chêne  se  durcit  dans  l'eau,  il  est  toujours 
préféré  pour  les  constructions  mariti- 
mes ;  le  sapin  l'est  pour  les  constructions 
légères  et  économiques;  l'orme  pour  les 
pompes  et  autres  objets  consacrés  aux 
usages  domestiques.  Les  bois  du  Nord 
ont  une  grande  supériorité  sur  ceux  du 
midi.  Ceux-ci  se  gercent,  se  fendent,  et 
il  faut  souvent  remédier  à  ces  gerçures 
en  conservant  la  solidité  des  poutres  au 
moyen  d'étriers  en  fer.  Les  bois  verts  se  dé- 
forment; la  sève  les  travaille  et  il  est  pru- 
dent de  leur  laisser  faire  leur  effet.  Tous 
les  bois  sont  sujets  à  la  maladie  appelée 
pourriti^e  sèche  et  que  les  Anglais  nom- 
ment drj-rot.  On  a  cherché  long-temps 
un  remède  pour  guérir  cette  maladie.  Il 
parait  certain  que  l'Anglais  M.  Kyan 
l'a  découvert  et  il  consiste  à  laisser  im- 
merger la  pièce  de  bois  dans  un  bassin 
rempli  d'eau  où  l'on  a  mis  un  demt-kil. 
de  sublimé  corrosif  pour  25  litres  d'eau. 
En  général ,  il  ne  faut  employer  les  bois 
que  long-temps  après  qu'ils  ont  été  abat- 
tus. On  les  conserve  en  chantier  en  les  dis- 
posant par  étage  et  permettant  à-  l'air  de 


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les  envîrooner  de  toiu  cAlés.  Lorsque  les 
bois  doivent  être  eofoais  en  terre,  il  faut 
charbonner  les  bouts  et  les  goudronner, 
pour  arrêter  l'effet  destructeur  de  Thu- 
midité. 

Bois  de  travail.  Ce  sont  ceux  qu'on 
emploie  au  charronnage,  à  la  menuiserie 
et  a  Tébénisterie.  Les  charrons  font  un 
grand  usage  de  l'orme,  du  cbéne,  du 
frêne,  du  charme,  de  l'érable.  Ils  ont 
toujours  des  provisions  de  bois  en  grume, 
c'est>à-dirç  qu'il  n'est  ni  débité,  ni  scié, 
et  qu'il  a  son  écorce.  Il  est  seulement 
coupé  selon  les  longueurs  propres  aux 
ouvrages  que  les  charrons  doivent  exécu- 
ter. Le  menuisier  recherche  principale- 
ment le  chêne,  le  frêne,  le  noyer,  le 
châtaignier,  le  sapin,  l'acacia,  le  meri- 
sier ,  etc.  S'il  s'agit  de  meubles ,  il  em- 
ploie le  plus  communément  le  noyer  et 
le  hêtre.  On  classe  dans  les  bois  blancs 
le  tilleul,  le  sapin  ,  le  bouleau ,  le  saule, 
le  tremble,  etc.  ;  dans  les  bois  feuillards, 
les  jeunes  bois  de  châtaignier,  de  noise- 
tier, qui  servent  à  faire  des  cercles  et  des 
lattes.  Le  bois  de  sciage  a  presque  tou- 
jours le  défaut  de  se  déjeter,  et  les  ou- 
vriers préfèrent  le  remplacer  par  du  bois 
de  chêne  tendre,  à  droit  fil  et  bien  scié. 
L'ébéniste  emploie  de  préférence  les  bois 
durs  auxquels  on  parvient  à  donner  un 
beau  poli ,  au  moyen  des  couleurs  et  des 
vernis  qu'on  applique  de  mille  manières 
et  presque  toujours  avec  succès,  depuis 
que  la  chimie  a  fait  de  si  rapides  progrès. 
Le  choix  de  l'ébéniste  se  porte  tantôt  sur 
le  buis  dur,  compacte  et  d'une  belle  cou- 
leur jaune;  tantôt  sur  l'acajou  également 
dur,  mais  veiné  et  offrant  des  reflets  va- 
riés; snrl'ébène,  bois  noir  d'une  grande 
dureté,  recevant  un  beau  poli  et  destiné 
plus  spécialement  à  la  oonfection  des  in- 
strumens  à  vent;  sur  le  gaîac,  bois  jaune; 
sur  le  femambouc  ou  bois  de  Brésil;  le 
palissandre,  bois  violet;  le  bois  de  ci- 
tron, le  bois  de  rose,  etc.,  etc.  Il  est  rare 
que  ces  bois  soient  employés  à  l'état  mas- 
sif; les  meubles  reviendraient  à  des  prix 
exorbitans.  On  les  débite  en  lames  très 
minces  qu'on  appelle  placage,  et  qu'on 
applique  sur  la  carcasse  du  meuble  en  les 
y  collant;  ensuite  une  pier^  ponce  fait 
disparaître  les  traiu  de  scie. 

A>û  cdbroiv.  Ce  tom  ceux  qu'on  em- 


ploie en  teintnae,  teb  que  les  bois  du  Bré- 
sil, du  Japon,  de  Sumac,  de  Campêche, 
le  Santal  rouge,  etc. 

JBois  résineux.  Ils  provienent  des  ar- 
bres qui  fournissent  une  résine  quelcon- 
que ,  lorsqu'on  leur  fait  une  incision.  Le 
pin  maritime,  par  exemple,  est  dans 
cette  classe. 

£ois  à  tan.  Leur  écorce  fournit  la 
substance  appelée  tannée  et  qu'on  em- 
ploie dans  le  tannage  des  cuirS.  Les  peu- 
pliers, le  bouleau,  le  sumac,  fournissent 
du  tan;  mais  c'est  principalement  de  l'é- 
corce  du  chêne  rouvre  [quercus  corn- 
munis)  qu'on  l'extrait       V.  de  M-ir. 

BOIS  (  Exploitation  ,  AMiNAOB- 
MEMT,  Semis  des  ) ,  lioy.  Foeèts,  Cou- 
pes, Améhagement,  etc. 

BOIS  (zoologie),  production  qu'an 
premier  aperçu  on  pourrait  confondre 
avec  les  cornes ,  mais  qui  en  est  essen- 
tiellement distincte  et  qui  appartient  spé- 
cialement à  quelques  espèces  de  mammi- 
fères ruminans.  Le  bois,  espèce  d'orne- 
ment et  de  moyen  défensif ,  se  trouve  sur 
la  tête  du  cerf ,  du  renne ,  du  daim  et  de 
l'élan  ;  les  mâles  seuls  en  sont  pourvus 
et  le  voient  tomber  à  l'époque  du  rut 
pour  repoussor  au  printemps  suivant. 
L'observation  a  montre  que  le  bois  avait 
avec  les  organes  sexuels  une  liaison  toute 
particulière,  et  que  l'émasculation  pra- 
tiquée pendant  son  absence  empêche  à 
jamais  son  retour,  tandis  qu'au  contraire 
le  cerf  qui  a  subi  cette  opération  pendant 
que  son  bois  était  en  pleine  végétation  ne 
le  perd  plus  jamais.  C'est,  en  effet,  pu- 
une  sorte  de  végétation  que  se  développe 
cette  excroissance  qui  probablement  doit 
à  cette  circonstance  et  peut-être  aussi  à 
sa  forme  rameuse  le  nom  qui  lui  a  été 
imposé.  On  sait  qu'un  prolongement  de 
l'os  frontal  sert  de  point  de  départ  au 
bois  ;  il  s'allonge  et  soulève  la  peau;  d'a- 
bord mou  et  cartilagineux  il  s'ossifie  par 
degrés ,  se  dépouille  de  son  enveloppe  et 
finit  par  se  détacher  et  tomber.  Trois  se- 
maines suffisent  pour  que  le  bois  soit  eom- 
plètement  poussé;  le  nombre  des  bran- 
ches augmente  chaque  année,  et  peitt  ser- 
vir à  estimer  l'âge  de  l'animaL 

Les  bois  sont  un  objet  de  commerce; 
c'est  une  substance  susceptible  d'être  tra- 
vaillée cooum  les  ot  ou  l'ivoire, Mai»  la 


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(68S) 


BOI 


iiiod«  veRit  qa'on  les  emploie  arec  leurs 
formes  Dsturelles  plus  ou  moins  bizarres. 
On  eu  fait  des  manches  de  couteaux,  des 
tuyaux  de  pipe,  des  pommes  de  can- 
ne, etc.  La  corne  de  ce//*qu*on  employait 
jadis  en  pharmacie  n'est  autre  chose  que 
le  bois.  Comme  les  os,  il  donne  la  calci- 
nation  du  phosphate  de  chaux  (corne  de 
cerf  calcinée)  et  la  distillation  de  l'am- 
moniaque (esprit  volatil  de  corne  de 
cerf).  F.  R. 

BOIS  SACRÉS.  L'un  des  premiers 
besoins  d'une  société  naissante  est  celui 
de  revêtir  d'une  forme  respectable  le 
culte  de  ses  dieux.  Les  hommes  de  l'an- 
tiquité, soit  qu'ils  vécussent  dans  des 
grottes,  comme  les  Troglodytes,  soit 
qu'ils  fussent  campés  sous  des  tentes  à 
^ariot,  ainsi  que  les  Hamaxobiens,  s'ac- 
cordaient en  un  point ,  celui  de  préférer 
les  retraites  les  plus  sombres  et  les  plus 
solitaires  pour  s'y  livrer  avec  recueille- 
ment aux  pratiques  religieuses.  Quand 
ils  eurent  des  villes,  ils  songèrent  à  bâtir 
des  temples;  mais,  fidèles  à  leurs  ancien- 
nes traditions,  ils  choisirent  pour  cela  des 
emplacemens  éloignés  du  tumulte  de  la 
société  et  convenables  à  la  méditation  et 
à  la  prière.  Les  forets  leur  GHraient 
plusieurs  avantages  dont  ils  sentirent 
l'importance.  L'homme  n'est  jamais  plus 
disposé  à  rendre  hommage  à  la  Divinité 
que  lorsqu'il  se  trouve  loin  des  regards 
profanes,  qu'il  n'a  pour  témoins  de  sa 
piété  que  ces  colosses  de  la  végétation , 
dont  la  base  est  incessamment  arrosée 
par  de  limpides  ruisseaux  et  dont  l'épais 
feuillage  laisse  tomber  à  peine  quelques 
rayons  de  lumière  comme  une  pluie  d'or. 
Au  sortir  des  villes  tummltueuses,  va-t- 
il  au  temple  de  son  dieu?  il  commence 
à  se  recueillir  dès  qu'il  touche  au  seuil 
de  la  ibrét  Les  arbres  qui  entourent  le 
sanctuaire  sont  les  plus  sacrés  pour  lui  : 
il  craindrait  d'y  porter  la  cognée;  ce 
serait  plus  qu'un  meurtre ,  ce  serait  un 
sacrilège!  Quelquefois  cependant  il  est 
arrivé  que  rhiterprète  révéré  des  volon- 
tés divines  lui  a  permis  d'emporter  un 
rameau ,  sur  préservatif  des  maléfices , 
symbole  et  gage  de  bonheur  I  Le  pAtre 
ile  la  vallée  a  vu  le  soir ,  en  ramenant 
ses  troupeaux ,  des  hommes  Teins  et  agiles 
s'élancer  à»  \k  forêt  voisine ,  lui  enle^ 


ver  audacieusement  le  plus  gras  de  ses 
agneaux  et  retourner  en  bondissant  dans 
leur  retraite  obscure.  Une  autre  fois  il  a 
aperçu  à  la  pâle  clarté  de  l'astre  des  nuits 
un  groupe  de  jeunes  femmes  dansant  une 
ronde  sur  la  lisière  du  bois.  Il  a  entendu 
d'abord  leurs  voix  fraîches  et  virginales; 
bientôt  après  elles  ont  poussé  des  crisd*ef- 
froi ,  et  le  pâtre  tremblant  les  a  vu  fuir 
enfin  devant  une  troupe  d'agresseurs  à  la 
mine  effrontée.  Puis  il  n'a  entendu  que 
quelques  faibles  gémissemens  et  tout 
est  rentré  dans  le  silence.  Mais  il  n'ap- 
prochera plus  désormais  de  ce  bois  re- 
doutable, ou  ce  sera  pour  y  conduire 
humblement  une  chèvre  aux  pendantes 
mamelles,  et  l'offrir  en  holocauste  aux 
Satyres ,  à  ces  divinités  malfaisantes  qui 
déciment  les  troupeaux  et  insultent 
les  nymphes.  Pour  celles-ci,  il  leur  of- 
frira une  paire  de  blanches  colombes  et 
leur  demandera  une  abondante  récoite  et 
des  fruits  succulens.  Il  connaît  leur  pou- 
voir et  leurs  habitudes  :  les  dryades  vi- 
vent dans  des  troncs  d'arbres ,  d'où  elles 
ne  sortent  ordinairement  que  la  nuit  ;  les^ 
hamadryades,  moins  heoreuses,8ont  unies 
à  l'arbre  même  et  ne  peuvent  s'en  déta- 
cher. A  la  suite  des  nymphes  s'avance  le 
cortège  bruyant  des  dieux  de  la  forêt  ^ 
Pan,  les  Faunes  et  les  Sylvains. 

Long-temps  ces  erreurs  furent  chères 
au  peuple ,  et  les  hommes  éclairés  s'ef- 
forçaient même  de  les  perpétuer,  afin  da 
prévenir  la  dévastation  des  forêts.  Un 
bûcheron  n'aurait  osé  abattre  un  arbre 
si  les  magistrats  n'en  eussent  auparavant 
fait  déloger  l*hamadryade  :  cela  était  né- 
cessaire ,  surtout  dans  les  bois  où  avaient 
lieu  les  jeux ,  les  danses  et  les  festins  en 
l'honneur  des  dieux. 

Les  prêtres  du  paganisme  contribuè- 
rent plus  particulièrement  encore  à  don- 
ner une  grande  célébrité  aux  forêts.  Ils 
les  avaient  choisies  pour  imprimer  plus  de 
solennité  à  leurs  pieuses  jongleries,  en 
les  enveloppant  de  silence,  de  mystère 
et  de  ténèbres  qui  inspiraient  au  vulgaire 
une  sainte  terreur.  Les  plus  dévots  d'en- 
tre le  peuple  suspendaient  de  riches  of- 
frandes aux  rameaux  du  bois  sacré,  et 
nul  n'anrait  eu  le  courage  d*y  porter  la 
main  ;  le  dieu  seul  daignait  en  prswlra 
possesnon.    Les  cbotes  en  linreai  aa 


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BOI 


point  que  rempereur  Théodose,  saint 
Grégoire ,  et  plusieurs  rois  de  France  et 
de  Lombardie,  se  virent  dans  la  nécessité 
de  défendre,  sous  des  peines  sévères, 
d*omer  les  arbres  de  bandelettes  et  d'of- 
frandes, comme  ils  en  paraient  les  statues 
de  la  Divinité. 

C'est  ainsi  que  le  culte  des  bois  s'éta- 
blit de  lui-même,  dès  le  temps  des  socié- 
tés primitives,  et  'que,  sanctiûé  à  la  fois 
par  la  politique  des  uns  et  la  crédulité 
des  autres ,  il  passa  dans  toutes  les  reli- 
gions connues,  même,  il  faut  bien  le 
dire,  dans  le  christianisme,  et  traversa 
les  siècles  pour  parvenir  jusqu'à  notre 
époque. 

A  Claros,  dans  la  mer  ^ée,  il  y 
avait  un  bois  consacré  à  Apollon.  Eh'en 
nous  apprend  qu'on  n'y  voyait  aucune 
bête  venimeuse.  Les  cerfs ,  chassés  de  la 
plaine,  y  trouvaient  un  asile  inviolable, 
d'où  les  chiens  et  les  chasseurs  s'éloi- 
gnaient précipitamment.  Esculape  avait 
à  Épidaure  un  bois  remarquable  par  le 
soin  qu'apportaient  les  prêtres  d'en  éloi- 
gner les  moribonds  et  les  femmes  en 
travail  d'enfant;  car  c'eût  été  une  grande 
profanation  d'y  laisser  naître  ou  mourir 
une  créature  humaine.  Yulcain  avait  aussi 
un  bois  sacré  sur  le  mont  Etna;  Mars  en 
avait  un  à  Rome,  célèbre  par  l'aventure 
qu'on  disait  être  arrivée  à  Rhéa-Sylvia, 
et  d'où  serait  résultée  la  naissance  de 
Kémus  et  de  Romulus.  Toutes  les  gran- 
des divinités  avaient  le  leur;  il  serait  su- 
perflu de  les  énumérer. 

Les  druides  rattachaient  aux  forêts  la 
partie  la  plus  solennelle  de  leurs  céré- 
monies. C'était  là  qu'ils  allaient  cueillir 
le  gui  de  chêne  avec  une  serpette  d'or 
(  voy,  AcuiLANLKu  ) ,  et  qu'ils  interro- 
geaient les  entrailles  palpitantes  des  mal- 
heureux qu'ils  avaient'égorgés. 

La  tradition  des  bois  sacrés  a  fourni 
d'heureuses  inspirations  à  divers  poètes, 
parmi  lesquels  nous  citerons  Homère, 
Virgile  et  le  Tasse.  C  F-n. 

BOISSEAU,  mesure  de  capacité 
usitée  autrefois  pour  les  substances  sèches 
et  dont  la  grandeur  variait  suivant  les 
lieux.  Depuis  l'introduction  du  système 
métrique,  ce  qu'on  appelle  encore  bois- 
seau est  le  huitième  d'un  hectolitre.  C'est 
un  vase  de  Iwii  cylindrique  ayant  26 


(  63G  )  BOI 

centimètres  de  hauteur  et  autant  de  dia- 
mètre. Voy.  LiTRB  et  Mesuees.  F.  R. 

BOISSELIER,  ouvrier  qui  fabrique 
non-seulement  les  boisseaux,  comme  son 
nom  l'indique,  mais  encore  une  foule 
d'ustensiles  de  ménage  en  bois,  teb  que 
tes  seaux  ,  les  soufflets ,  etc.  La  profes- 
sion de  boisselier  s'allie  souvent  avec 
celle  de  tonnelier  ou  de  vannier;  souvent 
même  les  boisseliers  fabriquent  aussi  les 
tambours.  Ils  emploient,  pour  faire  les 
boisseaux,  des  planches  minces  qu'ib 
achètent  toutes  ployées  pour  cet  usage , 
et  qu'ils  assujétissent  sur  un  fond  de  bois 
rond,  ayant  soin  d'amincir  les  bords  de 
la  jointure  afin  que  la  cavité  soit  parfini* 
tement  cylindrique.  Une  bande  de  bois 
clouée  extérieurement  au  bas  du  boisseau 
contribue  à  lui  donner  plus  de  solidité. 
Il  est  garni  en  outre  de  lames  de  fer  qui  loi 
donnent  encore  plus  de  résistance.  F.  R. 

BOISSERÉE  (coLLEcnov  de).  Les 
deux  frères  Boisserée  (  Sulpice  et  Mbl- 
CHiOR  )  et  leur  ami  Jeah  Beetram  ,  nés 
à  Cologne  vers  1780 ,  après  avoir  puisé, 
pendant  le  séjour  qu'ils  firent  «à  Paris 
(  1 803),  dans  la  galerie  du  Louvre  et  dans 
les  leçons  publiques  que  faisait  alors 
dans  cette  capitale  Frédéric  Schlc^el,  le 


goût  et  la  passion  des  arts ,  formèrent 
dans  leur  ville  natale,  siège  d'une  an- 
tique école  de  peinture,  une  collecdon 
de  tableaux  tous  appartenant  aux  maîtres 
de  cette  école  et  de  l'éoole  allemande  en 
général,  telle  qu'elle  existait  dès  la  fin 
du  xui^  siècle ,  avec  un  caractère  à  elle 
propre  et  tranché.  Cette  collection  s'en- 
richit successivement  de  beaucoup  d'ac- 
quisitions faites  dans  un  temps  où  les 
églises  et  les  couvens  étaient  dépouillés 
de  leurs  riches  omemens  ;  transportée 
à  Heidelberg,  elle  passa  de  là,  en  1819, 
à  Stuttgard ,  où  le  roi  de  AYurtemberg 
s'empressa  'd'offrir  un  local  ^  et  elle  fol 
décrite  alors  dans  un  ouvrage  de  luxe 
qui  parut,  à  partir  de  1821 ,  et  dont  la 
a8^  livraison  a  vu  le  jour  en  1833  (Mu- 
nich ,  in-fol.).  Quoique  la  ville  de  Stutt- 
gard ,  jalouse  de  conserver  un  trésor  si 
précieux,  eût  donné  aux  trois  amis  le 
droit  de  bourgeoisie,  ils  la  quittèrent 
pourtant  en  1827,  pour  s'établir  à  Mn^ 
nich  avec  leur  collection  qui  venait  d'être 
achetée  par  le  roi  Louis  de  Bavière.  Elle 


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BOI  (  637  ) 

fat  réanie  à  celle  de  Sohleissheim^et    sée  an 
formera  dans  la  suite  uo  des  principaux 
omemeusde  la  Pinacothèque  de  Munich 


On  y  voit ,  presque  sans  interruption , 
la  marche  progressive  et  les  développe- 
mens  de  la  peinture  en  Allemagne  pen- 
dant le  XIV*,  le  XV*  et  le  xvi*  siècle;  elle 
se  compose  de  plus  de  200  ouvrages  des 
peintres  les  plus  distingués  de  cette  école. 
On  trouve  de  grands  détails  sur  cette  col- 
lection dans  la.  8*  édition  du  Conversa- 
tionS'Lexikon  de  Brockhaus. 

M.  Sulpice  Boisserée  est  Tauteur  de 
la  magnifique  Histoire  et  description  du 
dôme  de  Cologne,  avec  de  très  belles 
planches  gravées,  représentant  les  par- 
ties de  cet  édifice  et  différens  autres 
monumens  de  l'architecture  gothique 
(Stuttgard,  1823-33 ,  in-fol.,  mais  exé- 
cutée à  Paris);  il  s'occupe  dans  ce  mo- 
ment d'un  grand  ouvrage  lithographi- 
que, avec  texte  allemand  et  français, 
qui  se  formera  de  12  livraisons,  sous  ce 
titre  :  Monumens  de  l'Architecture  sur 
le  Sas-Rhin ,  du  ¥ii*  au  xiii'  siècle, 
M.  Boisserée  a  été  nommé  membre  ho- 
noraire de  l'Académie  des  sciences  de  Mu- 
nich et  de  celle  des  beaux-arts.  J.  H.  S. 

BOISSIEU  (Jean-Jacques  de), 
peintre,  dessinateur  et  graveur  à  Teau- 
forte  et  à  la  pointe  sèche ,  né  à  Lyon 
en  1736,  et  mort  dans  la  même  ville  en 
1810,  reçut  de  Lombard  et  de  Frontier 
les  premières  leçons  du  dessin.  De  cons- 
tantes études,  d'apjrès  les  tableaux  des 
grands  maîtres  des  Pays-Bas ,  et  surtout 
d'après  la  nature,  concoururent  à  per- 
fectionner son  talent.  Il  a  peint  avec  suc- 
cès dans  le  genre  de  Yan-Ostade;  ses 
portraits  ont  aussi  acquis  de  la  célébrité; 
mais  c'est  comme  graveur  que  sa  ré- 
putation est  impérissable.  Ses  têtes,  ses 
paysages,  ses  sujets  champêtres  d'après 
différens  maîtres,  et  plus  particulière- 
ment d'après  lui-même,  sont  des  ou- 
vrages du  plus  grand  mérite ,  autant  par 
le  go6t,  Tintelligence  de  la  pointe,  que 
par  l'efiet  pittoresque  de  l'eau-forte.  Ses 
eaux-fortes  pures ,  c'est-à-dire  celles 
avant  toute  retouche,  sont  extrêmement 
recherchées  des  artistes  et  des  amateurs. 
A  la  vente  RJgal,  en  1827,  celle  de  sa 
Grande-Forét  a  été  portée  à  1 35  francs, 
lorsque  la  même  pièce^  terminée  et  pous- 


BOI 

ton  le  plus  vigoureux,  n'a  été 
vendue  que  51  francs.  L'œuvre  de  Bois- 
sieu  se  compose  de  142  pièces,  presque 
toutes  datées  et  signées  J.  J.  D.  B.  Nous 
citerons  comme  méritant  une  attention 
plus  particulière,  ses  quatre  vues  de 
Lyon^  datées  de  1760  et*  1761.  On  ne 
connaît  pas  d'ouvrage  de  lui  antérieur 
à  ceux-ci  :  Paysage  d'après  Sivanevelt^ 
dont  il  n'existe  que  trois  épreuves  ;  cette 
pièce  est  signée  à  gauche  J.  J.  D.  B.  ^ 
1772,  à  droite  Swanevelt;  Saint  Jérôme 
assis  sous  un  arbre ,  1 797  ;  Deux  Frères 
du  désert  J  1797;  la  Grande-Forét , 
1798;  Entrée  du  Fillage  de  Lantillj, 
pièce  dite  des  petits  Maçons^  1804;  un 
Chasseur  son  fusil  sur  l'épaule,  d'après 
J.  Wynants,  1806;  vue  d'une  Campa- 
^/ze,  d'après  Ruysdaêl,  1806.  Son  oeuvre 
gravé  s'est  élevé  à  2,035  francs  à  la  vente 
Rigal ,  et  la  pièce  rare  d'après  Swanevelt 
manquait.  Son  éloge  historique  a  été 
prononcé  à  l'Académie  de  Lyon,  dont 
il  était  membre,  par  M.  Dugas-Montbel, 
son  compatriote.  L.  C.  S. 

BOISSONADE  (  Jeam-François  ) , 
célèbre  helléniste  français ,  naquit  à 
Paris  en  1774.  Il  fut  nommé,  en  1809, 
professeur  adjoint  de  littérature  grecque 
à  la  faculté  des  lettres  de  l'Académie 
de  Paris.  £n  1812  il  succéda  à  Larcher 
comme  professeur  titulaire  dans  la  même 
chaire.  Nommé,  en  1814,  chevalier  de 
la  Légion- d'Honneur,  il  fut  reçu  mem- 
bre de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres  en  1816.  Après  la  mort  de 
J.-B.  Gail ,  il  lui  succéda  comme  pro- 
fesseur de  littérature  grecque  au  collège 
de  France  en  1828. 

M.  Boissonade  débuta  dans  la  car- 
rière philologique  par  des  articles  in- 
sérés dans  le  Magasin  encyclopédique 
de  Millin.  Un  morceau  sur  Aristénète 
lui  fit  faire  la  connaissance  de  F.-J.  Bast^ 
qui  lui  dédia,  en  1805,  sa  Lettre  criti- 
que sur  Antoninus  Liberalis,  Parthe- 
nius  et  Aristénète.  M.  Boissonade  lui 
adressa  en  revanche  (  1806  )  une  excel- 
lente édition  des  Héroïques  de  Philos- 
trate, revues  sur  9  MSS.,  augmentées  de 
scholies  grecques  et  expliquées  par  un 
savant  et  judicieux  commentaire,  à 
l'instar  de  ceux  qui  avaient  été  pu- 
bliés   par    des    savans    hollandais   et 


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(63S) 


BOI 


anglais.  M.  Boitsonadey  dont  la  répu- 
tation était  alors  établie,  se  lia  d'amitié, 
noQ*8eulement  avec  les  hellénistes  fran- 
çais, mais  encore  avec  les  sommités 
philologiques  de  l'étranger.  Après  un  long 
intervalle ,  il  fit  paraître  à  Leipzig ,  en 
1814,  Mftrini  VUa  Procli;  en  1816  à 
Londres,  lïberius  rhetor  De  Ji^ris , 
augmenté  de  moitié  d'après  un  MS.  du 
Vatican ,  accompagné  de  VArs  rhetorica 
de  Rutus  que  Gale  avait  publié  comme 
l'ouvrage  d'un  anonyme.  £n  1817  il  re- 
cueillit et  publia  à  Paris  la  correspon- 
dance de  Lucas  Holstenius  (  Lucœ  Hol- 
stenii  Epistotœ  ad  diversos  ) ,  aux- 
quelles il  joignit  une  savante  explication 
de  l'inscription  grecque  que  M.  Pou- 
queviile  avait  découverte  à  Actium,  en 
1813.  Il  fit  paraître,  en  1818,  à  Londres 
une  édition  princeps  des  Epimérismes 
d'Hérodien  le  grammairien ,  ouvrage 
très  important  pour  l'accentuation  grec- 
que, quoiqu'il  ne  soit  pas  authentique. 
En  1819  il  donna  pour  la  première  fois 
à  Paris  (2  vol.  in-12)  le  roman  de 
Nicétas  Eugenianus,  suivi  des  fragmens 
du  roman  de  Constantin  Manasses,  grec- 
latin.  M.  C.  L.  Struve  de  Kœnigsberg  a 
rendu  compte  de  cette  importante  pu- 
blication. En  1820  parurent  les  Ex  Pro- 
cli scholiis  in  Cratyium  Platonis  excerp- 
ta,^  publiés  pour  la  première  fois  en  grec 
seulement.  Les  savantes  publications  de 
M.  Cousin  et  surtout  celles  de  M.  Creu- 
ser appelaient  alors  l'attention  des  phi- 
losophes et  des  philologues  sur  les  néo- 
platoniciens. En  1822  parut  enfin  à 
Amsterdam,  après  12  années  d'impres- 
sion, l'Eunape,  Vies  des  Sophistes,  et 
les  fragmens  de  l'Histoire  du  même  au- 
teur, en  grec  L'illustre  D.  Wyttenbach 
de  Leyde  s'était  chargé  du  commentaire 
historique  et  philosophique;  mais  les 
circonstances  politiques,  sa  cécité,  et 
enfin  sa  mort,  ne  lui  permirent  point  de 
terminer  ce  beau  travail.  M.  Boissonade, 
qui  ne  s'était  réservé  que  la  partie  cri- 
tique et  grammaticale,  acheva  la  lâche 
d'une  manière  qui  ne  laisse  rien  à  dési- 
rer, et  cet  Eunape  sera  à  jamais  un  monu- 
ment remarquable  de  l'alliance  parfaite 
de  la  critique  verbale  et  de  l'interprétation 
historique.  En  1822,  M.  Boissonade  fil 
paraître  à  Paris  son  édition  grecque-la- 


tine des  Iicttres  d'Ariiténète ,  modèle 
d'une  édition  Variorvan.  La  même 
année  il  donna,  comme  cinquième  volu- 
me de  l'Ovide  de  Lemaire,  la  traductîoo 
grecque,  jusqu'alors  inédite,  des  Mé- 
tamorphoses par  Maxime  Planude.  De 
1828  à  1826  il  publia  à  Paris,  en 
24  volumes  in- 82,  une  Sylloge  paeta^ 
rutn  grœcorum,  collection  remarqua- 
ble par  la  pureté  des  textes  revus  sur  de 
bons  MSS. ,  et  par  un  choix  judicieux 
de  courtes  mais  excellentes  notes.  En 
1824  il  donna  un  texte  critique  du 
Nouveau  -  Testament ,  2  vol.  in  -  83; 
en  1828,  le  roman  des  Sept  Sages  en 
grec  {De  Syntipa  et  Cyri  filio  An-- 
dreopuli  narrado  è  codd,  Pariss,  Pa- 
ris, in-12),  publication  qui  mit  fin  à 
la  longue  controverse  sur  la  prétendue 
identité  de  cet  ouvrage  avec  les  fables 
de  Pidpaî.  Dans  les  Anecdota  grceca 
(6  vol.,  Paris  1829  à  1838)  M.  Bois- 
sonade recueillit  une  grande  partie  des 
morceaux  inédits  qu'il  avait  trouvés  dans 
les  MSS  de  la  biblibthèque  royale.  Cette 
vaste  collection  est  également  importante 
pour  l'histoire  du  Bas-Empire,  pour  la 
grammaire  grecque  et  pour  la  patristiqne 
ou  l'étude  des  pères.  Enfin,  M.  Boisso- 
nade fut  un  des  collaborateurs  des  plus 
actifs  des  Notices  et  extraits  des  MSS. 
de  la  bibliothèque  du  roi.  On  trouve  de 
lui  dans  le  10*  yo\,  [i%\H)  :  Notice  des 
(22)  lettres  inédites  de  Diogène  le  Cy- 
nique; dans  le  11*^(1827)  une  Notice 
des  (24)  lettres  inédites  de  Craies  le 
Cynique;  Notice  des  scholies  inédites  de 
Basile  de  Césarée  sur  saint  Grégoire  de 
Nazianze;  Traité  alimentaire  du  mé^ 
decin  Hiéropkile  ;  dans  le  12*  vol.  de 
la  même  collection  se  trouve  le  poème 
moral  de  George  Lapithès.  Lé  recueil 
des  opuscules  presque  tous  inédits  de 
Psellus,  de  même  qu'une  nouvelle  édition 
des  lettres  et  des  Quœstiones  physicee 
de  Théophylacte  Simocatta,  sont  sur  le 
point  de  paraître. 

M.  Boissonade  contribua  aussi  à  Tédi- 
tion  que  M.  Schaefer  donna  en  1811  de 
l'ouvrage  de  Grégoire  de  Corinthe  sur  les 
dialectes  grecs ,  à  l'Athénée  de  Schweig- 
hsuser,  à  l'Euripide  de  M.  Matthise, 
au  Thésaurus  linguœ  grœcœ  publié  à 
Londres  par  M.  Yalpy^  et  ses  additions 


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BOI 


(6S9) 


BOI 


nombreuses  enrichisseiit  en  ce  moment 
la  noavelle  édition  française  du  diction- 
naire de  Henri  Élienne  publiée  par 
MM.  Didot,  à  Paris. 

Le  Magasin  encfclopédiquen*eal  pas 
le  seul  recueil  dans  lequel  M.  Boissonade 
ait  inséré  d'excellens  articles.  Un  grand 
nombre  de  morceaux  dont  il  a  enrichi 
le  Mercure ,  le  Journal  de  l'Empire  et 
celui  des  Débats,  donnent  une  haute 
idée  de  son  talent  comme  critique  et 
comme  littérateur.  Il  serait  à  désirer  que, 
dans  Tintérét  des  études  solides,  il  vou- 
lût se  charger  lui-même  du  soin  de  les 
recueillir. 

Pour  apprécier  dans  M.  Boissonade 
rhelléniste  et  le  philologue,  il  faut  se  rap- 
peler que  le  plus  grand  nombre  des  ouvra- 
ges mentionnés  ci-dessus  ont  été  publiés 
par  lui  pour  la  première  fois;  que  d'ail- 
leurs ses  travaux  sur  les  textes  déjà  con- 
nus ne  laissent  presque  rien  à  faire  aux 
éditeurs  à  venir. 

A  tant  de  services  rendus  à  la  littéra- 
ture il  faut  ajouter  les  Lettres  inédites 
de  VolUire  à  Frédéric-le-Grand  (1802), 
le  recueil  des  OËuvres  de  Bertin  (Paris, 
1824),  l'édition  du  Télémaque  qui  fait 
partie  de  la  collection  Lefèvre  (Paris, 
même  année,  2  vol.  in -8%  les  Œuvres 
choisies  de  Pamy  (même  collection, 
182T)  enfin  le  Goupillon  y  poème  héroï- 
comique  traduit  du  portugais  d'Antonio 
Dinys  (Paris  ,1828,  in-32  ).    L.  dk  S-r. 

BOISSONS.  Les  boissons  sont  des 
liquides  destinés  à  être  introduits  dans 
l'estomac ,  et  propres  à  faire  cesser  le  sen- 
timent de  la  soif,  ou  à  stimuler  les  organes. 
On  compte  un  grand  nombre  de  boissons, 
mais  qui  toutes  peuvent  se  ranger  dans 
une  des  quatre  classes  suivantes  :  1° 
boissons  ferment ées  simples;  2<^  boissons 
distillées;  8^  boissons  non  fermentées  et 
excitantes;  4®  boissons  non  fermentées 
et  non  excitantes.  Dans  la  première  classe 
on  comprend  les  boissons  dans  lesquelles 
no  mouvement  de  fermentation  a  déve- 
loppé une  quantité  plus  ou  moins  con- 
sidérable d'alcool,  qu'on  n'a  point  séparée 
par  la  distillation  ;  tels  sont  le  vin,  le  ci- 
dre, etc.  Les  boissons  de  la  seconde  classe 
sont  le  produit  de  la  distillation  des  bois- 
sons fermentées  simples;  dans  cette  opé- 
ration Falcool^  plus  léger  que  les  autres 


liquides  avec  lesquels  il  est  combiné  ^  se 
d^ge  le  premier  à  l'état  de  vapeur,  et 
vient  se  condenser  dans  un  réservoir. 
Ces  boissons  sont  dites  alcooliques  ou 
spiritueuses ;  exemple,  l'eau-de-vie,  le 
rhum,  etc.  Les  dénominations  imposées 
aux  boissons  des  autres  classes  les  défi- 
nissent assez;  on  les  désigne  d'ailleurs 
plus  ordinairement  sous  le  nom  de  bois- 
sons aqueuses  et  rafraîchissantes.  La 
nature  différente  des  diverses  sortes  de 
boissons  ressort  assez  bien  de  celte  clas- 
sification ;  mais  pour  faire  comprendre 
plus  facilement  le  mode  d'action  que 
chacune  d'elles  exerce  sur  nos  organes  ^ 
nous  croyons  devoir  fondre  en  deux 
classes  les  quatre  classes  précédentes  et 
n'admettre  que  des  boissons  qui  excitent 
et  des  boissons  qui  n'excitent  pas.  Tout 
liqtnde  introduit  dans  l'estomac,  qu'il 
soit  doué  ou  non  de  propriétés  excitantes^ 
délaie  les  alimens  qui  s'y  trouvent,  tend 
à  en  faire  une  masse  plus  homogène, 
rend  plus  facile  l'imbibition  de  ceux-ci 
par  les  sucs  gastriques  dont  la  sécrétion 
est  augmentée,  les  étend  de  manière  à  les 
mettre  en  rapport  avec  l'estomac  par  une 
surface  plus  étendue,  en  un  mot  facilite 
la  chymification  (vo/*.).  Si  nous  ajoutons 
que  ces  deux  sortes  de  boissons ,  quand 
elles  sont  prises  en  grande  quantité,  aug- 
mentent notablement,  surtout  si  elles  sont 
chaudes,  la  transpiration  cutanée ,  aussi 
bien  que  la  sécrétion  urinaire,  nous  au- 
rons signalé  les  seuls  effets  communs  bien 
constatés  qu'elles  produbent  sur  l'écono- 
mie. Mais  si  les  boissons  qui  excitent  et 
celles  qui  n'excitent  pas  se  confondent 
dans  ce  résultat  commun ,  elles  ont  sur 
Torganisme  d'autres  modes  d'action  qui 
établissent  entre  elles  de  grandes  différen- 
ces. Le  premier  effet  de  toute  boisson 
excitante  ingérée  dans  l'estomac  en  même 
temps  que  des  alimens  et  à  dose  mo- 
dérée, est  de  stimuler  cet  organe,  en  \m^ 
primant  un  certain  degré  d'activité  aux 
divers  actes  vitaux  dont  l'ensemble  con- 
stitue la  fonction  de  la  digestion.  Mais  là 
ne  se  borne  point  cette  action;  ces  li- 
quides ne  tardent  point  à  être  absorbés, 
à  se  mêler  au  sang  et  à  aller  exercer  une 
semblable  influence  sur  tous  les  organes 
dont  les  fonctions  se  trouvent  également 
activées.  Le  ceryeau  est  l'organe  sur  lequel 


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(640) 


BOI 


cette  influence  secondaire  se  manifeste 
le  plus  évidemment  ;  la  pensée  devient 
pins  riante ,  plus  vive ,  l'expression  plus 
facile  et  plus  animée  ;  Tesprit  embeliis<- 
sant  l'avenir  des  illusions  de  l'espérance 
n'évoque  aussi  du  passé  que  des  souve- 
nirs heureux;  un  sentiment  de  bien-être 
général ,  résultant  de  l'énergie  et  de  la 
plénitude  avec  lesquelles  s'accomplissent 
toutes  les  fonctions,  développe  bientôt 
une  galté  qui  ne  laisse  plus  de  place  aux 
soucis.  Ces  eifets  ou  des  effets  analogues, 
déterminés  par  l'action  des  boissons  exci- 
tantes sur  l'économie,  supposent  l'état 
de  santé;  que  si  au  contraire  quelque 
organe  se  trouve  altéré  ou  est  naturelle- 
ment très  exciUble,cet  organe,  surexcité 
par  l'abord  d'un  sang  plus  stimulant 
que  dans  l'état  ordinaire,  deviendra  le 
siège  de  douleurs  plus  ou  moins  vifes, 
sera  le  point  de  départ  d'un  malaise  qui 
bientôt  se  généralisera,  et  ne  tardera  point 
à  faire  regretter  au  malade  son  impru- 
dence. 

Ce  ne  sont  là  que  les  effets  des  boissons 
excitantes  prises  à  des  doses  modérées;lors- 
qu'elles  sont  prises  avec  excès,  il  en  r^ulte 
des  effets  d'excitation  plus  sensibles;  mais 
quelquefob  cette  excitation  est  portée  à  un 
tel  degré  d'intensité  que  les  diverses  fonc- 
tions de  l'économie  sont  violemment  trou- 
blées et  que  tous  les  phénomènesde  l'ivresse 
(i;o/.)sont  produits.  U  est  impossible  d'é- 
tablir d'une  manière  générale,  le  point 
où,  sous  l'influence  des  boissons  exci- 
tantes, finit  l'excitation  compatible  avec 
le  jeu  régulier  des  fonctions  et  où  com- 
mence l'excitation  morbide,  où  celles-ci 
sont  violemment  troublées.  Ce  point  va- 
rie suivant  un  très  grand  nombre  de 
conditions ,  dont  les  principales  sont  la 
nature  des  excitans,  l'irritabilité  des  in- 
dividus, l'état  de  vacuité  ou  de  pléni- 
tude de  l'estomac.  Dans  tous  les  cas , 
à  cette  exaltation  de  toutes  les  fonctions 
succède  un  affaissement  général ,  qui 
diu'e  plus  ou  moins  long  -  temps  et  dis- 
paraît ordinairement  sans  laisser  de 
traces  dans  les  organes,  à  moins  que  la 
stimulation  ne  se  répète  trop  souvent  et 
n'engendre  quelques  maladies  graves, 
telles  qu'une  gastrite  chronique,  l'apo- 
plexie, etc. 

I^ons  n'aurons  que  peu  de  choses  à 


dire  des  boissons  non  excitanlet  :  elles 
ne  jouissent  guère,  outre  les  propriétés 
communes  qu'elles  partagent   avec   les 
premières,  que  de  propriétés  négatives. 
L'eau  est  la  première  des  boissons  de 
cette  classe;  toutes  les  autres  ont  ce  li- 
quide   pour    base  essentielle    et    n'en 
diffèrent  que  par  une  saveur  plus  ou 
moins  agréable,   qu'elles  doivent  à  la 
présence  de  quelque  substance  qu'on  y 
ajoute ,  pour   en   masquer  l'insipidité. 
Du  reste  on  range  dans  cette  classe  cer- 
taines boissons,  telles  que  la  limonade, 
l'orangeade,  et  l'eau  de  groseille,  qui, 
bien  qu'elles   ne  contiennent  que   très 
peu    de  principes  excitans,  pourraient 
encore  sur-stimuler  un  estomac  trèsirrita- 
ble;  mais  ces  cas  ne  sont  qu'exceptionnels 
et  ne  sauraient  infirmer  la  règle  générale 
que  nous  avons  posée.  Nous  avons  mi 
que  les  boissons  prises  en  grande  quan- 
tité, et  surtout  chaudes ,  augmentaient  la 
transpiration  cutanée,  ainsi  que  la  sécré- 
tion urinaire.  Quand  on  introduit  dans 
l'estomac  une  boisson  glacée,  cette  cir- 
constance complique  aussi  le  mode  d'ac- 
tion que  ce  liquide  exerce  sur  l'économie  ; 
d'abord  l'estomac  en  éprouve  un  effet  de 
sédation,  qui  peut  retentir  sur  un  on 
plusieurs  organes  éloignés,  de  manière 
à  suspendre  une  hémorrhagie  qui  aurait 
son  siège  dans  ces  organes,  par  exemple; 
mais  bientôt  suit  un  effort  de  réaction, 
qui  ajoute  encore  à  l'action  stimulante 
des  boissons  de  la  première  classe   et 
donne  une    puissance  d'excitation  aux 
boissons  aqueuses.  Voy.  Feoid  et  Glace. 
Nous  ne  dirons   qu'un  mot  sur  les 
circonstances  qui    motivent  l'usage  de 
l'une  ou  l'autre  espèce  de  boissons.  Les 
boissons  excitantes  conviennent  en  gé- 
néral aux  individus  mous,  lymphatiques, 
dont  l'estomac  manque  de  ton,  à  ceux 
qui  exercent  fortement  leurs  muscles,  qui 
habitent  des  pays  froids  et  humides,  ou 
qui ,  placés  sous  une  température  élevée , 
perdent  beaucoup  par  les   sueurs.  Les 
boissons  aqueuses  conviennent  dans  des 
conditions  inverses  :  les  individus  d'un 
tempérament  sanguin  ou  bilieux,  dont 
les  organes  digestifs  jouissent  d'une  force 
suffisante  d'excitabilité  ,  les  jeunes  gens 
en  général ,  les  femmes ,  les  hommes  qui 
exercent  beaucoup  leur  système  nerveux. 


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BOl  (C4 

comme  ceux  qui  cultivent  les  lettres  ou 
Tes  sciences,  et  ne  doivent  user  que  très 
modérément  des  boissons  excitantes,  ou 
se  tenir  presque  exclusivement  aux  bois- 
sons aqueuses. 

Il  nous  resterait  à  exposer  les  pro- 
priétés particulières  dont  sont  douées 
les  diverses  boissons  qui  se  rangent  dans 
les  deux  grandes  divisions  que  nous 
avons  établies  ;  mais  il  en  sera  question 
dans  les  articles  spéciaux  :  nous  ne  pou- 
vons qu*y  renvoyer  le  lecteur.  Foy, 
Vin,  Éac-de-vik,  Rhum,  Cafk,  Thé, 
Eau,  etc.  G.  A-L. 

Quant  aux  impôts  sur  les  boissons, 
vojr.  rart.jCoNTaiBUTioNs  indirectes  et 
Droits  réunis. 

BOISSY  (Louis  DE  ),'  né  à  Vie,  en 
Auvergne,  en  1 694,  est  auteur  d*un  graud 
nombre  de  comédies  et  d'une  tragédie 
intitulée  Adtnète  et  Alccste ,  jouée  pour 
la  première  fois  en  1727,  défendue  par 
ordre  de  la  cour  après  la  quatrième  repré- 
sentation ,  et  reprise  la  même  année  sans 
réussite.  Nous  n'entrerons  pas  dans  le 
détail  de  tous  les  ouvrages  de  Boissy,  la 
plupart  oubliés.  Nous  allons  seulement 
indiquer  ceux  qui  ont  obtenu  du  succès 
et  qui  lui  ont  mérité  une  véritable  répu- 
tation dramatique.  Tels  sont  :  1**  Vlin- 
patient f  comédie  en  cinq  actes  et  en 
vers;  2°  ^  Babillard  y  comédie  en  un 
acte  et  en  vers,  véritable  tour  de  force. 
L.e  rôle  de  Léandre  assurera  toujours 
le  succès  de  cette  pièce  quand  il  sera 
joué  par  un  acteur  d'une  grande  volubi- 
lité. Mole  y  était  étonnant;  3**  le  Fran- 
çais à  Londres,  comédie  aussi  en  un 
acte,  mais  en  prose,  jouée  dix-neuf  fois 
de  suite  avec  le  plus  grand  succès.  Cette 
jolie  comédie  a  toujours  été  accueillie  à 
ses  nombreuses  reprises;  4°  les  Dehors 
trompeurs  ou  C  Homme  du  jour,  comé- 
die en  cinq  actes  et  en  vers.  Celte  char- 
mante comédie  est  le  chef-d'œuvre  de  son 
auteur  et  son  principal  titre  à  la  place 
d'académicien  qui  lui  fut  accordée  en 
1751. 

Boissy  obtint,  en  1755,  le  privilège 
du  Mercure  de  France;  maïs  il  n'en 
jouit  pas  long-temps.  Il  termina  sa  labo- 
rieuse carrière  en  1758.  L-n. 

BOISSY -D'AXGLAS  (Francois- 
Ai^toihe,  comte) ,  naquit  à  Saint-Jean- 

Encyclop.  d.  G.  d.  M.  Tome  III. 


1  )  BOL 

Chambre  ^  village  du  canton  de  Yern*» 
houx  (Ardèche),  en  1756.  Son  nom  est 
l'un  de  ceux  qui  sont  le  plus  honorable- 
ment cités  dans  l'histoire  de  la  révolution 
française.  Né  d'une  famille  protestante , 
il  avait  acheté  la  charge  de  maître^ 
d'hôtel  du  comte  de  Provence  et  sem- 
blait ne  vouloir  se  livrer  qu'à  l'élude 
paisible  des  lettres,  lorsqu'il  fut  envoyé 
aux  états-généraux  par  le  tiers-état  de  U 
sénéchaussée  d'Annonai.  Il  s'y  réunit 
aux  défenseurs  des  libertés  nationales , 
et,  malgré  la  modération  de  caractère 
qu'il  déploya  dans  toute  sa  carrière ,  co 
fut  un  des  membres  de  l'Assemblée  con- 
stituante qui  montra  le  plus  d'hostilité 
contre  la  noblesse  et  ses  privilèges ,  et  le 
plus  d'indulgence  pour  quelques-uns  des 
actes  qui  ternirent  ks  beaux  jours  de  la 
révolution  de  89.  On  l'accusa  alors  de 
révcr  à  la  fois  la  réforme  politique  et 
religieuse ,  et  de  vouloir  métamorphose? 
la  monarchie  française  en  une  républi- 
que protestante.  Mais  ce  projet ,  si  c'en 
fut  un ,  ne  put  tenir  contre  les  événe- 
mens.  Après  la  dissolution  de  l'Assem- 
blée ,  Boissy-d' Anglas  fut  nommé  procu- 
reur-syndic dans  le  déparlement  de  l'Ar* 
dèche;  il  en  remplit  les  fonctions  avec 
justice  et  fermeté  jusqu'au  moment  oà 
il  fut  appelé  à  la  Convention,  à  U  suite 
d'une  mission  dans  laquelle  il  ne  sut  ou 
ne  put  prévenir  les  malheurs  que  ses 
deux  collègues,  Vitet  et  Legendre^  atti- 
rèrent  bientôt  sur  Lyon.  Il  prit  part  au 
procès  de  Louis  XVI,  et,  dans  les  diverses 
phases  de  ce  procès ,  vota  tour  à  tour  la 
détention ,  la  déportation  ,  l'appel  au 
peuple  et  le  sursis.  Craignant  sans  doute 
que  la  Montagne  ne  lui  demandât  compte 
de  ces  votes,  il  se  tint  à  l'écart  pendant 
le  règne  de  la  terreur,  et  surtout, après 
le  3 1  mai ,  et  ne  reparut  plus  à  la  tri- 
bune qu'après  le  9  thermidor.  A  cette 
époque  il  avait  prononcé  ces  paroles  :. 
«  L'a  me  était  attendrie  et  élevée  quand 
Robespierre  pai'lait  de  l'Être- Suprême  , 
dans  des  idées  philosophiques  relevées 
de  tout  le  charme  de  l'éloquence.  »  Boissy* 
d'Anglas  signa  plus  tard  le  rapport  sur 
la  translation  des  cendres  de  Maratau 
Panthéon.  Alors  sans  doute  il  était  en- 
core sous  le  charme  d'un  républicanisme 
I   qui  n'aurait  pourtant  pas  dû  l'aveugler 

41 


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BOI 


(64$) 


BOI 


tàt  il  B*6n  «Tait  point  parti^  les  eteèê. 
Après  le  9  Ihèrmidor ,  Bol8fly-d*An- 
^ÊÊM  deTfnt  1*011  des  membres  du  comité 
de  sahit  public;  il  fit  adopter  ou  appuya 
«ne  fbùle  de  mesures  politiques  pleines 
de  sagesse.  Gbargé  de  diriger  Fapprovi- 
stonnèmetit  de  Paris ,  il  fut  dès  lOrs  dé- 
signé au  peuple  comme  l'tm  des  auteurs 
de  la  disette  qu*épràtttait  Paris,  et  le 
rôle  qu'il  allait  jouer  dans  les  scènes  tu- 
Aiultueuses  et  sanglantes  des  ii  germinal 
et  1*"  (irairial  an  m  n'en  devait  être 
<|ne  plus  difficile  et  plus  dangereux.  Le 
it  germinal  Boissy-d'Anglas  était  à  la 
tribune ,  lisant  un  rapport  sur  les  subsis- 
taiices,  lorsqu'une  populace ,  ivre  et  en 
désordi^y  portant  des  drapeaux  eh  gue- 
nilles et  criant  :  Du  pain  et  ta  constitu-- 
don  de  99 1  envahit  tes  Tuileries  oà  sié- 
geait alors  la  Convention ,  s'empare  -de 
bi  salle  des  délibérations,  s'installe  sar 
les  bancs  des  députés,  et  s'y  tient  en  per- 
manence jusqu'au  moment  oà ,  subite- 
ment efiVayée  par  le  bruit  des  tambours 
battant  la  générale  et  par  le  bruit  du  tocsin 
sonnant  l'alarme  du  haut  du  pavillon  de 
rhorloge,  elle  se  dispersa  d'elle-même 
et  disparut  subitement.  Boissy-d'Anglas, 
qui  n'avait  point  quitté  sou  siège,  re- 
monta aussitôt  à  la  tribune  et  continua  son 
rapport ,  dont  l'assemblée ,  digne  dé  ces 
temps  d^éroTsme,  reprit  paisiblement  la 
discussion.  Les  chefs  inhabiles  par  qui 
réchaiifTburée  Atx  tu  geniiinal  avait  été 
conduite  ëomprirent  que  ce  jour-  là  une 
révolution  avait  avorté  dans  leurs  mains 
et  ils  résolurent  de  recommencer  une 
journée  qu'ils  espéraient  terminer  autre- 
ment. Dirigés  par  lés  mêmes  moyens, 
avec  lés  niêmes  hommes,  elle  eut  le  même 
Imitât  Lé  l*'  prairial,  au  matin,  la  Cou- 
«eritioii  fàt  de  nouveau  assaillie  par  une 
AUhîtiide  dé  tout  âge  et  de  tout  sexe, 
armée  de  toutes  pièces,  prête  à  tous  les 
«xeès,  et  qui,  partie  des  faubOuirgs  Saint- 
AaMne  et  Saini-Marceau,  avait  ramassé 
tout  ce  que  lèS  ednemls  du  gouvernement 
ijvai^t  pu  lui  recruter  sur  sa  route.  Elle 
fait  d'abord  descendre  de  son  fauteuil  le 
président  de  fassetbblée,  dotit  la  fatigue 
avait  épuisé  les  (brces.  Boissy-d'Anglas , 
appelé  \  lui  succéder ,  monte  aussitôt  à 
ia  place;  menacé  de  mille  morts  il  resta 
imiôdbile  tf  cabine^  ootnttie  s'il  tt'ieAt  en- 


tendu attcan  cri ,  comme  s'il  n'cAt  vu  ni 
le  fer  ni  les  mousquets  tournés  contré 
lui.  Rervelgan  est  frappé  à  ses  yeux  dé 
plusieurs  coups  de  sabre;  on  égorge  Fé- 
raud,  et  sa  tête,  portée  an  bout  d'une 
pique,  lui  est  présentée  en  fiice  delm 
sienne.  Limpassible  président  se  contenté 
de  la  détourner  du  regard  et  du  geste,  après 
l'avoir,  dit-on,  religieusement  ^luée.  Mal- 
gré les  burlemens  des  égorgeurs  et  les 
piques  menaçantes  de  ceux  qui  leur  fiû- 
saient  escorte ,  rien  ne  peut  le  décider  i 
abandonner  le  fauteuil ,  et  son  héroïque 
exemple  empêcha  ses  collègues  de  quit* 
ter  un  poste  dont  Tanarchie  triom- 
phante se  fût  emparée.  Cependant  la  nnil 
était  survenue  :  quelques  sections  s'étaient 
réunies;  on  entendait  au  loin  le  bruit  du 
pas  de  charge;  le  tocsin  du  12  germinal 
sonnait  de  nouveau  sur  la  tête  des  ré- 
voltés ,  et  cette  multitude  fatiguée  de  ses 
impuissans  excès  et  saisie  d'une  inex- 
primable épouvante,  se  mit  à  (bir,  se 
dispersa,  s'évanouit,  ne  laissant  pas 
même  devins  à  ceux  qui  avaient  été  té^ 
moins  de  ces  horribles  scènes  ce  qu*il  y 
avait  eu  de  plus  extraordinaire  dans  sa 
présence  ou  de  plus  magiqtie  dans  sa  dia- 
parution.  Lorsque  le  lendemain  Boissy- 
d'Anglas  entra  à  la  Convention,  il  fut  ac- 
cueilli par  d'unanimes  applaudissemens 
et  la  France  y  répondit.  II  y  eut  dans  son 
inébranlable  fermeté  toute  la  force  d'ame 
et  le  calme  stoîqne  dont  il  semble  quia 
l'homme  puisse  être  capable.  Il  a  con- 
quis dans  cette  journée  toute  la  gloire  d« 
sa  longue  vie. 

Le  reste  de  la  carrière  politique  dn 
président  du  1*'  prairial  ne  fut  marqué 
par  aucun  événement  qui  puisse  figurer 
à  côté  de  celui  que  nous  venons  de  rappe^ 
1er.  En  sortant  de  la  Convention  il  entré 
au  conseil  des  Cinq-Cents,  qu'il  fut  appelé 
à  présider  au  mois  de  thermidor  de  raii 
IV.  n  fut  réélu  en  1795.  Hostile  au  Di* 
rectoire,  et  malgré  ses  sermens  répétés 
de  haine  à  la  royauté,  il  fut  accusé  dé 
complidté  avec  le  parti  clicbien ,  et 
condamné  à  la  déportation  à  la  suite  da 
IS  fructidor.  Après  le  18  brumaire  II 
fut  appelé  tour  à  tour  au  tribunat  par  lé 
consul  Bonaparte ,  au  sénat  avec  le  titré 
de  oomte  par  l'empereur,  et  à  la  cham- 
bre des  pairs  par  Louis  XVIIl^  au  re- 


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BOI 


(643) 


BOI 


lour  duqnd  il  avaH  donné  son  adhésion. 
Écarté  de  cette  assemblée  pour  y  avoir 
siégé  pendant  les  Cent-Jours  et  avoir  ac- 
cepté une  mission  de  commissaire  extra- 
ordinaire dans  le  Midi^  il  y  fut  bientôt 
(août  1816  }  réintégré  ,  et  dans  celte  po- 
sition il  resta  fidèle  aux  principes  éclai- 
rés et  consciencieux  qu'il  avait  professés 
depuis  le  début  de  sa  carrière.  Il  défen- 
dit la  loi  des  élections,  le  jury ,  la  liberté 
de  la  presse ,  et  s'éleva  avec  dialeur  con- 
tre la  loterie;  il  mourut  à  Paris  en  1826. 
Son  éloge  fut  prononcé  à  la  chambre  des 
pairs  par  M.  le  marquis  de  Pastoret ,  le 
1^'  janvier  1827.  Boissy-d'Anglas  était 
membre  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres»  On  lui  doit  plusieurs 
écrits  politiques.  Le  plus  important  de 
ses  ouvrages  est  intitulé  :  Recherches  sur 
la  Fie  et  les  Écrits  de  Malesherbes ,  3 
part.  in-8^.  Il  a  aussi  publié  une  Notice 
intéressante  sur  Florian ,  dont  il  avait  été 
l'ami,  et,  en  1825 ,  les  Études  littéraires 
et  poétiques  d'un  vieillard,  6  volumes 
in-*  12.  DE  M. 

L'héroïque  conduite  de  Boissy-d' An- 
glas  dans  la  journée  du  1**^  prairial  de 
Tan  III  forme  le  sujet  de  Tun  des  grands 
tableaux  qui  doivent  orner  la  salle  des 
séances  de  la  chambre  des  députés  :  il  est 
peint  par  M.  Yinchon  ;  et  cette  scène 
mémorable  est  aussi  représentée  dans  un 
tdbleau  de  M.  Court ,  qu'on  a  vu  à  l'ex- 
position de  18 32. Un  b^u  buste  de  Bois- 
ay-d'Anglas  a  été  sculpté  par  Houdon. 

Boissy - d'Anglas  a  laissé  deux  fils: 
Falné ,  ancien  préfet  de  la  Charente  en 
1811  et  de  la  Charente -Inférieure  en 
1 8 15,  et  ancien  conseiller  d'état,  a  hérité 
de  sa  pairie  et  a  constamment  défendu  les 
principes  constitutionnels.  M.  le  comte 
Boissy- d'Anglas  est  président  ou  mem- 
bre d'un  grand  nombre  d'associations 
protestantes  et  se  distingue  par  son  zèle 
philanthropique  et  par  son  dévouement 
aux  intérêts  de  sa  croyance.  Le  second 
fils,  M.  le  baron  Boissy-d'Anglas,  inten- 
dant-militaire, fut  élu,  en  1828,  député 
de  l'arrondissement  de  Toumon  (  Ardè- 
che),  et  il  a  été  deux  fois  réélu,  en  1881 
et  1884.  Il  \ient  d'être  nommé  4^  secré- 
taire de  la  Chambre  des  députés,  ses- 
sion de  1885.  S. 

BWTES.  lie  nom  de  butte  {boueste^ 


dérivé  de  huxus^  buis)  a  beaucoup  d'ac- 
ceptions dans  les  arts  industriels  :  il  se 
dit,  en  général,  de  tout  assemblage  de 
bois,  de  cuivre,  de  fer  ou  d'autre  ma- 
tière, destiné  soit  à  contenir,  soit  à 
diriger  ou  à  solidifier  d'autres  pièces. 
Tantôt  c'est  un  petit  coffre,  tantôt  une 
petite  caisse  à  couvercle,  propre  à  serrer 
des  objets  précieux  ou  de  petites  pièces 
qu'on  craint  d'égarer. 

La  botte  de  montre  est  une  petite 
caisse  d'or,  d'argent  ou  de  cuivre,  dans 
laquelle  on  renferme  le  mouvement  pour 
empêcher  la  poussière  de  le  salir  et  pour 
le  rendre  portatif.  Cette  caisse  se  compose 
de  la  cuvette,  qui  contient  le  mouvement; 
de  la  lunette,  dans  laquelle  est  ajusté  le 
verre;  de  la  charnière,  qui  joint  en- 
semble ces  deux  parties ,  et  de  la  bâte , 
ior  laquelle  repose  le  cadran.  Cette 
boite  se  ferme  au  moyen  d'un  ressort 
qui  est  situé  vis-à-vis  de  la  charnière. 

On  appelle  botte  d'une  presse  d'impri- 
merie un  morceau  de  bois  taillé  à 
quatre  faces,  d'un  pied  de  long,  creusé 
dans  toute  sa  longueur,  selon  la  grosseur 
et  la  forme  de  l'arbre  de  la  vis,  pris 
depuis  le  dessous  du  barreau  jusqu'au 
pivot ,  qui ,  au  moyen  de  cette  emboiture  , 
est  obligé  de  tomber  d'aplomb  dans  la 
grenouille.  Aujourd'hui,  le  mécanisme 
perfectionné  des  vis  de  presses  dispense 
de  cette  précaution;  et  la  plupart  étant 
entièrement  de  fonte  n'en  ont  plus 
besoin. 

Ce  que  les  artificiers  nomment  hoÙes 
de  réjouissance  est  un  petit  mortier  de 
fonte  dans  lequel  on  met  de  la  poudre, 
et  que  Ton  bouche  avec  un  tampon  de 
bois  ;  on  y  met  le  feu  par  une  petite 
lumière  qui  correspond  à  la  poudre,  et 
qui  lui  fait  faire  explosion.  Bs  donnent 
aussi  ce  nom  à  des  pièces  de  bois  ou  do 
carton  qui  couvrent  les  communications' 
des  feux  fixes  avec  les  feux  mobiles.  — » 
La  botte  à  pierrier  est  un  cylindre^  de- 
cuivre  percé,  selon  son  axe,  d'un  trou 
carré  pour  pouvoir  être  monté  sur  h 
tige  de  l'al^oir  ;  cette  bo^te  porte  les- 
couteaux  d'acier  au  moyen 'desqueb  oui 
égalise  l'ame  des  canons. 

Chez  les  boisseliers,  le  moi. boite  se  dit 
de  tout  coffret  destiné  à  contenir  oi» 
serrer  quelque  chose;  il  ]r  en  a  de  oou-> 


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DOl  (  044  ) 

verts  et  d'autret  sans  couvercle.  —  Oo     par  le 


appelle  boite  à  soudure,  chez  les  bijou- 
tiers, de  petits  coffres  dans  lesquels  on 
renferme  les  paillons;  et,  cher  les  orfè- 
vres, boite  h  moulures ,  un  châssis  de 
fer  dans  lequel  ils  enferment  des  mor^ 
ceauxde  fer  plat,  modelés  dans  le  milieu, 
et  entre  lesquels  ils  tirent  la  matière 
sur  laquelle  ils  veulent  pratiquer  les 
moulures.  —  Chez  les  serruriers ,  les  ar- 
muriers, les  tourneurs,  et  chez  tous  les 
arlisans  qui  travaillent  le  fer,  on  nomme 
boite  à  foret  une  espèce  de  bobine, 
ordinairement  en  bois,  dont  un  des 
bouts  est  pointu,  pour  entrer  dans  le 
plastron,  et  Taulre  bout  percé  d'un 
trou  carré  dans  lequel  on  introduit  les 
forets  et  les  fraises  que  Ton  ûxe  avec 
une  vis  à  oreilles.  On  fait  tourner  la  boite 
avec  la  corde  de  larchet.  —  £n  ternies 
de  serruriers  particulièrement,  boite  se 
dit  d'une  sorte  de  douille  ronde  ou 
carrée,  que  Ton  scelle  ou  dans  un  billot, 
ou  à  terre,  pour  recevoir  le  bout  d'une 
barre  de  fer,  soit  d'un  instrument ,  soit 
d'un  morceau  de  bois,  qui  sert  à  les 
tenir  fermes  quand  ils  y  sont,  et  d'où 
on  peut  les  tirer  et  les  replacer  à  dis- 
crétion. On  voit  de  ces  boites  dans  les 
sacristies  :  elles  y  sont  scellées  dans  le 
pavé,  pour  y  soutenir  les  devans  des 
tiroirs  où  l'on  enferme  les  chapes,  etc. 
^En  chirurgie,  boite  est  un  instrument 
propre  à  contenir  la  jambe  dans  le  cas 
de  fracture  compliquée  ;  elle  est  composée 
de  quatre  pièces  :  d'une  semelle,  d'un 
plancher,  et  de  deux  murailles.  —  Les 
boites j  en  terme  de  fontainiers,  sont 
des  coffres  de  fer  ou  de  tôle,  percés  de 
trous,  que  l'on  met  à  la  superficie  des 
.bassins  et  pièces  d'eau ,  pour  arrêter  les 
ordures  et  empêcher  l'engorgement  d'une 
conduite. — A  la  mor\nd\% ^Xdiboite (T essai 
est  un  petit  coffre  où  l'on  met  les  mon- 
naies qui  ont  élé  essayées,  pour  qu'elles 
ioîent  soumises  à  un  second  essai.  Il  y  a 
dans  le  balancier  une  partie  que  Ton 
pomme  aussi  boite ,  qui  en  embrasse  la 
vis,  comme  dans  une  presse  d'impri- 
merie ,  doi  t  le  mécanisme  est  à  peu  près 
le  môme.  — Dans  les  orgues,  les  boites 
sont  des  tuyaux  formés  d'un  mélange  de 
deux  parties  de  plomb  et  d'une  partie 
d'étain,  de  forme  cvlindrique,  terminés 


BOL 

bas  eo  forme  conhiuey  7>ar  le 
sommet  duquel  le  vent  du  sommier  passe 
dans  la  boite;  mais  la  structure  de  cette 
boite  a  été  perfectionnée  et  l'on  en  a 
considérablement  étendu  les  avantages. 
—  £n  terme  de  marine,  on  donne  le 
nom  de  boite  du  gouvernail  à  une  pièce 
de  bois  percée,  au  travers  de  laquelle 
passe  le  timon  ou  la  barre. — Les  méca- 
niciens nomment  boite  à  cuir  ou  à 
étoupes  une  place  destinée,  dans  une 
machine,  à  renfermer  des  cuirs  gras  et 
des  étoupes  imbibées  de  suif,  placées 
autour  d'une  tige  qui  tourne  et  qui  a  un 
mouvement  de  va  et  vient ,  afin  d'empê- 
cher l'entrée  ou  la  sortie  de  l'air  ou  des 
vapeurs  dans  le  vase  auquel  celte  sorte 
de  boite  est  appliquée.  Dans  une  voiture, 
la  boite  est  une  partie  qui  a  la  forme  d'un 
cône  tronqué,  de  la  longueur  du  moyen, 
et  percée  d'un  canal  de  même  calibre  que 
la  fusée  de  l'essieu.  Cette  boite  porte  à  son 
gros  bout  et  à  sa  partie  extérieure  deux 
pièces  saillantes  nommées  oreilles,  qu'on 
fait  entrer  de  force  dans  des  mortaises 
pratiquées  au  bois  du  moyeu;  ces  oreilles 
la  maintiennent  et  l'empêchent  de  tourner 
sur  la  roue.  Dans  les  grosses  voitures  la  boî- 
te se  fabrique  en  fonte  de  fer.  Nous  passons 
sous  silence  beaucoup  d'autres  boites. 

Il  sera  parlé  de  la  gracieuse  fiction 
de  la  boite  de  Pandore  à  l'article  Pah- 
DORB.  F.  R  D. 

BOITEUX,   voy.  Ci^unicATion , 

DUFORMITÉ,  PlED-BOT. 

BOâvAARAH^  l'o^.  Bouxhabuu 
BOL.  Sous  ce  nom ,  qui  vient  du  grec 
pCikoç  et  du  latin  boius,  on  désigne  di- 
verses   espèces    d'argiles    colorées   par 
des  oxides  métalliques  :   tels  sont  le  bol 
d*Àrrnéjtie  et  la  terre  de  Lemnos.  Elles 
sont  d'un  jaune  rougeâtre.  Long-temps 
elles  eurent  quelque  réputation  dans  la 
pharmacie  parce  qu'elles  possèdent  des 
propriétés   astringentes  et   siccatives   et 
qu^elles  entrent  dans  la  composition  de 
la  thériaque.  Celle  de  Lemnos,  que  ron 
a  appelée  terre  sigillée,  parce  qu'elle 
portait    l'empreinte    d'un    cachet    qu'y 
apposaient  les  prêtres  de  cette  lie  qui  en 
avaient   le   monopole,  était  jadis   csélè- 
bre;  on  lui  attribuait  des  vertus    mer- 
veilleuses. Les  bols  servent  dans  la  peiu. 
ture  comme  terre  colorée.  J.  H-t- 


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BOL  (6 

BOLERO.  Le  root  boléro  s'emploie 
pour  désigner  une  daose  espagnole  appe- 
lée proprement  seguidilla ,  dans  laquelle 
un  danseur,  nommé  Boléro,  introduisit 
des  pas  qui  exigèrent  quelques  modifica- 
tions dans  le  mouvement  et  le  rliythme 
d'accompagnement  de  Tair  primitif. 

Ce  qui  constitue  le  boléro ,  c'est  Tair 
seul  et  non  le  rhythme  d'accompagne- 
ment. Cet  air  est  fondé  sur  le  mètre  et 
l'accentuation  des  vers  qui  forment  le 
couplet  et  l'estrivillo,  dont  l'ensemble 
est  appelé  seguidilla. 

Il  y  a  plusieurs  manières  de  mettre 
des  seguidillas  en  musique,  mais  toutes, 
excepté  trois  :  seguidillas  sérias ,  segui- 
dillas de  teatro ,  et  seguidillas  de  socie- 
dad ,  sont  à  trois  temps  et  se  trouvent 
renfermées  dans  le  même  enchâssement 
musical;  le  degré  de  lenteur  ou  de  vitesse 
dans  le  mouvement  et  la  différence  du 
rhythme  d'accompa<;nement  désignent 
les  nuances  entre  les  seguidillas  de  la 
Manche,  de  Murcie,  de  Séville,  les  bo- 
léros et  la  danse  de  Requejo ,  que  l'on 
finit  par  appeler  el  requejo ,  et  aujour- 
d'hui boléro. 

Les  premières  seguidillas  qui  servi- 
rent à  faire  danser  furent  les  manchegas, 
h  cause  de  leur  mouvement  plus  lent  que 
dans  les  murcianas.  Lorsque  les  dan- 
seurs sont  en  position,  la  guitare  com- 
mence à  jouer  le  rhythme  d'accompa- 
gnement un  bon  nombre  de  fois,  pour 
donner  l'idée  du  mouvement  de  la  segui- 
dilla qu'on  va  chanter;  après  avoir  exé- 
cuté tous  les  pas  dont  elle  se  compose, 
chaque  danseur  reprend  sa  place  primi- 
tive où  se  danse  l'estrivillo,  composé  de 
huit  mesures.  On  finit  alors  par  le  com- 
mencement de  la  neuvième,  indiquant 
seulement  le  premier  temps  qui  doit 
coïncider  parfaitement  avec  la  dernière 
syllabe  du  chant,  le  coup  de  castagnettes, 
de  guitare ,  et  la  pose  immobile  des  dan- 
seurs. On  tient  beaucoup  à  la  simulta- 
néité de  cette  terminaison ,  et  les  spec- 
tnleurs  qui  entendent  frapper  le  dernier 
coup  par  dix  ou  douze  paires  de  casta- 
gnettes, une  grosse  guitare  basse  et  une 
guitare  quinte,  voyant  en  même  temps  ar- 
rêter dix  ou  douze  danseurs  dans  la 
ifiême  attitude ,  en  font  l'éloge  en  criant 
bien  parada  (bien  arrêté)! 


15) 


BOL 


Celte  danse ,  avec  la  musique  qui  lui 
est  propre ,  forme  le  type  du  boléro  que 
l'on  danse  aujourd'hui.  Le  danseur  Bo- 
léro introduisit  dans  la  seguidilla  man- 
chega  des  additions  et  un  mouvement 
plus  précipité;  mais  cette  danse  se  trou- 
vait dans  un  état  complet  de  dégradation 
lorsqu'un  danseur  nommé  Requejo  ima« 
gina  de  la  réhabiliter.  L.  D. 

BOLESLAf  y  nom  de  plusieurs  prin- 
ces qui  ont  porté  la  couronne  de  Pologne 
(i-vi),  soit  comme  ducs,  soit  comme  rois; 
de  trois  princes  qui  ont  régné  en  Bohê- 
me, d'un  duc  de  Masovie,  d*an  grand- 
prince  de  Lilhuanic,  et  de  plusieurs  ducs 
de  Poméranie  et  de  Silésie  (Breslaw, 
Liegnitz,  etc.).  Mais  le  plus  célèbre  est 
Boleslaf  I®*',  roi  de  Pologne. 

BoLESLAF,  surnommé  le  vaillant 
(  Âhrobr a )  y  ré^nsi  de  992  à  1025.  Mié- 
tchislaf,  son  père,  avait  démembré  le  du- 
ché en  le  partageant,  à  sa  mort,  entre  ses 
en  fans;  Boleslat'  répara  cette  faute,  mais 
en  dépouillant  ses  frères.  Les  secours  que 
des  éti'angers  offrirent  à  ces  derniers  de- 
vinrent pour  lui  l'occasion  d'enlever  à  ses 
voisins  une  partie  de  leurs  possessions,  et 
c'est  alors  que  la  Silésie,  auparavant  mo- 
rave,  et  la  Khrobatie  furent  réunies  à  la 
Pologne. 

Le  joug  de  l'empirç  d'Allemagne 
pesait  à  la  fierté  de  Boleslaf  :  il  sollicita 
le  titre  de  roi ,  et  Othon  III  n'osa  pas  le 
lui  refuser.  En  1001  il  posa  lui-même 
sur  la  tête  du  duc,  à  Gnezna,  la  coui'onne 
royale.  Toutes  les  tribus  des  Polènes 
obéissaient  alors  à  Boleslaf;  il  traitait  le 
duc  de  Bohême  en  vassal ,  et  Kief ,  la 
capitale  des  Slaves-Russes,  avait  été  obli- 
gée de  lui  ouvrir  ses  portes.  Il  porta  ses 
armes  jusqu'à  l'Elbe  et  à  la  Saale,  et  ce 
fut  là ,  dit-on  ,  que  Boleslaf  érigea  une 
colonne  de  fer  qui  marqua,  de  ce  c6té,  la 
limite  de  son  royaume,  comme  la  porte  de 
Kief,  qu'il  avait  fendue  avec  son  sabre 
(chtcherbietz) ,  marquait  la  limite  du 
côté  de  l'Orient.  A  la  prise  de  Budissîn 
on  Bautzen  (  1018) ,  il  dicta  à  Henri  II 
des  conditions  humiliantes ,  et  ce  prince 
lui  confirma  la  possc^ion  de  la  Lusace 
et  de  la  Missnie  comme  fiefs  de  l'Empire^ 
Ainsi  la  domination  polonaise  s'étendait 
depuis  Magdebourg  jusqu'à  Kief. 

A  l'intérieur ,   Boleslaf  régna   aveo 


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BOL  (  646  ) 

violence ,  et  Dittmar  de  Mersebourg  fait 
un  ubieau  peu  flatteur  de  l'état  de  ses 
sujets  et  des  avauies  auxquelles  ils  étaient 
en  butte.  Le  christianisme  se  propagea 
lentement.  Les  historiens  vantent  les  ri- 
chesses de  Boleslaf.  J.  H.  S. 

BOLINGBRORE  (Heitri  Saint- 
John,  lord  vicomte  de),  connu  comme 
bommed'étatetcommeécrivain,Daquiten 
1672  à  Battersea  dans  le  comté  de  Sur- 
rey.  Jeune  homme,  il  présenta  Valliance 
si  commune  des  qualités  les  plus  bril- 
lantes et  d'une  conduite  déréglée.  Pour 
mettre  un  terme  à  ses  débauches ,  son 
père  le  maria  avec  une  femme  chai^ 
mante ,  fille  du  baronnet  Wiohescombe, 
et  le  fit  entrer  au  parlement.  C'était  en 
1700;  il  fallait  se  décider  entre  les 
v^higs  et  les  torys  :  le  jeane  orateur 
prit  fait  et  cause  pour  les  derniers.  Déjà 
en  1704  il  était  arrivé  au  pouvoir  en 
acceptant  la  charge  de  secrétaire  au  dé- 
partement de  la  marine  et  de  la  guerre; 
et  dès  lors  commence  sa  carrière  publi- 
que ,  si  difficile ,  si  agitée ,  remplie  de 
tant  d'altemations  de  revers  et  de  suc- 
Après  quatre  ans  de' ministère,  il 


BOL 


ces. 

céda  la  place  à  Horace  Walpole  :  c'était  le 
tour  des  whîgs.  £n  1710,  lors  de  la  chute 
de  Mariborough,  il  rentra  pour  la  seconde 
fois  dans  les  affaires,  comme  garde-des- 
sceaux ,  et  signala  cette  partie  de  son  ad- 
ministration par  la  signature  de  la  paix 
d'Utrecht(  171 3).  A  cette  époque  il  se  mon- 
tra homme  d'état  et  politique  habile;  il 
lui  avait  fallu  lutter  avec  les  whigs  et  les 
lords,  neutraliser  la  volonté  contraire  de 
la  Hollande ,  de  l'Empereur  et  de  l'Em- 
pire; entraîner  des  collègues  envieux, 
imprudens,  irrésolus;  enlever  l'assenti- 
ment de  la  reine,  faible  et  maladive: 
aussi  la  conclusion  de  ce  fameux  traité 
est  -  il  un  des  grands  titres  de  gloire  de 
lord  Bolingbroke,  comme  homme  d'é- 
tat. Cela  n'empêcha  point  qu'à  l'avéne- 
ment  de  Georges  I^'  il  ne  fût  destitué 
de  nouveau  et  obligé  de  s'enfuir  en 
France ,  pour  échapper  à  un  procès  ca- 
pital que  ses  ennemis  politiques  lui  in- 
tentèrent. Déclaré  coupable  de  haute- 
trabison,  privé  de  ses  titres  et  de  ses 
biens,  il  crut  n'avoir  plus  rien  à  ména- 
ger et  8«  rendit  à  Commercy,  auprès  du 
préCen4Ant,(|iM  se  bâta  de  lui  rendre  sa  di- 


gnité de  garde-des- sceaux  et  de  l'envoyer 
à  Paris  pour  y  soigner  les  intérêts  de  la 
monarchie  exilée.  Les  Jacobites  réussi- 
rent bientôt  à  le  perdre  dans  Tesprit  de 
son  nouveau  maître,  et  Bolingbroke^ 
abandonnant  sans  regrets  un  parti  dont 
il  avait  entrevu  au  premier  abord  la 
nullité  et  l'impuissance,  dterdia,  par 
l'entremise  de  l'ambassadeur  anglais  à 
Paris,  à  se  réconcilier  avec  Georges  I*'. 
«Livrez  les  secrets  du  prétendant»,  lui 
dit-on.  Bolingbroke  se  réfuta  à  cette  lâ- 
cheté et  obtint  à  des  conditions  plus  ao- 
ceptables  la  cassation  de  l'arrêt  qui  l'a- 
vait condamné.  Il  ne  put  rentrer  cepen- 
dant en  Angleterre  avant  1723  :  une 
chambre  des  communes  composée  de 
membres  hostiles  au  minbtère  Boling* 
broke  mit  obstacle  jusque  là  à  son  re- 
tour. Pendant  cet  exil  prolongé,  il  épousa 
une  parente  de  M™^  de  Maintenon ,  la 
marquise  de  la  Villette ,  qu'il  aima  plut 
constamment  que  sa  première  femme  ^ 
et  se  mit  à  faire  ce  que  font  beaucoup 
d'hommes  d'état,  oisifs  et  disgraciés,  il 
écrivit.  Ses  Reflcctlons  upon  exile  et  ses 
Mémoires  sur  les  affaires  d'Angleterre , 
de  1710  à  1716,  adressés  en  K>rme  de 
lettres  au  chevalier  Wyndham,  datent 
de  cette  époque.  De  retour  4»nt  sa  pa- 
trie, silencieusement  établi  dans  le 
comté  de  Middlesex ,  il  éprouva  bientôt 
l'irrésistible  maladie  des  ej^prits  supé- 
rieurs habitués  au  maniement  des  gran- 
des affaires  et  réduits  à  l'inactiofi  :  Ten- 
nui  le  dévorait  dans  son  obscure  retraite. 
L'opposition  lui  offrit  son  bras  tecoura- 
bie.  Pendant  dix  ant,  de  1736  à  1736, 
il  fit  des  pamphlets,  des  articles  de 
journaux  et  des  recueils;  il  écrivit  son 
chef-d'œuvre,  sa  Dissertation  tor  les 
partis;  mais  à  la  fin,  fatigué |  découragé 
de  cet  inutile  travail ,  il  se  retira  de  nou- 
veau en  France,  à  Fontainebleau;  il  com- 
posa ses  Lettres  sur  l'étude  de  l'histoire  ^ 
et  de  pamphlétaire  politique  qu'il  était 
il  se  fit  libelliste  anti-religieuz.  Triste 
précurseur  des  encyclopédistes,  il  diri- 
gea ses  attaques  contre  la  véracité  de 
l'Histoire  biblique,  contre  le  Pentateu- 
que,  qu'il  assimile  au  Don  Quichotte. 
Toute  religion  révélée  n'est  plus  qu'abc 
surdité  à  ses  yeux;  dans  le  J^ouTieeu^ 
Testament,  il  distille  l'évam^  de  Je- 


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BOL 

sus -Christ  et  celui  de  saint  Paul 
premier  résumé  de  la  loi  naturelle  et  de 
la  philosophie  de  Platon;  l'autre ,  ra- 
mas de  doctrines  impies.  Ja  polyga- 
mie lui  parait  chose  désirable;  il  nie 
rimmorUlité  et  la  providence  indivi- 
duelle. A  cette  époque  y  en  Angleterre , 
de  pareilles  propositions  >  émises  avec 
hardiesse,  étaient  nouvelles  :  une  foule 
d'antagonistes  se  levèrent,  et  le  grand 
jury  de  Westminster  condamna  les  écrits 
de  Bolingbroke,  cpnune  contraires  à  la 
religion ,  à  la  morale  et  à  l'eut.  £t  quand 
on  remonte  à  la  source  de  cette  incrédu- 
lité systématique  qui  se  produisit  si  ou- 
vertement à  une  époque  où  elle  n'était  pas 
encore  répandue  dans  l'air,  on  est  tenté 
de  la  trouver  dans  l'étroit  bigotisme  d'un 
gouverneur  qui,  dans  la  première  jeu- 
nesse de  Bolingbroke,  l'avait  forcé,  par 
pédanterie  de  lire  les  119  semions  du 
docteur  Morton  sur  le  Psaume  119^. 
Quoi  qu'il  en  soit,  souvent  dans  ses  atta- 

3^es  on  découvre  des  contradictions  et 
es  contre-sens.  Même  dans  ses  ouvrages 
politiques  le  fond  vaut  moins  que  la  for- 
me; son  style,  quoique  irrégnliep,  est 
vif,  rempli  de  métaphores  et  de  sentences 
brillantées. 

Ami  de  Swift  et  de  Pope,  il  fournit, 
dit-on,  à  ce  dernier  le  plan  de  son  £ssai 
sur  ! 'Homme;  peut-être  sous  l'empire 
d'autres  circonstances  serait -il  devenu 
poète  lui-même. 

En  1743  il  rentra  dans  sa  patrie, 
écrivit  encore  son  Idea  ofa  patnotKing 
(le  Roi  patriote,  tel  que  je  le  conçois) , 
et  termina  en  1751  une  vie  dont  toutes 
les  phases  sont  marquées  par  une  ambi- 
tion extravagante  et  tepiies  Quelquefois 
par  les  excès  d'un  caractère  impétueux. 
S^  œuvres  complètes  parurent  pour 
la  première  fois  en  1754  :  BoUngbrohc's 
tyorks,  with  his  l\fe  kj  Goldfmith,  I-on- 
don,  1809,  8  vol.  in-4^.  Plusieurs  de 
ses  écrits  et  entre  autres  ses  Lettres  his^ 
toriques^  politiques ,  philosophiques  et 
particulières  depuis  171 Q  jusqu'en  1736 
ont  été   traduites  en  frjai^çais  ;   Paris , 
%  809,  3  vol.  |n-8^.  Sa  correspondance  a 
été  publiée  p^r  ^arke,  Londoi^,  1799, 
â  vol.  L.  S. 

Bp)LtVAR(SiMOir,  elLiberti^Qr)  ^/i- 
^t  à  Caracas,  le  24  J!u|llet  17^^,  ^ 


(  647  )  BOL 

l'un»  I  unique  d'un  père'^  et  d'une  mère  diiiin-» 
jgués  par  leurs  qualités  pereona^les  et 
généralement  aimés  pour  le  bien  qu'ib 
se  plaisaient  à  répandre  autour  d'eux.  Sa 
première  éducation  fut  soignée;  les  lu- 
mières qu'il  alla  demander  ensuite  aux 
universités  d'Amérique  et  d'Europe,  aux 
écrivains  politiques  de  tous  les  âges,  éten- 
dirent ses  connaissances,  leur  donnèrent 
de  la  force  et  imprimèrent  à  sa  pensée 
un  cachet  particulier  d'énergie  et  de  ré* 
flexion  que  l'on  trouve  rarement  réunies. 
Bolivar  parlait  avec  aisance,  écrivait  avec 
ulent,  1  espagnol,  le  français,  l'italien, 
l'allemand  et  l'anglais;  et,  ^rès  s'être  li- 
vré à  des  recherches  profondes  sur  l'é- 
conomie publique,  il  voulut  vi^ifter  dif- 
férens  pays  popr  s'assurer  si  l'applica- 
tion des  principes  établis  par  cette  scien- 
ce tournait  véritablement  au  profit  des 
masses,  au  bien-être  de  l'homme  spumis 
aux  exigences  sociales,  f  l  parcounit  a  cet 
effet  une  partie  de  l'Europe  et  les  $Aê.tH 
Unis  de  l'Amérique  du  Iford* 

De  retour  dans  son  pays,  il  donne  1# 
premier  exemple  de  l'affrandiissen^ent 
des  nègres  employés  si)r  Ifes  4o»aine$ 
de  sa  uimille;  il  prépare  les  voies  à  U 
prochaine  explosion  qui  doit  epfi|i  réa- 
liser les  tentatives  malbepreuses  de  1780, 
de  1787,  de  1794  et  de  1797,  Le  sang 
des  victimes  que  T^pagqol  a  fait  répan- 
dre à  grands  flots  crie  vengtsa^ce)  la 
surcharge  des  impôts,  qui  décide  ji  l'ar 
bandon  des  cultures,  rei^d  de  plus  en 
plus  insupportable  le  poids  des  fers; 
les  crimes  que  multiplient  (es  agens  4*ua 
pouvoir  en  délire  et  oo^r  qui  rien  n'es( 
sacré,  tout  force  les  ^milles  à  se  soule- 
ver. Narino,  Joseph  de  £spana,Pioor- 
nel,  Manuel  Gujal,  ouvrent  la  carrière  dm 
nobles  sacrifices;  Miranda  4ingo  h  mou- 
vement; Mendez  et  Qolivar  soq^  eipé- 
diés  vers  la  Grande-Bretagne  qui,  tpoft 
à  l'heure  encore,  promettait  un  itpfui 
en  hommes,  en  munitioi^s;  jofï^ê  il  est 
trop  tard,  l'Anglais  a  tr^f^é  avfec  ('£^ 
pagne,    et  les  ueyx  4£sj^nié$f  tfoii^pés 
dans  leur  attepte,  rev^eiinept  dans  le 
Venezuela  apprendre  à  leurs  cppopatrio- 
tes  qu'ils  sont  abandonnés  à  euyTn^êfjO/çSf 


M!«4i  ¥  ffttfff  i 


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BOL 


(648). 


BOL 


Il  faut  vaincre  ou  mourir  :  ces  mots  ont 
de  Técho  dans  le  pays,  ils  enflamment 
tous  les  cœurs ,  et  la  tyrannie  espagnole 
est  attaquée  de  front. 

Peu  satisfait  de  la  composition  du  con- 
grès qui,  depuis  le  19  avril  1810,  ré- 
gissait le  pays  et  montrait  peu  d'ensem- 
ble dans  son  action  et  sa  tendance ,  Boli- 
var se  tint  quelque  temps  éloigné  des  af- 
faires. Mais  dès  que  les  dangers  de  la 
patrie  furent  imminens  (181 1),  dès  qu'il 
vit  la  désertion  se  mettre  dans  les  rangs 
et  les  Espagnols  menacer  chaque  citoyen, 
il  courut  offrir  ses  services  et  se  ranger 
sous  les  drapeaux  de  Miranda  que  la  vic- 
toire abandonnait.  Nommé  colonel^  il  fut 
chargé  par  la  république  de  défendre  la 
forteresse  de  Puerto-Cabello  sur  laquelle 
se  portaient  les  forces  ennemies.  Il  fit 
bonne  résistance;  mais  il  dut  céder  au 
nombre  et  se  retirer  avec  sa  troupe  à  La 
Guayra,  pour  subir  l'exil  au  fort  San- 
Felipcy  d'où  il  s'échappa,  se  rendit  à  Cu- 
raçao^ et  fit  voile  sur  Cartagena.  Si  ce 
fâcheux  début  ne  lui  aliéna  point  la  juste 
confiance  des  Indépendans,  qui  avaient 
reconnu  l'impossibilité  de  tenir ,  il  ser- 
vit de  prétexte  aux  royalistes  pour  le  ca- 
lomnier :  ils  le  firent  accuser  par  leurs 
séides  d'avoir  abandonné  Miranda,  de 
l'avoir  livré  à  ses  ennemis,  quand  il  est 
constant  que  ce  fut  plus  de  25  jours  après 
le  départ  de  Bolivar  que  Miranda  capi- 
tula et  futy  au  mépris  des  conventions  si- 
gnées, Uon  pas  exilé,  mais  aussitôt  emme- 
né et  transporté  dans  la  prison  de  Madrid 
(vojr,  Mulanoa).  Le  mensonge  ne  coAte 
pas  quand  on  veut  perdre  un   homme 
que  l'on  redoute  ;  nous  le  verrons  désor- 
mais sans  cesse  attaché  aux  pas  de  Boli- 
var et  le  poursuivre  encore  après  sa  mort. 
Les  Espagnols  se  livraient  aux  cruau- 
tés les  plus  inouïes  envers  les  patriotes  : 
Monteverde  créait  chaque  jour  de  nou- 
velles conspirations,  afin  de  se  donner 
aux  yeux  des  lâches  le  droit  de  frapper 
les  familles,  les  communes,  les  contrées 
qui  s'étaient  prononcées  pour  la  révolu- 
tion, n  fit  ouvrir  les  prisons,  armer  les 
malfaiteurs;  il  les  organisa  en  guérillas, 
dans  la  vue  de  détruire  tout  ce  que  les 
Indépendans  comptaient  encore  de  trou- 
pea  et  d'anus. 
ArceteDtciiûtMyeiitepteaibre  181S^ 


Bolivar  rompt  le  ban  qui  le  retenait  inu- 
tile :  il  reparaît  sur  le  sol  de  la  confé- 
dération, il  appelle  à  lui  tous  les  bons 
citoyens,  il  vient  venger  le  pays  des  ou- 
trages faits  chaque  jour  à  ses  enfans.  D 
remporte  des  succès ,  oblige  toutes  les 
villes  devant  lesquelles  il  s'arrête  à  céder 
à  son  audace,  et,  fort  tout  au  plus  de 
mille  hommes  aguerris,il  harcèle  sanscesse 
Monteverde  qui  marche  à  la  tête  de  trou- 
pes fraîches ,  nombreuses  et  bien  pour- 
vues ;  il  le  chasse  du  Venezuela ,  lui  livre 
plusieurs  batailles  sanglantes,  et,  après 
avoir  taillé  en  pièces  les  forces  qui  l'ap- 
puyaient, il  le  contraint  à  s'enfermer 
dans  Puerto -Cabello,  puis  à  s'évader 
pour  échapper  à  la  colère  de  ses  propres 
soldats. 

L'année  1813  fut  pour  Bolivar  une 
année  de  fatigues  et  de  gloire.  Les  villes 
étaient  pillées  et  les  habiutions  brûlées  ; 
le  sexe  exposé  publiquement  à  la  bruta- 
lité d'une  soldatesque  effrénée  ;  la  popu- 
lation presque  entière  plongée  dans  le 
deuil,  dans  des  cachots  infects,  ou  déchi- 
rée par  les  coups  d'assommeurs  organi- 
sés; les  prisonniers  de  guerre  impitoya- 
blement fusillés  ;  des  victimes  sans  nom- 
bre envoyées  à  la  mort,  sans  qu'aucun 
délit  fût  légalement  établi ,  sans  qu'au* 
cun  jugement  préalable  eût,  pour  ainsi 
dire,  sanctionné  tant  d'iniquités;  e^  ces 
horreurs  étaient  accompagnées  de  cir- 
constances si  barbares  que  la  plume  n'ose 
les  retracer.  A  cette  guerre  d'extermina- 
tion^ digne  des  premiers  temps  de  la 
conquête,  Bolivar,  que  le  peuple  avait 
salué  du  nom  de  libérateur  en  lui  re- 
mettant le  commandement  suprême,  ré- 
pondit par  deux  terribles  décrets,  ceux  des 
8  juin  et  15  juillet,  l'un  daté  de  Merida, 
l'autre  de  Truxillo ,  par  lesquels  il  dé- 
clara guerra  a  muerte  à  tous  les  enne- 
mis qui  tomberaient.  Heureusement  la 
menace  ne  fut  réalisée  qu'une  seule  fois, 
et  encore  fut-ce  au  grand  regret  de  Bo- 
livar et  des  républicains  qu'il  comman- 
dait. 

Au  2  janvier  1814,  ayant  purgé  de 
ses  mains  le  territoire  deVénésuéla,  il 
se  présenta  devant  l'assemblée  nationale 
pour  rendre  compte  de  sa  conduite  et 
abdiquer  son  pouvoir  immense.  Mais  il 
fat  invité  à  le  conserver  jusqu'à  la  paix 


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géDérale,  et  son  devoir  était  de  céder  à 
la  voix  de  la  patrie. 

Battus  sar  tous  les  points,  les  Espa- 
^ols  cherchèrent  par  tous  les  moyens  à 
fatiguer  le  pays  qui  les  repoussait  avec 
horreur,  à  reprendre  leur  prépondérance, 
et  à  empêcher  les  institutions  républicai- 
nes des*asseoir.  Ils  jetèrent  sur  un  espace 
de  400  lieues  des  bandes  d'esclaves  et  de 
brigands,  ayant  à  leur  tête  Boves,  Ya- 
nez,  Rosete,  Puy  et  le  noir  Palomo;  dès 
lors  le  carnage  et  la  dévastation  s'étendi- 
rent sur  toute  la  contrée.  La  bataille  de 
(k>rabozzo,  si  fatale  d'abord  aux  roya- 
listes, devint  bientôt  pour  les  Indépen- 
dans  le  signal  de  défaites  sur  défaites. 
L*ennemi  ayant  reçu  des  renforts  nom- 
breux se  releva.  Cartagena  et  l'île  Mar- 
garita,  si  long-temps  la  terreur  des  Es- 
pagnols ,  tombèrent  en  leur  pouvoir.  De 
jeunes  héros,  l'espoir  de  la  patrie,  trahis 
et  livrés  par  de  lâches  auxiliaires,  furent 
égorgés;  les  femmes  ne  furent  point  épar- 
gnées ;  l'on  assassina  sans  pitié  de  jeunes 
filles  pour  avoir  sollicité  leurs  frères  à 
prendre  les  armes  :  en  un  mot,  tout  ce 
que  le  fer  et  le  feu  négligèrent  fut  livré 
à  la  hache  du  bourreau.  L'année  1814 
laissait  la  cause  de  la  liberté  presque  en- 
tièrement désespérée;  Bolivar  seul ,  que 
les  chances  les  plus  malheureuses  ne  pou- 
vaient décourager,  combinait  les  moyens 
de  réparer  promptement  ces  désastres  en 
profitant  de  l'impopularité  croissante  de 
l'ennemi  commun. 

L'arrivée  de  Morillo  (voy.)  avec  une 
flotte  de  50  bâtimens  de  transport  devait 
cependant  mettre  le  comble  à  cette  pé- 
nible situation  (15  mars  1815),  puisqu'il 
s'empara  avec  une  rapidité  sans  exemple 
des  diverses  places  situées  entre  les  im- 
menses déserts  de  Casanare  et  les  rives 
malsaines  de  Santa-Marta  et  de  Carta- 
{;cna,  depuis  l'embouchure  de  l'Atrato 
cl  le  port  de  San-Buenaventura  jusqu'au 
pied  des  montagnes  qui  s'élèvent  derrière 
Vopayan.II  étendit  ses  conquêtes  en  1816, 
et  exerça  partout  des  vengeances  plus 
terribles  encore  que  celles  des  deux  an- 
nées précédentes.  L'exil ,  l'exécution  de 
plus  de  600  des  principaux  chefs  indé- 
pendans,  signalèrent  son  triomphe.  (Res- 
trepo  trace  un  affreux  tableau  de  cette 
époque,  daos  son  histoire  de  la  Révolu- 


cion  de  la  Columbia,  cap.  14, 15  et  lé.) 
Tout  à  coup  Bolivar,  que  les  inté- 
rêts de  la  liberté  avaient  obligé,  durant 
ces  désastreuses  circonstances,  à  se  reti- 
rer à  la  Jamaïque,  ensuite  à  Haïti,  re- 
parait, en  décembre  1816,  dans  l'Ile  Mar- 
gnrita  dont  il  se  rend  maître  à  la  tête 
f/e  300  hommes  éf^aax  en  courage  et 
en  patriotisme ,  comme  ils  le  sont  en 
nombre^  aux  compagnons  de  Léonidas; 
il  établit  un  gouvernement  provisoire  à 
Barcelona ,  et  incendie  ses  vaisseaux,  afin 
de  reprendre  la  supériorité  sur  tous  les 
points  ou  périr  les  armes  à  la  main.  A 
cette  nouvelle,  les  troupes  regagnent  leurs 
drapeaux,  et,  malgré  les  persécutions  les 
plusacharnées  dirigées  contre  leurs  famil- 
les, malgré  la  dévastation  de  leur  patrimoi- 
ne, les  républicains  courent  aux  armes. 
La  campagne  de  1817  s'ouvre  pour  eux 
sous  les  plus  heureux  auspices,  de  l'em- 
bouchure de  rOrénoque  jusqu'au  golfe 
de  Darien,  et  la  lutte  se  termine  par  des 
combats  acharnés  sur  les  côtes  de  l'O- 
céan-Pacifique,  au  pied  des  Cordilières, 
et  dans  les  plaines  sablonneuses  qui  lon- 
gent la  Guiane. 

En  1818,  les  succès  sont  brillans,  ra- 
pides et  décisifs.  En  moins  de  cinquante 
jours,Bolivar  a  balayé  300  lieues  de  pays, 
livré  cinq  batailles  rangées,  les  12, 13, 14, 
1 6  et  1 7février  ;  chaque  jour  est  signalé  par 
un  combat  nouveau;  des  deux  côtés  les 
pertes  sont  grandes  en  hommes,  en  muni- 
tions; mais  la  victoire  demeure  fidèle  au 
libérateur.  Le  15  août,  le  sang  de  20,000 
Espagnols  arrose  la  terre  de  Venezuela, 
et  le  10  novembre,  le  gouvernement,  in- 
terprète de  la  volonté  générale,  décide 
que  la  république  est  affranchie  du  joug 
de  l'Espagne,  qu'elle  se  constitue  en  état 
libre,  souverain  et  indépendant,  qu'elle 
ne  tentera  plus  aucune  voie  de  concilia- 
tion auprès  de  l'ancienne  métropole ,  et 
ne  traitera  plus  avec  elle  que  de  puis- 
sance à  puissance. 

En  1819  les  deux  républiques  de  Ve- 
nezuela et  de  la  Nouvelle- Grenade  se 
réunirent  en  une  seule,  sous  le  nom  de 
République  de  Colombie  y  et  Bolivar  est 
investi  de  la  présidence,  avec  un  pouvoir 
dictatorial.  L'année  fut  remplie  d'événe- 
mens  militaires  et  de  vicissitudes  de  toute 
espèce.  Morillo  qui  a  deux  fois  reço  des 


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renforts  d*£qrope,|reparatt  sur  les  champs 
de  bataille  où  il  avait  succombé.  Bolivar , 
de  son  côté ,  se  montre  partout  avec  un 
grand  développement  de  forces,  avec  une 
ardeur  sans  cesse  croissante ,  el  menace 
d'une  ruipe  totale  le  parti  royal*  tM  vic- 
toire le  suit  pas  à  pas  ;  on  se  souviendra 
surtout  de  la  journée  du  8  août,  à  Boyaca^ 
où  l'armée  libératrice  détruisit  des  trou- 
pes d'une  force  numérique  trou  fois  su- 
périeure, et  affranchit  toutes  les  com- 
munes de  la  Nouvelle-Grenade.  Cette 
campagne  mémorable  fut  le  résultat  de 
l'opération  hardie  entreprise  par  Bolivar 
à  travers  les  Cordilières,  en  prenant  une 
route  en  mauvais  état,  peu  ou  point 
fréquentée,  et  par  conséquent  sans  res- 
sources. 

Dans  l'année  1820,  que  le  combat  de 
La Plata  annonçait  devoir  suivre  une  mar- 
che non  moins  heureuse,un  long  armistice 
demandé  par  les  Espagnols  fut  conclu. 
Le  gouyemement  de  l'ancienne  métro- 
pole appela  des  députés  pour  traiter  de 
la  paix;  mais,  persévérant  dans  ses  prin- 
cipes politiques  et  dans  son  obstination, 
il  ne  voulut  que  gagner  du  temps,  ras- 
sembler de  nouvelles  troupes,  el  tomber 
à  l'improviste  sur  les  Indépendans  avec 
des  forces  puissantes.  Bolivar  profita  de 
cette  trêve  à  une  guerre  de  onze  an- 
nées pour  exiger  avant  tout  de  Morillo 
un  second  traité,  basé  sur  des  principes 
libéraux  et  philanthropiques,  qui  déter- 
ininât  la  manière  dont  se  ferait  la  guer- 
re  si  elle  devait  avoir  lieu  de  nouveau. 
Ce  traité  est  conforme  au  droit  des  gens 
et  aux  usages  les  plus  humains  des  na- 
tions civilisées.  Ce  fut  aussi  l'instant  fa- 
vorable pour  donner  sa  démission  de 
président  du  Cpngrès:  «Je  suis  l'enfant 
a  des  camps ,  dit-il  ;  les  combats  m'ont 
«(  porté  à  la  magistrature  qù  la  fortune 
«  m'a  soutenu  ;  mais  un  pouvoir  sem- 
n  bbble  à  celui  qui  m'est  copfié  est  dan- 
«  gereux  dans  un  gouvernement  popu- 
«  jiiaire:  je  préfère  le  titre  de  siipple  soldat 
n  %  celui  de  libérateur,  e(t  ep  descendant 
«  du  fauteuil  de  président ,  je  n*af pire 
«  qu'à  giériter  le  titre  de  bon  citoyen,  if 
li^is ,  s'étant  aperça  du  piège  tendu  par 
les  Espagnols  à  la  bonpe  foi  des  républi- 
caine» fverti  d'ailleurs  de  ce  qui  s^  pas- 
sent k  Jtfadrid,  il  prit  }m  àtWiU  et  dé- 


nonça l'ouverture  des  hostilités  ;  il  ap* 
cepta  de  nouveau  le  gpnverneniei|t  sut 
préme,  débusqua  l'ennemi  de  quelques 
positions  pen  importantes,  nMis»6qw- 
saires  à  son  pUn  ;  puis  il  entra ,  |^  |8 
janvier  1821,  dans  Maracaybo,  rM^isi^ 
la  formidable  forteresse  de  Cart^neng  ^ 
Ténérif,  ville  située  sur  les  bords  eacaiVr 
pés  de  la  Madalena,  Ci^nega  assiae  tur 
les  hauteurs,  près  Naguenagua,  et  Santa- 
Marta  que  défendaient  17  batteries  exr- 
térieures,  toutes  enlevées  d'assaut.  H 
pressa  vivement  ('ennepii,  lui  livra,  le 
25  juin,  la  mémorable  bataille  de  Q^*- 
bobo,  et  le  30  il  prit  La  Guayra,  tandis 
que  ses  (ieutenans,  guidés  par  son  géniei 
se  couronnaient  de  gloire  à  Cumaffa  et 
sur  tous  les  points  où  ils  faisaient  flotter 
le  pavillon  jaune  aux  sept  étoiles. 

Réduits  à  n'occuper,  sur  le  vaste  ter- 
ritoire de  la  Colombie,  que  PuerM>- 
Cabello  et  l'Isthme  de  Fanama^  qui 
proclama  son  indépendance  le  28  no- 
vembre 1821 ,  les  Espagnols  entamèrent 
la  campagne  de  1822  par  le  Pérou  ;  ipaie 
en  peu  de  temps  ils  en  furent  punfs,  ef 
la  bataille  du  Pichincha,  livrée  le  2^ 
mai,  décida  de  leur  ruine  et  de  la  libfert^ 
du  pays.  Bolivar  signa  un  traité  d'ii-* 
liance  offensive  et  défensive  entre  la 
Colombie  et  le  Pérou;  il  fit  son  e^itrée 
solennelle  à  Lima  le  l^*"  septembre,  ^ 
comme  San  Martin  venait  d*abdiquer  Ja 
présidence,  avec  le  titre  de  libéra^^ur, 
il  reçut  l'autorité  suprême  politique  el| 
militaire  de  la  république.  Jamais  héros 
d'Athènes  ou  de  Rome  ne  fut  aoci^eiUf 
avec  plus  d^enthousiasme;  jamais  bop^mn 
aussi  n'en  fut  plus  digne.«  J'accepte,  dit-il, 
«  avec  reconnaissance  les  honneurs  qiye 
«  les  citoyens  me  rendent,  parce  qu'ilf 
«  appartiennent  aux  braves  que  je  cpo^-r 
«  mande  ;  j'accepte  l'odieuse  auLofiti 
«  dictatoriale  afin  d'éteindre  les  di^ 
ç  cordes  civiles,  donner  de  la  stabilité  et 
«  de  la  for<^  aux  nouveaux  états  ^  maif 
«  c'es^  à  la  condition  expresse  que  voii| 
«  ne  permettrez  dans  aucune  ci^rnouT 
«  stance  qu'un  Napoléon  ou  un  Iturbi^ 
«vienne,  au  nom  de  la  liberté,  4^ 
«  tfuire  celle  que  nous  avons  conqgil^ 
«  au  prix  de  tant  4e  «ang  et  |Copfii^ige|r 
«  k  IjBur  profit  )a  gloire  df  ï^  annéesf 
«  nitpyepQe9.f 


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(651) 


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Dans  Tannée  1823,  le  11  novembre, 
les  Espagnols  furent  entièrement  expulsés 
du  territoire  de  Colombie;  l'indépendance 
de  tont  le  sud  du  continent,  cimentée 
par  la  confédération  des  républiques  du 
Pérou,  du  Cbili,  de  Buenos-Ayres ,  de 
Rio  de  la  Plata,  et  de  la  nation  mexi- 
caine, fut  reconnue  par  les  États-Unis 
de  r  Amérique  du  !Nord  et  par  l'Angleterre. 
La  paix  allait  être  le  résultat  de  cette 
position  nouvelle  et  consolante;  mais  au- 
paravant le  sang  devait  couler  encore. 

En  1 824,  les  royalistes  du  Pérou,  unis 
aux  débris  de  l'armée  espagnole,  furent 
complètement  battus,  le  5  août,  dans  les 
plaines  de  Junin ,  et  le  9  décembre  dans 
celles  d'Ayacucbo  (yoy.y  Cette  dernière 
victoire,  la  plus  glorieuse  qu'ait  rem- 
porté le  Nouveau-Monde,  mit  fin  à  la 
guerre  sur  le  continent  et  délivra  de 
tout  ennemi  le  territoire  de  ses  républi- 
ques. Bolivar  abdiqua  la  dictature  le  l^** 
janvier  1825,  et  s'opposa  à  l'érection  de 
la  statue  équestre  que  la  municipalité 
de  Caracas  voulait  lui  élever,  n  Attendez 
a  après  ma  mort,  pour  me  juger  sans 
«c  prévention  et  m'accorder  tels  honneurs 
«  que  vous  croirez  convenables  ;  mais 
«  n'élevés  jamais  de  monumens  à  un 
«  bomme  de  son  vivant  :  il  peut  changer, 
a  il  peut  trahir;  vous  n'aurez  jamais  ce 
«  reproche  à  me  faire ,  mais  attendez, 
«  encore  une  fois.  » 

Ce  que  le  sort  des  armes  n'avait  pu 
obtenir,  la  trahison  et  l'anarchie  résolu- 
rent de  l'accorder.  Pendant  que  le  libé- 
rateur visitait  le  sud  et  que  ce  voyage 
était  pour  lui  un  triomphe  continuel, 
Cordova,  Paez,  Santander  lèvent  l'éten- 
dard de  la  rébellion'*',  font  tonner  le 

(*)  I/aoteur  noas  parait  traiter  avec  sévérité 
ira  nomme  qui  jonit  «run* grande  cooaiilération. 
Santander  (vo/.)  avait  peut^tredes  motifc  puisés 
dansTintérét  même  de  la  patrie,  et  nous  oevons 
dire  que  dans  an  très  bon  article  de  l'ouvrage 
allemand  ConpersMiont^Lêxikon  d*r  neuêtien  Ziii 
wèd  LUêrmtur,  Bolivar  est  accusé  de  projets  am- 
bitieux auxquels  le  général  Santander  se  serait 
opposé  par  un  patriotisme  véritable.  Un  fait  im- 
portant oublié  par  notre  savant  collaborateur, 
c'est  que  Bolivar,  déjà  président  de  la  Colombie, 
le  devint  encore  du  Pjérou  et  de  Bolivla ,  et  que 
le  Code  boliviano  ne  respire  pas  l'esprit  républi- 
cain. Le  congrès  que  Bolivar  rassembla  à  Panama 
donna  lieu  à  de  nouveaux  soupçons  contre  lui  ; 
à  tort  ou  à  raifCM»  on  trat  généralement  que  le 
pfi&fddept  «spjl^ait  à  ^liégéflpopie  •or  toute  1  Àmé- 


canon  fratricide  dans  les  provinces  du 
nord  (1826),  puis  de  ces  contrées  la  ré- 
volte descend  dans  le  sud.  Bolivar  ac« 
court  partout  où  le  besoin  l'appelle ,  et 
le  flambeau  de  la  guerre  civile  s'éteint, 
l'ordre  légal  succède  à  la  confusion. 
Cordova  mourut  les  armes  à  la  main 
près  d'Antioquia^  Santander  consentit 
à  son  bannissement,  Paez  et  les  autres 
coupables  furent  graciés,  à  raison  des 
nobles  services  qu'ils  avaient  rendus  dans 
les  armées. 

XJn  pareil  échec  décida  les  royalistes 
à  recourir  à  des  moyens  plus  odieux 
encore  :  ils  armèrent ,  d'un  côté,  le  bras 
de  quelques  fanatiques  et  leur  deman- 
dèrent pour  victime  le  généreux  Bolivar. 
Un  traître,  suivi  de  douze  hommes,  pé- 
nètre de  nuit  dans  sa  tente  :  il  échappe 
presque  nu.  Une  autre  fois  on  viole  son 
domicile,  on  arrive  jusqu'à  lui:.son  cou- 
rage lui  fournit  les^oyens  de  repousser 
les  assassins.  On  déduit  ensuite  jusqu'à 
son  domestique  de  confiance  ;  enfin ,  on 
frappe  en  plein  jour  et  à  ses  côtés  son  ami 
JVIonteagudo  ;  il  évite  encore  miraculeu- 
sement le  poignard  dirigé  sur  son  sein. 
D'un  autre  côté,  on  renouvelle  les  bruits 
odieux  d'une  ambition  secrète ,  et  le 
grand  congrès  des  nations  de  l'Amérique 
appelé  par  lui  à  Tacubaya ,  dans  l'isthme 
de  Panama,  sert  de  prétexte  pour  lui 
préleir  l'intention  positive  de  dominer 
tout  le  continent.  I^e  but  de  Bolivfir  était 
d'en  assurer ,  au  contraire ,  l'indépen- 
dance absolue,  rigoureuse,  en  plaçant 
sur  ce  point,  situé  au  centre  du  globe, 
regardant  l'Asie  d'une  part,  de  l'autre 
l'Afrique  et  l'Europe, une  cour  suprême 
chargée  de  veiller  aux  intérêts  de  tous 
les  Américains,  d'être  le  gardien  fidèle 
des  traités,  d'appeler  tous  les  efforts  de 
l'Union  contre  l'oppression  de  l'étranger 
ou  contre  quiconque  oserait  concevoir 
l'idée  de  ravir  aux  uns  en  particulier  ou 
à  tou9  ^n  général  la  liberté,  leurs  droits 
politiques;  de  s'opposer  à  toute  espèce 
de  colonie  venue  du  dehors ,  et  de  rendre 
commune  à  tous  l'injure  faite  à  un  des 
États  fédérés.  Ce  plan  de  la  plus  haute 
portée,  ce  plan  que  le  temps  Réalisera 
quelque  jour,  n'a  pas  été  compris. 

ri^M  mén4io^ail9.  Jlottt  nyporto^  om  faîfa 
B^fu  %Qm  pieni^ettro  aacan  jugei^eni.    f,  H.  S. 


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BOL  (  6 

Sîngalièrement  affecté  d'être  aussi  mal 
jugé  par  ses  compatriotes  et  dans  les 
États-Unis  ou  il  devait  attendre  de  la 
justice, Bolivar  le  fut  plus  profondément 
encore  quand  il  apprit  que  le  général 
Sucre  (voy,) ,  le  héros  d'Ayacucho ,  ve- 
nait de  périr  sous  le  fer  d*un  assassin; 
quand  il  vitPaezoublier  une  seconde  fois 
ses  sermens,  persister  dans  la  révolte,  et 
solliciter  les  passions  les  plus  tumul- 
tueuses. Il  prit  pour  la  dernière  fois  la 
résolution  d'abdiquer  et  de  résister  dé- 
sormais à  toutes  les  prières,  à  toutes  les 
i^onsidérations,  telles  pressantes  qu'elles 
fussent.  Il  déposa  donc  le  pouvoir  le  20 
janvier  1830  ,  et  garda  le  simple  titre  de 
fçénéralissime des  armées  de  la  Colombie. 
«  En  cette  qualité ,  soumis  aux  lois  comme 
«  les  autres  citoyens,  au  moindre  danger 
«  je  tournerai  autour  du  gouvernement, 
K  et,  à  l'instar  du  taureau,  je  défendrai 
«  l'approche  de  la  république  ^  je  terras- 
«t  serai  l'ennemi  qui  oserait  la  menacer.  » 

Peu  de  jours  après  cet  acte  de  dévoue- 
ment, il  se  retira  à  Bogota  pour  y  vivre 
dans  la  retraite.  A  peine  eut-il  vu  l'ordre 
se  rétablir ,  Mosquera  appelé  à  la  prési- 
dence, et  la  constitution  par  lui  rédigée 
prendre  de  la  consistance,  qu'il  recon- 
nut l'inutilité  de  ses  services  et  le  danger 
du  l'autorité  qu'il  conservait  encore;  il 
ad  cessa  aux  Colombiens  la  lettre  suivante: 
n  La  présence  d'un  soldat  heureux,  quel- 
H  ((ue  désintéresséqu'il soit,  est  toujours 
«t  dangereuse  dans  un  état  jeune  de  li- 
«  berté.  Je  suis  las  d'entendre  sans  cesse 
*  répéter  que  je  vise  à  m'ériger  empe* 
o  reur ,  à  relever  le  trône  des  Incas  ;  on 
<t  envenime  partout  mes  actions;  il  n'y  a 
n  ^as  jusques  à  mes  pensées  qui  ne  don- 
«  nent  matière  à  de  misérables  libelles  : 
«  c'en  est  assez.  Pai  payé  ma  dette  à  la 
«  patrie,  à  l'humanité;  j'ai  donné  mon 
«  sang,  ma  santé,  ma  fortune  à  la  cause 
<<  de  la  liberté;  tant  qu'il  y  a  en  péril,  je 
«  me  suis  dévoué  ;  mais  aujourd'hui  que 
«  l'Amérique  n'est  plus  déchirée  par  la 
"  guerre,  ni  souillée  par  la  présence  de 
«  l'étranger  armé,  je  me  retire,  pour  que 
'(  ma  présence  ne  soit  point  un  obstacle 
«  au  bonheur  de  mes  concitoyens.  Le 
«  bien  seul  de  mon  pays  peutm'imposer 
<c  U  dore  nécessité  d'an  exil  perpétuel, 
n  loin  de  la  contrée  qui  in*a  donné  le 


52) 


BOL 


a  jour.  Recevez  donc  mes  adieux  comme 
a  une  nouvelle  preuve  de  mon  ardent 
«  patriotisme  et  de  l'amour  que  je  porte 
«  en  particulier  aux  Colombiens.  >» 

Le  1 2  mai  il  s'éloigna  de  Bogota ,  en 
passant  par  Santanna,  et,  ne  voulant  point 
grever  le  trésor  national ,  il  vendit  sa  der- 
nière propriété,  une  mine  qu'il  possédait 
à  Sanma;  puis  il  partit  pour  Cartagena, 
où  il  devait  s'embarquer  pour  la  Jamaïque 
et  de  là  faire  voile  revs  l'Europe. 

A  la  réception  de  la  lettre  de  Bolivar, 
le  gouvernement  s'assembla  :  on  voulut 
le  rappeler  à  la  tête  des  affaires;  mais  des 
amis  qui  connaissaient  sa  ferme  résolu- 
tion s'y  opposèrent.  Alors  il  fut  décidé 
qu'il  serait  proclamé  le  premier  citoyen 
de  la  Colombie ,  et  que,  en  tribut  de  gra- 
titude et  d'admiration  que  commandent 
ses  vertus,  son  courage,  ses  services  émi- 
nens,  l'emploi  de  sa  fortune  pour  le  bien 
de  la  patrie,  il  lui  serait  offert,  en  vertu 
du  décret  du  congrès  en  date  du  23  juil- 
let 1823,  une  pension  annuelle  et  via- 
gère de  treute  mille  dollars  (environ 
155,000  francs)  partout  où  il  voudrait 
résider. 

Ce  témoignage  lui  fut  remis  à  San- 
Pc'lro,  maison  de  campagne  près  deSanta- 
Marta,  où  Bolivar  mourut  d'nne  fièvre 
bilieuse,  le  17  décembre  1830.  Ainsi 
périt,  à  l'âge  de  47  ans  et  demi,  le  héros 
de  l'Amérique  du  Sud,  le  véritable  fon- 
dateur de  son  indépendance.  Il  termina 
sa  vie  si  courte  et  si  pleine ,  abîmé  de 
fatigues,  abreuvé  de  dégoûts,  victime  de 
son  noble  dévouement;  mais  il  eut  la 
consolation,  en  cet  instant  suprême,  de 
reporter  sans  crainte  les  yeux  sur  le  passé 
et  de  n'y  trouver  aucun  acte  qui  puisse 
en  ternir  l'histoire.  A.  T.  d,  B. 

BOLIVIA^  état  indépendant  de  l'A- 
mérique du  Sud,  enclavé  dans  Tinté- 
rieur  des  Cordilières ,  entre  les  60  et  73* 
degrés  de  longitude  occidentale  et  les  1 1  et 
24  et  demi  de  latitude  australe.  Cet  état  a 
été  fondé  par  Bolivar  après  les  mémora- 
bles journées  de  Junin  et  d'Ayacucho. 
Il  est  formé  de  l'ancien  Haut-Pérou  et 
particulièrement  des  sept  provinces  espa- 
gnoles de  La  Paz,  Oruro,  Potosi,  Cbu- 
quisaca,  Tarija,  Cochabamba  et  Santa-^ 
Cruz  de  la  Sierra ,  qui  ooniiitu^ntmaifi- 
tenant  chacune  un  département.  L'état  > 


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BOL  (G 

est  borné  aa  nord-oaest  et  au  nord  par 
le  Péroo;  le  Brésil,  avec  la  coDfédération 
de  Rio  de  la  Plata ,  le  ferme  à  Test  ^  la 
même  confédéralion,  Buenos- Ayres ,  le 
Paraguay  et  la  république  de  Chili  oc- 
cupent le  sud;  le  graod  Océan-Pacifique 
et  le  Pérou  lu!  servent  de  limites  à  Touest 
Cest  la  région  la  plus  élevée  de  Thémi- 
sphère  occidental  et  la  ligne  de  partage 
de  toutes  les  eaux  de  TAmérique  du  Sud 
qui  se  rendent  aux  fleuves  immenses  de 
La  Plata  et  du  Maragnon,  communément 
dit  TAmazone,  tous  deux  nés  au  sein 
des  montagnes  neigeuses  de  Sicasica,  à 
70,000  milles  Fun  de  TanUe.  Elle  a  reçu 
le  nom  de  BoUvia  par  décision  du  con- 
grès national  assemblé  le  11  août  1825, 
pour  perpétuer  le  souvenir  des  services 
importans  rendus  à  la  patrie  par  le  Z^i- 
bérateur  {voy.  Bolivar).  Elle  renferme 
plusieurs  volcans  souvent  en  feu. 

Le  territoire  de  la  république  de  Boli- 
via  embrasse  une  superficie  de  3 10,600 
mille»  carrés*.  Sa  population  est  loin 
d'être  proportionnée  à  une  semblable 
étendue  :  elle  n'arrive  encore  aujour- 
d'hui qu'à  1,850,900  habitans.  On  y 
net  sur  pied  une  armée  de  40,000  hom- 
mes, tous  bons  soldats,  marcheurs  in- 
fatigables, bte;n  disciplinés  et  d'une  adres- 
,ae  vraiment  remarquable.  Les  revenus 
de  l'état  dépassent  3  millions  de  piastres 
ou  16,290,000  de  nos  francs. 

Long-temps  frappé  de  nullité  par  l'hor- 
rible institution  de  la  Mita,  dont  on  par* 
lera  tout  à  l'heure ,  l'agriculture  se  traîne 
encore  dans  Tornière  de  la  routine  ;  elle 
.demande  de  grandes  améliorations,  afin 
de  profiter  de  la  fertilité  naturelle  du  sol, 
laquelle  est  merveilleuse.  Il  suffitde  vou- 
loir, la  terre  s'empresse  de  produire. 
Près  des  belles  fougères  en  arbre  et  des 
palmiers  au  stype  couronné  de  longues 
branches  pendantes,  s'élève  le  ceroxy- 
lou  qui  exsude  une  résine  jaune-blan- 
châtre; la  pomme  de  terre,  que  l'on 
nomme  vulgairement /7a/7ar;  le  maïs,  le 
blé,  fournissent  d'abondantes  récoltes; 
la  canne  à  sucre,  la  vigne  et  tous  les 
genres  d'arbres  à  fruits  réussissent  par- 
faitement et  gagnent  en  qualités.  Les  ri- 

(*)  S«D8  douU  anglais.  IVaprèt  d'aotres  don- 
•  nées  cette  étendue  ne  Hrail  qoef  de  ao,ooo  m, 
.  «tr.  g^gr*  S. 


/)3  )  BOL 

chesses  végétales  sopt  surtout  remarqua- 
bles entre  les  immenses  montagnes  de 
Yungas,  d'Apolabamba,  de  Yuracaré, 
des  Mojos  et  des  Chiquitos.  Les  événe- 
mens  politiques  ont  retardé  l'impulsion 
première  donnée  à  l'économie  rurale  :  la 
paix  lui  donne  une  nouvelle  force,  aussi 
chaque  jour  fait-elle  des  progrès  sensi- 
bles. La  riche  vallée  de  Cochabamba  est 
très  bien  cultivée;  les  campagnes  riantea 
de  Chuquisaca  rivalisent  avec  elle  par 
l'immense  variété  de  leurs  productions. 
Les  vignes  plantées  sur  le  revers  des  monta 
Chicas  donnent  de  très  bons  vins;  les 
nombreux  troupeaux  que  Ton  rencontre 
partout  sur  les  pampas,  principalement 
dans  l'arrondissement  de  Oruro ,  prépa- 
rent de  notables  changemens  et  assurent 
à  la  république  une  longue  prospéiité, 
qu'elle  consolidera  dès  qu'elle  aura  co- 
lonisé les  immenses  solitudes  des  Moxos 
et  des  Chiquitos.  Une  compagnie  tra^ 
vaille  en  ce  moment  à  mettre  en  culture 
temporaire  la  grande  lagune  de  Rogagua- 
do,  qui  s'étend  à  la  droite  du  Béni,  la 
principale  branche  de  l'Amazone,  ainsi 
que  celle  de  l'Ubai  et  la  portion  de  Los 
Xarayes ,  qui  touche  à  la  rive  gauche  du 
Rio  de  la  Plata. 

Le  commerce  extérieur  de  la  répu- 
blique est  presque  nul  ;  il  faut  cependant 
excepter  l'importante  exportation  que 
l'on  fait  de  la  fameuse  herbe  du  Para- 
guay ,  appelée  la  coca ,  qui  rapporte  à 
elle  seule  2  millions  et  demi  de  piastres 
par  année.  L*Etat  n'a  point  de  port;  on 
ne  peut  considérer  comme  Jel  celui  de 
l'ancien  G)bija ,  aujourd'hui  Puerto-La- 
mar ,  que  l'absence  d'eau  potable  et  de 
chemins,  que  l'atidité  profonde  des  ter- 
res environnantes,  que  les  sables  mou- 
vans  du  désert  d'Atacama,  rendent  inha- 
bitable. La  petite  étendue  de  côtes  sur 
le  Grand-Océan  oterait  tout  espoir  d'a- 
méliorations possibles  sous  ce  point  de 
vue,  s'il  n'était  question  entre  la  répu- 
blique du  Pérou  et  celle  de  Bolivia  de  la 
cession,  en  faveur  de  cette  dernière,  des 
pays  de  Mosqueyna  et  d'Arequipa,  c'est- 
à-dire  de  plus  de  100  lieues  de  côtes, 
tourmentées,  il  est  vrai,  par  les  éruptions 
volcaniques  et  les  tremblemensde  terre '^. 
{*)  Les  treroblemeos  de  terre  si  fanestes  de 
I   1784  vienaent  d*étre  larpassés  par  ceux  qui  se 


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BOL 


(664) 


BOL 


Qmtot  i  ritidiistrie  9  die  se  t^tiit 
{iretqàe  à  ht  seule  exploitation  des  mines 
d'or,  d'argent,  de  cuivre  et  d'étain.  Elle 
commence  cependant  à  secoaer  le  jong 
de  Tétranger  et  à  tirer  parti  des  ressoni^ 
ces  Tariées  que  lui  offre  le  sol  national. 
Encbatnée,  dès  les  premières  années  de 
la  conquête,  par  le  pririlége  impolitique 
accordé,  sous  le  nom  de  ripartanienio , 
par  le  gouTernement  espagnol  à  ses  cor-> 
irégidors,  elle  ne  pouvait  rien  produire , 
ni  même  tenter  la  plus  légère  concur^ 
rence.  Ce  privilège  jetait  dans  toutes  les 
maisons  des  villes  et  des  campagnes  le 
rebut  des  magasins  de  l'Europe,  que  les 
fDorrégidors  achetaient  à  vil  prix  et  obli- 
geaient ensuite  les  habitans  non-seule- 
ment à  s'en  munir,  mais  encore  à  en  payer 
la  valeur  taxée,  dans  le  délai  de  S  à  5  jours. 
Quoique  les  agens  du  commerce  anglais 
continuent  ce  triste  métier,  à  des  con- 
ditions moins  onéreuses,  l'industrie  leur 
livre  une  guerre  à  outrance  dont  elle  sor- 
tira glorieuse. 

Les  mines  de  Tipuani  donnent  de  l'or 
4*tm  titre  très  élevé.  Celles  d'argent  de 
Oruro,  de  Porco  sont  toujours  fort  ri- 
ches ;  ceUes  de  l'arrondissement  de  Co- 
bija,  ouvertes  en  1824,  continuent  à 
fournir  beaucoup;  cependant,  quelques 
parties  envahies  en  1880  par  les  eaux 
souterraines  font  craindre  qu'elles  ne 
soient  bientôt  totalement  perdues.  Les 
mines  du  Cerro  de  Potosi ,  autrefois  si 
•célèbres  par  leur  immense  rapport ,  sont 
aujourd'hui  presque  entièrement  aban- 
données. On  a  calculé  qu'elles  ont  pro- 
duit, à  partir  de  1545,  époque  de  leur 
découverte  par  les  Européens,  jusqu'en 
1 800,  tine  masse  d'argent  de  96,694,900 
marcs,  équivalant  à  près  de  six  milliards, 
c'est-Si -dire  deux  et  trois  fois  plus' que 
toutes  les  autres  mines  d'argent,  y  com- 
pris celles  du  Brésil  et  du  Mexique.  Les 
mines  de  cuivre  de  Atacama  et  de  Cala- 
ma  sont  très  abondantes  ;  le  cuivre  natif 

aont  prolongés  durant  U  nuit  da  z8  septembre 
i833  et  tes  journées  sniTanles.  Il  ne  reste  pas  dix 
naisons  delMMit  de  la  petite  ^tfie  d*Arica  ;  pins 
de  700  babitans  oaft  péri;  la  T^lée  de  Zapa  est 
entièrement  bouleTersée  ;  deux  petites  tles  roi- 
aines  du  fameux  morne  White-Bluff  sont  englon* 
tiea«veclni  La  mer. s*est élevée  à  plot  4e  vo  laè- 
tres  (3o  pieds)  au-dessus  de  son  niveau  ordinaire, 
et  a  ajouté  aux  désaitrffsincalcnlablci  MMivét  par 
toatlepays. 


é'y  préseoCè  paHbîs  d'm  t^miiè 
extraordinaire  que  dans  les  mines  de  Co^ 
quîmbo  (Chili  central). 

Bolivar  donna  à  la  république  ime 
constitution  qui  fut  adoptée,  le  jour  an- 
niversaire de  sa  fondation,  1^6  aoèt  1886. 
Elle  repose  sur  quatre  bases  essentlellea, 
étroitement  liées  ensemble:  U  liberté  ci- 
vile des  citoyens,  l'égalité  des  drcMts  et 
des  devoirs  de  chacun ,  l'inviolabilité  des 
personnes  et  des  propriétés,  l'entière  is- 
dépendance  de  la  pensée  et  de  la  presse. 
Le  gouvernement  est  démocratique;  la 
souveraineté  réside  dans  le  peuple.  Elle 
est  exercée,  en  son  nom,  par  quatre  pou- 
voirs :  1^  le  corps  électoral  composié  de 
tous  les  citoyens  ayant  domicile  depuis  4 
années;  3^  le  corps  législatif  ou  ia  réunion 
des  représentans  de  la  nation  élus  pour 
4  ans  et  divisés  en  trois  chambres ,  Fune, 
des  tribuns,  à  laquelle  appartient  exclu- 
sivement la  proposition  des  lois;  l'autre, 
le  sénat,  qui  adopte  ou  rejette  les  réso- 
lutions de  la  première  chambre;  la  troi- 
sième, des  censeurs,  qui  apure  les  comp- 
tes, examine  les  actes  de  l'administra- 
tion, les  signale  et  les  poursuit  quand  ils 
4ont  arbitraires,  quand  ils  voni  au-delSi 
du  texte  des  lois,  quand  ils  portent  at- 
teinte à  la  sûreté  de  l'état  Chû|ue  cham- 
bre est  composée  de  80  membres  et  leor 
session  annuelle  est  de  deux  mois;  8^  le 
pouvoir  exécutif  i^mis,  par  électron,  à  ttti 
président  à  vie  et  à  un  vice-président  qui 
lui  succède.  Le  président  commande  les 
armées  de  terre  et  de  mer;  il  nomme  les 
trois  secrétaires  d'état ,  les  agens  diplo- 
matiques, les  généraux;  U  fait  exécuter 
les  lois  et  est  responsable  de  tous  les  ae- 
tes  qui  émanent  de  son  gouvernement, 
comme  chaque  fonctionnaire  f  est  en  son 
particulier;  4*  le  pouvoir  judiciaire  est 
exercé  par  des  magistrats  temporaires , 
mais  la  durée  de  leurs  fonctions  peut  être 
plus  ou  moins  prolongée ,  suivant  qu'ib 
honorent  davantage  la  toge. 

La  république  compte ,  depuis  sa  fon- 
dation, trois  présidens  :  le  général  Sucre 
a  été  le  premier;  après  83  mois  d'une 
administration  régulière,  il  fut  victime  de 
l'ingratitude  et  des  désordres  provoqués 
par  use  séditioii  militaire  qui  éclata  le 
16  avril  1838;  blessé  friè^-emeoC  an 
bras  droit  d'un  coup  de  feu  ^  il  «e  retira 


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BOL 


(«5&) 


BOL 


dans  là  CSoHimble ,  lalisiiit  dês  souvenirs 
honorables.  Le  général  Blanco,  soutenu 
par  une  faction  étrangère ,  lai  succéda; 
mais,  après  cent  jours  de  règue,  il  tomba 
sous  le  glaive  vengeur.  Les  suffrages  de 
la  nation  appelèrent  alors,  le  8  août 
183Sy  le  général  Santa-Cruz  à  la  prési- 
dence, qu'il  conserve  encore  aujourd'hui. 

De  nombreuses  antiquités  couvrent 
le  sol  des  Boliviens  et  attestent  la  gloire 
et  la  puissance  de  leurs  aïeux.  Les  plus 
remarquables  sont  au  sud  du  lac  Ti- 
ticaca  ,  principalement  à  Tiaguanaco. 
L*inca  Garcilasso  nous  en  montre  les 
hautes  murailles  baignées  par  les  eaux 
du  lac,  tandis  qu'elles  en  sont  maintenant 
éloignées  de  plus  de  35  mètres  de  hau- 
teur. Il  est  impossible  de  se  faire  une 
idée  de  la  grandeur  colossale,  de  l'éten- 
due de  ces  ruines;  l'ancien  continent 
n'offre  rien  de  semblable.  Les  sculptures 
peu  saillantes  y  paraissent  grossières  à 
l'œil  habitué  au  dessin  pur  du  ciseau 
grec;  mais  quant  aux  masses  de  pierres 
employées ,  les  blocs  immenses  et  iri'é- 
gulièrement  etitassés  des  constructions 
éthiopiennes  et  pélasgiques  n'ont  rien 
qui  puisse  leur  être  comparé  :  les  plus 
ordinaires  ont  de  116  à  120  mètres  de 
face.  Tous  ces  monumens  ont  beaucoup 
souffert  :  îe  fanatisme  des  missionnaires 
les  a  fait  mutiler  de  plus  en  plus,  et  le 
temps  achève  lentement  de  les  dé- 
truire. 

La  capitale  de  la  république  est  pro- 
visoirement Chutiuisaca,  l'une  des  plus 
anciennes  villes  de  l'Amérique  méridio- 
nale ;  elle  est  située  à  2,844  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  c'est-à-dire 
à  une  hauteur  qui  dépasse  les  pics  les 
plus  élevés  des  Pyrénées,  dans  une  plaine 
fertile  baignée  par  les  eaux  du  Cachi- 
mayo.  En  1538  on  bâtit  la  nouvelle  ville, 
à  laquelle  on  donna  successivement  les 
noms  de  Charchas  et  de  La  Plata  ;  ce 
dernier  nom  lui  vient  d'une  mine  d'ar- 
gent très  considérable,  long-temps  ex- 
ploitée au  mont  Sorco,  dans  son  voisi- 
nage. La  population  est  de  20  à  25,000 
âmes.  Son  université  est  une  des  plUs 
fréquentées  de  l'Amérique,  et  sa  biblio- 
thèque la  plus  riche,  la  mieux  compo- 
sée, de  tout  le  continent  méridional.  Dès 
que  la  ville  ^  qui  doit  porter  te  som  do 


général  Sacre  sera  bâtie,  elle  deviendin 
la  capitale  de  toute  la  république. 

Les  autres  villes  principales  sont  lés 
suivantes  :  La  Paz  de  Ayacucho^  cité 
populeuse,  assise  au  sein  d'une  vallée 
feitile ,  creusée  profondément  par  le  tor- 
rent Chioqueapo,  sur  un  soi  uni,  en- 
touré des  plus  hautes  montagnes  de  toitt 
le  plateau  péruvien,  à  8,7 17  mètres  ati- 
dessus  du  niveau  de  l'Océan.  Ses  envi- 
rons sotit  couverts  de  cannes  à  sucre  et 
de  nombreux  cocotiers.  Dans  son  arron* 
dissement  se  trouve  le  vaste  bassin  du 
lac  Titicaca,  si  fameux  sous  l'empire  des 
Licas;  le  ïfevado  dlllimani ,  qui  a  7,315 
mètres  d'tiévation ,  et  plus  loin  le  Neva- 
do  de  2araU  ou  SoraU,  le  point  le  plus 
culminant  de  la  terre,  avec  le  Tchhâ- 
moula  ou  14*  pic  de  rHimâlaya.  Il  à 
7,698  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer.  On  porte  à  40,000  le  nombre  des 
habitans  de  la  Faz  [yoy,  Atacûgho}. 

CbcAâ^izmÂdE,  grande  ville  de  80,000 
âmes,  depuis  long-temps  regardée  comme 
le  grenier  de  tout  le  I^érou.  Sa  situation 
est  des  plus  agréables  et  sou  territoire 
couvert  de  vastes  champs  de  blé.  Dei^- 
rière  les  petiu  monts  qui  terminent 
l'immense  plaine  au  milieu  de  laquelle 
est  construite  Santa  Cruz  de  la  Sierra  ^ 
aux  bords  du  Guapaix ,  sont  les  déserts 
sablonneux  et  légèrement  ondulés  des 
Chiquitos.  Cette  ville  est  mal  bâtie  et  seu« 
lement  peuplée  de  9,000  âmes.  La  po- 
pulation de  Potosiy  qui  s'est  élevée  jadis 
jusqu'à  1 60,000  âmes,  est  réduite,  depuis 
1826,  à  9,000  au  plus.  Ses  longues  rues, 
ouvertes  irrégulièrement  et  garnies  de 
maisons  mesquines ,  sont  presque  habi- 
tuellement désertes.  Quoique  au  niveau 
du  pic  de  la  lungfrau,  une  des  plus  hautes 
cimes  des  Alpes,  elle  voit  à  695  mètres 
au-dessus  d'elle  le  Cerro  qui,  percé  dans 
toutes  les  directions,  a  fourni,  durant 
840  ans,  de  si  grandes  richesses.  Ses  en* 
Virons  sont  arides  et  dépouillés  de  forêts. 

Cétait  de  Potosi  à  Cuzco,  l'antique 
capitale  des  InOas,  que  s'étendait ,  sur  un 
espace  de  plus  de  800  lieues,  la  mitâ^ 
sorte  de  presse  ou  conscription  qui  con- 
damnait chaque  année  10,000  hommeé, 
mariés  OU  non,  jeunes  on  vieux,  à  de 
rendre  aux  mines  à  leiirs  frais  et  â  y  pé- 
rir éerasés  sous  le  poids  du  travail  et  de 


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la  misère.  Rien  de  plus  déchirant  que  le 
spectacle  offert  en  ce  moment-là.  Les  vic- 
times vendaient  leur  chaumière,  le  petit 
champ  qu'ils  cultivaient  :  il  fallait  partir 
sans  délai,  se  séparer  à  jamais  de  leurs 
femmes,  de  leurs  enfans,  ou  les  emme- 
ner avec  eux  pour  partager  leur  horrible 
destinée.  Le  jour  du  départ  des  mitajos 
était  un  jour  de  deuil  pour  toute  la  con- 
trée :  on  n'entendait  partout  qu'un  chant 
funèbre  ,  que  les  adieux  les  plus  pénibles 
mêlés  aux  larmes  du  désespoir.  Arrivés  au 
pied  duCerro,il  leur  fallait  non-seulement 
arracher  le  métal  aux  flancs  de  la  terre , 
mais  encore  en  porter  de  lourdes  masses 
sur  les  épaules  jusqu'à  la  bouche  de  la 
mine,  et  s'attendre ,  si  le  nombre  des  ou- 
vriers dépassait  la  somme  des  travaux , 
à  être  vendus  ou  loués  par  les  entrepre- 
neurs à  quiconque  voudrait  d'eux. 

Ce  tribut  de  sang  pesa  trois  siècles  sur 
les  peuples  de  Bolivia  et  du  Pérou  :  en 
1780  ,  il  détermina  un  premier  soulève- 
ment qui  ne  fut  point  heureux;  mais  26 
ans  plus  tard ,  il  fut  la  cause  ou  le  pré- 
texte de  l'émancipation  générale  de  l'A- 
mérique du  Sud.  A.  T.  D.  B. 

BOLLANDISTES ,  savans  écrivains 
jésuites  d'Anvers,  qui  entreprirent,  en 
1630,  de  recueillir  et  de  publier  le  grand 
et  magnifique  ouvrage  intitulé  :  Acta 
sanctorum  quotquot  toto  orbe  coluntur, 
d'après  le  projet  du  P.  Héribert  Ross- 
weide  d'Ulrecht,  sous  la  direction  du 
P.  Jean  Bolland  ou  BoUandus,  né  à 
Tirlemont  en  1596 ,  et  mort  à  Anvers  en 
1665,  le  plus  ancien  de  ces  hagiogra- 
phes  et  qui  leur  a  donné  son  nom. 

Les  collaborateurs  de  Bolland  méri  - 
tentd'étreindividuellementconnus,parre 
que  la  plupart  d^entre  eux  ont  d'autres  ti- 
tres à  la  célébrité.  Ce  sont  :  Godefroi  Hen- 
schen  (1600-1681),  très  habile  dans  la 
langue  grecque  et  le  premier  associé  de 
Bollandus  ;  Daniel  Papebroch  ou  plutôt 
Papebroeck  (1628-1714) ,  l'un  des  plus 
savans  et  des  meilleurs  critiques  de  la 
compagnie  de  Jésus;  François  Baîot, 
Conrad  Janning,  J.  Pinius  ou  Piens  , 
Guillaume  Cuper,  N.  Rayœus  ou  Raie, 
J.-B.  Sollier,  P.  Bosch,  J.  Slilting,  J. 
Limpenus  ,  J.  Veldius,  Constantin  Suys- 
khen,  J.  Perier,  Urbain  Stickei,  J.  Cleus, 
Corneille  Bye ,  Jacq.  de  Bue ,  Joseph 


Ghesquière  de  RaemsdQUck,  né  à  Cour- 
trai  vers  1736 ,  mort  en  Allemagne  dans 
les  premières  années  de  ce  siècle  ;  J.-B. 
Fonson  et  Ignace  Hubens,  tous  jésuites. 
Parmi  les  coopérateurs  des  autres  ordres 
religieux  on  compte  :  le  P.  Berlhod,  bé- 
nédictin, S.  Dyck,  Cyprien  Goorius  , 
Heylen  et  Stalsius ,  prémontrés. 

Les  Actes  des  vies  des  saints  sont  en 
53  volumes  in- fol.  Les  deux  volumes 
de  janvier  parurent  en  1643;  les  trois 
de  février  es  1658;  les  trois  de  mars  en 
1668.  La  vie  di|  B.  Berthold,  29  mars, 
insérée  dans  le  3^  vol. ,  excita  la  plus 
grande  rumeur  parmi  les  carmes,  qui  dé- 
férèrent l'ouvrage  à  Rome  et  en  firent  dé^ 
fendre  l'entrée  en  Espagne,  par  un  décret 
duSaint-Officedu  14  novembre  1695.Les 
trois  du  mois  d'avril  parurent  en  1675; 
les  huit  du  mois  de  mai,  y  compris  le 
Propjlœutn  y  en  1680-87;  les  sept  du 
mois  de  juin  en  1 695-17 1 5  ;  les  sept  du 
mois  de  juillet  en  1719-31;  les  six  du 
mois  d'août  en  173.3-43;  les  huit  du 
mois  de  septembre  en  1746-62  ;  les  cinq 
premiers  du  mois  d'octobre  en  1765-86, 
et  le  sixième,  qùiva  jusq'au  14,  en  1793, 
à  Tongerloo ,  les  autres  ayant  été  impri- 
més à  Anvers.  Les  derniers  volumes  de 
cette  précieuse  collection  sont  les  plus 
rares.  £lle  a  été  réimprimée  à  Venise , 
jusqu'au  15  septembre,  42  vol.  in-fol.; 
mais  cette  édition  ne  vaut  pas  celle  d'An- 
vers. On  y  joint  ordinairement  quelques 
ouvrages  de  Bollandus,  de  Henschen ,  de 
Papebroch  ,  de  Ghesquière,  etc. 

Bollandus,  en  adoptant  le  projet  de 
Rossweide,  mort  en  1629,  amàiora  son 
plan  et  profita  de  ses  recherches.  U  ne  se 
borna  pas  à  recueillir  toutes  les  Vies  des 
Saints  et  à  les  donner  telles  qu'elles  ont 
été  écrites  par  les  auteurs  originaux,  avec 
des  notes  semblables  à  celles  que  Ross- 
weide a  mises  à  ses  Fies  des  Pères , 
pour  éclaircir  les  choses  obscures,  dis- 
tinguer les  vraies  des  fausses  :  il  voulut 
encore ,  quand  il  n'y  avait  point  de  vie 
d'un  saint ,  la  tirer  lui-même  des  auteurs 
qui  en  ont  parlé  et  la  composer.  On  lui 
a  reproché  de  n'avoir  pas  été  assez  en 
garde  contre  les  légendes  apocryphes  et 
fabuleuses,  mais  Papebroch  et  ses  suc- 
cesseurs ont  eu  une  critique  plus  éclai- 
rée et  plus  exacte  dans  le  dioix  des  mo- 


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DumeDS  dont  ils  se  sont  servis  ;  ils  ont  ea 
aassi  la  bonne  foi  cl'aTertir  leurs  lecteurs 
quand  ils  ont  été  induits  en  erreur  et  de 
rectifier  leurs  méprises.  ' 

Ce  recueil  a  obtenu  Tapprobation  du 
monde  savant;  il  serait  à  souhaiter 
qu*il  pût  être  terminé.  Bossuet ,  qui  en 
faisait  beaucoup  de  cas ,  gémissait  de  le 
voir  proscrit  en  Espagne  pour  complaire 
à  la  vanité  des  carmes.  Depuis  près  de 
deux  siècles  que  les  premiers  volumes 
ont  paru ,  on  est  accoutumé  à  le  regar- 
der comme  une  espèce  d^ encyclopéiUe 
où  toutes  les  sciences  sont  renferinées , 
comme  un  riche  trésor  où  Ton  peut  pui- 
ser sans  l'appauvrir.  «Presque  toute  This- 
toire  de  TÉurope,  dit  Camus,  et  une 
partie  de  celle  d'Orient ,  depuis  le  yii® 
jusqu'au  xiii^  siècle  ,  est  dans  la  vie  des 
personnages  auxquels  on  donna  alors 
le  titre  de  saints  ;  chacun  a  pu  remar- 
quer, en  lisant  l'histoire,  qu'il  n'y  avait 
aucun  événement  de  quelque  importance 
dans  l'ordre  civil ,  auquel  un  évéque ,  un 
abbé ,  un  moine  ou  un  saint  n'eussent 
pris  part.  »  .  J.  L. 

Le  nombre  des  exemplaires  complets 
de  cette  collection  est  très  rare  ;  il  est  dif- 
ficile de  compléter  les  exemplaires  im- 
parfaits, parce  que  les  dei'niers  volumes 
ont  été  dispersés  ou  détruits  pendant  la 
révolution.  On  joint  ordinairement  aux 
63  vol.  des  Acta  sanctorum ,  le  Marty- 
rologe d'Usuard,  Anvers,  1714,  in-fol., 
et  les  Acta  sanctorum  BoUand.  Apolo- 
geticis  libris  vindicata,  Antwerpi» , 
1756,  in-fol.  On  a  vu  le  prix  des  55  vol. 
s'élever  jusqu'à  1 ,000  francs^        V-v». 

BOLOGNE  [Bononia  Felsinia  ),  une 
des  plus  anciennes ,  des  plus  grandes  et 
des  plus  riches  villes  d'Italie,  avec  des 
rues  bordées ,  tout  le  long  des  maisons , 
de  colonnades  couvertes  pour  les  pié- 
tons. Elle  est  appelée  la  Grassa,  parce 
qu'elle  est  située  dans  une  plaine  fertile 
et  bien  cultivée,  au  pied  des  Apennins, 
entre  les  fieuves  Reno  et  Savena.  Elle  a 
70,800  habitons  et  8,000  maisons, 
beaucoup  de  moulins  et  de  machines 
pour  la  fabrication  de  tissus,  de  corda- 

•  fes,  pour  les  savonneries,  les  papete- 
ries, les  fabriques  de  fleurs  et  d'armes. 

'Bologne,  chef-lieu  de  la  délégation  pa- 

•  pale  du  même  novkf  est   le  siège  du 

Mnc/clop.  d,  G.  d,  M.  Tome  UL 


cardinal  qui  préside  à  cette  administra- 
tion. 

Les  Bolonais  se  soumirent,  en  1513/ 
spcnUnément  à  la  domination  du  pape; 
ils  étoient  las  des  querelles  de  partis 
auxquelles  les  patriciens  se  livraient  en- 
tre eux  et  qui  éparpillaient  1^  forces  de 
l'eut ,  dans  un  temps  où  l'on  ne  con-' 
naissait  plus  en  Itolie  ni  droits,  ni  jus- 
tice. Jusqu'à  l'époque  d%  la  révolution 
française ,  Bologne  avait  le  droit  de  bat- 
tre monnaie  et  jouissait  d'une  consti- 
tution privilégiée. 

C'est  à  Bologne  que  réside  la  riche 
noblesse  de  l'État  de  l'Église  :  elle  n'est 
pas  toujours  en  bonne  harmonie  avec  le 
chef  du  monde  chrétien  et  la  curie  ro- 
maine; on  y  trouve  aussi  les  anciennes 
familles  patriciennes  bolonaises,  dont  les 
richesses  consistent  en  biens  fonds  qui 
s'étendent  dans  la  plaine  fertile  de  la 
Marche,  depuis  les  Apennins  jusqu'à  la 
mer.  Plus  d'un  membre  de  ces  familles 
s'est  assis  dans  la  ciiàire  de  saint  Pierre. 
Les  hommes  les  plus  libéraux  de  l'État  de 
l'Église  y  cultivent  les  sciences  et  les  let- 
tres :  on  lit  sur  ses  armoiries  la  devise  : 
lÀbertas,  La  noblesse,  des  savans  et  des 
citoyens  se  réunirent  en  1816  pour  fon- 
der la  «Sbciie?/^  socratique  àonx  le  but  étoit 
de  hâter  les  progrès  du  bi^-étre  social; 
depuis  elle  s'est  vue  soupçonnée  de  car- 
bonarisme. Pendant  long -temps  une 
source  importonte  de  revenus  était  pour 
la  ville  sa  célèbre  université,  qui  aurait 
été  fondée  en  435,  par  Théodose-le- 
Jeune,  si  l'on  en  croyait  les  Bolonaise 
Cette  école  a  fait  briller  dans  des  siècles 
de  ténèbres  le  flambeau  des  lumièi^; 
mais  de  nos  jours  les  2,000  étudians  qui 
visitaient  jadis  ce  foyer  d'érudition  sont 
réduits  au  chiffre  de  300.  Le  célèbre  ju- 
risconsulte Irnerius  y  enseigna  dans  le  xi' 
siècle  le  droit  romain,  et  les  Bulgerus,  les 
Martinus,  les  Jacobus^  les  Hugo,  attirè- 
rent les  jeunes  gens  à  leura  leçons.  L'u- 
nivéraité  jouissait  autrefois  d'un  tel  cré- 
dit dans  la  ville  que  celle  -  ci  fit  met- 
tre sur  ses  monnaies  la  devise  de  l'u- 
niversité :  Bononia  docet.  L'école  de 
droit  éuit  particulièrement  célèbre  :  ses 
docteurs  passaient  pour  des  partisa^M 
déclarés  de  l'autocratie,  ce  qui  leur  a^« 
aura  la  faveur  des  empereurs  et  des  m»i»« 

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xwtàuê  îulieDt.  n  est  certain  que,  depais 
1,400  années  y  chaque  nouvelle  décou* 
verte  dai^s  lci^  sciences  et  les  arts  a  trou- 
Té  dans  cet  antique  foyer  des  sciences 
des  protecteurs.  Le  général  comte  Fem. 
Mai^H»  cpmme  citoyen  de  Bologne,  y 
fonda,  en  1707,  VIstUuto  deUe  scienze, 
avec  une  bibliothèque  de  150,000  volu- 
mes qui  eut  pour  bibKothécaire  M.  Mez* 
aoiiantt,  attacha  depuis  18)^  à  la  biblio- 
thèque du  Vatican.  Le  comte  Marsigli 
fonda  également  un  observatoire,  un 
amphithéâtre  anatomique,   un  jardin 
botaniqtte,  et  des  collections  précieuses 
pour  toutes  les  branches  du  savoir  hu- 
main) eUee  s^  trouvent  réunies  main* 
tenant  avec  VJccad^mia  CUmentina^ 
du  pape  Clément  XI.   Bologne  avait 
aussi  depuis  le  xu'  et  le  xiii^  siècle 
de  grands  peintres;  Francesco,  appelé 
il  Frauda,  se  distingua  au  xv*.  Les  cé- 
lèbres peintres  Annibal   et  Ludovico 
Carracei  fondèrent  au  xti^  siècle  dans 
•cette    vtUe  cette    école    célèbre    dont 
ils  commencèrent  la  gloire  par  leurs 
«cutres  { voy,  l'art,  suivant).  La  place 
principale  de  la  ville  est  ornée  d'édifices 
imposans,  entre  autres  et  principalement 
t'H^el-de-Ville  où  l'on  voit  des  Ubleaux 
•et  des  statues  magnifiques  et  tes  200  in- 
iolio  du  célèbre  Aldrovande  (t^o/.);  le 
palais  de  justice  du  podestat  et  la  cathé- 
>drale  San-Petronio,  avec  sa  façade  non 
adhevée  ^  le  méridien  tracé  par  Cassini 
sur  un  plancher  en  cuivre.  Parmi  les  73 
.autres  églises  se  distinguent  San-Pietro, 
:San-Si4vatore,  San-Domenico,  San- 
«OiovanM  In  Honte,  San-Giaoomo  mag- 
ïgiore  :  toutes  ces  églises  sont  enrichies 
par  des  ehefihd*o6uvre.  Le  nombre  des 
collections   d'art  provenant   de  riches 
majorât»  est  considérable,  et  elles  s'a- 
grandissent tMis  les  jours.  Les  galeries 
Sampieri  et  Zambeccari  efCaçaient  ja- 
dis toutes  les  autres  par  leur  magnifi- 
cence :  aujourd'hui  elles  sont  surpassées 
«  lemr  tour  par  celles  de  Ifarescakhi, 
Martinengo  et  Ercolani.  La  collection  de 
la^leâux  de  Facadémie  de  peinture  {Ac- 
eademia  dette  belle  aHi)  est  riche  et 
présente  beaucoup  d^mté^dt  historique. 
On  y  voit  k  tableau  de  l'Assomption  de 
k  Vierge  par  An.  Garraehe,  la  sainte 
Afoètf  dli  DoaÛBi^pû^  l'Wanticide  par 


Guido,  U  sainte  Cécile  par  Raphaël,  et 
Jean  dans  le  désert,  d'après  Raphaël | 
par  Jules  Romain.  Sur  la  place  publique 
on  admire  le  bassin  du  jet  d'eau  :  il  n'y 
manque  absolument  que  de  l'eau;  on  y 
voit  la  statue  de  Neptune  en  bronze, 
travail  de  Jean  de  Bologne.  Depuis  de 
longs  siècles  les  tours  Asinelli  et  Ga- 
risenda  attirent  l'attention,  U  première 
par  sa  forme  élancée  ressemblant  aux 
minarets  d«  l'Orient;  la  dernière,  qui 
n'est  pas  dans  son  équilibre,  ne  menao; 
plus  ruine  depuis  que  sa  hauteur  a  été 
réduite  au  tiers.  Bologne,  chère  aux  sa- 
vans,  n'est  pas  non  plus  indifférente  aux 
gastronomes,  car  elle  est  k  patrie  d'ex- 
cellens  macaroni ,  sakmi ,  liqueurs  e( 
fruits  confits.  Le  pèlerinage  de  la  ma- 
dona  di  San-Luca,  dont  k  temple  est  si- 
tué sur  l'extrême  promontoire  des  Apen* 
nins,  à  une  demi-Ueue  de  Bologne,  et  au- 
quel conduit  une  arcade  de  640  archea, 
attire  beaucoup  de  monde.  Non  loin  de 
k  ville,  sur  la  montagne  Patemo,  oa 
trouve  la  pierre  de  Bologne^  qui,  étant 
calcinée,  luit  dans  les  ténèbres.  Bologne 
a  vu  naître  le  Donûniquin ,  le  Guide,  les 
Carraches,  le  compositeur  Righini,  et 
d'autres  grands  artistes.  L'insurrectioa 
républicaine  qui  éclata  à  Bologne,  cen- 
tre des  Provincie  unité  dltalie,  le  4  fé- 
vrier 1S31  et  qui  se  répandit  jusqu'à 
Anc6ne,  fut  réprimée  le  31  mars  de  k 
même  année  par  les  troupes  autrichien* 
nés  qui  y  firent  leur  entrée  sous  k  ooo^ 
duite  du  général  Frimont.  Les  négocia- 
tions avec  Rome  pour  obtenir  une  meil- 
leure administration  dans  les  Légations 
n'aysnt  conduit  à  aucun  résultat  satis- 
faijiant  pour  les  provinces,  l'agitation  «t 
l'anarchie  continuèrent.  Le  gouverne- 
ment papal  fut  renversé  de  nouveau  le 
21  décembre  1831  et  les  troupes  autri- 
chiennes reparurent  pour  rétablir  Tor- 
dre. F,  Albani  (Joseph^  cardinal).  C  X. 
BOLONAISE(éGoiJK}.  Goaimetoot«i 
les  écoles  de  peinture,  celle  de  Bolofift 
a  eu  ses  époques  d'eniance,  deprogràv» 
de  prospérité,  de  déchéance,  de  renou- 
vellement. Nous  allons  k  suivre  rapide- 
ment dans  les  diverses  périodes  de  aep 
histoire.  Est-elle  ou  n'est-elk  pas  aB^4- 
rieure  à  l'école  florentine?  C'est  un  poipt 
de  coDtroterseque  kapartka  il 


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OBtdébattaaTecchaleuryinaisqiii  estresté 
sans  tolotion.  Il  paraît  positif  cependant 
que  de  1200  à  1S48  Bologne  a  possédé 
trois  peintres  dignes  de  ce  nom  :  Guido, 
Ventura,  Ursone,  tandis  que  le  Cimabué, 
le  premier  que  les  Florentins  puissent 
citer  y  oe  naquit  qu*en  1240.  Toutefois 
les  productions  de  ces  artistes ,  célèbres 
dans  leur  temps ,  sont  d'une  telle  bar- 
barie qu'elles  ne  méritent  d'attention  que 
comme  point  de  départ  de  IVrt  et  non 
comme  véritables  monumens;  il  est  peu 
de  peintres  aujourd'hui  qui  ne  puissent 
se  glorifier  d'être  infiniment  plus  habiles 
en  tout  point  que  le  Franco  de  Bologne 
et  le  Giotto  de  Florence.  Laissons  donc 
aux  historiens  de  l'art  le  soin  de  carac- 
tériser les  ouvrages  des  Jacopo  Avanzi , 
Ltppo  di  Dalmasio ,  Michel  de  Matteo , 
autrement  dit  Michel  Lambertini,  et  au- 
tres peintres  antérieurs  au  Francia  ;  ne 
nous  arrêtons  pas  même  à  ce  Francia, 
nommé  aussi  Raibolini,  que  ses  contem- 
porains regardaient  comme  un  phénix; 
■lais  reconnaissons,  en  passant,  que  ce 
peintre  si  sec,  si  monotone,  copiste  si 
naïf  de  la  nature,  a  ouvert  la  carrière, 
et  que  sans  lui  Bologne  n'aurait  peut- 
être  point  eu  à  s'enorgueillir  des  Bar- 
tolommeo  Ramenghi ,  surnommé  Bagna- 
tavallo,  Innocenzio  d'Imola,Primaticcio, 
D.  Tibaldi,  FonUna,  Passerotti,  Sabatti- 
ni,qui  furent  les  coryphées  de  la  seconde 
époque  et  préparèrent  les  voies  aux  Car- 
raches,  en  les  mettant  en  position  d'opé- 
rer cette  révolution  qui  rendit  l'école  de 
Bologne  la  rivale,  sinon  la  première  de 
tontes  les  écoles. 

A  l'époque  où  les  Carraches  parurent, 
la  peinture,  que  Léonard  de  Vinci,  Mi- 
chel-Ange, Raphaël,  le  Corrége,  le  Titien 
avaient  portée,  dans  des  spécialités  dif- 
férentes, à  un  trèa  haut  degré  de  perfec- 
tion, commençait  à  déchoir  :  l'exagéra- 
tion ,  le  mauvais  goût,  les  faux  systèmes, 
qui  s'étaient  emparés  de  toutes  les  écoles , 
élisaient  des  progrès  efHrayans;  les  prin- 
cipes des  grands  maîtres  étaient  mécon- 
nus ^  et  l'on  n'avait  plus  pour  leurs  ou- 
vrages qu'une  stérile  admiration  ;  si  quel- 
ques enthousiastes  les  étudiaient  encore, 
Ils  n'en  faisaient,  le  plus  souvent,  que  des 
imitations  servîtes ,  mal  comprises,  faute 
à  tm  d'ivoir  appris  ^  par  des  études  for- 


tes et  variées,  à  lire  ces  pages  qui  étaient 
au-dessus  de  leur  intelligence. 

Arrêter  ce  mouvement  rétrograde  im- 
primé à  l'art  et  remettre  en  vigueur  les  sai- 
nes doctrines,  fut  Tœuvre  des  Carraches 
qui  ouvrirent  à  Bologne  cette  célèbre  Aca- 
démie d'où  sortirent  presque  simultané- 
ment leDominiquin,le  Guide,  l'Albane,  le 
Guerchin,  Spada,  Tiarini,  Lanfranc,  Ca- 
vedone ,  et  tant  d'autres  dont  la  réputa- 
tion est  européenne ,  et  qui ,  pour  avoir 
puisé  à  une  même  source  leur  instruction, 
n'en  eurent  pas  moins  chacun  un  talent 
différent ,  une  originalité  marquée.  Ce  ré^ 
sultat,  qui  tient  du  prodige,  les  Carra- 
ches l'obtinrent  par  la  bonne  direction 
qu'ils  surent  donner  aux  études. 

Loin  d'imposer,  ainsi  que  le  faisaient 
les  autres  maîtres,  leurs  propres  ouvrages 
ou  leur  manière  comme  moyen  ou  but 
de  la  perfection ,  ils  soumirent  l'ensei- 
gnement à  une  marche  méthodique  et 
raisonnée.  La  nature ,  l'antique  et  l'ana- 
tomie,  comme  base  fondamentale  du  des- 
sin, obtenaient  le  premier  pas;  venaient 
ensuite  l'étude  des  lois  qui  régissent  les 
ombres  et  les  lumières ,  les  principes  de 
l'architecture  et  de  la  perspective,  la 
manière  d'employer  les  couleurs ,  les  rè- 
gles de  la  composition ,  etc.  Par  le  connu 
l'élève  arrivait  insensiblement  à  rincon- 
nu,  et  il  lui  était  défendu  de  pousser  plus 
loin  qu'elle  ne   le  méritait  l'étude  des 
parties  secondaires  de  l'art.  Lorsque,  par 
ces  préliminaires  importans,  les  élèves 
étaient  préparés  à  un  plus  haut  enseigne- 
ment ,  dans  des  concours  ouverts  à  cer- 
tains jours,  il  leur  était  proposé  des  sujets 
tirés  de  la  fable  ou  de  l'histoire  que  les 
maîtres  leur  expliquaient;  des  juges  choi- 
sis hors  de  l'école,  parmi  les  connaisseurs 
les  plus  distingués,  prononçaient  sur  le 
mérite  de  chaque  ouvrage  et  couronnaient 
le  concurrent  qui  s'était  le  plus  distingué. 
On  exerçait  aussi  les  élèves  à  la  critique. 
Tour  à  tour  ils  devaient  analyser  les  jpriD- 
cipaux  ouvrages  du  concours,  et  celui  des 
exposans  qui  ne  pouvait  défendre  son  ou-* 
vrage  par  des  raisons  solides  était  obligé 
d'effacer  la  partie  critiquée  ou  de  rem- 
porter sa  composition.  Mais  chacun  était 
libre  de  suivre  ses  dispositions  natives, 
d'adopter  telle  on  telle  marche,  tel  oa 
tel  style,  tel  ou  tel  système^  pourvu qa*tt 


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BOL 


(G60) 


BOL 


ne  fût  point  contraire  au  goût  et  au  gé- 
nie dé  Fart;  il  lui  suffisait  de  prouver 
qu*il  n'avait  point  opéré  au  hasard,  sans 
discernement,  mais  par  intime  convic- 
tion.   , 

'  Après  la  mort  des  régénérateurs  de 
Tart,  la  splendeur  de  Técole  s'obscurcit 
bientôt^  Une  admiration  exclusive  pour 
les  ouvrages  des  Carraches  en  fut  cause. 
£n  les  prenant  continuellement  pour 
base,  pour  régulateur  des  éludes,  en  s'in- 
quiétant  davantage  de  les  imiter  que  de 
se  pénétrer  des  principes  d'après  lesquels 
ils  avaient  été  exécutés ,  Técole  chemi- 
nait vers  sa  déchéance;  Pasinelli  et  Ci- 
gnaui  arrêtèrent  cette  marche  rétrograde. 
A  ces  deux  peintres  commence ,  suivant 
Lanzi,  la  quatrième  période  de  Part  à 
Bologne.  L*un  «t  Tautre  arrivaient  de 
Rome,  riches  d*études  d'après  des  mai- 
tres  difTérens.  Pasinelli  était  enthousiaste 
de  Raphaël  et  de  P.  Véronèse;  Cignani 
admirateur  passionné  du  Corrége  et  d'An- 
nibal  Carrache;  tous  deux  avaient  une 
manière  analogue  à  leurs  études  qu'ils 
désiraient  faire  adopter  aux  Bolonais. 
GeUe  de  Cignani ,  comme  plus  con- 
foi^ne  au  génie  de  Técole,  fut  préfé- 
rée, el  elle  y  réussit  d'auUnt  mieux  que, 
nommé  chef  de  l' Académie-Clémentine, 
en  170S,  il  eut  plus  de  moyens  de  la  pro- 
pager. Quoi  qu'il  en  soit,  Pasinelli  eut 
de  nombreux  admirateurs  et  ne  fut  pas 
sans  influence  sur  les  artistes  de  son 
teaips. 

La 'finit,  à  bien  dire,  l'histoire  de  la 
peinture  à  Bologne.  Après  les  maîtres  que 
noua  avons  cités,  aucun  ne  s'est  fait  un 
nom  justement  célèbre.  Il  nous  reste  à  ca- 
ractériser l'école  bolonaise. 

Par  la  diversité  des  talens  nés  dans  son 
sein^par  l'étendue,lavariété,la  profondeur 
des  connaissances  que  chacun  de  ses  maî- 
tres a  possédées,  l'école  bolonaise  passe 
pour  avoir  réuni  en  elle  toutes  les  perfec- 
tions qui  distinguent  les  écoles  qui  l'ont 
précédée;  c'était  à  quoi  les  Carraches  s'é- 
taient appliqués.  En  elle  se  trouvent  fon- 
dus tous  les  systèmes  qui  se  sont  partagé 
ledomainede  l'art  Aussi  peut-on  considé- 
rer lesproducUonsdeses  principaux  chefs 
comme  des  résumés  de  ce  que  la  peinture 
a  de  plus  avéré,  de  plus  positif  en  prin- 
cipes sages,  applicables  à  tous  les  be- 


soins, à  toutes  les  organisations.  L.  C  S. 

BOLSWERT.  Dans  l'histoire  de  la 
gravure  au  burin,  les  deux  Bolswert 
occupent  un  rang  bien  honorable  ;  for- 
més à  l'école  de  Rubens ,  ils  partagent 
avec  L.  Vosterman  et  P.  Pontius  la  gloire 
d'avoir  le  mieux  traduit  ses  tableaux  et 
d'être  les  premiers  graveurs  qui  aient  été 
ce  qu'on  peut  nommer  coloristes.  On 
ignore  la  date  de  leur  naissance  et  de 
leur  mort;  on  sait  seulement  que  Boàcb 
Bolswert,  plus  âgé  de  6  ans  que  Scbelte , 
son  frère,  naquit  vers  1580  à  Bolswert, 
en  Frise,  et  que  leur  père  se  nommait 
Adam ,  ce  qui  fit  que  plusieurs  fois  ils  si- 
gnèrent leurs  ouvrages  de  Adams  ou  A, 
Bolswert,  d'où  l'on  a  induit  fau.Mement 
qu'un  troisième  artiste  de  ce  nom  avait 
exercé  la  gravure,  lorsque  cette  signature 
doit  être  interprétée  :  fils  d'Adam.  On 
ignore  sous  quel  maître  ils  apprirent  les 
élémens  de  leur  art. 

Boèce  a  gravé  au  burin  pur  et  imité 
avec  succès  le  style  libre  et  assuré  de 
Bloêmaert;  mais  ses  ouvrages  d'après  Ro- 
bens  sont  traités  différemment  :  le  sen- 
timent de  la  couleur  y  prédomine,  et  ils 
sont  d'un  travail  plus  fini.  Dans  plus  d'une 
de  ses  estampes  il  a  montré  qu'il  n'était 
inférieur  en  rien  à  son  frère  Schelte.  Sa 
Résurrection  du  Lazare  et  sa  Cène^ 
d'après  Rubens,  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus 
remarquable  dans  son  ceuvre,  qui  recom- 
pose de  plus  de  cent  pièces;  la  première  a 
été  portée  jusqu'à  295  fr.  à  la  vente  Saint- 
Yves  ;  la  Cène  n'a  guère  dépassé  60  à  80 
fr.  ;  le  Chrht  entre  les  deux  larrons ^  à 
l'un  desquels  un  bourreau  casse  la  jambe, 
d'après  Rubens,  va  de  50  à  75  fr.  ;  son 
Jugement  de  Salomony  d'après  Rubens, 
de  80  à  100  fr. 

Si  ScuELTK  Bolswert  eut  un  talent  su- 
périeur à  celui  de  son  frère,  il  le  dut  à 
son  intimité  avec  Rubens ,  qui  se  plai- 
sait à  retoucher  au  pinceau  ou  au  crayon 
les  épreuves  de  ses  planches.  Dans  un 
grand  nombre  de  ses  estampes  les  parties 
retouchées  après  coup  s'aperçoivent  an 
travail,  quelquefois  discordant  avec  celui 
de  la  première  préparation ,  qu'il  a  fallu 
établir  pour  arriver  à  l'effet  demandé. 
Généralement  Scbelte  s'occupa  plutôt  du 
rendu  complet  de  son  sujet ,  de  conserver 
le  sentiment  du  maître  qu'il  copiait,  qoe 


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BOM 


(6 


de  Tarningeinent  minutieusement  régu- 
lier de  ses  tailles.  Mais  dans  son  Assomp- 
tio/i,  d'après  Rubens,  on  reconnaît  un 
très  habile  buriniste,  savant  dans  Tart  de 
disposer  ses  tailles  suivant  la  nature  des 
objets  à  imiter.  Il  a  traité  le  portrait, 
rbistoire  et  le  paysage  avec  un  égal  suc- 
cès. Son  œuvre  est  considérable.  Il  a  par- 
ticulièrement gravé  d'après  Rubens  et 
Van  Dyck,  et  beaucoup  d'après  ses  pro- 
pres compositions.  On  admire  sa  sainte 
Cécile,  d'après  Rufcens';  le  Couronne- 
ment d'épines ,  d'après  Van  Dyck,  qui  se 
■vend  jusqu'à  850  fr. ,  lorsque  l'épreuve 
est  avant  les  contre-tailles  au  bas  de  l'-ha- 
bit  du  nègre  debout,  derrière  un  soldat 
placé  à  droite;  le  Crucifiement  y  connu 
sous  le  nom  du  Christ  à  t éponge,  d'après 
Van  Dyck  (dont  il  existe  trois  sortes 
d'épreuves  qu'il  serait  trop  long  de  dé- 
signer ici ,  mais  dont  celles  où  saint  Jean 
pose  sa  main  sur  l'épaule  de  la  Vierge, 
avant  toutes  retouches,  sont  les  premières 
et  valent  un  prix  inestimable  pour  le 
curieux;  tandis  que  celles  où  Marie, 
supprimée  aux  secondes  épreuves,  est 
rétablie  avec  transposition  du  nom  du 
peintre,  sont  les  dernières  et  ne  valent 
pas  plus  de  50  fr.);  le  Roi  boit,  d'après 
Jordaens,  vendu  145  fr.;  le  Concert^ 
Pan  jouant  de  la  flûte,  Argus  endor- 
mi,  etc.  L;  C  S. 

BOMBARDE.  On  donné*  ce  nom, 
dans  la  marine,  aux  bâtimens  destinés  à 
recevoir  des  mortiers  à  leur  bord,  et  à 
envoyer  des  bombes  sur  les  places  fortes 
que  l'on  ireut  assiéger  par  mer,  ou  sur 
les  flottes  bloquées  que  l'on  cherche  à  in- 
cendier. 

Les  Darires  destinés  à  ce  service  pé- 
rilleux doiTent  subir  une  installation 
particulière.  Le  pUits  sur  lequel  on  éta- 
blit le  mortier  est,  en  quelque  sorte,  une 
fascine  quadranguhitre,  composée,  dans 
le  sens  de  la  hauteur  du  navire,  d'une 
réunion,  élastique  de  bordages  croisés,  de 
fagots  amoncelés  et  de  tronçons  de  câble 
superposés  diagonalement  les  uns  sur  les 
autres.  La  compressibilité  de  cet  appareil 
sert  à  amortir  les  secousses  violemes  qui 
résultent  pour  le  navire  de  la  détonation 
H  de  l'explosioii  du  mortier  sous  lequel 
le  puit9«BC  construit.  De  forts  étançons 
horijBontaux ,  placés  entre  le  puits  et  le 


61  )  BOM 

bord  intérieur  du  bâtiment,  servent  à 
consolider  tout  ce  système  d'artillerie. 

La  plupart  des  navires  ,  quelle  que 
soit  d'ailleurs  leur  construction,  peuvent 
étie rigoureusement,  au  moyen  de  quel- 
ques modifications,  convertis  en  bombar- 
des ;  mais  lorsque  l'on  construit  spécia- 
lement des  bâti  mens  pour  les  affecter  à 
ce  ser\'îce ,  on  a  soin  de  donner  à  leurs 
formes  une  disposition  propre  à  les  ren- 
dre le  plus  stables  possible,  tout  en  con- 
servant à  leurs  œuvres-mortes  des  con- 
ditions d'élasticité  que  l'on  a  soin  d'évi- 
ter dans  la  construction  des  autres  na- 
vires. C'est  ainsi,  par  exemple,  que  l'on 
se  contente  de  renforcer  le  bordé  des 
bombardes ,  sans  introduire  de  membrure 
entre  bord  et  serre»  L'avantage  que  l'oti 
retire  en  donnant  des  formes  plates  à  ces 
sortes  d'embarcations  est  celui  de  les  ren- 
dre m<yins  impressionnables  aux  coupa 
de  rocher  et  de  tangage;  et  l'on  sent  assez 
combien  il  importe  de  donner|one  grande 
stabilité  à  |des  navires  à  bord  desquels 
quelques  lignes  d'erreur  dans  le  poin- 
tage produiraient  les  résultats  les  plus 
nuisibles  ou  les  plus  faux  dans  la  direo 
tîon  des  projectiles. 

On  donne,  mais  par  abus  du  mot,  le 
nom  de  bombardes  à  quelques  bàtimens 
marchands  des  ports  de  la  Méditerranée. 
Cette  dénomination  s'applique,  dans  le 
Levant,  aux  navires  que  nous  désignons 
dans  le  Nord  sous  le  nom  de  trois-mâts. 

Les  militaires  connus  sous  le  nom  de 
bombardiers  y  dans  les  ports  de  guerre, 
étaient  les  hommes  qui  composaient  les 
compQi|;nieé  d'élite  de  l'artillerie  de  ma- 
rine. C'étaient,  à  proprement  parler,  les 
gi^nadiers  de  ce  corps  spécial.  ^ 

La  ^nomination  andenne  de  gûliote 
à  bonibe  n'est  plus  en  usage;  OB  y  a 
substitué  le  mot  bombarde, 
•  Les  bateauX'bombes  étaient,  dana 
nos  flottilles  de  l'empire ,  de  petites  em- 
barcations armèsi^'d'un  seul  mortier  de 
faible  calibre. 

En  temps  de  paix  on  n'entretient  pat 
dans  la  marine  des  bàtimens  spéeiale- 
ment  affectée  au  service  de  bombardes. 
On  n'arme  ces  sortes  de  navires  que 
dans  les  circonstances  déteririîiiétt,'  où 
leur  emploi  devient  nécessaire.     £.  C./ 

BOJNTBARDBfllBlIT.  Cmk  l'opéra* 


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BOM 


(662) 


BOM 


lion  par  laquelle  se  termine  le  plus  or- 
diDairement  le  siège  d*uoe  place  qui  oe 
veut  pas  se  rendre.  Elle  consiste  à  lancer 
une  multitude  de  bombes  sur  les  éta- 
blissemens  militaires  de  Tassiégé  pour  le 
mettre  hors  d'état  de  prolonger  sa  dé- 
fense; mais  dans  les  places  dont  l'inté- 
rieur est  habité  par  une  nombreuse  po- 
pulation, les  maisons  particulières  ont 
beaucoup  à  souffrir  du  jet  des  bombes 
qui  les  écrasent  et  les  ruinent  de  fond 
en  comble;  aussi  on  n'en  vient  jamais  à 
cette  extrémité  qu'après  avoir  fait  une 
sommation  au  comnuindant  de  la  place 
et  l'avoir  informé  que  tout  est  prêt  pour 
le  bombardement.  Le  refus  de  rendre  la 
place  est  aussitôt  suivi  d'une  nombreuse 
projection  de  boinbes  (voy.  ce  mot) 
chargées  de  poudre  et  de  matières  In- 
flammables qui  mettent  le  feu  dans  les 
bâtimens  écrasés  par  le  poids  des  bom- 
bes. Ces  dangereux  projectiles  sont  du 
caKbre  de  12  ^  de  10  et  de  8  pouces.  La 
trajectoire  que  les  bombes  parcourent 
étant  beaucoup  plus  élevée  que  celle  des 
boulets,  elles  parviennent  dans  les  lieux 
que  ceux-ci  ne  peuvent  atteindre. 

L'un  des  bombardemens  les  plus  re- 
marquables en  France  est  celui  de  Lille. 
Vainement  les  Autrichiens,  en  1792, 
firent  pleuvoir  pendant  cinq  jours  sur 
cette  ville  une  grêle  de  boulets  rouges, 
de  bombes  et  d'obus.  Les  habitans,  leurs 
femmes,  leurs  en  fans,  familiarisés  avec 
cses  scènes  de  désastre,  arrachaient  les 
mèches  des  bombes  pour  les  empêcher 
d'éclater  et  ramassaient  les  boulets  rou- 
fpea  avec  des  tenailles  de  fer  pour  les  je* 
ter  dans  l'eau.  Us  parvinrent  par  cette 
conduite  héroïque  à  forcer  les  Autri- 
diiens  dt  renoncer  à  leur  entrepsise.  Ils 
levèrent  le  siège  le  9  octobre.     G-te. 

BOMBARDIER,  canonnlw,  chargé 
spécialement  du  service  des  mortiers  et 
des  obusiers.  Quant  aux  bombardiers 
4s  la  marine,  vojr.  B^MBàSDE. 

BOMB ASINE  ou  Bomsasiit.  On  don- 
ne ce  nom  à  deux  sortes  d'étoffes.  L'une 
est  £ait«  de  soie;  elle  se  fabriquait  à  Mi- 
lan particulièrement.  On  en  a  vu  quel- 
fiies  métiers  à  Lyon  ;  mais  depub  long- 
temps celAe  fiabricaiÎMi  a  passé  dans  quel- 
ques autres  provinces  de  Fk^usce.  La  se- 
coiidfB  soKte  se  idirique  avec  dn  fil  qui 


est  la  ohaine,  et  du  coton  qui  (ait  la  trame. 
On  en  fait  même  aujourd'hui  en  laine  et 
soie,  pour  robes;  c'est  une  étoffe  fort  lé- 
gère. Les  basins  que  l'on  fait  à  Bruges 
sont  appelés  aussi  bombasÎMs,  tenue  que 
nos  manufacturiers  ont  emprunté  des 
Flamands  pour  désigner  les  basins  qu'ils 
fabriquent;  ils  sont,  comme  ks  n^tres^ 
unis,  à  poil,  rayés  à  petites  raies  im- 
perceptible et  à  grandes  raies  ou  barras 
de  trois  petites  raies  chacune.  Depuis 
peu  de  temps  on  a  donné  le  nom  de 
bombasine  à  plusieurs  étoffes^nouvelles 
de  divers  tissus,  soit  en  soie,  soit  de  lai- 
ne, ou  de  coton.  Foy»  Basin»     F.  R-d. 

BOMBAY,  l'une  des  trois  présiden- 
ces angU^ises  dans  l'Inde,  sur  la  cote  oo- 
cidentale  de  la  presqu'île.  Elle  a  une  su- 
perficie de  59,438  m.  carrés  anglais  tt 
comprend  les  anciennes  provinces  d'An- 
rengabad,  Beydjapour,  Kandeisch,  Ga- 
zurate  et  Adjemir ,  avec  une  population 
de  6,251,546  âmes.  IjS  gpuvemeur  a 
aussi  dans  son  ressort  les  états  tributaires 
des  Rsjepoutes  et  d'autres  contrées.  Les 
productions  du  sol  de  cette  présidence 
consistent  en  coton,  riz ,  poivre,  carda- 
mome, en  bois  de  construction,  gomme, 
bambou,  bois  de  sandal.  On  tire  de  ee 
pays  des  perles  et  de  l'ivoire.  On  j  entre- 
tient une  armée  de  40,000  hommes  dont 
7 ,7  29  son  t  Anglais  et  les  autres  pris  parmi 
les  indigènes. 

Le  chef-lieu,  Bombay^  est  bâti  dana 
une  île  près  de  la  côte,  de  4  lieues  ëa 
long  et  qu'une  chaussée  constndte  par  les 
^.nglais  unit  à  l'ile  de  Salsette.  Une  antra 
lie,  celle  de  Colabba,  n'est  séparée  dt 
Bombay  que  par  un  canal  étroit.  Ces  Iks» 
accessibles  aux  marées  et  situées  sons  un 
climat  brûlant,  sont  insalnbces,  siartoU 
pour  les  Européens  :  aussi  la  mortalilé 
est  effrayante  parmi  eux.  Les  riches  sa 
retireut  dans  des  lieux  plus  frais  lors  d» 
la  saison  brûlante.  On  compte  dans  l*Un 
plus  de  1 60,000  habiUns  et  Ton  y  trouva 
de  grands  chantiers  où  l'on  constrait, 
avec  une  habileté  étonnante,  tonte  espèon 
de  bâtimens  de  mer;  des  milliers  de  PMw 
sis  travaillent  dans  ces  chantîers,  au»* 
quels  les  Anglais  ont  ajouté  des  docàa 
susceptibles  de  recevoir  trois 
de  li^e.  Cette  Ile  appartenait  ( 
ment  au  ngab  de  SalMttei  a  k  oédbdann 


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BOM 


(66S) 


BON 


le  XTi*  siècle  aux  Portngais,  et  ceux-ci 
la  remirept,  un  siècle  après,  aux  Angtais, 
comme  partie  de  la  dot  de  Tinfante  Ca- 
tberioe.  C'est  seulement  sous  le  régime 
anglais  que  Bombay  a  acquis  Timportance 
Commerciale  et  navale  que  cette  lie  a 
maintenant.  Entre  Bombay ,  Salsette  et 
la  côte  continentale,  la  nature  a  formé  un 
des  plus  beaux  ports  du  monde ,  où  une 
flotte  entière  peut  trouver  un  refuge.  La 
ville  de  Bombay  située  sous  18^  86'  de 
latit.  N.,  70*^  18'  delongit.  O.,  est  con- 
struite dans  le  goût  moderne;  elle  est 
bien  fortifiée  le  long  de  la  côte,  et  pro- 
tégée par  une  citadelle,  auprès  de  la- 
quelle sont  situés  Tarsenal  et  les  caser- 
nes. Sur  la  grande  place  on  voit  Féglise 
anglicane  et  le  palais  du  gouverneur  qui 
était  autrefois  le  collège  des  missionnai- 
res. Bombay  a  un  théâtre  et  un  bazar 
bien  fourni  de  marchandises  asiatiques 
et  de  denrées.  La  société  littéraire  de 
Bombay  a  publié  des  mémoires  où  se 
trouvent  consignés  les  résultats  des  re- 
cherches des  savans  sur  les  antiquités  du 
pays.  Des  pagodes,  des  mosquées,  des 
synagogues  servent  au  culte  des  Hindous 
(qui  forment  les  trois  quarts  de  la  popu- 
lation) y  des  musulmans  et  des  juifs.  Les 
Parsis  pratiquent  librement  le  culte  du 
feu.  Bombay  est  avantageusement  situé 
pour  faire  le  commerce  avec  toute  la 
côte  du  Malabar,  avec  l'intérieur  de  l'In- 
de, la  Perse  et  l'Arabie:  aussi  s'exporte- 
t-il  dans  son  port  des  marchandises  pour 
environ  80  millions  de  francs  par  an.  La 
traversée  de  Bombay  en  Europe  est  su- 
jette à  moins  d'accidens  que  celle  de  Cal- 
cutta. Bombay  acquerra  encore  plus  d'im- 
portance lorsque  le  projet  d'établir  un 
service  régulier  de  bateaux  à  vapeur  en- 
tre cette  ville  et  le  port  de  Suez  aura 
re^  son  exécution.  Les  communications 
entre  l'Europe  et  l'Inde ,  par  l'Egypte , 
deviendront  alors  plus  rapides  et  plus 
faciles,  et  cette  voie  sera  probablement 
préférée  par  les  Européens  qui  vou- 
draient se  rendre  dans  l'Inde  ou  revenir 
de  là  en  Eprope.  D-o. 

BOMBE)  mot  formé  par  une  espèce 
d'onomatopée  pour  désigner  l'explosion 
produite  par  le  tir  d'un  projectile,  et  qui 
désigne  un  globe  creux  en  fonte  de  fer 
dans  lequel  on  introduit  une  quantité 


déterminée  de  poudre  et  d'artifice  pbul' 
le  Caire  éclater  en  plusieurs  morceaut| 
soit  au  milieu^  des  ennemis,  soit  sur  de» 
bâtimens  que  l'on  veut  enfoncer  ou  in-^ 
cendier.  La  bombe  est  percée  d'un  trou 
conique  qu'on  appelle  œil: on  y  place 
une  fusée  remplie  de  composition  assez 
lente  à  brûler  pour  donner  à  la  bombe 
le  temps  d'arriver  à  sa  destination  avant 
d'éclater.  Elle  a  deux  anses  ou  menton- 
nets  placés  de  chaque  côté  de  l'œil,  dans 
lesquels  on  passe  un  anneau  en  fer  pour 
aider  à  la  mettre  dans  le  mortier  qui 
doit  la  lancer.  Il  y  a,  à  la  partie  de  la 
bombe  opposée  à  l'œil,  une  sur-épais- 
seur que  l'on  nomme  cutotel  qui  a  pour 
objet  d'empêcher  la  bombe  de  tomber 
sur  la  fusée.  Il  y  en  a  de  plusieurs  cali- 
bres, de  13  pouces,  de  10  pouces  et  de 
S  pouces  de  diamètre;  celles  de  12  pou- 
ces pèsent  de  145  à  150  livres  (71  à  78 
kîlogr.),  celles  de  10  pouces,  de  98  à  101 
livres  (48  à  50  kilogr.);  et  celles  de  8 
pouces,  de  42  à  44  livres  (21  à  22  ki- 
logr.).  On  varie  la  charge  des  bombes  sui- 
vant l'effet  auquel  on  les  destine.  Tantôt 
elles  doivent  éclater  dans  l'air  en  un  grand 
nombre  de  morceaux ,  comme  quand 
elles  sont  dirigées  sur  un  corps  de  trou- 
pes; tantôt  elles  soi^t  destinées  k  renver- 
ser des  murs,  ou  à  écraser  et  incendier 
des  bâtimens,  et  alors  elles  n^  doivent 
éclater  qu'en  tombant,  ^q^.  MoàTiEE, 
Projectile  et  Bombaedemeiit.  C-t*. 

BONACOSSI  (PiNAiioiiTk),  d'une 
puissante  famille  de  Mantoue.  Préfbt  de 
la  ville  en  1272,  avec  Zanicalli,  il  le  fit 
tuer  avec  tant  de  secret  que  Pon  augmenta 
ses  pouvoirs  pour  lui  donner  les  moyens 
de  venger  son  collègue;  trois  ans  aprèi 
il  leva  le  masque,  lorsqu'il  eut  été  nothmé 
capitaine  du  peuple;  il  comprima  et  punit 
cruellement  les  révoltes  qui  furent  es- 
sayées, et  de  Guelfe  se  fi^  Gibelin.  Il  fut 
sans  cesse  en  guerre  iivec  les  Bressans , 
les  Padouans,  les  Yicentins,  avec  asseî 
d'avantage,  et  régna  18  ans,  non  sans 
gloire ,  jusqu'en  1 292 ,  époque  à  ^quelle 
son  fils  Bardellone  le  jeta  en  prison  avec 
Taino  son  second  fils.  Il  y  mourut  l'an- 
née suivante,  peut-être  victime  d'un  par- 
ricide. 

B  AaoELLOirE  régna  après  lui  6t  acquit  1 
Malitoue  beaucoup  de  popularité;  mais 


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BON 


(  6^4  ). 


BON 


tdut  à  coup  son  neveu  BûUesella,  fib  d*un 
troisième  frère  Bonacossi,  s*einpara  de 
Mantoue  et  le  contraignit  à  fuir  à  Pa- 
dou%  où  il  mourut  trois  ans  après. 

BoTTESEiXÀ  prît  le  titre  de  seigneur  de 
Mantoue  et  ranima  le  parti  gibelin  dont 
il  fut  un  des  chefs ,  jusqu'à  Tarrivée 
d'Henri  VU  en  Italie ,  époque  vers  la- 
quelle il  mourut 

Passeruto,  à  Taide  de  ses  Gibelins, 
chassa  le  vicaire  impénal  envoyé  par  Hen- 
ri VU  pour  régir  Mantoue,  et  s'en  fit  con- 
férer le  titre  par  l'empereur.  Un  an  après 
les  Gibelins  de  Modène  lui  donnèrent 
aussi  la  seigneurie  de  cette  ville.  Passe* 
rino  passait  pour  le  plus  brave,  le  plus 
habile  et  le  mieux  affermi  des  petits  ty- 
rans de  l'Italie,  quand  une  injure  brutale 
faite  par  son  fils  à  la  famille  de  Gonza- 
gue  amena  sa  perte  :  il  fut  tué  dans  une 
émeute,  en  1328;  son  indigne  fils  fut 
égorgé  par  un  Pic  de  la  Mirandole ,  et 
les  seigneuries  de  Mantoue  et  de  Modène 
passèrent  aux  Gonzague.  Val.  P. 

BON  ALD  (Louis-Gabribl-Ambeoise, 
vicomte  de),  ancien  ministre  d'état ,  an- 
cien pair  de  France,  l'im'des  quarante  de 
l'Académie  française ,  naquit  au  Monna, 
près  Milhaud,  en  Rouergue,  vers  1760. 
Il  débuta  dans  la  carrière  publique  par  la 
place  de  conseiller  du  département  de 
i'Aveyron.  Attaché  par  principes  à  la 
cause  de  la  royauté  et  par  conscience  à 
celle  de  la  religion,  il  a  travaillé  pen- 
dant sa  vie  à  soutenir  l'une  et  l'autre.  Il 
émigra  en  1791  el  débuta  bientôt  après 
dans  la  carrière  littéraire  par  sa  Théorie 
du  pouvoir  politique ^  ouvrage  qui  fut 
publié  du  temps  du  Directoire  et  saisi 
par  ses  ordres;  plus  tard  M.  de  Bonald 
rentra  en  France  et  devint,  en  1808, 
membre  du  conseil  de  l'Université.  A 
la  Restauration,  il  fut  élu  (1815)  dans 
son  département  membre  de  la  Chambre 
des  députés,  oà  il  siégea  constamment 
an  c6té  droit  et  défendit  à  la  fois  les 
principes  monarchiques  et  ceux  d'une 
théocratie  ultramontaine.  B  avait  écrit 
contre  le  divorce  en  1806 ,  et,  après  la 
Restauration,  ses  discours  à  la  Chambre 
contribuèrent  puissamment  à  son  aboli- 
tion ou  du  moins  en  hâtèrent  l'époque. 
B  avait  été  l'un  des  rédacteurs  du  Mer-' 
cwrefram^ais^  et  sous  la  Restauration  il 


lutta  de  talent  et  de  zèle,  dans  le  Coruerva- 
rfi«r,  avec  d'autres  écrivains  célèbres  du 
partiroyaliste.  Réélu  en  1816,  il  fut  vice* 
président  de  la  Chambre  élective  en  1 820; 
il  y  fut  envoyé  encore  une  fois  en  1821 , 
et  y  siégea  jusqu'à  ce  qu'il  fût  promu ,  en 
1823,  à  la  dignité  de  pair  de  France,  par 
Louis  XVIU,  qui  l'avait  fait  élire  à  l'Aca- 
démie française  en  1816,  qui,  la  même 
année,  l'avait  créé  vicomte,  et  qui  ensuite 
(1822)  l'avait  nommé  ministre  d'état  £a 
1827  M.  de  Bonald,  contraire  à  la  li- 
berté de  la  presse,  dont  les  abus  l'aveu- 
glaient sur  son  utilité  incontestable ,  pré- 
sida la  commission  de  surveillance  nom- 
mée pour  diriger  les  censeurs  dans  l'exer- 
cice de  leurs  fonctions.  On  pense  bien 
que  la  révolution  de  juillet  ne  trouva  pas 
un  partisan  en  lui;  il  refusa  en  1830  le 
serment  exigé  de  tous  les  membres  de  la 
législature  et  perdit  ainsi  son  titre  de  pair. 
Il  se  retira  dans  son  château  du  Monnà 
et  ne  prit  plus  aucune  part  aux  affaires 
publiques. 

,  M.  de  Bonald  ne  possède  pas  un  sa- 
voir bien  étendu  et  son  jugement  n'a  pas 
été  à  Tabri  des  plus  vives  attaques.  Il 
pousse  bien  loin  sa  foi  en  l'infaillibilité 
de  l'Église  catholique  et  l'admiration 
qu'il  a  vouée  à  la  Compagnie  de  Jésus. 
Cependant  sa.  philosophie  théocratiqoe, 
un  peu  nébuleuse  sans  doute,  mais  repo- 
sant sur  des  principes  bien  arrêtés ,  a 
trouvé  de  chauds  partisans. 

Ses  œuvres  complètes  onr  été  publiées 
en  12  vol.  (Paris,  1817-19  in-8**).  Elles 
comprennent  les  ouvrages  siûvans  :  du 
Divorce  y  1  \o\,\  Législation  primitive  , 
8  ro\.',Recherches philosophiques,^  vol.; 
Mélanges  littéraires  et  politiques  ,  2  v.; 
Pensées  et  Discours,  2  v.  ;  Démonstra- 
tion philosophique  du  principe  consti^ 
tutifde  la  société,  ouvrage  publié  vers 
la  fin  de  1830,  1  vol.  J.  H.  S. 

Ainsi  que  l'observe  M.  de  Bonald  lui- 
même,  sa  démonstration  philosophique 
n'est  qu'une  version  de  sa  théorie  du 
pouvoir,  et  sa  législation  primitive  Ti^r- 
vait  fait  que  développer  cette  même  doc- 
trine sous  son  rapport  avec  la  législa- 
tion. Dans  cet  écrit  remarquable  le  pu-, 
bliciste  chrétien  (  et  il  dédaigne  trop  les 
produits  de  la  raison  pure  pour  aspirer 
à  un  autre  titre  )  n'a  pas  en  vue  de  don-  ' 


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(  665  ) 


BON 


ner  uo  traité  méthodique,  une  théorie 
complète  et  détaillée  de  législation:  il  n'a 
voulu,  comme  il  le  dit  encore  lui-même, 
€{ue planter iesjalons  qui  doivent  diriger 
le  législateur,  poser  1©  principe  d'où  il 
doit  partir ,  montrer  le  phare  qui  doit 
le  guider.  Dans  ses  opinions  politiques 
M.  de  Bonald  accorde  peut-être  trop  aux 
principes  et  trop  peu  aux  circonstances 
qui  doivent  les  modifier,  hes  Recherches 
philosophiques  sont  une  production  so- 
lide et  l'une  des  mieux  écrites  en  cette 
matière.  Elles  renferment,  entre  autres 
dissertations ,  la  solution  de  deux  grands 
problèmes  que  la  philosophie  n*avait 
point  encore  résolus,  savoir,  Forigine 
du  langage  et  celle  de  Técriture.  Il  en 
est  cependant  une  dans  laquelle  Tauteur 
s* est  mépris  ou  ne  s* est  pas  au  moins 
fait  comprendre:  c'est  lorsqu'il  veut  faire 
reposer  le  critérium  de  la  vérité  sur  l'au- 
torité du  langage;  car  le  langage  ne  peut 
rien  nous  apprendre  sur  la  réalité,  de 
nos  sentimens  et  de  nos  affections  ;  cha- 
cun sent  le  mal  qu'il  éprouve,  ou  res- 
sent le  plaisir  dont  il  jouit,  sans  la  pa- 
role. Si  M.  de  Bonald  se  fût  clairement 
expliqué  sur  ce  point ,  M.  de  Boulogne , 
en  rendant  compte  de  sa  Législation pri- 
mitive,  ne  l'eût  pas  accusé  de  contester 
l'existence  de  la  loi  naturelle,  ce  qui 
n'était  pas  dans  l'intention  de  M.  de  Bo< 
nald,  conxme  le  prouve  sa  doctrine  sur 
les  idées  innées.  M.  de  Bonald  n'a  envi- 
sagé son  principe  qu'en  grand,  il  l'a  jeté 
un  peu  d^ns  le  vague  ;  mais  s'il  eût  es- 
sayé d'en  déduire  une  théorie  complète 
sur  la  certitude ,  pour  distinguer  dans 
tout  ordre  de  choses  la  vérité  de  l'erreur, 
il  en  eût  trouvé  l'application  impossible. 
Le  style  de  M.  de  Bonald  est  noble  et 
soutenu,  son  expression  riche,  sa  pensée 
profonde ,  et  sa  réQexion  souvent  ingé- 
nieuse. 

MM.  Hewri  etVicTOR  de  Bonald  et  l'é- 
véqueduPuy,  ses  trois  fils,  ont  publié, 
les  deux  premiers  quelques  brochures, 
et  le  troisième  quelques  mandemens  de 
circonstance  qui  ont  provoqué  dans  leur 
temps  l'attention  du  public.  N-r. 

BONAPARTE  (famille)  ou  Buo- 
XfAPAETE,  car  Napoléon  et  ses  parens  si- 
gnèrent ainsi ,  circonstance  indifférente 
pom  un  nom  italien  ^  ii  et  o  formant  un 


seul  son  dans  cet  idiome.  Un  des  plus  ter- 
ribles et  aussi  des  plus  brillans  météores 
qui  parût  jamais  sur  l'horizon  politique 
fut  sans  contredit  Napoléon  Bonaparte%  ' 
et  si  jamais  une  famille  put  se  passer  de 
toute  espèce  d'illustration,  ce  fut  la 
sienne.  Mais  jalouse  de  ne  point  dater 
d'un  empereur  des  Français,  couronné 
en  1804,  quoiqu'il  y  eût  dans  cet  évé- 
nement de  quoi  contenter  l'orgueil  le 
plus  insatiable ,  la  famille  Bonaparte  a 
fait  des  recherches  et  publié  des  preuves 
qui  la  rattachent  auxBuonaparte  du  conti- 
nent de  l'Italie,  célèbres  à  Trévise ,  dans 
la  personne  de  Jean  Buonaparte  ,  dès 
1178,  et  apparaissant  depuis  à  diffé- 
rentes époques  à  Parme ,  à  Bome ,  à 
Florence,  à  San  -  Miniato-al-Tedesco , 
comme  dignitaires,  signataires  de  trai- 
tés, chevaliers,  fondateurs  d'ordres,  etc. 
Ces  renseignemens  se  trouvent  au  com- 
mencement du  livre  intitulé  :  Sacco  di 
Roma,  par  Jacques  Buonaparte,  imprimé 
à  Cologne,  en  1756.  L'éditeur,  dans  sa 
préface,  nomme  cette  famille  illustre, 
entre  celles  de  San-Miniato  et  de  la  Tos- 
cane ,  et  dit  ({Moelle  a  brillé  de  tout  temps 
dans  les  lettres**. Ce$i  à  Napoléon^Louis 
Bonaparte,  fils  de  Louis,  qui  fut  roi  de 
Hollande,  que  l'on  a  dû,  en  1830,  la 
traduction  française  de  cet  ouvrage,  écrit 
en  italien  par  Jacques ,  témoin  oculaire 
de  l'entrée  des  hordes  que  conduisit  à 
Bome  le  connétable  de  Bourbon,  l'an 
1527***. 

(*)  Ce  n^cst  pas  dans  cet  article  qu'on  racon- 
tera la  vie  de  rerapcrcnr  ^apoléoo  :  ce  dernier 
nom  '  est  t^onsacré  par  Thistuire  comme  par  la 
voix  pojiulHire  ;  il  faut  donc  chercher  au  mot 
?«AroLÉON  le  ré»-it  de  lu  carrière  la  plus  éton- 
nante et  la  plus  merveilleuse  que  jamais  bomme 
.lit  parcourue.  C*est  au»sl  sons  leurs  prénoms 
qu*on  doit  rbcnrher  les  nrticlrs  sur  tous  les  mem- 
bres de  la  famille  Bonaparte  qui  ont  porté  une 
couronne.  S. 

(**)  On  connaît  la  Velova,  commtdia/acttittima 
de  Nicolo  Buonaparte;  Florenre.  1691,  chez 
Oinnti;  nouv.  éd.;  Paris,  iSol,  petit  in-S".     S. 

(*")  Voici  le  titre  complet  de  Poriginal  italien  : 
r.aguaglio  storico  di  tutto  t'orcorso  ,  giorno  per 
fiomoy  nel  saceo  di  Roma  d^lC  anno  i527.  Opéra 
di  Jacopo  Buonaparte.  Colon.,  1756,  in-4**.  La 
traduction  française  est  ainsi  intitulée  :  Tableau 
h  statique  dfs  événement  survenus  pendant  le  sac  de 
Borne  en  i527  ,  transcrit  du  manuscrit  original  et 
imprimé  pour  la  première  fois  à  Cologne  en  1756> 
ave  une  notice  historique  de  la  famille  de  Bona- 
parte i  traduit  de  l'iulien  par  M*'*  (Ham.elin), 
avec  le  texte  en  regard.  Paris ,'  1809,  in-8°;  o«- 


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(666) 


BON 


Nons  donnons  ici  le  dessin  des  armoi- 
ries de  cette  ancienne  famille  italienne. 


Cest  d'une  branche  des  Buonaparte 
établis  à  Sârzana,  dans  le  territoire  de 
Gènes  9  que  sortait  Loui»-Ma.rie-For- 
TUNÉ  Buonaptflrte,  qui  alla  se  fixer  à  Ajac- 
cio  en  1613,  et  qui  fut  Taïeul  de  Charles 
Buonaparte^père  de  Napoléon.  Charles, 
étant  assesseur  à  la  juridiction  d'Ajaccio, 
épousa,  en  1767  ,  Letizzia  Ramolino  , 
^ée  de  17  ans  et  parfaitement  belle, 
car  sa  taille,  ses  mains ,  ses  pieds ^  pou- 
vaient servir  de  modèles  comme  son  vi- 
sage. La  famille  Buonaparte  était  une  des 
premières  d*  Ajaccio ,  quoique  les  Corses 
lui  reprochassent  des  aïeux  génois  ;  et 
le  comte  de  Marbeuf  n*eùt  pas  choisi  sa 
maison  pour  y  loger ,  étant  gouverneur 
de  la  Corse ,  si  elle  n'eut  pas  été  la  mieux 
bâtie  de  la  ville.  Tout  ce  qui  a  vécu  en 
Corse  sait  que  Jérôme  Bonaparte ,  né  en 
1784,  est  le  seul  enfant  qui  aurait  pu 
naître  d'un  amour  illégitime,  entre  M. 
de  Marbeuf  et  Letizzia  ;  elle  avait  donc 
plus  detrente  ans  et  était  mèredesept  en- 
fiuis,  quand  sa  liaison  avec  le  gouverneur 
devint  l'objet  de  beaucoup  de  jalousies  et 

Trage  rare,  ajoute  M.  Quérard  (/a  France  litti^ 
raire,  tom.  tl)  qui  dit  ensuite  en  citant  Barbier 
{JJict.  dis  Ouvr.  anonymes  ,  t.  HT,  p.  3oi  )  :  «  On 
«  est  porté  à  croire  que  Jacq.  Bonaparte  a  seale- 
cc  ment  été  possesseur  du  manuscrit  que  Ton  a 
«  imprimé  sous  son  nom.  Les  faits  racontés  dans 
«  le  Tabteam  historique  sont  tirés  d'un  petit  toIu- 
«<  me  publié  à  Paris  en  i6^)i  sous  le  titre  de  // 
«  sacco  di  Roma  dal  Guicciardini  (frère  de  Thisto- 
«>  rien)  ».  La  traduction  publiée  par  Tex-roi  Louis 
ço  iB3oiiVstpeut-étre qu'une  noavelle,éditioa 
de  celle  de  xooq.  1.  H.  S. 


de  médisances.  Il  ne  lui  rendit  ponrtant 
d'autres  services  que  celui  de  présenter 
les  preuves  de  noblesse  qui  devaient  faire 
admettre  k  l'école  militaire  son  fils  Napo- 
léon et  à  celle  de  Saint-Cyr  sa  fille  Marie- 
Anne-Élisa.  Charles,  étant  allé  à  Kont- 
pellier  pour  se  faire  guérir  d'un  ulcère  aa 
pylore,  y  mourut  en  1785,  et  sa  veuve  , 
aidée  des  conseik  de  son  frère  de  mère, 
Joseph  Fesch,  dirigea  avec  tant  de  sagesse 
les  alTaires  de  sa  maison  et  l'éducation 
de  ses  enfans  qu'elle  s'attira  la  consi- 
dération   générale.  Lorsqu'on  1792  le 
célèbre  Paschal  Paoli  forma  la  garde  na- 
tionale de  Corse ,  il  fit  nommer  lieute- 
nant-colonel Napoléon  Bonaparte,  qui 
n'était  âgé  que  de  28  ans;  l'oixionnance 
en  exigeait  25 ,  et  Napoléon  était  «  si 
«  fluet ,  si  petit  et  si  délicat  (portent  les 
manuscrits  de  l'abbé  RossiJ  qu'il  parais- 
sait tout  au  plus  âgé  de  15  ans.  Il  fallut 
disputer  ;  mais  son  mérite  était  déjà  si 
manifeste  qu'il  l'emporta.  »  Bientôt  Fao- 
li  voulut  soustraire  l'Ile  à  la  puissance  de  la 
France  révolutionnaire;àtout  ce  quedisait 
ce  vieux  chef  Napoléon  répondait  :  Nous 
ne  serons  donc  plus  Français?  Il  n'était 
point  électeur  et  pourtant  il  influençait 
l'assemblée  de  Corte.  Paoli  voulut  en  fi- 
nir ;  une  lettre  de  Joseph  Bonaparte,  da- 
tée deToulon  le  1 3  juin  1 79  3,fai  t  connaître 
comment.  «  J'arrive  dans  cet  instant  à 
«  Toulon  avec  ma  famille  ;  Paoli  a  fina* 
«  lement  arboré  l'étendard  de  la  révolte; 
€  j*ai  été  plus  long-temps  sa  dupe  que 
n  vous ,  j'en  suis  puni  :  j'ai  fini  par  être 
ff  sa  victime.  Il  y  avait  deux  mille  paysans 
«  armés.  Ma  famille  a  été  poursuivie.  Ma 
«  maison,  celle  de  Moltedo,  ont  été  pil- 
ft  lées,  saccagées  ou  bràlées.  De  Caivi,  ejk 
«  nous  nous  sommes  réfugiés  d'abord, 
«  nous  sommes  venus  ici.»  (Lettres  atito- 
graphes  appartenant  à  l'auteur  de  cet  ar- 
ticle.) Ce  que  Jpseph  ne  dit  point,  c'est 
que  sa  famille  fut  bannie  de  Corse  par 
une  délibération  deila  consulta  de  Coite, 
en  date  du  27  mai  1793,  conçue  dans 
les  termes  les  plus  injurieux.  La  famille 
Bonaparte  vécut  à  Marseille  des  secours 
que  la  Convention  faisait  distribuer  aux 
réfugiés  corses  ;  et  Letizzia ,  par  écono- 
mie ,  se  retira  au  Beausset ,  petit  village 
près  de  Marseille.  Comment  la  mattresse 
du  gottoernear  de  la  Corse  ^  qui  n'avait 


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jamais  fSeiît  une  dépense  de  luxe ,  se  trou- 
Tait-elle  réduite  à  vivre  avec  ses  trois  filles 
de  pain  et  de  cerises,  à  porter  des  robes 
de  toile  si  grossières,  si  usées,  qu'elles  ne 
pouvaient,  elle  ni  ses  enfans,  sortir  pen- 
dant le  jour?  Cette  pauvreté  authentique 
n'est  pas  un  des  moindres  titres  justifica- 
tifs de  Letizzia.  Tout  changea  rapide- 
ment: Napoléon  devint  général  en  chef 
de  l'armée  d'Italie;  son  frère  Joseph,  son 
oncle  Fesch,  furent  nommés  commis- 
saires des  guerres;  madame  Bonaparte 
revint  habiter  Marseille  pendant  quel- 
que temps ,  alla  trouver  le  général  Bo- 
naparte à  Milan ,  visita  plusieurs  villes 
d'Italie ,  et  finit  par  se  fixer  à  Paris,  pen- 
dant que  son  fils  faisait  la  guerre  en 
Egypte.  Après  le  18  brumaire,  elle  jouit 
des  biens  que  la  fortune  commençait  à 
départir  à  ses  enfans  ;  mais  elle  en  jouit 
avec  une  modération  qui  ne  ae  démentit 
jamais;  et  de  tontes  les  femmes  de  sa  fa- 
mille elle   fut  la  seule  qui  ne  s'enivra 
point  de  cette  nouvelle  position.  Elle 
s'occupa  du  soin  de  maintenir  l'union 
entre  ses  enfans  et  contribua  à  récon- 
cilier Joséphine  avec  Napoléon,  lorsqu'à 
son  retour  d'Egypte  celui-ci  était  pressé 
par  Lucien  et  ses  soMirs  de  divorcer.  Elle 
prêcha  d'exemple,  comme  de  précepte, 
l'ordre  et  la  décence,  et,  n'étant  Agée  que 
de   48  ans,  toujours   belle,    dans    le 
rang  social  le  plus  élevé,  ne  donna  pas 
une  seule  fois  prise  aux  railleries  qui 
poursuivent  les  vieilles  feipmes  coquettes 
et  prétentieuses.  Les  désordres  de  ses 
filles  ne  purent  jamais  lui  être  imputés. 
Nommée  Madame  et  Altesse  Impériale, 
à  l'avènement  de  son  fils  au  trône,  elle 
forma  sa  maison  d'après  les  ordres  de  ce 
fils,  augmenta  ses  charités,  et  ne  changea 
rien  à  ses  habitudes  remplies  de  dignité 
et  de  modestie.  Ignorante,  mais  spiri- 
tuelle et  sensée;  mère  aussi  sensible  que 
courageuse  ;  prévoyante,  adonnée  au  tra- 
vail des  mains,  simple  pendant  son  élé- 
vation, fière  depuis  ses  revers,  Letizzia 
est  un  des  beaux  caractères  de  femmes 
que  Ton  puisse  tracer.  Elle  se  retira  à 
Kome  en  1814.  Dans  le  palais  qu'elle 
habite,  on  la  trouvait  toujours  occypant 
une  chambre  remplie  des  portraits  de  tous 
ses  enfans.  lA,   vêtue  d'une  robe    de 
deuil  qu'elle  n'a  jamab  quittée  deptiis  la 


mort  de  Napoléon ,  ayant  «ssises  à  quel* 
que  distance  d'elle  deux  vieilles  femmes 
corses  tricotant,  Letizzia  contemplait  le 
portrait  en  pied  de  l'empereur  ou  fiait 
au  fuseau.  S'étant  fait  à  la  cuisse  une 
fracture  dont  on  ne  put  obtenir  la  con- 
solidation, elle  ne  quitte  plus  son 
lit  Les  visites  régulières  du  cardinal 
F^ch  et  des  membres  de  sa  famille  qui 
résident  à  Rome,  celles  de  quelques  per- 
sonnes de  distinction ,  des  exercices  de 
piété  et  le  soin  des  pauvres  emploient 
le  temps  de  cette  princesse,  qui  à  aucune 
époque  ne  s'est  mêlée  des  affaires  pu* 
bliques. 

Charles  Bonaparte  et  Letizzia  Ramo- 
lino  ont  eu  8  enfans  tous  nés  à  Ajaccio^ 
Joseph,  Napoléon,  Élisa,  Lucien,  Louis^ 
Pauline,  Caroline  et  Jérôme,  dont  nous 
parlerons  très  succinctement. 

JosKPH,néen  1768,  épousa  en  1794, 
à  Marseille,  MarieJulie  Clary,  fille  d'un 
négociant  estimé  de  cette  ville,  dont  il 
n'a  jamais  assez  apprécié  les  angéliques 
vertus.  Il  a  eu  de  cette  épouse  accomplie: 
Zéfuude ,  mariée  à  Charles  Bonaparte  ^ 
prince  de  Musignano,  fils  de  Lucien.  Zé^ 
naîde  est  sensée,  instruite,  laborieuse; 
elletravaille,  jo£/j  les  ordres  de  son  mari, 
aux  ouvrages  d'histoire  naturelle  que  ce^ 
lui-cî  entreprend  ;  elle  a  fait  une  traduis 
tion  de  Schiller  qui  a  beaucoup  de  ré*' 
puution.  Charlottey  seconde  fille  de  Jo- 
seph, est  veuve  du  prince  Napoléon- 
Louis  Bonaparte ,  fils  de  Louis,  roi  de 
Hollande;  sa  conduite  est  digne  de  celle 
de  sa  mère  et  de  sa  sœur;  elle  dessine 
d'une  manière  remarquable  {voy.  Jo- 
seph, roi  d'Espagne). 

Napoléon,  né  en  1769  (vo^.  Napo- 
léon I*',  empereur  des  Français,  et  Na* 
pOLitoN,  roi  de  Rome). 

MARtE-ANirB-ÉLisA  obtint  de  Lucien, 
dont  elle  était  l'atnée,  que  l'ordre  des  da- 
tes serait  interverti  en  sa  faveur,  et  que, 
dans  lesalmanachs  impériaux,  elle  serait 
inscrite  comme  sa  cadette  ;  elle  doit  être 
née  en  1778  ou  1774.  M"^  deLuchet, 
chargée  en  particulier  de  son  éducation 
à  Saint-Cyr,  célébra  beaucoup  son  intel- 
ligence, son  esprit,  et  parla  aussi  de  son 
amour  pour  la  domination;  elle  épousa  en 
1797  Félix  Bacciochi  [voy.  ce  nom),  d'une 
fa  mille  corse  où  se  portait  le  titre  de  b€iron 


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(voir  la  lettre  de  Masserîa  à  Clavière , 
imprimée  à  Corte  en  1793).  Félix  reçut 
le  titre  de  prince  de  Lucques  et  dePiom- 
bino,  quand  sa  femme  devint  grande-du- 
chesse et  gouvernante  de  Toscane  en 
1805.  Pendant  la  durée  de  son  adminis- 
tration ,  on  ne  put  lui  reprocher  que  le 
désordre  de  ses  mœurs;  elle  s*efforça  de 
faire  rendre  la  justice,  protégea  les  scien- 
ces, les  lettres,  les  arts,  Tindustrie,  et 
n'eut  qu*un  tort  grave,  celui  de  vouloir 
s'aocommoder  avec  les  ennemis  de  son 
frère  Napoléon  quand  celui-ci  luttait 
contre  tous  les  souverains  de  TEurope. 
En  1815,  elle  fut  forcée  de  se  retirer 
dans  les  États  autrichiens,  auprès  de  sa 
sœur  Caroline ,  épouse  de  Murât,  roi  de 
Naples.  Elle  est  morte  à  Trieste  en  182Ô. 
Félix  Bacciochi  a  acquis  de  T Autriche 
le  titre  de  prince.  Il  passe  les  hivers  dans 
son  palais  (de  Ramuzzi)  à  Bologne,  dont 
Tescalier  de  marbre  est  considéré  comme 
le  plus  beau  de  Tltalie;  Tété  il  demeure 
dans  sa  seigneurie  de  Canale,dansle  Fr  ioul 
autrichien.  Sa  conduite  personnelle,  le 
grand  air  de  sa  maison ,  répondent  au 
rang  où  il  est  monté  ;  on  le  recherche  et 
on  le  considère  à  Tégal  de  tous  les  prin- 
ces d'Italie.  Élisa  a  eu  de  Félix  :  Napo- 
léone-ÉUsa^  née  en  1806,  mariée  au 
comte  Camerata,  d'une  grande  maison 
d'Italie.  Un  fils  seulement  est  né  de  son 
mariage.  Napléone-Élisa  vit  séparée  de 
son  mari.  Napoléon -Frédéric  ^  second 
enfant  d'Ëlisa ,  né  en  1815  ou  1816, 
jeune  prince  dont  l'éducation  et  les  pre- 
mières années  donnaient  des  espérances 
à  sa  famille,  est  mort  en  1833  à  Rome, 
d'une  chute  de  cheval. 

Lucien,  prince  de  Canino^  né  en 
1775,  se  réfugia  avec  sa  famille  pros- 
crite en  Provence.  Nommé  garde-maga- 
sin à  Saint-Maximin  et  logé  chez  un  nom- 
mé Boyer,  aubergiste,  il  en  épousa  la  fille, 
Christine ,  douce  et  vertueuse  personne, 
qu'il  rendit  heureuse  tant  qu'elle  vécut. 
Il  était  inspecteur  des  charrois ,  quand 
on  l'emprisonna  à  Aix  comme  terroriste, 
en  1 794 ,  et  n'obtint  sa  liberté  qu'en  con- 
jurant  h  genoux  le  représentant  Chiappe, 
son  Compatriote,  d'intercéder  pour  lui 
(voyez  la  lettre  de  Lucien,  publiée  dans 
la  hesfue  de  Paris ^  1 1  novembre,  4<^  an- 
née). S'élevant  graduellement  à  la  suite 


de  Napoléon,  il  devint  commissaire  des 
guerres  et  représentant- au  conseil  des 
Cinq-Cents;  il  présidait  cette  assemblée, 
réunieà  Saint-Cloud,  quand  NapoléonBo- 
naparte ,  accusé  d'aspirer  au  pouvoir,  s'y 
présenta.  Cette  assemblée  voulait  pros- 
crire le  général  ambitieux  :  Lucien  s'y 
oppose  et  fait  soutenir  la  cause  de  son 
frère  par  un  bataillon  de  grenadiers  qui , 
de  gré  ou  de  force ,  dispersent  la  repré- 
sentation nationale.  Cette  journée  du  19 
brumaire  {voy,)  fit  honneur  au  courage 
et  à  la  présence  d'esprit  de  Lucien.  Il  fut 
ministre  de  l'intérieur  et  ambassadeur  en 
Espagne.  Là  son  intelligence  fut  mise  en 
défaut  par  les  rapports  des  gens  de  sa 
suite ,  qui  lui  pei*suadèrent  que  les  Espa- 
gnols n'aspiraient  qu'à  devenir  Français. 
De  cette  époque  data  le  plan  de  Napo- 
léon de  s'emparer  de  la  Péninsule.  Nom- 
mé tribun  en  1802 ,  sénateur  peu  de 
temps  après ,  Lucien  s'opposa  plusieurs 
fois  aux  volontés  de  son  frère.  Sa  femme 
Christine  étant  morte ,  il  s'attacha  à  M™^ 
Jouberton,  femme  divorcée  d*un  agent 
de  change,  et  celle-ci  lui  ayant  donné  un 
fils,  Lucien  Tépoj^isa  malgré  la  volonté  de 
Napoléon  el  le  vœu  de  toute  sa  famille.  H 
lui  fut  ordonné  de  quitter  la  France.  De 
Rome ,  où  il  s'était  retiré ,  il  ne  cessa  de 
s'élever  contre  l'ambition  de  son  frère; 
il  refusa  les  offres  les  plus  brillantes  que 
lui  fit  l'empereur,  et,  voulant  enfin  se  met- 
tre à  l'abri  de  son  mécontentement,  il 
s'embarqua  pour  les  États-Unis  (5  août 
1810),à  peu  près  sûr  de  tomber  au  pouvoir 
d'un  vaisseau  anglais,  qui  le  conduisit  en 
Angleterre  où  il  acheta  là  terre  de  Tom- 
grove ,  près  de  Worcester  ;  le  gouverne- 
ment britannique  attacha  un  colonel  à  sa 
personne.  Sou  nom  ne  figure  point  dans 
Les  almanachs  impériaux  :  il  n'était  point 
censé  faire  partie  de  la  famille  de  Napo- 
léon. Lucien  retourna  à  Roi^e  en  1814, 
où  le  pape  lui  conféra  le  titre  de  prince 
de  Canino ,  et  revint  à  Paris  (  9  mai 
1815)  réconcilié  avec  Napoléon  pendant 
les  Cent -Jours.  Dans  la  Chambre  des 
pairsoù  il  siégea,  non  comme  prince,  mais, 
disait-il,  en  vertu  d'une  nomination  de 
l'empereur,  il  défendit  les  droits  de  Na- 
poléon et  ceux  de  son  fils  avec  une  noble 
fermeté,  jusqu'au  moment  où  M.  de  Pon- 
técoulant  lui  demanda;  en  pleine  séance  , 


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à  quel  dire,  lui,  prince  romain,  voulait 
imposer  son  opinion  aux  représentans  de 
la  nation  française.  Lucien ,  forcé  de  fuir 
devant  ies  armées  étrangères,  retourna 
à  Rome  après  la  bataille  de  Waterloo. 
D'abord  le  comte  de  Bubna  le  fit  enfer- 
mer dans  la  citadelle  de  Turin,  en  le 
traitant  toutefois  avec  égard  ;  mais  ses  dé- 
clarations et  Tintercession  du  pape  le  fi- 
rent élargir  en  septembre  18 1 5.  Le  ai- 
mai 1816  il  fut  rayé  de  la  liste  des  mem- 
bres'de  l'Académie  française  et  les  passe- 
ports qu'il  demanda  en  1817,  pour  lui  et 
Tun  de  ses  fils,  dans  le  dessein  d'aller 
aux  États-Unis  d'Amérique,  lui  furent 
refusés  par  les  ministres  de  toutes  les 
cours.  Depuis  ce  temps,  le  prince  de  Ca- 
nino  vit  à  Rome  avec  plus  de  splendeur 
que  de  prudence ,  et  s'est  vu  obligé  de 
plaider,  il  y  a  peu  de  temps,  contre  son 
propre  fils,  qui  l'accusa  d'avoir  dissipé 
la  dot  de  sa  femme  ^  remise  aux  mains 
de  Lucien.  Les  discours  prononcée  par 
Lucien ,  lors  du  concordat  et  de  l'insti- 
tution de  la  Légion-d'Honneur,  ne  furent 
point  rédigés  par  lui ,  mais  il  en  donna 
toutes  les  idées.  Son  poème  de  Charle- 
magne,  épopée  en  24  chants  (1815,  2 
Tol.  in-8^),  dédiée  au  pape  Pie  YII,  et  la 
Cirnéide,  poème  épique  en  12  chants 
(1819,  in- 8**),  ne  valent  guère  mieux  que 
Bathilde,  reine  des  Francs,  poème  en 
10  chants  (Paris,  1820,  in-8^*)  com- 
posé par  sa  seconde  femme  Alexandrine; 
cependant  dans  l'un  et  l'aulre  on  recon- 
naît de  l'esprit  et  de  rin^trnction.  Déjà 
dans  l'an  VII  (1799)  Lucien  avait  pu- 
blié la  Tribu  indienne,  2  vol.  in- 12. 
Amateur  de  tableaux  et  d'antiquités,  il 
protège  ies  arts  et  se  livre  à  leur  étude 
en  même  temps  qu'à  celle  des  lettres. 

Le  prince  de  Canino  a  eu  de  Chris- 
tine, sa  première  épouse,  Charlotte, 
mariée  à  Don  Mario,  prince  Gabrielli, 
et  Christine,  mariée  d'abord  au  comte  de 
Possé,  Suédois,  puis  divorcée  «t  rema- 
riée avec  lord  Stewart  ;  de  M"**  Jouber- 
tOB  :  Charles,  prince  de  Musignano,  ma- 
rié à  sa  cousine  Zénaîde,  fille  de  Joseph; 
Letizzia,*mMr\ét  à  M.  Wyse,  irlandais  de 
distinction,  mais  qui  ne  vit  point  avec 
son  mari;  Jeanna,  mariée  au  marquis 
4)norati,  d'une  grande  famille  italienne,  et 
,»orte  prématurémeot;  PaolOy  mort  en 


Grèce  d'un  accident,  sur  le  vaisseau  de 
l'amiral  Cochrane.  Lucien  â  encore  deux 
enfans  en  bas  âge.  On  peut  ajouter  à 
cette  liste  Anne  Jouberton ,  fille  du  pre- 
mier  mari  de  la  princesse  de  Canino,  que 
Lucien  a  adoptée  et  qu'il  a  mariée  au 
prince  Ercolani,  dont  elle  est  veuve. 

Louis,  comte  de  Saint-Leu,  né  en 
1778,  mariéà  HortensedeBeaubamais, 
quoiqu'il  désirât  épouser  M''^  de  Beau- 
harnais  ,  devenue  M"**  de  La  Vallette.  De 
ce  mariage  sont  nés  un  prince  mort  dans 
son  enfance  en  Hollande;  Napoléon- 
Louis,  né  en  1804,  mort  de  la  rougeole 
à  Forli,  en  1831  :  il  avait  épousé  sa  cou- 
sine Charlotte,  fille  de  Joseph;  tous 
deux  donnaient  l'exemple  des  plus  tou- 
chantes vertus  et  inspiraient  autant  d'es- 
time que  d'affection  ;  Charles-Louis  Na- 
poléon,  né  en  1808,  prince  aimable, 
doux  et  courageux  ,  unique  consolation 
de  ses  parens  depuis  qu'ils  ont  perdu 
son  frère  aîné  [voy.  Locis,  roi  de 
Hollande), 

Marie- Pauline  naquit  en  1781,  et 
épousa  d'abord  le  général  Leclerc  que 
Napoléon,  premier  consul ,  la  contraignit 
de  suivre  quand  il  envoya  son  mari  con- 
tre les  noirs  de  Saint-Domingue  en  1801. 
Sur  le  vaisseau  amiral  V Océan  on  rendit 
d'éclatans  hommages  à  la  belle  voyageuse 
et  à  son  charmant  enfant  :  c'était  Gala- 
thée  ou  Vénus  Anadyomène.  £iie  mon- 
tra beaucoup  de  courage  pendant  cette 
expédition  malheureuse,  dont  elle  revint 
veuve  en  1802,  et  perdit  peu  de  temps 
après  ce  fils,  unique  enfant  qu'elle  ait  ja- 
mais eu.  Napoléon  la  remaria,  en  1803^ 
à  Camille  Borghèse  (voj^.),  prince  romain, 
d'un  caractère  doux  et  frivole,  mais  qui 
pourtant  conçu  tpour  ledésordrede  moeurs 
de  Pauline  une  aversion  qui  ne  lui  per- 
mettait plus  de  supporter  sa  vue.  Presque 
aussi  parfaitement  belle  que  sa  mère,  Pa»- 
lineagissait  malheureusementcomme  si  le 
soin  de  sa  réputation  eût  été  incompati- 
ble avec  le  haut  rang  où  elle  était  parve- 
nue. A  ses  derniers  momens  elle  sembla 
vouloir  prouver  combien  lui  étaient  chè- 
res les  vanités  du  monde,  en  s'en  sépa- 
rant le  plus  tard  possible.'  Une  vertu  la 
distingua  éminemment  :  ce  fut  l'amour 
tendre,  passionné  et  reconnaissant  que, 
malgré  quelques  boutades,  elle  ne  ces^ 


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ta  de  resMOtir  pour  son  frère  N«poléoii , 
«i  qu'elle  lui  prouva  par  tous  les  sacri- 
fices qu'il  fut  en  son  pouvoir  de  lui  faire. 
Ses  caprices,  sa  fierté  qui  la  portaient  à 
exiger  là  où  ses  frères  et  sœurs  se  con- 
tentaient de  prier,  contribuaient  peut- 
être  à  la  rendre  chère  à  l'empereur.  Mais 
elle  le  blessa  en  manquant  de  respect  à 
l'impératrice.  Brouillée  avec  lui  au  mo- 
ment de  sa  chute,  elle  courut  le  rejoin- 
dre à  nie  d'Elbe,  et  avant  la  baUille  de 
Waterloo  elle  lui  envoya  ses  diamans  *, 
La  princesse  Borghèse  est  morte  récon- 
cilia avec  son  mari  et  toujours  belle,  à 
Florence^en  1825. 

MARiE-AHinjnciADE-CAECLiirB,  née 
en  1783,  mariée,  en  1800,  au  général 
Joachim  Murât,  depuis  grand-duc  de 
Berg  et  ensuite  roi  de  Naples  (vojr»  Joa- 
C3hih),  déploya  un  caractère  ferme  et 
résolu  lorsqu'en  1814  il  lui  (aUut  re- 
noncer au  trône  et  rendre  le  royaume 
de  Naples  à  son  ancien  possesseur.  Elle 
résista  d'abord  avec  tant  de  courage  et 
céda  ensuite  avec  tant  de  dignité  à  ce  re- 
vers de  la  fortune,  qu'elle  regagna  l'es- 
time que  ses  habitudes  frivoles  et  sa  ga- 
lanterie avaient  compromise.  Après  la 
mort  de  Murât,  elle  erra  en  Italie  et  dans 
les  états  de  l'empereur  d'Autriche,  s'oo- 
cupant  sans  cesse  de  l'éducation  de  ses 
enfans.  Elle  vit  aujourd'hui  à  Florence. 
Les  enfans  de  Caroline  et  de  Murât  sont  : 
Achille,  né  en  180 1,  jeune  homme  plein 
de  courage  et  qui  s'est  fait  connaître 
comme  écrivain  par  son  Exposition  des 
principes  du  gouvernement  républicain 
tel  qu'il  a  été  perfectionné  en  Aménr- 
que,  un  vol.  in-8^,  publié  à  Paris  en 

(*)  Séparée  de  son  mari ,  elle  Téent  d*«bord  à 
Kome  où  elle  occupa  ane  partie  uo  palaia  Bor- 
ghèse  qae  son  mari  lui  arait  abandonnée;  depuia 
i8i6  eue  habita  la  TÎlIa  Sciarra.  Sa  maison,  où 
régnaient  le  goût  et  les  arts,  fut  le  rendea-Toos  da 
eorde  le  plus  brillant  de  Rome.  Quand  elle  eut 
reçu  la  nouvelle  de  la  maladie  de  Napoléon  elle 
sollicita  plusieurs  fois  la  permission  de  se  rendre 
à  Sainte-Hélène.  Elle  Tenait  enfin  de  Tobtenir 
quand  arrira  la  neoTelle  de  sa  mort  Pauline 
mourut  à  Florence  le  o  juin  i8a5.  Outre  plu- 
sieurs legs  et  une  fondation  dont  les  rereous 
sont  alTecté*  à  défrayer  deux  jeunes  gens  d*A- 
jaccio  qui  Tondraient  étudier  ûi  ntédecine  et  h 
chirurcie,cile  institua  ses  frères,  le  comte  de  St- 
Leu  elle  prince  de  Montfort,  héritiers  de  sa  for- 
tune qui  s'élevait  encore  à  deux  millions.  Son 
buste  en  marbre ,  exécuté  JMU*  Caneta,  est  un 
dker-#fle«vrt  de  cet  ayHiOe.  C^  JL. 


1833;  Letitzia,  m^  en  1802, 
au  comte  Pepoli  y  est  aussi  distinguée  par 
sa  sagesse  que  par  sa  beauté.  Cette  beauté 
était  accompagnée  d'un  tel  chaitne  que 
la  vue  de  la  princesse  a  souvent  calmé 
l'humeur  de  la  populace  napolitaine, 'qui 
ne  cessa  jamais  de  regretter  les  Bour^ 
bons  ;  Lucien^Chorles  ,  né  en  1803  ; 
Louise-Julie- Caroline ,  née  em  1805  , 
aimable  comme  sa  sœur,  mariée  au  aornla 
Rasponi  de  Ravenne. 

JÉaoMB,  cointe  de  Atonffort,  né  ea 
1784,  épousa  en  1803,  étant  mineur  et 
sans  l'autorisation  de  sa  iamille,  à  Bal- 
timore, M"^  Patterson^  mais  son  mariage 
n'ayant  point  été  approuvé,  il  y  renonça 
en  1807  et  prit  pour  épouse  Catherine 
de  Wurtemberg,  excellente  et  vertueuse 
princesse.  De  son  mariage  avecM^^®  Patp- 
terson  Jérôme  a  un  fils,  Jérôme-Bona'- 
parte  y  seul  homme  de  cette  famille  qui 
en  porte  le  nom.  La  ci- devant  reine  de 
Westphalie  ,  aujourd'hui  princesse  de 
Montfort,  a  pour  ce  fils  de  l'épouse  qui 
l'a  précédée  le  plus  tendre  attachement, 
et  n'a  rien  négligé,  non  plus  que  le  comte 
de  Montfort,  pour  fixer  ce  jeune  homme 
en  Italie;  mais  Jérôme  Bonaparte,  dont 
l'esprit  et  le  jugement  sont  d'une  égale 
supériorité,  a  préféré  son  titre  de  citoyem 
américain  à  ceux  que  pourrait  lui  ob- 
tenir, sur  le  vieux  continent,  le  reste  de 
crédit  dont  jouit  encore  sa  £uniUe  pe-> 
temelle;  il  aime  Findépendanoe,  le  tra- 
vail, et  se  crée  par  le  commerce,- auprès 
d'une  jeune  personne  de  Boston  ou  de 
Baltimore  qu'il  vient  d'épooaer,  une 
fortune  qui  oe  lui  rappellera  ni  les  laiv 
me»  des  rois,  ni  le  sang  des  peuples.  Les 
enfans  de  Jérôme  et  de  Catherine  de 
Wurtemberg  sont  :  Jérôme,  capitaÎBe 
aux  gardes  du  roi  de  Wurtemberg,  soo 
oncle;  Mathilde  et  Napoléon  {voy,  JA* 
ROME,  roi  de  Westphalie). 

Tous  les  mâles,  dans  la  famille  Bone» 
parte,  portent  le  nom  de  Napoléon,  joidt 
à  d'autres  noms  patronymiques,  depwa 
l'élévation  de  Napoléon,  empereur  èm 
Francis. 

Josipviirx,  preaiière  feaulie  de  ffé- 
poléon  Bonaparte,  et  ensuite  ianpératriee 
des  Français,  aura,  sous  ce  nom,  un  ar- 
ticle partioulier.  roy.  aussi ,  ostre  te 
renToiaindiquésploaliaiil^] 


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BON 


(671) 


BON 


Eucàrâ  (princé)y  Fbsch,  Cuat.  L.  C.  B. 
BONAPARTE  (a&ghipel  dx),  groupe 
de  plus  d'uB  millier  d*Ues  et  d'environ 
100  lieues  de  long,  sur  la  côte  nord- 
ouest  de  la  Nouvelle-Hollande, entre  13^ 

I  ô'  et  1 4^  1 7'  SO'  de  latitude  sud  et  entre 
141^  et  143^  de  longitude  orientale.  Dé- 
couvert par  Panipier,  cet  archipel  fut 
ensuite  visité  par  Baudin,  par  Peron  et 
par  M.  Freyctnet;  les  Iles  divisées  en  3 
groupes  et  dont  les  principales  sont  cel- 
les de  Champagny,  d'Arcole,  de  Ma»et , 
de  rinstitut,  etc.,  sont  désertes  et  d'un 
aspect  sauvage;  mais  elles  attirent  les 
navigateurs  à  cause,  des  poissons  doqt 
leurs  eaux  fourmillent  et  à  cause  des  mpl- 
Insques ,  coquillages  et  tortues  dont  elles 
sont  couvertes.  Les  Malais  vont  y  re- 
cueillir les  holothuries  recherchées  par 
les  Chinois.  S. 

BONAPARTE  (golfs  de),  au  sud  et 
au  sud-ouest  de  la  Nouvelle-Hollande, 
sur  la  cote  Napoléon.  A  Feutrée  du  golfe 
est  située  l'Ile  de  Lagrange:  plusieurs 
bois,  groupes  d'Iles  et  établissemens  des 
environs  portent  les  noms  de  Berthier, 
Cambacérès,  Joséphine,  Léoben,  etc.  S. 

BONAVENTURE(Jeahi>k  Fioaicza), 
un  des  plus  célèbres  philosophes  scolas- 
tiques,  était  né,  en  12211,  en  Toscane. 

II  entra,  en  124S,  dans  l'ordre  de  Saint- 
François;  obtint,  en  1353,  une  chaire 
de  tbéolo^e  à  Paris,  où  il  avait  fait  ses 
études,  et  devint,  en  1356,  général  de 
s#n  ordre,  qu'il  gouverna  avec  autant  de 
zèle  que  de  ihodération.  £n*1273  il  fut 
nommé  évéque  d'Aibano,  et,  l'année 
suivante,  décoré  de  la  pourpre  romaine; 
il  se  rendit,  comme  légat  du  pape,  au 
concile  de  Lyon ,  ou  il  mourut  clans  la 
même  année  (1374)  des  suites  de  ses 
austérités  ascétiques.  On  célébra  ses  funé- 
railles avec  la  plus  grande  magnificence: 
le  souverain  pontife  lui-même ,  des  car- 
dinaux et  des  rois  y  assistèrent.  La  pu- 
reté des  mœurs  de  Bonaventure  et  quel- 
ques miracles  qu'on  lui  attribuait  lui 
attirèrent  pendant  toute  sa  vie  la  vé- 
nération publique.  Le  pape  Sixte  IV 
prononça  (1482)  sa  canonisation,  et 
Sixte  Quint  le  mit  (1587),  comme 
sixième  en  rang,  au  nombre  des  plus 
grands  docteurs  de  l'Église.  Les  pensées 

\Êm  ses  écvitB 


et  sa  dignité  de  général  de  Tordre  séra^ 
phique  lui  valurent  le  titre  dedoctorse^ 
raphicus.  Les  franciscains  le  regardent 
comme  le  plus  grand  savant  que  leur  or« 
dre  ait  eu  et  l'opposent  au  célèbre  Tho* 
mas-d'Aquin,  le  héros  scolastique  des 
dominicains.  La  ville  de  Lyon ,  qui  pos- 
sède sa  dépouille  mortelle,  le  choisit 
pour  son  patron. 

Une  grande  partie  des  nombreux  ou- 
vrages de  Saint-Bonaventure  sont  con- 
sacrés à  son  ordre  et  ont  pour  objet 
d'en  perfectionner  la  règle  et  la  disci- 
pline. Comme  propagateur  du  culte  de 
la  Vierge  et  comme  apologiste  du  céli- 
bat des  prêtres,  de  la  transsubstantiation, 
de  la  communion  sous  une  seule  espèce  y 
et  d'autres  institutions  de  l'Église  au 
moyen-âge,  il  rendit  de  notables  servi- 
ces :  il  soutint  les  doctrines  et  les  usages 
de  l'Église  romaine  avec  un  grand  luxe  de 
preuves  philosophiques,  dans  son  com- 
mentaire sur  le  Mtigùter  sentenUarum 
de  Pierre  Lombard,  et  dans  plusieurs  au- 
tres écrits  ascétiques  et  d'exégèse  d'une 
moindre  étendue.  Les  plus  remarquables 
de  ces  derniers,  le  Breviloquium  et  X^Cenr 
tUoquium^  sont  des  manuels  dogmatiques. 
Ses  efforts  pour  laire  servir  la  philosophie 
(qui  chez  lui  est  un  mélange  de  Faristo* 
télisme  et  du  néoplatonisme)  à  l'appât 
de  la  foi,  et  le  mysticisme  pieux  qu'il 
emploie  pour  opérer  FaméUoration  in* 
tellectuelie  et  morale  de  l'homme,  ren- 
dent souvent  ses  écrits  obscurs.  Pour  lui 
l'union  à  Dieu  est  le  bien  suprême,  ci 
ce  principe,  il  le  développe  dans  sott 
Itinerarium  mentis  in  Deutn  et  dans  sa 
Reduclio  artiiim  in  Ûieologiam ,  qui  est 
un  essai  de  démonstration  que  la  théologie 
est  le  but  de  tous  les  arts  et  de  toutea 
les  sciences.  Généralement  parlant,  c'edC 
le  mysticbme  qui  prédomine  dans  les 
ouvrages  de  saint  Bonaventure;  loi 
seul  a  plus  fait  pour  fonder  la  théologie 
mystique,  comme  science,  que  tous  les 
mystiques  qui  l'ont  précédé.  Il  s'est  laissé 
aller  à  des  interprétations  allégoriques 
jusque  dans  ceux  de  ses  ouvrages  quH 
voulait  rendre  populaires;  ainsi,  par 
exemple,  dans  sa  Biblia  paupemnî^ 
dont  le  but  était  évidemment  de  mett^ 
les  histxnreg  bibliques  à  la  portée  dis 
persoDiics  ittétrées,  tes  sujet»  si  sltoplit 


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BON  (  67 

de  Toriginal  sont  presque  tous  entière- 
ment  défigurés.  Cependant  cet  auteur 
se  distingue  des  autres  scolastiques  par 
le  soin  qu'il  a  mis  à  éviter  les  arguties, 
par  la  ferveur  de  ses  sentimens  religieux, 
et  par  là  direction  pratique  de  son  es- 
prit. Dans  le  commentaire  cité  plus  haut, 
il  réfute  avec  une  grande  sagacité  les 
opinions  émises  en  faveur  de  l'éternité 
du  monde,  et  il  soutient  la  doctrine  de 
Fimmortalité  de  Tame  par  de  nouvelles 
preuves.  Les  OEuvres  de  saint  Bonaven- 
ture  ont  été  publiées  à  Rome  en  7  vol. 
in-fol.,  1588-1596;  mais  il  y  a  dans 
cette  édition  beaucoup  d'écrits  apocry- 
phes, entre  autres,  Tabsurde  Psautier 
de  Marie,  C.  L. 

BONBON ,  expression  enfantine  qui 
a  passé  dans  le  langage  ordinaire  pour 
désigner  diverses  sucreries  fabriquées 
par  le  confiseur  (vojr.)  et  dont  la  variété 
est  infinie.  Tantôt  ce  sont  d'élégantes 
'cristallisations  colorées  de  diverses  cou- 
leurs et  prenant  mille  formes  ingénieuses 
ou  bizarres,  tantôt  des  liqueurs  délicates 
contenues  dans  une  friande  enveloppe. 
Ajoutez  à  cela  le  luxe  et  la  recherche  des 
papiers  dans  lesquels  on  les  enferme,  ac- 
compagnés de  vers  ou  devises  cpi'on  fai- 
sait autrefois  fabriquer  au  mille,  comme 
des  épingles ,  et  que  dans  ces  derniers 
temps  on  a  eu  le  bon  esprit  de  rempla- 
-cer  par  des  extraits  de  nos  meilleurs 
poètes  tant  classiques  que  romantiques. 
Le  jour  de  Tau  en  France  et  la  veille  de 
Koêl  dans  d'autres  pays  sont  le  moment 
où  il  se  débite  le  plus  de  bonbons.  Plus 
d'une  fois  il  est  arrivé  que  des  substan- 
ces minérales  employées  pour  colorer 
les  bonbons  ont  produit  de  véritables 
empoisonnemens  et  appelé  trop  tard 
l'attention  de  l'autorité.  F.  R. 

BONCHAMP  (Charles^Melchior- 
Arthus,  marquis  de),  l'un  des  meilleurs 
généraux  vendéens,  issu  d'une  maison 
très  ancienne,  naquit  au  château  du  Cru- 
cifix, province  d'Anjou,  en  1760,  et  fit 
ses  premières  armes  dans  la  guerre  d'in- 
dépendance d'Amérique.  De  retour  en 
France,  il  était  devenu  capitaine,  lorsqu'il 
.se  crut  obligé  de  donner  sa^démission  en 
1791.  Quoique  bien  convaincu  que  les 
.gueiTes  civiles  ne  donnent  point  de  gloi- 
.re^  il  accepta  le  commandement  que  Ini 


2 )  , BON 

déféraient  les  insurgés  de  TAnjoUy  et  il 
dirigea  avec  talent  ^t  courage  les  mou- 
vemens  des  Vendéens.  Rarement  il  sor- 
tait d'un  combat  sans  être  blessé  :  à  Fat- 
taque  de  Nantes  il  eut  le  cotide  fracassé. 
Mais  sa  prudence  égalaft  sa  bravoure  : 
elle  le  rendit  même  suspect  aux  chefs  des 
Vendéens,  jaloux  des  rares  qualités  de 
Bonchamp  et  qui  l'accusaient  souvent  de 
tiédeur.  A  l'attaque  de  Chollet,  17  oc- 
tobre 1793,  Bonchamp  fut  blessé  à  mort, 
et  en  expirant  cet  homme  généreux  sauva 
la  vie  à  4,000  pnsonniers  républicains. 
On  a  vu  exposé  au  Louvre,  en  1823,  le 
monument  qui  lui  a  été  élevé  près  du 
champ-de  bataille,  dans  l'église  de  Saint- 
Florent.  J.  H.  S. 

BON-CHRÉTIEN,  voy.  Poirier. 

BONDI  (  Clément  ) ,  poète  italien 
très  estimé,  naquit  en  1742  à  Mîzzano, 
duché  de  Parme,  et  mourut  en  1821  à 
Vienne,  sa  seconde  patrie.  Une  édition 
de  luxe  de  ses  poésies,  dédiées  à  l'ar- 
chiduchesse Marie-Béâtrix  d'Esté,  parut 
dans  cette  ville  en  1808,  en  3  vol.;  ces 
poésies  sont  lyriques,  didactiques,  élé- 
giaques  et  satiriques;  les  unes  originales, 
les  autres  traduites  d'autres  langues.  X. 

BOND  Y  (le  comte  Taillepied  de), 
pair  de  France  et  ancien  préfet  de  la 
Seine,  est  né  à  Paris ,  en  1766,  au  sein 
d'une  famille  de  la  finance.  La  révolu- 
tion de  89  l'empêcha  de  suivre  la  même 
carrière  ;  mais  en  1792  le  gouvernement 
le  chargea  de  diriger  la  fabrication  des 
assignats  ;  H  remplit  celte  flace  avec  in- 
telligence et  probité.  Après  le  10  août,  il 
donna  sa  démission  et  resta  étranger  aux 
partis  alors  dominans.  Il  ne  reparut  qu'a- 
près la  fin  de  l'orage  révolutionnaire. 
S'étant  lié  avec  le  prince  Eugène,  celui- 
ci  le  présenta  à  l'empereur  qui ,  en  1 805 , 
lui  donna  le  titre  de  chambellan.  Depuis, 
M.  de  Bondy  accompagna  ce  prince  dans 
plusieurs  de  ses  voyages  ;  il  le  suivit  sur- 
tout durant  la  campagne  de  Wagram, 
en  1809.  A  son  retour,  l'empereur,  qui 
avait  reconnu  son  mérite,  le  nomnut 
maître  des  requêtes  au  conseil  d'état  et 
l'envoyji  ensuite  présider  le  collège  élec- 
toral du  département  de  l'Indre.  A  la 
même  époque  M.  de  Bondy  fut  créé 
comte  de  l'empire ,  et  le  roi  de  Bavière^ 
atftquel  Napoléon  i'ttvait  attaché  qudqne 


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BON 


(673) 


BON 


temps,  le  nomma  grand'-croix  de  Tor- 
dre de  Saint- Hubert. 

Lorsque  Marie- Louise  vint  en  France^ 
M.  de  Bondy  fut  au  nombre  des  person- 
nes chargées  de  la  recevoir  à  Carlsnihe 
et  de  l'accompagner  à  Paris ,  en  dirigeant 
les  fêtes  que  toutes  les  localités  par  où 
elle  devait  passer  lui  préparaient.  Au 
mois  d'août  1810  il  fut  nommé  préfet 
à  Lyon ,  et  dans  ces  fonctions  il  s*est  fait 
remarquer  {tar  une  attention  vigilante 
aux  besoins  de  ses  administrés  et  par 
une  activité  pleine  de  zèle.  M.  de  Bondy 
obtint  de  la  confiance  de  l'empereur  des 
sommes  considérables  pour  les  travaux 
publics  que  réclamait  l'intérêt  des  habi^ 
tans  de  Lyon.  Le  commerce  de  cette  cité 
le  chargea ,  en  18 1 1 ,  de  remercier  l'em- 
pereur des  décrets  par  lesquels  il  pro- 
hibait les  produits  des  manufactures  an- 
glaises. Celui-ci,  dans  des  circonstances 
difficiles,  lui  exprima  combien  il  était 
satisfait  de  ses  services. 

Lorsque  les  Autrichiens  se  présentè- 
rent devant  Lyon  en  1 8 1 4 ,  M.  de  Bondy 
concourut  à  la  défense  de  cette  ville  et 
ne  quitta  la  préfecture  qu'avec  les  der- 
niers régimens  de  l'armée  qui  se  retira 
sur  Valence.  Après  la  chute  du  gouver- 
nement impérial,  le  comte  d'Artois  fut 
forcé  de  satisfaire  à  l'opinion  des  Lyon- 
nais qui  rappelait  M.  de  Bondy  à  la  tête 
de  l'administration ,  et  après  le  départ 
des  étrangers  toute  la  ville  lui  vota  des 
remerciemens.  Néanmoins  il  f^t  remplacé 
peu  après  ;  mais  les  Cent- Jours  ne  tar- 
dèrent pas  à  le  faire  sortir  de  sa  retraite  : 
l'empereur  le  nomma  préfet  de  la  Seine 
et  il  rentra  au  conseil  d'état.  Il  y  signa 
l'adresse  du  30  mars,  dans  laquelle 
étaient  exprimés  de  dignes  voeux  de  li- 
berté pour  la  France.  Il  fut  nommé 
membre  de  la  Chambre  des  représentans 
en  mai  1815.  Comme  préfet  du  dépai^ 
tement  de  la  Seine,  M.  de  Bondy  fut 
nommé  un  des  trois  commissaires  char- 
gés de  la  convention  du  8  juillet,  et 
quand  M.  de  Chabrol  l'eut  remplacé,  il 
passa  momentanément  à  la  préfecture  de 
la  Moselle  ;  la  réaction  qui  éclatait  déjà 
avec  violence  le  fit  révoquer  presque 
aussitôt.  Dans  le  procès  du  maréchal  Ney 
M.  de  Bondy,  comparaissant  comme  téi- 
inotD  à  décharge,  réokma  pour  racoosé 

Encxehp.  d,  G.  d.  M,  Tome  III. 


le  bénéfice  de  Tarticle  12  de  la  capitu- 
lation de  Paris»  qui  avait  déclaré  les 
personnes  inviolables. 

En  1816,  en  1818  et  en  1823 ,  M.  de 
Bondy  fut  envoyé  par  le  département  de 
l'Indre  ii  la  Chambre  des  députés;  en 
1827  il  fut  réélu  par  l'arrondissement 
de  Chàteauroux.  Il  siégea  constaroment 
au  côté  gauche.  Après  la  révolution  da 
juillet,  il  succéda  à  M.  Odillon-Barrot 
dans  les  fonctions  difficilet  de  préfet  du 
département  de  la  Seine;  et  si  son  acti- 
vité ne  répondit  pas  peut-être  aux  exi- 
gences de  ce  poste  éminent,  il  se  fit  es- 
timer par  d'excellentes  intentions  et  ac- 
quit de  nouveaux  droits  à  la  reconnaia* 
sance  publique  par  des  mesures  sages  et 
éclairées.  En  1832  il  a  été  remplacé  et 
élevé  en  même  temps  à  là  pairie.    F.  F. 

BONE,  voy,  Constaittine. 

BONER  (Uliig  ),  fabuliste  allemand 
du  commencement  du  xiy®  siècle.  Il  vi- 
vait à  Berne  et  appartenait  à  l'ordre  des 
dominicains.  La  première  édition  de  son 
recueil  de  fables  intitulé  dtr  Edelstein 
(le  Joyau)  parut  à  Bamberg  en  1461, 
petit  in-fol.  ;  la  meilleure  est  celle  que 
M.  Beneoke  a  publiée  à  Berlin,  en  1816, 
avec  un  bon  glossaire.  C.  X. 

BONHEUR.  Le  bonheur  est  un  eut 
continti  de  Tame  jouissant  d'un  plaisir 
inaltérable  quand  ses  désirs  sont  en  rap- 
port avec  ses  facultés^  Au  reste ,  on  ne 
saurait  en  donner  une  définition  qui  sa- 
tisfasse tous  les  esprits  ;  car  la  diversité 
des  goûts  et  des  caractères  y  trouvera 
toujours  à  redire,  et  dans  un  siècle  d'in- 
dividualisme, tel  que  le  nôtre,  les  dissen- 
ti mens  ne  manqueront  pas  sur  ce  sujet. 
Les  uns  font  consister  le  bonheur  en  de 
vives  sensations,  dans  la  libre  jouissance 
de  tous  les  plaisirs  du  luxe;  les  autres 
dans  la  considération  publique,  les  hon- 
neurs et  les  dignités;  ceux-ci  le  placent 
dans  la  médiocrité  dorée ,  dont  parle 
Horace;  ceux-là  dans  la  piété  sincère  ou 
dans  le  bien-être  limité  de  la  famille.  On 
ne  saurait  saisir  toutes  les  nuances  de 
pensées  que  le  mot  de  bonheur  renferme  : 
elles  sont  presque  aussi  variées  que  les 
imaginations  et  les  individus. 

Le  bonheur  est  le  but  des  ideDces 
morales  y  religieuses  et  politiques;  il 
touche  à  toiAtes   les  questions  ;  il  a  été 

41 


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fiOlï 


(674) 


mv 


àuufiâ  mx  tira»  le9  modep;  U  f9^  le  fpyer 
lies  ûi$pira lions  poétique^,  le  tprme  où 
tendent  sans  cesse  nos  pas  et  nos  vœujL. 
Chose  fiqgqlièrel  op  ne  parvient  g^ère 
à  faire  comprendre  ce  q^*il  peut  être 
ici-bas  que  par  des  négaMons  »  c'est-à- 
dire  en  retraçant  ce  qui  pous  rend  ipaK 
hflnreax;  il  semMe  qu'un  bonheur  com- 
plet soit  une  impossibilité  dans  ce  mopde. 
Eb  effet  y  une  des  causes  certaines  de 
notre  malbeur  c*est  déjà  de  nous  exagé- 
rer le  bonheur  auquel  il  est  permis  d'at- 
teindre sur  la  terre;  les  peintures  poé- 
tiques ,  les  fictions.  Les  livres  de  philo- 
sophie mémo  9  nous  font  des  peintures 
d'une  félicité  séduisante  »  Tariée,  eni- 
vrante, et  quand  nous  retombons  dans 
la  réalité  des  choses  nous  sommes  tout 
étonnés  de  voir  si  peu  de  rapport  entre 
ce  qui  est  et  ce  que  nous  souhaitons.  Il 
faut  savoir  se  limiter  ;  la  justesse  de  Tes- 
prit  est  la  première  condition  de  notre 
bonheur  terrestre.  Ainsi  la  connaissance 
du  cœur  humain ,  ses  faiblesses ,  les  mé- 
eomptes  anxquelB  il  expose  dans  la  yie^ 
sont  une  nécessité  de  l'éducation  pre- 
mière. Peut-être  serait-il  bon  d'ensei- 
gner à  la  jeunesse  la  vie  et  la  réalité; 
Tidéal  doit  descendre  vers  le  réel  et,  pour 
ainsi  dire,  hn  tendre  la  main.  L'bomme 
entre  ak>rs  dans  le  mpnde  avec  des  idées 
pijus  justes  et  plus  certaine^  ;  il  va  plus 
droit  à  un  but  qu'il  s'est  proposé;  il  s«âty 
autant  que  possible,  dédaigner  le  faux 
éclat;  le  bonheur  intime  et  de  réflexion 
est  toujours  le  plus  sûr ,  c'est  celui  qui 
nous  abandonne  le  moins ,  le  plus  dèû- 
rable  «t  celui  qui  dopne  le  plus  et  di- 
gnité à  l'homme.  Mais,  i\  faot  bien  le  di- 
re, celui-là  seul  fie  eoCfit  pas;  le  bon- 
heur dépend  des  ^ils  extérieurs  et  de  | 
la  santé  ;  l'homme  n'est  pas  maître  de 
régler  lui-même  ces  acoidèns. 

Les  idées  reli|;îeiises  sincères,  pro-  ; 
foudes,  sont  de  puissantes  consolations; 
elles  ont  des  soulagemens  délicieux,  de 
douces  larmes,  et  créent  en  quelque 
sorte  un  bonheur  au  sein  du  malheur 
même.  Mais  la  résignation  qu'elles  con- 
seillent ne  doit  pas  dégénérer  en  un  roys-  : 
ticisme  inerte  :'cette  apathie  rêveuse  est 
contraire  aux  lois  de  rhumanité,  qui 
sont  celles  de  la  Proiridence.  I^bomme 
est  né  pomr  I^Mitioa-  et  4*  innraâly  ^ni 


floot  defi^  prftpM^  ffe  vfHrtp  :  Ueiprit 
occupé,  actif,  est  rarepi^nt  irideux;  la 
rêverie  3an^  but  et  sap^  (fireption  utile 
estffjpe^e.  fi.p» 

Jci-bas  |e  bonheuir ,  s'il  eçi^p  >  ^ 
chose  relative  :  ce  qui  fait  le  bonheur  de 
l'un  n'est  point  désiré  par  l'autre,  et  d'idl- 
leiu-s  rarem^  l'état  de  jpuiss^pe  qui 
résulte  4e  nop  désirs  satisfait^  fempUt-il 
la  cpn^ition  de  cpptinuité,  sans  (aqpelle 
le  bonheuir  n'es^  encore  qu'un  bien-être 
accidentel.  Si  le  bonheur  supr^lme  et  ab- 
solu est  possible  pour  l'homme ,  il  ne  peut 
consister  que  dans  le  parfait  développe- 
ment de  tous  les  germes  qui  sop^  en  lui^ 
dans  le  libre  jeu  de  toutes  ses  faculté), 
dans  l'harmonie  inaltérable  de  tous  les 
élémepsqui  composentson  essence.  Ainsi 
compris ,  le  bonheur  serait  la  perfection, 
et  la  perfection  où  est-elle  dans  ce  monde? 
Mais  sans  la  perfection ,  peut-il  y  avoir 
repos?  peut-il  y  avoir  bonheur  popr  nous 
auxquels  un  sentiment  invincible  et  con- 
stant révèle  un  état  de  choses  meilleur 
que  ce  que  nous  voyons»  meilleur  que 
ce  que  nous  pouvons  voir  ici-bas  ?  Non , 
poîptde  véritable  bonheur  sur  ceUe  terre, 
mais  lutte ,  tendance  continuelle  vers  le 
mieux  ;  peine,  affliction  et  découragement 
quand  la  réalité  répond  si  mal  à  l'idée , 
véritable  tbéopneustle  que  nous  portons 
en  nous.  Ainsi  le  bonheur  n'est  point,  à 
yrai  dire,  noire  destination  ici-bas.  Bien 
plus  ,  le  bonheur  n'y  a  jamais  pu  exis- 
ter; car  un  état  d'enfance  où  la  lutte 
epjlre  -le  bien  et  le  mal  n'est  pas  com- 
mencée, où  le  présent  répond  à  tous  les 
besoins  de  l'homme ,  où  l'inslinct  n'est 
ni  contredit  ni  contrarié  par  la  raison , 
un  tel  état  d  apathie  et  d'innocence  (mais 
non  pas  de  vertu)  n'est  pas  chose  dési- 
rable et  arrêterait  notre  dévelo|]4>emenl. 
Vivre  c'est  tendre  ^  i^talluUer;  or  la  ten- 
dance repousse  le  bonheur^iui  n*est  que 
dans  la  possession  ,  dans  la  conquête , 
dans  la  réalisation  de  Ions  nos  vonul 

Mais  le  bonheur  est4l  possible  ailleiB«y 
existe-t-il  au-delà  des  limites  de  notre  vie 
terrestre?  C'est  une  queatîoQ  qni  sera  eicn- 
minée  àFarticle  FÉuciTid&XEiicKiXB.  S. 

AO^lFACe,  général  romain,  con- 
temporain d'Aâius  et  ^e  saint  Augostin, 
mort  vers  4M.  Né  en  Thraoe  de  pareoa 
jnconnosy  il  s^dlntéleié  par  «on  pin|ne 


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BON  (675) 

mérite  :  après  avoir  défendu  Jfarseiile 

contre  AtaullT,  il  fut  décoré  du  titre  de 
comte  et  chargé  par  TempereurHonorins 
du  commandement  !de  TAfrique.  C'est  la 


BpN 


!  TAfncji 

qiî^ifse  révolta  et  appela  a  son  secours  les 
Vandales.  Néanmoins  il  se  réconcilia  avec 
Tempi 


ereur  et  fut  nommé  magtster  mi" 
'  '-'  J.  H.S. 

BONIFACE.  Indépendamment  de 
saint  Boniface  dontit  sera  question  pIuS 
i>as  l  ce  nom  a  ét^  porté  par  dîfférens  au- 
tres saints  personnages,  tels  que  saint 
Boniface  de  Tarse  au  iv*  siècle;  saint 
Boniface,  èvêquede  Carthage,au  v^;  saint 
Boniface  j  évêque  de  Feréoto,  vers  le 
milieu  du  vi^,  etc.  Il  appartient  encore 
à  neuf  papes  dont  plusieurs  méritent  une 
mention  particulièreYràaïs  nous  pouvons 
îpasser  sous  silence  Boniface  ÛI  (606- 
607),  ÉomfÂceIV  (607-6 15),  è'oifiF ACE 
V'(617-C'2Ô)  et  Boniface  VI  ('096);  S'. 

ÈoNiFACE  1"  fût  élu  pape  en  cfécem- 
^re  418,  après  la  mort  de  Zosime.  ]tJn 
parti  opposé,  protégé  par  le  préfet  Sym- 
maque ,  nomma  dans  le  même  temps  rar- 
chidiacrcEuInliiis.Informédecescliisme, 
l'empereur  Honorîus  ordonna  aux  deux 
contendans  de  s'abstenir  de  toute  fonc- 
tion et  de  sortir  de  Rome,  jusqu'à  ce  que 
raffaire  eût  été  jugée  par  uii  concile  qu'il 
venaitde  convoquer  à  ^avenne.  Boniface 
obéit,  et  les  évègues  Jugèrent  en  sa  fa- 
veur ;  Ëulaljns  refusa,  et  sa  cause  fut  ré- 
putée mauvaise.  Qn  Ib  déclara  intrus  et  on 
le  chassa  de  ^ope'.  '^esté  paisible  posses- 
seur clii  Saint-Siège,  Boniface  g^ouverna 
sagement  et  termina  à  soè  gré  la  contes- 
tation qui  s'était  éTevée  entré  lui  et  le  pa- 
triarche de  Cbnstantinbple,  au  sujet  de 
la  juridiction  sûr  tes  églises  ci^lflyrie.  j) 
mourût  le  25  octobre  422.  Saint  Àugus^- 
tin  lui  avait  adressé  ses  quatre  livres  en 
réponse  aux  deux  lettres  des  Pélagiens. 
Quelc/ûes  factieux  voulurent,  après  là 
mbrt  (l)eBcinirace,rappe1erËulallus;  mais 
ICulalius  refusa  db  quitter  sa  retraité. 

Boniface  It,  Romain,  élu  pape  au 
mois  (l'octo'bre  530 ,  succéda  à  Félix  tV- 
Il  eut  pour  concurrent  Dioscore  qi\i 
mourut  quelques  tours  après  et  ^i  éva- 
nouir ainsi  la  crainte  d'un  schisme.  Bo- 
n\face  côndaiinnala  mémoire  de  pioscore; 
mais  il  reçut  a  sa  communion  ceux  qui 
rayaient  nommé.  Gouverné  par  le  diacre 


Vigile,  c|ui  convoitait  la  papanté,  il  con- 
voqua les  iévêcjuès  de  la  métropôte  et  tout 
son  clergé,  les  obligea  par  serment  de  lui 
donner  vigile  pour  successeur,  et  bn  fit 
dresser  acte.  Cette  convention  contraire 


aux  canons,  arrachée  à  la  faiblesse,  des- 
tructive de  la  tiberté  des  élections,  excita 
des  réclamations  générales  et  fut  anéan^ 
tie,  a^rès  quelques  délais  et  quelques  hé- 
sitations^ parlés  pr<;tresde  Rome. Boni- 
face  II  mourut  lé  Ç  novembre  532  et 
h*eut  pas  Vigifé  pour  successeur  immé- 
diat. On  a  de  ce  pontife  Spistolâad  Cœ» 
sarium  Arèlatensèmy  dans  le  recuejl  <)è 
Çom  Constant. 

fioNiFACE  Vil,  Bomain ,  élu  pape  en 
974 ,  du  vivant  de  Senoft  VI,  malgré  ses 
crimes  et  son  intrusion,  n,'en  est  par  moins 
compté  parmi  jes  papes  légitimes.  Accu- 
sé d  avoir  eu  part  a  la  mort  de  Benoit  V^, 
il  fut  chassé  de  Rome;  mais  i^  jr  revint 
api'ès  la  mort  de^enoityil,  et  trouvant 
le  siège  occupé  par  Jean  XJV,  il  le  fit 
jeter  en  prison,  où  il  mourut  de  faim  et 
de  misère.  Boniface  Yll  mourut  subite- 
ment en  985.  Son  cadavre  fut  Aiutiléy 
pei^cé  de  coups  de  lance ,  et  ex'posé  tout 
nu  devant  la  statue  de  Constantin, 

Boniface  y\^[BcnoU  Cajetan)^  d'A- 
na^ni ,  monta  sur  la  chaire  de  Rome  en 

1294.  ^près  avoir        ■ 

vjnt  successivemei: 

de  Lyon  >  avocat 

Ë.ome,  cardinal  ^ 

Un  IV,  légat  en  $ 

négociateur  aupre 

rains,  arbitra  entr 

roi  c^'Xraj^on,  enl 

Edouard  I*^   px 

tin  y  eut  lieu  le 

par  les  artifices  ^i 

dik  jours  après  il  | 

à  iNaples,  au  grani 

Colonne  et  des  autres  pijjejins. 

Péijarras^é  dé  Cë^lestin,  qui  niourut 
dix  mojs  après,  Çoniface  commença  par 
excomfnunier  ^es  Colonne  éi.  se  jpt 'in- 
staller avec  une  magniQcénce  et  un  fàstè 
qu  on  n'avait  point  encore  vus.  Il  est  vrai- 
sembla^ble  qu'il  se  servit  ,1e  premier  «^ans 
cette  cérémonie  de  la  triple  couronne 
appelée  le  triregnb,  )\  ne  tar^a  paï  a 
lancer  l'excommunication  contre  ^es  jSi- 
çilien8C|ui  refusaient  de  lui  f^ndffiinPi'fr 


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BON 


(676) 


ÈOPÎ 


mage  et  qui  couronnèrent  Frédéric.  Les 
rois  de  France  et  d'Angleterre  ne  vou- 
lant pas  s'en  rapporter  à  sa  médiation , 
sans  la  participation  du  roi  des  Romains, 
Boni  face  ordonna  qu'il  y  aurait  trêve  entre 
eux;  mais  elle  ne  fut  point  acceptée.  £n 
1296  il  fulmina  la  fameuse  bulle  Clericis 
laïcos,  dans  laquelle  il  établissait  en  prin- 
cipe qu'aucun  ecclésiastique  ne  peut  être 
imposé  sans  le  consentement  du  Saint- 
Siège.  Le  clergé  d'Angleterre  applaudit; 
celui  deFrance  garda  le  silence.  Philippe- 
le-Bel  et  les  barons  étaient  résolus  de 
faire  tête  à  l'orage.  Boniface  s'en  aperçut 
et  sembla  se  relâcher  un  peu  de  ses  pré- 
tentions, en  ratifiant  la  levée  de  quelques 
décimes  sur  le  clergé,  par  ses  bulles /{o- 
mana  maier^  et  Coratn  illoy  et  en  cano- 
nisant saint  Louis,  par  sa  bulle  du  11 
tout  1297. 

Malheureusement  l'affaire  de  l'évêque 
dePamiers  détruisit  les  espérances  de  paix 
que  l'on  pouvait  concevoir.  Cet  évêque 
avait  tenu  des  propos  injurieux  contre 
Philippe:  te  roi  le  fit  arrêter;  le  pape  ré- 
clama le  prisonnier  comme  étant  son  jus- 
ticiable et  adressa  en  même  temps  au 
roi  la  bulle  ausculta  fili^  dans  laquelle 
il  développa  avec  une  inconcevable  har- 
diesse les  principes  sur  lesquels  il  fondait 
la  souveraine  puissance  qu'il  osait  s'ar- 
roger^ et  une  autre  qui  commençait  ainsi: 
Scire  te  volumus,  quodin  spiritualibus 
et  terrtporalibus  nobis  subes,  Philippe, 
indigné  de  tant  d'audace,  ordonna,  en 
présence  des  grands  et  des  prélats  assem- 
blés, que  la  bulle  Ausculta  fili^  serait 
brûlée  publiquement,  et  fit  écrire  au  pape 
ces  paroles  si  souvent  répétées  :  Sciât 
maxiina  tua  fatuitas  in  temporali^ 
bus  nos  alicui  non  subesse.  L'exemple 
du  roi  encouragea  la  médisance ,  et  il  n'y 
a  point  de  crimes  qu'on  n'ait  reprocha 
il  Boniface.  On  ne  s'arrêta  pas  là:  il  fut 
décidé  qu'un  concile  général  serait  con- 
voqué à  Lyon  et  que  Boniface  y  serait 
jugé  et  déposé;  en  attendant,  le  roi  et  la 
nation  se  rendaient  appelans  des  bulles 
du  pape.  Boniface  répondit  à  ces  me- 
naces par  la  bulle  Unam  sanctam ,  dans 
laquelle  il  disait  :  «  Quiconque  résiste  à 
la  souveraine  puissance  spirituelle  ré- 
siste à  l'ordre  de  Dieu,  à  moins  qu'il 
ll*admette  deux  principes,  et  que,  par 


conséquent,  il  ne  soit  Manichéen.»  it 
avança  même,  dans  un  discours  prononcé 
à  Anagni ,  en  présence  de  quelques  évé- 
ques  français,  que  si  le  roi  ne  devenait 
plus  sage  il  saurait  le  châtier  comme  un 
petit  garçon  et  lui  6ter  la  couronne. 

Quelque  séditieuses  que  fussent  les 
doctrines  de  Boniface,  elles  n'auraient 
peut-être  pas  produit  tout  le  mal  qu'il 
voulait  t  c'est  pourquoi  il  y  joignit  la 
fourberie,  la  corruption  des  alliés  du  roi 
et  de  plusieurs  évéques  français,  l'ex- 
communication ,  et  tous  les  moyens  de 
nuire  que  peut  inventer  la  méchanceté. 
Philippe,  de  son  côté»  ne  s'oublia  pas;  il  fit 
chasser  honteusement  les  messagers  du  pa- 
pe qui  portaient  la  buHe  d'excommunica- 
tion, et  envoya  des  hommes  de  cœur 
pour  citer  Boniface  au  concile  de  Lyon. 
Le  8  septembre  1303  Guillaume  de  No- 
garet ,  avocat  du  roi,  et  Sciarra-G>lonne , 
à  la  tête  de  300  chevaux  et  de  quelques 
compagnies  de  gens  de  pied ,  entrèrent 
dans  Anagni  aux  cris  de  Meure  le  pape 
Boniface!  vive  le  roi  de  France!  Boni- 
face,  surpris  et  consterné ,  essaya  de  s'en 
tirer  par  un  coup  de  théâtre  :«  Puisque  je 
«  suis  trahi  comme  notre  Sauveur  Jésus- 
«  Christ  pour  être  mis  à  mort ,  s'écrîa- 
«  t-il,  je  veux  au  moins  mourir  eu  pape.» 
Aussitôt  il  se  revêt  de  ses  habits  ponti- 
ficaux et  s'assied  dans  sa  chaire.  Cet  ap- 
pareil n'en  impose  point  à  Nogaret ,  qui 
s'avance  hardiment  et  lui  intime  l'ordre 
de  le  suivre  à  Lyon  :  «  Je  me  consolerai 
«  aisément,  répond  le  pape,  d'être  con- 
«  damné  par  des  Patarins.  «  Colonne , 
outré  de  colère ,  charge  Boniface  d'in- 
jures et  s'emporte  même,  dit-on,  jus- 
qu'à le  frapper  à  la  joue  avec  son  gan- 
telet. D'autres  versions  attribuent  cet 
acte  de  violence  à  Nogaret.  On  s'em- 
pare de  la  personne  du  pontife  et  on  le 
retient  prisonnier  dans  son  propre  pa- 
lais. Quatre  joiurs  après  les  habilans 
d' Anagni  courent  aux  armes,  en  criant: 
Five  le  pape  !  meurent  les  traùres!  Us 
délivrent  Boniface,  qui  se  fait  bientôt 
transporter  à  Borne,  bien  résolu  de  tirer 
vengeance  de  ces  mauvais  traitemens. 
Mais,  au  bout  d'un  mois,  il  y  meurt  d'une 
fièvre  continue,  le  11  octobre  1303. 
Tous  ces  démêlés  sont  racontés  fort  an 
long  dans  V  Histoire  du  d^érend  entre 


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BON 


(677) 


BON 


le  pape  BonifoQe  KIII  et  le  roi  Phi- 
Itppe-le-Bcly  par  Pierre  Papuy,  Pari», 
1655,  io-foL;  et  dans  Touvrage  d* Adrien 
Baillet,  qui  porte  à  ^\x  près  .le  m4me 
litre,  Paris,  1717  et  1718,  in-îi.  On  y 
trouve  également  des  détails  sur  les  suites 
de  ce  fameux  pontificat,  du  temps  de  Be- 
noit XI  et  de  Clément  V, 

Boniface  était  avide  d*argent ,  et  c*est 
pour  en  avoir  qu'il  hasarda  tant  d'entre- 
prises. Il  fit  prêcher  une  croisade,  il  im- 
posa des  contributions  sur  le  clergé,  il 
institua  le  jubilé  séculaire  en  1300,  il 
excommunia  ceux  qui  empêchaient  le 
▼oyage  de  Rome ,  sans  excepter  le  roi. 
Du  reste  il  était  très  savant  dans  le  droit, 
et  il  recueillit,  en  1298,  le  sixième  livre 
des  décrétàles  appelé  l^Sexte*  On  lui  at- 
tribue quelques  opuscules.  Le  Dante  l'a 
placé  dans  l'e/j/êr  parmi  les  simoniaques. 
On  a  dit  de  lui  qu'il  était  monté  sur  la 
chaire  apostolique  comme  un  renard, 
qu'il  avait  régné  comme  un  lion,  et  qu'il 
était  mort  comme  un  chien.  Il  est  pos- 
sible qu'on  ait  exagéré  ses  vices,  mais 
il  est  incontestable  qu'il  en  avait  beau- 
coup et  de  très  graves.  Ses  principes  ont 
été  repoussés  par  l'Église  gallicane,  par 
la  nation  entière,  et  même  par  les  étran- 
gers. Bossuet  n'a  pas  craint  de  dire  que, 
dans  la  bulle  Unam  sanctam ,  il  avance 
un  grand  nombre  d'erreurs  intolérables, 
plus  propres  à  ébranler  la  foi  qu'à  l'af- 
fermir. Ailleurs,  il  relève  les  ei^cès,  les 
hérésies,  les  impiétés,  les  falsifications, 
les  abus  de  l'Écriture-Sainte  dpnt  ses 
autres  bulles  sont  remplies.  Un  grand 
nombre  d'écrivains  de  toutes  les  commu- 
nions et  de  tous  les  pays  ont  pfis  soin 
d'énumérer,  non  pas  seulement  ses  cri- 
mes publics,  mais  encore  ses  plus  hon« 
teux  débordemens.  On  peut  en  voir  un 
échantillon  dans  les  conclusions  prises 
par  Gilles  Aycelin  de  Montaigu,  arche- 
vêque de  Narbonne,  en  pleine  assemblée 
des  Ëtats  du  i*oyaume,  le  14  juin  1303  ; 
elles  sont  rapportées  dans  les  Actes  et 
preuves  des  démêlés  de  Boniface  FUI 
avecPhilippe-4e'Bel,^par'Bsiï\\eljj^,SZ4, 
On  peut  voir  aussi  la  Défense  de  la  décla- 
ration de  1682,  par  Bossuet ,  pour  les 
erreurs  de  doctrine  principalement. 

BoNiFAGB  IX  (Pierre-Thomacelli)y 
Napolitaio,  monta  sur  le  Saint-Siège 


après  la  iBort  d'Urbain  TI ,  le  2  novem- 
bre 1389,  et  il.  .eut  pour  compétiteurs  à 
Avignon  Clément.VII  et  Benoit  XlII.  Il 
établit  les  annales  (vo/.)  ^\  fit,  suivant 
Thierri  de  Niem,  commerce  de  toutes 
sortes  de  grâces  et  de  provisions.  Il  cé- 
lébra le  jubilé  en  1400.  Comme  ses  con- 
currens  d'Avigpon,.  il  feignit  de  vouloir 
mettre  fin  au  schisme,  tandis  qu'en  secret 
il  intriguait  pour  se  maintenir  sur  la 
chaire  pontificale*  Il  mourut  en  1404,  et 
fut  enterré  dans  l'église  de  Saint-Pierre,, 
où  son  tombeau  est  orné  d'qne  épitaphe, 
fastueuse.  On  lui  attribue  des  épitres  et 
des  constitutions.  J.  L. 

BONIFACE  (sajict),  dont  le  vrai 
nom  était  Winfeio,  naquit  dans  le  De- 
vonshire  vers  l'an  680.  Religieux  au  cou- 
vent de  Nutchelle ,  professeur  de  rhéto- 
rique et  de  théologie,  consulté  quelque- 
fois par  les  évêques  et  les  synodes , 
Winfrid  semblait  destiné  à  l'épiscopat, 
quand  le  désir  de  répandre  le  christia- 
nisme en  Frise  et  en  Allemagne  l'enleva 
à  son  pays.  Il  9ç  rendit  en  Frise  l'an  716; 
mais  le  moment  était  inopportun  :  il  se 
tourna  vers  Rome  et  demanda  à  Gré- 
goire II  des  pouvoirs  et  des  instructions 
pour  remplir  une  mission,  sur  les  bords 
de  la  Saale  et  du  Neckar.  Il  avait  k  peine 
commoicé  ses  prédications  dans  ces  con- 
trées loraqu'il  apprit  qu'en  Frise  les 
circonstances  avaient  changé.  Il  y  alla 
seconder  pendant  trois  ans  les  travaux 
du  missionnaire  Willibrod.  Au  bout  de 
quelque  temps  il  retourna  en  Hesse^  y 
prêcha  avec  succès,  et  alla  bientôt  rece- 
voir, dans  un  second  voyage  à  Rome,  la 
consécration  épiscopale,  des.  instructions 
nouvelles  et  des  lettres  de  recommanda- 
tion pour  Charles-Martel,  pour  quelques 
autres  princes  et  quelques  évêques,  qui 
pouvaient  assurer  les  progrès  de  sa  n^is- 
sion.  Encouragé  par  toutes  ces  circons- 
tances, il  abattit  les  sanctuaires  des  païens, 
éleva  des  autels  et  des  églises,  fonda  des 
écoles ,  des  congrégations  et  des  colonies 
chrétiennes ,  en  Saxe,  en  Thuringe  et  en 
Bavière,  et  rendit  à  la  cause  de  l'Évan- 
gile des  services  si  remarquables  que 
Grégoire  III  s'empressa  de  le  nommer 
archevêque  et  primat  d'Allemagne,  avec 
pouvoir  d'établir  des  évêchés  partout  où 
cela  lui  paraîtrait  utile  aux  intérêt!  4« 


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«ON 


(«78) 


Ècffi 


ht  mëùh.  ^\ïi  ébnTèreT  de  m  hitètèU 
Me  le  àkInt-Siége,  Bonifif^,  podr  h 
ifoiiiime  (à\i,  se  reridii  k  Komé.  Il  éti 

Sâftît  avec  iihe  iibuvdle  ifîgnlté,  ccflè 
e  fégat  du  pape  en  Anëma^e ,  et  it 
acheva  àloré  de  fondef  ou  de  régler  les 
évéchés  et  les  dr^èè'sès  dé  p'à^saà;  de 
l'reykînstie  it  de  kifthbbnne  en  Bilvlèrf^è; 
^'Erfiirt  en  ThdHfcgè;  de  Burabburg  eh 
Bes^e;  de  IVurtzbo'urg  èii  Prahcoriîe; 
<l'£}c1iMsedt,  âûHi  le  palafinat  de  Ba- 
vière. d.éi  affâîrei  fcllgieùseï  et  pbW- 
tiquei  de^  fràrité  rdccupèrebt  à  leur 
tbuK  £h  sa  colite  Ae  l^àt  du  SàM-Siê- 
ge;  il  réunit  en  France  un  fefind  nôrfi- 
bre  de  synodea  j^'df  rétablit  tohére 
et  la  disci||>lin^  dans  de^  diocèse^  oh,  de- 
puis (Jdatre-VînçU  itis,  on  rfvaît  ri^llfeé 
toutes  les  asieèôbléès  de  ce  gfetife.  Quarid 
Carlohian,  iMri  dëk  filii  dfe  C*tarlè^-Màf- 
lèl,  se  fut  retiré  kb  Mbrit-Cassî/i  ^fiiir  é'jf 
Uvrei-  à  la  dévotidh  ;  et  que  Chilperlc  III, 
intapkbië  d4  régner;  ëbt  été  ehterfné  dkhs 
uh  autre  mona^tëre,  îiiHi  Bbnîfaèë  don- 
nâ  le  shcré  I  Pépin-le-Bref,  par  o^drè  du 
pàjbe  Zafchàrîii.  Il  fut  ensuite  porté  ^b  lé 
siège  ébiicopail  dé  Slayefecé,  qii'bri  éH- 
geà  en  ittétropoledes  évêchés  dfe  fcdlogiië, 
dé  tbngfei,  «TUlreclit,  tte  fcoirë,  de 
Cbbstâilcè ,  de  Strâ^ourg  ;  de  Spifê  ;  dé 
Wordîs  et  de  Trêves.  Célkil  li  iboîhs  un 
diofcèic  qu'ùh  empire  :  Wlnfirid  ;  pbdl- 
lé  gouVérner,  déâigiia  l'uii  de  iei  dièci- 
pies,  LUlIùk,  et  se  irendît  pour  la  thoi- 
siènîfe  lois  eh  Frise,  pi-édîeÉ'  théâtre  de 
ses  crav\«lûx.  îl  allait  y  àchfeVér  iôh  obu^rë 
lorsqu'il  n^btît-dt  asèâ^slué  dans  kà  tëiite 
par  lés  barbarèé ,  avec  cîntjiiahle-troîs  de 
ses  coinpagnôris.  Cëlilt  lefmiHër,  suivant 


lés  idées  dd  teinj)S,  par  Uri  tosirlyi-e  glb- 
riëuît,  liât  ciW-lère  qu'^vaîeht  lllùiiti^  lëi 
pitii  ^ànds  (ravàux.  Là  dbstëfîté  k  (îlacë 
Winfrrd  piritïi  les  biériHilëtin*  de  TkU 
lémagbe  db'rit  il  est  alptielé  VJf^tre  ;  et 
l'Égtîse  Tét  Inscrit  àû  bombrë  dès  iMtà , 
avec  plusieurs  de  seS  cbllkbdr^tètirè. 

m'Âl  Bdnifâcë  a  làiséè  dte  m\M  \\{iï 
sbiit  k  là  fols  la  meilleure  dé  s^  bibgrà- 
pKîës  (lit  lé  ^ikUiëhtaire  histbriqde  lé  plbs 
cuHéui  sut"  ion  teibplé.  f  Vbif  Boitifadii 
cf>î^^6iié,  ptibllèc*  par  àëraH4is.:^.^>î- 
nales  dès  hêhêàicmis,  iti*  %\hcX^:^^Âttà 
sàrictotUftï^  an  5  jhiti. -^  Àân'alë^  tfé 
Fnldi,  tlaVis  ftettyr  SàrlptiA^Ï  rifrà/fi 


gérntahttiàttrh  ;i:t — -lïattef,  Histoire 
ujiiPèrseUè de  rÊ^Ust  cHf^tfenn'e,  U  il, 
ch.l).  Mr. 

BONlFÂCE  (d^teôit  ï>e).  Il  sépare  la 
Gor^e  et  la  Saraaignè;  ehtrë  les  pohites 
les  plus  rapprochées  des  àéHx  lies  if  n'a 
(fie  deUt  lieues  trois  ^uàft^  dé  largeur. 
Sur  ce  détroit  est  située  M  vîlle  de  Bo'ni- 
face  ou  Bohifacio ,  dans  une  petite  ^é- 
nîhsole  à  Textréihité  de  la  Corse.  C*est 
utië  ^lace  de  gderre  et  le  siégé  d*uh  (t-i- 
bdnal  de  cbrotiterce.  Bonifacib,  éloignée 
d'Ajaccib  de  17  lieues,  a  un  port  ^rd- 
fond  et  siHr,  mai^ddàt  l'entrée  est  diffiëilè. 
Sa  po|rulattloh  est  de  2,500  âmes.     D-6. 

BON^,  Ville  dii  district  de  là  régeilcé 
dé  Cologne ,  d^n^  ta  provincèf  prussienne 
dé  Jdllers;  Clèves  et  Berg,  sur  la  Hve  gâu 
ché  àxt  Khin.  Elle  k  12,000  habîtaéis, 
4  églises  cétholfqnes ,  parmi  le^uelle^ 
oti  dl^in^rue  U  cathédrale  et  régUsë^ 
Sathit-Martîn,  ël,  depuis  1817,  une  église 
protestante.  Bohn  est  le  ^ége  d'une  direc- 
tidn  supérieure  de^iéines.  Cette  ville  pos*- 
aède  une  uhiversité,  un  gymnase  et  trois 
écoles  élémentaires.  L*aé^démîe  de  Léo-^ 
pbld  des  nfituralistes ,  fondée  en  1651, 
et  ijul  liublië  dès  Éph^ihértd^s  [-vof. 
AcxdÉMt*)  depuis  1670,  fdt  tHnsférée 
en  1S08  à  Bonn ,  6Û  «te  fbrttà  Huisi  en 
1818  là  Société  dû  Ba^-Bhin  ;  ^^ur  l'his- 
toire naturelle  et  là  i^Meiitié.  Partfiî  lès 
édifices  de  Bbhh  nous  ëltërdHi,  ëbmriie 
digbeé  de  femar^ue,  l'hôtel-dëville  et  là 
pljlcë  fdmaihè  a^éëtid  MoUndëbtâHëiëti. 
Le*  fabi-lituè!<  ëh  cotbh;  sbie,  VxiûbX  éi 
sJVoti  dëriteht  d'être  hiéutibnn^;  M 
colhtfaërbë  est  î^rinci paiement  cfntfë  \H 
niklHs  de^  Jdifi,  iii  dbihbfë  de  jiluà  dé 
200 ,  et  i(bl  hàbitedé  une  irué  pàrtkti- 
lièk-e. 

Bdrin,  appelée  [iar  lek  RomaiHk  ÈoUkh, 
fdt  oHgihaireHrleht  ixû  de  cëè  foris  qu*ii^ 
établirent  stit-  t^lliàiedi^  pbtdti  dëTAIIë^ 
magTÎë;  Détruit  ku  ^t*  Siècle  et  félevë 
enijuîté  jiar  l'ei^perédi-  Julien,  îl  fût  iuc- 
cëésivenlent  a^éâilli  fikf  léé  Hiids,  les 
FVabcs,  les  Saxbns  et  les  Norriiândà.  En 
942  uh  gràhd  Synode  se  tîht  à  tibnfa. 
En  1073  les  Français  s'y  soutinrent  con- 
tre les  Hollandais,  le^  £$pâghols  et  le^ 
autrichiens.  Af)i*ès  lin  violent  Ubmbar- 
deittént;  ta  Ville  fbî  prise  eh  168§  Jikr  le 
gràhd  Électeur;  mâts  de  Rit  en  Vèîh  i)hé 


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nm 


{él9) 


iOH 


Ctthora  et  Biàribcnniigh  Fiâèlégèfeiit  «& 
1703.  hdi  fbrdfibatibtis  soèCtissitetiieiit 
ajoutées  au  simtïle  teur  d*ehcelnte  dont 
elle  atait  été  revêtue  en  1140  furent  Jjres- 
qiie  entièrement  démolie»  en  1717,  et  de 
leurs  débris  fut  construit  8U^  le  même 
eihplriceflieilt  le  château  électoral 

Bônti  plossédaii  depub  1786  Une  uni- 
versité qui,  en  1801^  ^oiis  la  domination 
française,  (Ht  f^^thëè  et  conteftie  eh  tin 
lycée.  Là  fondation  de  t'nniversité  rhé- 
rkane  à  BonU,  |iar  le  roi  de  Prusse,  eiit 
lieu  le  18  octobre  1818;  il  lUi  fbt  alloué 
sur  le^  caisses  dé  Tétât  une  sbïtime  ariniiclle 
de  8é^5f  9  éctis,  Jointe  à  ieé  ^i-d^t-es  re- 
venus, mdhtatit  â  9,781  ébtos^  4,150  écus 
âont  employés  flnndëllèmënt  pdnr  l'eh-* 
tretiën  de  là  bibliothèque.  L'ancien  châ- 
teau électoriiij  qui  fut  doUbé  à  ëettè  uni- 
versité et  restauré  I  grands  (Vais ,  forme 
Tun  des  p\Qé  bekiiit  édificëi  univëréitàirës 
que  Toti  bOiiniiisse  eil  £urot>e.  Il  cob- 
tient  les  cinq  faculté ,  uhe  bibliothèque 
de  plus  de  60,000  vblbmëé;  tib  iiitisée 
d*antiqultés ,  tlue  colleôtibn  de  plâtrés 
deé  hoëilleùrs  mottîeàui  de  Sculpture  ân-^ 
ciehne ,  wà  ëabîHët  de  ph^si^iië  et  tine 
cliUique  médicale  d'iine  ^astë  étëhdue  ei 
parfaitemebt  organisée.  L'université  doit 
auisi  à  la  libéralité  dit  rbi  Un  aitiphi- 
théâtre  d^anatdmië,  une  écble  tt'écjbltâ- 
tion,  et  l'ànèiéh  cMteau  de  pUlsdbce  de 
Poppëlsdorf  iioutëllemebt  reétâliré,  où 
sObt  t>eri(bhnéës  lëé  cdllëcHon^  2ooldgi> 
qués  et  minéhilbgitjbes:  DeVant  le  châ- 
teùU  se  trorivè  lé  jaMtii  bbtafaidué ,  ainsi 
que  leè  édiece^  et  \eé  terraids  destibé^  à 
nbstitbt  écondmique.  On  à  destidé  à 
l'observatuire  Thnciennë  dodkne,  local 
célèbre  dâbs  toute  l'Allemagne  par  ées 
points  de  hïé  rà^te^ns.  Le  ^ouvërne^ 
ment  prustlèd  a  de  piixi  établi  â  Bofab 
vnàié  im^iriierl^  j^HHr  la  langue  i^né- 
c^ite;  kclùi  là  dii-ëction  de  M.Aûg.- 
Oùil:  de  Sëblëgei,  clidi^é  eti  même  tëmpé 
dé  la  sbirteillancë  dti  àkûkéé  d'antiquités 
germànic^es  et  rdmaines  qtti  à  été  edri- 
chi  pkr  de  nddibrèuses  fduilles  ebti*epri- 
stk  sur  lès  liebt.  LlidiVërsité  de  Bonu 
se  cbm|iose  de  50  professeiirs;  banni  ie^ 
cinq  fàcdlté^,  il^  ëb  k  dèut  dé  théologie, 
rubè  poui-  le^  catholiques,  et  r&utré  pdur 
lés  {ii^dtëlthiis.  Le  tidlhbrë  ûei  étudiabs 
est  de  plus  de  9Ô0.  Voir  les  JhHdlês  âé 


l'Vbipfnùê  rhéàah»  pht^iéûnè,  èd  àU 
lemand.  C.  L. 

BONNE  DÉESSE.  C'était,  disent 
Yamm  et  Lactance,  une  fille  de  Faunné 
tellement  pudique  qu'elle  demebra  tou- 
jours enfermée  parmi  les  femmes,  d'à- 
perçut  jamais  àucUn  homrôé  et  n'en  fut 
jamais  vue,  si  bien  (|d'ils  doivent  ignorer 
jusqu'à  son  nom.  Abssi  le  temple  de  la 
bodûe  déesse  be  s'ouvrait-il  jamais  pour 
les  hommes;  les  mystères  secrets  étaient 
célébrés  par  des  femmes.  Claudius  (voy,) 
viola  ces  mystères.  Quelques  auteurs  sou- 
tiennent que.  sotts  ce  nom  de  bonne 
déesse  od  adorait  la  terre  elle-même.  La 
plds  ancienne  Cérès,  la  Cérès  càbire, 
était  aussi  une  puissance  terrestre;  la 
terre  produit  les  fruits  et  Cérès  ;^Oovt« 
était  la  même  divinité  que  la  bonne 
déesse,  tpioique  dans  lé  culte  on  lès  sé^ 
parât  souvent.  Protectrice  des  animant, 
la  bonne  déesse  s'afipelait  aussi  Fduna, 
pah  Fatua  od  Fatfjella,  soit  de  ce 
qd'ellè  prédisait  du  chantait  les  destins 
{/ata  )  des  femibes  qui  la  consultaient , 
soit  de  ce  que  les  enfaus  ne  faisaient  en- 
tëbdre  leur  voix  (dë^n)  qu'après  avoir 
tddché  la  terre(W>/>Creuzër,«S///i6o/i'^4/e, 
t.II,8ë6^967,t.IV,Jî.  1811.   P.G-Y. 

Uhe  vestale  nommée  Claildia  avait 
élëvS  à  cette  déesse  bn  teniple  sur  le 
modt  Aventin ,  à  l'eddrdit  ôd ,  selob  la 
tradition ,  Heiduk  avait  codsulté  les  aus- 
pices sid*  &6n  projet  de  construire  une 
ville  du  bom  de  Rome.  Quelques  anti- 
qbsdrës  croient  que  le  tediple  de  la  bonne 
déeà^  e^t  Tédifice  qui  a  été  rem|)lâcé 
dans  la  suite  par  l'église  de  l'ordre  de 
Malte.  D'après  une  tradition  mythologi- 
que ^  ia  bonne  déesse ,  é'étant  d ne  fois 
livrée  abt  ëicès  du  vid  ,  avait  été  châtiée 
par  sod  époux ,  à  l'aide  d'une  lirabche 
de  myrte.  C'est ,  dit-od  ,  èd  commëmo- 
ratibb  de  ëet  évébëmebt  ^uë  l'oh  célé- 
brait tèus  les  ané ,  ait  cobidiéucemëni  dé 
mai  à  Rome,  ude  fôté  boctUrnëy  dont 
od  excluait  tous  lè^  hoihibe^  ;  bn  pbus* 
sâft  leè  strdt>ôl6s  de  là  chasteté  jusqu'à 
cbdvrir  d*un  Voile  rilême  leà  tableaux  qui 
rèprésentàiedt  de^  êtres  mâleâ.  Sbus  la 
direction  de  dëdx  vëstàles ,  lëÀ  femmes 
pratiquaient  la  nuit,  dans  la  maison  d'un 
magistrat ,  Ordées  de  iton)t>re ,  dés  céré- 
nSdhië£l  IbcÔDritiëJi  t{Ui  àtàiént  fidi  |iar 


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BON 


(•80) 


BON 


dégénérer  en  une  scandaleuse  lltenoe.  £n 
commémonition  de  Tivresse  de  la  femme 
de  Faune,  on  plaçait  un  vase  couvert 
devant  la  statue  de  la  bonne  déesse  ;  les 
femmes  buvaient  du  vin,  mais  en  se  gar- 
dant de  prononcer  ce  mot.  Il  est  assez 
singulier  que  la  fête  instituée,  à  ce 
qu'il  paraît ,  pour  célébrer  la  simplicité 
chaste  d'une  divinité  de  l'ancien  Lat^um, 
soit  devenue  sous  les  empereurs  un  sujet 
de  scandale ,  flétri  par  les  vers  satiriques 
de  Juvénal. 

Une  preuve  que  le  culte  de  la  bonne 
déesse  était  publiquement  pratiqué  dans 
les  Gaules,  c'est  l'autel  votif  conservé  au 
musée  d'Arles  et  portantcette  inscription  : 
Bonœ  Deœ  Caiena  Prisca  Lib,  Juice  mi- 
nistra.  On  trouva  cet  autel,  qui  est  d'un 
bon  travail,  en  1 758,  dans  l'emplacement 
d'une  église  qui  avait  peut- être  remplacé 
Tancien  temple  de  Cybèle.  D-g. 

BONNE-ESPÉRANCE  (cap  de), 
territoire  de  l'Afrique  méridionale  qui 
prend  son  nom  d'un  cap  situé  à  son  ex* 
trémité  S.-O.  et  s'étend  entre  les  29°  53' 
et  34°  39'  de  latitude  S.  et  les,  14°  50' 
et  25^  de  longitude  X.  Il  est  borné  au 
nord  et  au  nord-est  par  la  Hottentotie , 
à  l'est  par  la  Cafrerie,  au  sud  par  l'Océan 
méridional  et  à  l'ouest  par  l'Océan  Atlan- 
tique. Il  a  environ  270  lieues  dans  sa 
plus  grande  longueur  de  l'ouest-nord- 
ouest  à  Fest-sud-est,  58  à  160  lieues  de 
large,  et  19,000  lieues  carrées  de  su- 
perficie, âa  population,  d'après  un. re- 
censement fait  en  1829,  s'élève  à  129,000 
individus,  tant  blancs  que  Hottentots  et 
Cafres,  dont  35,510  esclaves  et  25,850 
Hottentots.  Peu  de  contrées  offrent  un 
aspect  plus  varié  que  celle-ci.  Elle  est 
traversée  par  trois  principales  chaînes 
de  montagnes  qui  se  dirigent  presque 
parallèlement  de  l'ouest  à  l'est.  Au  nord 
s'élèvent  les  monts  Roggevelds  et  Nieu« 
wevelds,  les  plus  hautes  montagnes  de 
l'Afrique  méridionale,  et  plus  au  sud  les 
Bokkevelds,  les  Lange -Kloof  et  les 
Zwartebergen.  Les  pics  les  plus  remar- 
quables de  ces  montagnes  sont  le  Kom- 
pasberg  (  3,048  mètres  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer),  le  Komberg  (2,446 
mètres),  le  Tafelberg  (montagrfe  de  la 
Table,  1,163  mètres)  et  le  Kœpelberg. 
Il  y  existe  aussi  de  vastes  plaines  cou- 


vertes de  pâUurtges  eu  biver,  mais  eu- 
tièrement  stériles  en  été,  et  qui  ont  reçu 
le  nom  de  karrou.  Des  différentes  chaî- 
nes de  montagnes  découlent  un  grand 
nombre  de  rivières ,  dont  les  plus  consi- 
dérables sont:  la  Groote  Yisch-rivier, 
la  Camtoos,  la  Gaïuits,  formée  de  la 
grande  et  de  la  petite  Gamka  ;  la  Zon- 
4ags,  rOliphants-rivier,  la  grande  et  la 
petite  Doom,  la  Breede-rivier,  la  Sack,la 
Visch-iivier,  la  Riet,  la  Tau,  etc.  Le  cli- 
mat du  Cap ,  d'ailleurs  ti'ès  agréable ,  est 
sujet  à  de  graves  inconvéniens.  Par  une 
fatalité  particulière  tout  est  inondé  dans 
la  saison  pluvieuse,  lorsque  dans  la  sai- 
son sèche  il  pleut  à  peine  un  jour.  Il 
soufQe  aussi  à  cette  époque  un  vent  de 
sud-est  que  l'on  peut  comparer  au  siroco 
de  nos  contrées  méridionales  ^t  qui  est 
accompagné  d'une  poussière  et  d'une 
chaleur  dont  il  est  difficile  de  se  garan- 
tir. Dans  la  ville  du  Cap  le  thermomètre 
s'élève  souvent  en  été  à  37*  (centigrade  ) 
au-dessus  de  0.  Le  sol  y  est  en  général 
fertile;  cependant  sur  environ  4,000 
lieues  de  terres  arables  il  y  en  a  tout 
au  plus  450  de  cultivées.  Un  voyageur 
moderne  (M.  Barrow)  dit  que  les  sept 
dixièmes  du  territoire  entier,  sans  parler 
des  parties  entièrement  incultes,  sont 
privées  de  toute  espèce  de  verdure  pen- 
dant la  majeure  partie  de  l'année.  Ses 
principales  productions  consistent  en 
froment  d'une  très  bonne  quah'té ,  orge, 
avoine,  chanvre,  lin,  coton,  café,  ta- 
bac, vins  estimés,  et  entre  autres  celui 
de  Constance;  figues,  abricots,  oranges, 
dattes,  ol;ves,  noix  de  coco,  aloès,  cire 
végétale,  melons,  concombres,  grena- 
des, etc.  La  province  occidentale  est 
particulièrement  propre  à  la  culture  des 
grains  et  de  la  vigne,  tandis  que  l'orien- 
tale n'offre  guère  que  de  vastes  pâtu- 
rages. C'est  sur  ce  ci^tictère  physique 
qu'est  fondée  la  grande  division  du  pays. 
Le  mûrier  blanc  y  atteint  le  plus  haut 
degré  de  perfection.  Au  nombre  des  ar- 
bres à  fruits  indigènes  sont  :  l'arbre  à 
pain,  le  châtaignier,  l'amandier  et  le  pru- 
nier sauvage.  Le  bois  de  construction  y 
est  rare.  La  botanique  de  cette  partie  de 
l'Afrique  est  d'ailleurs  extrêmement  bril- 
lante, et  il  n'existe  peut-être  dans  aucune 
partie  du  globe  des  plantes  et  des  fleuri 


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BON 


(681) 


BON 


amsl  remarquiblM  par  rélé^anee  des 
formes  et  la  beauté  des  eouleun.  On  y 
élève  de  nombreux  troupeaux  de  gros 
bétail,  de  moutons  à  grosses  queues,  de 
chèvres ,  de  porcs ,  des  chevaux  d'une 
assez  bonne  race,  et  toutes  espèces  de 
volaille ,  comme  dindons ,  canards , 
oies,  etc.  Les  côtes  sont  très  poisson- 
neuses, et  Ton  pèche  dans  différentes 
baies  des  baleines  et  des  veaux  marins. 
Le  règne  animal  offre  ici  des  extrêmes 
presque  dans  tous  les  genres.  Par  exem- 
ple ,  on  y  voit  l'éléphant  et  la  souris  à 
raies  noires,  la  girafe  et  le  petit  zinnik 
ou  viverra,  haut  de  8  pouces;  la  gazelle 
de  la  plus  grande  espèce  et  le  petit  pygmée 
ou  la  gazelle  royale,  qui  a  moins  de  6  pou- 
ces; et  parmi  les  oiseaux  Tautruche  et  le 
grimpereau.  Là  habite  aussi  le  mons- 
trueux hippopotame,  ainsi  que  le  rhi- 
nocéros bicorne.  Sur  trente  espèces 
d'antilopes  le  Cap  en  possède  dix-huit. 
On  y  trouve  également  le  lion  ^  le  léo- 
pard, la  panthère,  différentes  espèces 
de  chats-tigre»)  mais  non  pas  le  tigre 
rayé  de  l'Hindoustan  ;  le  loup>  la  hyène,  le 
chacal ,  etc.  Le  bufQe  peuple  les  bois ,  et 
le  zèbre ,  accompagné  du  kouacha ,  qua- 
drupède plus  fort  et  d'une  forme  plus 
élég^te  encore,  y  erre  paisiblement 
parmi  les  troupeaux  de  gnous ,  singulier 
animal  qui  tient  du  boeuf,  du  cheval ,  du 
cerf  et  de  l'antilope.  Les  montagnes  ser- 
vent de  refuge  à  de  nombreuses  troupes 
de  babouins.  Les  diverses  espèces  de 
serpens  y  sont  très  communes.  Enfin  des 
myriades  de  sauterelles  y  causent  assez 
souvent  les  mêmes  ravages  qu'en  Séné- 
gambie.  Les  oiseaux  sont  très  nombreux. 
L'aigle,  le  vautour  et  le  milan  planent  sur 
les  montagnes.  Le  paon  sauvage  est  non- 
seulement  plus  beau  que  celui  d'Europe, 
mais  il  est  encore  exquis.  Les  perdrix,  les 
faisans ,  les  outardes  de  différentes  espè- 
ces, les  tourterelles,  les  pigeons ^  les 
piverts  abondent  dans  toute  la  colonie. 
On  y  voit  aussi  le  jongle  d'Asie,  avec 
le  double  éperon  ;  le  pelin ,  le  grenadier, 
ainsi  nommé  de  la  touffe  qui  orne  sa 
tète.  Quant  aux  reptiles  et  aux  autres 
animaux  venimeux,  quoiqu'ils  soient 
nombreux  dans  l'intérieur,  on  en  ren- 
contre peu  anx  environs  du  Cap.  Lafour- 
mi  blaucUe  ou  Icrolte  infeste  les  cliamps. 


Il  7  exkte  des  mines  d^argent  ^  de  eni- 
vre, de  fer,  de  plomb  et  de  houille , 
ainsi  que  des  soorces  minérales  et  ther- 
males. L'industrie  manuelle  y  est  encore 
très  arriérée;  les  habitans  tirent  d'Eu- 
rope la  plupart  des  objets  dont  ils  ont 
besoin.  Le  commerce  du  Cap  consiste 
dans  l'exportation  de  vins,  eaux-de-vie, 
cuirs,  huile  de  poisson,  fruits  secs, 
viande  salée,  beurre,  savon,  aloès,  ivoire, 
etc.;  et  dans  l'imporUtion  de  ris,  thé, 
café ,  sucre ,  poivre  et  autres  épices^  vins 
de  France,  étoffes  des  fabriques  de  l'Hin- 
doustan et  de  l'Europe;  souliers,  bottes, 
chapeaux,  outils,  couleurs,  papiers, 
plumes  et  autres  objets  à  écrire,  mo- 
des, etc.  Les  colons  qui  s'adonnent  à 
l'exploitation  du  sol  sont  divisés  en  trois 
classes:  les  vignerons,  lea.collivateura 
de  grains  et  les  pasteurs.  Les  premiers, 
qui  sont  les  plus  civilisés  et  dont  la  posi- 
tion est  la  plus  favorable,  demeurent 
dans  le  voisinage  de  la  ville  du  Cap;  les 
seconds,  qui  en  sont  à  deux  ou  trois 
journées  de  marche  ,  sont  de  mauvais 
agriculteurs  qui  ne  doivent  qu'à  la  fer- 
tilité du  sol  l'aisance  dont  iû  jouissent 
généralement.  Quant  aux  pasteurs  ils 
sont  tout-à-fait  nomades;  ils  errent  d'un 
lieu  à  un  autre  et  n'ont  pour  demeures 
que  des  cabanes  en  paille ,  comme  les 
Hottentots.  Toutefois  on  les  considère 
comme  fort  à  leur  aise,  chaque  famille 
possédant,  dit-on,  de  500  à  600  tètes  de 
gro» bétail  et  4,000  à  6,000  têtes  de  mon- 
tonsp  Chez  les  uns  et  les  autres  tous  les 
travaux  de  l'agriculture  et  autres  se  font 
par  des  esclaves  noirs  et  surtout  par 
des  Hottentots.  La  langue  hollandaise  est 
d'un  usage  général  dans  toute  la  colo- 
nie ,  mais  on  y  parle  aussi  anglais ,  parti- 
culièrement dans  la  ville  du  Cap.  Le 
territoire  du  Cap  est  divisé  en  deux 
grandes  provinces  :  l'orientale  et  l'occi- 
dentale, qui  sont  subdivisées  la  pre- 
mière en  six  et  la  seconde  en  sept  dis- 
tricts. Chaque  district  est  administré  par 
un  bailli  et  six  conseillers  privés.  L'ad-  , 
ministration  supérieure  est  entre  les 
mains  d'un  gouverneur  civil  et  militaire. 
Les  principaux  endroits  sont  le  Cap , 
chef- lieu;  Simonstown,  petite  ville  sur 
la  False-bay ,  avec  de  beaux  chantiera 
de  consU^uciion;  Zwellendam  avec  60Q 


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BON 


(«88) 


mm 


kibkarit;  UHeBUageii  ^  fcbèMfétt  de  U 
prOTÎnce  oKentale  »  oh  s'élèvent  chaqdto 
jour  de  nouTelles  colobies;  Graaf-Rey- 
net  et  Stellenbosch  ne  sont  que  des  tiU 

Le  bap  de  Bonne -Espérance  fut  dé- 
oonyeri  en  1486  par  Bartholomeo  Diaz, 
navigaienr  portugais,  qui,  à  l'aspect  ora- 
geux de  la  mer  au  moment  de  son  arri- 
vée f  ne  vonlut  pas  se  hasarder  au-delà 
et  donita  à  ce  prortiontoire  le  nom  de 
cap  des  TsmpÀes^  que  Joati  II,  doc  de 
Bragaiice,  changea  bientôt  en  celui  de 
cap  de  Bônnt'Espénince.  L'honneur  de 
le  doubler  était  réservé  à  Taseo  de  Ga- 
ma,  et,  en  1 497,  des  navires  européens  se 
raotitrèrent  pour  la  première  fois  dans 
rOoéan- Indien.  Cependant  lès  t^drtti- 
gais  n'y  formèrent  aucUn  établissement. 
£n  1650  les  Hollandais  y  fondèrent  une 
cotoniequ'ils  conservèrent  jusqn'enl  795, 
époque  à  laquelle  les  Anglais  s'en  empa- 
rèrent, mais  fk>nr  la  restittier  ensuite 
après  le  traité  d'Amiens,  Tttiiibée  de  nou- 
veau en  leur  pouvoir  en  180<(,  la  pos- 
session leur  en  à  été  cotlfirUiée  par  lé  cou- 
grès  de  Vienne,  en  1815. 

Ld  Ville  bu  Cap,  le  chef-liëtl  de  la  colo- 
nie du  cap  de  âon  ne-Espérance,  eâl  située 
dans  une  petite  folaine,  an  pied  des  mon- 
Ugties  de  U  Tablfe  et  du  Didble  (Duitelé- 
bei-g)  et  au  fond  de  la  baie  de  la  Table; 
avec  uH  Vààte  château  fort ,'  dés  red<*tt- 
teit  et  des  batteries:  Ses  priflfeîpalëé  rues^ 
qui  Se  dirigeht  parallèlement  ah  rlviige; 
sont  tirées  atl  cordeau  et  se  coupent  k 
ahgle  drblt  âvec  d'autreà  plhà  pèttteél. 
Elles  sont  larges  et  bordées  de  deut  rangs 
d^  thèoei  ;  plusieurs  ont  aussi  de  petite 
cfltiaux  égalemetit  plaUté^  d'arbre^.  La 
plupart  des  tnaisons  ont  troii  oïl  quatre 
étages.  Elles  sont  bâties  en  briquée  od  en 
grantt  rougeâtre^  généralehient  recrépieé 
en  plàtrë  et  blanchies  à  la  chaux.  Elles 
ont  presque  toutes  des  toits  eb  terrassé  et 
de  béant  jardins  p^r-dërrièrfe.  On  f  te- 
mttrqhe  surtout  celui  de  la  CompagUlë 
des  Indes,  qui  renferme  tin  jardid  bota- 
nique et  une  tUénagerie  ;  lès  th>is  places 
pUbKqaéS,  et  particulièrement  la  place 
d'arhies  sut*  laquelle  s'élève  la  BdUrse; 
l'hôtel-de-Ville,  bel  édifice,  lescaseirnes, 
les  églises  catholique  et  hithérifcnW.  Ou 
voit  à  une  demi  -  lieue  de  son  enceinte 


uH  Vastft  bôpitid.  Bile  pbiMs  ttn  bblt^ 
et  une  bibliothèque  publique. 

Cette  ville,  fondée  eh  1653  par  Vân 
Riebeck,  est  importante  eomtfie  le  pbint 
intermédiaire  du  trajet  que  Mhi  lès  bfl- 
timeds  qui  se  Rendent  dân^  l'Océdu-In- 
dien,  dohtelle  peut  être  eonsldéréeeodi- 
me  la  clef  en  temps  de  guërfe;  Elle  é^t 
d'ailleurs  l'eUtrepôt  géuérut  de  tout  le 
commerce  qui  se  fkit  ehtre  la  cUlonlè  et 
k  métropole.  Sa  populatidti  s'élèfe  au- 
jourd'hui à  environ  20,000  ibdividud, 
tant  Européens  t]ue  Nègres  et  Hbttebtoti. 
Lat.  S.  83^  55',  long.  E.  16**  t\  J.  M.  0. 

ftONNBT  (CHAELts)  naqdit  à  Ge- 
nève en  1720.  Sa  famille;  originaire  dé 
France,  avait  été  forbéê  de  s'etpalHet'  éH 
1572  ei  à  bhefchër  en  Suisse  uri  abH 
contre  les  fureurs  de  la  gueire  civile,  qtie 
l'itttoléfance  religieuse  avait  tfllilmée; 
non-seulettient  elte  ti*ouVa  sur  cette  terre 
étt-angère  là  géuéreuse  hospitalité  qu*oil 
y  accordait  aux  réfugiée ,  tniié  elle  y  Ait 
encore  entclufée  dé  la  Oonëidéràtidn  àtté- 
cfaée  aux  nremières  places  de  la  hiagiàtra^ 
ture  que  lui  couda  la  république  de  Ge- 
nève. Tel  devftit  être  l'héritage  réaërté 
à  notre  philosophe,  destiné  par  safuMiile 
à  parcourir  la  caririèrede  la  j  drisprudencei 

La  nature  l'avait  doué  d'tm  gédie  ttKip 
vaste ,  d'une  amfe  tK>p  seosTblë  pbu^  it 
borner  à  ëettë  science.  Il  puisa  dans  feif 
œuvres  de  PlUche,  de  RéauMUr,  èélèbreS 
naturalistes  côntempotidns,  un  godt  dé- 
cidé pour  Fétttde  des  teèrvtiHeîi  dé  M 
nature  et  s'y  oonAcrâ  sad^  mtm^  et  Mb* 
partage. 

Dès  l'âge  de  20  aus  fl  puMià  te  ré- 
sultat de  ses  première^  oteertation^,  ei 
cet  essai  e^  un  dte  ontMgte  qui  ooi  ht>- 
noré  la  sciëuce.  Ayadt  appliqué  à  plu  < 
sieurs  insectes  les  etpéHehces  que  venait 
de  fair#  Trembley  sUr  Ih  reproduetiott  à 
rinûni  des  (Mjlyfies,  pfti*inclsioii,  il  i-é- 
coUnut  chèi  plusieurs  d'etftrë  Cdx  lit 
mêMe  propt-iétë:  Il  dêcodVHt  là  fécondité 
des  puearohs,  èàM  Ib  Hioyett  de  flicCiotl- 
plemedt,  pendant  plusieurs  gétléHliittlis  , 
et  fit  \èi  ésàai^  les  plus  cut^éux  sut*  l'ap* 
pareil  resplt^toire  dès  chenille^ ,  dèit  |Hh- 
pillont)  et  sur  hi  dtrudtthè  dd  tœdi^.  Oi 
expéri&ncës  sont  consignées  èàtis  ét^n 
Diêitë  ttiHitètdhgié,  titMtfé  éll  MlliB^ 
en  1745. 


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BON  ( 

£â  1764  parut  toè  seoodd  ouvrage  bù 

^il  traite  de  l'usage  dei  feuilles  i  tt  sont 
's«s  découvertes  sur  la  physique  végéule 
dmit  la  nouveauté  et  les  UéUils  piquans 
ont  fixé  Tattention  de  tous  les  naturalistes. 
I^  semble  ^ue  Fauteur  ait  surpris  la  na- 
ture sur  le  fait,  tant  il  développe  avec 
netteté  les  rapports  des  végétaux  avec  les 
élémens  qui  les  entourent ,  les  moyens 
que  ces  êtres,  en  apparence  dUtèmati- 
ques,  emploient  pour  diriger  vers  l'air 
les  appareils  qui  leur  serrent  à  lé  respi- 
rer ;  veri  le  soleil  ceux  qui  leur  ap(>dr- 
tent  son  influence  fécobdante,  et  leurs 
racines  vers  les  pointa  du  soi  ôè  elles 
rencontret-odt  les  sucs  appropriés  à  leur 
nourriture;  en  iin  mot,  tous  les  soins 
que,  comme  toUs  les  êtres  vivans,  les 
plantes  ^mbteni  prendre  pour  leur  pro- 
pre conservation; 

Dans  ses  Considérations  sur  les  corps 
o^mVt'^(  1762- 68),  Bonnet  rassemble 
et  Compare  tontes  les  notions  les  plus 
certaidès  sur  leur  origine  et  leur  repr<f-> 
duction.  Il  eomlKit  les  épigénésistei^  selon 
lesquels  le  produit  de  la  génération  est 
formé  dans  sob  entier  de  toutes  piè- 
ces, par  la  réunibn  des  molécules  orga- 
nique^ subitement  rapprochées  en  vertu 
de  Tacte  générateur  auquel  il  ne  pré- 
existait pas  et  dont  il  a  reçu  toutes  ses 
pértied  avec  leur  coordination  et  leuré 
propriéiéi;  Ge  Système  des  molécules  or- 
ganiques ^  exposé  pér  BulTon  avec  les 
ohartneii  d'une  éloquence  entraînante  et 
si  vivement  attaqué  parHéller,'Bonbet  eu 
acheva  la  nlincl  pour  établir  kur  se*  dé- 
bris le  i^stème  des  germeé;  aystème  d'a- 
près lequeHe  germe  préexistant  à  l'ucta 
génératiéuf  et  Renfermant  toutes  les  par- 
ties de  l'iétre  qu'il  est  destiné  à  repré- 
senter ^  sort  par  l'acte  féedndaot  dé  k 
torpeur  ok  il  Se  trduvaés,  pdur  vi- 
vre de  cette  vie  active  qui  ke  conduit  à 
sàn  entier  développement;  Bonnet  s'é- 
gara, il  est  vrai,'  en  définissant  le  germe 
une  espèce  de  préforhiatibd  briginelle 
dont  un  tout  organique  pouvait  résulter 
cmnifie  de  son  principe  immédiat;  mais 
telle  sera  toujours  la  conditîoh  de  qui- 
couqiië  voudra  explique^  l'origine  des 
êtres  et  résbudre  Un  problème  abandbnné 
aux  éternelles  disputes  dès  bommes  par 
rinteiligenee  suprême ,  qtA  ék  rééeHè  fce 


) 


BOM 


secret  Toutefois  ba  sTétoime  de  la  ttiol- 
tiplicité  et  de  la  variété  des  expériences 
de  l'auteur,  de  sa  persévéraUte  patience^ 
de  la  sagacité  avec  laquelle  il  les  coor^ 
donne  pour  en  faire  la  base  de  sa  doc- 
trine. 

Une  vaste  carrière  s'ouvrait  ebcore 
devant  le  savant  observateur  après  avoir 
déjà  tant  agrandi  le  domaine  d'une 
science  qui,  sans  doute,  lui  aurait  dA 
bien  d'autres  progrès;  mais  il  était  ar- 
rivé au  point  oÀ  il  fut  forcé  d'arrêter 
cette  marche  si  rapide.  Comme  si  elle 
eût  été  jalouse  des  succès  de  celui  k  qui 
elle  ne  pouvait  plus  cacher  ses  mystè- 
res ,  la  nature  l'en  punit  en  lui  arrachant 
le  flambeau  qui  le  guidait  dans  ses  re- 
cberches.  Sa  vue,  très  faible  d'ailleurs, 
fut  bientôt  fatiguée,  tant  par  larédac-» 
tion  de  ses  immenses  ouvrages  qtle  par 
la  correspondance  presque  journalière 
qu'il  entretenait  avec  tous  les  stvans  de 
l'Europe. 

Il  arrêta  donc  le  cours  de  ses  expé- 
riences et  se  livra  à  l'étude  de  la  pbilo- 
sopble  générale. 

Son  Essaidepsychblogie^  publié  en 
1 754 ,  et  V Essai  analytique  desfacnltés 
de  Vante  f  qui  parut  en  176D,  Sont  des 
moBuraeus  élevés  à  la  hardiesse  et  à  k 
profondeur  des  conceptions  humaines. 
Parti  du  principe  de  relation  entre  l'ame 
et  le  corps ^  il  en  conclut  la  nécessité 
d'un  brgane  matériel  pour  l'exercice  de 
l'intelligence;  il  explique  par  l'excitation 
des  molébules  de  cet  organe  rassobla- 
tiou  des  idées  dont  les  sena  sbnt  la  sour- 
ce. Peur  lui ,  l'influence  du  physique  sur 
le  moral  est  en  dehors  dé  toute  coûtes-' 
tation.  Sur  fce  siège  de  l'ame  on  lui  doit 
une  idée  ingénieuse,  trop  subtile  peut- 
être  :  ne  pouvant  concilier  son  ftnmaté- 
rialité  avec  l'oecMpation  d'une  partie  de 
l'eSpacè,  il  veut  que  l'ame  tie  soit  que 
présente  au  cerveau  et,  par  cet  organe, 
au  reste  du  corps.  Sod  examen  sur  l'étit 
de  l'ame  après  la  conoeption,  HU  mo- 
ment de  la  baissànce  et  après,  s'égartt 
dans  le  vague  des  hypothèses  :  il  tHï  bfeto 
de  commun  avec  tous  les  phlIdsopheS 
qui  le  précédèneut. 

Cest  dans  sa  Contemplathn  delà  na- 
ture (1764-6S)  que  Son  gétiie  se  déploie 
to«l  entier.  D'une  Miu  hàrdi«  et  assu- 


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BON  (  «84  ) 

rée  il  trace  cette  éckelle  des  êtres  qui 
prend 


BON 


source  et  se  perd  dans  Vim* 
înensité,  et  place  chaque  être  dans  le  liea 
que  lui  assigue  son  degré  de  perfection- 
neœent  corporel  et  spirituel,  comme  il 
place  les  mondes  dans  la  sphère  ou  cha-^ 
cun  d'eux  est  soumis  à  des  lois  particu- 
lières; puis  il  les  rattache  tous  à  un  sys- 
tème principal  et  unique,  coordonnant 
tout  à  rharmonie  de  Tunivers.  On  le  voit 
suivre,  sans  s'écarter,  la  progression  gra- 
duelle qu'on  remarque  dans  la  création , 
comparer  Téconomie  végétale  et  animale, 
établir  entre  l'une  et  Taulre  les  parallèles 
les  plus  i«igénieux.  Dans  cet  ouvrage,  il 
consacre  à  l'industrie  des  animaux  un  de 
ses  chapitres  les  plus  brillans ,  tant  par  la 
ridieste  des  observations  que  par  k  fi- 
nesse des  aperçus. 

Entraîné  par  les  conséquences  du  prin- 
cipe de  l'immatérialité  et  de  l'immortalité 
de  l'ame  chez  l'homme,  il  se  voit  forcé 
à  reconnaître  à  l'ame  des  bêtes  la  même 
prérogative.  Sa  PaUngénésie  philoso- 
phique, publiée  en  1770*,  semble  leur 
promettre  une  vie  future,  l'accnusse- 
ment  de  leur  industrie,  le  changement 
de  leur  nature.  Il  va  plus  loin  enobre  : 
la  sensibilité  qu'il  a  observée  dans  lèi 
plantes,  et  qu'on  ne  peut,  selon  lui,  n'at- 
tribuer qu'à  un  principe  immatériel,  le 
détermine  à  regarder  comme  probable 
la  survivance  de  ce  principe  et  le  pas- 
sage à  un  autre  ordre  dan*  l'échelle  de 
l'animalité. 

On  se  brise  contre  les  écueils  quand 
on  parcourt  une  mer  inconnue  :  tel  fut 
le  sort  de  Bonnet  et  de  tous  ceux  qui 
voulurent  aborder  une  question  aussi  ar- 
due. Mais  il  est  à  remarquer  qu'embar^ 
rassé»  comme  tous  les  immatérialistes , 
par  les  expériences  sur  le  mode  de  mul- 
tiplication des  polypes  et  autres  infusoi- 
res,  il  aviait  eu  peine  à  écarter  les  ob- 
jections foudroyantes  qu'elles  fontnaitre 
cx>ntre  l'existence  d'un  principe  spirituel 
de  la  vie  animale;  qu'il  avait  écrit  que^ 
pour  varier  les  âmes,  il  suffisait  à  Dieu 
de  varier  les  cerveaux;  que  si  l'ame  hu- 
maine habitait  le  cerveau  d'un  animal, 
elle  serait  autrement  impressionnée.  Il 
abordait  le  matérialisme  dont  il  avait 
horreur,  et,  forcé  dans  ses  derniers  re- 
ir^nchemeqs,  il  crut  devoir  accc»rder  plus 


qu'on  ne  lui  demandait.  TootAfibia  il  ré- 
pond, «vec  cette  dignité  qui  lui  apparte- 
nait^ que,  tout  matérialiste  qu'on  le  sup- 
pose, il  a  donné  la  plus  grande  preuve  de 
l'immatérialité  de  rame,et  que  si  on  venait 
enfin  à  découvrir  que  la  matière  pense, 
ce  serait  une  preuve  de  plus  de  la  puis- 
sance qui  aurait  doué  la  matière  de  la 
faculté  jde  penser. 

£n  1 773  parurent  les  JRecAerc^f/7^1- 
losophiques  sur  Us  preuves  du  chrisùa- 
nisme,  D^enseur  de  la  révélation.  Bon- 
net déelara  toutefois  que  le  chnstianisme 
ne  consiste  pas  dans  des  idées  spéculati- 
ves sur  toutes  les  questions  dogmatiques 
soulevées  par  l'orgueil  de  la  théologie; 
qu'il  n'est  que  le  développement  de  la 
religion  naturelle  et  de  la  raison  ;  que  ce 
n'est  point  Dieu  qui  est  l'objet  direct  de 
la  religion,  mais  l'homme,  parce  qu'elle 
est  faite  pornr  soft  bonheur;  qu'à  tort  le 
christianisme  se  soulève  contre  la  philo- 
sophie avec  laquelle  il  devrait  s'unir;  qu'il 
a  son  plus  grand  ennemi  dans  l'indiscrète 
curiosité  théologique  qnl^  en  voulant 
l'expliquer,  le  rend  odieux  et  ridicule. 

La  modestie  fut  une  des  qualités  na- 
turelles de  l'ilkiitre  philosophe.  «  Ces 
oc  mots^  j'ai  tort,  disait-il,  doivent  tou- 
«  jours  être  sur  les  lèvres  de  l'homme 
«  convaincu  d'erreur.  »  Dans  la  préface 
de  ses  ouvrages,  il  veut  en  donner  la 
gloire  à  Réaumur  et  attribue  au  hasard , 
qui  l'a  mieux  servi,  les  observations  qu'il 
publie  et  qui  ont  échappé  à  ce  savant , 
dont  il  se  dit  l'élève. 

Cette  noble  franchise,  tant  de  simpli- 
cité et  de  modestie, ne  purent  le  sous- 
traire aux  attaques  de  l'^ivie.  H  eut  à 
supporter  les  sarcasmes  du  philosophe 
de  Femey;  et  l'homme  que  plusieurs 
sociétéa  savantes  s'honoraient  de  coispter 
parmi  leurs  membres  fut  long  -  temps 
sans  occuper  un  rang  dans  l'Académie 
de  Paris,  parce  qu'on  ne  lui  pardonnait 
pas  d'avoir  attaqué  avec  succès  les  saines 
idées  que  le  Jtine  français  «vait  dévelop- 
pées dans  son  système. 

Charles  Bonnet  mourut  à  Genève,  le 
20  mai  1793 ,  âgé  de  78  ans.  Ses  ouvra- 
ges, réunis,  en  1799,  en  8  vol.  in-4^,  ou 
en  12  vol.  in-8^ ,  offi  été  traduits  dans 
presque  toutes  les  langues.       L.  d.  C 

BONNET  (Louis-Fuudxhaiid}»  né  i 


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BON 


t685) 


BON 


l^arîs  en  1760,  a  étérune  des  illustrations 
du  barreau  français  moderne.  Lesbrillans 
succàs  de  ses  études  avaient  été  pour  lui 
le  présage  de  succès  plus  glorieux.  Élève 
du  collège  Mazarin ,  il  remporta  au  con- 
cours général  des  dix  collèges  réunis  le 
premier  prix  de  discours  français;  ses 
professeurs  lui  conseillèrent  d*embrasser 
la  carrière  du  barreau ,  et  leur  prévision 
ne  fut  pas  trompée.  Le  jeune  avocat  se 
distingua  de  bonne  heure  par  de  grandes 
qualités  oratoires,  et,  dès  son  début,  ses 
succès  fixèrent  sur  lui  l'attention.  Admis 
au  stage  en  1783,  il  fut  inscrit  sur  le  ta- 
bleau en  1787.  Choisi  l'année  précédente 
pour  faire  le  discours  de  rentrée  à  la 
conférence  de  la  bibliothèque  des  avo- 
cats, il  s*en  était  acquitté  d'une  manière 
brillante.  Il  avait  pris  pour  texte  les  trois 
ftges^  de  l'avocat  :  le  suj^et  était  vaste  et  il 
fallait  sentir  sa  force  pour  entreprendre 
de  le  traiter;  le  jeune  orateur  s'était  bien 
jugé  et  son  discours  fit  sensation  au  pa- 
lais. Ce  premier  succès  ne  tarda  pas  à  être 
suivi  d'un  plus  grand.  La  fameuse  affaire 
Kommann  venait  d'éclater  :  on  y  voyait 
figurer  Bergasse,  Beaumarchais,  le  prince 
de  Nassau  et  l'élite  des  avocats  de  Paris. 
M.  Bonnet  fut  choisi  pour  défenseur  de 
IVf  *  Kommann.  Au  milieu  de  tant  d'o- 
rateurs déjà  célèbres ,  il  soutint  glorieu- 
sement la  lutte  :  il  égala  les  uns,  éclipsa 
les  autres ,  et  M""*  Kornmann  ayant  ga- 
gné son  procès,  le  talent  du  jeune  orateur, 
connu  et  apprécié  de  tous,  lui  procura 
bientôt  l'occasion  d'une  foule  de  nou- 
veaux triomphes. 

Lorsque  la  révolution  arriva,  il  était, 
à  SO  ans,  à  la  tête  du  barreau  de  Paris; 
mais  bientôt  ce  corps  célèbre  fut  aboli 
comme  tant  d'autres.  M.  Bonnet  ne  se 
laissa  pas  néanmoins  entraîner  au  flot  de 
la  tourmente  politique.  Pur  de  tout  ex- 
cès et  fidèle  à  la  dignité  et  à  l'indépen- 
dance de  sa  profession ,  il  attendit  que 
l'ordre  judiciaire  eût  été  rétabli  pour  re- 
paraître an  barreau ,  et  il  y  reprit  son 
rang.  Cette  époque  d'un  droit  ancien  qui 
finit  et  d'un  droit  nouveau  qui  commence 
fut  féconde  en  grandes  questions  :  M.  Bon- 
net fut  appelé  à  en  plaider  un  grand 
nombre.  L'une  d^  plus  importantes  fut 
l'afTaire  Lanefranque.  On  y  voyait  le  su- 
borneur d'une  femme  mariée  venir  ef^ 


frontément  demander  à  la  justice  la  nul- 
lité du  mariage  de  la  femme  qu'il  avait 
séduite  et  produire  insolemment,  comme 
une  preuve  de  ses  droits,  les  fruits  de 
son  adultère.  M.  Bonnet ,  dans  une  im- 
provisation brillante,  l'accabla  de  toute 
l'indignation  dont  il  était  animé,  et  ter- 
mina sa  plaidoirie  par  un  mouvement 
oratoire  des  plus  remarquables. 

Bientôt  après  se  présenta  la  défense 
du  général  Moreau,  le  plus  beau  titre  de 
glohre  de  M.  Bonnet.  Son  indépendance 
et  son  courage  furent  dignes  de  son  élo- 
quence; le  retentissement  de  son  plai- 
doyer fut  immense,  et  l'on  se  souvient 
encore  aujourd'hui  de  la  véhémence  avec 
laquelle  il  releva  le  procureur- général 
qui  avait  osé  l'interrompre  pour  dire  que 
Moreau  était  un  traître.  Son  plaidoyer 
improvisé  fut  plus  qu'un  beau  discours; 
pour  me  servir  d'une  expression  connue, 
ce  fut  une  belle  action,  une  action  glo- 
rieuse non-seulement  pour  lui,  mais  pour 
son  ordre  tout  entier. 

M.  Bonnet  exerça  depuis  sa  profession 
avec  un  éclat  toujours  digne  du  défen- 
seur de  Moreau.  Il  fut  nommé  d'office 
pour  défendre  Louvel.  Nommé  deux  fois 
de  suite  bâtonnier  de  l'ordre  en  1816  et 
1816,  il  fut  nommé,  en  1820,  membre 
de  la  Chambre  des  députés  par  la  ri  Ile 
de  Paris,  et  réélu  en  1834.  M.  Bonnet 
fnt  un  des  vice-présidens  de  la  Chambre 
pendant  la  session  de  1820.  Il  fut  chargé 
pendant  ces  deux  législatures  de  travaux 
importans  et  prononça  plusieurs  dis- 
cours remarquables.  £n  1 836  il  fut  nom- 
mé conseiller  à  la  cour  de  cassation ,  et 
dans  ces  fonctions  il  a  encore  su  se  con- 
cilier l'attachement  et  l'estime  de  ses 
nouveaux  collègues.  Les  magistrats  ont 
retrouvé  dans  lui  les  qualités  brillantes 
qui  distinguaient  l'avocat  et  lui  ont  rendu 
la  même  justice  qu'il  avait  toujours  ob- 
tenue de  ses  anciens  confrères  et  de  tous 
ceux  qui  l'ont  connu. 

On  a  de  hii  le  discours  sm*  les  trois  âges 
de  l'avocat,  les  plaidoyers  dans  les  affaires 
Kommann  et  Lanefranque,  la  défense  de 
Moreau,  et  un  mémoire  remarquable  pour 
Julie  Jaquemin  dans  l'afftirre  de  l'empoi- 
sonnement  de  Choisi.  Les  éditeurs  des  An* 
nains  du  barrean  français  ont  recueilli 
G«s^i]iiore«flRix  dint  l«  8*^*  voL  de  leur 


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BON 


(686) 


BOlf 


oollec|k>ii  et  les  opt  fait  précéder  d'une 
notice  ^^ds  laquelle  l^I.  Dupia  jeune  fait 
justement  apprécier  le  talent  et  les  qua- 
lités de  M.  BonDejL 

M.  ^ules  Bonnet,  son  fib|  ex-avocat 
du  présor,  connu  par  ses  succès  an  bar- 
reau et  par  plusieurs  brochures,  a  publié, 
en  iS^6y  la  traduction  des  œuvres  com- 
plètes de  Mackensie,  en  5  vol.  in-12.  f .  Q. 

QpN^ETI^,  npm  par  lequef  on 
désigne  les  personnes  qui  vendent  et  font 
fabriquer  divers  articles  d'habillement 
en  coton  et  en  laine.  Ce  ne  sont  pas  seu- 
lement des  bonnets,  comme  le  nom  sem- 
ble le  faire  entendre,  mais  des  ba^  (il  y 
avait  jadis  ^es  chaussetiers),  des  gilets 
avec  ou  sans  mancbes,  des  calerons,  e^ 
,Tous  ces  objets  d'ailleurs  se  ^ont  au 
moyen  cju  métier  à  bas  {vojr.'^y  e,t  cette  in- 
dustriea  étéportée  dans  ces  derniers  temps 
au  plus  ^aut  degré  de  perfection,  sous 
)e  double  rapport  4e  ^a  bonne  exécution 
et  <f  u  très  bas  prix  des  pro4ui^.  Fojr,  Pas 
(fabricant  de)      ^  p.  ft. 

^p^N£X$  (faction  4es)yVojr.  Cha- 
peaux. 

BONN^VAIi  (Claudk-Alexakdilb, 
comte  de),  connu  aussi  sous  le  nom 
d'^-CHMET  Pacha,  aventurier  célèbre, 
naquit  en  1675  à  Coussac,  dans  le  Li- 
mousin ,  d'une  famille  très  distinguée.  A 
l'âge  de  16  ans  il  entra  dans  la  garde  no- 
ble du  roi ,  où  il  fvt  remarqué  par  son 
penchant  prononcé  pour  la.  débauche 
non  moins  que  par  sa  bravoure  à  la  guerre 
et  par  ses  capacités  stratégiques;  le  ma- 
réchal de  J^uxembourg  l'honorait  de  son 
estime.  Ijors  de  la  guerre  pour  la  succes- 
sion d'Espagne,  en  1701,  il  obtint  Tau- 
torisfi^tion  de  recruter  un  régiment  dont 
il  fut  nommé  colojn^  et  qu'il  conduisit 
en  I^talie.  {^es  exactions  par  lesquelles  il 
cherchait  à  pourvoir  à  de  pressans  be- 
soins engagèrent  le  ministre  4e  la  guerre 
a  lui  refMser  l'avancemient  auquel  s'atten- 
dait Bonneval  qui  s'était  distingué  dans 
plusieurs  occasions*  Outré  4e  ce  r^fns , 
il  éclata  en  propos  violens  contre  le  mjr« 
nistre  Qiamillar4  et  madame  de  Mainte- 
non,  et,  ayant  donné  sa  d^ission,  il  sut 
se  soustraire  par  une  fuite  prompte  à  son 
arrestation  qui  avait  été  ordonnée.  Jl  vécut 
alors  dans  différentes  coucs  de  l'AllepMi- 
gfM,  £a  ]1706  U  <ri>lW.I#jniiig.A9jiMy<MK 


généra^  dans  Termée  impériale,  ^  sçmi^  {e 
commandementdu  prince  pugène,il  porta 
les  armes  contre  sa  patrie.  £n  1708  il  pé- 
nétra dans  l'État  de  l'église.  Lors  de  la 
paix  de  Easudt,  en  17 ^,  le  prince  fit, 
par  son  intercession,  annuleiç  )fe  procès 
qui  avai^  éié  intenjLé  à  Bonneval  pour  cri- 
me de  baufe  trahison,  et  f,*on  .consentît 
mime  à  la  restitution  4e  ses  biens;  cepen- 
dant, malgré  un  loçg  procès,  ^onneval  ne 
réussit  pas  à  en  déposséder  son  frère  quf 
s'en  étai^  emparé.  Il  prit  part  à  la  guerre 
4e  1716  enjLre  l'i^utriche  ^la  ^Turquie; 
peu  4®  temps  auparavant  U  avait  été 
élevé  au  grade  de  îieutenanf-général  de 
l'infanterie.  I)  se  distingua  si^tout  à  la 
prise  4ç  Temesyar  (^  ^  ao^t)}  son  ré- 
giment ayant  pris  )es  quartiers  d'hiver, 
il  SjO  rendit  à  Yienpe ,  ei  ^ès  que  i'étal 
4e  ses  blessures  te  lui  peri^it,  il  partit 
pour  ^aris  ou  il**  fut  reçu;  avec  grande 
4istinciion.  Après  la  paix  4e  Passarqwîtz, 
du- 21  juillet  jjt^^  il  jtiit  nommé  mem- 
bre du  conseil  aulique  de  la  guerre  à 
Vienne.  |Cepen4ant  sa  légèreté,  ses  dé- 
buches, son  penchant  pour  lepersiCQage, 
et  surtout  la  prétention  qu'il  avait  de 
s'immiscer  dans  les  affaires  4e  famille  du 
prince  JLugène,  engagèrent  ce  dernier  à 
l'éloigner  en  le  faisant  nommer  général 
en  chef  4*^^)Iene  dans  les  Pays-Bas. 
J^nnevaJ,  brûlant  du  désir  de  se  venger 
de  son  bienfaiteur,  se  rendit  à  Bruxelles 
et  fit  parvenir  à  Vienne  des  plaintes  fré- 
quences et  mal  fondées  contre  le  marquis 
de  Prie ,  vice-gouverneur  ^es  Pays-Bas 
et  favori  du  prince.  Ses  menées  néan- 
moins fesjtèrent  sans  résultat,  et  le  mar- 
quas, qui  de  son  côté  avait  travaillé  à  dis- 
créditer Bonneval,  reçut  l'ordre  de  s'em- 
parer de  sa  personne  et  de  le  retenir  dans 
la  cita4elle  d'Anvers.  Presque  en  même 
temps  il  fut  enjoint  à  J^onneval  de  se  pré- 
senter à  Vienne  pour  y  rendre  compte  de 
sa  conduite;  mais,  au^ieu  d^obéir,  il  se 
ren4it  à  La  Haye  où  il  resta  un  mois  en- 
tier. A  la  fin,  il  se  mit  pourtant  en  route 
pour  Vienne;  mais  avant  d'y  arriver  il 
fut  arrêté  et  conduit  au  Spielberg  (r>px^y. 
Un  procès  lui  fut  intenté  et  le  conse^  4^^ 
guerre  prononça  contre  lui  la  peine  ^e 
mort,  qjui  fut  commuée  par  l'empereur 
£n  une  année  de  détention  dans  la  forte- 
r^ste.  4j^rjea(pi|?|t^o  4<  •'L  peine,  il  fisi 


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escorté  jinqw'à  1^  frontière,  et  il  îni  fut 
enjoint  de  ne  jamais  remettre  le  pied  sur 
le  territoire  de  TE^npire.  ]ii  a^^pabarq^a  à 
Venise  pour  Constantinople^  ou  i(  fu^ 
très  bien  reçu  :  la  renommée  de  ses  ac- 
tions d*éclat  et  |e  récit  de  rhi^ipanité  qu'il 
^vait  exercée  envers  des  prisopnjers  turc^ 
lui  avaient  préparé  ce  bpP  accueil.  Ji  lui 
fut  alloué  i|nç  somme  considérable  pour 
sop  entretien  ;  le  grand-visir  Veuf^di^eaL  à 
embrasser  Tislamisme,  commeseui  moyen 
4*obtenV  uf^e  audience  publique  auprès 
^1^  ÇrandsultbanXjç  muphti  lui-mêmecon* 
sentit  à  instruire  Bonneval  dans  lesdevoirs 
|[)e  la  religion  maiiométape;  il  fut  circoncis 
etpri^  le  1^907  d'Àcbmet  Pacha.Çon  abj  ura- 
tion  fut  suivie  immédiatement  de  sa  nomi- 
patipp  aif  rang  de  pacha  à  deux  queues; 
lliai^,  ennuyé  bientôt  de  son  désœuvré- 
jjxeaty  il  sollicita  le  commandement  d'une 
fortere^ç  turque.  Le  grand-visir  empécba 
8&  nomf nation,  et  ce  ne  fut  qu'après  sa 
mort  que  l^e  pacha  renégat  fut  nomnié, 
parle  nouveau  grand-yisir,  commandant 
en  chef  des  bombardiers.  I)  s'appliqua 
^lors  avec  zèle  à  la  réforme  de  l'artillerie 
otboma^ie,  quoiqu'il  eût  à  lutter  cont^ç 
une  Cpule  d'obstacles,  suscités  par  la  ja* 
|ous,ie  de^  pachas  puissans,  l'irrésolution 
jdu  sult^an  J^ohammed  Y  et  l'ayersion  des 
troupes  turques  contre  la  discipline  eu- 
ropéenne. Mais  i^  sut  vaincre  toutes  ces 
entraves,  et,  avec  un  revenu  annuel  de 
1 2,000  écus,  il  mena  dans  les  plaisirs  une 
vie  licencieuse  et  désordonnée.  $a  mort, 
arrivée  en  1747,  délivra  l'Autriche  d'un 
ennemi  q^ui  saurait  pu  lui  éjLre  c^fangereux, 
Jtant  par  son  activité  que  par  la  haine 
qu'i^  lui  avait  jur^e.  C.  Z. 

^ONNiyj^T  (Guillaume  GpuFFiBR, 
«eigueur  ps),  fils  de  Guillaume  Gouffier 
de  Boisy  et  de  Philippine  de  Montmo- 
rency, était  frère  cadet  de  Boisy,  gou- 
verneur .de  François  I^.^  Élevé  avec  le 
jçune  prince ,  Bonnivet  gagna  son  affeo- 
,tion  par  son  caractère  fer  me  et  décidé,  par 
la  vivacité  de  son  esprit  et  son  courage 
éprouvé  qui  souvent  dégénérait  en  témé- 
rité. Xi  fit  avec  François  ses  premières 
^rmes  au  siège  ^e  Gênes  (J1507),  et  on 
^e  trouve  encore  aux  côtés  du  prince  à 
ifi  jqurnée  des  Éperons. 

Xie  4uc  d'ÀDSo^^®  démena  roi  con- 


{ 6»?  )  »Q» 

vet,  qflc  )a  charge  d'amiral  récompense 
de^  SCS  exploits  chevaleresques  à  la  ba- 
bille de  Marignan,  cette  journée  de 
géans,  comme  disait  le  maréchal  de  Xri- 
vulce,  qui  avait  assisté  à  70  combats. 
Peu  après  il  fut  envoyé  en  Angleterre 
pour  négocier  la  restitution  de  Toujrnay; 
son  faste,  ses  prodigalités,  ses  magnifi- 
ques* présens,  captivèrent  le  cardinal 
Wolsey;  il  réussit  complètement.  Cet  )ieu- 
peux  succès  fit  croire  au  roi  que  l'amiral 
avait  un  ^nd  Ulent  diplomatique,  et  il 
lui  confia  (1519)  l'importante  mission  de 
le  représenter  à  la  diète  de  Francfort 
assenôblée  pour  donner  un  successeur  à 
{['empereur  Maximilien.  François  I*'^  s'é- 
tait mis  sur  les  rangs;  l'amiral  devait 
chercher  à  lui  gagner  )es  voix  des  élec- 
teurs; mais  ses  folles  dépenses,  ses  viva- 
cités, son  arrogance,  indisposèrent  contre 
lui  |a  majorité ,  et,  malgré  les  efforts  de 
l'électeur  de  Trêves,  chef  de  la  faction 
frai^Çaise,  l'archevêque  de  AJlayence  l'em- 
porta ,  et  Qiarles-Quint  fut  élu. 

Honjteux  de  cet  échec ,  Bonnivet  crai- 
gnait de  reparaître  à  la  cour;  cependant  à 
son  retour  le  roi  le  reçut  à  bras  ouverts  et 
lui  donna  le  commandement  de  l'armée 
dirigée  contre  la  Navarre  ;  l'amiral  s'em- 
para de  Fontarabie,  mais  les  Espagnols 
ne  tardèrent  pas  à  reprendre  cette  place. 

jusqu'ici  l'amitié  du  roi  pour  Bon*^ 
ni  vet  n'avait  eu  aucune  suite  funeste  pour 
la  France;  mais  sa  haine  pour  |e  conné- 
table 4e  Bourbon,  fortifiée  de  celle  <le 
|a  duchesse  de  Savoie,  mèie  du  roi, 
aipena  tous  les  revers  de  François  I*'^. 
On  sait  que  Louise  de  Savoie,  d'abord 
protectrice  de  Bourbon,  lui  fit  donner 
î'épée  de  connétable;  mais  que  bienitot 
après,  furieuse  de  voir  ce  prince  mécon- 
naitre  ses  services  et  son  amour,  elle 
s'unit  à  Bonnivet ,  son  plus  grand  ennemi. 
De  concert  avec  M""  d'Angouléme,  ce- 
lui-ci porta  le  roi  à  sévir  contre  le  prince 
dans  l'affaire  de  la  trop  fameuse  conspi- 


ration ,  dont  la  découverte  amena  la  re- 
traite funeste  de  Bourbon.  A  cette  épo- 
que (1523)  François  1^,%  toujours  en 
guerre  avec  Charles-Quint,  se  préparait 
à  passer  en  Italie.  Retenu  en  France,  il 
envoya  à  sa  place  son  favori  qui,  après 
quelques  sucoè^,  repoussé  de  Milan,  fuC 


^Upu|i,4'apçordfir  h^  J^y«ur»  A  Avmî-  \  fibUfià$  battre  «a nftmîte.  Am  paiiaga 


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BON 


(6S8) 


BON 


de  1)1  Sesia  II  fut  blessé  et  laissa  le  com- 
niandement  à  Bayard ,  qui  fut  tué  en  dé- 
fendant les  derrières  de  Tarmée  (1524). 
Malgré  ces  revers,  Bonnivet  ne  perdit 
rien  de  son  ascendant  sur  son  maître  qui, 
l'année  suivante  (1525),  livra  aux  Impé- 
riaux, par  les  conseils  de  son  présomp- 
tueux compagnon,  la  bataille  de  Çavie, 
oà  il  perdit  la  liberté. 

Ne  voulant  pas  survivre  aux  désastres 
dont  il  était  Fauteur  principal ,  l'amiral 
alla  chercher  la  mort  dans  le  plus  épais 
des  bataillons  ennemis. 

L'excessive  galanterie  de  Bonnivet  est 
connue  ^  il  poussa  la  hardiesse  jusqu'à 
être  le  rival  de  son  maître  et  le  rival 
heureux  :  bien  plus ,  le  roi  le  savait  et 
ne  l'en  aimait  pas  moins.  Bonnivet  porta 
plus  haut  ses  prétentions  :  il  osa  décla- 
rer son  amour  à  Marguerite,  reine  de 
Navarre,  duchesse  d'Alençon ,  et  sœur 
du  roi.  Repoussé,  il  ne  voulut  pas  s'a- 
vouer vaincu ,  et  recevant  un  jour  la 
cour  dans  son  château  de  Bonnivet,  il 
s'introduisit  la  nuit  par  une  trappe  dans 
la  chambre  de  la  princesse,  qui,  réveillée 
à  temps,  appela  du  secours  et  se  dé- 
fendit si  bien  qu'elle  força  l'entrepre- 
nant amiral  de  se  retirer  en  emportant 
sur  sa  figure  les  marques  de  sa  défaite. 
La  duchesse  a  donné  elle-même  les  dé- 
tails de  cette  aventure  dans  la  lY^  nou- 
velle de  V Heptameron  y  où  elle  la  ra- 
conte sous  des  noms  supposés.     H-lt. 

BONPLAND  (AiM^),  né  à  La  Ro- 
chelle ,  naturaliste  célèbre  par  ses  travaux 
et  par  la  captivité  qu'il  a  subie  par  les 
ordres  du  docteur  Francia ,  dictateur 
du  Paraguay.  En  1799 ,  M.  Bonpland , 
jeune  encore,  mais  ayant  déjà  fait  des 
études  médicales,  accompagna  M.  de 
Humboldt  dans  son  voyage  en  Amérique, 
et  en  publia ,  de  concert  avec  lui ,  l'inté- 
ressante relation.  La  partie  botanique  de 
ce  recueil  lui  doit  beaucoup  ;  car  il  avait 
découvert  et  décrit  plus  de  6000  plantes 
nouvelles.  A  son  retour,  l'impératrice 
Joséphine  lui  confia  la  direction  de  ses 
jardins  de  la  Malmaison ,  dans  lesquels 
se  trouvaient  réunis  les  végétaux  les  plus 
rares  de  tontes  les  parties  du  monde;  et, 
par  les  soins  de  M.  Bonpland ,  cette  col- 
lection devint  extrdmement  riche  etcu- 
rÎMce.  £U«  aotvivm  d'aiHeon  à  sa  p«rte 


par  la  description  accompagnée  de  plan-  ' 
ches  qu'il  en  a  publiée  de  1813  à  1818. 
Lorsque  Malmaison  eut  perdu  celle  qui 
l'avait  créé,  M.  Bonpland  accepta  la 
chaire  d'histoire  naturelle  qui  lui  fut 
offerte  à  Buenos- Ayres ,  et  là ,  non  con- 
tent d'études  scientifiques,  il  fonda  une 
colonie  d'Indiens  avec  lesquels  il  avait 
établi ,  à  Santa- Anna,  des  plantations  de 
mate  ou  thé  du  Paraguay.  Cette  entrepri- 
se, qui  détruisait  le  monopole  de  Francia, 
parait  avoir  motivé  la  mesure  violente  de 
ce  jésuite-dictateur.  Au  moment  où ,  en 
1 820,  M.  Bonpland  partait  pour  une  ex- 
pédition scientifique  sur  les  bords  du 
Parana,  une  petite  armée(8001iommes)da 
docteur  Francia ,  violant  le  territoire  de 
la  république  Buenos- Ayrienne ,  fond  a 
l'improviste  sur  la  naissante  colonie  et 
enlève  M.  Bonpland  avec  la  plupart  de 
ses  Indiens.  Après  cette  violation  sau- 
vage du  droit  des  gens ,  contre  laquelle 
plusieurs  gouvememens ,  tant  de  T Amé- 
rique que  de  l'Europe ,  ont  vainement 
réclamé  pendant  douze  ans,  M.  Bon- 
pland fut  employé  à  divers  travaux  par 
Francia  qui  sut  apprécier  sa  conquête. 
La  liberté  vient  à  peine  de  lui  être  ren- 
due, et  Ton  attend  son  retour  dans  sa 
patrie  pour  apprendre  ses  aventures  dans 
cette  bizarre  république  où  il  est  si  dif- 
ficile d'entrer,  et  d*où  l'on  a  tant  de  pei- 
ne à  sortir.  C,  L,  m, 

BON  SENS,  voy,  Skks. 

BONSTETTEN  (  CHAaLXs-ViCToa 
de)  naquit  à  Berne,  en  1745,  d'une  ri- 
che famille  patricienne,  et  fut  envoyé  de 
bonne  heure  au  collège  de  sa  ville  na- 
tale. Mais  les  vieilles  méthodes  d'ensei- 
gnement qu'on  y  suivait  ne  firent  qu'a- 
mortir la  vivacité  naturelle  de  son  es- 
prit et  lui  inspirèrent  bientôt  un  profond 
dégoût  pour  le  travail.  Il  quitta  le  collège 
à  l'âge  de  15  ans  et  fut  mis  en  pension  à 
Yverdun,  chez  un  de  ses  parens  mater- 
nels. C'est  à  cette  époque  que  commença 
son  éducation  intellectuelle.  Le  premier 
livre  qu'il  lut  avec  intérêt  fut  la  traduc- 
tion d'Horace,  par  Dacier;  le  Spectacle 
de  la  nature,  de  Pluche,  lui  apprit  à 
observer  les  objets  qui  l'entouraient  et 
le  rendit  sensible  aux  beautés  de  la  na- 
ture; il  étudia  avec  ardeur  les  discours 
de  Cicéroft  et  puisa  dans  VÉniik  de 


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BON 


(689) 


BON 


Rousseta  cet  amour  de  Thninanité  et  de 
la  vérité,  cet  enthousiasme  pour  tout  ce 
qui  est  beau  et  boo»  qui  formaient  le 
fond  de  sou  caractère,  et  qu*on  retrouve 
à  chaque  pa^çe  de  ses  écrits.  Eu  1763 
Bonstetten  fit  la  connaissance  personnelle 
de  Jean- Jacques  qui  venait  de  s'établir 
à  Yverdun;  mais  à  peine  fut-il  admis 
dans  Tintimité  de  cet  homme  célèbre 
que  son  père  lui  ordonna  de  se  rendre  à 
Genève.  La  rivalité  déjà  ancienne  entre 
les  patriciens  et  les  plébéiens  de  celte 
petite  république  était  alors  au  comble 
et  se  faisait  jour  par  des  milliers  de  bro- 
chures qu*on  se  lançait  des  deux  camps 
opposés.  Cette  polémique ,  dans  laquelle 
furent  traitées  les  plus  hautes  questions 
de  politique  et  de  morale,  répandit  une 
masse  de  lumière  jusque  dans  les  der- 
nières classes  de  la  population,  tandis 
que  le  puritanisme  du  clergé,  qui  avait 
banni  toutes  les  réjouissances  et  même 
les  représentations  théâtrales,  rendait  les 
mœurs  graves  et  réservées.  Bonstetten  ne 
resta  pas  étranger  à  la  lutte  générale  :  il 
se  rangea  sous  le  drapeau  des  démocra- 
tes et  publia,  dans  les  journaux,  plu- 
sieurs articles  qui  obtinrent  un  grand 
succès  et  lui  valurent  Tamitié  de  Vol- 
taire et  de  Charles  Bonnet,  qui,  à  cette 
époque-là ,  se  trouvaient  tous  les  deux  à 
Genève.  Le  premier  l'initia  dans  Tart 
d'écrire  en  français,  l'autre  lui  enseigna 
les  élémens  de  la  métaphysique  et  de  la 
psychologie,  sciences  qui,  dès  lors,  de- 
vinrent les  principales  occupations  de  sa 
vie.  En  1766  Bonstetten  parcourut  l'Al- 
lemagne, les  Pays-Bas  et  l'Angleterre. 
L'année  suivante  il  vint  passer  quel- 
que temps  à  Paris  et  se  rendit  de  là  en 
Italie  dont  il  visita  en  détail  les  contrées 
les  plus  remarquables  sous  le  rapport 
historique.  Dès  1775  nous  le  voyons 
membre  du  conseil  souverain  de  Berne , 
fonctions  qu'il  cumula  plus  tard  avec 
celles  de  bailli  du  district  de  Gessnay. 
Dans  ces  deux  magistratures  il  déploya 
un  grand  zèle  pour  l'instruction  primai- 
re :  il  proposa  à  ses  frais  un  prix  pour 
une  statistique  scolaire  de  la  Suisse,  ré- 
forma un  grand  nombre  d'écoles  et  en 
établit  deux  nouvelles.  En  1787  il  de- 
vint bailli  de  Nyon,  et  là  il  se  lia  avec 
les  poètes  Matthlsson,  Salis  et  M™*  Fré- 

Encxclcp,  d^  G.  d,  M.  Tome  IIL 


dérique  Bran,  d'une  amitié  qui  a  pris 
place  parmi  les  plus  illustres  qui  aient 
été  formées  sous  les  auspices  des  lettres. 
Dans  la  même  ville  il  fit  la  connaissance 
du  jeune  Jean  MuUer  qui  s'était  fait  con- 
naître avantageusement  par  quelques  es- 
sais littéraires.  Il  devina  en  lui  le  gcand 
historien  qui  devait  un  jour  illustrer  et 
sa  patrie  et  l'Allemagne;  et  il  contribua 
à  le  mettre  dans  une  position  indépen- 
dante, afin  qu'il  pût  suivre  librement  sa 
vocation.  Au  commencement  de  la  révo- 
lution helvétique,  Bonstetten  se  retira  à 
Copenhague  auprès  de  son  amie  M°^* 
Brun  {voy,)y  et  ne  revint  en  Suisse  qu'à 
lafinde  1801.  Vers  1806  il  se renditpour 
la  seconde  fois  en  Italie,  et,  après  y  avoir 
séjourné  quelques  années,  il  se  fixa  à 
Genève  ou  il  est  mort  en  1832,  à  l'âge 
de  85  ans,  emportant  dans  la  tombe  les 
regrets  de  tous  ceux  qui  l'avaient  connu. 
Les  ouvrages  de  Bonstetten  sont  écrits 
les  uns  en  français,  les  autres  en  allemand. 
Nous  en  examinerons  les  plus  importans 
et  nous  nous  bornerons  à  donner  les  titres 
de  ceux  qui  offrent  un  intérêt  moins  géné- 
ral. 1®  Recherches  sur  la  nature  et  les 
lois  de  Vimagination ,  Genève,  1807,  3 
vol.  in-8**  (en  français).  2*^  Études  de 
l'homme,  ou  Recherches  sur  les  facultés 
de  sendr  et  de  penser,  Genève  et  Paris, 
1821,  3  vol.  in-8^  (en  français).  Cest 
dans  ces  deux  ouvrages  que  Bonstetten 
a  consigné  les  principaux  résultats  de 
ses  travaux  philosophiques.  Il  appartient 
à  l'école  éclectique  et  ouvre,  en  quelque 
sorte,  la  série  de  ceux  chez  qui  la  pensée 
de  l'éclectisme  commence  à  paraître  plus 
développée  et  plus  expresse.  Ayant  senti 
de  bonne  heure  l'inconvénient  de  la  mé- 
thode qui  assimile  aux  mathématiques  la 
science  de  l'esprit  humain  et  qui  prétend 
en  résoudre  les  questions  comme  des 
problèmes  de  géométrie,  il  la  rejeta, 
pour  y  substituer  celle  de  l'observation. 
Mais,  au  lieu  de  l'appliquer  au  monde 
extérieur,  il  la  transporta  dans  le  monde 
intérieur;  il  se  replia  sur  lui-même  et 
étudia  son  moi,  à  partir  de  l'époque  où  sa 
mémoire  lui  permit  de  sabir  la  manière 
d'être  de  ce  moi  et  ses  divers  développe- 
roens.  Aussi  les  deux  ouvrages  que  nous 
venons  d'indiquer  ne  contiennent-ils  au- 
cune de  ces  hypothèse»  et  de  cet  classifr- 

44 


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SON 


(090) 


BON 


âttieiiS  ârtiitraires  qui  abondent  dans  les 
livres  d*idéo1ôgi6;  mais  une  histoire  de  U 
vlé  îritérieurè  de  Tauteur,  histoire  incom- 
plète, il  est  vrai,  mais  qui  présente  un 
grand  noibbre  de  faits  psychologique»  de 
.la  plus  haute  importance.  Si  l'on  recher- 
che arec  soin  la  pensée  qat  y  prédomine, 
on  reconnaîtra  que  c*est  surtout  le  désir 
de  trouver  aux  sciences  morales  et  mé- 
taphysiques un  point  de  départ;  et  ce 
point  de  départ  il  le  trouve  dans  la  scien- 
ce de  l'ame  ou  la  psychologie.  L'auteur 
fait  donc  de  la  psychologie,  mais  il  en 
fait  selon  sa  méthode.  Observateur  re- 
cueilli, sincère  et  spirituel,  il  jetait  les 
livres  lorsqu'il  se  mettait  à  philosopher, 
et  repoussait  tous  les  systèmes.  Selon  lui, 
l'homme  a  deux  espèces  de  sens  :  les  sens 
externes  et  les  sens  internes.  Les  pre- 
miers servent  à  lui  transmettre  l'image 
des  objets  extérieurs;  les  derniers  lui  pro- 
curent les  impressions  agréables  et  dés- 
agréables.  Les    principales  facultés  de 
l'ame  sont  ^imagination  et  l'intelligence: 
celle-là  suppose  l'action  réciproque  des 
sens  internes  et  externes,  celle-ci  la  fa- 
culté de  former  des  rapports  entre  les 
idées;  et  de  là  émane  ce  qu'on  appelle  la 
vérité.  L'imagination   consiste  en  trois 
espèces  de  sentimens,  savoir  :  1*^  le  sen- 
timent de  nos  besoins,  qui  tend  à  pro- 
duire la  jouissance;  2^  le  sentiment  du 
beau,  qui  appelle  à  lui  (elle  sensation  pré- 
férablement  à  telle  autre  et  tel  ordre  de 
sensations  préférablement  à  tel  autre  or- 
dre, pour  les  combiner  d'après  les  lois 
de  riiarmonie;  3^  les  sentimens  moraux. 
Tout  sentiment  produit  par  le  sentiment 
d'autmi  est  un  sentiment  moral.  Les  sen> 
timens  moraux  sont  ou  agréables  ou  désa- 
gréables,  ou  consonnans  ou  dissonans; 
ils  ont  leurs  signes  naturels  qui  sont  par- 
faitement compris  parle  spectateur  ou  par 
l'auditeur,  et  c'est  sur  ces  rapports  orga- 
niques entre  les  sentimens  du  spectateur 
ou  de  l'auditeur  et  les  signes  naturels  des 
sentimens  de  son  semblable  qtie  repose 
l'origine  du  langage  pris  dans  l'acception 
la  plus  étendue.  Le  sens  moral ,  souvent 
eu  opposition  avec  le  sens  du  besoin,  est 
en  harmonie  avec  les  grandes  lois  de  l'in- 
telligence, révélées  à  l'homme  par  la  rai- 
son ;  et  c'est  cette  harmonie  qui  constitue 
la  morale.  La  seconde  faculté  de  l'ame 


est  nntdllgMlM;  ses  foncdoi»  < 
en  plusieurs  opérations  successives ,  sa- 
voir î  1**  percevoir  les  Idées  qoi  la  frap- 
pent, 2^  les  réunir,  8®  les  distinguer, 
4^  les  comparer,  et  5^  tirer  des  résul- 
tats de  la  comparaison ,  c'est-à-dire  for- 
mer un  jugemenL — ^Âprès  la  psychologie 
et  la  morale,  l'ordre  natorel  des  idées 
amenait  la  religion.  L'auteur  a  suivi  cet 
ordre  :  il  a  traité,  dans  un  chapitre  des 
Études,  de  Dieu  et  de  l'immortalité  de 
l'ame,  et  ici  encore  son  opinion  n'est 
qu'une  conséquence  de  sa  psychologie. 
C'est  en  lui,  dans  sa  nature,  qu'il  trouva 
les  raisons  qui  le  portaient  à  croire  à  ces 
deux  grandes  vérités.  Ainsi  Dieu  existait 
pour  lui  parce  que  lui-même  il  existait. 
L'homme  en  effet  prouve  Dieu;  mais  non- 
seulement  il  le  prouve,  il  sert  encore  à 
le  connaître  ou  du  moins  à  le  concevoir. 
Selon  Bonstetten,  l'homme  est  l'image  ëe 
Dieu  aussi  bien  que  son  ouvrage;  il  y  a 
de  l'homme  dans  Dieu,  comme  il  y  a  de 
Dieu  dans  l'homme.  Ce  n'est  pas  l'es- 
sence, c'est  seulement  le  degré  qui  fait 
la  différence;  l'infini  les  sépare,  mais 
ne  les  rend  pas  dissemblables.  La  con- 
viction de  l'auteur  sur  l'immortalité  de 
l'ame  n'était  pas  moins  ferme,  et  cette 
conviction  il  la  fait  partager  sans  efTorI, 
car  elle  est  chez  lui  Un  sentiment  £o 
général  on  pourrait  reprocher  à  Bonstet- 
ten de  ne  pas  donner  à  ses  preuves  une 
forme  assez   scientffqne   et  de  traiter 
certaines  questions  plutôt  en  orateur  el 
en  poète  qu'en  philosophe;  mais  son  bot 
était  de  se  faire  comprendre  même  par 
les  gens  du  monde,  de  popolariser,  pour 
ainsi  dire,  la  philosophie;  et  ce  bot  a  été 
complètement  atteint  par  la  faveur  avec 
laquelle  les  deux  ouvrages  ont  été  ac- 
cueillis. Les  Recherches  ont  été  citées 
avec  éloge  par  la  classe  d'histoire  et  de 
littérature  de  l'Institut  de  France,  dans 
son  rapport  de  1 806  sur  les  progrès  des 
sciences.  8®   Moirage  sur  la  scène  des 
six  derniers  Uvrés  de  r Enéide,  smpi  de 
quelques  observations  sur  le  Latisun 
moderne,  Genève,   1804,  ln-8*,  avec 
une  carte  (en  français).  Cet  ouvrage, 
dont  le  titre  indique  suffisamment   le 
contenu,  se  distingue  surtout  par  nn 
style  plein  de  chaleur  qui  s'élève  quel- 
qnelbis  à  la  hauteor  de  la  poésie.  B  ea 


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BON 

existe  une  traduction  allemande. 
L'Homme  du  midi  et  l'homme  du  nord, 
Genève,  1824,  in-8*^  (en  français).  Dans 
ce  petit  écrit  pétillant  d^esprit,  Bonstet- 
ten  établit  un  parallèle  entre  les  hommes 
vivant  sous  des  cb'mats  opposés |  et  s'at- 
tache à  prouver  que  le  climat  n*est  point, 
comme  l'avaient  pensé  Montesquieu  ci 
d'autres  écrivains,  la  cause  principale  et 
presque  unique  des  institutions  et  des 
qualités  morales  des  peuples.  5^  La  Scan- 
dinavie et  les  Alpes,  Genève  et  Paris, 

1 826 ,  in-8"  (en  français).  Ce  livre  est  un 
recueil  de  souvenirs  du  séjour  que  Bon- 
stetten  fit  dans  le  Kord.  Les  grands  ta- 
bleaux, les  traits  de  sensibilité,  les  ob- 
servations ingénieuses  ou  profondes  s'y 
succèdent  rapidement,  mais  d'une  ma- 
nière si  confuse  qu'il  n'y  a  ni  ordre,  ni 
méthode,  défaut  qu'où  remarque  souvent 
dans  les  ouvrages  de  Bonstetten.  Ce  der- 
nier livre  a  pourtant  obtenu  un  succès  im- 
mense, qui  doit  être  attribué,  en  grande 
partie,  au  charme  qu'ont  les  composi- 
tions de  ce  genre  pour  les  lecteurs  qui  ne 
recherchent  que  l'amusement.  6®  et  7** 
Lettres  de  M,  de  Bonstetten  à  Matthis- 
son ,  publiées  par  H,  Fuessli,  Zurich . 

1827,  in-8®;  Lettres  de  Bonstetten  à 
Frédérique  Brun,  publiées  par  Frédéric 
ile  Matthisson,  Francfort-sur-le-Mein , 
1829,  2  vol.  in-8^.  Ces  deux  recueils  de 
lettres(en  allemand), où  l'esprit  enjoué,  la 
grâce  aimable  et  la  naïve  originalité  de 
Bonstetten  brillent  de  tout  leur  éclat, 
comprennent  un  espace  de  40  années  (de 
1790  à  1829)  et  renferment  des  réciu 
variés  et  pleins  de  vie,  qui  sont  comme 
un  reflet  des  événemens  immenses  de 
cette  période.  A  la  fin  du  premier  recueil 
se  trouve  une  autobiographie  de  l'auteur, 
qui  est  riche  en  développemens  psycho- 
logiques. S^  Souvenirs  écrits  en  1831, 
Genève,  1832,  in- 12  (en  français).  Cette 
brochure,  qui  a  paru  peu  de  temps  après 
la  mort  de  Bonstetten,  n'est  au  fond  qu'un 
abrégé  de  l'autobiographie  dont  nous  ve- 
nons de  parler.  9^  Sur  l'éducation  des 

Jumilles  patriciennes  de  Berne,  Zurich , 
1 786, 2  parties,  in-8^  (en  allemand).  10^ 
Lettres  sur  un  canton  pastoral  de  la 
Suisse,  Baie,  1787,  in-8^,  2*  édit.,  îbid., 
1793  (en  allemand).  Cet  ouvrage  a  pour 
objet  le  district  de  Gessnay,  dans  le  can<- 


(  691  )  BON 

4°  ton  de  Berne,  ou  l'auteur  exerça  pendant 
quelque  temps  les  fonctions  de  bailli.  11^ 
V Ermite,  histoire  alpine ,  Manhelm, 
1788,  in-a'^  (en  allemand).  12<^  Mélarh- 
ges,  2*  édiU,  Zurich,  1792,  in-8^  (en. 
allemand).  13^  Les  principes  de  la  révo^ 
luUon  de  la  Suisse,  discours  prononce 
à  Yverdun,  le  26  mars  1795,  in-4^  (en 
français).  14**  Nouveaux  mélanges,  Co- 
penhague, 1799-1801,4  Yol.  in-12  (en 
allemand).  15®  Sur  Véducation  natio^ 
noie,  Zurich,  1802,  2  vol.  in-8^  (en  al- 
lemand). 16**  Pensées  sur  divers  objets 
de  bien  public,  Genève,  1815,  in-8°  (en 
français).  M-A. 

BONTE.  La  bonté  est  un  penchant  de 
Tame  qui  nous  porte  à  excuser  les  torts 
des  autres  à  notre  égard.  Elle  est  natu- 
relle ou  enseignée  par  la  religion  et  la 
morale.  Naturelle,  elle  découle  du  carac- 
tère et  de  l'organisation  :  les  caractères 
nerveux  et  sanguins  sont  irritables  ;  les 
tempéramens  mélancoliques  sont  plus  en- 
clins à  la  bonté.  La  bonté  est  d'ailleiurs 
le  résultat  de  l'éducation;  plus  un  esprit 
est  cultivé,  plus  il  est  porté  à  la  politesse 
qui  est,  pour  ainsi  dire,  la  bonté  exté- 
rieure. La  politesse  sert  quelquefois  à 
cacher  des  actions  peu  honorables  :  dans 
les  cours  les  exemples  en  sont  fréquens. 
Il  faut  souvent  se  défier  de  cette  fausse 
bonté  qui  prend  des  formes  polies  jusqu'à 
l'obséquiosité  ;  mieux  vaut  une  franchise 
un  peu  rude  dans  son  expression ,  mais 
dont  l'indulgence  et  la  sympathie  sont  la 
source.  Qui  dît  bon  ditendinàêtre  utile, 
à  soulager,  à  consoler.  Ensuite  la  fol  vient 
au  secours  de  la  nature  et  de  l'ame ,  elle 
les  fortifie  toutes  les  deux  ;  alors  la  bonté 
prend  un  caractère  plus  élevé,  plus  pur  : 
elle  devient  la  charité  {vojr.)  et  s'étend 
jusqu'au  pardon  des  injures  ;  mais  celle- 
ci  est  une  vertu  chrétienne  et  la  bonté  est 
une  vertu  qui  est  dans  le  domaine  de  la 
morale  en  général.  Une  juste  tolérance 
pour  les  erreurs  d'autrui,  l'application 
de  cette  maxime  :  «  Ne  fais  pas  aux  au- 
«  très  ce  que  tu  ne  voudrais  pas  qu'il  te 
«  fût  fait  !  »  une  sympathie  éclairée  pour 
toutes  les  souffrances  réelles,  une  pro- 
pension à  les  consoler,  à  les  secourir, 
une  facilité  douce  dans  les  rapports  so- 
ciaux, un  échange  d'égards,  plein  de 


prévenances     sans    tffectaUon  ,   t6ill 


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BON 


(692) 


BOO 


les  principaux  caractèrei  de  la  bonté. 

Mais  elle  ne  doit  pas  être  voisine  de  la 
faiblesse,  ni  tomber  d«ns  ces  molles  to- 
lérances qui  8*accommodent  aux  vices. 
Dans  les  relations  domestiques  et  politi- 
ques, la  faiblesse  est  la  plus  fâcheuse  des 
trahisons,  parce  qu'elle  inspire  la  pitié  et 
qu'elle  a  des  excuses  toutes  prêles,  des 
semblans  dont  elle  se  couvre.  Être  faible, 
c'est  se  trouver  bien  près  d'être  méchant. 
La  bonté,  loin  d'exclure  la  force  de  ca- 
ractère, l'exige  à  un  certain  degré;  sans 
doute  il  n'est  pas  besoin  ici  de  cette  haute 
énergie  qui  conçoit  et  accomplit  les  gran- 
des choses;  mais  de  cette  rectitude  de 
jugement  et  de  cette  modération  de  ca- 
ractère qu'on  puise  dans  une  juste  appré- 
ciation des  choses  et  dans  la  coanais- 
sanceducceur  humain.  Vivre  et  connaître, 
pour  l'homme  sage,  c'est  apprendre  à  être 
bon.  G.  D. 

BONZES.  Sous  ce  nom,  inconnu  aux 
Orientaux ,  les  Européens  désignent  les 
prêtres  des  Chinois,  des  Japonais,  des 
Coch inchinois,  de  l'empire  Birman,  etc.; 
mais  c'est  particulièrement  aux  prêtres 
des  deux  premiers  de  ces  peuples  qu'on 
rappli(|ue.  Le  terme  est  a'ssez  vague  pour 
appartenir  à  la  classe  sacerdotale  des 
diverses  sectes  connues  en  Chine 
et  au  Japon  ;  il  convient  aux  prêtres 
bouddhistes  comme  aux  Tao-sse  ou  doc- 
teurs de  la  raison.  Si  la  secte  de  Con- 
fucius  avait  des  prêtres,  on  les  aurait  pro- 
bablement compris  aussi  sous  le  nom  de 
bonzes;  mais  les  lettrés  de  cette  secte  ont 
quelquefois  dû  être  considérés  ainsi  par 
les  voyageurs  européens.  Les  bonzes  ob- 
servent le  célibat ,  et  il  y  en  a  qui  vivent 
en  communauté,  comme  les  moines  dans 
le  christianisme.  Il  en  est  qui  enseignent 
un  culte  superstitieux  jusqu'à  l'absurdité 
et  qui  rendent  hommage  à  des  figures  sym- 
boliques et  à  des  idoles  monstrueuses. 
Loin  d'éclairer  lepeuple,  ils  l'abrutissent 
par  leurs  enseignemens  et  par  leurs  pra- 
tiques de  dévotion  ridicules  ;  ils  laissent 
leurs  compatriotes  dans  l'ignorance  et 
les  affermissent  dans  la  plus  honteuse  su- 
pei*stition.  Il  y  en  a  qui  mènent  une  vie 
entièrement  contemplative  et  qui  ont  au 
moins  des  mœurs  pures,  s'ils  ne  rendent 
pas  de  services  à  l'humanité.  Ce  qui  a 
frappé  depuis  long- temps  les  Européens, 


c'est  la  ressemblance  qui  existe  entre  la 
vie  et  les  pratiques  religieuses  des  bonzes 
et  certains  usages  établis  dans  tes  églises 
grecque  et  roigaine.  Cette  analogie  cesse 
d'étonner  lorsqu'on  réfléchit  que  le  chris- 
tianisme a  pris  naissance  en  Orient  et  en 
a  emprunté  beaucoup  d'usages,  en  les  ap- 
pliquant à  un  culte  bien  différent  de  ceux 
de  l'Asie. 

Dans  les  temps  où  la  presse  n'était  pas 
libre ,  les  écrivains  philosophiques  du 
xv!!!**  siècle  ont  quelquefois  désigné  sous 
l'ai  légorie  de  la  classe  des  bonzes  le  clergé 
latin  ;  mais  pour  cela  ils  ont  dénaturé  le 
caractère  des  bonzes,  en  les  représentant 
comme  étant  éminemment  persécuteurs. 
L'intolérance  n'est  pas  en  général  leur 
défaut;  à  la  vérité  ils  sont  persuadés  de 
la  divinité  de  leur  culte  et  de  leurs  dog- 
mes et  ils  pensent  peu  avantageusement 
des  peuples  qui  pratiquent  d'autres  reli- 
gions ;  mais  en  même  temps  ils  ont  cette 
quiétude  et  cette  insouciance  qui  ne  per- 
mettent pas  que  l'on  force  les  autres  à 
penser  comme  nous.  Ils  ont  du  dédain 
pour  les  autres  religions,  et  n'ont  pas  de 
la  haine  pour  ceux  qui  les  pratiquent; 
les  poursuivre  serait  d'ailleurs  une  tâche 
trop  pénible  pour  eux.  Du  reste  ils  n'ont 
pas  sur  les  affaires  civiles,  et  par  consé- 
quent sur  les  habitans  d'un  état,  cette 
autorité  que  le  clergé  a  souvent  eue  dans 
les  états  chrétiens.  D-g. 

BOOLEN  ou  BoLETN  (Anne  de),  se- 
conde femme  du  roi  d'Angleterre  Hen- 
ri YUI,  fille  de  sir  Thomas  Boleyn,  et 
petite-fille,  par  sa  mère,  du  duc  de  Nor- 
folk. L'année  de  sa  naissance  est  tantôt 
placée  en  1507,Untôt  en  1500  et  1499. 
Lorsque  Marie,  soeur  de  Henri  YH!  et 
fiancée  de  Louis  XII |  partit  pour  la 
France,  elle  emmena  Anne  de  Boolen 
au  nombre  de  ses  femmes  d'honneur.  Oo 
n'ignore  point  que  Louis  XII,  déjà  épui- 
sé, mourut  peu  de  temps  après  avoir 
épousé  la  jeune  princesse  anglaise  et 
que  celle-ci  retourna  auprès  de  son 
frère.  Anne  de  Boolen  avait  pris  goût  à 
la  joyeuse  cour  de  France  :  elle  entra 
successivement  au  service  de  la  reine 
Claude  et  de  la  duchesse  d'Alençon,  l'nne 
femme,  l'autre  sœur  du  roi-cîlevalier, 
qui  offrit ,  à  ce  qu'on  prétend ,  ses  hom- 
mages à  cette  jeune  Anglaise ,  dittinguée 


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BOO 


par  son  esprit  et  sa  beauté  au  milieu 
d'une  cour  jeune,  belle  et  spirituelle.  £n 
1525  ou  27,  elle  retourna  pourtant  en 
Angleterre  et  devint  dahie  d*honneur 
de  la  reine  Catherine,  qu'elle  était  des- 
tinée à  supplanter  bientôt.  Henri  VIII , 
épris  d*Anoe  qui  revenait  de  Técole  de 
Marguerite  de  Valois,  ne  put  attendre 
que  son  divorce,  refusé  par  l'Église  ro- 
maine, fût  prononcé  par  le  complaisant 
Cran  mer.  En  1532  il  épousa  en  secret 
Anne  de  Boolen,  après  1  avoir  provisoi- 
rement élevée  au  rang  de  comtesse  de 
Pembroke.  Après  quoi  Cranmer ,  s*ap- 
puyant  des  décisions  du  clergé  anglican, 
désormais  irrévocablement  séparé  de  l'É- 
glise romaine,  déclara  nul  le  mariage  du 
roi  avec  Catherine  d'Aragon.  Anne  fut 
couronnée  solennellement  à  Westminster, 
et  Tannée  suivante  elle  donna  le  jour  à 
Elisabeth.  Sa  faveur  fut  de  courte  durée; 
supplantée  à  son  tour,  dans  le  cœur  d'un 
époux  sensuel  et  volage,  par  une  rivale 
plus  heureuse,  par  Jane  Seymour,  elle 
passa  du  lit  royal  dans  la  tour  de  Lon- 
dres, se  vit  accusée,  citée  devant  un  jury 
de  pairs ,  et  condamnée  à  mort  par  26 
juges,  le  17  mai  1536,  pour  crime  d'a- 
dultère commis  avec  un  musicien  aSmea- 
tOD,  auquel  on  fit  confesser,  par  les  tor- 
tures, qu'il  avait  joui  des  faveurs  de  la 
reine.  Ce  procès  en  rappelle  un  au- 
tre de  scandaleuse  mémoire,  qui  s^est 
passé  presque  sous  nos  yeux,  en  1820, 
à  celte  même  cour  d'Angleterre,  mais 
qui  aboutit  fort  heureusement  à  une  pé- 
ripétie moins  sanglante.  Anne  de  Boolen 
fut  exécutée  le  19  mai  1536,  après  avoir 
racheté  par  les  élans  sublimes  de  ses  der« 
niera  momens  une  vie  sans  doute  enta- 
chée de  légèreté.  Elle  s'était  jetée  à  ge- 
noux devant  la  femme  du  lieutenant  de 
la  tour  :  «  Allez  vers  la  princesse  Marie 
(fille  de  Catherine),  lui  dit-elle,  et  de- 
mandez-lui pardon  des  maux  que  j'ai 
appelés  sur  sa  tête  et  sur  celle  de  sa  mère.» 
Son  message  au  roi  respire  ce  noble  or- 
gueil qui  sied  si  bien  à  une  femme  indi- 
gnement outragée  :  «  Grâces  vous  soient 
«  rendues,  lui  dit-elle;  de  femme  privée 
«  vous  m'avez  faite  comtesse,  puis  reine, 
«  et ,  ne  pouvant  m'élever  plus  haut  en 
«  ce  monde ,  vous  m'envoyez  prendre 
«  place  parmi  les  saints  du  paradis.»  L.  S. 


(  693  )  BOP 

BOPP  (François),  célèbre  linguiste 
allemand,  naquit  à  Mayence  en  1791,  et 
reçut  son  éducation  scientifique  à  Aschaf- 
fenbourg  oh  ses  parens  avaient  suivi  la 
conr  de  l'électeur  de  Mayence.  Ce  furent 
particulièrement  les  écrits  de  "Windisch- 
mann  (voy.)  qui  inspirèrent  à  M.  Bopp 
le  goàt  des  littératures  orientales.  Après 
avoir  fait  des  études  préparatoires,  il 
vint,  dans  l'automne  de  1812,  à  Pa- 
ris, où  il  se  livra  particulièrement  à  celle 
des  langues  indiennes.  Il  n'en  con- 
tinua pas  moins  de  cultiver  l'arabe  et  le 
persan  qu'il  avait  déjà  commencés,  et 
bientôt  il  trouva,  dans  De  Chezy  et  dans 
MM.  Sylvestre  de  Sacy  et  Auguste-Guil- 
laume Schlegel ,  des  amis  et  des  protec- 
teurs qui  le  guidèrent  dans  ses  recher- 
ches. Un  petit  secours  en  argent  qu«  lui 
donnait  annuellement  le  roi  de  Bavière, 
le  mit  à  môme  de  passer  cinq  années  à 
Paris,  et  quelque  temps  à  Londres  et  à 
Goettingue,  uniquement  occupé  de  ses 
études  favorites.  Après  son  retour  en  Al- 
lemagne ,  il  fut  nommé  professeur  de 
langue  sanscrite  à  l'univeraité  de  Berlin , 
fonctions  qu'il  remplit  encore  actuelle- 
ment (1834).  On  a  de  M.  Bopp  :  l""  Le 
système  de  la  conjugaison  du  sanscrit , 
comparé  avec  celui  des  langues  grecque^ 
latine  y  persane  et  germaniques  ^  suivi 
de  la  traduction  de  quelques  épisodes 
de  poèmes  indiens,  Francf.-sur-le-M., 
1826,  1  vol.in-4**  (en  allemand);  2<^  Sri- 
mahâbharate  Nalapakhajanam^oxx  Na- 
ins ,  cnrmer^  sanscriticum,  e  Mahabha- 
rato;  edidiljatine  vertit  et  adnot.  illustr, 
Fr.  Bopp  (2*'édit.,  Berlin,  1 832);  8^  Sys- 
tème €lc  la  langue  sanscrite,  Berl  in,  1 82  7, 
1  vol.  in-4°  (en  allemand);  4**  Indralo- 
hagamânam,  c'est-à-dire,  le  voyage 
d'Ardjouna  au  ciel  d'Indra  et  autres  épi- 
sodes du  Masabsarah,  publiés  pour  la 
première  fois  dans  la  langue  originale 
et  accompagnés  d'une  traduction  en  vers 
allemands  et  de  notes,  ibidem,  1 824;  Di- 
luvium,  cum  tribus  aliis  M ahahharati 
episodiis  (Berlin,  1829);  6®  Glossarium 
sanscriticum,  ibidem,  1830, 1  vol.  ln-4**; 
6**  Grammatica  critica  linguœ  sanscri- 
tœ,  ibidem,  2"  édit.,  1838, 1  vol.  in-8*^; 
1^  Grammaire  comparée  des  langues 
sanscrite,  zend,  grecque^  latine^  lithua- 
nienne^ gothique  et  allemandef  ibidem^ 


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BOR  (694) 

18S3,  t  tri.  iii-4''  (en  aUemaDd).  C.  L. 

BOEA  (  C4T9I&AIMK  DE  )  »  femme  de 
liUher,  naquit  en  1499  d'une  famille 
saxonne  9  et  mourut  à  Tor^u  en  1552, 
dans  une  situation  de  fortune  voisine  de 
l'indigence  9  quoique  Luther  Teùt  insti- 
tuée légataire  nniverselle  de  ses  biens. 
Walch  a  écritson  histoire  (Halle^  1751). 
Fox>  LuTKEa.  S. 

BOR4TES,  sels  formés  par  la  com- 
binaison de  l'acide  borique  avec  les  ba- 
ses. L'acide  sulfurique  étendu  et  bouil- 
lant fournit  un  moyen  de  les  reconnaître  ; 
ear  le  résidu  que  l'on  obtient  par  l'éva- 
poration  jouit  de  la  propriété  de  colorer 
en  vert  la  flamme  de  l'alcool.  Un  borate 
dissous  dans  l'eau  et  traité  par  un  acide 
à  chaud ,  laisse  déposer  des  paillettes  d'à* 
cide  borique. 

Les  borates  soumis  à  l'action  du  feu 
se  vitrifient  d'autant  plus  facilement  que 
la  base  qui  entre  dans  leur  composition 
est  elle-même  plus  fusible.  Ceux  de  po- 
tasse, de  soudçy  d'ammoniaque>  de  lithi- 
ne  f  sont  seuls  solubles  dans  l'eau;  quel- 
aues  autres  s'y  dissolvent  également  à  la 
Uveur  d'un  excès  d'acide. 

Ces  sels  sont  très  rares  dans  la  nature; 
celui  qui  y  existe  en  plus  grande  quan^té 
est  le  borate  de  soude  ou  àoraa  (vojr.  ce 
mot)y  que  l'on  emploie  dans  les  arts.  Le 
borate  de  magnésie  ou  boracit^  est  quel- 
quefois disséminé  dans  des  gypses;  on 
l'a  trouvé  aussi  mélangé  ayeo  du  borate 
de  chaux.  Ce  dernier  sel  a  été  observé 
formant  des  pellicules  d*un  blanc  sale  sur 
àm  morceaux  de  carbonate  de  chaux  qui 
provenaient  des  ^virons  du  Monte  Ro* 
tondo  en  Toscane.  Enfin  le»  (agonis  de 
la  même  coptrée  fournissent  une  poudre 
jau^«  qui  ressemble  à  de  l'ocre  et  qui 
n'^  autre  chose  que  du  borate  de  fer, 

Qn  trouva  epcore  dans  la  naii^-e  As» 
boratep  combinés  avec  des  silicates.  Telle 
«sjl  la  datholite,  sel  double  formé  de  bo^ 
tsx%  4c  chaux  et  de  ^cat^  de  chaux. 
Ce  g^nrc  de  sel ,  que  l'on  npuune  ^QfV- 
sHicafÇy  donne,  lorscpi'on  \»  traite  par 
Tacids  nitrique  I  *io  résidu  composé  d'a- 
cide borique  et  d'acide  silicique.  H-  A, 

90^A^,  borate  de  sonde,  sel  formé 
par  la  ^mbinaison  de  l'acide  borique 
aveP  la  ^oude.  Il  parait  avoir  été  conpu  de$ 
ajacifuuit  qui  ignoraient  s«  composition/ 


BOR 


mais  non  ses  usages;car  Pline  cnparlesous 
le  nom  de  chrysocoUe^  sachant  qu'il  sert 
à  souder  l'or  et  les  métaux.  Le  commerce 
l'a  long-temps  tiré  de  l'Inde ,  où  on  le 
trouve  cristallisé  en  masses  sur  les  bords 
de  certains  lacs;  celui  qui  arrive  encore 
par  cette  voie  est  toujours  recouvert  d'un 
enduit  gras  particulier  et  porte  le  nom  de 
tùiÂal;  on  appelle  borax  demi-raffiné  le 
borate  de  soude  que  la  Chine  nous  four- 
nit Aujourd'hui  presque  tout  le  borax 
employé  en  France  est  fabriqué  de  toutes 
pièces  avec  l'acide  borique  et  le  carbo- 
nate de  soude.  Ce  n'est  pas  sans  diffi- 
culté que  l'on  est  parvenu  à  le  substi- 
tuer à  celui  que  nous  expédiaient  les 
manufactures  de  Hollande,  dans  lesquel- 
les on  raffine  le  borax  naturel. 

La  température  et  le  degré  de  con- 
centration du  liquide  dans  lequel  se  dé- 
posent les  cristaux  de  borax  ont  une 
influence  très  marquée  sur  les  formes 
qu'ils  présentent.  Si  la  liqueur  est  très 
concentrée  et  que  sa  température  soit  au- 
dessus  de  ^6^  centigrades,  on  obtient 
des  octaèdres,  qui  contiennent  la  moitié 
moins  d'eau  que  les  cristaux  piismati- 
ques  qu'elle  fournit  lorsqu'elle  est  plus 
étendue  ou  que  sa  température  est  au-- 
dessous de  ^6^.  Les  cristaux  octaédri- 
ques  ont  l'avantage  de  se  tailler  plus  fa~ 
cilement  et  de  se  boursouffler  beaucoup 
moins  lorsqu'on  les  fond  :  aussi  sont-iù 
préférés  par  les  bijoutiers;  de  plua  ils 
présentent  une  économie  pour  les  frais 
de  transport  qui  sont  diminués  dans  le 
rapport  de  70  à  53. 

Ce  sel  est  assez  soluble  dans  l'eafi;  sa 
solution  verdit  le  sirop  de  violettes.  Ê«:- 
posé  au  feu ,  il  se  boursouffle ,  perd  son 
eau  de  crisUlllsation,  et  se  liquéfie  ensuite 
complètement.  Les  oxides  métalliques 
que  l'on  y  introduit  brsqu'il  est  ainsi 
fondu  s'y  dissolvent  et  lui  donnent  di- 
verses teintes  qui  servent  à  les  faire  re* 
connaître.  Ainsi  l'oxjde  de  manganèse 
le  colore  en  rose,  l'oxide  de  fer  en  vert 
bouteille ,  Toxide  de  chrome  en  vert  éisi«- 
raude,  l'oxide  de  cuivre  eu  vert  dair  et 
l'oxide  de  cobalt  en  bleu. 

Le  borax  est  beaucoup  employé  poar 
faciliter  la  soudure  des  métaux.  Comaie 
il  est  nécessaire  que  Les  deux  pièces  soient 
bien  décapées  et  par  conséquaqt  i^u'oUes 


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BOR 


(695) 


BOH 


soient  prifées  do  contact  de  l'air,  le  bo- 
rax les  préserve  de  son  inflaence  et  dis- 
sout en  même  temps  Toxide  qui  pourrait 
exister  à  leur  surface.  Enfin  le  borax  est 
encore  mis  en  usage  pour  préparer  Va- 
cide  borique  {voy^  dans  les  laboratoires; 
de  {^us,  il  entre  dans  la  composition  du 
strass.  H.  A. 

BORD.  Ce  mot  nous  vient  da  nord  ; 
il  est  allemand  et  danois ,  il  est  aussi 
anglais  et  hollandais,  car  l'Anglais  dit 
board  et  le  Hollandais  boord.  Il  signifie 
planche.  Une  métonymie  a  fait  de  la 
planche  le  c6té  on  bord  d*un  vaiseau , 
une  synecdoque  a  fait  du  coté  le  vaîssean 
lui-mAme.  Quand  on  dit  :  Je  vais  abord 
de  tel  bâtiment ,  on  fait  donc  un  trope. 
Tout  est  figuré  dans  la  langue  maritime , 
tout  est  poétique  ;  le  métier  de  la  marine 
est  9  comme  sa  langue ,  riche  de  poésie , 
même  dans  ce  qu'il  y  a  de  plus  stricte- 
ment positif.  Les  vaisseaux  très  hauts  sur 
Teau ,  ayant  plusieurs  ponts ,  sont  appe- 
lés bétimens  de  haut -bord;  les  petits 
navires  ont  pris ,  par  opposition ,  le  noni 
qu'on  ne  leur  doipne  presque  plus  main- 
tenant ,  de  bâtiment  de  bas-bord»  Sous 
l'empire  on  avait  formé  des  régimens  de 
matelots,  numérotés ,  ayant  des  aigles, 
des  colonels ,  etc. ,  sons  le  aom  d'équi- 
pages de  Itaut'hord;  ils  étaient  desti- 
nés aux  arméniens  des  flottes  impériales. 
Aujourd'hui  H  n'y  a  plus  de  rumens, 
mais  des  compagnies  sous  le  nom  de  com- 
pagnies des  équipages  de  ligne. 

Lits  côtés  (bords)  de  navine  ont  dû  être 
distingués  par  drei t «t  gaHoàie;de  là  tribord 
et  bâbord.  Tribord  sâgnifiaat  le  bord  de 
droite,  on  en  a  condn  qu'il  venait  de  dex- 
tribord,  d'autant  plus  qu'on  a  long^temps 
dit  strîbord ,  et  dans  la  Méditerranée  es- 
tribord.  La  vérité  eet  que  stribord  est  un 
composé  de  denx  nM>ta  des  Ungues  du 
Nord  :  bord  et  stp^,  ^{fr  en  danois ,  et 
ses  Mialognes,  «Henand,  hollandait  et 
anglaié  :  stuer,  steuer  et  sieer,  veulent 
dire  modération,  geuvemail,  gouver- 
ner. Le  côté  du  gouvernail  a  donc  été 
styvbord^  staerbord,  stuttrèordei  star- 
bofdy  d'o4  nous  avons  en  stribord;  les 
Espagnols  ont  fait  de  là  anssi  estribordo 
et  les  Portugais  est^ordo.  Baiord  vient 
de  bord ,  joint  à  béUik  ou  hak,  qm  signifie 
BD  bas^eoand  et  en4Ulandftis  Va^atity 


le  gaillard  i^avant.  Ainsi,  sfribord  c'es^ 
le  côté  di|  gouvernail ,  de  l'arrière  où  es^ 
placé  le  gouvernail  ;  bâbord  c'est  le  côté 
de  l'avant.  Comment  le  côté  de  l'arrière 
est-il  devenu  le  côté  droit,  et  celui  de 
l'avant  le  gauche  ?  Cest  ce  que  nous  ne 
saurions  dire;  mais  sa  transformation 
est  ancienne  y  car  on  trouve  stribord 
dans  la  langue  maritime  du  milieu  d4 
xvi^  siècle.  Du  bord  saxon ,  les  Italiens , 
les  Portugais  et  les  Espagnols  ont  fait 
bordo ;  nous,  nous  avons  fait  bordages 
pour  nommer  les  planches  qui  servent  à 
recouvrir  le  bord  ou  côté  du  navire.  Pla- 
cer les  bordages,  c'est  border  le  bâti- 
ment. Mettre  les  avirons  (rames)  sur  le 
bord  d'un  canot,  c'est  border  les  avi^ 
rons  ;  étendre  une  voile  à  l'aide  de  cor- 
dages attachés  à  son  bord  inférieur , 
c'est  border  la  voile.  On  voit  qu'ici 
nous  sommes  |oin  de  la  première  signi- 
fication du  mot  bord;  mais  bord  étant 
devenu  côté ,  la  limite  du  côté  a  été  aussi 
le  bord ,  le  rebord ,  etc.  Le  bord  de  l'eau 
et  le  bord  de  la  voile  descendent  de  la 
même  origine  que  le  bord  et  les  bor- 
dages :  c'est  une  race  saxonne  qui  s'est 
faite  européenne.  Foy»  BoanÉK.  A.  J-l. 
BOEDA  (  Jean-Chables  ) ,  né  à  Dax 
ei^  1733,  mort  à  Paris  en  1799,  entra 
de  très  bonne  heure  au  service  et  fit  la 
campagne  de  1757  cofnine  aide -de- 
camp  du  maréchal  de  Maillebois.  Divers 
mémoires  d'analyse  et  de  physique  qna- 
thématique  lui  avaient  déjà  valu  le  titre 
d'asspcié  de  l'Académie  des  sciences. 
Plus  tard  il  quitta  le  service  de  ^erre  pour 
la  marine  et  fut  eipbarqu^  avec  Pingre, 
en  1771,  sur  la  frégate  la  tlore^  en 
qualité  de  commissaire  de  l'Académie 
pour  l'examen  des  montres  marines.  £n 
1776  il  fat  chargé  d'un  grand  travail 
hydrographique ,  ayanit  pour  objet  de  x»- 
lever  les  positions  des  îles  Canaries  cf 
d'une  portion  des  côt^  d'Afrique.I^ommé 
major-f  énéral  de  la  flotte  d^  comte  d'H^- 
taing ,  dans  la  guerre  d'An^rji^^  »  il  eu^ 
«n  17^2  le  conunandementdu  Soli^afre, 
vaisseau  de  74  canona,  en  croiAièp*e  açjUjs 
le  vent  de  -la  Miartinique.  FxH^cé  dp  se 
rendne,  après  •un  «ombat  g]Qrie|i<>  U  fut 
emmené  prisonnier  en  Ao^let^erre  et  de 
là  revint  en  France  sur  parole.  Cette  vie 
agitée  jyt  l'avait  pas  em|iécUé4^  i-éaliaer, 


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BOR 


en  1777,  sa  principale  inrention,  celle 
au  cercle  répétiteur  k  réflexion.  L«  cé- 
lèbre astronome  Toble  Mayer  avait 
déjà  publié  à  Londres ,  en  1767,  la  des- 
cription d*nn  cercle  répétiteur  à  ré- 
flexion, mais  sujet  à  des  inconvéniens 
que  ne  présentait  pas  la  méthode  de 
Borda.  Celui-ci  ne  tarda  point  à  appli- 
quer aux  cercles  ordinaires,  destinés  aux 
usages  terrestres  et  astronomiques,  le 
principe  ingénieux  de  sa  méthode,  qui 
consiste  à  atténuer  indéfiniment  le  résul- 
tat des  erreurs  de  mesures,  eu  les  faisant 
porter,  non  sur  Tare  simple  qu'on  veut 
mesurer,  mais  sur  un  grand  multiple  de 
cet  arc  Pendant  long-temps  les  savans 
français  ont  regardé  le  principe  de  Borda 
comme  une  vérité  mathématique,  à  Taide 
de  laquelle  Thomme  parrenait,  en  quel- 
que sorte,  à  s'affranchir  des  imperfec- 
tions inhérentes  aux  organes  des  sens  et 
aux  instrumens  qui  leur  servent  d'auxi- 
liaires. Aujourd'hui,  à  l'étranger  sur- 
tout ,  on  parait  convaincu  que  la  mé- 
thode de  répétition  n'a  pas  en  pratique 
les  avantages  que  semble  lui  assigner  la 
théorie,  et  on  l'a  abandonnée  dans  les 
recherches  astronomiques  les  plus  pré- 
cises. Ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela  que 
les  cercles  répétiteurs  ne  puissent  encore 
conserver  la  prééminence  sur  les  autres 
instrumens,  dans  les  observations  ordi- 
naires. 

Il  n'est  guère  de  partie  de  l'astrono- 
mie nautique  qui  ne  soit  redevable  à 
Borda  d'un  perfectionnement  ou  d'une 
méthode  nouvelle.  Ses  travaux ,  comme 
physicien ,  n'ont  pas  eu  moins  d'impor- 
tance. Il  prit  la  part  la  plus  active  à  la 
grande  opération  de  la  mesure  du  méri- 
dien entre  Dunkerque  et  Barcelone, 
pour  l'établissement  du  nouveau  système 
métrique.  Il  inventa  à  cette  occasion  ses 
procédés  pour  la  mesure  des  bases  géo- 
désiques  et  pour  la  réduction  des  obser- 
Tations  du  pendule,  travaux  qui  ont 
servi  de  point  de  départ  aux  recherches 
des  physiciens  contemporains  sur  ces 
importantes  questions. 

Les  ouvrages  de  Borda,  imprimés  sé- 
parément ,  sont  les  suivans  :  1^  Voyaf^e 
fait  par  ordre  du  roi  tf«  1 77 1  rt  1 772 , 
en  diverses  parties  de  t Europe  et  de 
l'Amérique,  etc.,  Paris,  1778,  2  vol. 


(  696  )  BOR        • 

in-4*;  5*  Descriptions  et  usages  dm 
cercle  de  réflexion ,  Paris ,  1 787,  io-4«  ; 
3  *  Tables  trigonométriques  tlécimales, 
Paris,  1804,  in-4*.  Ce  dernier  ouvrage, 
complété  et  publié  par  Delambre ,  a  bien 
perdu  de  son  utilité  maintenant  que 
l'innovation  de  la  division  décimale  du 
cercle  a  définitivement  échoué.     A.  C. 

BORDEAUX,  chef'lieu  du  départe- 
ment de  la  Gironde  et  ville  considérable 
de  France  (à  153  lieues  et  demie  S.-0. 
de  Paris,  lat.  N.  44*^  50'  Long.  O.  2« 
54'),  qui  s'élève  avec  magnificence  en 
demi-cercle  sur  la  rive  gauche  de  la  Ga  • 
ronne.  On  y  passe  ce  fleuve  sur  un  poot, 
sans  contredit  l'un  des  plus  beaux  de 
l'Europe;  il  a  17  arches  et  580  mètres 
(1785  pieds)  de  long.  Outre  la  préfec- 
ture, un  archevêché  a  son  siège  à  Bor- 
deaux. En  général  cette  ville  n'est  pas 
bien  bâtie  et  l'intérieur  renferme  même 
un  grand  nombre  de  rues  étroites  et  mal 
percées,  ainsi  que  des  places  petites  ci 
irrégulières;  mais  il  y  existe  aussi  des 
quartiers  d'une  beauté  parfaite,  des  pro- 
menades, des  places  publiques  et  des 
édifices  dignes  de  remarque,  tels  que  le 
quartier  qui  s'élève  sur  l'emplacement  de 
l'ancien  château  Trompette;  les  Char- 
trons  ou  le  port ,  l'un  des  plus  piUores- 
ques  du  royaume;  les  environs  de  la  place 
Saint- Julien»  le  grand  Cours,  les  allées 
de  Tourny,  le  Cours  du  jardin  public,  la 
place  Dauphine ,  la  place  Royale ,  celles 
des  Grands-Hommes  et  de  la  Comédie  \ 
la  rue  de  Tlntendanoe  et  celle  du  Cha- 
peau-Rouge, le  grand  Théâtre,  l'un  des 
plus  beaux  de  France,  la  Maison  royale, 
la  cathédrale,  l'hôtel  de  la  préfecture, 
rhôtel-de-ville,  la  Bourse,  la  douane;  la 
portedeBourgogne,celleSaintJulien,etc 

Bordeaux  possède  une  Académie  roya- 
le des  sciences ,  belles-lettres  et  arts  ;  une 
société  linnéenne  d'émulation,  une  socié- 
té philomatique ,  une  société  royale  de 
médecine  et  autres  institutions  scientifi- 
ques ;  un  musée ,  une  bibliothèque  pu- 
blique, un  cabinet  d'histoire  naturelle  , 
un  observatoire, une  galerie  de  tableaux, 
un  athénée  avec  un  muséum ,  un  muséum 
d'instruction  publique,  trois  théâtres, 
une  Académie,  une  Faculté  de  théologie, 
une  école  d'hydrographie ,  deux  écoles 
lecoodairet  de  médecine ,  des  éool«s  àm 


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BOR 


(697) 


BOR 


peinture  et  de  dessin ,  nne  banque,  une 
caisse  d'épargnes  et  de  prévoyance ,  une 
société  pour  Tencouragement  de  Tindus- 
trie  nationale,  des  compagnies  d'assu- 
rances maritimes  et  contre  Tinceudie, 
une  manufacture  royale  de  tabac,  des 
raffineries  de  sucre  et  des  fabriques  de 
touteespèce.  Située  à  une  petite  distance 
de  l'emlïouchure  de  la  Garonne,  avec  un 
port  vaste  et  commode,  communiquant 
avec  la  Méditerranée  par  le  canal  du 
Languedoc  et  avec  les  départemens  limi- 
trophes par  la  Gironde  et  la  Dordogne , 
il  est  difficile  d'imaginer  une  ville  plus 
favorablement  placée,  sous  le  rapport 
commercial,  que  celle  de  Bordeaux: 
aussi  son  commerce  s'étend  -  il  à  toutes 
les  parties  du  globe.  On  en  exporte, 
outre  les  produits  de  ses  fabriques,  une 
grande  quantité  de  vins  renommés,  pro- 
venant tant  de  son  territoire  que  du 
Languedoc,  du  Quercy,  duPérigord, 
du  Roussillon,  de  l'Ermitage,  de  Fron- 
tignan,  de  Béziers  et  d'Espagne,  etc.; 
des  eaux-de-vies  d'Armagnac  et  du  pays; 
du  chanvre ,  de  la  résine ,  du  liège ,  des 
grains,  des  farines,  des  prunes ,  toutes 
les  productions  du  centre  et  du  midi  de 
la  France,  etc.  Les  Anglais,  les  Hollan- 
dais, les  Danois  et  les  Suédois  y  im- 
portent du  charbon  de  terre,  de  l'étain, 
du  plomb,  du  cuivre,  du  bœuf  et  du 
saumon  salés ,  des  articles  d'épicerie  et 
de  droguerie,  de  la  mâture,  du  gou- 
dron ,  des  bois  dd  construction ,  du  mer- 
rain  ,  etc.  Les  retours  de  l'Amérique  et 
de  ses  lies  se  font  en  sucre  brut  et  blanc, 
café ,  coton ,  tabac ,  indigo ,  rocou ,  ca- 
cao et  liqueurs. 

Cette  ville,  appelée  très  anciennement 
et  peut-être  par  les  Celtes  Burdigala, 
reçut  encore  des  Romains,  qui  s'ils  ne 
l'ont  fondée  l'ont  du  moins  beaucoup 
agrandie,  le  nom  de  Biturigum  Vivisco- 
rurn  civitas  {voy,  Bitueiges).  Au  "v* 
siècle  elle  passa  sous  la  domination  des 
Yisigoths ,  puis  sous  celle  des  rois  francs 
{voy»  Aquitainb).  Ravagée  par  les  Sar- 
razins  au  viii^  siècle  et  au  iz'  par  les 
Normands,  elle  fut  réunie  au  duché  de 
Guyenne.  Par  le  mariage  d'Éléonore, 
fille  du  dernier  duc ,  avec  Louis  Vil ,  roi 
de  France,  la  Guyenne  fut  momentané- 
ment réunie  à  la  couroone.  Mai»  le  roi 


ayant  malheureusement  fait  prononcer 
son  divorce  avec  ÉléOnore,  en  1152, 
cette  princesse  épousa  Henri,  duc  de 
Normandie,  qui  monta  plus  tard  sur  le 
trône  d'Angleterre,  et  Bordeaux  tomba 
ainsi  au  pouvoir  de  cette  puissance,  à 
laquelle  la  Guyenne  ne  fut  enlevée  que 
sous  Charles  VU.  Florissant  et  heureux 
jusqu'au  moment  de  la  révolution  del  789, 
Bordeaux  éprouva  depuis  toutes  les  vi- 
cissitudes inséparables  de  l'état  de  guer- 
re, surtout  pour  une  ville  maritime. 

C'est  le  lieu  natal  d'Ausone,  de  Saint- 
Paulin,  de  Montaigne  et  de  Berquin. 
Montesquieu  était  né  à  deux  lieues  de  la 
ville.  Les  environs  sont  agréablement  di- 
versifiés par  un  grand  nombre  de  jolies 
maisons  de  campagne.  Sa  population  était 
en  1833  de  109,467  individus.  J.  M.  C. 

BORDEAUX  (>iNs  de).  Le  départe- 
ment de  la  Gironde,  qui  produit  les  vins 
bordelais,  est  un  des  plus  riches  en  vins; 
les  vignobles  y  occupaient,  en  1829, 
140,000  hectares,  c'est-à-dire  le  6®  de 
toute  la  surface  du  département.  En  gros 
on  peut  évaluer  le  produit  de  la  vendange 
annuelle  dans  les  divers  arrondissemens 
ainsi  qu'il  suit  : 


Arrondissement  de  Blaye 

tonneaux. 
.      40,000 

—  —  —  Libourne. . . 

.      60,000 

La  Réole... 

.     35,000 

Bazas 

.     10,000 

Bordeaux. . . 

.     85,000 

Lesparre  . . . 

.     20,000 

Total 250,000 

M.  A.  Jullien  compte,  année  moyenne, 
2,500,000  hectolitres  qui  reviennent  à 
un  peu  plus  de  250,000  tonneaux.  En 
déduisant  de  ce  dernier  nombre  le  dé- 
chet et  la  consommation  du  pays,  on  ob« 
tient  environ  200,000  tonneaux  comme 
étant  la  quantité  livrée  annuellement  au 
commerce.  On  compte  à  peu  près  60,000 
propriétaires  de  vignes;  un  capital  de 
plus  de  45  millions  de  francs  est  ab- 
sorbé par  les  frais  de  la  culture.  Ces 
avances  sont  remboursées  avec  grand  bé- 
néfice par  la  vente  du  vin ,  surtout  des 
bons  crûs.  Une  barrique  des  premiers 
crûs  d'une  bonne  vendange  coûte  à  Bor- 
deaux au-delà  de  1,200  francs;  les  mar- 
chands en  Angleterre  la  vendent  presque 
le  double.  L'arrondissement  de  Bordeaux 


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BOR  ( 

est,  des  6  ammdissemeos  de  U  Gironde, 
celui  qui  fournit,  non-seulement  le  plus 
de  vins,  mais  aussi  quelques-unes  des 
meilleures  qualités;  car  c*est  en  partie 
dans  cet  arrondissement  qu'on  récolte 
les  vins  de  MédoCy  quoique  le  fort  de 
Médoc  soit  situé  dans  l'arrondissement 
deX'esparre.  Le  vin  de  Médoc  jouit  de  la 
première  réputation  parmi  les  vins  bor- 
delais. «Cette  liqueur  délicieuse,  par- 
venue à  son  plus  haut  degré  de  qualité, 
dit  M.  Frank,  doit  être  pourvue  d'une 
belle  couleur,  d'un  bouquet  qui  participe 
de  la  violette ,  de  beaucoup  de  finesse  et 
d'une  saveur  infiniment  agréable;  elle 
doit  avoir  de  la  force  sans  être  capiteuse, 
et  animer  l'estomac  en  respectant  la  tête 
et  en  laissant  l'baleine  pure  et  la  bouche 
fraîche.  »  Toute  la  vendange  du  Médoc 
est  évaluée  de  81  à  38,000  tonneaux. 
On  distingue  le  Haut  -  Médoc  ^  le  der" 
Hère  du  Haut-  Médoc  et  le  Bas -Médoc, 
Cest  dans  celui-ci  qu'on  récolte  les  vins 
de  ChâUau-Latour  et  de  ChâteaurLa- 
JUte,  L'arrondissement  de  Bazas  produit 
les  vins  blancs  excelleos  de  Bonnes  et 
de  Sauterne,  Aux  environs  de  Liboume 
on  récolt^le  vin  de  Saint-Emilion  ;  m/iis 
les  2,500  tonneaux  de  vin  de  ce  nom 
qu'on  expédie  par  an  an  dehors  ne  peor 
vent  tous  venir  des  vignobles  de  Saint- 
Émilion  qui  ne  sont  guère  considérables. 
Dans  les  arrondissemens  de  Blaye  et  de 
la  Réole,  il  n'y  a  que  des  vins  ordmaires; 
ils  se  consomment  en  grande  partie  dans 
le  Bordelais  même.  Dans  le  commerce , 
les  vins  du  département  se  divisent  en 
4  classes  y  savoir:  vins  de  MMoc»  de 
IJaut-Brion,  de  Saint -Émilion  et  de 
Grave;  et  dans  ces  classes  on  regarde 
comme  les  meilleurs,  parmi  les  vins  1*011- 
ges,  ceux  de  Lafitte ,  Lataur,  Château-r 
Margaux  et  Haut-Brion ,  et ,  parmi  les 
vins  bUncs,  ceux  de  Barjac^  S&uteme, 
Pregnac,  Pontac,  Saint-Bris  et  Langon. 
On  divise  encore  toi|s  les  vins  bordelais 
en  yins  de  Grave  ou  de  gravier,  c'esti- 
à-dire  cultivés  dans  un  terrain  grave-» 
leux,  et  vins  de  Palud^  provenant  d'un 
sol  un  peu  humide. 

La  ville  de  Bordeaux  a  le  dépàt  de 
tous  oes  vins,  dont  la  plus  grande  partie  est 
destinée  à  l'exportation  par  nier  :  au  quai 
des  Chartrons  on  voit  d«  vastes  ma^MÛ» 


698  )  BOR 

dans  le«qaek  \m  ▼iqs  bpfà^w  ami  pré^ 
parés  et  mêlés  suivant  la  ^At  des  pay* 
pour  lesquels  on  les  destine  et  suivant 
la  longueur  des  trajets  qu'ils  ont  à  (aire  ; 
on  mute  ou  soufre  plus  00  mpÎBM  les 
tonneaux,  on  colle  les  vins  en  grand, 
enfin  on  les  renforce  pour  les  na- 
tions qui  préfèrent  lea  vins  forts.  Quant 
aux  vins  médiocres ,  on  les  distille  ou  o« 
en  fait  du  vinaigre.  La  réputation  dee  vioa 
bordelais  est  faite  depuis  pkuieiirssièdes^ 
cependant  celle  des  crûs  n'a  pas  été  tcm**^ 
jours  la  toème,  A.insi  le  Médoc  était  peu 
estimé  autrefois ,  tandis  que  l'on  faisait 
grand  cas  du  vin  de  Bourg  qui  n'est  giièr« 
connu  aujourd'hui.  On  trouvera  de  plus 
amples  détails  dans  les  ouvrages  auivans  ; 
Traité  sur  les  vins  ds  Médoc  et  les  vins 
routes  de  la  Gironde,  par  W.  Frank* 
Bordeaux»  1 8^4,  in-S^  avec  des  tableaux) 
Classification  et  description  des  vins  de 
Bordeaux,  et  des  cépages  particuliers 
au  département  de  la  Gironde,  mode  de 
culture,  etc.,  par  If*  Paguière,  cpwtwr 
de  vins,  Bordeaux  et  Paris,  1^29,  îa-8^, 
avec  une  carte  des  prinçipaqx  vignobles 
du  Bordelais;  enfin  Tfipograpfùe  de  tous 
les  vignobles  connus,  etc.,  par  À^  juL- 
lien,  3^  édjt.,  Paris  1832,  iBr^"^.  D-a. 
BORDEAUX  (Hsinu-CKaaLtt-FKa- 
DmàVD  -  Maeib  -  Dt^unonri  p'Aavosa  , 
duc  de),  fils  posthume  du  duc  de  Befntf, 
mort  assassiné  à  Paris  an  moment  ou  la 
nouvelle  grossesse  de  sa  fenmi,  Gar^*- 
line-Ferdinande^  Louise  9  pHncease  4«$ 
Deux-Siiciles,  fêtait  eocore  un  feerat,  na- 
quit b  29  septembre  ^830*  6a  najasanoe, 
qui  eut  lieu  dans  un  «unnent  où  la  du- 
chesse était  seule  et  oh  tontes  les  lumières 
étaient  éteintes  dans  son  appart^nent, 
donna  lieu  aux  bruits  les  plus  étranges 
et  les  plus  dénuÀ  de  fbndemavt  {voy. 
BEaaT)p  II  fut  appelé  par  les  rayaliates 
\ enfant  du  miraeU  9  «t  par  le  corps  di- 
plomaUque,qui  allaoomplimeater  la  mèra. 
Versant  d^t  l^Murope ,  et  confia  par  Louis 
XVIU ,  dont  eet  ^Aiement  ebarnoait  lea 
vieux  jours ,  aux  soins  de  M'^  la  idacbesae 
de  Gontaqt,  qui  fut  nommée  gourcmanle 
des  ertfans  de  France,  et  qui  reaaplii 
dignement  ces  Conctions  difficiles  et  dé- 
licates. Ses  élèves  lui  vouèrent  et  lui  con- 
servent nn  tendre  attachement.  Dès  sa 
^$mhw§  mUmm^  U  dm:  d%  Rarda 


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BOR 


(699) 


BOR 


donna  des  preuves  d'an  bon  cœnr  et  fit 
voir  d'heureuses  dispositions  que  Tâgc, 
dit-on,  développe  de  plus  en  plus.  Il  avait 
5  ans  lorsque  le  duc  Mathieu  de  Mont- 
morency fut  nommé  son  gouverneur; 
mais  celui-ci  étant  mort  en  1827^  il  fut 
remplacé  par  le  duc  de  Rivière  qui 
mourut  aussi  peu  de  temps  après  avoir 
été  chargé  de  ces  fonctions.  Il  eut  pour 
successeur,  en  1828,  le  baron  de  Damas, 
qui  est  encore  près  du  jeune  prince.  En 
même  temps  M.  Tbarin ,  alors  évéque  de 
Strasbourg  et  auquel  on  avait  fait  une 
réputation  de  jésuite  et  de  partisan  du 
mouvement  rétrograde,  fut  nommé  son 
précepteur,  mais  sans  qu'il  put  se  soute- 
nir long-temps  à  ce  poste. 

Le  duc  de  Bordeaux,  alors  âgé  de  près 
de  10  ans,  fut  Tune  des  premières  vic- 
times de  la  révolution  de  1830  qui  ex- 
pulsa son  oncle  et  toute  sa  famille.  Il 
passa  avec  elle  en  Angleterre  et  séjourna 
à  Holy-Rood,  près  d'Edimbourg,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  allât  s'établir  à  Prague, 
en  1831. 

Charles  X  et  le  dauphin,  son  fils, 
ayant  abdiqué,  après  les  journées  de  juil- 
let (le  2  août  1830),  en  faveur  du  jeune 
duc  de  Bordeaux,  celui-ci  est  considéré 
par  les  partisans  de  la  famille  déchue 
comme  le  seul  roi  légitime  de  la  France  ; 
ils  l'appellent  Henri  V  et  ont  fait  frapper 
des  monnaies  à  son  effigie  où  il  porte  ce 
nom^  et,  sojt  par  habitude  et  indifférence, 
soit  par  esprit  de  parti  ou  par  dérision, 
il  lui  est  même  donné  par  i|n  grand  nom- 
bre de  ceux  qui  sont  loin  de  lui  recon- 
naître des  droits  à  la  couronne  de  France. 
Le  29  septembre  1833  les  légitimistes  ont 
célébré  la  majorité  du  duc  de  Bordeaux, 
et  beaucoup  d'entre  eux  lui  ont  prêté  ser- 
ment; à  cette  époque  leurs  voyages  fré- 
quens  ont  donné  lieu  à  quelques  arres- 
tations* 

Pour  nous,  qui  comptons  pour  quelque 
chose  les  décisions  du  sort  et  les  volon- 
tés d'un  peuple,  le  duc  de  Bordeaux 
n'est  ppiiit  IJenri  V  :  il  n'est  qu'un  pré- 
tendant à  la  couronne  de  France,  un 
jeune  prince  intéressant  par  des  malheurs 
précoces  et  innocent  des  actes  que  l'on 
reproche  à  sa  famille.  J.  H.  S. 

BOUDÉE  est  un  mot  dérivé  de  bor4; 
il  exprime  une  idée  bien  difTérpnte  de 


celle  que  représente  le  ?er1^  border. 
Lorsqu'un  navire  veut  aller  à  un  lieu  d'où 
soufQe  le  vent,  c'est-à-dire,  lorsqu'il  a,  en 
termes  de  mer,  vent  debout,  il  est  forcé 
de  présenter  le  côté  (le  bord)  à  ce  vent, 
qui,  frappant  dans  ses  voiles  sous  un 
angle  aigu ,  a  deux  actions  sur  lui  :  l'une 
qui  tend  à  le  pousser  dans  la  direction  de 
la  ligne  du  vent  et  qu'on  appelle  la  dérivCy 
l'autre  qui  tend  à  le  porter  en  avant ,  et 
qu'on  appelle  la  marche.  Lorsque  les 
circonstances  de  construction ,  de  charge 
du  navire,  de  mer,  etc.,  sont  telles  que 
la  dérive  l'emporte  sur  la  marche,  le  bâ- 
timent fait,  on  le  conçoit,  une  route  très 
différente  de  celle  qu'il  devrait  faire  ;  il 
est  jeté  sous  le  vent  et  ne  peut  gagner  le 
but  où  il  tendait.  Lorsque  le  contraire 
arrive,  et  les  choses  sont  arrangées  ordi- 
nairement de  telle  manière  que  la  dérive 
soit  la  moins  grande  possible,  le  bâti* 
ment  monte  dans  le  vent.  Arrivé  à  un 
certain  point,  il  vire  de  bord,  c'est-à- 
dire  qu'il  présente  l'autre  côté  au  vent, 
toujours  sous  l'angle  le  plus  aigu,  et  dans 
cette  direction  il  fait  encore  un  certain 
nombre  de  lieues  ou  de  fractions  de  lieues. 
Ce  sont  ces  routes  obliques  au  vent, 
a!tematives  sur  l'un  et  l'autre  bord,  qui 
ont  pris  le  nom  de  bordées  ;  elles  finis- 
sent par  conduire  au  point  précis  qu'on 
veut  atteindre,  comme  un  zig-zag  régu- 
lier à  angles  égaux  dans  un  chemin  sur 
terre  conduitd'un  point  d'une  ligne  droite 
à  l'autre. 

Bordée  a,  dans  la  marine,  d'antres 
acceptions  que  celle  sous  laquelle  on  vient 
de  voir  ce  terme  technique.  Quand  un 
bâtiment  de  guerre  fait  feu  de  tous  les 
canons  qu'il  a  dans  ses  batteries  d'un 
bord  ou  dans  une  seule  de  ses  batte- 
ries, il  tire  sa  bordée.  Envojrez  la  bor- 
dée de  241  envoyez  la  bordée  de  tri- 
bord I  veulent  dire:  Envoyez  à  l'ennemi 
tous  les  boulets  des  canons  de  24  qui 
peuvent  être  dirigés  contre  lui;  envoyez 
tous  les  coups  des  canons  du  côté  droit. 

Le  service  des  matelots  à  la  mer  est 
partagé  par  bordées  qu'on  désigne  par 
les  deux  bords  du  navire  :  tribord  et  bâ- 
bord. Les  matelots  de  la  bordée  d^  tri- 
bord s'appellent  les  tribprdiers ,  et  ba- 
borddis  ceux  de  la  bordée  de  bâbord. 
Les  bordées  sont  égales  ep  hommes  et, 


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autant  que  faire  se  peut,  en  forces.  La 
bordée  de  tribord  commence  le  servirai 
RU  moment  où  Ton  met  à  la  mer;  celle 
de  bâbord  la  relève.  La  première  bordée 
va  de  midi  à  6  heures,  la  seconde  de  6 
heures  k  minuit,  la  troisième  de  minuit 
à  4  heures,  la  quatrième  de  4  heures  à 
8  heures,  la  cinquième  de  8  heures  à 
midi.  Les  bordées  sont  donc  inégales; 
celles  de  nuit ,  plus  fatigantes  que  celles 
de  jour,  sont  moins  longues. 

La  bordée  de  6  heures  à  minuit  est 
appelée  la  grande  bordée  ou  le  grand 
quart.  Le  mot  quart  est  employé  main- 
tenant plus  souvent  que  le  nfot  bordée, 
quoiqu'il  ne  représente  pas  très  bien  Tidée 
qu'il  exprime.  En  effet  le  service  est  di- 
Tisé  en  5  quarts  et  non  en  4 ,  et  les  quarts 
ne  sont  pas  tous  de  4  heures.  Probable- 
ment on  a  d'abord  partagé  les  24  heures 
en  6  parties  de  4  heures ,  ou  en  4  parties 
de  6  heures;  quoi  qu'il  en  soit,  quart  a 
prévalu.  Le  quart  de  4  heures  du  matin 
k  8  heures  est  le  quart  du  jour.  Pour 
relayer  les  gens  de  quart  on  appelle  :«Tri> 
bord  (ou  bâbord)  au  quart!  »     A.  J-l. 

BORDEREAU.  On  appelle  borde- 
reau un  extrait  de  compte  qui  comprend 
toutes  les  sommes  tirées  hors  ligne  y  tant 
de  la  recette  que  de  la  dépense,  afin  de 
balancer  un  compte. 

Tous  les  mois  un  banquier  envoie  un 
extrait  de  compte  courant  à  chaque  né- 
gociant qui  travaille  avec  lui  :  cet  extrait 
s'appelle  bordereau.  Cet  usage  est  suivi 
par  les  administrations  financières  qui, 
chaque  mois,  envoient  au  ministère  des 
finances  le  bordereau  de  leur  situation. 

Les  commis,  les  garçons  de  caisse,  et, 
en  général,  tous  ceux  que  l'on  diarge 
d'aller  en  recette  ou  en  paiement ,  ont 
ua  petit  livret  qu'on  nomme  bordereau, 
sur  lequel  ils  écrivent  la  quotité  et  la  na- 
ture des  sommes  qu'ils  ont  re^es  ou 
versées. 

Le  mathématicien  Legendre avait  com- 
posé une  table  qui  porte  le  nom  de  Bor- 
dereau d'aunage;  elle  présente  les  di- 
verses fractions  de  l'aune,  comparées  et 
mises  en  rapport  avec  la  livre  tournois  de 
30  sols.  J.  O. 

BORDEr(TH£OPniu),né  en  1722, 
à  Iseste  en  Béam ,  et  mort  en  1 776  à  Page 
de  54  ans,  fut  un  des  médecins  les  plus 


célèbres  de  son  siècle.  Petit-fils ,  fils  et 
frère  de  médecin,  il  se  livra  avec  empres- 
sement aux  études  médicales  où  il  obtint 
de  brillans  succès,  et  où,  encore  élève,  il 
commença  sa  carrière  de  professeur.  Reçu 
docteur  en  médecine  après  des  épreuves 
d  istinguées  et  n'étant  encore  âgé  que  de  20 
ans ,  il  embrassa  avec  enthousiasme  les 
doctrines  du  vitalisme;  c'était  l'oppositioii 
médicale  d'alors,  qui  devait  plaire  à  on 
esprit  jeune,  vif,  et  brillant  peut-être  plus 
qu'exact. 

Les  ouvrages  de  Bordeu  sont  nombreux: 
outre  sa  thèse  de  Sensu  genericê  consi- 
derato  (1 742  )  et  ses  Recherches  sur  la  di- 
gestion (1743),  on  lit  encore  avec  intérêt 
les  Recherches  anat.  sur  la  posidon  des 
glandes  et  sur  leur  action  (  1 752) ,  sur  le 
Tissu  muqueux  et  l'organe  cellulaire 
(1767).  En  1 775  il  publia, de  concert  avec 
son  frère  FaAHçois  dont  la  réputation  s'est 
éclipsée  derrière  la  sienne,  desRecherches 
sur  les  maladies  chroniques^  etc.  Aupa- 
ravant il  avait  excité  encore  à  un  haot 
degré  l'attention  publique  par  ses  Recher" 
ches  sur  le  pouls  par  rapport  tuuc  crises. 
Il  écrivit  aussi  des  dissertations  sur  les 
écrouelles,  et  sur  V inoculation  dont  il  se 
montra  l'un  des  premiers  protecteurs. 

La  vie  de  Bordeu  fut  pleine  d'activité 
et  d'incidens  qui  s'expliquent  bien  par  la 
disposition  de  son  esprit  Tour  à  tour  il 
se  fixa  à  Paris,  où  il  trouva  de  grands  suc- 
cès comme  praticien  et  des  désagrémens 
occasionnés  par  ses  dissensions  avec  ses 
confrères  qui  le  persécutèrent  avec  opi- 
niâtreté ;  puis  il  revint  à  Pan  en  qualité 
d'intendant  général  des  eaux  minérales 
de  l'Aquitaine.  C'est  là  qu'il  se  plaisait 
surtout  au  milieu  des  magnifiques  scènes 
de  la  nature  qui  étaient  en  rapport  avec 
la  tournure  poétique  de  son  esprit  méri- 
dional. Ce  n'est  pas  cependant  que  Bor- 
deu ne  doive  être  compté  au  nombre  des 
observateurs  qui  ont  véritablement  enri- 
chi la  science  :  il  est  plein  de  sagadté  ; 
mais  dans  l'exposé  des  résaltats  il  se  livre 
souvent  à  son  imagination  qui  l'entraîne 
au-delà  des  faits. 

Les  attaques  d'une  goutte  vagne  el  une 
mélancolie  profonde  l'engagèrent  à  aller 
chercher  la  santé  aux  eaux  de  sa  terre  m- 
taie  ;  il  y  fut  frappé  d'apoplexie  pendant 
son  sommeil.  Coatemporain  de  Voltairey 


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de  Rousseau  et  des  encyclopédistes ,  Bor- 
deu  participa  activement  au  mouvement 
intellectuel  de  cette  époque;  il  combattit 
avec  talent  et  quelquefois  avec  malice  les 
partisans  de  Boërhaave,  pour  les  doctrines 
duquel  il  montre  une  antipathie  peu  en 
rapport  avec  Téclectisme  dont  il  faisait  gé- 
néralement profession.  Après  avoir  exercé 
long-temps  la  médecine  et  avoir  joui  d'une 
grande  vogue ,  Bordeu  ne  laissa  qu'une 
fortune  fort  médiocre  :  ce  qui  répond  aux 
accusations  qu'on  ne  craignit  pas  de  por- 
ter contre  lui  et  qui  contribuèrent  à  em- 
poisonner et  à  abréger  son  existence.  Ses 
œuvres  ont  été  réunies  en  2  vol.  in-8^  ; 
Paris,  1817.  F.R. 

BORDONE  (Paris),  né  à  Venise,  vers 
1 500,  d'un  gentilhomme  Trévisan  qui  lui 
fit  donner  une  éducation  en  rapport  avec 
son  rang  et  sa  fortune ,  embrassa  la  pein- 
ture par  inclination.  Après  avoir  passé 
quelque  temps  à  l'école  du  Titien ,  qui 
l'en  chassa,  dit-on,  par  jalousie,  il  s'atta- 
cha particulièrement  à  celle  du  Giorgion 
et  finit  par  se  créer  un  style  très  gracieux 
qui  n'appartient  qu'à  lui  seul.  Son  colo- 
ris ,  sans  être  moins  vrai ,  moins  fort  que 
celui  du  Titien  y  a  peut  être  plus  de  dou- 
ceur et  de  variété.  On  trouve  générale- 
ment dans  les  ouvrages  de  Bordone  une 
finesse  de  dessin  y  une  richesse  d'ajuste- 
ment ,  une  vivacité  d'expression  ,  une 
originalité  de  composition  qui  décèlent 
l'homme  doué  par  la  nature  des  facultés 
qui  constituent  l'artiste.  Ce  maître  s'ac- 
quit une  grande  célébrité  par  les  ouvrages 
qu'il  exécuta  tant  à  Venise  que  dans  d'au- 
tres villes  d'Italie.  Plusieurs  princes  d'Eu- 
rope cherchèrent  à  l'attirer  près  d'eux; 
François  1*'  fut  le  seul  qui  pût  le  dé- 
terminer à  quitter  sa  patrie.  A  la  cour  de 
ce  prince,  ami  et  protecteur  zélé  des  arts, 
Bordone  recueillit  honneurs  et  richesses; 
de  retour  à  Venise  il  vécut  dans  l'aisance, 
partageant  ses  loisirs  entre  les  lettres ,  la 
musique  et  la  peinture ,  entouré  d'amis 
et  d'admirateurs  de  ses  rares  talens.  Il 
mourut  en  1570.  Ses  ouvrages  les  plus 
célèbres  sont  le  fameux  tableau  connu 
sous  le  nom  de  t Anneau  de  saint  Marc 
que  le  musée  du  Louvre  a  possédé  quel- 
ques instans;  un  saint  Pierre  et  un  saint 
André  à  San  Giobbe;  un  Paradis  dans  l'é- 
glise d'Ogoissanti  de  Trévise;  enfin  un 


grand  tableau  d'autel  où  il  a  peint,  en 
six  groupes  di(férens ,  les  mystères  évan- 
géliques. 

Un  fib  de  Paris  Bordone  a  exercé  la  pein- 
ture; mais  il  n'a  point,  a  beaucoup  près, 
approché  du  mérite  deson  père.  L.  G.  S. 

BORE.  Le  bore  est  un  corps  simple 
non  métallique  (métalloïde)  découvert  en 
1809  par  MM.  Gay>LussacetThénard; 
ces  deux  célèbres  chimistes  l'obtinrent 
en  décomposant  l'acide  borique  {voy,)  au 
moyen  du  potassium.  C'est  encore  de  la 
même  manière  qu'on  le  prépare  au- 
jourd'hui. 

L'acide  borique  doit  d'abord  être 
chauffé  au  rouge  et  fondu  afin  d'en  sé- 
parer toute  l'eau  qu'il  contient  encore, 
lorsqu'on  le  prend  sous  forme  de  pail- 
lettes nacrées.  On  le  pulvérise  ensuite  et 
on  l'introduit  dans  un  tube  de  verre,  en 
le  mélangeant  avec  le  potassium;  on 
chauffe  :  le  potassium  s'empare  de  l'oxi- 
gène  de  l'acide  borique  et  le  bore  reste 
libre  sous  forme  de  poudre  d'un  vert 
noirâtre,  lorsque  le  résidu  a  été  lavé. 

Comme  il  est  impossible  de  priver 
complètement  l'acide  borique  d'humi- 
dité^ le  dégagement  des  gaz  dus  à  la 
décomposition  de  l'eau  occasionne  pres- 
que toujours  la  rupture  du  verre.  Aussi 
est-il  préférable  de  se  servir  d'un  tube 
de  cuivre  et  d^opérer  seulement  sur  de 
petites  quantités  du  mélange. 

Pour  éviter  ces  inconvéniens  et  rendre 
l'opération  plus  facile,  M.  Berzélius  pro- 
pose l'emploi  du  fluorure  de  bore  et  de 
potassium,  sel  peu  soluble  qui  se  préci- 
pite lorsqu'on  verse  une  dissolution  de 
carbonate  de  potasse  dans  de  l'acide  fluo- 
rique  saturé  d'acide  borique.  Ce  sel  est 
desséché  facilement.  Sa  décomposition 
par  le  potassium  peut  être  opérée  dans 
des  tubes  de  verre. 

Le  bore  est  plus  pesant  que  l'eau;  il . 
est  insoluble  dans  ce  liquide  et  dans 
l'alcool.  L'acide  nitrique  le  transforme 
en  acide  borique.  Chauffé  avec  le  nitrate 
et  le  carbonate  de  potasse,  il  donne  du 
borate  [voy,)  de  cette  base.  L'action  est 
tellement  vive  que  souvent  une  détona* 
tion  se  fait  entendre.  Quoique  insoluble 
dans  l'eau  après  avoir  été  calciné,  il  est 
susceptible  d'y  rester  assez  divisé  pour 
passer  à  travers  les  filtres  lorsqu'il  est  à 


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BOR 

fétat  d'bydrate.  Le  bore  n'est  encore  em 
ployé  à  aucun  usage.  H.  A. 

BORÉE .  mot  dérivé  du  grec  BopéaÇy 
qui  signifie  le  vent  du  nord.  Les  anciens 
Grecs  adoraient  Borée  comme  une  divi- 
nité et  plaçaient  sa  demeure  en  Thrace. 
Les  monumens  de  Tart  le  représentent 
sous  les  traits  d*un  vieillard  ailé  et  barbu, 
avec  des  queues  de  serpent  au  lieu  de 
jambes  y  et  revélu  d*une  longue  robe  flot- 
tante. Ses  ailes,  sa  barbe  et  sa  chevelure 
sont  pleines  de  flocons  de  neige,  et  sa  robe 
flottante  soulève  des  tourbillons  de  pous- 
sière. Selon  la  mythologie ,  Borée  était 
fils  d'Astréus,  Tun  des  Titans,  et  de  TAu- 
rore.  Voyant  un  jour  son  favori,  Hyacin- 
the, s'exercer  au  jeu  du  disque  avec 
Apollon,  il  conçut  de  la  jalousie  et  dé- 
tourna le  disque  du  dieu  des  Muses  de 
manière  que  cet  instrument  porta  un  coup 
mortel  au  jeune  bomme*.  Borée  enleva 
Orythyie,  fille  d'Erechtée,  roi  d'Athènes, 
et  la  transporta  en  Thrace.  Il  eut  d'elle 
4  enfans  :  Cléopâtre ,  Chione ,  Calais  et 
Zétès.  Les  deux  derniers  prirent  part  à 
l'expédition  des  Argonautes. 

BoaiAL  se  dit ,  en  général,  de  tout  ce 
qui  a  rapport  au  nord  ou  septentrion. 
On  se  sert  plus  souvent  du  mot  septen- 
trional, qui  signifie  la  même  chose,  et  le 
mot  boréal  n'est  plus  guère  employé,  au 
moins  en  prose,  que  pour  désigner  le 
phénomène  appelé  aurore  boréale,  Voy, 
ce  mot.  C.  L.  m. 

BORGBÈSE,  famille  romaine  origi- 
naire de  Sienne  où ,  depuis  le  milieu  du 
XV*  siècle,  elle  occupe  les  places  les  plus 
émioentes.  Le  pape  Paul  V,  qui  appar- 
tenait à  cette  famille,  et  qui  monta  au 
Saint-Siège  en  1605,  combla  ses  parens 
d'honneurs  et  de  richesses.  £n  1607  il 
nomma  son  frère  Francesco  Borchèsb 
commandant  des  troupes  qu'il  envoya 
contre  Venise  pour  y  faire  respecter  ses 
droits.  Il  donna  à  Marg-Antoink,  fils 
de  Giov.-Battista,  un  autre  de  ses  frè- 
res ,  la  principauté  de  Sulmone  ,  lai 
assura  un  revenu  annuel  de  200,000  écus, 
et  lui  fit  obtenir  le  titre  de  grand  d'Es- 
pagne. Il  éleva  un  autre  de  ses  neveux, 
SciPioN  Caffaaelli,  à  la  dignité  de  car- 
dinal, et  lui  permit  de  prendre  le  nom 
(*)  Qaelqoet  mythogra^hes  attribaent  ceUa 
Teiigeaoce  à  Zéphyre  qui  aunaU  aotsi  Hvaciiitbo. 


(  702  )  BOR 

de  Borghèse.  Cest  ce  dernier  surtout 
qu'il  enrichit  en  lui  livrant  les  biens  con- 
fisqués de  la  malheureuse  famille  de  Cen- 
ci.  Ce  même  pontife  a  fait  bâtir  la  villa 
Borghèse,  non  loin  de  la  porte  det  Po^ 
polo  à  Rome  (voj.  Tart  suivant).  C'est 
de  Marc-Antoine,  mort  en  1668,  que 
descend  ta  famille  dece  nom  qui  existe  en- 
core aujourd'hui.  Son  fils  Giot.-Bat- 
TisTA  épousa  OUmpia  Aldobrandini ^ 
une  des  plus  riches  héritières  de  l'Italie, 
qui  le  rendit  possesseur  de  la  principauté 
de  Rossano.MAEoANToiNE  II,  fils  du  pré- 
cédent, mort  en  1729,  acquit  de  grandes 
richesses  en  prenant  sa  femme  dans  la 
famille  deSpinola.  Son  fils  Camullo-Ah- 
TONio  -  F&ANGKSGo  -Baluasa^re  devint 
son  héritier ,  s'allia  par  un  mariage  avec 
la  maison  Colonna,  et  mourut  en  1763. 
Le  fils  atné  de  celui-ci,  Marco-Ahto- 
Nio  m,  né  en  1730,  devint  en  1798 
sénateur  de  la  république  romaine,  et 
mourut  en  1800.  Par  lui  se  termina,  en 
1769,  le  procès  séculaire  avec  la  famille 
Pamfili  au  sujet  de  la  succession  Aldo- 
brandini. 

Camillo-Fil.-Ludov.  Borghèse,  prin- 
ce de  Sulmone  et  de  Rossano,  ci-devant 
duc  de  Guastalla,  prince  italien ,  prince 
de  France,  etc.,  né  à  Rome  en  1775  de 
Marco-Antonio  III,  était  un  des  plus 
riches  propriétaires  de  l'Italie.  Quand  les 
Français  entrèrent  dans  la  Péninsule ,  il 
servit  dans  leur  armée,  se  montra  très 
attaché  à  leur  cause,  à  celle  des  idées 
libérales,  et  surtout  au  général  Bonaparte. 
Celui-ci,  flatté  du  dévouement  de  ce  re- 
jeton d'une  des  plus  illustres  familles 
d'IUlie,  l'appela  à  Paris  en  1803  ;  Ca« 
mille  Borghèse  y  vint  et  épousa,  le  6  no- 
vembre de  la  même  année,  la  sœur  ca- 
dette de  Napoléon ,  Pauline^  veuve  du 
général  Leclerc  [voy.  Bonaparte).  En 
1804  il  fut  nommé  prince  français  et 
grand'croix  de  la  Légion -d'Honneur; 
lors  de  la  guerre  contre  l'Autriche,  en 

1805,  il  fut  promu  au  grade  de  chef  d'es- 
cadron de  la  garde  impériale;  bientôt 
après  il  fut  nommé  colonel ,  et  quelques 
années  plus  tard  général  de  division. 
Après  la  fin  de  cette  guerre,  il  fut  fait 
duc  de  Guastalla  dont  sa  femme  obtint 
la  principauté.  Après  avoir  pris  part,  en 

1806,  à  U  campa^e  contre  la  Prusse  €C 


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BOR  (  708  ) 

k  Roesiey  et  atoîr  été  tmioyé  à  Varso- 
TÎe  ponr  préparer  1«8  Polonais  à  une  in- 
surrection,  Tempereur  le  nomma  (1810) 
gouvemeor-général  des  provinces  trans* 
alpines.  Depuis  ce  temps  il  tint  sa  cour  à 
Turin  et  se  fit  aimer  des  Piémontais. 
Apr^  Tabdication  de  Napoléon  il  cessa 
toute  relation  avec  la  famille  Bonaparte 
et  se  sépara  de  sâ  femme  ^  dont  il  avait  à 
se  plaindre.  Lorscpi'en  1815  le  roi  de 
Sardaigne  revendiqua  les  biens  natio^ 
naux  piémontais ,  avec  lesquels  le  gou- 
vernement français  avait  payé  les  8  mil- 
lions qui  avaient  servi  à  l'acquisition  des 
objets  d'art  de  la  villa  Borghèse,  on  fen- 
dit au  duc  la  plus  grande  partie  de  ces 
objets  d'art  qu'on  reprit  à  la  France. 
Le  prince  Borgbèse  vendit  sa  terre  de 
Lucedio  en  Savoie  ^  et  alla  résider  à 
Florence.  Pendant  son  séjour  à  Rome, 
en  1826,  le  pape  Léon  Xn  le  traita  avec 
beaucoup  de  distinction,  comptant  de  sa 
part  sur  des  legs  en  faveur  des  institutions 
pieuses.  Le  prince  mourut  à  Florence  en 
1882,  et  eut  pour  héritier  François 
Borgbèse- Aldobrandini  (né  à  Rome  en 
1777),  qui,  ayant  partagé  les  sympathies 
de  son  frère  pour  Napoléon,  avait  aussi 
reçu  de  celui-ci  le  titre  de  prince  fran- 
çais et  d*autres  distinctions.  Il  épousa  la 
fille  de  la  comtesse  A.1exandre  de  La  Ro- 
chefoucault,  dame  d'honneur  de  José- 
phine, devint  colonel,  général  et  grand- 
écuyer  de  l'empereur.  C,  L, 

BORQHESE  (tiixa).  Cette  maison 
de  pkisance,  située  à  l'entrée  de  Rome, 
entre  la  porte  Pinciana  et  celle  du 
Peuple  y  est  plus  célèbre  par  la  magni- 
ficence de  ses  jardins  et  surtout  par  le 
choix  et  Tinnombrable  quantité  de  mo- 
numens  antiques  qu'elle  renfermait  dans 
son  enceinte,  et  qui  en  avaient  fait  un  vé- 
ritable musée ,  que  par  le  mérite  de  son 
architecture.  Les  ducs  Altemps  qui 
l'occupèrent  dans  l'origine  firent  éle- 
ver par  Honoré  Lunghi  la  porte  d'en- 
trée près  la  porte  du  Peuple.  Scipion 
Caffarelli,  qui  prit  le  nom  de  Borgbèse 
{voy,  l'art,  précédent),  y  fit  de  grandes 
augmentations  vers  1 605.  Paul  Y  bâtit 
le  palais  principal  sur  les  dessins  de  Jean 
Yasanzio.  Dominique  Savino  de  Monte 
Pulciano  fut  chargé  de  la  plantation  des 
jardinty  Jérôme  Eainaldi  de  leurs 


BOR 


bellissemcns,  et  Jean  Fontana  de  la  con- 
duite (ïrs  eaux.  Tous  les  princes  de  la  fa- 
m'ïV''  Borgbèse' ajoutèrent  à  cette  demeu- 
re des  embellissemens  de  toute  nature 
et  Tenrichirent  des  monumens  les  plus 
précieux  de  Fart  antique,  jusqu'au  jour 
où  Camille  Borgbèse,  par  un  marché  qui 
n'a  reçu  qu'une  partie  de  son  exécution, 
céda  à  Napoléon,  moyennant  8  millions, 
cette  riche  collection.  Parmi  les  1 95  mor- 
ceaux de  sculpture  de  premier  ordre  restés 
au  musée  du  Louvre  en  vertu  de  la  tran- 
saction faite  entre  le  prince  Borgbèse  et 
Louis  XVIII,  après  la  chute  de  Napoléon, 
il  faut  citer  comme  des  chefs-d'œuvre 
d'un  prix  inestimable  le  Gladiateur 
combattant,  V Hermaphrodite ^  le  Ce/i- 
taurt  dompté  par  le  génie  de  Bacchus, 
le  Faune  tenant  le  petit  Bacchus  dans 
ses  bras ,  le  Marsyas ,  le  Silène^  le  Faune 
aux  castagnettes,  le  Cupidon  esssLjtinl  son 
arc,  et  les  bas-reliefs  représentant  la 
mort  de  Méléagre,  les  enfans  de  Niobé 
poursuivis  par  Apollon  et  Diane,  les  fu- 
nérailles d'Hector,  le  triomphe  de  Bac- 
chus, la  chute  de  Phaêton,  le  dieu  Mi- 
thras,  Antiope  et  ses  fils,  la  vengeance 
de  Médée,  les  forges  de  Yulcain,  la  nais- 
sance de  Yénus ,  enfin ,  le  célèbre  vase 
dit  de  Borghèse.L'ouvragedeLuigiLa«i:^ 
berti  :  Sculture  del  palazzo  delta  villa 
Borghesey  detta  Pincianay  publié  à  Ro- 
me en  1796 ,  2  vol.  in-8^,  avec  un  grand 
nombre  de  planches  au  trait ,  et  celui  de 
Yisconti,  Monumenti  Gabinidella  villa 
Pinciana^  Rome,  1797,  donneront  une 
idée  précise  de  ce  qu'était  alors  cette  col- 
lection d'antiquités,  la  plus  nombreuse^  la 
mieux  choisie,  la  plus  riche  en  monumens 
du  premier  ordre,  qui  ait  encore  été  for- 
mée. L.  C.  S. 

BORGI A  y  famille  romaine  originaire 
d'Espagne,  dont  un  membre,  Alphonse, 
monta  en  1455  sur  lesiége  de  Saint-Pierre 
[voy,  Calixte  III).  Ce  pape  permit  à  son 
beau-frère  Godefroi  Lenziolo  ou  Len- 
zuoli,  de  prendre  le  nom  de  Borgia,  et 
c'est  le  fils  de  ce  dernier,  le  fameux 
pape  Alexandre  YI  {voy,)y  qui  donna  à 
ce  nom  l'illustration  fâcheuse  qui  y  est 
restée  attachée,  et  à  laquelle  ajoutèrent 
considérablement  les  enfans  de  ce  pape. 
César  et  Lucrèœ  Borgia.  Alexandre  YI 
tnût  eoy  étant  cardinal^  de  hk  RoBuûne 


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BOR 


(704) 


BOR 


Vanozza  (Giulit  Farnese)»  sa  maîtresse, 
cinq  enfan8;î*aîoé  Giovanni,  qui  devint 
duc  de  Bénévent,  comte  âe  Terracine  et 
de  Ponlecorvo,  fut  assassiné  en  1497  par 
ordre  de  son  frère  César ,  jaloux  de  sa 
foiiune  ;  les  deux  que  nous  avons  déjà 
nommés  méritent  des  notices  particuliè- 
res, Alexandre  VI  éleva  plusieurs  de  ses 
parens  à  la  dignité  de  cardinal,  et  toute 
la  famille  Borgia  fut  par  lui  appelée  aux 
honneurs  et  à  la  puissance.  S. 

C^sabBorgia,  le  second  des  enfans  que 
Rodrigue  Lenzuoli  d* Aragon  ,  depuis 
Alexandre  VI,  eut  de  Rosa  Vanozza  ou 
Venozzia,se  montra  digne  de  son  origine 
dans  une  carrière  où  Ton  voit  presquecons- 
tamment  tous  les  vices,  et  de  temps  à  autre 
quelques  grandes  qualités,  au  service  de 
tous  les  crimes.  César"^  avait  à  peine  fini 
ses  humanités  qu'il  obtint  Varchevéché 
de  Pampelune.  Doué  d*esprit  et  de  goût, 
il  fit  de  ces  dispositions  un  brillant  usage 
dans  ses  thèses  de  théologie  ;  mais ,  après 
les  avoir  soutenues ,  il  ne  s'occupa  plus 
ni  de  religion,  ni  de  science.  Son  père, 
devenu  pape  sous  le  nom  d'Alexandre 
VI ,  affecU  d'abord ,  tout  en  l'appelant 
à  l'archevêché  de  Valence,  une  sorte 
d'impartialité  et  même  de  rigueur  à  son 
égard  ;  mais  bientôt  emporté ,  dit  Gui- 
chardin,  par  la  passion  effrénée  qu'il 
avait  pour  Vélévation  de  ses  enfans  et 
(jui  lui  fit  même  dédaigner  le  nom  de 
neveux  y  que  ses  prédécesseurs  avaient 
accordé  à  ceux  qui  leur  devaient  le 
jour  y  il  le  nomma  cardinal  en  lui  men- 
tant une  naissance  légitime ,  la  bâtardise 
étant  un  obstacle  à  cette  dignité.  Cepen- 
dant cette  dignité,  César,  emporté  par 
son  ambition  vers  d'autres  grandeurs, 
ne  l'appréciait  qu'autant  qu'elle  lui  va- 
lait de  riches  bénéfices.  Son  frère  aine, 
Jean,  duc  de  Gandie  (royaume  de  Va- 
lence), destiné  au  monde,  lui  semblait 
plus  heureux.  Il  eut  cependant  occasion 
de  se  produire  à  son  tour  et  de  rendre  à 
son  père  de  plus  éclatans  services  que  le 
duc  Charles  VIII  ayant  résolu  de  recom- 
mencer les  expéditions  de  ses  prédéces- 
seurs en  Italie ,  de  reconquérir  le  royaume 
de  Naples  et  d'en  faire  un  arsenal  pour 
ses  guerres  en  Orient,  Alexandre  VI, 

r*)  M.  Yienoet  cherche  a  établir  qa*i]  naquit 
à  Venise  à  pea  près  en  1457.  S. 


pour  le  repousser,  s'allia  tTec  le  rot 
Alphonse  II,  en  stipulant  des  avantages 
pécuniaires,  soit  pour  lui,  soit  pour  ses 
en&ns.  Cependant  quand  Charles  VΠ
fut  devant  les  murs  de  Rome ,  le  pontife, 
alarmé  de  ses  progrès,  se  hâta,  pour 
préserver  sa  capitale  d'une  invmsioB ,  de 
traiter  avec  ce  prince.  Il  en  obtint  la 
paix  sans  peine  et  la  jura  sans  bonne  foi. 
Charles  VIII,  connaissant  ses  sentimens, 
exigea  que  le  cardinal  César  l'accompa- 
gnât dans  son  expédition  à  titre  d'otage. 
Cependant  l'armée  française  avait  à  peine 
quitté  Rome  que  le  fils  d'Alexandre 
trouva  moyen  de  s'échapper.  Les  strata- 
gèmes et  les  négociations  auxquelles  il 
venait  de  prendre  part  l'avaient  convainca 
de  sa  capacité  pour  les  affaires,  et  les  ex- 
ploits du  roi  de  France  achevèrent  d'irri- 
ter l'ambition  qui  le  dévorait.  La  fortune 
du  duc  de  Gandie  le  remplissait  depuis 
long-temps  de  jalousie.  Un  crime  affreux 
et  un  changement  de  carrière  furent  les 
premiers  résultats  de  ces  réflexions.  Jus- 
qu'alors on  avait  remarqué  que ,  loin  de 
s'opposer  à  l'élévation  de  son  frère ,  il  y 
avait  toujours  aidé  ;  et  l'on  eÀt  dit  qu'il 
travaillât  pour  lui-même  en  portant  son 
père  à  amasser  tant  de  biens  et  d'hon- 
neurs sur  la  tête  du  duc.  Ces  honnenn 
et  ces  biens,  César  Borgia  sut  tout  à 
coup  se  les  approprier.  Le  duc  de  Gandie 
mourut  assassiné,  et,  quoique  l'opinion 
générale  attribuai  au  cardinal  le  meurtre 
de  ce  prince  généralement  aimé ,  rien  ne 
l'empêcha  de  recueillir  sa  riche  succes- 
sion. Fatigué  de  la  pourpre.  César  se 
hâta  de  la  déposer.  Son  père,  qui  avait 
besoin  du  bras  d*un  guerrier  aussi  dé- 
voué que  devait  l'être  un  tel  fils,  se  hâta 
d'approuver  ce  changement.  Gratifié  des 
duchés  de  Gandie  et  de  Bénévent,  des 
comtés  de  Terracine  et  de  Pontecorvo , 
César,  pour  s'assurer  un  royaume,  aspira 
à  la  main  d'une  des  filles  du  roi  de  Na- 
ples.  Mais  ce  prince  refusa  de  légitimer, 
par  cette  alliance,  une  usurpation  dont 
il  entrevoyait  le  dessein.  Alexandre  et 
son  fils,  vivement  affectés  de  cette  résis- 
tance ,  portèrent  alors  leurs  regards  d'un 
autre  côlé.  Le  nouveau  roi  de  France, 
Louis  XII ,  pour  pouvoir  épouser  Anne 
de  Bretagne ,  demandait  à  se  séparer  de 
•a  femme ^  Jeanne  de  France,  soeur  de 


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BOR 


(705) 


BOR 


Charles  VIII.  Le  fils  du  pape  fui  chargé 
de  porter  au  roi  la  dispense  pontificale  et 
obtint,  pour  prix  de  celle  grâce,  le  duché 
deValentinois  avec  une  pension  de  20,000 
écus  et  la  paie  d*une  compagnie  de  100 
hoiDme9,ainsi  que  la  promesse  des  secours 
les  plus  efficaces  pour  les  conquêtes  qu'il 
méditait  en  Italie.  Louis  XII  poussa  plus 
loin  sa  faveur,  et  lui  fit  donner  eu  ma- 
riage la  fille  de  Jean  d'Albret,  roi  de 
Navarre.  La  carrière  des  conquêtes  était 
désormais  ouverte  à  César  Borgia.  L*an 
1499  il  entra  en  Italie  avec  Louis  XII, 
fut  nommé  par  son  père  général  et  gon- 
falonier  des  Etats  de  rÉglise,  et  corn  mença 
peu  après  l'attaque  de  la  Romagne  dont 
il  avait  résolu  de  faire  un  royaume. 
Louis  Xn  lui  ayant  donné  uu  corps  de 
8,000  hommes,  le  jeune  conquérant  en- 
leva successivement  aux  feudataires  du 
Saint-Siège  les  villes  d*Imula,  de  Forli, 
de  Césène,  de  Pesaro,  de  Rimini,  de 
Faênza;  obtint  en  1501  Tinvesliture  de 
la  Romagne,  et  y  joignit  bientôt  la  prin- 
cipauté de  Piombino.  Rien  ne  Tarrêuit 
dans  ses  entreprises,  ni  la  justice,  ni  les 
traités  anciens,  ni  même  ceux  qu'il  jurait. 
Il  prenait  les  places  en  assurant  la  vie 
et  les  biens  à  ceux  qui  les  défendaient  ; 
quand  elles  étaient  livrées,  il  les  pillait, 
et  faisait  étrangler,  empoisonner  ou  pen- 
dre ceux  qui  comptaient  sur  Teffet  des 
conventions  qu'il  avait  signées. 

Pour  s*emparer  de  Camerino  il  de- 
manda des  secours  au  duc  d'Urbino  ;  les 
ayant  obtenus,  il  prend  d'abord  Urbino, 
puis  Camerino.  Le  roi  de  France ,  touché 
de  la  clameur  générale,  des  cris  d'indi- 
gnation qui  s'élèvent  contre  lant  d'infa- 
mies et  de  violences ,  retire  ses  troupes 
à  César  Borgia  ;  mais  il  les  lut  rend  sur 
la  demande  d'Alexandre  VI.  César,  aus- 
sitôt qu'il  en  a  le  pouvoir,  étend  ses  spo- 
liations sur  les  capitaines  qui  l'ont  se- 
condé. Une  ligue  générale  se  forme  con- 
tre lui  ;  mais  3,000  Suisses  et  de  falla- 
cieuses promesses  ramènent  à  lui  les 
déserteurs.  Les  imprudens  comptent  sur 
sa  parole  et  se  flattent  de  lui  avoir  montré 
qu'il  ne  peut  se  passer  d'eux;  il  achève 
ses  conquêtes,  puis  les  fait  mettre  à  mort 


qu'Alexandre  allait  le  proclamer  roi  de 
la  Romagne^  de  la  Marche  et  de  l'Om- 

Encyclop,  d.  G,  d.  M,  Tome  III. 


brie  ;  mais  cela  est  plus  que  douteux ,  ta 
papauté  ne  comportant  pas  de  royauté 
dans  ses  états.  Cette  considération  était 
la  seule  qui  s'opposât  au  projet  de  César; 
cependant  le  poison  qui ,  à  ce  qu'on  a 
lieu  de  croire ,  trancha  les  jours  d'Alexan- 
dre VI  et  affecta  son  fils  d'une  maladie 
si  grave  qu'à  peine  il  lui  resta  la  force 
de  s'emparer  des  trésors  du  Vatican ,  mit 
aussi  fin  à  sa  carrière  politique.  Aban- 
donné de  la  plupart  de  ses  capitaines, 
de  ses  troupes  et  du  roi  de  France; 
obligé  par  le  pape  Jules  II,  dont  il  était 
le  prisonnier,  d'ordonner  aux  chefs  qui 
lui  étaient  demeurés  fidèles  la  remise 
des  places  qu'il  avait  confiées  à  leur  garde; 
livré  au  roi  d'Espagne  par  Gonzalve  de 
Cordoue,  qui  lui  avait  fait  à  Naples  un 
accueil  trompeur,  et  successivement  privé 
du  fruit  de  ses  spoliations ,  de  ses  biens 
et  de  ses  honneurs ,  par  les  princes  d'I- 
talie ,  par  Jules  II,  par  le  roi  de  France , 
il  fut  enfermé  dans  le  château  de  Mé- 
dina del  Campo.  Au  bout  de  deux  ans  il 
parvint  à  s'en  échapper  et  à  gagner  les 
états  de  son  beau- frère,  le  roi  de  Navarre- 
Il  combattait  les  Castillans  avec  ce  der- 
nier, lorsqu'en  1507  il  fut  tué  d'un  coup 
de  lance  et  transporté  à  Pampelune^ 
siège  de  son  premier  diocèse. 

Ses  mœurs  étaient  aussi  dissolues  que 
celles  de  son  père,  que  celles  de  Lucrèce, 
sa  sœur.  Jamais  il  n'avait  reculé  devant 
aucun  genre  de  violences;  ni  la  vertu , 
ni  le  rang,  ni  même  la  politique,  n'a- 
vaient jamais  dérobé  une  victime  à  sa 
passion.  Cependant  il  fit  souvent  preuve 
de  sobriété  et  sacrifia  qaelquefois  les 
plaisirs  vulgaires  à  ceux  de  l'ambition. 
Ainsi  que  sa  sœur,  il  protégea  les  lettres 
et  trouva  des  panégyristes  qui  célébrè- 
rent son  génie  comme  son  goût.  Son  nom 
se  prétait  trop  aisément  aux  plus  flat- 
teuses allusions,  pour  que  les  orateurs 
du  temps  les  eussent  manquées.  Ils  ont 
fait  de  ce  nouveau  César  non-seulement 
un  conquérant,  mais  encore  un  homme 
d'état.  Machiavel  a  pu  puiser  dans  la 
vîe  de  Borgia  les  principaux  traits  d« 
son  WvT fi  du  prince.  La  vie  de  César 
Borgia /par  Tomasî,  traduite  de  l'iti- 


éts'empare  de  leurs  posscssions.Oaassure     lien,  est  un  tissu  de  vaines  déclamations 


plus  propres  à  obscurcir  qu'à  éclairer 
les  faits.  M-m. 


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BOR 


(706) 


BOR 


Lucmicf  BoRGiA,  scrar  <)u  précédent , 
est  Tune  des  femmes  les  plus  renommées 
pour  leur  beauté  et  pour  leurs  désordres. 
Jeune  encore  et  distinguée  par  son  esprit 
autant  que  p^r  ses  grâces,  elle  fut  fiancée 
k  un  seigneur  aragonais ,  compatriote  de 
ion  père;  mais  aussitôt  que  le  cardinal 
Lenzuoli  fut  élevé  au  pontificat  suprême , 
H  rompit  ce  mariage  (1493),  et  unit  sa 
fille  à  un  seigneur  italien,  Jean  Sforza, 
qui  n'appartenait  toutefois  à  la  puissante 
famille  de  ce  nom  que  par  une  origine 
illégitime  y  étant  petit-tils  naturel  d'A- 
lexandre Sforza,  enfant  naturel  lui-mê- 
me. Le  second  époux  de  Lucrèce  lui 
convint  aussi  peu  que  le  premier  avait 
convenu  à  son  père,  et ,  en  1 497,  Alexan- 
dre YI  prononça  la  dissolution  de  ce 
niariage,  pour  donner  sa  fille  à  Alphonse 
d'Aragon^  duc  de  Biseglia,  fils  nature] 
du  roi  de  Naples,  Alphonse  II.  Quand 
ce  pontife  s'allia  avec  Charles  VIII  pour 
la  conquête  du  royaume  de  Naples,  le 
duc  de  Biseglia  quitta  sa  femme  pour 
mieux  appujer  le  chef  de  sa  maison; 
mais  Lucrèce,  nommée  par  son  père  gou- 
vernante de  Spolelte,à  force  de  flatteries, 
ramena  bientôt  le  fugitif,  qui  paya  de 
sa  vie  l'abandon  de  sa  femme  et  la  déser* 
tion  des  intérêts  de  son  beau- père.  As«- 
sailli  et  laissé  pour  mort  par  des  assas- 
sins, il  fut  étranglé  dans  sou  lit,  quand 
on  eut  à  craindre  sa  guérison.  Une  al- 
liance plus  brillante  pour  sa  fille  et  plus 
avantageuse  pour  lui-même  se  présenta 
au  génie  du  pape  et  à  Tamour  passionné 
qu'il  avait  pour  ses  enfans.  Grâce  aux 
progrès  de  sa  puissance  et  de  celle  de  son 
fils  César  Borgia ,  il  put  marier  Lucrèce 
à  Alphonse  d*£ste,  fils  d*Hercule,  duc 
de  Ferrare.  Dans  la  joie  que  lui  donna 
une  union  si  haute,  Alexandre  VI,  plus 
que  dans  toute  autre  circonstance,  pro- 
digua ses  trésors  pour  ordonner  des  fêtes 
\  Rome  et  annoncer  au  monde  chrétien 
l'élévation  de  son  enfant  le  plus  chéri, 
Lucrèce  Borgia  se  montra  presque  digne 
de  sa  haute  fortune.  Depuis  long-temps 
initiée  aux  secrets  de  la  politique  ita- 
lienne, par  la  part  que  son  père  lui  lais- 
iait  prendre  dans  les  affaires,  Lucrèce, 
sans  renoncer  aux  plaisirs,  s^ocçupa  dé- 
sormais d'intérêts  plus  ^raves^  vécut  plus 
bonqétemeitt  y  accorda  aux   lettres  re^ 


naissantes  trae  protection  éclairée,  ttdis^ 
tingua,  peut-être  avec  trop  peu  de  réserve, 
de  tous  ceux  qui  les  cultivaient ,  Pierre 
Bembo  (^vojr.)y  dont  la  renommée  fut  si 
générale  et  dont  l'ascendant  sur  ses  con- 
temporains parait  avoir  valu  à  la  fille 
d'Alexandre  des  éloges  si  peu  mérités. 
Ces  vaines  flatteries  ont  pu  atténuer  les 
fautes  de  la  fille  d'Alexandre,  elles  n'ont 
pu  pallier  entièrement  l'infamie  de  sa 
conduite.  La  postérité  cependant  ne  va 
pas,  dans  ses  jugemens,  aussi  loin  que  sont 
allés,  danè  leurs  accusations^  les  con- 
temporains de  Lucrèce:  elle  se  défend  de 
croire  aux  relations  incestueuses  dont  on 
accusait  Alexandre  YI  et  ses  enfans.  Plus 
la  famille  des  Borgia  prêtait  aux  soup- 
çons et  justifiait  les  haines,  moins  l'bis^ 
toire  doit  souscrire  aveuglément  aux  uns 
ou  aux  autres.  Le  poète  qui  dernière- 
ment a  choisi  Lucrèce  Borgia  pour  le 
sujet  de  l'un  de  ses  drames  (M.  Victor 
Hugo  )  parait  avoir  compris  ces  conve- 
nances. M-m. 

BORGIA  ou  BOR JA  (François), 
l'un  des  derniers  classiques  de  l'Espa- 
gne au  xvii*  siècle.  Borgia,   arrière- 
petit-fils  du  fameux  pape  Alexandre  YI, 
descendant,  par  sa  mère ,  de  Ferdinand- 
le- Catholique,  prince   de    Squillace  , 
vice-roi  du  Pérou,  lut  non -'seulement 
rémule,  mais  le  prolecteur  des  gens  de 
lettres  de  son  temps ,  au  moins  de  ceux 
qui  respectaient  les  sages  traditions  do 
siècle  précédent.  Ils  n'hésitèrent  point  à 
le  proclamer  le  prince  des  poètes  d'E3-> 
pagne  ;  mais  ce  titre  ne  lui  a  pas  été  coq- 
serve  par  la  postérité  :  elle  lui  a  seule- 
ment reconnu  de  l'élégance,  un   goût 
pur  et  de  la  facilité  ;  c'était  encore  beau- 
coup à  l'époque  où  le  faux  beUesprit  de 
Gengora  et  de  ses  sectateurs ,  les  culio^ 
ristes^  gâtait  et  défigurait  la  littératore 
espagnole.  Borgia  cultiva  surtout  les  let» 
trcs  depuis  son  retour  du  Pérou  (162 1) 
jusqu'à  sa  mort  (1658).  Yoici  les  ouvra- 
ges qu'il  a  laissés:  1*  Ohrasen  vcrso^  AXa- 
drid,    1639.  C'est  ce  qu'il  a  fait   de 
mieux  ;  les  chants  de  Racbel  et  de  Jacob 
surtout  ont  beaucoup  de  charme;    â* 
Napoles  recuperadd  por  el  rey  />.  Alon- 
so,   Saragosse ,    1651,  poème  épîqoe 
qui  est ,  il  faut  le  dire  >  un  de«  plua  mé» 
dÎQcres  entre  les  US  qu«  pOMeJe  r£a* 


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Bon 

pa^e.  3*  Oraciones  X  meditaciones  de 
la  Vida  île  les u- Chris to ,  con  otras  dos 
ttatados,  Bruxelles,  1661.     L,  L.  O. 

BORGIA  (le  cardinal  Etienne  ou 
Stefano),  né  à  Velleirî  en  1731 ,  an- 
nonça ,  jeune  encore,  de  beaux  taleDs  et 
reçut  sa  première  éducation  auprès  de 
son  oncle,  archevécjue  de  Fermo»  Le 
goût  qui  domina  dans  les  études  de  Ste- 
fano tut  celui  des  antiquités,  auquel  il 
se  hvra  avec  tant  de  succès  qu'à  Tâge 
de  19  ans  il  put  se  faire  recevoir  à  l'aca- 
démie de  Corlone.  La  passion  générale 
des  antiquaires,  celte  de  recueillir  des 
monumens,  surtout  des  médailles  et  des 
manuscrits,  Etienne  Borgia  l'eut  à  un 
liaut  degré,  et  bientôt  il  posséda  un  ipu- 
sée  d'une  grande  richesse.  Sa  pômina-r 
tion,  par  Benoit  XIV,  aux  fonctioDs  de 
gouverneur  de  Bénévent ,  prit  beaucoup 
de  temps  sur  ses  goûts  les  plus  chers ^ 
mais  elle  lui  permit  de  déployer  un  ta- 
lent remarquable  pour  l'administration; 
let  bientôt  un  autre  poste,  celui  de  se- 
crétaire de  la  congrégation  de  la  propa- 
gande ou  des  missions  étrangères,  lui 
procura,  par  une  correspondance  éten- 
due ,  le  moyen  de  satisfaire  son  besoin 
de  savoir  et  te  désir  d'augmenter  ses 
belles  collections,  ftien  ne  put  paralyser 


le  zèle  iiu'il  mettait  à  les  enrichir.  Quand 
Pie  VI  le  nomma  cardinal  et  inspecteur- 
général  des  enfans  trouvés,  il  introdui- 
sit dans  cette  administration  des  chan- 
gemens  importans.  Lorsque,  dans  les  cii^ 
constances  difficiles  ou  se  trouva  Rome 
en  17^7,  en  présence  de  la  conquête 
française,  le  même  pape  lui  confia  la 
dictature  en  lui  adjoignant  deux  cardi- 
naux ,  Stefano  Borgia  se  dévoua  pleine- 
ment à  ce:te  mission  périlleuse  et  sut 
long-temps  comprimer  ,  d'une  main  fer- 
me, la  fermentation  qui  régnait  généra Ijb- 
meiit  dans  les  Élàts  de  VÈglise;  mais  il 
ne  perdit  iamais  de  vue  ses  occupations 
favorites.  Le  pape  ayant  quitté  Rome  en 
février  17'9ë^  aux  approches  d'une  révo- 
lution devenue  inévitable ,  et  le  pai  ti 
populaire,  appuyé  sur  la  Fi'ance,  ayant 
proclamé  la  république,  Borgia,  chef 
du  gouvernement,  fut  un  instant  arrêté; 
ijnais  bientôt  on  lui  rendit  la  liberté  et 
il  en  profita  aussitôt  pour  suivre  ses  tra- 
Tauj;  d'affection.  Il  alla  d'abord  à  Ve- 


(707)  BOR 

Dise  voir  les  pens  de  lettres»  çp^pit^  à 
Padoue  fonder  une  sorte  d^académie, 
enfin  organiser  à  Valence,  auprès  de 
Pie  VI,  une  espèce  de  propagande,  cl  en- 
voyer en  Afrique  et  en  Asie  de  nou- 
veaux missionnaires  chargés  d'y  porter 
les  principes  de  la  relîglop  et  d'y  re- 
cueillir des  monumens  Le  gouverne- 
ment pontifical  ayant  ét^  rétabli  à  ^ome 
en  1800,  par  suite  de  la  retraite  des 
Français,  le  nouveau  pontife.  Pie  VII, 
qui  trouva  toute  l'administration  dans  le 
désordre,  mit  Etienne  Borgia  à  la  tête 
d'un  conseil  économique  dont  les  tra- 
vaux embrassaient  presque  tous  les  in- 
térêts matériels  de  TéUt.  La  sçîepce  per- 
dait de  nouveau  à  ces  honneurs  ^u  car- 
dinal ;  mais  elle  reprit  des  droits  à  sou 
dévouement  lorsqii'en  1801  il  fut  nommé 
recteur  du  collège  romain.  Fatigué  par 
d'immenses  travaux  et  dans  un  âge  avancé, 
Etienne  Borgia  suivit  sqn  fuaitre  allant 
en  France  couronner  le  grand  capit^oe 
du  siècle  ;  mais ,  surpris  à  Lyop  par  un^ 
maladie  grave,  il  mourut  en  celte  ville 
en  1804.  Son  musée  de  Vel|eVi>  rlcbf 
surtout  en  monua^eps  égyptiens  et  in- 
diens, ^tait  sa  piqs  gpande  fortune.  Il 
avait  vendu  ses  bijoux  pour  acfieter  des 
monuméqs  et  sa  vaisselle  pour  eq  faire 
imprimer  1^  description.  C'éUit  popr- 
tant  à  peine  s«  pppriélé  ;  c'é^J^,  ppu|p 
ain^i  dire,:.cell^  def.  s^tvspA  de  tou^  les 
pays.  4dler,  Zoéga,  .G^orgi,  Paulin 4e 
Saipt-Bartbéjemi,fleerpn,  et  plMsjeMf? 
aulpè?  ep  oi>(  pfpfil^,,  en  qqt  déprU.k? 
diverses  parties.  —  J,es  mœufs  du  car<^- 
n^l  étajent  f^^^^  dopqç^  qi^  son  esprit 

Voici  les  titres  de  ses  prjnçip^u|c  p^^ 
vrages  :  MmiimeniQ  df  papq,  Qiomi^ 
ni  X^îy  I^Qnae,  17^0;  ^r^v^  Ut/^ri^ 
deW  anV'ct^  fiua  di  Tading  i^eW  f/mr 
hria^  \iM\  f^'lpria  daiia  ciua  4ifitiff^ 
venio,  â  vol.  in-4%  Xî^'^9\y^tiç^mf 
con/t'ssio  ^'Pelviycàrqnqlqg^tfisM^ 
moniisillustr^ta^  iJ7a;JUoq^dfi/d9'' 
minio  teiT^Ppr^Ù  dellq.,ted^  tfpo^^tfiliç» 
nelle  Due  Sicdie,  r7gS.~ie  P,,P^uHn 
de  Saint  -  :i^art|iéjeroi  a  éwf  >' lY^e  idu 
cardinal  Boifgia  et  donné  MfV?  Mi>l^ft.4f 
sef  ouvrages  et  de  son  musée;  f^^tc^  syn.-^ 
opsis  Slephani  Borg^œ  ,  Rofpe,.  Igfl^, 
Une  ancienne  i^ppeop^^d^  .4^  fiftli%t 


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BOK 


(708) 


BOR 


iéty  grarée  par  les  soins  de  Camille- 
Jean-Paul  Borgîa ,  neveu  du  cardinal, 
est  connue  dans  rhislolré  de  la  géogra- 
phie âous  le  nom  de  Mappemonde  du 
cardinal  Borgîa.  M-r. 

BORGNC ,  voy.  Vision  et  Vue. 

BORIQUE  (acide).  La  décou- 
verte de  cet  acide  date  de  1*702  ;  on  le 
nomma  alors  set  séttaiîf  de  Heiriberg , 
nom  qui  indiquait  à  la  fois  et  le  chi- 
miste qui  l'avait  fait  connaître  et  les  pro- 
priétés médicales  dont  on  le  supposait 
doué.  Plus  tard  il  fut  appelé  acide  bora- 
eiqae ,  parce  que  c^esl  au  borax  (  vojr, 
ce  mot)  que  l'ou  a  recours  pour  le  pré- 
parer: Enfin  lorsque  les  recherches  de 
MM.  Gay-Lussac  et  Thënard  firent  con- 
naître qu'il  est  formé  par  la  combinai- 
son de  Toxigène  avec  un  radical  parti- 
culier qu'ils  nommèrent  bore  (vo/.),  le 
nom  d'acide  borique  fut  adopté. 
'  •  Les  chimistes  préparent  ordinaire- 
ment Tacide  borique  en  précipitant  une 
Absolution  saturée  à  chaud  de  borate  de 
ioude  par  l'acide  hydrochlorique  qu'ils 
ajoutent  en  ej^cès.  Des  paillettes  nacrées 
pe  déposent  par  le  refroidissement,  et 
ces  paillettes  Sont  Tacicle  bori({ue.  Elles 
%(mV  d'autant  plus  belles  que  la  liqueur  . 
eftt  plito  chargée  d'une'  matière  grasse, 
qui  accompagne  du  reste  naturellement 
Ib  bbrat  de  Tlnde.  L'aoidë  que  Von  ob- 
tièntainsi  retient  une  certaine  quantité 
d^eaû'qûe  l'on  peut  en  séparer,  en  le  fon- 
dant aune  température  éteiée.  Il  acquiert 
'alors  l'aspect  du  verrer  De  là  le  nom 
d'acide  borique  vitreux. 

Ce  n'est  pas  ainsi  que  Von  se  procure 
.U  plus  grande  partie  de  l'acide  borique 
que  l'on  trouve  dans  le  commerce,  puis- 
que cet  acide  lui-même  sert  à  préparer 
\t  borate  de  soude.  Il  est  fourni  par  des 
localités  pa4'ticulières  qne  Ton  trouve  en 
Toscane,  et  qui  portent  le  nom  de  ia- 
gonis,  La,  au  milieu  de  masses  de  terre 
boueuses,  continuellement  soulevées  par 
dts  vapeurs  qui  se  dégagent,  se  forment 
de  petit»  cratères  que  l'on  vide  de  temps 
en  temps.  Les  matières  à  demi  liquides 
qui  tn  protrénnent  sont  layées  à  pluî- 
•kârs  reprises.'  Les  ^aux  de  lavage  éva- 
porées fournissent  un  acide  eiu'orè  ini- 


tion,  qui  en  sépare  la  plus  grande  partie 
des  matières  étrangères  qui  l'altéraient. 

L'acide  borique  se  dissout  dans  l'al- 
cool et  en. colore  la  flamme  en  vert.  On 
l'emploie  dans  quelques  verreries,  dans 
la  fabrication  du  strass,  et  surtout  dans 
celle  du  borax.  H.  A. 

BORIS,  voy.  GoDouNOF. 
.    BORGOU  (aoTAUMB  dr),  situé  sur 
le  Niger,  au  nord  du  royaume  de  Yar- 
riba^  dont  il  est  séparé  par  une  chaîne 
de  montagnes.  Nous  ne  connaissons  en* 
core  ce  royaume  que  par  le  voyage  des 
frères  Lander  qui  l'ont  traversé  (^Journal 
d'une  expciUtion  entreprise  dans  le  but 
d'explorer  le  cours  du  Niger,  par  Rich. 
et  John  Lander,  trad.  de  l'angl.  par  M™* 
L.  Sw.-Belloc,  Paris,  1832,  3  vol.  in  8«). 
CTest ,  suivant  eux ,  un  pays  très  étendu  , 
(|ui  comprend  les  états  de  Nikij,  Bouoî, 
Kiama  et  plusieurs  autres.  Cest  dans  le 
premier  que  réside  le  sulthan,  ou  plutôt 
c'est  le  chef  de  Nikij  qui  est  le  plus  puis- 
sant des  chefs  du  pays  :  aussi  se  fait-il 
livrer  par  les  gouverneurs  des  70  villes 
dé  cet  état  autant  de  jeunes  filles  pour 
son  liarém;  c'est  là  te  tribut  qu'il  leur 
impose  et  il  lui  est  dû  aussi  par  les  gou- 
verneursdes  villes  de  la  provineede  Bouoî, 
qui  sont,  dit-on,  pareillement  au  nombre 
de  70.  Dans  les  autres  provinces,  à  l'ex- 
ception de  Lougou,'qui  est  commerçante 
et  bien  pourvue  de  vivres,  il  y  a  peu  de 
ressources  et  la  misère  y  accjible  les  ha- 
bitans.  La  province  de  Pundi  s'est  ren^ 
due  indépendante  et  ses  habitans  se  li- 
vrent au  brigandage.  Nikij  est  une  ville 
considérable,  dans  laquelle  le  roi  ou  sul- 
than entretient  une  forte  garnison;  il  a  ua 
millier  de  chevaux  dans  ses  écuries.  Tout 
le  long  du  Niger  les  courses  de  chevaux 
sont  un  amusement  habituel  des  chefs. 
Il  est  d'usage  que  le  roi  ait  un  ami  qui 
le  seconde  et  le  remplace  en  cas  de  be- 
soin. On  dit  les  Borgouni  ou  habitans  du 
Borgou  orgueilleux,   rusés    et   hardis, 
mais  en  même  temps  vifs  ti  pleins  d'ac- 
tivité. Il   se  trouve  aussi  dans  le  pays 
beaucoup  de  Foulahs  qui  ont  oublié  leur 
origine.   Les  feinmes  sont  ch.irgées,   là 
comme  ailleurs,  de  tous  les  soins  du  mé- 
nage.'Le' matin  on  les  voit  moudre  le 


pur  (jue  l'on  dlssodk  de  nouveau,  afin  de  1  gr^h  spus  Je  peli tes, meules,  en  accom- 
(•'fOiKlÉiéttrë  à  trne'M(ïÔndé'brîstallisâ-'|  pagnani'cétlé  op<^râiioh  de  leur'chanl. 


op<^râiioh 


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BOR  (  709  ) 

Depuis  quelque  temps  Kiaina,  une  des 
meilleures  provinces  du  Borgou,  a  été 
mise  sous  Tobéissance  des  Fellatahs  qui 
ont  fait,  comme  on  sait,  des  progrès  dans 
toute  cette  partie  de  TAfrique.      D-c. 

BORNE  y  BoRNACB.  On  entenid  en 
général  par  horne  toute  marque,  soit 
naturelle ,  soit  artificielle ,  indiquant  1^. 
ligne  de  séparation  de  deux  .héritages 
contigus;  maïs  ce  mot  désigne  plus  spé- 
cialement des  pierres  placées  debout  et 
enfoncées  en  terre,  aux  confins  de  deux 
héritages.  Le  bornage  est  le  placement 
de  ces  pierres. 

Le  Code  civil ,  conforme  en  ce  point 
à  Tancienne  législation  française,  recon- 
naît à  tout  propriétaire  le  droit  d'obli- 
ger son  voisin  au  bornage  de  leurs  pro- 
priétés conliguês  (  art.  646  }.  Le  bor- 
nage peut  s'effectuer  de  deux  manières  : 
à  Tamiable,  si  les  parties  sont  majeures 
et  jouissant  de  leurs  droits  ,  et  par  au- 
torité de  justice.  Dans  le  premier  cas  ,  il 
doit  être  constaté ,  soit  par  un  acte  no- 
tarié, soit  par  un  acte  sous  seing -privé 
fait  en  autant  d'originaux  qu'il  y  a  de 
parties  ayant  un  intérêt  distinct.  S'il  y  a 
dissentiment  entre  les  propriété  lires  voi- 
sins, ou  s'il  se  trouve  parmi  eux  un  mi- 
neur ou  un  interdit ,  la  demande  en  bor- 
nage est  portée,  comme  celle  en  partage 
d'immeubles  indivis  ,  devant  le  tribunal 
de  la  situation  des  biens ,  et  le  bornage 
s'opère  conformément  au  jugement  qui 
intervient. 

La  loi  ne  détermine  pas  le  signe  ca- 
ractéristique d'une  borne,  et  Ton  suit,  à 
cet  égard,  l'usage  des  lieux.  Ordinaire- 
ment on  place  à  chaque  extrémité  des 
confins  une  pierre  qui  sert  de  borne,  et 
pour  ne  pas  ta  confondre  avec  toute  au- 
tre pierre,  on  brise  une  brique  en  deux 
morceaux  nommés  témoins ,  puis  on 
les  réunit  et  on  les  pose  au-dessous  de 
la  borne.  Quelquefois ,  au  lieu  de  bri- 
que ,  on  fait  usage  de  tuile ,  de  charbon 
pilé,  etc.  Le  bornage  doit  être  fait  d'a- 
près les  titres  des  parties,  à  moins  que  , 
par  une  possession  de  30  années,  l'un  des 
voisins  n'ait  prescrit  au-delà  de  la  con- 
tenance indiquée  dans  ses  titres.  A  dé- 
faut de  titres  il  faut  consulter  la  seule 
possession.  Le  bornage  se  fait  à  frais 


BOR 


communs;  mais   cette    opération  peut 


donner  naissance  àdeainci^eiis-dont  les 
frais  sont  à  la  charge  de  la  partie  qui 
succombe. 

La  demande  en  bornage  peut  être  for- 
mée, nori-seulemçnt  p^r  le  propriétaire, 
mais  par  quiconque  possède  pro  s'uo. 
Elle  peut  Tétre  par  l'usufruitier^  Tusa- 
ger  et  l'emphy  téote  (  vojr,  Emphytéose  J  , 
;  et  réciproquement,  elle  peut  être  diri- 
gée contre  cette  classe  de  possesseurs 
temporaires.  '  Tqiilefois ,  quand  Ta  de- 
mande est  formée  par  un  usufruitier, 
un  usager,  un  emphytéote^  ou  contre 
eux,  il  convient  de  mettre  en  cause  le 
propriétaire  :  sans  cette  précaution ,  le  ju- 
gement qui  statue  sur  le  différend  ne 
peut  avoir,  à  son  égard,  ràulorité  de  la 
chose  jugée.  Le  fermier,  qui  ne  possède 
pas  pour  lui ,  mais  pour  le  propriétaire^ 
n'a  pas  le  droit  d^intenter  une  action  en 
bornage ,  mais  il  a  celui  d'agir  contre  itf 
bailleur  pour  qu'il  fasse  borner  rhéri* 
tage  tenu  à  fermç. 

Le  Code  pénal  punit  le  déplacement 
ou  la  suppression  des  bornes  d'un  em-* 
prisonnement  d'un  mois  à  pu  an,  et' 
d'une  auiende  égale  au  quart  des  restitu- 
tions et  des  dommages-intérêts,  qui, 
dans  aucun  cas ,  ne  peut  être  au-dessouf 
de  50  francs.  E.  R. 

L'origine  des  bornes  remonte  aux 
Égyptiens.  Le  pays  qu'ils  habitaient  étant 
soumis  aux  inondations  du  Nil ,  les  li* 
mites  naturelles  des  propriétés  disparais^ 
saient  souvent  au  milieu  des  ravages  du 
fleuve  ;  de  là  pour  eux  la  nécessité  d'éta- 
blir des  limites  factices.  Les  Anciens 
eurent  recours  à  la  Divinité  pour  pro- 
téger les  droits  de  propriété  de  chacun, 
et  les  dieux  défenseurs  de  ce  droit 
jouent  un  grand  rôle  dans  la  mythologie. 
De  nos  jours  les  dieux  Tei'ines  (  7î?r- 
mini)  ont  cédé  la  place  aux  gardes 
champêtres. 

Sur  les  routes,  on  indique  les  distan- 
ces par  des  bornes  en  pierre  ou  par  des 
poteaux.  Il  n'y  a  pas  malheureusement 
de  méthode  fixe  adoptée  pour  cela;  elle 
varie  suivant  les  provinces.  On  voit  des 
routes  ou  les  bornes  sont  placées  à  -^ 
lieue  de  distance ,  dans  d'autres  à  ^  de 
lieue,  sur  d'autres  à  y;  de  lieue.  En  Alle- 
magne, surtout  dans  la  partie  du  Nord, 
on  rencontre  le  long  des  chaussées  dt 


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BOR 


(7 


txAleê  {>letTdt  milliaires  trec  rSodication 
dès  dislânces.  £n  ftussie  des  poteaux 
aux  couleurs  de  i*einpire  sont  placés, 
dans  le  même  but ,  à  chaque  verste. 

Dans  les  rues  des  villes  on  établit  en- 
èore  des  bornes  pour  éviter  le  choc  des 
Toitures  contre  les  maisons.  Ces  bbrnes 
tfont  ordinairement  en  pierre;  6n  en  con- 
struit aussi  en  fonte. 

Enfin  il  existe  aussi  ce  qu*on  appelle 
des  bornes-fontaines .  Ces  bornes,  de 
dilTérente  forme  et  de  différente  nature , 
pouvant  varier  par  leurs  embellissemens, 
sont  cependant  toutes  fondées  sur  le 
môme  principe.  Elles  sont  creusées  à  leur 
intérieur  et  traversées  par  un  tuyau  en 
(onte  ou  en  plomb,  dont  la  forme  est 
celle  d*an  éypnon.  Ce  tuyau  aboutissant 
d\in  câté  à  un  réservoir,  de  l^autre  à  ta 
borne,  apporte  toujours  de  l*eau  et  est 
fondé  sur  un  principe  qui  sera  expliqué 
a  Tarticle  Stphon.  La  grande  quantité 
des  bornes-fontaines  est  de  la  plus  haute 
importance  pour  fassainissement  des 
grandes  villes  »  dans  lesquelles  il  se 
trouve  souvent  des  rues  étroites  et  mal- 
saines. C-s. 

BORNÉO,  grande  ite  d'environ 
40,000  lieues  carrées  de  surface ,  dans 
le  grand  Océan ,  sous  Féquateur,  au  sud 
de  TAsie.  On  n*en  connaît  pas  toutes 
les  parties.  Les  montagnes  dont  elle  est 
hérissée  tempèrent  la  chaleur  du  climat. 
Parmi  ces  montagnes  plusieurs  parais- 
sent avoir  été  des  volcans.  Sur  les  cotes 
basses  les  marécages  rendent  Tair  très 
malsain,  surtout  pour  les  Européens. 
Les  forêts  de  Tile  produisent  de  Tébène, 
du  sandal  et  autres  arbres  précieux,  ainsi 

Sue  des  bois  de  teinture.  On  cultive  à 
ornéo  du  rîz,  des  patates,,  du  sagou, 
dà  coton.  Il  y  a  des  plantations  de  mus- 
cadiers ,  de  poivrifers ,  de  girofliers  et  de 
ampbriers.  Les  mines  de  Tîle  dobnent 
dé  Tor ,  du  fer ,  de  Tétain ,  du  cuivre ,  de 
Tant i moine.  C'est  surtout  des  fameuses 
iiiontagneè  de  ce  pays  qu'on  tire  le  cris- 
tal dé  roche,  fiornéo  nourrît  des  élé- 
phans,  diverses  espèces  de  singes,  entre 
autres  l*orang-outang,  des  tigres,  des 
panthères,  beaucoup  de  bulUes,  etc.  Sur 
les  ÊÔtes  les  habitans  vivent  en  partie  de 
la  pèche.  L'Ile  contient,  à  ce  que  Ton 
croit ,  i  millions  d'habitant ,  en  partie 


10  )  BOR 

sauvages  et  divisés  dans  Une  centaine 
d'états  y  dont  plusieurs  consistent  seule- 
ment en  quelques  villages.  Ces  habitans 
appartiennent  à  diverses  races.  Les  plus 
nombreux  sont  les  Malais  :  ils  habitent 
particulièrement  les  contrées  maritimes 
et  passent  pour  plus  civilisés  que  les 
Dayaks  qu'on  trouve  dans  l'intérieur  et 
qui  ont  des  habitudes  féroces,  comme 
celle  de  couper  des  têtes  d'esclaves  ou 
d'ennemis  pour  célébrer  des  traités  de 
paix,  des  funérailles,  ou  pour  se  préjia- 
rer  à  une  noce.  La  race  des  Dayaks  e$t 
au  reste  bien  faite  et  leurs  femmes  sont 
même  jolies.  Environ  ^00,000  Chinois 
sont  répandus  dans  File;  ce  sont  eux 
surtout  qui  exploitent  les  mines,  îlnfia 
les  Hollandais  ont  formé  des  établisse- 
mens  dans  l'île,  particulièrement  sur  les 
rivières  de  Banjer-Massing  et  de  Pon- 
tiana  \  mais  la  possession  en  est  quelque- 
fois troublée  par  les  incursions  des  tri- 
bus indigènes. 

Le  pays  appelé  proprement  Bornéo  est 
un  royaumeconsidérable  dont  le  chef4ieu, 
portant  le  même  nom ,  est  situé  sur  une 
belle  rade,  à  l'embouchure  d'un  fleuve  na- 
vigable.LesChinois  y  construisentde  gran- 
des jonques;  la  ville  contient  a  peu  près 
13,000  habitans;  ils  commercent  avec  la 
Chine  etavec  la  presqu'île  de  IMalacca.Les 
autres  états  les  plus  considérables  sont  : 
Ttrun  ou  Tedong,  dans  Test  de  File; 
Bdnjer-Massing  ^  arrosé  par  la  rivière 
de  ce  nom  ^  et  dont  le  territoire  donne 
de  la  poudre  d'or;  Pontiana ,  gouverné 
par  un  sulthan  et  fréquenté  par  les  mar- 
chands chinois  qui  viennent  échanger 
leurs  marchandises  contre  de  la  cire, 
du  bois  noir,  des  nids  d*o2seaux  man- 
geables, du  camphre  et  de  l'étain.  Il  faut 
remarquer  encore  l'état  de  Cotii  avec 
la  ville  de  ce  nom ,  et  celui  de  Maltan. 
Les  contrées  les  moins  accessibles  de 
nie  sont  habitées  par  la  race  des  Pa- 
pous ,  qui  ne  font  aucun  commerce  avec 
les  autres  habitans  de  Bornéo.  En  1822 
un  commissaire  hollandais,  Tobias,  ayant 
exploré  la  côte  occidentale,  peu  fréquea- 
tée  par  les  Européens ,  a  trouvé  généra- 
lement  un  excellent  sol ,  des  forêts  de 
bois  précieux  et  des  rivières  navigables 
venant  de  l'intérieur.  L'expédition  bol- 
landaise  remonta  la  rivière  de  Kapana 


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BOR 


(711) 


BOK 


jasqa*à  Slntang,  à  12^0  milles  anglala  de 
la  côte.  D-G. 

BORXHOLM ,  ile  Je  la  mer  Baltique, 
k  9  lieues  de  la  côtede  Suède  et  à  40  lieues 
de  Copenhague ,  appartient  au  diocèse  de 
la  Sélande  et  forme  un  bailliage  particu- 
lier du  Danemark.  Le  sol  de  cette  ile  se 
compose  de  bancs  crayeux  et  argileux, 
qui  hérissent  ses  côtes  de  rochers  et  se 
prolongent  sous  les  eaux  de  la  mer,  ea 
formant  des  écueils.  On  exploite  des  car- 
rières de  grès ,  des  argiles  servant  aux 
fabriques  de  poterie  et  à  la  fabrique  de 
porcelaine  à  Copenhague;  on  tire  aussi 
de  ces  carrières  un  marbre  bleuâtre,  des 
pierres  meulières,  et  surtout  de  la  houille, 
dont  Pexploîtation  estdevedue  importante 
depuis  la  navigation  des  bateaux  à  vapeur 
dans  la  Baltique.  Boi  nholm  a  peu  de  bois; 
rintérieur  ne  se  compose  que  de  landes 
qui  servent  de  pâturages  aux  bestiaux. 
La  pêche  sur  les  côtes  et  dans  les  rivières 
qui  débouchent  dans  la  mer  est  assez  pro- 
ductive. L'île  a  27  lieues  car.  de  superfi- 
cie. En  cas  de  guerre  les  habitans  se  cons- 
tituent en  22  compagnies  de  soldats  pour 
la  défense  du  pays,  parce  qu'alors  ils  sont 
toujours  menacés  d*une  surprise,  à  cause 
de  leur  isolement.  Aussi  y  a-t-il  garnison 
dans  le  fort  de  Christiansoe  qui  ocoup« 
deux  ilôts.  Autrefois  Tile  était  protégée 
par  le  châleau-fort  de  Hammarshuus, 
dont  on  voit  encore  les  ruines  sur  la  côte 
septentrionale.  £n  1563  et  65  les  flottes 
danoise  et  suédoise  se  livrèrent  des  com- 
bats sur  les  côtes  de  Bornholm.  En  1645 
les  Suédois  débarquèrent  et  s'em'parè— 
rent  de  Tile;  elle  leur  fut  cédée  en  1645, 
par  la  paix  de  Roeskîld  :  cependant  les 
habitans  eurent  assez  de  patriotisme  pour 
se  soustraire  k  la  nouvelle  domination 
qu'on  leur  avait  imposée;  ils  auraient  pu 
rester  libres,  mais  ils  se  donnèrent  de 
nouveau  au  Danemark*  Les  Anglais  pri- 
rent Tileen  téQ9  et  la  gardèrent  jusqu'à 
la  paix  en  1814.  Le  chef- lieu  de  l'Ile 
est  Roenne ,  ville  de  3,600  âmes;  c'est 
là  que  résident  le  commandant  et  le 
bailli.  D-o. 

BORNOif  (royaume  de),  en  Afrique, 
situé  entre  le, 10^  el  le  15®  degré  de  la- 
titude septentfionale,  et  entre  le  1®^  et 
le  1$^  de^é  de  longitude  orientale.  Il 
touche,  du  côté  de  Test ,  au  grand  lac 


Tchad,  et  du  côté  du  nord  tu  désert  dt 
Sahara  et  au  pays  de  Kanem  ;  la  rivière 
de  Chary  ou  Tchadda,  qui  se  jette  dans 
le  lac  Tchad ,  sépare  au  sud- est  le  Bor- 
nou  du  royaume  de  Begharmi;  vers 
Touest  le  Bornou  est  contigu  au  Souda» 
(voy,)  et  vers  le  sud  il  se  prolonge  jus- 
qu'au Mandara,  pays  qui  s'étend  au  bas 
d'une  chaîne  de  montagnes.  Le  Bornou 
est  sous  un  climat  excessivement  chaud, 
et  les  vents  brûlans  du  sud  et  du  sud- 
est  augmentent  encore  la  chaleur  natu- 
relle, qui  s'élève  quelquefois  jusqu'à  plut 
de  1000  du  thermomètre  de  Fahrenheit. 
S'il  y  a  12  ou  16  degrés  de  moins,  oo; 
regarde  cela  comme  une  sorte  de  frai-f 
cheur.  C'est  surtout  la  nuit  que  la  cha- 
leur devient  étouffante.  Au  milieu  de  no- 
tre printemps,  des  orages  accompagnés  de 
violens  coups  de  tonnerre  tempèrent  in^ 
stantanément  l'ardeur  du  soleil ,  et ,  en 
amollissant  la  terre,  qui  le  reste  du  temps 
est  d'une  sécheresse  extrême,  la  rendent 
susceptible  de  culture.  Les  averses  conti- 
nuent pendant  quelques  mois  et  font  dé* 
border  les  fleuves  et  les  lacs  dans  les  im- 
menses plaines  du  pays,  sans  que  le  climat 
en  devienne  moins  chaud.  Les  moissons 
mûrissent  pendant  ces  mois  de  pluies. 
Oa  fait  la  récolte  à  la  fin  de  la  saison 
orageuse;  en  octobre  l'air  se  rafraîchit, 
grâce  aux  brises  du  nord  et  du  nord- 
ouest  ,  et  l'hiver  est  même  froid ,  du  moins 
relativement  à  la  température  de  l'été. 
Cet  abaissement  de  la  température  a  l'a- 
vantage de  faire  cesser  les  lèvres  qui  nais» 
sent  à  la  suite  des  fortes  évaporations 
pendant  la  saison  pluvieuse.  On  cultive 
mal  le  sol ,  et  la  plus  grande  pai*tie  de 
la  surface  du  royaume  présente  l'aspect 
d'un  désert.  Avec  une  houe  les  femmes 
remuent  un  peu  la  terre  et  y  sèment, du 
millet,  la  nourriture  ordinaire  des  ba-. 
bitanst.  Le  coton  et  l'indigo  omissent 
spontanén^ent  sur  le  sol  mieux  arrosé  qui 
avoisbe  le  lac  Tchad  et  ses  affluens*  Oi^ 
teint  avec  l'indigo  le  tissu  de  coton  qui 
sert  à  faire  la  tobe  on  le  vêtement  des 
Bomouans.  On  entretient  beaucoup  da 
volaille  dont  la  chair  est  excellente  ;  OA 
tue  aussi  beaucoup  de  gibier,  tels  qlte 
lièvres,  gazelles,  antilopes,  buffles,  per- 
drix, oies  et  canards  sauvages,  coqs  dé 
Guinée,  qui  abondent  dans  les  bois,  etc. 


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BOR  (7 

n  y  a  des  autruches,  des  pélicans  et  des 
grues.  Les  lions,  les  panthères ,  les  léo- 
pards, les  hycnes,  I9B  jackals,  les  chats- 
tigres  înfesieiit  les  déserts.  Des  troupes 
innombrables  de  singes  habitent  les  fo- 
fêls,  et  auprès  du  lac  Tchad  on  rencontre 
des  girafes  et  des  troupeaux  considéra- 
bles d'éléphans  ;  quelquefois  ils  sont  réu- 
nis au  nombre  de  plusieurs  centaines  ; 
des  crocodiles  et  des  hippopotames  ha- 
bitent les  fleuves,  comme  dans  les  autres 
parties  de  TAfrique.  Dans  la  saison  plu- 
vieuse ce  sont  les  serpens,  les  scorpions, 
de  gros  crapauds  et  autres  reptiles  hi- 
deux qui  pullulent.  Des  essaims  nom- 
breux d'abeilles  déposent  leur  miel  sur 
tes  arbres  des  forêts. 

La  race  indigène  des  Bornouans  est 
d'un  caractère  paisible  et  timide;  c'est 
celle  des  Kanouris ,  que  l'on  reconnaît  à 
leurs  larges  visages  insignifians,  à  leur 
front  élevé,  à  leur  forte  mâchoire  infé- 
rieure ,  à  leur  large  bouche  et  à  leur  nez 
épaté.  Cette  race  si  douce,  quoique  ayant 
aussi  ses  vices,  surtout  le  penchant  au  vol, 
a  eu  beaucoup  à  souffrir  des  incursions 
des  Fellatahs,  des  tribus  du  royaume 
de  Begharmi,  qui  habitent  l'est  du  lac  de 
Tchad  et  des  hordes  de  Bedoumas,  espèce 
de  brigands  qui  infestent  les  Iles  de  ce 
lac.  Une  autre  race  du  Bornou  est  celle 
desChaouas,  d'origine  arabe;  peuple  en- 
treprenant et  rusé,  qui  élève  beaucoup 
de  bestiaux  et  fournit  des  soldats  au  cheik 
de  Bornou. 

Ce  royaume  sans  industrie,  et  presque 
sans  culture,  est  privé  de  commerce;  on 
dit  que  ce  sont  les  marchands  maures 
qui  y  entretiennent  la  traite  des  esclaves. 
Les  Bornouans  traitent  avec  douceur 
ceux  qui  sont  dans  leur  servitude ,  et  les 
regardent  comme  faisant  partie  de  leurs 
familles.  Les  hostilités  des  peuples  voi- 
sins ont  fait  abandonner  le  vieux  Bîrni , 
ancienne  capitale  du  pays,  sur  le  Teou, 
et  les  Fellatabs  ont  subjugué  une  partie 
du  royaume.  Cependant  le  cheik  El-Ka- 
neny,  plus  puissant  que  le  sulthan  de  Bor- 
nou, fait  respecter  actuellement,  grâce  à 
ses  troupes,  le  terrifcrîre  sur  lequel  il 
règne.  Les  voyageurs  anglais  Denliam  et 
Clapperton  furent  surpris  de  trouver  le 
che'ik  à  la  tète  d'une  armée  de  80,000 
hommes  >  et  de  voir  sa  cavalerie  couverte 


12  )  BOR 

d'armes  en  fer,  comme  la  chevalerie  du 
moyen  "âge.  Les  casques  ressemblaient  à 
ceux  des  Parthes  sur  la  colonne  trajane; 
on  présume  que  ce  sont  les  Arabes  qui  , 
depuis  le  temps  des  Romains,  ont  con- 
servé ce  costume  et  l'ont  porté  dan^  l'in- 
térieur de  l'Afrique.  Dans  tous  les  cas 
cette  cavalerie  bornouane  ,  bardée  de 
fer,  offre  un  singulier  spectacle.  Une 
grande  partie  de  cette  armée  se  compose 
de  Chaouas.  Ou  tire  le  fer  du  Soudan  et 
des  mines  de  Mandara.  Le  cheik  ou  sul- 
than a  un  pouvoir  arbitraire;  les  crimes 
sont  punis  avec  rigueur;  du  reste  il  pa- 
rait que  le  gouvernement  de  Bornou  est 
assez  doux.  Ce  sont  les  Arabes  qui  dans 
ce  pays  ont  répandu  le  mahoroétisme  et 
quelques  institutions  judiciaires,  entre 
autres  celle  des  Kadi.  Leur  langue  se  parle 
k  côté  de  celle  des  Kanouris  qui  a  une 
dizaine  de  dialectes.  Depuis  la  décadence 
de  Birni,  la  principale  ville  du  royaume 
est  Angornou,  auprès  du  lac  Tchad,  peu- 
plée de  plus  de  30,000  âmes.  Tandis 
que  le  sulthan  habite  le  nouveau  Bimi, 
auprès  du  même  lac,  le  cheik  réside  à 
Kouka  ,  nouvelle  ville  également  voisine 
de  ce  lac;  la  première  a  10,000  habi- 
tans.  Katagum ,  chef-lieu  d'une  province 
située  sous  12**  17'  de  latitude,  a  7  à 
8,000  âmes,  mais  elle  obéit  maintenant 
aux  Fellatahs.  On  compte  10  à  12  autres 
villes  dans  le  royaume,  qui  du  reste  n'a 
que  des  villages  misérables.  On  ne  con- 
naissait guère  le  Bornou  et  les  royaumes 
adjacens  avant  le  voyage  de  découvertes 
de  Clapperton  et  Denham  :  c'est  à  eux  que 
la  géographie  est  redevable  des  rensei- 
gnemens  que  l'on  possède  actuellement 
sur  ce  pays.  Voyez  les  Foyages  et  dé- 
couvertes  dans  le  nord  et  dans  fes  par- 
lies  centra  fes  de  V  Afrique  au  travers  du 
grand  désert^  par  le  major  Denham,  le 
capitaine  Clappelrton,  et  le  docteur  Oud- 
ney;  traduit  de  l'anglais  par  MM.  de 
Larenaudière  et  Eyriès,  Paris,  1816,  ) 
vol.  in- 8**,  avec  un  attas  grand  in-4«. 
depuis  1824,  terme  de  leur  voyage,  le' 
cheik  de  Bornou ,  aidé  du  roi  de  Haoussa, 
a  repris  sur  les  Fellatahs  quelques  dis- 
tricts, et  a  joint  à  son  royaume  ou  em- 
pire le  pays  fertile,  mais  peu  étendu,  de 
Zaria ,  qui  touche  à  l'état  de  Haoussa  et 
a  pour  capitale  la  ville  de  Zegzeg;  mais 


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BOR  (7 

Kano,  Tille  très  commerçante  et  le  pliu 

grand  marché  de  TAfrique  ctnlrate ,  est 
restée  tributaire  des  Fellatahs  qui  Tont 
détachée  du  Bornou.  D-o, 

BORODINO,  vof.  MosKowA. 

BORROMÉE  (saint  Charles), 
Tun  des  hommes  les  plus  mémorables 
qu*8it  formés  le  christianisme,  naquit 
au  château  d*Arone,  sur  les  bords  du 
lac  Majeur,  en  1538,  au  sein  d*une 
famille  milanaise  très  ancienne  qui  fait 
remonter  son  origine  jusqu'aux  Antcius 
de  luncienne Bome.  Carlo,  comte Borro- 
meo,  fut  formé  à  la  prété,nous  pourrions 
dire  à  la  sainteté,  dès  sa  plus  tendre  en- 
fance. Ses  premiers  amusemens  furent 
des  exercices  de  dévotion  auxquels  il 
se  livrait  avec  joie  dans  la  maison  pa- 
ternelle, et  dont  il  conserva  le  goût  à  Mi- 
lan, à  Pavîe,  au  milieu  de  ses  éludes, 
environné  de  toutes  les  splendeurs  du 
luxe,  disposant,  jeune  encore,  des  re- 
venus de  deux  riches  abbayes  et  de  ceux 
d'un  prieuré  qu*il  tenait  de  son  oncle 
Pie  IV.  Cette  fortune  précoce  eût  altéré 
les  sentimens  d'une  ame  vulgaire;  mais 
plus  Borromée  s'élevait  dans  le  monde , 
plus  il  s'humiliait  devant  Dieu.  Pie  IV  le 
fit  cardinal  et  archevêque  de  Milan 
à  23  ans  (1560)  et  lui  confia  divers  em- 
plois d'une  haute  importance  :  rien  ne 
changea  ses  mœurs  et  rien  ne  fut  au-des- 
sus de  son  dévouement.  Sun  oncle  était 
trop  vieux  pour  conduire  d'un  bras  éner- 
gique la  barque  de  saint  Pierre  dans  des 
temps  si  orageux,  où  l'Église  était  agitée 
parlesvivesdiscussionsdela  réforme.  Car- 
lo Borromeo  donna  aux  affaires  le  mou- 
vement qu'elles  demandaient.  Depuis 
long  temps  le  protestantisme  avait  lor- 
mulé  son  symbole  à  Augsbourg,  à  Bâie, 
à  Genève  et  ailleurs  :  il  était  temps  que 
le  catholicisme  renouvelât  le  sien.  Un 
concile  général  était  convoqué  depuis  plu- 
sieurs ahnéeç;  mais  il  avait  été  ajourné, 
puis  transféré  de  ville  en  ville.,  traîné  de 
session  en  session;  saint  Charles  l'anima 
dufendesapiété.Ilétaît1ui-méme,comme 
d'autres  membres  du  collège  des  cardi- 
naux, protecteur  de  trois  ordres  reli- 
gieux et  de  trois  couronnes;  et  tout  en 
soutenant  l'Église,  dont  son  oncle  était 
le  chef  visible,  plus  d'une  fois  il  édifia  les 
prélats  de  l'opposition  par  la  pureté  de 


18)  BOR 

son  zèle  et  la  franchise  de  ses  dboours. 
Charles  Borromée  était  ami  des  lettres;  il 
appréciait  surtout  les  moralistes  de  l'an- 
tiquité. Le  Manuel  [Enchîridlon)  d'É- 
pictète  était  une  de  ses  lectures  favorites. 
La  réforme,  qu'il  avait  combattue  au 
concile  de  Trente,  et  qu'il  combattit  sans 
cesse  comme  conseiller  de  son  oncle,  se 
distinguait  par  ses  hautes  écoles  et  par 
l'instruction  religieuse  qu'au  moyen  du 
catéchisme  de  Luther  elle  donnait  à  la 
jeunesse  des  classes  inférieures.  Saint 
Charles ,  appréciant  ces  institutions  , 
fonda  au  Vatican  une  académie  compo- 
sée d'ecclésiastiques  et  de  laïcs  auxquels 
il  fit  lui-même  des  conférences.  Il  fut 
aussi  l'un  des  principaux  rédacteurs  du 
catéchisme  de  Rome,  rédigé  suivant  les 
principes  du  concile  de  Trente.  Cette  vie 
de  travail  et  de  prière  était  sa  vraie  vie  : 
ce  n'était  pas  une  simple  vie  cléricale. 
Borromée  était  cardinal,  mais  à  cette  é|>o- 
que  il  n'était  pas  encore  prêtre.  A  la  mort 
de  son  frère,  sa  famille  voulut  le  marier; 
pour  lui  ôter  tout  espoir  à  cet  égard,  il 
prit  les  ordres.  Enfin,  l'an  1565,  il  obtint 
du  pape  la  permission  de  se  rendre  dans 
son  diocèse  de  Milan.  Depuis  80  ans  les  ar- 
chevêques de  cette  ville  ne  résidaient  plus. 
Le  désordre  dans  les  études,  dans  les 
mœurs,  dans  la  discipline,  dans  l'adminis- 
tration, était  à  son  comble.  Prenant  pour 
modèle  le  plus  illustre  descs  prédécesseurs 
saint  Ambroîse,  le  jeune  archevêque  ré- 
solut de  prêcher  d'exemple,  de  ne  plus 
appartenir  désormais  qu'à  sa  grande  pa- 
roisse, de  la  rattacher  étroitement  à  sa 
conscience  et  à  sa  pensée ,  de  la  réformer 
complètement.  Un  conseil  établi  a  Milan 
et  60  délégués  choisis  dans  le  diocèse  l'as- 
sistèrent dans  cette  œuvre  de  régénération 
qui  demandait  une  constance  et  une  éner- 
gie entière.  Il  proposa  cette  régénération 
dans  une  longue  série  de  synodes,  intro- 
duisit partout  les  réglemens  de  réforme  du 
concile  de  Trente,  institua  pour  la  direc- 
tion des  séminaires  et  des  paroisses  la 
congrégation  des  oblats,  établit  pour 
l'instruction  du  peupler  des  écoles  et  des 
catéchistes,  donna  à  chaque  établissement 
im  statut  précis,  et  combattit  avec  une 
égale  vigueur  les  prétentions  des  évêques 
qui  se  prévalaient  de  leurs  exejnplîons 
pour  résister  a  ses  réformes.  L'ordre  des 


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BOR 


(7U) 


BOR 


humiltês  tenta  un  meurtre  sur  sa  per- 
sonne, il  le  supprima  et  en  donna  les 
biens  aux  hôpitaux. 

Dans  sou  immense  diocèse  rien  n*é- 
chappaità  son  attention,  à  ses  inspec- 
tions, et  aucun  fidèle  n*avait  le  droit  de 
récuser  sa  parole.  Sa  vie  était  sans  tache, 
sa  maison  une  communauté  religieuse  ^ 
ses  biens  patrimoniaux,  il  les  avait  don- 
nés à  sa  famille;  sa  vaisselle,  il  Tavait 
vendue ,  ainsi  que  ses  bijor^,  pour  pou- 
voir donner  de  plus  riches  aumônes;  des 
revenus  de  son  archevêché  il  faisait  les 
trois  parts  fixées  par  les  anciens  canons  t 
celle  des  pauvres,  celle  de  TÉgliseet  celle 
de  Tévéque.  Statues,  tableaux,  ornemens 
de  tout  genre,  tout  avait  disparu  de  son 
palais,  ou  plutôt  de  son  oratoire;  car  il 
en  avait  fait  un  lieu  de  prières^  de  veilles, 
de  pri\'ations.  Quand  la  peste  vint  rava- 
ger Milan  pendant  six  mois,  il  vendit  son 
lit  pour  soulager  les  infortunés,  et  pro- 
digua à  tous  ses  secours  spirituels.  Son 
affection  semblait  inépuisable  comme  ses 
inspirations  et  les  ressources  de  sa  cha- 
rité; ses  forces  ne  Tétaient  pas  :  il  mou- 
rut le  4  novembre  1584,  âgé  de  46  ans. 
L*h6pital  eut  son  héritage.  Les  canonis- 
tes  lui  reprochèrent  d*avoir  dépassé  les 
bornes  de  son  autorité  dans  les  réfor- 
mes qu*il  fit;  mais  le  peuple,  qui  n*avait 
qu'à  le  bénir,  n'attendit  pas,  pour  lui 
consacrer  le  culte  de  Tin  vocation,  que 
sa  canonisation  fût  prononcée  à  Rome 
(1610).  —  Les  œuvres  de  saint  Charles- 
Borromée  se  composent  d'actes  syno- 
daux y  de  sermons  y  de  lettres  et  de  con- 
férences  faites  à  l'Académie  du  Vatican 
[Noctes  Vatican  ce).  Une  statue  colossale 
en  bronze,  haute  de  66  pieds,  fut  érigée 
en  son  honneur  à  Arone,  l'an  1697  {Voy» 
Annales  des  Voyages,  IX,  129).   M-iu 

FaéDÉaiG  Borromée ,  cousin  de  Char- 
les et  archevêque  de  Milan ,  de  1595  à 
1631 ,  marcha  sur  ses  traces.  Protecteur 
àt»  lettres  et  de  ceux  qui  les  cultivaient, 
ce  fut  lui  qui  fonda  à  Milan  la  bibliothè- 
que ambroisienne;  ami  des  malheureux 
il  fit  admirer  son  dévouement  pendant 
la  peste  qui  désola  de  nouveau  la  ville. 
Il  joue  un  grand  et  beau  rôle  dans  les 
Promessi  Sposi,  roman  de  Manzoni.  S. 

BORROJIlɣS(iLEs).Oo  appelleainsl 
ou  bien  encore  Isole  dei  conigli ,  à  cause 


de  la  grande  qtiantité  de  lapins  qu'on  y 
trouve,  quelques  petites  Iles  situées  au 
sein  du  Lac-Majeur, dans  la  Haute-Ita- 
lie. Les  bords  de  ce  lac,  d'une  longueur 
de  10  milles  sur  une  largeur  d'un  mille 
et  demi,  et  dont  la  majeure  partie  appar* 
tient  au  Piémont  (le  reste  est  enfermé 
dans  le  royaume  Lombardo-Vénitien),  of- 
frent à  l'œil  l'aspect  d'une  suite  de  coteaux 
rians,  parsemés  de  nombreux  villages 
bien  bâtis  et  de  maisons  de  campagne, 
couverts  de  vignobles,  de  jardins  et  de 
bouquets  de  châtaigniers.  Ces  îles  doi- 
vent leur  uomà  la  famille  Borromeo,  qui, 
depuis  plusieurs  siècles,  se  trouve  en  pos- 
session des  plus  riches  territoires  des 
environs  du  lac.  En  1691,  Vital  iano 
Borromeo  fitconstruire  des  terrasses  pour 
couvrir  les  rochers  nus  qui  s'y  trouvaient, 
et  c'est  ainsi  que  prirent  naissance  l'/ro- 
la  BeUa,  X Isola  Madré  ^  V  Isola  di  San- 
Giovanni,  San-Mlchcle  et  de*  Pescato- 
ri,  les  deux  premières  célèbres  depuis 
par  leurs  superbes  plantations.  L*Isola 
Madré,  peuplée  d'un  grand  nombre  de 
faisans,  est  située  au  milieu  du  Lac-Ma- 
jeur; sur  ses  sept  terrasses,  outre  un 
château  avec  un  très  beau  jardin,  on 
trouve  un  grand  nombre  de  cyprès,  de 
châtaigniers  et  de  myrtes.  Sur  la  cote  oc- 
cidentale de  l'Isola  Bella  s'élève  un  palais 
orné  des  tableaux  des  meilleurs  maîtres; 
il  appartient  à  la  famille  Borromeo,  qui 
l'habite  plusieurs  mois  de  l'année.  Il 
communique  par  Jes  Salle  tcrrene,  for- 
mant une  suite  de  grottes  incrustées  de 
pierres  de  diverses  couleui*s  et  ornées 
de  fontaines  jaillissantes,  avec  des  jar- 
dins plantés  dans  le  goût  français  sur  dix 
terrasses,  toujours  plus  petites  à  mesure 
qu'elles  s'élèvent ,  de  manière  à  former 
une  pyramide  tronquée,  au  sommet  de 
laquelle  se  ti:ouve  la  statue  colossale  d'une 
licorne  ailée  qui  est  dans  les  arm^  de  la 
famille  Borromeo.  tci,  exhalant  au  loin 
leurs  délicieux  parfums,  des  orangers, 
des  citronniers  et  des  Innoniers  s'entre-» 
mêlent  et  se  confondent  en  d'agréables 
bosquets  ou  s'arrondissent  en  berceaux; 
là  de  hauts  lauriers  forment  un  petit 
bois;  plus  loin  on  voit  des  myrtes,  des 
cyprès,  des  grenadiers ,  dont  les  fruits 
parviennent  a  leur  narfaité  maturité,  car 
les  montagnes  qui  bordent  le  lac  servent 


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BOft 


(T15) 


BOR 


aux  tiet  d*abrt  contre  les  vents  froids. 
Le  climat  de  ITscla  Madré  est  plus  doux 
toutefois  q ue  celui  de  Tlsola  Bel ia,car  dans 
celle  dernière  les  orangers,  les  citronniers 
et  d*autres  arbustes  ont  besoin  d'un  abri 
pour  l'hiver.  Les  habitans  de  Vlsola  de' 
Pescatori  vendent  aux  Milanais  et  aux 
I^iémontais  leur  poisson  et  font  en  outre 
de  la  contrebande.  Comme  on  ne  trouve 
point  de  gite  dans  les  deux  lies,  les  voya- 
geurs sont  obligés  d^aller  dans  les  petites 
villes  d^Intra,  de  Palanza  et  de  Baveno  , 
qui  d*ailleurs  en  sont  fort  peu  éloi- 
gnées. C  L. 

BORROMINI  (François)»  né  à  Bis- 
sone,  dans  le  diocèse  de  Corne,  en  1599, 
et  mort  à  Rome,  en  1667,  est  le  chef  de 
cette  école  déplorable  d'architecture  qui, 
au  xvii*  siècle,  couvrît  ritalie  de  produc- 
tions plus  extravagantes  les  unes  que  les 
autres.  Michel-Ange,  par  les  écarts  de 
son  génie,  avait  ouvert  la  carrière  aux 
innovations  dangereuses  et  semé,  on 
peut  le  dire,  le  germe  de  la  corruption; 
Borromini  mit  le  comble  aux  erreurs 
que  peut  enfanter  le  génie  en  s'abandon^ 
nant  sans  retenue  aux  inspirations  d'une 
imagination  ardente  et  déréglée.  C'est  à 
lui  que  l'on  doit  ces  colonnes  ventrues, 
torses,  entortillées  sur  des  monceaux  de 
piédestaux,  de  socles,  de  plinthes  sans 
motifs;  ces  chapiteaux  fantasques,  à  vo- 
lutes à  rebours;  ces  entablemens  bâtards, 
interrompus,  ondulés,  à  saillies,  à  rec- 
tangles; ces  frontons  déplacés,  brisés  » 
difformes  et  même  à  cornes;  ces  balus- 
trades à  contre-sens,  à  facettes,  et  prodi- 
guées jusqu'aux  frontons;  ces  églises  cin- 
trées, sans  caractère,  à  façades  en  forme 
de  turban;  ces  ornemens  surabondans, 
à  contre-sens,  qui  déparent  tant  d'édifices 
de  ce  siècle  et  dont  les  églises  de  Sainte- 
Agnès,  l'intérieur  de  Saint -Jean- de- 
Latran,  Saint-Carlin  aux  quatre  Fontai- 
nes, Saint-André  des  Buissons,  la  Pro- 
pagande, les  Sept-;Douleurs,  l'oratoire 
de  l'Église  neuve,  les  palais  Panfîli  ou 
Doria,  Collîgola,  Falconieri  et  la  villa 
du  même  nom,  élevés  en  tout  ou  en  par- 
tie par  Boriomini,  offrent  des  exemples 
si  multipliés. 

Borromini  reçut  en  naissant  le  senti- 
ment de  tous  les  arts.  Pourquoi  faut-il 
que  la  jalousie,  l'envie,  l'orgueil,  l'im- 


patience de  toute  Bnpériorîtéy  qui  firent 
le  fonds  de  son  caractère,  l'aient  porté  à 
fausser  ses  dispositions  naturelles  pour 
arriver  à  une  célébrité  prompte,  mais 
passagère!  Son  père,  qui  était  architecte, 
le  destina  d'abord  à  la  sculpture  :  il  l'en- 
voya à  l'âge  de  9  ans  à  Milan  étudier 
cet  art.  Après  7  ans  de  séjour  dans  cette 
ville,  Borromini  partit  pour  Rome  où  il 
fut  reçu  par  le  marbrier  de  la  fabrique 
de  Saint-Pierre,  son  compatriote,  qui 
l'associa  à  ses  travaux.  Épris  des  beautés 
de  Saint-Pierre , il  se  mit  à  en  mesurer , 
à  en  dessiner  les  principales  parties,  con- 
sacrant à  ce  travail  ses  heures  de  repos 
du  jour  et  une  partie  de  celles  de  la  nuit. 
Charles  Maderne,  son  parent,  alors  ar- 
chitecte de  ce  temple,  remarquant  son 
zèle  et  ses  grandes  dispositions  pour  l'ar- 
chitecture, lui  en  enseigna  les  élémens  et 
lui  donna  un  maître  de  géométrie.  Non* 
seulement  Borromini  fut  bientôt  en  état 
de  mettre  au  net  les  dessins  de  son  pa- 
rent, mais  Maderne  put  lui  confier  la 
conduite  de  travaux  importans.  Lorsque 
Maderne  mourut,  en  1629,  le  Bemin, 
qui  lui  succéda  comme  architecte  de 
Saint-Pierre,  s'attacha  le  Borromini  dont 
il  appréciait  le  talent  L'union  de  ces 
deux  hommes,  égaux  en  âge  et  en  mérite^ 
ne  fut  pas  de  longue  durée.  Le  Borro- 
mini, envieux  de  la  gloire  duBernin, 
impatient  d'être  sous  ses  ordres  lorsqu'il 
se  jugeait  son  égal,  si  ce  n'est  son  supé- 
rieur en  talent,  se  détermina  à  devenir 
son  rival.  Dès  ce  moment  tous  ses  soins 
tendirent  à  lui  dérober  des  entreprises ^ 
à  paraître  plus  employé  que  lui;  il  par- 
vint à  l'être,  grâce  à  la  protection  d'Ur- 
bain VIII.  Les  nombreux  travaux  qui 
lui  furent  alors  confiés  étendirent  au  loin 
sa  réputation  et  lui  procurèrent  enfin  ce 
qu'il  ambitionnait  par-dessus  tout  :  une 
grande  renommée.  Malheureusement 
cette  renommée,  basée  sur  le  renverse- 
ment de  toutes  les  idées  reçues  en  ar- 
chitecture, révolta  les  gens  de  goût;  et 
le  Bernin,  malgré  sa  tendance  ii  s'af- 
franchir des  règles,  ne  put  s'empêcher 
de  signaler  les  écarts  de  son  antagoniste 
comme  tendant  «  pervertir  et  perdre 
l'art.  Jaloux  à  l'excès  des  succès  crois- 
sans  du  Bernin,  qu'il  considérait  comma 
autant  d'injustices  à  son  égard,  Borro- 


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BOR  (7 

roîni  fat  ttterré  lorsqu'il  apprit  qu'un 
édifice  dont  il  avait  donné  les  dessins 
venait  d'être  confié  à  son  rival  :  de  dépil 
il  quitta  Rome,  fit  un  voyage  en  Loni- 
bardie,  promenant  partout  ses  chagrins 
et  ses  ennuis,  revint  bientôt  plus  exas- 
péré que  jamais,  donna  quelques  soins  à 
la  gravure  d'un  recueil  de  ses  composi- 
tions qu'il  se  proposait  de  publier,  fut 
atteint  pendant  ce  travail  d'un  mal  qui 
dégénéra  en  hypocondrie,  puis  en  fré- 
nésie et  qui  finit  par  le  porter  à  se  per- 
cer lui-même  d'une  épée,  une  nuit  d'été 
qu'on  lui  avait  refusé  ses  instrumens  de 
travail.  Ainsi  mourut,  à  68  ans,  cet  ar- 
tiste que  la  jalousie  égara  toute  sa  vie,  et 
qui  dut  à  cette  basse  passion  le  dérè- 
glement de  son  goût  et  les  chagrins  qui 
empoisonnèrent  son  existence.  Par  une 
bizarrerie  qu'on  ne  peut  s'expliquer,  on 
vend  toujours,à  la  Calcographie  de  Rome, 
l'œuvre  gravé  du  Borromini  et  les  archi- 
tectes n'en  semblent  point  encore  rassa- 
siés. L.  C.  S. 

BORSDORF  j  vof.  Pommier. 

BORSTELL  (Louis-GRoacE-Lio- 
POLD  de),  général  de  cavalerie  et  com- 
mandant du  8"**  corps  d'armée  prus- 
sien,  naquit  en  1773  et  commença  sa 
carrière  militaire  en  1788,  en  qualité 
d'adjudant  de  son  père,  alors  lieutenant- 
général.  La  faveur  que  ses  premiers  faits 
d'armes  dans  la  campagne  de  1793  lui 
firent  obtenir  auprès  du  duc  de  Bruns- 
wick le  fit  avancer  rapidement  dans  sa 
carrière.  En  1806  il  se  trouva  à  la  ba- 
taille de  léna,  en  qualité  de  major  d'un 
régiment  des  gardes.  Lorsqn'en  1807 
Kœnigsberg,  résidence  momentanée  de 
la  famille  royale ,  se  trouva  sans  défense 
à  l'approche  de  deux  corps  ennemis  , 
M.  de  BorstetI  fut  envoyé  au-devant  de 
ces  corps  avec  800  hommes.  Avec  ce  pe- 
tit nombre  de  soldats,  il  parvint  à  faire 
accroire  au  maréchal  Ney  que  c'était 
Tavant-garde  de  l'armée  prussienne  et  à 
négocier  un  armistice  avec  le  général 
français.  Après  la  paix- de  Tilsitt,Bor^ 
stell  devint  membre  de  la  commission 
chargée  de  la  réorganisation  de  l'armée, 
fut  nommé  major-général,  et  quand  la 
guerre  éclata,  en  1818,  il  commanda  le 
corps  d*nrmée  de  la  Poméranie  où  s'on- 
Tfit  une  carrière  brillante  à  9on  activité. 


16  )  BOR 

Après  avoir  conduit  une  des  brigades 
qui  bloquèrent  Magdebourg ,  il  com- 
manda, sous  les  ordres  de  Bulow,  dans 
plusieurs  batailles,  et  se  trouva  à  tous  les 
combats  que  li\ra  l'armée  du  Nord.  Il  se 
distingua  particulièrement  à  la  bataille 
de  Gross-Beeren  et  à  celle  de  Dennewitz; 
à  cette  dernière,  désobéissant  aux  ordres 
du  prince  royal  et  connaissant  mieux  que 
lui  la  tactique  des  Français,  il  s'empara 
de  la  principale  position  de  leur  armée. 
A  Leipzig,  le  général  Borstell  commanda 
l'assaut  sur  l'un  des  faubourgs,  et  ses  sol- 
dats furent  les  premiers  qui  pénétrèrent 
dans  la  ville.  Chargé  ensuite  de  diriger 
le  blocus  de  Wesel,  il  se  réunit,  au  com- 
mencement de  1814,  au  3*^  corps  d'ar- 
mée, contribua  au  succès  de  la  bataille  de 
Hoogstraten ,  couvrit  le  blocus  d'Anvers, 
resta  à  Tournay  avec  les  autres  troupes 
allemandes  réunies  en  Belgique  sous  le 
commandement  du  duc  de  Weimar,  et  fi- 
nit par  se  joindre  au  corps  de  Bulow  qui 
bloqua  Soissons.  Il  était  alors  lieutenant- 
général.  Chargé  en  1815  du  commande- 
ment du  2^  corps  d'armée,  il  fut  chargé 
de  sévir  contre  les  bataillons  saxons  qui 
s'étaient  révoltés  dans  le  camp  de  Blûcher. 
Il  devait  les  désarmer,  faire  brûler  leurs 
drapeaux  et  fusiller  les  plus  mutins.  Bor- 
stell, douloureusement  affecté  de  la  ri- 
gueur de  cette  mesure,  sachant  combieu  la 
perte  des  drapeaux  est  humiliante  pour  le 
soldat,  et  ne  pouvant  parvenir  à  faire  ré- 
voquer cet  ordre  catégorique,  prit  le  parti 
d'en  ajourner  l'exécution.  Révoqué  de  son 
commandement  pour  cet  acte  d'insubor- 
dination, il  fut  condamné  à  plusieurs  an- 
nées de  séjour  dans  une  forteresse.  Ce 
fut  à  Magdebourg  qu*il  fut  envoyé;  mais 
dès  la  fin  de  1815  il  fut  gracié  par  le  roi 
et  ensuite  successivement  chargé  de  la  bri- 
gade de  Magdebourg  et  du  commande- 
ment en  chef  de  la  province  de  Koenîgs- 
^^i  jusqu'en  1 825,  où  il  obtint  le  com- 
mandement des  provinces  rhénanes.  C.  L. 
BORVON ,  dieu  des  Gaulois ,  qui  pa- 
rait avoir  présidé  au  limon  salutaire  des 
eaux  thermales.  Son  culte;  restreint  au 
centre  de  la  Gaule ,  n'a  laissé  de  traces 
qu'à  Bourbonne-les-Bains  et  à  Bourbon- 
Lancy.  Ces  deux  villes  contiennent  cha* 
cune  deux  inscriptions  latines  des  com- 
mencemens  de  notre  ère,  en  l'hooneur 


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BOR 


(tl7) 


BOS 


de  cette  divinité  dont  le  nom  présente 
rétymoiogie  du  leur,  ainsi  que  de  Bour- 
bon-1*  A  rchain  haut,  célèbre  aussi  par  des 
eaux  thermales,  ég.dement  connues  des 
Romains.  La  maison  de  Bourbon  »  qui 
tient  son  nom  de  la .  seigneurie  de  cette 
dernière  ville ,  peut  ainsi  le  faire  remon- 
ter jusqu'à  cet  ancien  dieu  gaulois.  Quand 
les  Gaulois  reçurent  la  religion  des  Ro- 
mains ,  ils  donnèrent  à  Apollon ,  comme 
dieu  de  la  santé,  le  surnom  de  Borvon. 
Le  nom  de  ce  dieu,  sur  les  inscriptions,  est 
accompagné  de  celui  de  la  déesse  Damo- 
na,  dont  le  culte  semble  avoir  élé  insé- 
parable du  sien.  J.  B.  X. 

BORY  DE  SAINT-VINCENT,  co- 
lonel d'état-major,  est  né  en  1 780  à  Agen. 
Dès  sa  plus  tendre  jeunesse  et  par  l'im- 
pulsion d'un  de  ses  oncles^  savant  natu- 
raliste, il  se  voua  à  l'étude  des  sciences 
naturelles  avec  beaucoup  d'ardeur.  A  15 
ans  il  avait  déjà  adressé  à  la  société  d'his- 
toire naturelle  de  Bordeaux  deux  mémoi- 
res, l'un  sur  les  b)ssus  et  les  conferves, 
l'autre  sur  le  défrichement  des  landes. 
Ces  travaux  appelèrent  sur  lui  l'attention 
et  le  firent  désigner  comme  naturaliste  en 
chef  dans  l'expédition  du  capitaine  Bau- 
din  (1800).  A  son  retour,  en  1802,  il  pu- 
blia la  relation  de  son  voyage  sous  le  titre 
d'EssfU  sur  les  fies  Foftunées  de  Vcmii 
que  Atlantide  ou  Précis  de  C histoire  gé^ 
nèrale  de  l* Archipel  des  Cane  ries,  t  vol. 
in-4°  avec  allas,  ce  qui  lui  va  ut  le  titre 
de  correspondant  de  l'Institut  de  France. 
En  même  temps,  M.  Bory  entra,  comme 
volontaire,  dans  la'  carrière  militaire  qu'il 
parcourut  sous  l'empire,  mêlant  aux  tra- 
vaux de  son  état  ceux  de  la  science,  ex- 
plorant les  pays  où  la  victoire  conduisait 
nos  armées ,  et  s'enrichissant  de  précieux 
matériaux  qu'il  envoyait  en  France.  Les 
événemens  politiques  vinrent  troubler 
M.  Bory  :  il  joua  un  rôle  actif  dans  les 
Cent-ioursbomme  membre  de  la  Chambre 
des  rèprésentans,  et  fut  mis  sur  la  liste  des 
38.  ï'roscrit  et  fugitif,  il  prit  part  à  la  ré- 
daction du  Nain-Jaune  qui  s'imprimait  à 
Bruxelles,ct  publia  diverses  brochures  po- 
.  litiques;  mais  il  chercha  surtout  dans  les 
sciences  des  secours  et  des  consolations.  A 
son  retour  en  France  (1820),  il  s'associa 
à  diverses  entreprises  sciéi^tTtiqueM,' et  fit 
un  grand  nombre  dVrtrcles  dans  VÈncjr^ 


clopédie  rnoderne  publiée  par  M.  Cour- 
tin.  En  1829,  M.  de  Marthgnac  le  nomma 
chef  de  l'expédition  scientifique  de  Mo- 
rée;  la  commission  a  chargé  M.  Bory  de 
publier  ses  travaux,  et  cette  entreprise, 
qui  touche  à  son  terme,  a  été  presque  à 
moitié  faite  par  lui  seul.  Depuis  1830, 
M.  Bory  a  élé  replacé  au  dépôt  de  la 
guerre,  comme  chef  du  bureau  histori- 
que. Il  est  peu  de  savans  aussi  laborieux 
que  M.  Bory  de  Saint-Vincent,  et  même 
la  simple  énumération  de  ses  ouvrages 
allongerait  trop  cet  article.  Outre  l'En- 
cyclopédie déjà  citée,  celle  par  ordre  de 
matières  et  le  Dictionnaire  de  V histoire 
naturelle^  qu'il  a  dirigé,  renferment  un 
nombre  immense  d'articles  de  sa  compo- 
sition; et  il  a  rédigé,  de  plus,  beaucoup 
de  mémoires  sur  la  botanique,  la  zoolo- 
gie, la  géologie,  la  topographie,  souvent 
accompagnés  de  dessins  et  de  cartes.  Il  a 
publié  aussi  différens  voyages,  et  a  pris 
une  part  active  à  la  publication  des  Ré- 
sumés géographiques  ;  on  lui  doit  un 
Guide  très  détaillé  du  voyageur  en  Es- 
pagne  (Paris  1823,  in-8'' j,  et  il  a  pris 
part  à  V Itinéraire  descri/ttif  de  l*£xpa~ 
gne  et  du  Portugal.  M.  Bory  a  élé  élu,  en 
1832,  membre  de  la  Chambre  des  dépu- 
tés, mais  son  élection  a  été  annulée.  F.  R. 

BORYSTUÉNE,  voy.  Dnieper. 

BOSC  (Louis- Augustin-Guillaume), 
naquit  en  1759  à  Paris,  où  son  père, 
Paul  Bosc  d'Autic,  exerçait  les  fonctions 
de  médecin  du  roi.  Le  jeune  Bosc  ne 
savait  encore  ni  lire  ni  écrire  que  déjà 
il  sentait  se  développer  en  lui  ce  goût  ou 
plutôt  cette  passion  de  Thistoire  naturelle 
qui  devait  avoir  une  si  grande  influence 
sur  sa  destinée.  Sans  autre  guide  que  son 
instinct  d'enfant,  il  trouvait  chez  son  aïeu- 
le, dans  les  bois  des  environs  de  Laon,  les 
premiers  élémens  de  ces  connaissances 
dont  l'étonnante  variété  et  la  haute  por- 
tée lui  valurent  plus  tard  le  rang  distin- 
gué qu'il  occupa  parmi  les  savans  de  no- 
tre époque. 

Bosc  fit  ses  classes  au  collège  de  Di- 
jon. Il  n'en  était  pas  encore  sorti  lorsqu'il 
obtint,  à  sa  grande  joie,  la  permission 
desuivrele  cours  de  botanique  de  M.  Du- 
rande.  Dès  lors  celte  élude  devint  l'objet 

λresque  unique  de  ses  pensées  :  il  travail- 
aît  jour  et  nuit;  et  lorsque  son  père  put 


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60S 


(718) 


BOS 


le  conduire  à  Pacis,  il  suivit  avec  empres- 
semeDt  les  cours  nonibreux  oàverts  dans 
cette  capitale  à  la  jeunesse  studieuse,  no- 
tamment ceux  du  Jardin  du  roi. 

A  18  ans  Bosc  entra  dans  les  bureaux 
dit  contrôle  général;  il  devint  plus  tard 
l'un  des  trois  administrateurs  des  postes; 
mais  quoique  ces  nouvelles  fonctions , 
dont  il  s'acquittait  avec  une  conscience , 
une  probité  et  une  distinction  qui  lui  va- 
lurent à  U  fois  l'estime  de  ses  subordon- 
tjés,  la  considération  publique  et  l'ap- 
probation du  pouvoir,  pHt  nécessaire- 
ment une  grande  partie  de  ses  instans ,  il 
trouvait  encore  des  loisirs  pour  ses  étu- 
des* favorites.  Il  publia  divers  mémoires 
dans  les  recueils  des  sociétés philomati- 
que  et  d^ histoire  naturelle  et  dans  le 
/oumal  de  physique. 

Sous  le  ministère  de  Roland,  avec  qui 
Il  était  intimement  lié,  il  accepta  les  fonc- 
tions pénibles  et  gratuites  d'administra- 
teur des  prisons.  Dans  ces  temps  de  dou- 
loureuse mémoire,  pendant  lesquels  le 
parti  républicain  modéré  opposait  encore, 
avec  toute  l'énergie  d'un  sublime  dévoue- 
ment, nne dernière  digue  aux  projets  liber- 
ticides  des  futurs  terroristes,  un  pareil 
emploi  convenait  également  à  la  rigidité 
des  principes  et  à  la  générosité  de  cœur 
de  Bosc.  Il  le  remplissait  encore  lorsque 
les  événemens  du  31  mai  1793  furent, 
pour  lui  comme  pour  la  plupart  de  ses 
amis,  le  prélude  des  sanglantes  proscrip- 
tions auxquelles  il  fut  assez  heureux  pour 
échapper.  Caché  pendant  plusieurs  mois 
dans  la  forêt  de  Montmorency,  ce  n'était 
point  assez  pour  lui  d'avoir  évité  la  mort; 
au  risque  de  la  renconirer  mille  fois  pour 
une,  il  osait,  sous  divers  déguisemens, 
braver  la  surveillance  des  gardes  des  bar- 
rières, pénétrer  dans  Paris,  jusque  dans 
les  prisons,  pour  s'y  entendre  avec  des 
proscrits  comme  lui ,  et  plus  d'une  fois 
il  eut  la  joie  de  faire  évader  et  de  cacher 
quelques-uns  d'entre  eux  dans  sa  chétive 
masure  de  Sainte -Radegonde.  Durant 
trois  longues  semaines  d'anxiété,  il  y  par- 
tagea avec  La Revelficre-Lépaux,  malade, 
le  peu  de  pain,  les  pommes  de  terre,  les 
limaçons,  parfois  les  seuls  lichens  qui 
lui  servaient  de  nourriture  habituelle. 

Après  la  mort  de  Robespierre.  Bosc 
était  rentré  dansParia,  Tuteur  deM^^  Ro- 


land ,  il  avait  pu  la  remettre  en  possession 
des  biens  de  son  père  et  publier  les  mé- 
moires de  sa  courageuse  mère,  documens 
précieux  dont  l'histoire  lui  doit  U  con- 
servation. Quelque  temps  après  il  s'em- 
barqua pour  l'Amérique.  Ce  voyage,  qui 
offrait  alors  tant  d'attraits  aux  natura- 
listes européens,  ne  contribua  pas  peu 
aux  progrès  des  sciences  naturelles.  Pen- 
dant deux  ans  Bosc  rassembla  d'immen- 
ses matériaux ,  et  quoique  à  son  retour 
il  n'ait  publié  dans  le  Buffon  de  Déter- 
ville  que  les  vers ,  les  coquillages  et  les 
crustacées,  il  enrichit  les  ouvrages  de  La- 
cépède,  de  Latreille,  de  Daudm,  de  Fa- 
bricius,  d'OUvier  et  de  Michaux,  d'un 
grand  nombre  d'espèces  nouvelles  et  de 
documens  précieux  sur  les  poissons,  qu*il 
avait  étudiés  pendant  sa  double  traversée, 
et  de  détails  sur  les  reptiles,  les  oiseaux, 
les  insectes  et  les  v^étaux  du  Nouveau- 
Monde. 

Sous  le  Directoire  il  reprit  ses  fonc- 
tions d'admiuistrateur  des  prisons  et  joi- 
gnit à  ce  titre  celui  d'administrateur  des 
hospices  et  du  mont- de-piété;  mais  après 
le  18  brumaire  1799  il  lut  destitué.  Forcé 
de  chercher  eh  lui  les  moyens  d'exis- 
tence qui  lui  manquaient ,  il  commença 
cette  série  de  travaux  littéraires  dont  une 
faible  partie  aurait  sut  fi  à  la  réputation 
d'un  homme.  11  concourut  d^abord  à  la 
publication  du  Sujtulémetit  au  diction- 
naire dé  Rozieri  a  celle  d'un  Nouveau 
Dictio/tnaire  d'histoire  naturelle  \  U  ré- 
digea le  Dictionnaire  raisonné  et  univer- 
sel €t agriculture  qui  parut  en  1809  sons 
le  nom  de  la  section  d'agriculture  de  ilns- 
tilut;  il  enrichit  de  notes  précieuses  l'é- 
dition d'Olivier  de  Serres,  imprimée 
sous  les  auspices  de  la  société  centrale 
d'agriculture.  H  refit  ou  retrancha  pres- 
que tous  les  articles  de  la  dernière  et  ex- 
cellente édition  du  Cours  complet  d'à- 
gricutture  théorique  €tpratique\  il  fut  un 
des  directeurs  des  Annales  dé  L'agricul- 
ture française  y  et  un  des  principaux  col- 
labo ratcui*s  des  derniers  volumesdel'/f/z- 
cyclopédie  méthodique.  Il  fut  enfin  à  ï* A- 
cadémie,  il  adressa  aux  différens  minis- 
tres qui  les  lui  demandaient  et  à  toutes 
les  sociétés  savantes  d'Europe  et  d'Améri- 
que, qui  s'étaient  empressées  de  i'insci  ire 
au  nombre  de  leurs  ménUbr«s»  des  mé" 


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BOS 


(719) 


BÔS 


moires  et  des  rapports  dont  la  multipH- 
cilé  ne  pouvait  effrayer  sa  prodigieuse 
activité.  Des  travaux  aussi  considérables 
ne  prenaient  même  pas  tout  son  temps  ; 
envoyé  successivement  dans  les  départe- 
mens  et  eo  Italie  pour  diverses  missions 
scientifiques  ;  nommé  d*abord  inspecteur 
des  jardins  et  pépinières  de  Versailles, 
du  jury  de  Técole  vétérinaire  d'Alfort, 
puis  inspecteur  des  pépinières  dépen- 
dantes du  ministère  de  Tintérieur,  mem- 
bre de  l'Académie  des  sciences ,  de  la  so- 
ciété centrale  d'agriculture;  chargé  d'un 
immense  tra^'ail  sur  les  vignes  de  la  France 
entière,  dont  il  avait  déjà  décrit  450  es- 
pèces et  variétés  après  les  avoir  étudiées 
(de  1820  à  1825)  en  cinq  voyages  succes- 
sifs ,  le  premier  et  le  second  dans  la  Cham- 
pagne et  la  Lorraine,  le  troisième  dans 
la  Bourgogne,  le  quatrième  dans  l'Auver- 
gne, et  le  cinquième  dans  toutes  les  par- 
ties du  sud  et  du  sud -est;  appelé  au 
conseil  d^agriculture  fondé  par  M.  le 
comte  Decazes;  nommé  enfin  inspecteur 
général  des  pépinières,  et  bientôt  après 
professeur  de  culture  au  Jardin  du  roi, 
comme  successeur  de  André  Thouin , 
Bosc,  tant  que  sa  santé  ne  fut  pas  altérée, 
trouva  le  moyen  de  suffire  à  tout.  Peu 
d'hommes,  à  des  connaissances  aussi  di« 
verses,  ont  joint  un  tel  amour  du  travail 
et  une  plus  grande  facilité. 

Cependant  il  emporta  en  mourant  le 
double  regret  de  ne  pas  avoir  fait  de 
cours  au  Muséum  et  de  laisser  inachevé 
son  important  travail  sur  la  vigne.  Len- 
tement miné  par  Thorrible  maladie  qui 
Tenleva ,  à  peine  avait-il  pu ,  à  son  entrée 
au  Jardin  du  roi,  rédiger  quelques  leçons, 
témoignages  irrécusables,  mais  tardifs, 
des  nouveaux  services  qu'il  était  appelé 
à  rendre  à  son  pays.  Il  avait  commencé  à 
analyser  ses  premiers  voyages  œnologi- 
ques. Les  notes  qu'il  possédait  sur  cette 
matière  existent  encore  ;  malheureuse- 
ment ce  sont  des  mémento  qu*il  pouvait 
seul  coordonner  dans  sa  mémoire. 

Bosc  n'était  étranger  à  aucune  bran- 
che des  sciences  naturelles.  Il  ain^it  sa 
patrie  avec  toute  la  ferveur  d'une  ame 
ardente  et  désintéressée.  Dans  tous  ses 
écrits  percent  à  chaque  page  les  vœux  du 
patriote  éclairé,  de  l'excellent  citoyen. 
A  c6té  d«  nntérét  géoéral»  il  oublia  tou- 


jours le  sien;  jamais  la  moindre  jalousie 
ne  put  voiler  à  ses  yeux  le  mérite  des  au- 
tres. Son  dévouement  à  ses  amis  était 
pour  lui  un  besoin  plutôt  qu'une  vertu^'  et 
si  parfois  la  brusque  franchise  de  ses 
paroles  avait  pu  offenser  un  instant  la 
susceptibilité  de  ceux  qui  ne  savaient 
point  encore  l'apprécier,  il  gagnait  tous 
les  cœurs  en  se  faisant  mieux  connaître. 

Bosc  mourut  en  1828  au  milieu  de  sa 
nombreuse  famille.  Il  voulut  reposer  à 
Sainte-Radegonde,  près  de  l'ancienne  re- 
traite qu'il  s'était  choisie  aux  jours  de  la 
terreur.  Cest  là  qu'entouré  du  souvenir 
du  bien  qu'il  avait  (ait,  du  regret  géné- 
ral et  des  pleurs  sans  cesse  renaissans 
de  ses  proches,  il  descendit  dans  la  tom- 
be, léguant  à  la  France  un  beau  nom  de 
plus.  O.  L.  T. 

BOSGAN  ALMOGAVER  (Juan).  Ce 
premier  auteur  de  la  révolution  qui  s'o- 
péra dans  la  littérature  espagnole,  sous 
le  règne  de  Charles-Quint^  naquit  vers 
1500, à  Barcelone,  de  parens  patriciens; 
sa  vie  ne  fut  pas  seulement  consacrée  aux 
lettres:  il  servit,  il  voyagea,  il  fréquenta 
la  cour  où  il  était  aimé.  Quiconque  a 
étudié  l'histoire  de  l'Espagne  sait  com- 
bien il  était  alors  dans  les  mœurs  espa- 
gnoles de  voir  le  même  homme  manier 
également  bien  la  plume  et  l'épée,  passer 
des  méditations  de  la  politique  à  celles 
de  la  poésie.  Ce  fut  un  Vénitien ,  tout  à 
la  fois  aussi  homme  d'état  et  homme  de 
lettres,  André Navagero,  qui,  se  rencon- 
trant avec  Boscan  à  Grenade,  lui  fit  naî- 
tre l'idée  de  revêtir  la  poésie  espagnole 
des  formes  italiennes.  Boscan  ,  à  cette 
époque ,  avait  déjà  publié  un  volume  qui 
ne  contenait  que  des  pièces  de  vers  dans 
l'ancien  goût  castillan.  C'était  la  mesure 
brève  des  redondillas,  l'assonnance  à  la 
place  de  la  rime;  et,  sous  ces  formes, 
tous  les  brillans  défauts,  les  hyperlM)les 
outrées ,  les  images  gigantesques  pour 
lesquelles  ses  compatriotes  eurent  tou- 
jours tant  de  penchant.  Le  second  volu- 
me, écrit  sous  l'influence  d'idées  bien 
différentes,  ne  renfermait  que  des  son- 
nets et  des  chansons  à  l'imitation  de  Pé- 
trarque ;  une  grande  partie  de  l'Espagne 
lettrée  applaudit  à  cette  innovation.  El,  en 
effet,  plus  d'un  noble  génie  puisa  depuis 
•es  inspirations  aux  nouvelfes-  sources 


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(720) 


BOâ 


poéliques  ouvertes  par  Boscan.  Cepen- 
dant, dans  le  même  temps,  plusieurs  poè- 
tes, et  Castellejo  à  leur  tête,  lui  repro- 
chaient d'asservir  la  langue  des  vain- 
queurs à  des  règles  empruntées  aux  vain- 
cus; d'autres  voulaient  lui  ravir  la  gloire 
d*avoir  le  premier  introduit  rbendécasyl- 
labe  dans  la  poésie  espagnole.  Il  est  vrai 
qu*on  le  rencontre  quelquefois  dans  des 
auteurs  plus  anciens;  mais  il  faut  ajouter 
que  ces  rares  tentatives  avaient  toujours 
passé  inaperçues.  Boscan  a  publié  un 
troisième  volume  de  poésies,  qui  contient 
la  traduction  du  poème  de  Héro  et  Léan^ 
drtj  attribué  à  Miisœus  :  cette  traduction, 
toute  en  hendécasyllabes,  est  admirable 
d*élégaiice  et  de  pureté  ;  une  élégie,  deux 
épilres,  dont  une  est  adressée  au  célèbre 
Mendoza,  enfin  une  description  ingé- 
nieuse du  royaume  de  l'amour.  Boscan 
ne  fut  point  Timitateur  servile  de  ceux 
qu'il  avait  pris  pour  modèle.  Ses  qualités 
et  ses  défauts  sont  à  lui ,  et  l'Espagnol 
s*y  fait  bien  souvent  reconnaître.  L'éter- 
nel combat  des  passions  et  de  la  raison , 
cette  idée  favorite  dont  le  développement 
refroidit  souvent  les  plus  brûlantes  poé- 
sies castillanes,  joue  un  grand  rôle  dans 
ses  ouvrages;  il  na  pu  emprunter  à  Pé- 
trarque toute  la  mélodie  de  son  langage, 
ni  toute  sa  douce  rêverie;  mais  il  lui  est 
supérieur  par  l'énergie  et  par  la  violence 
de  la  passion.  Malgré  ses  succès  à  la  cour, 
il  s'était  de  bonne  heure  choisi  une  re- 
traite où  il  passait  d'heureux  jours ,  en- 
touré de  sa  famille  et  de  ses  amis;  il  y 
mourut  dès  1544.  Ses  œuvres,  recueillies 
par  lui-même,  furent  publiées  d'abord 
sous  ce  titre:  Las  Obras  de  Boscan  y  al- 
gunas  (le  GarcUasso  de  la  Fega,  Lis- 
bonue,  1543;  mais  l'édition  la  plus  esti- 
mée est  celle  de  Léon  (1549,  in-12), 
quoique  la  première  soit  plus  rare.  L.  L.O. 
BOSCH  (Jérôme  oe),  l'un  des  meil- 
leurs poètes  latins  modernes,  naquit  à 
Amsterdam,  en  1740.  Il  suivit  à  l'athé- 
née de  sa  ville,  natale  les  leçons  de  Pierre 
Burmann  II ,  et  continua  ses  études  clas- 
siques, principalement  sous  la  direction 
de  Wytlenbach,  nicme  après  que,  pour 
obéir  à  la  volonté  de  son  grand-père,  il 
eutenibrassé  l'étal  d'apothicaire.  En  1773 
il  devint  secrétaire  de  Ta  ville  d'Amiter- 
dam^  en  1778  curateur  de  l'Université 


deLeyden,  et,  sous  le  roi  Louis-Napo- 
léon ,  l'un  des  fondateurs  et  des  premiers 
membres  de  l'Institut  royal  des  sciences 
et  des  arts  à  Amstetdam.  Ruhnkenius, 
Wyttenbach,van  Ueusde,  furent  en  même 
temps  ses  maîtres  et  ses  amis.  La  collec- 
tion des  poésies  latines  qu'il  publia  à 
Leyde,  en  1803,  et  plus  tard  en  1808, 
avec  un  appendix,  obtint,  en  Hollande 
surtout,  un  succès  général.  Plusieurs  de 
ses  compositions  latines  et  hollandaises , 
couronnées  dans  des  concours ,  se  6rent 
également  remarquer  par  la  profondeur 
et  par  l'éclat  du  style.  Son  ouvrage  le 
plus  important  est  son  édition  de  l'An- 
thologie grecque  avec  la  traduction  la- 
tine de  Hugo  Grotius,  qu'il  publia  en  4 
volumes  (Utrecht,  1794-1810),  avec  ses 
propres  notes  et  celles  d'Huet;  Van  Len- 
nep  y  ajouta  le  5^  volnme  en  1822.  Le 
roi  faisait  grand  cas  de  Bosch  :  éloigné 
de  tous  les  partis  politiques  qui  agitaient 
alors  sa  patrie,  tout  en  s'intéressant  à  sa 
prospérité,  et  malgré  son  enthousiasme 
pour  la  liberté,  l'étude  faisait  les  seuls 
délices  de  sa  vie.  Sa  superbe  bibliothèque, 
l'une  des  premières  de  l'Europe  pour  la 
rareté  et  la  beauté  des  éditions,  fut  ven- 
due publiquement  après  sa  mort,  qui  sur- 
vint en  18 1 1  ;  et  cette  rare  collection  fut 
malheureusement  disséminée.  On  en  a 
un  catalogue  raisonné:  B revis  descripdo 
bibliothecœ  IJicr,  Bosch  quatenus  ùi  ed 
grœci  et  iadni  scriptores  assen'antur, 
(Utrecht,  1809).  CL. 

BOSCH  (Jan  van  den),  lieutenant-gé- 
néral et  gouverneur  hollandais  de  Bata- 
via, naquit  à  Bemmel,  dans  la  province 
deGueldre,  en  1780.  Entré  au  service  en 
1 797,  il  partit  peu  de  temps  après  avec  le 
brevet  de  lieutenant  pour  les  Indes.  Il  s'y 
distingua  avec  éclat  dans  plusieurs  occa- 
sions, obtint  bientôt  le  grade  de  colonel, 
mais  fut  obligé  de  donner  sa  démission, 
en  1810,  à  la  suite  d'une  affaire  qu'il 
eut  avec  le  général  Daendels,  gouverneur 
général  de  Batavia,  et  revint  en  Hollande 
en  1813.  Tousses  efforts  tendirent  alors 
à  l'affranchissement  de  sa  patrie,  et  il  fut 
l'un  des  premiers  à  se  coaliser  à  Peffel  de 
réintégrer  la  maison  d'Orange.  H  reprit 
du  service  à  Amsterdam,  avec  son  ancien 
grade.  Après  le  retour  de  Napoléon  de 
nié  d'ÉIbe,  îl  fut  cbargé  de  Tapprovi- 


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bos 


(121  ) 


fiOS 


lîOQnement  et  de  la  défense  de  Maés- 
tricht  et  bientôt  après  il  détint  général. 
Après  la  paix  il  rendit  les  plus  grands 
services  à  son  pays  par  la  fondation  de 
la  société  pour  l'éublissement  des  colo- 
nies agricoles  d'indigens  qui  se  forma  en 
1818.  Il  organisa  lui-même  k  colonie 
de  Frédériksoord ,  et  y  resU  même  pen- 
dant long-temps  pour  veiller  au  succès 
de  l'établissement. 

En  1827,  il  fut  de  nouveau  envoyé 
aux  Inde»,  comme  commissaire  général , 
et  il  a  été  nommé,  en  1830,  gouverneur 
de  BaUvia.  C.  X. 

BOSCOWICH  (Roomm-JosEPH),  na- 
quit à  Reguse  en  171 1 ,  entra  en  1725 
chez  les  Jésnites  à  Rome ,  se  distingua , 
et  devint  en  1740  professeur  de  mathé- 
matiques au  coliegio  romano.  Le  pape  et 
plusieurs  gouvernemens  italiens  tirèrent 
parti  de  ses  vastes  connaissances ,  tantôt 
pour  trouver  le  moyen  de  soutenir  le 
dôme  de  SaintrPierre  qui  menaçait  de 
crouler,  tantôt  peur  dessécher  des  ma- 
rais, puis  pour  mesurer  un  degré  du  mé- 
ridien. La  république  de  Lucques  rem- 
ploya plusieurs  fois  dans  ses  négociations 
au  sujet  de  sa  délimitation.  Après  la  sup- 
pression de  l'ordre  des  Jésuites,  il  devint 
professeur  de  mathématiques  à  Pavie; 
invité  ensuite  de  venir  à  Milan  pour  y 
enseigner  l'astronomie,  il  fonda  l'obser- 
vatoire de  cette  ville.  En  1773  BosfiO<^ 
wich  fut  appelé  à  Paris  pour  ocouper  la 
place  de  directeur  de  l'optique  de  la  ma- 
rine; il  y  «lia,  mais  des  désagrémens 
qu'il  y  essuya  le  décidèrent  à  retourner 
à  Milan  où  II  mourut  en  1787,  environné 
d'une  grande  considération.  Il  avait  par- 
couru presque  tonte  l'Europe,  avait  pu- 
blié le  Journal  d'un  voyage  à  Consian- 
Unople  (trad.  en  fr.  par  Hennin,  1772), 
s'était  mêlé  de  la  politique,  avait  fait  des 
vers  latins,  s'était  formé  un  système  de 
philosophie  à  lui  qu'il  a  développé  dans 
sa  PkÛosophiœ  naturaUs  theoria  re* 
dacta  ad  umcam  legem  virium  in  nor- 
turd  extstentium  (Vienne,  1759),  et 
avmit  composé  un  grand  nomk»re  d'ou- 
vrages d'astronomie  et  de  physique.  Os 
derniers  ont  été  réunis  en  collection  : 
Opéra  ad  opticam  et  asironomiam  per^ 
îinentiay  Bassano,  1785,  5  vol.  in-4*. 
M.  le  baron  Walckenaêr,  qui  a  donné  la 

Sncyclop,  d.  G.  d.  M.  Tome  UL 


liste  complète  des  œuvres  de  Boicowîchy 
juge  ainsi  son  poème  De  sùUs  ae  lunœ 
defectibusy  en  6  chanu  (traduit  en  fran- 
çais par  Barruel,  1779,  in-4^):«  On 
admire  dans  cet  ouvrage  le  style  élégant 
du  poète,  et  le  talent  peu  commun 
avec  lequel  il  avait  su  renchre  des  dé- 
taib  appartenant  am  tdences  exactes 
et  au  calcul.»  D'autres  morceaux  de  poé- 
sie latine,  d'une  moindre  étendue,  nuiîs 
pleins  de  grâce  et  de  facilité,  contri- 
buèrent à  placer  Boscowich  au  rang  des 
meilleurs  poètes  modernes.  11  avait  tout 
l'enthousiasme  des  poètes,  sans  se  livrer 
à  l'exagération.  Sa  conversation  était  ai- 
mable, et  d'autant  plus  instructive  qu'il 
avait  voyagé  dans  une  grande  partie  de 
l'Europe.  »  S. 

fiOSIO  (FxAKçois  -  Josxpr),  né  à 
Monaco,  en  1769,  vint  fort  jeune  en 
France,  où  Pajou,  sculpteur  célèbre, 
dirigea  ses  premières  études;  mais  Bo-> 
sio  le  quitta  bientôt  et  ne  suivit  plus  que 
l'inspiration  de  son  génie.  A  19  ans  il 
retourna  en  Italie,  où  il  exerça  tour  à 
tour  la  peinture  et  la  sculpture.  Il  visita 
Rome,  Florence,  Sienne,  Parme,  Ve- 
nise ,  Géiaes ,  U  Romagne ,  laissant  par- 
tout des  témoignages  de  son  mérite.  On 
pourrait  citer  plus  de  vin§t  statues,  tant 
en  mavbre  qu'en  stuc  et  en  bois ,  et  au 
moins  six  plafonds  peints  à  fresque  qu'il 
exécuta  dans  ces  divera  lieux.  Plus  de 
vingt  modèles  en  plâtre  de  sa  composition 
furent  envoyés  de  Ferrare  à  Vérone,  par 
le  marquis  de  Bevilaqua,  pour  être  exé- 
cutés en  pierre  sous  la  direction  de  l'an- 
cien maître  de  Canova.  Après  dix-sept 
ans  de  séjour  dans  sa  patrie  il  vint  se  fixer 
à  Paris.  Sa  statue  de  VAtnour  lançant 
ses  traits  et  s'envolant,  exposée  en  plâtra 
au  salon  de  1 808,  et  en  marbre  en  1 8 12, 
est  son  premier  ouvrage  offert,  en  Fran- 
ce, au  public  En  1810  parut  son  gra- 
cieux groupe  de  l'Jmour  séduistmî  Fin- 
Moc^nctf,  auquel  il  ne  manque  qu'un  peu 
plus  d'élévation  de  style  pour  étra  un  on<- 
vrage  parfait;  cette  même  année  les  bus- 
tes de  Napoléon ,  de  l'impératrice,  de  la 
reine  Hortense ,  de  Denon ,  lui  acquirant 
une  réputation  pour  le  portrait  que  40 
autres  bustes  des  personnages  les  plus 
célèbres  de  r^>oqtte,  exécutés  ensuite, 
n'ont  fait  que  confirmer.  Us  ont  été  gé-> 

4$ 


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BOS 


(72?) 


BOS 


ç^Btl^vitiit  r«|ardé9  cosMie  cUa  modèlea 
acUeTés.d&resaeaibUuioe,  d'expresiloo  et 
d'dnéciAtioa.  Depuis  cette  époque  M.  fio- 
aio  n'a  cessé  de  marcher  de  succès,  en  sue- 
oès.  Son  Hercule  combatumt  Jclieloiis 
méUiQorpbosé  en  serpent,  dont  le  bronae 
est  placé  dans  Le  jardin  des  Tuileries  ; 
son  Jfisiôe,  dwi  des  jardins,  rival  de 
Tantique,  placé  aujourd'hui  dans  i*es- 
calier  da  Louvre  ^  e6té  de  la  colonnade; 
son  Hyacinthe,  demlMMoché,  regardant 
jouer  au  palet,  modèle  achevé  de^race, 
de  finesse ,  de  naïveté  ;  sa  statue  de 
Louis  XIV y  sur  la  place  des  Victoires , 
noiéUnge  biasarre  de  costumes  incohérens; 
œUe  du  duc  d'Enghien  à  Yincennes; 
celle  de  Monthyoriy  au  péristyle  de  rH6>- 
tel  r-  Dieu';  son  Henri  IF  enfant ,  que 
Louis  XVIII  a  fait  fondre  en  argent  pour 
ara  eabinet,  avant  d'envoyer  Toriginal  au 
ch&leau  de  Pau;  les  figures  de  la  France 
et  de  la  Fidélité  du  monument  élevé  à 
Maieshérbea  au  palais  de  Justice  de  Pa- 
if  s;  k  groupe  de  Louis  XVI  et  de  l'Ange 
qui  dit  am  coi-martyr  :  «  Fils  de  Saint- 
Louis,  montex  au  ciel  !  »  dans  la  chapelle 
expialQÛrede  la  rue  d'Aojou;  enfin  le  qua- 
drige qui  a  remplacé  les  chevaux  de  Ve« 
nise  sur  Tare  de  Triomphe  du  Carrouaeè, 
tek  soat  les  onvrages  qui  succeaslvemient 
ont  mérité  à  M.  Boeio  tes  suffrages  des 
hommes  de  go6t  et  ft*ont  placé  en  pre«' 
mière  ligne  parmi  les*  artistes  qni  font  la 
gloire  de  notre  école  moderne.  Commle 
tous  les  sculpteurs  recommandables  de 
Tépoque,  M.  Bosio  a  eu  part  auK  travaux 
de  la  colonne  de  la  place  Vend6me  :  20 
basHTetiefs  ont  été  coulés  sur  ses  modèles. 
Cette  nomenclature  des  ouvrages  de  M. 
Bosio,  exécutés  en  France,  quelque  »om« 
breuse  qu'elle  soit^  est  loin  d*étre  eom'» 
plate  :  nous  ne  citerèns  plds  que  la  sta- 
tue colessale  de  Louis  XVIil  ^  qui  devait 
être  pkieée  devait  le  pakisr  de  la  Cham* 
bre  des  députés  et  que  la  révolution  de 
1880a  fait  ajourner.  Commandée* par  ta 
ville  de  Paris,  cette  statut  devait  être  en 
bronxe  ;  espérons  qu'eHe  recevra  bientôt 
son  exécution  :  en  témoignant  de  notre 
reconnaissance  envers  le  roi  fondateor 
de  la  liberté  constitutionnelle  en  France, 
elle  offrira  sans  doute  une  nouvelle  preu- 
ve du  rare  talent  du  sculpteur. 

M.  Bosio  #e^  eu  lS16de  Nupoléon 


la  croix  4e  ULégionHi'Honiieor}  U  mtee 
année  Tempereur  confirma  sa  nomina- 
tion de  membre  de  la  classe  des  beaux* 
aru  deFInstitut;  Louis  XVIII  le  créa 
chevalier  de  Tordre  de  Saint-Michel  ^ 
officier  de  la  Légion-d'Honneur  »  et  lui 
conféra,  en  1833,  le  titre  de  premier 
sottipteur  du  roi,  avec  une  pension  de 
4,000  fr.  qu'il  conserva  jusqu'à  la  révo- 
lution de  1830.  Charles  X  le  fit  baron. 
Il  est  professeur  et  recteur  à  TAoedémie 
des  b^ux-arts.  Les  académies  de  Turin  ^ 
de  Berlin,  de  Rome,  l'ont  admis  dans 
leur  sein  comme  membre  honoraire. 

On  ne  doit  pas  confondre  avec  M.  Bo- 
sio un  de  ses  Irères ,  peintre  mort  sous 
la  Restauration,  et  un  neveu ^  du  même 
nom,  qui  commence  à  marcher  aur  aea 
traces,  et  qui  a  déjà  été  l'objet  des  faveurs 
du  gouvernement.  L.  C  S. 

BOSNIE  (  Bosna  ou  Boschna  ) ,  pro- 
vince turque  ayant  le  titre  de  royaume , 
et  qui,  outre  Tancienne  Bosnie,  renfer- 
me encore  la  partie  de  la  Croatie  appelée 
sandjiakat  de  Biélogrod,  entre  les  ileuvea 
Unna  et  Berbas,  et  une  partie  de  la  Dal- 
matie  et  de  THercégovine.  Elle  est  bor-« 
née  au  nord  par  l'Ësdavonie,  à  L'ouest 
par  la  Croatie,  au  sud  par  la  Dalmatie  el 
lamer  Adriatique,  et  à  l'est  par  la  Ser- 
vie. Sa  surface  est  de  l,0ê3  millet  carrée 
géogr.,  avec  8âr0,000  habitans,  pour  la 
plupart  d'origbie  slavonne,  BcMniaks, 
Morlaks^  etc.;  60,000  hommca  de  milice 
tnrque  sont  compris  dans  ce  nombre.  Jï 
y  a  deux  tiers  d'indigènes  professant  le 
culte  greo  de  l'Église  orientale  et  un  tiexs 
de  Turct  mahométans;  cet  derniers, 
peuple  déminant  dans  ces  contrées ,  aoot 
en  possession  de  presque  toutes  les  terres 
qu'ils  tiennent  à  titre  de  fief;  cependant 
dans  leur  nombre  sont  compris  beauocMip 
de  BoMiiaks  dont  les  ancêtres  cmt  abjuré 
leur  religton ,  un  grand  nombre  de  Bo- 
hémiens et  de  Juifs.  La  partieseptenCrio- 
nale  de  la  Bosnie  est  uni«  et  plate;  ren 
le  midi  cette  province  est  Hiontagneiise 
et  cooverte  de  bois;  ses  rivières  priad- 
pales  sont  la  Save,  le  Berbas,  la  fioeon, 
la  Nama  et  la  Drina.  C'est  la  Bosna  qui 
a  fait  prendre  an  pays  le  nom  de  Bosnie^ 
Généralement  il  n*est  pas  d'une  franée 
fertilité,  mais  les  champe  sont  bien  te^ 
nus  i  ott  eultive  beasMoup  U  vî§ne  el  ka 


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B09 


(  72S  ) 


BOS 


ftrhres  ftnHitt$}  les  pâturages  lotit  abon- 
dans;  on  y  nourrit  beaucoup  de  bestiaux 
et  les  moDtaf^es  fournissent  du  fer  de 
bonne  qualité,  dont  une  grande  partie 
est  employée  dans  les  manufactnres  de 
lames  et  d*armes.  Les  auiret  produits  de 
l'Industrie  consistent  en  cuirs ,  maroqtiin 
et  gros  tissus  de  laine. 

La  Bosnie  appartenait  dans  les  xii*  et 
xiii®  siècles  à  la  Hongrie.  £n  1869  elle 
fut  soumise  par  Etienne^  roi  de  Servie, 
après  la  aaort  duquel  elle  forma  un  état 
indépendant;  le  ban  Tmrko  prit  eo  11170 
le  titre  de  roi.  Mais  ce  nouveau  royaume 
ne  tarda  pas  à  devenir  (1401)  tributaire 
des  Turcs,  qui ^  eo  1463,  le  rédniiirent 
en  une  province  de  leur  empirOé  Cepen- 
dant les  Hongrois  letir  arrachèrent  bien* 
tôt  cette  possession  et  y  établirent  des 
bans  sous  leur  autorité.  En  1538  la  Bos^ 
nie  fut  définitivement  conquise  par  les 
Turcs  et  elle  leur  fut  régulièrement  cé- 
dée par  la  paix  de  Carlowitz  en  1^99, 
Depuis  ce  temps  elle  forme  l'un  desqna* 
tre  eyaleth  de  la  Turquie  d'Europe, 
gouverné  par  on  padia  à  trois  queues, 
dont  le  si^e  est  à  Travnick^  Elle  est  di^ 
visée  en  Bosnie  méridionale  et  septen- 
trionale ,  en  haute  et  basse  Bosnie.  La 
première  est  appelée  aussi  Herzegovina 
ou  duché  de  Saba  ,  parce  que  Tempe' 
reur  Frédéric  HI  accorda,  en  1440,  le 
t^tre  de  duc  an  chef  de  cette  province. 
Soulevée  en  1833,  le  grand-risir  Re- 
ehid-Pacba  y  comprima  par  la  ruse  et  la 
lioree  la  révolte  des  gouverneurs  et  de  la 
milice.  La  capitale  du  pays ,  Bùsna  St" 
TûX  oo  Saraiepo,  et  Somglio  en  italien, 
sitttée  an  confinent  de  la  MigliaiKa  et  de  la 
Bosna,  renferme  1S,000  maisons,  la  plu*- 
part  pauvres  ,  et  nne  popbkrtioB  dé 
00,000  âmes ,  y  compris  10,000  hom- 
mes de  gamiwMi  torque.  La  citadelle 
est  à  quelque  distance  de  la  ville  qui  t^ 
ouverte.  Les  revenus  de  Saràïeipo  appaov 
tiennent  à  la  mère  dtt  Gramd^Sergneur. 
IfottS  dterbns  encore  les  villes  de  Zvor^ 
nik,  Travnlk,  r^ldence  du  begierbey  de 
Bosnie,  Banjaluka  et  Gradiska*  C*  L*  m, 

BOSPttORÊoa  DosPBosK  nt  T^macb 
(povç,  bteufùM  vache  ^  et  itf^^tç^jmssmge)^ 
détroit  ainsi  nommé  parce  qu'il  fut  tra^ 
Yersé  à  la  nage,  dit  la  fable,  par  la  vache 
lo  [voir  plus  bas  p.  7S6).  Il  est  nom^ 


mé  pins  emnmnnément  aujourd'hui  Câ- 
nal  de  Constuntinople  ;  son  nom  en  greo 
mcKleme  est  Xae^éf  >  et  en  turc  bogazim 
Le  Bosphore  fait  communiquer  la  mer 
Noire  ou  Pont*Euain  avec  la  mer  de  Mar- 
mara on  Propontide»  qui  communique 
avec  l'Archipel  grec  oo  la  mer  Egée,  par 
les  Dardanelles.  Il  est  bon  de  remarquer 
avec,Gylliusquc  plosiemrs  auteurs  anciens 
ont  donné  quelqnefois  le  nOm  de  Bos- 
phore à  ce  dernier  détroit,  dont  le  noaa 
ordinaire,  dans  l'antiquité,  est  l'Helles-- 
pont  Ces  trois  parties  de  mer  séparent 
l'Europe  de  l'Asie.  Il  est  peu  de  lieux  oè 
les  votes  qu'a  dû  suivre  la  natmre  ponr 
asriver  à  la  disposition  actuelle  parais- 
sent plus  claîrement  indiquées.  Tous  les 
savans  qui  ont  examiné  cette  question 
intéressante  s'accordent  à  regarder  la  mer 
Noire  comase  ayant  été  dans  l'origine 
un  lac  immense  formé  par  les  eaux  dé 
tous  les  grands  fleuves  dont  l'embou- 
chure est  dans  ce  vaste  bassin,  qui  était 
fermé  aussi  an  sod-onest  par  des  mon* 
tagnes  élevées.  Par  conséquent  l'Europe 
était  alors  jointe  à  l'Asie  sur  ce  point-là. 
]Mais  oe  bassin  une  fois  comblé  par  les 
eaux ,  comme  la  plupart  des  fleuves  qu'il 
reçoit  eouleot  du  nord  an  sud ,  la  plus 
forte  impulsion  des  eaux  dut  porter  sur 
ces  montagnes,  derrière  lesquelles  s'éteiw 
daieot  de  vastes  plaines.  Les  violens  dé^ 
chit*emené  qui  résultèrent  de  ces  terri- 
bles eflbrts  creusèrent  le  Bosphore,  par 
lequel  le  trop  plein  dn  Pont^Euxin  se 
répandit  dans  les  vallées  c^l  devinrent 
U  Prot>énti4e.  Quand  ce  second  bassin 
VMM  à  être  comMé  à  sott  tour,  les  ea«x 
s'ouvrirent  de  même  wà  passage  à  tra-' 
vers  les  montagnes  q«i  le  séparaient  de 
ht  mer  Égée«  Akirs  le  PonKfioxin,  la  Mé- 
diterranée M  l'Océan  ne  formèrent  plue 
qu'ttue  mery  et  I^Aaie  fnt  séparée  dhtioc- 
tement  de  l*Europe;  ce  qni  fait  dire  avec 
nne  élégante  préciBion  k  Oyilius  :  B&s-^ 
pàrtiJF  mtà  ctave  duo»  &r>keê ,  tkfo  manm 
aperk  it  c/àudiu  Ces  grnndéi  opéra- 
tions nsfusrélles  sont  indiquées  par  les 
esearpenens  eo  aig^tag  desriv^s  du  Bo»« 
phore,  In  cKrectmn  du  conhint  et  soie  ex*^ 
iréme  rapidité.  Les  eaux  du  Bosphore 
coulent  du  Pont-Eiixin  dans  la  Propon-' 
tide,  el  celles  de  l'Hellespont  de  la  Pro- 
pontldeéans  la  mer  Egée. 


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B09 


(724) 


BOS 


Le  Bosphore  a  deux  fois  par  ab,  aa 
printemps  et  à  Fautomne ,  un  passage  de 
poissons  qui  descendent  de  la  mer  Noire 
dans  la  mer  de  Marmara  en  si  grande 
quantité,  que  la  pèche  qui  se  fait  alors 
peut  approvisionner  abondamment  toute 
la  Turquie.  La  direction  de  ce  détroit 
est  du  nord  au  sud.  Il  a  7  lieues  de  long; 
•a  nM>indre  largeur,  entre  les  deux  châ- 
teaux des  Génois,  est  de  moins  d'un 
quart  de  lieue.  «  Il  serpente ,  dit  Cheva- 
lier, comme  un  beau  fleuve ,  entre  deux 
ohaines  de  montagnes  dont  les  sommets 
sont  ornés  de  groupes  d'arbres,  la  pente 
entrecoupée  de  jardins ,  et  le  pied  cou- 
vert d'agréables  villages  qui  se  succèdent 
presque  sans  interruption  depuis  Con- 
stantinople  jusqu'à   l'entrée  de  la  mer 
Noire.»  C'est  là  qu'est  le  commencement 
du  détroit,  par  rapport  à  aon  courant. 
Avant  son  entrée  sont  de  chaque  c6té  de 
petites  lies  que  la  haute  antiquité  crut 
flottantes  et  qui  sont  les  roches  cyanées, 
A  son  embouchure  dans  la  mer  de  Mar- 
mara, du  c6té  de  l'Europe,  à  droite,  est 
Constantinople  qui  s'avance  comme  un 
beau  promontoire  entre  son  vaste  port  et 
la  mer  ;  du  coté  de  l'Asie,  à  gauche ,  est 
la  petite  ville  de  Seutari,  l'ancienne  Chry- 
sopolis, qui  regarde  Constantinople  et 
dans  les  alentours  de  laquelle  les  Ttu'cs 
aiment  à  placer  leurs  tombeaux,  parce 
qu'ils  regardent  l'Asie  comme  la  vérita- 
ble patrie  des  mahométans.  Une  foule  de 
barques,  qui  vont  et  viennent  sans  cesse 
de  la  côte  d'Asie  à  celle  d'Europe ,  ani- 
ment cette  partie  du  détroit  ;  et  la  vue 
dont  on  Jouit  sur  les  deux  rives  est  une 
des  plus  belles,  de  la  terre. 

Les  montagnes  des  rives  du  Bosphore 
forment,  par  ceagrandt  déchiremens  dont 
nous  avons  parlé,  sept  coudes  différens, 
qui  rompent  la  rapidité  du  couraot  en  le 
faisant  dévier  à  chaque  coude.  En  sor- 
tant du  Pont-EuxÎQ  il  va  du  nord-est 
an  sud-ouest  jusqu'au  golfe  de  Boîouk- 
déré  (Bathycolpos)  ;  de  là  il  coule  quel- 
ques milles  vers  l'est;  il  se  détourne  en- 
suite vers  le  couchant  pour  arriver  au  pro- 
montoire Kislar-Bouroun  (Hermœum); 
puis  il  reprend  la  direction  vers  l'est ,  en 
coulant  contre  la  cote  d'Asie  sur  le  cap 
Vanié-Keu  (Moletrinum);  il  revient  après 
vers  l'Europe,  à  Effendi-Bouroon,  l'an- 


cien cap  Estias,  et  continue  cette  ligne 
sud-ouest  jusqu'à  ce  que,  retournant  brus- 
quement au  nord-est ,  il  se  brise  sur  la 
pointe  de  Seutari  pour  retomber  au  sud- 
ouest  sur  celle  du  sérail,  d'où  il  entre 
dans  la  Propontide. 

Sur  la  côte  d'Europe,  en  partant  de 
Constantinople  et  remontant  vers  la  mer 
Noire,  les  principaux  points  sont:  le  fau- 
bourg de  Péra  ;  puis  le  village  de  Bechik- 
rash,  à  l'endroit  où  Jason  aborda  en  al- 
lant à  la  conquête  de  la  Toison  d'or;  le 
promontoire  appelé  Teferdar-Bouroun , 
que  les  anciens  nommaient  Clidion,  la 
clef'^  ensuite  le  château  neuf  d'Europe, 
Roumeli-Hissar,  bâti  sur  ce  promontoire 
Hermœum  du  haut  duquel  Darius  con- 
templait le  passage  de  son  armée  et  près 
duquel  les  Croisés  s'embarquèrent.  En 
remontant  toujours  sont  les  golfes  de  Bal- 
ta-Liraan,  Sténia,  Térapia  et  Boîoukdé- 
ré.  Derrière  ce  dernier  s'étend  un  beau 
vallon  qui  a  conservé  le  nom  de  Kalos- 
Agros.  Entre  ce  golfe  et  la  mer  Noire  on 
voit  les  ruines  de  la  forteresse  des  Gé- 
nois, après  laquelle  coule  du  midi  au 
nord  le  fleuve  appelé  par  les  anciens 
Cbrysorrhoas.  Le  fanal  d'Europe,  défen- 
du par  le  château  de  Fanaraki,  s'élève 
sur  l'ancien  promontoire  Panium,  qui 
sert  de  tête  à  cette  côte  d'Europe. 

Le  promontoire  correspondant  sur  la 
rive  asiatique  est  le  cap  Ancyreum ,  au 
sommet  duquel  est  bâti  le  fanal  d'Asie. 
Parmi  les  Cyanées  qui  sont  au  pied,  les 
anciens  distinguaient  la  tour  de  Médée. 
Puis,  en  redescendant  cette  rive  vers  Seu- 
tari ,  on  trouve  près  du  château  d'Asie  un 
lieu  appelé  par  les  Grecs  Hieron  et  indi- 
quant l'ancien  emplacement  du  temple 
de  Jupiter  Urius;  ensuite  la  montagne  du 
Géant ,  le  point  le  plus  élevé  des  deux 
rives.  Entre  cette  montagne  et  Seutari  le 
Bosphore  reçoit  plusieurs  rivières ,  dont 
la  plus  considérable  est  l'ancien  fleu  ve  A.ré- 
té,  que  les  Turcs  appellent  Jok-Sou.  Au- 
delà  de  Seutari,  tout-à-fait  à  l'extrémité 
du  détroit ,  était  dans  l'antiquité  la  ville 
de  Chalcédolne. 

Pendant  son  ambassade  à  Constanti- 
nople, le  général  comte  Andréossy  iyoy) 
fit  de  grands  travaux  pour  l'exécution 
d'une  carte  du  Bosphore.  Voir  son  Voya- 
ge h  V embouchure  de  la  mer  Noire  ou 


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BOS  (  725  ) 

Essai  sur  le  Bosphore ,  etc.  ;  Paris , 
1818, 10.8**  avec  allas.  J.  B.  X. 

BOSPHORE  CIMMÉRIEN,  détroit 

qai  sépare  la  Crimée  ou  Tancienne  Tau- 
ride  de  la  presqu'île  ou  plutôt  de  Tile  de 
Taman,  autrement  nommée  Tmouta- 
rakhân.  Les  Grecs  Tont  appelé  Bosphore 
[vof.  l'article  précédent),  soit  parce 
qu'un  bœuf  pouvait  passer  le  détroit  à  la 
nage,  soit  parce  que  lo,  fille  d'Inachus, 
changée  en  génisse,  passa ,  d*après  leurs 
traditions,  de  là  dans  le  Bosphore  de 
Thrace.  Pour  le  distinguer  de  celui-ci , 
le  nom  de  Cimmérien  lui  a  été  donné, 
sans  doute  par  le  peuple  de  ce  nom  qui , 
avant  d*étre  chassé  par  les  Scythes,  pos* 
sédait  la  presqu'île  Taurique  et  dont, 
à  ce  que  l'on  croit,  sont  descendus  les 
Taures  ou  Tauriens  qui ,  d'après  l'éty- 
mologie  de  leur  nom  [taw,  montagne), 
devaient  être  des  montagnards.  Sous  les 
Génois  qui,  à  peu  de  distance  de  là, 
avaient  leur  colonie  de  CafTa ,  ce  Bos- 
phore s'appelait  détroit  de  Vospro  et 
d'Aspromonte,  ce  qui  était  le  nom  de  la 
ville  de  Kertch,  l'ancienne  Panticapée 
qui  fut  appelée  ensuite  Bosporus,  située 
sur  le  détroit.  Aujourd'hui  les  Russes 
l'appellent  détroit  de  Kertch  ou  de  léni- 
kalé,  et  y  at  tachent,  comme  clef  de  la  mer 
d'Asof  {voy,)^  beaucoup  d'importance. 
Il  formait  autrefois  la  limite  entre  l'Eu- 
rope et  l'Asie  (Strabon,  liv.  vu),  comme 
de  nos  jours  il  sépare  la  Crimée  de  l'île 
Taman  et  de  la  partie  des  c6tes  de  la 
mer  d'Azof  anciennement  habitée  par 
les  Méotes.  D'après  le  géographe  que 
nous  venons  de  citer,  sa  plus  grande  lon- 
gueur était,  du  sud  au  nord,  de  70  stades, 
sa  largeur  de  20.  Pline  (^.  iV.,  iv,  24), 
lui  donne  2,500  pas.  Lorsqu'en  1068  le 
prince  russe  Glèb  fit  mesurer  le  Bos- 
phore deTmoutarakhân  à  Rertch,on  trou- 
va une  largeur  de  14,000  sagènes,  ou, 
d'après  M.  d'Olenine,  22  verstes  russes 
(5  lieues  et  demie)  et  375  mètres.  Un  roe- 
surage  plus  récent  porte,  d'après  une 
carte  spéciale,  21  verstes  100  mètres. 
Du  temps  des  Scythes,  ce  détroit  gelait 
assez  souvent  et  facilitait  le  commerce 
et  les  relations  vers  les  c6îes  situées  près 
l'embouchure  des  Palus- Méotides  où  vi- 
vaient les  Indiens  ou  Sindes,  dans  la 
contrée  qui  a  souvent  reçu  le  nom  de 


BOS 

Scythia  sendica  (Ritter,  Vorhalleder 
europ.  FœlAergeschichte,iS^i),  p.  181). 

Des  deux  côtés  du  détroit  s'étendait 
anciennement  le  royaume  du  Bosphore 
ou  Bospore ,  comme  on  dirait  plus  cor* 
rectement.  Quand  le  vieux  peuple  des 
Cimmériens,qui  s'étendait  delà  mer  Noire 
à  rionie  (Strabon,  liv.  xi),  fut  chassé  par 
les  Scythes ,  il  se  divisa  en  deux  parties  ; 
l'une  alla  vers  l' Asie-Mineure ,  l'autre 
émigra  vers  TEurope  (Cimbres,  Kim- 
ris ,  etc.  )  ;  plus  tard  les  Scythes  furent 
refoulés  à  leur  tour,  par  les  Grecs  de 
l'Asie-Mineure.  Ces  Grecs,  sous  lesquels 
commença  la  dynastie  des  Archœanacti- 
des  TDiodore,  liv.  xii,  51,  Strabon  vii, 
4, 4),  fondèrent  le  royaume  du  Bosphore 
qui  comprenait  les  peuplades  méotides 
jusqu'au  Tanaîs ,  et  avait  pour  capitale 
Panticapée*,  nommée  aussi  Bosporus  et 
construite  sur  la  c6te  européenne.  C'était 
en  quelque  sorte  la  métropole  des  Bos- 
poritains  d'Europe ,  comme  Phanagorie 
était  celle  des  asiatiques.  Vis  à-vis  était 
nie  Taman,  la  Tloidcvfh}  des  Argonautes, 
nommée  par  Pline  [H,  iV.,  vi,  6)  Eiooe, 
et  par  Strabon  (xi,  cl)  xôpo-xav^ajiAv}. 
Sur  cette  ile  s'élevait  Phanagoria ,  bâtie, 
dit-on,  par  un  certain  Phanagoras;  20 
stades  au  sud  de  Panticapée  était  Myr- 
mecium,  40  stades  plus  bas  Parthenium, 
et  vis-à-vis,  sur  la  côte  asiatique,  Achil- 
leum.  C'est  là  que  le  détroit  n'avait 
qu'une  largeur  de  20  stades  (voir  les 
voyages  de  Pallas  et  de  Clarke).  Ce 
royaume,  où  l'agriculture  était  florissante, 
fit  bientôt  un  grand  commerce ,  surtout 
avec  la  Gièce.  Panticapée  envoyait  à 
Athènes  des  esclaves,  du  blé,  des  cuirs, 

(•)  D'nprès  M.  Moaraviof-Apostol,  Voyagé  «» 
Tmuridê,  lettre  xxii*,  la  première  résidence  des 
rois  botporitiiins  de  cette  famille  aurait  été  Pha* 
Dagurie,du  côté  de  TAsie;  mais  Panticapée  ayant 
été  conquise ,  elle  derint  la  résidence.  Sparta- 
cus  I«r  paratt  avoir  réuni  en  439  le  pays  en  deçà 
et  le  pays  aa*delk  du  phare.  On  peut  consnlter 
du  reste  sur  cette  matière  les  recherches  de  Groa 
de  Boze  dans  les  Mémoires  de  iJcadémiêdêsInscrip' 
tionsf  t  VI,  Vaillant,  Âchœmetiid.  Impêriumf  Son* 
ciet,  Hist.  chron.  dês  nit  du  Bosphore f  Raonl- 
Rochette,  Antiquités  grtcquêi  du  Bosphon  Cimmê' 
rien  (  Paris,  18:1a),  avec  la  réponse  qne  M.  de 
Kœppen  a  faite  à  ce  savant,  et  plusieurs  mémoi- 
res de  M.  Kœhler,  membre  de  TAcadémie  des 
Sriences  de  Saint-Pétersl>ourg.  Un  savant  article 
de  M.  Rjommel ,  dans  TEocyclopédie  allemande 
d*£r9ch  et  Gruber,  t.  XII,  a  servi  de  base  à  ce- 
lai-ci,  J.  H.  S. 


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pos 


(72«) 


BOS 


4cs  pellettrîts ,  44  U  cir^.  Pgp9  plud^pr^ 
eqdroiu ,  la  vigne  était  cultivée  9vec  «ucn 
cèft  et  la  pécbe  fournissait  d^aliondantes 
ressources  aux  liabitans  des  côtes.  Les 
rois  du  Bosphore  reçurent  en  échange 
des  Grecs ,  des  soldais  #(  des  matelots 
avec  lesqqels  iU  purgèrent  la  m^r  Noire 
des  pirates  qui  l'infestaient  sous  les  noms 
d'Achéeqs^  d'Hépiochea»  de  Zyges,  etc. 
A  U  mort  d'Alexandre ,  leur  0oUe  était 
la  plps  puîssaQte  de  toutes  cellea  qMÎ  na- 
viguaient dans  ces  parages  (Piodort>  \\y, 
X3^),  A  unp  époque  assez  r^cu|éQ>  et  dq 
temps  même  des  anciens  Clmmérien^ 
(voj.),on  trouvait  df^ns  ce  pays  d*aqtiquea 
monumens  funéraires,des  tumul  j,des  tom-' 
beaui(  gigantesques  où  devaient  reposer 
des  héros  morts  depuis  long-temp^  ;  mo* 
num^ns  auxquelf  M.  Ch.  Ri^ter)  dans 
l'opinion  que  ces  peuples  avalent  apporté 
avec  eux  le  culte  de  Bouddha  >  ypudrait 
donner  une  origine  qrientale. 

L'biatoire  du  Bosphore  coqdinence  avec 
les  colonies  ipilésienne^ ,  ou  celles  que 
d'autres  Gr^c^  >  que  l'on  prH  pqur  d^^ 
Milésiena,  vinrent  fonder  sur  les  côtes, 
au  temps  de  Xerx^ ,  ou  »  d'après  Pip- 
dore  (IJY.  i^iiy  chap.  |3),  480  ans  avant 
J.-Ç  tes  premiers  chefs ,  qui  régnèrei^( 
42  ans  jusqu'à  Spartacus  ou  SpartokuSa 
fivaient  reçu  le  nom  d*  Jrch^^an^fçtiUe^ 
c'est-à-dire  d'anciens  princ^.  On  % 
voulu  leur  trouver  une  parenté  ftvec 
Archyanax  «  de  Mitylène  ,  qui  ,  au 
temps  de  Pisistrate,  fofida  Sigée  d'où  il 
fut  chassé  par  les  Athéniens  et  les  (.es- 
biens.  Ils  s'appelaient  rois  et  aussi  eth- 
parques  y  car  (el  était  le  titre  que  por?» 
tait  A^ndçr  au  temps  d'AugU3te.  Quel- 
que^ -  uns  d'entre  eux  reçurent  aussi 
celui  d^archontes,  ce  qui  ferait  supposer 
l'existence,  an  moins  temporarre,  d'un 
gouverpement  républicain.  Les  orateurs 
gr«cs  leA  ont  souvent  appelés  tyrans  (tv- 
ascwoî  ),  bien  que  Strabon  dne  exprès* 
sèment  (Hv.  vu)  que  cette  dénomination 
était,  à  leur  égard»  spuveraioement  iniprq- 
pre.  Après  les  Archaunactides ,  Diodore 
nomme  Spartacus  comme  un  de  leurs  des- 
çepi(lant;  mais  il  fst  plus  probable  qu'il 
est  le  fondateur  d'une  seconde  dynastie. 
L'histoiredu  Bosphore  ne  peut  être  recon- 
struite avec  les  livres  que  Tantiquité  nous 
a  Irap^mis;  ils  ne  contiennent  que  quejr 


qnead<)cuipeDS  épars*  $9»  tltrcç  sont  dans 
le^  médailles  et  les  monumens;  et  si  nous 
pouvons  présenter  la  série,  bien  qu'in- 
complète ,  des  rois  Bosporitains,  nous  le 
devons  à  la  patience  et  à  la  sagacité  des 
numismates  et  des  archéologues.  Sparto- 
lus  X**"  (443-433  avant  J.-C.)  eut  pour 
successeur  son  fils  Seleucus  (433-429), 
et  ensuite  Spartokus  U  (429-41 1),  auquel 
succéda  aussi  son  fils.  L'histoire^  qui  a 
perdu  son  véritable  nom,  le  désigne  sous 
le  titre  honorifique  de  Satyrus,  qui ,  du 
reste ,  lui  est  commun  avec  quelques-uns 
de  ses  successeurs.  On  révéniit  en  lui  un 
des  bienfaiteurs  du  Bosphore  (i«*tv/dov 
fAMïiiicLy  dit  Strabon,  Tv/aof ,  Dieu).  Sa- 
tyrus donna  aui^  Athéniens  le  privilège 
de  faire  le  commerce  des  grains  dans  ses 
états,  et  mourut  en  faisant  le  siège  de 
Theodosia  (Kaffa)  qui ,  selon  Strabon , 
serait  une  colonie  milésienne;  d'après  un 
fragment  d'Ulpien ,  elle  devrait  son  nom 
et  sa  fondation  à  une  sœur  ou  à  une  fille 
de  Leukon.  Après  la  mort  de  Satyrus,  ses 
sujets  lui  élevèrent  un  monument  sur  le 
Bosphore.  Strabon  (éd.  Tzschuke  xi,  p. 
879),  qui  prétend  qu'il  p'est  point  Milé- 
sien,  confirmerait  sur  ce  point  les  conjec- 
tures de  M.  Ritter.  Leukon,  fi|s  de  Satyrus 
l  (992-153),  couquit  Theodosia  et  passa 
le  reste  de  son  règne  à  faire  la  guerre  aux 
Héracléotes,  peuplades  chersonites  ori- 
ginaires d'Héraclée  et  habitant  la  partie 
lud-ouest  de  la  péninsule  tauHque.  Ce 
prince  fut  citoyen  d'Athènes  et  érigea  3 
colonnes  monun^eqlales,  l'une  à  Athè- 
nes, l'autre  à  Papticapée,  la  3^  à  la  fron- 
tière iisiatique  de  ses  états.  Élien  doane 
à  ses  desçendans  le  pom  de  Leukouieoa. 
Après  lui  régua  Sparto|(us  III,  son  fib 
aîné  (l'an  356  avant  J.-C.).  Pserisiidea  I , 
qui  fui  placé  après  sa  mort  au  rapg  des 
dieux ,  Satyrus  I|  et  Gorgippus  I  (3^9- 
3  U  )  fil*  et  successeurs  de  t^ukon ,  vé- 
curent au  tempe  d'Alexaudte-le -Grand, 
e(  gouvernèrent  çbacuu,  dit-on^  une 
pf^rtie  du  royatune.  Sur  la  proposition 
de  Démosthène ,  on  four  éleva  des  sta- 
tues d'airain  pour  avoir  envoyé  du  Ué 
aux  Aihépiens  qui  souffraient  de  la  di- 
sette. Satyrus,qui  probablement  occupait 
la  oôte  asiatique  près  des  Méotes  et  des 
Sindea,  fut  vaincu  par  une  reine  qui  por- 
tait le  nom  de  Targat^o.  On  nomme  en* 


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BOS 


(7JT) 


BOS 


suite  9  comme  Iturt  loceeseetirs,  Salyras 
III ,  Eumeliis  et  PryUois ,  tous  trois  fils 
de  Pterisades.  Satynis,  contre  lequel  £ii- 
melus,  son  frère  putné,  avait  réuni 
30,000  Scythes  et  une  foule  deThraces, 
sous  Jeur  roi  Ariophamès ,  perdit  la  vie 
dans  cette  guerre  (311  avant  J.>C).  Après 
la  mort  de  son  frère ,  Prytanis  rassembla 
des  troupes  pour  le  venger;  mais,  défait 
également  par  Eumelus,  il  fut  forcé  d'ab- 
diquer et  bientôt  après  mis  à  mort  pour 
avoir  voulu  ressaisir  la  souveraineté.  Eu- 
melus  remporta  aussi  plusieurs  victoires 
sur  les  pirates ,  et  mourut  en  807,  écrasé 
sous  les  roues  de  son  char.  Spartokus  lY, 
fils  d'Eumelus,  régna  de  807  à  288.  Ici 
il  y  a  dans  Diodore  une  lacune  assez 
grande  ;  c'est  avec  les  documens  fournis 
par  Lucien  (  Toxaris)  et  Fol  yen  [Stratag, 
VIII,  hb)  qu'on  a  continué  de  la  manière 
suivante  la  série  des  rois  du  Bosphore. 
Leukanor  fut  tué  par  trahison ,  et  après 
lui  régnèrent  Eubiotus,  son  frère  natu- 
rel ,  Satyrus  IV  et  ensuite  Gorgippus  II, 
fondateur  de  Gorgippia ,  père  de  Como* 
sarye,  femme  de  Paerisades  U.  C'est  l'in* 
scription  trouvée  sur  le  monument  élevé 
en  l'honneur  de  cette  reine  qui  a  appris 
que  quelques  princes  du  Bosphore  avaient 
porté  le  titre  d'archontes.  Sons  Sparto- 
kus V  le  royaume  fut  menacé  par  une  in* 
vasîon  des  Scythes,  qui  exigeaient  un  tri^ 
but  plus  considérable  que  celui  qu'on  leur 
avait  payé  jusqu'alors.  Il  ne  put  échapper 
à  ee  danger  qu'en  abandonnant  une  par- 
tie de  ses  étals.  Son  fils  et  son  successeur 
Pcrisades  II  céda  sa  souveraineté  à  Mi- 
tbridate  {voy.)  ou  plutôt  Milhradates, 
surnommé  le  Grand,  qui  tira  de  ce  pays 
200  Ulens  d'argent  et  180,000  médim- 
Des  de  blé.  Ce  prince  chassa  de  toute  la 
Crimée  les  Scythes,  ainsi  que  80,000 
Rboxolans,  leurs  aUiés.  Après  avoir  gou- 
verné le  Bosphore  de  1 16  à  88 ,  il  trans- 
mît oe  royaume  à  son  fib  Macharès,  qui 
régna  1 4  ans ,  fil  altiance  afvec  Loeullus, 
et  se  tua  lorsque  son  père  irrité  nuircha 
contre  lui.  D'après  d'autres  historiens 
(Dion  et  Orose),  il  fut  mis  à  mort  par  se» 
ordres.  Il  c«t  pour  successeur  son  frère 
Phamacès  (69-48).  Après  les  conquêtes 
de  Pompée  9  il  obtiat  le  gouvernement  du 
Bosphore  à  l'exception  de  Phanagoria 
qui  fm  déclarée  viÙe  Ijibre.  Il)  se  détacha 


ensuite  dt  TtUianee  roWnM  et  s'empara 
du  Pont ,  auquel  il  donna  pour  gouver- 
neur son  gendre  Asander;  mais  bientôt 
les  Romains  marchèrent  contre  lui  et  il 
perdit  le  trône  et  la  vie.  Asander  (l'an  40 
avant  J.-C),  d'abord  ethnarqne  et  ar^ 
chonte ,  fut  ensuite  nommé  roi  par  Au« 
guste,  qui  donna  au  royaume  de  Pont 
pour  gouverneur  un  certain  Scribonius. 
Alors  le  vieil  Asander  se  laissa  mourir  de 
faim  à  l'âge  de  90  ans.  Scribonius  (1 4-1 3) 
qui  avait  épousé  Dyn&rais,  veuve  d'Asan- 
der,  s'empara  alors  du  Bosphore;  mais  on 
se  révolta  bientôt  contre  cet  usurpateur 
qui  se  donnait  pour  un  descendant  de 
Mithradates.  Il  fut  tué  an  moment  ou 
Agrippa  envoyait  des  forces  contre  lui. 
Elles  étaient  commandées  par  un  roi  de 
Pont  nommé  Polemol  (l'an  1 2  avant  J.-C), 
fils  d'un  rhéteur  appelé  Zenon,  qui,  bien 
qu'il  eôt  autrefois  pris  le  parti  d'Antoine, 
n'en  fut  pas  moins  investi  par  Auguste  de 
la  royauté  du  Bosphore.  11  mourut  dans 
une  guerre  contre  les  Aspurgiens  ou 
Aspurgitains,  dans  lesqneb  on  croit  re- 
connaître les  habitans  d'Asaburg,  ville, 
anciennement  située  entre  Phanagoria  et 
Gorgippia,  dans  un  endroit  appelé  Asia 
(de  là  peut  être  Asof),  et  que  Milhra- 
dates avait  rendu  tributaire.  De  ces  As- 
porgiens  est  sorti  une  dynastie  qui  régna 
assez  long-temps,  mais  qui  fut  peu  puifH 
sanle  et  dont  les  premiers  princes  foi- 
rent Rheskouporis  I*^**  et  Kol}s  I  VJs^ 
purgien.  Vers  la  fin  du  règne  d'Auguste,' 
le  trône  était  occupé  par  un  prince  ap- 
pelé Sauromatèe  I,  client  de  Tibère,  qui 
avait  pris  le  nom  de  Julius  Tiberius, 
ainsi  que  les  titres  de  ^Ckv/.oLivapa  et  de 
7(>0joeî>f£«(oc.  Ce  prince,  que  quel(|ues  au- 
teurs donnent  pour  le  successeur  de  Po- 
lemo,  doit  être  plutôt  un  fils  ou  tout  au 
moins  un  parent  de  Rheskouporis.  Après 
lui ,  sa  Teuve  Gepypyrrs  et  non  Pepypy- 
ris,  comme  l'ont  cru  Viaconti  et  Ekhel^ 
fut,  à  ce  que  l'on  présume,  tutrice  de 
Rheskouporis  II.  Vint  ensuite  Polemo  II, 
fils  de  Polemo  I  (l'an  de  J.-C  88-42) , 
qui  reçut  l'investiture  de  Caligula.  Qua* 
tre  ausaprès,  Claude  lui  donna  une  par- 
tiède  la  Cilicie,etmitsurletji6neduBoft-^ 
phore  un  prince  qui  se  donnait  pour  un 
descendant  de  Mithradates  el  qui  prit  le- 
nom  de  Mitlmyjates  II.  O»  ne  Saurait  dire 


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j 


BOS 


(728) 


BOS 


sll  apptrteoMf  ovi  non  à  la  famille  de 
Rheskouporis,  comme  du  reste  semble- 
rait lé  faire  croire  le  nom  de  son  frère 
(Kotys).  Il  fut  déposé  Fan  49  pour  avoir 
▼o«lû  faire  la  guerre  sans  la  permission 
des  Romains.  Son  frère  Kotys  II,  bien 
qu'il  n'ait  pas  été  fidèle  aux  Romains , 
•ut  toutefois  se  maintenir  à  la  faveur  des 
troubles  qui  agitaient  l'empire.  Il  eut 
pour  successeur  Rheskouporis  III ,  qui 
mourut  l'an  83  et  fut  contemporain  de 
Domitien.  L'on  ne  sait  rien  de  Sauro- 
matés  II,  qui  gouverna  après  sa  mort, 
sinon  qu'il  envoya  une  ambassade  à  Tra- 
jan  à  l'époque  où  Pline  était  gouverneur 
de  Bithynie.  Kotys  m,  qui  mourut  en 
132,  avait  reçu  l'investiture  d'Adrien; 
et  Antonin ,  obligé  de  choisir  entre  deux 
compétiteurs,  Rbœmetalcès  (ou  Rbœ- 
metalios)  et  Lupator,  donna  le  tr6ne  au 
premier,  qui  régna  jusqu'en  164.  Lupa- 
tor, qui  lui  succéda,  paya  un  tribut  aux 
empereurs.  Ce  prince,  qui  était  grand  ami 
des  sophistes,  de  la  philosophie,  et  pas- 
sionné pour  la  littérature  grecque ,  est 
probablement  le  même  dont  parle  Phi- 
losti*ate.  Sauromatès  III,  Rheskouporis 
IV,  Kotys  IV,  Ininthimevus  (235-239), 
n'ont  laissé  à  Thistoire  que  leurs  noms. 
Zozime  toutefois  nous  apprend  (liv.  I, 
chap.  33)  que,  sous  l'empereur  Yalérien, 
qui  régna  de  253  à  259,  des  barbares, 
Goths,  Karpes  et  autres,  sortirent  du 
Bosphore  cimmérien,  pillèrent  la  c6te 
méridionale  du  Pont-Euxin ,  et  ravagè- 
rent la  ville  de  Trapézunte  (Trébisonde). 
Rheskouporis  V,  Sauromatès  IV  et  Tei- 
ranès  régnèrent  ensuite  jusqu'au  temps 
de  Dioclétien,  où  le  trône  fut  occupé  par 
un  certain  Thothorsès  qui  mourut  au  mi- 
lieu du  règne  de  cet  empereur.  Ici  les 
documens  manquent  encore.  D'après  Con- 
stantin Porphyrogénète ,  il  parait  qu'à  ce 
prince  succéda  un  Sauromatès  Y,  fils  d'un 
Rheskouporis ,  qui  doit  être  le  même  que 
Thothorsès,  ou  avoir  régné  avec  lut  de 
802  à  305.  Ce  doit  être  aussi  lui  qui , 
uni  aux  Sarmates  de  la  mer  Méolide,  fit 
la  conquête  de  Lazita  et  d'Halys.  Con- 
stantin envoya  contre  lui  Constance  qui 
s'allia  aux  Chersonites,  Ceux-ci  s'étant 
emparés  de  Panticapée  par  ruse,  en  l'ab- 
sence de  Sauromatès,  ce  prince  fit  la 
paix  avec  (et  Romains,  ^,  dès  lors, 


gouvernèrent  faoilemenl  ce  pskyt  mat  moyen 
des  divisions  qu'ils  semèrent  entre  les 
peuples  qui  l'habitaient  et  leurs  voisins. 
Après  lui  on  trouve  sur  les  médailles  les 
noms  d'un  prince  qui  s'appelait ,  d'après 
Sterokowski,  Rhademéadb,  et,  d'après 
M.  Kœhler,  Rhadampsis,  et  qui  mourut 
en  319.  Ses  successeurs,  Sauromatès  VI 
(306-320)  et  Rheskouporis  VI  (320- 
344),  furent,  ainsi  que  lui,  contempo- 
rains de  Constantin-le-Grand.  Le  dernier, 
défait  par  les  Chersonites ,  fut  obligé,  au 
traité  de  Caffa ,  d'abandonner  une  por- 
tion de  territoire.  Enfin  Sauromatès  VII, 
qui  avait  voulu  reconquérir  la  partie  de 
ses  états  que  son  prédécesseur  s'était  va 
forcer  de  céder,  fut  vaincu  en  combat 
singulier  par  Phamacus,  roi  des  Cher- 
sonites. Si  avec  lui  ne  finissent  point  les 
rob  du  Bosphore,  du  moins,  après  ta 
mort,  les  médailles,  les  inscriptions,  les 
écrivains  ne  nous  en  révèlent  aucun  autre. 
Constantin  Porphyrogénète  parle  bien 
d'un  Asander  et  de  son  fils ,  gendre  de 
Pharnacus,  mais  ils  ne  régnèrent  pas; 
on  se  servit  seulement  de  leur  nom  pour 
essayer  une  révolution  qui  avorta.  Alors 
les  barbares,  Alains,  Huns ,  Goths ,  etc., 
envahirent  de  toutes  parts  le  vieil  empire 
romain.  Phanagoria  fut  détruite  au  ti^ 
siècle.  D'après  Procope,  Ju&tinien  donna 
de  nouvelles  murailles  à  Panticapée,  viais 
elle  n'en  tomba  pas  moins  bientôt  après, 
ainsi  que  tout  le  royaume,  au  pouvoir  des 
Khazars.  Si  nous  devons  en  croire  M. 
Rommel,  ces  rois  du  Bosphore  ont  ea 
une  ère  spéciale  qui  commençait  297  ans 
avant  J.-C,  ou  457  avant  la  fondation 
de  Rome,  et  se  termina  à  l'époque  de 
Constantin-le  Grand.  L.  N. 

Voir  pour  la  suite  de  l'histoire  de  ces 
pays  les  articles  Taueioi  et  Kaptchak.. 

BOSPHORE  (numismatique).  Le 
Bosphore  cimmérien  et  le  Pont,  bordant 
la  mer  Noire  et  le  Palus-Méotide,  situés 
par  leur  position  géographique  l'un  yia- 
à- vis  de  l'autre,  i|yant  souvent  obéi  aux 
mêmes  maîtres,  ne  peuvent  être  séparés 
dans  l'histoire  numismatique.  On  partage 
en  deux  séries  les  médailles  et  les  portraits 
des  rois  qui  ont  régné  sur  ces  deux  con- 
trées réunies ,  ou  seulement  sur  Tune  des 
deux. 

L«  savant  Cary  publia  le  premier,  sq 


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BOS 


1753  y  on  OQTnige  sur  fa  numismaUqiie 
des  rois  du  Bosphore.  Vîsoonti,  dans  son 
Iconographie  y  ouvrage  fait  avec  une 
science  profonde  et  une  admirable  mé- 
thode, éclaircit  beaucoup  cette  histoire, 
qui  offre  une  grande  obscurité,  surtout 
dans  la  chronologie  des  rois. 

M.  Mionnet,  dans  le  supplément  de  sa 
Description  de  médailles^  tome  V,  a  en- 
core rectifié  la  classification  de  Yisconti 
et  augmenté  la  nomenclature  des  rois  du 
Pont  et  du  Bosphore ,  d'après  ses  propres 
recherches  et  celles  de  M.  Kœhler,  con- 
servateur du  cabinet  des  médailles  de 
Saint-Pétersbourg.  Nous  renvoyons  nos 
lecteurs  à  ces  ouvrages,  D.  M. 

BOSSAGE,  opération  industrielle  ap- 
partenant à  l'orfèvrerie  et  même  à  la  chau- 
dronnerie, et  qui  consiste  à  faire  an 
moyen  du  marteau  des  enfonceroens  et 
des  saillies  formant  des  dessins.  Les  es- 
pèces de  sculptures  saillantes  qui  déco- 
rent les  aiguières ,  les  gobelets,  les  flam- 
beaux, etc.,  on  les  obtient,  soit  au  marteau, 
soit  par  le  procédé  plus  expéditif  de 
l'estampage  {yoy.)\  on  distingue  la  ronde- 
bosse  et  la  demi-bosse ,  suivant  que  les 
dessins  sont  plus  ou  moins  saillaiis. 

£n  architecture ,  le  bossage  est  la  sail- 
lie qu'on  laisse  à  une  pierre  pour  la  saisir 
et  la  mettre  en  place.  Ordinairement  on 
abat  cette  saillie;  mais  dans  quelques  mo- 
Dumens  on  l'a  conservée.  F.  R. 

BOSSE  (anthropol.).  Les  saillies  for- 
mées par  diverses  parties  du  crâne  et  in- 
diquant, d'après  les  phrénologistes ,  les 
diverses  dispositions  de  l'ame  et  de  l'es- 
prit, seront  signalées  à  l'article  Cbaho- 
i«OGim.  Les  déformations  de  la  taille  et 
les  moyens  d'y  remédier  doivent  être 
traités  aux  mots  <jiBBOsiTi  et  OaTHOPé- 
dik;  enfin  c'est  aux  mots  Contusion  qu'il 
sera  question  des  tumeurs  sanguines 
connues  sous  le  nom  vulgaire  de  bos^ 
ses.  F.  R. 

BOSSE  (beaux- arts).  Demi '•bosse  ^ 
ronde  bosse  y  sont  des  modèles  en  plâtre, 
en  terre,  en  pierre,  en  bronxe,  en  mar- 
bre, d'après  lesquels  les  artistes  s'exer- 
cent à  dessiner,  pour  mieux  imiter  le  re- 
lief des  corps.  Selon  que  la  bosse  est  une 
figure  isolée  et  complète,  ou  demi-relief, 
ou  aplatie  sur  un  fond,  elle  est  ronde, 
demi-ronde  oa  méplaêe.  La  phiptrt  des 


(729) 


BOS 


bosses  sont  en  plâtre  et  moulées  sur  les 
plus  beaux  monumens  de  l'antiquité 
qu'elles  popularisent,  si  on  peut  le  dire, 
en  les  multipliant  à  l'infini  et  les  rendant 
accessibles  à  toutes  les  fortunes,  princi- 
palement à  celle  des  artistes,  pour  les  étu- 
des desquels  elles  sont,  comme  les  gravures 
d'après  les  grands  maîtres,  d'une  utilité 
première.  Les  bosses  prises  sur  la  nature 
par  parties,  telles  que  sur  le  masque  hu- 
main ,  le  torse,  les  bras ,  les  jambes ,  les 
mains,  les  pieds,  sont  d'un  très  grand 
seoonrs  pour  les  artistes  qui  trouvent  en 
elles  ce  que  le  modèle  vivant ,  toujours 
très  coûteux,  ne  leur  offre  presque  ja- 
mais réunion  d'un  choix  également  beau. 
C'est  principalement  pour  le  sculpteur, 
cpii  veut  fixer  le  jeu  des  muscles  de  son 
modèle  dans  un  mouvement  instantané , 
que  le  moulage  sur  nature  devient  d'une 
nécessité  absolue.  Sans  doute,  la  vérité 
des  raccourcis  et  la  musculature  si  vraie 
du  lutteur  Borghèse  ont  été  obtenus  par 
ce  moyen.  L.  C.  S. 

BOSSI  (CHAKLES-AuaiLX,  baron  de) 
naquit  à  Turin  en  1758,  fit  des  études 
en  droit,  et  se  livra  ensuite  de  préférence 
à  la  poésie  lyrique  et  à  la  littérature  en 
général.  Il  entra,  jeune  encore,  dans  la 
diplomatie;  mais  ses  senti  mens  philoso- 
phiques inspirèrent  au  gouvernement 
sarde  de  la  méfiance  contre  lui.  Cepen- 
dant il  était  chargé  d'affaires  à  Saint-Pé- 
tersbourg lorsque  les  relations  intimes  oà 
la  Sardaigue  entra  avec  la  république 
française  le  firent  congédier  par  Paul  I*'. 
Depuis,  M.  de  Bossi  a  surtout  servi  la 
France,  et  il  contribua  de  tous  ses  efforts 
à  la  réunion  de  sa  première  patrie  au  ter- 
ritoire de  celle  qu'il  avait  adoptée.  Sous 
l'empire,  il  fut  successivement  préfet  de 
l'Ain  et  de  la  Manche;  il  fut  créé  baron 
et  membre  de  la  Légion-d'Honneur.  Sa  fa- 
veur continua  quelque  temps  sous  la  Res- 
tauration ;  mais  en  1 8 1 5  il  perdit  sa  place. 

On  doit  au  baron  de  Bossi  un  poème 
sur  la  Révolution ,  intitulé  Oromana ,  et 
un  recueil  de  poésies  diverses,  surtout 
lyriques.  S. 

BOSSUET  (Jacques-B^nione),  la 
plus  grande  lumière  de  l'Église  gallicane 
et  une  des  premières  gloires  des  lettres 
françaises;  évéque  de  Condom  (1669), 
précepteur  du  dauphin,  fils  de  Louis  XIV 


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BOS 

M  670);  meoilire  de  TAotcléHiM  frasçaise 
((872);évéquedeMeaux(1681);  premier 
aumônier  de  la  dauphioe  et  de  la  duchesse 
de  Bourgogne;  conservateur  des  privi- 
lèges de  rUniversité ,  supérieur  du  col- 
lège de  Navarre  (1695)  et  conseiller 
d'état  (1697),  naquit  à  Dijon,  le  37 
septembre  1627,  d'une  famille  qui  oc- 
cupait les  premières  places  dans  les  par- 
lemens  de  Dijon  et  de  Metz.  Son  père 
était  avocat  et  conseil  des  États  de  Bour- 
gogne. Il  fit  à  Dijon  ses  premières  études 
sous  les  jésuites ,  et ,  à  l'âge  de  1 5  ans , 
il  vint  faire  à  Paris  ses  cours  de  philo- 
sophie et  de  théologie  au  collège  de  Na- 
varre. Bossuet  mêla  à  l'étude  de  la  philo- 
sophie celle  du  grec,  et  à  la  lecture  de 
l'Écriture  -  Sainte  et  des  Pères  celle  des 
classiques  de  la  Grèce  et  de  Rome.  A, 
l'âge  de  16  ans  il  soutint  sa  première 
thèse  avec  un  tel  éclat  que,  dans  les  sa- 
lons de  Paris ,  on  parla  du  jeune  abbé 
comme  d'un  prodige.  Les  beaux-esprits 
de  l'hôtel  de  Rambouillet  voulurent  le 
voir  et  l'entendre.  Un  soir  Feuqatères 
l'amena;  on  le  pressa  d'improviser  un 
sermon  :  il  se  recueillit  un  moment ,  et 
son  éloquence  parut  si  nouvelle  et  ses 
illuminations  se  montrèrent  si  vives,  si 
soudaines,  que  l'étonnement  fut  égal  à 
l'admiration.  C'est  après  avoir  écouté  ce 
sermon ,  prononcé  dans  la  nuit ,  que  Voi- 
ture disait  n'avoir  jamais  entendu  prê- 
cher ni  si  tôt  ni  si  tard,  Bossuet  fut  reçu, 
à  30  ans,  dans  la  corporation  du  collège 
de  Navarre.  En  1648  il  soutint  une  thèse 
qu'il  dédia  au  prince  de  Condé.  Le  vain- 
queur de  Rocroi  vint  l'entendre  ;  le 
jeune  docteur  ne  craignit  pas  de  compa- 
rer devant  lui  les  gloires  de  la  terre  avec 
celles  du  ciel ,  et  d'abaisser  les  périssa- 
bles vauités  du  monde  devant  les  splen- 
deurs éternelles  d'une  autre  vie.  Il  ne 
pensait  pas  alors  que ,  40  ans  plus  tard ,  il 
aurait  à  reproduire  la  même  pensée  et 
lea  mén^s  images  devant  le  cercueil  du 
héroa.  Le  grand  Condé ,  fortement  émn, 
aecorda,  dès  ce  jour,  an  jeune  orateur  son 
amitié  et  son  estime.  Bossuet  s'était  raia 
aous  la  direction  spirituelle  du  saint  in- 
stituteur des  prêtres  de  la  mission.  Vin- 
cent de  Paul,  qui  l'avait  admis  à  ses 
con^ences,  devint  son  maître,  son 
modèle  et  son  aoM.  Le  Id  mai  Ift64 


(  730  )  BOS 

Bofsnet  fot  reçu  doctmnr  et  oràmmé 
prêtre.  Pèréfiie ,  arobevéqiie  de  Paris  cC 
historien  de  Henri  IV,  voulut  lui  donner 
les  deux  premières  cures  de  U  capitale  ; 
le  docteur  Cornet,  affaissé  par  l'âge,  le 
pressa  d'accepter  la  grandensaHrise  de 
Navarre;  mais  attaché  dès  sa  tendre 
jeunesse  au  chapitre  de  Meti,  d*abord 
par  on  canonicat,  ensuite  par  les  digni- 
tés d'archidiacre  et  de  doyen  ,  il  résolut 
de  s'établir  dans  cette  ville.  Ce  fut  là 
qu'en  16â5  il  publia  son  premier  ou- 
vrage :  c'était  la  Réfutation  ila  Caté- 
chisme de  Paul  Ferry,  célèbre  ministre 
protestant,  également  renommé  par  son 
savoir  et  par  ses  vertus,  estimé  des  ca- 
tholiques et  consulté  par  las  magistrats; 
le  procureur-général  Joly,  qui  étnitsoo 
ami,  avait  désiré  joindre  l'avis  de  ce 
ministre  an  sien  sur  un  exempUire  du 
livre  de  Mariana ,  oik  ce  jésuite  exposa 
sa  doctrine  détestable  sur  le  régicide.  Le 
bruit  que  faisait  la  Bé/utatioM  de  Bos- 
suet fit  naître  l'idée  d'une  mission  pour 
convertir  les  protestans  du  diocèse  de 
Metx.  Saint  Vincent  de  Paul  la  de- 
manda ;  la  reine  régente ,  Anne  d'Au- 
triche, l'ordonna;  Bossuet  U  dirigea. 
Mais  le  succès  qu'elle  eut,  quoique  assez 
remarquable,  n'égala  point  celui  que 
Fènèlon  obtint  un  peu  plus  tard  dans  sa 
mission  du  Poitou.  On  peut  expliquer 
peut-être  cette  différence  par  celle  qui 
existe  entra  l'art  de  toucher  et  celui  de 
convaincra. 

Quelques  acracms  prêdiéa  dans  les 
églises  de  Paris  ouvrirent  à  Bosaoet  la 
carrière  où  son  génie  l'appelait.  Deux  rei- 
nes, Anne  et  Thérèse  d'Autriche,  alWicat 
s'asseoir  parmi  ses  auditeurs.  Cki  voulut 
bientôt  l'entendre  à  la  cour.  Louis  venait 
de  prendre  les  rênes  de  l'état,  et,  pendant 
plusieurs  années,  il  choisit  Bossuet  ponr 
prédicateur  des  avens  et  des  carêows.  H 
fit  écrire  à  Metz  au  pèra  de  l'orateur , 
pour  le  félioHer  des  anccès  de  aoa  ib , 
et  voulut  ainsi  mêler  sa  veix  à  celle  de 
la  renommée.  U  ne  nooa  resle  qne  des 
liragmcna  de  ces  discours;  ik  étaient 
presque  toujoura  improvisés»  et,  conune 
le  dit  le  Pèra  Delaroe,  métfiâés  piuidt 
qu'étudiés  eipoOs,  Ce  qu'on  a  recneiUi 
des  sermons  de  Bosanet  (6  vol.  in>ia)  ne 
aa  coaaposq  ea  gésén^  que  de  1 


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(731) 


BOS 


rapidement  écrits,  mais  où  brillent  soa* 
\ent  les  éclairs  du  génie. 

Le  grand  -  maître  de  Navarre ,  qui 
avait  été  le  premier  guide  de  Bossuet , 
mourut  eo  1665,  et  l'élève  fit  Toraisou 
funèbre  du  docteur.  Ce  fut  la  première 
qu'il  prononça  :  elle  n'est  pas  indigne  de 
celles  qui  portèrent  si  haut  soq  nom ,  et 
DP  peut  regretter  qu'elle  ne  se  trouve  pas 
jointe  à  leur  recueil ,  qui  a  eu  un  si  grand 
nombre  d'éditions. 

Un  JQur  Bossuet  allait  monter  en  chaire 
lorsqu'il  apprit  que  son  père  touchait  à 
la  fin  de  ses  jours.  11  quitta  précipitam- 
ment l'église  et  partit  pour  aller  recueil- 
lir son  dernier  soupir.  A.  son  retour  il 
entreprit  de  convertir  Turenne  à  la  reli- 
gioq  romaine.  Il  composa  dans  ce  but , 
qui  fut  atteint ,  V Exposition  de  la  Doc- 
trine catholique,  livre  célèbre  qui  ra- 
mena aussi  le  marquis  de  Dangeau  à  la 
religion  du  monarque.  Pangeau  était 
d'ailleurs  trop  bon  courtisan  pour  se 
montrer  difficile  en  celte  occasion. 

Bossuet  avait  fait,  en  1666,  Toraison 
funèbre  de  la  reine  Anne  d* Autriche, 
qu'il  n'a  pas  jointe  au  recueil  publié  par 
lui  en  1689.  L'oraison  funèbre  de  IJen- 
riette^Marte  de  France,  reipe  d'Angle- 
terre, prononcée  en  1669,  est  la  pre- 
mière dans  toutes  les  éditions;  les  autres 
Qraisona  sont  celles  de  Henriette  -  Anne 
d'Angleterre,  duchesse  d'Orléans  (1670); 
de  Marie -Thérèse  d'4-utriche,  reine  de 
France  (1683);  d'Anne  de  Gonzague  de 
Clèves,  princesse  palatine  (1685);  de 
Michel  LeTellfer,  chancelier  de  France 
(1686),  et  de  Louis  de  Bourbon ,  prince 
de  Copdé  (1687).  On  trouve  à  la  fin  du 
recueil,  le  sermon  prononcé  par  Bossuet, 
le  4  juin  1675,  pour  la  profession  de 
M"**  de  |a  ValUère  ;  mais  ce  discqurs 
est  comme  l'oraison  funèbre  de  cette  il- 
lustre et  tendre  victime  de  l'aipour  ;  car 
ce  fut  en  ce  jour  qq'elle  mourut  aci 
monde,  «  Ces  oraisons,  dit  La  Harpe,  sont 
des  chefs-d'œuvre  d'une  éloquence  qui 
ne  pouvait  pas  avoir  de  modèle  dans 
('antiquité,  et  qne  personne  n'a  égalé  de- 
puis. Bossuet  ne  s'y  sert  pas  de  la  langue 
des  autres  hommes;  il  fait  la  sienne.  Il  la 
fait  telle  qu'il  la  lui  faut  pour  sa  manière 
de  penser  et  de  sentir  qui  est  à  lui  ;  ex- 
pressions, tournures,  mouvemens,  con* 


struction,  hannoiiie,  tout  lui  appartîeot.» 
La  réputation  de  Bossuet  s'élevait  «ans 
cesse  par  de  nouveaux  succès.  Arnauld 
et  Nicole,  auteurs  de  la  Perpétuité  de 
ta  Foi  et  des  Préjugés  légitimes  contre 
les  Calvinistes  j  soumirent  ces  livres  à 
son  approbation,  et  il  la  donna  avec 
éloge.  Les  protestans  écrivirent  pour  ré- 
futer son  Exposition  de  la  Doctrine 
chrétienne,  qui  était  traduite  dans  toutes 
les  langues;  il  leur  répondit  et  eut  le 
rare  avantage  de  convertir  un  de  ses  ad- 
versaires, Brueys,  qui  se  mit  alors  à 
combattre  contre  Jurieu,  La  Roque,  Len» 
fant,  et  qui,  mêlant  aux  controverses 
les  jeux  de  la  scène ,  publia  le  Grondeur, 
le  Muet,  l'Histoire  du  Fanatisme  ou 
des  Cévennes,  et  fit  jouer  l'ancienoe  co^ 
médie  restaurée  de  Y  Jyocat  patelin. 

£n  1670  Bossuet  fut  nommé  précep- 
teur du  dauphin ,  place  qui  avait  été  d'a- 
bord destinée,  dit-on,  à  Chapelain.  Bos- 
suet et  le  duc  de  Montausier,  nommé 
gouverneur,  unirent  leurs  vertus,  leur 
zèle  et  leurs  lalens  pour  former  au  grand 
art  de  régner  un  prince  que  le  long  âge 
de  son  père  empêcha  d'arriver  au  trône. 
Ce  fut  pour  l'instruction  du  dauphin  que 
Bossuet  écrivit  son  admirableZ><.f  coiinr^ur 
l'Histoire  uni  verse  lie  ^%on  abrégé  de  l'His- 
toire de  France ,  sa  Politique  tirée  des 
propres  paroles  de  V Écriture  -  Sainte , 
livre  fait  pour  les  rois,  «  digne  de  leur 
élude  et  de  la  curiosité  de  l'Univers,  b 
(OBLAauE.)Il  composa  aussi ,  dans  le 
même  dessein,  une  Logique ^  âesUé^ 
flexions  sur  la  morale  dAristote ,  un 
Traité  de  la  connaissance  de  Dieu  et 
de  soi-même,  les  Traités  du  libre  ar* 
bitre  et  de  la  concupisceace  et  plusieurs 
autres  ouvrages.  Aucune  partie  de  l'in- 
stru(!Uon  ne  fut  négligée.  La  grammaire, 
les  langues,  la  rhétorique,  la  poésie,  de- 
vinrent pour  Bossuet  une  occupation  se* 
rieuse  dans^Pétendue  de  ses  devoirs. 

M'^®  de  Duras ,  élevée  dans  la  religion 
de  Calvin ,  voulut  entendre  Bossuet  con- 
férer avec  le  ministre  Claude,  et  le  les-- 
demain  de  c^tle  conférence  elle  fit  son 
abjuration.  Dans  la  relation  de  cet  évé- 
nement, qui  fit  grand  bruit  à  la  cour, 
Bossuet  rend  pleine  justice  au  savoir  et 
aux  vertus  de  son  adversaire;  et,  en  gé- 
néral, on  remarque  y  dans  ses  longi»es 


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(732) 


BOS 


coDtroverses  avec  les  protesUns,  nne  di- 
gnité calme  et  ane  modération  qu'il  oe 
sut  pas  (pirder  plus  tard  avec  Fénéloo. 

Une  grande  partie  de  sa  vie  ne  fut  qu'un 
combat  pour  l'église  catholique.  Pendant 
près  d'un  demi-siècle  (de  1655  à  1702), 
il  publia  dans  l'intérêt  de  cette  cause  plus 
de  20  ouvrages ,  dont  le  plus  célèbre  est 
VHistoire  des  variations  des  éf^liscs 
prolestanUs  (1688,  2  vol.  in-4*^,  et 
1691  ,4  vol.  in-12);  nous  citerons  en- 
core les  Six  Averti^semens  aux  protes- 
tans^  qui  parurent  de  1689  à  1691 ,  et 
le  Projet  de  réunion  entre  les  catholi- 
ques et  Us  protestons ,  ou  Recueil  de 
dissertations  et  lettres  composées  dans 
la  vue  de  réunir  les  protestans  d'Alle- 
magne de  la  confession  d'Augsbourg  à 
la  religion  catholique. 

Déjà  plusieurs  fois  et  à  diverses  épo- 
ques d'inutiles  tentatives  avaient  été  faites 
pour  amener  cette  grande  et  difficile  ré- 
conciliation. Bossuet  avait  publié,  en 
1682,  son  Traàéde  la  communion  sous 
les  deux  espèces  y  et  il  ne  croyait  point 
cette  communion  contraire  à  la  foi  ca- 
tholique. Un  philosophe  célèbre,  placé 
à  la  tète  des  savans  de  son  siècle,  Leib- 
nitz,  eut  la  grande  pensée  de  s'entendre 
avec  Bossuet ,  comme  il  le  fit  aussi  avec 
Pélisson ,  historien  et  secrétaire  de  l'A- 
cadémie française,  pour  amener  la  fusion 
des  Églises  catholique  et  luthérienne. 
Médiateurs  puissans  par  leur  renommée, 
Bossuet  et  Letbnitz  étaient  dignes  d'at- 
tacher leur  nom  à  ce  qui  eût  été  l'événe- 
ment le  plus  mémorable  de  leur  époque. 
Les  propositions  de  la  réunion  furent 
examinées  et  débattues  avec  une  modé- 
ration remarquable,  avec  un  désir  réci- 
proque de  toute  concession  possible.  Des 
difficultés  jusque  là  insurmontables  pa- 
raissaient devoir  être  aplanies;  les  prin- 
ces d'Allemagne  suivirent  avec  intérêt 
cette  négociation;  comme  Louis  XIV, 
Fempereur  Léopold  désirait  la  réunion 
des  Églises  chrétiennes.  Un  savant  doc- 
teur protestant,  Molanus,  était  parvenu 
à  concilier  50  articles  controversés  entre 
les  catholiques  et  les  luthériens;  et  Bos- 
suet écrivait  à  LeibniU  (10  jairv.  1692): 
«  Je  regarde  les  articles  de  l'abbé  Mola- 
«  nus  comme  un  grand  acheminement  à 
m  la  paix  du  christianisme.  »  Les  conces- 


sions deraient  être  faites  de  part  et  d'an- 
tre; Bossuet  alla  dans  les  siennes  aussi 
loin  qu'il  crut  pouvoir  le  faire.  Non-sea- 
lement  il  promettait,  au  nom  du  pape, 
l'usage  de  la  communion  sous  les  deux  es- 
pèces, il  annonçait  aussi  que  les  ministres 
luthériens  qui,  après  leur  profession  de 
foi ,  seraient  élevés  à  l'ordre  de  prêtrise 
ou  à  l'épiscopat,  pourraient  conserver 
leurs  femmes  [sua  conjugia  relinquan- 
tur).  Mais  cette  négociation ,  commencée 
et  poursuivie  sous  de  si  heureux  auspi- 
ces, échoua  par  la  persistance  de  Leib- 
nitz  dans  ses  attaques  contre  l'autorité  du 
concile  de  Trente.  Il  avait  fini  par  mon- 
trer une  inflexibilité  si  peu  en  harmonie 
avec  l'esprit  de  conciliation  empreint  dans 
ses  premiers  écrits,  qu'on  supposa  ua 
motif  politique  à  ce  changement*^.  Fojr, 
Union  (essais  iT). 

L'année  1682  avait  signalé  Bossoet 
comme  l'oracle  de  l'Église  gallicane,  le 
défenseur  de  ses  droits,  et  en  même  temps 
le  régulateur  de  l'autorité  des  papes  dans 
ses  rapports  avec  l'autorité  des  rois.  Pen- 
dant les  différends  qui  s'étaient  élevés,  au 
sujet  de  la  Régale,  entre  Innocent  XI  et 
Louis  XIV,  nne  assemblée  générale  du 
clergé  fut  convoquée.  Soumis  aux  deux 
puissances,  et  après  avoir  prononcé  de- 
vant les  évêques  son  sermon  sur  tunité 
de  r Église,  Bossuet  rédigea  et  fit  adop- 
ter les  quatre  célèbres  propositions  sur 
les  immunités  de  l'Église  gallicane  (  vof. 
ce  mot)  :  le  pape  Innocent  les  fit  brûler  à 
Home  ;  Louis  XIV  les  promulgua  par  un 
édit  que  tous  les  parlemens  enregistrè- 
rent. L'enseignement  en  fut  prescrit  dans 
les  universités  et  dans  les  séminaires,  et 
depuis  elles  ont  été  regardées  comme  loi 
de  l'état. 

Les  deux  hommes  les  plus  célèbres  de 
l'Église  de  France,  Bossuet  et  Fénélon, 
s'étaient  profondément  divisés  dans  l'af- 
faire du  quiétisme  qui,  selon  le  chance- 
lier D'Aguesseau,  n'était  pas  moins  urne 
intrigue  de  cour  qu'une  querelle  de  re- 
ligion, M"**  de  Maintenon  était  entrée 
vivement,  avec  le  cardinal  de  Noailles  et 
l'évêque  de  Chartres,  dans  l'affligeuite 

(*)  On  trouve  dans  les  Œm^nt  de  Bûssmtt  toot 
le*  ai-tes  de  cette  négociation  dont  le  cardinal 
de  Baasset  a  donné  une  longue  et  savante  anar 
lys.. 


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BOS 


(7SS) 


BOS 


querelle  de  Tévèque  de  Meaux  contre 
Tarcbevéque  de  Cambrai.  Tandis  que  ce 
dernier,  exilé  dans  son  diocèse,  ne  pou- 
vait obtenir  la  permission  d'aller  défen- 
dre son  lifre  des  Maximes  des  saints  à 
Rome,  Bossuet  y  avait  envoyé  son  neveu 
etTabbé  Philippeaux,  avec  mission  de 
poursuivre  la  condamnation  des  Maxi" 
mes.  On  trouve  dans  les  œuvres  de  Bos- 
suet la  volumineuse  correspondance  de  ses 
deuxagens.  L*abbé  Bossuet,  qui  fut  depuis 
éréque  de  Troyes,  écrivait  à  son  oncle , 
en  parlant  de  Fénélon  :  «  C'est  une  béte 
*/éroce  qu'il  faut  poursuivre  jusqu'il  ce 
«  qu'on  l'ait  terrassée.»  £t  le  cardinal  de 
Bausset,  qui  a  été  aussi  l'Iûstorien  de  Fé- 
nélon ,  après  avoir  cité  ces  roots  odieux, 
s'écrie  :  «Fénélon  I  une  béte  féroce  !  » 

L'abbé  Philippeaux  est  traité  plus  sé- 
vèrement encore  par  l'illustre  historien 
qui  le  représente  comme  un  homme  em- 
porté, virulent,  sans  délicatesse,  qui  osa 
plus  tard  trouver  insufOsante  l'admirable 
soumission  de  l'archevêque  de  Cambrai, 
et  qui  rédigea  une  Histoire  du  quiétis- 
me^  si  empreinte  des  couleurs  du  libelle, 
que  lorsqu'elle  parut,  après  la  mort  de 
l'auteur,  elle  fut  flétrie  et  brûlée  par  la 
main  du  bourreau.  £t,  en  voyant  quels 
étaient  les  deux  hommes  qui  recevaient 
à  Rome  la  direction  et  les  instructions 
de  Bossuet,  qui  correspondaient  avec  lui 
dans  des  termes  si  passionnés  et  si  hors 
de  toute  mesure,  on  a  pu  croire  que  la  mo- 
dération et  la  charité  évangélique  avaient 
abandonné  l'évéque  de  Meaux  dans  cette 
affaire*  Mais  il  a  eu  des  défenseurs  qui 
n'ont  vu  dans  toute  sa  conduite  que  le 
zèle  d'un  évéque  pour  les  saines  doctri- 
nes, et  beaucoup  d'esprits  sages  ont  hésicé 
entre  le  blâme  et  l'éloge.  Cependant  il 
existe  deux  lettres  autographes  et  iné- 
dites de  Bossuet*,  qui  doivent  éclaircir 
tous  les  doutes,  et  dont  l'une  au  moins, 
envoyée  à  l'abbé  Bossuet  qui  lui  annonça, 
par  courrier  extraordinaire,  la  condam- 
nation de  Fénélon ,  fut  écrite  dans  le  dé- 
sordre d'une  joie  qui  n'avait  rien  d'apos- 
tolique. Bossuet  s'y  réjouit  de  ce  que  le 
bref  contient,  contre  un  archevêque,  des 
expressions  équivalentes  à  hœreticus;  il 
applaudit  à  d'autres  expressions  qui  doi- 

(*)  Elles  tout  dans  le  cabinet  de  Tanteor  de 
cet  article. 


vent ,  dit-il ,  ôter  à  Fénélon  toute  con-^ 
solation!  11  presse  son  neveu  de  porter 
son  admiration  au  grand  Casanata  : 
or,  le  cardinal  Casanata  avait  été,  dans 
le  sacré  collège,  le  plus  implacable  ad- 
versaire de  Fénélon,  et  lui  seul  avait  fait 
rejeter  les  formes  de  douceur  dont  le 
pape  et  les  cardinaux  examinateurs,  Al- 
bani,  Norris  et  Ferrari ,  désiraient  qu'on 
usât  pour  ménager  la  personne  de  l'ar- 
chevêque de  Cambrai.  Ainsi  donc ,  Bos- 
suet paya  son  tribut  à  Thumaine  nature, 
et  les  faiblesses  de  l'homme  se  montrè- 
rent dans  de  grandes  vertus  et  dans  les 
hauteurs  du  génie. 

Bossuet  avait  publié  30  écrits,  la  plu- 
part en  français,  quelques-uns  en  latin, 
dans  l'aflkire  du  quiétisme  (1694-1699). 
Parmi  ses  ouvrages  imprimés,  dont  le 
nombre  étonne  l'imagination,  car  il  s'é- 
lève à  plus  de  100,  il  en  est  8  sur  l'É- 
criture-Sainte,  20  contre  les  calvinistes, 
9  contre  les  mauvais  critiques ,  1 0  pour 
la  défense  du  clergé  de  France ,  14  pour 
le  diocèse  de  Meaux  :  4 ,  dont  les  /lié- 
votions  à  Dieu,  sur  des  sujets  de  piété 
et  de  morale;  11  pour  l'éducation  du 
dauphin  ;  7  sous  la  forme  de  lettres  et  9 
sous  les  titres  d'oraison  funèbre  ou  de 
discours.  Il  existe  trois  grandes  éditions 
des  œuvres  de  Bossuet  :  la  première , 
donnée  par  les  abbés  Péreau  et  Leroy 
(1743-58),  20  vol.  in-4^;  la  2%  pardon 
Deforis  (1772-38),  19  vol.  in-4^.  La  ré- 
volution empêcha  de  terminer  cette  édi- 
tion qui  devait  avoir  36  vol;  la  3^,  la  seule 
qui  soit  complète ,  dirigée  par  les  abbés 
Hémey-d'Auberive  et  Caron  (Versailles, 
1815-19),  47  vol.  in-8**,  y  compris  les 
4  vol.  de  V Histoire  de  Bossuet,  par  le 
cardinal  de  Bausset.  On  peut  regretter 
que  l'évéque  de  Meaux  et  le  grand  Ar- 
nauld  (dont  les  œuvres  forment  48  vol. 
in-4^),  aient  usé  leur  puissant  génie  sur 
des  matières  de  controverse. 

Bossuet  nM>urut  des  douleurs  de  la 
pierre,  dans  sa  76®  année,  à  Paris,  le 
12  avril  1704;  et  la  même  année  la 
France  fut  veuve  de  ses  deux  plus  grands 
orateurs,  car  elle  perdit  aussi  Bourdaloue. 

Dans  le  x  vu*  siècle  on  aimai  t  à  compa- 
rer Bossuet  avec  Bourdaloue ,  Fléchier  et 
Mascaron  :  aujourd'hui  ces  comparaisons 
seraient  peu  go&tées;  le  temps  a  tracé  la 


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BOS 

démarcation  de  ces  renommées.  L'élo- 
quence de  Bossuet  ne  ressemble  à  aucune 
autre;  elle  est  soudaine,  impélueuse,  ir- 
régulière.  C'est  un  torrent  qui  entraine 
plutôt  qu'un  ûeufe  réglé  dans  son  cours. 
Il  ne  cherche  ni  ne  dédalf  ne  les  orne- 
mens  de  la  pensée.  Simple  et  rapide  dans 
sa  marche,  il  plane  au-dessus  de  l'art  et 
des  règles.  Sa  parole  est  une  inspiration; 
son  sublime  est  de  toutes  les  langues  et 
de  tous  les  temps.  Théologien  dont  les 
livres  sont  devenus  ane  autorité  en  ma- 
tière de  foi  ;  controversiste  net  et  précis, 
réduisant  toat  à  l'objet  dont  il  parle;  ora- 
teur qui  n'a  suivi  aucun  modèle  et  qui 
n'a  pu  être  suivi,  être  égalé  lui-même; 
historien  qui  lane«  dans  la  nuit  des  âges 
les  éclairs  de  son  génie;  politique  qui 
semble  né  pour  instruire  les  rois  :  on  voit 
son  élévation  sans  pouvoir  la  mesurer.  Il 
saisit,  il  étonne,  on  admire.  Voulait-on 
peindre  Bossuet  et  Fénélon,  on  disait: 
l* aigle  de  Meanx,  le  cygne  de  Cambrai, 
Lors(iue  La  Bruyère  fut  reçu  à  l'Acadé- 
mie française  (1693),  il  termina  son  dis- 
cours par  ce  magnifique  éloge  de  Bos- 
suet :  «  Que  dirai-je  de  ce  personnage.... 
qu'on  admire  malgré  soi,  qui  accable  par 
le  grand  nombre  et  par  Téminence  de  ses 
talens  ;  orateur ,  historien ,  théologien , 
philosophe  d'une  rare  érudition ,  d'une 
plus  rare  éloquence,  soit  dans  ses  entre- 
tiens, soit  dans  ses  écrits,  soit  dans  la 
chaire?  un  défenseur  de  la  religion,  une 
lumière  de  l'Église;  parlons  d'avance  le 
langage  de  la  postérité ,  un  père  de  FÉ* 
glise!  » 

Le  célèbre  jésuite  Delarue,  pro- 
nonça son  oraison  funèbre;  mais  il  se 
montra  comme  écrasé  sous  la  hauteur  de 
son  sujet.  L*éloge  de  Bossuet ,  par  d'A- 
lembert,  écrit  avec  plus  d*esprit  que  de 
force,  avec  plus  de  justesse  que  d'éléva- 
tion ,  plait  par  un  choix  d'anecdotes  fa- 
cilement contées  et  rapprochées  avec  art  : 
c'est  une  esquisse  et  non  un  portrait. 
L'éloge  de  Bossuet ,  par  l'abbé  Talbert , 
couronné  par  l'académie  de  Di^fon,  en 
1772,  est  sagement  composé  et  laborieu- 
sement écrit ,  aans  éloquence  et  sans 
hautes  pensées.  La  vie  de  Bossuet,  par 
de  Burigny  (1761,  in>12),  est  nn  livre 
estimable  plulAl  qu'un  bon  ouvrage.  Don 
BeforiSy  It  cardinal  Maury,  beaacoap 


(  7J4  )  BOS 

d'autres  encore,  ont  essayé  la  biographie^ 
ou  l'éloge  ou  l'appréciation  de  Bos&ueU 
Le  cardinal  de  Bausset  est  jusqu'à  ce 
jour  son  meilleur  historien.       V-tb. 

BOSSUT  (Charles)  naqnh  en  17S0 
à  Taruras  près  de  Lyon.  Il  entra  de 
bonne  heure  au  collège  des  jésuites  oè 
il  fit  de  brillantes  études,  qil'ii  continua 
avec  soccès  sons  la  survelllaoee  de  d*A- 
lembert;  plus  tard  il  devait  devenir  son 
collaborateur  pour  la  partie  mathémati- 
que de  l'Encyclopédie. 

L'aptitude  de  Bossot  aux  selences, 
qnelqnes  travaux  remarquables,  le  firent 
nommer,  à  23  ans,  examinateur  ptmr  l'é- 
cole du  génie  de  Mézières.  En  1762  un 
beau  travail  sur  la  résistance  des  finides 
au  mouvement  des  planètes  lui  valut  un 
prix  de  l'Académie  des  sciences;  deux 
ans  après  il  obtint  une  autre  couronne 
pour  un  mémoire  sur  rarHnmge  des  vais- 
seaux; et  enfin  l'Académie  des  Sciences 
reçut,  en  1769,  son  lauréat  an  nombre 
de  ses  membres.  Des  ouvrages  remar- 
quables pour  Tétode  des  sciences  avaient 
depuis  long-temps  Ûxè  l'attention  sur 
Bossut,  et  quelques  années  avant  sa  ré- 
ception k  l'Académie,  le  roi  avait  fondé 
pour  foi,  au  Louvre,  une  chaire  d'hy- 
drodynamique. Bossut,  depuis  son  jeune 
âge,  rendait  de  grands  services  à  Tinstmo- 
tion,  soit  par  ses  nombreux  ouvrages,  soit 
par  les  cours  qu'il  professait,  lorsque 
survint  la  révolution;  ne  voulant  pas  coo- 
tinuer  renseignement  public,  il  mena 
une  vie  retirée.  Mais  il  continua  à  s'a- 
donner à  l'étude  avec  ardeur;  en  \19t 
parut  un  ouvrage  sur  la  mécanique  en 
général,  et  en  1795  un  cours  complet  de 
mathématiques. 

L'empire  tira  Bossut  de  l'obscurité  à 
laquelle  il  s'était  voué  volontairement  :  ît 
fut  élu  membre  de  Tlnstitot,  nommé 
chevalier  de  la  Légion-d*Honneur  et  exa- 
minateur à  Técole  polytechnique.  Il  rem- 
ptrt  long-temps  ce^  diverses  fonctions 
avec  une  rigoureuse  exactitude;  et,  vers 
la  fin  de  ses  jours,  son  grand  âge  ne  lui 
permettant  plus  de  les  conserver,  on  con- 
tinua cependant  à  lui  payer  son  traite- 
ment en  récompense  de  ses  longs  servie 
ces.  Ce  fut  en  1816  que  parut  son  Essai 
sur  l'histoire  des  mathématiques;  œC 
ouyra^y  traduit  presque  aussit^  «o  a»- 


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BOS 


(785) 


BOS 


gkia  et  an  ^Uemaody  fat  pour  lui  une 
source  de  dégoûts.  Grand  nombre  d'hom- 
mes vivans  qu'il  avait  cités  dans  son  essai 
élevèrent  contre  lui  de  vives  récrimina- 
tions; le  diagria  qu'il  eo  ressentit  con- 
tribua peut-être  à  le  conduire  au  tom- 
beau. Il  mourut  en  1814. 

A  sa  gloire  comme  savant  Bossut  joi- 
gnait un  autre  mérite  :  il  s'était  livré  avec 
soin  à  Tétude  des  lettres  et  en  avait  rap- 
porté un  style  correct  et  souvent  élégant; 
son  Histoire  des  mathématiques  en  offre 
un  exemple  frappant.  Bossut  était  mem- 
bre des  académies  de  Bologne,  de  Saint- 
Pétersbourg,  de  Turin,  etc.;  ces  différens 
titres  prouvent  que  son  rare  mérite  fut  ap- 
précié de  son  vivant.  Il  donna  une  édi- 
tion (  5  voL  in-8^ ,  avec  un  long  et  bon 
discours  préliminaire)  des  œuvres  de 
Pascal,  son  auteur  fsvori,  et  avec  lequel 
il  sympathisait  pour  les  opinions  reli- 
gieuses. L-DK. 

BOST4NNI,  jardinier,  ou,  à  pro- 
prement parler,  celui  qui  cultive  les  me- 
lons (en  turc  tt  en  servien  bostan,  melon). 
Cest  sous  ce  nom  que  Ton  désigne  les 
gardes  du  sérail,  qui  sont  en  outre  les 
jardiniers  et  les  rameurs  du  Grand-Sei- 
gneur; lorsqu'il  se  promène  sur  le  détroit, 
c'est  à  leur  chef,  le  bosiand/i  bachi\  à 
tenir  le  gouvernait.  Celui-ci  a  de  plus  sous 
sa  surveillance  les  jardins  du  sérail,  les 
maisons  de  plaisance  du  Grand-Seigneur, 
•t  les  châteaux  situés  sur  le  canal.  Ces 
bostandj  i,  que  l'on  a  regardés,  mais  à  tort, 
comme  formant  un  corps  militaire,étaient 
autrefois  au  nombre  de  3,000;  ils  ne  sont 
plus  qu'environ  600.  Leur  solde  est  sem- 
blable à  celle  que  recevaient  autrefois  les 
janissaires;  30  d'entre  eux,  appelés  les 
kkasséfis  ou  intimes,  remplissent  les 
fonctions  d'exécuteurs  des  hautes  -  oeu- 
irres  et  accompagnent  toujours  le  sulthan. 

Les  bostandj  i  se  partagent  en  9  classes 
que  l'on  peut  facilement  reconnaître, 
car  les  membres  de  chacune  d'elles  ont 
une  ceinture  différente.  Outre  les  600 
bosfcandji  de  Constanttnople ,  il  y  en  a 
encore  quelques  autres  à  Andrinople , 
sous  les  ordres  d'un  bostandji  nommé 
par  le  Grand-  Seigneur.  L.  N. 

BOSTON  (long,  oocid.  71  "^  4',  Ut.  N. 
43*^  22),  la  plus  grande  ville  de  la  Nou- 
veU^ÀDgletanre  et  le  ebef-iien  de  l'État 


delRassachutfts,  est  le  centre  d'un  com- 
merce très  considérable  et  qui  s'étend  à 
toutes  les  parties  du  globe.  On  en  ex- 
porte principalement  du  bœuf,  du  mou- 
ton et  du  poisson  salés ,  des  bois  de  char^ 
pente  et  de  construction ,  du  rhum  amé- 
ricain, de  la  potasse,  de  la  perlasse,  de 
la  graine  de  lin ,  de  l'huile  et  des  fanons 
de  baleine,  de  la  clouterie,  de  la  selle- 
rie, de  la  chapellerie,  du  tabac  en  feuilles 
et  fabriqué,  des.  articles  des  manufac- 
tures des  autres  Éuis  de  l'Union  et  des 
pays  étrangers,  qui  y  sont  importés  pour 
être  exportés  en  d'autres  contrées ,  etc, 
£n  1821  les  importations  s'élevèrent  à 
près  de  100,000,000  de  francs.  J.  M.  C. 

Boston,  qu'on  apprend  à  connaître 
d'une  manière  détaillée  par  le  roman  de 
F.  Cooper  Lionel  Lincoln ,  et  dont  on 
trouve  une  bonne  description  dans  VBn^ 
cfclopœdia  americana,  tom.  Il,  avait,  en 
1829,  une  population  de  60,000  âmes  ; 
en  1766  on  n*y  comptait  encore  que 
15,520  habiuns.  Elle  estsituée sur  la  baie 
du  même  nom  ou  de  Massachusels ,  dans 
une  presqu'île  à  l'embouchure  du  fleuve 
Charles,  et  se  divi^ie  en  trois  quartiers. 
Le  port  fortifié  peut  recevoir  plus  de 
500  grands  bâtimens.  On  y  voit  de  beaux 
édifices,  surtout  dans  Westboston,  et 
l'on  distingue  particulièrement  l'hôtel 
des  États,  la  Bourse ,  l'iithénée  avec  la 
bibliothèque  et  une  galerie  de  tableaux. 
Il  y  a  une  Faculté  de  médecine  qui  ap- 
partient à  l'uni  versité,  dite  de  Harvard,  de 
Cambridge.  C'est  à  Boston  qu'éclata  en 
1773  la  révolution  américaine,  par  un 
acte  insurrectionnel  du  peuple  qui  jeta 
à  la  mer  une  cargaison  de  thé  envoyée 
d'Angleterre.  Les  batailles  de  Lexington 
et  de  Bunkersh*ll ,  dans  la  proximité 
de  la  ville,  ouvrirent  la  lutte  deux  ans 
après.  J.  H.  S. 

BOSTON  y  jeu  de  cartes  d'origine 
américaine,  qui  a  pris  faveur  en  France, 
oh  il  a  succédé  au  whist  et  au  revers! , 
et  qui  remplit  les  soirées  des  personnes 
peu  occupées  dans  le  jour.  Il  se  joue  à 
quatre ,  avec  on  jeu  de  carte»  complet. 
Ses  combinaisons  n'ont  rien  de  nouveau 
et  qui  ne  se  retrouve  dans  la  plupart  des 
jeux  du  même  genre  ;  mais  il  y  a  dans  set 
chances  et  dans  ses  paiemens,  comme 
dao»  aes  Ibriftei,  aM«t  A0  furiécé.  D'ail** 


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BOS 


(736) 


BOâ 


leurs  les  ilénoini nations  eq^ployées  dans 
ce  jeu  ont  quelque  chose  de  singulier  et 
se  rattachent,  à  ce  qu'on  prétend,  à 
rhistoire  de  la  révolution  de  T  Amérique 
du  Nord.  Tout  le  mogde  ronnaii  les  roots 
de  grande  et  petite  indépendance ,  de 
grande  et  petite  misère ,  4e  chlem ,  de 
Boston,  etc. 

Celui  qui  fait  les  cartes  les  distribue 
comme  il  l'entend,  c'est-à-dire  une  à 
une ,  deux  à  deux ,  trois  à  trois ,  ou  plus, 
au  nombre  de  treize  à  chacun.  Il  met  le 
nombre  de  jetons  convenu  au  panier; 
ordinairement  c'est  cinquante  par  fiche 
ou  toute  autre  pièce  à  laquelle  on  donne 
une  valeur  numérique ,  pour  payer  les 
pertes  ou  les  gains  à  la  fin  du  jeu.  Celui 
qui  a  cartes  blanches ,  en  les  annonçant 
avant  de  jouer,  est  payé  de  chacun  des 
joueurs  par  une  fiche  de  la  valeur  de  dix. 
Le  joueur  à  droite  de  celui  qui  donne 
demande  ou  passe  ;  le  second  soutient 
ou  passe  aussi ,  ou  demande  en  une  au- 
tre couleur  plus  forte  ;  le  troisième ,  de 
même.  Quelquefois  trois  joueurs  passent  ; 
si  le  dernier  passe  aussi ,  il  perd  sa  donne 
et  le  joueur  de  droite  reprend  les  cartes  et 
les  distribue ,  après  avoir  mis  au  papier 
comme  le  premier  joueur.  Celui  qui 
n'est  pas  soutenu  n*est  obligé  qu'à  cinq 
levées  ;  mais  s'il  a  demandé  seul ,  il 
a  six  levées  à  faire ,  de  même  que  cha- 
cun des  autres  qui  jouerait  seul  n'étant 
pas  soutenu,  ou  qui  aurait  demandé 
seul,  sans  concurrence  :  c'est  ce  que  l'on 
nomme  petite  indépendance*  La  cou^ 
leur  pique  est  subordonnée  an  trède  ;  le 
trèfle  l'est  au  carreau  ;  et  le  carreau  au 
cœur.  La  couleur  demandée  et  soutenue 
devient  atout ,  et  l'emporte  sur  toutes  les 
autres  couleurs.  H  faut  remarquer  que 
les  deux  joueurs  qui  se  sont  soutenus 
dans  leur  demande  en  telle  ou  telle  cou* 
leur  s'étudient  dans  leur  façon  de  jouer, 
pour  ne  pas  se  nuire  et  afin  de  faire  le 
plus  de  levées  possible.  Assez  ordinaire- 
ment l'un  des  deux  partner  indique  en 
lâchant  une  carte  d'une  autre  couleur, 
celle  dans  laquelle  son  second  qui  tient 
la  main  doit  entrer,  pour  faire  le  reste 
lui  -  même ,  s'il  le  peut.  Ces  deux 
joueurs  sout  tenus  de  faire  huit  levées; 
a'ils  ne  les  font  pas,  ils  sont  mis  à  la 


est  au  jeu  et  les  levées  qu'ils  font  de 
moins ,  et  à  chacun  des  joueurs  la  même 
valeur  qu'ils  auraient  gagnée  en  faisant  les 
huit  levées.  Cette  bête  augmente  à  mesure 
que  ces  coups  se  multiplient,  et  quelque- 
fois, selon  les  conventions,  en  doublant. 
On  appelle  honneurs  l'as  et  les  figures , 
qui  se  paient,  de  même  que  les  levées 
en  plus  ou  en  moins,  lorsqu'elles  ne  sont 
pas  égales  dans  les  maibs  des  joueurs, 
trois  contre  une ,  ou  toutes  les  quatre. 
La  petite  misère  s'opère  en  écartant  une 
carte  et  sans  faire  de  levée;  et  la  grande 
misère,  sans  écarter,  et  de  même  sans 
faire  de  levée.  Les  huit  levées  forment  ce 
que  l'on  nomme  grande  independarkce, 
en  observant,  qu'à  égalité,  la  plus  forte 
couleur  l'emporte.  Si  deux  demandent 
dans  la  même  couleur,  la  primauté  est  ac- 
quise an  premier  demandant;  on  ne 
peut  la  lui  enlever  que  par  la  demande 
d'une  levée  de  plus.  La  grande  misère 
emporte  huit  levées  ou  la  grande  indé- 
pendance, quand  on  ne  la  demande  pas 
dans  une  couleur  inférieure;  Haais  neuf 
levées  enlèvent  la  grande  misère,  comme 
sept  levées  emportent  la  petite  misère. 
he  picolissimo ,  qui  s'opère  en  ne  fai- 
sant qu'une  levée ,  est  supérieur  à  sept 
levées,  lorsqu'on  ne  la  demande  pas 
dans  une  couleur  inférieure;  mais  il 
cède  à  la  demande  de  huit  levées.  La 
misère  des  quatre  as,  c'est-à-dire  lors- 
qu'on a  les  quatre  as  en  main ,  enlève 
neuf  levées ,  pourvu  que  ce  ne  soit  pas 
dans  une  couleur  inférieure  qu'il  est  de- 
mandé ;  cette  misère  se  fait  en  n*écartant 
pas,  et  on  a  la  liberté*  de  renoncer  jus- 
qu'à la  dixième  carte; -on  ne  peut  plus 
renoncer  aux  trois  dernières,  et  on  doit 
fournir  à  la  couleur  «fu'on  jooe*  il  ne  faut 
faire  aucune  levée  pour  gagner.  Cepen- 
dant cette  misère  des  quatre  as  cède  à  b 
demande  de  dix  levées,  lorsqu'on  ne  la 
demande  pas  dans  une  couleur  infé- 
rieure. Il  faut  être  bien  s&r  de  son  jeu 
pour  réussir  ;  car  les  trois  autres  joueurs 
contre  lesquels  elle  est  dirigée  exami- 
nent bien  ces  cartes  pour  s'assurer  si  le 
joueur  qui  Ta  demandée  ne  s*est  pas 
trompé,  et  s'il  n*a  pas  une  carte  qui 
puisse  être  prise.  Cette  misère  sur  table 
I  cède  encore  à  la  demande  de  onze  le- 


b/^p  c'est-à-dire  ils  paient  la  mise  qui  I  vées ,  pourvu  qu'on  ne  la  deoMude  pas 


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BOT 


(737) 


BOT 


dans  une  couleur  inférieure.  La  grande 
misère  sur  table  enlève  onze  levées,  lors- 
qu'elle n'est  pas  demandée  dans  une  cou* 
leur  inférieure;  elle  se  joue  comme  la 
petite  misère  sur  table,  à  l'exception 
qu'on  n'écarte  pas  une  carte.  La  grande 
misère  sur  table  cède  à  douze  levées, 
de  même  lorsqu'on  ne  la  demande  pas 
dans  une  couleur  inférieure.  Faire  bos- 
ton  ou  chlem ,  à  deux  ou  seul ,  c'est  faire 
tontes  les  levées.  Le  boston  seul  an- 
noncé enlève  la  demande  de  douze  le- 
vées; et  le  boston  sur  table  est  supérieur 
au  boston  seul.  G>mme  aux  misères  sur 
table  ,  le  joueur  qui  l'a  demandé  a  seul 
son  jeu  abattu,  et  est  exposé  à  perdre 
si  une  carte  faible  a  échappé  à  son  at- 
tention. Cinq  levées  faites,  par  un  seul 
joueur  dont  la  demande  n'a  pas  été  sou- 
tenue, équi\alent  à  huit  levées  à  deux; 
six  levées  font  une  p«'tite  indépendance. 
Les  levées  en  sus  de  la  demande  se 
paient  à  part,  de  même  que  les  hon- 
neurs, et  plus  (her  selon  la  couleur.  Le 
boston  seul,  le  boston  sur  table,  gagnent 
plus  que  les  autres  coups ,  et  sont 
payés  plus  cher  en  raison  de  la  couleur. 
Au  reste,  tout  ce  que  nous  venons  de 
dire  sur  le  jeu  de  boston  est  soumis  à 
des  régies  détaillées,  qui  éublissent  les 
cas  particuliers  de  ce  jeu,  la  manière  de 
payer  selon  les  conventions,  les  juge- 
mens  à  porter  sur  certains  coups  et  les 
moyens  de  parer  à  toutes  les  difficultés 
qui  peuvent  se  présenter.  Mais  ces  règles 
cependant  difrèrent,enquelquesendroits, 
dans  plusieurs  points  qui  sont  toujours 
convenus  entre  les  joueurs  avant  de  com- 
mencer le  jeu.  F.  R-n. 

BOSWORTH  (bataille  de),  1458, 
voj.  Uenei  VII  et  Roses  (  les  drux). 

BOTANIQUE.  Pendant  long-temps 
on  avait  borné  le  sens  habituel  de  ce  ter- 
me à  l'art  de  nommer  et  de  classer  les  vé- 
gétaux ;  mais  à  mesure  que  l'étude  géné- 
rale de  l'histoire  naturelle  a  fait  des  pro- 
grès, on  a  senti  que  toutes  les  parties  de 
l'histoire  des  plantes  étaient  intimement 
liées  les  unes  avec  les  autres.  On  a  donc 
agrandi  le  sens  du  mot,  et  on  a,  avec 
raison,  considéré  la  botanique  comme 
l'histoire  entière  du  règne  végétal.  Dans 
ce  cas,  elle  se  divise  en  un  grand  nom- 
bre de  branches  distinctes  que  nous  énu^ 

Encyclop.  d,  G.  d.  M,  Tome  III. 


mérerons  d'abord  pour  faire  c<»)preDdrè 
l'ensemble  de  la  science,  et  que  nous  fe- 
prendrons  ensuite  successivement  pour 
exposer  les  bases  essentielles  de  chacune 
d'elles. 

Les  parties  dont  la  botanique  générale 
se  compose  sont,  les  unes  fondamentales^ 
les  autres  accessoires  ou  d'application. 

A  la  première  série  appartieni^nt  : 
1^  h'orf^anographie  ou  la  description 
des  organes  tant  extérieurs  qu'intérieurs 
des  végétaux  ;  3^  la  phjrsiologieqm  cher- 
che à  déduire  de  l'étude  des  organes  et 
de  celle  des  milieux  où  les  plantes  se 
trouvent,  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  vie 
végétale;  S*'  la  méthodoiogif  qui  s'oceu- 
pe  de  la  comparaison  des  végétaux ,  et 
par  conséquent  de  l'art  de  les  classer ,  de 
les  distinguer,  de  les  nommer  et  de  les 
décrire  de  manière  à  faire  saillir  leurs 
ressemblances  et  leurs  diflérencet* 

On  peut  rappeler  aux  parties  acces- 
soires: 1°  La  botanique  géographique 
qui  recherche  les  faits  relatifs  à  la  distri- 
bution des  végétaux  sur  le  globe  actuel 
et  les  lois  qui  peuvent  donner  une  idée 
générale  de  ces  faits;  S**  la  botanique 
oryctoiogique  qui  a  pour  but  d'étudier 
la  structure  et  Thisloire  des  végétaux  fos- 
siles, considérés  dans  leurs  rapports,  soit 
avec  les  formes  des  végétaux  actuels,  soit 
avec  les  couches  du  globe;  3*  la  botani" 
que  historique  qui  recherche  par  quelles 
voies  la  science  est  arrivée  à  son  terme, 
et  qui  en  fait  connaître  les  différentes 
époques. 

Je  considère,  en  troisième  lieu,  com- 
me simples  parties  d'application:  1<*  la 
botanique  agricole  qui  devrait  être  bor- 
née aux  choix  qui  préaident  à  la  culture 
des  végétaux ,  mais  où  l'on  mêle  quel- 
quefois des  recherches  relatives  à  l'em- 
ploi des  plantes;  S''  la  botanique  médi- 
cale y  où  l'on  réunit  tout  ce  qui  tient  à 
la  connaissance  des  plantes,  considérées 
comme  médicamcns;  3^  enfin  la  bota^ 
nique  appliquée  qui  comprend  l'étude 
de  tous  les  autres  genres  d'applications 
aux  besoins  des  hommes,  et  qui  se  sub- 
divise selon  qu'il  s'agit  des  plantes  em- 
ployées comme  matières  aUtnentaires  j 
tinctoriales,  combustibles  ^  etc. 

Indépendamment  de  ces  divisions  mé- 
thodiques,  l'usage  a  établi  encore  des 

47 

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(738) 


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Cer«et  ptopres  à  désigner  i'éUtde  spéciale 
de  cerUins  végétaux;  ainsi,  on  appelU 
dcRilrologie  Tétude  de«  arbres;  niyrolo- 
gtectile  des  charopignoDs;  muséologie 
celle  des  mousses,  elc.  On  pourrait  ainsi, 
si  la  chose  en  valait  la  peine,  créer  un 
nom  pour  l'étude  de  chaque  grande  di- 
vision des  végétaux  ;  mais  ces  divisions 
tont  peu  rationnelles  comme  sciences  dis- 
linctes,  et  chacune  pourrait  présenter 
les  neuf  divisions  méthodiques  que  nous 
Tenons  d*indiquer  et  dont  nous  allons  ra- 
pidement passer  en  revue  l'histoire  et  les 
bases  fondamentales. 

I.  L'organographie"^  est  la  base  de  la 
acieooe  tout  entière.  En  effet,  sans  la  con- 
tMissance,  et  mémesans  une  connaissance 
bien  raisonnée  des  organes  des  plantes , 
il  est  im|)ossible  de  se  rendre  compte  des 
phénomènes  de  la  vie  végétale,  ni  de 
comparer  entre  elles  les  divei*ses  plantes 
de  manière  à  concevoir  leurs  différences 
et  leurs  ressemblances.  Or  il  est  remar- 
quable que  cette  élude,  qui  aujourd'hui 
nous  semble  la  plus  élémentaire  de  toute 
la  botanique,  soit  loin  d'être  celle  par  la- 
quelle on  en  a  commencé  Tétude.  Théo- 
phraste ,  qui  peut  être  considéré  comme 
le  premier  naturaliste  qui  se  soit  occupé 
des  phénomènes  de  la  vie  des  plantes, 
méconnaissait  presque  entièrement  leur 
structure.  Diosooride,  qui  a  joué  un  r61e 
analogue  ,  ri^lativement  aux  descriptions 
et  aux  classifications,  ne  parait  avoir  eu 
que  des  idées  très  vagues  sur  leur  orga- 
nisation. Celle  négligence  de  Tétude  di- 
recte des  organes  s'est  prolongée  après 
la  renaissance  des  études  ;  et  si  Ton  ex- 
cepte Césalpin  qui,  dans  son  admirable 
ouvrage  de  Piantis,  a  le  premier  donné 
l'exemple  de  lanalyse  directe  et  soignée 
de  certains  organes ,  on  peut  dire  que  ce 
n*est  que  vers  la  Un  du  xyii"  siècle  que 
cette  branche  de  la  scient  e  a  été  étudiée 
avec  le  degré  d'impoi  lance  qu'elle  mérite. 
A  cet  te  époque,  deux  observateurs  du  pre- 
mier ordre,  C^rew  eo  Angleterre,  et  Mal- 
pighi  en  Italie,  se  servirent  avec  habileté 
du  microsi^t>pe  qui  venait  d'être  notable- 
ment perfectionné,  et  l'appliquèrent  à 
l'étude  des  organes  intemesdes  végétaux. 

(*)  ^oje*^  pour  lei  preuves  ri  les  détails  d^  ce 
que  jt*  ne  fais  iii  qu^mJi.jtier  en  i  eu  de  ino  s  , 
moaO>  jptno^nÊphi^  v^«l«fc«3>r.tn4(*;  P»it,  f  8J7. 


Us  le  firent  tVM  une  telle  aMpénorité  que 
pendant  plus  d'un  siècle  on  n'^'outarien 
à  leurs  travaux.  Si  même  dès  lors  des 
hommes  habiles,  tels  que  Hedwig,  et,  de 
nos  jours,  MM.  I^eser,  Tréviranus,  Mir- 
bel ,  etc.,  ont  porté  de  nouveau  leurs  re- 
cherches sur  ce  sujet,  on  peut  dire,  sans 
être  taxé  de  méconnaître  des  services  très 
réels,  qu'ils  ont  moins  découvert  des  faits 
complètement  inconnus  à  Grew  et  à  Mal- 
pighi  qu'ils  n'ont  donné  les  moyens  de 
les  coordonner  de  manière  à  en  compren- 
dre toute  la  signification  Uéfude  de  l'a- 
natomie  ou  de  U  structure  interne  des 
végétaux  reconnaît  aujourd'hui  la  sin- 
gulière similitude  de  tous  leurs  organes 
élémentaires;  elle  prouve  que  le  tissu 
interne  de  toutes  les  plantes  se  compose 
d*un  nombre  immense  de  petites  vésicu- 
les (qu'on  nomme  cellules,  eu  égard  à  ce 
qu'elles  composent  le  tissu  cellulaire),  et 
que  ces  vésicules,  plus  ou  moins  a^^ 
mérées  et  de  forme  ou  arrondie  ou  di- 
versement allongée,  donnent  naissance 
à  toutes  les  principales  différences  des 
organes  ;  elle  montre  que,dans  une  partie 
seulement  du  règne  végétal,  on  trouve, 
en  outre,  des  vaisseau  r  remplis  d'air,  di- 
versement coniormés,  et  des  orifices  ap- 
pelés stomate ff  auxqueb  ces  vaisseaux 
paraissent  aboutir,  et  que  tout  cet  appa- 
reil est  enveloppé,  au  moins  dans  sa  jeu- 
nesse, dans  une  pellicule  ou  cuticule  qui 
lui  sert  de  tégument  commun.  Ainsi  la 
structure  interne  des  végétaux  étonne 
autant  par  son  homogénéité  que  leiu>  as- 
pect extérieur  surprend  par  sa  variété. 

L'étude  des  organes  externes,  ou,  com- 
me on  dit,  l'autopsie,  n'a  été  que  plus  tard 
réduite  à  des  lois  simples  et  géiMÔrales. 
Pendant  long-temps  on  a  dû  sa  contenICT 
de  donner  successivement  des  «oms  k 
tous  les  organes  qui  semblaient  difTéreiis, 
sans  trop  chercher  leurs  rapports  eoire 
eux.  Mais,  dans  cca  derniers  temps,  on  a 
vu  que  des  organes  en  appareoee  très 
disparates  se  liaient  entre  eux  par  de 
nombreux  intermédiaires,  et  se  transfor- 
maient souvent  les  uns  dans  les  antres. 
On  a  été  ainsi  coadait  à  reconnaître  q«e 
tous  ces  oi^anes  se  réduisaient  intrinsè- 
quement à  trois  principaax:  U  rmcime, 
qui  tend  à  descendre  vers  le  centra  de  k 
terre;  la  êige,  qoi  s'élève  avec  plaa  «a 


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(789) 


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moins  d'énei^e;  et  les  feuilles ,  qui  nais- 
sent autour  de  la  tige,  disposées  en  spires 
ou  ep  anneaux.  Les  deux  premiers  for- 
ment Taxe  des  végétaux,  et  les  feuilles 
sont  comme  des  sortes  d*appendices  laté- 
raux. 4-U6si  M.  Turpin  a-t-il  désigné  les 
premiers  sous  le  nom  d'ajciles^  et  les 
ïeui^lles  sous  celui  d*organes  appendicu- 
laites, Ces  feuilles  revêt  ent  des  formes  très 
diverses  et  servent  à  des  usages  très  va- 
riés, selon  la  place  qu'elles  occupent  et  le 
mode  de  leur  développement;  tantôt  elles 
sont  de  simples  organes  nourriciers,  et 
tantôt,  graduellement  mais  prodigieuse- 
ment modifiées ,  elles  forment  les  diver- 
ses rangées  d'organes  qui  compoi^ent  la 
fleur  et  le  fruit  des  végétaux.  Cette  grande 
simplification  dans  l'essence  des  organes 
ne  dispense  pas  sans  doute  d'étudier  les 
formes  détaillées  de  chacun  d'eux,  mais 
•lie  donne  une  marche  régulière  à  tous 
les  travaux  et  en  a  beaucoup  étendu  et 
développé  l'ensemble.  Elle  domine  au- 
jourd'hui toute  l'étude  des  plantes  les 
plus  parfaites  par  leur  organisation.  C'est 
encore  de  nos  jours  seulementque  la  struc- 
ture interne  de  la  tige  dans  les  deux  plus 
grandes  classes  des  végétaux  a  été  dé- 
brouillée avec  quelque  précision  par  M. 
Desfontaines  :  ce  savant  a  montré  que  les 
uns  (dicotylédones  ou  exogènes)  crois* 
sent  par  l'addition  de  couches  nouvelles 
situées  sous  l'écorce  et  en  dehors  du 
corps  ligneux,  tandis  que  les  autres  (mo- 
Qocotylédones  ou  endogènes)  paraissent 
dépourvus  d'une  vraie  écorce  et  grossis- 
sent  par  l'addition  de  fibres  nouvelles  au 
centre  du  corps  ligneui^.  Ainsi  presque 
toutes  les  bases  et  surtout  toutes  les  loia 
générales  de  l'organographie  sont  des  con- 
naissances modernes,  et  l'on  comprend 
aans  peine  combien  toutes  les  autres  bran- 
ches de  la  science  ont  dû  se  former  avec 
dilQculté  et  hésitation ,  tant  que  les  élé^ 
mens  eux  mêmes  n'étaient  guère  connua 
que  d'une  manière  empirique  et  irra- 
tionnelle. 

II.  La  physiologie'^  es(  U  acieoce  qui 
dans  les  deux  règnes  organiques  ^shtrcbe 
à  démêler  les  lois  et  les  phénomènes  de  la 
vie.  Ceux-ci  sont,  dans  le  règne  végétal, 
à  quelques  égards  moins  frappans  que 

(*)  Vo]re«  Pfytiohfiê  véfMê,  3  vol  ia-S^i 


dans  les  animaux,  principalement  en  ce 
que  le  mouvement  locomotif  n'y  existe 
pas;  mais  ils  sont  cependant  dignes  de 
toute  l'attention  des  amis  de  la  nature  et 
ont  6xé  les  regards  de  Théophraste  dès 
les  premières  époques  de  la  scien^^e.  Ce 
n'a  nu  être  cependant  que  bien  des  siècles 
après  lui  qu'on  a  pu  mettre  quelque  pré- 
cision dans  cette  étude.  Elle  se  compose 
de  deux  branches  principales,  savoir  :  la 
nutrition  et  la  reproduction  des  végé- 
taux, ou,  si  l'on  veut,  la  vie  de  l'individu 
et  la  vie  de  l'espèce.  Il  semble  que  ces 
deux  classes  d'idées  se  suivent  si  natu- 
rellement dans  l'ordre  que  je  viens  d'in- 
diquer que  c'est  aussi  dans  cet  ordre 
qu'on  a  dû  les  étudier;  mais  la  marche 
historique  des  sciences  ne  suit  j>as  tou- 
jours une  logique  rigoureuse,  et  ici  en- 
core les  premiers  efforts  dignes  de  louan- 
ges ont  été  dirigés  vers  les  moyens  de  la 
reproduction  des  végétaux  et  la  décou- 
verte de  leurs  sexes.  Ceux-ci ,  entrevus 
par  les  anciens  dans  les  plantes  où  ils 
sont  séparés  sur  deux  individus,  comme 
dans  les  animaux,  n'ont  été  reconnus 
dans  presque  tous  les  végétaux  que  dans  le 
commencement  du  siècle  dernier,  par  les 
observations  successives  de  Zaiuzianski, 
de  Camerarius,  de  Burckhart,  de  Vaillant, 
et  plus  tard  de  Linné.  La  singularité  de 
ce  rapprochement  entre  les  deux  règnes  a 
vivement  piqué  la  curiosité  des  savans  e( 
du  public,  et  parait  avoir  beaucoup  con- 
tribué à  porter  les  recliercheii  des  pre-^ 
miers  sur  la  manière  dont  les  végétaux 
pourvoient  à  leur  nourriture.  Ici  encore, 
bien  loin  d'étudier  d*abord  les  phénomè- 
nes élémentaires ,  on  a  commencé  par  lea 
plus  compliqué^.  Im  Statique  des  végétauE 
de  Haies  {f^egftai?!e  statiÀ.f,  Londres, 
1727)»  ouvrage  qui  montre  au  plus 
haut  degré  le  génie  des  expériences  phy^ 
siologiquea,  est  cependant  aussi  un 
exemple  remarquable  de  cette  marche 
bizarre  de  la  sciçpce.  Haies  élui'kç  Aveu 
sagacité  des  faits  extraordinaires  et  pa^ 
ralt  peu  s'inquiéter  de  la  marche  haU** 
tuelie  des  suça  nourruiçrs.  Ce  n'est  en- 
core que  presque  de  nos  jours  qu'on  s'est 
assuré  que  l'eau  du  sol  pénètre  dans  les 
plantes  par  l'extrémité  des  racines,  s'élè- 
ve, dans  le  corps  ligneux  seulement,  pro- 
bablement par  les  petits  interstices  situéa 


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entre  le«  cdloles  et  par  l'eflet  des  con- 
tractionf  viules  de  cellcs-eî;  qu'arr.vée 
dans  les  parties  foliacées,  elle  est  exha- 
lée en  grande  quantité»  et  que  de  plus, 
par  Tef  fet  des  rayons  directs  du  soleil , 
l'acide  carbonique  qu'elle  renferme  ou 
qu'elle  tire  de  l'air  se  décompose  et  pro- 
duit le  dégagement  du  gaz  oxigène  qui  pu- 
rifie sans  cesse  l'atmosphère,  et  le  carbone 
dont  la  fixation  accroît  le  poids  solide  des 
végétaux.  Ce  poids  est  encore  accru  par  le 
dépùt  dei  molécules  terreuses  qui  étaient 
contenues  dans  l'eau  pompée  du  sol^et  par- 
ce qu'une  partie  de  cette  eau  elle-même 
se  fixe  dans  le  végétal.  Le  suc  formé  dans 
les  feuilles  par  ces  diverses  modifications 
redescend  surtout  dans  les  parties  corti- 
cales; il  est  pompé  çà  et  Ik  par  les  vési- 
cules qui  s'en  nourrissent  ou  le  réser- 
vent en  dé|)ôt  pour  le  développement  des 
organes  futurs,  ou  en  fabriquent  des  sucs 
spéciaux  analogues  aux  sécrétions  anima- 
les. On  voit  que  cette  coordination  si  sim- 
li\e  repose  tout  entière  sur  l'action  indivi- 
duelle des  cellules  et  qu'elle  ne  pouvait  par 
conséquent  être  conçue  que  depuis  que 
leur  structure  est  connuc.Les  progrès  de 
la  chimie  ont  aussi  beaucoup  et  heureu- 
sement influé  sur  la  physiologie  :  c'est  à 
eux  qu'elle  doit  tout  ce  qui  tient  aux 
combinaisons  des  matières  d'où  résultent 
la  nutrition,  la  coloration  et  la  compo- 
sition des  végétaux  ;  mais  la  physiologie 
seule  s'est  chargée  d'examiner  par  quelles 
forces,  par  quelles  routes  et  par  quels 
moyens  ces  combinaisons  s'exécutent. 

Indépendamment  de  ces  phénomènes 
d'un  ordre  très  général,  la  physiologie 
végétale  s'est  occupée  avec  succès  d'une 
foule  de  phénomènes  d'un  ordre  un  peu 
secondaire,  mais  qui  n'en  forment  pas 
moins  l'une  des  parties  les  plus  piquan- 
tes de  la  science,  savoir  :  des  mouvemens 
variés  que  les  feuilles  et  les  fleurs  exé- 
cutent dans  des  circonstances  détermi- 
nées; des  précautions  vraiment  merveil- 
leuses dans  lesquelles  la  nature  semble 
s'être  complue  pour  assurer  la  féconda- 
tion ,  la  dissémination  et  la  germination 
des  graines;  des  principes  et  des  procé- 
dés divers  par  leH(|nels  s'exécute  la  greffe 
naturelle  ou  artificielle  des  végétaux;  la 
direction,  si  variée  dans  le  règne  et  si  ûxe 


les  divers  organes  des  plantes  ;  des  phé- 
nomènes curieux  de  b  température  %é- 
gétale,  et  surtout  de  ceux  qui  se  ratta- 
chent à  la  durée  des  végétaux  qui  nous  la 
montrent  comme  indéfinie  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  et  nous  autorisent  à 
croire  qu*il  existe  anjonrd*hui  des  arbres 
peut-être  contemporains  des  dernières 
révolutions  du  globe. 

Mais  la  physiologie  ne  se  borne  pas  à 
ces  questions  théoriques  :  elle  éclaired*na 
jour  très  nouveau  toute  Tétude  de  la  vé- 
gétation et  de  la  culture.  L'appréciatîoo 
de  l'influence  que  les  élémens  extérieurs 
ou  les  milieux  ambians  exercent  sur  les 
êtres  organisés  est  une  branche  de  cette 
science  qui  a  reçu  le  nom  ^èpirréolo- 
gie.  Considérée  dans  ce  qui  est  relatif 
au  règne  véi;étal,  elle  trouve  dans  l'ap- 
préciation de  l'action  de  la  lumière,  de 
la  chaleur,  de  l'air,  de  l'eau  et  du  sol, 
toutes  les  bases  théoriques  de  la  bonne 
agriculture,  tous  les  principes  qui  peo- 
vent  servir  à  juger  le  mérite  réel  des  di- 
verses méthodes  de  culture ,  rej^plicaiioa 
et  l'histoire  de  la  plupart  des  maladies 
des  plantes  et  de  l'action  réciproque  que 
les  végétaux  exercent  les  uns  sur  les  an- 
tres. C'est  en  particulier  ce  genre  d'exa- 
men qui  a  révélé  depuis  peu  la  théorie 
des  assolemens,  et  qui  a  conduit  à  penser 
que  si  des  plantes  de  la  même  espèce  ne 
peuvent  pas  se  succéder  dans  le  mêo>e 
sol ,  cela  tient  à  ce  que  ce  sol  est  vicié 
pour  elle  par  les  excrétions  d'individus 
semblables  à  ces  plantes,  et  qu'aucune 
espèce  vivante  ne  peut  se  nourrir  des  ma- 
tières excrémentielles  rejelées  par  des  in- 
diviilus  de  la  même  espèce  qu'elle. 

m.  Ces  considérations,  quelque  nom- 
breuses et  variées  qu'elles  puissent  être 
sont  loin  d'épuiser  celles  qu'on  peut  dé- 
duire de  l'étude  des  organei  des  végétaux. 
Jusqu'ici  on  aurait  pu  ,  pour  ainsi  dire, 
déduire  tout  ce  dont  nous  avons  narlé 
de  Tétnde  d'une  seule  plante;  mais  il  s'a- 
git maintenant  de  com|Mirer  entre  ePes  , 
pour  les  classer  et  pour  les  distinguer  , 
les  70,000  espèces  de  végétaux  qui  ont 
déjà  été  observés  sur  la  surface  du 
globe  et  qui  probablement  forment  une 
portion  de  la  végétation  réelle  qui  n*eo 
dépasse  pas  beaucoup  la  moitié.  La  bran- 


dans  chaque  cas  particulier,  qu'affectent  |  che  de  la  botanique  qui  s'occupe  de  cett^ 

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(741) 


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comparaison  est  celle  s\u\  prend  le  nom 
de  inëlhodoLogie  végétale *. 

La  nécessité  de  savoir  les  noms  des 
plantes,  pour  être  en  rapport  avec  les  au- 
tres hommes,a  fait  croire  long-lcmps  que 
le  but  essentiel  et  direct  de  la  itcience 
était  de  faire  connaître  ces  noms,et  cette 
opinion  peut  avoir  encore  quelque  vérité 
quand  on  considère  la  science  sous  des 
rapports  purement  pratiques.  C'est  ce  dé- 
sir de  trouver  les  noms  qui  a  donné  nais- 
sance aux  mél  hodes  dites  rrtificiellesy  les* 
quelles  conduisent  à  la  nomencla  tu re  com- 
me des  sort  esde  dictionnaires.  I>a  méthode 
de  Tournetort,  le  système  de  Linné  et  la 
métbodeanalytiquedeLamarck(vo/.tous 
ces  noms)  ont  joui  sous  ce  rapport  d'une 
juste  réputation.  Mais  à  mesure  que  la 
science  s'est  étendue,  que  les  organes  des 
plantes  ont  été  connus  d'une  manière 
plus  intime  et  plus  comparative,  on  a  as- 
piré à  un  ordre  plus  logique  et  on  s'est 
voué  aux  méthodes  dites  naturelles.  Dans 
ces  méthodes  les  êtres  sont  rangés  d'après 
la  masse  de  leurs  rapports  les  plus  inti- 
mes ,  de  telle  sorte  que  la  place  attribuée 
à  chacun  d*eux  est  le  résultat ,  et  par  con- 
séquent rindice,de  Uiute  son  organisation, 
et  que  la  nomenclature,  au  lieu  d'être  le 
but  direct,  estU  conséquence  de  la  métho- 
de. C'est  à  Bernard  de  Jussieu  {voy.)  que 
toutes  les  sciences  naturelles  ont  dà  cette 
importante  révolution  qui  a  été  la  cause 
essentielle  des  immenses  développemens 
qu'elles  ont  acquis  de  nos  jours. 

Les  méthodes  naturelles  reposent  tou- 
tes sur  ce  principe  que  les  caractères  qui 
distinguent  les  êtres  entre  eux  ne  sont 
pas  d^égale  valeur  et  qu'il  faut  toujours 
subordonner  les  plus  légers  aux  plus  im- 
portans.  Or,  l'importance  d'un  caractère 
se^  compose  de  l'importance  de  l'organe 
pour  la  vie  de  l'être  et  d^  celle  du  point 
de  vue  sous  lequel  on  le  conaidère.  Plus 
ce  point  de  vue  sera  intimement  lié  avec 
la  symétrie  générale  des  êtres  et  de  cha* 
cune  de  leurs  classes,  plus  il  aura  d'im- 
portance réelle.  Pour  éviter  les  erreurs 
faciles  en  ce  genre  de  recherches,  on 
part  de  Tidée  que  dans  chaqne  classe  il 
y  a  une  symétrie  normAle,  mi^is  q^Cj^ette 

(•)  Voy»  un  «iprrcu  siifcini't  -  des  \ri{s  théo- 
riqut;*  de  cette  étude  uaoâ  UTAcoriV  éltmMn'mirm 
de  la  Botami^uê^  l  vol.  îihS*;  Parit,  1819. 


symétrie  peut  être  dérangée  ou  manquéa 
par  trois  causes,  savoir:  les  avorlemens 
ou  non  développemens  de  certains  or* 
ganes,  les  adhérences  ou  soudures  qu'ils 
peuvent  contracter  entre  eux,  et  les  dégé- 
nérescences ou  changemens  d'aspect  que 
des  causes  spéciales  peuvent  leur  faire 
subir.  Ce  triple  genre  d'aberrations  se  lie 
soit  à  l'organographie,  soit  à  la  physio- 
logie, et  offre,  outre  son  utilité  dans  les 
méthodes,'  cet  immense  intérêt  qu'on  y 
trouve  la  solution  d'un  grand  nombre  de 
faits  qui,  flétris  sous  le  nom  commun  de 
monstruosité,  semblaient  échapper  à  tou- 
tes les  lois  de  la  nature  et  y  rentrent  au- 
jourd'hui avec  une  merveilleuse  clarté. 
Lorsqu'une  fois  on  est  arrivé  à  recon- 
naître les  lois  de  la  symétrie  et  par  con- 
séquent de  la  classification  dans  un  sys- 
tème général  d'organes,  celui  de  la  re- 
production, par  exemple,  on  en  conclut 
un  certain  ordre  dans  les  plantes  ;  puis 
on  répète  le  même  travail  sur  un  autre 
système,  celui  de  la  nutrition.  Si  par  ces 
deux  routes  on  arHve  à  un  ordre  iden- 
tique, on  en  conclut  que  cet  ordre  est 
celui  que  nous  pouvons  considérer  com- 
me avoué  par  la  nature ,  et  c'est  ce  que 
nous  nommons  l'ordre  naturel.  Il  y  a  des 
parties  de  la  science  sur  lesquelles  nous 
l'avons  atteint  et  d'autres  où  nous  le  cher- 
chons encore.  Dans  les  deux  règnes  00 
donne  le  nom  de  grandes  classes  ou  d'em- 
brancbemens  aux  divisions  primaires  qui 
sont  au  nombre  de  quatre  dans  chacun 
d'eux;  pour  le  règne  végétal  on  peut 
les  indiquer  comme  suit  : 


jt.  D*»prèt  len  organes 
de  )a  reproduction  : 

1.  Phanérogames. 

r.  DîfX>tyIédones.  ou 

II.  Mooocotjledones.  'ou 

2.  Cryptogames. 

ITf.  jEthéogames.        on 
IV.  Amphigamet.        0» 


B,  0*après  ceux  de  la 
nutrition  : 
f .  Vascnlalres. 
Exogènes. 
Endogènes. 

2.  Cenulenz. 
Semi-rasculairot. 
Cellulaires. 


Chacun  de  ces  embranchemens  peut 
se  sous-diviser  en  classes  secondaires ,  et 
celles-ci  en  familles.  Les  classes  secon- 
daires sont  encolle  mal  connues  dans  le 
règne  végétal ,  malgré  des  efforta  récens 
et  heureux  dus  à  M.  Barlling.  Les  fa- 
milles au  contraire  y  sont  en  général  éta- 
blies avec  une  grande  régularité.  L«8  f«- 


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{ni) 


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nttles  sé  fl6(B-diTTsetit  elles-^ttdtties  tu 

genres,  et  les  genres  contiennent  txn  nom- 
bre variable  d'espèces.  Ah  moyen  de  cet 
écbafaadàge  de  divisions,  Tarraée  végétale 
se  trouve  rangée,  malgré  son  nombre, 
dans  un  ordre  essentiellement  toglque. 
Tons  les  botanistes  s'occupent  à  le  per- 
fectionner, et  la  réunion  de  leurs  travaux 
se  ti*ouve  de  temps  en  temps  fixée  mo- 
mentanément par  des  ouvrages  généra«x 
6Ù  Ton  enregistre  toutes  les  t>lantes  con- 
nne,<.  Gaspard  Bauhin  (voj.).  Tourne- 
fort,  Linné  ont,  chacun  dans  son  temps, 
présenté  le  tableau  général  des  végétaux 
connus.  Tal  tenlé  pour  notre  époque  de 
faire  celte  énùmération,  d*après  lés  prtn* 
cîpes  généraux  que  je  viens  d'exposer, 
dans  louvrage  intitulé  :  Prodromus  sys- 
tematis  regni  ve^etabills* 

La  nomenclature  est,  âvons-nous  dit, 
une  conséquence  de  cet  ordre  général. 
Cest  à  Linné  qu'on  doit  la  simplicité 
qu*etle  a  atteiht  II  à  appliqué  à  fhistolre 
naturelle  le  principe  de  la  nomenclature 
civile  des  hommes.  De  même  que  chacun 
de  bons  porte  un  nom  de  famille  et  un 
prénom,  de  même  chaque  plante  porte 
un  nom  de  genre  substantif  (rosier,  trè- 
fle, chérte ,  etc.),  et  un  nditt  (Pespftcé  qui 
est  ordinairement  une  épithèté  adjectîve 
(blanc,  sauvage,  vert).  A  la  suite  du  norti 
on  ajoute  une  phrase  qu*on  nomme  spé- 
cifique et  qui  contient,  en  aussi  peu  de 
mots  qu*il  e^  possible,  les  caractères  qui 
distinguent  chaque  espèce  de  toutes  celles 
du  même  genre  et  forment,  peur  ain!ti 
dire,son  signalement,  de  manîèreà  n*avoir 
recours  à  sa  description  complète  que 
dans  certains  cas  de  recherches  plu»  ap- 
profofidies.  Au  moyen  du  mécanisme  d'or- 
dre dont  je  vient  de  (racer  les  traits  prin* 
cipaux ,  l'ensemble,  du  règne  vég^al  se 
présente  nux  yeux  des  botanisjL^  afec 
uno  netteté  remarqi^able,  et  ils  sont  par^ 
venus  à  créer,  sur  tous  les  points  du  moo^ 
de  à  la  fois,  une  langue  commune  à  toui 
hes  peti])les.  Pour  atteindre  i  ce  réèultat 
ils  ont  conservé  l'usage  du  latin,  trop  aban- 
donné peut-être  dans  d*autres  sciences. 

IV.  I!  ne  suffit  pas  d'éttidier  les  plan- 
tes en  elles-mêmes ,  il  faut  encore  exa- 

n  a  es  «  parQ  4  Tolomes  î»^«;  Paris,  f  Sa4 
à  x83o,  chesTreattel  et  Wâits.  Le  5«  parmttra 
•dtopea. 


miner  leurs  tapports  avec  les  eorpt  qui 
les  entourent  et  desquels  elles  tirent  leur 
nonrirîture.La  branche  de  la  science  qu'on 
Tiomm^géosfaphœ  botanique**^  ou  phts 
exactement  peut-être  botanique  géof^ra^ 
phique,  a  pour  but  spécial  d'étudier  les 
lois  de  la  distriboiion  naturelle  des  plan- 
tes sur  la  surface  du  globe.  La  base  de 
cette  étude,  bien  entrevue  par  Linné,  tc^ 
pose  entièrement  sur  la  distinction  des 
stations  et  des  habitations  des  plantes. 
Par  le  premier  de  ces  termes  on  désigne 
la  nature  particulière  des  localités  où  If-s 
végétaux  ont  coutume  de  croître  :  c'est 
ainsi  qu'on  dit  que  les  ans  se  plaisent 
dans  les  marais,  d'autres  dans  les  lient 
sablonneux ,  »ur  les  rochers ,  dans  tes  Ib* 
rets ,  etc.  Par  la  seconde  dénomination 
on  indique  le  pays  où  la  plante  croit, 
considéré  sous  le  rapport  géographique. 
Ainsi  lorsqu'on  dit  du  tulipier  qu'il  croH 
dr.ns  les  marais  de  la  Virginie,  on  indi^ 
que  sa  station  et  son  habitation. 

Les  stations  tieunent  évidemment  à  la 
combinaison  des  besohis  des  végétaux  dé- 
terminés par  leur  organisation  et  de  Ho- 
fluence  actuelle  des  élémens  qui  les  en- 
tourent Toutes  les  plantes  produisent  un 
grand  nombre  de  graines  :  cetles-ci  sont 
disséminées  tut  le  sol  de  manière  à  ce 
qu'elles  tombent  dans  des  localités  ou  fa- 
vorables ou  contraires  an  dévHoppemeiit 
de  l'espèce.  Celles  qui  tombent  dans  des 
lîeux  favorables  poussent  avec  facilhé  et 
s'emparent  da  terrain  ;  celles  qni  tombent 
dans  des  fieut  délkvorables ,  soit  par  la 
natore  du  sol ,  Solt  partie  que  le  tefrain 
èsi  déjà  occupé  par  d*autr«s  planter  n>- 
imstes,  celles-là,  dis -je,  se  développent 
mal  ou  mêhie  point  do  tom ,  et  ne  s'éta* 
blissent  point  dans  celte  bcallié.  Il  y  a 
ainsi  lutte  continttelle  entre  les  plantes 
pmit  s'enrparer  di»  terrains  vacms,  et 
c'est  Cette  hirte,  favorisée  par  le  nombre 
immense  dés  graines,qtt1  détermine  la  va^ 
riété  de  la  station  des  végétaux.  Qnand  le 
terrain  est  trop  manvais  ponrqne  la  plu- 
part d'entre  eux  puissent  y  vivre,  alors  la 
petii  nombre  de  cent  qui  peuvent  le 
supporter  s'y  étabKssenr  sans  rivaux  ;  c^est 
ce  qni  explique  Ces  grands  espaces  con^ 

(**)  IV/pi  VarticU  GUgrmpkië  ieteiff  m  eu 
BieHamiûirê  dét  Scmii9ês  nstiû^fftt,  t.  tS,  pa^. 
359  et  Mdt. 


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(743) 


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verts  oti  de  brayère,  on  «le  rmeaax,  qu'on 
observe  dans  certaines  localités.  On  don- 
ne le  nom  de  plahtes  sociales  aux  plan- 
tes qui  vivent  ainsi  réunies ,  et  on  nom- 
me sporadiques  celles  qui  ont  Thabi- 
tude  de  vivre  isolées.  Les  stations  for- 
ment donc  un  phénomène  doutiez  détails 
sodt  compliqués,  mats  qui  se  réduisent  à 
des  conséquences  des  faits  d'organogra- 
phle  ou  de  physiologie  appréciables  di- 
rectement et  soumis  aux  lois  de  la  nature 
actuelle.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  ha- 
bitations ;  il  sei*ait  sans  doute  facile  de 
trouver  aux  États-Unis  et  en  Europe, 
dans  llnde  et  dans  l'Amérique  équi- 
noxiale^  des  points  semblablemeht  dotés 
relativement  à  toutes  lei  circonstances  qui 
influent  suf  là  vie  végétale,  c'est-à-dire 
situés  i  la  même  hauteur,  à  la  même  tem- 
pérature, à  la  même  humidité,  etc.;  or, 
il  est  de  fait  que  ces  deux  localités  pour- 
ront bien  produire  spontanément  des 
plantes  un  peu  analogues,  mais  non  des 
espèces  identi  |ues.  Ainsi  nos  marais  d'Eu- 
rope ont  beau  ressembler  par  la  nature 
physique  à  ceux  de  hi  Virginie,  ils  ne 
produisent  point  de  tulipier;  ce  n'est 
pas  qu'il  y  ait  datis  leni^  nature  rien  qui 
soit  contraire  à  cfet  otttre,  car  si  on  l'y 
plante,  il  y  viebt  comme  dans  son  pays 
natal.  La  cause  qui  l'en  exclut  lient  donc 
à  des  drconstances  indépendantes  dé  lît 
fiature  actuelle  du  globe;  c'est  là  ce  qui 
v'aractérise  les  habitations.  La  surface  de 
la  terre  peut  se  diviser  en  une  trentaine 
de  réglons  botaniques.  Séparées  par  des 
espaces  plus  ou  Utoins  rebelles  à  la  végé- 
tation, fds  que  des  mers,  des  marais  sa- 
hins,  des  déserts  de  sable,  des  montagnes 
très  élevées,  etc.  Chaque  région  a  une  vé- 
gétation qui  lui  est  propre;  si  elle  est 
séparée  de  sa  voisine  par  un  obstacle  très 
continu,  comme  une  vaste  mer,  alors  il 
n'y  a  presque  jamais  de  végétaux  com- 
muas aiix  deux  régions;  si  l'obstacle  qui 
îessépju'e  est  peu  dirimant,  alors  on  trouve 
de»  espèces  qui  passent  graduellement  de 
l'Une  à  l'autre  région.  Ces  passages  ou 
transports  des  graines  s'opèrent  o«  par  les 
mhx  courantes ,  ou  par  lies  vents ,  on  par 
lesàitimaux,  Ou  surtout  par  l'action  cos- 
mopolite de  l'homme*  On  ne  connaît  qu^un 
très  p«tit  nombre  de  pl«otes  qui  babi^ 
teAtdaHs  des  régitms  %fH  diverses  sans  y 


avoir  ainsi  été  transportées  :  telles  sont  Xû, 
primuln  farinosa  des  Alpes  qu'on  trouve 
aux  iles  Malouines,  ou  le  samoluê  d'Eu- 
rope qui  croit  a  la  Nouvelle-Hollande; 
mais  ces  exceptions  sont  si  rares  et  quel- 
ques-unes si  incomplètement  avérées 
qu'elles  atteignent  peu  la  loi  générble. 
On  peut  ainsi  comparer  la  végétation  des 
différentes  régions,  reconnaître  la  distri- 
bution générale  des  classes  et  des  familles 
sur  le  globe  entier,  la  comparer  avee  les 
latitudes,  avec  les  hauteurs  au-dessus  de 
la  mer,  avec  l'isolement  ou  la  continuité 
des  pays,  etc.  Celte  élude  est  encore 
récente  et  ne  pouvait  en  effet  se  déve- 
lopper que  lorsque  les  trois  parties  pié- 
cédenles  auraient  acquis  un  certain  de- 
gré de  perfection  ;  elle  pique  vivement 
la  curiosité,  se  lie  de  près  avec  la  géo- 
graphie physique  et  la  statistique,  et  four- 
nit des  documens  d'une  haute  imiiortance 
à  l'art  des  naturalisations  des  végétaux 
d'un  pays  daUs  l'autre. 

On  a  coutume,  depuis  Linné,  de  citer 
la  station  et  l'habitation  de  chaque  plante, 
à  la  suite  de  la  phrase  spécifique,  dans  les 
ouvrages  généraux  ou  particuliers  qui 
contiennent  les  descriptions  des  espèces. 
C'est  un  lien  précreux  qu'on  établit  ainsi 
en  peu  de  mots  entre  la  méthodologie  et 
la  botanique  géographique. 

V.  Ia  Botanique  oryctofôgique  est, 
ainsi  qne  la  précédente,  ud  lien  entre  l'é- 
tude des  plantes  et  celle  du  globe  ter- 
restre; mais  tandis  qne  la  botanique  géo- 
graphique fait  connaître  la  distribution 
des  plantes  vivantes  sur  la  surface  actuelle 
de  la  terre ,  la  botanique  oryctologique 
recherche  les  débris  plus  ou  moins  bien 
conservés  des  plantes  qui  ont  vécu  sur  le 
sol  avant  les  cataclysmes  qui  en  ont  bou- 
leversé la  siirface.  Cette  étude  n'a  pu 
commencer  à  se  développer  que  lorsque 
les  progrès  de  la  botanique  Ont  fourni  des 
moyens  exacts  de  comparaison  et  que 
ceuîi  de  la  géognosle  ont  fkit  sentir  le  be- 
soin de  èompftrer  entre  eUX  les  restes  de 
tous  les  êtres  vivarts  qu'on  trouve  dans 
dîveHes  cotiches  dfe  Fa  terre.  Les  brillans 
succès  obtenus  de  nos  jourS  dans  l'élude 
des  animaux  fossiles  ont  aussi  encouragé 
l'examen  des  végétaux  anté- diluviens. 
MM.  le  comte  de  Stèrriberg  el  Adolphe 
Brongnîart  se  sotit  adonfiéiavetf  ttn  succès 


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(744) 


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particulier  à  ce  genre  de  recherches  ;  mal- 
gré leur  sagacité  on  n'a  pas  obtenu  et  on 
ne  peut  espérer  de  cette  étude  autant 
qu'on  a  obtenu  de  ceile  des  animaux  fos- 
siles ,  soit  parce  que  les  débris  végétaux 
sont  bien  moins  nombreux  à  cet  état  que 
ceux  des  animaux,  soit  parce  que ,  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas,  au  lieu 
de  trouver  les  restes  entiers  de  leurs  par- 
ties solides ,  on  ne  trouve  que  des  em- 
preintes de  leurs  feuilles,  ce  qui  rend  la 
connaissance  précise  des  espèces  très 
équivoque  et  souvent  impossible.  Mal- 
gré ces  difficultés  inhérentes  au  sujet,  et 
quoique  cette  élude  soit  très  récente,  elle 
adéjàprésentéquelquesrésultalscurieux. 
£lle  donne  une  grande  probabilité  que 
les  plantes  de  l'ancien  monde  étaient  des 
espèces  différentes  de  celles  du  monde 
actuel;  elle  prouve  que  les  monocoly- 
lédunes  et  les  sethéogames  devaient  être, 
à  proportion,  plus  nombreuses  que  dans 
le  monde  actuel.  Elle  fait  connaître  des 
exemples  de  genres,  tels  que  les  Équise- 
tum ,  qui  étaient  alors  arborescens  et 
dont  les  espèces  actuellement  vivantes 
sont  réduites  à  l'état  d'herbes  ;  elle  con- 
court surtout  à  faire  connaître  aux  miné- 
ralogistes l'identité  ou  la  différence  de 
couches  situées  dans  des  régions  diffé> 
rentes.  Mais  cette  étude  rend  plus  de  ser- 
vices à  la  géognosie  qu'elle  n'en  rend  à  la 
botanique  proprement  dite. 

VI.  La  Botanique  hittorique  a  pour 
but,  comme  son  nom  même  l'indique,  de 
rechercher  toutes  1rs  diverses  phases  par 
lesquelles  on  a  passé  pour  atteindre  à  la 
connaissance  des  plantes  telle  que  nous 
l'avons  aujourd'hui.  Trois  classes  d'ou- 
vrages rentrent  dans  cette  catégorie. 

Dans  les  premiers,  qui  composent  l'his- 
toire de  la  science,  on  trace  la  marche 
générale  des  travaux  botaniques  et  l'on 
montre  comment  chaque  découverte  dans 
l'une  de  ses  branches  a  réagi  sur  les  au- 
tres parties*.  Nous  possédons  un  ouvrage 
de  ce  genre  qui,  sans  être  aussi  philoso- 
phique qu'il  pouiTait  l'être ,  fournit  ce- 
pendant un  canevas  assez  exact  de  la 
marche  de  la  botanique  depuis  les  temps 
les  plus  anciens  jusques  à  l'époque  de 

(*)Oo  peol  voir  un  »p«rçu  de  IMiistoire  H^  \a 
boUaique  «q  tun.  Xlll  da  Diciiomnaire  d'Eu" 
tpirê  matm^é,  pag.  478,  art.  Phfiogrmpkiê. 


Linné  ;  je  ireux  parler  de  Vffisiona  tri 

herbafiœ  de  M.  Sprengel  (2  vol.  in-8«  , 
Amstel.,  1807);  mais  il  aurait  besoin  d'ê- 
tre continué  pour  les  teiups  nuMiernes 
qui  ont  bien  plus  que  les  précédens  con- 
tribué à  l'avancement  de  la  science**. 

Une  seconde  classe  d'ouvrages  analo- 
gues aux  précédens,  et  qui  se  confondent 
même  à  quelques  égards  avec  eux ,  est 
celle  àe^  bibliographies  botani()ues.  llal- 
ler  a  publié  un  ouvrage  [Bibtiothrca 
hotanica^  2  vol.  in- 4*  ,  Tigur.,  1771  cl 
1772),  qui,  par  sa  forme,  remplit  le  dou- 
ble but  de  présenter  l'histoire  de  la  science 
et  de  faire  connaître,  sous  le  rapport  bi- 
bliographique, les  divers  ouvrages  qui 
ont  été  publiés  jusqu'à  cette  époque.  Il 
n'a  pas  été  surpassé  dans  le  cadre  qu'il 
s'était  tracé;  mais,depu is,Dr y ander  pu blia 
un  autre  genre  d'ouvrage,  moins  botani- 
que peut-être,  mais  d'une  utilité  plus 
pratique.  11  a  rangé  dans  sa  Bibliotheca 
ùunk'siana  (5  vol.  iu-8%  Londini,  1798- 
1 800  )  tous  les  ouvrages  et  toutes  les 
dissertations,  dans  un  ordre  méthodique 
tel  que,  étant  donné  un  sujet  quelconque, 
on  peut  savoir  assez  facilement  tout  ce 
qui  a  été  imprimé  sur  ce  sujet  jusqu'à  l'é- 
poque de  la  publication  de  son  livre.  Go 
conçoit  combien  un  pareil  répertoire  est 
précieux  pour  faciliter  les  recherches  : 
aussi  a-t-il  été  dès  lors  souyent  imité. 

Enfin  une  dernière  classe  de  travaux 
qui  doivent  figurer  ici,  quoiqu'on  ait 
l'habitude  de  les  voir  réunb  dans  les  ou- 
vrages généraux  au  diagnostic  des  végé- 
taux, est  la  synonymie.  On  désigne  sous 
ce  nom  la  réunion  de  tous  les  noms  di- 
versque  chaque  plante  a  reçusaux  diverses 
époques  de  la  science.  On  place  celte  sé- 
rie (avec  l'indication  exacte  des  ouvrages 
où  chaque  nom  est  établi)  à  la  suite  des 
phrases  spécifiques.  Cette  énumératioQ 
contient  réellement  l'historique  détaillé 
des  travaux  faits  sur  chaque  plante  et 
donne  le  moyen  de  retrouver  à  volonté 
tout  ce  qui  en  a  été  diu  Les  botanistes 
superficiels  font  souvent  peu  de  cas  de 

(**)  Celte  cofitinnarion  existe  en  langne  alle^ 
mande,  m«i«  ellr  s'arrête  à  l'année  1H16  :  G*^ 
tch  ch'p  'i§-  B^ianik.  neue  fêarbé  tumg  bis  mm fd*e 
heuti^e  Znt/orlfr'/ùhrt,  Alteiib  et  L^ipz.,  18 17- 
18,9  vol  auxquels  il  faat  ji»indre  :  Ntu0  Emi~ 
dmekmmgm  im  gmmm^n  Cn/mn^t^rPJUmMmkmndm, 
Leips.,  iSi^a,  3  voL  i»-8<>.  J.  H.  S. 


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ce  fleure  d'éniditioD;  maU  les  véritables 
amis  de  U  science  en  apprécient  loule 
Futilité.  Cest  par  la  synonymie  qu*on 
évite  de  laisser  perdre  une  foule  de  con- 
naissances de  détails  consignés  dans  les 
anciens  ;  c'est  par  elle  qu'on  évite  de  ré- 
péter plusieurs  fois  la  même  espèce  sous 
des  noms  divers  dans  les  tableaux  {géné- 
raux ou  particuliers  du  règne  végétal; 
c'est  par  elle  qu'on  reconnaît  quel  est  Tau- 
teurqui  a  le  premier  décrit  chaque  plante, 
et  par  conséquent  quel  est,enlre  plusieurs 
noms  conformes  aux  règles,  celui  qui 
doit  mériter  la  préférence.  £n  effet,  la 
garantie  de  la  subitité  de  la  nomencla-> 
ture  consiste  dans  ce  principe  aujour- 
d'hui sanctionné  par  le  concours  de  tous 
les  botanistes,  savoir:  que  le  nom  le  plus 
ancien  doit  être  «onservé,  à  moins  qu'il 
ne  pècbe  évidemment  contre  les  lois  de 
la  nomenclature,  ou  qu'il  n'exprime 
une  idée  contradictoire  avec  la  nature  de 
l'objet,  ou  qu'il  n'ait  déjà  été  donné  à  un 
autre  végétal.  Ainsi  l'étude  de  b  syno- 
nymie est  à  la  fois  une  source  de  connais- 
sances utiles  et  la  sanction  de  la  nomen- 
clatute. 

Les  six  branches  de  la  science  que  nous 
venons  de  passer  en  revue  composent  vé- 
riubleroent  l'ensenible  de  toutes  les  con- 
naissances botaniques  considérées  dans 
la  théorie  générale  de  la  science;  mais  il 
nous  reste  à  paroouiir  encore,  sous  un 
point  de  vue  analogue,  les  principales  ap- 
plications de  la  botanique  aux  besoius 
des  hommes. 

Vil.  La  Botanique  agricoie  comprend 
toutes  les  connaissances  de  la  science  bo- 
tanique qui  sont  applicables  à  la  ctilture 
des  végétaux.  Elle  se  compose  de  deux 
catégories  dont  Tune  est  la  conséquence 
de  la  physiologie  et  dont  la  seconde  se  lie, 
toit  à  l'ensemble,  soit  aux  détails  de  la 
méthodologie. 

La  première ,  dont  j'ai  déjà  dit  quel- 
ques mou  dans  le  §  II,  a  pour  objet  spé- 
cial d'étudier  les  méthodes  de  culture  qui 
sont  toutes  fondées  ou  théoriquement  ou 
pratiquement  sur  la  connaissance  de  la 
manière  dont  les  plantes  se  nourrissent 
et  se  reproduisent.  La  pratique  a  sans 
doute,  ici  comme  ailleurs,  précédé  la 
théorie  ;  mais  lorsque  celle-ci  commence 
à  se  perfectiopuer,  elle  réagit  utilement 


sur  les  procédés  empiriques  en  doonani 
le  moyen  de  les  apprécier,  de  les  varier 
el  de  les  généraliser.  Tout  l'art  de  la  cul- 
ture détaillée  des  jardins,  et,  à  un  moindre 
degré,  celui  de  la  grande  agricuhure, 
fournissent  à  chaque  instant  des  preuves 
de  l'utilité  de  cette  liaison  des  connais- 
sances théoriques  et  pratiques.  Les 
écueils  qu'on  doit  signaler  ici  aux  prati- 
ciens sont  :  1<>  de  se  garder  d'une  diouble 
exagération  qui  atteint  facilement  les  uns 
ou  les  autres,  savoir  :  de  croire  tantôt  que 
la  théorie  n'est  bonne  à  rien  ,  tantôt 
qu'elle  est  bonne  à  tout.  C'est  un  instru- 
ment logique  qui  a  ses  bornes  et  qu'il  ne 
faut  ni  mépriser  parce  qu'il  est  des  cas 
où  on  ne  sait  pas  encore  l'appliquer,  ni 
vanter  au-delà  des  t>ames  réelles  de  la 
science;  2*  pour  éviter  ce  double  geure 
d'exagération  il  faut  se  défier  de  la  ma- 
nie de  plusieurs  praticiens  qui  ne  veu- 
lent apprendre  de  chaque  science  que  ce 
qui  leur  semble  immédiatement  applica- 
ble, et  qui  négligent  ainsi  les  bases  réelles 
des  connaissances  et  des  raison neinens. 
C'est  le  moyen  le  plus  certain  de  n'ob- 
tenir que  des  <ilocumens  superficiels,  em- 
piriques et  incertains.  Cette  tendance 
des  praticiens  amateurs  est  journellement 
accrue  par  la  publication  d'une  foule  de 
livres  el  de  journaux  faits  sur  ce  principe, 
et  qui,  je  le  crains,  finiront  par  discré- 
diter la  science  aux  yeux  de  ceux  qui 
pourraient  en  tirer  un  parti  utile  s'ils 
1  avaient  étudiée  d'uce  manière  phis  ra- 
tionnelle. 

La  seconde  branche  de  la  botanique 
agricole  est  la  connaissance  régulière 
des  végétaux  cultivés.  Ici,  il  ne  suffit  pas 
de  connaître  les  espèces  de  plantes  qui 
font  l'objet  des  soins  des  culuvateni*s , 
de  savoir  leurs  noms  botaniques  pour 
être  en  rapport  avec  les  écri!s  publiés  et 
les  cultivateurs  de  divers  pays,  de  con- 
naître leur  place  dans  l'ordre  naturel  qui 
indique  le  plus  souvent  une  partie  no-* 
table  de  leur  histoire  :  quelque  variée  que 
soit  "cette  connaissance  des  espèces,  elltt 
ne  suffit  pas  encore,  carie  cultivateur  a 
presque  au  même  degré  besoin  de  con- 
naître les  variclés  que  ces  plantes  ont  re- 
çues ou  peuvent  recevoir  par  l'action  coin- 
binéederhybridité(i;07'.)et  de  ta  culture, 
Cest  là  une  étud#  immense  qui  n*a  corn- 


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ibeticé  ((Qé  de  notf  joHH  à  être  etâini- 
née  avec  quelque  attention  et  qui  pour- 
rait utilement  occuper  la  vie  de  plusieurs 
observateurs.  MM.  Duchesne  pour  les 
oourges,  Oallasio  pour  les  arbres  du 
genre  des  citronniers,  ont  donné  des  mo- 
dèles de  la  méthode  à  suivre  dans  ces 
recherches.  J*ai  tenté,  dans  mon  mémoire 
sur  les  choux*,  de  montrer  par  quelle  voie 
on  peut  mettre  de  Tordre  dans  la  classi- 
fication et  la  nomenclature  des  variétés  ; 
mais  il  resterait  à  appliquer  ces  principes 
à  cette  foule  sans  cesse  renaissante  de  ra- 
ces etde  variétés  cultivées  dans  les  champs 
et  dans  les  jardins.  Ce  travail  est  d'autant 
plus  nécessaire  que  la  plupart  des  culti- 
vateurs qui  font  un  commerce  de  leurs 
produits  tendent  sans  cesse  à  accroître 
rembarras  de  celte  étude  en  créant  de 
nouveaux  noms  pour  des  objets  déjà  fort 
connus,  en  distinguant  une  foule  de 
l^uances  qui  ne  le  méritent  guère,  et  en 
cachant  trop  souvent  Torigine  réelle  de 
celles  qui  ont  quelque  valeur.  Le  public 
ne  saurait  donc  trop  encourager  les  ou- 
vrages oh ,  au  moyen  de  planches  et  de 
descriptions  soignées,  on  cherche  à 
mettre  quelque  clarté  dans  ce  chaos. 

Une  autre  partie  de  la  botanique,  qui 
pourrait  éclairer  l'agriculture,  mais  qui 
est  aussi  dans  une  grande  confusion^  c'est 
la  concordance  des  noms  populaires  des 
plantes  avec  les  noms  botaniques.  Loi*s- 
qu'on  sait  le  nom  local  d'une  plante,  il  im- 
porte de  connaître  le  nom  botanique,  pour 
pouvoir  se  faire  comprendre  hors  de  son 
canton;  et  lorsqu'on  sait  le  nom  botani- 
que, il  importe  souvent  dans  la  pnitique 
de  satdir  le  nom  populaire  pour  pouvoir 
demander  la  plante  aux  paysans.  Cette 
double  connaissance  a  été  fort  négligée 
et  réclamerait  des  dictionnaires  plus  sol- 
dés qu€  ceux  qui  existent.  Nemnich 
(Poff'^lotten -^  LexUon  der  ffaturge- 
èchichte,  Hairibourg,  1793-95,  4  vol.)  a 
wnfé  de  rendre  ce  service,  pour  l'univer- 
salité des  êtres,  dans  son  dictionnaire  i>o- 
Fj'gîoite;  Targîoni  l*a  exécuté  avec  plus 
de  précision  pour  Fes  plantes  et  les  noms 
populaires  de  l'Italie;  mais  on  est  loin 
encore  d'avoir  exécuté  ce  genre  d'ouvra- 

(")  Transmctkms  de  la  Société  d' Hortfcufturt  de 
tondret  ,  vul.  V  ,  pag.  i.  Anna/es  de  V Agriculture 
ffàn^Ue ,  a«  éérfe ,  vol.  XlX. 


ges  de  matiière  à  les  rendre  térittUe- 
ment  utiles.  Remarquons  qd'il  y  a  Ici  deux 
écueils  à  éviter:  l'un  d'employer  les  noms 
lo^jaux  lorsqu'on  est  sûr  du  nom  boia-» 
nique ,  comme  par  exemple  lorsqu'on  a 
voulu  récemment  introduire  dans  les  pé- 
pinières  le  nom  local  de  télkoua  pour  un 
arbre  parfaitement  cofinu  sons  celui  de 
planera  ;  rauti*e  c'est  d'employer  des 
mots  botaniques  douteux  è  la  place  de 
mots  populaires  certains  :  ainsi  il  vaut 
mieux ,  au  point  oà  est  la  seienre,  dési- 
gner les  variétés  àes  fruits  et  des  légtMies 
par  les  noms  populaires  que  par  les  noms 
scientifiques  qui  sont  encore  tl^p  incer- 
tains. 

Vin.  Sous  le  nom  de  Botanique  m^ 
dicale  ou  phnrtnaceutifjue  on  réunit 
tontes  les  parties  de  l'étude  des  plntHes 
qui  traitent  de  leur  emploi  comme  médi- 
camens.  Celte  branche  de  la  science  est 
celle  peut-être  qui  présente  le  plus  grand 
nombre  d'ouvrages.  Dans  Porigitie  ck  l'é- 
tude des  végétaux,  on  ne  semblait  près* 
que  les  considérer  que  sous  cet  unique 
rapport  :  c'était  pour  guêrh*  les  maux 
qui  affligent  l'humanité  qu'on  obsefvait 
les  plantes;  c'était  ^\ït  ne  pas  se  trom- 
per dans  le  choix  des  simples  qu'on  es- 
sayait de  les  décrire,  de  les  figurer,  de 
les  classer;  c'était  pour  les  Introduire 
dans  les  formules  qu  on  leur  donnuk  dei 
noms  latins  ;  en  un  mot,  c'est  de  la  bota- 
nique médicale  que  toufe  la  sctence  a 
pris  naissance.  Quoique  cette  partie  de 
l'étude  des  plantes  soit  loin  d'être  au^ 
jourd'hui  au  Aeff;té  d'importanee  qu'on 
lui  a  jadis  attribuée,  elle  ne  hisse  pas 
que  d'avoir  on  intérêt  réel,  et  ceki  sons 
deux  rapports. 

Il.importe,en  premier  lieu,  de  recoatml* 
tre  avec  précision  les  espèces  de  plantes 
dont  on  tire  lesmédicamens;  car  il  est  peu 
de  cas  ou  les  en*eurs  de  nomendaturs 
puissent  être  plus  dangereuses  :  aussi 
a-t-on  mis,  dès  l'origine  de  ht  science,  nn 
soin  spécial  à  faire  connaître  les  plantas 
dites  officinales.  Un  grand  nombre  de  II* 
▼res  ont  pour  but  de  les  figaref  et  de  les 
décrire,  et  chaque  année,  pour  ainsi  dire, 
on  recommence  ce  genre  d'entreprise. 
Dans  ces  derniers  temps  on  a  publié  des 
ouvrages  distingués  sous  ces  rapports  : 
tels  sont  en  français  la  Fi»re  médictU9 


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d«  CbatuttefODy  en  allémind  lès  grands 
ouvrages  de  Hiyne(Getreue  Darstellung 
und  Beschreibung  der  in  der  Arznej-- 
kunde  gebmeuchlichcn  Getn^rchse ,  10 
Tol.  in- 4^,  avec  planches  coloriées, 
Berlin,  1806-1825)  et  delVees  d*Esen- 
beck  {Beschreibung  officinelltr  Pftan^ 
zen,  in-4^,  Dasseldorf,  1829);  en  aoghiis 
ceux  de  Woodville  [Médical botany,  3 
vol.  în-4^,  Loodon)  et  de  Bigelow  {Ame- 
rican  médical  botaftf ,  in-4** ,  Boston). 
La  connaissance  des  végétaux  médicaux 
offre,  au  moins  pour  ceux  de  Tétran- 
ger,  des  difficultés  d'une  nature  particu^ 
Itère.  Il  est  souvent  très  difficile  de  dé^ 
ropler  Torigine  réelle  des  produits  mé^ 
dicamentaut  exotiques,  soit  parce  que 
lés  habitans  des  pays  d'où  ils  sont  indi- 
gènes croient  avoir  intérêt  à  cacher  les 
lieux  où  ifs  les  trouteot ,  soit  parce  que 
les  marrhands  cherchent  souvent  à  s'en 
conserver  le  monopole  en  ne  faisant  pas 
connaître  leui*  patrie  et  leur  nature  ori* 
ginellé.  Sous  ces  rapports,  ces  travaux 
spéciaux  méritent  pFus  de  soins  qu'on  ne 
leur  en  avaft  donné  jusqu'à  nos  jours. 
Une  autre  partie  de  la  botanique  mé- 
dicale consiste  à  comparer  entre  eux  les 
végétaux  des  diverses  familles  et  à  en  dé- 
duire les  analogies  intimes.  Je  crois  avoir 
porté  à  un  grand  degré  d'évidence,  dans 
mon  Estai  sur  les  propHé^s  dcf  pian- 
tes  comparées  Aveé  leur  classification 
naturelle {i  v.  l**éd.  1804, 2* éd.  1818), 
qUe  les  parties  similaires  des  plantes  de 
même  famille  ont  des  propriétés  analo- 
gues, et  avoir  montré  que  presque  toutes 
les  exceptions  apparentes  à  cette  loi  tien- 
nent, ou  à  ce  que  Pon  comparait  des  par^ 
tiCs  différentes  dèS  végétaux ,  ou  à  ce  que 
certaines  plantes  étaient  encore  mal  clas^ 
sées  dans  leurs  familles,  ou  à  ce  qu'on 
n'avait  pas  sufàsammeot  étudié  leur  na*- 
tûre  chimique,  ou  réOéchl  sUr  les  traies 
limites  des  propriétés  comparées  entre 
elles.  Depuis  lors  lès  botanistes  et  les  mé^ 
decins  ont  reconnu  la  vérité  de  ce  prin- 
cipe «1  ils  ont  fait  peu  à  peu  rentrer  dans 
la  loi  générale  les  faits  qui  semblaient 
8*èn  écarter.  Il  reste  bien  encore  quelques 
cas  exceptionnels,  maïs  qui  probablement 
cesseront  de  l'êfre  lorsqu'ils  seront  mieux 
étudiés.  Cette  théorie  de  l'analogie  des 
propriétés  âvè«  Us  hsttùs^  est  là  hêm 


d'mie  éttido  importante^  celle  de  l'art  àm 
remplacer  dans  chaque  pays  les  médica* 
mens  exotiques  par  cf  ux  qui  sont  indi* 
gènes.  Celte  substitntion ,  lorsqu'elle  est 
faite  avec  discernement  et  impartialité, 
donne  des  résultats  précieux ,  surtout 
pour  la  médecine  populaire,  et  est  un  des 
points  où  l'application  de  la  botanique  à 
la  pharmacologie  présente  l'utilité  la  plut 
directe. 

IX.  Enfin  nous  réunissons  sous  le 
nom  de  botanique  appliquée  1»  connaia^ 
sance  de  l'emploi  des  végétaux  à  tous  les 
autres  genres  de  besoins«de  l'bomne.  Ce 
terme  comprend  sans  doute  des  objets 
très  hétérogènes,  tels  que  la  botctnique 
alimentaire  qu'on  a  souvent  confondue 
dans  les  ouvrages  consacrés  à  l'étude  des 
médîcamens  et  qui  rentre^  à  beaucoup 
d'égards ,  dans  la  botanique  agricole  ;  la 
botanique  tinctoriale  que  Damboumey 
a  jadis  traitée  exprofesso,  mais  qui  ren- 
tre, sous  bien  des  rapports,  dans  la  chi- 
mie; la  botanique  industrielle  qu'on 
pourrait  elle-même  subdiviser  selon  la 
classe  d'objets  dont  elle  s'occupe.  Ces 
diverses  applications  de  la  connaissane* 
des  végétaux  ont  sans  dout«  de  riotérét 
et  de  l'utilité,  mais  leur  bétérogénéité 
elle-même  a  empêché  qu'on  ne  les  traitAt 
avec  autant  de  soin  que  les  parties  pré- 
cédentes. 

En  traçant  ce  tableau  rapide^  mais  as« 
sez  complet ,  des  parties  dont  la  botani- 
que se  compose,  j'ai  eu  pour  but  de 
montrer  aux  géms  du  monde  combien 
rette  science  est  plus  vaste,  plus  cona- 
pliquée  et  plus  variée  qu'on  ne  le  croit 
généralement.  Cet  art  de  nommer  les 
plantes,  que  tant  de  gens  croient  consti- 
tuer la  botanique,  ne  nous  a  plus  apparu 
que  comme  une  conséquence  de  la  mé- 
thodologie, comme  un  point  particulier 
au  mWlëu  dé  Cette  A>ole  dé  recherches 
dont  se  forme  la  science,  considérée 
dans  son  ensemble.  Cette  nomenclature 
est  le  lien  commun  qui  unit  toutes  les 
branches  de  la  sciencte  entre  elles,  comme 
il  unit  les  naturalistes  de  toutes  les  na- 
tions ;  et  îl  n'y  a  plus  tfwe  <|ue4ques  es*- 
prits  irréftéchh  qui  dierchenC  à  tourner 
en  ridicule  le  soin  qu'on  app«Nrte  à  y 
mettre  de  la  précision.  On  a  pu  voir  que 
l'étude  de  là  botini^iM ,  pat  sa  ^^lété 


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méme^  prête  à  tous  les  genres  de  carac- 
tères, à  tous  les  guûls,  à  toutes  les  posi- 
tions. Tantôt  elle  appelle  ses  adeptes  à 
parcourir  le  globe,  à  gravir  les  monla- 
goes ,  à  scruter  les  mers ,  les  ruisseaux , 
les  forêts ,  pour  y  découvrir  de  oouvelles . 
plantes  ;  tantôt  elle  les  invite  à  se  con- 
centrer dans  les  bornes  étroites  d*un  jar- 
din (vnjr.  Tart.  suivant)  pour  y  réunir 
les  végétaux  des  divers  pays,  étudier 
leurs  formes,  leurs  mceurs,  leur  repro- 
duction; tantôt  enfin,  plus  casanière  en- 
core, elle  les  attache  au  milieu  d*un 
herbier  où  sont  réunis  les  végétaux 
les  plus  disparates,  et  où  Finconvénieni 
de  les  voir  ^ans  uu  état  de  dessiccation 
est  amplement  compensé  par  Tavantage 
d*une  comparaison  uniforme  et  perma- 
nente. A  ceux  qui  aiment  les  expériences 
elle  offre  une  foule  de  problèmes  piquans 
où  les  ressources  de  la  physique  et  de  la 
chimie,  mises  en  action  avec  sagacité, 
promettent  d*heureux  résultats;  à  ceux 
qui  préfèrent  l'observation  elle  présente 
une  foule  inouïe  de  végétaux  mal  connus 
qu  il  faut  étudier  de  nouveau ,  d'orga- 
nes non  encore  analysés  qu*il  faut  sou- 
mettre k  cet  instrument  magique  du  mi- 
croscope, qui,  lorsqu'il  est  employé 
avec  adresse ,  découvre  les  mystères  les 
plus  cachés  de  leur  structure  ;  à  ceux 
enfin  qui  préfèrent  aux  recherches  théo- 
riques les  applications  directement 
utiles,  elle  propose  et  l'introduction  de 
végétaux  nouveaux  et  la  dérouverte  de 
propriétés  peu  oonnues,et  la  popularisa- 
tion d'une  foule  de  connaissances  utiles. 
£t  si  j'énumérais  encore  et  l'érudit  qui 
au  moyen  de  la  botanique  démêle  le 
vrai  sens  des  écrits  des  anciens  ;  et  le 
dessinateur  qui  s'aide  des  connaissances 
précises  de  l'organograpbie  pour  repré' 
senter  les  fleurs  avec  fidélité  ;  et  l'ami  de 
son  pays  natal  qui  se  plaît  à  en  étudier, 
à  en  classer  toutes  les  produclious  ;  et  le 
f^éiiie  accoutumé  aux  plus  hautes  con- 
ceptions ,  qui  trouve  un  vaste  sujet  d'é- 
tude et  d«  reflexions  dans  les  rapports 
des  végéuux, entre  eux  et. avec  le  glol>e 
qui  1«^  porte,  on  comprendrait  le  change 
puissant  de  cette  élude  qui  se  prêle  à 
toutes  les  intelligences,  qui  commence  à 
plaire  dès  qu'on  se  mêle  d'observer  les 
jajts  les  plus  communs  et  qui  présente 


toujours  de  nouveaux  attraits  à  mesure 
qu*on  y  pénètre  plus  avant;  qui  occupe 
fortetiient  l'esprit ,  tout  eu  le  détachant 
pour  le  moment  des  querelles  des  hom- 
mes et  des  injustices  des  partis;  qui,  en 
un  mot ,  a  su  captiver  les  caractères  les 
plusdi^arateseta  réuni  sous  sa  bannière 
J.-J.  Rousseau  et  Linné.  Cétait  à  juste 
titre  que  ce  dernier  appelait  la  botanique 
amahUL^  srientia'y  elle  n'a  pas  cessé  d'a- 
voir ce  caractère  en  devenant,  de  nos 
jours,  une  étude  immense  par  la  variété 
des  sujetH  qu'elle  observe  et  la  profondeur 
des  combinaisons  qu'elle  réclame,  yof, 

HRaaiRA  ,    HE&BUai8A.TlON  ,    PLAirrESy 

VÉGÉTAUX,  etc.  D.  C-LK. 

BOTANIQUES  (jàEDiHs).  Il  ne 
faut  pas  confondre  les  jardins  d'orne* 
ment  avec  ceux  proprement  appelés  60- 
Uiniques.  Les  premiers  ont  été  créés  pour 
rendre  le  séjtmr  des  villes  moins  mono- 
tones et  pour  rapprocher  les  jouissances 
de  la  campagne  des  personnes  que  leurs 
travaux  sédentaires  retiennent  dans  ces 
enceintes,  théâtre  des  grandes  passions. 
On  s'y  esc  occupé  de  la  culture  des 
plantes  d'agrément ,  qui  demandent 
plus  de  soins  que  nos  plantes  rustiques, 
et  si  l'on  y  a  pris  plaisir  à  marier  en- 
semble la  modeste  violette,  le  muguet 
aux  grelots  odorans,  la  marguerite  élé- 
gante. Torchis  si  bizarre  dans  les  formes 
de  sa  fleur,  la  tulipe  et  l'anémone  si  va- 
riées, l'aubépine  virginale  et  le  chèvre- 
feuille au  parfum  si  suave,  la  place  de 
choix  a,  chez  les  anciens  comme  chez 
les  modernes,  toujours  été  réservée  pour 
la  plante  la  plus  belle  ou  très  rare,  sim- 
plement curieuse  ou  utile. 

[Quantaux  jardins  botaniques,  ce  sont 
des  établissemens  dans  lesquelson  rassem- 
ble des  plant  es  desdiverses  parties  du  mon- 
de, dans  le  but  de  servir  à  l'enseignement 
ou  aux  progrès  de  la  science ,  ou  seule- 
ment comme  objet  de  fantaisie  et  de  luxe. 
Le  but  sdentifique  de  ces  jardins,  en  éle- 
vant le  plus  grand  nombre  possible  des 
plantes  des  familles  les  plus  différenles, 
est  de  les  rapprocher  d'après  les  analo- 
gies qui  existent  nécessairement  entre 
elles.  En  effet,  Tinstruction  serait  tou- 
jours très  bornée  Si  l'on  ne  pouvait  faire 
des  études  oomparalives,et,par  ce  moyen, 
prendre  une  idée  du  règne  végétal  oonù- 


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BOt  (  1 

déré  dans  son  ensemble.  Le  directeur 
d'un  pareil  jardin  doit  avoir  une  corres- 
pondance active  et  faire  des  échanges 
avec  les  principaux  jardiniers  de  TKu- 
rope  et  surtout  avec  les  botaniâtes  étran- 
gers; ou,  ce  qui  est  encore  plus  avanta- 
geux, le  gouvernement  doit  entretenir 
des  voyageurs  qui ,  parcourant  les  pays 
lointains,  vont  y  recueillir  des  plantes 
inconnues  ou  rares.  La  connaissance  du 
climat  et  de  la  nature  du  sol  du  pays  d*où 
viennent  des  plantes  et  des  graines  lui  est 
également  nécessaire;  il  doit  savoir  aussi 
quels  végétaux  croissent  dans  l'eaUjdans  les 
marais,  dans  les  prairies,  sur  les  rochers, 
ou  sur  d'autres  plantes  ;  et,  d'après  ces 
données,  il  en  dirigera  la  culture  et  l'édu- 
cation. Dans  un  jardin  botanique  il  faut 
avoir  des  bâtimens  propres  à  donner  aux 
plantes  le  degré  de  température  qui  leur 
est  nécessaire.  Dans  nos  climats  on  a  be- 
soin principalement  de  serres  chaudes 
dans  lesquelles  on  entretient  constam- 
ment en  hiver  15  à  16"  R.,  au  moyen  de 
conduits  qui  répandent  la  chaleur  d'une 
manière  uniforme.  Afin  que  les  lacines 
même  des  plantes  puissent  profiter  de 
cette  chaleur,  on  place  les  pots  qui  les 
contiennent  dans  de  grandes  caisses  lar- 
ges et  profondes,  remplies  de  tan  en- 
tassé, et  arrosé  d'eau  de  manière  à  y  en- 
tretenir une  fermentation  lente  qui  peut 
conserver  le  calorique  produit  pendant 
cinq  ou  six  mois.  On  peut  employer  des 
tuyaux  remplis  de  vapeur  d'eau  et  circu- 
lant dans  la  terre  des  caisses.  Pour  pro- 
curer aux  plantes  l'influence  salutaire  de 
la  lumière  et  de  la  chaleur  solaire,  on 
laisse  au  midi  une  fenêtre  oblique  ou- 
vrant ordinairement  sous  un  angle  de 
50°;  il  est  complètement  superflu  d'en 
pratiquer  dans  d'autres  directions.  Com- 
me l'air  frais  n'est  pas  moins  nécessaire 
à  la  végétation  que  la  lumière  et  la  cha- 
leur, il  faut  avoir  soin  d'ouvrir  les  fenê- 
tres ou  de  placer  des  ventilateurs  auprès 
des  conduits  calorifères;  d'un  autre  cô- 
té, pour  s'opposer  à  l'introduction  du 
froid,  on  met  de  doubles  croisées,  ou 
bien  on  couvre  les  fenêtres  avec  des  vo- 
lets, des  nattes  de  jonc  ou  des  couvertures 
de  laine.  Outre  les  serres  chaudes,  une 
des  constructions  les  plus  nécessaires 
dans  un  jardin  botanique,  est  une  serre 


49  )  feOt 

dans  laquelle  on  place  dnrant  Phiver  les 
plantes  de  l'Europe  méridionale,  du  Cap, 
de  la  Nouvelle-Hollande  et  de  la  Nouvelle 
Zélande.  Dans  ce  bâtiment  on  entretient 
la  température  au-  dessus  de  zéro  et  ce 
n'est  que  quand  le  thermomètre  descend 
à  8°  R.  qu'on  l'échauffé,  soit  avec  un 
poêle,  soit  au  moyen  de  tuyaux  calori- 
fères. Il  doit  y  avoir  également  une  fenê- 
tre au  sud ,  et  l'abord  de  l'air  frais  doit 
y  être  encore  plus  facile  que  dans  les 
serres  chaudes.  Près  de  là  seront  placées 
les  plantes  qui  croissent  en  plein  air  et 
qui  doivent  être  traitées  sui>'ant  leurs 
habitudes.  Ainsi  il  y  aura  des  bassins  et 
des  marais  artificiels  pour  les  végétaux 
qui  appartiennent  à  ces  localités  ;  les  plan- 
tes alpestres  seront  placées  sur  des  mon- 
ceaux de  pierres  ou  dans  des  pots  qu'on 
exposera  au  nord;  les  autres  plantes  qui 
ne  réclament  pas  un  terrain  spécial  seront 
mises  en  pleine-terre,  dans  un  sol  léger 
et  fertile,  qui  sei*a  fumé  de  teni;  s  en 
temps;  elles  seront  disposées  dans  un  or- 
dre méthodique  suivant  qu'elles  sont  an- 
nuelles, bisannuelles  ou  vivaces.  Quant 
aux  arbres  et  aux  arbrisseaux  ,  on  a  cou- 
tume d'en  faire,  suivant  les  règles  du  des- 
sin des  jardins,  des  bosi|uets  et  des  char- 
milles. Le  classement  par  familles,  autant 
que  le  terrain  le  permet ,  est  de  beau- 
coup préférable  pour  les  plantes  qui  ne 
demandent  aucun  abri.  On  utilise  les 
grands  arbres  en  les  plantant  du  côté  où 
le  jardin  a  le  plus  besoin  d'être  garanti. 
La  culture,  l'arrosage,  la  transplantation, 
la  cueillette  des  fruits  et  des  graines  re- 
gardent le  jardinier  et  ses  aides,  sous  les 
ordres  du  directeur  qui  doit  veiller  sur- 
tout à  la  bonne  disposition  des  plantes. 
Au  moyen  de  ces  précautions  on  peut, 
dans  le  cours  d'une  année,  observer  et 
connaître  parfaitement  plus  de  végétaux 
qu'on  ne  le  pourrait  faire  dans  des  voya- 
ges lointains  et  dispendieux.  A  cela  se 
joint  la  découverte  des  plantes  nouvelles 
que  des  relations  étendues  ne  peuvent 
manquer  d'amener.  Les  recherches  sur 
la  culture  des  plantes ,  en  exerçant  une 
grande  influence  sur  le  commerce  et  l'a- 
griculture, font  des  jardins  botaniques 
des  établissemens  féconds  en  résultats 
avantageux  pour  les  étals  qui  les  ont 
créés.  C.  £.] 


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POT 


(150) 


BOt 


Ch«9  les  »|icieD9,  nous  ne  veyons<ni'up 
seul  jardin  botanique  :  c'est  celui  qui  fut 
éubli  à  Rome  par  ^-Otonius  Castor,  i*un 
des  plu4  sa  vans  hommes  du  premier  siè- 
le  de  rère  vulgaire.  Pline  le  oaturaliste  en 
parle  (xit,  2)  comme  d'une  merveille, 
quoiqu'il  ne  s*y  trouvât  que  des  plantes  à 
Tusiige  de  l'art  pharmaceutique;  les  unes 
y  étaient  cultivées  en  pleine  terre ,  les 
autrea  conservées  sur  couches  recouver- 
tes de  pierres  spéculaires  et  dans  des 
serres  (vqy.  ce  mot).  Pour  les  modernes 
les  véritables  collections  botaniques  ne 
sont  point  antérieures  au  commencement 
du  xiii^  siè^e;  elles  furent  long-temps 
confinées  dans  le  silence  des  cloîtres. 
Dans  le  siècl^  suivant  l'amour  de  la  bo- 
tanique en  fit  établir  chez  de  riches  par- 
ticuliers; elles  avaient  pris  une  telle  exten- 
sion dans  les  premières  années  du  xvi^ 
siècle  que,  en  1560,  Gessner  en  comp- 
tait plus  de  cinquante  en  Italie,  et  que,  en 
Allemagne,  en  Suisse  et  en  France,  il  y 
en  avait  un  certain  nombre  ou  Ton  en- 
seignait publiquement  à  démêler  les  pro- 
priétés vraies  ou  imaginaires  des  plantes. 
Les  démonstrateurs,  sous  le  titre  de 
Simplicàtes,  expliquaient  ces  vertus  d'a- 
près Diosooride  et  les  anciens  médecins; 
le  seul  bien  dont  on  puisse  leur  savoir  gré 
c'est  d'avoir  sollicité  l'attention  de  ceux 
qui  les  écoutaient  sur  toutes  les  plantes 
indistinctement;  tout  en  leur  cherchant 
des  vertus  médicinales,  ils  préparèrent 
la  voie  aux  études  botaniques.  Les  Fla- 
mands furent  les  premiers  à  quitter  les 
routes  pharmaceutiques  pour  s'attacher 
aux  végétaux  les  plus  brillans,  les  plus 
rares.  Ils  recherchaient  les  plantes  exo- 
tiques avec  ardeur;  et. pour  se  les  pro- 
curer et  pour  les  conserver,  malgré  la 
rigueur  des  hivers  propres  à  la  zone 
qu'ils  habitent,  ils  n'épargnèrent  ni  soins, 
ni  dépenses,  ni  voyages  lointains,  ni  re- 
clienjies  de  tout  genre.  I^eur  exemple 
eut  de  nombreux  imitateurs. 

Le  plus  ancien  j^irdin  consacré  à  l'en- 
seignement de  la  science  est  celui  qui  fut 
fondé  par  Luc  Gheini,  à  Pise  en  Toscane, 
dans  l'année  1643.  11  y  rassembla  non- 
seulement  les  espèces  étrangères,  maïs 
encore  presque  les  plantes  indigènes  au 
aol  de  l'Italie,  Il  y  joignit  le  semis  des  grai- 
nes qu'il  tirait  des  autres  papi  partÂPIi- 


lièrement  de  l'Ile  de  Candie,  de  l'Egypte, 
de  la  Grèce  et  de  l'Inde.  Beloo  visita 
cet  établissement  en  1555,  alors  que 
sa  direction  était  confiée  au  célèbre  Ce- 
salpini;  il  fut  étonné  de  la  beauté  du  si- 
te, du  nombre  et  de  la  variété  des  plan- 
tes, de  leur  distribution  méthodique  et 
de  la  bonne  culture  qu'elles  recevaient. 

Padoue  eut  le  second  jardin  bo(ani^ 
que,  en  1546.  Vingt-deux  ans  plus  tard 
Aldrovandi  jeta  les  fondemens  de  celui 
de  Bologne.  Rome  et  Florence  eurent  le 
leur  à  la  même  époque.  Ces  dates  ne  sont 
pas  les  mêmes  que  celles  qu'a  données 
Tournefort  et  qui  ont  été  adoptées  par 
Haller  et  Linné,  ainsi  que  par  les  écri- 
vains qui  les  ont  servilement  copiés;  mais 
ce  sont  les  seules  véritables  :  nous  les  avons 
puisées  aux  livres  des  établissemens  mê- 
mes ,  et  constatées  par  les  actea  authen- 
tiques de  leur  fondation. 

C'est  en  Hollaqde  que  l'exemple  de  l'I- 
talie fut  d'abord  suivi  et  qu'il  re^ut  même 
de  plus  grands  développemens.  La  France 
aurait  pu  prendre  l'initiative:  elle  y  était 
sollicitée  par  Charles,  de  Saint  Orner, 
par  L'Ëcluse  d'Arras,  plus  connu  sous  le 
nom  de  Ciusius,  et  par  quelques  autres 
savans  que  n'ont  point  illustrés  au  même 
degré  les  richesses  qu'ils  cultivaient  et 
les  description3  qu'ils  publiaient;  mais  le 
gouvernement  était  plus  occupé  des  guer- 
res et  des  troubles  de  l'intérieur.  La  ville 
et  l'université  de  Leyde  remirent  aux 
mains  de  Cluyt  le  soin  de  leur  créer  un 
jardin  botanique;  ils  en  eurent  un  en 
1577,  qui  lut  bientôt  le  plus  riche  de 
l'Europe.  Celui  de  Leipzig  date  de  1580, 
celui  de  Mon'pellier  de  1597. 

Bientôt  après  on  en  vit  fonder  par- 
toi|t  où  la  science  comptait  des  cultiva- 
teurs habiles  et  dévoués.  Les  plus  re- 
nommés de  cette  époque  sont  les  suivans: 
Giessen,  1605;  AltorfT,  1625;Ratisbon- 
ne,  Rintlen,  Ulm,  1627;  Jéna,  1629; 
école  de  médecine  de  Paris,  mai  1630; 
Messine  et  Copenhague,  1638;  Oxford, 
164Q;  Groningue,  1641;Upsal,  1657; 
Amsterdam,  1684.  Danf  le  xviii*  siède, 
Cavanilles  fonda  celui  de  Madrid,  en 
1753;  20  ans  après  on  cita  celui  de 
Coîmbft*e,  et  presque  dans  le  même  temps 
celui  que  Wallich  organisait  a  Calcutta. 
Jetoot  HO  cQMp  4'(àl  mpidA  «ur  mhk 


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fiOT  (  751  ) 

de  l'époqae  actuelle,  tfia  de  donper  la 
mesure  des  progrès  réels  que  la  science  a 
faits  depuisqueLioné,dubautde  la  chaire 
d'Upsai,  eut  diclé  le«  véritables  lois  de 
la  botanique,  dirigé  les  recherches  de 
ses  nombreux  élèves  sur  tous  les  points 
du  globe,  et  préparé  rétablisseipent  des 
familles  naturelles  par  ses  sages  doctri- 
nes, par  le  précieux  spécimen  qu*il  pu- 
blia, en  1 7^0,  dans  sa  Phitosophia  bottk- 
nic€u  L'on  s'attend  bien  à  ne  trouver  ici 
que  des  sommités  ;  le  détail  nous  entraî- 
nerait trop  loin  et  demanderait  trop  de 
place,  puisqu'aMJourd'hui  la  France  seule 
compte  UB  aussi  grand  nombre  de  jar- 
dins botaniques  qu'il  y  a  de  villes  un  peu 
considérables,  et  que  parmi  eux  il  en 
est  plus  d'un  dont  les  richesses  sont  su- 
périeures à  celles  des  jardins  les  plus  cé- 
lèbres des  xy  et  xyi^  siècles» 

La  création  du  Jardin  des  Plantes  de 
Paris  est  due  à  Guy  de  la  Brosse  :  il  en 
dressa  le  plan  en  1 626;  mais  ce  pUn  ne  fut 
adopté  qu'en  1 636,  à  la  suite  de  longues 
sollicitations.  Quand,  Tannée  suivante,  il 
fut  ouvert  au  publie,  on  y  comptait  1,800 
plantes,  et  en  1640,  époque  à  laquelle 
commencèrent  les  démonstrations,  ce 
nombre  s'élevait  déjà  à  2,860.  Il  fut  en- 
richi en  1680;  mais  sa  véritable  gloire 
date  de  1693,  alors  que  sa  direction 
était  confiée  à  TouroeforL  BufToa  l'a- 
grandit; par  les  soins  des  deux  Jussieu, 
par  ceux  de  Desfontaiaes  et  des  bota- 
nistes voyageurs,  par  les  travaux  d*àn- 
dré  Thouio,  comme  horticulteur,  le 
Jardin  des  Plautes  s'est  placé  à  la  tête 
de  tous  les  établissemens  de  ce  genre.  La 
pleine-terre  et  les  serres  si  vastes,  si 
nombreuses,  si  bien  calculées,  présen- 
tent aujourd'hui  près  de  40,000  plantes 
vivantes.  Il  s'est  enrichi  des  plantes  ra- 
res cultivées  par  Gels,  de  celles  qui  bril- 
lèrent si  peu  de  temps  à  la  Malmaison  et 
à  Navarre.  —  Le  jardin  de  Montpellier 
soutient  sa  vieille  gloire;  mais  il  est  loin 
de  ce  qu'il  promettait  d*étre  lorsque 
Brousaonnet  y  introduisit  les  végétaux 
qu'il  rapportait  des  Canaries,  de  la  o6te 
de  Mogador  et  des  jardins  particuliers 
de  rÀ.ngleterre. 

£n  ce  dernier  pays  les  jardins  bota- 
niques proprement  dits  ne  sont  pas  nom- 
breuxf  nuûa  ea  vevaoolM  let  établisie" 


BOT 

partioulien  y  sont  d'une  grande 
somptuosité.  Depuis  celui  que  Jean  Tra- 
descant  cultivait  à  Lambeth,  et  où,  sur 
une  vaste  étendue,  on  trouvait  un  grand 
nombre  de  plantes,  d'arbres  et  d'arbus- 
tes de  diverses  contrées,  en  1656,  jus- 
ques  a  ceux  des  frères  Loddiges,  à  Uack- 
ney,  et  de  James  Lee,  à  Uammersmith, 
l'intervalle  est  rempli  par  les  jardins  de 
Chelsea  et  de  Kew.  Celui  de  Glasgow , 
fondé  en  1817 ,  mérite  aussi  une  citation 
particulière. 

L'Allemagne  nomme  aveo  orgueil  le 
jardin  de  Berlin,  si  long-temps  dirigé 
par  Willdeoow;  celui  de  S^bœobrunn, 
si  riche  en  plantes  des  régions  les  plus 
éloignées  et  qui  est  confié  à  la  garde  de 
Jacquin;  celui  de  Halle  à  la  tête  duquel 
est  placé  le  savant  Kurt  Sprengel  ;  enfin 
ceux  de  Schwetzingen,  de  Gœttingen  et 
de  Hambourg. 

Les  Pays-Bas,  qui  virent  si  long-temps 
fleurir  le  jardin  de  Cliffort,  d'où  Linné 
data  plus  d'un  de  ses  immortels  ouvrages, 
peuvent  se  vanter  aujourd'hui  des  jar- 
dins de  Gand ,  de  Tournai,  de  Bruxelles. 

Au  nord  de  l'Europe,  Upsal  soutient 
sa  haute  réputation  ;  Copenhague  mon^ 
tre  son  jardin  si  considérablement  aug- 
menté par  Hornemann  ;  Pétersbourg , 
enrichi  des  dépouilles  du  jardin  de  Go- 
renki,  possède  les  plus  belles  serres  con- 
nues; on  estime  leur  étendue  à  plus  de 
150  mètres  de  longueur;  Moscou  rivalise 
avec  Pétersbourg  par  les  soins  donnés  aux 
nombreux  végétaux  que  Ton  y  entretient 
à  grands  frais. 

Le  jardin  botanique  de  Naples  s'a-*- 
grandit  chaque  jour  par  le  zèle,  la  cor- 
respondance étendue  et  le  dévouement 
de  Tenore.  L'université  de  Turin  en 
possède  un  qui  mérite  aussi  de  fixer  l'at*- 
tention.  Madrid  et  le  Portugal,  que  les 
événemens  politiques  ont  privés  de  leurs 
plus  illustres  botanistes,  se  ressentent  de 
plus  en  plus  de  leur  éloignement,  de  la 
marche  forcément  rétrogiade  de  la  scien- 
ce dans  des  pays  où  la  botanique  trouve^ 
rait  tant  d'avantages. 

Un  jardin  de  naturalisation  avait  été 
établi  à  l'Ile  de  France,  par  De  Céré;  un 
autre  fut  tracé  dans  les  Iles  Canaries,  à 
rOratava,  par  Sabin  Berthelot  :  l'idée 
éliU  des  plua  heoreuses}  e'étdt  une  mine 


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BOT 


(752) 


BOT 


féconde  qu'il  aurait  exploitée  au  profit 
de  r£urope  savante  ;  le  sort  eti  a  décidé 
autrement. 

Quant  aux  jardins  botaniques  de  Tune 
et  Taiitre  Amérique,  ils  sont  encore  trop 
jeunes  de  fondation  pour  mériter  de  fixer 
nmérêt.  A.  T.  D.  B. 

BOTANY-BAY.  Dans  la  Nouvelle- 
Galles  méridionale  (Australie)  est  située 
la  fameuse  Botany-Bay^  baie  de  bota- 
nique ou  des  herbatges ,  à  7  ou  8 
milles  au  sud  du  port  Jackson.  Elle  fut 
ainsi  nommée  à  cause  de  la  prodigieuse 
variété  de  plantes  que  sir  Joseph  Uanks 
trouva  dan*les  environs  en  1770,  époque 
où  cette  baie  fut  découverte  par  le  capi> 
taine  Cook.  Dès  que  l'Angleterre  eut 
perdu  ses  colonies  d'Amérique,  elle  fut 
chercher  sur  cette  côte  un  lieu  favorable 
pour  y  coloniser  des  déportés  [convictx)» 
Par  les  conseils  de  Banks  on  fit  choix  de 
Botany-Bay: aussitôt  onze  navires  y  ame* 
nèrent  760  déportés,  quelques  colons 
libres,  ainsi  que  les  trou|>es  confiées  au 
commandement  de  Arthur  Philipps,  les 
membres  du  gouvernement  chargés  de 
présider  à  Torganisation  de  la  colonie, 
des  pix>visions  considérables,  un  hôpital 
ainsi  que  plusieurs  plantes  alimentaires 
et  des  animaux  domestiques.  La  traversée 
fut  de  huit  mois.  Les  premiers  natura- 
listes qui  abordèrent  cette  contrée  furent 
émerveillés  à  la  vue  des  nombreux  végé- 
taux dont  les  formes  sont  opposées  à 
celles  des  plantes  des  autres  climats,  mais 
dont  le  luxe  diminue  en  s'avançant  vers 
Touest.  Les  prairies  humides  sont  ornées 
par  uue  liliacée  nommée  biandfofdia 
nohilis ,  et  çk  et  là  s'élèvent  les  tiges  ral- 
des  des  singuliers  jra/2^/ior^«'a  et  les  cônes 
du  zamia  australis.  Au  nord  de  Bo- 
tany-Bay  s'étendent  des  forèls  épaisses 
d'une  espèce  de  cèdre  que  Browo  a  nom- 
mées caUdris  spiralisy  dont  le  bois,  par 
son  poli,  rivalise  avec  le  plus  beau  bois 
des  Antilles;  plus  loin  quinze  autres  es- 
pèces de  bois  rouges ,  blancs ,  veinés  de 
toutes  couleurs,  offrent  à  l'ébéniste  ses 
plus  précieux  trésors.  Mais  la  plupart 
des  plantes  ont  un  caractère  unique , 
celui  de  posséder  un  feuillage  sec,  rude, 
grêle,  aromatique,  à  feuilles  presque  tou- 
jours simples;  et  les  forêts  de  cette  région 
out  quelque  chose  de  triste  et  de  bru- 


meux qui  fatigue  la  vue.  Gtpendaot, 
malgré  ses  richesses  naturelles,  un  grand 
nombre  de  plantes  européennes  ont  été 
naturalisées  avec  succès  dans  cette  partie 
du  monde  :  ce  sont  celles  qu'on  peut  ap- 
peler cosmopolites  et  qui  viennent  dans 
les  marais,  telles  que  la  samole,  la  salt- 
caire,  etc.  Botany-Bay  donna  long  temps 
son  nom  à  tontes  les  colonies  de  la  Nou- 
velle-Galles du  Sud;  mais  n'ayant  pas 
offert  tous  les  avantages  qu'on  en  atten- 
dait, cet  établissement  fut  bientôt  aban- 
donné, et  aujourd'hui  il  n'y  existe  plus 
qu'un  village  où  le  baron  de  Bougiin- 
ville,  fils  du  célèbre  navigateur  de  ce 
nom ,  a  élevé  une  colonne  à  la  mémoire 
de  Lapeyrouse  qtn*  quitta  ces  lieux  pour 
aller  chercher  la  moit  sur  les  récifs  de  Va- 
nikoro.  En  1784  on  fit  choix  de  Para- 
matât  :  sur  les  bords  de  la  rivière  Haw- 
kesbury  s'élevèrent  des  maisons  et  de 
belles  cultures  dues  aux  déportés  qui  vin- 
rent cultiver  ces  lieux.  Les  environs  du 
port  Jatksorit  le  plus  beau  de  l'Australie, 
après  celui  de  Dalrymple  vile  de  Diémen), 
furent  également  occupés.  Enfin  ta  ville 
de  Sidftey^  capitale  de  la  Nouvelle-GHlIes 
du  Sud  et  de  toute  T Australie,  fut  bâtie 
comme  par  enchantement  sur  le  bord 
méridional  du  port  Jackson ,  à  4  lieues 
nord  de  Botany-Bay.  Cette  ville  comprend 
aujourd'hui  près  de  1,700  maisons  et  en- 
viron 16,000  habitans,  et  rien  n'est  pîos 
ravissant  que  sa  position.  On  l'a  sur- 
nommée le  Mont peU ter  de  i'Océanie^ 
à  cause  de  son  beau  climat  et  de  la  fé- 
condité de  ses  environs.  Sa  distance  de 
Londres  est  de  5,400  lieues.  Les  dépoi^ 
tés  sont  condamnés  au  travail  de  la  terre 
et  à  celui  de  la  construction  des  navires; 
ils  sont  traités  avec  sévérité,  mais  avec  des 
égards  peu  communs. 

Les  colons  sont  partagés  en  deux  gran- 
des classes:  celle  des  émif^rans  volon- 
taires et  celle  des  déporta  rendus  à  la 
liberté  ou  émancipas.  Les  premiers  sont 
connus  sous  la  singulière  dénominatioa 
A* dlégUimés ;  les  autres,  au  contraire, 
sont  légitimés ,  parce  que  c'e^l  par  l'a»- 
torité  des  lois  qu'ils  sont  arrivés  à  cet  état, 
sans  examiner  comment  fut  exercée  sur 
eux  cette  autorité.  Les  départes  libérés 
paraissent  être  la  cl^ste  la  plus  indus- 
trieuie  et  la  pktt  active.'  lû  poModeot 


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toutes  les  distilleries,  presque  toutes  les 
brasseries  et  une  grande  partie  des  mou- 
lins; la  presque  universalité  des  affaires 
commerciales  est  dans  leurs  mains.  La 
colonie  prend  le  nom  de  comté  de  Cum- 
berland.  Le  désir  de  s'avancer  dans  les 
archipels  de  Test  fit  expédier  en  1788 
un  navire  ayant  neuf  convicts  mâles  et 
six  femmes ,  pour  former  une  autre  colo- 
nie dans  la  petite  Ile  de  Norfolk,  décou- 
verte par  le  capitaine  Cook,  en  1 774 ,  et 
située  au  nord-ouest  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, à  300  lieues  de  Botany-Bay. 

La  première  récolte  du  comté  de 
Cumberland  eut  lieu  au  mois  de  septem- 
bre 1788.  En  1790  s'ouvrirent  les  pre- 
mières relations  avec  Batavia  et  le  Ben- 
gale. Deux  ans  après  il  s'en  établit  avec 
l'Amérique  du  Nord,  et,  en  1793,  avec 
r£spagne  et  la  côte  nord-ouest  de  TAmé- 
rique.  L'introduction  de  l'imprimerie 
date  de  1796.  En  1797  on  dééouvrit  des 
mines  de  charbon  de  terre.  En  1804  on 
occupa  la  terre  de  Yan-Diémen ,  et  l'on 
fonda  les  villes  de  Hobarttown  et  d'York- 
town.  L'année  suivante  on  organisa  une 
garde  nationale  dans  le  pays,  et  en  1810 
on  fit  le  premier  dénombrement  général 
des  habilans,  des  troupeaux  et  des  pro- 
priétés, et  Ton  établit  des  écoles  d'après 
la  méthode  lancastérienne.  En  1813,  un 
passage  fut  découvert  à  travers  les  mon- 
tagnes bleues,  et  le  7  mai  1815  fut  fon- 
dée la  ville  de  Bathurst.  En  1816  Yan- 
Diémen  envoya  le  premier  bâtiment  à 
ri  le-de- France. 

Yoici  un  extrait  du  tableau  statistique 
de  la  colonie,  d'après  Wentworlh,  en 
1828.  Le  nombre  des  colons  émancipés 
était  alors  de  9,756 ,  celui  Ae^  émigrés 
volontaires  de  1,658;  on  comptait  5,859 
enfans  de  la  première  classe ,  et  978  de 
la  seconde;  il  y  avait  39,765  acres  de 
terre  en  culture,  410,  604  en  pâtures; 
71,570  têtes  de  gros  bétail,  261,570 
moutons,  3,968  chevaux,  24,867  porcs, 
1,500  maisons  de  ville  et  23  comptoirs 
de  commerce.  Le  capital  engagé  dans  le 
négoce  s'élevait  à  250,000  livres  ster- 
ling ou  6,250,000  francs ,  et  la  valeur 
totale  des  produits  à  1,649,736  livres 
sterling  ou  41,243,420  francs. 

Parmi  les  différens  gouverneurs  il  faut 
urtout  nommer  le  général  Macquarie  à 

En<^clop.  d,  G.  d,  M.  Tome  III. 


qui  la  science  et  l'Australie  doivent  tant. 
Le  gouverneur  actuel  est  le  général  Bris- 
bane.  Nous  remarquerons  qu'il  a  donné 
à  sa  fille,  qui  a  re^n  naguère  le  jour  à 
Sidney,  le  doux  nom  ^Australia ,  nom 
par  lequel  les  Anglais  ont  enfin  remplacé 
le  nom  absurde  de  Nouvelle-Hollande, 
et  qui  semble  prouver  qu'ils  considèrent 
ce  rare  continent  comme  une  de  leurs 
nombreuses  et  importantes  possessions. 
Nous  n'avons  pas  parlé  des  indigènes: 
c'est  la  race  noire  la  plus  abrutie  et  la 
plus  misérable  de  l'Océanie;  mais  le  lan- 
gage de  ses  différentes  tribus,  quoique 
pauvre,  est  aussi  doux  que  sonore. 

L'établissement  de  cette  colonie  pénale 
est  certes  un  des  phénomènes  historiques 
les  plus  intéressans.  Il  était  difficile  d'ima- 
giner qu'un  ramas  de  criminels  pût  for- 
mer une  société  dont  les  mœurs,  rindus- 
trie  et  l'ordre  la  rapprocheraient  un  jour 
des  sociétés  les  plus  remarquables  de  l'Eu- 
rope; bien  plus,  à  Sidney  comme  en  Eu- 
rope, les  progrès  vont  toujours  croissant 
et  ce  pays  pourra  peut -être  un  jour, 
imitant  l'exemple  des  colonies  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  se  rendre  indépendant 
de  la  métropole  et  former  un  état  des 
plus  florissans.  Tel  est  l'empire  des  lois 
uni  à  celui  non  moins  puissant  de  la  né- 
cessité. Voy.  Colonies  fïnalks,  Nou- 
yelle-Galles,  Sionet,  Jackson  (port)^ 
etc.  L.  D.  DE  R. 

BOTHE  ( Frédéric -Hen ai),  né  à 
Berlin  vers  1 775 ,  est  connu  par  de  bon* 
nés  traductions  allemandes  métriques 
d'Euripide  et  de  Pindare,  par  un  Traité 
de  métrique  (Berlin ,  1817),  par  des  édi- 
tions de  Sophocle,  de  Phèdre,  de  Plante, 
d'Horace  (avec  annotation  perpétuelle  et 
tables),  et  par  des  chants  populaires. 
M.  Bothe  vit  à  Manheim.  S. 

BOTHNIE  ou  BoTTEN,  ancienne  pro- 
vince suédoise,  divisée  en  Westbothnie 
et  en  Ostrobothnie,  et  dont  une  partie 
est  devenue  possession  russe  en  même 
temps  que  la  Finlande.  S. 

BOTHNIE  (golfe  de),  portion  sep- 
tentrionale de  la  mer  Baltique.  Le  golfe 
de  Bothnie  commence  au  sud  et  non 
loin  des  lies  d'Aland,  à  peu  près  par  la 
même  latitude  que  la  cote  Nord  du  golfe 
de  Finlande ,  et  s'étend  ainsi  du  60  au 
66*  parallèle.  Sa  longueur  totale,  jus- 

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((u'à  Toméo ,  qui  occupe  le  fbml  de  l'arc 
de  cercle  décrit  par  la  partie  extrême  du 
(Çolfe,  en  de  près  de  150  lieues  de 
France;  sa  largeur  varie  :  de  40  an-des- 
sus de  l*archipel  d'A.land  ,  elle  utleint 
60  entre  Soverham  et  Biœriieborg,  se 
maintient  quel(|ue  temps,  puis  diminue 
graduellement ,  se  réduit  à  18  entre  Ou- 
méa  et  Vasa,  et  ensuite  reprend  quelque 
accroissement.  L'espèce  de  détroit  entre 
la  mer  et  le  golfe  Bothnique  s'appelle 
Ouarken.  On  a  reconnu  avec  soin  le  fond 
autour  des  lies  Aland;  plus  loin  la  navi- 
gation est  peu  sûre.  En  général  les  eaux 
libres  présentent  de  20  à  50  brasses  ; 
près  des  îles  la  profondeur  reste  souvent 
âa-dessous  de  4  brasses. 

La  c6te  suédoise  (car  le  golfe  de  Both- 
nie a  d'un  côté  le  Norriand,  c'est-à-dire 
la  Suède  et  de  l'autre  la  Finlande,  c'est- 
à-dire  la  Russie),  la  côte  suédoise  est 
quelquefois  très  élevée;  elle  reçoit  un 
nombre  considérable  de  fortes  rivières 
(Tornéa,  Louléa,vSkeleaéa,Ouméa).  Du 
reste  les  deux  cotes  sont  très  découpée?  et 
offrent  un  aspect  sauvage.  Les  phoques 
y  abondent,  et  les  glaces  qui  bordent  la 
grève  presque  toute  Tannée  forment  très 
souvent  un  ensemble  continu  pend.int 
l'hiver.  Val.  P. 

BOriIWEL(J\îiKsHEPHiJRN,  comte 
de),  voy,  Marie  Stuart. 

BO TOCUDES,  peu]>lade  sauvage  du 
Brésil,  encore  peu  connue,  et  qui ,  dit- 
on  ,  tire  son  nom  des  chevilles  de  bois 
que  ces  indigènes  portent  dans  les  oreil- 
les et  dans  les  lèvres,  en  guise  d'orne- 
mens.  X. 

BOTTA  ( Chaules -JosKPH- Go iL- 
lauhr)  est  né  eu  1768,  à  Saint -Geor- 
ges ,  en  Piémont  ;  il  Ût  ses  études  à  Tu- 
rin, s'attacha  particulièrement  à  l'ana- 
tomie  et  à  la  botanique,  et  fut  reçu  doc- 
teur en  médecine  à  l'époque  où  la  révo- 
lution française  commençait.  Des  idées 
hardies  et  nouvelles  agitaient  les  esprits; 
M.  Botta  les  adopta  et  ne  s'en  cacha  pas  : 
aussi  fut-il  arrêté  en  1792  par  ordre  du 
roi  de  Sardaigne.  Rendu  à  la  liberté  en 
1794  ,  il  vint  en  France  pour  retourner 
bientôt  dans  son  pnys  avec  l'armée  d'I- 
talie, à  laiiuelle  il  lut  aPlaché  en  qualité 
âe  médecin.  Auteur  d'un  projet  de  gou- 
Versetnent  pour  k  Lombardie,  déaigné 


par  \é  génënll  Bonaparte  pour  faire  par- 
tie de  la  division  envoyée,  en  Tan  VI, 
dans  les  îles  du  Levant,  il  lut  nommé 
ensuite  par  le  général  Joubett  l'un  des 
membres  du  gouvernement  provisoire 
du  Piémont.  Quand  les  Russes  envahi- 
rent l'Italie  en  1799,  il  chercha  de  nou- 
veau un  refuge  en  France  ;  après  la  ba- 
taille de  Marengo  il  fut  membre  de  U 
consulta  du  Piémont,  et  lors  de  la  réu- 
nion de  ce  pays  à  la  France,  en  1803, 
le  département  de  la  Doire  le  nomma 
député  au  Corps  législatif.  Le  régime 
imj>érial  ne  trouva  pas  en  lui  un  appro- 
bateur aveugle  :  il  lui  arriva  de  blâmer 
quei((ues  mesures  despotiques  ;  aussi , 
ayant  été  proposé  pour  la  questure,  son 
nom  fut  effacé  par  l'empereur.  En  1814 
il  cessa  de  faire  partie  du  Corps  législa* 
tif  ;  il  avait  voté  pour  la  déchéance. 

Là  s'arrête  sa  carrière  politique.  Nom- 
mé dans  les  Cent- Jours  recteur  de  TA^ca- 
démie  de  Nancy,  il  eut  pendant  les  pre- 
mières années  de  la  Restauration  le  même 
titre  à  rA.cadémie  de  Rouen.Comme  litté- 
rateur, sa  place  est  marquée  parmi  les  plus 
célèbres  Italiens  de  l'époque.  Il  s'est  dis- 
tingué parmi  ceux  qui  ont  voulu  rajeunir 
et  raviver  la  langue  italienne  en  la  retrem- 
pant aux  sources  d'où  elle  est  sortie,  en 
lui  reJonnantces  tours  énergiques  et  naïfs 
qu'on  admire  dans  les  prosateurs  du  xvi* 
siècle.  Celte  réaction  contre  le  système 
qui  depuis  deux,  siècles  tendait  k  franci- 
ser l'idiome  du  Dante  et  de  IJiljichiavel 
se  manifesta  hardie  et  complète  dans 
l'Histoire  d'Amérique,  publiée  en  1809. 
L'Histoire  d'Italie  depuis  1780  jusqu'en 
1814,  publiée  en  1826,  offre  le  même 
caractère  de  style.  L'auteur  y  traite  uq 
peu  sévèrement  Tinvasion  et  l'înOuence 
françaises  ;  on  voit  qult  ne  leur  pardonne 
pas  de  n'avoir  pas  réalisé  pour  l'Italie 
toutes  les  espérances  qu'elles  avaient  fait 
naître.  M.  Botta  nourrissait  depuis  long- 
temps le  désir  de  continuel  Guiccîardinî  : 
ce  travail  si  important  a  été  publié  eo 
1834.  On  y  retrouve  toutes  les  qualités 
dont  Pécrivain  avait  déjà  fait  preuve: 
une  grande  clarté  dans  la  narration  ,  nne 
manière  sage  et  juste  d'apprécier  les  faits^ 
et  ce  be^u  style  au(|uet  on  ne  pourrait 
reprocher  que  d'être  trop  exactement 
copié  sur  celai  de  Guicciardini.  L*Hi9^ 


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ioîre  de  rc  d^rrner  a  été  réimprimée  en 
même  temps  que  cette  continuation,  qui 
comprend  aussi  l'Histoire  de  1789  à 
1814,  précédemment  publiée. 

Outi*e  ces  ouvrages  capitaux,  M.  Botta 
en  a  composé  beaucoup  d*autres  :  une 
description  de  Hle  de  Corfou,  2  vol. 
!n  8^,  1799;  une  traduction  italienne 
du  baron  de  Born,  1801  ;  des  Mémoires 
sur  la  doctrine  de  Brown ,  1800  ;  Souve- 
nirs d'un  Voyage  en  Dulmatie,  1802; 
Mémoire  sur  la  nature  des  tons  et  des 
sons  ,  1 803  ;  Précis  historique  de  la  mai- 
son de  Savoie,  1803;  //  CamiUo,  o  V^jo 
conquistata,  poème  en  1 2  chants  (1 8 1 6), 
où  Ton  trouve  une  versiQcatSou  noble  et 
d'énergiques  beautés.  L.  L.  O. 

BOTZ4IIIS,  famille  depuis  long- 
temps célèbre  dans  la  Grèce  et  surtout 
parmi  les  Soulioies  (  vny.  ce  mot). 

George  Botzaris  commandait  en 
chef  ces  belliqueuses  tribus  dans  leurs 
premières  guerres  contre  Ali  -  Pacha 
(vojr,  ce  nom);  mais  ayant  aspiré  à  per- 
pétuer son  autorité  il  devint  l'occasion 
de  dissensions  fuuestes.  Cependant  on 
rendit  toujours  hommage  à  ses  talens, 
ainsi  qu'à  la  bravoure  des  ses  fils,  Notis 
et  Christos. 

Marc  ,  fils  de  ce  dernSer ,  né  vers 
1790,  grandit  au  bruit  des  combats  ter- 
minés seulement  en  1803  par  la  des- 
truction de  Soull.  Parvenu ,  à  travers 
mille  périls,  sur  le  territoire  ionien,  il 
y  vil  bientôt  arriver  les  principaux  chels 
d'Armatoles  (vo/.  ce  mot),  refoulés  par 
les  cruauiés  d*A11.  Ces  réfugiés  médi- 
taient déjà  rarTranchinsement  de  la  Grèce, 
et  le  jeune  Souliote  prit  (1806)  les  ar- 
mes avec  eux ,  pour  une  tentative  d'in- 
surrection que  favorisait  la  Russie,  alors 
en  guerre  contre  la  Porte.  Le  traité  de 
Tiisitt  et  le  retour  des  Français  dans  les 
Sept-Iles  ajournèrent  pour  les  Grecs  l'es- 
poir de  l;i  délivrance.  Alors  Marc  entra  au 
service  de  la  France ,  comme  sous-oOicier 
au  régiment  albanais ,  où  son  père  et  son 
oncle  obtinrent  le  rang  de  majors.  De- 
puis 1815  Marc  était  retiré  dans  les  Iles 
Ioniennes,  sans  que  les  douceurs  d'une 
heui'^use  union  lui  fissent  oublier  son 
pays  natal;  mais  en  1820  une  double 
commotion  vint  ébranler  Tempireotho- 
man  et  commencer  une  ère  nouvelle  pour 


les  Grecs;  Hypsîlantis  (voy.)  les  «ppe^ 
lait  k  l'Indépendance,  tandis  qo'Ali-PiK 
cfaa  résistait  dans  Janina  aux  firmant 
et  âus  armées  da  Grand-Seignenr.  A 
cette  nouvelle  7  à  600  Souliotes  étaient 
accourns  en  Éptre  se  grouper  autour  de 
Marc  Botzaris  et  de  son  onde,  dans 
res|>oir  de  reconquérir  leurs  montagnes 
où  Ali  possédait  encore  une  forteresse 
importante.  Cdui-ci,  qui  cherchait  alorl 
à  rattadier  sa  cause  à  cdie  des  Grecs, 
leur  proposa  de  les  remettre  en  posses- 
sion de  leurs  foyers ,  s'ils  voolaieut  opé- 
rer une  diversion  en  sa  faveur.  Notîs, 
chargé  de  la  négociation ,  obtint  qu'un 
petit  -  fils  du  pacha  ft^t  confié  aux  Sou- 
liotes. Du  c^é  de  ceux  -  d  Marc  s'était 
olfert  en  otage,  mais  on  avait  besoin  de 
son  bras  ;  son  jeune  frère  Comstanlin ,  sa 
sœur  et  son  épouse ,  la  jeune  et  belle 
Chrysée,avec  ses  deux  enfans,  se  vouèrent 
à  sa  place  au  succès  du  traité  qui  rou- 
vrait aux  proscrits  les  défilés  de  Soult. 
Notis  y  prit  le  commandement ,  tandis 
que  son  neveu,  avec  200  palicares  (tw>^.), 
fut  chargé  d'inquiéter  les  Turcs.  Son  dé- 
but fut  de  leur  enlever  un  convoi  de 
munitions,  escorté  de  600  hommes;  et 
profitant  de  la  terreur  répandue  par  les 
fuyards ,  il  s'empara  du  poste  important 
des  Cinq-Puits,  où,  peu  de  jours  après,  U 
mit  en  déroute  deux  pachas  et  6^000 
hommes. 

Les  Turcs ,  auxquels  il  ne  laissait  au- 
cun repos,  et  qui  ne  pouvaient  se  |^ran- 
tir  de  ses  attaques  soudai neè  ni  fattdn- 
dre  dans  ses  retraites  rapides,  mirent  sa 
tête  à  prix  et  m^ême  ein*ent  recours  aux 
anathèmes  de  I^ÉzIise.  Vainement  aussi , 
pour  le  surprendre ,  ils  rompirent  tin 
armistice;  leur  perfidie  tourna  contre 
eux.  Le  bruH  de  ces  premiers  succès  re-- 
tenllt  dans  la  Grèce;  Hnsirrrection  y 
devint  générale  eu  printemps  de  18T1. 
Botzaris  ouvrit  la  campagne  par  la  -prise 
de  Réniassa,  petite  place  maritime  qui  as- 
surait les  con/rmunicatrotis  de  l'Éptre 
avec  les  autres  provinces  insurgées.  Ty>l- 
tigeant  sans  cesse  autour  de  l'arma  tur- 
que, tantôt  H  oblige  un  padha  et  1,800 
hommes  k  mettre  bas  les  armes;  tantôt 
il  met  en  fuite  Ismadl  et  2,00^  janissai- 
res,  occupe  Plaça  et  aTy  maintient  par 
une  victoire.  Blessé  dans  cette  «otlott|  il 


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preDd  peu  de  jours  de  repos  et  tente  une 
plus  grande  entreprise.  Arta  était  occu- 
pée par  une  forte  garnison  turque ,  avec 
un  parc  d'artillerie  :  Botzaris,  comptant 
sur  Talliance  des  Albanais,  s*y  rendit 
avec  peu  de  monde.  II  avait  franchi  le 
pont  sous  le  feu  des  batteries  et  pressait 
la  citadelle,  quand  Tarrivée  de  6,000 
Turcs  et  la  défection  des  Albanais  com- 
promirent sa  faible  troupe  ;  mais  avec  sa 
présence  d'esprit  habituelle  il  assura  par 
un  stratagème  le  salut  des  blessés  et  se 
fit  jour  à  travers  Tennemi  (  déc.  1821  ). 
Cependant,  au  commencement  de  1822, 
les  Turcs  triomphèrent  de  la  résistance 
d'Ali ,  et  les  otages  des  Souliotes  tom- 
bèrent entre  les  mains  du  séraskier  Khor- 
chid,  dont  le  harem  était  au  pouvoir  des 
Grecs.  Le  président  de  la  Grèce,  Mau> 
rocordatos  (voj.),  fit  aussitôt  stipuler 
leur  échange ,  heureux  de  pouvoir  oflrir 
au  héros  le  seul  prix  digne  de  ses  ser- 
vices ,  en  lui  rendant  Chrysée  et  ses  en- 
fans.  Ces  deux  hommes ,  liés  désormais 
d'une  étroite  amitié,  tournèrent  leurs 
efforts  vers  la  Grèce  occidentale,  où 
l'armée  othomane  s'était  rejetée  tout  en- 
tière sur  les  Grecs. 

Une  tentative  de  Botzaris  pour  secou- 
rir Souli  fut  sans  succès;  en  même 
temps  la  Grèce  perdait ,  dans  le  funeste 
combat  de  Peta  (juillet  1822),  Télile  de 
ses  soldats  et  des  Philhellènes.  La  défec- 
tion de  quelques  chefs  achevait  de  com- 
promettre les  débris  de  cette  armée ,  et 
avec  elle  le  sort  de  la  Grèce  occidentale. 
Marc,  avec  600  braves ,  arrêta  tout  un 
jour  l'armée  turque ,  au  défilé  de  Crio- 
néros ,  et  vint,  avec  le  faible  reste  de  sa 
troupe,  s'enfermer  à  Missolonghi,  où  son 
héroïque  résistance  avait  permis  de  réu- 
nir quelques  provisions  et  de  faire  em- 
barquer les  femmes  et  les  vieillards.  L'é- 
pouse de  Marc  s'éloigna  à  regret  pour 
conduire  ses  enfans  en  Italie.  Par  d'heu- 
reux stratagèmes  Botzaris  évita  un  as- 
saut. CombatUnt  et  négociant  tour  à 
tour,  semant  la  crainte  et  la  défiance 
parmi  les  chefs  des  inconstans  Albanais, 
renouant  des  intelligences  avec  les  mon- 
tagnards ,  il  paralysa  les  efforts  des  Turcs 
jusqu'à  la  fin  de  la  campagne;  et,  nommé 
stratarque  de  la  Grèce  occidentale,  il  mit 
l'hiver  a  profit  pour  fortifier  Missolonghi. 


Au  printemps  de  1823  une  armée  de 
près  de  20,000  hommes  descendit  du 
nord  de  TÉpire  sous  les  ordres  de  Mous- 
taî,  pacha  de  Scodra.  Toute  résistance 
semblait  impossible,  même  dans  Misso- 
longhi ;  Botzaris  veut  aller  au-devant  de 
l'ennemi  et  par  un  coup  d'audace  le 
frapper  d'impuissance.  Suivi  de  240  pa- 
licares  qui  s'attachent  à  son  sort,  il  se 
porte  vers  Carpenitzé,  où  Moustaî  venait 
d'établir  un  camp  de  10,000  hommes. 
C'est  du  milieu  même  de  ce  camp  que 
Botzaris  donnera  le  signal  de  l'attaque 
aux  divers  chefs  qui ,  par  ses  conseils , 
occupent  les  défilés  d'alentour.  A  la 
veille  d'exécuter  ce  hardi  projet,  Marc 
écrivait  à  sa  famille  et  à  lord  Byron  des 
lettres  où  respire  son  héroïque  simpli- 
cité. Dans  la  nuit  du  20  août  les  Grecs, 
préparés  au  combat  par  la  prière,  fon- 
dent sur  les  avant-postes  des  Musul* 
mans;  les  diverses  tribus  qui  les  com- 
posent se  battent  entre  elles  en  8*ac- 
cusant  de  trahison ,  tandis  que  Botzaris 
pénètre  plus  avant  De  sa  main  il  délivre 
la  Grèce  de  plus  d'un  chef  redouté,  et, 
quoique  blessé  déjà,  il  force  la  tente  du 
pacha;  alors  il  se  fait  connaître,  donne 
le  signal  de  l'attaque  générale  et  tombe 
atteint  mortellement  d'une  balle.  Son 
frère  accourait  avec  un  renfort  :  il  reçut 
son  dernier  soupir  et  le  vengea  en  com- 
plétant la  victoire.  Les  Turcs,  pressés 
de  tous  côtés,  abandonnent  le  camp, 
leurs  étendards  et  un  matériel  immense. 
Le  corps  de  Marc  Botzaris  fut  rapporté 
au  milieu  de  ces  brillans  trophées.  Un 
tel  exemple  exalta  au  plus  haut  degré  le 
courage  des  Grecs.  Missolonghi  trouva 
d'héroïques  défenseurs,  parmi  lesquek 
se  distinguèrent  Notis  et  Constantin  Bot- 
zaris, qui  est  mort  aussi  les  armes  à  la 
main. 

Marc  Botzaris,  éloigné  de  toute  espèce 
d'ambition  et  d'intrigue,  prodigue  pour 
sa  patrie  de  ses  biens  comme  de  son 
sang,  n'a  laissé  d'autre  héritage  à  ses  en- 
fans  qu'un  nom  chéri  des  Grecs  et  cé- 
lèbre dans  toute  l'Europe. 

L'ainé  de  ses  fils  est  maintenant  aide- 
de-camp  du  roi  Othon ,  près  duquel  il 
a  été  élevé. 

Foir  Pouqueville ,  Histoire  de  la  ré- 
génération de  la  Grèce;  Al.  Soutzo, 


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(757) 


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Histoire  de  la  Révolution  grecque; 
ËinersoD,  Tableau  de  la  Grèce  en 
1825  ;  Éloge  funèbre  de  Marc  Botza- 
ris ,  en  grec ,  etc.  B-t. 

BOUC  [hircus).  C'est  le  nom  vulgaire 
des  mâles  dans  la  famille  des  mammifères 
herbivores  ruminans,  à  pied  bisulque, 
à  cornes  simples  creuses,  à  deux  ma- 
melles inguinales,  à  mamelons  dirigés  en 
avant,  c'est-à-dire  des  chèvres  [voy,). 
L'influence  des  organes  générateurs  se  fait 
sentir  chez  les  boucs,  comme  chez  la  plu- 
part des  quadrupèdes ,  par  l'exagération 
seule  des  caractères  communs  aux  deux 
sexes.  Ainsi  les  formes  sont  plus  fortes 
et  plus  prononcées,  le  poil  plus  long, 
plus  rude;  les  cornes  ont  plus  de  verve, 
et  leur  caractère  propre  est  plus  arrêté  ; 
l'odeur  de  famille  est  plus  intense  chez 
le  bouc;  l'espèce  d'entêtement  commun 
à  toutes  les  espèces  du  même  genre  de- 
vient plus  sensible  dans  le  sexe  mâle; 
enfin  la  barbe  qui  garnit  la  partie  infé- 
rieure de. la  ganache,  en  arrière  du  men- 
ton et  au-dessous  des  angles  des  lèvres , 
est  formée  de  poils  plus  allongés  et  plus 
touffus.  Le  bouc  est  en  général  d'une 
salacité  remarquable  dans  toutes  les  es- 
pèces de  la  famille ,  et  ce  caractère  n'a- 
vait pas  échappé  aux  anciens  Grecs.  Aussi, 
dans  la  personnification  de  la  lubricité, 
donnaient-ils  aux  satyres  la  barbe,  les 
pieds,  la  queue  et  les  organes  géuitaux 
du  bouc.  Cest  d'après  la  même  idée 
qu'ils  immolaient  le  bouc  à  Bacchtis  et 
qu'ils  représentaient  le  char  de  l'Amour , 
et  quelquefois  celui  de  la  déesse  qui 
préside  aux  plaisirs,  traînés  par  des 
animaux  de  cette  espèce.  Dans  le  culte 
des  Israélites  le  bouc  avait  une  grande 
importance  :  bien  qu'il  ne  fût  pas  au 
nombre  des  animaux  réputés  immondes 
par  la  loi  de  Moïse  ,  c'était  lui  qui 
était  choisi  pour  l'expiation  des  fautes 
nationales.  Le  grand-prêtre  offrait  nn 
bouc  en  sacrifice;  sans  l'égorger  ni  le 
brûler,  il  le  chargeait  par  une  impréca- 
tion des  iniquités  du  peuple  et  le  faisait 
chasser  dans  le  désert;  c'était  le  bouc 
harazel  ou  émissaire.  Ordinairement 
l'on  victimait  en  même  temps  un  autre 
bouc.  Dans  notre  vieille  France,  les  boo^ 
nés  gens  croyaient  que  le  diable,  lors- 
cju'il  revêtait  une  forme  sensible,  prenait 


des  pieds  et  des  cornes  de  bouc  ;  l'achar-» 
nement  de  l'esprit  malin  à  poursuivre 
rhumanité,  et  la  luxure  qu'il  met  souvent 
en  usage  pour  la  tenter  et  la  faire  tomber 
dans  Tabiilie  lui  ont  sans  doute  valu  ce 
choix  d'attributs  allégoriques.  De  nos 
jours  le  bouc  est  tout-à-fait  déchu  de 
tous  ses  privilèges  poétiques  et  religieux* 
Le  poil  est  trop  rude ,  chez  notre  bouc 
domestique  surtout,  et  le  jarre  y  prédo- 
mine trop  sur  la  bourre,  pour  qu'il  soit  es- 
timé dans  le  commerce;  sa  chair  est  trop 
ferme  et  trop  musquée  pour  être  recher- 
chée. Aussi  le  bouc  se  trouve-^t-il  com- 
munément réduit  à  sa  destination. primi- 
tive, à  la  reproduction  de  son  espèce. 

Le  mot  Bouc  est  aussi  employé 
comme  nom  spécifique  de  toute  l'espèce 
chèvre,  à  laquelle  appartient  notre  ehèvrè 
domestique  ou  commune.  La  chèpre- 
bouc  (  capra^hircus  )  se  distingue  des 
autres  espèces  de  la  famille  par  ses  cor- 
nes trièdresà  peine  ondulées,  dirigées  en 
haut  et  en  arrière,  légèrement  arrondies 
sur  leurs  côtés  antérieurs.  T.  C. 

BOUCANNIER,  voy,  Flibustieb. 

BOUCHARDON  (ëdme),  sculp- 
teur, né  à  ChaumoiH-en- Bassigny  en 
1698,  mourut  à  Paris  en  1762.  Doué 
des  dispositions  les  plus  heureu&es  pour 
les  arts  du  dessin ,  il  ignora  d'abord  sa 
véritable  vocation.  Séduit  par  le  charme 
du  coloris,  la  peinture  obtint  ses  pre- 
miers hommages  ;  mais  l'architecture  et 
la  sculpture  que  professait  également  son 
père  n'en  avaient  pas  moins  à  ses  yeux 
beaucoup  d'attraits.  Il  partagea  son  temps 
entre  ces  trois  arts ,  jusqu'à  ce  qu'un 
penchant  irrésistible  l'entrainant  enfin 
vers  la  sculpture ,  il  s'y  adonna  tout  en«> 
tier.  A  24  ans  il  remporta  le  grand  prix 
de  sculpture  dans  l'école  de  Coustou  le 
jeune;  à  46  ans  il  fut  reçu  académicien, 
et  2  ans  après  nommé  professeur.  Les 
ouvrages  de  Bouchardon  ont  cet  avan- 
tage sur  ceux  de  ses  contemporains 
qu'ils  recèlent  un  vif  sentiment  du  natu- 
rel et  une  certaine  grâce  qui  les  feront 
toujours  voir  avec  plaisir.  Il  avait  une 
pratique  de  dessin  agréable  et  spirituel- 
le; il  la  devait  à  l'habitude  qu'il  avait 
contractée  en  Italie  de  copier  tous  les 
chefs-^oeuvre  des  arts  qu'il  rencontrait. 
Ceftt  d'après  ses  dessins  qu'à  été  tsxécoté 


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(759) 


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U  fMttil  àa  pierres  gratéeft  «ntiquct 
pablié  pur  Mariette.  Bouchardon  a  aussi 
beaucoup  grat é  lui-même  à  l'eau  forte. 

X/ea  outrages  €apitaux-4e  BoueharJoii 
•om  lea  alatues  du  Christ ,  de  la  Vierge, 
et  de  Irait  ap6crea  dans  Téglise  Saiot-Sul- 
|fîce  à  Paria  ;  la  fontaine  de  Grenelle, 
*  fraodeoempotîUoooù  la  sculpture,  alliée 
à  rarcbitecture,  téaipigne  de  son  talent 
dant  lea  deux  arts(  le  bas-relief  de  Saini^ 
Cbarles,  à  la  chapelle  du  château  de 
Versailles;  un  chasseur  domptant  un 
oura  ;  r Amour  faisant  un  arc  de  la  mas« 
sue  d'Hercule;  enfin  la  statue  équestre 
de  Louis  XY  détruite  pendant  les  trou^ 
blés  civils  de  1793  et  qui  passait  pour  son 
«leiHeur  ouvrage.  Le  cheval  était  regardé 
coromiïunvbeC-d'œuvre  digne, par  la  pu- 
reté du  trait,  par  le  choix  et  la  vérité 
des  formes ,  d'être  opposé  a  ce  que  les 
anciens  noua  ont  laissé  de  plus  parfait 
en  ce  genre.  L*  C.  S, 

BOUCHB*  Ce  mot,  dans  une  accep- 
tion rigoureuse,  signifie  seulement  ori- 
fice; mais  il  est  ordinairement  eiii|.loyé, 
en  histoire  naturelle,  pour  désigner  l'ou- 
verture du  conduit  intérieur  destiné  à 
Télaboralion  et  à  Tabsorption  des  sub- 
stances  alimentaires,  solides,  liquides  ou 
gazeuses,  et  l'espèce  de  vestibule  plus  ou 
noins  compliqué  qui  se  trouve  souvent 
«ineié  à  cet  orifice.  Tous  les  animaux 
•nt  un  sac  ou  canal  digestif,  et  par  con- 
séquent une  bouche,  différens  en  cela 
des  végétaux  qui  absorbent  les  élémene 
de  leur  nutrition  par  de  simples  pores; 
mais  la  forme,  la  disposition  et  les  fonc- 
tions de  la  bouche  sont  singulièrement 
i^ifiées  dans  la  série  des  animaux. 

Chex  les  uns  la  bouche  est  un  orifice 
tirctilaire,  simple,  à  peine  contractile, 
feoevaat  d'une  manière  presque  passive 
Us  substances  qui  le  traversent,  les  rete- 
nint  quelque  temps  et  les  laissant  s*é- 
«bapper  ensuite  sans  beaucoup  de  résis- 
ISoce  :  c'est  le  cas  des  polypes^  etc.;  chez 
les  animaux  rayonnes  la  bonche  dîiffàre 
peu  de  4a  disposition  précédente,  mais' 
eependant  elle  est  soumise  à  l'inOuence 
d'une  volonté  plus  prononcée,  et  l'orifice 
d'entrée  des  matières  alimentaires  est 
distinct  de  l'orifice  de  sortie,  l'organe  di- 
gestif n'étant  plus  un  sac,  mais  un  véri- 
table ctiial;  toutefois  l'oriâee  de  sortie 


se  troQTe  encore  assex  rapproché  de  ce- 
lui  d'entrée,  comme  on  le  voit  chez  les 
oursins,  les  astéries,  plusieui's  mollus- 
ques, etc.  Chez  les  annelides  et  d*aulres 
mollusques  Ton  aperçoit  un  appareil  de 
préhension  et  de  broiement  garnissant  le 
bord  ioterned'une  lèvre  circulaire,m(>Uey 
flexible,  fortement  contractile  ;  des  cils 
mobiles,  des  pointes  cartilagineuses  ai- 
dent la  bouche  dans  ses  fonctions  d'ap- 
préhension et  de  fausse  succion  chez  les 
sangsues,  etc.;  dans  les  mollusques  cé- 
phalopodes, les  crustacés,  une  grande 
partie  des  insectes,  on  voit  les  pièces  de 
l'appareil  buccal  augmenter  de  nombre  et 
leurs  fooctionss'isuleren  mèmetemps.Des 
tenailles  coriaces  sont  destinées  à  couper 
latéralement  les  substances  alimentaires, 
assez  fortes  quelquefois  poiu*  scn  ir  d'ar* 
mesdéfen»ivescontredesanimanx  pUisro* 
bustes;  d'autres  pièces,  mobiles  de  bas  ca 
haut, contiennent  les  sub^tames que  mâ- 
che l'animal  et  que  délaie  un  liquide  sé- 
crété p»r  les  parois  membraneuses  de  la 
bouche;  la  sapidité  des  corps  devient 
dès  lors  possible;  des  palpes  plus  oa 
moins  allongés,  flexibles,  placés  sur  les 
bords  de  la  bouche,  |iermettent  aussi  à 
ces  animaux  d'analyser  d'autres  pro- 
priétés des  substances  assimilables,  telles 
que  leur  forme,  leur  volume,  leur  den- 
sité, leur  température,  et  peut-être  leur 
odeur  particulière.  Chez  d'autres  insectes 
destinés  à  se  nourrir  de  substances  li- 
quides, la  bouche  se  modifie  autrenient  ; 
elle  se  prolonge  en  sypboo  protractile, 
susceptible  d'un  mouvement  de  succioQ 
plus  ou  moins  énergique,  tantôt  simple, 
tantôt  aidée  dans  son  action  par  des  ta- 
rières. La  bouche  des  diptères  et  des 
lépidoptères  nous  offre  cela  de  particu« 
lier  que,  dans  une  des  premières  périodes 
de  leur  existence,  ils  présentent  l'une  de 
ces  disposition», taodisque, dans  leur  état 
parfait, ils  revêtent  Tauire.  Chez  certains 
poissons  on  retrouve  encore  des  lèvres 
molles  disposées  à  la  succion,  comme  dans 
les  lamproies,  etc.  ;  mais  dans  leur  inté- 
rieur on  remarque  une  conformation  qui 
se  rapproche  de  la  disposition  générale 
de  la  bouche  chez  ces  animaux.  Ils  pré- 
sentent ordinairement  une  bouche  com- 
primée de  haut  eu  bas,  composée  de  deux 
battaus  solides»  osseux,  paraboliques,  di- 


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(  759  ) 


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ductîUes,  garnis  à  leurs  hordv  internes 
de  tubercules  crétacés,  pointus,  destinés 
à  retenir  et  broyer  la  proie.  Tantôt  cette 
bouche  est  placée  sous  la  tête  de  Taui" 
mal,  comme  dans  les  raies,  les  squales; 
tantôt  à  sa  partie  la  plus  avancée;  quel- 
quefois dans  un  sens  différent  de  celui 
du  reste  de  la  lace,  ce  qui  fait  donner  à 
ces  poissons  le  nom  de  contournés.  L'in- 
tervalle de  la  parabole  que  décrivent  les 
parties  qui  circonscrivent  Touverture  de 
la  bouche  est  rempli  en  haut  par  une 
voûte  osseuse  tapissée  d'une  membrane 
molle,  en  bas  par  un  repli  musculo-mem- 
braneux,  soutenu  par  des  pièces  osseuses, 
doué  de  mouvemens  particuliers,  une 
langue  en  un  mot;  ce  repli  est  déjà 
chargé,  d'une  manière  spéciale,  d'appré- 
cier les  qualités  physiques  et  chimiques 
des  substances  assimilables  et  de  réunir 
leurs  fragmens  divués,  de  les  diriger 
vers  la  partie  su i vamp  du  canal  digestif; 
elle  parait  suppléer  ici  au  défaut  de  lè- 
vres fleiibles,  à  la  disparition  des  pal- 
pes, etc.  des  animaux  précédens. 

Quelquefois  les  parois  supérieure  et 
inférieure  de  la  bouche  sont  aussi  parse- 
mées de  tubercules  solides  ou  dents;  mais 
dans  la  bouche  des  poissons  intervient 
l'adjonction  d'une  nouvelle  fonction.  Les 
organes  chargés  de  I  absorption  de  l'air 
pour  l'hématose,  disséminés  sur  divers 
points  intérieurs  ou  extérieurs  du  corps 
chez  les  animaux  inférieui^,  commen- 
cent à  se  concentrer  et  à  se  placer  à  la 
partie  antérieure  de  l'animal;  ici  ils 
viennent  communiquer  avec  les  parties 
latérales  et  postérieures  de  la  bouche,  et 
l'eau  aérée  qui  doit  les  traverser  est  prise 
par  la  bouche. et  ensuite  dirigée  et  pous- 
sée en  arrière  par  la  langue  et  les  oper- 
cules, avec  une  force  plus  ou  moins  con- 
sidérable, selon  que  l'animal  veut  ou  ne 
veut  pas  faire  servir  ce  mouvement  à  sa 
progression  en  avant.  Parmi  les  reptiles 
il  en  est  quelques-uns  qui,  dans  tout  ou 
partie  de  leur  vie,  offrent  des  branchies; 
mais  jamais  chez  eux  elles  n'ont  de  rap- 
port avec  l'intérieur  de  la  bouche,  et 
cette  cavité  ne  présente  plus  d'ouverture 
sur  ses  côtes  postérieures.  Les  parties  qui 
la  constituent  dans  ces  animaux  offrent 
à  peu  près  les  mêmes  dispositions  qne 
chez  les  poissons;  mais  ioi  les  dents  s« 


localisent  davantage;  chez  quelques  ia* 

dividus  la  langue  se  développe,  devient 
extensible,  et  constitue  un  moyen  de  pré* 
bension  qui  s'él£nd  à  des  distances  assez 
remarquables;on  présume  qu'elle  est  p^r 
quelques-uns  im  organe  d'équilibration 
de  température,  pat  ce  qu'ils  la  dardent 
de  temps  à  autre  à  l'extérieur,  sans  autre 
nécessité  apparente.  La  modification  ren- 
trée à  l'intérieur  des  organes  respiratoires, 
et  accommodée  pour  la  respiration  de 
l'air  à  l'état  élastique  fait  que  la  bouche 
concourt  à  de  nouvelles  fonctions  :  d'une 
part,  l'air  chassé  ou  expiré  peut,  en  sorr 
tant,  produire  des  sons,  et  la  bouche  peut 
les  modifier  pour  sa  part  comme  le  tuyau 
d'évent  de  nos  instrtimens  de  musique; 
d'un  autre  côté,  les  organes  chargés  d'a- 
nalyser une  des  qualités  de  l'air  inspiré, 
les  organes  de  l'odorat,  se  concentrent 
près  de  la  bouche  et  viennent  communi- 
quer plus  ou  moins  souvent  dans  sa  ca- 
vité, très  près  de  son  orifice  extérieur 
dans  les  batraciens,  plus  loin  dans  les  bi- 
penniens,  et  presque  au-delà  de  son  ou- 
verture pharyngienne  dans  les  crorodi* 
les;  cela  fait  que  ces  derniers  peuvent 
respirer,  la  bouche  pleine  d'alimcns,  et 
que  tous  peuvent  à  leur  gré  re.^pirer  sans 
flairer  ou  réunir  ces  deux  fonctions,  la 
langue  pouvant,  chez  les  uns,  fermer  on 
laisser  libre  l'ouverture  de  communica» 
tion  de  la  bouche  et  des  fosses  nasales  » 
et,  chez  les  autres,  une  soupape  mem- 
braneuse suspendue  dans  l'arrière- bou- 
che suppléant  à  Tinsuffisance  de  la  lan- 
gue. 

La  membrane  qui  revêt  l'intérieur 
de  la  bouche  n'est  plus,  chez  les  reptiles, 
seule  chargée  de  la  sécrétiou  d'uu  fluide 
lubréfianl  ;  des  glandes  placées  ru  voisi- 
nage versent  dans  la  cavité  buccale  le 
produit  de  leur  travail,  et  ce  liquider 
cbcz  quelques-uns  des  qualités  tellement 
délétères  que  son  introduction  dans  l'in- 
térieur des  tisius  éteint  promptement  la 
vie.  Chez  un  grand  nombre  les  mâchoires 
sont  repliées  de  telle  sorte  sur  elles- 
mêmes  que  les  pièces  qui  les  composent, 
en  se  développant,  peuvent  donner  à  la 
bouche  une  grandeur  tiiple  de  celle 
qu'elle  a  dans  l'état  de  repus.  Dans  les 
animaux  supérieurs,  la  ii4phpir^  infe- 
rieujre   est  seule  mobile.  1^^  reptiles 


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BOU 


nous  offrent  encore  cette  particularité 
qu'un  certain  nombre  d'entre  eux,  ceux 
qui  sont  doués  d'une  salive  venimeuse, 
ont  la  partie  antérieure  de  la  mâchoire 
supérieure  susceptible  de  mouvement, 
afin  de  faciliter  le  redressement  des  cro- 
chets canaliculés  au  moyen  desquels  ils 
inoculent  la  mort 

Chez  les  oiseaux  (vof.  Bec)  ,  on 
retrouve  encore  les  mêmes  dispositions 
générales  :  des  lèvres-cornées  quelque- 
fois développées  en  insti^umens  d'agres- 
sion ,  mais  point  de  dents,  à  moins  qu'on 
ne  regarde  comme  telles  les  dentelures 
du  bec  des  toucans  ,  des  cygnes,  des  ca- 
nards, etc.;  la  langue  ne  sert  à  saisir  les 
objets  que  dans  un  petit  nombre  d'oi- 
seaux; du  reste  à  peu  près  les  mêmes 
rapports  que  chez  la  plupart  des  rep- 
tiles, et,  de  plus,  l'intervention  d'un  autre 
organe,  celui  de  l'audition;  la  trompe 
d'Ëustachi  venant  chez  eux  s'ouvrir  à  la 
partie  supérieure  de  la  bouche. 

Dans  les  cétacés ,  la  bouche  offre  de 
nouveau  des  lèvres  assez  souples  pour 
pouvoir  s'appliquer  sur  les  corps ,  dont 
elles  apprécient  certaines  circonstances, 
et  permettre,  dans  le  jeune  âge,  un  mou- 
vement de  succion  vraie  ou  par  aspira- 
tion en  rapport  avec  le  mode  de  nutrition 
maternelle  qui  leur  est  encore  nécessaire, 
pendant  quelque  temps;  car  ici  commen- 
cent les  mammifères.  Chez  quelques-uns 
la  bouche  communique  assez  librement 
avec  les  fosses  nasales,  pour  chassera 
des  distances  assez  fortes  par  leurs  ori- 
fices modifiés  et  désignés  sous  le  nom 
d'évents,  l'eau  que  ces  animaux  aquati- 
ques engloutissent  dans  la  bouche  avec 
leur  proie. 

Chez  les  mammifères  la  bouche  et  les 
parties  qui  la  constituent  se  modifient  se- 
lon le  mode  de  vivre  auquel  ils  sont  ap- 
pelés; mais  en  général  on  retrouve  au 
fond  les  mêmes  rapports.  Chez  quelques- 
uns  cette  partie  prend  quelques  relations 
avec  la  génération  et  sert  à  l'excitation 
des  organes  génitaux ,  ou  a  la  reconnais- 
sance du  sexe  et  des  circonstances  favo- 
rables pour  l'accouplement.  Chez  plu- 
sieurs, et  ce  sont  précisément  ceux  dont 
il  vient  d'être  question,  la  bouche  devient, 
mais  accidentellement  et  d'une  manière 
maladive  seulement,  le  siège  d'une  sécré- 


tion dont  Tinoculation  est  aussi  délétère 
(voj.Ragk);  les  joues  se  développent  plus 
ou  moins  et  forment  quelquefois  des  sacs 
désignés  d'abord  sous  le  nom  de  basses 
joues  d'où  Ton  a  fait  abajoues.  Mais  c'est 
chez  l'homme  que  les  diverses  parties  de 
la  bouche  présentent  une  toute  autre 
complication  :  presque  toutes  ses  parois 
mobiles  sont  douées  d'un  grand  nombre 
de  muscles  dont  l'action  est  isolée,  indé- 
pendante, et  qui  varie  à  l'infini  la  forme 
de  cette  caWté  et  celle  des  parties  qui  la 
constituent;  tous  ses  mouvemens  don- 
nent à  la  voix  des  nuances  plus  précises, 
plus  variées,  et  impriment  à  la  physiono- 
mie un  caractère  propre  qui  s'adapte  aux 
nombreuses  modifications  des  sensations 
auxquelles  l'homme  est  sujet  plus  qu'au- 
cun autre  animal.  Les  différentes  parties 
de  la  bouche  n'ont  pas  de  prime  abord , 
chez  tous  les  animaux  et  surtout  chez 
l'homme,  tout  le  perfectionnement  et  la 
complication  d'action  dont  elles  sont  sus- 
ceptibles :  ce  n'est  qu'avec  l'âge  et  à  force 
d'exercice,  qu'elles  acquièrent  leur  plus 
haut  point  de  précision  ;  tous  les  indivi- 
dus ne  sont  même  pas  capables  d'attein- 
dre au  degré  où  certaines  personnes  ar- 
rivent; car  outre  la  perfection  dans  l'or- 
ganisation des  parties  de  la  bouche  elle- 
même  ,  il  faut  encore  celle  des  organes 
chargés  de  diriger  et  de  transmettre  les 
mouvemens,  et  sous  ces  divers  rapports 
l'on  ne  peut  méconnaître  l'inégalité  dans 
la  répartition  des  conditions.  Mais  quels 
qu'aient  été  les  caractères  des  organes  de  la 
bouche,  on  voit,  à  un  certain  âge,  leur  per- 
fection décroître  successivement  en  rai- 
son ordinairement  directe  de  l'impor- 
tance de  leurs  relations  avec  l'existence. 
Une  partie  dont  les  rapports  avec  le  reste 
de  l'économie  sont  si  nombreux  et  qui 
est  chargée  de  présider,  pour  ainsi  dire, 
à  des  fonctions  si  importantes,  a  dû 
être  l'objet  de  l'étude  toute  spéciale  des 
naturalistes  :  aussi,  par  suite  de  leurs  ob- 
servations, l'examen  de  la  bouche  peut 
seul  quelquefois  les  éclairer  sur  l'état 
physiologique  des  individus  et  faire  re- 
connaître l'âge  et  les  habitudes  des  ani- 
maux. Le  médecin  trouve  dans  sa  con- 
sidération de  l'état  de  la  bouche  un  puis- 
sant moyen  de  diagnostiquer  les  l^ons 
des  oiiganes  intérieurs.  Foj.  LAHonXy 


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(761) 


BOU 


LiymEs,  Mâchoires,  Dehts  et  Den- 
taire (appareil)^  Salive,  Palais.  T.  C. 

BOUCHE  A  FEU,  v.  Bouches  a  feu. 

BOUCHE  DU  ROI.  On  appelait  ainsi, 
en  France,  le  service  alimentaire  du  sou* 
verain  :  la  cuisine,  la  cave,  la  boulangerie, 
la  fruiterie  et  encore,  selon  quelques  au- 
teurs, la  fourrière  ou  la  fourniture  de 
bois.  Sous  Charles  Y  la  bouche  se  divi- 
sait en  paneterie-bouche,  échansonnerie- 
bouche,  cuisine-bouche,  saucerie  et  frui- 
terie. Les  principaux  employés  de  la 
bouche  étaient  :  le  grand-panetier ,  le 
grand-échauson  ,  les  maitres-d'hôtel,  les 
gentilshommes  de  la  bouche  du  roi,  les 
écuyers  de  cuisine ,  les  échansons ,  som- 
meliers et  panetiers,  etc.;  ce  personnel 
s'élevait  à  plusieurs  centaines  de  per- 
sonnes. S. 

BOUCHER,  BOUCHERIE.  On  ap- 
pelle boucher  celui  qui  s'occupe  de  tuer 
les  animaux  destinés  à  la  nourriture  de 
rhomme,  de  les  dépecer  et  de  les  vendre 
en  détail ,  et  boucherie  le  lieu  où  s'exer- 
ce son  commerce.  Dans  les  petites  agglo- 
mérations d'hommes  chacun  mettait  à 
mort  les  pièces  de  bétail  dont  il  avait 
besoin;  mais  dans  les  grandes  villes  plu- 
sieurs professions  spéciales  ont  dû  pren- 
dre naissance.  A  Paris,  par  exemple,  les 
bouchers  se  bornent  à  vendre  le  bœuf, 
le  veau  et  le  mouton;  et  les  porcs,  la  vo- 
laille, le  gibier  et  même  certaines  parties 
des  autres  animaux  sont  devenus  l'objet 
d'autant  de  commerces  particuliers  exer- 
cés par  le  charcutier,  le  marchand  de  vo- 
lailles et  le  tripier.  Les  bouchers  abat- 
taient le  bétail  dans  un  local  particulier 
près  de  leurs  boucheries,  au  milieu  des 
villes;  mais  les  graves  inconvéniens  qui 
résultaient  de  cette  disposition  ont  ame- 
né ,  au  moins  dans  les  villes  principales, 
l'établissement  des  abattoirs  (vojr.  ce 
mot);  et  maintenant  les  boucheries  ne 
sont  plus  que  des  boutiques  tantôt  réu- 
nies dans  un  grand  bâtiment,  tantôt  iso- 
lées et  où  l'on  vend  la  viande  crue.  Des 
réglemens  de  police  prescrivent  la  forme 
de  ces  établissemens,  qui  doivent  être 
complètement  aérés  :  ceux  de  Paris  sont 
à  cet  effet  garnis  de  grilles  donnant  sur 
la  rue.  Une  surveillance  exacte  est  exer- 
cée, ou  du  moins  prescrite,  pour  éviter 


qu'il  ne  soit  exposé  en  vente  de  U  viande  i  à  ces  opérations. 


gâtée  ou  provenant  d'animaux  morts  de 
maladies  et  surtout  de  maladies  conta- 
gieuses. Cela  n'empêche  pas  que  les  ani- 
maux morts  de  maladie  ne  soient  trop 
souvent  débités  comme  les  autres,  et  que 
même  il  ne  se  vende  une  quantité  fort 
considérable  de  chair  de  cheval.  Heu- 
reusement que  cette  fraude  n'a  pas  d'in- 
convénient réel  pour  la  santé  publique. 
Foy,  Viande. 

Les  bouchers  formaient  autrefois  une 
corporation  ayant  ses  lois  et  ses  privilè- 
ges. En  France,  ils  furent  investis  sous 
l'empire  d'un  monopole  détruit  sous  la 
Restauration,  et  maintenant  leur  com- 
merce est,  comme  presiiue  tous  les  au- 
tres, livré  à  la  concurrence  qui  n'a  pu 
faire  justice  encore  d'une  foule  d'abus 
contre  lesquels  on  n'a  pas  trouvé  de 
moyen  répressif.  Les  bouchers  de  Paris 
ont  une  caisse  commune  sous  le  nom  de 
caisse  de  Poissy,  ayant  pour  objet  de 
faciliter  leurs  paiemens  aux  divers  mar- 
chés de  bestiaux  et  de  leur  épargner  la 
peine  de  transporter  les  fonds  nécessai- 
res à  leurs  acquisitions  ;  d'ailleurs  il 
n'existe  entre  eux  aucune  solidarité. 

Une  innovation  remarquable  vient  de 
s'opérer  à  Paris  dans  le  commerce  de  la 
boucherie.  Jusqu'à  présent  la  viande  se 
vendait  avec  les  os,  dont  l'introduction 
dans  la  pesée  était  au  moins  de  25  p.^o 
et  dépassait  souvent  ce  terme.  Un  étal 
s'est  formé  où  l'on  vend  la  viande  désos- 
sée, parée  et  même  lardée,  à  un  prix  un 
peu  supérieur  au  taux  ordinaire.  Les  os 
et  les  parties  les  moins  délicates  de  la 
viande  servent  à  confectionner  du  bouil- 
lon et  du  consommé  qui  se  débitent  dans 
les  établissemens  que  le  public  semble 
accueillir  avec  faveur.  Fojr,  Bouillon. 

La  profession  de  boucher  parait  favo- 
rable à  la  santé  On  remarque  que  toutes 
les  personnes  employées  au  commerce 
de  la  chair  crue  ont  une  carnation  et  un 
embonpoint  qui  deviennent  quelquefois 
excessifs,  et  qui  contrastent  notablement 
avec  l'aspect  extérieur  des  charcutiers. 
D'ailleurs  ils  sont  exposés  à  des  accidens 
graves,  lorsqu'il  leur  arrive  d'abattre  ou 
de  dépouiller  des  bêtes  mortes  du  char- 
bon (vojr.)y  surtout  s'ils  viennent  à  se 
blesser  avec  les  instrumens  qui  ont  servi 


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BOU 


(763) 


BOU 


L'opinion  vulgaire  est  que  les  bou- 
chers accoutumés  à  la  vue  du  sang  sont 
cruels  et  sanguinaires,  et  la  liuéraiure  et 
les  arts  se  sont  plus,  en  quel(|ue  sorte,  à 
propager  cette  erreur.  Il  est  pourtant 
prouvé  que  les  bouchers  ne  figurent  qu*à 
peine  dans  la  statistique  des  tribu- 
Daux.  F.  R. 

BOUCHER  (FaANçoTs),  naquit  à 
Paris  en  1704.  Il  eut  Lemoyne  pour 
maître.  A.  19  ans  il  remporta  le  premier 
prix  de  peinture  et  fit  le  voyage  de  Rome, 
comme  pensionnaire.  A  son  retour,  en 
1731,  il  fut  reçu  académicien  sur  son 
tableau  de  Renaud  aux  pieds  d*  Annule. 
Il  mourut  à  Paris,  en  1768,  premier 
peintre  du  roi.  François  Boucher  oflre, 
comme  homme  et  comme  peintre,  Ti mage 
de  son  siècle.  La  dépravation  de  ses 
mœurs,  la  décadence  de  son  goût,  le 
factice  de  sa  couleur,  le  prétentieux  de 
ses  compositions,  la  mignardise  de  ses 
caractères  de  tête,  son  dessin,  ses  ex- 
pressions, ont  suivi  pas  à  pas  la  marche 
licencieuse  et  dévergondée  de  la  société 
sous  la  ré^çcnce  et  le  règne  de  Louis  XV. 
Il  est  en  peinture  ce  que  Crébillon  fils 
est  en  littérature:  encore  ce  dernier  pre- 
nait-il quelquefois  ses  scènes  dans  la  na- 
ture que  Boucher  ne  consultait  jamais.  Il 
est  le  peintre  le  plus  faux,  le  plus  ma- 
niéré qui  ait  peut-être  existé.  Absolu^ 
ment  étranger  au  grand,  au  beau,  au 
vrai,  à  l'expressif,  ses  figures  de  femmes 
sont  des  grisettes ,  des  prostituées  bien 
mignardes,  bien  fardées,  bien  boursou- 
flées, n'exprimant  rien  que  Tindécenre, 
ou  la  nullité  du  peintre  qui  n*a  su  les 
animer  d'aucun  sentiment;  ses  cnfans 
gros  et  joufflus  ressemblent  à  des  bâtards 
de  Bacchus  ou  à  de  jeunes  satyres;  ses 
bergers  sont  des  espèces  de  monstres  in- 
capables d'exécuter  aucune  action  hu- 
maine. S'il  a  quelque  part  un  mérite  réel, 
c*est  dans  ses  pastorales  :  généralement 
ses  sujets  champêtres  sont  disposés  avec 
goût;  oo  y  remarque  une  grande  facilité 
d'idées,  mais  le  plus  souvent  ces  idées 
ne  sont  qu'indiquées;  les  tableaux  de 
Boucher  ressemblent  bien  plutôt  à  des 
esquisses,  à  des  croquis,  qu'à  une  pein- 
ture achevée.  £t  néanmoins,  par  un  char- 
me indicible,  une  manière  spirituelle  de 
grouper,  de  disposer  les  fi^^ires,  4^  lef 


entourer  d'accessoires  heorevx  d«  choix 
et  de  disposition ,  et  de  leur  donner  des 
mouvemens  gracieux,  par  des  tons  de 
chairs  séduisans,  enfin  par  un  ragoût, 
unyb^<7// pittoresque,  comme  disent  ses 
contemporains,  il  séduit ,  il  captive.  On 
a  comparé  Boucher  à  un  enfant  dont  les 
spirituelles  inconséquences  excitent  le 
rire  bienveillant  de  l'homme  grave.  Bou* 
cher  est  en  elTet  un  grand  enfant  auquel 
il  faut  beaucoup  pardonner  en  faveur  de 
ses  brillantes  qualités.  Aucun  peintre  n  a 
plus  que  lui  occupé  le  burin  des  graveurs; 
il  a  gravé  lui-même  d'une  pointe  spiri- 
tuelle, une  vingtaine  de  morceaux  de  sa 
composition.  L.  C.  S. 

BOUCHER  (Alexaiidxk  Jban),  YA- 
texan dre  des  violons,  comme  il  s'est 
nommé  lui-même,  est  né  à  Paris  en  1 770. 
Il  se  livra  fort  jeune  à  l'étude  de  la  musi- 
que et  du  violon  sous  la  direction  de  Na^ 
voigille  aîné,  professeur  habile.  Aban- 
donné de  bonne  heure  à  lui  -  même, 
chargé  d'une  famille  dont  il  était  l'uni- 
que soutien,  M.  Boucher  quitta  la  France 
à  I  âge  de  1 7  ans  et  se  rendit  en  Espagne 
où  le  roi  Charles  IV  l'admit  dans  sa  mu- 
sique particulière  en  qualité  de  violoa 
solo.  Malgré  les  avantages  que  lui  offrait 
cette  place,  il  ne  fit  pas  en  Espagne  un 
s^'our  de  longue  durée.  5a  santé  s'était 
altérée,  et  il  profita  d'un  congé  qui  lui 
fut  accordé  pour  revenir  à  Paris.  Il  joua 
aux  concerts  que  donna  M""^  Catalaoi  ea 
1 807  au  Grand  Opéra,et  à  ceux  des  dames 
Grassini  et  Giacomelli  au  mois  de  mai  de 
raaaéc  suivante.  On  fui  d'abord  quel^ 
que  peu  choqué  de  l'étrangeté  de  ses 
manières;  on  l'accusa  de  n'avoir  point 
d'école,  on  le  taxa  de  charlatanisme;  mais 
oo  ne  put  disconvenir  qu'il  avaii  un  ta- 
lent très  remarquable. 

Lorsque  Charles  IV  fut  retenu  prison- 
nier à  FontaineNeau,  ML  Boucher  lui 
donna  une  preuve  d'attachement  et  de 
reconnaissance  dont  ce  roi  fut  touché, 
en  se  rendant  un  des  premiers  auprès  de 
lui.  Après  la  Restauration  M.  Boucher  a 
passé  plusieurs  années  à  Paris.  Puis,  aprè$ 
1820,  il  a  voyagé  en  Allemagne,  en  Po- 
logne, en  Russie  et  dans  les  Pays-Bas, 
obtenant  partout  de  gi*andj  succès.  De 
retour  dans  la  capitale,  il  se  livra  à  Teo- 
s/signen^eat  du  violoo  H9»f^  Mleodrt 


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(76Î) 


BOU 


pour  la  dernière  fois  dans  im  concert 
qu'il  donna  en  1829  au  ihéâtre  de  l'O- 
péra-Comique. 

M.  Boucher  a  quitté  Paris  depuis 
quelques  années;  il  s*esl  fixé  en  Espa- 
gne, et  a  été  appelé  à  faire  partie  de  la 
musique  de  la  chambre  de  Ferdi- 
nand VII.  On  lui  trouvait  autrefois  une 
ressemblance  frappante  avec  l'empereur 
^apolét)n.  £.  F-s. 

BOUCHES  A  FEU.  Cestune  expres- 
sion générique  sous  laquelle  sont  réelle* 
meut  comprises  toutes  les  armes  à  feu , 
quelles  que  soient  leur  forme  et  leurs 
dimensions.  Mais  on  distingue  particu- 
lièrement 50US  le  nom  d*armes  à  feu  les 
fusils,  les  mousquetons,  les  carabines, 
les  pistolets  (  voj.  Armes  )  ;  et  on  désigne 
plus  spécialement  sous  le  nom  de  bouches 
à  feu  les  canons,  les  obusiers,  les  mor- 
tiers et  les  pierriers. 

Les  unes  et  les  autres  se  confondent 
dans  une  même  origine,  qui  remonte  à 
Tépoque  de  rinveution  de  la  poudre 
(vo^.).  Ce  fut  vers  le  milieu  du  xiv* 
siècle  que  celte  découverte,  après  avoir 
subi  les  mcKlifications  les  plus  variées 
dans  les  monastères  et  dans  les  labora- 
toires, parvint  jusque  dans  les  armées  : 
alors  il  fallait  encore  imaginer  les  armes 
avec  lesquelles  on  devait  faire  usage  de 
la  poudre;  et  ce  n*est  qu'après  une  lon- 
gue série  de  tâtonnemens  que  la  poudre 
et  les  armes  que  son  emploi  nécessitait 
parvinrent  à  être  usitées  sous  les  diverses 
formes  et  compositions  qu'elles  ont  sue* 
oetsivement  reçues  jusqu'à  nos  jours. 

Celte  double  invention  ne  pouvait 
manquer  de  produire  une  immense  ré- 
volution dans  l'art  de  la  guerre  ;  mais  elle 
fut  lente ,  malgré  la  constance  des  efforts 
de  Tespi  it  humain. 

Dans  l'origine,  on  chercha  d'abord  a 
déployer  tout  le  ressort  de  la  poudre,  et, 
pour  en  augmenter  l'intensité,  on  variait 
Ves  doses  du  salpêtre ,  du  soufre  et  du 
charbon  qui  la  composent.  Sous  les  noms 
de  canons ,  de  bombardes  ou  de  coulcU' 
yrineSf  les  mêmes  machines  reçurent 
des  dimensions  très  différentes.  D'abord 
énormes  et  presque  immuables,  elles  de- 
vinrent ensuite  portatives  et  passèrent 
enfin  dans  les  mains  du  soldat,  et  dans 
celles  du  chasseur  sous  la  forme  du/usil^ 


du  momquetom ,  de  la  carabine  et  du 
pi.^t'  let. 

Ces  premières  armes  à  feu  étaient  de 
simples  tubes  en  fer  battu  ;  on  les  éta- 
blissait sur  des  chevalets.  Leur  forme, 
leur  manœuvre,  leur  dénomination  étaient 
les  mêmes  que  celles  des  bouches  à  feu. 
On  eut  primitivement  des  couleuvrines 
à  main,  dont  il  est  fait  mention  dans  les 
guerres  de  1380  à  1467,  décrites  par 
Juvénal  des  Ursins  et  par  Monstrelet  ; 
on  eut  ensuite  des  bombardes  à  main  y 
ou  portatives,  dont  les  Flamands  se  ser- 
vaient en  1 382,  à  la  bataille  de  Rosebec; 
puis  des  canons  à  main ,  avec  lesquels 
les  assiégés  lançaient ,  en  1 4 1 4 ,  au  siège 
d'Arras,  de  grosses  balles  de  plomb.  Ces 
diverses  armes,  établies  sur  des  cheva- 
lets, lançaient  d'abord  leiu's  projectiles 
dans  unç  direction  constante.  Pour  ren- 
dre variable  l'angle  du  tir,  on  ajouta  au 
tube  des  tourillons  qui  tournaient  dans 
les  fourches  d'un  croc  porté  sur  un  tré- 
pied. Cette  espèce  d'affût  (  voy,  ArruT  ) 
fit  donner  aux  canons  à  main  le  nom 
d*arquebuses  à  croc.  Bientôt  après  on 
encastra  des  canons  plus  légers  dans  des 
fûts  de  bois  terminés  par  une  crosse.  Le 
canon  conservait  d'abord  trop  de  lon- 
gueur; et  dans  le  tir,  en  appliquant  la 
crosse  contre  l'épaule,  il  fallait  appuyer 
le  bout  de  l'arme  sur  une  (ourchetle  ou 
béquille.  On  allégea,  on  accourcit  le  ca- 
non, et  la  fourchette  disparut  dans  les 
manœuvres  des  armées.  Elle  n'est  con- 
servée aujourd'hui  que  dans  l'attaque  et 
la  défense  des  places ,  pour  le  /usil  de 
rempart,  La  lumière  était  percée  sur  le 
côté,  et  un  bassinet  recevait  l'amorce  à 
laquelle  la  main  portait  le  feu.  Mais  il 
était  fort  difficile  de  viser  en  mettant  ainsi 
le  feu  avec  la  main  ;  il  fallait  lever  cette 
difficulté. 

On  imagina  divers  mécanismes  dont 
les  anciennes  arquebuses  nous  offrent 
encore  des  modèles  ;  et  c'est  après  deux 
siècles  d'essais  et  de  recherches  qu'on 
trouva  cnfii  \ipiatifte  (v,  ce  mot),  qui  est 
resté  adaptée  jusqu'à  ces  derniers  temps 
aux  armes  de  chasse,  et  l'est  encore  même 
aux  armes  de  guerre,  telles  que  le  fusil , 
la  carabine,  le  mousqueton  et  le  pistolet. 
Mais  depuis  peu  d'années  on  a  proposé 
de  substituer  à  la  platine  une  armature 


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BOU 


(764) 


BOU 


nouvelle ,  avec  des  capsules  d*argent  fal- 
minant  (vo/.),  que  Ton  emploie  déjà  avec 
succès  pour  les  armes  de  chasse;  et  îl  est 
probable  que  le  gouvernement  français 
introduira  par  la  suite  cette  innovation 
dans  Tarmée,  si  les  expériences  que  le 
ministre  de  la  guerre  fait  faire  en  ce 
moment  donnent,  ainsi  qu'on  a  tout  lieu 
de  Tespérer,  un  résultat  satisfaisant. 

Tous  les  essais  ingénieux  ou  bizarres 
tentés  pendant  trois  siècles,  en  perfec- 
tionnant les  armes  à  feu ,  s'appliquent 
naturellement  aux  bouches  à  feu.  Ces 
nouvellçs  espèces  de  foudres  de  guerre 
nécessitent  de  nouveaux  projectiles,  pro- 
duisent de  nouvelles  trajectoires ,  et  don- 
nent lieu  à  des  combinaisons  nombreuses, 
qui  forment  le  domaine  particulier  d'une 
science  nouvelle ,  la  baltistique  (voy,  ce 
mot),  dont  les  principes  viennent  enfui 
fixer  tout  ce  que  l'art  avait  encore  d'in- 
certain. 

Dès  les  années  de  1376  à  1378,  c'est 
avec  le  canon  qu'on  ouvre  la  brèche  à 
Thouars,  Ardres  et  Saint-Malo.  Après 
le  siège  de  Naples  on  reconnaît  l'im- 
puissance des  anciennes  machines  ballis- 
tiques  :  on  les  abandonne;  le  canon  seul 
est  employé  dans  les  batailles  et  dans  les 
sièges. 

On  en  fait  d'assez  forts  pour  lancer 
de  très  lourds  projectiles.  En  1495,  un 
boulet  énorme  s'élève  au-dessus  des  rem- 
parts de  Naples,  tombe,  et  crève  la  voûte 
de  l'église  des  Minimes.  Le  mortier  et  la 
bombe,  quoique  inventés,  à  ce  qu'on 
croit,  en  1467,  par  Pandolphe  Mala- 
testa ,  prince  de  Rimini ,  ont  été  em- 
ployés pour  la  première  fois  parles  Turcs, 
en  1522,  au  siège  de  Rhodes. 

La  fabrication  des  projectiles,  néces- 
sairement subordonnée  à  celle  des  bou- 
ches à  feu,  dut  subir  aussi  quelques  mo- 
difications. On  essaya  tour  à  tour  les 
boulets  de  pierre,  de  plomb,  de  fer,  de 
bronze. 

La  légèreté,  la  mobilité,  dont  on  re- 
connaît tous  les  avantages  pour  les  ca- 
nons, paraissent  des  défauts  dans  les 
mortiers.  On  les  établit  d'abord  avec  des 
tourillons  tournant  dans  des  madriers 
qui  tiennent  à  un  massif  métallique.  Puis, 
de  nos  jours,  nous  en  avons  vus  coulés 
,avec  leurs  semelles,  qui  ne  forment  avec 


elles  qn'ane  seule  et  même  masse.  Le 
mortier,  mobile  sur  ses  tourillons,  se 
manœuvre  avec  des  leviers  ou  un  cric, 
et  se  pointe  à  l'aide  d'un  quart  de  cercle. 
Dans  les  autres,  c'est  en  variant  les  char- 
ges que  Ton  fait  varier  les  portées. 

En  donnant  plus  d'épaisseiu- ,  et  par 
conséquent  plus  de  résistance,  au  métal , 
on  a  fait  dernièrement  le  mortier-monstre 
qui  a  été  employé  deux  ou  trois  fois ,  en 
1832,  au  siège  d'Anvers.  Il  lance  des 
bombes  du  poids  de  500  kil.  ;  la  chute  de 
ces  bombes  crève  les  voûtes  de  casemates 
qui  avaient  été  construites  à  l'épreuve  des 
bombes  ordinaires,  dont  le  poids  n'est 
que  de  120  à  150  livres  (60  à  75  kil.). 

Cet  exposé  sommaire  fait  voir  com- 
bien d'essais  et  de  tâtonnemens  il  a  falla 
traverser  pour  amener  les  bouches  à  feu 
au  point  où  elles  en  sont  aujourd'hui; 
et  il  est  aisé  de  prévoir,  d'après  les  pro- 
grès que  font  chaque  jour  les  sciences  et 
les  arts,  que  les  bouches  à  feu  recevront 
encore  de  nouveaux  perfectionnemens. 
F'oy.  Artillerie  ,  Canon  ,  MoRTiEa , 
Obusier.  C-tb. 

BOUCHES  DU  RHONE  (départe- 
ment des)  ,  situé  au  sud-est  de  la  France 
et  formé  d'une  partie  de  l'ancienne  Pro- 
vence et  du  comtat  Venaissin  ;  son  ter- 
ritoire était  compris,  sous  les  Romaioa, 
dans  la  seconde  Narbonnaise.  Ce  dépar- 
tement reçoit  son  nom  du  Rhône  qui  y 
débouche  dans  la  Méditerranée.  Ses  bor- 
nes sont,  au  nord,  le  département  de 
Yaucluse ,  dont  il  est  séparé  par  la  Da- 
rance;  à  l'est  celui  du  Yar;  au  sad  la 
mer,  et  à  l'ouest  le  département  du  Gard^ 
dont  le  Rhône  le  sépare.  Sa  longueur 
est  de  12  myriamètres,  sa  largeur  de  6, 
et  sa  superficie  de  510,130  hectares.  Sa 
population  s'élève  à  859,473  habitans, 
parmi  lesquels  on  compte  63,500  gardes 
nationaux  et  2,520  électeurs  qui  élisent 
six  députés. 

L'étendue  des  côtes  maritimes  est  de 
24  lAyriamètres  ,  depuis  rembouchure 
du  petit  Rhône  à  l'ouest ,  jusqu'au  cap 
Saint-Louis  à  l'est  ;  ces  côtes  sont  basses 
aux  abords  du  Rhône,  mais  escarpées 
dans  les  autres  parties.  Le  territoire  de 
ce  département  est  en  général  couvert 
de  montagnes  et  de  collines,  surtout  dans 
la  partie  est  et  sud- est;  le  sommet  le  plus 


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(765^ 


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éle^é  est  celui  de  SaiDte-Yictoii*e,  dans  le 
pays  de  Yauvenargue,  qui  a  1050  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Dans  la 
partie  septentrionale  se  trouve  un  massif 
qu*on  regarde  communément  comme  un 
prolongement  des  Alpes  ;  la  plus  élevée 
des  montagnes  qui  le  composent  a  850 
mètres  de  hauteur.  Il  y  a  deux  siècles , 
ces  sommets  étaient  encore  couverts  de 
bois;  aujourd'hui  ils  offrent  en  grande 
partie  Taspect  de  la  plus  grande  stérilité  et 
ils  seraient  même  entièrement  nus  sans 
le  thym ,  la  sauge  et  autres  plantes  aro- 
matiques qui  y  croissent  en  abondance.  U 
n*y  a  du  reste  dans  tout  le  département  que 
deux  plaines  qui  méritent  ce  nom,  celle 
de  la  Crau  et  celle  de  la  Camargue  (vojr. 
ces  noms)  au  sud-ouest.  Elles  doivent 
leur  formation  à  des  terrains  d*alluvion  et 
sont  d'une  grande  fertilité.  Plusieurs  ri- 
vières arrosent  indépendamment  du  Rhô- 
ne le  territoire  du  département  :  c'est  d'a- 
bord la  Durance,  dont  les  débordemens 
sont  si  salutaires  aux  rivages  que  baignent 
ses  eaux;  ce  sont  ensuite  la  Yeaune  ou 
THuveaune,  l'Arc  et  la  Toulon bre.  Le 
canal  d'Arc  à  Bouc  et  celui  de  Craponne 
facilitent  les  communications  intérieures 
sur  une  ligne  de  49,000  mètres.  On 
porte  à  760,000  mètres  le  développe- 
ment des  routes  royales  et  départementa- 
les qui  sillonnent  en  tous  sens  le  départe- 
ment. 

Si  l'on  excepte  la  Camargue^  les  lies 
formées  par  le  Rhône  dans  le  départe- 
ment méritent  à  peine  d'être  citées;  elles 
ne  sont  pour  la  plupart  habitées  que  par 
quelques  pauvres  familles  de  pécheurs. 
Le  sol  des  Bouches-du-Rhône  est  géné> 
ralement  aride;  mais  dei  canaux  de  des- 
sèchement et  d'irrigation,  et  de  nom- 
breuses sources  d'eaux  vives  dont  les 
courans  ne  tarissent  jamais,  viennent 
féconder  les  terres  au  milieu  desquelles 
se  trouvent  de  nombreux  étangs.  Celui 
de  Berne  a  dix  lieues  de  tour;  sur  l'un 
de  ses  bords  on  remarque  un  rocher 
taillé  en  forme  de  vaisseau,  en  mémoire 
de  celui  que  montait  l'illustre  bailli  de 
Suffren,  lors  de  son  expédition  de  1782 
dans  rinde. 

La  température,  douce  et  agréable  pen- 
dant une  grande  partie  de  l'année,  varie 
cependant  beaucoup  suivant  les  hauteurs 


et  les  expositions.  L'olivier,  TaroaDdier,  le 
figuier,  le  câprier  et  la  vigne,  dont  les  pro- 
duits constituent  la  principale  richesse 
agricole  du  pays ,  viennent  en  pleine  terre 
dans  les  régions  basses  et  moyennes,  et 
disparaissent  à  mesure  que  le  sol  s'élève. 
Le  gisement  des  fossiles  et  des  minéraux, 
les  dépôts  de  gypse  et  de  houille ,  les  mi- 
nes de  fer  et  d'autres  métaux ,  les  car- 
rières de  marbre  et  de  pierre,  sont 
subordonnés  aux  différentes  hauteurs  ; 
les  observations  météorologiques  don- 
nent, année  commune,  55  jours  de  pluie, 
2  de  neige  et  un  seul  de  grêle;  uu  vent 
froid  du  nord-ouest,  appelé mistral(vqx,)y 
s'y  fait  souvent  sentir.  Il  n'y  a  dans  tout 
le  département  que  deux  sources  d'eaux 
thermales,  à  Aix  et  à  Camoins  :  encore 
ne  jouissent  -  elles  que  d'une  faible  re- 
nommée. 

Le  sol  produit  peu  de  céréales  et  il  ne 
suffit  même  pas,  sous  ce  rapport,  à  la 
consommation  du  département.  La  vé- 
gétation est  cependant  fort  riche  dans 
plusieurs  parties  du  territoire.  On  y 
trouve  des  arbres  à  fruit  de  toute  espèce, 
la  truffe,  le  tabac,  la  garance.  Partout 
des  haies  ou  des  bouquets  de  lauriers ,  de 
myrtes,  de  grenadiers  répandus  çà  et  là, 
donnent  au  pays  un  aspect  riant.  Les 
209,000  hect.  de  terre  en  culture,  que 
présente  le  département,  sont  ainsi  dis- 
tribués :  terres  labourables ,  105,000 
hectares;  prés,  16,000;  vignes,  60,000; 
olivier8,24,000;  jardins,  4,000.  On  évalue 
à  plus  de  300,000  le  nombre  de  mou- 
tons qui  paissent  dans  les  plaines  et  sur 
les  montagnes  du  département;  on  y 
compte  aussi  un  assez  grand  nombre  de 
bétes  à  cornes.  La  valeur  foncière  est 
évaluée  à  362,630,000  fr.,  et  le  produit 
agricole  à  11,700,000  fr.  Le  revenu 
moyen  de  l'hectare  de  terre  labourée  est 
de  26  fr.  77  c.  Peu  de  départemens  ren- 
dent plus  que  celui-ci  à  l'état ,  compa- 
rativement à  sa  population  et  à  l'étendue 
de  ses  cultures;  en  1831 ,  les  recettes  s'y 
sont  élevées  à  39,263,000  fr.  et  les  dé- 
penses à  la  charge  du  tiésor  seulement  à 
la  somme  de  25,550,000  fr.;  le  commerce 
et  Tiodustrie  sont  l'origine  de  cet  état 
prospère.  L'industrie  a  pris  depuis  quel- 
ques années  un  très  grand  développe- 
ment dans  les  Bouches-du-Rhône;  108 


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M>rte9  de  friirications  sont  exercées  dans 
9,275  éiahlissemens  et  occupent  habU 
tueltement  49,700  ouvriers.  Le  produit 
annuel  do  Tindustrie  e^t  évalué  à  190 
millions  de  fr.  ;  les  matières  premières  sur 
leiquelles  elle  s'opère  sont  portées  à  132 
millions,  dont  58  sont  des  productions 
du  sol.  La  bouille  est  extraite  sur  plu- 
sieurs points  du  département;  les  esprits, 
les  savons,  Thnile  d*o1ive,  la  soude,  la 
garance  sont  les  principaux  articles  four- 
uis  au  commerce  considérable  d*expoi*ta- 
lion  dont  ce  département  est  le  centre 
(vof,  Marseille)  et  qui  se  fait  spéciale- 
ment avec  les  Échelles  du  Levant  et  les 
états  du  midi  de  l'Europe.  La  possession 
d'Alger  y  ajoute  encore  de  nouvelles 
chances  d'accroissement. 

Le  département  possède  un  grand 
nombre  d*ctablissemens  consacrés  à  l'in- 
struction ,  entre  autres  des  Facultés  de 
théologie  et  de  droit,  une  école  secon- 
daire de  médecine,  des  écoles  de  des- 
sin, de  géométrie,  d'hydrographie,  4 
collèges,  510  écoles  primaires,  plusieurs 
sociétés  scientifii|ues  et  littéraires,  des  mu- 
sées, un  jardin  botanique,  etc.  On  remar- 
que sur  plusieurs  points  du  département 
de  furt  beaux  restes  d'antiqoitéi;  la  plu- 
part se  rapportent  à  la  période  romaine 
(vof.  Arles). 

Le  département  des  BDUches-du- 
Rhône  est  divisé  en  trois  arroniissemens  : 
M  trseille,  chef-lieu,  Aix  et  Arlej  {vo/,  ces 
trois  noms);  en  27  cantons  et  109  commu- 
nes. Il  appartient  à  la  8^  division  militaire , 
à  la  Cour  royale,  au  diocèse  et  à  l'acadé- 
mie universitaire  d'Aix.  P.  A.  D. 

BOUCnON,  BoucHONinER.  Le  bou- 
chonnier  est  celui  qui  fabrique  et  vend 
non -seulement  des  bouchons  de  toute 
forme  et  grandeur,  mais  encore  une 
foule  d'objets  en  liège  (  vojr.  ce  mot), 
tels  que  semelles  de  souliers,  appareils 
pour  nager  ^  écritoires  et  même  modèles 
d'architecture.  Il  reçoit  cette  matière 
en  larges  planches  qu'il  débite  ensuite 
en  inorceaux  plus  ou  moins  volumineux. 
Au  moyen  d'un  couteau  bien  affilé  dont 
il  appuie  le  dos  sur  l'établi,  l'ouvrier, 
préientant  le  liège  au  Iranch.mt  et  le 
faisant  rouler  entre  ses  doigts,  d'inne  au 
bouchon  la  forme  de  cône  Irouqué. 
Ce^  là  toute  U  fabrication;  vieat  ea- 


suite  le  triage.  Le  liège  destiné  à  feîrc 
les  bouchons  doit  être  souple ,  peu  po* 
reut  et  exempt  de  piqûres  de  vers. 

On  n  essayé,  sans  beaucoup  de  succès, 
de  remplacer  le  liège  dans  la  fabrication 
des  boilchons  par  le  papier;  mais  on  a 
d(k  revenir  à  cette  substance  qui  joint  à 
l'élasticité  la  consistance  nécessaire. 

Pour  employer  les  bouchons  il  con- 
vient de  les  mouiller ,  sans  quoi  la  dilata- 
tion occasionnée  par  l'absorption  du  li- 
quide ferait  éclater  les  bouteilles.  On  a 
imaginé,  dansées  derniers  temps,  pour 
obtenir  un  bouchage  exact  et  expéditif, 
une  machine  consistant  dans  une  Glière 
en  fonte  où  le  bouchon  B*amincit  pour 
entrer  dans  le  goulot  et  reprend  ensuite 
son  volume.  F.  R. 

BOUCICAUT  (  Jeak  le  Meiitcrb 
DE  ).  La  famille  de  Boucicant  n'était  pas 
fort  ancienne  et  tirait  son  origine  de  la 
Touraine.  On  sait  que  le  roi  Charles  f 
se  plut  à  élever  des  hommes  d'une  nais- 
sance médiocre,  mais  dans  lesquels  il  re- 
marquait des  talens.  Cest  ainsi  qu'en 
1366  il  porta  aux  premières  charges  de 
l'état  Jean  le  Af  eingre  dit  BottcicauL  II 
fut  négociateur  habile ,  général  expéri- 
menté ,  et  fut  marne  surnommé  le  Brat*e. 
Cependant  il  parait  qu'il  le  cédait  en 
courage  à  son  frère  d'armes  Jehan  de 
Sainlré,  comme  l'atteste  un  quatrain  de 
ce  temps-là. 

Charles  Y  le  nomma  maréchal  de 
France,  dignité  qui  commecw^it  à  de- 
venir l'une  des  plus  considérables  de  la 
couronne.  Jean  le  Metngre  se  montra 
toujoui^  digne  de  sa  haute  fortune  par 
ses  vertus  et  surtout  par  son  austère  pro- 
bité. Il  mourut  en  1370,  laissant  deux 
fils  en  bas  âge. 

Laine,  Jean,  naquit  en  1365,  a 
Tours,  dont  son  père  était  gouverneur. 
Florine  de  Linières ,  sa  mère ,  ne  né- 
gligea rien  pour  lui  donner  une  bonne 
éducation  suivant  l'esprit  du  siècle.  A 
l'âge  de  9  ans  il  fut  admis,  par  ordre  de 
Charles  V,  au' nombre  des  jeunes  nobles 
clioisis  pour  être  les  compagnons  du 
dauphin.  Ddi  l'âge  de  13  ans  il  fit  ses 
preiuières  armes  et  accouipigna  Louis 
de  Clermont  d-ius  la  cauipagne  de  Nor- 
mandie, en  13  7  7.  Cinij  ans  après  il  assista 
à  la  bauillc  de  ftotebeC|  oik  il  ina  m 


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(767) 


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Flamatid  d'une  taille  giganté^tie.  Gommé 
il  était  rare,  à  celle  époque,  de  voir  un 
chevalier  qui  n*eùt  point  visité  une  par- 
tie de  r£iirope,  le  jeune  Boucicaut,  qui 
s*était  fait  aussi  remarquer  à  la  cour  de 
Charles  VI  par  son  adresse  et  par  sa 
courtoisie,  alla  eo  Prusse  prêter  Tappui 
de  son  bras  aux  chevaliers  teutoni(|ues. 
A  son  retour,  Louis  de  Clermont  le  choi- 
sit pour  son  lieutenant  dans  la  campagne 
du  Poitou,  en  1385.  Boucicaut  s'y  dis- 
tingua et  termina  seul  Texpédition.  C'est 
alors  qu*il  forma  une  confraternité  d'ar- 
mes avec  Renaud  dd  Roye  :  ils  parcou- 
rurent ensemble  toute  l'Europe  et  une 
partie  de  l'Asie,  et  lorsqu*iis  revinrent 
en  France,  ils  soutinrent,  avec  S.iimpy , 
le  fameux  pas  d'armes  de  Juipielvert, 
entre  Calais  et  Boulogne,  contre  les  che- 
valiers anglais. 

Lorsque  le  duc  de  Bourbon  partit 
pour  son  expédition  d'A.tri(|ue,  Bouci- 
caut ne  put  obtenir  de  Charles  VI  la 
permission  de  le  suivre,  ce  qui  est  d'au- 
tant plus  difficile  à  expliquer  qu*il  le 
laissa  aller  quelques  mois  après  à  Kœ- 
nigsberg,  où  d'autres  chevaliers  accou- 
raient de  toutes  parts  pour  défendre 
l'ordre  teutonique  atta(|ué  par  une  ligue 
formidable.  Dans  cette  guerre  Boucicaut 
se  distingua,  selon  son  habitude,  et,  loi*s 
quVUe  fut  terminée,  il  se  rendit  en 
France,  oïli  Charles  VI  Tappelait.  Ce  fut 
à  Tours,  dans  l'appariement  même  où  il 
était  né,  qu*il  reçut  en  1391,  du  roi  lui^ 
môme,  le  blion  de  maréchal.  Il  n'existait 
alors  que  deux  maréchaux  de  France; 
il  fallait  commencer  par  être  second  ma- 
réchal avant  d'être  premier.  Boucicaut 
De  fut  élevé  à  cette  dernière  dignité  qu'en 
1413.  Il  fut  ensuite  envoyé  dans  le  com- 
tat  d*Avigiion  pour  faire  cesser  le 
schisme  qui  déchirait  alors  l'église,  et  il 
s^empara  de  la  personne  du  pape  Benoit 
XIII.  Il  accompagna  le  comte  de  Nevers 
lorsque  ce  prince  alla  défendre  la  Hongrie 
contre  les  Turcs,  et  fut  fait  prisonnier  par 
ceux-ci  à  la  bataille  de  Nicopolis. 

Lorsque  sa  rançon  fut  payée  et  qu*il 
put  revoir  sa  pairie,  il  fut  chargé  par  le 
roi  de  faire  rentrer  dans  le  devoir  le 
comte  Archaïubaud  de  Perigord  ^1398). 
Il  soumit  les  places  fortes  de  celle  pro* 
TÎnce  et  fit  le  comte  prisonnier.  Pois  il 


eut  le  commandement  de  l'armée  en- 
voyée au  secoure  de  Constanlinople  me- 
nacée p\T  les  Turcs.  Il  se  signala,  dans 
cette  ex^iéJi lion,  par  des  lalens  supérieurs 
et  remporta  de  grands  avantages.  Il 
amena  à  la  cour  de  France  l'empereur 
Alanuel,  qui  Tavait  nommé  connétable 
de  son  empire.  A  celte  époque  les  bandes 
armées  désolaient  la  France;  les  dames 
nobles  étaient  insultées  jusque  dans  leurs 
châteaux.  Ce  fut  pour  les  défendre  que 
Boucicaut ,  avec  la  permission  du  roi , 
fonda  l'ordre  militaire  de  la  Dame  û/an" 
che  à  i'écii  vert;  le  nombre  des  cheva- 
liers fut  d'abord  fixé  à  13  seulement , 
mais  plus  tard  il  fut  porté  jusq  rà  60. 
Vers  ce  temps  (1399),  les  Génois  se 
donnèrent  à  Charles  VI ,  alors  en  dé- 
mence. En  1401 ,  les  ducs  de  Bourgogne 
et  de  Berry,  maîtres  de  l'état,  envoyèrent 
aux  Génois  le  maréchal  de  Boucicaut 
pour  les  gouverner.  Il  contint  par  sa  sa- 
gesse et  par  sa  fermeté  ce  peuple  turbu- 
lent qui  fut  tranquille  pendant  plusieurs 
années.  Mais  en  1409,  tandis  que  le 
maréchal  prenait  Tortone  et  recevait  le 
serment  de  fiJélilé  de  Jean^Marie  Vis- 
conti,  duc  de  iVIilan,  les  Génois  se  révol- 
tèrent, massacrèrent  la  girnison  fran- 
çaise, et  Boucicaut  fut  forcé  de  retourner 
en  France.  Pendant  son  commanJement 
il  avait  fait  éprouver  sur  mer  de  grandes 
pertes  aux  Turcs. 

Pendant  les  guerres  civiles  de  France 
il  resla  fi  Jèle  au  dauphin  ;  ce  fut  malgré 
ses  avis  qu'on  livra  la  bataille  d^Azin- 
court.  Il  y  fut  fait  pi  isonnier  et  mourut 
captif  en  Angleterre,  en  1421 ,  à  l'âge  de 
55  ans.  Son  corps  fut  transporté  en 
France  et  enseveli  dans  Téglise  de  Saint- 
Martin  de  Tours.  A.  S-a. 

BOUCLIER  [clfpeus,  scutum,  pttr* 
ma,  etc.;  en  basse  latinité,  bucuierius, 
etc.).  C'est,  de  même  que  le  casque,  la 
plus  ancienne  des  armes  défensives.  Oa 
en  retrouve  l'emploi  chez  presque  toutes 
les  nations  anciennes  et  modernes,  civi- 
lisées ou  à  demi  barbires.  On  sait  avec 
quelle  magnificence  étaient  décorés  les 
boucliers  des  héros  grecs  et  roin  tins  :  ce- 
lui d'Acliille  (//.,  xviii,  4S9;  a  lec^u  aussi 
d'Homère  son  immjrtalilé.  Les  madères 
les  plus  précieuses  y  étaient  quel(|uefois 
employées}  de  là  les  noms  de  chrjrsoat'^ 


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pides  et  d'argyraspides.  Les  plus  sim- 
ples étaient  en  bois  léger,  doublés  de 
cuir  de  bœuf  et  garnis  d'une  lame  de  fer 
ou  d*airain.  Le  milieu  [urnbo)  portait 
une  plaque  relevée  en  bosse ,  quelquefois 
ornée  de  ligures  monstrueuses.  C'est  de 
là  qu'on  a  fait  dériver  le  mot  buccula 
(diminutif  de  bucca)y  désignant  dans 
certains  auteurs  la  bosse  ou  le  centre  du 
bouclier,  et  par  suite  celui  de  buculerius 
ou  bucularium. 

Le  bouclier  argien  était  rond  :  les  Ro- 
mains le  portaient  sous  Romulus.  G* est 
le  véritable  clypeus^  que  ce  prince  fit 
bientôt  abandonner  pour  le  bouclier 
sabin,  de  forme  rectangulaire  ou  hexa- 
gonale, appelé  depuis  scutum  et  employé 
par  rinfanterie  des  légions  jusqu'aux 
derniers  temps  de  la  république.  Il  était 
tantôt  plat,  tantôt  légèrement  convexe  à 
la  manière  des  tuiles,  ha  parma^  ronde 
et  plus  légère  que  le  clypeusy  était  ré- 
servée pour  la  cavalerie.  Souvent  des 
boucliers  pris  sur  TenDemi ,  ou  enrichis 
d'ornemens  précieux  et  de  figures  de 
dieux  ou  de  généraux  illustres,  étaient 
suspendus  dans  les  temples,  sous  le  nom 
de  boucliers  votifs.  On  en  voit  beaucoup 
d'exemples  sur  les  médailles  antiques,  et 
Ton  peut  désigner  sous  ce  nom  le  pré- 
tendu bouclier  de  Scipion  de  la  biblio- 
thèque royale  de  Paris ,  qui  a  été  expli- 
qué par  AYinckelmann. 

Chez  les  anciens,  c'était  une  note 
d'irilamie  pour  un  soldai  que  d'avoir 
perdu  son  bouclier.  Le  mot  célèbre  de 
la  Lacédémonienne  à  son  fils  ,  curn  hoc 
aut  in  hoc,  peut  être  opposé  à  l'aveu  naïf 
d'Horace  qui ,  peu  jaloux  de  la  gloire  mi- 
litaire, convient  d'avoir  jeté  ion  bouclier 
pour  fuir  plus  vite  à  la  bataille  de  Phi- 
lippes. 

On  sait  que,  dans  les  premiers  temps 
de  la  monarchie  des  Francs,  les  princes 
ou  chefs  choisis  par  la  nation  étalent 
élevés  sur  un  bouclier  et  montrés  ainsi 
au  peuple  assemblé.  Ces  conquérans,  à 
leur  arrivée  dans  la  Gaule,  adoptèrent 
l'usage  du  bouclier,  comme  de  toutes  les 
autres  armes  que  les  Romains  y  avaient 
apportées.  Vers  la  fin  du  xi*^  siècle,  à 
l'épQque  de  l'invasion  de  l'Angleterre 
par  les  Normands  ^  nous  voyons  la  forme 
de  ce  bouclier  changer  complètement. 


II  s'allonge  en  pointe  Ters  le  bas,  tan- 
dis que  la  partie  supérieure  est  sensible- 
ment arrondie;  ï ombilic  ou  umbo  est 
très  souvent  armé  d'une  pointe,  comme 
dans  les  boucliers  antiques.  Bientôt,  au 
temps  des  Croisades,  cette  arme  défen- 
sive, ramenée  à  de  plus  petites  pro- 
portions, se  couvre  d'armoiries;  et  c'est 
alors  que  le  bouclier  change  son  nom 
contre  celui  d'ccu  (  de  scutum  ) ,  donné 
par  la  suite  aux  pièces  de  monnaie  sur 
lesquelles  il  était  représenté.  L'écu  tient, 
comme  on  sait,  une  place  importante 
parmi  les  armes  de  la  chevalerie,  et  Fart 
du  blason(i'0/.)lui  doit  le  champ  sur  lequel 
viennent  se  peindre  tous  ses  accessoires. 

Plus  tard  cette  forme  éprouva  encore 
un  nouveau  changement ,  et  l'on  ne  voit 
plus  aux  hommes  d'armes  du  xvi^  siècle 
que  de  très  petits  boucliers  ronds,  con- 
nus sous  la  dénomination  de  rondelles, 
dont  l'usage  ne  cessa  guère  qu'avec  celui 
de  l'armure  elle-même.  Les  grands  bou- 
cliers ronds  s'appelaient  rondaches. 

Nous  n'avons  guère  parlé  jusqu'ici  que 
du  bouclier  de  la  cavalerie  :  au  moyen-âge 
une  partie  de  l'infanterie  portait  des /ar^x 
en  bois  léger,  garni  de  cuir  bouilli  ;  sou- 
vent aussi  les  archers  s'abritaient  derrière 
de  grands  tallevas  ou  pavois ,  tenus  par 
d'autres  soldats  appelés  pour  cela  paves- 
cheurs.  Ce  moyen  était  surtout  employé 
pour  l'attaque  et  la  défense  des  places.  CÎn 
voit  un  de  ces  pavois  au  Musée  d'artillerie 
de  Paris.  Le  nom  de  pavois  s'est  conservé 
dans  nos  provinces  de  l'Ouest,  où  il  dé- 
signe aujourd'hui  une  rondelle  de  bois 
chargée  de  cercles  coloriés,  qui  sert  à 
tirer  au  blanc  les  jours  de  fêle.  CN.  À. 

BOUDDHA,  Bouddhisme.  Le  boud- 
dhisme est  une  des  religions  les  plus  ré- 
pandues dans  le  monde,  quoiqu'il  n*ait 
pas  franchi  les  bornes  de  l'Asie  autre- 
ment que  par  les  migrations  de  quelques 
tribus  kalmukes  qui  sont  venues  s'éta- 
blir en  Europe  dans  les  steppes  du  Volga 
inférieur.  Il  compte  à  présent,  suivant 
un  calcul  probable,  un  peu  plus  de  200 
millions  de  sectateurs.  Originaire  de 
l'Hindoustan  ,  cette  religion  bienfai- 
sante a  presque  entièrement  quitté  ce 
pays  pour  se  répandre  depuis  l'Indus  su- 
périeur jusqu'aux  bords  du  Grand- 
Océan,  et  même  jusqu'au  Japon.  Les 


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(769) 


BOU 


farouches  nomades  de  Vksie  centrale  ont 
été  transformés  par  elle  en  hommes  mo- 
raux,  et  son  influence  s'est  fait  ressentir 
jusque  dans  la  Sibérie. 

Le  bouddhisme  ne  parait  être  dans 
son  origine  qu'une  réforme  de  l'ancienne 
religion  de  l'Inde.  Celte  réforme,  qui  dé- 
truisit la  division  en  castes,  aurait  pu 
être  un  grand  bienfait  pour  les  babitans 
de  l'Hindoustan,  si  elle  avait  pu  prévaloir 
à  la  longue  sur  le  culte  des  brahmanes 
(vojr,) ,  de  ces  mortels  si  sages  qui  n'en- 
seignent que  des  folies,  qui  craignent 
d'écraser  un  insecte  et  qui  tolèrent  les 
sacrifices  humains  ;  défenseurs  intéressés 
d'un  ordre  de  choses  où ,  non  -  seule- 
ment les  rangs,  les  dignités,  les  avan- 
tages de  la  vie  sociale ,  mais  les  péchés 
et  les  mérites ,  les  chàtimens  du  vice  et 
les  récompenses  de  la  vertu,  sont,  de- 
puis 3,000  ans,  subordonnés  à  une  clas- 
sification bizarre,  héréditaire  et  irrévo- 
cable. Moins  entichés  d'observances  pué- 
riles et  de  préjugés  barbares,  les  boud- 
dhistes ont  permis  l'usage  de  la  chair 
des  animaux  et  rappelé  l'homme  à  sa  di- 
gnité; ils  ont  un  peu  moins  de  respect 
pour  les  vaches  et  les  éperviers ,  mais  ils 
ont  montré  plus  de  commisération  pour 
les  classes  laborieuses. 

L'origine  du  bouddhisme  remonte 
environ  à  1,000  ans  avant  notre  ère; 
dans  le  iv*  et  le  y^  siècle  après  cette 
époque  on  le  trouve  régnant  à  côté  da 
brahmanisme  dans  l'Inde.  Nous  igno- 
rons encore  dans  quel  temps  II  y  fut  to- 
talement anéanti  par  celui-ci.  Il  parait 
que,  déjà  avant  la  naissance  de  J.-C. ,  la 
relipon  de  Bouddha  s'était  répandue 
dans  lu  Bactriane  et  de  là  parmi  les  peu- 
ples alains,  gothiques  et  turcs  de  l'Asie 
centi-ale.  Elle  fut  introduite  en  Chine 
dans  le  i*''  siècle  de  notre  ère ,  et  dans 
le  lY*^  en  Corée.  En  407  elle  pénétra 
pour  la  première  fois  dans  le  Tubet, 
sans  pouvoir  pourtant  s'y  maintenir  long- 
temps. Ce  ne  fut  qu'en  633  que  cette 
croyance  y  fut  généralement  répandue. 
On  voit  donc  que  tout  ce  qu'on  a  débité 
sur  la  haute  antiquité  de  la  civilisation 
tubétaine  et  sur  l'ancienneté  du  boud- 
dhisme dans  ce  pays  n'est  qu'un  tissu 
de  rêveries  trop  long -temps  accueillies 
même  par  des  auteurs  estimés.  En  ef* 

Encyciop.  d.  G.  d.  M.  Tome  m. 


fet,  le  Tubet  y  avant  sa  conversion  au 
bouddhisme ,  n'était  qu'un  pays  habité 
par  des  tribus  barbares ,  en  partie  an- 
thropophages. La  première  introduction 
de  cette  religion  au  Japon  eut  lieu  en 
552  par  la  Corée.  Elle  s'était  déjà  ré- 
pandue parmi  les  Mongols  sous  les  pre- 
miers successeurs  de  Tchinghîz-khan  ; 
mais  il  parait  qu'après  leur  expulsion  de 
la  Chine,  elle  se  perdit  partiellement 
chez  eux ,  et  n'y  fut  rétablie  que  dans 
la  seconde  moitié  du  xvi*^  siècle. 

Bouddha  n'est  pas  un  nom  propre  : 
c'est  un  mot*sanscrit  qui  signifie  intelii- 
gence  ou  raison  suprême.  C'est  le  titre 
qu'on  donne  aux  âmes  qui  sont  parve- 
nues au  plus  haut  degré  de  la  perfection, 
en  se  dégageant  entièrement  de  tout  ce 
qui  est  matériel.  Les  bouddhas  paraissent 
dans  le  monde  pour  le  salut  des  âmes 
qui  n'ont  pas  atteint  la  même  perfection 
qu'eux.  Dans  l'âge  actuel  du  monde, 
quatre  bouddhas  ont  déjà  paru;  le  der- 
nier d'ebtre  eux,  celui  dans  l'époque 
duquel  nous  vivons,  était  Chdkya-mouni 
né  en  1 027  et  mort  en  949  avant  notre 
ère.  Un  cinquième  et  dernier  doit  en- 
core venir  ;  c'est  le  bouddha  Maïtreya, 
L'idée  de  bouddha  est  applicable  à  l'u- 
nité aussi  bien  qu'à  la  pluralité  ;  à  l'u- 
nité, parce  que  tout  ce  qui  est  placé 
hors  de  l'influence  et  de  l'attraction  du 
monde  des  apparences,  ou  ce  qui  s'y 
soustrait,  ne  reste  pas  assujéti  aux  lois 
du  destin  et  doit  finalement  entrer  dans 
la  perfection  bouddhique  qu'on  nomme 
vacuité.CeXXe  vacuité  {soûnya,  soÛNjrata) 
ne  doit  pas,  comme  l'expression  paraîtrait 
le  donnera  entendre,être  regardée  comme 
un  anéantissement  total  ou  comme  la  des- 
truction de  l'intelligence,  mais  comme 
la  réunion  intime  et  la  concentration  de 
l'intelligence,  et  comme  l'état  de  l'exis- 
tence la  plus  parfaitement  vraie.  On  a 
voulu  désigner  par  ce  mot  l'opposé  de 
l'existence  visible  et  imparfaite  dans  le 
monde  des  créations  matérielles  qui  four^ 
voient  l'intelligence  et  la  dissolvent ,  et 
qui  dépendent  de  l'illusion  des  sens  et 
des  changemens.  On  peut  entendre  le 
dogme  de  bouddha  sous  forme  de  plu- 
ralité, dans  ce  sens  que  tout  ce  qnî  est 
produit  par  le  sansdra  ou  la  nature  ma- 
tériellt  et  comprit  dtut  la  monade  boud- 

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(770) 


BOtl 


dbiquti  conserve  aussi,  malgré  ta  réunion 

avec  rintelligence  universelle  et  abstraite 
(qui  est  elle-même  bouddha),  sa  cons- 
cience individuelle.  Cette  conscience  se 
renforce  même  dans  1  existence  parfaite 
et  prouve  un  plus  haut  degré  de  cette 
puissance  par  laquelle  les  bouddhas  agis- 
•ent  au  dehors.  Les  bouddhas  étant  pla- 
cés en  dehors  du  domaine  de  la  naissance 
et  des  bornes  de  Fespace  et  de  ses  lois , 
il  n'y  a  plus  pour  eux  de  limite  dans  le 
lemps,  et  ils  contemplent  les  innombra- 
bles périodes  du  passé  et  de  l'avenir 
avec  la  même  clarté  que  le  présent. 

L'action  des  bouddhas  se  manifeste 
par  le  pradjna^  qui  est  le  mode  suivant 
lequel  la  plus  haute  intelligence  de  Texis- 
lence  véritable  prend  une  existence  ap- 
parente dans  l'espace  et  dans  les  formes 
mensongères  de  la  matière.  Ce  serait  une 
erreur  de  lier  à  cela  une  idée  de  réaction. 
Le  pradjna  tioot  le  milieu  entre  le  prad- 
jna  pd'-amUd  ou  la  limite  extrême  de  la 
plus  haute  sagesse,  qui  est  Bouddha  lui- 
même,  et  le  monde  variable,  pour  se 
manifester  à  ce  dernier  et  pour  y  se- 
conder la  continuation  de  la  reproduc- 
tion générique,  en  délivrant  des  liens  du 
«ansàra  les  parcelles  intellectuelles  qui  y 
sont  disséminées.  Une  telle  apparition 
ne  peut  avoir  lieu  que  par  la  réunion  d*un 
bouddha  ou  d'u  ne  partie  de  son  in  tell  igen^ 
ce  avec  la  matière^ou  lorsque  ce  bouddha 
revêt  un  corps  visible ,  à  son  choix ,  ou 
lorsqu'il  passe  par  la  naissance  ordi^ 
naire.  Les  bouddhas  pris  individuelle- 
ment ou  collectivement  (dans  l'idée  de 
l'unité  bouddhique) ,  malgré  toutes  leurs 
perfections  et  leur  puissance  illimitée, 
ne  peuvent  pas  faire  violence  aux  lois  ir- 
révocables du  destin,  qui  ^^  ^^  autre 
chose  que  la  c^oséquepce  des  acMoqs  des 
êtres  créés.  Toute  la  cosmogonie  n'est 
qu'une  oauvre  ou  une  opération  du  des- 
tin, et  il  en  résulte  que  les  bouddlias, 
tn  cette  qualité ,  ne  peuvent  être  direc^ 
temeot  actifs  dans  ù  création.  Cepen- 
dant |  de  même  que  le  divin  praeijna 
forme  la  traiksîtion  entre  les  différentes 
manifestations  de  Bouddha,  qu'il  est  éga- 
lement nécessaire  pour  chaque  Ao/n/7z//i- 
cation  de  Boudditt,  et  que  ce  n'est  que 
par  son  moyen  que  le  retour  à  Bouddha 
est  possible^  4e  mtoAceiera^M'^  ^  m^oi- 


feste  encore  à  chaque  formation  du  i 
de,  non  pas  comme  un  agent  efficace  dans 
le  développement  générique  des  ^tres, 
mais  comme  l'intelligence  bouddhique 
dans  la  personne  de  Mandjoussri  ou 
Mandjou^liocha  j  le  symbole  hypostati- 
que  de  la  sagesse  la  plus  parfaite,  lequel 
est  invoquécomme  tel  par  les  bouddhistes. 
C'est  à  Mandjoussri  qu'il  appartient  dans 
cette  création  d'agir  avec  efficacité  afin 
de  se  dégager  entièrement  de  ses  er^ 
reurs. 

L'objet  de  l'apparition  des  bouddhas 
dans  un  corps  humain  n'est  autre  que 
d'arracher  les  êtres  créés  à  la  mer  tou- 
jours  agitée    du  sansdra;   c'est   ainsi 
qu'on  appelle  allégoriquement  le  cercle 
dans  lequel  tournent  sans  fin,  par  la  mé- 
tempsycose, tous  les  êtres  de  ce  monde. 
Ainsi,  loin  de  créer  des  êtres  et  de  les 
attacher  à  des  lieux  qui  deviennent  pour 
eux  des  lieux  d'épreuves  et  de  châtiment 
et  dans  lesquels  ils  se  trouvent  exposés  à 
toute  sorte  de  malheur,  les  bouddhas  sont 
plutôt  occupés  de  délivrer  les  êtres  vivans 
enchaînés  dans  ces  lieux  par  le  destin 
inexoiable  dont,  par  leurs  actions,  ib 
ont  provoqué  les  rigueurs,  et  de  les  met- 
tre sur  la  voie  par  laquelle  ils  peuvent 
parvenir  à  une  délivrance  complète.  Le 
but  de  cette  délivrance  est  de  les  faire 
arriver  eux-mêmes  à  l'état  de  bouddha, 
dans  l'éternel  nirvdna  ou  Vùnmaiériel 
absolu.  C'est  pour  cette  raison  que  les 
bouddhas  apparaissent  à  certaines  épo- 
ques aux  habitaus  du  monde,  afin  de  leur 
montrer  qu*il  est  possible  de  s'élever  à 
cette  hauteur,  eux-mêmes  ayant  appar- 
tenu autrefois  au  sansdra  et  en  ayant 
parcouru  les  divers  degrés;  et  encore  afin 
de  proposer  aux  êtres  la  doctrine  boud- 
dhique comme  Tunique  moyen  de  déli- 
vrance et  de  les  y  faire  revenir.  Lors- 
qu'un bouddha  accompli  i^tathdgtua)  9^ 
montre  dans  ce  but,  sous  forme  humai- 
ne, sur  la  terre,  il  agit  d'une  manière 
indépendante,  tant  qu'il  réside  dans  un 
corps  terrestre  soumis,  comme  tous  les 
autres ,  à  une  mort  finale  ;  mais  il  reste 
néanmoins  le  principe  de  la  religion  qui 
n'est  que  la  réunion  de  tous  les  boud- 
dhas. Le  corps  terrestre  qu'il  a  pris  ne 
l'empêche  pas  d'agir  avec  la  toute>puîs- 
sance  de  la  propriété  boaddluque  et  d«n| 


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(771) 


BOU 


la  plénitude  du  dhydna  ou  de  la  con- 
templation divine.  Ce  qu'il  veut,  il  le  pro- 
duit aussi  par  je  moyen  des  créations  dans 
la  matière;  mais  ces  créations  étant  des 
parties  de  sa  propre  intelligence  et, 
comme  telles,  élevées  au-dessus  de  la  ma- 
tière à  lacjuelleellesn'appartiennentqu'en 
appai^ence,  elles  disparaissent  aussitôt 
qu'il  les  fait  rentrer  en  lui.  Le  corps 
terrestre  que  le  bouddha  a  pris,  dépen- 
dant de  (a  matière  et  conséquemment  du 
temps  et  de  l'espace  y  ne  peut  durer  que 
le  temps  prescrit  par  les  lois  de  l'époque 
dans  laquelle  il  parait.  Après  avoir  ac- 
compli sa  course,  l'intelligence  du  boud- 
dha prend  sun  essor  et  retourne  dans 
la  vacuité  de  l'existence  véritable,  et 
le  bodhisattva  de  ce  même  bouddha  y  le- 
quel est  son  reflet  dans  le  second  monde 
du  pradjna  céleste ,  prend  la  place  du 
bouddha  qui  vientd'enlrerdans  le /?/nY//i€2 
éternel,  et  continue  son  œuvre  jusqu'au 
temps  où  un  nouveau  bouddha  parait  et 
fonde  une  nouvelle  époque  de  religion. 
Chaque  bouddha,  devenu  homme  pour 
le  salut  des  créatures,  porte  le  nom  de 
vénérable  du  siècle;  il  laisse  son  reflet 
céleste  dans  les  régions  du  nirv4/fa.  Après 
sa  mort ,  H  est  remplacé  dans  le  monde 
par  son  représentant,  qui  est  une  éma- 
nation de  iui-mèmet  Le  représentant  du 
Châkya-mouni ,  ou  du  bouddha  de  no- 
tre époque,  e«t  le  bodbisattva  Padnui 
pdniy  qui ,  par  d^  incarnations  toujours 
renouvelées ,  agit  pour  le  salut  de  tous 
les  êtres.  Il  est  plus  connu  sou^  les  noms 
sanscr  i  ts  de  Àrij  4vaMâes'vara{yi9ir  con- 
traction Jryà  vah,  le  maître  qui  con- 
temple tout  Avep  amonr)  et  de  JLo^^Ji'ri 
ou  Lolfunâtha;  #ous  la  dénomina^çm 
tubetaine  de  Djian  rai  ziïgh  (qui  voit 
avec  les  yeux),  en  mongol  I\lidou  lier 
udzèiitchi.  Les  Chinois  ont  traduit  |e 
nom  de  Avalokitea'vara  par  Kquuii  çfyi  (n 
(celui  qui  contemple  les  sons  de  ce  mon- 
de), et  e'est  de  cette  dénomination  chi- 
noise que  les  Mongols  ont  fait  celle  de 
Kkomchmi  bodhisauva.  Les  boudd  histes 
de  nos  jours  le  croient  toujours  visible 
dans  la  personne  du  Ddlaï  iaum  du  Tg- 
bet.  Ils  le  >énèrent  presque  autant  que 
ChàkyarmouBi;  il  est  d'auUnt  plus  roltjet 
perpétuel  dt  leurs  prières  et  de  leur  cul- 
U  qu»  c'ost  à  lui  mrtOMi  ^'ils  font 


honneur  de  la  conversion  du  Tubet  Ses 
actions  mémorables  se  trouvent  décrites 
dans  une  longue  série  d'ouvrages  volu- 
mineux. De  même  que  les  bouddhas  ont 
le  pouvoir  de  se  créer  des  attributs  hy- 
postatiques ,  de  même  Padma-pâni  peut 
se  multipliera  volonté,  si  ses  intentions 
pour  le  bien  de  la  religion  l'exigent.  Un 
grand  nombre  de  personnes  princières 
et  ecclésiastiques,  qui, à  diverses  époques, 
ont  contribué  à  répandre  la  foi  boud- 
dhique dans  le  Tubet,  passent  pour  avoir 
été  des  émanations  de  son  intelligence,  ou 
même  comme  des  incarnations  immédia- 
tes de  cette  divinité.  Mais  ce  n'est  pas 
seulement  Padma-pàni  qui,  de  cette  ma- 
nière, se  manifeste  dans  le  monde  :  le 
Dh>£ini  boqddha  Ainiidbha  (chez  les 
Chinois  O  mi  tafoey  et  che^  les  Japo- 
nais Amida),  le  reflet  céleste  de  Châkya- 
mouni,  agit  de  la  même  manière, non  pas 
dans  la  plénitude  de  son  pradjna  cé- 
leste, mais  par  ses  émanations  immé- 
diates, qui,  comme  Padma-pâni  dans 
la  personne  de  Oalaî  lama,  se  montrent 
sous  une  forme  corporelle  dans  celle  du 
grand  lama  Pantchen  rinpotché^  qui 
réside  à  Djachi-L'houubo.  C'est  à  Padma- 
pâni  que  s'adresse  la  formule  mystique 
Oin  inarCi  padmé  hoéni^  si  révérée  et 
presqu*à   cl 
les  houddh 
goliç.  La  p 
prement  un 
A.  U,  M.  C 
rieuse.  Ma 
dan^  le  l  i 
tion  SMt  w 
de  9or|e  qu 
formula  sei 
lablewcnt  < 
que  l'appai 
monde  vi^jJ 
légoriquem 
le  calice  d' 
représentée 
feuilles  dt^c; 
émanation^ 
L'idi^e  k 
$e  produit  < 
vans  qui  3 

grand,  nombre  de  pas«^es  de&  livres  de 
cette  rçligipn,  chèque  lois  que  l'occasion 
Ven  préewt^  :  ^vf  (roifi  taond^s  sont  vh- 


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BOD 


(772) 


BOU 


fies  ;  te  sansdra  et  le  nirvana  ne  diffè- 
rent pas  l'un  de  C autre.  Cela  revient  à 
dire  qu*en  dehors  de  rintelUgence  ré- 
pandue dans  les  trois  mondes,  éternelle, 
immatérielle  et  par  conséquent  vide  (d'a- 
près les  notions  matérielles),  rien  n'existe; 
parce  que  les  formes  avec  lesquelles  TiD- 
telligence  peut  se  lier  comptent  pour 
rien  et  sont  vides,  à  raison  de  leur  na- 
ture périssable.  Car  le  sansdra  y  ou  le 
cercle  que  parcourt  Tintelligence  en  s*at- 
tachaht  successivement  à  toutes  les  for- 
mes de  la  matière,  doit  arriver  à  une  fin, 
et  doit,  comme  cette  intelligence,  mo- 
mentanément enchaînée,  mais  durable, 
être  finalement  affranchie  pour  retourner 
à  son  origine.  Ce  sansdra  n'est  qu'en  ap- 
parence distinct  du  nirvdna,  puisqu'il 
s'efforce  de  retenir  l'intelligence  dans  ses 
liens,  au  moyen  des  amorces  des  sens,  en 
tâchant  de  lui  ravir  cette  connaissance 
qui    appartient    au    nirvana.  Forte  de 
cette  espérance,  l'intelligeDce  s'efforce 
de  se  délivrer,  et  marche,  ou  graduelle- 
ment, ou  immédiatement  (selon  le  degré 
de  la  connaissance  qu'elle  a  obtenue),  à 
l'état  conforme  à  son  essence,  le  nir%'âna. 
Alors  le  sansâra,  auquel  l'intelligence 
n'avait  prêté  qu'une  existence  apparente, 
retourne  dans  le  néant  Ainsi  les  trois 
mondes  sont  vides,  c'est-à-dire  qu'il  n'y 
a  rien  en  eux  outre  l'intelligence  imma- 
térielle et  imperceptible.  L'existence  de 
ces  mondes  a  pour  condition  le  san- 
sdra ;  celui-ci  venant  à  cesser,  il  n'existe 
plus  qu'un  monde,  ou  plutôt  il  n'en  existe 
pas  du  tout,  puisque,  quand  chaque  in- 
telligence disséminée  et  détaillée  sera 
rentrée  dans  la  grande  unité,  il  ne  pourra 
plus  être  question  de  monde.  Jusque  là 
néanmoins  lès  trois  mondes  existent  en 
apparence ,  mais  ils  sont  destinés  à  re- 
tourner un  jour  à  la  suprême  intelligence, 
et  ont  déjà  pour  la  plupart  opéré  ce  re- 
tour. A  cette  suprême  intelligence  appar- 
tiennent les  bouddhas  et  les  bodhisattvas 
qui  se  sont  retirés  dans  le  nirvana.  Ils  se 
trouvent  sans  illusion,  dans  un  état  vérita- 
blement pur  ou  immatériel ,  et  ont  pour 
toujours  abandonné  le  cercle  de  naissance 
du  sansâra.  Leurs  mérites  antérieurs  du- 
rant leur  séjour  dans  le  sansâra,  et  leurs 
efforts  pour  opérer  le  salut  des  êtres 
irivànsy  leur  confèrent  le  pouvoir  d'être 


encore  actifs  et  de  pouvoir  se  manifester 
aux  mondes.  C'est  ainsi  que,  sortant  de 
l'abstraction  du  premier  monde,  ils  en- 
trent dans  le  second  monde,  majestueux 
et  à  glorieuses  manifestations,  et  descen- 
dent de  là  dans  le  troisième,  qui  est  celui 
des  apparences  de  la  matière  ;  de  sorte 
qu'ils  paraissent  appartenir  aux  trois  mon- 
des sans  tenir  réellement  à  aucun  d'eux. 
Le  nirvdna  ou  l'immatériel ,  l'absolu, 
fait  donc  l'essence  des  bouddhas  ;  et  cette 
essence  est  incompréhensible  pour  lei 
êtres  encore  captifs  dans  le  sansdra, 
parce  que  pour  ceux  -  ci ,  enchaioéi 
qu'ils  sont  par  la  matière,  la  coonaissanœ 
absolue,  la  connaissance  complète,  est 
impossible;  car  la  connaissance  de  rim- 
matériel  présuppose  celle  qu'a  acquise  le 
corps  terrestre.  L'esprit  est  un  captif  re- 
tenu par  les  sens  qui  dominent  le  corpi 
dans  les  ténèbres  de  l'ignorance.  Cest  sar 
ce  principe  que  repose  toute  la  doctrine 
bouddhique  sur  la  délivrance  des  êiret 
de  la  domination  des  sens,  qui  dans  ce 
monde  occasionnent  tout  le  mal ,  le  pé- 
ché avec  ses  conséquences  pour  le  prf- 
sent  et  pour  l'avenir. 

Aussitôt  que  la  consdence  8*est  ré- 
veillée dans  l'ame  qui  se  trouTe  dans  on 
état  non  libre,  et  qu'elle  reconnaît  son 
assujétissement ,  elle  doit  mettre  toac 
en  ceuvre  pour  secouer  le  joug.  Si  elle  y 
manque,  elle  tombe  par  degré  dans  l'ab- 
jection la  plus  profonde;  selon  la  croyance 
des  bouddhistes,  l'ameopère  sa  délivrance 
lorsque,  fidèle  à  la  conscience,  die  s'atta- 
che de  toute  la  force  de  sa  pensée  à  lin- 
matériel,  à  l'absolu,  de  telle  sorte  qu'elle 
devienne  entièrement  insensible  aux  iis- 
pressions  et  au  charme  que  les  sens  vo«- 
dlraient  exercer  sur  elle.  Cette  oonsdca- 
ce,  qui  va  toujours  en  croissant,  est  ap- 
pelée hodhidjndna  :  elle  la  conduit  pco 
à  peu  à  l'éternel  nirvana,  c'est-à-dire  à 
la  condition  de  bouddha.  Mais  uo  tel  ef- 
fort accompagné  d'actions  de  contritioa 
n'est  rien  moins  que  facile;  car  eooofc 
que  le  pénitent  soit  à  même  de  dompter 
ses  sens ,  il  trouve  des  antagonistes  re- 
doutables dans  les  puissans  génies  dei 
régions  inférieures  et  supérieures  du  sam- 
sara ,  qui  se  plaisent  dans  les  joaissances 
et  les  métamorphoses  de  ce  monde  seo- 
suel|  et  qui  emploient  mille 


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BOU 

le  sédaire.  H  faat  doDC  qu'il  oppose  une 
résistance  ferme  à  ces  tentations.  Avant 
que  ces  obstacles  ne  soient  complètement 
vaincus,  la  sortie  du  sansâra  est  impos- 
sible. Le  bodhidjnâna  n'exclut  cepen- 
dant nullement  les  bonnes  œuvres  ;  au 
contraire,  il  exige  qu'on  en  fasse  toutes 
les  fois  que  l'occasion  s'en  présente.  Les 
actions  méritoires  et  utiles  suffisent  à 
elles  seules  pour  faire  renaître  celui  qui 
les  exécute  comme  être  plus  parfait , 
même  sans  les  efforts  faits  pour  parvenir 
à  la  connaissance  de  l'immatériel;  cepen- 
dant les  bonnes  œuvres  seules  ne  peuvent 
pas  opérer  une  complète  délivrance  du 
sansâra.  L'entrée  dans  le  nirvana  étant  la 
conséquence  immédiate  de  la  sortie  du 
sansâra,  avec  laquelle  toute  autre  renais- 
sance finit,  il  est  donc  clair  que  pen- 
dant les  générations  innombrables  qui 


sont  déjà  passées,    un  grand  nombre 


d'êtres  ont  déjà  atteint  ce  but  définitif. 
Aussi  les  livres  bouddhiques  parlent  per- 
pétuellement de  cent  millions  et  de  cent 
mille  millions  de  bouddhas.  Même  de 
nos  jours  il  arrive  souvent  que  Ton  dise, 
en  parlant  de  la  mort  de  prêtres  renom- 
més ou  de  princes  vertueux,  qu'ils  sont 
devenus  bouddha.  Néanmoins  une  telle 
sanctification  n'est  pas  dans  les  principes 
fondamentaux  du  bouddhisme  :  c*est  un 
abus  introduit  chez  les  bouddhistes  de  la 
Mongolie,  par  Tautorité  suprême  du  Tu- 
bet,  qui  permet  l'adoration  de  ces  faux 
bouddhas.  Les  livres  bouddhiques  éta- 
blissent une  grande  différence  entre  les 
difTérens  bouddhas  y  non  sous  le  itipport 
de  la  béatitude  (car  il  n'y  a  rien  au-des- 
sus du  nirvana),  mais  sous  le  rapport  de 
leur  activité  pour  lesalut  des  hommes.  On 
peut,  par  exemple,  entrer  dans  le  nir- 
vana si  l'on  n'a  pas  négligé  le  salut  des 
autres  créatures  toutes  les  fois  que  l'oc- 
casion s'en  est  présentée,  tout  en  ayant 
principalement  en  vue  son  propre  salut , 
et  quand  on  a  suivi  le  chemin  que  les 
bouddhas  des  trois  temps  ont  indiqué 
pour  cela.  De  tels  êtres  appartiennent  à 
la  classe  des  Pratyékas  et  S'rawakas , 
qui  sont  les  auditeurs  et  les  exécuteurs 
des  paroles  d'un  bouddha.  Il  en  est.tout 
autrement  des  bodhisattvas  qui  réunis- 
sent en  eux  toutes  les  qualités  parfaites , 
et  qui  ne  se  contentent  pas  de  demeurer 


(  773  )  BOU 

dans  le  nirvana  depuis  des  temps  immé* 
moriaux,  mais  qui,  de  leur  propre  gré  et 
pour  le  salut  des  êtres,  ne  cessent  de 
descendre  dans  le  sansâra,  auquel  pour- 
tant ils  n'appartiennent  plus  en  aucune 
façon.  Ce  sont  eux  qui,  toujours  ac- 
tifs parmi  les  chefs  vivans  du  sansâra, 
s'appliquent  à  détruire  l'empire  des 
sens.  Ils  se  servent  à  cet  effet  du  pouvoir 
qu'ils  ont  de  sortir  du  nirvana  et  de  se 
rendre  visibles  dans  le  sansâra.  Comme 
ils  ne  travaillent  pas  seulement  à  leur 
propre  salut,  ainsi  que  les  S'ravakas  et 
les  Pratyékas,  mais  qu'ils  se  sentent  la 
vocation  de  délivrer  aussi  d'autres  êtres, 
ils  choisissent,  dans  leurs  apparitions  ré- 
pétées ,  les  incarnations  qui  sont  les  plus 
convenables  au  temps  et  aux  circonstan- 
ces. Ils  ne  se  replongent  dans  le  plus 
haut  du  dhyâna  ou  le  nirvana,  qui  est 
leur  état  naturel ,  que  pour  y  puiser  de 
nouvelles  forces  et  continuer,  avec  une 
nouvelle  énergie ,  leur  activité  au  profit 
du  salut  des  êtres  retenus  dans  les  régions 
inférieures  du  monde.  De  tels  bodhi- 
sattvas achèvent  le  cercle  immense  de 
leur  activité  en  se  montrant  finalement 
comme  bouddhas  parfaits  (  tathdgatas)^ 
et  comme  fondateurs  d'une  époque  nou- 
velle de  la  foi  bouddhique,  pour  retour- 
ner après  pour  toujours  dans  le  nirvana 
éternel.  Une  des  occupations  principales 
des  bouddhas  et  des  bodhisattvas  est  de 
rendre  les  êtres  raisonnables  attentifs 
aux  conséquences  inévitables  de  leurs 
actions,  dans  une  renaissance  future.  Les 
bouddhas  et  bodhisattvas  étant  libres  des 
conditions  du  sansâra,  et  appartenant 
au  nirvana  immatériel  ou  à  Tintelligence 
universelle,  connaissent  également  le  pas- 
sé et  l'avenir.  Au  reste,  cette  connaissance 
n'est  pas  aussi  étendue  chez  les  bodhi- 
sattvas que  chez  les  bouddhas,  qui  sont 
regardés  comme  ayant  réellement  l'om- 
niscience,  de  telle  sorte  qu'ils  connaissent 
non-seulement  toute  la  suite  de  leurs 
propres  migrations  antérieures,  mais  en- 
core le  sort  des  êtres  innombrables  ren- 
fermés dans  le  sansâra.  Ils  savent  aussi 
d'une  manière  infaillible  par  quelle  ac- 
tion chacun  de  ces  êtres  s'est  attiré  son 
état  actuel ,  dans  toutes  les  générations 
qu'il  a  subies  depuis  le  commencement  du 
inonde. 


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BOU 


(774) 


BOU 


Oâos  ees  derniers  tem{>S  6fi  a  émis 
celte  conjecture  que  le  bouddhisme  pou- 
vait bien  avoir  pris  son  origine  dan^  le 
Sânh^hya^  un  des  plus  anciens  systèmes 
philosophiques  de  l'Inde;  on  ne  peut 
nier,  en  elTet, qu'on  ne  rencontre  dans  ces 
deux  doctrines  plusieurs  idées  qui  se  res- 
semblent à  un  tel  point  qu'il  devient  pro- 
bable que  Tune  a  emprunté  des  dogmes 
à  l'autre.  Cependant  le  bouddhisme  a  un 
grand  nombre  d'idées  à  lui  propres,  par 
lesquelles  il  diffère  essentiellement  du 
sânk'hya  et  deS  autres  sectes  philosophi- 
ques et  religieuses  de  l'Inde.  D'ailleurs 
on  a  souvent  prêté  au  bouddhisme  des 
doctrines  qui  lui  sont  tout-à-fait  étran- 
gères, et  qu*on  chercherait  en  vain  dans 
%t%soûlrcLSy  qui  tous  sont  d'origine  hin- 
doue et  regardées  comme  transmises  par 
le  bouddha  même.  On  prétend ,  par 
exemple,  que  ses  sectateurs  admettaient 
le  néant  non  existant  comme  le  premier 
principe  de  toutes  choses,  au  lieu  qu'ils 
croient  à  une  ame  immatérielle  et  abso- 
lue qui  vivifie  le  monde.  On  les  accuse 
également  d'avoir  pris  la  nature  pour  le 
néant  ou  le  vide,  et  nié  l'existence  de 
l'esprit.  De  ces  assertions  Tune  est  aussi 
fausse  que  l'autre. 

Si  l'on  examine  avec  soin  la  doctrine 
bouddhique,  on  s'aperçoit  facilement 
qu'elle  n'est  basée  ni  sur  l'athéisme,  ni 
sur  le  panthéisme.  Sans  doute  la  déifica- 
tion de  la  nature  abstraite  sans  créateur 
pourrait  être  appelée  athéisme,  et  la  sup- 
position que  la  nature  divine,  devenue 
concrète,  se  montre  dans  toutes  les  for- 
mes de  la  création,  pourrait  passer  avec 
raison  pour  panthéistique  ;  mais  le  boud- 
dhisme ,  loin  d'ériger  en  principe  la  déi- 
fication de  la  nature,  trouve  au  contraire 
dans  les  effets  de  la  nature  la  source  du 
mal  et  des  maux  qui  pèsent  sur  les  hu- 
mains. Dans  le  bouddhisme ,  tout  ce  qui 
est  divin  et  placé  au-dessus  de  tout,  c'est 
Bouddha  ou  l'intelligence  suprême ,  la 
raison  par  excellence,  qui  dans  toute  sa 
pureté  est  nécessairement  immatérielle; 
comme  telle,  elle  est  absolue,  c'est-à- 
dire  sans  aucun  rapport  avec  la  nature, 
avec  la  matière  et  la  création.  Le  boud- 
dhiste reconnaît  dans  Ilrahma  aussi  bien 
le  créateur  du  monde  ou  le  principe  créa- 
teur que  le  brahmane  le  plus  orthodoxe; 


seulement  tl  tie  voit  dans  la  création 
qu'une  de  ces  métamorphoses  dans  les- 
quelles Brahma  se  platt  comme  à  un  jeu. 
Ce  Brahma  (chez  les  bouddhistes  la  ré- 
gion lumineuse  du  second  dhyàna  )  dont 
les  émanations  opèrent  au  dessous  de  lui, 
est  cependant  par  cela  même  loin  de  !a 
perfection  du  bouddha.  Le  bouddhisme 
est  athée  en  ce  sens  qu'il  n'admet  pas  de 
créateur  comme  dieu  primordial,  et  qu'il 
ne  trouve  la  plus  haute  idée  de  la  divi- 
nité que  dans  la  raison  primitive,  ab- 
straite et  absolue.  Cependant,  en  y  regar- 
dant de  près,  on  ne  Bétrira  pas  de  celte 
épilhète  une  doctrine  qui  admet  une  ré- 
vélation divine  de  la  taîson  primordiale, 
laquelle,  à  la  vérité,  n'agit  pas  romise 
créateur,  mais  qui  néanmoins  exerce  son 
action  sur  la  création,  en  prenant  une 
forme  humaine  pour  sauver  les  amcs  éma- 
nées d'elle,  mais  enchaînées  par  la  ma- 
tière et  affectées  du  mal  de  l'existence 
mondaine.  Avec  moins  de  droit  encore 
pourrait- on  faire  passer  la  doctrine  boud- 
dhique pour  une  espèce  de  panthéisme, 
puisque  la  dissémination  de  la  diviDité 
dans  la  totaUté  de  la  création  ou  de  l'exis- 
tence est  une  idée  tout -à -fait  contr&ire 
aux  principes  du  bouddhisme,  qui  ne  re- 
connaît dans  la  création  que  l'intelli^enre, 
tombée  et  obscurcie,  mais  étemelle  p«r 
sa  nature,  et  par  conséquent  digne  de  se 
relever  et  de  remonter  finalement  \  Tin- 
tetligence  primordiale. 

Il  est  bien  démontréquc  le  bouddhisme 
n^admet  pas  l'existence  d'un  être  sa- 
prême  ou  d^un  dieu  supérieur,  modé- 
rateur du  destin  de  l'univers.  Néanmoins 
un  savant  anglais,  M.  Hodgson,  qni  a 
étudié  avec  soin  les  livres  des  bouddhis- 
tes du  Népal ,  a  cru  y  découvrir  le  con- 
traire, n  a  trouvé  que  dans  le  système 
des  bouddhistes  de  ta  sect^  appelée 
Aïs*variha  [voy,  ce  mot)  Il  était  ques- 
tion d*un  être  appelé  Adi  boudtlha^  cm 
le  bouddha  primordial^  regardé  par  eux 
comme  l'être  primitif  qui  a  préexisté  à 
toutes  choses,  et  qui,  pour  celte  mî>oo, 
est  aussi  nommé  svayamhhoû  ^  l'être 
existant  par  lui-même.  Mais  nous  savons 
à  présent  que  cette  doctrine  d'un  Adi 
bouddha  appartient  à  un  système  reli- 
gieux qui  ne  date  que  de  la  dernière 
moitié  du  x^  siècle ,  époque  où  il  fol  in- 


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(775) 


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trodnit  dans  flnde,  â*o&  Il  arriva  par  le 
Rachemir  au  Tubet,  où,  depuis  le  xiv* 
jusqu'au  XVI*  siècle,  plusieurs  savans 
cotuposèrent  des  traités  sur  ce  système 
appelé  Kdla  tchakra  ou  la  Koue  noire. 
Dans  le  seul  ouvrage  primitif  qui  expose 
ce  système ,  il  est  question  de  la  Mecque; 
on  y  décrit,  sous  la  forme  d'une  pro- 
phétie, Torigine,  le  progrès  et  le  déclin 
de  la  religion  de  Mahomet.  C'est  donc 
sans  doute  une  composition  fort  moderne, 
quoiqu'on  ait  voulu  la  faire  passer  comme 
ayant  Châkya-mouni  lui-même  pour 
auteur. 

Pour  bien  comprendre  les  doctrines 
bouddhiques  il  faut  connaître  le  système 
cosmographique,  ainsi  que  celui  de  la 
cosmogonie  adoptés  par  les  bouddhistes. 
Bien  que  ces  systèmes  soient  d'origine 
hindoue,  ils  diffèrent,  sur  plusieurs 
points  essentiels,  de  ceux  qui  ont  prévalu 
chez  les  brahmanes.  Pour  rendre  plus 
facile  rintelligenee  de  quelques  particu- 
larités qui  se  présentent  dans  les  écrits 
des  cosmographes  bouddhistes,  il  faut  sa- 
voir qu'ils  ont  poussé  les  opérations  de 
la  numération  à  un  point  d'eitravagance 
inconcevable,  de  sorte  que  le  dernier 
chiffre  de  ceux  pour  lesquels  ils  ont 
créé  des  noms  particuliers  est  Tunité 
suivie  de  60  zéros.  Quelque  énormes  que 
soient  ces  nombres,  ils  ont  été  loin  de 
suffire  aux  besoins  de  leur  imagination 
bizarre  et  désordonnée  :  on  en  a  inventé 
d'autres  qui  dépassent  tout  ce  que  l'usage 
raisonnable  des  combinaisons  arithméti- 
ques a  pu  rendre  nécessaire.  Une  ques- 
tion adressée  à  bouddha  par  un  bodhi- 
sattva  engagea  ce  personnage  à  dévelop- 
per sa  théorie  sur  ce  sujet.  Il  y  a,  dit-il, 
troia  systèmes  de  numération  ^  le  pre- 


mier est  le  système  infériem*,  où  les  nom^ 
bres  croissent  de  10  en  10.  Dans  le  sys« 
tème  moyen ,  les  nombres  croissent  par 
centaines,  comme  quand  on  multiplie 
uo  laks^a  (1 00  mille)  pour  avoir  un  kôU 
on  10  millions.  Enfin  dans  le  système 
supérieur,  les  nombres  se  multiplient  par 
eux-mêmes  :  c'est  ce  qu'on  nomme  la 
méthode  des  10  grands  nombres,  mé- 
thode que  Bouddha  seul  avait  pu  com*- 
prendre.  Le  point  de  départ  de  ces  10 
grands  nombres  est  Vasankhya  (100 
quadrillions)  multiplié  par  lui-même: 
ce  nombre  est  l'unité  suivie  de  84  zéros, 
lequel ,  à  son  tour ,  multiplié  par  lui- 
même,  produit  le  second  des  10  nombres, 
qui  est  l'unité  suivie  de  08  zéros;  on  ré- 
pète cette  double  opération  sur  ce  nom- 
bre, puis  sur  chaque  des  suivans,  jusqu'au 
10**,  qu'on  nomme  indiciblemcnt  indi- 
cible, et  qui  ne  pourrait  être  exprimé 
queparl'unité  suivie  de4,456,446  zéros, 
ce  qui,  dans  nos  impressions  ordinaires, 
ferait  un  chiffre  de  près  de  44,000  pieds 
de  long.  Ce  dernier  nombre  est  encore 
surpassé  par  celui  qu'on  emploie  en  quel- 
ques circonstances^  notamment  dans  la 
cosmographie  mythologique,  et  qui  n'est 
pas  évalué  ;  son  nom  désigne  le  nombre 
des  atomes  contenus  dans  le  mont  Sou- 
Merou,  ou  la  montagne  céleste.  En  gé- 
néral les  fables  bouddhiques  portent  eu 
tout  un  caractère  d'exagération  qui  tient 
de  l'extravagance  :  les  dieux,  les  génies, 
les  saints,  ne  sont  pas  groupés  par  cen- 
taines ,  mais  par  millions  et  par  mil- 
liards. 

L'univers  porte  chez  les  bouddhistes 
le  nom  des  trois  mondes  (Tril6ka).  Ces 
mondes  se  trouvent  superposés  l'un  à 
l'autre,  et  le  tableau  ci-joiat*^  fera  oon- 


'  TABLEAU  DE  LA  DTSPOSITfOM  DES  TROIS  IIOJVDES. 


I*'  Moirim 

(■■M  formes). 


1.1 


II*M0KDB 

(des  foriD»). 


\ 


I* 


28.  Le  riel  Naîba^arodjngAoAsaDidjogAyatoâSa. 
27.  Le  ciel  AkintchabyAyatanam. 

20.  Le  ciel  BidjogAnAoatnyatanam. 
25.  Le  del  AkAs'AiiaDtyayBtaDaai. 

24.  Le  ciel  MahAsVaribasaDanra. 
23.  Le  del  Ag^anichtA. 
22.  Le  del  Pooatars*uia. 

21.  Le  del  Booliris'A. 
20.  Le  del  Atapa. 
19.  Le  del  AbrihA. 

18.  Le  ciel  PrUiatlrtyotlftlMla. 
17.  Le  ciel  Poo^yaprapabA. 
\  16.  Le  ciel  AnabhralM. 


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BOU 


(776) 


BOU 


naître  leur  disposiUoD.  Le  troisième 
monde  est  riaférieur;  il  contient  mille 
millions  de  systèmes  terrestres  avec  six 
cieux  du  désir.  Ces  systèmes  terrestres 
n*ont  pas  une  forme  sphérique  :  chaque 
terre  est  une  grande  plaine  immobile,  au 
milieu  de  laquelle  est  placé  le  mont  Sou- 
Merou,  entouré  horizontalement  par  les 
quatre  grandes  et  par  huit  petites  parties 
du  monde.  A.  ce  système  de  monde  ap- 
partiennent le  soleil,  la  lune  et  tous  les 
astres,  qui  ne  sont  regardés  que  comme 
des  habitations  de  quelques  divinités. 
Les  bouddhistes  n*ont  aucune  idée  de  ce 
que  nous  appelons  un  système  solaire, 
ni  de  la  rotation  des  corps  célestes.  Les 
six  cieux  superposés  aux  mille  millions 
de  terres  s'étendent  comme  celles-ci  ho- 
rizontalement,  et  forment  six  couches 
Tune  au-dessus  de  Tautre.  Tous  ces  sys- 
tèmes terrestes,  qu'on  appelle  le  grand 
mille  des  trois  mille  mondes^  composent 
ce  qu'on  nomme  le  troisième  monde.  Il 
serait  impossible  de  comprendre  cette 
expression  si  on  n'en  trouvait  pas  l'expli- 
cation dans  les  livres  bouddhiques.  Les 
trois  mille  mondes  se  composent  àxi petit 
mille f  du  moyen  mille  et  du  grand  mille. 
Le  petit  mille  ou  le  petit  chiliocosme, 
contient  mille  systèmes  terrestres  par- 
faitement semblables  au  nôtre.  De 
même  que  ce  système  forme  une  plaine, 
de  même  tous  les  systèmes  qui  l'avoisi- 
nent  s'étendent  horizontalement  dans 
toutes  les  directions.  Le  petit  chiliocosme 
est  entouré  par  une  haute  chaîne  de  mon- 
tagnes. Au-dessus  et  dans  toute  son  éten- 
due règne  la  région  inférieure  et  la  plus 
petite  du  second  dhjrdna  (la  triple  ré- 


Ilfi  MOHDB 
(d«t  foniMi). 


gion  lumineuse  ou  le  Brahma).  En  de- 
hors du  petit  cbiliocosme  et  autour  de 
lui  s'étend  horizontalement  le  chilio- 
cosme moyen  9  qui  se  compose  d'un 
million  de  systèmes  terrestres.  Dans 
toute  son  étendue  il  se  trouve  couvert 
par  le  second  dhyâna  et  de  la  région  in- 
férieure et  plus  petite  du  troisième.  Le 
moyen  chiliocosme  est  à  son  tour  en- 
touré par  le  grande  qui  contient  mille 
chiliocosmes  de  la  grandeur  du  moyen. 
Ces  trois  chiliocosmes  forment  l'univers, 
au-dessus  duquel  règne  la  région  supé- 
rieure et  la  plus  grande  du  second dhyd- 
nay  la  moyenne  du  troisième  et  Tinfé- 
rleure  ou  la  plus  petite  du  quatrième 
dhydna,  ou  de  la  révélation  bouddhi- 
que. Aucun  système  terrestre  de  l'uni- 
vers n'est  visible  à  l'autre.  Tout  l'univers 
est  placé  sur  une  masse  étbérée  dont  la 
rotation  perpétuelle  y  entretient  l'équi- 
libre, sans  le  faire  trembler  ou  le  mettre 
en  mouvement.  La  rotation  de  cette 
masse  éthérée,  dans  laquelle  les  différens 
systèmes  terrestres  s'élèvent  comme  des 
lies  dans  la  mer,  est  entretenue  par  le 
destin ,  fruit  des  actions  de  l'homme. 

Comme  toup  les  systèmes  terrestres  se 
ressemblent  parfaitement,  la  descrip- 
tion de  l'un  est  aussi  celle  des  autres. 
Selon  les  bouddhistes  la  terre  habitable 
est  partagée  en  quatre  grandes  Iles  [dvi- 
pa)  ou  continens  placés  aux  quatre 
.  points  cardinaux,  par  rapport  à  la  mon- 
tagne céleste  {Sou-Merou).  A  l'orient  est 
le  continent  de  la  Beauté  [Pourvd  pi- 
deha)y  dont  les  habitans,  en  fait  de 
beauté  corporelle,  ont  la  supériorité  sur 
ceux  des  autres.  A  l'occident  est  le  con- 


III<  MOVDK 

(  «omf>rTiuint  milte  miUv 
lioiit  dt  ByMétuM  ter-  j 
retires  sfeekt  <  rUmm  § 


15. 
14. 
13. 

Le  ciel  S*oul)hakritaMio. 
Le  ApramsD'abha. 
Le  ciel  Parls^oabha. 

12. 
11. 
10. 

Le  ciel  Abhâfrarâ. 
LecielÂprahAn'Abha. 
Le  ciel  PartrtAbha. 

9. 

8. 
7. 

Le  ciel  MahAbrahAn'a. 
Le  ciel  Brahmapoarohita. 
Le  ciel  Brahmaparipatyi. 

'  6. 
5. 
4. 
3. 
2. 
1. 

Le  ciel  ParaoirmatabartitA. 

Le  ciel  NirmAn'aradrA. 

Le  ciel  ToacfaitA, 

LedelTAma. 

Le  «ici  Traya8trtn*tA. 

TchatoarmahArAdjaUyiU. 

LaTbrkb. 

Le»  â^irmi  Et^$r^ 

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BOU 


(777) 


BOU 


tÎDeiit  d«s  Boafs  (Goderrjra);  ce  nom  ex- 
prime que  la  plu8  grande  richesse  des 
peuples  qu'on  y  trouve  consiste  en  im~ 
menses  troupeaux  de  bœufs.  Au  nord  est 
le  continenr  septentrional  [Outtara  kou- 
ra).  Le  continent  du  Sud ,  qui  est  celui 
qui  comprend  Tlnde,  est  nommé  Djam- 
bou  dvipa,  d'après  un  arbre  qui  se  voit 
dans  sa  partie  occidentale,  et  au  pied 
duquel  passe  un  fleuve  dont  le  sable  ren- 
ferme de  Tor,  ce  qui  fait  qu'on  rend 
aussi  la  dénomination  de  Djambou  par 
distingué  par  V or.  La  taille  des  hommes 
et  la  durée  de  leur  vie  varient  dans  les 
quatre  continens.  La  stature  des  habi- 
tans  du  continent  oriental  est  de  8  cou- 
dées ^  chacune  de  18  pouces,  et  ils  vi- 
vent 250  ans.  Dans  le  continent  occiden- 
tal les  hommes  ont  16  coudées  de  haut 
et  vivent  500  ans.  Les  habitans  du  nord 
ont  82  coudées  ;  leur  vie  s*étend  à  1,000 
ans ,  et  on  ne  voit  pas  chez  eux  de  morts 
prématurées.  Enfin  ,  dans  le  continent 
méridional  ou  dans  Flnde,  les  hommes 
ont  8  j  coudées  jusqu'à  4  ;  leur  vie  de- 
vrait être  de  100  ans,  mais  beaucoup 
d'entre  eux  n'atteignent  pas  ce  terme. 
Le  visage  des  habitans  de  chaque  conti- 
nent répond  à  la  forme  du  continent  lui- 
même.  Celui  de  l'orient  est  comme  une 
demi-lune,  étroit  à  l'orient  et  large  à 
l'occident,  et  son  diamètre  est  de  9,000 
yodjanas.  Il  y  a  trois  espèces  de  yodja- 
nas;  la  plus  grande  équivaut  à  9  milles  an- 
glais, la  moyenne  à  5  et  la  petite  à  4  seu- 
lement. Le  continent  d'occident  est  rond, 
comme  la  pleine-lune,  et  son  diamètre 
est  de  8,000  yodjanas.  Le  continent  du 
nord  est  carré  comme  une  piscine,  et  sa 
largeur  est  de  10,000  yodjanas.  Enfin  le 
Djambou-dvipa  est  comparé  au  coffre 
d'une  voiture,  large  du  côté  du  Sou-Me- 
rou,  et  étroit  au  midi;  son  étendue  en 
longitude  est  de  7,000  yodjanas.  Il  est  évi- 
dent que  les  quatre  continens  des  boud- 
dhistes ne  se  rapportent  nullement  à  une 
division  naturelle  des  grandes  terres  du 
globe,  mais  que  c'est  une  notion  entière- 
ment fabuleuse.  D'ailleurs  il  n'est  parlé 
d'aucune  communication  possible  entre 
les  quatre  continens.  La  montagne  cé- 
leste qui  les  sépare  ne  saurait  être  con- 
fondue avec  THimâlaya,  quoique  l'idée 
poisse  en  avoir  été  pris*  de  cette  haute 


chaîne  qui ,  à  l'égard  des  Hindous,  Sem- 
ble se  confondre  avec  le  point  extrême 
du  ciel  visible,  ou  le  pôle  septentrional. 
Quatre  fleuves  arrosent  le  continent  mé- 
ridional ou  Djambou  dvipa;  à  l'orient  le 
Ganga  (  Gange) ,  ainsi  nommé  d'un  mot 
qui  signifie  maison  céleste,  parce  qu'il 
roule  d'un  endroit  élevé  ;  le  Sindhou  (  In- 
dus) au  midi;  le  ^a/if  à  l'ouest, et  {tSita{\t 
froid  )  au  nord.  Ces  quatre  fleuves  sor- 
tent d'un  lieu  nommé  Anoudata ,  dont 
les  quatre  faces  sont  remarquables  par 
un  animal  et  une  matière  qui  leur  sont 
particuliers.  L'orifice  d'où  sort  le  Gange 
est  la  bouche  d'un  bœuf  d'argent;  celui 
du  Sindhou  est  la  bouche  d'un  éléphant 
d'or;  celui  du  Yats  est  la  bouche  d'un 
cheval  de  saphir ,  et  celui  du  Sita  (  vrai- 
semblablement leYaerou-Zang-boduTu- 
bet)  est  la  gueule  d'un  lion  de  cristal 
de  roche.  Le  lac  Anoudata  a  environ 
80  lieues  de  circonférence  ;  ses  rives  sont 
ornées  d'or,  d'argent,  de  saphir,  de 
cristal,  de  cuivre,  de  fer  et  d'autres  ma- 
tières précieuses.  Il  est  placé  au  nord  de 
la  grande  montagne  de  neige,  c'est-à- 
dire  de  l'Himalaya,  et  au  midi  de  la 
montagne  des  Parfums,  qu'on  nomme 
ainsi  parce  qu'elle  produit  toute  sorte 
de  substances  odoriférantes. 

La  longueur  du  Djambou-dvipa,  du 
sud  au  nord,  est  de  21,000  yodjanas,  et 
son  épaisseur  de  haut  en  bas  est  de 
68,000.  Sous  la  terre  il  y  a  de  l'eau 
jusqu'à  l'épaisseur  de  84,000  yodjanas; 
sous  cette  eau  est  un  feu  de  la  même 
épaisseur;  puis  il  y  a  de  l'air  ou  du 
vent,  dont  l'épaisseur  est  de  64,000 
yodjanas;  puis  enfin,  une  roue  de  dia- 
mant dans  laquelle  sont  renfermées  les 
reliques  corporelles  des  bouddhas  des 
âges  antérieurs.  Quelquefois  il  s'élève 
un  grand  vent  qui  agite  le  feu;  le  feu 
met  l'eau  en  mouvement;  l'eau  ébranle 
la  terre  ;  et  c'est  ainsi  qu'ont  lieu  les 
tremblemens  de  terre.  Au-dessous  de 
l'extrémité  méridionale  du  Djambou- 
dvipa,  à  la  profondeur  de  500  yodjanas, 
sont  les  huit  grands  enfers  brûlans  et 
les  huit  grands  enfers  glacés,  ainsi  que 
les  seize  petits  enfers  qui  sont  placés 
aux  portes  de  chacun  des  grands.  On 
donne  la  description  de  ces  enfers  et 
des  supplices  que  les  âmes  des  pécheurs 


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BOO 


(778) 


BOU 


y  eniurent:  téttt  description  k^semble 
beaucoup  à  celles  que  des  imaginations 
bizarres  se  sont  plues  a  fabriquer  dans 
tous  les  pays.  L'étendue  de  ces  enfers 
est,  suivant  quelques-uns,  de  80,000 
yodjanas  en  longueur  et  en  largeur.  Ou- 
tre les  montagnes  des  Parfums  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  on  nomme  plu- 
sieurs autres  chaînes  de  montagnes  qui 
se  succèdent,  en  allant  au  nord,  depuis 
Textrémité  de  ce  continent  jusqu'à  la 
montagne  du  Pôle.  Les  uns  en  comptent 
sept,  et  les  autres  dix  ;  et  ceux  qui  adop- 
tent ce  dernier  nombre,  varient  encore 
snr  les  noms  des  montagnes  et  sur  Tes- 
pèce  d*habitans  qui  s'y  trouvent.  Les 
sept  montagnes  d*or,  ainsi  nommées 
parce  qu'elles  ont  la  couleur  de  ce  métal, 
en  entourant  le  Sou-Merou,  forment 
cercle  les  unes  autour  des  autres.  Ce5t 
sans  doute  à  ces  cercles  de  montagnes 
qu'on  rapporte  les  divisions  des  sept 
mers ,  qui  sont  la  mer  salée ,  enfermée 
dans  une  roue  de  diamant  en  mouve- 
ment;  la  mer  de  lait;  celle  de  crème; 
celle  de  beurre;  celle  d'hydromel;  la 
mer  qui  renferme  les  plantes  d'heureux 
augure,  et  la  mer  de  vin.  Un  autre  ar- 
rangement est  celui  des  dix  montagnes 
et  des  dix  masses  d'eau  qui  les  séparent. 
Les  listes  qui  se  rapportent  à  ces  deux 
objets  ne  sont  pas  d'accord  entre  elles. 
En  additionnant  les  différentes  largeurs 
aux  masses  d'eau  ainsi  qu'aux  monta- 
gnes qui  sont  placées  dans  leur  inter- 
valle, on  trouve  qu'un  espace  de  plus 
de  30,000  yodjanas  est  supposé  séparer 
Fextrémilé  septentrionale  du  Djambou- 
dvipa  du  pied  de  la  montagne  polaire 
ou  du  Sou-Merou.  Cette  dernière,  dont 
le  nom  signifie,  suivant  les  bouddhistes , 
prodigieusement  haute,  a  84,000  yod- 
janas d'élévation.  Elle  est  le  séjour  des 
devas  ou  dieux;  le  soleil,  la  lune  et  les 
étoiles  tournent  autour  d'elle,  et  c*est  ce 
qui  fait  la  différence  des  nuits  et  des 
jours,  des  années  et  des  autres  divisions 
du  temps.  Le  soleil  est  habité  par  un 
adorateur  de  bouddha ,  à  qui  ses  vertus, 
ses  bonnes  actions  et  sa  piété  ont  mérité 
de  renaître  dans  ce  lieu.  Il  habite  au  pa- 
lais dont  les  murailles  et  les  treillis  sont 


tons  les  sens;  il  est  par «mséqnetit de 
forme  cubique,  et  c'est  Tétoignement 
qui  le  fait  pai-aitre  rond.  Cinq  tourbil- 
lons de  vent  entraînent  continuellement 
ce  palais  autour  des  quatre  côntinens, 
sans  jamais  lui  permettre  de  s'arrêter: 
l'un  de  ces  tourbillons  contient  le  palalt 
du  soleil ,  et  l'empêche  de  tomber  dans 
l'éther;  le  second  l'arrête,  le  troisième 
le  ramène ,  le  quatrième  le  retire ,  et  le 
cinquième  le  pousse  en  avant;  c*e  qui 
produit  le  mouvement  circulaire.  Il  est 
midi,  dans  le  Djambou-dvipa ,  quand  le 
soleil  est  parvenu  en  fkce  du  côté  du 
SoU'Merou  qui  répond  a  ce  continent 
Le  jour  tombe  alors  dans  le  continent 
oriental,  il  commence  à  pointer  dans  le 
continent  occidental ,  et  il  est  minuit 
dans  celui  du  nord  ;  les  quatre  points  du 
jour  sont  ainsi  déplacés  successivement , 
à  regard  des  quatre  côntinens.  La  lune 
est  au  palais  habité  de  la  même  manière 
que  celui  du  soleil ,  et  pareillement  en- 
traîné dans  un  mouvement  circulaire 
autour  du  mont  Sou-Merou  ;  mais  ce  pa- 
lais n'a  que  49  ou  60  yodjanas,  c'est-à- 
dire  deux  ou  un  de  moins  que  celui  da 
soleil  ;  c'est  à  peu  près  la  différence  de 
diamètres  apparens  moyens  du  soleil  et 
de  la  lune.  Le  jour  de  la  pleine  lune,  ce 
même  palais  est  devant  celui  du  soleil, 
et  le  jour  de  la  nouvelle  hme ,  il  se  trouve 
en  arrière.  C'est  la  révei4)ération  des 
rayons  du  soleil  qui  produit  la  pleine  et 
la  nouvelle  lune.  Les  plus  grandes  étoiles 
ont  16  yodjanas  de  tour.  Les  vingt-huit 
mansions  lunaires  sont  disposées  dans 
l'espace  avec  la  destination  de  protéger 
plus  spécialement  certains  êtres,  certaines 
professions  et  certaines  localités. 

Les  flancs  du  Sou-Merou  sont  de 
cristal  au  nord,  de  saphir  au  midi,  d'or 
à  l'orient ,  et  d'argent  à  l'occident.  Cette 
montagne  est  partagée  en  plusieurs  étages 
habités  par  des  déVas  ou  êtres  divins  de 
plusieurs  degrés.  Le  mouvement  circu- 
laire du  soleil  et  de  la  lune  autour  de 
cette  montagne  est  une  circonstance 
qui  fait  voir  que  sa  position  doit  être 
aux  pôles  de  la  terre  et  du  ciel ,  con- 
fondus par  Vignorance  de  la  véritable 
constitution  de  l'univers.  Le  Sou-Merou 


ornés  d'or,  d'argent  et  de  saphir  :  ce  pa-  |  est  donc  tout  à  la  fols  la  partie  la  plus 
lais  a  51  yodjanas  de  dimenskui  dam  i  élevée  du  monde  terrestre ,  autour  et 


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BOU 


(779) 


BOU 


Uquêflè  sm^t  placés  les  qtiati^  MnHnens , 
et  te  point  central  du  ciel  visib'e,  autour 
duquel  se  meuvent  les  corps  planélaires 
et  le  soleil  lui-même.  Le  nom  de  mon- 
tagne polaire  doit  être  pris  dans  cette 
signification.  A  la  moitié  de  la  hauteur  du 
Sou-Merou,  c*est-à^ire,  au  quatrième 
de  ses  étages,  commence  la  série  des  six 
deux  superposés  les  uns  aux  autres, 
lesquels  constituent  ce  qu'on  nomme  le 
Monde  des  Désirs^  parce  que  tous  les 
êtres  qui  rhabitent  sont  soumis  égale- 
lement ,  quoique  sous  deà  formes  diver- 
ses, aux  effets  de  la  concupiscence;  les 
uns  se  multiplient   par  rattouclicment 
des  mains,  les  autres  par  le  sourire  on 
le  simple  regard,  etc.  An  premier  de 
ces  six  cieux,  en  commen<^nt  par  en-bas, 
habitent  quatre  dieux  puissans  dont  les 
royaumes  sont  aux  quatre  points  cardi- 
naux. Le  second  ciel  est  nommé  le  ciel 
des  trente^troiSy  parce  que  Indra,  le  dieu 
de  l'atmosphère,  y  fait  son  séjour  avec 
trente-deux  personnages  parvenus  comme 
lui ,  par  leurs  vertus ,  de  la  condition 
humaine  à  celle  de  dévas  ou  divinités. 
Le  troisième  est  appelé  ciel  de  Yama , 
parce  que   le  dieu  de  ce  nom  y  réside 
avec  d'autres  êtres  semblables  à  lui ,  qui 
mesurent  leurs  jours  et  leurs  nuits  sur 
l'épanouissement  et  la  clôture  des  fleurs 
de  lotus,  et  qui  habitent  l'éther.  Dans 
le  quatrième  ciel ,  appelé  Touchùd,  ou 
séjour  de  la  joie ,  les  cinq  sens  cessent 
d'exercer  leur  influence:  c'est  là  que  les 
élres  purifiés,   parvenns  au  degré  qui 
précède  immédiatement  la  perfection  ab- 
solue, c'est-à-dire  au  rang  des  bodhi- 
sattvas,  viennent  habiter,  en  attendant 
que  le  moment  de  descendre  sur  la  terre 
en  qualité  de  bouddha  soit  arrivé.  Au 
cinquième  ciel,  appelé  rieldela  €om*er- 
sion ,  les  désirs  nés  des  cinq  atomes  ou 
principes   de   sensation  sont  convertis 
en   plaisirs  purement  intellectuels.  Au 
sixième  enfin,  habite  le^c^/»ri/r(Is*Tara), 
^ui  nide  à  la  conpenion  d*autruiy  aussi 
nommé  le  Roi  des  génies  de  la  mort. 
Tous  les  êtres  qu'on  vient  d'énuniérer, 
à  l'exception  de  ceux  des  deux  cieux  in- 
férietirs ,  résident ,  non  plus  sur  le  mont 
8ou-Merou,  mais  au  ^ein  même  de  la 
matière  éthérée.  An-dessus  des  six  cieux 
dnmondt  dea  Déairs  >  conmeiice  one 


seconde  série  de  deux  superpo<)ês ,  qui 
constituent  le  monde  des  tonnes  ou  des 
C  oiilettrs^Sk'insï  nommés  parce  que  les 
êtres  qui  l'habitent,  bien  que  supérieurs 
en  pureté  à  ceux  dont  il  vient  d'être 
parlé,  sont  encore  soumis  à  l'une  des 
conditions  d'existence  de  la  matière,  la 
forme  ou  la  couleur.  On  compte  dix* 
huit  degrés  d*étages  superposés  dans  le 
monde  des  formes ,  et  les  êlrea  qui  les 
habitent  se  distinguent  par  des  degrés 
correspondans  de  perfection  morale  et 
intellectuelle,  auxquels  on   atteint  par 
quatre  procédés  de  contemplation.  An 
premier  dhydna  (ou  à  la  première  con- 
templation) appartiennent  les  Brahmas,  le 
grand  Brahma-roi.  Trois  cieux  du  second 
dhydna  ont  pour  commun  attribut  l'é- 
clat ou  la  lumière  avec  différentes  modifi- 
cations. Trois  cieux  du  troisième  dhydna 
ont  pour  attribut  commun  la  vertu  on  la 
puissance.  Enfin  divers  genres  d'une  per- 
fection encore  supérieure  à  celle  des  pré- 
cédens,  caractérisent  les  neuf  cieux  du 
quatrième  dhydna.  Quand  on  a  dépassé 
le  monde  des  formes,  on  trouve  le  monde 
sans  Formes ,  composé  de  quatre  deux 
superposés,  dont  les  habitans  se  distin- 
guent par  des  attributs  encore  plus  rele- 
vés. Ceux  du  premier  ciel  habitent  l'élher, 
ceux  du  second  résident  dans  la  con- 
naissance ;  ceux  du  troisième  vivent  dans 
l'anéantissement,  et  ceux  du  quatrième, 
au-dessus  duquel  il  n'y  a  rien ,  également 
exempts  des  conditions  de  la  connais- 
sance localisée  et  de  l'anéantissement 
qui  n'admet  pas  de  localité ,  sont  dési- 
gnés par  l'expression  sanscrite  naî-haa 
samdjndndsamdjndyaiam  qui  signifie  ni 
pensans  ni  non  pensans. 

On  voit  que,  dans  l'échelle  de  cea 
mondes  superposés ,  tout  va  en  se  sim- 
plifiant et  en  s'épurant,  à  partir  de  l'en- 
fer ,  qui  est  le  point  inférieur  ,  jus-> 
qu'au  sommet  du  monde  sans  formes, 
qui  est  la  partie  ta  plus  élevée.  On  trouve 
d'abord  la  matière  corrompue  avec  ses 
vices  et  ses  imperfecdoua;  l'ame  pen- 
sante enchaînée  par  les  sensations ,  les 
passions  et  les  désirs;  l*ame  purifiée,  ne 
servant  plus  à  la  matière  que  par  la  forme 
ou  la  couleur  ;  la  pensée  réduite  à  l'é- 
ther ou  à  l'espace  pur;  la  pensée  n'ayant 
p^r  base  que  la  cônimiëéance;  puit  tout 


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BOU 


(780) 


BOU 


cela  même  anéanti  dans  une  perfection 
qui  est  tout  ce  qu*il  est  donné  à  rhoinme 
de  concevoir,  et  qui  toutefois  est  encore 
fort  au-dessous  de  celle  qui  caractérise 
l'intelligence  conçue,  soit  dans  le  rap- 
port d*amour  avec  les  êtres  sensibles  ou 
bodhisattvas,  soit  dans  son  état  absolu 
et  libre  de  tout  rapport  quelconque  ou 
bouddha. 

Les  habitans  qui  peuplent  les  difTé- 
rentes  parties  de  Tunivers  sont  classés 
ainsi  :  1^  Les  dévas.  Ce  sont  des 
êtres  qui,  bien  que  doués  d'une  grande 
puissance,  de  facultés  surnaturelles  et 
d'une  singulière  longévité ,  sont  encore 
soumis  aux  vicissitudes  de  la  naissance 
et  de  la  mort ,  et  exposés  à  perdre  leurs 
avantages  par  le  péché;  ils  habitent  le 
mont  Sou-Merou  et  les  divers  étages  cé- 
lestes qui  y  sont  superposés;  2^  les 
hommes;  8^  lesofou/ioxou  génies,  qu'on 
distingue  en  gandharvas,  pis*âtcha,  koum- 
bandha,  yaks*as,  râks*as:ils  vivent  au 
bord  de  la  mer,  ou  au  fond  de  TOcéan , 
ou  dans  les  escarpemens  du  mont  Sou- 
Merou;  4°  les  prêtas  ou  démons  faméli- 
ques, qui  endurent  pendant  des  périodes 
immenses  tous  les  tour  mens  de  la  soif  et 
de  la  faim  :  ils  habitent  au  fond  de  la 
mer,  parmi  les  hommes,  dans  les  forêts, 
sous  la  forme  humaine  ou  sous  celle  d'a- 
nimaux; 5o  les  brutes;  6*  les  habitans 
à^%  enfers. 

Les  quatre  dernières  classes  sont  ce 
qu'on  nomme  les  ^iia/re  conditions  mau- 
vaises, A  ces  six  classes  d*êtres  il  faut 
joindre  les  nagas  ou  dragons,  qui  ont 
une  existence  équivoque  entre  les  bons 
et  les  mauvais  génies;  \es  garoudas^  oi- 
seaux merveilleux;  les  kinnaras,  et  beau- 
coup d'autres  êtres  plus  ou  moins  par- 
faits, lesquels  ont  avec  les  précédens  cela 
de  commun  que  les  mêmes  âmes  peuvent 
successivement  animer  des  corps  appar- 
tenant à  l'une  ou  l'autre  classe,  selon 
que  leurs  vertus  ou  leurs  péchés  leur  per- 
mettent de  renaître  à  un  degré  plus  ou 
moins  élevé  dans  l'échelle  des  êtres  vi- 
vans.  Il  n*est  pas  question  ici  des  grada- 
tions morales  et  intellectuelles  par  les- 
quelles on  peut  passer  pour  devenir  suc- 
cessivement S'ravaka  ou  auditeur  de 
Bouddha ,  Pralyéka  bouddha ,  Bodhi- 
Aattva,  et  eofio  bouddha»  quand  on  a 


réussi  à  s'affranchir  des  conditions  d'exis- 
tence auxquelles  restent  soumis  tous  ceux 
qui  habitent  l'enceinte  des  trois  mondes. 
L'ensemble  des  trois  mondes  constitue 
l'univers.  Le  système  du  monde  auquel 
nous  appartenons  se  nomme  SavaioAa" 
dhâtouy  le  séjour  ou  le  monde  de  la 
patience,  parce  que  tous  les  êtres  qui  y 
vivent  sont  soumis  aux  épreuves  de  la 
transmigration  et  à  toutes  les  vicissitudes 
qui  en  sont  la  conséquence. 

Les  bouddhistes  ont  porté  dans  la  di- 
vision de  la  durée  le  même  esprit  d'exa- 
gération puérile  et  de  précision  appa- 
rente que  nous  leur  avons  vu  suivre  dans 
la  mesure  de  l'étendue.  La  plus  petite 
portion  de  temps  qu'il  soit  possible  d'ap- 
précier est,  selon  eux,  le  kchana^  ou  la 
1 ,080,000°^^  partie  de  quatre  de  nos  heu- 
res, qui  forment  une  heure  bouddhique. 
Le  kchana  est  par  conséquent  la  75™*  par^ 
tie  d'une  de  nos  secondes.  La  vie  des 
hommes  était  d'abord  de  84,000  ans  : 
au  bout  de  cent  ans,  cette  durée  est  abré- 
gée d'un  an.  Elle  décroît  ainsi  d'un  an 
par  siècle ,  jusqu'au  point  d'être  réduite 
à  dix  ans  seulement.  Il  se  passe  cent  an- 
nées encore,  après  quoi  elle  augmente 
de  nouveau  d'un  an,  et  elle  s'accroît 
ainsi  d'un  an  par  siècle ,  jusqu'à  ce  qu'elle 
soit  revenue  à  84,000  ans.  Le  temps  qui 
s'écoule  pendant  cette  diminution  gra- 
duelle et  le  rétablissement  qui  la  suit  se 
nomme  un  petit  kalpeu  Vingt  de  ces  pe- 
tits kalpas  ou  kalpas  intermédiaires  font 
un  ka/pa ,  et  quatre  de  ces  derniers  un 
grand kalpa.  Les  quatre  kalpas  qui  com- 
posent le  grand  kalpa  sont  le  kalpa  de 
la  fondation ,  celui  de  la  stabilité ^  celui 
du  destin  et  enfin  le  kalpa  vide.  Le  kal- 
pa de  la  stabilité  est  regardé  comme  le 
meilleur  de  tous ,  parce  que  mille  boud- 
dhas accomplis  paraissent  pendant  sa  du- 
rée, pour  renouveler,  l'un  après  l'autrey 
la  croyance  religieuse.  C'est  pour  cette 
raison  que  ce  kalpa  porte  le  nom  sans- 
crit de  bhadra  ou  l'excellent,  l'heureux. 
Après  ce  kalpa  commence  celui  du  dé- 
clin ou  de  la  dbsolution,  qui  finit  par 
la  destruction  des  cent  mille  millions  de 
systèmes  terrestres  du  grand  chiliocos- 
me.  Cette  dissolution  rend  totalement 
vide  l'espace  qu'occupait  cette  partie  de 
l'anivefrs.  Cet  ^t  4'anéantisseiBent,  \ 


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BOU 


(^81) 


ÈOt 


dant  lequel  aacuo  système  du  monde 
n'existe,  est  appelé  le  kalpa  \ide.  Pen- 
dant sa  durée  tous  les  atomes  spirituels 
qui  avaient  été  réunis  au  sansâra  ou  à  la 
matière  se  trouvent  absorbés  par  le 
second  dhyâna.  Mais  comme  ces  par- 
celles spirituelles  n'ont  pas  encore  entiè- 
rement satisfait  aux  lois  du  destin  des 
actions^  et  qu'elles  ne  sont  pas  encore 
dans  un  état  complet  de  délivrance,  Té- 
tât de  repos  ne  peut  durer  pour  elles.  La 
loi  du  destin  non  satisfaite  suit  Tame 
dans  les  régions  du  second  dhyâna  et  y 
forme  le  germe  d'un  renouvellement  de 
monde  après  l'écoulement  du  kalpa  vide. 
Dans  le  développement  de  ce  germe  de 
monde,  chaque  ame  non  libre  est  soumise 
à  une  nouvelle  naissance.  Les  ouvra- 
ges bouddhiques  ne  disent  pas  com- 
bien de  grands  kalpas  ou  destructions 
et  créations  de  mondes  ont  déjà  eu  lieu 
et  auront  lieu  encore;  ils  parlent  seule- 
ment d'innombrables  kalpas  passés  et  fu- 
turs. Ils  assurent  qu'après  sept  destruc- 
tions du  monde  par  le  feu  il  en  arri- 
vera une  huitième  effectuée  par  l'eau. 
Après  celles-ci  sept  autres  seront  effec- 


tuées par  le  feu  et  une  par  l'eau;  enfin, 
après  sept  fois  sept  destructions  par  le 
feu,  sept  par  l'eau,  et  encore  sept  par  le 
feu ,  il  doit  en  arriver  une  effectuée  par 
l'air.  Cet  air  sortira  comme  un  ouragan 
terrible  des  régions  du  troisième  dhyâna, 
détruira  d'abord  le  second  dhyâna,  puis 
le  premier,  et  finalement  le  grand  chilio- 
cosme  avec  le  moyen  et  le  petit.  Cette 
destruction  peut  passer  pour  la  plus  dé- 
cisive, parce  qu'elle  s'étend  même  sur 
le  premier  dhyâna,  qui  jusqu'ici  était  le 
lieu  de  réunion  des  intelligences  non  li- 
bérées ,  et  qui  alors  se  trouve  dénué  de 
tout  ce  qui  est  spirituel.  Alors  toute  Tin- 
telligence,  délivrée  desliens  de  la  nature 
qui  n'existe  plus  et  de  l'influence  du  des- 
tin des  actions ,  rentre  dans  les  régions 
supérieures  des  bouddhas ,  lesquelles  ne 
sont  soumises  à  aucune  destruction. 

Nous  avons  vu  que  les  bouddhistes 
divisent  toutes  les  créatures  en  six  classes 
ou  ordres. Cette  division  donne  un  aperçu 
clair  de  tout  le  système  dogmatique  de 
leur  religion ,  lequel  est  reprélenté  dans 
le  tableau  suivant. 


L'INTELLIGENCE  SUPRÊME. 

I 
Pensée. 

I 


Ame. 

I 

Vertu. 


Matière. 

I 
Péché. 


CONSiQUlNGlS. 


Sapréme.      Moyenne.      Inférieure. 

Dieux.         Hommes.       Assouras. 

Les  bouddhistes  se  sont  créé  une  in- 
finité de  divinités,  qu'ils  adorent  dans 
leurs  temples;  les  bornes  de  cet  article 
ne  nous  permettent  pas  de  les  détailler. 
Nous  ne  parlerons  ici  que  du  Retna 
tray-âya^  c'est-à-dire  les  Trois  Précieux ^ 
qu'on  appelle  trinité  bouddhique.  Cette 
trinlté  qui, chez  les  bouddhistes, tient  lieu 
de  la  divinité  même,  se  compose  de  Boud- 
dha ou  de  Fintelligence  suprême,  de 
dharma  ou  de  la  loi  manifestée  par 
bouddha  dans  le  pradjoa,  et  de  sanggha 


Inférieur.       Moyen.       Supérieur. 


Bmtes. 


Habitans 

d«t  «ofert. 


Démons 

fiiméiiquet. 

OU  de  la  réunion  de  tous  ceux  qui  se 
conforment  à  cette  loi,  y  compris  les 
bodhisattvas ,  les  pratyekas  et  les  s'ra- 
vakas.  Feu  M.  Abel-Rémusat,  qui  avait 
un  peu  légèrement  adopté  la  doctrine  de 
l'Adi  bouddha ,  ou  d'un  dieu  créateur 
et  arbitre  suprême  de  l'univers ,  doctrine 
que  nous  avons  reconnue  être  étrangère 
au  bouddhisme,  avait  cru  retrouver  dans 
la  trinité  bouddhique  une  véritable  tri- 
nité divine;  mai5  cette  hypothèse  parait 
être  tout-à-fait  gratuite. 


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BOU 


(782) 


BOt) 


Pendant  plusieurs  siècles,  le  boud- 
dhisme eiislail  paisiblement  dans  l'Inde, 
à  coté  des  secies  brahmaniques,  ou  du 
moins  il  n'était  pas  exposé  à  des  pei*sé- 
cul  ions  de  leur  part.  Aussi  voyons- nous 
plusieurs  vilks  des  bouddhistes  peuplées 
de  divinités  brahmaniques.  Les  persécu- 
tions qui  ont  chassé  le  culte  de  i)ouddha 
de  rinde  paraissent  avoir  été  principa- 
lement excitées  par  les  sectateurs  de  S'i  va. 
Le  système  de  ceux-ci ,  basé  sur  la  doc- 
trine de  la  génération  et  de  la  destruc- 
tion ,  sur  la  volupté  et  sur  un  culte  san- 
guinaire, devait  nécessairement  paraître 
abominable  aux  yeux  des  bouddhistes, 
et  donna  lieu  à  de  grandes  dissensions. 
£n  effet,  les  sectateurs  de  Mahâdéva  et 
leurs  sacri6ces  de  sang  sont  cités  avec 
horreur  dans  les  livres  bouddhiques. 
Néanmoins  les  divinités  de  ces  héréti- 
ques ont  trouvé  leur  chemin  aux  temples 
des  bouddhistes.  On  y  chercherait  en 
vain  les  images  de  Brahma,  deVichnou 
ou  d'une  de  ses  incarnations  ,  tandis 
qu'on  y  trouve,  presque  dans  tous,  celles 
de  Mahâ  kâla,  de  YaraânUka,  de  Dourga 
et  d'autres  divinités  semblables.  Mais  ces 
formes  hideuses  et  étrangères  ne  sont 
regardées  par  les  bouddhistes  que  comme 
des  serviteurs  ,  des  protecteurs  et  des 
vengeurs  de  leur  loi  ;  dans  ces  formes  se 
montre  de  temps  en  temps  une  intelli- 
gence bouddhique.  £t  quoique  ee  soient 
elîeclivement  des  formes  de  S'iva ,  les 
bouddhistes  ne  les  reconnaissent  pas  pour 
telles.  Un  grand  nombre  de  ces  intelli- 
gences hypostatiques  ne  sont  pourtant 
pas  dea  représentations  mythologiques 
des  sectes  brahmaniques:  la  plupart  sont 
des  inventions  de^  bouddhistes  posté- 
rieurs, qui  ont  divisé  et  multiplié  le 
pradjna  à  Tinfinl.  Au  surplus ,  ces  divi- 
nités appartiennent  presque  entièrement 
au  culte  populaire. 

Le  nombre  des  livres  bouddhiques  est 
très  considérable ,  et  on  en  a  lait  souvent 
dos  collections  très  volumineuses.  La 
pi  IIS  célèbre  de  ces  dernières  est  le  K'ha- 
ghiouty  dont  le  titre  tubétain  signifie 
traduction  des  commandemens.  Cest  un 
va:%te  corps  théologique  en  108  volumes. 
Les  ouvrages  et  les  traités  qui  le  compo- 
sent étaient  originairement  écrits  en 
aanacrit^  ils  fur«Qt  mla  «q  tabétaia  p«ur 


la  plupart  dans  la  première  moitié  do 
IX®  siècle ,  sous  le  règne  de  Thisrçng 
Ueb  dzan  y  et  sous  la  direction  du  célè- 
bre bodhisattva  Pa////ia  Sambhava  j-^Mt- 
tif  du  pays  d'Oudayana  dans  Tlnde.  Ces 
livres  sont  classés  dans  le  K.*hagbiour  sons 
sept  grandes  divisions  :  1*  ikui/iMl,  «n 
sanscrit  Finqya^  c'est-à-dire  décence  ou 
discipline,  en  13  volumes.  Cette  division 
sert  d'introduction  à  toute  la  coUeclioai 
Elle  décrit  les  diverses  observances  aux- 
quelles doivent  se  soumettre  les  secta- 
teurs du  bouddhisme^  et  plus  paiticuli^ 
rement  ceux,  tant  hommes  que  fenimoi, 
qui  adoptent  (a  vie  religieuse.  Ces  obser- 
vances sont  très  étendues:  elles  n'ont  pas 
seulement  rapport  aux  devoirs  religieux 
et  au  cérémonial ,  mais  encore  à  la  tenue 
personnelle  et  à  la  manière  de  se  nour- 
rir et  de  se  vêtir.  Ces  préceptes  sont  en- 
tremêlés de  récits  légendaires  de  la  vie 
de  Chàkya-mouni,  lesquels  expliquent  à 
quelle  occasion  ce  bouddha  a  oommo* 
nique  à  ses  disciples  les  inatrucUons  qui 
y  ont  rapport.  2»  Ches  rt^  Ajri  pka 
roUou  phyinpaf  ou  par  abréviation. 
Cher  ichin^  en  sanscrit  prcuHnyâ  Parm- 
mitd  c'est-à-dire  le  moyen  de  parvenir  à 
Taulre  rive  par  |a  science.  Cette  classe 
contient  6  divers  ouvrages  qui  occupent 
21  volumes.  Dans  cette  division  sont 
exposées  les  doctrines  métaphysiques  et 
physiologiques  du  bouddhisme,  telles 
que  Chàkya-roouni  les  a  enseignées  à  ses 
disciples  et  aux  autres  bodhisattvjM  et 
bouddhas.  On  y  trouve  principalement 
1 08  règles  (  dliermas  ) ,  avec  de  nom- 
breuses subdivisions.  Le  contenu  da 
Doulvi  a  été,  dit*on,  relevé  par  Châkya, 
dans  sa  53^  année,  et  16  ans  après 
qu'il  eut  atteint  la  dignité  de  bouddha. 
11  résidait  alors  sur  la  montagne  Grùlhra 
koûta  (  le  pio  du  vautour  ),  près  de 
Radja  griha^  ville  royale  de  sa  famîlW. 
Quelquefois  on  Ty  voit  donner  des  ias* 
tructions  diverses,  «sais  souvent  il  ne 
fait  que  répondre  à  des  questions  qn'oa 
lui  propose,  et  que  les  disciples  diaoa«> 
tenL  Le  premier  compilateur  4m  4>radJBa 
paramità  fut  Kâs^yapa^  le  succetseor 
hiérarchique  de  Chàkya-mouni,  et  qoi 
mourut  en  90&  avant  notre  ère.  La  tra» 


duction  tubétaine    date   du 
aprèf  €«tt«   époqiM;   t* 


siàde 


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BOU 


(783) 


BOU 


phdlpotchhe,  ou  par  contraction  Pbdi 
tchhem^  en  sanscrit  Bouddfui  avatan^ 
sakay  le  diadème  des  bouddhas.  Celte 
division,  beaucoup  moins  étendue  que  les 
précédentes,  ne  conlient  que  6  volumes 
qui  donnent,  en  Ah  sections,  des  détails 
^ur  les  différens  tath&galas  et  bodhi- 
sattvas,  ainsi  que  la  description  des  di- 
verses régions  de  Tonivers,  d*après  la 
cosmologie  des  bouddhistes.  Ces  mor- 
ceaux sont  entremêlés  de  recommanda- 
tions sur  la  pratique  des  préceptes,  mor- 
ceaux que  la  religion  prescrit.  Lea  lé- 
gendes et  les  instructions  qu*on  y  ren*» 
contre  sont   principalement  transmises 
par    Châkya-mounii  sur    la   oime  du 
mont  Merou ,  ou  dans  le  ciel   nommé 
Touchitâ  ;  par  conséquent  elles  s'adres- 
sent de  préférence  à  Tordre  le  plus  élevé 
des  aspirans  à  la  perfection  bouddhique. 
4**  Dl(on  mtchhog  brtsegs  pâ  ou  par 
abréviation  Koa  tsegx,  en  sanscrit  Retna 
kodta,  le  pic  des  joyaux.  Ces  joyaux 
sont  les  instructions  de  Chàkya-mouni 
sur  un  grand  nombre  de  sujets  moraux. 
Plusieurs  ont  la   forme  du   dialogue; 
mais  la  plupart  consistent  en  des  répon- 
ses à  des  questions  que  lui  adressent  ses 
disciples.  On  y  trouve  aussi  quelques  lé- 
gendes ,  entre  autres  celle  de  Tentrevue 
de  Chàkya-mouni  avec  son  père,  qu'il 
instruîsU  dans  ta  loi,  l'an  988  avant  J.  C. 
Cette  classe  ne  comprend  que  6  volumes. 
6^  mDo'cle,  en  sanscrit  Soûtranta,  ou 
simplement  mDo^  /.  Soâtra,  Ce  terme 
signifie  proprement   règle,  aphorisme, 
mais  ici  il  s'applique  à  une  collection  de 
traités  considérés  oomme  étant  d'un  ca- 
ractère authentique  et  saint.  Le  nombre 
de  ces  traités  monte  à  251  ;  ils  sont  con- 
tenus en  30  volumes.  Tous  sont  censés 
être  émanés  originairement  de  Châkya- 
mouni  et  avoir  été  mis  par  écrit,  peu 
de  temps  après  sa  mort,  par  son  disciple 
Ananda^t  qui    mourut  l'an   868   avant 
J.-C.  Cette  division  du  R'ahghiour  peut 
être  considérée  comme  principalement 
destinée  aux  laïcs,  tandis  que  la  première 
est  réservée  pour  les  prêtres,  et  la  seconde 
pour  les  philosophes.  Elle  se  distingue 
également  de  la  septième  et  dernière ,  en 
ce  qu'elle  ne  contient ,  à  quelques  légères 
exceptions  près,  rien  qui  ressemble  aux 
doctrioai  mptîqaw  d«  mUa^,  Quoique 


quelques-uns  de  ces  traités  aient  ud€ 
tendance  spéculative  et  métaphysique , 
le  but  du  plus  grand  nombre  est  pure* 
ment  pratique;  les  légendes  et  les  ins- 
tructions qu'elles  contiennent  sont  évi- 
demment composées  dans  l'intention  de 
renforcer  la  croyance,  et  prêchent  par 
conséquent  la  pratique  zélée  des  vertus 
que  le  bouddha  avait  la  mission  d'incul- 
quer aux  hommes.  Une  des  grandes  sec* 
tes  des  bouddhistes  du  Tubet  est  princi- 
palement attachée  aux  m  Do  de^  ou  Soû^ 
tras,  et  en  a  pris  le  nom ,  tandis  que 
l'autre,  ou  la  secte  mystique,  suit  de 
préférence  les  préceptes  et  les  statuts  du 
G/iioudhf  qui  est  la  dernière  classe  d'ou- 
vrages contenus  dans  le  K'haghiour,  et 
s*appelled'aprèseuxGA/o{if/A^^.  6^  Aîjra 
non  las  dos  pd,  ou   par  contractioo 
MyangdaSt  en  sanscrit  Mdka  parinir^ 
vdn'a  ou  simplement  Nifvdaa  soilira, 
est  la  plus  petite  division  du  K.'ahghiour, 
et  ne  contient  que  deux  volumes.  C'est 
l'histoire  de  la  dernière  partie  de  la  vie 
de  Chàkya-mouni  et  de  son  nirvdna  ou 
rentrée  dans  la  tranquillité  éternelle  des 
deux  dhyànas  supérieurs.  Sa  mort  eut 
lieu  dans  l'Assam  ou  iCo/z/tf.  7^  GàioutiA, 
en  sanscrit  Tanfra»  Cette  dernière  por» 
tion  du  K'haghiour  diffère,  pour  son  con- 
tenu des  six  premières.  C'est  une  col- 
lection très  étendue  d'ouvrages  sur  le 
culte  mystique,  qui  correspond  au  sys- 
tème Tdntrika  des  Hindous,  duquel  il 
est  vraisemblablement  dérivé.  Aussi  les 
ouvrages  qui  entrent  dans  cette  division 
sont  d'une  date  plus  récente  et  parais^ 
sent  d'un  caractère  moins  authentique 
que  les  précédens.  Cette  série  se  com«> 
pose  de  22  iolumes,  dont  chacun  con- 
tient un  certain  nombre  de  petits  traités, 
pour  la  plupart  attribués  à  Chàkyarmou- 
ni.  Plusieurs  de  ces  traités  sont  intéres- 
sans  sous  le  rapport  historique  ;  d'autres 
cx>ntiennent  un  grand  nombre  de  dhdra-^ 
nia,  ou  vers  mystiques,  composés  de  mots 
qui  n'ont  pas  de  sens  et  dont  le  son  est 
tout-à-fait  barbare.  Ces  dhàranis  sont 
employés  dans  les  incantations  et  même 
dans  le  service  des  temples,  après  les  in*- 
vocations  adressées  aux  diviniiéi.  Voilà 
le  contenu  du  &'ahgliionr,  dont  II  exis- 
te plusieurs  éditions.    L'ouvrage    nui- 
oiMQfftt  oooape  ordlntireflieQt , 


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Bot)  (  ^84  ) 

nous  l'avons  dit,  108  gros  volumes;  im- 
primé, il  n'en  comprend  que  98  ou  100. 
Une  édition  fort  estimée  du  K'ahghiour 
a  été  récemment  publiée  à  Derghé,  dans 
le  Tuibet  oriental. 

Une  autre  grande  collection  de  traités 
relatifs  à  la  religion  bouddhique  porte  le 
titre  de  sTdnf^hîour,  traduction  des  ins- 
tructions. Une  belle  édition  de  ce  recueil 
fut  faite  au  Tubet  du  temps  du  vice-roi 
chinois  Mi  van f^^  qui  gouvernait  à  HMassa 
de  1726  à  1746.  Lindex  du  sTànghiour 
spécifie  les  divisions  suivantes  :  la  classe 
Ghioudh  y  comprend  2,600  traités  sur 
la  philosophie  naturelle,  l'astronomie, 
les  cérémonies  religieuses,  les  prières. 


les  hymnes,  les  dhàranis,  etc.,  en  86 
volumes.  La  classe  mDo  comprend  les 
ouvrages  moraux ,  théologiques  et  légen- 
daires, en  94  volumes.  La  métaphysique 
et  la  morale  en  occupent  21,  la  gram- 
maire et  la  rhétorique  2 ,  Talchymie  et 
la  pharmacie  1,  les  grammaires  et  les 
vocabulaires  13,  en  tout  217  ou  222  vo- 
lumes. Tous  ces  livres  sont  traduits  de 
Tindien,  d*oà  il  résulte  que  le  sTànghiour 
n*est  nullement  un  commentaire  du  K'ah- 
ghiour, comme  on  Tavait  cru  jusqu'à 
présent. 

Il  ne  nous  reste  qu'à  jeter  un  coup 
d'œiS  rapide  sur  la  hiérarchie  ^  le  clergé 
et  le  culte  des  bouddhistes.  Après  la 
mort  du  bouddha  Châkya-mouni ,  28  de 
ses  représentans  terrestres,  qui  portent 
le  titre  de  vénérables ,  se  succédèrent 
dans  rinde.  Le  28®  nommé  Bodhi  dhar- 
ma  quitta  ce  pays  l'an  499  de  J.-C,  et 
vint  s'établir  en  Chine ,  oà  il  mourut  neuf 
ans  plus  tard.  Il  a  eu  cinq  successeurs, 
dont  le  dernier  mourut  en  71 8.  La  trans- 
lation du  siège  patriarcal  fut  le  premier 
événement  qui  changea  le  sort  du  boud- 
dhisme. Proscrit  dans  la  contrée  qui  l'a- 
vait vu  naître,  ce  système  religieux  per- 
dit insensiblement  le  plus  grand  nombre 
de  ses  partisans,  et  les  faibles  restes 
auxquels  il  est  maintenant  réduit  dans 
rinde  sont  encore  privés  de  cette  unité 
de  vues  et  de  traditions  que  produit  la 
présence  d'un  chef  suprême.  Au  con- 
traire, les  pays  où  le  bouddhisme  avait 
précédemment  étendu  ses  conquêtes,  la 
Chine,  Siam ,  le  Tonquin ,  le  Japon ,  le 
Tiihct  et  VAmm  centrale ,  devenoa  sa  pa- 


BOtJ 

trie  d'adoption ,  virent  augmenter  rafkU 
dément  la  foule  des  convertis.  A  la  vé- 
rité, le  cinquième  patriarche  chinois 
n'avait  pas  eu  de  successeur,  parce  que 
personne  n'avait  été  jugé  digne  de  le 
remplacer;  mais  des  princes  qui  avaient 
embrassé  ce  culte  étranger  trouvèrent 
glorieux  d'en  posséder  les  pontifes  à  leur 
cour,  et  les  litres  àe  précepteur  du  royau- 
me et  de  grand  maître  de  la  doctrine 
furent  décernés  tour  à  tour  à  des  reli« 
gieux  nationaux  ou  étrangers.  C'est  ainsi 
que  la  hiérarchie  naquit  sous  l'influence 
de  la  politique  ;  car  les  grades  de  toutes 
ces  incarnations  divines  ne  furent  sou- 
vent réglés  que  par  la  puissance  des  états 
oà  elles  résidaient  ^  et  la  prépondérance 
effective  du  protecteur  pouvait  seule  as- 
surer au  dieu  vivant  la  jouissance  de  sa 
suprématie  imaginaire.  Les  empereurs 
mongols  qui  régnaient  sur  la  Chine ,  sur 
la  plus  grande  partie  de  l'Asie  centrale 
et  sur  le  Tubet,  établirent  dans  ce  der- 
nier pays  des  patriarches  auxquels  ils 
donnaient  différeas  titres  honorifiques, 
les  uns  plus  pompeux  que  les  autres.  Ce- 
pendant la  dignité  de  DaUu-lama  ne 
date  que  du  règne  du  cinquième  empereur 
de  la  dynastie  diinoise  qui  succéda  aux 
Mongols.  Sous  le  règne  de  ce  prince 
(entre  1426  et  1435),  ce  titre  fut  accordé 
au  prêtre tubétain  Ghehdhoundjoûbhpa^ 
disciple  du  fameux  réformateur  tubé- 
tain Zzong  k'haba  (mort  en  1419),  qui 
lui  -  même  était  une  incarnation  du 
dieu  Mandjousri,  et  le  fondateur  de  la 
secte  jaune  dans  le  Tubet.  Les  successeurs 
deGhehdhoun  djoûbhpa  (mort  en  1447) 
sont  les  Dalaî-lamas  de  nos  jours.  Ces 
patriarches  ne  remontent  donc  nullement 
à  un  âge  aussi  reculé  qu'on  l'a  cru  jus- 
qu'à présent.  Dans  le  Tubet,  même  en 
Chine,  au  Japon  et  en  Mongolie,  il  y  a 
plusieurs  autres  patriarches  ou  évêques, 
qui  tous  passent  pour  des  incarnations 
divines  et  qui  exercent  la  juridiction 
spirituelle  et  ecclésiastique  dans  les  pro- 
vinces soumises ,  sous  ce  rapport ,  à  leur 
pouvoir.  Au  Tubet  et  en  Mongolie,  on 
désigne  ces  patriarches  et  en  général  tous 
les  prêtres  d'un  rang  supérieur,  sous  la 
dénomination  tubétaine  de  lama.  Cette 
circonstance  a  fait  (|u'on  a  regardé  en 
Enrope  le  boaddhisme  que  professent  les 


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(785) 


BOU 


habiuns  de  ces  deux  pays,  comme  ime 
religîoo  particulière  à  laquelle  oo  a  doD- 
Dé  le  nom  du  lamaïsme.  C'est  une  er- 
reur manifeste  ;  car  rien  ne  distingue  le 
bouddhisme  du  Tubet  et  de  la  Mongolie 
de  celui  qui  est  professé  dans  d'autres 
contrées. 

La  vie  monastique  est  prescrite  aux 
prêtres  bouddhiques;  les  deux  sexes  y 
peuvent  partidper.  Ce  fut  Châkya-mou- 
ni  qui  l'embrassa  le  premier  et  qui  ex- 
horta ses  sectateurs  à  suivre  son  exem- 
ple. Des  dix  préceptes  fondamentaux  du 
bouddhisme,  les  suivans  concernent  les 
laïcs  aussi  bien  que  les  ecclésiastiques  : 

Ne  rien  tuer  de  vivant;  ne  pas  dérober; 
ne  commettre  aucune  action  impudique; 
ne  pas  dire  de  mensonge  ou  de  fausseté; 
ne  boire  aucune  bois^n  spiri tueuse. 
Mais  les  suivans  s'adressent  uniquement 
au  clergé  bouddhique: Les  ecclésiastiques 
doivent  n'oindre  la  tête  ni  le  corps; 
n'assister  à  aucun  chant  ou  spectacle;  ne 
pas  dormir  sur  un  lit  élevé  et  large;  ne 
manger  qii'une  fois  par  jour,  et  avant 
midi;  ne  posséder  aucune  propriété. 

Outre  ces  dix  commaodemens  supé- 
rieurs, les  moines,  bouddhistes  doivent 
en  observer  encore  24  autres  qui  ont 
rapport  aux  diverses  circonstances  de  la 
vie.  Le  premier  prescrit  une  obéissance 
sans  bornes  envers  les  supérieurs;  le  se- 
cond expose  le  devoir  du  discipje  envers 
le  maître;  le  troisième  lui  prescrit  la  te- 
nue qu'il  doit  observer  quand  il  se  trouve 
avec  son  maître  ou  avec  un  supérieur  en 
dehors  du  couvent.  £n  un  mot,  toute  sa 
conduite  dan^  toutes  les  situations  de  la 
vie,  en  mangeant,  en  buvant,  en  dor- 
mant, quand  il  est  assis  auprès  du  feu, 
quand  il  demande  l'aumône,  et  même 
dans  les  besoins  naturels,  lui  est  minu- 
tieusement prescrite.  Plus  les  ecclésias- 
tiques sont  élevés  dans  la  hiérarchie 
bouddhique,  plus  les  règles  de  conduite 
qu'ils  ont  à  observer  sont  j^orobreqses  et 
restrictives.  Il  y  a  aussi  des  classes  infé- 
rieures de  prêtres  qui  peuvent  se  marier; 
mais  on  ne  trouve  pas  d'ecclésiastiques  sé^ 
culiers  parmi  les  bouddhistes.  Le  prêtre, 
disent  les  livres  bouddhiques,  ne  doit 
manger  que  ce  qu'il  gagne  par  le  travail 
de  ses  pieds  (c'est-à-dire  en  allant  de- 
mander l'aumône),  ou  ce  qui  est  offert 

Encyclop.  d^  G.  d,  M.  Tome  III. 


par  des  personnes  charitables;  jamais  il 
ne  doit  allumer  du  feu  pour  préparer 
lui-même  sa  nourriture.  Les  temples 
sont  ordinairement  obscurs  et  ne  se  trou- 
vent éclairés  que  par  des  lampes,  du 
moins  au  Tubet  et  dans  la  Mongolie; 
ceux  de  la  Chine  sont  d'une  construc» 
tion  moins  sombre.  Dans  presque  tous 
les  temples  on  voit  d'abord  les  trois  di- 
vinités de  la  trinité  bouddique,  le  Boud- 
dha au  milieu ,  à  sa  gauche  le  Dharma  et 
à  sa  droite  le  Saogga.  Les  autres  divinités, 
dont  le  nombre  est  immense,  sont  Ggurées 
par  des  statues.  Devant  ces  statues  sont 
placées  des  lampes  et  des  offrandes  sur  une 
table  longue.  Les  prêtres  seuls  assistent  au 
service  divin,  qui  consiste  en  chants, 
en  musique  et  en  lecture  des  livres  sa- 
crés. Le  peuple  n'assiste  pas  au  culte, 
si  ce  n'est  les  jours  de  pèlerinage. 
Quand  un  bouddhiste,  prêtre  ou  laïc, 
tient  une  image  ou  un  livre  saint,  on  s'en 
aperçoit  à  l'instant  :  il  a  dans  sa  phy- 
sionomie quelque  chose  de  solennel  qui 
semble  annoncer  qu'il  se  sent  élevé  au- 
dessus  des  objets  terrestres.  Avant  d'ou- 
vrir les  livres  saints,  les  prêtres  se  lavent 
les  mains  et  se  rincent  la  bouche,  pour 
ne  pas  les  souiller  par  des  mains  impu- 
res ni  par  une  mauvaise  haleine.  Ceux 
de  ces  livres  qui  contiennent  les  faits 
miraculeux  des  divinités  ne  peuvent  être 
lus  qu'au  printemps  ou  en  été,  parce 
que,  dans  d'autres  temps,  leur  lecture 
produirait  des  tempêtes  ou  de  la  neige. 
Les  bouddhistes  pensent  qu'il  n'est  pas 
nécessaire  de  connaître  le  sens  des  priè- 
res, et  qu'il  suffit  d'en  prononcer  les  pa- 
roles. C'est  pourquoi  ils  ne  se  fâchent 
point  lorsque  des  paroles  prononcées  à 
haute  voix  empêchent  de  suivre  le  ser- 
vice divin.  Ils  pensent  même  qu'il  suffit 
de  mettre  en  mouvement  les  prières  ou 
les  textes  des  livres  sacrés.  De  là  l'habi- 
tude de  copier  ces  prières,  ces  textes  et 
les  dharânis  sur  des  bandes  de  papier  et 
de  les  enfermer  dans  des  cylindres  mis 
en  rotation,  ou  par  une  manivelle,  ou 
par  une  machine  hydraulique,  ou  par  le 
vent.  Kl. 

BOUDIN,  espèce  de  charcuterie 
composée  de  sang,  assaisonnée  de  graisse, 
d'épices  et  de  sel  ;  c'est  là  ce  qu'on  ap- 
pelle boudin  noir  ou  seulement  boudin. 

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Le  boudio  blanc  f  toUlMMQt  difTérent^ 
est  fait  avec  des  viandes  blaacbes  [  veau, 
volaille ,  lapin ,  etc.  )  hacliées  et  même 
pilées  avec  de  la  mie  de  paio,  du  lait,  des 
œufs  et  des  fiaes  herbes;  d'ailleurs  Tua 
et  Tautre  sont  reaferiaés  dans  des  iaies- 
tiat  préparés  pour  cet  usa^.  Ou  emploie 
pour  faire  le  Uoudia  doir,  noa-seuletnent 
le  saog  du  cochon ,  connue  le  croient 
beaucoup  de  personnes,  maii  encore 
celui  d'autres  animaux ,  tels  que  le  bueuf , 
le  veau  et  le  mouton.  Le  boudin  fait  avec 
le  aao^  du  gibier  et  de  la  volaille  est  es- 
timé des  gastronomes;  mais,  de  quelque 
nature  qu'il  toit,  le  boudin  au  sang  est 
un  aliment  pesant  et  de  difficile  diges- 
tion ,  dont  on  oe  pourrait  pas ,  sans  in- 
convénient, faire  un  usage  habituel;  aussi 
U  législation  mosaïque  avait-elle  expres- 
sément défendu  l'usage  de  la  charcutet-ie 
qui ,  dans  un  clinut  chaud ,  ei\t  été  plus 
dangereux  encore.  Il  n'en  est  pas  de 
même  du  boAdio  blanc,  dont  tous  les 
élémana  sont  doux  et  digestibles.  Le  bou- 
din fumé,  sartout  Wsc^u'il  est  vieux, 
prend  quelquefois  des  propriétés  vérita- 
blement vénéneuses,  et  Ton  a  plusieurs 
fois  observé  dans  le  Nerd  des  empoi- 
sonncmens  causé»  par  cette  espèce  d'ali- 
ment. F.  R. 

BOUftOIR.  Ce  mot  irsiez  récent  vient 
dn  verbe  bouder,  pris  dans  uhe  accep^ 
tton  plutôt  gracieuse  que  repoussante, 
exprimant  l'humeur  piqatinte  et  <^pri- 
cieuse,  les  agaçantes  bizarreries,  hi 
moue  demi  -  caressante ,  demi -colère, 
d'une  femme  jolie  et  coquette.  Ces  sen- 
thnens,  ces  mines ,  sofnt  par  exœltenôe 
des  senlïmens  et  des  minés  de  boudoir; 
ils  vont  mieux  à  une  fantaisie  qu'à  tine 
passion ,  à  un  amusement  passager  ()u'à 
i'amnur  profotid  et  durable.  Aûss^  leur 
triompha  Ajl-ll  dans  ce  xtiii®  siècle,  qui 
avtBiît  reçu  ta  triste  mission  de  détruire; 
alors  le  vide  qne  laissaient  en  expirant 
d'antiquet  croyances,  et  tous  les  chatids  et 
miT(^  senti  mens  des  vieux  âges ,  était  rem- 
ptt  par  la  vanité,  le  persiflage,  les  phii- 
sIVs  sensuels,  aenfo  plaisirs  anxquels  on 
pût  croire  dans  un  temps  où  Ton  niait 
l'existence  de  l'ame  et  celle  de  Dieu. 
Alors  le  mot  boudoir  fut  inventé;  ta  ré- 
gence le  vît  nafcre;  les  Pompadour, 
les  Dubarry,  en  firent  une  des  exprès^ 


sions  les  pins  nsltées  de  aott^  langue; 
dei  peintures  voluptueuses ,  tellei  qu'en 
savait  faire  Boucher,  d'épais  tapis,  de 
moelleux  divans ,  des  parfums ,  du  repos 
et  du  siienoe ,  voilà  ces  temples  où  de 
fragiles  idoles  recevaient  deà  adorations 
multipliées  et  passagères;  où  la  violation 
d'un  devoir  sacré,  les  mensonges,  les 
perfidies  de  tout  genre ,  les  roueries  les 
plus  infâmes,  enfin,  pour  parier  le  latta- 
ge du  siècle  et  celui  des  boudoirs ,  éuient 
regardés  comme  des  preuves  de  bon  goût 
et  de  belles  manières;  où  mourut  plus 
d'une   femme  pour  n'avoir  pas  sn  se 
mettre  à  la  hauteur  de  9on  temps ,  pour 
s'être  obstinée  à  croire  qu'une  intrigue 
d'amour  pouvait  encore  être  prise  au  sé- 
rieux. Marie-  Antoinette  avait  un  bou^ 
tloir  dans  ses  petits  a ppartemens,  mais 
ce  n'était  pas  elle  sans  doute  qui  avait 
attaché  ce  nom  au  boudoir  de  la  reine. 
Les  boudoirs  d'aujourd'hui ,  plus  chas- 
tes d'apparence  que  ceu  x  du  xt  m*  siècle, 
le  sont  aussi  en  réalité,  du  motus  noos 
aimons  à  le  croire  ;  et  si  depuis  deux  ou 
trois  années    les   modes   mignardes  et 
coquettes  d'autrefois,  colifichets,  magots, 
poudre  etc.,  reparaissent,  tout  nous  dit 
que  cette  imitation  assez  étrange  s'en 
tient  à  pervertir  momentanément  le  goût 
et  hisse  les  cceurs  intacts.        L.  L.  O. 

BOUC  y  terre  détrempée  par  les  eaux 
ménagères  et  par  celles  des  usines,  et  mê- 
lée d'une  foule  de  débris  de  matières 
animales  et  vé^étaleé,  et  même  de  par- 
ticules métalliques  'qui  s*âccnmutenl  dans 
les  rues,  dans  les  égoûts',  Im  mares,  les 
fosséè ,  et  qui ,  en  proie  4  'une  décompo- 
sition putride  côbtfnuelle,  dégage  dei 
miasmes  dati^ereux.  t>^né  les  grandes 
vîîîès  surtout ,  ce"lte  substance  "se  produit 
avbc  une  "telle  abondaUce  que  lA  salu- 
brité oblige  de  Tëûlever  journellement. 
A  Paris,  ce  servfce  est  fait  par  un  entre- 
preneur qui  doit  entrietenn*  on  nombre 
suffisant  de  tombereaux  et  d'ouvriers 
pour  que  TenlèvéiheYit  %kA\.  opéré  dans 
la  première  partie  de  la  matinée.  Ces 
immondrces  constituent  un  engrais  ex- 
trêmement actif  et  recherché  des  culti- 
vateurs ,  qui  le  paient  même  a58ez  cher 
pour  couvrir  en  grande  partie  les  firtil 
du  nettoyage  de  la  ville. 

Les  boues  minéraies  ne  sont  àotrt 


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chow  qw  les  dépôts  (^rniginetix  ôa  au- 
tre* qu'on  trouve  au  fond  des  réservoir» 
daus  lesquels  se  reodeni  tes  eau)c  mtné^ 
rales.Ces  dépôts,  dans  lesquels  sè  trouvant 
concentirés  les  principes  auxquels  les  eauK 
doivent  leurs  venus,  sont  très  actifs,  et 
Ton  s'en  sert  pour  immerger  soit  qnet^ 
ques  parties  malades,  soit  même  le  corps 
«ntier.  Il  est  facile  d'en  concevoir  les 
effets.  Un  obsiervateur  judktttixdu  der- 
nier siècle  avait  dit  <}Ue  la  boue  de  Paris 
pouvait  être  fort  èîKcace  dans  les  mêmes 
circonstances ,  ainsi  que  la  boUe  formée 
de  fer ,  de  grès ,  qu'on  trouve  sous  la 
meule  des  couteliers.  Ce  sont  des  médi- 
camens  qu'on  peut  utiliser  quand  on  tèis 
a  sous  la  main,  mais  auxquels  on  ne  sau- 
rait attribuer  raisonnablement  des  pro« 
priélés  particulières.  F.  R. 

BOUÉE,  corps  flotUnt,  destiné  i 
marquer  à  la  surface  de  la  mer  la  posi- 
tion qu'une  ancre  tient  au  fond.  Un 
écueil,  un  danger  quelconque,  la  direc- 
tion d'un  chenal  ou  d'une  passe  difficile 
sont  marqués  par  une  bouée,  laquelle 
s^altache  par  un  cordage  nommé  ovin, 
La  forme  des  bouées  varie;  Tespèce 
varie  aussi.  Ce  corps  est  fait  de  bois  ou 
dé  liège.  Quelquefois  les  bouées  ^ont  des 
tt>nneaux  bien  cerclés,  bien  fermés,  et 
vides;  ce  sont  lés  signes  ordinaires  des 
périls  à  éviter,  ou  les  jalons  des  passes 
qu^l  faut  franchir  avec  précaution.  Ces 
tonneaux  prennent  souvent  le  nom  de 
bàiises  (vo/.).  Les  bouées  pour  les  an- 
d*es  des  navires  sont  généralement  de 
lîége  et  ont  la  forme  d'nne  grosse  nlive, 
oU  plutôt  de  deux  cônes  réunis  par 
leur  base.  Quelques-uties  ressemblent 
à  un  cône  seulement.  L'ovin  qui  tient  la 
bouée  à  l'ancre  doU  être  assez  fort  pour 
porter  le  poids  de  cette  ancre;  car  il  est 
des  cas  oh  on  lève  Tancre  par  la  bouée, 
au  moyen  dtine  chaloupe.  Dans  èertai- 
nes  circonstances  d'appareillage  on  est 
obligé ,  au  lieu  de  prendre  son  ancre  à 
bûrd ,  de  la  laisser  au  fond,  en  coupant 
promptemént  le  cable.  La  bouée  sert 
alolrs ,  quand  on  peut  revenir  à  son 
mouillage,  à  retrouver  Tancre  aban- 
donnée. Lorsqu'on  a  cette  espérance, 
fondée  sur  de  grandes  probabilités ,  et 
que  d'ailleurs  on  n*est  pas  trop  pressé , 
pour  ne  pas  perdre  un  câble  en  le  coupant^ 


on  le  file  tout  entier  à  la  m«f ,  m  tyftttt 
soin  de  mettre  4  son  extrémité  un  ovm 
et  une  bottée ,  eomtte  14  y  en  a  à  fettré^ 
mité' où  est  l'ancre,  de  aorte  qu'en  rev«^ 
liant  sur  fa  rade  quVMi  avait  quittée  ht 
chaloupe  prend  cette  bowée,  atteène  le 
bout  dn  cable  k  la  surface^  puis  le  donne 
au  navire  où  il  est  rentré  et  tourné  à  U 
bitte,  qui  rend  sUblé  la  posîtttm  du  bft^ 
timenL  ' 

Il  y  a  une  espèce  de  bouée  qu'on  ap^ 
pettte  bouée  de  sauvetage,  parce  qu'vll^ 
sert  k  sauver  les  hommes  qui  tombent  à 
kl  mer.  Cestun  assemblage  de  morceaux 
de  liège,  Ués,  chevillés,  et  disposés  eu 
tables  rondes,  ayatit  une  certaine  épais^ 
seur.  Un  petit  mftt  portant  tm  pavillon 
rouge  s'élève  au  centre  de  ce  plateau.  La 
circonrérence  île  la  bouée  est  garnie  de 
petits  bouts  de  cordés  ttotteux.  auxquels 
rhomme  en  naufrage  peut  s'accrocher. 
Le  point  d'appui  que  le  naufragé  trouve 
sur  la  bouée  laisse  au  navire  ou  à  son 
embarcation  le  temps  d'aller  chercher  le 
marin  tombé  à  l'eau.  Dernièrement  on 
a  présenté  au  conseil  des  travaux  dû 
ministère  de  la  marine  une  bouée  de  sau- 
vetage en  liège ,  ayant  la  forme  d\in  fer 
à  cheval  allongé,  d'environ  6  pieds; 
l'intérieur  du  fer  à  cheval  est  garni  d'Une 
toile  tendue,  en  forme  ide  hamac,  qui 
recevrait  le  naufragé  aussitôt  qu'il  aurait 
atteint  la  bouée.  Ou  n'a  pas  eil^re  pro- 
noncé sur  le  mérite  de  ce  pèH\écciontfe- 
ment  ,t6ù  nous  voyons  titt  avatit^^ ,  cèluî 
de  pi^sente^  à  l'homme  qui  atlÀté  long- 
temps contre  la  vagué  i!in  moyen  de  re- 
pos en  attendant  le  Càn6t  qu'on  lui  en- 
voîe  du  navire. 

Avant  le  mot  de  bànée  là  marihe  avtlt 
celui  de  fcori?.  Bo/e  eM  allemand;  les 
Hollandais  disent  boejr,  les  Anglais  buôy, 
les  £spagm>ls  el  les  PuHugals  baya,  Tout 
cela  viiént  de  la  même  ^urèé;  Voaée  est 
la  corf^ptiotl  de  bày^.  H  "est  éôtit  •pèt'- 
mis  de  croire  que  c^est  du  Nbrd  que  nous 
tenons  rusa^  de  Vk  l)buée.  Oh  dit  dans 
la  maHne  d'ttn  navire  qui  marche  Wal  : 
Il  va  comme  une  bouée.  C'est  qu^  la  bouée 
Oolte  et  n'avance  pas,  retenue  quelle  est 
par  l'ovin  à  l'ancre  immobile.    A.  J-tv 

BOUFFES  (  op&rs  hixffa  )^  tn>jr.  Ita- 
trtït  (  théâtre  ). 

BOUFTONS.  C'teft  le  tefme  par  le« 


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quel  on  désigne  eo  particulier  l'acteur 
^^r^é  de  faire  rire  les  spectateurs  a  force 
de  piaisanleries  et  de  lazzis ,  et  en  géné- 
ral toute  personne  qui  entreprend  d*a- 
muter  la  société  par  Les  mêmes  moyens. 
Les  Latins  donnaient  le  nom  de  buffb  à 
Thistrion  qui  enflait  ses  joues  pour  rece^ 
¥oir  de  bruyans  soufflets,  et  excitait 
ainsi .  Thilarilé  du  public.  Nous  re- 
trouvons cette  racine  dans  les  dérivés 
bouffée f  bouffie  etc.  Dans  le  langage 
populaire ,  bouifer  signifie  manger  glou> 
tonnement  avec  les  joues  enflées;  les 
Provençaux  disent  bouffa  pour  souffler. 
Les  Siciliens,  peuple  qui  porte  à  un 
haut  degré  Tart  de  la  pantomime,  en- 
flent les  joues  et  soufflent  avec  affecta- 
tion quand  ils  veulent  faire  allusion  à 
un  sot  boûdon.  Telle  est  Tétymologie 
qui  nous  semble  la  plus  satisfaisante  ; 
nous  devons  dire  toutefois,  sans  y  atta- 
cher une  grande  importance ,  que ,  selon 
Geli^s  Rbodiginus,  ce  mot  dériverait  de 
certaines  fêtes  qu'on  célébrait  dans  l'At- 
tique  en  mémoire  d'un  nommé  Bupho 
qni,  après  avoir  tué  un  bœuf,  s*était 
enfui,  saisi  d'une  terreur  panique,  e: 
avait  abandonné  sa  hache.  Les  magis- 
trats avaient  condamné  cet  instrument 
et  acquitté  celui  qui  s'en  était  servi.  Il 
parut  plaisant  au  roi  Éristhée  d'instituer 
à  ce  sujet  les  fêtes  appelées  buphoneries 
ou  bouffonneries. 

Dans  une  antiquité  très  reculée  les 
grands  et  les  riches  avaient  des  bouffons 
a  Icfir  service ,  et  il  est  triste  d'avoir  à 
ajouter  que  c'étaient ,  pour  la  plupart, 
des  nains  et  des  créatures  disgraciées 
dont  il  eût  fallu  respecter  le  malheur. 
Les  Grecs  les  appelaient /xw^oc  et  les  La- 
tins moriones  ;  de  Là  le  Morus  des  comé- 
dies de  Plante. 

Dans  les  atellanes  (voy.)y  le  morion 
prenait  le  nom  de  maccus  dérivé  de 
ftocxxûay  (  être  fou  ),  expression  souvent 
employée  pi^r  Aristophane.  Enfin,  on 
yuit  encore  les  boulfons  appelés  yû/iii, 
d'où  nous  avons  fait  le  mot  fat ,  et  sanni , 
d'où  les  Toscans  ont  pris  le  nom  de 
zannio  qu'ilsdonnaient  jadis  à  l'arlequin. 
Le  morion  se  rasait  la  tête  pour  pa- 
raître plus  plaisant;  ainsi  la  chute  de 
cheveux ,  résultat  ordinaire  de  l'âge  ou 
des  travaux  de  l'esprit ,  était  une  infir- 


mité ridicule  chez  les  anciens.  Un  homme 
chauve  recevait  le  surnom  de  (Ttkn^voL^ 
petite  June,  parce  qu'une  tête  rasée  a 
quelque  ressemblance  avec  cet  astre  ;  et 
c'est  de  là  sans  doute  que  dérive  la  pré- 
tendue analogie  qu'on  veut  trouver  entre 
la  June, et  les  saillies  d'un  esprit  extra- 
vagant. 

Plusieurs  statues  représentant  des 
morions  ont  été  découvertes  à  Hercula- 
num.  Ce  sont  des  nains  chauves  et  nus, 
la  bouche  béante,  l'air  hébété,  portant 
une  bulla  et  des  tablettes  suspendues  à 
leur  cou ,  ou  dansant  au  son  des  crotales. 
On  voit  par  des  passages  de  Sénèque, 
de  Suétone,  de  Martial,  deNonnius,  et 
d'une  foule  d'autres  écrivains,  que  les 
Grecs  et  les  Romains  attachaient  un 
grand  prix  à  leurs  morions.  Les  femmes 
en  avaient  de  leur  sexe  qu'elles  appe- 
laient/h^KOf. 

Un  bouffon  acquérait  d'ailleurs  tin 
prix  d'autant  plus  élevé  qu*il  savait 
mieux  instruire  en  plaisantant.  Son  maî- 
tre lui  accordait  une  grande  liberté,  et 
c'était  à  lui  à  s'en  servir  adroitement 
pour  faire  passer  sans  danger  des  vérités 
quelquefois  olfensantes.  L'art  de  châtier 
les  mœurs  en  riant  a  traversé  les  siècles, 
et  notre  immortel  Molière  Ta  mis  en 
pratique  avec  un  succès  dont  l'antiquité 
n'avait  pas  offert  d'exemple. 

Le  souvenir  des  jeux  osques,  des  atel- 
lanes et  de  toutes  les  autres  représenta- 
tions bouffonnes  et  indécentes,  fit  naître 
en  Italie,  dans  le  moyen-âge,  les  boufles 
et  l'opera-bufla  que  nous  lui  avons  em* 
pruntés.  L'Arlequin  de  fiergame,  le  Pan- 
talon de  Venise,  et  surtout  le  PulcineUa 
napolitain ,  ont  encore  de  nos  jous  le  pri- 
vilège de  dire  la  vérité  à  leurs  compa- 
triotes sans  les  olTenser. 

Quant  aux  morions,  ils  furent  rem- 
placés par  des  fous ,  et  réellement  il  fal- 
lait avoir  mérité  d'être  classé  parmi  les 
malheureux  qui  sont  privés  de  la  raison 
pour  se  lésigner  à  remplir  auprès  de  m» 
semblable  l'office  d'un  bouffon.  Dans  le 
IX*  siècle  l'empereur  Théophile,  ico- 
noclaste déterminé,  avait  un  fou  nommé 
Dandery ,  que  l'impératrice  fit  rouer  de 
coups  de  bâton  pour  l'avoir  surprise  en 
adoration  devant  des  images  et  avoir 
rapporté  cette  drconstanceà  son  maître. 


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L*U9age  des  fous,  ou  bouffons  à  gage, 
devint  plus  général  dans  les  siècles  sui- 
vans.  Enfin ,  les  rois  de  France  et  d^An- 
gleterre,  l'empereur  et  les  souverains 
d'Italie,  en  firent  un  emploi  de  cour, 
et,  dès  lors,  il  n'y  eut  si  petit  prince 
qui,  par  imitation,  ne  voulût  avoir  le  sien. 
En  1374  Charles  V,  dit  le  Sa^,  écri- 
vit aux  échevins  de  Troyes  en  Champa- 
gne que,  son  fou  étant  mort,  ils  eussent  à 
lui  en  envoyer  un  second,  conformément 
à  Tusage. 

Ces  hommes  s'habillaient  d'une  façon 
burlesque,  adoptant  à  la  fois  les  plumes, 
les  grelots ,  les  bijoux  et  les  étoffes  à  cou- 
leur éclatante. 

Triboulet,  le  fou  de  François  I**",  a 
acquis  une  assez  grande  célébrité  par  le 
talent  qu'il  eut  de  plaire  à  son  maître, 
même  en  lui  donnant  les  conseils  les  plus 
impertinens.  Il  portait  habituellement  des 
tablettes  sur  lesquelles  il  inscrivait  les 
noms  des  courtisans  qui  avaient  fait^  se- 
lon lui ,  des  actes  de  folie.  Un  jour,  ap- 
prenant que  Charles-Quint  allait  traver- 
ser Paris  et  se  livrer  ainsi  à  la  discrétion 
de  son  rival ,  il  s'écria  que  ce  prince  était 
un  fou  qui  méritait  bien  de  figurer  sur  sa 
liste.  — <  Mais,  lui  demanda  François 
1^^ y  si  je  le  laisse  passer,  que  diras-tu? 
—  En  ce  cas,  sire,  j'effacerai  son  nom 
de  mes  tablettes  et  j'y  mettrai  le  vôtre. 

Louis  XIV ,  ce  glorieux  souverain  qui 
levait  le  front  si  haut  devant  des  courti- 
sans si  bas,  voulut  aussi,  chose  inconce- 
vable! avoir  son  fou.  L'Angély  parvint  à 
lui  plaire,  sous  ce  titre,  à  force  d'adulation; 
mais  à  la  fin  une  velléité  d'user  du  pri- 
vilège de  ses  devanciers  le  fit  chasser  de 
la  cour  où  son  emploi  fut  supprimé  défi- 
nitivement {voy.  AwoiLY). 

Un  jour  viendra  où  la  philosophie  aura 
fait  disparaître  entièrement  la  race  para- 
site des  bouffons;  mais  hélas!  la  société 
en  est  encore  infestée.  Notre  intention 
n'est  certainement  pas  de  comprendre 
sous  nnetelle  dénomination  ces  hommes 
rares  qui,  unissant  la  finesse  de  l'esprit  à 
la  bonté  du  cœur ,  sont  en  possession  de 
se  faire  partout  un  nombreux  auditoire 
dont  ils  paient  l'attention  par  des  plaisan- 
teries souvent  aimables,  quelquefois  utiles 
et  toujours  de  bon  goût.  Mais  nous  y  com- 
prenont  ces  histrions  de  boudoirs,  ces 


dandys  de  la  mode,  qni  portent  k  un  de- 
gré éminent  l'art  de  caqueter ,  de  per- 
sifler, de  médire  avec  grâce,  de  sacri- 
fier la  vertu  même  au  bonheur  d'un  ca- 
lerabourg,  et  qui,  oubliant  la  dignité  de 
leur  sexe,  cherchent  à  plaire  à  Tautrepar 
des  moyens  également  indignes  de  tous 
deux.  C.  F-N. 

Fofez  les  mots  Basoghc  ,  Sottie  , 
RiBAUos,  Bohémiens,  etc.  La  comédie 
française,  a  son  origine,  ne  fut  composée 
que  de  bouffons  souvent  tristes  comme 
le  nom  de  confrères  de  la  passion  qu'ils 
portaient  et  qui  représentaient  les  mys- 
tères les  plus  augustes  de  la  religion  chré- 
tienne. Depuis  que  le  perfectionnement 
du  système  dramatique* et  l'amélioration 
des  mœurs  les  ont  chassés  de  la  scène 
française,  les  bouffons  et  les  boufToime- 
ries  se  sont  créé  une  plus  large  arène;  Us 
ont,  comme  ceux  de  l'ancienne  Rome,' 
établi  leur  théâtre  en  plein  air.  Le  sou- 
venir de  Nicole t  et  de  Gaudon  vit  en- 
core chez  les  amateurs  de  charges  et  de 
turlupinades  ;  mais  le  mérite  du  fa- 
meux Bobèche  et  celui  de  l'artiste  en 
plein  vent  dont  M.  J.  Janin  a  écrit  l'his- 
toire (Debureau),  les  ont  peut-être  éclip^ 
ses  de  nos  jours.  R.  d.  C. 

BOUFLERS  est  le  nom  d'une  des 
plus  nobles  et  des  plus  anciennes  maisons 
dePicardie.Un  des  premiers  Bouflers dont 
il  est  parlé  est  BERifAEn;  it  vivait  en 
1133.  Comme  les  snrnom»  n'étaieÀt  point 
fixes  ni  héréditaires  dans  ce  tenips^là ,  les 
seigneurs  de  Bouflers  portaient  alors  în- 
dilféremment  les  noms- de  Bouflers,  de 
Morlai  et  de  (^mpfgneules,  'fiefs  relevant 
de  la  terre  de  Bouflers  situtée  en  Pon- 
thieu ,  entre  Hesdin  et  Abbeville. 

En  1266  Guillaume  de  Bouflers  ac- 
compagna Charles  de  France,  comte 
d'Anjou  et  de  Provence,  frère  du  roi 
saint  Louis,  à  la  conquête  du  royaume 
de  Naples  et  de  Sicile,  et  assista  à  la  ba* 
taille  donnée  contre  ManfVoy,  son  com- 
pétiteur. 

Son  fils,  AiiiAUVE  de  Bouflers  issu  de 
son  mariage  avec  M"**  de  Tourne!  de  Thîé- 
bronne*,  se  trouva  l'an  1 304  avec  1e  roi 
Philippele-Bel,  à  la  défaite  des  Flamands 
à  Mons-eu'Puelle.  En  1310  il  fut  du 
nombre' des  seigneurs  qui  allèrent  au  se- 
èo^urs  de  Robeh»t/ t»mle  d«  Flandres, 


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contre  GaHIaume,  comte  de  Haimiiity  qui 
se  disputaient  le  comté  de  j^éUnde. 

^léaume  de  Bouflers  eut  deuK  fils  qui 
te  reiidireot  également  célèbres,  Jvav  de 
Bouflfit  m  Guiu*Afri|?.  L'atné  soutint  la 
oaute  du  roi  d'Angleterre,  à  raison  de  sa 
terre  4a  Bouflerf  qui  relevait  du  comté 
de  Pontbieu ,  appartenant  à  la  couronne 
(('Angleterre  j  l'autre  soutint  celle  du  roi 
de  France,  top  suzerain*  Jean  eut  deux 
41a,  Aléaui^  et  Enicuerrand,  et  une  fille, 
Gillette  de  Bouflera.  L'alné  fut  fait  prison- 
nier à  la  bataille  d'Aaincourt  et  eu^  trois 
fiU  et  una  fiU^*  IUtio  de  Bouflers,  son 
atné»  accompagna  en  1417  le  duc  Jean  de 
Bourgogne  dans  le  voyage  que  fit  ce  prince 
à  Paria  e^  «  Tours.  PiEaac:  Tut  Tud  des 
députéf  du  duc  Philippe  de  Bourgogne 
pour  la  paijK  df  143â,conolMe  entre  leroj 
Cbarlet  VU  et  lui  i  il  fut  a^^sai  Tuo  des 
aeigneurs  qui  vinrent  avec  le  dauphin, 
depuia  l^ouis  XI  i  pour  ('aider  à  Caire  le«- 
ver  le  aiége  de  Diep|>e  aux  Anglais,  et  qui 
auivirent  le  roi  à  la  conquête  de  la  Nor- 
mandie. U  épousa  Isabêau  de  Neufville 
Martingbem»  dont  il  eut  cinq  fils,  Jacquea, 
Bené,  Robert,  Colinet  et  Jean.  Coi^i- 
SEt,  favori  du  duc  Charles  de  Bourgogne, 
fut  tué  en  combattant  près  d^  sa  personne 
à  la  journée  de  Nancy,  ^ t  Jbav  fntsi  forte- 
ment bleaaé  qu'il  mourut  bientM  aprèa. 

.  jACQVia  eut  trois  fils  et  plusieurs  filles: 
Jbah  ,  Taieé,  eut  de  son  mariage  avec 
Françoiae  d'Ancre  Aprjbk  de  Boufiers^ 
qui  parut  avee  honneur  dans  toutes  les 
guerres  de  son  temps  ft  s^ trouva  k  la  bar 
taille  de  Pavie  en  1525.  François  V^  \tà 
écrivit  le  ^  octobre  t^%^  d'aaaister 
Itf.  de  Ia  Bochepot,  frère  d'Anne  de 
Montmorency  I  pour  faire  tête  à  l'I^mpe- 
reu?  qui  semblait  vouloir  s'emparer  de 
queUine^  places  frontières, 

3'étaDt  marié  à  Louise  d'Oiro^n»  il  en 
fut  quatre  fils  et  plmiaura  filli^  Louis, 
pfemier  guidon  de  la  compagnie  d'£n^ 
gbien,  fut  doué  d'une  force  prodigieuse  ^ 
il  ouvrait  un  fer  à  cheval  avec  les  maîna, 
^tnait  un  pbef  al  en  arrière  par  la  qneue 
pui^  le  portait  aor  les  épaules  ^  il  égalait 
î  la  001^46  l<n  meilleurs  cbf  vaux.  11  fut 
tué  4  Popl-sur-YonnA  d'un  coup  die  mous* 
qiaetà  la  tète.,  au  moment  q^  il  levait  sa 
\mm  pour  encourager  les  siens.,  Annipui» 
^^Ms^liM0^lfi99)f  tetwpiliMératmr 


distingué;  il  composa  un  Choix  de  pUt'- 
sieurs  histoires  et  autres  chosiss  mémo-- 
nUUes^  Paris  1608,  et  fit  un  TVaité  sur 
les  œuvres  admirables  de  Dieu ,  Beau- 
vais,  1621.  Dans  sa  jeunesse  il  avait  servi 
et  combattu  vaillamment  dans  les  jour- 
nées de  Saiut-Denis  et  de  Moucontour. 
Député  aux  États  de  Blois,  Henri  lU  l'a- 
vait nommé  gentilhomme  ordinaire;  il  ser- 
vit avec  dévouement  la  cause  de  Henri  IV. 
Un  autre  fils  de  Louise  d'Oiron  s*élait 
rendu  célèbre  par  ses  voyages  en  Egypte, 
en  Syrie  et  dans  toute  l'Êiuxipe.  Ch.  M. 

BOUFLERS  (Tx)uis-F&Airçois,  duc 
Ds),  maréchal  de  France,  naquit  en  1 644 
et  mourut  à  Fontainebleau  en  1711.  Il 
entra  dans  la  carrière  militaire  comme 
SQUs^lieutenant  et  obtint  la  plupart  des 
grades^  qu'il  parcourut  assez  rapidement» 
par  des  services  réels.  Sous  Condé,  Tu- 
renne,  Créqui,  Luxembourg  et  Gitioat 
U  se  distingua  dansdifférentes  campagnes, 
en  Allemagne  et  dans  les  Pays-Bao.  Ce 
qui  le  rendit  célèbre,  ce  fut  sa  défense  de 
Namur  en  1690  et  surtout  celle  de  Lille 
en  1708.  C'est  cette  dernière  qui  lui  va- 
lut la  pairie  et  le  titre  de  duc.  Son  ad- 
versi^ire  le  prince  Eugène  lui  dit  :  «  Je 
suis  fort  glorieux  d'avoir  pris  Lille,  mais 
j*ai nierais  mieui^  encore  l'avoir  défendu 
cpmme  vous.  » 

Joseph-Maaie  ,  duc  de  Bouflers,  fils 
du  précédent  et  comme  lui  maréchal  de 
France,  naquit  en  1766  et  mourut  en 
1747  à  Gènes  qu'il  était  venu  défendre 
contre  les  A  utrichiens,  S. 

BOUFLKES  (Mabie-Faa9çoise-Ca- 
TH^auiE  BE  Bc4UTEAU  Ca^oif,  nar^ 
quise  de),  ayant  épousé  le  marquis  de 
Bouflers -Bemiencourt,  capitaine  des 
gardes  du  roi  de  Pologne  Stanislas,  duo 
de  LoiTalne,  joua  un  grand  rôle  à  la  cour 
de  Luuéville  et  le  soutint  par  son  eaprit, 
par  des  vers  faciles  et  par  ses  qualités 
aimables.  Elle  fit  les  délices  de  cette  eour 
et  fut  regardée  comme  l'une  des  fiommes 
les  plus  spirituelles  de  sou  tempi^  La 
marquise  de  Bouflers  est  morte  à  Paria 
en  1787,  laissant  deux  fils  dooft  le  cadet 
forme  l'objet  de  l'article  suivant       S. 

BOUFLERS;STAinsLAS,Barquis  la), 
dit  d'abord  l'abbé  et  ensuite  le  cheviller 
de  Bouflers,  naquit  à  LunéviUe  ea  1 797. 
Destin^  ^  Â*^t  eccléaii)fAjqu«^  iiffefuaa 


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(7f 


de  pi^ndre  les  ordret  ;  nais  eheralîer  de 
Malle  né ,  il  se  vit  pourvu  d*un  bénéfice 
de  cel  ordre  et  revêtu  du  droit  bizarre 
et  ridicule  d*aasiater  à  roffioe  en  surplis 
de  prieur  et  en  uniforme  de  capitaine  de 
hussards.  11  fit,  en  cette  qualité,  la  cam- 
pagne de  Hanovre.  Assez  long -temps 
lèpres  il  fut  nommé  gouverneur  du  Sé- 
négal et  de  Gorée  où  il  ne  fit  pas  un  long 
séjour  :  c'était  un  exil  encouru  par  une 
chanson  sur  la  reine  Marie-Antoinette. 
Mais  une  administration  douce  et  sage 
et  des  institutions  utiles  ont  laissé  de 
Bouflers,  dans  cette  colonie,  un  souvenir 
qui  n'est  pas  encore  eflacé> 

Revenu  en  France,  il  se  livra  entière- 
ment à  son  goAt  pour  la  littérature,  le 
monde  et  les  plaisirs.  Alors  chacun  de 
se^  jours  fut  marqué  par  quelqu'une  de 
ces  productions  frivoles,  mats  pétillantes 
de  verve,  d'esprit  et  d'originalité,  et  par 
oes  aventures  plaisantes  qui  le  rendirent 
long-temps  l'eniant  gâté  de  la  cour  et  de 
la  ville. 

Mais  la  révolution  vint  donner  à  son 
esprit  une  direction  nouvelle.  BouÛers 
appelé,  en  1789,  aux  États*Généraux , 
s'y  nnontra  consciencieux,  modéré  et  en- 
nemi de  toute  mesure  oppressive.  Il  s'op  ~ 
posa  à  ce  qu'on  surveillât  les  correspon 
danoes.  £n  1791  il  fit  rendre  le  décret 
qui  assure,  par  brevet^  aux  inventeurs  la 
propriété  de  leurs  découvertes. 

Après  le  10  août  il  passa  en  Prusse 
où  Frédéric-Guillaume  lui  donna,  dans 
la  Pologne  prussienne,  une  grande  éten- 
due de  terrain ,  pour  y  établir  une  colo- 
nie d'émigrés  français.  Ce  projet  échoua. 
Vers  cette  époque  Bouflers  épousa 
M"**  de  Sabrao.  Rentré  en  France  en 
1800,  il  pubVih  ït  Libre  jérbitre ,  ou- 
vrage lou^  pour  qudques  pages  élo- 
quentes et  critiqué  surtout  à  cause  d'un 
libéralisme  que  l'on  doit  considérer 
comme  exagéré  de  la  part  de  l'auteur. 
Admis,  en  1^04,  à  nnstilut,  il  y  pro- 
non^  avec  succès  l'éloge  du  maréchal 
de  KoaiUes.  Son  éloge  de  l'abbé  Barthé- 
lémy en  eut  moins. 

Bouflers  se  tourna,  comme  tant  d^iu- 
tres,  vers  l'astre  qui  éclipsait  tout  alors: 
il  se  fit  le  louangeur  de  If  apoléon  et  de  sa 
famille.  Oo  loiiiepnkclia  amrtovn  des  vers 
adbkteursi  adressé»»  à  Jérème  lla]»«léon  ; 


1  )  BOU 

mais  combien  de  poètes  l'ont  précédé 
et  dépassé  dans  le  champ  facile  et  sans 
bornes  de  la  flaiteriel  On  l'a  dépeint 
ainsi  :  «  Abbé  libertin;  militaire  pbitoso- 
«  phe;  diplomate  chansonnier;  émigré 
«patriote;  républicain  courtisan.  »  Il  y 
a  dans  ce  portrait  satirique  beaucoup 
d'amertume  et  un  peu  de  vérité. 

Liéavec  toutes  lesnotabilitésdutemps> 
Bouflers  a  été  partout  accueilli,  aimé  et 
loué.  £n  1816  il  termina  paisiblement 
une  vie  dont  les  plus  belles  années  s'é- 
taient écoulées  dans  les  orages  politiques 
et  l'exil.  Un  mot  de  lui  fait  son  épita- 
phe: 

«  MdB  asiis,  js  croif  qae  je  doni  » 
Sa  cendre  repose  à  c6té  de  celle  de  De- 
mie. 

Les  œuvres  de  Bouflers  ont  été  re- 
cueillies en  2  vol.  in-8**.  Ces  productions 
nombreuses,  variées  et  souvent  si  gra- 
cieuses, ont  cependant  perdu  beaucoup 
aujourd'hui  de  la  faveur  qu'elles  avaient 
du  vivant  de  l'auteur.  C'est  sans  doute 
parce  qu^elles  sont  dépouillées  pour 
nous  du  charmeque  leur  donnaientalors 
rà-propos  et  la  nouveauté,  et  qu'à  pré- 
sent la  disposition  générale  des  esprits 
aux  idées  sérieuses  et  graves  ne  permet 
plus  qu'on  s'occupe,  comme  autrefois, 
de  ces  badinages  légers  et  brillans  dont 
les  poésies  de  Bouflers  offrent  de  char- 
mans  modèles.  Toutefois,  le  critique 
moral  et  un  peu  sévère  ne  peut  s'empê- 
cher de  condamner  dans  ses  œuvres  une 
liberté,  une  licence,  que  l'art  ne  masque 
pas  et  que  les  charmes  de  la  poésie  ren- 
dent peut-être  encore  plus  dangereux. 
Bonnard  de  Semur  a  fait  le  portrait  le 
plus  piquant  de  Bouflers,  son  ami,  dans 
une  épitre  regardée,  à  juste  titre,  comme 
un  chef-d'œuvre  du  genre  de  poésie 
qu'ils  cultivaient  tous  deux.  J.  L.  T.  A. 

BOUG.  Il  y  a  deux  fleuves  de  ce  nom  : 
l'un  est  le  principal  affluent  de  la  Vîà- 
tule  et  l'autre  a  son  embouchure  dans  le 
iiman  (vojr,)  du  Dnieper,  qui  commu- 
nique avec  la  mer  Noire  ;  le  premier  est 
polonais  et  le  second  russe. 

Le  Boug  polonais  ou  occidental  prend 
sa  source  près  d'Oîesko  dans  fa  Calîtie, 
coule  au  nord,  et  forme  uti  ifi^t^iit  la  li- 
mite entre  cette  ptt^vinpe  autrfchîenhc 
et  fe  lerrhoîrë  russe;  ptiis  sépare  dans 


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BOU 


(792) 


BOU 


une  assez  grande  étendae  ce  dernier  du 
royaume  de  Pologne  actuel,  se  tourne  du 
nord  à  l*ouest  pour  entrer  davantage 
dans  celui-cî,  et  se  réunit  à  la  Vistule 
presque  au  centre  du  royaume,  près  de 
la  forteresse  de  Modlin,  à  quelques  milles 
de  Varsovie.  Il  leçoit  le  Naref,  fleuve 
considérable ,  et  la  Vkra  ;  près  de  Nié- 
mîrof  il  devient  navigable. 

Le  Boug  russe  ou  méridional,  que  d'au- 
tres appellent  Bog  (nom  de  Dieu)  et  les 
Polonais  Boh ,  a  sa  source  sur  la  limite 
septentrionale  de  la  Podolie,  district  de 
Proskourof,  traverse  du  sud-est  au  nord 
ce  gouvernement,  y  reçoit  llngout,  entre 
près  d'Olviopol  dans  le  gouvernement 
de  Kherson,  et  forme  près  du  port  de 
Nikolaîef  un  liman  trà  prolongé  qui 
aboutit  à  celui  du  Dnieper.  Son  cours 
total,  en  y  comprenant  les  sinuosités,  a 
80  milles  géographiques  de  long.  Ce 
Boug  est  VHj'panis  des  anciens  et  d'Hé- 
rodote; Jornandès  le  nomme  Fago- 
sala,  le  géographe  de  Ravenne  Bagos 
sola,  et  Constantin  Porphyrogénète  Bo- 
yov.  J.  H.  S. 

BOUGAIN\^LLE  (Louis-Antoine 
de),  ûIs  d*un  notaire  de  Paris,  naquit  le 
1 1  novembre  1729.  Il  avait  fait  d'excel- 
lentes études,  et,  pour  cette  époque,  ses 
progrès  dans  les  sciences  exactes  avaient 
dû  être  remarquables,  puisqu'à  t*àge  de 
23  ans  environ  il  publia  un  ouvrage  in- 
titulé Traité  du  calcul  intégral  pour  ser- 
vir (le  suite  à  l'analyse  îles  infiniment 
petits  du  marquit  de  L'Hôpital,  Ses  pa- 
rens  te  destinaient  au  barreau  ;  mais  il 
quitta  bientôt  cette  carrière  pour  em- 
brasser celle  des  armes.  Aide-de-camp 
de  Chevert  en  1754,  la  même  année  il 
alla  à  Londres  en  qualité  de  secrétaire 
d'ambassade.  £n  1 766  il  fut  expédié  au 
Canada  comme  capitaine  de  dragons  et 
aide- de-camp  du  marquis  de  Montcalm. 
L^  sa  brillante  valeur  se  signala  en  di- 
verses rencontres  et  contribua  puissam- 
ment aux  premiers  succès  qu'obtinrent 
les  Français  sur  leurs  ennemis  ;  mais  il 
fallut  céder  après  la  funeste  journée 
où  périt  Montcalm  et  qui  décida  la  per- 
te de  la  colonie.  Bougain ville  repassa 
dans  sa  patrie^  Devenu  aide-de-camp  de 
M.  de  ChoisenUStiMn ville,  en  1761, 
il  dépîoya  sur  les  bords  duILhin  une 


telle  brayoure  que  le  roi  lui  tccorda  en 
récompense  deux  pièces  de  canon  du 
calibre  de  4 ,  distinction  alors  excessive- 
ment honorable.  La  conclusion  de  la  paix 
semblait  devoir  condamner  Bougainville 
à  l'inaction  ;  mais  pour  un  esprit  aosai 
actif  une  pareille  situation  eût  été  into- 
lérable. A  l'âge  de  34  ans  il  embrasse  la 
carrière  maritime,  et  quelques  années 
lui  suffisent  pour  inscrire  son  nom  an 
rang  des  plus  illustres  navigateurs.  Cet 
exemple  suffirait  sans  doute  pour  réfu- 
ter l'opinion  de  ceux  qui  prétendent  qoe 
l'on  ne  saurait  devenir  un  bon  officier  de 
marine  si  on  n'a  embrassé  cette  profes- 
sion dès  sa  plus  tendre  jeunesse.  Boo- 
gainville  conçut  le  projet  de  fonder  aoe 
colonie  dans  les  Uc»  australes  nomniéet 
par  les  Anglais  Falkland,  mais  qoe 
nous  connaissons  plus  généralement  sous 
oelui  de  Malouines.  Muni  d'une  autori- 
sation du  gouvernement  français,  et 
après  avoir  échangé  le  brevet  de  colonel 
contre  celui  de  capitaine  de  vaisseau  ,  il 
mit  à  la  voile  avec  la  flottille  qui  ood- 
duisait  la  colonie  future.  L'établissement 
fondé  par  Bougainville  subsista  trois  ans 
environ;  mais  l'Espagne  jalouse  revendi- 
qua la  propriété  du  coin  de  terre  que  oe- 
lui-ci  voulait  utiliser.  La  France  céda  aux 
prétentions  de  son  alliée,  et  il  fut  stipulé 
seulement  que  le  fondateur  serait  rem- 
boursé de  ses  avances.  Sans  doute  l'oc- 
cupation des  Malouines  était  une  triste 
spéculation  sous  le  rapport  agricole;  mais 
sous  le  point  de  vue  commercial  et  poli- 
tique elle  peut  devenir  aujourd'hui  d'une 
haute  importance ,  et  c'est  ce  qu'a  senti 
l'Angleterre,  qui  vient  de  s'en  déclarer 
maîtresse,  à  la  barbe  des  États-Unis 
et  de  la  république  de  Buenos  -  Ayres , 
qui  s'en  disputaient  la  possession.  Par 
suitede  la  concession  française,  au  mois  de 
novembre  1 766 ,  Bougainville  appareilla 
de  Saint-  Malo  avec  la  frégate  la  Bo»^ 
deuse  et  la  flûte  V Étoile ,  pour  opérer 
la  remise  de  sa  oolonie  au  gouvernement 
espagnol  et  se  rendre  ensuite  aux  Indes- 
Orientales ,  en  traversant  la  mer  du  Sod, 
entre  les  tropiques.  La  première  partie 
de  sa  mission  une  fois  exécutée ,  il  tou- 
cha à  Monte-Video ,  traversa  le  détroit 
de  jyiageUan  et  cingla  dans  la  mer  du 
Sud^  Aprèt  une  rechemlia  imtâe  de  la 


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BOU 


(793) 


BOU 


terre  dé  Davis,  il  s'engagea  dans  ce  laby- 
rinthe d'ilea  basses  nommées  Iles  Porno- 
touy  jadis  Archipel  dangereux  ;  il  si- 
gnala le  premier  les  iles  qui  portent  sur 
les  cartes  les  plus  récentes  les  noms 
saivans  :  Tehaï ,  Lanciers  ^  Heïou , 
Dawa-Hadi,  Birdy  Crokerei  Mehille, 
et  mouilla ,  le  6  avril  1 768 ,  à  Taîti.  Cette 
Ile,  la  Sagittaria  deQuiros,  avait  été 
retrouvée  Tannée  précédente  par  TAn- 
glaîs  Wallis.  Malgré  le  court  séjour  que 
fit  Bougainville  sur  cette  terre,  il  donna 
sur  ses  productions  et  sur  les  mœurs  de  ses 
habitans  des  détails  remplis  de  charme 
et  de  vérité.  Après  avoir  quitté  Taîti ,  il 
découvrit  plusieurs  des  iles  Hamoa,  qu'il 
nomma  Iles  des  Navigateurs,  Dans  ce 
groupe,  l'un  des  plus  peuplés  et  des  plus 
imporlans  de  TOcéanie ,  le  type  polyné- 
sien parait  s'être  développé  au  plus  haut 
degré  de  perfection  sous  le  rapport  phy- 
sique ;  mais  l'assassinat  de  Delangle  et  de 
ses  compagnons  acquit,  20  années  plus 
tard,  une  funeste  célébrité  à  la  férocité 
de  ses  habitans.  Bougainville  vit  ensuite 
la  partie  nord  des  terres  du  Saint-Esprit 
de  Quiros ,  qu'il  nomma  Grandes  CjT" 
clades ,  désignation  qui  a  fait  place  à 
celle  de  Nouvelles  -  Hébrides  ,  imposée 
quelques  années  après  à  ces  Iles  par 
Cook.  Bougainville  avait  eu  d'abord  l'in- 
tention de  reconnaître  les  c6tes  orien- 
tales de  la  Nouvelle-Hollande  ;  mais  alar- 
mé par  les  éoaeils  qu'il  rencontra  sur 
cette  route ,  et  justement  inquiet  sur  le 
sort  de  ses  équipages,  attendu  le  fâcheux 
état  des  vivres,  il  remonta  vers  le  nord 
pour  reprendre  la  route  de  ses  devan- 
ciers. Ce  fut  alors  qu'il  rencontra  la 
Louisiade ,  et  il  lui  fallut  effectuer  sur 
les  côtes  périlleuses  de  cette  terre  la  na- 
vigation la  plus  pénible  pour  la  doubler 
au  vent.  Il  prolongea  ensuite  les  Iles  les 
plus  septentrionales  du  grand  archipel 
Salomon ,  qui  n'avaient  plus  été  revues 
depuis  Mendana,  et  dont  les  naturels 
manifestèrent  les  dispositions  les  plus 
hostiles.  Une  relâche  de  quelques  jours 
au  Port  Prasiin ,  de  la  Nouvelle-Irlande, 
lui  donna  le  moyen  de  remplacer  Teau  et 
le  bois  consommés,  mais  sur  cette  terre 
inculte  et  sauvage  il  ne  put  renouveler  ses 
vivres;  d*ailleui*s  les  habitans,  sans  doute 
effrayés  de  l'apparition  des  Européens , 


restèrent  cachés.  Sur  sa  route,  Boagain- 
ville  découvrit  encore  les  petites  iles  Hou- 
deuse ,  Hennîtes,  Conimerson  et  Jna^ 
chorètes;  il  vil  de  loin  quelques  parties  de 
la  Nouvelle-Guinée,  et  arriva  à  Bourou  , 
Tune  des  Moluques ,  où  il  trouva  enfin 
des  rafralchissemens  dont  ses  équipages, 
épuisés  par  la  fatigue  et  les  privations  de 
tout  genre ,  avaient  le  plus  pressant  be- 
soin. Bougainville  rentra  à  Saint-Malo 
le  14  mars  1769.  Il  eut  l'honneur  d'être 
le  premier  capitaine  français  qui  eût  fait 
le  tour  du  monde;  mais  ce  qui  lui  assure 
an  tout  autre  titre  à  l'immortalité,  c'est 
d*avoir  signalé  à  la  géographie  plusieurs 
terres  entièrement  inconnues  avant  lui , 
et  dont  quelques-unes  forment  des  ar- 
chipels importans.  La  narration  que 
Bougainville  publia  de  son  voyage,  deux 
ans  après  son  retour ,  écrite  d'un  style 
animé ,  gracieux  et  plein  de  mouvement, 
compléta  le  succès  de  cette  expédition. 
Les  géographes  et  les  navigateurs  anc- 
raient quelquefois  le  droit  de  lui  repro- 
cher de  s'être  montré  stérile  et  peu  ex- 
plicite sous  le  rapport  des  documens  nau- 
tiques et  hydrographiques  ;  mais  cette 
dernière  science  était  encore,  pour  ainsi 
dire,  au  berceau,  et  il  faut  convenir  que 
les  travaux  de  Bougainville  offraient  déjà 
un  progrès  notable. 

Pendant  la  guerre  d'Amérique  Bou- 
gainville commandait  une  division  de 
l'armée  navale  du  comte  de  Grasse ,  et 
en  1781  il  soutint  un  combat  honorable 
contre  l'amiral  Hond,  devant  le  Fort 
Royal  de  la  Martinique  ;  il  assista  aussi 
aux  divers  combats  de  l'année  suivante. 
Promu  au  grade  de  chef  d'escadre,  il 
repassa  ensuite  dans  les  armées  de  terre 
avec  le  titre  de  maréchal-de-camp.  Ce- 
pendant il  projetait  encore  de  nouvelles 
découvertes  vers  le  pôle  nord  ,  mais  il 
fut  éconduit  par  le  ministre  Brienne, 
qui  se  souciait  peu  d'accéder  à  un  pro- 
jet qu'il  ne  considérait  que  comme  le 
caprice  d'un  marin  inquiet  et  avide  de 
nouvelles  aventures.  «  Pensez  -  vous  que 
ce  soit  pour  moi  une  abbaye?  »  lui  ré- 
pondit Bougainville ,  indigné  du  dédain 
ministériel.  On  assure  que  l'expédilioa 
de  Phîpps  fut  dirigée  par  le  gouverne- 
ment anglais ,  d'après  les  plans  de  Bou- 
gainville ,  que  celni-d  adressa  à  la  so- 


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•BOU  (794)  BO« 


dété  royale  de  Londret,  doQt  il  était 
membre.  Il  qnitta  défioilivement  la  ma- 
rine en  1790,  pour  se  livrer  unique- 
'n^ent  aux  sciences.  Malgré  son  grand  Age 
il  conservs^  jusqu'au  dernier  moment 
toules  les  facultés  de  son  esprit  et  son 
humeur  enjouée.  Il  mourut  enfin  le  81 
août  1811 ,  après  dix  jour)  d*une  grave 
maladie.  Il  était  entré  à  Tlnslitut  en 
1796;  peu  après  il  fit  partie  du  bureau 
des  longitudes,  et  dè9  l'organisation  du 


sénat  il  y  fat  conapria  par  Ktpcdécm,  qui 
lui  donna  aussi  un  titre  dans  sa  noblesse 
impériale.  Du  reste  nous  ne  mention^ 
Qons  cea  faveora  que  comme  d'heurcasea 
récompenses  de  ses  services  et  de  ses 
travaux.  D^à  toutes  ces  distinctions  éoin* 
nées  du  simple  caprice  des  hommes  sont 
ignorées  du  public  ;  nais  dégagé  de  ces 
futiles  accessoires  le  nom  de  Boogain- 
ville  est  assuré  d*une  ginriense  célé- 
brité. J.  D'U. 


nir  Df  LA  DEUXZSXB  VAITIK  DU  TQVK  T&0I8;iMK, 


ADDITIONS  ET  ERRATA. 

DE    LA    PREMliEE  ET  DE  LA   DEUXiiHK  PAETIE  PU   TOME   TE0I$Jli]||L^ 

A  la  page    99,  article  Basane  ,  Itse^  an  mesqnis  au  Heu  de  an  menpiia. 

A  la  page  100,  même  article,  corrigez  le  même  mot. 

A  la  page  158,  article  Batuv^st,  ajoutez  que  le  deruier  comte  Ratburat,  che* 

valier  de  Tordre  de  la  Jarretière,  est  mort  en  1834. 
A  U  page  177,  qjauttz  aux  ouvrages  de  M.  Bautain,  la  Réponse  d'un  chréuem 

aux  paroles  d'un  croyant ^  Strasbourg,  1834,  96  p.  in-S®. 
A  la  page  227,  article  Beausob&e,  Usez  bibliothèque  germanique,  au  iiem  de 

bibliothèque  allemande, 
A  la  page  248,  article  B^doch  ,  o/oiil^z  que  cet  honorable  député  a  présidé  In 

chambre  de  1835  à  son  ouverture ,  comme  do^^en  d'âge,  en  rem— 

placei^ent  de  ]VI.  le  baron  de  Gras*Prévill#. 
A  la  page  249 ,  article  Beeil  (Micheiy  II  vient  de  paraître  (1 834)  une  tmdndioo 

française  de  la  tragédie  Strnensée,  due  à  M.  le  baron  de  Teppcr-> 

Ferguson.  On  a  aMssi  annoncé  une  traduaion  do  Panm* 
A  la  page  267 ,  article  B^gique  ,  supprimez  ligne  38®  iesnuusz  fiUo  et  nnîqne 

héritière  de  Charles. 
A  la  page  271,  même  article,  lisez  Meens  au  lieu  de  Keecns. 
A  la  page  281,  article  Bell  [André],  On  nous  assure  que  Bell  eac  mort  en 

1839. 
A  la  page  288 ,  article  Belleqaedb,  t^jou^z  ;  Il  a  été  nommé  enaaitn  nmltre  des 

cérémonies  de  Tarchidur,  aujourd'hui  roi  Junior  de  Hongrie. 
A  la  page  296,  article  Belzoni,  /i.^rs  Belzooi  au  livu  tée  BelsonL 
A  la  page  336 ,  article  B^eabd,  i^'outez  qu'aux  élection»  de  juin  1614  M.  Bé- 

rard  n'a  pas  été  réélu. 
A  la  page  407,  article  Beeeyee,  ajoutez  que  l'élection  dlasengeau  (Hante- 
Loire)  a  été  annulée  par  la  Chambre. 
A  la  page  513,  titre  de  l'article  Bishfai&aivcs,  làeM  ainsi  Otf  lieu  de  Bcnfsi- 

aaace. 


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TABLE 

DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  TROISIÈME^ 


Bapliomète.  I 

Baf>(éme.  I 

Bapième  de  sang.  S 
Baptême  équatorial  oa 

tropical.  4 

Baptiste  (ahié  et  jeune).  6 

Baptistère.  5 
Baptistes,  9,  Anabaptis- 
tes et  Men non  îles. 

Bar  (comté  de).  6 

Bar  (conf^éralîon  de).  8 

Bar  (Jacques-Charles).  1 1 

Baraguay  d'UilI  îers.  1 1 

Baranie  (baron  de)  19 

Baraques.  f4 

Baraterie.  '  14 

Barathre.  «5 

Baratter.  <5 
Baratte,!'.  Beurre. 

Barbacane.  <8 

Barbaccna  (marquis  de).  15 

Barbacolle  (jeu  de).  f  tf 

Barbade  (ile  de  la).  i6 

Barbançon.  iB 

Barbanègre.  f7 
Bnrbara,  9,  Syllogisme. 
BarbarelU,  v,  Giorgioo. 

Barbares.  1 8 
Barbares  (invasion  de^, 

V,  Migration  des  peuples. 

Barbarie  (h ist.  f  mor.].  19 
Barbarie  (g6ogr.  et  hist.).  tf 
Barbarin  (le  cbcralier), 
(/.  Mesmérisme  et  Ma- 
gnétisme. 

Barbarisme.  t9 

Barba  roux.  38 
Barbazan  (Âmaud-Guil- 

hem,  baron  de).  Si 

Barbazan  (Etienne).  S3 

Barbe  (h.  n.).  »» 

Borrbe  (hist.  de  la).  33 

Barbe  (saiMe).  33^ 

Barbeau.  36 

Ba^be  Bteue.  30 

Barbéliotet  (!«•)•  36 

Barbé-Marbois.  37 

Barberinl  (famiUe  des).  38 

Borberousse,  v.  Frédéric  1»'. 

Bllrberousaeletll.  38 

Barbette,          t  88* 


Barbie  du  Boccage»  40 

Barbier  (techn.  mœurt).  40 
Barbier  (Autoîoe-Alei.).  48 

Barbou.  49 

Barca  ou  Barquâh.  43 

Barearole.  43 

Barcelone.  44 

Barchiello.  43 

Barclay  (les).  43 

Barclay  de  ToI)y.  47 

Bareokheba.  49 

Bardane.  30 

Bardes.  30 

Bardcsanèa.  31 

Bardiet.  31 

Barèget.  8i 

Bardili.  88 

Barenlin.  38 

Barezzi.  38 
But  hebneatf  v,  Aboolfaradj. 
Bari  (terre  de)«  »».  Naples. 

Barïng  (les  frères).  38 
Bari  ton ,  v.  Baryton. 

Barker.  33 

Barlaam.  33 

Barlow.  34 

Bormécidet.  83 

Barnabe  (saint).  36 

Barnabilea.  30 

Barnage.  37 

Barnave.  37 

BarncreldC.  61 
Barnim  I*X^  v,  Pomé» 

ranie. 

Baroche.  68 
Barocco,  v.  Syllogisme. 

Baromètre.  83 

Boren  (titre).  66 

Baron  (Mictiel  Boyron).  67 

Baronet.  08 

Baronius.  68 

Barons  (conjuratioD  des),  te 

.Baroque.  68 

Barque.  70 

Barrage»  71 

Barras.  78 

Barre (géogr.  phys).  73 

Barre  (droit).  74 
Bori*  (mus.),  v.  Notes 

et  mesure. 
Btnté  (Yfet),  v.  ViiodevilU. 


Barreau  (franc.  ,tttg1 .  ,etc). 7 8 
Barréme.  77 

Barrtre  de  Vieuzac.  77 

Barres  (jeu  de).  79 

Barricades.  80 

Barricades  (jonmée  des).  81 
Barrière  (traités  de  la).  88 
Barrière»  (écon.  pol.).  83 
Barrister,  v.  Attomey  et 

Barreaa. 
Barroe  (Joao  de).  84 

Barrot,  v,  Odillon-Barrot. 
Barrow  (Isaac).  84 

Barrow  (John).  88 

Barry  (M«  du),  f .  Dubarry. 
Barry  (James).  83 

Barsabas.  83 

Bartas  (do).  88 

Bartenstein ,  9,  Hobenlobe. 
Barth  (Jean).  86 

Barihe  (Félix).  86 

Barihélemitee.  80 

Barthélémy.  90 

Barthélémy  (la  saint),  p. 

Saint  Barthélémy. 
Barthélémy  (abbé).  190 

Barthélémy  (marqQÎt).  98 
Barthex.  93 

Barthole.  94 

Bartoli  (Santo),  V,  Pérogtn. 
B.irtoloxzi.  94 

Barudi.  93 

Bar^e.  98 

Baryte.  93 

Baryton,  v,  Voii.  96 

Baryton  (instr.  de  mas.).  96 
Bas  (fabricant  de).  97 

Basalte.  97 

Basane.  99 

Basliord,  9,  Baboid 
Bas-Breton ,  v,  Breloi. 
Baachkirs.  «00 

Bascule.  iof 

Bascale  (système  de).  «01 
Baae(nvath.).  ioa 

Base  (art  niitit.).  103 

Base  (chimie).  103 

Basedov.  104 

BasxKmpire,  f .  Byvui- 

tis  (empire). 
Bât-fond.  foi 


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796 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


p.g. 


Basile  (saîoO  de  César^.  1 05 
Basile  (^aint)  de  Sëleucie.1 07 

Basile  (rôle  de).  107 

Basilic  (bot).  i07 

Basilic  (lool.).  107 
Basilicate,  u,  Naples. 

Basilide.  108 

Basilidient.  109 

Basilique  (beaax-arta).  109 

Basiliques  (droii).  110 

Basin.  110 

Bafkcnrille.  110 

Basnage.  1 1 1 

Basoche.  111 
Basques  (pays  et  proTÎn- 

▼inces).  lit 

Bas  rel  ief  (beauK-arts) .  i  1 9 

Bas  relief  (anliq.)*  t30 
Bas-Rliin,  v,  Rbio. 

Bassano  (bat.  de).  I9t 
Bassano  (duc  de),  v,  Maret. 

Basse  (en  géoéral).  ISS 
Basse  (inslnim.),  «'.Vio- 
loncelle, el  Basse  de 
Tjole,  f.  Viole,  Con- 
tre-basse. 
Basse  (  toîk  dliomme  ), 

f.  Voix. 

Basse  chiffrée.  141 

Basse-oour.  194 

Basse  fondamentale.  iStt 
Basse  lisse,  u.  Lice. 

Bassesse.  196 
Bassin  (en  gén.etanat.).  197 

Bassin  (géogr.  pbjs.).  198 
Bassin  (roar.),  t^.  Port. 

Bassin  (archit.).  199 
Bassin  d^épargne,  voy. 

Canaux. 

Bassinet.  1 30 

Bassinoire.  *130 

Bassompierre.  1 3 1 

Basson.  139 
Bassora  ou  Basrah,  »*« 

Irak-Aimbi. 

Bassorine.                    .  133 
Ba8iardd*Estang  (comte 

de)  iS3 
Basiia,  «/.  Corse; 

Bastille.  183 

Bastingage.  140 

Bastion.  141 

BastoDoade.  141 

Bel.  149 

Bataille.  149 
Bataille  nsTale,!'.  Com- 
bat naval. 

Batailles  (beaux-arts).  181 

Bataillon.  183 

Batalba.  i83 


Bâtard,!/.  Enfans natu- 
rels. 
Bâtarde,  «/.  Écriture. 
Baurdean.  183 

Rataves.  184 

Batavia,  t^,  Java. 
Bateau,!/.  Basque. 
Bateleur,  tf.  Histrion  et 

Saltimbanque. 
Bath  (g<^r.).  t8B 

Batli  (ordre de),  v.  Bain. 
Bath  (comte  de),  tf,  Pul- 

teney. 
Baihori  ^famille  et  Etien- 
ne). 188 
Bathurst  (comtes  de).       187 
Batbylle.                            188 
Bâtiment  (archit).           188 
Bâtiment  (nur.).             188 
Batiste.                            18a 
Batogues.                         189 
Bâton  (jeu  du).                189 
Bâton  de  mesure.            189 
Bâton  de  Jacob.                160 
Bâton  d'or,  u,  Giroflëo. 
Baioni.                            160 
Bâtonnier.                       160 
Batracien.                        100 
Battage  des  céréales.        161 
Batus,i>.  Sumatra. 
BaUement                       169 
Battement  de  cœur,  v. 
Cœur  et  Palpitation. 
Batterie  (art  milit.).        163 
Batterie  (roar).               168 
Batterie  de  cuisine.         166 
Batterie  électrique.         166 
Bat  leur  d'or  et  d'argent.  167 
Batteux.                           167 
Batties.                             168 
Battolo^ie,    tf.  Redon- 
dance. 
Battue.                            i68 
Bailuecas.                       169 
Battyani.  169 
Balu-kban.                      169 
Batjne.                            169 
Batae.  170 
Baucbe ,  c  Torchis.   . 
Bancis,!/.  Philémon. 
Baudelocque.                    470 
Baudouin  l-lXjU,  Flan- 
dre. 
Baudouin  I-V,  9.  Jéru- 
salem. 
Baudouin  I  et  II ,  i^.  La- 

tin  (empire). 
Baudrier.        m  170 

Baudruche.  171 

Bauhin(les).  iTl 


Baumann  (Nicolas) .  179 

B  jumann  (grotte  de)  1 73 
Baume,  v.  Sainte-Bau- 
me (grotte  de). 

Baume  (résine).  173 

Baume.  174 
Baumgarten  (Sigismond- 

JaCi|ues).  174 
Bauingarien(Alex-Théo- 

pbile).  178 

Bausset.  178 

Bautain.  170 

Bautxen  (bnuille  de)  177 

Baux  (sires  de).  i79 
Bavarois  (ancienne  loi 

des)  179 

Bavaroise.  i80 

Bave.  180 

Bavière.  180 

Baxter.  190 
Bayadères,  u.  Baiadères. 

Boyard.  190 

Bayen.  194 

Bayle  (Pierre).  194 
Bayle  (Gaspard -Lan- 

rcnt).  197 

Baylen.  198 

Ba)onne.  190 

Rayon  nette.  900 

Baxar.  901 

Bazard.  901 

BJellomètre.  901 

Béam.  909 

Bëarn  (vins  du).  903 

Béatification.  904 

Béatitude.  904 

Bealoun.  904 

Béatrix.  904 

Beattie.  908 

Beau,  Beanté.  908 

Beaucaire.  909 

Beauce.  909 
Beauffremont  (maison 

de).  910 

Beaufort  (Henri  de).  919 
Beaufort  (ducde),  i'.  Ven- 
dôme. 

Benufort  (Louis  de)  913 

Beaugenci.  913 
Bcauhamaia     (famille 

de).  914 
Beaujeu,  v,  Anne  de 

Beaujeu. 

Beaujolais  (le).  918 

Beaul  ieu  (baron  de).  917 

Buaumanoir  (maison  de).  91 T 
Beaomanoir  (Jean,  sire 

de).  917 

Beaumarchais.  91 8 

Bennmont  et  Fleldier.  %t4 


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TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pag. 

P«i. 

BeflaroonI  (Jeanne  Le* 

Bélèd-el-Géryd. 

360 

Prince  de). 

335 

Bt  lem. 

3C0 

Beaurepaire. 

336 

Belemnile. 

361 

Beautobre. 

336 

Bélénut. 

3G1 

Beauié,  (/.  Beaa. 

Bfl-esprit. 

'                   Betuvais. 

337 

Belette. 

Bt^QTeaa  (mtiton  de) 

33t 

Belges. 

BeauK-Arla. 

330 

Belgique  (rojâiune  de). 

Beauzée. 

33T 

Belgrade. 

i                  Bec. 

337 

Bélal. 

i                  Bëcarre. 

338 

Bélidor. 

i                  B<^uisse. 

338 

Bel  ier  (hitt.  nat  ),('.  Mou- 

BécaMÎne. 

339 

ton. 

1                  Beccaria. 

340 

Bélier  (art  milît.). 

378 

Bec  de  lierre. 

340 

Bélier  (attron.). 

378 

1                   Bet-figue. 

341 

Bélier  hydraulique. 

379 

1                 Bèclie,  tf.  Instrameni 

Bélisaire. 

379 

1                      araioiret. 

Bell  (André). 

381 

1                  Bccher. 

341 

Bell  (Jean  et  Charles). 

381 

1                  Bechtietn. 

343 

Bell  (Henri). 

S8i 

Berk. 

343 

Belladonna. 

383 

1                   Accker* 

343 

Bellamj  (miss). 

383 

1                    Becket. 

343 

Bellamy  (Jacques). 

384 

1                  BiHdanl. 

348 

Bellarmin. 

384 

Becquerel. 

343 

Bellart. 

385 

r                  Bédele^énërable. 

346 

Bellay,!'.  Du Bdlaj. 

1                  Bedeau. 

346 

Belle.Alliance,  u.  Wa- 

1                 Bedforl  (dues  de). 

346 

terloo. 

1                   Bedlam. 

347 

Belleau. 

386 

1                   Bédoch. 

347 

fielfe  de  jour,  de  nuit,  tf. 

' 

1                    Bedoaina. 

348 

Conrolvulacées. 

,                   Bedriac. 

349 

Belleforest. 

386 

Beelx^buth. 

340 

B«llegarde(lecomtede) 

387 

Béer  (Georgee-Joseph). 

340 

Belle^lsle. 

388 

1                  Beer(Meycr),i'.Meyer- 

Bellérophon. 

389 

beer. 

Belles-Lettres,  9.  Let- 

Béer (Michel). 

S40 

tres. 

Beethoven. 

350 

Belliard. 

389 

B-fa,B.«i. 

363 

Bellin  (les  trois). 

391 

Befana. 

353 

Bellioi  (Vincent). 

393 

Beffroi. 

353 

fiellinann. 

393 

Beffroi  (moi.),  •».  Ttm- 

Bellone. 

393 

tam. 

Bellovèse. 

393 

BeffrordeReignr. 

354 

Bdloy  (Pierre-Laurent 

Beg. 

354 

Buirettede). 

393 

Bégaiement. 

314 

Belloy  (JeanBaptistede) 

394 

Bégonia. 

356 

Bellune  (duc  de),!'.  Vic- 

Béguins. 

356 

tor. 

B^hjiiiii. 

356 

Bélomanlîe ,  p.  Ditina- 

Behemoih. 

357 

tioo. 

Behring ,  9.  Bering. 

Bélouga. 

394 

Beini,i>.  Portugal. 

Bélouichistan. 

394 

Beiraktar. 

357 

Belphégor,  t^.  Bel  etBaal . 

Beiram. 

357 

Belsunce  de  Caste!  Mo- 

Beiram  (Hadjî). 

368 

ron. 

395 

Bekker. 

358 

Belt  (grand  et  petit). 

395 

BektachtouBcktachitet. 

358 

Bélus ,  f/.  Bel. 

Bel  ou  Belut. 

359 

Belvédère. 

396 

Bel(Aodié),i/.  BeU. 

Bttltébuth,  tf.   Beelae- 

BéUI^V. 

359 

bath. 

797 

P-S. 
396 
397 
398 
398 
309 


Belsoni. 

Bem. 

Berobex. 

Bembo. 

Bémol. 

Ben,!'.  Aben. 

Bénabeo.  soo 

Bénarès.  soo 

Benda.  300 

Bendavîd.  soi 

BeRder»jTille).  soi 

Bender  (baron  de).         301 

Bénédictins.  Soi 

Bénédiction.  306 

Bénéfice  (ecdés.).  308 

BéiiéGce  (droii).  309 

Bénétice  (représentation 

i}*  310 

Bénévent.  si  1 

Bengale  (pays  et  prési- 
dence). 813 
Bengale  (golfe  du).  8i3 
Bengale  (flammes  du),  s  i  3 
Bénin  ou  Béfli.  314 
Bénitier.  sis 
Beniowski.  315 
Benjamin.  816 
Ben  jam  in ,  l'.Tribus  (les 

douze). 
Benjamin  Constant,  tf. 
ConstanldeRebeoque. 
Benjoin.  316 

Ben  Jonson,  9,  Johnson. 
Benningscn.  316 

Bennon  (saint).  317 

Benoit  saint).  SIO 

Benoit  (papes).  319 

Benserade.  833 

Bensley.  3ii 

Bentham.  333 

Benlhcim.  834 

Beniinck,  v,  Portland 

(duc  de). 
Bentinck  (lord>.  335 

Bentivoglio  (la  Camille).  385 
Bentley.  337 

Benzel-Stemau  (conte 

de).  337 

Béotie.  338 

Br' ranger.  330 

Bérard  (Simon).  338 

Bérard  (Frédéric).  336 

Berbers.  336 

Berbice ,  9,  Guyane. 
Berbis.  339 

Berceau  (lechu.ethyg.).  339 
Berceau  (ardiit.).  34U 

Berolioux.  340 

Bérécynthie,  i^,  Cybèle. 
BércngerletU.  Sii 


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798 

Bérenger  (Raymond). 
Béreager,  dil  de  Tours. 
Béreng^T  (de  la  DrôdMs, 

père  et  dis}. 
BMnice. 
B^resford. 

Béi^tiini,!'.  Gortond. 
Bén^ciaa. 
Bei^. 
lei^ame. 

Bergami ,  9,  Gtn>Ime. 
Bergamote» 
Bei^aste. 
Berge. 

Bergen ,  »/.  Nomège. 
Berger. 
Bergerie. 
Bergeronnette. 
Bergliem. 

Berglien  «  i^  Diamant. 
Bjrgmann. 
Berg-op-Zoem. 
Béni. 

Bering  (cap). 
Bering  (le  détroit  de). 
Berkelej. 
Beriichingea. 
Berlier. 
Berlin. 

Berline,  tf,  Yoitaret. 
Berlue,  >>,  Vue. 
Bcrmudes. 
Beniiadez  (Jérène). 
Bernadette. 
Bernard  (saint). 
Bi^mard  (le  gentil). 
Bemactl ,  tf,  Saie*Wei* 

laar. 
Bernard  (Samuel). 
Bernardin. 
Bernardin  deSt.-Piei^ 

re,»/.  Saint*  Pierre. 
Bernardins,  i^.  Gileaai» 
B  TOLiourg. 

Bjrne  (canton  et  Vaie  de) 
Berni. 


841 
841 

844 
84S 
844 

844 
84Î 
848 

848 
848 
849 

849 
850 
881 
851 

853 
888 
881 
554 
854 
854 
850 
88  T 
867 


859 
300 
860 
370 

884 


888 

888 


888 
890 
889 
889 
890 
801 
893 
894 
598 
898 
401 
491 
401 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Berthier  (le  prince).  407 
Bertliicr   (Vicior-L'îo- 
poU,  César  et  Ferdi- 
nand). 409 
Beithotd.  409 
Bertbollet  409 
Berlin  (Antoine).  411 
Berlin  (ThMbre^Pier^ 

n:).  411 
Bertin  (Louis-François).  41 1 

Berlin  de  Vaux.  419 
Bertinani ,  tf,  CarliM. 

Bcrtius.  413 

Beriolacci.  4i3 

Bcrioa(JeanSaptilte).  414 
Berloa   (Uetri-Moa- 

tans).  418 

Bertrand  (comte).  418 

BeHrao(l«te  Moilenlle»  41  f 

BcTtuch.  4 1 8 

Ber?ic.  419 

Benrille.  430 

Berwick.  430 

Borzclius.  431 
Besançon ,  u,  Doubs. 

Besant.  4ft9 

BesenfaI,  433 
Besmes,  v,  Golignj  et 

St.-Barliiéleuijr. 

Bessarabie.  43  4 

Bi!Ssarion.  430 

Bi^'ssel.  437 

BeSSes.  437 

Bessières.  430 

Bessin.  430 

BcstiauK.  433 

Besioujef.  43  S 

Besioujof-  Rumine.  434 

lkHe,Bèlise.  438 

Jtéiet.  438 

Hethel.  430 

Bétliesda.  43 1 

BetUtéhem.  435 

BeiliiefnGabor.  438 

Belliroann  (les  frèics)^  480 

tkîtlHnaen  (i'acirice).  430 
BélliunOyi/.Sully. 

Béti<|ue.  486 
Béiis,!^.  Oaoidaiqttitiiv 


Bernier. 
Bjrnini. 

Bernis  (cardinal  de). 

B^rnoulii  (les).  893  Béton.  430 

BdriMlorff  (les).  894  Bette.  480 

Bérose.  598  BetteraTO.  437 

Ber^uin.  898  Béiyles.  441 

Bjrr  (Michel),  40 1  Beugnot.  441 

B.Truguaie.  491  Beemooville.  443 

li^rj  (province).  401  BcMUre.  444 

Berry  (le  duC  et  la  4u*  Beverningk.  446 

cbesscde).  408  BewiLk.  440 

Berryer.  406  hey,  448 

Berlfeeaia  grand  pîeA.  40T  {BeaborodkoQeprinoe)*  44é 


Bèze (Théodore  de),        449 
Be^oanL  450 

Bcxout.  480 

B-fa-sî.  461 

Bbagavad-ghita  ^r.  Mà^ 

habarata. 
Biatovieta. 
Biancliini. 
Biannio. 
Bias. 
Biberon. 
Bible. 

Biljlia  pauperum 
Bililiograpliie. 
BiUiolithe. 
Bibliomanie. 
Bibliophiiie. 
Bibliopoies ,  v.  lihmi^ 

hîs. 
Bibiiolaphes. 
KiUiolbécaire. 
Bibliothèque. 
Biblique. 
Bibliques  (sociétés) 


481 
481 
403 
463 

458 
488 
46t 
46^ 
471 
471 
478 


478 
473 
47^ 
808 
804 


KivéphaleSi  i^,  Monslrtt. 
Bicétre.  808 

Bicllat.  80t 

Biche,»/,  Cëipf. 
Biehet,  i/.  Mesures  an  • 

ciennct. 
Bicoque.  809 

Bidassoa.  809 

Bidpai ,  f.  Pilpai. 
Biel  (grotte  de).  819 

Biela  (comèfe  d^.  619 

Kicielcld.  810 

Bittit.  810 

Bienfaisance.  8i8 

Bieilfaisancc(barea«Lde)  818 
Bieaiieuroux.  êiB 

Bienne  (v  i  lie  et  lac  de)    8 1 8 
Biens  (droit).  818 

Biens  nationaux.  816 

Biens  duclergéfi^.  Gler^» 
Bienséance.  819 

HitNtVeitlance,  u.  Bbnié; 
Bière.  819 

Btvster.  839 

Btcvre  (maréchal  de).      83 1 
Bigamie.  831 

Bige ,  V,  Char. 
Bignon  (Jérôme).  8tl 

Btgbibn  (Jean- Paul)»       813 
Bignon  (le  baron).  833 

Hîgorre.  8i8 

Bigotisme,  c  Dévotion. 
Bfgre.  838 

Bi)Oflticr.  896 

Bijoux.  836 

fȈM.  838 


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Bifboqaet.  ùgg 

Bililerd/k.  6àu 

Bile.  «30 
BitéJouIghérid,  1^.  Bé 
;»leU-el-(irérjrd. 

BilUu^er.  531 

Bilingue.  033 

Bill.  333 

Btllard  (jea  de).  33  i 

BiliauJ-Vareaaes.  336  • 
BiUaai,»'.  Adam(iiiailre). 

Billet.  337 
Biliel  à  ordre  y  y.  Lettre 

de  change. 

Billet  au  [Kirteor*  537 

Billoa.  ft»i8 
BiUouaage,!/.  Laboorage. 

BiUua^ea.  33S 

Bimane  et  Bipède.  338 

BiinoiieA.  338 

Bimbelolicr.  339 
Biuage ,  V,  Labourage. 

Biaaire.  339 

Bingea  (fond  de).  «49 

Bmglej.  34U 
Biuocle,  w.  LuoeUet* 

Bmoiae.  344) 
Biuoty   y,  lostramens 

aratoires. 

Biographie.  341 
Biologie  et  BÔMièirei  «». 

Vie. 

Bioa.  344 

BioL  643 

Bipède.  543 

Bira^e.  646 

Birea ,  dit  Bina.  544 

Biribi.  5A6 

BirkenfeUL  549 

Biroiaa  (empire).  549 

BirmiagiMua.  531 

Biron  (famille  de).  55i 
Biattye,v.  BaBque9(pr«^ 

viaces). 

Biica3re(iaeroubaiede).  588 

Biscayea.  538 

BitoMt.  554 
Bine  j  tf.  Veotf . 

Biseautées  (cartes).  58  • 

Bishop.  558 

Bismulk  558 

Bison.  555 

Bisque.  55^ 
Bifeeeitile,!'.  Annééw 

Bift90n.  556 

Bistoori.  537 
Bi^touroagef  1^.  Gastrt* 

liim. 

Biètre.  557 

BiUobé.  M5 


TABLE  DES  MATIÈRES 

Bitche.  538 
Bith/oie.  559 
Biuia ,  f/.  Gléobis. 
Bitume.  539 
Biluriges.  J^^^ 
Bivalves,  V,  Coquilles."" 
Bivouac.  561 
Biaarre.  561 
Blacas-d'Âulps.  56  i 
Black.  56  i 
BUckstoae.  563 
Biair.  664 
Blaireau.  664 
Biaise  (saint).  668 
Blaisois,»'.  Bloîs. 
Bialui  (Kjberi).  666 
Blakc  (W>llia.n).  566 
Blalu»  (Joachim).  566 
Biame.  36  7 
Banc  (couleur).  567 
Blaa^; ,  Blau^Us.'!,  Blanc- 
seing.  568 
lilanu  (tuonnaic).  568 
Bla«o,  »/.  Leblanc 
Blanc  de  baleine.  569 
Blanc  de  plomb,  i^.  Gé- 

ruse. 

BUnchard.  569 

Blanche  (reine).  576 

Blanche  (la  mer).  670 

Blanchiment.  570 

Blanchissage.  .  571 

Blanchisseur*  r    57  i 

BUnc-mangor.  ^  57t 

Blancs  et  Noirs.  57 i 

Blaucs<»AlaaieaacK.  57i 

Biangini.  67i 
Blankenbourgyf/.  BmùS' 

wick. 

Blanquette.  573 

Bla^acrnes.  573 

Blason.  573 

Blasphème.  675 
Blé,  >/.  Céréales  et  Gra îns . 
Bléde  Turquie,!'.  Maïs. 

Blemmjres.  576 

fiksnde.  677 
Blenheim,»'.  Hochstâdt 

et  Marlborough. 

Blessîg.  577 

Blessures.  578 

Bien  (couleur).  579 

Blindage.  581 

filooh.  881 

Blockhaus.  581 

Blijcksberg.  58 1 

Blo^nfs.  5Hi 

Blois (étals  de).  58i 

filnmlield.  584 


ES- 

7W 

Cœar-de-Lion. 

Pif. 

Blon Jes ,  y.  Dentelles. 

Bloo.nfield. 

584 

Blouse  gauloist. 

584 

Blocher. 

588 

Bluette. 

587 

Bluiuauer. 

587 

Blumenbach. 

587 

BluUge. 

588 

Boa. 

589 

Boabdil,    1^.    Grenade 

(royaume  de). 

Boardofcootrol. 

599 

Bobolina. 

599 

Bocage. 

591 

Bocard ,  t*.  Pilage  et  Pi- 

bn. 

BoccabaJati. 

591 

Boccace. 

591 

Boccage  (  M  HFiquet  Du) 

595 

fiaochcrioi. 

593 

bocchelta. 

594 

fioohart. 

594 

Bochnia  (salines  de) 

594 

Bade  ( Jean -Elerl). 

594 

Bode  vJoan-Joacii  .-Chris* 

lophe). 

595 

Bodensee>  tf.  Constance. 

Bodin  (Jean). 

595 

BoJin  (Jean- François). 

599 

Boilcîennc,  u,  Biblio* 

thèque  et  Oiiord. 

Bbdmer. 

59T 

BoJoni. 

597 

Buècc. 

598 

fiœckh  (Auguste). 

598 

Bœckh  (Frédéric  de) 

599 

Bœhme. 

600 

Bœlimenrald,  l'.Petèt  de 

1 

Bohème. 

Boérhaave; 

êoi 

Bœrne. 

t80t 

Bœiliger. 

603 

fionif  (hist.  nat.). 

603 

Bœuf  (économie  agr.). 

604 

Bo&uf  gra^,  u.  CaruaTal. 

Bog  lanovitch. 

605 

BogJo. 

507 

Bo^do-Lama,  i-'.  Lama. 

Bogoiniles. 

dOT 

Bagoia,v.  Coloftttié. 

Nouvelle-Grenade. 

Bô^iisuwski. 

508 

Bohd.ne,  (géogr.  stat., 

htsi.  et  lut. 
Bohè.n.î(rortitde). 
Balii^inicus. 
Boliéiuoud. 
Boiar. 
Boîicdtt. 


tût 
619 
619 
611 
59i 
613 


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800 

Boîens. 
Boïeldicu. 
Boilcau-Ijesi^r^aux. 
BoVi  (bolanjque). 
Bois  {icéhnoL). 
BqU.(exploiiaiion,  etc»^ 

cbs),»'.  Forêts,  Goupefl 
' ,  'et  Aménagement. 
ISoU  (zoologie). 
Boit  sacrés. 
Boisseau.' 
Boisselier. 

Boisserée  (collection  de) 
Boissieu. 
Boisftoiiade. 
Bbissons. 
Boissj  (Louis  de). 
Boissy-d^Anglas. 
Boites. 
Bol  leux,  u.  Claudication, 

DifformiléjPiedrBot. 
Bokharah;»'.  Bookbarie. 
Bot. 
Boléro. 
Boleskf  (les). 
Bolingbroke. 
Bolivar. 
Bolivia. 
BoUandiste.    • 
Bologne. 

Bolonaise  (école). 
Bolswerl... 
Bombarde. 
Bombardement. 
Bombardier. 
Bombasine. 
Bombay. 
Bombe. 

Bonacotsi  (les). 
Bonald. 

Bonaparte  (famille); 
Bona|iarte  (art:bipelde). 
Bonaparte  (golfe). 
Bonavenlure. 
Bonbon. 
Bonchamp. 
Bon-Chrétien ,  r.  Poi- 

ripr. 
Bondi.  , 
Bondj. 

Bone,  f,  GoQStantine» 
Boner. 
Bonheur. 
Boni  face  (les) 
Boni  face  (jtapt's). 
Bonilace  (sa. ni). 
Boni  face  (détroit  de)* 
Bonn. 
Bonne  Déesse. 


TABUâ  DES  MATIÈRES.    . 


693 

Bonne -Espérance  (cap 

6Si 

de).   , 

680 

6i4 

Bonnet  (Charles). 

68i 

631 

Bonnet  (Louis-Ferd.). 

684 

633 

Bonnetier. 

Bonnets  (faction  des)  i^, 

Cliapcaujt. 

686 

Bonneval. 

686 

634 

Bonnivet. 

687 

635 

Bonpland. 

688 

636 

Bon  sens  ,  f .  Sens. 

6SG 

Bonstelten. 

688 

636 

Bonté. 

691 

637 

Bonxes. 

693 

637 

Boolen  (Anne de). 

69i 

639 

Bopp. 

693 

641 

Bora  (Cath.  de). 

694 

6il 

Borates. 

6^4 

643 

Borax. 

694 

Bord.    • 

695 

Borda. 

695 

Bordeaux. 

690 

644 

Bordeaux  (vins  de). 

097 

6itt 

Bordeaux  (duc  de). 

698 

645 

Bordée. 

69» 

6^6 

Bordereau. 

700 

647 

Bord«u. 

700 

65â 

Bordone. 

7(M 

656 

Bore, 

701 

657 

Borée. 

704 

658 

Borghèse  (princes). 

709 

660 

fiorghé«e  (villa). 

703 

661 

Bei:^a  (famille;. 

703 

661 

Borgia  (François). 

706 

66i 

Borgia  (Siefanq). 

707 

663 

Borgne,  w.V  isijCMi  et  Vue, 

66i 

Borique  (acide). 

706 

66.1 

Boris,»/,  (iodounef. 

663 

Borgou  (royaiimede). 

706 

664 

Borne,  Bornage. 

700 

605 

Bornéo. 

710 

671 

B9rnl)oIm. 

7it 

671 

Bornou  (royaume  de). 

711 

671 

BoiodiDO  ,  t^.  Moskuvra. 

67Î 

Borromée  (saint  Char- 

679 

les). 

713 

Bornimées  (iles). 

714 

Borroniini. 

715 

671 

Borsdorf,  «/.  Pommier. 

67i 

Borstell  (de). 

716 

Bor¥on. 

716 

673 

Bory-de-St.-Vincent. 

717 

673 

Borysthène,!/.  Dnieper. 

674 

Bosc 

717 

675 

Boscan  Almogaver. 

719 

077 

Bosch  (Jérùme  de). 

.  790 

67U 

Bascli  (Jan  van  den). 

790 

678 

Boscowich.* 

791 

679 

Bosio. 

791 

Boanie.         .    -,  729 

Bosphore.      .    .    '  753 

Bosphore  Cimméi^kn^  795 
Bosphore    (  namUmali- 

flue).                  *    '  798 

B(*Nage.  T99 

Bosse  (anthropoK).  790 

^  Bowe  (benuL-arU) .  799 

Bossi.  739 

Bossuet.  739 

Bossut.  754 

Bosiandjî.  73s 

Boston.  751 

Boston  (jeu  de).  735 
Bosworth  (bat.  de),  y, 

Henri  VU  et  Roses 

(les -deux). 

Botanique.  737 

Botaniques  (jardins).  748 

BotanjF-Bay.  759 

Bolhe.  753 

Bothnie.  753 

Bothnie  (golfe  de).        '  758 
Botkvrel    (  James -He- 

phurn ,  comte  de)  tf. 

Marie  Sluart 

Botooûdes.  754 

Botta.  754 

Botzaris  (les).  756 

Bouc  757 
Boucannicr,  i^.  Fliëttttier. 

Bouchardon.  757 

Bouche.  758 
Bouche  à  fen ,  (/.  Boa- 

ches  à  feu. 
Bouche  du  roi.  76 1 
Boucher,  Bouckertè.  76 1 
Boucher  (François).  769 
Boucher  (Alez-^-Jean).  769 
Bouches  à  feu.  7«S 
Bouches- du-Rhône  (dé- 
partement des).  764 
Bouchon^  Bouchoonii^.  766 
fioucicaut.  76i6 
Bouclier.  767 
Bouddha ,  Booddhijme.  768 
Boudin.  785 
Boudoilr.  766 
Boue.;  786 
Bouée.  767 
Bouffes,  vojrex  Jtalieg 

(théâtre). 

Bof4(ooB.  787 

Bouliers  (famille  de).  769 

BouÛers  (ducde).  790 

Bouliers  (marquis  de).  796 

BouUers  (chtcvalier  de).  790 

Boug.  791 

Bottgainville.  799 


[  Dx  1,4  tàbls  dis  1UTIBM8  DU'TOMB  nu^iMiiu. 


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J 


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