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iMPaiMi
PAE LA PBKiSE MÉCANIQUE DE B. DUVBaGBR,
RVI Ml TIMHIVIL, H* 4.
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ENCYCLOPÉDIE
DBS
GENS DU MONDE,
REPERTOIRE UNIVERSEL
DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS;
AVEC DES NOTICES
SUE LIS PKIMCIPALBS FAMIULM HISTORIQUES
ET SUE LES PEESONHA6ES C^LiEEES, MOETS ET TITAIIS ;
PAR UNE SOCIÉTÉ
f»B SAYAHS, »■ LITTÉRATBUIII IT b'aATIITBS, WAAUÇAU IT iTRAECMlS.
TOME TROISIÈME.
PARIS.
LIBRAIRIE DE TREUTTEL ET WÛRTZ,
RUE DE LILLE, M* 17;
sTaAsiome,cuiiD'*ii>, ii° 1S. — i.okdrm, so, soao-tQOA».
1834
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a,c <?/
PEQfiANCXFUND
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SIGNATURES
DES AUTEURS DU CINQUIÈME VOLUME.
BIM.
Aixou C N. A.
Ajtdsba. ••••••••• G.E.A.
ÀUBULGIUL H. A.
lTBZAc(de) *A
BiGiH(àMeU) KA.B.
BE1LGB& DS XlY&ET. ... J. B. X*
BEEm (Michel) M. B.
Bbatiixb. • • • s. A. B.
BoiLBAU (à LoDdres). • . D. B.
BoISSABlO •• B-D.
BouukTioirisa J. B-&.
BftADi(M™*laoomteMede) L. C B.
Cahxh ••..•• S.C.
Câx«tiiioht (de) A. dk C
CAmmTTX (le tieiit.-oolonel). €-tx.
Ckambobb&t (de) P. C.
Clafsteozt. G-OK.
CocTBAir. T. c
Co&BiiBS (Éd.y aa Hayre). £. C.
Conrai P. A. C
CouRiroT A. C.
Caol (Baoul de, à LaGaer-
che). •••••••••. ILd.G
Ci7TiB&(Rod.) R.G.
Dauhou D-N-U.
DiABDi. D.A. D.
DsLBAUU Th. d.
DBPmro D-o.
DiaoDS. D-s.
Dubois. •••••••••• N. A* D*
DuFAU. P. A. D-
DuKBmaAV D. M.
DUTULOIBB. J. B. D.
Fayot. F. F.
Fins (fiU) E. F-s.
GoB^p J. J. G.
GoLBiBT (dt, à Colmar). • P. G-t.
MM.
GOCBAUX. . .• . G-x.
GuADBT. . .■ .• .;;;;■. G-T.
Gunxow (l'éf éque). ; ; ; . MiN.S.Gf .
Haussâbd. •;;;;...;* H-d1
HuoT. J. H-T.
IZAEK. ' J. I.
Jal. •• A. J-L.
Jahik (Jules) J. J.
Laboudbbib (Fabbé de). . . J. L.
Lafaist (à Orléans). . . . L-f-t.
La Noubais (de) L. N.
LATiNA (J. de) J. L. T. A.
Latbbohb
Lbdhut.
Leobaxd
Lbpan
P. L-E.
L. D.
A. L-D.
L-K.
LeRot Ow. L. B.
Maccaetht J. M. C.
Maoendib. M-IE.
Maechal. Ch. m.
Mattee. M-E.
Mbliss. , M-8I.
MoLiow (de) ...... . V. deM-n.
MoEAwsEï (Théodore). . . Th. M-ei.
Naudet N-T.
OOEET M. O.
OzENiTE (M"* Louise) ... L. L. O.
Paquist (à Bourges). . . . P-st.
Paeis (Pkulio) P. P.
PÂeisot (de la marine). . . J. T. P.
Paeisot (Valérien) Val. P.
Pelouse (père).
Peeuot
PlTEliWXCE. • •
QUESRiL • • • .
Ratiee. • • • •
Ratmovd • • •
P-EE.
P-T.
MP-E.
J.L.Q.
F.R.
F. R-D.
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LISTE t)ES COLLABORATEURS.
BOL VBL
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ENCYCLOPÉDIE
DS8
GENS DU MONDE.
•■•f — ff i»iji»i»»»gi»f f — ■■■■ i»i»f ■■fi>i«i«t«
B.
BAPHOMÈTE est le Dom d'un sym-
bole des Templiers ( w^. cet art et les
Templiers de Z. Werner). Le reproche
qu'on faisait aux membres de cet ordre
d*a¥oir un certain penchant vers l'isla-
misme, fit prendre dans l'origine ce sym-
bole pour le nom retourné de Mahomet.
Dans plusieurs collections archéologi-
ques, à Vienqe et à Weimar, par eiem-
ple, se trouvent taillées en pierre des fi-
gures réunissant les caractères des deux
sexes, ayant deux tètes ou seulement
deux faces, ressemblant à un homme bar-
bu, aux formes d'ailleurs toutes féminines,
et ordinairement environnées de serpens,
du soleil, de la lune et d'autres attributs
extraordinaires, avec des inscriptions , le
pins souvent rédigées en arabe. M. de
Hammer, dans ses Fundfpmhen des
Orients, a déclaré regarder ces figures
comme des idoles du Baphomète des Tem-
pliers. Il a cherché à prouver à l'appui
de son opinion que ces chevaliers dont
déjà il avait cru trouver les rapports iivec
les Assassins {'voy,)^ adonnés comme ils
l'étaient au gnosticisme et surtout aux
pratiques des Ophites {voy.)y s'étaient
rendus coupables d'apostasie, d'idolâtrie
et d'immoralité. Il rapporte la plupart
de ces inscriptions à la Mété, à la Sophie
ou à l'Achamot Pmnicos des Ophites,
représentés, selon lui, sous les deux sexes,
comme symboles de la volupté contre na-
ture, et comme principe de la sensua-
lité. A l'appui de cette hypothèse il rap-
pelle tout ce qui , dans les accusations
portées contre les Templiers et dans
leurs propres traditions, a quelque rap-
Encjclop. d. G. d. M. Tome III.
port avec les idoles et les têtes de Ba'^
phomète, pour soutenir l'imputation de
gnosticisme qu'il leur fait. Baphomète,
selon lui, doit signifier le baptême de
Mété, le baptême de feu, le baptême
gnostique, une sorte d'illumination spi-
rituelle qui, chez les Ophites, était inter-
prétée d'une manière sensuelle, comme
le mélange des sexes. L'opinion de M.
cte Hammer fut attaquée , entre autres par
M. Baynouard, le défenseur des Tem-
pliers , qui démontra dans le Journal des
Savons (mars 1819) que l'ancienne in-
terprétation du mot Baphomète i comme
ayantla même signification que Mahomet,
était la seule acceptable ; et M. Sylvestre
de Sacy a été du mêaie avis. C. L,
BAPTÊME. Ce sacrement est le pre-
mier que l'église chrétienne confère a
l'homme. Elle le saisit d'ordinaire à son
entrée dans la vie, pour lui imprimer le
sceau de la régénération, le reç^tir de
Jésus-Christ y selon l'expression de Fa-
pâtre, le marquer du caractère de chré-
tien, et, par les touchantes cérémonies
qui l'accompagnent, lui apprendre que
nous sommes nés au sein de la corrup-
tion, qu'un joug de péché et de misère
pèse sur les enfans d'Adam , qu'il fallait
à notre nature dégradée un médiateur
dont les mérites ineffables pouvaient
seuls opérer notre réconciliation, nous
diriger par sa lumière dans la voie qui
conduit à la patrie céleste, d'où nou%
sommes déchus; quelles sont enfin lec
magnifiques espérances auxquelles nous
sommes appelés , si nous sommes fidèles
aux engagemens stipulés par nous ou pour
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BAP
nous. Telles étaient les ^ves instructions
que les pàr«s <|es pr«mier| s|(c|es don-
naient à ^^fi qtii i^ préparaient au fiap-
téme.
Autrefois il était différé, souvent même
jusqu'à un âge avancé. Constantin ne le
• reçut que peu de temps avant sa mort.
Tous ne naissaient pas chrétiens ^ ceux
qui le devenaient s«n|b|aifni ^lora se
dévouer au martyre. Le baptême en était
l'initiation; il fallait le demander, l'at-
tendre long-tempa, «l an être jugé digne.
On s'y préparait par les exercices du ca-
téchuménat, qui durait plus ou moins
de deux ans , selon les dispo^tions de
l'aspirant; c'étaient des épreuves néces-
saires pour s'assurer d« la foi et des
inœurs : méthode dont «f^in( Augustin
justifie Tesprii daha un excellent traita à
ce sujet ''. Il y avait d«ux sortM d^ ea^
técbumènes, les audi$eurs et les compé-
tens. Les premiers assistaient «uk pré-
diGaUon%oonuiiunçs dont les paieoa eux-
mâines n'étaient pas exclus, mais ils ne
participaient encore, ni à la prière pu^
blique, ni à la coBBaiasanue de la litur*
gie sacrée; et d^ là viept ce secret des
mystères dont il est tant parlé dans nos
anciens monumens; de là cette formule
qui se rencontre si fréquemment 9 par
laquelle le diacre avertissait les catéebtt»
mèoes de se retirer de l'église avant la
récitation des prières. Les seconds , après
avoir donné au commtnoenent do ca-
rême leurs noms à l'évéque et £ut CQ»*
nakre le désir de recevoir le baptême au
temps donné, étalent soumis à des éprt u-r
ves rigoureuses; et, quand ils avaient fouvr
ni leur temps de noviciat, \U recevaient ^
avec l'imposkion des mains de l'évéque^
le nom de compétens et ^ébujqax Itur
donnait l'espérance d'être a«kais am aa*<
crament. Dans l'intervalle, en les examirt
sait et on les iBsnr^isait pln# à fei|d; on
leur expliquait roraison dominicala e|
le symbole , partioulièremoBt les mys*è-r
res, les demandes qui Venr tevaieat faûlea
et les obligatioBs qo'ik afttrateat à eoufr
tr^ciei!. Nous avona encore grand nom*-
bre de oea instructions, faites par les pkia
aavans et les plus pieux évêques de oct
temps-là, suint Cyrille de Jérusalem >
ihki\un choÎM àm Pèr^ «k V, l'sbhé Guillg^ ,
t. XXII , pag. 3oa «t saÎTaatet.
(2)
BAP
saint Basile de Césarée, saint Crégoire
de ^aaianxe, saiet Grégoire de Nysse,
^iet Auguftin , saint Jean-Cbrysostôme;
et dans leurs écrits toute la doctrine du
baptême se trouve développée.
Le baptême s'administrait avec pompe
la veille de Pâques ou de la Pentecôte.
Eéguliè^ement on ne baptisait qu'à ces
deux solennités; mais on baptisait en tout
temps ceux qui se trouvaient en péril ,
lorsque la vie était menacée par la persé-
cution eu par une maladie grave ; ce qui
introduisit peu à peu l'usage de baptiser
les enfans nouveau-nés. Nous en voyons
des exemples dès le temps de saint Cy-
prien. La description des cérémonies du
baptême qui se lit dant saint Ambroise
suffit pour en constater et la haute anti^
quité et la parfaite conformité avec celles
qui se pratiquent encore à présent.
Le jour arrivé, l'évéque ou le prêtre
délégué par lui accompagnait l'élu à la
porte du baptistère {voy,) et lui touchait
les oreilles et les paupières en prononçant
le mot hephpheta, qui veut dire oun
vrezrvousy àl'exemplcdu Sauveur dans la
guérison de l'aveogle-né. On l'interro^
geait sur la foi, en lui faisant réciter le sym^
bole des apôtres. Après l'imposition des
mains et les exordsmea, il était introduit
dans le baptistère ou saint des saints.
Là , il renonçait au démon , à ses pom-»
pes, à ses œuvres, tourné d'abord vers
l'occident , image des ténèbres, puis
vers Forient, symbole de lumière; le
célébrant faisait la bénédiction de l'eau,
pour indiquer tous les mystères de l'É^
criture, la création, le déluge, le pas-
sage de la mer Rouge , la délivrance de
la servitude d*Égypte, la nuée, les eaux
de Mara, Naaman, et le paralytique de
la piscine. On y plongeait le catéchu-
mène jusqu'à trois fois, nommant à cha-
cune l'une des personnes de la sainte Tri-
nité. A ce moment il était purifié de toua
ses péchés. Toutefois le baptême par
aspersion était jngé suffisant en cas de
nécessité, comme pour les malades- Au
sortir dn bain sacré, l'évéque faisait au
baptisé l'onction sur li^ tète. Dana quel-
ques endroits on lui lavait ks pieds;
usage particulier à l'église de Biilân, et
on le revêtait d'une robe blanche, sym-
bole de la pureté dont il s'engageait à
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nup (S
Uin um plot bel orDemem, H éuit tcna
4e U porter durant la temaîoe entière.
Avec le baptême, on recevait aiMsi la
^jraee de rEsprit-Saint, Vous avez ^é»
dlsait*on au Y catéchumène», yai» en poa^
•Mêion de la grâce et re^du* participai^
de rEiprit-^int: ce q^f tpn» Boi docteuft
entendent par le sacrement de confirma*
tion. « Lea Uptiaéi, dit TabU Fleury»
étaieni présenta à l'év^ue» ft» pv If
prière et l'impoeition des ivainf , ^la r»*
cet aieni le Saipt-Esprit , c'eet'à-dirf (^
oonfirmatiofi, » On meU^ dan^ la rofin
du néophyte un cierge allumét «i symbole»
dit 9aiia Cyrille de Jémaalemi de Tef-
dfor de la Ooi qui doit éclairer «a rai-
fon et échauifer 90a cœur. >» Ainsi reooor
vêlé et fortifia, ii narcbait yeri l'autel
pour y reoçvpir Teucbariatie, ^ anûater
pour la preqûère fois au aain^ sacrifice.
On faisait manger i^uhl nouveaux bapMtée
du lait et du «ûel, pour oHUXiuer l'eur
trém dans la terre promise ^ l'enluMe
epirituelle, p^rce.que c'^it 1^ première
nourrilure des enfans fevrés* Ou leur
in»pqeai( pn noin particulier , celui d'un
«pdtre pu d'up «ainl qui alUi( dev^
BÎr leur protecteur dans le ciel et dont
iU prov^ttaieot d^imiter les vertus sur
la terre, en même temps qu'op leurdou-
nait des parrains choisis pfiniû Imits pa-
reus. Saint Jeau-Chrysostôme ««us ap-
prend ^'iU étaient aussi dans l'usage de
porter, au moins uu pertiua tempsy IV
vangilé smnifpdu à leur euu» mettmtt
leurs engagemena sous Ja seuvegarde
du livre divip.
Pendant les douée premiers Racles de
Téglise, dans l'Orientât dans l'Ocoîdent,
on baptisait coaiaiunément par immar-
•ioa. Cependant on croit avec raison que
les apdtres baptisèrent par aapersion les
3,000 et les Juife qui crurent en Jésus-
Christ et qui fureni baptisés dans un
jour, comme il est dit aux 2^ et 8^ cha-
pitres du livre des Axâtes. Aujourd'hui
on baptiae par l'iofusion de l'eau faite sur
la tète de l'eufaul, daps l'égUse d'oeci^
dent; car les Greos baptisent enoere au-
jourd'hui par immersion , an moiae pour
l'ordinaire. Les Maronites emploient in-
difttremmeut l'uu et l'autre usage.
Im forme du baptême chas U» Grées
uil conçue eu ces teruMs : SagHiuiUtr
) BAP
S0mis (vels0tva ) Da', in n&mn$ Ptt*
trif t et FUii, et ^intu4-Stmcti, 4uw^^
Chea les (^tios : £go tp baptUo^ in aor
mi^e^ etc, Toute autre formule serais
illicite ^ ipefficaceè (etin yeu9t« ]> mi-
nîslre ordinaire dp baptême solenodi
c'est l*évéque op la prêtre | c'est-a-din^
le auré ou un autr^ prêtre délégué par
Ipi ou par l'évéquar IfCmiuMlre eptraor-
dinaire» c'est là diacre avec U P0>9milr
sipn des paitems dp premier op dp s^xmd
prdra. Dans le cas df uécaMÎtéi c'etH-
dire qpaud pue pysopua est eu davfffr
df mourir eens beptéme» tout homme^
même bérétîqua, eMompuuùét jpif oq
paîeo» et tonte fem^ieypevTaut donner va:*
lidemeot et licitement le baptême, pourvu
qu*ilf aiep^ l'intentiqn de faire ce que fai(
l'égliie eu administnut of sapirmept <$
qu'ils prouppfeut i|p p#r^ eousaarées
eu Tersapt Teau*
C'est np dagme 4« hl M çbrétienua
ipie le baptême es|t d'ppa abajohm néc^a^
«Ué ppHT k salut, mais qu'il peut étrp
suppléé dans les adultee païkj^ martyres
Quapt aux anfiius morts vm bapl^e,
nops pepsona, comme la plus grapde par-
tie des ihéologieps catholiques, qp'ii y a
de la témérité à lei popdamuer à up chê-
tîmeut qu'ils p*ont point mérilA Four fe
«opvaiuare que U aort des epfana morts
saua baptême u'est pas eabù des adulte^
qui out ah«^ de Ifur liberté et de la
graee» il n'y a qu'a Iw laa mptifr 4p jp-
énopeés dans rÉvaugiU S PU vurra que lae
enfans n'y «ont pa» amnprif* Quel qu^
sntt leur état et omm^Xom»^ peine an'ils
w^^^^ ww^^^m ^r^^^» ç^ ^^n^*^^^^r7 ^▼^^^^ ^^^^ ^^^
pnimaut au resseutir, Us pt «opt paaasr
sua usajbeiuraus^dil aaipt AÎwa^f ppur
ue nas muarder l'riistenne eomme un
hieulalt. SaÎPt Thumu, faw^ Gr^oirp
de Jîaiiaaxa» saiut Gtégoire de j^ysse,
ont établi la mêm^ dacftripe* S'il y a dde
thénAtTifiM oui uensmt autrement* e'est
uu sentiment paiticulîev qui p'est rien
umiae qu'une déciaîou da l'égU^a ; ik
a'eugageat sans dpute à la aoiPMilitf aaec
les notiana que nous avons de la divi^
nité. M.N.S. Gf.
BAPTlmSDBftAl&Lmpremiaia
chrétiens raaonuaissaieut trois sortes de
baptêmes ; T le baptême de l'eau , qui
eat œlui que J.-C institua sur Im bords
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ÉAP
(
du ïoardaio ; )^ le baptême de la péni-
tence qu'il fonda au Calvaire en pardon-
nant au voleur converti ({ui mourait à
son côté ; 3^ enfin le baptême de sang
qu'il institua encore en consommant le
sacrifice de sa vie sur la croix. Ce der-
nier baptême n*est donc autre chose
que le martyre (voy.). Pendant les pre-
miers'siècles du christianisme y beau-
coup de néophytes périssaient dans les
tortures avant d'avoir reçu le baptême
de l'eau; mais, aux yeux des fidèles , le
supplice lui - même leur tenait lieu du
sacrement qu'ils n'avaient pu recevoir.
« Au baptême de sang, écrivait saint Au-
gustin, le prêtre est remplacé par les
bourreaux, l'eau par le sang, et l'impo-
sition mystique des mains par les tor-
tures. » f^or, MaetyIie. D. a. D.
BAPTÊME ÉQUATORIAL ou
TROPICAL. L'antique cérémonie du
baptême maritime a perdu depuis quel-
que temps, comme les cérémonies de
bien d'autres cultes, une partie de son
ancienne solennité.
Autrefois le jour du passage sous la Li-
gne ou sous le tropique était une fête
que Tfeptune donnait aux marins. Une
ou deux semaines à l'avance, tout l'équi-
page se préparait à célébrer dignement
l'entrée du vaisseau dans le domaine des
divinités équînoxiales. Le gros gabier,
chargé du rôle du dieu des mers, tressait
sa barbe d'étoupe , apprêuit le harpon
•qui devait lui servir de trident On bar-
bouillait de peinture noire ou de gou-
dron les petits mousses destinés à devenir
lesTritons de Neptnne.Un vaste autel était
érigé sur le gaillard d'arrière pour rece-
Toir le serment des néophytes, et les
pompes à incendie du vaisseau étaient
anssi montées sur le pont pour inonder
de l'eau du baptême les catéchumènes qui
se disposaient avec une certaine bra-
*voure à recevoir l'inévitable aspersion.
Aujourd'hui cette liturgie a été un peu
simplifiée à bord de la plupart des bâ-
timens , au grand regret des prêtres du
dieu des mers qui vivaient aussi un peu de
l'autel. Les choses se font bien encore
«vec un reste de leur splendeur passée ;
mais en général on se contente d'admi-
nistrer le baptême, le plus promptement
<c|u'il est possible, sans trop négliger ce-
4) fiAt^
pendant les formes essentielles ducult<;.
Lorsque le navire se trouve sous la Li-
gne ou sous le tropique , quand il ne doit
pas passer sous l'équateur, le dieu Nep-
tune monte dans la grande hune. Le ca-
pitaine se tient sur son banc de quart.
Le dieu demande au capitaine , au moyen
du porte-voix, le nom du navire, le lieu
de son départ, celui de sa destination , le
nombre des gens de l'équipage et des pas-
sagers , le nom surtout des individus qui
n'ont pas payé leur tribut au souverain
du vaste empire des mers. Après ces
questions et les réponses d'usage , I9 dieu
Neptune se met à grelotter de froid et à
faire pleuvoir sur ses nouveaux sujets une
grêle de pois verts et de haricots secs ,
météore précurseur de l'aspersion qui
s'apprête. La satumale maritime com-
mence alors. Chaque néophyte, les yeux
bandés, est conduit vers une large baille
ou moitié de tonneau , remplie d'eau. Il
s'agit de le raser : qu'il ait ou non de la
barbe ; un sabre de bois dit l'office de
rasoir ; une eau farineuse ou une mixtion
de goudron sert de savon. Le grand-
prêtre, ou le dieu lui-même, reçoit la
confession du pénitent, et, à un signal
donné, le pécheur est plongé impitoya-
blement dans la baille sur laquelle il
s'est assis. Les pompes et les seaux
d'eau font le reste, et pour peu que la
rétribution allouée par le néophyte à
son confesseur ait été jugée trop faible,
on peut croire que le baptême ne man-
que pas d'être copieux.
Cette grotesque cérémonie, empruntée
aux usages les plus anciens de la naviga-
tion hauturiêre, se termine par une dou-
ble ration accordée par le capitaine, et
par des danses sur le gaillard d'arrière.
La liberté la plus entière est accordée ce
jour-là aux gens de l'équipage ; la disci-
pline austère du bord ne reprend sa verge
de fer que le lendemain , époque inflexi-
ble où le trident de Neptune cesse d'être
le sceptre du monde. Le jour du passage
sous la Ligne ressemble aussi à ces fêtes
romaines pendant lesquelles les maîtres
servaient à table les gens de leur maison.
N*oubUons pas de dire que quelque-
fois , pour compléter le burlesque de ces
petites saturnales du gaillard d'avant , les
matelots essaient de faire voir la Ligne
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BhP (
éqoinoxiale mnx paasagen cnsdules , eu
plaçant diamétralement un cheveu sur
Tobjectif de la ]ongue--vue qu^ils leur pré-
sentent de Tair le plus risiblement sé-
rieux du monde. £. C
BAPTISTE. Les deux frères de ce
nom ont, dans des genres bien difTérens,
tenu long-temps une place distinguée au
Théâtre-Français.
M. Baptistb aùié débuta 9 en 1791 ,
au théâtre de la rue Culture~Sainte-Ca-
therine , au Marais, l'un des nombreux
spectacles qu'avait fait édore le décret
de VAssemblée constituante, qui rendait
libre Pexploitation des entreprises dra-
mttiques. L'imitation faite par Lamarte-
lière, des Rœuber de Schiller, sous le
titre de Robert^ chef de brigands, attira
tout Paris à ce théâtre. M. Baptiste y
remplissait le principal rôle, dans lequ^
sa taille presque colossale ajoutait beau-
coup à l'effet qu'il y produisait. Biais son
talent avait d'autres ressources, et lors-
qu'il entra l'année suivante au théâtre
Âïide la Réptdfiique, l'une des fractions
de la Comédie française, son aplomb,
son jeu toujours soigné, son tact pro-
fond , sa rare intelligence , ne tardèrent
pas à l'y placer au premier rang. Toute-
fois, quelques désavantages physiques et
un son de voix sourd et nasal, que ne
pouvait entièrement dissimuler sa dic-
tion habile , nuisirent toujours un peu à
ses succès dans la tragédie. 11 en obtint
de bien plus prononce dans la comédie
et le drame. Aucun acteur n'avait mieux
joué le Glorieux, et l'on se rappelle la
supériorité avec laquelle il cr^ le rôle
du capitaine dans les Deux Frères , de
Kotzebuë. Après la réunion des artistes
de notre première scène et la réorgani-
sation complète du Théâtre -Français,
Baptiste atné continua d'y mériter et d'y
obtenir la faveur publique. Dans les pè-
res, dans les raisonneurs, et même dans
une partie de ce qu'on appelle lespre^
miers r6les, l'ancien et le nouveau ré-
pertoire trouvèrent en lui un interprète
également distingué.
£n quittant la scène, il y a plusieurs
années, M. Baptiste ne cessa point de
se rendre utile à l'art dramatique. Il se
▼ooa entièrement à ses fonctions de pro-
fesseur à Técole royale de déclamation ,
5) BilP
qu'il a remplies pendant long-temps avec
autant de zèle que de talent Ses leçons ,
toujours dirigées par le goût et Tinstruc-
tion , ont formé plusieurs artistes recom-
mandables, non-seulement pour le théâtre
auquel il avait appartenu, mais pour nos
grands spectacles lyriques , où le public
français aimera toujours à trouver réuni
au mérite du chanteur celui du comé-
dien.
M. Baptiste cadet, en partageant de
bonne heure le goût de son frère pour le
théâtre, se sentit entraîné, dans cette car-
rière, par ses dispositions naturelles, vers
un but tout opposé. Avant d'arriver au
comique il passa par le bouffon , puis-
qu'il commença par jouer les niais au
spectacle de M*^ Montansier. U y fut le
prédécesseur de Brunet en créant le type
des Jocrisse* C'est là aussi que ses mots
plaisans, ses lazzis burlesques dans le
r61e de Danières , firent, d'une comédie
de Desforges, l'amusante farce du Sourd,
Après avoir fait partie pendant quelque
temps du théâtre de la République, qu'il
avait quitté en 1792 pour celui de Fey-
deau, il fut, à l'époque de la réunion
dont nous avons parlé plus haut, rappelé
au Théâtre-Français pour y tenir en chef
l'emploi des eorniques. On sait avec quel
succès il s'en acquitta. Si dans quelques
rôles qui prêtent à la charge , tels que
celui de Thomas Diafoirus, on retrouve
encore parfois quelques traces de bouf-
fonnerie, il sut dans Bazile, dans Bri-
d'oison , dans l'Intimé des Plaideurs, et
dans une foule d'autres rôles , se mon-
trer à la fois l'acteur de la vérité et de
la boune plaisanterie.
Depuis leur retraite les deux frères
ont reparu quelquefois, soit au Théâtre
Français, soit dans les représentations à
bénéfice, et les nombreux comiques de
nos spectacles ont pu trouver dans leur
jeu naturel et franc, des leçons qu'ils ne
peuvent que gagner à mettre en prati^
que. M. O.
BAPTISTÈRE, lien destiné à la
conservation de l'eau baptismale et à l'ad-
ministration du baptême (vojr, ce mot).
Le baptistère de Jésus fut le Jourdain.
Ses premiers disciples n'en eurent d'à-
Ibord pas d'autre. Bientôt cependant ils
se servirent de toute rivière , de tout lac
/
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SAP
(
baptéitté. P^alei de t^eàa, tlit reùAtkque
âé la i^ine Ôittdace i Pfaillp))e, qu'est-
ce qui empêche quéjt sais ImpHsé? H
tu Alt de méine de le(ii*8 sueéé^seurs,
fàttt que r&titoHtë répoUsM le chHstia-
xAstiit et pfosa^tit l'etcfréice publié de
éon <iul(é. Maïs aus'sltôi qu'il fut permis
àutchrëdeM débAtli" des églises, iIs<ïon-^
struisirent, tout auprès des cathédrales ,
des édiicdi qtl'bn appela baptistères,
piseihesytieux^ilhitnittatiottj êfe.yaiiisl
que lé Xémàîf^ebt «alut Cjtille dé Jéni^
éalém , «aint PàtiHii dé Hol6, saint Aîi-
gustltt, et d*atttreè P^réa.
IfouB ifoyiois dans Ici Mte»rt des
Chrétiens, par Vihbé Fleiiry, HT par-
tie, chap. xmtj ce que e*éta!t qtie lea
anciens baptiëtèi^eis. <i Lé baptistèi% , dit-
il , toi t d^ôrdibaire bâti en rôtid , a;f ant
un enfbuèéttiéht ah Ton deécêndâit par
quefques marche^ pour entrer dauii feati,
car c'était proprétnetit un bain. Dépuis
on se contéflta d'une grande cuve de mar^
bre ou de porphyre, comme une bai-
gnoire, et enfin on se réduisit k un bas-
sin éomme sont aujourd'hui les fonts. Le
baptistère était flUsîtl orné de peinture
(^nvenàblés à ce itaéreibent, et gftrni de
Stupeurs vfcSés d'or et d'argent , pour gar-
er les saintes htilles et pourterser Teau.
CéffiL-d éuîent souvent en forme d'à-
gnéatnt od de eerfs, pour représenter
r Agneau dont le sang nous lare, et pour
marquer lé désir des âmes qui cherchent
Âiéu, énmttte itn cerf altéré cherche une
fontaine , suivant l'étpresslon du nsanme
xti. On y voyah aussi limage de saint
Jean-Baptiste,et une eolômbe d'érou d'af-
gent, sn^pendtle sur le bain Saeré, pour
mieux i^préséntef toute l^lstotre du bap
téAé dé lésuà-Ghrist et lA vettn dn Saint-
£sprtt qui deséend sur l'éau bkntbmale.
Quél(tus4ms Même d&sideut U Joardath
ptfuf dire tes fonts. t>
On sent Men que eette descriptiott des
baptistères ne convient pas à tous sans
étcéptlôn. En diverses ctreonsunces et
dans divers payé, on en revint aux fon-
taines , au« lacs et Éitit rivières , comme
dans Ia primitive église et sous le beau
ciel dé f Orient. Lés GermAins, eonvertls
Er le glaive deCharlemagné, trouvèrent
I baptiitère» dans les fleuves de leur
ê) ÈAh
pty9. IM t^réht ufle aboAdaàte iihmer'
siota, comme si la quantité d'eau devait
suppléer à la fkîblesse de ta foi ! d'autres
Airent copieusetoient aspergés sur les
bords de ces mêmes fleuves. Insensible^
ment les baptistères furent restreints dans
l'enceinte des basiliques et en firent par^
tie. Ce ne fbt le plus souvent que des
chapelles disposées à l'entrée dés églises,
au milieu desquelles s'élevait un bassin
de pierre, propre k contenir l'eau bap-
tismale. Cest ce que Ton voit générale^
ment dans les étau qui professent la reli-
gion catholique, si Vùh éû excepté quel-
ques contrées d'Italie, od l'on trouve en-
core des baptistères séparés.
Maintenant lé baptistère n*est pas seu-
lement le Heu où l'on confère le sacre-
ment du baptême ; On donne encore ce
nom AUX fonts baptismaux*
L'acte de baptême est également ap-
pelé baptistère , dans le langage du peu-
ple. J. L.
BAt^STES , voy. Ah abà^tistks
£¥ MÈinioiriTCS.
BAR TcoteTi, puis nocné tt). Le
BarroLi, le cdmté ou duché de Barrois,
hAbité du temps des Rortialns, puisque
plusieurs villes dont il i^e reste aujour-
d'hui que des ruines y florissatent, a fait
long^temps partie du pays des Leuqaois,
sous lé nom de Pagns Bàrrensis; il fbt
ensuite enclavé dans le vaste royaume
èiAustrtuié; et, à l'époque du partage dé
l'aneién royaume de Lothatre, par Bru-
non , qui ne pouvait régir seul un pays
aussi étendu, le Barrois concourut \ for-
mer la Bante^ Lorraine 6it le dttehé de
Mkisellûhe, appelé ainsi parce que la
MoAelle la traversait depiiis sA sdnrce
jusqu'à son embouchure. Le Barrois eut
ainri une Suite de comtés, petl connus
dans l'histoire. En %h%y Frédéric d'Ar*
denne, eomte de Bar, qui avait épousé, en
§54, la princeaàé Béatrix, fille de Hn-
gues4e-Grand et nièce dti roi Othon et
de l'archevêque Btiinôd, devint duc bé*
néfider de la Hatité-Lôrt^ine, é'est-à-
dire gouverneur à vie d'une province
qu'il tenait en fief de l'empire d^Allema-
gne. Il mourut en 984, après avnir élevé le
château dé Bar et détruit une infinité de
fbrteresses qui occupaient toutes les hat^»
tenrs depuis l'invasion dés Huns, et ^er*
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BAR (7
▼aicBl d« réptirés à àei brlutMdi oontre
iMquehte brisa phiid'utie fois la puissance
impériale. Frédéric I^*" eatpotir fib et suo-
cèsséor Théodoric I*'* A celui-ci succéda
Frédéric II, qai ne laissa que deux filles,
dont l'aînée, la comtesse Sophie, épousa
Louis de Montbelllard, père de Thierri,
souche de la seconde maison de Bar. So-
phie gouvernait en 1048, époque mémo-
rable par farénement de Gérard d'AI-^
ue^ an trAne héréditaire de Lorraine ;
elle s'associa sort fils, Thierri n, qni
épousa Ermentmde, fille deOuîllaume II,
duc de Bourgogne, et prit le titre de
coMte qn'atalt déjà porté son père. Bar,
doflt IVxistence' parait remonter au ▼*
fiède, et dunt les coteaux étaient déjà
cultivés et couverts de vignes sons le rè-
gne de Childeric 1*', s'agrandit dans le
cours du XI® siècle; les comtes attirèrent
des hablUns Autour du château, en leur
accordant des franchises; On eoupa les
bois qui l'environnaient; les citoyens les
plus opulens s'jr transportèrent et bâti^
rent la ville haute. Renaud 1®', prince
vaillant, dont la vie fut une suite de pros-
pérités et d'infortunes, mort en ermite
au chftteau de Mouçon ; Hugues I*' son
fils, qui porta sa bannière en Palestine;
Henri I*', mort an siège d'Acre, dans
Tarttiée de Philippe-Auguste, lorsque sa
mère, la princesse Agnès, luttait avec
énergie contre l'évéque de Terdun ;
Thiébàutl*%prince turbulent, fanatique,
croisé contre les Albigeois , se succédè-
rent dans la pq^session souveraine du
Barrois. Henri II, fils de Thiébaut, allié
de la France, fit des prodiges de valeur
à la bataille de Bouvines; mais ce bouil-
lant courage fut plutôt chet lui un vice
qa*une vertu. Il ravagea la Lorraine,
brâlA 70 villages dans une seule etcur-»
siofi et pérît en Palestine, près de Gaza.
Thiébaul U , etcommunié par Févéqné
âë Mett tfa*\\ avait ftrit prisonnier, relevé
de Tinterdit au concile de Lyon, tonjocTra
en lutte avec ses voisins, obtint pour son
Ûh Henri III hi jeune Alîénor, fille
d'Edouard I*', roi d'Angleterre, et se
ménagea ainsi un puissant allié. Henri
embrassa le parti des Anglais contre
Philippe-le-Bel et ravagea la Champagne.
La reine Jeanne de Navarre tnâlrcha oon-
ite lut, te prit «t le fit conduire à Bruges.
BAR
Ce fut dam sa priion qu'il aigna 11 pro-
messe de faire homoMige au roi de tout
ce qu'il possédait sur la rive gaocbe de
la Meuse et d'aller outre-mer, D y mou*
rut en 1309. Cest du traité de Brogea
que date la distinction du Barroia vnoir-
sHint et non^mouviiniy devenu depuis
l'objet d'un si grand nombra de diiffi-
cultes. La noblesse barréslenne protesta
contre l'aliénation d'une souperameté in-
dépendante qui n'appartenait point en
propre au souverain; mais ce fut inuti-
lemen t,et, à l'avènement de chaque prince,
les rois de France contintièrent à recevoir
l'hommage des comtes de Bar. Léo-
nard I*', époux de Marie de Bourgogne ,
décédé en allant en Palestine; Henri IV,
Edouard II, Robert 1**^, fils et petit-fils
d'Edouard I^', ne semblent avoir pris la
couronne que pour désoler les peuples.
Robert était encore mineur lorsque ses
éttils furent érigés en duché (1364). Il
épousa Marie de France, fille du roi
Jean,dontilent quatre enfans.ÉdooardIII^
l'un d'eux, tué à la bataille d'AcIncourt,
en 1416, laissa son frère, le cardinal de
Bar, seul héritier de sa maison. Ce car-
dinal céda, le 13 aoàt 1419, la propriété
du duché de Bar et du marquisat de
Pont-à-Mousson à son neveu René , duc
de Guise, puis roi de Sicile et duc d'An*
jon. On transigea par indemnité avec les
princes de la maison de Bar qui pouvaient
avoir des prétentions âu duché, et le car-
dinal négocia le mariage de son neveu
avec Isabelle, fille unique du duc de Lor-
raine, Charles H ; mesure politique d'une
hante convenance, puisque deux souve-
rainetés toujottra rivales, toujours enne-
mies, allaient se confondre soUs uil même
sceptre. Cependant ces deux états con-
servèrent chacun leun droits, leurs cou-
tumes et leur mode de juridiction res-
petlif. Le Barrois suivit les tristes des-
tinées de la Lorraine (voy- ce mot).
Les armes du duché de Bar étaient
parti d'azur, semées de croix recroiset-
tées au pied fiché (tor et sa devise,
adoptée par la ville de Bar: Plus penser
que dire. Les monnaies, ordinairement
distinguées par deux barbeaux, se frap-
paient à Bar, à Saint-Mihiel, à Clermont
en Argonne et même à Étain. B existe des
monnaies d< France frappées à B«r.
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BAR
(
Le Barrois, borné au nord ptr la Lor-
raine, le Clermoi^toîs et une partie de
Févéché de Verdun, au midi par la Cham-
pagne et les Vosges, avait du nord au sud
une étendue d'environ 40 lieues, et de 10
à 12 de Test à j'ouest. Il dépendait, au
spirituel, pour une partie de Tévéché de
Verdun, et pour l'autre partie de l'évéché
de Toul, et comprenait, avant la division
départetnenule , deux bailliages divisés
en plusieurs prévôtés et châtellenies, qui
ressortissaient du parlement de Paris :
c'était le Barrais mouvant. Le Barrais
non-mouvant, beaucoup moins considé-
rable, dépendait du parlement de Nan-
cy. Le département de la Meuse (voy, ce
mot) représente avec assez d'exactitude
les anciennes limites de la principauté
de Bar. £. A. B.
Bar (vins de)fVoy. Mbusb {eiépar^
tement de la),
BAR (coNFiniRATiov de). Plus d'un
siècle de malheurs et d'opprobre avait en-
fin dégoûté les Polonais de l'anarchie.
Dès la seconde moitié du xyiii^ siècle,
d'illustres citoyens entreprirent la régé-
nération de leur patrie; mais la Russie,
dont les troupes ne quittaient plus la Po-
logne depuis l'avènement au trône de
Stanislas- Auguste Poniatowski, son pro-
tégé, était résolue d'arrêter tous les pro-
jets des patriotes. Bepnin, ministre de
Catherine II à Varsovie, après avoir fait
enlever, dans la nuit du 1 3 octobre 1767,
quatre principaux membres de la diète,
fit voter par celle-ci les fameuses iois
cardinales et matières d'état ^ par suite
desquelles tous les abus, source d'une li-
cence anarchique, qui n'avaient jus-
qu'alors que force d'usage, passèrent en
lois formelles, garanties à perpétuité
par la Russie. Cette espèce de constitu-
tion fut promulguée le 31 février 1768,
et le 29 du même mob Joseph Pulavrski,
avec ses trois fils et ses deux neveux, ainsi
que deux autres patriotes, réunis à Bar
(petite ville de la Podolie), prolestant
dans un acte solennel contre la garantie
moscovite, résolurent de repousser la ty-
rannie par la force. Ils choisirent exprès
cette petite ville, à quelques lieues des
frontières turques, parce que les plus
grandes forces éts Russes étant appelées
alors aux environs de Va^rsovie pour
8) BAR
maintenir la diète dans robéissaoce, ils
étaient sûrs d'avoir plus de temps pour
agir et un plus grand espace de pays libre
devant eux. Le chambellan Krasinski fut
proclamé maréchal provisoire de cette
confédération {voy, ce mot), et Pulawski
régimentaire ou chef des troupes.
Malheureusement le moment de l'ex-
plosion était mal choisi. On n'avait pris
dans aucune province des mesures pour
soutenir les confédérés. Tout le pays
étant occupé par les Russes, les familles
éparses dans les chftteaux devenaient
autant d'otages entre leurs mains. La plus
grande partie de la noblesse était en ou-
tre sans armes, et la politique moscovite
avait éteint en Pologne toutes les tradi-
tions militaires. Les 50 ans d'oisiveté for-
cée à laquelle cette politique avait con-
damné les Polonais nç leur avaient laissé
que leur bravoure et l'antique dévouement
à la patrie. L'évéque de Kaménîetz, Kra-
sinski, qui depuis long-temps méditait le
soulèvement national, avait désiré qu'on
attendit la retraite des troupes russes, et,
avant tout, il voulait s'assurer de la
coopération de la Turquie et de la France :
ses tentatives à ce sujet, qui étaient à peine
commencées, lui promettaient un plein
succès; mais lorsqu'un^ seule pensée,
un seul sentiment domine toute une na-
tion, rien ne saurait retarder l'explosion.
Daus l'espace de quelques jours, la
confédération, appdy^ par toute la no-
blesse des environs, parvint à rassembler
8,000 hommes; eUe nomma des députés
pour la Turquie, pour la cour de Saxe, et
pour laTatarie.Repnin,dans ses embarras,
eut recours à cette vieille ruse mosoovite
qui plus d'une fois avait sauvé cet em-
pire: il offrit de négocier; et tandis que
des conférences suspendaient toute hos-
tilité de la part des confédérés, il accom-
plit ses desseins. Sept régimens russes et
5,000 Cosaques se mirent en marche et
attaquèrent les confédérés au même ins-
tant sur tous les points. Il en coûta beau-
coup de sang à ces derniers, pour con-
server leurs postes les plus importans ;
ils furent chassés de beaucoup d'antres.
Ainsi commença cette lutte inégale, que
le courage et le patriotisme surent pro-
longer plusieurs années et qui rendit la
confédération de Bar illusû^ dans les
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BÀR (9
amalet poknuûses. Les Russe» s'empa-
rèrent dans toutes les provinces des mou-
lins à poudre ; il y avait peine de mort
contre tout marchand cpii vendrait de la
poudre à tirer. Les lieux où on pouvait
déposer les actes publics étaient égale-
ment claus les mains des Russes, et les
habituas des villes, sous peine de voir
leurs villes brûlées, étaient forcés de dé-
noncer toute assemblée qui s'y faisait
« On voyait (dit Ruihière , dans son
Hisioire de l'anarchie de Pologne) un
peuple désarmé, dont le territoire dans
toute son étendue était occupé par une
armée ennemie, nombreuse, disciplinée,
formidable et sans cesse recrutée; un
peuple trahi par son roi et par une par-
tie de son sénat, dans un pays sans for-
teresses et même sans montagnes, ces asi-
les naturels de Tindépendance , se soule-
ver de toutes parts , et attaquer à coups
de sabre des batteries de canon, lis
étaient souvent dispersés, ib se ralliaient
à quelques lieues de là; et ces nombreux
avantages que les Russes avaient soin de
publier se réduisaient à ce que les trou-
pes confédérées, n'ayant pas quelquefois
de quoi charger un fusil, n'ayant souvent
d'autres armes que des barres de fer, se
dispersaient lorsqu'elles étaient attaquées
par de l'art îllerie. »
« Sur les plus simples soupçons ( con-
tinue le même historien), les seigneurs
étaient enlevés dans leurs terres et ame-
nés au palais de l'ambassadeur russe, à
la queue des chevaux des Cosaques. Tous
les usages par lesquels les nations les
plus barbares ont adouci le fléau de la
guerre étaient violés à Tégard des con-
fédérés; toutes les capitulations deve-
naient des pièges; la foi donnée aux pri-
sonniers était toujours trahie. »
Nous ne suivrons pas Ruihière dans
le détail qu'il donne ensuite de toutes
les cruautés commises par des officiers
généraux sur les habitans des campagnes
et des supplices nouveaux qui furent in-
ventés,
A l'aide de ses popes, Catherine ap-
pela à la révolte les paysans des provin-
ces méridionales de la Pologne qui sui-
vent le rit grec. Une guerre civile qui
s'ensuivit devint atroce et sanglante.
Néanmoins ht oonrédération croissait au
) BAR
milieu de ses désastres. Les cruautés des
Russes enflammaient le désespoir de la
nation, et plus il périssait de confédé-
rés plus il s'en reproduisait. Le district
de Halicz fut le premier dont la no-
blesse, s'étant confédérée sous le ma-
récbalat ,du grand - échanson Potoçki ,
adhéra à la confédération de Bar. Bien-
tôt après , la Lithuanie offrit plusieurs
confédérations; venaient ensuite celles
de Cracovie, de Lublin et la plus formi-
dable de toutes, celle de la Grande-Po-
logne. Il s'en forma enfin une des plus
hardies et des plus tenaces jusque soua
les murs de Varsovie, à Zakroczym. Mais
un renfort de troupes russes entra en Po-
logne : les confédérés furent dispersés
sur plusieurs points; le plus grand nom-
bre prit le chemin de la Turquie pour
s'y rallier, et, en se sauvant au-delà du
Dniester, ils cherchèrent dans leur dé-
faite l'occasion de compromettre au
moins la Russie avec la Turquie, en en-
traînant les troupes moscovite^ jusque
sur le territoire othoman.
Moustapha,qui régnait alors à Constan-
tinople, avait conservé quelque sentiment
de l'antique fierté olïiomane; il avait
à venger sur la Russie les nombreux
soulèvemens des Monténégrins, excités
par les agens de Catherine, et il brûlait
d'envie de mettre un terme à ses vues am-
bitieuses sur l'ancien empire grec. De leur
côté, les émissaires des confédérés ne
cessaient de travailler le divan, et les
dames polonaises envoyèrent en pré-
sent aux sulthanes tous leurs bijoux.
Le 14 juillet 1768, vint à Constanti-
nople un courrier qui annonça l'incen-
die de Balta et la violation du terri-
toire turc; le sang musulman avait coulé.
Tant de motifs de guerre ne laissaient
plus aux ministres de Moustapha, effé-
minés et vendus à la Russie, aucun pré-
texte pour conserver la paix. Le drapeau
rouge fut donc déployé dans toutes les
villes de l'empire. Trois cent mille Turcs,
l'étendard de Mahomet en tête, marchè-
rent bientôt vers la Moldavie. A cette
nouvelle , dit-on , tes pleurs suffoquèrent
Catherine ; n'ayant à opposer à ses en-
nemis que 24 à 80,000 hommes, elle
oflrit de livrer vivans 200 Cosaques, et
de les abandonner à la vengeance d^
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BkR
(10)
BAR
Twe». En M^i dit «Il ottdér «irpérU
iMilté, « S0,00p Turcs âguems, discipli*
nés y mabis d'ane bonne artillerie, et
eôndoits par un chef habile, auraient
suffi pour terminer en (leu de mois cette
guerre et pénétrer jusqu'à la capitale de
Fempire russe. » Mais tous ces avantages
manquaient précisément à Tarmée de
M éhémet-Emin qui, desimpie marchand
drcassien, était détenu nouveliement
gtand-Yislr«
L'éréque de Kaménietz accourut ans^
a<t6t de France, potir diriger, dans cette
erise, les affaires de sa patrie. Son cèle
infatigable à mettre de Tordre dans l'a-
narchie et de la prudence dans les pas-
aions de ses concitoyens, était efîectiTe-
ment bien nécessaire. Déjà les divisions
commençaient à s'établir entre quelques
chefs des confédérés. Potoçki réussit à
rendre suspect le patriotisme de Pulaws-
ki , et i fklre garder en prison ce citoyen,
qui ikiourut dans cette captivité. <t Sacri-
iex tos ressentimens \ ne songez qu'à là
patrie, et que votre cotiduite rende hom-
mage à ma mémoire. » Tels fbrent les
derniers tnots que ce grand citoyen dit
à ses fils.
Tous les eflbrts des patriotes tendaient,
d'abord , à réunir les confédérations par-
tielles, pour en former une con/édéra^
tion générale et légale; ensuite à concer-
ter leurs plans avec ceiit des Turcs. Ils
àmraient désiré que le théâtre de la guerre
fût aussitôt transporté au cœur de ta Rus-
sie; mais l'orgueil stupîde de Méhémet-
Emin n'admit pas leurd conseils; dans
un seul c^s, Potoçki parvint à lui /air«
accepter si» services, et sauva ainsi la
fille de Chocira. L'impéritie du grand-
f Isif, chef d'une si nombreuse srmée, le
ééiordre qui dut s'ensuivre, Tindlsci-
plinè «t la disette dans le camp turc,
portèrent bientôt leurs fhiits. Le pont
que les Turcs avaient jeté sur le Dnies-
ter l'étant rompu, toute leur armée fut
dispet-sée à la suite de ce seul événe-
ment (1769). Leur seconde campagne,
tollé de 1770, ne fut pas plus heureuse.
A là bataille de Cahoul, le générât russe
Roumantsof, avec 17,000 hommes, par-
tiât 8 en mettre en déroute une multi-
tude innofiibrable, dont il ne resta que
lt,000 hetàmeft att gtaud-vislic HaKI.
Lm «otifêdéréi qui atatMt rendu éé
grands services à leurs alliés, en formant
leur arrière-garde et couvrant leur re-
traite, Se virent ainsi abandonnés à leuri
propres forces. Quatre puissances, la Tul^*
quie, la France, l'Autriche et la Saxe,
semblaient s'intéresser à leur sort. Ils ne
demandaient que des armes et du pain :
ils en demandèrent vainement. Les Turcs
avaient fui; Vienne n*accordait qu'un
refuge; la France se contentait long-
temps d'avoir armé les Turcs; la cOur de
Sake n'avait aucun plan arrêté, ou plu-
tôt attendait l'issue des événemens. Ce-
pendant la guerre d« Turquie faciliu
an moins la formation d'une confédéral
tion générale, qui eut lieu au mois de no-
vembre 1769, et qui éublit la résidence
de son conseil général , chargé du pou-
voir souverain dans toute l'étendue de
là réfmblique, à Biala, ville dont une
moitié est sur le territoire polonais, «t
l'autre moitié sur le territoire de TAutri-
che. Le maréchal provisoire Kràsioski
fbt pH>clamé maréchal-général de la eon-
fédération des deux Polognes, et Potoçki
r^mentaire-général. Paç, élu maréchal-
général de Lithuanie, fut uommé substi-
tut de ces deux chefs jusqu'à leur retour
de Turquie* Loin de désespérer de la
patrie, un des premiers soins de la con-
fédération générale fut de consulter des
publicistes célèbres, Mably et Rousseau,
pour savoir quelle forme de gouverne-
ment les Polonais devaient donner à leur
république, après sa délivrance. D'un au-
tre c6té, grâce aussi à la diversion qu'elles
durent aux Turc» , les petites troupes des
confédérés s'étaient peu à peu aguerries,
et plusieurs de leurs chefs commençaient
à devenir des généraux habiles et redou-
tables. L«s combats d'Okopy, de Zwa-
nieç, de Stolowicé, de Czenstohova, de
Tynieç, de Lsnçkoronà, et beaucoup
d'autres illustrèrent les armes des con-
fédérés. Ils se crurent aàse^ forts pour
proclamer la déchéance de Poniatowski.
Cet acte, demandé par la Turquie et
proclamé d'abord à Varna, le 9 avril
1770, fut ensuite promulgué of$cielle-
ment par le conseil général de la con-
fédération. Enfin des jours meilleurs
s'annonçaient à Ift Pologne. Là France
miûi fat tié^èssité 6» là àèocmrfr. Au
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BAR
(»)
BÀtl
ni6ié ée jHiUiC 1770^ ^a^t M<M du
doc de Cboiseu], le colonel Dnrnooriez,
▼int en Pologne, et, outre de bons con-
seils, il offrit aux confédérés un secours
de 6,000 ducats par mois. Avec cette
aèsistance, ils se montrèrent vraiment
redoutables dans l'hiver de 1770 à 1771.
hs achetaient, en Silésie et en Hongrie,
des fusils et des canons ; ils en déterraient
dans les châteaux de Pologne, faisaient
fondre dea boulets-, recrutaient des dé-
serteurs impériaux et prussiens, isan
voyaient partout leurs corps de parti-
sans » interceptaient autour de Varsovie
les communications et les correspondan-
ces, s'emparaient des salines de Yiélict-
ka et dé plusieurs place* fortifiées, et
néditaient déjà de transporter le siège
de leur conseil général à Varsovie.
Biais ces snccèa même, plus dangereux
que leurs défaites, ne devaient que plus
vite amener le désastre de la république.
liC spectacle de la valeur renaissante des
Polonais airalt fixé Fattention des cour»
voisines et snggéré la pensée d'en arrê-
ter le ressort. La Russie, perdant Tespoir
d'asservir tonte seule la Pologne, con«
a^ntit à la partager avec l'Aulridie et
la Prusse. Phi9 que les deux autres puis-
aànces, la Prusse avait besoin d'arrondir
son mince territoire : c'est de sa part
aussi que fut prononcé le premier mot,
âans les fameuses conférences de la tsa-
rine avec lé prince Henri de Prusse , qui
eurent lieu à Pétersbourg, au commen-
cement de l'année 1 77 1 . En même temps,
le duc de Choisenl venait d'être disgracié
en France, et la confédération perdait
ainsi son dernier appui. Profitant du
prétexte que leui^ offrait la peste, qui, à
la suite de la famine et d'autres fléaux
de la guerre , é'était à cette époque ré-
pandue en Pologne, la Prusse et l'Autri-
èbe fbrmèrent un soi-disant cordon sa-
nitaire at le t>oUssèrent jusque sur lé
terri toirepolonais.Néanmoins long-témpa
encore h» coitfédérés né déposèt^nt |Mia
leurs àrmel C'est même de cette épo-
que que date le merveilleux enlèvement
du roi iPoniatot^ski de sa capitale et du
iailieu du camp lUsse, par les patriotes
Stlra^inskl et Lukaski, enlèvetiient qui
eut lieu le S novembre 1771. En s'em-
fênM de iè personne, les ^«nfédérés se
proftiettalèÉt d« âétruire son parti et éé
réunir tous les Polonais sous le même
étendard. La pusillanimité d'un confé-
déré, de Ruzma, rendit la liberté au
roi, et les puissances alliées se Servirent
de ce prétexte pour accuser les confé-
dérés de régicide, potn* les décrier en
Europe, et pour justifier ainsi devait
l'opinion le crime qu'elles allaient com-
mettre. Enfin Mousupha, qui se disposait
à mettre obstacle au démembrement d€
la Pologne, mourut an mois de jairvier
177S, et les trois cours ne crurent plu*
atoir besoin de dissimuler leurs projets.
Elles firent avancer leurs troupes , après
atoir cerné de toutes parts les confédé-
têà\ elles s'emparèrent diacune d'une
partie de la Pologne. Le premier partage
s'accomplit en 1773. Le plus habile et le
plus tenace des confédérés, Casimir Pu-
laWski, se vit obligé de se réfugier à l'é-
tranger. Après avoir publié avec quel-
ques autres confédérés, à Braunan ett
Bavière, une protestation contre l'atten-
tat dont sa patrie fut frappée, il est allé
combattre pour l'indépendance des peu-
ples de l'Amérique et y mourut en brave,
a Savannah. Foy. Pclawsh. Th. M-s.1.
BAR (JACQiTts-CHAaLfes), savant Fran-
çais qui se qualifiait d* histoHograpke AtÈ
Ordres religieux et militaires de tontes
les nations, et qui a publié à Paris, eu
1778 et années suivantes, tm ouvrage de
luxe, enrichi d'environ 800 planches,
avee un texte explicatif, intitulé .* Meetteii
de tous les costumes des ordres religietix
et militaires, avec un tdtrégé historique
et chronologique, enrichi de notes et
de planches coloriées, 6 vol. in -fol.,
(chetTreuitel et Wûrti). Sous le nom
à* Ordres Militaires, l'auteur a compris
les milices et castes guerrières de diffé-
rens peuples. Nous avons sous les yeux
un exemplaire dont les planches sont gra*
vées et coloriées avec soin. S.
BARAGtJ AT D'HILLIBIIS (Lotis),
d'une famille noble, né à Paris en 1764,
j étudia particulièrement les sciences
exactes. Entré de bonne heure au ser-
vice , il éuit lieutenant au i>égiment
d^Alsace quand éclata la rétolutt i.
Aide -de -Camp des généraux CHU i
et Labourdonnaye, puis chargé d'orga-
niser la légioâ des AlpêSj il fUt blessé
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BhR
(12>
BAR
phisîeurs fois dans la campagne du Pa-
latinat. Général de brigade en 1793 , il
fut choisi par Custine pour chef d*état-
niajor , et même proposé pour être mi-
nistre de la guerre.
Détenu jusqu'au 9 thermidor, pour
avoir voulu défendre le général Custine,
son ami , devant le tribunal révolution-
naire, il fut traduit lui-même à ce tribunal.
Après sa mise en liberté, il fut chef d*état ?
major de Tarmée de l'intérieur, de celle
des côtes de Cherbourg, et porté au com-
mandement supérieur de la Lombardie.
Devenu maître deBergame par une ruse
de guerre, il fit 4,000 prisonniers à la
seconde bataille de Rivoli ; et le lende-
main, n'ayant que 500 hommes du même
corps, il enleva les importantes batteries
de Puisonna , ce qui rendit complète la
déroute des Autrichiens. Après sa cam-
pagne du Tyroi et la prise de Venise par
sa division , parti pour l'eipédition d'E-
gypte , il enleva la partie occidentale de
l'île de Malte sous le feu de 200 pièces
de canon , et il portait an Directoire les
drapeaux conqub sur l'Ordre, quand sa
frégate fut prbe à l'abordage par un bâ-
timent anglais d'une force bien supé-
rieure. Blessé dans ce combat,puis échangé
peu après, il commanda la gauche de l'ar-
mée du Ahin et contribua aux succès
d'£ngen et de Biberach. En l'an YIII, il
fut désigné par le département d'Eure-
et-Loir comme candidat au Sénat con-^
servateur. Nommé grand-oflficier de la
Légion - d'Honneur et colonel général
des dragons, il fit la campagne d'Auster-
litz. En 1808, il eut le commandement
deVenise; en 1809 il fut chargé de la pa-
cification du Tyrol , et, se réunissant au
prince Eugàie, se signala à la bataille de
Raab, où trois chevaux furent tués sous
lui. Envoyé en Espagne, il y prit Figuiè-
res, et, le 5 mai, défit, avec 3,000 hom-
mes, plus de 15,000 Espagnols comman-
dés par Campo-Verde. En 1812 , nommé
au commandement d'une division qui de-
vait s'assembler à Elnia, puis couvrir' le
fianc de notre armée dans sa retraite, il
n'y trouva que 600 hommes avec les-
quels, pendant 24 heures, il tint tête k là
division Orlof. Quelques régi mens de
marche amenés par le major d' Ambra»
geac et le général Augereau l'avaient ren-
forcé, qfuind ce dernier, chargé d'occu*
per le point important de Liakovo, si-
tué sur la route et au milieu des marais,
fut enlevé avec 1,200 hommes et 700
chevaux. La retraite de Baraguay d'Hil-
liers était coupée : sommé de se rendre,
il répond que les Français ne se rendaient
jamais les armes à la main, s'ouvre un pas-
sage à la baïonnette et rejoint l'armée à
Smolensk. L'empereur, aigri par les dé-
sastres de sa retraite, lui fi^ des repro-
ches mal fondés sur ses opérations. Le
cœur navré de cette injustice et le corps
épuisé par les fatigues de la campagne,
Baraguay d'Hilliers, à peine âgé de 49
ans, mourut à Berlin en 1813. D-e.
BARANTË ( Amable-Guillauxe-
Prospkr Brugiàre, baron de), pair, de
l'Académie française^ est né à Aiom, en
1782, d'une famille qui s'était distinguée
dans la magistrature et dans les lettres.
Son bisaïeul publia à la fin du xvii®
siècle quelques écrits aujourd'hui oubliés,
mais qui furent remarqués alors, et dont
on trouve la trace dans les critiques du
temps. Son père, homme d'un esprit su-
périeur , administrateur habile , fut pen«
dant plusieurs apnées préfet de l'Aude ,
puis du Léman, et y a laissé une mémoire
respectée. On cite de lui des actes qui
prouvent qu'il avait le courage, alors fort
rare, de résister aux ordres du maître
quand il le jugeai^ néeessaire. Il a publié
aussi quelques ouvrages estimés. U donna
un soin extrême à l'éducation de son fils
et s'en occupa presque exclusivement
pendant les premières années de la révo-
lution. Le jeune de Barânte en profita ,
.parcourut rapidement la carrière des étu-
des classiques, et entra, en 1 799, à l'école
polytechnique. De 1802 à 1805 il fut
surnuméraire au ministère de l'intérieur,
puis auditeur au conseil d'état, et, pendant
ce temps, chargé de plusie^rs missions en
Espagne, en Pologne et en Allemagne.
En 1808 Napoléon le nomma à la sous*
préfecture de Bressuire et signa, en 1 809,
son contrat de mariage avec la petite-
fille de la comtesse dlloudetot dont l'é-
loge se trouve dans le vif attachement
que lui avait voué J.-J. Rousseau. Il fut
depuis successivement préfet de la Yen-
dée et de la Loire-Inférieure, où son
actÎTe admioisUatioD se signala pi^r dç
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tKK ( 13 )
fibtnbreux travaux et l'achèvement de
plusieurs monumens. Au 20 mars 1815
il quitta la préfecture de la Loire-Infé>
rieure et refusa le serinent pendant les
Ceot-Jours. A la seconde restauration il
fut nommé conseiller d*état et secrétaire
général du ministère de l'intérieur, dont
le portefeuille était alors en intérim.
Bientôt il remplaça M. Béranger comme
directeur général des contributions indi-
rectes. En 1815 les départemens du
Puy-de-Dôme et de la Loire-Inférieure
Vélurent député; il siégea constamment
avec la minorité libérale^ défendit plu-
sieurs lois de finance, et combattit les
mesures réactionnaires auxquelles l'émi-
gration voulait pousser le pouvoir. Comme
administrateur il résista , autant que les
circonsUnces le permetuient, aux de-
mandes d'épuration e^ aux délations de
ce même parti. Son âge l'empêcha d'être
réélu aux élections qui suivirent l'ordon-
nanoe du 5 septembre 1816 ; mais il pa-
rut à la tribune en qualité de commis-
saire du roi pour la défense du budget
et de la loi sur le recrutement dont il
avait rédigé la partie administrative. En
1819 il fut nommé pair de France et
continua à défendre dans la chambre
haute les principes de liberté et de mo-
dération qu'il avait manifestés dès son
entrée dans la carrière législative. Ses
discours ont toujours trouvé faveur par-
mi ses collègues, et plus d'une fois ils
ont décidé la majorité. En 1820, lorsque
M. de Richelieu voulut se rapprocher
de la droite et se brouilla avec les doc-
trinaires , M. de Barante fut nommé mi-
nistre à Copenhague et n'accepU point
De 1820 à 1828 il fit partie de cette op-
^position libérale où figuraient MM. de
Broglie,Pasquier, Mole, etc. Comme eux,
il parla dans les discussions sur la presse,
le sacrilège, le droit d'ainesse, Tindem-
nitédes émigrés; et le ministère de M. de
Yillèle éuit toujours certain de rencon-
trer en lui un adversaire énergique. Lors
du ministère Martignac, sans avoir d'en-
gagement général avec cette administra-
tion, les hommes de l'opinion libérale
modérée l'appuyèrent habituellement.
M. de Barante fut rapporteur des crédits
supplémentaires où se trouvait comprise
k faiiMiiae salle à manger de M. de Pey-
BAR
ronnet. A cette occasion il traita avee
détail la question des crédits conoédés
par les ministres. Son discours eut une
grande influence sur la décision qui fut
prise. — Il ne se trouvait point à Paris pen-
dant les journées de juillet 1880 , mais
il y arriva peu de temps après. Dans la
séance du 7 août il s'opposa fortement
à l'article de la charte nouvelle qui dé-
clarait nulles les nominations de pairs
faites par Charles X. Plus tard il pro*-
posa des modifications au règlement , mo-
difications réclamées par l'initiative qui
venait d'être concédée aux chambres. Au
mois de novembre il fut nonuné ambas-
sadeur à Turin et partit pour son am-
bassade ; mais il revint presque immé-
diatement après pour siéger au procès
des ex-minbtres. Û a pris une part active
à la session de 1833. Membre de la com-
mission qui examina la proposition d'ab^
rogation de l'anniversaire du 21 jan-
vier, il s'opposa a l'abrogation pure et
simple et appuya l'amendement qui a
fini par réunir les suffrages des deux
chambres. Sans défendre positivement la
loi sur l'état de siège, il répondit aux
discours de M. de Brézé et de M. de
Noailles, et repoussa vivement leurs atta-
ques contre le gouvernement de juillet.
Rapporteur de la commission de la loi
départementale, il proposa un projet de
loi entièrement nouveau, et ses études
sur l'organisation des communes , son
ouvrage spécial sur la matière, donnaient
une grande autorité à ses paroles. Son
projet a été adopté par les deux cham-
bres. Il a été aussi rapporteur de la loi
sur le crédit extraordinaire destiné aux
monumens de Paris et aux travaux pu-
blics. Sans en proposer le rejet, il indiqua
la nécessité de projets et de devis moins
vagues et moins hasardés. Après la ses-
sion, il retourna à l'ambassade de Turin
qu'il occupe encore.
M. de Barante dans sa jeunesse en-
voya assex souvent des articles à la Dé-
cade philosophique et au Pubiicisêe.
En 1809 il fit paraître le Tableau de la
littérature du xtiii® siècle, ouvrage re-
marquable et qui annonçait un talent de
premier ordre. L'ouvrage qui était des-
tiné au concours pour le prix de l'Aca-
démie, et auquel on préféra le travail de
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BAR (
M. J#y 9 a ea depuis cinq éditions. Cest
encore ce que nous avons de mieux sur
cette époque célèbre. Les Mémoires de
Jlf"« de Laroche] c^quelin ^ qu'il avait
rédigés pendant qu'il était préfet de la
Vendée y furent imprimés en 1814 et
«Drent un grand succès. Une brochure
intitulée : Des divers projets de consU-
mtfonpouria Frimcehû a été attribuée ,
mais elle n> jamais été avouée par lui^
elle Q*a pas été imprimée conformément
au manuscrit 4# l'auteur et a subi de
gravfss altérations^ £n 18^ 1 il fit paraître
la t|:aduction des oeuvres dramatiques de
Schiller» précédée de la vie de ce poète,
fl a co9p^ à la collection des théâtres
étrangers et à la traduction de Shakes-
peare. L0S Communes et V aristocratie;
1 voU in-8^, parurent en 1821 ; cet écrit
fut réimprimé en 1838. JJ Histoire des
ducs de Bourgogne est le principal ou-
vrage de Tauteur , et son apparition fut
presque une révolution dans la manière
d'écrire Vhistoire. A une grande exac-
titude historique elle réunit l^intérét du
roman et le charme de nos vieilles chro-
niques, dont elle conserve souvent le
style naif et pittoresque. Nulle part on
ne trouvera une peinture plus fidèle des
moeurs du temps. Cette composition si
nouvelle dans sa forme , si complète dans
son ensemble, a en depuis 1834 quatre
éditions. M. de Barante a inséré beau-
coup d'articles de critique et d'histoire
dans la Revue française, et un assez
grand nombre d'articles sur des person-
nages fran^is dans la Biographie uni"
verseUe de M. Miçhaud. P-sr.
BARAQUES. Jusqu'aux premières
années des guerres de la révolution,
les militaires en campagne ont campé
sous des tentes dont les armées étaient
toujours pourvues. Nos généraux ayant
trouvé dans la rapidité des mouvemens
des corps d'armée le principal élément
de leurs succès, élaguèrent bientôt tout
ce qui pouvait entraver et ralentir leur
marche; ils supprimèrent tout l'attirail
du campement et firent bivouaquer les
troupes toutes les fois qu'elles devaient
être prêtes à partir au premier signal. Ce
n'est que quand elles devaient séjourner
quelque temps, réunies pendant la mau-
faÎM saison, qu'on s'neoopait da kt
14) BAK
mettre à couvert au moyen de banques.
Ce sont des huttes faites avec des bran*-
ches d'arbres, des claies ou des planches,
recouveites en paille et quelquefois en
planches. Cette manière de loger le sol-
dat est usitée pour nos camps de ma-
nœuvres; elle a, aux yeux des militaires
expérimentés, l'avantage d'occuper le
soldat, dont l'oisivelé présente de graves
inconvéniens, et d'exercer^ son adresse
et son intelligence. Les baraque» d'un
camp sont toujours sembhiblement con-
struites et établies sur des alignemens
réguliers; elles forment aussi des rues,
qui sont pavées avec les matériaux qu'on
rencontre dans le pays. On consacre or-
dinairement pour chaque compagnie,
derrière le baraquement, une certaine
étendue de terrains à des jardins qui oc-
cupent tous des emplacemens égaux,
mais dont la distribution intérieure est
entièrement variée. Les soldats rivalisent
de goût et de talent pour captiver l'at-
tention et l'admiration des amateurs.
Un camp ainsi établi présente l'aspect
d'une colonie dont tous les habiians con-
courent avec émulation à l'embellissa-
ment de la citécîommunti.
Le ramp de Boulogne, formé par Na-
poléon en 180S et 1804, est un des plus
considérables qu'on ait encore vus. U réu-
nissait sur les cotes, a la vue des Anglais,
une armée de 100,000 hommes. Les
baraques s'étendaient depuis les hau-
teurs situ^ sur la rive gauche de la
Liannejnsqn'au port d'AmbleieuM, et
offraient le spectacle d'une ville presque
continue sur une- longueur d'environ
trois lieues. Le maréchal Souk, dans la
vue d'occuper les loisirs du soldat, fai-
sai t faire, aux jardins comme aux chemina,
des changemens continuels, qUi avaient
fini par rendre le eamp agréable et les
communications fisciles dans tous les
temps de l'année. G-rs.
BARATERIE, de barater, tromper.
On entend par les mots baraterie de
patron les prévarications et les làulm
du capitaine, maître ou patron d'un na-
vire et des gens de mer placés sous ses
ordres. Le capitaine, en qualité de ma»!-
dataire salarié, est d'autant pins resp<m-
sabU de ses fautm envers l'armaienr;
oelui-ci, à son toyr, sa devimit raspoMa*-
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BAR
(U)
BAR
Ue envers !«• aflréteura ou chargeart.
La baraterie de patron, à proprement
parler, n'e^t point une fortune de mer;
cependant elle n'en est pas moins un ris-
que maritime très grand» et pour ce motif
cUe peut ôtre mise à la diarge des assu-
ireur^ ; mais dans ce cas il faut une clause
expresse, sinon les assureurs n*en répon-
draient point. y.
BÀEATHRE» profonde exo^vation
naturelle deTAttique, dans le déme hip-
potiioontide; les gens condamnés à mort
dans cette tribu y étaient précipités, he
scoUaste d'Aristophane nous apprend
qu*QO Tavait garni de pointes de fer, di-
rigées les unes en haut, les autres en bas»
upfia près comme dans les oubliettes des
sociens châteaux féodaux. 11 est souvent
question de ce gouGfre dans Thistoire des
Athéniens, notamment dans un mot jus-
tement oélèbre du vertueux Aristide,
qui 9 voyant le tori que faisaient à sa
patrie ses continuelles dissensions avec
Thémistocle, dit que la mesure la plus
utile à la république serait de les préci-
piter tous deux dans le Barathre. Le
grand usage que les poêles et les orateurs
athéniens faisaient du mot 6âpa0pov au
figuré finit par lui donner le sens de gouf-
fre en général j acception avec laquelle il
pasea dims la langue latine, où tel est le
sens du mot bitnuhntm. Mais en français
le mot Barathre désigne seulement ce Ûen
de l'Attique.
Dans quelques auteurs ecclésiastiques
Barathre est employé comme synonyme
denier. J. B. X.
BARATŒR (Jbaii-Pbujppb), jeune
^mme d'un talent si précoce que, né en
1 731 et mort en 1 740, il laissa néanmoins
divers ouvrages d'érudition en français et
en latin. Fils d'un pasteur réforme, il vit
le jour à Schwabacb, principauté d'Ans-
pach, et dut aux heureux efforts de son
père de savoir, à 4 ans, lire et écrire
en français et en allemand , et à 6 ans,
en latin. U n'avait que 1 3 ans lorsqu'il
publia son premier ouvrage, Itinéraire
de Benjamin de Tudéla (Amst. 1734,
3 voL) et fut reçu magister à l'université
de Halle, à 14 ans. Le roi de Prusse,
auquel son père l'avait présenté, accorda
à Baratler une bourse de 60 écus, pour 4
«n», loi fit dond'iMtramens demathéma^
tiques f et donna à son père une 49ure à
Halle où il voulait que le fils étudiât le
droit. Mais le déyeloppement trop rapide
de l'inteUi^ence du jeune homme épuisa
se% forces physiques ; après avoir long*
temps souffert il mourut a 19 ans*
Formey a écrit la vie du jeune Baratief
(Ulrechtl741). $.
BARATTE, voy. Binuii.
BARBACANE. On a quelquefois
donné ce nom à un petit ouvrage de for*
Ufication» ayant pour ofa^iet de masquer
un pont ou une porte de ville : ce n'était
qu'un simple mur percé de créneaux ,
dont les soldats de la garnison, placée
derri^e, sur une banquette, défendaient
l'approche à coups de fusil {voy* Bas»
^uettk); maison appelait géùérâlement
barbacane une fausse- braie, ou deuxième
enceinte située au pied du tahis exté-
rieur du parapet ; elle fornuit un second
étage de feux, plus bas que celui des
feux du corps de place. Le seul avantiH
ge que présentaient ces barbacanes était
de défendre les forts et les chemins cou-
verts par un feu moins découvert du de-
hors que celui du corps de place. Mais
comme oette espèce de chemin de ronde
était bordé d'un parapet en maçonnerie,
les d^ris des murailles que faisait écla-
ter le canon de l'ennemi incommodaient
beaucoup les défenseurs; de plus elle
avait rincnnvénlent de servir d'échelon
à l'escalade. C'est pourquoi on les a sup-
primées et on y a substitué une pièce de
fortification , détachée du corps de pkœ^
que Ton nomme temaiUe.
Qn donne aussi le nom de harèmeame
à une espèce de créneau que l'on pratique
au bas des murs de terrasse pour tuflii"
ter Técoulement des eaux. C ts.
BARBACENA ( maeqvis db), diplo-
mate brésilien, fut quelque temps plénipo-
tentiaire de don Pedro au nom de donna
Maria. Né en Portugal, il s'appelait /ii!û^
berto Caldetra Bxamt, avant d'être fiut
marqu is par donPédro,dont il était l'un des
confidens à Rio- Janeiro. Il parait qu'après .
différentes aventures il avait déjà réussi à
s'élever sous le gouvernement de Jean VI,
et qu'il avait acquis une grande fbrlune.
Odieux aux Brésiliens comme Portugais»
il vit la haine dont il était l'objet s'accrol?-
tre encore en raison de U confiance que
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Ë\K
(16)
ËAtt
lui témoignait doo Pedro. Ce prince,
qu'il soutenait dans sa préférence pour
le Portugal, le comblait de dignités^ et
de faveurs. U avait rempli déjà de hautes
missions diplomatiques à Londres et à
Lisbonne, lorsqiVil fut chargé des inté-
rêts delà reine donna Maria en 1827;
il l'accompagna, l'année suivante, à Lon-
ges, et négocia pour elle avec lord
Wellington. En 1829, il se rendit à Mu-
nich| et décida le mariage de l'empereur
avec la princesse Amélie de Leuchten-
berg. A son retour au Brésil , il entra
plus avant encore dans les bonnes grâces
de • son maître , qui le fit président du
conseil des ministres. Barbacena, par
ses intrigues, écarta tous ceux qui pou-
vaient 4ui faire ombrage; mais à son tour
il fut perdu dans l'esprit de don Pedro,
qui le destitua (1830). Il avait beaucoup
de partisans, et, avec eux, il se jeta dans
l'opposition qui amena enfin l'abdication
de l'Empereur. Depuis cette époque, le
marquis de Barbacena parait avoir re-
noncé à la vie publique. C Z. m.
BARBACQLLE (jeu de), jeu de
hasard , appelé encore le hocca ou U
bassette , et qui parait être le même que
le pharaon. On l'avait déguisé sous ces
différens noms par suite d'un arrêt du
conseil, de 1691, qui l'avait très expressé-
ment interdit à toute personne « de quel-
que sexe et condition qu'elle fût, » probi^-
blement à cause des pertes considérables
et des escroqueries auxquelles il avait
donné Heu. M. de Montmort, dans son
Essai sur les Jeux de hiisard^ a calculé
les chances de celui-ci , qui sont toutes
en faveur du banquier. C. N. A.
BARBADE ( île de la ) , une des
plus septentrionales des petites Antilles
ou* Iles du Vent, sous environ 17*^ ^ de
lat. N. , fut découverte par les Portu-
gais. Les Anglais l'ayant occupée dans la
première moitié du xvii^ siècle , la ren-
dirent très florissante. Elle a environ 24
lieues carrées de surface, et elle est peu-
plée de 116,000 âmes; les deux tiers de
la population sont des nègres. La Bai^
bade a un sol peu élevé , fertile , mais peu
boisé. Le climat y est chaud et les oura-
gans y font des ravages épouvantables.
On cultive dans cette ile la canne à
tuera, ainsi que le coton, l'indigo et
d'autres productions coloniales. Ses ré^
coites annuelles sont évaluées à environ
30 millions de francs. Brîdgetown , jolie
ville sur une baie, avec un port où arri-
vent beaucoup de navires européens, est
le chef- lieu de Tlle. On y remarque le
pahds de jusUce et l'église Saint-Midid.
Deux forts défendent la ville. On em-
barque dans le port de Bridgetovm une
grande quantité de sucre pour l'Angle-
terre. D-G.
BARBANÇONy baronnie dans la par-
tie ci-devant autrichienne du Hainaut,
qui passa dans la maison de Ligne par le
mariage d'Eustache, fille et héritière de
Jean de Barbançon (morte en 1435),
avec Jean II de Ligne. Un de leurs des-
cendans , Jean , baron de Barbançon , ac-
quit par mariage la principauté d'Arem-
berg , et devint la tige de la maison de
ce nom, encore existante. En 1590 le
comté d'Aigremont fut joint à la baronnie
de Barbançon , qui' resta dans la ligne
cadeUe , et Robert ayant fait encore l'ac-
quisition du vicomte d*Ave, dans la pro-
vince de Namur,:sa baronnie fut élevée
au rang de principauté par l'archiduc
Albert, en 1614. L'empereur Ferdinand
III lui con^rma ce rang et fit même de
Barbançon un duché d'Empire. En 1682
mourut le dernier rejeton mâle de cette
maison , et ses biens passèrent ensoite par
mariage à différentes familles. S.
Il y a une autre famille du nom de
Barbançon, originaire de Picardie, et
qui est aussi éteinte; elle a eu une hé-
roïne dans son sein à l'époque des guer*
res de religion.
Marie de Baabahçoh, fille de Michel
de Barbançon, seigneur de Cany, lieute-
nant du roi en Picardie, sous Antoine de
Bourbon, roi de Navarre, fut mariée à
Jean de Barres, seigneur de Neuvy-sui*-
TAllier, en Bourbonnais. Après la mort
de son mari elle fut assiégée, pendant les
guerres de religion sous Charles IX, dans
son château de Renegon en Berry, par
Montare , lieutenant du roi en Bourboiw
nais. Elle déploya à la défense de la brè-
che un courage extraordra&ire; son ar-
deur ranima sa faible garnison qui parlait
déjà de se rendre. Après trois assauts,
q u'el le repoussa une dem i^pique à la main ,
elle fut forcée de se rendre, faute de vi vi*esf
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BAR ( 17 )
\ die stipula qu'elle et les siens au-
raient la vie sauve et pourraient payer rao-
çon. Charles IX, instruit de sa bravoure,
défendît à Montare et aux autres capitai-
nes de recevoir de rançon, et la renvoya
avec honneur dans sa famille. H-lt.
BARBANÈGRE (le baron Josbfh),
général de bri^de , s'est acquis de la cé-
lébrité par Topiniâtre défense qu'il op-
posa a Tarmée autrichienne dans Hunin-
gne, en mars 1815.
Né à Pontacq (Basses- Pyrénées), en
1772, il avait déjà servi quelque temps
dans la marine, lorsqu'à 22 ans il entra
comme capitaine dans le 5*^ bataillon des
volontaires de son département ( 1794).
Ses débuts ne furent pas heureux : blessé
dès sa première campagne, il resta sans
avancement jusqu'au 18 brumaire, épo-
que à laquelle il passa dans la garde des
B\R
consuls, où il fut fait chef de bataillon
( 1804). L*anoée suivante il fut nommé
colonel du 48^ de ligne; et, à la tête de
ce régiment , il se signala par ui^ beau fah
d'armes à la journée d*Austerlitz : il dé-
busqua des hauteurs de Sokolnitz un
corps de grenadiers russes , auquel il en-
leva trois drapeaux et quatre pièces de
<»non< Sa conduite ne fut pas moins bril-
lante à Jéna et à Eylau.
Dev^u général de brigade ( 1809 ) , il
eut sa part de gloire aux journées d'£ck-
mûhl, de Ratisbonne et de Wagram. L'an-
née suivante il fut chargé d'occuper , à
l'embouchure de l'Elbe, l'Ile de Neu-
werk qui servait aux Anglais de point de
communication avec Hambourg : il les en
débgea) et^ par les mesure^ qu'il prit, la
côte fut en sûreté. Après avoir commandé
successi vementBorissof et Smolensk pen-
dant la campagne de Russie, Barbanègre
fit partie de l'arrière-garde lors de la re-
traite; ses efforts ne furent pas sans fruit
pour les débris de notre armée à Kras-
noT, où il re^it deux blessures, puis au
passage du Dnieper. Il parvint, malgré
tous les obstacles semés sur sa route , à
s'enfermer dans Stettin, avec les restes
du l^*" corps d'armée, et il ne remit
cette place aux Prussiens qu'après l'avoir
honorablei(nent défendue jusqu'au mo-^
ment où il connut l'abdication de Napo-
léon.
De retour en France, Barbanègre ne
Bncyclop. d, G. d. M. Tome IIL
balança pas à associer de ooaveait sa for-
tune à celle de l'empereur. Chargé par
lui de la défense d'Huningue, il vint,
dans les derniers jours de mai 1815,
prendre le coipmandement de cette place ,
où malheureusement rien ne se trouvait
disposé pour la résistance qu'elle allait
avoir à opposer à l'ennemi. LÎes fortifica-
tions, abattues en l'an VU , après l'occu-
pation de la tête de pont d'Huningue par
les Autrichiens, étaient restées en déla-
bre; la garnison ne se composait que de
soldats invalides ou de recrues rassem-
blées à la hâte. On n'avait aucune con-
fiancfe dans la possibilité de résister à une
attaque sérieuse ; aussi la désertion ré-
duisit-elle à la moitié de ce nombre les 4
bataillons de gardes nationales mobiles
destinés à soutenir dans Huningue le
choc des Autrichiens.
Le 26 juin , lendemain du jour où la
nouvelle du désastre de Waterloo était
officiellement parvenue à Barbanègre, il
connut la funeste retraitede l'avant-garde
de l'armée du Jura, aux ordres do général
Abbé, dont les postes avancés formaient
notre chaîne frontière avec ceux d'Hunin-
gue. Les défenseurs de cette place, animés
par les exhortations et l'exemple de leur
général , avaient senti leur enthousiasme
^accroître avec les périls; cet enthou-
siasme était soutenu aussi par les bonnes
dispositions d'une partie des habitans des
campagnes environnantes. Enfin, telle
était l'animosité de part et d'autre qu'a-
près un échange de dures représailles ,
on se disposait à une guerre d'extermi-
nation , dans laquelle les Français ne son-
geaient plus qu'à vendre chèrement leur
vie. C'est dans cette conjoncture qu'eu- •
rentlieu les premières opérations du siège
d'Huningue par l'archiduc Jean. Impa-
tient de se voir maître de la place , où
chaque jour une affreuse disette ajoutait
aux ravages causés par le fer et le feu
que l'ennemi lançait dans ses murs, le
prince autrichien , afin de hâter le terme
de sa résistance, pratiqua, par des moyens
de corruption, des intelligences avec l'in-
térieur, destinées à exciter la sédition
parmi nos soldats.
Cependant l'espoir de conserver une
place importante à notre frontière avsit
soutenu jusque là la fermeté et l'énergie
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BàR
éê BMrbftnigre. Mais les moyens de dé-
feqseyépuisiieot, et for«e fat au brave
génih*al 4'»océd<r, le 26 aii^t, à la seule
capitulation qu'il pût accepter en déses*
poir dé cause. A la tète de son état-ma-
jor et suivi -de la (garnison d'Huningue ,
c'est-à-dire de deux pelotons de canon-
niers^ d'un autre d'inftinterie de ligne
et de cfuélques gendarmes, Barbanègre
sortit de la place av^c les honneurs de la
guerre, emmenant une partie de ses
blessés. OïnCormément aux stipulations
faites, il s'achemina vers la Loire pour y
rejoindre les restes de cette armée dont le
licenciement, ordonné par Louis XVUI,
devait s'opérer sovts la surveillance des
ennemis.
En 1819, Barbanègre fut employé en
qualité d'iospecteur général. Mais, remis
en disponibilité le 1^' janvier 1820, il
résolut d'achever sa vie dans le repos
dont sa santé avait besoin. Autant par
suite des sentimeus pénibles qu'il gardait
au fond de son cœur, qu'à cause des souf-
frances physiques , résultat de ses blés*
sures et de la vie des camps, il avait vieilli
avant l'âge ; son moral même allait s'af-
faiblissant de jour en jour. Fixé à Paris,
il y passa ses dernières années dans l'iso-
lement. Il put encore saluer, en 1830,
la régénération de son pays, dont la gloire ^
lui était plus chère que toutes les faveurs
qu'il n'en via jamais aux hommes de la res-
tauration*; et il s'éteignit trois mois après
avoir entendu le canon de juillet. P. C
BARBARA , voy. Syllooismb.
BARBARELLI, vof. Gioroioh.
BARBARES. Aux yeux des peuples
civilisés ceux>-là sont des barbares qui
n'apprécient pas encore les arts et les
bienfaits de la civilisation. Quelques au-
teurs grecs croient que ce mot a été in-
venté pour hfidiquer, par la dureté du son,
la rudesse des mœurs de ceux à qui il s'ap-
plique. D'autres pensent que le mot k^
àare est im redoublement du mot syrien
bar, signifiant un homme éK»(gné, m
étranger. Les Grecs désignaient sôns le
nom de Barbares tons les antres peuples.
Cependant ce mot ne se trouve pas dans
les plus anciens autenrs de l'antiquité :
Homère ne remploie jamais. Ce fVit sur-
tout après les guerres entreprises pour
l'Indépendance de leur paUîe que ks I
( 18 ) ' , BAR
Gteet, preflânt par leur patrjolî«De éclai-
ré un caractère bieq prononcé, se aépai-
rèrent davantage des peuples qui les
entouraient et qui ne cultivaient pas.
comme eux les arts de la vie sociale. Dèe
lors ils flétrirent de l'épithète de barbare
tout ce qu'il y avait de lâche, de servile,
de gi^ossier, de cruel dans leurs ennemis
et dans les autres peupl^ de l'Asie. La
servitude surtout était le signe distinctif
du barbare, par opposition au Grec libre.
On divisa, comme dit Platon, le genre
humain en deux moitiés nn égales, les
Grecs et les Barbares, en confondant
tous les peuples non grecs sous une dé-
nomination commune, quoique les diver-
ses races eussent peu de chose de com-
mun entre elles. Perses, Carthaginois,
Tbraces, Macédoniens, tous ces peuples,
quoique ayant fait eux-mêmes des pro-
grès dans la civilisation ef quoique ayant
été en partie les maîtres des Grecs,
n'étaient pour eux que de» Barbares.
Les philosophes, les orateorv et les poè-
tes de ce peuple épris de lui-même
contribuaient à inspirer du mépris pour
les Barbares, et à accréditer la maxime
qu'il appartenait aux Grecs de les oons-
battre et de les subjuguer. Platon, le disci-
ple de Socrate, partage ce seniimeot. « Si
les Grecs combattent les Barbares, dit-
il, c'est la guerre, car ils sont ennemis
de nature; mais si les Grecs, natureUe-
ment amis, querellent entre eux, ee n'est
pas la guerre, mais le désordre, mais la
maladie. Aussi ne doivent-ils pas rava-
ger le pays et ne pas regarder tous les
habitons comme leurs adversaires; oon-
tens de la victoire, ils ne doivent point
songer à les subjuguer comme le droit
le permet contre les Barbares. » Le dis-
cours dlsocrate contre le traité entre
Sparte et la Perse peut être considéré,
suivant la remarque d\in savant moderne
(Fr. Eotfa, Bemerkungen uberdem sùm
iKHd gebrattck dès f^Qrêes Barbttr; Nu-
remberg, 1814),commeunmanifes|eper-
pétuel de guerre de la part des Grecs con-
tre les Barbares. Démostkène applique
cette épitbète à Philippe, roi de Macé-
doine : il la drouva même eooore trop
honorable pocur cet adversaire, bti qui
n*a rien de commun avec les UeUèmes.,
ftd m'est même pas n» hmthmre^ d^um
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»l^
pays ^ié auec honneur ; Iki qui n'est
qu'un mùérable Macédonien, Après
1«$ victoires d'Alexandre, les Grecs n'eu-
rent plus autant d'orgueil et n^ prodi-
foèrent plqs autant Tépilbète de bar^iare;
ils furent plus humbles encpre quand l«s
Homaint eureot fait la cpi^quête d» }#
Grèce. Les vainqueurs empruntèrent \e
t^n^e de bark^e dçs vaîncns et qu%^
Ufièr«iit ainsi )es peuples qui ne s'é-
taient p^ déppùillésy comme les deseen*
dans de ^omulus pi de Aemu^, de k
grossièreté de leurs qACRurs pri|nitivq9. 1«e
sord de TAfric^e fut pour ^^le pays de
la barbarie, |es Gaulois ne furent que c^es
barbares, et c'es( une grapde faveur de
Ja pacl 4^ rbistorien des dou^e Césafs
de iesappelqr seulement d^mi- Wb^r«s
{s€n^-^a^rb^rD^ CoUqs], Quand itt^ <^-
lois se fur^q^ façonnés ^n joug rQr»am,
les limites 4f^ ^ barbarie ç^ifpp^qne (h-
xent portées ^u. ^bin« et fpfis )^ der-
niers en^ereuçs toi^ j^s payf épt^gers
iin-delà de Ùempirç romani ^i^qt la pf^-
trie de^ Barbaries. Yaiens^éfendif deve^-
drf.au]^ ^rl)i^^ du vin et 4f rbuile^ Gt^-
tien de leur vendra 4^ Vpr , e^ Darius ^
aripes-Çicérop avait Qétri d^p^ sesdisc^uif s
quelques ci^^^ roumains de Tépit^è^
4e àaràar€4; mai^ (tétait unç ligM^-e 4e
rbétorique pour peindre avep pki§ , ^
força lei^rf mo^Mrs révgUf)()(^. {iiçi^-
<|Q'eo4i| f«s peuples, que l^^Eo^^ai^s
«:vaien( f^épfÂsés a c^^e 4e leuf 4^ut de
ciYilis^çRf Ç«rem^ envfilii Tep^picf , X^
pitb^tç c^fsa 4*^^ Pétfi^an^e, car «101»
r«n)Çire .app^tenait a^x v^iqq^e^f? ,
a^x fnaiiref dix sqJ ro^^ÎP* ^^^^iwr» f^v
opposit^n au^ Romaius, sigai^, dans
les actfts publics, surtout dans U^ lois, ^
▼aio^pieuje fm^ f *» v^ipiîWj iç pr<J«>ri*-
t^VQ du aoL A leMf |our les Francs Tap-
p(iqu^eo:t au^ Cermaips; aussi daps U
loi salique, qn distingué les Fri|ncs 9t 1^
]^bâi*fiit, i]aais. en accordant 1^ n^èmes
4roit« ^wft ufis et aux autres. Qu«^quc-
fyi» 1^ laogMfis germ^HlMe^ fHrent qua-
lifiées de b^are& par le clergé dans ses
écrits latips. h^ peuples àv^ midi de
r^^ope, 4tm» lei^rs.idioipes romana,
eontiau^r^ escore dam le mp^f»-àga à
regarder les peuple dv nord coi^an^ 4^
barbaiDis : il es^ vvai q^a cemc-ci le npé-
ntàran» mif ;iin^uaa nipppvta
(i»)
BAA
dcpnîi qtie les lumières ont fait de li
grands progrès dans le centre de l'Eu*
rope, op a été souvent engagé à acci^^er
de barbarie les peuples qui n'avoiçnl
conservé des ancieps ^pmaina quW
reste 4e langage* Pe nos Jours, la civilisa-
tion tifmt, comme autrefois, à paarq^ er sa
séparation 4'Avec la barlwurjci et, cominp
Tantiquité, elle inéçonnaii qpelquefob de
^nes qualiléft des vertus estiotable»,
des ipstitutiooa dignes d'att:eQtion, pro-
pres à (fCS mêmes peuplk condamnés ep
mafse eomo^ barbares» ^ partage à cf^
égafd le ^rt àf» Grecf qui| 4édaîgQaqt
4'éludier les mc^rs et (es ipslitutiops da*
peuples non ^ca, ont, fs^v c^tte raison,
laissé igqorer à ^ postérité upç foufe de
r^qfeigqemens qui seraient préçjeuxppijr
rji^to^re du gdorc ^lunaip. p-G-
9ARB49II^ (sçi€«ces florales et.
politiquef). yprigine du mot fiifi-
hâp^ a été expliqué cUi^9 Tarticla pré-
çé4enf. Qfl }^ voit, )a p«P9éé d^ Gre<;8
éM^ît trop \^Pf, ppis^m'elle atteignait
4ès pfdîoi^ qui ppp-seu|emem ét^i|»t
^rties depifis long-tefi^ps de l'ifMi de
|Mii:;tiarie pi^ n'y avaiept jf^maia H% maïs
epçore çli^iep^s a^tfç^ qui, par lewas
<ççcjï^ et leurs çi^pumles, ep avaiept
pen^^ra ^H sortir ^s Qrecs eux-mêmes.
Parmi cea barbares^ il y en ^Yàïtf ep
effçt, qui se djs(iB€^Ai?Pf Pfr. une civili-
sa^Qi^i très ajraijcéç et qw avaient m,
pendapf Iç popi^ dç qH«lRm ^jèelea,
trait(çr \^ Gr^c^ dç barbve^ ^l^'état j^
^\m'l^9 4ap3 ^ j^pdivi4(jsi v^'
m^ m 4wé 4^ ETwierçli ^S <***9W^
^ilé qvi ^ qu lefCet^'pnç ^dqçaliop
péçlig^ç^ o^ çpluj 4e gifelque^ &f^^d^
aberratjpqa., e^ ^ue faif 4Î9p|ira|tre s<^t
l'instrqcïtipQ , spil; laré^fri^jpn, quejque-
(bis le çalp^ 4^ passions» Qu le seql
prpgrjàs dç Vàgç* U peuç ^êw éçh^pp^
des actes de barbarie ft des bpmm^ pla-
cés dans les conditions morales tes plus
avantageuses; a^ia das actet isolés ou de
rares exceptions dans la vie d*tin homme
ne constituent pas up état de barbarie.
Quand il s'agit d'un peuple, la barbarie est
un état intermédia ivf entre la civilisation
et la condition du sauvage; seulement il
faut remarquer que ce n'est pas n^cessai-
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BiR
(20)
fiiltt
rement titi état de transition, caria barba-
rie n'est pas toujours précédée de Tétat
sauvage, et, de i*état sauvage à la civili-
sation, il n*ya pas consUmment passage
par la barbarie. L'histoire de Thuinanité
nous fait connaître des peuples barbares
qui n*ont jamais été sauvages et des po~
pulations sauvages qui ont passé directe-
ment de leur condition aux avantages de
la civilisation. La barbarie et Tétat sau-
vage (vojr. ce mot) ne sont nullement
les degrés élémentaires de la civilisation,
et ces deux conditions elles-mêmes ne
éont pas successives. Les voies de la ci-
vilisation sont, au contraire, pour Thu-
manité les seules primitives; tandis que
l'eut sauvage et Tétat de barbarie ne
sont que des voies d*aberration ou de
transition *. En effet, il y a non-seule-
ment des peuples qui ne sont jamais tom-
bés dans la barbarie, il y a même des
régions du globe qui paraissent se trou-
ver dans des conditions physiques trop
fortunées pour que jamais Tétat sauvage
ou la barbsTrie puisse y naître on y régner.
D'autres contrées du globe, les steppes
de l'Asie et certaines cotes de l'Afrique ,
semblent au contraire conduire ou retenir
dans l'état de barbarie. Ce qui distingue
l'état de barbarie de l'état sauvage, ce sont
Moins les doctrines morales et les institu-
tions sociales, que les moeurs; les moeurs
barbares sont toutes belliqueuses, La pen-
sée morale, chez le barbare comme chez le
sauvage, est subordonnée à ('existence ani-
male et à quelques superstitions religieux
ses; la conception sociale est elle-même
subordonnée aux mœurs belliqueuses :
toute l'existence du barbare est dans la
guerre. La guerre, occupation unique
qui le flatte, n'exclut , sans doute, ni
d'autres travaux, ni d'autres passions;
mais elle alimente toutes les autres pa»>>
sions et domine tous les autres travaux.
Le sauvage ne s'arme que pour se pro-
curer sa nourriture et défendre sa ca-
(*) If ous ne partageons pst cette opinion de
notre se vent collaboratevr. Selon noua, aucun
peuple n*a débuté par la civilisation; les Grecs,
du temps d*Orphée, de Thésée, et pent*étre de
Ljc^rgae, étaient euxHnémes des barbares, eC
qui sait si l'état sauTage a*aTait pas précédé ce
que nous appelons leur barbarie, sinon sur le
sol de la Grèce, au moins sur celui de la Thraoe
^ des pays caucasiens d*oà ils Tenaient? J H. S.
bane ou sa famille. La barbarie est con-
quérante, elle est surtout envahissante;
et, différant en cela de la civilisation,
elle n'envahit pas pour garder : dans ses
migrations, elle ravage pour jouir, et elle
n'occupe à la fin une région quelconque
que de guerre lasse. La civilisation est
un état qu'elle fuit, parce qu'elle le mé-
prise, qu'elle en craint les besoins, les
travaux et les loisirs , autant qu'elle en
redoute les lois, les restrictions et les dé-
licatesses. Aussi évite-C-elle tant qu'elle
peut les établissemens dont la stabilfté
amène toujours l'ordre eifla légalité de la
civilisation, et soumet quelquefois* les
vainqueurs aux institutions des vaincus.
Tel est pourtant, si ces expressions ne
jurent pas, le génie de la barbarie, qu'il
est difficile d'en dire la limite nette et
absolue. Si l'on pensait qne cette Kmite
expire là où commence la littérature, ce
serait une erreur, car les sauVages mêmes
ont des traditions religieuses, des chants
de gloire et d'amour, des habitudes de
peinture et d'écriture, le goût de l'in-
dustrie et des arts; à plus forte raison
tout cela, et plus que tout cela, se trouve-
t-il chez les barbares. Si l'on posait un
autre principe et que Fon voulût exclu-
re, paf exemple, de l'état de civilisation
tous les peuples qui n'ont pas de doctri-
nes raisonnées, de systèmes de morale
et de politique, on ne trouverait plus
dans toute l'antiquité qu'une seule civili-
sation , puisque celle de Rome n'offrirait
qu'une copie, qu'un calque de celle des
Grecs. La barbarie nette et absolue se-
rait l'absence de tout respect pour la loi
morale et la loi sociale; mais cet état se-
rait non-seulement au-dessous de celui
du sauvage, il serait inférieur à la condi-
tion de la brute, qui a pour le moins l'in-
stinct de la sociabilité. Une telle barbarie
n'existe pas. La barbarie n'étant pas un
état primitif, mais le plus souvent un état
de transition, offre nécessairement des ca-
ractères très variables, et non-seulement
ces caractères n'ont rien d'absolu, mais
ils ne présentent pas même de concor-
dance. Monstruosité morale et sociale,
la barbarie se compose de difformités et
de contrastes. Tlmoor le conquérant
(Taraerlan) fait sabrer en un jour
100,000 esclaves qui embarrassent sa
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BAR (21
nuurdiey eC, pour ce ftrûadie iolcltty
dresser des pyramides de télés humaÎDes
est une des habitudes dont il se fait
gloire. Quoiqu'il commande à 800,000
hommes y Tiroour est un barbare. Mais
le plus éclairé des souYerains s'aviserait
à peine de faire ce que ce barbare, dans
les Instituts qu'il nous a laissés, prétend
avoir fait constamment. « Dans chaque
ville y nous dit-il (Instituts de Timour,
trad. du persan par Langlès, p. 187.)^
je fis bÂtir une mosquée, une école pu-
blique, un monastère, un hospice pour
les pauvres et pour les indigens, une
maison de santé pour les malades. H y
avait un médecin attaché k l'hôpitaL v
Peu importe que Timour dise , dans ce
passage, la chose qui est ou la chose qui
n'est pas : ce qu'il importe de remarquer,
c'est que ce vieillard, parlant à ses suc-
cesseurs, juge utile de professer de tels
principes. — D n'y a de constant dans la
barbiurie qu'un grand de^é d'ignorance
et une latitude de conscience qui est
immense et qui est tolérée par les mœurs
générales, mais qui n'exclut nullement
certaines habitudes de religion. Si l'on
ajoutait qu'elle est l'absence de toute
idée 6e progrès dans les doctrines et de
but d'httmamté dans les institutions,
cette définition atteindrait encore une
foule de peuples qu'on n'oserait pas clas-
ser réellement au nombre des kÂrbares.
Cependant, un fait que proclame l'his-
toire générale de la civilisation, et qui
est bien ce qu'elle offre de plus net à cet
égard, c'est que, s'il n'y a pas de barba^
rie absolue, il n'y a pas non plus de na-
tion entièrement pure de barbarie. L'ab-
sence de toute barbarie dans les mœun,
dans Ws institutions, dans les faits et
gestes d'un peuple ,. serait la civilisation
parfaite. Or c'est là un terme que non-
seiilement aucun peuple jusqu'ici n'a su
atteindre , mais dont aucun ne parait
même encore approcher. Jusqu'à présent
on certain degré de barbarie a toujours
pesé sur la majorité de l'espèce humaine.
Cest à peine si nous pouvons affirmer
que les choser soient prêtes à changer de
fiice. En effet, remontant jusqu'aux temps
les plus reculés et descendant de là jus-
qu'aux nôtres, nous voyons les popula-
tions civilisées de l'Inde, de la Chine, de
) BAR
k P^ne, de FÉgypte et de la Crète en-
tourées des Tatars, des Scythes, des
Massagètes, des Éthiopiens, et d'une
foule d'autres barbares; et les Romains
enveloppés comme d'une ceinture de
Mauritaniens, de Numides, d'ibériens,
de Celtes, de Pietés, de Scots, de Cim-
bres, de Goths, de Yisigoths, d'Ostro-
goths, d'Alains, de Huns^ de Suèves, de
Vandales, de 6épides et de Hérules.
L'histoire de l'antiquité, sauf quelques
pages de politique, de littérature, de
philosophie et de religion, qui appar-
tiennent aux villes de Sais, de Persépo-
lis, . de Jérusalem, d'Athènes et de Rome,
estThistoire.de la barbarie qui passe à
l'état de civilisation; et telle est dans
l'antiquité \ti préiiominance ^éaénAe de
l'élément barbare, que c'est à peine s'il
exbte entre les nations diverses d'autres
relations que celles d'un commerce d'é-
change. Celles d'entre elles qui possèdent
ou des moeurs ou fies institutions réguliè-
res de politique et de religion tracent
autour d'elles le cercle de Popilius, pour
se préserver de toute contagion étran-
gère. Ici c'est une loi formelle , ailleura
c'est l'orgueil national, plus loin c'est le
couteau du sacrificateur qui frappe tout
étranger. Longue est la lutte entre cette
barbarie si géqérale et la civilisation qui
a si peu de partisans. Les colonies de la
Grèce, les expéditions d'Alexandre^ les
conquêtes des Romains, et cette religion
qui s'annonce universelle, qui proclame
la fraternité de tous les peuples, le chris-
tianisme, semblent enfin éclairer le mon-
de des lumières de la raison et de la foi.
Aux confins de l'Europe et de l'Asie,
Constantin-le-Grand,.qui s'est emparé de
tous les élémens de la civilisation, place
le centre d'un v|ii(te empire, et Constan-
tinople sera désormais le fanal moral et
politique du monde. D^jà l'Évangile se
traduit dans toutes les langues, et ses
missionnaires abordent tous les peuples.
Brillante illusion! De deux poinU oppo-
sés se lève la barbarie pour couvrir en-
core une fois le monde. I^ barbarie du
Nord ensevelit la civilisation romaine
sous les débris du tr6ne des Césars, et
au Ti* siècle elle règne dans l'Occident
tout entier. Au tu* siècle , la barbarie
du Midi, à son tour, arborant la bannière
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BàR
(2î)
BAA
l'Ane-Milièilfe, TÉgypie, l*Afihh{ue lati-
ne, rËspdgDè, k FMihfce tWéricHooalej \k
Sicile et les côtés d'Italie. Cepetidàtit les
vAlnqueui*» sabîsseht 1« pckissiMflce des
veiticus : les Arabes ptiiseht daas tes étu-
des grecques lé germe d'Uile haute et ra-
pide civiliftâtibn; les Golhs» les FhinCS^
les Atigles et leé SttxotiS (irenneiit dans
les codes de la jliHsprtidehee roiti«iitte et
datis les lois de l'èglufe ehrétieu»è de
fbrtes leconâ d'brdre Social , de piété et
de moralité. Eli Occident, le» temples,
les tt]0nàstèl>6s, leé ^(^leS du ckristia^
iHsrae opposent à la bai^béHe àb^blue une
barrière qu'elle ne s&iiràk fVatlchir; inais
lin cerUiiti degré de b&rbàrië ettvahit jùs-
ques aiit écoles Ifitlbes et gttcqiiés. Bien-
tôt ROMe et Athèiiës roùl^isseiil dtt lan-
gage qu'elles Ont pi^êté à èeë ëcofe^î AHs-
tote et salHt Abgë^tttt sont Ktitbiilés dé»
doctrines qiié leUr atb^ibuènt iëè orgnelU
leuses UniieHités de Pdris, d'Oxford et
de Bologne. En Occident les liéraulê de
là cif ili^ktîoA, les CloVij), les Chàrléfiia-
gne, lès AifVèd, comrhettënt deé actes de
bàhbariè 401 rie penireiK s'e^^pIlqUér qne
par là grbssièfété dêâ peuples qu'ils gbu-
teriîeht ou qif ils icèkilbahent. En OHent
te khahdniétisitie j à ConStfltiiirtOple Itt
dégridaiiôn intéliectaelle et rabfale, en
Ocëtdëht la FSodalité, opposent à la ciTi-
Msktibn dé^ ènlnlves dont le mouvement
Intëllectiiel, qu'amènent les Croisades et
qui aNièhé Ik ^entiis5anee des lettres ^
pat^rtëdï à ^èihe ft dé^^er l'hUMànitè.
DëHUiâ lè kti** Âlèele^ le progrès de la
efvlllsati^ii parait aéiiu^é, et d'ininlenses
d«Vë(o|>[$ébëti^ ènt lieu dànë le sein de
qnéiqtiëé hkilàtH d'becidént; mais qUe
de restée de bkrbarit il se réièle encore
dén^ le cbiifs dé eel derniers sièeles, et
4q^ ^PéfToH^ il tattdi^ enboMS ponr en
ftire dl^arattrè toute* le* tintes! L'Hs-
ttt))og!e jâdlcîÀtrë, la tnii^ et k ^orèel-
4éBé; \à stttîetiJtHion , l*itifbléf*Étiee et les
géiëd^s de IrëligTOrt «j"^ tes torèur^^ les
sdlrpHceé àVéc HifBnèment àë eruâuté,
et le<^ cdëés InMniéhié^ le éfM, IH pfrdte-
rfë et leâ lettres de marque* ï» llHeHes,
les jedx et reécDiirâge; les galères et les
^risbhs béatUbreS; les eéttps d'état dé»
gntkrerheméns insensés et les émeutes
des pciTples indisciplinables : ce sont là '
aatabi de tèstigfiil, pour Wt plu «Bré de
i nionum«ns,d'une barbarie que condamne
biètî la raison pnblique, mais que cepen-
dant lès moeurs générales n'ont pas en-
core permis de faire disparaître. De ces
germes de barbarie, il en est qui inlec-
tent même les peuples les plus avancés
eéi ctvtlisa|ion ; que dire de ceux qni
tiennent à gloire de se préserver de tout
progrès. La civilisation ne commence à
régner pure et nette que du jour pu la
politique d'un peuple m déclare ration^
rtciie et momie. Sur cette limite expire
^a barbarie; mais son empirera jnsque
là. M-a.
AAAtoARIfi (géber. et bist.), nom
par lequel on désigne la portion de l'A-
frique la plus rapprochée de TËuropei
qu'arrosent et fertilisent les rivières et
les cours d'ean qui descendent de cette
suite de chaînes et de groupes de mon-
ugnes, s'étendant depuis le cap de Niin
à l'onest jusqu'au cap El-Mell«h à l'est.
Ces monts ont conservé ce nom d'Atlas
(WX') si célèbre danë la cosmologie des
ancien^. Conformément à cette définition,
la Barbiirie comprend tous les pays situés
entre le Haat- Atlas on le t^ha^an et les
côles de l'Océan Atlatitique, ainsi que
ceux qni sont enire les deux chaînes pa-
ranèles nommées grand et petit Atlas, les
monts Ghuriano plus à l'est, lea collines
de Barca et les côtes de la mer Méditer-
ranée : c'est ce que nous appellerons la
Barbarie septenPiontilÈ* Nbas oonsldé *
iH>ns comme nnë seconde division nats-
relle de la Barbarie, les pays dominée
par les hauts sommets dès montagnes
qrie rious venons de fl»entlottner j qni ont
aussi lenri rivières propres, leurs riches
vallons et leurs plaines feniles : ce sera ,
selon la diviàion que noua établissons,
la Barbarie eë/araie. Les pays qtiî sont
an sud et sur le penchant de ce« ]^la-
teanx et de ces montagnes^ et fertiHséa
par lès cours d'eau qu'ils iettr fournhi-
scnt^ jusqu'aux limites de cette iber de
sable, entremêlée d -oasis, qn'ott netiNne
le Sahara ou Grand -Déiert, seroM la
flarùarie mértdtonaiB,
La Barbarie séptentriimalè oomprend
l'eut de Maroe proprement dit, M ré-
gences d'Alger, de Tunis et de Tripoli.
La Barbarie centrAle ooôiprend le paya
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JtAft
dés CH^éttK ùxà Qiêliàs, A(A BtthéSn
et ëed Kftb^f lei ott Kdbaf les , ttoitls géaé-
nox par ledqtield oh désîgtie t>Iusieurt
triboa montagnatrdeii souvebt «d goe^é
\eà Qoes codtre les autres. Le Zaab on
Wadf eagb, arrosé par la rivière Zag, est
là plbs graiàde région et en tnétne temps
la plos ceiitlrale de i^te division de la
BarbaHé , et par conséquent de toute la
Barbarie. Datis là âàrbarie méridionale
Éé trotlTeat lé pays de SôUs qui fok^ine
l'état indépendant de Sydy-Hesham , att
midi du Uaiit-ÀtlàS; puis DHiha et Ta-
filet dans rëWpire de Maroc ^ an sud-est
de cette cbàlne; et etifin, plus à l'dHeiit,
la longue bande de terré nomteée filld-
oald-Djerid^ bu le pttys dès dattes, et
qui comprend les pays des Motabis et
Gadamez. Au stid , le Fez^an ou lé pays
deè Garàtnantes des aliciélis^ doit éû«
écarté de la Barbdrie et d^ipairlient'ii
cette autre division de rAfrique la plbs
grande de toutes, quoique la moins peb'-
plée,qu*on nomme, ainsi que bous Tâvoi»
dit, Saliara on Grand-Désert. A Test Toa-
sb de Souyah, où était le temple de Ju-
piter-Ammon, doit aussi être etéUi de
la Barbarie et ratiacbé k la description
de l'Egypte, avec les âtltres oasis qui eâ
dépendent.
Ainsi restreinte dans^ses véritables li-
mites, la Barbarie se trouve Comprise en-
tre le 1 S^ degré de longitude occideiîtale
et le 93® degré de longitude ôrientiile,
et entre les SO® et 37® degrés de latitude
nord, environ.
Mab ce mot de Barbdrie, que bous
employons ici pour désigtaer cette por-
tion de l'Afrique, est tônt-à-fait impro-
pre, et devr^t être banni dé l'usage vul-
gaire, comme il l'a déjà été de la làngbë
acjentifiqae dans lés filtls savatis traités
4e géographie, fin effet, l'idée que ce
tedC r«trat^n6 cdbviebt ili aU pays, ni à
fat cMdtistttiice qtH l*tt fait adopter. Par
BarbaHé on n*a pas vbutu déàigner tin
^s barbare ou un paye habité par une
race l^norabte, comme ob pourrait le
croire, niais Utî pays bccbpé par les Ber*
bers (ifôX'), de sortie qu'il faudrait dire
Berbèrîe et non Barbarie. C'est dané le
Béme wbé qbféi i«s géè^pbes des xt®
et lTi*8ièd^D5illiliébt céttéré^bd Mau-
tû^di, pÊttt iik'eù èffôt uiié ^àie {MT-
[ti) BAH
tioii dé ht popiilation est de race maure.
Maié l'ube et l'autre dénomination sobt
également inipropres, puisque cette con-
trée, habitée par difl^^renlës races d'hom-
mes^ n'est exclusivement ni au pouvoir
des Maures ni sôus la domination des
Berbers. Par cette raison les géographes
obt préféré à ces dénominations de Bar^
harie ou é^États BaHtarèsques, celles
de Région de VAtfai , d'États maho*
métans da nord de l'Afrique : quel-
ques-uns, considérant que cette portion
du continent africain est séparée du
reste par des raohtagnes, l'ont assimilé
à l'Asie-MinéUt-e, qui est aussi ^ de ta
vaste Asie, la portioti k plbs rapprochée
de rSurope, et Ils ont proposé dé l'ap-
peler \ Afriqne-Mineure; tnais d'autres
odt plus heureusement emprunté aux
Arabes le nobi de Mns^reh, C'est en
effet par ce mdt que les habitons de l'É-
gyple désignent tente la Barbarie; et
tomnié Ce rilot signifie cobchant , il est
exact pour eux, mais inexact pour nous,
puisque cette contrée est au midi de la
né»tre. Toutefois n'étant pas sujet, comme
le nom Talgaire, à aucune ambiguïté, ce
bom de Maghreb doiè être préféré. Les
gétigraphes arabes ^bdivisent le Magh-
reb en trois parties: X^Aftiltyàh^ qui ren-
ferme les éuts de Tripoli et de Tunis; le
Magfwêlh-el^Aousatâ, on le Maghreb du
ibilieu qui est la régence d^Alger, et le
Maghreb^cl-Aksa , ou le Maghreb éloi-
gné, qui est le Maghreb propreibent dit.
Ces dénotbibâtiôbs pourraiebt être chan-
gées en celles-cî : Maghreb oriental y
Maghreb du miiieu, Mtighrèb occi-*
dental. Cette dernière désigbatibn fbrme
un pléonasme; mais c'est là bn léj^ in-
convénient dont la nomenclature géogra-
phique offre de continuels etemplës , et
qu'tm ne peut éviter.
Cette divisiob du Maghreb ou de la
Barbarie en IHms portions est âUssi na-
turelle que celle qui a été profioséë par
nous en commençant , et sert paiement
à résumer la cônfiguratiob de toute cette
portion de l'Afrique.
En effet le Maghreb oriental {XtA que
bdus le concevons) nous iboMre au nord
un vaste ^IHft terVniné k l'est et à fouest
par deux autres petits golfes plus pro-
I fonds, qui solK \k grande éC ht pétitti Syr-
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BAR
(2*)
BAH
te y et les terres cultivables , resserrées'
par les sables dans la partie orientale ,
qui ne sont séparées du reste de 1* Afri-
que et du Grand-Désert que par des col-
lines bu des monts peu élevés. Dans le
Maghreb central les côtes décrivent une
courbe convexe, et les plaines ou terres
cultivables forment un district à part, que
les Arabes nomment tell et qui se trouve
isolé de l'intérieur du continent africain
par un double rang de montagnes. Ces
deux régions du Maghreb font face à
l'Europe, et sont sur les bords de la Mé-
diterranée, tandis que le Maghreb oc^
cidental a ses côtes battues par les flots
de rOcéan Atlantique , et ses terres cul-
tivables séparées de celles des deux au-
tres régions par le désert d*Angad et les
montagnes du Hi^ut-Atlas.
Les rivières qui arrosent ce vaste pays
sont en petit nombre et ont un cçurs
très borné : les principales sont la Ma-
jerdah qui traverse Tétat de Tunis, la
Scheliffdans la (Partie occidentale de Té-
tât d'Alger, la Molouyab, entre le Magh-
reb central et le Maghreb occidental :
toutes ces rivières coulent au nord dans
la Méditerranée. Le Loulcos, le Sebou,
la Morbeyah, qui sépare l'état de Maroc
et celui de Fez, le Tensyfl ou Quad-
Maraksch (fleuve de Maroc) coulent à
l'ouest dans l'Océan Atlantique. Les gran-
des villes aussi sont rares et situées à de
grandes distances les une» des autres : el les
sont toutes les capitales des états aux-
quels elles donnent leurs noms : ce sont
Tripoli , Tunis , Alger , sur les côtes ,
Constantine dans l'intérieur des terres ;
toutes ces villes sont dans le Maghreb
oriental et le Maghreii du milieu. Maroc
et Fez sont dans le Maghreb occidental
et dans l'intérieur des terres. La popu-
lation d'aucune de ces villes^aukant qu'on
a pu l'apprécier, ne parait descendre
au-dessous de 25,000 âmes ni s'élever
au-dessus de 100,000: dans tout le reste
du UU ou de la Barbarie septentrionale,
on ne trouve qu'un très petit nombre de
bourgs de 4 à 5,000 âmes: le reste de la
population présente des habitations réu-
nies au nombre de cinq ou six, miséra-
blement construites, mêlées aux douars
ou groupes. de tentes des pasteurs qui
campent, sekrn les saisons, tantôt dans
un lieu*, tantôt dans un autre. La Bar-
barie centrale ou la région montafgneuse
n'offre aucune grande ville, mais un
grand nombre de douars; et, sur les pen-
cbans et aux embouchures des cols bu
passages, des villages florissans qui récla-
mçnt presque le titre de petites villes.
Dans la Barbarie méridionaîe on nomme,
au sud et à l'est de Maroc, le chef-lieu de
l'état de Sous, Tarudant; le chef-lieu du
royaume de Tafilet, quel que soit son nom;
et, au midi de Tripoli, Qahdames grand
entrepôt de commerce, et la porte d'en-
trée du Grand-Désert: mais ces villes n'ont
qu'une importance relative et une popu-
lation peu nombreuse.
Aucune région nepirésente, relative-
ment à sa superficie, une plus vaste éten-
due de côtes que la Barbarie, et il en est
peu cependantqui soient aussi dépourvues
de ports. Tripoli, Tunis/ Oran, Tétouan
et Tanger sur la Méditerranée paraissent
être les meilleurs, et sur l'Océan Atlan-
tique Mogador et Agadir.
Ainsi en grande partie dépoi^*vue de
ports, sans rivières navigables, entre-
coupée par des montagnes et quelques
déserts sablonneux, bu stériles, qui met-
tent obstacle aux communications, il
semble que la nature ait refusé à la Bar-
barie les moyens d'acquérir une nom-
breuse population et de s'élever à un haut
degré de civilisation. Peu de régions, au
contraire, ont été plus florissantes et
plus peuplées; et sur le plateau de Bar-
ka, dans l'état de Tripoli, dans les en-
virons de Tunis, c'est près de Kaïrowan,
de Lebeda, des' ruines de Cyrène, de
Carthage, d'Utique, de Leptis magna,
d'Appollonia, de Cesarea,'et au milieu
des débris de colonnes, ou d*antiques édi-
fices encore debout que le Bédouin dresse
ses tentes faites de poils de chèvre et
de chameau , rayées de gris et de-noir.
Ainsi se montrent l'ancienne splendeur
de cette contrée et sa misère actuelle.
Si , sous l'habile domination des Ro-
mains, le Maghreb (surtout dans la partie
orientale et dans celle du milieu ) s'est
élevé à un si haut degré de richesse et de
prospérité , c'est qu'en effet c'est un des
plus beaux et un des plus fertiles pays
de la terre. La Barbarie n'a daUs sa partie
méridionale et centrale aucun des ciMrac-
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BAR (25 )
tères de V Afrique. Elle ressemble beeu-
coup plus au midi de l'Europe , à Tltalie
et à l*£spagoe; mais avec un sol plus fé<-
coud et des productions plus variées. Là
croissent en effet, et mieux qu'en aucun
lieu du monde, toutes les céréales et autres
végétaux qui forment la base de la nour-
riture de Thomme et des animaux, compa-
gnons de ses travaux : Je blé, le seigle,
l'orge, l'avoine, le maïs, la pomme de
terre , le sar razin , le r iz , le sorgho , le 1 in ;
là végètent admirablement, les arbres les
plus utiles, les fruits les plus succulens,
Folivier et la vigne, l'oranger et le mûrier,
les figuiers et les jujubiers, les lentis-
ques et les pistachiers, les amandiers,
les caroubiers, les bananiers, les abri-
cotiers, les pêchers, les pommiers,
les poiriers, les noyers, les dattiers et
les grenadiers. Les mdons y viennent
en pleine terre , ainsi que toutes les es-
pèces de fèves, d'oignons et de plantes
culinaires. Les arbres qui donnent de
beaux ombrages ou servent aux cons-
tructions : les chênes, les peupliers,
les lièges, les cyprès, les pins d'Alep,
les genévriers, les tuyas', y acquièrent
une force et une élévation surprenantes.
Les plantes d'agrément, les jasmins,, les
myrtCBy les roses, l'acanthe s'y dévelop-
pent partout spontanément. Diverses es-
pèces de chardons, le hepné , l'absynthe ,
b lavande, le safran , le tabac , l'indigo ,
la canne a sucre , fournissent aux besoins
de la teinture, à la médecine ou aux
préparations cosmétiques, aiix besoins
ou à l'agrément de l'homme. Les bords
des ruisseaux et des rivières sont pa-
rés de lauriers - rose et d'onagroîdes ,
d^épilobes, d'iris, d'une hauteur gigan-
tesque. Tandis que les héliotropes, lesbuW
beuses radiées, les salicornes, les S4;;illes
fluritimes, les lygées-sparte , les solda-
neUes, les erynges,. et une variété infinie
d'autres plantes couvrent les rivages, ari-
des et plats, les vallées et les froides
retraites des montagne^ sont embaumées
par les végétaux qui y croissent , et pré-
sentent un aspect enchanteur. Les plaines
sont couvertes de riches moissons et de
pâturages abondans; et le genêt à haute
tige, les différentes espèces de cistus, les
résédas odoraus, les sumacs , les bruyères ,
les aloés^ les agaves , les euphorbes et les
BilR
cactiert qui supportent la dialeur et la
sécheresse, ornent les anfracluosités des
rochers et fournissent aux chèvres qui
les habitent une nourriture et un ombra-
ge salutaires. Rarement le dur et stérile
granit usurpe l'espace : la forme arron-
die et verdoyante de presque toutes les
cimes de montagnes atteste partout la
présence du calcaire. Les lias , les schis-
tes, les brèches coquillère, les gneiss, les
porphyres trachi tiques, les marnes rou-
ges, les travertins, y composent le sol des
monts, des collines, des plateaux, des
plaines basses, et des diverses espèces. de
terrains qu'on est convenu d'appeler se-
condaires, tertiaires, diluviens , post-dilu-
viens. Les premières espèces de ces ter-
rains renfermem de beaux marbres et
abondent en mines de plomb, de cuivre,
de fer et d'antimoine qu'il serait facilu
d'exploiter. Le règne animal n'est pas
moins riche en Barbarie que les deux ai^
très : l'abondance des mûriers blancs per-
met d'y élever une grande quantité de
vers a soie ; les mouches à miel y donnent
tant de cire que lés luminaires qu'on en
formait ont reçu en Europe le nom de
bougie, de la ville d'où on les exportait.
Les oiseaux de basse-oour , et toutes sor-
tes de gibier y abondent. La religion
seule met obstacle à la propagation jdes
porcs. L'état de Maroc nourrit cette
espèce de chèvres qui fournit ces beapx
maroquins, nom qu'usurpent en Europe
des peaux bien inférieures pour l'éclat de
leur couleur et leur solidité. Deux races
d'âne', l'une très grande, très forte, l'an-
tre petite, toutes deux précieuses pour
les divers usages auxquels on les em-
ploie, des mulets vigoureux, des cha-
meaux à une seule bosse et des chameaux
à deux bosses , seraient suffisans pour les
besoins de l'agriculture, du transport et
des voyages , et pourraient obvier à la peti-
tesse du gros béuil, à la maigreur des
vaches qui en général donnent peu de
lait; mais le cheval qui se multiplie si
prodigieusement en Barbarie , qui y dé-
ploie de si belles formes et tant de rares
qualités, serait à lui seul une compensa-
tion suffisante. On peut dire, avec vérité,
que ce noble animal, dont on exporte une
si grande quantité du Maghreb , fait à la
fois l'orgueil et la richesse de ce pays.
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BAlR (26
GfeM»léaiid«UiBarb«He»pHidAliëft6ft
^oidtd^Ytie le plus général y réclamfi quetr
^es dlstinctioira fondées sur les divisions
que nous avons établies. Ainsi la Barbarie
méridionale participe beaucoup plus de
TAfrique que les deux autres portions du
Graiid'i-Désertdont eUe est voisine. Là se
trouve une plus grande quantité de pal~
miers; les autruches^ les lions, les pan-
tilères, les deut espèces d*hyène, le bu-
bale, la caama, le pasari, la corinne et di-
tet? genres d'antilopes et de gazelles y
traversetit souvent dévastes espaces vides
d*babitàtions. Plusieurs espèces de singes,
eûtre autres le motie et le magot, hantent
les forêts des versans méridionaux de F At^^
laa. Dana la Barbarie ceritrale et sur les
plateaux sont des ours , des espèces par^
tfculières de marmottes, des furets, des
ehakals et des chats sauvages, et au-dessus
des sommetd qui les dominent planent di*-
verses sortes d'aigles et de vautodrs. Ces
animaux sauvages ou féroces te montrent
inremetit dans les monts qnl avoisinent
la Barbarie septentrionale, et plus rare-
ment éflcore dans les plaines on dans
cette portion du Maghreb que les Arabes
désignent sous le ttom de Tell. Dàn» ces
parties de là Barbarie, on ne voit que les
petiteè espèces d'animaux sauvages, tels
que les foreb, les lièvres, l'arctomis- gun-
di, Sorte de marmotte, les chats, les eha-
kals et les. gerboises. Mais si les plaines,
en Barbarie, n'ont point à redouter les
animaux féroces , de formidables bandes
de sauterelles y exercent quelquefois
des ratages bien pltis cruels. Lesserpens et
les scorpions y sont nombreux. Cette con-
tinéea^tisslcela de commun avec la Sicile,
li Caiftbre et le tbidi de l'Espagne , qo^elle
est quelquefois afQigée par d'affreux
trehiblemen^ de terre.
IVuUepaK les sommets dé l'ÀtKas ne s*élè-
Yètit à une hauteur égalé à celle des Alpes ,
des Pyrénées , et des montagnes de Gre-
nade ou de la SIerra-NeVada en Espagne.
La Barbarie ne présente pas non plus de
nombreux et vastes lacs comme la Suisse et
le nord de fltafie ; ainsi, l'Atlas, cette chaî-
ne de mdnts africaitis ne peut rivaliser avec
tes chaînes d'Europe par la subi imité des
àspecb, parles contrastes et la variété des
Cablëanx qu'elle présente ; mais elle est
plui Hâtfte ; pltfs ftccessiblê à l'homme,
)
BAR
et pltis eh harmonie aveè la ^ion qtl'ellè
domine et fertilise. Le clithat de la Bar-
barie est,daos certaines parties, plus chaud
que celui de l'Italie et de l'Espagne , mais
il est sujet à moins de changemens subits.
Protégée par ses monts contre les vents
bràlans du désert, rafraîchie par les brises
qui soufflent de la Méditerranée, la Bar-
barie jouit d'une température modérée,
et on y respire un air pur et salùbre. Peu
d'heures suffisent d'ailleurs pour s'y met-
ti*e en posàession des diverses natures les
plus estimées en Europe. En effet , rien
ne ressemble plus à notre Provence, aux
environs de Tonlbn ^ de la rivière de Gè-
nes , que les contrées voisines de la mèr
dans la régence d'Alger, dans la Bar-
barie septentrionale. En douze heures de
marche vous pouvez de là vous transpor-
ter dans la Bar bisrie centrale, ^ur le plateau
où est bAtie la jolie ville de Medeyah , et
par les coteaux plantés de vignes, par la
nature des arbres fruitiers, par le mélan-
ge de prairies et de champs cultivés , vous
croyez être dans notre Bourgogne et
contempler les bords rians dé la Saône.
Après cette exacte peinttire faut-il s'é-
tonner qu'une aussi heureuse contrée ait
été recherchée par les premiers peuples
civilisés, et que les Phéniciens navigateurs
se soient empressés d'y J>orter les colo-
nies? que la géographie lïibuleuse y ait
place d'abord , sur le plateau de Barka,
près de Bengazi àcttièl, et ensuite toujours
plus à l'ouest, à mesure que la géographie
positive faisait des progrès, le fameux
jardin des Hespérides^ Devotis-'nous être
surpris que tant de peupla se soient suc-
céoîés sur cette terre fécondé et s'y Soient
mêlés et confondus, qu'ils n'sflent cher-
ché et ne cherchent encore à s'en assurer
la possession exclusive; et qu'enfin ,di (Té-
rcns par leurs races , leur degiré de civi-
lisation , leur religion et leurs moeurs, ils
ne continuent à s'y livrer une guerre con-
tinuelle, et n'aillent ainsi directement
contre le but qu'ils se proposent ou doi-
vent se proposer, c'est-à-dire de jouir et
d'accroître les bienfôit^ dont là nature a
comblé le pays o£i ils sont nés.
La série des temps de l'histoire pour
H Barbarie peut se partager de li^ ma-
nière suivante en trois grandes divisions :
lA (^reAiière ié lubdivisc en dénx pé-
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BAR
(ÎT)
BAA
HodM : 1^ atfttti U domiufioa dM ]|<h
mâlbs, lA ensuite 2^ pendant la domina-
tion des Romains. La première période de
cette division est signalée par la supré-
matie de Cartbage^ colonie phénicienne,
él celle de Cjrène, colonie ftrecqne) sur
toute la Barbarie septentrionale : elle
dore environ l,0OOt ans et jusqu'à la
naissance de J.*<^. La seconde période
s'étend depnis la naissance de J.-C. jus-
qu'à l'an 689 et peut se subdiviser elle-
même en âeux autres portions poui* le^
temps antérieurs à l'invasion des Vanda-
les en AiVique^ et pour les temps posté-
rieurs qui datent de Tannée 43A. Les
Vandales ayant été expulsés paf Bélài^ife
en 6S4^ la Barbarie fut de nouveau réunie
à l'empire de Bytance, quoique cependant
en partie envahie' par les Gotbs d'Espa-
gne. Cette première division forme l'his-
toire ancienne de ce pays et se termine
à l'an 609^ époque de l'invasion et de là
eonquétb de la Barbarie par les Arabes.
Cest donc à eette année 6S9 que ttim-
mence là seconde division de l'hlstnire,
ou l'histoire du môyen-ége de la Barba*
rie. Cette division se subdivise eb trois
périodes : t^ celle qui commence en «S9
ivec les khalifes arabes, et qui oomprend
rbîdtoire de la dynastie des Edrisites dans
le Magbreb, depuis fin 7ll9 jusqu'à 941;
celle des Aglabs en Afrique pixypre ou à
Tunis,depuisl'an 809 jusqu'en 908.3^La
deuxième pétriede commenee donc en998,
*OiM les Fatindtes^ et comprend l'his*-
toire de la dynastie des ZeiHtes en AAri-
qtie un à Tonis et dans le Maghreb de-
puis 9t0 jusqu'en 1069, et celle des
Morabitea dans le Maghreb et l'Espagne
depuis l'an 1969 jusqu'à Pân 1146. 8^
La troisième commeitee à l'im 1 tdO et
continue jusi|u'en 1517 : «He comprend
l'histoire de la révoltftHHi prodaite pm*
lea Moahabedieus ou fldoreteilrs d'un
seul dieu, celle de la dynastie des Aboi»-
hafs dans l'Afrique pr<^re ou Tunis, de-
pub l'an 1206 jusqu'à la prise de Tunis
parBarbertmsSi; eelle des Merinides dans
I» Maghreb^ depuis Fan 191 S', celle des
Sianis danè Itf TehnciOM, depuis l'an
1949.
La troisiènte division oU.]'blstoire mo-
derne est marquée par rinvasion des Os-
minlls bu Tte^n^ qtbr écabNirèni \mt do-
ndMktiMl m Birbarte et anéantbféiit celle
des Arabes : elle commence en 1617 et
renferme celle des diiîérens états qui se
partagent cette région , c'est-à-dire celle
d'Alger « de Tonis et de Tripoli qui se
mêle à l'histoire des peuples modernes
de l'Europe et surtout à celle d'Espagne.
Les limites de ces divers états corres-
pondent asses bien aux provinces que
les Romains, dans les temps de letd*
plus grande puissance, avaient établies.
Pour eux la Cjrr^nàica jointe à la Regio
Sfrticm comprenait à peu près l'état
moderne de Tripoli; VJfrica proprim
la régence de Tunis , et la Jfamidia ou la
Mauriumia cttsmriensis , avant sa sub-
division en deux provinces, était la ré-
gence d'Alger ; et enfin Matititania tingi^
ia/ta cotrespondait aux royaumes de Fêz
et de Maroc. Les Romains gardaient tout
ce pays avec deux légions et un corps
d'auxiNaires, c'est-à-dire avec 94,006
hommes.
Actuellement examinons les différentes
rucea d'hommes qui habitent la Barbarie.
On doit d'abord subdiviser la popuHh
tion en deux grandes classes, celle des
blancs et celle des nègres; niais ceux^i
sont des esclaves des deux sexes impot-
tés de Tintérieur.'Cependant un bon nom-
bre sont libres ef jouissent des droits pô-
Ntlques, aussi bien que les autres babi-
tans. Bfalgré les Importations continuelles
et qui ont lieU depuis un temps Immémo-
rial, la race nègre multiplie peu en Bar-
barie, ce qui prouve (jue le climat lui
est peu favorable. Dé même lé diUiat du
Soudan et des pays d'Où l'on tire les nè-
gres est destiticteur de la race blanche ;
c'esft un grand fait que les comptoirs
européens sut la côte de Otiihée, et sut^
tout l'histoire de la colonie anglaise à
^ierra-Leone, a sufSsamibènt démontré.
t^armt lés blancs à teint plus ou moins
dair, pinson tttoins foncé, oit distingue
les races suivantes : les Berben, lès
Maures, les At^beS, les Jnif^, les Turcs,
les Koulouglis, les MombitéA.
De ces différentes race», les denx pre-
mières peuvent seules réchimer le priri-
lége d'une haitte antiqtkité datts ce pays
et être considérés cotrtme hrdigènès; inais
les Berbers ,^habitans des montagnes ,
sont beaucoufi Moins fttélbtvgéë que les
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BAR
(28)
BAR
Maures posacaseors des plaints. Let Ber-
bère sont considérés comme les descen-
dans des «ncicDs Numides; ils sont de
taille paoyenne, ont le teint brun et quel-
quefois noirâtre, les cheveux bruns et
lisses ( ceux qui sont blonds et à teint
plus clair sont regardés comme issus des
anciens Vandales qui ont pris refuge dans ^
les montagnes ). Le \isage des ^Berbers
est arrondi et court, leurs traits sont
prononcés , leur tournure élégante, mais
leur physionomie dure et sauvage; ils
sont braves, mais cruels, actifs, intelli^
gens, et plus avancés en agriculture que
les Maures «t les Arabes. Ils sont divisés
en tribus souvent enqemies, mais qui par-
lent une même langue nommée berbère ,
chillah ou chavia, qui n*a, dit-on, de
rapport avec aucune langue connue. Ces
Berbers^nommésKabayls dans l'état d'Al-
ger, Chillouhs dans Tétat de Maroc, se
Domment,dit-oo,euz-mémesAma2ig; mais
Amazig veut dire noble, illustre, et Ka^
bayls signifie tribu , et des appellations
collectives ou des titres d'honneur ne
peuvent être des noms de peujale ou de
nations. Quoi qu'il en soit , on prétend
que la langue , et ainsi la population des
Amazig, s'étend non-seulement dans tout
l'Atlas, mais encore dans le Sahara et
le Grand-Désert, et que les langues des
Chillouhs de l'empire de Maroc, des h4-
bitans de Syouab et d'Audjelah, des
Tibbos et desTouaricks , ne sont que des
dialectes de la langue berbère ou des
Amazig. Mais ce fait très important pour
l'histoire et la géographie n'est pas dé-
montré. Il reste à examiner si ces diffé-
rentes peuplades n'opt pas des langues
qui leur sont propres et dans lesquelles
se sont glissés des mots berbère. Déjà
un voyageur ( M. Jackspn ) assure que
la langue des Cbillouhs, de l'empire de
Maroc, n'a aucune analogie avec la lan-
gue berbère, ce qui semblerait prouver
que les habitaos du haut Atlas soqt une
race différ^ite de celle du petit et du
grand Altas. Dans le^ hautes chaînes de
Dionta^çnesy les races différent radicale-
ment d'une vallée à l'autre. Dans les Py-
rénées, les Béarnais de la vallée d'Aspe^
et les Basques de la vallée de Baiguorri,
qjooique limitrophes, ne «peuvent s'en-
tendre et parlent des langues totalement
différentes. Les géographes énumèrent
plus de vingt races et de langues diffé-
rentes dans le Caucase, et , par ui|e hal-
lucination singulière, dans ces mrnits At-
las qui occupent une si grande longueur,
ils ne veulent reconnaître qu'une seule
race d'hommes et qu'une seule langue.
Les Maures, dans la Barbarie, com-
posent la plus grande partie du Tell ou
des plaines; mais cette race est beaucoup
plus mélangée que celle des montagnes.
Peut-être doit-elle être distinguée des
différentes races qui habitent le Grand-
Désert , et qu'on i»mprend aussi sous le
nom général de Maures; ceux-ci nous
paraissent tenir plus à la race des Ara-
bes. On considère les Maures de la Bar-»
barie comme les descendans de ces peu-
plades asiatiques qui , dans les temps les
plus reculés, se sont établies dans ce
pays, se sont mêlées avec les Berbère et
les autres races indigènes, et ont ainsi
formé, par le long laps de temps, une race
particulière qui a ses oaractèi^^ propres,
quoique ayant subi et subissant encore
le mélange de beaucoup de races asiati-
ques et européennes. Les Maures, d'abord
idolâtres , embrassèrent 1^ christianisme
sous les Romains ; puis, subjugués par
les Arabes , et gouverna ensuite par les
Turcs, ils sont devenus Musulmans. Leure
traits sont en, général moins prononcés
que ceux des Arabes et des Berbère; ils
ont les cheveux noire , la peau un peu
basanée, mais plutôt blanche que brune;
leur taille est au-dessus de la moyenne,
leur démarche est noble et grave. Lea
femmes ont de beaux yeux, les hanches
très larges et la gorge pendante. Lea
Maures se réunissent dans les villes et
villages, et se tiennent rarement isolés
dans les campagnes, parce qu'ils sont ex-
posés à être pillés par les Arabes et les
Berbère. C'est une race indolente, traî-
tresse, vindicative, la moins brave et la
plus corrompue de toutes c^fes qui ha-
bitent ce pays.
Les Arabes qui , après avoir conquis
l'Egypte, ont envahi la Bar)Miria ets'y sont
établis, ae ^reconnaissent à leur peau plus
brune, quelquefois olivâtre, quelquefois
presque aussi noire que celle des nègres,
à leur stature ordinairement grande, à
leur corpa bien modelé^ qui n'est ni grai
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UkA (
nimaifpre, k leur» chereux noirs, leur
front découvert, lenr figure ovale et al-
longée, leurs yeux vifs, ayant la bouche
et le nés parfaitement conforoH^. Ceux
qui cultivent les champs construisent des
cabanes de branches d'arbres et de ro-
seaux, couvertes en paille ou en feuilles de
dattiers. £ll«s ne sont jamais isolées,
mais se montrent réunies au nombre de
dix ou de douze, et composent ces petits
hameaux qu'on nomme dascars. Les
Arabes qui s'adonnent à b vie pastorale
se nomment Bédouins , et la réunion'' de
leurs tentes disposées en cercle constitue
un douar. Les Arabes sont braves, în-
disdpliDés,, divisés en tribus ou familles
qui ont des chefs qui les gouvernent se-
lon leurs usages et auxqueb ils obéissent
phis qu'aux chefs de l'état.
Les Juifs, toujours tolérés, souvent
persécutés, en Barbarie comme en Eu-
rope, y sont très nombreux; et ceux qui
tm Afrique appartiennent à cette racé ne
différent en rien de ceux d'Europe. Ce-
pendant un voyageur récent déclare que
ee n'est que parmi les femmes israéKtes
de Barbarie qu'il a retrouvé ces cbar-
niantes figures qui donnent tant de prix
aux tableaux de Rapbaêl.
Les Turcs, raoe boréale et originaire
du plateau de l'Asie, 4|uoiqne la moins
nombreuse, est celle qui domine dans
les régences. Beaux, bien constitués,
mais un peu replets, ils ont le regard se-
Tcre, leè traits du visage fortement pro«-
nonces, et la peau aussi bUncheqoe celle
des Européens. Indolens, fiers , et sou-
vent cruels, ils n'ont pas la sobriété 'des
lllaores ni d^ Arabes, et sontcomibe
eiix'très indolens; mais ils ont plus de re-
ligion, pins de bonne foi et plus d'hon-
«ettr , et des moeurs plus régulières.
Telles sont les races distinctes qui, avec
celtes des diverses nations européennes,
habitent là Barbarie; mais cependant les
fréqnens mélanges des Turcs et des Ara-
bes avec les Maures ont produit deux
autres races Intermédiaires désignées par
les noms de Koulouglis et de Mozabites.
On reconnaît Porigine. de ces deux races
aux caradères qui les différencient ; ainsi
les KsnlonglSs ressemblent plus aux
Tores , et les Moiabites aux Arabes.
La géographie de ectte vaste région
Î9)
ÉAft
est aussi imparfaite, aussi incertaine que
sa stati.^tique. Les côtes cependant en
sont bien connues et ont été l'objet de
travaux récens très exacts; on a relevé
aassi toute la plaine qui se trouve entre
Alger et le petit Athis, jusqu'il Bélidah ,
et au plateau de Medeyah; les enviroqs
de Tunis , ceux de Boue et d'Oran , et
quelques autres petites portions de cette
vaste étendue, ont été soumis à des
opérations gécidésiques ; mats tout le
reste dans l'intérieur est tracé d'après les
itinéraires ou les vagues descriptions
des voyageurs, qui n'ont aussi que des
moyens très peu efficaces pour apprécier
la population , les revenus, les forces de
ces divers états. En comparant leurs ré-
cils et en nous arrêtant à ce qu'ils nous
fournissent de plus vraisemblable, nous
présenterons le tableau staUsttque suivant
des diverses puissances du Maghreb.
TABLEAU STATISTIQUE
DE LA BAKBÂRIB OU DO MAfiHmUI.
Empire de Maroc,
Pofwlation : 6.500.00a Ii«b. — Icraout : SS.OOO.OOO.—
: 25,000 I
Tunù,
FopriMiM : 1,000,000. <ri»b. — 1«tmw i 7.100.000. |>.
— Foroc anaé« : 6,000 bonmes.
^/^er (avant la conquête).
PopnbitMui : 1.600.000 bab. — IcvaniM: S.500.000 fr.~
Forée amé* : 4,009 bocaoMi.
THpoU.
Popolation : 900.000 bab. — Bcfenoi : 1,800,000 fr. —
ftjOOOIi
Ainsi la population de toute la Bar-
barie ne s'élèverait pas à plus de 10
millions; le revenu général serait de
36 à 96 millions, et la force arteée de
tous les étata réunis serait au plus
de 30 à 40,000 hommes. Qnapt aux
forces maritimes, elles sont nulles , puis-
qu'avant la conquête d'Alger, et en y
comprenant cette régence, les divers gou-
vernemens de toutes les régences ne pos^
sédaient réunies que 6 à 7 frégates , et
une centaine de petits bricks. Foy, les
articles Algbk, M^aoc, TaiPOLi, Tu*
VIS, etc. W-a.
BARBARIN (lb chbtalie|l), voy.
MKSMxaiBMB et Maohxtuiix.
BARBARISME, en ktin barbaris'-
mta. Ce mot a la même étymologte que
celle de barbare. Par ce mot, les Grecs
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»a
(80)
SAH
^ les Romains désignaient tous les peu-
ples qui ne parlaient pas leur langue. Le
barbarisme est une fau^e de diction qui
cqnsiste àse ser /ir d'un mot inu:»ité ou in-
connu, ou à employer une locution vi-
cieuse et tout-à-fait étrangère à une lan-
gue , ou à <Looncr à un mot un sens qui
B*est pas le sien [estafilade, pour enfi-^
lade)y ou à parler, contre la pureté d'une
langue, en des termes pris dans un mau-
vais sens ou mal associés* Toute façon da
S*çxprimer> étrangère à la langue dont on
parle, est donc un barbarisme. Par exeq»-
pie, un Apglais qui dirait : Je suis cAaud,
au Ueu de dire j'ai chaud, ferait un bar-
barisme, par rapport au français. Il y a
une autre espèce de barbarisme, c'est
lorsqu'4 la vérité le mot est bien de |a
langue, mais qu*i| est pris, comme mot,
^ans un s^s qui u'est pas autorisé par
l'usage de cette |f ngue. Par exemple, nous
nous servons , au figuré, du mpt efitrail"
les, pour indiquer un senti ment tendre
pour quelqu'un; ainsi, nous disons : Jl
a de bonnes entrailles, pour dire : il est
con^patissant. Un étranger, écrivait à
Fénélon , lui dit : Monseigneur, vous
avez pour moi des koyaux de père;
boyOusB ou ùuestins, pris en ce sens,
sont des barbarismes , parce que , selon
l'usage de la langue française, nous ne
prenons jamais ces mo^3 dans le sens J$t
guré que nous dofiuoos à entrailles, « Il
y a, dit Vf Itaire^ deux sortes de barba-
rismes, celui des mots et celui des phra-
ses. Égaliser les fortunes, pour égaler
les fortunes; au parfait, au lieu àtpar-
fkitement; éduquer^ pour donner de
Véducation, élever, voilà des barbaris-
mes de mots. Je crois de bien faire, au
lieu de/tf crois bien faire; encenser aux
dieus, pour encenser les tUeux;J€ vous
aime tout ce qu'on peut aimer, au lieu
àeje vous aime, autans qu'on peut ai-
mer, sont des barbarismes de phrases, »
Il ne («ut pas confondre le barbartsnw
arec le solécisme (vôy.) 3 entre eux il y
a cette éifférenoe que Te barbarisme est
une locution étrangère à une langue , et
que le solécisme est une faute contre la
régularité de k construction d^-one lan-
gue, faute que les naturels d'un -pays
peuvent laire par inadvertaBoe ou par
i|pioraiiea.
En musique, on se sert du mot bar^
barisme pour exprimer l'action d'un com^
positeur qui, n'étant pas encore connu ^
prend ce|rtainê& Uberiés qui ne copvien-r
nent qu'aux grands mailres , ou veut in-
troduire des nouveautés , on même em-
ploie trop souvent des Uo^oes que les
grands maîtres ne se permette pt que ra-^
rement. Le -premier qui s'est servi du
mot barbarisme >en ce sens n*^ fait que
le transporter de la gcamovure à U mu^
sique.
Saint Épiphaqe a donné le nom de
barbarisme à la plus ancieune dos qua<^
tre religions qui ont eu cogrs autrefois,
et qui ne pouvait- être qu'up «resta des
vieui^ cultes barbiirea. C'est, selon toute
apparence, celle qui prenait pour o):\|et
de vénération les collines, les monta|;nea,
les arbres fruitiers, les fontaines, «te* K
FÉTicHisiin. F. &-ii<
QAIUIAROUX ( CHAAI.U ), naquit à
Marseille en 1767.^(Jne beauté remarn
quable» un esprit exalta, un oaractore
impétueux ) tout en lui promit de bonne
benre une vie aventurekise. H fut, très
jeune encore, placé au centra des événe^
mens que la révolution de la fia du
XVIII* siècle amoncela sur la France. Il se
mODtral'un despluabardispromoteum de
cette révolution i mais il iaut dire à sa
gloire que jamais, dans le oouM de sa car-
rière politique^ il n'oublia les 4ois sa-
crées de la morale et de rbumanilé, que
jamais il ne connut d'autres mobiles que
l'amour de la patrie et l'attrait de ia li^
berté. j . •
Dès l'aurore de la révolution , Barba-
roux (il avait alors Ï4 ans) publia l'Cé-
serv€Ueur marseillais, journal patri^ti^
que , et celte feuille contribua puissam-i-
ment sana doute à faire de Marseille Tua
des plus ardens foyers de la révokilion et
à lui communiquer cette fievtéet eeUe
asalacedont eette ville donna tant 4'etemr
pics.
A la t4te de la garde nadosiale de 3farr
seiMe fut plac4 un eertiaûn Lieutaud. Ce
général, plus disposé à jramener L'aUciett
ordre de choses qu'à favoriser le nou-
veau , organisa des tripots dans tous les
quartiers, peur an donner des mèyana
de corruptàm. Ces maacMivres lui Hna-
«rept; a devint l'idole des ||«!»etlkûa«
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9itl ( 91
On lui do«mi| des fétcs, oa daiiaait à st
porte» on TapplaudissaU à la ^te dei ba-
tailloDf , daps \^ secliooa, a^ cpQseil de
la commui^e, a i^ club, dans hs places
publiques. Barbaroux, loin de partager
l'eB^ouement général , vît dans la pré-
sence 4*un tel homme au pouvoir la ruine
de Marseille , et résolut de Fattaquer au
milieu de ses triomphes. Àyan^ été nom-
mé ? )a place de secrétaire -greUfier-ad-
joint de la commune, il rédigea des pro-
damât ions qui ranimèrent le courage des
bons citoyens; il s'attacba surtout à dé-
truire les tripots fondés par Lieutaud; il
mît en d^rdre 4es banques, ses pha-
raons, ses biribis, et finit enfin par ïaire
destituer le commandant par les sections.
Oo ^ Osit difficilement Tidée aujour*
dliui de ce qu*était alors la place de se*
crétaire-greffier de la commune de Mar-
seille. Qarbaroux nous a laissé le tableau
des soins inulti plies qu'elle exigeait de
lui. Les relation^ de cette ville avec une
fonlfc de communes, ses contestations
avec les ministres pour ses armes, ses
subsistances, son commerce, ses établis-
semenstses manufactures,9eslazarets,ete.;
la police de la ville ou éclataient sans
cesse de nouvelles rixes et dés insurrec-
tions nouvelles ; ses travaux publics , sa
milice; vingt mille paysans ayant à la
lois vingt mille caractère! et vingt mille
volontés; une ancienne comptabilité en
désordre, une nouvelle comptabilité tou*
jours aux expédiens : tels étaient les su-
jets mnktpUéiB de ses travaux jdumaliers,
œnt (bis interrompus par la mobilité des
soènes. Cependant Barbaroux ne négli-
geait pas son cabinet: il plaida vingt cau-
ses dans cette même année ; il fi^ impri-
mer un volume de Mémoires, quelques
écrits politiques» et n*oublia ni les scien-
ces, ni les lettres qui faisaient ses délices,
BÎ même les plaisirs qu'il aimait aussi.
L'Assemblée législative venait de rem-
plaoer l'Assemblée constituante. Le dé-
partement des Bouches-du-Rhène avait,
comme les autres départemens, envoyé
ses dépotés à cette assemblée) mais la
ville de Marseille jugea à propos d'entre-
tenir à Paris un mandataire particulier,
el son ehoix se porta sur Barbaroux..
Barbaroux se lia bientôt a^iec Roland
qui, dîfgfMé pac Iftooni^ meoak de quU-
) BAR
ter le ministère. Roland, ooame Barba-
roux, était persuadé que la contrc-révo*'
l|itioQ se préparât , que la cour y pouir-
sait de toutes ses forces; l'un et l'autre
étaient effrayés de la tournure que pr»«
naient les choses. '
Bientôt ai*riva le 10 août qui brise
le trône. Barbaroux donne aux Maraeil-
lais le principal honneur de cette joun-
née, et se représente lui-même eomme
l'ame des Marseillais. L'histoire est, en
cela, d'aecord afvee Barbaroux : Barbar
roux et ses Marseillais ont mis fin à la
monarchi^.
Après le 10 ao4t, Roland revint an
ministère^ Le lendemain de sa nomina-
tion, il offrit à Barbaroux une place de
principal secrétaire dans ses bureaux.
C'était un moyen sûr d'arriver rapide*
ment à la fortune; mais Barbaroux s'é-
tait donné à Marseille : servir cette ville,
la rendre florissante, faisait toute son
ambition. B refusa l'offre de Roland; et
jugeant sa mission terminée à Paris, il
repartit le 17 août, bien persuadé, dit*
il , que Robespierre et Marat , eacUes le
10, mais qui depuis s'étaient jetés dens
la commune, allaient perdre par le crime
une révolution qui, suivant sa manière
de voir, ne pouvait se maintenir que. par
la vertu.
A son arrivée à Marseille, Barbaroux
fut reçu avec enthousiasme. Peu après, le
corps électoral du département des Bou-
ches-du- Rbàne se réunit à Avignon.
Barbaroux y fut envoyé comme électeur.
L'assemblée le nomma président à l'n*
naniraité , et bientôt après député à la
Convention.
Barbaroux ne fut point un membre
influent de cette assemblée. Il y vint
grossir le nombre de ces hommes de oeeur
et de talent qu'on désigna sous le nom
général de Girondins, D^ns le procès de
Louis XYI , il fut l'un de ceux qui vet»*
rent V appel au peuple. Il se prononça
vigoureusement contre le parti de Iferat
et de Robespierre, qu'il avait toujours
méprisés ; il accusa ce dernier de tendre
à la dictature. Enfin il fut proscrit le 31
mai comme royaliste et éomme ennemi
dé la république ; et cela seul donne bien
la mesure de l'esprit du tensps.
Barbaroux se ret^a danf k Cak^doa^
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04R
(ii)
tf\ft
OÙ ses amîs espéraient .trouver des cœurs
dévoués. On sait que, forcés de fuir, plu-
sieurs des députés proscrit^ parvinrent,
au travers de mille dangers, à se réfu-
gier dans la Gironde, où Guadet, con-
fiant dans ses compatriotes, leur promet-
tait bienveillance et sûreté.
K leur' arrivée dans la Gironde, ils
trouvèrent ce département livré à leurs
ennemis. La terreur y était pleinement
organisée, et malgré tous les soins de
6uadet , ce n'est qu'à grande peine que
les proscrits purent enfin arriver à Saint-
Émilion. Ils y furent accueillis par une
belle-soeur de Guadet, M™® Bouquey,
que Louvet et Buzot, dans leurs Mémoi-
res , représentent comme un ange envoyé
par le ciel pour les attacher encore à la
vie. Par les soins de. celte femme géné-
reuse, un souterrain secrçt où Ton ne
descendait que par un puits et qui ne
recevait de jour et d'air que par l'ouver-
ture de ce puits, les cacha à tous les yeux,
à toutes k» recherches. Je suis descendu
dans cet humide cachot , et je n'ai pu me
défendre d'un sentiment d'horreur. Et
cependant il» étaient heureux ! car, pour
' la première fois depuis bren long-temps,
ib goûtaient du repos, et leur ame tran-
quille pouvait, un moment, s'ouvrir à
l'espérance; puis, quand le soir était ve-
nu, ils s^ réunissaient autour de leur
bienfaitrice, comme des en fans recon-
naissans autodr d'une mère bien tendre.
Malheui*eusement oe temps de bon-
heur ne pouvait durer toujours : il fallut
quitter cet asile, sans savoir même où por-
ter ses pas. On eira long- temps , on cou-
rut encore bien des dangers , avant de se
trouver en sûreté à Saint-Émilion , chez
un homme qui consentit à se dévouer
pour sauver des malheureux. Cet homme
se nommait Baptiste Troquart.
Cependant une visitç domiciliaire fut
annoncée. Les députés dirent adieu à
leur h6le et partirent, se confiant dans
la Providence. A peine avaient^ls fait
une lieue qu'ils virent au foin une troupe
de gens qu'ils crurent être envoyés à leur
recherche. Barbaroux se tira un coup de
piatolet dans la bouche. Une femme ac-
courut au bruit et le trouva baigné dans
son sang ; mais il respirait encore. U pé-
rit peu de jours après smr l'échafaud.
C'était au Bfois de juin 1794; il avait
alors 28 ans^' G-t.
BARBAZAN / Aihtauld Guilhem,
sire ou bafou de), l'un de ces vaillans
capitaines quij sous les règnes désastreux
de la première branche des Valois, dis-
putèrent pied à pied et parvinrent enfin
à arracher aux Anglais le sol de la France.
Le sire de Barbazan était né d'une fa-
mille distinguée dans le Bîgorre. Jeune en-
core, il fit preuve de son goût pour les
armes , et, en 1404 , il figura dans un de
ces combats singuliers conformes à l'es-
prit du siècle. Celui-ci eut lieu sous les
murs du château deMontendre, en Sain-
tonge , en présence des deux armées an-
glaise et française , attentives à la lulte
de leurs champions. Il y. en avait six de
chaque ç6té: les Français furent victo-
rieux, et Barbazan, qui avait beaucoup
contribué à un triomphe si flatteur pour
l'honneur national, en renversant d'un
coup de lance le phis habile des cheva-
liers anglais , acquit dès lors un grand re-
nom. Le roi lui fil. présent d'une épée
sur laquelle étaft gravée cette devise : Ui
tapsu graviore ruant, et lui décerna le
titre de chevalier sans reproche , si no-
blement porté depuis par Bayard. Bar-
bazan se signala dans le cours des funes-
tes guerres citUes qui désolèrent alors le
royauméi: il défendit Corbeil en 1417
contre le duc de Bourgogne, revint à Pa-
ris où il livra un sanglant combat au fau-
bourg Saint- Antoine , et de là se ren-
ferma dabs Melun qu'il fut contraint, par
la famine, de rendre à discrétion au roi
d'Angleterre quelques mois après. Aidsi
livré aux mains de ceux à qui son cou-
rage avilit été si nuisible, Barbazan subit
une dure et longue captivité au château
Gaillard, près 4e Rouen. Ce ne fut qu'a-
près huit ans qu'il fut délivré par La Hire
qui emporta Ja place par escalade. Au
sortir mvme de sa prison , Barbazan re-
prend les armes, s'empare de Pont-sur-
Seine, et gagne sur les Anglais et les Bour-
guignons réunis la bataille de la Croisette
en Champagne, victoire qui concounit
puissamment à la délivrance définitive du
pays. Charlesyil, en récompense, le nom-
ma gouverneur de Champagne et de
Brie, et lui donna par lettres-patentes le
titre de reHoitmieur du rvymvme et de
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BAR
(iâ)
fiAft
la couronne de France; avec trois fleurs
de Vis sans brisure dans ses armes. £n
1431 il fut envoyé en Lorraine pour ai-
' der René d'Anjou à s'emparer de cette
province; mais René s'étant engagé Ipa-
prudemment près de Tïanc}^, malgré les
conseils de Barbazan , fut complètement
battu , et le bi*ave capitaine^ qui avait été
percé de plusieurs coups, mourut quel-
ques mois après de ses blessures. Il Ah
enterré à Saint-Denis comme Duguesclin,
dont il avait partagé les dangers et Til-
lostration. P. A. D.
BARBAZAN (Étienue), Tun des
bommes qui ont le plus étudié les an-
ciens monumens de la langue et des let-
tres françaises, naquit à Saint-Fargeau ,
diocèse d'Auxerre, en 1696, et mourut
à Paris en 1770. Il laissa des manuscrits
volumineux dont la majeure partie de-
vint'la propriété de la bibliothèque de
l*Arsenal , et qui comprenaient un Glos-
saire delà langue française. £n 1766,
Barbazan publia ses Fabliaux et contes
français des xii*, xiii*, xiv* et xv* siè-
cles y et dans les années suivantes deux
autres ouvrages qui .sont réunis avec le
premier dans la nouvelle édition des Fa-
bliaux, due aux soins de M. Méon; Pa-
ris 1808, 4 vol. in-8°, chez Treuttel et
Wûrlz. En tête du premier volume se
trouve la Dissertation sur V origine de
la langue française y page 1-58. S.
BARBE. Ce mot, qui a reçu en his-
toire naturelle une très grande extension,
8*em ploie le plus ordinairement pour
désigner le poil qui couvre plus ou moins
abondamment le bas de la figure de
lliomme, et que les peuples de TOcci-
dent coupent chaque jour plus ou moins
complètement, tandis que les Orientaux
le laissent croître comme nous faisons
de nos cheveux , qu'ils rasent avec le plus
grand soin. On donne le même nom aux
jioils qui croissent au menton du bouc et
à celui de quelques singes; on l'étend
enfin à ces espèces de crins qui garnis-
sent les fanons et les gencives des mam-
mifères cétacés , et encore à ce faisceau
de petites plumes qu'on trouve à la par-
tie inférieure du bec de quelques oiseaux.
Tout le monde sait qu'on désigne aussi par
ce nom de barbes les filamens qui gar-
nissent les deux côtés d'une plume.
Encyclop. d. G. d, M. Tome III.
£n botaniquo , c'est dans plusieurs
cas une etpression tout-à-fait vulgaire.
On nomme bcuhe de bouc le salsifis sau-
vage; barbe de capuan, celle yariété
de chicorée sauvage que l'on fait croître
l'hiver sur cx)uche et dans des lieux ob-
scurs, et qui, s'étiolant, pousse des jet9
aUongés et blancs que l'on mange sur
nos tables; barbe de chèvre , une ^-
pèce de spirée ; barbe de Dieu , une V-
pèce de graminée; barbe de Jupiter y la
joubarbe qui pousse si abondamment
sur les toits de chaume. Enfin , car il faut
terminer cette aride nomenclature qui est
Ipin d'être complète, quelques botanistes
désignent par ce nom de barbe cette
longue arête qu'on observe dans plu-
sieurs genres de la famille des grami-
nées. A, L-D.
BARBE (histoire de la). On a beau-
coup diHéré, suivant les temps et les
pays , sur la manière de porter la bai'be.
Dans la plus baute antiquité, les hom-
mes la laissèrent pousser naturellement.
La soignant par propreté, ainsi que leurs
cheveux , ils regardèrent ensuite comme
une parure plus majestueuse encore ce
caractère de leur Sexe. Les Égyptiens
pai-aissent avoir été les plus anciens peu-
ples qui se soient rasés. Alexandre-le-
Grand eut l'idée d'appliquer cet usace à
l'art militaire, en ordonnant à ses soldats
de se couper la barbe, pour ne pas of-
frir par-là de prise aux ennemis, dans la
mêlée du combat ; mesure renouvelée de
notre temps par le pacha d'Egypte, mais
dont la manière actuelle de combattre
rend l'application moins utile. Les Ma-
cédonien», de retour , répandirent cette
mode dans la Grèce, et peu à peu l'usage
de se raser finit par devenir général.
Avant leurs relations avec les Grecs,
les Komains laissaient croître leur barbe
et leurs cheveux. Vers l'an 200 avant
J.-C.,PubUu8 TerentiusMenaleur amena
des barbiers de Sicile. U en résulta un
double changement : les cheveux très
courts et la barbe entièrement rasée. Sci-
pion l'Africain introduisit même la mode
de se faire raser tous les jours. On se fai-
sait raser poiu* la première fois à l'âge de
vingt et un ans, et c'était une espèce de
cérémonie : on recevait les complimens
de ses amis , et cette première barbe ,
3
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bàiv
(34)
BAtl
renfermée dada une petite botte, était of-
ferte aux dieux. Les Romains eurent
ainsi le visage rasé jusqu'à la fin de la
république et pendant tout le premier
siècle de notre ère. L'empereur Adrien
reprit la barbe longue , dont l'uaftige se
maintint deux cents ans, jusqu'à Con-
stanttn-Ie-Grand. Ce prince porta jusque
dans la barbe les grandes innovalions'de
sa|^ règne. Julien, par la publication de
sW Misopogon', ne dédaigna pas de la
mettre au nombre des puissances dé-
chues, qu'il essaya de relever, mais en
Tain.
L'empiré d'Orient continua de se ra-
ser pendant trois siècles, jusque vers
le règne d'Héraclius, contemporain de
Mahomet ( 620 ). Depuis cette époque,
la barbe est portée presque générale-
ment dans tout l'Orient. Constantin IV,
arrière-petit-fils d'Héraclius, fut sur-
nommé Pogonat, à cause de l'épaisseur
de sa barbe. Ce devint un point de reli-'
gion pour les Mahométans d'avoir la
tête rasée et la barbe longue; et chaque
seete de l'islamisme la taille d'une ma-
nière particulière.
A la même époque , la barbe se por-
tait en Occident d'une manière plus ou
moins complète, depuis environ deux
siècles, par suite des conquêtes des Francs
et autres peuples barbares qui avaient
d'épaisses moustaches et ce qu'on ap-
pelle communément aujourd'hui des/a-
voris. En France , pendant la première
race , une longue barbe était le signe de
la noblesse et de la liberté. Sous Char-
lemagne on porta seulement des mousta-
ches très longues, descendant des deux
c6tés delà bouehe jusque sur là poitrine;
mais à peme ce prince fut-il empereur
d'Occident qu'il adopta la barbe romaine.
Au irdlieu du «• siècle, les Français se
rasèrent entièremetiç le visage, jusqu'au
commencement du x% pu la barbe repa-
rut , et dura jusque dans le xii", avec des
variations due re^ bornes de cet article
ne nous permettent pas ^e spiyre.
En général le clergé ^'Oriept 9 con-
stamment porté la barbe. Là dissidence
qui commençait à régner sur ce point à
la fin du IX* siècle entre l'église grecque
et l'église latine, fut une des causes du
schisme et le moUf pour lequel Photius
déclara hérétiques les évéqu^s occiden-
taux, lorsque, ayant pris le titre de pa-
triarche œcuménique, Il excommunia, en
860, le pape Nicolas I®'. « Étrange rai-
son, dit un auteur, pour brouiller l'O-
rient avec l'Occident ! » En 1 07 S une des
principales dispositions du concile tenu
à Girof le par le pape Grégoire VII fut la
prohibition de la barbe parmi le clergé,
avec les plus grandes menaces contre les
récalcitrans ; et les mesures les ' plus
coërcitîves furent exécutées pendant toute
la fin du xi^ siècle.
Du xii* siècle jusqu'à la fin du xv*, à
un petit nombre d'exceptions près , tout
le m^onde se rasa en France, en Allema-
gne et en Italie. De là plusieurs coutumes,
par exemple, l'usage, dans la noblesse
qu'un jeune gentilhomme fût rasé pour
la première fois par un seigneur d'une
naissance égale, ou même supérieure à
la sienne.
Pendant la première moitié du xiv*
siècle, la mode des barbes postiches se
répandit en Espagne, d'une manière aussi
générale et avec autant de luxe que celle
des grandes perruques en France, sous le
règne de Louis XTV. Cette mode causa
tant d'abus que les fausses barbes furent
défendues par un arrêté des Cortès,rendu
en 1351 sous don Pèdre, roi d*Aragon.
Dans d'autres pays on eut recours à cette
invention pour les cérémonies, où la barbe
était d'étiquette.
La prise de Constantinople, en 1453,
fit errer dans l'Occident plusieurs Grecs
barbus. Vers ce temps , le savait Bessa-
rion , devenu cardinal , avait conservé en
Italie cette mode de sa patrie. On sait
l'affront que lui fit à ce sujet Louis Xr,
vers qui le pape l'avait envoyé en ambas-
sade. Illais les Italiens, moins choqués de
cette fiouveauté , s'accoutumèrent insen-
siblement au retour de la barbe, que le
pape Jules II consacra en quelque sorte
par son exemple. François V' l'introdui-
sit en France en 1521. Ce prince, ayant
été blessé à la tête, se fit couper les che-
veux et laissa croître sa barbe. Dans la
magistrature, et surtout dans le clergé,
qui garde toujours plus long-temps les
anciennes coiUumes, on avait montré une
opposition vive , on peut même dire vio-
leote^ contre cette oouTelle mode. Par uq
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fiAB
(ÎS)
BAR
arrêt rendo sous Henri ITI, le parlement
de Toulouse Tavait défendue aux magis-
trats, comme contraire à la modestie.
Elle finit pourtant par soumettre ces gra-
ves personnages eux-mêmes, qui Ja con-
servèrent ensuite plus long-temps que les
autres. Plusieurs ecclésiastiques ne l'a-
vaient pas encore quittée dans les pre-
mières années de Louis XJY. Mais géné-
ralement, déjà sous Louis XIII, il ne
restait plus que la moustache et le petit
bouquet de poils au-dessus du menton ;
encore leur épaisseur va-t-elle toujours
en diminuant soUs Louis XIV. Enfin l'u-
sage du tabac finit par faire abandonner
même la moustache, dans la dernière
partie du règne de ce prince, et pendant
tout le XYI11* siècle ; ce qui a continué
pendant les trente premières années de
celui-ci. La barbe commence à reparaî-
tre en partie depuis deux ou trois ans.
Outre up assez grand nombre de dia-
tribes pour ou contre la barbe , publiées
par les contemporains des diverses mo-
difications <|u*elle a subies, on peut citer
comme histoires plus ou moins complè-
tes de la barbe : le traité d'Antoine Hot-
man iplitnié Po^nias, sive (te barbé
dialogus ; l'Histoire de la barbe de
f homme y par dom Calmel;la Pogono-
hme , par R. p. P., Rennes, 1539, in-
S*; la Pogonologie y ou Wsto ire philo-
sophique de la' barbe ^'^2LT M. J, A. D.
[Dulaure], Paris, 1786, in- 11; V His-
toire des réi>olulions de ta barbe des
Français depuis t origine 4^ ta monar-
c/i/^/Paris, 1826, in-16. J. B. X.
BARBE (sainte). Autrefois c'était M
chambre des canonniers; maintenant c'est
une chambre réservée au maître canon-
nier pour serrer les menus armemens
des bouches à feu. Cette chambre était
formée par un retranchement sur la par-
tie de l'arrière du bâtiment (vaisseau ou
frégate) à la hauteur du premier pont.
Une doison fermait la Sainte -Barbe
derrière le mât d'artimon (vcjt*.), le
plus petit des mâts verticaux; un fac-
tionnaire, le sabre à la main, veillait sur
la Sainte-Barbe et n'y laissait jamais en-
trer que les officiers, le maître canon-
nier et les gens du bord que leur service
y appelait. Personne n'entrait dans cette
CDc«tnte «yec la pipe qu le cigare* Pans
kl Sainte- Barbe logeaient le chîrtirgfeii-
major, l'aumànier, le commis aux vhrret
et quelques élèves de la marine; aujour*
d*hui le maître canonnier a été eicdu de
la Sainte-Barbe oà il -était logé pour
veiller aox panneaux (portes horizontales]
du magasin ou soute aux poudres, q«
est situé sous le premier pont au^essout
de la Sainte -Barbe. H y a, tribord et
bâbord [voy, Boan), une chambre oe«
cupée par un lieutenant de vaisseau ; la
véritable Sainte-Barbe, sous le titre de
fausse Sainte-Barbe, est sur Tavant. D'u«
côté est le magasin général dt| maître d'é-
quipage ou fosse aux lions (mieux et ploa
étymologiqueroent^^>/tfe aux liens, parée
que le maître y serre toute sorte de pe«
tits cordages); de l'autre est la Aiasse
Sainte -Barbe oà le naître canoDoier
range les platines ou batteries des bôch>
ches à fen^ les gargoussiers, cornes d'à»
morce , etc. La Sainte-Barbe est toujours
un lieu séparé dans la première baitterie;
un râtelier d^armes lui sert de doison, eC
un AictionnahT est là pour veiller à la
soute aux poudres. En arrière de la soute
aux poudres est un petit magasin appelé
corjueron oh le maître canonnier met
quelques-uns des objets de son détail.
Sainte Barbe est la patronne des artil-
leurs , et les canonniers donnèrent jadis
à leur poste à bord le nom de la vierge
martyre (morte, dit-on. Tan de J.-C. ^40)^
sous l'invocation de laquelle ils^ont pla-
cés depuis des siècles. Pourquoi la beKa
et courageuse fille de Dioscore, le riche
païen de'Nicomédle, est -elle la patronne
des artilleurs? je n'ai pu le savoir. Je
vois bien pourquoi les ouvriers à mar^
teaux fêtent saint Éloi; mats qu'y a-t-H
de commun entre les artilleurs et la jeune
chrétienne du temps de M aximin, qui re-
fusa de prendre un autre époux que J.-C,
et qui, pour le vœu de célibat qu'elle fit
contre le gré de son père, fut poursuivie
par Dioscore l'épée au poing, échappa à
sa fureur en traversant un rocher qui
s'ouvrit devant elle comme la mer devant
les Bébreux conduits par Mofee? Sainte
Barbe fut conduite au tribunal de Mar-
cian qui lui fit mutiler les flancs avec des
râteaux de fer, la fit bréler avec des tor-
ches et frapper sur la tête à coups de
marteau ; et^ comme si ce n'était poîm
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BAR
(
Asse2, furieux de voir que ses plaies
étaient guéries aussitôt que faites, il lui
4t couper les seins avec des rasoirs et la
fustigea autour de la ville, jusqu'à ce
qu'enfin Dioscore lui-même, ayant sol-
licité du juge le plaisir barbare de poi^
ter le dernier coup à cette héroïque en-
fant, lui trancha la tête pendant qu'elle
adressait sa prière au Dieu crucifié.
Il n'y a dan3 cette légende rien qui sem-
ble autoriser le culte particulier des ar-
tilleurs pour sainte Barbe. Quoi qu'il en
soit, elle est en grande vénération, ou
plutôt elle était en grande vénération à
bord des vaisseaux, comme à terre parmi
les soldats de l'artillerie. On la fête en-
core le 4 décembre de chaque année. Les
canon nier s font plusieurs mois d'avance
des économies pour pouvoir donner de
l'éclat à cette solennité militaire et sur-
tout gastronomique, qui est annoncée par
des salves et des bordées. Les capitaines
des b^timens et leurs officiers ne man-
queni.guère d'ajouter quelques sommes à
la ma^e faite^par les canonniers. Des re-
pas, où Ton ne boit pas seulement à la
canté de la sainte patronne, ont lieu à
bord de tous l^s navires de guerre et
dans les ports où le ma^n l'on a pro-
mené processionnetlement l'effigie de
sainte Barbé , enrubanée , parée et placée
debout sur une espèce de bastion. A
Touton,.les canonniers font figurer aux
processions de la Fête-Dieu sainte Barbe
au milieu des saints des corporations. La
fête de la Sainte-Barbe est très bruyante
à bord^ ce jour-là , indulgence plénière
pour les excès qui se commettent en sor-
tant de table. Il y a encore des maîtres
canonniers qui, dans leurs chambres, ont
l'image de sainte Barbe. Jadis, au mo-
ment d'un combat, les canonniers s'age-
nouillaient pieusement devant cette ima-
ge, puis ils allaient boire une ration d'eau-
de-vie, et la sainte faisait des miracles
de coups de canon. Maintenant on se bat
sans boire et sans invoquer au préalable
une sainte patronne , et l'on se bat bien
aussi. A. J-L.
B A RB E AU ( barbus ) , poisson du
genre cfpnn, appelé aussi barbot, bar-
ôiau.Vf barbet, €1 barbillom quand il est
petit. 11 ressemble au brochet potu* la
Jorme et pour les habitudes; comme lui.
36 ) BAH
il se nourrit de coquillage, de petits pois-
sons , et même de la chair des animaux
entraînés par les eaux ; comme lui , il ac-
quiert un poids et un volume considéra-
bles. Il habite dé préférence les eaux cou-
rantes et les climats tempérés, où sa pê-
che est abondante. On le prend conime
les autres poissons, mais surtout à la li-
gne amorcée d'insectes vivans. Il fraie au
printemps et multiplie beaucoup. Sa
chair blanche et savoureuse est estimée
des connaisseurs; ses œufs sont de bon
goût et peuvent être mangés sans danger,
nonobstant l'opinion qui les fait regarder
comme purgatifs. F. R.
BARBE-BLECE. Le conte de la
Barbé' Bleue est la fiction la plus connue
et la plus frappante entre toutes celles
qui sont attribuées à Perrault ; nous
disons attribuées, parce qu'il est à
peu près démontré aujourd'hui, gr^ce
à de savantes recherches ( Lettres sur
les contes des fées, par M. le baron
Walckenaêr), que ces fictions ont une
haute antiquité et que leur origine se
trouve, ainsi que celle des fées qui y
jouent un si grand rôle^ dans les récits
des bardes celtiques. Perrault eut le mé-
rite de les rajeunir et de leur donner une
nouvelle popularité. A la tête de son re-
cueil il plaça cette terrible Barbe-Bleue
qui se défaisait de ses femmes d'une ma-
nière si prompte et si mystérieuse. A son
nom, qui ne se rappelle la pompeuse
description du riche palais, avec laquelle
contraste si bien celle du cabinet san-
glant où sont rangés cinq cadavres sans
tête; et cette clef fée qui, une fois trem-
pée dans le sang, en gardait obstinément
la souillure; et le dialogue de la jeune
femme avec sa sœur Anne, quand le
glaive de son époux est déjà levé sur sa
tête? Ce tragique et merveilleux récit a
été mis en opéra, comme depuis le Çha-
peron-Rouge. L'opéra ne vaut pas le
conte; mais grâce au talent de M™^ Du-
gazon il eut un grand succès à I^époque
où il fut donné. L. L. O.
BARBÉLIOTES (les) étaient une
secte de gnostiques. Suivant eux , un Éoo
{voy.) immortel s'était uni avec Barbé-
loth, esprit vierge, auquel il avait donné
la prescience, puis l'incorruptibilité, en-
fin la vie étemelle. tFn jour Barbéloth
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BAR
(87)
BAR
procréa la Inmière; celle^i, perfection-
hée par ronctîon de Tesprît, eut nom
Christ; nDtelligence devint l'objet des
désirs de Christ, qui Tobtint. Il y eut
Doion entre Tintelligence, la raison et
rincorruptîbilité. f^.GNosxicisME. A.S-a.
BARBÉ-MARVOIS (François, mar-
quis de), pair de France, premier prési^
dent honoraire de ta Cour des comptes
et membre da rinstitut,né en 1745 à
Metz où son père, M. Barbé, était direc-
teur de la monnaie.
La bienveillance du maréchal duc deCas-
tries, dont il avait élevé les enfans, facilita
au jeune Barbé l'entrée dans les affaires.
Depuis 1769 il fut successivement secré-
taire de légation à Ratisbonne et à Dresde,
chargé d'affaires auprès de l'électeur de
Saxe, puis auprès de l'électeur de Bavière,
et consul général de Franœ près du con-
grès des États-Unis. Dans ce pays, où il
résida dix ans, il épousa en 1784 la fille
de Moore, président et gouverneur de
rétat de Pensylvanie. Enl 785, Louis XYI
le nomma intendant à Saint-Domingue,
où il resta jusqu'en 1790. A. son retour
en France, M. Barbé fut envoyé (à la fin
de 1791) à Ratisbonne en qualité de mi-
nistre auprès de la diète de l'Empire,
avec ordre d'hier auparavant à Vienne
airec M. de Noailles, pour connaître les
dispositions de l'empereur Léopold II.
Sous le règne de la Convention natio-
nale, M. Barbé-Marbois donna sa dé-
mission de ministre du roi -a Ratisbonne,
et pendant la Terreur il eut beaucoup de
peine à échapper aux persécutions : il fut
tenu sous une stricte surveillance; mais
la chute de Robespierre l'en délivra.
En 1795 il fut nommé par ses conci-
toyens maire de Metz, et destitué la
même année par le Directoire ; élu mem-
bre du Conseil des anciens par le dé-
partement de la Moselle, il présida cette
assemblée. A la suite des événemens du 1 8
fructidor an Y, il fut déporté à Cayenne
et à Sinnamari : nuis l'habitude qu'il
avait contractée du climat des colonies
le préserva du sort de quelques-uns de
ses collègues.
Lorsqu'en 1800 M. Barbé put revenir
en France, il dut à l'amitié que lui por-
tait le consul Lebrun d'entrer au conseil
d^état, et depuis ce moment il s'attacha
de plus en plus au pouvoir que Bona-
parte concentrait successivement dans set
mains. Le premier consul le chargea , eu
1801, de la direction du trésor public et
lui en confia le ministère la même année.
De 1803 à 1806 il monta de grade en
grade dans la Légion-d'Honneur, re<^ut
le titre de comte, fut plénipotentiaire
pour la cession de la Louisiane aux Étals-
Unis, et présida une première fois le col-
lège électoral de l'Eure; mais une baisse
rapide dans les fonds publics lui attira la
disgrâce de l'empereur: alors M. le comte
Barbé-Marbois écrivit une lettre pour
demander à se retirer des aflaires, et
proposa M. Mol lien pour son succes-
seur. Napoléon nomma en effet M. Mol-
lien et donna en 1807 à M. Barbé la
charge de premier président de la Cour
des comptes. L'année suivante, il devint
encore membre du conseil général des
hôpitaux, et, en cette qualité, il a rendu
les plus honorables services à l'humanité.
On voit que sa disgrâce n'avait pas duré
long-temps. En 1813 Napoléon l'appela
même au Sénat- Conservateur, et le 33
décembre de cette année il fut nommé ,
par le Sénat, membre de la commission
extraordinaire chargée de prendre con-
naissance des doGumens relatifs aux né*
gociations entamées avec les puissances
coalisées.
A la restauration des Bourbons, M. Bar-
bé-Marbois, qui avait voté la déchéance
de l'empereur, fut cobfirméparleroidans
l'office de premier président de la Cour
des comptes ; en même temps il fut nommé
ministre d'état et pair de France, à vie. En
revanche. Napoléon, à son retour, le tint
à l'écart, taxant sa conduite d'ingratitude.
Après la seconde restauration il présida
le collège électoral du Bas- Rhin, au mo-
ment où Strasbourg était encore bloqué
par les ennemis; et, au mois de septem-
bre , Louis XYin lui confia les sceaux
du royaume. La conduite ministérielle de
M. Barbé fut très honorable; loin d'en-
courager les excès de la chambre de 1 8 1 5,
il combattit constamment ses mesures de
réaction, et ses circulaires furent dictées
par des senti mens bien différens de ceux
que son collègue Yaublanc exprimait
dans les sienbea; aussi fut-il un objet de
haine pour le parti des émigrés. Le chan-
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BàR
(
«•lier Dflmbniy h rempla^ le 7 nai 1816,
d M. Barbé-Marbois reprit aet foDolioDs
de f:»remîer président de la Cour d«s
comptes. Comitie pair de France, ce ma-
gistrat a constamment plaidé la cause de
la justice et de la modération. Après la
révolution de juillet 1830 il n'a pas hé-
sité à prêter serment à la Charte révisée
•t au roi Louil-Philippe. Ëd 1833, Une
maladie le décida a oflPf ir sa démission de
la charge de pi*emier président à la Cour
des comptes : cette démission de fut pal
•oceptée à cette époque. M. Barbé-Mar-
bois continua d'exercer ses fonctions jus*
qu'au 4 avril 1884, où il lui iVit donné
un successeur dans la personne de M. Bar-
the. Admis à la retraite ^ après une vie
excessivement laborieuse « il re^t alors
le titre de premier président honoraire;
le roi lui écrivit une lettre autographe
et lui offrit son portrait coqime un gage
d*estime.
M. Barbé*Marbois est membre de l'A-
ctdémie des loscriptionl et belles-lettres :
les principaux ouvrages qu'oti lui doit,
indépendamment de différens Méinoireè
stnr les financés et sur l'économie rUrala
et de rapports Intéressana sur l'état des
prisons en France ^ sont les suivanè :
Complot d'Ai'noid et de ffenrjr Qinton
contre les États-Unis d'Amérique, Paris
1816^ in-8*'y et Histoire de la Louisiane
et rie la cession de cette colonie pat- la
'France aux États-Unis , Paris 1839,
in-8^. J. H. S.
B ARBERIBfl (pAMtLLB DEs).Les Bar-
befini sont originaire^ de Semifondi Hi
Toscane. Vers l'an 1024, ils quittèrent
leur patrie ruinée par les guerres, et vin^
rént s'établir à Florence* Leur grande il«-
Ittstration date de M^rFEO Barberiiii, né
en 1668, élu pape en 1638, sotis le nom
d'Urbain YIU; son frère et deux de ses
neveux forent élevés par lui au cardina^
lAt; AnTOtmi, le dernier de œt cardinaux,
évéqne de Paleétrine^uc de Segni, etc., fbt
envojré dana le Piémont avec l« titre de
légat V ktteref ponr régler les affaires du
Montfeirat dans lesquelles la FrmOe
était itttervenne^ il eut beancoop de part
i la paix qui ae eondot peu de teasps
•près. La fortune d'nn troisième neveu
TAonxo) ne fut pas moins brillante; son
oncle lui donna la principauté de Pales-
38) BAR
trine avec ftO,000 écus de rente; l'avidité
des Barberini, plutôt irritée qu'assouvie
pardes faveurs si grandes, convoita bien«
t6t les duchés de Castro et de Ronci-
glione, fiefs de la maison de Parme; ils
en accomplirent faciieraent la conquête;
mais ensuite, lorsqu'ils osèrent porter
leurs prétentions jusque sur le duché de
Parme, Edouard Fai'nèse leur opposa
une vigoureuse résistance, dispersa, avec
3,000 hommes de cavalerie, 30,000
hommes de l'armée du pape commandés
par Taddeo, et vint ravager la Romagne.
L'année suivante, les Vénitiens, le duc de
Modène,le grand-duc deToscane, se liguè-
rent avec Edouard pour mettre une digue
à l'ambition des neveux d'Urbain; Monté-
cuculli, général du duc de Modène, battit
de nouveau l'armée pontificale comman-
*dée, cette fois, par le cardinal Antoine,
et sa victoire amena la {iaix* De ces am-
bitieuses tentatives il ne resta aux Bar-
berini que la douleur d'avoir échoué et
la crainte d'un soui^èvement de la part des
peuples.accablés d'lm)>6ts; en effet, à la
mort d'Urbain VIII (1644), de violentes
clameura s'élevèrent contre eux dani
Rome; pourtant leur influence était
grande dans le Conclave, et le nouveau
pape (Innocent Xj ne fut élu que lors-
qu'ils y eurent donné leur assentiment;
une fois élevé sur le saint-siége, il se
montra tellement leur ennemi qu'ils cru-
rent devoir quitter l'Italie et ohercher un
appui près du cardinal Maearin, alors
tout-puissant en France; grâce à ia mé-
diation, ils obtinrent eh effet la restitu-
tion de leurs biens qu'on avait niis en sé-
questre, et leur maik>n a concerté jusqu'à
nOs jours la principauté de Palestrine.
On reproche aux Bftrberini d'avoir,
pour la construction d'un palaU, enlevé
des pierres du Colisée ; de là ce mot de
Pasquin, quod noH Barbari fecemnt ^
Barberiniy(»cerr« L. L. Q.
B4RBBRO^SSB,llo>^.Fn^ilIcI''^
BARBBROU8SE I'''' (Hoeoûk ou
Amoun^), ainsi surnommé a cause de l«
couleur de sa barbe, était fils d'Un po-
tier de Mételin (rabtienne Lesboe). Se-
lon d'autres témoignages, sOn père était
ttn corsaire renégat, et sa nlère une Espa*
gnole d'Andalousie. Le Jeune Arotidj sn
signala dos l'âge de 1 3 ans par son audace,
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BàA
(39)
BAR
f ur les c6tes d* Afrique. A2 1 ans, il était à la
tète de 40 galères montées par des Mau-
res et par des Turcs. Sou frère, dont nous
|>arleron3 tout à l'heure y le secondait di-
gnement. La terreur de leurs noms se ré-
pandit bientôt depuis le détroit des Dar-
danelles jusqu'à celai de Gibraltar. Leurs
projets ambitieux s'étendirent à mesure
que leur puissance et leur renommées'ac-
croissaient, et ib effacèrent l'infamie de
leurs brigandages par des talens et des
vues dignes de conqnéraos. Le cardinal
Xi mènes envoya contre eux une expédi-
tion qui ne put les réprimer. Ils condui-
saient souvent dans les ports de Barbarie
les prises qu'ils avaient faites sur les cô-
tes d'Italie et d'Espagne; et comme ils en-
richissaient les habitans de ces ports par
la vente de leur butin et par les extrava-
gantes profusions de leurs matelots, ils
étaient bien reçus dans tous les lieux oà
ib abordaient. La situation avantageuse
de ces poris ^ voisins des grands élats de
la chrétienté qui faisaient alors le com-
merce I inspira aux deux frères l'idée de
former un établissement dans ce pays.
L'occasion s'en présenta bientôt.SelimEu-
temi , dey d'Alger, implora le secours de
Barberousse contre les Espagnols d'Oran.
Le corsaire, laissant à son frère le com-
mandement de la flotte , marcha à la tête
de 5,000 hommes à Alger, où il fut reçu
comme un libérateur (1516). Il assassina
le prince qui l'avait appelé et se fit pro-
clamer roi d'Alger à sa place. Il chercha
à se maintenir par une conduite en har-
monie avec le génie du peuple qu'il avait
à gouverner. Libéral à l'excès pour ses
partisans, il était cruel sans réserve en-
vers ceux qui lui étaient suspects, Il vain-
quit le roi de Trémécen, son voisin, et
joignit ses états à ceux d'Alger. Il conti-
nuait cependant ses pirateries. Charres-
Quiot , dès le commencement de son rè-
gne, envoya au gouverneur d'Oraa un
nombre de troupes suffisant pour atta-
quer Uoruc. Cet officier , secondé par le
roi détrôné de Trémécen, exécuta sa com-
mission avec tant de vigueur et d'habile-
ié que les troupes de Barberousse fu-
rent liattues en plusieurs rencontres et
qu'il se trouva lui-même renfermé dans
Trémécen. Après s'y être défendu jus-
qu'à la dernière extrémité, il fut surprU
dans le moment qu'il cherchait à s'échap-
per, et il périt en combattant avec une
valeur digne de sa renommée (151 S).
Baebkboussk II [Khaïr Eddyn ou
Chéreddin\ frère du précédent, lui suc-
céda comme roi d'Alger. En 1520, crai-
gnant une révolte dans ses états, il se mit
sous la protection 4e la Porte-Qthomane,
à laquelle il céda la souveraineté d'Al-
ger. Soliman II le nomma pacha et lui
envoya 2,000 janissaires. Chérecfdin se
rendit alors maître d^ la forteresse que
les Espagnols avaient construite près d'Al-
ger, et employa 30,000 esclaves chrétiens
à bâtir un môle pour former un nouveau
port; puis il recommença ses briganda-
ges avec plus d'activité que jamais. Le
sulthan le nomma ensuite amiral de tou-
tes se^ flottes , et l'opposa à Doria. Ché-
reddin alla lui-même à Constantinople
rendre hommage à son souverain. Il vou-
lait conquérir toute la Barbarie. Les cô-
tes d'Italie furent ravagées par lui ; en
Afrique, il. soumit Tunis et Biserte. En
1535, il fut attaqué par Chàrles-Quint
datas La première de ces villes, et fut con-
traint de la lui abandonner. Barberousse
ravagea plusieurs fois encore les côtes
méridionales de l'Italie ) soumit l'Témen
au sulthan , revint dans les mers d'Occi-
dent comme auxiliaire des Français, aida
ceux-ci à prendre Nice ; pub, ayant évité
de rencontrer Doria, que pourtant il avait
combattu dans le golfe d'Ambracie, il re-
vint à Constantinople avec 2,00 Cf cap-
tifs. Dès lors, il se livra tout entier aux
douceurs du h^arem , et fut trouvé mort
dans son lit en 1546. A. S^r.
BARBETTE. On appelle ainsi l'é-
paulement d'une batterie qui ne porte
pas d'embrasure, et par-dessus lequel la
pièce en batterie peut tirer dans tous les
sens (vo/. Batterie). S'il y a avanUge
dans l'extension du champ de tir qu'on
obtient par cette dbposition, il en résulte
aussi le grave inconvénient de laisser à
découvert et les pièces et le corps des
bonunes chargés du service de ces batte-
ries.
Lies batteries de place sont ordinaire-
ment à barbette. Elles sont armées de
pièces montées sur alTûts de place qui
permettent d'élever l'épaulemeot à 1 ***
62* (5 pieds), en conservant à U volée
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BAR
(40)
B/iR
tout le jeu i^^écessaire pour passer par-
dessus. C-TE.
BARBIE DU BOCCAOE (Jean-
Denis), géographe et philologue, uac|uit
à Paris y en 1760^ et fit ses études au
collège Mazario , où il se signala bientôt
par son aptitude à résoudre les difficultés
géographiques que présente la lecture
des anciens. Il ne cessait de comparer
entre elles les nomenclatures des diverses
époques. Constant dans ses goûts, il con-
sacra toute son existence à la science de
son choix : les difficultés sans nombfe
qu'il rencontra, dès ses premiers pas dans
la carrière, lui firent sentir le besoin de
recourir aux lumières du savant illustre
qui devait lui enseigner à les surmonter.
A 17 ans, Barbie du Boccage suivit les
premiers conseils de Danville dont il fut
Tunique élève et qui reconnut en lui son
digne continuateur.
M. de Choisenl-GoùfBer revenait alors
de la Grèce. Barbie du Boccage fut chaiv
gé de classer ses matériaux; en 1782 il
joignit au premier volume plusieurs car-
tes, et ce premier travail de sa jeunesse
devint aussi le dernier soin de sa vieil-
lesse, car ce ne fut qu'en 1824 qu'il ter-
mina le voyage de Choiseul-Gouffier, de
concert avec M. Letronne. Anacharsis
parût en 1788; tout l'atlas appartient à
Barbie du Boccage. Cependant la révo-
lution éclata. Barbie du Boccage avait
été attaché au ministère des affaires
étrangères et au cabinet des médailles, il
perdit l'une • et l'autre place; cela n'ar-
rêta point le cours de ses travaux. En
1793, il fit des cartes pour le Mémoire
du baron de Sainte-Croix sur le cours de
l'Araxe, et plus tard ses travaux jetèrent
un grand jour sur l'examen critique que
fit ce savant des historiens d'Alexandre.
Barbie du Boccage a travaillé aussi sur
les Indiques d'Arrien ; il nous a donné
les voyages de Chandeler. Les oeuvres de
MM.. Gail, Pouqueville, Fortia d'Ur-
ban, la collection des classiques latins
de Lemaire, et une infinité d'autres livres
estiméa, lui doivent une riche portion de
leur valeur. On ne pourrait énumérer ici
toutes les dissertations qu'il a composées
soit pour le Magasin encyclopédique^
soit pour la société des antiquaires de
France. Les étrangers se ^ont fait gloire
de l'avoir pour collaborateur, et en
1817, M. S tanhope publia ses Mémoires
sur Onoé et Phylé, bourgs de l'Attique,
et sur la ville d'Éleuthères , en Béotie. Il
n'a pas négligé la réputation de Son maî-
tre d'Anville, et dans une notice sur ce
savant, il fait voir que ses erreurs étaient
inévitables avant les découvertes dues aux
voyageurs modernes auxquels, selon la
spirituelle expression de M. Dacier, il
reprochait « de n'avoir pas voyagé avant
sa mort, v La carte de la Morée , qu'en
1807 il avait ^erminéepar ordi^edu mi-
nistre de la guerre, a guidé la dernière
expédition française. Barbie du Boccage
allait tourner ses vues vers l'Afrique,
lorsqu'une attaque , d'apoplexie l'enleva
aux sciences et à sa famille, en 1825. Il
était membre de l'Institut , de la société
royale des antiquaires de France, <le
l'institut des Pays-Bas, de la société
royale de Gcettingue, de l'académie de
Florence, de l'académie royale de Prus-
se, etc. , etc. Son caractère le faisait ché-
rir autant que son savoir le faisait admi-
rer, et, comme l'a si bien dit M. Emeric
David sur la tombe où furent déposés
ses restes, « Il étaif prodigue de ses lu-
mières par la raison qu'elles étaient iné-
puisables. » P. G-Y.
BARBIER. Le barbier est l'artisan
qui fait la barbe {voy,) ; la harberie est
sa profession.
Les barbiers étaient très peu connus
dans les temps de notre première mo-
narchie ; mais la propreté ayant été re-
gardée avec raison comriie un moyen fa-
vorable à la conservation de la santé, on
s'accoutuma à ne plus regarder les lon-
gues barbes 'comme un signe de liberté.
Les barbiers devinrent communs et pro-
fitèrent de la rivalité qui existait entre
les médecins et les chirurgiens pour s'em-
parer des fonctions de la chirurgie et les
remplir avec les chirurgiens eux-mêmes.
Ce fut la Faculté de médecine, toute-
puissante alors , qui fournit aux barbiers
les moyens d'exercer la chirurgie mi-
nistrante, et qui les initia à toutes les
fonctions qu'entraînent ses diverses opé-
rations. La chirurgie, ainsi dégradée par
son association avec des artisans, fut ex-
posée à tout le mépris qui devait suivre
une aussi indigne alliance ; elle fut dé*
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BAR
(41)
BAR
poQÎUée , par nn arrêt solennel , en 1 660,
de tous les honneurs littéraires qu'elle
possédait; et si les lettres ne s'exilèrent
pas de la chirurgie, du moins ne paru-
rent-elles y rester que dans la honte et
rhamiliation. Le premier barbier du roi
devint le chef dé la barbcrie et de la chi-
nirgic réunies ensemble, jusqu'à ce que la
juridiction de ces deux corps fût attachée
à la place de premier chirurgien du roi ,
par la réunion de celte dernière avec
celle de premier barbier du roi, dans la
même personne.
Le luxe et la mode ayant amené l'usage
des perruques, des accommodages et
d'autres travaux de la barbérie , les bar-
biers-chirurgiens se séparèrent des bar-
biers-perruquiers. Chacune de ces com-
oranantés reprit les fonctions de son état
primitif et fut gouvernée par une police
particulière. Toutes deux avaient le droit,
suivant leurs statuts, de tenir boutique
ouverte pour faire la barbe, et d'y mettre
des bassins pour enseigne ; ceux des per-
ruquiers étaient blancs, et ceux des maî-
tres chirurgiens étaient jaunes.
Par les statuts de 1634, les barbiers
ne pouvaient avoir plus d'un apprenti à
la fois, qui devait demeurer chez son
maître , sous peine de nullité d*appren-
tissage, afin qu'en y logeant et en y
couchant il eût plus de temps pour s'in-
struire et qu*on pût mieux veiller à sa
conduite et à ses mœurs. Depuis la ré-
volution de 1789, qui a anéanti en Fran-
ce les maîtrises et les jurandes , les chi-
rurgiens ont abandonné tout^à-fait le
métier de la barberie, si ce n'est, qu'ils
se serrent encore du rasoir pour raser
les poils des parties du corps^ui pour-
raient noire à une opération c^lconque,
et sont rentrés dans la position plus ho-
norable qu'ils occupaient primitivement ;
c^est aux barbiers-perruquiers qu'est resté
le droit de tenir boutique ouverte, sans
aocnne enseigne prescrite, pour faire la
barbe. Mais depuis peu de temps il n'est
phis question de barbiers , ni de perru-
quiers, surtout à Paris et dans les gran-
des villes qui marchent pour la mode sur
les traces de la capitale ; ils ont pris le
nom de coêffeur.f , tout en exerçant le
■lêaie métier, et ce n'est plus mainte-
nant que dans les campagnes qu'on entend
parler de barbier de village. F. R-d.
Les barbiers étaient appelés , chez les
anciens, du nom plus général de tondeurs
(xQifpsvÇy tonsor)j et ils jouaient déjà un
grand rôle à Athènes , avant que l'usage
de se raser y fût introduit. Les Athé-
niens ne laissaient alors croître leur bar-
be qu'à une certaine longueur , ûxée par
la mode, et c'était à entretenir la barbe
à ce point par des coupes fréquentes et
faites avec art que servaient les barbiers.
Ils coupaient aussi les ongles , et c'était
dans leurs boutiques que chaque homme
libre allait faire sa toilette tous les ma-
tins. Elles étaient ainsi le rendfz-vous
des oisifs , des conteurs de nouvelles et
des bavards, sûrs d'y rencontrer tou-
jours beaucoup de monde. On peut voir à
ce sujet une savante digression de M. Bœt-
tiger après la cinquième scène de Sabine,
Théophraste, Plutarque, les poètes comi-
ques font souvent mention de ces bou-
tiques de barbiers. L'usage de se raser le
menton vint encore ajouter à leur impor-
tance. Ils y firent servir les mêmes instru-
mens que pour la coupe des cheveux et
de la barbe, c'est-à-dire des rasoirs; car
ils n'avaient pas de ciseaux. Quelquefois
ils y suppléaient, jusqu'à un certain point,
par deux rasoirs qu'ils faisaient jouer en
même temps, en les opposant l'un à l'au-
tre, mais qui n'étaient pas réunis par une
vis, comme nos ciseaux.
Dans l'Orient , l'usage de se raser la
tête rend indispensable le secours des bar-
biers : ils y apportent une grande adresse;
en certains lieux cette opération est exé^
cutée par des femmes. Les barbiers jouent
un grand rôle dans la vie des Orientaux,
chez lesquels ils pratiquent aussi les basses
opérations chirurgicales, comme cela se
fait encore dans plusieurs pays d'Occi-
dent.
Les barbiers portaient jadis en France
le nom de mires, mot qui se retrouve en-
core dans cpielques noms propres. Nous
voyons quelquefois dans l'histoire le mire
du roi devoir une importance politique à
ses rapports intimes avec le prince. Les
deux exemples les plus marquans en Fran-
ce sont ceux de Pierre la Brosse ou la
Broche, barbier de Saint-Louis, chirur-
gien de Philippe-le-Hardi, son fils, dont
il devint principal ministre ; et Olivier le
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BAR
l42)
BAR
Piablei dit le Daim, barbier de Louis XI,
qui eut la confiaoce de ce prince soupçon-
BeuK, devint comte de Meulau, et com-
manda même des expéditions militaires.
Tous deux abusèrent de leur faveur et fini-
rent par être pendus. J. B. X.
BARBIER ( Antoine- Alexandre ],
savant bibliographe, naquit en 176^ à
Coulommiers (Seine-^t- Marne). Il était
vicaire à Dammartin lorsque la révolu-
tion éclata. Barbier ne refusa point de
prêter le serment que les lois exigeaient
des ecclésiastiques, et fut nommé bien-
tôt curé de la Ferlé- sous -Jouarre. En
1793, il renonça à la prêtrise et se ma-
ria. L'année suivante, élu membre de
l'école normale, il vint à Paris, s*y dis-
tingua par son érudition , fit partie de la
commission temporaire des arts, fut ad-
joint .au comité d'instruction publique
de la Convention nationale, et chargé de
recueillir dans les couvens et dans les
établisseûnens publics supprimés les li-
vres et autres objets d'arts , pour les pla-
cer dans les divers dépots du gouverne-
ment. En 1796 Barbier fut nommé con-
servateur de la bibliothèque formée par
lui pour le Directoire. Après le 18 bru-
maire cette bibliothèque ayant été don-
née au conseil d'état, il en fut nommé
bibliothécaire. Dans cette dernière place
Napoléon eut plusieurs occasions d^appré-
cier son mérite : c'est ce qui lui valut le
choix qu*il fit de lui , en 1807 , pour son
bibliothécaire particulier. Cette nomi-
nation eut lieu peu de temps après la pu-
blicjition des premiers volumes du Die-
tionnaire des ouvrages anonymes et
pseudonjrfnes* Les nouvelles fonctions
de Barbier le rapprochèrent souvent de
la personne de l'empereur : il lui présen-
tait,en lui en rendant compte, les meilleurs
•uvrages qui paraissaient ou ceux que les
auteurs avaient envoyés pour être offerts;
pendant ses campagnes. Barbier envoyait
fouies les nouveautés avec des analyses
et des jugemens sur chacune d'elles. Il
fut aussi souvent chargé par Napoléon
de lui faire des rapports sur divers points
H sur des matières religieuses : c'est ainsi
que, l^ 5 janvier 181 1 ^ l'empereur vou-
lut savoir s'Ujr avait des exemptes d'em-
pererrs qui aient suspendu oh déposé
des papes. On doit à Barbier la création
des bibliothèques du Louvre, cle Corn*
piègne, de Fontainebleau; à la restaura-
tion il fut nommé administrateur des bi-
bliothèques particulières duroi. Il per-
dit cette place en 1822 , peu de temps
après qu'il eut reçu la décoration de la
Légion -d'Honneur et dans le moment
même où il venait de publier le premier
volume de la seconde édition de son dic-
tionnaire des anonymes. Quoiqu'il parut
supporter cet événement inattendu avec
courage et avec philosophie. Barbier dut
être très sensible à cette mesure qui le
séparait de la belle bibliothèque formée
par lui au Louvre, ainsi que des autres
collections créées par ses soins dans les
différentes résidences royales. Arraché
aux habitudes de toute sa vie, il mourut
de chagrin le 5 décembre 1826. — Nous
nous bornerons à citer les principaux
ouvrages sortis de la plume de ce savant
bibliographe qui a coopéré au Mercure^
au Magasin encyclopédique ^ à la Revue
encyclopédique t ainsi qu'à plusieurs au-
tres recueils : Catalogue des livres de la
bibliothèque du Conseil d'état^ Paris,
1801-1803, 2 vol. in-foL; Dictionnaire
des ouvrages anonymes et pseudony^
mes, Paris 1806-1809, 4 vol. in-8°, 2*
édit., tS2^'tS27; Nouvelle biblîotJicque
d'un homme de goût, 1807, S vol. in-
8^; Dissertation des soixante traduc^
t ions françaises de l'imitation de Je-
sus-Christ, suivie de considérations sur
l'auteur de V imitation (par M. Gence),
1812, in-8**; Examen critique et corn-
plérrtent des dictionnaires historiques
les plus répandus depuis le Dictionnaire
de Morérijusqu'à la Biographie univer^
rei^ii
D(jSi
selle imJKvement, 1820, in-8^, t. 1^
On trouve une notice sur la vie et les ou-
vrages de A.. A. Barbier, en tête du tome
4 du dictionnaire des ouvrages anony-
mes et pseudonymes, volume publié en
1827 parle fils aine de l'auteur, M. Louis
Barbier, sous-bibliothécaire du roi au
Louvre. F. R-d.
BARBOU. C'est le nom d'une famille
d'imprimeurs dont Les productions jouis-
sent encore aujourd'hui d'une juste célé-
brité. Lepremierd*entreeux,JsAV, dont
le souvenir remonte jusqu'au XVI® siècle,
publia, en 1539, à Lyon^ une édition
remarquable des Œuvres de Clément
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ÈkA ( 43 )
JUarot — ^HuGuis Barbon, son fils, pu-
blia à Limoges, en 1580, une très belle
édition, en caractères italiques, des Éjjt-
tres de Cicéron à Juicus. Les pre-
miers imprimeurs du nomdefiarbou qui
Tinrent s'établir à Paris au commence»
ment do siècle dernier furent à la fois
imprimeurs et libraires, mais ne laissè-
rent rien après eux que Ton puisse parti-
culièrement citer. — Josbfh-Géeard,
leur neveu, qui leur succéda en i746,
attacha son nom à la jolie collection de
classiques latins, qui s'élève aujourd'hui
à 76 volumes, in-12. L'idée première de
cette entreprise ne lui appartient pourtant
pas ; ce fut , dit-on , l'abbé Lenglet-Dufres-
Boy qui con^t en 1 748 le projet de ré-
imprimer les jolies éditions des auteurs
latins publiés par EIzevir, «t qui réussit
à faire partager ses espérances de succès
à nne société d'imprimeurs qui publia
successivement les œuvres de Catulle, Ti-
bulle, Propeice, Lucrèce, Sali uste, Vir-
gile, Cornélius Nepos, Lucaio, Phèdre,
Horace, Yelleius Paterculus, Eutrope,
Juvénal , Perse , Martial et Térence. C'est
alors que, voyant le zèle des entrepreneurs
se ralentir, Joseph-Gérard fiarbou ache-
ta le fond des auteurs déjà publiés , et j
ajouta, depuis 1 755 : César, Quinte-Cur-
cc, Plante, Tacite, Selecta Senecœ, Ovi-
de, Cicéron , Justin , Pline l'ancien , Pline
le jeune, et Tite-Live. Il publia plusieurs
autres ouvrages remarquables, parmi les-
quels il faut mettre au premier rang, le
Nouveau-Testament et t Imitation de
Jésus^Chfist. — En 1 789,Hucues IkrboU
succéda à son oncle; et ce ne fut qu'à sa
mort, arrivée en 1808, que le fonds des
Barbon passa en d'autres mains. D. A. D.
BARCA ou BARQUAH , contrée éle-
Tée, déserte et sablonneuse delà Barbarie
{woy» ce root); elle dépend de la régence
de Tripoli. Elle touche, du coté du nord,
ao golfe de la Sidre, et du c6lé de l'est
à J'Égypte \ ati sud , le désert de Barca
se confond avec le grand désert de Saha*
fah (vo/.). Cependant c'est dans le midi
que le pays est traversé par la chaîne des
monts Gerdobah , dans lesqaels on trouve
des TaUées'oharmantes. On évalue la lon-
gueur de Barca, de l'orient à l'occident.
ÊAR
à 300 lieues, et sa largeur, du sad au
Dord, à une centaine de lieues. Dans
llntënecir il n*y a pas de Tilles, et on n'y
trouve d'autres habitans que des Bé-
douins nomades; il faut pourtant excep-
ter les oasis d'Audgelah et de Siouah, dont
les habitans ont des demeuies fixes et
se livrent à quelque con^nerce avec l'É^
gypte, avec le Fczzaa et Mourzouk. La
côte était autrefois bien cultivée et cou-
verte de villes et de belles plantations.
C*est là que se trouvaient Leptis-Magna
dont on voit les débris à I.ebdah; Cyrêne,
maintenant Grennah, cette république
grecque qui eut des écrivains et des phi-
losophes distingués; elle offre une né-
cropole creusée dans les rochers, des
restes de temples, d'un bain , etc.; Pto*
leinaïSf qui a laissé également des ruines
antiques. A Massakhit on voit , comme
à Cyrène , d'anciennes tombes creusées
dans le rocher. Le gouverneur de la pro-
vince réside à Beaghazy, place de mer
avec un petit port. Aux environs se 0*ou-
vent, entre les rochers, des terrains pro-
fonds cultivés en jardins. Un voyageur an-
glais présume que ce sont là les jardins
des Hespérides, tant vantés par les poètes
de l'antiquité. Les Bédouins de Barca cul-
tivent du millet, du maïs, etc.; ils font
le commerce d'esclaves. D-4ï.
BARCAROLE. On donne, en France,
ce nom à des sortes de romances ou chan-
sonnettes d'un rhythme et d'un caractère
particuliers. Ce genre de petites pièces
nous est venu d'Italie et particulièrement
de Venise; car les premières barcaroles
(de barca, barque) étaient des chansons
que faisaient entendre les gondoliers en
glissant sur les canaux et sur les lagunes.
Un f;rand nombre d'airs appelés aussi bar-
caroles étaient composés par ces hommes
du peuple eux-mêmes, sur des poésies
populaires; car on sait quelle facilité
d'improvisation vocale ont les basses
classes dans toute l'Italie et particulière-
ment à Venise. Les premières barcaroles
qui furent entendues en France étalent
de véritables airs vénitiens intercalés dans
quelques opéras par nos compositeurs
français. M.Berton, dans Jline^ et Nicole,
dans Michel-Ange^ ont employé de vraies
barcaroles.
La mesure ordinaire des barcaroles est
à six croches, en •^, qui exprime le mou-
vement régulier des rames. E. F*
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BAR
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BAR
BARCELONE, anciennement^^r-
r//zo, célèbre ville d'Espagne et rapilalede
la Catalogne {vojr. ce mot) , est située sur
la Méditerranée, à Texlrémité d*iine vaste
plaine. Plusieurs écrivains attribuent sa
fondation au capitaine carthaginois Amil-
car Barca, à qui elle dut également son
nom; elle remonterait ainsi à environ
trois siècles avant Jésus - Christ. Quoi
qu'il en soit, Barcelone, après avoir été
soumise aux Romains, passa, lors du dé-
membrement de l'empire, sous la domi-
nation des Goths, an v* siècle; puis sous
celle des Sarrazins, au viii". Les Francs,
conduits par Charicmagne, Tenlevèrent
à ces derniers en 801 ; ce monarque en
fit alors le siège d'un comté auquel il pré-
posa un seigneur de race gothique, appelé
^ Bera. Ce comté, d'abord simple bénéfice,
concédé à vie par ce souverain, compre-
nait, sous le titre de Marche d* Espa-
gne, tout ce que les Francs avaient pu
conquérir au-delà des Pyrénées. Sous
Louis-le-Débonnaire , il forma une des
deux portions du duché ou marquisat de
Septimanie ou Gothie dont fut investi ce
même comte Bera; l'autre portion se
composait de ce que les Goths avaient
possédé en deçà des Pyrénées, et forma
un peu plus tard le duché ou comté de
Toulouse. Mais cet établissement dura
peu : en 864 les deux grandes seigneuries
se trouvèrent définitivement séparées, et
un personnage appelé Wifred le Velu
devint comte héréditaire de Barcelone,
relevant l'de la couronne de France. Il
fut la tige d'une maison puissante en Es-
pagne qui se trouve, jusqu'au xii^ siècle,
souvent mêlée aux événemens dont la
Péninsule fut le théâtre. Le huitième de
CCS comtes, Raymond Bérenger l*^"", dit
le Pieux, commença surtout Tillustra-
tioD de cette maison, presque souveraine,
par ses guerres heureuses contre les in-
fidèles. En 1048 il obligea plusieurs de
leurs rois à se rendre ses tributaires. Ses
quatre successeurs, connus également
dans l'histoire sous le nom de Raymond
Bérenger, marchèrent sur ses traces et
se distinguèrent par des expéditions con-
tre les Sarrazins, dont l'heureuse issue
ajouta considérablement à l'étendue de
Icjirs possessions. Riymond Bérenger III,
devenu comte en 1098^ se signala surtout
par la conquête des iles Baléares et de
Majorque , qu'il effectua avec le secours
des Ûottes de Gênes et de Pise placées
sous les ordres du légat du pape. Ce
prince entra dans l'ordre des Templiers
l'an 1131 et mourut la même année, âgé
de 48 ans, non moins célèbre par la sa-
gesse de son gouvernement que par ses
exploits. Son fils, Raymond Bérenger IV,
devint roi d'Aragon par son mariage avec
Pétronille, fille et héritière du roi Ra-
mire le Moine. Le comté devint dès lors
comme une province de ce royaume,
mais en continuant toutefois de relever
de la couronne de France ; ce qui dura
jusqu'en 1258 , année où le roi saint
Louisabandonna ses droite de suzeraineté
en faveur de don Jayme,roi d'Aragon, en
faveur du mariage d'Isabelle , fille de ce
prince, avec son fils Philippe, depuis roi
de France. L'histoire du comté de Bar-
celone se confond dès lors avec celle d'A-
ragon. En 1395, Barcelone tenta de se
soustraire au joug des princes aragonais,
et , après s'être quelques instans gouver-
née par ses propres magistrats, elle en-
voya son ambassadeur à René d'Anjou,
comte de* Provence et roi de Naples,
pour l'invitera faire valoir les droits que
lui donnaient d'anciennes alliances de sa
maison avec celle àes comtes de Barce-
lone. En conséquence une expédition
assez heureuse eut lieu ; mais la maison
d'Anjou s'étant éteinte dans le siècle sui-
vant , Barcelone se soumit à Jean II , roi
d'Aragon. Les droits des Angeerns au
comté passèrent à la maison royale de
France ; mais les guerres d'Italie empê-
chèrent les rois de les faire valoir. Toute-
fois, il faut croire que l'empereur Char-
les y ne les croyait pas sans fondemens,
puisqu'il en exigea l» cession du roi
François I*', par le traité de Crépi, de
1 544. Environ un siècle après, en 1640,
Barcelone fut reprise par les Français et
conservée par eux jusqu'en 1652; les
Espagnols la reprirent après un siège de
15 mois. Dans ces guerres de succession
cette ville passa plusieurs fois d'un parti
à l'autre; en 1677 les Français, sous le
commandement du duc de Vendôme,
s'en emparèrent après un sîége remar-
quable. Rendue par le traité de Ryswick,
elle fut, en 1714, après uo nouveau
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BAR
siège, emportée d'assaut par le maréchal
de Berwick; elle perdit alors tous ses
anciens privilèges que Philippe Y lurreo-
dit, toutefois, un peu plus lard. Barce-
lone a été encore au pouvoir des Fran-
çais de 1808 à 1814, pendant la guerre
de Tindépendance. En 1821 elle fut dé-
solée par la fièvre jaune qui ^ui enleva le
cinquième de sa population et donna lieu
à l'admirable dévouement des médecins
français et des soeurs de sainte Camille
qu'on vit affronter ce terrible fléau pour
secourir ses malheureux babitans. Enfin
c'est dans cette cité qu'a élé donné, en
1833, par la municipalité et par le géné-
ral Llander (i>o/. ), le signal de cette
révolution qui promet de régénérer gra-
duellement l'Espagne, sans la livrer aux
sanglantes discordes que suscitent, la plu-
part du temps, les grandes réformes de
l'ordre social.
Barcelone est à 35 lieues sud-sud-
ouest de Perpignan, et à 1 14 lieues nord-
est de Madrid. C'est une des places les
plus fortes d'Espagne : des fossés pro-
fonds, des remparts, une citadelle pou-
vant contenir 7,000 hommes de garni-
son, et plusieurs forts la protègent du
c^té de la terre ; elle est défendue du
côté de la mer par une muraille de 380
pieds de long, haute de 50 et épaisse de
48. On y distingue la vieille ville et la
nouvelle; ces deux parties sont sépa-
rées par un cours orné de quatre rangs
d'arbres. En dehors des murs est un
faubourg, appelé Barccloneta et qui se
compose de 20. larges rues coupées à an-
gles droits; il a été bàli en 1750 par le
marquis de Mina et contient 5,000 hn-
bitans. On remarque à Barcelone plu-
sieurs beaux édifices, tels que la cathé-
drale, quelques couvens, le palais des
rois d'Aragon; elle renferme plusieurs
promenades ombragées de beaux arbres
et des places ornées de fontaines. On y
compte sept hôpitaux et un grand nom-
bre d'autres établissemens de bien pu-
blic ou d'instruction. Cette ville, qui est
le centre du commerce de la Catalogne,
possède aussi diverses branches d'indus-
trie, notamment des fabriques de draps,
améliorées depuis 1820. Son port, situé
au sud-est de son enceinte, a 1,000 toi
lement à son extrémité; sa longueur est
de 1,200 toisps au plus; des sables qu'y
amènent le Llobregat et le Besas, qui
viennent s'y perdre, gênent quelquefois
la navigation. Le nombre des navires qui
y entrent i-haque année est de 1,000. La
principale exportation consiste en vins
et eaùx-de-vie. On compte à Barcelone
150,000 babitans. Ses environs sont très
fertiles et parsemés de villages, de cou-
vens et de maisons de plaisance, dont l'as-
pect est ravissant. P. A.. D.
BARCIIIELLO (Dominique), poète
florentin du xv* siècle. Le genre bizarre
et presque incompréhensible dont il est
le créateur lui a valu, en Italie, une
grande célébrité; cependant nous ne
voyons pas trop quel est, sauf la pureté
du langage qu'on ne peut leur contester,
le mérite de ces sonnets, composés de
phi'tises sans suite, de mots qui semblent
réunis par le hasard. On croit quelque-
fois y découvrir un sens énigmatique;
mais il vous échappe dès que vous vous
appliquez à le saisir.
Barchiello était fils d'un barbier : la
boutique où il exerçait la profession que
lui avait léguée son père était le rendez-
vous des beaux esprits du temps; elle est
peinte sur Tune des voûtes de la galerie
de Médicis. Barchiello mourut à Rome,
en 1448. Ses sonnets, imprimés pour la
première fois à Bologne, en 1475, l'ont
été très souvent depuis; on en comptait
déjà sept éditions avant la fin du xv"
siècle. L. L. O.
BARCLAY (les), famille célèbre d'o-
rigine écossaise qui, après s'être fait un
nom glorieux dans les armes, accjuit en-
core plus de réputation dans le domaine
de la philosophie et de la littérature.
Ces deux branches des connaissances
humaines, réduites à la triste aridité de
la théologie, languissaient en Europe,
lorsque Barclay (Alexandre), par de
nombreuses traductions et des ouvrages
de critique et d'histoire, écrits avec une
élégante pureté, dédaigna les routes bat-
tues et se fraya un chemin que s'empres-
sèrent de suivre les bons esprits de son
temps. On ignore le lieu et l'époque pré-
cise de sa naissance; on sait seulement
qu'il étudiait à Oxford vers 1495, sous
ses de large à son ouverture, et fOO seu- | le patronage de Thomas Cornish; qu'il
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6AB
fut successivement dominicain, francis-
cain , pourvu de béiiéûces dans les com-
tés de Sommerset et d*Essex; qu'il suivit
tous les chnngemens religieux opérés par
Henri VIII, et qu'il vécut d'une manière
scandaleuse, quoique professant la morale
et lisant assidûment la Fie des saints. Cet
homme bigarre , aussi morose sur ses
vieux jours qu'il avait été aimable dans
sa jeunesse, mourut en 1552, à Crpy-
don, province de Surrey. Au nombre des
productions originales d'Alexandre Bar-
clay , nous citerons : les Fies de sainte
Marguerite, de sainte Catherine y de
saint Georges y etc. en vers anglais; la
Figure de notre mère la sainte église,
opprimée par le roi de France, Ses tra-
ductions les plus estimées sont des Eglo-
gués du latin de Baptiste Mantouan et
d'iEnéas Sylvius, la Guerre deJugurtha
de Salluste; mais surtout la Nef des fous
{^ship ofjfools)^ de Sébastien Brandt,
satire moitié en prose, moitié en vers,
imprimée plusieurs fois.
Guillaume Barclay , de la même fa-
mille que le précédent, né en 1543, à
Aberdeen, fut enveloppé, 30 années plus
tard , dans la ruine de son pays et de sa
maison. Obligé de se réfu;;ier en France,
il étudia le droit à Bourges, sous le célè-
bre Cujas, y prit 1^ titre de docteur, et
vint ensuite professer la jurisprudence à
l'université de Pont- à- Mousson. Con-
seiller d'état, maître des requêtes du duc
Charles \\\, comblé des faveurs d'un
prince qui savait apprécier le mérite, il
attirait à ses leçons un grand nombre
d'auditeurs et voyait chaque jour gran-
dir sa réputation naissante, lorsque la
haine des jésuites, qu'il s'était attirée en
se refusant de faire entrer son 61s Jean
dans leur ordre, l'obligea d'abandonner
sa chaire. Il quitta la Lorraine en 1602,
fut nommé professeur à l'université
d'Angers, et passa l'année suivante a Lon-
dres où Jacques I^' lui faisait les offres
les plus séduisantes; mais il aurait fallu
renoncer au catholicisme , et Barclay
préféra quitter l'Angleterre. Il revint a
Angers en 1604 , composa plusieurs
écrits contre la Ligue, et mourut sur la
fin de l'année suivante, en laissant la ré-
putation d'habile jurisconsulte et de
fnmd théologien.
Jean Barclay, fils du précédent et d*une
femme lorraine de la maison de Malle-
ville, naquit à Pont-à-Mousson, en 1 682.
Il parcourut la France, l'Italie, fu( plu-
sieurs fois sur le point d'entrer chez les
jésuites , et passa en Angleterre oi^ Jac-
ques I^** le retint par des emplois lucra-
tifs. On dit même qu'il eut beaucoup de
part à un ouvrage attribué au roi , ayant
pour titre Funiculus triplex et Cunicu-
tus triplex, Jean Barclay publiait avec
une ardeur infatigable les ouvrages de
son père et les siens, poursuivait Char-
les ÛI de ses sarcasmes, combattait les
maximes ultramontaines, les catholiques
plus zéléi qu'éclairés, et laissait courir
sa plume avec d'autant plus de liberté
qu'il était s6r de la protection du trône.
Cependant le duc de Lorraine se plai-
gnit des attaques inconvenantes de son
ancien sujet, et Jacques" l'envoya à Nan-
cy, en qualité d'ambassadeur, afin qu'il y
fit des excuses à Charles III. De retour
en Angleterre, il trouva une cabale im-
posante formée contre lui à la voix du
fameux jésuite Ëudémon Jean. Barclaj
redoutait les censures de la cour de
Rome, et, pour )es éviter, il alla trouver le
souverain pontifc.Paul Y, le cardinal Bar-
berin et les autres dignitaires de l'État
de l'église le reçurent parfaitement : il
publia une Apologie, combattit avec vi-
gueur toutes les sectes protestantes, et
mourut à Rome , en 1621. Ses produc^
tions, traduites dans presque toutes les
langues de l'Europe, témoignent en fa-
veur de son savoir et de la loyauté de ses
principes. Ennemi des intrigues, d'un
caractère mélancolique, il chérissait la
retraite et n'écrivait que par conviction.
De la multitude d'ouvrages de Jean Bar-
clay nous indiquerons les principaux >
avec la date de leur apparition : Notœ in
Papinii Statii Thebaiden, Mussi ponte ^
1601, in -8**; Euphormionis Lusinini
satyricon, l" partie, Londini, 1602; 2*
partie, Parisiis, 1 603; in- 8*. Conspiratio
anglicana, 1605, in-12. Àpologia Eu^
phormionû, Londini, 1610, in-12. Poe-
matum libri duo, Londini, 1615, in-4**.
Jrgenifj Parisiis, 1621, in-8**. UArge^
nis de Barclay , son ouvrage le plus
connu, est un romaa allégorique, offrant
le tableau du gouvernement dç U Franc«
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BAR ( 47
a cette époqne. H a eu plusieurs éditions
etâ été traduit en français en 1732 et
eol776.
RoBEBT Barclay, célèbre quaker, de
la même famille que les précédens , na-
quit en 1648, à Gordonstown, comté de
Marray. Envoyé au collège des Écossais
de Paris dont un de ses oncles était prin-
cipal , il allait être converti au catholi-
€fsme lorsque son père ie tira des pièges
tendus à sa croyance incertaine et lui in-
sinua les doctrines des quakers. Robert
apprit le grec, l'hébreu; se jeta, à 18
ans, dans Tétude sérieuse de la théo-
logie, et devint, en peu d'années. Tan
des plus fermes appuis de son parti.
Imbtt de l'idée d'un commerce immédiat
avec la divinité, cette opinion prédomina
dans ses œuvres; mais son esprit avait
trop de maturité, son jugement trop de
rectitude, pour qu'il partageât les niaises
contemplations et les pratiques supers-
titieuses des sectaires qui l'entouraient.
/? ne ménagea pas plus les enthousiastes
de son parti que ceux des partis opposés,
et présenta l'image rare d'un théologien
de bonne foi, discutant avec soi-même
et n'écrivant que d*apTès l'inspiration
d'une raison sévère. On persécutait les
quakers : Barclay écrivit leur apologie, et
h cour suspendit, pour quelque temps,
les mesures injustes auxquelles l'entral-
oait le fanatisme religieux de l'époque.
Mais cette mansuétude fut de courte du-
rée : Barclay revenant d'un voyage en
Hollande et en Allemagne, où il avait ac-
compagné le célèbre Penn, fut jeté, avec
son père et beaucoup de personnes de sa
secte, dans les prisons d'Aberdeen. If en
sortit cependant bientôt après, par Ten-
tremîse d'Elisabeth, princesse palatine
du Rhin , et jouit même de quelque fa-
veur à la cour de Jacques II, jusqu'au
moment de sa mort arrivée en 1690. Les
principaux ouvrages de Barclay sont les
tuivans : Catéchisme et confession de
foiy etc. Rotterdam, 1675; Jpologie de
la vraie théologie chrétienne, etc. Amst.,
1676, in-4^; Thèses theologicœ ; Traité
sur r amour universel y 1677. E. A. B.
BARCLAT DE TOLLY (pkince),
feld-marécfaal'général au service de la
Russie et ministre de la guerre de 1810
à 1819.
) BAR
Ce célèbre homme de guerre, né en
Livonieen 1759, appartenait à la noble fa-
mille écossaise dont il est question dans
l'article précédent et don^plusieurs bran-
ches se sont établies dans les pays étran-
gers. En Ecosse, les Barclay possédaient le
château de Tolly, dont le nom fut ajouté
au leur. Celui des ancêtres du feld-ma-
réchal, qui, en 1689, était arrivé en Livo-
nie où il reçut le droit de noble natura-
lisé, servit dans les armées de Pierre-le-
Grand et eut pour descendans directs
plusieurs autres militaires. Le baron Bar-
clay de Tolly, frère aîné de celui qui
doit nous occuper, était général du génie
au service russe, et c'est à lui ejt au bri-
gadier de Vermeulen que le jeune Barclay
dut en grande partie son éducation.
Dès l'âge de dix ans il fut reçu dans
l'armée comme cadet, et il prit part suc-
cessivement aux campagnes contre les
Turcs, contre les Suédois et contre les
Polonais. En 1806, il était arrivé an
grade de général - major , et dans la
campagne de Pologne de cette année y
il commanda l'avant -garde de Bennig-
sen. Les combats de Poultousk et d'Aï-
lenstein commencèrent sa réputation. Il
la soutint ensuite à la bataille d'Eylau^
où il fut dangereusement blessé au bras
droit. Dans cette campagne il fut pro*»
mu au grade de lieutenant général,
et l'empereur de Russie et le roi de
Prusse le décorèrent de plusieurs or-
dres. Lorsque sa blessure fut guérfe,
il fit la campagne de Finlande et se
distingua encore par sa résolution et
par ses talens. Vers la fin de 1 808 il fut
obligé de rentrer en non-activité; mais
déjà en mars 1809 il reprit son com-
mandement et surprît les Suédois à Umeo,
enVestrobothnie, par une marche de deux
jours sur les glaces qui couvraient le
golfe Bothnique. Les ennemis rendirent
justice à l'exacte discipline qu'il avait
maintenue dans son armée;, et à son re-
tour le grade de général (en chef) de
rinfanterie devint sa récompense.
Mais l'empereur Alexandre ne s'en
tint pas là : il nomma Barclay de Tolly
gouverneur général de la Finlande nou-
vellement conquise, lui conféra l'ordre
de Saint - Alexandre -Nefski, et le fit
en 1810 ministre de la guerre. Alors
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il introduisit dans Tarméo russe de
notables améliorations; il publia un rè-
glement, propagea les études parmi les
officiers, porta au double le nombre des
troupes, et prit des mesures énergiques
pour soutenir la lutte contre Napoléon à
laquelle Alexandre était décidé, mais
dont 11 cherchait à reculer les premiers
effeU.
Barclay de ToUy fut l'auteur du plan
d'opérations que suivit d'abord Tarmée
russe dans la campagne de 1812. Ce
plan, sagement combiné, et auquel les
hommes du métier ont rendu justice,
échoua contre les défiances de la nation
russe, impatiente d'en venir aux mains
avec l'ennemi, et qui ne pouvait voir que
la défense de Moscou et de ses sanctuai-
res fût confiée à un guerrier qui n'était
ni Russe ni orthodoxe. Pour mieux en
assurer la réussite, le ministre de la
guerre se chargea lui-même de l'accom-
plir et prit le commandement de la pre-
mière armée de l'Ouest. La seconde, pla-
cée à une distance un peu trop grande
vers le nord, avait pour chef le prince
Bagrathion {vof.),
L« but de Barclay était d'attirer l'en-
nemi dans l'intérieur du pays, de lui
<;ouper les vivres, de raffaiblir par de
longues marches à travers des déserts,
pendant qu'il serait harcelé de tous cotés
par la cavalerie légère. Détruisant donc
les magasins à Vilna et à Vilkomir, il
se retira sur la Duna, dans son camp
retranché de Drissa, gouvernement de
Vilebsk.Mais voyant Napoléon prêt à le
tourner pour marcher sur Moscou et
craignant d'être coupé de l'armée de Ba-
grathion, il se précipita vers Smolensk où
il arriva le 28 juillet protégé par le gé-
néral Wittgenslein {voj\) et après avoir
lui-même repoussé l'ennemi. Là s'opéra
la jonction des deux armées de l'Ouest;
mais bientôt la mésintelligence se mit
entre les deux chefs; car, dit M. de Sé-
gur, Bagrathion, « ce vieux Russe, sur les
frontières de la vieille Russie, frémissait
de honte à l'idée de reculer encore sans
combattre, » comme le projetait n la va-
leur froide, le génie savant, méthodique
et tenace de Barclay, dont l'esprit, alle-
mand comme la naissance, s'obstinait
de devoir tout à la tactique et rien à la
(4Ô) BAtt
fortune. » Le même écrivain dit qae
« cette retraite -des Russes se faisait avec
un ordre admirable, u que leurs positions
étaient si bien choisies, prises si à pro-
pos, défendues chacune tellement en rai-
son de leur force et du temps que leur
général voulait gagner, que leurs mou-
vemens semblaient tenir à un plan arrêté
depuis long-temps, «t Parmi nous, ajoute
M. de Ségur, on le louait de s'être main-
tenu dans cette sage défensive.... >» £t
cependant, en Russie, il s'était attiré
l'animad version générale ! L'empereur
Alexandre dut lui retirer le commande-
ment pour le confier (le 29 aoûtj à Kou-
tousof que la faveur publique lui dési-
gnait. Aussitôt Barclay de Tolly se
rangea sous les ordres du nouveau géné-
ralissime et le seconda de tousses moyens.
Il commandait l'aile droite de l'armée à
la bataille de la Moskwa.
Mais le 22 septembre, sa santé altérée
l'obligea de quitter l'armée; il y reparut
après quelques mois de repos et rendit,
le 3 janvier 1813, sa fameuse proclama-
tion aux troupes allemandes comprises
4ans l'armée des Français. Après avoir
pris Thorn, il s*avança sur Posen et entra
en Lusace. A la bataille dç Bautzen il
signala sa brillante valeur par une lon-
gue et noble résistance. Ensuite, le 26
mai, il fut chargé du commandement en
chef de l'armée prusso-russe ; sous lui,
"NVillgenstein commandait les Russes,
Blûcher les Prussiens, et le grand-prince
Constantin la garde impériale ; et il con-
serva ce commandement général après
que le prince de Schwartzemberg eut été
placé à la tête de toutes les forces de la
coalition. Ce fut Barclay qui se rendit
maître, à Culm, de Vandamme et de
tout son corps d'armée; et à la bataille
de Leipzig il fit d*houorables efforts
pour se maintenir dans sa position.
Alexandre lui conféra à Leipzig le titre
de comte de l'empire. Nous ne le sui-
vrons pas dans la Campagne qui le con-
duisit jusqu'aux l>arrièresde Paris; là il
pri'sida au dernier combat qui eut lieu
le 30 mars 1814, et le lendemain, jour
de l'entrée des alliés à Paris, il fui
no;Dmé feld-maréchal-général.
Après avoir accompagné à Londres
l'empereur Alexandre ^ le comte Barclay
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rejoignit sod année et prit son quartier-
lénéral à Yarsovie. Mais à la nouvelle an
retour de Napoléon il reporta rarmée
roase par marches forcées sur le Rhin,
et adressa, le 33 juin 1815, d*Oppen-
hetm , une proclamation anx Français
empreinte de la modération qui caracté-
risait cet homme éminent « Français ,
disait-il, il en est encore temps : re-
j^ez rhomme qui , enchaînant de nou-
veau à son char toutes vos libertés, me-
nace l'ordre soda] et attire sur le sol de
voire patrie toutes les nations en 'armes.
Soyez rendus à vous-mêmes, et TEurope
vous salue en amis et vous offre la paix.
£Ue hit plus, elle considère dès ce mo-
ment tous les Français qui ne sont pas
rangés soua les enseignes de Bonaparte et
qoi n'adhèrent point à sa cause , comme
amis. » Le sort de la France était déjà
décidé; néanmoins Barclay conduisit son
armée, forte de 150,000 hommes, à
ChâJons-sur-Mame, à Melun etàVertus.
Là, Alexandre passa son armée en revue
avec solennité, et conféra au feld-maré-
chal la dignité de prince. Celui-ci, par-
lant à ses troupes, disait le lendemain,
15 septembre 1815: «L'empereur est
content devons; il me charge d'être l'or-
gane de sa bienveillance. J'ai ordonné
qu'on vous fasse lecture de l'ordre du
jour de S. M.... Vous y remarquerez
avec quelle indulgence on nous a tenu
compte de notre zèle et de notre exac-
titude dans le service , de la conservation
de la discipline et de notre bonne con-
duite. » En effet, la discipline de l'armée
rosse fat parfaite et sa conduite exem-
plaire. Louis XYin accorda à son chef
la croix de commandeur de l'ordre du
Mérite militaire.
Sotn les ordres de Barclay, la majeure
partie de Farmée russe quitta la France
ponr retourner dans sa patrie, et le prince
fiaa soo quartier-général à Mohilef. De
là il se rendit en 1817 à Saint-Péters-
imarg, où Alexandre lui fit l'accueil le
plus distingué et ordonna en son hon-
neur une revue solennelle. L'année sui-
vante, poor rétablir sa santé délabrée, le
prince vonlnt faire un voyage à l'étran-
ger; mais il motnrut en route, à peu de
Histance d Insler bourg , en Prusse, à
Nge de 69 ans. H fut enterré à Riga
Encxclop. d. G. d. M. Tome UI.
où vivent encore plusieurs personnes de
sa famille. Alexandre avait le projet d'é-
lever à sa mémoire une statue en bronze;
une lettre qu'il écrivit à sa veuve et une
autre du roi de Prusse [voy, le Corres^
pondant de Hambourg du 22 juillet
1818} attestent les hautes quaUtés et les
vertus du feld-maréchal. Intègre et labo-
rieux , il était brave dans le combat et
habile dans le cabinet; en 1812 , il avait
porté le courage civique jusqu'à renvoyer
de l'armée le grand-duc Constantin. S.
BARCOKHEBA est le nom d'un fa-
meux chef de parti juif, qui , sous Adrien,
tint un moment tête à toutes les forces de
l'empire romain. Ce nom est composé de
deux mots orientaux qui signifient ^/S2!r
de t étoile , et fiûsait allusion à ces paroles
du Pentateuque : a II sortira une étoile
de Jacob, et il s'élèvera un sceptre d'Is-
raël. 9 II fut plus tard changé par ses enne-
mis en Bar-Coziba, c'est-ànlire , fils du
mensonge. Le véritable nom de Barco-
kheba étAii S iméon : c'est du moins celui
qu'il porte sur les médailles qui nous res-
tent encore de lui , et qui sont chargées
de légendes samaritaines. On sait que la
nation juive ne fut pas anéantie en Pales^
tine sous Titus, et qu'à différentes épo-
ques, particulièrement sous Trajan , elle
chercha à reconquérir son indépendance.
Barcokheba, voyant ses compatriotes tou-
}oun plus impatiens du joug romain , réso-
lut d'opérer un nouveau mouvement.
Dans cette vue , il chercha à sonder les
dispositions des Juifs de Mésopotamie,
d'Egypte, de Grèce , d'Italie et même des
Gaules. Par ses ordres, des émissaires,
entre autres le célèbre Akiba (vof.), par-
coururent toutes les provinces de l'empire
romain. Quand tout fut prêt, Barco-
kheba se fit reconnaître solennellement
comme roi et comme messie, et s'empara
par surprise de plusieurs places fortes.
Tous les habitans , particulièrement les
chrétiens qui refusèrent de se soumettre
à lui , furent mis à mort. Cela arriva vers
l'an 1 8 1 de notre ère. Dans les commence-
mens, l'entreprise de Barcokheba eut le
plus grand succès : une multitude innom-
brable de Juifs accourut des diverses par-
ties du monde pour se ranger sous son
étendard; JuliusSeverus, général des ar-
mées d'Adrien et l'un des plus grands
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, BiR («0)
gé d'a^ avec circonspectioa et sç cqd-
tenu de surprendre les corps qui prêtaient
pas sur leurs gardes. Mais peu à peu la
discipline eut la supériorité sur le fana-
tisme, privé de toute expérience de la
guerre. L'armée juive, enfermée d^ns |a
forteresse de Betbar» fif^t par iiuccomber
souf la faim et les fali^e^. ^afcokhe-
ba périt dans les supplices, et presque
tous ses partisans furent massaa'és ou
faits esclaves. C'est de cette époque que
date rentière dispe^ioo cf u peuple Israé-
lite sur la face de la terre. Non-Seulement
Adrien défendit aux Juifis l'entrée de Jérii-
salem, mais voulant effacer jusqu'au sou-
Tenir de leur ancien état religieux et poli^
tique, il fi^ raser la ville sainte et la fit
reconstruire sous un autre nom. I^es Ju^fa
ont encore dans leur liturgie des hymnes
qu'ib cliantent en mémoire de ce terrible
événement» 9ïais fi cette guerre fut si
iataU aux vaiqcu^, elle coûta beaycoup
de sang aux vainqueurs. £lle dura envi-
ron cinq ans et ne fut terminée qu'en
l'an 136. Il existe une histoire particu*>
lière de ceUe guerre, ^ allemand, par
Slûnter (J)er McUsche Kneg unter den
Kaisem Trajanund Uadrian\ AUona,
1831. a.
8â|iDAN|E,fA>K/e/x)n, arctiumlap^
pa, plante de la famille des carduacées quf
n*est guèra conm^ qu'en pnédecioe, bien
que ses racines charnues et remplies de
^uJe se mangent en qvielquef endroit»
comme les salsifia. file croit sans culture
dans les climats tampéréi, U long des cbe*
mins où l'on peut remarqmpr «^ grandes
feuilles en forme de oppur, Manche en
dessous, el ae» fleuni vfoUoéiQs» volunii-
njeuses, pt dpnlt Je» calice» spptfçirméf
d'écaillés crochuetr \a racine e$it cyUn*-
drique , railleuse » n^ir^en deborf e^Ûa»^
obeand^gn» 9 pn^Qiie^Pf savenr» ayapf
u9e od4KMr fade fi iin pe» nau^éabondf .
Oepui» Jp9g'teinps la bardane ^ît
appliqué» m us^Sfimvn d» affiectMn»
c^tan4^ M i»at»iQnç9( 4? to 4^29^9 ce
qui lui avait vab> fe oom d^h^rkeqiLf tei-
gneux, Pie ^ mçttai( ^ur les plaies après
avoir é^ pilée» et Von faisais b^ire aux
ifialadaa le suc qu'x>9 en avait axprîpié»
E;Uo avait été recommandée également
contrç b^ficpup 4^ maladii^ «ervause»»
BAR
que contre la goutte, la rboitt*
tism^ et 1^ siphilisy où on la proposait
comme succédapée de la salsepareille.
Cette réputatioi^ usurpée est mainte-
nant détruite, et s^ la bardane est encore
employée, c'est comme un médicament
sans importance. ]La racine est toujours
la partie usitée : on la dopne en décoction,
a la dose de deux onces par pinte d*eau.
I^es semences, que quelques auteur» indi-
quent à tort comme purgatives, ne ser-
vent plus aujourd'hui. F. E.
RAPIDES* Ce mot est de même ori-
gine que bardale^ et désigne les poète»
et rhapsodes des Celtes ou Galles, appe-
lés Gaulois par les Romains. Ib chan-
taient les exploits des héros en s'accom-
pagnanl d'une sorte de harpe; ils animaient
les combattans et exaltaient leur courage,
marchaient à leur tête dans l'attacpie et
observaient les guerriers pendant la cha-
leur de l'action , pour tran»mettre dan»
de» chants harmonieux leurs exploits aux
souvenirs de la postérité. On avait pour
eux une telle vénération , qu'ils faisaient
cesser le combat le plus acharné en te pla-
çanjt entre les deux partis. Les Celtes, qui,
du tomp» de César, habitaient le paya
entre le Eb^ne et la Garonne, les emme-
nèrent avec eux en Angleterre, en Irlan-
de ) en Ecosse et dans les Iles environnan-
tes; ce fut surtout dans la pointe occi-
dentale de l'ÉcossA que leur langue sa
conserva le ]>lus long-temps; mais insen-
siblement le christianisme, répandu dan»
le Nord, mit 6n au chant des bardes.
Ossian fut un de cas poètes (vo/. l'art.).
On lui donne le iitre de barde caiédo-
nœn par excellence. D'après David Wil-
liams , dans aes Recherchas sur les biirdes
de Galles et de VAngleffirre {4r bord-
domathçûnraeXfJ}o\%e\lfy J823), ce fut
Tyd^ip 9 appelé le Pérc (ks Muses , qui
(onda les privilèges dont jouissaient les
bardp». Cèa derniars étaient dans l'ori-
gine les dépositaires des ivénemens pu^
^ les et privés, les con»«rvateurs de la
morala parmi le peuple , les propagateur»
de la métempsycose. Ils ehaïàiai^nt, dan»
les assemblées des bardes, les hymnes
qu'ils avaient composés, et après plusieurs
examens publics on les adoptait comme
chfuats populaires.
Le» cbaatras das aacitiis G«maiaa lia
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ÈAR
tout àésia^ dans aupun auteur grec p^
latin de J*aptiquîté par )e pom de bar-
des , et ce n'est que d^ nos joj^^rs qu'on
a pris Tnsage de nommer ainsi , en géné-
rai, tous les chantres des ancieos temps
(vojr. Skalsks). C L.
Il pe faut pas confopdre Içs b^rdef
avec les druidef :.ceu^-ià oélébralfsnil le^
exploits des guerriers par leurs cbapts^
tandis que ceux-ci étalent les 4octeur^ fX
prétri» qui in^truisaiept la nation et f^
dirigeaient en quelque §orte le gouvjerne-
pieot.
Dans le pajs de Galles le^ )>ffrde^ pp^
poDtinoé avec p|us ou pioins 4'écUt jus-
qu'à nos jpurs. T|iaiies6Jp , le plus dis-
tingué de ces rb^psodes , vjv^t daps ^
niilieu du t^ siècle. If parai^ cepen<|an(
que les bardes g^Uois avaieot dégéoéré
SQUS le f ègpe de Gryffyl^ ^p Conap , xo}
du pa;s dé Galles, qui les reforipa ep
1078 et leur ^onna de ppu veaux régie-
na^na. Ce furep^ ep partie |e^ ct}apt9 des
barde» gallois qui encoufagè{rent ce^e
jopgue résfs^aoçç que les jiabit^os de
la principauté de Galles opposèfen^ aux
roia d* Angleterre de (a race nprmapde.
Quelques histpr'^eos ont p^éi^e rapportée
qu'Edouard l^', qui parvio^ enfip à ré-
duire ce pays a l'obéissapcfe , craignapt
rioi^u^oe des banjes, les ^t piassacrer.
Que ce monarque, pour assurer sa con-
quête, fjt fcvèremenf défende lesassem-
))|ée» oi) congrès 4^ bandes, copous sous
le oopi celtique (jie fisteddvod ou Éis-
ted^foddf c'est très probable ; mais qu'il
ait a^tenlé ^ \z vie de ces rhapsodes, et
fait délruijre |/eurs poèmes, c'es^ un acte de
cmauié g^tpjie qui n'est pojnt cons^té.
JLe chevalier t)avi4 Dalrymple l'a com>
plêtement féfuté. Le recueil très vol upii-
netix que ])f. Owen Jopçs a fiait dçs poè-
mes des barde^ gallois, entre Jes règoeç
d*Édoaar4 ^^'^ et d'Elisabeth ^ contredit
d'aiUeun» cet^ ^ertion. X^ rei^e %\\^-
beih repopvela IjC privil.é^e de| bardes
cl« s'assembler tous les trois apf ep con-
grès poé^ue : il y ei^ un eistedd/odd
aojênnel le 2^6 pnai 1569 , ou le prix
d'une bai|>e d'af|;ept fpt adjugé ap barde
Simon jap William^ ap Sion ; mais ces
aaaombléfs étant depuis tombées en dié-
aoéU^, p/usie}[^? piyrticuliers éclairés,
mtifl 4e la priociMU^ ^ Galles, ont sou-
(")
BAR
yenï ri^hé 4e les faire revivre. Ils y rénSf
sirent enfin ep 1818; il y eut en consé*
quence un eistedcf/odd à Wrexham , en
(820 , pu se préséptèrent dix çoncur-
rens; pt pour donner pips de poids à ces
congrès poétiques, Georges IV luj-mém^
se déclara le paproo d'une spciété gal-
loise établie à pet ^fîet sops le noni de
Cjmmorùiian ou Jkfetrcfpolium Cam^
brian institution. p. B.
BÀRPESA^E9^ CT93Hque d'Çdes-
se , favori 4'Abgar , a la fin du ii* siècle
4e J. C ^ sop^pt ppe disputation contre
le philosophe Apollonius, arrivé à £desse
Tan 165, à la sujte de p. i^^n^opius Ve-
rps, et résista à tpute tept^tiye de lui
faire abjurer le cbristiapisme. |l lutta en
faveur de sa religion dans de nombreux
écri^; aussi les Pères de l'église bono-
rep^-ils se^ talens, son éloqpepce et son
éruditipp. $.
p^Rpij^T j nom 4érivé du mot bar-
dititf, leçon pro|)§b|epijenf altérée de la
Germanie de Tacite. Ce nom fpt d*abord
employé par Klopstoc|(, pour désigner
un g.enre particulier de poésie héroïque,
incité du chant des apcien;^ bardes {vox>)
et dont sa trilogie de ffermann a dû ser-
vir de ipodèle. S,
^4^l?^GpÇ^ ville de France, déprte-
ment cics^a^tesPyrénées,entre4epx chaî-
nes 4^ montagnes, et formée f\*\x^e seulp
rue,|estcélèbpppar ses eaqxch^u4es e^ul-
fureuses^ elles ^optfoprniespar trois sopr-
ces principales, et leur température vaf iq
4e ^6 ^ 45 centigrades ( 24 à 3j$ degrés
^éaumpr). C!es source^ alin^eptept plu-
sieurs bains: mais elles fournissept pres-
que toujours des quaptités 4^eau ipspf-
psantes poup le noipbre des baigneurs
qui se repd chaque année à Barèges et
qui vprie ae 1,000 à 1,200; les miliui-
res en forment presque la majorité, car
c'^st 1^ qu'ils doivent se repdre quand ils
obtiennent du ministfe de fa guerre d'al^
1er prendre les eaux aujl frais du gouver^
nement.
La copiposition des eaux de grèges
n!est point rigoureusement copnue : leur
analyse est sacs doute rend^e difi^cile
par la prjésence d'une substance grasse ,
espèce de matière animale, qu'on ^ nom-
mée barégine, quoiqu'elle se rencontre
daps un grand nombre 4'autres eaux roi«>
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BAR
(52)
ÊAR
florales, tl n'est cependant pas douteux
que ces eaux ne doivent leurs propriétés
thérapeutiques à la présence de sels qui
ont le soufre pour base {hydrosulfate et
sulfate de soudé)\ elles contiennent aussi
de X hydrochlorate et du carbonate de
soude, peut-être de la soude à l'état caus-
tique et de la silice (voy. ces mots).
Elles sont parfaitement limpides : aussi
sont-elles de celles qu'il est le moins dés-
agréable de prendre à l'intérieur. Trans-
portées à de grandes distances y elles
conservent cette limpidité. On les em-
ploie à l'intérieur, en bains et en dou-
ches. Dans le nombre immense d'eaux
minérales que fournit la nature, les eaux
de fiarèges sont peut-être celles dont les
propriétés ont le plus de réalité. Cepen-
dant il ne faut point oublier qu'en même
temps qu'on en fait usage sur les lieux
mêmes, on est élevé de 4,000 pieds au-
dessus du niveau de la mer , et qu'on res-
pire l'air pur et vif des montagnes. Il faut
ajouter que Barèges n'offrant aucun des
plaisirs des grandes villes , les malades y
observent forcément un régime qui ne
peut que leur être favorable. Les eaux
thermales de Barèges sont conseillées
pour combattre les maladies de la peau,
et d'après l'opinion la plus générale c'est
là leur triomphe; il arrive souvent qu'el-
les ne procurent que des guérisons peu
solides, ^oy. Eaux Mnfé&ALss. A. L-d.
BARDILI (Christophe-Gooef&oi),
penseur profond , antagoniste du criti-
cisme de Kant, et auteur d'un système
nouveau de philosophie qu'il a développé
dans ses Élémens de la logique pre-
mière, medicina mentis. Il naquit dans
le Wurtemberg en 1761, fut professeur
de philosophie à Stuttgard , où il mou-
rut en 1808. Il a laissé un grand nom-
bre d'ouvrages. S.
BARENTIN (Chakle^Louis-Fran-
çois-de-Paule de) naquit en 1739,
fut avocat général au parlement de Pa-
ris et puis premier président à la
Cour des aides. En 1788 il fut nommé
garde - des - sceaux et remplaça M. de
Lamoignon. Son discours, à l'ouverture
des Éuis-Généraux, le 5 mai 1789, fut
regardé plutôt comme une formule d'é-
tiquette sur l'ensemble des travaux de
rassemblée, que comme une œuvre de ta-
lent et d'éloquence. Aussi ne fut-il point
écouté. Cette défaveur ne fit que s'accroi-
tre quand Barentin notifia la réponse du
roi à l'adresse du commerce sur l'éloi-
gnement des troupes de la capitale. Mi-
rabeau a été jusqu' à l'accuser d'indis-
poser le roi contre l'assemblée et d'avoir
été l'auteur indirect du 14 juillet.
Barentin sentit qu'il fallait donner sa dé-
mission : il fut remplacé par Champion de
Cicé, archevêque de Bordeaux. Le comité
,des recherches accusa Barentin devant le
Châtelet d'avoir tenté d'opprimer la ca-
pitale; il se cacha, mais il fut acquitté
par le Châtelet. Ayant, depuis, quitté la
France, il y revint après le 18 brumaire
et vécut tranquille , mais sans renoncer
entièrement à ses relations avec les prin-
ces de la famille de Bourbon. A la res-
tauration , il reçut de Louis XYUI le ti-
tre de chancelier, dont les fonctions fu-
rent remplies par M. d'Ambray, son
gendre et ^on successeur. Barentin est
mort en 1819. Ch. M.
BAREZZI (Stefano), peintre de Mi-
lan, encore vivant. On lui doit le procédé
au moyen duquel les peintures à fresque
peuvent être enlevées des murs et por-
tées sur des tables de bois. Voy, Restau-
EATION de tableaux. S.
BAR UBAKMXJSjVoy, Aboulpa*
&ADJ.
BARI (teeee de), voy, Nafles.
BARING ( Alexandre ), chef de la
maison de banque de ce nom à Londres,
membre du parlement, l'un des direc-
teurs de la compagnie des Indes et de la
banque d'Angleterre , est le second fils
de sir Francis Baring, négociant distin-
gué et plein d'expérience, qui descen-
dait d'une ancienne famille du Devon-
shire et qui a eu une grande influence
sur la direction des affaires de la compa-
gnie des Indes. Ce Francis Baring, qui a
souvent été consulté par Pitt, fut nommé
baronnet par le roi en 1793 , et il est
mort en 1810.
Comme sa famille, M. A. Baring a tou-
jours appartenu au parti des whigs , mais
sans tomber dans le radicalisme; il pen-
chait même, lors de la discussion du
bill de réforme, du côté des adversaires
de cette mesure , regardant la chambre
des communes, telle qu'elle était consti-
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BAR
(53)
BAR
toëcycominetiiiereprésaitatioii tnfBaante.
M. Baring montre dans toutes les discns-
sioos relatives au commerce les vues les
plus profondes, et son opinion a toujours
eu beaucoup de poids. Sa maison de com-
merce et de banque est une des premiè-
res de Tunivers et est en grande partie
dirigée par lui-même , bien que Tun de
ses frères y soit associé. Lorsque M. Ba-
ring entreprit Femprtmt français, affaire
qui le fit paraître en 1818 au congrès
d'Aix-la-Chapelle, le public non com*
merçant devint attentif à ses opérations
et s'occupa beaucoup de lui. G>mme au-^
trefois Necker, M. Baring manie très bien
la plume et son écrit intitulé Inquiryinto
the causes and conséquences ofthe or-
ders in counciiÇLond, 1818) lui assigne
une place honorable parmi les économis-
tes. Lui et son frère Henry ont épousé les
deux sœurs, héritières de Faméricain
Bingham, dont chacune apporta en dot
la somme de 100,000 livres sterling.
Le frère atné de Baring, qui hérita du
titre et de la majeure partie de la for-
tune de leur père , est le baronnet sir
Thomas Baring qui , dans sa campagne
de Stratton-Park, a employé une grande
partie de ses richesses à acquérir des
objets d'arts et qui possède une collec-
tion de tableaux, de gravures, de pierres
précieuses, etc., renommée dans toute
l'Angleterre.
Le troisième frère, Heitri Baring, as-
socié de la maison de banque , accom-
pagna lord Macartney à la Chine et fut
employé ensuite au comptoir de la com-
pagnie des Indes à Kanton. Le plus jeune
des frères, Gkokges, fut aussi envoyé en
Chine ; mais il quitta le commerce et de-
vint ministre de l'église anglicane. Peu
satisfait de son culte, il entra dans une
secte nouvellement répandue, et fit bâtir
à ses (rais une église à Exeter où il prè-
die. C. X.
BARITON , vcy, Baattov.
BARKER ( Eomokd-Henki), philo-
logue anglais, fils d'un ministre de l'é-
glise anglicane, est né à HoUym, dans le
comté de York , en 1 788. Il fit ses huma-
nités sous le recteuf Jackson, à Beverley;
de là il passa à l'université de Cambridge ,
où il remporta, en 1809, le prix d'une
niédaille d'or pour une épigramme latine
et une épigramme grecque. En 1811 il
donna à Cambridge des éditions correc-
tes des discours de Cicéron de Senectute
et de Amicitidy d'après le texte d*£r-
nesti , et de la Germanie et de VJgricola
de Tacite, avec des notes en anglais. Un
volume de Récréations classiques , plu-
sieurs saines critiques dans le Classical
Journal^ la Rétrospective Reviewy et le
British Critic attestent son activité. Il a
eu aussi une part considérable à l'édition
du dictionnaire grec de Henri Etienne
( Thésaurus Gr, £. ), publiée par Valpy.
En 1 830 M. Barker a donné à Leipzig
une édition correcte d'Arcadius, ete ac^
centibus , avec une Épttre critique à M.
Boissonade. En 1831 il publia, de con-
cert avec le professeur Dunbar , un Dic-
tionnaire grec et anglais; et en 1833 la
Grammaire grecque ( intermédiaire ) de
Buttmann , traduite de l'allemand en an-
glais par M. D. Boileau de Londres.
M. Barker réside à Thetford, dans le
comté de Norfolk. C. X. m.
BARLA AlH, moine du xiv^ siècle, na-
quit à Seminaria ou Seminara, dans la Ca-
labre-Ultérieure. Il fut élevé dans la reli-
gion grecque et entra dans l'ordre de saint
Basile. Ennuyé, à ce qu'il parait, de la
vie monastique , il se rend^ vers 1 837 à
Constantinople. Après avoir étudié à fond
la littérature , la philosophie et la théo-
logie grecques, il sut, par ses talens, ga-
gner l'afTection de l'empereur Andronic
Paléologue-le-Jeune qui, après l'avoir
nommé abbé en 1331 , le députa secrè-
tement vers le pape Benoit XII, à Avi-
gnon , en 1339, à l'efTet d'opérer la réu- *
nion des deux églises. Mais malgré toute
l'habileté que le rusé moine déploya,
malgré les instructions insidieuses tra-
cées, à ce que l'on croit, par la main ha-
bile du Grand-Domestique J. Cantacuxè-
ne, la négociation échoua complètement.
Barlaam retourna en Grèce, et visita les
monastères du mont Athos. La il étudia
les doctrines des moines Hesychastes,
qu'il tourna en ridicule; et, revenu à
Constantinople, il accusa ces moines
comme imposteurs et comme hérétiques.
Un synode fut assemblé à Constantino-
ple en 1341 : on s'y livra à de grandes
discussions sur la nature de la lumière
incréée dont Jésus-Christ avait été envi-
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8Aft {U
iroîinë sUr le Thabor : Barlaam fut cod>
damné comme ennemi de Féglise grec-
que; mais cette décision rie put fenlief
la bouche au moine récalcitrant. Un se-
cond synode fut assemblé en 1351 et pré-
sidé par les deux empereurs Jean Cânta-
cuzène et Jean Palédlogdè ; leé erreurs
de BaHaaiii fbi^étit âtiàthématisées ; et le
dogme de là Itimièk-e éternelle iricréée
dii mont Thaljbr fûl déclaré article de
foi. Alors ce iiiôine se réfugia dans le
royaume de Nazies, oii Pétrarque, soil
ami et son élève, obtint pour lui le pe-
tit évéché de Gierace^ dans Ja tafabre-
Ultérieiire. BMrlaàm, après avôli* écHt
tour à tour, suivant les circod^anceis^
pour et contre réglSée roiriairiè^ lui cdn-
sacra aloré sa plûiHe jusqu'à îia inortj
dont on né connaît pas la date pi'écîsè.
Aujoikrd*hnî les iiombréux écrite de Bar-
laam sont presque tous biibfiés^ ihais ce
fut ce mbiné calabrais qui, le ^rehiief, fit
renaître eh Italie les études dé l'antiquité
grecque. Pétrarque et Boccace aivouent
lui devoir leurs cdhriàissances eti grec.
Voir Basnage, dans Caàîsii dhtû^ù'S
îecttones; t. IV, p. 863-368.
Le martyrologe de Féglisè i-oniaitie^ du
27 ûovcmbite •; Wbu's a consëHé la ttiè-
inoifë d'un attèi^ Bàrlaàm', qui èdtivértit
au christiablsm'é le jeune ^rîhbe Josà-
phat, fils d'iiri tù\ de l'Inde. Si rHfstoiré
est vraie, eHe doit étffe rapportée au tii*
ou au ii*^ kiêde. Cette conversion e*t
racontée avec de grands dévelôppemèns
daAs titi roman grec qu'une ftnciéhiié
tniditibn attribue k iàlni Jeàn Damàs-
cèhe, hiàis dont, suivant les m'ariùscnts,
nn tnoine Jeài^ , dit monastère Saba ,
seràft l'auteur. Quoi qu'il en soit ^ cette
histoire de Barlaàm et fosàphat^ pre-
mîtc roMian spirituel , est cm dès K-
vrë^ }t& pios fetiHêtit t^\ ëHstèrit. Lé
mtoyétt-âge sut af^écier cette b%lle a'pd-
]6^e de la tie contemplatif et sblieaik^,
dédtrite dans de tt^bi^ettafè^ et prbfôtt-
des paraboles. Unfe àtocfemie trâddctiôfl
latine circula de l)onnè hèuM, fût im-
primée plusieurs fois, et beàticoup d'ati-
teurs eti firent de nombreux extraits.
Aussitôt après l'invention de l'imprime-
rie, ce roman fut traduit dans presque
toutes les langues. Le texte grec miginal
m été enfin publié en entier, d'après deux
)
EAU
bons manuscrits de la bibliothèque
royale, jjîar M. Boissonade, dans le 4*
vol. de ses Àhecdota grœca^ Paris, 1832.
Toyei, pour de ^liis amples renseigne-
mens, la préface de la réimpression du
Longue grec dé P. L. Cour ici*, p. 30 et
31 ; Fr. W. V. Schmidt, dans les ffle-
her Jàhrbûchcr der Utley-atur, t. 26, p.
25-45 , et Brunet dans sbù Manuel et
dans le Supplément. S-n.
BARLOW (JoEt), |(>oète et diplbdatè
àméricaiil,rié à Aeàding dans le Cobriec-
tîcut, vers 1 755. Sous Wâsbin^ton il prît
pal*t à la gtierre de la délivrance et éèri-
Tît des chants nationaux [American
Pôëms, en 1778). A la pâit de 1788 il
quitta la place d'àumbnier de régimefat,
qu'il bbcupait depuis quelques afanéés, et
se fit Kbràii-e à Hartford, puii avocat.
Dans cette dernière profession , ûa peu
Improvisée comme les brécédchtes , il
n'eut ^as de grands succès, et partit en
1788 pour l'Abj^Ietèrre et la France,
comme agent de là compagnie dé l'Ohio.
A Paris il assista \ TouvertUre diî ^and
draibe de la révolution et se lia surtout
avec les Girondins. En 1791 il publia à
Londres un Avis aux cla s set privilégiée s;
en 1792 uti petit poème. Là conspira-
lîon dès rôts. Cette mèrfne àbhéfe il adressa
une létlrle à ta Cobventiori nationale, pour
l'ènitagér à àbbUr lé podvbir i-oyal, et
porta lui-même à cettç assehiblée linè
adresse des républicaine àb^ais; aussi la
Convention lui tiéterna-t-cllé le Uli*e de
citoyen français. Lbr^ de la inlssion de
l'abbé Gk-égttîre dabs la Savoie riouvtftl-
lëment conqufsfe , Bâribw suivît soVi ami
et adressa dé Chambéry Unie pfbchiifià-
tfon aux Piémbbtàis, pbui* les sbmmeé
d'en finir avec ^ cet ho^më de Tbrin ,
qui se dit knr )col » Puià il fixh pëndiJnt
itàh anfs Àa résidence à Paris, spêcâlànt
stfr les assi^àt», et bbsei^teur dfe tbus
les taobvemens politiques, jusqu'à sa bô-
mi nation Bé dotasul 4tnéricain â Afgér et
à Tripoli. En éette (Jtialité, if négocia avec
lél deys un traité fort avàntàgetix pour $à
patrie. En 1797 il retint i Paris, sV
donnant de nouveau aux spécolâtibns
commerciales, et publia en 18<^ Une
brochnre sur le système comibèrciâl des
États-Unis à l'igàrd de l'Angleterre et
de la FVance. En 1805, !1 retoitmà dans
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BAft
(S8)
BAR
]e§ ttàls-Uillft et «'étiMHà Wasbiûgtoti.
lÀy dans sa loisirs, il prépara une magni-
Bqoe édition de sâ Cotombiade^ qui avait
pafo déjà en 17é7, sous le titre de Fi^
siôn de Coiomb, poème où le récit est
DOjé dans des déclamations philosophi-
ques et politi(]ues. Ce poème fut impri-
mé k Philadelphie en 1S07 et à Lon-
dres en 1S09, in-8^ En 1811 , Barlotv
fut notnAé mlnlstf-e plénipotentiaire en
Fimice. Appelé àd riiois d'octobre 1812
par le duc de Bassatio k Vilna, il tomba
malade en route et mouHit dans un mi-
sérable vHtà{)e près de Cfacovie. Les
eutràges eri prose de Barlôw portent
reuprciftte d*nii esprit énergique; ses
èpînions s6nt' hardies, mais les vues
d*ensèmble y manquent; on ti*y teficbutre
point ce jugement m6r et Solide que ré>
cUihent les spéculations politiques et mo-
rales. Outre les oËfUvres poétiques déjk ci-
tées, on peut mentionner encore un poème
bm^esqtlè, flWfy Pudding, composé
pendsnt son séjour en Savoie. Comme
homme , Barlotr présentait (*ette dignité
grave et itère, type bommun des citoyens
des États-Unis. L. 5.
BAliMÉCl]>CS, ou plutôt BAKwix.!-
Dtt^ est le nom d*tine famille persane célè-
bre parttii les phis ridies et les plus nobles
du Khoraçan , province où commenta la
fortune des khalifes abassides. Les enfùns
de Bamtek s'attachèrent à ces princes.
Khatedben Bktrmtk, le premier des Bar-
méddes sur qui Thistoire n'ait point de
doutes, ftit principal ministre de Aboul-
Abbas SafTah, le premier khalifVi abas-
ttde; M>n InBuence ne diminua point
soils les règnes d'Al-Mansdur et d'EI-
Mftbdl. Ce dernier ternit entre les mairis
de Rhaled Tèducation de soti ffls, qui de-
vint si célèbre sons le nom d*Haroun-al-
Badifd. Takîn, fils de Khaled, t-éunit,
àelon fes Mliftnrietts oi4etitaax, les vertus
kss plus éditantes et tendit les plus émi-
Aem geiticeii an tbalife Haroun, qui le
nômtfià «ota *^r k sdn avènement, Tan
7S6 de I.^C. Également hàbHe daûs Tad-
nmistratidti H vile «t dans tout ce qui
tient i Tart mtHtabre, bHllant surtout par
MHS llbéraKté héréditaire dans sa famille
et<|trt^tait passée en proverbe parmi les
Jbrabes, Tabia ètftia pluft gtandé part à
tt t<wpêiliéito tfigiké «THartmii- àl-lu-
èhid. Ce pHneé loi donnait fe titre Ûé
père, Ftkfhi, frère de lait de Efaroon et
Fun des quatre fils d*Tahia, non moins
généreux que lui, devait épouser la fille
du khan des Khazars; mais cette prin-
cesse mourut en 788, au moment où elle
tenait rejoindre son époux ; on tépandiC
le bruit que celui-ci Tavait fait empoi-
sonner. Le khan irrité envahit, quelquet
années après , les provinces de Chirvan
et de Gandjah. F adhl fit rentrer dans le
devoir im prince Alide févolté contre
Harbun . lui sauva la tie malgré le kha-
life , et fut aidé dans cette circonstance
par son frère puîné Ùjâfar^ le favori du
maître.
La fortune des Barmécides, arrivée aa
plus haut période en dix-sept années, de-
vait bientôt s*écrouler. On les accusait
de n*étre attachés qu'en apparence k là
foi de Mahomet, et de rester secrètement
fidèles aux antiques croyances dé leur
patrie ; on fit au khalife un épouvantail
de leur crédit et de Tinfluence dotit ils
jouissaient sur les peuples. Djftfar (le Gid^
far des Miiie et une Nuits) avait mécon-
tenté Haroun en favorisant Tévasion du
prince Alide son ennemi : Haroun résolut
la perte de son favori et de toute sa mai-
son. Cependant, les historiens orientaux
attribuent à un motif moins probable ,
mais plus romanesque , la rUiûe des Bar-
mécides.
Abbassa, sœut du khalife, Idl était
aussi chère que bjâfar : afin de pouvoir
jouir en même temps de leur |>résence et
de leur entretien, il fit épouser sa soeur k
son favori, mais il exigea que celul-d ju-
rât de ne jamais user des droits du ma-
riage. Djâfar tint long-temps sa promesse ;
mais un jour Abbassa écrivit à Son époux
des vers où elle peignak en traits de feu
un amour que le malheiureux Barmécide
ne partageait que trop ; le terrible ser-
ment fut oublié, et Abbassa eut un fils
qui fut secrètement élevé. Le khalife sût
tout : il fit, en 803, trancher la tête à
Djâfar avec des circonstances qui certes
ne doivent point confirmer k uaroun le
titre de Juste (a/- Rachid) que Thistoire
a attaché à son nom. Dans toute Tétendue
de Tempire, les Barmécides furent arrêtés
et on confisqua leurs bienS; tine Seule
brandie de leur famille fut ékémpte dé
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BAR
(56)
BAR
ce désastre. La veuve de Dj^far» ignomn
nieusemdnt chassée du palais ^ mourut
dans la misère; le malheureux fruit de
soD amour fut précipité dans un puits
que le khalife fit combler aussitôt
Lesvertus et lagloire de cette famille ont
été célébrées par presque tous les poètes et
tous les historiens musulmans, quoique
Haroun eût poussé la démenc« jusqu'à
défendre, sous peine de mort, de publier
leurs louangies et de prononcer leur nom.
lia Harpe est Fauteur d*une tragédie mé-
diocre intitulée : Les Bétrmécides, Voir
le savant article de M. Kosegarten dans
l'Encyclopédie allemande d'Ërsch et
Gruber. A. S-h.
BARNABE (saint), collaborateur
des apôtres, est honoré lui-même du titre
d'apôtre par le plus ancien des histo-
riens de l'église, saint Luc, quoiqu'il
ne fût pas l'un des douze disciples de Jé-
sus-Christ, auxqueb ce nom se donne
exclusivement. Il était né dans l'ile de
Chypre, au sein de la tribu de Lévi. Son
premier nom était José ou Joseph» Les
apôtres lui donnèrent celui de Barnabe,
susceptible de deux interprétations éga-
lement honorables, enfant de prophète
et enfant de consolation. Barnabe, qui
était venu l'un des premiers leur offrir,
pour les pauvres, le produit de la vente
de ses biens, leur était cher. Il avait reçu
une éducation distinguée à l'école de 6a-
maliel, le plus pieux et le plus tolérant
des Pharisiens de son temps. Sous ce
maître, il avait été le condisciple de
saint Paul. Aussi, quand le plus ardent
persécuteur de la nouvelle religion, frap-
pé de l'enthousiasme qu'elle inspirait à
ses martyrs, l'eut subitement embrassée
lui-même, ce fut saint Barnabe, déjà
chrétien, qui le présenta à l'église nais-
sante et qui se fit le garant de sa foi.
Celle de Barnabe était entière , mais
n'excluait pas la tolérance. U le prouva
dans l'accomplissement des missions les
plus délicates. Les chrétiens d'Antioche,
les uns sortis du paganisme , les autres
du judaïsme, étaient divisés sur la ques-
tion de savoir jusqu'à quel point il fallait
observer dans la religion nouvelle les céré-
monies de la loi ancienne. Cette division
s'annonçait aussi ailleurs. Elle devait se
présenter partout où se trouvaient des
chrétiens sortis des deux cultes diffÀ'ens.
Il importait par conséquent de députer
aux chrétiens d'Antioche un missionnaire
habile. Barnabe s'acquitta si bien de sa tâ-
che que, bientôt après, l'église -mère,
celle de Jérusalem, l'envoya avec saint
Paul dans diverses régions de la Syrie,
de r Asie-Mineure et de la Grèce, où ils
obtinrent les mêmes succès. On attribue
principalement ces résultats aux prédi-
cations de saint Paul. Cependant Barna-
be ne fut pas toujours le compagnon de
l'apôtre. Avec son parent saint Marc, il
se rendit dans l'Ile de Chypre. Mais ici
cessent les renseignemens de saint Luc ,
et à l'hbtoire succède la légende. S'il est
certain que Barnabe vivait encore l'an
56 , il est douteux qu'il ait prêché l'É-
vangile à Milan , qu'il soit mort martyr
en 63, dans l'île de Salamine, et qu'on y
ait retrouvé son tombeau en 488.— 6aint
Barnabe ne nous a .laissé qu'un seul
écrit, une épître sur la convenance de
renoncer à l'observation des rites et des
cérémonies mosaïques, par suite de l'éta-
blissement du christianisme. Cette épi-
tre, citée par saint Clément d'Alexan-
drie, publiée dans les collections de Da-
chery, de Cotelier, de Le Moyne et ail-
leurs , est sans doute authentique. Mais
les actes et évangiles que l'antiquité
chrétienne a publiés sous le nom de Bar-
nabe ne sont que de pieuses légendes.M-a.
BARNABITESy confrérie de clercs
on de chanoines, instituée à Milan, en
1 530, par Antoine-Marie Zaccaria et deux
de ses amb, dans le but de former des
ecclésiastiques particulièrement propres
à l'enseignement dans les écoles, à la di-
rection des séminaires, à la prédication
dans les paroisses. Gément VU autorisa,
en 1532, cette association dont la nais>.
sance est due principalement aux accu-
sations dirigées par le protestantisme
contre les* mœurs du clergé catholique.
En 1585 les membresqui la composaient
prirent le nom de clercs régtdiers de
saint Paul, et, quelques années après,
ils reçurent, avec l'église de saint Barna-
be à Milan, le nom de Bamabites qui
servit à les distinguer de plusieurs autres
confréries de clercs réguliers. Émules
des prêtres les plus laborieux du xvi* et
du XYU^ siède, les Bamabites se firent re-
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BAH
{il S
BAR
marquer, suivam le bat de leur iDsti€a<
lion, comme missionoaires (en pays chré-
tiens), comme prédicateurs et comme in-
stituteurs de la jeunesse. Ils eurent à Pa-
rie et à Milan des académies de théolo-
^e; ils fondèrent en Iulie, en Espagne ,
en France, en Savoie, en Autriche et en
Bohême, des collèges qui eurent quelque
célébrité. Aujourd'hui leur congrégation
n^existe plus que dans les deux premiers
des pajs que nous venons de nommer.
Ss ont eu quelques savans et quelques
écrivains remarquables (Hélyot, His-
toire des ordres monastiquesy tom. IV).
LeAGuastalînes, congrégation ainsi nom-
mée d*aoe comtesse de Guastala, mais
connues aussi sous le nom d* Angéliques,
formaient une sorte de tiers-ordre des
Bamabites et s'efforçaient d'en propager
les principes et les exercices parmi les
femmes. M-b.
BARNAGE, ancien mot français qui
désignait les réunions de nobles, et puis
aussi un genre d'impôt établi sur les avoi-
nes , les chiens de chasse , etc. S.
BARN AVE ( AifToiiiB - Pierke - Jo-
ssvH. - Ma&ib ) naquit à Grenoble, en
1761 , au sein de la religion protestante.
Fils d'un procureur habile etd'unefemme
reoommée par son esprit et ses qualités
aimables, il dut à ia double influence
qu'exerça sur ses premières années une
si heureuse origine le développement
de ces talens et de ce mâle caractère qui
lui acquirent une juste célébrité à une
époque et dans une assemblée où brillè-
rent à la fois tant d'hommes célèbres.
Adoré de sa famille, il se livra avec ar-
deur, sous ses yeux , à des études sérieu-
ses , qui ne l'empêchèrent pourtant pas
de trouver dans les arts, dans la peinture
surtout qu'il cultiva avec succès , les plus
doux déûssemens. La bonté de son ame,
Fardeur de son courage, se révélèrent
lorsqu'à peine âgé de dix-sept ans il prit,
l'épée à la main, la défense d'un frère
plus jeune que lui , et reçut pour cette
cause sacrée une blessure qui mit ses
joars en péril. A 22 ans il était reçu
comme avocat au parlement de Grenoble
et choisi par le barreau pour parler au
nom de cet ordre, il prononça un discours
%ur la Nécessité de la division des pou-
vQtr^ dans les corps politiques. Cepen-
dant au barreau il ne jeU pas cet éclat
par lequel on voit ordinairement s'an-
noncer les gloires parlementaires ; il lui
fallait peut-être une scène plus vaste et
des intérêts d'un genre plus élevé pour
que son génie prit tout son essor.
Une grande lutte entre le peuple et la
monarchie allait être engagée; déjà les
idées nouvelles se faisaient jour de toutes
parts et minaient sourdement l'échafau-
dage qui soutenait encore ce trône dont
mille abus avaient détruit le prestige aux
yeux du peuple. Après avoir long-temps
souflert en silence, celui-ci éleva sa voix,
réclamant à grands cris les réformes.
Dans ce toile général, les Dauphinois n'é-
taient pas, on le sait, les moins impa-
tiens, les moins énergiques à saper l'an-
cien édifice; l'occasion était belle pour
une tête jeune et ardente comme l'était
celle de Bamave : aussi ne la laissa-t-il
pas échapper, et bientôt différentes bro-
chures politiques, notamment celle inti-
tulée : VEsprit des ÉditSy le firent con-
naître à ses concitoyens. Une étude ap-
profondie de cette constitution anglaise
qui était alors le point de mire de tous
les novateurs, attestait que Bamave avait
habilement mesuré d'un coup d'oeil la si-
tuation , les sympathies , les besoins et
les vices de chaque corps de l'état. Ses
convictions étaient celles d'un homme
de tact et de raisonnement. Son manifeste
devait produire quelque sensation; et
en effet , dès ce moment le jeune juris-
consulte fut d'avance désigné aux suf-
frages de sa province. On sait que , par
ordonnance royale du 27décembre 1 788,
la représentation du tiers au sein des
États- Généraux fut doublée. Comme ai
la fatalité eût poussé la monarchie à se
suicider elle-même, ce redoublement des
tiers favorisait les prétentions de Bar-
nave , sur qui put alors tomber le choix
de ses concitoyens. Il avait 27 ans, et
un immense avenir s'offrait à son ambi-
tion et à son génie.
La session s'ouvrît à Versailles, le 4
mai 1789 , et dès les premiers jours Bar-
nave prit rang parmi les plus chauds par-
tisans des idées nouvelles et les ennemis
les plus déclarés de la cour. Non qu'il
partageât aveuglément leur haine contre
la monarchie et son principe ; mais parcç
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BAR
(58)
dAR
l}ue cette soif d'institutions libérales qu'il
à?ait puisée dans Tétude de la coostitutîon
anglaise renflammaitpour le peuple d*un
2èle exclusif qui devait souvent rempor-
ter au-delà des boraes. Aussi eut-il bien-
tôt à porter le lourd fardeau d'une im-
mense popularité. Une imagination ar-
dente, un esprit vif et pénétrant, une
élocution élégante et facile, et surtout
Topposition constante et l'emploi habi-
lement ménagé d*un grand calme , suc-
tédant à une sortie véhémente, à un
éclair subit de colère ou d*entliousiaâme:
telles furent les qualités diverses par les-
quelles Barnave acheva de conquérir tous
les suflVages dé rassemblée et du peuple,
et devint un des principaux chefs souS
ta bannière desqueU les partis se rangè-
Irent en se divisant. « C'est une jeune
plante qui un jour montera haut, si op la
laisse croître , » disait de lui Mirabeau ;
et cette l^rédlction se fût accomplie sans
la hache révolutionnaire qui la coupa à
la racine. Barnave attira pour la pre-
mière fois les regards lorsqu'il se joignit
à Mounier pour obtenir que le nom de
Commune fût substitué à celui de Tiers-
État. L'assemblée du Jeu de Paume le
compta parmi ses principaux acteurs ; à
cette époque Mirabeau n'avait pas de plus
puissant auxiliaire que lui. Mais une
sympathie bien plus étroite, et justifiée
par la similitude des âges et des convic-
tions, l'unissait à Lafayelte, à Adrien
Duport, aux deux Lameth surtout, avec
lesquels <t il forma, dit M. Thiersdads son
Htstàirt àe la Révolution , un triumvirat
qui intéressiait j>ar sa jeunesse, et qui
bientôt influd par son activité et ses ta-
lens. » A cômj)ter de ce moment chaque
discussion importante s'éclairait de la
parole de Barnave et lui valait un triom-
phe de plus. Sa haine pour la cour lui
fit obtenir le maintien des arrêtés cassés
par lé roi dans sa séance royale. Quel-
ques jours après la grande insurrection
qui fit tomber la Bastille, le sang de Fou-
lon [Vit sacrifié à la vengeance du peuple,
et cet acte de la force brutale souleva
dans l'assemblée un orage grossi de tou-
tes les passions long-temps comprimées
qui se déchaînaient tout à coup, k Le
sang qui eoule est-il d<n)c si pur !... »
ft'éâii tifniSé, au Miieu d'un videm
débat ; et cette exclamation , échappée
sans doute à l'ardeur du jeune tribun
et désavouée par l'ame de l'homme hOn*
nête, lui fut amèrement reprochée; une
sanglante expiation ne suffit même pas à
la lui faire pardonner, et pourtant l'as-
semblée comptait peu d'orateurs aussi
purs que Barnave; il n'y en avait aucun
dont les mœurs douces et polies , le ca-
ractère franc et généreux , ofTrissènt un
plus frappant contraste avec les paroles
de Sang que la fougue, et peut-être une
juste appréciation de la valeur indivi-
duelle des hommes lui avaient arrachées.
Les ap|)laudissemens du peuple le dé-
dommagèrent, du moins pour un instant,
des inimitiés qu'un seul mot venait de lui
susciter, et achevèrent en même temps
de l'étourdir. Dès lors il ne tongea plus
qu'à conserver ces facHeè et dangereux
suffrages. On le vit tour à tour, dans un
but de popularité suffisamment justifié
t)ar sa prédilection pour les institutions
les plus libérales, élever la voix pour faire
décréter l'établissement des municipali-
tés, l'organisation des gardes nationales,
la déclaration des droits de l'homme,
l'institution d'une justice extraordihaire
pour les crimes politiques, la réunion des
biens du clergé aux domaines nationaux,
et la revendication de l'égal et libre exer-
cice des droits civiques ponr les proies-
tans, les juifs, les comédiens, etc. Enfin,
il porta les derniers coups j^ la monàiv
chle en proposant que les décrets eus-
sent désorihais force de loi sans la sanc-
tion royale, et, bientôt autres, que te ser-
ment civique he fit pas mention de la
fidélité au roi, attendu que le rbi étant
partie intégrante de la oonstittltSon, le ser*
ment impliquerait suffisamment cette
double obligation. Mirabean n'atait pas
osé se risquer aussi loin : aussi la rapi-
dité de la course emporta tellement son
jeuhe rival qu'il ne s'aper^t de Tavofir dé-
passé que lorsqu'il touchait au but. Déjà,
au sein des clubs et des assemblées popu-
laires, leurs dissentimehs avalent euncca-
sion de se manifester. La société des tfm/V
de la constitution, fondée par Barnave et
les siens et qui depuis devint plus célèbre
et plus redoutable sous le nom tie société
des /acohinsy fut souvent le théâtre des
luttes tle ces dent tnpèriiek «iHÉ^bnisies,
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BAR
(«)
BAA
lié cour trouttit déjà en Mirabeau mi
appui, intéressé peut-èttf'e, maU toujours
puissant et se raidissant avec succès con-
tre la fermeté et les exigences démocra-
tiques de Barnave. L'assemblée vit k son
tour éclater cette rivalité à la tribune na-
tionale. Cest ainsi qu*à l'occasion de la
discussion du veto suspensif, la violence
des débats fut telle que Mirabeau ^ s'a-
bandonoADt à cette puissance d'élocution
qui lui avait mérité tant et de si beaux
trfomphes,' s'écria que les rhéteurs par^
ientpow tes 24 heures qui s'écoaient,
et les hommes ttétatpour favenir. Bat-
navè, loin de se laisser intimider, s'ae-
oouCuma k regarder ce redoutable en-
iMmi eu face, et n'en poursuivit pas
flioiiia sa attaques contre l'aristocratie
et là CDfir. Au commencement de l'an-
aée 1790, il fit décréter la suppression
des droits féodaux, l'abolition des or-
dres reli^evtx^ et obtint que chaque co-
lonie francise énoncerait un vceu sur sa
constitution future. Eu mai eut lieu la
fameuse diseussion du dh>it de paix et
de gtierre, dans laquelle Mirabeau, dé-
fendant les intérêts de la cour, tout en
eberc^nt à les rouelUer aVec ceux du
peu/kle^ fut terlrassé, pour la première fois
feut-êttûy par (a logique inexorable et Té-
laqueiice banlie de èoû rival. BarUave
avait bien mêrUé du peuple c|Ui, en ié-
compense^ lui décerna les hdnneurs d'un
ttionpbe» < Et moi aussi j'U été porté en
trioMphe, ttMina Bfirabeau, et pouHant
on crie aujourd'hui : tn pnande trahison
du comit de Mirabeau. Je n'avais pas
hesotn de cet eiemple pour savoir qu^
n'y a qu'Un pas du Capitole à la roche
Tarpéieoné. )» Mais là faveur pôpulaitie
mvklt achevé de tourner la tête à Bamave;
ît ne tint «fucun compte de cet avis pro-
phétique. U be créait pas^ à propoè de
fei fttite de Mesdames , tamtes du roi , de
porter ses «udteiéuses investigations jus^ '
^^lo seiA de la Aimîlhe rurale, et il ac-
quit ttf larf de nouveaux droits à fovation
popokif^ et à l'animadtersiOn de la cbur .
Mais tel éuft fédat prestigieux avec le-
cpiel cet homme fascinait tous eeux qui
rÉpprochaieùt, que même ses ennemis
déposaient à sa vue leurs préventions et
leur haine. Noailles^ Cazalès se mesurè-
real mfm kà sflur «a terrai» alitre ^ue
celui de k tribune, et, en dépôéattt iMif
épée, tous deux étaient devenus left
amis de leur adversaire.
Barnave avait une ame trop élevée el
trop belle pour ne pas finir un jour par
regarder en arrière et s'épouvanter du
chemin qu'il avait fait. La mort de Mira-^
beau, arrivée le 2 avril 1791, sembla être
le signal de ce revirement. Bamave com-
prit qu'il était temps d'arrêter cet éhm
de folles et criminelles exigences datis
lesquelles l'entraînait le parti déma-
gogique, souvent malgré lui et toujours
dans des vues d*opposition contre Mira*-
beau. Après sa mort, Barnavé oublia
toute rivalité : ce fut lui qui rédigea et
fit adopter la proposition de rendre à 1^
rabeau des honneurs funèbres extraor^
diuaires, et de consacrer l'église de
Sainte-Oeneviève 1 recevoir les cetidres
d« grands homrfies.
Le géant mort , rien n'empêchait les
amis de Barnave de se rallier aux idées
plus modérées que professait la société
constitutionnelle dont Lafayette était le
chef. Cette alliance fut consacrée à l'oc-
casion d'un rapport que Barnave fut
chargé de faire sur l'état des tofooîes et
la condition des gens de couleur en mai
1791. Dès ce moment il perdit de sa po-
pularité, et une fois engagé dans cette
voie, il y fit des progfès d'adtant plus
rapides qu'une drconstàUce imprévue
vint tout à icotif» précipiter sa chute. Lé
roi, effrayé de l'orage qui grondait sour-
dement au-dessus de sa fêre, avait résolu
de se soustraire par la fuite nnt dangers
dont Tavenir le menaçait. On sait qu'é-
vadé des Tuileries avec la reine et sa fa-
mille, il parvint jusqu'à Varennes oii le
hasard le fit reconnaître. Presque seul
dfe tous les membres de l'assemblée, Bar-
nave, à ta nouvelle de l'évasion, avait con-
servé son sang-froid et son coùt-Age, et
avait ftiît prendre sut-Iè-champ les me-
sures les plus énergiques; après l'arres-
tation de la ùimiHe royale, lui-même avait
été désigné, avec Pétiou et Làte^r-Mau-
boui^, pour aller à la reUeohtfe des cap-
tifs et les ramener à Fatis. Cest de cet
instant qu'il faut dater la dévolution qui
s'opéra dans Tartiè du jeune tribun. Ar-
rivé à Épernai en présence de Ltrtiis XVL
d€ la reme, de Bfadattae, du Daupbiu, n
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BAR (60)
vue de tant d*infoituD68, jointes à une si
belle résignation, toucha saos doute pro-
fondément son ame : tandis que Pétion ,
placé avec lui dans le carrosse du roi, ac-
cable ses augustes prisonniers de tout ce
que la rigueur la plus froide et en même
temps la plus insultante lui suggère, Bar-
nave contemple et réfléchit. Mais laissons
encore parler M. Thiers qui présente
ainsi les résultats de ce voyage: « La
reine fut surprise de la raison supérieure
du jeune Barnave; Bamave fut touché
de la bonté du roi et de la gracieuse di-
gnité de la cour. En arrivant, Bamave
était dévoué à cette famille malheureuse,
et la reine, charmée du mérite et du sens
du jeune tribun, lui avait donné toute son
estime. » A son retour, Bamave n'était
plus le même; après avoir rendu compte
de sa mission, il prend hardiment la dé-
fense de Lafayette que Ton accuse d'a-
voir favorisé le projet d'évasion de la fa-
mille royale : dès lors il est regardé comme
déserteur de la cause populaire; et lors-
que de sa voix puissante il prodame
Tinviolabilité du roi et annonce, dans un
discours prophétique, les excès et les mal-
heurs de la France , les huées des tribu-
nes accueillent ce généreux élan ; il n'y
répond que par un regard de mépris.
Ce qu'il perd de crédit auprès du peu-
-ple, il le regagne auprès de la cour:
« Car après avoir été si sévère (c'est en-
core M. Thiers que nous citons), il subit
maintenant la loi commune à tous les
chefs populaires, qui est de s'allier suc-
cessivement au pouvoir à mesure qu'ils
arrivent à lui. »
On a cherché à rattacher ce retour
subit sur le passé à des causes non politi-
ques et qui ont été reproduites dans un
roman de notre époque ( Barnave, de
M. J. Janin ). Ces bruits ne méritent au-
cune confiance : Bamave , effrayé pour
sa patrie , plus encore que pour la cour ,
essaya de montrer à cette dernière l'a-
bime où rentrainait le parti de l'émigra-
tion. Vers la fin de la session et pendant
les premiers mois de la seconde législa-
ture, il hasarda par écrit une demande qui
fut accueillie. Des rendez-vous secrets
lui furent donnés; le roi lui-même l'at-
tendait et l'introduisait dans un cabinet
de la reine, ainsi ijue l'atteste M™^ Cam-
BAR
pan. A l'assemblée, Bamave oombattk
un projet de comité militaire qui faisait
une loi de la délation dans l'armée et
tendait à permettre aux soldats de dé-
noncer leurs chefs; il attaqua le décret
dirigé contre les prêtres réfractaires , ré-
pondit aux libel listes, et s'opposa au
droit de déclaration par lequel on vou*
lait reconnaître que les ministres avaient
perdu la confiance de la nation.
Ce furent là les derniers efforts publics
de Bamave. Le 14 septembre 1791 ve-
nait de voir en même temps l'acceptation,
par le roi, du nouveau pacte constitution-
nel et la cessation des travaux de Vkjè-
semblée constituante. Mais dans sa re-
traite l'ex-dépulé de Grenoble n'en con-
tinua pas moins de servir, par tous les
moyens possibles, cette royauté à la-
quelle désormais il avait juré de. con-
sacrer ses jours. Il consacra l'hiver de Tau-
née 1791 et le commencement de l'an-
née suivante à essayer d'opérer un rap-
prochement entre la cour et le parti con-
stitutionnel que l'on appelait alors le
parti des FeuUlanSy en opposition avec le
parti révolutionnaire des Girondins. Mais
à la cour on écoutait Bamave, on sem-
blait convaincu , décidé, et quelques mo-«
mens après l'influence funeste des an-
ciens amis du roi détruisait son ouvrage ,
Barnave reconnut l'inutilité de ses ten-
tatives; il vit qu'à mesure qu'il cher-
chait à élever son édifice de paix et de
salut, le royalisme le renversait aussitôt
pierre à pierre et paralysait ainsi ses
bonnes intentions. Cette découverte le
décida à s'éloigner. Il vint prendre
^4x>ngé de 1% reine, et lui dit, en ver-
sant des larmes d'émotion : « Bien sûr
de payer de ma tête l'intérêt que vos
malheurs m'ont inspiré, je ne vous de-
mande d'autre récompense que l'hon-
neur de baiser votre main. » La reine
pleura aussi , et ils se séparèrent pour
ne plus se revoir. Retiré à Grenoble,
Bamave redevint fils et frère , se déroba
au monde, et, dans la même campagne
où sa raison s'était formée dans le si-
lence , reprit toutes ses anciennes habi-
tudes*^. Le 10 août venait de faire passer
(*) L'une dei habitadet de Barnave était de
penser la pi ame à la main , même à la prome-
nade où loajoart il portait nn portffeniUe et
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fiAA ((
\h famille royale des Taileries dans un
cachot, et l'armoire de fer {vof,) avait li-
vré auxGiroûdins des secrets dans lesquels
Barnave et quelques autres chefs du parti
constitationnel se trouvaient compromis.
Arrêté le 19 août, sur un décret de l'As-
semblée législative, Barnave fut jeté dans
une prison de Grenoble , d'où il ne sor*
lit que pour être transféré dans une au-
tre à Saint-Marcelin , où il resta près de
quinze mois, essayant de tromper les en-
nuis et les inquiétudes de sa situation
par des études et des travaux assidus.
D'avance il avait fait abnégation de son
existence, et il attendait avec résignation
ei dans un profond oubli de lut - même
ce que le sort lui réservait. Une seule
fois il fut tenté de rompre le silence de
sa prison , pour écrire à Louis XVI et
lui proposer de prendre sa défense dans
k grand procès qui allait s'ouvrir ; mais
il fut retenu par cette considération que
la défaveur désormais attachée à son nom
serait plut6t nuisible au roi qu'elle ne
pourrait le servir. Il resta donc témoin
impassible des catastrophes successives
par lesquelles celte auguste famille ter-
mina ses malheurs : plusieurs fois il au-
rait pu s'échapper, vingt occasions lui
SB crayon. Le brouillon d*ane de «et médita-
tions « recoeâli «près u mort, a été «atograpfaSé
et pablié par les soins de M. Branet, père, son
eoasin-germain par alliance, pour être placé
derrière nn portrait lithographie diaprés son
boste.
M. Branet, anqnel nons sommes redevables
de quelques notes intéressantes qui ont serri
poor cet article , a bien touIu aussi nous com-
naniqoer la pièce en question. La Toici :
« Qoel espace immense franchi dans ces trois
années, et sans que nous paissions nous flatter
d'être arrivés au terme !...
« Noos avons remué la terre bien profond :
nous avoAs trouvé nn sol fécond et nerveux ;
mais combien en eUtÀÏ sorti d*exhalaisons cor-
rompues!
« Combien d*esprit dans les individus, com-
bien de conrage dans la masse; mais combien peu
de caractère réel, de Corce calme , et surtout de
vàitable vertu !
c Arrivé sur mes foyers, je me demande , s'il
n'eAt pas autant valu ne jamais les quitter, et
f ai besoin d'un peu de réflexion pour répondre,
tant la situation où nons a placés cette nouvelle
assemblée abat le courage et l'énergie.
« Cependant pour peu qu'on réfléchisse on se
convainc que, quoi qu'il arrive, nons ne ponvons
pas cesser d'être libres et que les principaux
abus qne nous avons détruits ne renaîtront ja-
mais. Combien faudrait-il essuyer de malheurs
poor faire oublier de tels avantages ! » J. H. S.
1) BAR
furent offertes; mais il était détikchê d«
la vie et préparé à mourir par l'exemple
de ceux qu'il avait servis ou aimés. Il lui
arriva un jour de réveiller un jeune ré-
quisitionnaire qui s'était endormi à sa
porte. « Tu dors, lai dit-il, et si je m'é-
chappais, que deviendrais-tu? » Enfin
son tour arriva : il fut amené à Paris et
traduit devant le tribunal révolutionnaire.
Renfermé d'abord à l'Abbaye, puis à la
Conciergerie , il parut enfin devant ce tri-
bunal composé de bourrei^ux et non de ju-
ges.II se défendit lui-même, non pour
sauver ses jours, ils étaient condamnés à
l'avance et Barnave le savait; mais il vou-
lait encore une fois écraser ses adver-
saires du poids de sa vertu et de son
éloquence. En eflet, ses accens imposèrent
au tribunal ; mais à tout prix on voulait
sa tête. Elle tomba sur la place de la Ré-
volution , le 18 novembre 1798. Conduit
au supplice avec Duport-Dutertre, Bar-
nave avait franchi avec assurance les de-
grés de l'échafaud, et avant de se livrer
an bourreau , son pied avait frappé la
planche en s'écriant avec amertume :
« Voilà donc le prix de ce que j'ai fait
pour la liberté ! » Ainsi périt, à l'âge de
33 ans , un des plus beaux talens ora-
toires, tme des organisations les plus re-
marquables que la France ait produites en
ces temps où tant de gloires surgirent.
Son buste décore le musée de Greno-
ble. Le gouvernement consulaire avait
fait placer la statue en marbre de Bar-
nave dans le grand escalier du palais du
sénat. Cette statue, et celle du général
Joubert, avaient été enlevées en 1814 et
conservées dans l'orangerie du Luxem-
bourg; des Prussiens qui, en 1815, s'é-
taient fait de cette orangerie un corps-
de-garde, ont brisé et mutilé l'une et
l'autre à tel point qu'on les a jugées ir-
réparables. D. A. D.
BARNEVBLDT (Jkait d'Olden},
républicain itélèbre qui mourut victime
de ses convictions, fut d'abord pendant
30 ans avocat général et ensuite grand-
pensionnaire de Hollande.
11 naquit vers 1549. En 1585, lorsque
les Espagnols eurent pris Anvers, les
Provinces-Unies , après s'être vainement
offertes à Henri HI, roi de France, s'i»-
taient livrées à la protectk>n intéressée
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»m
(62)
BAH
df TAiigleterre. Barneyeldl cootribua
puissamment à faire pommer Maurice
de Nassau stadbouder de la npuvelie
république. En 1609 , son habileté ,
jointe à celle du président Jeannin , mi-
nistre de Henri IV> amena une trêve de
^3 ans avec l'Espagne , qui reconnut
Vindépendance des Provinces-Unies.
Maurice était Tame et le chef du parti,
presque entièrement militaire, qui vou-
lait accroître son autorité. Olden Bar-
neve(dt était regardé comme le chef du
parti opposé. « Ce vertueux citoyen éuit
républicain par ses mœurs et son carac-
tère » encore plus que par ses principes.
Il ne séparait jamais la cause de la li-
berté, dans son cœur pi dans sa tête, de
celle de Tordre et de la justice; mais il
se défiait de l'ambition et des grands ta-
lens de Maurice; il craignait les excès
auxquels la reconnaissance pouvait en-
traîner les B^taves. A up esprit lumi-
neux, sage, profond, il joignais une
grande expérience des aflaires, un zèle
infatigable pour son pays, et une sim-
plicité vra^nent antique. H avait blan-
chi dans des travaux utiles à Tétat; sa
vigilance inquiète avait veillé sur la ré-
publique naissante, il avait conjuré les
dangers extérieurs par sa fermeté dans les
ipomens critiques et par Tart des négo-
ciations. C'était principalement à lui que
les QoUandais devaient les avapMges de
la trêve, et tout récemment il avait en-
gagé le roi d'Angleterre (Jacques I^') à
leur rendre la Brille, Flessingue et Ra-
mekens. Trente-trois années de services
lui avaient acquis i|n crédit mérité. » (An-
cillon, fabieau des révolutions du sys-
tème pqliuquc de C Europe, etc. t. XI).
Les deux partis se seraient bornés
peut-étfe à upe surveillance réciproque
si la querelle politique n'eût été enveni-
mée par des querelles théologiques. Deux
sectes opposées étaient nées à l'université
de Leyde. Jacques ^rminius avait mitigé
les principes durs et sévères de Calvin
sur la prédestination et la grâce; Fran-
çois Gomar soutenait les principes de
Calvin dans toute let|r rigueur. Des éco-
les, ces discussions passèrent dans tou-
tes les familles : bientôt la Hollande fut
divisée d'opinion sur des objets inoom-
prAenaibles pour b plupart dei hom-
mes, obsca|*8 pour tous. lies noms de .
secte achevèrent de tout perdre : on ne
vit plus que des Gomaristes et des Ar-
miniens, Maurice redoutait J*ascendaDt
de Barneveldt et le haïssait comme
l'fsnnemi secret de sa personne et de
sa maison. Il suffisait que Barneveldt
épousât le parti d'Arminius pour que
le prince d'Orange se déclarât en iavenr
de Gomar. Les deux parti» se pronon-
çaient chaque jour davantage, et les chai-
res retentissaient d'injures et de décla-
mations violentes; on crut que le nai
moyen de mettre un terme à cette lutte
scandaleuse serait de porter le procès
devant un synode national. Barneveldt
et les états de Hollande, qu'il dirigeait
de concert avec Qrotius, étaient contrai-
res à la convocation d*un synode. Pour
appuyer leur résistance et faire régner
l'ordre dans les villes que les Ck>nuiris-
tes troublaient par leur violence, les éuta
de Hollande levèrent des troupes, sans
le concours de Maurice, capitaine gé-
néral de la république. Ce fut le signal
des vengeances. Le prince saisit cette oc-
casion de satisfaire sa haine conpre Ol-
den Barneveldt. Ce respectable vieillard
fut arrêté avec Hogcrbeets, Grotips et
Ledenberg, ses partisans déclarés. Mau-
rice voulait le perdre : pour y réussir, il se
mit au-dessus de toutes les lois. Les états-
généraux, fanatisés par les Gomaristes,
approuvèrent ce qui avait été fait. Le
prince fit instruire le procès de Barne-
veldt et de ses amis ; la plupart de leurs
juges étaient leurs ennemis déclarés.
Dans l'impossibilité de trouver même
des torts à ces illustres citoyens, on leu|r
imputa des crimes; on aiccusa Barneveldt
d'avoir trahi la patrie qui lui devait son
existence. L'envoyé de France, du Maa-
rier, et la princesse douairière d'Orange,
voulant épargner à Maurice et à la ré->
publique cm étemel sujet de honte -et de
regrets, élevèrent leur voix en faveur
de Barneveldt ; tout fut ini^tile. Sa
femme et ses enfans demandèrent à
grands cris qu'on leur rendit justice :
elle leur fut refusée; mais ils ne voulu-
rent pas descendre à demander s^ gnMce»
qu'ils auraient peut-être obtenue de l'or-
gueil de Maurice. A Tàge de 73 ans
( 1619), Barneyeldt porU sur r^chafaïul
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Èàk
(68)
6AR
m tête bUnclii^ dans de9 tnivaiix hono-
rables. Tout en protestant de «on îqdo-
cence, il abandonna sans peine à la fa-
reur de ses ennemis les restes d*ime vie
que la nature devait bientôt terminer, et
son dernier soupir fut un vœu pour cette
ptrie ingrate qui récompensait par le
supplice 33 ans de dévouemenL A. S-&.
B^Q^NIJ» V'^-X, ducs de Poméra-
nie, depuis le milieu du xiii^ siècle jus-
qu'en 1603. Fojr. PoMÉEAiaK.
BAROCHE (FuED^Eico Baeocci,
ditUE)) peintre, né à Urbin en 1528,
et mort dans la même ville en 1612. Son
père était sculpteur et son oncle arcbi-
tecte. Il apprit de Tun les élémens du
dessin et à manier l'argile, l'autre lui
enseigna la géométrie, l'architecture et
la perspective. A l'âge de 21 ans il alla à
Borne , et mérita par ses progrès les élo-
ges et les encouragemens de Michel-
Ange. De lâches envieux l'empoisonnè-
rent dans un repas , et il fut près de
quatre ans sans pouvoir reprendre le
pinceau. Sa santé, restée constamment
délicate , l'eippécha d'accepter les offres
honorables de plusieurs princes qui vou-
lurent l'attirer dans leurs états,
X^ Baroche contribua puissamment à
soutenir l'art a une époque où les pein-
tres commençaient a se relâcher des maiû-
mes que les Baphaél , les Titien , les Cor-
rége avaient enseignées. Après avoir étu-
dié successivement les ouvrages de ces
grands maîtres et produit des tableaux
dans la manière particulière à chacun
d'eux , le Baroche adopta enfin celle du
Corrége , qui s'accordait davantage sans
doate avec sa façon de sentir et d'envisa-
ger la peinture. Comme celle de ce der-
nier, sa couleur a une fraîcheur, une
transparence, une délicatesse étonnantes;
mais elle est peut-être un peu trop rosée et
violacée; son clair-obscur est savant dans
ses reflets et harmonieux dans ses effets ;
ses figures sont correctes, grandioses
^ans leurs attitudes, comnâe dans leur dis-
position par rapport à l'ensemble, et si
Ton n'y reconnaît pas toujours l'étude ap-
profondie de la naiure quant aux formes
et à la disposition des draperies , on y
Toit , à la belle et juste répartition de la
lumière , qu'elles sont peintes d'après des
maquettes disposées ^t éçUirées pour ar«
river à un effet lopg-tempç milité. AU^i
que le Corrége , le Baroche affectionna
les effets de plein jour. La Cène de J. C. ,
le Saint-François stigmatisé et le Saint-
Sébastien qu'on voit à Urbin; une Des-
cente de Croix, peinte en 1569 pour la
cathédrale de Pérouse; la Vocation de
Saint -Pierre et de Saint André, signée
de 1 586, et que Sadeler a gravée en 1 594;
une Annonciation exécutée pour la cha-
pelle des ducs d'Urbin , dans l'église de
Lorette , tableau répété plusieurs fois par
le peintre ; la Circoncision , composition
de 13 figures grandes comme nature,
peinte en 1580; Sainte-Micheline en ex^
tase sur le Calvaire; enfin son grand ta*
bleau du Pardon ou de Saint- François
en extase à l'apparition du Sauveur et de
la Vierge , qui l'occupa 7 années, et qu'il
a gravé lui-même d'une pointe aussi spi-
rituelle que savante (en 1581), sont les
ouvrages les plus renommés du Bafoche,
Ce peintre a marqué ses estampes y peu
nombreuses d'ailleurs, des initiales F. B.
U. F.
Les tableaux du Baroche sont rares
dans le commerce, surtout ceux de grande
dimension; par cette raison, autant que
par leur mérite , ils s'élèvent à des prix
excessifs : une composition de deux fi-
gures de grandeur naturelle ne vaut pas
moins de 15 à 20,000 fr. L. C. S.
BAliOÇCO, vof. Syllogisme.
BAROMÈTRE (de ^poç, pesanteur,
et [ÛTpoitf mesure), instrument qui sert
à mesurer la pression exercée par le poidf
de l'air, et qui par cela même mesure, ea
vertu des propriétés connues des gaz, U
force expansive de l'air et sa densité
par une température donnée. Puisque
tous les phénomènes qui touchent de plus
près à l'homme s'accomplissent dans hs
sein de L'atmosphère et sont modifiés par
l'état variable de ce milieu fluide, on
conçoit de quel intérêt doivent être les
indications d'un pareil instrument, tant
en pratique qu'en théorie. Aussi la nais-
sance de la physique proprement diia
ne date-t-elle que de l'époque où GaU-
lée soupçonna l'effet de la pression df
l'air dans le phénomène de l'ascensio^i
de l'eau dans les pompes, et où Torricelli,
son disciple, imagina de substitua k h
colonne d'eau élevée par cette ywio^
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éaA
(64)
fiAil
une colottôé de mercure, fliiicle treize
fois et demi pins pesaot. Quelque simple
que cette substilutioo nous paraisse, elle
avait alors un grand mérite d*invention ;^
et si un heureux hasard n*eùt fait ren-
contrer dans la nature un corps anormal
qui réunit la pesanteur métallique à la
propriété de rester fluide aux tempéra-
tures ordinaires , les développemens des
sciences physiques auraient bien pu en
être à tout jamais entravés: car comment
expérimenter, dans tant de circonstances
délicates , avec un baromètre d'une tren-
taine de pieds? On connaît généralement
la part que la France peut revendiquer
pour Pascal dans la découverte mémo-
rable du baromètre , ou du moins dans
celle de la théorie et de Tapplication la
plus importante de cet instrument. La
première expérience de Torricelli date
de 1643. Le célèbre Père Mersenne (qui,
par la correspondance qu*il entretenait
avec les savans, remplissait vers le milieu
du xvii^ siècle le rôle dont les jour-
naux scientifiques sont chargés de notre
temps) en fut informé en 1644, et la
communiqua aux philosophes français,
notamment à Pascal. Ce dernier, par l'ex-
périence qu'il fit faire au sommet du Puy-
de-Dôme et par celle qu'il fit lui-même
à Paris , sur le haut de la Tour Saint-
Jacques - de - la - Boucherie , dissipa tous
les doutes sur la nature du phénomène,
en même temps qu'il fit voir comment le
baromètre pouvait servir à mesurer les
hauteurs; application long-temps négligée
et devenue familière de nos jours a tous
ceux qui s'occtipent d'observer la nature.
On distingue communément trois sor-
tes de baromètres, qui ne sont au fond
que le même appareil très légèrement
modifié : le baromètre à cuvette , le ba-
romètre à siphon et le baromètre à ca-
dran. Ce dernier n'est employé que
comme meuble de fantaisie ou d'orae-
ment : le frottement des poulies de ren-
voi lui ôte toute précision , et les physi-
ciens n'en font aucun usage. Parmi les
dispositions qu'on a imaginées pour faire
du baromètre un instrument portatif et
de voyage , celle dont l'invention appar-
tient à M. Gay-Lusiac a été accueillie
avec une faveur que le nom de ce célèbre
physicien explique assez.
Rien de plus simple, en principe, que
la construction d'un baromètre ordinaire.
Remplir de mercure un tube fermé par
le haut, ouvert par le bas , de manière à
ce que l'espace compris entre le mer-
cure et l'extrémité supérieure soit purgé
d'air et de tout autre fluide élastique ;
recourber en forme de siphon l'extré-
mité inférieure qu'on laisse ouverte , ou
la plonger dans une cuvette également
remplie de mercure , voilà toute l'opéra-
tion; mais celte opération exige des soins
minutieux , si l'on veut attendre de l'ins-
trument des indications précises. Oo en
trouvera la description dans la plupart
des traités de physique.
La fonction la plus vulgaire du baro-
mètre, celle qui lui a valu sa popularité,
c'est l'indication de la pluie et du beau
temps. Malheureusement c'est la fonction
qu'il remplit le plus mal, au point que
la plupart des physiciens ne sont pas en-
core convaincus que la chute de la pluie
et la sérénité de l'atmosphère soient ef-
fectivement liées aux variations de la
pression atmosphérique à la surface de
la terre , ou aux oscillations du baromè-
tre. En tout cas, si cette liaison existe,
elle n'a point encore été expliquée d'une
manière satisfaisante et qui ait rallié tou-
tes les opinions. Dans les premiers temps
qui ont suivi l'invention du baromètre ,
on croyait que le baromètre montait par
la pluie et descendait par le beau temps.
On avait d'autant moins de peine à justi-
fier cette croyance qu'elle se trouvait en
harmonie pTarfaite avec le langage ordi^
naire : « Le temps est lourd, dit-oo ; l'at--
mosphère est chargée de nuages; » locu-
tions qui doivent induire naturellement
à penser qu'une pression plus grande est
exercée sur la colonne barométrique,
et par conséquent que le mercure doit
monter par les temps pluvieux. Quoique
cette opinion ne compte plus aujour»
d'hui de défenseurs et que le fait con-
traire soit, sinon démontré, du moins
assez probable , on est généralement d'ac-
cord que les indications météorologiques
du baromètre méritent plus de créance
quand il descend que quand il monte.
Une variation soudaine du baromètre an>
nonce une grande perturbation de l'at-
mosphère et ne manque guère d'être ac-
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J^AR
(6i)
BÂR
compagnée cTune modificaiîoD sensible
dans la coDStîtutioD météorologique ; au
contraire, le même état météorologique
persiste souvent pendant que le baromè-
tre monte ou descend d*un mouvement
progressif et continu, et surtout pendant
qu'il monte.
Le baromètre éprouve de phis grandes
oscillations en hiver qu'en été , et cette
différence est surtout sensible dans les ré-
gions polaires. La hauteur moyenne dn
mercure dépend principalement de la
hauteur du lieu au-dessus du niveau de
l'Océan, comme nous l'expliquerons tout
à l'heure; mais en outre elle est modifiée
par des circonstances locales et par l'in-
fluence des saisons. Si le lieu est situé sur
on continent un peu élevé au-dessus du
niveau de l'Océan, la hauteur barométri-
que y sera plus grande en hiver qu'en
été y et plus faible durant cette dernière
saison qu'au printemps et en automne. Si
au contraire le lieu de l'observation est
fort élevé au-dessus de la mer , le baro-
mètre s'y tiendra plus haut en été que pen-
dant le printemps et Tautomne, et plus
dans ces deux dernières saisons qu'en hi-
ver. Au Saint-Bernard, par exemple, la
différence de l'été à Vhiver est de 5 à 6
millimètres.
Le baromètre est sujet à des variations
horaires ,^ évidemment liées avec l'in-
fluence calorifique du soleil, quoique l'on
ne connaisse pas encore trèk bien le mode
de cette influence. Ces variations sont
particulièrement remarquables entre les
tropiques où elles s'élèvent à 2 ou 3 mil-
limètres et acquièrent une grande régu-
larité; à tel point que, suivant M. de Hum-
boldt, on pourrait presque fixer l'heure
à chaque instant du jour et de la nuit ,
d'après la seule observation de la hauteur
du baromètre. En général , dans ces cli-
mats,Ie baromètre monte et descend pério-
diquement deux fois en 24 heures. A l'é-
qaateur, il monte depuis 4 heures 1 S mi-
nutes du matin jusqu'à 9 heures 23 mi-
nutes ; pub il descend jusqu'à 4 heures
8 minutes do soir, pour remonter jusqu'à
10- heures 23 minutes, et ensuite baisser
jusque vers 4 heures du matin. Le maxi-
mum du soir est quatre fois moindre de
celui du matin , et le minimum du matin
moitié de celui du soir.
Encyclop. </. G, d, M. Tome III.
A mesure que l'on s'éloigne des ré-
gions tropicales, les oscillations horaires
et régulières du baromètre se compli-
quent avec des variations accidentelles
beaucoup plus considérables qui les mas-
quent complètement aux yeux d'un ob-
servateur superficiel. Mais, par cela même
que des variations sont accidentelles et
irrégulières , leurs effets doivent se com-
penser sensiblement quand on embrasse
un assez grand nombre d^observations» de
manière à ne plus laisser subsister, dans
les valeurs moyennes, que l'influence des
causes constantes et régulières. Cette in-
génieuse déduction de la théorie des chan-
ces a été particulièrement appliquée aux
observations barométriques faites dans
nos climats d'Kurope. De cette manière ,
Ramond a constaté en France l'existence
d'une période semblable à celle qui s'ob-
serve entre les tropiques, mais moins
étendue, et dont les instans correspon-
dans aux plus grandes et aux plus petites
hauteurs ne sont pas les mêmes en toutes
saisons. Le maximum du matin arrive
entre 7 et 8 heures pendant l'été , et de
9 à 10 pendant l'hiver. Le minimum du
soir tombe entre 4 et 5 heures durant la
première saison , et entre 2 et 3 heures
durant la seconde. En discutant plusieurs
milliers d*observations faites à l'Obser-
vatoire de Paris , M. Bouvard a trouvé
que la plus petite étendue des oscillations
correspondait au trimestre de novembre,
décembre et janvier , et la plus grande
au trimestre suivant. Il parait que lors-
qu'on atteint le 70^ degré de latitude,
l'influence des variations horaires cesse
entièrement.
L'action attractive du soleil , et sur-
tout celle de la lune, devraient produire
dans l'atmosphère des oscillations analo-
gues aux marées et qui se manifesteraient
par des variations barométriques corres-
pondantes. Mais la théorie indique en
même temps que et flux atmosphérique
doit être très faible; et effectivemant, quel-
que soin qu'on ait apporté à discuter les
observations faites dans nos climats , on
n'a pu en constater l'existence d'une ma-
nière certaine.
La hauteur du baromètre varie prin-
cipalement , et indépendamment des os-
cillations périodiques ou des ptrlurba-
5
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BAR
(66)
BAR
dons nocidentelles , en raison de la hau-
teur du point où on Tobserve, au-dessus
du niveau des mers. Il est clair qu*à me-
sure qu*on 8*éleve dans Fair, les couches
inférieures cessent de peser sur la cuvette
du baromètre, et qu'il faut une moindre
hauteur de mercure pour faire équilibre
à la pression des couches supérieures. Au
niveau de l'Océan , la hauteur moyenne
est de 0",7629 (28P^2'' ,\); à Paris, au
niveau de la Seine, elle est de 0°',76
(28P« 0"^), la température étant à 12**
du thermomètre centig;rade. La colonne
barométrique n'a plus guère que 0",67
ou 2 1 pouces au sommet du grand Saint-
Bernard; et dans les ascensions aéros-
tatiques, telles que celles de M. Gay-
Lussac, la diminution de la pression
barométrique ou la raréfaction de Tair
est portée au point de gêner les fonc-
tions de la vie animale et de produire
une pénible sensation de malaise.
Il serait très facile de calculer, d'après
les lois de l'équilibre des gaz, la diffé-
rence de hauteur au-dessus. du niveau de
l'Océan qui correspond à une différence
observée dans la pression barométrique,
si la température de l'air était partout la
même et si l'air n'était pas plus ou moins
mélangé de vapeur aqueuse. Malheureux
sèment, les lois suivant lesquelles varie
la température de l'air à différentes hau-
teurs et son état hygrométrique sont in-
connues théoriquement. Il a fallu inter-
terroger Fexpérience, comparer des hau-
teurs données par le baromètre à celles
qui sont mesurées directement par despro-
cédés de nivellement ou de géodésie, afin
de construire des formules et des tables
à l'aide desquelles on pût faire servir le
baromètre à la mesure précise des hau-
teurs, lî Annuaire du bureau des lon-
gitudes contient des tables de cette na-
ture dues à M. Okmanos, et qui ont paru
les plus commodes pçMir le calcul dès
qu'on veut se dispenser d'employer les
tables de logarithmes. Loi^sque les cir-
constances atmosphériques sont favora-
bles on peut espérer de mesurer avec le
baromètre une hauteur de 1,500 mètres
à 4 ou 5 mètres près. Voy. les Traités
généraux de physique et la petite Phy-
sique du globe , de M. Saigey. A. C.
BARON, titre de noblesse dont l'ori-
gine est fort andenne et l'étymologie assez
douteuse, ^'opinion la plus probable le
fait venir d'un mot gaulois ^e/^ ou banToii
les Romains avaient fait ba/v qui signi-
fiait pour eux un homme vaillant, mais
d'un caractère brutal et féroce*. Employé
en très mauvaise part dans la basse lati-
nité, il fut emprunté à cet idiome, lors de
rétablissement des nouveaux états, pour
désigner la partie virile et distinguée de
la nation. C'est effectivement en ce sens
qu'on le voit employé dans nos plus an-
ciennes annales; il y désigne tous les per-
sonnages laïcs ou ecclêsiastiquesqui entou-
raient le prince, ses nobles ou ses hom-
mes-liges. Une preuve évidente de cette
extension primitive du mot , c'est l'usage
assez long-temps consacré de donner aux
saints ce titre d'honneur; ainsi Froissart
dit : or eurent-ils affection d'aller en
pèlerinage au baron Saint- Jacques
( tom. 3 chap. 30). Un peu plus tard le
mot baron fut remplacé par celui de
monsieuc^ qu'on trouve également accolé
au nom des saints jusque dans le xy^
siècle. Les barons furent donc d'abord
tous les seigneurs, quel que fût leur titre
particulier, qui tenaient leurs fiefs immé-
diatement de la couronne. De là le haut
degré d'illustration que conserva long-
temps cette dignité; ce fut a tel point
qu'aux XII* et xiii* siècles on vit des-
seigneurs quitter le titre de prince pour
prendre simplement celui de baron; c'est
ce que fit parmi nous le sire de Bourbon ^
en 1200. Il fallait au reste anciennement ^
pour pouvoir être réputé baron, avoir sous
soi un certain nombre de chàtellenies et
de malad reries; Henri III, par son or-
donnance de 1579, veut que la baronnie
soit composée de trois chàtellenies pour
le moins y qui seront unies et incorporées
pour être tenues à un seul hommage
du roi On a appelé hauts barons ceux
(*) Ce not M r«n«ootre dans Cic. md. Àtt. Y,
1 1. Z>«/iiii«f km. m fMi. L. Il, ConuitM mi. ¥9it*
iiiioiyr. S. Isid. Ortg^ IX« 4* H est pris dans nm
sens défavoriible ou ironique. Bac cmm loqueris
nos barones ttupemus. On voit dan» Du Cange
qoe, plas tard, vm mot signifie des domefCiqnes
de haute volée, ou des bommes à la snile. Quel-
ques personnes le dérivent de bar, mot teuton,
qui signifie libre, dégagé, de la kaarfun, pied
nu; aHêrFrtmdm b%mr , etc. '
s'app€Ui«Bt 1m
tienté.
Les MoBtmoreocy
' la ckréi
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ÈkVk
(•t)
BAE
f«i tcBftieoi les principale^ baa^onles do
royaume, coraoïecelleftdeCoucy) Beiiu-^
jeu, etc.; oo leur donnait le titre de sire,
lue motde baron futplustardd*uMge en
Angleierre. Selon Gindbden ce furent les
Nomands qui Fiatroduiairent dans la 14-
gbiatioo politique du pays. U y reçut ensui-
te une plus grundë extensionc Ainsi on a dit
les barons aumôniers [eleemosynarH)\
pour désigner les dignitaires de régyse qui
tenaient du roi des biens de Téglise à titre
debaronnie;lesban>ns des cinq port8,c*est-
à-dire ceux qui présidaient aux cinq prin-
cipaux ports regardant la cète de France
(voy, plus bas), les barons ou Juges
deréchiquier,etc. Anciennement dans ce
pays il fallait, pour avoir droitautit^de
baroa, être seigneur de treice ifieis, valant
au Bioins chacun treize livres sterling ( 836
liv.) par an. Foj. Babohkt.
On s'eat également servi de ce même
titre de baron en Bspagne, et notamment
dans la partie du royaume où la consti-
tution féodale avait reçu une forme ana*
lègue à ce qu'elle éûul en Angleterre.
Aiaai Ton disait : les barons d'Aragon,
cC sous celle dénomination se trouvaient
compris ce qu'on a appelé aussi riccos
hontbres.
Dans ces derniers temps, le litre nobi-
bmre de baron qui avait anciennement
le premier rang, s'est trouvé graduelle^
meot efiaoépar tous les autres, à Fexcep-
tien de celui de cb^valier eu écuyer. Na-*
poléon aérant créé, par sénatus-eposulte^
en 1 806, uaenouveHe noblesse, les barons
prirent rang après les comtes. I>ans les
années suivantes le titre put être lacil^
ment obtenu moyennant constitution d'un
majorai (voy* ce mot), tà^dis.que les au*
Irea eonUmièrent à Are acoordés , par le
prince, ooaame récompense. de service!
ren^his au pays. ^ P>. A. D.
BAaoM WE li'icSiQUiEm. C'est le nom
que l'on donne eu Angleterre aux cinq
juges qui cpmposent la chambre de jus-r
lice dite cour de l'édiiquiier, établie ori*
ginmireroent pour décider les cas Uliîgielix
aumquele les înapots publics peuvedl
donner lieu , mais dont les [Youvoirss'éten*
dent à prononcer également ^suivant les
kna el suivant l-équité, dans toutes les
causes portées à son tribunal , quand mé^
IDe ellei n'auraient aucun rapport aux
finanets du royaume. Dans les cas rdatib
aux imp^ , c'est le chancelier de l'échi-
quier qui est censé présider ; hors de là
c'est le çhief-beuwi ( baron en chef). Ces
juges ont conservé le titre de barons, par*
ce qu'andennement c'étaient réellement
des barons du royaume à qui le roi oon«*
fiait oalte partie de l'administration de U
justice. Ce n'est que depuis quelques
années que les barons de l'échiquier aoni
an nombre de cinq, indéipendamment du
baron appelé cursitor baron, ^ui n'a d'au-
tre fonction que celle de faire prêter ser-
ment aux sbérids ainsi qu'aux employés
des douanes et de l'accise et aux receveurs
des impots engénéraL Cette cour, comme
les deux autres tribunaux supérieurs en
Angleterre, n'avait autrefois que quatre
juges. D. B.
Baeons des cniQ ports. Ce titre était
anciennement réservé aux députés que
les cipq ports de mer, Douvres, Sand-
wich, Eomney, Hasiings et Hythe, situés
vis-à-vis des côtes de la France, dans la
Manche, envoyaient à la chambre des
Communes. Il y avait deux députés pour
chacun de ces ports , et le même privi-
lège avait été accordé aux ports de Win-
chelsea et de Rye ; ;nais depuis la réfor-
mation du Parlement, en 1831, ces privi-
lèges u'existent plus. U n'y a que celles
de ces villes qyi ont la population requise
par la nouveliiS loi^ qpi ont conservé le
droit d'euvo>er un ou deux députés à la
chambre des Coo^munes,. selon le nom-
bre de leurs l^bitans. Douvres en consé-
quence en nomme deux, Hastin^s deux,
et Eye w sei;^* D. B.
. B AEON ( ViCHm. BoTaoxr)| qm en en-
trant au tbéâti^ fit à son nom cette légère
variante, naqujt en 1652, à Issoudun.
Son ykKPi marchand de cuirs, épris
d'une copnédieniie ambulante qui, à la vé-
rité, était h. pl^jB belle personne de soq
temps» avait quitté s^n commerce poujc
s'engagair daitf la mêa»etroupe. A ppdéen-
suite à Pans, oà il remplit avec sticcè^
l'emploi des rois à Thotel de Bourgogne,
il inspira de bonite heure à soaiils le goût
de la scène. Les avantages physiques, le
talent précoce du jeune Baron furent dis-
tingués par Molière, qui le fit entrer au
théâtre qu'il dirigeait, et les eopseils du
grand écrivain lui furent U*ès utiles pour
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BAA ( 68 )
§t perfectionner dans son art Racine
trouva dans Baron nn digne interprète.
Également supérieur dans les deux gen-
res , il savait ramener au naturel et à la
vérité des rôles comiques un peu trop
chargés, et la noble simplicité de son jeu
dans la tragédie fit justice de la déclama-
tion ampoulée de son temps. Pendant
près de trente années , cet excellent ac-
teur fut proclamé avec raison :
Do Théâtre-Français l*hoonearet la merreille,
et la chronique scandaleuse de l'époque
nous a conservé plus d*ane anecdote qui
prouve qu'il n'obtint pas des succès moins
flatteurs pour son amour-propre près des
grandes dames de son siècle.
On ne sait trop quel motif lui fit aban-
donner le théâtre en 1691, dans tonte la
force de l'âge et la maturité de son ta-
lent. Il persista près de 30 ans dans celte
résolution; puis, lorsqu'on était loin de
s'y attendre, il reparut, à 68 ans, en 1720,
sur la scène française, oà son retour fut
accueilli avec enthousiasme. Pendant une
dizaine d'années encore, il y joua, avec la
fnéme verve, la même finesse qu'autre-
fois, une foule de r6les tragiques et co-
miques, et jusqu'au jeune Rodrigue, où
son action, toute juvénile, faisait oublier
chez lui le nombre des années. Comme
son maître Molière enfin, la mort vint le
frapper au milieu d'une représentation
dramatique , d'une atteinte moins subite
toutefois, puisqu'après avoir été porté
chez lui sans connaissance, il n'expira
(1729) que plus de deux mois après cet
accident.
Baron fut aussi un des comédiens-au-
teurs du théâtre français. Ses comédies
ont été recueillies en 8 volumes in- 13
(1769). La meilleure de ses pièces est
V Homme à bonnes fortunes, production
plus amusante que morale, dans laquelle
l'écrivain avait en grande partie dra-
matisé ses aventures galantes. M. O.
BARONET, titre et dignité héréditai-
re dans le royaume-uni de la Grande-Bre-
tagne et de rirlande et qui place ceux qui
en sont investis au rang immédiatement
inférieur à celui de pair. On dit que le
chancelier Bacon eut d'abord l'idée de
cette institution ; Jacques I^*^ la fonda le
22 mai 1611, et on força des personnes
riches et considérées d'acheter ce titre
fiAH
moyennant 1,100 liv. On comptait en
1823 en Angleterre 661 baronets. Ilssont
qualifiés de sir^ mot que l'on accole au
prénom d'une personne, plutôt qu'à son
nom de famille. On ne dit pas sir Scott,
sir Peel, mais plutôt sir' Walter, et sir
Robert. Charles I*' créa des baronets of
nova Scotia et aussi d'Ecosse (qfScot-
t^à), j. H. S.
BAJtONTUS (CisAB Bakohio), né à
Sora, dans le royaume de Naples, en 1688,
se forma à Naples et à Rome où il se ren-
dit en 1667, et fut u^ des premiers dis-
ciples de Saint-Philippe de Néri. Il en-
tra dans la congrégation des prêtres de
l'Oratoire, fondée par Néri, et en de-
vint le supérieur lorsque ce dernier eut
résigné ses fonctions, en 1693; bientôt
après il fut nommé encore confesseur du
Saint -Père, protonotaire apostolique,
cardinal, et enfin bibliothécaire de la Va-
ticane. 11 fut redevable de toutes ces di-
gnités aux services éminens qu'il rendit à
l'église catholique, en travaillant sans re-
lâche, depuis l'année 1680 jusqu'à sa
mort qui arriva en 1607, à ses Annales
ecciésiastiques;ieTy\ces que surent appré-
cier les papes à leur juste valeur. La part
active qu'il prit à la congrégation de Néri,
dans laquelle il était chargé d'un cours
d'histoire ecclésiastique, lui donna l'idée
de cet ouvrage, qui aujourd'hui encore,
par la richesse de ses documens authen-
tiques, puisés tous dans les archives pa-
pales, est d'un secours indispensable pour
I étude de l'histoire de l'Église. Il le com-
posa surtout dans l'intention de réfuter
les centuries de Magdebourg {voy. ce
mot); la papauté est traitée par lui
avec une partialité éridente. Souvent il
intervertit les faits, obscurcit ou dénature
les sources, soit à dessein, soit à cause de
son ignorance de la langue grecque, et
toutes les fois que le but principal de
son ouvrage paraissait l'exiger. 11 ne s'a-
gissait de rien moins que de prouver que
la doctrine et la constitution de l'Église
romaine étaient exactement les mêmes
depuis le premier siècle jusqu'à l'époque
de la réformation, et que, conséqnem-
ment, on pouvait frapper les protestans
du reproche d'avoir témérairement dé-
serté la vraie doctrine du Christ. Bien
plus, pour donner aux prétentions et aui;
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BAR
(«»)
BiR
abus de la (mlssance papale le vernit
d aDcieooes institutions apostoliques ,
Baronius va jusqu'à citer de faux docu-
mens. Mais la manière adroite dont il
produit ces preuves, le talent avec lequel
il les dispose, Téclat même du style qui,
sans être brillant par le choix des ex-
pr^ions, éblouit par l'apparence de
profondeur qu*on y trouve, tout cela
ne fait qu'augmenter le danger au-
quel les lecteurs de bonne foi sont
exposés. Les ArmaUs ecdetiastici à
Chr.A. ada. 1198 (Romœ, 1568-1607^
13 vol. in-fol.), ont souvent été réim-
primées. Le Traité dé( Monarchia Sici-
liœ manque dans la belle édition d'An-
vers (1589-1603, 12 vol. in-foL): comme
il contestait les privilèges ecclésiastiques
du roi de Sicile,, connus sous ce nom, la
cour d'Espagne l'avait prohibé. L'au-
teur a fourni kii-même des corrections
pour l'édition de Mayence (1601-6, 12
voL in-fol.}. Le savant franciscain Pagi a
corrigé beaucoup de fautes, surtout de fau-
tes chronologiques, des Annales dans sa
Critica in ann. ecclesiasL Barorûi (Any.f
1705, 4 vol. in-fol.). De toutes les conti-
tmatioDS des Annales, dont aucune n'ap-
procbe du travail de Baronius, celles de
Bezovius,quilescontinuadell98à lâ64
(Roa^e, 1616 et suiv., 8 vol. in-fol.) et
de Raynaldus, qui les traita aussi de 1 198
jusqu'en 1565 (Rome, 1646 et suivantes,
8 vol. in-fol.) sont les plus dignes d'être
citées. Les observations critiques de Pa-
gi , insérées à leur place dans Tédition
deLucques (1738-1787, 38 vol. in-fol.
avec les diverses continuations ) , ren-
dent cette édition préférable à toutes les
autres. , C. X.
BARONS (cou JTT&ATioH DBs). Après
la mort d'Alphonse-le-Magnanime, roi de
Naples et d'Aragon, les barons voulurent
écarter delà couronne Ferdinand, son fils
naturel, prince d'un caractère lâche, som-
bre et vindicatif. Ils jetèrent d'abord les
yeux aur la branche légitime de la famille
d* Aragon, et ne trouvant rien à espérer de
ce côté, ils eurent recours (1461) à Jean,
duc titulaire de Calabre, fils de René
d'Anjou, qui avait survécu pour proles-
ter contre la révolution qui l'avait dé-
trôné. On persuada facilement à Jean
d'entreprendre la conquête du royaume
do Naples. Florence l'aida de ses trésor^
et Venise de ses vœux ; le maître de Mi-
lan, Sforza, resta fidèle à l'alliance qui
le liait à Ferdinand. Un grand nombre
de nobles napolitains, parmi lesquek on
voyait Orsini, prince de Tarente, le plus
puissant vassal de la couronne , arborè-
ren^a bannière d'Anjou^que soutintaussi
le plus jeune Piccinino, le dernier des
grands Condottieri, sous les ordres du-
quel coururent se ranger les vétérans des
guerres précédentes. Mais Jean éprouva
le sort inévitablement réservé à sa fa-
mille, depuis qu'elle combattait pour la
possession de ce trône. Après quelques
brillans succès, abandonné par les Gé-
nois, sur lesqueb il avait compté comme
anciens ennemis de la maison d'Aragon,
il ne put rien entreprendre. Les barons
de son parti s'aperçurent de son embai^
ras, et, suivant l'usage de leurs ancêtres ,
se soumirent l'un après l'autre à Ferdi-
nand (1464).
Vingt ans s'étaient écoulés depuis cette
soumission : les dispositions tyranniques
de Ferdinand n'étaient que trop bien se-
condées par; son fils; les Napolitains gé-
missaient sous le poids des impots devenus
intolérables. Les harons se soulevèrent,-
appelèrent à leur secours le pape Inno-
cent VIII et René II, duc de Ix>rraine,
auquel ib offrirent de le reconnaître pour
leur souverain. Ne voyant arriver ni les
troupes du pape ni le duc de Lorraine ^
ils firent avec Ferditaand un traité dont
le roi d'Espagne, Ludovic Sforza, ré-
gent de Milan, et Laurent de Médicis fu-
rent garans. Deux jours après, Ferdinand
et son fils attirèrent dans leur palais les
principaux des nobles, sous le prétexte
d'une noce, les chargèrent de fers, et les
firent périr dans d'horribles supplices.
San-SeverinOy prince de Saleme, parvint
à échapper à cette perfidie. Ne respirant
que vengeance, il alla à Venise, et de là
en France, où il ne cessa d* exciter le roi
Charles Vltl à détrôner le tyran qui avait
immolé ses malheureux compatriotes. Ce
crime ne contribua pas médiocrenient aux
succès rapides qu'obtinrent les Français,
lorsque, plusieurs annéesaprès, ils vinrent
faire la conquête du royaume de Na*
pies. A. S-a.
PAROQUE. On dit d'nne perle qui
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bhîi
(70)
BAlî
n'est pas ronde perfe baroque; c'est une
perle de rebut. Baroqae, au figuré, est
vfi mauvais root, un mot mal fait, un de
ces mots qui ne dérivent de rien, 'qui
iiV)nt dé racine dans aucUDe langue et
qui sont à peine français.
Il ne faut pas confondre le styie baro-
que avec le style burlesque (vojr). Le
burlesque peut êtihe quelquefois une com-
binfiison de Tart, tine triste combinaison
à la vérité , mais enfin nous avons eu ie
genre burlesque; ce genre a été défini
dfins les grammaires et dans les diction-
naires. Le burlesque a eu son empereur,
d'Assoucy I*"", qui a fait souche et qui a
eu de 'nombreux successeurs; je n*ai
pas entendu dire jusqu'à présent que
nous ayons e^ le genire baroque^ c'est-
à-dire le genre baroque reconnu, défini,
expliqué, commenté et gouverné par un
empereur. Donc le style baroque est pu-
rement un accident, c'est un malheur,
ce n'est pas même une fausse recherche
de l'esprit. H y a des gens qui font du
style baroque, comme if y a des infdrlu-
nés chanteurs qui chantent faux*, sans le
savoir; Aux uns c'est l'oreille qui man-
que, aux autres c'est le goût. Ce qu'il y
' a de malheureux, c'est qu'il n'y a pas plus
de remèdes pour les uns qbe pour les an-
tres; s'ib chantent feux, s'ifs écrivent en
baroque, c'est tout simplement parce
qu'Un sens leur manque. Voulez- votis des
exemples du style baroque F Prenez les
tragédies de l'empire, imitations mal fai-
tes des admirables tragédies de Racine.
IjCs poètes de ce temps-là se croyaient
des Racine, parce qu'ils faisaient parler*
une confidente avec une princesse, un
confident avec un prince; parce que les
cinq actes de rigueur se terminaient par
nn récit final. Quels vers c'étaient là : ce
n^étalent pas même des vers burlesques,
pas même des vers rMicules, c'étaient
des Vers baroques. Et quelle imagination!
Baroque se dît encore pour désigner
de fbrt jolies inventions en architecture;
avez-vous vu les bains chinois à Paris ?
voilà du vrai baroque! avez-vous vu les
figures de cire? Voilà de Pexcellent baro-
que! avez-vous vu telle femme qui n'est
ni jeune ni vieille, ni belle ni laide, qui
est habillée de toutes couleurs? cette
fbmme est baroque. Avez-vt>as été sou-
vent l l'Opéra-Comîque ? av€x-v(Mis va
les colonels d'opéra-comique en bottes
molles et en faux toupet perdus dans des
bosquets de roses fanées? baror|ue! Quand
je dis baroque je ne dis pas ridicule, je
ne dis pas odieux, je dis baroque. Baro-
que est un de ces mots qqi se sentent et
qui s'expliquent tout seuls. Baroque peut
très bien prendresa place parmi plusieurs
mots de la même famille, par exemple le
schick et le rococo. Baroque est tout-à-
ftiit un m6t de la famille du schicA et du
fion. Pour définir le baroque, je n'ai ni
lefion , ni le schick, J. J.
BARQUE /nom donné à tin grand
nombre de petits navires qui difîrh*ent les
uns des autres, autant par la forme que
parla grandeur, la voilure, la mâture et
le gréement. Quelques barques son t à deux
mâts, mais le plus grand nombre n'a qu'un
mât garni d'uneseule voile.T^ pêche,le pe-
tit cabotage, le transport des pierres , du
mortier et du bols pour les constructions
hydrauliques, sont les emplois ordinai-
res auxquels sont affectées les barques :
aussi leur construction- n'est- elle jamais
très fine. C'est la solidité qu'on recherche
avant tout dans cette espèce de bâtiment;
la marche est subordonnée à cette pre-
mière condition. Il y a des barques pon-
cées et d'autres qui ne le sont pas; la
nature du service qu'elles doivent faire
détermine le charpentier à les ponter ou
à les laisser sans titfacs. Sous Louis XIV
il y avait des barques longues ou cor-
petfet dont l'armement était de 10 à 4
canons du calibre de 6 ou de 4; elles
avaient, en temps de guerre, de 60 à
30 hommes, et de 45 à 25 e^ temps de
paix.
Il est dIfRcile d'assigner ao mot bar-
que sa'véritable étymologie. Le latin des
belles époques antiques ne nous donne
rfed d'où on puisse l'induire; on ne trouve
rien non phis dans le grec. Dans la basse
latinité, ÀorraxjiW désignait une espèce
de petit bateau; faut-il conclure delà que
barcussius soit le chef d'une femiHe de
mots qui compte tant de dérivés : barque,
embarquer, débarquer, embarquement,
embarcation, embarcadère^ barcasse,
barauette, barqaerole? Le mot barcasse
est Dieu près de barcussius : il est pour-
tant sage de ne pas se laisser sédidre par
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BAf^
(H)
ÈhA
ce rapport. Obserrons, tcmtefoU, que
lés langnes européennes du bassin de h
Méditerranée ont barra. L'italien, l'es-
pagnol, le portugais, ont-ils pris ce terme
au latin barcussius? C'est ce qu'il est
impossible aujourd'hui de déterminer.
La barcassê était autrefois tine petite
barque ; aujourd'hui on appelle de ce
nom un mauvais navire, un grand navire
^os qualités. Une espèce de barque ita-
lienne était connue sous le nom de bar-
querûie. Sur les ri? îères de France, nous
avons des barges et des barquettes ; la
ftor^tt^/tede Vîenne,espèce de petit coche
qoi fait le service de transport entre cette
tille et Lyon, est aussi célèbre sur la Saône
et a le même genre de célébrité que le
eoche d'Auxerre sur la Seine. Aux In-
des-Occidentales, des pirogues fortes
qui portent un ai*mement de guerre ont
le nom de barges. Les gens du monde
ont rhabitude de confondre embarque-
ment avec embarcation \ Aous devons
ks prémunir contre cette faute. LV/ti-
harqaemenî est Tacl^on d'entrer dans
une barque, canot ou navire quelconque;
Vembarcation est la barque , canot ou
chaloupe danft lequel on s'embarqae.
Les Turcs nomment leurs barques : qaïq.
Cest de là que nous avons fait caîc ou
calque qui désignail autrefois l'esquif ou
canot de la galère. Dans l'Archipel et le
Levant , il y a des petits bateaux cabo-
teurs qui s'appellent calques. Les cor-
saires cosaques de la mer Noire mon-
taîetit des caîques armés. Au moment de
la descente projetée en Angleterre, on
fit en France dés chaloupes canonnières,
années, à I*avant et à l'arrière, de deux
pièces d'artillerie placées sur coulisses
et du calibre de 86. A. J-L.
BARRAGE. On nomme ainsi des
espèces de dignes que l'on constrnît en
trdTerS des Hvl^eS pour élever le niveau
et lenrséaUX , soft qu'otf veuille les ren-
dre pins navigables, soit qu'on ait besoin
de cfauteér d'eau pouf établir des usines.
Snr des rivières peu considérables , les
barrages sont ordinairement pleins et
eonstamnf^nt immergés ; leur section
transversale présente une figure triangu-
laire y reposant sur le sol par le côté le
piMs gnittd ; Ib MntMmvent formés d'un
8l|fM8WtlNI €tt OiHtl^^ieilte dNMfC les Vides
sont remplis par des pierres potées 1 sec;
on réunit à la surface des blocs de dimen-
sion assez forte pour qu'ils ne soient pas
entraînés. Pour les rendre étanches, on
garnît de terre franche ou de terre-glaise
le tal us d amont, sur une hauteur moyenne
de 1 mètre et qui augmente avec la pro-
fondeur. On a dA prendre les précau-
tions d'usage pour prévenir toute espèce
de filtration au-dessous de la base du
barrage. L'eau glissant sur le talus d'aval,
après avoir franchi l'arête supérieure ,
perd une partie de la vitesse que la pe-
santeur tend à lui imprimer^ lorsqu'elle
est trop considérable, ou que le sol ne
présente pas une solidité sufîfisante, l'eau
attaque le pied du barrage et y produit
des excavations qui atteignent souvent
de 6 à 7 mètres de profondeur , et aux-
quelles on donne le nom éi'affbutUemens.
La solidité du point <^appui sur lequel
repose la digue se trouve ainsi diihlnuéc,
et la pression des eaux supérieures en-
traîne souvent sa chute. î^our prévenir
cette cause de ruine, on construit en
charpente , en fascinage on en gros blocr
de pierre , aine espèce de plate- forme qui
porte le nom de radier, et qui , prenant
naissance au pied du barrage, s*étend en
aval jusqu'à une distance où les affouil-
lemens ne soient plus à craindre.
On diminue encore le danger en don-
nant au barrage une direction oblique à
la rivière : l'eau qui coule sur la surface
d'aval suit la ligne de plus grande pente
qui est perpendiculaire a U direction de
la digue , et la nappe d'eau répartie sur
une surface plus grande étant moins
épaisse , l'action retardatrice des inéga-
lités que présente le talus contribue plus
puissamment i diminuer sa vitesse; mais
la direction de celle qu'elle conserve
étant oblique aux i>erges de la rivière,
le courant vient se briser contre elles, se
réfléchit ensuite sur la berge opposée,
entame ainsi successivement chaque rive,
et occasionne des dégâts qui se font Sen-
tir Jusqu'à une distance considérable.
Les constructeurs d'usine croient aussi
que la direction oblique donnée à leur
barrace amène l'eau sur leurs machines
en plds grande abondance et avec plus
de force. Ce préjugé a contribué sans
doute à fdre adopter atssez généralement
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BAR
(72)
BAR
cette disposition , favorable d'ailleurs k
la3olidité de la construction, mais dan-
gereuse pour les propriétés riveraines si-
tuées en aval. On évite cet inconvé/iient,
tout en conservant ce que cette direction
oblique présente d'avantageux, en don-
nant au barrage la forme d'un chevron
brisé, saillant vers l'amont, ou même
d'twe portion d'arc de cercle tournant sa
convexité du même c6té ; alors les direc-
tions opposées que prennent les filets
d'eau donnent lieu à une direction ré-
sultante unique, parallèle à l'axe du cours
d'eau.
Quelquefois le barrage est terminé du
c6té d'aval par un mur vertical : on lui
donne une épaisseur égale à la hauteur
d'eau à supporter; il est alors construit
en maçonnerie ; les pierres de couronne-
ment sont en saillie sur le mur vertical ,
afin de le préserver du contact de l'eau;
celle-ci tombe verticalement sur un ra-
dier solide construit en aval , se brise
contre cet obstacle, et, perdant ainsi tonte
la vitesse que la pesanteur lui a commu-
niquée dans sa chute , ne conserve plus
pour s'écouler que celle qui est due à la
pente naturelle du sol.
Cette forme de barrage ne serait pas
applicable, à une grande rivière peu en-
caissée et sujette à des crues, parce
qu'au moment des grandes eaux celles-
ci , ne trouvant de passage qn'au-dessus
de la digue, pourraient s'élever à une
hauteur considérable , déborder et occa-
sionner des accidens; c'est pour cela
qu'on ménage dans le barrage des ouver-
tures suffisantes pour donner passage à
toute l'eau que débite la rivière da.ns le
moment des crues , ;sans qu'elle s'élève à
une hauteur dangereuse pour les pro-
priétés riveraines. Ces ouvertures se fer-
ment à volonté, à l'aide de pièces de
bois que l'on nomme poutrelles : on les
place, les unes au-dessus des autres,
dans des enclaves ménagées pour cet effet
dans la maçonnerie du barrage, qui se
compose alors de piles isolées reposant
sur un radier occupant toute la largeur
de la rivière; ce radier doit être d'une
solidité suffisante pour résbter à la chute
verticale de l'eau qui s'écoule par-dessus
les poutrelles lorsque le barrage est fermé.
Lies barrages ont en général l'incon-
vénient d'altérer profondément le régime
des rivières ,, de donner lieu à des bas-
fonds, et enfin d'occasionner dans le cours
des eaux des modifications dont il est
difficile de prévoir la nature et la por-
tée. C-ON.
BARRAS (Paul- jEAir-FRAifçois-
NicoLAs, comte de) naquit en 1755 à
Fohemboux, département du Yar, d'une
famille dont on dit proverbialement en
Provence : noble comme les Barras. 11
s'embarqua, en 1775, comme sous-lieu-
tenant pour l'Ile-de-France , dont le
gouverneur était son parent , passa de là
aux Indes, et revint en France après la
capitulation de Pondichéry par le géné-
ral Bellecombe. Après un séjour de courte
durée, il retourna dans l'Inde, en 1777,
avec l'escadre de M. de SuCfren ; mais
l'expédition ayant de nouveau échoué.
Barras revint à Paris, où la trop grande
franchise avec laquelle il critiqua les fau-
tes qui avaient causé nos revers dans
l'Inde lui valut une lettre de eachet, dont
M. de Breteuil sut cependant lui éviter
l'exécution.
La révolution éclata sur ces entrefaites,
et Barras, qui depuis son retour avait
presque entièrement dissipé sa fortune ,
devint un des apôtres les plus ardens des
idées nouvelles. U siégea dans les assem-
blées bailliagères du tiers-état , et fut un
des premiers à marcher à l'attaque de la
Bastille. La journée du 10 août lui four-
nit l'occasion de donner des preuves de
la modération qu'il savait allier à son
amour pour la liberté. Nommé bientôt
administrateur du département du Yar
et commissaire près de l'armée d'Italie,
il contribua beaucoup à décider le pas-
sage du Yar ,. et devint administrateur
général et président des autorités qu'il
organisa dans le comté de Nice.
Nommé député à U Convention natio-
nale, il vota pour la mort du roi, aaos
sursb ni appel. Envoyé, après le 81 nui,
comme commissaire, à l'armée dltalia
et de Provence , alors le foyer de la guerre
civile, ce fut lui qui établit le blocus de
Toulon. Le général Dugommîer vint
prendre le commandement du siège; et
grâce surtout à l'artillerie, dirigée par
un simple capitaine, jeune et sans nom,
que sut distÎDgiier Barras y l'armée repu-
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(73)
BAH
Uicaine fit bientôt son entrée à Tonton.
De retour à Paris, Barras et son collègue
Fréron furent les seuls contre lesquels
les provinces du Midi ne déposèrent point
de dénonciations.
Malgré sa réputation de bon patriote,
il eut le roalbeur de déplaire a Robes-
pierre et ne dut son salut qu*à \s^ termeié
qu'il déploya dans plusieurs occasions.
Il se jeta dès lors dans le parti thermido-
rien. An moment de la crise, la Conven-
tion le nomma pour marcher contre la
Commune , qui venait de s'insurger en
faveur de Robespierre ; il réussit, et le
tjran fut renversé.
U fut nommé successivement secrétaire
et président de la Convention, élu membre
do Comité de salut public; et il fit rayer
beaucoup d'émigrés de la liste fatale. Char-
gé en 1794 du service difficile des sub-
sistances, il sauva Paris de la disette qui
le menaçait. Le 13 vendémiaire le porta
de nouveau au commandement en chef;
mais le succès de cette journée fut dû en
grandepartie à l'énergie de l'ex-capitaine
de Toulon, à Bonaparte, à qui il avait
cenfié le commandement de l'artillerie.
Barras, dans son rapport, attribua la vic-
toire au jeune général , et le proposa pour
lui succéder dans le commandement de
rintérieur ; bientôt après il lui fit donner
celui de l'armée d'Italie.
Les événemens de thermidor et de
vendémiaire portèrent Barras au Direc-
toire, où, sans posséder les qualités néces-
saires à la haute place dont il était investi ,
il fit cependant mieux que ne s'y atten-
daient ceux auxquels sa capacité n'était
pas démontrée.
Après le coup d'état du 1 8 fructidor ,
dont il prit toute la responsabilité sur lui ,
Barras , toujours modéré dans ses prin-
cipes , résista au mouvement de persécu-
tion qui suivit cette journée et régna en
dictateur jusqu'à l'entrée de Sieyes au
Directoire. Voir les Mémoires de Bout-
rienne et le mot Directoike.
On assure que Pitt lui offrit à cette
époque l'appui de l'Angleterre, s'il vou«
lait s'emparer de ràutorité ; l'ancien
gouvernement lui avait également fait
des propositions ( voir les Mémoires de
Fauche-BorelYy et Bonaparte, informé
en Éfjipte de oe9 diverses intrigues , «e
serait dès lors décidé à tenter sa périlleuse
traversée. L'homme au regard d'aigle
avait déjà deviné le peu lie vigueur et de
résolution de son premier protecteur
Survint le 18 brumaire : Barras céda
à la puissance sous laquelle devait bien-
tôt plier toute l'Europe. «. La gloire, écri-
vit-il au président du conseil des Cinq-
Cents, la gloire qui accompagne le retour
du guerrier illustre à qui j'ai eu le bon-
benr d'ouvrir le chemin de ' la victoire,
les marques éclatantes de confiance que
lui donne le corps législatif, et le décret
de la représentation nationale , m'ont con-
vaincu que, quel que soit le poste où l'ap-
pelle désormais l'intérêt public, Us périls
de la liberté so/itsunnontés elles intérêts
des armées garantis. Je rentre avec joie
dans les rangs de simple citoyen. » Il ob-
tint ime escorte et se retira à son château
de Gros -Bois. Possesseur d'une fortune
considérable, qu'il ne dissimulait pas,
il refusa tous les avantages qu'oi) lui of-
frit, ^lors persécuté comme ennemi du
nouvel ordre de choses, il vendit Gros-
Bois, et se retira à Bruxelles où il passa
plusieurs années. Il acheta dans les envi-
rons un château où il vécut en grand-sei-
gneur. Depuis 1814, Il vécut dans la
retraite jusqu'en 1829, où la mort vint
l'enlever au milieu des regrets et des
bénédictions de la commune de ChaiHot,
dont il était devenu le père. On s'atten-
dait à la publication de Mémoires d'une
haute importance; mais le gouvernement
a fait apposer les scellés de l'état sur ses
papiers ^our en retirer ceux qui seraient
sa propriété.
Le comte de Barras, frère atné du pré-
cédent, siégea à l'assemblée de la noblesse,
et professa des opinions opposées à celles
de son frère. Il émigra et servit dans l'ar-
mée de Condé. M-ss.
BARRE (géogr. phys.). On donne ce
nom à deux sortes de phénomènes qui se
passent à l'embouchure des fleuves , et
que l'on distingue en barre de sable et
barre d'eau.
La barre de sable est un amas de sa-
ble et de vase qui se forme à l'entrée de
certains fleuves ou de certains golfes où
ils viennent se décharger, et qui en obs-
true tellement le passage qu'on ne peut
entrer dans ces flenves ou dans ces gol-
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BAR . (74)
h» qu'à la marée haute, à moins qu'il ne
ée trouvedansle prolongement de la barre
des ouvertur&s formant ce qu*on appelle
àes passe fondes chenaux que suivent les
tevîres. La bapre de sable qui se forme
journellement à Tembouchurede la Seine
offre un exemple de ces passes que des
pilotes sont constamment occupés à re-
connaître, parce qu'elles changent inces-
samment.de place (vo/. Banc). Lorsque
le cours du fleuve est très rapide, il ne s'y
fbrmè point de barre de sable, parce que
le courant a assez de force pour entraîner
à la mer tous les sédimens qu'il charrie.
La èarre ti*eau est une vague ou lame
qui semble partir de la surface de la mer
et qui remonte le courant de certains fleu-
ves avec une effrayante rapidité, rejetant
violemment sur le rivage les navires et
tout ce qu'elle rencontre dans sa marche.
Cest aux équinoxes et aux époques de la
nouvelle et de la pleine I uneque cette barre
est le plus à redouter, surtout si elle est
poussée par un fort vent d'ouest Sur la
Seine les flots de la marée qui monte
arrivent à la hauteur de Quillebœuf ; là ,
ils s'amonceHent subitement et s'élèvent
à une hauteur quelquefois considérable.
Au moment où Te phénomène commence,
Un bruit sourd se fa:t entendre à la dis-
tance de deux lieues : les animaux épou-
vantés abandonnent les pâturages où ils
paissaient tranquillement; l'effroi se ré-
pand sur les deux rives , et le cri de la
barre! la barre î répété de tontes parts,
devient un cri d'alarme pour Thabitant
riverain qui toit quelquefois le èot me-
nacer son habitation et ses champs. Dans
81 course, le phénomène dévastateur dé-
fjttAe le rivage, enlève tout ce qu'if ren-
contre, et porte au loin, sur les terres bas-
ses, un limoh infertile. Il a successive-
ment détruit les digues les mieux cimen-
tées qu'on avait essayé de lui opposer.
Cette barre remonte, en diminuant de vi-
tesse, jusqu'à Rouen , où elle a quelque-
fois encore assez de force pour cfue les
navires trop voisins les uns des autres
i^entre-choquent, brisent leurs amarres
A s'avarient. Elle est mène sensible en-
core au Pont-de-F Arche ; mais ordinai-
rement, depuis la première de Ces vîHes
jttsqttl la secondé, ce n^est plus qu'un flot
ftMrmaiK un bomtefet qui traveHe k Seine
BiOl
et qui vient mom^ir toujours \ peu près
au même point du courant du fleuve.
Celle vague reçoit le nom de Masca^
ret dans la Gironde : son bruit se fait en-
tendre à la distance de S lieues; et lors-
que les eaux du fleuve sont basses, elle
fait chasser les ancres des navires, rompt
les câbles et fracasse les bateaux , si l'on
n'a pas la précaution de placer ceux-ci
ài'abri que présentent les points de terre
qui la détournent, ou au milieu du fleuve
où la profondeur des eaux diminue la
force du courant. Celle barre conserve
encore une force extraordinaire près de
l'embouchure de la Dordogne, à plus de
15 lieues de l'Océan.
Le plus beau phénomène de Ce genre
est celui qu'offre le géant des fleuves,
rOrellana, improprement appelé Rivière
des Amazones, « Une montagne liquide
s'élève à la hauteur de 30 toises. Elle se
rencontre assez souvent avec la marée
montante de la mer : le choc terrible de
ces deux masses d'eau fait trembler tou-
tes les lies d'alentour; les pécheurs, les
navigateurs s'éloignent avec efFiroi. Le
lendemain ou le surlendemain de chaque
nouvelle ou pleine lune, temps où les
marées sont les plus fortes, l'Orellana
semble aussi redoubler de puissance et
d'énergie. Ses eaux et celles de l'Océan
se précipitent au combat comme dent
armé'es; les rivages sont inondés de leurs
flots écumeux ; les rochers , entraînés
comme des galets légers, se heurtent sur
le dos de Fonde qui les porte; de longs
mngfssemens roulent d'ile en Ile. On di-
rait que le génie des fleuves et le dieo de
l'Océan se disputent l'empire des flots. »
Une remarque générale que Ton a faite
au sujet des barres d'eau , c'est qu'elles
n'ont jamais lieu lorsque le fond du fleuve
est uni , et qu'elles cessent toufeif les fois
que le courant descendant acquiert nne
grande rapidité par l'effet des déborde-
mens. P^oy. Barrage. J. H-r.
BARRE (droit). L'enceinte piàrticu-
lière réservée aUx juges dans le lieu de
leurs séances est ordinairement fermée
par une barre ; de là est venu l'usage de
dire : se présenter à la barre d'un tribu-
naf. On a été même tusqu'à substituer le
nom de barre à ccnul de tribunal , en
diftaat, oomme jadis , barré dûeaie de
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BAR
(«)
BAR
Mayenne, les Barres rofoXes de Rennes,
de Nantes ; et le bailliage de Tégiise de
Paris était qnaliÛé de barre du chapitre.
Ce mot barre est aujourd'hui admis à Té-
gard de nos chambres législati ves, comme
à regard des tribunaux. Il est défendu
par la Charte d*apporter soi-même et eh
personne à la btirre les |>étitions qne
l'on teut adresser à Tune ou à l'autre
Chambre. O. V.
BAERE (musique), voy. Notes fk
MEsumc.
BARRÉ (Tyes), né à Paris yers 1750
et mort en 1882 , voy, Vaudktille.
BARREAU* Le barreau est le lieu oà
Se placent les avocats pour plaider. Cest
arosi qu'après la prestation de serment le
président de la cour dit aux jeunes licen-
ciés : Prenez place au barreau. Mais
phis fréquemment cette expression sert a
désigner Tordre même des avoeats; ainsi
l'on dit : Le ifarreau de Paris a été con-
sulté sur la question du mariage des
prétreà.
L'existence des avocats est fort an-
cienne, ainsi <|u'on a pu le voir dans l'ar-
ticle Avocat. Partout où les passions
humaines ont fait naître des contesta-
tions, il a falhi des juges pour les déci-
der, et l'on a senti la nécessité d'hommes
exercés pour faire valoir les raisons des
plaideurs. Il est même assez vraisembla-
ble que ceux dont les prétentions étaient
injustes ont ^té les premiers à réclamer.
L'institution des avocats, en France, re-
tnonteà l'institution des parlemens; et à
mesure qtie ces grands corps judiciaires
acquirentunefixiléetde la puissance, le
barreau vit ses attributions se dévelop-
per, sa considération et son influence
s'accroître. En 1 790 il disparut avec les
parlemens auxquels son existence sem-
blait être attachée, comme le disaient les
avocats eux-mêmes à cette époque (Four-
nel, Histoire des avocats au parlement
et dm barreau de Paris, Paris, 1818,
t. n, p. 540). Il se reforma en 1810
lorsque des cours de justice furent réta-
bUes.
De curieuses recherches ont été faites
sur l'origine du barreau , ses usages j ses
prérogatives , ses traditions. M. Dupin a
publié deux volumes sur la profession
d'avocat qu'il a honorée et pour laquelle
il conserre une afTeetion vive; il y a re-^
cueilli les ouvrages anciens les plus di-
gnes d'attention et d'intérêt, il y a joint
quelques fragmens d'auteurs modernes,
et lui-même y a placé quelques-uns de
ses écrits. On trouve dans ce recueil
l'histoire complète du barreau et l'exposé
fidèle de ses maximes.
Presque (bus les avocats conservent
pour leur profession un grand attache-
ment; presque tous se montrent jakrax
de sa gloire et de son illustration, même
après qu'ils l'ont quittée. Ceci est un si-
gne infaillible qu'elle a Quelque chose à
la fois d'élevé et d'utile. Les traditions
qui la régissent, les règles auxquelles
elle est soumise, sont graves, sévères, et
empreinte d'une exquise délicatesse. On
a reproché aux avocats d'exagérer leur
propre dignité et de se placer orgueiHen-
sement au-déssns des autres professions:
cela peut être vrai ; mais il est vrai aussi
que tel acte, qu'entre personnes d'une
autre position oui ne aong« à blâmer ,
serait entre avocats une faute et ferait
prononcer contre eux des peines de dis-
cipline, souvent même l'exclusion. Qu'on
permette un peu d'estime de soi-même
à qui s'impose et qui remplit des devoirs
si rigoureux.
L'éloquence du barreau a eu ses pha-
ses diverses: long- temps fausse et am-
poulée, elle est aujourd'hui aussi simple
et aussi naturelle qu'on peut le désirer.
« H n'y a pas même un siècle, dit un au-
teur, qu'un discoors au palais n'était
qu'un récit ennuyeux de faits étrangers,
une abondance énorme dé paroles, de
citations inutiles et surtout de passages
latins; un mélange indécent du sacré et
du profane, un assemblage bizarre des
traits de l'histoire et de la fable; un tissu
ridicule de pointes et d'épigrammes ,
d'emblèmes et de figures. Les deux mo-
dèles qu'on eut à se proposer, et qu'on
se garde bien aujourd'hui d'imiter, étaient
Lemaitre et Patru : l'un ^tait diffus et
sans ordre, plus chargé d'autorités que
de raisons; l'autre plus correct, maïs
froid, sans mouvement, et presque sans
ame et sans vie. »
Dumoulin, Cochin, Loyseau de Bfau*
léon, Gerbier, Linguet, Target, Treîllard,
Dësèze, Poirier, Fcrrère, Delacroix-
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(76)
BAH
FraînviUe, Bellart et Bill^cocq, sont au
premier rang pai-iui les écrivains ou les
orateurs du barreau; il ne peut être ici
question des hommes vivans que chacun
connaît et apprécie à son gré.
Depuis rétablissement en France du
gouveri^ement représentatif , beaucoup
d'avocats ont joué un rôle politique; du
barreau à la tribune, de l» tribune <au
pouvoir la transition çst toute naturelle ;
également aux États-Unis et en Angle-
terre un grand nombre d*hommes politi-
ques ont eu le barreau pour point de dé-
part. Là où Ton gouverne par la parole,
ceux qui ont l'habitude de bien parler
doivent gouverner. Aussi Napoléon , qui
avait supprimé le régime parlementaire,
n*airaait pas les avocats, n II détestait ,
dit M. Dupin , leur indépendance et leur
esprit de controverse. Un projet de rè-
glement ( sur leur profession ) lui avait
été présenté, il le repoussa avec colère
et le renvoya à rarchi-chancelier avec
une lettre que j*ai vue lors de la levée
du scellé adn^inistratif apposé au domi-
cile de M. Cambacérès, en 1814, et sur
laquelle j*ai copié cette boutade, plus
digne d*un dey d'Alger que du chef d'une
nation civilisée. Le décret est ahsunie,
il ne laisse aucune prise , aucune ac-
tion contre eux. Ce. sont des /adieux y
des artisans de crimes et de trahisons ;
tant que j'aurai Vépée au côté, jamais
je ne signerai un tel décret; je veux
qu'on puisse couper la langue à un avo-
cat qui s'en sert contre le gouverne-^
ment, »
Il ne parait pas que le barreau ait
gardé rancune de cela; car tout récem-
ment ses membres les plus distingués ont
rédigé des consultations pour établir que
Vépée de Napoléon devait être rendue à
la France. Depuis quelque temps l'in-
fluence des avocats semble s'être affai-
blie, et Ton trouve beaucoup de ge^s qui
sans doute ne veulent |)as comme Napo-
léon leur couper la langue ; mais qui ne
seraient pas lâchés de leur fermer la
bouche. Au surplus c'est la nature même
du gouvernement représentatif qui ouvre
au barreau la carrière politique; toute-
fois les avocats qui y entrent seulement
avec leur éducation et leurs connaissances
d9 légistes sentent bientôt U nécessité
d'acquérir une Instruction, plus vaste et
plus variée. Quelques-uns ont reculé de-
vant cette obligation ; plusieurs Font ac-
ceptée avec ardeur et l'ont remplie avec
distinction. Les uns sont restés obscurs,
les autres sont maintenant placés au pre-
mier rang. Foy^ Batonnieb , Disci-
pline, etc. J. B. D.
Le Bae&e4U anglais se compose
de l'ordre entier des avocats reçus
à plaider dans tous les tribunaux , et ne
, comprend pas d'autres officiers de jus-
tice ou gens de robe. Le nom de barris^
ters qui désigne tous les avocats en gé-
néral, vient du mot -anglais bar, barre
d'audience. Les sièges des juges sont une
espèce de trône, et le parquet est réservé
à l'avocat général (voy, Attoenet oe-
neeal), au procureur général ( soliciter
gênerai) et aux avocats spécialement
nommés pour assister les gens du roi
dans les causes du fisc et appelés en con-
séquence avocats du roi [king's counsel).
Cette distinction est accompagnée du pri-
vilège de porter la longue robe de soie
( a silk gown )„ Derrière c« parquet sont
des bancs élevés en amphithéâtre pour
le reste de l'ordre des avocats qui por-
tent également le rabat et la longue robe
noire; mais celle-ci n'est point de soie.
Pour être admis à plaider il fallait autre-
fois de longues épreuves ou formalités
qui sont à présent limitées an terme de
cinq ans. La jurbprudence anglaise re*
pose principalement : 1^ sur les décisions
des tribunaux qu'on recueille avec soin
sous le nom de rapports et qui consti-
tuent la loi commune non écrite ( the
commom Laiv ) ; et 2*^ sur les sUtuU du
royaume ou la loi écrite, c'est-à-dire lea
actes du parlement ( statutes at large )
dont la collection se monte à plus de 60
gros volumes. Les rapports ( reporters )
de la loi commune se trouvent dans 256
recueib. Lors de l'établissement des court
supérieures dans Westminster-Hall, en
conséquence de la grande charte, les ju-
risconsultes qui plaidaient dans ces cours
formèrent, pour ainsi dire, une corpo-
ration destinée à initier les étudiant en
droit au dédale des lois et à la défente
des causes civiles et criminelles. On leur
accorda des gradations aemblablet aux
de^és académiques. Le premier de|r4
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BAR ( 71
est celai de bachelier ou licepcié en
droit , et le second , au bout de seize ans
de pratique, celui de sergent ( serjeant
ad law , sejviens ad legem , eques le^
gum, doctor). Pour apprendre la théo-
rie du droit, les étudians demeuraient en
communautés dans les h6tels de la chan-
cellerie ( Inns qf Chancery)^ et , pour la
pratique, dans les hôteb des fpbunauz
(Jnns qf Court), Ces hôtels ou i|uberges
donnèrent naissance à plusieurs sociétés
ou fondations encore existantes pour la
forme, personne ne pouvant être reçu
avocat en Angleterre, à moins d'avoir été
pendant un certain espace de temps
membre de Tune ou Tautre des quatre
sociétés nommées Tnns qf Court y savoir :
Inner Temple y Middle Temple, Lin-
coln's Inn et Grafs Inn, Quoiqu'il y
ait à présent des chaires de jurisprudence
à Oxford, à Cambridge, à Funiversité
de Londres , et au collège du roi à Lon-
dres , les étudians en droit sont toujours
obligés de se soumettre à ces formalités.
Elles paraissent vaines , mais elles don-
nent au talent le temps de mûrir; et c'est
peut-être cette marche lente et mesurée
dans la carrière du barreau en Angle-
terre, qui a contribué à former les ju-
risconsofces célèbres dont une grande
partie de la hante noblesse du royaume
est descendue. C'est sans doute aussi à
cette marche peu précipitée que le bar-
reau anglais lui-même doit la considé-
ration dont il jouit à si juste titre. Les
présidens , ainsi que les juges des cours
supérieure^ et le grand-chancelier lui-
même , sont toujours tirés de l'ordre des
avocats, qui fournit aussi les magistrats
de police pensionnés et tous les autres
fonctionnaires de la justice. Les plai-
doyers des avocats , en Angleterre , peu-
vent être parfois sujets à manquer de
précision, mais ils sont rarement enta-
chés de ce ton de déclamation oiseuse
qui dépare souvent l'éloquence du bar-
reau dans d'autres pays. D. B.
BAREÊME ( Fkahçois), arithméti-
cien da ZTii* siècle, l'un des hommes,
peat-étre, qui ont acquis à moins de
frais Timmortalité. H naquit à Lyon et
moarat à Faris en 1703. Son livre de
comptes faits a joui long-temps d'une
telle YO^e que le nom de l'auteur en
)
ËàR
est devenu technique et proverbial. On
dit: « compter comme Barréme ; tel
calcul est juste, ou Barreine a tort^ »
On appelle en général, tous les livres et
tableaux de comptes faits, des Bar^
ré mes ; la substitution des nouvelles me^
sures a singulièrement multiplié les ou-
vrages de cette nature. On peut citer les
Tables de Martin comme un des Bar-
rémes les phis complets et les plus usités
maintenant. A. C.
BARRÉRE DE VIEUZAC (Ber-
trand)^ conventionnel, membre du co-
mité de s^lut public, etc., aujourd'hui
membre du conseil générât du départe-
ment des Hautes-Pyrénées, naquit à Tar-
bes, en 1755. Il débuta fort jeune, et
avec quelque éclat , au barreau de sa ville
natale; et dès la même époqife un Éloge
de Louis XII, qui lui ouvrit l'entrée de
l'Académie des jeux floraux, commença
sa réputation littéraire.
La révolution de 1789 le trouva con-
seiller à la sénéchaussée de Bigorre. Dé-
puté par cette sénéchaussée aux états-gé-
néraux, il y prit rang parmi les partisaus
d'une sage réforme; et, pour en hâter l'ac-
complissement, il rédigea un journal inii"
VvXé le Point du Jour [2\ v. in-8°). La pre-
mière séance importante de l'Assemblée
nationale où il s'essaya à la tribune fut
celle du 81 mars 1790. Il s'agissait de
régler la discussioti de divers projets pro«
posés pour l'établissement de l'ordre ju-
diciaire. Sur sa proposition, l'assemblée,
par un décret, divisa la matière en une
série de questions sur lesquelles elle au-
rait à voter successivement. Le 9 décem-
bre suivant, il fut chargé de faire , au
nom du comité des domaines , un rap-
port sur les moyens de donner une
pleine exécution au décret rendu le 10
juillet précédent, d'après la proposition
de Marsanne Fontjulianne , sur la resti-
tution des biens confisqués pour cause
de religion. Ce rapport offrit un abrégé
histori({ue des persécutions qui avaient
pesé jusque là sur les protestans. Il dé-
notait dans son auteur un attachement
raisonné aux vrais principes de la liberté
politique et religieuse.
C'est dans une vue analogue de répa-
ration qu'à la séance du 31 décembre il
demandi^ pour la veuve de J,-J, Rous-<
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BhR (
•eau uae pension^ de 600 livres. Cette
proposition fut favorablement accueillie
et doona lieu à celle de Tabbé Ëymard ,
sur laqu> lie fut rendu le décret portant
qu'une statue .serait élevée à Tautear
à' Emile f et qu'une peûsîoo de 1200 iiv.
serait payée à sa veuve. Le 2 avril 1791»
quand la mort de Mirabeau fut annon-
cée à l'assemblée, ce fut Barrère qui, avec
Barnave, fit la motion qu'elle assistât eo
corps à ses funérailles.
- Ainsi se dessinait l'attitude de Barrère
dans le grand drame où bientôt son nom
allait être accolé à ceux des fauteurs de
la plus hideuse anarchie. Il n*aspirait pas
à une grande puissance d'action ; mais ,
persuadé que tous les efforts de la nation
allaient être nécessaires pour Caire triom-
pher la révolution , il crut remplir un
rôle utile en s'associapt aux hommes en>
thousiastes,afin de faire tourner au profit
de la chose publique l'élan national que
d'autres ne songeaient qu'à exploiter au
profit de leur ambition. Celle de Barrère
était pour la popularité ; il la paya trop
souvent par l'abandon de ses propres con-
victions. On croirait voir en lui un acteur
habitué aux bravos du parterre , qui lui
tait gré des belles choses qu'il débite,
GomoM si elles étaient le produit de ses
propres inspirations. Son langage solen-
nel produisait toujours un heureux effet
sur la majorité, qu'il tendait d'ailleurs à
conserver puissante au milieu de la lutte
des partis extrêmes. Mais quand la vio-
lence pénétra dans la majorité elle-même,
au lien de sacrifier sa popularité, il resta
l'organe des terroristes. Toutefois ceux
qui l'ont flétri du nom d'Anticréon de la
Guillotine n'ont peut - être pas asseai
tenu compte des difficultés que provoqua
l'inflexible rigueur de principes des Gi-
rondins, r
U Oaudrait écrire tout un volume pour
contenir une simple analyse des travaux
législatifs de Barrère: nous ne prétendons
pas la tracer ici ^ cherchons-en seulement
quelques traits. Ayant pris la parole dans
la question de la réiidence du roi et des
fonctionuaires , le 25 février, il avait pro-
noncé ces mots dignes de souvenir : «i Si
la liberté ne fut jamais le droit de mai
faire, si elle ne fut jamau le droft de
Ottirt à la patrie, ai aUo oo fut jaaaia le
7S ) BÀd
droit dejnîr les dangers de la patrie ^
même de les augmenter pour prix de ses
immenses bienfaits, vous rendre* un dé-
cret qui , après avoir appris à la dynastie
les droits que lui donne la nation, lui
apprendra aussi les devoirs qu'elle est en
droit de lui imposer, v
Lorsqu'à la ^éance du 19 mai 1791
il demanda que le droit de réélection
fÀt limité à dent législatures consécuti-
ves , il ne fit que trouver anjusie-^nilieu
entre les propositions extrêmes de Ro-
bespierre et de Cazalès. C'est ainsi qu'en
cent occasions il attacha la majorité aux
moyens termes qu'il proposait , et c'est
surtout à la ConventiQn qu'il usa de cette
tactique. Il y avait été envoyé par son
département, quoique après la session dç
la Constituante il eût semblé vouloir se
soustraire à ce dangereux honneur en
acceptant i^n sié^e déjuge au tribunal de
cassation.
Un biogrq>he qui loue 1^ qualités dt
son cœur s'exprime ainsi sur sa oon-.
duite : « Il entra à la Convention rempli
de sombres terreurs, et n'osa pas se dé-
clarer pour l'un des partis qui menaçaient
de se livrer un combat à mort.... Quoi^
que ses principes et son caractère sem-
blassent devoir l'entraîner au milieu de
la brillante Gironde , la peur, sa passion
dominante, lui faisait quelquefois soute^
nir les motions des plus extra vagans rnon^
tagnardsy et les colorer d'un élégant
vernis de rhéteur, v Nous croyons avoir
indiqué avec plus de justice ses vraies
dispositions, en les représentant comma
le résuhat d'une conscienee égarée par lea
illusions du temps. Un fait, qu'on a cité
pour preuve de la sanglanU lâcheté da
Barrère, viendrait, mi«?ux compris, à l'ap-
pui de notre jugement. Ce fait sa rap-
porte au jugement de Louis XYI, durant
l'interrofatoii;e duquel il présida la Con-
vention. On rapporte que , s'expiiquani
confidentiellement avec Malesheibes da
ses septimens intimes à l'égard du prtnca
qu'il n^avait pas craint d'appalar pudi-
quement Louis le Traître 9 avant qqe fût
rendu le décret qui le déclara coupable ^
il disait en pleurant : « Si je n'étais, paa
membre de la Convention, je tien4raia i
honneur, comme vous, de bm dévouar à
la défeosa de «oUra infortuné roî, • Et , à
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Èkk
(79)
BAR
M de ces paroles, on rappelle celles
qu'il proaonçsi à Tappui de son vote poor
la mort, sans appel et sans sursis : a L'ar-
bre de la liberté ne croit qu*arrosé par
le saog des tyrans I » Tout le malheur de
Barrère c'est d'être resté sous le poids
de ce reproche de lâcheté avec lequel oo
prétend expliquer toute sa conduite par-
lementaire. Mais il serait difficile de s'ar-
rêter à ce jugeaient pour^ceux qui ne li-
raient que ses discours, notamment ce-
lui qu'il improvisa contre la loi araire ,
à la séance du 18 mars 1793 , malgré les
redoutables clameurs de la Montagne et
des tribunes. « Ayons, s*il le faut, dit-il ,
l'exagération du patriotisme, car nous ne
somioes pas dans des temps ordinaires ! »
Et sur sa motion la peine de mort fi|t
portée contre quiconque proposerait la
loi agraire.
Ce qui demeure incontestable, c'est
qu'il choisit merveilleusement son temps
pour lutter contre Robespierre, après
l'avoir aidé à établir sa domination; il
l'avait apostrophé plusieurs fois , il est
vrai, dans les temps de sa toute-puis-
sance; mais aussitôt il s'était incliné de-
vant le favori de l'opinion et des clubs.
Il croyait à la nécessité d'une dictature
au milieu de l'horrible anarchie où se
trouvait la France; mais il ne voulut pas
laisser arriver |a proscription jusque sur
le milieu où il s'était retranché , et il se
trouvai en mesure d'avoir sa part d'action
dans la joi^née du 9 thermidor.
Décrété d'accusation avec Collot-
d'Herbois et Billaud-Varennes , le 1 2
vendémiaire an III, il mit dans sa dé-
fense autant de modération que de cha-
leur y et se ménagea ainsi le moyen d'é-
chapper , seul d'entre les (rois accusés, au
décret d'exportation rendu contre eux ;
la fuite le déroba aux persécutions diri-
gées contre ceux qu'on nommait la queue
de Kobespierre } et tandis qu'il était en-
core sous le coup de cet arrêt deproscrip-
tioo , son département le porta en l'an Y
au corps législatif, qui le repoussa. Com-
pris enfin dans l'amnistie du 18 bru-
maire , il acquitta sa dette de recoonais-
saoce envers le premier consul, eu lui
dévoilant La conspiration du 18 vendé-
miaire {voy, A&Îha). Le département
des Hautes-Pyrénées le présenta encore
en 1805 comme candidat au corps lé-
gislatif, mais il n'en put franchir déci-
dément l'entrée qu'en 1815. A cette
époque on parut étonné de la sagesse et
de la modération de cet homme, que
les souvenirs de la révolution représen-
taient comme le séide de Robespierre.
Les circonstapces avaient changé} ses
principes peut-être étaient restés les mê-
mes; mais il avait de- plus l'expérience
des hommes et des choses. Alors il n'é-
tait pas seulement dirigé par sa brillante
imagination ; il avait fait sur le passé les
méditations les plus profondes, et son
coup d'oeil aurait sondé daai V^i venir
toutes les conséquences d'une démarche
politique dont ses souvenirs lui auraient
représenté l'équivalent dans quelqu'un
des incideus de la révolution. A la cham-
bre de 1815, malgré la défaveur atta-
chée à son nom, il eut encore de l'in-
fluence due à l'autorité même de son ex-
périence. Lorsque l'étranger fut aux
portes de Paris, ce fut le sexagénaire
député des Hautes -Pyrénées qui fit la
motion de placer la représentation na-
tionale sous la sauvegarde du peuple, et
de déclarer anti-national tout gouverne-
ment qui ne tiendrait pas d'elle ses pou-
voirs.
Depuis la révolution de juillet M. Bar-
rère a été encore élu par son département
pour la députation ; «nais cette élection
fut annulée pour vicei de forme. L'ar-
rondissement de Tarbes l'a dédommagé
de cette ovation manquée, en lui confé-
rant le titre de membre du conseil géné^
rai des Hautes-Pyrénées.
Parmi lès nombreux ouvrages de M.
Barrère de Vieuzac , nous nous borne-
rons j citer les sui vans : Espri* des États-r
Généraux , 1 789 , in-8° ; Beautés poé-
tiques , d^Ed. Young, trad. de l'anglais,
1804 , in-8*' ; les Chants de Tyrtée , tra-
duits du grec, 1805, in-8°; 'Voyage de
Platon en Italie , trad. de l'italien de
Cuoco , 1807, 3 voL in-8°; Histoire des
Réi^lutions de Naples(de 1789 à 1806),
Paris , 1806 , in-8** i Considérai ions sur
la Chambre dçs Pairs, etc., 1814, in**
8°; Éloges académiques, 1806, in-$%
etc. P. C
BARBES (jeu de). Cest le nom
! donné par les écoliers à un jeu qui opn**
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BAR
(80)
BaÂ
ftîsie à se s^ptrer en deux troupes^ pla-
cées Tuoe en face de rauti*e , à une
distance plus ou moins grande, selon l'es-
pace qu*ofTre le terrain que Ton a choisi
pour celf exercice. De chaque côté le
nombre des joueurs doit être égal ; ce-
pendant il arrive quelquefois que les plus
habiles d'une troupe cèdent un ou deux
des leurs pour qu'ils n'écrasent pas leurs
adversaires par leurs forces physiques.
Dans cette position et après être con-
venus de différentes clauses pour la rè-
gle du jeu, ils viennent se provoquer
réciproquement, et courent les uns sur
les autres entre des limites marquées. Un
8«ul s'avance d'abord pour engager l'af-
ûiire, ou pour donner barre, à la dis-
tance de plusieurs pas, et tend la main
à celui qui sort du camp opposé pour en
être frappé. Aussitôt que le premier a
reçu le coup, il part, s'élance comme un
éclair après celui qui l'a frappé, et qui
de son côté s'est mis à couHr; et, s'il l'at-
teint^ il le fait prisonnier. Dans le mo-
ment que le premier est parti pour tou-
cher son adversaire, un autre du camp
opposé court sur lui, un autre encore
court sur celui-ci , et successivement les
deux troupes àe trouvent en course ,
jusqu'à ce que l'on entende le mot de
pris; alors tous rentrent dans leur camp
respectif, et les vainqueurs emmènent
leurs prisonniers. On les place un peu
en avant du parti victorieux; et, s'ils
sont en assez grand nombre, ils se tou-
chent tous parles mains qu'ils étendent
le plus possible pour se rapprocher d'au-
tant de leurs camarades qui s'apprêtent
à les délivrer. Le dernier de ces prison-
niers, le plus près de ses amis, tend aussi
la main autant qu'il est en son pouvoir,
surtout lorsqu'il voit accourir l'un des
siens pour lui donner le coup de la déli-
yrance, malgré les poursuites de ceux
qui sortent du camp vainqueur. Par cet
attouchement seul , tous les prisonniers
sont délivrés. Cependant quelquefois on
convient de ne délivrer que deux, trois
^prisonniers à la fois. Il faut observer que,
dans cette course qui se fait en faveur
des vaincus, on choisit les plus alertes,
les meilleurs coureurs, ceux qui, souples
et adroits, savent éviter ks attouchemens
poser à la délivrance des prisonnier^.
C'est particulièrement lorsque l'exercice
du jeu de barres s'étend au loin , ce que
l'on nomme en camjxigney que ces ha-
biles courcui's font merveille. On les voit
courir à travers champs , sauter les fossés,
pénétrer et traverser les haies, baisser la
tête quand un autre étend la main pour
les frapper, et faire adroitement plusieurs
tours et circonvolutions dans le même
but, etc., toujours jusqu'au moment ou
il.y a quelques prisonniers de faits, ou
que l'un des camps, qui se trouve quel-
quefois vide par la désertion de tous les
coureurs, se trouve pris par un fort de
la troupe. Il faut aussi observer que,
dans la mêlée dont ces jeunes gens oAt
rhabitude d'éviter la confusion et les dés-
agrémens, tous ceux qui sont partis les
derniers ont toujours prise sur les pre-
miers soilis; mais ceux-ci, lorsqu'ils
n*ont rien à faire dans leur poursuite ,
reviennent toucher leur camp du pied seu-
lement, et reprennent par ce moyen leur
avantage sur les adversaires dont ils crai-
gnaient l'atteinte. Le jeu étant fini , on
recommence; mais en égalisant les deux
camp9 par la force des coureurs, afin
que les plus faibles en moyens physiques
ne soient pas toujours victimes.
Autrefois on se servait aussi du mot
de barres pour désigner un exercice
d'hommes armés et combattant ensemble
avec de courtes épées, dans un espace
fermé de barreaux ou barrières qui les
séparaient des spectateurs. F. R-d.
BARRICADES. On formait au-
trefois des * barricades dans les rues des
villes et villages en y tendant des chaînes
que l'on suspendait à des crochets scel-
lés dans les murs des maisons. Il se
trouve encore quelques-uns de ces cro-
chets dans les anciennes rues de Paris.
C'était un moyen de retarder la marche
des troupes dirigées, daos l'Intérieur des
villes, contre les habitans qui avaient pris
les armes , soit poUr arrêter les progrès
de Tennemi , soit pour appuyer quelques
mouvemens populaires. Il fut employé à
Paris pour la première fois en 1 357 , par
Marcel, prévôt des marchands , comme
mesure de sûreté contre les troupes di-
rigées par le dauphin vers la capitale.
de ceux qui accourent sur eux pour s'op , Les chaînes ne mettant pas ceux qui les
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BAR ( Ôl )
emp\o7aîent à Fabrî des feax de TenDe-
mi, on a fait des barricades avec des sacs
oades tonneaux remplis de terre, avec
des pièces de bois , des arbres , des débris
de maisons démolies. A défaut d'autres
matériaux, on a tu, à la révolution de
juillet 1S30 et dans les troubles des 5
et 6 juin 1882 et du 13 avril 1884, des
barricades faites dans les raes de Paris
avec des pavés, des charrettes, des voitures
renversées, etc.; sur les boulevards et sur
les avenues de la rille, on barricadait les
chemins avec des arbres abattus que l'on
mettait en travers des routes. Ces barri-
cades forment un excellent moyen de
défense, qui a été souvent eoiployé avec
le plus brillant succès. Le fameux siège
de Saragosse soutenu par les Espagnols
contre Tarmée française fournit un exem-
ple remarquable de la résistance que Ton
peut opposer à l'ennemi le plus valeu-
reux quand un patriotisme exalté veut
défendre avec opiniâtreté le sol national,
fo)^. Assaut. -C-tb.
BARRICADÉS (joukn^e des),
^loqiie fameuse dans notre histoire, par-
ce qu'eUe est pour ainsi dire le paroxisme
de cette ligue puissante qui commença à
redit de pacification de 1576 et qui ne
ioit qu'a l'avènement au trône de Hen-
ri IV.
La mort du duc d'Anjou, frère de
Henri III, qui rendait le roi de Navarre le
pfais proche héritier de la couronne, ser-
vit, eo 15 64, de prétexte au duc de Guise
pour faire éclater la Ligue, en faisant
craindre au clergé catholique un roi sé-
paré de l'église romaine. Cette conspira-
tîoo ne se développa à Paris qu'en 1585.
Un certain nombre d'agens du balafré
ou de mécontens se partagèrent dans les
seize quartiers de la capitale, pour assu^
rer leur influence iminédiate sur la po-
pulation. Le sobriquet de seize leur de-
owiira. En 1 587 , Nicolas Poullein, lieu-
tenant du prévôt de lIle-de-France, ré-
véfai an roi les projets de la faction dont
liri«nftéiDe faisait partie. Les mignons de
Henri III,yillequier notamment, contri-
hnèreot à tromper leur maître sur les
dangers de sa position. Cependant Tan-
née soi vante, Henri de Pologne, X'&père
dcB /lageUans , comme on rappelait
y laissa échapper des menace qui
Encxclop. d. Ci d. M. Tome III.
BAtl
effrayèrent les liseurs. Les Seize pres-
sèrent le duc de Guise de venir à Paris ; le
roi lui en fit la défense. Guise y vint cepen-
dant, et alla braver le roi jusques en son
palais. Henri III, qui avait été subjugué
parla présence de son rival, comme tous
les caractères faibles, sentit allumer sa co-
lère par le souvenir du mépris >]u'on lui
avait témoigné : il voulut introduire le^
régimens suisses dans Paris, pour les
joindre aux gardes françaises , rompre les
communications entre les Seize et pro-
bablement sévir coi^ti*e les principaux
membres de cette faction. Ce fut le 13
mai (1588), avant le jour, que, se glis-
sant sans bruit comme des ombres, les
Suisses, au nombre de 4000, suivis de
2000 fantassins français, eqtrèrent dans
la capitale. Les gardes fîrançaises se ran-
gèrent sur le Petit-Pont, sur le pont Saint-
Michel et le pont Notre-Dame; maisCrucé,
procureur ati Châtelet, un des plus vio-
lens parmi les Seize, ayant eu avis, sur
les quatre heures et demie du matin, que
des gens de guerre entraient par la porte
Saint-Honoré, envoya trois /eunes gars
crier dans toutes les rues du quartier de
rUniversité ^i^imie. Aussitôt la popula-
tion prit les armes ; les officiers et les
serviteurs soudoyés par Guise se répan-
dirent dans tout Paris, pour soutenir les
efforts de la population , la diriger et ex-
citer son ardeur. Le comte de Brissac
avait choisi son poste dans l'Université,
et ce fut lui qui , ayant rencontré une
grosse troupe d'écoliers armés, leur fit
faire la première barricade avec des ton-
neaux, d'où vint le nom de cette émeute
qu'on appela Journée des barricades.
Partout dans Paris l'exemple des éco-
liers fut suivi. Des chaînes furent tendues
dans les principales rues, les pavés ar-
rachés et lancés du haut des maisons.
Chaque ouverture reçut un citoyen armé^
et bientôt les Suisses et les antres troupes
royales, attaqués dans tous les sens, sans
moyen de retraite et de ralliement, man-
quant de munitions, fatigués de verser
leur sang pour Une royauté lâche, qui leur
mandait de se rendre, honteux de combat-
tre contre des compatriotes, des femmes,
et des eofans, prirent la fuite ou se ren-
dirent. Henri III suivit leur exemple et
quitta Paris en blasphémant contre des
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BAR
(82)
BAR
^vén^meiui qa'U n'avait pas In force de
maitriser» et en proférant dea menaces
de vengeance contre une population dont
lui-méiue avait excité Vindignation et les
mépris.
Cette journée des barricades» dont no-
tre dernière révolution (18^) a rappelé
le souvenir, n'eut pap les conséquence^
qu*dle aurait pu amener. E. n. C.
BABRIÈIÛB (TEAiTés n« la). Les
Piçavinoes-XInieSy en concluant (7 septem-
bre 1701) avec rAngWterre et rËape-
reur le traité d*aUiance oCfensive appelé
la grande {dUance, et en déclarant en
170JI la guerre à la Fratace et à fEspa*
gne, voulaient non -seulement abaisser
Louis XrV> niais surtout obtenir une
barrière qui pût les protéger à Vavenir
contre nn ennemi puissant ( art, S et 9 ).
Dès 1706 on avait essayé de jeter les
bases d'nn arrangement Les conférences^
plusieurs foiasuspendnes, furent reprises
en, 1709» «ana que les ministres d'Autri-
che y fussent appelés; et le premier traité
dek Banrière 6Û condu à La Haye, en 2 1
artiGles,k^doctobrel709.L«8États-Gé-
n toux y gajmniissaient la succession bri-
tannique dans In ligne protestante (art.
2), 0t laGrande-Bretagne, de son câté^leur
donnait (art. 6) le droit de tenir gamiaon
dans KievqKNTly Fumes, Ypres , Menin,
LiUe, Tournai, Condé, Yalenciennes,
le fort Knocke» et dana les viUes que Ton
pourrait conquérir sur la France. Aucune
partie des Pays-Bas espagnols ne pou-
vait étire donnée on cédée à la France à
quelque tiue (pije ce fi&t (art 12). Un
article séparé promettait aux États , an
nom de la G. Bi , la Haitte-Gueldre en
tonte sonveBaineté, et le droit de tenir
garnison dans Liège, Hny et Bonn« Les
négocîationa qui suivirent, de 1711- à
1712^etttrelaFrantceetrADgkBterre, fai-
saient peéveiv une conrte dnrée an traité
del709k £d efifet, te M janvier 1713,
il. fut eencln à Utreckt, entre h G. B;
et lea Provinoes^Unies, nn deuxième
traité de la Barrière, en 16 articlee, plus
2 art séparés. Celui de 1709 y fut aboli
et anmdé (art 1 ) ; la succession protes-
tante en Angleterre garantie ( art. 2 ). Les
États -Généraux obtenaient le droit de
tenir garnison dans Fumes , Ypres , Me-
nin, Namor, Toomaî» Bfw^ Çbaiie*
roi, Cand, les foru Knocke, la Perle,
Philippe etûamme (art^4),et de nom-
mer les commandans de ces places (art
7). On retranchait ainsi de la barrière
^xéfi^ en 1709, Lille, Condé, Valen-
ciennes. On renouvelait (art 10) les sti-
Îulations relatives à l'exclusion de la
rance. Par suite des traités d*Utrecht,
deRaatadt et de Bade, celui du 30 jan-
vier 1713 devait être modifié. Pour ter-
miner toutes les difficultés , il fut tenu
nn congrès à Anvers, sous la médiation
de l'Angleterre, qui envoya Cadogan
pour la représenter. Lea autres plénipo--
tentiaires furent, pour l'empereur Char-
les YI le comte de Kcenigseck, pour les
Provinces-Unies le comte de Nechteren ,
van der Dussen et de Gockinga. Ce troi-
sième traité, en 29 articles, fut signé à
Anvers le 15 novembre 1715; les États-
Généraux y remettaient à TEmpereur les
provinces et villes des Pays-Bas, tant celles
qui avaient été possédées par Charles II,
que celles qui avaient été cédées par la
France à la paix d^Utredit ; mais à la
condition qu'elles ne pomraient être sou-
mises qu'aux seuls successeurs des états
de la maison d'Autriche (art 1 et 2 ).
L'Empereur accordait aux États-Géné-
raux le droit de tenir garnison dans Na-
mur, Tournai, Menin, Ypres, Fumes,
Wameton et le fort Knocke (art 4). Le 5
février 1716, les Pays-Bas espagnols
furent cédés à l'Empereur; mais les États
de Brabant et de Flandre s'étant plaints,
au nom de ces deux provinces , des con-
ditions onéreuses que leur imposait ce
traité , une convention fint conclue le 22
décembre 1 7 18> entre l'Empereur, la G.
B. et les Éaats-^éttéraux. Plusieurs arti-
cles dn traité du IS nov. 1715, notam*
ment le 17®, rdatif aux inondations, fu-
rent modifiés. Totttefois les dififieultés ne
furent point aplanies; elles durèrent
même jusqu'en 1 7 81^ époqœ où Josepb H
déclaiîidesa propre autorité que le traité
était abmgé et que toute barrière était
inutile depuis l'alliance entre la France
et TAntriche. Les ÉUts, qni soutenaient
alors une guerre midheurense contre
l'Angleterre, souscrivirent aux exigencea
de Joseph II, et retirèrent leurs troupes
en 1782. L'Empereur, enhardi par oe
aiicoès, sQicita «nz HoUwriait de \
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BAtl
(Ô8)
BAA
f«lkt diffeliké» iQM)tt*à fe ptàx défini*
tWe : e»fut 1« Indté de FomàÎBebléaii ,
ocmela k 8 nontiàhre 1 786 , tonà U mé-
dkUaii el la garantie de la France. L. N.
BARRIERES^ Les diflérens gouvet^
nonenSy dan» k hù^ de proté^ rindli»^
trié mlMBale eoittre la cooeurrenee
étrangère y et mitai dali§ ua kftérét fi^
Cil, île permettent Finiroduotioii dant
leurs élalls des SMtfcfaaadiaetf vesaot de
Fétrangor que mojenniDC Faequt de
droits décerinniés. Ûentréè de certainea
marchandiseaoa denréeè eti iiéme ^iel>
quefois éBtîè^eneBt prohibées Vduw per^
carrâr les droite sur les merefaaadises
étrangère^ ouy siérant les cas, empêcher
FiBtrodaetîeé dé ces marchandises) «nr
établit maoL firoaCiè^es des kùrrièreê eu
hureéuus de doiètuiés {vojr. Douahxs).
Mais ceqid cËtiste ainjWdlHit dé oatiott
a natiooy d'État à État^ a exi^ long-
temps en France de province à provinee.
Les marchaBdisea de ponv^iest passer
d*mie prùvince da re^anme à TaiAtè sans
acqikitter wÈat lé» Héiitès' an droit de péage.
Cette instituttoik ^emotatait a«x temps de
la féodalité, alors <yBe chaque seignem*,
maUre datas seà doitainesy pouvait éta-
blir les réglemeas- qv'U croyait ntHes à seà*
intérêts. Une ordènnaBèe de LoàtsXIVy
du Éaois de févrie)r 1687yafoolk en par-
tie ce systèitie dont les restes se sont
makitenus^ jnsqit^ap^ès la résolution de
1789. En effet, c'est par une Ibi dev 31^
octobre, 5 novembre 1 790 qn'ènt été re^
colées tfux firoBtières toutes ces barrières
qui 9 suivant Fexpression' du légishitéur
('9oy, lepréamlmle de la loi), « tendaient
différrates parties de Fétat étrange]^ les
unes aux autres , desserraient la cônsov-
matioD, et muisafient ainsi à la reproduo-
tioa et è Faccvôissement des riehesses
natîoBales. Du* i^estey il irat dit« qoé
plusieurs provim^es ( la Lorraine y f Al-
sace, par exemple , ) avaient stipulé, lors
de leur réunion- à la France y qu'elles
seraieiiC donsidéréey comme proViétees
étraàgèresr. Par-lir eHes avaient ^oufhl se
coneeirvér la: faculté de comnvnKïér Kfere^
ment shrec Fétranget ;- muis on sédit qo^rib'
pareil régiiàC était incompatible avec le
princi^ de 1» grande unité nationale,^
qat esé la base dhinonvel' édifice' social
cuFnuèoii; Outhmvùeaoore'aaJDurd'hui,
en AUemagoe^ des barrièrea ai dca péu^
ges intérieurs) il est vrul q«e c'a* tan-
jours d'État à État, et qu'elles tendent
à disfCtraltM deé difléreiu Étets de la
Confédération ^rflaHique*
U existe, à Fentréé de beaucoup de
villes , eu France, des harrièrejf q^ui sont
établies pstincipalemènt pour lu percep-
tion des drélu d'octroi Xvey* Octaoi)».
et MUMi pour Fexereke de eerlainea par-
tien de la police*
Dans plusienrf contrées de FEurope
( en Augleterre ^ eu Allemagne) , il existe
sur les routetf d^ hurrières où l'on per-
çoit sur les voitures^ \c$ chevaux et les
bétet de somme ,• des taxes destinées à
payer les Irais de constructioir et d'ea-
treticB des routes. Ce i^stème a été es-
sayé en Fraikeey à 1» stiite de la ré-
volution de 1789 (notammeuii par la
loi du 8 nivôsé an vi ^ et par celle du 38
décembre 1797); mais les plaintes qu'ex-
cita te perce|ltion de ces dA>its^ jitftes eu
eux-mêmes y et qui produisaient moin^
de M million^, les firent suppriaMT, à
coBÉpter du 83 septembre 1^06 , et rem-
placer par un imp^t sUr le sèl. (Voir la
loi du 34 avi^tl 1896, art. 60.) Le graud-
duc de Bade Léôpold signala^ en 1830^
son avènement fts FaboUtion du droit
de barrière dans son payAw .
Le besoin de k eonservatioudes mules
a fait établur en France de^ banières dt
dé^^ qui ont pour bbt de préveuir k
dé^dution der routes f sous k pres^
sion de voltûfeà troff hiurdènlent Char-
gées, dans deè drcOnstaACètf ou le sot
n'est pas suffissUiméUt alfhtmi. L'éta-
blis^ment detf hanièfes de' dégel a Ifeu
par un acte dti préfet^ soU* FaUloriSa->
tioD du dirèCfetu* des ponta et chiusséesw
Ces bàrrièk-ëtfconteeftiedt suitùUt le rou-
lagéû Aussi o^ akkAel à- eû^culef sur le»
routes, pendhnt ht fermetu^cT des bar-
rici^dé dégel,' les courf-iers de la ntaHe^
les votturcb non chargées, les voiturcade
veyi(||e des^arficuKers. Quant aux voi-
tures publiques et de roukgé^- elles ne
peuvent ct^coler qu'afcitànl tpie kur
poids' n'excède p6înt- les limites dé-
terminées par UB tarif; DéC a|;ena sont
instituée' pour \é service des barrières
de' dégel ,• et des peines établies pour
ptÉiir cerné qui- contreviennent ifux rè^
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BAR (
gl69 concernant ces barrières. J. B-e.
BARRISTER9 VOy. ^TTOEHET et
Baereau.
BARROS (JoAO de), célèbre histo-
rien portugais, né à Viseu, en 1490 on
1496. Les noms de Yasco de Gama et
d*Albuquerque ont dû retentir les pre-
miers aux oreiUes du jeune Barros et
enflammer son imagination. Élevé, avec
d'autres fils de famille, à la cour d'Em-
manuel - le - Grand , il se distingua de
bonne heure par ses talens et ses études
assidues. Alors déjà il lisait avec ardeur
Tite-Live, qui plus tard allait devenir
son modèle. A l'âge de 31 ans il écrivit
un roman de chevalerie : Ctonica de Em-
perador Clarimundo, Coîmbre, 1520 ,
in-foL; mais le roi, son protecteur, entre-
voyant la véritable vocation de ce jeune
homme laborienz, lui enjoignit de se
préparer à la noble tâche d'historiep des
découvertes et ' conquêtes portugaises
dans l'Inde. Le roi Jean lÛ continua
d'encourager Barros: il le mitdans^une
position indépendante , en le nommant à
la charge lucrative de trésorier au dé-
partement des Indes. Plus tard il reçut
en don la province de Maranhao, au Bré-
sil , à charge de la coloniser. La mort le
surprit à Pombal ou à Alitem y en 1570,
encore occupé de son vaste travail , qui
porte le titre pompeux à* Asie de Jean de
Barros, ou Faits et gestes des Portu-
gais lors de la découverte et conquête
des mers et terres d'Orient. Cette his-
toire s'étend de f 413 à 1526 (1^^ décade,
Lisbonne , 1 552, in-f. ; 2^ décade, 1 559 ;
3® décade, 1658; 2^ édition, Lisbonne,
162S , in-f. Elle a été continuée par La-
vanha, Madrid, 1615, in-fo1.; Diego de
Gonto, Lisbonne, 1602-1637, et Fer-
nand de Yillareal, Paris, 1645. L'en-
semble a été réimprimé à Lisbonne, 1 778,
8 vol. in-fol. et en 17 volumes in-8>,
avec des cartes. Les premières décades
de l'ouvrage sont si rares qu'on les estime
à l'instar des manuscriti). Le but de Bar-
ros élait évidemment le même que celui
de l'historien de Rome^-dire la gloire de
sa nation un peu aux dépens des nations
rivales. Mais Tite-Ltve laisse loin derrière
lui son imitateur, dont le style élégant,
vif, pittoresque, peut seul soutenir quel-
quefois la comparaison avec le modèle
84) BÀR
qu'il avait choisi. Les historiens portct*
gais de cette époque étaient encore trop
engagés dans l'imitation des chroniqueurs;
ils en avaient trop reçu l'empreinte, pour
s'élever à l'art des historiens de l'antiqui-
té. Si le sentiment patriotique réchauffait
leur coeur , un point de vue monacal ré-
trécissait leurs idées, et Barros sons- ce
rapport ne démentait ni son siècle ni
son pays. Il brille néanmoins d'un vif
éclat, et occupe le preniier rang, si on le
compare aux historiens portugais, ses
contemporains. $on grand ouvrage , di-
visé en décades , comme celui de Tite-
Live, est toujours cité par les littérateurs
de son pays comme type d'un style pur
et animé. Barros a écrit de plus un traité
moral sous forme de dialogue, qui a été
défendu par l'inquisition , et un panégy-
rique de l'infante BCarie; enfin il est l'au-
teur de la première grammaire portu-
gaise. L. S.
BARROTy voy, Ooilloh-Baeeot.
BARROW flsAÂc), né à Londres
en 1680, fut à la fois théologien distin-
gué et grand mathématicien.
Les partis qui troublaient alors l'état
et l'église l'avaient gêné dans ^ le choix
d'une carrière. Après avoir vainement
sollicité la place de professeur de langue
grecque à Cambridge, il quitta l'ADglei-
terre , en 1 655 , voyagea en France et en
Italie , combattit vaillamment contre un
corsaire algérien qui l'attaqua dans un
voyage à Smyme, se rendit ensuite à
Constantinople , retourna en Angleterre
en 1659 , et y fut attaché à l'église mé-
tropolitaine. L'année suivante il fut
nommé professeur de lafngue grecque k
Cambridge , ensuite professeur des scien-
ces mathématiques. Là il apprit a con-
naître le jeune Newton, dont il devina le
génie. Pour conserver à l'université un ai
grand talent, il céda sa chaire à cet élève,
et, retiré dans la solitude, il se livra
tout entier à l'étude de la théologie. En
1670 il fut nommé docteur en théologie
et chapelain de Charles II; en 1675 il
devint chancelier de l'université de Cam-
bridge. Il mourut à Londres en 1677.
Également célèbre comme théologien et
comme historien des sciences mathéma-
tiques, Barrow est regardé comme l'hiven-
teur du triangle appelé d^fférêntkL Piar-
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BAR
(85)
BAR
là n a préparé Tapplicatioil du calcul dif*
féreutiel à la géométrie. Barrow te fonde
sur la théorie de Fermât; mais son expo-
sition est plus simple, elle a Tavantage
de parler aux yeux. On aurait tort ce-
pendant de regarder le géomètre anglais
comme le véritable inventeur du calcu)
différjentiel. C'est dans les Lectiones geo-
meiricœ (ILonàtes f 1669, in-4<*), que
le docteur Barrow expose surtout sa mé*
thode ; ses Lectiones opdcœ (Cambridge,
1674 y in-4^ ) sont également un ouvrage
très estimé. C L.
BARROW (JoHir), secrétaire de Ta-
mirauté anglaise, se livra de bonne heure
à l'étude de la géologie et des sciences
mathématiques, et professa, de 17S6 à
179 l^'astronomie à l'académie de Green-
wicb, fondée par le docteur James. Il ac-
compagna ensuite, comme secrétaire par-
ticulier, lord Blacartney dans son voyage
à la Chine. Barrow fut pendant ce voyage
un observateur attentif; les nombreuses
connaissances qu'il possédait déjà ren-
daient ses observations d'autant plus
productives pour la science. Il visita la
Cochinchine pendant que l'ambassadeur
et sa suite restaient à la cour du céleste
enapire. Son ouvrage Travels of China
(Londres, 1804, in-4^j et son autre rda-
UoD, Voyage to Cockmcfdna (Londres,
1806), sont très estimés. Quand lord
Macartney fut nommé gouverneur du
cap de Bonne-Espérance, Barrow le sui-
vit encore en qualité de secrétaire parti-
culier; il profita de son séjour dans le
sud de l'Afrique pour faire des excur-
sions dans l'intérieur et il déposa ses
observations dans différentes relations
de voyages. Ce fut lui qui donna l'idée
de la société géographique établie à Lon-
dres depuis 1830, et il en est encore vi-
ce-présidenL M. Barrow est l'auteur des
articles géographiques les plus impor-
tans du Quarterfy Review, C. X.
BARRT
BARRT
à Cork en Irlande, en 174 1 , et mort en
1806. Une inclination invincible le por-
tait vers la peinture, et son père ne résbta
pas long-temps à cette tendance de son
fils. Le premier tableau à l'huile du jeune
Barry, le Débarquement de Saint-^Pa-
trick en Mander attira sur lui l'attention
!M™* du), voy, DuBAamT.
James), peintre célèbre, né
de Burke qui le fit venir à Londres et lui
donna des recommandations. Après un
voyage à Paris, à Rome et à Naples, Bar-
ry revint en Angleterre et fut nommé
membre de l'Académie royale et profes-
seur de peinture. Ses principaux tableaux
sont: Adam et Ève^ Vénus, Jupiter et
Junon sur le mont Ida, et surtout la
mort du général fVolfe, H se distingua
aussi par des écrits qu'il publia sur les
arts. S.
BARSABAS. Ce nom est donné dans
le Nouveau-Testament à deux, disciples
de Jésus-Christ, amis et compagnons des
apôtres. Joseph Barsabas fut l'un des
deux candidats élus pour remplacer l'a-
potre Judas; mais le sort favorisa son
compétiteur Matthias {Jetés I, 23).
JuoB Barsabas qui, suivant les uns, était
frère du précédent et, suivant les autres,
frère de l'apôtre Judas Thaddée, fut élu
par les apôtres, par les anciens et par
toute l'église de Jérusalem pour accom-
pagner Paul et Barnabe à Antioche [Ac^
/ejXV, 25). J. H. S.
BARTAS (GuiLLÂum Sallustbdu),
poète gascon, né en 1544 et mort en
1590. U appartient à cette classe d'écri-
vains qui ont pris leur nom de l'Age où
ib ont vécu , et que l'on a dédaignés jus-
qu'à présent. Mais entre les mystères re-
ligieux ou païens que l'on jouait en plein
air sur d'ignobles tréteaux, et les tra-
gédies de Corneille ou de Racine, il y a
une différence énorme, un vide immense.
Or, cette différence, il a fallu la faire dis-
paraître; ce vide, il a fallu le combler*
L'art ne saute pas les siècles à pieds
joints. Alors sont venues les pléiades du
moyen-âge, comme pour préparer la
grande époque littéraire.
Le nom de Salluste, auquel il avait ajouté
celui de son château, fut illustré non-seu-
lement dans les lettres, mais encore dans
l'art militaire; ce qui le fit employer dans
plusieurs négociations importantes auprès
des souverains étrangers, qui voulurent le
garder auprès d'eux. Enfin, pour ache-
ver de ne pas ressembler aux poètes ses
amiS' et ses contemporains, qui presque
tous portaient la robe et toutefois se
laissaient aller à la plus honteuse disso-
lution, du Bartas eut pour vertus prin-
cipales la modestie et la chasteté, ainsi
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BAa
qtt« SM OMtvrts en font foi. La Premiên
swtamê ou la Cné€aion est cém 4e set
ouvragée qui lui fait le plus d^nqeiir;
la Seconde semame^ histoire abrégée
des iaiU et 4es bévos primitifs, est au
contraipe le plut Ifible de ses poèmes.
Dans oébii de Judith, dans son fayMne
sur la béUaièie ^hry, et dans quelques
autres pièoes qu^ adressa à la reine de
If avanre et aq poi ^'Ecosse > on retrouve
ses défauts 9 mais non pas ses qualités,
G^est partout une allisotation des tournu-
res gpecques et latines , une sorte de jeux
de mots pvesque oontinuels et du plus
mauvab goût. Mais oe quMl y a de r**
marquablf , c'est qpe du Baitas vit ses
œuTPes imprimées 60 fois dans i ans el
traduites dans cipq langues, œ <pii serait
enooM aujourd'hui up fissea beau sue-
ces. B. T.
BARTBNSTB[1N> V€^. Honn-
LO«B.
BARTH {Ukm\ ou Baet, f U d'un
simple pécheur, nacpiit' à Duokerque,
en 1611. U servit de bonne heure dans
la marine hollandaise, et ei^ttu au service
de la France lorsque oelle-ci fit la guerv^
à la Holkmde. A celte époqq^, les rota*
tiers ne peuvalent être officiers dans la
marine royale: aussi Jean Barth se fit-il
capitaine ^corsaire. B se signala tellcr
BMO^ par son audace et par son indomp-
table braTOUM, qoe Louis XIV lui donna
«ne couMsission pour croiser dans la
Méditevranéo. Ses exploiu (broàrent le
«ol à le nommer lieutenant do vaisseau.
9mM une'aoUcMi où il lutta contra lei
Anglais a?ee des ibrcea bien inférieures,
eâ dont le che^Kev de Forbln partage^
ilioooeqr ayee h4, il fut ftiit prisonnier
et enfermé à Plymduth. l\ parvint à i^^
vadiQ^, fit pim 4e €iO Keues en me» sur
un hrtasw de péelienp, e» arriva en
IWnoa , oà LouU XTV l^élom au grade
do capilaSpade «aisseau, B» t6M Jean
Baalli alla à ¥enalttes) le mî le r«fUt
»vee dialincilQn, i^ais kii parla > sans
¥«Édoir H bleèaer, en aenl ^oàec qn^l
«Maitess^iyé IVnnée auparavant. Anssiléit
Jb|m BfirtH retonmf à Duabceqtie, fait
vna caolsiére, qveèqua lea Anglais \à^
qneaa la port, se coufve de gloire, re»<-
tee ^iomphant, et adresse au oQRSte de
TaulQUse, aaiial do Imnee, un nip-
( 68 ) BAR
port simple et énergique sur ce qull a
£ut et snr la peur qu'il a causée aux Hol-
huilais, avec prière d'en faire part au
roi. Ce rapport existe encore aujourd'hui
et n*a jamais été imprimé. Louis XIV le
noauna chef d'escadre en 1697, et \
cette occasion Ton raconte que le roi,
ayant lui-même annoncé k Barth son
avancement, celui-ci répondit : « Sire,
vous aves bien fiiit ». Les courtisans ri-
rent aux éclats de cette réponse , qui,
selon eux, exprimfit une sotte yanité.
« Vous n'avez pas compris Jean Barth ,
leur dit Louis X^; sa réponse est celle
d'un homme qui sent ce qu'il vaut et qui
compte m'en donnée de nouvelles preu-
ves.» La confiance du monarque ne Ait pas
trompée. Cependant la paix de Riswyck
interrompit les exploits de Jean Barth. Il
pas^ ses dernières années à Dnnkerque,
oà i| mourut en |7fi3, âgé d'environ 60
ans. Son inébranlable résolution, sa rude
franchise, sa téméraire bravoure, ont
fait de lui le niodèle populaire du marin
fînançais. Au milieu des traits de courage
ou des réparties saillantes quVm a con-
servées de ce marin, nous ne citerons
qu'un faH, parce que, mieux que tout
autre, il peint son caractère. Il avait été
chargé de conduire à IQseneur le prince
de €onti, qui venait d'être élu roi de Po-
logne. U fut attaqué en ohemin par les
Anglais, et courut le danger d'être pris.
Après l'aotion, le prince de Conti lui
témoigna sa joie d'être libre encore.
« I<^as n'avions pas à craindra d'être AkiU
prisonniers, répondit |eaB Barth, mon fils
était è If sainte barbe, prêt à nous fisire
sauter sHI e^t faHn nous rendre. » A. S^.
BARTflE (FiLix),députédelaS^eet
§arde<les^eeaux de f ranee (voirie P. S.\
est né à Navbonne en 1 YSfi. n fit ses pnH
mières éludée dans sa vil le natale et fut en-
suit0 plaoé par ses parens è V»tt)oimedana
l'institution SaÎDt-HemI, qui induisait
seaélèvesauoellégeou lycée de eelte^lle
el qui acquit miegfanderenommée, parce
qu'elle éleva presque Ions ces hemmea
quîipar leur inteU%enoe et leur fortune
politique, ont élé portés à la tête cbs af*
iûreadu paya. Après avoir suri \fm cours
du collège et ceux de b faculté de droit,
le jeune Baithealla comme stagiaire suî-
we le barreau de Montpeliit», el îl avait
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BAR (87)
n alkft lorsqu'il arriva à FM» pour ache-
ter son stage.
M. Barthe tout entier litre aux exer-
cices qui devaient le préparer à fhono-
rable profession d*avocat n'avait encore
embrassé aucun parti politique lorsqn'en
juin 1820 la mort, on peut dire l'assas-
sinat du jeune Lallemand, comme lui
membre de la Société de jurisprudence^
le Jeta, par Tindignation dont il fut saisi,
dans le parti de l'opposition. Le lende-
main de la mort de la jeune victime,
M. Barthe fut admis, avec quelques au-
tres amis, à faire les derniers adieux à ce-
lai qu'ils avaient aimé. En présence de ce
cadavre sanglant, dans ce besoin de ven-
geance qu'inspire une douleur impuis-
sante, il conçut contre le gouvernement
de la Restauration une haine à laquelle
aucun temps ne l'a trouvé infidèle.
Le père du malheureux étudiant s'é-
tant porté partie civile contre le soldat
meurtrier de son fils, il fit choix de
BL Barthe pour présenter sa plainte au
conseil de guerre ; mais ce tribunal n'ad-
mit point d'avocat, et son jugement ren-
voya le soldat an corps où il servait. Ce
fut le procès de Gravier et de Bouton, ac-
cusés d'avoir voulu, par l'explosion de pé-
tards jetés atix environs des Tuileries,faire
avorter M"** là duchesse de Bcrry alors
grosse du duc de Bordeaux, qui fit d'a-
bord contiaitre M. Barthe, nommé d'offi-
ce, vers la fin de l'audience, pour assister
Bouton. Quoique les accusa eussent été
ccmdamnés àmort et que lecnr pourvoi ,sou-
tenu par le jeune avocat, eût été rejeté par
la Cour de cassation, la soudaineté de sa
première défense, le talent de sa seconde
plaidoirie, attirèrent sur lui Fattention pu-
blique qui ne devait plus le perdre de
me. Par une plaidoirie heureuse devant
la chambre des Pairs, dans la fameuse
consph^on militaire qu'efle avait à ju-
ger, M. Barthe écarta bientôt après tout
danger de la tête de fun des accusés, du
colonel Caron; mais il n'eut pas le même
succès dans FafTaîrc de Béfbrl, qui fut
jugée par la cour d'assises de Colmar :
son client le jetme Guinand ht con-
dannié. Désormais M. Barthe, placé par-
mi les plus belles espérances du barreau,
devînt son secours à toutes les infortunes
politiques; il parut donc encore dans
BAR
l'afl^re de La Rochelle: Mm client
(Gauran) vit sa tête soustraite au fer qui
frappa les quatre sons-offiders. Puis en
1838 il entreprit là défense de M. Ki-
colas Kœchlin contre leqttei l'autorité
avait fait diriger des poursuites k cause
de la brochure que cet ancien dépifté
avait publiée sotts le titre de: Reiadon
des épénemens qui ont tu lieu les S et
^juillet 1823, relativement à la scanda-
leuse affaire du colonel Carton [voy, ce
mot). La chaleureuse éloquence de l'avo-
cat ne manqua pas à Une si belle cause ;
il apporta les preuves de tous les fkits al-
légués par son client. En appel, il redou-
bla d'efforts, et son ardente parole flétrit
les lâches complots de Fadmidistration.
Le ministère public, en requérant la con^
firmation du premier jugement, fit des
réserves contre l'avocat. Le jugement fut
confirmé et les réserves furent admises.
An moment où M. Batthô allait prendre
la parole pour sa propre défense, le gé-
néral Foy s'approcha de lui «t lui ser-
rant la main : « Est-ce que je ne pourrais
pas vous défendre? v lui dit-il. M^ Bar-
the, pour avoir abusé de la liberté de la
défense, fut suspendu de ses fonctions
d'avocat pendant un mois.
"Ù^ cette époque M. Barthe n'était
plus seulement un avocat distingué, il fut
homme politique et son nom se mêla à
ceux que Fopinion publique appelait à
Son secours.
Lorsque le Monlteuràn 36 juillet 1830
eut 'fait connaître les trop fameuses or-
donnances , M. Barthe Se rendit à une
réunion d'avocats et de quelques journa-
listes, chez M. Dupin atné; à une heure,
le même jour, au bureau du National ^
il assistait à une assemblée où Fou déci-
dait qu'il serait fait une protestation ; le
soir il lisait, comme président, aux jour-
nalistes réunis ce monument d'une cou-
rageuse résistance. Les journaux devaient
donc paraître le lendemain; mais plu-
sieurs imprimeurs refusèrent leurs pres-
ses, entre autres celui du Journal dn Com-
merce. M. Barthe le fit assigner dans les
34 heures; mais le mercredi, lorsqu'il se
rendit au palais pour soutenir la dernière
lutte en faveur de la liberté de la presse,
le combat des trois Journées s'engageait de
toutes parts. Les tribunaux vaquèrent
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BAR
(88)
BAR
Le jeudi 99, M. Baithe se rendit à
radlel-de-Ville : il fut invité à se réunir
à la commission municipale et partagea
les travaux de cette nuit Le lendemain ,
chargé de rédiger une proclamation aux
Français, il soumit à la commission et en-
voya ensuite à l'imprimerie royale le pre-
mier acte public de rupture entre la
France et la famille alors régnante. Cette
proclamation commençant par ces mots :
Cen tttfait de la branche qtnée des
Bourbons i etc. , se trouve dans tous les
ouvrages qui ont parlé de cette grande
époque.
La révolution était faite : le nouveau
pouvoir cherchait à 8*entourer de tous les
hommes qui, dans Topposition, avaient
montré honneur et talent; le garde-des-
sceaux imposa comme un devoir à
M. Barthe les fonctions de procureur du
roi. Quelque temps après, au mois d'octo-
bre, les électeurs^esXI^ etXn^ arrondis-
semens réunis lui donnèrent une preuve
de confiàace plus honorable encore en le
choisissant comme député. La circulaire
électorale du candidat avait exposé net-
tement ses principes.
Il prononça son premier discours à la
Chambre le 9 décembre 1830 , dans la
discussion de la loi sur le fonds commun
de l'indemnité accordée aux émigrés.
Dans sa réponse au discoiu*s de M. Ber-
ryer, il établit avec lucidité la justice de la
loi qui disposait pour la sûreté du pays de
ce fonds commun sur lequel aucun droit
n'était acquis à personne ; et, relevant les
éloges Imprudens donnés par son adver-
saire au gouvernement de la Restauration,
il évoqua les plus funestes souvenirs, et
demanda qu'au moins par pudeur on re-
tranchât quelques instans de ces quinze
années d'honneur et de gloire.
Le 28 décembre suivant, M. Barthe
fut nommé ministre de l'instruction pu-
blique, et presque aussitôt il eut occasion
de montrer que son désir de l'ordre était
soutenu par la fermeté du caractère. De-
puis quelques jours il y avait des troubles
dans les cours publics des écoles de droit
et de médecine; quelques perturbateurs
avaient choisi ces nombreuses assemblées
de jeunes gens pour foyer de leurs ma-
nœuvres: un arrêté fut pris contre les
fauteurs de désordres, et le conseil aca-
démique convoqué à la Sorbonne pour
informer. Cependant les mécontens s'ir-
ritent, et bientôt le bruit se répand que
des violences seront exercées contre le
conseil; le ministre aussitôt fait annoncer
qu'il ira lui-même présider l'assemblée,
et il s'y rend sans prendre la précaution
de se faire accompagner d'aucun agent
de la force publique. Au sortir du conseil
les agitateurs l'insultent; mais le len-
demain l'immense majorité des deux
écoles, qui s'était donné pour président
M. Dubois, alors doyen de la Faculté de
médecine, lui apporte tme protestation
contre ce scandale.
On reprochait au cabinet dont M. Bar-
the faisait partie de l'hésitation, de la fai-
blesse même, et peu d'homogénéité dans
les opinions de ses membres : un remanie-
ment était devenu indispensable. Le 1 3
mars fut constitué le ministère que l'on
désigne également par la date de sa for-
mation ou par le nom de son chef Ca-
simir Perrier. M. Barthe fut nommé le
même jour ministre de la justice. Par une
singularité assez remarquable le premier
discours qu'il prononça comme garde-des-
sceaux fut encore une réponse à M. Ber-
ryer(17avrill831).
Toutes les lois politiques .appartien-
nent, on peut le dire, au ministère en*
tier : nous dous abstiendrons donc d'en
faire mention; mais deux lois rendues
sur la proposition de M. Barthe lui re-
viennent tout entières.
La première est celle du 3 1 août 1831,
relative à des réformes dans la législation
pénale. Le Code de 1 8 1 0 avait été souvent
accusé de cruauté; souvent aussi la rigueur
de la peine avait effrayé le jury et l'avait,
pour ainsi dire , forcé au mensonge et à
de scandaleux acquittemens. Dès son ar-
rivée au ministère de la justice, M. Bar-
the s'occupa de la révision hautement
réclamée par l'opinion publique. Voici les
principales modifications apportées à la
législation.
La plus importante de toutes,parce que
sonapplication est plus fréquente et qu'elle
donne plus d'étendue à l'appréciation des
faits par le jury, est la faculté d'atténua-
tion qui n'était accordée auparavant que
pour les matières correctionnelles et qui
a été étendue i^ux affi^res du grand crimi-
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BkR (i
Del. Le jury doit toujonrt être consulté
sur les circonstances atténuantes (vojr. ce
mot); sa réponse affirmative oblige la cour
à descendre d*un degré dans l'échelle pé>
oaJe et lui donne le droit de descendre
de deux, si le coupable mérite à ses yeux
cette faveur.
La mutilation du poignet, qui précé-
dait le supplice du parricide ou du régi-
cide, est abolie,
La peine de mort est remplacée par
les travaux forcés à perpétuité pour le
crime de fausse monnaie ; par la déten-
tion à temps pour le simple complot con-
tre la vie du prince; par la détention per-
pétuelle pour le complot accompagné de
préparatifs d'exécution.
Tous les amis de l'humanité gémis-
saient de voir figurer dans notre Gode la
peine de la marque, flétrissure étemelle
pour une faute souvent d'un seul jour ;
flétrissure que ne pouvait efîacier ni le
droit de grâce du monarque , ni le re-
pentir du malheureux. La marque est
supprimée.
Dans cette œuvre de réforme on ne
pouvaHoublier la surveillance de la haute-
police à laquelle sont soumis les crimi-
nels qui ont accompli le temps de leur
peine; la manière dont s'exerçait cette
surveillance, qui forçait le libéré à justi-
fier de sa présence dans les lieux qui lui
avaient été assignés pour séjourner, l'a-
vait bientôt signalé à la réprobation gé-
nérale. Repoussé par ceux qui auraient
pu le faire travailler , soupçonné de tout
le mal qui se faisait autour de lui , il n'a-
vait d'autre ressource que la récidive :
impuni , il vivait de son crime ; atteint
par la justice, il trouvait du pain près
de ses fers. Désormais la loi se contente
de lui fixer les lieux où il ne doit pas vi-
vre, cette précaution suffisant à la sû-
reté de ceux qui l'ont jugé ou fait con-
damner.
Celui qui , pour profiter d'un contrat
avantageux d'assurance, brûlait sa pro-
priété , était puni de mort comme incen-
diaire; sa peine fut réduite aux travaux
forcés à temps.
On punissait aussi de mort le vol ac-
compag;né de plusieurs circonstances ag-
gravantes, et le coupable pouvait deve-
nir assasè^i sans avoir rien de plus à
>) BAR
redouter; dans aucun cas, d*aplls la
nouvelle loi, le vol ne peut être assioûlé ,
au meurtre avec préméditation.
Telles sont les dispositions principales
de cette loi qui, dans des temps plus cal-
mes , eût suffi à la gloire d'un ministre.
L'humanité n'a pas moins à se réjouir
d^ la loi du 17 janvier 1882 sur h
contrainte par corps. Considérée moins
comme un châtiment que comme la der-
nière épreuve de la solvabilité du débi-
teur, la contrainte par corps a cessé d'ê-
tre perpétuelle en matière civile et con-
tre les étrangers; sa durée a été graduée
suivant l'importance de la dette; le viei^
lard qui a atteint 70 ans a été soustrait
à ses rigueurs, et tous les adoucissemens,
comme toutes les garanties, ont été accor-
dés aux détenus.
Tous les hommes impartiaux ont dû
d'ailleurs remarquer le caractère de dou-
ceur qu'a pris, depuis 1830, l'action de la
justice. Le nombre des condamnations à
mort, sous la Restauration, était, par an,
de 86; depuis la révolution il n'est que de
84. De 1815 à 1823, il y eut 108 exé-
cutions capitales, et 18 ibis la marque fut
appliquée pour crimes politiques; depuis
4 ans , pas une goutte de sang n'a souillé
la main de la justice pour semblables
causes. Les 4 condamnés exécutés en Ven-
dée avaient commis contre des particu-
liers les crimes qui les ont conduits à l'é-
chafaud. A la suite des événemens de
juin 1832, 12 condamnations à mortfi»*
rent prononcées par les tribunaux : tou-
tes ont été commuées.
Citons encore un fait : pour les exé-
cuteurs des haute»-oeuvres, le personnel
était le même qu'en 1798. Une ordon-
nance rendue sur le rapport de M. Bar-
the en a supprimé la moitié, et il y a en
au budget 100,000 francs d'économie de
bourreaux.
Comme tous les hommes politiques
placés en évidence et exerçant sur les af-
faires du pays une influence marquée,
M. Barthe a dû rencontrer de nombreux
détracteurs pour lesqueb les faits que ses
amis lui imputent à mérite deviennent au-
tant de titres de blâme. Tandis que les uns
félicitent le garde- des- sceaux de n'avoir
jamais voulu séparer l'ordre d'avec la li-
berté, les nutret, se rappelant la part
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BhR
(90)
BAR
acti^ que jadis il aviit prise ^ dans les
ventes du carbonarisme , anx hostilités
qu'ils dirigeaient contre les princes de la
Restanration , et ne tenant aucun compte
des changemens survenus depuis 1833,
le regardent comme transfuge de leur
cause et lui reprochent d*aToir acheté le
poOToir au prix de ses convictions person-
nelles, n ne nous appartient pas de pro-
noncer entre les deux partis : la postérité
viendra pour M. Barthe, et^tious croyons
qu'elle lui tiendra compte des efforts qu'il
n'a cessé de faire pour maintenir la paix
à l'intérieur an milieu des circonstances
les plus difficiles.
Post-Scriptum, Au moïnent où nous
terminons cet article, un mouvement
ministériel causé par la démission de
MM. de Broglie et Sébastiani a porté
aux sceaux M. le procureur général Per-
sil (4 avril 1834). M. Barthe, nommé
grand-officier de k Légion^d'honneur
et pair de France, a reijiplacé M. Barbé-
Marbois dans les fonctions inamovibles de
président de la conr des comptes. O-x.
BARTHÉLEMITES, prêtres sécu-
liers ainsi nommés de Barthélémy Holz*-
hauser qui institua leur congrégation à
Salzbonrg, Tan 1640. Leur but était l'é-
docation de la jeunesse, letnr règle celle de
la vie commune. Ils rendirent, principale-
ment en Autriche,des services qui leur va-
lurent des confirmations solennelles dans
les années 1680 et 1685, mais qui furent
bient^ moins appréciés. Dès Fan 1 795
leur congrégation était éteinte. M-R.
BARTHÉLEJMT, c'est-à-dire le fils
de Tohnaî, Tun des douze ap6tres, est
probablement le persoimage que saint
Jean appelle Nathanaêl. Dans ce cas, il
étak de Cana en Galilée, et ce fut saint
Philippe qui l'amena à J.-€. dont il de-
vint l'un des soixante-douze disciples et
des plus fidèles compagnons, comme on
le volt par tes évangéliste^. L'historien
des apôtres, saint Luc, mentionne peu
saint Barthélémy ; mais les pères, et sur-
tout Ensèbe , rapportent que Nathanaêl
se rendit aux Indes et que saint Pantène,
qui visita cette région dans le cours du
second siècle, y trouva l'évangile de saint
Luc répandir par son pieux prédécesseur.
Ces renseignemens tffmi rien d*invrai- I
époqne le nom d'Inde était généralement
donné à l'Arabie ou aux contrées à l'est
de la mer Rouge. Saint Barthélémy ne
quittacette région que pour rejoindre saint
Philippe à Hiéra polis, en Phrygie, et pour
prêcher Tévangile en Lycaonie où saint
Paul et saint Barnabe avaient déjà jeté
les premières semences du christianisme.
Enfin, il passa en Arménie et y trouva le
martyre dans la ville d'Albanopolis , sui-
vant les Grecs le 1 1 juin, suivant les La-
tins le 24 août. Son supplice (la légende
veut qu'il fut écorché vif, puis crucifié)
a souvent été représenté par les artistes,
et Michel-Ange lui-même, dans son Juge-
ment dernier, qui est peint sur les murs
de la chapelle Sixtine, nous le montre te-
nant sa peau dans une main et l'instru-
ment de son supplice dans l'autre. M-a.
BARTHÉLÉMY (la saint), voy.
Saint - BAaTHièLXMY.
BARTHÉLÉMY ^Jsah- Jacques,
abbé), naquit en 1716 a Cassis, en Pro-
vence, d'une famille respectable établie
depuis long -temps à Aubagne, oà elle
jouissait d'une considération due à des
vertus héréditaires.
« Dans ces parties méridionales de la
France (dit Sainte-Croix dans son éloge
de Barthélémy)^ où jadis fiorissaient des
colonies grecques, naquit un homme qui
devait un jour retracer à nos yeux le ta-
bleau fidèle et animé de rhbtolre, des
opinions, des mœurs, des sciences et arts
de leur métropole. »
A rage de douze ans, Barthélémy entra
au collège de l'Oratoire k Marseille. Il
s*était destiné Ini-même à l'état ecclésias-
tique; mais comme le célèbre Beimncc,
évdque de Marseille, refaisait d'y admettre
ceux cjtti étudiaient à l'Oratoire, il fit ses
cours de philosophie et de théologie chez
les jésuites, après s'être fait cependant
un plan d'études qui le rendait indiffé-
rent, comme il le dit lui-même, (taux
bêtises et aux fureurs de ses ilouveaux
régenS, « dont l'un prenait son bonnet à
trois cornes pour donner ftdée d*tio
cube, et dont l'autre écnmaît et gesticu-
lait en bornant sa théologie à prouver
que les cinq propositions étaient dans
Jansénius.
Barthélémy entra bientôt an séminaire
StftoMaMe, Û f on ae rappelle qu'à cette l dirigé par les Lazarbtes; Tà^ dans ses
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BAR (91
mflOf deloisiTyll étadialeslangoesorienU-
let; il finit ton sémiDaire^'et, quoique péDé-
tré des MOtimens de U reKgion, peut-être
luéne, dit-ily parce qu'il en éuit pénétré,
il n'eut pa0 la moindre idée d'entrer dans
le miniftère ecclésiastique. Il se eontenta
d*en garder Thabit, qui, comme on le
sait, était à cette époque une sorte de
passeport qui donnait l'entrée dans les
plus hautes sociétés à ceux que leur rang
on leur fortune en éloignait naturelle-
ment. Barthélémy n'avait du penchant
que pour l'élude, ni d'autre goÂt que ce-
lai des lettres. Retiré k Aubagne dans le
sein de sa famille, sa vie s'y serait passée
dans una tranquille obscurité, si le hasard
n'avait fkvorisé ton amour pour les scien-
ces et n'avait déterminé la carrière dans
laquelle il 9'eat illustré. Dans plusieurs
voyagea qu'il fit à Marseillci il rencontra
M. ép Cary, savant antiquaire, qui l'initia
dans les secrets de k numismatique. Il
puisa les premiers élémena de la science
archéologique dans les manuscrits de Pei-
resc qui enrichissaient la biblioth^ue du
préaident de Mazangues à AAx. Il sentit
bientôt que la province n'offrait ni res-
tanrces à son talent ni espoir à sa fortune :
il vint à Fans, et (iit reçu chez Gros de
fioae, ancien secrétaire de l'Académie
des inscriptions et bdlet-lettres et garde
du cabinet des médailles. Ce savant sut
tellement apprécier le jeune Batthélemy
que, 18 mois après son arrivée dans la
capltalcy il le fit nommer son adjoint à la
garde des médailles; Barthélémy n'avait
alors que 80 ans.
Deû ans après, il fut élu à la place
d'associé à l'Académie des tnseriptions
et belle»4ettresy et en 1T58 il succéda à
de Bose comme garde du cabinet des mé-
dailles, après aveir été hujt ans son ad-
joint.
Vom fomplélav set éludés et mettre,
pour ainsi dire, le sceau h ce^ connais-
ssBoea pratiques qui sont indispensables
dans la science des antiquités, Barthélémy
•cKtlt hi nécessité de visiter l'Italie. 11
petCit muni d'une oommiasion du roi et
<r une gratification de «,000 f. Benoit Xjy
le reçut avec cette alfabilité, cette galté,
celte bonhomie spirituelle qui le carac-
térlaaicfit.
Ce fut dans ce voyage que Barthélémy
)
BAR
ommiil ML de StaHiville, depiiif du^ de
Choiseul, dont la protection influa si
puissamment sur son existence entière.
Protégé par ce ministre, Barthélémy
n'abusa jamais de sa position ; il refusa
presque autant de bienfaits qu'il lut obli-
gé d'en recevoir. Sa conduite fut toujours
noble et généreuse. Il ne voulut accepter
la place de directeur du Âfercure qu'on
enlevait à Harmontel que pour lui en
rendre/ le brevet; et pourtant sa démar-
che, mal interprétée, lui fit des ennemis,
parmi lesquels d'Alembert se montra le
plus acharné. On peut vanter sa modéra-
tion et citer sa conduite délicate dans le
combat de générosité qui s'éleva entre
fan et le savant Le Beau , à l'occasion de
la place de secrétaire perpétuel da l'Aca-
démie des inscriptions*
Son existence fut active et laborieuse.
On sait peu dana le monde combien le
désir de s'instruire coAte de veilles et
oombien d'heures il feit dérober aux ^i-
sirs et même au repos. Chaque jour Bar-
thélémy se levait à 6 heures et travaillait
jusqu'à 9, heure à laquelle il se rendait
chez M. de Boie. Il y resUit jusqu'à S ,
et, après dhier, reprenait son travail jus-
qu'à 7 eu 8 heures.
L'histoire de Barthélémy est dans ses
travaux, et cette histoire est intimement
liée à celle du cabinet des médailles au
milieu duquel il vécut près d'un demt^
siècle. Il arrangea toutes les médailles
transportées de Versailles à Pnis, dans le
cabinet oà elles sont maintenant; les véri-
fia toutes sur les catalogues, inséra dans la
suite les médailles du maréchal d'Estrées,
celles de l'abbé de Rothelin, le cabinet de
M. de Cary, celui de M. de Clèves, et en- '
fin le superbe oabinet de M. Pellerin, et
les pièces acquise^ de celui de M. d'Én-
ncry. Les médaillée antiques acquises par
Barthélémy st classées par lui dans le
cabinet des médailles, montèrent à 30,000
et égalèrent y antant pour la rareté que
pour k quantité, celles cfoi depuis son
étabUsseraent l'avalent placé au premier
rang fie tous les «abinets de l'Europe.
En 1789 Barthélémy sucséda à Ban-
zée dans l'Académie française, qui avait
résolu de l'élire malgré sa modeste résis-
tance.
Ce fut son damier bonheur; U fut
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biêntÂI battu par la tempête révoIutioD-
naire, qui frappait on vieillard déjà acca-
blé sous le poids des aos et des infirmités.
Il fut dépouillé de tout ce qu'il possédait,
chaque jour lui enleva un ami , et bien-
tôt il subit lui-même Thonneur de Tin-
cai*cération. Il a, dans ses Mémoires , la
délicatesse de ne pas nommer son dénon -
ciateur. U resta peu de temps en prison.
Paré, ministre de Tintérieur, vint bientôt
lui offrir la place de bibliothécaire , douce
et honorable récompense de ses travaux;
et cette démarche, qui contrastait bien vi-
vement avec les mceurs du moment,honore
le ministre qui la fit dans ces temps
désastreux.
Barthélémy mourut au commencement
de Tannée 179d. Le cours de sa vie offre
peud'incidens; mais, dans la notice écrite
par lui-même deux ans avant sa mort, il
peint avec une rare candeur son caractère,
son cœur, son ame tout entière. Cette no-
tice est remplie de finesse et de grâce ; le
style en est simple et pourtant entraînant.
On ne peut conter plus agréablement, ni
donner plus d'intérêt à une anecdote. Son
récit de l'exercice littéraire du collège de
l'Oratoire , sa oonversatîon arabe avec un
Juif, et surtout sa visite chez le prélat
Baîardi, à Rome, sont de petits chefs-d'œu-
vre et des modèles de l'art de narrer.
Outre le Vbyagtdu jeune Jrmcharsis
en Grèce (1788), auquel Barthélémy a
travaillé 80 ans et qui a fait sa réputation
européenne, on a de Barthélémy des ou-
vrages moins connus du monde, mais qui
sont du plus haut intérêt pour la science.
I^ous ne citerons que les principaux : leur
nomenclature complète serait aussi lon-
gue que cet article. On en trouvera la plus
grande partie dans les Mémoires de l'A-
cadémie des inscriptions et belles-lettres.
Les plus remarquables sont : Réflexions
sur l'alphabei et la langue de Palmjrre,
Paris, 1754. Explication de ta mosai-^
que de Paiestnne, Paris, 1760. Disser-
tation sur une inscription grecque re-
lative aux finances d'Athènes^ Paris,
1792. Essai dune palœographie nu-
mismatique. Caryrte et Polydore^ ro-
man, Paris, 1760.
Sainte-Croix a publié ses œuvres divei^
ses ^ 1798. On y remarque la Chante-
loupée , petit poème inspiré par le séjour
de l'auteur à la campagne du duc de CboU
seul ; mais ce qu'il y a de remarquable
dans ce recueil, ce sont les excellentes
notes relatives au cabinet des médailles,
à la manière de l'administrer, aux cou*
naissances préliminaires et pratiques né-
cessaires pour l'étude de la numbmatj-
que, et aux qualités que l'on doit exiger
des personnes qui sont chargées de ce
dépôt si riche et si intéressant pour l'art
et pour la science. Les OEuures de l'abbé
Barthélémy ont été publiées, avec une
notice de M. Villenave, à Paris, 1821 ,
4 vol. in-8^. Cest la seule édition com-
plète. D. M.
BARTHÉLÉMY (FmAir^is, marquis
Dï), pair de France, naquit à Aubagne
(Bouches-du-Rhône),vers 1750, et il
est mort à Paris, en 1830, âgé de 88 ans.
Il fut élevé par son oncle, l'abbé Bar-
thélémy, qui le fit admettre très jeune
encore dans les bureaux des affaires
étrangères, sous M. deChoiseul, dont
le célèbre écrivain était. l'ami. Le jeune
Barthélémy accompagna le baron de
Breteuiljlans sa mission en Suisse et en
Suède fpuis il fut envoyé en Angleterre
où il résida jusqu'à la fin de 1793 , d'a-
bord comme secrétaire de lé|;ation et
ensuite avec le titre de chargé d'affaires.
Ministre plénipotentiaire en Suisse, dans
les années 1 792 et 1793 , tout en servant
activement les intérêts de la France, il
se montra généreux envers les réfugiés
français et ferma les yeux sur la présence
de plusieurs d'entre eux. Les talens do
Barthélémy le faisaient rechercher par
les hommes infiuens de cette époque; il
est juste de dire qu'ils furent utiles à la
cause nationale. Il négocia successive-
ment la paix de Bile (vojr.) avec la Prus-
se, avec l'Espagne et avec l'électeur de
Hesse.
Cette suite de services avait porté l'at-
tention publique sur Barthélémy; en
1797 il fut élu, par les deux conseils
législatifs , membre du Directoire. Cette
élection n'ayant réussi queparl'infla^iice
du parti cUchien^ il lui fallut partager,
au 18 fructidor, le sort de ce parti. Aj>-
rêté, emprisonné, envoyé avec Pichegru
et Ramel à la Guiane ^t à Sinamary ,
il s'évada de ce dernier lieu y gagna lea
Éutt-Unisi et, après y avoir fai( an
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court se joar, passa en Angleterre. Le Di-
rectoire ne manqua pas de le faire por-
ter sur la liste des émigrés.
Biais, après le 18 brumaire^ le premier
consal rappela ce diplomate, le fit entrer
au stoat le 18 février ISOO, et lui con-
féra le titre de commandant de la Légion-
d'honneur, de vice-président du sénat,
et de comte de Tempire. Sincèrement
dévoué au grand homme, Barthélémy
paya par des services actifs, dans les
commissions, la faveur signalée qu'il lui
marquait, et le 15 août 1S03, il parut
devant Bonaparte comme président de la
députation du sénat qui lui offrit le con-
sulat à vie ; c'était le vœu de la France
qui ne s'était jamais vu si bien gou-
vernée.
Dans les années suivantes, Barthélé-
my ne se montra pas moins dévoué;
suis aa conduite en 1814, lors de la
drate de l'empire, a été l'objet de cen-
sures très sévères. Dès les premiers
jours d'avril 1814, on le vit briguer,
malgré ses antécédens, la présidence de
la commission du sénat où fut prononcée
la déchéance de Napoléon et des siens.
Le 21 mai, Barthélémy fut nommé
par Xx>ais XVIII membre de la oom-
ottsaion chargée de rédiger la charte ac-
cordée aux besoins de l'époque. Le 4
juin y il fut appelé à la chambre des
pairs, et le 4 janvier 1815, il reçut le
cordon de grand-officier de la Légion-
d'honneur. Ce fut un bonheur pour l'an-
den vice-président du sénat que Napo-
léon n'ait pas voulu le comprendre dans
la chambre des pairs formée dans les Cent-
Jours; l'exclusion que l'empereur pro-
nonça contre Barthélémy lui permit de
reprendre sa place à la première cham-
biê des pairs, dès le mois de juillet sui-
vant, n fut nommé alors minbtre d'état
et créé marquis. Pendant S ans, Barthé-
l^OBj appuya d'an vote silencieux le gou-
vernement mais au mois de février 181 9,
il se sépara du système politique suivi par
le ministère Decazes, rompit le silence et
fit à la chambre des pairs une des mo-
tions qui ont le plus agité la France pen-
dant la Restauration. L'objet de cette
motion était de supplier le roi de chan-
ger la loi des élections, jugée alors trop
désnoGrttiqne par la cour. Barthélémy
soutenait qu'en réunissant le droit de pa-^
tente à la contribution foncière, dans le
but d'admettre, à un plus haut degré, au
partage des droits politiques l'industrie
et le commerce, on donnait une latitude
funeste au droit d'élection. Heureuse-
ment cette proposition fut repoussée; elle
n'en fut pas moins reproduite dans la
session suivante (1819 à 1820), par le
gouvernement qui l'avait combattue l'an-
née précédente. F. F.
BARTHEZ (Paul-Jossph), né à
Montpellier en 1734, fit ses études élé-
mentaires à Narbonne, puis à Toulouse,
étudia la médecine k Montpellier, et y
prit le grade de docteur en 1 763. Doué
d'une haute portée intellectuelle , plein
d'érudition, connaissant sept ou huit lan-
gues, Barthez est sans contredit un des
hommes qui jetèrent le plus vif édat sur
l'école de Montpellier. Recommandé par
son mérite auprès des premiers savans
de son temps, ceux-ci s'empressèrent de
se l'associer comme collaborateur au
/ottmal des savans et à VEnçxclopédie,
Jusque là Barthez n'était encore guère
connu que des hommes, toujours peu
nombreux , auxquels il est donné de de-
viner en quelque sorte le génie. Cepen-
dant une diaire vint à être mise au con-
cours à l'université de Montpellier, et le
jeune docteur fut nommé professeur en
1759. La brillante élocution dont il était
doué, les vastes connaissances qu'il avait
acquises, et surtout cette puissance de
généralisation qu'il possédait au plus
haut degré, et qui séduit si aisément les
jeunes imaginations, concoururent en-
semble à attirer à ses leçons un grand
nombre d'élèves. Les hypothèses, on pour-
rait presque dire les rêveries, de Stahl et
de Vanhelmont, créant un véritable chaos
dans lequel les vérités rigoureusement
démontrées se trouvaient comme perdues,
la plupart des médecins ne voyaient alors
dans l'organisation que des phénomènes
entièrement et exclusivement soumis à
l'empire des lois physiques. Barthez pa-
rut : il remania toute la science physio-
logique^ et reconnut dans l'économie un
principe distinct de la matière, qui se la
subordonne en l'animant, et qu'il appela
principe vitak Malheureusement Barthez
ne s'en tint point à cette donnée si juste
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(H)
bAA
de robservAtion: il érigbk en forces se-
coodairts tous les phénomèoes qu'il ne
pouvait rattacher Inkmédiateineat à aa
première coDceptiod. Le premier ouvrage
dans lecpiel cet écrivain mît sa doctrine
en lumière parut en 1778, sou» le titre
de Nouveaux élétnens de la science de
V homme. Forcé, à l'époque de la révo-
lution, de qahler Paris, où sa réputatioa
l'avait fiiit appeler coluae médiecta du
roi) avec le titre de conseiller d'état, il
se relira à CarcassoiiDe où il mit ati jour
UB Bouvd ouvrage, Nout^elle mécani-
que de r homme et des animaux. Plus
tard il it paraître son Traité des meda-'
diôs goaiieuseSé U a , de plus , laissé
plusieurs nsémoîres remarquable» et des
coasnhalknis de médecine, qu'on ne Ht
pas sans fruit. Le vîee qui enlaehe to«B
les ouvrages de Barthex jusqu^à sa Mé^
conique des moupemens, qui par sa na-
ture semble tant s'en éloigner, résulte
d'une trop grande facilité à généraliser,
qui le porte à conclure d'un trop petit
nombre de £aits : l'esprit se perd dans
toutes ces abstraction» dont la plupart
manquent de baae légitime, de faits qui
les appuient* Barthez mourut à Paris en
1806. S-H.
BARTliMfi j juriseonsKlte* Le nom
de Cujas et eekiî de Bartboie sont sou-
vent ckés ensemble; mais Ton »e saunât
donner une raison satisfaisanCe êe ce rap-
prochements lis n'appartiennent point à
la nèaae école*; îb ont vé|cu à des époques
diiférentes, l^n en France, l'antre en
Italie; et leurs trafvanx o»t dés caractères
bien distinots.
Bartboie aaqnit en IMS, dans une
ville de l'Ombrie, nommée Sasso-Ferrato;
son p^ se nommait François Bonne*'
Curse; dans un' endroit de ses écrits, il
dit qu'il' apprit àlire de Pierre Minorila
qui s'était déwMié à l'instruction dts-en-
fans trouvés, d'où l'on avait conclu à tort
qu'il étak bâtardl
Il étudia sow (Mnus Butrig^re et Rei-
ner; quelque temps juge à Todi' et à
Ptse, il se consacra à l'enseignement du
droit, d^abord àPise, puis à Pérouse.
Ses succès le rendirent le pereonnege le
plusrecommandabèecieia ville, qui, dans
une occasion importante, l'envoya comme
d^pnlé à l^empereor Chatte iy«
Le savant jurisconsulte se montra lut-
bile diplomate : il obtint pour ceux qui
l'envoyaient ce qu'ils demandaient, et
pour lui de grandes fAveurs^ notamment
des armoiries qui représentaient > dans
un champ d^or, un lioM de fnérie à
double queue. On a prétendu que œ der-
nier présent fut le prix des secovrs qu'il
donna à l'empereur dans la rédaction de
\iL Bulle d'or,
A a laissé des ouvrages cpii ne sent
plus consultés que par.tn pelHnombve
d'érudits. La sagacité la plus fine s'y
trouve jointe à l'éntditîon la pins com-
plète, et quelquefois aussi à une naïveté
qui nous parait aujourd'hui singulière.^
Par exemple, pour bien faire comprendre
la marche d'une procédure , il avait com-
posé un livre intituM : Procès de Saion
contre la Vierge ^ devant le tribunal de
Jésus (Processus Satansf contra Firgl^
nem^ céramjudiee Jesu y Le diaMe ré-
clame le genre humain eommo sa pro-
priété, invoqualit sa longde possession;
la rierge Marie hd répond qtt'il a possédé
de mawaîse foi , etc.} au surplus chaoui»
doit être bien aised'apprendrecine k Vier-
ge a gagné son proeès; Ba^ole a écrit sàr
tonte» les parties du droit; il savait f h6^
bren, la théologie, la géométrie ; et toutes
leè sciences en honneur de son tempsw
On raeonte qu'il avait tant de passion
pour l'étude qu'il pesait ses ahmenn,
afin , disent les auteurs qui Pont sni^rî ,
d'entretenir l'équilibre et la vigueur de
son ame. Les savans de notre siècle onc
plus de confiance dans leur ame et dans
leur estomac Bartboie mourut en 1956i,
âgé de 43 ans , laissant six enfirns et nan
médiocre fortune. Pasquier lui reprooli«
de la prolixité. Jkarthoie et ses eomten^
porainsy dit-il, se débordèrent en tor-
rent, en l'application du drt>itp mais
Dumoulin l'appelk le premier eê le eo-
ryphée des interprétés em droite et Ih»-
môkilin s'y connaissait. J. Bl D.
BARTOLI (S^irro), vop Pi^tienr.
BARTCHLOa^ei (FKAirçon), dessin
natenr et graveur dans' tons les' genres,
né è Florence en 173^ et ifoort à- Lis-
bonne en IStd, élève de Hv Ferretli de
Florence pour le dessin, et de 1. Wagner
de Venise pour hi gravure, fut- un hem^*
me Térital^ement exiraordiindri (W k*
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BAtl
(95)
BAR
mUié et U force de son talent Tour à
tour graveur à Teau forte, au burin, au
pointillé, peintre en miniature, au pas-
tel, il excella dans chacun de ces genres.
Tous ses ouvrages décèlent Thomme in-
ventif, rbomme de génie, l'homme de
goût; ses travaux sont innombrables.
Son œuvre a été vendu jusqu'à 1,000 li-
vres sterling ea Angleterre, à Fépoque
où sa réputation éclipsait celle de tous
ses rivaux. Ai^ourd*hui que l'enthou-
siasme est passé, que le genre du poin-
tillé» dans lequel il a excellé^ est apprécié
à sa juste valeur, l'on Be recherche plus
que ceux de ses ouvrages qui sont placés
hors de ligne par Texcellence de leur exé-
cution. Us sont trop nombreux pour pou-
voir être cités ici. Hubert, dans son Ma-
nuel d'un amateur de l'art^en compte plus
de 200 qu'il a tirés du Dictionnaire des
artistes de Heinecken. De 1764 à 1806
Bartoloxzl parait n'avoir exercé la gra-
vure qu'en Angleterre. Sa suite de por-
traits des personnages illustres du temp»
d'Henri YH!, gravés et imprimés en
couleur d'après Holbein, sera recher-
chée dans tous les temps, ainsi que ses
eaax fortes d'après les dessins des Car-
rache et du Guerchio, qui sont dans le
cabinet du roi d'Angleterre. L. C S.
BARUCD, fils de Néria, était de la
triba de Juda; il s'attacha à la personne
da prophète Jérémie à qui il servit de
secrétaire et qu'il ne quitu qu'après sa
mort* Ce fut Barucfa qui, sous sa dictée,
écrivit ses prophéties. Joakim , roi de
Juda, eut connaissance de cette collec-
tion de prophéties : il en fit faire la teo-
ture devant lui, et, après en avoir en-
tendu (pielques passages , il prit le livre ,
le coupa avec le canif du secrétaire et
le brûla tout entier dans un brasier
qui était devant luL £n même temps
il ordonna d'arrêter Baruch et Jérénûe;
mai» on ne les trouva pas. Jérémie fit de
nouveau écrire ses inspirations par Ba-
ruch, et il ajouta de nouvelles prophéties
aux. anciennes. La quatrième année de
Sédédas, Baruch alla à Babylone pour
y portervune lettre de Xérémie dans la-
quelle le prophète prédisait les malheurs
qui devaient arriver à cette ville. Jérémie
étant mort eu ^É^^Le, Baruch se retira
i Babyksa où il acheva aea jours.
Le livre qui porte le iKun de Baruch
n'existe qu'en grec et n'est pas canoni-
que pour les Israélites; outre la version
des Septante, il existe de Baruch des
versions en syriaque et en arabe. Le livre
de Baruch ne porte point en lui les carac-
tères de Tauthentické. S. C
BARYE (AHTonrB-Louis), sculptev
français, né en 1 796. Après avoir obtenu
en 1819 , au concours, un prix d'encou-
ragement pour la gravure en médaille, et
en 1820 le second grand prix de sculp-
ture, M. Barye met aujourd'hui eu action,
avec un rare bonheur, des animiTiT que
jusqu'alors le sUtuaire n'avait traités
qu'accessoirement, ou seulement d'une
mauière monumentale, c'est-à-dire daM
des situations cafaaes au phjrsique, eoeune
au moral. Pour tout homme quia vua^Pee
quelle vérité, quelle énergie de mouve-
ment et d'expression, quelle exactitude
dénature, de mœurs, de sentiment, M. Ba-
rye a représenté ce lion saisi d'effnÀà
la vue d'un serpent, cet autre kon
terrassant on che\^, ce cerf blessé di^
putanS aux chiens un reste de vie, et
cette petite gazelle qui vient de rendre
le dernier soupir,, tant admirée aux der^
nières expositions du Louvre, il sera re-
connu qu'aucun sculpteur, jusqu'à ce
jour , n'a été doué à un plus haut deçré
que BL Barye du talent d'observation et
du génie qui sait mettre à exécution, et
avec tout le feu de la ooneeption , les
pensées les plus laborieusement médi-
tées. L. C S.
EA&YTB, oxide métallique qui
compte au nombre des alcalis. Son non
vient d'un mot grec qui signifie pesant eti
indique une de ses propriétés. Dans les
anciens ouvrages, on le trouve désigné
sous celui de terre pesante et de barote.
Les mineurs appellent ^évjCe ou ^Hith
pesant la combinaison de cette base
avec l'acide sulfurique, qui sert souvent
de gangue aux minerais métallifères et
surtout à ceux de plomh sul&uné et d'an»
timoine sulfuré.
Les premiers chimistes qui ontexa^
miné la baryte l'ont con^andue avec la
chaux; Gahn et Scheele apprirent à la
distinguer, et ses propriétéa ont été bina
connues long - temps avant que Von,
ait eu dès doimées «ertaÎBeii ans sa
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BkK ^ 96 )
composition. De même que tons les au-
tres alcaliSy on la coosidérait encore
comme un corps simple, lorsqu'on 1808
Dary prouva qu'elle est composée d'oxi-
gène et d'un métal qui a été appelé ba-
rium. Le nom de protoxide de barium
dut alors remplacer la première déno^
mination.
La baryte n'existe pas dans la nature
à l'état libre. On la trouve toujours com-
binée avec l'acide sulfurique ou avec
l'acide carbonique. Pour l'obtenir pure
on a ordinairement recours au sulfate.
On le réduit en poudre fine, on le mêle
avec du charbon, et on expose le creuset
dans lequel on renferme le mélange à
une température très élevée. Le charbon
s'empare de l'oxigène de l'acide sulfuri-
que et de la baryte; de là résulte de
l'oxide de carbone quise'dégage, tandis
que le soufre reste combiné au barium.
Le sulfure ainsi obtenu est dissous
dans l'eau ; mais la solution est troublée
par l'excès de charbon et le sulfate non
altéré. On y verse de l'acide nitrique ; on
filtre la liqueur pour séparer les matières
insolubles, et, en l'évaporant, on obtient
des cristaux de nitrate de baryte. Ce sel,
calciné dans une cornue en porcelaine
ou dans un creuset d'argent, jusqu'à ce
qu'il ne s'échappe plus aucun gaz , perd
tout l'acide nitrique qu'il contenait, et
la baryte reste pure, sous forme de masse
poreuse d'une couleur grisâtre. Dans cet
état on lui donne souvent l'épithète de
caustique. Elle verdit le sirop de vio-
lettes, rougit la teinture de curcuma.
Exposée à l'action de l'air , elle en attire
l'humidité , se combine avec l'acide car-
bonique qui y est répandu , et devient
alors plus blanche. Si l'on fait passer un
courant d'oxigène dans un tube rempli
de fragmens de baryte et entouré de
charbons ardens , elle devient incandes-
cente, le gaz est absorbé; le résultat de
l'opération est du deutoxide de barium^
qui sert à préparer l'eau oxigénée.
L'eau versée en petite quantité sur cet
oxide donne lieu à une vive incandes-
cence, et se combine avec lui avec une
telle force que la chaleur la plus forte ne
peut la dégager. Si on ajoute assez de li-
quide bouillant pour le dissoudre, on voit,
par le refiroidisiemeoty se déposer des
cristaux qui se présentent sous forme
de prismes hexagones terminés à chaque
extrémité par des pyramides tétraèdres,
et qui sont formés de baryte et d'eau.
La solution au contact de l'air se cou-
vre promptement d'une pellicule, qui
n'est autre chose que du carbonate de
baryte. C'est un réactif souvent employé
pour reconnaître la présence de l'acide
sulfurique, qui forme avec elle un pré-
cipité blanc, pesant, insoluble dans l'a-
cide nitrique. U est presque inutile de
dire ^ue le même caractère sert à recon-
naître la baryte. Il pourrait, il est vrai,
la faire confondre avec la strontiane;
mais les sels de ce dernier oxide colorent
la flamme de l'alcool en rouge, tandis
que ceux du corps qui nous occupe lui
communiquent une teinte livide.
La baryte et ses seb solubles sont très
vénéneux; cependant on a employé l'hy-
drochlorate dans le traitement des mala-
dies scrofuleuses ; et, quoique l'usage de
ce médicament énergique n'ait pas été
sans succès, il a été à peu près aban-
donné.
En attendant l'arrivée d'un médecin ,
on peut administrer aux malades empoi-
sonnés par cette substance une limonade
faite avec quelques gouttes d'acide sulfu-
rique, ou bien une solution de sulfate de
magnésie ; l'usage des boissons adoucis-
santes et mucilagineuses est également
indiqué dans cette circonstance. H. A.
BARYTON , voix d'homme qui tient
le milieu entre le ténor et la basse. Foy*
l'article Voix.
BARYTON ( viola di Bordone ),
instrument de musique à cordes et à ar-
chet , dont-i'usage s'est perdu depuis peu.
Il ressemblait à Xaviola di gamba (vojr»
ce mot ) , mais avait cela de particulier
que des cordes métalliques ( au nombi^
de 16 ) se pinçaient à vide avec le pouce
de la main gauche , tandis que les cor--
des à boyau ( au nombre de 7 ) se jouaient
de la manière ordinaire avec l'archet.
On ne connaît pas le nom de l'inventeur;
mais c'est vers l'an 1700 que cet instru-
ment a été produit. Il était très difficile
à jouer et c'est peut-être ce qui l'a em-
pêché de se répandre dans les orchestres.
Resté entre les mains d'un petit nombre
d'artistes I il fut poussé au plus haut de-
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BAR (
gré d» parfectioB par deux Tirtuoses al-
lemands , Charles Frans et Antoine Lidl.
Ce dernier perfectionna le mécanisme de
rinstmioent et porta le nombre des cor-
des métalliques jusqu'à 27. Rien n*éga^
lait son habileté; il charmait son audi-
toire par des effets eiUraordinaires. Le
prince Ëste^hazy aimait beaucoup le ba-
rjrton ^ ce qui engagea le célèbre Haydn,
directeur de sa chapelle, à composer
jusqu'à 163 morceaux pour cet instru-
ment. G. E. A.
BAS (fa^baicaitt dk). C*est celui qui,
en employant une machine fort ingé-
nieuse , appelée métier à bas , fabrique
non-seulement des bas, mais encore tou-
tes sortes de tri(x>ts à mailles fixes, à jour,
à côtes, sans coutures, sans envers, au
moyen desquels tricots on confectionne
des bonnets, dif erses espèces de tapiafi»e-
ries, etc. Qu*on se figure un bâtis en bois,
formé de quatre montans et de plusieurs
traverses sur lesquelles sont fix^ des pa-
tins à charnières. A ces patins aboutit
on système de bielles, combinées de
telle sorte que tout le système peut se
mouvoir dans le sens horizontal en ar-
rière, en avant, et dans le sens vertical.
C« sont les maips et les pieds de Tou-
vrier qui servent de moteur.
L'histoire du métier à bas est, com-
me celle de la plupart des machines, fort
obscure; on n'a cependant pas besoin de
remonter jusqu'aux siècles antiques pour
en trouver les premiers élémens , car les
peintures et les bas-reliefs des anciens
nous démontrent suffisamment que les
peuples de l'antiquité ne portaient point
de bas. Les Grecs et les Romains habi-
taient des pays chauds, et ce vêtement
leur était inutile. Quant aux Gaulois,
aux Germains, ils étaient trop endurcis
contre les rigueurs des saisons pour en
ivolr besoin. Avant l'invention du métier
à faire des bas, on en tricotait, et ceux-là
se fermaient. On croit qu'il faut repor-
ter l'origine de ce premier art au règne
de François I**"; le métier n'aurait paru
que sous le règne de Louis XFV ; mais
ce ne sont que des conjectures, et les reu-
aeîgnemens positifs ne datent que de Tan-
née t6S6, époque où le Français Jean
fiindrea importa d'Angleterre le métier
À faire des bas. Il a depuis été considé-
Encyclop. d. G. d. M. Tome III.
97 ) BAS
rablement perfédioané par les FrtQ^tU
et les Anglais. C'est ainsi que, dès 1796,
M. Decroix (Pi«rre) a fait des bas qu'on
peut couper à la pièce; que M. Jean-
deau, en 1803, a construit des métiers
plus légers et moins coûteux; qu'en 1806
M. Dantry a réuni dans son modèle de
grands moyens pour soulager les ou*
vriers; qu'en 1807 M. Chevrier, à l'imi^
tation des Anglais, l'a appliqué à faire
des bas à mailles fixes; qu'en 1837
M. Favreau en a même exposé un d'upe
construction tout-à-fait nouvelle, majùi
destiné plus spécialement à la fabrica*
tion des tricots. Il suffisait d'une mani^
velle pour lui donner un mouvement de
rotation et pour que le fil fût immédia*-
tement placé sur les aiguilles. U fonc-
tionnait si rapidement qu'il donnait par
minute dix rangées de mailles , suh une
longueur de trois pieds. L'art de fabri-
quer les bas est tellement perfectionné
que ses produits sont, principalement en
France et en Angleterre, J'objet d'un
commerce très étendu; et ils sont si par-
faits qu'on a vu, dans une des demières
expositions, des bas de fil estimés 200 fr.
et des bas de cotoii ouvragés à 48 fr. la
paire. V. m M-».
BASALTE^ Ceux qui s'occupent de
géognosie et de géologie s'accordent
généralement à comprendre, sous le nom
de basalte, des roches plus ou ii^oins
compactes, noires ou grises, quelquefois
bleuâtres, verdâtres ou rougeatres,à cas-
sure terreuse et à texture compacte ou
celluleuse, qui sont fusibles en émail
noir, et qui ont pour base une substance
minérale appelée feldspath {vc^. ce
mot).
L'analyse chimique donne pour prin-
cipes constituans du bj^lte 50 ou 60
pour 100 de silice, 10 à 15 d'alumine]^
.20 à 25 d'oxide de fer, enfin quelques
parties de chaux^ de sonde ou de potas-
se, etc.
De longues discussions ont divisé ,
dans le siècle dernier, les savans, prin-
cipalement ceux d'Allemagne et de
France, sur l'origine du basalte : les uns
n'y voyaient qu'un produit de l'eau,
qu'un sédiment pi'imitif; les autres qu'un
produit du feu. L'Angleterre, la France,
l'Allemagne et ritalie,se divisaient en
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BAS
(98)
BAS
àènx otfespé * l«i tiefrânigtes et les vul^
oÉBistes. Aujonrdliai perseone ne oon-
ttste' att basalte son orighie îgaée. Cette
roobe n'est, à propreneût parler, qu'une
lave plus ou moins compacte, plus ou
moins ceiluleuse, et d'une apparence plus
dil moins homogène.
Malgré son homogénéité âftparente,
le basalte^ etaminé au microscope, laisse
yfùir dans sa pâte des cristaux de t>yroitè-
ne-, d*artiphibofe, de feldspath, quelque-
fy\É dé felr titane, et plni ôk^hairement
de péridot-«olîirine, substance qui he se
trouve dans auciilhe rochb hoti volcani-
que.
Quelque compkcts t^ii^Ws soient, lés
basiâtes finissent toujours pïu* éprouver
une altération plus ou mohis sensible
lorsqu'ils sont exposés à l'actioU de Tat-
nkosphère. Il arrite quélqnefois qu'en se
•décomposant les méil^ basaltes pren-
Dflèlt l'apparence de variétés nouvelles;
Sjèthrent méttie ib se recouvrent d\ine
cHiùte argileiise; souvefat aussi leui* dé-
composition itaontre, en quelque sorte, à
nti leur struéttu'e. Si elle est grenue , ils
se divisent en grains inégaux {{tA varient
dépuis la grosseur d'un pois Jusqu'à
celle du poing; si elle est stratifiée, iû se
divisent en feuillets $ enfin si le basalte
aàmomeikt ûe sa f\lsiûn à cotilé en mas-
ses ahrondies, 11 se décodpe en lames
pln^ ou moins épaisses qui indiquent sa
disposition en couches concentriques.
Le fer contenu dans les basaltes leur
doiine la propriété d^bgir plus ou moins
fèrtenieut sur l'aiguiltè aimaptée; c^est
aiiési k la présence dti fer qii'ils doivent
celle de répandre ' une odeur argileuse
lorsqu'on les humecte par le contaet de
l'haleine. Bs rçbdént ^U'bhiit àonore par
le ^bc d'Un cor][>s dur; ou le^ casse dif-
ficilemettt. ti'ôi's^u^ils lië sont pas dans
lin état d^ décbtppositiôn, Hs donneât des
AinceHê!^ si^îis te choc du briquet.
Le )>asalte constitue .des massés à la
iBataièk*è iek laves; mais il a^cte aussi
ptaéiéùfé formes qui lui sont particuliè-
res : oîi lé rencontre en tables qui se di-
visent en feuillets comme l'ardoise, en
boules de diverses dimensions et quel-
quefois deplusietirs mètres de diamètre;
mais la fèrihe qu'il odire dans un grand
uoibbl^ de léoalitéiy et qôt est tout^-fait
c^ractéHstiqtié, estîta fbrme pristtiatCqiie.
Ses prismes ont ordinairement quatre,
cinq, six, sept et AitrVpans; les plus
rares sont ceiix à cinq bt à neuf faces.
On en voit aussi qui ont cinq pans sur
une partie de leur longueur, et trois sur
l'autre. Ces prismes varient dans leurs
dimensions : on en connaît qui ont envi-
ron 20 et môme 30 mètres de haiiteur.
Leurs groupes fc/rment de loin reffet de
gigantesques jetix d'orgue. Us ne sont ja-
mais d'un seul jet: chacun d'eux se com-
pose d'une réunion de tronçons sembla-
bles à des fûts de colonnes placés bout à
bout, les uns sur les autres; assez géné-
ralement ces fftts sont concaves à tkne
extrémité et bombés à l'autre, de ma-
nière qu'ib s'emboîtent parfaitement
Les prismes basaltiques afîectent des
positions très variées; tantôt ils sont pla-
cés obliquement ou horizontalement ,
quelquefois ib se rassemblent en formant
des rayons divergens. Disposés perpendi-
culairement, ils présentent f apparence
d'un plancher composé de pierres peâ-
tagones ou hexagones; lés contrées vol-
caniques offrent plusieurs exemples de
cette disposition, et l'homme étant por-
té à attribuer à. des êtres surnaturels
les grands effets de la nature, on a appelé
presque partout ces assemblages de ba-
saltes pavés où chaussée des géans. On
en connaît un k)el exemple en France, '
près du bourg de Tab , a 1 ou 2 lieues '
de Privas, dans (e département dé l'Ar-
deche* mais la plus remarquable chaus-
sée de Ce genre est celle qui se voit près '
du cap Fairhead dans le comté d'Antrlm.
en Irlande ; ses prbmes ont environ 45
pieds d'élévation.
Si quelquefois les basaltes p'rîsmati-
qùes étonnent par la graride diniensibii
de leurs diamètres, on en Voit aussj de
remarquables par leur petitesse : c'est
ainsi qu*en Auvergne , ' contrée si riche*
en basaltes, la roche (ie'Murat attire les
regards des curieux ; elle est composée de
colonnes qui, par leur élégance et leur lé-
gèreté, rappellent en quelque sorte l'ar-
chitecture gothique. Sur un diamètre de
3 à 6 pouces, eUes s'élèvent à 45 pieds
de hauteur.
U arrive aussi que le basalte se dis-
pose en muraillei laillaotea oomposéèt
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B4$
(99)
BAS
dêprlsmet couchés » cottine les bûcbét
d*im «hantier de boii à bréler. Le mo*
oattietit lé plijks Irettiarqaafole dtm M
genre est le dt*qtte naturel de Ttle de
Bltilly Tune deë Hébrides, près de lA
côte oecidentâle de |*Écôssei Un |;rAiid
mat de basalte fotmè une |>értie de Tën-
ceittte} le treste est ttom|)ôSé d\in Aunrë
mur formé de prismes placés boHtontA»-
lement lés un^ sur lés Autres. L'étendue
de ee inttr est de 89 pieds ^ el Son épais''
settr de 7 pieds 9 pouces; sa hauteur est
de 11 à 36 piécfo. Lfes prismes qui le
eompôsent sont tons dé k ihéine lofa-
gaetir ^ son élétation est de î6 pleds 10
pouces. Le grSUd diAttiètre de ce btrqUé,
qui est un peu elliptique, est de 75 pied^
8 ponceA. it est placé sur un VnAssif de
Isves exbàuSSé de 40 pieds AU-desstlS dU
niveau éeà mi^yennes marées.
Biais lé motnmkeni bAsaHique lé plus
célèbre est lA grbtte de Fingal , qui ot^
mtpë rii^ de Sbfla , AU nohl de TÈaisse.
Sôû ùévtrivlté A 35 pieds de làirté^ sA
hâuteut 56, eè SA profondeur 140. Sa
ftçadë est formée dé eotdnneS ré^ttères
qui s'élèvent ireHicAlement du Sein de lA
ner à là hautedr dé 45 pieds , et d'une
espèce de frobton composé de deux de-^
tti-ccnicbes illégAlèS.Le massif qui fbrme
Il ioûie a 30 pieds dans sa pins petite
épaîsSeiii* ; c'est t^n ailiAS de peths pt-is-
mes dirigés dans toUS leS sefls, et cimen-
tés, daris leur pai^e inférieure, pA^ du
cArbonatè de chÀux dont les infiltrations,
agréabletUënt nuâbcées dé blatic et dé
jaunâtre, dëcoi-ént hi pattie intérieure
dé la voûte.
Ces mdnumens bAsalilqueS, et lét gé-
néral tous lès basaltes prismatiques, obt
été (bmlé& pai* suite d'un retrait ()ue k
matière en fnSloà a éprdn^é en se re-
froidissant. Mais il est probable que ce
retrait né s^est opéré qué par suite d'un
refroidlsSé^èdt leiit; te qUi SelUble le
prouvel*^ è^ësi qUe dsris les coûtées de la-
ves basaltiques le baSàlté Affecte b divi-
sion prîsUiàti^e ^hitÔt Vefs l'extii^îté
que vei^ le i^dfbtnéneeUièdt dé la bdtiléë.
Cest qu'en effet loin de soti fssue il dbli
s'être pttts pfo^|itéh!ent soUdtâé qbe
près du fp;f er Voteaàiqtte.
On A pfétendU qUè le rétrAît àtAit dA
l'opéttr (Mi^ lec4)ntiKft subit deUlA^ ateb
l'eau ; mais cetta opinion n'a b«soia poir
être réftitée que de auelqoM etéMplit^
Les lateA da l'Ile d'IiM4i|A ont é^idém-^
ment eoulé dans lA mer, et èepetidAat
elles fl'olTrent aucune ttmdiHoe à la dl-^
vision prismatique! plusiMnà éiruptionA
du VésuVe ont plroduit d«S «sulées q^i
se Sont «tenddte Jusque dsns la tnar m
qui n'ont cependant point fbrésé At
prismes^.
Nous tenens do toit* qué le bésultt
n'est qu'iitte laVo feldspAtbi(|UA) nona ét^
vous Ajouter qbe o'est une hk^ toleA^
nique antienne, qu'on en obaet'tO prèa
des anciens H^olcAns^ al que lob OHlèèfés Au-
jourd'hui on Igniilon n'èb ro(etttol plus.
MAis dAUS beaUena]» de lOealitéi lA On
retUArquO des eOulées bAsaNiquié «n nO
voit point le orstèrO d'où ces oOUlées Aottt
sorties. Cest qu'en tflm los bAsAhes né
se sont pAS toujours ëpanobétf soi* le sol
k raide de cratèros. DauS beAUcOUp de
circonstances, des issUl^ Ijul se sont oih
vertes dans l'épttiséedÉ> dé féOorcO du
globe onl permis AUx lAtos bésAltlquei
de ireinoUler jusqu'à lA surfiice de lA teirrè
et de Sé réf^Uidre Sttf^ le Sol à uMA éA^
taOce ptus ou moins dobsldék^ble. J;H-y.
EÀisANE, pOAu dé bHlër, dé mou*
tôii ou dé brebis , que l'en a pASséO au
tAn oii Aunedoul; soiie de plAhte que tes
tAUnetirs emploient poUi* donnèi^ la pre^
mière préjiaratibn à ceè àtSkÉUti La UsAnè
a différons tlsagëi^^ SOldn lés dlV^rS Ap^
prêts ttretlo rO^oft. Ôri OM fM( dëé tù^
verturet de livres, des portefeuilles; OM
en coutfe dés ObaiieS. déè bAnquMtfes,
des ikUtéUilS, étCi ^ et 00 Otl fAtt AuSsî déÉ
tAtliSseries do iiû\f doi^. fl y A ptoSMi^
sortes do bAsones • los bASAdOO tùrtàéê»
ou dâ touche i tes basAfHis ^Hdréë^ ; los
basanés àhijiêès; les basAllOA fi^iiféei
aà nwrqatt \ ^ lés bAMnOs itkidéè. Lès
bAsaikëS tAntîééi bû dé c^cbè sobt éolles
qui ont m étetidaés do ptat ilAïis là ftMéO;
pour y êii^ tantkéM à fa fti^dln déii peiiMt
dé vèaut , tiials t3Ai*dn ii'jf A pAs lAlSsééà
si lonj^-teOrté^ obes èorVéïft à tlri^e dél
lApSsseriëS de cdir doHi. Los bASAbOè éom-
dréos stmt celles qui , Apr^ àvofr été dë«
pOniHées dé leur lAiîiO datft lé |>HHn, pair
le ibdifen dé la éhatrt, 0ht Aé rOd^és
dAOs reati chAUde avec lé tmt. Elles Ser^
vont aui inémes tteqsès quo les bastnoA
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BAS ( 100 )
tannées, he» basanes cbipées sont celles
auxquelles on a donné un apprêt parti-
culier, qu'on appelle chipage. Les ba-
sanes passées au merquis sont celles qui,
au lieu cl être passées au tan ^ l'ont été
au redoul. Enfin les basanes altides sont
celles qu'on teint ordinairement en jau-
ne , en vert bu en violet, et qui sont très
velues d'un seul côté. Elles sont nommées
aludes parce qu'on se sert d'alun dans
les différens apprêts auxquels elles sont
soumises. Cette espèce n'est employée or-
dinairement qu'à couvrir les livres et des
portefeuilles. F. R-d.
BASBORD , voj, Baboed.
BAS-BRETON, ro/. Bketoh.
BASCHKIRS, ou plutôt Baschhour^
tes, de Âourte, abeille, gens qui élèvent
des abeilles. Ce peuple, d'origine tatore,
BAS
c'est-à-dire turque, errait autrefois au-
delà de l'Oural; aujourd'hui il est établi
en -deçà de ces montagnes, là où elles
prennent d'eux le nom â! Oural basch-
kirien, entre les fleuves Kama,Belaîa,
Oural et le Volga, au nombre d'environ
27,000 iamilles, dont 12,000 appartien-
nent au gouveraement russe de Perm et
les autres à celui d'Orenbourg. Ils pré-
tendent être issus des Nogals; mais leurs
figures plus aplaties et leurs petits yeux
trahissent un mélange avec des peuples
d'une autre race et surtout avec celle des
Mongols. On croit aussi qu'ils étaient
mêlés avec les Boulgars {vojr,) sur le
territoire desquels ils ont long-temps de-
meuré.
Après La prise de Kasan par Ivân IV
Yassiliévitch , les Baschkirs se placèrent
sous l'autorité du tsar moscovite; et pour
les défendre contre les Kirghises qui ne
cessaient de lea harceler, les Russes bâ-
tirent la ville d'Oufa. Leur reconnais-
sance n'alla pas jusqu'à devenir des su-
jets fidèles et dçciles; au contraire, à
plusieurs reprises des révoltes éclatèrent
parmi eux, et à chaque fois ils ravagè-
rent de la manière la plus horrible les
terres de leurs voisins. Ramenés à l'obéis-
sance par la force desarmes, ils perdirent
leurs khans, leur noblesse et leur consti-
tution primitive; depuis la révolte de
17S5 à 1741, ils sont organisés à la ma-
nière des Cosaques, milices dont ils em-
brassèrent encore le parti en 1774, lors
de la rébellion de Pougatcbef. Peu à petf
la douceur du gouvernement russe à
leur égard les désarma , et aujourd'hui ,
libres de toute autre redevance, ils font
sans résistance le service de la garde des
frontières, ainsi que les Cosaques.
Jadis ils étaient tous nomades; mais
depuis quelque temps on en trouve aussi
de sédentaires. Ceux-ci s'adonnent à Ta-
griculture, tous les autres sont pasteurs,
se livrent à la pêche et à la chasse, et élè-
vent des abeilles. On trouve des B^ch-
kirs possédant jusqu'à 2,000 chevaux, et
il est rare d'en rencontrer qui n'en aient
au moins 30 ou 40. Les riches ont 500
ruches et au-delà; les pauvres en ont au
moins 4.
Les habitations des Baschkirs , quoi-
que humbles et peu commodes, occupent
beaucoup d'espace; chaque chef de fa-
mille réunit un certain nombre ^eyaur^
tes ou cabanes dans un enclos séparé.
Leurs villages d'hiver, comme ceux d'été,
ne renferment qu'une faible population
et annoncent plutôt la pauvreté que l'ai-
sance; les églises ne sont guère moins
misérables que les maisons.
Le baschkir, de taille moyenne, large,
nerveux et charnu, est belliqueux de sa
nature, hardi, adonné au brigandage et
sans culture. Ses armes sont les flè-
ches, la lance et l'arc, auxquels viennent
maintenant se joindre les armes à feu.
Il parle une langue assez semblable à celle
des Tatars de Kasan, et lorsqu'il écrit il se
sert des caractères arabes. L'homme ne
daigne pas s'occuper des soins du mena-
ge; il se livre à l'indolence pendant que
la femme travaille. Quoique mahométans,
à peu d'exceptions près, ils connaissent
fort peu la loi du propbète et ne prati*
quent pas plus l'abstinence du vin que
les ablutions qui leur sont prescrites et
qui remédieraient à la malpropreté qu'on
leur reproche. Avec cela ils sont supers-
titieux et attribuent un grand pouvoir à
leurs magiciens. Quant à leurs vertus, on
cite leur courage, leur hospitalité et leur
bienfaisance, surtout à l'égard de leurs
co-religi6nnaires.
Leur tçrrjtoire est divisé en 26 volos-
tes ou districts, gouvernés par des an-
ciens-dont chacun est assisté d'un épri-
▼ain. Leurs mollahS| après avoir étudié à
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BAS
(101)
BAS
Kasan , sont confirmés par le mufti .
d*OUfa. V J. H. S.
BAS€ULE. On désigne par ce mot
tout système de corps èuspendu sur un
point, mobile on non, et autour duquel
il oscille, jusqu'à ce qu'il se trouve
en équilibre. Il n'est personne qui ne
counaisse le jeu de bascule , et nous en
tTODS donné la description a l'article ba-
hoçoire.
Si les deux bras de la bascule , étant
^ux en poids, sont inégaux en longueur,
la personne la moins lourde se placera
sur le plus long, afin que, pesant à l'ex-
trémité d'un plus grand levier ( voy,) ,
elle agisse plus puissamment.
Le fléau d'une balance est une vérita-
ble bascule dont la plupart du temps les
deux bras sont égaux. On construit sur
le même système des machines hydrau-
liques de la plus grande simplicité,
et dont le mécanisme repose toujours
sur l'inégalité des bras de la bascule; de
sorte qu'une petite puissance étant plâ^
cée à l'extrémité d'un assez long levier,
peut mouvoir un corps assez pesanL
Dans la bascule hydraulique, ce sont
deux seaux d'inégale capacité et placés
aux extrémités d'une bascule dont les
deux bras sont d'inégalés longueurs, et
qui s'emplissent et se vident alternative-
ment y de sorte que leur poids changeant
sans cesse, ils entretiennent dans la bas-
cule an mouvement continu. D'après ce
qui précède il est inutile de dire que le
seau le plus léger serait placé à l'extrémité
du bras le plus long. On trouve des dis-
positions du même genre dans la bascule
de d'jirtigués dont on voit un modèle
au Conservatoire des arts et métiers de
Paris et dans V horloge à eau de Per~
rault ( voj, HoRLOOE ). On emploie la
bascule dans presque toutes les horloges
des monumens publics , pour permettre
ou suspendre le mouvement de la sonne-
rie et pour soulever les marteaux qui
frappent l'heure.Enfin, dans ces derniers
temps, M. Lepaute a fait à l'horloge du
palais de la Bourse de Paris une bien
plus curieuse application de cette dispo>
sition; car c'est à l'aide d'une bascule ,
qu'un contre-poids rend très facile à sou-
lever, que sont mues les aiguilles des ca-
drans , de forte que la résistance que le
poids des aiguilles peut opposer au mou-
vement dans les autres hoHoges est pres-
que nulle dans celle-ci. A. L-o.
BASCULE (sTsriMB i>e), expres-
sion iiftroduite dans le langage politique
depuis la seconde restauration des Bour-
bons en France. Elle est empruntée à un
jeu que tout le monde connaît ; le sys-
tème qu'elfe désigne consiste à se placer
entre les deux partis extrêmes , à ne s'at-
tacher à aucun , mais à les employer l'un
après l'autre, de manière à exercer sur
tons deux une action certaine , à les con-
tenir l'un par l'autre, en les renforçant
ou les affaiblissant tour à tour. Un tel
système ne présente qneJdes difficultés
et ne peut amener qqe de fôcheox résul-
tats , par cela même qu'il ne tranche au-
cune position. Le gouvernement qui l'em-
ploie est faible, parce qu'il ne trouve pas
en lui-même la raison de .son action ,
parce que sa marche ne saurait être dé-
cidée, parce qu'il fait reposer son exis-
tence et sa conduite, non sur le senti-
ment de son droit, de son devoir et de
sa force, mais sur des demi-mesures qui,
loin de lui donner des partisans', le ren-
dent suspect à tous les partis. Un de ses
moindres inconvéniens est de jeter ses
fonctionnaires et ses employés dans de
continuelles perplexités, en les empê-
chant de suivre une marché ferme et con-
stante; il neutralise leurs* ta lens , parce
qu'ils ne savent si en agissant ils feront
bien ou mal, si, en suivant les inspira^
tions de leur devoir et de leur conscience,
ils ne seront pas récompensés par une
destitution injuste, mais rigoureusement
nécessaire une fois que le point de départ
est admis.
D'un autre c6té, au lieu d'affaiblir les
partis, il leur fait connaître leur force ,
par cela même qu'il est obligé de les mé-
nager tour à tour, de leur faire et de
leur enlever tour à tour des concessions»
Il ne peut avoir quelques résultats satis-
faisans que pour un temps extrêmement
limité, en servant de transiiion, en re-
tardant les explosions violentes, et en
préparant l'avènement d'un ordre de
choses plus positif et plus tranché. Mais
par lui-même il ne peut durer, ni cu*éer
rien de durable. tt-
Le système de bascule ne doit pas être
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RÀ»
(40?)
BAS
Si répression Kysiime th ifwmh m^
t^illf) i^o((^o«| if ^nw« I\ii-in4me
n*esl pa» nouymUi fc| («9 ftrt» distopiqu^
IHroavfot, MOI «M»ptiqn» la v^i^ liis
fOQsUéirttiqii» «immAirt^ quf qpus ir«-
nous il*e«powr» U ««mt trqp long 4e ra-
iHWti^ !<:« qti«tid «t «Qffunent \t sys^èin^
d» t>Mciilfi ft M4 «mploy^; il «0^9 syflSr»
4'lii4Muef dfvx ei^tmplett méiPor^Ues :
CkthtfiQfi de M4dihf M quî a^epA la 3atJDit-
BarUiél^Qy, Ub ^«vrm raligiftusos 04 la
^[(^ue; 4b «of jçiir», le «iqiirtr^s de
M. Df caaas (voy.) iowa le ràgpe de Inouïs
XVIII, qiû amei^ W« \oh d*«scepUoQ »
Ui nînUtài» Yillèk» le iPÎQmphe 4^ J^
suites, et qui prépajwaww Isa àv^^p^os
dejuîttet . A. S-â,
E4fiB (nalb*}t Bannf le« «anpilitrçuaes
aocepUoQs que ce nai r«if oU dam» b t^iv
•ki«l{ig«ft «uubénatiqiMy ooqa figoale-
rOM Vm Buîwi^es a
1^' iffi» mviebmé^iqikt cm appelle hase
du syalène de numénitioii le «nombre
qui aiprtme fowliiflrt U îàUt d'uuiUa «u
de gmQpcs d'u^ cordre iofétieur pour
tinroien une tinil|é eu uu groupai de IW-
dce imfiédâateiBfint supérieur, JLa IwAe
de nos deua f^èmts d^ suméraliQo»
paflée al écrite, tsl le nofnbfe 4(\p; et
«^t «usai k base delà nuiuéraiiop orale
dam toutes M langues oouuu» à une ou
deuK aaemalias près, qui ne sont peuir
tee pas sttfBsamUKQt cpus^ttes. La rair
poKk 4a oa fiiii frappe loua les jceux; ; la
preuttèfe anitkinAtîque s'est Uite partout
avaa ks doigtfi de k ipaiu; ot eu cispoîilt
kli^dgaga mùilain%éd'unfl «anière perr
sistante sur la forme du langage oral.
Glkcuu a pfi ten^vqoep que le uam-
JtHre 4iDMW semift d'un Uwge préf^vlhk^
cornane baae ^ sjalèma da «umératiou ,
à cause de k «MUiplictté de set d«visiiWM^
A^dikuns, la uovenelaUwe uiMMériqHe
duodéfluuakn*«ii(|aMl pas uu piuagnind
elkrt deoduémqoMlueque k noipepolaUi-
MdAoi^^ydé. Ausaî k pkpwi dea pavpks
outtiknmployécoafiureefwiemaîgckur
atxtkttétiqua dérknsAe» pviaiiliiie> ^ si
èka vent uatiiralk» une anUnfaétiqua duor
décimak aHiSckUf , nieu» aH»napii6f
aux comptes, mais en dîflinirdanot awee
k iMun^ratku fHtflée» Dans cerUÛBS usa-
ger ^enti$qiye% e^ ^ jugé commode dV
doptfi* )|ne base qui réunit aux diviseurs
du noipbra douze cf*ix du nombre di?, et
iou^ ceqx qu'on obtient en les combinant,
n ep fst résulta la pun^éra^ioQ sei^agési-
fat^e» dont k base ^ soixante, et qui
Sf perpétuera danfi li^ niçsure du temps
a dw (^les, iionobaUqt les efforts d^s
auteurs de k rtforma^Pu métrique. La
postérité signalera comme un phénomène
«Ugulier, qu'au cquvipeQc^Tnent du xix*
siècle, le$ *avftn3 fronçai» soîept parvenus
à in»poser au peuple uue bqnne partie de
leur systènie métrique décipial, sans
qu'ils aiept pu réuffir à f^ire prévaloir,
dans les ussg^ purement scientifiques,
dans letf calculs des g$ometre9 et des as-
t^Y^uoiffes, la diviaiou déçiwak du cercle
lur raqd^oe dW^w>u ses^agésimale*
Paiifl uu sy^me régulier de mesures,
<H^ appelle bas^ Tiinité principale de k-
quelle toutes le» autres aérivent. Le mè-
$re, ou k dix-n^iUiouième parUe du quart
du m^ieu, est If base de toi^t notre
sjrstème métrique.
^^ Efi aJlgèkm on app«elle base d'un
système de \ogaritbu»es k nombre qui a
pour logarithme runi|4>etqui reproduit
tojut^k série des pombir*es naturels, quand
on l'élèv? succfssivcuiueiit aux puissances
entières ou firaotlonnaires qui ont pour
lodiçes les Ipg^rîtbmea de ces uombrea.
Lefl logarithmes ordiuaîi;^, ou loga-
ritbi«es de ^rigga, ont p^ kÂse le Boav
br« ^a. Les kgarîlbmf» que l'on qHalige
de naturels^ ou d^ Népérkmy el qui sont
d'un fr^uAul usage «kes ta bauie ana-
liyae, ont pour base nn nombre iiraction-
mix^f d(iôt k valeur app^oe^ée jusqu'à
k ^"^ décwak est 3,719;»». Vo^y. Looik-
3^ £n géoméfrw surtout ou kk un
^flSploi tm varié du tcvase de baae. La
bftse d*ui^ figx^e eat, eu général, k ligne
ou k plan sur lequel 00 con^ qqe oeU«
A^ure repose bôrisontakmeiH, i^oii que
e^tta coneepti«m s'aftpoeiuiode mieuji^ aux
0on4itians d'équilibre d'uff eoxpa pesant
de mérn» figUne, «oit qu'eUe kisse mieux
apfirceveir les rekUons ^ symétrie de
k figure. Ainsi, k base d'un trkngle
kocèle sera k cAté îuégal sur kquel les
deux «4tés égaiix sonA indUnét sgru^étri-
queii^i} k ba» d'ip trapè» ^ara le
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SAS
(108)
BAS
pkildiig dft éam o4l4l ptriHilM; la
base d*iip cylindre oa d'uti o6ne sera la
portioo d*aire plao* qui limite la fiirface
eooYexe. Les termes c<vrrélat4& de base
«ont hauteur et sommet. Si, dans un rec-
tangle, on prend Fun des cétés pour l>aMy
k oôté adjacent en sera la hauteur.
4* Mn géodésie on appelle base k
lifBe qui est en effet dans le sens littoral
kbtse de tontes les opérations. Après que
Ton a cboisi sur la surface d'une contrée
Iss points remarquables qui doivent être
Kés les uns aum autres par on vaste ré-
actn de triangles^ il faut au moins me-
nirer, à la toise om au ttiètre, Fun des
e6tés de l'un de ces triangles , pour en
oendiare ensuite^ par de simples obser*
fttions d'angles et des calculs trigonsr
•étriqués, les longueurs de tous les an-
cres côtés. Ce eété, que l'on mesure di-
rectement, est la btte de la triangulation,
el Ton doit apporter à cette mesure un
fom ektréme, autrement les errmDrs a'ao-
cumuleraient dans les résultats de tons
les calculs subséquens. Quoiqu'il paraisse
bien aisé de prendre une mesure de lou-
eur à la toise ou à la tbàlne, cette opé-
ration est en réalité la plus délicate de
tontes celles que nécessitent leé grands
travaux géod^îqnes. Une erreur d*ini
dédokèCre, sur dix ou quinze mille m^
très, D9 serait pas regardée comme toléMK
Ue. On fîlit choix, pour la mesure d'une
base, du soi le pKis uni et des posltiona
qui se lient le mieux aux antres points
du réseau, de manière à n'avoir pas à ob^
server des angles trop aigus Ou trop ob-
tus. L€ lecteur pourra recourir an grand
ouvrage de Delambre, Sur Ut mesure de
la mérùiieftnef et au lYaité de Qéodé-
smétM. Puissant. A. C.
BASE (aH miHuire). Cette expression
n'a pas um sens bien déterminé; À\e s'ap-
plique asses fréquemment dans la langue
militaire, mais sans avoir* une «ignifica-
titm bien précise. M. le générât Pélet
Femplbie souvent dans son Essai sur tes
manatupres d'un corps d'armée din-
Jàntefiê^ et presque tiiKjijours dans des ac-^
eeptions différentes. Il regarde Fécole de
bataillon qui fait Fobjet du règlement de
1788 sur les manmuvres de Finfanterie
comme la base^ Fnnité des grandes ma-
Meoife», et UA Toir qu'en se bomaut à
la seule école de bataillon, la i
l'avait soumise à une régularité géométti»
que, à des mottvemena parfâitemanl i
rés, i'ncompatibleè avec les lèoindres <
dolations du terrain et avec la <
des combats actneb. Si on a pu se 4i^ien«
ser de calculer Finfluence du terrain, biea
peu considânablesiy un bataillon qui o»^
cupeéO à 60 toises (100 à 110 mètres)
de front, il n'en est pas de même à Fé^
gard des évolutions d'un corps d'arméa
composé d'un plus ou moins gnmd noa^
bre de bataillons; alors la ^oîn des évn^
lotions acquiert une plus grande cxte»*
sien et le général en chef eal obligé,
avant de l'établir , de prendra une con«
naissance exacte et attentive des acoidene
du terrain qui s*oppMent à la alriela
exécution des auinanvrès régulières prêt-
orites pat le règlement de t788,etmém«
par celui de 1701, opk a embrasée les
manoeuvres d'un nombre queloemque de
bataitions. B arrête d'après la foram da
terrain la hase dVypératlaM, et prescrit
les dispositions particulières à chaque d^
vision. Mais tout ottoier général qui re^
^t une disposition écrite avec liîidioa-
tion des points d'alignement ou d'appui
doit rie m considérer que comme une
base générale d'après laquelle H placera
ses troupes. La biue d^opérmiktis ainsi
que les Upnes d^epératioHSy avec les-
quelles se coordonnent ks mouwnens et
la position des troupes, sont du rassort de
la science militaire et particulièrement
de la stratégie. Foy, ce mot et CMUA-
TioKs (art militaire). G-tk.
BASE. En thimie éù dotme ce nom
à tout corps siïsceptible de se combiner
avec un acide pour donner halssai^ce à
un sel.
On ne considérait autrefois comme
, bases salifiables que les alcalis et quel-
ques autres oxides métalliques. Aujour-
d'hui on'appelie ainsi, non - seulement
un grand nombre d'autres combinaisons
binaires .fournies par le règne inorgatii*
que , mais encore des com|M>sés particu-
liers que Fon rencontre dlms le règne or-
ganique, et dont la découverte annoncée
ati commencement de notre siècle a été
constatée depuis par de brillans travauft^
Les corps basiques que le règne inor-
ganique \ious présente sont le résultat de
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BkS
(104)
BAS
la cAibîDflnsoft àe quelqtie9 - unt des
métalloïdes entre enx ou avec les mé-
UMx ; ainsi rhydrogèiM et Fazote en se
oombinant donnent naissance à une base
puissante , rammoniiaique ; il en est de
même des composés formés par l'oxigène,
le soufre , Tiode, le chlore , et le potas-
sium, le sodium, le barîum, le plomb,
etc. Toutes les bases n'ont pas autant
d'affinité les unes que les autres pour les
^des; de là vient que les acides les plus
énergiques peuvent cbasser les plus fai-
bles de leurs combinaisons et les rem-
placer.
Dans les deux grandes branches du
règne t>rganique , le chimiste a trouvé des
bases , et c'est d'abord dans les végétaux
que leur présence a été reconnue. Ces
corps , comme tous les produits qui vien-
Huent <le la même source, sont formés
d'oxigène > d'hydrogène et de carbone ;
mais en outre l'analyse y démontre cons-
tamment une même quantité d'azote.
Cette proportion invariable d'un prin-
cipe qui caractérise les matières anima-
les entrant dans la composition de l'am-
moniaque, a donné à penser que les
alcalis végétaux ( car c'est le nom souft
lequel on les désigne ) , pourraient bien
devoir leurs propriétés basiques à ce der-
nier corps, qui se trouverait alors entraî-
ner avec lui des matières végétales dans
un état particulier de combinaison.
Quoi qu'il en soit, les vertus médicales
et vénéneuses d'un grand nombre de sub-
stances employées dans la thérapeutique
sont dues aux bases salifiables végétales.
Ainsi la morphine et la codéine sont les
principes somnifères de l'opium. La cin-
chonine etla quinine rendent les quinquî*
nas fébrifuges. L'atropine communique à
la belladone la propriété de dilater la
pupille ées animaux.
Les bases, organiques ont été recber-
cbées avec moins de soin dans le règne
animal; on n,'en a rencontré jusqu'ici
que dans un produit particulier de la dis-
tillation des os ou de la corne de cerf,
connu sous le nom d'huile empireumati-
que de Dippel, produit qui en renferme
quatre : l'odorine , l'animine, l'olanine,
r^nimoline. Ces alcalis animaux sont vo-
latils , liquides et d'une consistance hui-
leuse» lundis que las alcaHs végétaux se
présentent olrdhiairement en cristaux
blancs. Cependant il en est quelques-uns
qui sous le rapport de la volatilité et de
l'apparence ol^gîneuse se rapprochent
des bases animales ; telle est la cicutine,
pgrincipealcalin trouvé dans la ciguë. H.A^
BASEDOW ( Jeah-Be&itakd ), connu
aussi sous le nom de Bernard de Nor~
dalbingen , qu'il substitua en plusieurs
occasions à son véritable nom^ doit être
mis au rang des hommes distin^és du
XYiii^ siècle. Né, en 1 723, à Hambourg,
où son père était perruquier, il fréquenta
d'abord le /ohanneum de cette ville,
étudia ensuite la philosophie et la théo'-
logie à l'université de Leipzig, et ac-
cepta plus tard une place de précepteur
dans le Holstein. £n 1753 il devint pro*
fesseur de morale et de belles- lettres à
l'Académie de Soroê (Danemark)', et,
en 1761 , il passa, en la même qualité ^
au gymnase d'Altona. Là il publia quel-
ques ouvrages tbéologiques qui lurent
mis à l'index pomme hétérodoxes. L'ap-
parition<le TJ^/nt/e, de Rousseau (1762),
lui suggéra l'idée de se faire le réforma-
teur de l'éducation et de mettre en pra-
tique les méthodes proposées par Jean-
Jacques et par Coménius, auteur pour
lequel il avait une grande estime. Pour
exécuter un pareil projet, Basedow ne
manqua ni d'habileté, ni d'énergie, et
les circonstances ne lui furent pbint dé-
favorables. Une somme de 15,000 tha-
1ers ( environ 56,000 franco ) qu'H ob-
tint, à titre de secours, de plusieunt sou-
verains et particuliers en Allemagne,
suffirent pour couvrir les frais de publi-
cation de son Ouf^a§e élémentaire qui
parut en 1774. Cet -ouvrage, que Base-
dow fit annoncer par de pompeux pros-
pectus, était une espèce à*OrbU pictus
composé de cent planches gravées par le
célèbre Chodowiecky,et accompagné d'un
texte explicatif en langues allemande,
francise et latine. H était destiné à pro-
curer à la jeipesse, en l'amusant, la con-
naissance d'une foule dedioscsdu monde
réel, propres à Caire naître des sentimens
cosmopolites, c'est-à-dire contraires à
toute nationalité étroite et exclusive, sen-
timens dont le développement constituait
le but spécial de u méthode. Déjà , ea
177^ I Basedow avait été^ppelé auprè^
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du prioee FrioçoU-Frédéric^Léopold
^d'Ànbftlt-Dessau, qui Ibéditaît une ré-
forme dans rinstruction publique ; et ,
en 1774 , il ouvrit, à Dessaa, le Phitmn-
thropinum, la première école où sa mé-
thode ait^été appliquée, et qui devint,
pour ainsi dire, le modèle de toutes celles
qui l'adoptèrent <lans la suite. Cependant
Basedow tint moins qu'il n'avait promis.
Son esprit inquiet et toujours occupé de
plans immenses et en partie cfaimériqnes,
ion caractère dur et impérieux, qui cho-
quait tous ceux avec qui il avait des rap-
ports, s'opposaient à ce qu'il restât long-
temps attaché à son élabÛssement. Après
maintes altercations avec ses collabora-
teurs y il quitta le Phiianthropinum en
1778. Biais son zèle pour la propagation
de ses doctrines ne se ralentit |>as; il con-
tînna à les développer dans «n grand
nombre d'écrits pédagogiques et philoso-
phiques, qui se dbtinguent motns par la
profondeur que par une certaine recher^
che de 1» popuUrité. Depuis sa sortie du
Phtlanthropinwn , Basedow séjourna
tour à tour dans ks principales villes de
l'Allemagne, «t se fixa enfin à Magde-
bourg oà il mourut en 1700, âgé d'en-
vjroii 67 ans.
L'îofiaence nMNrale que Basedow exerça
sur son temps fut très coosidàmble, et
l'on peut dire que l'enseignement pri-
maire, en Allemagne, reçut pat* ses soins
une puissante et salutaire impulsion. Si
les érodijts de profession se sont crus en
droit de lui reprocher des exagérations,
des erreurs, des puérilités, et surtout une
certaine indifférence pour les li Uératnres
classiques (qui provenait, sans doute,
de ee qu'il ne les avait pas assez appro-
fondies )y personne ne lui con;te5tera lé
don d^une éloquence mâle, entraînante,
victorieuse, par laquelle il sut répandre
d'excellentes idées et de hautes vérités,
inspirer à ses Contemporains un vif in*
térét pour la cause sacrée de l'i.'ducatlon
de la jeunesse» et appeler la protection et
la faveur des gouvernemens sur les diffé-
rentes écoles où sa méthode fat suivie.
Une liste complète des ouvrages xle
Basedow se trouve dam Vjéiier.faf^ne
lUtérairey de Meosel. Sa vie a été écrite
par M. Meyer, en 2 voL in-8^, Uam-
l^ourgy 1791 jQt tm. Quant à «on sys-
BAS
terne d'éducation , auquel il donna le nom
de Philanthropinisme , il en sera ques-
tion à l'article Éducation. C L.
BAS-EMPIRE, vof. BTZAimir
[empire),
BAS-FOND. Ce sont des élévations
dan» le fond de la mer , faciles à recon-
naître avec la sonde, mais assez éloignées
de la surface des eaux pour que de grands
bâtimens n'aient rieb à en redouter. Les
hauts-fonds sont des exhaussemens des
terrains du fond des eaux, beaucoup
plus élevés que ceux des bas-f^ndsy et
sur lesquels il y a danger à passer. Les
hauts -fonds sont ordinairement dés
écueils; les bas-fonds ne présentant pas
de dangers , on a intérêt cependant à les
connaître, soit à cause des ancrages, soit
à* cause des oourans. Il ne faut pas ecm*
fondre les hauts et les bas- fonds. Cette
dernière dénomination n'est pas bonne,
car il semble que bas-fonds doive ex-
primer l'idée d'un trou , d'une vaste ca-
vité, d'un gouffre; l'usage a prévalu
contre la véritable signification du mot,
et BOUS insistons là-dessus pour que les
gens d u monde ne s'y trompent pas. A. J-l.
BASILE ( saiht) , archevêque de Ce-
sarée , occupe un rang illustre parmi les
grands évêques qui honorèrent non-seu-
lement l'église, mais leur siècle et l'hu^
manité tout entière. Il dut à son génie
autant qu'à ses vertus l'éclat de sa re-
nommée. Le savant et l'orateur trouvent
également à profiter dans ses écrits.
Érasme ne lui connaît point de rival dans
l'art oratoire , et Rollin, qui avait si bien
médité ses principes d'éducation , le pro-
pose à la jeunesse comme un des plus ha-
biles maîtres de l'éloquence.
Saint Basile naquit à Césarée , ville de
la Cappadoce, vers la fin de l'ann^ 829.
Sa première éducation fut confiée aux
soins de sainte Macrine, son aïeule, qui
faisait sa résidence dans le Pont , où sa
iamille tenait un rang considérable. Sa
jeunesse fut environnée dss images les
plus propres à le former à la vertu. « Je
n'ai jamais oublié, disait-il depuis, quelles
fortes impressions faisaient sur mon ame
encore tendre les exemples que j'avais
sous les yeux. » Emilie, sa mère, Macrine,
sa sœur, deux de ses frères, Grégoire et
Pierre y évêques, l'un deI9ysse, l'autre
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BAS
(106 y
BAS
d& SékiÊoUy <ml mérité d*étre mis «ui
Dombrt det saints. Des maîtres habiles
le dirigèrent dans Tétude des Lettres et
des sciences ^ et en peu d'années ses pro-
grès ne lui avaient plus laissé de rivaux.
On l'envoya d'abord à Constanlinbple »
puis à Athènes , pour y écouter les le*
oops des philosophes. Ce fut dans cette
dernièrt ville qa'il se lia de la plus étroite
amitié avec saint Grégoire de Nazianze.
L^uB etFautre s'y formèrent à Téloquence
^ se firent remarcpier de Julien , depuîj
empereur, que le même motif avaitamené
dans ce sanctuaire des arts de la Grèce.
Basile y laissa son ami Grégoire de Na-
sianae, et revint dans sa patrie , ouvrir
une école de rhétorique et s^ livrer ans
exercices du barreau, qu'il abandonna
pour la solitude. Après avoir quelque
temps voyagé dans l'Egypte, visité les
solitaires d'Orient , il £xa sa retraite dans
le Pont, sur une montagne dont l'éléva^
tion, en lui ménageant les aspects les plus
agrÀdiiles, semblait le rapprocher de plus
près des deux. Saint Grégoire, cédant
enfin k ses pressantes sollicitations, vint
se réunir à lui. Leur temps se trouvait
partagé entre Tétude et les travaux des
diamps. La Providence ne permit pas
qu'ils restassent l'un et l'autre ensevelis
dans un déseftt Une famine étant survo-
nse dans la Cappadoce, Basile vola au
secours de ses compatriotes, signala à la
fois sa charité par d'éloquentes homélies
en faveur des pauvres , et son orthodoxie
ea soutenant avec autaai de vigueur que
de sagesse la cause de la foi catholique
oentre l'empereur Valens et les évéques
aneos qui dominaient à sa cour.> U n'é*
tait encore que simple prêtre* Après la
fllorl d'Ëusèbe, évéque de Césarée, les
•VQSUx les plus honorables l'appelaient au
gouvernement de cette église, l'un des
isiéges les pks considérables de lH>rient.
€ésarée éuit la métropole des deux gran^
ées previnccs de la Cappadoce et du
Faut, c'est-^dire de la meilleure partie
et l'Asie^Mineure; c^en était aasea pour
éi^ler les ambitions. L'éfection fut ora-
geuse. La faetion arienne s'agitait pour
««eponsset l'intrépide défenseur de la foi
àé Nivée. Les catholiques tinrent bon:
Basile (M, proclamé.
Cependant YalcM essayait de vakiere
par la persécution ceux des 4véqiie« qu'il
n'avait pu attirer à sop parti. Basile na
fut pas épargné. Plusieurs d'entre eux
avaient fléchi devant ses menaces; mais
Valens croyait n'avoir rien gagné U^nt
qu'il n'aurait pas triomphé de l'archer
véque de Césarée. Le préfet Modeste
avait ordre de lui assurer.cette conquête.
U manda à son tribunal Basile, qui com-
parut « non pas, dit saint Gvégoive de
Naaianxe, comme s'il eût été cité en ju-
gement i mais comme s'il se fût rendu à
une fête nuptiale.» Mcuieste était assis sur
sqn tribunal, entouré de ses licteurs ar*
mes de leurs faisceaux, et de tout l'ef--
frayant appareil de la tyrannie. Basile
était debout , comme Jésuâ-Chrisir devant
Pilate, dit encore l'éloquent panégyriste.
Le magistrat le menace dcè dUtimens
les plus sévères, parle de confiscation de
biens, d'exU, de tortures, de la mort
même , si l'évêque ne se réunit à la reli*
gion du prince. Basile, par la fermeté de
ses réponses, remplit l'ame da préfetti'ad*
miratioa et de terreur. Modeste, finit par
dire : « Personne ne m'a jamais parlé de
la ^orte. — Apparemment , répond Ba»
sile, que vous n'aviez pas encore renoon^
tré d'évéque. » Le préfet calmé renvoya
saint Basile et alla sur^le^^^hamp retrou-
ver Temperenr ponr lui dire : m Noua
sommes vaincue : cet évêqne est au<-des-
sus des menaces; on n'obtiendrait de lui
rien de plus par les. promesses. »
Valens en voulut faire i'essai par lui-
même. Il se rendit à l'église nn jour do
fête solennelle. Quand il eut entendu le
chant majestueux -des psauaws, qu'il eut
vu le bel ordre et la modestie d'un peu*
pie ^mense qui ressemblait à une assem-
blée de pieux solitaires; quand smftout
il ent aperçu la pompe tqute e^este dn
culte et des céréflMinies, les mimstret
sacrés plus semblables à des anges qu'à
des mortels, l'évêque, tel que le sacrifia
cateur étemel qu'il repréeentait, immo-
bile devant l'autel et aussi recueilli que
si l'on eût été en pleine paix, le prince
demeura lui-même immobile et comme
gUoé d'une religiense horreur. Mais s'é-
tant un peu remis de ce saisifcsement, U
vint pésenter son oflfrande; les minis-
tres hésitaient s^ils devaient aller au-de-
^aot d« prinoe povr le «eOevohr. Basile
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BAS
(107)
BJLS
retendit, «t reçut ?oflriiid« de Valent
trien comme celle des orthodoxes.
O jpand caractère de sagesse, uni à la
fharité, dirigea constanimeot la conduite
dv saint^rcheTéque de Césan^. Il se nuini-
festa dans ses rapports taot avec les di»*
lideof, à quelque secte qu'ils appartins-
sent , qu^aveo son digne ami saint Gré-
|oir« de Nazîaaze dont l'histoire eft liée
iitittietnent à la sienne. Éloigné de tout
aoQi, Basile 9A^i condlier tous les de-
79itm sans en exagérer, ni aCTaiblir au-
can. Tel était le témoignage rendu uni-
ittsellemefit à sa prudence, et l'apologie
que révoque de Ifaxianxe opposait à des
•iprits ardens qui auraient souhaité un
aile plus impétueux. Faible de oorpS|
consumé par la souffrance et les ansté-
rites, accablé par les diagrins que lui
dommient les maux de l'église , saint Ba-
sile ne s'en dévouait pas moins an service
de tons, ne négligeant aucune aCbire»
entretenant la correspondance la plus
étendue; il prêchait assidàment, pu-
bliait de savans traités de controverse ou
de morille, réfutait Eunomins , traçait les
règles de la vie monastique et de la pé-
niteoœ^ voyageait par-ddà son dîo<^e
poor apaiser ou prévenir les schismes,
bâtissait à Gésarée one ma^iique église,
oonstmisait ée vastes faèpitaux, servait
de tes propres fnains les panvnes et les
léprevk. n mourut le premier janvie*
879, âgé de 61 ans. Ses obsèques lurent
un trkNBphe: les païens, les juifii, les
chrétiens de toutes les communions y
assistèrent, et confondaient leurs larmes.
La Çbale était si considérable que plu-*
sleuirs personnes y furent étouffées.
La meilleure édition de ses oeuvres est
eeHe qu*en a publié le P. Gamter, dé
l'ordre des Bénédictins, 8 vol. in-fel^
grec et latin, Paris, 1721. La vie de
saint Basile de Oésarée a été écrite par
Hermant, en 9 vok in-4^. f M. N. S. 6.
BASILB de Séicucie, « Le style
de ses discours, dit Pbotius en parlant
de litti , est aninpé , pleitf de feu , d'une
eadcoee plus égale que celle d'aqcnn
antre écrivain grec; seulement l'exoessiite
aecmmdatioo d'omemens en rend la lec-
ture fiatigante; €e n'est point là le lani*-
gage de la nature. » Aqssi a-tril bien
wmm de oét^uît^ «i^e le précédât. Il I
nous reste de lui quarante bom4î«! qu}
portent pour la plupart sur des si^etf d#
l'Ancien-Testament. La plus intéressantn
es^ celle du SQcr\fice d'Ahtahaiau Le
pathétique y est porté au plus haut der
^é. Il fut élevé^sur le siège de Séleucis^
en Isaurie , en 448. Une certaine çon-*
fusion qui parut dans son langage devant
les conciles de Constantinople ft d'É-
phès^, dans la cause d'Ëutychè^ le ren^
dit suspect et causa sa dûgrace : il (ni
déposé, mais réhabilité peu de temps
iq>rès. On trouve se^ discours réunis è
ceux de saint Grégoire le Thaumaturge,
dans l'édition de ce père publiée en 1Q90^
IvoLin-foL +M.N^S,G.
BASILE ( n444l nn > C'est le privi-
lège du talent de changer un portrait en
tableau, de faire d'un individu le repré-
sentant d'une vertu , d'une passion, d'un
vice , d'un travers. Au théâtre surtout oà
les impressions sont plus vives et plus
profondes, nous avons vu ebes nous pins
d'une création de ce genre., Ainsi l'hypo-
erisie y a été personnifiée dans Tartufe,
la calomnie dans Basile* L'esprit de
Beaumarchais t oette fois eu la gloire de
s'approcher du génie de Molière. *
\jM nom de Basile restera oomme type
dn calomniateur» et sera, pour cetu de
tous les temps, ainsi que celui de^iéron
pour les tyrans,' Al plus cnufUe jmjurr.
Us auront befot, pour s'y «austraire^
quitter le grand chapeau e| le reste du
costume, même, s'il leur ^ possible,
l'air fauK et patelin du personnage de
Beaumarchais , l'auteur du Barbier a
donné leur signalement moml auquel on
Us reconnaîtra toujours. M. O.
BA8ILIG, oeymum èmsiticum,
plante annuelle de la famiNé des labiées
( vojr. y Le nom de baeilie vient d'un mot
greoqui signifie royal et qui -sernUe éire
mérité par son odeur agréable, Xm plante
dessédiée conserve un parfum tout amsi
suave : sa mveur chaude est afpmatique ^
aussi l'emploie-t-on oomme épice plus
•auvent encore que comme médieament.
Bar la distillation on en retire une huile
volatile abondante. H. A.
BASILIC. C'était ohe4 les anciens
une sprle de reptile aua formes fantasti-
ques, au front surmonté d'une courouoe;
mais ces fomeft biaamea furent anftmiées
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BAS
de la numération grecque , forment le
nombre 365, nombre mystérieux souvent
énoncé sur les pierres symboliques des
diverses écoles gnostiques, dont celle de
Basilide fut Tune des principales. Le
chef du 365^ monde, le dernier, leplu3
imparfait de tous les mondes, le plus rap-
proché de la matière, gouverne l'univers
matériel ^ d'après les desseins de Dieu ,
il est vrai, mais il ne saurait comprendre
ses lois étemelles. La vie de Thomme est
une carrière de purification dirigée par
des génies qui président aux peuples
comme aux individus. T.oute souffrance
est une expiation. Le martyre, la plus
grande de toutes^ est une grâce divine.
Pour assurer à tou^ la purification né-
cessaire, l'intelligence céle^e s'est unie,
au baptême du Jourdain, à l'homme Jé-
sus, dont elle s'est hâtée de se séparer
avant la passiou. La purification se ferait
aisément sans les instincts que donne la
natière et sans les passions qu'inspire à
l'ame une sorte de puissance brute et de
mauvaise ame, émanée des animaux, des
plantes et des^ pierres. Cette influence
explique la nécessité de la métempsy-
cose qu'enseigne Basilide. Sa morale se
résume en ces mots ; Aimer tout comme
Dieu; n'avoir, comme lui, ni haine ni
désir. Voir V Histoire critique du gnos-
ticisme de l'auteur de cet article, Paris,
1828, 3 vol. in-8^ M-a.
BASILtDI£NS. Ces disciples de Ba-
silide (iH»/. l'article précédent) furent,
nombreux en Egypte, en Syrie, en Italie
et même dans la Gaule , où ils se main-
tinrent jusqu'au iv® siède de l'ère chré<
tienne. Sauf la morale, ils changèrent
peu la doctrine de leur maître. Ils ensei-
gnaient que celui qui s'élève à la con-
naissance du monde intellectuel et de la
cause première est égal k l'intelligence
divine; qu'il n'est plus lié, dans cet état
de perfection, à aucune loi , et peut se
livrer à tous ses désirs. On les accusa
ausâ de magie. Leur doctrine et leur
école s'éteignirent dans une honteuse
obscurité. ^ M-K.
BASILIQUE. Ce mot signifie en grec
maison royale. A Rome , il désignait un
somptueux bâtiment dans lequel les ma*
gtsirats rendaient la justice à couvert; ce
qui le distinguait du/ormn , où les réu-
nions avaient lieu en plein air. La forme
des basiliques était alors celle d'un paral-
lélogramme , avec un portique à chacuue'
dé ses extrémités.
Constantin , en assignant aux chré-
tiens plusieurs basiliques anciennes pour
l'exercice du nouveau culte , introduisit
cette dénomination, appliquée de nos
jours aux églises vastes et remarquables.
A dater de Constantin, tous les édifices
chrétiens en Occident furent construits,
à peu de différence près, dans la forme
de basilique. L'abside remplaça le demi-
cercle où siégeait le tribunal. Le& galeries
supérieures appelées travées, qui, dans
une foule de nos constructions modernes,
environnent tout l'intérieur de l'édifice ,
furent également empruntées aux ancien-
nes formes grecques.
Maintenant peu de nos basiliques 9ont
antérieures à l'an mille; les siècles les
ont dévorées. Baronius [Annale eccles.)
prétend que la plupart des constructions
religieuses sont postérieures à cette épo-
que, par la croyance où furent long-
temps les populations chrétiennes que le
monde .devait finir alors.
Cependant plusieurs basiliques chré-
tiennes furent construites dans des for-
mes différentes : la disposition crucifi-
cale , le sanctuaire dirigé vers l'Orient ,
I9 nef et les collatéraux. Autant qu'il est
possible de s'en assurer, la première de
ce genre a été celle d'Antioche, dont
Saint-Pierre, choisi par le Christ, devait
être le chef visible.
Le pape Évaciste, mort l'an 120, or-
donna la construction d'églises sembla-
bles sur les tombeaux des martyrs. Mais
Dioctétien , Haximien Hercule , etc. ,
furent de grands démolisseurs de ces
temples chrétiens. La croisade des Icono-
clastes d'Orient, sous ce rapport, devint
profitable aux arts, en permettant de
reconstruire les basiliques avec une per-
fection nouvelle et un style rempli d'o-
riginalité et de mouvement.
Ainsi, aux constructions romaines suc-
cédèrent des édifice^ du style byzantin.
L'architecture du Bas-Empire, ou gothi*
que-grecque, se distingua par l'emploi des
matériaux précieux ; la sarrazine, par l'é-
lévation et la hardiesse de ses voûtes, la
forme de leur cintre , la légèreté de leurs
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(110)
ÉA!i
ëoloiides , h variété des chapiteaux et là
multitude prodigieuse d'ornetfiens , qui ,
dans la décoràtioU dt^s basiliques , oITri-
rent l'assemblage de frises, de mosaïques,
de Hâceaùx , de fleurotts et de feuillages
distribuéi» «ivec ai^. Celle des Sarrazius-
£spagn6h fut caractérisée p^t la forme
du cintre. Après l'iaVasiou dés Goths et
des peuplades du Nord , la physionotnle
des basiliques se modifia encore. Au se^
eond âge de ces constmctlous, on vit sur
lès piliers de uoé églises , couverts d*em-
blèmès et d'animaux fantastiques , s*éle-^
ver dés berèeaux qui semblaient ibir Vdsîi
le plus perçant. Tous les angles furent
obliques et les intersections de courbés
accompagnées d'un maaque hideux ou
maussàdemek»t gai. Ces diverses espèces
d'architecture prirent probablemefot Uais-
aarice dans l'Inde. Les pagodes de Kartd-
jei'esams, d!Oucour, dans le Maissour,
oflrent des ogives et les mêmes caractè-
res que Saint-Paul dé Rottle , la cathé-
drale dePise, etc., tandis c^ûe, dans les
ruines de l'Athambra, ob retrouve le type
véritable de l'architecture mauresque.
L'église de Saînt-Philippe-du-ftoule , t
Paris , celle de Montréuil, près de Ver-
sailles, rappellent ait cotitraire lés premiè-
res basiliques romaines dont ta destina-
tiou fut changée par Constantin. L'église
de TTolre-Dame de Paris, les cathédrales
d'AitiieUS, de Ëeauvais, celte de Stras-
bourg, sont un mélange de style byzantin
ei de Style gothique 4 qu'il est permis de
regarder comme véritablement approprié
à ce genre dé construction. Les fornies
s'y trouvent en harmonie, non-seule-
ment avec leUr destination , mais encore
aivec hos climats et nos usages. R. d. C.
BASILIQUES^ compilation grecque
du droit de JûstînieU , rédigée au x^ siè-
cle. Lès Pandectés et le Code étant pres-
que eh totalité écHts 'en fangue latine, les
empereulrs ordonnèrent q^'il en serait
fait im abrégé en langue grecque. Cet
abrégé , peu ékact él ou se trouvent en
foule dés règles tirées , selon le goût du
temps , des pères de TÉgUse et des con-
ciles, est ce qu'on nomma les "basiliques.
Basilius, le Macédonien, Léon, le philoso-
phe,etsonfilsConstantinPorphyrogénète,
pairaissent en avoir été les principaux au-
teurs. Les basiliques ont été publiées par i
Hervet; Paris, 1557, in^fol., édition iil-
complète; par Fabrot, Paris, 1647, 7 vol.
in - Ibl., et MM. Heimbach en ont com-
mencé (t. I; Leipsiig, li883, in-4^), une
nouvelle édition sous le titre suivant : Bu-
silicorum iS>H LX\poH Annfhaîis Ftf-
broti cUras ope codé, niss, à G. E, B,
alUsque coUatorum, întepiôt^i cïifH
scholtis edidît, edàos denuà recètùùà,
deperditos restituit , trûAstationefn ia-
tinarà et adnot. èrit. diÇeàii b*" C. 0.
E. H. O. T.
BASIN [bamhagihc)y étôftb crbi-
sée , dont la chaîne est de fil et la tramé
de coton. Le basin se fabrique & peti ^r^
comme la toile ordinaire , et 11 y en â de
dilTérentes façons et de difTéréntés quali-
tés: de larges, d'étroits, de fins, de nioy eUé,
d'imié avec du pbif d'un côté ; d'àUtrëé
sont à petites raies imperceptibles s^éA
poil , et quelques-tins à girandès raieè bii
barres, aussi sans poil; et dàtié toutes èeé
sortes, on en distingue Une infinité d'au-
tres i^latiVfethétit à Taunagè et à là idèn-
dition. On fabrique deS basitls à Ljron et
dans ses environs, daUs te BeàujoIbfS:
mais ceux de Troyes en Champagne ^nt
les plus estimés. Il s'en consomme beiti-
coup en France , et il s'en fait des ^Irols
considérables à l'étranger. Quoique \^
manufactures françaises fournissent d'ex-
cellens iMsins, on en tire cependant beau-
coup du dehors. Il en vient de BrtigèS ,
de Hollande et des Indes. Ceux de Hol-
lande sont ordinairement r^yés ; ils sont
estimés pour leur finesse et leUr bonne
qualité. Ils portent cinq huitièmes d'^Une
de largeur, et environ douze atines dé
longueur. Ceux que l'on fabriqué à Bru-
ges, auxquels on donne aussi le noih dé
bombdsins y soni unis, rayés à ^etit^
raies imperceptibles, ou à grandes raies,
comme les nôtres, et à poil. Lés unis oti
à poil ont environ cinq douzièmes d'àùnè
de large, et douze aunes dé long} et les
rayés oui un pouce de moins siir la lar-
geur, et deux tiers de moînS stir ta lon-
gueur. Les basins dés Indes sont blancè
et sans poil; il y en a de deux façons :
les uns sont croisés et sergés; les aii-
tres, à carreaux et ouvrés. Les meil-
leurs se fabriquent au Bengale et à Pon-
dîchéry. Ï.R-d.
BASKËETUXE (loHir),artbtè et ty-
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foftwphé aDgIait , oobbh amtont oomMe
fÊodÊtar de ctmctères, mquit à Woite»-
kjr, eoiiit6deWore«iter, en 1 706, et mon-
ml en 1776. On estime beàaooapi socm
le rapport typographique, son édition de
Vii^Ie (1746, iû-4<^), et oeUe du Non-
i^au^Testàment (Oxford, 1768 ^ iil^4^).
Su 1T79, Beatunârcbais fit Tacquisition
de Ms typea'et matriees, et les paya S,700
L st. ; les Caractères de Baskerville servi-
rent snrtoilt pour l'édition, faite à Kehl ,
des dËovres de Yolti^re. C JL
BASNAŒ D« Beaitval (Jacques),
dé à Rouen en 165t, fut entoyé jeune
pat sbn |»ère, Henri Basna^, célèbre
avocat an parlement de Normandie, à
Sanmor, où il apprît le latin et le grec
et ploèîèun langues modernes , et d'où il
passa, à l'âge de 17 ans, à Genève. Il
comment JAns cette ville ses cours' de
tliéolégie et les termina à Sedan; Il re-
tourna ensuitedans sa ville natale et y suc-
céda, à peine âgé dé 93 ans, dans l^église
proté^titnte , au savant Lenlôine, appelé
comme professeur à Leyde. L'élise de
Rouen ayant été fermée en 1666 , Bas-
nage se réfugia à Rotterdam où, en 1 69 1 ,
il dervittt pasteur de l'église walonné. En
1709, U fut appelé dans la ttîéme qualité
par celle de La Haye. Pendaht son séjour
dans céète ville, il rendit de signalés ser-
vice^, non-» seulement à l'égCse, mais
encore au gonvemement qui lui avait
accordé sa protection et qtii remploya
utifentent pour phniéurs missions iih-
portantes. Le gonvemement de France
crut aussi pouvoir recourir à ses lumiè-
res, rt eut égalémelit lieu de s'en Ibuer.
LessetTîces qu'il lui rendit, en assistant
de Ses conseîh , sur la demande expresse
dti dm d'Orlékns,régentde France, l'abbé
DoApois dans sa tlégociation d'une blUanbe
défensive entre la France , l'Angleten^
ec les États-^Géhéraux, lui valurent la res-
titution de tbus les biens qu'il avait lais-
sés en France. Il publia beaucoup d'ou-
vrages plus ou moins volumineux dahs
lesquels il fit preuve d'une vive piété,
d'un sincère attachement aux principes
delà réforme et d'une érudition profonde
ef variée, surtout dans les sciences his-
toriques. Nous ne citerons que soh Mis-
UHre de la religion des égUses réfùr-
Méer, dont trné paiiiè répcHld à nttsttire
det variatioDs dca églises protestantes dé
l'évéque de Meaux (la 4^ édition, en 8
volumes in-4^); VHistùire de t Église de-
puis Jésus 'Christ jusqu'à présenti Rot-^
ttrdam, 1699, â vol. in-foL; VHisttHs^
dé l'Ancien et du Nouveau-^Testament,
.avec fig» en taille*- donoe, par Rom. de
Hooge, Amsterdam, 1705, in-foL, ouvra-
ge qui a eu 9 éditions; Y Histoire des Juifk
depuis Jésus 'Christ jusqu'à présent $
Rotterdam, 17^06, etc., 4 vol. in«18.
Cet Quvrage a été publié à Parb en 1 7 16^
avec quelques cfaangeinaas et supprc**
sions^ par Fabbé Dubois^ sans nom d'au-
. teur ; Thesmtrus monumentorum eecèe-
siastiûoruan et historkorwn > Àntwei^. ^
172d, 7 vol. in-fol.; Instructions pmsta^
raies aux réformés de France sur /V-
béissance due att souverain , 1739y in«
IJ; Annales des Propinces- Unies ^ etc«,
La Haye, 1719 et 1736 ^ 3 vol. in-fol.:
Dissertation historique sur les duels ei
sur les ordres de la chepoleHe , Ams*
terdam, 1730, in-8^, renfermant des re-
cherches fort curieuses. On a encore de
lui deux Recueils de Sermons et un ou-
vrage périodique. Histoire des ouprages
des savons y Rotterd., 1687-1709, 14
vol. in-12.
Plusieurs prêtres catholiques écrivi-
rent contre lui et pr6voquèrent de sa
part dek réponses pleines de modération
pour la personne de- ses adversaires ati-
tant que de force* et de vivacité pour ce
qtt^l regardait comtne des erreurs. Bas-
nage modV'ot en 1716. J. J. G.
BASOCHE. Ce mot est la traductiott
burlesque du latin hasiliea , pabiis royal,
et \ts suppôts dé la basoche sont précis
sèment les gens de palais. Quand le
parlement, cessabt d'être le grand con-
seil du ft>t, (ùi uniquement chargé de
rendre la justice, une distinction de notai
dut s'établir entre les Scigtieurs qui fer-
maient la coti^gnie du roi et les habi-
tués de la cour de justice-. Les ptHemiers
s'appelèrent les genJ de ti eonr od cdui^
tisans, les autres furent les clercs dé la
basoche ou betsachiens. Ce n'est pas tôitt •
ridée de bàsUique {i>oy,) entraînant dé-'
ccssairement celle de roi , des basôchiens
se groupèrent autour d'un sduvèrain,
comme on le fitf sait au Lonvre , au bhâ^
tean des Totamdles ou à l'hôtel St^ftl;
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BkS
(112)
BAS
Telle fat Torigine du roi et da royaume
de la basoche.
Les magistrats de ce pacifique empire
étaient., après le roi» le chancelier, tes
maîtres des requête^, le référendaire , le
grand-mu Jiencier, le procureur général,
l'avocat du rpi, le procureur de la com-
munauté, quatre trésoriers, le greffier,
quatre notaires, un premier huissier,
huit huissiers ordinaires , et Taumônier.
Henri III, qui ne tremblait pas encore
devant les Guises , parut éprouver quel-
que ombrage du titre de roi qii*afrectait
le chef des basochiens de la France ; et
voulant qu'il n'y eût en son royaume
d'auûre couronne que la sienne,- il sup-
prima le titre de roi de la basoche,
et transmit au- chancelier tous les privi-
lèges et tous les droits dont jouissait cet
estimable souverain. Mais la basoche n'en
continua pas moins d'être un royaume ;
d'avoir, à ce titre, un écu royal d'azur
à trois écritoires d'or , ^t d'employer les
formules suivantes, dans tous les juge-
mens qu'elle avait droit de rendre : « La
basoche régnant en triomphe et tiltne
d* honneur f à tous pwsens et à venir,
saint, -r- Natre i/ien aîné..*, A ces cau-
ses De grâce spéciale et autorité
royale basochienne.... Si mandons à
nos ornés et féaux, — Car tel est nostre^
plaisir. — Donné en nostre dit royaume
fan de /oie... et de nostre régne le per-
pétuel
La juridiction de la basoche compre-
nait la connaissance et la décision de tous
les procès et débats qui venaient à s'é-
lever entre les clerc» du Châtelet. £lle
prétendaià remonter aux premières ap-:
nées du xi y^ siècle , et , d'après les ter-
mes incontestés de son institution, le
roi de la basoche avait droi| de por^r la
toque aurittontée d'une couropne royale.
Il rendait là justice deux fois par se-
maine; il faisait la montre de tous les
sujets de son empire, une fois par an,
dans un célèbre et vaste champ qu'ils
avaient acquis et qu'on nommait pour
cela le Pré aux Clercs. Il faisait frapper
une espèce de monnaie qui avait cours
entre le^ clercs , mais que les gens de
commerce pouvaient refuser à leur gré.
Si l'on en juge par le proverbe de la
monnaie de basoche, les pièce* de cette
fabrique ne jouissaient pas d'un immense
ciédit. Le roi basochien avait encore k
droit de choisir et faire couper tous les
ans, dans les forêts royales ^ un arbre de
haute futaie que les clercs venaient planr
ter, le premier mai, devant la grande
cour dv palais, au bruit des tambours -et
au son des trompettes. Ce n'est pas tout i
le triomphant royaume de basoche, était
dignement honoré dans lea jeux publics :
à l'hôtel de Bourgogne, son chancelier
avait une loge; au camaj^al, les baso-
chiens se réunissaient au Prince des sots
et aux joueurs de farces, de sotties et de
mystères. A leur tour, ils donnaient une
moralité^atiriquedans laquelle il^ usaient
larg^mentde la liberté de railler les vices
et d'insulter aux favoris de la fortune.
On sent bien qu'ils devaient finir par
soulever des inimitiés et produire de vé-
ritables scandales. Cependant Louis XII
les.avait protégés; il leur avait même ac-
cordé la faveur déjouer leurs pièces sur ,
la table de marbre de la grande salle du
Palais. En 1538 ils jouèrent encore- de-
vant François I^**; mais en 1540 leurs
facéties parurent décidément trop incom-
modes , et défense leur fut faite de ne pkis
jouer ou faire jouer à Tayenir les pro-
duits de leur veine cléricale. Cette dé-
fense n'atteignit pas \es JSasoches de pro-,
vincc^ car plusieurs années :|près on voit
encore citées avec éloge lés sotties de la
Basoche de Bordۍ,ux^
L'histoire des pièces jouées par les
clercs de la Basoche est liée à celle du
théâtre en France. P. P.
BASQUES (pats ou psotutc^). A
l'extrémité occidentale de nos frontières
pyrénéennes s'étendent, sur les deux veiv
sans, les cantons habités par les popula-
tions basques, et que, par cette raison,
on appelle du côté de France le pays
basque , et du côté espagnol provincias
bascongadasy c'est-à-dire provinces bas-
ques^ Ces dernières sont au nombre de
trois, et pqptent les noms de Biscaye (^/i-
caycL)'» d* Alava, et de Guipuzcoa ou Ipuz-
coa. La première a titre de seigneurie
[séhorio\^ sa capitale est Bilbao, Victo-
ria est le chef-lieu 4e la seconde; et la
troisième a pour ville principale San-
Sebastian , que les Basques appellent Do-
nostéan, LaNavarre espagnole n'est point
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BAS (113)
comprise sous ce titre officiel àeprovin-
cia$ bascongadas; mais elle n*eo est pas
moins un canton basque. Sa capitale
Pamplona (appelée Iruna dans la lan^e
du paysj, Ëstella, Tudela, Sanguêsa, et
Olile (que les indigènes nomment Erri-
herri, c'est-à-dire Ville-Neuve), sont les
chefs-lieux des cinq merindades (inten-
dances ou juridictions) qui composent
ce royaume; les trois premières de ces
villes sont épiscopales.
Du côté de France le pays basque
renferme les trois petites contrées de
Labourd, de Basse-Navarre et de Soute.
La première, dont le nom rappelle Tan-
den Lapurdum, résidence du tribun de
la cohorte de Novempopulanie sous les
Romains, formait, avec quelques vallées
voisines, l'évêché de Bayonne; elle eut
des seigneurs particuliers, sous le titre
de vicomtes, dans le xi^ et le xii^ siè-
cles. Réunie depuis à la Gascogne, elle
entra dans le domaine de la maison de
Béam, et fit accession à la couronne de
France par Tavénement de Henri IV.
Lors de la création des départemens, en
1 790 , on la comprit dans celui des Bas-
ses-Pyrénées, sous le nom de district
d'Uslarilz, agrandi plus tard (1800) aux
dépens de celui de Saint-Palais, pour
former TaiTondissement de Bayonne.
La Basse-Navarre, dont la capitale
éUit Saint- Jean-Pied-de -Port, ne fut,
jusqu'à la conquête de Pampehine par
Ferdinand-le-Catholique, qu'un sixième
canton du royaume de Navarre, sous le
titre de merindad de ultra puertos (ju-
ridiction de delà les ports), et ses dépu-
tés étaient appelés aux cortès ou états ,
comme ceux des autres merindades. Elle
renfermait la vicomte de Baygorry et Ar-
beroue, les pays de Cize (en basque Ga-
racy)y de Mixe (^//iezcu/i<}), etd'Os-
tabarez, les seigneuries de Gramont et
de Luxe. Restée seule au pouvoir des
rois de la Navarre de la maison d'Albret,
elle n'en conserva pas moins le titre de
royaume, et les rois de France ne dédai-
gnèrent pas de s'intituler aussi rois de
Navarre y lorsque cette mince souverai-^
neté eut été réunie par Henri IV au do-
maine de la couronne. Elle devint, en
1790, district de Saint-Palais; puis, à
l'établissement des préfectures ^ elle fut
Encyclop, d. G. d. M, Tome LU.
BAS
partagée entre les arroodissemens de
Bayonne et de Mauléon , comme dès
long-temps elle l'était entre les évêchés
d'Oloron et de Bayonne.
La Soûle (en basque Subema), dont
la capitale est Mauléon, avait titre de
vicomte, et elle eut des seigneurs p^ti-
culiers jusqu'à la fin du xiu** siècle; eDe
fut réunie définitivement à la couronne
de France en 1607, avec les autres do-
maines de la maison de Béam. Elle for-
ma, en 1790, le district de Mauléon,
qui devint plus tard une sous-préfecture,
en s'agrandissant d'une portion de la
Basse-Navarre. Dépendante d'aboad de
l'évêché de Dax, elle passa ensuite à ce-
lui d'Oloron, qui, depuis le concordat
de 1801, est resté fonda dans 'celui de
Bayonne. * A....
BASQUES ( PEUPLE et lancaob ).
C'est le nom qu'on donne en France au
peuple singulier qui habite , tant au nord
qu'au sud des Pyrénées, les provinces
dont on a, dans l'article précédent, r^racé
les principales époques historiques; mais
ce n'est pas le nom qu'il porte dans sa lan-
gue : ce nom e&lEscaldbunac; le pays qu'il
habite est VEskcderra , et la langue qu'il
parle se nomme esAouara. Il ne faut pas
croire cependant que cette langue soit la
même dans toute l'étendue des pays bas-
ques. L'habitant du Guipuscoa ne corn*
prend qu'avec peine celui de la Biscaye;
on peut en dire autant des Jiabitans de
l'Âlâva, de la Navarre, haute et basse,
du Labourd , soit entre eux, soit avec les
premiers; mais on reconfiait dans tous
des caractères physiques semblables, des
mœurs et des coutumes qui ont une
grande analogie , et des dialectes qui dé-
rivent d'un souche commune. Malgté ces
points de ressemblance, ib diffèrent en-
core assez pour qu'en espagnol on ne
disfi^ pas la nation basque, mais les na-
tions basques, ias naciones bascas; et
comme la latogue forme la différence qui
sépare les Basques d'une manière tran-
chée du reste de la population des deux
grands royaumes auxquels ils appartien-
nent, il en résulte que ces mots pays
banque ne répondent pas toujours aux
divisions géographiques établies sous le
nom de provinces basques: ils signifient
le pays oà l'on parle eoBore la langue
8
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BAS
(114)
BAS
Imsqne. Ce n'est donc qne par Vénnmé-
ration des villages où le basque est en-
tendu et parlé, que l'on pourrait détermi-
ner rétendue et les limites du pays bas-
que proprement ditll est aujourd'hui pi us
restreint que le territoire des provinces
basques 9 tant en France qu'en Espagne.
Ainsi y dans cette dernière cokitrée, Tu-
sa^ede la langue eskouara est entièrement
oblitéré dans plusieurs villages de la pro-
vince d'AJava. En France, dans plusieurs
communes de la Soûle et du Labourd ,
ou des arrondissemens de Bayonoe et de
Mauléon, les habitans ne se considèrent
plus depuis long- temps comme Basques.
Bayonne, par exemple, la ville la plus
peuplée, la plus considérable de toutes
les provinces basques, n'appartient pas
au pays basque proprement dit. Ce serait
un travail statistique intéressant et qui
. manque, que celui qui donnerait les
moyens de tracer une carte géographi-
que de la natioh eskaldounac dans son
état actuel , et considérée sous le rap-
port ethnographique , de manière à dé-
terminer avec précision les limites de
VEscalerra , c'est-à-dire du pays où se
parle la langue eskouara. D'après des
calcub exacts, nous sommes fondés à
croire que le nombre de ceux qui, en
France, parlent cette langue, ne s'élève
pas à plus de 120,000 individus, et en
Espagne à plus de 620,000. En tout
640,000.
Les Basques forment une race remar-
quable par leur taille élevée et bien prise,
leurs traits fortement caractérisés , leurs
cheveux noirs, leur teint brun et co-
loré, leur corps droit , nerveux, leur dé-
marche vive , hardie , leurs regards assu-
rés, la force de leurs muscles et l'agilité,
la souplesse et la grâce de leurs mouve-
mens. « Courir, sauter^ danser comme
un Basque y » sont des dictons français
dont on reconnaît la justesse quand on a
TU les peaples auxquels ils s'appliquent.
Aussi leur habiliement est^il conforme à
leurs habitudes actives. Une veste ronde
qui descend jusqu'aux hanches, rouge
ou brune , un gilet blanc , une culotte de
même couleur en été, de velours noir en
hiver, des bas blancs et des jarretières
rouges, une ceinture également rouge,
on mouchoir de soie p assé négligemment
autour du cou et attaché plus n^ligem-
ment encore sur la poitrine par un nœud-
coulant, les cheveux coupés courts sur
le devant et la tête couverte d'un béret
bleu , tel est l'iiabillement des hommes.
liCs femmes ont un fichu blanc ou de
couleur , artistement noué sur leur tète;
leur linge ainsi que celui des hommes
est toujours blanc, et ce peuple est re-
marquable par sa propreté, du moins en
France. Les Biscayens le sont moins, et
leur costume , qu'il serait trop long de
décrire , diffère de celui des Basques de
France. Noos dirons seulement que plu-
sieurs portent sur la tête un bonnet en
drap (montera)y d'autres des chapeaux
à grands bords; qu'ib s'enveloppent d'une
sorte de couverture ou portent une veste
à manches dégagées et tombantes , atta-
chée de côté à la manière des Hongrois;
qu'ils ont des bottines de peau de bœuf
non tannée, et qu'au lieu de bas ils s'enve-
loppent souvent les jambes avec des ban-
des d'étoffes de laine qu'ils croisent.
La beauté chez les femmes n'est pas
rare parmi les Basques, et est encore re-
haussée par une démarche droite^ leste,
ferme et gracieuse. Les deux sexes y jouis-
sent d'une liberté de commerce qui ne
tourne pas au profit de la pudeur publi-
que. Nous avons vu fréquemment au mi-
lieu de la place de SaintJean-Pied-de-Port,
les jours de marché, des jeunes gens et
des jeunes filles au milieu de la place et
en vue de tous, non-seulement s'embras-
ser, mais s'abandonner à des caresses
dont on aurait eu honte partout ailleurs,
sans que personne y lit la moindre atten-
tion. D'après ce que nous apprend un
auteur du pays, il paraîtrait qu'il en est
de même chez les Basques d'Espagne. U
nous dit que les filles vierges laissent
tomber leurs dieveux en larges tresses
au bout desquelles elles attachent un ru-
ban de soie de couleur ; cellea qui avaient
perdu leur virginité couvraient autrefois
leur tête d'une pagne blanche [saba-
niUa), mêlée de noir et de vert; mais
actuellement elles mettent des pagnes tou-
tes blanches, comme les femmes mariées
avec lesquelles elles se mêlent, sans dé-
choir dans l'estime publique, si leur con-
duite est bonne et si elles vivent to«-
jours avec l'homme qui les a séduijtes p
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6iâ
pourvu cependant que cet hoknme soit
célibataire ou vetlF. On suppose toujours
( ajouté n(kre aût&ur ) que la fille à éié
séduite paV* une plronftfsàe de ihaHagé
qui se réalisera Mû jour.
Le même auteuk* rapporte qû4l existé
dhez les blscayenà Mt iïdûgé éinguTiët* :
c'est qu^auSsitôt «ù'Une TétiikH^ est àc-
couctiée elle éôrt de son lit, et son )nai*i
s^y couche avec Ventant qui Vient de âàt-
tre. bè PaliWy dans ées feCheIrches sur
les Américains, au sUjétd^une coutume
semblable qui existé chec les sauvages
du Nouveau-Monde, alBn^e qu'elle est
aussi en vigueur dans le b^éàm. Nous nous
sommes assurés que cette assertion ekt
inexacte y non-seulement pour lé Béàm,
mais pour toutes les |>rovincés basques
de France. I3*après ce que dit notre au-
teur biscayen, il paraîtrait c^ue de l^auw,
si bardi dans ses assertions, a sèuleméàt
eu le tort de coiffondre les Basques d'Es-
pagne avec ceux dé France.
Le iftasque à toutes les qualités et tous
les défauts attàcUés à un état social qUi
participe du sauvtige et de ITiomme civi-
lisé, n est fier, impétueux, se raidissant
contre les menaces et les peines, ennemi
implacable, ami Édèle, franc et sincère,
superstitieux, laborieux, et s'adônnant ,
les jours de fêtes et de repos, aux plaisirs
avec emportement. Le jeu de paume fait
ses délices, et sa plus grande gloire est
d'y exceller. Ordinairement la d^se siic-
cède a ta paume : un ménétrier frappe
avec utie baguette tes cordés d^un instru-
ment qui figure une lon^e caisse percée
de trous, et de l'autre 'main il dirige les
sona d^un fifre aigu. (Cette musique sau-
vage met tout en mouvement : les liom-
mes, brandissant leurs bâtons et poussaàt
des cris joyeux , exécutent en cadence
le pas basque , datase vive et singiilière ;
les fenHnes se livrent ailleurs au même
amusement) mais avec moins d'ardeur et
des mouvemens moins vioJens; ensuite les
deux sexes se réunissent et forment ensem-
ble une autre danse en rond, plus grave ,
plus mesurée, plus monotone, ijuelques-
uns de ceux qui mènent la danse ont en
main «les castagnettes qu'ils agitenît et
font clac^er, ou ils frappent cette espèce
de tambour qu'on nomme tambour de
basque.
( ils ) ÈAS
Les fiasqties sont bravM et pl^ipHa à
supposer toutes hss fatiguai de là pxeM;
Mais ilà s'assujétiê^nt difftcitentent 1 là
discipline et & là màtitisdvt^. £n tempk
dé t>ait ih dësé^t:éMt fatïWifaébt «t lrc%a-
gnenttéutrs montàgn'é§; (là tte Aéuvëni
%ê té^ôtiâtt i Se ÏMi'e tiUe piitA^éh^à-
gère à celle qui les a vus naître , lïl !tèrpte«lr
a des Usages diftiéî'énb ae bëùi àuiquela
Tts Oht é«6 àccOUtUin^ flèfs ll^ êbfbU».
ICépendàât i\$ àimè'nt K entl^ep^réndf e deb
tôya^eft toi/ifams, et 1^ tilAiCalns de là
Iftiscaye et ^iultfbéûrd ^i sbftk pt^ de»
c6tés se sOtat àistîngùéà pa)r ^êùH tMTvi-
gàtiobS bàrdies. ï'ourtàbt '6*ést \ loft
()U*ôb a avancé qUé ces dehitéri levalexà
ëohmi'ehcé, hvant tous lés àliitTes pèftplCk
de rïurope, a attaquer labàtéîne. Il ei^
prouvé par te "jférîple d*Olher'ï?t »«• plti-
sietirs anciennes Saga, que lëi Basques
ont été, dans les mers du nOrd , p^éCéd4s
à cet égard par les t^orfé^îens qui, â&i
le kîi* siècle, savaient déjà dfstîtiguer
vingt-trois espèces dé grands c^tàoès p^j*
àe$ noms dïffiretis. >
Lés Basques se séparent de Wùs tes
peuples qui les environnent pài* dés ^-
'bitudes et des coutumes particulières ,
'mais qui sont moins singiilièrés en<5ére'
que leur langue. Cette langue nV rien
de commun avec lés kngues des paya
circonvoisins , ni avec aucune langue eu^
ropéenne , ni avec ^ilcune antre langue
du inonde parmi celles ^e l'on coosalt.
tJn phénomène aussi extraofWnaire,
mais non pas unique, même enEaropc^
a exercé ta critique et fimagfoatron des
savans, et exalté TargueiT de ceux cki
pays. On à clone beancoifp dijsserté; on
a écrit dfe grOS vtflumes sut fHIphabèt
primitif ïfûn peuple qui n'eut jamate
d'alpbàbet; SUr Tftistoirè d'une nation
qui est dépOtirvue de monumens historî-
ques et chez ]aquéf(e n*txtste aucune tra*
dition; sur les immenses conquêtes ât
ces belliqueux montagnards, ^i'ne ée
sont répandus Un Tnstant d^Us léâ plaines,
que pour donner leur nom iQi pays qu^
avaient dévasté et ^te bientôt refoùlëb
dans leurs montagnes. Au défaut de do-
cumens certains, et teéme de Hctlous
popi/laires dont on mtinquait, on s^eit
lancé sans critique et sa^is mesure dans
le cbamp tautastiquiè des étymologies ,
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BAS
OÙ appardissenl des lueurs qui comme
ces feux t'ollels, brillent dans une loin-
taine obscurité, et disparaissent aussitôt
pour vous plonger de nouveau dans
des ténèbres plus épaisses, pour vous
conduire dans un obscur abîme où
la raison s*égare à mesure que Ton s'y
enfonce.
Au moyen des racines de certains
mots basques qui dans une langue si peu
connue se prélent merveilleusement à
toutes les transmutations qu'on a besoin
^e leur faire subir et aux significations
^u'on veut leur donner, on a établi que
.presque tous les noms géographiques de
l'Ëpagne ou de l'Ibérie étaient des noms
basques. Donc, a-t-on dit, le basque a
iété la langue universelle de l'Ibérie ou
<ie l'Espagne ; donc les Basques sont les
peuples primitifs de toute l'Espagne;
'donc ce sont les vrais Ibériens. Lesibé-
riens sont originaires de Tlbérie, du
42aucasc, pays proche de l'Arménie, où
est le mont Ararat, où s'arrêta l'arche
de Noé; donc les Basques sont les des-
cendans de Noé et de sa famille ; c'est
la plus ancienne nation du monde; elle
^\ iteodu ses conquêtes en Angleterre ,
da.^* toute l'Europe, en Chine même,
^l (^^n Amérique; les étymologies des
noms ^Hasques qu'on trouve dans toutes
ces contrées lé prouvent évidemmenL
Voilà un système pour lequel les doctes
basques Larramendi, Torrero , Zuniga ,
Asurlow, Erro ItztueU, Ilhare de Bidas-
souet, et quelques autres, ont composé
des volumes dont les titres *euls tien-
draient ici trop de place.
Sur la foi de leur trompeuse érudition
et de leur périlleuse assertion , le savant
M. Guillaume de Humboldt, dans un
ouvrage publié en allemand ^ en 1821,
intitulé : Recherch^ sur les habitons
primitifs de V Espagne^ démontrées par
la langue basque, s*est efforcé d'étayer
-ce système par sa sagacité et sa grande
érudition, mais en le réduisant à des
l>ases moins larges et plus vraisembla-
Jales. Selon lui, il est évident que le lan-
^ge des Basques est le même que celui
des anciens Ibériens qui ont possédé
toute l'Espagne; mais les Celles, race
essentiellement différente, dans les Pyré-
nées et sur la côte piéridionale, habitaient
(116) BAS
aussi ribérie; ces deux peuples mélangés
se sont étendus au nord dans les parties
méridionales de la Gaule , et même d'Al-
bion ou de l'Angleterre , et dans les
plus grandes Iles de la Méditerranée ; il
est douteux que les peuples primitifs de
l'Italie appartiennent à cette souche.
M. de Humboldt incline à le croire ;
mais les Calédoniens, et sans doute
aussi lés habitans de la principauté de
Galles et de la Bretagne , ou de l'extré-
mité nord-ouest, sont d'origine celtique
pure. Les langues ibériennes ou basques,
celtique et punique , étaient différentes.
C'est en vain, avoue M. de Humboldt,
que sur les exergues de certaines mé-
dailles, les inscriptions sur pierre et sur
les vases de terre, on a prétendu retrou-
ver l'ancien alphabet des Basques ou des
Celtibériens, ou le rattacher à celui des
Grecs et des Phéniciens. Les discussions
savantes des Velasquez, des Lastanosa ,
des Florez, des Erro, des Sestini, des
Valcarcel et autres, sur ce sujet, n'ont
jusqu'ici rien éclairci , et il faut s'en te-
nir aux déductions que peuvent nous
fournir les étyinologies des noms géogra-
phiques. Le système de M. Guillaume de
Humboldt n'^ point satisfait un de nos
plus savans antiquaires, celui de tous
qui connaît le mieux les monumens an-
ciens et l'histoire de nos provinces mé-
ridionales, M. Du Mège: ce dernier pen-
se, avec un savant Espagnol, M. Cura
de Montuenga, que les Eskaldounac sont
les restes de quelques-uns de ces peuples
qui envahirent l'Empire romain sous le
règne de Probus, ou les restes de ces tri-
bus dont parle Paul Diacre , et auxquel-
les, au temps d'Honorius, on confia la
garde de l'entrée des Pyrénées. Mais c'est
là expliquer une difficulté par une au-
tre; quels étaient ces peuples, ces tribus
avant leur émigration, et à quelle souche,
à quelle race appartenaient - ils ? quelle
était leur langue? où^n trouve-t-on des
vestiges ?
Après tant de suppositions il y a une
explication de l'origine des nations bas-
ques qui ressort de l'histoire et des au-
teurs anciens, mais qui a cet inconvénient
pour convaincre les érudits qu'elle est
simple, naturelle, et qu'elle admet une
démonstration facile.
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BA^ (1
Strabon et tous les antears anciens
Dous apprennent que Flbérie se trouvait
partagée enti*e un grand nombre de peu-
ples différens, parlant des langues diffé-
rentes, et il en est toujours ainsi chez les
peuples non civilisés. Il y a en Amérique
des langues qui ne sont parlées que par
mille individus, et souvent moins, for-
mant une nation distincte par ses carac-
tères physiques , et dont le langage n*a
point d'analogie avec aucun autre, et n'est
point entendu par les tribus qui Tenvi-
ronoent. Les auteurs anciens concou-
rent tous aussi à placer, parmi les peu-
ples de ribérie, les Cantabres dans la Bis-
caye , dans les provioces de Guipuscoa
etd*Alava, et les Fascones, dans la Haute-
Navarre, autour de Pampelune. Ainsi
donc, les Vascos, ou Bascos, ou Basques,
doivent être considérés comme les anciens
Vascones qui se sont perpétués avec leur
langue dans les vallées qu'ils ont tou-
jours habitées;et, voisins des Cantabres, ils
ont pu avoir la même origine ou en être
ane simple'tribu, comme les Francs, par-
mi les nations germaniques : ceci expli-
que bien l'origine et l'existence des Bas-
ques au midi des Pyrénées et en Espagne,
mais non celle de cette même nation au
nord des Pyrénées et dans la Gaule. Là ,
les auteurs anciens ne nous placent point
les F'usconeSy mais les Tarbelli , les Sy-
hiUates , les Osquîdates, Faudra-t-il, à
l'exemple des fabricateurs de système,
rendre par une conjecture les Vascones
ou Basques espagnols conquérans des pro-
vinces basques françaises, et les y établir
de notre autorité privée? Nullement. C'est
l'histoire qui se chargera encore de ce
soin. L'histoire nous apprendra comment
ce changement s'est fait , à quelle époque
cette conquête a eu lieu. L'histoire nous
dit que dans le ti* siècle , les Vascones ^
venus d'au-delà des Monts-Pyrénéens, se
répandirent dans toute la Novempopula-
nie et s'emparèrent de tout le pays com-
pris entre la cime des Pyrénées et la rive
gauche de la Garonne. Austrovalde, qui
avait succédé à Didier dans le duché de
Toulouse, marcha contre les Vascones ;
ils se retirèrent avec leur butin et leurs
prisonniers sans qu' Austrovalde pût les
atteindre, sans qu'il osât les suivre jusque
dans lea vallées de la Soûle, de la Basse*
17 ) BAS
Navarre et du Labourd, où ils s'établi"
rent, après avoir expulsé les tribus qui
s'y trouvaient. Le souvenir de leur dés-
astreuse domination dans une partie de
la Novempopulanie lui Bt le nom de Vas^
conia, Gascogne, qu'elle a retenue; quant
à eux , ils ont conservé le nom antique
que leur donnaient les anciens avec peu
d'altération, nom qui ne diffère pas beau-
coup dans sa racine asA ou es A, de celui
qu'ils se donnent eux-mêmes ( don Vin-
cent de Lloris écrit hascouara pour le
nom de la langue, ce qui se rapproche
encore plus de Vasconia ). Le besoin
d'abréger nous force à supprimer les ré-
ponses aux faibles objections qu'on a fai-
tes contre cette opinion.
De tous les dialectes basques espa-
gnols , celui que les Basques de France
comprennent le moins c'est le biscayen ,
parce que c'est le dialecte des anciens
Cantabres, tandis que la langue des bas-
ques français est celui des Vasques ou
Vascons proprement dits. Quant au gas-
con, ou le patois qu'on parte en Gasco-
gne , on sait très bien que c'est un dia-
lecte latin , comme le béarnais , le pro-
vençal, ainsi que toutes les langues et
presque tous les dialectes des parties oc-
cidentales et méridionales de l'Europe.
Depuis long-temps séparés et placés sous
des gouvernemens différens, les Basques
espagnols et les Basques français, malgré
la communauté de leur origine et de leur
langage, sont ennemis et se détestent; ils
se livrent fréquemment des combats
pour la possession de leurs montagnes ,
et de leurs pâturages dont les limites
sont mal déterminées. Les uns et les
autres sont, ainsi que nous l'avons dit,
dépourvus de toute tradition. Ce furent
les Vascones de l'Espagne , qui dans la
vallée de Roncevaux, non loin de Pam-
pelune , assaillirent et détruisirent l'ar-
rière-garde de l'armée de Charlemagne
qui violait, les armes à la main, l'indépen-
dance de leur territoire ; mais les fables
nombreuses auxquelles cet événement a
donné lieu ne sont pas même nées parmi
eux , et la scène en a été transportée ail*
leurs. Dans les jours de fêle et dans leurs
momens de gai té les Basques improvisent
^n leur langue quelques petites chansons
satiriques, mais aucune n'a mérité d'être
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BAS
la qatipi^ i)as()i|% fpit en ^pagoe^ soit ep
Frtqcç^il fl'f wîç 4^ ▼fsligÇ 4'"n« !»U^
ri4ur«i qui ^qit jprpp.^f? i^ ce peuple tr^
U l«Q|n« l>*sjg|H? çn^piême, après
t^llt 4c WY^i)^ ^its, e§^ ençqre jfeu con-
ime; ce qop Iç wv^wt -^de|ung en avait
di| 4aii» ^ ton^e H 4e spn l^ithri4aie^
éi\^\, iffms^ 4ap{^ te. vpi?^^qUires , gram-
iqairie^ ç«l 4iç(iQPaairç^ d*^''^^^^ ^^ ^°f~
çi, t547j 4'QïhpPm, ^P39, et de Lar-
irftf«e,ndS,^, \r%^\ 4» w^iwci ?P 1729;
d^ mê^ne, ^n 1 74^^;^ 4'Ordo^nes, de Lloris,
en iti42, eç 4*iRf^frte^ e» 1641, Herv^j
et çep^nda|i( A4el«9g f wqftWÎs tapt
d'inexactitudes, ^çloo ]ML. Q. 4ç lllun-
bQ|4t> ÇIH^ ççll»«-ci CP«^ deYPir faire pa-
raître, f^ |817. I Berljny i^ne brochqre
e<i alleiQaiid îpW^l^« \ J^çç^ficmions et
ç4^itjon^ (i là prepi^ière sec^ofi </«
dçi^wm^ Voh^r^ 4u Mi(fwidata4i SHT
ËikngH^ cand^KÇ fl«f b<^que. Ia meil-
. lire çrf nwnajrc b?^<W^ ^^ ^^^'^ <l® ^•
Vtfi^mf qw PWWI i TowlPP3e en 1 8?6,
ijï-§^ \ L'Miteur y a jpiol un YPwM^lrÇ
frapç4iA-l)f»que çt ba^qqe-françaisi pi^ia
prix foa4« paf M. ^e Volney, M. d^Ari^igot, nç-
èoae daas sa préhce toas ceux aoi ont écrit des
mmmmtkiMm d« la Im^ ^«fqM, # a^tana^Mt
k fi^mier, 4f fVi^ Ui»«4 f|pr«r p«f !«• Éié^In»,
di^s |%twe^ |rcci|fle»,, hébrajauc^ Par-là, il? qpt
été cpD^uits a prendre one iofinité de uoms pour
aataot de ▼etbea; ils oot micoana ausai la êjn-
Uzn de la bngM basqao. s On ifl)«nia» dit
n ¥• «l'4f«%>» t ^^^,^f mfwWMJreB^^^ atod^é
« eu lu}-|néine, et traite sur un plan qui u^est çe-
« fûi <t*aacan aotre ». tl tant donc aTûîr recours,
fm l«'baa^« fraaçaia, k la G^mmatm bm$qm^
ptr m, Vtdtmi Toalonff , i9a^ iM""; « f^lUi
f^roAce^fx composta FranetM , etc. MM. Barri^t j,
Botari errefalac; Bayonan^ 174' • In-ts. Le Ita-
■^•1 4â IC |.'t€lMa«, {a Oiaaîvair» d'fltfriet ••
tf^o^ipflot par f n «liaiiottï^irf ofk#fi«ff| «« frap»
SU»*. «» f[W«« Ç^ «ï^^PP^ra.
Pour le D^iaqnç espagnol, il fant eonsnitçr
UvMlMdi, doat la'^miaaiN «al fulMiMa.
(a^^Vif ft^namii^i i^flww^cf , f72ft. i|h8^,
et non grand dictionnfire intUule : Dieciçnario
^Hhgmkdêi Onstellano, BoMmentt tt Imtin, a toI.
iiUbl. h'HUtoim fé^rafe d* la moÊioa Ut^ua,
MF M «^«#Uw 4e «^If , ivi#%«afv|t& ^ t^q»ipf
p^^ i|n fmD\p roçéh^Uir^ coBpa|« ^e% dialecte*
basqnes dé France, dç GoiDÛxiïoa et d*ÀlaVa, et
%m Édémea nota tMvresfoodaDa en grec, hébreo,
italM« , %aafaii , fapagp»! , fmgkifi , pola—ii «t
{m) BA*
216 paçes^ çst i^suf^sant. L'auteur avait
apnonc'éun gran4 dictionnaire de la lan-
gue basque , f ignore s'il s^ paru. Le plus
ancien livre imp^rimé en langue basque
est un TiTouveau-Testament que Jeanne
d'Albret, dans son zèle pour les' progrès
4e la reb'gioi^ protestante, fit mettre sous
presse à La Rochelle ealôTl.Larramendi
donne lalistç d'environ 10 volumes im-
primés en basque, in-8^ etin-12; ce
Stont tous des livres ascétiques, des ca-
téchisme^ ou dçs captiqMea spirituels.
"M,, L'Écluse a ajouté i^ cette Ijste la notice
de 4 ou ^ autres voluipes qui ^ont encore
des livres de dévotioi^; enfîp je pourrais
peut-être donner les titres de 3 ou 4 au-
tre;^ livres de méiçe genre qu'il n'a pas
connus ,^ entre i|utres d'i^qe Imitation de
Jésns-Chrîst, imprimée à Pau en 1767.
De sorte que toute la littérature que
j>ppellerai r^p^a/'Ai^M^ des basques
nç vap{^ à plus 4e 2$ volumes, la plu-
Cmôn^e imprimés l^ors de leur pays, à
eau](, à Pau, à Toulouse. Je crois
que» grâce au zèle des n^issiopnaires, la
littérature des sauvages Otahitiens dans
U mer dii Sud, en livres imprimés à
Qtahiti même en la^^ue ptabitienne, est
i ^hç^re o{^ j'écris p)i|s nché et plus
npi^ibreuse. {1 ei^iste deiiy histoires des
notions basques, l'Mue eu espagnol et
imprimée (Auch 1818)^ l'autre en fraq-
oai^ et ^laouscrite; celle-ci était inçonaua
a tous les littér^teifrs avant qtie noua
l'eussipna 4é^ouYer(e. Tout^ deux sont
écrites p?ur des Q^ues, la première
es^ d'un Basqpe ^pagf^ol nomqné ^ur le
titpe D. J« A« df ^vpi^roU (ZamacoU
Ç9t ^^ pom 4e lieu). C^^te histoire
e9( ^rès ipédiocrç poi^r bi \^x\x^ histori-
q|9^y mi^f puri^se par les descriptions
de la Çi^ç^yf 9 de Guipi:^3cpa et 4'Â|«^Ya.
V histoire génférçie des ^q^t^çs en fran-
çnis et miiu^uscrite est biep siméripure,
même poiMT la p^e espagnole, a celle de
i). f, A, de Zawpola- Elle «t l'opvr^e
4f 30 %p^ de recherches et de vojf^ea
pp(repris 4^109 ee seul but piir le cheva-
lier 4e Çéû, (|ui çi^ I742> fu| le créateur
du régim^n( d^ Èoyal «- Cant^Jirfs. J'ai
dopjié upe idéf ^e cet puvrage remar-
quable à IVMclp J^^l^ 4u ^ifppléipent
de la Bio^^f^e tmiverseUe 4p If. Mi-
chaud.C'eat a nprès h» rechi^rche^ de JBéb
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BAS
qa*& été composé l'ouvraffe imprimé in*
Ululé Essai sur la noblesse des Bas-
queSfpour servir d^introduction à l'his-
toire générale de ces peuples, rédigé
sur les Mémoires d'un m ilitaire basque.
Cet essai est du béoédictii^ Sanadon^ mort
évéque coostitutionnel de Lescar. L'au-
teur soutient que, les Basques Q*ayaDt ja-
mais été conquis, leurs personnes et leurs
biens n'ayant jamais été inféodés, tou-
tes leurs terres sont ailodiales, leurs per-
sonnes libres, qu'en un mot ib sont tous
Dobles par le seul fait de leur naissance,
et exempts des taxes auxquelles les biens
roturiers et les roturiers étaient soumis.
Leurs prétentions à cet égard sont fon-
dées, et ils les ont soutenues dans tous les
temps; elles ont plusieurs fois été recon-
nues légitimes par les rois de France :
c'est ce qui les rend si rebelles aux lois
du fisc et à l'administration , d'où il
résulte que si les savans se plaisent à
étudier la langue et la nationalité des
Basques, le gouvernement a un fort in-
térêt à détruire Vune et Pautre : ce
qui pourrait s'effectuer en établissant
un collège à Mauléon, et un aqtre à
Saint- Jean-Pied-de-Port ; en n'impri-
mant des livres basques qu'avec des tra-
ductions françaises^ en facilitant l'étude
du français par tous les moyens possi-
bles; en donnant des encouragemens aux
Béarnais, aux Pascons pour aller s'éta-
blir dans les pays basques, et aux Bas-
ques pour se transplanter en Béam et
dans d'autres provinces de France. W-e.
BAS-RELIEF (beaux-arts), ouvrage
de sculpture en bois, en pierre, en mar-
bre, en terre cuite y en métal, dont les
figures saillent plus ou moins sur le fond,
ou cbampy dont elles ont été ou sont cen-
sées avoir été tirées. C!e saillant, selon
qu'il est plus ou moins considérable,
donne un nom différent à l'ouvrage. On
appelle bas-relie/ celui qui fait voir les
figurées comme aplaties sur U table ou
le mur qui leur sert de cbamp^ demi'
bosse on demi-relief celui dont les fi-
gures sortent du fond de la moitié de leur
épaisseur; enfin il est de haut-relief ii
tes figures sont de plein relief et peu ou
pas adhérentes au fond. On donne en-
core le nom de méplats aux ouvrages
ioni la sailUe est extrêmement légère.
(119) BAS
Le nom générique de bas-^lief Bort à
désigner tout ouvrage de sculpture ap-
pliqué sur un fond, que les figures soient
en saillies ou arrazées, ou seulement tra-
cées par un sillon, comme on en Yoit sur
beaucoup de monumens de l'Egypte et de
la Nubie.
Les bas-reliefs étant le plus souvent
employés à la décoration des monumens
d'architecture, on les exécute ordinaire-
ment sur des tables ou blocs isolés qui
s'appliquent ensuite suV le nu du mur,
s'y incrustent, l'affleurent, ou bien le
pénètrent profondément Ceux qui sont
sculptés sur un vase, UQe colonne, les
panneaux d'une porte , les lambris d'un
appartement ne doivent offrir ni fortes
saillies, ni plans multipliés, non plus que
ceux qui sont destina à être appliqués
sur un mur: les uns feraient croire à l'oeil
que le champ du vase, du panneau est
percé ou a perdu sa solidité, les autres
nuiraient à rharmonie des lienes archi-
tecturales. Les (routons seuls des temples,
qui offrent de la profondeur et de l'é-
tendue, paraissent comporter les ouvra-
ges à plusieurs plans et à forte ^i|lie,
qui demandent à être vus à de grades
distances et, embrassés d'un même coup
d'œil. Jamais, dans les fronton^ les figu-
res des premiers plans ne doivent dé-
passe^ l'aplomb 4u inembre principal
de la corniche.
Les anciens, et leurs disciples chez les
modernes, n'ont ordinairement établi
qu'un plan dans leurs bas-reliefs. Bipre-
ment ils en ont admis deux , ^t plus ra-
rement encore un troisième. Les essais
plus ou moins heureux de Bem|n, d'Al-
garde, de Pujet,d'An^eloRossi,pour re-
culer, comme ils avaient la prétention de
le faire, les limites de leur art, en com-
posant des ouvrages à plans indé^nis,
ont seulement prouvé coinbien les an-
ciens avaient été sages en s^at>sten^t de
placer dans leurs bas-reliefs des plans
trop prononcés et trop multipliés, et même
des groupes nombreux. La sciUpture e^
la peinture, comme la musique ^ |a poé-
sie, ont chacune un domaine propre dont
elles ne doivent pas sortir; et vouloir
composer ui^ bas-relief comm^ on comr-
pose un tableau, sera tot^ours une aber*
ration. Privé du prestige de la cçuleur.
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BAS
(120)
BAS
comment le sculpteur arrivera-t-il à un
effet exact de perspective? Les figures de
ses premiers plans cesseront- elles de
porter ombr^^nr celles des seconds e^
troisièmes pl^os, lorsque, comme cela
se présente si souvent, un jour glissant
éclairera l'ouvrage? Mais si les figures
reçoivent la lumière ou de front, ou en
plein, ou de loin, et si cette lumière est
mobile comme celle qui éclaire les fron*
tons des temples , quelles nombreuses
combinaisons ne faudra-t-il pas que le
sculpteur tente, non pour atteindre l'il-
lusion, cela est impossible, mais pour
parer seulement aux ombres défavora-
bles, au papiUottage des draperies, aux
reflets disgracieux, et peut-être pour évi-
ter la confusion ! Pour le sculpteur qui
tentera d'introduire des groupes nom-
breux et des plans dégradés dans un bas-
relief, le grand écueil sera toujours d'ar-
ranger sa composition de manière à ce
que l'ombre des premières figures ne
nuise pas, ne mente pas, à l'effet qu'il
aura cherché. La sculpture est un art
plus simple, plus austère que la pein-
ture. Les petits elliets pittoresques sont
indignes d'elle. Dans le bas-relief il ne
s'agit pas de tromper l'o&il et de produire
de l'iRusion, mais d'exciter des senti-
mens nobles par la représentation de su-
jets graves et instructifs. La beauté, la coi^
rection des formes et des contours, la
graçe, l'expression et l'unité de la com-
position, doivent donc, avant tout, oc-
cuper le sculpteur.
L'art du ba^-relief proprement dit,
de celui qui n'a qu'une faible saillie, con-
siste à faire en sorte que cette saillie soit
lllus apparente qu'elle n*e?t réelle. Un
des moyens d'y parvenir est de donner
à chaque plan d'une figure une valeur re-
lative, qui soit tellement combinée et mé-
nagée que l'oeil en saisisse facilement les
rapports. Pour donner de la fermeté, de la
candeur à leurs figures en bas-relief, les
anciens en tenaient élevée , on pourrait
dire carrée, l'extrémité des contours sur le
plan qui leur sert de fond.Cest dans ce sys-
tème que sont exécutés les bas-reliefs des
œils -de-bœuf de la cour du Louvre , par J.
Goujon, et les figures de la fonuine des
Innocens, du même sculpteur. Soigneux
«ussi de développer le plus possible leurs
figures, de les montrer sous leur plus bel
aspect, les Grecs ont évité les raccourcis
sur la longueur, et surtout sur les membres
vus de face ou de trois quarts. Ils les ont
le plus souvent vêtues de draperies légè-
res, adhérentes au nu dont elles laissent
deviner la beauté; et lorsque dans des
sujets austères ou religieux ils ont dû les
draper d'étoffes amples et pesantes, tou-
jours les grandes formes de ces figures se
retrouvent sous les plis larges et fermes
de leur ajustement. Dans leurs bas-reliefs
ils nous ont montré aussi comment on
peut se servir des draperies pour éten-
dre les lumières et les ombres, lier les
groupes, animer, harmoniser les diffé-
rentes parties d'une composition; c'est
enfin par leur exemple que l'on apprend
à donner aux bas-reliefs un caractère et
un style analogues au caractère architec-
tural , à l'objet du monument qu'ils dé-
corent L. C. S.
BAS-RELIEF (antiquités). Les bas-
reliefs ornent les édifices, les temples,
les arcs de triomphe, les colonnes, les
autels , les sarcophages ; ils sont employés
à la décoration intérieure et extérieure.
Les bas-reliefs antiques conservent
des sujets d'histoire et de mythologie
qui nous donnent une idée des composi-
tions des anciens artistes et des exem-
ples de leur exécution relativement à Tart.
On y trouve la représentation des édifices,
des costumes , des armes , des meubles ,
des ustensiles, et quelquefois les portraits
des personnages célèbres, des généraux,
des empereurs.
Les bas - reliefs sont intéressans dans
l'étude de l'antiquité figurée , parce qu'ils
nous aident à déterminer le sujet des sta-
tues isolées, à les reconnaître par la com-
paraison, et à rétablir les attributs qui
leur manquent; ils portent quelquefois
des inscriptions qui nous apprennent les
noms des personnages qu'ils représentent,
ou ceux des artistes qui les ont sculptés.
Le beau bas -relief de V Apothéose
d* Homère , du Musée Pio-Clémentîn ,
porte les noms des personnages princi-
paux de cette composition , et celui du
sculpteur, Archelaiis de Priène ^JUs d'A-
pollonius,
Les bas-reliefs sont exécutés en terre^
en pierre, en marbre , en ivoire , et «or
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BAS
tontes sortes de métaux. Les pierres gra-
vées sont des bas- reliefs précieux, faits
sur de belles et riches matières ; mais ils
forment une classe à part , ainsi que tous
ceux qui ornent les vases et les bijoux.
Dans rétude de l'antiquité , le mot bas-
relief s'entend de ceux en pierre , en
marbre et en terre cuite, et on applique
à Fart de les fabriquer le nom de toreu-
tique (vojrSj, dont la racine est ropcç (to-
res), clair, distinct.
Phidias, selon Pline, fit le premier
de pareils ouvrages avec succès; Pol^-
clète les perfectionna.
Les Égyptiens donnaient très peu de
saillie aux figures de leurs bas-reliefs, et,
pour les détacher du champ, ils se con-
tentaient d*en creuser les contours. Les
obélisques et les parois des murailles de
plusieurs de leurs anciens temples nous
offrent cette manière, que les Grecs imi-
tèrent d'abord. Dans les beaux siècles de
la sculpture, les Qrecs creusèrent un
champ proportionné aux figures; mais
ils leur donnèrent toujours peu de re-
lief et tinrent les figurés séparées les
unes des autres et posées sur le même
plan. On a avancé que les anciens ne
connaissaient pas la perspective linéaire;
mais s'ils n'en ont pas fait usage dans la
sculpture, c'est qu'un bas- relief doit être
va d'un seul point, et que , par consé-
quent, aucune partie n'en doit être ca-
chée par une autre. F, l'art, précédent.
Le relief aplati s'observe dans les figu-
res de la frise du Parthénon d'Athènes ,
construit, au temps de Périclès, par l'ar-
chitecte Ictinus, sous la direction^ de
Phidias. Si l'on eût donné à ces figures
beaucoup de relief ou de saillie , les frises
du Parthénon étant fort élevées , les par-
ties les plus voisines de l'œil lui eussent
caché les parties les plus éloi^ées.
Dans l'antiquité, les bas-reliefs étaient
souvent peints ou coloriés : on en trouve
des exemples dans ceux des Égyptiens ,
des Étrusques , des Volsques et des pre-
miers peuples de la Grande-Grèce; quel-
ques cabinets en conservent des fragmens.
On possède au cabinet des antiques
de France quelques bas-reliefs de terre
cuite, où les couleurs paraissent encore.
Le plus ancien artiste en bas - reliefs
dselés sur les vases d'argent serait Alcon
( 121 ) BAS
de Mylée, en Sicile, si l'on en croit Ovide,
qui le place quelques générations avant
la guerre de Troie ; mais la ville de My-
lée ne fut construite que plusieurs siècles
après cette époque. La description du
bouclier d'Achille, par Homère , prouve
que l'art d'exécuter des bas -reliefs sur
les métaux remonte à une très haute an-
tiquité. Le coffre de Cypselus est un
des plus anciens monumens de la sculp-
ture grecque dont les écrivains anciens
nous aient laissé la description. Ce coffre
était de cèdre, et les figures étaient d'or,
d'ivoire, ou gravées sur le cèdre même.
Pausanias en donne la description dé-
taillée et cite les inscriptions qui' ac-
compagnaient les bas-reliefs. Le travail
de ce coffre célèbre donne donc une idée
des incrustations dont Phidias fit égale-
ment usage pour la statue et pour le
trône de son Jupiter Olympien. Parmi
les bas-reliefs exécutés sur des métaux
précieux et que le temps n'a pas détruits,
on peut citer la belle coupe d'or du ca-
binet de France, trouvée à Rennes en
1774, représentant le triomphe de Bac^
chus sur Hercule , et publiée par Millin,
dans ses Monumens inédits; lé disque
d'argent, également du cabinet de France,
qui représente Briséis rendue à Achille ,
et qui a long-temps été connu sous la dé-
nomination impropre de bouclier de Sci-
pion.
On ne peut passer sous silence ta belle
et curieuse découverte faite à Berthou-
ville, près de Bernay, en mars 1830; an
nombre des objets trouvés étaient vingt
vases d'argent qui portent les plus beaux
bas-reliefs, repoussés au marteau, aussi
intéressans pour les sujets que pour l'exé-
cution. La coutume de colorier les bas-re-
liefs se retrouve jusque sur ces vases de
métal, où les figures conservent la couleur
del'argentytandisquelesvêtemens et quel-
ques détails sont dorés. Ces monumens,
décrits par M. Le Prévost (Caen, 1832 )
et par M. Raoul-Rochette , dans ,1e four-
nai des Savons, août 1830, sont ex-
posés dans le Cabinet des médailles et
antiques de la bibliothèque royale.
Les plus beaux et les plus curieux bas-
reliefs qui ornent les musées et les palais
de Rome sont gravés et expliqués dans
plusieurs ouvrages savans. Je citerai entre
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BAS
(122)
BAS
autresleilftf^^^ Capitolin,\e Musée Pio
Clementùi, par Vîscontî; BassirigUevi
nntichi délia villa Albani , collection
illustrée par Zoega. Le musée de France
possède une très grande quantité de bas-
reliefs que l'on peut y admirer et dont
on trouve la description dans l'intéressan-
te notice de ce musée , rédigée par M. de
Clarâc, et la représentation dans l'ou-
vrage de M. Bouillon. On peut suivre et
étudier les différens styles de l'art, à ses
diverses époques, dans ces belles suites
de bas-reliefs. D. M.
BAS-RHIN, vo^.Rhiw.
BASSANO (bataille de). Pour-
suivi en Tyrol et vaincu à Roveredo,
Wurmser^si maltraité depuis l'ouverture
de la campagne de l'Adige ( vojr* )> se
flattait de réparer son échec en se por-
tant avec rapidité vers Vérone, par le cir-
cuit que forme la Brenta» et en venant
ainsi occuper à son tour la ligne de l'A-
dige. n lui semblait aisé d'envelopper et
de couper les Français s'ils osaient s'en-
gager derrière lui dans les gorges de la
Brenta; telle allait être pourtant l'auda-
cieuse entreprise du jeune général en
chef de l'armée républicaine. Déjà, avec
les 30,000 hommes qu'il avait ralliés,
Wurmser pouvait être parvenu à Bas-
sano (Lombardie), lorsque Bonaparte,
laissant à Vaubois la garde du Tyrol, se
jette encore à la poursuite du vieux feld-
maréchal avec 20,000 seulement (6 sep-
tembre 1796).
Le lendemain l'armée française enlève
le défilé de Primolano, défendu par une
division de Wurmser qu'elle culbute et
à laquelle elle fait S,000 prisonniers.
L'extrême lassitude de ses soldats , qui
ont fait 20 lieues en deux jours, oblige
malgré lui Bonaparte à s'arrêter à Gs-
mone; mais le jour suivant, après avoir
pa^sé sur le corps de 6 bataillons autri-
chiens postés dans les défilés qui ferment
la vallée en avant de Bassano , il attaque
et force les divisions Sebottendorf et
Quosdanowicb qui occupent les deux
rives de la Brenta , et débouche devant
Bassano, où les deux têtes de colonnes
de l'armée française suivent les Autri-
chiens, aUérés et comme frappés de stu-
λe|ir. fjeurs rangs ^'étaient débandés à
a seule approche d'un ennemi qu'îU
croyaient arrêté par tant d'obstacles ; ils
ne pouvaient comprendre qu'il les eût
franchis en si peu de temps. Augereau ,
dont la division avait tenu la rive gau-
che, pénétra d'abord dans Bassano ; il fut
aussitôt suivi par Masséna qui, venant
par la rive opposée, avait eu à enlever
un nont défendu comme celi;i de Lodi.
Cette marche foudroyante coupa l'ar-
mée autrichienne. Quosdanovrich fut re-
foulé avee les débris de sa division dans le
Frioul , et Wurmser, rejeté vers l'Adige,
eut le bonheur de trouver un passage
pour regagner Mantoue ; il Ip devait à la
faute que commit le chef d'un poste di-
rigé V£rs Legnano et qui n'arriva pas à
temps pour le garder.
Lar victoire de Bassano valut aux Fran-
çais la prise de 34 pièces de canon, avec
cinq drapeaux, et au moins 4,000 prison-
niers. On porte à 200 le nombre desTour-
gons que durent abandonner les Autri-
chieps; c'est qu'en effet le quartier-géné-
ral de Wurmser était encore à Bassano
quand les Français y pénétrèrent; mais
on eut le temps de sauver le trésor de l'ar-
mée.
Entre les belles actions de cette jour-
née, on distingue celle d'un lieutenant
des guides nommé Guérin qui , à la tête
de huit hommes seulement, chargea 600
grenadiers et fut au moment de leur
faire poser les armes , tant était grande
la stupeur des Autrichiens! C'est là aussi
que Lannes , qui avait pris de sa main
deux drapeaux, fut fait général de bri-
gade. P- C*.
BASSANO ( pue DE ), voy, I^ai^et.
BASSE. La basse est celle des par-
ties de l'harmonie qui est au-dessous des
autres, et la plus basse de toutes, d'où
lui vient le pom de basse.
Sous le rapport de la mélodie op dé-
signe par le titre de basse les voix ou les
instrumens qui par les sons graves qu'ils
produisent sont au-dessous des voix ou
instrumens du médium et de l'aigu.
Dans un morceau à plusieurs par-
ties , celle qui fait entendre les sons les
plus graves est la véritable basse , et doit
prendra ce titre, fût-ce dans un duo, dans
un trio.
Lorsqu'une pot^ de basse , par l'ao-
çord ({d'elle pprtt, donne trois note»
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BAS ( 123 )
dans les portées supérieures ^ on les di-
TÎse en parties aiguë, ou dfissus, ou so-
prano^'en haute -contre, ou alto, ou
second dessus, ou second soprano ; et
enfio en taille ou ténor; lescjuelles trois
parties se forment sur la basse on partie
fprave , donnant un tout harmonique ap-
pelé quatuor.
Si fa note de basse ne donne que deux
notes par son harmonie , on n'obtient
alors que trois parties, y compris la basse;
et ces parties se divisent en aiguë ou
dessus, en second dessus ou alto ou
taille , qui , unies avec la partie ^ave de
basse, fornoent l'harmonie en trio.
Si de l'harmonie que donne la note
de basse on ne prend qu'une partie , on
la considère toujours comme partie ai-
(uê , qui étant jointe à la basse forme
harmonie en duo.
Telle mélodie peut être susceptible de
plusieurs basses et de plusieurs harmo-
nies, toutes également bonnes; telle au-
tre au contraire peut présenter des dif-
ficultés pour recevoir une basse franche
et une harmonie correcte. Dans ce cas
il faut connaître l'emploi des notes ac-
cidentelles dont la mélodie peut contenir
un grand nombre. Plus une mélodie ren-
ferme de notes accidentelles, plus l'har-
monie est claire et simple, parce que le
nombre des accords est moindre.
X>es principales fonctions de la basse
sont : 1° d'assurer le ton, les modula-
tions, les transitions et la ponctuation ;
3? de marcher autant que possible en
sens contraire avec le chant; 3** d'indi-
quer d'une manière précise le repos , le
mouvement, les mutations de l'harmonie.
Une basse est chantante lorsque, ne
marchant pas e](clusivemeqt par rondes
ou par blancl^es, elle chante ou contient
au môiqs des phrases mélodiques. Ces
basses sont à la fois partie chantante et
basses régulières de l'harmonie placée
au-dessus. Ce dpuble rôle les rend plus
difficiles k accompagne^ une mélodie
exécutée par la partie supérieure. Il sera
question plus bas de la basse chiffrée.
Sans entrer ici dans l'explication des
anciens systèifnes expliquons en peu de
roots ce que l'on entend par basse fon-
damentcue {^vçj. ce mot).
nptre système miisica} se compose
BAS
d'un petit nombre d'accords qui ptn^
vent être renversés ou altérés par dea
notes qui leur sont étrangères. On a
souvent pris ces renversemens et ces alté-
rations accidentelles pour autant d'autres
accords qiii n'existent point réellement
et qui ne servent qu'à embarrasser l'es-
prit La classification des accords étant
comprise, il est facile de reconnaître
quand un accord est renversé, parce que
sa note fondamentale n'est pas mise à la
basse; mais le renversement ne change
point la nature de l'accord.
Dans chaque accord il y a donc une
note à laquelle oti donne le nom de note
principale, note fondamentale , basse
fondamentale^ comme étant celle sur
laquelle repose un des accords de la clas-
sification.
Pour trouver la note fondamentale
des accords renversés , on place la note
de ces accords de manière à former une
progression de tierces ; la note la plus
basse est la fondanr^entale.
C'est la note fondamentale qui donne
le nom à m accord parfait ; ainsi, si on
accord a ut pour note fondamentale , il
s'appellera accord d'ut; s'il a sol, on rap-
pellera accord de soL
La basse continue est celle qui règne
dans toute l'étendue du morceau , se for-
mant à chaque instant des notes les plus
graves de l'harmonie.
La basse figurée partage la valeur
d'une seule note en plusiemra autres no-
tes sous un même accorc(.
La basse est la plus importante des
parties de l'harmonie , et elle sert de base
à toute contposition musicfile-
Cette vérité est tellen^ent sentie, même
par des amateurs, qi^'on entend dire de
tel morceau : il n*y a poinf de basses ,
pour indiqtf^r la pauvreté 4e l'harmonie
et des formules; ou: il y a des basses
admirables , ce qui désigne une compo-
sition bieh écrite, bien accentuée, et dont
les basses font ressortir la mélodie et
rbarmonie d'une manière copvenable et
agréable à l'oreille. L. D.
BASSE ( instrmnent ) , voy. Vwloh-
CELLE et Co9Tas-BASSE. Bassv skTiole,
vojr. Viole.
BASSE (voix d'homme), Basse-
C0NT]lE,'9ASft|£-TMI.L£y VQJT* YoiX.
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BAS
BASSB CHIFFRÉE. Cest ainsi
qu'on appelle une basse, sur laquelle les
accords sont notés au moyen de chiffres,
tenant lieu des notes musicales ordinai-
res. Comme les chiffres s'écrivent plus
rapidement que les notes, on peut re-
garder la basse chiffrée comme une es-
pèce de sténographie musicale.
Les chiffres désignent les intervalles
qui se comptent de bas en haut et à par-
tir de la basse. Ainsi un 2 indique la se-
conde, un 3 la tierce, un 4 la quarte,
et ainsi de suite. Un accord composé,
par exemple, de tierce, quinte et sep-
tième, serait donc désigné par les chif-
fres 3 , 5 et 7 , placés perpendiculaire-
ment l'un sur l'autre. Mais comme trop
de chiffres accumulés rendraient la lec-
ture difficile , on a songé à simplifier ces
combinaisons en retranchant quelques
chiffres et à ne conserver que ceux qui
caractérisent Taccord. Ainsi l'accord de
septième (celui dont nous venons de par-
ler) pourra s'écrire par un seul 7, au lieu
de 5 , et l'exécutant saura qu'il faut en
3
même temps faire entendre la tierce et la
quinte , qui font partie de l'accord ; de
même l'accord de seconde ( composé de
la seconde, avec quarte et sixte , se mar-
6
quera par un 2, au lieu de 4, etc. Les
a
accords qui portent un double nom se
marquent par deux chiffres , par exem-
ple, l'accord de sixte et quarte par? ,
celui de sixte et quinte par 5 , etc. Ce-
pendant il y a des cas ou il devient né-
cessaire de mettre tous les chiffres. Toute
note qui n*ést point chiffrée, porte Tac-
cord parfait, Voy, Accoeds.
Pour éviter la répétition du même chif-
fre, lorsque le même accord ou le même
intervalle reste sur plusieurs notes de la
basse , on a adopté un trait horizontal
placé' derrière le chiffre. Ce trait, placé
dans une position oblique devant Jin
chiffre, indique l'anticipation d'un ac-
cord, c'est-à-dire qu'il faut frapper l'ac-
cord sur la note qui précède. Un zéro
au-dessus d'une note de la basse, indi-
que qu'elle ne |>orte point d'accord. Lors-
que plusieurs notes doivent être jouées
( 124 ) BAS
seules ( sans accords ) on l'indique par
les lettres T. S., ce qui veut dire tasto^
solo.
Nous ne pouvons indiquer ici la ma-
nière dont se chiffrent tous les accords.
Les traités d'accompagnement en don-
nent des tableaux avec des explications
auxquelles nous renvoyons pour de plus
amples renseignemens. Nous ferons seu-
lement observer que la manière de chif-
frer varie selon les pays et même selon
les compositeurs , dont plusieurs ont in-
troduit des signes qui ne sont pas géné-
ralement adoptés.
Quant à l'invention de cette écriture
musicale, on l'attribue ordinairement à
Ludovico Viadana ( voy, ) qu*on dit l'a-
voir imaginée vers 1600. Mab on trouve
des traces antérieures de l'emploi des
chiffres dans la musique, et le véritable
inventeur reste à découvrir.
Au temps où l'harmonie était moins
compliquée qu'aujourd'hui, cette ma-
nière d'écrire la partie de l'accompagna-
teur présentait des avantages : de nos
jours on préfère tout noter en notes or*
dinaires. On a reconnu , pour beaucoup
de cas, l'insuffisance des chiffres, et
nous nous souviendrons toujours avec
plaisir du désespoir d'un brave homme ,
grandi déchiffreur de basses chiffrées, qui
ne trouvait qu'un seul défaut aux com-
positions de Beethoven, c'est qu'elles
contenaient des passages dont il lui était
impossible de chiffrer la basse. G. £. A.
BASSE-COUR. On nomme, en gé-
néral , basse-cour la partie de la maisoa
rurale, la plus voisine de l'eeil du maître,
qui comprend les granges, les greniers,
les écuries, étables et bergeries, le co-
lombier, le poulailler, le clapier et les
toits à porcs, les remises et hangars, les
celliers, le fournil et la buanderie. Le
plus communément le mot basse-cour
est limité au gouvernement des oiseaux
domestiques et de quelques petits ani-
maux ; 'c'est sous ce dernier point é$ vue
que nous allons 4n parler. Pour peupler
une basse-cour il faut consulter les usa-
ges du can'on que Ton habite, la nature
des produits que l'on récolte et la facilité
des débouché pour se défaire avec avan-
tage de ce qu'on destine à la vente. Il
ùiut ensuite faire delraos cboix : le màl^
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BAS
(125)
BAS
étant le principal agent de la reproduc-
tion, doit toujours être pris parmi les
inie^x constitués, les plus vifs, les plus
libres dans leurs mouvemens, sollicitant
avec ardeur les femelles à manger. D*un
autre côté, ces dernières seront en nom-
bre proportionné à Tétendue de rem-
placement, et de manière à ne point
épuiser en peu de temps les forces des
mâles. N*importe la localité , les poules
vivent partout et de tout; pourvu que
leur habitation ne soit ni trop chaude ,
ni froide, ni humide ou sujette aux mau-
vaises odeurs, et qu'elle ait dans le voisi-
nage un tapis de verdure, les poules paient
par leur fécondité les soins qu'elles reçoi-
vent Soutiens du ménage des champs,
elles en font l'agrément et offrent une mine
inépuisable, susceptible de répondre aux
besoins journaliers de l'homme en santé,
du malade et du convalescent. H n'en est
pas de même des autres volatiles soumis
à la domesticité. Le canard, quoique
très vorace dans son premier âge, de-
mande à vivre dans des lieux aquatiques
pour prospérer et avoir la chair délicate.
Les oies se plaisent avec les canards,
mais elles aiment mieux pâturer que
barboter ; si elles mangent tout ce qu'on
leur présente, elles donnent la préfé-
rence aux grains et principalement a
l'herbe sur pied. Le dindon veut un pays
planté de buissons et de petit bois; il
convient mieux aux cantons pauvres,cou-
verts de landes, où il peut errer plus libre-
ment que dans ceux qui sont riches et
bien cultivés. Ces différentes espèces
doivent être tenues dans une enceinte
close, leur divagation pouvant causer les
plus grands préjudices aux cultures et à
leurs propriétaires. La loi condamne à
une amende, et même à une action en tri-
bunal de police , celui qui laisse ses vo-
lailles à l'abandon ; elle autorise de plus
la personne lésée à tuer les animaux pris
en flagi^nt délit dans ses terres encloses;
mais elle ne lui donne pas droit sur leurs
dépouilles y qui appartiennent au pro-
priétaire.
La basse-cour est le domaine de la
fermière et de toute maîtresse de maison
champêtre. Elle doit être son occupation
la plus chère. Quand les soins de la fa-
mille abaorbent tont son temps, elle a le
plus grand intérêt à se faire suppléer par
une fiiie douce, propre, laborieuse et pré-
voyante; sans quoi la basse-cour, au lieu
d'être utile et profitable , ne serait qu'une
occasion de dépenses et d'embarras.
La plus grande propreté doit régner
dans toutes les parties de la basse-cour ;
presque toutes les maladies qui affectent
les oiseaux domestiques proviennent de
la négligence qu'on appoite à les soi-
gner.
Outre les pigeons, dont nous par-
lerons plus au long à l'article qui leur
est destiné, on entretient aussi dans la
bas§e-cour le paon, le cygne, le faisan,
la grive, la pintade, l'ortolan, et quel-
ques petits oiseaux de volière; mais c'est
plutôt comme objet d'agrément et de
luxe que d'économie. A. T. n. B.
BASSE FONDAMENTALE, théorie
imaginée par Rameau et qui a joui long-
temps en France d'un grand crédit au-
près des musiciens, des littérateurs et
des gens du monde. C'est dans une expé-
rience indiquée parle P. Mersenne, dans
son Harmonie universelle ^ que Rameau
puisa le principe de son système. Le
P. Mersenne avait remarqué qu'en met-
tant en vibration une corde d'une lon-
gueur donnée*, on entendait en même
temps que le son principal deux autres
sons qui étaient, l'un à la douzième et
l'autre à la dix-septième de celui-ci.
Cette douzième et cette dix-septième re-
présentant l'octave de la quinte et la dou-
ble octave de la tierce, la sensation de
l'accord parfait résultait de leur réunion
au son principal. Rameau mit dans ce
phénomène physique la base d'un sys-
tème d'harmonie qui aurait pour but de
ramener tous les accords à un même prin-
cipe. Mais l'accord parfait majeur ne
constitue pas toute l'harmonie : Rameau
avait besoin de l'accord parfait mineur
pour compléter son système. Il crut en-
tendre, ou voulut faire entendre pendant
Ik vibration de la corde, des sons sup-
plémentaires beaucoup plus faibles que
, les autres et qui formaient l'accord par-
fait mineur. Ainsi , il lui suffisait de re-
trancher ou d'ajouter les sons à la tierce
supérieure ou à l'inférieure de ces deux
accords, pour en former un grand nom-
bre d'autres. On comprend qu'un ays-
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BAS ( 12è )
tème si simple et si complet, en même
temps , dut plaire aux littérateurs qui ne
voyaient que ce qu*il avait de rationnel et
n'apercevaient point les erreurs. Aussi le
prônèrent - ils tous, à l'exemple de d'A-
lembert qui consacra de nombreuses pa-
ges à son éloge. Le système de la basse
fondamentale était donc la recherche
des sons graves, des accords primitifs,
qu'on 9cp^e\9Aisonsfond€mientaux {yoy,
l'article Basse ). Quelque séduisant que
fût pour Tesprit un pareil principe,
l'essai de son application démontre qu'il
ne repose que sur des règles arbitraires
et de pure fantaisie. Le système de la
basse fondamentale a été complètement
abandonné depuis long-temps.
C'est ici le lieu de parler d^une autre
théorie qui parut en France à la même
époque. Tartiui, célèbre violoniste ita-
lien , observa que deux sons résonnant à
la tiei:ce , un troisième son était entendu
à la tierce inférieure au grave : c'était
encore l'accord parfait. Les^conséquences
qu'en faisait découler Tartini man-
qiiaieot de justesse et de clarté, bien que
J.-J. Rousseau ait essayé d'opposer ce
système à celui de Rameau. La théorie
de ce dernier fit long-temps fureur en
France ; mais les rêveries de Tartini ne
trouvèrent aucun crédit II en fut de
même des prétendues découvertes de Ja-
mardy de Baîlière et de l'abbé Rous-
sier. E. F-s.
BASSE-LISSE, voy. Lige.
BASSESSE. La bassesse, comme ca-
ractère moral, est opposée à la dignité,
au respect de soi-même. On reconnaît la
bassesse d'ame aux paroles et aux actions,
n y a une certaine dégradation d'esprit ,
un certain avilissement tout intellectuel,
qui n'est pas proprement ce qu'on ap-
pelle bassesse dans le sens moral, et
qui se manifeste surtout par le langage :
c'est plutôt défaut de goût qu'immora-
lité. Ce qui prouve que ces deux états ne
sont point identiques et qu'ils ne co-
existent pas nécessairement, c'est qu'il
n'est pas très rare de trouver une certaine
fierté dans une intelligence d'ailleurs dé-
gradée. La bassesse morale, telle que
nous allons la dépeindre, n'est point non
plus si enneoûede la noblesse de la pen<
6AS
du langage, qu'elle oblitère le goût à cet
égard. Ces deux sortes de bassesses tien-
nent donc à deux ordres d Idées difTé-
rentes : celle de la pensée et de la parole
tient au sentiment du beau , et celle du
caractère au sentiment moral , au senti-
ment de la dignité humaine ; car là bas-
sesse d'ame proprement dite se masifeste
surtout par des actions, et ces actiobs
semblent avoir pour objet cl^elTàcer, d'é-
craser celui qui en est l'auteur ^n pré-
sence d'autres hommes qu'il redoute ou
qu'il veut tromper en les flattant. C'est
ainsi que la bassesse, dans ce dernier cas,
s'allie parfaitement avec l'hypocrisie. Si
l'on considère l'homme , quant à sa dignité
d'homme, quant à sa personne morale^ il
est d'une valeur inappréciable relative-
ment aux choses; aloi^ aussi un liomme
est l'égal d'un autre homme, toute per-
sonne morale ayant sa fin propre à attein-
dre et ne pouvant ni ne devant se sacri-
fier aux fins d'un autre. Et c'est cepen-
dant cet anéantissement servile auquel
l'homme l^as semble se condamner à l'é-
gard de ceux aux pieds desquelà il se
jette, en les invitant pour ainsi dire à le
fouler. C'est, on le sent, et il n'y aurait rien
a dire à ceux qui ne le sentiraient pas, se
manquer à soi-même, et manquer à l'hu-
manité tout entière, dans sa propre per«
sonùe, que de courber ainsi son front ^
le noble front de l'homme, dans la pous-
sière. « Mais, s'écrie Kant, celui jqui se
fait ainsi ver, a-t-il le droit de se plain-
dre ensuite qu'on l'écrase? » Non. Mais
je demanderai à mon tour: Comment ce-
lui qui écrase ainsi l'homme, même ce-
lui qui rampe, ne sent-il pas qu'il s'écrase
aussi lui-même? Ne vaudrait-il pas mieux
tendre la main à son frère et l'inviter à
ne plus nous Dsire rougir, que de le
mettre sous ses pieds? Il n'en est pas
moins vrai que l'orgueil naît souvent de
la bassesse, non-«eulement en ce sens
fort ordinaire qu'il n'y a pas d'kommes
plus insolens envers certaines personnes
que ceux qui sont les plus humbles avec
certaines autres : c'est une sorte de ré-
habilitation à leurs propres yeux dont
ib sentent le besoin; mais c'est une mé-
prise injuste qui n'est qu'un tort de plua^
quand ce n'est pas tout simplement le
séei et surtout de l'élégance des fonnes « besoin de l'expansion après une extrême
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BAS (I2t)
compression. Mais un autre sens suivant
lequel la bassesse engendre rorgueil,
c'est que la lâcheté semble inviter l'inso-
lence à se montrer: Faites disparaître
l'une, vous faites disparaître l'autre. Ce
n'est pas seulement vis-à-vis de nos sem-
blables que nous pouvons être grands ou
vils, mais encore à l'égard de la nature
physique, à l'égard de tout ce qui est plus
fort que nous. Mais alors l'ame est plutôt
forte qu'élevée. C'est dans ce sens que ,
dans la douleur corporelle, les plaintes,
les lamentations, même un simple cri,
sont indignes de nous, surtout si nous
avons conscience d'avoir mérité nos souf-
frances. J\ T.
BASSIN, «1 général un réservoir,
surtout d'eau , un vaisseau destiné à en
puiser ou à en contenir. Les uns ont dé-
rivé ce mot de vas y les autres de bac-
cunif baccinum.
Bassin (anatomie). On désigne par
ce nom la partie du corps qui, chez
l'homme, se trouve située à la partie la
plus inférieure du tronc et à laquelle
sont attachés les membres inférieurs.
Cest une assez grande cavité osseuse
constituée par la réunion de quatre
os, savoir : deux os irmominés ou coraux
qui se réunissent en avant et forment
ainsi les parois latérales et antérieu-
res; le sacrum qui à lui seul constitue
les parois postérieures, et enfin le coccix
qui n'est qu'un appendice tlu sacrum.
Cette cavité renferme, dans les deux
sexes , les organes internes de la généra-
tion , la vessie et une partie des intestins.
Lie bassin existe chez tous les animaux
vertébrés, à l'exception des serpens et de
quelques poissons qui n'ont pas de na-
geoires ventrales ; mais il n'^st point con-
formé chez tous les animaux comme chez
l'homme. Chez la taupe, c'est à peine si
le bassin offre une cavité , tant les os qui
le forment sont rapprochés; aussi cet
animal donne-t-il issue aux produits de
la génération par une voie autre que celle
de touç les autres animaux; dispositron
singulière qu'on ne rencontre que chez
lui. Dans les cétacés le bassin n'est formé
que de deux os qui ne s'articulent même
pas avec la colonne vertébrale; quoique
s'y articulant , ils sont très mobiles chez
le eochoQ dlnde^%t séparés l'un de l'an-
BAS
tre; oette dernière disposition existe
dans la classe entière des oiseaux. Enfin
dans les pedimanes ( voy. ) ou animaux
à bourse , comme le kanguroo , en avant
du bassin , là où s'articulent entre eux
les os coxaux ( symphise du pubis ), on
trouve un os articulé et mobile sur le
pubis, et auquel viennent s'attacher les
muscles formant la poche qui distingue
cette classe d'animaux et qui renferme
les mamelles. Cet os a reçu le nom de
marsupial.
Supporté par les membres inférieurs,
le bassin , portant .la colonne vertébrale
à l'extrémité supérieure de laquelle se
trouve la tête et dont le sacrum n'est
qu'une continuation, le bassin sert de
base au tronc Sa forme est celle d'un
cône dont le sommet, dirigé en bas et en
arrière, forme ce qu'on nomme la croupe,
qui, en s'unissant par une courbe très
prononcée à la colonne vertébrale , offre
cettecambrure si gracieuse qu'on nomme
chute des reins, La partie supérieure d«
bassin s'évase considérablement, surtout
dans le sens latéral ; c'est sa partie la plus
évasée , si saillante chez les femmes , qui
forme les hanches, situées, comme tout
le monde le sait, sur les côtés et un peu
en avant. L'homme est l'être chez lequd
le bassin offre le plus d'ampleur, et l'on
peut conclure assez rigoureusement de
cette disposition qu'il est le seul qui ait
été destiné à la station droite. Chez
les singes , qui peuvent jusqu'à un
certain point exercer cette station, le
bassin est beaucoup plus étroit, et ton
diamètre d'avant en arrière, au lieu d'ê-
tre horizontal comme chez l'homme, est
incliné en avant; aussi la station droite
est-elle toujours peu solide et voît-on ces
animaux, dans une foule de circonstances,
retomber sur les pattes de devant. Dans
la station assise, comme dans la progres-
sion , le bassin supporte tout le corps ;
dans la seconde condition, ce même
poids est supporté par les cuisses, et le
bassin peut être considéré comme la base
des mouvemens qu'elles exécutent La
largeur du bassin est donc une condition
rigoureusement nécessaire pour l'exer*
cice de la station droite, dans l'innnobi-
lité comme dans la progresion; leepen*
dant si le bassin est trop large, comme
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B\S
(128)
BAS
cela arrive chez les femmes, la progres-
sion est un peu gênée; en effet, dans le
mouvement successif de chaque membre
inférieur, le bassin doit décrire un plus
grand arc de cercle. Chez les en fans les
mouvemens sont plus faciles , plus rapi-
des; leur bassin n*a point encore acquis
toute son ampleur ; mais aussi leur sta-
tion est moins solide. Voy, Station.
Il fallait bien que le bassin eût chez la
femme des proportions plus considéra-
bles que chez Thomme, afin que le canal
osseux, formé par sa portion inférieure ,
que dans Fart des accouchemens on
nomme petit bassin^ put livrer passage
à la tète d*un enfant à terme. C'est dans
ce petit bassin que demeure le fœtus pen-
dant les trois premiers mois de la con-
ception ; puis il remonte dans la portion
évasée de cette partie du corps qui pa-
rait ne former qu*une seule cavité avec
les tégumens du ventre et qu'on nomme
grand bassin. On a donné le nom de dé-
troits aux limites des deux bassins : le dé-
troit supérieur sépare le grand bassin du
petit', le détroit inférieur est Tissue du
petit bassin. Pour qu'une femme soit
bien conformée, pour qu'elle accouche
sans qu'il soit nécessaire de recourir à
des moyens quelquefois violens et qui sont
du ressort de l'art des accouchemens, il
faut que les détroits de chaque bassin
aient une certaine étendue dans leurs
deux diamètres, celui d'arrière en avant
et celui d'un côté à l'autre; il faut aussi
que la cavité du petit bassin ait certaines
dimensions qu'il serait trop long d'indi-
quer. Nous dirons seulement que l'im-
portance qu'il y a quelquefois à recon-
naître, chez une femme non encore ma-
riée, si le bassin est bien conformé a
excité l'esprit inventif des chirurgiens et
des accoucheiu^, et qu'on a donné des
règles et inventé des instrumens [vojr,
PiLTiMiTHs) pour mesurer la capacité
du bassin. Nous devons ajouter que ces
méthodes, ces instrumens, sont toujours
d'une application difficile et fournissent
des résultats souvent peu certains. Il faut
le regretter; car il serait du plus haut in-
térêt de pouvoir reconnaître si une femme
qui veut se marier n'a pas de vice de
conformation qui rendrait l'accouche-
ment dangereux ou impossible. Ces vices
de conformation, qui presque toujours
sont le résultat d'une maladie de l'en-
fance qu'on nomme rachitisme (tio/.),
sont de deux ordres ; ceux de direction ,
ceux de dimension; ces derniers sont
toujours plus fâcheux que les premiers ,
puisque, s'ils sont poussés trop loin, ils
peuvent nécessiter, pour opérer l'accou-
chement, de graves opérations sur la mère
ou la destruction de l'enfant dans son
sein. A. L-d.
BASSIN (géographie physique). L'en-
semble de toutes les pentes d'un terrain
traversé par le lit d'un fleuve et de toutes
les vallées qui y aboutissent porte le nom
de bassin. On peut aussi donner le
même nom à l'ensemble de tous les ver-
sans qui circonscrivent une mer inté-
rieure.
Par suite de cette définition, que nous
proposons parce qu'elle nous semble com-
pléter, par sa généralité, l'idée qu'on doit
se faire d'un bassin, nous sommes natu-
rellement portés à diviser tous les bassins
en deux classes : les bassins fluviatiles
et les bassins maritimes.
Bassins fluviatiles. Bien que la plu-
part des montagnt^s d'une grande éléva-
tion donnent naissance à des fleuves con-
sidérables, le bassin d'un grand fleuve
n'a pas toujours pour origine une haute
chaîne de montagnes. Ainsi les petits pla-
teaux qui forment les seules inégalités
du sol de la Russie d'Europe voient
naître sur leurs flancs des fleuves bien
plus importans que ceux qui naissent
dans nos Alpes et nos Pyrénées.
Quelquefois des bassins différens ne
sont séparés par aucune chaîne: c'est ce
qu'il est facile de remarquer à l'égard du
bassin de la Seine et de celui de la Loire,
entre lesquels il n'existe qu'un plateau
peu élevé, tandis que dans beaucoup de
cartes, qui passent cependant pour être
bien faites, le dessinateiu* trace entre ces
deux grands cours d'eau une véritable
chaîne.
L'idée qu*on se fait généralement d'un
bassin porte à regarder le point d'où
partent plusieurs fleuves comme plus
élevés que ceux qu'ils traversent dans
leurs cours, et à regarder le relief du
terrain comme s'abaissant graduellement
à mesure que le fleuve s'éloigne de sa
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BAS ( 1
source. Cette idée est tout-à>fait inexacte
ainsi qu*un grand nombre de faità l'attes-
tent. Le plateau de Langres, par exem-
ple, donne naisaanc» à la. Meuse, et Ton
a cru jusqu'à ces derniers temps que, dans
le sens que suit la pente de ce fleuve, le
terrain s'abaissait jusqu'à son embou-
chare; et cependant des nivellemens ré^
cens ont prouvé que le plateau de l'Ar-
denne, que traverse la Meuse, est de 60
mètres. plus élevé que celui de Langres.
Cest par de grandes déchirures et des
gorges, profondes que le fleuve suit son
cours à travers de TArdenne.
Une remarque importante qui a déjà
été faite relativement aux bassins fluvia-
tiles, c'est que les grands cours d'eau ne
sont point des limites naturelles, ni en
géographie physique ni en géographie
politique; il faut chercher ces limites
dans les crêtes des chaînes qui sont les
points de partage des eaux. Il est facile
de reconnaître que les bassins présentent
dans tonte leur étendue des productions
naturelles à peu près analogues, et que
les habitans même y offrent des carac-
tères d'une commune origine. Ainsi le
bassin du Kbin, malgré une longueur de
plus de 300 lieues, est peuplé sur les deux
rives du fleuve, depuis sa source jusqu'à
son embouchure, par des nations germa-
niques ; tandis que les versans occiden-
taux du Jura et des Vosges sont peuplés
de nations d'une origine différente. C'est
qu'en effet les points de partage des
eaux isolent les peuples , tandis que les
cours d'eau tendent à favoriser leur rap-
prochement et leur extension.
bassins maritimes. On peut consi-
dérer comme d'immenses bassins les mé-
diterraoées^ telles que hi mer qui porte
spécialement ce nom, la mer Noire, la
mer Baltique, etc. Un bassin encore plus
tranché par son isolement, c'est celui de
la mer Caspienne.
Les bassins maritimes forment, comme
les haaéim fluviatiles, de véritables ré-
gions physiques; il suffit d'examiner les
productions animales et végétales du lit-
toral de U Méditerranée pour en être cou-
vai oca. Ainsi les rivages de la France y
ofTreat plus d'analogie avec les rivages
de rjLfrique qu'avec les rivages de l'O-
eéui. On y trouve la plupart des insectes
Encyc/op, il. G. tl. M, Tome IIL
29 ) BAS
et des plantes de l'Afrique septentrion
nale.
Noos terminerons ces généralités par
un tableau de la superficie des baaaina
des principaux fleuves du globe :
Bassut du Toloa 83,828
— duDahubb 40,075
— DuDoK ,.. 16,924
— - DCLADriNA 16,374
— DU Rhin 10,002
DE LA VlSTUtB. 9.946
— dbl*Elbi. 7,784
— dblaLoirx 6,640
— dbl'Odke 5,760
— DU DouRo 4,553
— DM LA GAROirirB 4,01 1
— Di^Pô 3,919
— DU Taoi 3,772
— Dx LA Ssini '3,436
AsU»
Bassut Dc l'Ou 177,297
— duSaobaurh 148,894
Amiriqmê.
Bassih va Saint-Laursht. ... 1 73,277
— . DB i'ÀMAsoHX 345,487
— DR LA Plata 199,228
J. H-T.
BASSIN (marine), voy, Poet.
BASSIN (architecture). Cest une
fouille plus ou moins grande faite dans
un terrain , avec construction en maçon-
nerie; ce terrain est revêtu de pierre,
d'un pavé ou de plomb, et bordé de ga-
zon , de pierre ou de marbre, pour con-
tenir l'eau. La forme des bassins est or-
dinairement circulaire , quelquefois he-
xagone ou octogone, la forme rectan-
gulaire n'étant adoptée que pour les
pièces d'eau. Du milieu des bassins
s'élève le jet d'eau qui peut fournir à
l'art les motifs de décoration les plus
variés et à l'imagination du statuaire
une foule d'allégories qui , se mariant à
l'ordonnance des jardins, contribuent à
animer le paysage. Quelquefois le bassin
se métamorphose en bain consacré à une
divinité ; d'autres fois la scène s'élève au
milieu du bassin , ou s'adosse au mur de
terrasse qui le domine. On voit des bas-
sins bordés d'une balustrade de pierre ,
de marbre ou de bronze, comme aux
bains d* Apollon à Versailles. Le bassin
9
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BiS
(ISO)
B48
knot Miiti Vmn ea bouillemEMiit dVs-
pace en espace , et forme uoe nappe aa-
tdui* de la bulustrade, comme à la /on-
taine du rocher dans les jardins du Va-
tican y à Romt.
Les bassins se col^t^lisent en maçon-
nerie de moellons revêtus à Tintérieur
d'un fort enduit de ciment, préparé à
pci| près comme le béton ( voj. ). Ce-
pendant la construction la plus en usage,
comme |a moins coûteuse, est celle dont
les corrois se font en glaise et en terre fran-
che, entre deux murs ; sur le fond bien
dressé on construit au pourtoi^r un mur
d'un pied d'épaisseur , afin de maintenir
les pords de la fouille; le fond est cou-
vert d'une couche de glaise bien pétrie
sur laquelle on établit, à 18 pouces du
mur qui soutient les terres, une espèce
de plate - forme où l'on construit le
mur d'enceinte. A mesure qu'il s'élève
on remplit l'espace vide entre les deux
murs avec de la terre franche ou de la
glaise. Sur la couche du fond on étend
un lit de sable destiné k recevoir un pavé
en dalles, grès, briques posées de champ,
où en blocage de maçonnerie en ciment.
Le revêtement du mur se fait avec des
dalles en pierre dure.
Avant de commencer la construction
d'un bassin il est important de s'assurer
de la nature du sol; dans le cas où il se-
rait de tciTes rapportées , il conviendrait
d'établir dans le fond unigrillage de pou-
trelles dont les intervalles seront remplis
en moellons maçonnés avec glaise à fleur
des poutrelles. S\vt ce terrassement on
pose un rang de madriers servant à éta-
blir le fond et le mur circulaire. Ainsi
qu^il a été dit, on pratique dans le fond
des bassiAs deux décharges, l'une de
fond et Tautre de superficie ; celle du
fond se place vers le bord d^ bassin et
la pente est dirigée tonte de ce côté; ce-
pendant il est préférable de placer cette
décharge vers le milieu , parce qu'en la
mettant vers le bord , l'effort de Tbau
tend à le dégrader , ad Keu qq'en diri-
geant la panté vers le milieu, la masse de
l'eau est en équilibre et n'agît pas plus
d'un côté que de l'autre. La décharge de
superficie, qui sert à maintenir Tean à un
même nhreau , se place dans Tendrait le
NA1TX.
BASSINET. Ce mbt, qui est un di-
minutif de bassift, présente plusieurs si-
gnifications. Dans l'art hydraulique, on
■ nomme bassinet un petit retranchement
cintré que l'on ménage sur Jes bords in-
térieurs d'une cuvette, pour y faire en-
trer la quantité d'eau distribuée aux par-
ticuliers, par une ou plusieurs jauges de
différens diamètres, ce qui s'appelleyVtir-
ger. On nomme aussi bassinet, en hy-
draulique, un bassin qui est trop p^l
pour le lieu.
£n termes d^arquebusier , c'est un
morceau de fer plat en dedans du corps
de la platine, où il s'attache avec deux
vis à tête ronde et plate , dont les têtes
n'excèdent ni d'un côté ni de l'autre.
Cette pièce, ou ce qâe l'on nomme pro-
prement bassinet y ressort en dehors et
dépasse le corps de la platiné d'une arma
à feu d'environ un demi- pouce à un
pouce. Il est de figure rt>nde en dessous,
et la face de dessus est plate et creusée
en rond. Ce creux répond directement à
la lumière du canon du fusil ou du pis-
tolet , et sert \ recevoir la poudre d'a-
morce qui y est retenue ensuite par l'as*
sîette d'un autre morceau de fer nommé
batterie, que Ton renverse sur cette face
creusée du bassinet. H y a des armes à
feu auxquelles on adapte ce que l'on
nomme des bassinets de sûreté : ce sont
des bassinets garnis d'une espèce de botte
tournante que l'on ouvre on ferme à vo-
lonté. Par ce moyen on empêche l'arme
de partir accidentellement ; il a de plus
l'avantage de préserver IHunorce et la bat-
terie de toute humidité.
On nommait autrefois bassinet une
espèce de casque ou de chapeau de fer,
sans visière ni gorgerin,cpie portaient les
militaires. Voy, CàSQUS. F. R-d.
BASSINOIRE, ustensile de cuivre,
en forme de tambour , q(ue l'on remplit
de braise allumée pour chauffer les lits ,
particulièrement ceux des malades. H y
a deux sortes de bassinoires : les unes
sont mobiles ; au moyen d'un long man-
che de bois qui y est 'hxéy on les promène
de haut en bas dans le lit, et sur les
deux côtés; les autres sont fixées : oo les
pkisconvetiahÂe dû mur d'enceinte. P^. * suspend dans mie petite cage de Mi
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BAS
(ISl)
BAS
qnt l'on appelle moine , et on les hîste
Mf ec de temps pour chaufTer les lits. Les
Anglais , après avoir réfléchi sur le dan-
ger qu*il y a de mettre de la braise ail li-
mée dans un lit , et sur celui qu*il y a éga-
lemeot à s'exposer à une chaleur sèche ,
telle que celle des charbons firdens, ont
imaginé de faiie des bassinoires en étain
qa*on remplit d'eau bouillante: ces bas--
siooires ont 1 4 ou 1 5 pouces de d inmètre)
4 ou â pouces d'épaisseur au centre, et
UD ponce ou deux sur le$ bords; elles
ont la forme d'une lentille, et l'on y
adapte anasi un manche^ comme à la bas-
sinoire de cuivre^ Ponr remplir d'ean ces
bassinoires on 6te le manche ; on dévisse \
l'écrou qi;iî l'attache à la lentille : par ce
moyen oo a la facilité de remplir d'ean
bouilbnte la bassinoire ou le a^armmg^
pan , qui est le nom anglais ; on le pro-
mène de même de haut en bas , ou bien
on le suspend à la cage de bois au centre
du. lit. On peut méikie le laisser à demeure,
en manière dediauffe-pieds, pour les ma-
lades et les personnes délicates. Un seul
wûrming-pàn , rempli d'eau bouillante,
peut cheuffer six lits alternativement : il
peut conserver sa chaleur pendant sept
heures; en hiver on s'en sert dans les voya»
ges. Ces wtormmg'pans sont faits comme
les plats d'étain remplis d'eau bouillante
dont on se sert pomr maintenir les viandes
chaudes sur les tables; excepté que ceux-
ci n'ont point de manche , mais seulement
deux anses en fer pour les porter, et que,
ponr les ouvrir et y introduire l'eau, on
dévisse le couvercle, qui se visse her-
métiquement avec son fond, F. K-n.
BA8SOMPIERRE (le maréchal
FxAHçois nK ) , de la maison de Oèves ,
né en Lorraine, en 1579 , se rendit cé-
lèbre sona Henri lY et LomsXllI, par sa
bravoure, son esprit et ses galanteries. Il
fit sa première campagne contre le duc
de Savoie, en 1603 , et sa seconde eu
Hongrie, contre les Turcs , en 1693. De
retour en France, il rechercha M"* de
Montmorency, dont alors le roi Henri lY
était éperduilfient amoureux ; mats il re-
non^ à sa main pour complnire an roi ,
qui le dédommagea de ce sacrifice ea le
faisant colonel-général des unisses et Gri-
Mms. De 1617 à 1633, époque à' laquelle
I^w Xm hd donna le bâion de maré-
chal de France, Bassomi^emMnifttni
avec bouneur À divers sièges et oombftli.
Le favori De Iai3^«ic8, aoqnd son crédk
portnit ombrage 9 lui propoaa, ponr Té-
earter de la conr, des emplois émioeosu
Peu disposé à disputer une favenr dont
pent-étrc il ne se souciait gisèrey 1« iBik-
récbal accepta Tambassade d'Espagne. Là
il prit part aux négociations entamées am
sujet de la Valteline et qui ftirtnt tenni-
nées par le traité de Madrid (163S).
L'année suivante il fnt snoœssiva
envoyé en Suisse et en Angleterre.
Au siège de La Rochelle,
pierre commanda m corps de tmnpea
séparé; mais quoiqu'il poussât l'attaque
avec la bravtnire et l'ardeur fyû lui étalent
naturelles , il n'en reconnaissait pat
moins que la chute de cette ville entnl*
nerait celle du -parti protestant dont elle
était le boulevard , et donnerait une no»*
velle fonoe au eardinal de Richelieu , déjà
si redoutable à l'aristocratie. Convaincn
que ce ministre cherchait à étahlir k
puissance royale snr les mines de ee parti,
il disait un jour : «Je crois que nous se»
rons assex fous pour prendre La Ro-
chelle. » La place se rendit le 3$ oct« 163Sy
malgré leeefforU des Anglais et la résia«
tance opiniâtre de ses défenseurs.
Toujours dévoué à la cause desgnnds,
Bassompierre seconda tant qu'il pnt lenrt
attaques contre Richelieu* Qnand il ne
pouvait a(.ir, il parlait. Le mbiittret>ffsMé
de la hardiesse de ses diseourt^ tnnnra
bientôt l'occasion de s'en imgen Bas*
sompierè«, accusé d'avoir pris part à Fin**
trigoe qui amena le fnariage de Gaston
d'Orléans avec la princesse Marguerite ,
sœur du due de Lorraine, fut mis à la
Bastille, le 33 février 1681. Ondh qu'a-
vant d'être arrêté il br^a pkis de 6,eM
lettres , preuvea et souvenirs et ses snc-
cès auprès des dames. La liberté ne Ini
fut rendue que 13 am api^, à la ntort
de Richelieu.
Bassompierre f^ réhstégné, par M aia«
' rin, dans la charge de colonel^énén4 de»
Suisses, dont on l'avait km^ dn ae dé-
faire. H reçnt , depuis, le eoUier des or-
dres du roi. On songeait mèiseà le nom-
mer gouverneur de Lonis XiV^ loraque^
frappé d'apopkxiei il mourat le 11 oe*
tobrel646.
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B\S
(132)
BiS
Oo trouve dans ses écrits et dans tes
mémoires du temps des détails piquans
sur ses aventures tour à tour romanes-
ques f plaisantes et bizarres. Ses amours
avec M"^ d*£ntrague^ firent beaucoup
.de- bmit. Pendant huit ans cette dame
rédama y sans succès, le titre de maré-
chale de Bassompierre , qu'elle croyait
devoir porter, en vertu d'une promesse
de mariage que.le maréchal lui avait faîte.
Le rencontrant un jour au Louvre , elle le
pressa de la reconnaître pour sa femme.
« Pourquoi, lui répondit-il ironiquement,
prenez-vous un nom de guerre ? «—«Vous
êtes le plus sot des hommes , » s'écria celle-
ci indignée. — ^ « Que diriez- vous donc,
répliqua le^ maréchal, si je vous avais
épousée. » Un fils né de leurs amoors
mourut évèque.
: On a de Bassompierre : t^ des Jtfe-
moi'rej sur sa vie, de 1598 à 1681 (Co-
logne, 1665, 2 vol. in-13; Amsterd.,
1 723 , 4 vol ). Ces mémoires , écrits avec
assez de pureté et d'un style quelqueÊDÎs
animé et toujours spirituel, renferment
une foule de détails précieux sur les hom-
mes et sur les événemens de l'époque où
a vécu l'auteur; 2^ un ouvrage estimé,
en un volume, intitulé : Ambassades de
M. le maréchai de Bassompierre en
Espagne, en Suisse et en An^terre ;
Cologne, 1661, in-12; 3^ des Notes
écrites dans sa' prison, sur la vie des rois
Henri IV et Louis Xni, par Dupleix.
Ces notes , ou plutôt ces critiques har-
dies et amères, qui n'étaient pas desti-
nées à voir le jour, ont été publiées sans
son consentement par un Minime auquel
il les avait confiées; 4^ de nouveaux Mé-
moire^ du maréchal de Bassompierre,
recueillis par le président Hénault, et
publiés en 1602 par Serieys, 1 vol. in-S*',
mais dont on ne saurait garantir l'authen-
ticité. J. L. T. A.
BASSON , înstnunent de musique en
bois, qu'on joue au moyen d'une anche
ajustée sur un. tube courbe en cuivre,
appelé 6oc^
Suivant l'opinion exprimée par Albo-
nesi , dans son introduction aux langues
chaldaîque , syriaque et arménienne, im-
primée à Parie, en 1539, l'invention du
basson est due à un chanoine de Ferrare,
nommé AiraniOy qui vivait dans la pre-
mière moitié du xvi« siècle. Cette inven-
tion était sans doute fort récente à l'épo-
que où écrivait Albonesi , car NachtigaH
ne parle pas du basson dans(8a Musurgia ,
imprimée en 1 ^39. Cependant il est vrai-
semblable que la basse de hautbois, ins-
trument de même genre, était connue en
Franc evers ce temps-là. Plusieurs sortes
d'instrumens composaient la famille du
basson ; la basse de hautbois avait cinq
pieds de long, et elle éuit percée de onze
trous, dont quatre se bouchaient avec
des clefs.
Cet instnunent, qiyi était droit et qui
avait la forme du hautbois, se jouait avec
un bocal comme le basson. Le basson ,
proprement dit, était d'une seule pièce
et n'avait point de pavillon comme 1*
basse de hautbois; il arvait douze trous ,
quatre clefs, et descendait plus bas que
la basse de hautbois. \a fagot était formé
de plusieurs pièces, comme le basson ac-
tuel. On en comptait de trois espèces : la
première avait douze trous et trois ciels;
la seconde était percée duméme nombre
de trous, mais n'avait point dé clef. Plu-
sieurs de ces trous se bouchaient avec
des chevilles qu'on ajoutait pour jouer
dans certains tons. Le fagot de la troi-
sième espèce s'appelait courtaut, parce
qu'il était plus petit que les autres. U
avait onze trous et trois clefs. Le dernier
instrument de cette espèce était le cer^
t>elat:i\ avait la forme d'un barillet et
n'avait que cinq poucea de long ; il était
percé de seize trous sur sa capacité , et U
disposition en était telle qu'il descendait
aussi bas que s'il eût eu trois pieds et
demi de long.
Le basson est, dans l'état actuel de sa
construction, l'un des instrumens les plus
imparfaits : quelques-unes de ses notés
sontsourdes,elles manquent de justesse; et
telle est la difficulté de son doigté qu'une
foule de passages sont inexécutables. La
méthode de basson d'Ozi contient une
liste de ces passages impraticables qui
remplit deux pages in-foL Bien des es-
sais ont été faits jusqu'à ce jour pour
mettre le basson au niveau des besoins
qu'on en a; bien des perfectionnemens
ont été apportés dans sa construction ;
niais il est loin d'^re parfait encore. Déjà
MBl Grenier y luthiers renomméa de
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BAS
(133)
BAS
Brtaàtf «raient iatrodsit qatUfatê amé-
lioratioiM importantes daoa la fîicture du
basson y lorsqaVn 1817 M. AJmenneder
fit de nombreux essais dans les ateliers
de Mlif. Schotty à Mayence, et à force
de persévérance parvint enfin à combiner
tontes les parties du basson de manière
i obtenir la plus grande justesse possible,
et à faciliter l'exécution des passages
qu'on avait regardés jusqu'alors comme
injouables. Le basson de M. Aimenneder
est armé de quinze defs.
La eause du peu de justesse du basson
est dans la perce des trous, qui est dé-
iectneuse. La plupart de ces trous ont
un écartement qui gène l'exécutant ; et
cependant cet écartement n'étant point
encore assez considérable, les trous ne
sont point à leur place et l'instrument ne
peut être juste. Pour rendre le basson
juste il faut avoir égard aux principes
physiques des longueurs des cordes ou
des tuyaux ouverts, correspondantes à
cbaque son, et faire la division en raison
de ces longueurs. C'est d'après ces prin-
cipes invariables que MM. Brod de Paris,
et Saxde Bruxelles, ont fait nouvellement
des essais qu'on peut espérer voir cou*
rmner de succès. £. F-s.
BASSORA ou BASR AH, vcf. Ieail-
Ababi.
BASSOEINE. Cest un principe im-
médiat qui doit son nom à la gomme de
BtMssorayyttaqv» entièrement composée
de bassorine. On le distingue des autres
principes que l'on rencontre dans les diffé-
rentes espèces de gomme (voy,) en ce qu'il
se divise dans l'eau en petits globules,
sans s'y dissoudrcOn l'obtient facilement
en traitant successivement là gomme de
Bassora par l'eau, l'alcool et l'étber, qui
^traînent les substances étrangères. On
passe ensuite à travers un linge, pour sé-
parer le ligneux qui s'y trouve mêlé.
La bassorine par une ébulliUon pro-
longée dans l'eau devient soloble; l'ac-
tion est plus prompte, sî elle est favori-
sée par une petite quantité d'acîde ou
d'alcali; l'acide nitrique la transforme en
acide mucique. H. A.
BASTARD D'ESTANG (Domin-
QiTBr-FmAVÇois-MÂmiE, comte de), pair
de France, grand'eroix de l'ordre royal
de la Lé^km-d'honnenry maintenant pré-
sident de chambre à la cour de cassation^
naquit, en 17S8, à Nogaro, département
du Gers. U embrassa de bonne heure la
carrière du barreau, et s'y fit remarquer
dans plusieurs circonstances par une sa-.
gacité peu commune. U devint bientôt
conseiller-auditeur à la cour d'appel de
Paris, puis conseiller à la cour impériale
de cette même ville, en l'an 18 10. Lors
des Cent-Jours, il continua de siéger à
cette cour; mais il vota avec courage con-
tre l'aete additionna, ce qui le fit main-
tenir dans ses fonctions après le second
retour de Louis XVIII. Nommé à la pré-
sidence S ou 4 mois après, ^1 se rendit à
Lyon, par ordre du gouvernement, vers-
la fin de l'année 181^, avec le titre de
premier président de la cour royale de
cette même ville. En 1819, il fut rap-
pelé à Paris, fut nommé membre de la
chambre des pairs, et chargé, en 1820,
d'instruire le procès de Louvel , assassin
du duc de Berri. Dans cette douloureuse
affaire il déploya autant d'intégrité que
de jugement; toujours indépendant dans
ses opinions politiques, et surtout dans
sa manière équitable de poser les ques^
tions, il repoussa victorieusement l'opi-
nion de ceux qui osaient, sans pourtant
y croire, aocuser une partie de la nation
d'un crime isolé et qui était détesté de
la Fkance entière. M. le comte de Bastard,
l'un des membres de la commission char-
gée de l'instniction du procès des mihis-
tres de Charle^X accusés par la chambre
des députés, fut aussi choisi pour en faire
le rapport à la cour des pairs, dans la séan-
ce du 29 novembre 1830. U résuma, avec
prudence et impartialité le récit des gra-
ves événemens qui venaient d'avoir lieu.
Ce magistrat s'est toujours montré digne
delà haute considération dontil JQ.uit dans
les diverses fonctions qu'il a remplies. Un
de ses frères, M. Ajlmaiid de Bastard, éuit
préfetdelaHaute-Loireen 1817.F.R-D.
BASTI A j vojr. Corse.
BASTILLE, tour, bastion, ouvrage
de fortification en général. Ce mot, dé-
rivé de l'italien bastia ou de bastion, a la
même étymologie que le veibe bdtin
Dans le vieux françab bastille signifie
siège, et bastUler, assiéger, ainsi qu'on
le voit par des citations dans Ducange.
Ce nom appdlatif est resté, comme
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BAS
(m)
BAS
«on ]m>f)re^»ii ehâtcau-tbrlékré au nord-
Mt de I^ris dniM le quartier Saint- An-.
UHue, en 1)69, sous la direction de Hb^
gocs Aubrjot (voX')i prévôt 6es tear-
cbandfl, qui eut rHenneor d*ébre à la fois
lé fondateur de cette citadelle et le pre-
mier prisonnier d'état qui jf fot enfermé.
Fof. Prisow »^état. J. H. s.
sue lie ëotisist^^ d'abord qu'en deux
tours, 'bordant chaque côté du cbeniin
qn) entrait dana Paris. En 1383 j il y en
avait buit qùê Charles Y I environna d*uo
fbssé. De 1609 à 1610, Henri lY y dé-
posa ses tré!(ors. Mai^ Fmage babituel de
la Bastille fm cekti d'une prteoti d'état.
Les cacbotà étaient ert foncés de 19 pieds
ad-dessoùedci niveaà de la coni*. Le jour
n'y arrivait que par ttire étroite ouverture
donnanrt sur le fbssé.Le priso^irtier, plon;^
dans une atmosphère infeoteet humide,
ma miNett d'uri Hmon 0«i piiHnlaiefit les
crapauds, n'y pouvait vivre lông^temps.
Aussi dans l'origine On û'v pla^it qw
ceux dont on- votfkît arracher des aveux
par h ter^r. Les autres étages des |o«rs
étaient èti polygoties de Ifr à t6 pie^s de
diamètre et de IS à 10 pîc^ debawt An
• cînquiètncétageêtafîentleseiÉMleeétottP-
farttes eh été , gb^ales eef Irt ver.
L'irtneuMement ordinaire co^aistak en
un lit de îerge verte âvee rideaent, pait-
lftS4e et matelas, uno ou dfeo* tables,
deux ou troi^ cbatse**; par fbveur, des
pîncertes et u*ie pelle, de*x pierres an
ficu de cbenetsL La Baatitie pouvait cen-^
tenir eilvîrOii (lOpriswinirtrs Ib^és séper-
fémeht, et 100 (ffttttiâ tm en réunissait
pWsiew^ dan* ht même ebmnbre , saftis-
factlon ra^e et jaffl/wî* accordée dans' lesc
preMiérijftAhrèr de te détention. Linguet,-
daiM se« Mfntofhe^i céwvieoC q«('otitre
«tie fondation èé 44,750^ fWttcs par ëi>,
nbàr îa éotfirturé, le réi aja«t«fit trois
franès par jour p6<i* irfn prisoButer du
p!ué bj» étage , cent sotfs pour lui bow*
eeois, et 36 frawcî? p6«r <in iÀàrédial*de
Frànée. A sep* betf^iÉ», 4 «iiaM et I rfx,
\ti porte-clefs apportaient les repas. fM^
Htïi le plrfeoiWiièi^, la séquefltralio» était
absoTâe ou teriiporaire; )k ^rèmeoade
rare^ dburte, bornée à la e#or, o« éten-
due au jardin. La rîguew <le la surveil-
lance bti do trarterrtent a dé varier avec
fè caractèh? de Pé^ïoqÉe et du prince.
Boukbvitfiera aseolre a^bir vu un cône
dans le creux dnquel restait continuelle-
ment le prisonnier, sans que ses pieds
pussent poser horiiontalement. Cette tor-
ture était digne de Louis XI. Rien d'ap-
prochant sous Louis XV L On ne trouva
que sept prisonniers lors de la prise de
la Bastille. L'odieux abus des lettres de
cachet ( voy, ) , dont le nombre fut porté
jusqu'à 50,000 sous le ministère de M. de
Saint-Florentin, avait accrédité des bruits
reconnus plus tard être sans fondement.
La PRISE DB Lik. Bastii.i,b est un des
événemens les plii^ remarquables de la
révolution de 1 789; elle assura le triom-
phe des droits pof ^ulaires trop long-temps
méconnus. L'éckit de ce jour n*est pas
toutefois sans nuages; car il ouvrit la car-
rière à des désordres qui devaient entrai^
ner dans Tablme vainqueurs' et vaincus ,
avec les Kber^, objet de la lutte et prix
de la victoire.
Le tiérs-état ayant contraint la no-
blesse et le clergé à^ délibérer en com-
m«n dans rassemblée oit sa majorité les
dominait et lui assurait le pouvoir do
dicter en maître la constitution, Louis
XYI fut poussé à faire usage de la force.
On peut douter que cette tentative eût
réussi quand méoie il se iià kt\i i la tête
des troupes. La manière dont die fut
conduite n'aboutit qu'à lui Ikire reodre
son épée.
Bétenval, commandant de Pfeiris et des
huit province» circoavoisines, raconte
dans ses Mémoires qu'on ne pouvait
: compter même sur lo régiasenides Gar^
des-FrtfnçAÎses tompoçé de S,<10# hôm*
mes. Le détail du service étant bAmib-
donné à Pétat-aaajor, les officiers con-
naissaient à peine les soldats et n'avaient
> smp' eux aucune autorité (t. II, p. tl^t ).
' Fignrans des jours de parade, souvent ila
ne les accompagnaient même pas «ux ea-
sT^mfs. Une ordonnance exigeatirquatre
quartiers de noMeseopeur le grade d'of-
fieier, puis la discipline nouvellement
introduite de» coups de plat de sabre,
avaient aliéné les troupes. Un matin que
le régirent était consigné dans ses quar«
tiers^ ph»ieors cortpafgnïae, ma%ré les
efforts des sergens et des olficiers , for-
cèrent la corisigne et aHèreut remplir leo
cabaret» de Yaugmrd, y hkmiÊi uno
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éBorme dépense; elle fut ^jée. D'oà
lear venait Fargent? Peu après, le 80
joIb, 1 1 d'entre eux, mit à la prison mili-
taire de TAbbaye, en fbreot arrachés par
les Parisiens et conduits en triomphe.
Une députation de T Assemblée nationale
avait sollicité pour aux la clémence
royale. Remis en prison sur sa promes-
se, ils n'y étaient restés que 34 heures.
Cen était fait de, la discipline. Cepen-
dant autour de Pii'is et de Versatiles se
cenceolraient IS réf^mens sous le ma-
réchal de Broglie, le général le plus im-
posant de l'armée. Le pare de Versailles
offrait faspect d'un camp. Une adresse
de l'Assemblée demanda le renvoi des
troupes. Le roi répondit que le maintien
de la tranquillité était le seul objet de ce
rassemblement; que ai l'Assemblée avait
•ocore des craintes, il la transférerait k
SoissoBs ou à Noyon. C'était lui ^er
Tappai de la capitale et la placer entre
deux «anips.
QoAtre petites lieues sépareOt Versail-
les de Paris; on cherchait à se rapprocher
des foyars où arrivaient les noitvellea. Au
P^ais-Royal se fmHnaient les phis nom-«
breux rassemblemens. Patriotes, oisifs,
Gsrieux, agitateurs y affluaient. Dans les
calés, au jardin mime, r^entissait le
bmtl des paroles. Souvent un orateur
n^n4é sur une table attirait autour -de
lot la muUiludè et kri soufflait la sédîtioa
a(vee impitamté. Le dinbandie 12 juillet
17d9 9 vers midi, se répandit le bmïi en
renvoi déNecker,de celui deses collègues,
et de leur reiïi placement pur des minis-
tres opposés à la cause populaire. Les
premiers qui débitaient cette nouvelle
furent d'abord makrmtés; mais bientôt
la conatematîon devint générale. On fit
cessée les jeux , snspendre les spectadesl
Entre 4 et S heures, près de 1 0,000 per-
I éWiient accourues au Palais-Roy af,
s, décidées à loi^t^ mais incertaines
sur les mesnrea à prendre. Un jeune
hoanie, Camille DesmouKns, cbnntr par
sa battillante exaRatîm répnblicaine ,
monte sur «ne table, le pistolet ep nmin.
• Cesl leloosin d'une Saint-Barthélémy
de phtriotes, s'écrie-t-il. Ce soif, les
AUenrands et les Suisses sortiront du
C^aàip-de-rMars pour nous égorger I
Ans arme»! » Oi hiî répond par d#
BAS
bruyantes acclamations. Poitr se recon->
naître il fallait dps cocardes ; en un ins-
tant les marroniers sont dépouilléi de
leurs feuilles^ La troupe en tumulte
prend chez un sculpteur les bustes de
Necker et du duc d'Orléans, les entoure
d'un crêpe et les porte en triomphe,
obligeant tons ceux qu'elle rencontre à
mettre chapeau bas. Ce cortège grossis-
sait à chaque pas. A la place Vendéime,
un détachement de RojaK Allemand veut
le disperser : il est repoussé à coups de
pierres et la multitude parvient jusqu'è
la place Louis XV.
Là, le baron de Bésenval, chargé du
commandement de Paris, avait réurri on
fort détachement des gardés suisses, les
hn9sa;*ds de Berchiny, lest dragons de
Choiseul, le régiment de Salis-Samade;
l'brdre était donné aux postes de cavale-
rie répandu? dans les faubourgs de venir
l'y joindre. En s'y rendant, il< forent,
dit-il, assaiHn de propibs hijarieax, de
coups de pierres, de coups de ]risloiets;
plusieurs hommes furent blessés griève-
ment, sans qu'il échappât méak un geste
menaçant aiTx soldats : tant fut respectée
la consigne générale de ne pas répandre
une seule goutte dn sang des citoyens. Le
cortège avec ses Imstes s'avançait vers
les troupes, espérant les amener « fin-
smrection. Quelques soldats allemands se
détachée^, ribeCtent les bastes en pièces et
les renversent dans la bone. £d résistant,
un de ceux qui les portaient est tué avec
un soldat des gardes-fran^fses. La foute
épowantée fuît vers Tes qnaîs, sur les
boulevards ; on se préct^pitè dans les Tui-
leries, par le pont-tournant qui n'existe
plus anJDurd'htri. Des pierres étaient
lancées contre les soldats que Bésenval
contint quelque temps. Mais le prince
de Lamfeesc, colonel dn régiment de
Royd-Altemand, s'aperçut qu'on voûtait
lever le pont-levis des Tuiferies. Aussî-
i&t ft s'éhince pour fempécher; assallK
d'une grêle de pierres et transpbrté de
fttveur, il fond le sabre en main sur
ceàe foule, avec ses cavaliei^. Un vieilL.
lard inoffensif tomba, dit-on, sous ses
coiipe. Le cri de vengeance répété piar
16^,000 voix retentit en un moment par
tous lès qnatliters èéVà Ville.
Les Cardea^FnuB^sev éliiea^ oonsi-
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gnées dans leurs casernes. A la nouvelle
de cette charge, il devint impossible aux
officiers de les conttuiir. A 11 heures
du soir, 1,200 d'entre eux, se présentant
sur la place Louis XY, tirèrent des
coups de fusil sur Royal-Allemand qui
ne riposta pas. Quoique Bésenvai eût
Tordre de repousser la sédiHon par la
force, il fit, à 1 heure du matin, retirer
ses troupes au Cbamp-de-Mars où cam-
paient 3 régimens suisses avec 800 ca-
valiers. Avant de s'engager dans les rues
et d'allumer la guerre civile, il voulait
des ordres plus formels, que ne purent
obtenir ses messages. Le 13 et le 14 il
resta dans Tinaction, et le soir, après la
prise de la Bastille, voyant 1^ canons
des gardes- françaises menacer l'École
militaire, il se replia sur Sèvres. La force
militaire resta donc paralysée et Paris
fut abandonné à lui-même (Mémoires,
tu, p. 261, 866 et 878).
Dans les grandes villes il y a toujours
un ramas d'hommes sans aveu , écume
qui reparait, atthrée par l'espoir du pilla-
ge, quand l'autorité qui la contenait se
trouve un instant suspendue. A leurs dé-
sordres se joignent ceux du petit peuple,
toujours irrité contre les impôts de con-
sommation. Cette foule court aux barriè-
res «t les incendie pour avoir désormais les
entrées libres. Sur cent autres points, les
boutiques de» armuriers sont enfoncées*
Le bruit des pas précipités , mille voix
confuses et le tintement lugubre du toc-
sin ajoutent aux objets d'effroi que mul-
tipliait à dessein Thabilfcté des meneurs :
chaos épouvantable où tout semblait de-
voir s'abimer, s'il ne s'était offert un cen-
tre de ralliement, une autorité, pour or-
ganiser 1^ moyens de défense et en di-
riger l'emploi.
Les électeurs de Paris avaient arrêté
qu'ils continueraient leurs séances à vo-
lonté, après la nomination des députés.
Instruits par ceux-ci du danger que courait
l'Assemblée nationale d'être dissoute, le
26 juin en plein jour, ils s'étaient réunis
au nombre de 2 à 800, dans la salle du
musée de la rue Dauphine. L'un d'eux,
fort jeune, proposait déjà de prendre les
armes; quelques-uns eurent horreur de
la proposition, d'autres l'approuvaient :
A Jeune homaie, répondit une voix, re-
mettons cette motion à la quinzaine, m- A
partir de ce jour ils s'installèrent libre-
ment à rHôtel-Kie-Ville, eurent le temps
de reconnaître ceux d'entre eux qui pou-
vaient diriger le mouvement au milieu de
la tourmente, et formèrent rapidement
avec les provinces cette coalition qui fit
sortir comme de terre des millions de
gardes nationales devant laquelle l'admi-
nistration de Louis XYI resta pétrifiée
comme par la tête de Méduse.
Ce furent ces électeurs qui improvi-
sèrent, le 1 3, l'organisation d'une milice
bourgeoise de 48,000 hommes fournis par
les districts, et portant la cocarde pari-
sienne rouge et bleue. On devait désar-
mer et punir tout homme qui, avec cette
cocarde, n'aurait pas été enrôlé dans son
district. Jje prévôt des marchands , de
Flesselles , consentit à se mettre à la tête
d'une municipalité rapidement élue et
ioyestie de tous les pouvoirs; Un comité
permanent travailla jour et nuit à établir
l'ordre. Vingt fois cette frêle, mais oouhi-
geuse autorité, faillit être mise en pièces,
au milieu des agitations populaires qu'ex-
altaient le danger, la défiance et la con-
fusion inévitables en de pareils momens.
La multitude prétendait que la ville avait
un arsenal secret, et n'écoutant aucune
raison , dès 9 heures du matin elle avait
pris le dépôt des armes des gardes de la
ville et distribué leurs 860 fusils. Par-
tout on cherchait de la poudre. Cinq
milliers qui sortaient secrètement de Paris
venaient d'être saisis et déposés dans une
salle basse de l'Hôtel-de- Ville. Tandis
qu'un abbé Lefevi^ s'occupait à la distri-
buer, un coup de fusil est tiré sur les ton-
neaux , un coup de pistolet sur sa per-
sonne : peu après un homme ivre entre la
pipe à la bouche, fumant sur les barils ou-
verts. Une étincelle tombée eût fait sauter
dix mille personnes^ l'abbé ne s'en tira
qu'en acheUnt cette pipe allumée.La nuit,
la porte était brisée à coups de hache qui
faisaient jaillir l'étincelle de ses doos. De
moment ea moment se succédaient les
flots du peuple impatient qui demandait
des armes. A une heure et demie M. de
Flesselles annonce queJe directeur de la
manufacture de Cbarleville lui a prorats
12,000 fusils qui seront suivis de 80,000
autres. On s'apaise et Ton attend. Ar-?
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BAS
rivent des caisses avec ]*étiquette « artil-
lerie. » Elles n'étaieot remplies que de
vieux lioge, de bouts de chandelles et de
morceaux de bois. Qui les .avait amenées ?
On est encore à le savoir ; mais un cri
général de trahison éclata aussitôt contre
le comité et contre Flesselles.Sans doute
celui-ci n*en était {mis coupable ; mais il
avait encore eu l'imprudence ou le maK
heur d'ordonner la fouille de la mabon
des Chartreux, comme contenant des ar-
mes : rien n'y fut trouvé; on amenait les
religieux tremMans. Tandis qu'un orage
d'imprécations tonnait sur la place, le
malheureux Flesselles, réduit à révoquer
l'ordre donné, disait avec embarras aux
commissaires qui demandaient l'explica-
tion de ce mystère : « Je me suis trompé...
j'ai été trompé. > Erreur qui devait lui
coûter la viei (Procès-verbal des séances,
etc.). Ce jour du moins, il vécut encore.
L'ordre Âe fabriquer 60,000 piques
apaisa un moment la tempête. Toutes les
enclumes de la ville- résonnèrent aussitôt.
Une foule d'autres mouvemens croi-.
saient, empêchaient ou favorisaient ces
opérations. Au bruit du tocsin , au rou^
lement des tambours, les citoyens se for-
maient en troupes sur les places et dans
les jardins; on y voyait les volontaires du
Palais-Royal, des Tuileries, de la Bazo-
ch^ etc. Le comité entendait les 60 dis-
tricts dont le langage s'élevait à la fierté
romaine. Sur la place de Grève venaient
s'entasser les voyageurs, les voitures arrê-
tées aux barrières et chargées de subsis-
tances, de vaisselles, de meubles. On y en^
tendait mugir des troupeaux. Ici, la voi-
ture du prince de Lambesc servait à un feu
de joie; là, on amenait deux magistrats
arrivant de Versailles et traités par consé-
quent de conspirateurs; un peu après, c'é-
tait un marchand de cocardes qui forçait,
dîsail-on, les passans à les acheter un petit
écu quand elles ne valaient que 14 sous,
et des voix furieuses demandaient qu'il
fût traité en crimind de lèse-révolution.
Il fallait bien que le comité écoutât tout
Il promettait de punir, afin de prévenir
les meurtres et surtout les soupçons. Ses
membres étaient rendus de fatigue. Mo-
reau de Saint-Merry, un de leurs prési-
iiens, donna dit-il, près de 3,000 ordres
ea trois joRTs. La suit venue, quatre âfo-
teurs restés à l'Hôtel-de-Ville eurent en-
core une alerte. A deux heures du ma-
tin on leur annonça que 15,000 hommes
descendaient de la rue Saint-Antoine
pour forcer l'Hôtel-de-Ville : « Je le fe-
rai plutôt sauter » , répond Legrand de
Saint-Réné; et il ordonne aux gardes de
mettre 6 barils de poudre dans le cabi-
net voisin. La cohue se retira à la vue
du premier baril.
Le 14, de neuf heures à midi, l'arse-
nal des Invalides fut pillé. Dès la verUe
au soir, deux districts étaient venus de-
mander qu'on leur abandonnât 32,000
fusils que l'hôtel contenait, afin, disaient-
ils, de défendre leurs maisons menacées
du pillage et du feu par les brigands (Bé-
senval, p. 864). Ces fusils étaient cachés
dans des souterrains, sous le dôme, et
couchés entre des litB de paille, ce qui
fit croire, car on se défiait de tout, que
ces précautions avaient été prises pour
les incoidier à volonté. (Dusaulx^ page
393). Le gouverneur Sombreuil avait
imaginé d'en faire retirer les chiens et
les baguettes; mais en six heures, 20 in-
yalides employés à cet ouvrage n'avaient
désarmé que 2i> fusils. Les canonniers ,
s'ils avaient reçu l'ordre de charger leurs
pièces, les auraient tournées contre le
gouverneur, et peu s'en fallut qu'il ne
fût pendu par eux à la grille, quand vint
l'invasion qu'ils favorisèrent Tout ceci
se passait sous les yeux du camp, placé
à l'École militaire. Les officiers généraux
réunis furent d'avis que cette efferves-
cence devenait impossible à réprimer.
Un colonel assura, les larmes aux yeux,
que son régiment ne marcherait pas.
(Bésenval, p. 364-6). Les fîisils des Inva-
lides et leurs canons roulaient emmenés
vers la Bastille^ J lu Bastiliel était le
cri général; cette prison d'état depuis
long-temps détestée semblait le fort de
la tyrannie. On croyait y trouver un ma-
gasin d'armes; d'ailleurs son artillerie
menaçait, dominait le quartier Saint-An-
toine ; il fallait assurer cette position mi-
litaire à l'insurrection.
Une description de la Bastille est né-
cessaire pour l'intelligence des mouve-
mens de cette journée. Huit grosses
tours rondes, liées par des massifs de ma-
çonnerie épâif de 9 pieds | composaient
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BA»
k fbrtiefeMe intérieare; autour de son
enceinte était un jardin sfiacieux. y»
bastion^ «ne muraille circulaire, enfin on
fbasé profond de 25 pieds défendaient
l'accès de ce jardin. Oo arrivait à la for-
teresse en passant par deux longues
cours qui tournaient circulairement au-
tour de Tenceinte extérieure, et préseo-
tcient la forme étroite et allongée d'un
fer à cheval. La première , appelée cour
du- Passage y ai«it sa sortie sur IVxtré-
Bitté de la rue Saint-Antoine. A droite
étaient les casernes des invalides, puis
les écuries du gouverneur. Elntre les oh-
semes et l'écurie était l'entrée de la cour
^/'Ormeqnidonnait sur l'arsenal. A l'ex-
trémité de la cour du passage, une porte,
un eorps^e-garde, un fossé, un pont4evi8,
présentaient autant d'obstacles pour arré^
ter ceux qui voudraient forcer l'entrée de
la deuxième eour,appelée cottr/duGanver^
nement. A droite de celle-ci,OD voyait l'bA-
tel do gouverneur; vis-à-vis, une avenue
longue de 1 Ôtoises traversait le grand fossé
sur un pont dormant; au bout s'abaissait un
pont levls; un corps-de-garde, pans une
forte gtille en fer s'offraient encore airant
qu'on arrivât enfin dans la grande oour
intérieure de la forteresse bordée de ses
huit tours. {Yoït le plan de la BastiHew
MérHoèresàt Dusaulx, p. 237, €olle<v
tîon Bef vitte et Dsfrrière.)
La garnison était composée de 82 h»-
vAlides; 32 Suisses Karvaîent reBpforcéede-
pOfJS quelqtres jours. Le 1 3 à deux faeufres
du' matin , le gouverneur De Lannay èea
fie rentrer dans l'ihtérîeur. Le»effets< fu-
rent lais^ dans les caserne».
Dès fa mAtrnée dtfr 1 4, des pelotons de
cftoyetos am*ivai<ent de tous les qinrtiers.
Lés canons qu'on disait braqués mt la
rtte SaiAt-Anik>ine, la marcbe annoncée
des téginfi^s postés à Safint-Deufs, je^
tâient Talarme : on voulait en finir.
y erë 1 (^heures du matfn',trois kKMinies
se dfsafrt députés de U viHe demaodè-
tehi à p^ler au gouverneur. Une granck
mnIfifMe les accompagnait. Le soKlat
placé à la grille extérieure les conduisit
jusqu'au pi^emier poi^t-levis qne fit bais-
ser le gouverneur accompagné de son
éCflt-mtfjor, niais sans permettre à 11 oral*-
tîtude de passer;' qnîore Soas-ofBoilHra
sèrtSreRt comme otages. A pai»c ce» dé-
putés éta^l retirés qu'il en survint un
autre», M. Thuriot de la Rosière, en-
voyé pat* le district de Saint-Louis de k
Culture; son cortège s'arrête devant le
premier pont-levis : introduit dans la cour
du gouvernement, il demande que les
canotis braqués sur les tours de bi Bas^
tiJle soient descendus } t Je ne le puis
qu'en vertu d'un ordre du rot, répond
De Launay; de tout temps ils y ebt été;
mais poar apaiser les alarmes, je les ai
fait reculer et sortir des embrasures. >
Thuriot obtient avec peine de passer
dans la dernière cour« D'après soh récit
(Pièces à la suite des Alémoùes de Du-*
saulx^ Collect. BerviUe et Barrière, p.
407 ) trois onnons dirigés contre les av-
siégeans étaient prêts à balayer la cour
intérieure; Suisses, invalides ^ onnon-
niei^ sous les armes, attendaient l'attaqne.
Seul, sans être déconcerté, Thuriot les
somme de changer la direction des ca-
noàs et de se rendre : il olHîenI dn moins,
le serment qu'ils ne forent pat feu les
premiers^ pub monte sur les tottrs pour
voir tout par hn^même, etrendre^ dit-il,
un oompte plus fidèb de sa mission aiu
citoyens. De Launay le soufire,- cédant à
regret aux instances des officiers, comp-
tant peut-être que les troupes Myales
viendraient enfin le tirer d'embarras. Du
sommet de la tour qui domine l'arsenal
ib voient le faubourg: Saine- Antoôie qui
s'avance en masse avec le Aracas ronlMH
d'une avalanche descendant des mon-
tagnes, et la sentinelle srvertit qu'on se
dispose à forcer le passage de la oour
du gouvernement; mais Thuriot a'aivance
sur le rebord. A sa présence de noqibreux
apphmdissemens partent dn jardn» de
l'arsenal; Thuriot redescend. Dnna la
cour, il sollicite encore lea sohbils qot
iocKneient, dit-il, a se rendre. Les inva-
lides interrogés phas tard déclarèrent ^'il
avait mbntré sa satisfaction eS fait espé-
rer que le peuple fournirait une ga^e
bourgeoise pour tenir la Bastille eoojoi»-
tement avec eux.
Au dehors, la confusion était déjà si
grande que Thuriot, prie ponr um traî-
tre, fut poursuivi par des hommes la ha-
che en main. Son» Aobin Bondemer et
quelque» autres, il était' nuèsnoré.
L'ilkision ftK de ooarle dnrée pour
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BAS
(1S9)
BAS
emoL qui «rnentcra à un acocmiinode^
ment* Aprèt une petite demirbeure, ira
flot et peuple armé de fusils, de stbres,
d*épéet, de haches, déborda dans k pre-
mière ooar dn passage en criaiR : « Nous
vouions la Bastille, en bas la troupe f
Denx hommes montèrent sur le toit du
eorpe-<le-garde, brisant à coups de hache
les chaînes dn grand pont- levi s, tandis
qne d*aiitres hacbaîaiit le petit. Bientôt
ils forent teua deux abaissés. La foule en-
hardie se précipita dans la cour du Gou-
^ornement et courût vers le second pont
de b porte intérieure, en faisant une dé-
charge de moosqueterie. La garnison, as«-
sailhe par les balles et menacée d'anssi
près, envoya nn feu roulant qui mit la
foaie en fuite. Une partie se retira en dé-
sordre sons la VoÂte de bois de la cour
de i*Orme; une autre sous ceMe de la
grille, d'oà elle fit nn feu continuel sans
otercependant approcher do second pont.
Une beore après ortie attaque en en-
tendit du c^é de l'arsenal le bruH d'un
tnmbonr accompagné d'acclamations ter-
ribles. Un drapeau parut dans U coor
<ie l'Orme et y resta. La foule qui l'es-
cortait s'avan^ en grande partie jusque
dans la cour du Goorernement «t eri» i
« Ne tirez pas; ce sont des députés de
ht viUe qui veuiemt parler au goutter*
nemrl » Les dépntés entrés dans la cour
dm Passage poumieni ^r les inialides
reloamànt leurs fiistls, la crosse banle et
le canon bas. Un pavillon blanc flottait
sur la plate-forme en signe de paix , et
les son»-ofiicters criaient du haut des
tatarsraVous n'avez rien à risquer, nousr
répondons de vous sar nos fêtes. * Le
bfîdt san» don te empêchait de s'enfen-
dke. Aprà dix n^inutes d'hésitation , les
député» retournèrent dans la cour de
l'Orme et partirent bientôt La fbule qui
restait dans les trais ceér»se porta avec
achamém^ent à Fatiaque do second pont.
Alors le gouverneur ordonna une dé-
eèarf^ qm en étendit pluiAeurs* sur le
earrcaa et dispersa le reste.
Une bedre après, trois vointres de
paille, poussées par lesaséfégeans, mirent
le feu an gouvernement et aux eoiaincs
if«i bordaient te secoin^l pont. Cet incen-
die fwvnriaait la défemte; la seconde voî^-
ture, piaeée en fuee du pont, bouchait
précisément l'entrée du fort. Quelques
assiégeans vinrent à bou^ de retirer eetta
voiture enflammée. Sur trois, deux tom-
bèrent abattus par les balles. Un seul coup
de canon avait été tiré par les tssiégés.
Alors parurent les gardes françaises
qui mirent en batterie quatre pièces de
canon. Cet appareil était instiflfisant pour
réduire la Bastille ; mais la garnison était
irrésolue. Depuis 48 heures el e n'avait
d'autres vivres que ceux qu'die avait
emportés de sa caserne; ils étaient con-
sommés, quand De Latfnay hii remontra
qu'elle n'avait d*antre altemttive que
d'être égorgée par lé peuple , ou de se
battre jusqu'au dernier homme. Les in-
valides exigèrent qu'il capitula. Us ont
déclaré depuis que le gouveneur avait
pris la mèche d'une des pièces de canon
pour mettre le feu aux poud*es. Deux
sous-officiers le repoussèrent m présen-
tant la baïonnette. Sans leurs eTorts, une
partie du quartier Saint-An tone sautait
en l'air avec la Bastille et la multitude
amoncelée autoof.
Cependant un mouchoir liane était
arboré sur les tours ; depuis un quart-
diienre le tambour des InvaHles annon-
çait par ses roulemens qu'ik voukieot
capituler. Les assiégeans » disconti-
nuaient pas leur feu. Au hou d'un autre
quart -d'heure, n'entendant :>lns rien et
voyant qne la Bastille ne riiMtait plus ,
ils s'avancèrent en faisant de décharges
vers le pont intérieur, et cièrent aux
assiégés de rabaisser. A traers une es-
pèce de créneau un officiel suisse leur
demanda de sortir avec tous bs houneurs
de hi guerre. Sur leur refe, il écrivit
la capitulation qu'il passa nr le même
trou. La garnison consental à poser les
armes , pourvu qu'elle ne àt pas mas-
sacrée. « Ahttiwez vètre potf , ^ ne vous
arrivera rien , b répotukiet en eriant
du dehors les premiers desfeesaHIans.
Sur cette promesse, k gouverneur
donna la def du petit pot-Kevfo qu'il
avait dans sa poche. Les in^ifdes, rangés
en ligne, déposèrent leurs rmes le long
du mur, à droite en entrât. A ganche
étarent les Suisses; ils n'Vaient point
paru sur les tourd, et, cOUerl» de sar-
reaux, ife ressemMaiect Jdes prison-
niers, ce qui les sauva.
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BAS
(140)
BAS
A peine la porte était ouverte que les
assiégeans se précipitèrent dans la cour*
Les çàrdts françaises voulaient faire ob-
server la capitulation. On s*en indigne.
« Ils ont efforcé nos frères; n'ont-Us
pas reçu nos parlementaires pour les
massacrer?» s'écrient mille voix. Bé-
<»rd , qui avait empêché de mettre le feu
aux pou<l*es, tombe percé de deux coups
d*épée. Un coup de sabre lui abat le
poignet; il est entraîné et pendu sur la
place de Grève , avec un de ses camara-
des« On croyait pendre les deux canon-
niers qui avaient tiré. Telle est la ven-
geance pooulaire : des victimes d*abord!
Malheur i Tinnocent soupçonné dans
ces momecs terribles! De Launay, quatre
autres ofBtiers et un invalide furent éga-
lement massacrés, malgré les efforts de
leur escorte. Le reste obtint graoe, après
avoir été iOng-temps menacé, du même
sort
La priie 'de la Bastille consacra le
triomphe de l'insurrection populaire.
Dès ce noment la force et Tobéissance
étaient de)lacées. Louis XVI vint fléchir
saVtéte dsirant cette puissance noùveUe
et prendre a cocarde nationale des DMÛns
di| maire le Paris. L'archevêque alla
chanter un Te Deum à Notre-Dame.
Suivi de lOyOOO hommes en sortant de
rH6tel-de-7ille, îl donnait le bras, du-
rant le tra^y à cet abbé Lefèvre, tout
noir encore de la poudre qu'il venait de
distribuer.
Les Pariiens se hâtèrent dedétmire
la Bastille , st donnèrent un bal sur son
emplacemeit. Les fragmens de ses pierres
ornaient en médaillons le cou des fem-
mes. En An|eterre , l'université de Cam-
bridge offri le 14 juillet pour si:get de
prix à ses ékves.
Pour recQinaitre les vainqueurs de la
Bastilb) la x>mmune de Pâds nomma
quatre conmissaires auxquels furent
adjoints hui des vainqueurs. Us firent
d'abord pluade 500 procès -verbaux, et
recommencèmt plusieurs fois. Il résuke
de leur traval que l'on compta 83 morts
sur la place ,15 morts par suite de bles-
sures, 60 bessés, 13 estropiés, 654
vainqueurs qi^ n'ont pas été blessés. Des
pensions ontété accordées en 1832, en
vertu d'une oi, aux vainque^rs de la
Bastille encore vivans : le nombre de ceux
qui se sont présentés d^Msse de beaucoup
le nombre primitif. D-e.
BASTINGAGE, Tout autour d'un
bAtiment de guerre règne, au-dessus du
pont supérieur, une sorte de parapet
élevé sur le plat-bord du navire. Des
chandeliers de fer, supportant des barres
de bois appelées battayoles , forment la
carcasse du bastingage, laquelle est recou-
verte de toile ou d'un filet Dans cette
espèce de caisse, servant de ceinture éle-
vé« au bâtiment , on met les hamacs rou-
lés des matelots et des soldats. Autrefois
on y mettait aussi les sacs qui renfermaient
leurs effets; on a renoncé à cet usage
dont l'inconvénient était de livrer à la
mitraille et à la mousqueterie des véte-
mens qu'il faut toujours épargner, parce
que ie marin n'a jamais trop de rechan-
ges, et que d'ailleurs c'était une perte
considérable pour les hommes. Outre les
sacs remplis de bardes , on bourrait les
bastingages de paquets d'étoupe ou d«
poils de bœuf, de tronçons de vieux cor-
dages, etc. Quelquefois on les doublait
de li^e. Le bastingage est établi pour
mettre l'équipage et ia garnison à l'abri
des feux de la fusillade et des pièces
chargées à mitraille; il doit être asses
haut pour couvrir les matelots occupés
de la manceuvre. Quelques élévations sont
placées au pied du bastingage pour lais-
ser aux combattans le jeu facAe de leurs
armes ; ceux-ci ne sont par oonséqueDt
couverts que jusqu'aux épaules. Au xy^
siècle , quand les navires étaient défendus
par des arbalétriers et des ardiers , la
méthode des bastingafces en parois était
généralement suivie. Des targes ou pa-
vois, grands boucliers qua le moyen-âge
tenait de l'antiquité^ étaient dressées tout
autour des bâtimens pour arrêter les flè-
ches ennemies. Les anciens pavoisaient
ainsi leurs galères pour le comlMit. ^c^»
Pavois.
Aucune des langues maritimes de
l'Europe n'a de mot d'où l'on puime rai-
sonnablement (aire descendre bastùi^
gagCk Quelle est donc son origine? Noua
T'ignorons ; car nous n'osons affirmer qu'il
procède de bastion, quelque analogie de
forme que l'on trouve aux deux termes^
quelque analof^ie d'idée qu'ils représei|«.
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BAS ( i
tent. On disait, an xvu^ ttècle, bastin-
gue, b€Utingure.wï bastingage, indiffé-
Femmeot; nous D*avoiis plus que le der-
nier , et le verbe basiînguer ( foire ou
remplir le bastingage )1 A. J-l.
BASTION. On appelle ainsi une
pièce de fortification qui fait partie de
renceinte d'une place forte*. L'intérieur
de cette pièce forme le terre-plein du
basson, qui est renlermé entre deux
/aces et deaxjiancs. La distance qui sé-
pare l'extrémité des flancs s'appelle la
gorge du bastion. La ligne qui divise en
deux parties égales l'angle formé par les
deux faces est la capitale de l'ouTrage.
Le bastion est régulier, quand les li-
gnes et les angles correspondans sont
égaux entre eux ; il est irrégulier, quand
■n des angles ou une des lignes n'est pas
égal à son correspondant.
Cest âans la combinaison des bastions
ou du tncé bastionné que consiste prin-
ctpalemeat le système des fortifications
usitées jusqu'à présent dans tonte l'Eu-
rope (vojr» Foxtification). Les bastions
ont remplacé les tours rondes ou carrées
que les anciens plaçaient aux angles for-
mé» par les lignes de murailles dont ils
entouraient leurs places de guerre.*
Les faces des bastions sont dirigées de
manière que leurs feux viennent , en se
croisant, défendre le terrain en avant,
où l'assiégeant pouvait établir ses moyens
d'attaque. Les flancs sont tracés perpen-
diculairement au prolongement des faces
des bastions voisins, en sorte que ces
ouvrages se défendent mutuellement On
voit que les feux des faces concourent
avec ceux de la demi-lune {v<^. ce mot)
à la défense de l'espace situé entre les
deux bastions.
Quelles que soient les propriétés dé-
fensives du tracé bastionné, elles ne sont
pas égales pour tous les points du ter-
rain qu'il est chargé de défendre. Il y a
des parties plus fortes; il en est de plus
faibles. Cest sur celles-ci qu'on^irige
les attaques. Les feux n'ayant une action
bien efficace que perpendiculairement è
la direction des ouvrages derrière les-
c|iiels les défenseurs sont placés, ceux
(*) Hoofl donnerons à Paiticle FoanriCÂTiOH
In tncé dH» front de fortification dans lequel
I ■• troavnat «oinprk. 8.
41 ) BAS
des faces laissent sans défense les angles
appelés angles morts. Ces angles ne ti-
rent qu'une faible protection des feux de
flancs, qui sont peu nombreux, et qui
ont d'ailleurs pour objet principal de
battre le pied de l'escarpe des bastions
voisins. Aussi est-ce sur les capitales
que s'iHivre la tranchée {voy, ce mot) ; et
comme ces faces, qui ont une grande éten-
due, reçoivent l'armement le plus consi-
dérable et le plus dangereux pour l'assié-
geant, celui-ci étend ses teyaux de tran-
chée à droite et à gauche de la capitale ,
en ayant soin de les préserver de l'enfi-
lade des feux des ouvrages de la place,
jusqu'à c^ qu'ils atteignent le prolonge-
ment des faces. Alors il y étabUt des bat-
teries pour contre-battre et éteind|>e les
feux des faces qui gênent les travaux de
la tranchée et ralentissent leur marche.
L'assiégeant établit encore de semblables
batteries sur le prolongement des flancs,
pour démonter celles de l'assiégé.
Les bastions sont revêtus soit en ga-
zon , soit en maçonnerie. Dans le pre-
mier cas, ib sont hérissés d'un rang de
palissades droiteé ou inclinées sur tout
leur pourtour, an pied du talus extérieur
du parapet Les revétemens en maçon-
nerie s'élèvent jusqu'au pied du même
talus ; on les appelle murs d'escarpe. Le
mur qui soutient les terres du terre-
plein du chemin couvert se nomme mur
de contrescarpe. Dans tous les cas , les
bastions sont entourés d'un fossé, sec
ou pleiû d'eau, dont la largeur et la pro-
fondeur varient suivant les circonstances
du terrain (raj^. Fossi). C-tk.
BASTONNADE^ peine ancien-
nement ( et de nos jours encore dans les
colonies) appliquée aux esclaves. Elle
était aussi infligée aux soldats romains.
Ce châtiment, quoiqu'il fût celui des es-
claves, ne déshonorait pas, ainsi que
le rapporte Pline. Selon le même auteur
la simple bastonnade devait être soigneu-
sement distinguée du supplice des hk-
ions y fttstuarium. On 4e comprend sans
peine , puisque la mort devais être le ré-
sultat de ce dernier supplice , infamant
de sa nature.
La bastonnade est encore appliquée
par le code militaire en certains pays, au
nombre desquels il faut compter l'An-
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BAT
et une partie des étals
gleCerre
ipands.
En Russie la knout remplace la bas*
tonnade (v. Knout); les batogues (voy.
ee mot) sont abolies. La bastonnade de*
puis loDg-teoips ne figure plus dans la
législation française. G. Y.
BAT. C*eBt une espèce d'arçon à Ta-
aage des bètes de -tomme , composé tout
simplement de deux fûts de bois joints
avec des bandes de même matière, at
garnis en^deaaftus d*un panneau rem*'
bouri*é , pont empêcher l*animal de se
blesser, et d*ane sangle avec laquelle on
assujétit le bât. Chaque côté de la car-
casse est accompagné d'un fqrt crochet
pour retenir les cordes auxquelles sont
attachés des ^niers, des paquets, des
ballots , etc. Les bâts communs , que Ton
nomme aussi èdts à houionnes, sont ceux
dont se servent les gens de la campagne,
et spécialement les maraîchers et les jar-
diniers qui approvisionnent les marchés
et les halles, en ehassant devant eux leurs
chevaux ou leurs Anes. Le bét français ,
ou bdt à faussts goituières, est cehù
que portent les chevaux appelés che-
paux de bâts et destinés à transporter
de lourds fardeaux, à la guerre ou en
route. Enfin on nomme bdi tf Auvergne
le bât de guerre des mulets.
On dit figurément d'un sot, d'un
homme que Ton mystifié aisément: Ce'st
un cheval de bdt.
On dit encore proverbialement pour
eiiprimer l'inquiétude d'un homme qui
a quelque chagrin oaehé, auquel il ne
peut trouver remède : // ne sait pas oà
le bdt le blesse. D. A. D.
BATAILLE. Une bataille est une ac-
tion générale entre deux grandS' corps
d'armée , souvent même entre deux
armées entières* Les armées ne s'^a^a-
geni guère daus une bataille avant de
s'être livré divers oombaU(vo^. ce mot).
Le sort d'une bataille diécide souvent
de celui des états. Aussi les généraux en
chef ne doivent-ils livrer bataille ou l'ac-
cepter qu'après avoir bien pris les pré-
cautions propres a mettre de leur côté
toutes les chances de succès. La llispo-
sition, la conduite^ le gain d'une bataille,
font la reiMmmée d'un chef d'armée et
toi «atiirtiit une gloire mnortellè, CeiC
( 142 ) BAt
aile- en effet aiîx talens du général , à son gé-
nie, que l'état est redevable des heureux
résultata d'une brillante victoire* Sans
doute la composition des armées exerce
une immense influence sur la marche
des grandes actions tnilitaires; maitf il
se suffit pas de la valeur du soldat , dq
mérite des officiers , pour arriver à
cette issue glorieuse qui donne su vain-
queur le pouvoir d'imposer la paix
et met le vaincu dans la dure obligation
d'en accepter les conditions :.il hxkt en-
core que ces précieuses ressources soient
bien employées par le chef de Tarméa»
«Assurément, dit Napoléon, dans les
guerres que la France eut à soutenir
contre Frédéric II, le soldat français
d'alors valait'' au moins le soldat qui lui
était opposé, ce qui est prouvé par les
succès qu'il obtenait dans toutes les af-
faires de postes. La cavalerie était belle,
bien montée, bien disciplinée; Tartllle-
rie était excellente; lé corps du génie
était le plus savant de l'Europe, et l'in-
fanterie n'était pas mauvaise. Enfin tout
cela était composé de Français qui étaient
fort humiliés de l'issue des campagnea
précédentes et désireux de relever la
gloire de leurs drapeaux; mais les géné-
raux en chefs, les généraux particuliers,
étaient de la plus parfaite incapacité... Il
ne manquait à l'armée française, pour
faire de grandes choses, qu'un grand
général. »
Napoléon a glorieusement justifié cette
opinion pendant tout le temps qu'il a été
à la tête des armées françaises et qu'il
a guidé lui-même les illustres capitaines
qui ont combattu éous ses ordres»
Avant d'arriver à ^'époque où ce grand
homme a porté si haut les combinaisons
savantes de Tart de la guerre, nous rap-
pellerons quelques-unes des principales
batailles dont Thisloire ancienne nous a
transmis le souvenir, pour faire voir
l'influence qu'ont dû exercer sur le ré-
sultat des batailles la différence de la
nature des armes, eélle de la composition
des armées et les progrès de la civilisa-
tion.
En se reportant wfx beaui siècles d*
la Grèce, on voit les armées de ce pays
engager les batailles avec l'arc et la
fronde y puis aborder reanani «foc b
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(143)
BAT
lance «l Véf^ Ce»t ay^l ces armes que
les Grecs, au pombre de 10,000 hommes
commandés par Miltîade^ remportèrent
à Marathon ia victoire la plus signalée
sur 1 10,000 Perses, dont 10,000 deçà-
Talcrie.
Plus tard, sous les murs de Platée,
1 10,000Grecs,commandésparPaasanias,
composés de 10,000 Spartiates dont il se
réserve la direction, de 8,000 Athéniens
sous les ordres d'Aristide, et de différens
corps fourmis par plusieursautres peuples
de la Grèce, sont vivement attaqués avec
les mêmes armes par 800,000 Perses et
60,000 Béotiens qui avaient Mardooius
pour chef: mais la valeur des Spartiates
tt des Athéniens oppose la plus vigou-
reuse résistance aux efîorts de lebr re-
doutable ennemi, et défait d'abord un
corps de Grecs au service des Perses.
Dans la mêlée, Hardonius reçoit la mort
de la main d'un Spartiate. Cet événe-
ment jette le désordre parmi les Perses
qui prennent la fuite, et, poursuivis à
outrance par les Grecs qui lie leur font
aucun quartier, ils perdent, si on en croit
rhîstoire, plus de 100,000 hommes qui
furent passés au fil de Tépée.
Lee deux exemples que nous Tenons
de rapporter sembleraient aujourd'hui
presque incroyables, si l'histoire moderne
ne nous en oÂrait tant de semblables où
nous avons vu souvent les Français sup-
pléer au nombre par la brillante valeur
des oombattans et par les heureuses
dispositions de leurs chefs.
La bataille de Platée, où la défaite d'un
corps de Grecs au service des Perses est
le signal de la victoire complète des Spar-
tiates et des Athéniens, ne nous rappeïle-t-
elle pas ces nombreuses batailles de l'ar-
mée du N<nrd et celles de l'armée du Rhin
où les Français rencontraient dans les
rangs ennemis quelques-uns de leurs
compatriotes, dont le courage était digne
d'une meilleure cause? U serait impos-
sible de déterminer , entre des forces
aîdi^roportionnées, tes ordres de ba-
taille des deux années. L'étude la plus
«tleotive ne peut démêler l'exactitude des
faits à travers le voile dont le récit d'Hé-
rodote las a enveloppés. La supériorité
des Grecs, 4ue en partie à la vigueur que
leur domudeot les exeroices du 09rpsaux«
quels ils te livraient, doit être attriboée
surtout à leur esprit de patriotisme^ à lenr
amour de la liberté, senti mens lout-à-fait
étrangers aux peuples mous et elTéminés
de l'Asie qu'ils avaient à combattre. A
cette époque, les Grecs faisaient peu d'u-
sage de la cavalerie ; il convenait à leur
éducation physique et morale, et surtout
à celle des Spartiates qui éuient formés
pour la guerre, de mépriser, dans les
combats, les secours étrangers qu'ils pou-
vaient tirer de la force et de l'ardeur
des chevaux, ei de préférer le combat
corps à corps auquel ib étaient prépa-
rés i>ar leurs exercices gymnastiques.
Cependant, à la suite des guerres du Pé-
loponèse,ils augmentèrent leur cavalerie.
A la bataille de Leuctres, l'armée dea
Lacédémoniens, commandée par Qéom-
brote, outre 10,000 hommes d'infante-
rie, avait 1,000 hommes de cavalerie.
Les Thébains, de leur cèté^ avaient 6,000
hommes de pied et 400 chevaux. Dans
cette lutte , où la supériorité des forces
semblait être du côté des Lacédémoniens,
l'habileté des généraux thébains suppléa
à l'infériorité du nombre ; et les talens
d'Épaminondas, noblement secondés par
Pélopidas qui combattit a la tête du ba-
taillon sacré, firent pencher la balance
en faveur des Thébains. L'action com-
mença par une charge de la cavalerie
thébaine; ÉpamfUondas , qui la suit de
près , tombé sur l'aile droite de la
phalange lacédémonienne, avec tout le
poids de l'aile gauche de sa colonne.
Cléombrote veut opérer une diversion
en détachant un corps de troupes pour
prendre en flanc Épaminondas et l'en-*-
velopper: alors Pélopidas se précipite
sur l'ennemi avec son bataillon sacré et
jette le désordre parmi les Lacédémo-
niens qui se défendaient encore avec la
plus vive opiniâli*eté ; mais leur chef,
Cléombrote, étant tombé mort percé de
coups, les Spartiates ne combattent plus
que piHir enlever le corps de leur géné-
ral qu'ils ne veulent pas abamdoanery
après quoi ib prennent la fuite, et lais-
sent les Thébains maîtres du champ de
bataille de Leuctres, sur lequel ils éri*
gèrent un trophée.
A la baUiUe de Mantinée, lesLacè^
démmians avaient MfiQO honmiea 4%
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( 144 )
BAT
pied et 3)000 de caTalerie, tandis que
Tarmée des Thébains, commaDdée par
Épammondas, était de 30,000 hommes
d'infanterie et de 3,000 de cavalerie.
Dans cette mémorable journée qui ar-
rêtâtes dissensions intestines de la Grèce,
la cavalerie prit peu de part au combat.
La bataille, commencée d'abord avec Tare
et la fronde, puis engagée avec la lance,
n'avait amené jusque là qu'une résis-
tance opiniâtre et sanglante des deux cô-
tés; mais Les combattans s'étant abordés
l'épée à la main, il y eut de part et d'au-
Irei un carnage épouvantable, et après
une lutte des plus acharnées, les Tbébains
obtinrent enfin les honneurs de la vie*-
toire, mais en l'achetant bien cher, puis-
qu'elle coûta la vie à Épaminond^.
Les élémens d'organisation des pha-
langes , grecques et macédoniennes ont
prouvé de fréquentes variations, sur-
tout avant la bataille de Chéronnée et
celle d'Àrbelles. Vers cette époque, les
Grecs formèrent leurs phalanges (vojr*)
de 6,000 hommes ; ils les divisaient en
xénagies ou syutagmes de 256 hommes,
qui se subdivisaient en tétrarchies de
64 hommes.
La phalange présentait une ligne con-
tinue de masses carrées de 16 oplites de
front et de profondeur , et, à peu de dis-
tance, une seconde ligne de peltastes sur
8 de hauteur. F. Oflites et Peltastes.
A l'exemple des Grecs, les Romains
portèrent quelquefois leurs légions (vox.)
à 6,000 hommes. Ils avaient en outre en-
viron 1,000 vélites combattant hors de
la ligne. La cavalerie ne dépassait guère
le dixième de la force totale. Les légions
renfermaient 40 à 50 manipules de 120
hommes, rangés sur 1 3 de front et 10 de
profondeur. Ces manipules étaient dis*
posés en échiquier,, sur trois lignes, avec
des intervalles égaux à leurs fronts. La
première ligne , formée des hastaires ,
pouvait se retirer au milieu de la seconde
qui était composée dts princes, laquelle
pouvait aussi s'avancer pour soutenir la
première. La troisième ligne, celle des
triaires ou vétérans, assurait une réserve
invincible.
Les Romains augmentèrent et amélio-
rèrcotsttccessivement leui:cavalerie,qu'ils
plaçaient toojooA sur les ailes. Cest de
cet ordre que datent les triomphes de la
république; il était assez semblable an
nôtre. Car c'est une chose digne de re-
marque que les changemens survenus
dans les mœurs, comme dans les armes ,
n'en aient point amené de sensibles dans
les élémens de l'organisation militaire.
Les tétrarchies et les manipules sont re-
présentés chez les modernes par les com-
pagnies ; les xénagies ou syntagmes et les
cohortes romaines, par les bataillons; en-
fin, les phalanges et les légions, par les
régimens , les brigades ou les divisions.
Après la mort d'Alexandre, Pyrrhus
recueillit dans ses armées quelques mil-
liers de soldats grecs formés à l'école du
héros macédonien , avec lesquels il ^agna
sur les Romaros la bataille d'Héraclée.
Toutefois leur courage fut, dans cette ba-
taille , secondé par l'effroi que les che-
vaux dé l'armée. romaine éprouvèrent à
l'approche de» éléphans des Épirotes.
C'était la première fois que les Romains
en voyaient en Lucanie ; et l'odeur de
ces animaux, en effarouchant la cavale-
rie romaine, contribua puissamment à la
déroute de l'afmée, dont Pyrrhus sut
habilement profiter. La victoire avait été
long-temps indiécise : on avait plié sept
fois de chaque côté, quand l'approche des
éléphans de Pyrrhus le rendit maitre du
champ de bataille, et il recueillit ainsi le
fruit des savantes dispositions qu'il avait
faites pour travecser le Siris et pour
établir son ordre de bataille^ Cet échec
n'ébranla pas la bravoure des Romains ;
deux ans après, non loin d'Asculum,
ils livrèrent aui^ Samnites et aux Luca-
niens, commandés par Pyrrhus , une nou-
velle bataille plus meurtrière que la pre-
mière. Quelques historiens du temps
ont contesté la victoire à Pyrrhus : si ,
comme il le parait,, c'est à lui qu'elle ap-
partient, du moins est-il constant qu'elle
lui coûta fort cher , puisque, quand on
voulut l'en féliciter, il répondit : C'est
faitdenous,si nous remportons encore une
telle victoire I On vit dans cette bataille
la phalange et la légion combattre avec
unr égal succès; mais Pyrrhus ayant fait
faire un grand détour à se» éléphans , ils
tombèrent sur la cavalerie romaine et y
causèrent un désordre qui se répandit
dans toute l'année.
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L'expérience acquise par les Romains
à Héraciée et à Asculum ne fut pas per-
due dans une troisième bataille qu'ils
livrèrent à Pyrrhus auprès de Bénévent.
Curius, qui commandait le principal
corps de l'armée romaine, attira Pyrrhus
dans une position resserrée, coupée de
bois et de rochers, où la cavalerie et les
élépbans ne pouvaient pas manœuvrer.
Entraîné quelques instans sur les bords
du Cadoré par son audacieux adversaire,
le consul romain, après un premier
échec ) rallie ses troupes derrière ses re-
tranchem^is, et lance ensuite brusque-
ment la réserve qu'il y avait laissée con-
tre l'armée de Pyrrhus sur laquelle il
obtient une victoire complète.
Cest dans les guerres de cette époque
que les Romains puisèrent les premiers
perfectionnemens de l'art militaire. Ils
apprirent de Pyrrhus à étudier les ordres
de bataille , à combiner des diversions :
ils comprirent l'immense avantage que
procurent la rapidité des marches, le
choix des positions , la nécessité des ré-
serves. Mais trop neufs dans l'application
de ces principes, ils les opposèrent vaine-
ment au génie d'Annibal, qui triompha
des futurs vainqueurs du monde, d'abord
sur le Tésio , puis aux bords de la Tré-
bia, à Trasimène, et enfin dans les plaines
de Cannes. Cette dernière victoire, si fu-
neste aux Romains, eût rendu Annibal
maître de Rome, s'il avait pu en profiter.
Au lieu de poursuivre ses succès , il fit
hiverner ses troupes à Capoue, et donna
aux Romains le temps de revenir de leur
consternation et de réparer les pertes
immenses que leur armée avait éprouvées.
Aussi , éclairés par la fatale expérience
qu'ilsavaient faite des talensd'Annibal, ils
luttèrent pendant plusieurs années avec
un snccès constant contre les Carthagi-
nois , jusques à la bataille de Zama ; la
victoire , long-temps débattue entre Sci-
pion et Annibal , se fixa enfin sous les
eoieignes du consul romain. Le général
carthaginois était redevable du triomphe
qu'il avait obtenu sur les bords du T^n,
à la Trébia, à Trasimène et à Cannes,
à la supériorité de sa cavalerie sur celle
des Romains, et aussi à l'action puissante
de ses éléphans. A Zama, où Annibal
avait 80 de ces animaux en avant de son
Encyclop. d. G. d. M. Tome m.
armée, le aon des trompettes en effraya
quelques-uns qui , se retirant en arrière,
jetèrent dans la cavalerie carthaginoise
une confusion dqnt Je général romain
profita pour renverser l'aile gauche de
l'ennemi. Dès lors le combat devint ter-
rible. Les komains encouragés par la
déroute des Carthaginois en firent un car-
nage épouvantable, leur tuèrent 20,00d
hommes et firent autant de prisonniers.
La paix fut le fruit de cette victoire.
On conçoit que , vainqueurs d* Anni-
bal qui leur avait appris à le vaincre, lea
Romains aient aspiré à la conquête du
monde entier. Les batailles qu'ils livrè-
rent dans les diverses contrées dont ils
firent des provinces romaines , furent
autant de triomphes; et quand ils n'eu-
rent plus d'ennemis à combattre, ils
se livrèrent à des discordes civiles qui
donnèrent lieu encore à des prodiges de
valeur. Mais comment étudier militaire-
ment les causes ou les revers des batailles
que se livrent Marins et Sylla , César et
Pompée, Octave et Antoine? Dans ces
luttes violentes des Romains contre les
Romains , on voit les combattans dans le
même ordre de bataille , avec les mêmes
armes, la même organisation, soutenir
les prétentions de l'envie, de l'intrigue
et de l'ambition, succomber alternative-
ment sous les coups de leurs rivaux,
et entraîner enfin dans leur perte la
liberté de leur patrie. Telles furent
les suites de la bataille de Pharsale oik
Pompée, avec 50,000 hommes d'in-
fanterie et 7,000 de cavalerie, ne put
résister à 22,000 fantassins et 1,000 ca-
valiers commandés par César. L'aile gau-
che dont Pompée s'était réservé le com-
mandement et qu'il avait composée de
l'élite de son armée et de toute sa cavale-
rie, est attaquée par l'aile droite de Cé-
sar qui , pour ne pas la laisser envelopper
par la cavalerie ennemie , y place six co-
hortes tirées de sa troisième ligne. Ces
troupes 9* élancent avec ardeur sur lea
jeunes cavaliers romains, les mettent en
fuite , et décident cette victoire qui en-
traîna la chute de la république. Ce se-
rait peut-être ici le lieu de parler de la
bataille d'Actium, livrée quelques an-
nées après la mort de César, et où Au-
guste remporta sur Antoine cette victoire
10
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(146)
BAT
^i îé MMlit iMitre «t tcîil toiilr^rBm de
Âoncf mtift cette action est no véritable
oembwt ritrtl dont Fesamen rentre dana
le domaifae de la guerre maritiitie.
Obligés de rehferiner dans des limites
très fesseirées la compataison des bn-
milles anciennes et ntodeméé , nous tt*a-
▼ersertntSy sans nous y àfrèter, iei trois
tièeleé âtB eaifiereiirs ^romains, et ces
temps d*anarthié féodale oh la guerre
n'était plUs soumise à desi*è^les précises.
AkftÉ les armées n'étaient cpie des trou-
]MMX d'homines conduits sous le joug
éa vaiseUtge pat les propriétaires de fiefs;
les bàuiilea n'éiaiènt que des luttes dés-
•hdonnôes «à ks combattans i'atta-
<|ttaleiit corps k corps et se massacraient
avec àcbarnement; et le$ f ictoirte deve-
■aient UpHx de la supériorité de la force
êorporèlle. Cei état de choses ne changea
qii'ati commencement du iit* siècle,
qoahd Louis VI, potir dégager l'autorité
nivale lùétonnne par la féodalité, éublit
lllB commune^ , affranchit les serfs et créa
des milices nationales. Pendant un siècle,
eeé milices, qu'on réunissait seulement
dknB les momens où on en avait besoin ,
donnèrent souvent dei preuves de la plus
grande bravoure. Elles reçurent aous
Fbilippe-AUguste une organisation plus
soHde : te prince en fit des troupes pev^
nnineûles et soldées avec lesquelles il ga-
gha le fkmeasë bataille de Bouvines con-
tre l'empereur Olhon IV. L^armée fWin-
^ise (àt rahgée en bataille par réyéque
de Senlb ; elle éuit placée «ur plusieurs
Kgt)es. Les dent souVerAtus combattirent
en pt^Ux chevaliers à la tète de leurs aiv
mées. Olhon avait pins de 100,060 hom-
mes sOUs les tttne», quand il rintatta-
qtter Cafoiée française, Méirie«re en nom-
bi^ de mbi tië. L'eègiigeineilt An sanglant :
beaucoup de chevaliers fran^ls y prirent
part, ainftt que l'évêqne de BMUvaié» Ge
prélat sè balt*it wrtt ttne masMie ponr
ne pas inépandrie le sang hnmain. La va-
leur Amn^é, après avnîr long^temps
soniehn une lutte opiniâtre, trtonpha
enfin du notiibre et tMnpotta sur les Â.I-
lenubds une victoire édaunte dont le
succès est partkntièrenient attribué à la
supériorité ée notre cavalerie. A cette
époque, l^art de la guerre éprouve une 1
qnes bateilles gagnées par les Fraudais
dans le cours des xui*, xiv* et rv* siè-
cles^ savoir : sur les Anglais, par saint
Louis, à Taillebonrg; sdr les Flamands,
(uir Philippe-le*Bel, a Fnrnes, à Pucille
et à Saitit-Omer;à Cassel , par Philippe-
de-Vaiois; à Rosbeck, par Charles YI ^
sur les AngUis , à Orléans , par Jeanne
d'Arc; à Formigny , par Charles VIIj
à Montlhérj, sur les Bourguignons, par
Louis XI; en Angleterre, sur -les Anglaisy
par les troupes de CharlM4e-Téniéraire;
à Saint-Aubin, sur les Bretons, et à For-
noue, sur les luliens, par Charles YIII; à
Novare, sur les MiUnab, par Louis XII.
Le souvenir de ces actions glorieuses
console des pertes que la France a faites
en 1 846, à Crécy, où Edouard, soutenu
par le prince de Galles, son lUs, dit lo
Prince Noir, et fort du choix d'une bonne
position, triompha aisément de l'armée
francise qui s'était engagée sans ordre
et combattit sans aucune disposition , ce
qui entraîna une déroute complète ; poia,
en 1856 , à Poitiers, où le même désor-
dre dans les dispositions rendit inutile le
courage des Français et donna la victoire
aux Anglais, commandés, comme à Crécy,
par le Prince Noir. Le roi Jean fut blessé
et fait prisonnieÉ' avec son fils.
L'invention de la poudre, dont on fit
long-temps des applications bien impar-
iaites, devint pourtant d'un usage plus
familier, et on vit à la bauille de Mari-
gnan , en 1 5 1 S , l'artillerie française faire
d'henreux efforts contre le courage de
36,000 Suisses, dont les uns, armés de
piques longues de 18 pieds, et les autres,
tenant de grands espadons à deux mains,
vinrent fondre à grands cris dans le camp
de Fran^ I""^. La mêlée fnt horrible :
les Français et les Suisses confondus dans
l'obscurité de la nuit attendirent le jour
pour recommencer. Le roi dormit sur un
affàt de eanon, à 60 pas d'un batailhm
suisse. Dans cette bataille, les Suisses at^
tnquèrent toujours, taadlt que les Fran-
çais se tenaient sur la défensive; enfin
la résistance vigoureuse de f Infanterie,
jointe au secours qu'elle tirait de Tartil*
lerie, décida la viotoire en liveur des ar-
mes françaises.
Les doctrines de Luther et de Calvin,
dédrfttacè^nornnktcMteitttdnnaquel- | qnioomBMn^aittiliinHfttidhretii&H
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ftAT . ( Uî ) Mal
rofe, «a eènuBencemenl âù tfi^ sikie, 1 roceoioli èm batulles ^ léi IVa»^
MsdtèreBt eo AllemaipBe, eo Iulie, en 1 Urreni aux Espagnols oa qa*ilé te Itwaal
ÂDfleltfrey en France, de nonbreoMs | entre enx, jniqn*à k in db XTi* i
guerres âe religion dans leaqneHei se U-*
vrèferit des bataille» sanglante^ mmé les
victoires et les défaites y soml rarement
le résnkat dediapoeitk>nB médîlées et ne
penTtofe guère too étndlécs êbm le rap^
port de l'art. U n*en est ^ de asèm^ de
celles qne cansa la rivsKlé de Cbarls»-
Qnhit et de Fran^ I*'. On nepeat pné-
ser ions silence la bataille de Pavie où le
■wnarqne fat, aoalgré toat son conrage^
victime des faute» qn'ii commit, contre
rarisdasagoLaTVéÉionilleyqiri voulait
faire lerer le siège de Paviei Dans le but
dTepérer tme diversion avantageuse, le roi
dètadmuncorpéxietO^OOO buminoi pou»
attaquer le royaume de Napies, et alfai^
blit ainsi Son armée^ pendant que Lan-
noî angnwntait k slennode 11,000 fanS^
qiienets bknagusSris. NéanuKmis Farti^
lerie française avatt^ par ses premières
décharges^ pria tu flaOc raïaséc ènueuNS
et Kavait teUemenl entamée que les Es-
pagnol, effrayésy rompirent leurs rangs
et reculèrent en désotfdi'e. Alors le rot se
^sla sur les fityards a la tèle des corps
les plus avancés, et perdit par cette de*
marcbe imprudente tous les afaDtag»
de su poBÎtiôiir en masquant son artiHerio.
il renversa du prsmwer eboe un escAdroà
de gendanncrie napolttaîoe sur laqurile
ks arquebusiers lançaient une grék de
traits, tandis qu'3 les knsquenuts lui pré-
sentaient un £ront bérîssé de pîcjiJes qui
semblait impénélraUè. Les Sutsees ne
seutilH'eM pas leur ancienne réyumtiou;
ik mqnrvèreut k cboe des. laosqanneCs
et se retirèrent. Le brave La TrétuoniHe
m Bonnivet furent tués, Fran^ I^' gra-
vement blessé, après s*étre battu comme
on lion, tomba entre ks mains ée l^en-
nemî qui resta nuitre du champ de ba-
taitte. L'amour -propre- du prlnee ptft
être satisfiAk qaand il eut écrit àsa mère :
<9 Tout em prâdu, fors k'bonnenr;^ » mois
la France aurait payé cbd^ ks fautes dé
SDD^roî, si k liguO fonaée ooutro Charles-
Qttîot ne Tèèt àfffrancki des clauses obé-
SOTS0S du traité do Mbdrid par kqucfttt
nmit obtenu sa. Uberté*
Aucune disposHiop remarcpiay«dmto
l^iit Aok |tim%M peut étm «goalé^à
Lm seules bataéUes de cotte époque dont
k suocès soit de à d'benfeuses et babiks
dispositions de k part du vainqueur sont
cellm d'Arqués m d'irry* Henri IVi
obUgé de krér k siège de Park^ se rend
en Normandie avec %fi%ù kntasntis^ %
régimens suissm et 1,M# <dm«uns. Û
apprend que k dtm do Mayenne vuuè
amiéger Dieppe i il porte m petite arinét
à mae bene et doBMO en avant de k viHo^
auprès d' Arques^ sur ifcn cotenu p^tégé
pwkdiâtenuL 11 joint k pied ck te co-
tenu avec une dmpclk ou makdrerk
voisine par un petit retrunebement larme
d'ta fomé de 10 pieds de largi^ et de » da
profondeur, il fortâfio k mnkdterk do
deux deml->bustioOs qi^il àruBS do » piè*
cesdeconon, etappokm gaucbeb Ar*
qoes. Dans cette position f il attend
Mayenne qui était érrivé avee 30i,0M
bomaries et avait déîà éproufé,dails une
attaque qu^H avait dirigée contre k ?u^
Ict, USK vignoseuse résistance. Le roi
pinee h k nudadreiie 4 compugnks •«!»•>
ses et frun^aism ci ks §Êii soutenir pur
S compagnies de cberatt- k^ero r il tient
quelques gendarmes en féssrfo et confie
au marécbal de liron k rféfcmse dm ro*
trancftemcÉB qu'il garnit d'infanterie ;
Henri rmle en résen% «sec quelqum
troupes d'élico^ pour se puttir lui m'km
partout oà besoèn nrà. Les tsobpoé^ da
roi eaigageat k eotnbaty qui
temps sotouti de' part et d'ë
résistance égak; ces Iroi
à l'attaque de k makdrtrie^ ébfanlém
pendant quelques instatio;' mak f arrivée
deBiron et de CbAtiUDa' lent reud bku^
tèt k stlpérim^ et r aimée de Mhiyenne
ftit sa retraite en bon ôrilre^ kltiam k
roi maHre dtf eiomp de iamiHb.
A lV#y , HeiH^ IV , quoique Mm Wft-
rkurs&noBibiie, dut eifdsr» b des dk^
peeitioirs bknooatbJaéBskvieceiffe qi^ll
iMupopu sur Ms jfemm dunef amîéeémlt
double die kskemec
L«»go«freedb «ti¥* sièdepeoeurèhmm
à pbisiottfvdenosgéuëmtmrocamtofrdk
développer Isf UM k«f génie m)lltaii%
las autres kor esprit df observation^ tous
qcil dîMMe mi^
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Bi.T (H8)
Français, dans Tatuque, une si grande
supériorité sur les autres nations. Les
armées européennes avaient encore, à
cette époque, une organisation confuse
qui influait sur le sort des batailles. Les
Âisiliers, les mousquetaires, les piquiers,
étaient rangés dans les mêmes bataillons,
en files de huit de profondeur, en sorte
que les derniers rangs ne pouvaient pas
faire usage de leurs armes; la cavalerie
était encore sur quatre de hauteur; la
moitié des files devait s'arrêter dans les
charges au galop. Les pièces de campa-
gne étaient loui*des et peu nombreuses;
quand elles occupaient une position ,
elles y restaient toute une journée, parce
qu'elles ne pouvaient pas suivre les ma-
nœuvres des troupes. Toutes ces diffi
cultes furent aperçues, mais non pas
résolues, par le grand Condé, par Tu-
renne, par Montécuculli , par Gustave-
Adolphe qui, dans de nombreuses ba-
tailles, cherchèrent à les surmonter.
A. Rocroi, par exemple, toute l'artil-
lerie française , que sa pesanteur avait em-
pêchée de se retirer assez promptement,
avait été prise par Melo qui comman-
dait l'armée espagnole, avec une partie
de l'infanterie aux ordres de La Ferté; et
elle fût restée au pouvoir de Melo, sans
la présence d'esprit et la prodigieuse ac-
tivité de G>ndé (alors duc d'Ënghien),
qui rallia sa cavalerie. Marchant ra-
pidement derrière les bataillons espa-
gnols, il atteignit leurs escadrons déban-
dés, les dispersa et leur arracha la vic-
toire; délivra La Ferté et les autres pri-
sonniers, reprit notre artillerie et enleva
celle de l'ennemi, qui consistait en 24
pièces de canon. Une si brillante victoire,
remportée par un général de 22 ans, était
d'un heureux augure pour la suite de ses
campagnes; aussi ne tarda-l-il pas à ga-
gner les batailles de Fribourg, de Nord-
lingen, de Lens, qui entraînèrent la prise
de beaucoup de places fortes, et amenè-
rent la conclusion du traité de Westpha-
Ile. — Les batailles gagnées par Turenne
ne sont pas engagées comme celles qui
font la gloire de Condé. Les ordres de ba-
taille du prince n'annoncent aucun pro-
grès dans l'art; on y trouve même moins
d'esprit de combinaison, moins d'étude
dd terrain que dans les dispoûtiona laites
BAT
par Henri IV : avare du sang des troupes
qu'il mène au combat, Turenne, au con-
traire, prépare long-temps, par des mar-
ches et des contremarches, le choix des
positions; il n'offre ou n'accepte la ba-
taille que sur un terrain à sa convenance,
et manœuvre à la face de l'ennemi, jus-
qu'à ce qu'il ait trouvé un champ de ba-
taille qui se prête à toutes les disposi-
tions qu'il a conçues. Alors il assigne à
chaque arme, à chaque corps, la place
qu'il lui a destinée, et oblige en quelque
sorte l'ennemi à se conformer lui-même
an plan qu'il s'est tracé.
Les troubles de la Fronde engagèrent
Gmdé et Turenne dans des partis diffé-
rens pour lesquels ils combattirent al-
ternativement à la tête des Français et à
celle des Espagnols. Voltaire remarque
à cette occasion que « le sort de Turenne
et de Condé fut d'être toujours vain-
queurs quand ils combattirent ensemble
à la tête des Français, et d'être battus
quand ils commandèrent les Espagnols. »
A la bataille des Dunes , Condé , à la tête
des Espagnols , s'avança vers l'armée
française commandée par Turenne : il y
avait du côté des Espagnob 14,000 hom-
mes, dont 8,000 de cavalerie; Turenne en
avait, y compris une brigade anglaise,
9,000 d'infanterie et 6,000 de cavalerie
Les Français avaient du canon , les Es-
pagnols n'en avaient pas. Après des pro-
diges de valeur de part et d'autre, Condé
venaitd'enfoncerl'aile droite desFrançais,
quand Turenne , victorieux à l'aile gau-
che, revint rapidement au secourt de
Créqui qui commandait l'aile droite, et
ramena le combat La victoire, après
avoir long-temps flotté entre les deux
héros, se prononça enfin en faveur de
Turenne qui, peu de jours après , s'em-
para de Dunkerque.
A Sintzheim et à Ensheim , Turenne
doit ses triomphes an savant emplor qu'il
fait de son infanterie, dont il couvre les
mouvemens en profitant de tons les acct-
dens du terrain.
La suite du règne de Louis XTV et
celui de Louis XV offrent un grand
nombre de batailles qui n'ont pas toutes
en des résultats heureux , mab qui toutes
peuvent fournir d'excellentet leçons.
Ccst dans les Mémoires dn tempa, et
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BAT
(149)
BAT
fortont dans ceux des géDéraiix français
etétraogers, qu'il faut aller les puiser. On
peut consulter Folard, Puységur, MoïKt
tecuculli , et particulièrement Feuquière
qui montre si consciencieusement et avec
tant de justesse ^ les fautes, comme les
eiploits, de Luxembourg, de Condé, de
Turenne, de Vendôme, de Berwick, de
Villars, et signale avec franchise la cause
des revers dus à l'incapacité de Marsini,
de Lafeuillade , de Yilleroy.
La guerre de s^pt ans , qui fait tant
d'honneur aux armes de Frédéric II, est
servent malheureuse pour celles de la
FraiMe ; à de rares succès viennent se
mêler des faits d'armes de douloureuse
mémoire, qu'il est pourtant bon d'étu-
dier, afin d'éviter les fautes commises à
Rosbach, par le prince de Soubise; à
Creveldt, par le comte de Germont; à
Mînden, par Contades; à Philingshau-
sen par Broglie; à Grebensheim et à
Willemsudt par d'Estrées. Tant de dé-
sastres sont plus que suffisans pour justi-
fier l'opinion de Napoléon que nous avons
citée au commencement de cet article.
Frédéric, dans la campagne précé-
dente (de 1740 à 1745), avait déjà ob-
tenu des succès, et particulièrement à
Moiwitz, où il admira l'habileté des ma-
nœuvres du maréchal de Schwerin , qui
était parvenu à mettre les Autrichiens
en déroute et à gagner la bataille an
moment où le roi la croyait perdue. Ce
prince remarqua dans cette occasion que
sa cavalerie était loin d'être aussi bonne
que celle des Autrichiens. Ils'occupa dès
lors à la rendre leste, agile, véloce, afin
de donner à ses évolutions plus de ra-
pidité, n oommen^ à porter au plus
haut degré l'ordre, la précision, la
promptitude des manoeuvres. Son artil-
. ïerie participa de ces améliorations, et,
donnant aux évolutions de l'infanterie
les caractères qui en assurent la supério-
rité, savoir : promptitude, facilité, jus-
tesse et sûreté en présence de l'ennemi ,
il procura à toutes les armes une perfec-
tion jusqu'alors inconnue. Créateur de
ces savantes dispositions, il recueillit le
fruit de son génie dans les premières ba-
tailles où il en fit l'application , et no-
tamment à Striegau, à Kesseldorff, à
Prague, à Lissa, etç,
On trouve ses principes dans les Mé-
moires qu'il a laissés. Son style est bref
et précis, comme les ordres qu'il don-
nait à ses généraux. £n voici quelques
exemples applicables à notre sujet :
« Il faut en venir aux batailles pour
terminer les querelles.
ft II faut les préméditer , car celles qui
sont l'ouvrage du hasard n'ont pas de
grands résultats.
« Les meilleures sont celles qu'on
force l'ennemi à accepter.
« £n refusant une aile et renforçant
celle qui doit attaquer, on peut porter
beaucoup de forces sur l'aile de l'ennemi
que l'on vent prendre en flanc. Cette
manière d'attaquer offre trois avantages :
1^ D'attaquer le point décisif;
a^ De pouvoir prendre l'offensive
avec des forces inférieures;
8^ De ne compromettre que les trou-
pes qu'on met en avant , et d'avoir tou-
jours le moyen de se retirer.
« Les attaques de vilUge coûtent tant
de monde que je me suis fait une loi
de les éviter.
« Villeroi fut battu à Bamillies pour
avoir placé une partie de ses troupes
dans un terrain où elles ne pouvaient
pas agir»
« Il ne faut pas tirer en marchant; car
c'est le terrain que l'on gagne et non les
ennemis que l'on tue qui décide de la
rictoire. »
On peut ajouter à ces principes une
règle générale établie par Napoléon ,
dans le chap. V de son Précisdes Guerres
de Frédéric II; elle est conçue en ces
termes : « Quand vous voulez livrer une
bataille, rassemblez toutes vos forces,
n'en négligez aucune; un bataillon quel-
quefois décide d'une journée. »
La révolution française ouvre à l'art
de la guerre une ère toute nouvelle. La
carrière militaire, dans laquelle le com-
mandement avait été jusque là réservé à
quelques classes privilégiées et, dans ces
classes mêmes, à quelques individu^, de-
vient libre pour, tous les Français. X^
valeur, l'instruction, le génie élèvent les
derniers soldats aux premiers rangs de
l'armée et improvisent une multitude de
héros. C'est ainsi que nous avons vu des
médecins, des avocats, un prote, de sim^
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BAf
pies piysamy ém twiéBhmUfam même,
à la t^e de nos biEtaMonfy 1«$ mtaar
sMiTent à la ^icCoirt, après avoir oopiH
iii«Beé par aervir «omine «implat soldau.
Et ces granda dtoyaM a«x^pi«k l'étude
é€s aciences niKtriraa étyk èbn indif-
férente, quand, privés de «mt atpoir dV
▼aDoenent, fis Ée powtatec en lirea au-
em ]>trti|entri<rai<aé de sèla «t de takns
avec les meilleurs officiera aardo da 1109
éo(Am. Les missiles antres ont introduit
dans nos armées da grandes innovations.
6e qni dbtingm suct^ut les ImtailUs de
nos dernières guermi d« eelles <fai mit
précédé la révclution, c'«9t, dT^ipe part,
TaugmentatloB considérable de la ibrot
des armées oueVon nMt4« présenoa et
pariiculitrement nelle de rartillerie; et
d*a«lre part, la snppression des frands
approvisionnemens de viwes qnt soi-
valent antrefbis les traippes. Les armées
metlaienlenbataitMS, >6,implns4d«Oe0
hommes; aujourd^ai «ftea «ont de 100
miffe liommes et qiiel(|a€fo4s da pins.
An 1l«n de 4o, 60 en 69 ptèees deeanon
que nous placions en bataille , nens en
arvoifB acfnelleffnent des centaîoes. A la
liaUiItte de Leipzig, en ISII, ^ 7 eni
099 pîèc«s êe éanon engagées dans Far-
mée francise, et 900 dans celle 4ea aA-
IMa.
Le début de Mapoléem dans sa campa*
gne d'Italie est remarquable par nn ays*
tème d'attaques promptes et sucoessrves ,
dans lesquelles il se garde bien d'adopter
nn ordns de bntaiMe détemriné. A. wsme
est-Il arrhré qnNm le voit frapqper à eeops
redonblêèy M lin>er, en 11 mois d^une
ennrpajl^e sans eicemple, 94 combats qoî
pi^eèdenft ou snl^eift t7 iyatailles dont
ils fréparent on oomplètent le snoeès.
Plus Urd, pnr «n système semblable, (|
iTenipare en 8 nmis de toute la ^rnâse.
Il aiiirft atlivi un ^^ratème pins droonsped
en ISO6 , ar«t apprepobes de te batarllln
d^AoMstlitB. Là il médite snn prmjet , M
mesure sas moyei». Les itnases avnient
89,099 bonnneS} les 9ran<gais n^étalent
ifue 40,999. Napoléon, à'Npprocbe des
Russes, ftiit reenler ses ^ronpes da 9
Jfeuaa, eoniaKe s*it eAt essnyé «ne démn-
te^ se place anr des bantvnrs qu^ fait
ioKiêer et cotftrir de batteries, et M ti^
hsfféit nînel ies générans m«ta.
( IM ) BAT
les «onlîmiav dans l^îdée qn^iia aivalant
de son enèarras, U fak demander à Tena^
pereur de Russie une eotrevne qni ia^
est refnaée. Il attire dana des défilés nne
partie de Tannée ennemie, pendant que
le reste avance dans la plaine. Alors lea
eorps de Piofentene fraa^se coaMnen^
eant rafttai|ne au mamtnt oà les Rnsses
et les Autrichiens aont en nsarcbe^la ca^
Valérie la soutient «vee vigueur. Lea
Russes fléchifsent, leur général en ehcf
eat blessé à i|K>rt; la déreitte est oompUle :
196 pièœa de eanon, 45 drapeana et
19,990 prisonniers tombent nnx nains
des Français, bîeniirférieura en notthre,
naais qui doivent cette fois le vtetoire à
inexpérience des Rnsses dans ka ma-
noBttvree, à la valeur de leurs vmix aol<^
datsetan diangementdu plan delkataiHe
des ennemis paralysés par le génie de STa-^
peléon» Cest'le cas de rappeler ce qne dit
le marédiat de Saxe dans seé R^mries :
a La gaerre a des règles dens les paities
de détails; mais elle n'ep a point dans lae
Vainement <diceolierak*4m la
des nnynbrenaea victoires remportées par
lea Français dans un syseènie oonatant
ou dans an nrdrede bataHie particulier.
Obecnn de nos illustres guerriers a pnisé
dans son pmpre génie, dana ies inspiear'
tiona àa moment, sur le terrain ipéme,
œs dlsnesitiotts direraes si fécondes en
beUreuK réîrttitttti. Chacun a varié eea
maiieNivres suivant lea fonpes daa loeeli^
tés, d'après la force, la cDmpnakîon et
la eituaition des armées qu'il avait à eon^
battre, et d'après les naoyena dont il pnn*
vait ddspeser. Sans s'nstnindm seMle*
ment à obserrfr les préceptes des Mon
técuoulll, des Tnrenne, des Frédéric, des
Fenquière, Us en est modifié repplÎM*
tîon, ib ont créé eux^-mémea de nouvel-»
les eombinaiaone; et, joignant à la pr»»
fondepr de leurs eeooeptieas l'endaoe
d^ne brillante tnécuiien , ib nnt étonné
et foudroyé tnnt à If fois les armées
éuaugèiee qni, sous la cbodm'tie de ianm
vieux et savane généiaux, ont foi devant
les tnwpes françaiaes dans tontes les pnr^
ties du monde* Ce serait donc s'eepeaat
à compromettre |a sàreté et la ^ire
d unearméeqnc de vonfoir /attaeber dent
une bataille à imiter la eendoite de tel
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BAT
(lai)
B4T
o« %d finénl. Lfs éténaiis d* snceèg
«eut 1res ▼tnaMes; Us ne «e reprodoi-
Sent jaiMaîs avec les mêmes circonstances.
La saf^cité se«le d« chef apprécie le
parti qu'il ëeit prendre et juge^ quelles
mai les mesures à adopter, quelles sont
cdlea ipi^l faut rejeter* Sans doute les
militaires eonsulteroot avec firuit les
beaux fidis d'arme des généraux andens
H modemts^ F^tude attentive de ces
glrands ép? éoemeus, la recherche des cau-
ses euupMna ou présumahles des succès et
des revers, feront connaître en général lès
précautions 9 l'acharnement ou le hasard
qui o«l prodttk les uns, les fautes, Tim^
prévoyance ou la Agilité qui ont ennraîné
les autres. « Ifeis il faut hlen se |;arder ,
dit M. le général 9elet , dans ses Mémoi-
res ênries guerres de lê09,enéJlema-
gnB, à la sui|e de la lecture du récit de
qn^ques brlllanlcs journées, de poser
degaaatiqnement d^ principes, où plu^
tAt de déeover de oe nom les résultats
auuvuit Ibrcés de faits isolés; réshhats
déterminés quelquefois par la puissance
du génie et de la valeur^ mats le j>lus
souvent par les jc^x d'un avençle hasard,
et qui ne sont pas toujoinns suffisamment
constatés. » Le général Lamarque a émis
aussi k même opinion. « 61 l'on voulait
réiéciiir, dit cet Mnstre oapkaine à qui
Napoléon destkiaîf en 1614 le 4>&ton de
marédial, sur le mécanisme des batailles,
on verrait que les événétnens imprévus
qu'oïl appcMe hasard y ont une grande
pari. » Une mesure qui serait une faute
grave dans des circonstances ordinaires
devient, dans un cas puticulier, un véri-
table trait de génie. C'est ainsi que dans
le lameux »ége de Gênes, Jourdan, par
une combinaison aussi savante qn^auda-
eieuae^ s^empar^ du camp de Farcio, se
laisse couper sa communication avec
Masséna, et revient vainqueur des trou-
pes du général OllD fpà croyaR le tenir
prisonnier.
Après avoir flît sentir que ies mou^
vemeHs etlea mancsuvres iks corps sont
fournie Hana les batailles aux combi-
naisons les plua variées qui résultent de
efa^oonattoices foKnltes qne le génie saisit
et met à profil, nnus allons indiquer suc-
dnetementl^infliienceréciproque des dîf-
I (i»r. ce mot) dans les ba-
taillea auxquelles dles sont appelées à
prendre part.
Les diverses armes dont se eomposent
nos armées doivent, dans les batailles, se
prêter «n appui mutuel, selon les circon-
stances, la forme du terrain et la compo-
sition derarmée ennemie. En pays de mon-
tagnes, par exemple, la cavalerie est à peu
près nulle. L'arme du génie prépare les
coBMnumcations, fortifie les positions,éta-
blit ou renverse les ponts^ L'artillerie cons-
truit ses batteries et les orme, favorise le
passage djes rivières, en éloignant l'ennemt
qui veut s^y opposer ,approvisiQnne de mu-
nitions de guerre les trois autres armes.
Si l'infanterie fait la férce piîneipele et
la partie la plus essentielle des armées,
il n'est pas moins vrai que ses succès se-
raient incomplets et souvent même fort
douteux , si elle n'étak secondée par
l^artîllQrie et par la cavalerie.
Au commencement d'une bataille, la
portée des bouches à fou de Fartillerie
produit un effet considérable, k une dis*
tance oh toutes les trokipes sont encore
sans action : elle force l'ennemi à déve-
lopper ses masses et cherche k les
ébranler ; elle ralentit fa marche des co-
lonnes ennemies et les obKge eti quel-
que sorte à se déployer so^ le fou de
l'inlhtoterie qui va tes attaquer. Alors la
mousqueterie réunll ses ^oirts à ceux
de Fartillerie ^ les corps de l'infanterie
se rapprochent et engagent le combat.
Cependant la cavalerie éclaire les mou-
vemens de l'armée. Répandue sur ses ai-
les, eHe lutte avec la cavalerie de renne-
mi , la poursuit, harcdle les iancs de son
infknterie, jette le désordre dans ses rangs,
et force l'ennemi tantôt à précipiter sa
retraite, tantôt à rallentir sa marche ré-
trograde, et donne ainsi I l'infiÉMerie le
temps d'arriver pour le combattre et
compléter sa défaite.
Tels sont les secours que Sé portent
réciproquement dans les batailles rârtij-
lerie qui seule ne pourrait pas se soute-
nir, l'infanterie et là cavalerie qiii la dé-
fendent et en reçoivent à leur tour la
plus puissante protection. Ù-ts.
Bataiixe k avals, voy. CombéU na-
val.
BATAILI^BS. En peîotureon désigne
communément sous le nom de kataùies
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(152)
BAT
ks tableaux dont une action militaire de
terre ou de mer forme le sujet. Coinme
toutes les grandes classifications, celle-ci
devrait avoir ses subdivisions reconnues;
elle n'en a point encore. On confond sous
une méuie dénomination les tableaux qui,
comme la bataille de Constantin contre
Maxence, peinte par Raphaël et ensuite
par Lebrun; cell^ des Pyramides, de
Marengo^ peintes par le général Lejeune;
celle de Navarin, si exactement retracée
par M. Garnerey> représentent des ac-
tions générales, traitées historiquement,
et dans lesquelles les peuples qui sont mis
en scène le sont suivant leur génie par-
ticulier, leur caractère national, leurs
armes, leur tactique, etc., etc.; ceux
qui , comme la bataille d'Austerlitz de
M. Gérard, les révoltés du Caire de Gi-
rodet, Bonaparte haranguant ses trou-
pes à la bataille des Pyramides par M.
Gros, etc., etc., n'offrent que des scènes
épisodiques d'actions générales, et ceux,
enfin , qui ne retracent que des scènes
fantastiques et de pur caprice , tels que
sont l'attaque d'un convoi ou d'une cara-
vane, une charge de cavalerie, une em-
buscade , une escarmouche , un combat
singulier entre deux ou quelques per-
sonnages, un engagement entre deux ou
quelques bâtimens de guerre, etc., etc.
Tant que les tableaux de batailles n'ont
été que le fruit d'une imagination plus
ou moins déréglée et de simples objets
de fantaisie pour les amateurs, on les a
considérés comme appartenant au genre
proprement dit en peinture; mais de-
puis le commencement de ce siècle , que
des hommes du plus grand mérite ont
particulièrement traité ces espèces de su-
jets, avec le développement, l'exactitude
et la dignité que réclame l'histoire , les
tableaux conçus dans ce système ont pris
rang parmi ceux dits de haut style. Ainsi
les grandes pages des Gautherot , Gérard,
Girodet, Gros, Guérin, Lethiers, Théve-
nin, Carie et Horace Vernet, et pour citer
ici quelques-uns de leurs prédécesseurs,
des Raphaël, Jules Romain, S. Rosa, Ru-
bens, Lebrun, Jacques Courtois, Cer-
quozzi , "West, etc. , ne sont plus placées
sur la même ligne que les mesquines pro-
ductions des Wouwermans, Yandermeu-
len, Ch. Breydeiy H. Yerschuuringi Ph.
Rugendad, Fulcone, peintres desiége»,
d'embuscades et d'escarmouches; que
celles des Vroom, Gasp. Van Eyck, Van
de Velde, peintres de simples combats de
mer , ou que les tableaux dans le genre
de cette singulière bataille de Marius
et des Cimbres, que M. Decamp a ex-
posé au dernier Salon (1834).
Dans le choix des sujets, l'artiste doit
donner la préférence à ceux qui tiennent
à l'histoire ancienne et du moyen-âge, ou
qui mettent en présence des peuples de
nature et de mœurs différentes , afin que
la beauté et le caractère des vétemens,
le nombre des parties qu'ils laissent à
nu, la forme des armes, la manière d'en
venir aux mains, le mélange, le choc des
hommes et des animaux, jettent de la va-
riété dans l'ensemble et donnent occasion
à ces scènes de combats corps à corps , à
ces épisodes de courage qui triomphe ,
de générosité qui pardonne, à ces expres-
sions fortes et animées qui sont l'essence
d'un tableau de bataille. Les styets mo-
dernes sont moins favorables au dévdop-
pement des hautes parties de l'art : cette
symétrie, cette régularité de lignes de
nos batailles rangées , aussi bien que la
raideur , la monotonie des uniformes de
nos soldats, quel que soit le génie du
peintre qui les met en œuvre (et Lejeune,
le plus exact observateur des règles stra-
tégiques, nous l'a prouvé), seront tou-
jours pour lui un écueil. L'ardeur mili-
taire, l'intrépidité, le mépris du danger
et de la mort chez des hommes qui opè-
rent par masses, sous le feu de batteries
contre lesquelles la valeur est inerte, et
selon les règles d'une stratégie impérieuse,
ne suppléeront jamais à ces élémens pit-
toresques qu'offrent les sujets anciens ,
où la valeur individuelle, l'adresse, la
force corporelle décident presque seules,
dans une multitude de combats singuliers,
du sort de la bataille générale. L. C S.
D y a aussi des Bataillss en musi-
que. Ce sont des compositions instru-
mentales dans lesquelles on cherche à
imiter le mouvement d'un combat, et les
sons qui, dans une bataille, annoncent
la bonne ou la mauvaise fortune. Mais
cette imitation reste nécessairement dana
le vague et ne ressemble ordinairement
à une bataille que par le bruit dont eliç
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(168)
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t*a«ooiiipagne et par les mtrcbes , laiifa-
ret, etc., qu'elle fait entendre. X.
BATAILLON. Le bataillon est un
oorps d*iofantene de 7 à 800 hommes,
n en entre dans un régiment deux, quel-
quefois trois, en temps de paix. On en a
souvent porté le nombre à quatre, en
temps de guerre. Pendant long-temps le
bataillon fut Tunité à laquelle se rappor-
tait la composition des armées. Sons Louis
XIV, plusieurs régimens furent d'un seul
bataillon de 600 hommes. Aujourd'hui
le bataillon se compose de 8 compagnies
de 90 à 100 hommes. Ce nombre a sou-
Tent varié. De ces huit compagnies, deux,
celle des grenadiers et celle des voltigeurs,
sont formées de l'élite des hommes du
bataillon. Le surplus reste affecté aux
six autres compagnies, dites de fusiliers
ou du centre. Chacune de ces compa-
gnies est commandée , dans l'infanterie ,
par on ou deux .capitaines, un lieute-
nant et deux sous-lieutenans ; dans le
génie et dans l'artillerie, les compagnies
ont <leux capitaines et deux lieutenans.
Dans les trois armes, les huit compagnies
qui composent un bataillon sont sous
les ordres d'un commandant commun,
qui a le titre de chef de bataillon.
Le bataillon étant un des élémens fon-
damentaux de la composition d'une ai^
mée, l'instruction des bataillons est de la
plus haute importance, soit qu'ils ma-
noeuvrent séparément comme oorps iso»
lé, soit qu'ils agissent comme partie du
régiment auquel ib appartiennent. C'est
dans le grade de chef de bataillon qu'ont
commencé à se développer les talens mi-
litaires de tous les grands capitaines qui
ont porté à un si haut degré la gloire
des armes françaises. C-tb.
BATALHA ^ bourg situé à 23 lieues
de Lisbonne et appartenant à l'Estra-
madoure portugaise. Il est célèbre par son
couvent de dominicains nobles. Link,
dans son Voyage en Portugal y et don
Frances de San Luiz , évéque de CoFm-
bre, dans les Mémoires historiques qu'il
a publiés en 1837, à Lisbonne, sur le
monastère royal de S. Mar da Yittona ,
donnent tous les détails importans à con-
nsltre relativen^ent au couvent de Ba-
talba. Cest un monument d'architecture
gotliico-sarraziney construit par un Irlan-
dais nomoié Hacket, en 1S8S, d'après
les ordres du roi de Portugal Jean I*"",
qui voulait, par celte fondation pieuse,
immortaliser le souvenir de la victoire
qu'il avait remportée sur le roi de Cas-
tille, à AIjubarotta. On considère le cou*
vent de Batalha comme un des plus beaux
édifices de l'Europe. On remarque sur-
tout les omemens mystiques de la cha-
pelle cinéraire : ils présentent des signes
hiéroglyphiques que l'on n'a pas encore
pu expliquer; les plus difficiles de ces
inscriptions se trouvent sur le tombeau
de Jean I^^ Ce riche monastère a été
embelli et doté par des souverains étran-
gers; on y montre encore, dit-on, un
écrit de l'empereur grec EmmanuiBl Pa-
léologue : il constate l'authentieilé de re*
liques données par lui à ce monastère au
commencement du xt* siècle. C L.
BATARD, voy, Enfans NATumxLS et
DiciifiaATiON.
BATARDE , voy. ÉcaiTuax.
BATARDEAU. Il arrive fréquem-
ment dans les travaux hydrauliques que
l'on se trouve dans la nécessité de pré-
server de l'invasion des eaux des espaces
destinés à la construction d'un pont ou
de tout autre ouvrage fondé a un niveau
inférieur à leur surface. On établit, pour
atteindre ce but, une enceinte ou digue
ayant pour objet de résistera l'effort qu'el-
les font pour gagner le niveau inférieur
qu'on veut leur interdire; si la hauteur
d'eau a supporter p'excède pas un mè-
tre, une simple levée de terre est suffi-
sante. A une profondeur de 1 mètre SO c
on soutient la digue en terre contre la
pression des eaux à l'aide de planches
posées de champ et soutenues par une
file' de pieux. Enfin lorsque la hauteur
d'eau est plus considérable, la digne
prend le nom de batardeau. Elle se com-
pose essentiellement de deux rangs de
pieux espacés d'un mètre et réunis par
des madriers longitudinaux nommés
liemes, contre lesquels viennent s'ap-
puyer des planches assemblées à rainure
et à languette, enfoncées verticalement
dans le sol a coups de mouton; ces plan-
ches portent le nom de paip/anches ;
l'extrémité par laquelle elles pénètrent
dans la terre est taillée en biseau pour
faciliter le battage. On forme ainsi deux
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MpètM de aferaiUe* eo durpente, 8«o-
lennci tstéricureniept par 1m liemes et
let pienx auzqiids celles-^ sont fixées;
eek hit , on enlère la portion de vase ou
de terrain meuble comprise 4 la snrface
dii soi, entre les deux files de palplanches.
Cette opération, qnand on travaille sous
une certaine ha«tteur d'eau, se fiiît à
Faide d'une espèce de hotte en t61e de
fer ûxée à Textréoiité >d*une perche, et
que l'on npmme drague.
Lonque le terrain a été asnsi dragmé
JMipi'à une profondeur convenahie, il
faut s'occuper de remplir de teire le vide
du baurdeau; mais auparavant on lie
deux à deux les pieux qui se eorrespoi»*
dent dans un sens perpendiculaire à sa
longoenr, par des pièees assemblées à
teéen en mortaise qui portent te nom
A^-entretoise; elles sont destinées à préve-
mp récartement des deux files de pal-
planches qui céderaient sans eela À la
poussée de la lerre Qu'elles sont destinées
à «MHenlr. Geile-cl doit être de nature
à ne pas permettre la filtration de l'eau ;
on préfère pour œt objet de la terre
Iranohe ou de l^argile. Elle doit être
mise avec précaution et pilonnée à me-
ÉUre, sans quoi elle se pelotonne et ne
pre^d pas oorps. ËHe est ensuite sujette
à se fendiUer, lorsqu'elle se dessèche par
suite de fa baisse des eaux; puis, an mo-
ment des crues, les parties séparées ne se
rejoignent pas et donnent Keu à des in-
ffitratlons. Lorsque celles-«i sont trop
abondantes, on n'a d'autre ressource que
d'enlever la terre et de la oerroyer de
nouveau.
A.T1 canaf Saint-Martitt, à Farts, la terri
(glaise a été remplacée par de la terre sfr^
blonneuse bien mélangée de ^ à -^^ de
«baux ordinaire en pftte; cet essaiapar-
ihitement réussi.
On donne ordinairement aux batar*
deanx une épaisseur é^le à la hauteur
d'eau qu'ils ont à sup}K>rter; non que
cette épaisseur soft nécessaire pour pré*
^^enir les infihnitions, mais afin qu'ils
nient me stabilité suffisante.
Il ftrtrt éviter avec soin, dans la con-
elitictîon , de placer des pièces de bois
#une file à fautre des palplanches, à on
niveau hiférieur à cdui des eaux. Ainsi
placée», elles servent de gdSde i des
( Ui ) BAT
sources abondantes qui suivent leur i
face, délayent la terre qui les entoure, et
agrandissent de plus en plus la voie
qu'elles se sont ouverte.
Lorsque le balardeau est terminé on
épuise les eaux ; la profondenr à laquelie
on peut pousser les épuisemens, $ans être
entraîné dans des dépensée considérables,
vari^ avec la nature du sol. l>ans la terre
franche on va jusqu'à 3 mèure^; dans le
sable, pas au-delà de 1 mètre 60 peni.;
à une profondeur plus considérable, il
devient difficile de mfittriser les sourees
qui se manifestent
On établit quelquefois dans les fossés
des places fories des batardeaux destinés
à retenir les eaux ou à letir donner issue
à volonté. Pour donner à ees sortes d'ou-
vrages la solidité et la durée nécessaires,
on les construit ordinairement en maçon-
nerie; on les plaoe à l^angle saillant des
bastions où ils ne peuvent servir d'abri
à l'ennemi pour le passage du fossé. Leur
partie supérieure présente une arête ai->
gué formée par deux talus inclinés sur
leeqneUHestimpossibledemareher.Goii.
BATA VBA, peuple qui, dans la géo*
graphie ancienne, Init partie delà Ger-
manique i* (Oaules), et qui avait pour
demeure princ^>ale l'He formée par la
mer d'Allemagne, le Rhin, la Meuse et le
WaM. Celte He, qui de leur nom était
appelée Me des Batmves^ correspond à
une partie des provinces anpeléei au-
jourd*huiHollandeniéridionsAe,|&neldve,
Utrecht. Biais les Bataves s'étendaient en-
core au-^elà des limites nracées par les
fleuves, surtout an sud-est, et k pdnion
occidentale de lile était occupée par les
Caninéfotes. Les autres voisins dies Ba-
taves étaient les Bruotères et les Usipèies
à fest^ au sud, les Ménapes et les C&éger-
nes.
Les Bataves étaient renomtoéa à Rome,
plusencore que les antres Germains, par
leur haute stature et leur chevelure blon-
de. Aussi les cosmétiques destinés à tein-
dre en blond les noirs chevcnix des Ro«
mains s'appelaient écume baim^» Leur
bravoure était extrême; leur cavalerie
passait pour exceHeote. fis avaient une
musique militaire nalîontle : les Instru-
mens étaient formés de cornes d'ani-
maux. On présnnie^(ne les Butanes étaient
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(US)
BAT
ém orto cp» étÈ tronbie» màk Jtm ii — *
giginat-àirtadiir 1« Rhin; oette tei»
yali»D i«t aMérieure à ré(ioq«e de €é-
nr, qui les soamit avec le reile en G&a-
Rwe ••Dfpea aérieuaeaieiit à enraiiir la
GeroMiiiey leur pays àe^kd la piaec dl'ar-
■es Ars commaîiJaas roiainfc Dntesle
ils 4UÀf0t esemptsdetrikrtseld'inptot
portment le titre d'aaiis et d'alliés d^
pe«ple romain y et choisissaient tmx*
tnêmêê leurs cMs. Las tr<wibtBS cpM e«i-
nrenC la «ortde I9ér6ii le«r periureiit
disparaître «n ÎMtant sqr^ soèoe poli»
tiqve. Le Ba««ve<;mlis (««f.) liit I'sbm
de ealle rasurreetion gallb-^ennaitte ^i,
aa MMi de VfiMUus, prit les armes co»^
tre ¥etp«sieii, et dont le b«t était d'éta<^
Mir QO empire putois, om Indépesdant
de Rone, «n mnàtn de Roaie. U CsHot
ewBore ob mi à Vespasîen, délbarrassé de
¥kellki0, posr eiMnprÎHwrIa révolta. Plos
tard , les Fmncs Miens s'emparèrent de
rile des Bhtaves et s'y établirent tempo*
nôrement Eoin ee forma la monardMe
mérovÎD^enoe. Les Batavns laiaaient n^
mêmlement partie de l'empire d'Ans*
(rasie. Gharlemafoemort, les noms a«*
ciena disparurent, et to«s les pays enrent
eai ^ks comtes OH des d«Gs. Notis ne pou-
vons suivre les vMsshudsspar les^eiles
passa pendant ce temps l*tle des fiifttaves
{m>X' ^ATS-B^fts). Bnfin lofMfueles Pày»^
Sas se sdndèreiit e|i pesscmions espC«-
fnoles et en pays indépendans, Batave de*-
vint par la suite synonyme de HoUandais.
Omquis en lf9S par les Français, les
Pays-Bt» helUmdais prirent Je nom de
réptddiqne Batave qiri lut remplacé en
1M8 p«r celai de i^anme âe Hollande.
BHaubé a publié, sens ce titre : Z9^ J9rii-
tmfes, une épopée an prose sur h véro-
lutioa des Pays-Ras dans le %vi^ siècle.
Cbénier (Marie-I.) evalt commencé, sur
la déNvranœ des Ihiys-Bas hollandais, un
poème intitulé la Batatnade. Val. P.
BATAVIA, vôx^ Iata.
BAlTEAIJy bétel, £ôoi, ifoj.Bkfnjo^.
BAtCAV SOlT9-MAftT1f , lH>f . SoVS-HAmiK.
Batcav a tafeuh, vqx* Vawuu, Na-
rteATioH et Ptowcïtm.
BATUJEUIIy vof. HfsraïQir et Sac-
TntBAKQUE.
BATH, vWe célèbre par ses eaux
thermales et dmf^îea du oomté 4k So-
mersat (Angleterre propre), est one dm
pfats belles villes de l'Europe, et ofire,
outre m cathédrale qui est le phu ma-
gnifique édifice de l'Angleterre, U sn-*
perbe plaee de la Reine {Queem's.tqum'-
he)j le Girtpie royal, le Onjeenf (crois-
sait), le GmldkmU (pahm de jnstioe),
le nouveau bazar, rival, sinon en grandeur
dn moins en beamé, dn Mwimgtcm Jr^
cad de Londres^ le théâtre ouvert en
Ift06, les bmns, ^UpperRot>tméoiBXmk
admire s«rto«t la salle de bal. Lm bains
de Rath, renommés ponr k goutte, Am
rfanmatisaBea, lm paralyaies, ks obstrue-
tiona lùUeusm, y attirent chaque mmée
ks rénninni im pks brilimilm de TAju*»
gkteme. Pe cm bains, an nombre de fi,
4 sont a la vilk. Lm sources ont de t4
à 47^ cemigr. Lm Romains Imconnmrent
et béftirmit prk d'elka^fwv Mdi/^ dont
il reste encore dm vestiges, astre autrm
les raines dVm temple de Minervie. L'in*
dustrie est peo de chose à Batb. LeeoHH
mcree est prmqoe tout de consommation.
La population monte à %tfi%ê babitana.
Rntb signifieÀavt;eneonséqumicee'est
an mot Raim qu'on a placé VOrdrB ék
Mmh (order of the Raài). Vai. P.
BATH (ooHTinc), oiof. Pv^tehet.
BATHOM ou Ra¥Obit ,e'eet-lHdire
de Mmor, nom que portent en Hongrie
émtnm loealités, entre antres un viiage
du comkm de 8abolt qui , à la finik der-
nier sièck, appartenait encore awc Ba«-
thon. Cette familk bènyoïm est «rk
ancienne et prétendait descendre d'un
nobk chevidier alkmand auquel k roî
sMnt Etienne avait fait bon accueil en
Hongrie. Au %r^ sikde , elle se divim en
deux branches, distinguées l'une de fau^
tre par k nom des terrms celle d'E«sed
et oeUe de 8omlio (Ksec Choralio). Cest
k dernière qui donna è la Transylvanie
cinq princm et è la Pologne nn de sfs
plus grands rois. Chomlio , dont k diâ-
teau est aujourd'hui démiit, est un bourg
du comitat de K.rassna.
ÉfrEimm Ratory de <%omllo, ik
d'André , garde de k couronne de Hon-
grie, lut commandant de Temesvar, pa*
latin du royaume , et ISin des principaux
antagonistes du prince Zapolya; il moi»-
rutcnlfiSl. J.H.8.
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Bi^T
(156)
BAT
- ËTiSHirs, trotsième du nom, son fils
posthume, naquit à Chomlio en 1533. La
Transylvanie enclavée entre les deux gran-
des puissances, l'Autriche et la Turqui|e,
qui s'arrogwent Tune et l'autre un droit
de suzeraineté sur elle , n'avait alors
qu'une existence précaire. Un difîérend
survint entre ce pays et la cour de Vien«>
ne ; Etienne Batory l'ayant terminé à la
satisfaction des deux partis, les Transyl-
vains le choisirent pour leur prince ou
Yoîvode en 1571 , après la mort de Jean
Sigismond Zapolya. Batory paya, en
1673 , un tribut au sulthan Sélim U, et,
après en avoir obtenu l'investiture de la
Transylvanie, il restait tranquille posses-
seur de cette «principauté, lorsqu'un évé-
nement l'appela sur un champ plus vaste
de la gloire (18 janvier 1576).
Henri de Valois, premier roi électif
de Pologne, venait, à la mort de Charles
IX, de quitter furtivement le pays pour
retoiuner en France. Les Polonais dé-
clarent le trône vacant, y appellent Anne,
sœur de Sigismond- Auguste, et lui choi-
sissent pour époux Etienne Batory, en
1 576. Celui-ci, arrivé en Pologne, trouve
le pays déchiré par des factions, le peuple
amolli par une longue paix , l'état sans
trésors et sans armée; et, saisissant les
rênes du pouvoir avec énergie , il songe
au salut du royaume. Le parti de Maxi-
milieu , archiduc d'Autriche, qui fut
son compétiteur au trône, n'ose plus
remuer. La seule ville de Dantzig te-
nait encore pour l'Autrichien : Batory
la met au ban, l'assiège en 1577, et
n'accorde le pardon qu'en la frappant
d'une forte contribution. £n même temps
il travaille à relever l'esprit belliqueux
de la noblesse et publie plusieurs ré-
glemeos militaires. Depuis le règne de
Sigismond il existait en Oukraine, et près
des cascades du Dnieper, une milice ef-
frénée , vivant de rapines, et connue
sous le nom de Cosaks. Batory leur don-
na, en 1576, une organisation régulière,
élevant ainsi une barrière contre les Ta-
tars, les Turcs et les Moscovites; mais
l'imprudence de Sigismond III , succes-
seur de Batory, détruisit les fruits de
' cette institution et la tourna contre la
Pologne elle-même. Après avoir établi la
tranquillité dans l'intérieur du royaume.
Batory déclara en 1579 la guerre à Ivân
Yassiliévitch, grand-prince de Moscovie,
pour se venger des troubles que celui-ci
fomentait enLîvonie, le battit sur tous les
points et le força de recourir à la protec-
tion du Saint-Siège. Le pape Grégoire
XIII , séduit par la promesse d'Ivân de
se réunir à l'église romaine , délègue le
jésuite Possevin auprès de Batory, et la
paix fut conclue en 1582 : par ce traité
Ivân se désista de ses prétentions sur la
Livonie, et la ville de Polock (Polplsk)
avec tous ses environs retourna à la Po-
logne. Tout en relevant la gloire des ar-
mes polonaises, Batory ne perdit point de
vue l'administration civile du pays. Il
rendit la justice indépendante et ne se ré-
serva que le droit de grâce , par l'éta-
blissement de tribunaux d'appel, pour
la Pologne en 1578, et pour la Lithuanie
en 1580. Il sut aussi maintenir les no*
blés du pays dans le respect dû aux lois,
et signala son règne par un acte de jus-
tice sur Samuel Zborowski qui, banni
pour un meurtre sous le règne 4>récé-
dent, osa rompre son ban. Batory le fit
décapiter, quoiqu'il dût sa couronne
en partie à l'infiuence de celte famille. U
favorisa aussi les lettres; il fonda, en
1579 , l'Académie de Vilna et la confia
aux jésuitesqui, sous son règne, commen-
cèrent à s'introduire en Pologne. Fatigué
des obstacles que la noblesse lui opposait
pendant ses guerres avec les Moscovites,
et prévoyant que les prétentions toujours
croissantes de ce corps plongeraient un
jour le royaume dans l'anarchie^ il con-
çut le projet d'arrêter les progrès de la
démocratie nobiliaire en rendant le tr6ne
héréditaire. Ce grand projet, qu'il était
décidé d'appuyer par la force des armes,
l'occupait^, d« même que la nouvelle ex-
pédition contre les Moscovites, lorsqu'il
mourut subitement à Grodno, le 13 dé-
cembre 1586, âgé à peine de 54 ans et
sans postérité. Ce fut le dernier roi de
Pologne qui déploya quelque énergie dans
l'exercice de son autorité. Avec lui fini-
rent pour le royaume les jours de pros-
périté et de puissance; et la Pologne, dé-
chirée par l'anarchie , qu'en vain il avait
voulu réprimer, ne fit plus que marcher
k sa perte.
Après la mort d*£tienne, la ooi]|rqvne
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BAT
(1
priDCÎère de TransylvaDÎe ne resta que
très peu de temps dans la famille de
Batory. Etienne l'avait cédée à son frère
aloé Christophe (mort en 1581 ); ce-
lai-ci la laissa à son jeupe fils Siois^
XOHD, qui plus tard la céda ^ en 1695,
à Tenipereur Rodolphe II, en échange
des principautés d*Opolé et de Rati-
bor en Silésie, d-^ne pension de 60,000
dncaU et du chapeau de cardinal. Mais
anssitât la cession faite, il s'en repen-
tit, se réfcigia en Pologne, et tranf fera la
principauté à son neveu Andr^ Batory ,
cardinal et étèque de Warmie. André,
battu par Michels, vaîvode de Yalachie,
allié des Impériaux , en 1599, fut tué
dans sa fuite. Sigismond, rappelé par les
Transylvains en 1600, se mit sous la
protection de la Porte; mais vaincu par
ks Impériaux , il leur livra toutes ses pla-
«s fortes et alla implorer le pardon de
Temperenr Rodolphe U, à Prague, en Bo-
hème, où il mourut, en 1613, dans un
completoubli. Son frère Gabriel, prptes-
tant contre la cession de -la principauté, se
mit sous la protection de la Porte, chassa
de Yalachie le vaîvode Radut, et se
tontint long-temps contre les Autri-
chiens; mais ayant, par sa dureté et sa ty-
FaDDJe, révolté les Transylvains, ceux-ci
le déposèrent et choisirent Bellen Ga-
bon Le Douyeau duc se reconnut vassal
de la Turquie, et ie sulthan Achmet I*^
envoya une forte armée pour le soutenir.
Gabriel Batory voulait composer avec
les Othomans , lorsqu'il fut assassiné en
1613. Alors la principauté de Transyl-
vanie sortit de la famille 4e Batory. Voy,
TmAirSTI.TANIE. M. P-cz.
BATHUaST (coifTES de), Cette fa-
mille anglaise rattache son origine à la
conquête de l'Ile par Guillaume-le-Con-
qnérant. Un de ses membres, Ralph, né
en 1630, mort en 1704, fut à la fois
médecin y poète , théologien et physicien
très remarquable.
AxLSif, earl ou comte deBathtirst, fib
de sir Benjamin Bathurst, né en 1634,
mort en 1775, fut, sous lerègnede la reine
ànne, nn des membres les plus distingués
du parlement , et, comme tory, un anUgo-
aiite décidé du ministère de sir Robert
Wsipole. En considération des services
qu'il loi arâit rendus dans la chambre des
57 ) BAT
communes, la reine Anne lui conféra, en
1 7 1 1 , la paririe avec le titre de baiion Ba-
thurst, de Battlesden, dans le Bedford-
shire.II futnommécomte en 1 772 J.H.S.
Son petit fils Hehei, comte Bathurst,
ancien secrétaire d'état, eut la confiance
de Georges JV , même avant TavénemeÉit
de ce prince au trône. Il fut nommé, en
1796, membre de la commission pour
l'Inde, puis, en 1809, secrétaire d'éUt
pour les colonies dans le ministère de
lord Castlereagh; et, pendant son admi-
nistration deux établissemens coloniaux
fondés, rup sur la c6te occidentale de
l'Afrique, dansTileSainte-Mairie, à l'em-
bouchure de la Gambie, l'autre dans les
Terres australes, à 140 milles de Sid-
ney , reçurent son nom. Dans la cham-
bre des pairs et au conseil du cabinet ce
ministre tory se montra ardent adver-
saire de Napoléon et de la France. Il de-
manda , lors du retour de Napoléon de
nie d'Elbe, des mesures hostiles contre
lui, en s'écriant que T Angleterre se désbc-
norerait si elle le laissait régner. Il se fit
accorder un aiien bill très arbitraire, pour
pouvoir éloigner les Français des états
britanniques. U insista pour que l'Angle-
terre garantit et payât une partie de l'em-
prunt fait par la Russie en Hollande,
emprunt qui, à chaque session, provoque
encore maintenant de vives plaintes dans
la chambre des communes. Lord Ba-
thurst appuya vivement la proposition
de l'établissement-des forteresses en Bel-
gique. Il demanda en 1816, contre le
VŒU d'une grande partie de la nation ,
que ^Angleterre maintint sur pied une
armée nombreuse. Lord Bathurst fut
constamment opposé à l'émancipation
des catholiques , à la réforme parlemen-
taire, et à toutes les mesures libérales
demandées par les virhigs. 1/orsqu'enfin
les vœux de la nation se furent pronon-
cés avec assez d'énergie pour porter Can-
ning au ministère, lord Bathurst sentit
qu'il devait se retirer, et suivit ^en avril
1827, Texemple de Wellington, de Peel
et du chancelier Eldon. Cependant les
torys ne tardèrent pas à rentrer dans le
ministère, et en 1828 lord Bathurst fut
nommé président du conseil. Ce nouveau
ministère, s'il avait pu se maintenir, au-
rait probablement secondé le ministère
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(168)
BAT
F»lifBàe «A France; mais la réfohition
Iraoçaise de 1830 l^ébnmla si fortemeat
^«e déjà avant la fin de cette année il fnt
oMi^ par roptnion pnbliqoe de prendre
sa rctrake. Depuis ce temps lord Ba-
Ihorst se fait «mêadre qoelipiefois comme
êvalemr àm pavtt de fopposilîoa WeDing-
toik IKo.
BATIITLLB, d'Alexandrie^ afif^n-
cbi de Mécène, florissait à Reme entiven
Fan 10 de notre ère. Pykde et lu forent
les invenlenrs de FaH de la pantomime ,
séparée de l'art dramatiqne. Le premier
adopta un genre grave et tragique^ Ba*
Ihylle, pk» gat «t ami des plaisirs, se dis-
lingoa dans le genre comique; ib eurent
tno^ les denx des partieme qnl prirent
même une oenlenr polittqtte et qni k»*-
mèrem les mis centre les autres une rite
opposicion»
Batstlle est anssi le nom dn fnvori
d'Anaeréon dont ce poète a célébré la
beauté el auquel les Swnieps, sm com-
patriotes, élevèrent une staMie. S.
BATIMENT (arcllitecture), eon^
sumttlon en pierre , en nooUon et pMtM
ou en beis^ distribuée suivant son usage
ponr habitations paiticulfières , bétels,
palais , etc. La construction en pierre de
taiMe est préférable , en ce qu'elle pré-
sente plus de solidité; la construction
moyenne est celte faite en pierre de tatMe
et moellon, par conséquent d'tme durée
moindre que la première ; eni» la der-
nière est celte en bois et recouverte en
plaire. Les agensqne l'on emploie comme
liaison sont le mcMier et le plâtre. La
différenoe qui eiiste entre la construc-
tion laite avec le plâtre ou le mortier est
qfue lo plâtre, faisant corps de suite, ac-
quiert le degré^de solidité auquel le moi^
lier ne pent attdndtre qn^au bout d'un
long laps de temps; mais il &ut observer
que la aolicKté dés constructions en dkoi^
tier va toujours en augmentant, au lieu
que ceNes des ouvrages en plâtre va tou-
jours en diminuant. La manière dccom-
bioer entre eux les difTftrens matériao%
sera expliquée à l'article G>irsTRUc-
TlOlf.
* Les bâtimens reçoivent dirrerens noms
suivant leur fômie et leur usage; ils sont
dénommés à tiinUenne quand les com-
Wer aoQt otchéa par dot attiqnet eai ba-*
kvtradea. On appelle bâdmetoa dé mUf*
fine les ports, arsenaux, corderies.
Enfin les bâtimens reçoivent les noms
d'église, hôpitaux, hôtels de ville, pa-
lais de justice, eto^ suivant l'osege aux-
quels ils sont destinés. F€iy. AncHrrxo-
Tinn. PLf
BATUMEUT (marine), nom générs-
que appliqué à tonte «pèee de machine
construite ponr voguer sur la mer, de-
puis le péus grand vaisseau de bgne jns«
qu'au plus frêle esqtiif. Les bâtimens de
mer sont partagés en deux gnasdes cb»-
wi-.\Mbd9imensde gmerre ^ Im kiti-
mensmmrchtÊ^dsoadecommerte^éiM.
k sbnple dénomination indique d'une
manière aasea claire le caractère et Ftt-
sago pour dispenser de toute explication.
Ces deux gnasdes cksses comprennent
l'une et l'autre des bâtîmena a 'mHôs et
de»bâtimenaA-»4yeiir.Ceadnrnier8^ dont
le nombre n'augmente pa» aftsn rapide-
ment qu'on était en droit de Fespérer
diaprés les avantages' qu'ils préiuntimt
sur les bâtimcDsii voiles, sont qnelqna
fois irapraptement appelés Imitmttai à
valseur i nom qui ne convient fu'à cens
qar naviguent sur les rivières et on vont
point a la mer.
€>H nomme ordinairement bâfîmens à
rmmes toutes les embarcarionar dépen-
dantes d^un vaissean ou autre bâtiment,
teUes que chaloupes, canots, ynèes, etc.
il y a dans les ports une espèce dn
bâttn^ens que l'on nomme liÉtimeus dé
servùude: ce sont les peotons, chalans,
cntemoHes, bugalets, citernes, etc.
Nous ne placerons p« ici la nome»*
clatore des principales espèces dn bâti-
mens de guerre ou de oonmMtce^ eba-
cnne trouvera sa plaoe dans l'ordre âl-
pbabéti«|ue. FIFlotoi et MAmnn. J. T. P.
BATISIVy sorte de toile do lin on
de chanvre dont le fil est très An et le
tissu très serré. Elle se fabrique à Va-
lenciennes, à Venrins et dans toute la
Picardie. H y eni^de plusieurs qualités :
de claires, et phis serrées et dn plua for*
tes; celles-ci se nomment h€ttistg9 ko^
Utndéesy parce qu'elles se lOuptHiobeMil
des toiles de BoMande, éauit, i awinu
elfes, très serrèm e^ très unies. Anjouiw
d'hili les personnes aisém en ft«t déa
juca wmat^a nmmaHMtni otnH%
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BAT
(159)
BAT
4*mM qoalité Mpérieurc, soat fort cb^
rtt. Il y â une antre sorte de batîtte
éaruej k laquelle oa donoe le nom de
ê^t'le d'ortie, non pM qu'elle toit ftibiH-
tfÊèm avee le il qn'oo peut tirer de cette
pkiDU, naia parce qu'elle est d'un Un
grîêAtre. On connaît éKatemenI une au-
tre toile momméë batiste tTÉcatse, qtii
«it employée aux mêmes usages que les
autres batistes ; la seule difTérence qui
eoûste entre elles, c'est que celle-cî est
beaucoup plus forte et plus serrée. On
▼end en France, sous le nom de batiste
d'Ecosse 9 des tissus de cqton eitréme-
meni fins. Toutes ces toiles, en général,
se fabriquent à peu-près comme les mous-
aelînes. F'cf. Moussbuhk» F. R-o.
MATiMïJVSS{lktgttettes)y ancien sup-
plioe Hisse que le code de lois appelé On-
kféniézakinn inflige dans un très grand
nombre de cas. Voici de quelle manière
OMaritts décrit ce supplice s n II n'est pas
toujours infâme et public, et il n'est point
de père de fcmille qui ne le lasse doittter
à ses enfans et à sessenriteurs. Celui qui
doit recevoir ce diâtiment ôte son Icaf-
tan , et, n'étant couvert que de ta chemi-
•é) se coucbe le ventre à terre, et alors
deux bommes se mettent sur lui , jambe
de çà, jambe de là, fun sur le cou et
FaïKre sur les pieds, ayant chacun une
baguette à la main dont Us lui battent le
dos, de la même façon que les pelletiers
battent les fourrures pour en chasser les
vers. » Foynge en Mascone, trad. firan-'
cake, 1 1, p. 324. J. H. 9.
BATON (isif m). La science du bd-
toniste est un perfectionnement moderne
ajouté à l'art de la défense. Il y a déjà
long-temps qu'on avait reconnu le dan-
ger du béton ferré par les deux bouts,
et que, par cette raisoU, les réglemens de
poRce en avaient défendu le port; mais
eela n'a pas empêché que des cours pu-
blilca ne s'ouvrissent et que des profes-
seurs babilea ne vinssent jusque dans la
capitale enseigner, à Unt le cachet, le
grand art de Jouer du bâton à deux
bouts. Maniée avec adresse el dextérité,
cette arme devient extrêmement redou-
table entre les mains de certains adeptes.
On cite tel bètoniste qui combattrait avec
avantage plusieurs fantassins armés de
kmteib iivto k baionnoUe,
Le jeu du bâton est aui
temps foit agréable et un exercice utile
au développement des forées physiques,
lorsqu'il n'offre aucun danger. D. A. D.
BATOH DB MB8VBB. Oi» se ser-
vait naguères encore dans les orcbeèlret
nombreux, et notamment dané celui de
ropéra, d'un p^it bâton, ou bien même
d'un simple rouleau de papier que ie
chef d'orcbestre promenait dans Fespa-*
ce, pour marquer la mesure et régler
les tempa de chaque morceau de m»*
sique.
J.-J. Rousseau» dans son Dieihrmaiye
de musique, porta les premières atteinies
à eet usage , en se moquant du chef d'or*
chestre qu'il appelait plaisamment ie M*
cheron, à cause du bruit qu'il faisait en
laissant retomber son bâton sur le pupi-
tre. Ce fiit toutefois à l'Opéra que sub-
sista le phis long-temps la routine du bâ-
ton de mesure. Les progrès rapides de
Tart et les perfectionnemens apportés
par la musique Italienne au rhythme et
à la mesure avaient déjà déprécié cette
habitude vicieuse ; mais le chef d'orches-
tre de r Acadéuiie royale de musioue en
était encore au bâton diï temps de Rous-
seau. Aujourd'hui tons les orchestres
obéissent, sans trop de peine, à Fimpul-
sion donnée de temps en temps par l'ar-
chet du chef, qui s'unit, dans les forte,
aux violons chai^ d'exécuter la pre-
mière partie. On cite d'aiHeurs avec élo-
ge une nouvelle invention de M. Birod,
qiti supplée à merveille le bâton de me-
sure, dans lés morceaux qui ont le plus
besoin de régulateur, c'est-à-dire dans
les chœurs. Cette invention consiste dans
une mécanique adaptée à hi place du
chef d'orchestre, et qui , pressée par son
pied comme une pédale de piano ou de
harpe, met en mouvement une espèce
de tampon qui fhippe la mesure sous le
théâtre, à l'endroit oA sont rangés les
chœurs.
Si le bâton de m^ure peut être encore
de quelqu'utilité, ce n'est que dans des or-
chestres immenses , comme ceux que l'on
réunit quelquefois dans les solennités re-
ligieuses ou encore dans des concerts tels
que le conceit-monstre qui figurait au
dernier programme des fkes de l'anni-
tenudre de jmllet, et qui fut exéoiM iV
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BAT ( 160 )
la grande terrtBse du jardin des Tuile-
ries. D. A. D.
BATON DE JAGOB, Bâton eoyjll.
Ces deux noms vulgaires désignent Tun
V asphodèle jaune et Taulre V asphodèle
blanc, plantes appartenant à la grande
famille des liliacées, et naissant dans les
pays chauds. Sur une tige droite et haute
de â à 3 pieds, elles posent un bouquet
de belles fleurs jaunes ou blanches qui
sont d'un bel elTet dans les jardins; mais
outre cela, les racines de ces deux espè-
ces contiennent une grande quantité de
fécule qui les rend propres à la nourri-
ture des bestiaux. L*bomme même peut
en faire usage, et après les avoir dessé-
chées et moulues on les fait entrer dans
la fabrication du pain. Les jeunes tiges
qui sont mucilagineuses se mangent dans
le mois de mai comme les asperjges. C'est
dans le midi de l'Europe qu'on trouve
ces asphodèles, qu'on multiplie par la
culture. Ils se reproduisent par semis,
ou par la plantation d'écaillés détachées
du bulbe. F. R.
BATON D'OR, voy. Giroflée.
BATONI (PoMPEo) , né à Lucques
en 1708, et mort à Rome en 1787, élève
de Conca , de Massucci et de Francesco
Femandi, peintres presque inconnus au-
jourd'hui , est un de ces artistes dont la
renommée dépasse le mérite. Plusieurs
admirateurs de Bâton i ont voulu le pla-
cer sur la même ligne que Meogs ; mais
il serait à désirer que Batoni eût réuni
aux dons qu'il tenait de la nature et à
ses talens pittoresques les connaissances
et les pensées profondes de Mengs. Pour
être juste envers Batoni , il faut conve-
nir qu'il surmonta l'influence du siècle
de décadence dans lequel il vécut, et
que si ses tableaux n'annoncent ni une
étude approfondie de la nature, ni celle
de l'antique, non plus que celle des ou-
vrages des grands maîtres dont l'Italie ,
qu'il ne quitta pas, lui offrait mille mo-
dèles, ils n'en ont pas moins droit à l'es-
Ume des amateurs de IVrt, par un sen-
timent précieux de vérité , un bon carac-
tère de dessin, une couleur nette, vive,
brillante, fondue sans sécheresse, et par
une prestesse et une adresse de pinceau
rares. Le Batoni peignit d'une manière
variée y tantôt par touches, tantôt par
BAT
empâtement; par fois il terminait du pre-
mier jet, d'autres fois il ébauchait l'en-
semble et donnait ensuite, d'un seul trait,
la force nécessab*e. Il était si sûr de set
effets qu'il couvrait souvent son tableau
d'un voile avant d'opérer, et ne descen-
dait ce voile qu'à mesure que l'ouvrage
avançai^ On cite comme ses chefs-
d'œuvre le saint Celse dans l'église de
ce nom à Rome, la chute de Simon le
Magicien , à la Chartreuse de la même
ville, le martyre de saint Barthélémy
dans l'église des PP. Olivetains à Luc-
ques, la sainte Catherine de Sienne, les
Filles.de Darius, l'Ënfànt prodigue de
la galerie impériale de Vienne , la Made-
leine de la galerie de Dresde. Batoni
excella dans le portrait Celui de Joseph
II, qu'il exécuta -à Rome en 1769, lui
valut des lettres de noblesse de la part
de l'impératrice Marie-Thérèse. Les des-
sins crayonnés de ce peintre, conservés
à l'académie impériale de Vienne, sont
d'un fini précieux et plus savans d'ana-
tomie que ses peintures. L. C. S.
BATONNIER, chef de l'ordre des
avocats {voy.). Anciennement les procu-
reurs se réunirent en confrérie^ dite
Saint - Nicolas. Les avocau finirent par
en faire partie, et c'est même un des leurs
qui était choisi tous les ans pour prési-
der la confrérie. Le membre chojsi por-
tait le nom de bâtonnier, à cause du
bâton de Saint- Nicolas, dont il était
armé dans les cérémonies de la confré-
rie. G. V.
BATRACIEN , du mot grec j3âT/Da-
X*iÇy qui veut dire grenouille, est 4e mot
par lequel les naturalistes désignent un
ordre de la classe. des reptiles, et qui
comprend huit genres : rainette , gre-
nouille, pipa, crapaud, triton, sor-
lainandre, protée et sirène. M. Du-
méril a groupé ces huit genres en deux
sous-ordres, les Anoures ( de deux mots
grecs a privatif et ou/>à, queue, sans
queue, de ce qu'ils sont dépourvus de cet
organe dans l'âge adulte) qui comprennent
les quatre premiers genres; et les Uro^
dcles (de oOpà queue et Znkoç manifeste)
qui comprennent les quatre autres. C'est
avec raison que Cuvier a fait des batra-
ciens le quatrième et dernier ordre des
reptiles^car ils marquentbienla transition
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(161)
BAT
des reptiles 9 qui ne peuvent pas respirer
dans Teau, aux poissons qui ne peuvent
pas respirer dans Tair. En effet , tous les
batraciens sont ihunis en naissant d*un
organe qu'on retrouve dans toutes les
espèces de poissons y qui leur permet de
respirer dans Teau, et qu'on nomme
branchies; mais en arrivant à l'état par-
fait, cet organe disparait et ils ne peu-
vent plus respirer que dans l'air, à l'aide
de véritables poumons. Cependant les
sirènes, les protées et les tritons con-
servent toute leur vie des branchies et
des poumons , et toute leur vie ils peu-
vent respirer indistinctement dans l'air
ou dans l'eau ; ce sont de véritables am-
phibies. Ce n'est pas la seule métamor-
phose que subissent les batraciens. Au
sortir de l'œuf, sous cette forme qu'on
désigne par le nom de têtard, ils sont
dépourvus de membres, même de sque-
lette , car ils n'ont alors que de véritables
arêtes ; leur corps allongé se meut dans
l'eau à l'aide d'une queue , qui se termine
comme une véritable nageoire. Enfin l'or-
gane même de la digestion du têtard doit
se modifier; car dans ce premier état il
est essentiellement herbivore, tandis
qu'à l'état parfait il ne se nourrira plus
que d'insectes ou d'autres petits ani-
maux. Les batraciens n'ont ni écailles,
ni carapaces; leur peau est absolument
nue. Valbaum avait créé un genre de
grenouille écailleuse, mais M. Schneider
a constaté que cette grenouille n'avait
paru telle que par suite de quelques
écailles de lézards gardés dans le même
bocal, qui, étant tombées, s'étaient atta-
chées au dos de la grenouille. On ne dis-
tingue dans les batraciens, pas plus que
dans les serpens , de traces de cou ; on
ne saurait cependant les confondre avec
ces derniers , qui sont toujours dépour-
vus de membres.
Dans plusieurs espèces les oeufs ne sont
fécondés qu'à l'instant de leur sortie.
Ces œufs, qui s'enQent beaucoup dans
l'eau après avoir été pondus, sont enve-
loppés d'une substance qui parait être
de nature albumineuse; on les trouve
dans l'eau des marais, disposés en longs
cordons ou en amas plus ou moins con-
sidérables; dans quelques espèces ce-
pendant ils sont portés pendant long^
Ençrclop. d. G. d. M. Tome UL
temps* par le mâle ou la femeHe; il pa-
rait y avoir aussi des e$pèc«s de batra-
ciens vivipares. Parmi les batraciens, les
anoures seuls font entendre un véritable
cri qu'on a nommé croassement. Per-
sonne n'ignore combien on est importu-
né de ce cri , dans les beaux jours, quand
on habite le voisinage d'étangs ou de
marais, peuplés de grenouilles; le cri
chez les urodèles n'est qu'un faible cla«
pissement qti'on entend à peine.
Nous avons suivi dans cet article la
nomenclature de Cuvier ; mais d'autres
naturalistes ont adopté, dans leur classifi-
cation, des coupes et même des noms dif-
férens. Cependant pour tous le type de
cet ordre est le genre grenouille. Foy. ce
mot. A. L-D.
BATTAGE DES CÉRÉALES, ao-
tion de séparer les grains de leurs épis
à l'aide du fléau. Le battage par les pieds
des animaux se nomme dépiquage {voy,
ce mot). Dans les contrées du midi la
sécheresse de l'air permet de battre les
céréales aussitôt après la moisson ; dans
les régions septentrionales, au contraire,
il faut , pendant quelques semaines y
amonceler les gerbes en meules, pour
donner aux grains le temps convenable
d'évaporer une partie de l'eau de vé-
gétation qui les renfle , de prendre
du retrait, et pour que la balle qui leur
sert d'enveloppe se dessèche, s'ouvre et
les laisse échapper plus aisément On se
contente dans les pays de grande culture
de battre de suite le grain nécessaire
pour les semences, se r^ervant de bat-
tre le reste de la récolte durant la morte
saison. Dans les petites cultures on
est souvent forcé d'en agir autrement;
il en résulte plusieurs graves Inconvé-
niens : d'abord cette obligation élève le
prix du salaire des ouvriers, elle détourne
les bras de travaux plus pressés, les la-
bours, les soins que réclament la vigne,
les chanvres, le maïs et les autres menus
grains; elle nuit ensuile au grain lui-
même : surpris par un soleil brûlant et
par la réverbération du plateau sur le-
quel il est étendu , il se dessèche, donne
moins de farine et beaucoup trop de son.
Il y a donc de l'avantage à retarder cette
opération le plus possible.
Quand on veut opérer le battage, on
11
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(162)
BAT
range Ict gerb» aur Taire, en mettant les
épis le» uns oontre les autres ^ et Ton
ijrappe dessus à grands coups. A Taide
de la masse mobile qui termine le fléau
et qui reçoit le mouvement qu'on lui im-
prime en haussant et en baissant i'in-»
•trument) le grain se sépare de Tépi sans
être écrasé. Les coups se succèdent sans
interruption, et tombent par une sorte
d*accord. On retourne les gerbes plusieurs
fois afin d'en faire sortir tout le grain ,
et Ton ramasse la paille pour la lier en
bottes. Quatre, six et même huit hommes
peuvent battre ensemble, dans le même
local, sans se nuire aucunement : ils se
placent, par moitié, les uns d'un côté, les
autres de raatre,'et se disposent de ma-
nière à jouer de leur fléau sans contra-
rier celui de leur vis-à-vis. Ceux de droite
le laissent tomber pendant que ceux de
gauche tiennent les leurs suspendus en
l'air. Tout batteur, lorsqu'il remplit bien
sa journée, qu'il est d'une constitution
vigoureuse, et qu'il a surtout la poitrine
bien organisée, peut, en un seul jour,
battre à net 90 gerbes de froment, 108
d'avoine, ou 160 d'orge.
Mais l'usage du fléau est dangereux
pour le batteur. La poussière qui s'élève
de l'aire qu'il frappe, celle si funeste que
fournissent les grains affectés de la carie,
du charbon et de la rouille, excitent une
toux sèche, causent l'inappétence, et dé-
terminent autour des yeux une irritation
insupportable dont les suites sont sou-
vent très graves pour certaines constitu-
tions, principalement lorsque le batteur
n'a pas la prudence de cesser à tempa
son métier. Si, à ces pernicieux effets,
on ajoute l'habitude prise d'ordinaire de
consacrer une partie de la nuit au bat-
tage, ce qui sans cesse expose aux incen-
dies, à une main-d'œuvre très lente et
par conséquent très dispendieuse, et de
plus à des soustractions que la plus grande
surveillance ne peut pad toujours préve-
nir, on reconnaîtra l'importance qu'il y
aurait à remplacer le travaM pénible du
battage à bras par des machines simples,
d'un prix modique et dont les répara-
tions sont faciles.
Planazu, dont le fléau mécanique a
été perfectionné par l'auteur de cet arti-
cle) Owea et de Mosigny, les auteura
des machines écossaise et suédoise , Poy^
maurin et Marolles, ont cherché à résou-
dre le problème, mais ils n'ont point at-
teint complètement le but. On reproche
aux diverses inventions proposées de Tir-
régularité dans le battage; qpand le cy-
lindre moteur marche trop doucement,
l'action est incomplète; marche-t-il trop
vite, le coup des battes est trop brusque,
trop sec , et coupe souvent les épis sans
les égrener. Si la machine est établie sur
une trop grande échelle, l'emplacement
qu'elle exige n'est pas en proportion avec
les bâtimens existans, les récoltes, la for-
tune du propriétaire ou du fermier. Lui
donne-t-on des proportions plus petites,
elle consomme beaucoup plus, toute pro-
portion gardée, en frottemens, en sur-
veillance, en entretien; la dépense ab-
sorbe le profit. Toute l'étude du méca-
nicien, selon nous, devrait se porter à
donner au batteur mécanique de Planazu
toute la perfection qu'il est susceptible
de recevoir; il est économique, a beau-
coup de rapports avec le fléau à trois bat-
tans des Japonais, et est voisin du point
où il rendra les plus grands services an
grand comme au petit cultivateur. Foy,
la Bibliothèque des propriétaires ru-
raux, t. XXX, p. 70-87, avec une plan-
che. A. T. n. B.
BATTAS, voy, Sumatra.
BATTEMENT. On appelle ainsi, en
terme d'architectiure, une tringle de bois
ou une barre de fer plate qui cache l'en-
droit où se joignent les deux ventaux
d'une porte. £n terme d'horlogerie, bat-
tement se dit de la secousse ou vibration
que donne à la coulisse ce qui forme la
circonférence du balancier d'une montre,
quand il décrit de grands axes; il est peu
usité. On entend par ce mot, en termes
de danse, certains exercices élémentaires
qui consistent dans le mouvement de la
jambe qui est en l'air, pendant que l'au-
tre, jambe supporte le corps. On distingue
trois sortes de battemens : les grands bat-
temens, les petits battemens, et les bat-
temens sur le coude-pied.
Battement se dit encore, en termes
d'escrime, d'une parade qui consiste à
frapper la lame de son épée contre celle
de son adversaire, quelquefois en retirant
Fépée à soi î les battemens les plus usitéa
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BAT
(t6S)
BAT
flOOt: 1^ 1è haHement d'épée de tierce
sans dégager sur les armes qui s'exécute
eo frappant Tépée de soo ennemi et en
alloDgeant en même temps Testocade de
tierce sans quitter son épée; 2** ie batte"
ment dépée de quarte qui s'exécute de
même en allongeant Testocade de quarte
ou de quarte basse. D. A. D.
BATTEMENT DE €CEURy voy,
GoEU& et Palpitatiow.
BATTERIE (art militaire). On emn
ploie généralement cette expr^ion pour
désigner la réunion de plusieurs bouches
àfeu destiilées à agir concurremment. On
donne aussi le même nom à remplace-
ment préparé pojir les recevoir, et au pa-
rapet en terre disposé de manière à ga-
rantir des coups de Tennemi les pièces
et les canonniers.
On distingue plusieurs sortes de bat-
teries, savoir : 1^ les batteries de place;
3^ les batteries de siège; 8^ les batteries
de campagne; 4^ les batteries flottantes;
5® et les batteries de côte.
1* Batteries de place. Elles sont éU-
blies sur les remparts des places fortes
pour en défendre les approches et les
ouvrages avancés, ainsi que pour proté-
ger les troupes qui, poursuivies par Ten-
nemi, viendraient se réfugier sous le ca-
non des ouvrages de fortification. Elles
sont armées, par l'artillerie, de bouches
à feu, différentes suivant la période d'at-
taque à laquelle l'assiégeant est parvenu,
et suivant l'effet qu'on se propose d'ob-
tenir.
Dans les commencemens d'un siège, il
faut surveiller par des feux directs tous
les mouvemens de l'ennemi. Pour y par-
venir, on arme les ouvrages de la place
avec des canons et des obusiers, et on
donne à ces pièces le plus grand champ
de tir possible, en les montant sur des af-
fûts de place. La genouillère est élevée
de 1 mètre 62 cent. (5 pieds) au-dessus
des lambourdes qui portentla plate-forme,
et elle donne ainsi, à la voléje, tout le jeu
nécessaire pour que la pièce puisse tirer
dans tous les sens. On préserve ces bat-
teries du ricochet au moyen de traverses .
^ les séparent; on établit dans leur
^isinage de petits magasins à poudre
poor le service journalier. Dans les lieux
oà U champ de tir est borné et où les
pièces ont besoin de betuconp de mobî>«
lité, comme sur les flancs des bastions ou
dans les ouvrages détachés, on monte les
pièces sur des affûts de siège ou de cam*-
pagne.
Pour s'opposer à l'établissement des
batteries de l'assiégé sur la crête du che-
min couvert, on prépare à l'avance dans
les flancs des bastions des batteries ca-
sematées {yoy, Casimatb) qu'on arme de
7 à 8 pièces de gros calibre qui sont par-
faitement à l'abri des feux courbes de
l'assiégeant et retardent efficacement ses
travaux ( Foy, pour l'ensemble des tra-
vaux défensifs d'une place les mots Di-
PBHSE, Si^Ge).
3° Batteries de siège. Les batteries
de place sont, comme on vient de le voir,
destinées à la défense des places fortes ;
les batteries de siège sont celles qu'on
établit devant elles pour les attaquer.
Comme elles doivent chercher d'abord à
démonter les pièces dont la place atta-
quée est armée, c'est sur le prolongement
des faces et des flanos des bastions et des
demi -lunes {voy^ Demi-luite) que sont,
établies les premières batteries. Les piè-
ces tirent soit de plein fouet, soit à rico-
chet, jusqu'à ce qu'elles soient parvenues
à renverser les pièces des assiégés. Les
batteries de siège communiquant avec les
tranchées [voy. Tranchée), afin de pou-
voir garantir la circulation des hommes
et des munitions , le tracé de ces com-
munications doit être fiaiit avec le plus
grand soin, afin qu'elles ne soient pas
exposées à être enfilées de quelqu'un des
ouvrages de la place. L'armement de ces
batteries varie au fur et à mesure des pro-
grès de l'attaque. {Foy. les mots Brèche,
Siège).
8° Batteries de campagne. Ces sor-
tes de batteries sont destinées à protéger
les mouvemens des corps d'armée et à
seconder leurs opérations offensives aux-
quelles elles prennent une très grande
part (voy. Arve). On les compose de
pièces de 12, de 6 et de 4, et d'obusiers
de 6 pouces. Elles se meuvent avec les
corps d'armée auxquels elles sont atta-
chées. Quand elles ne sont employées
que momentanément, on n*élève pas de
travaux pour les couvrir. Si elles doivent
rester quelque temps dans use position
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B\T (164)
stable, ou sî elles sont destinées à battre,
soit un défilé, soit un pont, soit une porte
fortifiée, on construit les épaulemens né-
cessaires pour abriter les hommes et les
pièces, en ayant soin de soustraire au-
tant que possible ces embrasures aux
vues de Tennemi et de les couvrir par-
faitement à l'intérieur.
4** BcUteries flottantes, H est des cir-
constances où l'on ne peut pas faire
usage de batteries stables, comme celles
de place et celles de siège dont nous ve-
nons de parler. Ainsi quand il s'agit d'at-
taquer une place située soit sur le bord
d'un grand fleuve, soit sur les côtes de
la mer, ou défendue par des inondations
considérables , on est obligé de recourir
aux batteries flottantes que l'assiégé
peut aussi employer avantageusement
pour la défense d'une place semblable.
On les établit soit sur des radeaux,
soit sur des bateaux pontés ou non pon-
tés. Celles-ci sont plus faciles à manœu-
vrer; mais on préfère néanmoins les pre-
mières : 1^ parce qu'elles ne peuvent
pas être coulées par les coups de l'en-
Demi; 2^ parce qu'il est facile aux ca-
nonniers de les construire partout et
promptement, avec les matériaux qu'ils
trouvent sous la main; 3^ parce qu'elles
tirent peu d'eau et qu'on peut s'en ser-
vir sur des bas-fonds où des bâtimens ne
tiendraient pas.
On les compose de plusieurs lits
de poutres de sapin goudronnées et l'on
recouvre la couche supérieure d'un plan-
cher en madriers, sur lequel s'établit
la batterie. L'amiral Vénitien Emo a
établi, en 1785 et 17 86, pour le bombar-
dement de plusieurs places appartenant
aux puissances barbaresques, des batte-
ries flottantes sur des radeaux formés
des mais de rechange et des futailles
vides qui se trouvaient sur ses vaisseaux.
Les parapets sont faits tout en bois ou
de coffrages en sacs à terre; ils doivent
être établis assez loin du bord extérieur
du radeau pour que leur pesanteur, jointe
à celle des pièces, fasse équilibre avec le
poids des munitions et d'un contre-poids
en terre que l'on place derrière les piè-
ces , et que la batterie se maintienne dans
une position horizontale.
Le général d'Arçon ( voy, ) fit con-
BAT
struire en septembre 1782, au siège de
Gibraltar , des batteries flottantes sur de
vieux vaisseaux dont cinq à deux ponts
et cinq à un seul pont H couvrit ses
bouches à feu d'un blindage incliné {voy.
Blindage), formé de trois couches de
poutrelles en chêne; un autre blindage
incliné en sens contraire et appuyé au
premier, couvrait une partie du bâtiment.
Le surplus était couvert de trois couches
de sacs à laine étendus sur le pont. Ces
blindages étaient en outre revêtus d'un
lit de vieux câbles destinés à amortir par
leur élasticité la chute des bombes de l'en-
nemi. Des rigoles étaient préparées poui^
assurer la circulation de l'eau nécessaire
à l'extinction des boulets rouges.
Le succès des batteries flottantes de
d'Arçon était infaillible si elles eussent
été secondées comme elles devaient l'être
par les batteries de terre, les chaloupes
canonnières, les bombardes et d'autres
moyens accessoires. Faute de cette co-
opération indispensable, d'Arçon n'ob-
tint pas tout le succès qu'il avait droit
d'attendre de ses sages dispositions.
Après plus de 13 heures de combat,
pendant lesquelles les batteries avaient
été criblées de boulets rouges, elles se
trouvaient encore intactes, à l'exception
d'une seule qu'il eût été facile de sauver
en l'éloignant de sa place. Elles furent
brûlées par les assiégeans, et malgré
leurs efforts et ceux des assiégés, six
heures après , il s'en trouvait encore qua-
tre qui étaient restées entières.
Le général d'Arçon, chargé des leçons
de fortification du cours révolution-
naire de l'école polytechnique , pleurait
encore à chaudes larmes en faisant aux
élèves, en 1798, le récit de l'échec que
son talent et son patriotisme avaient
éprouvé dans cette malheureuse circon-
stance dont il était toujours inconsolable.
Les Américains ont construit dans ces
deniers temps, sur les plans de Fulton,
des batteries flottantes à vapeur qu'ils
ont armées de bouches à feu du plus gros
calibre. Elles sont mises en mouvement
par une pompe à feu dont la roue mo-
trice est cachée. Dès lors, le bâtiment
n'ayant ni mât, ni voile, l'ennemi n'a
aucun moyen d'empêcher ses manœuvres;
mais incommodé par U chaleur insuppor-
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BAT
(165)
BAT
table de la machine, on a ét^ obligé de
la placer sur un bâtiment particulier, en-
tre deux navires qui portent les batte-
ries*, ce qui complique la construction et
ralentit la manœuvre. On ne peut donc
plus «xposer, dans leur état actuel, ces
batteries aux tempêtes, et elles ne peu-
vent être employées utilement qu'à la
défense des rades et des ports.
5^ Batteries de côte. Les batteries de
c6te ont été dans les dernières guerres
répandues avet; profusion sur les côtes,
en sorte qu'il a fallu plus de 3,000 bou-
ches à feu pour en armer tout le déve-
loppement; mais il est résulté de cet im*
mense armement l'impossibilité de le
pourvoir d'un personnel et d'un matériel
proportionnés à son étendue. Dès lors
les batteries ont été mal servies; et pour
avoir voulu compléter la défense des cô-
tes» on l'a rendue presque nulle.
Napoléon , dans ses Mémoires publiés
par le général Montholon , reconnaît que
le nombre des batteries élevées sur le
développement considérable que pré-
sentent les côtes laisse sans défense beau-
coup de points abordables , et que les
descentes qui peuvent avoir lieu sur les
points non occupés rendent inutiles les
frais énormes que l'on* a faits sur quan-
tité d'autres points. Il restreint le nom-
bre des batteries de côte et les réduit k
trois classes*: il destine la première à dé-
fendre un port ou une rade de sûreté j
c'est-à-dire une rade où l'on peut ras-
sembler un convoi , faire mouiller une
escadre à l'abri des vents dangereux, et
où les passes sont défendues par des feux
croisés; la seconde est consacrée à la dé-
fense d'un port marchand , d'une rade
où peuvent mouiller les bâtimensde com-
merce , ou d'une aûse qui , à marée basse,
a encore 4 à 5 met. (12 à 15 pieds) d'eau,
et qui peut servir aux embarcations de
10 à 12. bâtimens; enfin l'objet des bat-
teries de troisième classe est de prot^er
)e cabotage en défendant les mouillages
principaux et encore lorsqu'ils ne sont pas
trop rapprochés les uns des autres; Napo-
léon propose de supprimer toutes les bat-
teries de côte isolées qui n'auraient au-
cune de ces destinations.Mais si l'on adop-
tait la réduction proposée, il faudrait y
suppléer eo employant à la défense des
frontières maritime^, comme le conseil-
lait Gribeauval , du canon de quatre con-
tre l'ennemi qui tenterait une descente,
afin de se porter avec rapidité sur tous
les points où il se présenterait^ de fou-
droyer ses chaloupes, de culbutcir ses
troupes et d'empêcher leur débarque-
ment
Les batteries de côte doivent être éle-
vées del4àl8'^(7à9 toises) au-des-
sus du niveau de la mer, afin que les
boulets puissent ricocher à 200 mètres
(100 toises) sur les vaisseaux, lorsqu'ib
les manqueront de plein fouet. Les bou-
lets des vaisseaux, ne partant que de 2 à
4™ (1 à 2 toises) d'élévation, ne peuvent
pas monter par ricochet jusqu'à la batte-
rie, en sorte que les batteries ne peuvent
être touchées que de plein fouet , tandis
que leurs boulets atteindront les vais-
seaux et de plein fouet et en ricochant
Ces sortes de batteries doivent être
armées de pièces de gros calibre, et sur-
tout de mortiers dont les projectiles sont
les plus redoutables pour les vaisseaux.
Les obusiers, qui se transportent aisé-
ment et qui se desservent aussi facilement
qu'une pièce de campagne, sont encore
préférables aux mortiers, attendu que
l'obus peut, à 2,600 ou 2,800"^ (13 à
1,400 toises), porter le feu dans les voi-
lures, les cordages et les mâtures des
vaisseaux. On place à la suite des batte-
ries des fourneaux à rougir les boulets,
pour tirer à boulets rouges sur les vais-
seaux.
Quelques pièces de campagne sont
aussi nécessaires à cause de leur mobi-
lité , pour flanquer les batteries ainsi que
pour défendre la gorge et la plage voi-
sine. C-TB.
BATTERIE ( marine ) , emplacement
des bouches à feu à bord; ensemble de ces
bouches à feu. Il y a des batteries cou-
vertes et des batteries découvertes; cel-
les-ci prennent le nom de batteries à bar^
bette. Un vaisseau de ligne a ordinaire-
ment 2 batteries couvertes, quelquefois
il en a trois; alors on l'appelle vaisseau à
trois ponts. Une frégate n'a qu'une bat-
terie couverte. Certaines corvettes sont ,
comme les frégates , armées d'une batte-
rie couverte et d'une certaine quantité
de pièces sur les gaillards. Il est bieo
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BAT
entendu que cet armement est moins
considérable et moins fort que celui des
frégates. Outre leurs batteries, les vais-
seaux ont des caronnades sur leurs pouts
supérieurs. Les batteries tirent leur dé-
signation du calibre des pièces dont elles
se composent ; ainsi on dit : la batterie
de 36, la batterie de 24, la batterie de
18. Cela ne s'applique qu'aux vaisseaux ^
puisque les frégates et corvettes n'ont
qu'une batterie couverte; Is batterie-
barbette est toujours désignée sous le
nom ^artiUerie des gaillards. La pre-
mière batterie^ ou batterie basse ^ est
celle qui est le plus près de la surface de
la mer; elle porte la plus grosse artille-
rie. Dans le système encore eu vigueur ,
la batterie basse d'un vaisseau est du
calibre de 36. Le 36 est fort lourd,
difficile à manier , gênant par la place
qu'il occupe; on a pensé à lui substi-
tuer du 30; Alors la première et la se-
conde batterie deviendront égales ; l'ar-
mement du vaisseau ne perdra rien en
force , et le bâtiment sera moins écrasé
par le poids des pièces. La troisième bat-
terie d'un vaisseau à trois ponts est du
calibre de 18. Les batteries de caron-
nades, bonnes seulement à demi-portée,
sont de mauvais armemens; en France^
on les a empruntées aux Anglais, qui y
renoncent maintenant. Des canons courts
et d'un calibre moindre que ceux des ca*
ronnades vaudront mieux pour la dé-
fense des bâtimens; c'est du moins l'opi*
nion de la plupart des officiers de ma-
rine. Autrefois le boute- feu seul mettait
le feu au canon ; on a adapté ensuite aux
pièces des batteries à silex, semblables à
celles des fusils, et le chef de pièce, au
moyen d'un cordon , fait feu quand il le
juge convenable. Le système des batteries
à percussion a été, depuis trois ans^ subs-
titué à celui des batteries à silex. Aujour-
d'hui on fait les essais d'un marteau de
enivre ^ inventé par M. le colonel d'artil-
lerie Jure, pour frapper sur la capsule
et faire partir le coup. Ce marteau fort
simple est une invention ingénieuse ; elle
a beaucoup de partisans dans la marine,
et très probablement elle sera adop-
tée. A. J-L.
BATTERIE DE CUISINE. Ce mot
comprend tous les ustensiles qui peuvent
( 166 ) BAT
servir à Tapprét des mets dans les cui-
sines; ils sont de fer, de cuivre, de
potin, ou d'autres métaux et matières.
Dans une signification moins étendue,
il s'entend seulement des ustensiles de
cuivre, comme chaudrons , casseroles ,
chaudières, fontaines, tourtières, pois-
sonnières , marmites, cuillers grandes
ou petites, coquemars ou bouilloires, etc.
Ce mot de batterie exprime son origine :
il vient du mot battre ^ parce que tous
ces ustensiles sont battus an marteau
chez les chaudronniers. Pour éviter les
dangers qui peuvent résulter du vert-de-
gris qui s'attache au cuivre lorsqu'il est
refroidi , ott a soin d'étamer ces usten-
siles , c'est-à-dire , d'appliquer et faire
adhérer une couche d'étain fort mince à
l'intérieur des vases. Mais souvent on
remarque de la négligence dans la ma-
nière de poser ou d'appliquer cet éta-
mage^ surtout parmi les chaudronniers
des rues, auxquels l'opération est Sou-
vent trop légèrement confiée. Les incon-
véniens qui résultent de la fausse appli-
cation de l'étain ^ et en général de l'u-
sage des ustensiles tant de cuivre ordi-
naire que de cuivre jaune ^ influent sin-
gulièrement sûr la sant>. Aussi beau-
coup de médecins se sont prononcés
contre l'usage deS ustensiles de cuivre.
C'est particulièrement dans les grandes
villes que les datagers sont le plus com-
muns, parce que les charcutiers, qui
vendent leurs viandes toutes préparées
aux habitans, ne se servent que de cuivre
pour les apprêter, et souvent leurs apprem
tis ou garons ne mettent pas tous leurs
soins à la propreté de leurs vaisseaux.
Dans plusieurs endroits on a jugé à pro-
pos de défendre tles ustensiles dont l'em-
ploi pouvait être si dangereux, et on les
a remplacés ]iar des ustensiles de fer ,
dont l'usage ne présente aucun danger.
Le fer est très sahitaire au corps; la
rouille de ce métal ne cause aucun mal ,
et les ustensile^ qui en sont form^ s'é-
tament aussi facilement que ceux de
cuivre. Dans leur usage , on n'a pas be-
soin non plus d'une si grande quantité
de charbon et de bois, et le prix du fer est
bien inférieur k celui du cuivre. F. R-d.
BATTERIE ÉLECTRIQUE. On
donne ce nom à lu, réunion de phisieur»
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BAT
(m)
BAT
jcfTM électriques, ou dé plniienrs boa-
teilles de Leyde placées dans.une caisse
doDt le fonds, garni d'une lame de métal,
établit une communication facile entre
toutes les armatures extérieut-es des jar-
res ou des bouteilles. Cette lame de mé-
tal est mise en rapport, à Taide d'une
chaîne, avec le sol. On établit arec au-
tant de soin la communication entre tou-
tes les armatures intérieures à Taide de
conducteurs roéulliques, et on charge la
batterie en mettant une des deux arma-
turcs i, mais le plus habituellement Tin-
térieure, en rapport avec le conducteur
d'une machine électrique en action. Ce
que nous dirons à l'art. Bouteillc di
LsTUS fera fiacilement compretfdre
qu'on ne pourrait pas sans danger dé-
charger une batterie avec les mains; on
se sert habituellement d'un excitateur.
C'est atec la batterie électrique qu'on
produit plasîetirs phénomènes curieux et
terribles que nous exposerons au mot
BoCffelLti; UB'LKTftB. A. L-B.
BATTEUti D'OR ET D'AROÏINT,
nom qu'on donne à celui dont la profes-
sion est d'étendre par feuilles excessive-
ment minces des quantités diverses d'or^
d'argent et même de cuivre 5 car , quelle
que soit la nature du métal employé, les
procédés mécaniques pour le réduire en
feuilles légères sont les mêmes.
La première opération consiste Si faire
choix d'un or ou d'un argent dont le
litre soit très élevé, c'est-à-dire le plus
pur possible , car la présence d'un corps
étranger, tel que du cuivre, rend l'or et
l'argent beaucoup moins malléables; la
seconde opération a pour objet la ftision
du lingot qu'on forge ensuite avec le
rnarteaa à forger. Après viennent des
laminages successifs , au moyen desquels
le lingot d'abord réduit à deux lignes
d'épaisseur finit par n'avoir plus qu'une
demi-ligtie et ne former qu'un ruban
d'un pouce de largeur. Ce sont ces di-
vers rubans qti'on coupe en quartiers t)U
en morceaux de 18 lignes de long. On les
met les uns sur les autres et on les forge
avec la panne du marteau ^ de ttjauîère à
leur donner à chacun l'épaisseur d'une
feuille de papier gris. Oh place ces mor-
ceaux dAns des feuilles de vélin et entre
des ietiâlles Aé pak-cfaemin. Le tout corn*
pose mi cahier appelé caucher* Cett
alors que commence l'opération de là
batte , qui a plusieurs périodes.
Dans la seconde, les quartiers sont
coupés en quatre parties égales, et \eé
nouveaux morceaux sont placés dans un
second caucher, qu'on bat comme le
premier. A la troisième période les feuil-
les d'or sont placées entre des feuilles
de baudruche. Ce nouveau cahier, ap-
pelé chaudrety est battu pendant deuit
heures et jusqu'à ce que les feuilles d'or
commencent à désalBeutcr. L'ouvrier
s'occupe ensuite à former un tnoute ou
un assemblage dans lequel les feuillet
d'or et de baudruche alternent jttàqu*au
nombre de 800 environ. Dans le nom-
bre de feuilles préparées il y en a presque
toujours de défectueuses, qu'on appelle
hraciéoles. On fait un choix î celles qui
ne peuvent pas être travaillées sont mises
de côté avec les rognure^ et servent à
ftiire Vor en coquille destiné à la pein-
ture.
On aura une idée exacte de la malléa-
bilité de l'or lorsqu'on saura que le bat-
teur parvient à obtenir d*une once de ce
métal 0,000 feuilles carrées de 9 centi-
mètres de côté ( S ponces ) , ce qui peut
couvrir Une surftce de 40 mètres car-
rés (20 toises ^ carrées). L'épaisseur de
ces feuilles est tout au plus d'un trente
Millième de ligne. Tout le monde con-
naît l'usage de ces feuilles d'or si mincei
que l'haleine suffit pouir les chasser de-
vant soi ; elles servent à dorer les cadres
des tableaux, des glaces et d'une foulé
d'o'bjets qui rentrent dans le domaine
des beauX-arts ou de l'économie domes-
tique. V, Dfe M-!f.
BATTEUX (Chahlès) naquit, ètt
1 7 1 3 , à Allendiniy , près dfi Reims , et
fut élevé dans cette rille. Après y avoir
fait ses humanités il professa la rhétori-
que , n'ayant encore qtte 20 ans. Bientôt
il quitta Reims et vint à Paris, où il en-
seigna les humanités d'abord au collège
de Lîsienx et puis à celui de NaVarre.
Batteux fut ensuite nonimé professeur
de philosophie grecque tet de philosophie
latine au collège royal. Il occupa cette
chaire jusqu'à ce qu'elle fut supprimée
et remplacée par ctelle d'éloquence fran-
çaise , ce qui eut lien peu d'annécà avant
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(168)
BAT
«a mort U était alors chanoÎDe honoraire
de Reims.
Reconnaissant de Téducation qu'il
avait reçue dans sa ville natale, il com-
posa pour elle une ode latine intitulée :
In civitatem Remensem. Bienfiiisant en-
vers sa famille nombreuse et peu fortu-
née , il employa à la secourir le produit
de ses travaux.
Chargé par le comte de Saint - Ger-
main de rédiger un cours élémentaire à
l'usage de l'école militaire, il fit paraître,
en moins d'un an , les 45 volumes qui
forment cet ouvrage , pour lequel il s'ad-
joignit Chompré,Monchablon,et Philippe
de Pretot.
Le Traité des Beaux - Arts réduits
à un même principe ( l'imitation de la
belle nature) passe pour le plus estima-
ble des ouvrages de Batteux, et a été
réuni avec son Traité sur la construction
oratoire, en 5 vol. in- 12 , sous le titre
de Cours de belles-lettres. Les Élémens
de littérature, souvent imprimés, ne sont
qu'un abr^é fait par lui-même de son
cours de belles-lettres. Le parallèle de
la Henriade et du Lutrin , qu il publia
en 1746 , excita la haine de Voltaire et
contre l'auteur et contre Boileau. La
Morale d'Épicure, tirée de ses propres
écrits, parut en 1750 et obtint dès lors
un grand succès. Batteux est convenu
que , dans sa Traduction des Œuvres
d'Horace, il avait eu pour objet d'en
faciliter l'intelligence plus que d'en re-
présenter la force et l'harmonie. Les
quatre Poétùpies d'Jristote, de Vida ,
d'Horace et de Boileau , réunies en 2
volumes, avec les traductions et les re-
marques, est un recueil précieux pour
les littérateurs. On doit encore à Batteux
plusieurs ouvrages, entre autres : Mé^
moires sur les Chinois, en 14 volumes
in-4% dont il a rédigé une grande partie,
et qui ont été continués par Bréqui-
gny et De Guigne.
Batteux avait été reçu membre de l'A-
cadémie des inscriptions en 1754, et ad-
mis à TA^cadémie française en 1761. L-h.
BATTIES, peuple de la partie sep-
tentrionale de rindoustan , dans les pro-
vinces de Delhi, Lahore et Ajmur; la
contrée qu'il habite , et dont Batnear est
le chef-lieu, a 200 milles anglais de lon-
gueur, et 100 de largeur. Son ancienne
capitale, ^tindah, fut détruite en 1398
parTimour. S.
BATTOLOGIE9 VO7. ReDOIC DAHCK.
BATTUE. On appelle ainsi une ma-
nière de chasser qui diffère de la plus
ordinaire, celle au chien couchant, en
ce qu'au lieu d'être guidé par la quête et
les arrêts du chien pour aller au-devant
du gibier, le chasseur au contraire, placé
à poste fixe , attend la proie qui vient
s'offrir à ses coups.
Par exemple, si l'on veut faire une
battue en plaine , les chasseurs vont se
poster en silence derrière des monticules,
des buissons, des tas de pierre ou de
fumier , et se placent assez près les uns
des autres pour que le gibier passe tou-
jours à portée du fusil dans les inter-
valles qui les séparent. En même temps
des hommes, et le plus communément
des enfans , armés de bâtons, et rangés
à peu de distance sur une même ligne
semi-circulaire, s'avancent lentement à
la rencontre des embuscades, en poàs*
saut des cris et frappant la terre et les
buissons ; on leur donne le nom de tra^
queurs ou de rabatteurs. Le gibier, ainsi
excité, fuit devant eux, et vient presque
toujours passer près des chasseurs qu'il
n'aperçoit pas.
Ce mode de chasser est assez commua
dans les campagnes , mais ne s'emplofe
guère que vers la fin de la saison de la
chasse , lorsque les champs dépouillés et
n'olTrant plus aucun abri ne permettent
plus d'approcher le gibier.
On fait aussi des battues au bois, sur-
tout pour détruire les loups. Les dispo-
sitions sont absolument les mêmes que
pour la battue de plaine ; les bois pré-
sentent mêdie aux chasseurs plus de
ressources pour rester masqua et in-
aperçus.
On ne peut guère tirer en battue que
le lièvre , le lapin et les autres bêtes fau-
ves , le gibier ailé évitant plus facilement,
par son vol, la direction vers laquelle on
le pousse.
Cet exercice est d'ailleurs peu fatigant
pour celui qui , armé de son fusil , n'a
d'autre soin que d'épier, immobile et
sans bruit, l'instant d'ajuster la pièce
lorsqu'elle passe à sa portée. C'était le
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(169)
BAT
mode que préférait le roi Charles X,
dont on connait assez la passion pour la
chasse. Ce prince se tenait ordinairement
entouré de ses officiers , au milieu d*un
carrefour formé par des taillis élagués
avec grand soin jusqu*à la hauteur d'un
mètre, afin de faciliter le tir des faisans
et des gibiers à plumes. Les rabatteurs ,
dont le nombre dépassait souvent
150, et auxquels on joignait quelquefois
des chiens hourets , destinés à harceler
le gibier, et qui ont transmis le nom de
houraillers à cette sorte de battue, se
formaient en cordon de distance en
distance , de façon à envelopper de loin
les tireurs ; puis s'avançant tous ensem-
ble et rétrécissant progressivement leur
cercle , ils chassaient devant eux lapins ,
lièvres 9 cberreuils, faisans, etc., et Ton
lait quelle innombrable quantité les fo-
rêts royales en contenaient. Aussi le gi-
bier, renfermé comme dans un réseau,
venait- il par troupeau s'offrir aux ca-
nons des fusib; de là ces 1400 pièces
tuées dans quelques heures de chasse par
trois on quatre personnes seulement,
auxquelles on présentait des fusils tout
chargés. D. A. D.
BATTUEGAS. On appelle ainsi un
district très restreint de la province es-
pagnole d'Estramadoure , partido de Pla-
senck, a environ 14 lieues de Salaman-
que. Ce district, mal famé et rép^té le
séjour d'hommes sauvages et de mauvais
génies y a joué nn grand rôle dans les ro-
mances espagnoles. Le fait est que ses
Tallées pittoresques recèlent une petite
peuplade entièrement isolée et peu con-
nue, mais que les uns font descendre des
anciens Ibères et dans lesquels d'autres
▼oient nne colonie gothe restée sans mé-
lange depuis le tiii® siècle. — Madame
de Genlis a composé sur cette peuplade
un roman intitule Les Baltuecas, 2 vol
io-1 a. J. H. S.
BATTYANI, famille hongroise ri-
che et célèbre, et dont plusieurs mem-
bres, prin<:es, comtes, bans de Croatie,
évéques, grands-dignitaires, ont joué un
r6le marquant dans Thistoire de ce pays
et de la monarchie autrichienne. Le pre-
mier, Bij^oiT Battyani , fut, à la fin du
XT* siècle, trésorier du roi Vladislaf II.
possède la seigneurie de Rakitsan, et la
dignité de comte ou de chef du comitat
d'Ëisenbourg lui appartient héréditaire^
ment. S.
B ATU-KH AN , selon quelques histo-
riens, fib de Tchinghiz-Khan , et d'après
d'autres de Touchi, fils aine de Tchin-
ghiz, qui mourut 6 mois avant son père.
Ce dernier avait à sa mort (1223) laissé
en partage à son petit-fils Batu-Khan les
provinces de Kaptchak, d' Allan, de Rous,
ainsi que la Boulgarie; mais le nouveau
possesseur ne tarda pas à reculer les boi>
nés de cet empire. Après avoir accom-
pagné le grand-khan Ôktaï dans son ex-
pédition contre la Chine et soumis ses
voisins, il marcha vers la Pologne, la ra-
vagea, brûla Cracovie, et s'avança même
en Silésie jusqu'à Liegnitz, où il défit
dans le champ de Wahlstatt ( 1 24^1 ), après
une lutte sanglante, le duc Henri deBres-
lau. Il conquit ensuite la Moldavie et la
Hongrie. Bêla lY , roi de ce pays, voulut
arrêter ses progrès, mais il fut bientôt
forcé de se retirer en Dalmatie (1242).
Batu et ses Mongols l'y suivirent, la dé-
vastèrent, mais heureusement en parti-
rent la même année. Ce fut à peu près à
cette époque que Mangou-Khan, frère
de Houlakou, établit en Perse la domi-
nation mongole. Batu-Khan, qui était
assez puissant pour le combattre »
aima mieux l'aider dans ses conquêtes.
Après que Mangou se fut emparé de la
Perse, il le reconnut pour chef de la fa-
mille de Tchinghiz-Khan et lui facilita
même la conquête de la Chine qu'il pos-
séda jusqu'à l'an de l'hégire 658. Batu
était mort 4 ans auparavant (de l'hégire
654). Bien que quelques-uns de ces prin-
ces, qui tous appartenaient à la race mon-
gole, aient embrassé le christianisme ou
le mahomélisme , la plupart suivaient
une religion particulière, qui toutefois;
avait pour base le monothéisme. Batu,
dont le nom signifie force et persévéran-
ce, passa du chamanisme à la religion
du dal aï-lama. L. N.
BATYNE (bataille de). Batyne est
un village sur le Danube à peu de dis-
tance de Routchouk , village qui fut il-
lustré par la brillante victoire que les
Russes commandés par Kamenski (ih>/.)
Ootre le boor^ de Battyan^ cette famille I y remportèrent^ le 19 septembre 181 0,
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BAT (170)
rarHnhtâr-Pàcha, général tofcLesKus- la fin de sa vie
aes, après avoir battu la flottille othomane
«fur le Danobe, prirent d'assaut le camp
deMuhtar, situé au confluent de ce fleuve
«t de la lantra. M tibtar se sauva avec un
petit nombre d'hommes; maisAdmed*
Pacha, avec tous les siens et tout ce que
Tenfermait le camp ^ fut obligé de se re-
mettre » le 20^ à la discrétion des Russes
déjà maîtres de deux lignes de circon-
vallatien. Cet édattnt triomphe livra aux
vainqueurs Sistova^ Cladova, Giurgcnro et
Routchouk. J. H. S.
BAT2E^ en italien èazto, petite
monnaie d'argent originairement suisse,
mais qui ensuite fut adoptée en Allema-
gne et frappée, tons ce nom» dans pres-
que tons les états d'Empire. Ce nom est dé-
rivé de bœtZf vieax mot allemand qui dési-
gne l'ours, syttibole du canton de Berne;
«n effet, c'est à Berne que les premiers
batzes furent frAppés, avec l'empreinte
de cet abîmai, vers l'an 1440. La valeur
d'nn batze varie suivant le titre : on a en
Suisse de bons et de mauvais batzes ^ et
en Allemagne^ des batzes pesans et lé-
-gers^ mais cette valeur n'est jamais que
de quelques sous.
Dans le langage allémanique batze
est synonyme d'argent (pecum'a) en gé-
néral. J. H. S.
BAtJCIlE^ voy. Toacttis.
BAUCIS^ voy. PHiLiÈsto!<.
BAUDELOCQUE^ nom commun à
plusieurs accoucheurs morts et vivans,
mais illustré par l'on d'eux, JBAif-Loura,
né, eri 1745, à Qeilly près d'Amiens,
mort en 1810 à Paris, professeur de ta
Faculté cle médecine, chirurgien de l'hos-
pice de la Maternité, aceoucbenr de l'im-
pératrice, etc.
Fils dSin chirurgien et dirigé dans ses
études par son père, Baudelocque se dis-
tingua de bonne heure, remporta un prix
de i' Académie de chirurgie, et débuta
dans la barrière de l'enseignement en
suppléant Solayrès professeur d'accou-
chement, qu'il fut bientôt appelé à rem-
placer. Peu de temps après devenu pro-
fesseur public au collège royal de chirur-
gie, il se livra spécialement à la pratique
des âbcoUHiemens, et il obtint des deux
c6tés les ^lus brillans succès, qui con-
tinuèrent à s'accroître encore jusqu'à
BAU
que vint empoisonner
un scandaleux procès fondé sur une
absurde et atroce calomnie. A l'organi-
sation de l'école de santé, il fut appelé
à la chaire d'accouchement où il forma
de nombreux élèves, tant accoucheurs
que sages-femmes. Dès avant cette épo-
que Baudelocque avait publié divers
écrits, notamment une sorte de catéchis-
me destiné aux sages-femmes^ qui fut im-
primé à 6,000 exemplaires par ordre du
gouvernement, et qui, outre les nom-
breuses éditions qui en furent fkitcs, fut
traduit en diverses langues. Son Jrt
des accouchemenSf 1781, 2 vol. in-^**,
dont l'ouvrage précédent n'est que Ta-
brégé) fut également bien accueilli, et fi-
gure encore parmi les livres classiques
en ce genre. Les autres productions de
Baudelocque sont des mémoires insérés
dans divers recueils. Il a laissé un grand
nombre de manuscrits que doit publier
son neveu.
Doué d'un esprit judicieux et obser-
vateur , Baudelocque a porté dans la
pratique et dans l'enseignement de la
précision et de la clarté. Il est un de
ceux qui ont le mieux démontré que
dans le plus grand nombre des cas la
nature se suffit à elle-même, et qui ont
indiqué nettement ceux dans lesquels
elle a besoin de secours. Il a su appré-
cier et mettre en usage avec talent les
divers procédés opératoires usités dans
l'art des accouchemens. Enfin il a connu
et enseigné parfaitement la acienea telle
qu'elle était à l'époque où il vivait^ et il
Ta enrichie, sinon de théories brillantes,
au moins d'observations exactes et des
résultats d'une vaste expérience. F. R.
BAUDOUIN I-IX, comtes de Flan-
dre, voy, Flaudee. Foir aussi l'article
Haîwaht.
B AUDOUIIV I-V ^ rois de Jérusalem ,
voy, Jérusalem.
BAUDOUIN I'"^ et It , empereors de
Constantinople, voy. Latin [empire),
BAUDRIER. Ce mot dérivé du latin
batteum, balteus et par corruption bal-
tluUuSy désigne, dans le sens le plus gé-
néral, une bande de cuir ou de peau de
buffle qui, passant sur uUe épaule, va
s'appuyer sur la cuisse opposée fet y sou-
tient une arme quelconque, ordinaire-
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BAtJ
(171)
BÂU
ment un sabre ou nne épét. Le baudrier
est d'an usage très ancien : il est question
dans yirgile de celui qu'Euryale enieta
à Rhamnès pendant son sommeil, et qui
était orné de clous dorés; et du riche
baudrier de Pallas, fils d'Évandre, qui,
l^econnu par Énée sur l'épaule de Tumus,
causa la mort de ee dernier. Dans beau-
coup de bas-reliefs antiques, de même
que sur les colonnes Trajane et Anto-
nine, les soldats romains portent leur
épée attachée à un ceinturon, tandis que
les CheÊi seuls ont un baudrier. Il parait
au surplus ^ d*après ce que dit Isidore de
S6 ville ^ dans ses Origines ^ que l'on em-
ployait indifTéremment les mots baiteus
et cingnlam (ceinturon) pour désigner la
courroie ou bande à laquelle Tépée était
attachée. Le baudrier, qUe l'on obserre
dans beaucoup de statues et de peintures
du temps de la chevalerie, était, sous les
deux preutières races , une des nlarques
du comnlandement. Il fut plusieurs fois
repris et abandonné dans nos armées.
Les arquebusiers du xti^ siècle en avaient
un très large, en peau de bufBê, auquel
pendaient les charges de poudre toutes
préparées, dans de petits étuis appelés
cq/^^ns, Louis XIV supprima définiti-
vement le baudrier vers 1 690. Il était
resté seulement aux cent-suisses et aux
suisses des hôtels, de même qu'^ ceux
des églises qui le portent encore aujour-
d'hui. Une nouvelle révolution en ramena
l'emploi vers la fin du siècle dernier; et
cet usage qui, d'après l'opinion des gens
du métier, n'est pas exempt d' in convé-
niens asse^ graves, est également adopté
dans toute l'Europe. C. N. A.
BAUDRUCHE. On appelle ainsi une
pellicule t>u membrane péritonéale qui
tapisse le cœcam ou gros boyau du bœuf
«t du mouton, et qui sert à divers usages.
L'ouvrier doit l'enlever avec précauiiou
et la fkire sécher étendue sur des plan-
bhes; j^is, après lui avoir fait subir di-
verses préparations qui ont pour but
de l'adoUcir, il la livre au commerce sous
le nom de peau divine. Les batteurs d'or
l'emploient depuis bien long-temps pour
la dernière opération du battage. Lors-
que les feuilles d*or déjà battues sont
panrenaes à un état de ténuité tel
qu'elles ne pourraient supporter l'action
immédiate du marteau, on interpose em*
tre elles des fîeuillets de baudruche, et Fo*
continue ainsi le battage. C'est en sor»
tant des mains du batteur d'or que la
baudruche elle-même a acquis toutes les
propriétés nécessaires pour être débitée
avec succès. Un de ses privilèges est de
pouvoir remplacer à merveille le taffetas
d'Angleterre; ainsi que lui, après avoir
été mouillée et appliquée sur une coth-
pure, elle arrête le sang; c'est là ce qui
lui a valu son nom ûepeau dîpine*
On est aussi parvenu récemment à faire
servir la baudruche à la confection des
aérostats. Les premiers ballons qui tient
été fait), après les expériences de Mont-
golfier, par le marquis d'Arlandes et le
peintre Deschamps, étaient confectionnés
avec cette pellicule. Voy. Ballon. D. A.D.
BAUHINy famille illustre dans les
sciences qui, depuis le commencement du
XV* siècle, durant le rvi* et jusqu'aux
premières années du xvii^j offrit l'exem-
ple peu commun de six générations
toutes consacrées à la pratique de la
médecine, et que, sous ce rapport, on a
comparée assez heureusement à celle des
Asclépiades chez les Grecs. Elle doit sur-
tout ses titres à une célébrité din*able aux
deux botanistes dont nous allons plus
particulièrement nous occuper.
Le" nom et les travaux des deux frères
Bauhin sont comme deux ébormes pyra-
mides, liant d'Une part le siècle de Théo-
phraste, qu'on doit appeler à jUsté titre
le père de la botanique, avec les âges
modernes, avec Tournefort, le Créateur
du genre, Linné', le grand législateur^e
la science, et les deux Jussieu, si heureux
dans le développement des familles na-
turelles tracées de main de maître par Cé-
salpin; de l'autre, mettant un terme à
l'empirisme de Dioscoride et de l'école
d'Alexandrie, ou des rhitotônïés.
Ce n'est pas cependant comme auteurs
d'inventions ou de découvertes impor-
tantes que la botanique vénère les deux
frères Bauhin; ce n'est pas noki plus,
ainsi qu'on Ta trop légèremeUt avancé,
pour avoir posé les vrais prinHpes de la
Science des plantes : ils ont mérité leur
illustration, l'un par la sagacité de sa cri-
tique sur l'ensemble des fdlts recueiitis
et par l'exacte description des nombreux
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BAU
[m)
BAU
végéttax qu'il a vus vivans, qu'il a suivis
dans les diverses phases de leur exis-
tence; Tautre, en classant avec méthode
et une analyse succincte les connaissances
acquises jusqu'alors et éparses dans un
grand nombre de livres, la plupart fort
indigestes; en établissant une utile con-
cordance entre les noms imposés aux
plantes par les anciens et ceux qui ont
été employés jusqu'au milieu du xyi^
siècle de l'ère vulgaire; en donnant en-
fin une règle certaine pour décrire une
plante et remplacer par quelques mots les
phrases longues et bizarres qui étaient
usitées avant lui.
L'amitiéqui ne cessa de régner entre les
deux frères fut si intime» si touchante que
Plumier voulut l'immortaliser en impo-
sant le nom de Bauhinie à un genre de
plantes de la famille des légumineuses et
de la décandrie monogynie, dont les deux
folioles sont si étroitement liées l'une
sur l'autre qu'on les croirait, au premier
coup d'œil, ne former qu'un seul et
même corps.
Les deux Bauhîn appartiennent à la
France par leur père, médecin célèbre
d'Amiens, que les persécutions contre les
protestans obligèrent de s'exiler en 1 5 3 7;
ils appartiennent également à la Suisse
qui les a vu naître tous les deux à Bàle.
L'ainé,JEA.NBauhin, naquît en 1541.
Dès l'âge de 18 ans on le citait comme
un habile médecin, comme un botaniste
très expérimenté. Il visita les Alpes, la
Suisse, la Rhétie, une partie de lltalie et
la France méridionale, pour enrichir ses
herbiers et préparer les matériaux de
VHùtoire universelle des plantes qu'il
méditait, à laquelle il travailla toute sa
sa vie, qu'il acheva, mais qu'il ne put
voir imprimée. Cet ouvrage, dans lequel
il décrit 5,000 plantes divisées en 40
classes ou livres, ne parut que 38 ans
après sa mort, en 3 vol. in-fol. Ses autres
oeuvres sont peu connues; on doit en
excepter son livre sur les plantes portant
des noms de Maints, De plands a divis
sanctisque nomen habentibus , Bàle
1591, in-8<*, et plus particulièrement ce-
lui sur Ja rage des loups , Memorabiiis
historia luporum altquot rabidorum,
Montbelliard, 1590, in-8'^, dont les ob-
servations sont encore presque les seules
bien constatées sur cette cruelle maladie.
Il passa les dernières années de sa vie
dans la petite ville de Montbelliard, où
il mourut en 1613.
Son frère,GÂSPAiiD Bauhin,né en 1 560,
passa son enfance dans un eut de souf-
frances continuelles; à peine pouvait-il
articuler quelques mots à 5 ans; cepen-
dant tout à coup il manifesta un goût
très prononcé pour l'anatomie et pour les
plantes. Il eut son frère pour premier maî-
tre; puis il alla se perfection ner aux univer-
sités de Tltalie, à celle de Montpellier;
il se disposait à visiter l'Allemagne quand
la mort de son père, arrivée en 1582,
l'obligea de se fixer à Bàle, qu'il ne quitta
plus, et où il mourut en 1634. Il y pro-
fessa ses deux sciences favorites avec
un égal succès; mais ses ouvrages en ana-
tomie jouissent d'une réputation moins
brillante que ses travaux en botanique.
Le Pinaxy qu'il publia en 1628, n'était
que la table systématique du Theatrum
botanicum à la rédaction duquel il em-
ploya 40 ans de sa yie et pour lequel il mit
à contribution tous les botanistes de son
temps qui s'empressaient de correspon-
dre avec lui. Le premier livre seule-
ment de ce grand ouvrage parut 34 ans
après sa mort, par les soins de son fils;
les autres, sont -demeurés inédits. Ils ren-
fermaient,comme lePinax nous l'apprend,
plus de 6,000 plantes, rangées en 12
classes, 72 ordfes, et chacun en genres
et en espèces avec un nom commun et
une courte phrase descriptive. Ce sont
ées élémens, perfectionnés par l'étude
et l'expérience ^ qui ont décidé des pro-
grès de la botanique, et préparé les voies
à une bonne synonymie.
Le Theatrum anatomicum de Gas-
pard Bauhin est un très bon livre à con-
sulter quand on veut connaître tout ce
qui avait été fait sur l'anatomie jusqu'en
1592, époque de sa publication. Il écri-
vit aussi sur l'hermaphrodisme, mais cet
ouvrage est trop au-dessous de son au-
teur pour nous y arrêter. A. T. d. B.
BAUMANN (NicoLiis), né vers 1450
à Wismar ou à Emden et mort en 1526,
professeur d'histoire et de politique à
Rostock. Sur la foi de la préface du
Froschmœuseler de Rollenhagen , on lui
attribue le poème satirique de Beineche
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BAU
(17S)
BAU
le rtnard, en plat allemand. Foy. Alk.-
XAER {Henri tt). S.
BAUMANN (geotte de) dans leHarz :
c'est une curiosité de la nature. Cette
grotte, ou plutôt cette série de six grandes
et d'un certain nombre de petites grottes
formées de stalactites, se trouve dans
le district de Blankenbourg ( duché de
Bninsvick), à j[36 pieds au-dessus de la
▼allée où sont établies les usines de Rû-
beland. La principale de ces grottes,
haute de 3 1 pieds et ayant une longueur
de 20l0 pieds, offre un aspect imposant.
L*eau imprégnée de chaux et de parties
terreuses y tombe goutte à goutte et forme
des figures singulières et grotesques. Ce
lieu fut découvert en 1670 par le mi-
neur Baumann qui lui a donné son nom;
mais n'ayant pu retrouver, dit -on, la
sortie qu^au bout de deux Jours, il paya
de sa vie cette découverte. J. H. S.
BAUME. 7)oy, Saimtk-Bacme {grotte
de).
BAUME(&/z^amtfjet balsamum).
On appelle ainsi les résines qui renferment
de l'acide benzoîque. Autrefois on éten-
dait ce nom à toutes les résines liquides;
quelques-unes même le conservent en-
core aujourd'hui, ainsi que certaines
préparations pharmaceutiques. IVfais pour
ces dernières le mot baume indique or-
dinairement des solutions de résines, soit
dans l'alcool, soit dans les huiles fixes
ou volatiles, destinées à être appliquées
sur des parties entamées.
Nous allons indiquer les principales
espèces de baumes. Le baume à'Arcœus
est un composé de résine élémi,de térében-
thine , de suif de mouton , et de graisse de
porc. On l'emploie dans le pansement des
plaies et des ulcères. Le baume du Ca-
nada est un suc résineux du pinus bal-
satnea obtenu par incision ou en crevant
les cellules qui se trouvent dans Técorce
du tronc et des branches. On le nomme
aussi térébenthine du Canada , faux
baume de Giléail. Le baume ^/e Chiron
est un mélange d'huile d'amandes douces,
de térébenthine, de cire jaune, de baume
noir du Pérou , de camphre pulvérisé,
opéré par liquéfaction et coloré avec l'or-
canette. Il a joui d'une assez grande ré-
putation dans le traitement de toutes les
plaies récentes; il était alors préparé
presque exclusivement dans le canton de
Vaud en Suisse. Le baume h Cochon est
une résine d*une odeur forte et désagréa-
ble, liquide, et présentant une teinte
rougeâtre ; elle est fournie par un arbre
qui croit aux Antilles et que l'on nomme
hedwigia baUaminea. On prépare le
baume du Commandeur de Pemes en
faisant macérer pendant un certain temps
des racines sèches d'angélique, des fleurs
de millepertuis, du baume du Pérou, du
benjoin, de l'aloès, de l'ambre gris avec
l'alcool. On l'applique avec succès sur les
plaies faites avec des instrumens tran*
chans. Le baume </e Copahu s'obtient
par des incisions faites au copmfera of-
ficinaUs^ arbre de la famille des légumi-
neuses qui croit au BrésiL Ces Incisions
sont répétées trois fois par an , et cha-
cune fournit 10 à 12 livres de baume
que l'on reçoit dans des calebasseswil est
fréquemment employé en médecine con-
tre la blennorrhagie uréthrale et le ca-
tarrhe chronique de la vessie. Le baume
de Geneviève est un composé d'huile
d'olive, de cire jaune, de camphre, de
térébenthine et de santal rouge. On
nomme vulgairement baume des Jardins
la balsamite odorante , plante de la fa-
mille des composées que l'on nomme aussi
coq des jardins et menthe Notre-Dame.
Pour le baume </e Judée et celui de
la Mecque nous renvoyons à l'article
Balsamiee. Le baume Nerval est un
mélange de moelle de bœuf, d'huile de
noix muscade, d'huiles essentielles de
romarin , de gérofle , de baume du Pé-
rou et d'alcool. On désigne sous le nom
de baume Opodeldoch une solution de
savon, de moelle de bœuf et de camphre
dans l'alcool et l'eau distillée de thym,
mélangée aux huiles essentielles de roma-
rin, de thym et à l'ammoniaque. Le
baume du Pérou et le baume de Tolu
sont fournis par deux arbres de la famille
des légumineuses et appartenant au genre
myroxylon. L'un croit au Pérou et dans
les pays ci rcon voisins, l'autre dans les
environs de Tolu, province de Cartha-
gène. Dans le pays où ils croissent on les
désigne tous les deux sous le nom de qui-
noq tino.
On connaît trois espèces de baume du
Pérou : la première, le baume du Pérou
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(174)
BAU
Nànc est obtenue par incisions; la se-
conde , le baume du Pérou rouaf, parait
avoir la hiéiue origine , mais sa consis-
tance plus solide et sa couleur qu'indi-
que son nom paraissent dues à ce qu'il
est plus ancien. Enfin le baume du Pérou
Ttoir^ qui est le plus répandu dans le corn-
merce, est obtenu par la décoction dans
Feau des branches du myroxylon du
Pérou. Ce baume est.toigours renfermé
dans des calebasses.
Le baume de Tolu est plus souvent
contenu dans des bouteilles de terre
nommées potiches. Tout celui que four-
nit le commerce provient d'incisions
faites au myroxylon de Tolu.
On administre ces deux baumes dans
les catarrhes pulmonaires; ils agissent
comme stimulans : aussi ne doit-on les
employer que lorsqu'il ne reste plus au-
cun symptôme d'inflammation. Cest au
baume de Tolu que Ton a le plus souvent
recoiurs.
Le baume de soufre est une solution
de soufre dans l'huile d'olive; il est ap-
pelé baume de soufre anisé, succîné ,
térébenthine^ s'il consiste en une solu-
tion de soufre dans Fhuile essentielle
d'anis , dans l'huile essentielle de succin,
ou enfin dai|s l'huile essentielle de téré-
benthine.
On obtient le baume tranquille en
faisant bouillir des feailles de plantes
narcotiques dans de l'huile et en versant
ensuite le liquide obtenu sur des plantes
aromatiques. En médecine, il est sou-
vent employé à l'extérieur comme cal-
mant. H. A«
BAUME ( Aktoinz ). Cest le nom
d'un savant utile et modeste dont les tra-
vaux ont préparé l'ère brillante où nous
voyons la chimie. Il naquit en 1 738 à Sen-
lisy et mourut à Paris en 1804, après
à voir rempli les fonctions de professeiu* de
chimie au collège de pharmacie, et mé-
rité d'être nommé membre de l'Acadé-
mie des sciences et de diverses sociétés
savantes. Fils d'un aubergiste qui, après
lui avoir donné une bonne éducation , lui
fit embrasser la profession de pharma-
cien , Baomé s'était acquis une honorable
fortune dans le commerce ; il le quitta ,
après trente ans de travaux, pour se livrer
tout entier à ses étudeafavoritof} mais il
fut bientôt obligé par les revers qu'amena
la révolution de renoncer au loisir qu'il
avait acquis. Cependant , malgré ces
traverses, il n'est pas d'homme qui ait
fait plus et qui surtout se soit plus dis-
tingué par un esprit d'application sans
lequel les sciences ne seraient qu'un
passe-temps futile. Presque toutes les
parties de la chimie ont été approfon-
dies par ce savant laborieux et persévé-
rant dont la sagacité était extraordinaire.
On ne saurait compter le nombre de ses
découvertes , non plus que celui des tra-
vaux d'analyse qu'il entreprit pour con-
stater, d'une manière précise, des faits
sur lesquels on n'avait que de vagues
théories. Il a publié une foule de mé-
moires tous pleins d'intérêt, et divers
ouvrages parmi lesquels se distinguent
ses Élémens de pharmacie théorique
et pratique y etc., ouvrage qui eut neuf
éditions françaises , qui fut traduit dans
presque toutes les langues de l'Eu-
rope, et qui fait encore autorité, parce
que l'observation scrtipuleuse des faits
ne vieillit pas. Baume eût été célèbre
quand il n'eût été que pharmacien-chi-
miste; mais il s'occupait de tout, et les
arts et métiers lui sont redevables de plu-
sieurs innovations qui ont changié la face
de l'industrie et augmenté la richesse na-
tionale. De ce nombre sont ses procédés
pour k fabrication du sel ammoniaque,
de la porcelaine, pour le blanchiment
de la soie, procédés qui afTranchirent la
France de tributs onéreux. Ses recher-
ches sur les argiles employées comme
engrais ; sur les constructions en plâtre
et en ciment; sur l'extraction de la fécule
du marron d'Inde et les moyens d'en
faire du pain; sur la conservation des
blés , sont d'immenses services rendus à
l'agriculture. Enfin l'art du teinturier,
du doreur , du fabricant de savon , lui
sont redevables de procédés plus écono-
miques et plus sûrs dans leurs résultats.
Aux talens éminens qui le distin-
guèrent. Baume joignit de hautes vertus;
il fut l'ami des hommes célèbres de son
temps et le maître d'un grand nombre de
savans de notre époque. F. R.
BAUM6ARTEN (Sigismoto- Jac-
ques ) , né à WolmirsUedt en 1 706 , mort
en 1757; professeur en théologie à Halle*
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BAD
(17$)
BAU
Théologien d'une profonde éradiUon,
Baumgarten fut en même temps nn phi-
losophe éclairé , un savant bibliographe,
et an historien d'un mérite incontestable.
Cest par Ini que fut commencée, en
1744, la publication en langue alle-
mande de la grande Histoire universelle,
dite de MaUey quoiqu'elle fût d*abord
traduite de Tanglais , et à laquelle des
hommes éminens, tels que Semler, Schlœ-
ler, ËDgel, etc.^ ont imprimé une direc-
tion nouvelle. Mais c'est dans la dogma-
tique et dans la morale religieuse que
Banmgarten excellait Son esprit droit et
logique le détourna du piétisme dont
Halle était alors le siège et qu'il ramena
sur le terrain de la philosophie. Nous ci-
terons encore de lui les deux ouvrages
bibliographiques suivans : Nachrichten
von der hallischen Bibliothek (Halle,
1748-61, 8 vol. ) et NachrichUn von
merkwûrdigen Bikchem (Halle, 1752-
S7, 12 vol.). S.
BAUMGARTEN (Alexandre-
Théophile ), frère du précédent, un des
plus profonds penseurs sortis de l'école
de Wolf, naquit à Berlin en 1714 et
mourut ei^l762 à Francfort sur l'Oder,
où il professait la philosophie. On peut
le regarder comme le créateur de l'aesthé-
tique en tant que science systématique, et
comme l'inventeur du nom de cette scien-
ce. Banmgarten comprit l'insuffisance et
la confusion des règles déduites de cer-
taines productions littéraires ou des arts
et de l'effet que ces productions ont pro-
duit. Il chercha à fonder sur une base
scientifique la théorie du beau dans les
arts , théorie dont les résultats devaient
ainsi acquérir un pins haut degré de cer-
titude. Il pensait qu'il fallait remonter à
des principes généraux puisés dans la na-
ture de l'intelligence humaine, pour ar-
river à une véritable philosophie du goût,
Banmgarten distingue la perfection logi-
que de la perfection sesthétique : celle-là
lui semblaitdairementdémontrée, celle<:i
au contraire obscure et incertaine; et il en
conclut que nos idées sur le beau sont
encore ensevelies dans le vague. Ses idées
sur Taesthétique furent d'abord exposées
dans un écrit académique : De nonnulUs
ad poema perùnentibus , Halle, 1735,
ÎM®. Quelques années après il fiéit dési*
gné poor les professer publiquement. Set
leçons inspirèrent à Georges-François
Meier l'ouvrage intitulé : Anfangs^
grande idler schœnen Wissensch^ften,
en 3 volumes (Halle, 1748-1750). Ce
fut huit ans plus tard que Baumgarten
publia son grand ouv^page JEsthetica
( Francfort-sur-l'Oder , 1 750 • 1 758 , 2
vol. ), que la mort l'empêcha d'achever.
Il n'y a de complet que l'introduction qui
contient le plan de l'ouvrage. Du reste,
il est juste de reconnaître qu'il apportait
dans ses leçons publiques une haute phi-
losophie. — On trouve une appréciation
fort exacte des principes de Baumgarten
dans un ouvrage de Heydenreich, Syê^
tem der Msthetik, Les auprès écrits de
Baumgarten sont moins célèbres. .Son
disciple Meier a écrit sa biographie
(Halle, 1763). CL.
BAUSSET (Locis-FRiiifGOis, cardi-
nal de ). Dès 1310 un des seigneurs de
la chàtellenie de Bausset, Geoffroy, avait
déjà fondé la chapelle et croix d*Au^
bagne, dont ses descendans conservè-
rent le droit de nommer le recteur; el
cette famille, sans occuper des postes
éminens, en remplit toujours d'honora-
bles.
Né en 1748 àPondichéry, dont son
père, le marquis de Bausset, était grand-
voyer, Louis-François fut, à l'âge de 12
ans, envoyé en France, où son oncle,
évéque de Béziers, lui fit commencer ses
études chez les jésuites, qui dirigeaient
le collège de La Flèche. Il les termina
au séminaire de Saint-Sulpice, dont il
sortit pour devenir le grand-vicaire et
l'ami de l'archevêque d'Aix, BoisgeHn ,
dont l'esprit et l'aimable caractère ont
laissé de si doux souvenirs. Comme sim-
ple administrateur, M. de Bausset pa-
cifia les troubles qui affligeaient le dio-
cèse de Digne, et, jouissant de l'estime
générale, il fut sacré évéque d'Alais, en
1784. £q cette qualité il assista aux éUU
de Languedoc , qui le nommèrent un des
députés chargés de prés^ter au roi le
cahier de ces états. La correction et l'é-
légance des discours, qu'il adressa à la
famille royale lui valurent de grands
éloges, et l'on regarda comme «des mo-
dèles en ce genre oeux qu'il débita de-
vant M°^® Élbabeth et H. 1« oomte d'Ar«
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BAU
toîs (voy, le Conxervateur de 1 787, t. II).
Membre de rassemblée des notables , eo
1787 et 1788, il ne le fut point des états-
généraux, qui supprimèrent son évéché,
et lui fournirent Foccasion d'écrire aux
habitans d'Alais une lettre fort touchante,
dans laquelle il leur déclarait que ce dé-
cret ne pourrait rompre les liens qui
Vunusaient à son église, U Exposition
des principes sur la constitution civile
du clergé^ ayant été rédigée par M. de
Boisgelin et les autres évéques députés,
M. de Bausset y adhéra et publia à ce
sujet divers écrits, qui ont été recueillis
par les journaux du temps. II passa en
Suisse, vers la fin de 1 79 1, et n*en revint,
peu de mois après, que pour être renfermé
au couvent de Port-Royal, transformé
en prison par le gouvernement de Tépo-
que. Libre après le 9 thermidor, il con-
sacra son temps à Tétude dans la retraite
que lui oflrit à Villemaison, près de
Longjumeau , M°^® de Bassom pierre.
Ainsi que la majeure partie des évéques
de France , M. de Bausset envoya sa dé-
mission à Pie Vil, lorsque ce pontife la
demanda. Cette soumission et le crédit du
comte de Bausset son neveu, chambellan
et préfet du palais de l'empereur , lui ob-
tinreat un des canonicats de Téglise de
Saint -Denis. Ce fut pendant les loisirs
que lui ménageait cette dignité qu'ayant
reçu de M. Ëmery , supérieur du sémi-
naire de Saint-Sulpice, communication
de tous les manuscrits de Fénélon, il écri-
vit l'histoire de cet illustre prélat. Le bril«
lant succès qu'obtînt son ouvrage le fit dé-
signer,en 181 0,comme méritant le deuxiè-
me grand prix décennal de seconde classe
pour la meilleure biographie, et engagea
M. de Bausset à entreprendre Thisloire
de Bossuet qui fut beaucoup moins goû-
tée par le public, mais n'en contribua
pas moins à placer l'auteur dans un des
rangs distingués de la littérature. Deux
commissions d'évéques ayant été formées
en France, immédiatement après le retour
de Louis XV III, M. de Bausset en fit par-
tie; et quoique les travaux de ces commis-
sioos n*eus8enl aucun résultat important,
il déploya pendant leur durée des talens
accompagnés de Unt de modération et de
prudence que le roi le nomma à la pré-
sidence du conseil royal d'instmctioa pu-
( 176 ) BAU
blique, le 1 7 février 1815. Estimé de tons
les partis, Bausset fut appelé, la même
année, à la place de conseiller titulaire de
l'Université, par Napoléon; mais la se-
conde restauration des Bourbons rendit
bientôt le prélat à ses fonctions de pré-
sident. Pair de France, en 1815, reçu à
l'Académie française l'année suivante, le
chapeau de cardinal, qu'il reçut en 1817,
et auquel le roi attacha le titre de duc,
semblait être le dernier des honneurs au-
quel pourrait prétendre M. de Bausset,
quand il lut nommé commandeur de l'or-
dre du Saint-Esprit et ministre d'état,
après la mort du cardinal de La Luzerne.
Quoiqu'il eût toujours été d'une santé
faible et languissante, la mort ne l'attei-
gnit qu'en 1824, âgé de 76 ans.
Plusieurs notices relatives à M. le car-
dinal de Bausset ont été publiées : la plus
intéressante contient des lettres de lui et
a été imprimée à Marseille. Ses ouvrages
sont presque tous relatifs aux affaires
religieuses; en voici les principaux: 1*^
Exposé de^ principes sur le serment de
liberté et d^ égalité ^ et sur la déclaration
exigée des ministres du culte par la loi
du 7 vendémiaire an IK, avec un aver^
tissement de M. Émery, Paris 1796;
2** Notice historique st'r le caniinal de
Boisgelin f Paris 1804; 3** Histoire de
Fénélon f Versailles 1808 et en d'autres
éditions; 4*^ Histoire de Bossuet, édi-
tion revue et corrigée , Paris 1819; 5®
Notice sur le cardinal Talleyrand de
Rérigordy archevêque de Paris, Paris
1822. L.C.B.
HAUTAIN (l'abbé Louis), naquit à
Paris vers 1795. Il fut l'un des élèves de
l'école normale les plus distingués en phi-
losophie. Nommé en 1817 professeur de
philosophie à Strasbourg, il y étudia avec
ardeur, d'abord la philosophie allemande
dont î1 adopta successivement dilTérens
systèmes, et ensuite les sciences natu-
relles dans le temps 9Ù, à la suite d'une
opposition peu réfléchie aux principes
par lesquels ^ laissait guider le gouver-
nement de la Restauration, il demeurait
suspendu de ses fonctions. Dans cet in-
tervalle M. Bautain se fit recevoir doc-
teur en médecine, et il fi uit par embras-
ser l'état ecclésiastique. Dès ce moment,
dans ses éloquentes leçons à la Faculté et
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(177)
BAU
6vn la brochure inticulée : De rensei--
gnement de la philosophie en France
au xix^/Âèc/e (Strasbourg, 1833), in-
troduction détachée d*uD Manuel de
philosophie y que le talent du philoso-
phe converti fait attendre avec impatient
ce, il proclama la pécessité dexétablir
Talliance rompue de la révélation et de
la science. Celle-là doit fournir à celle-
ci des vérités - principes dont elle man-
que absolument, et celle-ci en dévelop-
pant ces vérités, arrivera à leur pleine
justification. Deux articles insérés dans
le Siècle tendent au même but. M. Bau-
tain a publié encore un discours sur JLm
morale de VÉi^angile comparée à la
morale des philosophes (^Strasbourg,
1827); il y veut démontrer Tiosuffisance
et la fausseté de toutes les morales phi-
losophiques, au fond desquelles git fé-
goîsme, et la vérité de la morale évangé-
lique qui constitue tout entière le précepte
de la charité. On lui doit en outre une élé-
gante traduction des P^rtf^/e^ //e A'rx/m-
m^cAf r(Strasbourg, 1820, io-12). L-f-t.
BAUTZEN (batajlle de). Bautzen
(Budissin) est le chef-lieu de la Lusace
saxonne et la première des six villes
(Sechsstœdte) , qui au xvi® siècle ont
formé une ligue contre les brigands féo-
daux.
Près de Bautzen et de Wurschen , qui
n'en est pas éloigné, fut livrée une ba-
Uille célèbre, les 20 et 21 mai 1813.
Après la bataille de*Lutzen, le 2 mai.
Napoléon était maître de Leipzig. L'ar-
mée des alliés, sous le général comte de
Wittgenstein , qui ne s'était pas vu assez
fort pour renouveler la bataille avec suc-
cès le 3 mai, se retira, le 8 et le 9, en
deux colonnes conduites par Blûcher et
York et couvertes par une cavalerie
nombreuse, et l'arrière-garde sous Milo-
radovitch, sur la rive droite de l'Elbe,
en passant par Dresde, Meissen et Mûhl-
berg. Napoléon, qui manquait de cavale-
rie, ne se pressa pas de suivre. Il occupa
Dresde le 8 au soir, et la Nouvelle-Ville
(Neustndt) le 1 1. Mais Tarmée des alliés
prit, le 14, une position fortifiée par la
nature et l'art près de Bautzen, sur la rive
droite de la Sprée. De nouvelles troupes,
au nombre de 25,000 hommes, tant prus<i
siennes sous Kleist, que russes sous Bar-
Encyclop. d. G. d. M. Tome IIL
day de Tolly, s'y étaient succeMiyemant
réunies , eu sorte que Teonemi oomptaH
96,000 combatUns, dont 68,000 Russes
et 28,000 Prussiens. Napoléon, de son
côté, maître de la IIaute-£lbe depuis
Wiltenbérg et Torgau jusqu'aux fron-
tières de la Bohême, augmenta son* ar-
mée par des Saxons, des Wurtember-
geois, des Bavarois et de nouveaux ba-<
taillons arrivés de France et dltalie, et
la porU jusqu'à 148,000 hommes. Les
3*^, 5® et 7* corps (Ney, Lauriston et
Reynier), qui d'abord sous Ney devaient
prendre leur direction vers les Marelles
prussiennes, furent rappelés au moment
où Napoléon apprit que les alliés livre-
raient une bataille près de Bautzen.
L'issue de la bataille ne pouvait être
douteuse; mais le système des alliés exi-
geait alors qu'on disputai le terrain aux
Français le plus long-temps possible, afin
de gagner du temps et aussi pour montrer
à TËurope, et principalement à l'Autri-
che, que la bataille de Lutzen n'avait pas
mis leur armée hors d'état d'affronter
l'ennemi. D'ailleurs la continuation de la
retraite eût découragé l'armée et affaibli
la confiance qu'elle mettait dans ses gé-
néraux. Réunis dans le quartier- général
russe-prussien près de Wurschen, village
situé à Test de Bautzen , où se trouvaient
aussi lesambassadeursd'Angleterre,d'Au-
triche et de Suède, l'empereur Alexan-
dre et le roi Frédéric-Guillaume résolu-
rent donc d'attendre l'ennemi, daos une
position déjà fameuse par la guerre de
Sept- Ans, entre Hochkirch et Bautzen.
Leur armée se trouvait placée avanta-
geusement derrière un double rang de re-
tranchemens, dans une ét^dae de près
de 2 lieues. L'aile gauche de cette armée
s'appuyait contre une montagne boisée
près Hochkirch, qui s'étend au-dessus de
la rive escarpée de la Sprée jusqu'à la fron-
tière voisine de la Bohême; son centre
était défendu par des marais, des villages
retranchés, par Bautzen fortifié par des
palissades et par le lit profond de la
Sprée; son ai le droite s'appuyait conti'e des
collines fortifiées qui dominaient le pas-
sage de la rivière; mais cette partie de
l'armée pouvait facilement être coupée du
reste et un grand nombre d'étangs rendait
pour elle les communications difficiles.
12
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BlU
(178)
BlU
Déjà ftii moment du déport de Tep-
nemiy sar la roate de Dresde à Bnutzen ,
an combat très vif avait ea lieu entre Par-
rière-garde de Qliloradovitch et le mare-
dial Maodonald qui commandait l'avant-
garde française, près de Bischofswerda.
Ce combat s'était donné le 11 et le 1 2 ; il
y «n avait en un autre près de Kapellen-
berg, petite ville qui fut pillée et réduite
en cendres par les légions italiennes! Na-
poléon ne quitta Dresde que le 18 mai,
après avoir proposé, le 16, au général
comte Bubna, que rAutriche avait dé-
puté vers lui, la réunion d'un congrès
de paix à Prague. Le 19, il put recon-
naître avec quelle prudence les alliés
avaient choisi et fortifié leur camp; mais
un coup d'oeil lui suffit pour voir qu'il
pouvait prendre l'ennemi en flanc, du
c6té tle son aile droite. Dans ce dessein
il avait, le IB, envoyé la division Pery
à ELœnigswartha, pour ouvrir la commu-
nication avec le corps du maréchal Ney
qui venait de Hoyerswerda. Du c6té des
alliés, 18,000 Russes sous Barclay, et
5,600 sous York se mirent en marche
dans la nuit du 19. Barclay rencontra
Lauriston près de Koenigswartba , le 19
à midi, et le défit; deux heures après,
York soutint à une lieue de là, près de
Weissig, un combat très vif contre le
maréchal Ney , qu'il retint jusqu'au soir;
mais il iiit impossible d'empécner la réu-
nion des 3^ et 5^ corps et leur rallie-
ment avec l'armée sous Napoléon, par
lequel le flanc droit de la position des
alliés éuit déjà en partie débordé.
Bi^rday et York se retirèrent pendant
la nuit sur Farmée principale, où BarcUy,
avec 14,000 hommes, se présentait à l'aile
droite et occupait la colline dite ties Mou-
Ims à vent devant le village de Gleina.
Le 30 . de grand matin , se développa
le' plan d'attaque de Napoléon. L'armée
française passa la Sprée sur différens
points : Oudinot avança snr Fatle gauche
des alliés; Ney et Lauriston menacèrent
la droite du côté de WeSssig et se portè-
rent jusque vers Klix, pendant qu^ le
corps de Reynier, venant de Kalau, at-
teignit Hoyerswerda. Dans le centre où
commandait le maréchal Soult, Macdo^
nald et Marmont commencèrent à une
heure après midi ia première attaque sur
les divisions poiMes, sous le commande-
ment de Miloradovitch et de Kleîst, à
Bautzen et auv environs. Ce n'est que vers
6 heures du soir que le 6^ corps, sous
Marmont, occupa ceUe ville alors aban-
donnée, et qu'il s'empara des hauteurs de
Niederkayna. On rencontra la plus grande
résistance sur les hauteurs près de Burg
attaquées par le 4* corps sons Bertrand ;
Kleist qui commandait là fut cependant
obligé de se retirer, le soir à 9 heures,
sur Litten, des forces supérieures de
l'ennemi se trouvant derrière Ini après
l'occupation des hauteurs de Nieder-
kayna. Napoléon fat alors maître de la
vallée de la Sprée et prit son quartier-
général à Bautzen.
Le lendemain, de grand matin, l'aile
gauche des alliés que commandait Milo«
radovitch fut attaquée; mais après un
combat très vif, vers midi , les Français
cessèrent le feu de ce côté. Pendant ce
temps, Ney avait repoussé l'aile droite àes
alli^ de la position qu'elle avait occupée
la veille; il s'était emparé des hauteurs
de Baruth, et, par la prise du village
PreitiU, derrière l'aile droite de Blû-
cher, il avait empêché la réunion du
corps de Barclay avec ce général qui com-
mandait le centre près des montagnes de
Petit-Bautzen et de Kreckvritz. Blûcher
reprit le village; mais attaqué avec force
sur son front, où l'ennemi s'empara des
hauteurs de Kreckwitz qui étaient la
clef de la position ennemie, tandis que
sur l'aile droite Preititz était pris et que
Ney avançait vers le flanc et le dos de
Barclay, il fut forcé d'affaiblir son cen-
tre en détachant des troupes à l'aile droi-
te, ou bien de faire retraite vers Pusch-
witz. Comme en même temps le 7*
corps était' arrivé près de Gleina et
qu'il avançait dans la direction de Weis-
senberg sur les derrières de Blùcher, les
généraux des alliés n'osèrent pas tenter
un coup décisif en employant la réserve :
tb firent battre en rétraite à 4 heures
après midi , lorsqu'ils possédaient encore
tous les avantages pour maintenir l'aile
gauche du côté des montagnes. Cette re-
traite fut effectuée, en trois Colonnes, par
Weîssenberg et Lœbau à Gcerlitz et vert
la Silésie, avec un tel ordre que Napoléon
ne put recueillir tous les firuits d'une
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BAU
(ITI)
BAV
victoire quecepepdant il avait payée cber.
Le champ de bataille était couvert de
morts et éclairé par 80 villages evt feu.
Les Français avouèrent une perte de
12,000 hommes; mab elle était , à ce
qu'on assure y d'après les listes, d'environ
8,000 morU et 18,000 Uessés. Les alliés
avaient perdu environ 12,000 hommes,
et d'après les rappprts des géàéraux fran-
çais même 18,000 tant morts que bles-
sés, et avaient fait plus de prisonniers
que les vainqueurs. Pour stimuler l'en-
thousiasme de la victoire, Napoléon or-
donna, le 22 mai , l'érection d'un monu-
ment au mont Cenis, en mémoire de la
victoire remportée à Bautaen et à Wur-
schen. H destina la somme de 25 millions
de fr. pour ce monument, par lequel il
voulait témoigner sa reGonnaissance»aux
Français et aux Italiens.
Napoléon poursuivit l'armée russo-
prussienne; mais le 22 l'arrière-garde
commandée par Miloradovitch , lui ré-
sista : ce fut alors que Duroc reçut une
blessure morteUe ; et près de Haynau
l'avant-garde de Ney , sous le comman-
dement de Maison , éprouya le 26 une
défaite par l'arrière-garde de BlAcher.
L'armée russo-prussienne, dont Barclay
de Tolly venait de prendre le comman-
dement en remplacement de Wittgen-
stein, se retira, contre l'attente de Napo-
léon, non sur Breslau, mais du cèté de
Schweidnitz, où elle établit, le 29 mai ,
un camp retranché à Pfiizen. Lauriston,
de son côté, occupa, le 1*^ juin» après
la bataille de Mark-Neukirchen , la ville
de Breslau, sans éprouver aucune résis-
tance.
L'attitude ferme et menaçante que
les alliés avaient prise vis-à-vis du flanc
droit de l'armée française, la perte que
celle-ci avait éprouvée, et les corps de
partisans qui inquiétaient en Saxe la li-
gne de communication avec la France,
tout cela décida l'empereur des Français
à-acceptei* Farmistice que les alliés lui
avaient proposé après la bataille de Hay-
nau. Cet armistice fut conclu, le 4 juin,
dans le village de Plœswitz^ prëi de
Jauer. C. L. m,
BAUX (hai^k de). 'On fait remon-
ter Forigîne ^ la maison de Baux, en
Fravence, josqn'à une faattte andqoité.
Quelques historiens «nt femdrqué que
le nom de Baux, en provençal, signifie
un rocher, un promontoire, un lieu élevé
et entouré de précipices ; qtie le verbe
débaussar signifie dans la inéme langue
se précipiter, 'tomber d'un lieu élevé. D y
a en Provence des terres connues sous le
nom de terres Baussenques. Ce sont, dit-
on, 79 vHle^, bourgs ou villages, qui ont
appartenu aux barons de Baux. On ajoute
qu'ils avaient une sorte d'attachement
mystérieux pour ce nombre de 79 , parce
qu^l était composé des nombres sept et
neuf. On sait que les barons de Baux
étaient seigneurs en partie de Marseille ,
qu'ils étaient princes d'Orange, qu'ils
ont porté le titre de rois d'Arles, qu'ils
ont prétendu à la souveraineté de la Pro-
vence , et qu'ils l'ont disputée les armes
à la main aux comtes, anciens posses-
seurs de cette province.
Le plus ancien des baroné de Baux
dont on ait connaissance est Guillaume
Hugues, qui vivait en 1040 ou 1050. En
1 898 , Marie de Baux porta dans la mai-
son de Chalon la principauté d'Orange ,
qui passa depuis dans celle de Nassau ,
aussi par un mariage. La baronnie de
Baux, depuis la fin du xiv* siècle, fut
réunie au domaine des comtes de Pro-
vence jusqu'en 1 84 1 , que le roi de
France Louis XIII l^rigea en marquisat
et en fit don au prince de Monaco, Ho-
noré de Grimaldi , pour le récompenser
d'avoir secoué le joug des Espagnols et
de s'être mis sous la protection de la
France. A. S-b.
BAVAROIS (ancienne loi des). On
s'accorde à croire que le recueil des lois
bavaroises ftit rédigé au vu* siècle , sous
le règne du roi franc Dagobert V^ (mdrt
en 687) , quoique peut-être on y ait fait
usage de rédactioQs antérieures et que
plus tard on y ait joint des additions iso-
lées. Les passages emprantés textuelle-
ment au droit romain sont fort rares ;
cependant on cite la loi qui* impose, le
célibat aux prêtres, tirée mot pour mot
du BrevtariUnty et une disposition sur
le crime de lèse-majesté, tirée en partie
des Pandectes ou deModestîn lui-même.
D'autres passages reproduisent fidèle-
ment Pesprit du droit romain. Ainsi , Ht,
comme (fons XtBreviarwm, les mariages
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BAV
(180)
BAV
sont prohibés jusqu'au 4* degré de pa-
reotéyUndis que, dans le droit de Justinien
et dans Tancien droit, la prohibition
s*arréte au 3** degré ; celui qui vole à la
faveur d*un incendie doit rendre quatre
fois U valeur des objets volés ; la vente
d'une chose litigieuse est interdite; Té-
change est assimilé à la vente quant a
ses effets ; enfin , lorsque le pécule d'un
esclave sert à l'acheteur à en acquitter le
prix , le vendeur conserve la propriété
de l'esclave. Dans une foule de passages
l'imitation du droit romain est évidente;
les Bavarois semblent avoir aussi em-
prunté aux Romains l'usage de toucher
l'oreille des témoins qui assistent à un
acte solennel. On sait que c'était un des
symboles de l'ancien droit romain ; mais
dans le code des Bavarois il parait inti-
mement lié aux mœurs nationales. On
ne saurait préciser comment ces élémens
romains ont été introduits dans la loi
bavaroise. Nojos connaissons quatre au-
teurs de ce code : Claudius, Chadoin-
dus , Magnus et Agilulf. Le code bava-
rois offre une analogie frappante avec le
code visigoth (vof,), et même certains
passages se retrouvent mot pour mot
dans les deux recueils. M. de Savigny
pense que le code bavarois, dans ce cas,
est l'original , et le code visigoth la copie.
Du reste , comme' toutes les lois barba-
res, les lois bavaroises étaient person^
nelles et non territoriales ^^ laissant à cha-
cun la faculté de choisir la loi sous la-
quelle il voulait vivre. A-insi que plusieurs
autres lois , elle donnait encore la faculté
de réparer tous les délits par des com-
pensations pécuniaires. A. S-a.
BAVAROISE, sort^ de boisson
agréable que l'on peut faipe dans quel-
ques minutes, pourvu que l'on ait de
l'eau chaude. C'est une simple infusion
de thé, dans laquelle on met du sirop
de capillaire au lieu de sucre. On en fait
ainsi à l'eau , ou même au lait chaud.
Depuis quelque temps on a beaucoup
étendu ce genre de boisson et la manière
de la composer, puisqu'on en fait quel-
quefois au chocolat, au café, etc., et
même avec des sirops autres que celui
de capillaire. Cette boisson a l'avantage
d'adoucir ou de diminuer les toux , de
favoriser la transpiration et de ramener
insensiblement le sommeil , surtout lors-
que le lait chaud en fait la base. Les au-
tres espèces de bavaroises^, particulière-
ment celles faites au chocolat, sont très
bonnes pour fortifier l'estomac, et for-
ment une sorte de nourriture chez les
personnes qui viennent de relever d'une
longue maladie. On croit que les Bava-
rois s'en sont servis les premiers. F. R-d.
BAVE. C'est le nom qu'on donqe à
la salive qui découle de la bouche des
vieillards qui ont perdu leurs dents et
de celles des enfans qui sont dans le tra-
vail delà première dentition (vox*); son
abondance d^s ce dernier cas peut faire
penser qu'elle est destinée à attendrir les
gencives qu'elle humecte sans cesse.
C'est aussi le nom du liquide spu-
meujfc, de cette salive quelquefois san-
guinolente , toujours mêlée de mucosités
bronchiques qui s'échappe de la bouche
des animaux enragés. On peu^ encore
donner le nom de bave au produit de la
salivation mrrcuriellc {vojr, Salfva-
tion)^ ou de celle qui est produite par
tout autre médicament portant son action
médiate ou immédiate sur les glandes sa-
livaires. A. L-d.
BAVIÈRE j Bojoaria ou Bajuvaria^
en allemand Bmern.
\^ Géographie et statistique. Le
royaume allemand de Bavière confine au
N. à la Hesse électorale , au grand-du-
ché et aux duchés de Saxe , aux princi-
pautés de Reuss et au royaume de Saxe ;
à l'Ë. et au S. à l'Autriche ; à l'O. il tou-
che aux grands-duchés de Bade et de
Hesse -Darmstadt et au royaume de Wur-
temberg; la proyince rhénane, qui est
entièrement séparée du royaume, con-
fine à la France , à la Prusse , aux grands-
duchés de Bade et de Hesse. La super-
ficie de cet état, la province rhénane
non comprise, est de 1282 milles car-
rés géogr., et avec cette province de 1 382
milles. Les chaînes de montagnes qui en-
vironnent la Bavière (a couvrent presque
entièrement de leurs nombreuses rami&«
cations ; on trouve au S. les Alpes rhé-
ttennes et Doriques ; au N. £. le Boh-
merwald {voy,) y au N. le Ficbtelberg
(voy,) , la forêt de Tburinge et lep monts
du Rho^ {voy.)y à l'O. les Vosges et le
Spesaari^ X^ea rivières les plus considéra-
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BAV
blés sont le Danube , dont les principaux
afflnens sont rillcr, le Lech,nsar et Tlnn;
puis le Rhin et le Mein. Ses montagnes
s'abaissent à mesure qu'elles s'avancent
vers le Danube , et dans les plaines qui
s'étendent le long de ce fleuve , il a formé
des marais el des tourbières dont les plus
grands sont le Donaumoos , près d'In-
golstadty tiVErdingermoos, entre le Da-
nube et risar; ce dernier occupe 5 milles
carrés géogr. Quoique généralement bien
arrosée, la Bavière manque de rivières
dans le pays qui s'étend entre le Danube
et le Mein. Son climat , sain et tempéré
au total, devient froid et âpre dans les
montagnes. Ses forêts considérables sont
r<fmplies de gibier; on trouve des ours et
des lynx dans le Bœbmerwald ; des cha-
nu>is, des marmottes dans les Alpes.. L'é-
conomie rurale occupe un grand nombre
de bras, et l'éducation des bestiaux sur-
tout mérite d'être citée.
La Bavière est fertile , mais inégale-
ment ; on y récolte beaucoup de grains ,
du lin y du chanvre, du houblon , du ta-
bac, et la vallée du Mein fournit un vtn
estimé. Les montagnes sont riches en
plantes médicinal^, surtout en lichen ;
on tire de leur sein des minéraux , no-
tamment du fer en abondance ; le mer-
cure et les métaux précieux manquent.
Quoique l'industrie èoît en progrès, la
Bavière le cède sous ce rapport aux états
qui l'avoisinentr
On y compte 4,190,000 habitans, qui,
à l'exception de 8000 Francis environ,
de 60^000 Juifs et de quelques restes,
épars de peuples slavons, sont d'origine
allemande; plus de 3,800,000 profes-
sent la religion catholique, et 1,200,000
sont protestans. Outre les Juifs on compté
encore un millier de mennonites et de
frères moraves. En vertu du concordat
conclu le 5 juin 1 81 7 avec le pape Pié
VU, et promulgué en 1821 comme loi
de l'état , il se trouve établi en Bavière
deux archevêchés, l'un à Bamberg, l'au-
tre à Munich 9 et six évêchés qui sont
ceux d'Augsbourg, d'Eichstaedt , de Pas-
sau, de Ratisbonne , de Spire et de
"Wurzbourg. Un consistoire générât est
à la tête de Féglite protestante. Le
royaume a trois universités établies à
Munich y Worzbourg et Erlangen. En
( ii\ ) BAV
1829 on y comptait 7 lycées , 18 gym-
nases, 21 gymnases préparatoires, 35
autres écoles préparatoires, 16 écoles
normales, 2 écoles spéciales et 6,394
écoles primaires.
La Bavière contient 230 villes, 351
bourgs et 15,120 villages; elle est divisée
en 8 cercles, ceux de l'Isai^, du Danube
inférieur, du Regen, du Danube supé-
rieur, de la Rézat, du Mein supérieur,
du Mein inférieur, et du Rhin. Elle four-
nit 35,000 homm^ à la Confédération
germanique, et ces troupes forment le
7* corps de l'armée fédérale. Tout Bava-
rois âgé de 21 ans accomplis est tenu au
service militaire dont la durée est fixée à
6 ans. En 1813, on a organisé une garde
bourgeoise, composée de trois classes:
la première forme les bataillons de ré-
serve de l'armée active; la deuxième ,
sous la dénomination de légions mobiles,
est chargée de la défense des frontières
en cas de danger imminent; et la troi-
sième veille au maintien de Tordre et
de la sûreté dans les présidiaux.
L'acte constitutionnel du 26 mai 18 1 8,
garantit la sûreté individuelle et celle
des propriétés, la liberté de conscience
et de la presse; toutefois cette dernière
est encore, par la loi de censure, sou-
mise à l'autorité de la police, quoique la
résistance des chambres ait fait retirer
une loi de censure plus sévère encore.
La servitude est abolie, le libre exercice
du culte est accordé aux trois confes-
sions chrétiennes, dont les membres sont
également admissibles aux' enr.plois pu-
blics. Le code qui régit la Bavière ( co-
dex juris Bavarici judiciarii ) a reçu
force de loi le 1*' janvier 18 1 1 ; le code
pénal introduit en 1813 est aussi impar-
fait que la forme de procédure; le code
civil n'est pas encore terminé. Débris de
ces bons vieux temps où la Bavière ac-
tuelle était morcelée en une infinité de
petits états, 64 formes judiciaires difTé-
rentes sont encore en vigueur dans les
différens présidiaux.' Les affaires impor-
tantes de l'état sont soumises aux déli-
bérations du conseil d'état , composé de
4 ministres, des grands of^ciers de la cou-
ronne, et de 12 à 16 conseillers. Cha-
que cercle est administré par un com-
missaire général dont les pouvoirs sont
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(182)
BAV
très étendas; les tribuDanx inférienn et
les conseils municipaux lui sont subor-
donnés. Les autorités judiciaires. sont
d'abord le tribunal suprême d'appel,
pour la Vieille-Bavière y et la Cour de
cassation pour le cercle du Rbin ; puis,
dans les cercles, les cours d'appel et les
tribunaux inférieurs.
Le commerce a été favorisé par lé
traité des douanes conclu en 1828 avec
le Wurtemberg, et auquel ont accédé de^
puis la Prusse, la Saxe, et les deux Iles-
\ ses. L'industrie et l'économie rurale ont
pris de grands développemens depuis
que la liberté a été accordée' aux corps
de métiers. L'établissement de différen-
tes écoles d'arts et métiers, et surtout
l'exposition publique des produits in-
dustriels ont imprimé un élan nouveau
à l'industrie et à l'économie rurale.
A la diète fédérale la Bavière a la 3*
voix; elle en a 4 dans l'assemblée plé-
nière. Ses revenus, d'après le budget ac-
cordé pour l'exercice de 1881 à 1837,
s'élèvent annuellement à 28,18^,139 flo-
rins. La dette publique était en 1828 de
123,377,000 fl.; 8,100,668 fl. sont al-
loués par an pour fonda d'amortisse-
ment; la liste civile du règne actuel est
de 3, 1 88,800 fl. Les princes et princesses
ont le titre d'altesse royale. La ligne col-
latérale du comte palatin Jean de Bîr-
kenfeld (voy,) est en possession du titre
ducal et d'altesse sérénissime. Cette li-
gne est babtle k succéder, ainsi qu'il a
été stipulé par le récès du 30 novem-
bre 1803 et par le traité de (amillt du
18 janvier 1816; ce droit avait déjà été
reconnu à la branche de Deux-Ponts Bir-
kenfeld par le traité de paix dé Teschen
et par décision du conseil aulique de
l'Empire ep 1711. Il y a en Bavière 4
grands dignitaires de la couronne qui
8ontlegrand-gouvemeur,le grand-cham-
bellan, le maréchal et le directeur géné«-
ral des postes. Les 7 ordres du royaame
sont : 1^ l'ordre de Saintp-Hubert, le pre-
mier en rang, fondé en 1444 par Ger-
hard, duc de Juliers et de'Berg, en com-
mémoration d'une victoire; il fut renou-
velé en 1709 par l'électeur palatin Jean
Guillaume et reconstitué en 1808. Le
roi en est grand-mai tre; les princes de
la famille en sont membres; il y a en
oatre 12 capitidaires qui reçoivent des
pensions variables suivant l'ancienneté
de leur nomination; cet ordre est conféré
aux souverains étrangers, aux princes
régnans et autres. 2^ L'ordre de Saint-
Georges , dont l'institution remonte au
temps des croisades, fut restauré le 24
avril 1729 par ^l'électeur Charles- Albert
(empereur Charles VU). Le roi en est
grand-maitre; il se compose de 3 grands-
prieurs qui doivent être princes de la
maison de Bavière, de grand*croix, ayant
la dignité de prince et de comte non sou-
verain, de comniandeurs et de cheva-
liers; il y a en outre un évéque et un
grand-chancelier de l'ordre. 8<* L'ordre
du Mérite civil de la couronne de Ba-
vière ; il a trois classes et fut fondé le 27
mai 1808 par le roi MaximiUen-Joseph,
pour récompenser les citoyens qui ont
bien mérité de la patrie dans l'admi-
>nistr8rtion civile. 4^ L'ordre militaire
de Maximilien* Joseph, fondé par le
même le l^*" mars 1806 pour récom-
penser les actions d'éclat dans la carrière
militaire. Le roi est grand-maitre de
l'ordre qui est composé de grand'croix,
de commandeurs et de chevaliem; il peut
être conféré à des militaires étrangers;
différentes pensions sont afïectées à cet
ordre. 5^ L'ordre de Saint-Michel, qui
est celui de U famille régnante : il fut
fondé le 20 septembre 1693 par Joseph-
Clément, électeur de Colo^e^ né duc
de Bavière, et restauré le 1 1 septembre
1808 et le 6 août 18 10 ; il se compose de
trois classes. Pour être re^u dans l'une
ou l'autre de cc^ classes il fattt faire
preuve de noëlesse; il existe cependant
une classe particulière, celle d^ cheva-
liers d'honneur, dans laquelle le grand--
maitre peut arbitrairement recevoir des
gens de mérite^ surtoul des savans, sans
distinction de nal9sanc»%et 4e religion.
Le grand-mattre aotud est le duo Guil-
laume. 6^ L'ordre de Thérèséa été fondé
le 12 décembre 1827 pour les femmes.
La reine en est grande-mai tresse. 7^ L'or-
dre de Louis, fondé en 1828 par le roi
actuel pour récompenser 40 années de
aervice» L'ordre du Lion palatin ^ fondé
en 1 768 par l'éUctedl* Charles-Théodore,
a été déclaré aboli par l'institution de
l'ordre du Mérite civil de Bat ière. L*or-
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{188)
BAV
dre de Sainte-Elisabeth^ fondé .par Té-
lectrice Marie-ÉUsabelh, est conféré aux
princesses et dames d'honneur et a un
but religieux»
d^ Histoire. MM. Pallhausen et Buch-
ner font descendre les Bavarois d'au-
jourd'hui des Celtes Boîens, qui for-
maient une branche des Boîoares. Ce-
pendant M. Mannert prétend que les
Boii (Celtes du Danube), qui étaient les
habitans primitifs de l'Allemagne mé-
ridionale 9 ont été ou chassés ou exter^
minés. Ces contrées dévastées , qui du
temps cie César n'étaient qu'un désert,
figuraient sous Auguste au nombre des
provinces romaines, sous le nom de Vin-
délicia et de Noricum; lors de la migra-
tion des peuples, différentes tribus ger-
maines vinrent s'y établir. Vers la fin du
v^siècle le&Boîoares, fédération semblable
a celle des Francs et des Marcomane et
qui tiraient leur origine soit des Hérules,
Rugiens, Turciiingiens et Sevrés, soit de
quelques restes dés Éoii et des Quades ,
étendirent leurs possessions dans la par-
tie occidentale du Norique jusqu'au
Lech) Katisbonne en était la capitale.
Ce pays, appelé alors le Noricum, ne fut,
suivant M. . Mannert, jamais soumis aux
Ostrogotbs. En 496 il n^y avait que la
Rhétie qui Ht partie de l'empire des Os-
trogotbs; elle était séparée de la Bavière
par le Lech el habitée en partie par des
Allemani qui y avaient été accueillis.
Apres la chute de l'empire des Osti-o-
gothsy les Francs s'emparèrent de la Ehé-
* tie, et les Boîoares^ tout en conservant
leurs dues ou rois particuliers, tombèrent
aous la dépendance des rois d'Austrasie
et reçurent des lois de Dagobert (630-
660) qui laissa au ducGaribald son auto«
rite. Vers l'an 566 l'histoire fait men-
tion de la race des Agilolûnges {vqjr. ) ;
c'était apparemment une branche colla-
térale cies Mérovingiens, qui sut mainte-
nir sa dignité jusque vers la fin du tiii®
siècle. GarilMdd^ prinqe de ceUe race, ré-
sidait à Ratisbonne. Le règne de Thas-
silo I^^ (599) devint remarquable par le
commeoçen^eot de la guerre qui éclata
entre les tribus sla^nnea et les Avares,
leurs alliés. (>dilo ^ cendre de Charles-
Martel, prit formellement le titre de roi;
Bail «yaiU Toola te soustraire en 743 à
la souveraineté des Francs^ il fut vaincu
par ses beaux- frères Carloman et Pépin.
Depuis le vii^ siècle des missionnaires
francs avaientiiiU'oduit lecbrblianismeen
Bavière. Saint Èmmeran l'avait prêdié à
Ratbbonne et Rupert à Salzbourg ; saint
Boniface créa 4 évêchés : ceux de Sala-
bourg, de Passau, de Ratisbonne et de
Freisingen. Thassilo II, contraint par Pé-
pin>le-Bref (748) à lui prêter, à la diète
de Compiègne, le serment de vasselage,
déclara nul ce serment et s'allia contre
son suzerain avec son beau-père Didier,
roi de Lombardie, elavec le due d'Aqui-
taine. Après s'être adjoint, en 777, son
fils Théodore dans le gouvernement, il
forma une nouvelle alliance avee les
Avares, contre Charlemagne qui venait
de s'emparer de la Lombardie; il fut ce-
pendant battu et dans la suite condamné
à mort pour félonie par la diète d'In-
^elsheim,en 78S ; Charlemagne comnpua
cette peine et le relégua avec toute sa
famille dans différens couvent où sa race
s'éteignit. A la diète tebue à Ratisbonne
en 788, Charles supprima la digoité du-
cale de Bavière, mais le pays conserva le
rang et le titre de duché; le gouvernement
en fut confié à Geroïd, comte de Souabe
et beau-frère de Charlemagne; celui-ci
introduisit le système féodal des Francs
en ce qui concernait la juridiction, les
bans et arrière-bans, et l'administration
locale fut confiée à des comtes. L'histoire
lait mention à cette époqne d'un comte
Guntram, premier margrave de la Ba-
vière orientale (Ojr^iitarX) qui plus taid
fut appelée Autriche. Les possessions
des Agilolfinges devinrent domaines
royaux; la dtuie fut introduite en faveur
du clergé, l'évéchéde Salzbourg fut érigé
en archevêché, et il fut créé des margri^
viats sur les frontières pour les défendre
contre les iifvasions des Sorbes et des
Bohèmes. La Raab, à son confluent avec
le Danube, devint, en 799, la limite de la
Bavière, qui comprenait aussi le Tyrol,
le pays de Salzbourg, la majeure partie
de l'Autriche, le Palatinat supérieur,
Neubourg,£ichstaedt^Anspach,Bidreuth,
Bamberg, Nuremberg, et les ctistricts de
Wetssenbonrg, Noeixilingea et Pûnkela-
bùhl.
LoTi du pavta9(& W^Cburtaongae fit
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B\V (ï
"de ses états, la Bavière échut, avecritalie,
à Pépin. Plus tard Louls-Ie-Débonnairte
la donna, après l'avoir érigée vn royaume,
àLothaire,sonfilsaÎDé,qtti, ayant été as-
socié à rerapire,lacéda,cn817,à I.ouis-
le-Germanique. Cest à celle époque que
la puissance temporelle des évéqu es s*af-
fermit de plus en plus et que les comtes
palatins auxquels le gouvernement était
confié devinrent si puissans. Lorsqu'à la
mort de Louis, en 840 , son fils Carlo-
man obtint la Bavière, la Carinthie, la
Caroiole, l'Istrie, le Frioul, la Panno-
nie, la Moravie et la Bohême en faisaient
partie. La libre élection des états de Ba-
vière donna pour successeur à Carloman,
en 880 , son frère Louis III. Pendant ce
rè^e, la Carinthie passa en d'autres
tnains; et, après la mort de Louis, en
882 , la Bavière eut successivement pour
rois Gharles^l^Gros , Amuif et Louis
rV. Pendant le règne de Charles-le-Gros,
la Bavière fit de nouveau partie de l'em-
pire des Francs. Sous le règne de Louis
elle souffrit beaucoup par les invasions
des Hongrois. A la mort de ce roi s'étei-
gnit, en 911, la race des Carlovingiens,
et A^rnulf II, fils de Luitppld, général
bavarois, qui depuis 907 était margrave
et général en chef, prit, du consente-
ment du peuple , le titre de duc et s'ar-
rogea l'autorité suprême; il signait ses
ordonnances : Amulf^ par la grâce de
Dieu , duc de Bavière et des pays envi-
ronnans, 11 eut quelques démêlés avec
Conrad , rôi d'Allemagne , qui cependant
lui laissa la Bavière comme fief de TËm-
pire.
A l'exemple de TAlIemagne, la Ba-
vière eut à différentes reprises deux ducs
à la fois. Ce pays souffrit beaucoup pen-
dant plusieurs siècles, tant par les croi-
sadies qui le dépeuplaient^ que par Tar-
bitraire des Empereurs qui nommaient
et dépossédaient des ducs suivant leur
bon plaisir, jusqu'à ce qu*il tomba en-
tre les mains d'Othon de Witleisbach
{vôy.).^ comtepalatin de Bavière. Quoique
Othon fût obligé de céder la Stirie, les
terres domaniales de la maison des Welfs,
et des districts considérables qui échu-
rent aux prélats, son règne fut glorieux.
Othon, mort en 1188 et auquel on a
donné le surnom de TTi^y or(iier^^j^re) ,
84 ) BAV
est le fondateur de la maison actuelle-
ment régnante. Il eut pour successeur
Louis I , prince actif, qui recula les li-
mites de la Bavière et acquit le palatihat
du Rhin. Sous Oûkon-V Illustre y palatin
du Rhin, les évéques surent se rendre
indépendans; il étendit cependant assez
considérablement ses étals. Ses deux fils,
Louis et Henri, régnèrent d'abord en
commun et puis se partagèrent leui^
états. La Bavière supérieure échut jk
Louis et la Bavière inférieure à Henri,
dont la ligne s'éteignit déjà deux années
après. Ces deux princes avaient recueilli
l'héritage de l'infortuné Conrad in de Ho-
henslaufen. Le second fils de Louis fut
couronné empereur, en 1314, sous le
nom de Louis IV ou Louis le Bavarois,
Il fit en 1329, à Pavie, un traité avec
les fils de son frère, d'appès lequel il leur
céda le palatinàt inférieur et supérieur
et conserva pour lui la Haute-Bavière;
en même temps il fut stipulé que les
droits de l'électorat seraient alternati-
vement exercés par les princes des deux
lignes, et l'on régla définitivement le droit
de succession en cas d'extinction de mâ-
les dans l'une des deux lignes (C'est en
vertu du traité de Pavie que Maximilien-
Joseph réunit, en 1799, tous les états
de la dynastie de Witteisbach ). D'après
le vœu des états, Louis FV réunit à la
Haute-Banère toute la Basse- Bavière
dontJa maison régnante venait de s'étein-
dre. Le palatin du Rhin et le duc d'Au-
triche voulurent s'opposer à cette réu-.
nion ; mais Louis IV triompha de leut
résistance et obtint, en 1318, leur con-
sentement, au moyen d'apanages qu'il
leur fit. Il gouverna avec beaucoup de
gloire: la Bavière lui doit une foule d'in-
stitutions utiles; il introduisit un code
de procédure civile, régla l'administra-
tion intérieure et accorda le droit muni-
cipal à Munich ; mais aussi en agrandis-
sant ses domaines au préjudice de la ligne
palatine , il fit naître des dissensions de
famille entre les deux lignes. Il laissa un
riche héritage à ses six fils, car ses états
comprenaient non-seulement la Bavière,
mais aussi le Brandebourg, les provinces
de la Hollande et de Zélande, le Ty-
roi, etc.
La discorde et les partages éparpil-
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BAV
(185)
BA.V
lèreot ces provinces j mais après l*èx-
tinclioD assez subite des li<;nes fondées
par les six frères , celle de Munich par-
Tiot à réunir en partie cet héritage. En
1506 les états dt la Haute et de la Basse-
Barière se réunirent en assemblée pro-
vinciale, et le duc Albert II, de la ligne
de Munich^ frappé des inconvéniens qne
ces partages continuels avaient pour les
princes autant que pour leurs sujets,
institua , du consentement de son frère
Wolfgang et avec Tapprobation des états,
une pragmatique sanction qui établit le
droit d*aincsse et qui fixa les apanages des
princes puînés. Cependant à la mort
d'Albert, en 1508, cette loi ne fut point
respectée : Ernest et Louis formèrent
opposition à ce que Fatné, Guillaume lY,
possédât seul le trône; après différens
démêlés il fut convenu que Guillaume et
Loais prendraient ensemble les rênes du
gouvernement, et cela dura ainsi de
1515 jusqu'en 1534, époque à laquelle
mourût Louis. Les deux princes s'op-
posèrent de toutes leurs forces à la réfor-
mation. Jean Eck d'Ingolstadt , Tadvér-
versaire de Luther, vivait sous leur pro>
tection qu'ils avaient accordée aussi aux
jésuites. Guillaume mourut en 1550 ; son
fils Albert V, dit le Magnanime^ quoi-
que l'appui des Jésuites, n'en fut pas moins
un protacteur libéral des arts et des
sciences. Il avait même autorisé ses en-
voyés, au concile de Trente, à faire la
proposition que la Santé- Cène fût célé-
brée sous les deux espèces, il accorda
de grands privilèges aux états du duché,
et mourut «n 1576. Guillaume Y, dit le
Vieux, l'alné de ses tro» fils, lui suc-
céda; mais en 1596 il abandonna le gou-
vemementà sonfilsainé, Maxîmilienl^'',
pour se retirer dans un^couvent. Cest de
son consentement que son frère Ferdi-
nand avait épousé Marie Pelerbeck, fille
du greffier du bureau des finances de
Munich. Les enfans issus de ce mariage
furent élevés par l'Empereur à 1^ dignité
de comtes de Wartenberg. Maximîlien
I*'', doué de rares qilaHtés, devint l'ame
de la ligue formée contre Tunion des
protestans. Pendant la guerre de trente
ans, l'empereur Ferdinand II éleva Maxi-
milien à la dignité d'électeur et de séné-
chal ( truchtesij de l'Empire qu'il rendit
héréditafre pour toute la branche d«
Guillaume. La paix de Westphalie con-
firma la dignité électorale à Maxirailieo
I^**, ainsi que fft*ppssession du palatinaC
supérieur, mais à condition qu'il se dé*
. sistât de la Haute-Autriche qui hii avait
été engagée pour une somme de 1 9 mit*
lions de florins; en même temps il fut
créé un huitième électorat en faveur da
' la ligne palatine , à laquelle fut assuré le
drbit de succession en cas d'extinction de
la branche de Guillaume. Maximiiieo
monrut en 1651, après un règne de 55
ans. Dans la guerre pour la succession
d'Espagne Maximilien - Emmanuel , son
petit-fils ( 1679-17S6], se déclara pour
la France. H en résulta qu'après la mal-
heureuse bataille de Hochstedt, en 1704,
ses états furent traités par l'Empereur en
pays conquis , que l'électeur fut mis au
ban de l'Empire et qu'il ne rentra en pos-
session de ses droits qu'après la paix de
3ade, en 1714. Quoique ChaHes-Albert,
son fils, eût adhéré à la pragmatique
sanctioii de l'empereur ChariesYI, il n'en
fil pas moins valoir après sa mort les pré-
tentions à la monarchie autrichienne que
la maison de Bavière fondait sur d'an-
ciens traités. Foy, l'article Succxs&ioir
d'Autbiche.
Charles- Albert sconnk par la force des
armes l'Autriche entière, et, en 1741, i|
prit le litre d'archiduc , se fit prêter ser^
ment de fidélité en qualité de roi de Bo«
hême, et fut même, en 1742 , élu empe-
reur à Francfort, sous le nom de Charles
YII. Mais le bonheur qui jusque là
l'avait favorisé l'abandonna pour retour-
ner À Marie-Thérèse qui, victorieuse
alors, re^it les hommages des états de
la Bavière et du palatinat supérieur.
Malgré l'union de 1744 qui attachait à
sa cause le landgrave de Besse-Cassel et
le roi Frédéric II, et malgré ks succès
de l'armée prussienne, l'Empereur se vit
dans la nécessité d'abandonner la Bavière,
cédant à la supériorité et aux talens de
Charies de Lorraine, qui commandait en
chef l'armée autrichienne. Charles ne
survécut pas à l'issue de la guerre : il
mourut, en 1745, âgé seulement de 48
ans. Maximilien-Joseph , son fils, jeune
prince que son père avait déclaré ma*
jeur, lui soooéda. Dès le oonuneDoeBent
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BA.V ( 186 )
de la giMire il tvait pris le titre.d'archi-
duo d'Autriehé ; nMiis il se réconcilia avec
le cabioel de Vieniie quelques mois après
la mort de son père, .à» la paix de Fus-
seû , du 22 avril 1 74é, il accéda à la prag-
matique sanctioii^ assurant en même
temp$ au- grandf^iuc François son sui^
iirage pour l'élection impériale^ etde cette
ntanière il rentra en posbessioa de tous
ses éuits. ,
MaxiroiUen*Joseph II s'appliqua alors
aux soins du. gouvernemeat et s'elTorça
par Itou» les moyens possUbies de rétat>lir
la prospérité dans Télectorat. Il fit refleu-
rir Tagrtciidture épuisée^ Thidustrie, et
Fexploitattio& des iBince^f il réforma les
éooits et porta des améiiofatîona dans
Tadministratioo judiciaire, dans la police
et les finances. Pour fkire revivre les let-
tres $ il fonda T Académie des sciences de
Munich y en 1759; il fut aussi un pro-
tecteur généreux des beaux-arts. Éunt
sans postérité, il confirma toutes les con-
▼entions héréditaires', faites depuis le
traité dé Patie, en 1839, avec la famille
^eotorale du Palatinat, etQoncéda même
avant sa mort le .droit de possession
commune à Télectear palatin Charles-
Théodore.
Maximilien-Joseph II, dernier reje-
tota de la ligne directe de ta maison
de WftCeIsbach, mourut en 1777. Alors
la succession. au trône de Bavière àp-
panenail intoUtèstablement à rélecteur
pablin; cepeiidant Mntriehe forma
dés prétcntâons sur k Basse^Balrière et
menaça de les appuyer leé urmes à la
nain^ sans attendre même d'explications.
Gbailes-Théodore^ qai.h'avait pasd'en*
£tas, te laissa persuader a souscrire àia
convention da 14 janvier 177S, par la-
quelle il reaon^t à eet héritage. Mais
le duc de DeuxnPoats» exalté par Fré«-
déric II , y ibfma opposition, en sa qua-
lité de plue probhe agaat et d'héritier
présomptif* Telle est Totiglnede la guerre
pour la sii€oessioh de Bavière ^ qui ce*
pendant se termina par (a paix do Tes-*
chen, le 11 mai 1779, sans qu'on en fût
Tenu atix maioé. La Rbssie avait beau*
«bupcdntribué; pacsa déclaration contre
l'Autriche, à amener bette paix, par la-
cfuelle k» éodventions de famille furent
I «I réleeleitf asfÉfé daoB la pot-
BAV
session de la Bavière à laquelle le palati-
nat du(Biiin fut réuni; l'Autriche obtint
rinnviertel avecBraunau. La huitième di-
gnité électorale s'éteignit ainsi, comité l'ar
vait prescrit la paix de Westphalie. L'Au-
triche cependant ne put renoncer toot-à-
Csit au désir de posséder )a Bavière; l'em-
pereur Joseph II mit en avant, en 1784,
un projet d^échange qui avait déjà été
présenté au commencement du siècle. Il
proposait à l'électeur de recevoir, en
échange de la Bavière^ les Pays-Baa au-
trichiens, à l'exception de Luxembourg
et de Namur, avec le titre de roi de
Bourgogne; il offrait en outre, à ti^ce d'in-
demnité, une somme de 3 millions de flo-
rins, pour lui et Son frère le duc de Deux-
PontSé Cette négociation, appuyée par la
Russie, échoua eontre la fermeté du duc
dé Deux-Ponts. Fort de l'appui de la
Prusse , il déclara que jamais il ne con-
sentira[^ à l'échange de ses pays hérédi-
taires, et Frédéric Q fit connaître qu'il
verrait dans un pareil échange la rup^ire
de la paix de Tescfaen et surtout i^ne vio-
lation de l'équilibre établi dans les états
de l'Allemagne. Cette déclaration força le
eabinet autrichien d'abandonner son pro-
jet; il protesta donc que jamais il n'avait
pnaonger à un échange aivaché par force.
Ce qui encore a signalé le règne de Char-
les^Théodore, c*e«t l'ordre des illuminés,
qui prit naissance en Bavière, et les pour-
suites qu'il y essaya. Ces luttes intérieures
portèrent préjudice à la liberté de la
presse, qui fut tellemott reatreinte que
pendant quelque temps on redouta im
obscurdssemeiit total* Pendant la guerre
de la révolution, le Païatiuât souffrit
beaucoup^ et la Batière devint même, en
1796^' le théâtre de la guenre. Au milieu
de cette crise, Cl^arles-Théodore mourut
sans (Postérité; la li^^e de Sulabacb^ de la
ihaison palatine , s'éteignit en lui»
Maximthen-Josepb , depuis 179J^ duc
de Denx-Poh(S4 lui taocéda enl799. La
guerre qui venait encore d'éelater fut ter^
mitiée par la paix de L«lnéville« conclue
le 9 février 1 891; Elle assnra à k Franœ
toute la rive gamcbe du Rhin et fit per-
dre à la Barière tontes sei possessions
situées snr cette même rive^ la Bavière
céda aussi à l'éleeieiir de Bàdé U partie
du PaktÎMt sîtaée s«lr la rite droila du
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(187)
BAV
Rhin; mtifl elle obtint en revinche dif-
férens payd qui présentaient dans leur
superficie tn excédant de 99 \ mil-
le» carrés, avec 216,000 habiUns de
plus. lia ^erre de 1805 fit ressortir
Fimportance politique de la Bavière,
tant pour la France que. pour l'Autnche.
Lorsque l'Autriche se prépara à déclarer
de nouveau la guêtre à la France» de tous
les prinoes dont les états sont situés^ en-
tre llnnft le Rhin» l'électeur de Bavière
lui pan0 l'alixiliaire le plus important,
elle négocia avec lui pour obtenir qn'il
rénnh ses troupes aux armées auCrichiet^
nés et qu'il renonçât à la neutralité qu'il
aurait désiré garder. Cependant la Ba-
vière regardait 4'alUance avec l'Autriche
comme contraire à ses véritables intérêts.
Lorsque la guerre éclata , l'électeur joi-
gnit ses troupes, au nombre de 30,000
hommes, à l'armée française, et, par com-
pensation, la paix de Presbourg valut à
la Bavière me augmentation de territoire
d#500 milles carrés ^ographiques avec
me population de 1 million d'ames; l'é-
lecteur reçut le titre de roi avec fdeine
souteraîneté. Il céda le pays de Wurs*
bourg, qui fut érigé en électorat, en rem-
placement du 8alxbodrg qui était échu à
l'Antrlche. Le gouvernement de la Ba-
vière,-a f exemple de ceux du Wurtem-
berg et de Bade, profita de xette occa-
sion poni" soumettre à sa souveraineté
toutes les posaésMdns de ta noblesse im-
médiate de l^Empîre enclavées dans ses
états. Son allifanèe- politique avec k .
France fnt resserrée par le mariage de
la princesse Auguste , fille du roi, avec le
prince Eugène, fils àdoptif de Napoléon,
qui venait d'être élevé à la vioe^royauté
d'Italie Par stiite de cette union, la Ba-
vière céda à Napoléon le territoire dé^
Berg et reçut en échange celui d'Anspaèh
que la Prasse^ h)i0e en j^ssession do Ha-
Bovre, tedait ée <iédc#; et, le 12 juillet
tSO^y le roi Ma^iiniilien-Josrph signa
Tacte de la CduCéwiéralioa du RImov ei)
t'engàgiéant à fournir un contingent fé*-
ëéral de 'âO,000 hbmnies et à fortifier
Aogsbourg et Ltndau. La Bavièt^e fut
tÎBSt amenée à pusndre part a la guerre
caotre la Prusse, en 1806, et, en 1809, à
celle codti% l'Autriche qui suscita l'iri-
•anaoUm da Tyrol sous Hofer. Après
cette guerre, la Bavière obtint encore un
agrandissement considérable, tant i^œc
dépens de l'Autriche que par suite de
différens traité» lâféchange avec le Wur-
temberg et Wûrzbourg. Lors de la guerre
de Russie, la Bavière fournit de nouveau
son contingent; le printemps de 1813 ne
ramena que quelques débris de cette ar-
mée. Ce coup de la fortune ne découra-
gea pas Maximilien-Joseph : surmontant
toutes difficultés, il remit iqie nouvelle
armée sur pied, qui vers la fin d'avril se
réunit 4 celle de Napoléon, au moment
où elle reprenait les hostiliiés. Mais bien-
tôt un changement décisif s'opéra dans le
système politique que la Bavière avait
suivi jusqu'alors : une armée d'observa-
tion composée de troupes françaisei avait
été formée près de Wûnboorg, sous le
commandement d'Augereau, tandis que
l'armée bavaroise, postée en observation
le long de llnn, faisait face à un eorps
d'armée autrichien ; Augereau, en quit-
tant sa position; ayant dégarni le point
le plus vulnérable de la Bavière, le roi
se détermina à se a^;ager de son an^
cienne alliance. Le général bavarois Wre-
de entra aussitôt en potvparlerB avec le
général autrichien Frimont, et le 8 oc-
tobre parut la déclaration pfficielle par
laquelle MastJoseph se retirait de la Con-
fédération du Rhin et s^engageait à tour-
ner ses armes contre la FKinoe. Le traité
de Ried aâsnra à la Bavière la aouveraî-
neté de toutes ses possessions et une in-
demnité avantageuse pour la cession de
pays qu'elle pourrait être appelée à faire
à l'AutrictieL Après avoir soudainement
abandonné la cause de leun anciens com-
pagnons d'armtes, les Bavamis se mesurè-
rent avec eux à hi bataille de Hanau. La
paix de Paris termina k guemi en 1814
et dans la neufelle lutte qui s'engagea
en 1816^ le roi abCitet, alors prince royal,
se mit à la tôte de l^rmée bavaroise. Pen-
dant le congrès de Vienne, le gonveme*-
ilient' bavarois prit une part active à la
rédaction -de l'acte dé fédération des payis
allemands et déploya de grands talens di-
plomatiques en faisant respecter sa sou-
véirftTocté et son indépendance. A la paix
de Paris conclue4e 30 mal 1814, la Ba-
vière Rendit à l'Autriche le Tyrol et le
Vorarlberg et fut indemnisée par le grand-
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ba:v ( I
duché de Wftrzbourg et celai d'Ascbaf-
f«obourg. Par suite du traité du 14 avril
1816, elle céda à TAutriche : 1** Le
Hausrucks-Viertel et Tlnn-Viertel, teb
qu'ils avaient été cédés par l'Autriche en
1809; 2^ ta principauté de Salzbourg,
4 l'exception de 4 bailliages situés sur
la rive gauche de la Sfilzacb et de la Saale,
et 8^ le bailliage de Vils. Elle obtint eh
échange tous les pays qui composent le
tiercle du Rhin et quelques arrondisse-
mens du ci-devant pays de Fulde. A la
même occasion PAutriche garantit à la
Bavière U possession future de tout le
palatinat du Rhin , formant le cercle i>a-
dois du Mein et du Tauber, en cas d'ex-
tinction de la ligne mâle directe des
grands-dUcs de Bade. Quoique l'intégrité
du grand-duché de Bade eût été assurée
par le récès de Francfort de 1819, la
Bavière fit, le 8 juillet 1827, une demande
de dédommagement pour la partie du
comté de Sponheim cédée à la France
par le grand^duché qui cependant jus-
qu'ici est restée sans réponse. Max- Joseph
conclut, le S juin 1817, un concordat
avec 4e Saint-Siège, et, le 26 mai 1818,
il accorda une charte constitutionnelle à
la Bavière. Il mourut le 1 8 octobre 1826
et eut pour successeur aon fils Louis l^*".
Ce pnnce signala sod avènement par des
réformes |ant à la cour que dans sa mat-
son militaire. Pour donner plus d'éclat à
sa résidence, il transféra, le 7 novembre
1826^ l'ooiversité de Landshut à Munieh
et y appela des savaos distingués, même
connus pour leurs opinions, sinon libéra-
les, au moins libres et indépendantes. Il
accorda des privilèges aux étudians et
accumula dans cette résidence, avec une
libéralité peu commune, d'autre» disent
af ee ose prodigalité qui a donné lifu à des
plaintes, toutes sortes de monumens des
sciences et des arts. Il fut néanmoins le
restaurateur de plusieurs couvens, même
d'ordre mendiant, et, en 1*880, du cou-
vent des bénédictins de Metten, fondé
par Charlemagne et supprimé en 1808.
' La vieille Bavière parait lui être sincè-
rement attachée; mais dans la province
rhénane, isolée de la métropole et envi-
ronnée de douanes, une grande fermen-
tations'est manifestée dansl'espritde lapo-
pulatioD depuis 1 830^ le maréchal Wrede
86) ftAV
y a été envoyé avec des pouvoirs très éten-
dus pour mettre fin aux désordres qui
avaient éclaté sur plusieurs points et que
desjoumauxrévolutionnairescherchaient
à entretenir. ïj'élection du prince Othon
au trône de la Grèce, en 1881 , a mis la
Bavière en rapport très étroit avec ce
nouveau royaume.
Ainsi qu'on a pu le voir , la Bavière
avait depuis les temps le& plus reculés
des assemblées d'États , et aucAi pays de
TAllemagne ne présente des documens
aussi riches sur son ancienne constitution.
Ces États se composaient des trois ordres
suivans : 1^ celui des prélats; l'université
qui tenait le premier rang, et un assez
grand nombre de chapitres, comme aussi
le grand prieur de Saint-Jean,en faisaient
partie; 2" l'ordre de la noblesse, dont
les possessiQns consistaient en 900 do-
maines, et 8* ce^ui de la bourgeoisie des
villes et bourgs du duché. Les drdits et
prérogatives des États étaient très impor-
tans; mais la discorde s'étant établie dtns
leur sein, ils perdirent leur influence,
même plutôt que dans d'autres pays. Les
derniers États se réunirent en' 1669, et
les représentans des trois ordres n'y pa-»
rurent qu'en petit nombre. Un comité
usurpa les droits qui appartenaient à l'as-
semblée entière, et la sécularisation des
chapitres, en 1808, porta la dernière at-
teinte à cette constitution iéodale; l'an-
cienne organisation des États fut entiè-
rement abolie en 1806. Parmi leshou-
velles acquisitions de la Bavière il y avait
des principautés autrefois indépendantes
qui, depuis long-temps , n'avaient plus
d'États; d'autres enfin, telles que Bam«-
berg , Wûrebourg , Augsbourg , Freisin-
gen , Ratiabonne, n'en avaient jamais eu.
-La constitution qui fut promulguée le
l*** mai 1808, pour le royaume de Ba-
vière (Pœlitz, Europ, Ferfassungen ,
2* édit , Leipz. 1882, vol. I, pag. 96-
100 ) , organisa une nouvelle représenta-
tion nationale, qui cependant n'amena
aucun résultat. Lors du congrès de Vien-
ne, le gouvernement bavarois s'était rangé
du côté de ceux qui votèrent oontre l'es-
sai qu'on avait fait d'introduire une forme
de constitution normale pour tous les
états de l'Allemagne. Quoi qu'il en soit ,
I il fut le premier de tous les gouvemeniens
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B\V
(189)
B\V
'de l'Allemagoe qui remplit avec une ex-
tension convenable la promesse de r«rt.
13 de Tacte fédéral, et, donnant ainsi
Vetemple, il mérita la gratitude de tous
les peuples allemands.
La promulgation de l'acte constitution-
nel, du ^6 mai 1818, avec ses dix articles
additionnels et la nouvelle loi municipale
qui l'avait précédé le 17 mai 1818, mar-
quèrent une période nouvelle dans la vie
constitutionnelle des Bavarois. Les États
se composent maintenant de deux cham-
bres; dans la première (cel le d es sénateurs,
Reichsrœthe) 9iéi;eBi^ d'après la loi du 9
mai 1828 , les grands officiers de la cou-
ronne, les deux archevêques, les 16 chefs
de l'ancienne noblesse de Tempire , un
évéque nommé |!>ar le roi, le président
du consistoire protestant, 15 membres
héréditaires et 12 membres, nommés à
vie , tous à la nomination du roi ; la se-
conde chambre, celle des districts, se
compose de S classes où curies ; d'après
l'évaluation approximative, il doit y avoir
un député sur 7000 familles ou 35,000
âmes. La première classe se compose de
14 représentans des chevaliers ou pro-
priétaires territoriaux qui ont leur propre
juridiction et tous les droits de la no-
blesse ; à la deuxième appartiennent les
trois représentans des universités ; la troi-
sième se forme du clergé catholique, re-
présenté par 9 membres, et du clergé
protestant représenté par 5 ; la quatriènte
classe est celle des représentans des villes
et bourgs ; Munich en a 3, Augsbourg 1,
Nuremberg 1, et les autres en ont 24 con-
jointement ; à la cinquième appartiennent
56 propriétaires ruraux sans juridiction.
Les élections, qui se fondent sur la loi
municipale, sont très compliquées; les ci-
toyens sont exclus de toute participation
immédiate , et le droit de suffrage n'ap-
partient qu'à la magistrature et aux con-
seillers des communes.. De ce mode d'é-
lection pourrait facilement résulter un
esprit de corporation et de monopole
pernicieux , et qui déjà du temps de l'an-
denne constitution a amené les usurpa-
tions des comités. Les candidats doivent
être citoyens domiciliés dans l'endroit
où est le district de l'élection, et le cens
del'éligîbilitéy qui est porté à 8000 fl. de
reveau, exdut des districts entiers de la
représentation. D'un autre oÀlé les dé*
pûtes ne sont privés d'aucun des droits
essentiels de la représentation : ils en--
trent en partage du pouvoir législatif, ils
ont le droit de porter plainte, le droit
de supplique, celui de voter les impôts,
et la faculté de présenter des motions
relatives à la modification des lois. Les
chambres sont convoquées tous les trois
ans. La première session fut ouverte le
4 février 1819. La publicité donnée aux
débats et un esprit de réforme véritable,
mais- non pas révolutionnaire, qui ani-
mait la deuxième chambre, ont attiré Tat-
tention de toi^e l'Allemagne, qui en a su ivr
avec un vif intérêt les importantes disrusr
sions. Dès Torigine, la première chambre,
dans sa réponse au discours du roi , avait
représenté 1^ peu pie comme s'élevant
contre le trèff : elle avait fait connaître
ainsi de quelle manière elle envisageait
sa vocation et sa position. La Bavière est
redevable à la 4* session de l'organisation
des conseillers provinciaux et de Taboli-
tion des tribunaux militaires en matière
de procédure civile. Lors de |a 5^ session,
l'assemblée s'est trouvée en partie renou-
velée. Les chambres , désunies entre elles
et en opposition avec le gouvernement, ne
sont arrivées à aucune conclusion défini-
tive. Cependant les impôu ont été réduiu,
la noblesse a obtenu remise du timbre féo-
dal, plus de latitude a été donnée aux con-
seils provinciaux, auxquels on a aban-
donné le produit de la moitié des con-
tributions directes pour être employé
aux besoins particuliers des districts; une
loi a prononcé le rachat de la juridiction
patrimoniale , en assignant toutefois une
indemnité aux propriétaires. La loi pré-
sentée pour prévenir et réprimer les dé-
lits de la presse a donné lieu à de vifs dé-
bats, sans que les chambres aient pu s'ac-
corder entre elles et avec le gouverne-*
ment. La désunion qui a été le résultat
des débats sur Téconomie publique s'est
maintenue jusqu'à la clôture des cham-
bres. CL.
Les principales sources de l'histoire
de Bavière sont réunies dans la collec-
tion suivante : Monumenta Boïca^ pu-
bliée par l'Académie de Munich depuis
1764 et dont le 28^ volume in-4^ a
paru en 1880; et dans Lang, iZe^/Xa
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(190)
BA.Y
rerum Bùîcanmu On peut consulter en
outre les ouvrages historiques de Pûtter,
de Westenrieder, Zscbokke, Geschich-
ten des Baier, Volkes und seiner Furs^
ten, AaraU) 1820 et 1821 , 4 toL grand
in-8^; ainsi que les ànivans : Mannert
Die œlteste Geschichte Bojariens und
seiner Bewohner, Sulzbach, 1807, in-
8®, et Geschickle Sotern^^Leipzig)! 826,
3 yol. In-8^;de Pallhansen, examen- du
premier ouvrage de M. Mannert et dîf^
férens antres écrits sur le même pays;
BœUiger, Geschichte Baiems^ Erlangen,
1832, in '8^. De bons ouvrages à consul*
ter sur la statistique de la Qavière sont :
baron de Uechtenstem , SUft. statisL
Uebersieht sœmtlicher Provinzen des
K. Baiem» Munich 1823, grapd in-fol.
et Rœriier, Geschichte, Ci^eraphie und
St€UistiidesBaierlandes.Wxïnich,iS2^y
3 vol. in-8<>, etc. J. H. S.
BAXTBR (WiLLiAv), neveu de Ri-
chard Baxter, théologien non-confor-
miste très connu (né 161 5, mort 1691),
naquit en 1660 à Lanlugany dans le
Shropshire. Son éducation fut tellement
négligée qu*à l'âge de 18 ans il ne savait
que le gallois, sa langue maternelle. L'hé-
ritage de son oncle lui fournit left moyens
de recevoir une éducation distinguée : le
latin, le grec, Thébreu ainsi que les lan-
gues septentrionales lui devinrent fami-
lières. Il obtint bientôt une place de
recteur au collège de Tottenfaam ( Mid-
dlesex), et fut nommé ensuite à Técole
des marchands à Londres. Il mourut en
1723. Dans une de ses lettres il décrivit
la manière dont les anciens se servaient
pour écrire vite. Ses ouvrages sont : 1 ^
Glossarium Antiquitatum brkixnnica^
mm, Londres, 1719 et 1783, in-8*^; 2^
une édition d'Anacréon, Londres, 1695
et 1 7 10, m-8*^; 8^ une autre d'Horace, ac-
compagnée d'extraits des scoliastes an-
ciens et de ses propres notes qut mar-
quent «n défaut abôolu de goût et qui
ont exercé le persifflage de Wieland. De
plus : De ancUogia seu arte latinœ lin-
guœ commentaiiolus 1694 , in - S*'.
Son Glossarium romanarum Antiquita^-
tum, publié après sa mort, 1731 , in-8^,
ne contient que la lettre A-^les éditeurs y
ont ajouté un précis de la vie de l'au-
tour. F-8.
BATADËRES, ro/. BAÎAniEEs.
BAYARD ( Pierre « DU Terràil, sei-
gneur DE ), surnommé le chevalier sans
peur et sans reproche et le Bon cheva-
lier, n naquit, vers la fin de 1476, ^u châ-
teau de Bay ard, situé au fond de la vallée de
Graisivaudan , à quelques lieues àe Gre-
noble. Sa famille était une des plus an-
ciennes du Dauphiné. H était lé second
des quatre fils d'Aymond, ou Aymé du
Terrail, et d'Hélène Des Allemans. Son
éducation fut dirigée par l'évlque de
Grenoble, son oncle. Des lettres restées
de lui , et dont la grâce et la pureté de
style sont d'une autre époque, prouvent
qu'il reçut une éducation distinguée. Il
n'avait pas encore accompli sa treizième
année que déjà il montrait pour la car-
rière des armes un goût très vif , ce qui
détermina son oncle à le présenter ati
duc de Savoie, Charles I"*", qui l'hono-
rait de son amitié. Celui-ci fut si charmé
de l'air noble et mâle du jeune Bayard,
et surtout de son adresse à manier un-
dieval, qu'il le fit entrer dans les pages
de sa suite. Le roi de France, Charles
Vni, se trouvait alors à Lyon pour un
différend relatif au marquisat de Saluces.
Le duc de Savoie vint le visiter dans
cette ville , et le jeune Bayard , qui fai-
sait partie 4" cortège, fut présenté au
roi par le comte de Ligny, Louis de
Luxembourg, qui l'avait remarqué.
^1\ quitta bientôt le duc Charles pour en-
trer au service du roi de France, et ce fîit
au milieu des tournois et des galantes
passes d'armes qu'il eut l'occasion de
déployer son courage naissant et son ha-
bileté dans le maniement des armes. A
l'âge de 1 8 ans il accompagna CharlesVni
à la conquête de Naples. Ce fut à la ba-
taille de Fomoue que Bayard fit ses pre-
mières armes : il s'y distingua d'une ma-
nière éclatante, eut plusieurs chevaux
tués sous lui et. enleva des drapeaux à
l'ennemi. Après la mort piiématurée de
Charies YUI , Louis XH, son successeur,
ayant entrepris de réduire le Milanez,
sur lequel il avait à faire valoir les droits
de Yaientine de Milan , sa femme , con-
tre Ludovic Sforce, Bayard trouva dans
cette nouvelle expédition l'occasion de
signaler son bouillant courage. Pendant
que l'armée du roi de France se trontaiC
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BAT
(191)
BAT
% cbDfl la PûQfflc^ Bayard défit rm parti
espagBol et fit lui^iaéme prisonoier don
AloDzo ie $oto*Mayor, qu'il traita av«c
les i^us grandi égards. Cependant don
Àloozo , an mépris de ses sermena s'é-
tint éefaappé, fut rattrapé et eonduit de-
Taot Bayard qui lui fit des reproches sur
sa déloyauté; mais la rançon de TEspagnol
ayant été payée, il fut ramené à Andres
oè il calomnia la générosité de son vain-
queur. Bayard Tayaut appris Fappela
en champ-dos. 8oto-Mayor perdit la vie
dans ce combat , dans lequel son adver-
saire déploya une force et un courage ex-
traordinaires. Plus tard , il sauva l'armée
française en défendant seul , contre un
corps ennemi , un pont sur le Garigliano.
Ce haut fait d*armes lui mérita ponr de-
vise un porc-épie avec cette inscription :
Fires agndnis unut habet En 1506 les
Génois , à l'instigation du pape Jules II,
s'étant révoltés contre la France, Bayard
passa en Italie à la suite de Louis XII;
mais bientôt les révoltés effrayés se sou-
mirent à la clémence du roi.
En 1509 la ligue de Cambrai, dans la-
melle toutes les puissances s'étaient réu-
nies pour renverser la république de Ve-
nise, contraignit le roi de France à com-
mencer la guerre. Qayard fit des prodiges
de valeur au siège de Padoue , où il com-
mandait une compagnie, et entraîna par
son audace et son énergie la prise de cette
place. Jules II, qui revendiquait le duché
de Ferrare pour le saint-siége et voulait l'y
réunir, leva une armée dans le Bolonais,
la conduisit entre Concordia et la Mi-
randola, et s'y rendit lui-même. Bayard,
instruit de tout ce qui se passait, réM)1ut
d'enlever le pape et toute sa cour : le
hasard seul fit échouer son entreprise.
Cependant les Yénitiens s'étalent enfer-
ma dans Brescia , après avoir été battus
à Vérone ; Gaston de Foix reçut l'ordre
de réduire cette place. Bayard fut chargé
de la première attaque; la résistance des
assiégés fut opiniâtre. Emporté par son
courage, Bayard allait franchir le rem-
part lorsqu'il reçut dans le haut de la
cuisse un coup de pique si violent que le
fer resta dans la blessure. Il fut trans-
porté mourant dans la maison d'un gen-
tilhomme de la vilU qui avait pris la fuite,
abandonnant aux violences des assiégeant
sa fenmie et ses deox filles. Bayard prit
ses hôtes sous sa protection et reçut tous
les soins qu'exigeait sa santé. Étant réta-
bli de sa blessure et se disposant à se
rendre sous les murs de Ravenne où s'é-
taient enfermés les ennemis , ce fut avec
peine que ses hôtes apprirent cette»ré«o-
lution et, avant le départ du guerrier, ib
voulurent le charger de présens qu'il re-
fusa avec une grande noblesse. Cependant
pressé d'accepter et ne voulant pas dé-
plaire par son refus à la noble famille,
il fit distribuer les sommes considérables
qui lui avaient été oflertes aux institutions
religieuses qui avaient le plus 50uiTert des
suites de l'occupation de la ville par l'ar-
mée française. Arrivé an camp deRavenne,
le duc dçNemours le chargead'une expédi-
tion contre un corps de troupes espagnoles
qui inquiétait les assiégeans et remporta
plusieurs avantages. La ville de Ravenne
fut prise, mais le duc de Nemours y per-
dit la vie.
Sur ces entrefaites, l'armée française,
menacée par les Véniàens et les Suisses ,
épuisée par des luttes continuelles, ré-
duite dans ses forces , fut obligée de se
réplier sur Pavie ; mais elle s'y vit forcée
par les Suisses , quelques efibrts que pus-
sent faire pour défendre la ville le capi-
taine Louis d'Ars et Bayard. Celui-ci, à
la tête de 36 hommes, arrêta les ennemis
pendant deux heures et eut deux che-
vaux tués sous lui. Les troupes françaises
ayant été obligées d'évacuer la ville ,
Bayard se défendit bravement pendant la
retraite et reçut un coup de fauconneau
qui lui fracassa l'épaule. Les Français
abandonnèrent la Lombardie, où ils ne
gardèrent que les places de Milan , Cré-
mone , Novarre , les villes de Crème et
de Brescia, et repassèrent les Alpes.
Bayard se rendit à Grenoble , auprès de
son oncle, où il demeura quelque temps.
Bientôt le roi de France envoya en
Guyenne une armée sous le commande-
ment du duc de Longue ville, pour repren-
dre la Navarre sur le roi d'Aragon ^ qui
l'avait usurpée au mépris àes droits de
Jean d'Albret. Parmi les capitaines distin-
gués on comptait le vicomte de Lautrec,
La Palisse et le chevalier Bayard. Quoi-
que les résultats de cette gnerre fussent
loin d'être avantageux pour Louis XH,
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BAY
(192)
BAY
Baytrd ne s'en rendit pas moios il-
lustre par son intrépidité; on dut à son
dévouement la conservation d'une ^ande
partie de Tarmée. En 1513, Henri VIII,
roi d'Angleterre, d'intelligence, avec le
pape Jules II et l'empereur Maximilien ,
fit un^ descente près de Calais avec des
forces considérables , et mit le siège dé-
liant Térouanne. Bayard , sous les ordres
du seigneur de Piennes, gouverneur de
Picardie, fut chargé de repousser cette
agression. Bayard rencontra sur la route
de Térouanne le roi Henri, escorté de
12,000 hommes de pied, et, quoiqu'il
n'eût que 1 200 hommes d'armés, il voulait
risquer une attaque ] Piennes s'y opposa
formellement Bayard dut obéir; toute-
fois il ne put maîtriser entièrement son périaux mirlent le s'ége devant Mouzoa
ardeur, car il attaqua l'ar ri ère-garde et ^ et s'
lui enleva l'une des douze pièces de ca-
non qu'Henri appelait ses douze apôtres.
Les deux armées s'étant rencontrées,
Bayard fut fait prisonnier et conduit au
camp des Anglais. Henri le renvoya sans
rançon ; mais avant son départ il lui
fit faire des offres secrètes pour entrer
à son service; Bayard se contenta de ré-
pondre : « Je n'ai qu'un maître au ciel
qui est Dieu, et un maître sur terre qui
est le roi de France ; je n'en servirai ja-
mais d'autres. » La ville de Térouanne
fut contrainte de capituler, faute de vi-
vres ; Tournay tomba encore au pouvoir
de l'ennemi. r
François I**" étant monté sur le trône,
à la mort de Xouis XII, Bayard fut
nommé lieutenant général de la pro-
vince du Dâuphiné. Le monarque ayant
formé le projet de reconquérir sur
les Sforce le duché de Milan , auquel il
avait droit, comme arrière petit -fils de
Valentine de Milan, fit passer secrète-
ment des troupes dans le Lyonnais et
ordonna à Bayard de se porter en avant
sur les terres du marquisat de Salu-
ées que Prosper Colonne occupait pour
le pape et traitait en pays conquis.
Bayard entra dans le Piémont , attaqua
le général du pape qui était enfermé dans
la ville de Carmagnole , et le fit lui-même
prisonnier. Le roi reçut àSaint-Pol la
nouvelle de la prise de Prosper Colonne,
traversa ensuite le Piémont et, chassant
devant lui les Suisses , se dirigea vers
Milan. François I®' voulut être armé che- !
valier par Bayard , qui refusa modeste-
ment cet insigne honneur. Enfin cédant
aux sollicitations du monarque j il tira
son épée et dit: « Je n'ai plus qu'à obéir;
sire , autant vaille que si c'était Boland
ou Olivier, Godefroy ou Baudoin son
frère ! » Puis il procéda à la cérémonie.
La défaite complète des Suisses rendit
au roi le M;ilanez, et bientôt |iprès la
paix fut conclue.
A cette époque, la mort de l'empe-
reur Maximilien vint jeter la discorde
entre Charles-Quint et le roi de France,
au sujet de la couronne impériale. Le
premier l'avait remportée, et de cette
rivalité devait sortir la guerre. Les Im-
én emparèrenL Cette première ten-
tative inquiéta le roi pour la sûreté de
la Champagne. On songea d'abord à dé-
fendre Mézières, ville voisine de Mou-
zon, et Bayard fut appelé. Cependant
en raison de la proximité de l'ennemi
et vu la difficulté de la défense , on
fut d'avis de brûler cette ville; mais
Bayard s'y opposa et dit au roi : « Sire ,
il n'y a pas de place faible là où il y a
des gens de bien pour la défendre. » Le
siège fut mis devant Mézières; mais bien-
tôt l'ennemi fut contraint de le lever : ja-
mais la défense d'une ville ne, fut plus
glorieuse. « La défense de Mézières , a
dit un historien moderne % suffirait pour
la gloire de tout autre que de Bayard;
mais elle n'est qu'un triomphe de plus
pour ce grand homme , modèle le plus
accompli des chevaliers. » Cette action
héroïque valut au chevalier sans peur
une distinction sans exemple. Il reçut'du
roi une compagnie de 100 hommes d'ar-
mes, honneur Jusqu'alors réservé aux
seuls princes du sang. H revint à Paris ^
et le parlement lui envoya une députa-
tion solennelle pour le remercier au nom
de la nation. Bayard reçut une fois en-
core la mission de faire rentrer dans le
devoir les Génois qui s'étaient de nou-
veau eouleyés contre la France. Au com-
mencement de 1524, l'armée du roi de-
vant Milan s'affaiblissait chaque jour,
pendant que celle de l'Empereur se ren-
(*) La, Frmncê saut t$s Rêtt t par A.pL. Damp*
martio.
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BAY
forçait : Bayard fut chargé de s'avancer
jusqu'à RébeCy petit village à quelques
lieues de Milan. Le péril était imminent,
cependant Bayard ne balança pas à obéir.
Arrivé à son poste, il demanda un ren^
fort qui ne lui arriva pas. Un combat
meurtrier s'engagea avec les troupes es-
pagnoles, et Bayard fut contraint de re-
gagner , après une vigoureuse résistance,
le quartier-général.
Peu après cet échec, après une retraite
entre Romagnano et Gattinara , Bayard,
commandant l'arrière-garde, traversant la
rivièrede la $esia,le visage tourné vers l'en-
nemi,reçut dans le flanc droit un coup d'ar-
quebuse qui lui brisa l'épine du dos. Aus-
sitôt qu'il se sentit frappé il s'écria : « Jé-
sus, mon Dieu , je suis mort! » Il donna
ordre qu'on le plaçât au pied d'un arbre,
de manière à voir l'ennemi en face. Il
baisa la garde de son épée en guise de
cro\i et récita quelques versets du Mi^
serere. Le seigneur d'Aligre reçut ses
dernières volontés, après quoi le mou-
rant engagea ceux qui l'environnaient à
se retirer , pour ne pas tomber dans les
mains des ennemis. Il survécut 2 heures
à sa blessure et mourut le 30 avril 1 524 ,
à dix heures du matin , à l'âge de 48 ans.
Quelques instans avant sa mort, Charles,
due de Bourbon, connétable, qui avait
passé au service de l'Empereur, lui ex-
primant ses regrets, Bayard lui répon-
dit : a Monseigneur , je vous remercie , il
n'y a point de pitié en moi, qui meurs
en homme de bien et servant mon roi ; il
laut avoir pitié de vous, qui portez les
armes contre votre prince , votre patrie
et votre serment. » La retraite des Fran-
çais ayant laissé Bayard entre les mains
des Impériaux ^ le' marquis de Pescaire
lui rendit les derniers honneurs. Selon
ses vœiix , son corps fut rendu à sa pa-
trie et transporté à Grenoble. La nou-
velle de sa mort attrista le roîet l^ France,
et les regrets que lui donnèrent même les
ennemis de sa patrie prouvent assez jus-
qu'à quel degré d'estime. son caractère,
sa bravoure, sa générosité, son désinté-
ressement , toutes ses vertus en un mot,
l'avaient élevé dans l'esprit de tous. Il
laissa en mourant une fille naturelle ,
d'une liaison amoureuse avec une demoi-
ttUe fort beDe de la maison de Trecque ,
Encfclop. d. G. d. M, Tome m.
à CanCu, eâtre Milan et Cône. H avait
fait soigneusement nourrir et élever cette
fille, qui s'appelait Jeanne et qu'il ai-
mait beaucoup. Un an après la mort de
son père, elle fut mariée à François de
Chastelar, par les soins de son oncle ,
évéque de Glandève.
Jamais la valeur, la fidélité, la conti-
nence, les talens militaires, toutes les
qualités enfin qui font les grands capi-
taines, ne se trouvèrent réunis avec au-
tant d'avantage dans un seul homme.
Gloire militaire, honneur, patriotisme,
galanterie, le nom de Bayard résume
tout cela avec éclat. Un gentilhomme de-
mandait à Bayard quels biens un gentil-
homme devait laisser à ses enfans, il
répondit : « Ce qui ne craint ni la pluie ,
ni la tempête, ni la force des hommes,
ni l'injustice humaine; la sagesse et la
vertu. » Quoique pauvre il était géné-
reux et libéral; il aimait à faire le bien
sans ostentation et à répandre ses bien-
faits avec discrétion. Il était d'une mo-
destie parfaite et jamais on ne l'enten-
dait parler de lui ou de ses victoires. Il
resta toujours étranger à la flatterie et à
l'artifice; ce qu'il estimait surtout c'était
la justice, qu^il regardait comme la prin-
cipale vertu d'un roi, c'est ce qui lui fai-
sait dire : « Tous empires, royaulmes et
provinces sans justice sontforetz plei-
nes de brigands, » Voici le portrait qu'on
nous a laissé de Bayard. « Il était de sta-
ture haute, droicte et gresle, d'un visage
doux et gracieux , l'œil noir, le nez
traitis, tirant sur Tachillin; il portait la
barbe rase, son poil était chastain. Il
avait la charnure fort blanche et fort
délicate. »
La vie du chevalier Bayard a été écrite
par un de ses secrétaires. £Ile parut peu
de temps après sa mort, sans nom d'au-
teur et sous le titre de : Le loyal Servi-
teur. Un siècle après, Théodore Gode-
froi publia une 2** édition de cet ou-
vrage avec des notes. Enfin une 3^ édi-
tion en a paru en 1651, avec un sup-
plément de M. Expilly, président au par-
lement de Grenoble, et de nouvelles
notes de Louis Yidel, pseudonyme du
président Boissière. M. Guyard de Ber-
ville publia une histoire de Bayard dans
l'année 1768. En 18211^ M. Cohen a.
13
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BÂT
(194)
BAY
«totmiiuM histoire deBaymd , qui, pour
n*ètre qa'ane oompilatioii du précédent
ouvrage, n'est cependant pas sans mérite.
Le président Hénault, Brantème, Berault
de Bercast^, ont fourni des détails pr^
deux sur le chevalier Bayard. Etienne Pas^
quier^ dans ses Recherches sur la France ^
a eonsacré plusieurs chapitres an oheva-
palier Bayard , ainsi que d'Auvigny, dans
les Fies des Hommes illustres de France.
Enfin le caractère et les principaux éré-
nemens de k vie du chevalier sont très
bien tracés dans la tragédie de Gaston
ei Bayard , par du Belloy. A. de C.
BAYEN (Fibreb), dont le nom n'a
pas jeté autant d'éclal qoc ceux de La-
voisier, de Fourcroî, etc., mais à qui
nous devons de belles découvertes et
dont les travaux eurent constamment un
but d'utilité publique, naquit à Cbâlons-
snr-Mame en 1735. Il manifesta de-
bonne heure son goût pour les sciences
et les arts. Dans le temps des vacances il
visitait les fabriques et les ateliers, en
examinait attentivememt les procédés, et,
jeune encore, il s'aperçut qu'on pouvait
les perfectionner. H vint è Paris en 1 749.
Élève successivement de Charras, de
Rouelle et de Chamousset, ce fut daBs
le laboratoire de ce dernier que ses ta-
lens en chimie prirent un grand 'déve-
loppement; ils ne tardèrent pas à être
remarqués. Le gouvernement chargea
Bayen et Venel d'analyser les eaux mi-
nérales de la France. Ce travail fbt inter-
rompu par ta nomination de Bayen à la
place de pharmacien en chef de l'armée
expéditionnaire de Minorque. Bayen y
rendit d'importans services. L^eau pure
manquait, les soldats ne buvaient qu'une
eau saumâtre qui leur occasionnait de gra-
ves maladies. l'uses connaissances en his-
toire naturelle, l'habite pharmacien dé-
couvrît une source abond^ntbqui sufïït à
toute l*krmée. L'artillerie n'avait plus de
salpêtre pour préparer des mèches : Bàyen
demande de la poudre à canon, il en isole
les principes, et dans le même jour four-
nit une assez grande quantité de nitrate
de potasse pour que l'artillerie pût con-
tinuer ses travaui;. De retour à Paris
après la guerre de Sept-Ans qu'il fit en Al-
femagne en qualité de pharmacien en
âief , Bàyài reprit son travail sur les
cavx mlBéralea* En analysant les eant
de Baguères-Luchon, il découvrit la
propriété fulminante du mercure dans
q«elques-anes de ses combinaisons, élu*
dia les divers oxides de ce métal et con-
stata d'une manière positive FjLcrétion en
pesanteur qn^cquièrent les métaux par
leur oxidatioB, découverte importante
qui conduisit à celle de Toxigène et pré-
para les voies à la chimie moderne. Juste
envers toute sorte de mérite, Bayen du
Rey, médecin du Périgord, qui avait con^
signé ce phénomène dans un mémoire
imprimé en 1620, mais alors totalement
oublié. La minéralogie hii doit ses pro-
grès, n donna les moyens d'analyser
plusietu*s pierres telles que les ophites,
les serpentines, etc.; il analysa compara-*
tivement les divers marbres et désigna
ceux qui convenaient le mieux aux ar-
chitectes et aux statuaires. Il signala la
présence de la magnésie dans les schistes
et démontra la possibilité de frire servir
leur décomposition à la fabrication du
sel d'Epson que l'on est obligé de reti-
rar de l'Angleterre. Bayen reconnut
qu'un alcali est nécessaire pour déter-
miner la'cristallisatîon de l'alun; que le
fer apathique est du carbonate de fer.
Henckef etMargrafT, dans un mémoire
sur l'étais, reconnurent que ce métal conte-
nait toujours une certaine quantité d'ar-
senic; l'étain, si utile dans nos usages
domestiques, (ht sur le point d*en être
banni. Chargé par le gouvernement de
répéter les expériences des chimistes
étrangers, Bayen, dans ses recherches sur
l'étain, prouva que ce métal ne contenait
pas un atome d'arsenic. Les ci^ntes du
public furent calmées.
A la formation de l'Institut, Bayen
fut nommé un de ses membres. Il mou-
rut à Paris en 1798, âgé de 73 ans.
Les œuvres de Bayen, sous le titre
â^ Opuscules, forment deux volumes in-
8^ - L.S-Y.
BATLB (Pice're), l'un des hommes
qui ont le plus illustré les lettres et leur
pays et que leur siècle a le plus persé-
cutés, précisément pour les travaux que la
postérité admire le plus en eux, naquit au
Cariât, dans le comté de Foix, le 18 no-
vembre 1847. Son père, ministre pro-
testant hii donna les pttmières leçons^
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bav (m)
cft s*il fuLt d'aberd surpris de U TiTacité
de 80D iotelligence et de l'étendue de sa
mémoire, il le fut bieotèt de ses progreS|
et TeoToya au cpUége de Pu^laurfsptpour
lui doBoer des quitrea plus savaus. ^^
cpnoie daos la maiscm pa(ernelle|riusa-
tiable «irîdîcé de Bayle ppur riustruction
faillit comproneOre aa yie, et e^ç ^k^^
ardeur l/accoopagn» à la campagne d*un
pareifi où il fut obligé de se rendre pqur
prendre quelque repos. Il y trouva des
livref et lut tout œ qui lui tomba sous
la matn : théologie» moôde, bistoire, phi-
losophie» controverse. Gependaq^ il dis-
tingua dans le nombre des ouvrages qu'il
dévorait; le Plutarqoe d'Amyot et Mon-
taifoe étaient ses livres favoris. Cette lec-
ture décida de sa carrière littéraire ; elle
forma le futur professeur de pbilo8Q|>bie
et d'histoire. Bayle ne commença ses
études de logique qu'à 21 ans; mais il
s'y appliqua comme un homme qui vou-
lait réparer le temps perdu. H avait d'ail-
leurs lesmaltres les plus habiles du temps,
les jésuites de Toulouse. Cependant les
argumentations auxquelles il se livrait,
soit dans ses oours, soit dSns ses relations
intimes avec les prêtres d'une ville jadis
si dévote, ébranlèrent ses croyances ; il ab-
jura et se mit aussitôt avec un zèle ex-
trême à vouloir convertir son frère» déjà
ministre au CaclaL Ce fut un vrai zèle
de néophyte» qui ne tarda pasà se re-
froidir et qui même ûi place auK regrets.
£n efifet» fisyle rentra brusquement dans
le protestantiame, et se réfugia à Genève
pour échapper à la peine du bannisse-
ment perpétuel que les lois portaient
contre les relaps. A Toulouse le jeune
étudiant n'avait coimu que cette vieille
philosophie 4u moyen-âge que l'on pre-
nait alon pour la doctrine d' Aristote. A
Génère 11 connut la doctrine du nouveau
réfoTfnateur -des études philosophiques ,
celle de Descartes, qu'il préféra dès lors
et dont il ne dépassa jamais les prineî^pes.
Dès cette époque, comme pendant toute
sa vie, spn ambition ee réduisait au be»-
heur de pouvoir étudier les science^ sans
soud. Mais il fidlait gagner sa yie, et il
fat suceessiveoient précepteur dans <k
maison du syndtc d^ Genève, dans oelle
da comir de Dohna» à Copet, dans œUe-
t^m BégoctaiU de ILooen ^ dans oaBe
d'un M. de Beringhen à Paris* H s*étaît ha-
sardé de rentrer en France^ espérant que
sa double abjuration restât inconnue
dans la partie durpy«|ume qu'il irait ha-*
biter.
L'an 1075y à une époque oà il pré-
tendais ne plus savoir (es éiémens de la
logique il disputa c( obtint ^u poncofirs,
par des thès^ sur 1^ lemp^, la chaire de
philosophie à t'ac^démi^ protestante de
Sedan.,l4iphilospphie, q^^ estfedeveoue
enfin oe qn'elle a ^té 4ai|s ^on origine,
une science ii^dépend^pte, que douce et
hau^ spéculation» était alors une affaire
fort grave» pleine d^ sopcis» hérissée de
questions épineuses» surchargée de dis-
cussions polémiques, ^'il npus la fau^
mainten^n^ pour «voif U solution des
grande énigm^ de l'existeno<) et de la
destinée humaine» il 1^ fallait au xyi;^
siècle pour échapper soit ajux honteiises
superstitions du peuple^ #oiUu:^ré?eri«
mystiques de la th^logie. Bayle k com^
prenait suivant les besaips de sqn temps.
La rf^action de sou cours Toccnpa pen-
dant ^ ans à tel point qu'il négligea même
ce qui était pour lid la source des seuls
plaisirs qu'il connût» 9a corr^sponda9oa
ayec ses amis. Sqn travail de professeur
débutant n'était pas encore terminé que
déjà il ^e sentit entraîné» par une publi-
cation mystique et un procès ridicule, à
prendre la parole au nom de la philoso-
phie. Le duc de Luxembourg était ac-
cusé, non-seulement dans l'opinion po-
pulaire, mais devant un tribunal composé
de conseillers d'état e(, de maîtres des re-
quêtes» d'itvoir fait umpacte avec le diable,
d'entreta^ir avec lui des relation^ fré-
quentes et d'en tenir des pouvoirs im-
menses. Ce procès était honteux pour
le aiède et cela parut grave à Bayle; il
coBipof a et mit dans h bouche du duc
un discours également propre à montrer
l'extravi^gancé de sa renommée et celk
delà cour qui prétendait le juger. Ce fut
un premier combat. Baylobientêt en livra
un second et un troisième. Un mystique^
le ministre Poiret, grand enthousiaste d»
M^^^ Bourignon et de M°^® Guyon asset-
vissail a son système et faussait dévote-
ment les plus saintes notions de la phllo-
.sophiesur Dieu»rame» le monde et kmal;
Bayle 8«li «n devoir 4« k redresser dans
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BAY ( 1^6 )
son traite qui a pour titre : Cogîtatîones
raiionales de Deo, anima et malo. Une
comète apparut en 1680, et l'alarme fut
générale. Bayle crut encore devoir éclai-
rer son siècle à cet égard; mais ses Pen-
sées sur la comète n'étaient pas encore
tracées sur le papier que déjà Louis XIY,
inspiré par les préventions religieuses
da temps, avait supprimé l'académie pro-
testante de Sedan, en dépit des garanties
données an duc de Bouillon, quand il
céda sa principauté à la France. Bayle,
BAt
philosophe véritable, sachant vivre de
peu, portant en lui-même une fortune ,
fut sans inquiétude sur son sort; mais il
accepta avec joie la position que la ville
de Rotterdam, toujours fière de la gloire
littéraire qu'elle devait à Érasme, s'em-
pressa d'oflrir, dans son École illustre,
aux professeurs exilés de la France. Dans
ce pays de liberté, Bayle se flattait de
pouvoir dire et imprimer tout ce que lui
inspirait son génie ou son amour de l'hu-
manité. Il y acheva d'abord son livre
sur la comète, dont il eut la douleur de
voir le manuscrit repoussé par la police
de Paris, mafs qui n'en fut pas moins lu
en France. Un théologien, homme de ta-
lent, écrivain élégant, mais aveuglé par
l'esprit départi, le P. Maimbourg, ve-
nait alors de publier une histoire du
Calvinisme où les faita étaientreprésenlés
sous le point de vue le plus défavorable
aux réformateurs et à la réforme. Dans
le court espace de 16 jours, Bayle, qui
était professeur d'histoire ausst bien que
de philosophie , écrivit une critique gé-
nérale de ce livre (1682). 8on ouvrage,
estimé même de son adversaire, fut brûlé
en Grève, mais il fut lu de tout le monde
et parvint en peu de temps à sa troisième
édition. Ce succès établit la réputation
de l'auteur; mais il blessa l'amour-propre
et la jalousie du plus irritable des hommes,
4e son ami Jurieu, qui avait voulu réfu-
ter aussi l'ouvrage du P. Maimbourg ,
mais dent la réfutation ne fut pas lue et
qui désormais fut l'ennemi implacable de
•on collègue. Bayle, tout aux études, con-
çut bientôt (1684) le plan d'une publi-
cation périodique intitulée : Nouvelles^
de la république des lettres ^ qui obtint
uo succès universel et lui assura tine sorte
entrepris a cette époque encore peu
éclairée, un travail de ce genre entraîna
nécessairement l'auteur dans une foule
de démêlés fastidieux, et il ne sortit pas
de tous ces débata aussi agréablement que
de celui qu'ileut avec la reine Christine.
Cette princesse, qui conserva dans la con-
dition privée ces habitudes d'absolutisme
qu'on prend sur le trône, lui fit une af-
faire parce qu'il lui avait supposé quel-
ques restes de protestantisme; mais elle
voulut bien sacrifier sa colère aux spiri-
tuelles flatteries de Bayle. Jurieu ne se
laissait pas désarmer ainsi. Un ouvrage
de Bayle, digne des éloges de tous les
siècles, son commentaire sur ces paroles
de l'Évangile ; contrains-les d^ entrer,
ouvrage provoqué par les persécutions
que Louis XIY dirigeait alors contre les
protestans, fournit au rancuneux ministre
l'occasion de laisser éclater sa colère.
Bnyle y recommandait la tolérance : son
ennemi l'accusa d'y prêcher l'indifTé-
rence. Bayle répliqua. Alors Jurieu, pour
mieux le perdre , lui attrifina une bro-
chure ironique qui venait de paraître
(1690) sous le titre. d'^m aux réfugiés
sur leur prochain retour en France,
Abusant de cet écrit de la manière la plus
odieuse, Jurieu peignit son adversaire
comme l'ame d'une cabale dévouée aux
intérêts de Lonis XIY et hostile à ceux
des puissances protestantes, surtout à la
Hollande et à l'Angleterre. Bayle se flatta
trop aisément de montrer la fausseté de
tout cet^hafaudage d'accusations dans
son livre intitulé la Cabale chimérique.
En effet, ^es accusations d'irréligion
déduites de son livre sur la comète s'é-
tant mêlées aux griefs politiques qu'on
élevait contre Bayle, et quelques change-
mens ayant eu lieu dans la composition
du magistrat de Rotterdam, cette ville
supprima à la fois la chaire et la pen-
sion de Bayle et lui 6ta jusqu'au droit
d'epseigner en particulier (1698). La me-
siure était rigoureuse, car Bayle, qui
achetait autant^de livres qu'il en pouvait
payer, était sans fortune; il s'émut peu
de cette situation. D'autres académies
l'eussent accueilli; mais heureux d'une
indépendance qui lui permettait de réali-
ser le plan depuis long-temps conçu d*un
de dictature dans cet empire idéaL Mais | dictioniiaire hiatoriquei il te livra dé-
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BAY
(197)
BA.Y
sonnais à peu près exclusivement à ce
travail. Il put le donner dès Tan 1696>
en 2 vol. in-fol. Le succès qu'obtint cette
première édition surprit Tauteur lai-
même, qui traitait son ouvrage de conh-
pUation informe, composée d'articles
cousus les uns à la queue des emtres,
et lui imposa l'obligatioD de perfection-
ner son recueil. Il lui eût donné sans
doute, dans plusieurs éditions nouvelles,
un plus haut degré de mérite sans les tra-
casseries infinies et les persécutions ré-
voltantes qu'il lui attira de la part de Ju-
rieu, du consistoire de l'église wal-
lonne et de plusieurs théologiens, à l'oc-
casion des articles David, Pyrrhonisme,
Afemichéens etnuires. Ces querelles, dans
lesquelles on alla jusqu'à lui donner des
injonctions délibérées en consistoire sUr
les changemens à introduire dans son li-
vre, injonctions auxquelles il répondit
par une docilité extrême et par des mé-
moires sans nombre, épuisèrent sa vie.
Il mourut le 38 septembre 1706. Les
Jurieu, les Leclerc, les Jacqtlelot, et une
foule (Fhommes obscurs avaient dérobé
les derniers momens de Bayle aux écri-
vains célèbres qui l'honoraient de son
amitié, fiayle avait été en correspondance
avec Malebranche, Bignon, Lamy, Ben-
serade, Fontenelle, Buckingham, Shaf-
tesbury, Bumet, Abbadie, Saint-Évre-
mond, Leibnitz, Thomasius, Buddeus,
Graevius, Lenfant, Huet et Basnage.
Sobre et diaste, modéré dans tous ses
désirs, doué d'une prodigieuse capacité
de travail, Bayle s'était partagé entre
l'histoire et la philosophie, qui, de son
temps, embrassait beaucoup de questions
qui sont du domaine de la théologie. Pro-
fesseur d'histoire et de philosophie, il ne
fut ni un historien, ni un philosophe
émînent; il fut en philosophie un syn-
crétlsie penchant popr le scepticisme,
en histoire un ccmipilateur d'une criti-
que sévère. Son principal ouvrage, le
Dictionnaire historique, qu'il jugea lui-
même avec trop de rigueur, renferme
une foule d'articles sans intérêt, qui ne
sont que le prétexte des notes si pro-
lixes qu'y rattache l'auteur ; mais beau-
coup d'autres sont pleins de sens, de
raison, de critique, d'érudition. Sans
doute on n'y trouve ni un système de phi-
losophie, ni un système de religion ; mais
on y rencontre à chaque pas les indica-
tions d'une .haute raison i les lumières
d'ub homme de bien, univei*sellement in*
struit; et cet ouvrage, proscrit par la
France et la HoUande, s'est vengé de la
Hollande et de la France en les éclairant
l'une et l'autre; il a exercé une influence
immense sur les lettres et la philosophie
de l'Europe. Un grand nombre d'éditions,
dont celles de 1697 et 1 720 sont les plus
recherchées, plusieurs traductions, des
additions et des remarques, ont ajouté à
la célébrité de cette grande compilation.
Une édition française, due aux soins de
M. Beuchot, a été publiée dans les an-
nées 1820 et suivantes, en 16 vol. in-8^;
cette édition est enrichie de notes extrai-
tes des auteurs qui ont critiqué Bayle.
Ses OEuvres diverses, La Haye, 1727-
1731 , 4 vol. in-fol., ont perdu de leur
prix; son cours de philosophie, imprimé
en latin et en français , n*est qu'un ex-
posé général des principales opinions des
philosophes, accompagné de remarques
critiques» La vie de Bayle a été écrite par
De La Monnoye et par Des Maizeaux. Il
est un de ces hommes qui sont venus trop
tôt de quelques siècles ; qui ont eu, à la
vérité, le courage de se dévouer aux plus
purs intérêts de l'humanité, mais qui ont
trop présumé de leurs forces et payé trop
cher cette généreuse présomption. M-r.
BAYLE ( Gaspari^-Laurent), mé-
decin, né en 1774 au Vernet, village
des montagnes de la Provence.
C'est à ses Recherches sur la phthi«
sie pulmonaire que Bayle a dû sa ré-
putation. II est cependant bien éloigné
d'avoir épuisé la matière; car s'il à su
bien établir les symptômes de cette cruelle
maladie à toutes ses périodes, s'il a su
bien décrire les désordres qu'elle occa-
sionne, il n'a point été aussi heureux
dans la recherche de ses causes; il n'a
rien dit de nouveau sur son traitement,
et sur ce point tout reste encore à faire,
même après de nouvelles études.
Bayle était né poêle et avec un esprit
mystique qu'avait dû exalter l'éducation
religieuse qu'il avait reçue dans son
enfance. Il fut sur le point d'entrer
dans l'eut ecclésiastique; la crainte de
n'en pas bien remplir les devoirs put
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BAT
( 1*8 )
feeule Veû iempêdier. H pesM tUisi à m
faire avocat; mais upe drcOMtaoice po-
litique pen hnportaiHe^ quoique hononn
ble pour lui , Tayaut fbrcé de ae retirer k
Montpellier, il y conmeD^ Tétude de
la médecine. Il parait qu'il ne termina
pas ses études tnédiealea dans cette irille,
pnisqu*après aroir été pendant deux ans
attaché aux armées , il vint à Paris pour
suivre les cotirsde Téeole^ et, après avoir
obtenu un prix et la place d*aide d'ana^
tomie , il fut re^u docteur en médecine
en 1801.11 fbt nommé, en 1807, médecin
adjoint dans l'hôpital de k Charité, où il
avait été interne jpendant pknieurS an-»
nées; c'est là qu'il fit toutes «es recher-
ches d'anatomie pathologique et qu'il re-
cueillit les matériaux de son ouvrage et
des mémoires qu'il a publiés dans le
Journal de médecine de Corvisart et Le-
i^uic, mémoires* qui k plupart ont pour
objet les affections tuberculeuses et squir-
rheuses.
Nommé,enl808,médecitipar quartier
de la maison de Napoléon ^ il le suivit en
Espagne. De retour en France en même
temps que l'empereur) il se livra entio«
rement à la pratique de k médecine et
vit sa fortune s'accroître rapidement.
Cependant il ne refusait jamak ses soins
aux indigens et une panie de son revenu
était consacré à des actes de bienfaisance.
Les événemens politiques de 1 8 1 5 parais-
sent avoir précipité k fin de Bayle; il
mourut à 42 aiis, en 1816, au lieu de sa
naissance, où il était venu dans l'espé*
rance d'y rétablir sa santé t0ttt4-fait dé-
truite.
JLtt moment de sa mort, Bayk s'oo^-
Ctipait déjà depuis long-tempo de ras^'
sembler les matériaux d'un grand ou-
vrage sur les maladies cancéreuses; on tn
annonce la prochaine poblicatloti qui
doit se feire par les éoina de son neveu ^
M. le ddcteur Bayle. A. L-d*
BATLEN ( cAHftrLATioir nn). Cet
événement, que le sort des armes a jeté
au milieu des triomphes de l'armée fran-
çaise comme un avertissement des In-
èonstances de k fortune, a toujours ^
(Considéré par Napoléon comme l'origine
des désastres par* lesquels s'eAt terminée
k guerre dek péulnsuk hispaniqiie.
Tandis que s'étendait de toutes part»
BAT
riniUReetiQtt fomentée par k junte
d'Aranjuefe, elle-même excitée contre k
France par la politique anglaise (v. Ax ak*
lUBz)^ lea divers corps de l'armée d'oc-
cupation s'apf>rétaient à déjouer ces ma-
nœuvres par de prompts succès contre les
insurgés. C'est ainsi qu'en dispersant les
bandes du général CuesU devant Medi-
na-del-Rio-Seoo ( 14 juillet 1808 ), le
maréchal Bessières venait de ramener à
k aoubiasion les villes et les provinces de
Léon, Paknok) ValkdoUd, Zamora et
Sakmanque. Ctet dans oea circonstances
que^ cinq jours après, le général Du*
pont signait l'outragenae oé^ itnktîon de
Baylen.
Parti de Tolède vers k fin de mai, à
k tète de 7 à. 8,000 hommes, pour delà
se porter sur Cadix > ce général avait eu
d'abord cpielquea anccès, malgré l'infé-
riorité numérique de ses forces. Après
s'être avaneé juaqne sur Cordoue, en
poussant devant lui les bandea du géné-
ral EschiAvari , il était entré de vive force
dans cette pkce le 6 juin; il n'attendait
pour ae porter sur Séville que l'arrivée
d'un renfort que devait Ini envoyer Mu-
rat , commandant en dwf à Madrid.
Cependant , à k nouvelle de Toccu-
patioo de Cordoue et des excès qu'on
disait y avoir été oommb contre les ha-
bitans dans leurs personnes et dans letu*8
propriétés, la junte jde Sévilk, qui venait
de rassembler 40,000 hommes, lea diri-
gea snr ce point , sons ks ordres du gé-
néral Castaios.
Dupont, à l'approche de ces forces,
se repioye vert Ajidnjar et se poru sur
ka deux rives du Guadalqidvir, pour
deÉieurer en cotmnimieatiôn avec Ma-
drid, d'où Sevary^ qui remplaçait Mu-
rat, Hii envoyait enfin un renfort de
8/)00 hommes, et en même temps pour
se tenir maître dek route de Sévilk, où
il se porterait s'il se sentait en forée. Un
ailtre eorpa de 8,000 hooMMs, commandé
par k général Yetkl^ avait eu ordre dV
vaneer aussi de Tolède an secours de Du-
pont; ce corps prit position à Baylen, à
4 lieues d'Andujar; enfin, à pareille dis-
tance de Baylen et tou^jours sur k route
de Madrid^ un fort détachement de k
division du général Oobert occupait Ln
Caroline : de telk aorte qu'en quelque*
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BAY
(199)
BàY
he«r«t dé Hiarche ces trois corps poo-
vaient faire leur joncdoo.
L'avaotage de cea dispositions aUait
être perdu par la précipitation dss géié-
rauz. Néanmoins les circonstances n«
jastifiaieût pas la résolution désespérée
que prit le général Dupont , à la suite
d'un échec dont la constante et le cou*
rage des soklata pouvaient encore chan-
ger Hssue.
Menacé dans Anduj«r, Dupont amit
appelé à lui, le 18 juillet , l'une des bri-*>
gades de VedeL Aussitôt celui-cî part
ayec tout sod monde» moins deum ba-
taillons qu'il laisse pour garder le gué de
Mangibar, par où, bientôt après , les Es-
pagnols franchissent le Guadalqurdr. A
U vérité» Gobert, qui avec ses 1,600
hommes, a remplacé Vedel à Baylen, bat
et disperse Fennemi; mais, s«ppOsant
qu'il s'éUit ré&igié à La ûiroline» poste
qu'on avait eu le tort grave de laisser
découvert, les dedx généraux s'y lancent
Fan après l'antre sans s'être concertés et
ne trouvent nuHe part les Espagnols
qui, instruits de ces mouvemens» s'é-
taient aussitôt reformés à Baylen. De
son côté Dupont, après avoir atteiSdil
vainement la brigade de Vedel à Andu-
jar, Ja croyant engagée avee l'ennemi
dans Baylen, s'y porta par une nuurche
rapide qui exténua sa troupe de fatigue ;
et au lieu dei corps avec lesquels il
croyait faire sa jonction , il se trouva en
face d'une armée supérieure en nombre,
commandée par le général Reding. Forcé
d'accepter le combat dans de telles con-
jectures , il ne put retrouver ni assex de
fermeté pour rdcver le moral de sa
troupe, ni assez de présence d'esprit pour
comprendre hri-méme que, s'il parve-
nait à tenir plus kmg-tetaips pied devant
l'armée eniiemie, il la plaônrait à son
tour dans une position plus eritiqne que
la sienne , pihisqué, par l'arrivée du gé-
néral Vedel et de sa brigade , eHe allait
se trouver prise entre deux feux.
Vedel accourait en effet. U attaqua
avec imj^éluosité les Espagnols et leur fit
d'abord 800 prisonniers ; Éiai» alors
difà Dupont pa^en^bntàit tt9tù le général
Reding. U fit cesser le feu de la cokmne
victorieuse ^ et |Ar la tAéploïmble uapitu-
hlioa qm'il sigba le ImàHAgàB^ SOjofllet
1808, il se rendit prisonnier de guerre
avec les 8,000 hommes qui formaient
son arméew ■
De plus honorables conditions furent
accordées à Vedel : on convint que sa.
division serait renvoyée par mer à Ro-
cheibrt ; mais c'est au bagnede Cadix que
les vaisseaux espagnols conduisirent ces
braves bataillons. Le reste, transporté à
l'ile de Cabrera, passa plus tard , sur ia
réclamation des Anglais, dans les pon-
toDs de Plymoutb.
Pendant les pourparlers de cette ca-
pitulation arriva vers Baylen l'armée oon*
duite par le général Castanos, et oe der-^
nier recueillit tout Thonneur du facile
triomphe des Espagnols qui lui a valu le
titre de duc de Baylen, Son résultat ex-
plique l'importance donnée à cette capi-
tulation qui, ouvrant aux insurgés la
route de Madrid, contraignit Joseph Bo^
naparte à se retirer a Borgps, dix> jours
seulement après son entrée dans la ca-
pitale du royaume d'Espagne. P. C.
BAYONNE ( département des Basses-
Pyrénées ) est la yille la plus importante
du pays des Basques. Elle est située à
la gauohe de l'Adour, au confluent de
cette rivière avec la Nive , à une lieue
de la meri à environ 36 lieues au, sud-
ouest de Bordeaux , et à 6 lieues des fron-v
tières d'Espagne et de la rivière de Bi-
dassoa {voy,) qui sépare les deux royau-
mes^— L'ancien nom de Bayonne est Zo-
pnrditm (en langue basque, terre stériU)f
d'où fe pays de Laboiurd a pris le sien*
Celui de Bayonne ne remonte qu'au
milieu du xii^ siècle; il vient du basque
Boila^Ona, bonne baie. Le pays qui en-
toure cette ville a été gouverné par des
viconAes, sous ia mouvance des ducs de
Gascogne, depuis le milieu du xi® siècle
jusque vers la fin du xii® ou le eommen-
cemeot du xni^ , époque à laquelle eut
lieu sa réuttion an duché d'Aquâtaine. Il
fut possédé par les rois d'Angleterre jus-
qu'au milieu du rv^ siècle, qu'ils en furent
dépoiûllés par le roi Charles VU. Le roi
anglais Jean-sans-Terre avait donné , en
13 1 4, à la ville de Bayonne, des privilèges
qui en firent Une véritable république, jus*
qu'à l'uNiée 14&1. Du y^ au xa^ siècle
. Bayonne à été quatorze fois assiégée. Le
plus cél^MPé de oes si^oi att celui de
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ÈAV
(200)
BAY
i52^, ei]t^epn$ par les armées combi-
nées de Teropereur Cbarles-Quint et da
roi d'Angleterre H«nri VIIL C'est alors
que les femmes de cette ville inventèrent,
dit-on y l'arme si commune anjourd'hni
sous le nom de baïonnette (vo/.). Comme
beaucoup de nos anciennes cités, Bayon-
ne prend le nom de ville vierge, jamais
conquête étrangère ne l'ayant souillée.
Le vicomte d'Orthe y était gouverneur
à l'époque du massacre de la Saint-
Barthélemi; tout le monde connaît la
belle réponse qu'il fit aux ordres de la
cour , qui lui enjoignaient d'égorger aussi
les protestans de son gouvernement.
Bayonne eut des évêques dont on ne
connaît la suite que depuis le x^ siècle.
La population actuelle de Bayonne est
de 13,250 babitans; cette place est le
siège d'une sous-préfecture du départe-
ment des Basses -Pyrénées. La mobilité
de la barre qui ferme l'Adour nuit sin-
gulièrement au commerce maritime de
Bayonne, malgré les travaux entrepris
sous Henri III , sous Louis XTV et sous
Napoléon, pour faire disparaître ce dés-
avantage. On y armait autrefois pour la
pèche de h baleine ; mais on a renoncé
à «es expéditions, et il ne s'y fait plus
que peu d'armemens. Le commerce par
terre est plus actif, surtout avec l'Espa-
gne. Les jambons de Bayonne sont re-
nommés.
Les fortifications de cette place, cons-
truites en 1818, sont boones; mais elles
demanderaient trop de troupes pour leur
défense. La seconde ligne, œuvre de
Yauban , est peu importante. Vauban a
encore bâti la citadelle , qui semble des-
tinée à battre plutôt qu'à protéger la
vHle, et qui communique avec celle-ci
par un souterrain pratiqué sous les deux
rivières. On voit dans cette ciudelle un
puits dont la profondeur est remarqua-
ble. On désigne sous le nom de château
vieux et de château neuf deux fortins
qui se lient à la seconde ligne et aux-
quels on arrive par la ville. Bayonne pos-
sède des cbantiers de construction pour
la marine royale et pour le commerce.
Cette ville, propre, assez bien bâtie,
mais dont les rues sont irrégulicres , a de
jolies promenades, dont les allées ma-
rines sont la plus belle. Les babitans de
Bayonne ont en général peu d'instruc-
tion; pourtant leur ville a produit plu-
sieurs marins célèbres. A. S-b.
BAYONNETTE ou BAÏON-
NETTE. La baïonnette est une es-
pèce d'épée dont le manche s'adapte à
l'extrémité d'un canon de fusil. Elle tire
son nom de la ville de Bayonne {voy.) ,
où ont été fabriquées les premières baïon-
nettes.
Cette arme a, depuis son origine, subi
d'importantes modifications. Elle fut
ajoutée au fusil, qui laissait sans défense,
au moment où il avait fait feu, celui qui
en était armé. La baïonnette, d'abord
montée sur un manche de bois qu'on en-
fonçait dans le canon du fusil , avait l'in-
convénient d'empêcher de charger ni de
tirer. On y remédia en ajoutant à la lame
une douille coudée qui enveloppe le bout
du canon et une virole échancrée qui
entre dans un tenon et arrête la baïon-
nette. Par cette disposition le fusil de-
vint à la fois une arme de jet et une
arme d'escrime. Mais dans une bataille
le soldat ne garde pas constamment la
baïonnette au bout du fusil ; elle le ren-
drait pesant et difficile à charger et ex-
poserait même les mih'taires placés aux
premiers rangs à être blessés par ceux
du second et du troisième.
Le ftisil sert donc d'abord, comme
arme de jet, à combattre de loin , et c'est
lorsque les balles, lancées avec profu-
sion, commencent à jeter le désordre
dans les rangs de l'ennemi que l'on or-
donne de mettre les baïonnettes. au bout
du fîisil. Alors le fusil devient arme d'es-
crime, et le soldat, animé par l'odeur
de la poudre, échauffé par l'action du
feu qu'il vient de faire, s'élance avec ar-
deur sur son adversaire , qu'il combat
corps à corps , jusqu'à ce qu'il l'ait ren-
versé ou mis en fuite.
L'armée française, si impétueuse dans
l'attaque , fait presque toujours , avec le
plus brillant succès , usage de la baïon-
nette , non-seulement contre l'infanterie
mais encore contre la cavalerie. La lon-
gueur du fusil, armé de sa baïonnette,
permet au fantassin d'atteindre le cheval
du cavalier sans se laisser approcher , et
à moins de l'effort produit par une charge
violente^ que l'infiuiterie la plut vigoo»
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BÀZ
(201)
BDE
reuae a peine à souteûîr, elle résiste
le plus souvent avec le seul secours de
la baïonnette aux attaques de la cava-
lerie. C-TE.
BAZAR [bazari) , mot arabe qui
signifie trafic de marchemdises , et se
dit , par extension, des endroits où a lieu
ce trafic. C'est un lieu destiné en géné-
ral au commerce parmi les Orientaux,
et surtout chez les Persans. Il y en a de
deux espèces : les uns sont découverts
comme les marchés d'Europe et- servent
aux mêmes usages^ mais seulement pour
j vendre les marchandises les moins pré-
cieuses et de plus grand volume. Les au-
tres y construits comme des cloîtres, sont
couverts par des voûtes élevées et per-
cées par des espèces de dômes ou cou-
poles, dans le milieu, d*où arrive le
jour ; c'est dans ces derniers que les mar-
diands de pierreries , de riches étoffes ,
d'orfèvrerie, et d'autres semblables mar-
chandises , ont leurs boutiques. La con-
struction de ces bazars , sous le rapport
de la température, est admirablement
adaptée au climat. £n toutes saisons les
marchands s'y rassemblent, et l'on y
voit même des Juifs des classes infé-
rieures s'y promener en criant le prix
des objets qu'ils colportent On s'y réunit
aussi, comme à la fiourse, pour parler
d'affaires, de courtage et de banque.
Quelquefois même on y vend des escla-
ves, quoique ce barbaure commerce se
fasse particulièrement dans les bazars
découverts. Le bazar ou maïdan d'Ispa-
han est iine des plus belles places de
toute la Perse, et surpasse, dit-on, tou-
tes celles qu'on voit en Europe; mais,
quoique cette place soit d'une grandeur
immense , on cite le bazar de Tauns
comme l'emplacement le plus vaste que
l'on connaisse; on y a plusieurs fois rangé
30,000 hommes en bataille. Il peut con-
tenir 15,000 boutiques.
En Russie, les Gastinoi Dvor sont de
véritables bazars. On a commencé aussi
à les naturaliser en France. A Paris on
voit plusieurs bazars à l'instar de ceux
de l'Orient; tous (bazar BoulBers, bazar
de la me Saint-Honoré, etc.), présentent
aux yeux du public des marchandises
variées de la plus grande beauté et de la
àenûère perfectîonX'exposition des pro-
duits de rindostrie française, qui doift
avoir lieu tous les quatre ans , n'est autre
chose qu'un vtste bazar, où des hommes
de tous les pays se donnent rendez-vous
à certains intervalles de temps. Mais,
c'est le Palais-Royal qui est le vrai pro-
totype d'un bazar européen ; ce sont les
divers passages qui y aboutissent, la plu-
part ornés d'agréables et brillantes bou-
tiques : les galeries du Caire , de Véro-
Dodat, de Co)bert, et le magnifique pas-
sage Yivienne, qui méritent ici d'être
cités. F. R-D.
BAZARD (Amard) , naquit vers l'ais
1792. U fut l'un des premiers pères
suprêmes de l'association saint -simo-
nienne, et l'un des fondateurs du car-
bonarisme en France» Doué d'une ame
ardente et d'un caractère ferme et cou-
rageux, il est ji regretter qu'il n'ait pas
appliqué ses talens à des innovations plus
applicableset plus conformes à nos mœurs
et à l'esprit du temps. D est cependant
juste de dire que, sans abdiquer son au-
torité , il combattit ouvertement le pê/^
Enfantin et son école, lorsque celui-ci
prêcha le dogme de la promiscuité et au-
tres aménités semblables. Bazard mourut
à Courtry, près de Paris» à l'âge de 41
ans, le 29 juillet 1832. F. R-n.
BDELLOMÈTRE. de ^^iXka, la
sangsue ( ^^oûàra , sucer ) , instrumeni.
imaginé il y a quelques années pour rem-
placer les sangsues dont il se faisait alors
une effroyable copsommation. U se com-
posait d'une cloche de verre à laquelle
était adaptée une pompe pneumatique et
un scarificateur ( vqy. ) porté sur une
tige mobile. La cloche appliquée sur la
peau, on y faisait le vide avec la pompe ;
puis avec le scarificateur on entamait la
peau sans retirer l'instrument, et, la
pompe continuant d'agir, le sang coulait
avec plus ou moins d'abondance. Cet ap-
pareil, compliqué et difficile à manier, a
fait place aux ventouses qui, lorsqu'elles
sont adroitement appliquées, ne sont ni
plus douloureuses ni moins efficaces.
Quant à la préférence que peuvent méri-
ter sur les sangsues le bdellomètre et les
ventouses , elle n'est pas suffisamment
prouvée; et ces insectes seront difficile-
ment remplacés dans le cas où Ton a be-
soin d'une saignée locale accompagnée
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BÉÀ
4\hi «crttlii degré dlfi^fatioii. F. R.
BÉARNi Le n<Mn de Bétam apparaît
piHHr la . première fois dans l*itiDéraire
d'Anton! n et dans la notice des protinces
de refmpire romain oà il est consigné sous
les formes de Benehtimus ou Èenear-
nus et de civitas BefiJeamentium* La cité
ou peuplade des Béamaià était alors com-
prise dans la province de NoTempopuia*
nie, la même que Faneienne Aquitaine,
conquise par Crassus, bt dont Strabon
ndus dit que les habitant étaient de race
ibérienne plutôt que gauloise. Une étude
intime des populations pjrénéetines per-
met de reconnaître encore dans leur sein
la déiliarcation respective des principaux
élémens hétérogènes dont elles se sont
fbrméea. Le Béarnais, placé entre le Bas-
que incontestablement ibérien et le Bi-
gorrais probablement gaulgiéyconserve un
type spécial qui révèle une colonie grec-
que avec fton exquise douceur de langage
et sa proverbiale courtoisie ; la nomen-
clature géographique du pays fourmiUe
d'ailleurs de noms grecs. On peut con-
jecturer que c'étaient des Phocéens, éta-
blis d'abord sur la Méditerranée et re-
foulés ensuite à l'intérieur par l'invasion
des Arecomikes, Tectosages, et autres
hordes kymriques qui atteignirent le
midi de la Gaide vers la fin du iv* siècle
avant notre ère.
Les deux évéchés limitrophes de Les-
car et d*CHort)rt (dont le premier s'iap-
pelait originairement Béam) conservè-
rent long -temps chmd leur circonscrip-
tion la trace des anciennes limites des
deux cités ou districts qui existaient aux
derniers jours de là domination romaine
sur le' sd béarnais , et qui passèrent tour
à tour des Romaifas aux Gt>ths, puis des
Goths aux Francs, pour subir entre les
mains de ces derniers tontes les vicissi-
tudes des ihùrceflemens successHîi de la
monarchie. Chllpéric! fit entrer la dtéde
Béam dans le cadeau de noces qu'il of-
fHt à Gat^uiUthe ; et quaud celle-ci fut
tombée sous les cou|>s de l'adultère Fré-
dégonde, BrunehaùM recueillit cette
]$art de l^éHtage de sa soeur. Béàm fut
enstiite annexé à Bordeaux et Bigorrè ,
pôtrr former tin duché ou gouvernement
paHiëuHer , destiné à servir dfe barrière
obhtre les iitvasit>itt' dès Vaseobs^ 40!
( 202 ) BEA
trannnSgraient dans les vallées cis-pyré-
néennes , désignées de nos jours encore
par la dénomination de pays basque
(vojr. Basques). Malgré l'opposition des
Francs, les nouveau^ venus se maintin-
rent dans les cantons envahis; Thierry de
Bourgogne, en ratifiant rétablissement
de ces peuples sur les terres de son do*
maine, leur donna pour surveillant un
duc sous les ordres immédiats duquel
furent mises les cités de Béam et d'Olo-
ron, avec celles d'Aire, Dax et Bayonne,
pour servir de ceinture défensive contre
l'extension des hôtes qu'on n*avaât pu
renvoyer.
Ces précautions ne suffirent point à
arrêter le développement de la prépon-
dérance des Vasdons; et leur alliance ^
plus que tout autre appui , valut à Cha-
ribert le royaume d'Aquitaine, englobant
le Languedoc aveo les trois provinces
aquitaniques , dans l'tme desquelles
éûient compris les territoires de Béam
et d'Oloron. Grâces aux Tascons encore,
Dagobert ne put accomplir la confisca-
tion de ces provinces sur la postérité de
son fVère. Le grand Eudes n'avait pHt>{nt
déchu de la puissance de son afeni Cha-
ribert, et quelques monumens histori-
ques ne lui refusent peint le titre de roi ,
bien que la maison carlovingieime, qui,
dans la possession des grandes charges
du palais , préparait dès lors son usurpa*
tion ^ ne voulut reconnaître à ce prince
que le titre de duc. Ses enfans fufvnt
moins heureux , et son arrière-petlt-fib
Loup*, qui battit l'arrière-garde deChar-
lemagne à la fameuse journée de Rohce-
vaux, ne conservait plus au nord des
Pyrénées que le duché de Gascogne , ré-
pondant k rahcienne Novempopuknie
et reilfentiant par conséquent OlorMi et
Béarn. Eb vafn les CarloYingiens es-
sayèrent-ils d*arracher à la postérité dé
Loup ces derniers lambeaux de mh pa-
trimohie. Un atttrS Loup , arrière-peiil-
fils de celui-là , abandonnant la Gascc»^ne
pour l'Espagne, où sa fàmfHe conquérait
de nouveaux domaines, laissa ei^-de^
des monts ses deux fib Donat et Cen-
tulle , qui recueHlîrettt respectivement le
Bigorre et le Béam , tant du chef de letir
père que comtfle cessionnaûres des droits
de leur* coHktfiMix étèdt^Bè èA Ebpague.
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BÉâ
{toi)
BÉA
lie territoire de Bétr* IbraUit alere
«ne vicomte dam le domahie ptiticilUer
des dues de Gascogne ; les vicomtes de
Béam se trouvaient ainsi , comme vas*
sanx immédiats , sur la même ligne que
les comtes de Bigorre, de Feienzac, etc. ,
feodataires dn méirte suzerain. Il est ik>-
table que , seul dans toute la (ïascogne ,
et sans doute comme lieutenant spécial
du due 9 le vleoihte de Béarn ( désigné
aussi dans Torigine aous le titre de y\*
comte de Gascogne ) battait monnaie à
Morlai ; la monnaie morlane avait une
valeur triple dé celle de la monnaie tour-
nois 9 et il n'y pouvait être apporté de
changement sans le bonsentement exprès
des prélats, barons et communes de
tout, le duché 9 où die avait au surplus
cours exclusif.
En la personne de Centulle^ fils de
Loup , cbmmence une longue série de
vicomtes de Béam et CHoitmi , dont la
puissance alla toujours croissant par la
réunion des domaines que lés alliances
accumulaient sur la même tête; c'est
ainsi que la Vicomte de M ontaner , fief
mouvant des comtes de Bigorre , fut dé-
finitivement incorporée au Béarn à là fin
du xi^ siècle. Lorsque, ajH-ès une dfirée
de 315 années, sous onze princes, la
maison de Béarn , issue de Clovis, s'éteî*
gilit en la personne de CeotuUe Y, elle
fut remplacée par la maison de Gabaret,
qui tenait ses droits de Guiscarde, sœur
de Centulle , et depuis lors les vicomtes
de Gabaret et de Brulhois demeurèrent
aanexées au Béarn.
Après un règne de Sè ans , sous deux
péinces^ la ligne liiasculîne de ces vi-,
comtes s'éteignit à son tour, et Marie de
Gabaret porta leur héritage à ta maison
de Mbncade ^ puissante et considérée en
Catalogne. Troia vicomtes de cette nou-
velle d^fuastie possédèrent le Béam de
1171 à 1990. Ce domaine passa alors à
la maison dePoii, puis à celle de Orailly,
qui le transmît à sofu tour à celle d'AI-
bret, rempMcée eOe-même ensuite pai^
celle de Bourbon | enfin le Béam fit ac-
cessiou à la couronne de France, par
Pàvénement de Henri IV, qui toutefois
lutti^ obstiBémetrt pendant 18 années
contré le parlement de Paris avant de
OMsenlb à fovréuniof» de ses domtûne& à
c^ de r AiC ; cette réunkni M Alt ÉilaM
phmoncée , quant uu Béam et à la Na-
varre, que paréditde 16S<^, sousL«dt
XIIL
Le Béam était régi par une constitu-*
tîon spéciale , appelée^r, dont on ignore
la date première ; il en est déjà fait men«
tion dans une charte de 1080, mais la
plus ancienne rédaction qui nous eu soit
parvenue est due à Gaston VII et ne re-
monte qu'à 1288. La discussion des af-
faires du pays et le vote des subsides
appartenaient aux États ^ composés de
deux chambres , l'une de la noblesse et
do clergé, l'autre des communes et val~
lées ; ces états ont subsisté jusqu'à la ré-
volution. La justice était entre les mains
d'une cour majour, qui fut transformée
par Henri d'Albret en un conseil souve-
rain présidé par le chancelier de Na-
varre ce Béam, et ensuite, sous Louis
Xm , en un parlement.
£n 1790, le Béam et les provinces
basques furent agrégés en un seul dépar-
tement, sons le nom de Basses-Pyré^
nées; le Béam forma les districts d'Or-
thez , Oloron et Pau, qui ne subirent , à
la réorganisatiou de 1800, d'antre ahé-
ration que la substitution d'une nouvelle
administration à l'ancienne , et du nom
d'ofTomiissement à celui de district. Les
évédiés de Lescar et d'Oloron , suppri-
més dans la révolution, sont demeurés
fondus dans celui de Bayonne , depuis le
concordat de 1 80 1 .
Le meilleur ouvrage que Ton possède
sur ce pays est Y Histoire de Béam en
latin , de Pierre de Marca , Paris , 1 640,
in-fol.; les Essais historiques sur te
Béam, de Fagét de Banre, Paris, 1818,
in-8^ , otnrent aussi de l'intérêt H en
existe un médiocre abrégé Sons le titre
de Résumé de V Histoire du Bémrn^ par
Ader, Paris, 1826 , in-18. *A
BÉARN (viits Dtj). Les contrées mé-
ridionales àb la France poàbèdeni de ri-
ches et nombreux vignobles qui offrent
cela de particuHer que des vind récoltés
dans la m^ne zone sont pourvus, d'ttli
très haut degré de spiritueux , tandis
que d'autres eO sont totalement privés.
C'est moins le climat qu'il faut accuser
de cette diiTérence que la nature du sol "et
la plus légère détetuosité dans l'exposi-
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BÉA
(204)
BEA
tion des vîgDobles. Ainsi , dans un rayon
de peu d'étendue autour de la ville.de
Pau , on rencontre à la fois des vins de
première et de dernière qualité. Parmi
ces vins on disting;ue celui àe Jurançon y
qui jouit dans le Midi d'une grande répu-
tation ; on en récolte ordinairement plus
de lilanc que de rouge : celui-ci pourtant
ne le cède en rien à l'autre; il a du corps,
de la sève 9 de la couleur et un fort joli
bouquet. Les vins paillets, formés de vins
rouges et blancs, sont légers , fins, déli-
cats et d'un goût agréable. Le vignoble
de Gan , qui touche à celui de Jurançon,
produit de meilleurs vins encore , mais
en moins grande quantité; les vins
blancs surtout sont d'une qualité supé-
rieure et se distinguent, comme ceux de
quelques communes environnantes, par
un goût et un parfum assez semblables à
ceux de la truffe. C'est aussi dans le
fiéam , et dans le voisinage de Pau , d'O-
loron. et d'Orthez , que Ton récolte les
vins dits de J^iquebUle^ qui sont très' re-
cherchés en Flandre et en «Hollande, et
qui , après quelques années de garde en
tonneaux , deviennent parfois meilleurs
que ceux de Jurançon. Le commerce prin-
cipal des vins de Béam se fait à Pau , qui
«n consomme une partie , surtout de ceux
des dernières classes; il y a en outre
à Bayonne de riches maisons de cora^
merce qui opèrent en grand et pour l'ex-
portation sur les vins de Jurançon et
ceux dits de Viquebille. D. A. D.
BÉATIFICATION,actesolennel
par lequel le souverain pontife déclare,
suivant les formes usitées dans ces cir-
constances^ qu'il y a lieu de penser que
Tame de telle.personnejouit dans le sein
de Dieu du bonheur étemel , et qu'il
est permis de lui rendre un culte reli-
gieux. La béatification est une espèce de
préliminaire à la canonisation ( voy. ).
Un décret d'Alexandre YII , de l'année
1659, défend absolument détendre aux
béatifiés les honneurs rendus aux cano-
nisés* Les bienheureux ne reçoivent en
quelque sorte que des honneurs provisoi-
res, limités quant aux lieux et quant aux
personnes. Il faut un induit du pape pour
ériger des autels en leur nom , pour ex->
poser lei|rs images ou leurs reliques dans
une église. Jamais le pape n'accorde la
permission de les porter en procession.
La béatification n'a été introduite que
pour satisfaire l'empressement d'un or-
dre religieux, d'une communauté, à ho-
norer le personnage qui lui avait apparte-
nu, ordre qui n'aurait pas voulu attendre
la fin des longues procédures que nécessite
la canonisation. On a été un peu étonné du
culte rendu dans le diocèse de Paris à la
bienheureuse Marie de l'incarnation ,
et de l'office public qui est célébré en
son honneur le 18 avril ; on ne sait à quoi
attribuer ce privilège singulier.
Tout ce qui concerne la béatification
a été savamment traité dans l'excellent
ouvrage de Benoit XIV : De servorum
Dei beatificatione. . J, L.
BÉATITUDE, eut des bienheureux
dans la vie étemelle. Les théologiens
scolastiques se disputent sans fin sur la
béatitude objective et sur la béatitude
formelle; mais l'apôtre saint Paul, dans
sa première épitre aux Corinthiens ( II,
8 et 9«}, déclare expressément que per-
sonne dans ce- monde ne peut savoir en
quoi consiste cette béatitude , et que l'œil
n'a point vu, que l'oreille n'a point en-
tendu, que l'esprit de l'homme n'a jignals
conçu ce que Dieu a préparé à ceiix qui
l'aiment.
BEATITUDES ivAHoiLiQUBS, iQaximes,
au nombre de huit, qui servent d'exorde
au célèbre discours de Jésus-Christ sur
la montagne, et que rapporte saint Bfat-
thieu ( V, 3 et suiv. ). J. L.
BEATOUN ou Bbatok (Datid ), ar-
chevêque de Saint- Andrews, cardinal ro-
main,,prêtre violent, voluptueux et vin-
dicatif, le principal antagoniste de la
réforme en Ecosse, naquit, ea 1494, au
sein de la famille écossaise des comtes
de Fife, et mourut assassiné en 1547.
Beaton, garde-des-soeaux et confident
de Jacques Y, négocia son mariage d'a-
bord avec Marguerite de France M 538 )
et ensuite avec Marie de Lorraine ( 1 538)l
Le pape Paul m le nomma cardioal la
même année. Après la mort du roi, il
devint chancelier de la jeune reine Ma*
rie et força le régent de recevoir de lui
ses directions.il régna avec violence et fit
périr dans les flamipes une foule de pro-
testans. J. H. S.
BÉATRIX (saints )y sœur de saint
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RÉÀ
(205)
BEA.
Simplîoe et de saint Fanstîn et comme
eux martyre de la foi chrétienne , à la fin
du iii^ siècle de notre ère.
Béataix , comtesse de Toscane, morte
en 1076, voy. MATHiLns (comtesse),
Béatbix de Provence, voy. Ratm okd
BÉrnsHOBi. S.
BEATTIE ( Jakes ), poète et philo-
sophe écossais, né en 1735 dans le comté
de Kincardine, professeur de philoso-
phie morale à Edimbourg, plus tard à
Aberdeen, où il mourut en 1803. G>mme
philosophe il appartient à cette noble
école écossaise qui , sous la direction de
Dugalt Stewart et de Thomas Reid , dé-
fendit les droits de l'idéalisme, des scien-
ces morales, de la physiologie, contre les
doctrines maférialistes du xviii* siècle,
et qui fut naturalisée en France par
MM. Royer-Collard et JoufTroy. Beattie
fit surtout une guerre acharnée au scep-
ticisme de Hume , qui niait l'esprit et la
matière et jusqu'aux axiomes mathéma-
tiques; il dierche moins à entraîner par
des argtimeils basés sur une méthode ri-
goureusement philosophique, que par sa
chaleur d'ame et sa conviction person-
nelle; volontiers il s'adresse à cet instinct
général de l'esprit humain , instinct 4pii
loi fait accepter, admettre comme vrais,
certains faits évidens ou généralement re-
connus, teb que- l'existence du monde
matériel, du bien et du mal, de Dieu,
du libre arbitre. Si cet appel au sens com-
mun ne satisfait pas toujours les philoso-
phes de profession,!dont l'esprit rigoureu-
sement logique réclame une manière de
iprocéder plus savante, plus méthodique,
du moins a-t-il conquis à Beattie un pu-
blic très nombreux et lui a-t-il valu le
renom de philosophe populairt. Dans
ses essais critiques (Londres, 1784, in-
4^ ) , on apprend à Testimer comme bon
esthéticien; ses remarques sur le beau,
le sublime, l*art, la nature, la langue,
sont très judicieuses. Ses ouvrages phi-
losophiques consistent en un Tridié sur
la nature àhmuable de la vérité, Edim-
bourg, 1770; en des Élémens des scien-
ces morales et psychologiques, 1790; et
en une Théorie de la langue, 1788.
Comme poète, il brille plutôt par sa
diction élégante, toujours égale, et par
sa tendance didactique, que par un ta-
lent créateur. La philosophe moraliste
perce partout dans ses réflexions; une
contemplation calme , une suave mélan^
colie répandent un grand charme sur ses
élégies et sur un poème descriptif en deux
chants, intitulé: le Ménestrel, ou les
progrès du génie [The Minstrel, or the
progress ofgenius). Ce dernier ouvrage
contient plus d'un tableau qui rivalise
de fraîcheur et de coloris avec les vers
descriptifs de Walter Scott; on y respire
partout l'air poétique de la Calédonie.
Beattie a peut-être confusément pres-
senti combien cette brise devait vivifier
quelque poète plus heureusement doué
que lui. Il semble avoir tracé son propre
portrait et sa destinée dans les strophes
du début, où il se répand en plaintes
harmonieàses sur les influences enne-
mies qui consument tant de nobles cœurs
dans le vallon solitaire, au pied du
mont escarpé que couronne le temple
de la gloire.
Ses ouvrages poétiques qui renfer-
ment encore un poème moitié allégori-
que, moitié didactique, intitulé le Juge-
ment de Paris, ont été réunis dans plu-
sieurs éditions, entre autres dans celle
de 1799, 2 vol. in-8^ L. S.
BEAU« On nomme ainsi ce qui, dans
la nature et dans les arts, donne un plaisir
mêlé d'admiration. Le 6eiiif n'est pas tout
ce qui platt, il n'est pas tout ce qui im-
pose; il est ce qui réunit ces deux con-
ditions: il associe l'agrément à la grandeur.
Un sentiment est beau, une action est
belle, quand on y rencontre à la fois de
l'élévation et de la bonté; un animal, une
plante y un monument sont beaux, lors-
que à la grâce des formes ib joignent le
grandiose des proportions.
On distingue plusieurs sortes de beau :
le beau matériel^ qui appartient à la na-
ture physique, inerte ou organisée; le
beau moral, qui se révèle dans nos ac-
tions et dans nos sentimens; le beau in-
tellectuel, qui réside dans la pensée,
dans les œuvres de l'esprit humain. Rien
de plus divers, assurément, que les im-
pressions produites par la Vénus de Mé-
dicis, par le dévouement de Léonidas ou
par les découvertes de Newton ; cepen-
dant, ces impreséions si différentes ont
un raj^port commun entre ellea : toutea
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BEA
(206)
BËA.
produisent ce mélange d'admiration et
4e plaisir qui manifeste la présence
dp beau et qui caractérise spécialement
3V ^xistenc^. I| arrive aussi parfois que
ces divers genres de beauté se réunissent
4ap9 un même objet et doublent ainsi leur
puissance. Dans la fignre d'une belle
îj^mme) vom admirez à la fois des lignes
gracieuse» et une Impression touchante >
^intuelle ou naïve; dans les scènea de
la natmrey Teflet d'une vue pittoresque
s'accroit des impressions riantes, mélan-
coliques, terribles ou voluptueuses qu'elle
éveille dans notre aroe.
lie beau émane de deux sources dif-
férentes : il est donné par la nature, il
est produit par les arts. Ce serait une er-
reur de {>enser que l'un de ces genres de
beauté ne soit que l'imitation de l'autre:
les arts ont des effets qui leur appartien-
nent et dont le type ne préexiste point
dans la nature. Une belle mélodie n'i-
mite rien : elle touche cependant. C'est
que les arts soni en ëux-^mémes une sorte
de nature merveilleuseï qui a des points
de contact, sans d<mte, mais aussi des
points de divergmoe avec la nature réelle.
Aussi, quoique l'imitation entre fréquem-
ment dans les procédés des arts, nous
croyons nous mieux exprimer en disant
que leur objet est, non l'imitation, mais
la création du beau. Cette simple défi-
nition nous révèle asscE la double erreur
cle quelques modernes, littérateurs, pein-
tres ou sculpteurs, dont les uns (but con-
sister la mission de l^artiste dans 14mi>
tation de la nature pauvre et vulgaire, les
autres dans la création fantastique de la
laideur physique et monde. De œs deux
systmes, l'un est la dégradation, l'autre
est la subversion de Fart.
A. là notion du heau artificiel se rat^
tache celle du beeiu idéal; des critiques,
des écrivains distingués en ont contesté
l'eaisteMce. Suivant eux, tous les types
du beau nou9 sont offerts par la nature:
les modifier, c^est en altérer les rapports,
c'est en détruire l'harmonie. C'est là, ce
nous semble, «ne erreiu'. L'expérittice
nous montre que l'art a plus d'uti pro-
cédé pour embellir les images de la na-
ture. Il peut rectifier ou voiler les imper>
fectioBS) il jpeut accuinuler les beautés,
" ' Veot'peîadve
imaginatioD d'artiste voit encore au-ddà
des perfections do taiodèle charmant qu'il
a sous les yeUx: en le copiant, il le cor-
rige pair mille changemens impercepti-
bles, qui, respectant les proportions de
l'ensemble, effacent de légers défauts ou
ajoutent de nouvelles grâces. U rend cette
ligne plus moelleuse, il adoucit oe ton un
peu trop vif, il donne plu4 de noblesse à
ce sourire, il met plus de poésie dans cette
pose ou dans ce regard. Eien n'est sen-
siblement changé dans chaque trait, et
pourtant d'une mortelle le peintre a fait
une divinité. Tout ce qu'un grand citoyen
ferait éclater de nobles mouvement, de
sentimens magnanimes dans une année
de la vie réelle. Corneille le concentipe en
deux heures dans le rôle du vieil Horace,
et son pinceau sublime, au lieu de pein-
dre un patriote, semble avoir évoqué sur
la scène le patriotisme lui-mâmfi. Zeuxis
et Corneille n'ont-ils pas atteint ici le
beau^ idéal?
Pour rendre plus vives les impressioQs
du beau, IWt a souvent recours aux con-
trastes qui le font ressortir^ mais re-
marquons (ce qu^on oublie trop aujour-
d'hui) que le secret du génie n'est pomt
de faire contraster le beau avec le laid,
qui doit toujours être banni des arts; ce
secret, c'est d'opposer entre eiix deux
genres contraires de beauté. Ainsi Mil-
ton fait contraster la beauté calme et ma-
jestueuse de l'ange de lumière aiec' la
beauté fiurouche et terrible de Sfitan, et
non avecladifformiié hideusedes diables
de k tenution de Saint-Antoine; les
grâces molles et naïves de la première
femme avec la mâle et noble fier^ de son
époux, et non avec la disgrâce d'un élre
grotesque ou contrefait. Aux doux ao-
cens de la flûte, Haydn et Beethoven op-
posent le bruit guerrier des trompettes
et des timbales, et non les cris de la cré-
celle ou de la cornemuse. Ces contrastes
heurtés et grinmçans, ces ^«sonanoes
déchirantes peuvent servir à provoquer
le rire dans les ouvrages comiques; il
faut les bannir des oompositions sérieussa
et touchantes, oà doit sans cesse dominer
le sentiment du beau.
En déterminant lès conditious «ssèto-
tielles du beau , nous croyons uvotr^
dtt niéin»a>apy déiaî icaeffolappleiiiry
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tauL
(Î07)
BBâ
admirfttioii, telle est la deuble impres-
B*oà qu'il est appelé à produire. Aussi le
pnirilége du beau , surtout du beau mo-
ral, n'esCr-il pas sesleaient de charmer^
iBais d'élever Tame^ Lorsque eette im-
pression est portée au plus haut degrés
le beau prend le nom de sublime^
Las mêmes notions nous sernrent à
dtslioguer le beau de quelques autres at-
Iribata qui s'en rapproebent, mais qu'il
ne ùmi point oonfondre aree lui Lejoii
emble au beau par l'agrément, il en
ère par la grandeur ; le grand, au
cootraire, ressemble au beau par l'éton-
oeflMBt qu'il inspire et en diÂere par le
sentiment de plaisir que le bean seul a
le doo de faire éprouver. Parmi les ani-
maux, le diat, Vécureufil, malgré leur
gentillesse; l'éléphant, malgré les vastes
dimensions de sa stature, ne peuvent
passer pour beaux; ce tHre est réservé à
ceux qui, eomme le eheval, le cerf , le
lion, joignent à l'élégance des tomeé la
noblesse des prcqwrtions. De même au
meraL « Taocepterais ces offres si fê-
tais Aiexamdre, — Et moi si /étais
Parmémon, » Celte réponse est grande;
peut-OD dire qu'elle sok belle? Non , car
sa grandeur est plutôt celle de Forgueil
et de l'ambition que celle de la vertu,
lions n'en dirons pas autant de cette au-
tre réponse dePorus à Alexandre : « Cùnh-
ment/atit-ii vous traitera —-ÊnroLi^
Ici, je sens Faccent d'une befie ame qui
devine une beileome. Cela est noble, cela
est sublime.
Yens oontemplez avec ravissement le
magniftquespeetaclede la mer irritée: qu*à
l'instant, dans une barque battue des
ioes, apparaissent des malheureux me-
naoés du naufrage, soudain la scène, en
conservant sa grandeur, a perdu ssr b^u^
té; elle n^ert plus que douloureuse et tei^
rible. Elle ne kit plus plaisir, die fait
mal.
On serait, dans beaucoup de cas, tenté
de confondre le bon avec le beau. M y a
eependont entre enx une différence du
plus au mohis. On goàte, on approuve
le bon , on ne Fadmire pas; un bon poè-
ne, un bon tableau peuvent être rœu<
yre d'un talent ordinaire ;'ui^ beau poè-
■le, un beau tableau sont toujours Fœu-
wi du gêtào, Pot» q^i'une action' sok
belle, il ne soffitjpas qu'elle smt bonne }
il faut qu'elle ait exigé dans son auteur
de la fbroe, de la gfandeur d'ame. Un
riche qui aide les ihaiheureux de son su^
perflu £ut une bonne action; un pauvre
qui se prive du nécessaire pour d'autres
infortunés fait une belle action.
Dans l'ordre intellectuel et moral, le
beau est inséparable de la vérité; dans
l'ordre physicpie, il est inséparable de la
simplicité. Boileau a dit avec raison:
rien n*es$ beau que ie wrai; tous les
grands artistes, tous les juges éclairés
ont ajouté : rien n'est beau que le sim--
pie.
Le bean ne saurait exister sans l'har-
monie, ni l'harmonie sans l'ordre; mais
l'ordre ne suppose pas toujours la sy^
métrie : sduvent un désordre apparent
recèle une harmonie réelle, un assorti-
ment de convenances mieux entendu que
ne ferait la disposition la plus régulière*
Cest en ce sens, et seulement en ce sens,
que Boileau a pu dire encore qu'mt
beau désordre est souvent un effet de
rart.
Dans une acception moins étendue,
le mot de beauté s'emploie pour dési-
gner les charmes du corps chez Thomme
et surtout chez sa compagne. L'aspect
de la beauté est le plus doux oui puisse
ravir le ccsur; mais ce sont là de ces
jouissances qu'il est plus aisé de sentir
que d'analyser. Nombrer les élémens qui
concourent à former la beauté, classer
ses variétés infinies, sont deux tâches que
nous n'oserions nom flatter d'accomplir.
La suavité des contours, la finesse et la
iîndeheur du coloris, la juste proportion
des membres du corps et des traits du
visage, et l'harmonie de l'ettsemble qui
en est te résultat, l'expression Plâtre ou
touchante, fine ou naîve, gracieuse ou
noble, pudique ou voluptueuse; enfin,
la grâce plus beke encore que la beau-
té, tout cela présente à Timagination
miUe idées charmantes, mais que lAille
théorie ne peut espérer de préciser ni de
définir, et que chacun devra toujours ap-
pliquer d'après sa mafhière particulière de
sentir.
Est-il vraî cependant ^ue la bettulé
soit 1^ résultat d'une convention arbi-
tnke'f que ttttdlfiiânr itte^ssalttMflC k»
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BEA
(208)
BEA
temps 9 les c^titiimes, ^es préjugés, les
climats? Quelqties-UDâ' l'ont prétendu;
nous ne pouvons le croire. Seulement ,
nous admettons que le sentiment de la
beauté peut légèrement varier avec les
convenances qui président aux rapporta
des deux sexes entre eux. Le sentiment
de la beauté est un sentiment de rela-
tion, et des relations immuables dans
leurs conditions essentielles peuvent ce-
pendant recevoir des circonstances socia-
les quelques modifications secondaires.
L*homme tire sa beauté des qualités qui
dépareillent la femme, et réciproque-
ment Pourquoi ? c'est que leur destina-
tion est différente. Par une raison ana-
logue, on conçoit que, chez un mâme
sexe, tous les caractères de la beauté ne
soient pas toujours appréciés absolument
de même. Ainsi, chez les peuples no-
mades, où Ja femme est appelée à par-
tager les fatigues de l'homme, on atta-
chera plus de prix aux formes robustes,
qui annoncent la force et l'énergie, qu'à
ces grâces molles et délicates qui ont tant
de charme pour les peuples sédentaires
et civilisés. Dans un climat tt dans une
société où l'on ne connaît que les jouis-
sances matérielles de l'amour, l'embon-
point, même excessif, devra passer pour
une beauté; c'est ce que nous voyons
chez les Orientaux , tandis qu'une taille
avelte et des proportions élégantes plai-
ront davantage à des hommes moins avi-
des des plaisirs des sens que des plaisirs
de l'imagination. Le beau, pour être es-
timé tout son prix, doit être rare^ aussi
le Grec aux cheveux d'ébène se peindra
yénus blonde, et l'Anglais Byron célé-
brera les brunes Espagnoles aux dépens
des paies beautés de son pays. Mais ces
légères différences d'appréciation , dont
il, est aisé d'assigner les causes tout acci-
dentelles, ne prouvent point que la beauté
soit chose arbitraire; elles prouvent seu-
lement que, sur ce point comme sur tant
d'autres, les circonstances influent pour
quelque chose sur nos impressions. Ce ne
sont point ici nos jugemens qui varient,
ce sont nos sensations.
La beauté, comme la laideur, a dififé-
rens degrés. Une taUle élevée, des for-
mea pures, des traits réguliers et nobles
contUtaent une belle femioe. lipliis d«
perfections, mais animées pçr une phy-*
sionomie heureuse; moins de grandiose,
mais de k grâce, de la finesse, du char-
me, font une jolie femme; avec de la
fraîcheur, un air d'esprit ou de bonté et
une figure ordinaire, une femme est
agréable. Enfin, des traits irréguliers
peuvent encore, par une expression en-
jouée on bienveillante, former ce qu'on
appelle une laideur aimable. N'oublions
pas de remarquer^ en terminant, que les
trois genres de beauté que nous avons
signalés, la beauté physique, morale, in-
tellectuelle, se montrent tour à tour,^-
parés ou réunis, sur la figure humaine.
La beauté physique brille dans V Anti-
nous; sur le front de Napoléon rayonne
la flamme de l'intelligence; enfin (qu'on
nous pardonne le rapprochement de ces
trois noms), la beauté morale respire
pure et sublime dans les traits de THom-
me-Dieu dessiné par Raphaël. S. A. B.
Le sentiment du beau, regardé comme
invariable et absolu, comme sujet à des
lois , à des conditions précises , a donné
lieu à une science philosophique qui ,
jugeant par Tidée ce qui apparaît aux
sens, en d'autres termes mesurant ce qui
plaît à ce qui nous est révélé sur la per-
fection, réduit à des règles, formule en
termes précis, ce qui n'était jusqu'alors
qu'une impression. Cette science , d'o-
rigine allemande, esl-lœsthétique; elle a
eu pour fondateiur Baumgarten, mais
c'est Winckelmann qui l'a mise dans
tout son jour. Peut-elle se vanter d'être
certaine, positive? Il est permis d'en
douter. Quant à nous , au lieu de rap-
porter le sentiment du beau à une révé-
lation intérieure de la perfection, aux
soui/enirs d'un dieu déchu , nous trou-
verions plus simple de l'expliquer par
l'abstraction combinée avec la synthèse.
CerUins caractères de beauté, distraits
d'une foule d'objets où ils étaient unis,
soit au laid , soit à riodiiférent, et aux-
quels ensuite l'imagination donne corps,
qu'elle réunit et façonne , forment l'idée
du beau et nous donnent cette mesure que
nous appliquons aux perceptions des
sens. Fojr. les art. ^Esthétique et Baq^-
GAATEH , et ajoutez aux ouvrages cités
danslt premier de ces articles, le suivant :
Pnncfpia Philoçalim s. doctrinœ pul^
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BE^
(209)
BEà
chri ad scientîœfonnam exlgcre cona-
tus Schedius. Peslh , 1829. J. H. S.
BEAUCAIRE, jadis Ugemum et au
moyeo-âge Belloquadra^ est une ville de
9,800 âmes, chef-lieu de cantoD de Far-
rondissemeut de Nimes (Gard), à 5 I.
^ E. de cette capiule, à 4 I. 3 S. O. d*A-
vi^po, et à 176 I. de Paris, sur la rive
droite du Rhône qui la.sépare de Taras-
con , et près d*uD canal dit canal d'Ai-
gueS'Mortes à Beaucaire, canal qui
net le grand Rhône en communication
directe d'une part avec la Méditerranée,
de Taufre, par les étangs de Mauguio, de
Maguelonne et les canaux qui les tra-
versent, avec le canal do Midi. Jadis les
deux rives du Rhône, et en conséquence
Tamscon etBeaocaire, communiquaient
par un pont de bateaux. Un pont sus-
pendu en chaînes de fer opère aujour-
d'hui cette communication; il a 441 mè-
tres de longueur , et ses trois arcs pro-
duisant à l'œil l'effet le plus pittoresque.
On -remarque encore à Beaucaire l'hôtel-
de- ville, la porte du Rhône, l'église pa-
roissiale, les ruines du château qui fut
Ugemum, et dans ses environs un sou-
terrain qui n'a pas moins de 3 lieues et
qui passe sous le Rhône.
Ce qui a donné à Beaucaire une célé-
brité européenne, c'est sa foire qui l'em-
porte encore sur celles de Leipzig et peut-
être de Nijoi -Novgorod (voj^.), et qui
jadis attirait des négocians des quatre
parties du monde. Aujourd'hui que la
facilité sans cesse croissante des commu-
nications a fait de toute l'Europe occi-
debtale une foire permanente, et que nos
compatriotes ouvrent des magasins à
Constantinople, a Smyroe, à Tifli«, dans
Alexandrieet dans Alger, le Levant n'en-
voie plus tant d'acheteurs à Beaucaire; et
celte foire, réduite au commerce intérieur
et aux exportations que les industries
émigrantes n'ont pas encore rendues inu-
tiles, tend sensiblement à diminuer. Ce-
pendant la population de Beaucaire dé-
passe encore 1 00,000 âmes à l'époque
de la foire. On sent que malgré le grand
nombre de vastes magasins, d'hôtels, de
cafés, la ville ne peut suffire à cet immen-
se et subit accroissement. Aussi la foire
a*t-elle lieu non-seulement dans la ville,
mais hors la yiUe, sous des tentes, dans
Encyclop, d, G. d. M. Tome III.
une vaste prairie bordée d'ormet et de
platanes et qui s'étend le long du Rhône;
et le fleuve et le canal sont alors couverts
de bateaux de toute espèce. Les plus
beaux jours de l'année favorisent ce
grand mouvement du commerce; en ef-
fet les marchands arrivent dès le 25 juin,
et les ventes réelles commencent le 8 juil-
let; le 2 1 du même mois on proclame l'ou-
verture officielle de la foire qui est fixée
au 22, à partir de minuit, et qui est close,
aussi à minuit, dans la nuit du 28 au 39.
Les effets payables en foire sont présen-
tés le 37 et protestés le 28. Un tribunal
de commerce sous le nom de triàtinal tle
conservation connaît de toutes les afTai-
res litigieuses qui peuvent naître à l'oc-
casion des marchés; il est composé de
13 membres. Du reste la police est (mite
d'une manière admirable tout le temps
de la foire. Les garnisons de Nîmes, 4®
Tarascon , etc. , se rapprochent alors de
Beaucaire et forment autour du théâtre
de la foire un cercle qu'il est presque
impossible à un homme malintentionné
de franchir. La présence du préfet qui
séjourne «lors à Beaucaire facilite toutes
ces mesures; ce séjour d'ailleurs est pro*
fitable au commerce dont le chef du dé-
partement reçoit à sa table les principaux
mandataires. Quant à l'industrie, Beau-
caire est presque nul. Les environs pré-
sentent des pierres à chaux et des pierres
a bâtir. Plusieurs bateaux à vapeur font le
service de Lyon à Beaupaire; cette dis-
tance de 80 lieues est franchie en 10
heures. Tous les jours pendant le temps
de la foire les lettres arrivent de tous les
bureaux de la France et de l'étranger.
Une brochure authentique de Napoléon ,
encore simple capitaine, porte le titre de
Souper de Beaucaire. Val. P.
BEAUCE {Bclsia)y portion de l'Or-
léanais qui occupait le nord et l'ouest
de cet ancien gouvernement militaire
français, et confinait à l'Ile de France, à
la Normandie, au Perche, au Maine pro-
prement dit. La Beauce se divisait en 8
parties : la Beauce propre au nord, le
Dunois au milieu , le Yendomoii au sud :
chefs-lieux, Chartres, Châleaudun, Ven-
dôme. Le Loir y a presque toute la par-
tie supérieure de son cours. La Beauce
consiste en un plateau uni, qui n'est un
14
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BEà
(MO)
BSk
peu tari^9 an sud, qae ptr quelques 1^
gères collines. Sa fertilité en grains est
proverbiale, surtout dans la Beau ce pro-
pre ! mais le cultivateur est pauvre, et sa
chaumière misérable; en avançant vers
le sud les prairies, les légumes, les chan-
Très, des vignes dont les produits sont
généralenient médiocres, diversifient la
monotonie de la scène. La vallée de
Châteaudun surtout est très pittores-
que. Val. p.
BEAUFFREM09T ou Beauf&e-
IIONT, famille française très ancienne,
long- temps soumise à Tempire d'Alle-
magne, et qui tire son nom d'un village
avec un château en Lorraine , à 2 lieues
de Neufchâteau , nuus qui acquit ensuite
4e8 possessions dans la Bourgogne. H est
fait mention d'un baron de Beaufîremout
à l'année 1203; cette maison se divisa
bientôt en deux branches, dont l'aînée
ne tarda pas à s'éteindre. Elle en eut deux
autres, notamment celle de Scey (de Scey-
•ar-Sa6ne)> qui fit l'acquisition de Senes-
cey, entre Châlons et Toumus. Mais c'est
la branche cadette de la ligne directe qui
est la plus célèbre ; elle comptait parmi
1^ plus nobles familles du duché de Bour-
gogne et un ancien adage très connu dans
cette province portait : «Riche de Châlon,
noble de Vienne, fier de Neuchâtel, preux
deVergyybons barons de Beaufremont. »
La principauté de Listenais, le duché de
^ont-de-Vaux, le marquisat de Mamay-
If^-Ville, etc., entrèrent successivement
dans cette famille ,'hériiière par alliance
des Gorrevod et des Courtenay (voy, ces
noms); ces dernier3 descendaient en li-
gne droite du roi Louis VI, dit le Gros.
En 1757, l'empereur François l*' con-
féra à Louis , fils de Louis-Benoit ou Bé-
nij^e de Beauffremont et d'Hélène de
Courtenay, pour lui et pour tous les
membres de sa famille de l'un et de l'au-
tre sexe , la dignité de prince du Saint-
Empire jqui avait déj^ été accordée aux
Qorrevoa en 1623; cependant le dernier
prince a accepté de Napoléoq le titre in-
lérieur de comte. Le uiéme a été nommé
pair de France en 181 S. J. H. S.
Pierre de Beauffremont épousa en
1448, par traité passé à Bruxelles, Ma-
rie, ftUe légitimée de Philippe-le-Bon,
duc de Bourgogne. Cette haute alliance
prouve ce que valait alors la maison d%
Beauffremont, qui déjà avait fait entrer
une de ses filles dans la maison même
de Bourgogne, Marie de Beauffremont ^
dame de Couches, que prit pour femme
Etienne de Montaigu I***, seigneur de
Sombernon, fils d'un putné de la maison
de Bourgogne. Pierre de Beauffremont ,
chevalier de l'ordre delà Toison-d'Or,
seigneur de Chami, etc., ne laissa que
trois filles.
Guillaume , frère du précédent, est
la tige de cette branche de la noble
maison que l'on retrouve aux xv*, xvi*
et xYii^ siècles, mêlée aux principaux
événemens de notre histoire aux affaires
politiques et religieuses , aux batailles et
aux sièges, aux discussions des parle-
mens et des états -généraux. H eut un
fils , Pierre, baron do Senescey , de
Scey, etc.
Nicolas, petit-fils du précédent, ba-
ron de Senescey, bailli de Châlons, fut
gouverneur d'Auxonne. Jeté au milieu
des guerres de religion, il s'y montra ca-
tholique et ligueur , au gré de Médicis et
des Guises. Sous Charles IX, il fut nom-
mé grand-prévôt de Çrance , ce qui ne
le forçait pas pourtant de faire office de
bourreau comme il le fit dans la journée
do la Saint-Bartfaélemy , où il alla lui-
même à la tête d'une bande d'assassins ,
arracher Laplace , premier président de
la Cour des aides , de la retraite oà il
était caché , sous le prétexte de le mener
au Louvre et sous la protection du roi ,
pour le livrer en chemin aux tueurs qui
l'attendaient. Son sang, qu'il versa bra-
vement dans l'armée catholique, aux deux
con^bats de Jamac et de Moncontour^
n'efface pas celui-là. Aux États de Blois
de 1576 il prit la parole comme ora-
teur de la noblesse et harangua le roi
Heuri III. Cette harangue , qui fit quel-
que sensation dans le temps et eut deux
fois les honneurs de l'impression, est peu
d'accord avec la conduite qu'il avait te-
nue Jusque là : le rude soldat delà guerre
civile y pfurle de paix, et le séide de la
Saint-Barthélémy, de toléraUce et de cal-
vinisme. On le dirait convertrà la modé-
ration et au parti deç politiques. Mais
bientôt après il redevient Guizard, et
l'homme qui avait porté À Moncontonr
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BB4
(«H)
VBK
!• guidon de Lorraine est choisi par le
duc f>pu|r garder Auxonne , Tune des
p)i|s fortes pifices de Bourgogne, quand
lu guerre a recommencé plus chaude qu^
jamaî^. Ni<'ola9 de BeaufTremont prit
donc sa part des fureurs, des intrigues ^t
des.4^9tres de ces temps dépk>rab|es ,
^ aoQ nom s*y tachfî plus qu'il fi'y brille.
L'illustration ooipelle qu'il donne aux
B^uflremont c'est de compter parmi
1^ savans de l'époque et d'être cité bo-
Doral^lement par Pe ^hou, Dav^la, Du-
pldx, Belleibréty Louis Jacob. De Ru-
bis lui dédia ses commentaires sur la
coutume de Bourgogne. U ipourut (1 ^^^)
eo ton château df Senescey. On a de lui
Qoe traduction du Traité de /<» Provi^
dencÇf de Salvien, Lyon, 1573, in-9^;
Baranguepo^r la noblesse, en 1^61 ;
Proposition pour toute la noklessç de
françe,fyïte en t{^77aux£tatsdeBlois;
IVif , in-S*'.
Claude f filf du précédent, baron d^
Senescey, gpuvçmeur d'Auxonne, fut,
comme son père, ligueur et partisan de
Lorrain^; comme son père, il. est député
de ïa noblesse, il harangue aux États de
l^ois de 1593, et s^ paroles sont plus
indurées ft plus sages q^ue ses at:tes.
Sa harangue fit du bruit: on Ja trouve
dan^ le tome III d^s Mémoires ite la Li-
gu^. Ce^t eo ^rivanlt qu'il parait surtout
aroir seryi )a faction catholique et l'avoir
servie avec assez d'éclat |)Our qi|*il ^gurit
oana léf ^t jres cpntempondneji. La Mi-
bliothèiiue de 4^"« de Montpensier met
spos son 90m les miracles de la lâ^e. Le
remerçfmentfait au nom de la noblesse
de France est de lui, et peut-être aussi
Iç Recueil tfe ce qui s'est négocié en la
coff^pagnie du tiers-^état, aux États dé
Blou, depuis le 16 novembre I6767W-
qu'en n^ars 1577, réimprimé dans le Re^
cueii général des États tenus en France,
16$l , içr^*^. Il ipoi^nU a $enesçey, en
1^6,lg^de&0ans.
So^s Hfijfai de ^eauCfremoDt, fils du
pr^cédfm, commence pour U puissante
et fière maison d^ BeaufTremont la ré-
volution que subissent les nobles f^ an-
tîqvff liimilles de JFrance i^u sortir d^ la
gD,errç civUç; ellf est gagnée à la royauté
et df viçpt /lujette à la cour, d'égale qu'elle
hâ^ d|MM 9» prorâce» maîa aaa actraoes
lui sont payés en accroissem^ns de tw
1res, de hautes fonctions, d'hopneurs.
Ileorî de Beauffr^ont, baron de 3ençsr.
<?€y» go^Yeroç^r d*4u^onne, est nommé
lieutçnaqt do ro) au cqmt^ du Mécon-
nais, choisi ^n 1^14 pour pr^ider la
chambre de I4 noblesse ^ux Éta^ de Pa^
ris, çt fait çbevaiiçf* 4c;9 ordres de s^
majesté, dont 11 reçoit |^ collier en î Ç If).
Sa femmç, Marie-Catherine de Laroch^
foi^cault, de comtesse fst créée duchess^
de Beodan, première dame d'honpeuir
d'Anpe d*4LUlricb^ puis gpuyernante A^
Louis XrV, encore ^om^ fofant. Henri
ffiit tué an siège de Hoptpfllier ep 1^3.
Spp fils Hxna? > cpmulapt Ifs môipip
gouvernemens 4*ÀM^onoe çt deMâcon,
et mestre de camp du régi^pent dç Pj^
mopt, e^t tu^ oi| plqt^t assa^ioé par uq
soldat allembnd à la l^ilaillç d^ Sèda»»
6 juillet 1641. Louis, SOO frçrç, est (ail
prisonnier dans la piémç journée* £a
eux finit cette branph^.
ÇLf tjpp de âeaun'remon( appartient
à l'autre branche; entré dans les ordres,
il ^t sacré évêque de Troyes du vivant
m^u^ç du titulaire 4 Antoine Car^ccioli,
qui, en embrassant le calvinisme , venait
de perdre ses droita au siège épis-
copal. Il le remplaça ; ipais il se vit
obligé de lui payer une redevance do
quelques milliers d'écus. Ce prélat, an
milieu des circopstances çritiqpes où sf
trouvait l'Église, sut exercer avec habi-
leté et yeriu son long pûoislèi^e* U mou-
rut en 1599.
AKTotn^ de Beauffremont, frère du
précédent ^ chef d« ia famiUe, seigneur
de Lis^epais, du chef de sa mère Antoi-
nette de Vienne, marquis d'Arc en Bar-
rois , fu^ bien placé pi*ès de Henri UI :
conseiller d'état, capitaine de. cinquante
hommes d'ordonnance, gentilhomme or-
dinaire de ta chambre du rpi , chevalier
de ses ordres en 15^5, chevalier d'hon-
neur du parlement de Bourgogpe, dont
il fit partie en 1,561, il n'eut qu'un fils,
mort sans postérité. Le reste de ja mai-
son s'est ménagé une fortune en Espa-
gne. — Chaiies-Louis , frère du précé-
dent, marquis de Measimieux , est grand
d'Espagne , chevalier de la Toison-d'Or
et général de bauiUe. — Pierre, son fila,
marquii de Listeoaif , eat élevé commt
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BEA
(212)
BË\
enfuQt d'hoDDéur près du roi d'Espagne.
Après la conquête de la Franche-Comté,
Jl revient en France et re^it les deux
régimens à la tête desquels s'était fait
tuer son frère. Il mourut tn 1685. -»
Au milieu des guerres incessantes de
Louis XIV , la maison de Beauffremont
joue toujours un rôle honorable et ne
s*épuise point en hommes de guerre ; un
marquis'de Listenais, deux fois blessé en
Allemagne, chevalier de la Toison-d'Or
et maréchal-de-camp, reste sur le champ
de bataille en 1 7 1 0; Louis^Bénigne, mar-
quis de Beauffremont, puis de Lîslenais,
est blessé deux fois, Tune à Malplaquet en
1 709, et, de sous-lieutenant des gens d*ar-
raes de "Bourgogne, devient colonel des
dragons de son frère, chevalier de la Toi-
800-d'Or et brigadier d'armée en 1719.
Alexard&s-Emmahuel, prince de
Beauffremont, duc et pair de France, fils
du prince de Listenais , vice-amiral, na-
quit à Paris en 1778. IX épou^ à Madrid
la fille aifiée du duc de La Yauguyon ,
ambassadeur de France près de cette
cour. Quand la révolution éclata, il alla
rejoindre les princes en Allemagne et prit
part avec eux à l'invasion en Champagne.
De là, il revint aux Pyrénées et fit les cam-^
pagnes de 1793 et de 1794 contre la ré-
publique française. Rayé de la liste des
émigrés en 1795 , il vivait retiré avec sa
famille en Franche-Comté, quand Napo-
léon, qui déjà l'avait fait comte, le nomma
président du collège électoral de Haute-
Saône et le reçut en cette qualité, le 13
avril 1813. Napoléon n'eut point à se
plaindre delà harangue. En juin 1815,
il le nomma pair de France; mais le comte
refusa sous prétexte de faiblesse, d'âge et
de santé. C'est de Louis XVIII qu'il re-
çut la pairie.
Alphohsb, duc de Beauffremont, fils
aîné du précédent, créé comte par Na-
poléon, était aide-de-camp de Murât; il
se distingua à la bataille de la Moskowa
iMoskva)^ dans la campagne désastreuse
le Smc» en 1818, et à Dresde. En oc-
tobre 1814, il servit d'escorte au comte
d'Artois comme commandant de la
garde d'honneur deVesoul. En 1815
il fut rappelé par Murât, puis envoyé en
France, à la première nouvelle du dé-
barquement de Napoléon, pour assurer
l'empereur qu'il pourrait* compter^sur
son fr^re de Naples. Il fut pris au re-
tour, gardé neuf jours à Turin et ren-
voyé en France. Depuis il a voyagé en
Russie et y a pris quelque temps du ser-
vice. H-D.
BEAUFORT (HxicainE), cardinal
évêque de Winchester, fils naturel de
Jean , duc de Lancaster et de Catherine
Roèt, veuve d'Othon de Swinford, et
frère de Henri IV de Lancaster, roi
d'Angleterre, reçut son nom de Beau-
fort, bourg de l'Anjou où il était né.
Homme d'état et prince de Rome, trois
fois chancelier d'Angleterre, ambassa-
deur en France, légnt du pape en Alle-^
magne, il a son rôle dans tous les grands
faits de l'époque contemporaine déchirée
par la guerre, par le schisme, par d'af-
freuses discordes de maisons royales.
D'ailleurs ame dure, esprit délié et pé-
nétrant, sa vie pleine de passions, d'am-
bition et de violence, a été un singulier
mélange de desseins bien menés et d'in-
conséquences, d'affaires temporelles et
d'affaires religieuses^ d'audace et de re-
mords.
Il reçut l'éducation forte du temps à
Oxford et à Aix-la-Chapelle. Il n'y avait
point de trône pour lui dans la famille;
on lui donna toute la science anglaise et
allemande pour en faire le premier prince
de réglise et le mettre à la têle du clergé
d'Angleterre. Évêque de Lincoln en 1 897,
il le devint de Winchester en 1414. Ce-
pendant il avait-déjà pris part aux affaires,
et sa capacité l'avait fait d'abord arriver
à la première magistrature politique de
l'état et à l'ambassade de France. Alors
l'avènement des Lancaster avait inter-
rompu là guerre de 100 ans ou la lutte
d'extermination entre la France et l'An-
gleterre. Tout à coup il ne se montre
plus que pieux prélat et catholique à foi
ardente; il se met en route pour la Terre-
Sainte. Mais il tombe au milieu du con-
cile de Constance (vo^.), et son démon
d'habileté et d'intrigues le reprend. Il ne
contribue pas peu à la nomination de
Martin Y, et, sans mission apparente-, à
l'improviste, il entraine à une décision
ses collègues. Martin V reconnabsant le
crée cardinal en 1436. De retour en An-
gleterre, il y ressaisit son influence po*
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(213)
BEà
lilk(uey et c'est par lui que Jacques I^'
d*Éco&5e obtient sa liberté. L'homme
d'état cependaut n'oublie point qu'il est
prince de l'église, «t il s'oppose à la levée,
aor le clergé, de nouvelles décimes que
réclamait le roi Henri Y, son neveu, pour
subvenir à la guerre contre la France;
mais il donne 20,000 (ivres sterling de
son propre coffre. Martin Y jeta les yeux
sur lui , comme sur le plus énergique et
le plus renommé champion du Saint-
Siège, pour être son légat en Allemagne,
où l'église avait deux grandes blessures à
guérir, le schisme et Thérésie des Hussi-
tes de Bohême. U ne fallait rien moins
qu'une croisade contre l'hérésie, et ce
fut le cardinal anglais qui partit pour la
publier et la prêcher, emportant comme
auxiliaires d'énormes sommes d'argent
(1429). J\ échoua et remporta l'argent,
non pour le rendre au saint Père, mais
pourle donnera l'Angleterre et le changer
en levées de troupes contre la France.
Sa carrière politique s'achève en Fran-
ce. Le duc de Bedford, qui occupait alors
ce pays au nom du roi d'Angleterre en-
fant, eut besoin de ses services. Ce fut
lui qui couronna le jeune Henri YI, et
qui le même jour où ce prince était pro-
clamé roi d'Angleterre à Londres, le
proclama roi de France à Paris, dans Té-
gliae de Notre-Dame, au mois de novem-
bre 1431^Ce fut Beaufort qui s'entremit,
vainement il est vrai, entre le duc de Bed-
ford et le jeune duc de Bourgogne, pour
opérer une alliance qui eût été si pré-
cieuse à l'Angleterre. Ce fut lui encore
qui siégea à Rouen parmi les juges de
Jeanne d'Arc et la fit monter sur le bû-
cher, après être descendu dans sa prison
comme un mauvais génie et l'avoir tor-
turée de sa présence pour lui arracher des
aveux, ^ous rappelons ici le tableau de
M. P. Delaroche, où le type du cardinal
de Winchester semble trouvé. Depuis,
quoique retiré dans son évêché et y fon-
dant un hôpital, il se mêla sans doute à
ces tragédies sanglantes des deux roses,
à ces meurtres de famille qui déjà com-
laençaient leur cours. Il parait certain
•que le remords d'avoir trempé dans l'as-
sassinat du duc de Glocesf er , son neveu ,
le rendit fou , qu'il voulut s'empoisonner,
et qu'il mourut dans d'horribles terreurs,
le 1 1 avril 1447. Les drames de Shakes-*
peare, biographies si vraies, chroniques
si fidèles, peuvent être cités même en
matière historique; nous renvoyons à la
deuxième partie de Henri YI, acte m,
scène 3. H-d.
BEAUFORT (nue de), le n>» des
halles^ voy, Yendôme.
BEAUFORT (Louis de). Le xviii'
siècle a vu naître cet historien, mais on
ne sait pas précisément dans quelle an-
née. Les particularités de sa vie sont éga-
lement peu connues, bien qu'elles soient
assez rapprochées de nous. Il faut appli-
quer à De Beaufort ce que l'on a dit de
plus d'un savant : « La vie paisible d'un
homme de lettres, qui n'est pas eu même
temps homme d'état, offre par elle-même
peu d'incidens remarquables. » De Beau-
fort était de la société royale de Londres,
et il ^vait été gouverneur du prince de
Hesse-Hom bourg. Il mourut à Maés-
tricht, en 1 795 : voilà tout ce que disent
de lui les biographes.
Cette existence, pauvre sous le rap-
port des événemens, est plus ric|)e sous
le rapport littéraire. De Beaufort a lais-
sé : 1** Dissertation sur incertitude des
cinq premiers siècles de l'histoire ro^
maine, publiée en^l738, in- 8^, et réim-
primée en 2 vol. in-121, en 1750; 2^ His'^
tpire de César Germanicus ^ 1741, in-
12; 3^ La république romaine, ou Plan
général de l'ancien gouvernement de
Rome, 1766, 2 vol. in-4**; 1767, 6
vol. in- 12. Ces trois ouvrages l'ont placé
au rang des bons historiens du siècle
dernier. On trouve dans les Mémoires
de l'Jcadéfffie des inscriptions «f belles^
lettres une dissertation toute contraire à
celle qu'a publiée De Beaufort sur l'in-
certitude des cinq premiers siècles de
l'histoire romaine; il ne serait pas sans
intérêt, pourl'Àude de l'histoire, de faire
le rapprochement de deux ouvrages si op-
posés. N. A. D.
BEAUGENCI j ou plutôt Bauoenci,
si l'on veut suivre l'orthographe du mot
latin Balgantium , est une ville située
sur la Loire. Elle appartenait jadis à l'Or-
léanais et fait aujourd'hui partie du dé-
partement du Loiret. Ses environs of-
frent de bons pâturages, des bois peu-
plés de gibier et des vins assez estimés.
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BBà
(SU)
BEA
Ces vins tt lés laines font rébjét prirt-
cîpa! dli commeicc db cette ViUe: Son
etidieau avait, dit-ôn, éïé cbnéti'iilt par
Ifes Gaulois, el relevait bh partie de Vé-
glise d*Arï)iens et en partie du bomté de
Blois. On peut voir , dans la GaUxà
chrlsttana , lei circonstance qiil ont
amené ce droit de 1*^g1ise d*Aiî^iehs.
Sous les premiers Cap'étîei^s Beaùf^epci
était une des places lek mieuk fortifii^ës
du royaume. Elle eut , comme presque
toutes les villes frâH(^ais'ek , des sèignetirs
héréditaires dont le preniter Ait; âuivah^
les auteurs ae V/ért de vérifier lèx dates ^
Lancelin ou Lande I l**", que l'ort croit
fils de Labdrisoré , qui vivait à ta Ifiii dii
i* siècle, el qui, 'dît-on , était aille \ ta
inaîsoh royaVe de Frâhce. Oh ne ie con-
naît que par les im'prUd'ehte^ libénilit'és
envers les églisbs el l'es cbtivehs, (^ui tùî
furent coniitiunes avec presque td'ui les
seigneurs de son lentps. Lài^fl^n oq
Landei tl son iils, qiii lui succéda vers
1060, aida Philippe 1*% rbî de France,
dans ses guerres contré l*orguetlleux Hu-
gues du Puiset, (lit f^ii prlàonnieV dâkîs
celte lu lté,^él se fit remarque^ par (Jrt tà-
lens rares à celte époque. Kao^jl I , fHs
de Landri ÎI, maître de fiéàugehci de-
puis 1Ô80 , fut rénommé p4r sa valeulr,
^suivit t^od'etroi de Bouillon à là Croisade,
en 109ë, se distingua surtout a^^i àiégè
cl*Antioche, et à àon retour eut Quelques
qberelVés avec son suzerain , le comte dé
Blois Tiiibaul IV. Yves, évéaiie de Chai--
Vés \ réconcilia césdebx seigneàrs. Kabiil
(!é Beaijgenci entra m'êiiië dM'ns là ligue
que îliîbaut forma verà H 12 coli(V*è
Lo'u is - lé - G ros , pour sou léhi r Huguek
Idii "Piiisel. tl participa auàèi \ dilTérehs
démêlé entre ses Voisins, tJés frèrei de
Beaugènci , Siko* l**", LVAbÊtifi ttt ,
Ï'ean 1*', ne se dislînfguérénl [loittt dé Ik
Ibûle clés chevaliers. JÎEAif tl; fils dé
Jèati t^*". servit avec zèle Phll1ptié-Ad-
f^ùste, et, en 1215 , vendil à ce priVi'ce
ses droits sur le Vermtinàoià [i)oyX En
'12i|è , s<Sh ïiis SiMOîl n accôn^pajgha
lâinl Louis \ la croisade, fin lid2 ,
llAouL n , se voyant skn^ iVèk-è et sarts
enfài^, véhdit à PhiUppe-t^-Bél la siel-
gneitrié de Beaugenci, qui fVkt dôntkée
en dôuatre \ la reine Clémence, Veuve
Aè Louis Hàtio. Ce^té terré fht l-étthié t\i
domaihè lorsque CVémence (Vit norté.
Avant 17^9, Brtiugenci était lechefl
lieu d*une chàtellenie dont dépendaient
Saint-Laurent-des-Eilujt , Chkumont eà
Sologne ; Oticques \ Joui fet quelques att-
ires lienx. A. S-A.
BEAUHARNAIS ( FuXtfçois, niar-
quia DE ), descend d^uné noble (kmîllè
de rOrléaoais, où, dès 1890, Guit-^
LAijME de Beatibarnàis est toomttié,cbnimè
épousaiit Marguerite dé Bourges. Uil
JkAi^dé Beatthàrhais téMoi^nH eh Avèuf
de la PiicetTe, lors dd ph>bèé dé cette
derhièré. Cfetté Ikihille se di'stirtgua par
is'es services dans difTérenS ethplois civiU
et ihilitaîrès, et, en 1764, la V^tft de ht
FeHé-Auraiu, qui lui àp^rtenaif, f\ii
érigée en mai*quisat ious lé noib de Ftf^
tê-Beutthnrnais.
Lé marquis FrAn^is déBeauhàmkis^
tié à Là Rochelle eh 1756, se trbutait lé
chef de cette l^millé to 1789, lorsqu'il
représenta la hpbléssfe ànt Éuts-Géoé*
rkux, et défbhdit si énei*giquement les
privilèges dé cé corps et les droits dd
rbi , qo*on le somotaimia lé fikU Beaû^
harnais, n éssàyA, niais en Vain, de dé^
^bber Loui^ XVI à la Fureur deâ factiotts,
eh 1792, eh hki faisant (|Uitier la Fi«ndé;
mais ce projet h'àyànt pbiht réusèf, il
én^igra, et Ifbt homtiié htajor ^ériéft-al éktA
Tàrméë dé ÏDoAdé. Au itiôlhekit t^ l'6a
ihstrùiiait lé procèè db Lodîè XVt, Frafti-
çois de Bekuhàràtth^écKvH àti préiidèbt
de fa CohVéntidh pèh\r VA rejirësehtér
rhon^uirdu irfégîcîdé ^ùi %e prépàHiit,
deihahda llioiihèuV Vlé Vtenir déf^ridVte
iOn prit)de k M hk&é, et s\>ltrit en mémh
V^m^ ébihhië btéjge. Intmédiatékkiettt
)ApV&s lelic^bHemèhtdéraHhéédbGôndêy
il voulut, à Ik tété de 900 ^ehlilShoAimél,
^ikbr combattre éh Vendée, iahspôttvoftr
obtênirdes i^ui^hees éh^h^èk^ te iMyeii
Vl*y passer. Ifé^éimaitant'jamai^ iM>A eé-
rhctère, il étHVît i RdnàpaHé qtié SOù
déVoIr était dbireàdk-e \t tk'ônê nttx BbQN
bOnîS. Bbnap&Ké, qùf Venait d'éj^dusélr
Joséphine', v«ate du Vfdoihtift Alétahdr^
de,Beaut^artlkié, frère de FràH^dis, ré^
pondit à cette tettHe par titt a<Aë dé «Ott^
feraineté; il marlA l« kllè et FrftnçoiA^
ètocoi^ émigf^, à M. dé Là Vklleitni : (cm
Mft par qt)^ dëvbbemént elfe iH^thi ce
bottfèiu noih. A^NUtt ënfift t^éliàôiiiiii la
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BEA.
(216)
BEA.
dMBiDâtioB àe NâpoléOBi U marquis de
BeàiiluifiMÎs fut Bomoié sac^esslvement,
^ «e itemief y ambassadeur auprès de
la reÎDé d'ÉlrUri^ et du roi d*£spagtie;
mais il atait trop de loyauté pour sccoo-'
der en tout les desseins ambitieux de
Tempertlur) qui u'osa rien lui proposer
d'iudifine de sa répuUtion^ mais souf-
ûit que Murât} brûlant d*étre roi d'Es-
pagne , le pressât d'entrer dans les corn-
ploU 4ui devaient rendre rfapoléon
maître de ce payé. La résiatattiie du mar-
€le Beaubamais fut d'accord avec
ses priaeipes» et il re^t, suivant tous
les biographes^ Vàrâre d'aller vivre eu
Fulogneé Celait^ dit-ou^ Tintentiou de
l'empereur I mais par inadvertance od
teivit Sologne^ et François^ proitant de
ce libellé, s'en fut babiler la terre de ses
péresy la Ferté-Beauhardais^ que le prince
Eugène avait racbetée et iqui éuit située
en Sologne. L'empereur apprit cette er-
reur dnos UB de sesmomens de galté; il
en rit bux éclats et ne la fit point rec-
tifier. Le mart|uis de Beauharuais resta
dans cet c»l jusqu'à la réStauratioB. Ou
S'éloupa alors de ne voir récompenser
son ancieuae fidélité par aucune faveur.
L'estime générale le dédommagea^ et la
piété filiale de W^^ la comtesse de
BcaubartoiSy cbanoinesse^ son unique
enfant aujourd'hui ^ le co&sole de l'ou»-
Ui de SCS vieux rois*
AxBXAiHiEB, vicomte de Bcauhai^naiS}
frère du précédent^ né à la Martinique
SB 1760} tint uue conduite bien diffé^
reute. Dès les premiers Éuts-GénérauX}
il se montra opposé à la cour; il prési-»
dait rAssemblëe oonstituatate} le 21 juin
1791} lorsque Louis mSfl^ fujraUt avec sa
famille, Alt arrêté à Yarennes. Parvenu
au grade dégénérai^ eu 1793, Beaubar^
aais refusa le asiaistère de U guerre,
mais il aoccpUi l'a— éc suivante le oom-
ÉMUdetUent de la preimère armée du
Bbiu. Toutefois il ne fconsërva pas.long^
tumps ce eUmmalidcment i indigné de la
bautcUr avec laquelle les reprCbentans
du peuple lui ordonnaient de détàcbeir
lfi,Ô90 hoibmes poUr renibroer l'armée
de k Moselle} «u moment où la sienne
ènliait à forces inégalée contre Wurmser,
prêt à profiter de Oetlc fautci} si die était
, ^ofr feroar les %i«i de Wis-
sembourgi indigné, disons-ooui} 4ê eel
ordres et prévoyant ce qui réeulteiuit dt
leur accomplissement} il donna sa dé*
mission et se relira dans sa terre où il
remplit avec aèle et dévou^eut les fono*
tions de maire. Brave } aimable} gai, Oc
n'était que par générosité de éaraotèi%
qu'il avait adopté des principes dont les
conséquences, poussées alors jusqu'à lent
dernier terme, lui faisaient borreur* B
fut arrêté dans sa paisible retraite^ Traaa^
féré à Paris, il fut enfermé aii Luxent-^
bourg, d'où on le traduisit au tribuual
révolutionnaire qui le condamna à mort^
le33 juillet 1 794, cinq Jours avatttqu'dn
j envoyât ^Robespief re et ses «ompliceSi
Séparé depuis long-temps de sa feinme |
il lui écrivit au moment de mourir, en lui .
recommandant ses enùnS} que le sbrt aé
chargeait de si bien pourvoir*
Joséphine, devenue l'épouse du gé-
néral Bonaparte} premier consul, puis
«empereur, vit son fils, Euciim de Beatt^
harnais , époux de la princesse Augusta,
fille du roi de Bavière ^ et ViOS-ttil d'IU-
lie; sa fille fioETBirsa de BeâUbariiaîs ,
reine de HollaUde , par son mariage avec
Louis Bonaparte. Le prince Eugène^
mort eu 1824} a laissé : le due de Lemeh^
temherg; Joséphine , mariée à Oscu^
Bernadette , prince héréditaire de Suèêc|
Eugénie 9 mariée au priikte héréditaire
d'Hobeuibllem-Héchin^en \ AtkéUé^ ma*
riée à dou Pedro , ël-empereur du Bré^
sil( ThéodQlindaf et le prince Mtuié
Foy* les articles JoséPHUrB| Etjoàini
(prince )} Loui» (roi de HoUmidfe), ctci
ClaudK} comte de BeaubàIrnaM } fila
d'un chef d'escadre} était eousin deFra»
^is et d'Alexandre. Sa mère, ¥kjmt de
BeauharDais(morte en i 8 1 S),publla qud^
ques ouvrages} et, pendant long^Sempè}
réunit chez elle les geni de lettres lés
plus célèbres. Officier deS gardée fhuH-
çatses, le comte Claude épctièa dlibonl
M"*" de Mhruésia} puitt M^^"* Fortau^
fille d'un armateur de NaUteSi fl eut de
sa première femmO} Sfràplàhûiki, que
l'empereur maria au graod-duc dé Bade
(vof. l'art Baoè, t U, p. 689 )i Sé^
natetu' titulaire de la sééatorerie d'A«^
miens , chevalier d'honneur de rim|béré«-
trioe Marie-Lesûee, iprand^Kindo* de là
LégiMKd'fiuÉùleu^, ut grauéMoix du
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l'ordre de la Fidélité de Bade, sons
l'empire, Claude fut pendant la restaura-
tion éleré à la dignité de pair de France,
tandis qu*£u^ne et Hortense de Beau-
harnais , enfans d'Alexandre et de José-
phine, descendaient du faite des gran-
deurs oik la fortune de Napoléon et sa
Tolonté les avaient placés. La princesse
Stéphanie, veuve du grand^duc de Ba-
den , a marié sa fille ainée au prince Gus-
tave deVasa, fils de l'ancien roi de Suède,
Gustave IV; la seconde, au prince hé-
réditaire de Hohenzolleni-Siegmaringep;
il ne reste plus auprès d'elle que sa der-
nière fille , la princesse Mewie. De son
mariage avec M'** de Fortan, le comte
Claude eut une autre fille, aujourd'hui
M°^* la marquise de Quinqueran-Beau-
jeu. Le comte Claude de Beanhamais
est mort en 1819.
Les armes des Beanhamais sont : d'uT"
gent^ h unefasce de sable, surmontée
de trois meriettes de même , avec cette '
devise : Jutre ne sers, L. C. B.
BBAUJEU 9 vojr, AjfNE de Beavjeu.
BBAUJOLAIS (le), Bellojocensis
iracUtSf petite province de France, bor-
née au nord par le Charolais et le Ma-
çonnais , au sud par le Lyonnais et le
Forez, à l'est par la Sa6ne, qui le sépa-
rait de la principauté de Dombes , et à
l'ouest par le Forez, dont il était en par-
tie séparé par la Loire. On donnait au
Beaujolais environ 10 lieues de long et
8 de large. Sa capitale était dans les pre-
miers temps Beaujeu , qui a donné son
nom k la seigneurie même dont les pos-
sesseurs figurent dans nos annales sous
le titre de sires de Beaujeu; plus tard
ce fut Villefranche qui tint le premier
rang.. Le pays était, avant la révolution,
du gouvernement du Lyonnais, du ressort
du parlement de Paris, du diocèse et de
la généralité de Lyon, élection de Ville-
franche; il fait maintenant partie des dé-
partemens du Rh6ne et de la Loire.
An temps de Jules César le territoire
beaujolais était habité par les Segusiani;
sous Honorius, il fut compris dans la
première Lyonnaise; de la domination
des Romains la province passa sous celle
des Bourguignons, puis des Francs, après
la destruction du royaume de Bourgo-
gne, par les enfans de Clovis. Sous les
( 216 ) BE4
empereurs carlovingiens, lors de l'éta-
blissement du régime féodal, le Beaujo-
lais se trouva compris dans l'état de
Guillaume l^% comte du Lyonnais et du
Forez, qui reconnut pour roi le fonda-
teur du nouveau royaume de Bourgogne,
Boson. Ce comte étant mort vers l'an 900,
après avoir partagé sa vaste seigneurie
entre ses trois fils, l'un d'eux, Bérard I^%
eut en partage le Beaujolais et fut la
tige des sires de Beaujeu. Le 8°** sire,
Humbert IV, fut, à la fin du xii* siècle,
le fondateur de Villefranche dont il fit
la capitale du Beaujolais; il épousa Agiles
de Thiern , héritière de la seigneurie de
Montpensier, qui se trouva ainsi apportée
dans cette maison. Son fils, Guichard m,
lui succéda dans ces deux baronnies, mais
après sa mort elles furent de nouveau
séparées et l'un de ses fils, appelé comme
lui Guichard, devint la tige des seigneurs
de Montpensier (vojr. ce mot). Le même
Guichard III, qui avait été chargé d'une
mission auprès du pape Innocent III, vit,
en passant a Assises, saint François et en
obtint trois religieux de son ordre, q^i'il
conduisit en France et avec lesquels il
fonda à Villefranche la première com-
munauté de cette règle. En 1365, Isa-
beau, héritière du Beaujolais^ le transmit
par mariage à Renaud, comte du Forez,
dont le second fils devint l'auteur d'une
nouvelle suite de sires de Beaujeu; le
dernier, Edouard U, épris, vers l'an 1 898,
d'un fol amour pour une jeune fille de
Villefranche, la fit enlever violemment
et conduire dans son château; ajourné
au parlement pour ce rapt, qui avait
excité contre lui l'animadversion publi-
que, il fit précipiter par les fenêtres de
son manoir le malheureux huissier qui
avait osé lui faire la citation. Alors des
troupek furent envoyées, et le sire de
Beaujeu fait prisonnier fut conduit à
Paris. Le double crime dont il s'était
rendu coupable lui faisait encourir la
peine capitale : il implora le crédit de
Louis II, duc de Bourbon, son oncle. Ce-
lui-ci lui fit payer sa protection par la
cession du Beaujolais et de Dombes;
l'acte est de l'année 1400. Edouard re-
çut sa grâce et mourut peu de tempe
après sans héritiers. Ce fut ainsi que le
Beaujolais «e trouva compris parmi lea
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BEA.
vastes possMsîoDs de la maison de Bour-
boD. £q 1533, Louise de Savoie, mère
de Frati^is V , se fit adjuger celle pro-
yince qui avait été ooofisquée sur le cod*
oéCable de Bourbon; en 1631, Fran-
çois V la réunit à la couronne ainsi que
le pays de Dombes; mais en 1560 Fran-
çois II rendît le Beaujobis à Louis de
Bourbon, due de Monipensier, dont le
petit- fils, Henri j mort en 1608, la- trans-
mit à' Marie de Monipensier son unique
bérîtîère. Cette princesse le porta en dot,
en 1616, à Gaston d*Orléans, frère de
Loi|is XIII; à son tour, la fille de Gas-
ton, la célèbre Mademoùelle, légua le
Beaajolais avec tous ses autres héritages
à Philippe,A/oR<f i>t«r,f rèrede Louis XIY,
premier duc d'Orléans et tige de la bran-*
cbe actuellement É^égnante. Depuis cette
^x>que, le Beaujolais, avec titre de comié,
a souvent été l'apanage de quelqu'un des
princes de cette maison; le dernier comte
de Beaujolais , troisième frère de Louis-
Pfaiiippe 1^', roi des Français, était né
à Paris en i 779 ; il subit une dure cap-
tivité pendant le régime révololionnai-
re, fut rendu à la liberté sous le gou-
vernement directorial , voyagea avec ses
frères en divers pays de FFurope, et
moamt, en 1808, en Sidle, où il était
allé chercher le rétablissement de sa
santé détruite par de nombreuses.vicissi-
todes. P. A. D.
BKAULIEU (Jban Pie&bb, baron
Ds) naquit, en 1 735 , d'une ancienne fa-
mille du comté de Namur. Après s'être
distingué dans l'artillerie autrichienne
pendant la guerre de Sept- Ans, il se re-
tira dans sa famille avec le grade de
lieutenant-colonel. Promu depuis par le
chef de r£mpire à la dignité de général-
major, en récompense de ses anciens
services, il fut investi, en 17$9, du
commandement des troupes envoyées
pour combattre les Brabançons révoltés.
Après les avoir vaincus dans toutes les
rencontres, il étouffa leur révolte par
son courage, sa persévérance, ses opé-
rations stratégiques, et par son humanité
à laquelle les insurgés eux-m^es ren-
dirent l'hommage le plus éclatant. Plus
tsrd, en 1792,Beaulieu ne fut pas moins
beureujL contre les armées de la républi-
que française qui avaient ^va^ii les Pays-
(217) BEA
Bas. Avec une armée de 4,000 hommes
et deux pièces de campagne, il tint tête
au général Biron qui lui opposait 1),000
hommes , obtint des avantages mar-
qués à Marche-en- Famine, à Templeu-
vre, à Fumes où il fit sa jonction avec
l'armée anglaise sous le duc d'York , et
s'empara de plusieurs places, entre autres
de Menin qu'il prit d'assaut. Comman-
dant ensuite le Luxembourg, il conti*
nua de se signaler et gagna la bataille
d'Arlon.
Cependant, cette vieille renommée mi-
litaire finit par succomber aux talens su-
périeurs d'un jeune guerrier. Nommé, en
1796, commandant en chef de l'armée
d'Italie contre les Français sous le géné-
ral Bonaparte , il s'empara à Volbie de
tous les retranchemens de leur ligne d'a-
vant-poste; mais ne pouvant se rendre
maître de la redoute de Mondovi , il fut
complètement battu par le général fran-
çais, près de Montenotte. Enfin, après
plusieurs autres défaites et des revers con-
tinuels attribués par lui à la jalousie du
général d'Argenteau , revers qu'il essuya
surtout à la défense du passage de l'Adda
et du Mincio, il (ut forcé de gagner le
Tyrol. La U quitu, le 25 juin 1.796, le
commandement qui fut confié au général
Wurmser, et se relira à Lintz où il mou-
rut dans sa 95* année, en 1820. Z.
BBAUMANOIR , ancienne maison
de la province du Maine, dont la filiation
n'est bien connue qu'à partir du xv* siè-
cle, bien qu'on trouve cité, dans un acte de
1293,unPhilippedeBeaumanoir, grand-
bailli du Beauvoisis. Vers le milieu du
xv" siècle un mariage apporta dans cette
maison la seigneurie de Lavardin , érigée
depuis en marquisat; et c'est sous le nom
de Lavardin que sont connus les mem-
bres de cette famille qui ont figuré dans
l'histoire. Voy. Lavabdiu.
BEAUM ANOIR (Jeak , sire de), qu'il
ne faut pas confondre avec le maréchal
de Lavardin (vo^.), aussi appelé Jean
de Beaumanoir , était issu d'une des pre-
mières familles de Bretagpe. Dans les
guerres civiles qui déchirèrent ce duché
au XIV* siècle, lorsque Charles de Blois
et Jean de Montfort s'en disputèrent la
possession , Jean de Beaumanèir se dé-
clara pour le premier de ces princes. Il
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BEk
(218)
bea;
«HHfÉ ptr dès traits d^toë bfaTonre
MàUotè l'hbhtièur d^étre armé ch<^vâ>
\i(6ti ei, ëo 1847, après la bataille de la
Rdche-Defriéii, il èdccéda à Robert de
BèautiMiDôi^, 9àû père, dails la dignité de
uraréchâl de BretA^e. La trêve qui fut
èbndbë qttéli{ùe temps apl-è^ tl'ëmpêcha
pkk deé combatâ àinguliers où les elieva--
liëH des detix partis signalèrent idutile-
riittnt leur bravôuhe et leur dévouement.
La plti^ cêlèbhe de ces abtions individuel
les fut le Combat des trente. Jéari de
Behimràkibir (hous tie si&vbi^s sut* quelle
autorité M. de Siértldhdi nbnkitie tlbbert
de àeaumanotr, père dé Jean, Hîstoirt
éts Français, t. X, p. 897) alla dêûet
lé ehfttetaîn anglais de Plbértbel à jouter
dé fer de glaives pour Tamour de leurs
dàihe^. l^rënte chambrions ebbtré trente
éii vinrent àni mains, en 1851, le 27
iiiAili, ad pied dd chêne de Mi-Voie, à
é^alé dbtaticé entre Josselin et Pibêrmel.
Hdit des Anglais (Virent tu^^ les autres
se isendirëbt, et bé combat def Trente fut
^a deé tilité d'ahttés les )^\\m célèbres
é&b» le tetibps, perce qu'il dohnait quel-
que sktinfâction à l'iimôur- propre des
Francis, ^i soùVent Vainciis dans béltè
gbeirre. bèâuilnânoif reçut ][>ldsiedrs blés-
fcttfc^ et fit t>k'euve d'un hirè fcburagé
dan^ cette rencontre. £Ti 1854, il ait èn^
vojé en Anèlete^re pour négociet- la hrisé
«tt liberté dé Charles de Blois. Il <^bti-
ftoa déjouer bta rôle très actif dans cette
lutte Si désakreuëe ^ùï lés dëlit p^fti^.
En 1864, Il pardi aVet é^elat à la bataille
d' Aurai, bù H fVit ûiit prisonnier a^rès
db jprbdi^e^ de vàleiir, tandis qbe Char-
les d% Bloiè tombait sodé le^ cob|f>s de
rehnëml. EhfeHné dabs le chiteAd d* Au-
M , Jèab de Bëddbiaboir fût rendd biipb-
t6l a^i^ès à Ik liberté, rbrsqbfe liés Frab*
Çédi èdreni Irepri* cfetlb ^lacé. Il figura
comme négociateur à la cbncldslon dd
traité dé GdérÀhdë, éb 1536, et mbnrut
|>éà de teimps après. A. S-a.
teAtJBt AltCRAIS. Beàumarichais ,
è*e*t Fîjgiah); c'est rboHirae sorti du peti-
|ite i)ui devient grand Seigneur tbbt en
)^ëstabt ])éui^lé,ëtqtii est toujours à dire :
ht rûoîy fhoMï^ù! méhie quand il k fertl-
lilà^é^ék" lëk Vnbans dé sbië et Thàbit d^
vV^lobrs téb galons de la livi^. BeatlMt^
èhàls m, tè tëpHMtttiiiit pMbiMl ^
roppotkloo plébéièoàe da xnn* iiM*
Ceux qdi ont combattu dani le corpé d*ar»
mée philosophique et libéral dont Baa«*
marchais éuit l'airant-garde et la aeoti*^
nelle perdue étaieoi tbm ^ chacub dam
son genre, des aristocrates qui tenaient à
raristocratie par quelque vanité ou pai^
qbdque habitude. M. de Biiffoo était wa
gi*a9d seigneur philosopha; M. de Vol-
taire était ub poète grand Seigneur et
chambellan; J.- J. Rousseau était uâ grand
seigneur * citoyen de Genève. Les autrei
étaient des grands seigneurs caÉDiaradv
du barbn d'Holbach ou amis de M'"? dé
Genlis; ils marchaient daiM la odnip»*
gnie des grands seigneurs. Beauniarchaià^
morbled ! Beanmarchais tout seul^ dasé la
foule, hors dç la foule, toûdoyant, co«-
dojé, par terre^ au riel> à Sainr-Lacare^ à
la cour, marchand de livres, niarcliaad
de fruits, ëvocat^ poêle dramatique, apa^
dassin espagnol, négociant 4n tout genre,
Beanmarchais est l'eniatat dÉ peupla,
rélève du peuple, le poète du peuple, \%*
cri vain du peuple surtout; muUu, raiUtfèr^
sobple, méchaut, patient silrtttut ooiuia
est le peuple 1 Quel esprit I quel cou#aga!
qdelle verve! Quel ^rand réviduliou»
uaire !
Ceè bbmmb est ué plus tard que Vel^
taire qui éeift ué trop tét puur étire ié^
moin de sou iHumplie et a*asi06ir hm^
reux et tîriomphant sur les ruines anbu*
celées pat sou génie. Beattmartbaiii Aé à
Phri^éta 1781,mmon en 17M. AmsiM
a recifeilli tobtea les teiHfétes ^u» m
devancière avaient éeméea. Il a porté toitt
le îkix de cet immense hérkug« et hévu*-
lut ibbs. Beaumarchais pour dtruicvu aas»-
sëm«ns de sa vieillesse a été letéuMMudè
Ih r^Vôlbtibb française. Q'étutlàuurëpèa
digne de l'atti^téde aajewwaaewBuiiegai
Wabbrd, musicien ensuite ^ bou pas mu>-
sicrèn pàrfôttes bottfféei oomilie Figaro^
mais mtlsicieta'séHeux et ambideux^ ii du*
Vibt aibsi hombiedecour obexMeëdaaaea,
X*) Tfos lëetefan ont déjà éA leaUHxjWci ^fc,
tMkcnrfodra deanireà Vmwài ^-énà, rcgiiar
daos cet ouvrage» nuos Uissons le fluoifi libre à
des opinions diverses duns tes articles de titté-
lature et d^iroagina^ioà. On nVcige pas d» Aoui,
Mn« doétiB, qo» •bot preatow tar aéuè b rt^
IHMtaliilité dos idées» d«s images ftdM,jiig«niMs
3 ai seront émis dans les articles de cette nature:
s porteat an oas, pour en répondre, des noAis
^Ulditlfc Vt ImIMWwUIS. #»s*u«
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BBA (219)
fiHM 4e Loufo XY. Tout sertait à cet
homme pom* te pnklii(re : sa foAt*pe lé
fil entrer rfans les jietils appsrtetneos de
Yerakilies) soii procès GœtiHMiiib le mon-
tn à la FVance sous no point toot hou-
▼eau en France, c'est à-dire cotnriie on
Orateor ipiT n'appartenait itî au barreati,
pi il là chaire, les denx seals genres d'éi-
lo^uence ^ws l'on conoût alors. Le pro-
cèi Gtôetzbiann eat tirèa cnrienx. Le pre-
mier l>îeafaiteér de Beauomrcbais, PArIs
Dmremkyv ^^ùi' inort, le légataire dé
BsTerna^ rékïlaiMiit à Beaomarchals
t§ê,Mù fr. De là procès; BèantnarchalS
sdon l'usage oflVit 4 Gostzmann, ra(>por^
tenr au procès, 116 Ibuis et une montre
à brilluîir. Quand te proèès lut perdu, le
rapporteur Gttix manu rendii à Bèaumar-
chab 190 loois et la montre. Beaumar-
cbaia nManià les 1 6 louis. GoMzmànn se
crut câtorànié, et il intenta urt procès en
catoinni«. Ybilà qui va bien I Notre bor*
léger de tottt à Tlvéure, botre musicien
éa la veille^ l'attaque au parlement corps
è corps poUr 16 touis. Ce t|ue BeaAmar-
eiicb a dépensé d'esprit , de safllieit, de
Wrve , d'ittBginatiôh , d'irooie surtout,
pour dél^dre- ces 15 Ibuis , est à peine
crojablë; bien ttuenousa^oUsencoÉ^e les
pièces^dtt procès sous les yeot. Déjà, en
cDfet^ dans cette cause, et i propos de
tm t^ kiufs , Bèaamàrcbais ouvrfcit une
krge itoie aiu Orateurs qui devaient plus
tard reufvrserk vieMe France, qui avait
l%ir si faie* portante encore et qui était
ruinée de toulm parts. Ce fut là une
fpiéde décoUverto que fit cet bohfime le
jour oii, poUr eutl-er dans Fbpinion qui
eotomcn^it à être la rei^e de cette épo-
que, Btauiinairciiais trouva son véritable
litfv tHuis cette «ociété qui ne savait pas
encore podrquofi elles^iutéresSait à Beau*
mardNils; -^ Je sui^ un leitoyen ! s'écrie
Buaumaft'c^als, je suis un citoyen I c'est-à-
dire je 4ie -suis ni un couktisan , ni un
é^ nimjt gertWhwiiiime, ni un finan^
r-) ni éu fkvori, ni rien de ce qu'on
appeHé puissance aujourd'hui. Je suis
un cîtbjrte! t'est^lt-dire quelque chose
de tout- nouveau^ quelque cboso d'iu-
éomsU, d'inouf «n France. Je suis un
citoyen I c'esi-à^'dirii be«tuevonsdevi^t^
être dlqMiia deplt cents tous, ce que véus
aarw dîuM vîBft ans peut-être I Ace nom,
BË4
si couyeau en 1774, la société rfesu il*
tentive et muette. On compreild que
Beaumarchais jouait un jeu qui n'avait
encore été joué par personne. La France
de ce temps^là se rappelle bien qu'elle â
Vu des princes du sang élever l'étendard
de la révolte, des parlemens s'opposer à
là justice des rois, des jésdites mettre
l'état à feu et à sang pour des bikllës;
mais ce que n'a jamai» vu la France, c'est
un homme tout seul , bu simple àbcUU
de la foule, un pauvre diable saUs àféui^
sans famille,* sans entburage^ sans pro-
tection, moins que rien, relever la tété
tout à coup, se grandir tout à cou^ à là
-hauteur du Parlement, lui parler face à
face et tout haut, et d'égal à égal, sibon eA
maître. Non , U France n'avait jAbtais vu
rébellion pareille; et comme c'est un no-
ble pays^ <(p\ respecte tous les courages,
la France, elle applaudit au courage dé
ce ver de terre qui ne voulait pas être
écrasé par le conseiller Qœtàmann. Elle
reconnut ce titre de citoyen que ae' doU«-
nait Beaumarchais, plus fier en ceci que
Figaro uni se disait /Us d'un priheê et tf/^
fant perdu. De ce jour donc, Beaumar-
chais fut un gentilhomme, toUt comme ce
Montmorency qu'on appelait le premier
baron chréUen ; Beaumarchais fut le pre*-
mier citoyen Jrançais ; et quand le par-
lement Maupeou^ trembknt enfin devant
cettte nouvelle puissabce dont il u'aYait
aucune idée, eut rendu Cet arrêt qui don^
nait tort à tout le monde , il se trOuVa que
le public cassa l^rrét du parlement.
Tout Paris se fit écrire Chet le citoyen
Beaumarchais. Le prince de Cohti , uu
des phis gtrands seigneurs de ce temps*-
là, l'invita à dîner; M. dé Sartines, lui-^
même, tout lieutenant de )k>l{ce qu'il
éttit, se conduisit en homthe d'èsprit et
félicita le hardi plaideur. £t VtSità rom^
ment le public saisit cette admirable oc-
casion de flétrir le parlement Maupèou,
qui avait remplacé Ses vieux parlemeus si
respectés. Ce fut là une immense gloire
pour Beaumarchais, une gloire qui a Sur-
vécu aux passions de l'époque. Ou Kra
toujours avec admiration des H^ntoirei
si remplis de faits et d'idée^, à llkMe dCs^
quels la pMlokophSe du ttiii* SiècKe péf-
uétra enfin, et par la brèche, e'cn-à^
dire par la bouae Toîe, dans la Bftgitcr»-
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BEA
(220)
BEA
tare qui était restée inattaquable jus-
qu'alors.
Après ce procès si plein de bonheur de
toutes sortes , Beaumarchais en eut deux
autres qui ne peuvent pas soutenir de
comparaison ayec le premier. Le second
de ces procès est le procès Bergasse.
C*éUit en 1781. Déjà à cette époque la
France était moins frivole ; elle commen-
çait à ne plus rire que du bout des lèvres.
On prétait l'oreille avec inquiétude aux
grands bruits qui allaient venir. Beau-
marchais accusé d'avoir aidé à la séduc-
tion de M"^^ Komman, n'était guère di-
gne d'intérêt pour une époque qui avait
déjà mis en pièces le manteau couleur de
murailles sous lequel elle cachait ses bon-
nes fortunes , et qui n'estimait plus guère
que les grandes passions , le dernier excès
raisopnable et innocent auquel pouvait se
livrer la France en attendant les horribles
et sanglans excès qui la menaçaient Donc
cette fois Beaumarchais n'eut pas pour
lui l'opinion- qui lui avait donné tant d'é-
loquence à son premier procès. Cette
fois son rire parut déplacé, sa colère parut
feinte, sa verve s'émoussa contre la parole
abondante fil chaleureuse de son adver-
sa i reBergasse.E( pu is Téloq uence deBeau-
roarchais^ cette éloquence de la place pu-
blique, n'éti^it plus une nouveauté; et
puis cette publicité donnée aux procès
était devenue commune; et puis ce titre
de citoyen français était à présent un titre
vulgaire. Beaumarchais gagna sou procès
devant la cour et le perdit devant l'opi-
nion. Son dernier procès, à> propreihent
dire, n'est qu'une affaire comme toutes
les affaires d'argent. Il s'agissait de 1 5,000
fusils achetés en Hollande pour le compte
de la république, retenus en Hollande
faute de paiement , et que Beaunitr-
chaîs, disait-on, voulait vendre aux en-
nemis de la république. Cette fois qe
n'est plus l'ennemi de Maupeou , da
Gcetzmana ou de Bergasse; ce n'est plus
l'écrivain satirique, infatigable, disant
tout , parce qu'il n'a peur de rien : c'est
un plaideur modeste, réservé, respec-
tueux devadt son juge, qui sait fort
bien que ce juge est sans appel. La Coe-
yenlion était un antagoniste trop redou-
Uble pour Beaumarchais. D'ailleurs à la
Conveution sa mission était finie. Il avait
livré sa puissance destructive à de plus
fins que iui qui devaient ne la porter
qu'un jour, à Mirab^u, par exemple.
Comme je le disais tout à l'heure , U vie
de Beaumarchais se retrouve fort bien,
avec toutes ses nuances , dans les divers
procès qu'il a plaides; son caractère est
parfaitement représenté «par son héros,
son fils adoptif, son enfant, Figaro. Fi-
garo est une biographie tout entière. D'a-
bord , ce héros , pauvre bafbier de vil-
lage, déclame contre l'inégalité des con-
ditions , comme déclame J.-J. Rousseau^
mais plus directement et plus à brûle-
pourpoint, si je puis dire. Bientôt, de
pauvre barbKer qu'il était, Figaro devient
un homme du tiers-état; il a grandi avec
le peuple. Il ne débite plus de maximes
philosophiques, parce que le peuple n'en
est plus aux maximes philosophiques,
mais à l'action. Le Mtuiage de Figaro^
qu*est-ce autre chose que la lutte heu-
reuse du peuple contre l'aristocratie , du
valet contre le maître? Almaviva est un
grand .seigneur très bien fait, très spi-
rituel, très généreux, un Castillan en un
mot. Comment est-il joué par Figaro?
Figaro lui dispute set amis, Figaro est
sur le point de lui enlever même ma-
dame la comtesse, Figaro n'a qu'à vou-
loir , mais Figaro ne veut pas ! Dans la
pièce de Beaumarchais, Figaro est un hon-
nête homme renforaé : hoonéte homme
avec tout le monde, fidèle et dévoué;
aventurier d'abord , exo^ent mari , ex-
cellent fils ensuite. Enfin, au dernier
acte de ce grand drame, dans ia Mère
coupable y Figaro est tout -à-fait devenu
ermite; c'est un véritatile saint, digne d'ê-
tre canonisé. Pour ma part il me semble
que Beaumarchais a pria trop de pré-
caution : il se méfie trop de la vertu de
son héros pour qu'on y ajoute une foi
entière. Biais que lui importe? son hé-
ros.sera vertueux, à la bonne heure : la
yertu ne peut pas noire, et puis il aura
tant d'audace et tant d'esprit! Vous saves
que ce qu'il y eut de plus difScile ce ne
fut pas d'écrire le Mariage de Figaro,
quoique la chose eût été impotaible à
tout autre qu'à Beaussarehab ; ce fut de
le faire jouer. Tout l'ancien régime chan-
celant s'opposait à la représenUtion de
ce drame, qu'il fav|iit par cœur, poorea
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BEA (221)
mvoir entendu parler con^séaient et
qui 'répouTantait à l'égal de la prise de
la Bastille. Le roi Loui# XVI, roi mal-
heureux, qui prévit tous ses malheurs
sans avoir Je courage d'y mettre obstacle,
s*étant fait lire le manuscrit, s'écria que
la pièce ne serait jamais jouée sous son
règne ; voilà pourquoi peut-être elle fut
jouée six mois plus tard.
La représentation du MariagetU Fi"
garo est un des faits les plus importans
de la révolution française. Les premières
représentations de cet ouvrage, qui ren-
versa la Bastille à hii tout seul, bien plus
qne le faubourg Saint-Antoine réuni , a
laissé dans fesprit des contemporains une
impression ineffaçable. Qu'on' nous per-
mette de citer ici l'analyse, très complète ,
du Mariage de Figaro.; l'auteur a es-
sayé de rendre en même temps l'étonne-
ment d'une grande dame d'ancien ré-
gime , assistant pour la première fois à
la philippique de Beaumarchais.
« Je. me rappelle encore le premiet*
jour oik j'eus l'honneur de conduire ma
mère au Théâtre-Français. Il fallut de
vives protections pour nous procurer une
lo^e; nous fûmes rendus au théâtre de
bcmne heure, c'était la première fois
que ma mère attendait. Quand noua en-
trâmes, la salle était remplie jusques aux
combliM. L'attente était grande; une cu-
rieuse attention se lisait déjà sur toun les
visages; on disait même que quelques-
uns des spectateurs, pour être plus sûrs
de leurs places, avaient passé la nuit
dans leurs loges, et il me semblait les voir
réveillés en sursaut par la foule, plongés
encore rdana l'accablement du premier
sommeil. C'était plaisir de les voir, leurs
yeux ébahie, chercher à rajuster leurs
coiffures, remettre en ordre leurs vête-
BEA
mens , et se préparer, de toute la puis-
sance de leur réveil , au spectacle qui les
attendait
« L'habitude de ma mère éuit d'être
impassible; c'était pour elle un devoir
sacré, un devoir d'étiquette : ma mère
attendit patieqiment jusqu'au lever de la
toile; après quatre heures d'attente la
toile se leva enfin.
«Alors nous assistâmeft à un drame
inmd, que nous n'avions pas soupçonné,
même dans nos K^nget. D'abord parut
un valet doré, fringant, beau parleur,
amoureux en homme comme il faut. Ce
valet parle de tout, de son maître plus
que de personne: il fronde, il intrigue, il
ne respecte rien , pas même sa maltresse ;
effronté faiseur de calembourgs , parlant
beaucoup pour ne rien dire ; libertin , jo-
vial , osant tout , prêt à tout , même à
l'adultère; poète, orateur, diplomate,
jouant la justice, ancien journaliste, et
médecin de cavalerie, musicien et bar-
bier, politique effréné, toujours sautant,
riant, gambadant, le héros de la pièce.
Ma pauvre mère ne comprenait rien.
« Puis venait un grand seigneur, un
Espagnol, noble même pour un Espagnol,
un très bon seigneur, élégant, bien fait,
affable, un peu philosophe, bien mis,
sachant le prix d'une femme , excellent
maître d'un excellent château, ayant le
droit de justice haute et n'en abusant
pas quand il est sans passion , en un mot
un bon seigneur. C'est justement ce bon
maître que son valet insulte. Son valet
l'attaque , le presse , le pousse, l'intrigue,
le réduit à rien ; son valet lui dispute jus-
qu'à une servante dont le pauvre comte
Âlmaviva prend envie; son valet lui dis-
pute jusqu'à la comtesse elle-même.
Quoi donc? à entendre l'impertinent,
vous n'avez eu que la peine de naître ,
monseigneur. La peine de naître!...
Quelle phrase , quel contresens pour une
femme à trois quartiers comme ma mère ,
une princesse de Wolfenbuttel!
« Ma* mère était hors d'elle-même:
Quoi donc ! et la soubrette aussi qui dé-
daigne monseigneur ; la soubrette qui re-
dit tout à son époux futur! incivile vas-
sale, égrillarde espiègle, si facile en
apparence ; élégante comme une doua ,
belle parleuse aussi , folle d'amour , et
ne le cachant pas. Quelles mœurs chez
un grand d'Espagne, chez un seigneur
de la Toison-d'OrI Quelle maison; et
comment tenue ! Ma pauvre mère n'en
revenait pas.
« Que devint-elle, quand au milieu de
l'intrigue elle vit arriver un grand homme
habillé tout en noir, la longue soutane,
le chapeau à trois cornes, le rabat blanc ,
l'œil creux, l'air hébété, les cheveux hui-
leux , la tournure ignoble , le sourire mé-
chant, la démarche hypocrite! rien n'y
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(«*)
BEA
jpMBqne; c'otlui, c^est I1ionimed*église,
«*est 1« profaoe chapelain, c*est le prédi*
otiepr d« salon, le courtisan de toales
ks heures, le /aiseur des bons mots du
asaitre, le complaisant de madame, le
«arvitear d^ valets de, la maison, le flat-
tcnr «n titre , le compagnon fidèle du
petit chien, que vonle^-vous? Cest lui,
<|«î, toi-ipéme , saint homme, mêlé à une
itttrigue d'amour I
« Alors, léger et brillant comme un
l^pillon à son premier yol, se posant à
peinai insouciant et volage, joli et frais,
parfumé, chantant, rêvant tout haut,
ignorant et naïf, et courant après les
fismiy^cs, poussé par l'instinct; mon Dieu I
Yoilà Chérubin , Chérubin transparent ,
Chérubin qui raconte chaque battement
4a son co^ur aux nuages, aux arbres,
aux ienrs, à la source limpide, à Mar*
oaliaal Garde à vous si vous êtes une
fiimme! Enfant folâtre ! redoutez son pre-
mier feu , ses lèvfes de flamme » ses ca-
resses incertaines; redoutez son fourlre,
spB regard , sa vinx , son geste, sa vague
passf on. y oyez , Suzanne Tem brasse avec
peine et remords. Voyez madame la com7
tess»; mil, une comtesse, que femme
mariée à un giTand seigneur, la comtesse
1^ regarde en soupirant. Voyez, il em-
pnsse la-vieille Mareelinje ; voyez comme
on le dépoutUe dans le boudoir, comme
OB regardé sa main blanche, son bras si
frais, son aein qui bat si fort Voyez,
cet enfant, on Fadore; il a des envieux,
des ennemis, des jaloux, maison Tadore.
Voyez, ces femmes qu'il enveloppe d'a-
mour n'osent pas lui apprendre ce qu'il
apprendrait avec tant d'ardeur; mais
aussi si tu savais cela. Chérubin, Ché-
rubin d'amour 1
« Et cependant à cMé de Chérubin il
existe un être encore plus ignorant; une
petite fiUe qui ne sait rien , qui se laisse
instruire, mais qui n'apprendrait rien
tonte se41e. Cett avec* Fanchette que
Chérubin répète les leçons qu'il dérobe
çè et là; avec Fanchette il est hardi
comme un homme. Il prend a Fanchette
tous les baisers que Suzanne lui refuse.
Veillez sur FancheUe; Fanchette, c'est
la jeune âlle^ la jeune fiHe qui soupire
tout bas, qui se cache pour soupirer, qui
9itt0Oiàf^ïïémi qpk devina, cpii mowra
plutêt qui de faire un pas Ttrs la scîmet,
mais pour qui la science est délicieuse.
, « Or, toutes ces pas$ions diverses, la
passion de Figaro, la passion instruite de
Suzanne, la passion craintive de madame
la comtesse, la passion niaise de Fan-
chon , la passion ardepte et curieuse d^
Chérubin , la passion intéressée du doç-
tevr Bartholo, la passion incestueuse de
Marceline, confondues, mêlées, près*
sées l'upe contre l'autre, arrivent' eofiQ
au résultat le plus immoral, le plus in-*
téressant, le plus anti-social, que jamais
poètp ait osé concevoir, ait osé exécuter,
ait osé reproduire en plein jour, en prér
sence des hommes . assemblés. Tel était
ce drame infernal]
« Dans ce drame, tout l'édifice social
était ruiné de fond en comble , toutes les
vertus domestiques étaient vouées au plus
atroce ridicule. Là, le valet trompe son
maître, le mari trompe sa Ijemme, la femmç
trompe son mari; là, une fèm|ne fst
mère sans être mariée, un père a un en-
fant à reconnaître , fruit des d^bauckea
de sa jeunesse ; la mère veut épouser aôn
fils, le fib iqsulte sa mère; là, le juge
est. vénal, le paysan raisonne, la petite
fille fait l'jimour; le. jeûne enfant est
libertin avant toute science du bien et
du mal , l'honime d'église joue le r^e
d'entremetteur pour plaire à son maître;
là, chacun raisonne, chacun parle dé
ses droits et de ses devoirs; là, oq se tâ-
tonne, on se coudde, on se tutoie, ••
se prend au hasard dans la nuit , on ne
se choisît, on se saisit, on %e mêle; il y
a une nipit sombre, des cabinets sombres,
des pères crédules,, des valets Iburbct;
c'est l'intrigue du siècle , c'est le pouvoir
du siècle, ce sont les femmes, ce sont
les moeurs, c'est l'amour, c'est l'esprit
du siècle. Qtie la vieille comédie dispa-
raisse avec ses valets meneurs d'intrigueel
les valets sont montés en grade , ce sont
eux à présent qui font les passions, eux
qui forment les intrigues, ce sont eux qui
aiment et qui se marient,ce sont eux qui
sont les maîtres absolument, et a'ilâ gar*
dent encore la livrée, ce n'est que par
pure vanité.
« La ville et la ooor applaudtsaaieDt
à cet étrange spectade. Le peuple, mi*
ditenr actif et pmioMiéy •'•■uiMit^ à
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ÈÉk ( m ) BSA
plushabiLBypIuf aimable et plua fio à
•i cruellement bafoué; le pfcupla était
beareax de yoir eofio arriver sur le théâ-
tre le tour, Don plus de l'avare, noo plus
de l'hypocrite, noD plus du misanthrope,
non pins du ridicule et du vieux, mais
bien cette fois du fort et du puissant. La
comédie avait lait de singuliers progi;^
à celte époque, hà comédie s'attaquait
M Irène , aux eroyances, à la force; elle"
btiselt les sceptres et les couronoce, elle
renversait des dkâteaUx forts; elle mar-
quai! ses victimes au fer chaud, elle les
marquait au Iront; la comédie, c'était
une lutte tout en laveur des passions po-
pnlaires, des émotions popul^res; la
comédie, c'était une flatterie perpétuelle,
adressée an pauvre aux dépens du riche,
an faible aux dépens du puissant; le peu-
ple alors jouait le beau réle; rhabît de
cour s'éclipsait devant l'habit bourgeois;
le marquis, fiikstigé par Molière, était
frappé au cœur par Beaumarchais; aussi
le peuple apphiudissait à outrance, sa
joie éuit sérieuse comme une justice; il
y avait de grandes prévisions à f^ire au
parterre , mais on ne savait rien prévoir
dans ces temps-là I
« Aux premières loges, les femmes
étaient attendries: elles pleuraient, elles
SQfvaJent , la bouche .entr'ouverte et
haletaote, (es maux de ces cinq femmes;
elles lee accompagnaient de leurs voeux.
Les femmes de ce temps ne voyaient que
l'amour; pour les femmes, Famour c'est
la grande affaire; et comme elles sen-
taient, elles aussi, que la fin des temps
était proche, elles se hâtaient d'aimer,
de ^éme que 1^ cour ^e hâtait de com-
mander, le mousquetaire de se battre ,
le jeune homme de s'enivrer, le poète
d^ faire d^ vers. Le peuple seu) , comme
je l'ai dit, étai( patient. U savait cojqCu-
•ément pourquoi.
« Le peuple se disait tout bas , comme
Rgaro : « £t moi, ^orbleu I » Les grands
Mâgoears, saignés à blaac, imaginèrent
4e sourire. Cela leur parut beau de ne
pas sentir le supplice. Les petits marquis
ée LoAÎs XIV ^ avaieat agi autrem.eot:
ils se plaignirent à outrance quand le
roi eut ordonné à MoKère de les fusti-
ger. Aioiii If co^r se plaisait ,^ ce spec-
tacle, par yanité^ elle riaii à goi;ge.dé-
lui seul que toute la cour. Voilà qui cH
bien I Puis cet assemblage 4e jolies fem-
mes sur le théâtre faisait toMt pardonoçr*
Inconcevable licence! Pendant que îef
grandes dames des loges s'obstinaient à
faire de Chérubin un jeune homme , le
paraift à loisir d'élégantes dentelles, de
riches broderies, d^ plumes légères et
des éperons d'or d'un jeune psge, les
hommes du parterre défiDuîUaient Cfiér
rubin de son habit de cour, les hommes
voulaient à toute force que Chérubin nt
fikt qu'une femme. Ils lui rendaient,
comme au trobième acte > ta cornette,
son jupon de gaze, sa couronne de fleurs,
ses fines dentelles attachées au bonnetile
la nuit. Être double des deux parts, danr
gereux hermaphrodite qui peuplait la
ville dfs Chérubins de quinze ans, latala
pasaion qui se ruait où elle pouvait, qui
se dédommageait de mille manières ! Mais
qu'y faire ? Les femmes tenaient à être
sensibles ; elles voulaient à tonte force
que Chérubin, le Chérubin qu'elles se fai-
saient, en rentrant chez elles, osât oser.
Quant au|: hommes , n'est-il pas dit dans
la pièce : Il n'y a que les petits hommes
qui s'effrhient des petits écrits?
« On voyait aussi , étalés aux places
les plus apparentes , de petits abbés, de
riches dignitaires de l'église, gros, fleu-
ris, à la main blanche, qui s'amusaient
lort de Basile. Le moyen, en effet, de
reconnaître l'église de France, si ricàe,
si voluptueuse, ai aimable, dans ce cuistre
crasseux et sans style, échappé tout au
plus aux cuisines du cardinal de Eohan I
<c Je ne saurais vous dire quelle^ furent
l'indignation et la stupeur ue ma mère.
Ma mère assista à cette pièce comme d
elle eût été sous le poids d'un horrible
cauchemar. Elle était là, essouiflée, co-
lère , indignée , jetaI^ mille exclamationa
et mille soupirs. A chaque instant elle
était sur le point de criera l'incendie et
au meurtre; mais la crainte la retenait.
Lonj^-temps elle attendit une réactiop à
ta,Dt d'infamie,. vne pei^e à tant (jie f<\r-
faits ; long-temps elle appela le speOre
qui emporte don Juan dans les flammes.
Le s|>eclre ne vint pas ; la pièce se ter-
nûiia par U0 tnwqviUe «mariftgi^. 9b 1^
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BË4
(224)
BE4
vk*c mère cacha sa figure dans aesmaios.
ft Elte pensait à ce qae dirait l'Aile-
magne, si TAIIemagne venait à savoir
qu'elle était venue à ce spectacle en pleine
loge avec son jeune fils. Puis elle me re-
gardait en rougissant, avec un air indi-
cible de regret et de pitié. Son rtgard
suppliant avait l'air de me dire : Par-
donne-moi, mon fils! Elle attendit que la
foule se r&t retirée pour se retirer elle-
même. Elle qui marchait toujours le
corps si droit, la tête si haute, comme
pne noble dame , je la traînai hors de la
salle, courbée, la tète penchée, chargée
d'humiliations et de honte; on eût dit
qu'elle avait été insultée et que je ne l'a-
vais pas défendue; moi-même j'étais bon-
teuxde Voir à ma mère tant de honte, sans
pouvoir en demander raison à personne.
« En rentrant chez elle, elle chassa
son intendant , qu'elle ne trouva pas as-
sez respectueux; elle tenait beaucoup à
cet intendant.
« Elle ne me dit que ces mots , avec
un soupir de terreur : « Je le dirai à la
reine; la reine le saura demain! »
« En efTet , je ne crois pas que jamais
terreur ait eu une cause plus juste que
la terreur de ma mère, à présent que j'y
réfléchis mûrement. »
Au Mariage de Figaro s'arrête la
toute-puissance de Beaumarchais. Il lui
arriva ce qui arrive à tous les gens de
cœur et d'esprit qui entreprirent et qui
servirent de toutes leurs forces la révo-
lution de 89 : cette révolution les eut
bientôt appréciés, et ceux qui n'en furent
pas les victimes, réduits au silence et à.la
peur, moururent obscurs et ignorés, s'ar-
rétant , pour la définition de la liberté,
à la définition de Brut us pour la vertu.
Beaumarchais est mort à l'âge de 69
ans, subitement et sans maladie. Ainsi sa
vie embrassa toute la fin du xviii® siècle
et il mourut sans pouvoir se douter de
nos destinées à venir'^. J. J.
BEAUMONT et FLETCHER.
Beaumont (Feavgis), poète dramati-
(*) Pour compléter cet article tnr Beaamar»
cbait (Pissas Avoorrrv Caroh ds), nous «jou-
tcroot à ce qui a été dit tor ton débat dan» le
moude qu'ayaDt en des lorc^ dana les affaires
auxquelles il se lÎTrait sous les auspices du finan-
cier Paris Duvemaj , il troura asset de loisir
poar dMrcfaer i m fairt conaaltre cooihm écri-
que anglais, naquit en 1 585, dans le Leî-
ceslershire, d'un pèfe qui occupait une
charge dans la magistrature. Son nom se
trouve irrévocablement uni à celui de
son collaborateur Fletcfaer (JoHif), né en
1576, dans le Northaroptonshire. lies
deux amis se lièrent à l'université de
Cambridge; leur union liuéraire fut dès
lors indissoluble, à tel point que sur les
53 pièces qui paraissent d'ordinaire sous
l'enseigne commune de ces deux noms,
il n'y a que deux ouvrages dont l'un re-
vienne exclusivement à Fletcher, l'autre
à Beaumont. Il n'y a rien dans ce genre
de travail solidaire qui doive nous éton-
ner,puisque nous voyons sons nos yeux des
alliances semblables. Une circonstance
plus embarrassante et plus difficile à ex-
pliquer, c'est l'année du décès de Beau-
mont S'il est réellement mort en 1615, à
Tàge de 30 ans , comment se trouve-t-il
avoir contribué pour sa part à totu les
ouvrages de Fletcher qui, né 9 ans
avant lui, lui siu^écut de 10 ans (il est
mort en 1635)? A moins d'accuser leurs
biographes de quelque erreur matérielle
en fait de dates , peut-être est-il permis
de supposer que dans l'édition complète
de leurs œuvres, faite 20 ans après leur
mort, on a fait passer sous leur nom les
pièces de quelques autres poètes. Quoi
qu'il en soit, un talent dramatique émi-
nent se manifeste dans les ouvrages des
deux amis; sans êÉre analysateurs et psy-
chologues comme Shakespeare, ils rétuais-
sent parfaitement dans la peinture des ca-
▼ain. Les deux drames Engémit ( 1767) et /<t
Deux amis (1770) sont presque oabliés aujour-
d'hui, mais le premier réussit pleioemrnt a i*efte
époque. La comédie d*intrigne le Bmrbitr de Se-
pUU (1775) fit déjà beaucoup de seiisati«« et
parut très origioule; mais le Mmriagt de Figaro
on la Fothjournit ( 17S4) la laissa loin derrière
elle. Tarart, opéra ('787), et la Mint compaU* ,
drame (i 79a), n*ont pas paru dignes de ranienr
de Figaro dont les aventures sont contiuuéea
dans la troisième pièce de cette grande trilogie.
Ayant acheté les manuticrits de Voltaire, Beao-
marrliais entreprit la fameuse éditicm de Kehl
des06arrt#rojii/»/«r«xdecegnind érrivaio (i 773),
«monument, estnl dit dans la liU»grmf*hi9 «ai-
pertelU, dont Texécution très iro|Mi fixité ne ré>
pond pas à Ténorme dépense dont il fut Tobjet »
et qui ne fut pas profitable pour r^luî qui avait
Toulu relever. Les OBmprtt t^mpUtêi de Beau*
marchids ont paru à Paris, 1730, en 4 to]. in-8*,
en 1809, 7 Tol. în4J**, en i8ar, 6 toI. in-8*, et en
i8u6,0 Tol. io•8^ L'édition de 1780, dit M. Que.
rard , est la moios complète. I. H. S.
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(22S)
BE4
factères; comme lui peu soucieux des
unités de temps et*de lieu y ils respectent
J'iuiité d*actîon , et grâce à leur éducation
littéraire, ils étaient à même d'éviter cer-
tains défauts dans lesquels tombe leur il-
lustre modèle; mais cent fois plus que lui
ils se laissent aller aux indécences gros-
sières dont s'accommodait fort bien le
goàt du temps et qui dépassent tout ce
que le cynisme des temps modernes a pu
se permettre.
Dans leurs tragédies, Thomme est aux
prises avec la passion, non point avec la
destinée : aussi n'arrivent-elles pas au
pathétique de Shakespeare; elles émeu-
vent, elles touchent, mais elles n'ébran-
lent point. Nous ne citerons que T/ie
nuiid's tra^edjr; The f aise one (Cléopâ-
tre); The bioodx hrot/ter (KoWod), et Va-
lentinieo.
Cest surtout dans leurs tragi-comé-
dies qu'ils brillent : ce sont, à dire vrai,
des nouvelles dramatisées; vous n'y ren-
contrez que noms italiens, espagnols et
grecs; événemens aventureux, bizarres,
extravagans; des Anglais du xvii* siècle,
affublés, quoi qu'ils en aient, du costume
des pays lointains; et le vernis indispen-
satrte des propos gaillards et des situa-
tions éqtiivoques répandu sur le tout.
Lisez par exemple The custom of the
country^he droit du Seigneur). L'intri-
gue de leurs comédies est quelquefois
tout aussi romanesque que celle de leurs
tragi-comédies; rarement la scène se
passe en Angleterre, et les sujets sont
presque tous empruntés à des nouvelles.
Le cioivn y joue un grand rôle;^mais ses
plaisanteries n'étouffaient pas la riche
mine d'esprit et d'études satiriques dé-
posée dans ces pièces.
La fidèle l^ergère {the faiihful shep-
herdess) de Fletcher est le premier essai
de drame bucolique que nous présente la
littérature anglaise, lorsque l'Italie avait
déjà sod Pastor fido et son Aminta.
Shakespeare, à ce que Ton prétend, a mis
la main à la tragi-comédie intitulée Les
deux nobles cousins [the two noble Âins^
mm), La meilleure édition des oeuvres
des deux amis est celle-ci : H^orks of
Beaumont and Fletcher y hy Theohald,
Steward ami Sympson^ LonJon, 1750,
10 voL in-8^ L. S.
Encyclop. d. G. tl AT. Tome m.
BE AIT M ONT (JxAimE LeHivcx
de), sœur de Jean Le Prince, peintre,
naquit à Rouen en 1711. Mariée a Lu-
nuville, elle fit déclarer son mariage nul
peu de temps après l'avoir contracté,
sous le prétexte d'un défaut de forme;
mais dans le fait , comme elle l'écrit à
son avocat, pour ne point devenir mère
d'enfans que l'inoonduite de son mari
lui laissait peu d'espoir d'élever. Ce fut
par un roman intitulé Le triomphe de
la vérité que M"'^ de Beaumont dé-
buta, en 1 748, dans la carrière littéraire.
Ce roman, imprimé à Nancy, fut pré-
senté au roi de Pologne par l'auteur
même, qui, peu de temps après, .passa
en Angleterre, où elle se chargea de
plusieurs éducations. Elle écrivit alors,
sous le titre de Magasins ^ un traité
complet d'éducation à l'usage des jeunea
personnes. Cet ouvrage dialogué con-
tient une courte instruction religieuse,
morale , historique , géographique , et
quelques notions sur la physique du
temps. De petits contes (dont plusieurs,
tels que la Belle et la Béte, Blanche et
Vermeille, ont été arrangés pour le
théâtre,) égaient ces magasins. Le style
manque quelquefois de couleur; mais on
ne peut trop louer la pureté de principes,
la droiture et la force de raison , qui ont
dicté ces livres, les plus excellens peut-
être que l'on puisse mettre entre les
mains des filles. Tous les ouvrages de
M™* Le Prince de Beaumont ont ce ca-
chet religieux, moral et sensé, qui dis-
tingue ses premiers ouvrages. Outre les
Magasins des Enfans^ des Jdolescens^
des Pauvres , etc., qui ont d'abord paru
périodiquement à Londres, elle a fait im-
primer : Cida, roi de Burgo, anonyme,
1764; Lettres de Mme, du Montier ;
Anecdotes du xiv* siècle; Lettres cu-
rieuses; Principes de l'histoire sar'nte;
Instruction pour les jeunes dçmes ;
Lettres d'Émerance ; Ménwires de
Mme. de Batteville; Lettres di4 mar-
quis de Rojrelle; La nout»elle Clarisse;
Les dmvricaines; Le Mentor moderne;
Manuel de la jeunesse; Lettres diverses
et critiques. Nouveaux contes moraux;
La dévotion éclairée; OEuvres mêlées;
en tout 70 volumes. Elle s'était mariée
en secondes nocet à un da ses oompa-
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çea;
(?26)
BËA
trioteS| dqnt elle eut 91%. enfant I^ di-
teat de rÀngleterre ne convenant point
à sa santé, elle repassa en France à 51
ans, oik, du fmSt de ses nombreux tra-
vaux, elle acheta, près d'Anneci, tape^
tàe terre de Chenavod; elle s'y retira
en 1768 t% y mourut, en 1780, à l'ige
de 70 ans, laissant une réputation in-
tacte de probité et de bienfaisance et
des livres faits pour inspirer des senti-
mens tels que ceux qui avaient été la
règle de sa vie uti)eet laborieuse.L.C.B^
BEAUNE (vins de ). Ce au'on ap-
pelle la côte Èeaunoise est la partie de
la C6te-d'Or qui fait suite à la côte Nui"
toise, et s*étend depuis Nuits jusqu'à la
rivière de Dheune* Elle fournît environ
140^000 pièces de vin par an , du moi^s
dans les bonnes années , et produit des
vins fins et suaves ; mais pour être excel-
lens il faut qi^*ils aient acquis la matu-
rité nécessaire. Souvent ils perdent aussi
par le transport en futailles sur mer.
P^rmi les meilleurs vins rouges de la
c6te Beaunoise on distingue ceux de
Tolnay, Pomard» Beaupe, AJoxe ou
Corton y'Chassagne et Savigny. Les trois
premiers sont connus partout. On n'ex-
porte guère les vins blancs de Montra-
cbet et de Meursault, qui sont pourtant
d^excellente qualité. A l'étranger on ne
connaît aue le Meursault rouge. Cest
cependant à Meursault que se trouve Ifi
principale fabrique des vin^ de Bour-
gogne mousseux, industrie nouvelle
créée par les propriétaires de vignes d|i
pays. Au total, les vins de la c6tè Beau-
noise le cèdent à ceux de 1^ c6(e Nui toise
qui comprend les vignobles les plus éten-
dus de)a Bourgogne^ a^ssi les marchan4s
et connaisseurs n^ ffjQgent les vins rou-
ges de Çe^^ne que dans U çkuxjèfnq
classe, çt en fp^t descendre même dans
la troisièpiç quelques-ups, tels que ceu^
d'Aloçe. Cfeassagne et §avignv. foir
JMllien, T9VOS^Pf^^ desvi^^iesjl-o^
BEAUI^VP Alliai aiîcîen ^us-lieu-
tenant 4$^ çar»bipijers , fut nommé cbef
du prti^ier b^taillop de M^ine-el-Iipîre,
au ippn^ent où le^ premjè^ guerres de
la révplution 4ol|i^èren^ Appelé ensuite an
commandement de la plaœ de Y erdup, il
aii duc de Bruntwicl^ , qui commandait
les Prussiens. Décidera la défendre, sa
résolution trouva dans les dispositiopsdes
habitans des obstacles insurmontables;
niais plutôt que de se rendre à l'ennemi
il se brûla |a ceryelle.La Convention natio-
nale lui décerna les honneurs du Pan-
théon et ordonna que cette inscription
serait gravée sur sa tombe : Beatuwairç
aima mieux mourir que de capituler
at^ec les tyrans. Une rue de Paris ( quar-
tier Montmartre ) porte sop nom, et Ton
joua sur divers théâtres des pièces intitu-
lées : Mort de Beaurepaire. S*
BEAUSOBRE ( Isahq d^ ), Pu^ def
pasteurs les plus distingués de ces églif<es
que les réformés, chassés de France par
1 intolérance de Louis XIV, allèrent fon-
der en diverses contrées de l'Europe , et
qui sont connues, particulièreipent ei^
Prusse, sous le nom i^ Églises du rrfuge.
n naquit à Niort en 1 OoO. Sa fEuniUe étai(
originaire du Limousin. Un de ses apcé-
très, Léonard, se sauva de France aprèç la
Saint-Barthélémy et se retira à Genève,
d*où son aïeul, Isaac de Beausobre, ren-
tra dans sa patrie après les victoire d^
Henri IV. Le jeune De Beausobre an-
nonça de bonne heure beaucoup d'in-
telligence. Après avoir étudié la théolo-
gie à l'académie de Saumur, il fut, en
1683, admis au saint piinistère par Iç
svnode de Loudun, devant lequel il sou-
tint ses épreuves avec une grande distinc-
tion. Peu de temps après il fut nomm^
pasteur à Ch^tillon-sur-Indref II n'y
resta aue deux aps. A la révocation dç
l'édit de Nantes, son tieinple fut fen^(|^
lui-même piapqpa d'être emprisonpé,
non pour aypir» cppipi^ pp l'ii di| ^ bris^
les scellés du temple, mais pour avoîjr
tenu chez lui des réuniops particpUères
et Secret^. Il se sai|va et apiv^à Rotter-
dam en novembre 1685. La prînot^^
douairière d'Orange^ ayapt gpûté sa pré-
dicatiop, le fit nommer mipis^re de la cour
auprès de sa fille^ épouse du priocç d'Ao*
haItDes5ap,dont il |^gna toute U confiance
et qui le comb)a de bontés. A 1* >nort d*
son époux, cette princesse ne pouvaçil
plus entretenir sa phape|le française ^
Beausobre se rendit à Berlin, en 1 694, ^
bientôt apr^ Téleçteur Frédérip-Gpil^
fûlfpWWéi^ M W>A^ U??f 4ç b r«pdre I lauma m le nomma pasteur 4<$ )'ii|i^ d#f
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BEi
( 227 )
BBà
Zglîses françaises de cette ville. H devint
pende temps anrès chapelain de la reine,
et, en 1707^ il entra dans le Consistoire,
où il siéjçea pendant 30 ans. Les églises
de Savoie à Londres, d*Utrecbt et de
fiambonr| lui adressèrent des proposi-
tions fort avania^euses. Il avait accepté
pour cette dernière ville, mais à la solli-
citation 4e la colonie française et de tout
ce qu'il y avait de plus distingué à Ber-
lin, le roi le retint Beausobre mourut
dans cette ville en 1738, à Tâge de 79 ans.
Fea de temps avant sa mort il prêchait
encore.— On a deux vies de Beausobre :
Tune rédigée par Formey , qui se trouve
a la tête du deuxième volume de V His-
toire du Manichéisme; l'autre composée
par Lachapelle , imprimée à la suite des
Remarques historiques^ critiques et phi-
lologiques sur le Nouveau-Testament.
Beausobre, savant très laborieux, a
coopéré avec Lacroze, Lenfant et d'au-
tres, à la rédaiction du Journal littéraire
d'AUe/^agne, de Suisse et du Nord,
publié à la Haye, 1741-1743, 2 vol.
in-8*^. Il a enrichi la Bibliothèque al-
lemande d'un grand nombre de sa vans
articles. U travailla long-temps, sans l'a-
chever, à une Histoire de la réformation
en Allemagne^ que Pajon de Moncets
a publiée à Berlin en 1785, 4 vol. in-8^.
D a été Féditeur des Mémoires de Fré-
déric-Henri de Nassau-d^ Orange f im-
primés \ I^xsïs\.etàAxay 1783, in-4^, et en
tète desquels il a placé une préface.
On a epcore de lui les buvrges sui-
vans : Défer^se de la doctrine des réfor-
més, Magdebourg, 1694, in-8®j Re-
marques historiques, critiques et phi-
lologiques sur le Nouveau-Testament,
î vol. in-4**, publiés à la Haye, en 1 742,
par les soins de Jliachapelle; Supplément
à thistoij^ des Hussites, de lenfant,
Lausanne, 1 745 ^ Essaicritique de Vhis-
toirede iffanichée et du Maniçfiéisme.
he premier voluipe parut in-4® à Am-
sterdam en 1 734 ^ le second a été publié,
en 1739, par Formey, sur le manuscrit
de l'auteur. Beausobre se montre dans
oet ouvrage critique habile et plein de
sagacité 9 et profondément versé dans
rhistoire ecclésiastique. Dissertations
sur les livres d' Optât ef de Mîlève. Ser-
mt>rfs 4^ feu, M» de fieausobre, divisés
en quatre volumes; la troisième édition
. est de Lausanne, 1758. Le Nouveau^
Testament de notre Seigneur Jésus-
Christ, traduit en français sur l'original
grec, avec des notes làtéraires pour
éclaircir le texte ^ Amsterdam, 2 vol.
în-4**, réimprimé, en 1741, avec des cor-
rections et additions considérables. Ce
fijt par Tordre du roj de Prusse qu'il
entrepris cet ouvrage avec Lenfant. La
préface générale, les quatre évangiles
avec les actes des apôtres, sont de ce der-
nier. Tout le reste est de Beausobre.R.C.
9EAUTÉ, voy, I^eau.
BEAUVAIS (ville et cHATELAnfs
DE }. La ville de Beanvajs , située sur la
rivière de Terrain et chef-lieu du dépar-
tement de l'Oise (i;o/.), est à 16 lieues
de Paris vers le nord-ouest, et à i5 au
levant de Kouen. Elle est très ancienne.
On la nommait, sous les Romains, Cœ-
saromaguSy avant qu'elle prît le nom
des Bellovaci , dont elle était la capitale.
Sa cathédrale, dédiée à saint Pierre, n'a
qi^e )e chœur , mais c'est un admirable
morceau d'ardiitecture. Le palais épis-
copal est d'une vieille construction ; c'est
une véritable forteresse, qui annonce la
demeure d'un guen'ier plutôt que celle
d'un prêtre.
Beauvais eut des cbâtelains , mais ils
ne furent pas les véritables maîtres de la
ville. Le premier des châtelains de Beau-
vais^ dont on ait qne conuaîssanre cer-
taine, est Guillaume I*"", qui vivait en
1225, et dont le fils, Guillaume H, vi-
vait en 1252. Leurs descendans de la
branche aînée et de la branche cadette
servirent ]es rois de France ^vec plus ou
moins d'éclat et de zè|e. Vers le milieu
du xv^ siècle, nn mariage donna la chà-
tellenie de Beauvais à Jean Leclerc, chan-
celier de France, qui la vendit à Fstout
d'Estoutevflle, seigneur de Be^umont.
Avant la révolution , la justice de la ville
ét^it exercée par le bailli de Tévêque, et
il y avait de plus un siège présidial et
une élection.
Vers 1100, les bourgeois de Beauvais
se constituèrent spontanément en com-
mune. Ds contraignirent leur évéque à
jurer qu'il respecterait la nouvelle con-
sptution 4ç 1a ville : on pept voir leur
d&ar|e d^ns les Lettres sur l'histoire d0
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BÉA. ( 228 )
firance, par M. Aug. Thierry ! En 1472 ,
Beâuvais fat assiégé par Charles-le-Té-
mérairey duc de Bourgogne. Cette ville
se défendit avec tant de courage qu'elle
força Tennemî à la retraite. Jeanne Ha-
chette {voy.)f à la tête des femmes des
bourgeois, se signala par une brillante
valeur. An xn* siècle, Beauvais fut agité
par les troubles de la religion et par la
défection du cardinal de Châlillon, son
évéque, qui avait embrassé le calvinisme.
Aujourd'hui Beauvais est le siège d'un
évéché, d*un tribunal de commerce, et
de la préfecture du département de l'Oise;
il y a aussi un tribunal de première in-
stance. Cette ville n'est pas dépourvue de
commerce : on y trouve surtout des fa-
briquet de draps et d'étoffes de laine
dont l'origine remonte au moins au temps
de CharUmagne; des fabriques de toile ,
d'indiennes, des tanneries, et une ma-
nufacture royale de tapisseries, fondée
.en 1664 , quatre ans avant celle des Go-
belins.
Le Beautaisis formait, avant 1789,
une lieutenance-générale qui appartenait
d'abord au gouvernement de Picardie ,
d'où elle fut distraite pour être attribuée
à celui de l'Ile-de-France. Ce pays , qui
pouvaitavoir 1 5 lieuesd'étenduedu levant
au couchant, et 12 du midi au nord,
était borné au nord par la Picardie, au
couchant par la rivière d'Epte, qui le
séparait de la Normandie , et par le Y exin
français, qui le bornait aussi au midi
avec le diocèse de Paris , et au levant par
ceux de Soissons , de Senlis et de Noyon ;
il fut habité autrefois par les Beltova"
ci^ peuple le plus brave de la Belgi*
que. Il fit partie du comté de Verman-
dois, et il échut, avec la Champagne , à
Eudes I*', comte de Blois et de Chartres,
tige des comtes de Champagne. Eudes II,
fils d'Eudes I*', l'échangea, en 1 0 1 3, con-
tre le comté de Sancerre , avec Roger ,
évéque de Beauvais, son frère, qui en fit
donation à son église; ce que le roi Ro-
bert confirma deux ans après. Depuis
ce temps les évéques de Beauvais se qua-
lifient comtes de cette ville, dont ils
étalent seigneurs temporels et spirituels ,
el vidâmes de Gerberoy. Ils furent inis
tu nombre des douze pairs de France et
eurent le premier rang parmi les trois
htfi
comtes pairs ecclésiastiques. A^ S-a.
BEAUVBAU. La maison de Beau-
veau, d'origine dievaleresque dans l'an-
cienne province d'Anjou , naturalisée de-
puis en Lorraine , est une des pins illus-
tres familles de France. Des lieutenans
généraux, des dignitaire^ de l'ordre de
Malte, des ambassadeurs, des minis-
tres, des prélats, des chambellans, des
sénéchaux, des gouverneurs, des hommes
d'état, des écrivains estimables, sont sor-
tis de son sein , et depuis le x* siècle elle
figure avep éclat dans nos annales. Ses
armes sont d'argent , à quatre lionceaux
de gueules, lampassés, ornés et couron-
nés d*or. Dans le cours du xiii^ siècle
on voit \m Rxici , baron de Beanveau ,
figurer parmi les plus vaillans chevaliers
de l'époque , mêler ses couleurs à celles
de Charles d'Anjou, frère de saint Louis,
prendre une part glorieuse à l'expédition
de Naples , en 1 265 , devenir connétable
du royame des Deux •• Siciles , et mourir
peu de temps après, victime de la bra-
voure qu'il avait d^oyée. Deux siècles
plus tard, Louis de Beauveau, héritier
des dignités et de la réputation diploma-
tique de son père , qui avait été à la fois
gouverneur d'Anjou et du Maine , séné-
chal de Provence, exécuteur testamen-
taire de Louis II, et ambassadeur de
Louis ni, rois de Sicile, devient le con-
fident et l'ami du bon roi René , et par-
tage avec lui les vicissitudes de la fortune,
jusqu'à ce qu'ayant laissé le trône de
Lorraine à son fils Jean , duc de Calabre,
il voulut que le sénéchal de Beauveau
restât près du jeune prince , pour l'aider
de ses conseils et de sa valeur. Ce seigneur
mourut en 1472, à Rome, oà il avait
été chargé de plusieurs ambassades im-
portantes. Une de ses filles, mariée a
Jean de Bourbon, comte de Vendôme,
est devenue, de la sorte, trisaïeule
d'Henri IV. A la fin du xvi" siècle Hekb i,
baron de Beauveau , doué d'une imagi-
nation vive, d'un caractère ardent , ai-
mant Téclat des cours, le bruit des armes,
les voyages et la littérature , combat suc-
cessivement sous l'empereur Rodolphe II,
sous l'électeur de Bavière et' sous le comte
de Mansfeld, prend part à plusieurs vic-
toires contre les Turcs , devient ambas-
sadeur du duc Henri de Lorraine à la
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BEà
( 229 )
BEI
cour de Rome; quitte la pompe niap-
tiale de Catherine de Bourbon , sa cou-
sine , pour marcher de nouveau contre
les Turcs, avec le duc de Mercœur; con-
tribue à pacifier TAllemagne , et après
avoir parcouru TEurope , t*Asie et l'A-
frique , revient en Lorraine s'asseoir au
conseil du prince , écrire une relation de
ses campagnes et de ses voyages ( Nancy ,
1619 , in-4^ fig.), et veiller à l'éduca-
tion d'un fils unique , Henri, marquis de
Beauveau , qui fut à son tour gouverneur
du prince ducal et auteur de Mémoires
estimés, imprimés à Cologne en 1690,
în-8**.
Marc de Beauveau, prince de Craon
et du Saint-Empire, grand d'Espagne de
première classe , chevalier de la Toison-
dX)r, vice-roi du grand-duché de Tos-
cane, fut redevable de cette haute for-
tune plutôt encore à son mérite qu'à sa
naissance. Petit-fils d'Henri , marquis de
Beauveau , né en 1679 , élevé avec le duc
Léopold qu'il accompagna en Hongrie
et qu'il n'a jamais quitté depuis, il prit
part à toutes les grandes affaires de la
maison de Lorraine, éleva le fils de Léo-
pdd avec un soin particulier , et lors-
qu'une mort prématurée eut enlevé ce
prince à l'amour des Lorrains, il de-
vint le'copseiller intime de son royal
élève , le suivit à. Vienne , fut chargé de
diverses ambassades, s'attira la confiance
de tous les souverains , et gouverna la
Toscane avec une sagesse dont le souve-
nir ne s'est point encore effacé, après
queFrançois de Lorraine eut été contraint
d'échanger la couronne ducale contre le
brillant sceptre des Césars. Le prince
de Craon mourut en 1754 , à Florence,
avec la réputation de l'un des beaux-es-
prits de l'époque. Il a eu 20 enfans; l'un
d'eux, Charles-Justï, duc de Beauveau,
né à Lunéville en 1 720, entré à l'âge de 1 3
ans dans la carrière des armes,colonel à 20,
suroommélejeune brille sova les remparts
de Prague , qu'il défendit avec une bril-
lante valeur contre le prince Charles de
Lorraine, aide-de-camp de tout ce qui
marche à rermerni, selon l'expression
pittoresque du maréchal de Belle-Isie,
vainqueur au passage de la Bormida , à
Passant de Mahpn , dans les plaines de
Corbadi , cueillant des lauriers partout
où la fortune lui présentait des périls ,
gagnant ses grades à la pointe de son
épée , c'était toujours Achille au combat,
Ulysse au conseil. Il venait de recevoir
le commandement d'une armée de 26,000
hommes , destinée contre l'Espagne, lors-
quela paix del 763 l'empêcha de déployer
ses talens militaires. Tiommé alors gou-
verneur du Languedoc , il fit voir autant
d'habileté courageuse dans l'administra-
tion qu'il avait montré de valeur sur les
champs de bataille. Plusieurs familles
protestantes qui gémissaient depuis nom-
bre d'années au fond d'un cachot infect,
lui durent la liberté et la vie. On le me-
naça de destitution; mais la colère mi-
nistérielle vint se briser à se& pieds; elle
fut également impuissante lorsqu'au fa-
meux lit de ju^ce tenu en 1771 il re-
fusa de prêter appui aux projets du chan-
celier Maupeou. Beauveau, en agissant
ainsi , s'exposait à une disgrâce presque
certaine; cette fois, hâtons-nous de le
dire pour l'honneur du monarque, Louis
XY sentit tout ce qu'avait d'honorable la
conduite de cet officier et lui donna des
témoignages non équivoques de son es-
time. Commandant d'ime des premières
divisions militaires en 1 777 , gouverneur
de Provence en 1782, maréchal, de
France quelques mois plus tard, le
prince de Beauveau marqua toutes ses
actions du cachet de la probité la plus
sévère, de la philanthropie la plus sage;
par ses soins la Provence vit ses États ré-
tablis, son académie florissante, sa na*
vigation perfectionnée ; elle se couvrit de
monumens , et la citadelle de Marseille
allait être remplacée par un vaste fprum
où les cultes et le commerce devaient
jouir d'une entière franchise , lorsque la
révolution éclata. Ennemi du despotisme,
mais défenseur de l'infortune, Beauveau,
tout en applaudissant aux réformes qui
s'opérèrent en 1 789, ne cessa de prodi-
guer à Louis XVI des témoignages d'in-
térêt et de véritable affection ; il l'accom-
pagna en volontaire dans son voyage ora-
geux de Versailles à Paris, le 16 juillet
1 789 , accepta le portefeuille de la guerre
qu'il avait refusé le jour où Malesherbes
n'avait pas voulu accepter les sceaux, te
réser\ant toutefois la liberté de quitter
le conseil dès qu'il verrait l'impossibilité
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itk
(2S0)
BEA.
d'y opérer le bien ; et lutta peôclaDt Ù
mois contre la démagogie qui s'introdui-
sait déjà partout. Fatigué de cette posi-
tion incertaine entre deux pouvoirs qui
cherchaient à se détruire y prévoyant la
triste catastrophe aui allait arriver , il
abandonna le tumulte des affaireâ et vé-
cut respecté de tous (es partis , jusqu'au
3l mai i 793 , époque de sa mort. Litté-
rateur aima()le, écrivain élégant et pur,
Beauveau avait pris place à l'Académie
française en 177 l.Boufflers y a prononcé
l'éloge d<xson oncle en 1Ô05. Ë. À. B.
BÊAUX-ARTS. Ce nom indlique
sufOsainroent que leur essence consiste
dans la réunion de travaux agi:éables et
utiles. A une époque où le sens attaché
aux mots était plus limité et plus précis
que de nos jours , (es beaux-arts avaient
r/eçu la dénomination d*arts libéraux j
parce qu'ils étaient enfans de la liberté
et de l'Imagination.
La sculpture, l'architecture, la pein-
ture et la musique , font partie des beaux-
arts. Jusqu'à présent on n'a guère fait
entrer d'autres spécialités dans cette di-
vision qui semble un peu restreinte. N'y
a-t-il pas, en elîet, telle branche dé
notre industrie qui, au point de perfec-
tion où elle est parvenue, ne mérite de
figurer au nombre des arts libéraux?
Sans doute les produits des manufaciureâ
de Sèvres, des Gobelins, d'Aubusson,
ont tous, plus du moins, pour principes
les arts du dessin; mais les porcetaineé
magnifiques, les tapisseries admirables
qui sortent de ces établissemeris ne sont
pas sans rivaux d' une nature différente. La
fabrication de nos meubles , l'art du ta-
fussier, au doreur, du mécanicien, de
'horloger , etc. , réclameraient aussi , ce
nous semble , une classification nouvelle
et des eqcouragemens spéciaux. Ceux qui
cultivent aujourd'hui ces arts sont des
artistes remplis souvent de l'indépen-
dance du génie ; leurs productions exi-
gent des études et un travail auxqueb
tous les hommes ne sauraient se livrer,
et qui réunissent, comme nous venons
de le dire , ces deux caractères qui cons-
tituent les beaux-arts, utilité t\ plaisir.
On comprend qu'à plus d'ilne épo-
que, sous l'influence du génie des peu-
ples dé i'tutiquité, U théorie des beaux-
arts a d& [sttbîr une foule de modifica-
tions. Les Égyptiens, les Grecs, les
Étrusques, ont eu des principes fort dif-
férens dans la théorie des beaux-arts., H
y avait sur lé sol du Delta , aux plaines
de Memphis, ou dans les montagnes de
Thèbes , une pensée orgueilleuse qui ani-
mait despotes et esclaves, lorsqu'ils fon-
dèrent poul* l'avenir des monumeiis d'une
si colossale proportion. Ce n'est qu'à l'aide
d'immenses populations serviles que lea
arts de l'Egypte nous ont légué quelques
débris, il est vrai, souvent gigantesques.
Ces arts se reproduisaient sous des formes
destinées à émouvoir un peuple soumis à
la misère et à une autorité despotique. Le
génie des Grecs ne se traduit pas moins
ostensiblement dans l'ensemble de leuré
beaux-arts. La statuaire sort des langes où
les Égyptiens et les Étrusques la tinrent
toujours. £lle est gracieuse, forte, gf ande,
impassible, inspirée d'une religion cou-
ronnée de fleurs et de la liberté absolue
du génie. U y a perpétuité dans l'Egypte,
les arts y sont constitués pour vivre
long-temps \ chez les (}recs , le dévelop-
pement, le choix, un rapide contact, leur
acquièrent une perlection spontanée,
comme tout ce qui est poésie.
Ce fut après laprise oe Corinthe^ après
le triomphe de Paul - Emile et eelui de
Pompée , que le peuple romain emprunta
à la Grèce sa tnéorie perfectionnée des
beaux-arts. Mais ib devaient végéter au
milieu de ces hommes ambitieux , de ces
guerriers arrogans, comnke une plante
exotique sur un sol étranger. Rome cher-
chait plutôt le luxe que la beauté. Les
beaux-arts y devinrent esclaves, avec les
artistes qui les cultivaient. Le goût géné-
ral fut lourd, incertain, sans délicatesse
et sans inspiration. Sous les empereurs,
les Grecs leur rendirent une sorte d'élé-
gance : Trajan , Adrien, firent briller la
dernière étincelle du ibyer éteint; mais
les révolutions fréquentes , une nuée de
souverains éphémères qui inondaient le
monde, amenèrent promptement la déca-
dence des beadx-arts. Le Bas-£mpire
se traduisit par des œuvres méprisables ,
véritable physionomie de son existence.
Les Iconoclastes survinrent : on aurait dit
une guerre de l'impuissance coptre le
génie. Pour rallumer le sentiment des
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BEA (231)
hommes pour le perfectioniiement et
pour diriger leurs efforts vers des pro-
ductions dignes d*étre admirées, il fallut
une régénération sociale , une poésie fon-
dée sur des croyances nouvelles, les in-
fluences d'un climat différent , des mœurs
et des habitudes élrangè|*es à Fantiquité.
En jetant un coup d'œil sur Thistoire du
développement des beaux-arts, nous exa-
minerons le caractère de cette nouvelle
révolution et nous compléterons ainsi
cet aperçu lies principes et de la théorie
des oeaux-arts.
La vanité a guidé la plume de plusieurs
artistes, comme celle de beaucoup de
biographes, lorsqu'ib ont voulu trouver
Forigine des beaux-arts, dans le 35^ cha-
pitre de TExode. Philostrate, Soamozzi,
Lomazao, expriment à cet égard des opi-
nions aussi ridicules quHnconséquentes*
Ce dernier cependant considère avec
quelque raison le monument de Bagis*
tone, rocher de 17 stades, taillé de ma-
nière à représenter la statue de Sémiramis
avec lÔO figures d'esclaves, comme l'un
des premiers qui puissent être mention-
nés dans l'histoire des beaux-arts. Dio-
dore de Sicile et Yitruve (livre ÎI) s'ac-
cordent assez avec cette indication, en
dtant vers cette époque des monumcns
d'arts différens. Le troisième âge du
monde vit, selon l^line, s'élever les py-
ramides de Giseh, le sphinx et le laby-
rinthe (PUne, livre XXXYI, cbap. 10}.
Au quatrième, les Israélites fondirent le
veau d*or. Bersel et Doliat sculptèrent
les anges et tous les omemens du taber-
nacle. Enfin, trois siècles plus tard, le
temple de Salomon fut édifié. Mais l'épo-
que ouïes beaux-artsfurent véritablement
cultivés, où ils devinrent populaires, ne
remont^ pas au-delà de la 18® olympiade
(environ l'an. 700 avant J.-C.). bepuis le
r^e des Pisistratides jusqu'au moment
de la liberté d'Athènes, les arts restèrent
endormis dans la Grèee. Ce fut à l'expul-
sion de ces tyrans, etsurtout depuis les ba-
tailles de Calamine et de Platéei que le gé-
nie de la Grèce, enflammé par la liberté,
prit tout son essor, A cette époque appar-
tient Agéladas, ^naître de Phidias. Ici
commjOicenM^ chefs-d'œuvre des beaux-
arts^ li faut lire dans Plutarque, dans
l^line et dans les Êliaques de Pausanias,
BEA
la description des merveilles qnî sortirent
de son ciseau. Glicon, Alcamèae furent
ses rivaux. Miron, ]^olienote, 2euxtSy
Timante, Parrbaàius, et plus Ur4 Apell»^
célébraient dans un autre genre, par dea
combinaisons et des peintures brillantes,
la gloire de leur patrie. Praxitèle vint en^
suite : il fit deux Ténus^ destinéef aux
temples de Guide et de (^oos^ sUtaea
dont Lucien donne la description dans
son dialogue des amours. Lisippe, sculp-
teur d'Alexandre-le-Grànd, ei^, comma
ce conquérant, une immense renommée.
U fondit 760 figures de bronae. Alora
non-seulement fa peinture et la sculp-
ture florissaient dans l'Attique, mais ]m
architectes les plus habiles fondaient le
Panhénon,les temples de Pallas, deDian^
ceux de Cyxique, d'Olympe, la chapelle
Éluzine, etc. Polyclèt^ Démétrius^ Phi-
Ion, rivalisaient avec les philosophes et
les poètes, et la musique, animée par cette
foule dé sensations nouvelles, se dévelop-«
pait rapidemenL La lyre et la cythare
firent entendre un plus grand nombre
de sons. On vit éclore des accords incon-
nus. L'harmonie dorienne et phry|ienné
produisit de nouveaux efTeU. Mék-
nipède, Cinésias, Polyades, et leurs auen
cesseurs, nous léguèrent des chants 4'una
beauté simple et grandiose qui ^ suivant
l'auteur du Devin du viilage^ servent
encore d'accompagnement à nos prieras^
lorsque, du parvis de nos temples, nom
les élevons vers le Créatsur.
L'esprit de conquête du peii4[>lere«
main devait le rendre maître, dès sctt
berceau, des richesses d'une civilisation
plus avancée. Aussi voit-on, dès l'a*
247 de la fondation de Home, Horatiue
Codés immortalisé par une statue (TTite*
Live, I, 2). Marcus Scaurus eonstnut Un
théâtre qu'il couvre, s'il faut m ei^iré
les historiens, de 3,000 statues de méfaL
Les triomphes des consuls servent à re-
paître la vanité romaine de la vue des
chefs-d'œuvre, dépouilles de natîkens ooti»
quises. L'ovation de Fabiva JMaumus,
de Marcellus, de Scipion^ de Paul-£niile«
introduit parmi le pevnde de R#ine W
go4t des arts. Fabius élevé au Cs^ût^e,
à côté de la sienne^ me effigie colossale
d'Herode ; Uaroellus^ rappdé de Sicsle à
Eome, y traîne à sa suite les statues et
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BEA.
(232)
B£à
les tableaux de Syracuse. Enfin Paul-
Emile fait durer son ovation pendant 3
jours, et il emploie 250 chariots à prou-
ver à s^ compatriotes qu*il méritait de
semblables honneurs. Enrichie des chefs-
d*œuTre des arts, Rome attire bientôt
tout ce qui restait d'artistes au monde.
La sculpture est employée à un ^rand
nombre d'ornemens de luxe. L'architec-
ture se développe à son tour, non pas
comme aux beaux siècles de la Grèce,
mais sons des rapports en harmonie avec
le génie de la nation. Les amphithéâtres,
les arcade triomphe, les aqueducs, les
▼oies publiques, deviennent autant de
créations inconnues jusque là. Quelques-
unes portent les caractères d*une grande
perfection. Le goût étrusque qui avait
d*abord prédominé chez les artistes, s'é-
pure jusqu'à un certain point, au temps
de SyHa. Ainsi, aux premières époques,
les constructions architecturales n'étaient
composées que de grandes pièces placées
Tune sur Tautre, sans ciment, réunies
quelquefois avec des tenons de bois, tan-
dis que, sous la république, on adopte
l'usage de bâtir en briques d*égale dimen<-
sion [opus reticulatum); le marbre ne (ut
employé que dans les derniers temps. Les
habitations particulières , tes maisons de
campagne, dont Pline le Jeune nous a
conservé la description, sont élevées avec
nn luxe et une perfection remarquables.
La paix constante dont Rome jouit sous
le règne d'Auguste devint surtout favora-
ble aux progrèi de Tarchitecture. Auguste
avait conçu le projet de h'irt de cette ca-
pitale la plus belle ville de l'univers; ses
enoouragemeus trouvèrent plus d'un génie
disposé à le seconder. Rome fut dotée du
Panthéon, d'un temple d'Apollon, d'à-
quéducs, de bibliothèques; les favoris du
prince voulurent partager ce noble amour
des beaux-arts. Siasile, Agrippa, Baibo
consument à édifier de vastes monumens
des richesses immenses. Hérode construi-
sit Césaré^ il acheva le temple de Jéru-
salem, pleuré par Titus. Partout cette
poétique terre d'Italie semble répondre
a l'appel du génie des beaux-arts. Poètes,
architectes, sculfiteurs, immortalisèrent
le siècle d'Auguste; Viiruve lui déilia des
livres. Protecteur d*Horace, de Virgile,
Auguatefut l'ami de Mécène. A sa mort
il dit ce root : «i Pai trouvé Rome en bri-
ques, je l'ai rebâtie en marbre. »
Nous l'avons dit plus haut : avec la
corruption des mœurs arriva chez le
peuple romain la rapide décadence des
arts. L'architecture ne déclina cependant
qu'après Constantin, quoique la peinture
et la sculpture fussent tombées aupara-
vant. Byzance devint le tombeau du gé-
nie, comme elle était l'asile de la corrup-
tion, de la ruse, de la cruauté. La religion
chrétienne, à son berceau, ardente, per-
sécutée, contribua aussi au bouleverse-
n^ent des arts. Vasari, le Biondo, racontent
la guerre que les croyances nouvelles li-
vraient aux chefs-d'œuvre du culte païen.
Les invasions des peuples barbares ache-
vèrent cette croisade dirigée contre les
productions du génie. 11 devient néces-
saire de s'arrêter ici quelques instans.
Tout le monde connaît les ravages des
Goths, d'Odoacre, de Genseric, chef des
Vandales. Un précis de l'histoire des
beaux-arts n'aurait rien à revendiquer
pendant le déluge de barbarie qui alors
affligea le monde civilisé. Oublions ces ré-
volutions désastreuses, et jetons les yeux
sur l'histoire des arts chez des peuples
dont nous ne nous sommes pas encore
occnpés.
Les explorations des voyageurs mo-
dernes* ont amené, dans plusieurs parties
du monde, des découvertes qui prouvent
qu'aux siècles antiques elles étaient civi-
lisées à l'égal de l'Egypte, de la Grèce et
de l'Italie. Mitta et Palengue, dans le
Mexique, présentent des restes de mo-
numens que d'habiles archéologues at-
tribuent au style phénicien : la sculpture,
l'architecture j des scènes et des figures
peintes à la manière étrusque, annoncent
un singulier développement des beaux-
arts. Les grottes souterraines des Indes,
ces pagodes taillées dans le roc que la
petite Ile d'Éléphanta oITre aux environs
de Bombay, ne font pas concevoir une
moindre idée de leur antiquité et de
l'habileté de leurs créateurs. L'un de ces
temples a 180 pieds anglais de longueur,
et 1 10 de largeur. La forme des colonnes
est plus élégante que celle des temples
d'É^ypte. Ainsi qu'à Kandjevésam, les
côtés de ces constructions sont ornés de
figures humaines, en grand relief,
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BEA. ( 233
qui prooYent des études et une théorie
raisonnée. Les restes des monumens des
anciens Perses sont dans un goût tout
difTérent de ceux de Tlnde et de TÉ-
gypre : le palais du roi Djémjid n*a ja-
mais eu peut-être de rival comme monu-
ment. On y découvre les traces de su-
perbes portiques, d'escaliers hardiment
jetés, des colonnes construites du plus
beau marbre, et jusqu'à 1,300 figura
sculptées qui, au milieu des ruines, sem-
blent encore raconter l'histoire de ce
héros. S'il est impossible de nier le large
développement des beaux-arts teb qu'ils
•e sont manifestés dans les monumens
de Persépolis, il n'est pas moins difficile
d'assi^er à leur culture, en Chine, une
origine qui les place dans l'histoire au
rang de copistes ou d'inventeurs. La
tour de porcelaine ou la grande pagode
de la ville de Nankin est un des monu-
mens les plus remarquables du génie
ehinois. La forme des toits dans celte ar-
chitecture est caractéristique : elle rap-
pelle toujours l'idée d'une tente ou d'un
pavillon. En Chine, les arcs de triomphe
sont multipliés jusque dans les moindres
bourgades. Nos anciennes porcelaines, le
▼ieux laque, popularisé par nos mission-
naires, ont apporté jusque chez nous une
idée de la perfection de leurs arts. Ainsi
ce n'est pas dans une petite portion de la
terre qu'il faut chercher l'histoire de la
civilisation du monde. La perfection des
beaux -arts chez des nations disparues
prouve que la langue monumentale sous-
trait seule quelquefois un peuple aux ou-
trages du temps. De la masse de faits tra>
ditionnels recueillis par nous résultent
souvent des perfectionnemens nouveaux;
les ruines donnent naissance à des chefs-
d'œuvre, et le philosophe peut suivre, à
travers les régions de l'Oi^ient, le progrès
de l'intelligence. L'architecture renaît au
mouvement des croisades vers des climats
méridFonaux. Abou-Abdallah-Ben-Naser
crée sur les rives du Xénil et du Darco
un chef-d'œuvre d'architectui e maures-
que. L'Italie se ranime inspirée par les
hautes méditations de l'Évangile, et la re-
naissance sort de cet ancien foyer de la
civilisation humaine, plus pure, plus fraî-
che, pitis exaltée, pour établir dans l'Oc-
cident l'empire immortel des beaux-arts.
) BEI
Une chose qu'on remarque à la physio-
nomie des arts à leur renaissance,c'est que
les chefs-d'œuvre de h Grèce et de l'I-
talie n'étaient point inconnus aux créa-
teurs du style mauresque, sarrazin ou
gothique. Il y avait choix dans leur fait,
et nullement ignorance. Artistes civilisés
au milieu d'une nature et d'une société
barbares, ils comprenaient fort bien
qu'avec un climat nouveau, des forêts
immenses, un culte contemplatif, la forme
des temples antiques ne pouvait être ac-
climatée su^ la terre d'Occident Les sons
de la cloche devaient vibrer au milieu
des airs, le clocher en aiguille se dessi-
ner comme un fanal religieux, les vo&tes
s^ élancer cers le ciel, et les colonnes res-
sembler aux arbres des forêts pour des
catéchumènes arrachés au culte de la na-
ture et des Druides. Aussi est-il certain
maintenant que l'architecture à ogives
est la plus ancienne de la renaissance;
la gothique ne date nullement de l'in-
vasion des Goths, et son style ne peut être
attribué à ces peuples barbares. De 1060
à 1150 s'opéra la révolution connue
sous le nom d'architecture de transition.
Dans le un* siècle, il y eut plusieurs in-
novations qui indiquèrent clairement l'é-
poque de leur adoption. Les balustrades
tri bolées, les tours romanes à pyramides
à quatre faces, les arcs-boutans pour neu-
traliser la pesanteur des voûtes, et les
statues aux porches, prouvent un rapide
progrès dans l'étude des arts. Nous lais-
serons à 1 histoire de l'architecture (voy,)
à suivre les nouvelles combinaisons ame-
nées par ce que l'on appelle le gothique
secondaire ou rayonnant, le gothique ter-
tiaire, etc. Vers cette époque parurent
les Erwin, les Robert Coucy, les Cormon,
les'Vulgrin : ils élevèrent des chefs-d'œu-
vre de stéréotomie, au nombre desquels
il est juste de placer les cathédrales de
Strasbourg, d'Amiens, de Reims, Notre-
Dame de Paris, Saint-Maurice d'Angers,
l'abbaye Toussaint , etc. Ces monumens
servirent aussitôt d'asile à toutes les au-
tres branches des beaux- arts, et furent
tout à la fois les sources de créations
nouvelles et le musée perpétuel et pro-
gressif où se conservèrent les produits
des modernes inspirations.
Avant yan-£yck« le rénovateur de
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BEA.
là Denture ptt t^appticatfdn qa^il y fait
d« l'huile aux couleurs, les arts du des-
sin étaient déjà en marche , comme nous
Tenons de le voir pour Tarchitecture et
pour la sculpture. Les restes découverts
il Pompela et à t^ortici n'avaient pas
été arrachés de leurs ruines f quand pa-
rurent ces vitraux de couleurs , admi-
rable mosaïque transt>arenle ignorée des
anciens. Cette découverte y qu'Albert
Durer porta d'abord à son point de per-
fection , était évidemment due au travail
des moines et aux belles miniatures dont
ils décoraient le vélin de leurs liturgies.
Alors les vitraUx incolores, a peine em-
ployés, furent probablement remplacés
par des feuilles de vélin à brillantes pein-
tures, dont la transparence donna l'idée
des vitraux de couleurs. Le pinceau de
tlimabué, vers 1^40, fut le premier
qui osa s'exercer dans uii genre plus
âevé. Lui et Giotto,.son élève, ne pei-
gnaienjt aue sur bois de mélèze (larix); ra-
rement ils employaient la toile. Pline, ce-
pendant, fait mention d'un tableau co-
lossal de Néron , appliqué sur ce tissu.
La nn au xy^ siècle offrit un immense per-
fectionnement Léonard de Vinci parut,
qui s'attaclia à la perfection des dé-
tails'; Michel-Ange sut retracer la gran-
deur et le caractère des, antiques; Gior-
gion et le Titien améliorèrent le coloris
et le rapprochèrent de la nature, tandis
que Raphaël rendait sensibles les inspi-
rations les plus pures du christianisme.
tJn genre nouveau, que M. de Chateau-
briand attribue également à la contem-
plation religieuse (G^/i. du Christ, t IV),
le paysage, fut cultivé par l'école italienne.
Cette école, ce furent Je génie de Léon X,
f encouragement prêté aux beaux-arts,
la liberté dont alors jouissait l'Italie i qui
développèrent son admirable splendeur.
Les nations sortaient de la barbairie où
les avaient maintenues leurs luttes soute-
nues pour consolider leurs institutions.
Les richesses commençaient a prendre
des formes variées et à sortir de cet état
tout matériel où elles ne sont qu'un signe
frappé 4e mort. Les églises demandaient
des ornemens précieux, les princes des
vaisselleè d'or et d'argent; if i'allait des
artistes pour satisfaire à ce mouvement
générd des idées, j^eintres, sUtuaires,
(2U)
BEA
numismates, poètes, musidens, répcm-
dirent par des inspirations. L'art des m-
tremets {voyX ces espèces de furies de U
mécanique^ dont Léonard de Vinci et
Callot ne dédaignèrent pas de ^'occuper,
firent naître nos représentations drama-
tiques et constituèrent par la suite no-
tre système théâtral , par l'ensemble qu'y
mirent les confrères de la Passion , en
jouant des mystères. La gravure date
aussi de ce temps. Le xv^ siècle dé<iou-
vrit ce nouvel art qui, d'abord restreint
à graver sur des planches de bois, don«
na bientôt naissance à l'imprimerie,
mère de toutes les connaissances actuel-
les. Enfin, l'Italie de L^n JC, comme le
siècle d'Auguste , ressembla à ces grands
génies qui s'élèvent au travers des âges,
pour servir de jalons à l'histoire. IjC éiè-
cie de Louis XtV n'est pas moins re-
marquable sous le rapport des beaux-
arU. Bâtons-nous d^arriver a ilotre gloire
nationale, et cherchons comment cette
ère brillante flit préparée pour nous.
Les beaux-arts étaient deventis. dans
l'Italie, le partage de tout ce qui était
puissance, couvens, églises ou èarainaux.
L'école italienne avait toujours parlé un
langage élevé et divin, et ce langage, quoi-
que contrastant avec les mœurs nationa-
les, lui était imposé par la mission qu'elle
avait à remplir. Peut-être cette situation,
en contribuant a maintenir son éclat,
empécha-t-ellè la popularité qu'elle au-
rait pu acquérir. Si l*éoole flamande,
tantôt remplie de grâce, de souplesse,
d'expressioh , tantôt mordante, satiri-
que , tantôt inspirée ou rivale de la na-
ture,.était venue jeter au milieu de nous
ses productions si variées et si attrayan-
tes, il est probable que le siècle de
Louis XlV eÀt été devancé, ou que les
beaux-àrts auraient reçu une physiono*
mie difTérente. IVtais ce développement
était réservé k nos contemporains. Au
XYii* siècle , rien n'était populaire. Si
les Médicis avaient contribua à éveil-
ler le goût et la poésie dans quel-
ques parties de la nation, la politique,
les massacres, l'extrême misère, étouf-
fèrent ce germe des beaux-arts. Jean Gou-
jon brilla d'un édai passager et inutile à
ses successeurs. Il fallut, pour amener le
siècle de fjouit ^tV et les grands honi-
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B£4 ( ii$ )
I en tout genre qni rillnstrèrenty un
moaYemeot général dans la nation , à une
époque où les arts fussent assez perfec-
tionnés pour servir de bases aux chefs-
d'œuvre qui devaient rapidement À;lore.
La Ligue , la Fronde , ce clioo de tant
de passions y cette communication d'i-
dées si divergentes, produisirent un inap-
préciable résultat Tel est Teffet des ré-
volutions sociales, détruisant ici pour re-
construire plus loin , et', suivant Tordre
de la nature, se servant des principes de
destruction pour reproduire avec une
force nouvelle. Vouêt, I^oussîn, Le Brun,
ILesueur, comihe peintres; Jean Cousin,
Le Puget, I^errault, comme statuaires et
comme architectes, offrirent à TEurope
étonnée une seconde renaissance des
arts. LuUi transporta l'orgue, cet orches-
tre du moyen-âge, dans des compositions
harmonieuses, modulées, où' commen-
cèrent à se montrer la science et la
copibinaison des sons. Notre poésie fon-
da des genres nouveaux, dont les anciens
n'avaient offert que les ébauches. L'art
de graver en pierres fines,. de frapper
les monnaies^ d'employer avec habileté
le marbre et l'or, dépassa tout ce qui
s'était lait jusque là parmi les nations
modernes. Malheureusement, comme ce
perfectionnement était en dehors des
institutions du siècle de Louis XIV, il
dégénéra avant lui. Ni G)lbert, ni les
efforts du duc d'Orléans, amateur éclai-
ré dès arts, ne purent soutenir cet éclat
passager : les mœurs nationales étaient
trop corrompues, trop peu de pensées
nobles, inspiratrices circulaient parmi
ces hommes pour que des artistes de
génie fussent émus. Les beaux-arts ne
furent plus alors que des courtbans mer^
cenaires cbargés de produire des sensa-
tions où l'ame n'entrait pour rien. Ib
n'étaient pas populaires, car ils n'eus-
sent pas été prostitués, et la législation
du goût aurait été indépendante du des-
potisme des corrupteurs. A Coypel de-
vaient succéder Boucher, Yanlck>,Largil-
Uère. L'architecture, la statuaire avaient
disparUj il fallait avant tout des émo-
tions* J3avid, le restaurateur de cette
école dégradée, vint ,à iin moment op le
paroxisme de cette situation révélait la
fausse route tenue par ses prédécesseurs.
n retrempa dans le mouvement révolu-
tionnaire les sources d'un talent qui
avait puisé plus d'une erreur à sa nais*
sance. Le retour vers les idées républi-
caines ramena l'étude des chefs-d^œuvré
de l'antiquité libre. David introduisit
parmi nous une foule de combinaisona
nouvelles. U modifia, pour ainsi dire, la
vie privée, en changeant la forme de
nos meubles, de nos tissus, de nos dé-
corations. La France était trop avancée
alors dans les diverses branches de l'in^
dustrie humaine pour que le perfec-
tionnement ne fût pas appliqué à celles
qui n'auraient pas été au niveau des exi-
gences du moment. Aussi le xix^ siède
est-il remarquable par celte améliora-
tion générale des plus simples prod^ts.
Sennefetder découvrit la lithographie ;
les planches d'acier furent appliquées à
la gravure; la mécanique s'enricJiit de
nouveaux moteurs, et la musique inventa
et perfectionna, avec son système géné-
ral, plusieurs instrumens compliqués. La
marche de l'esprit humain , secondé par
la liberté et l'impulsion des conquêtes ,
eut un mouvement rapide qui rendit
toutes les nations solidaires du perfeo*
tionnement des arts. A cette source fu-
rent puisés les principes de ce qu'on ap-
pelle de nos jours école romantique.
Les artistes, dans la noble émulation que
fit naître en eux la vue des chefs-d'œuvre
étrangers, s'essayèrent en dehors des li-
mites qu'une sagesse étroite avait autre-
fois tracées. Ils scrutèrent la nature,
reproduisirent les émotions les plus inti-
mes, fouillèrent, non-seulement dans les
trésors de l'antiquité, dans les ruines
nationales, mais encore dans tout ce que
pouvaient produire pour eux les nations
et les mœurs étrangères. La popularité
fut leur but Suivant eux la nation n'a-
vait pas, jusqu'alors, joui des illusions des
beaux-arts. Les juger, avant que le ré-
sultat de cette ère nouvelle soit arrivé ,
serait peut-être injuste. Il est certain
que les jouissances ont été variées et
multipliées. Une portion de l'école fran-
«çaise contemporaine, ^ous la dénomina-
tion di^ école classique, veut perpétuer
des formas anciennes et croit que cha-
que pas hors de la route tracée offre
un écueil. Nul doute qu'il ne soit impor-
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BEA
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BEA
tant de tenir compte des travaux des de-
Tancîers : les arts et les sciences reposent
sur cet héritage du passé; mais nous n'en
sommes plus au temps où pouvaient dis-
paraître, par un orage, les plus beaux
monumens des arts. ' ^ R. d. C.
Nous n'entrons ici dans aucuns détails
sur la théorie des beaux-arts, de peur
d'avoir à répéter en grande partie ce qui
a déjà été dit (vojr. Art) sur la source
et la tendance de l'art en général, par
lequel l'homme cherche à manifester au
dehors le sentiment du beau dont il est
anîraé^ car la peinture, la sculpture, l'ar-
chitecture, la musique, différentes par
leurs applications, par les moyens dont
elles disposent et par les instrumens dont
elles se servent, n'ont pas d'autre but
que celui de la poésie. Ce but est d'offrir
à l'homme des jouissances nobles et pa*
res en présentant à son esprit ou à ses
sens la perfection des formes alliée à la
hauteur de la conception , à l'élan par le-
quel la pensée s'élève à une nature idéa-
le, type de la nôtre. En effet, les beaux-
arts ne sont autre chose que la science
de manifester et de réaliser la pensée
poétique autrement que par la parole; de
la traduire sur la toile, de la faire vivre
dans le marbre, de lui donner l'essor vers
les nues en dômes et en pyramides, de la
laisser soupirer ou bondir en sons har-
monieux qui répondent à tous les senti-
mens de l'homme. Le poète et l'artiste
sont de la même famille.
Cependant il est bon de s'entendre sur
le véritable sens de ce mot d'AETiSTE au-
quel on a donné une signification bien
étendue en l'appliquant aux danseurs,
aux comédiens quelconques, aux joueurs
de gobelets et prestidigitateurs, aux ven-
triloques, voire même aux coiffeurs et
aux tailleurs d'habits. S.
L'artiste est celui quf cultive un art
où le génie doit avoir pour interprète
l'habileté de la main : c'est pourquoi on
ne donne le nom d'artiste qu'aux pein-
tres, aux sculpteurs, aux graveurs et aux
architectes; on le donne aussi, par ex-
tension,aux musiciens exécutans, pour les
distinguer des musiciens compositeurs,
parce que les premiers ont besoin de
leurs mains, de leurs doigts, pour expri-
mer le sentiment de leur amc, tandis que
les seconds sont obligés de h servir du
secours des autres pour donner la vie à
leurs créations. Artisan et artiste déri-
vent tous deux du mot latin ars, au gé-
nitif artis, art. Le premier, dans notre
langue, s'applique à celui qui exerce,
avec plus ou moins d'habileté, un art
mécanique ; et quand la pensée devient
la partie dominante de cet art mécani-
que, alors l'artisan devient aussi un vé-
ritable artiste. Le second , le nom d'ar-
tiste, désigne celui qui exerce un art li-
béral , c'est-à-dire où le génie brille dans
l'invention comme dans l'exécution.
Les Latins n'avaient pas l'équivalent
rigoureux de notre mot ai*tiste ; Cicéron
dit : artifex peritus ; opifex avait le sens
de notre mot artisan , et c'est par méta-
phore que ce même auteur dit opifex
mundi, Ovide opifex rerum, artisan,
c'est-à-dire créateur du monde, de toutes
dioses.
Le véritable artiste, a des idées, des
besoins, un genre de vie qui en font un
être à part; son existence est toute de
méditation et de contemplation; la na-
ture l'a marqué d'un sceau particulier. Sa
vocation se décèle dès les premières an-
nées , et ce serait en vain qu'on essaierait
de la combattre. Quelquefois il lui faut
une occasion pour se manifester. Claude
Lorrain, né de parens pauvres, est cJiassé
violemment du logis paternel, parce que
son intelligence n'a pu aller jusqu'à ser-
vir les maçons ou faire un petit pâté :
arrivé à Rome il entre au service d'un
peintre; là il panse le cheval de son maf-
tre, fait la cuisine et broie ses couleurs;
mais ses yeux s'ouvrent, et il devient lui-
même un grand peintre.
Horace a dit : nascuntur poetœ; on
peut en dife autant des artistes, et c'est
parce que leur penchant se fait jour avant
l'âge où d'ordinaire on adopte une car-
rière, que beaucoup d'entre eux acquiè^
rent de l'habileté avant d'avoir acquis
de l'instruction. Cest dans un âge plus
avancé qu'ils sentent la nécessité de se
livrer à ces études ou le génie lui - mêm«
va puiser ses inspirations; ceux qui les
négligent peuvent être habiles, maisleur
horizon sera toujours plus restrefait.
La vie d'un artiste est tout-à-fait eo
dehors de la vie réelle : il a une langue à
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(257)
TJÉC
part, celle de son art; le sujet continue!
ae ses études, de son admiration, c'est
la natui*e; et, là ou Thomme du monde
passe sans rien voir qui soit digne de
son attention, l'artiste remarque un efîet
piquant, des lignes heureuses, une ins-
piration bien sentie. C'est qu'en effet il
faut étudier la nature pour en apprécier
toute la beauté.
On a reproché aux artistes de vivre
habituellement sous la protection et dans
la dépendance même des grands. Les noms
d*Apeile, de Phidias, de Raphaël, de
Lebrun , etc. , sont inséparables de ceux
d'Alexandre, de Périclès, de Léon X, de
Loub XlV.Sans Périclès, Phidias n'aurait
point eu à exécuter les admirables sculp-
tures du Parthénon; sanSwLéon X, Ra-
phaël et Michel-Ange n'auraient point
orné de leurs peintures immortelles, l'un
le Vatican, l'autre la chapelle Sixtiue;
enfin sans Louis XIY, nous n'aurions
pas les batailles d'Alexandre. La poésie,
elle-même, qui vit d'images et d'émo-
tions , et qui n'a pas besoin de secours
matériels pour se produire, h«nte habi-
tuellement les cours et les palais; c'est
que, en définitive, les pliis beaux modè-
les, comme les plus nobles inspirations,
le trouvent plus encore dans les classes
élevées que dans les classes inférieures de
la société; c'est que tous les arts ont be-
soin de mouvement, de pompe, de gran-
deur. P. A. C.
BEAUZÉE (Nicolas), membre de
P Académie française et de plusieurs so-
ciétés savantes, naquit à Verdun, dépar-
tement de la Meuse, en 1717. Ce célè-
bre grammairien, après s'être occupé,
dès son jeune âge, des sciences exactes
pendant plusieurs années, se livra entiè-
rement à la partie des langues anciennes
et modernes, pour lesquelles il avait un
véritable goût et des dispositions parti-
culières. Il s'appliqua surtout avec ar-
deur à l'étude de la grammaire, et les
formes agréables dont il sut parer une
science aussi abstraite, les principes clairs
et méthodiques auxquels il l'a assujétie,
n'ont pas peu contribué au pérfectiontie-
aent de û langue française. Cest de lui
que le chevalier de Boufflers disait : « Il
•ê fit remarquer, dans tous ses écrits, par
une f^ode rectitude de jugement et par
la finesse d'une conception raie. ». Beau-
zée succéda au savant ûumarsais dans la
rédaction des morceaux de grammaire
qui devaient être insérés dans VEnçyclo-
pédi'e, Oumarsais n'avait encore composé
que les articles A, B, C, lorsque la mort
vint le surprendre au commencement de
son travail, en 1756. Bauzée s'est parti-
culièrement attaché, dans les autres let-
tres, à imiter les locutions et à suivre la
marche de Dumarsais. Les principales
productions de Beauzée sont : Gram-
maire générale ou Exposition raisonnée
des élémens nécessaires du langage (Pa-
ris,! 767,2 vol. în.8**),ouvrage dont l'abbé
Barthélémy fait le plus grand éloge et pour
lequel Marie-Thérèse, impératrice d'Au-
triche, fit offrir à l'auteur une médaille
d'or à titre de récompense. Dans le même
temps il fut nommé professeur de gram-
maire à l'école royale militaire de Paris.
Les Sfnonjmies de l'abbé Girard, édi-
tion qui fut augmentée des Synonymes
de Duclos, de Diderot, de dAlembert
et de Beauzée, Les articles de celui-ci
sont supérieurs à ceux de l'abbé Girard ,
par là justesse et l'exactitude, mais non
par les qualités du sîyle. La traduction
française des OEuvres de Saltuste (Paris,
1770, in-12), ouvrage dans lequel Beau-
zée s'est asservi à rendre trop fidèlement
les pensées de Fauteur latin, au détri-
ment de la diction et du style, et dont
la lecture eût été supportable sans la bi-
zarrerie de l'orthographe qu'il voulut
introduiredansla langue française.L'^/j--
toire d' Alexandre-te-Grand, traduite de
Quinte-Curce, Paris, 1789, 2 vol. in-12.
U Exposition abrégée des preuves his^
toriques de la religion; V Imitation de
Jésus- Christ, etc., etc. Le grand Fré-
déric fit à Beauzée la proposition de ve-
nir à Berlin se fixer auprès de lui ; mais
son amour de la patrie et son désintéres-
sement l'emportèrent sur des avantages
considérables : il aima mieux vivre tran>
quille au sein de sa famille et de ses
nombreux collaborateurs. Le grand tra-
vail avait altéré sa santé et avancé un peu
ses jours; il mourut à Paris, 4e 25 jan-
vier 1789, âgé de 72 ans. F. R-d.
BEC y nom qu'on donne à la bouche
chez les oiseaux. Quoique servant aux
mêmes usages que notre bouche, il ne lui
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BEC
(238)
BÉC
rmataùÀe pas plus qu'à la gueule des
mammifères, qu'aux mâchoires des iu-
•ectes, qu'aux suçoirs des y«s et des
xopphytes. Le bec se compose de deux
pièces principales superposées, qu'on
nomme mandibules, qui renferment la
langue et dont la supérieure est percée
de deux narines. Tfi., GeofTroy-^aint-
Hilaite paralç avoir reconnu dans les
mandibules un véritable système dentai-
re, qui n'est apparent que chez les oi-
seaux encore renfermés dans l'œuf. Acette
époque de leur vie, cette substance cornée
qui revêt les mandibules se présente sous
la forme de petits corps blancs, arrondis,
plus larges a leur extrémité, et disposés
avec la plus grande régularité, à la suite
les uns des autres, sur les bords des deux
mandibules qui sont ainsi de véritables
mâchoires. Si on enlève ces corps blancs,
on trouve un é^al nombre de noyaux pul-
peux, yéritables germes dentaires ayant
leur filet nerveux et leur vaisseau san-
ffuip. Plus tard cette apparence de dents
oispai^att. jCest à la même époque de leur
existence que le bec est surmonté d'une
émineuce osseuse et cpnique qui sert à
Foiseau à briser la coquille de son œuf;
ce tubercule rostral tombe presque im-»
médijitement après la naissance.
Le l^ec varie presque à l'infini dans sa
forme et dans ses proportioqs : aussi a-t-
il fourni de nombreux caractères aux na-
turalistes dans les classifications qu'ils
ont créées pour l'étude de l'orqitbologie.
Les proportions dans la longueur du bec
permettent jusqu'à un certain point de
juger de l'inlelligeoce des oiseaux; et tout
le monde sait combien la grue et la bé-
casse sont stupides : cependant le merle
et le sansonnet, dont les becs sont fort
longs proportionnellement à leur gran-
deur, sont fort intelli^ens. Les formes
du bec paraissent généralement appro-
priées aux mœurs et aux habitudes des
oiseaux. La plupart des oiseaux de
proie ont le^ mandibules fortes, tran-
chantes et terminées par deux extrémi-
tés acérées qui se recourbent Tune vers
Tautre. Quelques autres oiseaux frugivo-
res offrent une disposition analogue, le
perroquet, par exemple; mais un bec fort
lui était nécessaire pppr briser les fruits
rit; il fallait que les bords en fussent
tranchans pour les éplucher; un bec acé*
ré lui était nécessaif'e enfin pour l'aider
d^ns ses mouvemens de progression que
la disposition de ses doigts rend assez
difficiles. Les oiseaux vivent-îls degrainçi
ils ont le bec court; il est cour^ aussi et
très fort s'ils se nourrissent de l'amande
des fruits à noyaux. Vivent-ils de vers ou
d'insectes, ils ont le bec long et mince;
il est effilé comme une aiguille dans l'oi-
seau-mouche qui darde sa langue dans le
nectar des fleurs. Il es^ lsrge| aplati
chez les oiseaux aquatiques qui saisissent
leur proie en tamisant l'eau, pour ainsi
dire, et qui l'avalent d'un seul iporceauj
la spatule offrcçiette disposition à un haut
degré. A. L-p.
BÉCARRE. On nomme ainsi ce ca-
ractère de musique tj qui détruit l'effet
du diêze et du bémol, en replaçant la
note qu'il précède dans la conditioci
qu'elle avait avant la modification que lui
a fait su)>ir l'un ou l'autre de ces signes.
Vut, par exemple , ayant été haussé d'un
demi-ton par suite de l'addition du dicze
(vojr.) , tous les ut qui suivraient dans le
même morceau conserveraient cette élé-
vation, si le bécarre ne venait le replac^
dans sa condition primitive. Prlmitiye-
ment ce signe de musique avait été nomm^
b carré, b dur, E. F-f.
BÉCASSE (scolopax rusdcola, |ui-
trefois {tcée, assée , ou bec d'asse, de
acus, aiguille, à cause de la forme de
son bec), oiseaH de la famille des échas-
siers insectivores, à bec long^ droît,
grêle, cylindrique, à lèvre supérieure
plus longue que l'inférieure , obtuse ,
molle, rugueuse à son extrémité; lef
narines sont linéaires, logées dans une
sorte de rainure prolongée presque jus-
qu'à la pointe du bec; la langue est
grêle ei pointue. La bécasse a f^ tMe
presque carrée, les yeux grands, situés
en haut et fort en arrière , le coi|
court, le corps trapu, 1^ queup simple^
les jambes courtes, garnies de plumes jus-
qu'à leur partie inférieure, quatre doigta
libres ; le postérieur, composé de plusiei^a
phalanges, porte par sa pointe daof 1^
statioQ. La bécasse est à peu près de If
grosseur de nos pigeoi^ de pieds ; (elle 4
à cnrebppes résistantei dont il se i^our- i 13 à i4poaces de lof^gueur^ le 2>eç jp(tttf
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B^C ( 239 )
cnriran 3 ponces et demi, la qneue 3
BEC
pouces, les ailes ont 30 poucjes et p|u§
d'envergure. lia bécasse est brunâtre ei^
dessus y variée de tâches et de raies cour-
tes^ noirâtres ou d'un gris ferrugineux;
ime ligne ivoire plus tbncée s'étepd de
FcBil à la naissance (du bec ^ auatfe )b«Ddes
transversal^ sont écheloni^ ees spr le der-
rière de la tète. Les pennes des ailes et
de la queue sont marquées de taches
rougeâtres denticqlées; en dessous, la bé-
cas^ es^ d'l^l gris foussâtre avec des raies
transversales ondujées d'une teinte plus
sombre; les pieds sopt bleuâ^es, Ug^
rement msés dans le jeune âge. Ces cou-
leurs sont spjettes à varier pour Tinten-
site des teintes du fond et reten4ne plps
ou moins grande des dessins, e|t ces va-
riétés de coloration ont souvepU été con-
sidérée^ coqaipfc des signes cafactéristi-
ques d'espèce^ distinctes. On en yoit
quelquefois oui sont presque entièrement
blanches^ mais l'albinisme complet est as-
sez rare. La bécasse est assez générale-
ment répandue dans l'ancien continent;
elle babiteles bois et én^gre, selon (es
saisons, de la plaine aux montagnes, et
réciproquement; elle vit ordinairement
par couples, rarepep^ réupie en troupe.
Elle se nourrit de vers et de larves d*in-
sectes; ses fientes, larges, grisâtres, sont
connues des chasseurs sous le nom de
miroirs. La bécasse marche mal, court
«fsez vite 9 vole asse» rspidjemen^, mais
d'une manière lourde; son vol n'^t ni
haut n^ long-temps soutenu ; ^ur les li-
sières elle tire asse^: 4iY>it et en rasant la
terre ^ mais dans les taillis elle décrit des
crochets qui la rendent difficile à spivre.
Elle se tapit vob|>tiers sous les feuiUes
sèches , et reste souvent immobile sous
Farrét. Les bécasses sont en général
muettes; les mâles au temps des ^mouFS
ont u^ cri faible, court, guttural, saccadé,
monotone^ qui vafrie quelque peu 4'a—
oyité selon les 4geSy quelquefois aussi
les bécasses donnept une 9orte 4e co^us-
lement ou 4e stridulus. La bécasse nide
à terre, aux pieds des arbres, 4aps
des fepilles sèches d^nt la teinte la
dissimule. Ses œufs sont eo petit nom-
bre, oblopgs, d'up gfis roussâtne, mar-
qués d'ombrefl plus foncée^. Le ipâle et
Û femellf rettef^t çp compumauté jus-
qu'à là parfaite éducation des petits,
\jA bécasse ^t peu intelligente ; sop
attire (gauche ^ ?es allures cqmm^ gê-
nées, sa vu^ ipal affi^éiB i^'r^ït grande
Ippiière et ses jreu^ grands^et déconvefts,
lui. donnent pne physionomie stnpide quj
est devenue proverbiale. C'est un gibier
assez estimé : mais i| faut qp'un eeftaiiy
degré de putréfaction vjenpje atténuer ou
masqiper Todiepr qui lui est propre ff
attendrir sa chair papin^llement ass«|
ferme. I^e mot bécassfi sert ^ussi à dési*
gner up groupe d'oiseapx dont la bécasse
commune est le type. T. C
B]ÉCAS3IJV£ (scoloffM gaflfn^go ).
Cet oiseau est très voism par ses carac-
tères généraux de b béc^Mse, dont il
semble, comme son nom ri^dique, un
simple dimiputif; mais ses pfOport^opS}
sa coloration , H surtout ses habitudes ,
l'en distinguent essentiellement. La bé-
cassine est de la taille 4e nos pigeons
bisets; son corps est plus svelte que ce-
lui de la bécasse, ses jambes sont plus
hautes ; son bec proportionnellement
plus bng; |e plumage est d'un vert bron-
ze foncé, varié de roux, de noir et de
blanc; mais ces deux dernières teinU*
dominent plus que chez |a bécasse.
Elles sont en général disposées chez U
bécassine par petits traits courts, inter-
rompus, rangés longitudinalement d'une
mapière irrégulière; on trouve mic la
tête prois ou pinq bandefet^ef ipieu^ ar*
rétées, deux noires et prpis fauves cUirfM»
deux d'entre elles, quelqpefols quatre,
se con tiquent plus op moins sur le man-
teau et la qpeue. Le dessous du corps e^
blanchâtre, vergeté de brun; snr les c6tés
l'on voit quelques bandes sinueuses trans-
versales, fauves. JJïrU est fauve , le bec
brun à sa base , noir à son extrémité; les
tarses sont d'un brun verdâtreet les pieds
noirâtres. De légères dilTérences détaille
et de coloration ont donné lieu à la dis-
tinction de plusieurs espèces de bécas-
sines; mais ces espèces paraissent encore
douteuses. La bécassine marche la léte
droite en lui donnant un mouvement
horizontal , tandis que sa qnene se mmU
de haut en bas. Son vol est beaucoup pins
haut et plus fort que celui de la bécosse;
elle s'enlève le bec haut, fi|e esses droit
lorsqu'elle «tlaneéei nuîs en dépéri elk
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BÉC
(240)
B£C
décrit aussi des crochets assez brusques.
Comme la bécasse, elle s'éloigne peu de
ta retraite ; son cri est chevrolapt, faible,
assez monotone; il se borne quelquefois
à un siniement particulier qu'elle donne
surtout lorsqu'elle part. La bécassine ha-
bite les bords des marécages, nîde à terre,
entre les racines des sautes et des osiers;
elle pond trois ou quatre œufs blanchâ-
tres, tachetés de roux; comme la bé-
casse, elle reste accouplée jusqu'à l'entier
développement des petits. La chair de la
bécassine ne possède pas à un aussi fort
degré le fumet propre à la bécasse; ce-
pendant elle est plus tendre et d'une di-
gestion plus facile. T. C.
BECCARIA (CisAR Bonesan a, mar-
quis de), né à Milan en 1735, philosophe
criminaliste. Il s'appliqua de bonne heure
à l'étude de la philosophie, en prenant
pour guides Condillac, Helvétius et les
encyclopédistes; mais ce fut Montes-
quieu qui, surtout par ses Lettres per-
sanes , lui révéla sa vocation. Tout le
monde connaît son traité des délits et des
peines (Dei delitti e délie pené)y qui pa-
rut à Naples en 1764; mais très peu de
personnes savent que quelques années
après il fit paraître une grammaire phi-
losophique et une théorie du style: Ri-
cerche intomo alla natura del stilo. Le
traité des délits et des peines fut le pre-
mier cri de l'humanité outragée par l'a-
trocité dtl système pénal : il faut moins
considérer ce livre célèbre sous le rap-
port scientifique que comme un acte de
courage, comme une pétition énergique
présentée aux puissances au nom des
peuples. Du reste la doctrine de Beccarla
n'est dans beaucoup de parties que le re-
flet des idées erronées proposées par
les encyclopédistes. Souvent ses raison-
nemens pèchent par leur base; souvent
les faits historiques lui échappent, car il
ne connaissait pas l'antiquité. A cet égard
il faut consulter surtout le commentaire
d'AldobrandoPaolino(Florence,182 1 ),et
deux savans articles de M. le docteur Mit-
f«rm«ier, insérés dans le Journal de juris-
prudence étrangère que ce savant publie
àHeidelberg (ledcmieren 1 833, t. V du
Recueil). En y reconnaissant les erreurs
de ce philosophe, oo blâme avec raispn
U ton haataio «l superbe de ceux qui kii
reprochent de n'avoir pas enseigné eo
1760 tout ce que le droit a fait de pro-
grès depuis lors jusqu'en 1833. La car-
rière de Beccaria ne fut pas exempte de
persécutions; mais le comte Firmiani,
gouverneur autrichieii'de la Lpmbardie,
empêcha toujours ces tracasseries d'avoir
pour lui des effets fâcheux. Ce fut aussi
sous la protection de ce gouverneur qu'il
créa une société pour la publication d'un
journal consacré à la littérature et aux
sciences intitulé: Lf Café, En 1768 il
fut créé professeur d'économie publique
a Milan ; mais son cours ne fut imprimé
qu'en 1804, dans la collection des éco-
nomistes italiens. On lui doit aussi plu-
sieurs dissertations isolées, par exemple
celle sur Le désordre des monnaies dans
fétat de Milan , qui fut son coup d'es-
sai en 1762. Il mourut- d'un coup d'a-
poplexie en novembre 1793. Beccaria
avait un caractère fort doux et ses ver-
tus domestiques faisaient le bonheur de
sa famille. P. G- t.
Il ne faut pas confondre le crimina-
liste , marquis de Beccaria , avec le phy-
sicien Beccaria (Jean-Baptiste), né à
Mondovi en 1716, et mort en 1781 à
Turin ou il avait été appelé par le roi
Charles- Emmanuel, pour professer les
sciences.
Au xiv^ siècle la famille Beccabia,
dont le célèbre auteur Dei delitti e
délie pêne parait ^tre descendu, joua
un grand r61e à Pavie et exerça même »
pendant quelque temps, la souverai-
neté dans cette ville qu'elle disputa aux
Yisconti, ducs de Milan. Ces derniers
triomphèrent de leur résistance et la fa-
mille des Beccaria déchut. $.
BEC DE LIÈVRE, nom donné d'a-
près une vague ressemblance à une divi-
sion des lèvres, congéniale ou acciden-
telle, mais exempte de suppuration. Cette
difformité peut être plus ou moins con-
sidérable. Tantôt en effet la lèvre supé-
rieure est simplement divisée, tantôt elle
est partagée en deux ou trois portions.
On voit même les os de la mâchoire su-
périeure et du nez écartés dans une
grande étendue. Le bec de lièvre congé-
nial est beaucoup plus commun que l'au-
tre qui succède à des plaiei ou à des ul-
cérations. Sa cause est dans un trouble
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MC
«le rorgaDÎsatîon intra-utérine qui ne
permet pas aux parties de s'unir corn-
piètement; et Ton doit le regarder comme
complètement étranger aux envies dont
les femmes le font quelquefois dériver.
Le^ enfans qui naissent avec un bec de
lièvre simple ont un peu de peine à téter;
nais ceux chez lesquels il existe une di-
vision multiple de la lèvre^ avec écarte-
sent des os, sont quelquefois dans l'im-
possibilité absolue de prendre" le sein, et
mourraient bientôt si on ne leur portait
des atimeâs à lut bouche, avec une cuil-
ler. A mesure que l'enfant grandit on
s'sperçoit que l'articulation des sons est
hnparfaite, et méme^chez quelques-uns
totalement impossible; outre que l'aspect
de la face est plus ou moins hideux.
Cette difformité n'offre aucune ten-
dance vers la guérison spontanée, et l'on
n'a de ressource que dans une opération
chirurgicale, qui peut devenir fort diffi-
cile. Il ne faut donc pas y songer avant
que le sujet soit assez âgé pour se prêter
docilement à ce qu'on exige de lui. L'o-
pération est simple en elle-même : il ne
s'a^t en effet que d'aviver avec des ci-
seaux ou le bistouri (vojr.) les bords de
la division, puis de les traverser avec des
aiguilles d'acier sur l^quelles on tortille
des fils destinés à rapprocher les sur-
faces saignantes, qui se réunissent et se
cicatrisent ainsi. Alors on retire avec pré-
caution les fils et les aiguilles et l'on fa-
vorise la consolidation de la cicatrice.
Quelquefois, avant fopération, on est
obligé d'arracher quelques dents sail-
lantes, ou bien d'exciser quelques petites
tumeurs charnues (^i s'opposeraient à la
réunion. U est rare qu'il survienne des
accidens graves après cette opération
qu'on voit assez souvent échouer par
des circonstances qu'on ne peut pas tou-
jours prévoir et éloigner. F.R.
BEC-FIGUE. On a de tout temps
confondu sous ce nom une multitude de
petits oiseaux de nos contrées que l'on
voit dans la belle saison becqueter les
figues , et dont la chair parait être éga-
lement délicate et savoureuse, tels que
des fauvettes, des rouges-gorges, des
bouvreuils y des alouettes, etc.; cepen-
ciant les naturalistes s'accordent à réser-
Tcr 1« nom de beo-figue à une espèce de
Encjclop. d*G,€L M. Tome III.
(Ui) BEC
gobe-mouche de l'Europe méridionale
[musclciipa atricapUla ou luctuosa).
Cet oiseau est à peu près de la Uille du
chardonneret; les parties supérieures de
son plumage sont d'un gris cendré ou
noirâtre, plus foncées sur les ailes et la
queue; le front est blanc et une large
tache blanche, imprimée sur les tectrices
grandes et moyennes, coupe transversa-
lement la partie supérieure des ailes^
Le beo-figue habite ordii^airement les
bois, marche rarement, voltige sur les
buissons et se perche volontiers sur des
branches un peu élevées; il se nourrit de
baies, de graines^ et aussi d'insectes qu*il
chasse au vol. Le bec-figue chante peu, et
ce n'est guère qu'au temps des amours
que le mâle fait entendre un petit ga-
zouillement court et peu modulé. Cet
oisillon est recherché des anuiteurs de
gibier. T. C.
BÊCHE, voy. Instrumsns aratoires.
BECHEE ( Jeak- JoACHUi), né à Spire
en 1625, et mort à Londres en 1682, est
un des pères de la chimie moderne. Il était
médecin et avait été successivement pro-
fesseur à Mayence et conseiller àVienne;
enfin il avait parcouru beaucoup de pays
lorsqu'il vint mourir misérablement en
Angleterre. Très savant pour son siècle,
mais d'un esprit inquiet et entreprenant.
Bêcher a plutôt ouvert les voies aux dé-
couvertes ultérieures qu'il ne les a lui-mê-
me réalisées; il se fit beaucoup d'eiOiemis,
et encourut le reproche de charlatanisme
et de mauvaise foi, et cependant il a
laissé un souvenir distingué dans l'his-
toire de la chimie dont la partie pratique
lui était surtout familière. Ses ouvrages
contieîment sur la théorie chimique des
idées lumineuses résultant de ce qu'il y
avait appliqué la physique plus qu'on ne
l'avait fait avant lui. Le premier il admit
un acide fondamental , dont les autres
n'étaient que des modifications ; il fit des
recherches sur les phénomènes de la com-
busdoii €(, jeta les fondemens de la théo-
rie du phlogistique qui, mise en évidence
par Suhl, régna jusqu'à Lavoisîer. Bê-
cher soutenait que tous les métaux con-
sistaient dans une matière terreuse com-
mune à tous, dans un principe combustible
également €onunun,et dans une substance
merct&rielle particulière qui se dégage
16
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BEC
IqMu'on çbanfTe le méul jasfu'au point
^e changer sa forme, laissant pour r^-
siclu une chaux métallique. Son principal
ouvrage^ intitulé Physique souterraine,
publié eiî 16G9 à Francfort, fut réim-
primé par les soins de 3tabl. Ses autres
écritf très if ombreux et portant , suivant
Fusage de cette époc|ue^ des titres bi-
1 — » •^fi^^gjjj publiés auJQur-
C* L, m*
I^^n-Mathieu), na-
saxon , auteur labo-
les principales bran-
naturelle ^n grand
(}ui p*ont pas peu
ment e^ à la diffusion
tanique^ Tentomolc^
[ues observations eû-
tes ; sa traduction aU
ce naturelle des rep-
, renferme une foule
de notes critiques et d'addil;ioiis qui ont
complété davantage la connaissance du
si^et que le naturaliste français n'a fait
au*efûieurer. Mais ce sont surtout Torni-
thçldgïe et rbistoire naturelle particu-
lière de l'Allemagne qui ont été Tobjet
de tes recherches; ses travaux sur ces
d^u^ points, ainsi que. sur Fart du fo-
r^tier, lui ont valu dans le monde sa-
vant une bonorable célébrité. Né en
i7^7,dans le duché de Saxe-G[Otha, il est
mort en 1822. C Z.
9ECK (Chrétien -Daniel), profes-
seur à l'université de Leipzig, savant lit-
térateur, philologue, antiquaire et histo-
rien, naquit dans ladite ville, en 1757,
et y mourut en 1832. Depuis 1779 jus-
q^V*^ 1& ^n <lc ses jours, il ne cessa pas
un instant de bien mériter du haut en-
seianem^nt en Alleo^agne^ p^r ses ei(-
c^llens cours d'exégèse,, de philologie,
^'archéologie, d'hi^toir^ générale et d'hij^
toire de l^«gUs<e, aiijsi qpe pai; les ei^er-
cic^ pratiques et les tJtièses. qu'il £lt
soutenir aux candidats» Il fut sucççs-
siyemepf iiopiipé dpçteu^ en th|§oio^e ,
profe&seui; des, lançp^s grecque. e^ latine
(1785), et. directeur du gymnase royal
philolQ^qil^ (18Q.9) I qui avait été ÏDxmé
d'une, sf)ciéié ph^jp^iqueéublie p|ur lui.
La scrupuleuse, çxfictitude avçc laquelle
il remplit, tou^e^^ ces fonctions lui va-
lut, c^ 1<§03, U.û\^ dft conatillt^nu- '
(242) BEC
lîqne, et, plni tard, la dëcoratlofi d^
l'ordre saxon du Mérite civil. Beok con*
sacrail; la plus grande partie des loisira
que lui laissaient ses fonctions à des re-
cherches sur les littératures anciennes.
Il a publié de nombreux ouvrages histo-
riques , philologiques et archéologiques ,
dont quelques-uns sont restés inachevés,
et qui tous jouissent d'une grande estimcw
Ses éditions de Pindare, d'Apollonius,
d'Euripide, d'Aristophane et de Calpur-
nius \ se§ excellens programmes sur di-
vers sujets historiques et archéologiques,
son Histoire générale <lu monde et des
peuples, Leipzig, 1787-1 806, 4 v. in-8**
(la nouvelle édition refondue de 181 3 n'a
pas été continuée), qui va jusqu'à l'épo-
que de la découverte de l'Amérique et
ou Ton trouve ^ne instruction abondante
et solide; ses Êlémens archéologiques
pour servir à la connaissance de Vhis^
toire de Cart antique (Leipzig, 1816);
ses traductions de Y Histoire îles Qrecs
par Goldsmith , et de V Histoire de la
république romaine, par Ferguaon;
enfin son ouvrage si important pour les
théologiens, qui a pour titre: Commen-
tarii historici decretorum religionis
christianoietformulœ Lut/ier, (Leipzig^
1 800) ; tous ces travaux prouvent que
l'auteur joignait à une profonde érudi-
tion une grande perspicacité et luie fi-
nesse de critique extraordinaire. Depuis
1819 il rédigea, avec toute la patience
infatigable de l'énidit, le Répertoire des
littératures mqdemes nationales et,
étrangères. £n gén^l, Beck fit preuve
d'une grande supériorité d'esprit et d'un
zèle infatigable dians les nombreuses char-
ges qu'il eut à exercer, y compris les
fonctions si difficiles de censeur. En
1825 il renonça à la chaire d'histoire
pour reprendre celle des littératures
grecque et romaine. Ses derniers pro-
grammes contiennent des additions à la
Bibliothèque grecque de Fabricius, et
dans un de ceux de, 189 & il a donné
des Souvenirs de sa vie. A l'occasion da
cinquantième anniversaine de sa promo-
tipn au grade de maitre-ès-arts, il reçut
de nombreux témoignages d'estime de
savans nationaux et élrangors. An mois
de mai 1829, il célébra an pareil anni^
versaire de «a. première nominatMinaiw
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bËc
(Ut)
BEC
téiOldem de professeur à runirenité de
LeifMifg. MM. Eicbstaedt, Wachsmnth et
Kebbe (oe dernier en 1834) ont payé à
k méiDoure de ce vétérsn de k sdenoe
«n jnste tribut d*élogef. C L,
BE€ILBR (CHAKLCs-FAinihuc), doo^
teor en philosophie et mrtenr d'une ez-
eeUente histoire nnivertelle en langue
allemande, naquit à BerUn, en 1777, et
y moamt en 180i. Becker, homme etti-
mabloy éertvain plein de mérite et qui
nvait, «vec un art merreiUèux, te met^
Ire à la portée de la jeuoeise dont Tint-
|rttrtk>n était son principal but, occupe
«ne plaoe distiiigiiée parmi les pédago*
listes alleflikands* Il alliait une scieoee
profonde à «ne grande rectitude d'esprit ;
et, quoique ûroita des pbis sayantes re-
cheKhes, sev^ouvragei.bbloriqves, stm*
pies et d'nne intelliienoa kcile,€mt sou^
fent tout l'intérêt du roman. Sm Narra-
thmf tirées de Vhittoiré ameienne ( Halle,
1801, f'Tol. io-d*), ont eu beaucoup de
sucées, et YlSistoire mmi^erselk potêr les
tnfans et leun maitres^ dont le cqmi-
mencement parut en 1801 , a eu six édi-
tfens, cootinuées, après la mort de l'âu^
teur, jusqu'à nos jours. Elle a serrl de
baee pour le Cours d'histoire moderm^
ouvrage cdossal de ScImsU (vot-)' ^^ ^
teruBDa peu de jeun avant sa mort, fioc-
ker n*a pu aller au-delà du %^ volume;
Wokasann iyey,) y en a joint un diuàéie
et a fait «ae révisîeii rigoureuse de tout'
FeQvrage, mais en le dénatuiao<, en j in-
troduisnrt des vues historiques, peui-èlre
sahies et vnriea, mais qui, ainsi présentées
à k jeunesse,' évcâlfeol en sMe, avsnt le
temps, un.aeeptieisme dont •» »e peut
mécoBuallre^le dangw. Am^l ^ premiers
volumes, M. HenacAa ajouté Fhisseîi^de
k rérolutkm et celle détf ^raiers temps;
une nouvelle édMou (Berlin, 1828,
en 14 vofuroes), esé due aen soiae de
M. Ixsbell , professeur à Serlm, chargé,
pÉT féditeur, de fah^e entrer dana l'ou-
vrageles réseAtata de» travaux hlstns^qiiea
les fhm rérens; le pmfesesur a cherché en
mémo tempe à Kii rendre Son coraetère
primitif de 8lm|>heîté et de respect pour
lee Iraditiofle religieuses. Un HoisUaM
ouvrage de le«àer est iulilèlé : Lm F^é^
sie enpismgée tkt poiàt de #tt^ de Vhis"
torim, Bevlm» i8«i. J. H. S^
BÈCiKBT (Thomas) , S^ ar(;bevéqQe
de Canterbury et lord chancelier d'An-
gleterre , naquit à Londres en 1119, ou,
d*après d'autres historiens, en 1 1 1 7, d'un
marchand anglais nommé Gilbert Becket,
et d'une musulmane baptisée sous le nom
de Matfailde. Il est le premier Anglais de
race qui depuis k conquête ait été pri-
mat du royaume. Apr^ avoir commencé
ses études à Oxfoni , il les continua à
Paris jusqu'en 1 1 39. A son retour il fut
recommandé à Thibaut, archevêque de
Canterbury, qui se l'attacba, l'envoya à
Bologne étudier le droitcanon , et le char-
gea (1161) de remplir à Rome quelq^ie»
missions asses difficiles. La même année
où Henri II, fils de Mathilde Vemperesse,
fut sacré roi d'Angleterre (ÎO décembre
1164), Thibaut l'avait nommé archi*
dkcre de son église. Becket qui , deux
ans anpavavaiM , avait obtenu du pa^
Eugène la défense de sacrer le fils d'É-
tienne, n'eut pas de peine à gMgner les
faveurs du nouveau roi. Henri le nomma
chancelier, lui confia l'éducation de son
fik aîné, et |ui assigna de grands reve-
nus. Cinq ans après ( 11 82 ) mourut
Thibaut. Henri , qui était alors à Fakise,
crut ue pouvoir mienx le remplacer que
par Becket. Celui - cl résista d'abord ;
nmk le roi insista et, sans s'arrêter aux
objectkme cpt'on kri présentait, en?oya
au chapitre Tordre de l'élire arche-
vêque. Ce choix déptaisak; car Becket,
qui avait pisqu*âlors vécu au milieu
d'une pompe et d'un luxée (fr^rdinaires,
nêr sembktt pas devoir apporter des dis-
positions bien propres à faire un homrtie
d'é^se. Après une assez vive opposition,
lee évéques cédèrent aux ordres formels
du roi. Il fut ordonné prêtre le samedi
de k Petoteeéte, et le lendemain consa-
cré archevêque par le prékt de Wîn-
^ chesier. Au grand étonnement de k cour
èl du clergé, fl changea tout à coup de
manière de vWre et devint studreoit,
hsmsble, frugal, Tami, lé somîen et le
conraietisul dcà pauvres. Ambitieux,
avide de popularité , et péoétré de ces
idées de soprématkr eccléisiarstique qui
prévakient ale^^ , il ne se regarda plus
comme le serti teur du roi Henri , mais
comme celui do souverain pontife. Aussi
se déarit-il bîent^de sa charge de chaiH
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BEC
(244)
BEC
eelier qu'il regardait comme incompati-
ble afeç M nouvelle dignité. Le rai en
fut Tivement piqué, et dès ce moment
commença entre lur et l'archevêque cette
lutte qui ne se termina que par Tassasi-
nat du second. Henri avait espéré que le
primat le seconderait dans ses vues sur
It clergé : trompé dans son attente , il
Tooiut Fobliger, mais en vain, à se dé-
mettre de son archiépiseopat en faveur de
•on ennemi Geoffroy de Riddel. Après
leoondie de Tours (1163), Henri, qui
Toulait abolir la juridiction des cours
épiscopales de Goillaume-le- Conquérant
et rendre le clergé justiciable des tribu-
naux civils, convoqua dans ce but une
assemblée à Westminster. Il y éprouva
la plus vive, opposition de la part des évè-
qireS| et notamment du primat, qui, tour
à tour supplié, menacé, céda enfin et
promit de se conformer aux intentions
du roi , mais sauf les droits de son or-
dre et ceux de téglise, Le roi, furieux
de cette restriction et de la résistance des
évéques, tint le 28 janvier 1 164 une nou-
velle assemblée où furent promulguées
en 16 articles co que Ton nomma les
Constitutions de Clarendon. Becket s'y
rétracta , se repentit de ce qu'il appelait
^ faiblesse , et refusa d'apposer son sceau
au bas des constitutions. La guerre était
alors vive et acharnée. A l'assemblée de
Northampton , tenue le 1 1 octobre sui-
vant, le primat fut condamné comme cou-
pable de désobéissance, et ses biens fu-
rent mis à la merci du roi, qui accepta en
échange 600 liv. ( 7000 liv. sterl. valeur
actuelle). H récUma.en outre 44,000
marcs d'argent pour les revenus qu'il
avait , disait-il , perçus pendant qu'il était
chancelier et dont il devait rendre compte.
Toutes ces persécutions, Becket les sup-
porta avec une inébranlable fermeté et
ne résigna point son siège. Toutefois
comme sa vie n'était point en sûreté, il
s'échappa, le 16 octobre, déguisé en
moine, etabordaà Gravelinesen Flandre,
d*oà il se rendit, par Saint-Omer, à Sois-
sons, où était le roi Louis YII, et ensuite
à Sens,, où il fut reçu solennellement
par Alexandre lU, qui y tenait alors sa
ccnr. Pendant deux ans il vécut à Pon-
tlgny , monastère de l'ordre de Gteaux
dont il prit l'habit, et lorsque Henri l'en
fit chasser, il se réfugia au couvent dé
Sainte-Colombe, près de Sens. Pendant
qu'il continuait toujours sa lutte contre
Henri, celui-ci confisquait ses biens,
proscrivait ses parens , ses amis , et en
appelait au pape. Becket, que ce pontife
avait nommé son légat en Angleterre,
excommunia alors à Yézelay tous ceux
qui détenaient les biens du siège de Can-
terbury, condamna les Constitutions de
Clarendon, et surtout 6 de ses articles,
et délia les évéques de ieur serment.
Alors Henri envoya Jean d'Oxford à
Rome , où éUil retourné Alexandre III,
après la mort de l'anti-pape Victor. Cette
ambassade n'eut d'autre effet que la sus-
pensiqn des pouvoirs accorda à Becket
comme légat , et la nomination de deux
nouveaux légats. On tint nne nouvelle
assemblée dans une plaine entre Fretval
et La Ferté-Bernard : la réconciliation
s'opéra par les soins des nonces Gratien
et Vivien. Henri promit de restituer les
biens de l'église de Canterbury, et le pri-
nsat se disposa à retourner en Angle-
terre. Il débarqua à Sandwich, at^ le jour
de Noël, renouvela ses excommunications
contre ceux qui détenaient les biens de
son siège et contre l'archevêque d'York,
qui avait couronné le fils du roi .,^ privi-
lège qui de tout temps avait appartenu
au primat d'Angleterre. Quelques jours
auparavant, Henri, qui était alors en
Normandie, avait reçu upe ambassade de
prélats qui était venue se plaindre de l'ar-
chevêque, et il s'était décrié : «De tous ceux
que j'ai comblés de biens il ne s'en trou-
vera, donc pas un seul qui mfe délivre de
ce pi;être turbulent! » Aussitôt quatre gen*
tibhommes se rendirent en Angleterre et
assasainèrent le primat au pied de l'autel,
le 29 décembre 1170. Trois ans après il
fut proclamé martyr et canonisé par ce
même Alexandre III qui l'avait tant de
fois trompé. L'année suivante, Henri vint
faire ^pénitence à son tombeau; depuis
cette époque ce fut un lieu de pèlerinage
très fréquenté. Le 7 juillet 1220 , les res-
tes de Becket furent exhumés et trans-
portés dans nne châsse précieuse. Les
trésors qu'avait amassés la piété des fi-
dèles tentèrent l'avidité de Henri VJU,
qui, en 1638, le fit condamner comme
coupable du crime de lèse -majesté, fit
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(SU)
BEC
bi-ûler ses os et porter éwns son trésor
96 chariots pleins d'or et d*argent. Vers
1184 le moine Alain de Droche fit une
collection des lettres de Becket, et en
1682 , Christ. Lupe , de l'ordre de Saint-
Augustin , publia (Bruxelles, 2 t. in-4%
sous le nom de : Qutubilogus ou HisL
quadrip. vitœ S, Thomœ Cant,, ses let-
tres, celles d'Alexandre III , de Henri II,
de Louis YEL, et ses différentes biogra-
phies. L. N.
BÉCLARD (Pis&&K-AucTJSTiif ) , né
à Angers en 1 785, est encore un de ces
hommes qui, sorti des rangs obscurs de
la sojciété, est parvenu par Texercice sou-
tenu de son intelligence à se ftfire un nom
dans la science. Chirurgien aussi habile
qu'anatomiste profond , Béclard ne tarda
point à faire briller son talent comme
opérateur. Jeune encore il fut appelé
d'abord aux fonctions de chirurgien en
chef de l'hôpital de la Pitié, à Paris, où
il était arrivé en 1808, et à la chaire
d'anatomie à la Faculté de médecine de
Paris (1815); c'est là sans contredit que
Béclard se distingua le plus; profondé-
ment instruit, exposant les matières avec
une précision et une netteté admirables,
il obligeait les intelligences les plus re-
belles à se pénétrer de la belle science
qu'il professait. Malheureusement une
mort prématurée vint détruire toutes les
espérances qu'on avait pu fonder sur un
début aussi brillant. Béclard mourut le
1 6 mars 1 825 ; il n'a laissé que peu d'ou-
vrages : X^sÈlétw^ns d'eumtomie générale
qui ne devaient être que l'introduction
d'un Traité complet d'anatomie, une
traduction médiocre de Lawrence, sur
les hernies, et plusieurs mémoires et ar-
ticles de dictionnaires. S-n.
BECQURREL f AirroiirE-CibAR),
^naquit en 1788 à Châtillon-sur-Loing ,
, département du Loiret. A sa sortie de
Técolepol^technique, M. Becquerel entra
dans le corps du génie militaire et fit les
campagnes d'Espagne de 1810, 1811 et
1812. 11 y prit part à un grand nombre
de sièges, mais il se distingua particuliè-
rement à celui de Tarragone, où il di-
rigea une colonne d'attaque à l'assaut du
fort le Francoli , qui détendait les Kgnes
avancées de la place, et où il pénétra mal-
gré tiD feu nourri et soutenu. Pendant
la durée de ce même siège, il défendit
avec courage et succès une redoute à
peine ébauchée qui était sur le bord
de la mer, et que battait le feu de l'es-
cadre anglaise. Attaqué le soir dans cette
même position par plusieurs colonnes
ennemies, il les força à rentrer dans la
place après une perte assez considérable.
De retour en France, avec le grade de
capitaine et la croix de la Légion-d'Hon-
neur, M. Becquerel fut nommé sous-
inspecteur des études a l'école polytech-
nique ; mais au moment où la France fut
envahie par les armées étrangères, il fut
envoyé aux avant-postes pour préparer
des moyens de défense. M. Becquerel ne
quitta de nouveau le service qu'après la
reddition de Paris. Il éuit alors chef de
bataillon.
Depuis 1815, la carrière de M. Bec-
querel a été toute scientifique et elle est
bien digne d'être signalée à l'attention
de nos lecteurs, car ce savant distingué
a ouvert une nouvelle voie dans Tétude
des sciences. Les travaux de M. Becque-
rel sont du genre synthétique, comme
ceux de Lavoisier, et s'il a fait quelques
analyses à l'aide de courans électriques
faibles, il a plus souvent cherché à imi-
ter la nature, et il y a quelquefois réussi.
Ainsi , à l'aide du même agent, toujours
employé dans les limites de sa plus faible
action, il est parvenu à faire prendre à
plusieurs corps les formes cristallines que
la nature leur donne le plus habituelle-
nient. Il a fait plus encore, piiisqu'en
soumettant à l'action faible, mais long-
temps prolongée, d'un courant électri-
que les élémens reconnus par l'analyse
comme conslituans de certains corps, il
est |Mirvenu, pour ainsi dire, à les créer;
de sorte que M. Becquerel entré dans la
voie scientifique ouverte par OErstedt ,
si agrandie par les travaux d'Ampère, â
su cependant tellement l'agrandir encore
qu'il serait im^ssible maintenant de lui
donner des limites. Il n'avait d'abord
fait qu'ajouter des faiu analogues à des
faits déjà connus; mais en voyant des
courans électriques se produire dans tant
de cirronstances si variées, si différentes,
et^e rappelant qu'étudiant la minéralogie
il avait observé combien la nature était
bizarre daqs la qianière- dont elle raa*
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(346)
BED
semble les divers produits qu'on extrait
jdu «ein de la terre, il a vouju voir si c«s
mêmes couraps n'étaient pas Tagent dont
elle se servait pour décomposer et recon-
« stitucr les corps. Des travaux si variés et
si curieux ont reçu leur récompense en
1829 : c'est cette année qbe M. Becque-
rel a été nommé membre de TAcadémie
des sciences. M. Becquerel a publié 15
mémoires qui sont tous insérée dans les
jinnalejf de physique et de chimie , et
il publie dans ce moment un Ihaité gé'
néral d'électricité et de magnétisme ,
destiné sans doute à faire une grande
sensation dans le monde savant. ▲. L-d.
B£D£, le FéHérùble, né en 678,
dans un village englouti depuis par la
mer et dont le sol fait maintenant partie
du diocèse de Durham, fut élevé à JarroWy
sur les bords de la Tine, sous les meil-
leurs maîtres , dans les sciences divines
et humaines. Il fut ordonné diacre en
691 et prêtre en 702. Il est appelé, dans
un ancien livre, le prêire de la messe y
parce qu'il élaitchargédechanter la messe
conventuelle. 11 employait tous les jours
un temps con<vidérable à la prière; le reste
du temps était rempli par le travail ma*
nuel qui était en usage à JarroWy par
l'étude et la composition. Il était très
habile dans la langue grecque, il partait
aussi très bien le latin et l'anglo^^saxon.
Il savait la philc^sophie, l'astronomie,
l'aritbmélique, la grammaire, l'histoire
ecclésiastique,' la théologie^ l'Écriture-
Sainte, qu'il enseigna aux religieux de
l'abbaye de ferrow et siir lesquelles il
avait composé 45 ouvrages j dans sa 69*
année, et un plus grand nombre au
temps de sa mort. Le pape Sergius l^*" le
pressa vivement de faire le voyage de
Kome; mais Bède ne se rendit point à
celle invitation. Il aimait la vie sécieii'-
taire et ne sortit guère de son abbaye,
où les plus illustres personnages allaient
le consul ler^ que pour des voyages peu
conskdérablei et d*une utilité reconnue.
11 mourut à Jariow, le 37 mai 736.
On a beaucoup disputé et débité beau-
coup de fables kur l'origine du titre de
vénétmble qui a -censtammenl aecom-
pagné le nom de Bède. Il est impoe-
sible de rien assurer sur oe point ; maïs
«0 sait qu« s'il ne l'a paa reçu de aoa v»i-
▼ant, on n'a pas tardé à le lui accorder
après sa mort. Ses compatriotes lui ont
prodigué les éloges : Camden l'appelle
une lumière singulièrement éclatante;
Léland, k plus bel ornement de la nor-
tion anglaise ; le moine Folcbard, i£A£
lumière au milieu d'une génération igno-
rante et perverse. On trouve quelques
détails sur sa vie dans le dernier cha-
pitre de son Histoire ecclésiastique^ dans
Guillaume Malmesbury, dansMabillon,
Ceillier, etc.
La phipart des ouvrages de Bède sur
l'ÉcriturchSainte ont été imprimés plli-
sieurs fois à Parb, à Bâle et à G>logne.
Son Histoire ecclésiastique a eu plus
d'éditions enoore; la meilleure est eelle
de Cambridge, 1732, in-fol. Elle ren-^
ferme également ses autres ouvrages hia-
toriques, et la Lettre qut Cuthbert, son
disciple et son ami, écrivit au moine
Guthwin,sur sa mort. J. L.
BEDEAU. C'est en général un em«
ployé subalterne qui somme les person-
nes de paraître et de répondre. Les uni-
versités avaient des bedeaux dont les
fonctions consbtaient à marcher devant
le recteur et les autres principaux , dans
les cérémonies publiques , une masse à
la main. Les églises en ont encore. Là ,
ce sont des laïcs, à longues robes de drap
rouge ou bleu, portant sur la manche
gauche ou une plaque d'argent ou un
chiffre en broderie qui indique le patron
de l'église à laquelle ila appartiennent, te-
nant à la main droite une verge ou ba-
leine garnie de viroles et de plaques
d'argent. Ils précèdent le clergé dans les
cérémonies, maintiennent l'ordre, chaa-
sent les mendiana, lee chiens, etc. Leur
nom vient àepedum baguette, d^okpe^
delius et hedeilus. Quelques auteurs le
dérivent du saxon bedel, crieur publie^
même de l'hébreu, bedal, ordonner,
nuiger. YjU^ P.
BEDFORD (ducs dk). lia ont thné
leur nom d'une petite viHe anglaise , si-
tuée sur l'Ouse et chef- lien du Bedford-
shive, eomté central de L*ile britannique.
Les prenûers duca de Bedford ont
appartenu à la famille royale des Plan-
tagenels. JsaH , duc de ce nom , frère
de Henri V et tnleur de Henri VI, son
f fol régest de France^ au nom 4e
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(247)
BÉ0
ce roi anglais , et motinit à Rouen , en
1495. Shakespeare, dans son Henri IV ^
V^Y^X^ prince John ofLancasler, C'est
de sa femme que provient le beau missel
de Bedfbrd, orné de miniatures précieu-
ses et qdî fut Tendu, en 18S3 , pour la
somme énorme de 1 100 Ht. sterl.
Dans la suite, le titre passa daâs la
ikiaison de Russell.
Jottir RvssELL , duc de Bedford, né en
1710 et mort en 1771, fut d'abord
membre de l'opposition dans le parle*
ment. Il fut nommé ensuite secrétaire
d'état , puis rentra dans l'opposition, de-
vint, en 17^8^ gouverneur de l'Irlande
et, en 1763, préstdentdu conseil privé. S.
Lord FaAifcis Russell , duc de Bed-
jfbrd, pair d'Angleterre \ et Tun des mem-
bres les plus distingués de Topposition ,
naquit en 1765. Il se dévoua de bonne
heure à la cause d'une liberté sage et
constitutionnelle, et employa tonte sa
vie et ses grandes richesses au bonheur
de l'humanité. Il se montra grand par-
tisan de la révolution de France; mais il
en blâma les excès. Il s'opposa totijours
atix mesures arbitraires des ministres
anglais; vota, le 5 mai 1794, contre le
bill relatif à la levée d'un corps d*émi-
grés à la solde de l'Angleterre; pronon-
ça, le 80 du même mois, un discours
éloquent en faveur de la paix ; souscrivit,
en 1796, pour une somme de 120,000
livres sterling (environ 1,400,000 fr. ),
dans l'emprunt de 10,000,000 de livres
sterling ; s'opposa , avec énergie y en
1802, à la suspension de Vhnbeas cor-
pus; enfin, il demanda avec non moins de
force le rapport du bill sur les Séditions,
et montra jusqu'à sa mort (1802) le
plus honorable caractère. Les momens
de loisir de ce véritable philanthrope
étaient entièrement consacrés à l'agri-
culture, en l'honneur de laquelle il a
institué une fête annuelle, dans sa terre
de "VToburn-Abbejr. Il avait acquis sur
cet art utile les connaissances lés pîus
étendues, dont it fit toujours ïes plus
beuretises applications. Ses efforts et ses
succès loi ont mérité la reconnaissance
de ses concitoyens.
Son fils , le duc de Bedford actuel , à
été nommé gouverneur pendant le minis-
lène tfë F63^. B ^t Tun des j^lds riches
propriétaires de Londres; il possède le
quartier qui , par sa construction régu-^
lière, quoique peq élégante, peut élré
considéré copime la chaussée d'Antin
anglaise. F. R-d.
BEDLAM ^ maison qui a en Angle^
terre une renommée aussi grande que
notre Bicétre (vo/.) , et qui réunit au^i ,
dans une même enceinte, des aliéùé^ et
des criminels ; biimrre et triste assembla-
ge, qui, dans quelques années, n'exis-
tera plus en France. Bedtam , qui est
situé en dehors et au Sud de Londres,
est un véfitabfe palais dont la façade â
58Ô pieds anglais de long et dont les
dépendances sont immenses. Cet hospice
(car, comme en France, c'est plutôt uil
hospice qu'une prison) , fut commencé
en 1812, pour remplacer le' Vieil hos-
pice du même nom, qui avait la même
destination et remontait à Henri VlII.
Bedlam renferme 400 aliénés et 60 con-
damnés; c'est environ le 8* de la popu-
lation de Bicétre. A. L-d.
BÉDOCII (PiEttKt-JOstriÉ) naquit
en 1761, à Tilf le ( Corrèïe ) , où 11 était
avocat lorsque la révolution commença.
Ses opinions et ses talens le firent porter
à diverses fonctions de la magistrature.
En 181Ô, il
le tribunal ci
1811, subst
près la coui
1812 ses c<
corps législat
souverain, il
députation d
fidèle des b<
En 1819, M
qui était le besoin du payâ$ tti^Xi TfapO-
léon ne voulut pas la signer à des condi-
tions indignes de lui et de là Fi^âiice.
Au retour des Bourbons, en 1914/'
M. Bédoch se plaça parmi les dé|^utés
décidés à réclamer avèC énergie fe^ Ins-
titutions qui avalent été prôiWléè^. H si-
gnala, des premiers, les efforts (Joïitre-'
révolutionnaires qui étaient f^ils alors,
et défendit avec un talent remar(Jua-*
ble la liberté de la presse Montré le$
projets de loi du ministère Montes-
quiou. (Voir Y Histoire de la Restaura- '
àùn, t. II.) Lorsque le gouvernement eut
présenté un projet de loi relativement à
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BED * ( 2i8 )
la remise des biens d'émigrés non ven-
dus, M. Bédoch fut nommé rapporteur
de la commission chargée d'examiner
cette proposition. Son trav^l fit remar-
quer en lui des idées justes et des sen-
timens élevés; il conclut par demander
Iç maintien des faits accomplis.
Dans les Cent -Jours, Fempereur
nomma M. Bédoch conseiller d'état, et
l'envoya dans la 2* division militaire
en qualité de commissaire extraordi-
naire. U fit partie de la chambre des Re-
présentans^ et se distingua dans cette
assemblée par sa modération autant que
par les lumières de son esprit. En 1816,
il fut destitué par le roi des fonctions
qu'il remplissait au parquet; mais le dé-
partement de la Corrèze le nomma de
nouveau, en 1818, à la chambre des dé-
putés , où il a toujours voté , avec les
amis de la charte et d'une sage liberté.
A l'expiration (le son mandat , en 1822 ,
M. Bédoch a repris ses fonctions d'avocat
à Tulle, et n'a reparu sur la scène politif*
que qu'à la dumbre de 1830. Il siège
presque constamment dans la commis^
sion des pétitions , dont il est souvent
rapporteur, fonctions dont il a l'habi-
tude et où il montre autant d'impartia-
lité que de connaissances. Tous les partis
rendent justice au caractère honorable
de M. Bédoch. F. F.
BEDOUINS on Arabes nomades. Ce
peuple est répandu en Egypte, en Syrie,
dans les États barbaresques et dans d*au-
trw parties de l'Afrique, et parait être
originaire de l'Arabie et des autres dé-
serts de l'Orient. La vie des Bédouins est
appropriée au sol aride qu'ils habitent
ou qu'ils parcourent, et leur caractère
même s'est en quelque aorte modelé sur
cette nature atare, dore et impitoyable
qui les entoure. U règne néanmoins une
grande variété entre les diverses tribus :
les unes ne sortent pas du désert, mépri-
sent tout travail, et vivent de brigandage;
elles dépouillent les caravanes et les voya-
geurs isolés qu'elles guettent avec une pa-
tience infatigable, se partagent le butin
et le vendent aux marchands qui viennent
chez elles, ou auxquek ils envoient ven-
dre le fruit de leur rapine. D'autres tri-
bus établies sur la limite des pays bien
peuplé^ font quelque trafic avec eux, se
BED
livrent u»peu ^ l'agriculture el se char-
gent de guider et de protéger les cara-
vanes sur les routes commerciales. Cha-
que tribu a sota cheik qui est à la foît son
juge et son. commandant. Ce titre de
cheik se prodigue même aux simples Bé-
douins ou du moins beaucoup d'entre
etix y prétendent; mais les fonctions de
cheik sont héréditaires dans une seule
famille de la tribu, et attirent un respect
général. Quelquefois plusieurs tribus vi-
vent ensemble; d'autres fois il y a ini-
mitié entre des tribus voisines, et un acte
de violence en provoque une longue suite
d'autres, jusqu'à ce qu'une réconciliation
accompagnée de cérémonies sacrées y
mette fin. Les Bédouins vivent sous des
tentes où il n'y a que quelques peaux on
couvertures et quelques ustensiles; en
sorte qu'une famille transporte aisément
tout son avoir d'un lieu à un autre. Les
hommes et les femmes se couvrent ha-
bituellement d'une chemise de toile de
coton bleu; les hommes s'affublent ordi-
nairement du houraous ou manteau de
laine; ils sont tous à cheval et bien ar-
més. Us font consister leur luxe dans de
beaux chevaux et des armes bien tran-
chantes. Cependant les riches aimept
aussi la parure et se couvrent d'étoffes fi-
nes et de bijoux. Ainsi que tous les Ara-
bes , les Bédouins mènent une vie très
sobre, aussi ont ils peu de maladies; quoi-
que professant le mahométisme, ils con-
naissent peu leur religion et sont plus
superstitieux que réellement pieux. Ils
sont les ennemis-nés de la civilisation, et
on peut les regarder comme un des plus
grands obstacles au progrès des relations
sociales. Il y a des déserts, que les Bé-
douins rendent inabordables; d'autres
contrées sont si souvent infestées par ces
brigands qu'on n'y peut voyager sans
courir de grands dangers. L'armée fran-
çaise, pendant son expédition en Egypte,
eut besucoup à sonfifrir des hordes de
Bédouins, et dans la régence d'Alger les
Français rencontrent encore fréquem-
ment sur leur chemin les lances de ces
nomades du désert qui toutefois y sont
moins cruels que les Berbères et les Mau-
res. Foy. l'art. BAmBAmiE, t III, p. 29.
Don Raphaël, dans son ouvrage sur les
Bedoitias ou Jrabts du désert (Pàrift
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fiED
(24»)
BCB
1818, 8 ▼• îii*18), a fait connaitre les di-
verses tribus qu'on rencontre en Egypte et
en Syrie. Parmi ces tribus on remarque
les 4i>Ab(lehs (vojr») qui habitent près du
Fayoum et ont de nombreux troupeaux ;
les Hanadoués dans la Haute- £gyple,
que Ton regarde comme descendans des
anciens Kx>phtes; les Akacés en Syrie, qui
ê^ chargent de Tescorte des pèlerins et
des caravanes sur la route de la Mecque,
elc^^n connaît l'hospitalité des Arabes
•ous leurs tentes : cette hospitalité s'allie
quelquefois a;vec une férocité impitoya^
blé contre les mêmes éti^anger» dès qu'ib
ont quitté la tente, et les traités faits avec
les tribus bédouines pour la sûreté des
caravanes n'empêchent guère les vols
particuliers. Les Bédouins sont un fléau
attaché au;L déserts brùlans de l'Afrique et
de l'Asie, et dureront probablement aussi
long- temps que ces plaines de sable. D>o.
BEDRIAC {Betinacum\ aujourd'hui
Caneto, petite ville de la Gaule cisalpine
où l'empereur romain Othoo fut vaincu
par Vitellhis l'an 69. M. le général de
Vaudoncourt nie que Bedriac soit le même
endroit que Caneto; il place l'ancienne
ville non loin du P6 e( sur la route de
Crémone à Mantoue. S.
BEEitZÉBUTII ou plutôt Beel-
Zbbub (3T3T 773), dieu ou maître-mou-
che, divipité des habitanvd'Accaron. Il
en est question dans le premier livré
des Rois. BeeUZebub, appelé aussi Beel-
Zebul, Beelzeboth (peut-être de Bel-ze-
baolh), avait un temple à Accaron. Ocho-
zias ayant fait une chute dangereuse en-
voya consulter Beel-Zebub pour savoir
s'il guérirait de sa blessure ( 2 Rois , i , 9 ,
3). Dans le P^ouveau- Testament (Math.,
XII, 24; Luc, xi, lô; Marc, m, 22),Beel-
zebfib est souvent appelé le prince des
démons. Selon quel(|ues commentateurs,
le nom de Beel-Zebub^ ou Beel-^eùul,
le dieu d'ordure, n'aurait été donné par
les Hébreux à cette divinité que par dé-
rision, tandis que son véritable nom serait
Beel duunaïm. Dieu du ciel. Il est plus
probable d'admettre qu'à Accaron on
adorait la mouche. Pline f/f. N. xxx, 11}
dit que les J^gyptiens, voisins des Philis-
tins où était Accaron, rendaient des
honneurs divins à l'escarbot. Voy. Bel
e^ Paai^ 5. C.
BEER (Geokcrs-Jossph}. Ce célèr
bre oculiste naquit à Vienne en 1768.
Les succès de sa pratique et de ses ou-
vrages montrent combien, est profitable
pour la science et l'bumanité l'étude ap^
profondie d'une branche particulière de
l'art de guérir, lorsqu'on s'y adonne avec
une instruction générale solide^ Béer est
mort en 1818 laissant une réputation
européenne, et les nombreux écrits qu il
a publiés sur l'ophthalmiatrique de-
puis 1791, empreints d'un cachet peu
brillant, mais sévère, sont encore classi-
ques dans toutes les universités, d'Alle-
magne et mériteraient d'être plus connus
en France. T. C.
BEER (Metex), célèbre composi-
teur, plus copnu sous le nom de Meyex-
BEER. Voj.
BEER(MiGHEL),poète dramatique alle-
mand,frère cadet du célèbre compositeur,
naquit à Berlin en 1800. Il débuts par
une traduction de VAristodètne de Monti
et par une tragédie de Clxtemnestre ,
essais qui portent déjà l'empreinte du
style noble et brillant dont tous les ou-
vrages de Béer sont revêtus. En 1823
il fit paraître les Fiancés d^Aragon ;
en 1826, dans VUnmia (almanach),
son Paria y tragédie en un acte, d'une
grande simplicité de plan et d'action,
mais d'une haute portée philosophique.
C'est une éloquente protestation contre
l'intolérance de quelque théocratie que
ce soit, un cri du cœur échappé à un
dissident; on dirait un drame indivi-
duel , joué dans les forêts du Gange. Ce
Paria n'a de commun avec la tragédie de
M. Delavigne que le titre et une diction
également pure, racinienne. Vera 1827
parut le Struensée, à notre sens l'ouvrage
le plus distingué de Michel Béer, quoi-
qu'un peu shalcespéarisant par le mélange
de scènçs populaires, écrites en prose. Les
tourmens d'un esprit ambitieux, pas-
sionné, qui, né dans la foule, cherche
ses amours sur le trône, y sont tracés
de main de maître. On condamne, on
envie, on plaint Struensée, le favori du
roi Christiem de Danemark, l'amant de
la reine Mathilde, le propagateur en-
thousiaste des doctrines du xviti^ siè-
cle. Une dernière tragédie, à titre assez
bizarre, VÉpée et la main, a parueq
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BÊA
(?40)
BES
lâif ; ht seine se passe en Allemagne
sous lé régime napoléonien.
Michel Béera sans doute écrit beaucoup
de poésies lyriques; nous n^n connais-
sons qu'un hymne sur les journées de
juillet. Quoique Allemilnd, un séjour pro-
longé à Paris associait ses pensées et ses
inspirations à tout ce qui ébranlait la
France. M. Béer appartenait à cette gé-
nération de jeunes littérateurs qui ser-
vent de chaînons entre les deux pays. Il
est mort en 1838, à Munich, théâtre de
ses succès dramatiques. Toute la ville a
accompagné son convoi. Dans ses papiers
on a trouvé encore deux drames iné-
dits. L. S.
BEETHOVEN (Louis vak) naquit à
Bonn, lé 16 décembre 1773. Son père,
attaché en qualité de ténor à la chapelle
de Félecteor de Cologne, commença de
bonne heure son éducation musicale.
Tenant l'enfant de 4 ans sur ses genoux,
il familiarisait ses petits doigts avec les
touches d'un vieux clavecin. Blentdt une
instruction plus suivie devint nécessah*e;
mais n'y pouvant suffire par lui-même, le
père confia son fils aux soins de Yan der
£den, organiste de la cour, reconnu alors
pour le meilleur claveciniste de la ville
de BOnn. Les progrès rapides de l'élève
répondirent à Phabileté du maître, et
Louis passa bientôt pour Un petit pro-
dige. Il étonna l'électeur devant lequel
on le fit jouer; et ce prince, ami des arts,
lè prit dès lors sous sa protection et se
chargea de pourvoir à son éducation.
Tan der £den étant mort, en 17S2, son
successeur Neefe reçut l'ordre de diri-
ger les éludes de Beethoven aux frais de
l'électeur. Neefe, masicien profond et
consciencieux, donna à son élève le goût
de la musique sévère. Illlnitia aux chefs-
d'cenvre de Sébastien Bach, dont Beetho-
ven parvint à jouer, à l'âge de 13 anS, le
recueil de préIndes et fugues, connu sous
le titre de Clavecin bien tempéré ( fFbhl-
temperittes Clavier), L'exécution par-
faite de cette GCiivre difficile excitait l'ad-
mh*atlon des connaisseurs; mais ce qui
valut au jeune artiste des suffrages nni-
versels, ce fut le talent de l'improvisation
qoi se développa dès lors chek hii et de-
"^ànt lequel plus tard Motart lUi^méme ,
^e qu'on raconte, resu slopéfiidc. Dès
l'âge de 9 «ns, Beethoven avait fait qtiel'*
ques essais de composition. En 1788 il
publia à Spffe et à Manhetm d variation*
sur une marche, 8 sonates de clavetin et
quelques chansons. Il serait intéressant
de connaître ces premiers essais qu'il dés-
avoua plus tard en ne i^mmençant \à
série de ses œuvres c(u*à partir d'un ca-
hier de trios qui parut plus tard àVientie.
Un fait curieux et peu connu , c'est
qu'à mesure qu'il avançait en âge son
goût pour la musique s'affaiblit, et qu'il
fallut toute la sévérité de son père pour
vaincre la répugnance que le jetme Vlr*
tuose témoignait pour son Crt.
En 1 79 1 Beethoven reçut le titre d'or*
ganhte de la cour avec l'assurance d'être
un jour le successeur de Neefe; il obtint
aussi la faveur de foire 'le voyage de
Vienne et un séjour de quelques années
dans cette capitale , au^ frais de rél^c-
tetir. Il y arriva, en 1792, muni d'une
lettre de recommandation pour Haydn.
Celui-ci le reçut avec bienveilhinoe, Inats
sans sympathiser beaucoup avec un élève
dont le génie fougueux ne savait pas se
plier à ses idées et à son goftt Appelé
quelque temps après en Ahgleterre,
Haydn adressa le jeune homme à son
ami Albrechtsberger ( voy* ) , célèbre
compositeur qui passait a Vienne, et
même dans toute FAIIemagne, pour le
meilleur professeur de contrepoint. Ce
n'est qu'alors que Beethoven fut initié
dans la science de son art. Il iiiWiA. avec
assiduité les leçons de ce professeur et
conserva Soigneusement tous les exem«
pies qu'il avait écrits sous loi. Nous men-
tionnons cette circonstance pour signaler
la supercherie d'un marchand de musi-
que, dont le public a été la dupe. Ces
paperasses, trouvées dans la succession
de Beethoven, fhrent vendues à Penchèrc
avec d'autres manuscrits. Un éditeur de
musique à Vienne, les ayant achetées, en
fit l*objet d'une spéculation. Après avoir
fait arranger ces exemples et y avoir
ajouté un texte, il publia, sous le titre à^Ê-
tudes de Beethoven , mr soi-disant Traité
<F harmonie et de composition , ouvrage
auquel Beethoven n*a jamais pensé. Une
traduction française en a été publiée à
Paris.
Après avoir terminé ton cours sous
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BEE
(Ut)
BEE
Àlbrechtftberger et atteint Je but de son
•éjoar à VieDDe, Beethoten devait re-
toamer dans sa ville natale; mais là tout
était cbaagé : la oour D*exifttait plus et
rdectear, forcé de te réfugier successi*
Tement dans différentes villes de TA Ile-
magne, chercha hii-méme un asile à
Vienne, oh il moumt en 1801. Privé de
•on protecteur et réduit à ses propres
moyens, Beethoven résolut de rester
daoa cette capitale : il y passait pour
la premier pianiste de l'époqne, et quoi-
qu'il trouvât dans Worifl un nval qui,
sons le rapport de Phabileté mécanique,
pouvait lutter contre loi, son talent d'im-
provisation lui assurait toujours le triom-
phe. D^ 17^^ îl avait publiédiflérenter
compositions pour piano et antres in-
stmmeni. Cétait là tin prélude à ses
iprandes conceptions futures. Quelques
années plna tard il se lança dans le grand
genre instrumental , pour lequel il était
Dé. Ce fut en 1801 qu'il donna sa pre-
mière symphonie en a/, et de ce moment
sa place fut marquée.
Dans la réputation colossale dont il
jouîssait^alors, Beethoven aurait pu trou-
ver des moyens d*indépendanée et même
de fortuneque Cependant elle ne lui pro-
cura point Son caractère bizarre ne se
pliait pas aux usages et aux exigences
du monde; incapable de soigner lui-
même ses intérêts et de mettre de l'or-
dre à ses affahres domestiques , il se trou-
vait presque toujours dans l'embarras ,
sans cependant, comme cela a été dit,
être réduit à la misère. Quinze années
s'étaient ainsi passées lorsque Beetho-
ven, mécontent de son sort et impatient
d'arriver à ime position solide et assurée
poiup le reste de ses jours, résolut de
quitter la capitale. Jérôme Napoléon, rot
de WestphaUe, qui organisait en 1809
m chapelle, hd en offrit la direction à
des coâditîons très avantageuses. Beetho-
ven allait accepter lorsque,vpulant préve-
nir la perte d'un tel homme, l'arcliidoc
Bodolphe et les princes Lobkowitz et
Kinsky se cotisèrent pour lui assurer une
position; ils lui présentèrent un acte
009^ dans les termes les plus flatteurs et
|Bir leqod ils loi assuraient une rente aa«
noelle de 4,000 florins, sous la condition
de laater à Yienoe ou au moûia de se
pas quitter l'Autriche sans lenr consente-
ment Beethoven ne put résister aux ins-
tances de l'archiduc, son élève, et signa
rengagemeoli
Rassuré sur les besoins de la vie et
débarrassé de toute espèce de soucis in-
térieurs , Beethoven aurait pu vivre heu-
reux; mais un malheur, pour lui le plot
cruel de tous, devait bientôt Tatteiodre.
Il devint sourd I Tous les secours de Tart
(brent inutiles et ne firent qu'aggraver
le mal au point de lui rendre, dans
les dix dernières années de sa vie , toute
conversation impossible, autrement que
par écrit. Ce fut un spectacle vraiment
affligeant pour ses amis que de le Voir
présentant ses tablettes potk* recueillir
les paroles qu'ils lui adressaient Aussi^
dès lors, Beethoven se résigna à une pro-
fonde retraite,n'admettant chea lai qu'un
petit nombre d'amis intimes. Sa mélan-*
c^lie habituelle augmenta; une méfiance
ombrageuse , compagne ordinaire de la
surdité y s'empara de lui , et il ne trou-
vait de soulagement pour les souffrances
de son ame que dans la lecture et le tra-*
vail. Il composait toujouTs. ï^'entendant
plus, pour ainsi dire, la musique que par
les yeux, il continua d*enfanter des com-
positions oh le sublime et le bizarre se
mêlent d'une manière qui fait deviner
l'état de son ame.
Toujours robuste jusque là , la santé
de Beethoven s'affaiblit rapidement dans
les six derniers mois de sa vie. Surpris
par un orage qui le força de s'arrêter,
tout trempé de pluie , dans une mauvaise
auberge , il fut atteîAt d'un rhume violent
suivi d'une inflammation de poitrine.
Le mal céda aux soins du médecin ; mais
ce ne fut que pour faire place à une hy-
dropisie qui vint le consumer lentement.
En proie à des souffrances continuelles,
Beethoven attendait avec résignation sa
mort, qui arriva le 26 mars 1857. La
capitale témoigna son estime pour le
grand artiste qu'elle venait de perdre
par les funérailles les plus magnifiques ;
le cortège, auquel une foule Immense
formait haie, se composait de tout ce
que Vienne possédait d'illustrations. On
exécuta la Marche sur' la mort d'un hé-
ros, composée parle défunt et arrangée
en harmonie par le inaitre de chapelle
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BEE
(252)
BEE
Seyrried, €t un Miserere altribué aiiMÎ
à Beclhoven ^ pour 4 voix d'hommes et
4 trombones, d un effet imposant. Huit
compositeurs, parmi tesqu«|a était le cé-
lèbre Hummel, portèrent le drap mor-
tuaire; ce dernier jeta la couronne de laiH
rier funéraire sur ta 'tombe de son ami.
Plus tard la sQciété des Concerts spirituels
donpa un grand concert dont le produit
était destiné à Térection d*un monument
consacré à la mémoire de l'immortel
compositeur.
Beethoven était d'une taille ramassée
qui offrait l'image de la force. Son crâne
se distinguait par un front élevé et ma-
jestueux. Sa physionomie, pleine d'éner-
gie, avait «a premier aspect quelque
chose de farouche ; mais lorsque , dans
des momens de satisfaction, uq doux sou-
rire l'adoacis^it , quelque chose de gra-
cieux se répandait sur ses traits et lui
gagnait tous les cœurs. Son caractère était
noble et d'une di^oiture à toute épreuve.
Ne s'étant jamais marié, il avaitadopté
son neveu Charles van Beethoven qu'il
aimait comme un fils et dont il faisait
lui-même l'éd^lK^tion musicale. C'était
UB véritable sacrifice pour lui ; car rien
ne lui répugnait tant que de donner des
leçons , et il n'y a que son compatriote
Bies et l'archiduc Rodolphe qui puissent
se vanter ^d'être ses élèves.
. Indépendamment de son art, Beetho-
ven n'était pas sans instruction , comme
on l'a prétendu. Il aimait l'élude de l'his-
toire et avait appris plusieurs langues
vivantes. Sa conversation ne manquait
pas d^espri^ et il se plaisait à lancer des
traits assez piquans contre la médiocrité
de certains artistes.
Nous venons de peindre l'homme; il
nous reste à parler de l'artiste. La tâ-
che est moins facile : il faudrait des vou-
lûmes pour l'analyse de ses oeuvres; nous
nous bornerons donc à quelques ré-
flexions. Si , en général , la musique est
le plus romantique de tous les arts, ou
plutôt le seiil qui le sort tout-à-fait,
Beethoven doit être regardé comme le
représentant du romantisme musical.
Toutes les compositions de ce génie gi-
gantesque portent le cachet de l'origitia-
lité. Dédaignant d'imiter les autres, Beet-
hoven f'eat frayé des routes oouvelle#|
et, an risque dé paraître bizarre, il a
toujours voulu être lui-même. Rien ne le
dérouta dans la marche qu'il s'était tra-
cée. Méconnu d'abord, outragé par des
critiques qui se récriaient contre des
innovations inouïes, peu goûté par la
masse du public qui De4x>uvait le com-
prendre et le suivre dans des régions in-
connues, il n'eut pour lui qu'un petit
nombre d'admirateurs. Mais ce nombre
s'accrut bientôt;- et lorscpie, se lançant
dans le grand genre instrumental, il en-
fanta ses. symphonies, i^hefs-d'œuvre à
jamais admirables,' on commença à ap-
précier le génie créateur de ces concep-
tions sublimes, et les détracteurs firent
place aux enthousiastes. Cependant on
attaqua encore ses compositions vocales,
et un critique célèbre ne craignit pas d'é-
crire que dans Fidelio Beethoven était
resté inférieur à lui-même. Quelques an-
nées ont suffi pour faire justice de cet
arrêt. Aujourd'hui Beethoven est l'objet
d'une admiration sans bornes, je dirai
presque d'un culte idolâtre.
Le nombre des compositions de Beetho-
ven est trop considérable pour que nous
puissions en donner ici une liste étendue.
On en jugera par le résumé suivant:
I. Musique instrumentale .* 1 0 sym-
phonies à grand orchestre, y compris la
Bataille de Fittoria; 8 ouvertures, dont
quelques-unes avec entr*actes,chœur8,etc.
pour différentes pièces de théâtre; 8 œu-
vres pour harmonie. , — Pour le violon :
1 concerto, 1 septuor, 1 sextuor, 8 qui»-
tuors, 17 quatuors,. 6 trios. — Pour le
piano : 6 concertos, 1 concédante, 1 fan-
taisie avec orchestre et chœur, 1 quin-
tuor, 4 quatuors, 7 trios, 17 duos ou
sonates avec accompagnement de violon
ou violoncelle, 32 sonates pour le piano
seul; une foule de variations aVec et sans
accompagnement, des rondos, fantaisica^
préludes, marches, bagatelles, etc.
IL Musique vocale : 2 grand'mes-
ses; le Christ au mont des Oliviers, ora-
torio; Fidelio, opéra en 2 actes; Scena
ed Aria ( Ah! perfido!) avec orchestre;
Adélaïde, cantate avec piano; 35 ohan»
sons écossaises avec chosur et accompa-
gnement de piano, violon et basse, eC
une quantité de morceaux de chant, è
une ou plusieurs voix, aur des textes de
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BEE
Goçthe^ Mttthisson et autres poètes.
On a publié, à Leipzig, un Catalogue
thématique des composilious instrumen-
tales de Beethoven. 11 ne va que jusqu'à
Tœuvre 102^ , et il serait à désirer qu'on
en donnât la suite; car ce n*est qu'à l'aide
d'un tel caUlogue qu'on peut distinguer
les œuvres originales des innombrables
amingemens que les marchands de mu-
sique ont fait faire de toutes leâ compo-
sitions de Beethoven.
Quant à la biographie du grand hom-
me, un ouvrage spécial reste toujours à
faire; car on n'a encore, outre les articles
de journaux, qu'une mince et mauvaise
brochure allemande par Schlosser, et la
notice en tête des Études, esquisse trop
incomplète pour mériter le titre de bio-
graphie.
L'esthétique allemande s'est beaucoup
occupée de Beethoven et de l'analyse de
ses œuvres. De tout ce qu'où a écrit sur
lui, le passage suivant me parait le plus
sublime : « Beethoven, a dit un auteur
dont le nom m'échappe, est le naviga-
teur le plus téméraire sur l'océan de Thar-
monie. Quelquefois il s'égare^ on le perd
de vue; nuis bientôt il revient, et ce n*est
janmis sans avoir découvert un nouveau
monde. » G. £. A.
R-FA j B-Mi. Ces dénominations, qui
étaient autrefois en usage chez les musi^
ciens de toutes les nations, ont cessé de
Fétre depuis long-temps en France, en
Allemagne, en Angleterre et dans les
Pays-Bas; mais elles ont été conservées
dans la solmisation des écoles italiennes.
Dans ces écoles, on continue d'appeler
mitt/a les deux notes entre lesquelles
il se trouve un demi-^on, soit que ce
demi-ton ait sa place entre la troisième
note de la gamme et la qiMtrième; soit
qu'on le rencontre entre le septième de-
pé^ ou la note sensible, et la tonique. Par
exemple, si |) se nomme B'^rni, si \^ est
B-fa, Cela est fondé sur ce que B-mi
est toujours la note inférieure du demi-
ton^ tandis que B'-fa en est la note su-
périeure. Ce mode de solmisation est
soavent cause de grandes incertitudes
dans le nom des notes. Foy. Solmisa-
Tiow. E. F-s.
^FANA {/ant6me)y espèce de man-
nequin costumé et de sexe féminin qui
(?5J) BEF
figure dans une procemion burlesque
ayant lieu à Florence, à Rome et dans
quelques autres villes d'Italie pendant le
carnaval et à i'époque de la fêle des rois.
Voy, Caenayal. C. L, m,
BEFFROI. Dans le Glossaire latin
de Ducange, ce mot se trouve traduit par
les mots de basse latinité belfredus, ter^
fredusy verfredus, herefridus, bilfre*
dus, hejfrtit, bclfragiunu D'abord on
appelait beffroi une machine de guerre
construite en bois et en forme de tour, à
plusieurs étages, montée sur quatre
roues, couverte de cmirs ou de peaux
pour amortir inaction du feu, et asset
haute pour arriver au niveau des murs
d'une forteresse. Dans les étages supé-
rieurs se plaçaient des soldats qui lan-
çaient continuellement des traits sur
l'ennemi ; dans le bas étaient des hom-
mes vigoureux chargés de mouvoir la
machine et de la pousse^r près des murs.
Puis on donna le nom de beffroi à ces
tours assez élevées que. Ton construisit
dans les villes et les forteresses, au haut
desquelles veillaient des gardes qui, en
mettant en branle une cloche, avertis-
saient les habitans de l'approche de
l'ennemi et les appelaient ainsi aux
armes. Lorsque les communes s'éta-
blirent en France, le premier acte de
la confédération ou commune fut gé-
néralement l'occupation d'une tour à
laquelle on donnait le nom de beffroi,
et où l'on plaçait une cloche. La pre-
mière clause du serment des communiers
était de se rendre en armes, dès que la
cloche du beffroi sonnerait, sur la place
d'armes qui leur était assignée, pour se
défendre les uns les autres^ Cette cloche
s'appelait dans le latin du temps cant"
pana bamnaUs, et en français banch-
que (cloche du ban), parce qu'elle ser-
vait a convoquer tous les individus de-
meurant dans le ban ou district de la
ville. Le droit de beffroi était donc un
de ceux qui constituaient la commune,
comme il résulte d'un arrêt de Charles-
le-Bel, donné à Paris en 1829, et qui
enlève à ta ville de Laon les droits d'é-
chevinage, de collège, de mairie, de sceau,
de cloche, de beffroi et de juridiction.
Quelques auteurs Ont dérivé brffroi du
saxon et du tudesque beU^ cloche, et
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BEF
(254)
BEG
ffiedf p«b, •( iU tradaîsent ew mots par
cloche de la commune, parce qu'en effet
plu» 4'uQe foû on troure la commune dé-
fignée par le nom de paix {pe^y Quoi
qu'il en aoity on trouve ce mot écrit de
di¥erse« manière» dana not vieilles cou-
Utmes i befroy , beaufroy y bdlefroy , ete.
Enfin encore aujourd'hui on appeUe be^
froy la charpente qui soutient les.doohes
dans les clochera. Fcty, Tocsin. A. S-n.
BSFFRQY (muaique), voy. Tax-
7AM. «.
BEFFROY DE REIGIIY (Lovi^
JkMKL) eat plus connu aoua le nom de Cou-
sin Jacques, espèce de sobriquet qu'il a'é»
tait donné lui-même. Né à Laon, en 1 767,
il oommençii à se faire connaître dans la
capitale en 1 7S&, par la publication de aes
Lunes, C'était un recueil littéraire et pé*
riodique où il y avait parfois de l'esfrît
et souvent de la malice et de la gailé. £n
1789) i( fit Jouer une pièce à alkiaions
politiques, Nicodème dans la lune^ qui
obtint une vogne prodigieuse. Se vouant
alora au théâtre, «1 y donna successive-
ment plusieurs ouvrages qmi durent aussi
de grai^ds succès plutôt aux circonstan-
ces qu'à leur propre mérite. Quelques-
uns même, entre autres TuHututu et la
peùte Nanette, firent ombrage ^ux poi»-
voira du temps et furent interdits ou
8na|)endus.. Pk» tard, le Cousin Jacques,
s*exagérant un peu sa puissance d'écri-
vain, voulut résumer et juger toute la ré-
volution dans, un I>ictionfHÙre néologi-
que des hommes ei des choses, dont la
publication éprouva bientôt des entraves
de la part du gonvemement consolaMre
(U fut arrêté à la lettre C qui n'est qne
commencée )l Beffroy se retira alors dans
un village près de Paria, où il est mort
en 1810, oublié d'un publie qui s'était
autrefois beaneoup plus occupé de lui
que d'amtewra d'un talent bâsn supérieur
àu sien» M. O.
BEG, qu'on proonnee a«ssi bey, mot
turc qui sigmfie seigneur. C'est un tkre
fort usité chea les penp&es de race tur-
qiM, et qui, placé après le nom propre,
indique un hômmoau-de9sus.du vulgaire.
Bbguuuwqi, mot composé qui signifie
littéralement êeg^des èegm. Ce tîlrey ckea
les Turcs othomans, a jusque dans ces
dimiera temps désiçié les fou^
généraux de provinces. Ainsi on abtcn^
dait par le beglerbeg de Romélie un dief
supérieur de qui relevaient les-goover*
neurs particuliers, non-seulement de la
Romélie proprement dite, mais de Tbes«
salie, de l'Épire, eta R.
BÉGAIEMENT (PselIisme), infir.
mité fort eommune et qui consiste dans
une difficulté pins ou moins grande de
parler. Tantôt c'est une hésitation , une
répétition saccadée d'une on de plusieurs
syllabes, tantôt c'est nne suspension pé-
nible et comme convulsive de l'articul»-
tion des sons. Tous les bègues ne le sont
pas de la même façon; les uns s'arrêtent
seulement avant de prooonocr la pro-
mière syllabe ; les autres ne sont arrêtés
qne par certaines lettres ; 'd'autres encore
oDt à la fois plusieurs vices de pronoo<*
ciation. Enfin on en ^mit ffnerqiics-uns ,
rares à U vérité, diez lesquels Faction
de parler s'accompagne de grimaces , do
contorsions extrêmement fatigantes après
lesquelles ils ne foot entendre encore qnn
des Sons presque inarticulés.
On ignore tout>-à-favt la arase dn bé-
gaiement, et l'on ne troove cbey le ptn-
pnrt des sujets aucun moyen ds FexpK-
qner par la conformation des parties.
D'ailleurs les vices de prononciation fftà
dépendent de k longueur et de la briè-
veté de la bngue, de Fabsenee d'une on
de plusienrs dents, ne peuvent être nssi*
mUés an bégaiement, lequel peut prendre
place parmi les affections nerveuses , si
l'on doit nommer ainsi tontes celles dont
les causes échappent à nos recberefaes.
Quoi qu'il en soit, l'observation noils
montre qnek bégaiement est pins ooi»-
mnn cnez les sn^ets timides e» suscepti-
bles; qu'il se propage par îmilatîen, qu*il
augmente tontes les fois qne lé sujet esC
sous l'impression d'tm trooblo q«elcon-
quoh Enfin il disparait temporatremenC
on pour toujours dès que Et maMo est
sonmts è une volonté énergfqn», que en
soit la sienne on eeHc d'un suCre. On re-
marque aussi que dans le dmnt, dans (a
déelamation der vers, le bégaiement cesse
en général de se fiUre sentir; cp'avee
l'âge il s'af&iblit, qu'il semble suivre
ches qudques personnes les variations dé
l'atmosphère,, et qn^il* présente des inter^
prolongées^
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BËG
(255)
BEG
L'homme est plus fréquemment que
la femme atteint de cette infirmité qui
exerce sur les dispositions morales une
influence incontestable. On voit en effet
les bègues être généralement taciturnes
et réfléchis, comme aussi les attaques fré-
quentes auxquelles ils sont trop souvent
exposés les rendent irascibles et vio-
lens. On à établi des divisions , qu*on a
trop multipliées peut-être, d*aprèa les
nuances que présente le bégaiement; ainsi
M. Malebouche en admet neuf espèces, sa-
voir: 1^ Timpossibilité momentanée d'ar-
ticuler; 2*^ doublement précipité des syl-
labes j 8^ arrêt de la parole par habitude
d'esprit; 4*** bredouillement; 6^ zézai-
ment; 6"*, 7**, 8° et 9*^ difficulté pour
les lettres (d^ avant, de haut, d'arrière, etc.
pour les articulations p, L X*. M. Deleau
reconnaît trois bégaiemens : le lingual ou
loquace, le labial ou difforme, enfin le
douloureux ou muet.
Le traitement du bégaiement a son,Tent
été entreprb et avec des succès varial^les*
On n'a jamais réussi par Les médicamens
dirigés contre des causes toutes bypothé*
tiques; ainsi les toniques, les débilitans,
les révulsifs ont été tour à tour employés
selpn qu'on a cru avoir besoin de fortl^
fier ou d'affaiblir les organes, ou bien
au contraire d'appeler loin d'eux une
humeur ou une irritation qui aurait en-
travé le libre exercice de leurs fonctions.
L'examen attentif des cas de guérisoa a
fait voir clairement qu'il valait mieux
observer la manière dont la langue et les
lèvres fonctionnaient dans l'action de
parler que de fabriquer de vaines théo-
ries; en effet, les sujets qui ont guéri ont
été des gens d'une volonté très pronon-
cée qui se sont soumis eux-mêmes à un
exercice constant et méthodique des or-
ganes de la, parole et de la respiration,
ou bien des personnes d'une disposition
d'esprit analogue et portant intérêt aux
malades, )es ont amenés avec adresse à
pratiquer sans interruption cette gym-
nastique sans laquelle il n'est pas de gué-
rison.
Tel a été tout le secret d'une dame
Leigh qui, en Amérique, paya l'hospi-
talité qu'elle avait reçue d'une famille en
guérissant un« jeupe fille bègue qui en
faisait paitia. Cette dame ayant étudié
avec soin la malade reconnut que, dans
le moment de l'hésitation, la langue sé-
journe dans la partie inférieure de U
bouchci la pointeiirrétée derrière les in*
cisives d'en-bas, et qu'à l'instant ou la
difficulté est surmontée l'organe se dé*
place et se porte vers le palais. £lle oeo^
dut de là qu'on arriverait à la guérisoa
si l'on pouvait habituer les bègues à par*
1er, la langue appliquée contre le paUis.
C'était, il est Tffai, «jubstituer un vice de
prononciation à un autre; car de cette
manière la prononciation est, oonsme oa
dit , empâtée; mais c'était le vice dia*
métralement opposé , et l'on pouvait fsr
pérer que, livrés à eux-mêmes, let sujets
arriveraient à un termes moyen avanta*-
geux.
Ses tentatives réussirent, et depiùf, d«
nombreuses expériences faites dans cette
même direction ont été généralement
fructueuses, lorsqu'elles ont été laites par
des personnes courageuses et persévéran-
tes. D'ailleurs les exemples de guérison
sont nom|>reux. Outre ceux qui furent ob-
servés eu Amérique, plusieurs eurent
pour témoins les commissaires de l'Aeie
demie royale des sciences qui furent ap-
pelés à examiner la méthode d^ traitement
de madame Leigh , importée par M. JBIa->
lebouche. Un des plus remarquables est
celui d'un homme qui à l'âge de 33 ans
parvint en 8 jours à se guérir asses par-
faitement pour pouvoir se Uvrer à la pr^
dica^on. Le fait dominant dans cea ob-*
scrvations, c'est la résolution et la peraé^
vérance des sujets : qn en. voit un qui», à
force de pratiquer les exeiTcicesprescrita,
éprouve de vives douleurs dans la langue
et la mâchoire, et un autre qui travail-
lait nuit et jour indistinctement. Le suc-
cès a été en raison bi/en plus de l'activité
des malades que du peu d'intensité de la
maladie. Ainsi, des bèg^iea presque iniur
telligibles ont guéri , tandis que d'autnes,
n'ayant pas spivi la méthode, ont oonservé
leur infirmité.
Voici d'ailleurs en. peu 4e mots, les
principes et les procédés de k méthode.
Il s'agit de rompre complètement lee l^ai*
bitudes acquises et d'en oontipaeisp de
nouvelles ; pour cela on oooeeille de con-
damner les malades à un silence absolo
bon le temps des exerakes^ «^ dift les
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ÈEG
i^ntrfttndre à exprimer leors besoins par
signes ou par écrit. Cette condition est
d'une haute importance pour les exerci-
ces qui doivent être fréquemment renou-
velés (une heure de repos et une heure
de travail); ils doivent consister dans une
lecture faite lentement et pendant la-
quelle on fait prononcer le malade, en
tenant sa langue appliquée contre le pa-
lais, le phis exactement et le plus cons-
tamment possible. D'abord l'articulation
des sons est xonfuse ^et embaiTassée et
le sujet éprouve une fatigue douloureuse;
mais peu à peu les difficultés s'aplanis-
sent et il est récompensé de ses efforts
par uoo entière guérison. On réussit éga-
lement bien de cette manière quelle que
soit la forme particulière du bégaiement;
et non -seulement on n'observe pas de
récidive, mais même les sujets guéris ne
conservent rien qui puisse leur rappeler
qu'ils ont été bègues.
La méthode américaine, outre qu'elle
est sanctionnée par l'expérience, est sa-
tisfaisante sous le rapport théorique, en
ce qu'elle repose sut l'observation exacte
du mécanisme de la parole chez les bè-
gues ; elle est préférable à l'introduction
des cailloux et autres corps étrangers
dans la bouche, en' ce que le sujet étant
plus constamment actif contracte Thabi-
tude de commander à ses organes. Il est
à remarquer d'ailleurs qu'en plaçant un
corps étranger sous la langue, on l'em-
pêche de rester constamment à la partie
inférieure de la bouche. M-ib.
BBGONIAy genre de plantes dont
M. Bonpiand a fait une famille naturel-
le, et qui appartient aux polygonées de
Jussieu et à la monœcie polyandrie té-
tragynie de Linné. Les espèces en sont
assez nombreuses et ré^ndues dans di-
verses cohtrées; elles. ont en commun
une acidité fort remarquable due à
Toxalate de potasse qu'elles contiennent
en quantité assez grande pour qu'on
puisse l'extraire. Aussi en connait-on
plusieurs sous les noms ^oseille sauvage
ou é*osei/le des bois. D'ailleurs on leur
a prêté contre le scorbut et les hémor-
rbagies des propriétés médicinales b^u-
coup moins bien établies qu'on ne serait
porté à' le croire d'après les auteurs qui
en recommaiident remploi. F. R.
( 256 ) BÈH
BÉGUINSet BécHARDS,et,s'il est que».
tiondéfemmeSjB^GUiNKsetBÉcuTTEs.Ce
mot sign i ûequi demande, qui prie, d u mot
beggen, demander. On donne ces noms à
des personnes qui , sans avoir prononcé
des vœux monastiques et sans s'être as-
treintes aux règles d'un ordre, se sont
réunies pour faire des exercices de piété
et de bienfaisance, et ont formé des so-
ciétés duns des maisons dites Béguine-
ries ou BégUinages , souvent richement
dotées, et où, vivant en commun, elles
se distinguent par l'activité, la piété,
la retraite, et par les soins donnés à l'é-
ducation de la jeunesse. Il y a eu de ces
sociétés en Allemagne et dans les Pays-
Bas, dans le xii^ et dans le xiii^ siècle.
C'étaient les piétistes du moyen-âge, et
ils eurent beaucoup à souffrir de la ja-
lousie des ordres religieux. On les a
quelquefois confondus avec les loi-
hards,Le$ béguines se conservèrent long-
temps en Allemagne, où, à l'époque de
la réforme, elles étaient appelées See^
lenweiber, femmes des âmes, parce
qu'en effet elles avaient soin de l'arae
des personnes de leur sexe. Dans les
Pays-Bas il s'en trouvait encore vers la fin
du xYiii^ siècle. Les repenlans et les
repentantes, vivant en commun sans
autorisation du pape et sans institutions
fixes, peuvent être comptés parmi les
béguines. Les repentans ( Reuer ) par-
coururent l'Allemagne comme pénitens,
dans le XII® et dans le xin.^ siècle. Les Fra-
ticelles on Frérotes, restes des Tertiaires
de l'ordre de saint François, éteints depuis
1260, rentrent dans la même catégorie.
Il y a encore en Allemagne des maisons
béguines: ce sont des institutions pieuses
où des personnes du sexe trouvent,
comme célibataires, le logement et quel-
quefois d'autres avantages. Voir Mos-
heim, De beghardis et beguinabuscom-
mentatio, Leipz., 1790. CX.
BEHAIM ( Ma&tiit ), célèbre astro-
nome et voyageur auquel quelques-uns
ont attribué la première idée de l'exis-
tence de l'Amérique , dont il aurSiit fait
part à son ami C. Colomb. Maximilien
l'honorait comme le plus grand voya-
geur de t Empire,
Il appartenait à la famille bohème de
Scfawarzbach et naquit à Nuremberg vers
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BBH
(257)
BEI
1480. Il se voua au commerce^ et c*est
dans des inléréts mercantiles qu'il fit ses
premiers voyages. Mais comme il avait
lait de bonnes études nautiques et ma-
thématiques , il se laissa entraîner à Lis-
bonne, en 1480, par l'enthousiasme des
grands voyages qui s'était emparé de
tous les esprits. Il accompagna Diego
Cano , fit , dit-on , plusieurs découvertes,
et contribua à celles des Açores. A son
retour il fut armé chevalier par Jean II,
et alla ensuite visiter sa ville natale. On
montre encore à Nuremberg le globe qu'il
fit à la prière de quelques amis; c'est un'
monument de l'ignorance du temps sur
la véritable configuration de la terre.
Âpres avoir fait quelques autres voyages
Martin Behaim mourut à Lisbonne en
1506. J. H. S.
BEHEMOTH. Job (xt, 10) parle
d'un animal qui porte ce nom , et il en
décrit les propriétés. Selon Bochart c'est
l'hippopotame ; d'autres croient que
c'est l'éléphant, le bœuf ou encore le
crocodile ; selon les Pères c'est le démon.
Beherooth en hébreu signifie €ies hétes
et se dit du gros bétail. Selon les rab«
bins c*est le Leviathan, animal que Dieu
destine au repas des élus israélites au
temps du Messie. Ces rêveries n'ont ja-
mais eu beaucoup de fondement parmi
les Israélites mêmes. S. C.
BEHRING, voy, Bering.
BEIRA y voy. Portugal.
BEIRARTAR (Mustapha ), grand-
visir de la Sublime-Porte en 1809, ap-
porta dans cette haute charge un ca-
ractère et des lumières qui ne pouvaient
sympathiser avec les goûts et les mœurs
d'un peuple encore imbu des préjugés
les plus absurdes. Ses premiers regards
se portèrent sur la nécessité d'introduire
dans l'armée turque l'organisation et la
discipline européenne ( iV/^om/ Gedid\
D'habiles officiers français et allemands
furent choisis pour enseigner les ma-
nœuvres à de jeunes soldats ; on ouvrit
une école d'artillerie, et les mathémati-
ques devinrent, pour la première fois,
Fétude et l'application des sectateurs du
Koran. Ces innovations furent accueil-
lies par des murmures; il se déclara une
forte opposition, et on rejeta surtout
l'usage de la baïonnette. Mais Beiraktar,
Rncyclop, d. G. d. M. Tome IIL
doué d'une vilonté ferme et penévé».
rante, convaincu d*ailleurs du bien qui
devait résulter de son nouveau système
pour une nation si en arrière de La civi-
lisation des autres peuples de l'Europe,
fit punir les mécontens.Ces punitions fi-
nirent par exaspérer les esprits, et le»
janissaires, s'indignant déjà d'obéir à
des infidèles, levèrent l'étendard de la
révolte et jurèrent la perte du graed-
visir. Secondés fvtr une populace en fu-
rie, ils vinrent sur le champ attaquer le
sérail. Les nouvelles troupes, qu'avait
formées le visir, opposèrent une grande
résistance; mais une flotte, qui se trou-
vait dans le canal, s'étant déclarée pour
les révoltés et ayant dirigé son feu con-
tre le sérail, il fallut céder au nombre.
Mustapha, conservant alors tout son
sang- froid et son courage, et ne voulant
pas tomber vivant entre les mains de ses
ennemis, se fit sauter avec la. partie du
palais qu'il habitait. F. R-o.
BEIRAM. Les Mahométans appellent
ainsi les deux seules fêtes dont la célébra-
tion est rangée par l'islamisme au nombre
des devoirs religieux. La première, ou
le grand Betram , se célèbre le 10® jour
du dernier mois de leur année. C'est , d'a-
près quelques auteurs , en commémora-
tion du pèlerinage de la Mecque que tout
musulman doit faire dans ce mois, au
moins une fois dans sa vie. La deuxième,
ou \e petit Beïram, tombe le 1 *'de la lune
de Chaval ; elle dure 3 jours , commence
aussitôt que certaines personnes dési-
gnées à cet effet ont annoncé l'apparition
de la nouvelle lune, et se célèbre dans
tous les pays mahométai^, ^t surtout à
Constantinople , avec une extrême ma-
gnificence. Les principaux officiers de
l'empire y reçoivent des présens de leurs
subordonnés; les Européens même en font
aux fonctionnaires d'un ordre inférieur ,
et le Grand-Seigneur distribue, à l'occa^
sion de cette solennité , des largesses et
des faveurs. Comme elle met fin aux jeA-
nes pénibles du Kamazan, elle est pour le
peuple l'objet de grandes démonstrations
de joie, et passe même dans l'opinion vul-
gaire pour le grand Beîram. — > Cette fête
est essentiellement mobile et tombe suc-
cessivement à chaque saison et à chaque
mois de l'année. Cette singularité s'ex-
17
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BEI
(258)
BËK
lltlcfiië facilement par rîirffjeclîoti du ca-
lendrier des musulmans, qui cdmptent
pitf adtîéeS Idtiaires. Ces deux Beîràm se
suivent à peu près comme Pâqtte^ et là
Pentecôte cHez lés chrëtleils. L. N.
bElilAM (HAbii] , saint très révéré
dèè Turcè, dont le îioni dérlte J[)ëut-
être j par cdrruption, du mdt perSaii baha-
rûm. Il Ait cheikh et fondateul* d'tm dr-
dlré dé derviches qu'il àjipcîsl Beihami:
Né k Sal, tillagë ^rèîf' d'Angora, lion
ld!n dti fleaVé T^hduhoùkfchou, Il tilou-
rirt éh ôre (âh de J.-C. 147i). Sdn tom-
beau était un lieu dé ^lerlnage très fbé-
qtiétiil. L. N.
BERRCft (ËMHAif^ËL), helléniste
distingué, professeur à rurilversitê de Ber-
lin , membre de l'Académie dë^ sciences
dé la méiiie ville, et âùtëui* A'iiiipohans
od^t^gès philologiques.
m à BeHIh , 6n i tS5 , il j reçut une
bènné instrdctlon à Pécote du Couvent-
Gris, SôuS la direction de feu G. L. Spal-
Mh'i, et se reridlt, eh 1 803, à Tiinitersité
dé Éalie. Là il devint ùh des meilleurs
é&Uk du célébré tfolf, et t*ori assure
qtié , plus tard , 6elùt-c2 se plaisait à le
proclamer le plus capable dé continuer
sc^ travaux philologiques. Ai>rès trois
années de fortes études , dont les langues
moderneè firent partie , M. fiekkcr passa
dôcteut*, et en 1^07 îl fut désigné pour
remplir Une chaire de litté^iure grec-
que à Tuhiversîté de Berlin , ({\i\ venait
d'être fbhdée , mais dont Fou vertu re n'a
eu lieu qu'en 18019. En rfnâi 1810 il se
rebdit à Paris , où il resta jusqu^à la fin
dél81jf, occupé à faire des recherches
dihis lès manuscrits de (a Bibliothèque na-
tionale, et notamment à cotlàtionner ceux
dé Platon et d^diverà rhéteurs et gram-
mairiens grecs. Nojriraé , éii 1815, mem-
bre de rAcadém'îc dés sciences dé Berlin,
îl fit, sur la demandé dé cette éompà-
gnie , ùri second voyagé à Paris pour ex-
traire des papiers dé Fourmoht ce qui
pourrait ^ervif & un Corpus ùiscnptio-
num gritecdruhiy qu'elle avait résolu de
publier*. En l8i7, ^a Àiémé soèiété f en-
voya eiî f tàTie , chargé de déchiffrer, con-
jolntefàenl aveé le profésseuf tioescfaen ,
f) CnH H. BfMkh («oif .).qàt TAcadémie •
un de ses coUègties, le manuserii ptlinw
pseste des Institutes de Caïus, décou-
vert à Vérone par Nieb^hr^ et de re-
cueillir des matériaux p6ur une nouvelle
édition d'AHëtbte, édition que; ^lus
tard , elle conba aux soins de M. Bekker
même, qui en à déjà fait paraître les trois
premiers volumes. U passa deux hivers
à Rome , dont les nombreuses bibliôtbè-
qilës lui furent ouvertes sur la recoin-
mandation de Niebuhr. Il visita Florence^
Venise, le Mont Cassin, Cesèhe, Ba-
yenne et Milan; se rendit , en 1819 , par
Turin à Paris; alla de là (1820) en An-
gleterre, où il séjourna alternativement
à Londres, à Oxford et à Cambridge, et
revint enfin , par Leyde et Heidelberg ,
à Berlin. Les réstiltats de ses voyages
sont du plus haut intérêt pour les scien-
ces philologiques. Il en a consigné une
partie dans les ouvrages qu'il a publiés
juscju'à présent, et parmi lesquels on re-
marque: les Anecdota greeca (en 8 vol.),
composés , pour la plupart , d'observa-
tions grammaticales ; une édition de deux
traités d'Apollonius Dyscolus : De Pro-
nomine et De Syntaxi, dont le pîremier
n'avait pas encore été iifipriraé ; une édi-
tion de Théognis (augmentée de 150 vers
inédits) ; de Démosthènes et de plusieurs
autres orateurs athéniens ; de la biblio-
thèque de Photius, des Dialogues de
Platon; enfin celle d'Arlstote ( Berlin ,
1831 , in-4**, t. I-III), que nous avons
citée dans cet article. C L,
BERTACHS ou BB&TACHITES.
C'est un ordre moderne de religieux
turcs. On regarde comme leur fondateur
Bektacb Kouli, ou Hadji Beklach. Ce
dernier vivait Ws 1360 et remplissait
les fonttio'ns d'aumônier et de prédica-
teur dans les armées ; il était également
disposé à aller aux combats et à donner
l'absoTùtîôn. H esirévéi*é comme un saint.
Ce fut lui qui, dit-on, donna l'idée de
la formation des corps de janissaires.
Ses disciples avaient re^u de lui la liberté
4'obsèrver à leur volonté les heures de
la prière. Cette facilité dans l'exercice
de leur piété les fait détester par les au-
tres religieux , mais leur attire particu-
lièrement le respect des janissaires , qui,
chargé de ceiupubUcaiioDric premier Tolame ^^ prenant pour modèles . se dispensent
•t aoépardt Ja deuxième ont déjà paru. I de suivre eux-mémes les prières ordion-
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6EL
nées par lé korao. Ces religieux peuvent
te inarîer, et, selon leur institution, ils
•ont obligés de voyager daioî^ les pays
éloignés. On en voit toujours (quelques-
lins dans les cérémonies publiques, qui
înarcheni auprès de Taga, en faisant en-
tendre des cris continuels. Ce sont ordi-
ni^ireniênt de grands libertins: ils sont
1res nombreux et trouvent toujours de
zélés partisans pârîni les Janissaires, qui
souv< - » - • ••- hypo-
crite : eux
aux I R-n.
Bl adi-
tions »te et
pard tiea
rois < père
de N oprê
à la culture . en Taisant creuser des ca-
naux pour récoutement des eaux sta-
gnantes, donna des Ibis à son peuple, et
lui enseigna les éléméhs des sciences.
Cependant le nom de Bel n*étant
qu'une variante de celui de Baal{yoy,)^
seigneur, dieu dû soleil^ il Ist à croire
qu'il a été donné souvent aux premiers
rois, et que les traditions postérieures
ont réuni sur le même individu les tra-
vaux et les bienfaits de plusieurs règnes.
On ignore d'ailleurs l'époque précise du
roi, du législateur ou du sage le plus
célèbre de ce nom. {ybir Bechtold, de
£elo Èabylonis philosopho Çhaldœo,
nor^ antigiiisslmp, Giesen, 1755.)
Un roi de Phénîcie, qui vécut vers
rân 1500 avant notre ère et quon dit
père d'Ègyptus , de Danaus et dé Ce-
phée, portait aussi le nom de Bel, ainsi
que l'un des aîeùx des Etéraclides, qui
furent rois de Lydie*. M-r.
iEt { André ), roj. BELL.
BÊLA I-T, rois de Hongrie dé la dy-
nastie des Àrpades (vojr.)y dont le pre-
(*) A rârHcle ÈaSil tl â éiÈ dit, sans dbate
pir erreur, qué'eè Bélo^ i vôvif loa^emps itpiî^
Jid&M; eepqadàac Emibe et let mutips cbr^no-
logistM le uLioeiit IoD^t.eni|»s aTant. Bel ou Baal
est rÉereuie des Tyriens ; ce lut la diviuité na-
tiobale des PhéDideus et des Cartha|{inoiiicdfDiiiè
«iee Babyloniens. On troure sur elle nn aivaaC
traTuil dé M. Gesenius dans le t. VIII deTEncy
clopédie d'Ersch et Cruher, art. Éel, p. 397-46».
Itons reuToyons fiour les cômpMés de Bel et
Baal , tels que Bèal-peor on Jit //»Aefer, dieu dei
BinabitM, à Baal» d*afttB«t, comme Jiâ^%4bub,
ont dea artidet séparés. î* H. S.
( 259 ) BEL
mier et le i|uatrième sont le^ plaft int*-
portanS. B^a Y, le dernier de ce nom
et petit-fils de Bêla IV, par sa mère,
s'appelait » comme duc de Bavière ,
Othon, et né régna qtl'iin an (1805) sur
là Hongrie.
BiitÀ I, fils de Lâdislàf; avait, ainsi
que son frère André , des droits à la suc-
cession de saint Etienne , roi de Hon-
grie; iliais; à l'ihstigatioh ^e sa femlne,
celui-ci leur |»référà son iieveii Pierre y
^Is d'un ancien doge de Venise. Les fib
de Ladislaf furent même obligée dé s'en-
fuir hors du pays, et c'est aiusi que Bélm
arriva à là coiîr dé Casimir, dont 11
épousa la sceUr. Le rbi de Pologne ré-
compensa sa bravoure en le nommant
duc de Poméranie. Cependant son frère
À-égnàit à Albe-Koyalë, sôus le nom d'An-
dré l*'^; celùî>çi rappela Ëéla, lui of-
fVant lé titre de duc, Uri tiers du royaume,
et sans doiite la survivance ati trône de
Hobgrie. BCalgrë les services que Bêla
t-endit à soti frère , Atidré ne tint pas
^rdle , fit cçuronnet* le jeune prince Sa-
loUion , et chercha rtiénie à faire périr le
compétiteur de son fils. Bêla s'enfuit en
Pologne, eu 1059 , ^ trouva du secours,
éi , favorisé des Miidjai^ , il s'empara du
trône de Hongrie. Son règne fut court ;
i( rétablit la paix à l'inlêrieur, fortifia
l'autorité royale, affermit le christia-
nisme, et allait combattre Salompu et les
princes allemands qui le soutenaient,
quand il mourut en idfiS. ^on Ai^uail.
Bkla IV. fils d'Andr* Il (vof.),
r^nà de 1235 à 1270. B^'à enfant il
avait été codrbpné , et Ibrsque Son père
partit pour la Paléstlue il réçui ce titré
de rèx junior, qu'on a fait revivre dé
r^s jours. Bêla IV posa des borues à
l'inconduité dd cléfgë et ôppibsa de là
fermeté aux pfétentionS dé la noblesse:
n fui enleva lé droit de s'asSebir en sa
P'
m
til]
K
de
i(
\U
en
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BEL
après lui avoir obstinémeot refusé
paiement du tribut. Mais après la re-
traite des Mongols, Béla IV s'appliqua
à guérir les blessures de son peuple et
rétablit la pai;L et la sécurité. Cependant,
sans autorité dans sa famille , il vit son
fils prendie les trmc3 contre lui , et mou-
rut en 1270, avant que cette guerre fût
terminée. J. H. S.
BÉLÉD-EL-GÉRYD ou Pays des
Dattes, vulgairement écrit Bilédulgérid
par les Européens, est le nom g^éral
sofis lequel les géographes arabes dési-
gnent cette longue chaîne d'oasis qui s'é-
tendent sur le versant méridional de
l'Atlas depuis l'Océan atlantique jus-
qu'aux confins de l'Egypte, et forment,
au nord, du stérile Sabra, une zone ir-
régulière et morcelée oà croissent de
nombreux dattiers, prématurément dé-
pouillés de leurs feuilles par les vents
biûlans du désert. Cette circonstance
caractéristique fournit Tétymologie véri-
table et la signification réelle du nom de
6éléd-el-Géryd : il ne faut point croire
avec Sbaw que ce nom veuille àire pays
desséché, ni avec D'Â.nville qu'on doive
le traduire par pays des sauterelles ; .
Géryd est la palme ou branche de palmier
dépouillée de feuilles, et c'est d'elle qu'a
pris aussi son nom le jeu du Géryd, si
célèbre chez les romanciers espagnols
sous le titre de Jeu de cannes ( canas ).
Le Maure Léon Africain qui, dans sa
rédaction italienne , a choisi la dénomi-
nation de Numidie,comroe géographique-
ment synonyme de Bélêd-el-Géryd, et
l'Andalous Marmol à son exemple, com-
prennent dans cette division de l'Afri-
que les pays de Noun, Ouadân , Dara'h,
Segelmèsah, Teqort, Ouarqâlah, Zâb,
le 6é1éd-el- Géryd propre, Ghadames,
le Fezzân , Aougalah et les Ouâhhât voi-
sines de rÉgypte^ avec nombre d'autres
districts moins connus.
Quant au Béléd-el-Géryd propre-
ment dit, quelques géographes arabes,
dont le plus explicite est Abd-el-Ouah-
beh el Temymy, de Maroc, admettent,
cbns les limites de cette région , les deux
cantons de Zàb et de Qasthylyah , dont
le premier a pour capitale Beskarab et
le second Touzer. I
Dans ses limites les plus restreintes, le |
(5dO) BEL
ie Bélèd-el-Géryd propre correspond pré-
cisément au district de Qasthylyah ou
pays de Touzer, ayant à l'ouest le Zâb,
à l'est le golfe de Qâbes , au nord la pro-
vince de Tunis ou d'Afryqyah propre ,
au sud les montagnes de Nefzâouah et de
Mathmath^h. Ses villes principales sont
Touzer ( le Tjffovjooç de Rolomée, Thu-
suros de la table peutingérienne ) , Te-
qyous ( l'ancienne Thiges ) , et Neftah
( peut-être Ncple ). Ce canton est sou-
vent appelé simplement Géryd par les
modernes; les dattes qu'on y recueille
sont renommées dans toute la Barbarie,
surtout celles de Neftah. Le pays produit
en outre beaucoup d'orge, d'oliviers, de
vignes , d'orangers, d'amandiers, de gre-
nadiers.
Les habitans sont grands, d*une con-
stitution sèche, d'un teint qui tire sur le
noir , souvent en hostilités avec le bey
de Tunis, dont ils déclinent la souve-
raineté; ilsse nourrissent de dattes,d'orge,
de sauterelles marinées, et ils sont aussi,
d'après l'observation de M. Desfontaines,
très friands de chiens, ainsi que la plu-
part des Berbers. Leur commerce consiste
en laine, baracans, plumes d'aiitruches,
et surtout en dattes.
Près de Touzer se trouve le nmrécage
salé appelé par les Arabes SebAhat-el--
Aoudyeh ou marais des Vallées, et par
les Européens, d'après Shaw, Uic des
Marques: on ne le traverse qu'avec des
guides, en suivant un sentier indiqué par
des poteaux ; si l'on s'écartait à droite
ou à gauche, on enfoncerait dans un sol
fangeux qui a la consistance onctueuse
du savon. Abon O'bayd el Bekry assure
que plus d'une fois des armées et des ca-
ravanes, s'étant engagées imprudemment
dans ce terrain trompeur, y ont péri
sans laisser aucune trace de leur exis-
tence. •A.....
BELEN 9 ancien faubourg occiden-
tal,de Lisbonne, maintenant réuni à la
capitale. Il tire son nom de l'église et du
couvent de Béthléhem ou Belem, qui fut
fondé par le roi Manuel après la décou •
verte de l'Inde, à l'endroit de la rive du
Tage où Vasco de Gama s'était embarqué
pour cette expédition. L'église, construite
dans le style gothique, /ut restaurée
après le tremblement de terre de l'an
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BEL
(261)
BEI.
1 755. Ce sont les caveaux de l'église qui
serveot de sépufture à la famille royale
de Portugal. Le couvent est occupé- par
des moines hiéronymites et possède une
bibliothèque. Le long du Tage s*étend
un beau quai en pierres de taille. Non
loin de là , sur la hauteur, est un palais
royal nouvellement construit, avec un
jardin botanique à mi-côte et un cabinet
d'histoire naturelle. Le palais d'Ajuda
est également dans le voisinage. Sur le
bord du fleuve s'élève un fort connu sous
le nom de Tour de Belem; il domine
par ses batteries le cours du Tage. Cest
là que sont établis la dotkane, le bureau
sanitaire et la police maritime. Aussi tous
les bàtimens qui entrent dans le Tage ou
qui en sortent sont soumis à une visite
près de cette tour. D-g.
BÉLEMNITE, belemnithes, hel-
mintholilhus, eu pierre de lynx, corps
fossile ou pétrification d'une forme al-
longée, conique et pointue, ayant la
longueur et la grosseur du doigt. On a
attribué aux bélemnites toutes sortes d'o-
rigines ; les auteurs modernes s'accordent
à les regarder comme des coquilles mul-
tiloculaires de l'espèce, maintenant per-
due, du nauttlus belemnita, Y.
BÉLÉNUSy un des nombreux sur-
noms que les Gaulois donnaient à Apol-
lon , dont le culte fut en si grand
honneur parmi eux. On voit dans Hé-
rodien et dans l'histoire Auguste que
les Romains regardaient cette divinité
gauloise comme représentant complète-
ment leur Apollon ; mais l'étude de cette
partie de nos antiquités prouve que les
Gaulois avaient scindé les différens at-
tributs de ce dieu, en représentant cha-
que attribut par un surnom différent
qu'ils joignaient au nom d'Apollon , et
dont probablement chacun avait indiqué
seul la divinité gauloise correspondante
à cet attribut. Fof, Boa von. J. B. X.
BEL-ESPRIT. Rien n'est plus rela-
tif, plus indéterminé que le mot esprit.
Sa signification mobile échappe à l'ap-
préciation , et à peine croit- on en avoir
précisé le sens qu'il glisse entre les termes
de la définition et vous laisse en présence
de l'usage qui en règle l'emploi. Sa va-
leur dépend de l'entourage de mots dé-
tcrminatilB qui établissent l'intention de
celui qui s'en sert. C'est ainsi que, p4r
opposition à corps, il est une des expres-
sions les plus génériques du langage mé-
taphysique; par opposition avec bêtise il
n'est plus que la désignation d'un privi-
lège intellectuel, privilège dont personne
ne se plaint , car personne ne se recon-
naît tont-à-fait en dehors du cercle des
privilégiés.
C'est dans cette dernière acception ,
la plus usuelle, qu'il a passé à l'étal com-
plexe par l'addition de l'épithète bel; nul
doute qu'en formant ce composé, bel^s-
prit, on n'ait voulu, dans l'origine, carac-
tériser un snperiatif très flatteur et don-
ner à l'admiration outrée la faculté de se
faire entendre. Mais , hélas I i^rtroi de
ce titre doublement laudatif a]Bt éveillé
l'émulation des sots , ils se ruèrent à sa
conquête et se le firent décerner chacun
dans sa coterie. De là un prompt et com-
plet discrédit de l'expression nouvelle.
Dès lors beUesprit ex^rimkGt qu'il ex-
prime encore aujourd'hui, quelque chose
qui est à côté ou au-delà de l'esprit, comme
la tartuferie est à la piété, la pruderie à
la vertu, le pédantisme à la science.
Le bel-esprit se présente chez quel-
ques-uns comme suppléant à l'esprit
qu'ils n'ont pas, par un certain indus-
trialisme de la pensée. Il consiste alors
à s'approprier habilement l'idée d'au-
trui , ou du moins à l'exploiter au moyeo
des paraphrases , des commentaires , des
citations ; ou à obtenir des effets , là ou
le talent naturel fait défaut , par la combi-
naison d'une voix sonore avec l'anima-
tion du geste et l'intervention bien mé-
nagée de l'inattendu; enfin les médio-
crités qui visent au rôle de coryphées de
salons ont une recette de ces divers
élémens du bel-esprit qui constituent un
savoir-dire aussi fécond en succès dans
1» conversation que le savoir-faire dans
la conduite.
D'autres fois, au contraire, le bel-
esprit n'est que Tesprit lui-même, s'af-
franchiqsant de la tutdle salutaire du
bon sens et se produisant avec des écarts
qui le font justement méconnaître; c'est
ainsi qu'une multitude d'écrivains, ou-
blieux des lois de proportion qui régis-
sent un oeuvre quelconque , se hasardent
à traiter les questions d'une haïAe gra- ^
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BEL
(262)
BEL
vite co ^tyle badin, se joyant c|cs pro-
blèmes qu'ils De peuvent résoudre, tour-
nant tes difficultés par |a Cantâîsîe, et se
rendant coupables qii crime ^e lèse-phi-
losophie ; car la science aussi bî^ que
U reli((ioa a ses mystères qu'il ne ikut
aborder qu'avec respect. A la tête, et
comme type de cette classe de beaux-
esprits, apparaît Fontenelle. Cet écri-
vain éminemment spirituel aurait pu
adapter mierveiUeusement à des sujets de
sa compétence |a finesse et la çrace qui
échouaient contre des matières ardues et
ne servaient, ainsi employées, qu'a consta-
ter de la fatuité et del!impuissance. Cette
tendance de futiliser, si je puis m'expri-
mer ain^les choses sérieuse, a poussé
quelqoeflhilateurs dans cette carrière
où ils n'ont jamais recueilli que les ap-
plaudissemens de ces intel|i|;ences d^
biles au niveau desquelles ils prétendaient
en vain (aire descendre la science.
D'autres , dont Marivaux donoera la
mesure , tombent dans le vice contraire
et décorent souvent le fonds le plus mes-
quin de draperies (fisparates par leur ri-
chesse et leur éclat inéme. Cette école
de bçanx-esprits av^ ît pris de grands dé-
velqppemens avaqt Molière; il a fallu
qu'die f4t bien vivace puisqu'elle a sur-
Vécu aux Précieuses ridicules.
Vient ensuite , sous le commandement
du marquis de Bièvre , cette innombrable
armée de faiseurs de calembour^^ et d'é-
quivoques dont l'existence n'est g;uèi>e
plus qu'hbtoriqne, tant le ridicule en
lait aujourd'hui bonne justice.
Disons mieux : on peut passer en ob-
servation générale qu'il n'y a plus de
beaux-efpriis mk ce temps-ci; car on vise
plus haut aujourd'hui. On ne cherche
plus l'agrément e^ la grâce , mais la force
et la profondeur; et si l'on voulait, ana-
logie gardée, caraétéri^r cette univer-
selle prétention moderne , il faudrait re-
côuk-ir ' au néologisme c^t dire qu!au lieu
de beaux-esprits nous avenus de bea^ix
génies, c'est-à-dire des hommes qui mon*
tent smr des échasses là oili leurs devan-
ciers fe haussaient seulement sur la pointe
des pieds. A. nombre égal de chutes , il
est à' craindre que celles de notre tempa
ae soient les plus lourdes. F. L-B.
9BLETTE 9 mammifère de la famille
des carnfissiers digiu'grades, à corps très
allonge, bas sur pattes, très souples, qui
n'ont qu'une dent tuberculeuse en ar*
rière de la carnassière 4'en-haut, à con-
que courte, arrondie, simple, et à quatre
quimclles abdominales peu saillantes.
La belette se distingua dans cette fa-
mille par son pelage marron dairen des-
sus , blaQc jaunâtre en dessous, et par sa
queue grêle, courte et formant à peu prè^
la moitié de la longueur du tronc. $09
poil partout court, souple, égal, devient
quelquefois blanchâtre en hiver; mais
l'extrémîté de la queue reste toujours
jaunâtre , ce qui la distingue de 1 her-
mine ; la longueur totale de la belette est
de hi|it à dix pouc^, sa hauteur d*un
pouce et demi à deux. Comme les autres
espèces de la même famille la belette,
dans l'attitude du repos, rapproche JMsez
le train de derrière de celui de devant,
de manière à faire saillir la région dor-
sale el faire croire à un volume plus con-
sidérable du corps ; mais lorsqu'elle est
en mouvement on peut avoir une plus
juste idée de sa forme et de sa dimen-
sion.
La belette habite dans des terriers
pratiqués sur le bord des bois à peu de
distance des habitations; dans le jour
elle reste habituellement à l'affût à l'ori-
fice de son trou , mais la nuit elle se met
en chasse et devient un ennemj redouta^
ble pour les poules , les pigeons et lea
lapins. Les rats, les mulots, les crapauds,
les couleuvres , ne sont pas à l'abri de
sa voracité; elle les poursuit jusque dans
leurs trous, elle grimpe sur les arbres
et atteint les oiseaux endormis sur les
branches les plus flexibles. Il n'est pas
rare de voir dans l'hiver la belette
s'établir dans les granges et di|ns les
grenier^. Elle s!acc6uple assez générale-
ment au printemps, porte cinq seàiaines,
et met bas quatre ou cinq petits qui vien-»
nent les yeux fermés et "atteignent rapi-
dement le terme de leur croissance.
L|i belette a un petit cri aigre, continu,
de peu de durée, monotone , qu'elle o«
fait guère entendre que lorsqu'elle est
en colère; cet animal est propre aux con-
trées tempérées de l'Europe.
La fourrure de la belette pasqe quel-
fmefois dans le commerce qù elle racoil
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BEI,
une teinte b^ioe fopcée et se vend en-
suite sous le nom de marte lustrée. T.C.
BELGES y peuples qui habitaient les
pays compris entre TOcéan, le Rhin, la
Seine, )a Marne et |es bouches (|e |a
Meuse. César les vante comme les plus
belliqueux de la paule (horui^ omnium
/çrtissùm Mclgœ)'^ ailleurs il nous |ip-
prend que la plupart des Belges étaient
d*origine gernpaipe (plerosque Belgas
9fse ortos a( Gçrmaw); mais il ajoute
qu'ils i|vaien( passé le Khin fort ancien-
nement {antiquit^sy Qf- Amédée Thier-
ry, se fondant sqr \^ dénon^inatioq de
Germains Gs-Rhéoans donnée aux Con-
dmsi, aux P^^anj, aux Çœrœsi, aux Se-
gni> en conclqt que 1«^ piasse 4^ peuples
belges ^tait étningère à la race teutoni-
que:c*est upe erreur; ma|s c'est aller
trop loin 4*un autre côté q^e d'assimiler
entièrement i^ux Germains les Pïerviens
et leurs cliens les Centrones, les Grudii,
les Levaci et les Pleiimosii. C'est faute
d'avoir su distinguer les époques de mi-
grations successives qu'on est tombé dans
ces erreurs, et nous reprocherons encore
à M. Amédée Thierry d'avoir dit que,
du temps de César, ces migrations de
peuples germaniques avaient ^jà com-
mencé., comme si César lui-même ne
rappelait pas qu'il s'en était fait on/i-
quitus^ 4e temps immémorial.
U resta toujours sur le sol belge un grand
nombre d'habitans primitifs. Les peuples
du Bclgiuœ ou partiç de la Belgique , et
notamment les Bellovaques, les Atreba-
tea, les Ambiant, n'avaient aucun carac-
itiçt germain, et per^nne ne s'est imagi-
né de dire d'eux ce que Strabon applique
9UJL Nerviens, xai toûto FrpfAàvcx^v tl9yoc,
qui sont aussi un peuple germanique. La
raison en est palpable : ils étaient de la
souche des Celtes, et si le nom de Belge
leur a éié donné, c'est que le tiers de le
Gaule auquel ils appartenaient était en
partie occupé par k^ advence (i^rocxti)
qui, formant la majorité, ont fait préva-*
loir une dénomination qui n'est qu'une
proaonciatioq germaine appliquée à un
mot gaulois. If e/cAe sert encore de nos
jours à désigner les habitans qui parlent
le français et l'italien dans les pays li*
mitrophes de l'Allemagne, et ee nom fut
4oiiDé ^aaçi «us peuplades germaines qui
( 263 ) BEL
avaient pris le caractère et la langue def
Gaulois, quoique Germains d'originç,
tels que les Treviri, les ^ervjens.
Il est facile ^e prony^ l'erreur ^af
écrivains qui, comme M. Mone et M. A m^
dée Thierry, n'admettent guère qu'un si^
de de date pour c^ migrations à l'époqq^
où César vint dans la Gaule.* Tlte-^ivè
connaît les mêmes dbtinctions que Cés^
pour le temps de Tarquin-l' Ancien, et par
conséquent il les fait remonter de six siè-
cles plus haut [TarquinioPriscofiomc^
régnante y CeUarum qu€ç pars Çailia
fortis est pfines Biturige^ summ^ fi^it)»
Les Celtes proprement dits, les Galli|
étaient donc déj^ réduits par l'invasion
comme au temps de César, et cette 6o^'
née historique convient à merveille à Van-
</^ai^desCommentaires;le fait était déj|i
accompli quand régnaitTarqnii^r Ancieqy
et sans doute ce mouvement eut lie«
long-temps ay^nt la fondation de Komn.
IVous distinguerons en trois ^poquea
les invasions des Germains, quoiqu'elles
aient eu lieu d'une manière continue et
qu'elles aient affligé la Qaule avant de
menacer l'empire romain. La premier»
de ces époques est ceUe qui vient dt
pQUS occuper. Le^ anciens Qermains de-
vinrent entièrement Qelges , si biep que
leur seul voisinage répandait la.c^vilisa-
tion gauloise sur les Germains 4'outre-
Rhin. César parlant des Ubiens q^4 alors
encore habitaient la r^ve drpite 4it : ip^i
propter propinquitaifim gatUcig mari-
bus sunjt assuefacti : çr ces Gaulqa^
dont le voisinage change les mceufs 4^
Ubiens sont des Trévirois, eu^-méfne^
anciens Germains. Leur natiqniilité %
tellement changé qu'ils sont obligés de
rappeler leur origine. Dan^ l| s^çQnd^
période de ces invasions nous compren-»
drons ceux qui, venus avent Cé^^r» n^9t
point encore perdu leur iincienne pby-r
sionomie nationale; ce sont le^ Copdru::
ses, les Éburones, les Cérèses. etc. Cé-
sar dit que ces peuples sont les c|ienf
des Trévirois qui les ont fait yenic et
leur ont assuré la possession d*<un terri-
toire, selon la coutume qu'ils avaient
d'appeler à leur secours les perniains
d'outre-Rhin. Cependant la ^sion ^'o*
père à la longue; au temps de Tacite il
n'y a déjà plus de Germains incontestar
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(2B4)
B£L
blés que les Triboques, les Vangions et les
f^émètes. La querelle des Arvernes et des
Êduent ameua la troisième migration;
c'est Tépoque d^Arioviste, c*est celle de
César. De sept nations qui suivaient Ario*
'Vîste on en retrouve trois sur la rive
gauche du Rhin, lesVangions, lesTribo-
ques, les Némètes. LesTriboqnes avaient
même entamé la Séquanie que César
compte dans la Celtique; il attribue aussi
les Helvetii à la Celtique, et cependant
dans la suite U Séquanie et THelvétia sont
comprises dans la Belgique, témoins Stra-
bon, Pline, Ptolémée. Strabon étend la
Belgique jusqu'aux Alpes.
Au surplus les Germains établis anti-
quitus et ceux de la seconde invasion
avaient les mêmes intérêts politiques que
le reste de la Gaule. Dès qu'ils étaient
établis ils fabaient partie de la grande fé-
dération. Les Nervii fournissent, comme
les autres Belges, leur contingent à Ver-
dngetorix. Les Treviri envoient leurs
ambassadeurs à César comme les Éduens,
quand il s'agit de se plaindre d'Ario-
viste et des Harudes. Quand on se ré-
volte contre les Romains, les Germains
d'origine agissent comme les autres Gau-^
lois, ce qui Indique que cette liaison.
Cet intérêt commun remontent à une épo-
que où Ton jouissait de la même liberté.
Julius Florus chez les Trévirois, et Ju-
lius Sacro^ir chez les Éduens, s'insur-
gent en même temps , etc. , etc.
Les Belges proprement dits viennent-
ils des Iles de la Scandinavie comme le
veut Desroches en lisant Bekœ dans
Pômponius Mêla? mais d'antres lisent
Bercœ ou même Sagœ^ de sorte que
voilà une feuille de route bien mal com-
mencée. Nous ne parlerons des folles tra-
ditions recueillies par Jacques de Guise
et Jean Le Maire que pour rappeler des
choses curieuses , mais absurdes. Nous
admettrons volontiers avec Malte-Brun
que Belg signifie habitant du Nord, et
on pourrait ajouter que les nouveaux
venus prenaient tous ce nom , parce
qu'ils entraient dans la confédération du
Nord. P. G-T.
BELGIQUE (moTAUXE de), ainsi
nommé de l'ancien Belgium , région
septentrionale de l'ancienne Gaule, suc-
cessivement soumise aux Francs, à la
Bourgogne , à l'Espagne, à l'empire d'Al-
lemagne et à la maison d'Autriche, h
la France, à la Hollande, et organisée
comme état indépendant à la fin de Tan-
née 1880.C'est,avecleroyaumedeGrèce
nouvellement érigé, l'état le plus récent
compris dans le système européen.
1^ Géographie et statistique. Le
royaume de Belgique, situé entre- 49^ et
52** de latit. N. et entre JO** et 24<* de
long, (de l'ile de Fer), est borné à l'ouest
par la mer du Nord, à l'est par la mo-
narchie prussienne et par le Luxembourg,
au nord par le royaume des Pays-Bas, et
au midi par la France. Il a un peu plus
de 500 mil. car. géogr. de superficie;
mais ses limites, du obié de l'est et du
nord, ne sont pas encore définitivement
tracées. C'est un pays généralement plat;
toutefois les Ardennes envoient leurs ra-
mifications dans le Hainaut, dans la pro-
vince de Namur et dans la portion du
grand-duché de Luxembourg à laquelle
la Belgique étend ses prétentions. Dans le
Brabant et la Flandre, des plateaux as-
sez élevés sont couverts de forêts , et
une partie de l'ancien évêché de Liège est
occupée par des marais et des bruyères.
Deux fleuves arrosent la Belgique, l'Es-
caut et la Meuse. L'Escaut sortant de
France traverse le Hainaut, la Flandre
orientale, sépare celle-ci de la province
d'Anvers , et se divise en deux branches,
après avoir baigné Tournay, Gand, Den-
dcrmonde, Anvers, les forts de Lillo et
de Bath. Ses deux principaux affluens
sont la Scarpe et la Lys. La Meuse sor-
tant aussi du territoire français coupe
les provinces de Namur, Liège, Lim-
bourg, baigne Namur, Li^e, Maêslrirht,
Ruremonde, et, formant un grand nombre
de bras, va confondre ses eaux, par deux
branches principales, avec la mer du
Nord. La Sambre est le principal affluent
de la Meuse, qui reçoit encore TOurte
réunie à l'Amblève. D'autres rivières sont
la Dyle, la Senne et la Dendre; et de
plus le pays est traversé par un assez
grand nombre de canaux, parmi lesquels
se distinguent ceux de Bruges, d'Anvers,
de Louvain, de Matines, de Bruxelles,
de Charleroi; ce dernier est achevé de-
puis deux ans.
Le cUoiat ^ doux e| takibre; il Tctt
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BEL
(26^)
BtL
rnoiiM dans la Flandre orcîdeottle , où la
température inconstante, l'eau mauvaise,
et i*aîr chargé de vapeurs , engendrent des
fièvres malignes. Le sol est généralement
fertile et bien cultivé; il produit du blé
en abondance, du chanvre , du lin , de la
garance, de bons fruits et un peu de vin.
L'agriculture a fait de si grands progrès
qu'elle l'emporte même sur celle de l'An-
gleterre. Les forêts sont nombreuses. L'é*
ducation des bestiaux occupe une partie
de la population , et le gibier n'est pas
rare dans les provinces méridionales. Les
mioes de charbon, découvertes dans le XI '
siècle, forment une grande partie de la
richesse du pays de Liège. On y voit aussi
des mines de fer, de plomb, de cuivre,
de soufre , d'alun , de calamine , ainsi que
des carrières de marbre, de grès, de
pierre à chaux, de pierre de taille, de
pierre blanche à bâtir, d'ardoises, etc.
Les brasseries et dislilleries y sont nom-
breuses et renommées; c'est la princ^i-
pale branche d'industrie , avec le com-
merce des grains et des bestiaux.
La population, répartie sur 108 villes,
113 bourgs et 4,489 villages, est en
progression ; elle jeut élre évaluée à
8,600,000 individus ; c'est un mélange
de peuples d'origine celtique et germa-
nique. Outre le français, les habitans
parlent les dialectes flamand-français et
flamand-allemand , et le wallon ; ils ont
plus de rapport avec les Français, leurs
voisins du sud , qu'avec les Hollandais
dont ils ont plus souvent partagé le sort.
La province d'Anvers ayant au nord des
bruyères et une grande étendue de ter-
rain couvert de sable, on y créa, en
1822, des colonies agricoles, pour fer-
tiliser ces déserts. Quant à la religion , la
grande majorité des habitans appartient
an culte catholique, pour lequel elle a
souvent témoigné un profond attache-
ment; on trouve en outre environ 10,000
réformés et 30,000 Juifs. La nouvelle
constitution , à l'exemple de celle de
France, établit une parfaite égalité entre
les membres des diverses croyances.
L'industrie est arrivée en Belgique
à un haut degré de perfection; il est
d'autant plus à regretter qu'elle cherche
souvent à vivre aux dépens de celle des
pays Toiains. L'ezpotitioD qui a eu lieu
en 1830 a révêlé des talens ignorés de
l'étranger. L'attention fut plus générait-
ment fixée par l'armurerie, l'orfèvrerie,
la bijouterie, les bronzes, les cristaux,
l'horlogerie, les dentelles, les instrumens
de mathématiques et d'astronomie, les
draps, les tapis, les couvertures de laine,
les toiles, la menuiserie et l'ébénisterie,
etc. On compta 862 exposans pour les 0
provinces. Les toiles de Flandre, les den-
telles de Bruxelles, les draps de Verviert,
la fayence de Toumay, la coutellerie de
Liège et de Namur sont connus.
Le commerce de ce pays a dà consi-
dérablement souffrir de sa séparation d'a-
vec la Hollande qui possédait une flotte,
des marchés au dehors et de riches co-
lonies, et qui d'ailleurs consommait une
partie du produit des fabriques et du
sol de la Belgique. Aujourd'hui il cher-
che de nouveaux débouchés en France
et en Allemagne, et prépare des com-
munications actives entre ce dernier pays
et l'Angleterre. Anvers et Ostende , ports
de mer, et les places de Bruxelles,
Bruges et Gand en sont les principaux
sièges.
Sons le rapport de l'instruction, ce
pays est bien moins avancé que celui avec
lequel il a récemment fait divorce; ce-
pendant on y trouve de nombreuses éco-
les et des universités à Louvain (fondée
en 1426), à Gand et à Liège.
Bruxelles, l'une des villes les plus in-
dustrieuses et les plus commerçantes du
royaume, est en même temps le alège
du gouvernement. Elle comptait, en
1 829, avec ses faubourgs , 1 1 2,000 âmes;
aujourd'hui (1834) elle atteint à peine
à 91,000. Après Bruxelles, les villes les
plus considérables sont : Gand, qui pos-
sède 80,000 habitans; Anvers, qui en a
70,000 , et Liège dont la population est
de 60,000. Tout le pays se divise en
neuf provinces, qui formaient ancienne-
ment autant de départemens français,
mais avec des noms différens ; ces pro-
vinces dont nous indiquerons en même
temps, d'après les données de M. de
Reifîenberg, l'étendue en lieues car-
rées, la population (de 1827), le nom-
bre de districts et de représentans , ainsi
que le chiffre de l'impôt foncier en flo'»
rins (à 2 fr. 1 1 cent), sont les suivantes ;
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BEL ( 26e ) BEL
ce» QQmhres p^^^ dpope> 9urtott( pfmr | indiqua p)u9 \^u
M^fM
Beabaxtt .;.
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Total.
*9
Pi^tdatioii*
?98,W
3
4féii.9repr.
69
458,900
3
7 » 14
1,166,700
71
44p,200
8» U
l.446,lf!7
58
624,200
9 » 18
1,718.384
.1 >, - . <
80
457,400
7 • 1&
927,513
102
368,2aq
* •
5.9
551,^28
58
162.700
3» 5
87M21
34
303,900
^
^- ^
f^,97T(
108
264,600
8
4 » 8
887,518
879
3,479,000
44
51,102
7,793.197
(*) 9o|is iB)ettoBf a^ |>a9 c|« I« l}*te les d^i^x proTÎocesqne la Belgique n*et^ pa« ç^^taif f^ df
«nseryer c^ios leur intégrité ou qui of sont pas fucorê toiit-à-fâit en sa possession!
conserTer
L8 ^çlgîque est une moDarchie l^ér^
ditaire dai^s ^e3 mâles, et temp^ré^ par
des formes constitutionnelles. La loi ion-
dapeif^ale est du 3 rn^s 183^. \jeroi
des Belges j c'est le titre qu'il porte, a
le pouvoir exécutif, mais U partage le
poifvqi^ législatif avec le sépat et la cham-
bre des représen^ns; le premier $e com-
pose de 51 et le second de 102, mem-
bre, les uns e( les autfe^ électifs. La
liste civile 4u roi est de }^3Pq,Q0,Q (for.
L'impôt foncier rapporte une somme 4e
plus de 7,7Qp,0q0 florins, et l'on évalue
Iç tqtaj du revenu qrdinair^ à 6^ mil-
lions. Les dépenses de 1832 s'élevaient à
^},89ô,pOO flor., pt ij pn r^ultait par
çonséqufn( un dé^cit de ^ô millions^
qui devra 9'ajouter à Impart que la Çel-
giquçi aura à supporter de ^i dette na-:
tjons^lç d^ r^ncien royaqi^e des Pays-Bas^
et ^, une dette de 48 cillions déjà con-
tractée. Le total de ces obligations for-
mera une çbi^rge assez pesante. L'arinée,
sur le pied de guçrre, est de 1QP,000
hommes; mais les grandes puissa^cc^
ayapt giirapti à la Belgique une neutra-
lité à perp^Kiité, ces forces deyrqpt étr^
considérablement réduites aussitôt que
la Hqllande aura consenti à recqnqaitre
nuft^^ndaucç 4p la Heilgiquç ^t à ç^
gler les liîqites. l^a marine militaire ht\^%
ne se comjpose encore que de six canon-
nières; un^ frégate et une corvette spnt
en construction. La monnaie belge; est
semblable à celle de France, et uepuis
le 1 janvier ^833 on a adopté |e sys-
tème monétaire décimal en franp^. J. ^'. S.
2** Histoire* Un article spécial a été
consacré aux Belges, dont les idiffçrefifes
tribus peuplaient cette région du temps
de César, pe ces tribus, ce fi^fcnt les
Ner viens qui opposèrent à César je plus
de résistance. Un siècle avant notre ère ,
les Cimbres et ^s Teutons, ayt^nt envahi
les Gaules , furent chassés pa^j* le^ Qelges
jusqu'a^i-delàdu Rhin. Ceux-ci, ^nh^rdi^
pj|r leurs ^upcès, traversèrent une parti^ de
la Qefmanie, ^i\ se grossissac^t ^es peu-
plées qu'ils rencpn traient, ^\ plièrent
défier les léçiops romaines sf|r les 991^-
6ns de ritalie : IV^arius les coipb^ttjt et
les extermina. Le peu d'hqmn^p qui
purent échapper à son glaive rf:passt;rent
le Khin e^ vinrent s'établir' parmi lea
Aduatiques. Toutes ces peuplades, réu-
i)ies à une parti^ de la Gafije , furent
nomipées Belgce. Elles étaient si consi-
dérables qu'elles (occupaient le territoire
compris en|re TOcéan, le ^hin, la lytaruQ
et 1^ S(^qe« i^uite on dpiyia if^différem:
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B£L
(Î67)
BEL
ment le nom 4e £e(gimt^ à la Picardie 1
ou à la Flandre.
Drusos, Gennanicoty Callgula, com-
mandèrent en Belgique. Le premier y a
laissé plusieurs monumens dont on voit
encore les ruines. lies Francs et les Bel-
ges y écrasés sous la puissance romaine,
formèrent une ligue pour expulser leurs
dominateurs. Cest k cette époque, Tan
420» qu'un guerrier, Pharamond, fils de
Marcomir, est élevé sur le pavois à Ton-
gres, et reéonnu par les Francs pour leur
chef. Toumay tombe au pouvoir de Clo-
dion, qui pousse ses avantages jusqu'à la
Somme. Le successeur de Mérovée, ûU
de Clodion, Ghildéric, meurt à Touruay,
oà son tombeau fut découvert en 1668.
Après la mort de Clovis, deux de ses en-
fans se partagent le territoire situé en-
tre le ^bin et TOcéan, sous les noms
d'Austrasie et de Neustrie. La Belgique
est gouvernée par les maires du palais.
Cbariemagne, régnant sur toute k Gaule
et voyant les entreprises des Normands,
établit ^ux emboucbures des fleuves et
des rivières un grand nombre de flottilles,
danslebutderéprimer leurs brigandages;
une de ces stations navales était à Gând.
L'empereur qui protégeait le commerce
et riostructiob voulut répandre les lu-
mières dans ses vastes étatf : Liège, Lob-
bes, Saint-Amapdy eurent des écoles cé-
lèbres en Belgique. Tant que 'Charlema-'
gne vécut il sut contenir les Normands;
mais if sa mort ils ravagèrent Anvers,
nie de Walchcren, la Frise, Gand, Cour-
tray, Toumay, Louvain, Térouenne, les
pays voisins, et même une partie de la
France , jusqu'à ce que , ayant perdu
109,000 hommes en tt baUîlles livrées
par Eudes, ils lurent dégoûtés de leurs
eoorses sanglantes. Après la mort de Lo-
thaire, souverain d'AnstrasSe, dont la
Belgique faisais partie, on ne rencontre
plus pendant 6 siècles que des seigneurs
qui s'érigept en petits monarquéi pour
gouverner, euseoible ou tour à tour, les
dhemes fractions de |a Belgique, dépen-
dantes tantôt du royaume des Francs,
tantôt de l'empire d'Allemagne.
Après avoir î^h long-temps partie de
rancien doché de Lorraine, la Belgique
échut à celui de Boqrgogœ. |^es po»-
sestioBt du dac P|iiUppe-ie-9on s'éten-
daient de la mer du Nord à la Somme.
Prince français et l'ame des grandes in-
trigues qui tourmentaient Louis XJ, il
administra la Belgique sous le titre de
grand-duc d'Occident; Quoiqu'il fût opu-
lent, magnifique, voluptueux, sa puis-
sance et sa richesse le cédaient en lui au
désir de faire le bien, chose très remar^
quable en ces temps de barbarie. U insti-
tua Tordre de la Toison -d'Or. Pour
l'honneur de sa mémoire il est ttcheum
que la résistance opiniâtre de Dinant l'ait
porté à réduire cette ville en cendres
quand il en était maître, et à donner Tor-
dre de jeter dans la Meuse 800 de ses
habitans pour asisouvir une vengeance
inutile. Philippe-le-Bon mourut en 1467.
Son fils, le comte de. Charolais, Charles-
le-Téméraire, en lui succédant, recueillit
ag,000,000 de francs, trouvés dans les
coffres de son père. Malgré ce trésor, U
Belgique souffrit de ses levées pécuniai-
res, qui l'aidèrent dans de folles entre-
prises. Ennemi de Louis XI qui s'était
inconsidérément rendu auprès de lui à
Péronne, il le retint quelques jours pri-
sonnier, et peu s'en fallut qu'il ne se
défit de lui dans sa fureur ^ en apprenant
la révolte des Liégeois. Ce prince périt à
la bataille de Nancy, en 1477, ne laissant
pas d'héritiers mâles. En conséquence
Marie de Bourgogi^e étant Tunique héri-
tière d^ Charles, une partie de ses états
devait retourner à la couronne de France.
Louis envoya des négociateurs et des
troupes. La Bourgogne se soumit; maïs
la Flandre et T Artois se déclarèrent pour
Marie, fille et unique héritière de Char-
les, qui eut la dopleur de voir les Gantois
trancher en place publique la tète d*Im-
bercourt et d'Hogonet ses premiers con-
fidens, Marie ayant épousé Maximilien
d' Autriche,fils de TeropereurFrédéric III,
fut par cette union la cause d'une guerre
de H siècles, calamité que son mariage
avec le dauphin, fils du roi de France,
aurait détournée. La Belgique fut alors
(1613) incorporée à Tempîre d'Allema-
gne et forma le cercle de Bourgogne,
Marie mourut à Bruges d'une' chute de
cheval, laissant deux enfans en bas âge,
Philippe et Marguerite. Dans les troubles
delà régence, Maximilien fut emprisonné
par les Flamands. Philippe, ^'unissant à
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Jeanne de Castille, deiiiit roi d'Etpâgne.
Le commerce el la prospérité de la BeU
gique datent de cette époque. Charles-
Quiot réunit bientôt toute la monarchie
espagnole. Ses succès furent mêlés de
grands revers. Épuisé de travaux, lassé
des grandeu|rs,41 remit la couronne à son
fils Philippe II, en abdiquant à Bruxelles,
en 1555, devant les États assemblés,
après avoir retracé à ses sujets avec une
simplicité touchante ses nombreux tra-
vaux, et à son successeur les devoirs et
les principes t|ui devaient le guider dans
sa nouvdle ^carrière. Malgré sa sévérité
envers la ville de Gand qui l'avait vu
naître, les Belges pleurèrent ce souverain
lorsqu'il mourut, en 1558. Philippe II se
trouvait alors en possession de l'Espa-
gne et de ses colonies , des royaumes de
Naples et de Sicile,. du Mtlanez, des
Pays-Bas et de la Franche-Comté. Ce
prince ambitieux, hypocrite, sombre et
cruel, baissait les JFlamands. Ils portèrent
tout le poids de son caractère sous le
gouvernement du fameux duc d'Albe,
son lieutenant général, qui fit périr en
6 ans par le glaive, la roue, la corde et
les flammes, plus de 18,000 personnes.
Les nobles comtes de Hoome et d'Eg-
mont portèrent leur tète sur Téchafaud.
Ces horreurs indignèrent la nation et des
troubles ne tardèrent pas à éclater. Mal-
heureusement elle était divisée par des
dissensions religieuses : les provinces du
nord avaient adopté les principes de la
réforme, tandis que celles du midi res-
taient attachées à l'église romaine. Ces
divisions nuisirent beaucoup au succès
d'une entreprise que le prince d'Orange
conduisait avec prudence et talent. Ce-
pendant les provinces méridionales dé-
clarèrent, en 1576, à Gand se ranger au
parti des provinces de Hollande et de
Zéelande, déjà en pleine révolte contre
l'Espagne, mais sans entrer ensuite dans
l'Union de 1579. Elles furent détournées
de cette démarche par la conduite habile
du prince de Parme, gouverneur au nom
de l'Espagne, qui retint dans l'obéissance
les provinces wallonnes et qui soumit en-
suite par les armes le Brabant et la Flan-
dre.
Après la mort de Philippe (1508) les
Belg^ respirèrent Passant en 1714 dans
la maison d'Autriche par le traité de
Rastadt, ils vécurent paisiblement sous
le sceptre de ses souverains. Charles VI,
dernier prince de cette maison, mourut en
1740. Sa fille, Marie-Thérèse, épouse
du grand-duc de Toscane, prit possession
de tous les états de son père. Cette prin-
cesse fut adorée des Belges qu'elle sut
gouverner avec autant de douceur que
de prudence. En 4 789, Joseph II, dont
les innovations multipliées appelaient les
murmures, commit plusieurs infractions
à la loi fondamentale du Brabant et en-
courut la déchéance. Il avait auparavant
exigé des Hollandais l'ouverturie de l'Es-
caut, en armant contre eux les Belges.
Il mourut a Vienne le 20 février 1790.
Léopold II prit sa place, et, afin d'apaiser
l'irritation des Belges, il leur adressa des
propositions modérées qu'ils rejetèrent.
Le maréchal Bender eut l'ordre d'entrer
dans le Brabant. Le congrès fut dissous
et l'armée belge se dispersa. Léôpold
mourut en 1792; François II devint son
successeur, et se vit un mois après dé-
clarer la guerre par la France. La ba-
taille de Jemmapes, livrée te 6 novembre
1792, ouvrit aux Français le territoire
de la Belgique. Réunie a la France, elle
en partagea le sort jusqu'en 1814, oà
rinvasion des puissances du nord l'en sé-
para ; alors elle forma , par le traité de
Vienne du 1 7 mai 1815, avec la Hollande,
le royaume des Pays-Bas, sous le gouver-
nement de Guillaume de Nassau, prince
d'Orange.
Pendant 10 ans les Belges furent sa-
tisfaits de ce nouveau gouvernement, qui
encourageait à la fois le commerce, l'in-
dustrie, l'éducation, les sciences, les arts,
et dont l'étranger, comme les nationaux,
vantait la sagesse. Mais des droits mal
appliqués; la langue française interdite
aux actes publics et aux plaidoiries; l'o-
bligation d'user en ces cas du hollandais
ou du flandre-allemand; des préférences
envers les Hollandais dans les emplois
civib et militaires; des mesures de fi-
nance impopulaires; des procès contre
la liberté de la. presse; l'obligation im-
posée au clergé, encore peu avancé en lu-
mières, d'envoyer les jeunes séminaristes
au collège philosophique de Louvain , et
le peu de sympatbie que cet ordre avait
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pour an gonvernemeot protestant, offen-
sèreot vifement les Belges. La religion, les
mœurs, le caractère, les intérêts des deux
peuples éUient d'ailleurs si fort en oppo-
sition que Ton pouvait prévoir aisément
une collision prochaine. Le roi la i^etarda
par des concessions dictées par la pru-
dence, et qui eurent Tagrément des Belges
sans les satisfaire. Deux partis puissans
se formèrent dont Tun , ennemi juré des
calvinrstes, conservait le souvenir de la ré-
sistance, couronnée du succès, aux nom-
breuses réformes tentées par Joseph II ,
et dont Tautjre réclamait tous les avantages
d'une large liberté. Les ecclésiastiques,
qui exerçaient une grande influence sur
les masses, se rapprochèrent de cette
fraction recevant son principal appui de
la France, et formèrent funion catholi-
co- libérale. Dès lors les journaux, em-
preints, tantôt de principes ultramon-
tains, tantôt de républicanisme, publiè-
rent dea plaintes qui firent écho dans
les chambres. Us blâmèrent avec la plus
vive amertume l'acte par lequel on les
obligeait de partager avec les Hollandais
une dette publique de 787,000,000 de fl.,
et une dette flotUnte de 1,204,000,000
de florins, les Belges n'ayant eu qu'une
dette au capital de 4 millions de florins
de rente.
L'opposition grandissant chaque jour,
le gouvernement fut étonné de sa violence;
il recourut en 1829 à des mesures de ré-
pression, dont la sévérité produisit un
effet contraire aux résultats qu'on at-
tendait Des fonctionnaires publics, dé-
putés, perdirent leurs emplois et leurs
pensions en votant contre le budget. L'ir-
ritation des partis ne connut plus de
bornes et le ministère, comme pour la
justifier, intenta un procès de haute-tra-
hison à quelques orateurs dont il voulait
se débarrasser. Un millier de pétitions,
protestant contre un système aussi vio-
lent, furent écartées par l'ordre du jour,
et le 21 mai 1830 une nouvelle loi res-
tinctive de la presse arma le ministère.
Dans une adresse de la ville de Mons,
peuplée de 28,000 âmes, on demandait
que les ministres fussent déclarés res-
ponsables, que tout le monde fût libre
cfe faire usage de la langue française; et
de plus une. répartition proportionnelle
des empbis publics entre les Belges et
les Hollandais, U révision de la législa-
tion sur la presse, une loi sur l'enseigne-
ment, la réduction des impôts, une équi-
table répartition des sommes affectées à
l'encouragement de l'industrie, l'égalité
proportionnelle des membres dans les
État-Généraux entre la Hollande et la
Belgique, etc. Cette adresse résumait les
plaintes générales des Belges; mais à
toutes les réclamations on répondit par
le maintien de ce qui existait Le minis-
tre de la justice Van Maanen devint l'ob-
jet des plus vigoureuses attaques dans plu-
sieurs journaux. En intentant un procès
de haute-trahison aux principaux ré-
dacteurs de la feuille la plus répandue,
le ministère accéléra une explosion que
la moindre portée politique aurait dû lui
faire pressentir. MM. de Potter, Tiel-
mans, Bartels et de Nève, furent oon^
damnés, 9 mois avant cette révolution, le
premier a 8 ans, les deux autres à 7 ans,
et le dernier à 5 ans de bannissement.
Le ministre de la justice triomphait,
croyant, par cet exemple de rigueur, avoir
réduit les mécontens au silence; ceux-ci ,
au contraire,eocouragés par les murmures
qui s'élevaient de toutes parts, n'atten^
daient plus qu'une occasion favorable
pour organiser l'insurrection.
Paris en trois jours venait de renverser
un trône de dix siècles par un prodige
inouï dans Thistoire. Bruxelles, rempli
d'admiration d'un si haut fait, ne pou-
vait contenir ses élans. Plusieurs hommes
influens, profitant de son enthousiasme,
épièrentlemomentdepuniraussi le minis-
tère néerlandais de SCS fautes. Le 28 août
1830, la cour des Pays-Bas éUnt à La
Haye , on devait célébrer le jour suivant
a Bruxelles l'anniversaire de la naissance
du roi; mais la régence informa le pu-
blic que , vu le mauvais temps , la fête
serait ajournée, qu'il n'y aurait point de
feu d'artifice ni d'illumination. La ville
reçut de cette nouvelle un certain mou-
vement Des groupes se formèrent. Dans
quelques chants on fit entendre ces mots:
Ce soir feu d'artifice y demain illumi'-
.nation y après-demain résolution. Le
24 j un Te Deum fut chanté en l'hon-
neur du roi. Le temps permit la revue
de la garde royale en nouvel uniforme à
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fa française. Quelques esprits se ipon-
trèreht agités, mais Sans troubler Tor-
dre. Le 25 bd medaça d'incendier le
théairesi les acteurs ne jouaient /â Muette
de Portici. Cette pièce ayant paru sur
f affiché, iinè foulé lUimense assiégea la
ààllé, et beaucoup de bei*sohnes n'y pu-
rerii pénétrer. Au morceau célèbre:
Amour sacré Ae la patrie
tleads-nous l'aiidâce et la fierté !
tous les spectateurs parurent électrîsfe ;
lés chants hiretit répétés âù dehors; les
fcris de libèirië i-etentîrenl de toutes parts.
Un groupé ndtnbreux enTahît l'iinprî-
ineriè du Journal national, feuille sa-
lanée par le gouvernement, et le doirii-
cile du libraire Libri Ëagnano , qui la
rédigeait. Comme on allait enfoncer par
erreiir les portesde Ik Ubrairieparislenne,
un tiotnme dans il h fiacre fut kpefrii,
disatit à la foule : Ce n'est pas ici^ mais
plus loîn, et désignant ta maison de Li-
bri située à 20 pas. Cet établissement fut
dévasté complètement en {)eû d'instàns ,
malgré l'apparition dès gendarmes, qui
prirent bientôt la fuite sous une grêle de
pierres. Les enseigiies âUx arnies royales
et les réverbères étant brisés , des attrou-
pement allèrent au l'alais de Justice cas-
ser les vitres de la cour d'assises, aux cris
de : « A bas Vâri Maanen ! Vive de Pot-
tèr I Vivent les bahnis ! Vive la liberté !
Vivent les Parisiens! « Là foule grossie se
dirigea vers l'hâlel du ministre de la jus-
tice, oh mille- imprécations jaillirent de
la fureur populaire. On le saccagea; une
partie de l'édifice tomba sous les coups
des dévastateur^ et ses débris lancés sur la
tix)npe la dispersèrent. En ce ihoment les
magasins des armuriers furent vidés, la
maisoti dit directeur de la police atta-
quée, son mobilier brûlé, l'une de ses
voitures jetée à la Senne. Le 26 , la mai-
sBn dd coinmandant dé la place et celle
dh gouverneur subirent le même Sort. A
six heures du inàtin, les troupes réunies
sur la place du fcrarid - Sablon tirèrent
stir la multitude , qui perdit 3 hommes ;
plusieurs furent blessés. Leur sang fu-
mant sur les dalles de marbre porta à
soif comble Texaltation du peuple. Le 27
i! se dtvisà en déu^ classes , doni l'une
voulait l'ordre et l'autre le pillage. La
première forma prûmpteinent ime garde
( 2t0 ) BEL
bourgeoise afin de préserver du dégât
les palais du roi et du prince d'Orange;
la seconde^ connue sous lé nom de sar^
reauàc bleus, hommes dé figures sinistrés,
circulant dans la ville avec des bâtons, dei
piques , des crochets , cbûraii aux maisons
isolées pour les piller. Les ouvriers dès ma*
nufacttires, animés par cet exempte, tni-
lèreht tous ces beaux édifices qui les
nourrissaient. Enfin la régence annonça
que le droit de mouture était supprimé:
èlIè Invita les habîtans dé Bruxelles a
s'organiser en une gardé provisoire . et a
illuminer là nuit pour suppléer aux ré-
verbères détruits. Céite voix fut enten*
due : la garde bourgeoise se partagea,
sous le commandement du baron d'tioog-
vbrsty éh huit seciions, avec lîné ex-
trême rapidité. Par ce înoyeh, les pillards
dispersés ne purent prolonger leurs at-
tentats. Néanmoins quelques sarreaùx
bleus incendièrent lès édiafauda|;es et
les décorations du Parc, malgré les ef-
forts de la garde urbaine . qui déjà s'é-
tait emparée des casernes. Le 28 îin ordre
du jour annonça l'organisation dé ta
gardé à cheval. PKisîeurs fielgès avaient
arboré dans Bruxelles les couleurs fran-
çaises : celles du Brabant (rouge), de la
Flandre (jaunie), et du tiainaut (noire)
les remplacèrent ; on trouva l'origine de
leur union dans le blason du Brabant.
Le noir est le fond de l'écussoo, le
jaune est la couleur du lion d'or, et lé
rouge celle de sa langue.
Les Bruxellois s'étant réunis en as-
semblée publique nommèrent président
le baron de Secus , et l'avocat Van de
Weyer secrétaire. Une députation de S
notable^ de la cit^, composée de MM.
d'Hoogvorst, Félix de Mérode, Gende-
bien, Frédéric de Secus, Palmaert^
prend le chemin de La Éaye , en vue de
solliciter du roi la convocation des États-
Généraux. A la nouvelle de l'insurrection
la cour avait quitté la campagne; le roi,
la reine, les princes et les princesses s'é-
taient rendus k là Haye, ou Guillaume
pi*ésida le conseil des ministres. l.es
troupes hollandaises se mettent en mar-
che; on expédie des régi mens sur deff
chariots de posté et la cavsderie par 6
bateîTux à vapeur. t)àns uneproclama-
tion des princes , datée dé Vllvorde, il
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bÈt (271)
Mt exprimé qn'ib entreront I BHixelles
saivis de la force militaire, pour soulager
le service de la bourgeoisie; mais qu'ad-
paravant les couleurs séditieuses devront
disparaître afin d*être remplacées par la
touleur unie de la maison d*Orange. A
peibe a-t-on lu cette proclamation aux
flambeaux^ sûr le balcon de Fhétel-de-
Tille, c{ue tes cris: « Aux armes, Bruxel-
lois ! » se font entendre. L'éclair n'est pas
plud prompt que le motivement du peu-
ple , coupant les arbres des boulevards
et les entassant en barricades aux entrées
de la ville. A ce coup de tonnerre qui re>
tentitdansLouvaiii,Liége,yerviers,Mons,
Gand, Anvers, etc., les citoyeUs prirent les
armes et veillèrent à leur sûreté. Liège
envoya une députation à La Haye, de-
mandant le renvoi des ministres , le rcf-
thiit du message h)yal du 11 décembt'e,
Tinstitution du jury, la responsabilité
tninisiérielle, Fùsage de la langue fi*ançaise
dans tous les actes. Mons,Toumay,Char^
leroi, Terviers, Lonvàin, adressèrent
les mêmes représentations. Les États-
Généraux furent convoqués à La Haye
pour le 13 septeihbre. Guillaume déclara
positivement aux députés de Bruxelles
^u'H avait seul le droit de nommer et de
congédier ses ministres; qu'il ne pouvait,
éans manquer à sa dignité , consentir à
des demandes inspirées par la violence ;
mais qu'il prendrait Tavis des États-Gé-
néraux. l.e prince d'Orange, à la suite
d'une couvent ion , ht son entrée à Bruxet
ËËL
les, avec soii état-major, le 1* septem-
bre , au milieu de la garde urbaine, dont
les étendards tricolores flottaient autour
de lui. Bien que les députés se fussent
portés gjarans de sa sûreté personnelle,
il courut des aabgerS et n'entra que
malgré lui dans lai place de Tbôtel-de-
villé, au lieu d'aller directement à son
palais comme il le désirait. Ce ne fut que
par des tues détourtiées , franchissant à
cheval les barricades , qu'il parvint pâle
et défait à son ancienne demeure. La ré-
ponse du roi à la députation de Bruxelles
ayant été connue, 6n lacéra la proclama-
tion royale. A cette occasion le prince
d'Orange fut encore exposé à de nou-
veaux pérlU dans son palais, dont le peu-
ple exaspéré provoquait l'attaque.
Des oégociadons ayant décidé qu'tbé
séparation administrative de la Belgique
et de U Hollande, sous le sceptre des Nas-
sau, serait l'unique moyen de rétablir
entièrement l'ordre , le prince prit l'en-
gagement de porter ce vœu au roi. Il se
rendit à La Haye ; les troupes abandon-
nèrent Bruxelles. L'krsenal de Liège
étant pris d'assaut par le peuple, le
prince Frédéric déclara qu'il n'enver-
rait point de troupes contre cette ville.
En ce moment Guillaume acceptait U dé-
mission du ministre Tan Maanen.L^afri-
▼ée du prince d'Orange à La Haye, por-
teur du projet de la commi^ion , pro-
duisit peu d'effet sur son père, qui dé-
clara , dans une proclamation du 5 sep-
tembre, que le concours légal des États-
Généraux ferait* justice des prétentions
exprimées dans les adresses. Cette déci-
sion, très mdl accueillie des Belges, les
fait courir aux armes. Toutes les villes
envoient des troupes à Bruxelles. Le
prince Frédéric, donnai^ à une députa-
tion nouvelle qui exigeait formellement
la séparation une réponse à peu près
semblable à la proclamation royale, jette
le peuple encore une fois dans feffer-
vescence. Une cotbtnission de ^reté est
nommée par la régence, le 11 septem-
bre, et composée de MM. Roupe, Félix
de Mérode, Van de Weyer, Ferdinand
Meecus, du dtic d'Ursel, du prince de
Ligne, de Frédéric de Secus; les deux
derniers refusèrent.
Le M ouvrit \ei États-Généraux : la
seconde chambre décida la nécessité d'un
changement à la constitution fondamerl-
tale, à la majorité de 50 voix contre 44;
celle d'un changement dans la réunion des
deux pays, à la majorité de 55 cotitre 4ti;
les dedx questions furent résolues altir-
mativement dans la chambre haute , à la
majorité de 3 1 voix côhtre 7. Lès États-
Généraux déclarèrent, le 29 éeptembre^
la séparation législative et administrative
de la Hollande et de la Belgique, soiis le
gouvernement cohimun de la maisob de
Nassau , à la majorité de 8Ô voix contre
19. Les Belges n'attendirent point cette
décision : le 20 septembre Ils remplacè-
rent le gouvernement par un autre pro-
visoire, ainsi coniposé : MM. de Pottèi',
encore à Paris, et dé Stassari, ayant
pour adjoints : Tan tteenen, Gèndébièti^
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^272)
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Félivde r>rcix)de, Raikem , comte d'Oui-
tremont. Van de Weyer. Qudques bour-
geois notables, redoutant le règne de l'a-
narchie dont ils voyaient les symptômes ,
engagèrent le prince Frédéric à venir dé-
gager la ville des étrangers qui la tour-
mentaient. Le prince publia une procla-
mation d^amnistie, en menaçant de livrer
à la justice les chefs instigateurs des trou-
bles, exigeant en outre que les couleurs
brabançonnes, fussent déposées. Cet acte
devient le signal du combat. Le prince a
promis d'enirer à Bruxelles au point du
jour. Huit mille Hollandais, avec 28
pièces de canon, vont attaquer la ville sur
quatre points. Six pièces et un petit nom-
bre d'hommes leur sont opposés; le co-
lonel français Mellinet, qui avait com-
mandé un régiment de la jeune garde à
Waterloo, et le général Juan van Halen,
se mettent à la tête des forces qui se pré-
sentent et repoussent les Hollandais dans
toutes les directions, après quatre jours
d'un combat pFesque sans exemple, vu la
disproportion des moyens. Les Hollan-
dais essuient une perte de 4000 hommes,
tués ou blessés, tandis que les Belges ne
comptant que 165 morts et 811 blessés.
Un tel succès enflamme les autres villes :
Mons, Gand, Namur, Philippeville, éloi-
gnent leurs garnisons; celle de Liège éva-
cue la citadelle le 6 octobre.
M. de Potter vint à Bruxelles et fut ins-
tallé au comité central en qualité de mem-
bre du gouvernement provisoire. Cette
autorité décréta que les pays qui se sépa-
raient de la Hollande foimeraient un
éti^t indépendant; qu'une assemblée na-
tionale, convoquée à Bruxelles, procé-
derait au choix d'un gouvernement nou-
veau; que la province de Luxembourg
ferait partie du nouvel état. Le prince
d'Orange, muni des pouvoirs de son père,
se flattait d'obtenir le gouvernement de
la Belgique, mais il ne put y réussir.
MM. de Potter, Rogier, Van de Weyer ,
Félix de Mérode, rédigèrent un projet
de constitution pour être soumis à l'exa-
men d'un congrès national de 200 mem-
bres. Cependant la tranquillité publique
n'était pai encore revenue. Le major hol-
la^ndàis Gaillard, après avoir été déjà mal-
traité par ceux qui l'avaient conduit de
Malînes à Louvain, fut massacré dans cette
ville au pied de l'arbre de la liberté. Un
grand nombre de manufactures détruites
par vengeance et de grossiers déréglemens
attestaient sur plusieurs points le règne de
la licence. Encore que l'on eût quelques
regrets de tout ce qui s'était passé , nul
mouvement orangiste ne put avoir de
succès, même à Gand , dont le commerce
souffrait plus qu'ailleurs. Guillaume, mé-
content de son fils aîné, qui avait déclaré
vouloir seconder les hommes de la révo-
lution , défendit de reconnaître son au-
torité et le disgracia. Le prince partît
dès le lendemain pour l'Angleterre. Deux
jours après, le général Chassé (vo^. ce
nom), commandant la place d'Anvers
(vojr, ) , canonna et bombarda cette opu-
lente cité durant sept heiures, avec trois
cents bouches à feu qui détruisirent 30
maisons, l'arsenal et des magasins con-
sidérables, dont la perte surpassa trois
millions de francs. Un pareil acte n'était
pas propre à calmer les deux partis ; la
haine, au contraire, n'en devint que plus
générale et plus profonde. Le commerce
demanda des dédommagemens à la cour
de La Haye , qui se renferma dans le
silence. .
Quelques tentatives faites pour opérer
de nouveau la réunion de la Belgique à la
France , échouèrent contre la volonté des
quatre autres grandes puissances de l'Eu-
rope. La noblesse, les propriétaires et
les négocians, qui, désireux du repos,
ne voulaient ni de la démocratie de M. de
Potter, ni de la théocratie , non moins
oppressive, que méditait le clergé, ap-
pelèrent de leurs vœux une monarchie
constitutionnelle avec une repré3entation
du pays par deux chambres. Le congrès
national se réunit le 10 novembre, et
le 18 l'indépendance de la Belgique fut
procla mée , sous la présidence de M. Sur-
let de Chokier, avec toutes réserves re-
latives au duché de Luxembourg. Le 22
novembre on adopta la forme monar-
chique par 1 74 voix conti*e 1 3. Le 24 ,
l'exclusion du trône de la famille de Nas-
sau fut prononcée à la majorité de 1 6 1
voix contre 28. Les membres de la pi-e-
mière chambre prirent le nom de séna-
teurs ^ et ceux de la seconde furent
appelés rcprésentans. On agréa la pro-
position de faire nommer l«i sénateurs
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feEL
(273)
BEL
jpar le» électeurs de la chambre élective;
une autre proposition tendante à Télec-
tioo des sénateurs pour un temps double
de celui de la chambre des députés fut
aussi adoptée ainsi «qu'une troisième por-
tant que le sénat pourra être dissous et
que le nombre de ses membres n'excé-
dera point Ifi moitié des repvésentans.
M. de Potter ( voy. ), bien. convaincu de
llmpuissaoce de ses elTorts pour le triom-
phe des principes républicains , donna
VI démission le 15 novembre; depuis il
n'a plus reparu sur la scène publique.
La conférence de Londres \voy,\ qui
craignait de voir la discorde s'étendre «n
F.urope , se bâta d'en arrêter les progrès ;
une trêve de dix jours, enVe les deux
gouvernemens, fut conclue le 25 novem-
hre, sur la base de l'acceptation des li-
mites du 39 mai 1814. Il fallait un sou-
verain aux Belges : Louis-Philippe, roi
des Français , le prince de Salm-Salm ,
Frédéric de Mérode , le prince Othon
de Bavière, Tarchiduc Charles, le prince
de Leuchtenberg , le duc de Nemours,
second fils de Louis-Philippe, eurent
des voix. Le dépouillement du scrutin
donna pour résultat , sur 191 membres
présens, 97 voix pour le duc de Ne-
mours, 74 pour le duc de l^uchtenberg,
et 3 1 pour l'archiduc Charles. Le pré-
sident proclama- roi des Belges Louis-
Charles-Philippe duc de Nemours, né
le 25 octobre 1814. Une députa tioo de
dix niembres du congrès, le président
compris, se rendit à Paris auprès de
Louis-Philippe,, qui l'accueillit parfai|e-
tement, mais, refusa la couroni^e pour
son fils. Le congrès avait donc encore une
fois à pourvoir au trône. Le 24 février
1831 , il nomma son président, M. Sur-
lét de Chokier, régent provisoire; il
fut solennellement instillé le lendemain
et placé à côté du trône. M. de Gerlache
le remplaça comme président du con-
grès. La loi électorale ayant été adoptée,
les membres du gouvernement provisoire
déclarèrent leurs fonctions expirée». Le
congrès leur vota une récompense de
él||c
50,000 florins. Il s'él^^ dans plusieurs
grandes villes de la B^que quelques
troubles qui furent peu sérieux ; on les
attribua au parti hollandais. Le 29 mars,
le congrès fut ouvert de nouveau par le
Encyclop, d, G. d, M. Tome III.
régent. H vota une levée de 90,000
hommes de la garde urbaine^ une réduc-
tion sur les traitemens , ainsi qu'un em-
prunt de 12 millions de florins. On fut
instruit, le 24 mai, que le pavillon beig«
serait admis désormais dans les ports de
la Grande-Bretagne; et, le 4 juin, on
procéda à l'élection du roi. Le choix
tomba sur le prince Léopold de Saxe-
Cobourg , gendre du dernier roi d'An-
gleterre et firère du duc régnant de Saxe-
Cobourg. Sur 196 membres présens, 19
ne prirent point part au scrutin , 10 fo-
rent contre le choix d'un roi, 14 pour
M. Surktde Chokier; on trouva un bul-
letin douteux. Le prince Léopold eut les
autres voix. Le président du congrès le
proclama roi, sous la condition qu'il
accepterait et jurerait la Constitution.
Aucuqe acclamation ne se fit entendre ,
ni au congrès, ni dans les tribunes. Une
députation porta le décret d'élection au
nouveau souverain. De vifs débats , qui
durèrent neuf jours, résultèrent du 26*
protocole, dont l'acceptation était une
condition du consentement de Léopold.
Les 18 articles furent acceptés, le 9
juillet, avec des cris de joie. Le roi
Léopold fit son entrée dans Bruxelles, le
21 juillet, et prêta serment à la Consti-
tution, sur la place Royale. Le régent se
démit de ses fonctions le même jour, &
le congrès déclara ses séances terminées.
Les collèges électoraux furent oonto-
qnés pour le 29 août et la chambre des
représentans pour le 8 septembre.
Mais le 2 août, les Holllîndais attaquè-
rent à l'improviste le nouveau. royaume,
et les Belges, battus sur divers points»
dorent principalement ce désastre à l'in-
discipline et à l'inexpérience de leurs
mfilices. La France intervint d'une ma-
nière puissante, en faisant entrer une ar-
mée dans la Belgique, et les Hollandais se
retirèrent On conclut un armistice, suivi
d'une trêve de six semaines, prolongé
ensuite indéfiniment L'armée belge fut
réorganisée; des officiers français , char-
gés de l'exécution de cette mesure, éveil-
lèrent la jalousie des Belges, qui les re-
'gardaient comme nuiaibles à leur avan-
cement. Le roi nomma M. Van de Weyer
son ministre plénipotentiaire auprès de
I la conférence de Londres , pour conclure
18
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BEL
nai Mté aéfoHîf avae k Bottfinde.
4bU M«coii9irtion les ofificiers belf^s qui ,
^r ito fautes graves , avaio^ comfM-o-
mît la AÙrHé de l'élaL Le général Datée ,
eommaéda&t Tannée dut k Meuse, re-.
^ta la défaite sur le mÂaistre delà pierre,
dont il atait atteodu phisteArs jours yai-
sèment les ordres; il fui absous ea mars
1BB2. Les généraux français Évain et
Bespres aelâvèrentroi^aatsation de Tair-
mée. Le preaner^ s'étani fait nainraliser
Belge ) reçut du roi sa promotion au mi-
^■istèife de la guerre. Une loi, tirée de la
fliéceasilé de repousser lioe invaaion nou-
^le, autorisa le rot a bnierir les fron-
tières Ènx années étrangères^ dans^un cas
^ffgBsant. L'aititade bostile dé la Hol-
lande fil augmenter successiTemeul les
Jsrcas. belges, au point que Tarmée de-
wl être de 1 SO mine homiÉcs , sfuftenus
ida tZ9i pièces de campagne. Un tel état
militaire devait absorber une masse de
fsnds hôra de toute proportion avec les
tè venus du pa^ : aussi fallut-il recourir
WÊX «mpmois, yoie périUeuse pour la
ftntune publique.
Depuis letraitédu ISno^erabre 16S1,
la face des afFiSres a peu changé, hors la
reoMmaissanoe de Léopold , comme roi
des Belges, par les diiq grandes puis-
-aances. Ce traité compose le nouvel état
des andcMies pmvÎDces méridionales des
Pays-Bas , moins une partie du Luxem-
iMnirg et dû Limbonrg^ «ur les deux rivés
4lé la Meuse, et moins -Maêstricht et sa
banlieue; il reconnaît la libre navigation
du fleuve, selon les stipulàtvocis du oongrès
àt Vienne; Tusage des canaux, coupant la
B«4gM|ue et la Mollande^icst «léclaréeom-
mun afUft'dettk peoples, de méane que les'
niMtes isntre fâaOflfndtk et^ttard ^ pour
lè«omMierds do transit iivet l'^AIleasagne.
€fc tvaivé dotine ^ la fie^fîqite la liberté
^V>tt%tfil' de nouveaux caninix; llcbargc ce
pa^es de)^a^ aiMiMliemeRtà la Hollande
une rMde «de ^^480,9^0 Aor. de la deUe
activé 4esiUiys-laS) vfoi sapa oonsîdérée
ttoÉime «Iptia puMiquè tlu Nouveau isoyaa-
b«, laquetip^Mneot s*ra éat^pahr moitié
dèsirdMiis^inaikinoik Un protocole por-
tait «|0e tt nq4brtwe8sesjde la £«% tqoe«^
talent rasées^, Mous^ Marleid»èuMg , Pbi-
lippav^, ^ÀJàk^ MfMint; Hamirnssadeor
(274) BEL
On cola «SI rasté sans exécution. Guilkume i
refusant de reconnaître' le 24^ article
duiraité du 15 novembre, qui prescrit
Tévacuation de la citadelle d'Anvers, la
Fi'ance et l'Angleterre signèrent une con-
vention pour arriver à ce but important.
Le blocus des ports de la Hollande et
l'embargo mis sur ses bàtlmens de com-
merce, n'ayant pu vfldocre Tobstinatioa
du roi, il fut décidé par les deux puis-
sauces que la citadelle serait assiégée.
Cinquante mille Français, sous le com-
mandement du marécbal Gérard, en-
trèrent en Belgique, le 15 novembre;
les ducs d'Orléans et de Nemours pri-
rent part à l'expédition, qui fut parfai-
tement conduite et délivra la forteresse
eo 24 jours, après 95,000 coups d'artil-
lerie tirés des deux côtés (voX' Anvrbs).
Le général Cbassé, qui (à comDQao4aity
se rendit, avec cinq mille hommes , par
capitulatiob du 23 décembre 1832; ils
furent conduits en France , où dés soies
généreux |eur furent prodigués. On les
renvoya en Hollande Tannée suivante.
La liste civile, montant à 1,300,000
florins, pour toute la dorée du règne de
Léopold , avec jouissance des palais de
Bruxelles, de Lacken et d'Anvers, fut vo-
tée à la presque unanimité. Ses bienfaits
s'étendent sur deux ihille familles pau-
vres, outre les dons journaliers qui tom-
bent de ses mains et de celles de la jeune
reine, fille abiéede Louis-Philippe. Après
de longs délais, la Presse et l'Autriche
ont envoyé des ministres résidant auprès
du roi de» Belges. Le ministre de Russie
est toujours attendu. De graves désor-
dres aont souvent résultés de la liberté de
la presse , poussée jusqu'à rextréme H-
eence. Anvers et Gand furent déclarées
en état de siège, à cause des troubles
que des écrivains suscitaient D'un coté,
M. Steveo, directeur du Messager 4c
Gemdy était condanmé par un conseil de
gueme, dont le jugement fut annulé à
la suite de vifs débats > dans la chambre
des représenians; de l'autre , des hom-
mes armés sortis de Luxembourg al-
laient eolevérfw le territoire belge, le
sénateur Tho^'pour le conduire dans
4a forteresse de cette ville, où il .est de-
meuré captif jusqu'au renvoi des frères
Xodumoy pcùnnoieri % tenr tour, etguî
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BEL
(275)
BEL
âtftieojt fftirijtcipé k cet vc^ilèvement. Au
comkm9ioçei$ieni de 1834 une viccoos-
lAiMT ^nUabbe a rempli ie3 Belge» li'uoe
vipleuJe kiidligualion. Le ^éoéiiil Jiumofi-
}ij$y déipipprpuv^nt U$ aty» du cpm-
iBt#l^ir« àt «lUUfct Haniio concerpadt
riiMcnii^ioB des j^ufif^ geits ^ k MÛiice
fit i(^ ressort , 'eu\s>jf^ 4^ «oJdats |>r^-
^m armés , qui (léfiélrèrest la imil, par
9»ie ^H.ètre , da#s îe dojnicUç du coo^uiis-
^^e ei remnieotèffni gaiTotUé à Luxew-
^ai)g, où il r^sta 18 jours prisoojjîer.
(;eU!e iiMS , les réclaniatii^ns <f e la Fi^aoce
f t de rAugleti?! re , afif^yées de proo^
1^ ci^sur;t>s tfùlU^es ides jSel^eSy IVt
t^ai si /ii^er^'^u€# ^ue M. ^aoop r^qof-
iFTS sa Ul^rt.é fuir ordre 4^ la d^àe àe
JFVMoloirt : ^e lOrdiOn^ia oi^iç^ 4y? I^^re
reeomMHre Je coi^Mpiii^re ^u^^^aMK U-
miles -du leiviiMire b^ge ^par uii^b f^-
ft^ne 4*hiea#^Mr. Totftt^lois, foi^r ne
jNOml fi^^Mser itrof» ^o la saû^ffiuti^
i|M*ils icaordaipnl, 4es .es^^iiiueU de Ber-
Ha et de yiemi^ qliar^rem, 4ans ifii
^«emievs joiav dVvi^» h^ dipkMna^s
l|iM lescefnr^ntaieot^ Bru^eU^'s.detio-
liâcr au i0ouver«ieineui J»elge qu^ h ray«in
4é0al ée b lorver^sike 4p iJuj^eiiibcHicg
dUait i%é à (4 iUe«ea» par m^ 't^\Ub eod-
4rlu enine te roi /6u*^b«HWB .et:(a tCôn1M6-
<ititk>n .geiTniKuiifue; t^ue Tocq^paAion de
la pantre du lampibâuiig ou smiîoiiuieot
4N^jourd'i»<H le# troupes helges pvodui-
4»ît,^ irtle be veoiiit -biAiHot à <]eQser, la
l^is fià<AftHaetîmpre«s«Qik Hir l'e^lide»
^NMSsaiwffs œpiÀielilte .à ;la dîele de,
ÂaiicroM; que la Couttd^iiAU«|ti n'Msi'u
4ûâe eave^ fia (Belgique » f» :par 4e 4r#ri(é
lin 91 «»i,*ifp^r Ie4raîlédu i^ ino-
▼embre; mats que cependant fia Beldî-
t|«e4i^^k pts Ims otÎD 4e faive OCAuper
•laîUtaMieaielit -la partie du.liuumnbourg
4|ua Iui4i4tigne fce 4eriàf^ Mraifié^ atteiidu
t^uete^eiiftdéralipivbteftqu.'ftlIftpVHtipas
«MOiHMsbs 'droilUdB la JB«?igî«Hi^^i' <)^c
4pai4ie du<0r«nd<4u^b^ «'aMMitpoirtt dHp-
ilaoltaBa tMMiiiUa eiMit«eia aouA«ftU.ro)SBu-
lB^ftiM4^M^propOM>4.p%i^qMftQt^ préiMit,
<làele4rDiii>kii*daasfl*état4le paaajssiaarttrw
ritorkie oQéf^|iai'iks6v^flf0ai«b»de Aft^;
I9|ne y ai rl'ooeupaUô^ ^lilaior éfi /ce ter-i-
cîtdiee «a demk êlnp :qiie Je f^élude ide
llaUtréè ^es 4«<Mprs bàlfe» daas^.4li par-
le i^rand rajon de la forteresse , la Con-
fédération était bien décidée à faire res-
pecter se^ <Jrpi|s p^r la lorce, et à faire
occuper, au besoin, par ses troupes tout
le territoire allemand; <|uç, rtf^ti veinent
à MP dé^iaveu ofliiiel dp la couduile du
général ptiuioulip^ ou à sa destitution,
mesure que le^ j>{enipot,entiaires de
France et d'Angleterre avaient sollicitée
de la dièle^ celle- ci ne consei^irait jamais
k punir un de ses offi/iiers pour avoir
exécuté ses ord«e^ et fjuit respecter les
^droits delà Gonj^iléralion germanique;
qu^ 4a diète ne se refuserait pas à auto-
riapr le général iDum.oulîo à conclure
^vec 1^ 4^ij(éi;al Xa.bor une conveniioo
.militaire destinée à expliquer et à inter-
prét/er, suivant Jegr véritable sens, les
déclaralioD^ écbai^ées le 20 mai JSSl,
enta'elc.princede Ûese-tioni bourg et le
général .Qoetjhal, c^nivention .qui d'ail-
leurs «ne préjugerait rien, quant à la re-
conm^isaanqe des d,roits de la Belgique
aur aucune partie du grand-duché, et qui,
4e pUis, devrait être basée ^i r la fixât ioa
dM rayon de la forteresse à quatre lieues
et ^ur ifi renonclatiQn des autorités bel-
ges ajoute opéi*ajlion militaire, à tonte
lavé^ ou tirage {i^ sort de b milice daos
j'^erHlt^e de c^ jraynn.
1^^ avril de nouveaux troubles écla-
tèrent dan/i Bjri^Lelles, à Toccasion d*uiie
sousoriptiofi pour acquitter le rachat de
quatre cbeuf^u suites ^cle la plus belle
rac)e,.pro^fM}«^t du.hvas Jjb X<?»'vueren,
ot ipis pous le séquesl^ie paf radminîs-
MatiQU ^1^ .donviinjRs , p\fc les autres
(»iei^ 4u .pripc/e d*0.i;9o^ei D^ux jour-
tm^ , cppi^f^ par le^r attpcbeipent à la
idynaslife t4? Na^u« puolifèrent, outre
jfié ^fffis 4f|»^uacrlpteMrs avep le mon-
fl^yU de :le.Mr xot^ation , ('éh>g,e de Guil-
Jaame fil de aon fils, mçlé J*outrages
i90V(BrsvJÛopf|l4 jBl ljBgf>u v^rneiçent bejge.
jL'intftfitiofi Ay<«i¥ 4*î? ii,cq,uéreui;8 ^es
,cbewtu^, Mei^U^ fi M" ^'^* /laut prix,
é|a»tjl*eii fyjfre bopwm>je a^frioc^ d'p-
DftOge. JDai^ Àa npil 4u ^ au $ , on
répWHtit 4la^ If yJUp et on gli^â
aoMS ^sforl^ u^D j^cq( vi^rulent contre
î^4^o^84?r^pt<Çu^».^.e Pijuple ^^n courroux
sa fitprrta rapîdem^t sur le^ b6ieU du
«doc ^'tJrsel.a du ju!ii]|ce de Ligne, qui
intm^i il^^pÇ^fi^ en j»eu 4« jnomensî on
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BEL
(2t6)
bÈL
allait même démolir celui dia j^ince de
Ligne, quand on apprît qu'il appartenait
au général français Jacqueminot. Les hô-
tels du marquis de Trazegnies^ des coitites
d*Oukremonty de Béthuné, deMamiz;
différentes maisons subirent le même sort.
Des pillards montrèrent les listes qu'ils
avaient reçues, contenant Tihdrcation
àeB maisons à dévaster. Léopold se ren-
dit sur les lieuz, fort attristé de tous ces
désordres, et fut accueilli par des dé-
monstrations unanimes d'attiour et de
respect; mais après son départ les dévas:;
tations recommencèrent. Le ministre de
l'intérieur Rogier, haranguant le peuple
«devant $ainte>Gudule , afin de le rame-
ner au devoir, faillit être victime de son
zèle, en recevant sur la tête et lesr épaules
«un violent coup de bâton armé d'un cro-
chet , avec lequel on essayait de le faire
tomber de cheval. Ce qu'il y eut de très
remarquable en cette occasion , ce fut de
^oir au parc, aux promenades et dans les
rues , des dames en riches toilettes et qui
semblaient indifférentes an pillage qui
a^exeorçait en diffêrens lieux sous leurs re-
jgards. Plusieurs personnes périrent sous
les coups de la force armée et des dé-
vastateurs eux-mêmes qui jetèrent par
les fenêtres des meubles sur la foule ;>un
plus grand nombre fui blessé. La tran-
^quillité reparut le lendemain. ^
Par malheur les passions politiques
bouillonnent en Belgique comme en
Trance, et les alimens du feu ne sont pas
près de s'épuiser. J- S. Q.
BELGRADE, FiUe-Blanche (de
hiélo^ blanc, et grad on grod, ville), en
latin Aiba grœca^ capiule de l'anoien
royaume et la princîpiale ville dé la princi-
pauté actuelle de Servie, est une forteresM
commerce importante. Elle est située sotis
40* 3' delat.,et 89'' 7* 30' delong.,en face
de Semlin , ville de la frontière militahre
«sclavonne , au confluent de la Save et
du Danube. Belgrade, bâtie sur une
colline escarpée dont b forteresse occupe
le soitomet, se divise en citadelle, en
ville proprement dite, en vHledeVeau,
-c'est-à-dire cette partie qui longe le Da-
nube , et en ville des Rasciens. Le nom
de Belgrade parait dater de 1343, épo-
que à laquelle le premier diâteau y fut éta*
bli. Après avoir appartenu aux rois ou dés-
potes de Servie, cette ville passa sous la
domination des Hongrois, et, en 1456 ,
Jean Hunyade remporta sous tes murs
une victoire éclatante sur le sulthan Ma-
homet II. Les Turcs firent degraiids ef-
forts pour s'en emparer; en 1531 vingt
assauts qu'ils livrèrent à la citadelle fu-
rent repoussés, mais sansqu'ilf&tpossible
aux Hongrois de sauver la ville. Apr^ des
tentatives multipliée3,mais infructueuses,
le prince Eugène de Savoie en fit la con-
quête en 1717, à U suite d'un éclatant
triomphe renkporté sous les murs de la
ville et en prit possession au nom de*
l'Autriche; cette puissance dépensa, après
là paix de Passarowitz(t;q;'.), une somme
considérable pour faire de Belgfade,qu'oB
pouvait considérer comme la clef de la
Hongrie, ce que son excellente- position
réclamait, une forteresse de premier or-
dre. Il s'y établit bieptàt un commerce flo-
rissant; la ville s'agrandit , de beaux édi-
fices l'embellirent successivement, et elle
présentait alors un aspect remarquable.
Mais la paix de 1 739, qui porte le nom de
cette viUe la livra de nouveau aux Otbo-
mans, démantelée, il est vrai, mais avec
des matériaux suifisans pour rebâtir ses
fortifications. Les Turcs n'aimant pas les
maisons trop élevées en démolirent les
étages supérieurs et ne tardèrent pas à dé-
figurer une ville jusque là belle et. floris-
sante. Après on court siégeelle fut repriae,
en 1789, par le maréchal Laudon; mais
déjà, en 1791 , on la restitua aux Turcs.
LesSeriMs révoltés sous Tchemii-George
s'y établirent dé 1804 à 1812; les Turcs
à leur rentrée se vengèrent par d'horri-
bles massacres.
Aujourd'hui on remarque à Belgrade
turque du premier ordre et une place de , le même délabrement que dans les autres
villes othomanes ; de misérables mos-
quéesrusses occupent la place des beaux
temples chrétiens et les rues sont déser-
tes. Les hahitans, presque tous Serbes
( les Turcs ne forment qu'une faible mi •
Borîté ), sont au nombre de 30,000; ils
sont souvent décimés par la peste. Bel-
grade est le siège d'un évéque grec.
La peux de Belgrade Ait conclue le
1*^ septembre 1739; par ce traité l'Au-
trid^ s'engagea à restituer à la Porte
tout ce qui iol avait été cédé par celui de
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BËt
( 277 )
BEL
Pa^rôtviu, la Servie ^ avec Belgrade ,
SnbatcB, etcr. Lors de rechange des ra-
tifications, le 18 septembre suÎTafnt , la
Russie fut comprise dans ce traité et
avec un égal désavantage. Cette puissance
s'engagea ( maïs sans tenir parole ) à
rendre ce qu'elle avait conquis sur la
Porte depuis la dernière paix, excepté
Asof , et à renoncer à la navigation de la
merNoîrc. L'empereur Charles YI futtel-
lement indigné de l'issue des négociations
qu'il fit mettre en prison le f(^-maréclial
Wallis et le plénipotentiaire Neiperg. De .
son c6té le feld-maréchal Munnich té-
moigna hautement son mécontentement
au sujet d'an traité sur lequel on neJ'a-
▼ait pas consulté. La FraÎMie garantit
Texécation du traité de Belgrade. J. H. S.
BÉLIAL^ mot hébreu qui signifienui-
sible, mauvais, et par lequel l'Ancien-
Testament désigne souvent l'esprit des-
tructeur, le génie du mal. Ce mot, pris le
plus souvent comme substantif, a été exr*
pliqué par quelques interprètes comme
désignant l'enfer, ou te dieu des ombres^
le dieu des démotas de l'enfer, et ces in-
terprètes supposent qu'il a été emprunté
par les Juifs à la mythologie égyptienne.
Cest aussi dans ce sens qu'il est employé
dans le lYouveau- Testament, par ex&ca-
ple,-» Cor. vi, 15. On appelle au figuré
enfans de Bélial les impies. M. B.
BELIDMi ( BEBtf AKD FoausT de )
naquit en Catalogne, en 1697 etilmour-
rut à Paris, en 1761, brigadier des
armées du. roi , inspecteur général des
mineurs de France, chevalier de Tordit
militaire de Saim-Louis, et membre dies
Acadén^es des sdences de France, d'AiH
gleterre et de Prufse. Belidop, privé à 5 .
mois de ses parens qui le laissaient sans
ressources en pays ennemi^ fut. recueilli
par un officier d'artillerie, à qui il avait!
été recommandé par son père; celui-d<
le compta au nombre de ses enfans et cul-
tiva par une éducation soignée les heu*
reuses difl^>OBitions de son fils adoptil!. ;
La vie de Belidor fut partagée entre,
lea travaux de campagne et ceux du «a-*
binet. Après avoir assisté dès l'âge de 15
ans aux sièges de'Bouchain et du Ques-
noy, il reprit lé cours de ises études et
s'y livra avec une telle ardeur qu'il avait
résolu de se retirer dans un cloitre pour
se soustraire aux distractions de la vie
du monde. Cassini et Lahire , justes ap-
préciateurs des talens qu'il avait montrés
en travaillant avec eux à prolonger la
méridienne de Paris du côté du nord,
le détourbèrent de ce projet et le firent
présenter à M. le duc d'Orléans, régent,
qui lui procura bientôt la place de pro-
fesseur à l'école d'artillerie de La Fère.
Les ambassadeurs étrangers, réunis alora^
au congrès de Cambrai, venaient, sur la
réputation du savant ingénieur, assister
à ses leçons. Dans le même temps Beli-
dor publia son cours de mathématiques
è l'usage de l'artillerie et du génie. Cet
ouvrage, qui eut en peu d'année plusieurs^
éditions, étendit la renommée de Belidor
dans toute l'Europe, et bientôt on vit »
l'école de La, Fère, outre les officiers
français qui voulaient se distinguer par
des connaissances supérieures dans l'art
militaire, affluer une infinité d'officiers
étrangers, souvent du plus haut rang.
Belidor donna le premier la théorie
du. globe de compression ( vojr, oe mot),
qu'il dévdoppa dans deux mémoires im-
primés parmi ceux de l'Académie des
sciences, en 1756.
Les nombreuses recherches qu'il avait
faites sur les propriétés de la poudre lui
donnèrent lieu de reconnaître que c'était
un préjugé de croire que plus la charge
d'une pièce est forte plus la portée du
boulet doit être grande; et il fit voir
qu'on brûlait inutilement près de la moi-
tié de la. poudre qu'on employait Cette
découverte, qui blessa quelques amours-
propres, lui fut contestée avec toute l'a-
nimosité de l'intrigue et de la jalousie ^
à tel point qu'il perdit cette place de
professeur qiy lui avait proci;^'é une si
honorable célébrité en France comme à
l'étranger. Belidor quitta le corps de
rartillerie pour .servir en Bavière et en
Bohême comme aide-de-carop de M. de
Ségur^ lieutenant général, et il fut fait
prisonnier à Linz avec la garnison.
Échapgé au li^ut de 2 mois , il fut atta-
;ché coipmeaidè-de-camp au duc d'Har-
court avec le grade de lieutenant-colo-
nel. 1} $t les deux campagnes de 1744
e$ de 1746 .sous les ordres du prince de
Conti. Dans la première, son habileté
lui suggéra le moyen de détruire eu
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(ÎT«)
BBL
quelques henrw lé c^âtéàtt de EWlhont
en Sardaîgne. Grâce ftii génie Je lieUifor,
on put faire di.ip.iraftrr prescfoè ihstàrt^
tani'meni une placé Forle qu^bh n*aAi*4il
pu entreprendre de cféMolir <aWS |M»rdre
un tenipà considéraljle et séM ^'e)(p<fà«r
à un engagement sivé'c ^âfmée enni^mle.
Bclidor, indt^iendâmment de» ouvra-
ges qu'it ft pnbliés et dont Tespaee «lous
empêche de doïiner tel 1^ lUts, à lAlsué
un Traité Ct)tïîp1et ^ûv b f^uérre sùnivr-'
raine; liiaià le goiivérnertiènt, ptiS^ le
réserver au îerVrcé de h Fnintè, a jn^
à propos de ne |ifls lé îh'i\^ impHifier.
Parvenu à Ti^èdé (t2àns, Bt'ii^l* jOtiiai-
•ait d*nnë anse 2 grande liî^ahtë. C-tÈ.
BÉLUdH ( hHiàh^ hàtUhétfé j , vo/.
MoUTOïf.
BÉLf Eli (ktf miirtéh^). l*ih^enti<M
de la pondre tf fait renoncer à tfèHë nM^
chine que les anciehi efrtploj'iiîenf p^mr
percer ei déiruirc \eà murailles dM villl^^
qu'ils atlaqiiâieiih On tti éttribtfë VUi^
vçntion atix ('«^Hhngihbis qui éh Varié-
i^nt la toHne-aâns en varier ^^s}M#t'
ment les elVels. Hoh fiôM M vi*«( éd r*
que ta masse de fèr filacée à é6U eyiné^
mité, dont on se servait \iàut battre le*
murailles, fèt>rëieutiiit UHé îkt Ùé bé-
lier.
La forme h phii dsitée était eéNtf du
bélier suspendu. Il ^oUt dompofé d*qi#f
poutre garnie & TiiHe de st*s etlt^émiiés
d'une tête de bélier enïé)r oU en brènin»,
que Ton sn^peridait avet-deschafm^ 00 dé
gros ciàble^à anéaiit1*"(Virté pdn(i1»tt*ân»'
versftfè Sbutenu*é [kit trnf êc4#jtftfndiigé
en grosse cKar)>é^ife, et elle* étàilb^^n-i'
cée en é pillibrè. OH rtrtwA W irtiich*^
e^ nVoVtvèiiient en r^tï^aVit lia pàtiUé^n
ahiëHé à /oieë- dfi bf-às' et éH lit lîkî^aétt'l
chsiilt^ IbWliëi^ viytitié le^ itint^
Véspasîen'eihlïibya Uh bélier éftttfM*
cHrilt*'è Ici» tnin^s de Jêfàsa^yélhVlii ^MiHhé
qiit âëf vàH de dôViiré^ltfsl^ là'l^fe tlW W
li^rp(^Siii( l,50b ^HIëii^(éVH)rët^ bO,««^
kilo'irâ^mmei'j. L^héliVi^àart pfaw é* îtOï^*'
une ^aty^ie cnnV^tê ()îii pà^im 1é ïMth
de éohfùi^, dû dahè/ îih-é? toWdc^bbf» to^
sacrée à cet Uéh^è. . .
Q^i^nd on À\à\\ ébfaftW tcS in*ra«II*«
que Vàn âtu.|hâil' àvee frWIfe frtaybîW*^
oci éiii|)l6jatt une )!6^itk fiii^ ée fe»is
galHiië d'Utl^aiJt^idj^tit'kiÂiuVMipfe^iJ'
ir». CcfCé iHaohiM s"éfft^kcorè&au^
inaiistran Leé ààsiégé» se servaient de
Corl)e*fix d*nite autre (bnne pour neolr»^
liser les effetA dco dprbeaua ou béHers dee
asiié||MfMi On w>i( dftu^leaCcanmenUHitee
de César que le» Gaulota^ assiégés d«a«
Bourges, déloumaieol Uw eprbeiuix 44**
mbltstenrs. avec led4fi«ekoB jetait ba4 le^
débris des murai llea, ei qu*a^ès les afgk*
kcèrochét f b Us euleveieiii ea haut avaQ.
des HiRclMues. i«» aacfets avaieol. desi
cdHtfeiui. à griffe àoBl Ua sei sar^aîMii
pour enlevei* les huaMMsdMs |«iiasa«liltii
et les #scabdas.
L'emjpereur Sévèae siyUya an fc*
meu)( siéige de 9}ïsnea, qw duvar^l aosi
ua^ espèce 4e eorbfau dire corbeau a
tefiAÎlleé p6ur |Maeer Aes* béUers el 1er
enlever. Ces awrlMaes éiaitaK ausii Uèt
usinées draa» les eofubnta^sur mer.
Lès assiégé», pour détruire ITell^ 4a
bélier, lui apptsaieut des matelas ô« dea
sacs^ remplis de fieille^ ou préeipitaient
sur eetie madHiiet poui^ la fracasser^
des pierres énOrraiea» 4«a ttiasaet 4ii
pleihi», des irtHiiçona de etdunsits et da
slatnrs. CMmue \é firent leaRoasaiwa «Wia^
la défense- du mé&s d*Ailirien oarttire ket
OolInL C-Tii.
ÀeLf ER { astra^DoMe)^ aiAra mj^
tboIngSqued^uiiecoiisteHstiea dutodia-
((ué« formée de66 élailes dàris Ucsialei*
gue brîtaimi^ue^ et dent. li'aspMT V*a
rien sb remèn^qUaMe, Suinmst quelque»
lieritonoès^ lalevcb^ Mé/iméfuv ( v«(r.) de
la* dnéstéHation 4u bélier jaurreipoudait
à Pèqninoae du prrntefnps,.» Vé^oquiac
drrinstitmroiiduxodi*qiir;4*aht«e$rfoht
iremÀriler iwtlé.iBatîluiiehbNNhiraa^ pkia
•hiut. L*équrnoâedfi prrnféiapsse.iran-
xsit'dâns le conktêUafeimr:.4u^ bélier à
yêfKHp^ùù: raUfoneuiie a ceaMneueé-
;d1kre cuèiîvée ehes les Grecs. Les* aa«
tiîDnoiiies a^wqt divisé: lëf aadiaque en
ÎË^iffni^ airapot sle M de§rés ebpeiw^
inesuiré» à paejlir darécyithloBe 4» prîf>' '
temps V c^ si|^e» mit reteaw^ ieS acMua*.
dtsennsrtHainriaâvecifisqlieBea ilecor-
iresfmndaient orqçbMiireme»!^ Aitasrroia
tapfieile si^àe tbtàétier mîd ara 4e 90 4a^
grés , meaniiè sur rérUptW^N^^ de l^oueei
à l'esté 4 partir 4» Féquiiioka 4u fpvin*
teiMps^ qiioiqoérpérsurta 4» laauVe^
ÏDMIM di^*)iHoattiao^»oal m».^}^ é^
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(279)
BBL
cQryftyndc ^KtAtonaat, m? h apbère
éloifée, à la constellation 4et poissons»
I^ même observation «'appliqua à tous
les signea <)u aodiaqua» (|ti'it fau^ se ^r*
4er cU. coprondre avec les groupes d*é^
toiles ou coDSIellations sodiacales. Au
surplus, depuis uo oeruio nombre dén-
uées l«a astronomes absM^onoent tout^
à-(ak la cousîdératîou des signes et ue
comptent plus que par degrés, de loogi-
t«4e. Btositoti 1^ lignes du zodiaque ne
flgiHreroutque dans les almauacbs popu-
lairca. Il faut faire une exception à Té-
gpird du sig^e i» bélier | indiqué p^r le
caractère T * i^ea astronomes fqnt encore
un usage très fcéquent.de ce caractère ,
maïs pouf désigner TéquiaoKe du prin-
temps ou le point qui est l'origine du
signe bélier, et DOq plus le sigae lui-même.
On emploie souveni, dUna le style astrsK
immique* au lieu du mot fran^is liéU'er,
son équifalent latin «r»eJ> et Ton dit ie
pretfiirr peint 4'ariat pOur désigner
réquino«e du printemps. A* C.
BÉLIBR BYORAUUQUEy appât
rail îqgénlei» di^ à Monigolfter et qui
sett à utiliser ui|e obute d'eau pour éle-
ver à une certaine bauteur au-dessus de
son niveau une portion de cette eau. On
peut W voir figuré dans le Traité de
mécofèique indu^trieUe de Christian y
pi. 4 7> 6g* 1- C'esl une machine peu coà-
tfuiAf e»^9a|it peu d'entretien et ibrt
utile quand on nn peut disposer que
d*iM»a petite quantité dev force motrice
el que l'on ne veut élever l'eau qu'à une
faible bsHiteur. ^o;*. AUcB»i6HTnnAii^
UQOKS^ C.
i|lU.I«AIRR, m des plus Uluslres
guerriers dont lea aonales romoine^ aient
conservé la mén^nire, doit ^pendant sa
plua grande célébrité 9 oeHe que lui ont
faite lea artistea et- lea peèlea parmi le
vulgaire illetiréy.à une iable rpnanesque.
Cesl le cooAeuv Ttetaea qui, à la fin du
XH^ siMeyGM^in^apfès-lesévénemensy
s'Avisg de trewvee les infortunes de Béli*^
saire^aveugle et nt^ndiaiity.plus piquantes
qua U vérité historiqua et meilleures
pour «oittier sds fers, s'ils a^Miant pu s'a*
nimer. Flusieurs évudita reeommanda-p
blaei» i Fépe^ue dfa W renaissance des
kllm» priMitl Ântérél à oe réob piu" l'afr.-
tvai^ 4a k •#«l»Mltév |ia# la séduçtina 4a
l'effet oralpife m d^ reqsaigngmf»! ph^
losopblquç, par le plaisir a^mt d« U é^
couverte dans ime mûi^e ob^c^re oji ii
a'éiait donné qu'à peu <|'babil^ de p^
nétrer. Crin^us, VoUter»anw, ?Qnianit^
Egnatius répandir^t cette tradition d«W
le B^nde savant^*; 4e là elle passa sué
les théâtres, dans les rom<|n%, dan« \m
peintureik. Toutefois Tzetaès n'en eat pna
le premier auteur; un écrit anonyme^ 4*
xi^ siècle prouve qu'elle av^it eauca
avant lui. Mais les plus judicieux crilâr
ques« PagI, Dtacauge, Bfindari> Labeau,
Gibbon l'aocordeal à la rejeter parmi \m
inventions apocryphes. Un jeune Auglaia^
dans uu livre rempli d'une iostructÎMi
curieuse et solide sur la vie de Bél|saivfi*%
s'est efTeroé en ^itin de remettre Tzetil»
en erédil; 14 n'a pu réussir qu'à faire
preuve d'esprit et de savoir, et en mâmë
ten^ps de bonne foi; car il avoue les dé-
fauts ordinaires de l'éiarivitin qu'il dèr
fend. U reooanail auasi avee Winrftel*
mann que la statue dite l^Béiiêair^mem'*
diant% placée autrefois dans le mq^ee
Borghèse, à présent dans celnl du Lauvra^
est d'un t^avait trop précieux pourqu^o»
n'y voie pas une production de l'art bien
antérieure à l'âge de décadence m Bélâ»
saire vécut
Revenons à l'histoire. Si on l'interraga
sut 4a famille du Kéroe, sur le Ueu et la
date de sa naissance, sur ses |>reaàitraa
aanées et son éducation, elle gardé le sh
lence ou ne donne peint de réponse pré*'
cise. Tout ee que nous pouvons sarvoir,
c*est qu'il vit le jour str les confiné dé la
Thraee et de rillyrie, dané ui|e ville que
Proeope nomme Germanim, isaintenant
inconlnùe;: le reste est livré aiîx coojee^
tures.Le biographe anglais parait îbn
duire asaei jnstement de quelques pét-
roles de Proeope en un de ses envroges**^**
et de son silence dans lui autre***'*, que
Béiisairen'avài t pas eu des'parensfiaunnriBa
et inoepid)le»de cukiveraa jeunesse* Oriiie
commence à le oomaltre que du i
(*) Crinit. dt hqmst, 4!*cipJ, îgt,^. yolalw,
Ànthropol. lîb. xxifr, p. 710, Pont»n tUJcrùud.
optfr.T6l. tt, p. 23g, Egnat dêtxampl. illlrir.Uh.
iV, p. 1 16.
C*) Tfif lifê qfJSêlùarmt by Und M^^eiipLea*
don, i8ota,it>-8o.
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BEI.
(280
BEL
oÀ il fait partie de la garde de Jn^inien,
du vivant de Justin I**". Était-ce son pre-
mier emploi? avait-il passé par une au-
tre, milice avant d'y parvenir? nous l'i-
gnoroRS. n fut envoyé en Ch'ient à la tête
«i'un corps de cavalerie, se distingua .par
des expéditions hardies, et devint gou-
verneur de Dara, qui servait de poste
avancé contre les Perses, depuis que Ni-
sibe était tombé en leur pouvoir. Bien-
i6t après, Justinien, qui venait de mon-
ter sur le trône (528), le nomma général
en chef de Tarmée et des frontières d'O-
rient. Il y acquit de la gloire par des com-
bats heureux, par de savantes manœu-
vi*es, et même par une défaite. La pré-
somption et la désobéissance de ses
soldats le forcèrent, malgré ses remon-
trances, d'en venir à une action auprès
de Callinique; îb furent battus par tes
Perses. La paix lui permit de revenir^
Constantinople (5 Si). Ce fut alors qu'il
eut le malheur d'épouser Antonirie, fille
d'un conducteur de chars, favorite de
l'impératrice Théodora, autrefois sa di-
gne amie. Ainsi la pourpre impériale et
les lauriers militaires servaient de joyaux
et de présens de noces à deux prostituées.
Justinien dut en ce temps la conserva-
tion de sa couronne et de sa vie à Béli-
saire. La haine de Théodora contre une
faction du Cirque (ses haines et ses anno-
tions devenaient celles du prince) excita
une sédition : Constantinople était en
proie aux révoltés; ils avaient proclamé
un autre empereur; Justinien ne son-
geait plus qu'à la fuite. Bélisaire se met
à la tète^e quelques hommes de sa garde^
car c'était «iors une coutume moitié bar-
bare, moitié romaine, que les chefs d'ar-
mées eussent des compagnies desoldats at-
tachées à leur personne, semblables à la
fois aux prétoriens des anciens généraux
et aux dévoués, aux fidèles des princes ger-
mains. Bélisaire vainquit la rébellion
(583). L'année suivante, il prit le com-
mandement de l'armée que Justinien en-
voya pour reconquérir l'Afrique sur les
Vandales. La seule idée de cette expédi-
tion avait fait pàlir les membres du con-
seil et reculer tous les généraux; Justi-
nien persista dans son dessein et Béli-
saire l'exécuta dans l'espace de neuf
mois (juin 5S8, avril 534). Plusieurs ar-
mées de Vandales furent détruites suc-
cessivement et les Maures chassés dans
leurs déserts; les étendards de l'empire
romain flottèrent encore une fois sur les
remparts de Carthage, et le butin amassé
par Genséric et ses successeurs suivit à
Constantinople Gelimer, dernier roi des
Vandales, amené captif par Bélisaire. Le
consulat, qu'aucun sujet n'obtint plus
dans la suite, fut, avec une partie de la
;dépouille des vaincus, la récompense du
général victorieux.- Sa richesse devint ai
grande qu'il pouvait entretenir 7,000
hommes à ses dépens. Cétaient les beaux
jours du règne de Justinien : il appré-
dait Bélisaire sans le crundre, il se ser-
vait de lui sans le punir de pouvoir être
dangereux. L'occasion s'ofirit d'enlever
l'Italie aux Ostrogoths. Tout leur était
contraire : irritation des peuples contre
des barbares ariens, dissensions parmi
les oonquérans, gouvernement affaibli en-
tre les mains d'une femme et d'un rot lâ-
che et odieux. Cependant ils pouvaient
mettre 150,000 hommes sous les armes,
Bélisaire n'en eut jamais plus de 12,000w
Il s'empare de la Sicile, grenier de l'Ita-
lie; il prend Naples d'assaut, se rend maî-
tre de 'Rome, y soutient un long siège,
poursuit à son tour les Goths, investit
Eavenne leur capitale, et conduit eAcore
une fois à Constantinople un roi captif,
Vitigès (535-540). On dit que les G4ths
lui offrirent la royauté; à la cour de
l'empereur, les calomnies et les soupçons
ne l'épargnaient pas; en retournant it
Constantinople il avait obéi à un ordre
de rappel. Il est vrai qu'il fallait défen<-
dre l'Orient; il le défendit contre le re-
douUble Coshroès (541-542). Mais il
succomba lui-même à l'inimitté d'une
femme. Antonine, après l'avoir désho-
noré par le scandale de ses débordement,
voulut, non pas le perdre, il lui était né-
<;essaire, mais l'humilier pour satisfaire
sa vengeance. Les yeux fascinés du trop
crédule mari s'étaient ouverts à la fin : il
snrprit sa femme coupable et, dans sa co-
lère^, il la fit enfermer. Mais sa femme
était la confidente de Théodora: il tomba
dans la disgrâce de l'empereur. On l'ac-
cusa 4*nn complot, il fiil jeté dans les
fera, dépouillé de ses biens, menacé du
suppUoe, et n'obtint sa grâce que par
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BEL
(2èl)
BEL
lIotercessioQ d'Atatonioe. Il faUut qu'il
la remerciât à genoux et qtt'ii la priât
d'oublier le passé; elle voulut bien tout
oublier, excepté son amour adultère. Bé»
lisaire fiécri alla une secbnde fpis en Ita-
lie pour reprendre ses conquêtes perdues
en son absence. Mais a^rès d» alterna-
tives de succès et de revers, mal obéi, mal
secouru, il finit par échooer, et il demanda
la permission de retourner à Constanti-
nopte (544^548). Il vécut pendant 1 1 ans
dans l'inaction; JastinieU était veuf de
Théodora. Tels furent les courtisans qui
après elle abusèrent de la vieillesse de
Tempereur que la mort de cette femme
était une calamité publique. Un péril
soudain de Tétat rendit encore une fois
à Bélisaire|M>ur un moment son éclat et
sa puisçance. Les courtisans souffrirent
qu'il reprit son épée pour les sauver,- avec
l'empire, de l'invasion des Bulgares (559).
Mais, la première terreur passée, ils re-
GommenGèrent leur guerre contre lui,
et sur i'imputatioû mensongère d'avoir
trempé dans une conspiration contre la
vie de Justinito, il subit une enquête ou-
trageuse, fut retenu long-temps en cap-
tivité, et n'échappa au supplice que parce
cju'il n'était plus à craindre ou parce
qu'on le ré8«*vait pour le cas d'un nou-
veau besoin. On lui rendit même ses
biens en grande partie. Quelques mois
après (565), il mourut, et avec lui l'hon-
neur des armes romaines. Gramd général;
administrateur habile, et, ce qui était plus
rare en ce temps et à cette cour, hon-
nête honûne, fidèle envers un prince in-
grat, ayant refusé une couronne pon^ le
servir et lui garder la foi jurée, il aurait
brillé d'une gloire sans tache s'il avait
en ou plus de force de caractère ou une
autre épouse. N-t.
EELL ( Airomi), inventeur de la mé-
thode dite d'enaeignement mutuel , était
natif de l'Ecosse et fut reçu ministre de
l'église anglicane. Inspecteur d'une école
d'orphelins dan» les Indes, il a eu l'idée
de faire instruire les élèves moins avan-
cés par ceux qui le sont davantage, et il
a fait l'emploi de cette méthode dans une
ÎMtitution d'Ëgmore, près Madras, de
1790. à 1 7J^5. Le rapport qu'il présenta
sur sa métnode à la compagnie des Indes
a été publié à Londres en 17^7. Ce rap-
port fit d'abord peu de sensation; mais*
l'année suivante Jos. Lancaster ( vaf, ),
quaket, établit dans un des faubourgs
de Londres une école de pauvres qu'il
dirigea d'après la méthode de Bell; et,
soutenu par la générosité de" quelques
amisd'çnfance, il établit, en 1805, une
autre école où il réunit jusqu'à 800 en-
fans. Les-ecclésiastiques anglais, mécon--
tens de devoir Famélioration de l'ensei-^
gneinent mutuel à un quaker, opposèrent
Bell à Lancaster et déclarèrent le pfc^
mier seul inventeur de la méthode. Il fut
chargé d'établir ces écoles en Angleterre
et de cotnposer pour elles les livres né-
cessaires. Bell fut soutenu par le partr
de la cour; Lancaster, par celui du peu-
ple. Le comte de Laborde importa, en'
1814, leur méthode en Frai^ce, où Ton*
parait en avoir eu connaissance dans le*
XVII* siècle; le chevalier Pftulet, dit-on,-
l'a appliquée à un petit nombre d'élèves.
Quoi qu'il en soit, dès 1815 une société
se forma à Paris sous le nom de Société
pour l'instruction éiémentdire. Cette
société, soutenue par des contributions
volontaires , a poursuivi son but aVec per-
sévérance. Une ordonnance royale, dvt
19^ février t816, vint lui prêter un non-»-
vel appui. P^ojr, ËifsxiGNBMXirr mijtiïkl.
Le nom de Bèll est devenu immortel
comme celui de Jenner;*et, bienfaiteur
de l'humanité , sa mémoire vivra tou-
jours. S. C
BELL (J%AV et Chaules), célèbre»
chirurgiens anglais contemporains. Les
deux frères ont suivi la même carrière
et ont publié en commun des ouvrages
estimés. Jean Bell, né à Edimbourg, en
1763, après des études médicales com- '
plétées par un voyage en Russie et dans
le nord jde l'Europe, se livra a Tepsei- <
gnement de la chirurgie et des accouche-
mens. Pendant 10 années il y obtint un
succès brillant qui le conduisit bientM à
une clientelle très étendue, et à laquelle
il fut contraint de ee livrer exclusive- '
ment, en s'oocupant néanmoins de la
publication de ses ouvrages dont il des-
sina et grava lui-même les planches, aidé
de son frère Charles. Jean Bell fût un des
anatomistcs et des chirurgiens les plus
habiles de ces derniers temps, et il fut
recherché ^vec- empressement pour pra-*
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(2W)
QEL<
tiquer ^M opénUîoas le$ plat difficiles el
les pUiii délicates. £d 1816, il fit une
cdttte ^ cheval des auiies de laquelle il
parait ne s'être jamais complètement ré-
tabli, et il mourut à Rome» en 1820,
dmis un voyage qu'il avait entrepris pour
sa santé et dans lequel il reçut les térooi-
gna§ea les plus flalteurs de l'estime et de
la confiance qu'il avait inspirées. Bell
avait lu prodigieusjement, et les livres de
sf nomUreufe bibliothèque portaient tous
dea iM>t6s marginales. <|itesiant qu'iU n'a-
Tfienf pat été de stériles objeU de k^e.
Cas lectures lui avaient profilé et avaient
do^iié a son espvit et à s^ conversation
un obarme tout particulier qui tempérait
ce que k vivacité ei^tréme de son carao-
tère avait de désagréiihte. Ses ouvrages
pnncipaux som VAMUomk 4u c^rpr
hmnain, 2 vol enrichis de magnifiqMM
gnivutee; Prmdpes de chirurgie, Z yvA.
iqr 8^ ^ J^iscQurs siêr la Miture et lu trui^
tenwu de^ piaies i ^c, ^
Charles B«ll| chirurgien de Thèpilal
d« MMlasex et professeur d'analomie à
l'iim de« éeolee de n^édeeine de Londres^
estaiissi un anatomisteet un chirurgien
du prennar «trdre; entve la part -qu'il a
prise à la pnfalîcatiQn de YAmitomie du
corps ht^n^iiny il est eoeore l'auteur d'un
Synime de médeane opt^ratoir^ basé
surVéUHUomie, 2 voL in-8?; d'on recueil
trimestriel) intitulé Obsefv^uioms de chi-^
rurgie, et de plusieurs monographies sur
dlversea midadies ohirufgîaUes ; enfin
d'une collection de gravures représen*
tint des sujets d'analomie pathologi-r
q«U), f. R«
3SLIi»(Hit]fiiT), né en 1767 àTnr-
pbichen* dans le cemti delinlkhgow, en
ÉQMie«.est le pivemier qni, en> Eupppe, ait
•ppliqilé la vapeur a 1» navigatfon. Jk^rè»
av^ ve^ nne éd^eatiei» modeste, b|
eiKTfa différentes prortssions et se livra
à l'étude de la mécanlqne powr lsK|iielle>
il avait une prédilectioa marquée, et qui
l'epJewt même à aes srfTaircs; Déjà, en.
17«8, M. Miller de Dnlwiosten^ dans In
com4é de Dumfrie», avnit essayé sur un
la* aitué dans ses propriétés de finire
mouvoir un bateau pav le moyen de la
v)ft|leiip> mais bien quceetteexpérienen,
qMi ^VMt élét répétée par bM^néme nii
p«r4'«iit*ra piwey, déiintrèfa é^..
demm«nt h possibilité de (^ «(»ode. 4#
navig^ti^n, cette idé^ ûit iibni^QOfi^
pendant plusieiws années» Ce ^iMoi^
fiell qui, en 1812, mit le (ait hors i^
doulc. Il construisit à QelensbQurg o^ \\
demeurait un bâtiment de 4^ pieds à%
long,, qui remonta la rivière avec. un#
vitessf de 7 milles à l^ heure. Il ne prit
point de patente, son inventi^w ayant ét4
jugée par d'habtl^ ingéo^e^rs amoepti-r
ble de quelques perfectionp^mens. Rie%
qMe dès 18Û7, Fullnn, ingénieur «piér^
ci^tt» fut lancé un btttean à vaf^çnr ft ng-
vigué sur (lEudfoay et que pit4>ablem«fM,
Bell ait eu opnngisaanee de ise faiit, i| ^'en
est pas mpips méritoire pour lui d*avfiif
e&éouti ce que n'avaient oeé^eotrepren^r
dre des. homme# plus instniits^ al pbi%
favorisés de k fortune» Malgré ee fervicg
éouncRt rendue son pays, Benry Bell «g
trouvait, daas sa tieiU^ae, dans un ét%t
voisin 4e la pauvreté, loraqu'unQ squih
criptioq volontaire fut onverta ensg igrr
veur; les assureurs de la Clyde lui olTri*
rent une penaion de lOQ Uv^ sterl; dnpl
la moitié, depuis sa mort arrîvéeen 183^,
est encore payée a sa veuve. F^ R,
pu bell€idvrma)y espèee du genre J^tropn
qui appartient à la grande famille des s<h
lanées, connue comme qn poisnn Irèe^
violent, el qui, produit des pbi^nnmènea.
tout particuliers* C'est une plante cwm^
mune dana les parties moyenne el méirirv
dioneW de l'Enro^^ qui eroU daoa lu»,
lieux cultivés, et dont les (f uita» qui tnC
l'appavenoe de petites eertsea el une st**
venr doueeélre, ont foulent produit dee
empoisonnemens, surtout ohe^ lea enCrae
qui sont tentés de les mangeiv L# mm
de beUadoee {beiU d0$m) lui vieot>
dit-on, de ce qu'en ItaKe oj|,nn JNrépn*
rait une cnu diaiilUe usitée comiM €e»«
métique, et eelni d'utr^pa. du ihm» de In
parque Àteopns, qui trannbe le fil de- In
vie* Sa racinn vivaee pnuise une tige
droite de 3 ou 8* pieds de faaul, garf ie&
d^'feuilWa alteenes et porléns sue un
ceurt pétiole, nvalea», in^lee^ d'un «eri
sombre; elle donne des Ara rs d'un bien
nnirâlvo, en cloche, a 8 divislonsy 8 élan
mineaet 1 piftil^ eft auxquelltl aucoàde.
une baie glploiulefiee>è % kigasy entoinréa
d'qn oaficé persiatani»
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BEI,
(28>)
Bd,
J»
IpM exemplo-d- empolsainiyçmeixt «om
eillrémemenl nombruux» el souvçot on
a. i:tt ^usieurai personne»- allcîiUes. ea
mène Unifs» dont ka unes ont succoin*
bi^ et les cmre»ott gu^i, suivajit U q«iaiir
tité deheîesi qu* elles avaient mangé, aui*
r%9%, kyr âge et leur plus oit moins de
force, eof^me aussi «uivaot Tépoque à
llM1(Ml^ elles oût élé seeotivues. .Les^ ex-
p^rleiueta faites sur les animauii vivajna
Oint dmmé 4es résuUata coiaplètemeol
aimlc^ea, et, jiirouvé que toute la plante
eft pourmie de prtncipe^ ▼énçueiw. L'a-
wày9» çhiuùq/a/^ y ^ découvert im aLca*
loîdkaw}udl<yi a. donné te 9Qm A*atro^
Oq «haerv^ ^bev les st^eta einpoîsaQ->
n^ des vertiges^ puis un dèUr« ordinai^
rmuçot g^i^agqiuel &e Me une pette ptua
ou moins complète de la vue, de l'ardeur
à la bcMpdie, du reCroidi^scoittit,. des
raoKveuaeiis coAvuUifs, enHa un a&sou^
pMsement profond, pendai^ U<p»ei le
malade sucropdie, après un tenips» qi^l^-
quefoia assez eourt. Cee phéooownes in
diquent une 4^tioa profonde ei éoergU
que sur le syatèaae nerveuK; d'afUeur^
rii^i ne vient ÎMdiquerqfe ce poison S09^
irritant.
Viudiculîon la plu«pr«9«i4te en pareil
caft eti de pix^voqucr l*expujjùea par haut
ci par l|aa(vowitifs et piirsatira)df toutes
les baies qui peuvent étire anooi^e dana le»
voie&di^je^lve^f^quiUHl on«s,t assez beu^
renx pmirolt^nif ce vési^llat, de aimple»
baieaôns^«doiici«sanle«' ou acidulés suf^
sent pottt achvier la çjure; mais quand
\% poison a été fibr^orla^, U n'y a plu« qu^à
attendra Téwén^n^jent.
P'ailleitr^qi. qu'il y a d^ pliift remar^
qnabl^ dana l'iictm d^4^ l»elladone,
c'est la UAaniVf doi t ella port^ son iiivr
pr«aaian^sur Uayeux. H^uffilde mc^ire
sunuii^qpd^ pendant un^ Ueiiife, un lifige
inthibé' deauç de beU^di^ne pour pro^
duir* iu)e diia(a|Um absolue da lapupillei
et si Ton: ^( AM« lea d6u« veujt) ii eu ré-
ittUe un^ inyopîi; ieU# qu'on peut; lire
avi^ lea vfirreik les pitw covcavea. U 31 Ht
queiquea «cv^fe^ on einployait cette ai^
percl^eriA pour échapper à la consa'ip"
Uon, el cela réusfis^it 4'aut^ut mieux,
qu« c'<||t.|^9T^«tcpiêlqu^joyr4 ^pr^
qw ka jr«M^;(fivif)iMf^à ku^ ét»t«ora4ai«
Celte propriétéde dilater \a pnpilk»ét4 -
heureusement appliquée au traXteu^nt 4%
diverses Qioladies,di!a yeux ^t aotainUienlt
à l'opération de la cataracte par extjn^«^
tion. On a également vo^ulu en tirer V^^
contre le resserrement spasniodiqoci 4<t'
col de la nur|i*ice^ du apibincter de l'anua»
de la vesaiey^etr. (>ana un grand noiplini
de oaUiHea nerveuses, la beiladqn^ %
été aussi conseillée avec dea «uccès trèt,
variables. Suivant quelques auleun^, elh|.
serait «péciûqu^ contre la co^queUic^,, et
diina ces derniei» tenj^s, on. a prétenid^
que l'usage da ce remède pendant ^|
épidémies de scarlatine suffisait pour ga*>
rantir de cette maladie. Bien que cettf.
assertion paraisse ^i^éré^, il n'y a ai^
cun inconvénient ^ f u eas^yer d«Q^ V^fi^^
casion. F. ^»
^EI^XiAMY fmlss à9mQEomQ«Tr«)|
célèbre actrice anglaise, née v^rt 17|#^
était fille naturelle , mais reconni|e^ 4#
lord Tirawley . IJne circonstance bonev^n
bif popr son ccçur la priva de l'appui fT
dea soins d« son ^re. Ce dernier, pnut
satisfait de li^ conduite tenue par U mèrf^
de misa Rellatny» l'avait pvompttaieni
éloignée de lui. Toucbée de pitié pour m
mère, la jeune nxiss, malgré l'expresaQ •
défense du bid,alU partager sa demciiff-
^t sa gène. Dana «a colère^ lord Tirawley
lui retira sfs bienfoit^ et ne prit p)ua aiM
cun intérêt à ao^ s^rt*
JviéjC avec dea actrices, actrice fUt^
rnème, celte mère, dès ca monient > vont,
sa ûlU à la scène , aur hH]uelle au snrplut
semblaient l'appeler lef pUia bcilWintiia.
dJaposiiioQs. Lne figure inoinf*régulièr^
meut belle qu'expressive, un jeu aoill^
de tonte la chaleur de v^ ame tendra ei
passionnée^ une de ce^ \^% tl>(|c(mites
et uȎl^dieusfs d^nsi leequell^ la Daturei
a mis des larmes, tels Turent lea iivimtegf%
qui Km valurent l'appui du célèbre Gar^
ritli, de Sheridan le père, u»» WQin%
an^i des arta qiif sqn Hhialne i|a, et de
Rich , le directeur du. tbé4^e de Covfiiu
Giirdefi à Lpodi.es» qui&Vmpi^fa de V^%
roetUe dan^ sa troupe» t^fs suqçèfde aM
d«ibuts furent pro4igfeux« ils sédiif sivani
jusqu'au famieux couiédiçA l^^t^^^^9^'
bojrd prévaoH cunifeflUu Paua ^ peya,.
op . lès deuot. aei^ea de la; bwtie aofli4tè 4wM,
ég^Oement portas au j^mroiM^ «ivem
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BEL
(iU)
BEL
lês nrtistes, son talent lui Assura des pro-
têctènrs distingnés. Henry Fox, qui, airant
son fils y mérita aussi un double renom
comme ministre et comme orateur , fut
plus qa*un protecteur ; il fut Tami de la
sédnisante^ctrice.
Il faut bien le dire; plus* d'une tendre
ftiblesse fut le partage de miss Bellamy;
mais an moins jamais Fintérêt n*en fut le
motif, et ce fnt toujours à son cœur
qu'elle céda.
De longues maladies , un funeste acci-
dent, attristèrent la fin de la carrière' de
miss Bellamy. Retirée forcément du théâ-
tre, celte femme, qui en avait été la
reine , se Vit réduite à solliciter la com-
passion des directeurs pour quelques re-
présentations à son bénéfice. Cette res-
source épuisée, elle en trouva une autre
dans la publication de ses Mémoires ,
écrits avec beaucoup de naturel et de
facilité, mais qui offrent parfois trop de
petits détails de théâtre et de biographie,
itàportans seulement pour l'écrivain. Us
parurent à Londres , on 1784 , et quatre
éditions de l'ouvrage se succédèrent ra-
pildement. Néanmoins les secours de ses
fils et la générosité de la duchesse' de
Devonshire furent nécessaires* au soutien
des derniers jours de miss Bellamy.
Une traduction un peâ abrégée de ses
Méînoires fut publiée en France en
1 799 , par M. Benoist. Elle a reparu en
1 8Î3 , dan* la collection des Mémoires
dramatiques ( 12 vol. in-8**) ; elle y est
précédée d'une Notice ^ où M. Thiers ,
que la politi^ne n'avait point encore en-
levé à la littérature , apprécia avec au-
tant de g6ùt que de finesse la vie et l'écrit
de l'actrice auteur. M. O.
BELLAMT (Jacques) , poète lyrique
hollandais très distingué , dont on vante
surtout les chants patriotiques, naquit
de parens obscurs à Flessingue, en 1767,
et mourut en 1796. S.
'BELLARMIN ^Robert), né en
1542, à Montepulciano en Toscane,
entra en 1S60 dans la xximpagnie de Jé-
sus, oà il étudia la théologie, les con-
ciles, les Pères, l'hébren, l'histoire et
le droit canon. H se livra à l'éloquence
de la chaire, et fournit, avec le plus
grand succès, plusieurs sUtions en Italie
et à LoQvain, où ses supérieurs l'en-
voyèrent professer la théologie. De retour
à Rome, en 1576 ', il fut chargé par Gré-
goire Xni d'enseigner la controverse
dans le nouveau collège que ce pontife
venait de fonder. Sixte^V l'adjoignit au
cardinal Cajetan , son tégat en France.
Clément YIII le fit cardinal en 1598 et
archevêque de Capoue en 1601. Nommé
par Paul V, en 1605 , conservateur de la
bibliothèque du Vatican, Bellarmin
donna sa démission de l'archevêché de
Capoue. On prétend que sa qualité de
jésuite l'empêcha de' succéder à Léon Xl
et ensuite à Paul V. Il mourut en 1621.
Se& anciens confrères ont souvent solli-
cité sa canonisation , et Benok XIV y
était assez disposé, s'il n'en eût été dé-
tourné par un mémoire du cardinal Pas-
slonei et par les réclamations de la France.
Giacomo Fuligatti, jésuite, publia, en
italien , une Vie du cardinal Bellarmin ,
ornée de tous les éloges qu'on a donnés à
cet illustre écrivain ; Rome, 1624, in-4**.
Elle a été traduite en français par le P.
Morin, Paris, 1625 , in-8». Le P. Loi-
zon , autre jésuite , en a publié une de
sa composition dans cette langue, Nancy,
1700, în-4*^. H fellut y mettre 15 car-
tons pour la faire circuler en France.
Le cardinal 3ellarroîn a compo^ un
grand nombre d'ouvrages dont nous al-
lons indiquer les principaux : 1" Dispu-
tationes de Côntropersiis christiance
fideiy adversus'hujus temporis hafreti--
cosy Paris, 1613, 4 vol. in-fol. Cest la
première édition complète et correcte.
Prague, 1721, 4 vol. in-fol. Les protes-
tans les plus instruits lui ont rendu la
justice qu'il ne dissimulait point la force
des argumens de ses adversaires, et les
catholiques FcMit constamment regardé
comme un de leurs plus habiles contro-'
versistes. On lui a cependant reproché
en France d'avoir enseigné: 1* que les
princes tiennent leur puissance du choix
des peuples, et que les peuples ne peu-
vent exercer leur droit qu« sous la direc-
tion du pape; 2^ que le pap^y monarque
absolu dans Téglise, est supérieur aux
conciles généraux, etc. On a condamné
les ouvrages qui renferment cette doc-
trine, et on s'est plaint qu'on ne se dé-
cidait que trop souvent à Rome d'après
les opinions de BeilarmiQ. Quelque gloire
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BEL
(285),
BEL
qu*il tdt acqidae dans ses combats, il
avait coutome de dire : « Qu*utie once de
paix vaut mieux qu'une livre de victoire. »
2^ Insiituiîones hebrtiïcœ linguœ ; 3^
Explaitado ià psalmos; 4® De Scripto-
nàus ecclesiasticit ; S^ De editione la-
tinàvulgatd; 6*De q/fjfîciis episcoporum;
7^ Dodrina christiana, ouvrage im-
primé un grand nombre de fois et tra-
duit ea plusieurs langues -yS^ De ascen-
sione mentis m Deum per scalas rerum
creatarum , traduit en français par le P.
Brignon, Paris, 1701 ; 9^ De arte bene
moHendi, traduit en français par Bel*
sunce, 1751 ; \0^ De gemitu columbœ.
Tous ces ouvrages sont estimés. Il adiiessa
à Eudémon-Jean l'Histoire de sa Vie,
dans laquelle il montra que l'humilité
chrétienne ii'était pas sa vertu favorite.
La- vanité lui suscita aussi de son vivant
quelques traverses, et elle a certaine-
ment, ainsi que sa doctrine sur Tomni-
potence des papes, mis obstacle à sa ca-
nonisation. BeUarmia contribua à faire
mettre l l'index l'arrêt du parlement con-
tre Jean Châtel, et chercha à détourner
les catholiques anglais du serment d'allé-
geance , dans une lettre qui provoqua une
réponse de la part de Jacques 1^'. Cepen-
dant ce même prélat fit avertir Fra-Paolo,
par un ami, de se tenir sur ses gardes parce
qu'on en voulait à sa vie, et il délivra à
Galilée le certificat qu'on va lire : « Nous,
Robert, cardinal Bellarmin, ayant ap-
pris que le sieur Galilée a été calomnié
et qu'on lui a imputi^ d'avoir fait une ab-
juration entre nos mains , et d'avoir été
condamné à une pénitence salutaire; sur
la réquisition qui nous en a été faite,
nous affirmons, conformément à la vé-
rité , que le susdit sieur Galilée n'jBi fait
abjuration, ni entre nos mains, ni entre
celles <i'autres personnes que nous sa-
chions, soit à Rome, soit ailleurs , d'au-
cune de ses opinions et doctrines ; qu'il
n'a été soumis à aucune pénitence salu-
taire, de quelque sorte que ce puisse
être; qu'on lui a seulement signifié la dé-
claration de N. S. P., publiée parja con-
grégation de l'index, savoir que U doc-
trine attribuée à Copernic , que la terre
se meut autour du soleil et^que le soleil
oeeupe le centre du monde, sans se mou-
voir d'Orient en Occident, .^t contraire
à l'Écriture-Sainte , et qu'en ooaséqiMooe
on ne peut la défendre ni la soutenir. En
foi de quoi nous avons écrit et signé la
présente de notre propre main; le 36
mai iai6. Robert, oardinal Bellar-
min. » J. L.
BELLARf (NiooLAS^mAKçois),aTo-
cat éloquent et plus tard procureur gé«>
néral à la Cour royale de Paris, naquit
dans cette capitale en 1761. Il était fib
d'un charron. Toutefois, son père, qui
jouissait d'une certaine aisance, lui fit
donner une bonne éducation classique.
Au sortir du collège il se livra, sous ia.
direction de l'habile professeur Pigeau ,
son parent, à l'étude du droit; admis en
1784 au suge et en 1788 au ubleau
des avocats, Beliart se distingua de bonne
heure entre ses jeunes confrères, d'abord
par des mémoires, et plus tard par des
plaidoiries dont le résultat fut presque
toujours heureux. Pendant le cours de la
révolution il défendit un grand nombne
d'accusésenmatière politique,et rarement
ses efforts furent sans succèss.Il partagea
sous le consulat, avec son ami M. Bonnet,
la défense du général Moreau, pour lequel
il écrivit un mémoire. En 1 804, sa poitrine
affaiblie l'ayant contraint de renoncer à la
plaidoirie, il se livra exclusivement à la
défense écrite et fit paraître un grand
nombre de mémoires empreints d'un ta-
lent inégal, mais remarquable. En 1814,
Beliart était membre du conseil muni-
cipal de la ville de Paris, lors de l'entrée
des étrangers. U fut le promoteur et le
rédacteur de la fameuse adresse par la*
quelle ce conseil jprovoquait la déchéance
de Napoléon Bonaparte et le rappel des
Bourbons. Aussi fut-il un de ceux que
Napoléon, au retour de l'ile d'Elbe,
excepta de l'amnistie qu'il accordait à
tant d'autres. Pendant les Cent -Jours
Beliart se retira en Belgique,- puis en An-
gleterre. Rentré en France avec les Bour-
bons , il fut nommé procureur général
près de la Cour royale de Paris. Cette
nouvelle carrière convenait bien moins
que celle du barreau àaon caractère na-
turellement honnête et généreux, mais
trop ardent, trop impressionnable pour
les graves fonctions du ministère public.
Aussi ne fut-elle pour, lui ni sans er-
reurs ni sans ^merti^nes. Charge d'ac-
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tla Cour deii pnfrs TiHësCre
0t mlortmé naréchai K^, il eat le
«iàM»Nir db imiiquer àt moèéninim en-
Wrt I'«eeii6è «t d^égtrdB eiivere b dé-
-€mm* Deptt», OQ m Wu&é iiv«c raison
Mb «ystème de rigueurs envers la presse ;
<€■ a àèp^é Sa «Menoe ée c^dcfSes-
•HBsécaesré^biMireS) purtftcaéièreinisnt
«40 cm» -qa^ km^ contra Us jeunes mé-
JdaiTM itmptb|uê3 ^ana la coniftiiMnon
-ëe La fifocMle^icC contre denK jounMux
i(le CottsmuMnmU et te iMurèerfrun^
'fmù) meeméê et tendamie irréligie<ise
fNMM* «vmr «ignoté les envahissenietis 4e
il fa^on ««oiurdutiale. Mai^é ces ne-
^pv«eh«speai>élretaérMs,4l ne fa«t |>olrft
«Miîaodrâ Beltatt «iret; cesiMniiiies «né-
jprisés iA «népHsalMes q««, «sans ixifiWc-
to»^ irie latsartenc sétécs cki pouvoir. RH-
lart élftitskicère: témoHi>4e6 àmges'd^tfiie
férokidoM qfi*il a^aittraversée, nfm Sans
^bogen •peitsunncds, il en cimtgna4t le
mour^ et son litis^çi^Nrtion ti^ewi^nl
ftrafp6a Im kîaak voir ànm les opinions
«tidaos 4es AiwdaiiecB ofiiposiées «me sien-
mm des 4an|(ers ëont il eroyak ne po«i>
IMT réfriinor te |>i*inotpe ^vec *ro|i -él'é-
IRMyie. àk>n fnaUliettr Ifk -de B*aVGrk* pas
«ae foreê «t'esfrit égalée «on «afient ora-
téire. il |iar«k certain ^oe, sur la en de
ta vie, se voyant •ëéboréé par le purtî <le
kcootÉ«-névo4iition,4l se repentit <le l'ap-
fiii^u'il loi a¥tHt frété «t qu'il dièrdia
tnèma à dél«niitier TafviMgle -successear
ée liOuis XVI9I <le U voie de perdition
éana laqveMe il 4e voyait Rengager. Dans
laipvnie pffifeifient adévinistmtive de ses
^tMictfOna, BeHar^^ifttérité qaed eséloges
fi» sa flrotture «et «on esprit d^urté.
Député, à fkdNir de 181&, il te montra
pett favopaùe «aux Idées nouveltes, cl,
èan» pttftager Itoutes les opinions de
Vbwt^meiir^î^, «Il s*associa«onVent à ses
^m4kb. «Belliirt «si mort «n fS^SPe. Sa fa-^
nM^. a Ailt ini^imet< Ses eetivres, en 4 v.
In-^^. Dttos t5e recueil 'on distinguera
^rtlctftlèreni^t'Sà^edmespondance; elle
fkk iiooneiir à «a wrértioii^. 'On trouve
«iMsf d«ns 4t*s Amtalei du barreau Jmn-
fmk un voluiBe Templi de ses oeuvi^es
«niloIreë.'Sous^e rtrppbit do talent, les
fféqtmUtoIres d« «e«art, ses discours de
tribaBOn'^l^tfïai de bien rem^na-
{m)
révëttttVQ viérîtsUe oraUcsr^ vgÊm (futit
«lanière «oit iriiâpuscéMibltt : <iii tÉx»^ve
chex'KiidcB finîtes 4e goût «MO^Mq^ien-
tes, des fiiélé);Mwet de langiigi^, die k dif-
4Jusioo, de la WoiViOiiflwreiç lmi^« «lélé de
^ïosdUkuUse't'^niieatrenldiMiiMfiiriitions
ékiqactoDet, des ai^ottvéMiM^fiaiihiMqwei,
et panofiKwi profond «eminKAt de pi^obiié
4A de digiKité. ^ 4'on iiefe«ticil«r ft^llert
<omme iui orateur iK*coiii|i)ii-, i4 «st im-
posaiiilc de «ikéeownajli'e «n M «n ora-
teur dÂstisigtié. Le ^sfrreaa deeon épeq^ie
compté phwïeuvs bommce «f^inés «t di-
•erisç il ne coiDpie que 4uî d%omme
"éloquent! ^. A* #.
SEIXA Y , tiof. D« 8«Lt/ft^.
BlfiLLfc-ALLIAN€£, iM>f. WilMh
cep.
Sei^LBAtT {R«WiX «NI de* |>«èH» de
•la pléiade françike eu k<vi^ siè<4e, ëHit
«é à Nogent-lè'-ftotroe, M lut prét*e^
ieur de Charles de Lerf»ailie, decdtâ*-
-bœef. S(« ftoéfties, aujovi'd*N^ O^btiées,
étaitent tfbit testrmées de son teftnps , «sur-
loBt son Trakéiks Pif taries , kiVyù VUhi-
eei-d, lui fit tMiH<e épitapKe 'Cpil «elH^ilr
soli tombeau à Notre-4>ame de ^tris^
l^e taillez, mafos iodustrieiiftrt,
1>M pieiTes |M>ur ««ouvrir iDHli*Aii ;
Lmjt «fWiÉne « liM étm «tofittHNAl
On admirait aussi ses 'ùe^f^erf^, qui
lui valurent de Ronsard 1e noin dep&in*
tre (le 1/4 /tature. 'Comme les ^nncîpaUx
pokits de soti tempb, il était très vei^é
dans les langues anciennes et donna des
odes d'Anacréon une traduction en vers,
poin* laquelle Pasquier Tapp^e TAna-
créon de s6n siède. tl a f^it aussi sur une
partie des poésies de Ronsard un corti-
rtientifire rempli de sâvans rapproclie-
mens. Ses otïvrages ont été i*éunis en ^
volumes în-U, Rouen, 1604. Il était
sourd et mourut à Paris tû 15T7, à'I'â^e
dfe^Oans. ^ J. B. X.
BELLfi Wt ï Wll,1HtîW)fT, voff.
COW^VOLV OLAC ÉBS.
vain du xv^ siècle, naquit à Sarimn dans
le pays de Comminges, en 1$9D. On lui
a domié la qualité d'historien, quoiqu'il
se soit ex^ercê dans toUs les {;enrt?s , aiTéc
une égale médiocrité. Là réiole de "Na-
ITârre, tksur de Fhm^h f*, prit soin,
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(887)
4it*«a9 es FeB6M)cede Bdleferert. Oq le
dcrtÎMi au barreav c il éuidta à Bordeaux
. et à Toulome^ aous d'habiles professeiurs
en dh>tt; -nais il se dégov^ de ee feare
d'écnde et se mit à faire 4e mauvais wn
]pdur les seiffoeurs et pcmr les dames. Les
diaers et W oomplimens Jmii on paya
■es poésies twi firent croire ^ue la pro-
vince était nn trop pelitihéâtre pour ses
lÉlens. il se rendit donc- à Paris oà il se
lia avec Ronsard, Baîf et Duverdier. La
fortune de Ronsard, ^e les rois et les
grands comblaient d*éloges et de présens,
4ai fit envie. Il rima, comme son modèle,
■mis aea vers restèrent sans ieeteurs.
Abandonnant un métier qui ne lui rap-
portait ni hpnnenr ni profit, Betleforeat
•e mk auK gages des libraires. Doné
d'mm malheureuse fécondité, il enfanta
des volMnes de prose anssA médioci% que
•Ml vers. Le seul mérite qu'il m<H»tra fut
WÊé scrupuleuse potaetuaHté aux enga-
liemetts qu'il avait pris; Dnverdier q«ri,
jbns sa Biblhihèque française ^ a oon-
iacré plusienrs pages à Téloge de son
•mii, rapporte que Belleîorest faisait vi-
vre sa famille avec ses nombreux ou-
vrages. Cette fécondité lui fit une 9orte
tie réputation. Ils*avisa d*écrire Vfftstoii'e
legs netifrois de France qui ont pw té le
nom de Chartes (1 vol. in- fol.). Cette
bistotre lui valut la place d'htstoridg^-
phe de France. Enivré autant qu'étonné
d^Bm piareil snccès, il crut qu*il n*avait
tien ^ mieux à faire que d^écriiie t*hls-
toifè. Maïs il faHaH se livrer à des re-
«bercbes et s*appliqoet' à démêler le faux
âu wal. An lien de cda, Beïleforest dé-
natura les faîfo et mêla à la véHté des
contes absurdes et des fables puériles.
*âofn n|anque de bonne foi , d'exactitude
let de taléfi lui ayant fait perdre sa pl?ire,
U se remît à la disposition tics libraires.
n publia successivement une Cosinogra-
pkie, les Histoires tragiques extraites'
des œuvres itaièertnes de BandeUo (7
Vol. <n-16), les tlistoires prodigieuses
"extrààes de pèuneurs fameux auteurs
grecs et latins (8 vol. in-16). Bettefo-
fen eut pour collaboratetn* à ces deux
ouvrages Boistùau Delaunai, son ami.
Htradttisit Les secreui de là vraie iigrl-
euUatede lltaKen d' Augustin Callo, ( t v.
1ii-4^), et les Fùtgtjour/^es d^agnatl-^
iufei du même; nmis il gâta par ^ tiv
ductina tout ce que l'original offre de
retaMiques iniéressaates et judicieuses
danji ces deux dernières productions.
Enfin il composa les Annales ou Hiêtoire
générale de Fmmce (8 vol. in-fol.), qu'il
poussa iuaqu'en 1 674. Ce travail niélé de
fables est souvent inexact et totgonrs faaCâ-
dieux. Belleforestmouruten t4S3.Ta. D.
BELLEOAROfi ( le comte bk), issu
d'une des plus anciennes familles de la
Savoie, est né 4 Chambéry en 1760. Il
entra de bonne heure au service de
r Au triche et lit si bien ses preuves dans
les campagnes de 1798-96, qull lut
nommé membre du conseil de guerre
auprès de Tarchidiic Charles, et bientét
après feki- maréchal ^lieutenant. C'est
cQmme tel qn*il conclut à Léoben , daus
Vannée 1 797, Tàrmistiee avec Bonaparte,
et qu'il commanda eitsuite, en 1799, le
corps d*armée qui devait maintenir les
communications entre Tarchiduc Char-
les et Souvorof. Après la campagne de
1690 en Italie, il fut investi de Tun des
première emplois dans le conseil de
guerre aniique, dont il accepta la pré-
sidence lors du départ de l'archîdttc
Charles, en 1805. Dans le mois de juil-
let de cette année il fat dhargé d'un
commandement en chef dans les élata
de Venise. L'année suivante il fut promu
au grade de feld - mM*échal et nommé
gofuvemeur civil et militaire de la Gâ-
lioie. Dans la campagne de 1809 il -se
distingua an combat de Oross-Aspeiti.
Après fa pa»x tie Vienne, il prit poàr
la ïreconde fois le eommandeinent en chef
de la Galicie, oà il resta jusqu'à la^erre
de 1818. II fut alors nommé président
du conseil de goenreaulique; mais il alla
bientôt rejoindre Tarmée en Italie, oik il
pénéti*a jusqu'à ^idsance. Le 16 avril il
' y conclut un armistice avec £u|Çène, vice-
roi d'Italie. Comme gouverneur géoéral
des provinces autrichiennes reconqui^s
en Italie, il sut se comMtier au pkn haut
degré Tamour de leurs habitafns , et c^est
graceàcetanMNir,autant qu'aux victoiriBS
qu'il remporta à Ferrare et au pont
d*Oc(hto Bello, qu'il pat^int à mainte-
nir Tordre dans ce pa\s, lors derirrti^-
tion de Murât ^ 1816.
U resta cnmtii^ gouteriumr 4 ttilan
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(288)
«EL
jti8qu*k la ooioination de Fârchiduc An-
toine à la vice- royauté du royaume
Lombardo- Vénitien, et à celle du comte
Saurau au gouvÀmement de la Lom-
bardie.
Bellegarde vint alors habiter pendant
quelque temps Paris comme simple par-
ticulier; puis il afi remit à la tête du con-
,seil de guerre aiilique , jusqu'à ce qu'en
1825 la faiblesse de sa vue l'obligea à
donner sa démission. C L.
BELLE-ISLE ( Charlk&-Loui&- Au-
guste FouQUET, comte de ), né en 1684
à Yillefranche ( Eouergue ), était petit-
fib du surintendant Fouquet. Très jeune
encore il commandait un régiment de
dragons ^n siège de Lille; blessé, il fut
fait. brigadier des armées du roi, puis il
passa en Espagne où it se fit une répu-
tation militaire très brillante. Villars
l*emmena aux conférences de Rastadt,
et les services qu*il rendit là comme né-
gociateur lui valurent le gouvernement
de Huningue. Maréchal -de -camp en
1719, il eut part à la prise de Fonta-
rabie.et de Saint-Sébastien, revint en
France à la paix, et, après avoir été en-
veloppé dans la disgrâce de Leblanc, fut
promu au grade de lieutenant général
( 1732). En 1734, sous les ordres du
maréchal Berwick, il pritTrèves et Tner-
bach, rendit des services lors du siège
de Philippsbourg, et eut la gloire de tenir
tête au prince Eugène dont les plans ten-
daient à délivrer cette ville. La paix de
1736, qui assurait la Lorraine à. la
France , fut en grande partie l'ouvrage
du comte de Belle-Isle qui fut ensuite
.investi à perpétuité du gouvernement de
Metz et des trois évêchés. L'année sui-
vante il fut chargé, conjointement avec
le maréchal d'Asfeld, de reconnaître Té-
tât de toutes les places de la Meuse , et
en 1738 il fournit un plan relatif à la
succession de Berg et deJulie^rs. Ce plan
fut adopté. Belle-Isle alors aurait voulu
être nommé à une grande ambassade;
mais le cardinal de Fleury ne voulant
point Téloigner lui donna le bâton de
maréchal de France.
. Sur ces entrefaites Tempereur Charles
VI mourut ( 1740), et une nouvelle
guerre de succession embrasa l'Europe
( 1741 ). Belle-Isle avait parcouru T Al-
lemagne pendant la courte période de
temps qui sépara ces deux événemens
et négocié eà secret la .nomination de
rélecteur de Bavière^ Charles-Albert
(Charles VII), à VEmpire. En même
temps Belle-Isle avait dcnnandé 100,000
hommes pour aller conclure la paix dans
trois mois sous les murs de Vienne ; on
les lui donna. Tandis que Charles-Albert
pénétrait jusque près de cette capitale,
il s'avança en Bohême et sVmpara de
Prague par surprise. Mais son ambition
démesurée gàu tout. Comme il voulait
à la fois remplir la double fonction de n&
gociateur et de guerrier , il parut à Franc-
fortavec le titre d'ambassadeur extraordi -
naire dans tout l'éclat d'un prince d'Em-
pire ; la diète inflnentée par ses soins
élut Charles- Albert empereur., Pendant
ce temps ses liéutenans commettaient
des fautes graves; Belle-Isle malade leur
envoyait souvent des ordres peu en har-
monie avec les exigences du moment. La
petite victoire de Sakai sur le prince de
Lobkovitz améliorait peu les affaires; en-
fin la Saxe et la Prusse abandonnaient
la cause commime. Hors d'état de tenir
la Campagne, Belle-Isle se jeta dans
Prague avec 28,000 hommes qu'assié-
gèrent bientôt 60,000 impériaux ; puis,
ne pouvant obtenir des généraux de
Marie-Thérèse une capitulation raison-
nable, il opéra en dix jours; de Prague à
Égra ( 1744), une retraite que l'on com-
para dans le temps à celle des 10,000.
L'armée de Maillebois acheva de mettre
ce corps à l'abri de tout danger. Peu
après le n^iréchal de Belle-Isle et son
frère furent arrêtée, malgré le droit des
gens, à une poste hanovrienne,et retenus
un an entier en Angleterre (1744-45 )>.
En, 1746 Belle-Isle, général en 'chef de
l'armée d'Italie, défendit avec succès les
frontières sud-est de France, menacées
par les Autrichiens et les Sardes ; deux
ans après, il fut créé duc et pair, et, en
1753, il fut chargé dû portefeuille de la
guerre, qu'il garda presque jusqu'à sa
mort. Il s'appliqua surtout à détruire
les abus qui se perpétuaient dans l'or-
ganisation de l'armée, et principalement
la nomination de ce qu'on appelait bur-
lesquement coloneis à la bavette. Déjà
il avait eu la plus grande part aux fa-
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(289)
BEL
meuses ordonniiDces militaires de 1787.
L'Académie de MeU et Tordre du Mé-
rite lui Tarent redevables de leur fonda-»
tion. Il était de plus membre de l'Acadé-
mie française depliis 1.756. Sa mort eut
lien le 26 janvier 1761. On a de lui des
Mémoires.
Lovis- Charles- AmKAKn Fouquet ,
•on frère, connu sous le nom de chevor-
Uerde Belle^Isle^ né en 160 S, se signala
par plusieurs faits d'armes très brillans,
et périt à la funeste affaire du Col-de-
TAjssiette, en essayant de forcer le passage
de ce nom è la tête de 50 bataillons
(1746). II avait aussi du goût pour la
carrière diplomatique. A un génie ardent,
à une ambition encore plus excessive
que celle de son frère, il joignait une
passion immodérée pour les femmes.
Val. P.
BELLÉROPHON est un des héros
mylhologftiues immortalisés par les poè*
tes. Il était fils de Glaucus, roi de Co-
rintbe, et petit-fils de Sisyphe. Il s'ap-
pelait d'abord Hipponoûs; mais ayant
tué par mégarde son frère ou quelque
grand personnage de G)rintbe, on le
nomma Bellérophon , c'est-à-dire meur-
trier de Belleroûs. Forcé de s'expatrier
à la suite de ce crime involontaire, il
alla chercher un asile à la cour de Pro-
clus on Prœtus, roi d'Argos, dont l'é-
pouse, Stéoobée ou Antée, essaya de le
rendre sensible à la tendresse qu'elle avait
conçue pour lui; mais Bellérophon ne vou-
lut pas trahir la confiance du roi d'Ar-
gos , et Sténobée furieuse l'accusa d'a-
voir voulu la séduire. Cettç calomnie eut
tout le succès qu'elle en attendait: Pro-
clus respectant les droits de l'hospitalité
ne se vengea pas lui-même, mais il envoya
Bellérophon chez lobatès, son beau-
père, roi de Lycie, avec des lettres dans
lesquelles il le priait de le faire mourir.
Bellérophon, prévenu des dangers qu'il
courait, sortit triomphant de toutes les
épreuves qui lui furent suscitées par lo-
batès; grâce à la protection de Minerve
qui lui amena le cheval Pégase, il défit et
tua la Chimère, monstre horrible que
lobatès lui avait. ordonné de combattre.
U dompta ensuite les Solymes, les Ama-
zones et les Lyciens; lobatès, reconnais-
sant son inncKsence, lui donna la main de
Encyclop. d. G, eL M. Tome IIL
sa fille Phikmoé, et le déclara suceetseur
de son trèn^.
Il est resté de cette tradition , moitié
fabuleuse et sans doute moitié historique,
une expression proverbiale, d'après la-
quelle on nonmke lettres dp BeUérophon^
les lettres écrites contre ceux qui les
portent. D.A.*D.
BELLES-LETTRES, v. Lsttexs.
BELLIARD( AuGusmr-DAHiftL,
comte), lieutenant général, né en 1773
à Fontena^-le-Comte ( Vendée ).
Belliard entra, en 1791 , dans le 1*'
bataillon de la Vendée et fut élu ca-
pitaine. Nommé officier d'état - major
à l'armée du Nord, commandée par U
général Dnmouriez , il se distingua dans
la campagne de Belgique, surtout aux
journées de Grand-Pré , de Sainte-Mé-
néhould et de Jemmapes. Il eut deux
chevaux tués sous lui aux affaires de
Liège et de Nerwinde et fut nommé en-
suite adjudant général; mais la fuite de
Dumouriez arrêta sa carrière. Les soup-
çons qui s'élevèrent contre lui le firent
destituer par les représentans du peuple,
et, envoyé à Paris, il chercha vainement
à faire révoquer cette destitution. Bel-
liard s'enrâla aussitôt comme volontaire
et soldat dans le 3* régiment de chas-
seurs à cheval; mais après une campagne
où il signala son courage et ses talens, il
fut replacé à son rang d'adjudant géné«
rai aux acclamations de l'armée. Il suivit
d'abord le général Hoche en Vendée;
puis, envoyé à l'armée d'Italie, en 1 796,
il combattit héroïquement à Castiglione,
à Vérone et à Caldiéro , où il fut blessé
en s'élançant sur les retranchemens des
Autrichiens à la tête d'un bataillon du
40® régiment. A Arcole il fut griève-
ment blessé après avoir eu deux che-
vaux tués sous lui. Bonaparte le nomma
général de brigade sur le champ de ba-
taille. Belliard se montra digne de cette
distinction par les nouveaux services
qu'il rendit en Italie et dans le Tyrol,
au passage du Lavis et à Ombra, dans
la vallée de l'Adige, à Brixen et Civita-
Vecchia dont il prit possession après
quelques combats. Ensuite il fut envoyé
en mission extraordinaire à Naples pour
empêcher le roi de soutenir les ennemis
de la France.
10
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(29^)
BEL
BMê^ il ^«rtie 4« »VipéctttioB
d'É^ypte, et lorsque rarmée natale at-
taqua rUe lie Malte ) U«e dialÎB£^ eo-
oore dam cette deaeente. Em Egypte, il
reçut, à \â bataille des Pytaudea, à ia
tête du fd* régêtteMtdHafiwlçrie légère,
la première eliw§e des Maneliiks) il les
dispersa en peu d'instans, et prit en*
sttite une pért hnfMrtanto aux aanglans
cotabats de Chebreia, de Siène^ de Pbîlé.
It pénétra jnaqa*en i.byisiBie.
A U bataiMe d'milopelie, le général
Belliilrd essuya la premiiM charge de la
caraletie turque et la repoussa; près de
Oatniette, il détwiîsit tout un corps
tdrc qtii avait surpris 1* ville. DMaiette
et le Ibft de Lesbé tembÀrent en sno
pouvoir. Gravemettl blessé à la repdse
dé Boillak et du Caire, Belliard guérit ra-
pidement et fut nomm^ général de divi*
sfon et gouverneur du Caire. Après avoir
vâlH(Htamellt déf^du celte viÛe contre
lés' Mameluk», les Turcs- et les Angblia»
BéHf af d obtint une enpltnlalion bonora*
blé qui lui permit* de s'énbarquev poor
lé Fnxttt avec armes ft bagages.
' fin 18dl, le premier consul lui donna
te commandement de la 34® division mi*
Ittalre dont le siège était à Bruxelles. H y
hrissa d'honorables souvenirs.
Loradefta ctfmpngne de 180^, il ftit
nommé chef d^étaft-nrajoi^- générai de
Mmrat;r ses talens et son activité te firent
remar(|ner dans plusieurs affaires, et
après la victoire remportée a AusterKtz,
il Ait homme par Napoléon , sur le champ
dé batalHe môme , gmnd-ofBcieF de la
Eégion-d'Honneur. Dans la campagne
é€ tWJf et t80& iïi^MpUt encore les
fStmctldnB de major généml auprès de
Murât, Hé cessa de se monter un des
plus habiles officiers de Tarmée, k léna,
É Erftm, k Sletlin, à l^beek,- a Heils-
berg, à Hoff, à J^lau, àPriedlandet
devant TAiltt» Aucun oflScier général n'a
mérité pliw de gloire dans l'armée et au^
eun- n^étàrit phn modeste, il rappelait à
phùieifrs égards eet iHnatre Desalx au-
prèé dii^uM H s'était formé.
Sn ^pagne^ BeHiard contribua à la
prise de Madrid^ puis il re^t le gou-
vensettent de ceite ville. Une sédition
y ayant éclaté apvèa la bntaflle de Ta-
laveira, il se rendit seul aamiUea de la
population insurgée et sut k calmer. H
quitta TËspagne en 1813 pour (aire,
cofnaae aide-major-général de cavalerie,
la campagne de Enmie; il se couvrit de
glouré durant oette expédition, surtout k
Vilebsk, à Smolensk, à Dorogobouge
et à la Moskva. Par l'établissement ra-
pide d'nne batterie de 30 pièces d'ar-
tillerie il (on^k à la retraite, dans cette
dernière battdlle ^ dea masses profondes
de la garde russe. A Mojaîsk^ un boulet
le blessa à la jambe; mais cette blessure,
malgré sa Cavité, n'interrompit point
son serrice : il suirit patiemment la re-
traite et kit nommé colonel-général des
cttirassieiv à Smorgenie. En Prusse , le
général Belliard réorganisa la cavalerie
avec une prodigieuse actirité. Napoléoii
le chargea durant la bataille de Dresde,
en 1813, de remplir les difficiles fonc-
tions d'aide-majoiwgénéral de l'armée.
Aux trois journées de Leipxig* il eut do
nouveau plusieurs chevaux tués sous lui
et le bras^ucbe brisé par un boulet.
Maigre tant de blessures, Belliard se^
conda tous les mouvement de l'armée
jusqu'au passage du Rhin. A Mayenceil
rempla^ B«*thier que l'empereur em-
mena à Paris , pour y organiser une nou-
velle armée. Après la bataille de Craonne,
il reçut de rcmpereur le commandement
en chef de toute la cavalerie de l'armée
et de celle de la garde impériale. Dana
cette admirable campagne de France on
le vit, héroïque et dévoué comme dans
lea bellee années de l'empire, combattre
anx journée» de la Haute-Épine , de Châ>
teau-Thierry , de Fromenteau, de Laon,
de Craonne , de Reims et de Paris ; il ne
fléchit nulle part
Napoléon le nomma, à Fontainebleau,
un jour avant son abdication, grand-
eordonde la Légion- d'Honneur. Belliard
resta auprès de hri jusqu'au moment de
son départ pour File d'Elbe. Lorsqu'il
put se croire libre, Belliard accepta de
Loub XVUI sa nomination à la pairie.
Pendant les Cent Jours, l'empereur l'en-
voya en Italie pour diriger les opérations
militaires du roi de Naples; il arriva
trop tard. De retour à Paris, Belliard fut
nommé pair le 3 juin 1 8 1 6 et prit le com-
mandement en chef des 3* et 4* divisions
militaires. Lorsque Loûia HYUÎ rentra |
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BBL
(Ml)
BEL
Il fq| rayé de là liste dii aooleM ftàH
par Votd<Mtumt4 du ÈÀ'yMéi 1816, atw
rété âom It préfemioii d'atoir prit part
à UB complot dont le bol aofait été de
délhrer le mâré^^al Nejr , et enfermé à
l'Abbaye en attendant qa*il fui jugé | on
M'osa paa le juger. Bellkfd ne ftit rendo
à ta faadlle que le I juin I8ie. £n 1819
mm Ordonnatioe royale le rappela à la
ekambre des paire f où il ¥ota to^joure
itee la fraotkm nationale de cette cbam-
bro) ttne oo«rage«M réolamation eontre
UB majorât qu'on lui imposait lui aitûrli
une Bonvelle diigraee. Il fut un des pro*
ml««, es 1830» à prendre parti pour la
réfolationdejuiUeli.et fut nommé, en
mare 1811, ambamadeuren Bel|ique«ll
i^aequilta àvee talent et •upéHorité dee
levoire de olf poêle difficile, dans un diO'
ment où là Belgique evait besoin de éon
assistance pour se donder un roi et pour
nrganiser son aHnée» C'est à Brmelleé
qne lA mort vint le fhipper au «nilieo de
l'hiver de 168t; il suceomba à une at-»
laque d!apopleHie»
. Belliard eétmert sans fortune. Il étaif
d'une petite Ullle, ce qui contrastait
aVco lés laits de fabuleuse Yaleur que
rà pillait son nom. F. F 4
BBLLIN 9 BaLLiHt (JacQvia, Gsr*-
^nk et iaail)* Ces trois peintres ( le pré^
mier père dîes deux autres) sortt généra*
tement regardés coAimé les eheCs de l'é»
iole vénitienne, en ce sens que ee fiàrenl
«Ox qni abandOti aèrent les premiers cette
sécheresse dé contours particulière aua
peinlrcs 4H siècles précédent, et eon^-
nurent et enseignèrent les principal de
ce coloris qui rendit si célèbres le Gtor*>
gion et le Titien, leurS élèves.
L'on ignore la date de la naissante
et dé la mort de Jacqvks BcIUb, et II
if est guère resté d'autre oUvrege authen-
tiqué de sa main qu'une làaddne ^ citée
psr Lansi comme appartenant a uti
ndmmé Sasso, et au baa de laqtieUe Ja^
0^0 a biissé sén nàm*
Q9MTTLÉ naquit en 1491 et mourut
en téOl. Jbav, né après lui, mourèt
>sr» 1818, à 80 ans. Ces deus Crèrèa,
qu'une mutuelle affection et une émula^
tien paisible unirent constamment, ne
dêiteiil point être eépuréa oonuOe pei»-
InS) leurs talsne ayant été omployée an
commwiiQtépir la républiqnede Yenlst,
4iii lenr conte la décoration de la grande
salle du conseil. Salle dans kqueUe ils
eurent à représenter les beuU faks des
Vénitiens dans la paix et dans la guerre.
Gentile, moine favorisé de la nature
que son frère, lui resta inférieur- en
mérite I il conserva plus l'aridité de Tao»
des stylè^ téaran sa Prédication de
saint Marc, composition riche d'espre^
sinns variées qui» prises sur une nature
sans choix, sont rendues avec, une vérité
qui dé^^re en sécheresse» Mahomet U
ayant demandé aul Yénitiensun peintre
db portraits, la république, lui envoya
G«llilei Outre le portrait du grand-«u^
tban i ceux des principaut seigneurs de
M Cour et lé tabksu de Ni décollation de
miol Jean , qni donnf Heu a nue scènf
d'épouvante pour le peintre, dont notai
ne dirons rien ici, on cite encore de lui
une médaille, devenue rare, représe»»
tant Teffigie de Tempereur, et , sur !•
reters, trois couronnes* Quant è Jean
Bellin , le plul rélèbre des peintres de œ
nom, ses prinr ipatix titres à la gloire souf
d*èvoir contribué plus qu'aucun de ses
devanciers aux progrès de ee nouveau
style qui devait emencr presque subitOi»
ment la peihture è sa perfecticui, et d*»*
voir terme des élèves t«ls que le Gior-
gton et le Titien« Les Verni iens durent
à ea libéralité la connaissance du secret
de la printure à l'huile^ qu'il avait su
obtenir pér adresse d*Anloine de Messine,
lé premier des péînirei. baUnns qui en
eussent Ikit ueége. Jean Bellin eUt en o»-
tre un mérite bien rare ebea Les artistes »
oeini d'être parvenu , ilens un âgeawancét
à réfomser sdn style d*apre^ leé \mmt
ouvragés de seà dlscipléei devenus ses
amiu^es, et de les avoir égalés plus d'une
foisi Entré les tableaux à bi détrempe,
4e sa première -enenière , et le tableeu à
l'huile de iaint Znebarie, exécute eo
1605 pour Véglisé de ce nom à Venise,
quel hnisenSe progrès I On. cite cpcore,
coihHte l'un de Ses phis beanx ouvrages,
née Bacchanale, datée de 1814 , que son
grand ége ne lui permit paSf d*achever,
mais a kquelle le Titien mit la dernière
tnain en la plaçant au nûlieu d'un paysage
délicienx.Les tableaux deJ.BelUnsosa très
recbercèée des amateurs de ooUectîoas^
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BEL
(29Î)
BEL
l«art prix varient selon leur dato| leur
importance, leur mérite. En 1819, à la
vente Lebrun , une Vierge à mi-corps ,
tenant l'enfant Jésus, é'est vendue 1001
fr. L'on n'estime pas moins de 200,000
fr. fe tableau de k Vierge sur son trône,
dont nous avons parlé plps haut, et qui,
après avoir figuré au Louvre , a repris sa
place sur le tnaitre-autei de l'église Saint-
Zacharie à Venise. L. C. S.
BELLINt (ViifCBiiT) , l'un des com-
positeurs modernes les plus féconds , est
né à dune en 1808 , et son âge encore
peu avancé permet de former pour l'a-
venir les plus belles espérances. Issu
d'une famiUe oà la musique est cultivée
avec succès, il eut pour maître Zinga-
relli. Il s'est fixé à Milan où il a travaillé
pour le théâtre, et presque toujours dans
le genre tragique. Son style sévère est si
complètement opposé au goût établi en
Italie par Rossini ,. que ses premiers ou-
vrages, Bianca e Fernando etZaira^
éprouvèrent une chute complète. Ce fut
U Pirata qui appela sur lui l'attention
publique et qui jeta les premiers fon-
deméns de sa réputation; Rubini, le fa-
meux ténor italien, y débuta et y com-
mença une belle carrière d'artiste. Ses
opéras de la Straniera, de la Sonnam-
hula et des Capaled ed i Montecchi^ eu-
rent un plein succès et ajoutèrent à sa
célébrité. Son dernier ouvrage, Norma^
représenté au théâtre de la Scala^ en
1883 , est tiré du drame de M. Soumet.
Un homme célèbre, Félice Romani , n'a
pas dédaigné de faire les libretU dO
compositeur sicilien, dont les œuvres
ont été reçues avec enthousiasme dans.
tontes les grandes villes de l'Europe.
La musique de Bellini, sans rien per-
dre de l'éclat propre à la musique ita-
lienne, tend à se rapprocher de la pureté
germanique. Ses compositions sont ha-
bilement conçues, et ses effeU, surpre-
nahs et pleins de charme, sont tou-
jours produits sans effort. Doué d'un as-
sei brâu Ulent pour faire école, Bellini
ne^pouvait s'attacher à copier servile-
ment un maître; s'il peut être comparé
par quelque côté« Rossini, c'est par suite
de ces coïncidences naturelles chez des
hommes qui, vivant dans le même siècle,
s'adressent au même public dont ils ont
dû consulter le goût et la tendance. Ob
s'accorde à louer en hci la simplicité, la
grâce et le naturel , et un sage emploi de
l'instrumentation , qui ne Tempéche pas
cependant de produire de beaux effets
d'orchestre. F. R.
BELLMANN (Chablxs-Mighkl), le
poète le plus original que la Suède Ait
produit, naquit à Stockholm, en 1741 ,
et fut élevé au sein d'une famille mo -
deste et tranquille. Les premiers fruits
de sa muse étaient des poésies religieuses,
des épanchemens d'une ame pure et sen-
sible. Plus tard, la vie dissipée de quel-
ques jeunes libertinage Stockholm attira
son attention , et leurs joyeuses aven-
tures lui fournirent matière à des chan-
sons qui le firent renommer par toute la
Suède. Gustave III qui s'intéressait à
Bellmann le pourvut d'un emploi dont les
appointemens et les fonctions peu péni-
bles lui permettaient de cultiver, avec
indépendance, son beau talent poétique.
Ce poète mourut en 1795. Ses ouvrages
consistent principalement en chansons
populaires , dont un grand nombre ont
pour objet des scènes d'orgies , et retra-
cent, avec une vérité frappante, le train
de vie que menaient les roués suédois de
cette époque-là. Il règne dans les poé-
sies de Bellmann on ton élégiaque qui
semble donner aux pensées un certain
caractère de profondeur ; elles sont écri-
tes d« verve et renferment des tableaux
011 la convenance et la fidélité sont ob-
servées jusque dans les moindres détails.
Leur couleur locale les rend peu propres
à être traduites dans une langue étran-
gère. ' C. Z.
BELLONE, la déesse de la guerre
chex les Romains , et la représentation
de l'idée de VEnjro des Grecs et de la fu-
reur dans le combat. Bellone paraît avoir
fait partie des divinités de Tancienne
Italie, puisque dans le milieu du cin-
quième siècle, avant notre ère, Appius
Claudius lui avait déjà dédié on temple
à Rome. Les poètes en font la compagne
de Mars au milieu des champs de ba-
taille, et lui donnent pour attributs une
lance et un fouet. Dans les cérémonies
de son oui te les prêtres s'animaient et
se mettaient en fnreur, ce qui peut faire
croire que cette divinité est d'une origine
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BEL
(29S)
BEL
thrtce. On te réonisitit sootent dans
80D temple pour y tenir des conseils. Les
monnaies des Mamértins portent une fi-
gure d*£nyo qui ressemble exactement à
celle de Bellone. C. X.
BELLOVËSE, chef gaulois,! neveu
du roi Â.mbigat, et frère du cousin de
Sigovèse, vivait Tan 600 avant J.-C. Sa
jalouse défiance du vieux roî et Thumeur
aventureuse des Gaulois décidèrent les
jeunes princes à tenter une émigration
armée. Ils se séparèrent au confluent du
Rhône et de la Saône : Sigovèse prit par
THelvétie et la Germanie , tandis que
Tarmée de Bellovèse descendait le long
du Rhône et se dirigeait vers le pays des
Tricastius qu'elle battit. Justement » à
la même époque 9 les Phocéens venaient
d*aborder sur la plage gauloise, et les
Salyes ne voulaient point leur concéder
de terrain; Bellovèse prit soudain le
parti des Phocéens et leur assura la vic-
toire. £n revanche, ses nouveaux alliés
Faidèrent à franchir les Alpes, et il ar-
riva par les défilés de Turin dans le Pié-
mont et la Lombardie actuelle. Sa vic-
toire du Tésin paralysa la résistance que
les Étrusques voulaient lui opposer^ et
bientôt, maître àe la région marécageuse
que traversent FOsona et TAdda , il bâtit
sur la première de ces deux rivières Me-
diolanum ou Milan. Sa colonie se com-
posait de Sénones, d*Ambarves, de Car-
nutes, de Bituriges, d'Éduens et d*Ar-
vemes. Le pays occupé par eux s'appela
le Champ des Insubres. Dans la suite
beaucoup de peuplades gauloises, attirées
par le bruit du succès de Bellovèse et par
la beauté du climat, vinrent se fixer aux
environs, et c*est ainsi que toute Tltalie
septentrionale prit le nom de Gaule cis-
alpine. Val. p.
BELLOT (Pisams-LAumBXfT Bui-
EETTE dr), né à Saint-Flour, en 1727,
mort à Paris, en 1775.
L*anioor de la patrie a fait toate m gloire.
Privé des dons de la fortune et de la
santé. De Belloy se voit réduit, pour se
livrer à ses goûts littéraires, à aller exer-
cer dans les cours du Nord le triste état
de comédien. Mais cet homme si dénué
de ressources a conservé des mœurs pu-
res et une ame élevée. La nécessité a pu
lui faire abandonner, mais non al>JQrer
sa patrie. Son amour pour elle, qui s'ae-
orolt à mesure qu'il s'en éloigne, se ré-^
vêle jusque dans les vers qu'il adressa
aux princes étrangers; il ne craint pas,
de mettre à leurs yeux la France au-des-
sus de tout. Loin de son pays, il ne tra-
vaillait que pour y rentrer avec gloire.
Son Titus, qu'il envoya aux comédiena
français, ne put lui en rouvrir les chemins.
Zelmùv fut plus heureuse. Cette< pièce
toute faible qu'elle est, valut a De Belloy
des protecteurs assez nobles pour lui as-
surer, dans sa terre natale, un sort in-
dépendant. L'un d'eux, le maréchal de,
Duras, lui donna, dit-on, l'idée et plu-
sieurs détails du Siège de Calai%; mais
il est permis de croire que l'auteur eût
trouvé en lui-même les grandes pensées
qui brillent dans cet ouvrage. Il ne dut
souvent consulter que ses souvenirs, no-
tamment quand il fit ces vers dont l'ap*
plication a été si fréquente :
Ah! de set fils abseiu la France est dIm «^lérie »
Plua je via rétranger, plos j^aimai «a patrie.
Le succès populaire qu'obtint en
France le Siège de Calais est un des
événemens 1^ plus intéressans de notre
histoire littéraire. Ce n'est pas que Vol-
taire et quelques autres écrivains n'aient
contesté le mérite de cette èeuvre héroï-
que, oiii d'honnêtes bourgeois ont TaiH
dace de captiver notre admiration, dont
les rois jusqu'alors étaient presque seuls
en possession au théâtre. Un de ces cri-
tiques traitait fort mal l'ouvrage : « Vous
n'êtes pas -Français, lui dit-on. — Je
voudrais, répondit- il avec plus d'esprit
que de justice, que les vers de la pièce
fussent aussi français que moi. »
Cette tragédie, où , comme le dit l'au-
teur avec un juste orgueil, la nation eut
la première fois le plaisir de s'intéresser
pour elle-même, frappa toute la France
d'un enthousiasme d'autant plus grand,
qu'accablée par la guerre déûstreuse de
Sept- Ans, elle sentait le besoin de se re-
lever à ses propres yeux. Le poète, dès
sa première scène, lance cet anathème
par la bouche d'un de ses héros :
Malheur aox nationt qui c^ant à 1*orage ,
LaÎMeat par les revert avilir leor roorace,
N^osent braver le aort qnt vient lea «pf^nmei^
Et pour dernier affront cessent de s'eatimer.
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BEL
Les Fnmca», par VMét an reUebi*
ment àeê principes et des noMirs, ftllai^nt
tombant danaoette boDtfuse iiNliflftrefi**
oe. Qoellé recoiiiiaiaaàiHse ne devait-on
pas à uo écrivain qui cbercbait k ftaiU'
mer «es.oompâtriotea par lés esemples
de leurs ancêtres I
Le style de cet ouvrage e^t sans doate
qtielquefois emphatique et entortillé i
Tauteur des ttoracet eàt fai( parier les
bourgeois de Calais avec une simpKcîli
plus nobte; mais si De Belloy nous oiTre
moment ces traits d*ian natorfl profond,
si fréquens dans Corneille, il faut du
moins convenir que souvent son takfit
s*élève à toute la hauteur des seiîtimens
généreux qu^îl veut peindre. Ce talent se
sodtient dans l|i partie pathétique de
GahrieUe ele Ver^y et il prend un essor
nouveau dans la seèiie sublime qui a Aiit
le succès de Gtêsion et Baynnf,
Les orili(]ttea, et surtout Lnharpe, ont,
selon nous, jugé trop sévèreinent De Bel-
loy. Il étak réservé à Tauteur des TVm-
piiers de hii rendre justice. Dans un ar-
ticle dit J0tfmat des su^-a^s (mars 1 B34),
cpQMcré à re;i(amen des $iud€s s.ur la
pq^f^n^è^ ^ les di'i^rs ecrks de^ /. F*
D^ls, ^^ in. Opésime Lflroy, f/i. IRay-
i)Wi^r4 II p«yé ce tribut k â'^tqur du
&^ d0 Calais et de Çastan et Bajard»
qui , m»\gi'* ^ défapis qu'on peu^ lui vp-
proéher, cpna^vera la gloire d*avoir, le
premier,. pui4é,daf^ PC» qmnafef des mo-
d^eadf vff ^iwçiiriqMf» tt^fk vertus gMC«-
viif res. Q9. !*• V^
BELLOT (Jmi^tQ^TI^tb p»), ver-
meille fiiiMt, «l*qqii w 17^9, pràf 4e
Se«l^,tt «iq^rut en 18p8 k Paris- Il M
successivement n<HQ4>^ vioaifTChS^^^^ «I
ari^idiiu^ de Çei^uviiis, ^éyie.dei (Jlan-
4èY^(175<), évéque 4fi »fer»*ilte,*ï^
«{bevéque de Paris et cardinel romain» «f
hoii^r^ r^pifmp9t p^r sa ^lériLOce e; p«r
soiB 69prH de couçili«itioQ. Ces vertus qt
eelte modéralioa, il les si§^ dèfli l'ao--
née 1745 où U siégea ooin^e dépulé k
Vasaemblée dfi clergé qi^( avait pour mis-
siou de mettre un tçro^ aux déplorables
dissensions oées de li^ promulgation dfS
la fameuse buUe Uni^enitus. La révolu-
tion vespecta son âge et ses yeri^s, et lors-
que le oDooordat eut été signépar le pape
et par le premier consul de France , De
(IW)
BÉti
Belloy fàt M det premiers à fcire le ft*
orifice de aoo titre dWéqu». £q 1803, U
fut nommé archevêque de Péris et ta
1808 il reçut du pape le chapeau de oar-
dioal. ^ S.
BELLUNB (wfo w), véy. Vi61p6r.
BÉLOMANTIB, vof. DiTncATioir.
BÉLOUGA (poisson Mano). Cest U
nom sous lequel est généralement oonnn
en Russie le grand esturgeon ou iehtyo*
colle du Volga, ichtyocoUa piscU et ac'm
cipenser huxo. Il yi^ de 950 à 1400 li*
\Tes. Il donne quelquefois jusqu'à lOS
livres de caviar. Vojr, ce mot, l'art. Ea^
TuaeBON et Pallas, f^oyagts en diffé^
reines provinces de f empire de Russie,
1. 1, page 100.
La bélouga de mer {delphênns iemcoi
ou delpkinfipterus et eetus mékieams)^ es*
péce de dauphin qui habite fréquemment
le çolfe de TObi et vers le Gresnland,
n*a de commun avec l'autre que le nom.
On l'appelle aussi jpo<>.foyi bkrncW 9l^
comme la baleine, deux veniriculea, deux
poumons, le sang chaud , lés parties de la
génération à l'eilérieur, et des tétines. U
n'a jsroafs plus de 8 toises de longueur
et a beaucoup d*afBnlté avee le «bien ma-
rin. Fallas, mémo ouvrage, t IV, page
114. J.H.S.
BéLOUT<:Bf STAK ^ paye monta*
gueux, élevé, et eu partie désert, à Test
de la Perse et au nord-oMt de l'Inde ,
sur l'Océan. On évalue sa surface k plus
de* 1040 lieues carrées. A Pest le aol est
ocwvert des monts Brabouibs; le nord et
le nord -ouest o'ofl^t quNm Iwmense
désert avee qnîslques oasis,' datif lequel If
samoum souffle quelqueli^is L'intérieur
du Béloulcbîstao est travené par des nt^
mifioattons des monts du Kermao; la
ptlige de la mer est aride, ainsi qm les
rochers de l'intérieur, eu il B*y a guère
que des pâturages; mais le pays renferme
des vallées fertiles et des bols coosidé*
râbles. Il y a des mines de miétaus pré-
cieux; il y en a aussi de fer^ de cuivre, de
soufVc et d'alun. Les babitabs cultivent le
rfz, le coton, findigo, le tabac, le sucre;
ih font de l'huile, de ta soie, ^e facier,
des toiles de coton , ainsi que des châles
et des tapis. La poputatton du Bélout-
cblstan est évaluée à 8 minions drames.
Les Èéloutches parlent im idiome ana-
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(295)
BEL
]og:De' an penan et professent rislanis-
me. Cest une race brave ^ active et ro-
bsste. Il sont ea ^ande partie nomades
et pasteurs ) se Bonrris^Bt de la cbair
des bestiaux et des chameaut^ de laitaiçe,
de daftes, de ri£, ognons, assafétida et
autres pnyductions de leur sol. Quand
le iientenant anglais Pottinger visita le
Béloutcbistan^ on lui servit la dro^e
d'asaai^tida en liqUeur pour son repas.
On distingue dans la race béloutohe trois
tribus ! celles des Rhinds et des Mogchis
sont pacifiques et hospitalières ^ mais la
tribu des Nharroues se fiait redoitter par
sea brigandages. B y a dans le Bélout-
chistan un Autre peuple^ les Brahouis,
qui sont probablement d'otigine hindoue^
et dont le langage se rapproche en effiet
de TindoStany; les Brabouis ont des de-
meures fixes conraie les babitans de Tln^
de ; cependant ils professent auasi TiSla-
misme comme les BéloutcbeS. On trouve
encore beaucoup d*Indous dans ee pays,
ils s'y livrent pour la plupart an com-
merce. Toutes les tribtis du Béloutchîs-
tan ont des magistrats particnliers, mais
^les sont soumises au khan qui réside à
Kélat. T^éanmoins sous lé khan actuel,
plusieurs tribus se sont rendues Indé-
pendantes de son autorité. Les Anglais,
ayant intérêt à connaître le pays, lors-
qu'on 1^8 Napoléon rechercha Tal-
liànce de la Perse pour menacer flnde, .
envoyèrent le lieutenant Pottinger dans
le Bébiftdiistan. l\ s'y introduisît comme
marchand de chevaux, et c'est à ses ob-
servations qne nous devons les notioés
les plus récentes et les plus détaillées que
nous ayons sur ce pays. D-o.
BELPHEGCfty voy* B«i et Baau
BELSUNCB BE C ASTEI^MORON
(HEirai-FaAKçois-XAviEa vz) naquit
*u château de la Force, en Périgord, en
16T1. Il entra dans la société de Jésus
en 1691 et en sortit quelques années
après, pouf être vfcair«-^éiiéfal d'Agen.
Kommé à Févêché de MarsetHe en 1709,
il se montra h vivante hbage do bon
Pasteur, pendant que la peste ravageait
cette Vilfe, en 1720; paféourant tous les
quaitiers, toutes les rues, portant partout
des secours spirituels et temporels, et en-
coifaàjg^ùt toWfe mondé atntphfe grands
sacrifices , par ses discours et plnaencote
par son cBempla. Son hfaoiqtta €«TaHa-
meot dans cette ctrconlSanct a inspiré à
Millevoye son poème intitulé Beîsmwt
om Im pesée de MangiUe^ désigné j^ete*
Tun das pris déaëmiaiix* Le roi OfllHt
en vain à ÈelsuDoe l'évêché de Laos et «il-
suite rarehevêohé daBordeauk: il refcHa
d'abandonner Karaeille. On kii coniSéra
la riche abbaye de Saint^Araoul de Metz
et le pape Clément XQ 1^ décora àapal-
Imm, en ITSl^ Il paraît que BelsuAée
avait de l'cstâcment dakn »ea opiàiens
et de la ténadté daas èes affeelîonè je-
snkiqttca. On prétend que le 'égent, an
soitant d*una conf%f«nee qu'il avait eue
avec lui, dit a quelques courtisans t « YdUà
an saint qui a bien de la ranonneé* B asôii-
rut en 1765, dans sa ville épisoopale
qu'il avait édifiée, pendant sa lonpie
carrière, par de solides vertus^ et qn'il
avait sauvée de la ruine par son inimetise
charité.
Nous avotM de Beisunoe de Oaslal-
VL&tonit*^ Abrégé de la vie dé Suzanne
Henriette de Foix (satanta)> Agen^ 1 707,
in-lS. Cest ^ouvrage de sa jennesse. %^
V Antiquité de Im ville de Âîarteiiie et
la skccession de ses évéqueSf JMat^eîUe,
1747-51, 3 vol. in-4^; rautèilr (kit re-
monter a saint Lazai% l'origine lU fiége
de Marseille, t^ Un grand noaSbre d'iîif-
truetions pastoixUes^ on I'ob l toute ime
piété tendre et souvent de félévatkoi
dans lés pensées. 4^ VAi^ de bien mou-
rir, inànïi du latin d#BellarÉDin^ 1751.
5^ Le combat du chrétien , traduit de
saint Augustin, 17a$.^^L*aUié JatifTpat,
chanoine de Mete^ a recueilli Us QEh-
près choisies de Tévêque Belsnnee et Us
a pvbiiées^ à reaceptioti dé VAitti^mié
de la TnUe de Marseilie^ dont il n'a
donné qne des Fragmens sur fa^difiéité
de l'église e^ la succession Se ses év^r
ques, Metz, 1822, 2 vol. in-^**j cette
édkion est précédée âtimé Êtétkw sur la
vie de Beùunce, h L.
B£LT (onMin et mnav), noms de
deux détroits évL Daoemarkf UptfeinUr
situé entre llle de Fyen (Finiiie) et caHe
de S^laad (SéUnde)^ el U aenand ma-
are cette première Un etUoâca aiientaU
d» Jntland.
Le Orand^Beh octtnmanaa entre la
peinte nofd'tatde F^en «t U mtfi.U pliM
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BEL
(296)
BFX
orii||tal d« SJKlUnd, et te termine entre
la poÎDte septentrionale de Langeland et
la petite Ue de Mœe^ Il a environ 6 lieues
de largeur moyenne; sa profondeur varie
de 6 à 20 brasses (13 à 40 mètres). On
le traverse entre Nyborg, dans l'Ile de
Fyen , et Kbrser , dans celle de Sjselland.
Les nadies marchands acquittent à Ny-
borg un droit de péage.
Le Petit-Belt commence vis-à-vis du
boni^ de Middelfart, et se termine en-
tre les lies d*Aken et d'^rœe ; sa largeuf
varie de celle d'une grande rivière à 3
lieues; il n'a pas un quart de lieu entre
le hameau de Snoghsc, en Jutland, et
Middelfarty où le passage a lieu aujour-
d'hui. Sa profondeur est de 6 à 26 bras-
ses (19 à 52 mètres). Le péage auquel
sont soumis les bâtîmens est établi à la
petite ville forte de Fredericia, près de
Mddelfart.
Ces détroits sont moins commodes et
moins fréquentés aujourd'hui que le
Sund. Ils gièlent quelquefois. En 1658,
le Grand-Belt se trouvant totalement
pris; Charles-Gustave, roi de Suède, le
traversa avec son armée pour aller assié-
ger Copenhague. J. M. C
BÉLUS, Doy, Bel.
BBLVÉDÈRE, de l'iulien bel-ve-
dere, belle ^me, pavillon percé à jour,
élevé au-dessus d'un édifice ou bien à
l'extrémité d'un jardin ou d'un parc
pour y prendre le frais. Dans la cons-
truction des belvédères on observe qu'ils
soient exposés à plusieurs points de vue,
que la décoration extérieure soit simple
et rustique et la décoration intérieure
en marbre, stuc ou peinture de décors
sans lambris. La plupart des maisons' de
Rome présentent ce genre de décoration;
le heli^édère du Vatican est célèbre par
ta magnificence et son Apollon. Voy.
Vaticak. P-t.
BELZÉBUTH, voy. Bbelzebuth.
BBLZONI (Jbah-Baftistb), hardi
voyageur, naquit à Padoue, en 1778, d'un
barbier originaire de Rome. Destiné d'a-
bord à l'état religieux, il fut élevé dans
œtte dernière ville, mais il la quitta dès
que les Français en prirent possession.
En 1808 il vint à Londres et s'engagea
an théâtre d'Astley, où on le vit jouer,
•ni re antres, les rôles d'Apollon et d'Her- .
cule. Il employa alors ses loisirs à étudier
la langue anglaise et à se perfectionner
dans l'architecture hydraulique, art qui,
déjà à Rome, avait été sa princi|)a]e oc-
cupation et qui devint plus tard la cause
de son voyage en Afrique. Après un sé-
jour de neuf années en Angleterre, il se
rendit avec sa femme (véritable amazone
qui plus d'une fois se défendit, les armes
à la main, contre les Arabes), par le
Portugal, l'Espagne et l'ile de Malte, en
Egypte. Dans ce pays, où il resU de 1 8 U
à 1819, il exàrça d'abord la profession
de danseur, et gagna ensuite la bienveil-
lance du pacha qui sut le faire servir à
ses plans. Beizonî , bien qu'il se trouvât
souvent seul avec les habitans grossiers
des campagnes, leur inspira nâinmoins
du respect par sa taille élevée et sa force
musculaire. Ainsi il parvint à ouvrir (ou-
tre la pyramide de Ghiseh , déjà ouverte
dans le xvii^ siècle par Pierre de X<a
Valle),une autre pyramide appelée Chié-
phrème , plusieurs tombeaux de rois à
Thèbes, notamment le tombeau si magni-
fique et si bien conservé qui se trouve dans
la vallée de Biban-el-Molouc, et qu'on
croit être celui de Psammouthis, mort 400
ans avant notre ère.Les dessins que Belzo-
ni a faits de ce monument passent pour les
plus exacts qu'on en ait donnés; M. Cail-
liaud a cependant, dans une Lettre , con-
testé l'exactitude de quelques autres des-
sins. Par son zèle et son habileté Belsoni
réussit, en 1816, à fajure transporter de
Thèbes à Alexandrie le buste de Jupiter-
Memnon et un sarcophage en albâtre , qui
tous les deux ont passé dans le musée
britannique de Londres. Le 1*' août
1817 il ouvrit, près de la deuxième ca-
taracte du Nil, le temple d'Ipsamboul
découvert précédemment par MM. Cail-
liaud et Drovetti (alors consul général de
France en Egypte), mais .qui avaient
vainement essayé d'en forcer les por-
tes. Il trouva sous les ruines de cet édi-
fice l'entrée d'un temple souterrain dont
l'existence était jusqu'alors tout-à-fait
ignorée. Plus tard Bdzoni visita les o4tes
de la mer Rouge, la ville de Bérénice, et
fit enfin une excursion à l'Oasis d'Am-
mon. Son voyage à Bérénice fut marqué
par la décourerte des mines d'émeraudet
de Zottbara.
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BEL
(297)
BEM
Belxoni ooiltesU à M. Caitliaad l'hoQ-
r d'avoir découvert Bérénice , en sou-
tenant que Ini-méme avait trouvé les rui-
nes de cet ancien entrep!6t du commerce
entre TËurope et l'Inde, à une distance de
quatre journées du lieu où M. Giilliand
avait cru reconnakre son emplacement
Nous n'avons pas à prononcer entre les
deux voyageurs. Il publia en anglais une
relation de ses voyages et de ses travaux ,
qui a été accueillie avec la plus grande
faveur. En voici le titre : Relation de
nouvelles découvertes et explorations de
pyramides, temples et tombeaux dans
VEgXpte et dans la Nubie; d'un voyage
aux cotes de la mer Rouge, à la recher-
che de V emplacement de V ancienne ville
de Bérénice; et d*un autre voyage à l'oa-
sis de Jupiter^ A mmon, Londres, 182 1 ,
avec un atlas in-fol., de 44 grav. coloriées.
Beizoni donna. deux statues égyptien-
nes, provenant de Thèbes, à sa ville na-
tale (Padoue), qui les fit placer dans
l'une des salles de l'université , et lui en
témoigna sa reconnaissance par une mé-
daille.
En novembre 1833 Beizoni partit
pour Bénin , dans l'intention de pénétrer
de là jusqu'à Houssa et Tombouctou,
mais il ne lui fut pas permis d'exécuter
ce projet hardi ; la mort te surprit le 3
du mois suivant, à Gâta , sur la route qui
conduit à Bénin. Beizoni avait aussi
adopté l'opinion que le Nil et le Niger
ne sont pas le même fleuve, et que ce
dernier se jette dans la mer Atlantique.
Ses dessins du grand tombeau qu'il avait
exploré en Egypte ont été publiés en
1829, à Londres, par les soins de sa
veuve. C. Z.
BEM (Joseph) (et non Bœhm, comme
quelques-uns écrivent ce nom)^ général
de l'armée nationale polonaise, naquit en
1795,àTamowen Galicie, d'une ancienne
famille polonaise. Après avoir fait ses
études à l'université de Cracovie, il entra
en 1810 à l'école militaire de Varsovie,
que dirigeait à cette époque le général
français Pelletier, et en sortit, au bout
de deux ans , officier d'artillerie à cheval.
Bien jeune encore il fit en qualité de
lieutenant toute la campagne de 1812 ,
d'abord sous les ordres de Davoust, puis
loqs ceux 4e Afacdonald , avec lequel il
se trouva tlans.Dantzig, lors du siég^ de
cette place. Les Russes ayant violé la ca-
pitulation , il fut forcé de retourner en
Pologne , et se retira chez son père , qui
avait une propriété près de Kielcé.
Après la création du nouveau royaume de
Pologne, M. Bem reprit du service; mais
la discipline russe et l'esprit ^e l'on
voulait introduire dans l'armée ne pou-
vaient convenir au jeune patriote; abreuvé
de dégoûts, il ne tarda pas à olTrir sa dé-
mission. Cependant, pressé par le grand-
duc Constantin, il consentit à rester.
Fait capitaine en 1819, il fut placé
comme aide-de-camp auprès du général
Bontemps et nommé professeur dans
une école d'artillerie nouvellement orga-
nisée à Varsovie. Ce fut alors qu'il s'oc-
cupa d'introduire dans l'armée polonaise
les fusées à la congrève.Biçntôt, ne voulant
plus rester attacha à l'école d'artillerie ,
il sollicita son remplacement: Constantin
ne voulut voir dans cette demande qu*un
acte d'insubordination. M. Bem fut mis
hors d'activité, trainé devant les conseib
de guerre, jeté dans les cachots. Était- il
acquitté , on convoquait un autre conseil
auquel on intimait l'ordre de le trouver
coupable. Après avoir passé dans les souf-
frances le temps de sa détention , Bem
fuit envoyé à Kotzk , et placé sous la sur-
veillance de la police. Après la mort de
l'empereur Alexandre il parvint enfin à
obtenir sa démission et se rendit à Léo-
pol en Galicie. Là il s'adonna entière-
ment aux sciences; il avait commencé
un ouvrage sur les machines à vapeur ,
lorsque la révolution de 1830 éclata* A
la première nouvelle de cet événement ^
Bem vola à Varsovie : ses concitoyens ^
qui n'avaient oublié ni son patriotisme ,
ni les persécutions dont il avait été
l'objet, le reçurent à bras ouverts. Il
fut nommé major ; puis on lui confia le
commandement d'une batterie de l'artil-
lerie à cheval, et bientôt il déploya, en
présence d'un ennemi nombreux, tou-
tes les connaissances d'un tacticien, toute
la bravoure d'un- soldats Qui n'a entendu
parler d'Iganié et d'Ostrolenka ? Là , avec
16 canons contre 40, il força la victoire
à venir se ranger ious l'étendard polo-
nais; ici, bravant le feu de 70 pièces, il
parvint, à force- d'audace, à repousser
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BfiH
(298)
BEM
peiMKnii «t à ia«Ter Ttrinée natioiiale.
Bem fut fait géoéral et chef de tonte Tai^
tîHerije. A Plotzk, dans des circonstat»*-
ces difficiles , son nom fut prononcé
d'une voix presque unanime^ et Ton
convint de remettre entre ses mains et
les rênes du pouvoir et le sort do pays.
Il refuAi. Brave et dévoué jusqif à la fin ,
on le vit tenter sous Varsovie et puis à
IVaga un dernier, mais inutile effort, et
étonner encore l'ennemi même par son
courage et son sang-froid.
Quand tout fut perdu et qfue les dé-
liris de l'armée polonaise se furent retirés
sur le territoire prussien , tous ,' officiers
et soldats, tournèrent les yeux vers le
général Bem , plaçant en lui leur dernier
espoir ; et quand ses malheureux compa-
gnons d'armes demandèrent à se rendre
en France , il n'est point d'efforts qu'il
n'ait tentés , point de négociations dans
lesquelles il ne se soit entremis pour leur
en ouvrir le chemin.
En France , son hostilité contre M. Le-
lewel , alors président du comité national
à Paris ^ lui attira le mécontentement et
presque la haine de la jeunesse, dont Le-
iewel était l'idole ; mais ce qui lui nuisit
encore plus à leurs yeux, ce fut son ex-
pédition de Portugal, entreprise à l'insu
de ses compatriotes, et sa convention avec
don Pedro. Une fois maître ée Lisbonne,
le duc de Bragance refusa les fonds né-
cessaires pour le transport et l'équipe-
ment des Polonais ; et cette expédition^
pour laquelle on n'avait guère pu réunir
qu'une poignée d'homme$ , finit par avor-
ter entièrement , et donna même lieu à
tin exalté d'attenter aux jours du général.
La baHe partie s'arrêta dans sa poche, sur
une pièce de monnaie. Bem est retourné
seul auprès de doua Maria. A. R-sxi.
BEMBEX, du grec ps^t^iÇ, toupie ,
genre d'insectes de l ordre des hyménop-
tères, de la famille des fouisseurs, ayant
la forme et la couleur des guêpes et vo-
lant très rapidement. Le bembex ordi*
naire et le berabcx il bec sont très com-
muns fiux environs de Paris. X.
BfiMBO (Pierre, cardinal) eut une
de ces existences honorables et douces
qu'à la renaissance des lettres le goût de
l'étude, allié aux dignités de l'église, pro-
curait fréquemment. Fils d'un sénateur
qui s'était ùât reinarqner par ses con-
naissantes-, Bembo était né à Yeuise l'an
1470. Son père ayant eu ^ambassade de
Florence, Pierre commença dans cette
ville et continua ensuite daus sa patrie ses
premières études. Son goÀt suivit celui
de l'époque. Pour avoir dans l'étude de
la langue grecque , si recherchée alors
en Italie, le meilleur maître de l'époque,
le célèbre Lascaris , Bembo se rendit à
Messine, et y passa deux ans. Il fit eufin
k Padoue son cours de philosophie.
La carrière d^ emplois devait être celle
du fils d'un sénateur vénitien. Bembo
préféi^a celle des lettres et prit l'habit ec-
clésiastique, qui offrait le meilleur
moyen de se livrer doucement à l'étude.
Parmi les princes d'Italie qui le proté'^
geaient le plus on remarquait Alphonse
d'Esté , duc de Ferrare. Pierre Bembo se
rendit à sa cour et obtint, avec la pro-
tection d'Alphonse, celle de son épouse,
Lucrèce Borgia, dont la bienveillance
pour loi fut, à ce qu'on dit, extrême ^
et dont il ne se lassa pas de tépéter les
louanges. Sa patrie, la ville de Venise,
avait aUssi, dans la maison d'Aide Ma-
nuce, son académie. Bembo alla la fré^
queuter, et, pour recueillir toutes lés le-
çons, tous les exemples qu'offrait son
heureux pays , il passa ensuite quelques
années à la cour dlJrbino , qui était un
autre asile des lettres. L'an 1512 il s'at-
tacha à Julien de Médicis, qu'il strîtit à
Rome. Bientêrt les bénéfices vinrent le
chercher; il obtint de Jules H' la corn-
manderie de Bologne. Un pontife plus
pacifique, plus ami des lettres et des arts
que Jules, Léon X, étant monté sur le
trône, Bembo fut appelé par lui au
poste de secrétaire intime. Quelques
missions de confiance, beaucoup de ri-
chesses et d'honneurs, furent la suite
naturelfe de cette position. Les hommes
les plus distingués, les cardinaux Bi-
biena et Jules de Médicis, les poètes
Tebaldeo et Accolti, le peintre ftaphaêl
et les principaux seigneurs de Rome,
furent les amis de Bembo. Deux com-
manderies, deux doyennés, trois ab-
bayes, plusieurs canonicats et d'antres
bébéfices lui assuraient une aisance dont
il savait jouir, k la mort de Léon X, son
protecteur, la beflè Morosfaui (ih>;'.)|
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BEM
( 299 )
BÉM
(fui iT&it donné à Bembo on fils et deux
filles y le fit renoncer iox afTairea et choi-
sir à Padone, que distinguait l^nedes
meilleures universités d'Italie, une re-
traite dont II fit y on pourrait le dire, un
temple des Muses. Il y réunit une bi-
bliothèque qui fut Tune des plus belles
de cette époque et qui passé plus tard
dans celle du Vatican ; une collection de
médailles et demonumens de l'antiquité,
parmi lesquels on remarquait la fameuse
table Isiaque. Une de ces velléités, qui
troublent éoovent les plus douces retrai-
tes, parait s'être réveillée dans le cœur
de Bembo, lors de réiévation de Clé-
ment ^11 : il se rendit à Kome pour of-
frir se^ hommages au nouveau pape. Ce-
pendant, loin de se fiier dans la ville
pontificale, il retourna à Padoue et n'ac-
cepta la charge d'historiographe de Ve-
nise qu'en en refosant les honoraires. Il
devait à ce titre retracer la période de
1486 à 15S0; mais il ne conduisit son
histoire qu'à Tan 15 Id, et on ne l'im-
prima qu^ quatre ans après sa mort. Il
avait écrit cet ouvrage en latin : on le tra-
duisit et on te publia presque aussitôt en
italien. Jl a été souvent réimprimé dans
cette langue. ( On le trouve dans le re-
cueil Dfgii istorici dette cose Vene^
ziane 9 iquatihannoscrittoperjfuhiiço
deereto, Veneria, 171 S). Ce travail
ameni^ naturellement la république à
Dommef Bembo aux fonctions de biblio-
thécaire, qu'il ne refusa pas. Cependant
Paul m rayant appelé au cardinalat, il
s'empressa d'aller à Rome , oà il se lia
avec l'un des hommes les plus distingués
de l'époque, le cardinal anglais Polus
[voy.\ Avec le cardinalat de Bembo
commença dans sa vie une époque nou-
velle. Il renouai aux lettres profanes,
étudia tes Pères et les théologiens , fut
successivement nommé aux évéchés de
tiubbio et de Bergame, et mourut enfin,
dans des sentimens convenables à son
eut, en 1547.
Bembo, que ses panégyristes ont, dans
leurs discours, dans des Inscriptions faites
en son honneur, porté au rang des plus
grands hommes^ ne fut qu'un écrivain
pleiu dç goût et de grâce. Son véritable
mérite est d'avoir été l'un des restaura-
tetirs de ta belle latinité. H fut te chef
des Cieéroniem de l'époque. Mais, ainsi
que Sadolet , son émule et son ami ,
Bembo a poussé jusqu'à l'aflectatlon le
goût du style ancien. H fut puriste en
italien comme en latin; dans sa prose
il écrivait moins sa langue que celle de
Boccace, et exprimait moins ses idées
que celles de Pétrarque. L'anecdote des
quarante tiroirs par lesquels il faisait
passer successivement ses manuscrits,
quarante fois corrigés, est sans doute
fort exagérée, mais elle peint le goût de
Bembo. Ses œuvres, imprimées à Venise
en 4 vol. in-fol. , se composent de son
Histoire de Venise , de morceaux de lit-
térature, de polémique et de critique,
de dialogues sur la nature de l'amour
{gli Jsotani)^ de poésies (sonneti et
canzoni)y et de lettres remplies de dé-
tails curieux sur les affaires et les mœurs
du temps. La partie la plus précieuse de
sa correspondance est sans contredit celle
qui se rapporte aux afTaires. Tous' ses
écrits sont empreints du même cachet
d'élégance; presque tous manquent d'é-
nergie et d'originalité. Voir A Bembi
vita , auctore /canne Casa, notU iiius"
irauii et auxit apost, Zenus, — Biblio^
thèque choisie, de Le Clerc, t. I, p.
314. M-E.
BÉMOL. On appelle ainsi, dans le
langage si incomplet et si peu rationnel
de la musique, un signe ainsi figuré k,
auquel on a donné la faculté de baisser
d'un demi -ton, de l'aigu au grave, la
note qu'il précède. Les lignes de la por-
tée et les intervalles qui les séparent
étant occupés par les notes ayant entre
elles la distance que l'on est convenu
d'appeler un ton, on dut avoir recours,
pour compléter le système de notre to-
nalité moderne, à des signes supplémen-
taires qui baissassent ou élevassent ces
notes de l'intervalle qu'on nomme demi-
ton; tels sont le bémol et le dièze. Les
notes ainsi modifiées prirent le nom du
signe qui leur était joint, et l'on dit ut
bémoif ré bémol, etc., quoique l'intona-
tion qui résulte de l'addition du bémol
au signe primitif en fi^e un son entiè-
rement nouveau et que Vut bémol res-
semble aussi peu à Vut naturel qu'au ré
ou à toute autre note.
Nous expliquerons à Fartide Nota-
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BEN
(SOO)
BEN
TiON d'où Tient à ce signe le nom de bé^
mol, peu compréhensible pour quicon-
que ignore son origine.
LorsquMl y a nécessité de baisser une
note d*un ton entier (ce qui arrive dans de
certaines modulations où Poreille, devant
conserver la sensation du ton primitif, il
n'est pat indiCTérent d'employer la note
placée au degré inférieur) , on emploie le
signe redoublé qui se Ggureainsi [^ [^ et qui
prend le nom de doublt bémol, £. F-s.
BEN 9 fils, mot arabe. Foy, Kailv.
BÉNABENy né à Toulouse, en 1765,
fit d*abord ses études dans cette ville, et
se rendit ensuite à Orléans, où il fut
nommé professeur de belles- lettres. Des
circonstances particulières, et peut-être
même des idées politiques, ramenèrent
bientôt à Paris, où il se fit journaliste et
devint l'un des plus babiles rédacteurs
du journal intitulé La Minerve. Lorsque
ce journal cessa de paraître, il devint
auccessivement rédacteur de l'ancien
Journal de Paris, et, par suite, fut em-
ployé comme rédacteur de la Gazette de
/Vâ/ire jusqu'en 1827. Après la chute
du ministère Villèle, Bénaben continua
à écrire dans la Gazette sous le minis-
tère Polignac, et en fut toujours l'un des
plus fermes soutiens. Il mourut d'une at-
taque d'apoplexie vers la fin de 1833.
On a de lui les Lettres de Phalaris, ty-
ran d'jégrigente, les Satires toulousai-
nes, le Procès de C oligarchie contre la
monarchie, Paris 1817, etc. Il avait pré-
paré encore une réfutation de V Essai sur
V indifférence, etc. , de M. de La Men-
nais. F. R-d.
Pe^ d*écri vains se sont montrés plus
versatiles dans leurs opinions. La plume
de Bénaben était légère et volait à tous
les vents. > V-vb.
B^NARÈS^ dans le Bengale, ville
vénérée par les Hindous qui la regardent
comme assise sur la pointe du trident de
Siva. Elle est construite en amphithéâtre
sur un plateau granitiqqe au bord du
Gange. Ses maisons élevées et serrées les
unes contre les autres, ses pagodes et ses
chapelles, ses mosquées et ses palais, pré-
sentent un coup d'œil imposant. Cest un
lieu tout saint; on y compte près de 7,600
brahmes et Ton y voit partout des pagodes
et des oratoires. Des taureaux consacrés à
Siva et des singes consacrés au dieu Huni-
maux parcourent la ville; des nuées de fa-
kirs,de mendians, de lépreux y demandebt
l'aumône; 40 à 50,000 personnes y vien-
nent en pèlerinage chaque année; des dé-
vots y terminent leur vie en se jetant dans
les eaux sacrées du Gange. Bénarès sert
aussi de retraite a une foule de familles
hindoues et musulmanes, en partie très
riches. Les ryes sont étroites et sombres.
On remarque le Vidalaya ou collège hin-
dou, où 200 élèves sont instruiu par 10
maîtres dans le sanscrit , les mathémati*
ques, etc. La mosquée d'Aurengzeyb est le
principal monument érigé par les anciens
vainqueurs de l'Inde. Les Européens de-
meurent à Sécrole et dans d'autpcs lieux
d'alentour. Bénarès a de grandes maisons
de commerce et des fabriques de châles,
de brocards et de soieries; les boutiques
de joaillerie > offrant les diamans tirés
des mines de l'Inde. On a beaucoup exa-
géré la population de Bénarès, en la por-
tant, avec Hamilton, à 632,000 âmes.
On sait maintenant qu'elle n'atteint pas
le chiffre de 200,000 et que Bénarès n'a
que la grandeur d'Edimbourg ou de Bris-
tol. D-G.
BENDA (les frères), musiciens cé-
lèbres du dernier siècle, naquirent tous
deux à Altbenatky, en Bohême, où leur
père, qui avait un goût décidé pour la
musique, était tisserand.
François, l'ainé, qui fut un violoniste
de première force, était né en 1709; il
mourut en 1786 à Potsdam, phef d'une
école de violon , maître des concerts de
Frédéric-le-Grand, alors prince royal de
Prusse, et laissant deux filles, cantatrices
de mérite, mariéjes à deux maîtres de cha-
pelle distingués, Reichardt et Wolf. Dans
sa jeunesse il s'attacha à une troupe de
musiciens ambulans où se trouvait un
vieux Juif aveugle nommé Lœbel, qui
jouait du violon avec un aplomb, avec une
perfection merveilleuse, et dont il reçut les
leçons. Plus tard, à Prague, il se perfec-
tionna d'après les conseils de Konyczeck;
et enfin à Vienne il étudia encore', sous
Franciscello , son instrument favori. Ses
compositions sont nombreuses, mais fort
peu d'entre elles ont été publiées.
Georges Benda, plus jeune de 12 ans
que son frère et plus célèbre que lui,
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BEN ( SOI )
commeDça par être second Tiolon à la
chapelle de Berlin. Alors îl se fit con-
naître comme compositeur et s'occupa
surtout de musique sacrée. H fit un voya-
ge en Iulie, grâce à l'appui du duc de
Gotha Frédéric III, prince ami de la
mdsique. Mais la période brillante de sa
tie est celle oii il se mit à travailler pour
le théâtre. H s'était déjà essayé par deux
opéras Ciro riconosciuto et // buono
maritOé Lorsqu'il composa Ariadne et
PypnaUon^ il ignorait que J.-J. Rous-
seau eût traité ce dernier sujet. Tous ses
OQvrages et plusieurs autres qu'il publia
soccetaivement furent favorablement ac-
cueillis en Allemagne; son Àriadne^ tra-
duite en français, fut représentée avec
succès à Paris, en 1781, époque à la-
quelle il fit un voyage dans cette ville
pour 7 fftire jouer sa pièce. Georges
Benda mourut en 1 795, à l'âge de 78 ans,
dans U retraite qu'il s'était choisie après
avoir dit adieu à la musique. C'était un
homfcie bizarre et fantasque, dont l'ori-
ginalité fournirait matière à de nombreu-
ses anecdotes et qui mena une vie assez
vagabonde. C. X. m\
BENDAVID (LAZAms), philosophe et
mathématicien , naquit de parens juifs , à
Berlin, en 1762. Il fit lui-même son édu-
cation. Après avoir gagné sa vie à polir
le verre, il se rendit à l'université de
Gœttingue et étudia sous Lichtenberg
et Rsestner les mathématiques, avec
tant de zèle, que ce dernier professeur
donna le témoignage que Bendavid était
capable de remplir toute chaire de ma-
thématiques, excepté celle de Gœttin-
gue, tant que lui-même vivrait. Il fit à
Vienne des cours sur la philosophie cri-
tique que Kant venait de mettre en vo-
gue. Des persécutions le forcèrent de
revenir à Berlin où , par ses discours et
par ses écrits , il n'a cessé de se rendre
utile. Il se montra habile écrivain dans
la rédaction d'un journal qu'il publia
pendant le séjour des Français en Alle-
magne. Directeur de l'école libre des Is-
raélites, il s'acquitta de ses fonctions avec
le plus grand désintéressement et avec un
sèle an-dessus de tout éloge. Il a publié
tme foule d*écrits philosophiques et on
travail remarquable sur le calendrier juif.
Bendavid est mort en 1883. CL. m*
BEN
BENDER, Tigino ou Tekin, forte-
resse et ville commerçante, de la pro-
vince russe de Bessarabie , sur le Dnies-
ter, est bâtie en forme de croissant. Les
fortifications, moitié antiques et moitié
dans le nouveau système, sont entourées
de fossés et de remparts; un château fort
placé sur une des hauteurs qui entourent
Bender en dépend. Il y a dans cette ville
2 faubourgs, sept portes, l'3 mosquées,
une église arménienne; les rues y sont^
obscures, étroites, sales. On n'y compte
guère plus de 5,000 habitans, parmi les-
quels beaucoup de familles armériiennes,
tatares, moldaves, juives, etc. H s'y fait
un commerce considérable, et on y trouve
des papeteries, des tanneries, une salpé-
trière et des forges. Bender, alors ville
turque, fut prise, en 1770, à l'assaut par
les Russes, sous la conduite du général
Panine. La ville fut incendiée, la garnison
et les habitans, en tout près de 80,000
âmes, furent passés au fil de Tépée. Ce-
pendant la ville retourna aux Turcs, en
1774, par suite de la paix de Kaînardji.
Elle lui resta jusqu'au 1 5 novembre 1809,
époque où les Russes la reprirent sans
beaucoup de peine , mais pour la rendre
encore une fois aux Turcs à la suite de
la paix. Enfin , après l'avoir reprise , en
1811, les Russes l'incorporèrent défini-
tivement à leur empire , par la paix de
Boukharest. Bender est remarquable par
le séjour que fit presqu'à ses portes ,
dans le village de Varnitza, Charles XII,
roi de Suède, pendant les années de
1709 à 1712. CL.
BENDER (Jbah Blaisx baron db),
naquit an sein de la bourgeoisie à Gen-
genbach en 1715 et mourût en 1798;
gouverneur militaire de la Bohême, feld-
maréchal autrichien et baron de l'Em-
pire. Il a fait plusieurs campagnes con-
tre les Turcs, a rendu de bons service-i
dans la guerre de Sept- Ans, et sauvé
Luxembourg en 1789 lorsque les Pays-
Bas se furent révoltés. En 1 794 il rendit
par capitulation cette forteresse aux Fran-
çais. S.
BÉNÉDICTINS, ordre religieux
fondé par saint Benoit {vof.)^ au vi*
siècle. Les statuts de cet ordre étaient un
choix des meilleures règles pratiquées
par les monastères de l'Orient et con-^
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BSN
(301)
BËN
temiM surtout dans let inatitutiom de
Cassien. lia règle de saint Benoit a^ait
priocîpatcmept pour but de prévenir la
vie purement contemplative et oisive , et
par conséquent inutile au monde , dans
laquelle s'abrutissaient beaucoup de cé«
nobitçs orientaux^ Saint Benoit r^la
l'emploi du temps » voulant que les ira*
yaux manuels et la lecture alternassent
avec les pratiques de dévotion. Chaque
couvent devait posséder et produire ce
dont il avait besoin , et même ajouter à
son bien^tre par la vente de ses pro-
duits d*industrie. Il interdit aux moines
l'usage de la viande de quadrupèdes , ex-
cepté en cas de maladie; rbabillement
devait consister en une double robe et
uue espèce de scapulaire d'étoffe com-
mune ; du reste, ce vêtement devait
être modifié suivant le climat et tes cir-
constances* Uhospitalité fut recomman-
dée comme un précepte de Tordre. Saiqt
Benoit autorisa le$ çouvens à recevoir
des enfans après une seule année de no*-
viciat* Il donna aux abbéa un pouvoir
presque illimité, quant à la discipline; ce
n'était que pour les affaires graves que
las moines devaient être consultés. Au"
dessous de l'abbé , un doyen devait être
chargé de la surveillance de 10 moines.
Commeles statuts de saint Benoit n'impo^
saieot pas aux religieux des efforts extra-
ordinaires et pouvaient aisément se met -
tre en pratique, ils furent adoptés dans
un grand nombre de oouvens, sans qu'il
y eût d'abord aucune associatipn ou af-
filiation entre eux. Celui du Mont Cassin,
pour Uquel oef stututs avaient été faits
spécialement, fut considéré par les au^
très c^uvens comme leur métropole; mais
il n'eut d'abord aucune suprématie sur
eux. En France, ce ne fut qu'à la fin du
vii^ siècle» que la règle de saint Benoit
remplaça peu à peu dans les oommunau-^
tés retigieusea celles de Cassien et de
saint Colomban. L'jUlemagoe ne la reçut
qu'un demi-siècle plus tard, par les
soins des missioBBaires qui prêchèrent
l'évangile dans ce pays; c'est alors que
furent fondées les abbayes de Prum,
Lorschy RatisboDne, Fulde, Ëllwaug,
Salxbourg, eto. D'autres couveus fleuri*»
rent àLobbés, Suvelo et Malmedj. Le
aMaei Augustin avaii portée à k fin du
vi* siède, cette règle en Augleterrf i «(
bientôt après on vit naître le« eommU'*
nautés de Cantorbéry, York, West«-
mînster, et Saint*^Aibau. Benoit d' Aniaim
réforma, d'après la règle du Mom C$Hm$
plusieurs couvens d'Aquitaine, m un sjr-*
node auquel il présida en 917, à Aix-k-
Chapelle, en modifiant les staluts dit
Mont Cassin, les imposa eoiimie loi ftiiH
damenlale aux couvens de l'eitipire dft
Francs* Les couvens de Tours ^ Corbîf #
Saint- Bertln, Reims, Fleury , prospéré^
rent et furent le foyer des études* D'aoH
très couvens refusèrent la réforma béoé«>
dictine, et se dérobèrent aux statuts in^
posés par le sypode.
Quoique devenus les Institutetnrt
de la nation t les bénédictine ne furent
pas à l'abri de la barbarie des mtruri du
Umps et eurent eux-mêmes besoin d'unt
réforme. £lle fut opérée au corom#no#^
ment du x**. siècle, au monastère dé Cltt<»
ny, oà l'abbé Eudei introduisit ime
nouvelle règle, ou plutôt renouvela et
exagéra celle de saint Benoit t eu y «aso«
ciant plusieurs abbayes; deux sîèdea
après, cette congrégation compta 1Q,000
moines, tant en France qu'eu Espagne,
Italie, Anglfïterre, Allemagne et PoIop*
gne ; aussi Cluoy devint la métropole
d'un grand nombrej d'abbayes afïïliées^
ainsi que de prieun^, et son abbé obtint
les prérogatives d'un évêque. Mais lé
silence perpétuel que Eudes avait vouhi
imposer aux cénobites fui mal nbacrvé t
les moines se trouvèrent trop souvent en
contact avec le monde pour pouvoir ai*
sèment renoncer à la parole. Une dci
reformes utiles que cette congrégation
avait introduite fut l'abolition de là
coutume insensée de recevoir des en-
fans et de les laisser condamner éter«
nellement par leurs parons à la vie doU
trée. Cette coutume avait forcé, H eal
vrai, les bénédictins à organiaer d«s
écoles dans lesquelles furent (ormes lé
plupart des grands hommes de ces si^
des. A l'exemple du dcrgé de Franet^,
celui d'Allemagne easaya de rélonner
l'ordre bénédictin de ee pays : ce ne fut
pas sans une vive résistance et de ion*
gues^fuerellea^e cette réforme s'opéra^
au moins partiellement. Fulde devinr^
jusqu'à on eatfCâin pnuit poèr l'Alto^
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&EM
(SOI y
BEN
I ce que dan j fut pour la Fnmee.
A Hinan , Tabbé GuillauHUi preacrivit,
Ttrt l'an 1080, TéubtisaeiaeQt d'ua
Mriptorium on d'une ckambre do CQ-
pîatea, eà 12 moines devaient a'oeenper
ianseesse, tous la surTeiilaaeed'un chef,
à copier des manuserits, tant pour Ja bl-
bltothèque du couvent que pour la vente
an dehoirsw IJne école se forma dans cette
abbaye. Malbeureusemenl ces institu-
tions ne durèrent qu'un siècle, au bout
duquel la oongrégatioo d'Hirsau, qui
avait compté 6^ oouvens, fut dissoute.
Uue oongréc;atien moins utile aux letp-
tres naquît à Chise, en Piémont. £n
France, Robert de Cbampagne fonda
mi nonvel ordre, celui do Citeaux, en
preoapt pour base la règle de saint Be-
noit. Ce ibonveau monastère devint à son
lonr lochef-lien d'une congrégation nom<>
breuae, qui toutefob dtifTéra par ai^ cens-
titutioD de oeile de Cluny, où un seul
■bbé était le supérieur des prieurs de
tous les cowens aiBliés , tandis que cette
dépendance n'existait peint dans la con-
grégation de Citeaux. Ce nouvel. ordre
eaclut également les enfant et punit
de Fexil dans un autre couvcntles moines
qui s'aviseraient de composer des vers :
oîasi n'est-il pas sorti de [poètes de cet
ordre. Cependant les Italiens cbercbèrent
à conserver la suprématie sur tous les
bénédictins du monde. A U fin du xi^
siède, le pape donna à l'abbé du Mont
Gaasin la dîrâotlon de tous les couvf ns
quelconques; ee prélat re^ le titre d'abbé
«les abbés; mab on n'y eut pas beaucoup
égard dans le reste de la cbrétienté. Du
n* au xn^ siècle on composa dans les
eouvens bénédictins un grand nombre
de légendes, d'annales et de chroniques,
qui sont devenues une des principales
sources pour l'hisU^e tant civile qu'ec-
déaiastique de cette époque. On ne peut
refuser des éloges aux annales écrites
dans les abbayes de Saint-Bertin , Pram,
Metz, Fulde, quelque sèches etdéfoo-
tueuses qu'elles soient Si elles nous man-
qm^ent , l'histoire du moyen-âge ne nous
siralt guère connue.
Piosîenrs de ces abbayes formèrent
des bibliothèques dans lesquelles as eon-
Mrvèrent quelques-uns des auteurs des-
iiquei du l'Mtiqnité, qui sans ee soin se^
Taîeni^ ^«obablement perdus pour o<his.
Ou sait que ce fut à Corvey , sur le We^
ser ,, que fut découverte une partie des
Annales de Tacite. Cependant la grande
masse des moines, richement dotée par
la libéralité des princes et seigneurs, pos-
sédant des viUages, des églises^ des reli-
ques vénérées I oublia trop souvent ses
trois voBUx de pauvreté, de oîiasteté et d'o-*
béisaance. On vit des bénédictins entrete-
nir des concubines, s'entourer de tous lea
déâioes de la table et vivre ,dans Tabou-
danoe, tandis que leurs serfs croupia»
saient dans la misère; on les fit habillés
comme des seigneurs , armés et éperQn<*
nés; des scènes scandaleuses eurent lieu
dans l'enceinle des cloîtres où l'on se sou-
venait à peine des prescriptions de saint
BenoiL Le concile de Vienne, tenu en
131 1, défendit ces excès, ordonna lamo*
destie aux moines , leur enjoignit de ne
pas recevoir de jeunes gims ai>-desaous
de %ù ans et d'enseigner dans tous leurs
oeuvens la grammaire et la philosophie.
Ces ordres firent peu d'effet et les excès
continuèrent. Aussi le pape Benoit XII
crut-il devoir appeler auprès de lui
l'abbé de Cluny et d'autres abbés, pour
rédiger avec eux uue nouvelle oonstitu-
tion de leur ordre; cette constitution bé<-
nédictine parut en 1886. Tous les cou«-
vens de Toidre y sont classés en 86 pro-
vinces, dont 7 en Italie, ^len Sicile,
1 en Sardaigne et Corse, 6 en France, 4
en Espagne, 1 en Irlande, 1 en Ecosse,
1 en Angleterre, 1 en Korwége, 1 en
Suède, 1 en Poldgne, 1 en Hongrie, 1
en Dade, 1 en Bohême, t en Illyrie et
Dalmatie, 1 etf Grèce, 1 en Chypre, et
5 en Allemagne. Dans ebaque province
les abbés et députés devaient tenir tous
les 3 ans un chapitre général, pour les
affolres de la province; 'de plus i'ab^
bé et les prieurs de ebaque abbaye de-
vaient tenir un chapitre annuel pour
les affaires temporelles et spirituelles de
leur ressorL Les jeunes moines^ dans la
proportion de 1 sur 10 religieux, de*-
vaient fréquenter les univeraités de Tor-
dre sous rînspecHoii des prieurs, pour se
livrer à l'étude de la théologie et du
droit canon. Les abbayes devaient rester
indépendantes l'une de l'autre, et, à l'ex**
option de quelquei-H»es^reivltoesdtt|iii«
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BËN
{m)
B£N
y ilé^e de rexemptlon(iM>/.),elle8 devaient
demeurtr sous Ja juridiction épiscopale.
Le monde religieux ne se codfornia
qu'imparfaitement à cette constitution,
excepté pour ce qui concernait les études,
qui prirent dès lors une meilleure di-
rection. Il fallut que lé concile de Con-
stanèe renouvelât, en 1 4 1 6, la bénédictine
du pape Benoit ; ce qui n*empécha pas,
en 1423, les bénédictins d'Angleterre
d'un c6té, et ceux de 69 couvens des pro-
vinces de Trêves et de Cologne de l'autre,
de tenir des chapitres provinciaux pour
travailler à la réforme des moeurs disso-
lues des moines. A cette époque Tordre
•0 général comptait encore 16,100 cou-
vens et prieurés. La vieille métropole du
Mont Cassin avait perdu son éclat et son
autorité. Au commencement du xvi^ siè-
cle le pape chercha à la relever, en y
associant la congrégation de Sainte-Jus-
tine qui subsistait depuis un siècle à^
Padoue, celle de Saint-Nicolas d'Avesne
en Sicile, et celle de Lérins en Provence;
elle se composait alors de près de 200
couvèns tant grands que petits. Ses sta-
tuts furent renouvelés au xtii^ siècle;
et comme ses richesses ne l'empêchèrent
pas de se livrer à l'étude, elle a traversé
les siècles et s'est maintenue jusqu'à nos
jours; mais elle n'est plus qu*une ombre
de ce qu'elle était au moyen-âge, et à
peine connait-on son existence hors de
l'Italie. Dans les deux derniers siècles
presque chaque pays avait ses congréga-
tions particulières, sans rapport avec
celles d'autres contrées. C'est ainsi que
l'Allemagne possédait celle de Bursfeld
dans le pays d'Hanovre, de Mœlk ea Au-
triche, et de Salzbourg. L'Espagne recen*
naissait pour métropole l'abbaye de Yalla-
dolid; le Portugal, l'Angleterre,, la Flan-
dre,laSuis8e,la Pologne, eurèhtégalement
leurs congrégations. Dans plusieurs de ces
associations les nobles étaient parvenus à
accaparer les revenus des abbés ou les
places des moines, surtout quand les
couvens étaient rjches.
Les congrégations de France furent
celles qui se signalèrent le plus dans le
monde savant. Déjà au commencement
du XT11* siècle s'était organisée la con-
grégation, dite de Saint-Vannes, du nom
^n couvent ainsi appelé à Verdun; cette
congrégation qui avait renforcé la rè^
du Mont Cassin, attira dans son sein
tous les bénédictins de l'Alsace et de la
Lorraine et plusieurs couvens de l'in-
térieur de la France. Dom Calmet en fut
un des membres les plus érudits. C'est
de cette congrégation qu'est issue celle
de Saint-Maur , à laquelle le pape Ur-
bain VIII accorda, en 162 7, son approba-
tion et des privilèges , et à laquelle le
cardinal de Richelieu for^ tous les cou-
vens bénédictins en France d'accéder.
Ciuny n'obéit qu'à regret, et, malgré les
ordres du cardinal Mazarin^cetteréunion
forcée ne put jamais être effectuée com-
plètemeut. La congrégation de Saint-
Maur est la branche la plus respectable
de tout l'ordre bénédictin, qui trop sou-
vent a cherché plus à briller par l'opu-
lence que par lea, vertus monastiques.
Voici quelle organisation elle se donna.
Elle se divisa en 6 provinces, dont les
députés devaient se réunir à des époques
indéterminées pour élire un général, qui
résidait au chef-lieu, à l'abbaye de Saint
Germain-des-Prés, à Paris. Ce général
avait 2 assistans; de ^lus un collège de dé-
finiteura et 6 visiteurs étaient à la tète de
l'ordre. Chaque couvent avait un prieur;
il y avait long-temps que la cour donnait
le titre et les revenus des abbés à des ca-
dets de familles nobles ou à des favoris
des princes et des femmes en crédit.
Deux ans de noviciat servaient aux jeunes
aspirans à s'instruire dans les connais-
sances théologiques. Plusieura des cou-
vens bénédictins avaient de hautes éco-
les et des établissemens d'instruction
pour la jeunesse noble. Chaque couvept
était obligé d'avoir une bibliothèque avec
un préposé instruit. Ce fut particulière-
ment par les soins.du cardinal de Riche-
lieu que les travaux d'érudition furent
introduits, comme occupation habituelle,
dans cette congrégation. Afin de laisser
plus de loisir pour ces travaux aux re-
ligieux, des frères lais furent chargés des
affaires matérielles; des dispenses d'as-
sister régulièrement aux offices furent
accordées à ceux qui se livraient aux re-
cherches d^érudition; il fut permis aux re-
ligieux de se charger des cures qui dépen-
daient des couvens, et ib (Urent presque
entièrement exempté^ de la juridiction
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épiscopale. Us te distribuaient le travail^
en sorte que les uns se chargeaient des
recherches, les autres coordonnaient les
matériaux, d'autres rédigeaient ou re-
voyaient la rédaction de leurs confrères.
Cest grâce à leur émulation pour les pro-
grès de la science, à leur vie paisible, ré-
gulière et affranchie de tous soucis, en-
fin aux habiles in vestigations qu'ibavaieni
faites dans les iirchives et les bibliothè-
ques, qu'ils purent entreprendre ces
grands travaux qui ont illustré leur or-
dre, tels que la Gallia chrisliana, ou
Histoire des évéchés^ monastères et églises
de France, les AnfUdes ordlnis Sancti-
Benèdicd^ les Acta sanctorum de leur
ordre, Y Art de -vérifier les dates, et VHis-
ttnre littéraire de la France, Ces deux
derniers ouvrages n'ont pu être achevés
par 4es bénédictius de Saint-Manr. C'est
aussi à cette congrégation que sont dus
des recueils précieux depièces historiques,
savoir le Spicitegium, le Thésaurus no~
vus anecdotorum et veterum scriptorum
ampUssima collectio , les Historiens de
France, les Monutnens de France, la
Diplomatique, V Histoire de Paris, le
Glossaire de la latinité du mojren-âge,
les Acta sanctorum de Surius. Ce sont
encore .les bénédictins de Saint-Maur qui
ont donné les belles éditions des Pères de
l'église dans une cinquantaine de volu-
mes in -fol. C'est avec reconoaissaoce
pour les Mabillon , les Montfaucon , les
Sainte-Marthe, et tant d'autrçs religieux,
que le monde savant jouit aujourd'hui des
collections qu'ils ont élaborées avec une
application si persévérante et avec une
si admirable conscience. Si Ton désire
généralement un esprit plus philosophi-
que dans leurs travaux, d'un autre côté
on est obligé de respecter leur bonne
/ foi , leur candeur, et leur modestie qui a
même dérobé à la reconnaissance de la
postérité les noms de plusieurs érudits
de cet ordre. Quoique l'ordre comptât
180 couvens, la plupart des travaux lit-
téraires ont été faits à ,Satnt-4^ermain-
des-Prés qui possédait une bibliothèque
précieuse et surtout riche en manuscrits.
Les querelles théologiques sur la grâce qui
igitèrent le clergé catholique au xviii^
siècle troublèrent malheureusement la
tranquillité de ces cénobites laborieux.
Fncyclop, d. G. d. M, Tome III.
S*étant avisés de rejeter la constitution
C/>»i^«Ri/u^^ protégée par les jéauites, ils
furent en butte aux persécutions de cet
ordre jaloux et intrigant; bannis, em-
prisonnés, tourmentés, ces hommes pai-
sibles finirent par se soumettre à ce que
voulurent leurs ennemis. \m congréga-
tion ne se releva point de ce coup porté
à son institution, et elle était dians un
état languissant lorsqu'à la fin du der-
nier siècle elle fut supprimée, comme
toutes les autres institutions monasti-
ques en France.
Malgré le goût des Allemands pour
les études, leurs bénédictins ne purent
rivaliser avec la congrégation de Sainl-
Maur; ceux de Bohème entreprirent une
Germania jtacra sur le modèle de la
Gallia sacra, mais ce travail ne fut pas
achevé; un autre ouvrée projeté, les
Scriptores rerunt bohemicarwn , ne fut
même pas commencé. Cependant il y eut
dans des couvens d'Allemagne quelques
érudits, tels que les frères Pez, en Au-
triche, qui filment honneur à l'ordre; il en
fut de même en Espagne et en Italie. Un
Espagnol, Yèpes, devint l'historien de son
ordre; parmi les Portugais se distingua le
moine Feyjoo. Du reste les bénédictins de
la Péninsule se sont peu signalés par dçs
travaux littéraires. Dans le nord et en
Angleterre les moines avaient dispaiu
lors de la réforme de Luther.
Actuellemenl il ne reste plus que quel-
ques abbayes de bénédictins en Europe;
les principales sont celles du Mont Cassin
qui a été rétablie depuis af rentrée des
Bourbons à Naples , celle de Montserrat
en Espagne, celles de Kremsmunster,
Mœlk, Gcetweih et Saint-Florian en Au-
triche, celle de Martinsberg en Hongrie;
la plupart de ces abbayes possèdent de
belles bibliothèques. Les bénédictins à^
Hongrie sont chargés de l'instruction pu-
blique dans les académies de Presbourg
et de Raab, et dans plusieurs gymnases.
Le nombre de tous les bénédictins exis-
tans n'atteint probablement plus un
mille; on est loin du temps où des milliers
decouvensnesuffisaient pas pour contenir
tous les moines. Voy. Annales ordinis
Sancti - Benedicti (qui ne coudu(seot
l'histoire ou plutôt les annales de Tor-
dre qu'à l'année 1157); la Bibliothçcd
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(SÔ<)
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beneà,-^mntiriana, Augi^bôurg, 171((;
R. TassiH, ffistoire Htiéralne de la con*
gré cation de Saint^Maur^ Bruxelles et
Paris, 1770, îb-4*'; et Tart. Bénédictins
àkM TEncyclopédie itll«mande d'Ërsch
et Grnber. D-c.
HÉNÉDICTIOn. On entent! en gé-
néral par ce terme tout les bienfaits de
la divinité, mais spécialement ceux qui
se rapportent à notre situation tempo-
relle; c'est ainsi qu'on range aiî nombre
des bénédictions de Dien, fa santé, le suc-
cès de nos entreprises , les influences du
ciel qui fécondent la terre, les riches
productions dont les campagnes se cou-
vrent chaque année. "^
On désigne aussi sous te nom de bé-
nédictions les voBux que les hommes fon<
)<es uns pour Tes autres en invoquant
Bleu. Telle est la bénédiction paternelle,
la bénédiction prononcée par fes vieil-
lards sur les peVsonnes d'un âge inférieur.
On voit dans la Bible les lévites et les sa-
crificateurs juifs prononcer du haut du
mont Carizim des bénédictions sur te
peuple, au cas où il demeurera fidèle
au:K loh de Moïse, et des malédictions
du haut du mont Hébal , au cas où il per-
drait de vue les devoirs de sa religion.
On Voîl également le roi Salomon, à l'é-
poque de la dédicace dti temple de Jé-
rusalem, prononcer la bénédiction sur
son peuple. En général, ce terme indique
de la part du supérieur envers l'inférieur
nn acte de bienveillance accompagné
d'expressioi^ religieuses.
La bénédiction prononcée iMns l'âge
patriarcal par le père à son Ht de niort
avâit'un caractère de plus; eTIe tenait en
quelque sorte lieu d'un acte testamen-
tatre, elle désignait celui des fils qui,
après le décès du père, devait être re-
connu comme chef de la famille Ou de la
peuplade.
Lé devoir de prpnoncet* la bénédiction
est spécialement du ressort dés ministres
du culte. C'est ainsi que Moîse [Nombres,
Vï) charge expressément les Sacrifica-
teurs de là race d'Aaron de donner au
euple la bénédiction et qu'il en prescrit
termes. De nos jours encore cette bé-
nédiction n'est prononcée dahs les syna-
gogues que par des individus régardés
comme descendans d'Aaron, et s'il ne
«"en trouvé pBû parmi les juifs ptésMs^
la bénédiction n'est pas prononcée.
Dans les églises chrétiennes Pusflge de
prononcer des bénédictions s'est conser-*
vé; mais II existe à cet égard quelques
dîfTérences qui peuvent être remarquées.
Dans les églises protestantes l'office reli-»
gieux se termine par la bénédiction dont
Moïse avait prescrit les paroles; elle est
en certains pays accompagnée du signe
de la croix. Les itiinistres protestans pro-
noncent en d'autres cas des bénédictions
en imposant les mains, par exemple en
cas dé mariage, de consécration des pas-
teurs, de confirmation des catéchumè-
nes, de baptême des enfans; ces béné*
dictions ne s'adressent jamais qu'à des
personnes : dans les églises catholique et
grecque la bénédiction se prononce sur
des personnes et sur des choses. Elle est
plus ou moins solennelle, selon qu^elle
est accompagnée de tels ou tels gestes,
de l'onction du saint chrême, ou que le
prêtre en la prononçant prend en main
tels ou tels objets consacrés, ^est ainsi
qu'on distingue des autres bénédictions
celle qu'on nomme bénédiction du Saint-
Sacrement Parmi les bénédictions pro-
noncées sur des choses on peut remar-
quer celle de l'eau bénite, du pain bénit,
du cierge pascal , des vases sacrés , des
ornemens d'église , des costumes reli-
gieux, des autels, des chapelles, des égli-^
ses, des vaisseaux, des drapeaux, de l'an-
neau nuptial, de la terre des cimetières;
et, dans l'église grecque en particulier,
la bénédiction solennelle du pain pascal
à Pâques et celle des eaux qui se fait le
jour des Rois et te premier dlnoùt.
Les bénédictions accompagnées d'onc-
tions sont désignées sous le nom de con-
sécration. Elles sont réservées aux évê-
quesy qui seuls aussi ont le droit de bénir
hors des églises et en particulier.
On voit en certains cas les papes faire
présent d'objets bénis par eux et auxquels
la dévotion atUcde un haut prix; telle fut
en 1266 la rose d'or bénite envoyée par
le pape Urbain V à la reine de Sicile. Les
chapelets bénits sont plus abondamment
distribués.
Il résulte des t>énédîctions prononcées
sur certains objets diverses conséquences :
par exemple, qu'à moins de dispenses spé^
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(80Î)
BEN
didcs il nVet permis qu'à des hommes
ayant reçu les ordres de tuocker aux va-
ses sacr^; que les corps d'enfans morts
sans baptême ou de défunts non catho-
liques ne doivent pas être inhumés dans
la portion bénite du cimetière, ete*
Biir^DicTioK iTUPTiALB,' cérémooie
religieuse observée en cas de mariage
dans toutes les communions chrétiennes.
Elle est désignée dans la communion ro-
maine sbus le nom de sacrement, dans
la communion grecque sous le nom de
couronnement , dans les communions
protestantes sous le siiripte nom de bé^
nétUction, Cette cérémonie n'avait pas
lieu avant rétablissement du christianis-
me; on ne voit pas, dit Fleury, que
chez les Juifs le mariage ait été autre-
fois accompagné d'aucun acte religieux,
sinon peut-être la bénédiction du père
de famille. Dans la plupart des pays
chrétiens l'aete célébré par le ministère
ecclésiastique, en cfts de mariage, est à
la foi^ acte religieux et acte de l'état ci*
vil. Dans les pa^s où, comme en Fran-
ce, les actes de l'état civil sont dévolus
au magistrat , la bénédiction nuptiale ne
peut avoir lieu qu'après la célébraticm
du mariage de^'ant l'ofBcier de l'état ci-
til. Elle n'ajoute an mariage aucun nou-
veau degré ni de force, ni de stabilité :
sans elle déjà le mariage est indissoluble;
elle n'est phis qu'un acte pieux dont au-
cun chrétien ne croit pouvoir se dispen-
ser et par lequel les époux ae promettent
de faire descendre sur leur union l'onc-
tion de la grâce céleste. C'est sous^re der-
nier point de vue que la bénédiction nup-
tiale fut envisagée dès les premiers siè-
cles de l'église, où déjà les fidèles étaient
eshortés à ne se marier qu'après avoir
pris conseil de leurs évéques et en rece-
vant la bénédiction de l'église. Nubat in
eceiesia,à\t%9\ïïl Ignace, disciple des apô-
tres, benedictione eeclesiœ, ex Domini
prœcepto. Ep. ad Polycarp. Le pape
Sirice an rv* siècle parle même d'une
bénédirtion qui précédait le mariage.
La bénédiction nuptiale ne se confon-
dNît pas alors avec le contrat du mariage.
On voit dans le code romain (lib. V,
eap. IV ) qu'il se contractait par simple
serment entre l'époux et l'épouse; Jus-
tinien prescrivit ensuite que ce serment
fût prononcé en présence de témoins
(Nweti. XXIV, cbap. 4); puis parmi ces
témoins fut spécialement déèigné le pas^
teur (Nopeli. Lxxiv, ohap. 1 4} ; mais les
lois de Justinien gardent un silence ab**
solu sur la bénédiction nvptiale.
Sons Charlemagne il fut ordonné, par
un capitulai re de 809, que le mariage
n'aurait lien qu'après enquêtes fisiites par
le ministre des autels, assisté des anciens
du peuple, afin de s'assurer qu'aucun em*
péchement, et en partioulier aucun degré
de parenté, ne s'oppoteit à l'alliance
projetée. Ce ne fut que sous les premiers
Cariovihgiens, enOocident^ et éous l'em-
pereur Léon-le-Philosophe, au x" siècle,
en Orient, que la bénédiction nuptiale fut
déclarée nécessaire à la validité du ma-
riage. Encore cette loi ne concernait-elle
que les personnes de condition libre: elle
n'obligeait ni les esclaves, ni les affran-
chis, ni les soldats; elle ne fut rendue
obligatoire pour toutes les classes que
par l'empereur Alexis Comnène au xiii*
siècle.
L'église t>rofita de ces lois pour éten*
dre son influence; les fausses décrétâtes
et les théologiens scolastiques concouru-
rent à faire prévaloir l'Idée que le ma-
riage avait été, par l'Évangile, élevé à la
dignité de sacrement; que le sacrement
absorbait le contrat; que te mariage était
affaire de religion et que «'était à l'église
à en régler les conditions. Dès lors les
princes oubliant que l'église, à cet égard,
n'avait de droits que ceux que leurs lois
lui avaient conférés, tremblèrent à l'idée
de se souiller d'un sacrilège en portant
la main à l'encensoir : ils abandonnèrent
aux tribunaux ecclésiastiques les causes
matrimoniales; et l'on vit dès le Xiii* siè"
cle le prêtre se servir, en donnant la béné-
diction nuptiale, de la formule: ^^o co/i«-
jungo vos , et même nn condie de Co-
logne, en 1649, défendre sous peine
d'excommunication à tous juges séculiers
de s'arroger la connaissance des affaires
relatives au mariage.
Cette idée exagéi-ée des pouvoirs de
l'église n'est pas néanmoins généralement
adoptée. De savans théologiens de la
communion romaine persistent à soute-
nir que l'église a de tout temps fait dis-
tinction entre le contrat et le sacrement,
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(308)
BEN
et qu'elle a regardé comme indissolubles
et légitimes des mariages contractés sans
TioterventioD du rit religieux.
L'abbé Renaudot [Perpétuité de la
foi, vol. y) cite à ce sujet d'anciens usa-»
ges de l'église grecque qui ne permet^
tent pas de couronner les secondes no-
cesy auxquelles on n'accorde, après péni-
tence et au lieu de bénédiction, qu'une
siinple prière par laquelle on demande
pardon à Dieu pour ces époux qui, après
un premier mariage, se trouvent incapa-
bles de garder la continence. Il ajoute
que cette église n'accorde aucun rit reli-
gieux aux troisièmes et quatrièmes noces,
et que cependant elle ne fait que soumet-
tre les époux dans ce cas à une pénitence
canonique , sans les excommunier, sans
exiger de séparation a thoro, sans dé-
clarer le mariage Jion valable*. Durand
fait mention d'une discipline semblable
en Occident.
M. Tabaraud [Principes àur la dis-
tinction du contrat et du sacrement de
mariage f 1825) fait remarquer qu<t l'é-
glise n'a jamais songé à réhabiliter les
mariages des infidèles et des hérétiques
qui, déJ9 mariés, se convertissent à elle;
que, dans les anciens temps, elle n'accor-
dait de bénédiction nuptiale ni aux chré-
tiens soumis aux rigueurs de la péniten-
ce, ni aux catéchumènes qui ne se fai-
saient quelquefois recevoir que vers la
fin de leurs jours et qui n'en vivaient
pas moins les uns et les autres en état de
mariage. Il cite les conciles de Saragosse,
en 1656, et de Tolède, en 1660, qui,
sans interdire aux époux les droits du
mariage, défendent de prononcer la bé-
nédiction nuptiale en temps d'avent et
de carême, et qui se bornent à condam-
ner à une amende pécuniaire ceux qui
vivent «n état de mariage et qui diffè-
rent plus de 6 mois à réclamer la béné-
diction nuptiale. A l'appui de toutes ces
renuurques, d'où il r^uUe évidemment
que l'église considère en certains cas
comme réellement ^t légitimement ma-
riés des époux qui n'ont pas reçu la bé-
nédiction, M. Tabai*aud allègue le con-
(*) Ttéanrooios Téglise , en Rnsiiie , Mt »enle
chargée d«s affaires matrirnooiales. Aassi ne c<m-
natl-on le nombre des mariage» , etc- • qu9 psr
les puhliriitioui» <iu St-S)uoiic^ ^.
cile de Trente qui permet de se aerVir «
en bénissant le mariage, de formules au-
tres que oélibEgo coryungo^vQs, et le ri-
tuel romain qui défend de prononcercette
formule à l'église, lorsque déjà le mariage
a été contracté aa domicile, en présence
du curé et de témoins. Il fait mention
^ spéciale des rituels de Strasbourg, In-
golsudt, Cologne et Tolède quiporteot,
au lieu de la formule Ego conjungo vos, -
la formule : Matrimonium per vos con-
tractum, ego tanquam Dei ndnister
confirmo, sanctifico, benedico. On peut
remarquer de plus, comme preuve que
l'église regarde le mariage comme réel et
valable, même sans bénédiction religieuse,
que dans les dispenses qu'elle accorde
pour 1^ cas de mariage entre catholi-
que et non-catholique„ elle autorisa sim-
plei|ient le prêtre à recevoir les promes-
ses des époux et prescrit formellement
que l'acte aura lieu hors de l'église et
sans prières, extra ecclesiam et sinepre^
cibus, B-D.
BÉNÉFICE (du latin beneficium ,
bienfait, grâce, avantage, profit), signi-
fie, dans les églises chrétiennes, place,
charge, titre, dignité ecclésiastique, et
plus particulièrement les revenus, les
droits, les fonds de terre attachés à telle
charge, à telle dignité. C*est une imita-
tion des usages des rois goths et lombards,
en Italie, qui distribuaient à ceux qui les
avaient bien servis à la guerre, des terres
appelées bénéfices et qui conféraient à
leurs possesseurs le titre de bénéficiera,
benejîciarii.
Dans les beaux temps de l'église on
ne connaissait du bénéfice , ni le nom, ni
la chose. Tout le bien de l'église était
commun, et l'évêque en disposait comme
un père de famille, pour entretenir les
ecclésiastiques, les églises et les pauvres.
Le relâchement des derniers temps in-
troduisit le partage des biens en bénéfi-
ces, de sorte que le bénéfice, suivant les
canonistes, e^ le droit de jouir d'une
partie du. bien de l'église, spécialement
assignée et déterminée, à l'exclusion d'un
autre possesseur ou usufruitier, moyen-
nant renonciation aux parties des biens
ecclésiastiques qui n'entrent point dané.
le lot déterminé. On a voulu que ce ne
fut pas seuîeŒient on droit de jouir du
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BÉN
(3<Ï6)
BEN
revenu de Pëglise, mais un droit ûxe^
permanent, et transmissible à un autre
après là mort on la déposhion légale de
celai qni l'a possédé. Voir le Diction-
noire du droit canon , par Durand de
Blaillane.
Les bénéfices existent encore dans la
plupart des étafo chrétiens, mais il n*y en
a pins en France depuis la révolution.
Là ecclésiastiques, quels qu'ils soient,
n'ont que des traitemens. J. L.
Bénî^FiCKs militaires et féodaux, ?>c^.
FiET et Liu^ES.
BÉNÉFICE (droit). C'est en général
une exception favorable admise par la
loi dans certains cas déterminés.
Bénéfice d'âge. On nommait, dans
l'ancienne législation française, lettres de
bénéfice d'âge , des lettres de la grande
chancellerie ou des chancelleries établies
près des parlemens, en vertu desquelles
un mineur j resté sans père ni mère, ob-
tenait le droit de disposer de ses biens
meubles et d'administrer ses^ immeubles,
mais sans pouvoir aliénerouengilger cette
dernière espèce de biens. Ces lettres
pouvaient être accordées aux garçons à
l'âge de 30 ans, et aux filles à celui de
16 ans. L'usage de ces lettres a été aboli
par la loi du 7 septembre 1790. On ap-
pelait encore autnefois lettres de bénéfice
d'âge celles qui permettaient à un mi-
neur de traiter d'un office et de se faire
recevoir avant d'avoir atteint sa majorité.
C'est par tfne sorte de bénéfice d'âge
'que les personnes parvenues à l'âge fixé
par diverses lois jouissent du privilège de
n'être point soumises à certaines de leurs
disposîtiotis. Ainsi tout individu âgé de
M ans peut refuser d'être tuteur, et,
dans le cas oà il aurait été nommé avant
eet âge, se faire décharger de sa tutelle
à 70 ans. Les septuagénaires inscrits sur
les listes élémentaires du jur^r sont dis-
pensés, s^ls le requièrent, der fonctions
de juré. Les gardes nationaux âgés de
S6 ans peuvent se dispenser du service ;
à 60 ans ils sont rayés du registre matri-
cule deleur commune.Enfin, la contrainte
par corps ne peut être prononcée , ex-
cepté dans le cas de stellionat, contre ce-
lui qid est entré datis sa 70* année.
Bénéfice de cession. Ces! la facuké
aoaordée par la loi an débiteur de bonne
foi, que des malheurs ont rendu insolva-
ble, de faire en justice l'abandon de tous
ses biens à ses créanciers pour conserver
la liberté de sa personne. Foy, Cessioh
DE BTEirS.
Bénéfice de discussion^ du latin dis-
eutere, rechercher. Le bénéfice de dis-
cussion , que nous avons emprunté à la
législation romaine, est la fîlculté accor-
dée à la caution d'obliger le o^ncter,
au 'moment où il dirige des poursuites
contre elle, à saisir et faire vendre les
biens du débiteur principal. Après cette
vente et en cas d'insuffisance du prix , la
caution peut être contrainte à acquitter le
surplus de la dette. La caution qui veut
user du bénéfice de discussion doit in-
diquer au créancier des biens du d^ïi-
teur principal situés dans le ressort de la
Cour royale du lieu convenu pour le
paiement, et avancer les sommes néces-
saires pour subvenir aux frais de la dis-
cussion. Elle ne peut indiquer des biens
litigieux, ou qui, hypothéqués à la dette,
ne seraient cependant plus en la posses-
sion du débiteur.
Bénéfice de division, Cest la faculté
que la loi accorde aux diverses cautions
d'un même débiteur, pour une même
dette, d'exiger que le créancier divise sa
demande et la réduise à la portion de
chacune d'elles dans la dette. Si au mo-
ment où l'une des' cautions a fait pronon-
cer la division, il y en avait d'insolvables,
cette caution serait tenue proportionnelle-
ment de ces insolvabilités; mais elle ne
le serait point de celles qui seraient sur-
venues depuis la division. Le bénéfice de
division. existait dans le droit romain; il
y avait été introduit par. l'empereur
Adrien.
La caution ne peut user ni du bénéfice
de division ni du bénéfice de discus^
m/7,lorsqu'elle est obligée solidairement
avec le débiteur principal.
Bénéfice d'inoentaire, La loi , en ap-
pelant l'héritierà recueillir tous les biens
et droits qu'une personne laisse en mou-
rant, l'oblige à acquitter toutes les charges
de la succession. Cependant, si l'héritier
craint que la succession ne lui soit oné-
reuse, il peut déclarer, au greffe du tri-
bunal de ppemière instance, sa volonté
I de ne l'accepter que sous. bénéfice d'in-
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BÉN
(«0)
BBif
y«iitaîre. Cette déclaration n'a d'effet
quViutant qu!elle est précédée ou suÎTie
d'un inventaire de$ biens de la sacces-
eion, dressé dans ies formes et les ddais
fixés par la loi. Le bénéfice d'inventaire
consiste diips Tavantagay pour l'héritier,
dtf n*6tre tenu de3 charges de to succes-
sion que jusqu'à concurrence de la va-
leur des biens dont elle se compose;
d'empécber la confusion de ses biens per-
sonnels avec ceuK de la succession, et de
«ônserver te droit de réclamer contre elle
le paiement de ses créances, 1^. R.
BÉNIÉFICE (&EP|iisEJfTATios a).
Cette récompense à la fois honorifique ei
fructueuseaccordéeau talent, oudu moins
sux longs services d'un acteur, n'était
point enoorei il y # quelques années,
prodiguée outre mesure, comme aujoifr-
d'htti. alors elle était presque toujours le
prix de droits réels, et par 'Conséquent
beaucoup plus rare et plus productive; il
n'en est plus ainsi de nos jours» Tout ar-
tiste dramatique, en renom exige qu'à sep
•ppoiftetnens, renforcés de l'accessoire
desyiȣ/x journaliers {voy, Fx<rx),il soit
•jouté deux supplémens qui souvent ex-
cèdent le principal, un oon§é et une re-
présentation à bénéfice chaque année.
Les ressouiroes que l'on emploie pour
•Alirer ks curieux à cette dernière for^
OMraMnt un des chapitres les plus pi-
4]nans d'une histoire du charlatanisme.
C'est à qui bur promettra le plus de dis-
-traetioMi accumulées dans l'espace de ^
nu 7 heures, à qui réunira sur l'affiche
\m objets 'les plus disparates. On a soin,
ctt même temps, de réiveiller chaque m»-
tin l'attieiitio». publique par de pe^ts ar-
bdes .adressés aux .^^^irnaux. L'éloge
obligé du bénéficiaire a fourni la matière
<d« prehilbr;.deiis le second» on a vanté
k covpûsition du spectacle extniordW
naii« qtte tout Parit v#i«dra «Knr; #fi
gardera en réserwte pour kseui vans quel-
ques ad4itiens.auK noesbreux plaisirs de
Ja seiréc; enfin le dernier vous appre»^
dm qiaep#ifiS7sie tontes kâ loges et stal-
ks sont kuéés, restrictioa prudente pour
ne pas déçearager las amateurs moins
empressés. En .général, œltte tactique
proidkit «nceve «ases d'efiCrt surtout
quand l'ariiste némunéeé n'a pas fixé le
prix des places d'apeès j'opinign ^'il a
de son mérite. De nombreux spf ctateure
accourent à celte solennité dramatique,
tant prônée d'avance; mais souvent de
grands désappointemens les y attendent
Telle cantatrice, fastueusement annon-
cée, a été prise d'un rhume inopportun;
tel acteur, par zèle pour les intérêts d'un
camarade (car il est ju^de reconnaî-
tre l'obligeance mutuelle des artistes en
pareil cas), viendra, quoique également
enrhumé , débiter à voix bdsse un long
rôle dont personne n'entendra rien.
Ajoutez que, comme on a convoqué le
ban et l'arrièro-ban des autres specta-
cles de la capitale, l'obligation d'atten-
dre pour .chaque pièce des acteurs qui
jouent le même soir sur d'autre théâtres
nécessite des entre-actes étemels. Aussi
est-il de règle que la représentation,
commencée la veille, fini^ le lendemain,
aux fréquens bâiÙemens de ceux des
spectateurs qui ont pris Leurs plaisirs en
patience et qui jurent en surent de ne
plus s'y laisser prendre : serment que U
plus grande partie ne tiendra pas,, pa^
bonheur pour )es futurs bénéficiaires.
I^es acteurs de leconçlCf parfois même
de troisième ligne, ont aussi maintenant
leurs représentations à bénjéfice; mais ce
n'est que nominalement et sur l'affiche
qu'elles leur appartiennent en entier ;
les g€«is au fait des secrets de coulisses
savent que le directeur ou l'administra*-
tion pei^oit, en pareilk occasion « taur
tôt k quart, tadttk la moitic, quejque-
fois Wme ks iiois quar^ du bénéfice»
suivant le plus ou moins d'importance
théâtrale du sujet rémunéré. Un v^wlo^
ville spiritudi et admirabUnicnt joué par
Potier, i4 Bénéfiduire^ meUeit a4^ jour
ks tribuktiops du pauife nmii^Mft chef>
chant à rendre sa représentation lucratir
wc,. en même temps que les* faiUes de
quelques ArtistAs à la mode.
Jl est JHSie de dire que, dans (ous nos
i|>ectacles les représentations à bénéfiœ
ont été pUs d'une Ceis des acl^ de irérita-
blehkttfaiaaace «ud'une^énoaitéqps'on
nepeuttrop louer. Telles furent celles que
ks théâtres s'empressèrent de dona^
pour ks victimes de rincfi»dk de Salins,
de celui du Cirque-Olympique, peur ks
vakurenx réfugiés de û PolofBi^4Ac, etc.
Seuveot «HSM, et puni nul ièrfiner dUas
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(811)
BÉN
kf hircrs lî^ureDi, le pAxluit de ces re-
présenUtioDS a senri à soulager les be-
fçînsde riodigenee. Ab! quelle que soît
la cooipip^ition de ces dernières, quelques
mpyeas qu*0Q emploie pour y ameaer la
foule, quelque mécompte que Top pMisse
trouver dans Içur* promesses» je me gar-
derai bieo d'en frirp i'objel de ma crilj-
que, M. O,
BÉNJÈVENT. Cette graqde et impor-
taute ville dllalie, tuclave de la prioci-
pluie ultérieure (royaume de Naples)
ttapparteDantà rÉutKom^îniest située
daos une vallée délicieuse au confluent du-
Sabato et du Calore, à |^ lieues nord-
fçst de })faplas. L'oHgine de cette viUe re-
monte à une époque très reculée ; Tite-
]Live en attribue la fondation au;i fugitifs
de la guerre 4« Troyes qui vinrent, sous la
conduite de Diom^e, s'établir dans celte
partie de la péninsule. On Tappela d*a-
bord UalevenUim, nom qu'elle cbangea
plus tardl pour celui de Beneventum.
C'était , au rapport de Pline, une colonie
des Hirpiniy c'est-à-dire qu'elle (aisait
p^tie d« ce qn'on a appelé plu* tard
Samnium- L'empereur Adrien la classa
danslaCan^panie^en ô4^,Tntibi,roi des
C^tbs, la prit et la détruisit presque entiè-
rement. Ver» la ^ du même siède, Ajv-
tbaris, rpi des L4unbardf , la releva d^ sa
ruine et en fit le siège d'un di|ché (vojr.
ci-après). Bén^vent a «Quvent été forte-
ment endommagée pur des se cpgssea 4^
tremblepient de terrée celui de 1708 no-
iapiipent en renversa une grande partie,
^le est le siège d'un arcbevécbé, érigé
en 969 et impfsrtant par ses revenus;; c'est
toujours un cardinal qui epest titulaire.
Plusieurs conciles fe spnt tenus à Bén^
venu I4 ville avec s«n territoire forme
ce qu'op appelle une délégation , parpe
que le fonctionnaire qui l'admini^re au
nom du gouvernement pontifical porte
le titre de délégat, ;pénéveftt possède de
fort beaux édifices, enti>e entres sa ca-
thédmle» fm^i <|Uiedçs rest^ d'antiquités
(brt lem^^iuablet; surtout le bel arc de
triompbf de Traja» àpp^^ponq aurea.
On cpnqHe 4î|o* cetU vijlee» viron > 4,000
babitana. Ç'f^tdaof la plaine quiTentou-
re que Charles d'Anjou â^^ et tua> l^ ?6
A^vTÀçr iW^f Maiiifrpi, «» cpinpiMiear
BéNévEVT (duché de). Celle princi-
pauté, qui. fut pendant plusieurs siècles
l'un des plus importans états d'Italie, eut
pour fondateur le célèbre eunuque War-
sès, lors de la cnnquète qu'il fit de la p^
ttinsule italique spr les Gotb^ qui levaient
précédemment enlevée aux empereurs
d'Orient. Vers l'an ^71» le ducbé ayant
été conquis par les I^ombards, Alboio,
chef de ces nouveaui maîtres de l'Italif ,
en investit un certain Zothus ou Zothon,
l'un de se4 meilleurs capitainest Celui-ci le
posséda 30 ans et fut remplacé à sa mort
par un chef appelé J^régae ou Archia ,
qui guerroya toute sa vie, tantôt au nord
sur l^s domaines pù s'ébauchait d^ la
puissance papele , tantôt au midi sur les
terres on subsistaient encore quelques
restes de la puissance des empereurs de
Byzance. Ce prince mourut en 641, après
avoir beaucoup agrandi |e duché, qu*il
transmit, en ei^cluant aon propre fils, ^
l'un de ceu|[ du due de Frioul , »on pa-
rent. Le cinquième duc de Bépévent, de
celte famîHe, Grimoald l*^*^, profita de ]fL
division qui régnait entre aenx frères,
compétiteurs au tr^ne dei JLombards,
pour s'en emparer. Il se rendit arec une
armée auprès de Godebert, l'un d'eux,
qui avait réclamé sqn appui» et entrant
dans sa tentât il le poignarda lui-même
fin l'embrassant; après ce crime i) fut
j^roclanié roi. Cinq ans après, en 667, il
inatitug son fiJs BomoaÛ c|up de Béné-
vent; celui-ci , qui était arien^ se conver-
tit à la foi catholique. La princf paqté m
maintint dans la même lamille,, ipais
toujours concédée néanmoins à titre de
bénéfice viager par ks rpis lombards, jus-
qu'à l'avènement du lô* duc, Ar^se,
gendre du roi Didti^r qui, lors de |a chute
de ce prince I s'érigea en prinee aouva-
r^jn héréditaire., c'est-à-dire, r^udîa
tout lien de vassalité à Fégard d^Fjrancs,
se fit sacrer par un évoque de son éta^,
prit les ornem^a royaux et fit mettre
sep effigie sur les monnaijts^ Eu 737 9
Ch^lemague,étantà Borne, somma h fier
duc de le rec9no^tre ppur suzerain, et,
fur sou 4re&]S» il s'avança vers Bé^Hfé^ent.
Arégife ae retira alors à Salerne et en-
Toy^ une d^utfitipn avec ^es ptageaf¥>«r
^p^yae^ |e n^oniirqu^ firau/ç;4ptfi»]ennfP-
br^ #f it fi^ proprf #)^ p^^i^mm^
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BEN
(312)
BEN
accepta sa soumission moyennant un tri-
but de 7,000 sous d*or et la cession de
quelques villes qu*il donna au Saint-
Siège. Le duc mourut la même année, au.
moment où il méditait de se soustraire
aux conditions qu'il avait été contraint
' de subir. Cétait un prince magnifique
dans ses manières et protecteur des lettres;
' il se fit élever deux beaux palais à Béné-
vent et à Saleme. Son fils, Grimoald III,
qui lui succéda, marcha sur ses traces;
' son règne fut rempli par une suite de
guerres qu*îl soutint contre Pépin, roi
d'Italie , fils de Cbarlemagne, pour main-
' tenir son indépendance. Il mourut sans
postérité, et le duché passa alors en di-
' verses mains, tantôt acquis par Tusurpa^
tion accompagnée de meurtre, tantôt par
l'élection populaire. Toutefois, ces prin-
ces appartinrent presque tous à deux
familles de race lombarde ; d'abord
celle d'un Radelgise, à l'avénemcnt du-
f}uel , en 840 , le duché fut partagé en
troié souverainetés : Bénévent, Salerne
et Capoue; secondement, celle d'Até-
nulfe I^^, comte de Capoue, dont la
race régna à Bénévent jusqu'à Textinc-
tion du duché dans la personne de Pan-
dulfe III, virfgt-quatrième et dernier duc,
mort en 1077. Cest par les Normands,
fondateurs du royaume des Deux-Siciles,
que fut consommée l'extinction de cette
souveraineté qui avait compris un mo^
ment toute l'étendue du royaume actuel
de Naples, moins les Abruzzes et les Ca«
labres. Conquise par Robert Guiscard ,
la principauté cessa d'avoir un duc par-
ticulier; elle fut confondue dans le du-
ché de Pouille et de Calabre, dont la
création précéda celle du royaume, et la
^•ille elle-même fut alors cédée aux pa-
' pes par le chef normand. Dans la courte
durée de son empire, Napoléoii restaura
le titre de cette principauté du moyen-
âge en faveur de M. deTalleyrand {vojr.'j;
le décret qui créa ce fief impérial est du
5 juin 1806. P. A. D.
BENGALE , grande et belle province
de l'Hindèustan, située entre les 21** et
27** de latitude nord, et les 84<*ct90*de
longitude est, et bornée au nord par le
Népaul, le territoire de Sikkins et le
Boutan, an nord-^t par le territoire
d*Assam , à Feat par l'empire Birnm,
au sud par le golfe du Bengale, au sud-
ouest par la province d'Orissa, et- à
l'ouest par celle de Bahar. Il a environ
1 50 lieues de l'est nord-est à Touest-sud-
ouest; à peu près autant du nord au sud,
et 12,786 lieues carrées, dont un hui-
tième consiste en rivières et en lacs. On
évalue sa population à 23,S06jOOO indi-
vidus. Tout ce pays ne forme qu'une
vaste plaine d'ailuvion, imperceptible-
ment inclinée vers la mer et arrosée par
le Gange qui y forme, avec l'Hougli, un
vaste delta entrecoupé d'une multitude
de bras de ces deux fleuves; par le Brah-
mapoutra et ses afQuens, la Mahanada,
la Fichetha ou Altri , la Damoda-
ra, etc. , qui les uns et les autres pren-
nent'leurs sources dans l'Himalaya, le
Bihar, le Gandouana, le Boutan , leNé-
paul et l'Orissa. L'année , dans le Bèn-
gafe , est divisée en trois saisons : la
chaude, la pluvieuse et la froide. La pre-
mière commence en mars et finit en juin ;
la deuxième commence en juin et finit
en otobre; après quoi la température
se rafraîchit et dure ainsi quatre mois.
Les brouillards sont très fréquens et
il tombe de fortes rosées à l'approche
de la saison pluvieuse; cette humidité,
qui contribue singulièrement à la fertilité
du sol, rend Je climat très pernicieux
pour les Européens. On recueille du riz
en abondance, du froment, de l'orge, du
maïs, du tabac, du sucre, du coton , de
l'indigo, des clous de gérofle,des noix mus-
cades, des drôles médicinales, du bois
de sandal et autres, du lin, du sénevé, du
sésame, de la graine de lin, des pavots
dont on fait de l'opium , etc. On élève dans
le Bengale du g^s bétail, des chèvres,
des moutons et des vers à soie. On y
trouve) particulièrement dans la partie
sud- est , des éléphans qui sont très re-
cherchés et d'un grand usage; et datas
les autres parties, des bufOes, des tigres,
des sangliers et autres animaux sauvages.
Il existe des mines de fer dans les dis-
tricts qui avoisinent l'Himalaya. On en
exporte principalement du riz , du co-
ton , de la soie écrue et en ceuvre , de
l'indigo, du sucre, de l'ivoire, du tabac,
des drogues médicinales, etcf.; et on y
importe par mer de l'or, de l'argent , du
cuivre et du fer en barre, des draps de
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BEN
(313)
BEN
tonte espèce 9 da thé , du" sel , de la por-
celftfne et de la verroterie , des vins, et
quelcfoes chevaux arabes et anglais.
La majeure partie de la population
du Bengale se compose d'Indous^ peu-
ple timide et doux , mais ingénieux et
versé dans tous les arts utiles. Il y a aussi
un^ grand nombre de-Mahométans, des-
cendans des conquérans afghans et mon-
gols, et de marchands arabes. On y parle
l'idiome bengali.
Après avoir été long-temps un royaume
indépendant, le Bengale tomba, en 1303,
au pouvoir des Afghans et resta tribu-
taire d^ Femperertr des Mongols jusqu'en
Pan 1340, qxfuD certafn Fakher Addin
s'en empara et prft Te titre de sulthan
Sekonder. En 1538 , il fut conquis par
Cher- Chah , et peu après réuni au Delhi.
Enlevé aux descendans de ce dernier par
Pempereur Akbar , ii resta sous la dof-
mhiation du Grand - Mogol jusqu'en
1757 , que les Anglais en firent la con-
quête. Ils y ont graduellement changé
la forme du gouvernement et introduit
un code de législation fondé sur les lois
hindoues , mahométanes et anglaises.
Cette province est divisée en vingt districts
Bacar^Gani, Jasar, HogK, Jangel-Makals,
-les vingt-quatre «iParganah's , Neddija,
Mednîpor, Berdhouan, Birbhom, Mor-
ched-Abad , Chatigand , Tipora, Dacca,
Mifmen^inyh, Silhet, Rai-Chahi, Ma-
nypor, Dinaipor , Purniya et Cotch-Bi-
har. La FVance possède dans le Bengale
Chandemagor, et le Danemark Seram-
pore.
BxKG ALS, présidence anglaise de l'Hin-
doustan , située dans sa partie nord -est,
comprend aujourd'hui les provinces du
Bengale, de Bahar, d'Orissa, de Béna-
rès, les territoires cédés aux Anglais par
le nabab d'Oude, le Bondelcond , cédé
par le Péchoua, les territoires conquis et
situés entre le Gange et la Djomna, ainsi
que celui situé sur la rive droite de cette
dernière rivière et qui a été cédé par
Daoulet-Maou-^india. L'Ile du prince
de Galles, sur la cÀte de Siam, dépend
aussi de cette présidence. On évalue sa
population totale à 39,679,000 indivi-
dus. Elle est divisée en 38 districts, dans
chacun desquels il y a un résident an-
gltîa, un juge y «n-riiagbtrat et un
veur. t,e gouvet*nement civil est confié à
un conseil suprême composé du gouver-
neur général et de trois conseillers : le
premier est nommé par le roi, les autres
sont choisis par la cour des directeurs
de la compagnie des Indes, parmi les
enoployés de cette compagnie. Il y a pour
l'administration de la justice line cour
suprême siégeant à Calcutta, 6 cours
d'appel , et 46 magistrats inférieurs ré-
sidais dans autant de districts. J.M. C.
BENGALE {golfe du ). Formé par
l'Océan Indien , sur la côte méridionale
de l'Asie, ce vaste golfe est compris en-
tre l'Ile de Singhala ( Ceyian ) et les c6tes
de THindoustan et de l'empire Birman,
à l'ouest, au nord-ouest, au nord-est et
à l'est, n prend son nom de la province
de Bengale, qui le limite au -nord; il a
environ 450 lieues dans sa plus grande
largeur, de l'ouest à l'est, et 400 lieues
de profondeur^ du nord au sud. La
partie comprise entre les îles Apdaman
et Nicobar, le littoral de l'empire Birman
et la côte septentrionale de Sumatra,
porte le nom de golfe de Meryhi. Sa côte
occidentale n'offre aucun port suscepti-
ble de recevoir de grands b£timens,. tan-
dis que sa côte orientale en présente
plusieurs excellens, tels que Rakhang
( Arracan )^ Tchédaba, Négrais, Sam-
lien (Syriam), Daouay (Tavey), Djan-
Sailan ( Djonkseylon), etc. Les vents
soufflent, dit-on, dans ce golfe, pendant
6 mois de Pannée , dans la direction du
nord-est, et pendant les six autres dans
celle du sqd-ouest.Cette observation,pour
ne pas être rigoureusement exacte, suffit
cependant aux navigateurs dans les cir-
constances ordinaires. J. M. C.
BENGALE (flammes du). C'est une^
composition pyrotechnique que l'on em-
ploie avec le pins grand succès dans les
feux d'artifice et sur le théâtre. La blan-
cheur et l'éclat de sa lumière ont fait
long-temps l'étonnement et l'admiration
des amateurs; mais alors le secret de
cette composition était si bien gardé c[ue
sa présence dans un feu d'artifice était une
bonne fortune. Il y a maintenant une tren-
taine d'années que la recette en est tom-
bée dans le domaine public jet, depuis cette
époque, il n'y a pas de feu d'artifice,
et presque pas de pîèce4e théâtre à grand
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BE»
<«14)
BEM
ipictaclc, qui ne se termine par det flam-
mes do Bengale.
Cette com|>osition consiste en un mé-
lange de sal pélre,de sou fre et d*antimoi ne,
employés à certaines doses. Après avoir
passé le tout dans un gros tamis de crin,
on le fait entrer dans un vase de terre ,
dont on saupoudre la superficie avec
ilu poussier sec; après quoi on le re-
oonvre d*une feuille de papier trouée
en quelques endroits, et au dernier mo-
ment on ranw>rce avec un porte-feu
Pupille. D. A. D.
aENIN ou BÉNI , petit royaume de
Ja Guinée septentrionale» borné au nord-
jist par l'Ajourriba, à Test par le royaume
d'Eboe^ au aud par celui d*Ouari, et an
aud-oueat par le golfe du même nom.
On peut évaluer sa superficie a environ
t709 lieues carrées. Sa surface » qui com-
prend uoe partie du delta du Kimara
(If igtr), est arrosée du nord-est au sud*
nuest p«r le Kio^Forroose ou Benin^
Tuai dés Jyaa du Kxmara. Le soi, pres^
que entiireo^nt formé d'alluvions, eat de
la plus grande lertilit^ et offre toutes
les productions de cette partie de VA^
frique» là même où Teau douce est rare.
Hais la nsture bumide du sol , jointe à
«ne multitude de mares d'eau , y don*
mmt Heu à de perpétuelles exhalaisons
qui en rendent le climat insalubre, sur*
tout pour les Européens. L'industrie ma-
DueUis y a pour objet la confection des
measa» étoCfes et toiles, ustensiles, nat*
IM, ete. que dans les autres parties de
In Guinée septentrionale. Oa«n exporte
4« ael , 4e rbuile de palmier et de V^-
^ofi^m. «orail bleu; mais les minéraux
y Bont jwres et on n'y lixmve point de
*f>eudi>e d'or. Les naturels ont Les défauts
«t kea bonnes qualités communs à la plu-
fiarl'des Mitions africain^ : ils sont bien-
«ciilana et fidèles, doux et bospitaliera,
nais.iraaeibles et vindicatifs, indolena
mè insoodans. Leur «uUe est le féti^bif me,
ar compagne des filus absurdes aMf»erstl*
tiona, et de sacrifices bumains, dans
quelques eireonstanoes, La polygamie
eet généralement admise parmi eux «i
n'a de bornes que les facultés de eba^
cnn. Le roi a , dit-«on , 4,000 femmes ;
à i'époque où fd. Falisot àt Bentivoi»
ao nmMaU liami MAe.MAUréa^ m Am
premiers ministres du roi en avait dOO.
Le pouvoir de ce dernier, comqae celui
de tous les princes nègres,est éminemment
despQtiqu^; il est vépéré presque à l'instar
d'une divinité par ses sujets. Néanmoins,
son autorité est quelquefois niçutralisé^
par l'influence de ses câ^o<:ci>Y2^ on cbefs.
Tout le monde, excepté ces derniers , a»
prosterne en sa présence, en touchant du
front la terre. Le roi jouit aussi du droit
de vendre ceux qui se sont rendus fîou**-
pables de quelque prime ou qui eneou-
rent aon déplaisir. Un collier de corail
est le signe distinctif de la noblesse, qM9
le roi confère en l'attachant lut même,
et auquel il ajoute , les jours de qérém^
nie, une ceinture de la même matierç.
Lors de l'audience qu'il accorda, en
1 81 3, au lieulenant anglais ^og» il était
vêtu à l'européenne, et portait un eb»-
peau galonné en or.
Le royaume de Benîn ef( connu 4«a
Européens depuis 1436 qu'il fu^déco^
vert par Alfooxo de Aveiro, navigatmif
portugais ; et depuis il fut très IréqurnUé
par les marchands d'esetavçs.
Sa capitale, qui porte le même nom»
est une ville aaaex considérable ; lea
mes y sont droites et larges ; les maiaona
bâties en terre et r^ulièrement 4isp<^
sées, mais non pas contiguês,nnt toulaa
une eoui* carrée au milieu. Chaque piibc^
estm(;Hblée d'no divan qui en fait ^ tour
et sur lequel sont étendues des nattes |
te plancher en est aussi couvert, Cellea
des cjbefa sont propres ^t assea jolies.
Lorsque M. King visita Benia, lepa*-
laia du roi avait été en grande partie in-
cendié par suite d'une insurrection qui
avait eu lieu à une époque antérieure.
Avant xet événement il oonsial^t m
une vaste enceinte murée et renfermant
un certain nombre de maipopa ou ca^
baoes carrées.
Bénin est aitué à ^^ lieues nord^est
de l'embouchure de la rivière , et à peu
près par 6^ 30' de latitudo ^lyiret d^
30' de longitude est.
On donne le nom de oox^x np Akvvt
k la partie du golfe de Guinée jqui s'é-
tend entre l'emboMchuro de la Lagos et
ia eap Formosr, J. M. C^
WIllTlEli 9 vaae on vaicsfpu deatiné
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BBH
(815)
BEN
ordîo&i|*emeDt placés à Ventrée fies égli-
ses, adossés à des piliers ou sur un pié-
destal. Ils empruntent toutes sortes de
formes etsont de toute espèce de matières.
Ceux .de Téglise Saint-Sulpice de Paria
sont remarquables par leur beauté ; ce
sont.de magnifiques coquilles 9 bordées
de cuivre doré. Il y a des bénitiers dans
les chambres à coucher et près des lits;
ils ont une forme partic|ilière« Il y en a
de portatifs pour les processions et les
epterremens. C'est À ceux-ci que BoiJej^u
fitit allusiojB dans, ces deux vers :
Mais 1» êèrm d«iMio, m Nodant UjfAm fort»,
Ua héoifier «^s piedf» t;i Téteodre à la port«.
Les bénitiers ressemblent souvent à des
fftMft aaCiqmw, de la ùxmt la plna élé-
gaota et 4e la plus rinhe-ittière y argent
et or» oemme eeux de Charles Y, «lont il
«•t fait fliention dans les inTentaires du
IDobilier de ee «onarqne.
Au salon de 1894 on a remarqué le
bépitiar da K. £. Bien, groupe en pU^
tre repréif lasit ristraduotioa de Tnsafe
da i'aaa bénite, par la pape saint AUxa^
dra Tan 129 da J.^
Ménage écrit hétutier^ BMiis il avane
qua hpùher est plas uské. Dans la vnF
aSàela at a^aai , on écrivait benoistUrnU
on prononçait benoitier. Oft Ut dans Ma^
lie hénoittiiT fat faft en un grand plain ,
lyua lac fort loia ^^cHms , plaaCes et fle«n;
Pour f aa h^i^t était à* larinm plaia ,
Ppot fut Aouupé le piieiu lue de pleura.
BfiHIOWSKI (MAuaicB- Adodste
j»E ) t iMMPina dont les destinées furent
extraordinaires 9 naquijt en 1741 , à Ver-
bova» en fioB^ict eoooîtat da Neutra.
&M1 para était général de cavalerie au
servioe impérial. Liû^méflae servit aussi
la vaison d*Attlriehe aomafte lieutenant
dana la fuanre da Sapt^Ans» jusqu'en
174^, «à ma a^a dont il devait hé^nr
Aar rappela an lylthnanse. Quelque temps
après il se mit à ^^ager, à Hambourg, à
AaMt«rdam at à PUmouih : dana ces
paris de inar il étudia i*art de la naviga«-
tioa; aatfidie il alla en Pologne, accéda
à ia ooalédénition contra les Russes^
devint ooloAcl, commandant de la cava»-
lerie atiqoartier'-nialtjne^ général. C'eat
ainairqa*ii iandia au pouvoir dea Rossai»
en 1769, €t il fut exilé au Kamtchatkii.
Dans la traversée qui devait terminer co
voyage, il sauva du naufrage le vaisseau
qui le poruit» circonstance à laquelle il
dut le bon accueiLque lui fit le gouver*
neur Nilof. Bientôt il devint le précep»>
tenr des en fans de cet officier. Il leur en-
seigna le français et rallemand. Sou
élève Aphanasie devint amoureuaa de
lui, et les talens de Texité engagèrent le
gouverneur à lui accorder la liberté et à
le fiancer avec sa fille, Beniowski, da coi^
cert avec plusieurs complices, avait déjà
conçu le plan de s'évader du Kamtchatka*
Instruite de son dessein , Aphanasiane
Tabandonqa pas; elle Tavertit air oon-
traire de ce qui le menaçait lorsqu'on fut
sur le point de a'assurer de sa personne.
Accompagné d' Aphanasie, fidèle, à son
serment mémo après qu'elle eut appris
que son fiancé était déjà varié ^ Ra-
niowski quttu le Kamtchatka an mai
1771 , avec 76 autres personnes, JX fit
voile vers Fonnose, puis vers Maoao,
oà il perdit Aphanasie et où mouruecsit
aussi beaucoup do ses compagnons. Enfin
il vint en France, et là il fut destiné à*
fonder un étahliaiement à Madagascar ,
entreprise dont il prévoyait toutes lea
difficultés. En juin 1774, Beoiowski èm*-
riva à Madagasear, fonda une colonie à
Foui point y et s'acquit l'estime de plu-
sieurs p&pladea Indigènes qui^eo 1776,
firent 4e lui leur ampamsatabe ou roi.
Dans la solennitié de son élection Jes
femmes aussi jurèrent fidétitd et sownis-
sion à son épouse, qu'an France U avait
fait venir du fond da la Hongrie. Plus
tard il fit un voyage en Europe pour pnv-
curer à la nation qu'il gouvernait une
puissante alliaoee et des relations eoui^
marcialea. Mais, à son arrivée en France,
les persécutions du ministère français la
forcèrent d'entrer au serviee impérial,
et c'est à oe servjeè qu'en 1779 il eut
la «ommandemant dans le combat é^
Habelschwerdt, qui fut livré contre les
Prussiens. En 178;8, il chercha en An»»
gleterra à faire réussir une expédition
pour l'ile de Madagascar; il trouva du
secours et de l'appui chea des particuliers
de Londres, et surtout dans une «laisou
de oomneroa à Baltimore , en Amérique.
£u oetobea 1744^ il partit^ laissa sa
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BEN
(316)
BEN
femme en Amérique, et en 1785 débar-
qua à Madagascar. Lorsqu'il y commença
. des hostilités cootre les Français, le gotf-
"vemement de TIsle-de-France enToya deà
troupes contre hii. Dans un combat livré
le 23 mai 1786 , il fut blessé à mort.
Bçniowski a écrit , en français, le récit
des événemens de sa vie (Paris, 1791,
3 vol. in-8*^); William Nicolson a tra-
duit son manuscrit en anglais , et Ta mis
an jour. Il en a paru des traductions en
diverses langues. Sa veuve mourut en
1835 dans sa terre de Bieska , près de
Betzko. Kotzebué a mi^ en scène cet
homme remarquable. C, L.
BENJAMIN , dernier fils de Jacob
et de Bachel. Celle-ci accoucha de Ben-
jamin quand Jaeob , revenant de la Mé-
sopotamie, 8*ftvançait vers Bethléem. Elle
mourut dans les doyileurs de Tenfante-
nent et en mettant au monde Benjamin,
à qui elle donna le nom de Ben-^ni^fils
de ma douieur; mais Jaeob l'appela Ben-
jamin, ^/C/!r de ma droite. Ce fut Benja-
min que Jacob garda atiprès de lui
quand il envoya ses autres fils en Egypte
* acheter du blé , lors de la famine qui dé-
sola la terre de Chanaan« On connaît
Thistoire touchante de la reconnaissance
de Joseph avec ses frères qui, sur son or-
dre , lui avaient amené Benjamin , et à la
vue de qui Joseph fondit en larmes. S. C.
BENJAMIN, voy.Tfinv%{&sdouBe).
BEN JAMÏJÎ. CONSTANT, voyez
Constant db Rebecqub.
BENJOIN j substance végétale de l'es-
pèce des baumes , fournie par le styrax
henzoin, Lùm. arbre qui croit aux lies
Moluques. D'autres végétaux , tant exo-
tiques qu'indigènes, en contiennent aussi,
mais en proportion trop peu considéra-
ble pour être recueilli et utilisé. On
obtient le benjoin en faisant au tronc et
aux branches de l'arbre , lorsqu'il a at-
teint dnq ou six ans , de profondes in-
cisicms d'où s'écoule ub liquide qui se
concrète et qu'on met dans des banls
pour le livrer au commerce.
Le benjoin le plus pur est en mor-
ceaux arrondis, blanc- jaunâtre , à cas-
sure luisante; ou l'appelle amygdaloïde.
IXjOLh. point de saveur, mais son odeur est
suave et se développe surtout loraqu'oa
le ûdt brûler sur les obarbons; elle est
due à l'acide bemoïque , qui fonne une
assez forte proportion du benjoin et
qui d'ailleurs se trouve également dans
la vanille, la fève tonka, et même dans
l'urine de certains herbivores. Cet acide
cpi'on Bomihait autrefois fleurs de ben-
join y parce qu'on Tobtenait par sublima-
tion , est en prismes aciculaires , blancs ,
solublés dans l'alcool , fusibles , volatils
et s'enflammant avec rapidité. Quelques
chimistes le regardent comme identique
avec l'acide succinique. Outre cet acide
le benjoin contient encore de la résine",
une suàMttmce analogue au baume du
Pérou , et un principe particulier aroma-
tique.
Ces^ généralement conraie objet de
parfumerie que le benjoin est usité; il a
été aussi quelque peu employées méde*
cine. L'odeur agréable qu'il exhale en
brûlant le fait choisir pour les parfums
destinés à être brûlés ; tels sont les dons
fumans et les trochisques. Dans les égli-
ses on s'en sert en place é'eoœns. C'est
la base des SKmeime^pastiilet MujértUL
Ce qu'on nomme. ^à virginal 9% pré-
pare avec du benjoin trituré dans l'eau ,
et jilus facilement encore en Tersant dans
ce liquide de la teinture spiritueuse de
cette substence.
Les médecins en faisaient des fumiga^
tions ou l'administraient en substance
comme antispasmodique, et aussi comme
expectorant dans les maladies de poi-
trine. On le considérait encore comme
stomachique et propre à favoriser l'éva-
poration des ibaladies aiguës de la peau.
Il est maintenant presque inusitée F. R.
BEN lONSON , voy. Johnson.
BENNINGSEN (Lxvin Auo.-Tsio-
PHiLE , comte de) , un des plus oélèbrea
généraux russes, naquit en 1 746^, à Bmns-
vrick; son père, possesseur delà terre de
Bantein , étant vassal du Hanovre, il entra,
en 1765, dans les pages de l'électeur et de-
vint 1 ieutenant de la garde hanovrienne, en
1 760. Benningsen, qui aimait les plaisirs
et les fenMnes, n'avait aucun penchant
pour rétat militaire ; devenu posses-
seur de Bantein , à la mort de son père,'
il se retira dn service et se maria. Dans
sa tranquille retraite il semblait n'avoir
rien à désirer; mais les jouissances qu'il
se donna épuisèrent aa fortnne : c'est la
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BBN
(817)
BEN
ce qui le décida à prendre da service «ont
les drapeaux de CatheriDe , dans la guerre
ooDtre les Turcs.. Pour aTancer plus ra-
pidement il était boD d'arriver avec un
grade militaire déjà considérable. H sol-
licita donc auprès du ministère de Ha-
novre et en obtint un brevet de lieute-
nant-colonel. Il partit en 1773. Nommé
major en premier dans l'armée russe |
il servit sous Eoomantsof , d'abord con-^
tre les Turca, puis contre le rebelle Pou-
gatcbef. U avait le grade de colonel lors-
que» dans la deuxième guerre contre les
Turca» en 1787 , il se fit remarquer au
siège d'Otobakof. Sa conduite ne resta
pas inconnue à l'impératrice : après la
paix, en 1791, elle le chargea de met-
tre à exécution les desseins qu'elle avait
sur la Pologne. Après s'être distingué en-
core dans plusieurs combats il fut nom-
mé major général. Commandant la cava-
lerie russe dans la Lithuanie, il détermina
par une courageuse attaque la vicloire
près de Yilna. Dans la guerre contre la
Perse, en 1796 , c'est à lui qu'on fut re-
devable de la prise de Derbent, forte-
resse sur la mer Caspienne.
Sons Paul V^y fils et successeur de Ca-
therine, Benningsen vécut à la cour de
Saint-Pétersbourg, sans jouir d'une grande
faveur auprès de l'empereur, qui ne l'em-
ploya pasdans la guerre contre la France ;
cependant il l'éleva au grade de lieutenant
g^éral. Dans la conspiration contre Paul,
Benningsen fut un des principaux acteurs :
sa fermeté et sa présence d'esprit contri-
buèrent à la réussite de la conspiration ;
mais il ne (îit pas présent à la catastro-
phe. * A peine Alexandre était-il monté
sur le tréne, en 1801 , qu'il nomma
Benningsen gouverneur général de la U-
thuanie, et, en 1802, général (en chef)
de la cavalerie. Dans la guerre contre la
France, en 1805, Benningsen eut le com-
mandement de l'armée du Nord, et, en
1806, il obtint un léger avanUge sur Na-
poléon , à Pultusk ; ce fut lui qui , chargé
du commandement en chef dont Ka-
menskoî était revêtu jusque là, livra aux
Français, en 1807, la baUilie d'Evlau
(*) Ce fat BcnningMD, dit-un, qui empêcha
riiBiiératrice Marie d*aocourir aox cris de son
fpoox. Au reste, toot ce tragique évéoeiDebt
sera raooaté , d*après lea donnée» le» plus au-
Uieatiques, à Tarticle Paul l^ Pktxovitch. $.
{voY.)j dont les deux parties belligéran-
tes s'attribuèrent également la victoire.
Cependant Benningsen demanda sa dé-
mission qui loi fut refusée ; ce ne fut
qu'après la paix de Tilsitt, en 1807, qu'il
put se retirer du théâtre de la guerre,
poiur vivre quelcpie temps dans ses terres.
Mais il reparut en 1813, pendant la
guerre entre la Kussie et la France, et
dans la bataille de la Moakowa (ik>x-)
Benningsen commanda le centre de l'ar-
mée russe ; on affirme qu'il fut de ceux
qui conseillèrent à l'empereur Alexandre
de. livrer une seconde bataille devant
Moscou. U remporta quelque temps
après, àVoronova, un suocès sur Murât;
mais ensuite des rivalités entre lui et le
feld-maréchal Koutousof l'engagèrent à
quitter l'armée. Après la mort de ce ca-
pitaine , Benningsen prit le comnunde-
ment de l'armée de réserve dite de Po^
logne , et il eut une grande part à la vic-
toire remportée par les alliés à Leipzig.
Victorieux, le 18 octobre, à Zweinaun-
dorf, il fut élevé, sur le champ de ba-
taille même, à la dignité de comte, et
plusiard il fut un instant investi du com-
mandement en chef de l'armée russe.
Après la paix il fut nommé au comman-
dement de celle qui occupait la Bessara-
bie; mais en 1818 il donna encore une
fois sa démission et se retira dans ses
terres du royaume de Hanovre, où il
mourut en 1826, ayant perdu la vue à la
suite d*|we chute de cheval. On a de lui
un ouvrage sur le service des officiers de
cavalerie , et il a laissé des Mémoires sur
une partie de sa vie. Voir sa biographie
dans les Zeùgenossen, 1822, 2^ série,
p. 47-66. C. Zk
^ BENNON(sÂiifT), évêque deMeis-
sen, au xi* siècle. Il embrassa d'aboixl
le parti de Henri lY contre le pape , et
se déclara ensuite en faveur de Gré-
goire yn contre l'empereur, à l'excom-
munication duquel il adhéra dans un cou-
cile. Il mourut' en 1 107, à l'âge de 06 an«.
Les Allemands lui attribuaient une telle
vertu quUls avaient coutume de dire
d'une .terre fertile : Vévéqae Bennon a
passé par-là. Il fut canonisé en 1523.
Luther écrivit, à propos de cette cano-
nisation , son Traité contre la nouvelle
idole qu'on va élct*er à Meissen, Jérôme
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BGN
(S18)
BfiN
Xms^r) aatear de la Fie dé Bennon^
(Lcipiig, 1512 et 1728, \n4o\*) répon-
dit a Luther. On croit que Bennot> est
Fauteur d'une hymne. Oo célèbre sa fête
kiejnio. J.L.
BBNOIT (saint) , né en <480 , à Nor-'
aie, en Ombrie (duché de Spolète)» fut en
Italie, et plus tard par ses disciples dans
tout rOccident, pour la régularisation de
la Yie aicéti<|oe, ce que saint Antoine et
saint Pacôme avaient été pour l'Egypte,
et saint Basile pour FAsie-Mineure et
quelques régions voisines. L'ascétisme
prenait encore à cette époque trois for-
■lea principales : réduit à la simple ob*
aervation de certaines pratiques de dé-
votion , il se conciliait, sinon avec la vie
du nonde, du moins avec la vie de fa-
mille; plus rigoureux, rompant le lien
de la famille et fuyant les séductions du
mondé, il consacrait la vie du solitaire,
la vie de Fermite; plus social, mais
non moins éloigné du monde et de la fa-
mille, Fascétisme préférait la vie corn-
mutie, la vie des cénobites. Ces trois
formes semblaient répondre à tous les
besoins de la piété disciplinaire; mais
on commençait à faire une grande dis-
tinction entre elles. La vie de famille
semblait toilcher de trop près à celle du
monde et laisser, faute d* u ne ru pture com-
plète et d*un engagement définitif, trop
de chances à Famour terrestre; la vie
érémitique se prétait au contraire , par
Fabsence de toute règle et de toute sur-
veillance, à une liberté dangereuse et à de
graves aberrations. Déjà on signalait des
désordres et réclamait des réformes.
Benedîcttts, d'une famille riche, consi-
dérée et pieuse, était destiné à introduire
ces réformes. Le vœu de ses parens l'ap-
pelait aux emplois et aux honneurs, et il
fut envoyé à Rome pour faire les études
convenables. A Rome 'se maintinrent
long-temps, sous la domination des He-
rnies et des Goths, les anciennes écoles
de littérature et de jurisprudence ; mais
déjà les doctrines de ces vieilles institu-
tions ne répondaient plus aux nouvelles
Idées. Le jeune Benoit , qui avait reçu
dans la maison paternelle, comme sa
soeur sainte Scholaslique, de profondes
impressions de piété, trouva bien vides
•t bien «tériks des leçons que n'inspi-
rait pins le génie de la religion et de t«
patrie. Ces maîtres qu'avait formés le
paganisme mentaient à des générations
accablées de tous les maux et privées do
toutes les libertés, je ne sais quelle na«
tiorralilé fictive et antique, je ne sais
quel enthousiasme de convention^ Benoit,
à 17 ans, se dégoûta de cet enseigne-
ment stérile , de ce monde de fictions et
de mensonges, et s'attacha avec toute
J'ardeur de son âge, avec toute la piété de
ses habitudbs, à cette religion qui lui of-
frait une patrie sans doute éloignée |
mais glorieuse, et une carrière, il est vrai^
pénible, mais libre et pure. Benoit exé-
cuta avec calitie une résolution dans la-
quelle entrait plus de résignation que
d'entraînement. H se retira dans une
grotte solitaire près de Sublacum [Su--
biaco), à 40 milles de Rome, et y vécut
. 8 ans, connu seulement de la personne
qui lui apportait les alimens indispensa-
bles. Des pâtres ayant découvert sa re-
traite et ses idées s'étant nettement des-
sinées , il prêcha et se fit rapidement un
nombreux auditoire de curieux et de
dévots. Sa demeure, devenue pour quel-
que temps un lieu cle pèlerinage, fut
bientôt le centre d'une sorte de congréga-
tion. Plusieurs de ceux qui étaient venus
Fentendre s'étant mis sous sa direction :
il en forma autour de lui , de Fan 520 à
537, douze familles religieuses, compo-
sées chacune de douze moines et d'un
chef ou d'un abbé, et vivant suivant
les règles qu'elles s'étaient données elles-
mêmes. Benoit, qui comprenait les droits
de la piété, pensait que la loi la plus li-
brement vb^ée était la meilleure. Ce ré-
formateur des mœurs, dont la destinée
était plus haute, se trouvait heureux
dans le monde mora! qu'il s*était créé.
U ne songeait pas à le quitter. Mais, dans
la vie des hommes que la Provitlence
appelle à des œuvres qui sont hors de la
ligue ordinaire, la persécution est de
tous les moyens celui qui les conduit le
plus loin. tJn prêtre chrétien du voisi-
nage, Florentin, voyait avec une pro-
fonde jalousie et entravait avec une dé-
plorable adresse les progrès du pieux
cénobite. Fatigué de ses vexations , Be-
noit va s'éublir entre Sublacum et Na-
ples, aor la pente du Mont Cassia, an*
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(m)
BSIf
jocndlmi êerra di Lupora. Dé}à le pa-
faniame, depais long'^temps miné par le
acepticiame de aea philosophes, par la nul-
lité de ses prêtres et les violences de la
dynastie de 0>natantin , n'avait plus de
coite (^gal : ses rares fidèles ne se réanis-
saieoi pins qu'en secret, dans quelques
saneluaires en raines que la cour ou-
bliait de faire détruire. Un temple d*A-
pollon, entouré d*un bois sacré, et qui
attirait encore des idolâtres, se trouvait
dans le voisiaage de saint Benoit, favori-
sant des superstitions qui avaient au
Aoins l'avantage d'entretenîr quelques
sentimens religieux. Le pieux cénobite
convertit ces malhenreuX , détruisit leur
temple, fonda en place deux oratoires,
•t érigea un couvent sur la montagne.
La renommée publique s'occupa bien-
tôt de ces établbsemens et de leur fon-
dateur. Le roi des Ostrogoths, Totila,
qui ne connaissait que l'arianisme, mais
qui respectait la foi de Ificée que pro-
fessait la majorité des peuples d'Italie,
foulut voir le célèbre cénobite du Mont
Cassin. Dans l'entrevue qui eut lieu en-
tre ces deux personnages, le saint, dit-
•n , parla au roi avec une égale fran-
ebise sur les désordres auxquels se li-
trait le prince et sur le peu de temps
qui lui restait pour en réparer le scan-
dale; et si la sévérité de ce langage ne
corrigea pas le barbare , du moins n'ex-
dta-t-elle point sa colère. Saint Benoit
put continuer tranquillement la direc-
tion de sa maison ; elle prospéra rapide-
ment. Le chef qui y recevait des fidèles
de tout âge et même des enfans , savait
occuper tout le monde aussi utilement
que pieusement. Le travail des mains
alternait avec celui de l'intelligence, la
culture des champs avec celle des lettres
saintes et profanes. Les moins habiles
de ceux qui avaient quelque instruction
savaient an moins écrire. On leur fil co-
pier les codes sacrés, les livres de la
piété ou les chefs-d'œuvre de la littéra-
ture ancienne. Cest ce qui distingua les
établis^mens du Mont Cassin. Les er-
mites d'Occident , avant cfe rétbrmaleur
de leur vie ascétique, perdaient dans
une stérile oisiveté leurs facultés physi-
ques et intellectuelles. On comprit l'im-
portmc^ de fat réforme, tin régime pré-
cis, sans être rigoureux, quelqtiesjeèfies/
un coituine simple , des habitudes régu-
lières, tout ceb assura les destinées de
cette nouvelle congrégation. Son fonda •
teur, en lui prescrivant ces observances
dans une régie bien supérieure à celles
de saint Pac6me et de saint Basile (rè*
gle que Grégoire-le-Grand caractérise
si bien en ces mots : Disert tione prœci-'
pua, sermone lucuienta ), la rapprocha
en quelque sorte de Tancienne institu-
tion que Pythagore , non loin de la, avait
jadis fondée dans des vues un peu diffé-
rentes, et que les Esséniens et les Théra-
peutes avaient plus tard imitée en Egypte
et sur les bords de mer Morte.
L'Occident adopta généralement l'ou-
vre de saint Benoit comme un moyen de
piété et de civilisation. Aussi, de toutes les
institutions morales du moyen-âge, an«
cune ne lutta avec plus de succès contre
cette barbarie qui vint envahir l'Occi-
dent au commencement du yi* sièèlcé
En effet, par leurs travaux et leurs
exemples les disciples de saint Benoit
donnèrent les meilleures leçons d'ordre,
d'économie, d'instruction et de défri-
chement que pussent recevoir les popu-
lations barbares. Jetées au milieu de ces
peuples, les colonies des bénédictins fu-
rent autant d'écoles de civilisation , d'in-
dnstrfe, de culture. Saint Benoit n'en
vit pas l'immense développement ( il
mourut en 643 au Mont Cassin ); mais
ses premiers disciples. Placide et saint
Maur, furent accueillis de la Sicile et
de la France, comme il l'avait été de
l'Italie. Foy» Bén^Idictihs.
On peut consulter d'Achery et Mabil-
lon, Acta S. Benedicti\ Mabillon , An^
naies ordinis henediciorum^ Lucas Hols-
tenius, Codex reguiarum monastic,^ éd.
Brockie,t. L M-a.
BENOIT (papes). Dans la série des
pontifes romains, quatorze ont porté le
nom de Benoit, sans compter Pierre de
Luna,antipape sous le nom deBenoltXUL
Le premier du nom fut élu en 574; le
second en G84. Ce dernier avait été élevé,
dit l'abbé Fleury, dans l'amour de la pau-
vreté ; il était patient, doux, libéral, in-
struit des Saintes-Écritures et du chant
ecclésiastique. Ainsi que ses cinq suc-
cesseurs immédiats 9 il était Romaiiu A«
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BEN (8Î0)
nombre de ces derniers, Bskoit V (964-
965) laisserait quelque doute sur sa lé^
gitimitéy si l'usage n'avait pas prévalu de
le compter au rang des papes, ainsi que
Léon VIII, son compétiteur.
Benoit VIII {Jean)y né à Tusculu^ ,
pape de 1012 à 1024 , eut pour ooncui^
rent Grégoire , dont il se débarrassa par
la protection de l'empereur Henri H. En
191 6, il remporta une victoire signalée
sur les Sarrazins et les chassa de la Tos-
cane, qu'ils avaient envahie. En 1017, il
accepta le secours de Raoul et de ses
Normands pour repousser les jGrecs qui
avaient conquis une partie du Bénéven-
tin. Cependiant il fut obligé de faire le
voyage d'Allemagne, en 1.020, pour im-
plorer l'assistance de l'empereur contre
ces mêmes Grecs qui faisaient des pro-
grès , et il parvint à les vaipcre. Dans
l'intervalle, il tint un concile à Pavie, où
le mariage fut défendu aux ecclésiasti-
ques. Il mourut en 1024 , avec la répu-
tation d'un savant pontife, d'un grand
prince et d'un habile politique.
Behoit IX ( Théophilacte)y fils d'Al-
béric, comte de Tusculum, ;nonta en
1033 sur le saint-siége, que sa famille
avait acheté pour lui. Il n'était âgé que de
1 2 ans. Sous son pontificat , la chaire de
Rome fut envahie par Silvestre III eu
1045, par Grégoire VI la même année,
et par Clément II l'année suivante. Be-
noit ne cessa de la leur disputer jusqu'en
1048, qu'il abdiqua. On croit qu'il mou-
rut en 1054, à Grotta-Ferrata, où il
s'était retiré après son abdication.
Benoit XI (saint) y ancien général
des dominicains, cardinal-évêque d'Os-
tie, élu pape à l'unanimité des suffrages,
en 1303 , leva spontanément l'excommu-
nication lancée par Boniface VIII contre
Philippe-le-Bel , le clergé et le royaume
de France, révoqua quelques bulles de
son prédécesseur, rétablit les Colonna
dans leurs biens , accorda divers privi-
lèges à ses anciens confrères , et mourut
en 1304.
Benoit XII [Jacques Fournier)^ né
dans le comté de Foix, religieux de Ci-
teaux, évêque de Pamièrs et' cardinal,
fut élu successeur de Jean XXII , à
Avignon, en 1334. Il s'efforça de ré-
parer les maux qu'avait causés la rapacité
BEN
de son prédéoeiseur,, repoussa' leB'pré»
tentions de Philippe-de- Valois, et tenta
de se réconcilier avec l'empereur Louis
de Bavière. Il fit des concessions pour
l'amour de la paix et doiina des déci-»
sions que la morale n'a. pas toujours ap-
prouvées. Il eut des relations, avec tous
les princes de son temps, et les traita
moins impérieusement que ne le 00m*
portaient les idées dominantes de celte
époque. Il se montra généralement ob-
servateur de la discipline ré^lière,^mo--
déré, généreux, désintéressé. Il opnF-
damna comme hérétique l'erreur de Jean
XXII sur la vision béatifique, U disait
sçuvent : «A Dieu qe plaise que le roi
de France m'asservisse tellement par mefi
parens qu'il me porte à faire tout ce
qu'il désire , comme mon prédéces-
seur. » Il mourut à Avignon, le 2^
avril 1342.
Benoit XHI, Romain ( Pierre^Fran--
çois Orsini) , ^minicain, archevêque de
Bénévent, succéda à Innocent XIII, en
1724. U se présentait à Rome sous
d*heureux auspices : il avait puissam-»
ment contribué à la restauration et à l'em-
bellissement de la ville de Bénévent,
qu'un violent incendie avait dévalée et
des décombres de laquelle il n*avait été
retiré qu'avec peine. W voulait pacifier
les troubles de l'église occasionnés par
la constitution Unigenitus , et pour cela
il prit à tâche de la justifier de toute op-
position à la doctrine de saint Augustin
et de saint Thomas, dans.un bref du 6
novembre 1 724 , adressé aux professeurs
de l'ordre de saint Dominique, et dans le
concile qu'il tint à Rome, en 1725. Il
avait également l'intention d'approuver
les douze articles du cardinal de Noailles;
mais cette bonne intention échoua contre
les menées de ceux qui l'entouraient. Le
bref qu*il publia, en 1 729, poiir autoriser
la légende de Grégoire VII, souleva coa^
tre lui toutes les puissances et fut rejeté
par la majeure partie de l'église catholique.
La bonne union qu'il entretenait avec la
cour d'Autriche fut troublée par ses pré-
tentions sur les duchés de Parme et de
Plaisance.il n*envit pas le rétablissement,
étant mort en 1730. On a de lui des Ho--
tnélies sur V Exode ^ Rome, 1724, 2 voU
in-4^, Alexandre Borgia, archevêque de
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BEN
(821)
BEN
Fermoi a écrit ta vie en latin , Rpuie,
1741,iQ-4^
BsiroiT XrV {Prosper Lambertini),
de Bologne, fut élu en 1740, ponr suc-
céder à Clément XII. Ses profondes con-
naissances en théologie , en droit civil et
canonique et en littérature, le firent suc-
cessivement nommer avocat consistorial,
promoteur de la foi , consultant du saiot-
olBce, canoniste de la pénitencerie, évé-
que d*Ancôae en 1727, cardinal en 1728,
archevêque de Bologne, en 1 732, et il en
remplit les fonctions avec une rare capa-
cité et une tolérance admirable. On ra-
conte de lui des traits qui font honneur
à sa charité. Dans le conclave de 1740
les cardinaux ne savaient plus sur qui
diriger leur choix, quand Lambertini
leur dit, avec son enjouement ordinaire :
« Si vous voulez up saint, nommez Gotti ;
un politique, Aldro vandi ; un bon homme,
prenez-moi. » Ces paroles décidèrent de
son sort, et il fut nommé. Il prit pour
ministre le cardinal Valenti , et pour amis
les cardinaux Passionei , Quirini et Poli-
gnac. L'inquisition d'£spagne voulait cen-
surer la défense des quatre articles par
Bossuet; Benoit XTV s'y opposa. Ce pon*
tife avait dit autrefois au P. de Mpntfau-
con : « Moins de libertés de Tégli^e galli-
cane de votre part , moins de prétentions
ultramantaines de la nôtre , et nous met-
trons les choses au niveau qu'elles doi-
vent avoir. ». Consulté par la cour de
France au sujet du refus des sacremena,
il répondit, en 1756, qu'on ne pouvait re-
fuser les secours spirituels qu'à ceux qui
seraient notoirement convaincus d'être
réfractaires ou désobéissant à la bulle
Vtiigenitus, Il garda la plus stricte neu-
tralité dans la guerre déclarée à l'Autri-
che par la France et la Prusse, pour ex-
clure François de Lorraine du trône im-
périal. U permit à Marie-Thérèse de to-
lérer le culte protestant dans ses états. Il
favorisa le progrès des sciences et pro-
tégea les savans. Tous les souverains de
l'Europe avaient pour lui la plus haute
estime. Les voyageurs les plus distingués
s'empressaient de solliciter son audience
et de recueillir de sa bouche quelques—
unes de ces paroles spirituelles qui rele-
vaient sa conversation. Il mourut en 1 758.
Ses ouvrages, imprimés plusieurs
Encyclop. d. G. d. M. Tome UL
fois séparément, en italien ou en latin,
ont été recueillis à Rome, s Bassano ou
à Venise, en 12 ou 15 vol. in-fol. L'édi-*
tion de Bassano, la plus complète de
toutes, a 15 vol. in - fol. , non comprit
le BuUaire (4 vol. in-fol., Venise, 1760).
Elle renferme : 1^ Deservorum Deibea-
tificatione et canonisalione , le chef-
d'œuvre de Lambertini , dont le P. Ban-
deau a donné une analyse en français
(Paris, 1759 et 1761 , in-12); 2^ Mis-
celUmeay tppendice à l'ouvrage de la
canonisation des saints; 3^ De sacro^
sancto Missœ sacrificio^ Ubritres, com-
posé en italien et traduit en latin par Ja-
comelli, imprimé trois fois; 4^ Defesds
Domini Nostri Jesu Christi et Beatœ
Marias virginis, Ubriduo, écrit en ita-
lien par l'auteur et traduit en latin par
Michel- Ange Jacomelli ; 5^ Institutiones
ecclesiasticœ, composées en italien et tra-
duites en latin par Ildefonse de Saint-
Charles ; 6^ De Sjmodo dioeesand li-
brimiif ouvrage excellent; 7® Opéra
MisceUaneay autres que les Mlsçeilanea
dojat il est parlé cindessus; 8^ Quœs-
tiones canonicœ et morales, 2 vol. — Ca-
raccioli a publié une fie de Benoit XIV
(1784, in-12), mais elle est peu sûre, peu
exacte.
BenoIt Xin {Pierre de Luna) ^
Aragonais , antipape , commença par
étudier le droit civil et canonique avec
beaucoup de succès, prit le parti des
armes , et revint à ses études de droit
qu'il enseigna avec éclat dans l'univer-
sité de Montpellier. Grégoire IX le créa
cardinal en 1375. U s'attacha à Clément
VU , qui régnait à Avignon , et se fit
reconnaître au concile de Salamanque en
1387. Il succéda à ce pontife, en 1394 ,
avec l'assentiment de la France qui comp-
tait sur ses promesses de tout sacrifier
ativ bien général. Vain espoir ! promesses
trompeuses I Benoit se refusa à toutes les
propositions d'accommodement et fou-
droya toutes les mesures que l'on prit
pour y parvenir. Sa fermeté et ses intri-
gues lui ramenèrent le roi de Castille , qui
s'était soustrait à son obédience, et même
Charles VL Cependant il faisait semblant
de vouloir se rapprocher du pape de
Rome, lequel, de son côté, se jouait de
ses adbérens par de semblables artifices.
21
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BEN
^3Î2)
BEN
LMsës de tant de fourberie, le$ eardi--
naax des deuit obédiences, d*accord
avec les sonverains, convoquèrent à Pise
un concile œcuménique qui s'ouvrît le 25
mars 140^ Benoit refusa de s'y rendre
et en brava les décisions, barricadé d'a-
bord à Collioure , et ensuite à Peniscok,
avec l'appui des royaumes d'Aragon ,
de Castille et d'Écosseï 14 ne se rendit
fias davantage aux déterminations du
concile de Constance, en 1414, et aux
ambassades qu'on voulut bien lut en-
voyer. Fier de l'obéissanee d'Alphonse,
toi d'Aragon , il mourut dans son ob-
stination , au château de Peniscola , en
1424, à l'âge de 90 ans. Bossuet a re-
marqué que Benoit est le premier qui ait
condamné les appels du pape au con-
cile. J. L.
BBI9SERADE (Isaac dk) est un
^ ces écrivains qui , avant tout autre ta-
lent, ont en celui de naître à propos. Il
vît le jour en 1612 , à LIOns, petite tille
de Normandie , et vint très jeune dans
la capitale, où les concettij les pointes,
le style affecté, le bel- esprit en un mot,
étaient alors en grande faveur. Benserade
«e distingua bientôt dans ce détestable
genre. Pensionné tour à tour par Ri-
chelieu et Mazarin qui, en fait de goût,
n'étaient pas des oracles, il séduisit jus-
qu'au poète Boileau , qui le loua dans
VArt poétiqtee et plus tard en fit amende
honorable dans sa satire de VÉijuù^oque.
En 1651 encore, Benserade, émule de
Voiture, partagea avec lui l'honneur
d'exciter une petite guei*re lîttératl^ par
les fameux sonnets de Jdb et d'Uranie;
et ta conr et la ville se partagèrent en /o-
heîins et en Uranins. Mais ïk^à^kt de la
réputation et de la fortune dé Bcfnsèrade ;
fut le Commencement du règne de Louis
XrV. Poète de la' cour, t eut Ventre-
prise de ces petites pièces de vers dési-
gnées alors sous le nom cle devises et
qui faisaient partie des ballets où figu-
rait, au premier rang, W jeune et ga-
lant monarque. H est juste de dire que
Benserade sut mêler parfois à d'ingénieu-
ses Batteries pour le roi et pour les sei-
gneurs et les dames qui prenaient part à
ces fêtes, de piquantes et malignes allu-
sions. Généreusement récompensé par
-son héros, il se créa un revenu de près
de lâ,000 fhiDcs, somme prodigieWB
pour i'époque; il eut de plus un carrosse,
ce qui, aujourd'hui même, est un luxe
réservé à bien peu de ses confVères. Soui
le rapport de l'amour-propre il ne fut
pas moins bien traité. En 1674 il avait
été élu à l'Académie. Louis XTV donna
10,000 francs pour l'impression et les
gravures de ses métamorphoses d'Ovide
mises en rondeaux; et dans le privilège
du roi , nécessaire alors ponr la publica-
tion de tous les livres , le sien fut favori-
sé, par exception, d'éloges officids.
Mais le siècle plus fort que le prince
avait marché pendant ce temps : des chefs-
d'œuvre avaient édairé le pubKc et fait
justice des prétentieuses médiocrités. Ben-
serade pendant ses triomphes s^tait con-
solé des épigrammes : il ne se consola pas
de l'oubli. Il se résolut à fuir un monde
qui l'abandonnait et se retira à Centilly,
dans une petite maison de campagne , où
s'écoula le reste de ses jours entre les re-
grets, la dévotion pt quelques instans coti-
sacréi encore à une lyre qui ne rendait
plus que de bien faibles sons sous sa mai*
défaillante. Six ans après sa mort^ qni eut
lieu en 1691, on publia, en 2 vol. in-12,
un chol^ de ses poésies. Cest aujourd'hoi
une rareté bibliographique. M. O.
BENSLEY (Tkomas ) , imprimeur à
Londres et l'un des premiers t3rpogra-
phes d'Angleterre. Parmi les ouvrages
sortis de ses presses on distingue la Bible
anglaise de Macklin ( 1800-181 5 , 7 vol.
lu-fbl. ) , et l'édition de luxe de Hume
(lj806, 10 vol. in-fol.). L'imprimerie de
M. Bensley devint en 1819 la proie des
flammes. Y.
BENTHAM (JiéméMiE), l'un des ju-
risconsultes et pubUcistes les plus distin-
gués de l'Angleterre , naquit à Londres ,
l'an 1747, et montra déjà, dès sapins
tendre enfande, des dispositions tellement
précoces qu*à l'âge de 3 ans il lisait, dit-
on, l'histoire d'Angleterre, par Rapin,
pour son amusement. A 8 ans, il savait
jouer du violon, et à Tàge de 18 ans il
commença ses études à Oxford.
Son père , un des avocats célèbres de
Londres, l'introduisit, en 1772, sous tes
meilleures auspices, dans la carrière pu-
blique , où bientôt il donna des preuves
éclauntes de son talent et de ses profioiH
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BEN ( tu )
éei ^»fill*isS«Qce8 praticpiet. Mâigi^ un
bHllant début, il quitta l« barreaa dès
qu'il eut reconnu les abus delà juftioeai>-
glaise à la cour de fa dianeelltrie, et qu'il
eut a)>prls, entre autres, que de temps
immémorial les avticats airateot la cou*
tume de ne comparaître à f audience que
#ttHatroisièmea8signation;qu*ilsporUieiit
les trois assignations en compte à leurs
cHens pour en partager le bénéfice a? eo le
Mnseit de la cour. Bentham fut révolté
de éet abus. Après en avoir obtenu le con^
•enlement de son père il résolut de irtt*
¥ailler à abolir de si mauvais usages, plu*
|6C que d*en tirer parti pour luinnéme.
Lé fluort de son père Tayant mb ea
)M)S9etetotf d'wie modeste fortune^ il re-
HOrfi^a à toute ambition d'arrÎTer aux em*
plois et aux honneurs, pour ne.consacrer
sa vfe qu'à raméNoration de la justice et
desétablisftemens nationaux. Sa brochure:
w/ f*a^ent on goverftment (Londres,
1776 ), par laquelle il débuta et qui don*-
iMit des édajrdesetnens sur nu chapitrç
4es eommentaires de Blacksione, aniHmça
déjà toute la sagacité d'un profond peo^
«eur. Mais ce qui établît sa réputation
Iblsa Défense cfasury{LondttSy i 7^7),
^ans taqueflè il proétait qu'il était im*
l^lillque dé «lettre des «ntmvea ou tiooBh-
nveriee de fargèfut. Son Introduction to
^he prineiples (jf moral andlegiâlcuiOM
^ridl^, f 790, in^^; nowelle éditiou,
J toi. , Londres \Mt) traite à fo»d les
poiots prlMcipaWx de Tart gouivernemen*-
lai. Son Rationak ^fjûdicial évidence
(6 vol., Londl^ee, i%^f) donnoi avec la
Viéctt^e de lapreuVe, tinexamen général
él approlbodi^de la procédure deè tribu*
Mux anglaîéi' 'fHHni ses écrits les plus
pt^foMds fl^«re son Plan of ajudiciûl
'éirt^li^ki/kènt^M'^W ckttînait à la France
i^é«ét^. Quoique «cet ouvrage ait été
bnpriméà Llndreteiil792, il n'a jamaà
été répandv dans le oarmmeroe; Deux de
ses meilleurs ouvrages n'oÉt jusqu'à rpoé-
setil p«8 eooeke été impriaaés en Ordinal.
Vu de«ea amiS) DoaMut de Oeuè^y kfi
*lrtiduitaenfVaili^is«ur sos mMMiacrit:
m sont lé IVaixé de (a législation civile
ef pénaie (l^aria IMl, 3 toi.) et sa
Théorie det peine} et récompenses (2
Vol., Londres, 1 S 13). Ces ounages agrao-
'ArcaM, DoUmmeDi en Fnmce^lar^Mrt^^
BBN
tien de Bealbàm à un tel point qu'ayant
TÎsité une des cbanibres de la Coor
royale pendant .son séjour à Paris, tout
les avocats ise levèrent à son entrée, pour
lui rendre us bommage éclatant de leiur
considératt<m. L'emper«ur Alexandre lu«
avait envoyé une bague euricbie de dîa^
Mans; BentbamkreAiaa en disant ; « Que
son intention n'était point de rectv«ir
des bagues des aouvemius, mais seule*
ment de rendre quelques services au
monde. »
Un de ses plus intéressans ouvragée»
JSssfty on FÔlilical luçiiest qui parut
pour la première fois en 1701^ fut pu<-
blié par Du mont d'après le manuscrit -
rev« et augmenté par Bentbam, sous le
titre é* Essai sur la tactique des assenh-
blées législatives (Genève, 181$). L#
petU écrit de Bentliam St^ar not at ail
^Londres^ 1 SI 3) était dirigé contre Tabu»
judiciaire du serment, et son Tàe art qf
pacÂingjuries (Londres, 1 82 1) attaquait
l'influence illégale des autorités sur les
jurjs» Il combattit le système d*excliii«>
sion de l'égUse angliccuie dans son Churçk
of engian€iism {hon^r^y t^t7)i s€9
V4iea sur la nécessité d'wie réforme g4<
n^rale sont renfermées dans son Plan qf
pariia/nenlafy re/omi (Londres, 1317)
et dans son Hadicai feform ^{//(l^oud*»
1819). Ces éciits et pUtsiaurs antref s'é^
levaient eveotant d'éoergjis et deoonragi
contre k corruption dans TéUt et dant
l'église^ que^ de tous les écriiMnP)*! fut le
pluseobétté àranimositôde#aU«qufisdi|
parti toryt). et cetlje cir^ouftau^f n> paf
peu oontrtbué à ijntraver pepdau^ loqg^
teeaps la publication d^ sn^ euvrages e^
Angletcft^re. C'est sous son influence quf
parut en 18t4 In WesUnimtter review,
destinée n défonds-e et à appliquer fcp
principes politiques. IVmi sas preijaier^
écrits mérite amai d'èt«-jQ çUé.«Q# Panop^
Uœn or the inspection hQti^(4^ vol,
Londres» 1791)^ il y développe le plan
d'une BOuvelle manière d^ opustruim 1^
prisons, les msiaons dé tns^uii, les 4tablie-
semens pour les aliénés» et autres; et o'eftt
d'après œ plan qu'on exécuta en partie la
prison de Millbauk, à Londres.
Bentham était simple et plein de di^
gnité dans ses habitudes ; son oommeroe
était doux, d'une aimable faite. Phâlo-
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BBN
(324)
BEN
êophe pratique,!! exerçait la bienfaisance
d'une manière peu ordinaire. Tout son
extérieur, sa belle tête, son oeil bien ou-
vert, ses longs cheveux ondoyans et la
douceur de ses traits, jointe à l'expres-
sion naturellement spirituelle et énergi-
que de sa figure, lui donnait une ressem-
blance frappante avec Benjamin Franklin.
En France, M. David a fait son buste en
marbre. Même dans un âge avancé il
aimait encore à jouer de Torgue et avait
disposé à cet effet, dans son jardin, une
maison qu'avait habitée Milton et que dé-
corait le buste de ce poète. Il était pas-
sionné pour la poésie ; la botanique était
• un de ses passe-temps favoris. Le triom-
phe de la réforme venait d'embellir les
derniers jours de sa vie, lorsque la mort
l'enleva le 6 juin 1832.
Sa correspondance avec les hommes
les plus distingués de son temps, un
fragment de sa biographie et tous ses ma-
nuscrits ont été confiés au D^ Bowring, qui
est chargé de la publication de ses osuvres
complètes; un ouvrage inédit, la Déontolo-
gie, en fera partie. Dans ses dernières dis-
positions Bentham ordonna que son corps
serait livré à la dissection, et cela pour se
metti*e en opposition avec le préjugé qui
règne encore en Angleterre. Ses amis
furent obligés de lui faii'e la promesse
soiennelle d'exécuter fidèlement cette
dernière volonté, malgré tous les empé-
chemens qu'on pourrait y opposer. C. X.
BENTHElîf , comté de la province
faasovrienne d'Osnabruck à l'ouest de
TBms sur la Vechte , borné par les Pays-
Bas, les principautés hanovriennes d'A-
remberg et de Kheina-Wolbeck , et par
la principauté prussienne de Salm, avec
26,000 habitans, sur 19 milles c. géogr.
Une partie du sol consiste en terrains
marécageux et n'a que des pâturages et
des tourbières. Le restant est fertile en
blé, en légumes, chanvre et bois. Les
revenus du comté sont d'environ 100,000
florins. La religion du pays est la réfor-
mée; mais les luthériens et les catholi-
ques ont le libre exercice de leurs cukes.
Autrefois Bentheim était un comté
immédiat de l'Empire. L'extraction de
la première lignée des comtes de Bent-
beim eut lieu en 1421; alors le plus
proche héritier de ces comtes, un uoble
de Goterwyck , acquit par mariage It
comté de Steinfurty et son petit-fils,
Eberwyn lY, mort en 1562, y réunit
encore le comté de Tecklenbourg. Ses
petits-fils, qui partagèrent entre eux l'hé-
ritage paternel, fondèrent au commen-
cement du XVII* siècle les trois branches
Tecklenbourg , Bentheim et Steinfurt,
dont la dernière est éteinte. En 1768 le
comte Frédéric-Charies-Philjppe I for-
tement obéré, se rit obligé d*engager son
pays au Hanovre pour trente ans, et le
contrat fut renouvelé, en 1788, pour un
égal espace de temps. Mais lorsque les
Français se furent emparés du Hanovre,
le comte se détermina, en 1808, à dé-
gager ses domaines moyennant une somme
d'argent : ce qui n'empêcha pas Napo»
léon de soumettre ce pays, en 1807,
au grand-duché deBerg, et, en 1810,
de le réunir à la France. Le comté à%
Bentheim resta médiatisé; mais, en 1 8 1 7,
les comtes furent élevés à la dignité dn
prince par le roi de Prusse. Le titulaire
actuel de Tecklenbourg, le prince ÉiitLS,
est né en 1765 et réside à HohenlioK
bourg; outre Tecklenbourg il possède,
sous la souveraineté de la Pmsse, It
comté de Hohenlimbourg et la seigneurie
de Rbeda, formant environ 8 j milles
c. géogr. avec environ 10,500 babitana;
plus les seigneuries de Gronau et de
Wevelinghofeo. Ses revenus sont de
60,000 florins. Nous disons le titulairt,
car le comté de Tecklenbourg appaiv
tient depuis 1706 à la couronne de
Prusse qui en a fait l'achaU t
Le comte de Bentheim esl à la f«ls
sujet de la Prusse , pour Steinfort , et d«
Hanovre, pour BentlMinK Xe : prinee
Alsxis, né en 1781 , réside à Bcatbeim.
U » racheté Bentbeim en 1821. Bent-
heim et Steinfurt comptent 26,000 ha-
bitans, sur un espace de 20 toiWm c. g.
Les revenus du prince sont amucUemeat
de 160,000 fl.
Son frère, Guillaûmb, fekknarécbal-
lieutenant de l'armée autrichienne, né k
Steinlort, en 1782, eut encore le prér
nom de Bdgicus, parce queiet états-gé-
nénux de la HoUande lui servirent de
parrain. En 1609 il fut nommé colonel
sur le champ de bataille d'Aspem. Le
la «Mon, il ramena , à la ba«
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(826)
BEN
taille de Wagram, son régiment d*abord
repoussé. li se battit avec une égale bra-
voure, en 1813, près de Dresde et de
Culm. C'est en 1827 qu'il fut nommé
feld-maréchaKlieutenant. Par son activité
et ses sages mesures il contribua beau-
coup, lors de l'entrée des Autrîcbiens
dans les états romains, en 1831, kj
apaiser les troubles. C. L,
BENTINGK ( Wiixiam-Hehbt-Ga-
▼SHDISH ) , VOr- POETLAND (duC de).
SENTINCK (Williàx-Henbt-Ca-
TEHDisH, lord), gouverneur général de
riode anglaise, est né en 1774. Étant
entré de bonne heure au service mili-
taire , il fut nommé, dès l'âge de 29 ans,
gouverneur de Madras. Rappelé en Eu-
rope quelques années après, l'Angle-
terre l'envoya en Sicile, auprès du roi
de Naples , avec la mission de comman-
der les troupes auxiliaires anglaises. £n
présence d'une reine ambitieuse, qui
supportait impatiemment la présence des
troupes étrangères dans ses états, ce
poste exigeait une grande prudence;
nuis l'Angleterre, convaincue de l'inca-
pacité de cette princesse Intrigante, ne
consentait à la protéger contre Napo-
léon qu'à la condition qu'elle se laissât
diriger. Ce fut par l'influence de son
ambassadeur et malgré la reine Caro-
line, qu'une constitution fut introduite,
en 1812 , dans la Sicile. On a reproché,
avec raison , à l'Angleterre de n'avoir pas
stipulé le maintien de cette constitution
lorsque les troupes anglaises se retirè-
rent, après la chute du trône de Napo-
léon. Il est vrai que les partisans du mi-
nistère anglais ont dit , pour son excuse ,
qu'on s'était convaincu que la Sicile n'é-
tait pas mûre pour apprécier le bienfait
d'une constitution. Napoléon combattait
encore contre les alliés du nord , au com-
mencement de 1814, lorsque le gouver-
nement anglais chargea lord Bentinck de
soulever l'Italie contre lui et de soute-
nir les efforts de la population par les
troupes qui furent mises à sa disposition,
dans la flotte de la Méditerranée. Le com-
mandant en chef adressa une proclama-
tion libérale aux Italiens, força la garni-
son française à Gènes, à capituler, et
promit le rétablissement de l'ancienne
république génoise. Lorsqu'ensuite le
congrès de Vienne soumit Grénes au roi
de Sardaigne, l'indignation fut générale;
de vîolens reproches furent adressés au
ministère anglais, par l'opposition par-
lementaire , pour avoir sacrifié uq pays à
qui le représentant de l'Angleterre avait
solennellement promis le rétablissement
de son ancienne indépendance. Lord
Castlereagh ne rougit pas de désavouer
le commandant en chef, et lord Bentinck
eut la faiblesse de continuer de servir
sous un ministère qui lui avait fait un
tel affront. Il accepta le poste de minis-
tre près le Saint-Siège; mais il revint
bientôt en Angleterre et ne fut plus em-
ployé tant que dura le pouvoir de lord
Castlereagh. Ce ne fut que sous le mi-
nistère de Canning, en 1827, qu'il fut
appelé an poste important de gouver-
neur général de l'Inde. Il en remplit de-
puis ce temps les fonctions, à la satis-
faction générale. L'Inde n'a jamais été
plus tranquille ni mieux gouvernée que
sous son administration. Un voyageur
français, Jacquemont, qui reçut de lord
Bentinck toutes les facilités pour ses
recherches d'histoire naturelle, dit de
lui : a L'homme qui fait peut-être le plus
d'honnneur à l'Europe, en Asie, c'est
celui qui la gouverne. Lord Bentinck^
sur le trône du Grand-Mogol, pense et
agit comme un quaker de Pensylvanie.
Mêlé long-temps dans des scènes de tu-
multe et de sang, il a gardé pure et vierge
cette fleur d'humanité que les habitu-
des de la vie militaire flétrissent si sou-
vent. Éprouvé aussi par le plus corrup-
teur des métiers, celui de diplomate, il
est sorti de cette épreuve avec la pensée
droite et le langage simple et sincère de
Franklin. » D-o.
BENTIVOGLIO (la famille),
originaire du château du même nom ,
aux environs de Bologne, et souveraine
dans cette ville au xt** siècle , prétend
descendre d'un fils naturel d'£nzio, lui-
même fils naturel de l'empereur Frédé-
ric II. Enzio , 22 ans captif chez les Bo«
louais, mourut dans leur ville, en 1271,
laissant, selon des chroniques peut-être
apocryphes, un fils du nom de Ben-
tivoglio. Pendant le xit^ siècle, on voit
la famille de^ Bentivoglio attachée à la
corporation des houchers. Peu après elle
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BEN
t'âhittrey et, pu* «on àttichement au parti
de l'Échiquier, elU acquiert les pre^
nières place*.
Jbak Betitivoglio, ebef du parti dk
rÉohiqnier, aapplanteManiie Goazadini
et se fait proclamer, en 1401, seigneur
de Bologne. L^anoée sqitante il perd la
bataille de Fasaleochio contre Jean-Ga-
Ua» Viacoiitl; pni» il est tué par le peuple
de Bologne dans une révolte. Mais son
usmpatîon n'en devient pas moins un
titre pour sa maisote. Antoike, son fils,
banni de Bologne en 1420, y rentre au
bout de 16 ans, acquiert la faveur po-<
pulaire, puis est arrêté par ordre du
pape Eagène IV, et décapité au même
instant (1436). Anitibal, placé à la
tête du godvernement de Bologne, en
1488, par Nie. Piocinino , est peu docile
aux ordres de ce proteotear , se voit en^
fermé dans la citadelle de Yarrani, s'é-
vade , et gouverne de nouveau Bologne,
nais sans titre , jusqu'en 1446. A cette
époque il est tué par des hommes qui
prétendent rétablir la liberté dans BÎo-
logne, mais au fond obéissent aux insti*
gâtions du duc de Milan. Santi ou SAïf^
CHS était chef d*une manufacture de
laines à Florence , quand Cosme de Mé<-
diois lui offrit le choix entre ses occupa-
tions industrielles et le gouvernement de
Bologne. Santi opta pour le poste péril*
leux qui le plaçait parmi les chefs de 1*1-
talie, gouverna 16 ans avec sagesse,
toujours d'accord et avec le peuple de
Bologne et avec le pape , et mourut uni«-
verseilement regretté, en 1462. Jean II ,
fils d'Annibal I®' , encouragea les arts,
Orna Bologne d'édiices magnifiques,
appela les scntpteurs, les peintres, les
poètes, autour de lui. César Borgia l'avait
en ^vteiin envirenné^l'embàches : Jean dé-
joua tous ses pièges ; mais Tarrivée do
pape Jules il , avec une armée et des
rrawgals, le contraignit à quitter Bolo«
gne ( 1606 ) pour ae réfugier à Milan,
où il mourut en 160S< AimiBAL II et
Hkb «ris rétablis, en 161 1 , par les Fran-
çais dans l'exercice de leur souveraineté
î Bologne , en jouirent nn an ; puis, for*
eés de se retirer à Ferrare et à Mantoue,
Ils renoncèrent à leur pouvoir en faveur
du pape. HKKCiruc Bentivogllo,filsd'A»»-
ttibal II, né vers I'm 16ifl» te mai^ojé
( 826 ) BEIf
par les princes d'Esté dans plusleon iléw
gociations délicates etmoiurut en 167S»
Il excellait dans la poésie, la musique
instrumentale et les exercices du corps.
On a de lui: 1° des stances, sonnets,
églogues ; 2^ des satires et des oapiioli ;
8^ deux comédies. Sa facilité, sa graoe^
le rendent presque l'égal de l'Arioste.
Opère poetiche del signor SreoU Ben*
thogUo, Paris, 1719, in* 12.
Camille Bentivoglio , petit-fils d'Aa^
nibal II, s'attacha aux rois Henri U et
François II dont il fat premier gentil*»
homme; puis, faussement accusé par le
parti des Guises de l'assassinat du coaita
d'Enghien et même cité pour un cas plua
grave encore devant le pape Pie IV, il
pasm en Pologne et se signala pendant
la guerre contre les Turcs. Cm, sucœ^
sirement camérier secret de Clément
yill, référendaire de Paul y,arehevé^
que de Rhodes, nonce apostolique tm
Flandre et en France, et enfin cardinal^
fut choisi par Louis XIII pour protee^
teur de la cour de France auprès du
pape, et devint le confident intime d'Ur«
bain VIII qui le fitévéque de Palestrine
et auquel on crut qu'il allait succéder, en
1644, lorsqu'il mourut dès l'ouverture
du conclave. U avait 66 ase. On a de lui
des ReUuiofis de ses nonciatures, dee
Lettres j une Histoire de Flandre :, des
Mémoires sur sa vie. Tous ces ouvragée,
traduits en français, offrent de l'intérêt,
quoique superfioieb, et trahissent dea
opinions fortement ultramoDlaines,
HippoLYTZ, d'une autre branche de la
famille, marquis de Magliano, comte
d'Antignano, noble bolonais, ferrerais
et vénitien, colonel de cavalerie, était
au siège de Pavie avec le duc Françoie
de Modèoe. U perlait plusieurs langues,
possédait la musique et l'archileeture,
inventa plusieurs madunes théâtrales,
composa 4 tragédies ( Annikal à Ctt^
poae^ Pbj'ilisy jéchille à Scyrosj Tirir»
<fet/#),uneooniiédieetdespoésieslyriques.
Son fils CoaiiELio, né à Ferrare en 1 668,
fut, sons Clément XI, prékt domesti<^
que, clerc de la chambre apostolique,
archevêque de Carthage et nonce ea
France. Il ^développa beaucoup de zèle^
pour U bulle Unigenitus et en oonaè«
quenoa re^ beaucoup de fiteenea M
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BEW
(327)
BEN
Loois XIV. La régenco chanfea siogu-
lièftm^t cet ordre de choses, et le pape
l'ayant rappelé en Italie le nomma car-
diiMtly 4n 171S, puis légat à latere dans
la Eomagne , nonce en Espagne , etc. U
y mournt en 1732. Le cardinal Bentivo*-
glîo était versé dans Isa lettrea, dans le
droit » la théologie et les sciences. Il son*
tint noua Jea établisaemeos favorables à
la littérature. On a de loi plusieurs Dis^
cours ( un entre autres sur Tutililé mo-
rale des arts du dessin), une traduction
en TCta de la Tkékaide de Stace , et quel-*
qoea jfomutf (Collection de Gobbi, t.
UI). VauP.
BBNTLEY (EiQHaanXrun desphi-
lologues ka plus instruits et les plus ju^
dieieux» était le fils d'un aftaréchal^fer-
rant. Il naquit, en 1669, à Oultoo près
Wakefield , dana le oomté dTork, et
fréquenta d'abord l'école de Wakefield ,
d'où il passa à l'uni versilé de Cambridge,
qu'il quitta en 16$1 , pour devenir mai-*
tre d'école à Spalding, dans le Lincoln-
ihirt , puis précepteur du fils de l'évéque
de Worcester, alora doyen de Sainte
?aul, et dont U détint quelque temps
après le chapelain. Son épttre en latin au
diooteur John Mill (1 69 1) commença à le
faire connaître; Bentley y fit preuve d'une
wsta érudition et d'une critique h^ireu-
sementappllquée à l'étude des classiques
anciena. Il «listait un legs qu'on aocor^
dait pour un csruîn nombre de sermons
qui devaient être prêches chaque année
en l'honneur de la défense de la religion
uaturelle et révélée. Bentley ayant été
choisi, en 16»$ ,-pour remplir la volonté
dutestatami, il composa huit sermons
consacrés à hi réfoUtion de l'athéisme; il
prouva dans cette occasioB qu'il avait
o^n-eeuleraent une profonde connais-»
••noe des philosophes de Tantiquité, mais
Wii était à la hauteur des idées de son
époque. Lora de la publication du Calli-
asaqne de Gvtt^us, m 1 697, Bentley en»
voya à ce demcr une grande cQlleetk)n
de fragmeos de ce poète, avec ses Pemap*
ques. Déjà conservateur de la bihliothè-
qve royale de St-Jaroas, Bentley fut nom-
iné profcssenr au collège de la Trinité à
GMabridge, «n 1760$ et ayant renoncé
Ml CfaBoniçal de Worocster, il fut investi
idn lfarehîdiaefliiatd*By.
Tout en Bà livrant a une vive polémiqua
littéraire el en s'engageant, à la suite da
sa position, dans des discussions pénibles
pour lui, Bentley continua êes travaux
scientifiques et publia, en 1710, ses re-
marques critiques sur U comédies d'A-
ristophane, et ses corrections des fjrag-*
mena de Méoandre et Philémon. Son
eicellente édition d'Horace parut en 1711
(3"* édition, Amsterdam, 1 728 ).£n 1736
il publia Térence et Phèdre. Son édition
du Paradis perdu de Milton lui attira
beaucoup de critiques en Angleterre , et
fournit une nouvelle preuve de son peu
de goût pour la poésie, par les change-
mens qu'il y glissa et les beautés et les
traits caractéristiques qu'il en effaça.
Sa vie fut une longue série de querelles
académiques; il y déploya autant de cou-
rage que de capacité. Il mourut, en 1743,
à Tàge de 81 ans. Sa correspondance a
été imprimée à Londres en 1807, in-4^
et réimprimée à Leipzig en 1825, in-8^,
sous ce titre : JUck. BenUeii et doctorum
virorum Epis^iwpartim mutuœ, novis
addidamentis ^ God. Uervnanni dis^
sertatione de Bentieio efusque ed, 7<r-
r&nlii auxit Friedemann. On peut con-
sulter sur Bentley l'art, de VEncyclopœ^
dia Britannica. Dans la biographie la
plus récente que nous ayons de lui, bio-
graphie publiée'deraièrement par James
Henry Monk, évéque de Glocester,
soua le titre : 7%e Ufe ofRich. Bentley
{ London , 1 880, in-4'' ) , on rend justice
à Bentley comme savant, mais on pré-
sente sa vie et son caractère sous des
couleurs très peu avantageuses. Le célè-
bre Wolf avait aussi écrit sa biographie
(Berlin, 1816); mais cet émule de Bent-
ley ne disposait pas de matériaux aussi
riches ni aussi authentiques que ceux
quVi eus le biographe anglais* C. X.
BENZBL-STERNAU ( CnniTiEw-
EmNxsT, comte de ), écrivain distingue-
par rorigînalité de ses écrits et par ses
opinions libérales, naquit à Mayence
en 1767, entra au service de l'électeur
de cette ville en 1791, en qualité de con-
seiller de régence à Erfort , et fut nom-
mé, en 1803, conseiller intime d'état.
U prit ensuite du service dans te grand-
duché de Bade, où lui lut confiée, en
1806, la direction du ministère d# Tin-
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BEN
(328)
BËO
teneur ; enfin il fat nommé, en 1 S 1 2, mi-
nistre d'état des finances par le grand-duc
de Francfort. Lorsque ce grand - duché
cessa d'exister, en 1 8 1 3, le comte Benzel
alla demeurer en Suisse et séjourna al-
ternativement dans ses propriétés près de
Hanau et à Mariahalden, près du lac de
Constance. Le Veau d'or, biographie
( 4 vol., Gotha, 1802 ), plaça Tauteur au
rang des écrivains humoristiques les plus
distingués de 1* Allemagne. Dans ses au-
tres écrits de même nature on a remar-
qué la richesse des images, la justesse
des comparaisons, une manière spiri-
tuelle, beaucoup de finesse d'observation,
jointe à une connaissance profonde du
monde. On peut toutefois reprocher à
ses compositions un désir souvent im-
modéré de faire de l'esprit et la manière
quelquefois énigmatique et subtile dont
il y traite son sujet, défauts auxquels se
joignent encore l'étrangeté et la surabon-
dance de phrases. M. Benzel-Sternau
s'est aussi essayé dans le genre dramati-
que, mais pas avec un égal bonheur.
Son Théâtre de la cour de Barataria
(4 vol., Leipz., 1838 ), recueil de pro-
verbes dramatiques, présente plusieurs
scènes spirituelles et en partie bien or-
données, mais ne constitue pas une vé-
ritable production de l'art. Sa comédie
A moi l'univers a des caractères bien
dessinés; mais le véritable comique y
manque et l'action languit souvent. Aprà
avoir servi deux princes ecclésiastiques,
le comte se fit recevoir, en 1827, dans
la communion évangélique avec son frère
Godefroy, mort en 1832, et cette conver-
sion fit du bruit. D'après sa déclaration
publique , la conviction seule Ta porté à
cette démarche. Deux ouvrages sur les
États de Bavière font connaître M. Ben-
zel comme partisan éclairé de la liberté
et des droits constitutionnels; cepen-
dant son opposition n'est pas sans l'al-
liage de quelques prétentions aristocra-
tiques. C, L, m,
BÉOTIE, contrée de la Grèce propre
(aujourd'hui Livadie), avait pour bornes
au sud la Mégaride et l'Attique, à l'ouest
le canal d'£ubée, à Test la mer d'Alcyon
et la Phocide, et au nord la Phocide et
les Locriens Opnntiens. Une chaîne de
montagnes qui traverse di^on^lemeot le
pays le divisait eu S régions; l'une, vers
le nord, est la Phocide, froide, âpre, mon-
tueuse, peu fertile, très saine; l'autre,
vers le sud et l'ouest, beaucoup plus
chaude et plus riche en fruits, en vins,
mais beaucoup moins salubre et où l'at-
mosphère était plus épaisse. Les princi-
pales cimes étaient leCithéronyl'Hélicony
le montduSphynx, etc. Deux lacs, l'Ha-
liée et le Copais, sont regardés comme des
vestiges d'un ordre de choses antique,
détruit depuis des siècles, et dont la fa-
ble a rendu compte par le déluge d'Ogy-
gès. Ces lacs n*ont point d'issue naturelle ;
il leur en a été méningé une par des ca-
naux percés à travers les monts qui cir-
conscrivent les bassinsde ces lacs. La Béo-
tie, surtout comparativement à l'Attique,
était bien arrosée ; aussi ses habitans s'a-
donnaient-ils principalement aux soins
de l'agriculture et de Thoiticulture et à
l'éducation des bestiaux. Indépendam-
ment des vins et des fruits ordinaires,
l'olive donnait de très riches produits
dans le sud , les grains abondaient dans
le nord. Le poisson, le gibier, étaient
en grande quantité. Le voisinage des deux
mers eût pu favoriser le commerce , si
Athènes n'eût pas trouvé moyen de s'en
emparer.
Les premiers habitans de la Béotie
étaient lesLélègues,les Aones,]es Hyantes.
Ils constituaient peut-être une race plus
ancienne encore que celle des Pélasges.
Soumis par eux, ils firent dans la suite
cause commune avec les Hellènes, enne-
mis de la race pélasgique, et améliorèrent
ainsi leur sort. L'histoire primitive de la
Béotie se confond avec la fable; après
les premiers rois antochthones vient Cad-
mus le Phénicien, l'initié de Samothrace,
qui apporte à la Grèce l'alphabet et l'é-
criture, soumet les indigènes à son scep-
tre et fonde Thèbes, qui éclipsera la vieille
et noble Orchomène* A la mort de Cad-
mus , la guerre s'engage entre sa famille
et les Spartes ou indigènes personnifiés
dans Échion. Les deux races régnent
tour à tour et chacune donne à la con-
teuse et crédule Béotie des dieux, des
héros, des victimes : Sémélé, Bacchus^
Ino, Penthée, Mélicerte, Actéon, Am-
phioD, OËdipe, etc., etc. Ce qu'on peut
condnre de toat^ ces traditîoas, c'asi
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BÉO
(»2d)
BER
<Iti6 primitirettent rAtticfiie et la Béotie
se confoBdeDt : un même roi Ogygès ,
l'Océtn , les opprime ; la dvilisatioD
naissante refoule les eaux dans leur lit
actuel. Bientôt y tandis que les riverains
(Aktiqne ou Attique) s'occupent de pê-
che, d'industrie, les montagnards se font
pAtres (Boôtes, Botes, Boutes); Mercure
(Hermès ou Kadraos) est leur dieu. Les
Péiasges Tiennent, et avec eux une ci-
vilisation nouvelle; on en fait honneur
à leur chef à qui l'on donne tous les
attributs du dieu. Villes, écriture, sa-
crifices, tout naît en même temps. Les
réactions ont leur tour et les indigènes
s'insurgent de temps à autre contre les
civilisateurs. Une religion nouvelle , im-
mense^ surgit au mili^ de ce conflit , la
religion de Bacchus.
Des nuages plus épais encore couvrent
les annales de la Béotie jusqu'au rv® siè-
cle avant J.-C On sait seulement que
9 villes principales, Thèbes, Coronée,
Chéronée, Lébadée, Orcbomène, Thes-
pies, Platée, Tanagre, Onchieste (ou plu-
tôt Haliarte) formaient ensemble une
confédération dite Pambéotique;q\ï*e\\ea
envoyaient des députés à une diète com-
mune; que le lieu des réunions était Stone;
que Thèbes avait la présidence; que du
reste chaque ville était gouvernée par un
Béotarque chargé du pouvoir exécutif,
mais que tout ce qu'ils faisaient était
soumis au contrôle de 4 conseils qui ju-
geaient souverainement; enfin que l'en-
semble des Béotiens était un des 12 peu-
ples qui avaient séance au conseil des
Amphictyons. Les guerres roédiques four-
nirent aux Béotiens quelques occasions
de se signaler ; ils eurent part à la ba-
taille de Marathon et plus encore à la
bataille de Platée, où ils ne firent pas
moins que les Lacédémoniens. Pendant
la guerre du Péloponèse Thèbes se dé-
clara pourLacédémone; Platée, sa rivale
étemelle, prit parti pour Athènes. Les
événemens- de cette guerre mémorable
permirent à Thèbes de réduire presque
toute la Béotie à son obéissance : aussi ,
malgré la paix d'Antalcidas qui la con-
traignit à rendre toutes ses conquêtes,
se trouva-t-elle inopinément belliqueuse
et habile dans l'art de la guerre. Épami-
noAdaa et Pélopidas mirent Sparte à deux
doigts de sa mine; inais ces événemens
trouveront mieux leur-place à l'article
TniBEs.
Les Béotiens passaient pour lourds,
peu spirituels et peu guerriers , et leur
nom,devenu proverbial,s'emploie comme
une injure; bouviers, garçons de labour,
jardiniers et vignerons pour la plupart, ils
devaient en effet s'entendre fort peu aux
arts, aux lettres que cultivaient leurs élé-
gans voisins les Athéniens, et ils se sou-
ciaient médiocrement des guerres si ai-
mées des Lacédémoniens. Cependant le
génie , la bravoure ne leur manquaient
pas plus qu'à nos compatriotes péri-
gourdins et beaunois. Beaucoup de Béo*
tiens allaient entendre Socrate; Hésio-
de, Pindare, Corinne, Épaminondas,
Plutarque, en sont des preuves qui n'ad-
mettent point de réplique. Enfin ib avaient
l'oreille musicale à un très haut degré :
presque tous savaient jouer de la flûte.
Et quand une fois ils s'étaient déter-
minés à combattre, c'était une guerre de
géans ; vainqueurs ou mourans ils gar-
daient le champ de bataille. Val. P.
BÉRANGER (Pierre-Jean ub) est
né à Paris le 19 août 1780, chez un tail-
leur, son pauvre et vieux grand- père
maternel. Son père et sa mère, à ce qu'il
semble , eurent peu d'influence sur son
éducation. Il resta à Paris jusqu'à l'âge
de 9 ans. Peu de temps après il fut con-
fié à une tante paternelle, qui tenait une
auberge dans un des faubourgs de Pé-
ronne ; cette respectable femme, main-
tenant octogénaire, est pour quelque
chose dans une gloire qu'elle a préparée
et dont elle apprécie la grandeur. C'est
chez elle et sous ses yeux que l'enfant
sortit de son ignorance, en lisant le Té^
lémaque et quelques volumes de Racine
et de Voltaire qu'elle avait parmi ses li-
vres. Aux vers du plus religieux de nos
poètes et à ceux du plus moqueur de nos
philosophes, sa tante, bonne et pieuse,
joignait d'excellensavertissemens de mo-
rale, et des conseils d'une fervente dévo-
tion. Néanmoins, déjà à cette époque le gé-
nie de Béranger, libre, sceptique et malin,
se trahissait par des saillies involontaires.
A 14 ans il entra en apprentissage
dans l'imprimerie de Péronne; là il com-
mença à apprendre les preonièrea règles
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BÉR
(380)
BËR
d«Forthofraphe et de la hngae. Mais sa
Téritable école, celle qui contribua le
plus au développeinent de son intelli-
gence et de ses sentimeos moraux, ce fut
Técole primaire fondée à Péronne par
M. Ballne de Bellanglise, ancien député
à TAssemblée législatiTe. Dans son &k^
tlH>ii8iasme pour Jean-Jacqoes, ce repré-
sentant avait imaginé un institut d*ciifaiM
d'après ks maximes du citoyen-pliilo-
sopbe ; mais dans cette éducation toute
citoyenne on n'enseignait pas le latin :
Béranger ne Tapprit donc pas.
▲ 17 ans, muni d'urf premier fonds
de connaissances et des bonnes instruc-
tions morales de sa tante, Béranger re-
Tint à Paris auprès de son père. Vers 18
ans, pour la première fois l'idée de faire
des ^-ers se glissa dans sa tête, sans doute
à l'occasion de quelques représentations
théâtrales auxquelles il assistait. La co-
médie fut son premier rêve: il en ébau-
cha une intitulée les Hermaphrodites ,
oà il raillait les hommes fats et efféminés,
les femmes ambitieuses et intrigantes.
Mais ayant lu avec soin Molière, il re*.
ttonça, par respect pour ce grand maître,
à un genre d'une si accablante diffi-
culté. Après le théâtre^ le genre satirique
Occupa un moment son esprit; mais il
loi répugna comme acre et odieux. Alors
pour satisfaire à son besoin de travail et
de poésie, il prit la grande et solennelle
détermination de composer un poème
épique: Clovis fut le héros qu'il choisit.
Le soin de préparer ses matériaux, d'a(>«
prc»fondir les caractères de ses person-
nages, de mûrir ses combinaisons princi-
pales, devait l'occuper plusieurs années;
<|uant à l'exécution proprement dite, il
l'ajournait jusqu'à l'époque où il aurait 80
ans.
Cependant sa position malheureuse
contrastait amèrement avec ses grandioses
perspectives. Il connaissait le dénûment
et la misèi^; de rudes années d'épreuves
commençaient pour le jeune homme.
Alors, voulant transporter la poésie de
sa pensée dans sa vie, il songea un m»*
ment à l'existence active, aux voyages^
à l'expatriation sur cette terre d'Egypte
qui était encore au pouvoir de nos sol-
dats; un membre de la grande expédi-
tlMy reTtna oq Franco désenchanté de
rOrient^ le détowna de ta proj«L
Cette époque de lutte contimie Qontr«
la pauvreté et contre lea obslaieles qu'elle
montrait pour l'avenir, plus grands qulb
ne l'étaient dans le présent, fut auivia
d'une espèce de découragement dont un
bienfait digne et inespéré vint beuren-
sèment tirer le poète. Le frère du pro*
mier consul, M. Lucien Bonaparte, l'aio*
cueillit avec intérêt et Un neooîrda une gé-
néreuse protection; Béranger, dans In
décUcace de ses dernières chantons, noua
a raconté lui-même cet événement»
L'influence des ouvrages de M. de
Chateaubriand sur le jeune de Béranger
fut prompte et vive. Son admtcntion est
restée fidèle à ce beau génie, dont lea in-
spirations religieusei firent revivre en lui
quelques-uns des germes que ta bonne
tante de Péronne y avait aeméa. Vers
cette époque, recommandé à Landon»
éditeur des Awiaks du Musée, Béran-
ger fut employé un ou deux ans (1805*
1806) à la rédaction du teste de oet ou-
vrage.
Grâces à l'appui de M. Ameuh, Bé*
ranger entra, en qualité de oommk expé-^
ditionnaire , dans les bureaux de l'Uni*-*
versité, ou il resta 12 ans. Ses appointe*
mens ne s'élevèrent jamais an-delà de
2,000 fr.; mais cette somme modique
suffisait à ses besoins et il ne sollieita au*
cun avancement. Grardant pour lut an
pensée et son intelligence, U ne vonlait
donner que son temps et sa main, oomnin
Jean- Jacques quand il copiait de la ma-
sique. En 1821, quand Béranger reprit
son opposition politique, du jour de la
publication de son second reoneii il nn
reparut plus à son bureau.
U refusa, dans les Cent* Jours ^ neto^
rellement et sans se croire un Brutns, lea
fonctions lucratives de censeur. Un go&t
fin, un tact chatouilleux, une probité
haute, l'ont constamment dirigé dans set
nombreux et invincibles refus» Il a oom-
pris son r61e de chantre populaire et tl
s'y est tenu.
Le fait le plus remarquable de la vie
privée de Béranger, c^est son amitié avee
Manuel. Il l'avait connu en 181 6 et dès
lors tous deux s'unirent étroitement. Bé»
ranger appréciait ohes le néêéram d*Jr*
€ole i'iataUigince lenne «t kieidey lei
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BËR
(SS
NBlîiiiêas ebandt et droitty la franckise
tans rien de faclice, le naturel sans au-
eoo effort : brasy tête et cœw, tout était
peuple en lui. Sa noble amitié conserve
la mémoire de Manuel.
Notre poète a expliqué comment les
trois journées de juillet le trouvèrent dis-
posé à la révolution de 1880, et quelles
raisons l'ont empêché de se rendre conv"
pUce des actea qui s'en sont suivis. Nous
Dt pouvons que renvoyer nos lecteurs à
ce qu'il a dit hii-méme à ce sujet.
Ses œuvres ont été publiées successif
Ttmeot en cinq recueils; le premier à la
in de 1315, le second à la fin de 1821;
le troisième en 1825, le quatrième en
1828, et lecîaquième en 1833. Le pre*
mscr, qui était plus égrillard et gai que
politique; 1» troisième, qui parut sous le
ministère spirituellement machiavélique
de M. de Villèle, et le cinquième que
1888 a vu mettre au jour, n'ont encouru
aucun procès. Le recueil de 1821 valut
à l'auteur 8 mois de prison; oelui de 1828
(sous le ministère Martignac), le fit con-
damner à 9 mois de captivité. C'est tout
ee qu'il y a à dire siu* le matériel de ses
ouvragée.
Son ame, avide de gloire et pleine en
même temps de modestie sincère et vraie,
s'est de bonne heure dévoilée au grand
jour dans ce petit nombre de vers échap-
pés è sa muse attristée. A 22 ans le jeune
poète s'écriait avec une constante mélan-
colie t
Poarqaoi faat-il, dans un siècle de gloire.
Mes vers et moi, que nous mourions obscurs!
JaoMiis, hélas I d*une noble hnrmonie
2«*aBtiquité ne n'apprit 1rs secrets.
L'instruction, nourrice du génie.
De son lait pur ne m'aiireuva jamais.
Qne demander à qui n'eut pomt de mattre?
D« malhenr aeol les leçons m'ont formé,
£t ces épis que mon printemps vk naître
Sou'i ceux d'un champ où rien ne fut semé.
Trente-deux ans ont passé depuis sur
la vie. L'éloge universel, le sufTrage de
tons les gens de goàt, Tidolâtrie du peu-
ple» les tributs de Tadmiration euro-
p^one 9 semblent n'avoir en rien altéré
ces senti mens naïfs et purs* Au risque de
commettre une indiscrétion, faisons con-
Daltre un épanchement rapide et spon-
Uusé diB confiance en son noble coeur, et
de \k défiance qu'il consenre nepcndast
1) BÉR
encore à la vue de tout ce q«*il croit lui
m<«nquer pour être digne du culte dont
il est devenu Tobjet. Chargé de cet ar*
ticle, nous avons cru devoir consulter
M. de Béranger lui-môme ; voici sa ré-
ponse.
Pa«j, la • OMi iSS4.
« Quoi I monsieur , par bienveillanœ
pour moi , vous acceptez un travail fat«
tidicuxl £n vérité, je vous dois de la
reconnaissance. Si pareille tâche pouvait
vous rendre la santé, passe encore; nuûa
je vois que vous êtes surchargé de tra»
vaux Aussi voudrais-je bien pouvoir
voua alléger la peine. Mais comment m'y
prendre ? Je n*ai que des détaib biagra«
phiques à fournir et ils sont en petit
nombre. Mes plus intimes amis n*ont pa
tirer davantage de moi quand ils se sont
chargés de besogne pareille à la vùtre.
J'ai mis dans ma dernière préface la seul*
portion de mes idées et de mes sentimena
qui concerne le public Quant à mea
chansons, ce n'est pas à moi d'en parler
et c'est peut-élre fort heureux poinr elles:
ce sont pour la plupart d'anciennes maW
tresses dont j'ai bien de la peine à mt
faire des amies. Quant à ma philosophie,
vous la connaissez: je ne suis resté indif-
férent à rien de ce qui a intéressé mon
pays et l'humanité. La science m'a tou-
jours manqué : l'instinct du bon et du
beau m'en a quelquefois tenu lieu, et si
je ne craignais d'être accusé de vanité ,
je dirais qu'il m'a fait, dans mes bons
jours , aller en avant de ta science. Est-
ce là ce qu'on appelle de la philosophie?
J'ai d& à des goûts simples et à un grand
amour de l'indépendance*, ,ce qu'on a
bien voulu baptiser du nom de sagesse
dans ma conduite. Je vous assure que la
sagesse n'est pas du tout mon fait, au
moins comme l'entendent les docteurs.
« Je ne vous en dirai pas plus long sur
mon compte. Je doute que vous en sa-
chiez jamais davantage , et si vous avez
la bonté de vous déranger pour me venir
voir, que ce soit pour me procurer un
vrai plaisir plutôt que pour juger de la
ressemblance du modèle avec la peinture
que vous avez la bonté de faire. Vous
avez trop de partislité pour moi pour
que le portrait soit jamais ressemblant*
Je ne- vous en devrai que plus de recon«
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BER
naissance , et je vous attends pour vous
en renouveler l'assurance et celle de
tous les sentimens que vous m'inspirez.
, « A TOUS de cœur , BïaANOBR. »
La carrière de M. de Béranger serait
par trop phénoménale si, échappant ,
malgré la supériorité de ses talens , aux
crocs de l'enyiense critique littéraire , il
avait également trouvé grâce devant l'es-
prit de parti , au sein de nos tristes dis-
sensions civiles. Quelques personnes,
admirateurs sincères de Béranger, affec-
tent des craintes sur la tendance de ses
opinions politiques; «lies redoutent la
puissance de ses vers sur une jeunesse
ardente, trop impatiente, trop impres-
sionnable. Une de ses lettres, jetée dans
le domaine public par la lecture judi-
ciaire qui en a été faite récemment à l'au-
dience de la cour d'assises , va donner la
juste mesure de cette exaltation tant re-
prochée à M. de Béranger. Le lecteur
voudra bien remarquer la date de cette
lettre et surtout se rappeler les circon-
stances politiques de l'époque ; époque
pleine d'enthousiasme libéral et de chau-
des espérances pour la jeunesse.
( 332 ) BÉR
soin et le temps si nécessaires dies nous
à la perfection des ouvrages et par con-
séquent à leur durée. J'ai renoncé de
bonne heure à l'improvisation , et je
m'accuserais de n'avoir depuis pu y
parvenir, même par abnégation patrio-
tique, si je ne m'étais convaincu qu'en
définitive la méditation est un moyen de
succès pour les idées qu'on veut popula-
riser. Voilà pour le vieux poète. "Éa ma
qualité de vieux républicain , je pourrais
bien aussi m'ingérer de vous débiter quel-
ques maximes ; mais je ne veux pas don-
ner trop beau jeu à votre verte jeunesse
de me rire au nez. Puis , parce que notre
feu commence à s'éteindre, nous con-
vient-il d'aller jeter de l'eau sur celui du
voisin , qui bràle e^Jlambe un peu trop ?
Laissons au temps faire sa besogne. Fai-
tes la vôtre, monsieur, soyez poète, et
croyez qu'il me sera doux d'applaudir
au succès que j'ose vous prédire d'avance,
si la méditation préside à la dépense de
vos richesses.
« Recevez , etc. , B^eavcee. »
« Aussitôt mon retour définitif à
Passy, c'est-à-dire depuis quatre à cinq
jours, je me suis donné le plaisir de Jire
vos diverses productions. Elles m'ont
confirmé dans l'idée qu'il y avait en vous,
monsieur, un beau talent de poète et un
cœur d'excellent patriote. L'un et l'autre
manquent peut-être un peu de ce dont ,
nous autres vieux , nous sommes si fiers :
de cette expérience, triste produit de
l'âge , marchandise toujours payée trop
cher et dont, pour nous punir d'en exa-
gérer la valeur, nous trouvons bien ra-
rement le débit. Un jour , monsieur , vous
en aurez votre part et ferez vous-même
le procès à quelques peccadilles que l'exal-
tation des sentimens et la précipitation
du travail ont pu faire commettre à votre
jeune muse. Il y aurait du pédantisme à
moi de vous les indiquer ici. Toutefois
je ne puis , en ma qualité d'ancien , m'em-
pécher de vous mettre en garde contre la
rapidité de l'improvisation. J'ai toujours
peur qu'on n'en conserve l'habitude au
point de ne pouvoir ensuite mettre le
Peu de poètes, peu d'écrivains dans
aucun genre , ont jamais été l'occasion de
tant de jugemens littéraires. Béranger a
été analysé, disséqué, peut-être même
un peu torturé et disloqué. On aime
à retracer le témoignage d'un grand
écrivain en faveur du poète qui , dans la
préface de ses œuvres, a cftprimé d'une
manière si vive tout ce qu'il croit devoir
à la lecture du Génie du Christianisme*
« Un grand poète , quelle que soit la
forme dans laquelle il enveloppe ses
idées , est toujours un écrivain de génie.
Pierre de Béranger se plait à se surnom-
mer le Chansonnier, comme Jean de
La Fontaine le Fablier ; il a pris rang
parmi nos immortalités populaires. Sa
renommée, déjà sans rivale, s'accroîtra
encore. Peu de juges aujourd'hui sont
capables d'apprécier ce qu'il y a de fini
et d'achevé dans ses vers, peu d'oreilles
assez délicates pour en savourer l'har*
monie. Le travail le plus exquis s'y ca-
che sous le naturel le plus charmant.
« Dans la préface de mes Études , con-
sidérant Béranger comme historien , j'ai
remarqué que cette strophe était digne
de Tacite^ qui faisait a^sai des vers :
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BÉR
Ua conqaéraBt, dans m fdrtniM altlère,
Se fit un j«a det sceptres et des lois ,
Et de ses pieds on peut Toir la poussière
Empreinte encore sur le bandeau des rois.
« Lorsqu'il entonne U louange du Roi
ttTvetot et r Hymne au Ventre; lors-
qulL célèbre le Mctrquis de Carabas et
les Myrmidons; lorsqu'il dicte U lettre
prophétique dun petit roi à un peut
duc; lorsque 9 à mon grand regret, il rit
de la Gérontocratie, Béranger est un po-
litique à la manière de Catulle , d'Horace
et de Juvénal. »
Les étrangers eux-mêmes ne sont pas
restés en arrière de notre admiration
pour le poète le plus populaire qu'ait eu
la France; VEdimburgh Review lui a con-
sacré un long article dont on nous saura
gré d*o(Trir ici quelques extraits.
<i Un changement qui n'a rien que de
naturel , et qui certes n'est pas à regret-
ter, s'est opéré dans l'esprit de Béran-
ger, après ces jours de jeune enthou-
siasme, de souffrance et de triomphe.
Nous avons devant nous le dernier vo-
lume de ses chansons; non pas vrai-
ment, comme il nous en menace dans
sa préGace , le dernier qu'il pourra écrire,
mais le dernier qu'il ait rintentîon de
publier*
Hélav! hélas ! j*ai einqnante ans.
tel aurait pu être le titre bien approprié
de plus d'une chanson que ce volume
nous ofVre« La gatté n'est pas, à la vérité,
exeluede ses pages, mais elle y est plus
tempérée que jadis et elle revient moins
souvent. Souvent aussi quelque triste sou-
venir, qui s'échappe soudiainement du
coeur, vient comme un nuage obscurcir
son esprit, et, à son insu, ce souvenir
convertit en une larme son sourire. Cest
un cèangement, nous osons en être ga-
rant , que personne ne pourra regretter,
de tous ceux qui s'intéressent à la gloire
de Béranger. U était indigne de ses gran^
des facultés, de ses facultés si variées,
qu'il continuât d'être, comme il ne l'a que
trop souvent été, un poète licencieux.
Cétait une insulte à "ce peuple dont il
aspirait à être le grand-prêtre en poésie,
que de montrer au monde les composi-
tions que ce peuple honorait avec dé«
lices. Ses metlleurs amis ne pourront
nier qu'il a écrit beaucoup de vers qu'a*-
( 333 ) BÉR
vant de mourir il voudrait ef&oer. Noua
sommes sûrs qu'il le sent lui-même et
qu'il le regrette '*^. La meilleure preuve
en est que, dans le présent volume, pro-
duit d'une expérience plus mûre et d'une
plus juste appréciation de ce qu'il se doit
à lui-même, de ce qu'il doit à la morale
publique, son goût épuré a fait dispa-
raître ces taches, et lui a commandé de
reléguer les lises , les Roses et les Mar-
goîs dans cette obscurité dont la main
d'un poète telle que la sienne n'aurait
jamais dû les faire sortir. H n'y a plus
que peu de chose de trop dans ses aima-
bles saillies, et l'éditetu* futur d'un Bé^
ranger de famille pourra se borner à
faire disparaître de ce dernier volume
un très petit nombre de stances.....
« Les chansons de Béranger nous frap-
pent principalement et nous paraissent
supérieures en général à celles des An-^
glais, parce que le plan en est invaria-
blement tracé avec beaucoup d'art et de
soin, tandis que celles de nos chanson-
niers semblent en manquer totalement.
Chacune des chansons de Béranger forme
un tout bien complet, dont il serait
impossible de détacher un seul vers sans
ruiner l'édiâoe et sans détruire l'effet
général. Rien ne semble se trouver là
par accident: chacun des détails va droit
au but et favorise le résultat général.
Comme chaque trait est bien choisi pour
ce tableau dans lequel, en un petit nom-
bre de stances, il nous montre l'agonie
(*) Yoici la réponse de M. de Béranger : « Qoel*
qaes-anes de mes chansons ont été traitées d^im -
pies, les paarrettes! par MM. les procureurs dn
roi, STocaU séoéraux et leurs substituts, qui sont
tous gens très reliffi^nx à Taudience. Je ne puis,
à cet égard, que répéter ce qu'on a dit cent fois.
Quand , de nos jours , la religion se fait instru-
ment politique, elle s'expose a Toir méconnaître
son caractère sacré; les plus tolérans deTienoeut
intoléraos ponr elle. Les crojans, qui oroient
autre chose que ce que disent ses ministres, Tont
3uelqnefois, par représailles , l'attaquer jusque
ans son sanctuaire. Moi, qui suis de des croyant,
je n'ai jamais été jusque là ; je me suis contenté
de faire rire de la livrée du catholicisme. Est-ce
de l'impiété? »
Nous aTons préféré cette citation, sons nous
en amuser autant, à celle de ce qu'on trouve
sous forme de dialogue imaginé entre un cen-
seur et le chansonnier Collé, dans la préface
des cBUTres de Béranger, eu i8i5.
L«i n4r«s. Ut marit ma prendront eut ebertui
Pour dis ou douM conta* liloai 1
Tojrt an pou U hoUe anaire I
Ca qoa ia n'ai pas (bit non Hm iraU k Mral
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B3ÉR
(334)
BÉR
vflwttale dtt Louh XI, dans son diàteau
de Plessis-léS'Tour» ! Le doux soleil du
printemps Tivifiant \oiit à la ronde, les
gak villageois qui dansent sur le gazon ,
le tyran pâle et tremblant a'avançaat
comme un fantôme au miKeu de ses
fardes, dana l'espéraoce de -chasser, par
la vue de la galté innocente, le démon
de la mélancolie qui s*est logé dans son
sein; puis ensuite, bourrelé à Taspect
d'une joie que le crime ne saurait par-
tager, il revole au désespoir vers ses lu-
fubres touro. Avec quel art admirable
aont disposés les inoidens dans la petite
pièce intitulée Le 6 de mai^ sujet dans
îequel un poète doué de moins de tact
aurait infailUblemeot échoué, soit sur la
rive de l'exagération ou sur celle des
lient ooamuns. Fatigné de la vue des
«nnemîs qui ont envahi sa patrie, un
soldat français s'est volontairement con-
damnéà l'exil et est parti pour les Indes.
Cinq années se sont écoulées, et l'irrésis^*
tible désir de revoir son pays vient as-
siéger son àme. Il s'embarque pour TËu^
rope sur un navire espagnol. Il jouit d'à'-
Vanee et avec délice en pensant au sol
natal, à sa famille, a« fils chéri dont la
BMÛn lui fermera les yeut. On approche
4e Sainte-Hélène, et pendant que les
Souvenirade l'illustre captifassiégent son
€Sprit, il voit se déployer tout à coup au
hMl du rocher, un drapeau noir qui
—once que c'est là qu'a péri le
Grand maître du monde
délaissé et solitaire. Ici le seul refrain de
la chanson donne un corps à l'idée do-
miaaiite dans, toute la conception :
Pauvre soldat \ j« rererrai la Fruacet
La Mais d'ua^ls ne (erioera les yeni.
Le même art, la même pureté dans le
choix des ineidens , distinguent ses bal-
lades joyeuses ; telle eît, par exemple, la
chanson intitulée îè Marquis de Cara*'
bas y peinture extrêmement comique des
prétentions ridicules de la noblesse de
la restauration; le Roi d'Yvetot, leçon
politique adressée à Bonaparte et qu'il
aurait si bien fait d'écouter , et cette pe>
tîte pièce d'un comique exquis , le Se-
natcury dans laquelle un vieux sot vante
les attraits de sa femme et se loue des
HttentioQg de son ami le sénateur^ de quh
nière à rendre les motifs de là complai-
sance de cet illustre ami transparens pour
tout le monde, excepté poiur le mari , qui
s'en félicite.
«Deux lugubres esauisses de la vie
réelle sont intitulées le Vagabond et
Jacques, Dans la première, un malheu-
reux mendiant, vieux et souffrant , en se
plaçant pour mourir dans un fossé qui
borde la grande route, exhale des plain-
tes contre cette société qui lui refuse les
moyens d'exister et le bannit ensuite de
sou sein pour des délits dont la misère a
été l'unique conseillère. La seconde est
une scène de l'ancien régime , peinture
rembrunie des souffrances du pauvre^
quand, au sein de la maladie, de la dé-
tresse et du besoin, sa dernière ressource
lui est arrachée par le fisc. La femme
essaie de réveiller son mari d^un som-
meil qu'elle ne sait pas être celui de la
mort ; elle lui annonce que le collecleur
des taxes demande à entrer.
Jaoqaes , il nw £aut troabler toa 9omam0VU
«L'expérience personnelle et journa-
lière qu'avait eue Béranger des annales
du pauvre lui donnent un grand avan-
tage pour la vérité et la vigueur avec là-
quelle il a dessiné ces scènes de souf-
france « dans les huttes sot» lesquelles
vivent les iodigens. b II avait vu i|ulrf»-
que chose 4e la difficulté qu'il y a 4la
distribuer entre tant de monde le ninne
repas qui suffit à peine pour la> suftsia*'
tance d'un seul; il avait vu la pauvre
épouse réduite à vendre son anneau nup*>
iial , «e dernier souvenir des jours ]pkis
heuieui, pour procurer un peu de vin à
son naari expirant; il savait la filtale coa»
neXfté, la nécessité, presque absolue qui
lie le besoin au crime, et chaque année
les maux de la société ont semblé faire
sur lui une impression 4e plus en phit
profonde ;. et «iyourd'hui que \» bruif^
le tumulle dé sea polémiques a cessée
que la ferveur étourdie et les empértn*-
mens de la jeuoesse ont été tempérée et
châtiés par la douloureuse expérience de
Tage, son esprit semble se portek* Avet
une aympalhie encore pUis vive et plm
profonde vers la contemplation de cet
maux qui déforment d\ûie manière él
hideuse et si triste la «Échme 80oial«« '
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BÉA
(835)
BÉR
I l'inÉMMoe de cet ^mm plutsé-
•t fhu exakéety wm deFoières
eonpotitions te toat rapprochées de plos
en plus da caractère de â*ode. Plusieurs
«ks pièces si frappantes y si pleines d*é-
notions, du présent vokime conservent à
peiae rien de la chanson, telles que le
Juif errant j les Quatre âges hUtari"
^ueff le Smtide, i* ÀlcJUmiste* Ce sont
▼éritâblemeot des odes contes dans
l'esprit classique et pur de l'antiquité ;
BOB pas de œ psendo-<;lassique de mau-
fiis goût) qui jadis amit fait considé-
ler «B France ce tenl nom d'ode comme
synonyme de tont ce qu'il y a d'ennuyeux.
« Qu'est-ce qu'un dithyrambe ? Oh 1 c'est ,
répondait*on , qnelque chose d'un peu
phis manvais qu'une ode. » Nous croyons
que les odes de BégBpgcr susciteraient
de tout autres émotions. La scène en est
plaeée dans le monde qui nous entoure ^
at BOB pas dans FOlympe ou sur le mont
Hmasse; leur artSIioe repose sur les
passions hamalnes> sur les sentimens,
a«r les erreurs , et non pas sur des vi-^
iiona mythologiques ou sur la persoBni'^
fleation poétique des vertus et des vices;
Biles ont emprunté à l'antiquité classique,
ou plutôt elles ont puisé à k grande
■onrce de i'inspiration , leur simple ma*
ÎBitéy et flot de réflexion et de pensée
qui coule droit au cœur et à l'ame de
tnmMy eHes «Bt aealeinent de Tantiquiié
dasaique cette grande préèision , ^ poH
dasa l'expressioB quA donne de l'unité à
la oMBpositton et qui concourt à f\Mrmer
BB beau tout.
«Parmi les chansons dh^géeâ contre ses
vieux eBmonis, les Bourbons, la seule de
eevohtme qui oflreun mérite remarqna-
bit et vraSmeBt tout le sel et le bonheur
ëaas lesaftusions qui ont si éminemment
marqué les anciennes satires politiques
éà poète, c'est celle intitulée Denys ,
maure éCéede. Cependant Béranger a
paru croire qu'il lui était nécessaire de
faire une sorte d'apologie pom* avoir
dirigé les traits de sa satire contre un
iMnBM abêent et déchu. Mais assuré-
ment Béranger est le dernier des hommes
qu'on sera teâté d'accuser de donner un
coup de pied au Uoil mourant. Quelque
Bcérée que soit cette satire, elle est en-
«une bitB UàA du piquant, de la person^
naiité àê ph»ieurs de ees tivi» mtttquui
que le poète osa publier pendaut q«t
l'objet de sa satire était près de lui, ar-
mé de toutes les menaces du pouvoir. »
Molière lisait ses comédies à sa vieille
servante pour juger par ses impressions
de l'effet qu'elles produiraient au tliéâ»
tre. Le critérion de Béranger était plus
sàr encore : il a suspendu ses cèaBsona
à la guitare des ménétriers ambulana, et
elies ont pénétré sous le chaume avant
d'escalader les salons, Afunt d'arriver ici
elles étaient jugées, et beaucoup mi^x
que par toutes les académies de l'Suropew
On a voulu voir de l'imitation dam
les chansons de M. de Béranger; le poète
a répondu:
« Mes chansons, c'est moi, et moi je
suis l'œuvre de la nature assidàment in-^
terrogée. » Si parfois on peut trontef
quelque ressemblance entre M. de Bé*
ranger et La Fontaine, quelle distance
ne rencontrera-t-on pas plus km qui les
sépare! P-tE.
BÉRARD (SiMoif ) naquit vers 1 780,
et devint en 1810 auditeur au conseil d'é^
tat, puis maître des requêtes et chevalier
delaLégioB-dfionneuren t814.EnlM4
il fut remplacé comme maître des requê-
teS) et élu député en 1827 par l'arrOndisA
sèment d'Arpajon (Seine-et-Otse); il
combattit à la chambre tous les projeta
eoMTe-révolutiounaires de la Resuura*»
tion. Ge sont les événemens de juillet
1880 qni l'ont fait sortir de son obscu^
rite parlementaire; il devint alors direc»
teur général des ponts et chaussées et
conseiller d'état.
L'un des premiers , M. Bétafd antton«
ça, en 183#, qu*il était décidé k résis-
ter par la force aux ordonnances du 35
juillet ; 40 députés étaient à pehie arri-*
vés à Paris : le 26 au matin il pirotesta
ouvertement; le 37 , il offrk à ses collè-
gues sa maison pour lieu de réunion, et
il s'éleva vivement contre ceux qui d*a*
bord avaient refîné d*atihérer à une pro-
testation colleeiive; le 80, il lue dani
cette réunion une proclamation qui f\ûtt
rejetée comme républicaine, et le 8 août
il rédigea un projet de loi on une pro*
position qui devait dePtir de base pottt
les modifications à apporter à la Charte
de 1814. Ses modifications et tddittoiiS|
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BÉR
(836)
BÈR
présentées tux ministres d'alors » pam-
reot si bien conçues qu'elles réunirent
beaucoup de suffrages et qu'elles furent
presque toutes consenties par la cham-
bre. Pourtant M. Bérard demanda inu-
tilement que Fige de Téligibilité fût fixé
à 25 ans; il parait aussi que, d'après ses
intentions y cette nouvelle charte devait
subir une discussion de 8 mois au lieu
du petit nombre d'heures qu'on a pu lui
consacrer, et être soumise ensuite à la ra-
tification des assemblées primaires. En
1838 des divergences essentielles de vues
entre lui et le ministère, sur le système
général du gouvernement, lui ont fait ré-
signer les places qu'il occupait. M. Bé-
rard prit parti pour l'Opposition à la
chambre des députés, et dans un ouvrage
intitulé Souvenirs historiques sur la ré-
volution de 1830, récemment mis au
jour , il se sépare publiquement du sys-
tème dit du 7 août. Témoin des faits
principaux de la révolution de juillet , il
les a racontés dans cet écrit avec des par-
ticularités nouvelles et en publiant des
pièces très utiles à consulter.
M. Bérard est aussi auteur de l'ou-
vrage suivant : JSssai bibliographique
sur les éditions des EUévirs, etc., Pa-
ris 1822, in- 8^ F. F.
BÉRARD (Fa^Déaic) naquit à
Montpellier en 1789 et y mourut en
1828, professeur d'hygiène à la Faculté
de Montpellier. Il est l'auteur de la Doc-
trine médicale de cette école et com-
paraison de ses principes avec ceux des
autres écoles de l'Europe, ouvrage écrit
avec solidité. Le premier, il publia la let-
tre posthume de Cabanis sur la cause
première, publication qui lui attira un
procès de la part des parens de l'au-
teur. On lui doit aussi plusieurs autres
écrits dont le plus célèbre est ^Doctrine
des rapports du physique et du moral
(Paris, 1883, in-8^), dans lequel il a
posé d'une main sûre les limites qui doi-
vent séparer le domaine de la métaphy-
sique de celui de la physiologie. Dans cet
ouvrage, qui fut adopté par l'Université
de France, Bérard a employé avec succès
la méthode d'observation et d*analyse
pour prouver qug l'ame est distincte du
corps et qu'elle est active. Cet ouvrage
de Bérard est un des plus recouMnanda*
blés. L'anteur en préparait une seconde
édition avec quelques changemens et des
notes; mais surpris par la mort, en 1 828,
a^ant sa 40^ année, il n'a pu remplir
l'espoir qu'on avait conçu. On peut
aussi citer de Bérard les articles Cranio^
scopicy ÉLémenSy et autres, dans le 2)/c-
tionnaire des sciences médicales. N-a.
BERBERS. Ce nom est exclusive-
ment appliqué par les Européens à la po-
pulation la plus remarquable des côtes
septentrionales d'Afrique, appelées pour
ce motif Barbarie (vqjr.) ou États bar-
baresques. L'application en est plus éten-
due chez les Arabes, auxquels nous l'a-
vons emprunté : car ils le donnent, en ou-
tre, soit aux tribus nubiennes que nous
désignons spécialement par celui de Ba-
ràbras (Berdberdt^pXunei de Berifery)^
soit aux habitans dès côtes orientales com-
prises entre la terre de Habesch (Abyssi-
nie) et celle de Zeng (Zanguebar) et que
nous appelons Somâlys. Ce sont pourtant
trois populations fort diverses d'aspect
et de langage : les Somâlys sont olivâtres
à cheveux floconneux; les Baràbras ou
Qenouz offrent la nuance brun-rouge de
l'acajou poli ; les Berbers atlantiques sont
en général de race blanche.
Pour recevoir une application aussi
étendue que celle que lui donnent les
Arabes, ce nom de Berbers a à(k avoir
dans l'origine une acception fort laiige,
analogue à celle du mot barbares (voy.)
chez les Grecs et les Latins; aussi Gibbon,
Volney ei tous les bons esprits après
eux, ont-ils pensé avec raison qu'il tm
devait être dérivé. Or.iohez les Grecs,
ainsi que le fait remarquer Slrabon (liv.
XIV ) , l'épithète de pâp^apoç s'entendait
du langage; Homère le premier, parlant
des Kariens (Iliad. II, 887), les appelle
jSapêapô^voc. Hérodote (II, 158) assure
que les Egyptiens qualifiaient de barba-
res tous ceux qui parlaient un autre
idiome qu'eux : on en pourrait conclure
que le mot est égyptien, et que les Ara-
bes ismaîlytes l'ont appris au passage en
se rendant, à travers l'Egypte, soit vert
l'ouest chez les Numides et les Gélules,
soit vers le sud chez les Qenouz, soit au
sud-est chez les Somâlys.
Une nouvelle considération en faveur
decetteétymologieégypiico^réoo-tatiney
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BER ( 837 )
c*est que, même dans T Afrique septen-
BER
trionaîe, l'appellatloo de Berbers dési-
gne, non une race spéciale bien carac-
térisée, mais ce mélange confus de po-
pulations hétérogènes qui, à l'époque de
la conquête des A ral;>es, devaient être ap-
pelées, par les dominateurs byzantins oc
pàcÊapoi, c'est-à-dire la masse formée,
tantôt par simple agrégation , tantôt par
croisement et amalgame, de tous les peu-
ples, autochtones ou advènes, qu'avait
portés jusqu'alors la terre d'Afrique,
qu'ils fussent Numides (nomades, bé-
douins) ou qu'ils fussent sédentaires.
Aussi des différences sans nombre dans
les traits du visage, comme dans les dia-
lectes, témoignent hautement de cette
hétérogénéité primordiale que la com*
munauté de demeures, d'habitudes et de
langage n'a pu couvrir d'une croûte assez
épaisse d'uniformité. L'homme au teint
blanc, au front large, à la figure carrée,
aux traits saiUans, aux yeux bleus, à la
blonde chevelure, se montre près de
l'homme au teint olivâtre, au front étroit,
à la figure ovale, aux traits arrondis, aux
yeux foncés et cruels, aux cheveux noirs
et rudes; et l'Arabe, et le Turc, et l'Eu-
ropéen disent d'eux indistinctement : Ce
sont des gens d'entre les Qohdjrl, ce sont
des Beréber, Et ce nom de Berêber, ils
l'acceptent tous deux, aussi bien que
toutes les tribus que lie entre elles un
même langage, depuis l'Egypte jusqu'à
la mer Atlantique, et depuis la Médi-
terranée jusqu'aux derniers confins du
Sahrâ. On les trouve dans l'oasis Bah-
hryeh, dans celles de Syouah et d'Aou-
gelah , et sans doute aussi dans la plu-
part des autres ouâdys de cette région ;
puis dans les montagnes des trois régen-
ces, où elles sont désignées par les Ara-
bes sous la simple dénomination de Qo-
^4?^/ (pluriel de QabyUhy tribu); ensuite
dans l'Atlas occidental jusqu'à la hauteur
de Marok, appelées ici plus spécialement
Beréber (pluriel de Berber), et depuis
Marok vers le sud jusqu'au désert, sous
le nom de Chelouh (pluriel de Càilah);
jadis même dans les Canaries, où les
Guanches avalent des coutumes et un
langage identiques à ceux des Chelouh.
Derrière cette longue zone de l'Atlas,
dans la chaîne d'oasis où sont Ghadà-
Encyclop. d. G. d, M. Tome III.
mes, Teqort, Ouerqelah, Ghardéyah,
Tebelbelt. Dara'h, et que termine au
sud la plus vaste de toutes, celle de
Touât, habitent des populations séparées,
les unes blanches , d'autres olivâtres ,
quelques-unes noires et représentant les
Mélano-Gétules des anciens, distinctes
les unes et les autres des Qobâyl et parlant
néanmoins encore le même langage. En-
fin, derrière cette ligne d'oasis, depuis
Soqnâ jusque par-delà Tem-Boktoue , et
depuis Touât jusqu'auprès de Kasynah,
vivent les Toudryq (pluriel de Tarqy^
adjectif formé de ïerqd, tribu), au lan-
gage berber, les uns blancs, d'autres
hâlés, la plupart olivâtres, quelques-uns
presque noirs.
Le Berber Ebn Khaldoun ^ écrivain
arabe du iiv* siècle, a composé, sur
l'histoire de sa nation , un ouvrage assez
étendu, dont les manuscrits sont fort
rares , et dont une version anglaise par
le docteur Lee est depuis long-temps
annoncée. On doit à M. Schultz la tra-
duction , en français, du premier chapi-
tre, contenant la généalogie générale des
tribus et des recherches sur leur ori-
gine ; ce curieux fragment constate lui-
même, d'une manière frappante, que ni
les généalogistes ni les historiens des Ber-
bers ne savent rien de précis sur l'ethno-
logie ni les annales primitives de cette
nation ; les opinions variées qui les rat-
tachent aux Kophtes, aux Kananéens,
aux Amalécites, aux anciens Arabes,
prouvent seulement que des colonies plus
ou moins importantes de ces races di-
verses sont venues se superposer au
noyau primordial, comme les couches
rocheuses des âges secondaires se sont
assises sur le granit de l'Atlas.
Nous ne relèverons point ici à grand'
peine le peu d'indications éparses dans
les auteurs grecs et latins sur l'histoire
des Gétules, depuis le roi Tarbas, con-
temporain de Didon , jusqu'au procon-
sul Salluste, et ensuite, à travers des
révoltes perpétuelles, jusqu'au comte Bo-
ni face sous Honorius. Il est intéressant,
toutefois , de remarquer que le christia-
nisme des Romains vint s'enter en Afri-
que sur le judaïsme des tribus Yéménites
et des Hébreux palestins , comme celui-
ci s'était implanté au milieu du sabéisroe
22
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BBH
(8t8)
BfiR
apporté par lot Rouchytes, el du tièd«
pftgtniMnedet indigents. Quand les Van*
dalet arrivèrent, les Africains se joignis
rent volontiers à eux contre les Romains
et contre les Byzantins qui leur sut^cé-
dirent.
XiCS Arabes conquérans qui s'avance-
Mot vers l'ouest dans la première fer*
^Reur de Tlslam furent bientôt maîtres
des côtes ; mab les Berbers de Tintérieur
leur opposèrent une plus vive résistance,
et le célèbre 0*qbah lui-même éprouva
une défaite; leur reine Kahyneh ne se
laissa vaincre qu'après de rudes combats;
et quand ils curent été subjugués ot con»
vertis, de fréquentes rébetlion9 montrè-
rent dans ces nouveaux frères des gens
impatiens du joug, IndifTérens à tous les
•ultes, chrétiens, juifs, païens, plutôt
^e mahométans. £t pourtant , ébranlés
par la commotion musulmane, ils s'é-
laqcèrent les premiers sur TEspagne, ou
les AVabes les suivirent, et ils continuè-
rent avec eux, sur ce nouveau théâtre,
une lutte incessante, depuis les haines de
Thâriq et Mousày jusqu'aux dernières
querelles des Abencérages et des Zé-
gris.
£41 AfVrique , la conquête arabe n'em-
pêcha point l'établissement de nombreu-
ses dynasties indigènes dont Thistoire
est fort peu connue et dont nous ne
pouvons indiquer ici qi^e les principales.
Les Médrârytest qui ftirent rois de Se-
gelmêsah ( de 722 à 960 ) , étaient de la
tribu de Meknêsah , aussi bien que les
A*âjy-ytes qui possédèrent Fés un îo-
Slant et régnèrent à Atehersyf ( 01 î<-
1058). De la tribu de Moghrâouab,
branche de Zenétah, étaient les Ztyrjrtes
Jtyytes de Ouetchdah (070-1069) qui
donnèrent plusieurs rois à Fcs; et de
celle de Yafrounah^ autre branche de
Zenêtah, étaient les Bekryieê de Salé
(960-1040) qui régnèrent aussi quelque
temps à Fés. A la tribu de Senhêgah
appartenaient les Zerrytes de Qavrouân
et d'Aohyr (03S-1148) rt le$ Hamà-
d^fj de Bougie (907-1152); à celle de
Ghomêrah les princes de Seblah ( 845?-
081); à celle de Rarghaouâtah ccnx
de Témesnah ( ? 85?- 1 029 ) ; Â celle de
Lamtounah les Teqlânytes du désert
(762-918), et les Almoravides ou Al-
Morâhétkyn ( 1050*1144), fcNidàtonri
de Marok, dont la puissaocs absorba
toutes ces autres dynasties , s'étendit
sur l'Espagne et conserva les Baléa-
res jusqu'en 1205. Les Almohades ou
Al'MouahheHyn 9 leurs successeurs
(1 12 1-1 2 69), quoique se targuant d'uno
plus noble origine, étaient aussi des
Berbers de Mesâmedah 6u de Tchen-
fesyah. Près d'eux s'élevèrent parallèle*
ment, à leurs dépens, àTelemsên, les
Zyanytes (1200?- 1560) rejetons des
A *bile/ondtiy(€s qui y depuis trois siècles
déjà , régnaient en ce canton et apparte-
naient à la tribu zénéte de Moghrâouab;
àFés,lcsAf^r7/fr/w(1212.1423), issus
aussi de Zenétah, et dont une branche
collatérale, sous le nom de Beny-Oud-
thnz^ régna dans le Marok jusqu'en
1550; enfin a Tunis et à Bougie, les
Hha/ssytrs{\'ï\iiASTA) de la tribu da
Hentétah , branche de Mesâmedah.
La dynastie régnante des chéryfs da
Marok a détrôné les Beny-Ouâthaz ; la
reste de la Barbarie , tombé au pouvoir
des Turcs , a formé trois états désignés
vulgairement sous le titre de régences,
dont deux, Tunis et Tripoli, sont de-
meurées feudataires de la Porte, et la
plus considérable, celle d'Alger, a passé,
en 1830, sous la domination française.
Les oases lybiennes sont toujours consi-
dérées comme des annexes de l'Egypte.
Mais si la soumission des Berbers aux
pouvoirs politiques locaux est réelle sur
quelques points, elle est à peine nomi-
nale en quelques autres et ailleurs com-
plètement nulle. Quant aux Touâryq
du désert, ib demeurent sans maître eC
sans frein.
La langue qui sert de lien commun à
tant de populations diverses mérite un
examen particulier. Il n'en existe point
de monumens connus, et pourtant les
historiens arabes parlent de livres écrits
en cette langue ; peut-être même est-ce
à elle qu'il faudrait rapporter certains
fragmens paléographiques en caractères
inconnus, notamment une inscription
bilingue découverte dans l'État de Tunis
par le comte Camille Borgia, et dont
MM. Hamaker et Quatremère ont expli-
qué le texte punique. D'autre part, le
voyageur Oudnej parle d'inscriptions at
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( 3M )
BBR
àê cartcferes particulier» qu'il « vat éhez
ItsTouâryq, mais dont il u'i rapporté
qu'on insulGsanl échantillon. Quoi qu'il
en soit, ie berber t'écrit aujourd'hui
âFec l'alphabet arabe, sauf addition des
trois lettres, tchim, jâ et guéf, pour ex-
primer des sons qui manquent dans l'a*
rabe. C'est un idionie tout-à-fait suige^
nerisy que l'on a , trop à la léger», rap-
ptoché des langues sémitiques , bien
qs'ii ait fait à ceUe»-€i) du ipoins à l'a-
rabe, des emprunts fort nombreuiç, dé-
gniséà ensuite par des formes grammatî-
oalea propres, telles que le f^ préfixe et
suffixe dans les noms, le da préfixe dans
les adjectifs, etc. La prononciation est
dure et gutturale ; la consonne gbayn ,
aspirée avec rudesse, abonde et domine.
La phraséologie est fort hachée, à raison
de l'absence de la copulalive [et) qui
manque totalement. Plusieurs auteurs
modernes ont recueilli des vocabulaires
aC des notions grammaticales de ce lan-
gage. Venture, e^ 178T, composa uqe
grammaire et requeillit un Tocabulaire
fort étendu ; Langlès a publié des extraits
àm l'tin et de l'autre. M. Hodgson affirme
avoir conversé avec des habitans de Da-
n'b, Tafilélt, Fighigh, Thouât, Tagho-
rarah, Ted3rkels,Ouerqelah, Ghadâmes,
Oerbeh , Gliaryân, et avoir reconnu qtfe
la langue est dans tous ces endroits ra-
dicalement la même , et il a rapporté en
Europe une traduction berbère roanns-
trite des évangiles , qui s'imprime par
las soins de l'association biblique. '^A....
■ERBICB, vor> GuYAHE.
■ERBI8 (Henei , chevalier be). Issu
d'une ancienne famille de la Bourgo-
gne, il servit d'abord comme olBcier
d'artillerie, éroigra en 1700 et fit les
campagnes c*ontre la Franee dans l'ar*
Bée du prince de Condé. Rentré en
Franee sous le consulat, on assure qu'il
refusa tous les emplois qui lui furent of-
ferts par Napoléon. Lorsque Louis XVIII
rentra poorlasecondefois, il re^t la croix
de Saint- Louis et devint membre du con -
seil municipal de Dijon et du conseil gé-
néral du département de la Cote-d'Or.
Pendant les Cent- Jours il refusa de voter
l'acte additionnel et ne reprit ses fonctions
qu'à la seconde rentrée de Louis XVIII.
S rendit de grandi services à son dépar-
tement, qu*otfeupa pendant 15 mois unit
armée étrangère, qui campait et ma-
nœuvrait autour de la ville de Dijon •
Nommé président de la commission de la
liquidation des fournitures faites a cette
armée d'occupation, il fut epnstammeni
occupé pendant 5 ans à ce travail pénible
et fastidieux, et il est parvenu à terminer
les comptes à la satisfaction générale.
Élu député en 1820, par le grand col-
lège du départeoseni de la Côte-d'Or,
M. de Berbis fut secrétaire de la cham-
bre et proponça divers discours impro-
visés qui souvent éclairèrent les discus**
siona et corrigèrent les défauts des pro-
jets de loi. U fut réélu à diverses re-
prises, en dernier lieu, en 18S7 et par
le gt^nd collège. Orateur sage et spiri-
tuel, il a souvent ramené sçs collègues à
son opinion, en traitant les sujets divers
avec une profonde lucidité. M, de Ber-
bis ne s'est peint fait remarquer par un
ministértalismc trop outré; il votait quel-
quefois avec la contre-opposition, surtout
delSaeàlSST. F.R-D.
BERCEAU {cunabula), lit des petiu
enfans à la mamelle. C'est d'ordinaire
une espèce de panier long en osier ou en
jonc, au-dessus duquel s'élèvent, dans la
moitié de sa longueur, des baguettes re-
courbées destinées à recevoir des rideaux.
L'intérieur en est garni de coussins rem-
plis de balle d*avoine qu'on change à
mesure qu'elle est salie par les excrétions
de l'enfant, puis d'un petit oreiller et de
couvertures chaudes et légères. Le tout
est supporté sor un pied de bois quel-
quefois dispesé de manière à recevoir fa-
cilement un mouvement d'oscillation la-
térale. On peut fabriquer ces berceanx
en bois avec beaucoup de luxe et de ma-
gnificence; mais les plus simples sont en-
core les meilleurs , et aucun ne noua '
semble préférable à un petit hnmae sem-*
blable à ceux dont on se sert à bord des
vaisseaux. Il joint Patantage d'une grande
propreté à oehii d^étre étabti à peu de
frais. Il est bon que les enfans pendant
leur Sommeil soient abrités par un léger
' rideau contre les courans d'air froid;
mais il serait nuisible d'avoir des rideaux
assez épais et assez hermétiquement fei^
mes pour forcer le jeune enfant à res-
I pLrer un air chargé de Tapeurs et de
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BER ^840)
miasmes. Une des précautions les plus
indispensables est celle de placer le ber-
ceau bien en face de la lumière : beau-
coup d'enfans deviennent louches parce
qu'ils ont été obligés de diriger leurs
yeux obliquement vers le point d'où leur
venait le jour,
BB&GEMBirr, action de bercer, d'im-
primer au berceau un mouvement oscil-
latoire continu et plus ou moins rapide ,
dans la vue d'amuser l'enfant et de l'en-
dormir. Cette pratique, contre laquelle
on a prodigué beaucoup d'éloquence en
pure perte, n*est vraiment nuisible que
quand elle est poussée à l'excès. Mais il
est indubitable qu'un balancement léger;^
tel que celui qu'imprime à son enfant
une mère qui le tient sur ses genoux ou
dans ses bras, ou qui l'a placé dans un
berceau suspendu ou dans un hamac,
n'a d'autre résultat que de l'apaiser ou
de l'endormir. Il est vrai que les enfans
s'accoutument à ce mouvement, qui leur
est agréable, et finissent bientôt par l'exi-
ger impérieusement par leurs cris. Là
est un inconvénient qu'on évite en n'u-
sant de ce moyen que quand il est vrai-
ment nécessaire, et en habituant les nou-
veau - nés à rester paisiblement couchés
quand tous leurs besoins sont satis-
faiu. F. R.
BERCEAU (architecture), voûte en
plein cintre, comme celle d'une cave,
d'une orangerie, etc. Au mot Youte
nous nous étendrons sur ce sujet qui
est d'un si haut intérêt dans la con-
struction ; nous ferons voir combien les
Grecs et les Romains étaient avancés
dans l'art du trait ou dans la stéréoto-
mie; alors les berceaux inclinés ou des-
centes droites* des arènes de Nimes ne
présenteront plus rien d'extraordinaire,
et l'on sera fondé à croire que, s'ils n'ont
pas fait un plus grand nopibre d'applica-
tions de cette science aux voùtes.de leurs
édifices, c'est que, d'une part, l'art de.
l'appareil qui ne pouvait sufEre à leur
décoration se fût trouvé perdu dans les
compartimens dont ils ornaient les voû-
tes, et, de l'autre, que les voûtes en ma-
çonnerie étaient d'unie exécution beau-
coup plus prompte et plus facile.
On ap^iWe berceau , dans un jardin,
une partie de treillage dont la voùle ost
BER
terminée par un cintre circulaire ou
ovale quoique ses bouts soient terminés
en arc de cloître. P-t-
BERCHOUX (Joseph), auteur du
poème ingénieux de la Gastronomie,
avait été au commencement de la révo-
lution juge de paix à Saint-Symphorièo
(près de Lyon), où il naquit en 1765.
Plus que suspect en 98, par le royalisme
ardent dont il avait fait preuve, il échappa
aux proscriptions en se réfugiant sous
les drapeaux; mais après 3 ou 3 cam-
pagnes il put revenir dans sa patrie où il
se livra à des travaux pour lesquels il
avait plus de dispositions que pour la
carrière judiciaire ou celle des armes.-
Le premier pas du jeune Berchoux dans
l'arène poétique fut cette piquante satire
si universellement connue et si souvent
citée:
' «Qui me délirrera des Orect et d«s Romains? •
En l'adressant à l'une des feuilles de la
capitale il ne levait point signée d'un
nom encore ignoré, et certains littéra-
teurs parisiens se la laissèrent com-
plaisamment attribuer pendant quelque
temps.
En 1800 M. Berchoux vint faire im-
primer à Paris la Gastronomie: son sue-
ces fut plus grand encore; et, après trois
éditions enlevées dans une seule année ,
l'auteur dut renoncer au modeste ano->
nyme qu'il avait aussi gardé dans la pu-
blication de cet ouvrage. Des conseils
utiles , sa propre expérience , en firent
successivement disparaître quelques lon-
gueurs, quelques traces de mauvais goût.
Tel qu'il est devenu par ces améliora tiona,
cet agréable badinage sera placé sans
doute par la postérité près du Vert^Fert
et non loin du Lutrin. Déjà il a obtenu
dans les.langues anglaise, allemande, et
dans plusieurs autres, les honneurs de
la traduction.
M. Berchoux fut moins bien inspiré
dans son poème de la Danse, ou les Dieux
de r Opéra, qui parut en 1806. Malgré
plusieurs jolis détails on y trouva de la
froideur, une gatté trop affectée et des
emprunts trop fréquens à la mythologie ,
à cette littérature surannée, auxqudles
il avait porté lui-même les premiers,
coups :
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BEA
« ^ toi, trûte fMniU« à qaî Diea fasse paix!
Race d^Agamemooa, etc., etc. »
C'éuit d'ailleurs une de ces productions
beaucoup trop empreintes du cachet de
la circonstance; aussi est-elle tombée
dans le même oubli que la rivalité dfi
Yestris et Duport, dieux de la iianse
depuis long-temps détrôoés^qui en avaient
fourni le sujet.
F'oltaùr, ou le Triomphe de la phir-
losophie moderne, poème soi-disant co-
mico-satirique, ofirait un tort plus grave ;
élaît-ce à un poète qu'il convenait de re-
prendre en sous-oeuvre le»'censures hai-
neuses .des Nonote et des Clément contre
l'auteur de la Henriade ? Jje% événemens
de 1815, au milieu desquels parut cette
longue satire empêchèrent , pour ainsi
dire, le public de s'en apercevoir; et cet
eiîet de la préoccupation fut peut-être
ce que l'écrivain pouvait espérer, en pa-
reil cas, de plus favorable.
On ne peut guère citer ici que .pour
mémoire le Philosophe de Charenton,
roman non sans esprit, mais sans action,
publié en 1 803, txV Art politique (1819),
dernière oeuvre satirique de M. Berchoux,
connue de bien peu des lecteurs de la
Gastronomie. M. Berchoux a étéen 1 81 4,
avec MM. de Chazet , Rougemont , Gen-
til , Désaugiers , etc., l'un des rédacteurs
du feuilleton de la Quotidienne. Retiré
depuis plusieurs années dans le départe-
ment qui l'a vu naître, il n'a plusdonné
signe de vie poétique. M. O.
BÉRÉCYNTHIE, tM>r. CTBiLK.
BÉRENGER I ET II , rois d'Iulie.
BÉ&xifOEB I , fils d'un duc de Frioul ,
lut couronné roi d'Italie en 888 à Pavie,
et empereur romain en 915. £n 924 il
fut assassiné.
BiaEHGEa II était petit-fils de Béren-
fer I , par sa mère Gisèle, qui avait épousé
le marquis d'Ivcée, Adalbert. Bérenger
hérita en 926 de ce puissant marquisat,
et fut élu roi d'Iulie en 950, avec son fils
Adalbert. U mourut en 966 à Bamberg,
prisonnier d'Othon, roi d'Allemagne,
et qui en 96 1 avait posé sur sa tête la
couronne de fer dltalie. Foy. Italie. S.
BÉRENGER (Ratmoud) I-IV,
comtes de Provence depuis l'an 1113.
. Raymond BéaENOEElV, 1209-1245,
4pp^sa en 12)0 Béatriz, fille de Thomas,
( 3il ) BÉR
comte de Savoie. Leur cour fut le centre
de la politesse ; Béalrix protégea les let-
tres et la poésie, et Bérenger cultivait
kû^méme cette dernière avec succès. Nos-r
tradamna affirme avoir vu ses produc-
tions poétiques dans la bibliothèque du
comte Robert Ils procurèrent à leurs
filles de brillans éublissemens : Tainée
épousa Louis XI, roi de France; une
autre Charles d'Anjou, roi deNaples;
une troisième se maria avec le roi d'An-
gleterre , et une. quatrième avec le frète
de ce dernier.
RATMOifD Bé&EHGEE, célèbre grand-
maître de l'ordre de Saint-Jean de Jéru-
salem , est regardé par quelques auteurs
comme appartenant à la même famille;
mais il descendait d'une maison noble du
Dauphiné. A peine élu grand - maître
(1365), à la grande satisfaction du pape
Urbain Y, il ajouta à la gloire déjà ac-
quise dans ses guerres contre les infi-
dèles celle de la prise d'Alexandrie en
Egypte, et de Tripoli en Syrie. Il mou-
rut en 1373. S.
BÉRENGER^ dit de Tours, philo-
sophe scolastique, théoloc;ien hardi, ar-
chidiacre d'Angers, naquit à Tours au
commencement du xi^ siècie et fut dis-
ciple de Fulbert de Chartres , qui , en
mourant, le nota comme un homme dan-
gereux. Bérenger renouvela les erreurs
de Scot Érigène ; il dogmatisa sur l'eu-
charistie, en disant que ce sacrement
n'est que la figure du corps de J.*C. Il
attaquait les mariages légitimes et le bap-
tême des enfans, qu'il regardait comme
nul; il dirigea aussi de vives attaques
contre les PP. de l'église. £n 1030 il
fut nommé, à Tours, scolastique éco^
Idtrej c'est-à-dire maître de l'école de
Saint - Martin ; il fut aussi trésorier de
cet établissement, Lorsqu'en 1039 il
parvint à la dignité d'archidiacre d'An-
gers, il continua ses leçons. Quelques
historiens lui donnent des disciples fort
nombreux; d'autres prétendent que le
nombre en était très limité. On a nommé
Bérengariens les sectateurs qui ont pro-
pagé ses doctrines. Brunon , éyéque d'An-
gers, soutint ses hérésies , si Ton en croit
les uns; selon d'autres il essaya au con-
traire de le ramener à une foi plus orlho-
I doxe y avec le secoujrs de Hugues de Lan*
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' KÈK (942)
gteê et d*Âd€lmafi de Bresse. Le Saint*
Siège condamna set écrits dans de» x eon-
cîles tedds par- J^éon IX , en 10^0, à
•Rome et à Verceii* Excommunié par un^
bulle du paiie, Il se retira à Tabbaye de
Préaux, en Normandie, dans Tespolr
d*étre soutenu par Gulllailme-le-BâUrd;
ibais il Ait de nouveau condamné à
BHonne (ville de la raérfie province) par
les théologietn et Icis évéques. Dans le
côncflè de Paris, présidé par le roi
Henri I , ce prince, en sa qualité d'abbé
de Saint-Martin de Tours, ordonna de
ne point pater à Bérenger les revenus
du canonical qu*il possédait dans eette
église. Plus sensible à cette perte qu'à
la bulle dtt Saint-Père, Bérenger se ré-
tracta au comelle de Tours, eAt 1094;
mais il en rei'inl toujours aux mêmes
doctrineè sur le pain dans l'eucharistie,
qu'il ne consentait à regarder qile comme
un s^bole dn corps du Chrisé^ Il fut
éhé k Kome, abjura eticore plusieurs fois
et ne put cepehdîliit renoncer à sa con-
viction. L'an 1080 il alla passer les huit
dernières années de sa vie dans la petite
\\é de Saint Côme, près de Tours, et fit
pénitence jusqu'à Sa mort ^ qui arriva en
10S8 ; il avait alors 90 ans;
La plupart de ses outrdges sont per-
dus. Cent qui nous restent de lui sont
bien au-dessous de la réputation qu'ils
lui Valurent de son vivant. Sa Letird à
Jicellrk, une autre à Richard y trois
Professions de Joi et une partie de Soh
Traité contre la seeonde profession de
foi qn*on l'avait obligé de ftiire, se trOU^
yetit dans lé Thésaurus AneedoiorUm
de lilaftemte éf dans les œuvres de L«n<i-
friinc. N. Ki D.
IIÉRÉMGEII (AirHOfrSB-MABix-
IllAi(CËtLt*-THoiiAs), conseiller à la eour
de eàss^tl6ti,'ruM des vke-présldens de
la chambre des députés pendant les trois
dernières ées^ions, etc., naqtdt en 178S
à Taléncé, départetiietit de la Dt^me. 11
est ftfe du représentant Bérenger (J«Ait,
comté B., pair de France, né en 1767),
qur, au 18 brumdli^é, se dévoua à.Bonii-
pftrte dans le sein du eonsell àH Cinq-
Cents , et qui , à la detitième séance de
f Ok^angerie, proposa et fit adopter la ré-
solution par laquelle Tassent b^ déelara
que le général en chef et ses fienteMos,
BER
ainsi que les troupes sous lenrs oféres,
avaient bien mérité de là patrie.
M.. Bérenge^ âU débuta dans la cai^-
Hère de la magistrature en qualité de
conseiller auditeur à la cour de Grenoble
en 1808. Trois ans après, il fut nommé
avocat général près la même cour. Dé-
puté de l'arrondissement de Valence à la
chambre des Représentans en 1815, il y
montra un v^f attachement à l'empereur,
dont il regardait la cause comme liée à
celle de la lil>erté eonstirutionnelle et
même aux destinées de la France.
C'est pour préserver de tou le atteinte
la dignité nationale et celle de l'assem-
blée représentative que, le lendemain du
jour de f abdication de l'empereur, il
prononça les paroles suivantes : « Un
grand sacrifice a été consommé bier; 11
l'a été par le ptus grand des héros, avec
une magnanimité digne de lui et de la
nation qui en est l'objet; car c'est pour
lès intérêts, te salut de la France, que
l'empereur a montré cette abnégation de
loi-même, le plus beau trait de nos siè^
des modernes, et qui fera bénir son noiti
dans la postérité avec ceux des Titus et
des Marc-Aurèlel» £t, à l'occasion du
projet à^ Adresse aux f'rantaiSy rédigé
par le représentant Manuel, le 30 juin ,
il s'écriait dans le même intérêt : « N'est-
ce pas une humiliation eittrême de ne
pas soutenir, en face de la nation à la«-
quelle vous parles^ la déclaration que
vous avez faite que Napoléon II soeôé-
deràit à son père I »
L'expérience éé quinse ans et de plus
profondes méditations ont d6 modifier
quelques -nns des sèntimens de M. Bé<-
religer. C'est du moins ce qui, est arrivé
par rapport à Topinion qu'M avait pro*-
fessée le 7 jtiillet , en se prononçant con-
tre l'Avis de la commission, dans la quei-
tlon relative à l'hérédité de la pairie. Il
avait demandé alors que les oOlIdges éleo-
toraut coiecotfrossent à la première no«-
ttinatton des pairs, -en nombre égal au
choix du trône. Lorsque, après la révo-
lution de juillet, Il aeceptA l'office de
rapporteur daOs la même qtiestion (19
M'ptembre 18^1), H aima mieux avouer
le changement qnl s'était opéré dans ses
convictions, que de se bovner simple-
ment à appn jrer, an nom de ife temnl*^
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BÉn
{S48)
BËR
•HHl f le |Mnojet présenté ptr Casimir Pe-
rler; et s'il vota avec la minorité qui déjà
comptait parmi les organes de ses vœux
MîVf. Jars, Roycr-Collard, Thiers, Gui-
£0t et Martifnac, il ne voulut pas que
son vote restât douteux, en raison de ce-
lui qu'il avait émisa lachambredel815.
Écarté des fonctions d'tfvocat général
lors de la réorganisation c)e la coor de
Grenoble (mars 1816), M. Bérenger se
trouva également exclu de la carrière lé-
gislative en raison des conditions exigées,
pour l'éligibilité, par l'article S8 de la
Charte de 1 8 1 4. Ce n'est qu'aux élections
de 1 827 qu'il pdt être porté à la députa^
tion. Le collège départemental de la
Dr6me l'envoya alors à la chambre élec-
tive, où il n'a pas cesséde siéget* depuis.
Un incident relatif à son admissiori prouva
que le pouvoir n'avait rien négligé pour
empêcher son élection (séance dn 15 fé-
vrier 1828).
M. Bérenger a pris paît à presque
toutes les discussions importantes de la
chambre depuis cette époque; mais c'est
surtout comme rapporteur et bomme
eommissaire chargé de suivre devant la
chambre des pairs l'accusation portée
contre les ex -ministres de Charles X
(décembre 1831)^ qu'il s'est acqiiis la
réputation qui lui a vahi depuis la ses-
sion suivante l'honneur d'être porté,
chaque année, par ses collègues, à la
vice-présidence; Lors de sa dernifre can-
didatnre,M.Per8il, aujourd'hui garderies-
sceaux, lui fut opposé par le ministère.
Immédiatement après la révolution de
jnillel , M. Bérenger fut appelé à la cour
de cassation en qualité de conseiller. De-
puis long-temps il avait pris rang parmi
les plus habiles jcirisconsultes par son
ouvrage intitulé: De la Justice crinii*
nelie en France, d'après les loir per-
manentes, les lois d'exception et les
doctrines des tribmnaux. Parb, 1818,
«B-8^
On ne doit pab onbHer de compter au
nombre des titres leis plus hononbleé de
M. Bérengetr celui de président de ht
Société fxmr le patronage de^ Jeunes
libérés du département de la Seine. Il
est glorieux pouV ce magistrat d'avoir
dû à son lèle pour me esuvre ainsi émi-
t plûhnitttM|}iqve flMmieiir é^
présider l'assemblée des hommes de biea .
qui s'y sont dé\oués. P. C.
BÉRÉNICE (qui porte victoire, é%
fipo» et vixn), nom de plusieurs reiuea •!
princesses de l'antiquité.
Bér^hice, reine juive connue par lea
deux pièces de ce nom que composèreai
Corneille et Racine à la prière de Hen*
riette d'Oriéans, avait po^ père Hérodk
Agrippa; elle eut pour époux llérode,
son oncle, puis le roi de Cilicie PolémoOy
et i\it aimée de Titos qui l'aurait épousée |
dit-oh, s'il n'avait respecté l'opinion ro«
maine qui eût blâmé un tel mariage, et
qid , en montant sur le tràne, se sépara
d'elle avec regret. On accusait Bérénice
d'avoir eu on commerce incestueux avet
son frère A grippa.
Parmi les antres princesses ancieooee
qui ont porté ce notn nous Indiquerons
les suivantes: 1^ La femme de Plolé-
mée-Sof er , mère de Ptolémée-Philadel<^
phe (elle avait eu, d*on premier mariage
avec un Macédonien de basse naissance,
Magas, qu'elle fit gouverneur de la Cy*
rènaîque); 2^ la fille de Ptolémée-Phi^
ladelphe, deuxième lemme d'Antiocbus
Théos (Laodice, sa rivale, empoisonna
Théos et la fit assassiner^ 948 ans atant
J.-C. ); 3"" encore une fille de Ptoléffiée-
Phlladelphe^ mais celle-là épousa SOU
frère Ptolémée-É vergeté 1*' et eut pour
fils Ptolémée-Philométor qui la fit mou-
rir (ce fut elle qui consacra sa chetelnre
à Vénus en reconnaissance dé l'heuretit
retonr de son mari ; l'astronome Conon
donna le nom de Chevelure de Bérénice
à nne constellation nouvellement décoti-
verte, et les courtisans répétèrent que la
magnifique offrande de la reine avait été
changée en astre par les dieux); 4^ là
fille de Ptolémée-Aulète , fiemme de Se*-
leiK-ns qu'elle étrangla, puis d'Arc4iélafi»y
prêtre-roi de Comane (elle détrôna txm
père qni plus tard la vainqnit et la fit
n^onrir, 55 ans av. J.-C); ô^ le femme
d'Attale III, roi de Périme, qui la fit
mourir et pnblhi que des magiciens l'a-»
vaienttnée ; %^ nne desfemfnes dn grand
Mitbrfdate cftri la fit étrangler ( 7 1 ans
av. J.-C.) potir qu'eHe ne tombât point
entre les n^ains de l'emier*), été.
On voyait le long de la mer BxMige 4
vMes «lu ttoaa de BéMileei; la 0)f¥«Mfqu«
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BER
(344)
BER
en poaèédait une cinquième. Val. P.
BÉRESFORD ( William-Gaer Bé-
EESFORD, vicomte de)^ d*UDe ancieone
famille irlandaift, pair da royaume
d'Angleterre, général d'infanterie au ser^
vice de la* Grande-Bretagne, colonel en
chef du 16^ régiment d'infanterie, gou-
verneur de- Jersey, grand'croix de l'ordre
'du Bain et de l'ordre hanovrien des
Gnelphes, etc., est en même temps mar-
quis de Campo-Major et comte de Tran*
cora, dans lé royaume de Portugal, dont
il a commandé l'armée en qualité de
maréchal. Ses talens militaires, jusqu'a-
lors peu connus, se déployèrent dans
cette armée, et il parvint même à orga-
niser les milices de ce pays au point
que, durant la guerre révolutionnaire de
l'Espagne, elles rivalisèrent avec les meil-
leures troupes dés alliés. Le 1 6 mai 1811,
le général Béresford, à la tête de deux
divisions anglaises, d'une division portu-
gaise et de 17,000 Espagnols, livra aux
Français, commandés par le maréchal
Soult, la bataille d'Albuhél^ {'^ox.) et
les força de se retirer sur Séville. En
1813, il commanda un des corps de
l'armée sous les ordres du duc de Wel-
lington; il eut une part considérable aux
victoires des alliés à Yittoria, Bayonne
et Toulouse. Le 13 mars 1814, le géné-
ral Béresford entra dans Bordeaux avec
le duc d'Angoulême; le 6 mai de la
même année, le prince de Galles, régent
de la Grande-Bretagne, rendit justice au
mérite de cet officier général et récom-
pensa ses services en l'appelant à la cham-
bre des pairs comme baron du royaume.
Lord Béresford fut bientôt après chargé
d'une mission importante et partit pour
le Brésil d'où il revint à Londres au
mois de juillet 1815. Le prince-régent
de Portugal le nomma de nouveau gé-
néral en chef des troupes portugaises;
mais, à peine arrivé à Lisbonne, il fut
envoyé une seconde fois au Brésil par le
cabinet de Saint-James. A son retour de
cette dernière mission diplomatique, il
reprit le commandement de l'armée de
Portugal qu'il quitta au bout de quelques
années. Il parait qu'il n'approuva pas en-
tièrement les efforts d'un grand nombre de
Portugais pour obtenir un gouvernement
représentatif constitutionnel; et ne vou*
tant point être impliqué dans les troubles
dont ces efforts furent suivis, il retourna
en Angleterre où le roi Georges IV lui
avait conféré le rang de vicomte en 1823.
Depuis l'époque de son retour, le vicomte
Béresford n'a plus pris part aux affaires
politiques de l'Europe, si ce n'est en
1826, lors de l'envoi de troupes anglai-
ses, en Portugal. Pour charmer l'ennui
d'une retraite presque toujours pénible
à ceux qui ont joué un rôle important
sur la scène du monde ^ il a épousé sa
belle cousine, veuve^ du banquier Tho-
mas Hope , qui n'était pas moins distin-
gué par son goût pour les beaux-arts et
les belles-lettres que par une fortune
brillante. D. B.
BÉRETTINI , voy. CoaToiOL
BÉRÉZINA, fleuve lithuanien qui
prend sa source près de Polotsk, traverse
le gouvernement russe de Minsk, et se
jette dans le Dnieper, après un cours
41'environ 86 lieues. Cette rivière est de-
venue fameuse par le passage des Fran-
çais, lors de leur retraite en 1812.
Là les Russes avaient marqué le tom-
beau de l'armée française, le lieu où elle
devait mourir ou mettre bas les armes.
Le 18 octobre, quand Napoléon sortait
de Moscou, l'armée de Wittgenstein, à
1^0 lieues derrière sa gauche, précipitait
sa marche sur Polotsk, en -descendant
du nord. Plus loin , derrière sa droite ,
Tchitchagof, avec l'armée de Moldavie,
profitant de sa supériorité sur Schvrar-
tzenberg, s'élevait du sud. Tous deux
s'efforçaient de se joindre à Borissof ,
afin d'occuper les passages de la Béré-
zina et de fermer d'avance toute issue
à nos soldats que poussait vers eux l'ar-
mée déjà plus nombreuse de Routou-
sof.
Le 22 novembre, Napoléon n'était
plus qu'à trois jours de marche de
Borissof , quand un aide - de - camp
lui annonça que les Russes en étaieiit
maîtres depuis la veille. A cette nou-
velle désastreuse, l'empereur, frappant
la terre de son bâton, lança au ciel un
regard furieux avec ces mots : « Il est
donc écrit là-haut que nous ne ferons
plus que des fautes ( Ségur,'iVb^o/^6ii
et la grande armée), » Mais le lende-
main, le maréchal Oudinot avait renver**
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BÉR
(345)
BÉR
•é cett« avant-garde nisie. Toutefois ses
débris, en repassant par Borissof, avaient
détruit son pont de 800 toises de lon-
gueur. Destruction irréparable I Sur ce
point la Bérézîna était un lac de glaçons
mouvans. M. de Ségur, dans le 10^ livre
de son ouvrage sur la campagne de Rus-
sie, a 'peint l'état déplorable de l'armée
française. La colonne de Moscou, à l'ex-
ception de 7,000 hommes, n'offrait plus
qu'une longue traînée de spectres, cou-
verts de lambeaux , de morceaux de ta-
pis , les pieds enveloppés de haillons , le
visage terreux, hérissé d'une barbe hi-
deuse, sans armes, et marchant comme
un troupeau de captifs. L'aspect de cette
épouvantable désorganisation ébranla les
corps de Victor et d'Oudinot qui ve-
naient d'opérer leur jonction. I^e premier
était en arrière avec 16,000 hommes, le
second aveo 5,000 en avant et déjà sur
la Bérézina ( Ségur ) *. Une sombre in-
quiétude avait saisi les plus fermes cou-
rages. Napoléon donnait ordre de détruire
les rapports de ses ministres, brûlait la
moitié des bagages , afin de réserver les
chevaux à l'artillerie, et, dans son ordre
du jour, menaçait de la peine de mort,
si par défaut de chevaux une seule pièce
était abandonnée ( Chambray, 1. IV, p.
35, 8S).
Dans U nuit du 28 au 34, Ou<jlinot
avait fait foire des reconnaissances sur la
Bérézina au-dessous de Borissof, à Uko-
loda, et au-dessus à Stakhof, àStudianka«
Ce/dernier point, à 4 lieues de Borissof,
offrait un gué. Le général Corbincau, en
se -retirant devant les Russes, l'avait
passé le 31 et n'y avait trouvé que trois
pieds et demi de profondeur. La rive
droite était bordée par un marais, alors
impraticable aux voitures par suite du
dégel; mais la gelée commençait à se faire
sentir et Ton pouvait rendre le marais
praticable avec des fascines. Le général
(*) L'exact M. de Onimbray donne Pétat des
forres da Napoléon , 4e a6 novembre an matin,
et let porte à 30(700 corabattans. Le nombre des
militaires isolés était jiresque aussi çrand (L iv,
p. 5i, 5a; iSaS). D*aprèr Tévalnation do colo-
nel Bontoarlin , aide*de-«amp de l'emperenr de
Ros«e,il porte à 57,000 hommes de troupes ré-
falières les deux armées de Witt^enstein- et de
chitcfaagof. Ce dernier est compru ponr 27,000
-Commet. P. 29^3.
d'artiUerie Aubry écrivait le 94 : 1 Fai
tout disposé à Studianka pour l'établis-
sement du pont projeté. Ce soir, à neuf
heures, 13 chevalets seront prêts et des
bois rassemblés pour former le tablier.
La rivière a 85 à 40 toises de largeur;
la crue des eaux a augmentera profon-
deur du gué ; l'abord de ce côté ne sera
pas difficile; mais jUi rive droite, au sor-
tir du marais, domine un peu celle-ci,
elle découvrira en plein nos t^^avaux lors-
qu'ils seront commencés. Je vois des
mouvemens d» cavalerie et d'infanterie
dans les villages à mi-c6te. Des canons s'é-
tablissent; pas de doute que demain une
nombreuse artillerie ne plonge sur le
pont et ne rende le passage très difficile.»
(Chambray, p. 193-4).
Cependant, pour détourner l'altention
des Russes, on faisait des démonstra-
tions sur les autres points. Une foule de
travailleurs rassemblait à grand bruit
les matériaux nécessaires à la construc-
tion d'un pont. La division de cuirassiers
défilait pompeusement en vue des Russes;
et des questions faites avec adresse à des
espions payés par eux leur donnaient
le change sur la direction projetée par
les Français.
Le 35, à la chute du jour, Oudinot,
cédant à Napoléon l'occupation dç Bk>-
rissof , vint prendre position sur les hau-
teurs qui dominaient le passage de Stu-
dianka. A cinq heures du soir les gêné*
raux Éblé et Chasseloup, forçant leur
marche, y étaient arrivés avec les 4OO
pontonniers qui restaient. Deux forges de
campagne, deux voitures de charbon,
et six caissons d'outils et de clous, maté-
riel conservé par leurs efforts, rendaient
la constjruction des ponts possible avec
le dévouement des pontonniers. Une
vingtaine de chevalets, construits la
veille avec les poutres des cabanes po-
lonaises, se trouvèrent trop faibles; il
fallut tout recommencer. On démolit les
maisons du village, dont les murailles^
selon l'usage du pays, étaient construites
en troncs de sapins non équarris et pla-
cés horizontalement les uns sur lesautres;
mais le temps si précieux de la nuit s'é>
coulait. Sur la rive opposée étincelaient
les feux des ennemis. Avec le jour leur
artillerie pouvait mettre eo pièces Iç
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BÉA
firèlff éctiafândage qui n'étâîl pts encore
commencé!*'
A sept heares du tnàtin , Napoléon
iHtit hâter les travanx-, trop lents an gré
de son impatience. On reconnut que la
ririère avait 64 toises de largeur au
lieu de 40 , et que sa phis grande pro-
fondeur était de 6 pieds. Les ponton^
nfers affaiblis par la misère, privés dV
limens substantiels et de liqueurs fortes,
plongés dans l'eau josqu'aut épaules, lut-
taient contre les glaces charriées par la
rivière. Plusieurs périrent de froid on
snbmei^. Lé souvenir de 4eur dévone-
fnent doit vivre aussi long-temps que
eèlui de la Bérétina f
A huit heures du matin deux ra*
deaux contenant chacun 10 hommes je-
tèrent successivement 400 fantassins sur
la rive ennemie; 50 chasseur» avaient tra-
versé à la nage, portant en croupe deé
Voltigeurs; et l'ardent Jacqueminof, re-
passant à ti-avers les glaces qui déthi-
raîent le poitrail de son cheval, ramenait
itir l^ir^n de sa selle un Russe qu'il ve-
nait de désarmer, pour que rem|>e^eur
pût Tînterroger. L'artillerie du deuxième
eorps couronnait la crête de la colline;
celle de la garde arrivait pour foudroyer
tout cequise présenterait. Les voltigeurs,
i^Xjks dans le itiarais sous leur protection,
eurent bientôt nettoyé les broussailles.
L'ennemi n'opposa point de résistance;
deux de ses pièces seulement débouchè-
rent du bols sur la gauche du point de
passage et tirèrent deux coups de canon,
mais disparurent aussitôt accablés par le
fVu de notre artillerie sur ce point ; la
sienne étatt d*nn ûiiblé <^libre (Cham-
brày , I. IV, p. 51 ; Gonrgaud , p. 4>9).
A une heure, le pont de Finfanterie s'a-
chevait et la division Legrahd le traver-
éâit rapidement, avec deui cartons, aox
cris de Vive l'empereur! Lui-même ai-
dait an passage de l'artillerie. A quatre
heures du soir le second pont, plus so-
lide et destiné aux bagages et à l'artille-
rie, était terminé. OmNnOt, avec 7,000
hommes, poussa les Russes de la division
Tchaptitz jusqu'à Slakhof, dans la direc-
(*) Oo«rgan4 évaloc le gmnd pare friooai* à
00 Toiture» dont 5o pièt( ' ' " *
1 U totiilité des pièces <j
itûàttÂém à fl5b (lu 445).
|oo Toitures dont 5o pièi-es de ranoo (t)«g. 439}^
et U totiilité des pièces^dWtilleria bien appro-
( 846 ) BÉR
tion de Borlisof , le long de la Béréxloti
et dirigea en toute hâte un détachement
vers Zembin. Le chemin de cette ville était
pour lesFrançai:* le seul mo^en de retraite.
A une lieike et demie de Stndianka, ce che-
min traversait un bois marécageux, ae
laissant de passage que pour une voîttum.
Troia ponts de bois sur la Oaina, longs en<-
semble de 300 toises , pouvaient être mb
en cendres avec quelques bourrées et la
pipe d'un Cosaque. Si Tchaplitz y eût
songé, il aurait fVu-cé les Français ou à
passer sur le ventre à Tannée de Molda-
vie, où à faiettre bas les arroe«; la fortune,
d'aille«rs pour eux si cruelle , les servit
en cette occasion. L'espace nous manque
pour montrer quels rapports jetèrent
Tchitchakof dans l'erreur ^ malgré \e$
avis et la résistance de TehapMta qu'il
rappelait à lui. 'Écrire trop tard» il re-
venait à Borisaof dans la nuit du 3S aa
37, réunissait seé divisions pour atta-*
queit le S8, aveo 26,000 hommes^ le
corps d'Oudlnot qui couvrait prèa 4e
Stakhof le débouché des ponts. Mais le
JI8, Ney l'avait rejoint; l'empereur et «a
garde se tenaient en réserve sur la rive
gauche; d,600 Français, Suisses et Polo-
nais, suffirent contre l'armée de Tchi|«'
chakof. Une de ses colonnes, sous l'effort
de laquelle avait plié la légion de la Via-
tule, fut enfbncée par les 600 cniraaajers
de Doumerc qui prirent 1,600 bomiaei
et sabrèrent le reste ; l'eanemi repousié
rentra dans Slakbof.
Presqu'en même temps, de l'autre cdté
de la Bérézina, Victor, placé sur lea hau^
teurs de Stndianka avec 4,300 hommes»
était attaqué par l'armée qobt^ple 4e
Wittgeostein. Pendant tout le jour, il se
soutint avec une admirable valeur, chasia
l'ennemi d'un bois dont il s'élait un in-
stant emparé, à une portée de eanlm de
Studianfta. Vers neuf heures du aoir «ei^
lement il commença sa retracé el re-
passa les ponts de la Bérézina. Le lende-
main 29, à huit heures et demie du ma-
tin , Éblé voyant approcher lei Russes j
mit le feu. ITittgenstein ne parût sur les
hauteursqu'une heure après son départ.La
glohre de l'armée française n'eût rien per-
du de son éclat à la Bérézina, si un malen-
tendu n'eàt fait rester à Borissof la divi-
sion Partouneaux dont lea 3^00 iipmmq^
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Btft
(Si7)
BER
9épkr4B da f;ro« de rannëè, fufetit obli-
gés de se rendre après de vains effoi'ts.
Remarquons-le, pendant trois jours, le
t«, le 37, le 28, et môme jusqu'au 20
Dorerobre, les Français restèrent maîtres
des poDts et de leurs positions sur la
Béf^ioa. Un froid mortel qui surrinC,
le défaut de Ti Très, les souffrafices pré-
cédentes, qui avaient affaibli le coura|(e
avec les forces, empêchèrent la foule de
leurs hommes désorgattiséâ de profiler
ée ces trois jours, et surtout des nuits,
pour s'écooler avec leurs bagages. Le
géhéral Éblé calculait qu'il aurait fallu
six jours pour leur passage; nécessité
f^t dond de les abandonner. Trois piè-
ces de céinoa seuleinenC restcreut stn*
Pautre rive, et le nombre des prisonniers
que Pennemi ramassa (au dire du colonel
russe Boutourlin, Campoffne de Russie,
tn^ p. S83) ne s'éleva qu'à i,000 tral-
neurs, blessés, malades ou vivandiers
{ F'oir Gourgaud , p. 46 1 ).
Tels sont les faita rapportés par les
éfrrvains que recommandent avant tout
rexactiiude et la connaîssance des opé-
rations militaires. Le défaut d'espace ne
permet pas de raconter les accidens du
passage, les ponts trois fols rompus,
la mnilrltude des traineUrs accourant
« en masse confuse et profonde d'hom-
mes, de chevaux et de chariots, assié'
ger l'étroite entrée des pottts qu'elle dé-
bordait tf , sansqu^on pât rétablir l'ordre
parmi ces malheureux qui se foulaient
«tfx pieds ou tombaient précipités dans
la BéréXina. Iful aussi bien que M. de
Ségur n'a su reproduire ces sombres ta-
bleaux de nos frialheurs, à la description
desq^jels quelques critiques lui repro-
chent de s'être un peu trop complu. D -t.
BERO, autrefois- duché indupen>
dant, mais faisant n^intenant f>artie de
la monarèbié prusSieMhé (province de
fuliers, Clèves et Berg, dans la régence
de Dussëldorf). Cest, Hi Allemagne, la
fn-évlnce là plus riche en fabriqués. En-
trecoupée àè montagnes, elle produit
bolnsde blé qti'il n*en faut pour la con-
sommation, car nulle part en Allemagne
h popuiafibri relative n'est aussi forte;
mais il y d abondance de fer, de plomb
«t'dê hotfifle. L'industrie 7 est floris-
MMtè^ swtcMt à Elbérfeld et à BaTitiedy
dans le Woprpertbal. Lu lotïàlité, d*imd
part, et le gouvernement, de l'autre. H*-
vorisent cette prospérité. La constante
neutralité du pnys pendant les guerres
dans le xtii* el le xviii* siècle lui fut
très avantageuse et engagea des indus^
triels des Pays-Bas et de U France l
chercher dans ce duché un refbge contre
les persécutions pour cause de religion
dont ils étaient menacés dans lenr patrie.
- Du temps des Romains le pays de Bérg
était occupé par les Ublens; mais leurs
tribus disparureiït lors de la mIgratioA
des peuples, et leur pays devint le partdge
des Ripuaires. Depuis le xii' siècle ce
pafys étallt gouverné par des ducs hérédix
taires; transmis par héritage à différenteè
familles, il a même été partagé ouelqué^
fois, jusqu'à l'époque (1 348) oà il passa à
lA maison de Jutiers, par suite d'un ma-^
riage. Lorsqu'en i609 cette maison resta
sans héritier, l'Autriche réclama le duché
à titre de fief de l'Empire, et l'Espagne
promit de soutenir cette prétention ;
mais elle fut combattue |)ar la Saxe et par
les maisons électorales de Neubourg-Pa-
latinat et de Brandebourg, et il s'en*
suivit pour le duché un gouvernement
commun entre ces maisons, du consen-
tement des Pays-Bas. Ce gouvernement
partagé dura jusqu'en 1666 6ù le duché
de Berg échut définitivement au Palatînat
Là révocation de l'édit dé Nantes amena
une foule d'indtfstrlelsdans ce duché; ils
y établirent la fabrication dé la soie, da
coton , de la dentelle , etc. Le duché dé
Bèrg resta dans Cet état jusqu'en 1804
où il passa d*âbord à la Bavière, en
échangé du margraviat d'Anspach, puis,
dans la même année, à la France. Ifapo-
léon le donna avec le duché de Clèves à
son beau- frère Murat qui prh le titre dô
grand -duc, après Son accession à la Con->
fédéra tioirdtf Rhin. Aux duchés de Berg
et de Clèves on ajouta les possessions dé
la maison de Nassau, la principauté de
Munster, dit férens comtés et Seigneuries,
de manière cfU'it eut une étendue de âOO
mil. car. géogr. aveè près dé 900,000
hablians. Lôrsqu'en 1808 Mui*atf devint
roi de Naples, le pays de Bèrg eut pour
grand-duc Louis Napoléon , prince royal
de Hollande, «ncoré mineur; taich 6n éa
déuchà quelques portions. Lé gràud-duo
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BER
(848)
BBR
jp*éuit pas encore arri?é à majorité lors-
qu'en 1813l les alliés occupèrent -son
lirand-duché dont, en 1615, le congrès
de Vienne agrandit les éuts du roi de
Prusse. C. Z.
BERG AMEy grande ville du royaume
Lombard- Vénitien , et chef-lien de la
délégation du même nom, du gouverne-
«peut dje Milan, est à 10 1. N.-E. de cette
ville et à 10 1. N.-O. de Brescia, par 7^
30' long. £. 45^ 42' lat. N., entre le Sé-
rio et le Brembo , sur de petites collines
oà elle s'élève en amphithéâtre. £lle a
un évéque, 32,000 habitans, une ca-
thédrale et 14 églises, 4 hôpitaux, 6
maisons pour les orphelins, un mont^
de-piété, une citadelle, 4 faubourgs. Le
monument moderne le plus remarquable
est le bel édifice de la Fiera; cons-
truit ^ut entier en pierres de taille entre
les faubourgs de San-I^eonardo et San-
Antonio, il contient plus de 600 bouti-
ques symétriquement disposées, avec une
vaste place et une belle fontaine. Rien de
plus animé, de plus riche, que le specta-
cle dont cette large enceinte est le théâ-
tre pendant la foire qui^ 8*y tient du 24
août au 8 septembre, et pendant laquelle
il se fait pour plusieurs millions d'affaires.
Bergame a de plus 4 autres foires ( les 1 7
janvier, 13 février, 28 octobre, 13 dé-
cembre ). Presque toutes ont pour objet
principal la soie dont jadis -on exportait
des quantités considérables en Allema-
gne, en Angleterre et en France; les vins
dont Bergame approvisionnait toute la
Lombardie ; enfin les meules et les fers
tirés des vallées bei^gamasques.
Bergame existait du temps des Ro-
mains sous le nom de Bergomum, Prise
successivement par Attila, par les Lom-
bards, par Charlemagne, puis ville libre,
mais désolée pendant les. guerres des
Guelfes et des Gibelins, elle finit par
tomber sous la protection, c'est-à-dire
sous la domination de Venise (1428).
Louis XII la prit, en 1509, après la vic-
toire d'Agnadel, mais il ne la garda que 7
ans ; les Français y entrèrent de nouveau
en 1796,révacuèrent en 98, puis y re-
parurent en 1800. Le nord de l'Iulie
formait alors la république Cisalpine, et
Bergame était le chef-lieu du départe-
ment du Sério. Bemardo Tasso, père de
Torquato, et Tiraboschi naquirent à Ber*»
game.
Le Bergnmasque, dont on a formé la
province actuelle de Bergame, est mon»
tueux, fertile dans les vallées, riche en
mines de fer et en sonroes minérales, ea
gibier, en poisson. Les céréales ^pourtant
ne suffisent pas à la consommation; les
prairies, les pacages, l'élève du bétail, et
surtout l'éducation du ver à soie, com-
pensent ce manque de ressooroes. L' Adda
est la rivière principale. Les habkans ont
une réputation d'activité, de gatté, qne
ne leur dispute aucun peuple de l'Italie;
mais leur dialecte est le moins pur et le
moins élégant de la péninsule. La comé-
die bouffe italienne a souvent donné à
ses valets (Arlequin, Trufaldin, etc.) et à
ses soubreUes (Brighella) le caractère et
le langage bergamasques. Vjll* P.
BËRGAMI^ vof, CàaoumBj reine
d'Angleterre.
BERGAMOTE. On donne ce nom
à une espèce d'orange petite et dHme
odeur fort agréable, dont on peut faire des
bonbonnières. On extrait de ce fniit une
huile essentielle, d'un parfum fort doux,
et connue dans la parfumerie, ou elle est
souvent employée^ sous le nom â^ huile de
Bergamote. Voy, Poibes. A, L-d.
BERGASSE (Nicolas), né en 1750,
d'abord avocat à Lyon, s'y fit connaître
avantageusement par quelques pkudoyert
où l'on trouve , autant d'éloquence quA
pouvait alors en comporter la discussion
des affaires civiles. Attaché ensuite au
barreau de Paris , il y fut chargé d'une
cause qui attira sur lui l'attention pu»
blique et fit le plus grand honneur à ses
principes et à ses talens. Beaumarchais,
mis en goût de succès judiciaires par
ceux de ses fiimeux Mémoires ^ s'était
lait le chevalier de M°^^ Kornmana
plaidant coi^tre un mari qui lui repro-
chait les torts les plus graves : Bei^gasse
ne craignit point de soutenir les droits
de l'époux ofTensé contre ce mordant et
dangereux adversaire, et ce ne fut pas
seulement devant les tribunaux qu'il
gagna ce procès.
A l'époque de la convocation des Étata-
Généraux \m suffrages de ses concitoyens
se portèrent sur cet avocat distingué, et
Il fut élu par le tiers-état de Lyon;
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mas
Aitii Bergttse ne prit part qu'aux pre-
mière timyaux de TAssemblée coDsti-
tuante. U refusa de se soumettre au ser-
ment que devaient prêter ses membres
aux bases de la Constitotion et abandonna
son poste dès le mois d'octobre 1789;
dès lors, se bornant au rôle de publiciste,
mais de pubticiste frondeur, il fit paraître
dWerses brodiures dirigées contre les as-
signats et conue Vautres mesures adop-
tées par l'assemblée nationale. Sans être
tont-à-fait partisan de la monarcbie ab-
solue, il se rapprocha du parti de la
cour et fit passer à Louis XVI plusieurs
mémoires et projets dont les mannscriu
furent trouvés aux Tuileries dans l'ar-
moire de fer, après le 10 août; c'était
un arrêt de proscription contre leur au-
teur t|ui, en effet, fol arrêté, en 1798, à
Tarbesoù il s'éuit réfugié, et amené dans
les prisons de la capitale. Le 9 thermidor
le rendit à la liberté, et il vécnt dans la
retraite ju^'à la resuuration de 1814.
Bergasse, rentrant- alors dans la car-
rière politique, publia dans quelques
écrits ses idées qui se rapprochaient
beaucoup plus de oelles des émigrés et
des partisans de nos vieilles institutions
que de la charte de Louis XVIII ; aussi
trouvèrent-elles plus de faveur près de
l'empereur Alexandre que dans les es-
prits de ses concitoyens. Cependant il
refusa les offres de ce prince qui , pen-
dant son séjour à Paris, éuit allé le vi-
siter dans sa modeste demeure et vou-
lait lui assurer un sort dans ses états. En
1831 un ouvrage intitulé De la pro^
priété, et dans lequel était atUquée la
vente des biens nationaux, fit traduire
Bergasse devant la cour d'assises de la
Seine; son arrêt acquitta un vieillard
dont an moins l'attachement à sa patrie
ne pouvait être contesté et dont les con-
victions profmdes pouvaient excuser les
Bergasse, dont l'existence a été depuis
ce temps obscure et tranquille, est mort,
dans un âge avancé, en 1882. H s'occu-
pait, depuis beaucoup d'années, d'un
grand ouvrage sur la morale religieuse.
Il est probable que cette production doit
offrir des traits de mysticisme, d'illumi-
nisme même, d'après la foi qu'avait Té*
crivain pour les prodiges dusomoambu-
( M ) BËK
lisme magnétique. Non-seulement il avait,'
en 1 784 , consacré un écrit à la défense
du raesmérisme, mais, quelques années
après, il n'avait d'autre médecin qu'une
servante douée, suivant lui, de cette se-
conde vue , de cette intuition merveil-
leuse qui devine à la fois la maladie et
le remède. M. O.
BERGE, plus commlinément Baaok.
La 5èr^ est une petite embarcation
plate destinée à transporter sur les fleu-*
ves les marchandises que doivent débar-
quer ou embarquer les b&timens de com«
merce. Dans la plupart de nos ports les
berges.ne sont connues que sons le nom
plus significatif à^ allèges {voy, AxLi«
Gxa ) ; mais sur les bords de la Loire on
ne se- sert que du mot barges pour dé-
signer ces sortes d'embarcations de ri-^
vières. Le patron d'une barge se nomme
le barger. Dans les autres parties mariti-
mes de la France on ignore complètement
cette dénomination toute locale. £. C.
BERGEN j voy. Noavége.
BERGER y l'homme qui soigne e(
garde les troupeaux de bêtes i laine. On
ne s'attend pas à ce qu'il soit fait men-
tion ici de ces bergère chantés par Théo-
crite, Virgile et Gessner, dont la vie,
toute patriarcale , plaît aux âmes sensi-
bles et nous reporte aux mceure des pre«
miere joure de |a vie sociale; les scènes
pastorales de ces âges reculés sont si loin
de nous, que depuis long- temps on est
obligé de les reléguer dans le domaine
de la poésie, et qu'en les retraçant nous
rendrions trop pénible le tableau des ha-
bitudes réelles des bergère de notre épo-
que (voy, AmcADix). Cette profession ,
honorée dans la haute antiquité, est de-
puis bien des siècles tellement avilie qu'il
faudra de longs efforts pour relever la
houlette de l'abjection où l'ont précipitée
l'ignorance > l'orgueil et les préjugés. On
y travaille en France depuis la révolution,
et déjà qndques départemens prouvent
les heureux effets des efforts entrepris
{voy. ComoBs agricolss). Ce change-
ment exercera la plus grande influence
sur la vie privée , sur les mœure publi-
ques, et sur la prospérité de l'agriculture.
Un bon berger est un homme précieux
dans une ferme; en recevant, avec la garde
du troupeau , son administration de jont
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(M)
Hâ^ Mi{(, ifip^ chemin comm9 k la b^r-
§erU , il tient daps ses ipaÎQS une partie
4û la for^Moe du cullivateupr. De »eA bop-
nés ou oa^uYaûi^s qMa|ilé»y de ses soins
TÎ^Uns QU 4e 800 iqsouciapce dépendeol
le succès du troMpeau, la LH)nté et même
raboadaoce de ses produits. $*ii est ac-
tif i probe , ami des animaux qui lui sont
confiés f et bahiU d^ofi Tart de les main-
tenir eu sanié , tou^ lui réussira ; s'il lui
manque une seule de ces qualités tout
est perdu ;.c*est 4e lui que Ton peut dire :
Tant v^ûf h b^i^er, tant vaut U trou^
peau.
Le choix d*uii berger est donc plus
important qu*on ne le croit ordinaire-*
nent. )1 faut qu'un berger sacbe lire,
écrire et raisonner sur ce qui convient
aux bétes k laine dans lea divers âges de
la vie 9 à telle espèce, à telle variété; il
doit connaître les maladies qui les afleo-
tent, afin d'éloigner à \%m^s les individus
attaqués, de leur donner les premiers
soins en attendant Varrivée du médecin
Tétérinaire; il doit posséder assez de
botanique pour distinguer les plantes fu-
nestes et les plantes utiles , et avoir Tha-
bitude d'employer la flamme, la lancette
et le bistouri , dans les cas pressaos. Il
faut qu'il pr/évienne les accouplemens
prématurés, qu'il préside à la naissance
des jeunes animaux , qu'il pourvoie aux
besoins des mères , à la sàreté des petits;
il faui qu'il sacbe distinguer les agneaux
et leurs mères, pour les rapprocher
quand ils ne savent pas se retrouver , ov
pour forcer les femelles qui n'aiment
point leurs petits à leur donner à téter.
Dans lea champs il veille à ce que lea
troupeaux errans ne se mêlent aux siens,
ne leur enlèvent leur subsistance ou n^
leur apportent les germes de maladies
contagieuses. Il faut enfin qu'il sacbe les
garantir des attaques des animaux car-
nassiers, tant par son courage personnel
que par le soin d'élever de JKm^ chiens.
Ôe retour à la bergerie, il distribue le four-
rage, dont il est tonjenrs économe et dont
il ne néglige jamais de constater la quali-
té; il en fixe la quantité pour chaque in*
dividu, et en écarte avec la pins scritpu-
leuse attention les chardons et autres plan-
tes épineuses qui pourraient s'y trouver et
décMrar k bouche de ses bétea, etc.
Tontes eea emmaîssancca ne |i«pven%
être le fruit de la tfisle routine : il faut
doneaq berger des études prétiminaires,
et c'est pour lui en ofirir les moyens que
diverses écoles publiques existent. C'est
là qu'un propriéuire doit aUer chercher
le berger auquel il veut remettrç Le gou^
vememeot de ses troupeaux. Il le prendm
robuste, âgé de plus de 30 ans, jamais au**
dessous de cet ége; il s'assurera s'il est Uhh
joiurs propre, roatineux, adroit, patient,
économe 8ans4»arcimonie, et gai decavae-
1ère. Du mpment qu'il aura trouyé cet
agent essentiel il ne négligera rien, pour
se l'attacher. Un berger dont le salaire
est fixe , qui n'a pas l'espoir de le voin
grossir par des gratificatigns aecordéea
avec justice , finit \ài ou tard par né^^ligar
ses devoirs ; il se livre à hi fraude et 44*
cide plus ou moins prompiêment de la
ruine de son patron. Il en sera tout aun
trement si vous entreteoex le courage patf
des récompenses. L'intérêt et l'éeHilatioA
sont deux puissans mobiles; mis en jeu
avec habileté vous en obtenez des avao-r
tages incakulabies ^ toujours inattendns»
La Saxe nous en fournit une preuve frapt
pante : les propriétaires de troupeaux n']F
accordent aucun appointement aux ber«*
gers, mais ils leur donnent un bénéfice
sur les produits. Il arrive de là que les
bergers soqt soigneux, qu'ils mettent toa|
en o^vre pour conserver les bêtes à laine
qui leur sont confiées , qu'ils s'occupcnl
sana cesse de leur plus grande prospé-
rité> et que la mient value du trou-^
peau relève leur profession, en même
temps quelle leur assure une honpête ai-
sance. A. T. D. B.
BERGmiE y logement destiné aux
bêtes à laiœ , dont l'aire n'est poipt pa-
vée, mais fortement battue de glaise bien
corroyée, siu' laquelle on met nn lit de
terre sèche , pnis un patte de paille , qui
s'imprègnent l'un et l'autre de l'urine el
de la fiente du mouton. La forme de la
bergerie varie suivant les localité et le
goût da propriétaire; qu'elle soit ronde,
carrée ou longue, n'importe» pourvu
que ses dimensions soient en proportion
avec le nombre des bêles à contenir.
La bergerie veut être tournée au nord^
être élevée au moins de un mètre à deux,
an-deastts da sol:^ percée de ^randce erbî»
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WR
(Wt)
tm
•te gamies et harremi dt f«r ti d'une
toile métallique à krge réseaux en fil
d'arcbal. U convient que ces croisées se
trouvent en face les unes des autres et
ouvertes sur tous les points, aûn que
l'air puisse circuler librement et être re-
Bouvclé à chaque instant. Dans sa cou-
struclion , la bergerie a besoin d'être un
peu inclinée , du fond vert la porte d'en-
trée, pour donner écoulement aux uri-
nes; il faut aussi que le sol en soit cons-
tamment uni , sec et disposé en clayon^
nage pour faciliter l'é^Hiration de l'air.
Il est indifférent de placer la porte
d'entrée à une exposition plutôt qu'à
l'autre , quand la bergerie présente des
ouvertures pratiquées sur toutes les faces,
ou seulement aux deux extrémités , ce qui
tnlfit a la rigueur, lorsque l'étendue du
local est médiocre; mais, si les ouver-
tures ne sont poipt assex nombreuses et
qu'il soit impossible d'en établir d'au-
tres , il faut alors que la porte d'entrée ,
ainsi que les croisées , soient toiunées au
Bord.
Les croisées ne doivent commencer
qu'à un mètre , à partir du sol , pour que
la pluie ou la neige ne vienne point in-
commoder le mouton. Le froid est très
salutaire dans une bergerie, l'humidité y
est au contraire très pernicieuse.
Contre les murs on place des crèches
solides , assez basses pour que l'animal ,
en prenant sa nourriture, perde le moins
possible d'herbe et n'en laisse point tom-
ber sur lui. Leur construction est égale-
ment calculée de manière à ee que les
agneaux ne puissent entrer dedans ou se
glisser dessous. Une auge en pierre doit
tégner un peu en avant des râteliers,
pour recevoir les graines des fourrages
•t pour contenir les légumes et la pâture
qu'on donne an% moutons.
Outre la bergerie proprement dite,
où les béliers se tiennent éloignés des
brebis, le logement des bètes à laine doit
offrir la bergerie d'élèves , la bergerie de
supplément et une infirmerie. Les deux
premières sont séparées par des cloisons
en plâtre, en pisé ou en torchis, ou bien
encore en planches bien jointes , afin que
le Voisinage des mâles ne nuise point à
la tranquillité des femelles, pour que
tant ou oB «nloodaBi le» brebî«. L'îutiVH
merie» devant contenir les bétes maU*
des, se place en un lieu isolé et sans cy>m-»
muuicalion dir^te avec Thabîtation des'
autres animaux ; cette précaution eat in-
dispensable. Dans la bergerie d'élèves se
tiennent les agneaux en sevrage. La ber^
gcrie de supplément est pour les brebis
portières, prêtes à mettre bas , ou qui
sont occupées de rallaitement des petits.
Tout près de là est la chambre destinée
au berger; elle communique librement
avec toutes les divisions afin qu'il puiâse
exercer sa surveillance pendant la nuit.
Au temps de l'agnelage il est essentiel
de tenir une lanterne allumée dans Ui
bergerie ; on la fixe solidement, on la re*
oouvre d'ûa grillage de fer, puis on lu
place à i|ne certaine hauteur.
Tous les huit jours en été et tous les
quinie jours en hiver il faut enlever le
fumier de la bergerie; en l'y laissant plus
long-temps on compromet la santé des
animaux* La plus grande propreté doit
régner dans oe local; le vêtement spon-
gieux du mouton le rend plus qu'aucun
autre animal domestique susceptible des
moindres atteintes de la mauvaise odeur,
de Tinsalubrîté, du désordre et du
manque de soin. Toutes les fois qu'on
lavera ^ bergerie, et il convient de le faire
au moins ime fois par mois, on la ba»
laiera soigneusement dans toutes ses par?-
ties intérieures et extérieures. A.T.D. B.
BERGEROBîKETTB, en latin mo^
t€u:illa. C'est ua petit oiseau auquel on
a donné ce nom, soit parce qu'il voltige
d'ordinaire près des berges, des rivières
et eaux douces , soit parce qu'on le voit
souvent à la suite des bergers et de leurs
troupeaux. On l'appelle aussi korÂe"
queue. Il est long de 7 pouces , a le bec
faible, mince, un peu écbancré à son ex*
t^émité; le bout de la langue déchira, les
pieds grêles; sa queue est longue et v»^
rie sebn les espèces.
La bergeronnette jaune, qui est la plus
commune , et qui d'ailleurs ne porte celte
couleur caractéristique que sous le ventre
et vers la queue, se trouve eh Europe,
ainsi que la bergeronnette grise et la
printanière. Parmi les autres espèces, on
distingue celle de la baie d'Hudsoa , la
1m béliers ne s'^ohauffont point en soa^ | bevger<^nnotte blandw ^ Uou«y «itritto, à
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BER
(1352)
BER
collier f k gorge noift^ de Plie de Timor,
de J«va, lugubre, de Madras, mélanope,
à tête noire , variée , verdâtre, verte, etc.
La bergeronnette du printemps diffère
des autres en ce qu'elle est presque en-
tièrement jaune et qu'elle est la seule
qui émigré à l'approche de rhiver. Cest
du reste le premier oiseau qui reparaisse
au printemps , et son retour est toujours
d'un heureux présage. Il fait tout atassi-
t6t son nid au milieu des prairies nou-
velles ou aux bords fleuris des ruisseaux ;
sa ponte est ordinairement de six à huit
œufs.
Les autres bergeronnettes d*£urope
restent en France toute Tannée, suivant
le laboureur, pour faire leur pâture des
vers que le soc de la charrue élève à la
surface de la terre , et les bergers pour
se nourrir des nombreux insectes que le
bétail attire autour de lui et qui le fe-
raient dépérir, sans ce petit animal.
Cette dernière considération devrait re-
tenir les chasseurs, qui au contraire s'en
montrent fort gourmets , précisément k
cause de cette nourriture qui donne à la
bergeronnette beaucoup de saveur et
d'emlx>npoint. D. A. D.
BERGHEM (Nicolas), né à Harlem,
en 1624, mort d^ns la même ville, en
1683, et qui s'est fait une répuUtion
européenne, comme peintre et comme
graveur de paysages et d'animaux , reçut
de son père, Van Haarlera , les premiers
principes de son art Une aventure d'é-
colier lui valut le sobriquet de Berghem
ou Berchem , qui , en flamand , signifie
c€u:?iet-4e , sous lequel il a continué d'ê-
tre connu et dont il signa même ses ou-
vrages. On dit que, pour le soustraire à
un châtiment que son père voulait lui
infliger, Van Goyen, son maître, criait
k ses antres disciples: herg^hemî berg-
hem l iSBichtiA^l cachez-le! Peu après la
mort de son père,Nicolas Berghem épousa
la fille de Wils, un autre de ses maîtres ;
l'avarice, la mauvaise humeur et les
duretés de sa femme empoisonnèrent
toutes ses jouissances et le réduisirent à
une grande pénurie.
Berghem vit de bonne heure sa répu-
tation s'accroître et s'étendre. Ses ou-
vrages sont nombreux , et leurs soiets of-
frent une grande variété. Bien qu'ils ne
soient souvent que Phnagé d'une nature
peu élevée , peu poétique , ils se recom-
mandent généralement par un goîkt ex-
quis, et une vérité, une harmonie de
coloris que le temps n'a pu détruire. Sa
manière est piquante et spirituelle , trop
peut-être ; son exécution est remplie d'in*-
telligence; le fini de ses détaib ne dé-
truit point le bel effet de l'ensemble; ses
figures, ses animaux sont dessinés avec
une grande correction et une élégance
que les peintres de son pays n'ont pas
toujours possédées. Si sa touche est sou-
vent affectée, elle est du moins toujours
ferme et soignée, et l'on peut dire que
Berghem n'a produit aucun ouvrage mé-
diocre. Quelque multipliés que soient
les tableaux de Berghem, ils sont aussi
recherchés que s'il n'en avait fait qu'un
petit nombre, et on les voit toujours chè-
rement payés par les amateurs. Les pe-
tits ne se vendent guère moins de 8,000
fr. et les principaux 34,000 fr. ; ses des-
sins et ses nombreuses graxiires à l'eau
forte sont également recherchés des
amateurs, parce qu'ils rappellent en par-
tie les beautés qui distinguent ses ta-
bleaux. L. C. S,
BERGHEN (Louis de) , voy. Dia-
mant.
BERGMàNN (To&be&n-Olof), briU
lante illustration scientifique de la Suède.
Né k Catharinaberg ( Weslgolhlaod) , en
1 735 , il passa des écoles de Skara à l'u-
niversité d'Upsal. Ses parens, placés
dans les hauts emplois de la finance, le
destinaient aux charges importantes de
l'État; mais un goût décidé pour l'étude
de la nature et la méditation de ses phé-
nomènes se prononça de bonne heure
chez Bergmann, et, par un précieux
instinct , il voulut préluder à l'étude des
sciences d'observation par une applica^
tion opiniâtre à celle des sciences élé-
mentaires du raisonnement, les mathé-
matiques et la philosophie. Mais les
progrès d'une maladie de langueur le
contraignirent k changer plutôt qu'à
abandonner les occupations de son choix.
De retour dans sa famille, obligé au re-
pos, il s'efforça vainement de combattre
le penchant qui le dominait; la botani-
que et l'entomologie remplirent les ins-
tans de ses promenades, et d'une ma-
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BER
(8o3)
BER
DÎère BÎ fructueuse q)i^ Ton a quelque-
fois regretté que sou attention en ait été
depuis détournée. AÏS ans il proposa
une méthode de classification des in-
sectes, fondée sur Texamen si difficile
de leurs larves , et elle parut tellement
intéressante à linnée et à de Géer qu'elle
fut insérée dans le premier volume des
Mémoires de Tacadémie d*Upsal. Ou lui
doit encore un travail sur les moyens de
détruire les chenilles qui dévorent les
feuilles des arbres y lequel fut couronné
dçux fois, et des recherches curieuses
sur les cinips , les xylocopes et l'éduca-
tion des abeilles. C'est lui qui découvrit
le mode de reproduction des sangsues.'
Linnée consacra le souvenir des services
qu'il avait rendus à l'entomologie en
appliquant le nom de Bergmann à une
espèce de phalène. Il revint à Upsal, et
bientôt ses travaux sur les phénomènes
du crépuscule y sur les interpolations as-
tronomiques et sur l'attraction générale ,
loi méritèrent successivement le titre de
docteur en philosophie et les places de
professeur de physique, puis de mathé-
matiques et d'algèbre. Ces réooa»penses
ne furent pour lui qu'un encouragement;
en peu de temps il donna un grand nom-
bre de mémoires , entre lesqueb on dis-
tingue ceux qui traitent des aurores bo-
réales et de l'électricité. Il publia les le-
çons de Scheffer, et fit paraître, en
1 766, un traité de physique assez étendu,
ouvrage qui fut à l'instant traduit dans
toutes les langues européennes , et dopt
deux éditions furent épuisées en moins
de deux ans. En 1767, il se mit sur les
rangs pour la chaire de chimie. Ses com-
pétiteurs contestèrent ses connaissances
en chimie, il repoussa leurs attaques
par un excellent mémoire sur l'alun.
Çustave III , alors prince et chancelier
de l'université, sut apprécier la capacité
de Bergmann et les conseils des savans
impartiaux qui l'approchaient, et défen-
dit ses droits de toute son influence ; et
plus tard celui-ci, reconnaissant, paya
sa dette au roi de Suède , en refusant les
offres du grand Frédéric, qui voulait
l'attirer à Berlin. Arrivé au poste qu'il
avait recherché, Bergmann s'adonna tout
entier à la chimie et porta dans son ap-
plication à cette branche de l'histoire
Encyclop. d, G. d. M, Tome III.
naturelle Hesprit de méthode et de cri-
tique rigoureuse , dont ses p|*emières
études lui avaient donné l'habitude. Les
travaux qu'il publia sur cette science
sont nonï>reux et tous portent l'em*
preinfe d'un jugement fort et d'une sa-
gacité profonde. Son nom se rattache
aux lois des affinités de la doctrine ato-
mique et à celles de la cristallisation, sur
lesquelles Haûy établit depuis sa belle
théorie de la cristallographie; on cite
encore ses mémoires sur les eaux miné-
rales, sur leur composition artificielle,
sur l'hydrogène sulfuré, l'acide carbo-
nique, l'acide oxalique, la silice^ la ma-
gnésie, le fer, le zinc, l'arsenic^ le ni-
kel, etc. Il forma d'excellens élèves.
Schéele entre autres doit à sa bienveil-
lance son bonheur et ses premiers suc-
cès. Se* travaux épuisèrent en peu d'an-
nées sa constitution; il succomba en
1784. Peu d'hommes ont tant produit,
et surtout des travaux aussi dura-
bles. Dans le cours de sa carrière scfen-
tifique il écrivit plus de quarante mé-
moires tous curieux , tous marquans,
soit par les découvertes , soit par les per-
fectionnemens qu'ils contiennent. T. C.
BERG-OP-ZOOM, c'est-à-dire
Bergen sur le Zoom , ville très forte
de Hollande (Brabant septentrional), à
8 lieues sud-ouest de Bréda, 7 d'Anvers,
près de l'Escaut oriental dont un canal
lui porte les eaux. Des marais l'entou-
rent et rendent ses abords très difficiles.
On admire son château, dont la tour s'é-
largit en s'élevant, son arsenal, le sou-
terrain, et la galerie par laquelle les Fran^-
çais s'y introduisirent après la bataille d,e
Fontenoy, les ravelins de la Pucelle et de
Cœhorn, etc. L'église de Sainte-Gertrude
mérite une mention. Population , 6,000
habitans. Murée au xiii^ siècle par Gé-
rard de Wasemale, qui la défendit par un
château, Berg-op-Zoom fut, lors de l«
révolte 'des 17 provinces contre la do-
mination espagnole, une des premières
résidences des états-généraux. Le siège
fameux qu'elle soutint , en 1622, contre
les Espagnols, coûta 10,000 hommes à
ses anciens maîtres. Le maréchal de Lœ-
vendal s'en empara par surprise en 1 747.
En 1814, les Anglais, en essayant de la
prendre sur les Français, éprouvèrent
23
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ÈEti
Oh' écbèo. cotisidéràtté âtràttC séé mtifs.
Avant le règne de PUîiippe II, Bcrg-
6p-Zoom était un marquisat Tal. P.
BÉRIL. Les lapidaire» désignent sons
ce nom une i^riété d'émeraude qui se
distingue par sa Couleur d*on vert bleuâ-
tre. Cependant on doit comprendre aussi
ê6ùi la même dénomination celle qui est
jaune ou jaunâtre, et que les tapidaires
Comment ëmeraude miellée. Le béril ,
quelle que soit sa teinte , est en général
peu estimé; Taigue-marine [voy. ce mot)
tl Témeraude d*un beau vert , apparte-
Bânt à la même espèce minéralogi'que ,
nous traiterons de ses caractères physi-
ques, de sa cristallisation, de sa compo-
àition chimique, de son gisement et de
ton emploi à Tarticle Émkbaude. J. R-t.
BERING ou BEHRING (Titus) ,
navigateur qui a découvert le détroit du
inêmenom, naquit à Horsens en Jùtland.
Bfarin expérimenté, il fut employé à
K.rpnstadt comme capitaine de vaisseau
par,Pierre-le-Grand, dans sa marine à
peine créée. Les talens et Tintrépidité de
Behring, dont il fit preuve dans la guerre
contre les Suédois, lui procurèrent l'hon-
neur d*étre choisi pour la direction d'un
iroyage de découvertes dans Ta mer de
ICamtchâtlca. Il partit Je Pétersbourg
rour la Sibérie, le 5 février 17^5. En
728 il visita les côtes du nord de celte
^ande presqu'île, jusqu^au 67* 18' lat.
nord, et acquit la certitude que l'Asie
n'était pas jointe à TAmérique. Mais
comme le but de son voyage était de ré-
soudre la question , si les côtes opposées
ï celles du Kamtchatka étaient des lies
ou bien si elles faisaient partie du conti-
nent, il repartit le 4 juin 1741 d'O-
khotsk, avec fleui bâtimens, et débarqua
i ta côté nord-ouést de FAmérique. Des
tempêtes et des maladies rémpêchèrent
de pousser plus loin ses découvertes. Il
fut jeté sur nfe déserte d'Avatcba , cou-
verte de neige et de glace, et qui est si-
tuée a 1^2 milles anglais au nord- est du
Sort de Sl-Pierré-et-Paul du Kamtchatka,
ehring y tomba malade et mourut le 8
décembre 1741. On nomma File Hé tic
Èer'ng. CL,
B£RING(le nKTKoiTnE),appelé aussi
Ajiian, est entre la côte occidentale de
rAmérique du nord et la côte orientale I
(854)
Bfift
àé rÂii«. Le toytge do Cosaqoe Deidi^
Aéîef, parti- en 1648 d'au pan de H
Sibérie à l'Océan polaire et rentré par
ce détroit dans la mer de Kamtchatka ,
démontra que TAsie ne tient pas à l'A- ,
mérique. Pendant long^temps les Enro*-
péens regardèrent tout ce voyage comme
une invention , jusqu'à ce (|u*H fhx con-
firmé en 1728 par Behring. Le capitaine
Cook visita ce détroit en 1 778 : aossi les
Anglais appellent-ils ce détroit du nom
de Cook. Il n'a , selon ce voyageur , que
10 milles de largeur, là où II est le plus
étroit; plus loin, le passage s'élargit, au
point que sous le 69* degré de laL la
distance est à peu près de 75 milles.
De part et d'autre, les deut pays sont
d'une ressemblance frappante; tous leé
deux manquent de bois; bas sur les côtes,
ils s'élèf eut vers l'intérieur. Do côté de l'A-
mérique, la ner est plus basse près des cô*
tes que du côté de fAsie ; la sonde donné
le plus souvent de 29 à 30 toises. C, X.
BERKELEY (Georges). Ce savant
et ingénieux évêque de Cloyne, en Ir-
lande, naquit dans cette lie en 1684, à
Kilcrin. Il acheva ses études à l'univer-
sité de Dublin , et avant d'avoir atteint
l'âge de 20 ans il publia *son premier ou»
vrage intitulé : Arithmetica absque At^
gebrd aut Euclide démon. ttrata, qui fut
suivi, en 1 709, de son essai sur une /Von*
velle Théorie de la Vision, Un an' après,
il exposa dans ses Principes des Con^
naissances humaines [PrincipBes of
human knowledgc) son singulier système
d'idéalisme ou d'immatérialisme, qu'il
étaya des argumens les plus subtils et
qu'il défendit, en 1713, dans Trois Dea--
lof^ues entre Bjlas et Phiîonous, En
1713, Berkeley suivit le comte de Pe-
terl>orough en qualité d^umônier de son
ambassade auprès du rOi de Naples. H
fit ensuite le tour de IHElurope avec le fils
du docteur Ashe, évoque de Cloghei\ Ce
fut dans cette tournée que Berkeley, en
1715, visita à roraloït-e, à Paris, le père
Mallebranche , qu'il trouva préparant
dans sa cellule une potion qui devait le
guérir d'une inflammation de poitrine.
Les deux philosophes raisonnèrent en-
semble sur leurs systèmes : la dispute s^é»
chauffa, et la vivacité avec laquelle Mal-
lebranche se prononça contré rimmaté*
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ÈÈti
llAlilme de B«fkeley atlgtnètit» éàû thâl
io poîbt qu'il tn tnotirut qticlqneé joUrA
après. Au bont dé qmtré àdi , Béfièlèy
retint en Angleterfe, d'oh il «ccompagnA
lé duc de Orafton k Dublin. I! y obtint
le degré académique de docteur en théo-
logie et Ait promu, eti 1724, au doyentié
de Derry. Ce fut k peu pràs à la même
époque que M*^ Vanbomrtgfa, délébrét
pir Swift ftouâ lé floin de Vaneàsra, Indi-
gnée de ce que le 9âtiH(jtie âvaK secrète-
ibent épousé m Stélta (M"^ JohUsoh),
Hévoqua le testament qu'elle avait fait
«tt faveur de S^ifc et légua une partie de
tes bif'ns'à Berkeley dontSwfft lut-mème
tuf avait ^it faire la tonnais^ncé. Cette
accession de l'icbesses suggéra au docteur
Berkeley Ttdée de convertir les sauvagèé
de l'Amérique au christianisme. Il y eut
beaucoup de souscripteurs qui s'intéres-
sèrent à son entreprise et qui partirent
ivec lui pour Bhode-Istand ob l'on se
(proposait d'acheter des terres pour leâ
sadvageé convertis; mais le parle^Ment
lyattt refusé les secours qu'on s'était
ftuté d'en obtenir, le projet manqua, et
Berkeley, après avoir Sacrifié pour son
èitécutîon une grande partie de ^a for-
tune et nu séjour de àept an.^ en Amé-
rique, retourna dans sa patrie oit il
publia son Altyphron ou le pctù Phi-
UMophêfâiim Te goèl des Dialogues de
flàton. Kb 173S, H Hit êfu évéqué de
(Hoyné. Il cObtInua de se distinguer par
plusieurs écrits utiles sur deS sujets dé
philosophie 9 de religion et d^éconofnie
politique. Telles furent surtout les ques^
tions \QueHes) pour le bien de l'Irlande,
^•îl publia en 17^5. Dît ans après, le
eomte de Chesterfiëtd lui offrît l'ëvéché
de Clogher, dont le revenu était doublé
de celui de son siège ; m^is Berkeley eut
là modération de le refuser. Il cOmmen-
çitîl alors à souffrir d'une Colique ner-
veuse , et ayant trouvé quelque soulage-
ttém 11 ses maux en prenant dé l'eau de
(dudrod, il publia des recherches sur
refficacilé de cette eau [Enqulries on thè
viriues of tar waler)^ qui eurent line
seconde édition en 1747 et furent suivies,
en lt5à, d'une autre brochure sur le
fliéme sujet. Ce fut son dernier ouvrage.
H alla, dans la même année, s'éublir à
Oiford pour y sorveiÛer l'éducation d'un
(SÀ«)
fiER
dé ses fil» $ Mais là teort Tjr Surprit lé
14 janvier 175S. Ses ewvres furent pn^
bliées eft 2 volumes lD-4^en 17S4. Lé
bel éloge que Pope à ùiit de Berkeley, eil
disant qu'il possédait fOtltés les fêrtuS
Sous le ciel , a été confirmé par tous ses
conteniporainS, et kt postérité fS plus re^
Cttléè rendra justice l l'étendde et à la
Variété de ses couttaiMmies. Malgré l'ob^
servatioti dé Dlivid HuMe, qtife riMlnaté*<
riilîsmede eèphllttsopbe était plus fkvo*
rable au sceptielstne qtte les écrits dé
Bayle , rattachement de Berkeley à la foi
chrétierine et soii tf rdénte piété n'ont ja*
Mais été ntls en dOiité. D. B.
Berkeley s'est rebdil pttrdcdlièrémeni
Célèbre par son système i^ idéalisme, Dtf
son temps remplHsme de Locke com^*
tUèn^ait à porter ses fruits; déjà même
des esprits é:roits, mais rigoureux, ett
Svàiënt Dtit éortir le msiérialisrtié et l'a-^
théisme. Lé verttieut évéque prélendit
couper court ati mal en détruisant, non
pas immédiatement les conséquences;
mais le principe, Cest-à-dire l'opinion
dès philosophes contem|iorains sur la
portée et la légitimité dé nos connais-
sances sensibles. Partant dotic de Ce point,
iitrplieitement professé par touto la phi-
losophie depuis DesCàrtes, qtié dans le
fslt de lu perception il v «i trois termes,
\A sujet connaissant, l'objet t^otirtu^ et uti
întertnédialre qtiî à utte ëjtistence indé-
pendanté,savoir Tidée; adrttettanr déplus,
avec Locke, que le Sujet connaissant ott
l'esprit fie perçoit jamais que l'Idée, il
démontra facilement l*fmposslbilHé At
s^àssurer de la conformité de l'Idée, seule
chose que tityxi connaissons, âVec l'objet
que nous né percevons dans auctm cas.
Avec autant de ràiso^ il sdtitlnt que rien
ne ttotts garantît l'ejilstenceittéliWe de Pob-
jei, TexisténCe dé là hiâtière OU des ob-
jets éktérieuh en général; ï\ flt pluêf qtïe
douter de cette existence; H fa nia posi-
tiveiàeht. Nous percevons bien des sen-
sations et des idées de cbuletir, d'éten-
due, de forme, de mouvement; mais ces
phénomènes ne nous apprennent pas qu'il'
y ait en dehors de nous quelque chose de
coloré, d'étendu, de figuré; car la cou-
leur, rétendue, la figure sont de simples '
modifications de l'ame, qui varient sui-
vant ses dispositions, qui n'existent 40*111-
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B£R
tant (nae Tame les perçoit, qui ne
blent qu'à elles-mêmes; tout ce qu'ib
nous apprennent, c'est qn*en dehors de
nous il y a d'autres causes que nous et
semblables à nous, c'est-à-dire des es-
prits. £t comme il y a. entre nos idées un
ordre et une proportion admirables, elles
doivent être produites en nous par un
esprit infiniment parfait. Supposer par-
delà les idées de notre ame une s^b-
stanee matérielle qui nous les cause, c'est
faire l'bypothèse la plus gratuite; car
cette substance est inçrte; elle n'est pas
susceptible d'être connue, par conséquent
elle n'existe pas dans l'esprit ; elle n!exlste
pas non plus hors de lui , car l'étendue
n'existe que dans l'esprit. Tout ce que
nous savons de cette substance se réduit
à des négations : elle n'ajgit point, ne
perçoit point, n^est point perçue; c'est
un sujet d'inhérence,, dit-on, mais c'est
un sujet qui ne supporte rien, toutes les
qualités qu'oo lui rapporte n'existant que
dans l'esprit. Il n'y a dope au monde que
des esprits et des idées; les objets exté-
rieurs sont des chimères, la saine philo-
sophie doit les supprimer. Du reste les
esprits étant connus sans intermédiaire
par une perception immédiate et directe,
leur existence est à l'abri de tout doute :
faible barrière contre le scepticisme uni-
versel, comme Hume le fit bien voir.
, Tel est le résultat que pressentit Belite-
ley dans sa Théorie de la vision et qu'il
développa dans ses Principes de la con-
naissance ; il l'exposa de nouveau avec
infiniment d'esprit et de sagacité dans ses
Trois dialogues entre Hylas et Philo-
nous. Mais quelque favorable que fût
cette doctrine aux dogmes de Timmaté-
riaiité^ de la création, de la Providenpe,
elle était trop contraire au sens commun
pour faire fortune hors de l'école. Dans
l'école même, Reid, tout en la trouvant
inattaquable en soi, renversa la théorie
des idées-images qui lui servait de base;
et depuis lors (.'idéalisme de. Berkeley,
ainsi que celui de Mallebranche , a été
considéré comme il devait l'être, comme
une savante absurdité, destinée à mou-
rir en naissant. L-^-t.
BEHLICHINGEN (Goetzou Gooe-
VROf ue). a toutes les époques de tran-
sition il uait deâ cajaclcres singulière-
( 356 ) BER
ment trempés, qui s'attachent avec obalî-
nation au passé qui croule et rejettent
loin d'eux le présent comme une matière
hétérogène;. Tel était Gcetz de Berlichin-
gen, le chevalier à la main de fer, né,
dans la seconde moitié du xv* siècle, à
Jaxthausen, en Souabe. L'Allemagne en
ce temps était en proie aux défis, aux
guerres privées, aux rapines, en un mot à
l'état anormal de la chevalerie, qui avait
fait son temps et mettait le troi4>le dans
une société qu'autrefois elle avait été ap-
pelée à embel lir et à défendre^ L'empereur
Maximilien , résolu de couper le mal par
la racine, fit passer à la diète de Worms
en 1495, l'édit de paix perpéUielle, qui
interdisait toute voie de fait entre les
membres du corps germanique; la Chani'
bre> impériale, établie par la même as-
semblée, devait évoquer à elle tous les
différends.
Gcetz avait assisté à cette diète : son
caractère énergique se soulevait contre la
destruction de toute existence chevale-
resque f de toute individualité indépen-
dante, d'autant plus que des mesures qui
changent de fond en comble l'état d'une
société ne s'exécutent jamais sans vexa-
tions, sans injustices de détail. Malgré
l'édit, les guerres privées continuaient;
Gcetz avait suivi la bannière de princes
puissans, tantôt l'aigle de Brandebourg,
tantôt le lion bavarois. Lorsque vint à
éclater la guerre de succession , dite de
Landshut, entre les deux branches de
l'antique maison de WiUelsbach, Gostz
prit parti pour le duc Albert de Bavière
contre Robert, comte palatin. Ce fut au
siège de Landshut qu'il perdit sa main
droite, remplacée par une main de fer,
qu'on montrait encore il y a utie vingtaine
d'années à Jaxthausen. Cette querelle
terminée en 1507, Goetz fut en lutte avec
les chevaliers sur les bords du Kocher,
avec les villes impériales sur les bords du
Neckar.LorsqueUlric deWurtembergfut
chassé de son pays, Ckstz, son ami et son
partisan, ne se racheta d'une dure pri-
son qu'en payant 3,000 florins d'or. Im-
pliqué, trois ans plus tard^ dans la hideuse
guerre des paysans, qui l^a valent forcé de
se mettre à leur tête, et, pris de nouveau
par les troupes de l'Empire, il n« fut re-
lâché que sur sa promesse de ne plus re-
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(357)
BER
prendre tes armes. Le repos forcé rongea
feolemeot oe corps et ce coeur du moyen-
âge. Pour tromper tes ennuis de sou inâc-
tiouy tandis que sa Tieille armure se rouil-
lait avec casque et épée dans un coin
obscur de son ckâtean, il écrÎTit son au-
tobiographie. Cest sur cet écrit naïf que
Gœthe a calqué en grande partie les
scènes pittoresques et dramatiques de
son Gœtz de Berlichingen , admirable
début de ce génie universel, qui a compris
tontes les époques et reproduit dans le
drame de Gœtz toutes les passions qui
agitaient les esprits penseurs , les carac-
tères actifs et les masses an moment où
croulait la féodalité allemande. Gcetz
mouratle23 juillet 1563, dernier re-
présentant de cette noblesse cuirassée,
remuante, généreuse, qui allait faire place
aux légistes de la cour impériale, aux
conseillers de la cour auliquè et aux
bourgeois. L. S.
' BERLIER(lecomteTHioPHiLE),avo-
cat au parleiûent de Dijon , naquit dans
cette ville en 1761. Il y a deux hommes
à considérer dans M. Berlier : le juris-
consulte savant et consciencieux, et
Thomme public. Nous allons l'envisager
sous ce double rapport.
M. Berlier fat nonraié, en septembre
1793, député de la Cote-d'Or à la Con-
vention nationale. Dans le procès de
LonU XVI , il soutint que le roi n'était
pas inviolable, vota la peine de mort, re-
jeta rappel au peuple et le sursis. Il pro-
voqua le décret d^accusation contre Du-
châtel, accusé d'intelligence avec les re-
belles. Envoyé en mission à l'armée du
nord, il donna tous ses soins aux besoins
de cette armée. Rentré à la Convention ,
il parut rarement à la tribune. Après le
9 thermidor, il fit ordonner la mise en li-
berté des cultivateurs détenus pour cause
politique; C'est lui qui fit révoquer la loi
du 17 nivôse dont l'effet rétroactif avait
jeté un grand trouble dans les familles
des pays du droit écrit. M. Berlier pro-
posa d'abolir les confiscations prononcées
par les tribunaux et par les commissions
révolutionnaires, et de supprimer immé-
diatement le tribunal révolutionnaire de
Paris. Il s'opposa au jury constrtution-
naire de Sièyes et fit décider que f arîhéé
serait appelée à exprimer son vote sik Ik
constitution de Tan m. Il avait été mem-
bre du comité de salut public, après la
chute de Robespierre; il fut réélu dé-
puté, après la retraite de la Convention.
Il s'opposa avec énergie aux déplorables
excès de la réaction thermidorienne, et
pourtant les prévenus d'émigration provi-
soirement rayés furent admis, sur sa pro-
position^ à voter dans les assemblées pri-
maires. M. Berlier était substitut du com-
missaire du Directoire exécutif près le
tribunal de cassation , quand il fut réélu ,
pour la troisième fois, membre du conseil
des Cinq-Cents, dont il devint secrétaire.
Après le 1 S brumaire, il fut nommé con-
seiller d'état, puis président du conseil
des prises, membre de la Légion-d'Hon-
neur et comte d'empire; il fut révoqué en
1814, reprit ses fonctions en 1 SI 5, fut
nommé secrétaire du gouvernement pro-
visoire et banni ensuite comme conven-
tionnel régicide, ayant accepté des fonc-
tions publiques dans les Cent -Jours.
Après les événemens de 1 830, M. Berlier
est rentré en France.
Nous venons de voir l'homme public,
voyons maintenant le jnrisconsulte.^ On
l'entendit peu discourir à la Conven-
tion; mais il s'y occupa des améliora-
tions de notre droit civil. On lui doit
quelques changemens à la loi des suc-
cessions , de sages modifications sur les
attributions des tribunaux de famille,
et des principes plus équitables sur leè
donations et les successions. Berlier pro-
posa diverses mesures pour ramener la
liberté de la presse à la dignité et à l'in-
dépendance de son institution ; mais l'a-
vénement de Bonaparte trancha la ques-
tion tant de fois et si inutilement agitée.
Berlier contribua beaucoup à la ré-
daction des nouveaux codes. Retiré à
Bruxelles il se consacra à de longues
éludes historiques, et publia, en 1 822, un
Précis historique de Vancienne Gaule^
qu'il a continué et qui forme une his-
toire complète des événemens arrivés
avant l'invasion de César. Il a aussi ré-
digé pour V Encyclopédie moderne le»
articles Code civil. Code criminel, et an-
trear non moins importans, et tous re-
commandables par l'érudition et par la
talent de l'analyse. Th. D.
BERLIN^ capitale de la monarchie
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BER
(8M)
Bpn
pniifîtqof et en particulier de la Mar-
che de Brandebourg, située 3ur \^
Sprét, par 31** ?' 30" 4f longitude ^ ^t
f 2** ^y de lati(i)de N., c^ une des plqa
grandes et surtout des plqs belles villes
de l'Europe. 84ii^ d*«^ une plajnç aa-
blonneuaf et aridf, ^le est à ^97 pîeda
av-dessus du nî v^^ de li| n)iïr, à î !{ 0 liçues
Dord-QQrd^^e^ tU? Yîçune et à 193 pord-
e^ de Paris. C'wt 1^ cbef-ljeu de la r^
geqoe df J^rax^e^r^, la r^jdepce du
roî al le ^éga du çouvcmem^t. jC^ip
ville a plus da 4 lieues de circouféreppq
Teor^nta eq es( furfu^e dVn "PUr ^14
pieds de hauteur. U y a Ifl pprte» et 9
quartierf dan( $ Of)t |e pon^ dç yillea e(
ont été ré^^U% eu ii7H; le^ aHtres celui
de faubourgs Ces qw^ftier» W»î î Çer|in
propre; l^iriu 9m 1^ Spw^^i divisé ai|
TÎewx et eu uquv^i^ K.«^Iu; f riedrich^
werder, Dorolb^ustadt, Friedriçhstad^t
Friedrich -rTYilMwUdt, fLoeqigasfadd
quarilerf de Strplau f t d« Spandau, ^^
Sprée traxeraa Bf rljp du fwd-çijl au pord-
ouest. Berlin a 158 rues, 92 plap^ P^*
bliquaa et marché^, 27 église^ parois-
aiales ^37 pouts. Eu 1 a?? on y a coiupl*
1 1 ,d7 1 niaUDus;le ûoiubrç dçses habiUu^x
y eoinprU la garoiaqu , éfalt de :j 3^,830,
parmi lesquels ^,^3^ r^form^ frfnçaif ,
S6arélbr«i4s bohémea» 4,6|4 çalhoU-
quea et 4,43? Juift; ces derniers Qf-^iob^
tauu le droit de citoyen depuis Iç ppoia
de ma» 1«12 et (out pa^-tiç des bahi^aua
les dIus richçf et le^ pluf ^cla'iréa da
Berliq. Cest k Bcr|iu quç s'est fo^-n^^
MandeMiMB» le prf wûwr philosqph^ juif
dta tempa roudfrofï^. l^ r^H&Wi^ 4xa^-
gaiique est la domi^u^e.
Bevliq, villa Werne» pwède ^^
grand n«mbra dç bpllçf pb^ea, de ru^
liieu aUin^ea, de pvçiAÇU^d^ fgr^bl^f
al de ponM d'M^a couat^c^ou r^arqM?-*
Ue. Paruû lç« Wifie^î» mV\^ plww»
aa dUtinguau^ par r^auce ^\k par uu^
aachitec^rfv impPWn^. Noua Çi^e^ppa
aHPioui las auÎH^wa ; Tarienal « ^ çb^t^u,
l'uuivenM, |b 4m9> Végliae c^^hpl^M^i
k mw^, la porte d^ pr^qc^bpurg. If
pnneipal cwp^ de gard^ eu Ç^ç^ 4^ pa-
lais du pou Ta^d^UM* 4^ WW»4Wf i*Or
liera, la fialludie apecucle, V4eo|^ v^ÂUr
taira, Véglise lulhérieuue 4^. Çaip^I^ir
aolaa(U|duaau«ieuua4sV^.<V^^}f^)9 '
régUse Sainte^Marie avec une tovr dt
286 piedî? dç bapleur, élevée sous le rè^
gqe de Fi'édét jc-Quillaquie |I, par Lang?
haus; Téglise réformée, avec un caiiUuu»
la nouvelle église frauçaiae, la sypagoguft
juive, etc. f^es plu9 beapx édifice^ aoq^
situés d^qf }^ qiagnjBque rue dite des
TiUeuU at ainsi oomfu^e de la prqnieuad^
qui eu occupe le centre* Cçtte ruç, nn%
des plus belles de l'Europe, s'étçpd de-
puis le uouveau pont de la 5prée jus-
qu'au portique appela fom 4c Bro^-^
debourg. Au-delà dq m$u»e pq^t est h
plac^ du ch^teatt, bordée de tro^ c6\é%
du château» du dôma et du musé^; 1%
Bourse oat w peu plqa loin. Para)! \^
mouuweus publica da la statuaire çl^ ^e^
marqua surtout h pi9,\n^ équeatr^ et e^
bruu^ du graud x^lecteur, cellea ep nur-
bra et à pied du maréchal Qlûçber» dçt
généraux Scbarnbqrs^atBulo^, les mor
numeusdulVilhelnisplatzetceluiduvieuil
Da^sau, Uu iqupçu^ yaae eu porpbyre
urne la place du ipufée ou du ch^eau»
et un peu ep dehors de |a ville, sqr la
K,re^tzberg » s'éleva U ûèçba gqtbÎT
que çu brquïe çopaacrée à la ip^^
qioirede la dé|ivv««^ça da rAl|cmi;o^
en 1813.
flerlûi paut être con^idér^ qoipma la
métropola de l'AlUi^ague du pord H
coince la prindpal foyar de lumière da
tous les paya de la CquCédératioD geroiaT
niqua, ie n^ouveu^eut iotellçctuel y est
immeqsa : il u'y a guera de ^pdauce^ dl?
f<|quUé aciaqtiBqu^ qui n*ai( ^^ repr^
sentant dans catte oapiule dç la Pn^a.
Vuuiversi|é d^ Çerl^p, Çoud^ ^ 18Q7,a
çou\ï4é, depu^ ^n oçigioe, p^mî f es pfo^
fa^aanrs la^ ho.PMu^a les plus distî^ggéf,
tala que Fîcbte, fteget, Wplf, Jlitter,
SobUierroaçhçK, Neauder, de Savig^y,
R«^KU)eir, atç, MM- de H^u»b«ldt fppa;c-r
tianupo^ égaleinepv k Qerl^u, i^uai qoa 1^
ipju^tra 4'?Piil«J^ Di^ua la^^cbVre^d<(
çe^a univar^té, iç droH» 1^ philologie,
l§a ^uidç« orieqialça, rhi^pifa, la ii>hy-^
stqw,^ la, iné^acipc (pm, brii^ei: la» taleqii
Iça plu» çeu^arquables^ Pavidimi la aeaiaa-
trç de 1^32 f, lÇi33 op couij^taÂU flfxli^
1^732 él,^diana^ t^ fei^iqtbèqi^ royala,
riche e^ régulièremaot organisé», poa-t
^4fi ?4QipOP vu(uuiea, qùira uugcand
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BER
(359)
BER
niedef scleoces, fondée par Leibnitz , est
célèbre par ses travaux, et plusieurs éta-
blissemens d*înstruction supérieure, tant
pour le civil que pour le militaire, mérite-
raient également d'élre cités. Les artistes
trou vent au m usée, ouvert en 1 82S, une ri-
che collection de modèles et des «lonu-'
mens de toutes les époques et de toutes les
écoles; la peinture de la période avant Ra-
phaël y est surtout bien représentée. Ber-
lin possède en outre plusieurs établisse-
mens de bienfaisance et un grand nom-
bre d'institutions scientifiques. En 1825
on a fait le relevé des écrivains qui s*y
trouvent et qui alors étaient au ooqabre
de 416. Berlin fait un commerce consi-
dérable et possède plusieurs manufac-
tures de drap, de porcelaine, d'étoffes de
soie, de coton, etc., et une grande fon-
derie royale en fer. La cour de Berlin
fut très brillante sous le règne de Frédé-
ric-le-Grand, et la société est réputé espi-
rituelle et très caltivée. Plusieurs ^itté<
rateurs français, à la tête desquels fut
Voltaire, ont fait de Berlin la ville du
bon goût et de Tesprit.
Berlin a été occupée par les Autrichiens
et Içs Russes, en 1 760, et par les Français,
en 1806, après la bataille d*Iéna. A l'ex-
ception de ces deux occupations, les fas-
tes de la ville n'offrent point de grands
événemens. L'origine de Berlin ne re-
monte pas au-delà du moyen-âge, et ce-
pendant elle n'est pas connue aune ma-
nière certaine. On croît que c'est Al-
bert II, margrave de Brandebourg (de
1206 à 1220), qui a fondé cette ville et
celle de Kceln qui y est réunie. On sait
d'une manière positive que l'église de
Saint- Nicolas ,a été construite en 1223.
Les fondemens du château furent posés
en 1442; mais c'est surtout Frédéric-
Guillaume, le grand Électeur, auquel
Berlin doit ses principaux embellisse-
mens, ainsi qq« les fortifications dont
elle était autrefois enceinte. Cependant
alors Berlin n^avait que 20,000 habitans;
ce nomWe s'éleva à 50,000 sous Frédé-
ric, premier roi de Prusse, et sous le
fnnd Frédéric elle devint ce qu'elle est,
une des villes les pi gis belles et les plus
curieijises. Voir Spiker, Berlin et ses
^Iwlour^ ftu tjo!' skèele, JBerlin, 1833>
|i|-^* i^v^ planches, Ç. i. m.
BERLlNEy brelingue, breliodci vqy^
Voitures.
BERLUE, voy. Vue.
BERMUDÉS ou lies de Sumbiem
(SumrnerS'lslattds)y archipel composé
d'environ 400 petites lies peu fertiles ,
dans l'Océan Atlantiqne, à la hauteur dé
l'état américain de la Caroline, et à 250
lieues de la côte des États-Unis. Elles
sont entourées d'écueils et hérissées de
rochers ; au nord, les écueils se prolon<r
gent très avant dans la mer. Les rocher»
constituent une grande partie du sol de
l'archipel et sont la cause de sa stérilité^
quelques-unes ne sont même que des ro-
chers inhabitables; mais partout oà il y
a de la terre le sol est fertile et pro-
duit, sous une température douce, quoi-
que agitée par les ouragans, du froment,
du coton, du tabac, divers fruits et des
bois de construction, parmi lesquels on
compte le genévrier qui acquiert dans
cet archipel une grosseur considérable.
Il n'y a qu'un dixième de toute ta sur-
face de l'archipel qui soit cultivé et qui
vaille la peine de l'être; d'ailleurs
le défaut d'eaux vives est un gntnd in-
convénient; aussi les 400 iles ne nour-
rissent qu'une population d'un peu plus
de 4000 habitans dont les trois quarts
sont des nègres. A peine y a-t-îl 200
blancs. Jls subsistent de la pèche, de
l'exportation du sel et de la construction
des navires dans laquelle ils ont fait de
grands progrès. La plus grande de ces
îles est celle qu*on appelle ^crmude;
elle est très étr^oite, mais elle a 5 lieues
de long.
Lés Bermudes furent découvertes par
les Espagnols au xvi^ siècle; mais n'y
trouvant pas d'or et n'espérant même pas
pouvoir les cultiver, ils négligèrent cette
découverte qui» dans la suite, fut totale-
ment oubliée; ce ne fut qu'un siècle après,
en 1 610,que le hasard fit retrouver cet ar-
chipel. Deux Anglais, ep se saxïvant d'un
naufrage , y abordèrent : c'étaient sir
Thomas Gates et sir George Summers;
cette seconde découverte, annoncée à un
peuple plus actif et plus industrieux qu«
les Espagnols, ne fut pas infructueuse
comme la première. Deux ans après, le
gouvernement anglais envoya wne exp^
diUpn AOU« lf^4)sdr^ dp S^cjti^rfl Woo«
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(360)
BER
pour fonder une colonie dans cet archi-
pel désert La première tentative de co-
Ionisation manqua d'échouer contre un
obstacle singulier : déjà on comptait en-
viron 600 colons aux Bermudes, lors-
que les rats, introduits on ne sait com-
ment, peut-être par des navires eu-
ropéens, se multiplièrent au point que
la place ne fut pins tenable pour les
hommes et que la colonie fut sur le point
de disparaître; on trouva pourtant moyen
de se débarrasser de ces hôtes incom-
modes, et depuis ce temps les Bermudes
sont devenues une colonie utile pour
l'Angleterre. Quoique le nom de Sum-
mers ait eu une autre importance pour
cet archipel que celui de Jean Bermu-
dez qui le découvrit , le no^ de ce der-
nier est pourtant resté et a prévalu dans
la géographie. D-o.
BERMUDEZ (Jérôme). On sait que
la Galice était la patrie de ce poète du
xvi^ siècle; qu'il entra dans l'ordre des
Dominicains, et qu'il professa la théolo-
gie à Salamanque. Du reste, son origine,
l'époque de sa naissance et ceHe de sa
jndort sont enveloppées d'une même ob-
scurité. On croit vaguement qu'il descen-
dait de Diego Bermudez, neveu du Cid.
Quoi qu'il en soit, Bermudez a droit à
une place honorable entre les auteurs
espagnols du xvi^ siècle : fameux comme
théologien, comme humaniste, il l'est en-
core plus comme auteur dramatique. Les
tragédies de Nice lastimosa et de Nice
iaurceuiay dont il puisa le sujet dans
l'histoire d'Inez de Castro et qu'il publia
sous le nom à*Jntonio de SUva, sont
assurément fort médiocres sous le rap-
port du plan ; mais à cette époque l'art
dramatique en Espagne sortait à peine
de l'enfance. Ce qui platt dans ces tra-
gédies, ce qu'il faut admirer, c'est la pu-
reté du style, le naturel du sentiment, la
poésie répandue dans les chœurs; ce sont
enfin quelques belles scènes dans Nice
lastimosa, telles, par exemple, que celle
où les conseillers du roi de Portugal dé-
libèrent sur le sort d'Inez. Nous ne fe-
rons qu'indiquer un poème en cinq chants
et une Hespéroëde du même auteur, tous
deux écrits à la louange du trop fameux
duc d'Albe.
Plusieurs rois des Asturies ont porté
le nom de Bermudez; Bermudez I^' fut
élevé au trône en 788 , et Bermudez III
périt dans la bataille de Carion en 1037;
c'était le dernier de la famille des anciens
rois goths. L. L. O.
BERNADOTTE ( Jean-Baptimte-
JuLEs) , né à Pau en Béarn y le 26 jan-
vier 1764.
Parmi tant d'illustrations que la révo-
lution française a produites celle de Ber-
nadotte se fait distinguer, non comme la
plus brillante, mais comme la plus soli-
demcfnt fondée, parce qu'elle a été loya-
lement acquise.
Dès l'âge de 17 ans il prit le parti des
armes, dominé par son goût pour l'état
militaire et peut-être aussi par cette sorte
d'instinct qui parle ordinairement si haut
chez ceux que la nature a formés pour
s'élever au-dessus de leurs contempo-
rains. Simple adjudant en 1789, il sa-
vait déjà par quelle oonduite un militaire
peut acquérir l'estime de ses chefs, sans
rien perdre de l'amitié de ses camarades
et de l'affection de ses subordonnés.
Cette expérience, acquise de si bonne
heure, ne lui servit pas moins que sa
bravoure pour éviter les nombreux écueils
de cette époque d'anarchie où tout Fran-
çais, contraint d'être soldat, se pliait dif-
ficilement à la discipline militaire, tandis
que la méfiance et la terreur faisaient
punir, dans les chefs, une défaite et
même un insuccès, comme si c'était tra-
hison. Pendant cette malheureuse époque
où tant d'officiers succombaient so^s les
difficultés du commandement, victimes
de leur inexpérience ou de l'indiscipline
de leurs soldats, Bemadotte, se faisant
remarquer par l'ascendant qu'il savait
prendre sur les siens et par l'esprit de
subordination qu'il leur inspirait, mar-
cha de succès en succès et s'éleva de
grisde en grade.
Déjà colonel en 1798, il se fit ap-
précier par Custine aux combats de Spire
et de Mayence. Quelques mois apr& il
sauva le général Marceau de la fureur
de ses propres soldats; Kléber, qui accou-
rait au secours de Marceau, ayant aperçu
Bernadotte dans la mêlée, se retira di-
sant : « Laissons-le faire, j'irais peut-être
tout gâter. » En juin 1794 il contribua
si bien an succès de la mémorable ba-i-
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(361)
BER
iatlUde Fletirus, tant par ses combats
aatérieurs que par ceux de cette jour-
née, qu'il fut promu au grade de géné-
ral de brigade pour actions (Téclat et
traits de bravoure. En septembre de
cette même année le général Kléber, cet
excellent juge de la valeur, écrivait dans
son^buUetin sur la bataille de Juîlliers :
« Je ne puis trop me louer du général
Bemadotte ; toujours sous le feu le plus
vif y il dirigeait ses opérations avec un
sang-froid héroïque ; son courage infa-
tigable et son intrépidité ont décidé le
sort de cette bataille. »
Général de division à Tannée de Sam-
bre-et-Meuse, pendant près de deux ans
(95 et 96) où furent livrés tant de com-
bats, Bemadotte, par de nombreux suc-
cès et par ses savantes manœuvres , s'é-
leva au rang des généraux les plus expé-.
ri mentes et montra qu'il savait puiser en
lui-même de bien grandes ressources.
Par sa glorieuse résistance anx forces
triples du prince Charles, il protégea la
retraite de l'armée et la sauva des plus
grands désastres (voir les Bulletins de
cette époque, les Mémoires de Jourdan,
pag. 136 et suiv. , et surtout la Stratégie
du prince Charles lui-même). C'est vers
ta fin de cette campagne que le Direc-
toire résumait en deux mots les éloges
qu'il lui avait si souvent donnés : « La
république, lui écrivait-il, est accoutu-
mée à voir triompher ceux de ses défen-
seurs qui vous obéissent. »
Le Directoire donna bientôt au gé-
néral Bemadotte une preuve plus grande
de la haute idée qu'il avait de ses talens
militaires : il lui confia le commandement
de 20,000 hommes qu'il voulait faire
passer de l'armée de Sambre-et-Meuse
à celle d'Italie. Aucun poste, aucune
mission ne pouvait être pins agréable à
Bemadotte : il désirait vivement d'aller
combattre sur Ce nouveau théâtre de la
gloire française et sous les ordres d'un
général qui, dès son début, s'était placé
parmi les pins grands capitaines. Il était
loin de prévoir que ce général, alors
l'objet de son admiration , lui ferait
éprouver plus tard cette longue série
d'injustices auxquelles il lui a été si dif-
ficile de ne pas succomber.
Le prince Charles, avec 20,000 hom-
mes, quitta l'armée du Rhin pour passer
à celle d'Italie, le même jour où Bema-
dotte partit de Coblentz. La route que
prit la colonne autrichienne était plus
courte de cent lieues : elle n'arriva que
huit jours après celle de Bemadotte ,
d*où il résulta que ces 20,000 Autri-
chiens ne purent être employés à la ba-
taille du Tagliamento, et que, séparés de
leur armée, ils furent pris en détail dans
les montagnes de la Carinthie et de la
Camiole.
Dès son arrivée à l'armée d'Italie, à
laquelle il s'éuit Unt félicité d'être en-
voyé par le Directoire, Bemadotte ne
tarda pas à s'apercevoir qu'il était sur
un théâtre bien diflerent de celui où il
s'était élevé en combattant avec Jourdan,
Kléber, Championnet, Marceau, LeCeb-
vre, etc. Ces généraux , tous francs ré^
publicains comme lui , n'avaient d'autre
ambition que de s'illustrer en défendant
la patrie, d'autre pensée que le maintien
de ses lois; il se trouvait sur ce nouveau
théâtre avec des généraux non moins
valllans, non moins habiles, mais chez
lesquels il démêlait une ambition et des
sentimens d'un autre genre. Au retour
de sa première entrevue avec le général
en chef, il fut curieusement questionné
par les officiers qu'il avait amenés de
l'armée de Sambre-et-'Meuse et qui lui
étaient tous dévoués. « Il m'a fort bien
reçu, leur dit-il; mais j'ai vu là un homme
de 26 à 27 ans qui veut avoir l'air d'en
avoir 50 , et cela ne me dit rien de bon
pour la république. » De son côté le gé-
néral Bonaparte avait jugé Bemadotte et
le caractérisait avec cette originalité d'ex-
pression qui lui était si naturelle :
« C'est, disait-il, nne tête française sur le
cœur d'un Romain. » Ainsi, dès leurs pre-
miers rapports, leur regard pénétrant les
avait fait se deriner l'un l'autre. Cest
dans la différence de leurs sentimens, de
leurs opinions, de leurs principes, qu'il
faut reconnaître la véritable, la seule
cause de cette lutte incessante qui s'é-
leva bientôt entre ces deux personnages.
Tant qu'il convint à Bonaparte de se
montrer républicain et de n'employer
son génie qu'à combattre les ennemis de
la France, il n'eut qti'à se louer de B^-
nadotte (jn'il trouva tonjoors prêt à la
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BEB
(86$)
BBR
Uconder» Dès Touverture. de cette mé-
morable campagne où ses victoires vont
le mener au^ portes de Yîeiine, il place
Seroadotte à Tavant-garde de Tarmée,
ctap moment du passage duTagliamepto,
il Tentend dire à ses soldats : « Mes amis,
n'oubliée pas que vous sortez de Tarmée
de 3«mbre-et-^eusey et que l'armée d'I-
talie vous regarde. » Par sa marohe ra-
pide, ses savantes manœuvra et surtout
par Tardeur dont il sait animer ses trou-
pes, le général Bernadotte contribue au
succès de cette campagne en chassant
Tannemi de Godrolppo, de Palma-Nova,
da Gradisca, deGorixja, et en lui fai*
saDt, a chaque rencontre, des prises im-
portantes tant ao hommes qu'en pièces
dVtilleHe et munitiopsde guerre. A.près
avoir enlevé au prince Charles la lorte*
resse de Gradisca , 4,000 hommes d'élile,
t7 pièces de canons et 8 drapeaux, il le
poursuit daqs la Carniole jusqu'à I^ay-
iKich dont U s'empare, ainsi que des mi^
pead'Idria, où il trouve pour $ millions
dç métal ^caisse et prêt à être enlevé, et
dont le général en chef ordonne la v^nte
au profit de l'armée. Dans cette pour-
suite, il enlève encore 1,500 hommes
l^u prince Charles, Ayant tout réglé dans
I4 Carniole , il traverse le mont Léoben
avec «es troupes et son artillerie , et re-
joint le général en chef à Léoben au mo-
ment où va se livrer la bataille qui aura
pour résultat la signature des prélimi-
paires de paix. Le général Bonaparte
montra qucil degré d'estime il avait alors
pour Bernadotte en l'appelant^ avec Ber-
Ihief et Jdasséna, pour leur communiquer
les stipula tipos de ces préliminaires et
demai^der leur avis avant de les signer ;
ils furent unanimes poqr l'adoption.
Dans c^te mémorable campagne le
général Bernadotte avait souvent obtenu
1^ éloges du général eq chef ( voir les
bulletins )• La Directoire y «jouta les
siens en (ui écrivant ; « Vous ave* prouvé,
général, que vous vqus êtes déjà rendu
£smiU«r ce nouveau théâtre de la guerre;
la pince Charles a dû reconnaître à Gra-
disca eelui dont il 1^ si souvent redouté
Tsudac* et Tbabileté en Allemagne v,
ftgmaparte, ramenant son ^mée en
i^H^} laUsa sur les frontières de l'AUeipa-
|i^ 11^ dÂvMMQs 4((M il 49^a. k fi9ip-
mandemenl k Bernadotte q^i admînisCnt
le Frioul jusqu'à la conclusion de la paix.
Pendant cette administration il eut occa-
sion de montrercombien lui était naturelle
cette probité politique dont il a donné
tant de preuves et dans laquelle il eut si
peu d'imitateurs. Les principaux babi-
tans du Frioul et de l'état Vénitien vin-
rent lui offrir de former, parmi leurs
concitoyens, des bataillons pour servir
contre l'Autriche, si les hostilités recom-
mençaient. Bernadotte sachant que leur
pays allait être cédé à l'empereur d'Al-
lemagne , et prévoyant que ce zèle pour
la France leur pourrait être funeste quand
ils seraient soas la domination autri**
chienne, ne prit conseil que de sa loyauté,
et, sans leur dire ses motifs, il caln>a leur
ardeur guerrière et les détourna Âe.leiir
projet.
Le général en chef annonçant an Di-
rectoire qu'il avait chargé le général Ber-^
nadotte de lu] présenter des <lrapeaui(
pris sur les Autrichiens ajoutait : « Cejt
excellent général, qui a fait sa réputatioa
sur les rives du'Bhin, est aujourd'hui un
des officiers les plus essentiels à la gloire
de l'armée d'Italie. Je vous prie de vou-
loir bien le renvoyer le plus i6t possible.
Vous voyez dans le général Bernadotta un
des amis les plus solides de la république,
incapable,par principes comme psr caracr
tère, de capituler avec les ennemis de U
liberté^ pas plus qu'avec l'honneur. »
Après le 1 8 fructidor> le Directoire en-
voya Bernadotte à l'armée d'Italie avec des
ordres et des instructions verbales pou^
|e général en chef. Ce fut au château de
Passeriano qu'il alla le trouver. Bonaparte
s'empressa de le questionner sur ce qu'il
avait pu observer à Paris, et lui demanda
son avis sur la conduite qu'il avait à tenir.
Ne consultant que l'intérêt de la patrie»
Bernadotte ne balança pas à lui conseiller
de faire la paix ;. il entra dans les détails
les plus propres à lui en démontrer la
nécessité, tant pour sa gloire que pour
Tintérét de la république. « Quel est
l'avis du Directoire, dit vivem^t Bo^
naparte? — Général vous mV** d'a-
bord demandé mon avis particulier , je
vous l'ai dit avec franchise ; vous véulex
maintenant celui du Directore ; il est, en
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BBft
(8U)
BER,
toîre ]D*fl chargé très expressément de
vous engager à ne pas eéder Venise , à
tftMivcr quelque aiO)co île recommencer
la guerre et à fonder partout ^e$ répu-
bliques démocraliques , oligarchiques,
théôcratiques mémey suivant les lieux et
Ifs peuples que vous pourrez soumettre
4 vqs aripe^* — Si je recommence U
gqerre, reprit Bonaparte y pensent- vouf
qu^ Ton me fournisse long-temps (es
poyeos 4« la soutenir ? — Vous ne pou-
Tç* p^ y compter; |a nation désire vive-
WfBt If pi^qu Vous ^ves (orç^ le chef de
Tempère germanique à reconnaîtra la
répiihlfque : si au îjeu de remettre soa
C^ist^cf en problème en prolongeant
1# gnerre, on oherclie à VafTermir par la
paix y votre gloire reste dans tout son
^dat^mais ce «*fst p^ |e compte du Vi-
reçtoireà qifi le sentiment de sa faiblesse
ne laisse voir d'autre moyen decçnsenrer
•çn fxiste^ce qu*en tenant le sort d^ U
république daps Tincertitude ». D*après
ces considérations, et surtout par la
fri^inte 4es revers que Berpadotte lui
Oûsa^ epMrevoif , Bonaparte se décida à
ligner le traité de Can^po-Formio et à le
porter lui-même à Pw» pour observer
^pelles étaient (^ ebances qui r^t^i^Qt
^ésormai^à fqp ambitÎQU.
|> général Berna^otte éUwt |iUé r^
prepdre le compiandement de son corp^
qui foripait Tarr^ère-garde de Farmée.
Bopapi^rley parUipt popr P^MPia, alla lui
fairç UQ^ lisite à^ ^n quartier-général
4*Udii^ f t pf le quitta qu*à ptii^uit après
Tavpir coinblé de protestations d'amitié^
ipaîs arrivé k ^liUn pour régler le mçu^
Tfpent dM trqtipea qwi devaient re«t?r
en luli^ ou r^ptrer en France » il ôtf^ à
llçr^adiQtt^ \^ n^CMtié de cf Mes qu'il avait
ipifnées d^ bards du (Lbin et to^ipprs
conservées sous s<m c^mmanderoent» et
M prefiorivit de retourner e<^ France
î^teç le reste.
Ce procédé, dopt B^rnad<it^e fut trè^
fiécontent» reporta #es pensées sur ce
qy'ii i^v^ qbservé à Paris, sur la part
que Bopapaptq Avait priie au coup d'étet
#U li^ frpctidpr en (aisant signer aui(
44v^onf <f e apn armés dee adresses auv
qpelles lui sful» Bernadolle» avait refusé
^ s^Mffcriire; il réflécUit sunqpt i la cppr
imatîqn. ^aiiUY^^ «VA jçéçepmeai rm
le comte de Meerfeld, plénipot^tialre d^
signé au congrès de Ra&fadt avec Cobep*
txely Engelmann et Gallo, conversatioii
dans laquelle il a%ait cru démêler quç.
rAutricbe ne comptait pas siir une Ion*
gue paix et qu*il y avait quelques pointa
secrets arrêtés entre Bonaparte ^ Co-
bentzel pour le renverseipent^M gouver-
nement républicain. Ia résultat de ses
réflexions (ut qu'il devait chercber à Kr-
vir sa patrie, sans avoir à marcher sur ce
terrain d'intrigues et de factions popr l^
quel il éuit si peu fait. Ceat d^s ce but
qu'il écrivit au Directoire pour |ui d^
ipander un commandement aux i|e^ d«
France, de la Béunien, dans l'Inde o«
dans les nouvelles possessions acquî^ef
par le traité de paix daps la mer Ionienne^
3i le gouvernement Q^ pouvait lui aq-
corder un de ces commandemens, il sol^^
licitait de l'emploi dans l'armée du Por-
tugal, ou enfin sa retraite. A La mi^me
date (Trévise, 8 frimaire an VI), il écrit
au général Bonaparte» lui donne copie de
sa lettre au Directoire, lui recommande
deux de ses aides-de-cemp si la retraite
lui est accordée, et tern^ine sa lettre eu
disant; n Quoique j'aie à me plaindre
de vous, je m'en séparerai sans cesser
d'avoir pour vos talens la pltfs grande
estime. « Le 28 du même mois, le prési-r
dent Barras lui répond: «I^ Directoire
exécutif, citoyen généra), a reçu votre
letUe datée de Trévise , ^ frimaire ; i)
vous destinait à commander une des 4'*
visions de l'aripée d*Àpgleterre ; mais s^
des raisons, qu'il ne peut prévoir» vous
faisaient préférer 1^ commandement mi-
litaire de Corcytce, d'Itbaque et de la mef
Egée, le Directoire vous le contrait
avec plaisir* Il attend votre réponse, ^^
Le même jour, 418 frimaire, le général
Bonaparte lui écrit: «Le Directoire exé-
cutif, à ce qu'il m'a assuré» s'empressera
de ?aisir toutes les occasiopf de ùire ce
qui pourra vqus convenir. l\ e décidé
qu'il ^us laisserait le choix ^e prendre
Iç commaivlemeut des |les lopietinee qu
une divisicMP de IV^ée ^'^ïP^leterre qui
sera augmentée des troupea que vpus
avie^ à l'armée de Saml)re->et-lf e^ae, ou
même une diviaiop territoriale, U 17%
par e^empl» CP«^ri* ep é^M le çhff-tlicu).
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BER
^ pureté de vos principes, de la loyauté
de votre caractère et des taletts militaires
que vous avec développés pendant le
temps que nous avons servi ensemble.
Vous seriez injuste si vous pouviez en
douter un instant Dans toutes les cir-
constances , Je compterai sur votre es-
time et sur votr^e amitié. »
Peu de temps après, le Directoire, plus
content que fâché de savoir que Berna-
dotte ne voulait plus servir sous les or-
dres de Bonaparte, et voulant se ratta-
cher pour affaiblir les prétentions de
celui-ci, lui donna le commandement de
Tarmée d*Italie qu'on avait laissé à Ber-
thier par intérim. Le général, se rendant
à son nouveau poste, reçut à Vérone une
lettre de Bonaparte qui lui disait : « J'au-
rais fort désiré vous «voir avec moi en
Angleterre; mais il parait que le gouver-
nement croit votre présence nécessaire
pour cx>mmander Tltalie. Ce poste est Si
essentiel, que j'aurais mauvaise grâce à y
résister. Vous servirez la république en
éclairant la marche des nouveaux répu-
blicains d'Italie. Groyez que, dans toutes
les circonstances, je vous donnerai des
preuves de restline que vous m'avez
inspirée. » Bemadotte reçut encore, près
de Peschiera, un courrier de Berthier qui
le pressait de se rendre en tonte hâte à
Milan ; mais lorsqu'à son arrivée il croyait
recevoir de lui je commandement de
l'armée, Berthier lui remit un ordre du
Directoire qui >nommait Bemadotte à
l'ambassade de Vienne. On peut juger de
sa surprise. Avec sa convicdon sur les
conventions secrètes entre Bonaparte et
Cobentzel et sur le peu de durée qu'au-
rait la paix signée à Campo-Formio , le
général Bemadotte n'avait pas besoin de
la sagacité dont il a donné tant de preu-
ves pour reconnaître dans ce change-
ment de destination l'influence de Bo-
naparte et le r61e qu'il voulait lui faire
jouer; et comme ce rôle ne lui convenait
ious aucun rapport, il refusa la miS'-
sion. Mais Berthier lui fit observer que
son refus alfait contrarier les vues du
gouvernement. «Le Directoire, lui dit-il,
^e donne l'ordre de marcher sur Rome
pour demander réparation de l'attentat
où Dnphdt a péri. Il a pensé qu'il fallait
«nvoyer à yi«nne un homme assez !•-
(S«4 )
BER
fluent pour fiiire entendre à ce cabinet
que notre marche n'a pour but que cette
réparation et nullement de renverser te
gouvernement papal. Vous trouverez des
instructions dans ce sens à Vienne. Si
vous refusez d'y aller, vous me forcez à
suspendre mon départ et à attendre de
nouveaux ordres. » Bemadotte, voyant
une trop grande responsabilité à retarder
le départ de Berthier, ae décida à piartir
pour Vienne, où sa loyauté connue lui
valut un accueil très distingué et lui ren-
dit facile l'exécution des ordres du Di-
rectoire. Mais on apprit bientôt que
Brune s'était emparé de Berne et que
Berthier avait proclamé la république ro-
maine en invoquant les mânes de Pompée
et de Caton.
A la vue dé ces violations faites au
traité de Campo-Formio, sans que l'em-
pereur d'Allemagne, protecteur du gou-
vernement papal, y mit aucun obsta-
cle, le général ambassadeur redoubla de
prudence et de circonspection pour qne
du moins sa loyauté personnelle ne fût
pas compromise. Cependant on vit pa-
raître dans les journaux, que l'on sa-
vait être sous l'influence de Bonaparte,
divers articles où l'on rappelait, tantôt
les querelles qui avaient eu lieu entre les
officiers de Bemadotte, qu'on appelait
l'état-major des messieurs j et ceux de
Masséna bien autrement qualifiés ; tantôt,
le refus qu'avait fait Bemadotte de per*
mettre à son corps d'armée de délibérer
sur les adresses au Directoire à Fépoque
du 18 fruetidor; et, pour donner plus
d'importance à ces faits antérieurs, on
assurait que les officiers et la suite du gé-
néral ambassadeur ne portaient la co-
carde tricolore que dans l'intérieur de
l'hôtel; et qu'on ne devait pas en être
surpris, quand on se rappelait la con-
descendance que Bemadotte avait mon*^
trée pour le cabinet de Vienne après les
préliminaires de Léoben et à des époques
antérieures. Le Directoire transmet à
l'ambassadeur le journal qui contenait ce
dernier article, lui dit qu'il ne peut croire
qu'un général qui a si bien servi I9 France
8OU8 le drapeau tricolore ait pu donner
lieu à une teHe accusation, et lui or-
donne de faire distinguer son hôtel par
les couleurs nationalee, s'il ne l'a déjà
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BEB
(865)
BËH
ùût Conformément à icet ordre , le se^
créuire de légation fait peindre Téensaon
de la république où figuraient des dra-
peaux tricolores 9 et le placement de cet
écuaton sur la porte de Thètel de Tam-
bnaade devient le signal d'une émeute
oà 9 sans son imperturbable bravoure et
celle de ses officiers, Tàmbassadeur de-
vait avoir le même sort que te général
Dnpbot à Rome.
Bemadotte comprit alors quel avait été
le vrai but de Tordre qu'on lui avait don-
n^ il ne douta pas qu'on n^ voulût entraî-
ner le cabinet d'AÛtriebe dans une nou-
velle guerre; néanmoins il parla, dans son
rapport, avec beaucoup de respect de l'em-
pereur et de manière à porter le Directoi-
re à se contenter d'une réparation conve-
nable,sans rompre la paiz.Bonapârte,per-
dant Tespoirde rallumer la guerre, voyant
que le Directoire ne songeait qu'à l'éloi-
gner de la capitale par l'offre chaque
jour renouvelée de tel ou tel commande-
ment, et qu'enfio, k la menace qu'il avait
faite de sa démission, le directeur Rewbel
s'était empressé de lui présenter la plume,
dut se résoudre à dissimuler encore et
se décida à proposer, ou peut-être seu-
lement à accepter, l'expédition d'Egypte.
Bemadotte ne put voir sans douleur
avec quelle facilité le gouvernement se
prétait à une expédition si intempestive.
H prévoyait, il anoonçait les revers aux-
quek la France allait être exposée par
l'absence de 40,000 hommes, l'élite de
nos braves, et d'un immense ,matériel.
k ces pressentimens vinrent se joindre
les profonds chagrins que lui donnait un
goufernemeot tout occupé d'inUrigues et
de factions, lui demandant sans cesse ses
avis pour la direction des armées et n'en
tenant aucun compte; l'appelant tantôt
an commandement de l'armée d'Italie,
tantôt à celui de l'armée d'observation,
sans jamais lui donner les moyens d'agir.
Cependant l'éUt déplorable où la ré-
publique était déjà tombée empirait en-
core par l'esprit de faction qui se mon-
Urait tous les jours avec plus de violence
au sein du Directoire, dans les conseils
et jusque dans les corps électoraux. Cette
crise, qui menaçait la république d'une
dissolution immédiate, se termina, le 30
prairial, par rélimioation dé trois mem-
bres du Directoire et par le renouvelle^
ment des deux conseils. Mais pendant ces
dissensions et cette espèce d'anarchie,
nos armées, depuis six mois sans solde,
dans le plus absolu dénuement d'armes,
d'habitsetd'équipement,plus découragées
encore par la dirediob la plus incertaine
qui les faisait incessamment changer de gé-
néraui, n'avaient pu déployer qu'un cou-
rage inutile et n'éprouvaient que des re-
vers. L'armée d'Italie avait été forcée
d'évacuer le Mantouan, la Cisalpine et le
Piémont; l'artillerie était perdue ou prise,
les places fortes au pouvoir de l'ennemi;
l'armée, qui deux ans -auparavant me-
naçait Vienne, s'était retranchée sur les
Apennins liguriens , sans munitions ,
sans vivres et consternée. L'armée de
Naples venait l'aider à reprendre l'of-
fensive : la bataille de la Trébia lui en-
leva cet espoir; la chaîne des Alpes était
occii^ par l'ennemi; Briançon devenait
de première ligne; une partie des dépar-
temens des Hautes -Alpes et du Mont-
Blanc était insultée et celui du Léman à
la veille d'être attaqué; l'Helvétie jusqu'à
Zurich était aux Autrichiens.
Telle était la position militaire et po-
litique de la France, quand le général
Bemadotte fut appelé au ministère de la
guerre, le 15 messidor an VU. Il eut le
courage d'accepter. Comptant sur la va-
leur des soldats , sur l'énergie et l'expé-
rience des généraux qu'il connaissait si
bien et sur le patriotisme des administra-
tions civiles, il s'occupa d'abord de rani-
mer leurs espérances. A sa voix, la garde
nationale s'organise avec un nouveau zèle;
des légions se forment dans les quatre dé-
partemens entre Rhin et Moselle; des ba-
taillons de vétérans prennent la place des
régimensquivontrenforcerceuxauxquelâ
est confiée la défense de nos frontières;
notre cavalerie s'accroît d'une remonte
de 40,000 chevaux; cent mille conscrits
habillés, armés, équipés, reçoivent, aux
cris de : Vive la république! les drapeaux
sous lesquels ils rivaliseront bientôt de
courage avec ceux qu'ils vont rejoindre.
A ces beaux résultata de ses travaux
administratifs Bernadette ajoute bientôt
ceux de ses conceptions stratégiques. Il
donne l'ordre au général en chef de l'ar-
mée du Rhin de passer ce fleuve, d^in-
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fiBK
[iBé)
ÉËn
Vésttf nfîippsbôurg , ât memcer Ulm
en se portant «ur VÈmi. Ce mouvement
avait ponr bat d*abord de' connaître avec
précision les progrès d'un corps russe qui
ft^àvançait par ta Bavière et d*en prévenir
les desseins; en second lieu, de menacer
la Souabe et d*empécher les princes de la
rive gauche du Danube de fournir des se-
cours à Tarméè autrichienne ; mais le but
principal était de détermltier la marche du
prince Charles fur le Bas-Rhin. et de di-
minuer ainsi teS forces opposées à Tarmée
d'Helvétie. Il ordonna au général de Tar-
mée du Rhih de se retirer sur la rive gau-
che aussitôt que le prince Charles serait k
tme journée de lui, et au général en chef
dé rarmée d'Helvétie de livrer bataille,
àussilôtàprès le départ de ce prince* Cette
savante combinaison eut tout le succès que
le ministre s'en était promis. Le prince
Charles, craignant d'avoir sa droite débor-
dée par Farmée du Bals - Rhin , quitta
THelvétie en emmenant 25,000 hommes,
et dans ce moment, si bien calculé par le
ministre, le général Massénâ livra la ba-
taille de Zurich dont le succès fut très
heureux pour la'France, car les Russes
battus se retirèrent dans la Bohême et Ui
coalition commença à se diviser.
X'influence du ministre ne fut pas
âiôîns heureuse pour notre armée en
Hollande. La promptitude des secours,
qu'au moment de la descente des Anglais
et des Russes il envoya au général
Brune avec des officiers aguerris, décida
le succès des batailles de Bergen et de
Kortricum. Aussi le ministre de la guerre
qui avait déjà succédé au général Berna-
dotte eut'-il la Joyaulé de dire au Direc-
toire, en lui présentant les drapeaux en-»
levés à l'ennemi : n Je ne puis m'attrîbuei'
aucune part dans ces victoires, elleS Oni
été préparées p^ mon prédécesseur. »
On doit se demander quel fut le mau-
Tais génie qui priva la république d'un
ministre à qui deux mois et demi avaient
iuni pour lui créer une nouvelle armée
et ramener la victoii e sous ses drapeaux.
Un des membres du Directoire de celte
époque a fait connaître avec quelle per-
fidie celui qui en était alors président
avait préludé , par le renvoi de ce minis-
tre, à la destruction de la forme de gou-
vernement qull avait fait serment de
maintenir {toy/Mém, ée Gohler, tome
r', p. 88 et suiv.}; mais il ifeu ft pas si«
gnalé les causes premières «fti'll ignorait
sans doute lui-même, et êtir iesqifèlteè
nous pouvons donner des nôtiODS posi-
tivés d'un grand intérêt ponr TbiStoIrè
de cette é^oqUe.
Bemadotte saViit parflAitemeât quels
étaient les desseins dé BotiapHrlè en par-
tant pour l'Egypte. Il aurait pu dire
presque textuellement comment Bona-
parte les avait développés M'-mémeà ses
intimes confidens, ainsi que les histrae^
tions qu'il leur avait laissées. Celait
surtout polir rompre ses desseins et pour
éviter qu'on eàt besoin de Son reteur^
dont il savait quelles seraierit iès sùKeS^
que Berriadotte avait accepté lé porté*
feuille dehi guerre et montré tant d'ar-
deur à remettre nos armées en état de
reprendre toffensive. H pontah erofre
qu'il Avait bien compris les sentiArenS de
l'armée et de la France d'après la ma-»
nière dont elles avaient répcNtdti à sdQ
appel, n croyait voir les mêmes semi-*
mens dans la majorité du Directoire et
des conseils, et ne pouvait supporter VU
dée de voir retomber sa patrie sous lé
pouvoir d'un seul homme, quel qu'il flkt.
Mais les fatales destinées de la républi-
que venaient d'introduire au Directbh'é
un homme qir! n'avait jamais approuvé
la constitution de l'ari m. Après un hsiet
long séjour à la cour de Berlin , en qoïk-
litéd^ambassadeur de la république fran-
çaise, Sièyes Venait d'êtrenommé membre
de ce pouvoir exécutif, dans lequel tt
avait refusé d'entrer lors des premières
élections. Il n'y avait rien de changé dans
Ses sentimens ni dans ses opinions; mai»
pendant son ambassade tl avait entrevit
les moyens de renverser cette coristifa-
tion qdi n'était pas son ocrvrage et' en
avait jugé fdCcasion faVoratbIe. Sa pTe*-
mière démarche avdit dft être d'entrer atr
Direct oîre, et les événemem^ Favaietit si
bien servi l^ù'fl en était non-sculemenf
membre, mais président Ce premier stfo
ces obleitu, il ne lui m'anqaait pitts qtier
de s'attacher on général a qui il pdt fkitie
partager ses idées sur la nécessité dTùoe
plus grande concentration du pouvoir et
qui voulût employer son crédit et son
influence sor Tannée poor loi serrir d'ap*
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ptA. ttorean, à qui il 4*a<MèM d*âhard,
ftfuâa neltemettt son concours à toute
espèce de coup d'état. La conduite que
Sièyes voyait teniràBernadollè dans son
ministère de la guerre Tent bientôt con-
▼aineu, non-seulement qu'il n'y avait pas
de confidence à lui faire, mais qu'il Tab-
lait l'entraver dans ses efforts qui ne
tendaient qu'à raffermissement de ce
qu'il se proposait de détruire. De là ses
refus continuels d'acquiescer aux propo-
sitions du ministre, et ces débats qui de>
tmrent si vifs que le président ayant of-
fert au ministre un commandement aux
armées, celui-ci fui avait répondu qu'il
n'en accepterait aucun tant qu'il serait
président, parce qu'il était tont de glace,
quand il faudrait être tout feu pour lui
donner les moyens de faire triompher les
armées.
Cependant les républicains, en grande
majorité au conseil des Cinq-Cents, con-
naissant les entraves que le ministre de
li guerre éprouvait chaque jour de la
part du Directoire et surtout de son pré-
sident, lui firent proposer leur concours
pour l'en affranchir. Quelques membres
des plus influens lui furent envoyés pour
en combiner avec lui ieâ moyetas^ maïs
Ces moyens se réduisaient toujours pé-
cessairement à un nouveau coup d'étkt
Le Ministre leui^ dit que ce n'était point
par dei secousses concfnuelTes que l'on
parviendrait à consolider la république;
qné le sang d'un million de Français ayant
cimenté ce système de gouvernement , il
ne se prêterait jamais à ce qui tendrait à
lé détruire. Les députés lui demandèrent
)é Secret sur leur démarche auprès de
lai: il le leur promît en exigeant leur pa-
role d'honneur qu'ils renonceraient à
linir projet. Peu de jours après, Joseph
BonaparteyparlantàBemadotte,son beau-
frère, d'une conversation qu*il venait d'a-
irbir avec Barras sur l'état actuel des
choses, lui dit combien ce directeur re-
mettait que son frère ne fût pas en France;
ikiais, ajouta-t-il, il peut arriver d'un jour
à Pautre. « Je ne crois pas qu'il s'y ha-
sarde, répliqua Bernadotte: il n'a ni or-
dre ni congé pour reparaître en France;
il sait à quoi Ton s'expose quand on dé-
ierte son armée. »
I^ Bonaparte > à qui SaGcetti avait
«m
parlé <fe ra annarené des dépilléa atipfèi
du ministre de la guerre, effrsyés de
l'ascendant qu'ils voyaient prendre à
Bernadotte, mais plus encore de la ré-
ponse qu'il venait de faire à Joseprh, se
hâtèrent d'informer Barras et Sièyes de
ces deux circonstances, ayant soin de
taire la réponse que Bernadotte avait
faite aux députés. Sièyes qui , par Tin-
termédiahre du chargé d'affaires de
Prusse à Constantinople, avait fait par-
venir à Alexandrie les documens les phit
propres à porter Bonaparte à reparaître
en France, prit vivement l'alarme sur la
démarche des députés auprès du minis-
tre de la guerre et conclut qu'il fallait se
hâter de lui rétirer le portefeuifle; et
certes il en était temps , car il est pro-
bable que la carrière de Bonaparte se se-
rait terminée à Fréjus, s'il y fât arrivé
pendant le ministère d'un général qui
n'aurait ni craint ni négligé de faire exé-
cuter les lois.
Telles furent les causes qui privèrent
la république d'un ministre qui la ser-
vait avec zèle et succès. Vingt-cinq jours
après, Bonaparte apparut à Fréjus; un
mois plus tard il n'y avait plus de Direc-
toire, et Sièyes était réduit à annoncer
que ta France avait un maître.
Bernadotte n'avait ni la mission ni le
pouvoir de s'opposer à ce renversement;
mais il eut le courage et la probité de re-
fuser hautement son concours : ^ Général^
avait-il dit à Bonaparte, je conçois la
liberté autrement que vous, et votre plan
Ta tue. Je ne suis que simple citoyen^
depuis trois seitiaines j'ai iha retraite
comme militaire, mais si je reçois des
ordres de ceux qui ont encore droit de
m'en donner , je combattrai toute ten-
tative illégale contre les pouvoirs éta-
blis ».
Après cette révolution Bernadotte,
affranchi de ses sermens envers un pou-
voir qui n'avait pas osé se défendre, en^
vers la nation qui se précipitait vers la
servitude , ne vit aucun motif de refuser
à la patrie des services qu'elle avait tou*
jours droit de réclamer de lui. Mais il
sentit que la France ayant repris les liens
de Pobéissance passive, il n'avait plus
d'impulsion à donner, mais seulement
des fonctions à rempÛr^ sa loyauté lui
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BJÊ»
(868)
B£fl
traça les devoirs de cette nouvelle exis-
tence. Le nouveau chef de l'état con-
naissait bien ses sentimens et ses prin*
cipes; mais il savait aussi qu'il était in-
capable de trahir ses devoirs, et, pour pre-
mière preuve de son estime, il l'appela
à son conseil d'état. « C'est l'absorber,
dit Sièyes au sujet de cette nomination,
mais c'est prouver qu'on n'ose pas l'ou^
blier a. Cette observation, par laquelle
Sièges croyait mpntrer son esprit fin et
pénétrant, prouvait seulement qu'il n'é-
tait pas meilleur juge de Bonaparte qu'il
ne l'avait été de Bemadotte trois mois
auparavant; car le premier, en donnant
au second le commandement des dépar-
temens de l'Ouest, montra non-seule-
ment qu'il n'avait pas voulu l'absorber,
mais qu'il avait en lui la plus grande
confiance.
Dans ce commandement de l'Ouest,
Beniadotte avait une<iouble tâche à rem-
plir : celle de repousser les Anglais dont
la flotte, portant 18,000 hommes de dé-
barquement, menaçait nos côtes, cher-
chait à incendier Brest et à s'emparer de
Belle-Isle; et celle, non moins impor-
tante de prévenir ou d'étouffer, parmi
leshabitana, tout moyen de retour à la
guerre civile. Les troupes dont il pouvait
disposer n'étaient pas nombreuses, il ne
pouvait les étendre sans danger; il faHait
que l'activité suppléât à la faiblesse du
nombre. Il forma d'abord un camp au
centre de sa ligne de défense , un autre
^ Saint-Renaud pour couvrir Brest , et
partagea le reste de ses troupes en déta-
chemens qui parcouraient le pays en se
croisant sans cesse. Ces prudentes dis|>o-
sitions eurent tout le succès qu'il s'en
était promis : les Anglais essayèrent de
débarquer à Quiberon et furent repous-
sés même avant l'arrivée de sa réserve ;
Belle-Isle et Brest furent préservés de
toute atteinte, et , pendant les deux ans
que dura ce commandement, il ne put
se former un seul rassemblement qui ne
fût dissipé dans les 24 heures. Dans la
partie civile et politique de sa mission ,
son succès ne fut pas moins complet II
se montra aux habitans plus conciliateur
que guerrier, modéra le grand et dange-
reux pouvoir des commissions militaires
que le gouvernement avait établies , ne
s'en servit que pour ['effroi des méchaqs
et Le soumit aux formes qui protègent
l'innocence. Tour à tour affable ou sé-
vère, il parcourait le pays , prenait l'avis
des administrateurs, parlait aux citoyens,
les rassurait, par son langage franc et
persuasif, sur les intentions du gouver-
nement , sans jamais leur promettre au-
delà de ce qu'ils en pouvaient attendre.
En quittant ce commfindement, il eut le
bonheur d'emporter les regrets des dif-
férons partis qu'il avait rapprochés en les
éclairant sur les suites funestes de leurs
égaremens.
Deux ans ainsi employés à ramener la
paix dans ces malheureuses contrées, si
long-temps humectées de sang et de lar-
mes par les horreurs de la guerre civile,
étaient pour Bemadotte une gloire plus
pure que celle qu'il aurait pu acquérir^
dans le même temps, sur des champs de
bataille. C'était le dernier des services
qu'il pouvait se glorifier d'avoir rendus
à la république; il voyait bien qu'elle
était expirante et que son premier con-
sul ne larderait pas à lui créer et faire
subir une nouvelle dynastie.
Dès le commencement de cette ère
nouvelle, Bemadotte parait parmi les
maréchaux de l'empire. C'est bien au
sujet de cette nomination que Sièyes au-
rait pu dire, avec plus d'à-propos et de
justesse, qufon n'avait pas osé l'oublier;
car l'empereur était alors assez puissant
pour pouvoir se passer des services de
Bemadotte et lui montrer son mécon-
tentement sur cette proclamation à l'ar-
mée de l'Ouest où il avait dit à ses frères
d'armes : « Que ceux d'entre vous qui vont
rejoindre leurs familles donnent à leurs
concitoyens l'exemple de^ vertus civiles ;
ce sont elles qui ont enfanté nos prodi-
ges militaires. La paix vous rend à une
vie plus douce : jouissez dfins le repos du
souvenir dé vos triomphes et ne perdez
jamais de vue que l'amour de la liberté
vous a conduits. Vous pouvez conserver
votre gloire, il est difficile que vous puis-
siez jamais l'augmenter ». L'empereur
ne pensa pas que des griefs, uniquement
fondés sur une diversité de sentiment et
d'opinion, dussent faire oublier Tillustra-
tion que Bemadotte s'était acquise; il
l'admit donc parmi les maréchaux de
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BER
(369)
BER
l'empire; mais, pour qu'il n'eût plus oc-
casion de parler de liberté et de civisme
eo France , il l'envoya gouverner le Ha-
novre.
Bemadotte accepta ce gouvernement
comme une faveur ; car il n'était pas plus
jaloux de rester en France que l'empe-
reur de l'y garder. Dès son arrivée à
Hanovre, il mit ses soins à bien connaître
le paysy l'esprit , les mœurs de ses habi^
tans y ainsi que leurs ressources. Par la
discipline qu'il sut maintenir dans l'ar-
mée ^ par la manière dont il ménagea les
rmsources du pays, et par sa sollicitude
constante à pourvoir aux besoins de tous,
il se fit également chérir des habitans et
de l'armée. Il laissa dans le cœur des
Hanovriens des souvenirs qui n'ont pas
été stériles ; et au premier appel de l'em-
pereur pour la mémorable campagne de
1805, il lui amena ce beau corps de
troupes parfaitement exercées et équi-
pées, dont l'empereur fit le premier corps
de la grande armée.
En quittant le Hanovre, Bemadotte
se porte rapidement sur Wûrtzbourg où
s'était retiré l'électeur de Bavière; il ra-
masse à la hâte les troupes bavaroises
dispersées par l'invasion de l'armée au-
trichienne, les réunit à ses divisions
françafses, marche sur Munich, et réta-
blit l'électeur dans sa capitale. Dès le
lendemain il pousse son avant-garde sur
lion , tient en échec l'armée russe qui
arrivait au secours des Autrichiens, fait
1,500 prisonniers, prend 30 pièces de
canon, et contribue par cette manœuvre
à la chute d'IJIm qui décida du sort de
la campagne. Appelé par l'empereur sur
le terrain où il avait décidé de livrer ba-
Uille, Bernadette part d'Iglau avec son
corps d'armée, fait 28 lieues en 36 heu-
res, arrive en avant de Brûnn et prend
le rang qui lui est assigné dans cette su-
perbe ligne qui n'attend plus que le si-
gnal pour se lancer sur l'ennemi. Avant
de donner ce signal , l'empereur fait sa
dernière inspection ; arrivé devant l'ar-
mée d'Hanovre : « Sou venez- vous , dit-
il, que vous êtes le premier corps de la
graude armée ». Et ce corps contribua
puissamment au gain de la bataille en
enfonçant le centre de l'armée ennemie.
Après la paix de Presbourg, le ma-
Encyclop. d. G. d. M. Tome 111.
récfaal B^nadolte, maintenant duc et
prince souverain de Ponte -G)rvo, va
occuper avec son corps d'armée le pays
d'Anspach , que l'empereur l'a chargé de ^
recevoir du roi de Prusse, pour le re-
mettre au roi de Bavière.
Cette principauté de Ponte -Corvo.
(vox.)y qu'il recevait pour récompense
de ses services à Hanovre, dans cette
campagne de cent jours, et surtout à
Austerlitz, disait sentir à Bemadotte ,
combien les temps étaient changés. Il
voyait bien encore dans nos armées k ,
même ardeur, un égal courage, et même .
nne meilleure discipline; mais quelle dif- .
férence dans le but de la guerre et dans
les résuluts de la victoire! quelle diffé^ .
rence surtout dans l'esprit et les senti-*
mens dont les généraux étaient animés !
Quand on ne combattait que pour la pa-
trie, pour assurer son indépendance en
repoussant l'ennemi qui voulait l'asser-
vir, les guerriers qui guidaient nos pha^
langes ne rivalisaient entre eux que de ,
talens et de bravoure; les récompenses >
auxquelles ils pouvaient aspirer se bor-
naient à un avancement en grade, et^
pour les grands succès, à une déclara-,
tion solennelle « qu'ils avaient bien mé-
rité de la patrie, » De telles récompen-.
ses excitaient leur émulation, mais jamais
leur envie; rien ne pouvait affaiblir en-
tre eux cette confraternité d'armes qui, les
portant au même but, en faisait des hé^
ros. Maintenant, on voyait qu'il s'agis-
sait toujours bien de combattre et de
vaincre ; mais la victoire ayant pour ré-
sultat une distribution de trônes et de
principautés, les généraux avaient bien-
tôt compris que , pour avoir meilleure
part à la dépouille des vaincus , les qua-
lités du guerrier seraient insuffisantes, s'ils
n'y joignaient celles du courtisan. Ber-
nadette eut le pressentiment de tout ce.
que ce funeste système avait de dange-,
reux et de menaçant, non -seulement
pour lui , mais pour la France ; et ses,
pressentimens ne furent que trop con-
firmés par le développement de ces pas-
sions haineuses, rongeantes, dont on
avait si abondamment répandu les ger-
mes, n en vit résulter pour lui ce tissu,
de fausses imputations et de calomnies
dont on paya ses plus belles actions dans
24
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BÊR (370)
l<t eattipagnes suhrantes (Knimbourg,
Wagranft); mais la France et Napoléon
luî-ujiéme eo recueillireol pkis tard des
fruits bien plus amers.
Dos Touv^rture de la campagne (oc-
tobre 1806;, le maréchal Bernadotte
commence par battre, à Schlettz, Tavant-
garde de Fermée prussienne et donne à
l'empereur les renseignemens les plus
préois sur la position des divers corp^ de
cette armée. D'après la certitude qu'il
sVn est acquise, il accourt au quartier
da maréchal l>ii?oust et le prévient qu'il
aura devant hit des forces bien supé-
rieures à celles que le major-général lui
avait annoncées; il lui offre de faire une
marche de nuit pour les attaquer dès le
point du jour, s'il veut le soutenir. Da-
vovst refuse et persiste à se tenir dans
son déhlé de Kccsen : Bernadotte se re-
tire, et, se conformant aux ordres qu'il
a reçus,' il se concerte avec Murât pour
aHer pendant la nuit couvrir les hau-
téUrs-qui menaçaient le corps du maré-
chal'Davoust. Par cette manœuvre ils
arrêtent 8 à 10 mille hommes de la ca-
valerie prussienne qui allaient tomber stnr
Davoust et changer sa défense en déroute
funeste. Par sa dépêche de ce jour-là
même (14 oct, 11 heures du soir), le
maréchal Bernadotte rend compte direc-
tement à l'emperenr du mouvement qu'il
a fait de concert avec Murât et du suc-
cès qu'ils ont obtenu. Dès le lendemain
le niajor-général lui écrit d'Iéna (15 oct.,
10 heures du malin) : « Que l'aide-de-
camp du maréchal Davoust , porteur de
c«ttef lettre, l'informera de ce qui est ar-
rivé la veille ; que l'empereur le laisse
libre de manoenvrcr suivant que les cir-
conitances le lui Inspireront; qu'il lui
demande de poursuivre vivement l'en-
nemi et dé lui faire le pluà de mal possi-
ble, et lui recommande seulement de se
tenir le phrs f^rès possible de Nauitibourg,
pour qu'aUsàitôt que le mouvement sur
lequel Davoust n'a pu donner due des
indices vagues sera bien connu , le pre-
mier corps soit prêt à se porter sur l'Elbe
et sur Berlin. »
Bernadotte, profitant de la liberté
i^u'on laisse à ses mouvemens, fait une
marche de nuit et se présente à l'im-
proviste aux portes de Halle où 11 sait que
BEA
les réterves de l'armée pruaiienne ont ea
ordre de se réunir. Il y entre de vive
forc^, en chasse le prince de Wurtem-
berg , qui se réfugie avec ses troupes sur
les hauteurs derrière la vHIe , d'où Ber-
nadotte le force encore à la retraite. Ses
mouvemens sont si impétueux , si rapi-
des , que , tandis que sa première divi-
sion poursuivait l'ennemi en avant de
Halle , la 3* division , en arrière de la
ville, faisait mettre bas les armes à des
régimens prussiens, arrivés trop tard au
rendez-vous qu'on leur avait donné. Maî-
tre du seul point où les corps épars de
l'armée ennemie pouvaient se joindre à
leur réserve, leur ayant fait 7 mille pri-
sonniers, enlevé 36 pièces de canon ^
Bernadotte arrive à minuit au quartier-
général de l'empereur qui le comble d'é-
loges sur cette brillante affaire. Mais son
ancien ami, le maréchal Lefebvre, kii dit
combien ce succès avait excité de jalou-
sie parmi les favoris; <t Je doute, ajouta-
« t-il , que l'empereur lui-même soit bien
« content que l'on apprenne qu'avec
«moins de 15 mille hommes tu as si
« prompt ement dispersé cette réserve
« contre laquelle son bulletin du 15 an-
(t nonçait que nous allions marcher avec
« 60 mille. » — n J'aurai donc trop bien
fait, lui répondit Bernadotte en riant;
je connais bien leurs sentimens à mon
égard , mais ils ne m'empêcheront paa
d'être toujours ce que nous étions à l'ar-
mée du Rhin. »
Quelques heures après, Bernadotte se
meta la poursuite de Blôcher, qui a
passé l'Eme avec différens corps qu'il
était parvenu a rallier. Il l'atteint plu-
sieurs fois et lui offre le combat; mais
Btûcher, malgré la supériorité numéri*
que de ses troupes, bat en retraite jus-
qu'à Lubeck où il s'enfei^me. Bernadotte,
arrivant sur ses pas, commence aussiiôt
l'attaque, emporte d'assaut le Burgthor
(porte du château), défendu par une
formidable artillerie, chasse les Prus-
siens de rue en rue, et les poursuit
jusqu'au village de Ralkau où Blûcher
est réduit à capituler. Le prince de
Ponte - Corvp envoie 64 drapeaux à
l'empereur, qui lui écrit de Berlin, 13
nov. : « Mon cousin , j'ai reçu les dra-«
« peaux que vous m'avez envoyés. J'ai va
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BËR (i71)
« ÉYec plâîsir Tactivité et les talens que
« TOUS avez déployés dans cette circon-
< stance, et la bravoure distinguée de vos
« troupes. Je vous en témoigne ma satis-
«faction et vous pouvez compter sur
€ ma reconnaissance. »
Après quelques jours de repos donnés
à Ses troupes, le maréchal se dirige vers
la Yistule et passe ce fleuve à lliom.
L'empereur lui confie le commandement
de Taile gauche de la grande armée,
prescrivant aux maréchaux Ney et Bes-
dères de concerter leurs mouvemens avec
hii. U commence par balayer toute la
plaine jusqu'à la F^ssarge, prend posi-
tion le long de cette rivière, étend sa li-
gne jusqu'aux bords de la Baltique. L'em-
^enr ayant ordonné les quartiers d'hi-
Ter, le général russe conçoit FespoU* de
réparer par la ruse les échecs qu'il ve-
nait d'éprouver à Pultusk et à Ostro-
lenka. Il dirige vivement son armée de
gauche à droite , ne laissant devant l'em-
pereur qu'une ligne suffisante pour mas-
quer son ipouvement. Benningsen espère
jpercer U ligne di^ pripce de Ponte-Corvo
qu'il sait être atfaiolie par son extension
jusqu'à la mer, et aller s'emparer du
pont de Thorn, tandis que l'empereur,
Avec la majeure partie de son armée, se
tient à Yarsovie. Mais par son active vi-
gilance Bernadotte découvre le mou-
BER
Tement du général russe ^ il voit quel
en est te but et quel en sera le résultat
s'il pe se h$te de l'arrêter. La nuit est
employée à réunir, par un mouvement
général , toutes ses troupes vers le point
par lequel l'cuneroi va se présenter; et
▼ers midi , quand la colonne russe arrive
par la route de Liebstadt, croyant n'avoir
qu'à enfoncer une partie du corps d'ar-
mée , elle le trou^ve eo bon ordre de ba-
taille , sur la plaine en avant de Mphrup-
gen. Après un combat opiniâtre qui dura
jusqu'à la nuit , les Russes furent repous-
ses à deux lieues du champ de bataille,
sur lequ/el l'armée française passa la ivuit
et mie partiç de la journée suivante. Le
maréchal ne reprît son mouvement qu'a-
vec lenteur pour couvrir Thorn et atti-
rer sur lui le géuéral russe, en lui dis-
putant le terrain pas à pas , jusqu'à ce
que l'empereur, par un grand mouve-
ment, l'eût fait renoncer à son projet.
Dans cette résistance, il prît un obusier
et fit beaucoup de prisonniers.
Le général russe rouvrit la campagne,
le \jnin, en essayant de débaucher par
Spanden où le maréchal Bernadotte avait
fait construire une tête cie pont. Ce pont
fut attaqué par une forte colonne sou*
tenue d'une nombreuse artillerie. A^
fort de Taclion, le prince de Ponte-Corvo
fut atteint d'une balle à la tête; ce qui
ne l'empêcha pas de commander jt|squ')t
ce que Tennemi fût repoussé à plus d'un«
liçue de distance; mais par les suites de
sa blessure il fut contramt de qi^ilter ce
beau premiei^ corps qu'i( avait formé lui*
même, avec lequel „ depuis son dépari
de Hanovre, il avait eu tant de succès,^
et 4ont les regrets de passer sous un au<
tre commandement se manifestèrent aus*
sitôt avec franchise.
Après la paix de Tilsitt, Fempereur
confia au maréchal prince de Poute->
Corvo, le gouvernement des villes an*
séatiques, avec le commandement d'une
armée composée de Français, d'Espa*
gnols et de Hollandais, en nombre à^
peu près égal. C'est à la tête de cette ar-
mée que Bernadotte devait marcher, à
travers le Danemark, contre U SuècUi
peur concourir avec l'armée rusae, qui
s'avançait vep. la Finlande i à vaincre
l'obstination dç Gustavç IV ^ eupeiui ir-.
réconciliaUe de la révolution Crançaise
et du chef qu'elle s'était donqé. Qui ku
eût dit qu'i^u moment ou, il serait à U
veille de remplir cette mjs^ion que Na-
poléon lui avait imposée, 1^ pal^riotisme
suédois saurait la rendr^ vain,e,,et qu^>
bientôt après, il serait appelé pac les Sué-
dois eux-méiçes ppur raffermir et défen-.
dre leur indépendance fondée sur de meilr
leures bases ? L'armée rus^e occupait déjà
la Finlaode e^ marchait sur Stockholm»
quand les Suédois eurenjt ^Pifin reoQurt,
au seul mqyen qui leu^ resMût pour q^mi-
server leur exisfenpe n^UQn^^ljç,
Instruit de ce qui vçnai|t d^ se passer
en Suède, Iç 1 3 mars,^ le pri^^ce de Ponie^
Corvo, sur la demap<le du nouveau gou-
vernement suédois, n'hésita pas à ordon-
ner au général Gratien, son Lieutenant en
Poméranie , de suspendre toute hostilité
et même d'accueillir les bâtimens su^
dois que les circonstances pourraient
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BER
(87Î)
BER
amener dans retendue de son commande-
ment. Il ne se doutait pas que Fempereur
Toulût continuer la guerre contre une na-
tion qui venait de prouver si énergique-
ment qu'elle était loin de partager les ini-
mitiés de son roi contre lui; il se croyait
d*ailleurs d*antant plus fondé à accorder
cet armistice à la Suède qu'il venait
d'être appelé à Dresde pour la nouvelle
campagne qui allait s'ouvrir contre l'Au-
triche; mais l'empereur l'en blâma en lui
disant que, par cet armistice, il avait pa-
ralysé les opérations de la Russie en Fin-
lande et les projets dés Danois sur la
Scanie : preuve certaine que l'empereur,
dans ses conventions avec Alexandre et
le roi du Danemark, avait résolu non-
seulement la chute de Gustave IV Adol-
phe, mais l'extinction de la nationalité
suédoise.
Depuis son arrivée ]i Dresde, vers la fin
de mars, Bemadotte s'attendait de jour en'
jour et d'heure en heure à recevoir des
instructions sur l'organisation de la nou-
Telle armée et surtout sur le nombre et
l'état des troupes dont il devait avoir le
commandemenL Ce ne fut que le 11
avril qu'il reçut les premières dépêches
du major-général; elles étaient des 25 et
36 mars. Leur contenu lui parut si étran-
ge qu'il en écrivit sur-le-champ directe-
ment à l'empereur. Après lui avoir ex-
primé sa surprise sur la teneur des dé-
pêches du major-général, il lui disait:
« Je suis arrivé à Dresde sans aucune
instruction. La première lettre qui en
contienne et que les hasards de la guerre
pouvaient me rendre si importante m'est
•xpédiée par la poste et ne m'arrive qu'au
bo<4it de 1 6 jours. Tout cela, sire, me fait
trembler pour la suite de mes opérations,
et je me vois exposé à ce que mes efforts
soient continuellement paralysés par une
force cachée dont il me serait trop difQ-
oile de triompher. Je conjure Votre Ma-
jesté de m'accorder ma retraite à moins
qu'elle ne préfère me réserver pour quel-
qu'expédition lointaine, où mes ennemis
n'aient plus d'intérêt à me nuire. » Le
lendemain 12 avril, il renouvelle sa de-
mande; il la renouvelle le 15 et encore
le 20, mais ce jour-là même il reçoit la
lettre suivante en date d'Ingolstadt, 19
avril. « Mon cousin, j'ai reçu toutes vos
lettres : la guerre que j'ai à soutenir est
de concert avec la Russie; vous êtes en-
tré pour quelque chose dans cette com-
binaison. Voyez donc une preuve de
mon estime et du cas que je fais de vous
dans la destination que je vous ai don-
née. Je suis arrivé à l'armée depuis deux
jours, j'ai tout mis en mouvement, et
j'espère chasser bientôt cette nuée d'Au-
trichiens au-delà de l'Inn , etc. »
Déçu dans son espoir d'obtenir sa re-
traite, le maréchal s'occupe de son com-
mandement, mais sans cesser de pres-
sentir qu'on finira par le jeter dans
quelque fausse position. On a mis sous
ses ordres l'armée saxonne, toutes les
troupes du grand-duché de Varsovie avec
les garnisons de Dantzig et de Glogau.
Il organise ces troupes étrangères dont
il a bientôt gagné la confiance et le dé-
vouement, et les mène rejoindre la ligne
des opérations de la grande armée fran-
çaise dont il doit former le 9" corps. Il
dirige sa marche de manière à menacer
la Bohême, pour forcer l'ennemi à y lais-
ser des troupes. Il passe le Danube à
Straubing, arrive le 17 mai à Lintz et
défend le passage de ce pont contre une
partie de l'armée autrichienne, sous les
ordres du général G>llowrath , qui cher-
chait à s'en emparer pour tourner l'ar-
mée française. Ses mouvemens ultérieurs
le font enfin entrer en ligne à la gauche
de la grande armée et sous les ordres im-
médiats de l'empereur.
Suivant la direction qui lui est don-
née, le maréchal marche à l'ennemi, le
5 juillet, le chasse de la première posi-
tion où il le rencontre, s'empare du vil-
lage de Rachsdorf et s'avance vers
Deutsch-Wagram. Pendant sa marche ,
il voit déboucher sur sa gauche un corps
ennemi d'environ 8,000 hommes de ca-
valerie; son chefd'état-major, le général
Gérard , à la tête des hussards et des dra-
gons saxons, va mettre cette cavalerie
ennemie en pleine déroute et revient avec
500 prisonniers et le drapeau du régi-
ment Chasteler. Le général Savary vient
dire au maréchal que l'empereur veut
finir la journée par un coup d^éclat, que
la gauche de l'ennemi va être écrasée et
qu'il l'engage à marcher rapidement pour
soutenir l'attaque. Le prince se hâte de
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(878)
BIR
réunir ses troupes » laisse , pour stré*
serve, la division française forte d'envi-
ron 3,000 hommes, une division saxonne
restée à la tète de pont et les dragons du
prince Jean. U se porte sur Deutsch-Wa-
gram, fait attaquer vivement par Ttnfan-
terie saxonne qui s'empare du village et s'y
maintient malgré la nuit contre tous les
efforts de l'ennemi pour le reprendre.
Mais quand le prince, voyant ses Saxons
exposés aux ravages d'une nombreuse
artillerie, veut faire avancer sa réserve
pour conserver une position dont il con-
naît tonte l'importance, il apprend qu'il
n'a plus de réserve : on en a disposé sans
l'avoir prévenu! Il retire ses troupes de
ce village de Wagram que les obus de
Tennemi incendiaient déjà, et se porte sur
▲dierkiau.
Cest là que l'empereur étant venu le
lendemain avec son état-major, entre 6
et 7 heures du matin , le prince de Ponte-
Corvo osa lui adresser des reproches sur
la destination donnée la veille, au mo-
ment de l'attaque , à la division du gé-
néral Dupas et à la eavalerie saxonne j et
que, faisant appeler le général Dupas qui
venait d'arriver, il lui ordonna de dé-
clarer par quel ordre il s'était séparé de
son corps d'armée, l'empereur venant
d'assurer qu'il n'en avait pas donné. Ce
général , pétrifié par un regard de l'em-
pereur , ne put que balbutier qu'il n'a-
vait agi que d'après un ordre supérieur.
Le prince de Ponte-Corvo reprenant un
ton calme et même respectueux, dit à
l'empereur : « Vous êtes trop élevé , sire ,
pour pouvoir ni vouloir ambitionner la
glclre de personne; mais u'j acte de dé-
loyauté ou de trahison a failli me faire
perdre hier le fruit de trente années de
bons services. Cest au courage de ces
intrépides Saxons , à l'héroïsme de leurs
chefs, que je suis redevable de vous
avoir conservé le terrain où nous som-
mes. La principale force de l'ennemi est
là : vous n'avez eu hier devant vous que
très peu de monde; l'ennemi n'a mar
nceuvré que pour vous placer entre deux
feux ; et si , au lieu de m'enlever ma ré-
serve, on m'avait fait soutenir, Votre Ma-
jesté pouvait finir la journée par un coup
d'éclat, comme elle m'en avait (ait ié-
moigfMT l'intention» » L'empereur était
si affecté qu'il ne put prononcer que ces
mots , plusieurs fois répétés : « Dans un
moment j'aurai 100,000 hommes.»
Pendant cette journée du 6 , qui , par
les fautes de la veille, devint si meur-
trière , le maréchal Bernadotte ne cessa
de manœuvrer et de se porter sur les
points les plus menacés ; plusieurs fois
il rétabht les affaires sous les yeux même
de l'empereur qui lui prodiguait les si*
gnes d'approbation; la bataille fut enfin
gagnée, et l'on sait à quel prix.
Mais pendant les deux jours suivans ,
chacun cherchant à se rendre compte
des causes qui avaient rendu cette vic-
toire si long- temps douteuse et de celles
qui l'avaient décidée, le prince de Ponte-
Corvo s'aperçut que les parts de gloire
étaient fort mal distribuées; et ne pouvant
supporter que ses braves Saxons fussent
privés de celle qu'ils avaient si bien ac-
quise, il crut devoir en consigner les titres
dans une proclamation qu'il leur adressa
de son bivouac d'Enzersdorf et dans le
compte très détaillé qu'il en rendit au roi
de Saxe, par une lettre du même jour, 9
juillet, et du même bivouac. L'empereur
avait supporté avec le plus grand calme
toute la véhémence des plaintes que son
lieutenant lui avait fait entendre dans la
matinée du 6 : il avait encore besoin de
ses services, et ses plaintes n'étaient que
trop fondées; mais, trois jours après la
victoire, se permettre un acte aussi grave
qu'une proclamation en désaccord avec
le bulletin de l'empereur! Le lieutenant
ne pouvait mieux s'y prendre pour obte-
nir , ce Jour-là môme , le congé dont il
avait si souvent fait la demande deux
mois auparavant, et même la veille , après
la bataille.
Cependant le maréchal prince de
Ponte-Corvo ne jouit pas long-temps du
repos qu'il était venu goûter à Paris et
que les courtisans appelaient sa disgrâce.
Le conseil de gouvernement que l'empe-
reur avait institué, suivant son usage
quand il quittait la capitale, venait d'ap-
prendre que lord Chatam, débarqué à
î'ile de Walcherep , s'était déjà emparé
de Middelbourg, de Tervem , du fort de
Batz, et se portait sur Flessingue. Juste-
. ment alarmé des progrès de cette expé;-
dition y ce conseil n'hésita pat à profiter
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BBR
(m)
BER:
de la présence du maréchal à Paris, et
lui proposa le commanilement de tout
ce qiroD pourrait réunir de troupes et
de moyens pour arrêter cetic invasion
anglaise. Avec une ame moins élevée que
la sienne, le maréclial n*aurait pas man-
qué de motifs pour refuser des services
dont il devait s'attendre à ne recueillir
due de nouvelles preuves de méfiance et
aingralituae ; mais ses ressentimens et
ses appréhensions disparurent devant les
maux dont la gravité ne permettait pas
d'ajourner le reniède : le maréchal se
rendît aux instances du conseil et partie
poUr Anvers.
A son arrivée, il apprend que Pies-
singue a capitulé^ tes troupes dont il
peut disposer manquent de tout et ne
présentent qu'une masse confuse que l'on
vient d'amonceler à la hâte sur un seul
point. Tout était à créer dans cette ar>
mée où Pou voyait matelots, dragons,
chasseurs , hussards , amalgamés , former
des compagnies de fantassins et ou se
trouvaient ensemble des Polonais, des
Bollandais, des Hanovriens, Pendant
qu'il mettait tous ses soins et son acti-
irité à organiser et discipliner ces trou-
pes, l'empet-eur ayant appris à la fois
le débak-quement des Anglais et le départ
du prince de Ponte-Corvo pour Anvers,
lui avait expédié sur-le-champ le général
Kellle, avec une lettré ( du 24 août) con-
tenant des instructions très détaillées d'a-
près lesquelles il espérait, disait- il, qu'il
empêcherait les Anglais de passer le ca-
nal de Berg-op-Zoom, et qu'il les ferait
repentir de leur audace. Dans «une se-
conde lettre du 27, l'empereur lui rap-
pelle les instructions que le général Reille
doit lui remettre le 30. « Si FÎessingue
est pris^ )mî dit-il, je ne puis l'attribuer
qu'au màdque de tète du comnftandanly
et soiis ce point dé vue je considère An-
vers comme imprenable. » Il lui annonce
qu'il lui envoie en poste un chef d'état-
nugor ( mais non le général Gérard , que ,
le prince avait demandéj, un général
d'artillerie , deux généraux de division ,
quatre généraux de brigade , etc. , et ter-
mine sa lettre en lui disant : « Je me con-
fie en votre bravoure, habileté et expé-
rience; si les ennemis tentent quelque
chose contre Anvers ib seront repousses, i»
Cette confiance fut pleinement justifiée d
même surpassée ; car le prince de Ponte-
Corvo ne se borna pas à préserver An?
vers. Par des mesures d'administration
sagement combinées et les savantes évo-
lutions par lesquelles il sut multiplier
les 12,000 hommes qu'il avait enrégi-
mentés , il réussit non-seulement à con^
tenir l'armée de lord Chatam , mais à lui
faire abandonner ses positions et à 1^
faire remonter sur ses vaisseaux pour v^
tourner en Angleterre ; et , chose remarr
quable, il obtint du clergé belge des
prières publiques pour Napoléon, que c«
clergé avait toujours refusées , par suite
de l'excommunication laRcée contre lui
par le pape.
Tandis que le prince de Ponte-Corvo
se félicitait d'avoir préservé U France
d'une invasion dont lea suites pouvaient
être si funestes parles mouvemensqu'elle
aurait excités tant en Belgique qu'en Hol^
lande, l'empereur, vivei^ent irrité co,ntr^
lui pour quelque passage d'une procla»
mation qu'il avait faite à son armée , le
faisait remplat^ dans son commande*
ment et mandait au ministre de la guerre
de lui défendre le séjour de la capitale
et de lui enjoindre de voyager vers st
principauté de Ponte- Corvo. Lorsqu'à
son arrivée à Paris le comte de Hune«
bourg (Clarke) lui communiqua la lettres
contenant cet ordre ^ le prince indi-
gné lui dit : « Écrivez à l'empereur qu#
je m'attendais à plus de reconnaissance
de sa part; que je lui abandonne toua
mes titres, lui.donne démission de toutea
mes places, et que, rentrant dans la classa
de simple citoyen, je reste à Paris, parof
qu'il me convient d'y rester. C'est à moi
de fixer mon domicile et je ne permettrai
pas qu'on me l'assigne, » Le ministre
effrayé de cette réponse , n^iis contralnoi
que le maréchal ne résisterait pas à ui»
ordre purement militaire, le lui remit
ainsi conçu ; « Paria , 29 septembre 1 800»
Prince, l'intention de l'empereur cat que
y. A. se rende sans délai à l'armée d'Al*
lemagne. Je prie Y. A. de vouloir iHeii
m'accuser réception de la présente et dé^
me faire connaître le moment de son de*
part de Paris. Agréez , etc. » Le prince
partit pour Vienne , oà il arrive cin(t oa.
six jours ava^t le aigoaturc^do k feix.
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BER
(875)
BER
Plir la manière noble et franche dont il
répondit à Tempereur dans leur première
entrevue à Schœnbrutin , il fit changer
eette grafode colère, à laquelle il avai^
dû s'attendre ,«n dispositions tout-à-fait
bîenTeilbntes , dn moins en apparence.
Après avoir signé la paix, Tempereur
ordonna qu'on fit jouer la mine pour dé^
nantder la place de Vienne; mais, ré~
fléchissant qae cet ontrage à la monar-
ehte antncfaienno pouvait non-seulement
amener le refns de la ratification du trai-
té, mais encore exciter la population de
cette capitale à s'opposer k un acte qui
en était une violation manifeste, Tempe-
reiir quitta brusquement l'armée, en or-
donnant an major-'général d'écrire au
prince de Ponte-Corvo la lettre suivante :
« Schoeabrunn, 16 octobre 1809. L'enh-
pereur en partant m'a chargé de tous
prévenir que son intention était que vous
restassiez à Vienne jusqu'ati mqment oà
j'aurai la certitude des ratifications. Sa
Majesté m'a ordonné de vous prévenir
du moment on vous devrez partir pour
Paris. » Le maréchal comprit fort bien
le double but et la double portée d'un
tel ordre; mais les événeméns lut furent
favorable», il n'y eut pour Ini ni peine,
ni danger.
Pendant aôn séjour à Vienne l'empe-
reur avait plusieurs fob parlé au prince
de Ponte^CorVo du dessein qu'il avait
de l'envoyer à Rome où il voulait, di-
sait-Il, lui faire une belle existence. De
retour à Paris^ le prince profila d'une
occasion favorable pour s'expliquer sans
détour avec l'empereur et renouveler
ses instances pour qu'il lui fÙt permis en-
fin de se retirer des affaires et de rentrer
dans k vie privée, t Vous avec acquis
assez de gloire, lui dit l'empereur, pour
penser au repos; je ne sais à quoi cela
tient, mais je vois bien qne nous ne nons
entendons pas. Cependant j'ai compté
sur vous pour aller tenir ma cour à Rome :
vous aurez une gi-ande existence; nous
aurons des relations plus directes en-
semble et peut-être ehangerez-vons d'i-
dées, le ne Vous demande que dix-huit
mois. » Le prince pria l'empereur de
ki dire s'il lui était réellement néces-
saire k Rome; sur no oui pmnoncé avee
hkvrniUaiice, il répondit : « Tobé» »;
et rempeÉ*ear l'engagea à faire ses pré^
parai ifs pour être prêt k partir dans 16
ou 16 jours.
Mais un événement auquel l'empercnr
ne s'attendait pas plus que son lieuto^
nant vint présenter à celui-ci nne destin-
nation tout-à^fait différente. Il re^t la
visite de deux officiers suédois dont h.
mission était de lui faire connaître let
dispositions des membres de la diète qui
se tenait alors à OErebro pour l'électiott
d'un prince royal, et de lui demander
quelles seraient les siennes d^ns le Cii
oà il serait élu. Le prince de Pontes
Corvo répondit qu*il se sentirait honoré
du vote libre d'un seul des membres de
la diète; mais que, s'il devenait l'objet de
Télection, ce qu'il ne croyait pas possible^
il ne pouvait disposer de loi-même sans
le consentement de l'empereur Napoléon.
Dès le lendemain l'empereur, informé dé
toutes ces circonstances, répondit qu'é^
tant monarque élu du peaple^ il ne san-*
rait s'opposer à l'élection des antres peu^
pies, et qne le choix libre de la diète
suédoise aurait son assentiment. Et pour
prouver qu'il ne voulait y exercer aucune
influence, il ordonna le rappel de M. Dé-
saugiers^ son chargé d'affaires, aussitôt
qu'il eut appris que cet agent avait donné
des notes en faveur du roi de Danemark.
An jour fixé pour l'élection (21 aoât), les
suffrages se portèrent sur le prince de
Ponte-Corvo avec une unariimilé jusque
alors sans exemple dans les fastes de là
Saède ni d'aUcune autre nation. Le cour-
rier porteur de l'acte d'élection, d'une
lettre du roi Charles XIII à l'empereni^
et de l'acte par lequel il adoptait pour
fils le nouveau prince héréditaire, repar-
tit pour Stockholm avec les lettres d'ac-
ceptation du prince et ta réponse apprCH
bative de l'empereur à Charles XIII.
Le prince-royal avait tei^miné tons set
préparatifs de départ et n'atlendalt pIns
que ses lettres d'émancipation. Impatient
du retard que l'on mettait à les éxpëdlei^
il prit le parti d'aller les deihandelr à
l'empereur lui-même. Il fut étrangemettt
surpris quand l'empereur lui dit que ce
retard éuit causé par Une dêcrsimi Ûb
sdn conseil privé d'après lflt)Uëlle 611 ftîr
devait kii expédier ces hfSthx ^'aprèi
qu'il auMtit sigteé rengat^enieitt «kne j*-»
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BER (3'
Huais porter les srmes contre la FraDoe.
« J'étais loin de m'attendre à cette pré-
tention, lui dit vivement le prince; ce
n'est sûrement pas Votre Majesté qui a
Toulu m'imposer cette condition , ce ne
peut être qu'une idée de i'archi-chan-
celier ou tlu grand^juge, et ils m'hono-
rent infiniment par cette conception, car
ib m'élèvent à votre niveau comme capi-
taine; celame vaut une couronne. Tou-
tefois je supplie Votre Majesté de consi-
dérer que je suis déjà sujet du roi de
Suède à qui j'ai prêté serment de fidélité,
par suite de votre propre autorisation ,
et que l'acte même de mon élection me
défend de contracter aucun engagement
de vassalité étrangère. Si Votre Majesté
persiste à m'imposer la condition dont
il s'agit, mon devoir et l'honneur me
prescrivent d'envoyer un courrier au roi
de Suède pour l'informer des motifs
qui me forcent à renoncer aux droits
que le vœu des États , son adoption et
votre approbation même, m'avaient fait
accepter. » Napoléon , fixant ses regards
sur le prince, lui dit : « £h bien! partez,
que nos destinées s'accomplissent » £t,
reprenant son calme ordinaire , il se mit
à lui parler du système continental et de
sa politique, l'engageant à s'y confor-
mer*
Les lettres d'émancipation furent en-
fin expédiéjBs, et Bernadette quitta la
France pour se consacrer à sa nouvelle
patrie.
Cette seconde période de la vie de
Bemadotte sera traitée par nous dans un
second article , complément nécessaire de
celui-ci. Voy, Charles XIV Jean. J. I.
BERNARD (saint) naquit en 1091
au château de Fontaine, à une demi-lieue
de Dijon. Son père, homme de guerre,
nommé Tescelin, descendait des comtes
de Châtillon; et sa mère, Alèthe ou Eli-
sabeth, était fille du comte de Montbart.
Envoyé à Châtillon pour y faire ses pre-
mières études, il étonna ses maîtres par
la rapidité de ses progrès. Il avait 14 ans
quand il perdit sa mère ; à 22^ il résolut
d'embrasser la vie monastique. Ni les
prières de ses amis, ni les remontrances
de ses parens ne purent triompher du
penchant qui l'entralnaU au sein d'un
doitre. Il y avait mente dv péril à
6 ) BER
battre sa vocation; car, en lui donnant
lieu de la justifier, on s'exposait à la par-
tager soi-même. Plusieurs de ceux qui
s'efforcèrent de le retenir dans le inonde
finirent par le suivre à Cileaux ; ses cinq
frères, son oncle Gaudry et plus de 20
autres prosélytes y prononcèrent avec lui
des vœux solennels en 1114. Déjà sa re-
doutable éloquence enlevait les fils à leurs
pères, les maris à leurs épouses, et dé-
composait les familles pour peupler les
monastères. On dit que les mères ca-
chaient leurs enfans, les femmes leurs
époux, afin de les soustraire à ce jeune
apôtre du cénobitisme.
Quatre abbayes, filles de Citeanx, fu-
rent fondées en ces temps-là : La Ferté.
en 1 1 1 3, Pontigny en 1114, Morimond
et Clairvaux en 1115. Clairvaux avait
porté le nom de vallée d'Absinthe, re-
traite inculte et sauvage où Bernard, ses
parens et quelques autres cisterciens bâ-
tirent de leurs propres mains les pre-
miers asiles de leur modeste commu-
nauté. Bernard, à peine âgé de 24 ans,
en fut le premier abbé. Les austérités aux-
quelles il se condamnait ayant fort altéré
sa santé, on le mit entre les mains d'un
médecin dont les ordonnances lui sem-
blaient plus insupportables que la ma-
ladie. Toute obéissance coûtait dès lors
un peu au jeune abbé; il avait contracté
plus aisément l'habitude de commander.
Son père, Tescelin, attiré aussi par lui à
Clairvaux, y mourut en 1117. Seule de
toute la famille, sa sœur Humbeline tenait
encore aux plaisirs et aux devoirs de la
société; mais en ll22 elle vint à Clair-
vaux, croyant n'y faire qu'une simple vi-
site, et elle n'en sortit qu'après avoir
pris l'engagement d'embrasser un autre
genre de vie. Le point difficile était de la
séparer de son époux, qui pourtant, après
deux ans de débats , consentit à la laisser
partir pour l'abbaye de Juilli oà elle finit
ses jours en 1136.
Fille de Citeaux, l'abbaye de Clairvanx
devintla mère de plusieurs communautés;
par exemple de celle de Fontenay, et de
Trois- Fontaines, instituées l'une et l'au-
tre par saint Bernard. Cependant, obligé
lui-même de quitter une seconde fois la
sienne, ou du moins de n'en plus suivre
les rigoureuses observances ^ inoompatH
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(377)
BER
blés a?ee s^ précoces infirmités , il se
rendit peu à peu accessible aux gens du
monde, et soit qu'il s'applaudit en secret
de l'influence que ses vertus et ses ta-
lens exerçaient sur eux, soit qu'il sentit
que ses facultés se développaient dans ce
commerce, il s'habitua par degrés à s'oc-
cuper des affaires générales de l'église et
par conséquent de l'État. Son temps se
partageait entre les sociétés qui le ve-
naient chercher et quelques études soli-
taires ; il Usait les Pères de l'église et sur-
tout la Bible qui lui devenait plus fami-
lière qu'à aucun de ses contemporains.
Il se préparait ainsi à des fonctions écla-
tantes auxquelles peut-être il ne se des-
tinait point encore; à l'âge de 88 ans
il ne lui manquait plus pour s'illustrer
comme prélat , comme homme d'état,
comme écrivain, que de le vouloir et
d'en saisir les occasions. Durant la fa-
mine de 1 125, il se distingua par la plus
active bienfaisance, et depuis, il acquit
de jour en jour une réputation si bril-
lante et si vaste qu'on le vit, en 1128,
prendre part à des affaires importantes ,
tout-à-fait étrangères à l'administration
de son abbaye. L'évéque de Paris Etienne
avait prétendu se soustraire à des impo-
sitions publiques, et ses revenus ayant
été saisis, il osait mettre en interdit son
diocèse et tous les domaines du roi
Louis-le-6ros. Une autre querelle éclata
entre le même prince et l'archevêque de
Sens qui ne voulait reconnaître pour juge
en toute matière que le souverain pon-
tife. U est pénible d'avouer que Ber-
nard, pour soutenir des prélats rebelles,
traita son roi d'impie, de persécuteur, de
oouyel Hérode, et pressa la cour de
Home de commettre des attentats dont
elle s'abstint. L'abbé de Clairvaux se fit
remarquer, en 1 22 8, au concile de Troy es
qui prescrivit une règle aux Templiers;
en 1229, au concile de ChAlons qui dé-
posa l'évéque de Verdun. Ce fut vers ces
mêmes temps que Bernard refusa l'évêché
de Gênes et celui de Châlons-sur-Mame,
résolu de se renfermer désormais dans
une retraite profonde ; mais de nouveaux
démêlés qui allaient déchirer l'église en-
tière le devaient bientôt entraîner, plus
que jamais, hors de son cloître.
Le pape Honorius II mourut, eo 1 1 80,
dans un monastère; et à l'instant des
cardinaux qui se trouvaient rassemblés
autour de son lit de mort lui élurent un
successeur, sans avoir publié 4a vacance
du saint-siége, ni convoqué leurs collè-
gues. Ceux-ci , dès qu'ils apprirent cette
élection , la déclarèrent illégale , et nom-
mèrent, non moins irrégulièrement, un
autre pape. L'église se partagea entre ces
deux pontifes dont le premier prit le
nom d'Innocent II et le second celui
d'Anaclet; ce dernier s'appelait aupara-
vant Pierre de Léon, fils d'un juif fameux
parsa conversion et par son opulence. Ana-
clet resta dans Rome où son parti domi-
nait; Innocent se réfugia en France, où
des prélats et des seigneurs convoqués à
Étampes le reconnurent pour le véritable
chef de l'église. Cette assemblée est l'une
des époques mémorables de la vie de
Bernard ; car on n'y délibéra que pour le
charger d'examiner les droits des deux
compétiteurs, et pour confirmer le juge-
ment qu'il porta en faveur d'Innocent II.
Louis- le-Gros reçut ce pape à Saint-Be-
noit-sur- Loire, tandis que l'abbé de
Clairvaux se rendait en Normandie au-
près du roi d'Angleterre, et obtenait
l'adhésion de ce prince à la décision
d'Étampes. Comme il importait d'inspi-
rer les mêmes sentimens à l'empereur
Lothaire, Innocent et Bernard allèrent
le trouver à Liège : il leur montra des
dispositions favorables, mais en rede-
mandant le droit d'investiture. A cette
proposition les Romains pâlirent : elle
menaçait les intérêts de la puissance
pontificale. Bernard sauva Rome de ce
péril : toujours enclin à rabaisser le pou-
voir civil, il employa contre les préten-
tions de Lothaire son éloquence victo-
rieuse, et le rendit docile à toutes les vo-
lontés d'Innocent.
Quand ce pape visita Clairvaux , les
Romains qui l'accompagnaient admirè-
rent, sans envie, la modeste simplicité de
ce monastère. Clairvaux n'avait alors d'é-
clat que par les moeurs de ses habitans
et n'était riche que de leurs vertus. Dès
ce temps néanmoins ils s'affranchirent,
ainsi que tous les autres Cisterciens, des
dimes qu'ils devaient aux Clunistes. Cette
exemption qu'accordait Innocent II, sans
doute en considération des services qoe
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BER
Bernard Tenait de lui rendre, mécon-
^nta Tabbé de Cluny, Pierre le Vénéra-
ble, qui ayait bien aussi quelques droits
à la reconnaissance du nouveau pontife.
Bernard fit, en 1 1 3 1 ,un premier voya ge
en Italie et assista sur les bords du P6 à
une conférence entre Innocent II et Lo-
^aire. Envoyé à Gènes, pour réconci-
lier cette ville avec celle de Fisc, il acquit
•Hr les Génois un tel ascendant qu'ib
tentèrent une seconde fois de Ta voir pour
prélat. D'autres hommages non moins
flatteors lui furent offerts par les Pisans,
lorsqu'il vint animer dans leur ville un
concile qu'Innocent y fkisait tenir. Un
auccès plus difficile l'attendait à Milan :
il s'agissait d'arracher cette cité au parti
de Pierre de Léon; il en vint à bout, et
il n'eut de contestation avec les Milanais
que parce qu'ils voulurent aussi le con-
traindre d'accepter la dignité d'archevê-
que ; ils n'obtinrent de lui qu'Une colo-
nie de religieux : il fonda le monastère
de Cherval. Si nous le suivons en Alle-
magne, nous l'y voyons occupé à rappro-
cher d'Innocent II et de Lolhaire le duc
Conrad, l'un des partisans de l'anti-
pape. Après avoir rempli ces diverses
missions, toutes avec zèle et la plupart
avec un plein succès, il reprit par le Mi-
lanea et par les Alpes le chemin de sa
retraite et vit accourir successivement
à sa rencontre les habitans des monta-
gnes, le peuple de Besançon, celui de
Langres et les religieux de Clair vaux :
ceux-ci étaient devenus si nombreux
qu'on leur bâtissait, aux frais des prélats,
des seigneurs, et surtout de Thibault,
oonate de Champagne, on plus spacieux
monastère. Pendant cette construction
Bernard accompagna en Aquitaine Geof-
froi,évéque de Chartres et légat du sainte
siège. £n passant à Nantes ils fondèrent
l'abbaye de Buzai, et ila eurent à Par-
thenai un entretien avec Guillaume, duc
d'AqniCaine, qu'ils parvinrent k déta-
cher du parti d'Anaclet ; l'abbé de Clair-^
vanx exigea de ce prince le rétablisse-
ment des prélats qu'on avait expulsés à
raison de leur fidélité au pape légitime.
Ce pontife encore mal aflermi en 1 1 87»
appela Bernard en Italie ^ le reçut à Vi-
lerbe avec de grands témoignages d*es«
timei «ta'emprëss» de l'employer à extif^
per les derniers restes du schisme; l'abbé
y réussit à Rome et en d'autres lieux :
il soumit à Innocent les religieux du
Mont Cassin qui jusqu'alors avaient sou*
tenu la cause de Pierre de Léon. Son
zèle éclata surtout contre Roger, duc da
Sicile, protecteur de Fanti-pape; il osa
prédire que l'armée impériale, qui venait
d'être vaincue par ce prince, ne tarderait
point à triompher de lui, et l'événement
justifia cette prophétie. Roger, honteux
de sa défaite et voulant se ménager la
temps de la réparer, proposa une con'^
férence à Salerne, où seraient examinéa
les droits des deux contendans à la pa-
pauté : il comptait sur l'éloquence du
cardinal de Pise, l'un dee plus chauds
partisans d'Anaclet; mais ce cardinal cé^
da lui-même à l'ascendant de Bernard
et renia Tanii-pape qui en mourut de
chagrin. En vain les schismatiques élu*
rent pour le remplacer un {k>nlife qui
prit le nom de Victor : trop sûr de sa
propre impuissance et se voyant sans ap-
pui, Victor vint trouver Bernard et dé-
poser entre ses mains les signes du sou-
verain pontificat. L'abbé le conduisit, lé
29 mai 1138, aux pieds dlnnocent II)
et) après 8 années de troubles, le schisme
prit fin.
Le retour de Bernard à Oairvaux fat
retardé par un séjour qu'il fit à I^oH
pour s'opposer à la consécration d'un
évêque de Langres nouvellement élu, au-
quel il fit substituer un religieux de sa
propre abbaye ; il ne voulut pour lui*
même ni de cet évêché ni de l'archevêché
de Reims qu'on lut offrit vers les mêmes
temps. Peu après il fit un voyage au Pa-
raclet, où, malgré l'honorable accueil
qu'il re^t d'HéloFse, il dissimula fort
peu la haine théologique qu'il avait vouée
au malheureux Abélard. Un i^oncile se
tint, en 1140, en présence du comte de
Kevers et du rôt Lonis-te-Jenne : l'âbbé
de Clairvaux y exerça nn tel empire
qu'Abélard n'osa s'y défendre et fut con-
damné sans avoir été entendu*. Rome
confirma cette sentence; l'amant d'Hé-
lolse vint mourir à Chmy,en 1 142,api^a
(*) A rartic]« AaéLARD oa a fait cooaattre les
détails de cette lutte eotre deux <baroi)ion& éga-
lement célèbres, mais si différens parleur génie
«t l«or tMxmeièth,
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BER
atoir fait, pour fléchir le conrroux apos-
tolique de ses persécuteurs, d'inutiles et
généreuses teututives. Puissant en crédit
et en paroles, saint Bernard avait d*é-
normes avantages sur un homme qui
donnait beaucoup de temps à l'étude et
que son caractère disposait à la fois aux
affections douces et aux méditatious pro-
fondes. Un cœur tendre et un esprit cu-
rieux égaraient Abélard : son adversaire
était prémuni coptre ces deux genres de
séductions par une via austère et par une
inflexible adhésion à tontes les doctrines
établies ou dominantes.
Dans le oou|rs des années qui saivirent,
Bernard usa de son influence en faveur
d*un archevêque de Bourges dont Té-
lection avait déplu à Louis YII , et du
comte de Champagne » Thibaud, vassal
rebelle, assez peu digne du dévonement
q^u*il obtenait du saint abbé. Innocent II
aiissi justifiait mal Tintérêt si vif que
Bernard avait pris à sa cause; il oubliait
ce qu'il devait de reconnaissance et d'é-
gards à celui qui lui avait soumis Téglise.
Cette ingratitude affligea l'abbé de Clair-
vaux» dont le cœur noble et pur ne soup-
çonnait point encore le péril auquel de-
meure exposé toutbienfaitaur d'un grand
de la terre.
Innocent n étant mort en 1148, Cé-
lestin II en 1 144, Lucius II en 1 145 , on
élut pape un religieux qui s'appelait aussi
Bernai^d, et qui, après avoir habité Clair-
vaux, était devenu abbé de Satnt-Anas^
tase à Rome. Ce nouveau pontife prit le
nom d'£ugène III et accorda une pleine
confiance à son ancien supérieur; l'abbé
de Clair vaux parvint sous ce pontificat à
un si haut degré de puissance qu'il écri-
vait un jour à Eugène: « On dit que je suis
plus pape que vous. » Une ambassade des
^retiens d'Arménie vint informer la
cour de Rome du triste état des églises
d'Orient. Lc|s Sarrazins,mattrcs d'Édesse,
menaçaient Antioche et Jérusalem. Une
croisade nouvelle semblait nécessaire et
d^à Louis VU avait résolu de l'entre-
preodi*e. Les seigneurs dont il réclama
le concours demandèrent qu'avant tout
l'on consultât l'abbé Bernard : l'abbé ré-
pondit que ce projet devait être soumis
au jugement du pape, et le pape ordonna
de le mettre à cxécutioB. Chargé par £it-
gène d*exciter le zèle des Français et cU
leurs voisins, Bernard s'acquitta decettf
mission avec un succès trop mémorable|
son irrésistible éloquence enrôla des miû
liers de nobles et d'hommes du peuple
i*asscmblés à Vezelai aux fêtes de Pàquea
de l'année 1146; il y distribua tant de
croix qu'il finit, dit-on, par découper
en parcelles ses propres habits. De Ver
zelai il passe en Allemagne où, comme en
France, ses prédications apostoliques 1^
vent des armées, dépeuplent les champay
les bourgs, les villes et les châteaux.
D'Allemagne il revient en France^ et,
dans une assemblée tenue àÉtampes, M
raconte ce qu'il a vu au-delà du Rhin,
ce qu'il a lait, ce qui d^à s'tentreprenA
pour affranchir la Terre-Sainte; aes ré«-
cits sont des exhortations nouvelles qui
agrandissent sans mesure l'effet des pre-
mières. On se dispose, on se hâte, et
Louis -le -Jeune emmène en Palestine
d'innombrables légions dont les nesf
dixièmes ne reverront jamais la France.
Lorsque les malheurs des Croisés furent^
en 1 1 49 , reprochés à saint Bernard , aea
apologistes répondirent que c'était ans
Croisés eux-mêmes, à leurs péchés, à
leurs désordres qu'il fallait imputer leuis
revers et non à des prédications évangé-
liques qui avaient été accompagnées d'é-
clatans miracles, signes irrécusables de
la volonté du Très-Haut. Les censeurs
de l'illustre abbé répliquaient que les
fautes des Croisés avaient dû être prê^
vues, et, à l'égard des miracles, ils oeaiéîit
entamer des discussions alors délicates.
Ces prodiges étaient -ils parfaitement
constatés? L'église avait-elle ordonné d'y
croire? Se pouvait-il que la sagesse di-
vine les eût opérés pour entraîner de fai-
bles humains à leur perte? Il Iç faut
avouer, Suger avait eu raison de blâmer
cette entreprise; mais l'équité veut qu'oÉi
reconnaisse que saint Bernard n'en foc
pas le premier instigateur, qu'il attendit
pour la conseiller le jugement du pape,
pour la prêcher l'ordre du pape^ pour
la coinmander aux peuples le consente-
ment des rois. Il remplissait sans scru-
pule comme sans intérêt personnel une
mission qu'il avait reçue dans les formes
les pkis régulières et dont 11 ne peuvak
pressentir les ocpséquencea détu^Maei^
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knbu comme il était de toutes les opi-
nions qui avaient, au temps de son en-
fance, provoqué la première expédition
du même genre. S'il faut le plaindre
d'une grave erreur, toujours doit-on des
hommages à son désintéressement, à sa
bonne foi, et même à ce fatal empire
que ses talens et ses vertus exercèrent
sur Taveugle multitude.
Tandis qu*à sa voix on s'armait con-
tre les Sarrazins et qu'on partait en foule
pour la Palestine, il restait en France,
occupé à combattre les hérétiques. Il fit,
avec le légat Albéric et l'évéque de Char-
tres Geoffroi , une excursiob en Langue-
doc pour extirper de cette province les
doctrines de Pierre de Bruis. £n 1 1 48, on
le retrouve réfutant Gilbert de la Porrée
au sein d'un concile de Reims, présidé
par Eugène III. Peu après il i^eçut à
Clairvaux ce pontife qui s'en retournait
en Italie, et saint Malachie qui termina
dans cette abbaye sa carrière édifiante.
S» mort affligea vivement le pieux abbé
déjà si malheureux d'apprendre chaque
jour les déplorables résultats de la croi-
sade dont il avait été l'apotre.
La dernière assemblée à laquelle il
assista fut celle qui se tint à Chartres, en
1150, et non, comme on l'a supposé
long-temps, en 1146. Elle avait pour
but, non de préparer la croisade de
1147, mais d'en réparer les malheurs.
On y proposa une expédition nouvelle
dont l'abbé de Clairvaux serait le chef.
On voulait apparemment que le plus zélé
promoteur de ces entreprises se chargeât
enfin d'en diriger l'exécution. Il était peu
jaloux de cet honneur et les circonsun-
ces le dispensèrent de l'accepter : la croi-
sade que l'assemblée de Chartres jugeait
indispensable n'eut pas lieu; Suger qui,
après avoir désapprouvé l'expédition de
1147, conseillait celle de 1150, mourut
en 1151 et l'on abandonna ce projet.
Vers le commencement de 1153, une
maladie grave conduisit Bernard aux
portes du tombeau. Délivré de ce pre-
mier danger , il reprit assez de forces
pour se transporter en Lorraine où, à
la prière de l'archevêque, de Trêves, il
apaisa les dissensions élevées entre la no-
blesse et les bourgeois. Mais de retour à
CUûnnauXi il ne fit plut que dépérir, et, !•
20 août 1 15S, il mourut environné de ses
religieux, regretté des nobles et du peuple
et pleuré surtout par les femmes. Il était
âgé de 63 ans, moine depuis 40, abbé
depuis 38; ayant fondé ou agrégé envi-
ron 72 monastères, savoir 35 en France,
11 en Espagne, 10 en Angleterre et en
Irlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 2 en
Allemagne, 2 en Suède, 1 en Hongrie
et 1 en Danemark. Il fut enterré à Clair-
vaux où il laissait 700 religieux. R a été
déclaré saint en 1174 et l'eût été dès
1 1 63, si Alexandt*e III, à qui l'on deman-
dait plusieurs autres canonisations, n'eût
jugé à propos de différer la plus méritée
pour se mettre en mesure de refuser les
plus gratuites. Bernard avait acquis des
titre» à cet honneur insigne par la pureté
de ses moours, par la ferveur de son zèle,
par la loyauté de sa conduite, par la sin-
cérité de ses pieux discours. Il n'a rien
dit qu'il ne crût vrai, il n'a rien fait qu'il
ne crût juste; et nous souscririons à pres-
que tous les éloges qu'on lui a décernés,
sans autre réserve que celle des imper-
fections naturellement attachées à tant de
qualités brillantes. Il est difficile d'être
toujours zélé avec modération, fort avec
douceur, persuadé sans intolérance. Le
siècle où il a vécu n'était pas du très pe-
tit nombre de ceux où la raison peut
prévaloir sur l'enthousiasme ; mais, pour
le mieux apprécier, pour le bien con-
naître, il faut, après avoir considéré ses
actions, jeter les yeux sur ses écrits.
On lui en a jadis attribué plusieurs
qui ne lui appartiennent pas, et dont la
plupart, environ 60, lui sont tellement
étrangers que Mabillon ne les a pas
même compris au nombre de ses pro-
ductions apocryphes. Douze autres arti-
cles imprimés à la suite de ses osuvres
ont été reconnus pour des ouvrages de
quelques-uns de ses contemporains. R
en est enfin dont on s'aperçoit aisément
qu'il n'est point l'auteur, soit parce qu'on
n'y retrouve ni ses idées, ni son style,
soit parce qu'ils offrent des détails in-^
conciliables avec l'histoire de sa vie. Son
unique sœur, Humbeline, avait été ma-
riée; par conséquent il n'est pas l'écri-
vain qui adresse à sa sœur un traité de
la manière de bien vivre, où il est dit
qu'elle n'^ jamais eu d'épooju
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BEH
(381)
BER
Les Tëritables écrits de saint Bernard
sont ses épltres, ses sermons et 12 trai-
tés ou opuscules théologiques ou moraux.
On a perdu quelques-unes de ses lettres;
mais il en reste 444 recueillies par Ma-
billon et 36 publiées par Martène; en
tout 480^ ou du moins 439, en retran-
chant celles que Fabbé de Clairvaux n'a
point écrites, c* est-à-dire celles qui lui
sont adressées, ou qui ont été rédigées
par son secrétaire Nicolas, ou bien qui
manquent d'authenticité; ou qui, sauf
quelques variantes, ne sont dans le re-
cueil de Martène que des copies des
épitres que Mabillon avait publiées. Les
personnages auxquels écrit saint Bernard
peuvent se diviser en cinq classes : d'a-
bord des religieux, simples moines ou
abbés; puis des archevêques, évéques ou
autres ecclésiastiques séculiers; en troi-
sième lieu, le chef et les officiers de la cour
de Rome, le pape, les cardinaux, les légats;
quatrièmement, des princes, des grands,
des ministres, des hommes revêtus de
quelque autorité ou dignité civile; enfin
des hommes privés, plus ou moins ob-
scurs, dont quelques-uns même ne sont
ni nommés ni désignés. Les matières
traitées dans ces épltres se distribueraient
aussi en plusieurs genres : lettres mo-
nastiques, exhortant les uns à embrasser
Tétat religieux , les autres à y persévérer;
enseignant comment il faut en remplir
les devoirs, comment on peut en attein-
dre la perfection; discutant les droits,
les intérêts , les affaires particulières ou
locales de certains moines ou de certaines
communautés : lettres ecclésiastiques re-
latives à l'élection de quelques évéques ,
à l'administration des diocèses ou même
au gouvernement général de l'église,
surtout au schisme entre Innocent II et
Anaclet : lettres politiques où il s'agit
d'affaires qui intéressent à la fois la reli-
gion et l'état, telles que les croisades et
les démêlés du sacerdoce et de l'empire:
lettres dogmatiques ou polémiques contre
Abélard , contre les disciples de Pierre
de Bruis; et, en dernier lieu, lettres de
complimens, de romerciemens, d'excuses
ou d'affaires purement personnelles.Tou-
tes ces épitres, si l'on n'en veut faire
qu'une classification chronologique, se
partageront en quatre séries, l'une depuis
1119, date de la plus ancienne, jusqu'à
la mort d'Honorius II, en 1 130, pendant
que Bernard, moine de Citeaux, puis
abbé de Clairvaux, acquiert de la re-
nommée et d^éjà de la puissance; l'autre,
de 1130 à 1138, lorsqu'il soumet la
France,!* Allemagne, l'Italie à Innocent II;
la troisième, qui atteint 1145, corres-
pond au temps où son zèle s'exerçait
particulièrement contre Abélard; et la
dernière, au pontificat d'Eugène III, jus-
qu'en 1153. Toute cette correspondance
est celle d'un fervent cénobite, défenseur
des anciennes croyances^ ennemi des noiM-
vel les doctrines, réformateur des monas-
tères, prédicateur des croisades, ami des
papes, et leur conseiller quelquefois sé-
vère, censeur des rois et presque leur
juge; habile et consciencieux personnage,
dont les opinions ne sont pas toujours
saines ni les démarches toujours modé-
rées, mais dont les mœurs fortes et pures
inspiraient l'estime et commandaient le
respect. Le style de ses lettres est fort
inégal : dans quelques-unes les pensées
ont de la noblesse et une grâce naturelle
qui se communiquent à l'expression; le
mauvais goût défigure la plupart des au-
tres. Tantôt l'écrivain s'amuse à jouer sur
les mots, particulièrement sur ceux de la
Bible; tantôt il s'épuise en déclamations
plus violentes qu'énergiques. Souvent il
revêt des idées ou communes ou subtiles,
d'une diction barbare. Mais on sait que
saint Bernard n'a pas rédigé toutes les
missives qu'il a souscrites: il en indiquait
le sujet et les intentions à des secrétaires
qui n'exprimaient pas toujours assez di-
gnement ses pensées; il s'en plaint lui-
même dans une lettre à Pierre-le-Véné-
rable. On a lieu de croire que les plus
recommandables par les qualités du style
sont celles dont il se réservait la rédac-
tion à cause de l'importance des matières
ou de la dignité des correspondans; et
celles-là sont, à tout prendre, les plus
heureuses productions du genre épisto-
laire au xii* siècle.
Le nombre de ses sermons est de 340 ;
savoir, 86 qui s'adaptent au cours de
Tannée ecclésiastique; 43 sur la Vierge
Marie et sur les saints; 125 sur divers
sujets et 85 sur le Cantique des Cantiques.
Voilà beaucoup de discours ; mais ils ont
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BEA
(â8î)
BËR
in général fort peu d'érendne. Ceux de
k quatrième série sont les plus remar-
quables; le goût de Bernard pour les
allé^ries et pour les interprétations mys-
tiques nous explique assez comment il a
cherché les textes de tant d'exhortations
pieuses dans un livre saint dont la lettre
ne présentait pas immédiatement un coai*s
d'instructions morales. Cest avec un art
ingénieux qu'il traduit en maximes édi-
fiantes les détails poétiques ou même
erotiques de cet épithalame divin. Le
dernier de ces discours n'atteint que le
troisième chapitre du poème sacré; Gil-
lebert de Hollande a continué et n'a point
achevé ce commentaire.
A vrai dire, les sermons de saint Ber-
nard appartiennent assez peu au genre
oratoire. Ce sont des chapitres de morale
religieuse plutôt que des discours propre-
ment dits; les pensées d'un auteur pieux
et tnystique plutôt que les paroles d'un
orateur. On y remarquerait plus de sy-
inétrie cfue d'enchaînement, plu$de mou-
vement dans les idées que dans les alTec-
tîons, plus d'esprit que d'éloquence. Ils
sont écrits en latlp , et il y a peu d'appa-
rence qu'il les ait composés ou prononcés
en français. A la vérité, plusieurs des
religieux, ses auditeurs, surtout les frères
lais, pouvaient bien ne pas les compren-
dre; mais les prédications étaient en quel-
que sorte une partie de la liturgie qui se
faisait et a continué de se faire en langue
latine, même depuis que les idiomes mo-
dernes se sont de plus en plus établis et
perfectionnés. C'est une ancienne ver-
sion française faîte après la mort , même
après la canonisation de l'abbé de Clair-
vaux qij^i se lit dans les manuscrits inti*
tnlés : JU Sermon saint Bernaut, Il n'a
prêché en langue vulgaire que la croisade,
et nous devons regretter que ces dis-
cours, qui produisaient de si vastes mou-
Temens, qui précipitaient sur rOrient une
partie de la population de l'Europe oc-
cidentale, n'aient point été recueillis,
qu'iU ne nous soient connus que par
leurs éclatans et lamentables effets. Il n'a
dû qu'à ce genre de harangues la repu •
tation du plua grand orateur de son siècle.
« Son éloquence, a dit M. Garât paraissait
l'un des miracles de la religion qu'il prê-
chait L'églliei dont il était la lumière^
semblait recevoir les volontés divines par
son entremise. Les rois et les ministres,
à qui il ne pardonnait japiais ni un vice«
ni un malheur public, s'humiliaient sous
ses réprimandes comme sous la main de
Dieu même, et les peuples, di^ns leurs
calamités, allaient se ranger autour de
lui comme ils vont se jeter aux pieds des
autels. »
A la suite des quatre séries de sermons
latins composés par saint Bernard Ma-
billon a placé, sous letitrede/'/o/^j, des
fragmens, des pensées, des paraboles et des
hymnes fort mal versifiés. Ces appendi-
ces, qui n'ont à peu près aucune valeur,
seraient à rejeter à la Gn dçs œuvres du
saint abbé, après ses douze traités ou opu9>
cules dont le premier, dans l'ordre chro-
nologique, est intitulé : Des degrés de
l'humilité et de l'orgueil. Cette double
matière est disposée de telle sorte que le
plus bas degré de l'orgueil est mis en op-
position au plus élevé de l'humilité, et
qu'on va, montant l'échelle du vice, des-
cendant celle de la vertu. Les antltoèset
fourmillent dans ce traité qui est écrit
avec beaucoup de soin et non sans élé-
gance. Le livre de l'amour de Dieu n'est
pas moins remarquable par l'enchaîne-
ment des idées et par la précision du^
style ; il peut jeter quelque lumière sur
la question délicate de Tamour désinté-
resse. Selon Bernard, il faut un prix \
l'amour; mais Pintérêt pour lequel oi^
aime n'est pas distinct de Tobjet véritar
blement aimé.
Il a donné le titre ^Jpologie à un
opuscule où il attaque beaucoup plua^
(^u'il ne se défend : après avoir réprimandé
les Cisterciens qui, méconnaissant les
avantages que promet à la religion la di-
versité désordres monastiques, décriaient
amèrement celui de Cluny, il croit avoir
acquis le droit d'adresser des remontran-
ces aux Clunistes eux-mêmes, et il use
amplement de ce droit : il dénonce , il
décrit les graves et nombreux désordres
qui se sont introduits à Cluny et propa-
gés dans tous les couvens du même insti-
tut. On a détaché du recueil de ses let-
tres une longue épilre sur les mœurs et
les devoirs des prélats. Il s'y plaint de
l'habitude que l'on prend d'élever sou-
dainement aux dignités ecclésiastiques
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BER
im adolescMis à peine échâpfiés des banes
de l'école et n'ayant d'autre titre que la
noblesse de leurs faniilles.-II s'étend, k
ee propos, en réflexions snr Thumilité,
mais avec moins de méthode que dans le
premier de ses traités. Le S** concerne la
grâce et le libre arbitre, sujet qui offrait
un riche fonds d'antithèses, et qui par
cela même convenait à l'esprit, au goût,
au talent de l'auteur. Ce livre se recom-
mande à la fois comme orthodoxe et
comme l'un des plus ingénieux qu'on ait
écrit sur ces questions épineuses.
Celui qui a pour titre de Conversione
ad ctericos ri'est qu'une exhortation pro-
noncée devant une assemblée de clercs
dans une école. L'article suivant est un
éloge de la nouvelle milice, c'est-à-dire
de l'ordre monastique et militaire des
Templiers, institution amphibie qui ra-
mène les formes antithétiques si familiè-
res et si chères à saint Bernard. Le plus
court de ses opuscules traite du baptême;
ee n'était originairement qu'une lettre à
Hugues de Saint-Victor. Une épttre plus
étendue, adressée à Innocent II, est une
réfutation véhémente des doctrines d'A-
]»élard. Certaines questions proposées
par des moines de l'abbaye de Saint-Père
donnèrent lieu à un traité du Précepte
et de la Dispense qui a long-temps passé
pour un des meilleurs livres de morale
monastique.
Une vie de saint Halachie est la seule
production de saint Bernard qui appar-
tienne tant soit peu au genre historique ;
il y raconte beaucoup de miracles et quel-
ques faits positifs. Il entremêle aux récits
des réflexions pieuses et des censures de
la conduite des prélats. Son principal ou-
vrage est celui qu'il a composé après tous
les autres, le traité de la Considération
dédié au pape Eugène III. Le mot co/z-
sidé ration y qui a tant d'autres sens, dési-
gne ici l'habitude des réflexions morales
et des méditations religieuses. Un 1^^ li-
Tre est employé à prouver la nécessité
de contracter ou de conserver cette ha-
bitude, même sur le siège pontifical; et
le 2* à exposer ce que doit être, ce
que doit faire un souverain pontife. Ses
inférieurs, qui sont tous les peuples de
la terre, comparaissent dans le 3® livre.
I^ 4* envisage les personnes qui en-
(S8l) BEft
tourent le chef de réglise, set conseil»
lers, ses cardinaux, sa cour; et le 5® en-
fin les êtres qui lui sont sapérieurs, les
anges et le Très-Haut. Alabillon a mis à
la suite de ce grand traité un opuscule
sur le chant ecclésiastique ou sur la ré-
forme de l'antiphonier; l'abbé de Clair-
vaux n'en a réellement composé que le
très court prologue.
Une partie considérable des sermons
de saint Bernard a été imprimée à Mayen-
ce, en 1475, avec son livre snr la milice
nouvelle; et l'on a, dans le cours des 30
années suivantes, publié plusieurs autres
de ses écrits; mais ils n'ont commencé
de paraître tous, ou la plupart, ensem-
ble, qu^en 1508. Un catalogue généra, de
toutes les éditions et versions complètes
ou partielles de ses œuvres a été inséré
dans le tome XIII, pag. 218-337, de
\ Histoire littéraire de la France, où se
trouve aussi, pag. 130. 131 , la liste des
livres et notices qui concernent sa vie
et ses travaux. Il nous suffira d'indiquer
ici l'édition en 3 vol. in-fol. que dom
Mabillon dédia, en 1 667, au pape Alexan-
dre VII, et qu'il reproduisit plus correcte
et plus riche en 1690; celles de 1719 et
de 1726 n'en sont que des copies avec
quelques additions.
On a vu que les trois genres d*idées
qui dominent dans les écrits de saint;
Bernard sont : 1** les règles, les devoirs,
les vertus de la vie monastique, les af-
faires et les intérêts des monastères; 2^
l'ensemble et les détails du régime ecclé-
siastique, auquel il subordonne toujoun^
celui des empires; 3" la doctrine catho-
lique qu'il défend contre les novateurs.
Les formes dont il a revêtu ces matières
méritent d'être observées. Son style n'est
jamais sans couleur, il a souvent de Té-
légance et de la grâce, il acquiert de la
force et prend un caractère quand un
travail plus soutenu les lui donne. La fic-
tion est celle des meilleurs écrivains d^
xii*' siècle; mais quoiqu'an y aperçoive
quelques traces de Tétude des livres clas-
siques latins, on ne saui;ait la regardei^
comme assez pure. Çile est défiguréç^
non -seulement par des expressions tQut-
à-fait barbares, mais pli^ souvent p^^r
des locutions et des constructions em-
pruntées de la Yulgate, L'auteur ne m
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(384)
BER
contaDte pas de citer les livres saer^ ou
d*eo recueillir les petisées; il en adapte
le plus qu'il peut le texte latin au sien
propre. Il avait assidûment étudié la Bi"
ble; mais il n'en lisait que la version la-
tine, et s*appliquait surtout à multiplier
les explications mystérieuses que chaque
verset, chaque expression pouvait rece-
voir. Les écrits des principaux docteurs
de Téglise latine, principalement de saint
A^ugustin , lui étaient aussi très familiers,
et la lecture de quelques anciens auteurs
profanes avait été Tun des exercices de sa
jeunesse. Il cite assez souvent Ovide qui
peut-être lui avait laisséquelque empreinte
de la mobilité de son esprit et de son
extrême habileté à reproduire une même
pensée sous des aspects divers. L'abbé
de Clairvaux, toujours plus occupé d'af-
faires que d'études, ne fut pas l'homme
le plus savant de son siècle; mais toutes
ses connaissances étaient précises et dis-
ponibles : sa mémoire, qu'il aurait pu en-
richir davantage, avait du moins cette
heureuse vivacité qui rend à chaque in-
stant évocables ou, pour ainsi dire, pré-
sentes, toutes les notions acquises dans le
cours de la vie. Sa brillante et fertile
imagination se montre dans presque tous
ses ouvrages, quelque comprimée qu'elle
y soit par la gravité et du sujet et de l'au-
teur; mais de toutes ses facultés intellec-
tuelles, il n'en est aucune dont la nature
fait plus libéralement doué et qu'il ait
plus cultivée par un continuel exercice,
que celle qui a reçu dans notre langue le
nom à^ esprit, et qui semble consister
principalement à saisir entre les idées ou
entre leurs expressions de nouveaux rap-
ports, des similitudes inaperçues, des
contrastes non observés. Cette faculté,
au degré où il la possède, est digne du
nom de talent; elle en acquiert l'éclat et
la puissance.
On ne peut guère douter de l'élo-
quence et du génie d'un cénobite qui sut
envoyer 100,000 croisés en Palestine
sans y aller lui-même. Mais quoiqu'il
soit plus célèbre par son influence ou
son autorité sur ses contemporains que
par les écrits qu'il a laissés à la postérité,
ses livres suffiraient encore pour dévoiler
Ténergie de son ame, l'activité de son in-
telligence, la fécondité de son imagina-
tion. La plupart des auteurs de son temps
écrivent ce qu'ils ont appris ^ non ce
qu'ils ont pensé : les ouvrages de saint
Bernard sont bien moins les fruits de ses
études que de ses talens , et les défauts
même de son style tiennent à l'ardente
vivacité de son esprit beaucoup plus qu'au
mauvais goût de son siècle. D-N-u.
BERNARD ( Pieeee - Joseph , sur-
nommé le Gentil). C'est à Voltaire que
le gentil Bernard doit cette épithète, et
i'épithète et le nom ne font qu'un main-
tenant ; Bernard tout court ne serait
rien. Voilà la puissance d'un quatrain.
Fils d'un sculpteur de Grenoble, il.
était né dans cette ville en 1710. Élevé
chez les jésuites de Lyon, qui voulaient
le garder pour en faire un des leurs , il
s'échappa et vint cacher sa muse égril-
larde à Paris, dans une étude de procu-
reur. Il rima au lieu de minuter et gros-,
soyer ; VÉpttre à Claudine et la chanson
de la Rose y qui commencèrent sa ré-
putation, furent écrites probablement
sur du papier à procès. Deux ans après
on le trouva en Italie , à l'armée des ma-
réchaux de Mailiebois et de Coigny. Il
se tint bien de sa personne à Guastalla y
à Parme , et fut remarqué à l'armée au-
trement que par ses vers ; car il en fai-
sait toujours l'épée au côté, et même
avec assez d'éclat pour que le maréchal
de Coigny, qui ne les aimait pas, ne vou-
lût le prendre comme secrétaire qu'à la
condition expresse de n'être plus poète.
Le duc de Coigny le recommanda vive--
ment à son fils , avant de mourir , et il
obtint ainsi la place de secrétaire général
des dragons, dont le nouveau duc de
Coigny était colonel général, sans comp-
ter la liberté d'avoir tout son esprit dé-
sormais et de faire des vers , liberté qu'il
recouvrait et qui lui valut une autre for-
tune. La marquise de Pompadour lui
paya ses louanges poétiques en places
lucratives, une par bouquet galant : celle
de bibliothécaire à Choisy, celle de garde
des médailles et des marbres , etc.
En même temps qu'il s'enrichissait ,
s'élevait sa réputation de poète. Son Ca^^
tor et PoUux, ce vieux chef-d'œuvre
de notre scène lyrique , comme on con-
vint de l'appeler depuis, alla aux nueg
avec la musique de Rameau ; mais le der.
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(385)
BER
nier scetu de M gloire, ee fut l^ÂH d*ai^
mer. Il ne le it point imprimer, mais il le
eolporU Ini-mtee pendant ^np, ans. H
y a peu d'exemples d'une vogue et d'nne
curiosité si long-temps tenues en haleine :
on s'enviait , on s'arrachait les morceaux
de lecture ; point de lever de femmes à
la mode , point de souper qui fût couru
si on ne devait y entendre quelque frag-
ment de l'Art d'aimer. Voltaire contri-
bua à l'engouement d'un trait de plume ;
c'est le quatrain dont nous avons parlé.
Les femmes se prirent à aimer le gentil
Bernard , pour savoir ce qu'il y avait de
vrai dans son poème ; et il fut l'homme
à bonne fortune le plus occupé.
En 1771 il perdit tout à coup la mé-
moire' et la verve et la pointe de son es-
prit. Un soir à l'Opéra , pendant la re-
présentation de son Casiar et PoUax,
où chantait Sophie Amould, il demanda
à son voisin le nom de l'auteur et celui
de l'actrice. La réponse toutefois l'éveilla
en sursaut: « Ah! oui... Ma gloire et mes
amours! * Ce fut son dernier éclair; il
végéta cinq ans ainsi, et mourut tn 1775.
Des amb mal avisés profitèrent de sa
démence et firent imprimer l'Jrt d^ai*
mer, dont il avait ménageai habilement
le succès inédit. Soit réaction , soi^ fai-
blesse du poème ^ qui ne pouvait sup-
porter le grand jour, l'Art d'aimer iombti
dan» l'opinion.
VArt d'aimer, Phrosine et Mélidor
qui a les mêmes défauts et les mêmes
qualités, le Cantique des Cantiques ou
Dialogues orientaux, Jminde et Mé-
dmr , tableau nuptial d'une indécence
toute nue, des opéras-ballets, Elmire,
comédie en 5 actes et en vers, présentée
en 1801, sous le voile de l'anonyme, an
oomité de lecture du Tbéêtre-Fran^iis,
et refusée, telles sont les oeuvres com-
plètes de Gentil-Bemard, Deux éditions
ont paru en 1801 , l'une en 4 v. in-18,
l'autre en 2 v. iB-8®. Une éditioa a été
refaite en 1810. H-o.
BERNARD, voy. Saxx-Wsimah.
BERNARD (Samuxlj, un des plus
riebes banquiers du xvii^ siècle, jouit à
la conr de Louis XTV d'une grande fa-
veur, et Chamillart et Desmarêu puisè-
rent souvent dans son coffre. Le duc de
Saint-Simon décrit Ui réception que lui
Bncxclop. d, G.d, M. Tome IIÎ.
fit Louis XIV à Marly dont le roi voulut
bien lui faire lui-même les honneurs ; il
avait besoin d'argent Bernard mourut
en 1789. s.
BERNARDIN (Bemardino), mon-
tagne qui, faisant partie des Alpes Lé-
pontines, s'élève dans le canton des Gri-
sons entre les vallées du Rhin postérieur
et de Misox, et forme la ligne de démar-
cation entre les climats italique et ger-
manique. Deux chemins la traversent:
le plus court n'est praticable qu'en été,
ce qui n'empêcha pas le général Lecourbe
de franchir ce mont, en 1 799, pour mar-
cher sur les Autrichiens. A la cime du Ber^
nardin est une auberge avec des eaux
minérales ; non loin de là le petit lac de
Muésa éule ses jolies Iles, et, recevant
les eaux qui descendent du revers occi-
dental du glacier du Rhin, donne lieu par
son écoolemoat an ruisseau du même
nom. La hauteur du Bernardin est de
1585 toises; la composition géologique
fait vcMT du gn^ss entremêlé d'épais
filons quartzeux. Val. P.
BERNARDIN DE SAINT-PIHR-
RE, voy. SAiifT-PixaBs.
BERNARDINS, voy, Citbaux.
BERNBOURG, l'une des princi-
pautés d'Anhalt (voy. ce mot). Elle a 16
milles carrés d'étendue, avec 40,000 ha-
bitans, qui, à l'exception de 400 juifs,
appartiennent tous à la religion évangé-
lique, nom sous lequel sont réunis les
calvinbtes et les luthériens depuis l'année
1820. Le pays se divise en principauté
supérieure et inférieure. Sa constitution
est monarchique; cependant les impôts
ne peuvent être exigés qu'après une ré-
solution favorable des États provinciaux.
On estime les revenus à la somme de
450,000 florins ; le contingent fédéral
est de 870 hommes. Bembourg ne devint
une principauté indépendante qu'après
le partage d'Anhalt qui se fit en 1609,
et tomba alors en partage à Louis, le
5* fils de Joachim-Ernest, dont les des-
oèndans régnent encore aujourd'hui. Vic-
tor-Amédée ayant institué le droit de
primogéniture, en 1660,1e plusjenneide
ses fils, Frédéric Lebrecht, reçut en apa-
nage, après sa mort qui arriva en 1718,
le comté d'Hoym et devint le fondateur
de la ligne d'Anhalt-Bembourg-Uoym-
95
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QSR
CM»)
mof^ 4i^ prince Frédéric tfui^-AcÛIplw,
et l'apanage fit retour à la ligne directe.
Cependant Hefqa^fH)> fiflf 4f. W pr^Hœ,
mariép à Tarpli^dMic 4'4-ilti:icbie Josepli e(
iQort0 ep 19 i7 9 a^fiU oérilé de^i ^igtieu'-
ries de $c(fa^lll)}om'g et LfHirimbouiïg.
X.e4ucrégQa|itfittM«liqMilt^résid««ce
i^l^fistefifc, fe oQQimiie Ai^ixis-F&i-
D^MG'^i^^TlKif; U {eet n^ le 12 juin
11^7 et a succédé à son p^e l-Aii 1 79t. Il
fi^ iqyesti ep l^QP pac i'ei9»pereiii! dîÂU
lemagqp du iHredaç^let.emrâ, en ISO 7^
djiof^ la Cpn^^^tioa rb^nane. Uim or-r
^opn^ncQ rendue (^ 2jt juîllel 1^26 a. fait
accéder le di^cbé 4e Bernbourgâu sya^
t^Q de douaDâ9 prU9^ie«, 8a capitale
ea^ Berpbovrg sur k Saftlé» ville de
^»$Q0 «npkea» qà Ton toit un pidaiis du^
c^ fA qHcl()lMa fabriques aaaez impôt**
tiote»« C il»
^ÇAJfPy dan» \^ Suisf» pocidentale;
U plM% grand canlon de b Ginfédérstioa
façlyçllque.
t^ Gétjtgt^pidc eistaiistiquû. Le can-
ton de Berne e»t borné au nord par ta
France; à l'eM par iea cnatuna^ de Bile,
de $o(eurei d'Argoy iç, de I^ocme, d'Un-
Icrwaldep, d*Uri ; an sud par le Yahiii, e^
à l'oqesl par les paya de Vaud et de Neuf^
çbAldy par le canton de Fri bourg et par
U France. Son étendue eai de 178 m.
car. géogr» Le canton de Berne est mon-
tUgncuiL : depuis le lao de Bienne le sol
%'élcv.C vers lesud et atteint upe banteni*
fMrodigiense en formant qnehpieft-^qes
des cimes les plus ^lev^e de» Alpes. Le
Jnra monlce au^si dt. hautes crètâs dans
Cf ctnton. S^ pBincipéleHvîere èsl TAnr;
i^autma moins coaaidérables smâ TEm-^
mal» le Bin^ èi le Doiibe^ L* pVMfèrte
fotfQiC lea ^108 dfa Bienne et et Tbuni Lo
clîrott.^t tcès vn^^ suivant laniitvre
^ sol Gelni-cî pi>9dnit dU blé^ d» ck|n^
vre, dttlb)| d^ tiB) elc^ Mais la jprinc)-
paiè vedBCMrbe. lie» bâbitaba, 4*cét IléUu-
catii>oi4è^ bcatiaucy on c6 qi^bn appelle
«I allemand JlpBfwimkseJmft (é^no«
«ne rnrule des Alpes):
La panie scplenfridnak du canton ,
4;itmpée pec beanoeifp de oollines> pos-
sfde de bdlea plaines ^ des Tallées
déiicieutet; son soi , très fertile , est
icnkivé n^cc soia d piod^ril m 9lbt^
dance du yîn, de^i cénénli^ et toutes 9PC-
tcn de fruka^ Dans cettii partie se trouve
U ¥aUée d'firamentiial, Tune des pbj%
pittoresques, des pbis Ctrtiles et des pb»
ricbes de la Suisse, aussi reqoromée par
U beauté de ses bétes à oorpc* ^e par
les fromages qui s'y fabriquent, epua le
nom de /rom0ffes itEmmewfhal; de
belles oonstractions, on cosinme pmpre
et recberohé, e( nn grand fonds de gêUé
sont de sacs garana de L'aisenof des ba-
biUns. de cette vallée* ^ partie méri-
dionale du canton, appelée VOberland»
et dont dépendent les velléea de Hasli,
Grindelwald, Lauterbrlimen » Gander»
Frntigen, Adelboden, Simmen et Saanen,
avec un grand nqmbDe de vallées inter-
médiairea, copunenoe au pied de le limite
chaîne de montagnes du côté du Yekia
et ft'étend jusqu'à leur sommité la plue
élevéci Les vallées les plus profondes
produisent d'excellens fi'uits; elles sont
d'ailleurs très agréeblea et d'une grande
fertilité. Leurs parties supérieure» sont
couvertes de gras pâturages, au-dessus
desquels s'étendent desntMSsea de rochers
dominés par d'immenses glacie»» De
magniiques ehutes d'eau y prennent leur
soiù*ce et l'on y tn>nve aussi les monta-
gnea les plus élevées de la Suisse, entre
antre» le Finsteraarhem , le Scfareck-
iiorn , le Wetterhom, TEiger et la Jnng-
frau. Cest surtout de T^u cation des
bestiaux que vivent les habîtans de VO^
berland. La fabrication de draps et de
toiles forme la principale hcancbe d'in«>
dttstrie du canton > surtout dans TEn^
mentfaak Ses revenus sqnt de l,SOO,<IMf.
snîsscs; il Conmii à la <2onféckration «n
contingent de S48I4 hommes,, àvco nn
snfaeide de 104v08a Ir.
Berne est ^proportion gàitlée^ le pins
nobe état de J'£nrope } aussi les împ6l^
n'y sont peint onéreux» 'Fous see établie*
semens public» sont entrepris «i dirigés
dans Un esprit sage qui ne Éianqne pas
de grandeur.
On trouve dans ce oantotiAne industrie
assez avancée et des relation» cenuner^
cialesbien établies. Le» hebitan», au nemp^*
bre de S67,000 «ont presque tons nlle^
mands; environ 50>^009 parlent le fra»^
^. II» sont la phipart réiomé» H 4'o«
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BBR
(W)
D» QOliipte ^e««i#ofi 4f ,066 oathoU-
qèês; ' '
' Le emtdn «e diviate «b 2T baîHia^es
qaf appartiennent au pays intérieur, à
f ObeHand, an Seèland^a rËmmeothal, à
la Haute- Argorie et an Leberberg. Il sera
parlé plus hàs de la constltulkm et du
gôuf emement de ce canton.
' «^ Histoire. Déjà, dans le xn^ siècle^
€ttnd de Bubenberg avait entouré de
murs et de fossés le petit bourg de Berne,
Mrès Àtt cbâ'teau fort de Nydeck , et ce
fut le duc deZsèhrIngue, à qui apparte^
ttaît ^ydeck, qui donna dés' lois à cette
fille, aujourd'hui la Capitale du canton,
Dané le xiii* sfècîe sa population alla
foujourà en auj^mentant et s*accrut tant
de la basse noblesse qui venait ciiercher
dans son enceinte un refuge contre la
vexation des grands des environs, que
dé beaucoup dé paysans et surtout d'une
^ule de bourgeois de Fribourg et dé
Zurich (Çiî s'y retirèrent. L'empereur
FrédéHclI,en'12f 8, déclara Berne ville
Hbi^ irtipériaTe et sanctionna' ses fran^
«^Ises par ùh décret -que l'on conserve
encore dans les archivés de la ville sous
le nom de /iaiserUche Hànd/estè, Ro-
dolphe dé Habsbourg fit le siège de Berne
éfl l28d; liiaîs if ne put parvenir à s'en
emparer.Trois apnées plus tard, en 1191,
\eh Bernois, sous le commandement de
Wrich d'Erlachj livrèrent un combat à
leur propre noblesse dont ils avaient
beancQup à se plaindre, et Isl défirent
complètement! spires cette victoire, Berne
devint t^n lieu dé refuge pour toutes les
Victimes de f oppression de (a noblesse
antrichienne, et bieqt6t ta Ville fut elle-
même une puissance qui excita l'envie.
Plusieurs &utrés villes et les nobles du
pavs se fédérèrçni à f effet; d'humilier
Cftte cité àïyiiré; mais leur armée, com-
posée dp l^jOÇfO fiomnles et dirigée par
766 seigneurs aui^ casques couronnés, et
^r 1,5100 chevaliers, fut iptalement bat-
tre, le 3 1 juin i^ 8i ', près de ^aupen ,
pai* le^ Bernois commandés encore cette
Ç)îs par tin Êrlâcl^ (Rodolphe), quoi -
^îi'as hissent it-ois fois moin^ nombreux
que l^s contéi^vé^. Après ce nouveau
niccèâ la vUie s'agrandit de beaucoup
et entra bientôt après, en 1858, dans
U Confédératioii suisse ^ où Me tint le
BBR
!kiscp^ la
second rang, tocp^ la fin de oe al^
de , Berne continua toujours à aug-
menter son territoire, tant par des achats
que par droit de conuuété. La plus
grande partie de k viHe ayant été ta
proie des flammes, dans le courant de
Fannée 1405, on la rebâtit d'une ma*
nière plus régulière^ et c'est dès lors que
commencèrent les longues guerres qu'elle
eut à soutenir contre rAulriche, Milan,
la Bourgogne et la Savoie, guerres d'où
les confédérés sortirent toujours victo»
rieux et dans lesqnellies Berne fit la con-«
3uéte de UArgovIe. La réforme pénétra
ans le canton en 1528*. Plus tard, dans
la guerre qu'elfe soutint contre le duo
de Savoie, Berne s'empara aussi du pays
de Vaud qu'elle fit administrer, comme
ses autres pays conquis, par des grands-
baillis (//X/^</f>/3p^^), qui résidaient dans
^ des châteaux fortifià.Depuis cette époque
jusqu'au 5 mars 1798, Faisance et la ri-
chesse dé âeme ne diminuèrent pas ; la
domination de la ville embrassait une-
superficie de 286 milles carrés géogr.
Mats ce jour-là 86,000 Français enva-
hirent son territoire. Il se trouva bien un
nouvel Erlach pour se mettre en campa-
gne avec 18,000 Bernois et 8,000 autres
confédérés ; mais l'esprit qui les avait
animés ai^x jourqées de lil^orgarten , de
Laupeil et de Murten ne les conduisait
pîùs'à la victoire ; et pendant leur retraite
ils allèrent jusqii^à mfiSsacrer leur propre
cfeef {voy. %&lach). Ayant pour la pre-
mière fois OHv'er^ ses pprtek à Pennemi,
Qerne perdit à peu près fa moitié de ^on
territoire. S^ partie septentrionale fut
incorporée ai4 canton actuel d'Àrgovie,
et l'on fpirma de 1^ partie située au sud-
est ûù captbn j^ouverain appelé canton
de V^ud. Diaprés \ei dispositions du
congrès deyienn^j dç 1SI4, on a ajouté
au éaçtoq de Berne X^_ plus grande parti^
de l'évèché de jffâle. " • <
Jusqu^àù npuvéàu chapgement oui s'o-
péra à Cerne en 183) , le pquvoif supé-
Heur et souyçn|)n y était exercé p^r i'a-
voyer {SchuUHeiss), et par le grand et
(e petit copseil 4q ^^ viUe et république.
Leà conseils étaient composés de 300
membres choisis par la ville et représen-
tant k peu près 1,400 citoyens; et de 99
membres dioisis par les autres villes da
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BER
(S88)
BER
cantoo et par la campagne, lesquels repré-
senUîent plusde 109,000 citoyeos. L'é-
leclioo des 200 membres de Berne éuit
faite parmi les citoyens capables d'admi*
QÎstrer, qui avaient leur 29^ année révo-
lue,et par un oollége électoral composé des
membres du petit conseil et d'une com-
mission du grand conseil. Les 99 mem-
bres des villes et de la campagne étaient
en partie nommés dans les villes , par les
'autorités qui les représentaient, en par-
tie dans chacun des 22 arrondissemens,
par un collège électoral formé dans leur
sein, et en partie immédiatement par |e
conseil supérieur. Deux avoyers avaient
alternativement y chacun ' pendant une
année , la présidence dans le petit et le
grand conseil. Le grand conseil avait la
puissance législative; le petit, le pouvoir
adminbtratif. Ce dernier se composait
des 2 avoyers, de 23 membres et de 2
secrétaires (Heimlicher)^ et c'était le
grand conseil qui en choisissait les mem-
bres parmi les siens.
Lorsqu'en 1830 le mouvement dé-
mocratique de la Suisse eut aussi gagné
le canton de Berne, le grand conseil
nomma de suite, le 6 décembre, une
commission des États pour prendre en
considération les vœux de la nation ; et
le i 3 janvier 183 1 l'avoyer (M. R.deWat-
tenwyl), le petit et le grand conseil
proclamèrent la dissolution du gouver-
nement bernois , et en même temps un
gouvernement provisoire, en attendant
la nouvelle constitution , et autorbèrent
aussitôt la commission des États de pro-
céder à l'élection d'un conseil national
et constituant. Ce conseil fut formé de 1 1 1
membres, et déjà le 6 juillet suivait, la
commission présenta à la nation le projet
d'une constitution toute libérale, d'après
laquelle les assemblées primaires des pa-
roisses devaient élire les électeurs qui,
dans les collées électoraux de chaque
arrondissement communal, comme dans
celui de l'arrondissement de Berne, au-
raient ensuite à élire les membres du
grand et du petit conseil. Ce projet fut
adopté à une grande majorité dans le
canton , mais dans la ville de Berne seu-
lement à une majorité de 329 voix con-
tre 287 ; et le 20 octobre suivant on in-
stalla le nouveau gouvernement. Ainsi
fut renversée de fond en comble l'admi-
nistration des familles, long-temps cé<*
lèbre sous le nom de VarUiocraiie ber^
noise y et la souveraineté se trouva re-
mise à la généralité de la nation. Diaprés
la constittttion,cette souveraineté s'exerce
exclusivement par une seule assemblée
appelée grand conseil et composée de
240 membres, qui sont les représ^tans
du peuple. Un landamman , premier of-t
£cler de la république , en dirige lés tnh>
vaux comme président; et, au bout d'un an
d'exercice, il rentre dans le grand oooaeU
au sein duquel il avait été élu. Cest avssi
le grand conseil qui nomme, à la majorité
absolue, le secrétaire d'état on chancelier^
emploi accessible à tous les citoyens du
canton. La durée de cette fonction est de
6 ans.Un conseil de régence composé del 5
membres, sous la présidence d'un avoyer,
forme l'autorité executive supérieure.
On le choisit au sein du grand conseil
et il se divise en 7 départemens. Un tri-
bunal supérieur composé de 10 mem-'
bres tous versés dans la jurisprudence,
et d'un président , et élus par le grand
conseil, exerce le pouvoir judiciaire e9,
dernière instance ; ses séances sont pu-
bliques. Le 3 avril 1832, Berne forma
une confédération avec les cantons de
Zurich, Lttceme, Soleure, Saint- Gall,
Argovie, et Thurgovie, à l'effet de pro-
céder à la révision du pacte fédéral du
corps helvétique ( vof. Suissx ).
Une conspiration du parti aristocra-
tique avait été annoncée comme devant
éclater dans le courant du mois de sep-
tembre 1832; mais déjà le 29 août et les
jours suivans, on parvint à l'étouffer i^u.
moyen de l'arrestation de beaucoup de
personnes sou pennées d'y avoir pris
part; l'instruction de ce procès n'est pas.
encore terminée. Cependant un arrêté du
tribunal supérieur a ordonné, en 1833,
l'élargissement, sous caution, de plu-
sieurs accusés.
La ville de Bbeke, sur une espèce de
presqu'île formée par TAar, est bien bâ-
tie; son élévation au-dessus de la mer
est de 1,673 pieds. Les rues sont pour
la plupart droites et bien pavées , et l'on
voit des arcades sur le -devant de beau-
coup de maisons. La cathédrale, édifice
gothique y est surmontée d'une tour de
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B£a
190 pieds de haut. L'église du ^iot-
Esprit date de 1122. Il y a à Berne une
académie et un gymnase , une bibliothè-
(lue de 30,000 'volumes et riche en ma-
nuscrits, avec un musée, un arsenal où
Ton voit une belle collection d'armes ,
une société formée par les artistes, un hô-
pital appelé Vile qui ressemble à iin pa-
lais, et un autre hôpital non moins impo-
sant,plusieurs collections d'objets d'art ou
d'histoire naturelle , etc. De belles pro-
menades entourent la ville et l'on visite
avec le plus haut intérêt la chute de l'Aar,
en un endroit où le terrain s'élève de
108 pieds au-dessus de ce torrent Voir
la Description topographique et histo-
rique de la ville deBerne, B. 1 829. C. L,
BERNI ( Feancesgo ) , appelé aussi
Bs&iiA et Bebu lA y poète du xti^ siècle.
Né vers la fin du xv^ dans le grand-du*
ché de Tosâine, d'une famille florentine
pauvre, quoique d'une ancienne noblesse,
il alla dans sa 19^ année à Rome , ch'ez
un cardinal son parent; mais celui-ci ne
lui faisant, comme il le disait lui-même,
ni du bien ni du mal, il se vit forcé
d'entrer comme secrétaire chez l'évéque
de Vérone Ghiberti , président de la
chancellerie du pays. L'ennui que lui
inspirèrent les fonctions de son nouvel
état le porta bientôt à rechercher des
distractions qui déplurent au prélat. H
s'était alon^ formé à Rome une société
déjeunes ecclésiastiques qui, pour faire
allusion à leur amour pour le vin et l'în*
souciance, se nommaient i FignajuoU ,
les Vignerons. Ils se moquaient en vers
des choses les plus sérieuses. Les vers de
Bemi se faisaient surtout remarquer par
leur piquante tournure, et son nom en
est resté à ce genre de poésies {maniera
Bemesca ou Bemiesca ). Lors du pil-
lage de Rome par les troupes du connéta-
ble de Bourbon, en 1527, Berni perdit
le peu qu'il possédait. Il fit plusieurs
voyages avec son protecteur Ghiberti, et
fatigué enfin d'être au service des autres,
il se retira à Florence, où depuis plu-
sieurs années il avait obtenu un canoni-
cat. Alexandre de Médicis, alors duc de
Florence, vivait ouvertement dans les
rapports les plus hostiles avec le jeune
cardinal Hippolyte de IMfédicis. Bemi
était lié avec tous les deux; on lui insi-
(389)
BER
nua des propositions d'assassinat ; mais
on ne sait pas au juste auquel des deux
on doit les attribuer. Ce qu'il y a de
certain , c'est que le cardinal mourut em-
poisonné en 1535. Berni, qui avait re-
fusé de se souiller d'un crime, mourut
le 26 juillet de Tannée suivante, proba-
blement victime lui-même du poison du
duc Alexandre.
Berni passe encore aujourd'hui pour
le meilleur modèle dans le genre burles-
que. Il mêle quelquefois beaucoup de
fiel à son style, et ses satires réunissent
assez souvent à la bonhomie d'Horace
l'âcretéde Juvénal. Ce qui .excuse un peu
l'excessive licence qui règne dans toutes
ses poésies, c'est qu'il ne les composait
que pour ses amis, qu'elles furent livrée^
à l'impression sans sa participation et
après sa mort. L'admirable légèreté qui
se fait remarquer dans toutes ses com-
positions était chez lui le fruit d'un
travail pénible, le résultat de l'exacti-
tude qu'il mettait à retoucher itérati-
vement tous les vers qu'il faisait. On
raconte la même particularité de l'A-
rioste; et cependant ce sont sans contre-
dit les deux auteurs italiens dont les vers
sont les plus légers et les plus coulans.
Ses Rime burlesche et son Orlando in-
namorato, composto già dal sig. Bo-
j'ardo, conte di Scandiano, ed ora re-
fatto tutto di nuoço da Fr, Bemi (Ve-
nise, 1541, in-4«), quoiqu'il y ait entière-
ment dénaturé le Bojardo , sont les plu:^
remarquables de ses productions.
Il ne faut pas confondre avec ce poète
le comte Feancesco Berni, né en 1610
et mort l'an 1693, dont on ail drames
( Ferrare, 1666) et diverses poésies ly-
riques. C. L.
BERNIER (FBAirçois),^dans le siè-
cle brillant de Louis XIV, se distingua
également comme philosophe et comme
voyageur. Son mérite, sous ce double
rapport, était encore rehaussé par les
grâces de son esprit et de sa {Personne.
Tant d'avantages lui procurèrent, de son
vivant, une grande célébrité qui lui a en
partie survécu. On ne lit plus ses traités
de philosophie; mais ses voyages sont
mieux appréciés qu'ils ne l'ont jamais
été. Ils font connaître des contrées qu'au-
cun Européen n'avait visitées avant lui
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BEE
et qu'oQ n*a pas mieux décrites depuis ;
ils jettent une vive lumière sur les révo-
lutions de l'Inde à Fepoque d'Aurenç-
Zeyh.
Bernîer fut réchercbé par lés person-
nages Tes plus ilfustres et fes pTus distin-
gués de son temps: il eut 4eâ liaisons
particulières avec Ninon dé LencFô^,
M"*" de la Sablière, La î^ôntaine. Cha-
pelle dont il a composé l'éloge, et Saint-
Évreipônd qui nous le représente comme
digne, par sa figure, sa taillé, ses maniè-
res, sa conversation, d'être appelé îeJoH
philosophe. Il contribua, avec fiôiléaii,
a la composition de cet arrêt burlesque
qui empêcha le {rave président dé Lâ-
moignon de fai^e rendre par le uaflefnènt
de Paris un arrêt véritable qui eiilît été
plus sérieuseînépt " ' ^e,
Bernier ôàqUit rs, on né dii
point en quelle ai étudia fa mé-
decine, et^ après a' recevoir doc-
teur à Montpellier Ta à son ^bùt
pour [es yoyages; i en $yrie éq
16^4, et de la il se rendit en Egypte.
ïl demeura plus d*ûné année au Câirç
où il fut attaqué de la peste; \\ s'emhar-
qua peu de temps après à Sqe^ pour
aller dans Ttnde et.y résidfi Xi ans, dont
des lettres, protégea Ëernier et l'emmèna
avec lui dans le JMcbmyr. Xie rétour en
France, Ëernier publia ses yoyages et ses
ouvi^ges pnilosopbiques. Il vis|tâ TAn-
gleterre éif }685 et vpulut y àltit-er XÀ
Foplaine. timonrut a I^aris en iîSdâ. Qq
trouve la. liste des ouvrage^ de Bernier
dans les Kies de plusiçurs personnaffos
céièbrefy par M. le bârôh Walckenaér.
t. 11 , p. 1^-11* Nous n'ei^ çUfrQDs ici
qqejes deux bîrini^ipaiix :
1 tiistQÎrt ((e la âerniè're j^vôtùtioh
du ùrqnd-Mùgol, etc., (• I et 11, raris^
167t), în 12^ avec qne.cfiiHe; ^uite des
Mémoires du s\eur Jjemier si^if tept-
pi're du Grànd-Àfogoi, i Ut et IV, Pa-
ris, li57i* Ces diverjl écrits tirent distin-
guer Bernier de ses hofi)on;|fmes par lé
surnom de MogoL Ih ont éié plusieuni
foîi i^imprliaés; 2^ Abrégé d^ la philo-
sophie de Gassendi^ Ia prei^ière édition
a été^ imprimée à Lyon çq )^@73| ^q o
(990) BER
vol. in-12; la seconde, de 1684, est m
7 Vol. W-R.
BËttNilVt. Le çavalferBernin (JfCAN-
Laurrnt) , hé à Naples en I59é et mort
à Rome en i 686, à la fois statuaire, pein-
tre et architecte , fut le Micbel-Ahge dé
son siècle. Son père, qui était sculpteur
florentin, lui enseigna les éléniens de soq
art. Ses talehs furent si précpces qu*à (0
ansf il exécutait des ouvrages dignes d*ê*
tre remarqués. Son groupe d* Apollon et
Daphné, qui passe pour l'une de ses
meilleures productions, date de sa 16
année. Dans sa vieillesse il ne pvtt s'éiq-
picher de dire, en lé revoyant, qu^il
avait fait bien peu de progrc^sf depuis(^
Lorsque le cardinal MafTeï, qui avait été
son premier protecteur, devint pape sgus
le nom d'Urbain VllJ, ce pôntSfe fui pror
cura Foçcasioa de développer les resr>
sources de ce génie fécond et vaste qù*i(
lui avait reconnu, çn Inl confiant là 4^-
coralion de cette partie de b^ basilique
de Saint-Piérré nommée la Confession^
C'est là q^'est placé cC fameu)^ bald^-:
cjuin en bronze dont on a tant parlé et
qui valut au Bernin des récompenses ei
deâ honneurs jusqu'alors sans exemple
Dès ce moment la direction des arts fut
reqijse entré ses iqaln^ : aueiin ouvragé
public ne s'exécuta dans Bome sàqs èoo
assentiment; mais ce patronage , qu'au*-
cun artiste n'avait exercé avant lui, e^t
lé malheureux résqltat d'encoun^ger, d«
maintenir cette mîmière plus aimab(e
que savante, plqs facile, plus abondant^
que châtiée et rédéchie introduite par
le Cortohe^ affectionnée par le Berqiqj)
et qui égara tant dcjeuneé artiste^.
Les travaux de Bernin en sçulptnrô
sont innombrables ; la seule çilaUoq de
ceux qni ont de la célébrité npus pbli^
gérait à sortir des bornes qui qous sqqt
prescrites, Aprè# le baldaquin, b| cbaîiro
de saiqt Pierre, le groupe de si(|ntci Tbé-i
rçsê, le ^auiiolée d'Urbain VIII, celui
d^A-le^andre YII, o^vr^ges çonsidérablet
qui sont de vrais titres de gloire, vién*
netit les fontaines des plae^ Barberini ,
d'Espagne, Navone, et le^ figures ()ont il
décora le cbâteau Saint-Ange, figurea
qqi, pour le dire en passant, ont biea
p^rdu de leur répqtation prepiièrCf £a
généra) lêf piivr^iges de 14 jeupo^e çln
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BER
(891)
BER
Beroin lûot d*mi aiyU plusi eorr^^ {dus
étudié que çeqx d'un âge i^viiqcé.
Comme architecte tel ar^ist^ occupé
un rang moips élevé peuf-êfre que comme
sculpteur^ mais c*e8^ toujours Thomuie
aux graD4^ et belles idées, aux riches
et élégantes conceptions, s*çiccupant da-t
vaptage de i'ensemble que ^es détails, et
sacrifiant parfojs les règles reçiies pour
arriver à un effet cherché. S^ licences
soqt celles d'un artiste ingénieux , clle^
9Pt un charme qi|i leur i| donpé d^ pom^
hreùi( partisuna. On leur reproche d*a voir
ouvert la carrière aux extravagances du
Borrouiinit La fameusç coloppade de la
place Saint-Pierre, conçue et élevée par
le Berqin , comparable en grandeur et en
magnificence à ce que |es fippiei>s ont
laissé de plus in^posant, suffirait sfeule à
sa réputation de grand architecte, si Tpn
n'avait point encore à citer de lui ce cé-
lèbre escalie^^à deux rafnpcs qu'il coo-
struisii au Vatioin, dans un emplace-
ment ingrat, et dont l*efTet de perspec•^
t^v^, de lumtèfre, et l'aspect général sont
sî merveilleux, ainsi que le^ immenses
travaux exécutés dans rjntérieur du Va-
tican , pour donner de l'ui^ité à cet en^
semble formé d^ tant d*élémens divers
et fru^t de tant de génies différons.
Si le Bernin n'avait été que peintre»
sans doute la renommée n'aturatt peint
embouché pour lui les cent boMches de
sa trompette; cependant ses tableaux |
très nombreux, sont loin d*étre sans mé-
rite. Ils sont pour la plupart réunis au
palais, Barb^rin et ^u palajs Ghisi. On
en ?oit un dans Téglise de Saint-Pierre^
à Tautel du Saint-Sacrement; il repré*
l^te un si^et de la vie de saint Maurice*
Qe iqéme que Léonard de Vinci, le Bfr-
nin s'occupa des science^ exactes. Il in«
venta plusieurs macbines jitiles^ entre
i|utr^ celles qui smeat k l^ome à firap*
per la monnaie.
Doué d'unc^ grande mobilité d'esprit|
enjoué y ^if, plein do feu, d'une pbyàio-
noipio aimable el noble, courtisaiiadroity
le Bernin sut gagner l'affectioB et lesXa-
veitrs des gmmds. Louis XIII voulut l'at-
tirer..^, sa, cour) Urbain VIII ^ Alexan-
dre VII» Clément IX> l'admettaient fr^
qoepimea^ à leur table; (a reino Çbristino
4« ÀiM^ à.soa yoiiigo à A#m^ oui^ fMur ,
lui mille attentions, et tout le mpf^ sai^
que Louis XI Vet Col bert enlamèrep^ a?69
la cour de Rome des négociations pouR
obtenir qu'^elle conscptit à 1» l|isse|r vén
njr à Paris diriger les trfivaux du Loin
vre. Les honneurs ipsignes qui furtm
rendps au Bernin par les souverains dont
il traversa les états pour venir en Franoo
et p^r les autorités des villes de Fraooct^
l/accueil qui lui fut fait à son arrivée à
la cour passent toute croyance, aussi bLe|i
que les largesses, pour ne p9s diredat
prodigalités, du roi en safaveuTi lora-r
qu'après 8 mois de séjour à Paris et à
Versailles il retourna en Italioi abreuvé
de dégoûts et ne laissant pour tout sottt
venir qu'un buste de 3a Majeatéet dos
plans inexécutables pour racbàveMonC^
ou si Ton veut, pour l'anéantisseiBoal
du Louvre; c^r |e moindre défaut do
sop prqjet éuit de faire un accessoiiit
du principal et de détruire uno pa^*
tie de. ce qui exisUit. C'est ici le lion
de réfuter une assertion emmée êmÊf
ven( réproduite. U est faux que le Bor^
nin ^it pu voir la colonnade élevée pat
Perraplt et qu'il se soit étonné qu'on Fàil
fait venir lorsque la.Franeo avait d'aussi
habiles architectes. Lç Bernin quitta Ptn
ris en 1^66 et Perrault qe jeu leê foB«
dations de la fagade du Louvre qu'eb
1667. A son retour à Rome le premieir
soin du Bernin fut^'exécuter on marbro
la statue équestre de Louis XTV et de la
lui envoyer comme un témoignage de s«
gratitude. Malheureusement cet ouvrage^
d'abord accueilli avec des transports d'ad-»
miration, fut bioitôt i^pprécié à ta juste
valeur y et, pour en faire disparaître ïë
ridicule, Girardon fut chargé de le trans-*
former en Marcua CurtiAs; cotte sUtué
se voit dans le paré de Versailles. Joo-^
qu'à son dernier moment le Bomm
jouit de la considértlion dlie à ses laloilà
et à sa personne. On ki fit des obpèquoi
magnifiques et son oorpsftttportéàSainlo*
Mario-Majearo« Los poètes s'enpress^
rent à l'onvi de chanter ses louanges. Il
bûssa^ dit-^ODy une fortiino do Àemx. MU'
lioBs. L. C. £k
BERNtS (F&Airçôié^OA<»M dîi
PtEBBits, camlinal db)^ naquili à Soiot-^
Maroeido l'A^dodié, on 1716i CoalflM
cMkidosa nuaon^il mtmifttkom ki*
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&ËR
(392)
im
éDtttlimes^ dani les ordres; chanoine de
BriôHdè, puis cbmte-chtfnoine de Lyon,
it >iliC jeune à Paris , portant (e nom
d'abbé. Ce titre n'obligeait point à une
Tie austère, la danse exceptée. Un abbé
fl*était dntingné dans U aociété que pa^
la coupe de ses cheveux, par le petit man-
teau noir attaché sur ses épaules et par le
<broh de refuser un duel, que plusieurs
cependant acceptaient volontiers. Quoi-
que Bemis logeât au séminaire Saint-
Sulpioe, il n*eut, par sa naissance, des
rapporta qu'avec des gens de la cour ou
les riches financiers qui les recevaient,
tandis que sa pauvreté se fût beaucoup
mieux accommodéede la compagnie de ses
confrères; mais il avait un si joli visage,
de si jolies manières, il faisait de si jolis
vers, que la cour et U ville se Tarra-
chaient. Ces agrémens frivoles étaient
joints à un caractère égal, désintéressé,
s6r, iieconnaissant; et Bernis, qui com-
mençait par plaire, finissait par se faire
esdmer. Vainement Voltaire, qui jugeait
assez légèrement, le sumomma-t-il Ba-
ket la bouquetière;, ce sobriquet, qui au-
rait perdu un homme ordinaire, n'éloi-
gna pas de Bemis un seul de ses amis;
mais il contribua* peut-être à la sévérité
àê Mirepoix qui, sollicité par l'abbé de
disposer en sa faveur d'un bénéfice, lui
dit avec rudesse : « Vous n*avez rien à
espérer de mon vivant. — J'attendrai ,
mons^gneur! » répondit Bernis, d'une
voix douce, qui ne rendit pas U réplique
moins piquante; car l'abbé était jeune et
l'évéque avait 80 ans. Cependant la pa-
tience devait être pénible pour l'abbé de
Bemis, puisque' ses amis lui donnaient
un petit écu pour payer son fiacre, quand
il venait diner chez eux : attention qui fait
honnenr à ce siècle où donner et recevoir
une aussi faible somme ne prouvait ni
l'humilité, ni l'embarras, et où l'on n'ima-
ginait point que l'inégalité de fortune dût
entraîner un changement d'habitudes so-
ciales. Comme il n'est rien de complète-
ment inutile on nuisible sur la terre,
M"^^ de Pompadour demanda et obtint
pour l'abbé de Bemis un logement aux
Tuileries et 1,600 fr. de pension sur la
casseUe du roi. Céuit à 6,000 liv. de
rentes que Bemis bornait ses préten-
tions; malt ayant été nommé amlMsaa-
deor à Venise, il y dé|>1oyi des talent
qu'on ne lui sOui(ȍonnak point Tout en
servant la France, il obligea le pape Be-
noit XIV, qui le prit pour médiateur
dans une discussion entre lui et les Vé-
nrtiens; et sa faveur s'en accrat Rappelé
en France , il entra au grand conseil et
devint ministre des affaires étrangères.
Ayant contribué à l'alliance de la France
et de l'Autriche, qui décida de la guerre
de Sept- Ans, l'abbé de Bemis fut blâmé ;
mais Duclos, qui fait si sévèrement la part
des grands et du clergé, le justifie sur ce
point, et les lettres de Bemis à Paris Du-
vemey prouvent seulement les soins que
prenait le ministre po«r assurer le succès
de cette guerre qui fut assez malheureu-
se. Cependant il céda à l'opinion publi-
que et rendit le portefeuille peu de
temps après avoir été fait cardinal; ce
qui n'empêcha ni un exil, ni une dis^
grâce qui dura 6 ans, au bout duquel on
le nomma à l'archevêché d'Alby. En
1769, on renvoya ambassadeur à Rome,
où, dans les conclaves de 1769 et 1774,
il montra de l'habileté; et, pour obéir à la
cour, il poursuivit la destraction des
jésuites , contre ses opinions. Jamais la
France né fut plus dignement représen«
tée que par le cardinal de Bernis; on
peut en croire le ministre Roland qui
dit : « L'assemblée du cardinal de Ber-
nis est peut-être l'une des assemblées
périodiques de société les plus magnifi-
ques de l'Europe. Grand par lui-même ,
il est en outre magnifique dans ses
représentations; tout ce qui concourt
à leur éclat est double chez lui. Te-
nant table ouverte, donnant k tout le
monde, ne recevant de personne, et tou*
jours auHlessus de toute comparaison
dans les fêtes , dans les cérémonies ,
dans les illuminations publiques. Tant de
somptuosité, le concours des grands,
les hommages du peuple, une politi-
que qui a mis plus d'une fois en dé-
faut celle du Vatican , une politesse ai-
sée, qui toujours est à tout et s'étend à
tout le monde, donnent au cardinal de
Bernis un crédit, un ascendant, que des
grands talens soutiennent d'une manière
imposante. » Sa maison était ouverte à tous
ses compatriotes, et tandis que Bemis
prodiguait i tas ocmrivrs les meta les fins
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BER
(898)
BER
d^Ucatt, lai, doot une tflBtâtWe d'empoi-
•onnement avait pour toujours altéré la
Motéy diaaît avec uo œuf mia à Teau.
Quoique ses poésies Feusseot fait noa*
mer membre de T Académie française, il
les trouvait beaucoup trop frivoles pour
aimer alors qu'on les lui rappalât; car il
savait joindre à la dignité d'un ambasaa*
deur la politesse d'un courtisan, la ré^
gularité d'un prêtre. U reçut, en 1791 ,
les tantes de Louis XTVi comme il rece-
vait tous les Français, avec l'hospitalité
la plus généreuse : ce qui n'empédu point
les princesses de se montrer, ainsi que
leur suite, très exigeantes et un peu <ra*
cassicres. Mais la révolution débarrassa
bientôt le cardinal de tous les soins que
ses dignités et son caractère obligeant
entraînaient. Refuser le serment que Ton
exigea alors des ecclésiastiques et que
Bemîs croyait incompatible evec ses pre-
miers vœux, c'était renoncer à l'ambas-
sade de France et à 400,000 liv. de ren-
tes : il n'hésita point. Cette résolution
consciencieuse qui bouleversait sa posi-
tion sociale, est très honorable pour un
courtisan : aussi en eût-il été quitte pour
être pauvre, ce moindre des maux qui
puisse afQîger un honnête homme, sans
le chevalier Azara qui obtint ^ur lui
une pension du roi d'Espagne. Le car^
dinal de Bernis mourut a Rome en 1794.
Sa iamille et la légation française lui fi-
rent faire un mausolée sur le modèle
de celui du pape Casini , que l'on
a transporté, ainsi que son corps, à Nî-
mes. Un autre monument élevé dans l'é-
glise de Saint- Louis des Français à
Rome, contient son cœur et ses entrail-
les. Indépendamment des lettres de Ber-
nis à Paris Duverney, on a recueilli en
un petit volume ses Œuvres mêlées en
prose et en vers. Son style est facile et
ne manque point d'élégance, mais il nous
semble pâle; et la mythologie, qui n'est
plus employée par nos poètes, donne à
ses œuvres un air suranné. Son poème
de la Religion, qui a eu plusieurs édi-
tions, honore plus ses principes que son
talent L. C. B.
BERNOULLI (les). Cette famille
illustre par la série de géomètres du
premier ordre qu'elle a fournis, était
originaire d'Anvers; mab dès le xri^ siè-
cle, les guerres de religion Tataievt fait
émigrer a Bâie , ou elle était parvenue
aux premières dignités de la république.
Le premier qui ait acquis un nom célè*
bre dans les sciences, Jacques Bemoulli,
était né à Bàle en 1654, et il y professa
les mathématiques depuis 1687 jusqu'à
sa mort arrivée en 1705. Conjointement
avec son frère Jean« il développa, à la
grande admiration de l'Europe savante,
dans les jicta eruditorum de Leipzig,
les merveilleuses ressources du nouveau
calcul infinitésiauil, dont le génie péné^
tra^t et si varié, de Leibnitz n'avait fait
en quelque sorte qu'indiquer les princi-
pes et l'algorithme. Outre un grand nomr
bre de recherches sur la théorie des
courbes et sur la mécanique rationnel!^
les géomètres lui doivent la connaissance
de^ propriétés des nombres qu'on appelle
de son nom NoinJbres de Bemoulli et
qui jouent un grand rôle dans la théorie
clu développement en séries. Un recueil
de ses œuvres mêlées a paru à Genève,
en 1744, sous le titre de Jacobî Ber-
noulli opéra j 2 vol. in 4**. Mais l'écris
qui le recommandera peut-être le plus à
la postérité, celui ou il a posé les fou-
démens de la théorie mathématique et
philosophique des probabilités, a paru
après sa mort,, par les soins de son neveu
Nicolas Bernoulli, sous le titre de Jrs
conjectandi ( Bàle ,1713, în-4*' ). C'est
dans cet ouvrage que se trouvent les
théorèmes qui portent son nom, concer-
pant les lois de la probabilité résultantes
de la répétition des événeftiens, théo-
rèmes sur lesquels reposent toutes les
applications pratiques de la théorie des
chances.
Son frère Jeait Bemoulli , né à Bàle
en 1667, lui succéda dans les fonctions
de renseignement et les remplit jusqu'à
sa mort , arrivée le 1*' janvier 1748. Les
œuvres de celui-ci ont été réunies dans
une édition publiée à Genève, en 1743 ,
2 vol. in-4^. Doué peut-être d'un génie
mathématique plus spécial que celui de
son frère, il fut rangé par ses conteif;po-
rains à côté de Newton et de Leibnitx,
et on le regainle comme le véritable in-
venteur du calcul intégral. Par suite des
progrès que les sciences mathématiques
ont faits depuis lui, il ne s'attache plus
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«Et:
(394)
•m
ittlfe 8iij6iird^iit qa'imiiirérâl tiktori^
que à 86$ trtLVfiiïK, >
. ' Nicolas Bernoulli , neveu des deun
préoédens, rtiêla l'étude de la géométrie
a celle du droit, et se fit remarquer par
nût thèse sur leé a&se/îs, oh il proposait
iTâppIlqiier le calcul des probabilités à
cette question délicate de jurisprudence.
DaItikl Bernoulli, Vifn des fils de
Jean, né à Grœningueen 1700,'iAort en
1783, soutint aVec éclat le nom de* sa
fcmilledans le cours du xtih* siècle
cft fui le digne émule des Clalraut , èti
â'Aleinbert,'des Eu 1er. Dit fois eou-
ronné pai^ l'Académie! des sclencies de
Paris, il remplit de ses mémoire^ lès
eoHections de èette compagnie et de celles
dé Bei^lin et dé St-Pélersboiirg. Son* père
êl son oncle avaient été les soutiens de
réoote de Leibnitz, et, par/sUité, les plus
redoutables adversaires des doctrines
Bewtoniennes auxquelles s'étaient iran^
gés tous les géomètres ahg|fais; mais Da-
niel suivit lé'progrès des idées,' en con-
courant, avec }es ^ébmèrrés ^con tempo-
étiîns qu'on vient de liommer, à déve-
lopper la théorie du système du monde,
fohdée sur la loi de la gravitation nevir-
tôoienne. Physicien ingénieux, aussi bien
^ue profond géomètre, il a déployé émi-
ôemment* ces deut qualité dans son
grand triiiéd^Hjrtiroefyfià/nique, Slra^
ik)urg, lt38, in-4**. Il a cultivé, comme
h plupart dés autres menibres de sa fa-
mille, le calcul des probabilités; ce fut
lut qui proposa , daiis lés mémoires dé
facadémie de Pétèrshpurg, le paradoxe
devenu célèbre soùs lé nt>m de Problème
iftf/^/ffrtf^oz/r^,'btqiii imagina, pour le
Tésou4re, la théorie de V espérance mo-
rale, Lè^roçédé de l'inoculation vînt lui
offrir une autre occasion d*âppliquç|r lé
caleul des chsince^^ et'iT eut à ce sujet
de vifs démêlés avec d'Alénîber^ " '■
Nous hbuà dispenserons 'de citer une
foule d'autres géomètres de la métiiç fa-
mille, d*un nom moins célèbre; le der-
nier qui ait acquis de la réputs^tton, au
moins à fétrahgcr, était fils de Daniel,
et périt en 1789 , en se bfilgnant 4ans la
Névà. A.C.'
BERNSTORFP, famille originaire
dèk Bavière, et d*oii sopt Issus plusieurs
honunes d*étmt.
Ktrbtft^^vi^VBtLJL y premteF niHifa*
tre du Hàhovre, mnrt ènf ^796, est
moim connh que son cousin' jÉÀii Habt»
wio-Tittif EST , né a Hanbirre en ï 715,
quti avaif fait élever ponr la carrière
administrative et quî entra dans sa Jeu-
nesse au service du Danemark , où If fut
employé d^aboïtl aux légation^ ëtrahgè^
res , et où il' partrlat en peu de temps aux
pbstes de secrétaire ^*état, de conseiller
intime, et de teemlire du conseil d^état.
C'était, comme dît Falken&kîœld dans
ses MémoiirSf tin homme d'un caractère
doux et habitiié à plier sous le iôug des
favoris. Il éontribua beaucoup k Faboli^
tfon delà servitude féodale, des corvées
et des pâtures communes, ll'ébbtlt des
écbtés pour 'former des sAges-femmes.
Sa chiUrité était grande et les pauvres
recevaient une partie cohsidéràble de
ses reventis. Dans la guerre de Sept-Ans,
dans laquelle furent entraînés la plupart
dès états de ^Europe, il fit garder pair le
Danemark une neutralité armée, et as-
sura à son pàyft adoptif la possession du
Hèlslein. En 1701, aprè^ ta mort'du' der-
nier duc de ce nom, Christian VU lui
accorda le rang de comte. Quand Struçn-
sée eut àcouis un ascendant irrésistible à
la cour de Copenhague, Bernstorlt îut
d*abord maintenu dans son poste ; pnalf
s'éiant opposé au rappel de Ràntzau^
ministre à Pélersbourg, il reçut son congé
en revenant d*.un voyage qu^il av^U {aî(
avec le roi dans le Holstein. Conservant
une pension de 6,000 thalers , il ^e ré-'
tira a Hambourg, puis )! fut rappelé a la
cour après la chiite du favori; mais il mou-
rut avant d'avoir pu profiter dés.gr^ce^
de son soiiverain.
Elles furent dévolues à son neveu Ak-
DEiS-Pi^RtiE ( né dans le Lunebourg en
1^85 ), hanovrien çoipme lui , et formé
sous le mlntstè^e de Jcfin-Hartwîg-Ër-
nest. I| était conseitter intime quand il
fût enveloppa dans la disgrâce de son
oocle. Il revint \ Cïonenhague éq 1772,
et prit une part active atix affaires pu-
bliques. IJ fit renouveler l^alliance entre
leDanettiaik et TAngl^erce» mi» Il <Jé-
plut à la Russie, pour s*étr^ <^ppps.<^ ^ ^^^
système de politique, elî le favori Guld-
berg en profita pour le faire renvoyer,
en 1780. Cependant lor&()ue; pendant U
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BBR ( S&S )
ifmpit dk O^iiUtB Vn, le ; né^ dont b
prittce béréditaSr« m ftM Mparé des ft^
i«irM,Berii«tor(f fut rappelé et obtint
alors usa fpnftadeînAaencetur les afAii(r«s
^tmrigères «t de PhitMeor. €é fat lui
qui étabUt «■ principe c|tte le pavillon
neutre couvre b mareharidise» et qui fit
proposer à la Snède un traité de neutra*-
lité aroiéei traité que FalkeoslutfBld re-
garde coniiBe une grande faute. « Au
re»t«, dit eet auteur, quelles que seient
lee erreurs oè' ait pu tomber le comte
de Bemsterffv il laot reconnaître que le
Denemark lui doil pHocipalement de
ii*evoir pas été entraîné dans la coalition
Ibrmée contre U France. Il eut d'au«
tant plus de mérite à cet égard qu^l éuit
f^rsonneUement animé d*«ine baine pro^
fonde contre les révolutioneaires fran-^
faiSk Sa correspondance atec le mînis*
tare anglais, pour repousser les sollicita-^
tiens relatives- à eet objet, est pleine dé
raispn et de dignité. Le comte de Bems^
«erff n'a pas entiravé la liberté de la presJie
établie en 1770 par Struensée. Il « ron*-
eburu efficacement aut mesures prises
pour affrancbir par degrés le paysan da^
•eis de la servitude de la glèbe. Aut senti-
mens de droitiu*e il joignait de Finstroc-
tion et une mémoire fort heureuse. Il
avait plus de fermeté de caractère que
son oilcle; mats tous deux oontHbuèrent
peut-être à accroître les dettes et lés
èfiarges du Danemark, en ttiuhint lui
faire jouer le rMe d'une grande puis^
sance. » Bemétdrff avait contribué à faire
flenrir les fiibriques et à donner du las-^
tre à Tuniversilié de Kiel. Il mourut à
CSopenbàgue, en 1797,. regretté comme
son père à qui les paysans avaient élevé
lui monument Malte-Brun fit une ode
sa mort
Il eut pour successeur au département
des affaires étrangères son fils Chuis-
TIA9, né à Copenhague en 1769, qui
administra sans iK^l, d^if^ 4^^epfyps à
la vérité très difficiles. Tout ce qu*il put
faire, ce fut de se ménager Talliance de
Napoléon; mais par cette politique il ex-
posa la marine danoise à être la proie
des Anglais, et tout en conservant le
Holstein et leSlesvig au Danemark, il fut
obligé de signer, au congrès de Vienne,
h renonciation à la possession de la Mor*
91»
fui«|faalei Mlb
de Suède. On me sait fi ce fat le repro««
che général d'avoir cédé la Norvège ou
d'autres motîfit, qui 4uî firent perdft le
portefeuille des relations extérieures, et
qui le détermtDfrept, ea 1818> à quitter
le servioe danois pour entrer à «elui da
roi de Prusse aa^ès duquel il Avait été
envoyé comme ministre plénipotentiaire^
Le roi de Prusse lui confia, le département
des affaires étrangères, et, en sa qualité
de miaistrf, le oomtedeBembti)|tf auista
à tous les congrès tenus, par la SaMfte*
Alliance dans l'intentloa d'assurer le sno^
oès de son système iPabsobifisaie. H pa^
rut à Ajx4»-Ghapellé, àCarlsbad^ Tmp*
pau , Laibaeh, Vérone^ et signa toot ca
que les antrse mioîitPes signèrent En
1830 on lui adjoignit BiL'Amillott qai^
au bojit de qp^elq^e tçajipSf ttevinjt son
successeur. Le comte de Bemstorff a priy
sa retraite ^n 18âfl, maïs en conservant
tous ses èraohimens. Lé roi ^e Prusse
s*est réservé la faculté de ^admettre 4 ses
conseik^^ dans les chrtokistances im(>or-
tantes. De.
BÉR08B ( peà.t-être Ê^r Osea, fils
d*Osée), historien chaldéen, parait avoir
vécu du temps «TAléxandrè-le^firand;
on trouve dans la BtBi/ôthecà grrtrca dé
Fabricios ( t. ^IV ) les IVs|gmens les
moins douteux des écflts de Bérbse et
surtout des passages de VBtstoire au
royaume de BûBjrfoné ; ce dernier ou-
vrage existait 'du témp^ do ju7f losèp^e,
qui en a tiré un grand parti pouf sei Un-
tiquités,'Etk 1545, ùne^hlstoire en cinq
livres fut publiée pa( Annîtis dTe V!ler|>e ,
BOuï le noin de Bero^e ; mais on ne taVda
pas à reconnahf e ' la fausseté de cet
écrit*
L'historien Bérose doit-il être regardé
comme le même personnage que l'astro-
nome du même nom , Chaldéen comme
lui , et prêtre de Bélus à Babylone ? C'est
ipne question gui |i'a4)as été éclaire ie par
les discussions des savans. Quoi qu'il en
soit, l'astronome Bérose quitta sa patrie,
selon Yitruve, pour aller à Cos, patrie
d'Hippocrate, ouvrir une école où il en-
seigna, devant de nombreux disciples,
la science dans laquelle il excellait. En
reconnaissance de ses belles prédictions,
les Athéniens lui érigèrent une statue
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'éùÊi h UmpM était éot49k U imafiiia
»im nouvèHe e^plce de cadran so-
laire.
Ihi reste , eeux qui distiitgueiit Fhis*
torien Béroee de i'aairoti^Me ne savent;
, point iléterminer i'&poque où celui-ci
aurait vécu, Jnatin-ie-Martyr kii attri-
bue une fiUe déAifaée ao«8 le nom de la
BER
^ ^ - . _ ^ __ -_ y — — ^ _j — ^
olfrit à Tarquin les fameux livres sibyi<?
lins. 'A. S»a.
1 BERQUIN (Aanaud) naquit à Bor-
deaux en 1748; il est peu de noms aussi
eoonus en France* U ami iie^ en/ans s'est
aeqifis des droits à la recounaiseanoe de
tous les parensy et il a l'avantage d'avoir
intéressé toutes les mères. Il n'en est pas,
surtout de celles qui nourrissent, qui
n'ait souvent dit :
Dors, mon «nfant , elos ta paopière.
La romance dont ce vers est le refrain
est une des pi qs, jolies de l'auteur. On
distinipie encore celle de Gena^icve de
BrahanU Ce fut dans oe genre et dans
celui des idylles que débuta Berquin.
Son recueil intitulé XAmi des en/ans
forme 6 volumes; c'est son ouvrage le
plus important par son utilité, en ce qu'il
présente, soit en dialogues, soit en ré-
cils, soit en actions, des instructions
d'auUnt plus intéressantes que la variété
de leur ferme pique la curiosité de l'âge
pour lequel elles ont été composées. L'A-
cadémie française avait proposé pour
1 784 un prix à l'ouvrage le plus utile qui
aurait paru dans Tannée : il fut décerné
à VAmi des enfans.
La Harpe, en parlant de Berquin dans
son cours de littérature,, cite avec éloge
son idylle LepeHiJUwe otgiueiUeUx,
traduite de MéUstase, VOrgogliosaJiu'
micello. Qm peut supposer qu'en tradui-
sant cttte pièce Bei^juin a eu en vue des
enfans pi» grands q«e ceux pour qui
ont été iûts aea autres ouvrages. Ceux-
ci sont eft gmod nombre, etibrment une
longue sérié de volumes inrl8. La justice
wu« %»m%0 «M««; «VDi^nw m^m IV UVUl «UC wm. «wwçfaw ocftio %MK TVlUnia* UlriO* l^a JUStlCO
sibxUe babjdmîenme, celle , dit-<m , qui^, exige l'aveu qu'ils sont pour k plupart de/T*
olfrit à Taniuinles fameux livres sibvl-? ^Weiss (vairX écrivain »UfmkmnA a..» i
Weiss (in^.), écrivain allemand auquel
la jennesse doit un si grand nombre de
bons écrits et recueils ; quelques-uns sont
imités de l'anglais; mai$ lenteur français
se les est appropriés par le naturel et la.
naïveté de son style. L'^mi des encans
n'a point été éclipsé par les ouvragée,
nombreux composés d^uis dans le même
but; on peut même dire que aon mérite
n'en a été que mieux apprécié. Les idylles
de Berquin, ses rompis et le PygmaUan
de J.-J. Rousseau qu'il a mis en vers,
attestent son talent pour la poésie pas-
sionnée et pour celle qui exprime les plus
doux sentimens du ccsur. Berquin avait
étéappelé par la nature à coniposer les ou-
vrages qu'il a laissés. Son caractère était
doux, franc, naïf même. Il aimait beau-
coup les enfans, se plaisait à leurs jeux
et y prenait part.
On se tromperait en croyant que Ber-
qMÎn ne pouvait écrire que dans le genre
qu'il avait adopté. U rédigea pendant
quelque temps le Moniteur, et fut coo-
pérateur de Cinguené et de Grouvelle
dans la Feuille villageoise. U fut, en 1791,
un des candidats proposés pour être in-
stituteur du prince royal; mais il mourut
le 21 décembre de la même année. On
ne sait que trop à qui cette place fut
donnée 1 j^^^
nir Dl tA FASMti&B »AETIB DU TOMK TKOISïiltE.
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ENCYCLOPÉDIE
DES
GENS DU MONDE.
TOME TROISIÈME,
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X
IMPRIMi
PAR LA PBB8B MÉCANIQUE DB B. DUTBRGEB^
tOB DB TBMIBVIL, V. 4.
•
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SIGNATURES
DES AUTEURS DU SIXIEME VOLUME.
MM.
Allou C. N. A.
AlTDRAL G. A.-L.
AUBE&GIKB H. A.
Bâudrt de Balzac. . . B. B.
BiciH(àMctz). . . .• . E.A.B.
Bbboer de Xiteet. . . J. B. X.
Blokdel F. B-L.
BoiLEAU ( à Londres }. . D. B.
B0I88ABD B-D.
BouLLiE ( à Lyon ). . . A. B-e.
BBADi(M"^Uconite88ede) L. C. B.
Beuhet B-T.
Caheh S. C.
Candolle (Aug.-Pyr. de). D. C-le.
C&RETTE(lelieQt.-coloiid) C-TE.
Catlus C-8.
C^AMEOBEET ( de ). . . • P. C.
COTTEAU T. C
GlUEHOT A. C.
Ceoî (Raoul de, à La
Goerche ) R. d. C
Dauhou D-K-U.
DiADDi D. A. D.
DEHiQUE F. D.
Deibaee Th. D.
Delpit J. D.
Depfiko D-G.
Dbbode D-G.
Deouiheau G. D.
DuFAu p. A. D.
DmiEBSAir D. M.
DmioiiT d*Urtille. . . J. D.U.
Famih CF-H.
Fatot F. F.
FiTis E, F-8.
FEmixsT DE Couches. . F. d. C.
Galibbjut L. G.
MM.
GeHCE G-CE.
GoEPP J. J. c.
GoLBiBY ( de, k Golmar). P. G-r.
HUBAULT H-LT.
HUOT J. H-T.
Jaih. . . .• A. J-L.
KXAPBOTR Kl.
Laboudebie (l'abbé de). J. L.
LANouBAis(de) L. N.
LATiHA ( J. de) J. L. T. A.
Latebghe P. L-E.
Leglebc-Thouih O. L. T.
Ledhut L. D.
Legbahd A. L-D.
Lepah L-K.
Le Rot de Cbahtiont. . L. d. C.
Maggabtbt J. M. C.
Marchai. Cb. M.
Matteb M-B.
Meldola M-A.
MoLioir ( de ) Y. de M-iv.
MOHTBOL ( de ) DE M.
OURRT M. o.
ÔzEKifE (M"* Louise). . . L. U O.
Paquist ( à Bourges ). . . P-st.
Parxsot ( Valérien ) . . . Val. P.
Payen P-K.
Pelouce ( père ) P-ze.
Pebhot P-T.
PirEiiwicz. M. P-c.
RATimR(FéUx) F. R.
Raymond. F. R-d.
Reohard ( Emile ). . . . E. R.
RiEHZx ( de ) L. D. D. R.
Rtpirbki A. R-«Li.
Satagner A. S-R.
SCHHITILER S. et J. H. S.
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LISTE DES COLLABORATEURS.
MM.
Simon S-v.
SiNNER (de) L. dcS-R..
SOTER L. C S.
Sfagh (Louis) L. S^.
SroBBsa (à Strasbourg). . E. St.
THrÉBAUT DE Bbehiâud. . A. T. D. B.
MM.
TissoT (à Bourges) J\ T.
ViBL " Castel ( le comte
Henri de) V.
VlLLENAYE V-VK.
Walckxhabe (le baron). . W-e.
YouTfo J.Y.
Les lettres C. L. indiquent que l'article est traduit du ObnversationS'Lexicon.
C. X» m. signifie Conversaiions^Lexicon modifié.
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ENCYCLOPÉDIE
DES
GENS DU MONDE.
B ( taite de la lettre).
BERR (Michel), Israélite connu par
ses idées de réforme applicables au culte
qu'il professe et par des écrits plus nom-
breux qu'étendus sur cet objet, comme
sur diverses matières de religion, de phi-
losophie, de politique et de littérature.
Fils d'Is^AC BeiT, surnommé de Turri-
que (mort en 1828, à l'âge de 85 ans),
Israélite éclairé qui a pris une part active
à l'organisation du culte juif en France,
M. Michel Berr naquit à Nancy, en 1 780,
y fit de bonnes étudeÉ qu'il continua
ensuite à Strasbourg, et il fut le premier
de ses co - religionnaires qui choisit la
carrière du barreau. Cependant il la
quitta et fut successivement membre de
l'assemblée des Israélites convoquée à
Paris en 1807, secrétaire du grand san-
hédrin de France et d'Iulie, chef de di-
vision au ministère de l'intérieur du
royaume de Westphalie, etc. Il quitta
l'administration pour se vouer entière-
ment aux lettres et à la défense des prin-
cipes philosophiques et religieux qu'il
avait proclamés. Une nouvelle existence
avait commencé pour les Juifs : M. Mi-
chel Berr en comprit Importée et reven-
diqua pour ses co-religionnaires toutes
les conséquences qui en découlaiiént. Sous
oe rapport son nom occupe une place ho-
norable dans l'histoire de leur émanci-
pation. Il a, du reste, professé en diffé-
rentes chaires et il est membre de beau-
coup de sociétés savantes. Il compte parmi
les premiers collaborateurs de Y Encyclo-
pédie des gens du monde, J. H. S.
BEftRUGUATE ( Aloitzo), célèbre
petirc et architecte espagnol, mort à
Encyclop. d. G. d. M. Tome III.
Tolède en 1545. Il fut l'ami d'André
del Sarte et imita la manière de Michel-
Ange. Charles-Quint l'employa pour la
construction du palais du Prado et pour
restaurer l'Alhambra. On trouve de lui
des tableaux remarquables à Yalladolid,
à Tolède et à Salamanque. C. X.
BERR Y, ancienne province de France,
qui forme actuellement les départemens
du Cher et de l'Indre, et une partie de
ceux de la Nièvre, de la Creuse et de
l'Allier. Elle est bornée au nord par l'Or-
léanais, à Test par le Nivernais et le
Bourbonnais, au midi par le Limousin, et
à l'ouest par le Poitou et la Touraine.
Cette province qui forme le centre de
la France, a joué à différentes époques
un rôle dans l'histoire. Ses anciens ha-
bitans occupaient la première Aqui-
taine, et on les distinguait sous le nom
de Bituriges Cubi,pour les distinguer des
Bituriges Fivisci, qui habitaient la se-
conde Aquitaine et n'étaient qu'une co-.
lonie des premiers. Les Bituriges tenaient
le premier rang parmi les peuples de la
Gaule Celtique, et plusieurs historiens
prétendent que, même avant l'invasion
des Romains, les sciences y étaient déjà
fort avancées. Lorsque César, après avoir
soumis toute la Gaule du midi et de Test,
menaça les nations du centre, les Bitu-
riges lui opposèrent la plus vive résis-
UnccYercingétorix, leur général en chef,
avait adopté, pour sauver son pays, un
moyen que nous avons vu renouveler de
nos jours. Il proposa de ravager et d'in-
cendier tout le pays pour enlever toute
espèce de Tivres aux Romains. Vingt
26
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BER
(40Î)
BER
villes furent brûlées et Bonrge^ {Avari-
cumjf la capitale,deTaît éprouver le même
sort; toutefois y sur lei trepréseutations
des principaux habi tans elle fut épargnée.
César l'assiégea: les habitans autour des-
quels s'étaient réunis tous les seigneurs
voisins se défendirent vaillamment; mais
Bourges fut obligé d'ou?rir enfin ses
portes. Le Berry resta sous la domina-
tion des Romains jusqu'en 475 envi-
ron (an de J.-C. ), où cette province
fut envahie par Évaric, roi des Goths
d'Espagne. £n 507 Clovis en chassa
les Goths et la réunit à son royaume.
Long-temps elle fut gouvernée par des
chefs militaires qui prirent le titre de
comtes de Bourges et surent, en profitant
de la faiblesse des rois de la seconde race,
rendre béréditaire une dignité qui était
purement personnelle. En 1061 Herpin,
comte de Bourges, voulant s'engager dans
la guerre des croisades, vendit le comté
à Philippe l*'. Le Berry demeura uni à
la couronne jusqu'à l'an 1 360 ; à cette
époque le roi Jean l'érigea en duché-
pairie, à charge de reversion à la couronne
en cas d'extinction d'héritiers mâles, et
le donna en apanage à Jean, son troisième
fils, qui prit le titre de duc de Berry et
d'Auvergne. Le duc Jean étant mort
sans enfans , Charles VI donna le Berry
à Jean son second fils, en 1401 ; puis à la
mort de celui-ci qui ne laissa pas d'héri-
tiers, il le transmit à son quatrième fils^
Charles, depuis roi de France sous le
nom de Charles VII. En 1461, Louis XI
l'ajouta à l'apanage de son frère Charles
que plus tard il fit empoisonner. Le
Bérry passa successivement à Francis
de France, son troisième fils, puis à Jean-
ne de France , sa fille puînée qui épousa
Louis d'Orléans, depuiâ Louis XII i el
qui, après l'annulation de son mariage,
se retira dans un couvent de Bourges où
elle acheva sa vie passée dans des actes
de piété et de bienfaisance. Deux autres
princesses de la maison de France, Mar^
guérite de Navarre, sœur de François I*%
et Marguerite, duchessie dç Savoie,, sœur
de Henri II, jouirent de ce même duché.
J^e duc d'Anjou, qui en avait également
la possession, le réunit à la couronne
après son avènement, en 1574. Hen-
ri IV l'accorda en usufruit à la reine
Louise, veuva de Henri 111} mais depuis
la mort de oette reine, en 1601, le Berry
est toujours resté uni k la couronne. Les
habitans prirent, dans plusieurs circon-
stances, une part active aux guerres po-
litiques ou religieuses qui désolèrent la
France, et spécialement à la Ligue du bien
public sous Charles Vil, et aux guerres
religieuses auxquelles donna lieu Calvin
qui avait étudié la théologie à Bourges.
Mais on a remarqué que, pendant les
agitations de la révolution de 89, le
Berry fut une des provinces qui se dis-
tinguèrent le plus par leur modération;
on n'y vit presque pas d'exécutions poli-
tiques.
Le Berry jouissait de plusieurs privi-
lèges fort remarquables: entre autres set
habitans ne pouvaient être appelés à faire
la guerre hors du tenitoire sans l'exprès
consentement des magistrats. Les mœurs
y sont douces, paisibles. Le Berry abonde
en fruits de toute espèce, en blés, en
vins dont les plus renommés sont ceux
d'Issoudun et de Sancerre. U y a aussi
beaucoup de bois, de forges, et l'agricul-
ture, qui était fort en retard, commence
à y faire des progrès. Ses fabriques de
draps étaient autrefois très estimées,
mais aiyourd'hui il n'en existe presque
plus* Le Berry est surtout renommé pour
ses moutons dont la laine est fine et U
chair délicate. Bourges sa capitale est une
ville fort animée qui a été détruite plu-
sieurs fois, en partie par des incendies ;
on y trouve encore des restes de mu-
railles bâties par les Eomaâns* Elle avait
une tour munie d'artillerie qui n'avait
pas sa pareille en Europe, dit-on, et qu'on
nommait la grosse tour; elle servait de
prison d'État. Le prisonnier U plus connu
qui y fut enfermé fut Louis, duc d'Or -
léans, depuis Louia XU; elle fut démolie
en 165 1. Bourges a 2 monumens remar-
quables qui subsistent encore, lli6tel de
Jacques-Couir (vojr') qui sert d'Hôte-
de-Ville, et la cathédrale, qui n'a été
achevée que dans le cours de plusieurs
siècles et qui est un des plus beaux
monumens de l'architecture gothique.
L'université de Bourges a été une« des
plus célèbres de l'Europe. Alciat et Cu-
jas y ont enseigné le droit; Caltln j a
étudié la théologie. £Ue ooi^^ au iieift»
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BBft
(401)
BER
bt*è de m hômfties thfltqtians JacqtiaK
Oœuf qiAl) de ftiltiplè ttiflfcbaftd, devint
tninlêtredéê fihaâ«es iûtift ChiifleaVlI^éi lé
peifltré Boiltïhéi* qui €ut et la téput&tiott
iu tYtl* siècle, ^qy» Cber. P-«*.
BERET ( Marié ^ÉLi&AâÈttt, da-^
thtêêè Dt ) i tlé« d*Or1éitfi8 et fille du Ré«
gdlit I tiâquit eu 1605, épousa, en 1710,
le duo de Berfy, 8* fib de Louîé^ Grand-»
Dauphin, et moutnit eu 1 7 19. Cette prîu«
ctMe se diatingua, méttfe à la eonf dis^
•oloe de son père, par des nioeUrt corrofiH>
puea et par le scaUdalede ses amours, daus
ta eoufidencè deaquelles le publie a été
tnia par lea indiscrètes et houteUses té-
télatioua de Saint'^Siillbrt. -^^ Le duc dé
Berry, Ué en 1686 et mort eii 1714, itt-^
térèsse ptf ses lUalheurs et par Ses qua^^
litéé aiuiables. 8.
HEURT (CttAtilïs-PtsmDiiyAiru n^Ali-
toîBf et CAKottif«*>FïftUiifAirùÉ-LôtisÊ
tun Namjes, duc et duchesse ne) ap-
partiennent à deUk branches différentes
de la royale maison de BourboiT.
Le premier, petit ^fiU de Fmftte^
né il Yei^itlea, eu 1778, n'était âgé
que dé onte ans quand le comte d'Af-
toia, SOI* père, frère de LonfS XVI,
quitta la Fratice. Le duc dé Berry, ainsi
que le duc d'AngouIéme, son frère aine,
avait eu pour gouremeur le comte de
Sérant , honamé pîeut , austère , qui ^
adoptant, sans les discnter , tous les prin-
cipes strtr lesquels OU croyait la monar-
chie basée , pensait ne faire qne son de-
voir en les inculquant à ses élèves et en
ne s'en écartant jamais lui - même. Le
duc de Berry ne douta point qu'il ne
aati^t à l'honneur y lorsqu'éU 1792
il pointait, devant ThionviHe, un canon
contre des Français. Une partie dé la na-
tion voulait les Bourbons ; mais ceujt-ci
malheureusement devaient S'aider des
étrangers, et b duc de Berry combattit
dans les rangé des ennemis de fa France,
qui n*étaîent même pas soUs les ordreâ
du prince fram^is. Il se fit remarquer par
son courage, dans cette armée de Cortdé
6à tout le monde en montrait, non-seu-
lement en bravant les dangersde la guerre,
mab eu luttant contre fa mauvaise volonté
et la mauvaise foi des alliés que l'on avait
été contraint d'aCcepter. L'armistice de
LAoben for^a le due de Berry de se met-
tre au lervicê de la Russie, aveb les dé-
bris de l'armée dé Gohdé^ qui monuit en-
core à 10,600 hommes, qu'on licencia
définitivement eu 1801. Le duc de Berry
alors avait ftdt neuf campagnes , obtenant
toujourt par aa conduite l'e&tîftie et l'af-
fection de cent t{Ul contbattaletit avec
lui. Obligé, par les Intriguée du ministre
Acton , de renoncer au mariage qu'on lui
avait fkit espérer avec Christine, priit*
cesse de If aples, le duc de Berry, vraiment
pauvre, se retira auprès de son père, dans
le château d'Hôly^Rood en Ecosse, d'où
il Vint demeurer à Londres. Ce fut là qu'il
épousa Une jeune Anglaise \ mats le chef
de la famille desBôUrbôUs, Louis XVIII,
n'ayant point donné son consentement à
ce mariage , madame Brovrn n'eut aucun
sujet de se plaindre kirsqii'il fut annulé.
Plusieurs fols, depuis cette époque, lé duc
de Berry forma lé projet de rentrer en
France et de s'y mettre à la tête des
partisans de sa maison \ ancun de ses
plans ne put réussir. H ne revit son pays
qu'après 92 ans d'absence. Il attendait
depuis quelques mois , à Jersey , T issue
de la terrible campagne de 1814, lors-
que le pavillon btanc fut arboré à
Cherbourg. Le 18 avril, le dUc débar-
qua dans ce port, ivre du bonheur de
revoir sa patrie, et laissant éclater une
joie qui aurait touché toUS tes cofeurs ,
s'ils n'eussent été blesSés par la présence
àeh armées étrangères et attendris par
les revers du grand homute auquel la
France devait tant de glértre, à défont
de bonheur. Les Bourbons cessaient d'ê-
tre proscrits, NapoléOtk lè devenait : les
sentlmens, les devoirs se déibélaient dif-
ficilement dans les ame» les plus nobles,
et une nouvelle génération demeurait
étonnée dcvarrt les transports de ses pè-
res. Les partisans de la famille royale
accumulèrent les foutea i ffs nfsultèrent
I la nation dans la personne dé celui
qu'elle avait refonnu pour chef; et,
san^ avoir cotispiré . Wapoléon revint
occuper le trdne de Franœ lé SO mars
1815. Mais rissue de la bataîlle deWa-
fèrlôo y fit rasseoir Louis XVIII. On vît
encore le drapeau bhu^ flotter au milieu
des étendards ennemis; de Hi,cefte plaie sé-
crèteque toute la Sagesse de LèuisXVIII,
tea vertus dlfflârentes des membres de as
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BËR
(404)
BER
famille ne pouvatent cicatriser. Cepen-
dant la loyauté de caractère de M. le duc
de Berr^, ses habitudes militaires, sa gé-
nérosité, et en même temps son esprit
d'ordre, lui acquéraient peu à peu de Tin-
fluence. Quoique le parti de l'opposition
fût attentif à publier les moindres torts
qu'il se donnait en se livrant à une viva-
cité qui parfois allait jusqu'à l'empor-
ttment, ou en ne réprimant point son
penchant pour les femmes, on l'aimait
généralement et ceux qui étaient atta-
chés à sa personne l'idolâtraient. Son ma-
riage avec la princesse Caroline de Na-
pies, célébré à Paris le 17 juin 1816,
lui imposa plus de réserve, puisqu'il par-
vint à inspirer un attachement aussi ten-
dre que passionné à sa jeune épouse. Ca-
roline de Bouchon , petite-fille du roi de
Pfaples, n'avait que 16 ans lorsqu'elle
épousa le duc de Berry. Son visage n'é-
tait point régulier et au premier aspect
on la jugeait défavorablement^ mais la
beauté de ses cheveux, la blancheur de
sa peau, la délicatesse de sa taille et de
ses formes ,' la rendaient très agréable ,
quand on l'examinait en détail; sa jeu-
nesse , sa gai té , son naturel méridional
ravivèrent la cour , qu'un vieux roi et les
austères vertus d'une seule princesse ap-
pelée à représenter, rendaient bien grave
aux yeux des Français. M™* la duchesse
de Berry cultivait, protégeait tous les
arts. £lle aimait les concerts, les bals , la
mode; son mari l'approuvait toujours et
la- rassurait quand les conseils sévères de
M™* la duchesse d'Angouléme lui fai-
saient craindre pour ses plaisirs. L'irré-
prochable prisonnière du Temple voulait
que ses méditations profitassent à la nou-
velle habitante des palais de France; son
esprit embrassait les malheurs passés et
à venir : Caroline ne voyait que les joies
présentes , quand elle apprit que les joies
des princes sont, de toutes celles que
l'on peut trouver sur la terre , les plus
faciles à s'anéantir. Elle aTait perdu deux
fils ; mais remplie de jeunesse et de santé,
l'espoir d'une famille nombreuse lui était
resté, et sa fille, charmante enfant, l'au-
torisait à croire que cette famille serait
aimable et qu'elle s'en enorgueillirait.
Avide d'amusemens, comme on l'est à
son âge, M°^* la duchesse de Berrj aa«
sistaiti le dimandie 19 féfrier 1890^
à une représentation de l'Opéra, chobie
à dessein pour célébrer le carnaval. Se
trouvant fatiguée, elle se retirait avant le
ballet, et le prince lui ayant donné .la
main pour la mettre en voiture, était
encore anprès du factionnaire placé à
la sortie de l'Opéra réservée à la famille
royale, quand il se sentit frapper. Un fa-
natique des révolutions, à la manière
des Clément , des Ravaillac , des Da-
mien, un assassin, grâce au ciel, sans
complices (voy. Louyel), venait d'enfon-
cer son poignard tout entier dans le sein
de M. le duc de Berry ; quoique ayant
été plongé dans le c6té droit, la pointe
du poignard avait atteint le cœur. Le
prince eut le courage de le retirer lui-
même, avant de tomber entre les bras
de M. de Mesnard. La duchesse de Berry
s'élance de sa voiture, au risque de sa
vie, sans attendre que le marche -pied
en soit abaissé ; elle embrasse son mari
et ses habits se couvrent de son sang. Le
prince est porté dans une des chambres
de ce lieu consacré jusqu'alors aux plai-
sirs et à la folie ; toute la famille royale,
sauf Louis XVIII, y accourt. Là se ma-
nifestèrent, sur le lit de douleur du duc
de Berry, la sensibilité de l'homme, la
résignation du chrétien, le courage du
guerrier, la générosité du prince I Plu-
sieurs fois le mourant répéta ces paro-
les : « Promettez-moi , mon père , pro-
mettez-moi de demander au roi la grâce
de cet homme Pardonnez, mon Dieu,
à celui qui m'a ôté la vie! » Louis XYIIl
arrive à 5 heures du matin : « Mon on-
cle, je vous demande la grâce de la vie
de l'homme....; cette grâce adoucirait mes
derniers momens Du moins si j'em-
portais l'idée que le sang d'un hom-
me ne coulera pas pour moi 1..... »
Cette ame élevée entra dans le repos
éternel au point du jour le 14 février
1820. La douleur de M'"'' k duchesse
de Berry éclata avec violence; c'était
une vraie femme napolitaine regret-
tant le plus cher objet de ses affections^
cependant sa grossesse, déclarée sur-le-
champ, donna le droit de lexhorter à la
modération; elle se réunit à la famille
royale, et, devenue son unique espérance,
elle la combla en mettant aa monda an
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BER
(405)
BER
fils (voy. BoKDtkJJXy due de)y le 39 sep-
tembre, 7 mois et 15 jours après la mort
de soD mari. Par une Dégligence que
FoD pourrait appeler coupable dans un
temps de factions , la princesse accou-
cha seule, et toutes les oppositions s'em-
parèrent de cette circonstance pour met-
tre en doute sa maternité, ne convenant
point que cette maladresse inouïe était
une des plus grandes preuves de son ac-
couchement; il était aussi facile de se
procurer des témoins qu'un nouveau-né.
Cet enfant, que Ton nomma duc de
Bordeaux, prit en grandissant une telle
ressemblance avec sa sœur et sa mère
qu'il fallut renoncer à le croire supposé;
car l'amour de la duchesse de Berry
pour son mari ne permit même point
de l'accuser de légèreté tant qq'il vécut,
n n'en fut pas ainsi après la naissance de
M. le duc de Bordeaux ; et ce que nos
usages souffrent à peine que Ton remar-
que dans la conduite d'une femme de la
société, on Je reprocha avec amertume
et satisfaction à M™^ la duchesse de
Berry , qui ne s'en fit pas moins aimer
dans tontes les provinces de France qu'elle
parcourait , par ses libéralités et ses
manières affables envers tous; il en
fut de même à Paris, où, dans toutes les
classes, elle eut des partisans dévoués.
Pendant les trois journées de juillet 1 830,
qui firent monter sur le trône la branche
cadette des Bourbons, M°^® la duchesse
de Berry voulut opposer de la résistance
aux insurgés et balancer leurs résolu-
tions en venant au milieu d'eux avec
son fils : Charles X s'y opposa, et la
princesse , en suivant ce roi , se promit
bien de revenir en France. Elle y rentra
en effet, contre la volonté des Bourbons,
résidans alors à Holy-Rood, et débarqua,
dans la nuit du 28 avril 1832, sur la
plage à quelques lieues de Marseille, où
l'on tentait un mouvement en sa faveur ,
qui, n'ayant point réussi, l'obligea à ga-
gner la Vendée, traversant ainsi la France,
dont elle était bannie, et bravant les nou-
velles lois qui l'avaient proscrite. La prin-
cesse trouva des amis en Bretagne : on
s'arma pour son fils; elle alluma la guerre
civile. Mais si elle compromit la' fortune
et la vie des serviteurs demeurés fidèles
i sa race, elle exposa plus qu'eux et ris-
qua son honneur. Un juif de Cologne ,
qui s'était converti à Rome et que le
pape avait recommandé à la princesse, la
trahit et révéla la maison qu'elle habitait
depuis cinq mois à Nantes. Découverte,
le 7 novembre 1832, chez mesdemoisel-
les Du Guîgni, dans un espace de 3 pieds
et demi de long sur 18 pouces de large,
ménagé derrière une cheminée et dans
lequel elle s'était réfugiée depuis 16
heures avec M"* Stylite de Kersabiec ,
MM. de Mesnard et Guibourg, ayant
une partie de ses vétemens et la main
brûlée, M°** la duchesse de Berry (qui
n'avait crié merci que parce que M. de
Mesnard s'évanouissait ) fut renfermée
dans le château de Blaye. Peu de temps
après on lut dans le Moniteur une let-
tre datée de sa prison et portant sa signa-
ture, dans laquelle elle écrivait que les
circonstances graves dans lesquelles elle
se trouvait la forçaient à déclarer qu'elle
avait contracté un second mariage. Elle
était prête à devenir mère, et le public
sut quelque temps après que son nouvel
époux était le fils d'un noble seigneur
napolitain , M. de Lucchesi Palli. On se
complut à refuser a une princesse la foi
que la politesse et la bienveillance accor-
deraient à une simple particulière; les^
légitimistes y oubliant son pays, son âge
et les exemples qu'offre l'histoire , niè-
rent ce nouvel hymen comme un crime
et secondèrent ainsi les ennemis de
la princesse , qui , par son aveu , perdait
tous droits à une régence incertaine, mais
ne s'attirait plus que le blâme des ambi-
tieux. Comme elle avait montré le mé-
pris de la mort pendant son ^pédilion,
elle montra celui de la captivité. ( Voir
l'ouvrage de M. le général Dermoncourt :
La Vendée et Madame y 2* édit.; Paris,
1834.J Renvoyée de France une seconde
fois, M"^* la duchesse de Berry s'em-
barqua à Blaye le 8 juin 1838 et arriva
en Sicile après une traversée de 24 jours.
De là elle alla rejoindre, aux environs de
Prague, la famille royale avec laquelle
elle parait maintenant réconciliée.
Les lettres de M. le duc de Berry, pu-
bliées après sa mort par M. de Chateau-
briand et imprimées dans les oeuvres de
ce dernier , sont d'un grand intérêt. Ce
prince a laissé deux filles de son pre-
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9ER
(406 )
BER
rpne RU niarqui» d» C*îïW»W« , l'autre «U
priqce 4fiFï(uqign]f;«(d»4P9ftlUAnQ^«V0Q
C^rolioe 4e Bourlnm, ï^ttif^TMiupiflhr
ri» lo 21 lep^mbre l^JQ, ç( Reori, «tc„
duc de BordeuMiU I*. C B,
BBR|tYBR(9uiLiE*^AjrT<nif«), ûk
d*U« (tes AVQQ«i(fi lai pld^ divtipgnéd du
b4r^9a^ 4o P«rîf » Q^quit dnns oett^ villo
e^ U80, |î, Bçrryc» jeuae, avQoat rt
dépmé, M r«Ç4r4é commp Tun d# chefs
du parti légitimiste*
Voloptnir« royal daui \f» Cofit-jQur»,
il fit le voyage de Gand. A »<») r^our»
luttant cofitre Teaprit imprimé d'abord à
la aeoondf Ae^taw^tiQp, il awiaU aon
père d4n« li^d^ffPse 4u mar^cbal N*y,
et sauva le général Caml^roi^ne dpnt tov'*
tes les bQUcbM répéuiqqt 9\pv% ç% inol )
«( Xa garde l^e^n> e( ne SQ r^^d pasi «
Moins bewreiiK à ('audience p^i^ur la gé«
néral Debelle, il i^lU A^ jeter eo wp*
pliaat a^x pjeds de J^qis XVIU et obn
tint sa gr^ce, Paitis^p sélé de la liberté
de la presae, il n^bésita pas à la défendre
contre ^es amis politiques. Dans son plai*^
doyer ppw lï* Quciidi^rw^ (?4 jpin
1»J4), il signala 1^ tentative» q"e fai-^
salept 1«^ puifsf^na dw jour pour amortir
Topiuiou publique eu achetant à prin
d*ar les jouru<iu]^ dout le nombre élsit
alora limité, h f^om içtrcuocf^i^ d^
opiniom ^ vçMS ne savez p^ les dé^-
fi^dre! ^ dit-il publiquement a Itfn de
Yillèle et è ses partisans. Oeu^ an^ plmt
upd (9 1 Avril 1 92Q). défeud^nt Febbé de
1^ Af emmi mis en accusation pQur le^
dootriuef sur l^utprité du p^pe , y A\^
«ait : « 4 qui ose^a-rtrou faire Hu crim^i
da véuérer dep» #on oŒwir et ^es p^r^e^
cette glande puis^auce splrituelltt qui
fait sAus ç^ifim eptendre çe% w*le^ ei^r
aeignemws : Peuple, obéis ^Um roi, il
est Timege 4e Weu sur la icrrej roi»
garde-teil d*Qublier dep» les pompée de
ta graudepr que le dernier de tee s^j«^
est tou frire. »
£n iaS9, envoyé à U çbemhre^des dé-
putés par le département de le Rente-
I.care> il attira aussîtàt VaUentioD, lora
de le discupslon de la femeuse adresse
des 9)1. Après la rétoMun de t^^^ \\
prêta eermeat à le QQuetitutîoo i|ouveUe
e| à Louis^PhilippOa roi des Français.
« Qnand la foroe domiue dans un état,
disait^il, les gens de bien doivent encore
à la eociété le tribut de leurs efTorls
Sur détourner de plus grands maua
ance du 1 1 août), » Le procès^eriminel
dont M. Serryer a été le héros en 18321
lui a donné Tocoasion dedévelopper com-
ment il entendait ce serment d'obéissance.
J!^ duchesse de Berry venait de dé-
barquer près de Marseille. Des brulu de
complots, de guerre civile circulaient ^
édataieqt pertout, quand, |e 20 mai,
M. Berryer reçoit de deu» amis commu-
nication d'une lettre de la Vendée. « La
duchesse de Berry vient d'arriver dans
ce pays, mandait-on* « Aussitôt il part et
arrive à Neptes le 22 à 8 heures du ma-
tin. Trois heures après, un afûdé le
conduit à plusieurs lieues de là yers la
duchesse, i. minuit, il lui remettait une
note rédigée par JH, de Chateaubriand.
Après une longue conférence, il la quitte
dana la matinée du 23. A U heures du
soir il était de retour à Plantes, et H en
repert^it le ^ juin. I.e 7 on l'arrête à
Angouléme eomme prévenu de complot
contre le gouvernement^ Péjà le 9, son
amî» M, de Qranville, avait avoué à
|k|. Demapgeat, procureur du roî a
Nantes, qu'il « était revenu, le cœur na-
vré de douleur de YÇMr que la princesse
^valt obstinément refusé de se rendre a
ses avis, qui étaient de renoncer, du moùu
pour le mLommt, à toute entreprise de
soulèvement et de oherober s^ s embar^
quer pour r Angleterre, » I^ U> M* Ber-
ryer répète le même aveu ^ m. Deman^
geet (voir lea Pièces du procce» Peria
lB32i pag, 6â, 129, ^6, âa, b!^). Le
la, devant le juge d'instruction, il di-
sait : n Si je n'evaia pes lu dane lea jour-»
naui( qu'il e é^é saisi plusieurs pièces
écrites et signées par U duçhe«se de
Bwry et datées de la Vendée, je ne ré-
pondrais pas è ^s questions sur son al-
tesse royale^ Sans me permettre de l'in-
terroger sur ses résolutions, je lui ai dé-
veloppé mon opinion, ûane Téut présent
de la société, je suis profondément eon^
vaincu que le succès 4'une entreprise
violente f d'une guerre, d'une révolte,
ne peut ét^e qu'un point de dépa«!i d«ii-
gereuj^ pour r4iieblis«ementt «m le r^-
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ma
(407)
BEB
bliflii^eat 4*110 gQav«nifin«iil.P#mi«<lé
que la Frtooe oe peut trouver l'ordre et
U paâ qoe par le retour de U loi foo^
dameotale de la saonarchie sur la traoa-
miaaion de la •ouveraîneté» je croU en*
core que U diacusaion aeuU doit Cure
entrer cette vérité dans la couvioUon de
toua. C'est dana oeUe peiiaée qu'eu ju*
raot obéiaaauce au gouvememeut de fait,
je auia realé à la cbambre dea députés,
pour tendre au aucc^ de mea opioiona»
{Jbid,t P«8* ^^-^i 1^3-^> 1^<>> >^ux aa*
siaea de Bioîa, M. Berryer a été acquitté
aprèa d« court* débata qui ont fait rea*
sortir la taleot de aa défense, l'impar^
tialité des magistrats et rindépeud^uce
du pouvoir judicUire,
Dana lea premiers jours de janvier
1834, M* Berryer reproduisant à la tri*"
bime, avec plu» de développeoient, ses
doctrine* sur le serment, s'est attiré cette
réponse du garde*- des -aoeaux : « Voua
n'élea ici qu'en vertu du serment que
voua avec prêté au roi et A U Cbarte,
Youlez*vQus le retirer? dites -le fran**
chemeot; mais ne fauaaea pas la morale
publique par des subtilités, » (Momteitr.)
Son mandat a expiré, avec celui des au^
très dépiités,à la fipdeinaidemier(1834),
lora (le la dissolution de la dernière ses-
sion des chambres; mais en juin il a été
réélu dans quatre arrondissemans des dé-
partemnna delaHaule-Garonne,desBou-
ches-du-Bbône, du Yar «t de U Haute*
Loire« D-i.
BEBTHV (<ztf grand pied)^ ainai
nonMuéiç ptfce qu'elle avait, dit -on, un
pied plus grand que l'autre. Fille 4« Ca**
riberl, comto da l4K>n, oatte princeaae
épousa Pépin-lch-Bref, aveo lequel elle
fut élevée, en 761 , au tràne de France,
et fut mère d» Charlemagne. C'est là sou
plus beau titre aux boounages de la pos-
térité i car la eouduitA qu'elle naeua aprèa
Uiuort de son époux et l'inAuenoe qu'alla
exerça sur un de ses fila, pour l'oUigar à
r^kudier 90U épouse Uémiltrude, (but
regr^tcr que Vbistoire u'aM pu se twm
fermer à aoa égard dans le silence quÂ
couvre l^a deriûèreaannéaa de «on exis-i
Mv^ce^ Qiu «ait seuUoicHt qu'dle mourut
à Q^oisj^ke t^^iuiUat 7ë3, et qu'elle fui
plwitaiîî i^^rréeà SaiulrQenie» «uprèa
4f^«mAépewa^
M. PauUn Paria vi^t ( 1839 ) de i
susciter un vieux poème du xui^ siècle
qui porte le nom de Berie ^us granf
piéf, et qui est Ifouvrage d'un poète
français appelé Adenès ou Adans, dont .
les inspirations eharmaieut les loisirs de
la cour du roi Philippe-le-Hardi, La U-
ble sur laquelle Adenès a composé son
poème n'offre que peu de rapports avec
l'histoire de la reine dont il porte le nom;
et si nous en parions ici c'est uniquement
à cause de l'analogie qui résulte du titre
de son oeuvre entre sonhérmne et l'épouse
de Pépin-le-Bref. D. A. D.
BEET0IEB (AuxAMmix), le plus
intime des oonfidens de Napoléon, dont
il avait été le chef d'état^migor pendant
l'immortelle campagne d'Italie, en 1796,
et qui, depuis, le déoora suooeasivement
des titres de maréchal, de grand-ve-
neur, de vice-connétable, de prince sou-
verain de I^eufchâtel et Valengln, de
prince de Wagram, etc., etc., naquit en
1763 à Versailles, d'un officier au ourpa
des ingénieurs-géographes, et mourut en
181Ô, à Bamherg, au château du prince
de Bavière, son beau-père.
Il occupe une place distinguée dans
l'histoire contemporaine, l'homme qui
un moment remplaça Bonaparte dans le
commandement en chef de l'armée d'I-
talie, qui acheva U conquête de Borne,
qui organisa la république de Milan, et
qui atUcba son nom à d'importaaa trai-
tés, comme la capitulation d'Ulm {vqx.)y
le traité de Munick ( 1806>), U eonven-
lion de Koenigsbevg, ela^ car cet homme
avait la pensée du maître, et son talent
c'était de la meUre en apf^tion.
Deatiné par son père au corps des in-
génieurs, il y entra aprèa en avoir fait
lea études spéoîaka; maia bientôt U ob-
tint une compati dana les dragons do
Lorraine, d'on il pesaa, comme o^Bcier
d*état*4najer, à l'armée expéditionnaire
d'Amérique, sous les ordres du fénéral
Roohambeau. I>eveDu colonM aide-*ma-
joe-géaéral pendant bi guene de V'indé-
pettdanoe, oà il a'élail veiUMiwent con-
duit, il fut, aprèa son retaiir>uom«»é, en
1789, major^général de la garde natio-
nak dei VerMiUea , vil W où îï s'aoqnit des
deotta à l'essime des hena eiloyens par
le Modéiniie» et k fenneté qu'il mit
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BER
( 408)
B£H
dans ses fonctions, surtout à l'occasion
des troubles excités par la nouvelle de la
fuite des tantes du roi pour Tltaîlie.
^ers la fin de 170i il fut envoyé à
Metz en qualité d'adjudant-général, et
bientM après le maréchal Luckner se l'at-
tacha comme chef d'état-major. Employé
dans l'ouest, il y fit son devoir contre l'in-
surrection avec la même vigueur , et il
échappa ainsi aux accusations que moti^
vait sa conduite à l'égard des démago-
gues à Versailks.
Le 13 juin 1793 il eut trois chevaux
tu^ sous lui en défendant Saumur trou-
tre l'armée royaliste; alors il était chef
d'état-raajor du maréchal Biron. Deux
ms après il fut promu au grade de gé-
néral divisionnaire et choisi pour chef
d'état-major par le général Bonaparte,
lorsqu'il prit le commandement de l'ar-
mée d'Italie. C'est la belle époque de la
vie militaire de^ Berthier, qui seconda
dignement son chef et eut une glorieuse
part aux combats de Millésime, Ceva,
Mondovi, au passage du pont de Lodi,
à la bataille de Rivoli. Il avait mérité
ainsi l'honneur d'apporter au Directoire
le traité de Campo-Formio. /
Ce fut au mois de décembre 1797
qu'il remplaça dans le commandement
en chef Bonaparte, forcé par la difficulté
des négociations à se rendre au congrès
de Rastadt. Berthier ne fit que continuer
l'exécution des desseins de soogénéral en
chef.
Il suivit en Egypte le héros qui dès
ce temps l'associait, pour ainsi dire, à
son brillant avenir, et auquel il était
lui- môme attaché par affection autant
que par devoir. De retour avec lui ^ il
devint ministre de la guerre quand son
chef et son ami fut nommé premier con-
sul ; mais il ne resta dans ce poste que
jusqu'au 3 avril 1800, époque à laquelle
il retourna eor Italie avec le titre de gé-
néral en chef. Il ouvrit ainsi la campa-
gne de Marengo, dont la gloire reste à
Napoléon. On ne peut pas séparer da-
vantage le reste de ses service» militaires
de l'histoire des campagnes de l'empe-
Berthier fut fait maréchal le 19 mai
1804 ; les autres dignités plurent sur lui
à de eoorto intervalles, et ce fut pour le
grandir encore que Temparenr lui fit
épouser la fille du duc Guillaume de
Bavière -Birkenfeld, cousin do roi de
Bavière, union dont il devait rester à
son auteur un souvenir plus digne que
ne le donneraient à croire les prétendues
réminiscences de l'exilé de Sainte-Hélène,
enregistrées dans le Mémorial (t.;y, pag.
72 et suiv.). Il y a dans l'honneur des
familles quelque chose de plus sacré que
les paroles même d'un monarque déchu ;
et les invectives qu'à l'égard de cette union
l'on s'est cru autorisé à livrer au public,
sous la forme de révélations historiques,
sont dignes tout au plus de figurer dans
un pamphlet
A la Restauration de 1814, le prince
de Wagram ne fut pas des derniers à si-
gner l'acte de déchéance de Napoléon. Ce
fut lui qui, à la tète des maréchaux, pro-
nçnça l'allocution obligée à Louis XYIDE,
dans le château de Compiègne. Compris
dans la formation de la chambre des
pairs, il inspira assez de confiance au
roi pour que celui - ci le plaçât à la tête
d'une des deux compagnies qu'il ajouta
à la première formation de ses gardes-du-
corps. On sait que l'autre porta le nom
du duc de Raguse. La suite a prouvé que
c'était là une mesure habile, car ces deux
maréchaux n'ont point failli à la foi jurée
envers la Restauration.
La principauté de Neufchâtel, dont
Berthier avait été investi, à titre de fief,
par Napoléon, à qui la Prusse l'avait cé-
dée par la convention de Vienne du 8
décembre 1805 , rentra en la possession
de Frédéric-Guillaume m dès le S 5 jan-
vier 1814 ; cette reprise fut sanctionnée
par un article additionnel au traité de
Paris du 30 mai 1814; Berthier y adhéra
par son acte de renonciation , signé le S
juillet suivant, moyennant une pension
de 35,000 francs réversible par moitié
sur sa veuve; pension que le roi de Prusse
consentit à lui payer.
Le prince deWagram ne jouit pas long-
temps des bonnes grâces de Louis XVIII :
une lettre qu'il avait reçue de Tlle d'Elbe
lui suscita des tracasseries «outre lesquel-
les il sut opposer plus de courage qu'on
n'en avait à la cour de Napoléon; pour^
tant au retour de celui-ci il ne céda pas à
l'occasion de se venger. D prh le parti 4^
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(409)
BER
se retirera Bamberg, et n mort même n*«
pas trouvé grâce devant l'esprit de parti
pour une résolution aussi loyale. On a
prétendu que le suicide qui termina ses
jours n'aaraît été qu'un dernier acte du
vertige que décelait, dans les derniers
temps, son état mental. Mais, ne serait- il
pas plus juste de dire qu'après avoir cédé
une première fois à l'empire des circon-
stances en sacrifiant à ses devoirs poli-
tiques les engagemens de l'affection et
de la reconnaissance, Berthier ne voulut
pas déirorer, comme tant d'autres, l'hu-
miliation d'un nouveau parjure, en répu-
diant la foi jurée à la Charte de 1^14,
qui garantissait l'indépendance et la li-
berté de la France.
Il existe quelques pièces de monnaie
frappées à l'effigie de Borthier , comme
prince souverain de Neufchâtel ; on en
a vu dans le médailler d'un savant ama-
teur. Nous ne sachions pas qu'il ait ja-
mais composé de vers, quoiqu'on l'ait
représenté comme un Céladon; mais il a
publié les ouvrages suivans : Relation de
la bataille de Marengo, Paris, an XIV,
in-8* et în-4** avec cartes; Relation des
campagnes du général Bonaparte en
Egypte et en Syrie, Paris, 1800, in-8^
On a imprimé à Paris, en 1836, les Mé-
moires tP Alexandre Berthier, prince
de "Neufchâtel et de fF'agram, 1 vol.
in.8**. ' P. C.
BERTHIER. Deux frères du prince
de Wagram, Victor-Léopold (1770-
1807) et CisAR (mort en 1819), ont aussi
servi avec distinction dans les armées
françaises et sont arrivés l'un et l'autre
jusqu'au grade de général de division.
Le comte Feudinaih) de Berthier, fils
de l'ancien intendant de P&ris et ancien
député, appartient à une autre famille.
La manière misérable dont son père ter-
mina sa vie en 1789, pendu par la po-
pulace à la corde d'un réverbère et mu-
tilé encore après sa mort, lui inspira
pour les idées appelées libérales une ré-
pugnance profonde qu'il n'a jamais dé-
mentie et qui Fa même fait accuser en
1831 d'avoir cherché à attenter à la
vie de Lôuis-PhlIippe. Successivement
préfet du Calvados (1815) et de l'Isère,
conseiller d'état (1811) et député de la
Seine, il « constanunent déifehda des
opinions ultra-monarchiques qui même
l'ont fait exclure du conseil d'état par
le gouvernement d'alors. Il y fut de nou-
veau nommé en 1824 et y fut admis en
service ordinaire en 1828; S.
BERTHOLD, le deuxième apôtre du
christianisme parmi les Livonieris, était
abbé du couvent cistercien de Loccum
dans la Basse-Saxe; en 1196, après la
mort de MeiAhard , premier missionnaire
et évéque de ce peuple païen (Lives et
Lettons), Berthold fut nommé par l'ar-
chevêque de Brème et de Hambourg évê»
que et missionnaire en Livonie. Arrivé à
Ixkull sur la Duna, siège des premiers
chrétiens de la Livonie, il chercha à ga-
gner les naturels p^r la douceur, mais
néanmoins il fut expulsé. Il y retourna
bientôt après avec des croisés venant de
la Basse-Saxe, pour forcer le peuple par
les armes à embrasser le christianisme;
mais il fut tué dans un combat, en 1 198.
Les croisés finirent cependant par vain-
cre et obtinrent par la force la conver-
sion des Livouiens; mais à peine avaient-
ils repris le chemin de leur pays que
les Livoniens retournèrent au paga-
nisme. C. L.
BERTHOLLET ( Louis-Cl aude ) ,
mort le 6 novembre 1822, sénateur,
comte de l'empire, grand-officier de la
Légion-d'Honneur, titulaire de la riche
sénatorerie de Montpellier, grand-cor-
don de l'ordre de la Réunion, était né le
9 décembre 1748, de parens d'origine
française, à Talloire près d'Annecy, en
Savoie. Élève distingué dans son enfance,
il fut reçu docteur en médecine à Turin
n'ayant pas encore 23 ans. Il se rendit
alors à Paris où il fit la connaissance de
Tronchin, qui l'aida de son immense cré-
dit et lui assura une position honorable en
l'attachant à la maison du duc d'Orléans,
aïeul du roi régnant. Presque en même
temps qu'il se liait avec Trondiin, Ber-
thollet était devenu l'élève de Bucquet
et de Macqner , et ce fut près d'eux qu'il
puisa son goût décidé pour les sciences
chimiques, à l'étude desquelles il put se
livrer , grâces à la munificence du duc
dont il était devenu le commensal. Ce
prince lui donna un laboratoire et le
nomma son préparateur; car il aimait
les ictences naturelles et «v»t étudié la
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BER (410)
diimie tTeeBomber|, BerlboUet awan
»on «venir en 9e faisant natitraliser etrec^
voir (1779) docteqr en médecine de la Fa-
culté de Paris; il soutint «a thèse sur les
Propriétés médicales du lait des ani"
maux. Bientôt après, abandonnant $uhl
et ses partisans et repoussantla vaine théo-
rie du phioglstique qu'il avait soutenue
jusqu'alors, il entra franchement dans la
voie nouvelle ouverte par l^voisier, et se
livra entièrement à l'étude de la chimie.
Son immortel ouvrage» Essai de statique
chimique t prouve assez combien il oqn-
Iribua aux immenses progrès que fit alors
cette «dence. Ia plupart de ses recher<-
ches avaient un but utile : aussi après
avoir été en avril 17^0 préféré à Four-
cro^ pour remplacer Bncquet, et après
avoir été appelé à la même époque à rem-
placer Baume à l'A-cadémie des sciences,
i| fut nommé commissaii^ pour la direc^
tion des teintures aux Gobelins ; ses tra^
vaux dans cette branche si difficile, ai
importante de la chimie appliquée, prou^
vent combien il convenait a cette place.
Qui ignore en efifet que Berthollel, faisant
une curieuse application de la découverte
de Scbeele sur la propriété qu'a le chlore
(acide fnuriatique déphlogistiqué d'^-
lors) de détruire les couleurs végétales,
créa un nouvel art, celui du blanchi-
ment par le chlore, méthode dont l'usage
fut bientôt universellement adopté et
qu'on connaît encore sous le nom de pro-
cédé ^ertfiQllien. D'autres travaux non
moins importons firent connaître Beiv
thoUet du grand capitaine qui allait pré-
luder par les campagnes d'Italie à la con^
Su^te du continent européçut Bientôt
icrtholM associé à JMonge, dont la
acieqçe égalait le patriotisme» créa par^
tout des salpétrièrea et améliora les piH^
oédéa suivis pour la fabrication de la
poudre, Cest à Toccasion de ces tra^vaux
qu*il conçut ridée de #nbstitu«r an nitr«»
dans la composition de la poudre, uqe aub-
ftance to^e nouvelle que «ea recberchea
sur le chlore lui avaient permis de hi^
connaître» If chlorate de potasse, Les e^
aail faits à &aonne firent sauter le mou-
lin e^ périr cinq per^onnea (t>ojr% I\)uniki
ruioiiK^KTv^ U découvrit upe awbaungi
plua d^gerense eocore dans l'itmwQ^
BBR
soua la wm d'o/yn^r^^UîmifMr* Après
avoir suivi Bonaparte en Italia, il fut
nommé pour faire partie de l'expédition
d'Egypte et chargé du soin de choisir les
savans qui devaient composer le corps
scientifique d^ cette expédition. Au faite
dea grandeurs, Napoléon prouva toute
l'estime qu'il porUit à Berthollet et toute
son amitié pour lui en le comblant d'hon-
neurs et de dignités, Berthollet ne s'est-il
pas moptré oublieux de tant de bienfaiu
en votant, le l*'' avril 181 4, la déchéance
de l'empereur? I^e roi Louia ILYltL lui
aut gré de cet acte, que dicta sans doute
l'impérieuse nécessité de l'époque, en
l'appelant à la pairie le 4 juin auivant,
position dans laquelle Berthollet fut un
constant défenseur des libertés constitu-
tioonellea. L'expédition d'Egypte avait
été nécessairement pour Berthollet l'oc-
casion de nouveaux et importans travaux :
reconnaissant que les immenses quan-
tités de natron qu'on trouve dans ces
contrées résultent de la transformation
spontanée du muriatede soude, qui n'y
est pas moins abondant et qui repose
sur une couche de craie (carbonate de
chaux), en carbonate de aoode ou uatron,
il enrichit l'art de nouveaux procédés
pour décomposer lé muriate de soude, et
fournit ainsi d'immenses quantités d'a^
oide muriatique aux blanchisseries qu'il
avait créées et de la soude aux fabriques
de verre et de savon*
Après la Restauration, ayant à prendre
une part moins active a^ix a(fairea de
l'eut , il vécut plus retiré datis sa maison
de camoagne d'Arcueil (vqr4 ^ i^ ^^^^
cette So^té d'Àrçueil, composée de
l'élite dea chimistes et des pbysicieiis de
l'époque, et qui publia 3 Yolnmca de mé-
moires, Cest dans cette charmantti i^o-
traite qu'il mourut à l'âge de 74 ans.
Nous n'avoua pu qu'indkiucr les travaux
de BerUtolle( ; parmi ses nombreux mé-
moires et ses ouvrages nous citerons les
Jilémem de l'^n de la teii^ure, qui
sont encore consultés jouruellement.
Berthollet preuve, qu'il avait du cou-
rage quand il démontra qu'une portion
d*eau-de-Yie> qui était fort tn>uble et
qu'il panMsaai^ entrer daoa Ifs plans du
comité di; «alut piibUp et de HobMpierre
d« faÂf<^.w^ii4éwr çmmf^ e^w'^ûnoéc^
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BEa
(«»)
um
ne rwrçrmai( aaoun principe nubible,
BertboUet avait qp 6b (Aiikdée) dont
les premiers travaui^ avaient d^à faU
concevoir les plua brillantea espérances
pour soq av^r; mais à l'âge d'eqviron
Ï8 ans, en 1811 , étant à Marseille, il
s'asphyiiia volontairement Dans son mé~
qmire sur V Analyse de Farmnonifiqae
il avait complété les travaux de son père
qui avait découvert que l'azote est un
4çs principes oenstiluans de eette sub-
stance, et que cet azote eiiiste en grande
abondance dans la chair des animaux; il
avait indiqué le moyen de l'en extraire
par Tacide nitrique alTaibli* A. L-d«
BERTIN (AiiTOïKis), poêle erotique
français foi*mé à l'école de jDorat, mais
bien supérieur à son maître et heureux
imitateur de Parpy. Il naquit à l'Ile Bour-
bpn» en 1762, et mourut, en 1791, à
SaiplrDomiogue où il venait d'épouser une
jeqqe créole. On a de lui > sous le titre
d'Jmoiirs, des élégies qui, avant d'étrç
imprimées, en 1782 , avaient fait fortune
dans les salons , et un Foyage de Bout*
gagne en prose cl en vers. S,
BEHTIN (TaÉODORE-Pus^aK),
connu comme traducteur et comme sté^
nographe» naquit à Dooemarie, près de
Provins , en 1 751 , et mourut à Paris en
1819. Attaché en qualité de sténographe
à plusieurs assemblées législatives de
Fraoce, il iniroduisit dans ce pays ce
procédé d'abréviatiop. XI traduisit un
grand nombre d'ouvrages anglais, et en
composa lui-même en français pour T in-
struction de la jeunesse et sur diverses
matièrea, J^ mécanique et la pbyaiquq
formaient son étude de prédilection , et
on lui doit, l'inventâon des lampes doci-^
uwcistes^ S,
91SKTIN (Irfîu?a-FaA5çoxs), l'aîné
des deux frèrea Qe^tin ^ naquit à Paris
en 1766 et fut destiné à l'état ecclésiasr
tique. Au sortir du collée du Ple^sis it
fit sa théologie au collège Saintç-Barbe,
et ses ca<nai*l|de9 se rappellent encore;
a(\jourd*bui la bibliothèque qu'il avait
formée avec If revenu d'un petit bénén
fiée doni U était ^éy\ pourvy , quoique
écolier. Avant qu'il entr&t dans les or-
dres, cette carrière lui f^t fermée par
la réwltttion, Il en ftvai^ em^rî^sé les
espér^l^es et les réfpfm^ V{%^ pi^
Gamme tout lea ocmira généraux de cette
époque, il voulait une rénovation poli^
tique; mais sans l'acheter par les longs
déchiremens de l'anarchie. Débordé par
la violeoce du mouvement , il s'attacha à
en combattre lés excès. Depuis 93 , on
le vit concourir à la rédaction de plu*
sieurs journaux , no^mment du Journal
français^ de V Eclair (11 ^S)^ du Caur^
rier universel, et, après le 18 brumaire
an Vin (9 nov. 1799), il fonda, de con-
cert avec son frère (v- BsnTur nsYAnx),
le Journal des fiéboXs {voy,\ le premier,
le plus brillant , et le plus influent des
organes de la critique littéraire et de IV
pinion monarchique. Impliqué» en l'an
IX, dans une accusation de royalisme» il
fut 9 mois détenu dans la prison du
Temple où les épreuves de son journal
lui étaient apportées. De là» déporté à
l'Ile d'Elbe» il s'en échappa, parcourut
ritalie» cette patrie des beaux-^rts, et fit
connaissance à Rome de M. de Château* .
briand dont il devint l'ami intime, e|
qui plus tard devait avoir sur son jour-
nal une si grande influence. En 1804 i|
revint à Paris \ la police fermait les yeux
sur sa présence. Il reprit la rédaction en
chef du Journal des Débats, auquel, en
1805, Napoléon imposa le titre de Jour-
nal de l'Empire, De plus, il imposa
M. Fiévée comme rédacteur en chef avec
un traitemeot de ôO à 60,000 francs qui
lui fut assigné sur le journal, Cepepdan^
M. Fiévée, cédant à l'influence de M, Ber-
tip, laissa insérer un morceau extrait
du Mercure de France qui appartenait
alors à MM. Bertin et de Chateaubriand
et où oe dernier, avec sa verve ordinaire
peignait Tacite marquant la tyrannie
d'une empreinte ineffaçable e| désignait
évidemment Napoléon- Celui-oii mécon-
tent, remplaça» en 1808, M, Fiévée dans
la rédaction du Journal de C empire par
M. J^tienne. Les propriéuire* du Jour-t
nal des Débats perdirent toute influence
sur la rédaction de leur jouroal» ce qui
n'empêcha PM qu'en 1 8 1 1 ils furent tout-
à-^faît dépouillés, par un arrêté de l'empe-
reur, de leur propriété) L'énorme revepH
créé par leura talçpa et par ceux de9 9^\^
qu'ila ^éuiçn^ attachés, le mobilier de
la rédaction» jusqu'aux glaces et aux iUu-
teuUs l>^ ^ ^m^ t^^( fut ^aiii «aw
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BER
trrét dat Iribunaux.Ce n'était pas, comme
on le voit, l'époque des garanties pour
la presse.
M. Berthi ne reprit cette propriété
qu'en 1814, au retour des Bourbons.
Dévoué à leur cause où il voyait celle de
la France, il suivit Louis XVIII à Gand
et y fut chargé de la rédaction du M(y-
niteur universel, le journal officiel des
royalistes pendant les Cent-Jours. De re-
tour à Paris en même temps que les
princes, il seconda yivement les mesures
du gouvernement par la direction du
Jfournal des Débats. La manière dont
M. de Chateaubriand fut renvoyé du mi-
nistère et les plans imprudens, avant-
coureurs de la catastrophe de Charles X,
le firent passer dans les rangs de l'Oppo-
sition. En juin 1830, M. Bertin eut à se
défendre devant le tribunal de police
correctionnelle d'un article qu'il avait
publié dans les Débats contre Ta vendirent
du ministère Polignac, avènement qui
lui avait arraché ces mots : Malheureuse
France^ malheureux roi! Condamné par
le tribunal de police correctionnelle, il
fut acquitté par la Cour royale, sur la
plaidoirie de M. Dupin, l'ainé. Ses adver-
saires n'ont pas manqué de lui reprocher,
surtout après la révolution de 1830, qu'il
avait abandonné le principe de la légiti-
mité. «( Nous avons voulu et nous voulons
toujours l'hérédité de la couronne, a-t-il
répondu, non pour accumuler pendant
des siècles dans une même famille les
honneurs, la richesse et la puissance,
mais pour les avantages qu'en retire la
propriété , le commerce , l'état entier
dont il représente et maintient l'unité.
En 1830, fallait-il sacrifier au principe
tout ce qui en fait la valeur, nos libertés,
notre civilisation , notre repos, nos lois?
Des flots de sang versé ne l'auraient pas
conservé à ce prix. Le peuple, tout san-
glant du combat, aurait repoussé le prin-
cipe de la monarchie héréditaire s'U eût
été irrévocablement lié au maintien de
la branche atnée des Bourbons sur le
tr6ne. Nous l'avons tiré des décombres
où l'avait enseveli le canon des soldats
de Charles X. » {Débats^ 3 nov. 1833).
M. Bertito, heureux au milieu de sa
famille et de la brillante élitedes hommes
de talent qu'il a sa s'attacher , est tout
entier à la direction de son journal qu'il
n'a jamais quittée que par la force , et
n'a jamais eu d'autre ambition. Il n'a
recherché ni places ni décorations.
Dans sa jeunesse ( 1798 et 1799 ),
M. Bertin a publié quelques romans en
partie traduits de l'anglais : ÉUza ou la
famiite d^Elderland; la aoche de Mi-
nuit; la Caverne de la mort et r Église
de Saint'Silfrid. D-k.
BERTIN DE VAUX (Lotris-FEAW-
çois)| frère du précédent, aujourd'hui
pair de France, naquit en 1771 . Quoique
sa carrière politique ait eu plus d'éclat
que celle de son frère, il a pourtant tou-
jours suivi la même ligne.
M. Bertin de Vaux seconda son frère
dans la rédaction du Journal des Dé^
bats, eut sa part des poursuites que leur
attirait l'esprit du journal, et fut dépouillé
avec lui, en 1811, de cette propriété.
En 1801 il fonda une maison de ban-
que à Paris. Quelques années après il fut
nommé juge, puis vice-président du tri-
bunal de commerce. A la chute du gou-
vernement impérial, il se prononça vive-
ment pour les Bourbons, et , au mois de
septembre 1815 , il présida l'un des col-
lèges électoraux de la capitale qui le choi-
sit pourdéputé. Un mois après, il fit partie
du ministère de la police en qualité de
secrétaire général et il y resta jusqu'en
1817. En 1820, il présida de nouveau
le collège électoral qui l'avait déjà nommé
député et qui le nomma une seconde
fois. Il échoua aux élections suivantes;
mais peu de temps après il fut élu par
l'arrondissement de Versailles qui renou-
vela son mandat en 1834 et en 1827.
Conseiller d'état en 1837, puis démis-
sionnaire en 1839, il se rangea parmi
les 321 pour renverser un ministère
dont la chute ne fîit que le prélude de
celle de l'ancienne dynastie. Cétait peut-
être plus que ne voulait M. Bertin de
Vaux ; cependant après la révolution de
juillet il s'associa à ceux de ses collègues
qui proclamèrent roi le doc d'Orléans.
Rappelé alors au conseil d^état et chargé
de missions diplomatiques en Hollande
(33 sept. 1830) et en Angleterre, il fut,
par l'ordonnance du 13 octobre 1833,
nommé à la chambre des pairs où il siège
encore aujourd'hui. Dm M.
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BBRTINAZZI (Charlks), vojr,
Carlut.
HERTIUS (Piebue), coamograpbe et
historiographe da roi Louis XIII, pro-
fesseur royal de mathématiques, naquit
à Beveren, en Flandre, en 1566. Les
troubles de religion engagèrent ses pa-
rens à le transporter à I.ondres, «ù il
commença son éducation. Il l'acheva à
Leyde, où son père, qui était devenu
ministre protestant à Rotterdam, le fit
Tenir à l'^e de 12 ans. En 1582 , Ber-;
tins, âgé de 17 ans , embrassa la carrière
de renseignement, et professa successi-
vement à Dunkerque, à Ostende, à Mid*
delbourg, à Gces et à Strasbourg. Le
désir de s'instruire lui fit entreprendre
un voyage en Allemagne avec Juste-
Lipse; le même motif le conduisit en
Bohême, en Silésie, en Pologne, en
Russie et en Prusse. Il revint enfin à
Leyde, où il avait été nommé profes-
seur. On le chargea aussi du soin de la
bibliothèque de l'université de cette ville,
qu'il mit le premier en ordre et dont
il publia le caulogue. En 1606, il fut
nommé régent du collège des États, à
la place de Jean Kuchlin, son beau-père;
mais ayant pris le parti des disciples
d'Arminius contre ceux de Gomarus et
publié contre ces derniers un grand nom-
bre d'écrits théologiques , it se vit dé-
pouillé de toutes ses places et de tout
moyen de subsistance, quoique chargé
d'une nombreuse famille. 11 présenta
aux États de Hollande une requête pour
obtenir une pension , qui lui fut refusée.
En 1618, Louis XIII l'avait honoré du
titre de son cosmographe. Contraint par
la misère, Bertius se rendit en France
et embrassa la religion catholique. Il fit
son abjuration le 25 juin 1620, entre
les mains de Henri de Gondi, cardinal
de Retz, évêque de Paris. Les protestans
s'affligèrent beaucoup de eette abjura-
tion et les catholiques n'osèrent pas
s'en glorifier. Peu de temps après, Ber-
tius fut nommé professeur d'éloquence
du collège de Boncourt, ensuite histo-
riographe du roi , et il fut enfin pourvu
d'une chaire surnuméraire de professeur
royal de mathématiques. H mourut en
1629.
Bertius a laissé un grand nombre d'é-
crits , les uns théologtques, les astres de
géographie. Les premiers causèrent ses
malheurs et sont oubliés, les seconds lui
procurèrent une existence heureuse et
sont encorç quelquefois lus ou feuilletés
par les savans.
Le plus connu des ouvrages géogra^
phiques de Bertius et le plus recherché, -
est son Thtatrum geogrophios veteris
(2 vol. in-fol., 1618 et 1619, EIxevir ).
Cependant ce recueil, dont Bertius n a
été que l'éditeur et l'éditeur négligent,
a plus de réputation qu'il n'en mérite.
Le premier vojume se compose unique-
ment de la géographie de Ptolémée, en
grec et en latin , réimprimée sur l'édition
donnée 1 4 ans auparavant par Montanus
(désignée vulgairement, mais à tort, sous
e nom d'édition de Mercator),à laquelle
Bertius a seulement ajouté les variantes
d'uu manuscrit de la bibliothèque pala-
tine, qui lui avait été fournies par Syl-
burg; mais Bertius a laissé faire dans
son édition un bon nombre de fautes qui
n'existent pas dans l'édition de Monta-
nus. Le second volume du Theatrum
renferme Titinéraire d'Antonin et la no-
tice des provinces de l'Empire, réim-
primés sur l'édition d'André Schott,
dont Bertius a copié jusqu'aux fautes
d'impression. Ensuite vient la table de
Peutinger, telle que l'avait donnée Yel-
ser, et avec les commentaires de ce der-
nier auteur; enfin, un choix de cartes
de géographie ancienne, extraites du
Parergon d^Ortelius, et avec le texte
descriptif de cet excellent géographe,
tout cela sans aucune note ni addition
de Bertius.
Voir pour les autres ouvrages de Ber-
tius les Fies de plusieurs personnages
célèbres, des temps anciens et moder-
nes, Lyon, 1830, 1 1, p. 350-53. W-r.
BERTOLACCI (Antoine), fils de
Pascal Bertolacci, ancien président de la
Cour suprême en Corse sous la domina-
tion francise , ayant émigré avec sa fa-
mille lors de la révolution de 1793, fut
employé, sous le ministère de lord Guil-
ford, son ami, dans l'Ile de Ceyian, où il
exerça pendant 17 années la charge d'ad-
ministrateur et de contrôleur généi*al. Ces
hautes fonctions développèrent ses vues
d'économie politique et civile, et il ne
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BËR
ttêêà ûê diriger ses idées vers la tnorale
et le droit publie, comttie les vraies bases
de la liberté et de Tordre, ert y appro*
priant les conûaissances acquises de l'an-
tique dtilisation religieuse de Tludë.
Mais les fatigues excessives causées par
l'activhé de son esprit, quoiqu'il fût d'une
constitution robuste, et Faltération crois-
sante de sa santé sous le tropique, le dé-
terminèrent à quitter son emploi, et il
revint en Europe. Il s'occupa en Angle*
terre d'appliquer, dans plusieurs ouvra-
ges, ses principes sur l'économie sociale,
d'abord à l'administration des établisse-
mens de la Grande-Bretagne dans l'Inde
et ensuite à l'état présent de la Grande-
Bretagne elle-même, en publiant: i^ J
viefP of the agricuUural, commercial ^
and financial inierests of Ceylan, wiih
an appentUx containing sonïe of the
principal laws and usages ofthe Can-
diansy etc., Londres, 1817, in-S**, 577
pages, avec une carte topographique de
rile de Ceylan par le capitaine Schnei-
der; 2* An inquiry into several ques-
tiens of political economy applicable
10 the présent state of Great-Britain ,
Londres, 1817, in-8^, 94 pages. Après la
seconde Restauration,raoteur vint se fixer
en France, sa patrie, redevenue Palliée de
l'Angleterre. Nul n'intéressa plus vive*
ment, dans un écrit plein d'un patriotisme
vraiment chrétien , les deux peuples amis
en faveur des Grecs martyrs et victimes
de la persécution musulmane. Ce fut
après la victoire de Navarin, qui a signalé
l'accord des deux nations rivales^ qu'il
publia, 8** cette brochure où i! proposait
une alliance étroite par mariage, sous le
titre de La France et la Grande-Bre^
tagne unies i avec l'épigraphe, Terrce
marisque connubium, Paris, 1828, în-
8^, 45 pages. L'auteur y considère ceS
deux grandes puissances, continentale et
maritime, comme le complément l'une
de l'autre, et comme garantes de la paix
de l'Europe entière, par l'établissement
légal de 1 ordre chez les divers peuples,
d'après te forte et Tanalogie des consti-
tutions, dont le but politique est le même,
quoique le champ et les moyens d'action
soient différens. Ce fut enfin dans la
même vue qu'il mit au jonr^ 4^, en 1829,
un projet d'asaoranoes générales aor
la vie^ administrées et gal*afttteft par le
gouvernement, afin d'attacher récipro*
quement les peuples à l'État et l'État aux
peuples, par un plan basé, non <^ômmé
les autres plans de ce genre sui* des as-
Sociatk)ns particulières, mais Sur le cré-
dit public même, et qui n'eût pii qilè
consolider l'édifice social, en assurant vé^
ritablement l'avenir de la vie parle bien-
être des Individus et des fàmiUeS. C-oe.
BERTO!! (JÉAif-BAMisTfe), marë-
chal-de-camp, naquit en 1774 près de
Sedan, à Francheval (Ardènnesj. A l'Igè
de 17 ans il entra à l'école de Ërlenne
et de là il passa à l*école d'artillerie de
Châlons, où il fit son apprentissage. Là
guerre ayant éclaté, en 1792, Berton fat
nommé lieutenant dans la légion des Ar-
dennes; il fit avec ce corps les campagnes
des armées de Sambre-et-Meuse, sous le
commandement du général Moreau, et
obtint le grade de capitaine. Sa bravoure
l'ayant fait distinguer à la bataille d'Ans-
terlitz, dans les campagnes de PrUsse, en
1806, et à la bataille de Friedland, en
1807, il fut attaché aux états-majors des
généraux Bemadotte et Victor. Lorsque
le général Sébastian! entra en Espagne,
Berton, nommé chef d'état-major à Va-
lence, donna de nouvelles preuves de sa
bravoure k la bataille de Talaveira et k
celle d'AImanacid. Il enleva, dans cette
dernière, la position la plus élevée dû pis-
ton sur lequel la ville est assise. A Ocana
il montra Une habileté, un sang-froid et
une intrépidité si remarquables que le
prince Sobieski , à c6té duquel il venait
d'être blessé, l'embrassa en présence du
régiment, et lui dit: «le ferai savoir a
ma nation la manière dont vous venez de
vous conduire à la tête de ses enfans; je
demanderai pour vous la croix du Mérite
militaire : les Polonais seront fiers de la
voir briller sur la poitrine d'un brave tet
que vous. «Berton^ avait conduit, dans
cette attaque, les lanciers polonais à l'en-
nemi. Lorsque le corps au général Sé-
bastian! fut dirigé sur le royaume de
Grenade, Berton prit Malaga à la tête
d'un détachement de 1000 hommes, et
fut nommé gouverneur de cette ville par
le maréchal Soult. En 1813, promu au
grade de maréchal-de-camp, il com-
manda une brigade à la bataille de
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(41M
BBR
TodouM eft 1S14. ItenM k PftHs il Té-
pôqna de la première Restanntioti) il Fut
mis à U denii<-Bo1de et De reparut que daa»
le* Geot^Jours. L'emperear lui ayant
eonfié le Gommaiidettieiit dett dragous du
^éral Excelmans, à la bataille de Wa^
terloOy Berton fit preuve d*ufie bravoure
extraordinaire. Biais , k la seconde Res-
tauradoO) la firanchise de ses opinions
politiques et les écrits qu^il publia le
firent rayer des contrôles de Tannée !
ce fut 4 Toecasion d'un ouvrage du gé-
néiml Tarayre^ intitulé De la foret dans
hs goutfememeHS. A cette époque la po-
lice tramait elle-niéme, en France, des
ooflaplots perfides pour faire tomber dans
le piège les méoontens dangereux. Ber^
UMf crédule et ne se défiant d'aucune
supercherie y ne tarda pas à y donner :
le complot oii il s'engagea lui devint
funeste. Le 22 février 1822, il leva à
Thouars l'étendard de la révolte^ pro-
claflM on gouvernement provisoire, et
marcha avec sa petite troupe sur Sau-
mur. Là ses soldats se débandèrent ! Ber-
ton trouva le moyen de s'évader^ mais
il fut arrêté à Laleu, près de Saint-Flo-
rent ^ déguisé en marchand de vin. Son
arrestation fut suivie de celle de plusieurs
de ses complices, et, enlevé à la Gmr des
pairs, son tribunal naturel, il fut renvoyé
devant la Cour d'assises de Poitiers, qui
instruisit l'affaire dite de la conspiration
de Saumur. Ce procès fut aussi scanda-
leux que celui de Caron (vojr. ce nom) :
même dureté dans les juges, mêmes bas-
sesses dans les dénonciateurs; c'est alors
que le nom de M. Mangin, procureur
général et depuis préfet de police (18S0),
acquit sa triste célébrité. Condamné à U
peine capitale, après 17 jours de débats,
avec 6 de ses co-accusés, Berton refusa
Passistanoe de deux missionnaires qui
l'accompagnaient sur la charrette. Au
moment de recevoir le coup mortel, le
S novembre 1822, il s'écria : Fiçê la li-
bertél Vivt la France l et mourut avec
la fermeté d'un soldat français. On avait
eu la cruauté dé refuser à ses enfans de
placer une pierre sur sa tombe, dernière
consolation d'iroe famille infortunée;
mais la révolution de 1880 leva cet in-
terdit. F. R-0.
BBaTOll (Hmi^HoirTÂiis} naquit
à Paris en 1767. H f eçut à l'âge de 6 ans
ses ;)rcmières leçons de musique, et dans
sa IS*' année SI Ait admis comme violon
dans l'orchestre de l'Opéra. Le premier
de ses maltreé crut devoir déclarer à son
père qu'il ne le croyait pas destiné à
réussir dans ta carrière qu'il embrassait;
mais te jeune Berton connaissait mieux
que personne et ses penchans et ses fa-
cultés. Sa profonde admiration pour les
chefs-d'œuvre de Gluck, de Sacchini, de
Piccini, indiquait chez lui des dispositions
plus qu'ordinaires ; la partition de Paê-
siello, la Frascatana, devint Pobjet de
ses constantes études, et l'on peut croire
qu'il y puisa te sentiment de cette clarté
et de cette simph'cité qu'il fit remarquer
ensuite dans toutes ses productions. Il
composa la musique d'un opéra-comique
intitulé la Damé invisible.
Ce premier essai présenté à Sacchini
lui fit découvrir sans peine dans le jeune
Berton le germe d'un beau talent : il dis-
sipa ses craintes, le fit travailler long-
temps sous sa direction, et ce ne fut qu'à
sa mort, arrivée en 1786, qu'il cessa de
lui servir de guide. Cette même année
M. Berton débuta dans ta carrière mu-
sicale, par l'exécution au concert spirituel
de plusieurs oratorios de sa composition,
qui furent accueillis avec une grande
bienveillance. Ce fut en 1787 qu'il fit
jouer au Théâtre-Italien , aujourd'hui
rOpéra-Comique , son premier opéra
qui avait pour titre Les promesses de
mariage. Le succès en fut complet. En
1807 M. Berton fut appelé à la direction
de l'Opéra buffa^ et, pendant 2 ans, il
administra ce théâtre. C'est alors que Le
nozze di Figaro furent représentées à
Paris, et que l'on entendit pour la pre-
mière fois d'autres chefs-d'œuvre de Mo-
zart et de l'école italienne. Eu quittant
l'Opéra bujjfa M. Berton entra à V aca-
démie royale de musique potu* y rem-
plir les fonctions de chef de chant.
Nommé professeur d'harmonie au Con-
servatoire de musique, lors de sa fonda-
tion, il devint maître de composition
dans te même établissement, quand il fut
reconstitué dans les premières années de
la Bestauration sous le titre d*£cole
royale de musique.
Le nombre des membres de la section
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de musiqae ayant ét^ augmenté à l'Insti-
tut en 1815, M. Bertoi^ fut appelé à en
faire partie en même temps que MM.
Chérubini et CateL \prs la même épo-
que ce compositeur fut fait chevalier de
la Légion-d'Honneur, ordre dont tout
récemment il a reçu la croix d'officier.
Sous l'ancien gouvernement il, obtint le
titre de surintendant en survivance de
la musique du roL
M. Berton est un des compositeurs de
Técole française qui ont le plus fait, dans
les 30 années qui viennent de s'écouler,
pour la gloire de cette école; l'originalité
des idées et la nouveauté des formes
sont des qualités qu'on ne saurait mé-
connaître dans un grand nombre de
ses partitions, et particulièrement dans
Mine, reine de Golconde, dans 3îon-
tano et Stéphanie, dans le Délire, trois
opéras qui ont fondé la réputation de ce
compositeur sur les bases les plus soli-
des. Si l'on veut oublier un. moment les
révolutions qui se sont opérées depuis 30
ans dans le système de l'instrumentation;
si , se reportant à l'état de l'art musical
au temps où Montana et Stéphanie fut
représenté, on veut examiner cet opéra
de son point de vue réel, on trouvera que
peu d'ouvrages de la scène lyrique fran-
çaise méritent de lui être préférés. L'é-
légance et la pureté du style, la vérité
dramatique observée plus scrupuleuse-
ment qu'on ne le fait de nos jours, sans être
minutieuse et exagérée comme nous la
présente Grétry , des formes originales et
neuves à l'époque où elles furent em-
ployées, tels sont les points les plus sail-
lans par lesquels se distingue cet œu-
vre remarquable. Aux autres beautés que
renferme la partition à* Aline se joint
une heureuse transition entre la musique
des deux premiers actes et celle du troi-
sième ; la couleur asiatique contraste de
la manière la plus piquante avec le ca-
ractère naïf des airs de la Provence.
M. Berton a été compositeur fécond :
49 opéras ou ballets qu'il fit seul et en
société ont été représentés tant à l'Aca-
démie royale de musique qu'au théâtre
Feydeau. On a de lui plusieurs cantates,
un grand nombre de romances, quelques
recueils de canons à 3 et 4 voix, et un
système général de l'harmonie formant
4 ToL îii-4* qui contfeimeDt on Jthre
généalogique des accords, un Traité
^ de l'harmonie basé sur l'arbre généalo-
gique et un DictionHoire des accords.
Enfin M. Berton a rédigé les articles de
musique qui ont paru dans le journal lit-
téraire intitulé V Abeille, £. F-8.
BERTRAND (HEHiii-G&ATiXNy
comte), général de division, grand-ma-
réchal du palais sous Napoléon , grand-
officier de la Légion-d'Honoeur, naquit
vers l'année 1770, à Ch&teauroux (In-
dre), d'une famille honorable du Berry.
Son père voulut d'abord le faire entrer
dans la carrière civile, mais les événe-
mens de la révolution apportèrent de
grands changemens dans ses premières
dispositions. Le service qu'il fit, comme
garde national, dans la journée du 10
août 1792 , en se plaçant dans un batail-
lon, qui se porta volontairement aux Tui-
leries pour y défendre Louis XVI, lui
inspira le goût militaire. Il se décida alors
pour l'arme du génie et en parcourut ra-
pidement tous les grades; il suivit Bo-
naparte en Egypte et y contribua à for-
tifier plusieurs places. Ses services mul-
tipliés et ses succès lui ayant gagné la
confiance du général en chef, il reçut
bientôt et successivement les brevets de
lieutenant-colonel, de colonel et de gé-
néral de bngade. De retour d'Egypte, le
général Bertrand ne quitta pas Napoléon
dans ses triomphes, particulièrement à
la bataille d'Austerlitz, où il se couvrit
de gloire par son intrépidité et par la pré-
cbion et l'habileté de ses opérations. Dès
ce moment l'empereur l'admit au nom-
bre de ses aides-de-camp. Il se distingua
pareillement à Spandau, à la bataille de
Friedland , et surtout à la construction
des différens ponts jetés sur le Danube
et destinés à faciliter le passage de l'ar-
mée française qui se portait sur Wagram,
où il se fit encore remarquer. Cette cam-
pagne et celle de Russie mirent telle-
ment en évidence les talens et la bra-
voure du général Bertrand, que Napo-
léon voulut le récompenser par le titre
de comte et la charge de grand-maréchal
du palais, vacante par la mort de Duroc.
Il obtint de brillans succès à la bataille
de Lutzen , à Bautzen et à Leipzig. jMais
la fortune de noa armet ooi|wcP(ant a
/
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417 )
BER
chanceler «près cette dernière bataille ,
le général Bertrand réussit à protéger la
retraite de nos troupes, en s'emparant de
Weissenfels et du pont sur la Saal. Ses ser-
vicesfuren taussi d'une grande importance
après la bataille de Hanau. Dans ces deux
circonstances et dans cçlles qui suivirent
le départ de Napoléon pour la capitale,
le comte Bertrand ne songea plus qu'a
sauver les débris de l'armée et eut le
bonheur de presque toujours réussir au
milieu de tant d'événemens malheureux.
Revenu à Paris par l'ordre de l'empereur,
en 1814, il fut nommé aide-major de la
garde nationale, fit ensuite cette campa-
gne de France si étonnante par les suc-
cès et les revers de Napoléon, assista à
l'abdication de Fontainebleau et suivit
l'empereur à l'ile d'£lbe. Accoutumé à
lui obéir comme à son souverain dans
cette ile, il crut lui devoir la même obéis-
sance en France. La marche triomphale
de l'empereur jusqu'à Paris électrisa,
comme beaucoup d'autres , le général
Bertrand, qui employa toute son activité
et tout son talent à favoriser les projets
de Napoléon pendant les Cent -Jours.
Depuis ce moment , fidèle à la mauvaise
comme à la bonne fortune de ce prince,
il ne le quitta plus après la seconde Res-
tauration. Désigné comme l'un des trob
officiers qui eurent la permission de sui-
vre l'empereur à l'ile Sainte-Hélène, avec
le comte de Las Cases et le général Mon-
tholon , il partagea et adoucit les infor-
tunes du héros de la France par les soins
les plus assidus, et ne pensa à reveuirdans
sa patrie qu'après avoir recueilli le dernier
soupir de Napoléon. Si legénéral Bertrand
avait écrit, avant les Cent* Jours, qu'il vou-
lait rester sujet fidèle de Louis XVIII,
comme il l'avait été de Napoléon, il adou-
cit bien vertueusement, aux yeux de l'il-
lustre captif, ce qu'avait de dur un pareil
souvenir, par la conduire la plus honora-
ble et le plus ioviolable attachement. Ber-
trand avait été condamné à mort, par
contumace, le 7 mai 1816. Mais, à son
retour dans sa patrie , en 182 1 , après la
mort de Napoléon , le roi annula par or-
donnance son jugement et le réintégra
dans tous ses grades militaires. M™^ Ber-
trand, fille du général Arthur Dillon, vic-
time des excès révolutionnaires qui eu-
Encyclop. d, G. //. M, Tome III.
rent lieu en 179^, avait voulu partager
l'exil volontaire de son mari. Depuis leur
retour en France ils s'occupaient tous
les deux de l'éducation de leurs enfans
et de la culture d'un domaine qu'ils pos-
sèdent à Chiteauroux, lorsque, par suite
des événemens de juillet 1830, le général
fut élu député de son département Dès
son entrée à la chambre il s'est fait re-
marquer par des idées libérales folle-
ment prononcées, autant que par un
grand amour de la justice. Il n'a jamais
oublié, à la fin de ses discours, son vote
inébranlable pour la liberté illimitée de
la presse, qui est son delenda Carthago.
L'honorable député de Châteauroux,dont
le mandat vient d'expirer (mai 1834),
s'est souvent distingué par des proposi-
tions en faveur des militaires de tous gra-
des, surtout de l'ancienne armée de l'em-
pire. F. R-D.
BERTRAND DE MOLLEVILLE
(AifTOiNE-FBANGOis, marquis de) na-
quit à Toulouse en 1744. Il fut maître
des requêtes sous le ministère Maupeou,
puis intendant de la province de Breta-
gne , et il reçut , comme tel, la périlleuse
mission de dissoudre le parlement de Ren-
nes. Aussi n'échappa-t-il qu'avec peine,
ainsi que M. le comte de Thiars, aux bâ-
tons de la jeunesse bretonne. Ce fut peut-
être une imprudence à Louis XYI de
nommer, au mois d'octobre 1791, pour
ministre de la marine, un homme dont
la fermeté et les principes anti-révolu-
tionnaires étaient si connus ; et la vive
opposition qui éclata contre le nouveau
ministre dans TAssemblée législative
n'a rien qui doive étonner. £lle dura jus-
qu'à la retraite de Bertrand. Mais ce fut
pour lui une espèce de triomphe, dans un
temps où les ministres du roi étaient si
légèrement décrétés d'accusation, d'a-
voir pu échapper à cette proscription.
Parmi tant d'accusations multipliées con-
tre lui, celle d'avoir causé la perte de
St-Domingue n'était pas la moins grave.
Cependant l'Assemblée législative, ju-
geant apparemment la position pénible
où se trouvait Bertrand de Molleviite,
refusa de donner suite à cette accusa-
tion. Chargé par Louis XYI de sa po-
lice secrète^ l'ex-ministre fit de vains ef-
forts pour arracher le roi a l'abîme où
27 >
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(418)
BBR
M Ikûlité !• poomit. DéMiieé aoK jàeo-
bint potir les «iibrts q[u*il fainlt) paU à
rAMtmblée 1égisla(We, BcrtraNl fut «n«-
fin décrété d'accusatioD le 15 avril 1792.
II se cacha daiia Paris at ce ne fut qu*a^
près le 10 août qu*il panrnK à passer ea
Angleterre* H a raeonté luKHnéme les
daogers qu'il courut alors. Pendaot le
procès de Lo«is XVI , il adressa aa pré^
sidèot de la CodTention une lettre en fac-
teur de cet infortuné flBOoarqaa. Dans
les loisirs de sou long eail il composa:
1® V Histoire de ia RéiX>iuiiom/rançaise,
14 vol. in-«**, Paris, 1800*1S08; 2*
Costumes des états héréditaires de U
maison d'Autriche, 60 planches œlo^
riées avec un texte (Van^is et anglais,
in-fol., Londres, 1804; 8^ HUk>ire
d'Ân^terre définis la pretnièr^ inva^
sion des Romains jusqu'à la paix de
1763, avec tables généalogiques et po>-
litlques, 6 vol. tn-8*, Paris, ISIS. Les
eiHieMîs de M. de Bertrand D*ont pu re*
fuser du mérite à cet ouvrage. Rentré
en 1816, il fit paraître des Mémoires
particuliers sur ia fin du règne de
Louis Xrï, t vol. in-8®. Ces méinoires,
comme son Histoire de la révolution, ont
été jugés avec tout l'esprit de parti qui
caractérise notre époque. On y a trouvé
des erreurs , des mensonges, des calom-
nies, d^ aveux indiscrets. On y a ponr>
tant reconnu quelque talent, et ceux qui
ont écrit, comme ceux qui étarlront l'his-
toire de nos temps de troubles, ont été
et seront forcés d'y puiser plus d'une
vérité. Bertrand de Molleville avait dé-
buté dans le monde littéraire avant de
se faire connaître dans le mende politi-
que. Sa Lettre à l'auteur (Condoroet)
de l'éloge du chamelier de rUâpitat,
contenant des recherches smr Vhistùire
de Henri II, qui parut en 1778, avait
principalement pour but de défendre la
mémoire d'un de ses ancêtres, Jean Ber-
trand dkx Bertrand!, qui f\it,dans le xvi^
siècle, cardinal et chancelier. En 1818,
Bertrand de Molleville termina à Paris
«une vie pleine d'Orages et de travaux qui
seront peut-être nn jour mieux appré-
ciés. Th. D.
BERTrCfl (FïiiDÉMe-JiîSTiH) na-
quit à Weimar en 1748. Déjà à l'uni-
versité de léna, ô4 U étudia de 1766 à
1 769 ^ a M fit mi délassettaiH de la poé-
sie ancienne et moderne, ainsi qu'il l'a
prouvé par l'onvrage intitulé : Copies dé-
diées à mas amis (Àltenb., 1770), et par
ses Chansons à bercer {fFierenlieder,
Alteob., 1773). ▲ son retour a Weimar,
en 1 768 , il se chargea de l'éducation des
fils du baron d'£cht, connu par son talent
poétique et par ses relations intimes avec
Wieland, Muskus, de Seckendorf aine,
Bode, etc. Bertuch prit une part active
à la publication du Mercure allemand,
traduisit différentes pièces françaises et
l'ouvrage de Marmontel De la poésie
dramatique, ti arrangea, pour l'Opéra,
X€ /^fw /o/ ( Weimar 1774), et Po-
fyscêne, monodrame lyrique, pour lequel
Schreiber composa une délicieuse mu-»
sique. Sa tragédie à'Elfrieele eut bean^
coup de succès , et il traduisit de l'anglais
VBistoire du frère Gerundio de Cam*
patas ( 3 vol., Leiptig, 1778 ).
Le baron d'Echt avait été pendant
quelque temps ministre du roi de Dane^
mark en Espagne : il réveilla en Bertuch
le goût pour la littérature espagnole et
portugaise, jusque là si peu connue en
Allemagne, et, grâce à ses travaux, elle
fut bient6t aussi répandue que générale-
ment goûtée. La traduction en allemand
du chef-d'œuvre de Cervantes (6 vol.,
Weimar, 1778-79), avec la continuation
qu'en a faite Avellaneda , fut pour l'épo-
que une apparition vraiment extraordi*
naire. Ce que Meinhard avait déjà fait
pour la poésie italienne, Bertuch tenta de
le faire pour l'espagnol et le portugais, de
concert avec Sediendorf et Zanthier , par
son Magasin de ia littérature espagnole
etportagaise{\l%0'%%). Depuis 1775,
Bertuch était entré au service du duc de
Saxe- Weimar comme conseiller et secré-
taire intime du cabinet, mais saâs renon-
cer à son actirité littéraire. Il projeta une
nouvelle édition des oeuvres complètes
de Hans Sachs , poète populaire du xvi*
siècle; mais dans cette entreprise si dif-
ficile et d'un si grand intérêt pour l'art
poétique en Allemagne, il ne fut point se-
condé comme il devait s'y attendre. Avec
Wieland et Schdtz, il arrêta, en 1784,
le plan et jeta les fondemens du Journal
général de la littérature y ^i , à partir
de l'année 1786, il publia, oocjointë-
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BBK
mmit «reo «on «mi Kjniu«, la Journal du
lus9 ft 4esmo4^* Eq 17^0 U oomn
neoça la publîctUoQ 4e ^onfiiUkH^çà»
V44te cpIUg^oo d'e^mpe* avw tw^lo, à
ruMC9 <le« «iir«D9i doQt !• «ucoès a été
inmeote. Dan» I9 mém* tf aip» parut son
MmueliU la langue espagmik (Wp*
«g, nî>0). Bertpçb fonda, ea 17^1, If
oproptoir d*indaairi# nationaU à 'Wei-*
mar, à laqiMla fut rattachée Tacitdéinîe
Cratutt« de dewifi» dpm Qç^th^ ê^nit m
la direction,
Eu donoaul» le premier, Vidée d« U
Bibliothèque bienê 4e toutes lesnatiçfy
( n vol., GotliP, 17904300), il fit ai»,
cor^ une foi# preuve de «ou «mour çoo^
«tant pour las artf «t l« litlka^ura. Cette
prédeaie çolleotioQ da contes de Fée«,
If plu» «ovvent traduits ha^ilamant, ave«
des blographiea iotérfefantos et d*e^ce^
laoa oonun^ntAîre», le comptait p«rifii
•as plus actifs collaborateurs» U foudt
nnwi UQ grand éublissement destiné a
la gravure dee curtea géogi^phiques ,
l'Institut géograpUquc de Weimar qui,
nvec les iphéméri4e0 g^mphiquç^^
publiées d*abord par lui et par le b«h
rpo de Shchi qne remplacèrent plm
tard (^a9pari, Ehrmano et plusieurs au^
lres,a doQuéet donne encore aqjourdHiui
ipne forte impulsion à l'étude de la géogre*-
pbîe, Cest à cette «ustitutioo que l'on
deit le grend MmnuclçQHtpletd^liagéon
graphie mo4eme » piu* nne nocléié de
mvans, qui • été terminé en 1992. Il
forme ^0 tomee dont (a plupert se diviaeot
en plusienn volumes, Enfin c'ait «urtout
è BertuQb qu'on doit U Géographie po-
Udgue^ dont le 93* volume 1^ paru en
1993; ^ la I^uvell^ bibliûiheq^e 4e^
rekuions de voyages, dont U e^He déiè
environ 90 volumes.
Ce «avant laborieniL mouruK en 1939
à Wwmar; il evalt elor« le titre de eoqr
sejller de légation* C L>
W»\iç {Ç^k^im9^vin%vt)y dont
lea vraie nom et prénome étaient Jeof^
Gud^umf Mal^ax, gr^^vfur en tniller
4oMce, membre de rin«t|tnt> naquit à
Pari» en }7$0, Cest enisto ne miireit prér
tendre «u reny des premiei» m^^tre» dn
l^in; mai» U cside beiU« plaees eneore
eprM le« premières, et U en a «ppreoké
de trèa prè» dena <p»elqne»«euia de «ee
onvrafe». Bcrvki vint à nne époque de
régénération, et il rendit à la gravure
le» aerviee» que U peinture , décboe
dan» Técole de Boneber, raeevait du
aérere David* Entraîné par un penebani
irrésiatâble, U oopieit, enfant, lentes le»
imaga» que le baaard frîaait tomber dan»
»e« main», et to vue de qu»lqne« tableaux
et les leçons de dessin qu'il re^t de Ln»>
prince déeidirani de »a vocation. U vou-
Int être peintre; maia, phi» ealenlateur»
qn'entbo«»îa»tt», m» pêran» oraignirent
pour lui, dans la vonca de la fortune»
la lenteur de» études, et virent dan» la
gravure nne per»peotive mein» éloignée
de euoei». On le plaça donc ehes le gra«>
veur J. Géorgie Wllle,dèa l'âgede 19 ane
(1769), Wille aieMit le» tour» de forée,
jouait avec le burin, abii»»it du métier el
»»crii»it à iréclat de» effet» d'nne taille
pure, ebéisaanu et facile, la vérité dn
rendu. Bnrvic, dan» »a longue carrière, eut
beaneenp de peine k vaincre le» influence»
de cette première éducation; mais oepem-
dant U laiaaa de beaucoup derrière lui son
mnitre. On admire en li4 le pur et savant
dnssin , la puiasanee de miMlelé, de ton
et de couleur qu'il savait produire maU
gré le« moyen« dont il entravait à plaisir
»on beau talent. Caa qualité» supréuM»
racbètent bien de» défonis, et, ces dé«-
f»ut», il »ut d'ailleor» »*en affrauobir à
la fin de »a carrière quand il reproduisit
le groupe aubUme du Laocooa. lit il piw
rut avec une manière neuve et inventé»
à son naage, et , par k correetîo» de»
oontow», rhalvle dégradation dea In-r
mièrc«, et le •estiment OBqui» répandn
sur fteut l'ouvrage, il se montra digue
do» meilleuf» maître».
Après avoir »uecesaîv»mnnl grasse plu»
aieur» portrait» oA il e»l intére8»ant de
«uivre paa è pes le» [irogrè» de «on burin;
aprè» avoir fisit au froid Lépicié l'bon*»
neur de gravep »e» CiNiîds tableaux dn
^P9t et de YJeccmUleileviilage, qu'à
(4ien»ba vainement a réobniHer du fen
de «on talent, il prît »a revanche» en
1790, dan« le portnaitdeliMM XVI, et
de U pin» misérable peinture dn CalAit
H fit nne bonne estampe» pleine de vér
rlté, de œiilenr el d'barmonie» Sa rér
putatson dâU de eeiié époque. Elle a'en»
«rut et e'aifemnt encore à rapfariden
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BER
(420)
BEft
de V Éducation d'Achiiie, d'après Ré-
gnauU, et surtout de V Enlèvement de
Déjanire d'après le Guide. Cest là une
belle œuvre qui reproduit avec fidélité ia
légèreté de ton et la manière lumineuse
de ce maître, la noblesse et le haut style
de dessin et de pensée de la figure de
Déjanire, avec l'expression passionnée
de son ravisseur.
Après qu'il eut gravé le Laocoon , son
chef-d'œuvre et l'un des chefs-d'œuvi^ de
l'école française, il gémissait de n'avoir pu
réaliser qu'en partie les vues nouvelles
qu'il avait sur son art. Ces vues étaient
sans cesse présentes à son esprit. Dana
l'école de gravure, où de nombreux élè-
ves recueillirent ses leçons , nul maître
ne s'attacha plus à démontrer les dan-
gers de l'imiution servile, nul ne dirigea
mieux ses élèves dans la liberté du gé-
nie naturel de chacun. Aussi cette école
s*est-elle distinguée entre toutes.
La vie de Bervic fut sans événemens
imporCans. Son histoire est dans ses œu-
vres. Les souverains et les gouvernemens
s'empressèrent de lui décerner les récom-
penses et les encouragemens dus à ses
lalens. Il fut logé par Louis XVI au
Louvre, reçut le prix d'encouragement
pour la gravure en 1792, fut désigné
pour le prix de gravure par la commis-
sion des prix décennaux et décoré des
ordres de la Réunion et de la Légion-
d'Honneur. Il avait été membre de l'an-
cienne Académie royale de peinture et
sculpture; il mourut à Paris , en 1832 ,
membre de llnstitut, laissant la réputa-
tion d'un habile artiste et d'im homme
de bien. F. d. C
BERVILLE (Saint- Albin), avocat
général à la G>ur royale de Paris, naquit
en 1788 à Amiens, où son père était se-
crétaire général de la préfecture, et y
resta jusqu'en 1810. A cette époque il se
fit inscrire au tableau du barreau de Pa-
ris et commença une carrière marquée
par de nombreux succès et par un dé-
vouement parfait à la cause des lumières
et de la liberté. M. Berville plaida dans
plusieurs des procès les plus célèbres de
la Restauration, et se distingua toujours
par sa modération, par le goût qui le di-
rigeait et par l'urbanité de ses manières,
autant que par ses talena oratoires * et ses
connaissances en jurisprudence. Comme
littérateur, il débuta par l'éloge deDeiille,
qui fut couronné en 1 8 1 7 par l'Académie
d'Amiens; l'année suivante il concourut
pour le prix proposé par l'Académie
française et le remporta par son éloge de
Rollin; le public a ratifié le jugement de
l'Académie. M. Berville a pris une part
active à la rédaction de la Revue ency-
clopédique et de divers autres journaux
politiques, littéraires ou de jurispru-
dence. Il s'associa vers 1820 à M. J.-
Franç. Barrière pour la publication de
la Collection de mémoires relatifs à la
révolution française. Un grand nombre
de ses plaidoyers ont été compris dans le
Barreau français publié par M. Pah-
koucke et dans les Annales du barreau
français de Warrée. Après la révolution
de juillet, les honorables services de
M. Berville, dans la carrière du barreau,
rerurent leur récompense. M. Dupont
de l'Eure, garde-d es-sceaux, lui confia
le poste d'avocat général près la Cour
royale de la Seine qu'il occupe encore.
U Encyclopédie des gens du monde lui
doit plusieurs bons articles; 7>oy. Ac-
cent, Action, Avocat, Baillt, Beau,
Bellaet. J. h. S.
BERWICR (Jacques FiTi- James, duc
de), fib naturel du duc d'Tork, connu
depuis sous le nom de Jacques II, roi
d'Angleterre, et d'Arabelle Churchill,
sœur du duc de Marlborough, naquit en
1670 et fut envoyé dès l'âge de 7 ans en
France au collège de Juilly, d'où il passa
à ceux du Plessis et de La Flèche. A
16 ans il commença l'apprentissage de la
guerre en Hongrie, sous Charles de Lor-
raine, contre les Turcs. A 16 ans il reçut
de l'empereur un régiment de cuirassiers,
et il revint à 17 ans en Angleterre avec
l'expérience de deux campagnes, du siège
de Bude et de la bataille de Mohacz. De-
puis 1 685 son père avait succédé à Char-
les II; il lui donna le gouvernement de
Portsmouth, et lorsqu'en 1688 arriva la
révolution, il avait jeté les yeux sur lui
pour rassembler l'armée. La trahison
empêcha Tordre de lui parvenir à temps.
Néanmoins il suivit 4 régimens de ca-
valerie que leurs chefs faisaient passer
au prince \rOrange, et, les ralliant au
«ttilieit àë lanuifr, U parvint à les rame*
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BER
(421)
BER
ner à son père. La rérolation était irré-
sistible : bientôt il lui fallut se sauver en
Fran^, lui cinq9ième , avec Jacques II.
Il n'avait pas 18 ans. Des partisans leur
restaient en Angleterre : l'archevêque de
Gmtorbéry avec 6 autres évéques; et tout
le midi de l'Irlande était aussi resté fi-
dèle. Le duc de Berwick y passa avec son
père, 30 vaisseaux et des tronpes fournis
par Louis XIY. Il paralt^dit Montesquieu
dans son Éloge historique de Berwick,
que les Français n'eurent que trob choses
en tète : arriver, se battre et s'en retour-
ner, tandis que les Anglais, pour éloigner
d'eux la guerre civile, assommèrent l'Ir-
lande. Néanmoins le duc de Berwick,
malgré la perte de la bataille de La Boyne
(iH>/.), s'y soutint avec des succès variés
jusqu'en 1691. A cette époque, étant re-
passé en France,il suivit comme volontaire
Louis XIV au siège de Mons, à Luxem-
bourg,à la bataille deSteinkerqne en 1 693.
Lieutenant-général en 1 693, il fut pris à la
bataille de Nerwinde en tenant ferme
presque seul dans le village, point straté-
gique qu'il avait emporté. Après ses
campagnes de 1703 et 1703 sous le duc
de Bourgogne et le maréchal de Yilleroi,
il se fit naturaliser Français. Tout espoir
de se rétablir en Angleterre semblait
perdu. £n 1 693, des c6tes de la Norman •
die il avait vu le désastre de La Hogue
(voX') où l'amiral Tourville avec ses 44
vaisseaux avaitsuccombé devant les flottes
combinées d'Angleterre et de Hollande.
Lassé de ces sacrifices, Louis XIY de-
mandait que les partisans de Jacques II
commençassent à se montrer. Berwick,
arrivé à Londres sous un déguisement,
en 1696, ne put les y décider. Dès lors
il se donna tout entier à la France. £n
1704, il alla commander en Espagne où
la cour de Philippe Y éuit divbée entre
diiîérens partis qui le voulaient gagner.
« Il ne pensa qu'à la monarchie, dit Mon-
tesquieu, sauva l'Espagne et fut rappelé. »
£n 1705 son activité fut employée con-
tre les Camisards duLanguedoc. En 1 706,
maréchal de France, il alla rétablir les
affaires qui étaient désespérées en Espa-
gne; en 1707 il gagna la batAille d*AI-
manza qui rendit le royaume de Yalence
à Philippe Y. De 1709 à 1712 il couvrit
1^ province du Dauphiné; en 17| 3 il prit
Barcelonne. Nommé gouverneur de
Guienne, en 1716, il eut, en 1718 et
1 7 1 9, le regret de servir contre PhilippeY
qui par ses bienfaits avait fiié en Espa-
gne le duc de Liria , un de ses fils. Après
14 ans de paix, la guerre de 1733 le re-
montra aux armées. Il fut tué d'un coup
de canon,- le 13 juin 1734, au siège de
Philipsbourg.
Montesquieu dit de lui que son talent
particulier était de faire une guerre dé-
fensive, de relever les choses d^espérées,
de bien connaître toutes les ressources
que l'on peut avoir dans le malheur.
Souvent il disait que la chose qu'il avait
toute sa vie souhaitée , c'était d'avoir
une bonne place à défendre. En 1700,
Louis XIY érigea la terre de Warthi, près
de Clermont de Beauvoisis, en duché-
pairie pour lui et ses héritiers. Le nom
de Warthi fut changé en celui de Fiu-
James.
Le duc de Fitz- James, petit-fils du
maréchal, a publié, en 1778, les vérita-
bles Mémoires de Benvick (Paris, 3 vol.
in-13) revus par l'abbé Hook. Une édi-
tion beaucoup moins estimée avait été
publiée à Rouen, par De Margon, en
1 737. Dans un éloge oùTamitié l'animait,
Montesquieu rappelle, à l'occasion de ces
Mémoires, ce qu'il a écrit dans l'Esprit
des lois sur la relation d'Hannon : « Le
même homme qui a exécuté a écrit. Il ne
met aucune ostentation dans ses récits.
Les grands capitaines écrivent leurs rela-
tions avec simplicité, parce qu'ils sont
plus glorieux de ce qu'ils ont fait que de
ce qu'ils ont dit. » D-E.
BERZÉLIUS (Jacques de), un des
savans les plus laborieux et les plus esti»
mables de notre époque, est né en 1779
à Linkœping, dans l'Ostgothie (Suède).
Après avoir étudié à l'université d'Upsal
la médecine et les sciences naturelles, il
se consacra à la chimie et fit plus tard
plusieurs voyages scientifiques. Bientôt
il fut nommé professeur de chimie et de
pharmacie, assesseur au collège de santé,
et secrétaire de l'Académie royale des
sciences de Stockholm. Le roi Charles-
Jean lui a conféré la noblesse, et ses con-
citoyens l'ont choisi pour représentant à
la diète suédoise. Ces témoignages de
l'estime publique et de la bienveillance
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(4ÎI)
«ES
Ai goof cncinaity M« Bérzélhit Itt «tait
Urg#iflént mâritésw II tiTésl peul«étro pU
Un polot eo diimie qu'il n'ait éclaii^ pàt
•M recherchés tt enridii da tet décôo^
tertéi. AilMÎ faudraiMI plosqu'Ml aperçu
pour éttUÉiérèr saultmeot m qu'il a (kk
dans «ne cérrièn qui proaiet eii<»r« an
monda Mi«iil lèi fruita léft plasabondané^
Ce qui distingue surtout Ica trataun d*
M. Beraélhsi &étA uli* préobloù ec Une
csaotitnda onaciettcEeUte, jointta à m «s^
prit loujoiira dirifé tén lei applioaliooA
utile» «t à mme sagadtéqui n'abandonna
jaBMtis un lait aans an avoir tlté toutni
les «oUftéquancat quil pani C6urnlr. Aveo
cti qualitéi il n'es» paa étonnant quil
jOuîMede la plut gtanda autorité auprès
dea chiuiiilas vivana^dunt un grand nom^
bre out été MS élèiTat> et qui tous le rt»
gardent comme uU étt» fondateurs de lu
ehimie orgatriquii Un deli pt^lniér», H tira
un grand parti du système électrOHAii«>
«itque, an appliquant Ja pilé gahanique
à l'abalysè des COrpi; Il soumit à une r^
viaiott judioieUse la IhéUrie atomistiqué^
décourrit pluaieurs eorps simples, èl ré^
duisit à Tékal taiétaUiqiie divers oxidea
qu'on avail jusqu'alors considérés oumme
parfiiiteinent coo*u^ 8ta reuharehes, tou»
jours suivlui d*iàléreasanm découtérlea,
s'étendirent sur una lonle de oumbinai^
sotisy et le càdlameaUi qu'il sut employer
ateè toute la supériorité de son talent^ lui
fournit un puissaul aoyus d'iartsUga^
tien.
Panui tes plus buaux tinres on oite
surtout eas reefaar<éMs de ohimia «rgant^
que, urience qu'il a pour ainsi dim créée
et à laqufeUt il a impriuié une si rapide
impulsidn qu'dle u déjà fàTorâsé les pro**
grès des seiences autufellei et de ia mé^
devine.
Aà taomondaïuf e ituinilqttey «wn qu a^
flsqaabhs eu quelques pointa^ jouit néiri^'
mulns d*unè gtamie vogue, surtout daus
lu uord de l'Europe) et ses travaux sur
lu minéralogie montreraient au besoin
quil est capable d'envisager d'un osup
d'Ail le vaste ohftuip des scieneeS) et de
les perféciionuér les Uttta par les autres
au lieudesereUfbruMlr daua une étroite
spéolAltté.
Peraennu pkis que M. Bemélius ti'a*-
vuit k droit de publi«r an Traité ée uM^
mie^ l«i ^ul pouvait èu exposer toutes Tes
parties d'après Ui résultstd de éou expé«
Heuce personnelle^ Une grande laveur
atscueillit oet ouvrage qoi paroi pour là
première fbisenlSlS eo suédofs(4yo1.) et
qui eut en 1681 une seconde édition. Oïl
le traduisit en phisieut^ langues, notam -
ment eo angluis, en allemand, en fran-
çais^ et l'auteur donna des soins particu-
liers à la dernière publiée par le do<Heur
Jourdan (Paris, 18^9). Cest là que
M. Beraélibâ à réêumé toute sa vie de èa^
vant( mais auparavant il avait donné un
lofflbt^ in6ni de mémoires Insérés dans
divers journaux et recueils scientifiques,
ou mis au jour séparément. On peut dter
ics Betthêrtheit de chimie otganiqhe,
1606; son Coup â'àâil sut la tomposi^
tion dè9 fluides Affimautô, 1615; sou
Coup d'«ii ëur iès pn>grès et l'état pré*
Sent de la chimie ahimalt, 1615; sdu
Thûtéde Vemphida th^tnmeau en thi--
mie H en minéml&gie^ 1636. Eb6n un
travail qui montre bien avec quelle acti^
vite M. Berzéliuft se livré à l'étude et èe
tient au courant dèA sciences, c'est sou
Annuaire despfogrèi des sciences phy-
siques, publication dans laquelle il fait
en quelque sorte rinvenufre de tout ce
dout s'est enrichi l'esprit humain dans
chaque année écoulée. Ou e traduit en
Allemagne cet estimable recueil qUi est
parvenu à sa il* année.
Comme la plupaK des vrais savans,
AT. Bertéitus est bieuveillAnt, ieceèsifale
et généreux. Il est chéri de sH nombreux
disciples qu^il associe à seè travsux et
parmi leAqueh ou voit figut«r de» hom-
nies du premier oHte. C. L, m.
M. Bertélius u promis ta ooepérsti^n
aux éftideA de chimie qui seront tom**
pris dans VEneyciôpédie des gens du
ménde^ m nos lecteurs peuvent étfe ter-
tahM q^e nous lui rappellerons cette pro-
messe. J. H. S.
HBSilNCONy t^. Dovhs.
BESANi* ou BxzAftY, nom d^une
monnaie d'or d'origine byzantine, ainsi
appelée parcorruption.Cependantd*Her-
belot) dans sa Bd^lvotMque àtientale,
donne à ce nom une autre étynlologiè ;
Il le fkit venir d'un mot ttrabe qui
signifie ûeu/d^r, Sous les ptremier* rois
de k 8* Mu^^ otttre leé soie d'or y ké flo-
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(m
BBS
rltia d'or tt les firanos» <m m scrfaît tu*-
eore tn France des heums qui éUiaot
cependant une monnaie des empereurt
de ContlanUnopli* On lil dane le céré-
monial du cacre daa rois , dreiaé par l'or^
dre de Looia ^ le - Jcvne : J toffrandê
sqU porié um pain, un huril d*atig€n$
plein <k vin et trôiae bfiont d'on
Cette oeutome é'obtervait enoore sons
Henri II» qui fit faire pour àon eacre
treize pièoec d'or qui furent nommées
kiuuHùbts.
Quelques auteurs ont pensé qst ks
pièoss dont t( 4st mentioto étaient des sob
d'or pWitét ^% des monnaies étraugères»
et qu'on donnait déns «e tAmps^là le nom
de besans à toute sorte de monnaie d'or,
qu'elle Ua ou non de CoeatMlinopIe,
comme dans la suite on donna le nom de
florin lénéralemcnt à toutes les espèces
d'or, quoiqu'cUes ne lussenC pas de Flo*
renée. Ce qui pourrait appuyer œtte cqn**
jecture o'est que Im SanraEÎns appelâtes!
leur monnaie d'or ie^ani^ quoiqu'elle
ne fiât pas fabriquée à Constantlnople.
On peut voir dana JoinriUe que la
rançon demandée par leaoudan ^'ÉgjrptCy
ponr faire cesser la eaptivîté de aain^
Louis, fut de 9^0,000 becans, iqnlva**
laient alors 400,090 Ittrea. €« beians
arnâenl -cours dans l'armée du rot> el
JoîwviUn Im nomme ^eami#^'ar garnit*
aîpfosr»
Lm bezaiu «sK eu longx-temp» ooors
eu FVaneecilen est parlé en 1146 eous
Louis VII, eousPUl^p^^Au^ttste, sous
Philippe-le- Hardi. Us avaleot eimore
eoum eouaxPhiUfpc-k^BeL L'auteur du
AomoJi €k ha iùre , ^ui vivait aous ce
lègpe, perle du beunt mi plusieueami*
di^iis.
Mali «M gnittd lK>oft« pêtattt
Toatsf
WkU a prii^aiaÉ* fonemaa
Qyi coûtait |pUui 4e aail bfj^aaU,
Où je tie fu$se ja presens.
U est fort «enveut question de bezans
dans les fabliaux, et leur valeur j varie
beauçQi^, ^Ipu les époques auxquelles
ces petitsppèmça ont été composé^ D. M»
BESEN V AL (Pt^aan-VicTûa, baron
nf,)^ i9fli»ecl4ur«)^énéral des Suisses et
<^4«0Uf« puM liçutmiaol^jéoâ^ m aer^
Tice de France,. plu9 connu par lee M^
moires qui ont paru sous sou nom que
par l'importance de sa carrière militaire
ou politique, naquit à Soleure en 1732.
U était fils de jEAU^YiCToa de Besenval,
qui fut oolonel du régim<»nt des Gardes-
Suisses» et que Louis XIV envoya, eu
1707, près de Cbarles XH, en Saxe,
avec la qualité de ministre, pour offrir à
l'aventureux monarque suédois , alors a
Tapotée d^ sa fortune , de devenir le mé*
diateur entre la France et les puissauces
avec qui elle était en hostilités. Il s'agis^
sait de l'ametier d'abord i une réconci^
lialion avec le tmr Pierre I^^, puis à en«-
gager Charles XII dans les intérêts de It
France contre l'Angleterre. Aussi pour
balancer Im efforts de Besenval, le cabi^
net de Saint*James crut^il nécessaire
d'envoyer pareilleoftent le fameux Mari-
borottgb prie de Cbarles XII.
Trompés par sa prononciation étran^
1^, des historiens ont éerît Besseval
le nom 4e ce diplomate* iqui» d'après un
témoignage de Rulhière, rapporté par le
baron de Besenval dans sea Mémoires
(tom. I, p. 329 et suiv.), parait être le
premier auteur du fameux projet de des*
ceote en Angleterre dont le plan a été
attribué au baron de ûmrta et «u cardi-
nal Albcroni.
. Admis au acrvios dès l'Iips de 8 ans,
éOmme cadet dans le régûnent des Car-
dee*Suisee8 , In baron de Besenval fit sea
premières armes dans la oampagee de
1736, et il assista à la fin de celle de
1 74 S, en Bobêase, comme aido-de-^:amp
du maréchal de Broglte. Son nom et sa
belle figure œ oentribuèrent pas moins
q«e sa valeur et sou .genre d'esprit à Té-
Icwier aseea rapidement aux premiers gra-
das. U éUiit parvenu à^elui de maréchal-
de-*camf> lors de l'ouYerture de la cam-
pagne de 1757, cK d y accompagna le duc
d'Orléans en qualité d*aide-<ie-camp.
Commandant du régiment des Gardes-
^Êû»fik pendant la campagne de 1761 ,
il obtint l'année suivanle, par le crédit
du duc de Cboiseul , la pUoe d'inspeo-
teur dea Suisees, créée «ous le précédent
ministère. Il ae donna beaucoup de mou-
vement pour augmenter l'importance de
(*) ItoUtBMaaae M. Svhnl , Bk^étn dbrégié
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(424)
BES
tes attribntioot, et il ne réoisit qu'à sou-
lerer le mécoDtentement de ses compa-
triotes, qui ne gagnèrent pas à la nou-
velle capitulation tout ce qu'elle coûta
de surcroît de dépenses à la France.
C'est dans les Mémoires du baron de
Besenval qu'il faut voir a?ec quelle fatui-
té ingénue il traite les constitutions qui ,
à cette époque, régissaient les cantons soi-
disant démocratiques de la Suisse. Et
ai leur lecture pouvait convaincre qu'il
exerça sur le duc de Choiseul toute l'in-
fluence dont il se targue, il faudrait ré-
former l'opinion qu*on s'est faite des
vues larges et libérales de ce ministre de
Louis XY.
On trouve de néme, dans ces Mémoi-
res, la preuve irréfragable que le baron
de Besenval joignit à la rouerie des cour-
tisans de cette époque leur affectation
d'élégance aisée, leur babil inconséquent
et leur gaité frondeuse. On y voit enfin
qu'il se crut obligé à être , par ton , l'ami
et le protecteur des beaux-arU, comme,
pour suivre la mode, il s'était fait bel-es-
prit; et dans le peu de vers qui sont im-
primés avec ses Mémoires^ il s'en trouve
d'assez bons pour qu'on puisse douter
qu'il les ait faits seul.
Devenu lieutenant-général, il se trouva
chargé, en 1789, d'un commandement
dans les troupes réunies autour de Paris;
mais, soit qu'il eût bientôt démêlé qu'il
n'y aurait pas de rôle fort avantageux
pour un Suisse à s'engager, comme un
champion de l'aristocratie, dans la grande
lutte qui s'ouvrait, soit qu'en efTet il fût
impossible qu'il trouvât en lui ceUe ré-
solution et ce courage que, dans les cir-
constances extrêmes, le patriotisme seul
peut inspirer, il évita de se compromet-
tre, et il prit la fiiite, muni de passe-
ports qu'il s'était ménagés. On l'arrêta
pourtant et il fut traduit au tribunal du
Châtelet ; mais , déclaré innocent et re-
lâché, il pat, sans péril, conserver sa ré-
sidence à Paris, où il vécut fort paisible
et tout-à-fait oublié jusqu'en 1794, épo-
que de sa mort.
Le vicomte A. - J. de Ségur a publié ,
comme son exécuteur testamentaire, les
Mémoires de M, le baron de Besenval^
(Paris, 1805 et 1807, 4 vol. in-8''), et il
a fait précéder d'une notice très louan-
geuse cette publication que la famille du
baron a cru devoir désavouer. Elle ne
pouvait effectivement être pour les siens
une bonne recommandation dans les
cours étrangères, à cause de la causticité
avec laquelle l'auteur se venge du r6le
passif qu'il joua près des grands person-
nages, en livrant à la publicité, sous
forme de documens historiques , les fai-
blesses, les ridicules et les travers de
ceux auxquels il fut attaché par des fonc-
tions intimes. En général, on trouve dans
ce livre toute la mordacité et la couleur
partiale qui ont distingué depuis un autre
Mémorial, où sont aussi passées en revue
les célébrités d'une plus récente et plus
brillante époque. P. C.
BESMES 9 voy. Ck>Li«HT et Saikt-
BaethI^lemt.
BESSARABIE, province méridio-
nale de l'empire de Russie, non encore
régulièrement organisée en gouverne-
ment. Elle a pris son nom de la famille d«
Bessaraba qui l'a gouvernée, et elle rece-
vait des Tatars, auxquels elle a été long-
temps soumise , celui de Boudjak qui
appartient à un petit endroit. Divers peu-
ples se sont succédé sur ce territoire com-
pris entre la mer Noire, le Dniester, le
Prouth et le Danube ; les Russes le dis-
putèrent long-temps aux Turcs ses der-
niers possesseurs, et il devint enfin leur
propriété par la paix de Boukharest en
1812. L'histoire antérieure de la Bessa-
rabie se confond avec celle de la Moldavie
dont elle a le plus souvent dépendu, sous
le noai de Basse-Moldavie.
La prorince russe actuelle est séparée
au nord-est, par le Dniester, des gouver-
nemeos de Podolie et de Kherson ; à
l'ouest, le Prouth en forme la limite Avk
côté de l'empire Othoman (Moldarie),
et, dans l'intervalle des deux fleuves, la
Bessarabie confine à la monarchie autri-
chienne (Galicie). Au sud, le bras sep-
tentrional du Danube la sépare de la
Boulgarie, et, entre l'embouchure de ce
bras et celle du Dniester, elle est bordée
par la mer. Les auteurs varient beaucoup
sur son étendue : la plupart l'ont exagé-
rée en la portant au-delà de 800 m. car.
géogr. Le pays est plat; il est arrosé par le
Saka, le Roghilnik, le Rottna et le Rir-
ghis, et produit du blé, du vin et du nuus;;
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(42S)
BES
Hiaity malgr^iaferlîlitéyleB prodniuda sol
tuffitent k peine à la conftominatioo. L'é-
ducation des bestiaiePL fournit surtout aux
besoins des habitans qui élèvent en ou-
tre beaucoup d*abeiUes. Ils sont ou Mol>
daves, ou Boulgars, ou Tatars; mais on
trouve anssi parmi eux des Bohémiens y
des Juifs, des Arméniens, des Serbes,
et beaucoup de colons allemands. On éva-
lue le total de la population à un peu plus
de 400,000 âmes. Kichenef, le cbef-lieu
de la province, est situé à peu près au
centre; les autres villes sont Akermân
(vqx»)f Bender (voy.)y Izmaîl, le port de
KiUa , et Khotine. On divise le pays en 6
districts ou tsinouth, J, H. S.
BESSARION (Jban ou Basile), car-
dinal , archevêque de Nioée , patriarche
de Constantinople, naquit à Trébizonde
en 1S96. U n'était qu'archevêque de Ni-
cée lorsqu'il se concerta avec le patriar-
che de Constantinople et avec le métro-
politain de Russie , afin de persuader à
l'empereur Jean Paléologue de travailler
a réunir l'église grecque avec la latine.
Dans ce dessein, les trois prélats vinrent
au concile de Ferrare transféré ensuite
à Florence (1433), et Bessarton, qui en
fut un des orateurs, y mérita, par son
orthodoxie, le chapeau de cardinal. Il
vint ensuite se fixer à Rome où il écrivit
contre Alexis LMcaris , Grégoire Palama
et Marc d'Éphèse, métropolitain d'An-
tioehe, qui engagea l'empereur et les
prélats grecs à secouer le joug de l'o-
béissance qu'ils avaient jurée au Saint-
Siège. Le cardinal Bessarion prit, m
1463, le titre de patriarche de Constan-
tinople et fut légat en Allemagne. Nico-
las Y lui avait donné la légation de
Bologne, et son mérite était si reconnu
qu'il eût été mis sur le siège pontifical
après la mort de ce pape, si le carilinal
Alain Breton, archevêque d'Avignon,
n'eût traversé ce dessein comme inju-
rieux à l'église latine. CalixtelII et Pie II
employèrent Bessarion pour la ligue con-
tre le Turc. Sixte IV l'envoya légat en
France, en 1471, avec l'ordre de voir
aussi le duc de Bourgogne^ Il vit le duc
le premier, ce que Louis XI trouva
mauvais et dont il lui fit un reproche
auquel le cardinal fut si sensible que ce
désagrément h^ta lis mom^t de sa mort.
On raooBte qu'après la mort de Paul II ^
les cardinaux l'avaient élu pape, mais "
que les trois prélats qui lui en portaient
ù nouvelle n'ayant pas été admis par son
camérier, on élut Sixte IV. Ce bruit, peu
vraisemblable en lai-même, est contredit
par les règles canoniques qui fixent les
opérations du collège àt% cardinaux dans
l'élection des papes. Bessarion cultiva les
lettres; sa maison était la retraite des sa-
vans. £n y attirant beaucoup de ses com-
patriotes il contribua à la renaissance.
C'est à lui que l'on doit la découverte
des poètes grecs Coluthus et Quintus de
Smirne. Attaché à la philosophie de Pla-
ton , il écrivit son apologie dans un ou-
vrage intitulé Contre le ealotnniateur
de Platon 9 pour le venger d'un écrit de
Georges de Trébizonde qui dobnait la
préférence à Aristote. Il laissa aussi d'au-
très ouvrages de philosophie et de théo-
logie dont un, sur le sacrement de l'eu-
charistie, a été inséré dans la Bibliothè-
que des Pères. Il aima beaucoup les livres,
et à sa mort il légua sa riche bibliothèque
au sénat de Venise, où on l'a toujours
conservée avec soin. Il mourut à Raven-
ne, l'an 1472, âgé de 78 ans. Voir De
vitd et rébus gestis JBessarionis card,
Nicœni Commentarius, par Al. Bandini ,
Rome, 1777, in-4^ N-e.
BESSEL (Fain^aïc- Guillaume),
astronome et professeur d'astronomie à
Kœnigsberg depuis 1810, né à Minden
en 1 784, s'éuit d'abord adonné à la pro-
fession du commerce; mais il éprouva
bientôt une vocation décidée pour les
études astronomiques. Les célèbres ob-
servateurs Olbers et Schrœter dirigèrent
ses premiers travaux et le firent attacher
à l'université de Gœttingue. De là il fut
appelé à Kœnigsberg, pour diriger le
nouvel observatoire érigé aux frais du
gouvernement prussien. Outre un grand
nombre de mémoires insérés dans les
recueils académiques, on lui doit : une
Théorie des perturbations des comètes
(en allemand, Kœnigsb., 1810); Fun--
damenta astronomiœ deducta ex ob^
serv. /. Bradiej; Tabulas regiomontanm
reductionum observationum ab sumo
17S0 usque ad ann, 1850 computatœ
( Kœnigsb. , 1 8S0 ) ; un RecueU d'obser^
voilons astronomiques faites à Vobser-
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(42S
BBS
.Pûtoife âê Kmmi^berjf, fraUté en alle-
mand, par lif raisons. Leé recherches 4e
M. BMel snr la théorie du pendule et
snr la délermination de la masse de Ju-
piter ont ûxé particulièrement l'atten-
tion des géemètree et det astronomes
én^angers à l'Allemagne. C L.
BE88ES^ penple belliqueux de la
Thraee^ an nord du mont Rhodope;
leur obef4ien élait Uskndama. Les RO'^
mains »e purent les subjuguer qu'après
une longue résîstaneew X*
BB8SIÉIIBS (JcAir-BaPTiffE), duo
distrie, maréchal d'empire, colonel -gé^
serai de la eavalerie de la garde, naquit
en 1760 à Preissao, département du Lot,
et débuta à 2) ans, comme simple soldat,
dans la earrrère où il s'est illustré par
d'incontestables ulens et par une valeur
qttfi mérita d'être distinguée des brevet
enx-mémes.
Compris, comme cavalier, dans le coa^
tingent de son département pour la garde
de Louis XVI, organisée en vertu de la
oonstitntîon de 1791, il passa, aprèa son
licenciement, en qualité d'adjudant sou»^
officier, ûàM la légion des Pyrénées, où
il obtint legrade decapitaine par de belles
actions qui le signalèrent à Tattention des
ehefe de larmée. De celle des Pyrénées-
Orient., où il avait fait les premières cam-
pagnes de hi révolution. Il passa, en 1 796,
à l'armée dltalie. Ce fut le général Auge-
rean qui le désigna à Bonaparte comme
l'oflcier le plus digne d'être mis à la tête
des guides à cheval qu'il voulait organi->
ser, à l'instar de ceux créés au mois d'a^
vril 179!l pour chacune des trois gran-
des années, ^ qui avaient été d'une si
grande utilité pendant cette eampagne et
k siltvnnte. Un décret (2 S fruot. an YII)
a^ani entnriNé la formation de ces guides
à* chef al , et Bessières ayant eu le com^
mandement de cenx de Tarmée d'Iulie,
M ée trouva tiomme attaché, dès cette épo*
que , a la garde du jentie genértn en chef,
§ona tes yeux «hiauel il eut une part glo^
rieuse «ûx bauilles de Roveredo, de la
Fatorile el de Rivoli. L'une des premier
rts marques de distinction qu'il reçut Ait
â'étr« chargé d'apporter an Directoire
tes drapeaux enlevé! dans ces jouMéea
mt Autrldifenft»
Besalèiies ne Ût qn>nn trèa o««rt aéjoiir
à Paris, où il nfatltit sa promotion an fang
de colonel, et il retourna en cette qualité
à l'armée d'Italie, pour ne plus quitter
son général en chef. Ce fut encore à la
tète des guides qu'en Ég)-pte il gagna lé
grade de général de brigade par ses fait»
d'armes. De retour en France ^ aveo Bo^
naparte, il eut à déployer sa part d*at«
tivité pour le seconder au 18 brumaire ;
devenu alors général divisiomalra , il ne
£t que passer du commandement des
guides à celui de la garde du conaul; do
même qu'après son élévation an rang do
maréchal d*empire (19 mai li94)« Il
resta colonel «général de la garde à ch^
val. Car, ainsi que le dit avec justice le
Mémoriaide Sawte^Béiènè (toM. II, p.
118), cTett a la tête de ces escadrons r^
serves pour décider la violoire on r%>-
cueillir ses fruits, qu'on Pa im «onfdurt
« rattacher noblement son nom k toutes
« nos bellet batailles. » Il avoH en ono
part importante à celle de MarOngo, par
U charge qu'il fournit à k tête det oses-
dronsdela garde consnlairei commeansai»
malgré Terreur de M. de Bèurieone,
c'est an maréchal Bessières, qui les cooh-
manda, que doit rester le pHodpal hon-
neur de ces charges «avantes par lesquels*
les fut décidé le gain de cette bataille.
Pour compléter rindieatîon des prin-
cipaux faito d'armes, tl laudralt nomteef
encore les batailles d'Iéna, Bylau, Fried-
land; il fsodraic parler dn boulei de Wa^
gram, qui fit phurer la garde ^ Mais
heureusement ne fil qne rttk^^wm de
dKval le brave Bessières; il faudrait le
suivre en Espagne à Burgos, Léon , Me^
dina-del- Rio-Seco; eà Portugal, à
Fnente-d'Onoro, etc. Mais la carl'ière
milkaire de Bessières est t#np pleine
pont* se prêter à l'analyse d'une w>ttce|
et si nous pouvions lui constcrnr pins
d'étendue i nous aimerions nsienx en-
core rapporter les nombreux actes de
blenfaisanoe et d'humanité que f on citn
de ce guerrier illnstre,«qul atahvéen
« coMMnte Bayard, et qui mourut comme
« Tnrenne. %
C'est pen de temps sprès là bainillo
de Wàgram que Bessières, devenu duo
d'Istrie, reçut la délicate miàeiùn de rem-
plaeer, dtnsle oomàMiDdeiÉeiit d' Anven»
Bemâdott» , dont il n*ei« ^^ a
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BES ( 427 )
•I k Mfule repris* de Fleiftiagaa mr le»
▲nglaia suffirait pobr faire honnear au
iHarédMl dont, vingt-deux ans plus tard,
le fils a ra|>pelé la noble tondutoe auK
Anvertok^ en se plaçant comme volon-
teire dans les rangs de Tarmée française
devaÉC Icvre mure.
Les journaux du temps ont publié la
lettre par lac|uelle Napoléon apprit à la
Toave du duo d'Istrie la perte qu'il ve^
sait de fiire par k mort de son mari,
qu'on boulet emporu k veille de la ba^
taille de Lutzen(l" mai 1813), au m<^
ment oà il dik-lgeait une simple manon^
vre de préparation, l'attaque du défilé de
Rippach. P. C.
ÛBSStK , «ilciefi nom d'une division
de k Bàsse^Normandie dont k chcf-^lieu
éuit Beyeux, Jk^oc€Ér. De k k iK>m, par
cénryptioD. S.
BE8TIAUX« On donne commune--
ment k Uom de sÉTAiit ou de beetiaui à
cette classe de quadrupèdes domestiques
qui paiseent rberbe des champs et que
l'homme élève pour so nourrir de leur
chair , se \dtir de leurs peauic on de leurs
toisons» s'aider de leur force dans ses tra-
vuux, féconder see terrée, en un mot pour
setisfaire médiatemeni ou immédlatei-
meat à ses premiers besoins. D'après
cette définiiioa te mot bétail ne corn*
prend, dans k plupart des pays de rËu**
repe> que le eheval, k bmuf, le mouton»
le eoebon (quatre eftpèces désignées cha-^
cnoe par Un nom qui u'eat ni celui du
mâle ni celui de k femelle), la chèvre,
réfte et le mulet; dans d*«utres contrées
il peut «'appliquer aussi à d'autres ani-
uMux, par exemple au renue dans k La^
ponie, eu chameau et au dromadaire
dea^ KAsk et l'Afrique, au lama et à la
vigogne datis le I^érou, bref à tous les
asNmaux domestiques qui, appartenant à
Tordre detf pachydermes et à celui des
mminans^ sont susceptibles d'être em-»
pkyés comme nous Venons de l'indiquer*
De tout tempe l'entretien du bétail a
été considéré comme un des pritidpaux
Aoyms qui toncoureni h la production
des matières nécessaires à notre subsi^^
ttncei mais soue le régime de k «k nO'^
iMde et patrkrcele» l'homme n'élevait
dee idlauHik domestiquée i|ue p^uf eon«>
BES
leur chahr et koft pean, tMMlk
que, gruoe à la vk agricole et sédentaire,
qui lui a permis d'attendre sur pkee lee
effers des matières fertilisantes répan*-
dues par eux sur le sol, il est arrivé peu
à peu jusqu'à regarder l'utilité dont ik
lui sont sous ce dernier rapport commè^
supérieure à celle que «euk il kur re-
oonnaissait jadis. Ce changement de vues,
qui est loin d'être encore entièrement ae^
compli, est un grand progrès. Les pktitei
cultifées puisent en grande partie daoft
la terre les sucs dont elles se nourris^
sent et ne lui rendent pas les principes
indispensables à la végétation : il faut
donc trouver ailleurs de quoi combler
ce déàcit; or cette ressource nous est
naturellement offerte par les bestiaux,
dont l'organisme, en agissant sur les ma-
tériaux de sa nutrition, fait subir à ceux
même qu'il ne s'incorpore pas une ék-^
boration, une préparation qui les met
dans l'eut le plus convenable pour deve^
nir à leur tour les sources les plus abon^
dentés et les plus faciles de la nutrition
des végétaux. Par ce cercle de transfbr^
mations perpétuellement répétées la cul-
ture des plantes se trouve intimement
liée à l'éducation des bestiaux, et les
progrès de l'une supposent on prbvo^
quent les progrès de l'autre. Aussi re»
garde-t-^n maintenant la nourriture des
bestiaux à Tétable, pendant toute l'année,
comme k méthode qui a*èuré là produc*
tion la plus ooniidérable et comme l'ex^
pression de l'agriculture k plus perfeO-
tionnée, parce qu*elle a pour principal
efl^t k moindre déperdition possible dea
substances fertilisantes.
Puisque le but principal qu'on doit
se proposer en élevant dès bestiaux est
la création des engrais, le premier objet
qui se présente dans leur éducation, c'est
la détermination du rapport qui existe
entre la quantité des fourrages qu'ik con«
somment et celle du fumier qu'ils ren-*
dent; en effet c'est au moyen de celte
connaissance qu'on peut fixer le nombre
de bétes qu'on doit tenir et la propor*
tion convenabk entre l^étendue de terre
qui doit porter des (burragèè et célk qui
peut recevoir des téréales. MàH k science
agronomique possède peu de données sur
ce sujet, de aorte que le problème échippcr
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BES
(428)
BES
edbore à une solution géaérak «t que de
vagues indices, d*iDcertaines traditions ,
sont les seuls guides des cultivateurs dans
chaque cas particulier. Ce que nous avons
de plus positif se réduit aux estimations
de Tfaser. Partant des résultats de quel-
ques expériences , cet agronome admet
que, pour trouver les poids que donnera
en fumier une certaine quantité de foin ,
de paille et de litière, en passant dans les
intestins des animaux, il n'y a qu'à dou-
bler le poids de chacune de ces matiè-
res. Quant aux autres fourrages, il est
disposé à leur assigner sous ce rapport
une valeur proportionnelle à leur faculté
nutritive plutôt qu'à leur poids, et c'est
de là qu'il part pour déterminer la quan-
tité de substance fertilisante qu'on peut
espérer en faisant consommer par telle
ou telle espèce de bétail les produits
d'une étendue donnée de terrain, ou telle
ou telle espèce de plantes. Mab les be-
soins en fourrages sont si variables sui-
vant les espèces d'animaux et suivant la
taille des individus; les données que
nous devons à différens observateurs
sont si divergentes, qu'il est impossible
d'en tirer des résultats {,énéraux un peu
précis. On voit seulement qu'une nour-
riture très abondante est, jusqu'à un cer-
tain point, mieux payée par l'emploi du
bétail et de ses produits que ne peut
l'être une chétive alimentation.
Si dans l'éducation des bestiaux on
n'avait absolument en vue que d'obtenir
des engrais, peu importerait le genre
des bétes par lesquelles on ferait con-
sommer les fourrages; car on n'observe
pas une différence bien sensible sous le
rapport de la fertilisation entre les dé-
jections des différentes espèces d'ani-
maux. Mais comme dans cette éducation
on peut se proposer différens autres buts,
comme on doit même les poursuivre si l'on
ne veut pas que les fumiers reviennent
énormément cher, le choix des hôtes de-
vient une affaire plus grave et plus dif-
ficile. Chaque espèce peut en effet don-
ner lieu à des spéculations fort diverses.
Avec le gros bétail à cornes, on peut, soit
faire des élèves, soit produire du lait;
et ce dernier peut être vendu en nature,
ou être converti en beurre ou en froma-
ge, ou être employé à l'engraissement
des veaux; on peut aussi se livrer à l'en-
graissement des bœufs ou des vaches.
Les moutons nous fournissent et leurs
toisons et lenr chair, mais on ne peut
guère espérer d'obtenir à la fois la plus
belle qualité et la plus grande abondance
de l'une et de l'autre; il faut ordinaire-
ment opter entre ces deux produits. Si
l'on recherche le dernier, on peut en-
tretenir constamment un troupeau d'une
race ou d'une autre en vendant les ex-
traits à un âge plus ou moina avancé; ou
le renouveler chaque année en achetant
des agneaux; ou se livrer à l'engraisse-
ment en conservant chaque lot seulement
pendant un temps plus ou moins long.
Quant aux chevaux , on voit aussi , dans
beaucoup de localités, les cultivateurs
adopter la méthode,soit de vendre les pou-
lains très jeunes , soit d'en^cheter au con-
traire pour les revendre un peu plus tard.
Selon les localités et selon les circonstances
particulières de l'exploitation, il pourra
se présenter des différences énormes en-
tre les bénéfices qu'on devra espérer de
l'une ou de l'autre de ces spéculations.
La laiterie et l'éducation des veaux ne
sauraient être lucratives qu'aux environs
des centres de consommation un peu
considérables, et en général la proximité
des débouchés est une cause assez puis-
sante de modifications pour rendre pos-
sible l'éducation des bestiaux à des gens
qui ne possèdent aucune terre; tel est
le cas des nourrisseurs qui à Paris tien-
nent des bestiaux, et qui ne les entre-
tiennent qu'au moyen de fourrages ache-
tés. L'éducation des troupeaux de bétes
à laine est presque exclusivement réser-
vée aux grands propriétaires.
Lorsqu'on est &xé sur le nombre et
sur l'espèce des bétes qu'on veut entre-
tenir, ihreste à considérer les qualités
que doit présenter chaque animal pour
remplir le plus utilement le but auquel
il est destiné. Ces qualités se rapportent
principalement à la taille , 9xxx formes ,
au tissu de la peau, à la constitution et
au caractère,
£n général on ne doit pas attacher
une grande importance à la taille^ et sur-
tout on doit se garder de croire que la
même quantité de fourrages, la même
étendue de prés, puisse servir à entrele-
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BES (4
nir des animaux de stature colossale et
des animaux de grosseur moyenne. Il y
a même dans Féducation des bétes à laine
un avantage à élever des individus de pe-
tite taille , en ce que généralement leur
chair est plus délicate que celle des grands,
leur lainre plus fine et proportionnelle-
ment plus abondante.
"LtA formes ne constituent pas un ca-
ractère qu'on puisse définir d'une ma-
nière absolue y et un coup d*œil exercé
peut seul les apprécier avec justesse. On
a cru trouver une relation de certaines
formes avec la production du lait et de
la laine, dé même qu'avec la disposition
à l'engraissement; mais ces rapports sont
équivoques. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'une vache dont le pis est volumineux
peut donner beaucoup de lait ; que chez
le mouton les différentes régions du corps
produisent différentes qualités de laine;
qu'on doit préférer les individus chez
lesquels les régions chargées de la laine
la plus fine oflrent le plus de surface ;
qu'il en est de même pour la production
de la chair chez tous les bestiaux, et
que , si l'on considère cette dernière pro-
duction seule, on doit rechercher les
animaux dont la charpente osseuse oc-
cupe le moins d'espace par rapport aux
portions propres à nous servir d'alimens.
Mais sous le rapport de l'action et du
travail, les formes sont plus faciles à ap-
précier, en même temps qu'elles acquiè-
rent une plus grande importance. En
effet, il est dair que la forme ne se dé-
veloppera pas de la même manière suivant
que les couches musculaires seront min-
ées ou épaisses , que le thorax sera étroit
ou large, et qu'elle subira une décompo-
sition plus ou moins grande, que le frot-
tement sera plus ou raoitis intense , selon
que le corps sera ramassé ou allongé, haut
ou bas, bien ou mal proportionné, etc.
Il y a peu de chose à dire des qualités
de la peau. Lorsqu'elle est douce et
onctueuse c'est un indice de la tendance
de l'animal à prendre de la chair; car
il est évident qu'une peau fine et douée
doit être plus souple qu'un cuir épaiv et
rude pour se prêter à un acoroissement
de volume; mais, d'un autre cÂté, les
pea«x épaisses sont dtine plus grandie
valeur pour dirvenes fabrications^ «t^ date
29 )
BES
les pays froids, elles garantissent même
les animaux de la rigueur des saisons. Le
bœuf dont le cuir est souple et mince , le
poil fin et brun, est sensible à l'ai*
gui lion.
Nous croyons inutile de nous arrêter
à prouver que la constitution des bes-
tiaux doit être robuste et leur caractère
docile; mais nous ne pouvons nous dis-
penser de dire quelques mots de leur
nourriture, de leur propagation et de
leur amélioration.
Leur alimentation peut avoir lieu au
pâturage ou à Tétable; le plus souvent
les mêmes animaux sont alternativement
tenus à ces deux sortes de régimes. Ils
peuvent consommer les substances végé-
tales les plus diverses , mais qui se clas-
sent ordinairement sous deux chefs, ce-
lui de la nourriture sèche ou d'hiver^ et
celui de la nourriture verte, La nourri-
ture sèche, qui consiste principalement
en foin et en grains, se donne le plus
souvent sans aucune préparation ; depuis
quelques années on concasse aussi les
grains, on les étuve ou on les met en
soupe. La distribution de la nourriture
verte exige quelques précautions sans
lesquelles la santé des animaux peut être
gravement compromise. La quantité des
aiimens doit être en rapport, non->seule^
ment avec la destination et le service de
l'animal , mais encore avec son âge et la
saison.
Par le moyen d'alimens abondans et
de bonne qualité, ainsi que par un ré-
gime hygiénique bien entendu , on peut
améliorer notablementlesindividusd*nne
espèce quelconque; mais les améliora-
tions ainsi obtenues se trouveraient tou-
jours à une seule génération et ne pour-
raient jamais constituer une race, si la
procréation ne venait les fixer et les pro-
pager d'une génération à Tautrc. Par une
loi invariable de la nature , un être issu
de l'alliance de deux antres reproduit le
type commun de ses parens et présente
en outre un mélange ou une sorte de fu-
sion des caractères qui les différenciaient
et qui les constituaient individus. On a
tiré parti de cette double observation
ponr greffer sur certains individus et
]^rpét^er dans leur postérité des carao-
.tôre< et des qualités qui leur, étaient
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BIS
(«0)
BËS
étringtra; o*«t ainti que les Anglais ont
«réé leurs chevaux de pur tang, que les
Saxons ont obtenu leurs brebis électG«-
rales, et que Bakewell a façonné ces
porcs, ces boeufs et ces moutons qui
semblent n'éd?e que des fabriques de
graisse^ Masî quand on a voulu pénétrer
plus avant dans ces phénomènes où tout
est mystère, et analyser les élémens qui
concourent a les faire nakre, on n*a rien
trouvé <le certain et de précis; loin de
s'accorder sur les explications, on ne s*est
pas même entendu sur la nature des faits.
Ainsi, les uns ont prétendu que lorsque,
par des croisemens ou par un choix ju-
dicieux des individus destinés à la muK^
tiplication , on est arrivé à une oerlatne
perfeetion de la race, il faut la perpétuer
par des alliances restreinlfos aux sujets
de la même Cimille; d*autres ont soutenu
que par ce système elle ne tarde pas à
dégénérer. De même quand on a voulu
distinguer rinfluenee du mâle et celle
•de la femelle sur leur progéniture, per*-
aonne n'a pu assurer, comme un fait con-
stant et positif, ni que le père transmet
plus spécialement les formes externes ,
surtout celle des extrémités, et que la
mère transmet plutôt sa ressemblance
dans les organes internes, ni que le petit
ressemble plutéi à son père dans la par^
tie antérieure du corps et a sa mère dans
son train postérieur , ni qu'il doive être
d'un sexe plutôt que de l'autre parce
qu'il y aura eu une différence quelcon-
que d'âge ou de vigueur entre ses pe-
rens, etc.
Ce serait entrer dans trop de détails
€[ne de parler des soins journaliers
qu'exige le bétail, de l'emploi de ses
foroes , de la disposition du local où on
le tient, ete. Il nous suf6ra de dire que
les maîtres les plus empressée à lui pro^
curer une habitation saine et conunodie
et a le traiter avec douoeuir, sont juste-
ment ceux à qui il rapporte le plus de
profit. Voy, BxaoEa, Bx&OBmiE, Ha-
ras, Établb, etc. J. Y.
BBSTOUJEF (et non BestU9cheff),
nom de piusieurs ftimilies russes qu'il ne
faut pus confondre avec les Bcstoujef--
Rumine (vo^. l'art. • suivant). Flusieufs
personnes des»nf»m bnt pris ipert; à la
«ottspîra&kmqul^owidbeilèsi'aiioée 1610^
éclata à Salnt-Péterahoorg à It fib 4e
1825, et notamment trois frères^Alexan^
dre, Michel et Nicolas, tous oapilaines
d'infanterie, et Pierre, officier de martne*
Alexandre, ayant été rangé par U haute*
cour de justice dans la première de ses
catégories, fut oondamné à être décapité;
mais l'empereur Nicolas commoa oelte
peine (en considénathn de ce qu*U 4*est
présenté sponianémemt à /Voies peur
confesser son crime) en exil en Sibérie t
avec travaux forcés pour 90 ans, dégrs*
dation miliUire et de la noblesse. Michel
et Nicolas, rangés dans |a seconde esté*
gorie, furent condamnés a la dégradation,
aux travaux forcés à perpétuité en Sibérie
et à poser leur téie sur le billot* A Tex-
ceptioD de cette demièpe formalité» leur
sentence ne fut pas modifiée*
M. Albxavd&b BettoHJef, membre de
plusieurs société savantes de Eussie, eit
un littérsteur distingué. U a publié avec
Eyléfef, pendant les années 1823, l<iâ4
et 1826, tin almaoach russe intéressant
qui avait pour titre i* Étoile poiaire* On
a encore de lui, aussi en langue russe y
unf'QyageàMepel(S%\ntr¥éiwh,, 1831)
en forme de lettres et semi^poétiquCy
ei un Aperçu de la littérature russe an^
cienne et moderne. C'est par Rylélef
(voj.), son intime ami, que Bestoujef fat
affilié à la conspiration ; depuis le moU
d'avril 1825 il faisait partie de la section
supérieure du directoire. Des sentimoQs
généreux, mais extravagans par leur tuh-
deur, l'ont égaré. On assure que, intsp-
rogé par l'empereur lui-même ^ il lui ftt^
sur l'état judiciaire et sur l'administrer
tion en Russie , des révélations inatleiH
dues qui frappèrent vivenaentle monai^
que. J. H. &
BESa^OUJEF-RUMIliiB(et non
Beêtttscheff). CeUe famille, k oe qu'on
assure, d'origine anglaise et aaturaliaée
en Russie au xv* siècle, a donné a cet em-
pire plusieurs hommes d*ét«t do^t Tun s
compté parmi les plus oélèbres ministres
du siède dernier. Originairemont son
nom fut Bést; mais le premier boiard
russe qui le porta prit celui de BestoiyeC^
dit Rumap dont Pierre- le-Grand fit» en
ITOl, Bufnme^ PiEnas MixvaIu>titcI»
Besloujef*-Rumine, ministre réildenft de
JUÉsînAHittbottiTg(iwrMa»elein,iift<>
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BBS
(4SI)
BBS
!• titre héréditaire d« oom^t; set deux
&U, TuB et Taytre diplomates ^ lui ont dû
TexcelleAte éduoalioo qu'iU ont re^ue à
Beriio el eo d*auurea eodroita bon de
l'empire.
L'aloé parait avoir été It comte Mi^
iCXSL PiT&oviTCS, mort à Tàge de 74 ans,
en 1760, eoiMeUler-privé<>actuel et cbe-
¥aiier de Saintr André. Eo 1731, après la
paia de I^yttadt, il fnt envoyé comme
miaiatre à Stockholm, et Pierre-le-Grand
lui domia dea ÎMiructiooa particulières
•i détaillées qu*on peut lire daus StefaUn,
^aecdoUê dt Piem^ie-Grandy p. fi 19.
Cal auteur dit que, sons le rè^e d'Éiisa-
heth, Michel Pétrovitch fut nommé grand-
maréchal de la cour ; mabde 1 756 à 1 7 60
il ocaupa le poète d*ambamadeur russe à
Paris. Ce fui la femme de ce diplomate,
aceor du comte Gollofkîne dont elle ne
pouvait supporter la di4graee,qoi eotra,en
1748| avec les Lapoukhine,diMi8UD oom-
plol tramé contre la personne d*Élisa^
betb. L'£stocq eu fut instruit à temps, et
la comtesse Bestoujef, avec les autres
ooajurés, reçut le knout, eut la langue
coupée et fui envoyée en Sibérie. Il pa-
rait que le marqub de BotU, chargé d'af-
laires d'Autriche^ mêla dans cette affaire
la nom du roi de Prusse, et c'est peut-
être 14 l'origine de U haine d'Elisabeth
•outre Frédéric ll(/7>ir IManstein, pag.
613-616).
M aie l'homme U plus célèbre de cette
funille fut le comte Âlbxu Pét^otitch
Bestoujef-Rumine , grand^ahanoelicr et
ohevalier des ordres de Russie, sénateur,
etc. U naquit à Moscou, en 1 603, et reçut,
avec son frère, une bonne éducation
dans les pays étrangers où, de bonne
beure, il se dégagea des préjugés dont k
oettn époque presque tous les Russes
éuient encore imbus. Ayant accompagné
Pierre- le-Grand dans son voyage en An-
gleterre, il passa, avec sa permission, au
aervâcede Georges I^', qu'il avait déjà
suivi oommepage ou comme gentilhomme
de la chambre, braque ce roi n'était en-
core qu'électeur de Hanovre. Cest k h
cunr de Georges que Bestoojef fit l'ap-
prentissage de la diplomatie; cependant
dm retour en Russia, en It IS, il n'entMi
paa d'abord duM natta caivièray naia 11
fut placé an qualité de gentilfaomine de la
chambre près de la personne delà granda-
priiu:esse Anne Ivanovna, alors duchesse
douairière de Courlaode. Cest dans cette
position qu'il se lia avec le fameux comte
deBireo ou Buren (voy.) dont plus tard il
manqua de partager la mauvaise fortune.
Peu après son avènement (1780), Anne
nomma Bestoujef son résident à Ham-
bourg; puis,eB 17 34,8on ministreà Copen-
hague. Dans le dessein de l'opposer à la
vieille expérience du comte Ostermann
dont l'influence contrariait souvent les
plans de Biren, celui-ci le fit rappeler, en
1740, et à son instigation Bestoujef i\it
nommé conseiller privé et membre de son
cabinet. Mais Anne mourut bientôtaprès ;
Biren ne tarda pas à tomber du faite des
grandeurs, et ce ne Ait que par miraele
que Bestoujef échappa aux fers qui lui
étaient destinés. Cependant il resta sans
emploi sons le jeune Ivàn.
A peine Elisabeth s'était emparée du
sceptre, avec le secours de L'Estocq, que
ce favori lui conseilla d'appeler Bestou-
jef à la direction des affaires étrangères.
Il fut nommé vice-chancelier et sénoteur,
et même grand-chancelier, le 15 juillet
1744 , à la mort du prince Tcherkasskof.
Après avoir rendu compte de cette no-
mination, Manstein (p. 533 de l'or, ail.),
igoute : « Il ne manque pas de distceme-
ment, et, par une longue routine, il con-
naît fort bien les affaires, étant d'ailleurs
très laborieux. Msis d'un autre côté il
est d'un caractère altier , avare, débau-
ché, faux, et si vindicatif qu'il n'a jamais
pardonné à ceux qui ont choqué son or-
gueil ou qui ont touché à son intérêt. »
Toutefois , il servit bien son pays ; en
1749 il conclut une alliance avec l'An-
gleterre, et l'année suivante, avec la Suè-
de, le traité d'Abo par lequel la succes-
sion au trône de ce royaume du Nord fut
réglée suivant les désirs de la Russie. Ce
traité fut suivi d'une alliance avec la
Suède et d'une autre avec la Saxe. Par
tous ces succès il établit si bien son cré-
dit auprès d'Elisabeth qui, comme ou
sait, avait une extrême répugnante pour
les affaires, qu'il déjoua sans peine les
intrigues tramées contre lui et secrète-
ment appuyées par rhérkier du tréne.
Eat 1746 il entra dans la ligne formée
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432)
bES
cotttre U PrOfse par les cabineU deVienne
et de Dresde, et, à cette occasion , Bes-
toujef est formellement accusé de s*étre
laissé gagner à prix d'argent (Fbit Dohm
DenfitvûrdigkeUen f tom. IV, p. 196,
sqq. ). Kaunîtz mêla ainsi Tempire mos^
covite aux affaires de l'Europe , et de-
puis ce temps il y a toujours pris une
part active et presque prépondérante.
Non content de contrarier les aiîec-
tions àk grand*prince héritier, le chance-
lier Bestoujef le brava encore en formant,
en 1746, une alliance avec le Danemark
et en préparant la cession à ce royaume
du Slesvig et du Holstein. En 1747 il
conclut un nouveau traité d'alliance avec
l'Angleterre , à Saint-Pétersbourg, et , à
l'efTet d'accélérer la conclusion du traité
de paix d'Aix-la-Chapelle, il s'engagea
à faire marcher à travers l'Allemagne
un corps auxiliaire russe de 30,000 hom-
mes ou au-dessus. Ce corps , sous la con-
duite du prince Repnine, traversa en
effet les états autrichiens, pénétra dans
la Franconie et marchait sur le Rhin
quand il fut arrêté par la mort de son
chef et par la convention du 2 août 1 748
qui fut suivie de la paix du 18 octobre,
dont l'intervention de la Russie déter-
mina ainsi la conclusion.
Sûr de son crédit, Bestoujef osa ren-
verser, en 1748 , le comte de L'Estocq,
qui favorisait le parti prussien dont
Pierre Fœdorovitch était le chef. Après
avoir adhéré à l'alliance de la France et
de l'Autriche contre Frédéric-le- Grand,
il poussa son antagonisme contre l'héritier
d'Elisabeth jusqu'à chercher à l'exclure
de la succession , en y faisant appeler,
de préférence, le jeune Paul, son fils.
Mais loin de réussir, cette entreprise té-
méraire devint l'occasion de la chute du
ministre. Apraxine [voy,)y qui comman-
dait l'armée russe envoyée contre Frédé-
ric , agissait de concert avec le chance-
lier ; au lieu d'avancer, après la bataille
de Gross-Jegemdorf , il revint sur ses
pas, suivant les uns pour soutenir les
projets de Bestoujef, suivant les autres
pour ne pas se compromettre avec le
grand-prince ^ mais, en tout cas, sur l'or-
dre formel du chancelier et à l'insu d'Ë-
Usabeth qu'on croyait .mourante. L*im*
pératrice s*étant.réublie demanda T^t
plication de la marche rétrograde de ses
troupes ; et , ne recevant pas de réponse
satisfaisante, elle fit tomber tout son
courroux sur l'auteur de la mesure. Au
commencement de Tannée 1758 BestoiH
jef fut arrêté , dépouillé de ses titres et
honneurs, accusé de hante trahison, et
reconnu coupable par la commission
nommée à cet effet. L'impératrice toute-
fois lui fit grâce de la vie; mais la ma-
jeure partie de ses biens fut confisquée
et lui-même exilé dans la moins impor-
tante de ses terres située à 80 lieues de
Moscou. Bestoujef supporta sa disgrâce
avec fermeté, trouvant sa consolation
dans l'affection de sa femme et de son
fils qui avaient voulu partager son exil,
et dans de fréquentes lectures de la Bible
dont il fit imprimer plus tard quelques
extraits, en allemand et en franaiis,80us
ce titre : Passages choisis de l'Ècriture-
Sainte, recueillis pour servir de conso-
lation à tout chrétien souffrant injuste-
ment.
En 1762 Catherine II le rappela h
Saint-Pétersbourg, lui rendit ses hon-
neurs, lui conféra le rang de feldmaré-
chal-général , le nomma sénateur et lui
assigna un revenu considérable; eUe fit
publier et afficher dans les églises un ou-
kase (31 août 1762 ) par lequel sa con-
damnation fut déclarée injuste. Cepen-
dant il n'obtint plus aucune influence et
mourut en 1766, au moment où il son-
geait à déshériter son fib unique, con-
seiller-privé-actuel et chambellan. Ce fils
mourut en 1768.
Le comte Bestoujef-Rumine était un
homme d'un grand talent et d'une extrême
activité, mais il était peuacrupuleux dans
le choix des moyens qui devaient le me-
ner à son but. Sa noble conduite dans le
malheur honore sa carrière, mais elle ne
peut faire oublier les défauts que lui re-
proche Manstein et dont la plupart de
ses contemporains l'ont accusé. Voici le
jugement bien sévère que porte de lui
Rulhière : « C'était le Russe Bestuchel,
génie vi^ureux, mais sans culture (?),
sans morale, sans aucun soin de sa ré-
putation. La cour le croyait -audacieux,
parce qu'il méprisait toute -pudeur et
que jamajûi: il n'employa l'intrigne où
|K)«wt réOftMr rimfitiidtfibe; Sapolitir
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(483)
BET
que était de croire qu'on peut toujours
faire à un autre homme la proposition
d'un crime... Ce ministre perdu de luxe,
comme le furent tous les courtisans sous
ce rèjçne, trouvait une ressource perpé-
tuelle à sou désordre en vendant Talliance
de sa cour aux puissances étrangères.
Aussi soutenait-il dans le conseil « que
l'état naturel de la Russie est la (pierre;
que son administration intérieure, son
commerce, sa police, toute autre vue
doit être subordonnée à celle de régner
au dehors par la terreur, et qu'elle ne
serait plus comptée parmi les puisstances
européennes, si elle n'avait pas 100,000
hommes sur ses frontières, toujours prêts
à fondre sur l'Europe ». Histoire de l'a-
narchie de Pologne f 1. 1, p. 172.
Outre cet ouvrage et celui de Man-
•tein, il faut consulter Busching, Maga-
zin, t. II, p. 417 et suiv. Ce laborieux
savant était bien vu du chancelier qpi
«fTectionnait les Allemands.
On attribue au chancelier Bestoujef
la première préparation (lt26) de la
tinctura tonica nervitta Besturhcffi,
Bkstoujef- Rumine {Michel) ^ sous-
lieutenant dans le régiment d'infanterie
de Poltava, appartenait à une autre bran-
che de la même famille. Vers l'année
1 820 il entra dans un complot tramé con-
tre la vie de l'empereur Alexandre^ et qui,
ayant pour but d'amener une révolution
en Russie, avait son principal siège à
Toullchine, dans la Petite-Russie. En
1823 il fut chef de l'un des comités de
V Union f et c'est alors qu'il parait avoir
adhéré au projet de Mathieu Mouraviof-
Apostol, du colonel Pestel, du prince
Serge Vol khonski, de Davouidof et de
plusieurs autres militaires, d'exterminer
la famille impériale. Ce fut par l'organe
de Bestonjef-Rumine que le directoire
de Toultrhine entra (1824) en négocia-
tions avec la société secrète de Varsovie,
dont le but était l'indépendance de la
Pologne sur l'ancien pied, et qui devait
agir de concert avec les sociétés russes
(Voir le Rapport de la commission d'en-
guéte, pag. 47-48). En janvier 1826 il
fut pris les armes à la main, dans Tin-
aurrection qui éclata à cette époque près
de Vassiikof dans le gouvernement de
Kiefy dont Mouraviof-Apostol ^ lieute-
Mneyclop. d. C. dl M, Toma UL
nant-coYonel du régiment d'infanterie de
Ti^ernij»of , avait donné le signî^l et dont
nous ferons çonnaitre ailleurs tes détails.
Par sentence de la hautc-cour spéi iale
de justice^ il fut placé, avec quatre autres
accusés, hors des catégories établies, va
Vènorinité de leurs forfaits y et condamné
à être écartelé comme régicide. Mais
Tempcrcur Nicolas ayant commué la
peine de la plupart des autres et aban-
donné les cinq principaux coupables a la
décision de la haute-cournntionale , ils
furent simplement condamnés à être pen-
dus» par arrêt du 11/23 juillet 1826.
Deux jours après, à 4 heures du malin,
cette juste sentence reçut son exécution
sur les glacis de la forteresse de Saint-
Pétersbourg. Bestoujef eut, avec deux
de ses compagnons d'infortune, le mal-
heur de tomber à bas du gibet, la corde
ayant été mal affermie autour de leur
cou; un quart-d'heure après il cessa de
vivre. J. H. S.
BÊTE, BÊTISE. Une bête n'est pas
seulement un homme privé de cette fa-
culté brillante que nous avons nommée
esprit; l'absence de cette faculté ne suf-
fit pas pour constituer la bêtise. Il faut
encore, pour bien motiver cette expres-
sion méprisante, le manque d'intelli-
gence, l'absence du sens commun. Mais
notre amour-propre est en général trop
pressé d'en faire l'application à d'autres
pour adopter cette définition , et nous
donnons facilement un brevet de bêtise
à ceux que nous jugeons moins spirituels
que nous.
La bêtise, même absolue, a pourtant
son mérite, si on la compare à la sot-
tise. La première sait se rendre justice
et se mettre de côté quand le talent passe ;
la seconde se place en travers sur son
chemin, et quand elle a reçu quelque
avanie, elle se console en songeant qu'on
s'est occupé d'elle. Aussi l'on vit aisé*
ment avec l'une, tandis que l'on fuit l'au-
tre. On dit : C'est une bonne béte; on ne
dit pas : C'est un bon sot,
11 y a la bêtise de l'esprjt et surtout
du génie ; La Fontaine avait cette der-
nière, n Les gens d'esprit ont des plans bê-
tes >», a dit une femme éminemment douée
du premier : mot plus fin et plus vi ai que
celui de Beaumarchais. Une autre femma
18
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immole. C'est par la même raison que la
pollronnene nous plait toujours beau-
coup sur la scène : en s*amusant d'elle
diaque spectateur se persuade qu'il a du
ooura^e.
Il résulte de ces observations que ce
qq'on appelle une bêtise n'est pas tou-
jours re&pressloQ de la pensée d'une
b^ie. Il est des bétîses spirituelles, de
bonnes et franches bêtises, qui, par un
rapprochement inattendu , une contra-
diction bizarre, excitent une explosion
dt surprise et de gaité. On a cité comme
une des meilleures bêtises celle de ce per-
ionnage d'un de nos vaudevilles, qui di-
sait très sérieusement : « Si je savais un
paysoik l'on ne mourut pas, j'irais y finir
mes jours. » Ces bonnes fortunes sont
rares au théâtre; une bêtise saqs naturel
n'y est plus qu'une sottise. M. O.
BÉTEL. C'est tout à la fois le nom
d'une plante et celui d'une composition
tris usitée d^ns l'Inde. Le pfpcr hetle
croit dans oe pays et aux IVf oluqucs , et
•es feuilles sont employées par les Java-
nais comme le tabac; le suc qu'elles four-
nissent est aussi considéré par eux comme
an précieux médicament.
Ija préparation appelée bétel se com-
pose en effet des feuilles et même des jeu-
net fruits du poivrier que nous venons
de noauner, et quelquefois de celles d'un
vive, qui y entre pour on quart, enfin
de noix d'arec, areca cathecu, qui forme
la moitié du poids total. Dans quelques
pays seulement le tabac fait partie de ce
mélange , dont il se fait une grande con-
sommation, attendu que les personnes
des deux sexes et de toute condition en
font usage et qu'on en offre à ceux qui
viennent faire visite.
On mâche le bétel habituellement, à
peu près comme les matelots font du ta-
bac : la saveur acre qu'il présente n'a rien
de désagréable; seulement lorsqu'on n'y
est pas encore habitué on éprouve un
peu d'ivresse. Il colore en rouge la sa-
live, noircit les dents, les altère et les
détruit même jusqu'au niveau des gen-
cives, sans cependant produire de dou-
leur.
Le bétel peut être considéré comme
BET ( 484 ) MET
<Mt é$ Tkomu : < Son ploi grand dé- | antre poivrier, pîper tirBoa, de thtnx
IkttI €$t de n'être jamais bête. » ' '
On a dit H y e long-temps que l'ar
aour
En gens «Tetprit change les bét«t,
£t r«od t>étes les geas d'esprit
Il en est de même de plus d'une autre pa»
sîon : la haine, la colère, prêtent par-
Ibis à un homme très vulgaire , très peu
intelligent, des expressions énergiques
et pittoresques , tandis que Thomme de
talent irrité perdra tous ses avantages et
ne trouvera pour exhaler son courroux
que des idées basses et des expressions
plus que communes. Sous ce rapport,
Voltaire lui-même a été bête quelque-
fois.
Rire des bêtises et aux dépens des
bêtes est une de nos jouissances les plus
TÎves au théâtre : c'est que notre vanité
fait une comparaison continuelle et fausse
entre nous et l'être stupide que l'on nous ^ un astringent puissant, et les naturels
des régions équatoriales le regardent
comme un objet de première nécessité
qui balance l'action énervante de la cha-
leur et qui les garantit des fièvres et des
dyssenteries communes et funestes dans
ces climats. Les étrangers se trouvent
bien d'adopter cette coutume locale. En
effet, les usages généraux sont quelque-
fois les résultats de l'expérience, et il est
bon de s'y conformer lorsqu'on e^t ap-
pelé à changer de climat* F. R.
BETH-EL (maison de Dieu) y ville
sur une montagne au couchant d'Aï,
entre Sichem et Jérusalem, autrefois
Louz; depuis Jéroboam, siège du culte
des veaux. C'est là, sur les confins des
tribus d'Lphraîm et de Benjamin 9 que
Jacob s'arrêta la première nuit en fuyant
son frère. Selon les rabbins, la pierre sur^
laquelle Jacob reposa en cet endroit fut
mise dans le sanctuaire du temple et
l'on plaça dessus l'arche d'alliance. Les
Mahométans croient que c'est leur tem-
ple de la Mecque qui est fondé sur cette
pierre. Scaliger (Jnirnadv. adEuseb,^
p. 198) dit que c'est de l'onction da
la pierre par Jacob qu'est venu le nom
de Bétyles ( vo/.), pierres célèbres dans
l'ancien paganisme et qu'on adorait
comme symboles de la divinité. S. C.
BÉTHESDA, étang de Jérusalem
qui, à certaines pério4es^ renfermait des
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BET
(««)
BET
prdprlMt ^ritWefl, et ah l'on m M-
gnaît pcfUr échapper à diverses mahdies
( F, Év. de saint Jean ▼, 1 et suiv. ). On
ne sait pas dans quelle partie de Jérusa-
lem cet étang était situé, car la tradition
qui le place au sud et derrière la mon-
tagne du temple ne repose sur aucun fon-
dement solide. Cependant on est parti de
ettte donnée pour établir que c'est le
sang des victimes immolées au temple
qui lui communiquait des propriétés sa-
lutaires. Eusèbe dit positivement qu'il
avait une teinte rouge très prononcée;
mais on pourrait l'attribuer aussi au mé-
lange d'ocre. Cin(| réservoirs de eet étang
étaient entourés de galeries couvertes
tous lesquelles les malades attendaient
que l'eau se mit en mouvement. « Un
ange descendait en certains temps au la-
voir et troublait Teau , et alors le premier
qui descendait au lavoir était guéri , de
quelque maladie qu'il fàt détenu. » Ainsi
s'exprime le récit évangélique; mais de
savans critiques regardent le verset 4*
comme une évidente interpolation. ^
On dit figurément : Attendre aux sour-
ces de Béthesda pour marquer l'attente
de quelque événement heureux. J. H. S.
BBTHLÉHeNy ville de la tribu de
Juda, éloignée de Jérusalem d'environ 5
lieues, et qu'on distinguait de celle de
la tribu de Zabulon en ajoutant de Juda.
Elle portait, dans les temps antérieurs à
Moïse, le nom d'Éphrat ou Éphrata qui,
comme Bethléhem (maison de pain), fait
allusion à la fertilité de la contrée. Cet
ancien nom se trouve, dans plusieurs pas-
sages de la Bible, uni au nom plus mo-
derne de Bethléhem, particulièrement
dans la prophétie de Michée (ch. v). 11
est question de Bethléhem, dans le livre
des Juges, comme de la ville natale de
Booz; dans le l^"" livre de Samuel, comme
de la ville natale du roi David. Au 2^ li-
^re de Samuel on voit trois des guer-
riers qui accompagnaient David persé-
cuté par SàÛl , lui procurer, au péril de
leur vie, de l'eau du puits de Bethléhem
qu'il refuse de boire en frémissant du dan-
ger au|uel s'étaient exposés pour lui ses
compagnons d'armes. Bethléhem est sur-
tout remarquable comme le lieu de nais-
sance de Jésus^Cbrist, désigné d'avance
par le prophète fiiichée, J^ea docteurs
jqffihrtefprétil6iitceiteproi>iétl»e»«wiia
l'entendent encore aojourahui les chré**
tiens; dans l'Évangile de saint Matthieu
on les voit répondre en citant les paroles
de Michée au roi Hérode nui fetir de-
mandait oÀ devait naître le Messie. L«
dernier fttit qui se rattache au nom de
Bethléhem est le massacre des enfans d#
cette bourgade, eiécnté par ordre d'Hé-
rode, dans l'intention de faire périr le
Christ dont la naissapce commençait à
fahre du bruit parmi le peuple et pouvait
fournir à ceux qui détestaient la domi-
nation étrangère un prétexte de soulève-
ment. B-D.
BETHLEN (GABBitL^, connu sous
le nom de Bethlcit-Gaboe (à raison
d'un usage de Hongrie d'après lequel le
nom de baptême suit le nom de famille) ,
naquit en 1580, d'une famille riche et
distinguée de la Haute- Hongrie, qui
avait embrassé la religion protestante.
Dans les troubles qui agitèrent la Tran-
sylvanie, pendant les règnes de Sigis-
mond et de Gabriel Bathori , Bethlen sut
se faire des amis parmi les grands du
pays, et, après la mort de ces deux mal-
heureux princes, en 1613,11 parvint,
avec l'appui de la Turquie, à se faire
nommer prince de Transylvanie , la
maison d'Autriche n'étant pas alors eu
mesure de faire valoir contre lui ses pr^
tentions. Lorsqu'on 1619 les États de la
Bohème se révoltèrent contre l'Autriche,
Bethlen entra en alliance avec eux, pé-
nétra avec une forte armée dans la Hon-
grie, prit Presbourg, menaça Vienne, et
se fit élire roi de Hongrie le 25 ao6t 1 620,
Mais la fortune ayant de nouveau favo-
risé les armes impériales , Bethlen fit la
paix avecFerdinand, renonça au royaume
et au titre de roi , et en fut dédommagé
par la possession de la ville de ^.aschau,
de sept comitats hongrois et des princi-
pautés silésiennes d'Oppelp et de Ratibor«
Mais, turbulent et guerrjer, il reprit les
aimes en 1628 et s'avança avec 60,000
hommes jusque vers Bruno en Moravie,
où , n'ayant pas pu joindre ses troupes fc
celles du duc Chrétien de Brunswick, 11
fut obligé de conclure un armistice et de
faire de nouveau la paix ( 1624J aux con-
ditions de la dernière. Une nouvelle rup-
ture, eu 1626, resu encore saos eflat ^ à
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BET
(486)
BET
Usuite deU défaite da comte deMansfeld
sur lequel Bethleii avait compté. Betlilen-
Gabor mourut sans eiifans, en 1629.
Par son testament, il recommanda son
pays cl sa femme à Fempereur romain
Ferdinand II , nomma pour exécuteur de
sa dernière vulonté l'empereur othoman,
et légua à chacun d*eux, de même qu'au
roi romain Ferdinand III, un beau che-
val richement enharnaché et 40,000 du-
cats comptant. , C. L,
BETIIMANN (les fràres), célèbre
maison de banque à Francfort- sur- le-
MeÎD, fondée en 1748. (.es héritiers de
celte maison possèdent une galerie de
. tableaux célèbre. X.
BETHMANN (Faéni^.RiQUE-AiiGus-
te-Conradikk), née Flittner, mariée
d^abord à Tacteur comique Unzelmann,
et puis à un acteur moins connu appelé
Bethmann, naquit à Gotha, en 1766, et
mourut à Berlin, en 1814. Elle occupa,
sur le théâtre allemand, un des rangs
les plus distingués. Sa voix agréable la
porta à s'essayer d'abord dans lopéra
que, même dans la suite, elle n'abandonna
pas tout-à-fait. Bientôt elle eut un succès
de vogue, tant pour son chant mélodieux
que pour bon jeu expressif dans toute
espèce de t6\^\ appelée avec Unzelmann
au théâtre de Berlin, elle continua de
s'y perfectionner. En 1803 elle se sépara
de son mari et épousa l'acteur Bethmann.
De l'esprit, du sentiment, une voix har-
monieuse, réunis à un physique agréa-
ble et eipressif et à l'art de dire avec
goût et intelligence les rôles les plus di-
vers, firent d'elle une artiste accomplie.
Dans la tragédie comme dans la comé-
die, elle réussit également; mais son
triomphe fut surtout dans les rôles
naïfs. C L.
BÉTHUNE, voy\ Sully.
BÉTIQUË, nom d'une division de
TEspagne ou Ibérie occidentale, sous les
Romains. Ces derniers divisaient Tlbérie
occidentale en Lusiunie et eu Bétique ;
l'Anas formait la limite entre les deux
provinces. Celle de Bétique tirait son nom
du fleuve Bétis ou Guadalquivir; cepen-
dant César ne parait pas avoir connu ce
nom, qu'on trouve dans Plutarque, Pline,
Sénèque, etc. La Bétique, habitée par
IcsTurdules, qui paraissent être le même
peuple qne les Turdéuîns, par les Bas-
tedani et les Cellici , était bornée au sud
par la Méditerranée, au nord et à l'ouest
par l'Anas , et n'avait pas de limites cer-
taines du côté de l'est. J. H. S.
BÉTIS y voy. l'article précédent et
Guadalquivir.
BÉTON, espèce de mortier composé
avec des recoupes de pierre, du caillouiage
et de la chaux,et qui s'emploie ordinaire-
ment dans les travaux hydrauliques. Les
anciennes voies romaines sont en partie
faites avec ce mortier; elles étaient com-
posées de 4 couches. La première était
formée par un ou deux rangs de pier-
res plates posées à bain de mortier; la
deuxième d'une maçonnerie de blocage
bien battue. Sur cette maçonnerie on
étendait une troisième couche faîte avec
du gravier bien broyé et de la chaux
nouvellement éteinte. On posait ensuite
sur celte dernière couche le pavé, que
l'on enfonçait *en le battant. Les che-
mins dont la superficie n'était pas pavée
en grandes pierres étaient terminés par
une couche de béton , composé de gra-
vier broyé avec de la chaux; on réservait
les cailloux les plus gros, qu'on enfonçait
ensuite dans ce béton, pour former la sur-
face supérieure. Dans les travaux hydrau-
liques on compose le béton de 13
parties de pouzzolane el de 6 parties de
sable non terreux; après les avoir mêlées^
on forme une bordure circulaire de cinq
à six pieds de diamètre ; on remplit l'in-
térieur de neuf parties de chaux vive
bien cuite, concassée avec une masse de
fer, pour qu'elle s'éteigne plus vite, ce
qui se fait en jetant peu à peu de l'eau
de mer dans les travaux maritimes; on
peut employer l'eau douce en y faisant
séjourner, pendant quelque temps, de
vieilles ferrailles. Dès que la chaux est ré-
duite en pâte on y incorpore la pouzzo-
lane et le rable. Le tout étant bien méiéy
Ton y jette 13 parties de recoupes de
pierre et 3 de mâche- fer concassé,
lorsqu'on est à portée d'en avoir; ou bien
on se contente d'employer 16 parties
au lieu de 13 de recoupes et de bio-
cailles de pierre, du de cailloux, dont la
grosseur ne doit point excéder celle d'un
œuf. Vof, Mortier. F- t.
BETTE {beta vulgaris)y plante de
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BET ( 487 )
la famille des chénopodées de Jussieu et
de la pentandrie digynie de Linné, et qui
est connue sous le nom de poirée. Elle
est alimentaire, principalement par ses
feuilles qui sont douces et mucilagineu-
ses et à grandes nervures. On la cultive
dans les jardins ou elle croit avec facilité.
Ses racines sont sèches, peu volumineuses,
larges et fort dures, ce qui empêche d*en
faire usage dans l'économie domestique.
Pour rendre les feuilles plus charnues, on
a recours à la ligature qui amène l'étio-
lement. Alors les pétioles s'élargissent et
t*épaississeDt. C'est ce qu'on nomme
cardes et qu*on emploie sur les tables ,
accommodées de différentes manières.
Les feuilles de poirée se mêlent à l'oseille
dont elles corrigent l'acidité; car, lors-
qu'elles sont seules, elles sont d'une fa-
deur extrême. Elles entrent dans les bouil-
lons et les potages maigres. D'ailleurs
elles sont encore plus usitées en méde-
cine que dans la cuisine : elles figurent
parmi les plantes émollientes et , comme
telles, sont employées tant à finlérieur
qu'à l'extérieur. On sait que les feuilles
de poirée servent de temps immémorial
au pansement des vésicatoires, des affec -
lions dartreuses, etc., et qu'on ert fait
des cataplasmes très adoucissans. F. R.
BETTERAVE. La racine charnue
de cette plante offre un très bon ali-
ment à divers animaux et surtout aux va-
ches dont elle peut améliorer le tait en
augmentant sa quantité; ses feuilles ser-
vent aussi à la nourriture des bestiaux;
une portion de leurs débris reste sur le
sol et contribue à le féconder.
Déjà la betterave avait, depuis plu-
sieurs années, ^xé l'attention dessavans,
des agronomes, des manufacturiers et
des gpns du monde. Les travaux des
Margraff, Achard , Déyeux, Chaptal,
Barrucl, Mathieu de Dombasie, etc., et
de nombreuses applications en grand,
avaient appris quelles ressources offre
ce précieux végétal, le seul dont on ait
pu obtenir économiquement en France
un sucre identique avec celui des cannes.
Cependant on ignorait la composition
chimique de la betterave; on n'avait pas
encore des données précises sur ses pio-
duits comparés. Nous avons voulu es-
sayer (1835) de remplir ces lacunes par
BET
une analyse et des recherches microsco-
piques dont nous reproduisons ici les
principaux résultats.
Toutes les substances contenues dans
les betteraves varient en proportion»,
suivant les variétés, les teiTains, les sai-
sons, les soins de la culture, etc.; le plu»
ordinairement elles sont, dans Tordre sui-
vant, rangées d'après leurs plus fortes
proportions.
l"" Eau (de 85 à 90 centièmes). 3^
Sucre cristallisable, identique avec celui
des cannes (de 6 à 11 pour 1 00). 8^ Su-
cre incristallisable. En suivant avec /k
plus grand soin les procédés décrits par
nous, on réduit à une si petite quantité
le sucre incristallisable qu'il est proba-
ble que ce sucre ne préexiste pas dans la
betterave, mais qu'il est le résultat d'une
altération du sucre cristallisable* Les
dernières recherches de M. Pelouze ont
confirmé cette prévision. 4^ Albumine ,
matière azotée coagulable par la chaleur.
5^ Acide pectique, substance capable de
former une gelée consistante avec 100
fois son poids d'eau. 6^ Ligneux , en fi«
bres fortes tubulaircs et en utricules ex-
cessivement minces. 7^ Substance azotée
solubledans l'alcool et dans l'eau, analo-
gue à Tosmazone. 8^ Matières colorantes
rouge, jaune et brune< 9^ Substance aro-
matique offrant une odeur analogue à
celle de la vanille. lO'' Matières grasses,
l'une fluide à 10 degi*és, l'autre consis-
tante à cette température. 11^ Malates
acides de potasse, d'ammonianue et de
chaux. 12*' Chlorure de potassium. 13^
Nitrates do potasse et de chaux. 14®
Oxalate de chaux. 15** Phosphate de
chaux. lO^Chlorophylle. Cette substance .
n'existe en proportion sensible que dans
le tissu fibreux, sous Tépiderme et seule-
ment dans les parties verdàtres des raci-
nes sorties hors de terre. 17® Huile es-
sentielle, principe de l'odeur vireuse des
betteraves, en partie soluble dans l'eau ,
à laquelle elle communique un goàt âcre^
désagréable et son odeur forte. 18® Sul-
fate de chaux, silice, soufre.
Les betteraves offrent près de leur
sommité une sorte d'alvéole demi-trans-
parente qui diffère de texture avec le
reste de la racine, par l'absence totale
de gros aisseaux 6breux et dont la oom-
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BBT
pétition cbimiqne t$t dlfférenU» surtout
par le manque total de sucre et par une
plus forte proportion de nitrates et d*hy-
dix>chlonitM de potasse et d'ammonia-
que» et d« substance aromatique; elle se
rapproche» par cette composition ^ des
pétioles das feuilles à leur origine.
I)ea expériences faites sur plusieurs
tariétés de betteraves Tenues la même
année dans le même terrain, semées et
técoltées è la fois» etc., oi^t offert dee ré-
aultata variables sous If rapport du sucre
^stallisé. que Ton en a obtenu, depuis
0,0S jusqu'à 0,09; cependant elles ont
sensiblement conservé le même ordre,
placées ainsi suivant les plus grandes
proportions de sucre olitenu ;
I^BETTEaAYB i»L4ircHE (betaalba);
c'est aussi celle qui contient les plus for^
tes fibres ligneuses, le plus diacide pecti*
que et qui est la plus difre. £lle ne doQoe
que la matière colorante brune.
7^ BiTTiuiATX lAUKR {lutca major\
vitnue de la graine de Castelnaudary.^
t^ BETTCRi^ys 1LOUOX {rubra roma*
rta)f graine tirée de la même localité.
4^Bettsb ▲vEDi8ETTR(^eto sUî>estris)y
qui peut acquérir un volume énorme et
tel qu'une seule racine pèse jusqu'à 23
livres; dans uo soi riche, profond, léger,
un peu humide I on a récolté jusqu'à
100,000 kilogr. par arpent.
Le sucre W plus abondamment con-
sommé dans presque toutes les parties
du oionde est entrait des cannes cultivées
datis le» lodesi aux Antilles, etc, eldei
bttteravaa récoltées en Europe.
Le sucre pur, cristallisablci identique
«lans les cannes, betteraves, bâtâtes, éra<-
blet^ Atlons» etc<, est un principe im«-
médiat des végétaux, c*est^à^ii^ qu'à
moins de i'ultérer ou de Le décomposer,
il n«uf est impossible d en extraire deux
aobstâDOes. Il est blano« diaphane, solide;
il pèse 1 (^»6||, Tmo pasant 1 0 sous le même
Yoluaia) ses cristaux purs ne contiennent
presque pas d'eau; la saveur du sucre est
4ouCQ et très agréable p>our la plupart
des animaux; seul il ne jouit pas d*une
faculté Nutritive oomplète, mais il forme
Ml assaisonnement susceptible de cun*-
iourir à l'aasimiUtion d'autres substan-
èm aliflseotairés.
Dans la coltort 4« «HMMi «1 4f» bc^
( 48S ) BET
teraves, les engrais actifs de matière auU
maie produisent de très bons effets, s'ils
sont employés en quantité convenable.
Ainsi, 500 à 750 kilugr. de chair ou
sang sec en poudre, ou 18 à 20 hectol.
de noir animal, résidu des clarifications,
ou mieux encore 15 hectol. de noir ani-
maiisép suffisent pour la iumure d'un
hectare qu'on sème d'abord eu blé, puis
ensuite en betteraves. A6n de mieux
nettoyer et amcubb'r les terres ou pour
avoir une provision plus grande de bet-
teraves, lorsque le terrain à disposition
ne suffît pa^ pour alterner les cultures,
on peut obtenir plusieurs années de suite
des récoltes de betteraves sur le même
terrain; mais, dans ce cas, on ne profite
pas, pour la culture des céréales et au-
tres, du nettoiement du sol par les bina-
ges donnés aux betteraves.
Les betteraves, dès qu'ellessontmAreS|
ou même très peu de temps avant, sont
arrachées et décolletées dans les champs,
et h/ane est portée aux bestiaux, qu'elle
nourrit pendant 1 à 2 mois; durant cet
intmiiglle, on arrache et Ton porte à la
râpe la quantité nécessaire à la fabrica-
tion journalière; le surplus est déposé
dans des magasins frais ou mieux dans
des silos (vojr.), au bord des terres mêmes,
pour être traité poslérieurcment.
Il y a un double avantage à commen-
cer le traitement des betteraves très peu
de temps avant leur maturité: l** elles
contiennent alors autant de sucre et d'une
plus facile extraction; 2^ le temps de l'ar-
rachage se prolonge aisément , et les. bet-
teraves non arrachées s'altèrent moins
encore que dans les silos, ne fût-ce que
parce qu'elles n*ont pas epcore été frois-
sées, meurtries ni blessées,
A l'entrée dans la fabrique, la pre-
mière opération consiste dans un nat-
toyage dont le but est d'enlever d'abord
la terre adhérente et les cailloux. Deux
moyens sont emplov^ pour y parvenir : le
premier, plus simple, quoique rpoins éco-
nomique dans une grande exploitation,
consiste à racler avec un couteau toutes
les parties couvertes de terre; on tranche
même les radicelles qui reeèlent des pier-
railles, he deuxième moyen consiste en
un Uivagc dans un grand cylindre creuK,
m bmp d*nt las douvfs loni étmém de
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BBT
If à U Ugiitt à Ynthkm. Ce cyliiHbre
tavme tur sod axe en fer, cd plongeant
à sa partie inférieure dans une caisse en
bpis remplie d'eau.
Il convient généralement^ dans une fa-»
brique de sucre de betteraves, de se ser-
vir de bœufs ou de vaches pour impri*
mer la puissance mécanique au laideur,
aux râpes t presses y pompes, tire-
sacs , etc.; car ces animaux, nourris en
grande partie avec le marc pressé de la
pulpe, rendent, soit en accroissement de
cbair musculaire, soit en produit de lait,
une valeur qui représente celle de ces ré-
aîdus tt ks utilise mieux. Un manège
aUelé de 6 bœufs, ce qui en suppose
t4 à l'écurie pour se relayer, suffit pour
une usine traitant 6^000^000 de kUogr.
de betteraves.
"Dèt qoe les betteraves sont nettoyées
far l'un des deux procédés ei-dessus, on
Ice porte à la râpe. Plusieurs sortes d'ut-
ttnsiles de ee nom sont destinés à déchi-
ftr les utricules, ou le tissu cellulaire,
qui, dans les betteraves, renferment le
aac Les différeos systèmes des râpes, dé-
•igués sous les noms de leurs construc-
teurs , sont ceux de Caillon, de Picbooi
de Burette, d'Odobel et de Thierry;
Depuis très peu de temps le perfec-
tionoemeot davs les -constructions des
presaca hydrauliques et à vis en Cer^ la
faeilité et l'habitude de leur service, les
iait employer exclusivement dans beau-
coup de fabriques bien montées. On serre
graduellement la presse, et l'on obtient
directement ainsi 70 à 76 de jus pour
100 de pulpe fraîche. Pendant qu'une
presse agit, use autre est chargée de
Même, en sorte que la pulpe soit tou-
jours rapidement exprioiée; une presse
de moyenne dimension donne 6,000
kilegr. de jus ea 111 heures*
Les procédés usuels que nous Tenons
d^ndiquer pour rettraction du jus des
betterave laioaeut m marc pesant en-
core 15 à 80 pour 100 du poids des
betteraves , et comme celles-ci ne con-
Uennest que S centièmes environ de
iubstance ligneuse non réductible en jus,
k marc de 100 kilogr. de betteraves re^
•iie encore 21 à SS de jus; el û im<-
porte d'autant plus d'obtenir eette pev-
liott i{a* M mre u éifk aiippoité tous
les frais de nettoyage, de râpage^ tto.
Ce qui s'oppose à ce que Ton extraye fa«
cilement le jus, c'est qu'il est renfermé
dans des cellules ou ulricules dont plu^
sicui-s parties ne sout pas atteintes paf
la râpe; aussi est-on parvenu dernière-»
ment à extraire les \ du jus restant dani
les marcs, en chauffant ceux-ci brusque*
ment pendant 10 minutes par une injeo»
tion de vapeur et sans même les faire sor-*
tir des sacs déjà exprimés. Celte tempi^
rature, déterminant la rupture des cellu-^
les, laisse le suc qui y est contenu libre df
suivre les lois ordinaires de l'écoulement
des liquides, et il suffit de reporter au»*
sitôt sous la presse, pour obtenir la pro*
portion précitée qui porte de 88 à 90
pour 100 la quantité totale.
Tout le jus étant obtenu, à froid et à
chaud, est porté dans les chaudières à
déféquer) il doit être soumis successive*
ment aux opérations désignées ainsi:
1^ k défécation;!^ la première filtra«
tion; 3*^ la première évaporation; 4^ la
deuxième filtration; 5^ la deuxième év**
poration ou cuite; 6" la cristallisation;
7"" l'égouttage; 8^ le raffinage.
Le système général du chauffage dans
les diverses opérations que nous alloni
décrire , est à feu nu , ou mieux encore
à la vapeur. Ce dernier mode présente
une économie marquée de combustible
et de main d'oeuvre, puisqu'tin seul four*
neau, pour le chauffage d*une chaudière
ou d'uD générateur k produire U vapeur,
suffit à toutes les clarifications el à l'éva-
poration.
Défécation, Il est utile de multiplier
les défécations, afin que le JUS soit exposé
le moins de temps possible aux réactiona
spontanées qui TaltèrenL On doit dono
chauffer le jus très vite, et dès que la
température du liquide est élevée à 60^,
pu lorsqu'on peut à peine y tenir le doigt
un instant, on verse le kit de diauu
bouillant, ou agite vivement quelquei
secondes, puis on Uisse en repos jeuqu'à
ce que la première apparenèe d^cbulli*
tion se manifeste. 1^ proportion du
chaux varie entre S , â et 10 pour 100,
suivant la qualité du jus; et celle*ei dé*
pend de la variété des betteraves, de \ê
nature du sol, des «ngnik^ de k eaisea^
dea foitt* di oultAMi ute.
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Première flllratioru
faîle, après 6 ou 6 minutes de repos, on
«otitire au clair, sur un filtre Dumoot,
le suc délégué, par le robinet du fond
de la chaudière.
Èvaporation, En sortant du filtre, le
liquide clair coule dans les chaudières
évaporatoires,à large surGice. Trois ou
quatre de ces chaudières reçoivent tout
le liquide liltré qui n*y occupe qu'une
bauteur de 6 à 7 pouces ; elles Tévapo-
rent aussitôt rapidement par une vive
ébullition.
- Deuxième fillmtion. Dès que l'écume
albu mineuse est bien formée k la super-
ficie, on décante avec précaution, à
Taide de la cannelle inférieure, et le plus
poitsible à clair, afin d'éviter que le filtre
De s*obstrue par des flocons albumineux
trop abondans. On remet dans la chau-
dière le liquide filtré; on évapore encore
rapidement jusqu'à 35 degrés, puis on
fihre pour la troisième fois, mais sur un
filtre Dumont chargé de noir neuf. Le
airop devenu limpide est prêt à éprouver
la cuite.
i uiteou dernière évûporation. Cette
opératioo importante s'est pratiquée de
diverses manières, et a donné lieu, soit
dans rextraclion du sucre de betteraves,
soit dans le raffinage des sucret^ à plu-
sieurs inventions brevetées. Ici nous nous
borneront à indiquer les 3 systèmes pria»
cipaut en usage : cuite à la chaudière-
bascule, à feu nu; cuite à la vapeur for-
cée (Taylor); cuite dans le vide relatif
(Roth). Quant au système d'Howard,
c'est au raffinage seul que ce dernier
mode de cuire le sucre est appliqué jus-
qu'aujotird'hui. Mais ce procéilé per-
fectionné par M. Degrand s'est déjà in-
troduit avec de^rands avantages dans les
raffineries et les fabriques; on en peut
dire autant de l'ingénieux appareil éva-
porant par insufflation de l'air chaud, dû
à MM. Brame-Qievalier et Peuvion ; en-
fin un nouveau mode d' évaporât ton in-
venté par M. Champonnois et tout nou«
vellement introduit dans nos fabriques
de sucre indigène, de sirop de dexirine,
et dans nos raffineries, peut suffire seul à
Ijuie Tévaporation. Il consiste en colon-
nes de tôle de cuivre chauffées intérieure-
ment par un jet de vapeur ; le liquide à éva-
( 440 ) BCT
La défécation i porer coule c<nitinuellemeDt sur toute la
surface extérieure en se divisant dans les
mailles d'un réseau métallique; en pas-
sant ainsi 3 fois dans l'intervalle de 5 oa
6 minutes, le jus des betteraves est amené
au degré de concentration convenable. Ce
terme se reconnaît de la même manière
à peu près dans tous les systèmes de rap«
prochement; on plonge dans le sirop
bouillant une tige ou une écumoire, on
retire et l'on effleure vivement sa aarface
avec le bout de l'index; en posant alors
ce doigt sur le pouce, puis é«*jirtant aus-
sitôt les doigts, on observe l'effet du li-
quide interposé; si celui-ci forme un fi-
let, qui, se rompant, se replie en crochet,
le rapprochement du sirop est à son
terme.
Un autre moyen simple consiste i
souffler fortement sur la face de l'écu-
moire relevée et légèrement secouée ; si
alors une multitude plus ou moins grande
de globules plus ou moins légers s'envo*
lent en arrière, la cuite est finie^ et plus
ou moins rapprochée. '
Lorsque les diverses cuites sont réu-
nies dans les rafralchissoirs, on laisse leur
température s'abaisser jusqu'à 55*; on
agite avec une grande spatule en bois,
en raclant les parois, afin d'en détacher
les cristaux adhéreos et de les i*épandre
dans la masse; on porte aussitôt après
tout ce sirop cuit dans les cristatlisoirs ,
à l'aide de puisoirs (Pucbeux) et de ^at-
sins à anses.
Toutefois, on se contente des grandes
formes dites bd(ardes dans la plupart
des fabriques. Ces vases, en terre cuite ,
sont bouchés avec un linge tamponné in-
troduit dans le trou dont leur fond est
percé ; on les pose sur ce fond pour les
emplir, et, lorsque la cristallisation est
achevée, on les débouche et les pose sur
des pots ou mieux dans les trous d'un
faux plancher sous lequel des rigoles re-
çoivent les sirops égouttés pour les con-
duire, par une pente douce, dans les ré-
servoirs.
Les sirops rassemblés en qnantité suf-
fisante pour emplir un crislallisoir, peu-
vent quelquefois être rapprochés, afin de
produire une 2^ et même une 8* cris-
tallisation.
Ainsi l'on obtient ai^joord'hni jusqu'à
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BEt
(441)
BEU
4 crtstallisations des jos traités sans cla-
rification, et par 3 filtrai ions.
A Taide des derniers perfeclionnemens
on a obtenu jusqu'à 7 pour 1 00 de sucre de
betteraves, et I hectare en très bonne cul-
ture, produisant jusqu'à 45,000 kUogr.
de celles-ci, représenterait une produc-
tion de 8,150 kilogr. de sucre.
En comptant sur un produit moyen de
6 pour 100 de sucre cristallisé de bette-
raves, on voit que 1 hectare de terre pro-
duisant au moins 20,000 kilogr. de ces
racines, donnerait 1000 kilogr. de su-
cre, et que, pour la consommation de la
France portée à 60,000,000 de kilogr. ,
il suffirait de cultiver chaque année
1,300,000 hectares de terre, c'est-à-dire
la 6^ partie des terrains laissés encore
improductifs. P-N.
M. de Beaujeu vient de soumettre à
TAcadémie des sciences les procédés
nouveaux qu'il emploie dans la fabrica-
tion du sucre de betteraves , et qui sont
remarquables par lear simplicité qui
amène de grandes économies de temps ,
d'ustensiles et de forces, et par la bonne
qualité des produits. Diviser les bette-
raves en lames minces , qn'on place dans
plusieurs cuves communiquant entre elles
et faire passer dessus à plusieurs reprises
de l'eau chaude qui s'empare de la ma-
tière sucrée, sans entraîner de substances
étrangères, telle est la manière de pro-
céder de M. de Beaujeu , qui traite en-
suite ce liquide sucré à peu près comme
dans la fabrication ordinaire. Dans la fil-
tratlon à circulation continue le travail
se fait presque seul , et cependant Tépui-
•enent de la matière sucrée a lieu très
complètement. Celte fabrique est en
pleine activité à Narce; elle a été éublie
avec d'autant moins de frais qu'il ne faut
plus de machine à vapeur, de manège,
de râpes, de presses, de sacs, de claies,
etc. , et cependant on peut y faire jusqu'à
150 milliers de sucre par jour, avec un
si petit nombre d'ouvriers que les per-
sonnes qui ont visité l'établissement peu-
vent à peine en croire leurs \eux. On a
observé d'ailleurs que les résidus de bet
teraves étaient plus.substanciels et plus
nutritifs pour les bestiaux que ceux que
fournissent les fabriques oà l'on emploie
la râpent la pr«ss«. F.R.
BÉTTLES on Béthtlcs, pierres in-
formes que les Orientaux adoraient et
qu'ils croyaient représenter les divinités,
avapt Tépoqne où la sculpture leur donna
des formes humaines. Les Grecs appe*
laient bœtjle , {^ukvloç et piBw.oç) la
pierre que Cybèle fit dévorer à Saturne
pour lui soustraire son fils Jupiter. Ce
mot désignait encore une pierre trouvée
dans le Liban près de la ville dn Soleil;
selon d'autres, Uranus fabriqua des pier-
res animées appelées bœtyles.Damascius,
qui écrivait sous Justinien, racontait
qu'il avait vu une de ces pierres se
mouvoir en l'air. Il y avait plusieurs bie^
tyles consacrés à des dieux difl'érens.
L'empereur Élagabale, que l'on nomme
communément Héliogabale, avait ap-
porté à Rome, de la Phénicie, une grosse *
pierre noire en forme de cône, qu'il vou-
lut faire adorer, et qui représentait le
dieu Élagabal. On voit sur les médaillet
de cet empereur cette pierre conique
portée sur un char. D. M.
Il li'y a pas loin des Cordicoles aux
Bétyldtres. Ce culte remonte aux temps
les plus reculés, si Ton en croit Sancho-
niaton et les hymnes orphiques, et il a
été répandu dans une partie de l'univers,
comme on le voit dans différens auteurs.
Ce culte a eu ses rubriques, ses légendes,
ses fourberies, Mm charlatanisme. On voit
encore, dit-on, des aérolilhres ou météo-
rites suspendus dans quelques églises
d'Allemagne; ce fétichisme serait une
preuve irréfragable d'une profonde igno-
rance. J. L.
BBUG NOT(J acqubs-Cl AunB,comte),
est né en 1761, à Bar-sur-Aube, dépar-
tement de l'Aube. Quelque temps avant
la révolution de 1789, il était lieutenant
général du présidial de cette ville. En
1790, il fut nommé pfocureur général
syndic de son département, et, l'année
suivante, élu membre de l'Assemblée ^lé-
gislative, où il siégea avec le parti co^
stitutionnel. Sincère ami de la liberté, il
suivit toujours les principes d'une grande
modération. Ce fut lui qui, le premier,
fit la motion de demander à la cxiur de
Vienne une explication sur le traité de
Pilnilz; il s'opposa à la proposition que
fit Condorcet de laisser nommer par le
peuple les agent de la trésorerie nationale;
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(442)
BEU
il porurà rMtemblée une démmcitUon
•ontrt Carra et Marat, comme ayank
provoqué par leucs discours et leurs
écrito l'assaisioat du général Dillon, et
fit rendre le décret d'accusation centre
Marat II dénonça aussi la municipalité
de Paris et le ministre de la justice, re-
lativement à la publication àa journal de
V^wi du peuple. Cette modération at -
Ura à M. Beugnot la haine de la multi-^
tiidA. A.pi*ès le 10 août, il n'osa plus re-
paraître à rAssemblée législative; et, en
1798|il fut conduit à la Force, on il resta
jnaqu'aii 9 thermidor. Dès ce moment il
passa dans k retraite tout le temps que
dura la république; mais, après le 18
briMMÎre, il rentra dans la carrière po-
litique, et fut attaché, en qualité de con-
'•eiller iotkne, à Lucien Bonaparte, qui
était devenu minietre de Tintérienr. Dans
cette position il prit une grande part
à l'organisatioa départementale; il fut
•osullA préfet à Rouen , jusqu'en 1806,
époqua à laquelle Napoléon Tappela au
•onseèl d'état En 1S07, appelé à conoon-
rir à Torganisation du nouveau royaume
de Westpbalie, il fut nommé ministre
des finances du roi Jérôme Bonaparte.
£o 1808, M. Beugnot, depuis peu admi-
nistrateur du grand-duché de Berg et de
Clèves, reçut la croix d'officier de la Lé-
gion-d'Honnenr et le titre de comte. Re-
▼eon dans sa patrie en 1813, après la
fatale journée de Leipzig, il fut nommé
préfet du département du Nord, Lorsque
ieeénat, en 1814, prononça la déchéance
de l'empereur, le comte Beugnot reçutdu
gouvenBeflient provisoire le portefeuille
d» ministère de l'intérieur. Lopuîs XVIIl
loi oonfia bientôt la direction générale
dk la police; mais, dans cette haute (onc-
tion il perdit une partie de la considé-
tatlMi que les principes de sa jeunesse
•t aea idées libérales lui avaient acquise.
On lui rtfprocfaa le rétablissement de la
eélébration forcée du dimanche et des
processions devenues publiques. Km corn-
mencemeot de 1815, il échangea la di-
rection de la police contre le portefeuille
dn ministère de la marine; et Napo-
léon étantrevenu de l'île d'Elbe, M. Beu>
goot a«ifit Louis XVIII à Gand. Après
U twond reto«r de la famille des BouN>
I mFnaeay ilfol qaaAq«t
reoteor général des postes; nais le parti
dominant lui fit retirer tous «es emploiS|
et ne lui laissa, comme seule retraite, que
le ti^re de ministre d'étal, sans fonctions.
Nommé député de la Haute-Marne, il fit
partiedela minoritédelachambrede 1815*
Après, le 6 septembre, réélu dans le dépar-
tement de la Seine-Inférieure, il continua
de siéger au c6té gauche; miais il s*était
déjà beaucoup rapproché du ministère.En
18 19, il soutint avec chaleur le principe
de la liberté de la presse; et, en sa qua-
lité de rapporteur d'une com mission sp^
ciale, il eut la plus grande part au rejet
de la proposition Barthélémy {voy.) qui
avait pour objet de modiier la loi sur
les élections. On sait que cette proposi-
tion, après avoir fait naître une discus-
sion fort orageuse, fut rejetée aune grande
majorité; on sait aussi que les ministres,
ne s'étant pas rebutés, la renouvdérent
l'année suivante et réussirent à la faire
adopter. En 1824, il donna sa démissipn
de député, et l'on s'attendait générale-
ment qu'il serait nommé pair de Francei
on disait même qu'il avait reçu, sa l#ttre
de nomination; mais celle-ci avait besoin
d'être confirmée par une ordoonance
royale qui se fit attendre 6 ans. La révo-
lution de 1830 n'a pas encore réparé on
tortde la Restauration envers M. Beugnot»
Le vieomte AmTHUE Beugnot, fila do
précédent, né à Bar-sur- Aube en 1797^
s'est déjà distingué comme littérataur.Soa
premier ouvrage (1831) fut son EêS€d
sur les institutions de Saint-Louis ^
a été couronné par l'Académie des in*
scriptions. £n 1824, il publia un second
ouvrage sur les Juilk d'Occidnnl (JUf
cherches sur l'état civil, le commerce ei
la littérature des Juifs eu Franeê, «n
Espagne et en Italie, pendant la durée
du mojren-dge). Ces travaus ^ des nuvm»
ges poétiques et une traduction de l'O-
dyssée, ont ouvert à M, Beugnot les portée
de l'Institut; il fut reçu membre de TA-
endémie des inscriptionaetbelles-letAma
le 9 novembre 1832. F. R-d.
BEURNONVILLB (Piiams Rixl,
comte, puis marquis m), ancien mi*
nistre de la guerre , naquit en 1 752 , à
Champignoles (Aube), el mourut à Pa-
ris en 182 1 , Maréobal et pair de FrsDo%
obifâlier de Tordre daSiMi^nEeprit (d*
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BEU
(44S)
BEU
la promotion d'octobre i 820 )^ comman-
deur de Tordre de Saint>Louis , etc. , etc.
Cest un de ces hommes, que le souv<fnir
des émotions violentes de la première ré-
volution qu'ils avaient traversée avec cou-
rage et habileté y prépara à suivre la
pente rétrograde de Taiûstocratie sous la
Restauration.
Cadet de famille f il avait été destiné à
r^tat ecclésiastique; mais son goût le
portant vers la carrière militaire, il s'y
prépara par l'étude des sciences exactes.
Dès 1766 il était inscrit comme surnu-
méraire dans le corps des gendarmes de
la reine» Il passa en 1775 dans le régi-
ment de rile-de- France , s'éleva de grade
en grade à celui de major dans les milices
de la colonie de Bourbon , et fit les cam-
pagnes de riode de 1779 à 1781, sous
le bailli de Suffren. Destitué arbitraire^
ment, il revint en France en 1789, et en
guise de satisfaction pour ce grief, dont
il porta plain te à l'Assemblée consti tuante,
il obtint, avec la croix de Saint- Louis,
la charge de lieutenant- colonel de la
compagnie suisse de la garde ordinaire
du comte d'Artois. Cette réparation in-
complète ne put lui faire oublier l'injus-
tice qu'il avait soufferte et il n'en fut que
plus disposé à embrasser les idées de ré-
Corme politique qui se faisaient jour de
toutes parts.
Appelé d'abord comme aide-de^camp
cplooel près du maréchal Luckner ( 1 79 2),
puis nommé presque aussitôt général de
brigade» Beurnonville fut détaché au
camp de Maulde , où sa bonne conduite
en fkce de Tennemi lui valut son éléva-
tion au rang de lieulenant^général.
A cette époque où , dans l'armée ,
cbefs et soldats pour la plupart étaient
des hommes nouveaux» Beurnonville fut
oaturellement distingué; $$. qualité de
gentilhomme rendait plus méritoire son
patriotisme et ta valeur. Aussi Diimou-
riez, qui lui avait procuré cet avance-
ment si rapide, lui fit-il dans ses rapports
la réputation d'un J/ax. £nfin, dès le
mois de novembre de la même année
i 792, Beurnonville fut fait général d'ar-
mée, et à ce titre chargé d'organiser l'ar-
mée du ^ord, à la tête de laquelle il ar-
riva asaes tôt en ligne pour prendre part
ao oMobaideValmy. ttautordra^â U
porter à la défense de lâUe et il en fil
lever le siège; mais ses tentatives sur
Trêves n'eurent pas de succès, et le jour
même de la bataille de Jcmmapes il es-
suyait, de la part des Autrichiens, plu-
sieurs échecs qu'il crut devoir déguiser
dans aes rapports , ce qu'il fit avec une
exagération qui provoqua la risée de ses
propres soldats. Cependant la trêve qui
fut conclue permit à l'armée du Nord
de prendre de bons quartiers d'hiver der-
rière la Sarre. £lle n'eu sut aucun gré à
son général , et fnême des dénonciations
qui s'élevèrent contre lui de. diverses
parts faillirent lui faire expier le tort
d'avoir terminé la campagne par les
échecs de Pellingen et Grewenmacher»
C'est le jour même où ces dénonciations
parvinrent à la Convention qu'il y fut
nommé ministre de la guerre à la majo-
rité de 356 voix, sur 600 voUns. Il étoit
porté à ce poste par le parti de la Gi-
ronde , et il avait besoin de tout son cou**
rage pour faire tête à la fureur que pro-
voqua, parmi les Jaoobins, le nouveau
succès par lequel la majorité, en le re-*
nommant au même poste (14 mars),
après une première démission qn'il avait
donnée , voulut le venger des dégoûts et
de^ outrages dont il s'était vu d'abord
abreuvé. Des sicaires pénétrèrent de nuit
dans ses appartemens et il n'échappa à
leurs poignards que par sa présence d'es*
prit.
Un incident dont la coïncidence aveo
cette tentative put paraître avoir été cal-
culée pour acquérir une grande popula-
rité au ministre, fut la dénonciation qu'il
fit alors au comité de défense générale
des desseins de Dumouriez , qui , vaincu
à Nervindo, voulait jouer le rôle de Co-
riolan et croyait pouvoir eompter sur
le concours de Beurnonville à soo plaa
qu'il lui dévoilait Ce plan n'était pas
exécutable. Beurnonville le dénonça et
fut choisi pour se rendre au camp de
Saint -Amand, accompagné de quatre
commissaires de la Convention, avec la
mission d'arrêter Dumouriez. Ce fbt ee
dernier qui arrêta et les commissaîret
et son dénonciateur, aUqvel sans douta,
n'eût pas été réservée une èaptivité de
38 mois ei Dumouriez hû-mêma avait
dt ïtnmmi l'a
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(444)
BEO
des conditions stipulées. Mais, à tout
prendre, Beurnon ville put encore se fé-
liciter de traverser ces temps difficiles
dans la forteresse d'Égra ou à Oliniitz.
Après réchange qui rendit à la liberté
les cinq captifs ( voyez duchesse d*Aif-
coulême), un décret du Corps législatif
déclara que Beurnonville et ses compa-
gnons d'infortune avaietit dignement
rempli la mission dont la Convention les
avait chargés, et à son retour à Paris il
fut nommé au commandement en chef
de Tarmée de Sambre-et-Meuse qu'il ra-
mena sur la rive gauche du Rhio , après
une série d'avantages.
Il se trouvait à la tête de trois armées
réunies quand, dans les premiers jours de
Tan YI, il résigna ce commandement par
suite du dérangement de sa santé , et fut
employé par le Directoire en qualité d*in-
apecleur-général d'infanterie. Depuis, on
l'employa à quelques négociations. Il
passa deux ans comme envoyé extraordi-
naire à la cour de Berlin; c'est par sa
médiation que fut saisie la correspon-
dance des émigrés réunis à-Bajreuth, et
il a attaché son nom , entre autres, à la
convention du 24 mai 1802, qui régla avec
la Prusse les conditions de la renoncia-
tion de la maison de Nassau -Orange au
•tadhoudérat de Hollande. Ambassadeur
de France a Madrid, il y conclut la con-
vention de subsides du 30 octobre 1 805,
qui n'a jamais été publiée et par laquelle
le roi d'Espagne qui, aux termes du traité
de Saint-Ildefonse (1796 ) , devait four-
nir 15 vaisseaux armés et un corps de
24,000 hommes , s'engagea à remplacer
ces subsides par le paiement de 5 mil-
lions de livres par mois. C'est à l'occasion
de ce traité que l'Angleterre prit à par-
tie l'Espagne, qu'elle réussit bientôt à
détacher de son alliance avec la France.
Beurnonville, au retour de sa mis-
sion , fut fait grand-officier de la Légion-
d'Honneur, nommé sénateur et décoré
du titre de comte. Élu membre de la
commission extraordinaire composée
dans le itein du sénat, au mois de décem-
bre 1813, il fut envoyé en cette qualité
à Mézièras, d'où l'invasion de la fron-
tière ne tarda pas à le ramener à Paris. Il
• y arriva assez tôt pour appuyer l'acte de
déchéance d« liapoléOD. U fut l'ao des
cinq membres du gouvemement pWtl-
soire formé par le sénat, et il se prononça
avec beaucoup de force contre la pro-
position des généraux qui voulaient Na-
poléon H et la régence de Marie- Louise.
Son zèle fut récompensé par le titre de
ministre d'état, et, par suite, sa place
était marquée près du roi à Gand, pen-
dant les Cent- Jours.
La seconde Restauration ajouta tout
ce qu'elle pouvait .ijouter de dignités au
nom et à la personne de ce vétéran de la
politique active; et il joignit à tous ses
titres civils et militaires les titres les plus
éminens de la franc-maçonnerie, dont son
éloge funèbre a fait ret<*ntir les loges.
Un document plus curieux à consulter
que les écrits maçoniques , où se trouve
retracée la /été funèbre célébrée en son
honneur,estson éloge prononcé à la cham-
bre des pairs, par M. le maréchal Mac-
donald, à la séance du 12 juin 1821. P.C.
BEURRE, corps gras de couleur
jaune ou jaunâtre et de consistance fort
variable. Il abonde naturellement dans
le lait sous la forme de globules légers
qui surnagent à la surface de ce liquide,
entraînant une certaine quantité de sé-
rum et de caséum avec lesquels il est
confondu dans la crème.
On ne fait pas du beurre seulement
avec le lait de vache , on en extrait aussi
de celui de brebis, de chèvre et même
d'ànesse; maïs aucun d'eux n'approche
de la qualité du premier. Du reste , le
mode d'extraction est en tout le même,
quoiqu'il offre pour quelques espèces
plus de difficulté que pour d'autres.
On sépare le beurre de la cr^me par
le battage. Les haraltes dont on se sert
à cet effet varient non- seulement dans
leurs formes et leur mécanbme, mais
encore dans la substance même dont elles
sont formées. Le pluso.'dinairement elles
sont en bois, quelquefois en fer-blanc,
en étain , en zinc ou en terre. U importe
surtout qu'elles ne puissent communiquer
au laitage aucune saveurou aucune odeur
étrangères. Toutes les barattes se compo-
sent de deux parties principales : le vais-
seau qui contient la crème et l'appareil
qui sert à la transformer par la percus-
sion. Le plus communément ce vaisseau
est UD o6ae tronqué , composé de douvet
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BEU ( 445 )
étroitement jointes par des cercles , fermé
à son extrémité inférieure par un fond
solide, el à son orifice par une rondelle
mobile percée au centre d'un trou assez
grand pour permettre au manche du ba-
ration de glisser sans effort. Ce dernier
est terminé intérieurement par un disque
de bois , d*un diamètre et d*une épaisseur
peu considérables , ordinairement percé
de quelques trous destinés à diviser la
crème et à livrer passage au liquide sé-
reux à mesure que le beurre se séparé et
s*épaissit en une masse homogène, par
suite du mouvement régulier et continu
du baratton.
La baratte de Normandie se compose
uniquement d'un petit baril muni à l'ex-
térieur, aux extrémités de son axe, de
deux manivelles propres à lui imprimer
un mouvement de rotation sur le bâtis
qui le supporte, et, à rintéiieur, de deux
ou trois planchettes étroites et écbancrées
fixées aux douves de manière à agiter la
crème pendant Topéralion. La baratte
flamande diffère de celle-ci en ce que le
baril , au lieu de tourner sur lui-même ,
est solidement et fixement assujéti sur un
chevalet , et en ce que les planchettes
intérieures des douves sont remplacées
par un moulinet mobile à quatre ailes
évîdées au centre. Ailleurs le nombre et
la forme des ailes varie. En puisse et dans
les Vosges on en compte jusqu'à huit.
Dans une partie du Brabant et de la
Hollande il n'y en a que deux de gran-
deur inégale. Dans le pays de Clèves elles
sont ovales comme la baratte elle-même.
Toujours elles présentent des trous plus
ou moins nombreux. Enfin il est aussi
des barattes qui contiennent à l'intérieur
deux fp'ilies fixées à certaines distances
l'une de l'autre et destinées à rompre la
crème , tandis qu'on imprime à la ma-
chine entière un mouvement d'oscilla-
tion analogue à celui d'un pendule. On
les a nommées barattes à balançoire. Ce
dernier mode de construction est fort
usité en Angleterre et en Amérique.
Si le choix du lait, l'espèce, l'âge et
la santé des vaches qui le produisent, la
différence des herbages et diverses autres
circonstances qui influent sur la qualité
de la crème, réagissent directement sur
celle du beurfre, le mode de fabrication
BEU
et -les circonstances dans lesquelles elle
s'effectue exercent dans le même sens
une influence des plus marquées. Un
battage trop lent ou trop rapide a l'in-
convénient de retarder , de diminuer la
formation et l'agglomération des molé-
cules butireuses ou de nuire à leur sa-
veur. Le moindre défaut de propreté
peut amener le même résultat. Enfin la
température seule, par ses variations,
peut changer plus efficacement encore
la nature de cette substance délicate.
Tandis que de 12 à 15 degrés centigra-
des, on obtient, en quantité et en qualité,
les meilleurs produits, de ce deraier
point , à mesure que la chaleur augmente,
le beurre devient moins abondant et
moins bon. A 2 1 degrés on en perd près
d'un sixième. Il se transforme en une
masse molle et huileuse qu'aucun lavage
ne peut dépouiller complètement de pe-
tit-lait. Aussi cherche-t-on soigneusement
à entretenir dans la laiterie une tempé-
rature égale, et, lorsqu*on n'y peut par-
venir, est-on obligé de recourir à des
moyens artificiels pour obvier aux fâ-
cheux effets du froid pendant l'hiver et
de la chaleur pendant l'é'é. Malgré ces
précautions il arrive parfois, sans qu'il
soit toujours facile d*en trouver les mo-
tifs, que le beurre refuse de se former.
On est parvenu dans plusieurs circons-
tances à empêcher un semblable effet en
facilitant la séparation des parties ca-
seuses par l'addition de quelques subs-
tances acides, alcooliques ou salines. En
Angleterre on emploie le vinaigre et le
citron, en Allcma«^ne l'eau-de-vie, et je
crois que récemment on s'est bien trouvé
en France de l'usage à petites doses,
comme dans tous les cas précédens , du
sel ordinaire et de l'alun.
Quoique ce soit généralement de la
crème seule qu'on extraye le beurre , à la
Prévalaie et dans quelques autres lieux ,
pour l'obtenir plus fin, on bat le lait frais.
Dans d'autres, afin d'augmenter les pro-
duits , on laisse la crème sur le caillé et
on opère sur la masse entière du lait aigri.
Dans d'autres encore on fait préalable-
ment bouillir la crème. Enfin on prépare
aussi du beurre avec le petit-lait , résidu
de la fabrication des fromages. Ce der--
nier surtout est de qualité très inférieure.
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BEtI
(44ê)
BBW
Oft fma témrnxmiqwtf «u kmvrè, en
l« faisait , difert arômes ; on peat égale*
WMntf tans ineonvénient réel , mais sans
autre avantage que de duper les ache-
teurs, lui donner artificiellement celte
eouleur jaune qui flatte le regard parce
qu'elle est ordiiiairemeDt un indice de sa
bootéi
Quelque soin qu'on ait pris de la fabri-
cation du beurre, il contient toujours au
sortir de la baratte une quantité notable
de substance séreuse et caseuse qui lui
communiquerait promptement de la ran-
eiditési on ne parvenait à Ten dépouiller.
Cest à un délaiuge bien fait que celui de
Normandie et de Bretagne doit en grande
partie sa supériorité. Cette opération se
complète le plus communément par des
lavages ; cependant le délaitage sans eau,
quoique plus long et plus difficile, est pré-
féré avec raison dans divers lieux. Là on
pétrit le beurre avec des battoirs; on Té-
tend ensuite sur des tables de marbre, et
enfin on le presse à plusieurs reprises
avec un linge propre et sec qui absorbe
jusqu'aux moindres gouttelettes de pétil-
lait.
La conservation du beurre avec toutes
les qualités qu'il possède lorsqu'il est
(Vais étant impossible au-delà d'un temps
assez court, on a cherché par divers
moyens à l'empêcher du moins de rancir
en vieillissant Pour cela la méthode la
plus en usage est de le saler. Quelques
auteurs recommandent de mêler au sel
ordinaire une petite quantité de sucre
pulvérisé et de nitre. Quand on veut pro-
longer encore davantage sa durée, on le
fait fondre à une température qui doit
être élevée progressivement jusqu'à l'é-
bullition ; on écume et on laisse refroidir.
En Angleterre , d'après Anderson , on fait
entrer le beurre en fusion au bain-marie.
Cest par un semblable procédé , par une
décantation atlentive du liquide trans-
parent et par un refroidissement subît ,
que les Tatars parviennent, dil-on, à des
résultats encore préférables.
Dans tous les cas , que le beurre ait
été fondu ou simplement salé, on lui con*
serve sa bonne qualité d'autant plus long-
temps qu'on le tient dans un lieu frais et
à l'abri du contact de l'air. O. L. T.
BSVfiEMINGK (Jé&Aju ta»}.
boAmt d*éH(C eâèbre des Pro^nèes*
Unies de Hollande, naqnit à Gouda, ea
1614, et mourut en 1090. Il fut un des
négociateurs les plus habiles de son temps
et on l'a surnommé le Pacificateur, Tré-
sorier de l'Union jusqu'en 1665 , H ren-»
Ira ensuite dans la carrière diplomatique.
Les Provinces-Unies l'employèrent dans
un grand nombre de circonstances et
presque toujours avec un plein succès :
eu 1667 à Bréda, en 1668 à Aix-la-
Chapelle, en 1675 à Kimègue. Louis
XIV le combla d'honneurs : Beverningk
opposa à ses flatteries le plus honorable
désintéressement. Il fut nommé curateur
de l'université de Leyde et mourut dans
la retraite. S.
BEWICR (Thomas), le régénératea
de la gravure sur bois et l'un des plus
habiles dessinateurs d'animaux qui aient
vécu à notre époque, naquit l'an 175S,
en Angleterre , dans le Northumberland,
au petit village de Cherrybum. Il vint au
monde dans une ferme dont son père
était propriétaire, et ce fut en y jouant
au milieu des troupeaux qu'il sentit naî-
tre en lui , dès ses plus tendres années,
ce génie d'observation , cet instinct pit-
toresque, ce penchant spécial et irrésis-
tible qui devaient en faire un rival de Cari
Dujardîn et de Berghem. Sans cesse occu-
pé à suivre les mouvemens, à observer les
formes et les attitudes des animaux, ce9
premiers amis de son enfance, il repro-
duisait, au moyen d'un peu de craie ou de
charbon, celles de ces formes, celles de ces
attitudes qui avaient le plus frappé sa
naïve imagination. De toutes parts , les
portes, les murailles, les lambris de la
ferme et du village étaient tapissés de ces
fresques grossières. A cette époque, un
graveur sur cuivre , nommé Bielby, vint
à traverser le hameau de Cherryburn.
Étonné à la vue de cette galerie d'un nou-
veau genre, il veut en connaître l'auteur!
et, frappé de sa jeunesse non moins
que de ses étonnantes dispositions, il de-
mande avec instance l'enfant à son père ,
l'obtient, et l'emmène comme apprenti
à Newcastle, lieu de sa résidence. Bielby
ne manquait ni d'adresse, ni même de
talent : sous lui Bewiçk fit de rapides
progrès; mais peut-être n'eût-il jamais
été que F un de ces nulle graveurs habiiea
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tell rAogktwre tbondci méê émt la
répHtatkHi meurt avec eax, sftos nne cir-
constance particnlière qui lui fit embras^
ser exclusivement une branche spéciale
4e son art : la gravure sur bois.
Le docteur Hutton , qui préparait la
publicatian de son Traité de navigation ,
orné d'un grand nombre de figures géo-
métriques, avait chargé Bielby de les
lui graver an burin. Bielby lui conseilla
d'employer de préPérence la gravure sur
bois. Moins dispendieuse et plus rapide
d'exécution à la fois et d'impression ,
elle avait surtout encore l'inappréciable
avantage de pouvoir se placer en tout
«ndroit dans le courant du texte même
et d'en faciliter immédiatement l'in-
telligence, en faisant tomber sous un
même coup d'œil et la démonstration li-
néaire et l'explication théorique. Le doc-
teur go&ta ce conseil, et ce fut le jeune
Bevrick qui fut chargé de l'exécution du
travail. Mais ni le professeur, ni l'élève
n'avaient exercé ce genre de gravure ; ils
s'en étaient tenus à la théorie. Toute-
fois, grâces à ses efforts et aux directions
de Bielby, le jeune homme fut bientôt
maître du procédé pratique, et les figu-
res du docteur furent terminées. Netteté,
précision, effet, tout s'y trouvait réuni.
Satisfait au-delà de ses espérances, Hat-
ton se joignit à Bielby pour encourager
le jeune artiste à persister dans la voie
qu'il venait de s'ouvrir, et désormais la
Tocâtion de Bewiclc fut fixée. Alors, il
existait encore à Londres, dans quelque
rue misérable, près de Hatton-Garden ,
tio graveur sur bois , vieillard ignoré, au-
teur de la plupart des chefs-d^œuvre qui
décorent les légendes populaires et les
complaintes à deux sous. Thomas alla
courageusement se mettre en apprentis-
sage chez ce maître; mais il vit sur-le-
champ qu*il n'avait point, dans son art,
de secrets à lui surprendre, et, le lais-
sant faire sans partage les délices des fau-
bourgs et des campagnes, il se hâta de
retourner à Newcastle, fidèle à son pre-
mier atelier.
Cependant Bewick avait sur le cœur
et Tinutilité de son long voyage ( New-
castle est à 80 lieues de la capiule), et
répuisement de ses finances , et le dédai-
gneux accoeil qu'avait rencontré le pau-
( U1 ) BBW
tre apprenti. Le bruit, la dépéBM, les
rivalités, avaient fait de Londres un
épouvantail pour cette ame simple, amie
de la paix et des champs. Londres ne
le revit plus. Une infortune qui devait
laisser dans son cœur un chagrin profond|
l'attendait à son retour dans le Northum*
berland : la mort de son père. Dès qu'il
eut recueilli le dernier soupir du vieil-
lard, il retira de la ferme John, son plue
jeune frère, dont il fit un graveur, et tout
ses voyages se bornèrent désormais dana
le cercle de Newcastle, sa résidence ha-
bituelle, au village de Cherry burn où se
conservaient encore religieusement quel-
ques-uns des informes essais de ta pre-
mière enfance.
Associé à cette époque aux travaux et
aux bénéfices de Bielby chez qui la be-
sogne abondait, jamais il ne fut plus
laborieux; mais peu soucieux, par carac-
tère, de son avenir, s'il travaillait, c'était
par amour du travail , par passion pour
son art. Nul, en effet, ne fut plus profon-
dément artiste; nul aussi n'eut une vie
plus régulière,plus sobre et plus heureuse
à la fois dans sa monotone simplicité.
Ce fut en ce même temps (1775)
que la Société des Arts de Londres, vou-
lant faire revivre une branche intéres-
sante des arts, si brillante aux beaux
temps des Albert Durer, des Burgmaier
et des Holbein, mais réduite depuis an
vil usage des papiers peints et des cartes
à jouer, proposa un prix pour la meil-
leure gravure sur bois dont le sujet était
laissé aux concurrens. Toute rivalité
tomba devant l'œuvre qu'envoya Be-
wick : il eut le prix. Sa gravure, exécutée
sur son propre dessin, représentait un
vieux chien de chasse. C'est le premier
dessin sur bois remarquable depuis la
régénération de cet art. Depuis, il fut in-
séré dans une édition des fables de Gay,
imprimée à Newcastle, livre charmante
dont tous les embellissemens, sortis du
crayon de Bewick et gravés par lui et
par son frère, sont dignes de l'essai cou-
ronné. Alors les commandes arrivèrent de
toutes parts ; Bewick redoubla d'ardeur,
et toutefois à ses travaux graphiques il
trouva encore le moyen de joindre de
sérieuses études d'histoire naturelle. A
trente ans le ^ du fermier de Cher*
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BEW
(448)
BEL
ryburn fut l'un des premiers artistes de
FEurope.
Il méditait une Histoire des quadru-
pèdes : dixTiint six années il en recueillit
sans relâche les matériaux; ses carions se
remplirenld'esquissesvetson burin rendit
le bois obéissant. Enfin le grand ouvrage
parut, et le succès en fut universel; Tarliste
applaudit, le savant admira. Ce p*étaient
plus ces images insignifiantes et fausses,
misérables parodies de la nature, qui dé-
paraient et qui , journellement encore,
inondent les publications d*hi:itoire na-
turelle : c'était une représentation exacte,
sentie, vivante des animaux.
On peut dire qu'il expira le ciseau à
la main; aussi Toeuvre de cet artiste est-il
immense, et cependant, quand il mourut,
en 1828, il ne laissa pas la fortune que
tant deiabeurs et tant de succès auraient
pu lui faire attribuer. Peu de profits lui
échurent pour ces ouvrages qui enri-
chirent des libraires et devaient, après
lui, prendre tant de valeur. Les amateure
et les artistes se les disputent aujourd'hui
dans les ventes, et, par la vivacité de leurs
enchères, semblent payer un nouvel hom-
mage à la mémoire de Thomme modeste
qui rendit à la gravure sur bois ses titres
méconnus et Tenrichit de procédés ou-
bliés ou nouveaux. C*est Bewick en effet
qui a retrouvé celui des hachures croi-
sées dont l'extrême difficalté avait en-
traîné la désuétude; c'est lui qui a sub-
stitué l'usage général du bois de bout au
bois de fil, amélioration immense qui a
prêté au bois une richesse inconnue d'ex-
écution. Foy, Gravure sur bois. F. d. C.
BEYy titre employé chez les Turcs
(voy. Bec) et synonyme quelquefois du
mot dey. Les Turcs nomment aussi ùeys
des capitaines de galère ayant rang de
pacha à deux queues, et chargés quelque-
fois du gouvernement d'une ilc. S.
BEZBORODKO (le prince Alexan-
DRE;,chancelierdeRussie,con8eillerprivé-
actuel de première classe et chevalier des
ordres de l'empire, naquit en 1742, dans
la Petite- Russie, d'une famille noble,
mais obscure, se fraya lui-même le che-
min à la plus baille dignité dans l'admi-
nistration rubsc, et termina sa carrière en
1799 avec la réputation du plus habile
homme d'état de aco pays. Après avoir
fait quelques études à Kîef , Il entra aa
service militaire comme officier, et bien^
tôt après il devint secrétaire près du feld-
maréchal Roumantsof. En 1774 l'impé-
ratrice Catherine le chargea des mêmes
fonctions, d'abord dans la chancellerie
impériale et ensuite dans son cabinet;
elle lui conféra en même temps le grade
de colonel. En 1780 elle le nomma mi-
nistre de l'intérieur, a la suite d'une sur-
prise qu'il lui avait ménagée et qu'on
peut lire dans les Mémoires secrets de
Masson, t. T"", p. 292.
Doué d'une extrême facilité pour le
travail, d'une mémoire prodigieuse, d'un
esprit fécond en ressources, il rendit dans
ce poste des services éminens; à la mort
du comte Paiiine ( 1 783j, l'impératrice re-
porta sur Bczborodko toute sa confiance,
et pour faire sa cour a cette puissante al-
liée, Joseph II conféra au ministre le ti-
tre de comte du Saint- Empire. Après la
mort du prince Potemkin (lisez Patioin-
kine), dont Bezborodko avait été le secret
antagoniste, celui-ci fut envoyé au congrès
de lassy et signa le traité du 9 janvier
1 792, par lequel Otchakof et le pays d'a-
lentour furent cédés à la Russie. Le col-
lier de Tordre de Saint- André devint sa
récompense et Catherine II l'appela ans*
sitôt à siéger au collée des aU'aires exté-
rieures, poste dans lequel l'occupèrent
principalement les afTaires de Pologne.
Cependantsoniiifluencediininua ensuite;
il fut effacé par Platon Zoubof, alors
favori de Catherine. Mais Paul I*' le
combla de bienfaits,et ce fut lui qui, après
l'avoir nommé prince et altesse, l'éleva,
en 1797, à la dignité de chancelier de
l'empire dont il resta investi jusqu'à sa
mort, à la satisfaction de son maître. Paul,
afiligé de sa perte, lui fit faire de magni-
fiques obsèques et ordonna qu'il fût en-
terré dans l'église claustrale de Saint-
Alexandre Nefski. Pendant sa gestion y
Bezborodko avait conclu des traités d'al-
liance avec la Porte, avec les Deux-Si-
ci les et avec la Grande-Bretagne contre
Ta France. On assure (|ue ses papiers d'é-
tat servent encore aujourd'hui de mo-
dèles.
Le prince Bezborodko, grand ami des
arts, avait formé dans son magnifique hô-
tel de Saiot-Pétersbourg une galerie de
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BEZ
tableaux et d'autres objets d'art très re-
marquables; 16 des meilleurs Vernet dé-
coraient la chambre à coucher. Celte ga-
lerie existe encore et les étrangers peu-
"vent être admis à la visiter. Sa belle
maison de plaisance dans le quartier dit
c6té de Vybourg, sur la Neva, quoique
toujours la propriété de la famille, forme
une promenade publique. Le prince a de
plus attaché son nom à une école latine
qu*il a fondée à Néjine, gouvernement
de Tcbernigof, près de son lieu natal.
Tous ses biens et les 47,000 paysans
mâles qui en formaient la partie essen-
tielle, ont passé à son frère unique, le
comte Élie AndkéFbvitch Bezborodko,
mort en 1815, conseiller-privé- actuel,
chevalier des ordres de l'empire et ma-
réchal de la noblesse du gouvernement
de Saint-Pétersbourg. J. H. S.
BÈZE (Théodore de), l'un des plus
célèbres théologiens réformés du xvi*^
siècle, DoquK à Yezelai en Nivernois, en
1519. Son goût semblait devoir le porter
bien plus vers la littérature que vers la
tbéologie : spirituel, railleur, satirique,
il marqua son entrée dans la carrière par
des poésies erotiques désignées sous le
nom de Poemata juvenilia. Déjà pourvu
par le crédit de sa famille de riches béné-
fices ecclésiastiques, sa position dans le
inonde était assurée; mais des motifs de
conscience le décidèrent à renoncer a
tous ces avantages. Secrètement engagé
dans les liens du maiiage*^ et prévenu
d'ailleurs contre les principes du catho-
licisme, (1 partit de France et se rendit
à Genève où il embrassa la religion ré-
formée. Bientôt les fonctions de profes-
seur de langue grecque qu'il remplissait
à Lausanne, sa traduction des Psaumes
en vers français, ouvrage déjà commencé
par Clément Marot, une foule d'écrits
poétiques et polémiques parmi lesquels on
remarque sa tragédie à* Abraham sacri-
fianl (1550), une apologie du supplice
(•) Notre impartialité noug impote le devoir
de faire oliserver ici que In jruoesM deBi-ze,
set rapports avec Claudine Ueiiosse long-temps
•yanl qu^elle ne fût ta femme, d'autres liaisons
d*iiraoar, les vers liceorieux qu'il puldia en i548,
oot dû rendre suspect à %k% adversaires le xèle
ardent avec lequel il pratiqua les leçons de son
maître Melcbior Yolmar et oe Urda pas a mdr-
Am aor les traces de Calvin. J. H. S.
Mmcyclop. d. C. d. M. Tms lU.
(44»)
BEZ
de Servet, vivement reprochée à sa mé-
moire, sa traduction (1556) et 5 éditions
critiques du Nouveau -Testament, etc.,
lui donnèrent une haute célébrité et Ten-
vironnèrent d'une considération juste-
ment acquise. Ce ne fut rependant qu'à
Tàge de 40 ans qu'il fut admis à Genève
aux fonctions du ministère ecclésiastique
et à l'enseignement de la théologie. Des
lors Théodore de Bèze fut l'un des prin-
cipaux représentans du parti de la ré-
forme; envoyé au colloque de Poissy
pour en soutenir la cause, il présenta la
confession de foi des 2,150 églises ré-
formées de France au roi Charles IX ,
dans l'assemblée solennelle des États du
royaume. Après le massacre de Vassy,
sollicitant en vain la protection du roi de
Navarre en faveur des réformés, il ne
craignit pas d'adresser à ce prince ces
énergiques paroles qui se sont conser-
vées : Sire, l'Église de Dieu est une en-
clame sur laquelle doivent se briser en-
core bien des marteaux. De retour à
Genève après la mort de Calvin, De Bèze
fut le digne successeur de ce laborieux
réformateur; il trouva des forces et du
zèle pour suffire à celte mission difficile.
On le vit présider, en 1571, le synode
national de La Rochelle, proléger de ses
recommandations auprès des princes
d'Allemagne et des cantons suisses, la
foule de réformés français qui s'exilaient
de leur patrie à la suite des massacres de
la Saint-Barthéleniy; tenter, en 1586, au
colloque de Montbéliard, de réunir les
deux branches de la réforme; prévenir ,
au colloquede Berne, en 1 588, un schisme
prêt d'éclater entre les théologiens suis-
ses; remplacer à lui seul, de 1589 à 1591,
à Tàge de 70 ans, tous les professeurs de
l'académie de Genève que la république
ne se trouvait plus en état d'entretenir.
Cestravauxmultipliés n'avaient pas éteint
s^ verve; il sut trouver encore des loisirs
pour publier une foule d'écrits en vert
et en prose^ et surtout le plus remarqua-
ble de ses ouvrages, V Histoire ecclésias^
tique des églises réformées au royaume
de France depuis Van 1521 Jusqu'en
1563. Théodore <le Bèze mourut à Ge-
nève, en 1605, après avoir poussé jus-
qu'à l'âge de 86 ans aoa honorable et
laborieuse carrière. B-d.
fi9
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BEZ
(450)
fiËZ
BÉZQAl^D ^ nom dérivé de Tarabe et
qa*on donnait jadis à des substances ani-
males qu'on payait au poids de Tor, en
raison des vertus extraordinaires qu'on
leur attribuait. L'esprit de critique est
"encore venu déchirer cette page de l'his-
toire de nos erreurs, et les bézoards, exa-
minés par la chimie moderne, n'ont plus
été que des concrétions de diverse nature
formées dans les intestins, dans la vési-
cule biliaire ou la vessie urinaire de dif-
férens animaux.
Les bézoards avaient reçu 'des noms
variés suivant le pays d'où ils venaient;
de là les bézoards orientaux , occiden-'
taux, germaniques. On appelait bulithes
ceux du bœuf, hippoliihes ceux du che-
val, egagropiles ceux de la chèvre. Le?
calculs urinaires et biliaires de l'homme
ont été des bézoards humains.
Dans l'enthousiasme qu'on avait pour
ces concrétions, les spéculateurs cher-
chaient à en produire de faux qui, à vrai
dire, n'étaient pas moins elBcaces que les
véritables. Il fallait d'ailleurs que les bé-
zoards fussent encore bien en honneur
en 1808, puisqu'il s'en trouvait parmi
le3 présens que le chah de Perse envoyait
à cette époque à l'empereur Napoléon ,
qui les fit analyser ^ et, dit-on, jeter au
feu.
C'est donc aux mots Concertions et
Calculs qu'il faut chercher la composi-
tion chimique des bézoards. Quant à
leurs propriétés médicinales, il est bien
évident qu'elles sont tout-à-falt imaginai-
res; car on n'avait pas craint de les in-
diquer comme antidotes^ des poisons les
plus violens, et comme spécifiques dans
les maladies dont l'incurabilité absolue,
oi^ tout au ^o\m relative, est démontrée
par Texpérie^ce.
On a totalement renoncé à l'emploi
des bézoards, puisque les substances sa-
lines ov^ avUres dont ils sont cpmposés
se trouvent p!\^s facilement et à un état
de pureté plus grande dans les phari^ia-
cies. F. R.
BE70UT (Étiettnk ) naquît à Ne-
mours, en 1730, d'upe famille fort pau-
vre, lia lecture d^ quelques ouvrages de
géométrie lui révéla sa vocation. Obligé
de se livrer à Tinstruction, il consacra ses
loisirs à des recherches sur le calcul iaté*
gral ; deux mémoires sur oe sujet lai ou^
vrirent , en 1 763 , les portes de l'Acadé-
mie des sciences; il n'ayait encore que
28 ans. Les goûts de Bezout l'auraient
porté à embrasser les généralités du cal-
cul; mais, père de famille sans fortune,
il sut renoncer à ce genre d'études qui
conduit plus à la gloire qu'à la richesse,
et il accepU, en 1763, la place d'exami-
nateur des gardes de la marine. M. de
Choiseul le chargea en môme temps de
la composition d'un ouvrage pour l'in-
struction de ces élèves, et il publia, en
1764, son Cours de mathématiques à
l'usage des gardes de la marine. Dans
ce cours il traite d'une manière simple
des questions élevées dont la solution
indispensable pour la construction des
vaisseaux , était jusqu'alors ignorée par
les élèves de la marine. Bientôt après, en
1768, nommé examinateur pour l'ar-
tillerie, il donna une nouvelle édition de
son ouvrage, en y introduisant les ap-
plications nécessaires aux officiers de
cette arme. On peut reprocher à Bezout
d'avoir trop souvent négligé des démon-
strations indispensables dans l'enseigne-
ment des sciences rigoureuses; son traité,
le seul complet qui ait existé pendant
long-temps, n'en a pas moins servi de
base à Tinstruction durant de longues
années, et acquis à son autear une im-
mense popularité.
En 1779 parut la Théorie générale
des équations déterminées, à laquelle
Bezout travaillait depuis 1763; cette
théorie n'a certes pas tranché toutes les
difficultés qqe présente cette partie du
calcul , mais elle a du moins fait pres-
sentir la marche à suivre pour arriver à
une solution complète.
Bezout, adonné à la géométrie, cul-
tivait cependant avec snceès les sciences
physiques; il a le premier fait connaître
les grès cipistallbés de Fontainebleau, qoi^
depuis, ont été l'objet de recherches sa-
vantes*
Ce savant modeste était d'un carac-
tère fort doux; cependant son abord
froid prévenait mal en sa faveur ceux qui
le connaissaient peu : ce qui a fait dire
à Condorcet qu'il y avait deux hommes
en lui : l'homme des amis , ei l'homm*
des étrangers. Des Caticpiea ocoaMOiméei
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bia:
par sMTotages, et quelc^fts chagrins per-
sonnels, abrégèrent ses jours : il mourut
en 1783. C-s.
9 FA SI est une anciepne expres-
sion dont on se servait en France pour
désigner la note ou le ton de si bémol, et
qpi est basée sur le même principe que
le ^yâ des Italiens. On dit simplement
aujourd'hui si bémol. Cependant quel-
ques vieux maîtres de solfôge se servent
encore de l'antique dénomination de B
fa sL
On écrit encore au commencement
d'un morceau de cor ou de trompette en
si bémol: cordon trompette, en B, £. F-&.
BHAGAViU>-GHITA,^oj. Maha-
BARATA.
BIAI4OTIÊTZ, nom d'une immense
forêt de la Lithuanie, située dans le gou-
▼erneraent (ci-devant palatinat) de Grod-
no , district de Pruzany, entre 52° 29'
et 52^* 51' de laUtudeN., et 41^ lO' et
420 de longitude de Tîle de Fer. Elle tou-
che, du côté de l'est, aux forêts de la
itai*ostie de Szereszéw (lisez Chéréchef)
et autres qui s'étendent jusqu'à celle de
Pinsk; au sud, elle est bornée par les
champs du district de Brzesc-Litewski ;
\ Fouest par les frontières du district
de Bialystok , et au nord par la rivière
Naref qui la sépare de la forêt de Tysz-
kiéwicz (lises Tischkiévitch). Sa circon-
férence est de plus de 30 milles de Li-
thuanie ; elle a 7 milles de long sur 6 de
large.
La forât de Bialovietz est devenue,
depuis Catherine II, la propriété des
tsars , qui l'ont placée sous la surveillance
de 12 gardes forestiers. Ce qui la rend
surtout célèbre , o*est qu'elle est aujour-
d'hui le seul endroit en Europe où l'on
trouve l'espèce de bœuf sauvage appelé
bison (yojr.)^ en polonais zubr; aussi cet
animal y eat-il gardé avec un soin tout
particulier.
Autrefois cette ibrét était encore bien
plus étendue qu'elle ne l'est actuellement,
Elle faisait partie du domaine national
de la république polonaise, et renfermait
une foule d'animaux sauvages de toute
espèce ji mais le nombre de ces animaux
le trouva considérablement réduit par
les chasses continuelles que leur faisait
le roi Auguste IL Ce prince ordonna
(451) BIA
d'établir dans la forêt deux gran^ei
routes connues sous le nom de route
de Grodno et de route de Varsovie, et
qui ne tardèrent pas à être d'une grande
utilité aux Moscovites dans leqrs plans
contre la Pologne , en leur offrant un
passage pour leurs troupes et eu facili*
tant toutes leurs communications. Après
l'achèvement de ces deux routes, Auguste
n ordonna une grande chasse dont il
voulut consacrer le souvenir par un mo«
nument en marbre que l'on voit encore
aujourd'hui dans le village de BialowietZ|
et sur lequel ce monarque fit inscrire les
noms de tous les chasseurs et le nombre
de gibier qu'ils paient pris.
Après l'envahissement de la Pologne
par les Russes , Catherine II en distribua
plusieurs portions à ses courtisans , et le
plus grande, échue à Ronmantsof, fut
ensuite vendue à différentes personnes
qui s'y établirent ; le reste, appelé /ô/^#
impériale, et qui appartient au gouver-
nement, fut destiné à former le parc des
zoubres. Plusieurs colonies étant, en
outre , venues s'y établir, la forêt se trouva
peu à peu dévastée et réduite à ses li-*
ifiites actuelles, et la plupart des races
d'animaux qui l'habitaient finirent par
disparaître.
Cependant elle renferme eoopre , ou-
tre les zoubres, des élans, des daims»
des ours, des sangliers, des loups, etc*
Le climat y est tempéré | oopune dans,
toute la province. Le terrain b'v est point
marécageux; le Naref et la Narefka ta
coupent en partie. fMe n'a dans son ii|-
térieur que 3 villages ei presque pas de
montagnes. La plus haute coÛine qu'on
y trouve est celle fie Batory, ainsi oom-
mée en con^çnémoration du diner qu'y fil
le roi Etienne pçncïani upç chasse. Ses
sapins sont renommés , et ce q'est pas
sans raison qu'on les nomme sapins pri-^
miiifs; c'est di| bois de eet arbre quf
l'on fait les mâts, et Ton vient squvent
de fort loin pour en recueillir la se-
mence: le gouvernement russe en envoya
chercher pour les environs ée Saint-Pé-
tersbourg.
Il serait difficile de dire à quelle épo*
que remonte l'origine de cette forêt ; on
y découvre cependant des traces de murs
et de remparts, et dans plusieurs endroks
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BIA.
(452)
BU
«lie offre des promenades si régulières ,
des perspectives si bien ménagées, qu'on
serait vraiment tenté de croire qu'elle
ne doit pas tout à la seule nalure et que
le génie des hommes a aussi passé par-là.
L'ouvrage le plus complet et le plus in-
téressant sur la forêt de Bialovietz est ce-
lui de M. le baron Jule^Brinken, chef fo-
restier du royaume de Pologne; il est
écrit en français et intitulé : Mémoire
descriptif sur la grande forêt de Bia-
lovietz, Varsovie, 1826.
La dernière insurrection de Lilhuanie
a ajouté encore à la célébrité de celle fo-
rêt. Un de ses gardes, le vieux Jacques
Szretter s'y est couvert de gloiie, ainsi
que ses trois fils et plusieurs de ses conci-
toyens, en résistant pendant 6 mois, avec
une héroïque bravoure, aux oppresseurs
de sa malheureuse patrie {f^oj, sa bio-
graphie dans Les Polonais et les Polo^
naises de la Révolution du 29 novem-
bre 1830). A. R-sKi.
BIANCIfINI. Plusieurs savans ita-
liens ont porté ce nom ; le plus remar-
quable estFaAMçoi» Bianchini, célèbre
astronome et antiquaire, qui naquit à
Vérone en 1662 et pikssa la plus grande
partie de sa vie à Rome où il fut comblé
de distinctions et de grâces par les papes
Alexandre VIII, Clément XI et Inno-
cent XIII. Chargé de tirer une ligne
méridienne et de dresser un gnomon
dans l'église de Sain te-Marîe-des- Anges,
il accomplit avec succès cette difficile
opération; il perfectionna beaucoup la
machioe qui sert à corriger, dans les lu-
nettes du plus grand foyer, les imper-
fections des tubes. La liste des ouvrages
qu'il a laissés sur les sciences exactes et
sur les antiquités serait fort longue et il
faudrait encore y joindre ses poésies;
car ses graves études ne l'empêchaient
pas de se livrer à la littérature.
Son neveu, Joseph Bianchini, né à
Vérone en 1704, marcha sur ses traces
et fit preuve, surtout comme antiquaire,
d'un savoir presque aussi étendu que le
sien. Un autre Bianchini, Joseph-Ma-
&1B, né en Toscane en 1685, était dis-
tingué comme littérateur^ et laissa des
ouvrages en prose et en vers dont une
traduction du Cantique des Cantiques;
et un quatrième Bianchini, GtovAirifi-
FoRTUNATO (né, enl 720,dans leroyanuM
de Naples ), jouit d'une grande réputa-
tion comme philosophe et comme mé-
decin. L. L. O.
BIARMIE, nom d'un royaume fin*
nois au nord ou nord-est de la Russie
dont il est souvent question dans les an-
nales des pays Scandinaves, mais dont
aujourd'hui il est impossible de détermi-
ner les limites. C'est sans doute à ce nom
que celui de Permie ( Grande- Permie,
Permeki^ etc.) doit son origine; mais on
s'est trompé en faisant coïncider les bor-
nes de l'ancienne Biarmie avec celles du
gouvernement russe actuel de Perm, car
elle parait s'être étendue le long de la
Dvina sur une grande partie des gouver-
nemens d'Arkhangel et de Vologda et
avoir été baignée par la mer Blanche :
Khotmogory est regardé comme en ayant
été la capitale. Le nom qui correspond
plus exactement à celui de Biarmie est le
nom de Zavolotchié, ancienne province
de Novogorod. Le royaume, traversé par
la route commerciale qui servait de com-
munication entre les ports de la mer Bal«
tique et l'Asie, cessa d'exister long-
temps avant la fin du moyen-âge et à son
nom souvent répété par les traditions du
Nord, on peut à peine rattacher le petit
nombre de faits que nous avons rappelés
dans l'ouvrage actuellement sons presse :
La Russie t la Pologne et la Finlande,
tableau statistique, hist., géogr, et io-
pogr. de toutes les parties delà monar-
chie russe prises isolément, par M. J. H.
Schnitzier, un gros vol. in-8^. S.
BIASy Yun des sept Sages de la Grèce,
naquit à Priène, dans l'Ionie, vers l'an
570 avant J.-C. Il se consacra à l'étude
de la philosophie et mit surtout en pra-
tique la haute sagesse qu'il y puisa.
Quoique un peu misanthrope, il prit une
part active aux affaires publiques, et il
employa les connaissances qu'il avait ac-
quises dans les lois au profit de ses amis,
pour lesquels il plaidait devant les tribu-
naux ou dont il conciliait les différends.
Il fit toujours le plus noble emploi des
biens qu'il tenait de la fortune. Après la
défaite de Crésus, Bias conseilla aux
Ioniens d'aller s'établir dans la Sar-
daigne; mais ils ne voulurent point se
rendre à son avis, et après une vaine ré-
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BIB ( 453 )
sisUnct ils furent subjugués par les gé-
néraux de Cyrus. Les seuls habitans de
Priène résolurent de quitter leur ville
avec ee qu*ils avaient de plus précieux.
Bias, ne faisant aucuns préparatifs de dé-
part, répondit à un de ses concitoyens
qui lui en témoignaitson étonnement: «Je
< porte tout avec moi. » C'est cet Omnia
mecum porto devenu fameux. Bias mou-
rut dans sa patrie à un âge très avancé.
Plutarque, dans son Banquet ^ Diogène
Laêrce, Stobée et d'autres nous ont con-
servé des fragmens de Bias qui font foi
de sa sagesse. C. L,
BIBERON (de bibere , boire), vase
destiné à donner à boire aux malades qui
ne peuvent pas se lever, et aux petits en-
fans qu'on allaite artificiellement. Dans
le premier cas, c'est une petite tasse un
peu recouverte et pourvue d'un bec
comme celui d'une théière, de manière
t ce que le liquide ne se répande pas;
dans le second , c'est un appareil un peu
plus compliqué à cause des indications
qu'il est appelé à remplir. Il s'agit en ef-
fet, dans l'allailement artificiel, non-seu-
lement de donner au nourrisson un li-
quide analogue au lait de la mère, mais
encore de le lui présenter d'une façon
qui se rapproche le plus possible de la
nature, eu un mot de le faire téter; car
cettt action préliminaire est d'autant plus
indispensable que déjà l'on est hors de
la voie naturelle; et faire boire un enfant
qui devrait téter, c'est tout comme si l'on
faisait avaler à un adulte ses alimens sans
les mâcher. Aussi a-t-on imaginé divers
moyens pour arriver à ce résultat. Dans
rOukraine, une corne au bout de laquelle
est adapté un pis de vache, qu'on renou-
velle quand il se décompose et qu'on rem-
plit de lait, est placée dans le berceau de
l'enfant et remplace la mère absente. On
se sert souvent ici d'une fiole en verre à
laquelle on adapte une petite éponge tail-
lée en mamelon et enveloppée d'un linge
fin. Mais le lait qui reste dans les cavités
de l'éponge s'y altère proroptement et y
contracte une mauvaise odeur qui re-
pousse complètement les enfans.D'autres,
mieux inspirés, ont adapté à la bouteille
un bouchon de liège souple et mou, qu'ils
ont percé d'un étroit canal, après l'avoir
Uîllé en forma de mamelon. Enfin, pour
BIB
réunir tons les avantages possibles, on a
fait des flacons en cristal surmontés d'un
bouchon à l'émeri percé dans sa longueur
et sur lequel s'ajuste une tétiue de vache
préparée pour être incorruptible. Sur le
côté du flacon est un petit trou sur le-
quel on pose le doigt, et qui sert à régler
l'afflux du liquide dans la bouche de l'en-
fant.
Au reste ces divers appareils peuvent
réussir lorsqu'ils sont maniés avec soin
et intelligence ; chacun peut les con-
struire au besoin, suivant les circonstan-
ces où il se trouve et les matériaux qu'il
a sous la main, pourvu qu'il se conforme
à ces principes, savoir : que les biberons
soient d'une matière qui ne puisse com-
muniquer au lait ni odeur, ni saveur dés-
agréable et moins encore y introduire
aucune substance vénéneuse; qu'ils soient
a&sez grands pour contenir un repas suf-
fisant; que leur forme soit calculée pour
que les enfans les prennent avec facilité;
enfin qu'ils soient extrêmement faciles à
tenir propres. F. R.
BIBLE (en grec tcc ^t^ia). C'est la
collection des livres sacrés du judaïsme
et du christianisme. Cette collection ,
qu'on a surnommée à juste litre le Livre
des iipres, se distingue en trois grandes
séries, dont la première est originaire-
ment écrite en hébreu ou en chaldéen,
tandis que la seconde et la troisième le
sont en grec. La première se compose de
tous les livres canoniques du judaûme; la
seconde du recueil des apocryphes, dont
la canon icit é (vojr,) est devenue un objet
de controverse; la troisième des livres
canoniques du christianisme. Ensemble,
les deux premières séries forment l' An-
cien-Testament, c'est-à dire les livres de
l'ancienne alliance; car lu mot grec de
SiaOïix^, dont se servent les apôtres pour
désigner te code de l'ancienne alliance,
a été rendu en latin par celui de Testa"
mentum, La troisième séiie forme le
Nouveau-Testament.
Dans l'histoire de la littérature, dans
celle du développement de l'intelligence
humaine en général, aucun livre n'a joué
un rôle aussi important que la Bible; au-
cun ouvrage ne peut lui être comparé;
nul ne mérite au même degré de devenir
l'objet é^une étude approfondie. L'Iliade
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WB ( 464 )
a M pour U Grèce, à certaines époques,
le coch des traditions religieuses, morales
et politiques du pays : la Bible, depuis 30
àiècles, est plus que cela pour la nation
juive, et elle est plus que cela depuis 18
siècles pour une grande portion du genre
humain. On a aussi cpmpai*é avec les vo-
lumes sacré* des Juifs et des chrétiens
les écrits religieux de l'Orient, les Védas
de rinde , le Zend-Avesta de la Perse, le
Koràn des Atâbes; mais plus on à appro-
fondi cet etamen, plus on a été frappé
de la différence fondamentale qui existe
entre ces codes et là Bible.
Indiquer les diverses parties qui com-
posent ce l'écùeil si varié, les époques
auxquelles se rapporte chacune d'elles et
le caractère qui U distingue, ce ne serait
encore en donner qu'une faible idée,
^our assigner à la Bmle la place qu'elle
doit occuper dans tes bibliothèques et
pour apprécier l'influence qu'elle est ap-
pelée a exercer sUr les destinées du monde,
il faut envisager d'un côté l*orielné qu'elle
i*attribué et l'autorité dont eile'jouit en
vertu de ce^e origine, et d'un autre côté
«considérer Fattention qu'on a donnée à
l'étude de ses textes et le degré de pro-
pagation qu^ls ont re^u. C'est en vain
que nous fessaieriotis de résumer aussi la
richesse des doctrines qu'ils exposent,
TactioB morale que ces doctrines ont
eue sur le monde, les bienfaits qu'elles
y répandent. Ces questions, secondaires
pour nous, seront l'objet d'articles spé-
ciaux, et Uotis devrons nous borner ici à
ce qui regarde la Bible comme collection
de livrer sacrés, comme lé Livre des li-
¥^s. Indiquons d'abord les diverses par-
ties ^oUt se compose chacune des tt-ois
séries de traités qn^embrasse lé Code bi-
blique.
L Première série. Elle se cpmpose de
livras fUstoHques, didactiqnes, prophé-
tiques ti poétiques, 1 «Livrés historiques.
CItoq livres ae Motse, que les Juifs ont
désignée sous le noiU commun de loiltho-
ra) et que les Grecs out appelés Pentateu-
liue, ouvrent cette magnifique collection.
Le premier, la Genèse, raéonte l'origine
du motade et icelle du genre humain, les
moeurs et les erreurs des premiers hom-
mes; la naissance des premiers peuples,
e^e 4q peupk de Diei^^ les desànées de
BIB
ses patriarches, leur entrée et leur séjour
en Egypte. Le second livre, Y Exode, dé-
crit l'oppression dans laquelle leurs des-
cendans gémirent sous les Pharaons ou-
blieux du passé; leur sortie de cette terre
d'esclavage sous la conduite de Moïse;
leurs migrations au désert, la toi divine,
les institutions religieuses, morales et po-
litiques qu'ils recurent de Jéhovah sur le
Sinaî. Le troisième livre, le Lévitique,
donne le complément de cette grande
loi, de ces puissantes institutions, de
toute cette théocratie qui fut en Judée
plus nette, plus franche et plus complète
qu'en aucun pays ancien, et dont le culte,
le sacerdoce et le pouvoir disciplinaire
sont empreints d'un cachet si sublime.
Le quatrième livre, celui des Nombres,
après quelques dispositions législatives
et quelques détails de statistique, peint
le séjour au désert de la nouvelle nation,
la lutte qui , au milieu de toutes les mer-
veilles dont elle fut témoin . éclata dans
son sein entre la démocratie et la théo-
cratie; le triomphe de la dernière et les
débuts de la conquête du pays promis.
Le Deutéronome^ ou le cinquième livre,
nous monti^e Moïse prêt a quitter le
monde, résumant et complétant son œu-
vre, désignant son successeur et jetant
un premier et dernier regard sUr la terre
sainte que son pied ne foulera pas. La
conquête de la Palestine et son partage
entre les tribus d'Israël sont l'objet du
livre de fosué. Celui des fuffes peiqt l'a-
narchie qui, après Josué, divisa les con-r
quérans, les défaites qu'ils essuyèrent
dans leur désunion de la part des peu-
ples de Canaan, les grands tiommes qui
s'élevèrent parmi les Hébreux, et les vic-
toires que Jéhovah accorda à leur repen-
tir. Le livre des Juges n'est pas l'ouvrage
des divers personnages qui furent revêtus
de ce titre. liCS deux livres de Samuel*
(*) L'avUiir dp cet artkk éotît es protwtaat
et IM diTMion^ qfi^il toit sont celles qae TAlle*
magne protestante a adoptées. Ce qu'elle nomme
les dent Irrres Je Samuel est c« que lek cathol^
•nies kititaleat les deux ptmaiert Imct de» Mms^
dont ils comptent qoatre, tandis qae les protes-
taos n'en connaissent que deox.C>s derniers dÎTÎ-
•ent les deuxtipreêd'Esdras'dti Cotacile de Trente
m Arr» d'E§drms et U^n dêNékimk. Ils tefettent
parmi les livres apocryphes ceax de Ttèi^ de Jm
dith, de la Sageue, de ^omcA^ àts Mtifienbê**»
qae It concilo de trente i re^iu au aomhrt des
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BIB ( 455 )
ne sont pas non plus de ce pontife; nais
Sis conlîcdtttût l'histoire de son sacer-
doce et de sa judicatut*e, et celle de la
royauté de Saûl et de David, mise en face
de la théocratie par son intermédiaire.
Les JJpres des Rois (3 et 4, soi vantTau-
tre division), continuant jusqu'aux temps
de Texll ThUtoire de cette royauté tantôt
alliée, tantôt enneoie de l'ancienne théo-
cratie que représentent désormais des
prophètes et des prêtres, retracent Tune
des époques les plus remarquables du
Judaïsme, les foliés de la royauté sous
Roboam, la défection des dix tribus d'Is-
raël, le parallèle des exploits et des fau-
tes des deux dynasties qui gouvernent les
royaumes de Juda et d'Israël. L'histoire
de Juda y est suivie jusqu'à la chute de
son dernier roi, et l'on y trouve quelcjues
détails sut les débris de la population lais-
sée en Palestine. Les Pamlipomênes ou
Chroniques complètent ces renseigne-
mens et y joigtient des tables généalogi-
ques, des récits sur la famille de David,
sqr le règne de Salomon , sur l'état de la
religion et des mœiirs. A ces anhàles de
la dynastie dé David se rattache le livre
de Ruth, tradition de famille sUr le iha-
ri âge d'un des aïeux de ce prince , et ta-
bleau de mœurs d'une grâce inimitable.
Après le règne de David , de Salomon ,
de quelques-uns de leurs successeurs,
l'état d'abaissement oii tomba la nation ,
son exil et sa captivité inspirèrent peu
les historiens. Mais Esm (Ësdras) et iVe-
hémie, dans les livres qui portent leurs
noms (deux livres d'Esdras)^ recom-
mencent ses annales publiques et racon-
tent avec bonheur les joies et les travaux
du retour en Judée, la réparation des
murs de Jérusalem , le rétablissement de
toutes les institutions politiques et reli-
gieuses qui étaient compatibles avec la
nouvelle conditioti d'un peuple si long-
temps dispersé, dont tant de familles
étaient i*eteniies encore dans les régions
BIB
YtfHi eataoïilqiieft. liH deux lÎTres d<Mit les Sep-
tlMite ont traduit le titre hébrea par le mot greo
de partilipomènês , nont connns parmi les Alle-
mands et les Anglais sons celui de la Chronique.
KoQs n'ATohs pas touIq changer les iotitolés
adoptés par Vaûteor protestant ; nais nous dé-
voua avertir aos leoteurs eatholiqaes que ce ne
font ]^a8 ceu^ admis par leur ÉglUe : ob sçra du
reste d'accdrd lor les doctrines. J. S. $.
où les avait conduites leur malheur. Aux
temps de Texil et à ses peines appar-
tient V Histoire d'Esthcr, de celle bell«
et pieuse Juive dont les grâces, jointes
aux efforts de son protecteur Mardochée,
amenèrent une heureuse révolution de
palais, en mettant Mardochée à la place
d'Aman, le plus cruel ennemi du peuple
opprimé. Cette sainte légende et les piè-
ces qui en font partie, le songe de Mar-
dochée, les édits d'Aman et ceux de son
successeur, forment la clôture des livres
historiques de la première série. Le ta-
bleau qu'ils tracent est complet^ il n'est
point de peuple de l'antiquité , quelque
célèbre qu'il soit, dont les annales soient
suivies avec ce développement; et il n'est
aucune nation sur la terre dont l'histoire
présente d'une manière aussi grave, aussi
instructive, les voies et les leçons de la
Providence dans l'éducation du genre
bumain|cependant ces voies et ces leçons
se trouvent bien plus nettement expri-
mées dans les livres didactiques et pro-
phétiques de l'ancien code.
2^ Les livres didactiques sont au nom-
bre de trois : ce sont les Proverbes et
VEcclésiaste* de Salomon, qui résument
d'une manière tantôt ingénieuse, tantôt
solennelle les vérités pl^ilosophiqiles et
morales qui étaient entrées dans la sa-
gesse populaire de l'époque, et un traité
du mal et de la Providence intitulé Job,
qui offre, dans le tableau de la vie et des
infortunes de ce personnage, sous les
formes du dialogue et celles du drame,
une théodicée {vojr,) admirable de vérité
et cette grande leçon que, sur le gouver-
nement du monde et les destinées de
l'homme, il ne nous appartient pas de
proclamer une théorie; que la marche
des choses terrestres doit, au contraire,
nous convaincre au même degré de la
profondeur de notre ignorance et de la
nécessité de notre résignation, puisque
le bonheur peut sourire au méchant ,
comme pour l'avertir ou ponr le confon-
(*) VEeelitimttê oa la Sapiwcê de Bmi^mtm est
regardé comme un livre canonique par les deux
confessions chrétiennes; le concile de Trente re*
connaît en outre cette qualité k V Ecclésiastique
ou à la Sapiencê éi Jé$ut , Jils de Siraeh , livre
que les protestam rangent parmi les apocryphes.
C'est par cette raison que Fauteur de Tarticle
pt8leicil'lb«<»fAM^MMtt9iil«tlk:«. I.H.S.
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BIB
(4S«)
Bill
cire, et que le malheur^ à titre d*épreuve,
peut alleindre le vertueux lui-même.
3** Si le Ion de ces leçons est grave,
celui des livr^ ptophctiques est plus
solennel encore. Ces livres sont au nom-
bre de 1 6*, dont 4 ont une certaine éten-
due, tandis que les 12 autres n'offrent
que peu de pages, que des résumés de la
baute mission dont étaient chargés leurs
auteurs. £n effet, les prophètes ont à la
fois une œuvre morale et une œuvre po-
litique à accomplir: ils doivent arrêter le
peuple sur le penchant de sa ruine, l'ar-
racher en même temps à la corruption
des mœurs et aux aberratious de Tintelli-
gence, le ramener à fa pureté de ses in-
stitutions et de ses croyances. L'histoire
du genre humain n'offre plus ailleurs
rien d'analogue à cette mission. Elle nous
fait connaître d'autres nations qui tra-
hissent leurs lois, fou\ent aux pieds leurs
institutions et désertent leurs mœurs; elle
nous montre aussi des écrivains qui si-
gnalent ces désordres, des orateurs qui
les censurent avec autorité, des législa-
teurs qui essaient de combattre le mal
par leui-s réglemens : elle ne nous pré-
sente nulle part ailleurs des hommes
pareils à ces prophètes qui, de par la
Providence elle-même, parlent avec le
même ascendant aux rois et aux peuples,
présagent avec la même assurance une
ruine commune aux uns et aux autres,
et, dans cette mission périlleuse, se suc-
cèdent avec le même courage pendant
plusieurs siècles. Pour relever cette ihéo-
cralie dont le rôle est tout moral, tout
providenciel, et qui n'est partout que le
germe d'un autre empire ^ que le com-
mencement d'une révolution supérieure,
les prophètes remplissent un sacerdoce
d'un nouveau genre. Ils sontles interprètes
directs de Jéhovah, les oracles du peuple,
des prêtres et des rois. Ils sont surtout
les précurseurs de ce Messie dont le
sceptre gouvernera le monde. Ils ne.sont
pourtant rien en eux-mêmes : ils parlent
quand Jéhovah leur dit de parler; ils di-
sent ce qu'il leur inspire; ils {;ardent le
silence et vivent dans la retraite quand
l'esprit de Dieu ne les agite pas. Quand
ils parlent leur mission est double : ils .
(*^ En ne comptant pas Baravh, comme on le
lait dana Téglise cathoUqu. J. H. S.
doivent rameDer aux loû aDcjeones et
annoncer une loi nouvelle. De là leur
langage symbolique, voilant quelquefois
un avenir qui est aussi voilé à leurs
propres regards; mais proscrivant tou-
jours , avec la même netteté et la même
énergie, la mollesse et l'idolâtrie, adultère
moral chez le peuple de Dieu. Leur loa
souvent poétique, leur voix toujours
hardie, quelquefois vulgaire, souvent su-
blime, ne craint jamais de blesser: c'est
la voix de Dieu, celle 4*uu père qui a
droit de vie et de mort, celle d'un époux
tendre, mais irrité, qui s'est allié une na-
tion comme une épouse, pour en faire le
type et le moyen de salut de toutes les
autres. Le premier de ces missionnaires,
qui sont au même degré les panégyristes
du passé, les interprètes de l'avenir et
les censeurs du présent, Isaïe, se leva au
ix^ siècle avant notre ère et prophétisa
sous 4 rois, Usia, Jotham, Ahas, Hiskia.
Le second, Je ré mie ^ parut sous le règne
de Joâias et vécut jusqu'à la chute du
royaume de Juda, c'est-à-dire dans les
temps les pluscalamiteux d'un pays dont,
sur la fin de ses jours , il n'habita plus
que les ruines. Ezéehiel et Daniel pro-
noncèrent l'un et l'autre leurs oracles
dans cet exil qui d'abord pesa si tepî-
blement sur la nation vaincue, déportée,
captive 9 mais qui bientôt deviii| pour
beaucoup d'Hébreux et surtout pour le
second de ces prophètes, élevé aux pre-
miers postes de la cour de Darius ou
Cyaxarès II, une source de gloire et d'in-
fluence morale. De^ douze petits pro-
phètes, le plus grand nombre c'cst-à-dirt
Jnël^ Jona^ f Amos^ 0.»ee, Michée,
Na/ium, Sophonie^ Habacue^ se pré-
sentèrent, soit avec, soit après Isaîe et
avant la chute de la nation; quatre au-
tres Obadia {Khà\9is) ^ Haggaï {k%%ée)^
Zacharie^ 3f<a/eV/c/i/ (Malachias), la con-
solèrent dans les malheurs du bannisse-
ment ou la dirigèrent après son retour
dans la Judée. Quoique ces divers ora*
teurs appartiennent à un période de
plusieurs siècles et que l'expression de
leur pensée diffère suivant le génie de
chacun d'eux , suivant leur éducation
reçue en Palestine, ou sur les confins de
l'Egypte, ou en Mésopotamie, aii milieu
des BÂbylonieDS, des Mèdes et des j^er-
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BIB ( 457 )
tes, cette pensée est la même chex tous;
c'est celle que la corruption du peuple
de Dieu, son amour pour les mœurs et
les dieux de ses ennemis n*est pas une
défection politique, mais une infidélité
morale et le plus ingrat abandon de celte
révélation sublime, de ce grand dogme
de monothéisme y qui n'est populaire
que dans la seule nation de Dieu, que les
autres peuples n'osent pas même procla-
mer dans leurs mystères, que leurs phi-
losophes laissent à peine entrevoir à leurs
disciples les plus intimes. Celte manière
profonde d'envisager les destinées mo-
rales et politiques fait de ce recueil de
prophéties un ensemble de vues provi-
dencielles auquel la littérature du genre
humain n'a rien à comparer.
4** Les livres poétiques reproduisent
souvent les mêmes idées sous d'autres
formes, et si le langage des prophètes est
sublime par la hardiesse des pensées et
par la grandeur des symboles, celui des
poètes sacrés ne l'est pas moins par Té-
oergie des sentimens ei la pompe toute
orientale des images. On pourrait dire
que la poésie esl pres(|ue le langage natu-
rel des écrivains de rAncien-Teslament,
tant elle éclate fréquemment dans leurs
pages £n effet, dans tous leurs livres his-
toriques, prophétiques etdidactiques,sui^
tout dans le Pentateuque, dans Isaîe et
dans Job, se rencontrent non-seulement
des odes et des chanta nationaux, mais
de nombreux passages empreints du ca-
chet d'une brillante imagination. Les li-
Tres poétiques proprement dits ne sont
qu'au nombre de trois, les Psaumes de
David, le Cantique de Salomon, les
Élégies de Jéréniie*. Mais Jérémie, Sa-
lomon et David ne furent pas les seub
poètes de la nation. Les psaumes, re-
cueil d'hymnes consacrés au culte, de
prières, d'odes du genre méditatif et de
chants nationaux, sont l'ouvrage de di-
vers auteurs, dont les plus célèbres fu-
rent David, Moïse, Salomon et Assaph.
D'autres, par exemple Héman et Éthan,
nous sont inconnus. Le peuple, les femmes
BIB
Ç) Aalrement appelées le» Lamentations (6p^
vci). Les Septaote donnent en ontre, sou» le nom
de Jérémie, une épttre dont il Hem qneMÎon pins
l^as (pé 459). lis placeot BarocU immédiaienient
après lérémM. J.H.>
mêmes, avaient pris dans leurs habitudes
religieuses le goût de cette poésie lyri-
que. On en voit la preuve dans l'Exode,
dans les Psaumes, dans le livre des Juges,
dans ceux de Samuel. Les prophètes en-
tretinrent ce feu sacré jusqu'au-delà des
temps de Texil. Dans toutes les prières,
dans les hymnes, dans les odes dont se
compose le recueil des psaumes, se repro-
duisent aussi, nous l'avons dit, les mêmes
idées que recommandent les prophètes :
c'est la confiance et la soumission la plus
entière aux volontés et aux décrets de
Jehovah; c'est la foi ta plus absolue en
son amour, en sa protection ; c'est le mé-
pris de tout autre culte, de tout autre
dieu, de toute pensée qui n'est pas à lui;
c'est aussi, dans cette confiance, le mé-
pris de tout ennemi et de tout danger.
Le Cantique de Salomon et les chants de
Jérémie tiennent au même ordre d'idées;
mais si le roi se complaît dans la con-
ception idéale des rapports d'Israël et de
Jéhovah et dans les délices de cette union
mystique, de cette fidélité conjugale, qui
était la grande idée de l'ancienne alliance,
le prophète déplore les malheurs d'une
nation qui ne sait pas garder sa fidélité,
dont le cœur adultère s'est attaché aux
faux dieux, et qui gémit dans l'abaisse-
ment, dans la flétrissure du malheur, sous
la honte de ses trahisons. Quelques théo-
logiens ont vu« dans le canevas du Can-
tique, une allégorie : l'union du Christ
avec son Église. Aller si loin, c'est, à no-
tre avis, dépasser la vraie limite de l'al-
légorie judaïque et tomber dans ce sys-
tème à^ allégorie arbitraire que Phi Ion
a inventé pour accommoder l'histoire et
les institutions de son peuple au goût
des Grecs. D'un autre c6té, quelques
critiques ont présenté cette composition
comme un morceau de poésie erotique,
une églogue pastorale. C'est, suivant nous,
méconnaître complètement ce mêmegénie
allégorique que Philon n'a pu tant fausser
que parce que, dégénéré de ses pères et
de leurs grandes inspirations religieuses,
le peuple avait perdu la clef de ce langage
énigmatique si favorable aux saints mys-
tères; c'est méconnaître plus complète-
ment encore la poésie religieuse an-
cienne et moderne de l'Orient, dont les
image» les plus pittoresques sont sou-
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TCDt emptimtées aux affections conjuga-
les et peignent 1*amour de Dieu aret toute
l'ardeur, toute Timpétuosité de Tamour
profane. D'ailleurs, imaginer que ceux
qui ont arrêté le codé sacré du judaïsme,
c'est-à-dire le sacerdoce et les anciens du
peuple, aient voulu y recevoir des chants
erotiques, n'est-ce pas véritablement in-
sulter à leur bon sens? A qui persuader,
en effet, qu'ils ont admis sans examen,
comme on se plaît à le dire, tout ce
qu'offrait l'ancienne littérature natio-
nale, et que le seul nom de Salomon,
que porte cette composition, a dû trom-
per leur jugement et commander leur
respect? Disons-le simplement, avec une
expression vulgaire : nous n'admettons
pas qu'il soit entré dans la composition
de la Bible un seul morceau de remplis-
Sage. Tous les livres qui forment la pre-
mière série de l'ancien, code présentent,
au contraire, un ensemble qui, s'il laisse
à peine à désirer quelque chose de plus ,
ne permet pas d'en rien retrancher. Ces
hautes inspirations religieuses appar-
tiennent toutes à une période de onze
siècles, comprise entre Tépoque de Moïse
et celle de Malachie, ou entre l'an 1512
et l'an 400 avant notre ère. Dans un
espace de temps aussi prolongé, l'état
inoral du peuple de Dieu, que réfléchit
son code sacré , présente nécessairement
des phases diverses. On y voit le culte
primitif, la religion des patriarches, la
loi de MoFse, les institutions de David et
de Salomon , les prédications des pro-
phètes, la pensée de l'exil et. celle du
retour; mais c'est précisément par cette
succession d'idées et par ce progrès d'in-
àtruction que ces pages sublimes devien-
nent plus précieuses encore et reçoivent
le caractère spécial qui distingue cha-
cune d'elles, sans effacer toutefois leur
empreinte commune. Du début à la fin, le
inéme système domine dans ce saint code;
il consiste à dire que la nation d'Israël
est à Dieu et ne peut être qu'à lui. Ce
n'est pas autre chose que le germe du
système chrétien.
n. Les livres de la seconde série dési-
gnés sous le nom à^ apocryphes y parce
qu'ils ont été joints à l'ancien code, non
par les auteurs ou les collecteurs de la
première série ^ mais par ceux de la ver<
sion dite des Septante, ont cependant
joui d'une grande estime auprès des
Juifs ; ils ont été cités avec beaucoup de
respect par les Pères, déclarés canoniques
au concile de Trente, et conservés aussi
dans le code biblique par la nlupart des
communions protestantes. Ils sont ce-
pendantdevenus,dans1esdernier8 temps,
l'objet d'une vive contestation parmi les
sociétés bibliques et ont été retranchés
de plusieurs éditions des saints livres.
Cette discussion , qui intéresse la théo-
logie ( voy, l'article lNSPiEATio]lr ou
Théopneustié) , nous est étrangère : elle
peut bien jeter quelque défaveur sur ces
livres , elle ne saurait rien ôtek' à leur
mérite. Sans doute ils sont écrits dans
une autre langue et appartiennent à une
autre époque que les précédens. Cepen-
dant si les uns portent le cachet des
mœurs ou des doctrines de Fexil ; si les
autres se rattachent aux doctrines et
aux mœurs de l'Egypte grecque, de l'é-
cole d'Alexandrie ( voy, cet article ), ib
n'en forment pas moins des anneaux né^
cessaires dans la grande chaîne qui lie
l'ancien code et le nouveau, les premiè-
res et les dernières inspirations accor-
dées au peuple de Dieu. On les classe
en livres historiques , didactiques et
prophétiques. A la tète de la pàHie his-
torique on doit mentionner une sorte de
compilation pleine de légendes et four->
mi liant' d'erreurs de chronologie, irédi—
gée sous le nom à*EsdraSy mais diftérant
du livre écrit en hébreu par ce chef du
peuple, quoiqu'il roule sur le même su-
jet, le retour de la captivité et les tra-
vaux des Juifs après l^exil. Kejetés par le
concile de Trente, les livres 3 et 4 d'Es-
dras qui se trouvent dans quelques édi-
tions imprimées et dans beaucoup de
manuscrits de la Bible , ne sont joints à
la Yulgate que par forme d'appendice ,
comme Voraison du toi Manassès^ pour
qu'ils ne se perdent pas {^ne prorsùs in-
terirent). Les trois livres des Mâcha-
bées*, d'une tout autre importance, ra-
(*) Le caBon da concile de Trente (4* session)
relatif à la Bible ne parle que de «ieax libres des
Maccabées et PAncien-Testanient, asité cbez les
Srotestans , n'en renferme anssi que deux ; mais
y en a trois danà leé Septailte et quelquefois
même ou eii compte todatre. Ko ils Syons déjà dit
que l'Éj^Ute regarde les âettt livres des Sbcca*
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content lei Talenrenx efforts qoe fit, de
Tan 175 à 136 avant notre ère^ cette
glorieuse famille de héros qui se dévoua
à la grande cause de rafTranchissement
des Juifs subjugués par les Séleucides ,
cause qui était celle de l'indépendance
religieuse comme celle de la liberté na-
tionale. Ces livres rapportent aussi quel-
ques documens de la correspondance
que les Juifs qui étaient restés dans leur
patrie entretinrent avec ceux de leurs fre-
ins que la politique des Lagides fixait en
Egypte , et racontent les tentatives que
cette dynastie fit plusieurs fois pour sou-
mettre le pays et dominer le sanctuaire
de Jérusalem , le palladium de sa natio-
nalité. Le livre de Judith , dont Tépoque
est incertaine, se rattache au même or-
dre d'idées; c'est l'histoire de la déli-
▼rance de Béthulie assiégée par Holo-
femès, général de Nébucodonosar. C'est
une sorte de monument religieux élevé en
rhonneur d'une femme dont l*héroîque
dévouement a satTvé la nation et la reli-
gion. De nombreuses fautes de chrono-
logie et de géographie s'étant glissées
dans le texte grec de cette composition,
On a Toulu y Voir tantôt une sorte de lé-
gende , tantôt quelque grande allégorie.
L'intention de l'auteur inconnu est au
contraire de rapporter un fait aussi glo-
rieux pour la personne de Judith que
pour le peuple de Dieu et son perpétuel
protecteur. L'histoire d^Tobie, qui se
rapporte au temps de l'exil , est un autre
monument du même genre; c*est le dé-
veloppement historique de cette idée
fondamentale que le Dieu dlsraêl n'a-
bandonne Jamais le vrai Israélite , quel-
que malheur qui puisse l'accabler. — La
série des apocryphes (w>irlanotep. 45S)
ne renferme que deux livres didactiques,
la Sagesse de Salomon et V Ecclésiasd-
ue^ ou les maximes morales de Jésus,
Is de Sirach. Le premier développe cette
sublime pensée que l'amour de Dieu ou la
crainte ae Toffenser est la vraie sagesse;
que r indifférence, Tidolàtrie et le vice
cokistituent tme sorte d'aberration intel-
lectuelle, de folie, de démence. Le second
bées comme canoniques et non comme apocry-
phes ; cependant, écrits en grec ainsi tfoe les ri-
▼ret de Tobie » Jndith , U Sagesse et FEoclénas-
tif M , tu m'ofiX jaiMif ^% l^artie 4a eanoa des
/mis. !• H* S.
îi
de Ces traités, celui du Siraeide, offre le
pendant des Proverbes de Saloibon , les
maximes de la prudence, de la morale
populaire de l'époque. Le Siracide est
d'ailleurs aussi inconnu que l'auteur ano-
nyme de la Sagesse; ce dernier traité
n'est pas la traduction grecque d'un ou-
vrage de Salomon , ce que ses principes
ne permettent pas d'admettre. — Un livre
prophétique , celui de Baruch, adressé
aux exilés de Babylone, exhortation dont
la lecture offre un charme si puissant ,
et une lettre écriteà ces malheureux sons
le nom de Jérémie, forment la clôture
de cette partie intermédiaire de la Bible,
qui n'offre plus qu'un reQet des anciens
temps d'enthousiasme et d'inspiration,
de ferveur et de gloire. Cela devait être :
c'est une époque de décadence, c'est
l'ancienne alliance expirant devant une
alliance nouvelle.
in. Troisième série. La partie de la
Bible contenant le code de cette nouvelle
alliance, de cette seconde révélation qui
modifie, explique, complète la première,
se distingue aussi en livres historùjues ,
didactiques eiprophétiques, et contient,
dans quelques-unes de ses parties, des
hymnes, des prières et des méditations
poétiques qui rappellent les inspirations
de David et de Moïse. Cependant, dans
ce nouveau code, tout est à la fois plus
simple et plus sublime. Une culture plus
occidentale, le génie de la langue grec-
que , a passé sur l'ancienne poésie de la
Terre-Sainte.
1® Trois livres historiques, les évan-
giles de s{iint Mathieu, de saint Marc et
de saint Luc, nous racontent d'abord la
naissance, la vie, les paroles, les œuvres,
la mort, la résurrection et l'ascensipn du
Sauveur, avec une coïncidence si re-
marquable dans la marche et dans les
expressions de leurs récits, qu^on a cru
devoir les considérer comme autant de
versions ou de périphrases d'un même
texte original, écrit en hébreu ou plutôt
en araméen, idiome de la Syrie à cette
époque. On n'a pourtant pas tardé à se
convaincre qu'il fallait bien plus attri-
buer cette analogie au respect des évan-
gélistes pour les communications et les
paroles du maître, recueillies religieu-
sement par ses disciples et rapportées
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de même aux fidèles. Un quatrième évan-
HÎle, celui de saint Jean, diffère, dans
son ordonnance, par son introduction ,
par ses tendances, par quel(|ues faits de
plus ou de moins qu*il consigne, des
trois autres récits évangéliques, parla
raison que saint Jean Ta écrit à Tépoque
des premières aberrations de doclrine,
des premières hérésies [voy. Évangiles
et Concordance). Mais entre celle com-
position et les trois autres il y a non-
seulement unité de vues et de principes,
il y a parfaite solidarité ; et si saint Jean
passe soiis silence quelques faits qu*ont
retracés ses collègues, c'est pour en con-
signer d'autres qui ne sont pas moins im-
porlans et qui ne devaient pas périr faute
d'histor>en. Saint Luc, auteur d'un évan-
gile, complète ses récils sur l'origine du
christianisme et sur son fondateur en
racontant aussi les actes, les premières
prédications, les travaux elles missions
des apôtres, surtout de saint Pierre et
de saint Paul. Les Actes forment la clô-
ture des livres historiques da nouveau
code.
2^ Cependant les livres didactiques
renferment assez de renseignemens pour
nous donner une idée sufGsante de l'é-
glise primitive, de ses travaux, de ses
institutions, de sa foi et de ses mœurs.
Les livres didactiques, tous revêtus de la
forme épistolaire ( et l'on conçoit qu'au-
cun des disciples n'ait voulu faire ce que
n'avait pas fait le maître, c'est-à-dire
tracer un système de dogmes et un code
d'institution), les livres didactiques sont
de saint Jacques, de saint Pierre, de
saint Jean, de saint Jude, disciples pri-
mitifs du Seigneur, et de saint Paul, son
nouvel apôtre. Les épllres de saint Paul,
les plus importantes par leur nombre et
leur étendue , ont toutes pour but de
compléter, dans les communautés qu'il
avait fondées ou qu'il était appelé à di-
riger par sa parole, l'enseignement oral
qui leur avait été donné par lui, par ses
collègues ou par ses aides, sur le dogme,
la morale, la discipline, l'organisation
de l'église. Quelquefois le but principal
de ces écrits est la répression d'un dés-
ordre survenu dans les rangs des fidèles;
mais alors même l'apôtre s'élève bientôt
à des instructions générales. D« ces épt-
très, une seule, celle aux ffSreus, est
adressée à toute une classe de fidèles et
a pour but spécial de faire comprendre
aux chrétiens nés dans le judaïsme qu'il
faut en sortir complètement , en quitter
les fêtes, les cérémonies, les préventions,
et s'élever à ce sacerdoce spirituel, à ce
culte en esprit et en vérité , à cette foi
morale et universelle, qui distingue la
seconde église de la première. Des treize
autres épitres de saint Paul neuf sont
adressées à des communautés spéciales.
Avant la ^captivité de l'apôtre furent
écrites les épitres aux Thessaloniciens ,
aux Calâtes, aux Corinthiens, aux Eo^
mains; pendant sa captivité à Rome,
celles aux Colossiens, aux Éphésiens,
aux Philip piens. Les quatre dernières
sont des lettres particulières, adressées
l'une àPÀiYef/no/i, une autre à Tue^ deux
à Timothée, Les trois dernières sont les
plus belles lettres pastorales que possède
la littérature chrétienne, et l'admirable
traité de saint Chrysostôme intitulé Z>i<
sacerdoce n'est autre chose qu'une pa-
raphrase développée de ces épitres. La
lettre de saint Jacques à tous Les fidèles
sortis du judaïsme et habitant en dehors
de Jérusalem; celle de saint Pierre au
même ordre de fidèles habitant les pro-
vinces de Pont, de Galatie, de Cappa-
doce, éCAsie (mineure) et de Bithynie;
celle de saint Jean à plusieurs commu-
nautés que n'indique pas l'auteur; enfin
celle àe saint Jude, aux fidèles en géné-
ral , portent , à cause de cette destina-
tion plus étendue , le titre commun de
catholiques , c'est-à-dire à'' universelles.
Elles ont pour but, celle de saint Jac-
ques, de combattre l'erreur qui ferait
négliger les œuvres pour la foi et sous
le prétexte qu'elle en tient lieu ; celle de
saint Pierre, de fortifier les fidèles dans
l'adversité, sous les persécutions dont ils
sont l'objet; celles de saint Jean, de
leur recommander le premier des pré-
ceptes de son maître, cette charité qui le
distinguait et qui doit distinguer tous les
chrétiens; de les préserver des premières
atteintes de cette immense hérésie, de
ce gnosticisme qui a désolé l'église pen-
dant plusieurs siècles et a donné lieu à
des doctrines si ambitieuses ( vof. Giros-
TXGisMB ); celle de saint Jade, enfin, d'a-
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vertir des peines qui suivent toujours le
désordre dans les mœurs et dans les
croyances. Une seconde et une troisième
épltre de saint Jean , adressées Tune à
une pieuse chrétienne ( W)xy.Tii ), l'autre
à un fidèle nommé Cyrus, ont été com-
prises par erreur dans le nombre des
épures générales; elles sont au contraire
aussi spéciales que celles de saint Paul
à Tite, à Philémon et à Timothée. Ce
qui peut expliquer Fespèce d'erreur que
nous signalons, c'est qu'on a pensé quel-
quefois que la seconde de ces saintes
missives entendait, sousie nom de la
chrétienne y l'église tout entière, hypo-
thèse qui n'a pourtant pas de fondement.
S^Unseul livre/7ro/7^^'//i7i/^ entre dans
la collection de la nouvelle alliance, pour
en former la clôture; c'est V Apocalypse
ou Révélation de saint Jean, tableau al-
légorique de la grande lutte de l'évan-
gile contre le judaïsme et le paganisme,
chant de triomphe en l'honneur de son
divin auteur, du céleste époux de l'église.
La victoire que célèbre ce poème allé-
gorique est d'autant plus éclatante que
ce n'est pas seulement celle des fidèles
des premiers siècles, mais encore celle
des justes de tous les temps. En effet
l'auteur de l'Apocalypse ne chante pas le
châtiment et la ruine de la Jérusalem
terrestre sans célébrer aussi le jugement
dernier du genre humain et les joies de
la Jérusalem céleste, |K>int de vue dou-
blement moral et par cela même digne
de toute l'attention des interprètes d'un
livre si difficile à bien expliquer.
Tous les livres qui composent le Nou-
veau-Testament, ou la troisième série, ap-
partiennentàlasecondemoitiédu premier
sièclede l'ère chrétienne.Il8varient,quant
k la forme, suivant l'éducation et le gé-
nie de leurs auteurs; mais, pour le fonds,
ils présentent, ainsi que ceux des deux
premières séries , un ensemble de vues
et de doctrines qui montre évidem-
ment qu'ils découlent delà même source.
En même temps , tout en constituant la
base d'une religion nouvelle , d'un culte
universel mis à la place d'un culte natio-
nal, les livres de la troisième série se
lient de la manière la plus étroite, non-
seulement à ceux de la seconde , dont
ils ont adopté le langage , mais encore k
(461) BÎB
ceux de la première, dont ils sont le com-
plément annoncé : en sorte que tous en-
semble ne forment réellement qu'un seul
code, qu'un seul système de révélation*
Nous avons déjà dit qu'ik ne contien-
nent, pour ainsi dire, qu'une seule
grande pensée dont les uns donnent le
germe, les autres le développement.
On le voit : la Bible est un livre dont les
diverses pages ont été écrites pendant un
espace de temps de 16 siècles. Cependant,
on le pense bien, elle n'a pas toujours,
comme de nos jours, formé un seul vo-
lume. La réunion des livres de la pre-
mière série, à commencer par les diffé-
rentes parties du Pentateuque et à finir
par les oracles des derniers prophètes, a
été quelquefois attribuée à Esdras et à Né-
hémîe, et si cette opinion u'a rien de cer-
tain, elle n'a du moins non plus rien
d'iuvraisemblant. Il est, au contraire,
tout naturel de penser qu'au retour de
l'exil les Juifs aient songé à recueillir et
à classer les écrits sacrés de leur nation,
et personne n'était évidemment plus
propre à remplir cette tâche que les deux
chefs qui présidèrent au rétablissement
des institutions publiques. Ce qui est
hors de doute, par les témoignages de
Daniel (chap. ix, vers. 12), du Siracide
(voy. le prologue), de saint Mathieu
(xxv, 35), de saint Luc (xxiv, 44) et
de Josèphe [contre A pion y i, 8), c'est
qu'à toutes les époques on a mis chez
les Juifs un soin extraordinaire à re-
cueillir les livres sacrés. Il serait difficile
d'indiquer avec quelque précision l'épo-
que de la réunion en un seul ensemble
des livres qui composent la deuxième
série, qui ne furent dans l'origine qu'une
addition à la version grecque de ceux de
la première; mais il est évident que ce fait
est antérieur au premier siècle de notre
ère. Quant à la collection de la dernière
série, elle ne fut arrêt éedéfinitivement par
l'église grecque qu'au concile deLaodicée,
entre 360 et 365 de J.-C; par l'église
latine qu'au concile d'Hippone, en 393.
Mais il est bien entendu qu'il ne s'agit
ici que d'une déclaration olficielle, d'une
formalité d'église, et que l'opinion, la
foi générale avaient déjà arrêté ce code
long- temps auparavant. La surveillance
des églises intéressées dans U question.
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(462)
BIË
celle <jle tous les écrivains chrétiens , de
tous les évéques, de tous les prêtres, avait
facilité le travail des conciles que nous
venons de nommer; elle avait surtout
écarté du code la foule des écrits ano-
nymes et pseudonymes que les pieux
faussaires des premiers siècles avaient
publiés sous les titres d^ÉvangUes, à*ÂC'
tes, 6^ É pitres et ôl apocalypses [voy.
Apocryphes).
lia même attention qu'on mit dans
tous les temps à recueillir les écrits sa-
crés y on la mit aussi très généralement
à en conserver l'intégrité et à mainte-
nîr la pureté des textes. II faut distin-
guer, dans Thistoire des codes, les tex-
tes manuscrits et les textes imprimés.
Les premiers manuscrits du texte hé-
breu étaient écrits en caractères anciens,
tels qu'on les trouve encore sur les mé-
dailles des Machabées. Ces caractères
ressemblaient à l'écriture samaritaine et
se suivaient sans accens, sans ponctua-
tion. A partir de l'exil, les Juifs adoptè-
rent l'écriture chaldéenne, celle qui est
atgourd'hui généralement admise pour
l'hébreu. A cette époque on n'indiquait
encore ni les signes des voyelles, ni d'au-
tres caractères d'accentuation que les doc-
teurs juifs des premiers siècles de l'ère
chrétienne et leurs successeurs ont in-
ventés pour la facilité des lecteurs, ca-
ractères qui n'ont d'ailleurs changé en
rien les paroles des textes sacrés. Il en a
été à peu près de même pour les textes
grecs. Les plus anciens manuscrits les
donnaient en lettres capitales, sans ac-
cens, sans esprits, sans ponctuation, sans
distinction de mots. Ce sont les critiques
qui ont successivement porté ces amélio-
rations dans les copies ou les éditions.
Ils ont été plus loin. Ils y ont non-seu-
lement séparé les mots par de légei's in-
tervalles, et divisé les textes par pério-
des et par phrases : pour faciliter les re-
cherches ils en ont divisé l'ensemble par
chapitres et par versets. Au temps de
saint Jérôme on n'y distinguait encore
que certains alinéas; un peu plus tard
on adopta de» chapitres. Hugues de Saint*
Clair et Étien ne Langthon partagent, dans
l'opinion générale, l'honneur d'avoir éta-
bli dans le Nouveau-Testament la division
^u'oa soit ^éraleme&t au^jonrd'hoi.
Celle de l'Ancien-Testament en chapttret
n'a été définitivement fixée que par la Bible
de Bomberg, imprimée en î ^25. Restait à
déterminer les versets. Robert Etienne,
dans son édition de la Yulgate de 1548,
fixa ceux qu'on suit actuellement. Plus on
a ainsi apporté de soins à faciliter la lec-
ture des textes, plus on a facilité aussi leur
conservation ou le rétablissement de leur
primitive pureté. Ils avaient souffert natu-
rellement par la multiplication des copies
et l'ignorance des copistes. De là viennent
quelques passages altérés etde nombreuses
variantes.Les Pères en ont gémi comme les
critiques qui leur ont succédé (Or igène.
Comment, sur VÉv, de saint matth.^ t.
Xy, vol. III, p. Ô71, édit. de La Rue. Clé-
ment d'Alexandrie, Stromata, lib. IV,
p. 490, édit. de Sylburg); mais les uns
comme les autres ont reconnu qu'aucune
altération n'a été apportée dans les textes
au profit d'un parti, d'une secte, d'une
erreur quelconque. On sait de quelle
manière Marcion avait imaginé de faire
un nouvel évangile et de nouvelles épt-
tres, en retranchant du code reçu ce qui
contrariait son système; on sait aussi avec
quelle énergie et quelle unanimité soa
œuvre frauduleuse fut rejetée. Le f^it est
que les variantes qui se sont glissées dans
les manuscrits, et que plusieurs éditions
imprimées reproduisent, ont fort peu
d'importance, soit pour l'Ancien aoit
pour le Nouveau-Testament.
Nous ne nous attacherons pas à mon-
trer comment, par quelle longue série
de travaux, la critique est parvenue à nous
donner les textes si purs que nous possé-
dons aujourd'hui; mais nous devrons
mentionner les principales éditions de la
Bible. Les trois premières de l'Aneien-
Testament, celles qui ont valeur de ma-
nuscrits, sont celle de Soncino (1488,
in-foL); le texte hébreu de la Polyglotte
d'AIcala (en latin C^mplutum) de 1514;
l'édition de Ben Chajim, Venise, 1525.
Viennent les éditions de Bomberg, Bux-
torf, Munster, Vanderhoogt, Michaélis,
Houbigant, Kennicot, Poederlein , Meis-
ner, Jahn. La première édition complète
du Nouveau-Testament parut aussi avec
la Pol}^loHe d'AIcala, 1514; celle d'É-
rasme vit le jour en 1516. Ces deux édi-
tions ont établi k texte géoéralemeot reça
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filB
(46â)
BIB
dans celles qu'on a publiées depuis trois
siècles. Dans ce nombre on distingue les
éditions de Robert ^tienne [mirifica ou
regia) , de Théodore de Bèze, des £lzé-
virs, de Walton, de Fell^ de Mill, de
Wetsteîn, de Griesbach, d'Alter,de Birch.
Deux critiques célèbres ont cru reconnaî-
tre de nos jours que tous les textes ma-
nuscrits du Nouveau-Testament se rap-
portaiei^t à quelques recensions principa-
les, comme celle d'Alexandrie , celle de
Constantinople et celle d'Occident; mais
Mathaei a fort bien démontré que celte
hypothèse avait besoin d'être mieux éta-
blie. On est plus généralement d'accord à
regarder comme les plus exacts de tous
ces manuscrits ceux du Vatican,. d'Ox-
ford et de Cambridge.
Les versions de la Bible en langues
vulgaires se sont multipliées autant que
les éditions de ses textes. Il serait impos-
sible d'énumérer tous les travaux de ce
genre y et l'on peut se borner à dire que
la Bible a été traduite dans toutes les
langues qui ont une littérature et dans
une foule d'idiomes qui ne possèdent
pas encore d'autre livre. Les Juifs ont
peu traduit et peu propagé leur saint
code. Ils ne songèrent pas à le donner
aux Mèdes, aux Chaldéens, aux Perses,
aux Égyptiens y et ne s'avisèrent de le
mettre en grec que dans les derniers
siècles avant notre ère. Peut-être même
n'y eussent-ils pas pensé du tout sans
l'invitation que leur adressa le roi Plolé-
mée-Philadelphe qui voulut emrichir d'un
volume de plus la riche bibliothèque du
musée d'Alexandrie. Une fois faite, cette
version, qui reçut du nombre traditionnel
de ses auteurs le nom de Sepiaate {voy,
ce mot), devint la Bible de tous les Juifs
parlant le grec ou heliénisans. Son texte
est suivi même par les écrivains du nou-
veau code, quoiqu'ib aient dû connaître
les textes originaux de l'Ancien-Testa-
ment. L'exemple de cette version étant
donné,on fit,un peu avant l'ère chrétienne,
non-seulement une version ou plutôt une
paraphrase chaldéenne, mais encore, im-
médiatement après cette ère, une version
grecque pi uslittérale quecelle des Septan-
te. Ce travail, dCk au juif Aquila, offrait
même du texte hébreu un calque trop ser-
vile pour obtenir quelque succès à la lec*
ture,et deux chrétiens,Symmaqa6 etThéo*
dotion , publièrent des versions nouvelles
tenant une juste ligne entre la fréquente
inexactitude des Septante "^ et la raideur
trop littérale d'AquÛa. A mesure que Vtc
vangilese propageait dans le monde, la Bi-
ble complète fut traduite dans toutes les
langues : aux versions araméenne, syria-
que, égyptienne ou kophte, éthiopienne,
arménienne, géorgienne, arabe et per-
sane, répondirent les versions occiden-
tales, italique ou latine, gothique, sU-
vonne, anglo-saxonne, romane ou vau-
doise (xii** siècle), française (xiii* siècle),
anglaise (de Wiclef), allemande (1378),
italienne (1471). La première version
latine, revue par saint Jérôme et plusieurs
autres, fut reçue généralement dans 1'^
gUse d'Occident sous le nom de Fulga-
te : nous lui consacrerons un art. a part;
la version allemande fut 13 fois réimpri-
mée avant la réforme. On voit par-là com-
bien il faut modifier deux opinions assez
généralement répandues : celle que la Bi-
ble, avant la réforme, n'était plus guère
connue des fidèles, et celle que la réforme
a donné l'exemple de la propagation des
saints livres en langue vulgaire. Ce qui
est certain, c'est que la réforme, appelant
de l'Église à la Bible, a multiplié les édi-
tions du volume sacré et ses traductions
en langue vulgaire, et qu'elle l'a répandu
avec un zèle et un succès auparavant in-
connus. Par suite de la réforme, la Bible
fut traduite au xvi^ siècle dans toutes les
langues de l'Europe. Les plus célèbres de
ces versions sont celle de Luther,commen-
cée au château de Wartbourg, en 16^1,
revue plusieurs fois soit par l'auteur, soit
par d'autres , et supérieure encore , par
sa grâce antique et sa pittoresque éner-
gie, aux travaux d*Augasti, de Wette et
de Meyer; celle de Calvin, préparée par
Robert Olivétan, deux fois revue par les
théologiens de Genève, et plus ou moins
suivie par Martin et Osterwald **\ ceUe de
(*) On se rappelle qoe Faotear de cet artiole
est protestant. Or, cbex les protestans l'inspira-
tioa (les L\X iaterprèces n*«st point admise , et
de mdme iU regardent la Vulgate comme osarra
humaine, s'attacbant exclusivement, pour Taa-
tlieuticicé littérale, au texte bébren de PAncie»-
TesUment et au texte grec (heHoaique) dn !f on-
yeau-Teslameot. J« JL S.
!(*') Iiet traductions do Martin ot d^Oalorwald
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BIÇ
(464)
BIB
Tindaly Matthew, Coverdale et Cranmer,
revue par Tépiscopat d'Angleterre au com-
mencement du xvii® siècle (Bible de Ge-
nève, des épéques, du roi Jacques, etc.),
sans être éclipsée par celle de Geddes,
de la fin du dernier siècle. Avec les théo-
logiens de la réforme ont rivalisé digne-
ment ceu:^ de Tégli^e catholique, Castalio
ou Cbàleillon (nouvelle version latine), Le
Maître de Sacy, Vence, M. de Genoude,
Dereser, Brentano, les frères Van £ss.
Les Israélites ont traduit TAncien-Testa-
ment en espagnol , en portugais , en ita-
lien, en français (fédition de M. Cahen,
Paris, 1 830 et suiv., offre texte et version),
et en allemand (le célèbre Mendelsobn).
Les versions anciennes de la Bible se
trouvent dans les éditions polyglottes
{voy. ce mot) dont il existe quatre prin-
cipales : celles d*Alcala , d* An vers , de
Paris et de Londres. Les traductions mo-
deraes se multiplient tous les jours, grâce
aux missions et aux sociétés bibliques
(vojr. Bibliques); mais, on le conçoit,
r interprétation de cette grande biblio-
thèque de la révélation est une œuvre
difficile. La Bible peint les mœurs de
quarante siècles : dans ce long espace de
temps la pensée a revêtu des formes bien
différentes et les institutions ont varié
comme les croyances. Pour bien traduire
un code aussi étendu, aussi ancien, il faut
joindre à la connaissance des langues et du
génie de l'Orient et de la Grèce la connais-
sance de leurs mceuis, de leurs doctri-
nes, celle des sciences auxquelles font
allusion des textes si nombreux, et celle
des choses qu'ils renferment. Jamais les
forces d'un seul homme n'eussent suffi
à l'accomplissement d'une tâche si im-
mense, et des versions un peu fidèles ne
sont devenues possibles que par les tra-
vaux successifs de plusieurs générations
d'interprètes ou de commentateurs. Les
Pères, en possession d'une foule de tra-
ditions et de connaissances de détail qui
nous échappent, ont commencé ces com-
ont été fouTenk réimpriméet par les soins des
Sociétés hililiques, et surtout de celle de Paris ;
la libmirie Treuttel et Wuriz m pulilic, de la trû*
dui-tiou de Martin, une édition qui raciite d*étre
citée comme l*uiie des plus correctes. Cest un
volume in-S" d'environ i6oo pages, avec indi-
cation das pasaagaa parallèles, stéréotypé par
HeriiSB. J. a. S.
mentaires, cet notes, ces explication»
critiques, philologiques, chronologiques,
historiques, géographiques, allégoriques,
typologiques, dogmatiques, morales, qui
out été continuées par plusieurs écri-
vains du moyen -âge et reprises avec une
ardeiur nouvelle à la renaissance des let-
tres, et qui ont enfin donné le jour à
trois sciences importantes : la critique
sacrée, V herméneutique , et Vexrgè.se.
La première examine l'authenticité des
livres sacrés et la pureté de leur texte; la
seconde trace les règles d*une saine in-
terprétation, la dernière fournit cette in-
terprétation elle-même. Telle est l'impor-
tance de cette triple étude que sans elle il
n'existe pas descieuce biblique;aussi l'his-
toire des lettres chrétiennes ne connaît-elle
pas d'écrivain un peu remarquable qui
n'ait voué à cette étude une application sé-
rieuse. Telle est aussi l'influence exercée
par cette étude dans le monde moderne ,
surtout dans les derniers siècles, qu'il
n'est aucune des sciences morales qui
n'en ait reçu les plus vives lumières et
qu'elle en a répandu sur plusieurs autres
branches du savoir : en sorte qu'il est
bien vrai de dire que, si la littérature
profane a donné à l'Europe les élémens
de sa philosophie, de sa politique et de
ses arts, la littérature sacrée a décidé de
nos doctrines morales et religieuses, tan-
dis que nos institutions et nos mœurs
ont reçu d'elle une direction décisive.
La politique que Bossuet dicte avec
tant d'autorité aux rois et aux nations et
qui fut si long- temps celle de TËurope,
qui l'est encore en partie, n'est qu'un
reflet de la théocratie biblique. La phi-
lologie, l'archéologie, l'histoire générale,
celle de la civilisation, celle de l'huma-
nité ont reçu des études bibliques le plut
grand jour; et la Bible, qui a été si long-
temps le symbole des croyances et des
habitudes morales de l'Europe, est le
seul livre qui présente la clef de notre
histoire intérieure, de notre vie sociale
comme de notre vie de famille. C'est
aussi la Bible qui a placé si haut les pays
chrétieus, qui a inspiré aux peuples de
rOcoident, dans leurs beaux siècles, une
moralité si profonde; qui leur a donné
cet esprit d'ordre, de travail, de sobriété,
d'économie y de modération et d'hum»»
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nité qui est la base de la civilisation mo-
derne et la cause de la sûreté comme de
la rapidité de ses progrès. Les nations
chrétiennes, celles même qui sont placées
sur les derniers échelons de la culture
intellectuelle, trouvent sans cesse, dans
les destinées morales du peuple que leur
peint la Bible, les leçons les plus graves ^et
les plus utiles. La société chrétienne ne
Tignore pas : elle n*a pas toujours attaché
la même importance à la lecture de la Bi~
ble en général , mais la Bible a toujours
été vénérée par elle. Nous avons déjà dit
que les Juifs Font peu propagée, peu tra-
duite ; cela tenait au caractère éminem-
ment national de leur code. Les chrétiens,
plus heureux du caractère d'universalité
qui distingue leurs croyances, n*ont cessé
d'en multiplier et d*en répandre les exem-
plaires. Dans l'histoire de l'Église il ne
se trouve pas un siècle où L'on n'ait fait
de la Bible une version de plus. On re-
marque, sous ce rapport, des époques
de langueur, d'indifférence et mêane d'in-
terdiction : l'état imparfait des langues ,
l'ignorance générale, la grossièreté des
mœur8,d'autresraisonsencore,expliquent
cette disposition des esprits; mais jamais
on n'a manqué, quand il a été question
d'agir fortement sur les hommes, de re-
commander les saintes études. Tous les
docteurs du moyen-age, qui ont vu la dé-
cadence de la foi dans celle des mœurs ,
ont vu aussi que la parole divine pouvait
seule ranimer dans l'ame le culte intérieur
que ne peut remplacer nul autre. Au xv*
siècle Gérard-le-Grand fonda une congré-
gation spéciale pour l'étude de la Bible et
la multiplication des exemplaires ou des
copies de ce saint code. L'imprimerie
fournil enfin un moyen plus économique
de le reproduire, et, depuis ce moment,
il a pu être donné à l'homme du peuple
comme à l'homme du sanctuaire. On a
pu le mettre jusque dans les mains de
l'enfance, et la Bible, ce grand monument
de science religieuse et morale, a souvent
été le premier livre d'étude de nos écoles*^.
(*) Ce fait n'est exact qoe par rapport anx
prole.Htans : TÉglise catholique a presque con»-
tamment éloigné des fidèles les versions de la
Bible eu langue valgnire, et des bons esprits,
dam les deux coromanious chrétiennes, ont mis
en question Tatilité de la lecture de l'Ancien-
Testament dans son ensemble par les enfans ou
Encyclop, d, G. d, M. Tome III.
Le prix nécessairement élevé d*an yo~
lume si considérable a été quelque lemps
un obstacle à sa propagation générale.
Bientôt des hommes pieux conçurent le
projet de le mettre à la portée de toutes
les fortunes, et celui de le donner gratui-
tement à l'indigent. Le baron de Can-
stein illustra son nom par la fondation
que, dans ce but, il joignit à la maison
des orphelins de Halle {voy, le mot
Canstkiw). Un projet plus vaste, un pro- '
jet gigantesque, celui de donner la parole
de Dieu à toin les peuples de la terre
comme code de morale, de religion et de
civilisation, fut conçu en 1804 par quel-
ques-uns des hommes d'état les plus dis*
tingués de l'Angleterre. L'exécution de
cette œuvre fut aussitôt commencée de
la manière la plus brillante. Présidée par
lord Teignmouth, ancien gouverneur gé-
néral des Indes, la Société biblique bri-
tannique et étrangère provoqua dans le
monde entier l'organisation de sociétés
auxiliaires, et distribua dans l'espace de
30 ans 4 millions d'exemplaires du code
sacré. Des contradicteurs, quelques mem-
bres de la société anglaise pour la pro-
pagation des connaissances chrétiennes
et plusieurs membres de l'épiscopat an->
glican ont combattu cette œuvre; quel-
ques membres de l'épiscopat catholique
et le chef de cet épiscopat ont aussi
pensé un instant qu'il était peu sage de
prodiguer, pour ainsi dire, les textes de
la révélation et de donner à l'homme en-
core plongé dans la barbarie ou à l'homme
du peuple la collection complète de livres
appartenant à des siècles si divers, offrant
aux savans mêmes des difficultés si
grandes et ayant quelquefois donné lieu
à des interprétations si déplorables (Bulle
pontificale de 1816, provoquée par l'ar-
chevêque de Gnesen). Quelques gouver-
nemens, celui d'Autriche entre autres ,
se sont opposés aussi à l'établissement
dans leurs éuts (1817) de sociétés auxi-
liaires de celle d'Angleterre; mais c'est
à peine si l'on s*est aperçu de ces inci-
dens dans^ le développement général de
l'association britannique et de ses pieuses
profusions auxquelles se sont joints des
hommes de toutes les communions (So«
par les adultes dénués de tonte culture intelleo-
tuelle. J. H. S.
30
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(4M)
BIB
iiélés UbU^HMi d« Rmki; mdiéU Irtbli.
^e dirigét par los frèr«9 Vaa Ess, pré->
trtt oalhoUques).
Une oMivre si grainl^, continuée avee
toute U persévérance du caractère an-»
gUii, aura nécessairement des résultats
immentesi car il y a, dans la Bible, plus
^'un code de civilisadon. Elle-même
prétend à un rang plus élevé; elle se dit la
parole de Dieu , ou du moins le fruit de
Tinspiration de Dieu, si la parole est de
rhomme. De Moïse à saint Jean c'est ,
dans tous ses textes, la même affirma-
tion. Elle fut jadis prise à la lettre. On
pensa qtle lès mots mêmes étaient de
Dieu, et- c*est pour cela qu'on trouva si
•ublime le langage des textes sacrés. Le
progrès des études philologiques et phU
losophiques a fait reconnaître que l'af-
firmation était outrée et se nuisait par
ton exagération même; que, sous le rap-
port du style, le texte hébreu, seul mo-
nument des temps classiques de cette lan-
gue, était sans doute ciassique; mais que
telui des textes grecs ne Tétait point et
ne pouvait pas l'être : on en a conclu que
la pensée seule et non sa forme était d'in-
tpiration divine. De ce progrès, quelques
^ri vains des derniers siècles et de notre
temps, les uns ennemis du christianisme,
les autres sans hostilité pour ses doctri-
nes, ont pris texte pour aller encore
plus loin et pour affirmer, que dans la
Bible, la pensée n'est pas plus inspirée
que la parole; que, sans doute, le code
des juifs et des chrétiens n'est pas un li<
vre comme un au^re, mab qu'après tout
c'est une oeuvre humaine. On ne s'est pas
arrêté là. On a attaqué l'authenticité de
plusieurs parties de cette collection , la
eanonicUé de quelques antres, la pureté
des textes de celles-ci, Yêntéffnté de
eelles-là. Il en est qu'oti a décomposées
ou plutAt déchirée en une foule de
fragmens qui auraient été joints les uns
aux autres par la fraude, l'ignorance ou
le hasard. Ce n'est pas tout : on a argué
les livres sacrés de contradiction entre
eux, d'erreurs d'histoire, de chronologie,
de généalogie, de géographie, d'astrono-
mie, d'histoire naturelle; on a cru y dé-
cou vrir des principes contraires à la bonne
morale et à La saine philosophie. Mais
les apologistes n'ont pas manqué à la Bi-
ble, 61 i^t fcHaft nn tolnm* ponr artlq»-
1er les attaques dont elle a été Fobjet, il
en faudrait plusieurs pour résumer la
défense qu'on leur a opposée. Il suffit dé
dire que la Bible est sortie victorieuse
du combat; que, sous He rapport de
l'authenticité et de la pureté de ses textes,
elle s'est placée | dans les discussions,
au-dessus de tons les livres religieux da
monde ancien; que, sons le rapport de
l'exactitude des faits, elle s'est mise non-»
seulement au-dessus de tous les ouvrages
d'histpire de l'Orient, mais à côté des
écrivains grecs et romains qui inspirent
le plus de confiance. Sans doute la criti*
que sacrée a reconnu qu'au Pentateuque
de Moïse, par exemple, il a été joint quel-
ques fragmens qui ne sont pas de la
main de ce législateur, le récit de sa
mort et plusieurs autres pièces; malt
pour être de plusieurs mains, le Penta-
teuque ne perd rien de son caractère.
Sans doute aussi la critique a remarqué
quelques difficultés de géographie et de
chronologie qui demandent une étude
approfondie; mais les écrits d'Hérodote
et de Tite-Live sont-ils rejetés, sont-ils
seulement contestés à leurs auteurs par
la raison qu'on y trouve des difficultés,
des erreurs ou même des fables ? Plus la
Bible a été attaquée, examinée, compa-
rée avec science et gravité, plus sa haute
supériorité sur tout autre livre de reli-
gion a été reconnue, proclamée. L'a-
pologie n'a pas même dédaigné d'oppo-
ser de ses raisons aux épigrammes , aux
plaisanteries, aux injures; et, s'il faut
citer un exemple, nous dirons que, pour
réfuter un homme de génie du dernier
siècle qui s'est joué de sa foi et de celle
des autres, dans sa Bible expliquée par
quelques aumôniers du roi de Prusse,
il n'a fallu qu*nn homme d'esprit, de sens
droit , l'auteur des Lettres de quelques
J ut/s portugais (vqjr, au mot GoEKis).
La critique a distingué avec raison entra
les diverses parties de la Bible , entre les
livres de la première série, ceux de la
seconde et ceux de la troisième. PTétait-
il donc pas entendu que l'ancien code
renfermait l'ancienne religion, et le nou-
veau code , Ir nouvelle ? Si le déisme a
fait confusion, l'église a distingué. Elle
l'avait toujours (kit : elle avait toiiyoara
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^BIB
ék <ttle Wû^ ftTiiit nqa une |iTeni)ère
ré?élalioA et que Jésus-Christ tn avait
apporté une seconde. C'est ce que le
Kouveau-Testament avait proclamé à la
naissance même de la nouvelle religion ;
et telle estrévidence de cette vérité qu'on
ferait disparaître tous les livres de la
Jpremière et de la seconde série sans que
le ehristianisrae en reçût la moindre at-
teinte. Cependant cette distinction , si
importante qu'elle soit, n'a nullement
pour but de désavouer une partie quel-
conque de la collection biblique. Telle
qu*eile est, elle offre un si bel ensemble
de faits politiques, religieux et moraux ,
de principes dWdre, de raison et de
bonheur, d'élémeos d'instruction et de
moyens de salut, qu'il y aurait de la part
du genre humain une sorte de folie à
répudier une portion -quelconque de cet
héritage , à ne pas se glorifier de toutes
ces communications providencIelles,à ne
pas s'enorgueillir de Tancienne comme
de la nouvelle alliance dont la Bible
donne les ducumens. Qui ne connaîtrait
que la Bible pourrait se demander si ,
dans ses textes et dans ses doctrines, se
manifestent bien réellement tous les si-
gnes d*une révélation divine? Mais qui-
conque a pu comparer avec la Bible des
Juifs et des chrétiens les livres religieux
des autres peuples a reconnu que si ,
quelque part. Dieu a parlé aux hommes,
ce n'a pu être qu'aux' hommes qui seuls
ont su parler dignement de Dieu.
Mais nous le sentons à notre tour,
pour parler dignement d'un livre inspi-
ré il faudrait avoir participé à celte in-
spiration même. Pourquoi, au surplus,
faire l'éloge d'un livre qui porte en lui
tous les caractères de puissance et de
perpétuité, qui s'est fait une destinée si
grande, auquel est réiervée une plus
grande destinée encore; qui s'est an-
noncé à juste titre comme preinière et
dernière révélation de Dieu à l'homme?
Foy, les mots Inspiration, RéviiLA-
TioN, Évangile, Testament, etc. Mr.
BIBLIA PAUPERUM , bible à bon
marc/lé. Avant l'invention de l'impri-
tnerie,iUn exemplaire complet delà Bible
était une chose très précieuse qu'on ne
se procurait qu'au prix de mille florins
d*or; les riches seuls pouvaient donc y
prétendre. Cependant, pour rtfidrt Vt^
crilure-Sainte accessible à eeux qui ne
l'étaient pas (mais à condition sans doute
qu'ils appartinssent toujours à la cléri-
cature), on grava sur le bois les princi-
paux sujets de l'Ancien et du Nouvean"»
Testament, avec une courte explication
en latin au bas, et l'on fit ainsi en Aile**
magne nne iHiition, petit in-folio, qui
compte aujourd'hui parmi les curiositée
bibliographiques etqui était pent-étre l'un
des premiers essais faits dans la xylogra*
phie(vo/. ce mot). Outre l'édition avec
le texte en latin, on en fit une avee le
texte en allemand dont les exemplaires
portent le millésime de 1470. Les es-
tampes sont, suivant Lessing, l'imita*
tion des peintures sur verre qu'on voyait
autrefois dans l'église du couvent de
Herschau. On achète très cher aujour*
d'hui les exemplaires de la Bihlia uatt^
peruin qui se présentent dans les ventes;
le duc de Devonshire en a acquis un en
1 81 5 , à l'enchère d'Edwards, et l'a payé
201 liv. st. Voiir Ebert All^. Inblto^r.
Lexikon, 1. 1, p. 191. J.H.S.
BIBLIOGRAPHIE 9 mot qui dési^
gnait primilivement la profession de co<*
pier des livres, de ypa^îtv et j5i6/.to». Dans
son acception plus récente la bibliogra-*
phie, appelée aussi quelquefois hibliogno^
sie et bibliolo^ie, est la connaissance des
livres, tant sous le rapport de leur con*
tenu c|ue sous celui de la forme sous !«•••
quelle ils se produisent. En conséquence
on peut la diviser en scientifique et en
matérielle. La bibliographie scientifique
n'envisage les livres que sous le rapport
de leur contenu, et le bud qu'elle se pro*
pose alors, dans les notices auxquelles elle
donne lieu ou dans les jugemens qui éma-^
nent d'elle , est de familiariser les savans
avec tous les principaux ouvrages de la
branche quils cultivent. Les bibliogrS'-
phies de ce genre sont ordinairement ré<^
digées sous une forme systématique. Ls
bibliographie mafértelle tient note de
toutes les circonstances qui se rattachent
à un livre et à son auteur, à Timpressioni
aux gravures, aux éditions, etc.
La bibliographie est une science dont
le développement dépend, d'une part, de
la justesse des principes suivis par ceUt
I qui la cultivent, et, de l'autre, des drcott^
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Bll»^
(468)
BIB
•tances plus ou moins faYorables oh ils se
trouvent à cet égard. Si la France n*est pas
son berceau , elle est le pays dans lequel
cette science s*est exercée avec le plus de
suc4:ès. D*un côté Texcessive richesse des
bibliothèques publiques, dont les collec-
tions s'accroissent journellement et dont
la jouissance est si libéralement offerte
aux sa vans; le nombre considérable de
grandes collections particulières; enfin
le commerce de livres anciens et nou-
veaux le plus animé, y présentent des
avantagea extraordinaires; et, d'im autre
c6té, l'esprit pratique de la nation recon-
naît dans les travaux des bibliographes
un moyen de satisfaire convenablement
un besoin essentiel. C'est ainsi qu'après
la Bibliographie instructive de G. F. de
Bure(l763-1768,7vol.in-8%le^a/itf<?/
du libraire et de l'amateur de livres de
Bruoet (3*' éd., Paris, 1 830, 4 vol. in-8%
a été le premier ouvrage un peu remar-
quable qui ait compris sous une forme
alphabétique la littérature la plus pré-
cieuse de tous les temps et de tous les
peuples; que Barbier, dans son Die-
ùonnaire des ouvrages anonymes et
pseudonymes y a offert à la curiosité des
amateurs le premier travail positif et sa-
tisfaisant sur cette matière ; que le Co-
talogue d'un amateur de M. Renouard
a été quelque temps pour tous les ama-
teurs de collections le seul code d'a-
près lequel ils se guidaient ; et que la £i-
bliographie de la France^ ou Journal de
la Librairie de M. Beuchot, fournit de-
puis 1811 la preuve incontestable de
l'accroissement annuel de la littérature.
Ces travaux importans nous dispensent
de citer les ouvrages non moins recom-
mandables de Peignot, de Petit-Radel,
les Aldines [yoy.) de M. Renouard etc.
La bibliographie anglaise ne peut se
vanter que d'un seul de ces avantages, de
la richesse des collections publiques et
particulières. Mais outre que leur usage
est ou très restreint ou entièrement dé-
fendu, un goût quelquefois bizarre, la
passion exclusive des curiosités, et un as-
sujétissement trop complet aux caprices
de la bibliomanie du jour, ont rarement
permis aux bibliographes anglais d'arri-
ver à une certaine indépendance et à une
activité vraiment utile à cette science. Les
deux seuls ouvrages bibliograpliiqiies de
quelque importance publiés par eux, ce-
lui de Adam Clarke ( A BibUographiad
Dictionary, Londres, 1803, 8 vol. în-13
avec le supplément intitulé JTte Biblio^
graphitai Miscellany^ 2 vol. in-12,
1806), et de Robert Watt {Bibliotheca
britannica, 1819,4 vol. bi-4^) sont des
compilations entièrement manquées. Le»
collections de Beloe [Anecdotes oflite--
rature t 1807, 6 vol. in-8**), Brydge
Egerton (British bibliographer, 1818, 4
vol.; Censura Literaria, 1805), de Savage
(The Librarian, 1808), et d'autres, sont
dépourvues de choix et souvent aussi de
solidité. L'ouvrage de Ottley (History of
engraving, 1816, 3 vol. in-4^) et celui
de Singer (Researches into the history
qf playing cards , 1816, in-4^), man-
quent de toute critique; et, à moins de
se laisser éblouir par l'impression, le pa-
pier et les gravures des ouvrages de Dib-
din ( Typographical antiqu'ities , 1 8 1 0 ;
Bibliotheca spenceriana, 1814, 4 vol. .
in-r8^; Bibliographical Decameron ,
1817, 3 vol. in-8**; Tour in France and
Germany, 1821, 8 vol. in-8^), on ne
peut s'empêcher de reconnaître le peu
de solidité et de goût d'un auteur dont le
principal mérite est l'activité avec la-
quelle il cherche à satisfaire les caprices
des riches bibliomanes de sa nation. Ce-
pendant on reconnaît un véritable pro-
grès dans Touvrage de Lowndes, the £i^
bliographers Manual^ 4 vol. in-8^ dont
la dernière livraison a paru en 1833.
Les savans de T Allemagne, peu sou-
tenus par les bibliothèques publiques et
presque toujours privés de collections
particulières, n'ont cherché a donner de
l'élan à la bibliographie que pour venir
au secours de la science, pour laquelle
la connaissance exacte des livres est un
besoin journalier. Ërsch, savant estima*
ble et Iflîborieux, doit être regardé comme
le créateur de la nouvelle bibliographie
allemande, tant par won Allgeineines Re-
pertorium der Litteratur (179Z~tS09)y
l'ouvrage le plus complet dans son genre,
que par son Handbuch der deutschen
Litteratur. (3* édit. Leipzig, 1833 et
suivantes et non encore achevée, 4 vol.
in-8^). La bibliographie allemande est
surtout riche en systèmes ou catalogues
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BIB ( 469 ) BIB
et Tétude ment des écrivains français da xrm^ et
pour les sciences spéciales ^
approfondie des anciens auteurs fprecs et
latins, ainsi que la connaissance des an-
ciens imprimés , nous \ient surtout de
FAIIeroagne ( voir l'article Biblioma-
HiE, note). M. Ebert fit le premier essai
notable d'un ouvrage bibliographique
général , dans son excellent dictionnaire
Mlgemeines bibliographisches Lexicon
(Leipzig, 1 82 1-30, 3 vol. iD-4<>}; c'est un
ouvrage qui fait autorité et qui mériterait
d'être plus connu en France qu'il ne l'est
encore. Le même savant bibliothécaire a
inséré dans le journal Hermès (N** X),
une Critique de l'ensemble de la bibiio-
graphie récente de V Allemagne.
La bibliographie italienne n'est plus
aujourd'hui ce qu'elle était du temps des
Mazzucchelli, des-Audiffredi et des Tira-
boschL II règne une étonnante tiédeur
dans presque'toutes les bibliothèques pu-
bliques ; les collections particulières de-
viennent de plus en plus rares, et celles
si précieuses des comtes CassanojSerra et
de Meizi, à Naples et à Milan, viennent
tout récemment d'être vendues pour être
transportées en Angleterre où tout va
s'engloutir. Les Italiens se sont surtout
occupés de bibliographies provinciales,
comme le prouvent la Bibliografia ragio-
nata délia Toscana (1805), de Moreni;
les Série de* testi (Venise, 1828, in-4*')
et les Série degU scritti impressi in dia-
letto veneziafio (Venise^ 1832, in-16),
de Gamba; et la CoUeziqne délie opère
m tUaletto napoletano ( 3 vol. , Naples,
1836), publiée par G. di Simone.
Les Hollandais, les Espagnols et les
Portugais n'ont presque rien fait pour la
bibliographie dans ces derniers temps ;
mais la Littérature polonaise (1814),
du savant Bentkowsld , mérite les plus
grands éloges. M. Sopikof a publié à Pé-
tersboui^ une Bibliographie russe, 5 v.
in-8*( 1813-21 ).Le comte Zechenyi publia
à Pesth, de 1799 à 1807, un très bon
catalogue de tous les ouvrages hongrois.
Enfin nous citerons encore d'une ma-
nière spéciale, outre le Afanuelde M.Bru-
Bet avec ses supplémens publiés en 1 834,
et La France littéraire ou Dictionnaire
bibliographique, par M. J.-M. Quérard
(tom.I-Vy Paris, 1828-34, encoreincom-
plet); ouvrage qui s'occupe principale-
du xix^ siècle, les ouvrages suîvans :
Nœsselt , Connaissance des meilleurs
owrages généraux de théologie ( 4*
édit., Leipzig, 1799, continué par Si^
mon, Leipzig, 1813); Westphal, Con^
naissance des livres de jurisprudence
(3^ édition , Leipzig, 1791); Bridgmao,
Légal bibliography ^ et Camus, Let*
très sur la profession d'avocat et bi-
bliothèque choisie des livres de droit
(nouvelle édition par M. Dupin, Paris »
1832, 2 vol.); Burdach, Littérature de
la médecine (2 vol.. Gotha, ISiO);
Plouccpiet, Literatura medica (4 vol.,
Tubingue, 1808, in-4^); Adamson, Tke
life of Camoëns (Lond., 2 vol. in-8^,
1820); Meusel, BibUotheca historica
(Leipzig, 1782-1804, 11 parties en 22
vol. non terminés); le même. Littérature
de la statistique ( 2 vol., Leipzig, 1816);
Murhard, Littérature des sciences ma^
thématiques {^ vol., Leipzig, 1797, sqq.);
La Lande, Bibliographie astronomie'
que ( Paris, 1803, in-4*') ; Weber, Ma-
nuel de la bibliographie des sciences
économiques{Z vol., Berlin, 1 803 -1810);
Young, Catalogue of works relaiing lo
natural philosophy and the meehanical
arts, dans l'ouvrage Lectures on natured
philosophy; Bœhmer, BibUotheca scrip-
torum historiœnaturalis (7 vol., Leipzig,
1786-99); Alb.Haller,-5i*/«>^^ca/^l»-
nica (2 vol., Zurich, 1771 , \U'4?),anato-
m/cfl (2 vol.. Zut., 1 774, in-4*'); oA<ni/]grfr-
ca (2 vol., Berne, 1774, in-4*') et me-
dicinœ practicœ (4 vol., Berne, 1776 et
suiv., in-4**), etc.; Boucher de la Riohar-
àev\t,Bibliothèqueuniverselledesvoxar
ges ou Notice complète et raisonnée de
tous les voyages anciens et modernes
dans les quatre parties du monde, tant
en langue française qu'en langues étran-
gères (Paris, 6 forts vol. in-8**, 1808).
Des caulogues de bibliothèques re-
marquable» par leur richesse dans dif-
férentes branches de la littérature s«nt
quelquefois, lorsqu'ils se trouvent com-
posés avec soin, d'une très grande utilité.
Tels sont les catalogues de la bibliothè-
que bodléîenne, du Musée britannique,
d'Edimbourg, hariéïenne et le Cataiogus
bibliothecœ historiée naturalis /psephi
Banks {voy. l'art. Catalogue).
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(470)
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IfcMM «vont 4éjà ntotio^né la Jour^
nmldela librairie: parmi les autres jour-
naux , les deux suivans foiiilé:^ il y a 30
aos par la librairie TreuUel cl AVûrU
et qui, loujoui*» continués depuis celte
éfMque, forment une véritable Bihlio-
tJèèifue fie Ih iidêmture française et
éUangèrCi «néritenl d>lre cités :/o«r-
nalfiétwiml (ie ia littéraêure de FrancCf
om Indicateur bibliofp^phiqfte et rai-
tonmé des iii^its nouveaux çn tous een^
reey tic, f fui paraissent en France, cùu-
tés par ordre de matières, etc., Paris,
tl9%^tSMi ti Journal f^ênéraltie lalù"
térattue étrangère ou Indicateur hihlio^
graphique^ elc., Paria, 1800-1830 (Ces
deux journaux 6oi été réunis en 1831).
Enfin des ouvrages consacrés à la science
bibliographie ne elle-même et à la ma-
aièredonl elle doit être cultivée sont Ein^
teiium^ in die Bûcher kunde, de lal^bé
Denis (a*' éd., Vienne, 1795, 2 v. itt4");
Cours Ae bibliographie , par Achard
(8 voL, Marseille, 1807); I/iùvductioH
tù the study of biblio^raphjn, de Tk. Hai^
twell'Hor»e(a vod* in-8'', London, 1 8 1 4);
tt Dietii^nmtire raisonné de bibUologie,
de Gabriel PeÎ9Dot(d vol^Paris, 1802-4).
Uacoatimoent les i>olions|;énérales ei bis-
lonques indispensables au bibliographe*
Nous arrivons à la biblîograpbie lu^-
lériflW à laquelle on a donné quelqqeCoiti
d* préférence le imm» de biblioffraf^/ii^.
Elle ooilsidère les livres sous le rapport
de leurs qualités extéi^eures^ de leurs des-
tinée» {htdtent Mia fnUi iibelU] plus ou
ttôim reoMMrquaMes^ et d*auU*es circon-
it«*og« hiÉkNrt^ttes. C'est surtout ^
Fnmce et en Angleterre que cette par-
tie de la aoience d^ bibiioj^rapbe s'est
pcrfootfonDéek La biWiogi'aphie n^alé-
vSeUe {"^ny^ aussi Tart^ Bibl^ovanu;} a
difPbemca brancbes : la eoAnaUsance des
aêf^lHil îihprim es (éditions i nouoeblfis,QU,
^aifd \\ S'àgii d'jittleurS'eiassiqiieB, édi-
lfibn»/9^oi)»r#)»poiir larpielle^^ coosul-
leva aeeo le pi as d'avaoïage le travail
iMidamenlal de Panacr, 4/males tfpo-
grapArei (ii vol., m^À^^ Nuiemberg,
irM.1803),qui arrive jusqu'en 1636,
et nwqMst il fa«it joindre les Annales ty-
pogmpkici édt artis invent*o ori^tne de
Maittaîre { 1 1 v«4., in^^ U Haye, 17(9-
1789), qui CMUienMot ^ que les
simplta titret dee oDTragea^ et le Ae«
pertorium biblio^raphicum de Hain (î
vol.,Sluttgard, 1826-31). Le Diction^
naire bibliograpbifjue du xv® siècle,
par Serna Sanlander (Bruxelles, 1805,
3 vol. ) ; le Catalogus codicum sttc
XV inipreysor. bHUoikccœ AJa^Uube^
c/iianœ ( 3 voL in-fol., Florence, 1793),
et beaucoup d'antres, donnent les descrip-
tions tiès détaillées de plusieurs ancienf
imprimés. La connaissance des livres raréa
est, à cause des tâlonnemcns auxqueU
souvent on est réduit et dea chancea
d'erreur auxquelles on est exppsé, piuf
difficile qu'on ne le pense ordinairement,
et tourne malheureusement le plus siH^
vent en un verbiage superficiel et en dea
assertions tout arbitraires. Mais un #u<*
vrage curieux dans ce fsenre est la JBh
bUothèque protypnigrajtàiquf ou librui"
ries des fils du rai Jean , de M. Barroia
(Paris, 1830, in -4^, chea Treuttel el
Wûrta). Le Catalogus historien çritic^s
lib^vfutn rarùtrum , de J, Vogt ( Frano^
fort et Leipiig, 1793), et U Bikiistheca
Ubrorum rasiorum universalis , de J.-J.
Bauer (12 vol., Nuremberg, 1770-9t)
ont plutôt servi à présenter c^te scÂenoe
sous un faux jour «^'à H ptppager« le
Bibliothèque curieuse ou Cautlçigue
raisonné des litves rares de Pavid Clé-
ment (9 vol,, io^^, G<euir»gMe, 1750-
00 ) est bien préférable à ^a ouvrages,
mais n'est p^s achevée («Ile ne va que
jusqu'à k lettre I). Enfia ^ou^elterttM
eiM^ore 1^ DictionsMireMibliographiqufi
historique ei critique des Mi^s imres,
précieux f singuliers, cjurie^»^ estimés
et reckepchés^ sçit iufprimiésy soit m»-
r^seritSf at^c dourt valeur t par Tabbé
DmcIop , avec un supplément par Bmiiei,
Paris, 1790-180», 4 vol, in^^
On pourrait aussi placer iei leaoaulo-
gues des livres prohibés par i'ffgliao ro-
maine (indices kbrorum firokibitorum
et cxpurf$ardorum) y ^elqitefoÎB aasez
intéressons; et dans ce ^nire nous nue»-
Uonn^rons le Di^osmaise oritàpte et
bibliographique des princépaust livres
eomlamnés au feu , suppri/nés ou cem»
sures p par G. PeigfioC, Paris, 1806, 2
vol. in- 8^, et le Thésaurus bibliogn*^
pidcus ex i/9dûP9bitâ Ubrorum prcJubiiD-^
ntm eon^stmt, Dfesd«| 174a.n-^Ootee
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B» (471)
U lonrdt 0Dni|ii1«tioii» nulltmeot hiblio-
grapbiqne^ de Yinoent Piaccius : Thea-
trum cuionymor. ei pseudon* CDTtsde^
1708, avec les tupplémeos de Myllut,
HamboMrg, 1740 et «uiv.), le Diction^
nairç des ouvrages anonymes et pseu"
donymes, de BarUler (4 vol., 2* édit,
(àris, 1826-38 ji quoiqu'il necontieiiDe
que les auteurs latios et frao^is» est un
ouvrage reconunandable par son exacti-
tude et la sagesse de sa concision , et sert
utilement à œux qui Tculent parvenir à
la découvertedes auteurs d'ouvrages ano-
Ojrmes ou pseudonymes. Çofinil existe en»
(x»re beaucoup de collections mélangées ^
de descriptions de livres rares, et entre
autres le Catahgue des livres imprimés
sur véiin de Us bibliothèque du roi, de
M. Van Praet {% vol. in-8<>. Paru, 1322);
le Catalogue des livres imprimés sur
vélin à» tout«s les autres bibliothèques
françaises et étrangères, > du même au-
teur(4 vpl. in-8^,Paris, 1822); lescolleo»
lions de F.-G. Freytag, AnaUcta litten
(]Ups.»l l^O^yoUïy&'^î^Àpparatuf litte^
ratus (3 vol, Lips*! 1762); Na4;^nchten
von seltenen und merkwikrdigen BU^
chçrn ( 1" partie, Gotha, 1776); et de
I>enis, MeràtvurdigAeiten der QareUi-
schen BibUotbek (Vienne, 1 780, in-4<^),
lies sources les plus importantes po«r
la bibliograpbieiiQnt les j^urnajax surtout
littéraires, les notices nécrologiques, les
catalogues de venie annotés, dont nous
parierons à Tarticle CÀTALOotJB, en ne
citi^ ici parmâ les plus récens qse cebii
de 9oulani el ceUi du savant théologien
de Strasbourg, {bfTner (Strasb.> 18a2>
a foL in-«'').
^ Enfin, il noua resterait k parler des
aystèmes bibUographiqiie^ ou de W divi<
sion des bibliothèques; niais nous rea-
iroyons W leeteur pour cette matière à
Fartiole Citàloopx- X. C et J. H» S.
BMMQUTIWNSouscfnpiiMMipU»-
t&t S9W b» nom lniinisé de PhylobibUa
et Litkabiblia (lipr9 de planses et liv^e
pétrifié) 9 quelques anciens aatumUsles
désignaient eertaînes roches calcaires ou
scfaisteosoi à empreinte de végétaux
fossiles , ou simplement diverses roches
teuîUelées , «ficaires, arg»lei»0es ou scbis-
Unaes* Qmn déaeniiBaiâon imfiropre et
fMMff» jMiln% f« M «inl qttft dflt ai»-
briquets scientiequcs , im «mt pla» «n
usage depuis que les sciences^ par suite
de leur marche progressive, se sont (mi
une langue correcte. J. H-*t.
BIBLIOMAMS. C^ mot «ses boih
veau , composé de deux mou gre<«
6i^>4oy et fi«Wa, signifie, il est vrai, k
manie ou la passion des livres , nais on y
attache aujourd'hui une idée secondaire,
qui lui donne un aspect sinon plus élevé,
du moins plus artistique ; tandis que U
bibliophilie f l'amour des livres, indique
un degré inférieur à la manie de faire des
collections de livres. Le vrai bibliomane,
dans l'acception actuelle du mot, Beae
contente pas d'acheter îndistinetemenf
tout ce qui lui vient sous la nain : il pre^
cède d'après certains principes, mais^s'at-
tache cependant, dans le choix de aes
livres, principalement k de» conditîaat
purement accidenteikas et nifllement es%
sentielles} et c'est plULét d'après cet
dernières que d'après leur oootemt
scientifique, ou du moins autant d'après
r«n que d'après l'autre, qu'il règle ordi«
nairemeat ses acquisitions. Ce* dietino^
lions sa rapportent t|uM^ à ck qu'on afH
pell« des collections, tant^ à l'âge dea
livres et aux vicissitudes par où tl^ odt
passé, et ta»t^ seulement à la matière
dont ils aont composés^ Los oollAeC}#ns
qu'on regarde comme complètes r P^rce
qu'elles consistent dans Uie spénialilé qui
excite l'intérât des bibliomane», ou parce
qu'elles sont ooeaposées dans un# cer^
taiue manière qui plaît , au parceqy 'elles
sont sorties d'une impriaoerin célèbre,
sont en partie encore les plus intérefti'
santés et les plus insiruttives. De ce nom^
brc sont les coHeotions des éditions de Kl
Bible, dont la plus complète se trouve à
StuUgard; celles des éditions de certaine
classiques; des Républiques des Ëlxévir;
des méditions iu usum D^lphini tk cum
notis vufiorum;^ des éditions italiennes
citées par la Crusca; des ouvrages impri-
més par les Aides, les Comino de ?»••
doue et les Bedoni ; les éditions de cla»^
siques publiées par Maitlafire, Foulis ,
Barbou, Brindley, Baskerviîte, et celles
publiées a Deux-Ponts et a Strasbourg,
etc. , etc. Autrefois on s*occupait beau-
coup de collections de livres, remar*
quaUjBs par \m évéoeoMBiu qui •'% m-*
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tachaktit (ceHes de Engel et de Sal-
thon , par exemple); de livres défendus
et recherchés pour leurs étonoantes mu-
tilations, etc.; mais aujourd'hui cette
manie est bien moins à Tordre du jour.
On n'en recherche pas moins encore les
livres qni datent de la première époque
de Timprimerie (vojr. Incunables), et
surtout les premières éditions des au-
teurs classiques (edittone^ principes)*.
Mais le plus ordinairement le biblio-
mane, à présent, ne s'occupe que du ma-
tériel des livres. On voit souvent acheter
à des prix incroyables des éditions de
kixe , ornées de planches , d'autres im-
primées en couleur; des exemplaires
avant la lettre ou ornés de miniatures et
de lettres initiales peintes avec recherche;
d'autres encore imprimés sur parche-
min (la plus importante de ces collections
celle de Màc-Carthy fut vendue aux
enchères en 18t5; le catalogue en fut
alors publié par De Bure, 3 vol. in-8^.
Une grande partie des plus belles édi-
tions a été acquise par la Bibliothèque du
roi ; consulter le Catalogue des livres
imprimés survéiin, de la Bibliothèque
du r&i, et cehti des autres bibliothèques,
de Van Praet.) ; ou sur du papier d'une
ftibrioation ou d'une nature nouvelles
( OEuffres du marquis de Filleto, Lon<->
dre», 1786, in-10; VHistoria naturalis
asbesti, de F. £. Bmckman, Brunswick,
1727, in-4**,8urdu pap.tl'asbeste); sur des
papiers de couleur ordinairement bleue
en Italie , rose en Franee, jaune et quel-
quefois, mais plus rarement, verte dans
les anciens (ivres allemands ( voir leur
description dans le Répertoire des biblio-
graphies spéciales de Peîgnot, Paris,
1 81 0) ; ou sur grand papier, c'est-à^ire
•ur un papier muni de très larges mai^
^es que les -vrais bibliomanes détermi-
nent an pouce et à |a ligne; ou bien des
exemplaires imprimés avec des caractè-
(*) On peut prendre pouf guides dans cette
irecherche les ourrages suivans : Harwood, A
vii'9 ofihê varions Ediliont o/tke grtàk and ro-
man Ctas^ict, X775; ôoniet Gamba, DegU Au-
tori classici t sacri e profanl , greci « latinij DU
htioli'ca portatiU t Venise, r7f)l,a vol in-t?, ;
Mo%9, A Manual of datùeal hibti ^graphf , iSaS,
2 vol. In-H°; les catnUtguos d'Enslin, les ouvm-
ge< de Eherl et d'Ei-sih; le Manuel de Schwei-
ger \xïi\ivi\èHandbuch dercfassischen Bibliographie^
Leipz., x83o44« 3 vol. iihS^ (vMraoMÎp. 47o). S.
( 472 ) BIB
res d'or et d'argent ou de Kmte autre
couleur (par exemple, les FaStiNapo-
leonis, Paris, 1804, in-4**, sur véliu
bleu avec des lettres d'or; la Magna,
Charta, London , Whitaker, 1816, dont
trois exemplaires ont été imprimés sur du
parchemin pourpre avec des lettres d'or);
ou enfin des ouvrages dont le texte a été
entièrement gravé sur cuivre ( voir Peî-
gnot, loc, cit.); puis des livres qui ont ap-
partenu à des personnages célèbres, à Na-
poléon , à lord Byron, à sir Walter Scott,
etc. En France et en Angleterre la re-
liure est aussi devenue un grand objet de
luxe pour le bibliomane. On estime sur-
tout les reliures françaises de Derome, de
Padeloup, deSimier, deXhouvenin et de
Bozerian ; en Angleterre celles de Char-
les Lewis et de Roger Payne sont très
recherchées. Entre autres ouvrages de ce
dernier, la bibliothèque de lord Spen-
cer possède un Eschyle, de l'édition de
Glasgow, 1796, dont la seule reliure a
coûté 10 livres sterl. 7 shell. En géné-
ral on a poussé ce genre de prodigalité
à un tel excès à Londres, qu'une ma-
gnifique reliure de Pouvrage biblique de
Macklin ( 4 vol. in-fol. ) y coûte 75 gui-
nées, et qu'on paie 132 livres sterl. celle
de la grande édition de Shakespeare pu-
bliée par Boydell ( 9 vol. avec de gran-
des planches). On fa même quelquefois
jusqu'à orner la tranche des plus jolies
peintures. Souvent on cherche aussi à
rehausser la valeur des reliures par toutes
sortes de singularités. Le libraire Jeffery,
«Londres, par exemple, fit relier l'his-
toire de Jacques H, par Fox, en peau
de renard ( fox-skin), pour faire allusron
au nom de l'auteur; et le fameux biblio-
mane anglais Askew fit , par caprfee , re-
lier un livre dans de la peau humaine.
Dans les anciens temps on relia souvent
des livres dans des feuilles 'de cuivre ,
d'argent et d'or même , qu'on embellis-
sait de gravures et de pierres plus on
moins précieuses. Il fant aussi compter
au nombre des ornemens extérieurs des
livres l'encadrement des pages, au moyen
de lignes, tantôt simples, tantôt doubles,
qu'on y traçait à la plume ( exemplaires
réglés ), ordinairement avec de l'encre
rouge; usage qu'on trouve d'ailleurs éé^
dans les premières impressions, et notaô^
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(473)
BIB
ttient dans celles des Etienne. LSxstge
qu'on avait autrefois d'enluminer les gra»
vures est enlièrement passé de mode , à
moins cependant que les sujets ne Tex igent
expressément, comme par exempte dans
les ouvrages d'histoire naturelle ou qui
traitent de costumes, attendu que les
couleurs empêchent de bien apercevoir
- tout le mérite et la finesse du burin.
Aussi les exemplaires enluromés des gra*
vures sur bois de Durer sontnis moins
estimés que ceux qui ont encore leur
type primitif. Malgré tous les frais d'i-
magination et.de luxe par lesquels les
bibliomanes renchérissaient les uns sur
les autres, il se trouva nn'jotn* que tons
leurs moyens étaient tellement épuisés
qu'on tomba sur cette idée vraiment lu-
mineuse d'enrichir certains tivres avec
des gravures qui édaircissent, il est vrai,
quelquefois le texte, mais qui ne con-
viennent pourtant pas toujours à ces sor-
tes d'ouvrages , pour se procurer des
exemplaires uniques. C'est ainsi que la
maison Longman à Londres offre aux
amateurs une illustrated copy du Bio^
graplitcal diciionary ofali the Engra-
vers y d'ailleurs tout ordinaire, de John
Slmtt (2 vd. in-4^, Londres, 1785-86),
qu'elle a enflée au point d'en faire 37 vol.
grand in-fol. , et pour laquelle elle de-
mande 3,000 livre» sterl.
La bibliothèque du doc de Roxburgh ,
qui fut vendue à Londres en 1813 , con-
serve , parmi toutes les ventes publiques
dant l^uellet se montra l'extravagance
de quelques biMiomanes anglais, un rang
qui ne lui sera jamais contesté. Tout y
monta àd«8 prix presque incroyables. On
se rappelle que la première édition de Boc-
cacc, publiée en 1471 par Valdarf, y fut
adjugée pour la tomme énorme de 3,360
livret, et on fonda en son honneur, l'an-
née suivant «^ on Bihliomamo-Roxburgk-
Club dont lord Spencer est le président^
et qui te réunit tous les ans, le 13 juil-
let, jour anniversaire de la vente du
Boccace, dans la taverne de Saint- Al-
ban.' Cx>mme pendant de ce club ligure
en Ecosse le B allant} ne- Club,
Après ces sociétés opulentes , celle
des bibliophiles de France formée il y
a un, petit nombre d'années et qui ré
d'exenfMrea qu'elle eompCe de
bres, mérite encore d'être citée.
Il serait sans doute inutile de prouveif
davantage que la biblontanie , après avoir
pris son premier développement régulier
en Hotlande, vers la£n du xvii^ siècle »
a maintenant fixé son siège priucipal en
Angleterre , et le rang qu'elle y occupe
ne peut pas plus lui être disputé par let
Français que par les Italiens , et encore
moins par le petit nombre d'amateura
qu'on trouve cependant dant l'Allema-
gne méridionale. Les Anglais joignent à
cela le mérite, assez équivoque d'ailleurs^
d'avoir fait un système det idées les plut
extraordinaires , qui peuvent passer par .
la tête d'un riche amateur, comme on
peut le voir dans la Bibliomania or
Book-Madness (Londres, 1811), et
dans le Bibliographical Decameron de
Th. Frognal Dibdin (3 vol., Ijondres,
1817). CL,
BIBLIOPHILIE , amour des livres,
désigne un goût sage et honorable dont
la bibliomanie est en quelque sorte une
aberration. Un amateur de bons livres
n'est point un bibliomane > car il ne re-
cbercfae les livres ni par caprice, ni par
amour du luxe, ni par tout autre travers;
mais pour avoir sous la main une collec-
tion plus ou moins nombreuse de livres
instmclifs et propres à l'aider dans ses
études ou dans ses travaux de composi-
tion. Y.
BfBLIOPOLES, vojr, Libeaiees.
BIBLIOTAPHES j gens qui enfouis-
sent (BépKxoa) les livres rares et curieux
qu'ils possèdent.'
BIBLIOTHÉCAIRE, nom donné à
celui qui est préposé a la garde et à la
conservation d'une bibliothèque (vqy.
ce mot). Il est peu d'emplois (et peut*
être n'en est>il^pas) qui demandent des
connaissances aussi étendues. Un boa
bibliothécaire doit avoir étudié les lan<-
gues anciennes et modernes, l'histoire
littéraire de toutes les nations, tout ce
qui est relatif à l'art typographique, pour
pouvoir distinguer Tâge des livres du
XV* ou des premiers temps du xvi* siè-
cle, qui souvent ont été imprimés sans
date, ou avec une fausse date; la biblio-
graphie ou la connaissance des livres; la
imprime det ouvrages rares ^ autant I paléographie pour pouvoir lire les écri-
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(4T4)
I âge* «rtfi hên «bv^
viations et faire le cUsseineat des na*
ïrascrits; la namitmatique ou la science
des médailles et des monDaies qui peu-
vent servir à la comparaiaon des carac-
tères et à Éxer Tige des œaniisiariu; et
lesdiTeresystèmesbibliofrapyqueSypour
nndre rfiisoB de la préférence donnée à
oelai qu'on a trouvé éubli, oa pour
montrer Tulilité des changemena qu'on
croirait utile d'introduire.
On voit dans le code tbéodosien (ehap.
xxrr, tit. 9), ainsi que par des inscrip«-
ttons sépnkrnies plus andenoes et citées
par Gruter (pag. 576-684) que, cbes lés
• Homaios, l'emploi de bibHotliécaire était
vme fonction publique, et qne cenu qui
l'exerçaient éuient appelés anù'quaire^.
Un des premiers réglemens concernant
la garde et la consenration des Uttos a
été trouvé dans un manuscrit du ix' siè-
cle. Une règle de l'abbaye de Marftioa«-
Cier,ràpportée p«r D.Martenoe(2#/i7/}lr>j.
Collège., t IX, pag. Ilfi9), voulait que
là bibliothèque de oe monastère ne fût
confiée qa*à des bibliolbécaires aarans,.
chargés de correspondre avec les antres
monastères, pHncipalemeot pour la dé*
oouverte et pour la correoiien des m»^
nuserits.
Dans le moyen^âge la date et Texpé*
tfition des actes de t'autorité royale ap-
partenaient tLUX bibliothécaires; les mê-
mes fonctions leur étaient confiées en
Italie par les papes et par les iUrehové-
quM.
Les grandes briiliéthèques ont un bi»
bliothécaire en chef, ou , comme la Fu^
tienne, un préfet, des sone^blbliotbécai-
ires et de* employés. Or souvent il arrive
Ee les employés sont plus instmks qne
4;hefs, parce qu'ils n'ont pas dé ^urs
modestes fonctions à la protection et à
fa fatenr, mais à leiiirs études et k leurs
IraVaxnt.
Les principales bibliothèques de Paris
Otit ime organisation plus étendue. La bi-
bliothèque du roi a un grand nombre de
conservateurs et un président quinquen-
nal du Conservatoire, avec des employés
de diverses classes. A la bibliothè^e de
r Arsenal on compte un bibliofh^écaireen
chef, un sous-bibliothécaire, quatre con-
servateurs et plusieurs adjoiarta^ |ll«aks
enplôjés. U bibliothèque Maaaiinf m
sous la direction d*un bibUotbécaira ado
ministrateur perpétuel, de six oonserva*-
teurs, de deux >ous*bibliotbécaJres et
d'un économe, plus les employés. La bir
bliolbèque de Sainte-Geneviève a un bir
blioihécaire admimstrateur perpétuel,
quatre oonservateurs, un adjoint « ua
sous-bibliotbécaire, pkis encore les «m^
ployés. On voit qu'il y a dans nos bi-
bliothèques un certain luxe de fonction*'
nairea.
Parmi les bibliothécaires les plus cé^
lèbres 4e l'antiquité nouf citerons Dé^
métrius de Phalère qui fut chargé d'or^
^aaisev la célèbre bibliothèque d'^aan*-
dr}e aoua Ptolomée^Philadelphe, et qui
eut pour sucoesseura Zéoodota, Êratos-
thènea, A|k>Uo9hi0, ete. La» Grecs n'owt
eu aucun bibliothécaire dont le nom soit
venu jusqu'à noua. Cbea lef Aon^ainson
trouva Varron, bibliothécaii^ A^ Jules^
César, le grammairien Lah»us Hygin qui
ftit préposé par Auguste à la garde de la
bîMiatbèqne palatine; Afeliasns élak à la
tête de la bibliothèque Octavienne*
En France, un valetKlew:hambre da
Charlea Y, Gilles Malet, fut, s««s le ti-'
trede maitre 4f la librume duroi, nhat^
gé de la gank de sa petite biUiotbèqHa
dans une des totini du Louvre^ Qnonaît
qu'un de nos premiers bistorievit, Rnfeerl
Gaguin, fut bibAinthécaira de Louis XI >
de ChaHeaVm ei de Louis XXI. GwUlanr
me Budé reçM de Fran^ l*^*^ la iit v« da
biUîptliécnive as ohaf. Parod seasuoona*
senrsnona citerons JaoqMsa Ajn^oft, tmh
dueteur 4a Pkitai^uei le aélèbre bi^l**
rien Jaoques de Tboa, grtmd^mmtam
de la ktèliotkèqme sous Henri IV, le sa--
vaut Pierre du Puy , Jéréma Bignoui Jaa«-r
Paul Bignon «t Sallicr, membM^ de l'A»
oadémîa fran^aîsa et de l'Académie dea
bellea^lettres; l'abbé Boudat« Gapperocir
nier, Yan-Praet, etc. * La Fmaie a en
d'autres bibliothéeaîrea oé&èbreaou di»^
tîngnés; à Paria, Gabriel Kandé, tiblsa^
théeaire du eardinai Mazaràn; iferder,
abbé de Sainlr-Léger, l'abbé Riva, AmeiU
bon, Camus; et de nos joors Aiex.Barbier,
(*) Lff Bîl^liotbèqiM eu ttà m etnpté |iarmi
•es i.*oM««rvaff urt fiàrfhélMvy, I«|ion« Dathnl«
Dacier, Millio, l.anglè« , Legrand d^Aussj, Gail»
Àhel Rémutat ; elle compte encore BfM. SylTCS-
teéé0tSétef, faaiiir<r,'Ba4é^1Lsc#«Éii#,ele,
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BD
(476)
BU
FiDilWCt BendMt, Cbarlat Hbdi«r,BoUe»
BaiUy, Petitp'RadcL Dans les dcparle-
ment te sont fait coonaitre : Tabbé Saas
à Rouen, Laire k Toulouse, Gabriel Pei*
gnot à Vesoul, Deiandioe à Lyon , Weiaa
à Besançon I etc.
La nombre des savans bîblîothéoairee
étrangers esl considérable; les plus connus
•ont: pour T Allemagne, Lambecius Tab-
hé Df nia à Vienne, Eettss à Gaetiingue,
Wilken à Berlin , Ébert à Dresde; pour
ntaK€,Xéon Allatius, les Assemani, fab-
bé Morèllr, Angelo Mai; pour la Suisse,
fiàiner d SéneA>ier, etc., etc.
Aases souvent on a confié le soin dés
bibliotlièques à des littérateurs distin-
gués, qui s'étaient fait un nom par leurs
ouvrages, mais qui se tronvaieni la plu-
part étrangers aux connaissances ^blio^
graphiques : il lallaii récompenser leurs
travaux d'une autre manière; on n'a
peint oublié la nomination du poète Tre-
oeufl à la place de bibKotbécaire*eB chef
de l'Arsenal. Son titre éuk une Ode sur
ht naissance du r&i de Borne, Il est rare
que les meilleurs bibliographes de Fran-
ce (et II y en a eu de très dis6ngués dans
la librairie), aient été nommés bibliotbé-
oaiFes, et c'est pourquoi nés grandes bi-
bliothèques sont éans oalalogues par or-
ëre des matières; et c'est avec quelque
raison ^e Mirabeau disalit s • En Fran-
'««, «a ne regarde pas si la cheviHe va
au trou r oh commence par l'y i*etlre. »
M. Parent a publié (cbns l'an ^X, in-
9*) un Essai sur Ut bibliographie et sur
letuient dui>ibt(othécairr. Martin Schret-
tlrmr afait imprieier (Muniob, 1808,
\n^9*) un éra^é-en ajlemsnd sur les fooe-
tions du bibliothécaire; et nous devons
cHer aussi l'excellent ouvrage du sa-
vant M. Ebert, Bîldung des Bibiioihe^
kar» (l'École du blbUothécaire), Leipz.,
18 tO, In-a*. V-^i.
MBUOTHÈQUll. Cénom est formé
de de» x mots grecs dont le premier, piÇX^ç
ou pe^iov, srgnîfie/iWw, et le second, «hfheij,
dépôt, liev ou l'on place. Ainsi, selon le
sens littéral, bibliothèque veut dire un
lieu destiné à renfermer des livres.
Mais en s'écariant du sens IKtéral, la
collection des livres même a reçu le nom
de bibliothèque; et, par extension en-
ce mom est doft&é k tles recueils
plus eo rnotnt «ontidénblfi, lab q«i
la Bibliotheca sacra, la Bihliotheca pth
trum, la Bibliothèque des auteurs ec^
clésiastiques y la Bibliothèque rabbini"
que , les Bibl:otIièque.s grecque et latine
de Fabricius, la Bibliothèque de Photius^
la Bibliothèque des théâtres ^ des ro^
maas, tles dames, la Bibliothèque chi-
mique, la Pibliotheca hispana, la Bi^-
hliothcque historique de la France, etc.
Un grand nombre de journaux ont été
publiés à Paris, à Genève, à Berlin, et sur
d'autres points à rétranger, sous le titre
de Bibliothèque; et c'est encore le même
titre que plusieurs ordres monastiques
ont sdopté pour la publication des listes
biographiques de leurs écrivaina^
Nous ne nous occuperons peint ici
des divers systèmes bibliographiques,
concernant le classement des livres dans
les bibliothèques [vof. CATai.oovK), ai
des soins qu'il faut prendre pour pré*-
server les livres de rbuasidité, da la
poussière et des vers {voy. Litbxs).
Les bibliothèques sont les réservoirs
de l'esprit àe% uèdes, les dépÀta des lit-
tératures anciennes et modernes, leaar«
chi ves du génie de Tbomme, et aussi celles
de sa faiblesse, de sa folie et de see longs
égaremens.
C'est aux bibliothèques des roomatè*
res, dans les premiers siècles. du cbria-
tianisme, que noM devons la conecrvatieo
de tout cîe qui nous reste des livres de
l'antiquité. Fendant les longues irrup-
(^ Lc« pldf renmrqoables é9 r«i ]ottrn«inc
9ùtïi\t%wah*m»'.Bikiiotkiqu9miéMfmlUàmmtm-
têt» bêllu'l4ttrt9 0t arl*f co|niD«o«:ce «oos le tilr«
ùe Bibliothèque britannique, publiée par Pictef et
Maurice, Genève, r^^iSiS, i4o vol. in-8*, et
continuée som l*aatre «itM Ji«»^!ii eiejoar.—-
Biblicthf^me gtrmuni^uê |iubÛé« pu Le«C»Mt,4e
Beausobre, de Mauclere, Formey, etc. Àmstei^
dam, 1720-40, JQ-J a , et cooliDuée ensuite soos
d*antres tirrrs jtfsqa*en t*jto.^^liibHtitkiquê mni-
mtrmIUmUmundê (w^. Hiooi.*I), Berlla, f«65-
91 , 106 >ol.io-8^. Nous citerons encore la £•-
bliothèquê frecout de Coray^ Pwris, iBo5 et suiv.
in-8**; Bthlioihtqué dêt Voyages , de Spreogel ,
Elirmann ef fiertin-ti, en 1»ng«« aOemMide; Wei-
mar, 1800 juMju^à «-e jour, inA^ , eA U SiMHkê'
ifut unii^erselU des Vojagu {voir pag. 469} de
Boucher de la Kicburderie, Paris, iXo8,6to1.
in -S** ; cbct Treutreî et W&rt«. — Pour dlffc-
ren« autres ouvrages du même noai eoat ren-
voyons le leoleur aa Dtetmnuire kilMfgrapkifiiê
de M. Ebert, et surtout à rexcelleut Dictiot^
nairg enerçtoptdiquê de Plerer, art. (ibmothkk
(fltetfT.). ^ r H. S,
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(476)
BU
tîoBt des barbares qui tmeoèrent la cbate
de l'empire romain , et l'érection des états
modernes sur ses vastes débris , les mo^
nastères étaient seuls respectés dans le
tumulte des armes, dans l'incendie ou le
sac des villes, dans le pillage et la dé-
vastation. Or dans chaque mqnastère se
trouvaient, avec une bibliothèque, des
moines légendaires, chroniqueurs et co-
pistes. Là seulement il n'y avait ni héri-
tage, ni partage, ni dispersion : tout res-
tait, tout était conservé. Sans doute
l'igooraoce générale avait aussi ses ténè-
bres dans les cloîtres : elle a dû faire pé-
rir, par le grattage du vélin, bien des li-
vres où les poètes et les philosophes ont
été métamorphosés en psautiers et en
missels, où l'on aXait d'Horace un père
de l'église, de l'Art d'aimer un rituel, et
de Pétrone un théologien (vojr. Pai.iM-
psestk); mais si les moines ont ainsi
causé la perte ou la mutilation d'un grand
nombre d'ouvrages dont il ne reste plus
que le titre ou des fragmens, il est juste
de reconnaître que tout ce qui nous reste
de l'astiquité, c'est a eux, à eux seuls, que
nooi le devons; et il faut ajouter encore
que, s'ils nous ont conservé la plupart des
historiens de la Grèce et de Aome, iU
ont aussi rédigé les chroniques des pre-
miers siècles iBoderoea, comme celles du
moyen-âge; en sorte que, sans eux, nous
n'aurions p<Mnt d'histoire.
On peut juger de l'étal de la civilisa-
tion d'un peuple, moins par l'étendue et
la magnificence que par le nombre de
ses bibliothèques publiques et particuliè-
tain du progrès des lumières. Or, il serait
impossible de compter dans Paris les ca-
binets-bibliothèques qu'il renferme : le
nombre en est prodigieux; à aucune épo-
que, il ne fut aussi considérable, et sou-
vent H s'en trouve plusieurs dans la même
maison.
Parmi les bibliothèques publiques, les
tmes sont générales, c'est-à-dire qu'elles
embrassent toutes les sciences, et sont,
pour ainsi dire, des encyclopédies de l'es-
prit humain, conâme à Paris la biblio-
thèque Royale, celles de l'Arsenal, du
Panthéon et la bibliothèque Mazarine;
1^ autres sont spéciales , comme celles de
l'Ecole de médecine, du Muséum d'his-
toire naturelle, du Conservatoire dea
arts et métiers, du Conseil des mine% etc.
On pourra consulter les aitidesBisLio-
TH Éc AI as, Liv&Ks, Catalogues, M4HUS-
caiTS, etc., pour connaître tous les dé-
tails de la composition d'une bibliothè-
que; ici nous nous bornerons à donner
le tableau des collections de ce genre
les plus célèbres chez les anciens et cbex
les modernes, dans les diverses parties
du monde.
1^ Les Hébreux. Les plus anciennea
bibliothèques paraissent avoir été celles
des Hébreux. Moïse avait ordonné, dans
le Deutéronome (chap. xxn), de placer
les livres sacrés dans l'arehe du Seigneur.
Les tables de pierre de la loi , où furent
écrits les dix commandemens, étaient
conservées dans cette arche dite d'al^
liance. Le législateur d'Israël fit faire,
selon quelques auteurs, 13 copies de la
Loi qu'il distribua aux 12 tribus, el, se-
lon Maimonide, une treizième copie fut
donnée aux Lévites. Les interprètes ne
s'accordent pas sur la question de savoir
si le volume sacré fut placé dans l'arche
avec les tables de pierre, ou s'il fut dé-
posé dans la plus secrète partie du sanc-
tuaire avec les livres de Moïse, le livre
de Josué et ceux des prophètes. Il était
défendu de lire les livres saints, et même
d'y toucher. Si ce n'était pas le moyen
de les faire connaître, c'éuit du moins
celui de les préserver de l'altération do
texte par les copistes et des variations
des interprètes, qui, dans la suite, de-
vinrent si nombreux, que la seule no-
res. Celles-ci surtout sont un indice cer- menelature de leurs commentaires forme
on gros vol. in-foL , dans la Biblioikeca
sacm da père Lelong*
On dit qu'après le retour de la capti-
vité de Babylone, Esdras et Néhémie
rassemblèrent les livres de Moïse, les li-
vres des Rois et ceux des Prophètes qui
avaient pu échapper au aaccagement dn
temple et de sa bibfiotbèque par les Ba-
byloniens. Mais les auteurs sont loin de
s'accorder sur ce point historique qui a
été long-temps controverié.
Il en est de même du nouveau réta-
blissement de la bibliothèque sacrée,
qu'aurait exécuté Judas Macchabée lors-
que Antiochus en eut brûlé la plus grande
partie, et qu'il eut ordonné par un édit
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BIB
( 47
de mettre à mort tout les Juifs chez qui
seraient trouvés des livres de la Loi
(MaccA., I. I, c I, vers. 69-60). Un
des rabbins qui ont écrit tant de contes
absurdes, Rabbi Benjamin, affirme, dans
la relation de ses voyages, qu'on voyait
de son temps (xii^ siècle) sur les bords
de V£uphrate, dans un lieu qu*îl dési-
fcne, à côté du tombeau du prophète
Ézécbiel, la bibliothèque sauvée de Tan-
cien temple détruit et du temple rebâti
dans Jérusalem; mais Manassez de Grœ-
ningue et d'autres sa vans, dont le témoi-
gnage ne peut être suspect, ayant fait
exprès le voyage de Mésopotamie pour
voir ces antiques monumens, déclarent
n'en avoir trouvé aucun vçstige.
Lorsque l'Évangile du Christ vint
remplacer la loi de Moïse, l'académie
de Jérusalem était composée de 450 sy-
nagogues ou collèges, et chaque synago-
gue avait sa bibliothèque sacrée où les
Juifs allaient lire les saintes Écritures
(Actes, XV, 2i; £p. de S. Luc, IV,
16-17).
Après la ruine de Jérusalem et la des-
truction de son temple par Titus (l'an
70 de notre ère), les Juifs se dispersè-
rent dans le monde sans pouvoir s'y con-
stituer en corps de nation; et depuis
cette époque, leurs rabbins ont écrit une
foule de livres pleins de rêveries, le TaU
mud, des paraphrases, des recueils de
traditions rabbiniques; ils ont des sjFoa-
gogoes, mais ib n'ont plus de bibliothè-
ques. ,
3* L'Egypte, Sa plus ancienne biblio-
thèque fut fondée, selon Diodore de Sici le,
parOsymandias qui vivait 13 siècles avant
notre ère, et qu'on fait contemporain de
Priam. Pierius raconte que cette biblio-
thèque était magnifique, ornée des sta-
tues, de tous les dieux d*Égypte, et que
le roi fondateur fit écrire ces mots sur le
frontispice du monument : Le trésor des
remèdes de rame. Mais ce trésor, contre
l'existence duquel d'ailleurs des doutes
peuvent être élevés, devait être peu con-
sidérable. Les livres n'abondaient pas
dans cas temps reculés qui n'ont point
d'histoire, et les statues des dieux se
trouvaient sans doute en plus grand nom-
bre que les volumes. Ces derniers étaient
tous écrits par des prêtres, car les livres
7 ) BIB
divins attrijbués aux deux Mercures égyp-
tiens ne nous sont connus que par des
titres peut-être menteurs, et les écrits
de Manéthon sont bien postérieurs à la
guerre de Troie.
Memphis eut,quelques siècles plus tard,
une grande bibliothèque qui était placée
dans le temple de Vulcain. S'il fallait en
croire le poète Naucratès, qui fit des
élégies commandées par la £utueuse dou-
leur de la reine Artémise, vers l'an
350 avant J.-C. , Homère aurait trouvé
et volé dans la bibliothèque de Memphis
les poèmes immortels de l'Iliade et de
l'Odyssée, et s'en serait déclaré l'au-
teur.
La plus célèbre de toutes les bibliothè-
ques de l'antiquité fut celle d'Alexan-
drie (voy, ALEXAirnaiE, écoie <f); on
s'accorde généralement à lui donner pour
fondateur Ptolomée-Soter, qui mourut
l'an 285 avant I.-C. Ce prince chargea
Démétrius de Phalère du soin de la for-
mer. Des recherches de livres furent faites
à grands frais chez tous les peuples de la
terre, et, selon saint Épiphane, Démé-
trius réunit une collection de 54,800
volumes. L'historien Josèpbe prétend que
le nombre des volumes recueillis était de
200,000, et que Démétrius se flattait de
l'élever jusqu'à 500,000. Mais Ëusèbe
dit qu'à la mort de Ttolomée-Philadel-
phe, fils et successeur de Soter, la bi-
b^othèque d'Alexandrie ne contenait
pas plus de 100,000 volumes. Philadel-
phe avait fait chercher dans la Perse,
en Ethiopie, à Rome et dans Athènes,
un grand nombre de livres. Il acheta de
Nélée, à des prix exorbitans, une partie
des ouvrages d'Aristote. Il fit traduire en
grec l'Ancien-Testament par 70 inter-
prètes. Ptolomée dit Phiscon (le ventru),
mort l'an 1 1 6 av. J.-C, augmenta, comme
l'avaient fait tous ses prédécesseurs, la
bibliothèque d'Alexandrie. On dit que,
dans une famine qui désolait l'Attique ,
il refusa aux Athéniens le blé qu'ils
achetaient tous les ans en Egypte, jus-
qu'à ce qu'ils lui eussent envoyé, pour
les transcrire, disait-il, les originaux des
tragédies d'Eschyle, de Sophocle et d'Eu-
ripide, et qu'il les garda, en renvoyant
à Athènes les copies qu'il en fit faire, et
en abandonnant d'ailleurs 15 talens qu'il
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(478)
BIB
•rtik êemigttéà pour sûreté du prêt des
•riginaux.
On raconte que la bibliothèque d'A-
lexandrie, incessamment accrue par les
Ptolomées, avait fini par réunir 700,000
Tolumes. Mais ces volumes étaient des
rouleaux qui contenaient peu de choses.
Si un ouvrage était divisé en 30 ou 60
livres; il y avait 80 ou 60 rouleanx, qui
d*ailleurs avaient peu de Snrlace, et 100
de ces rouleaux ani'aient été facilement
compris dans un de nos volumes in-folio ,
car il9 u^étaient ordinairement écrits que
sur le recto. Aussi saint Jean bignale-t-il,
comme livre extraordinaire, un rouleau
qui était écrit dos deux côtés , scriptus
inms et /cris.
On sait que Jules-César, assiégé dans
Alexandrie, fut réduit à brûler la flotte
qui était dans le port, et que Fincendie,
ayant gagné les maisons voisines, se com>
muoiqua au quartier de Bruchion où était
placée la bibtiotb^ue, et qu'elle fut con-
lumée par les flammes. Quelques auteurs
rapportent que 400,000 volumes furent
ieulement brûlés, que 800,000 autres
purent être sauvés, et que, réunis aux
300,000 volumes de la bibliothèque de
Pergame, qui furent donnés par Antoine
k Cléopâtre, ils formèrent la nouvelle bi-
bliothèque du Sérapeîon, qui ne tarda pas
à devenir aussi considérable que Tavait
été celle du Bruchion. Mais elle eut en-
core ses révolutions. Enfin , après avoir
été plusieurs fois pillée et rétablie sous
les empereurs romains, incendiée en
891 dans une émeute à laquelle le culte
deSérapis donna lieu, elle fut détruite,
Tan 650 de Tère chrétienne, sur un or-
dre du khalife Omar. Ainsi périrent à ja-
mais un grand nombre d'auteurs de l'au-
tiquité, et, après tant de siècles, cette
perte est encore déplorable. Cet acte de
fanatisme a été un peu reproduit en Es-
pagne, sous le règne de Ferdinand et
d'Isabelle, lorsque, après l'expulsion des
Maures, le cardinal Xi menés fit brûler,
sur les remparts de Grenade, tous les
exemplaires du Koran et ses nombreux
commentaires, c'est-à-dire plusicui's mil-
liers de manuscrits arabes.
8* Pergatiie» Les rois Eumène et At-
iale, voulant, par une noble émulation,
rivaUaer eu graadeur et eu magoificeûce I
avec les Ptolomées d'Egypte, Ayndèml
une bibliothèque célèbre dans rantii|uiléy
et qui, selon le vieux Pline, contenait
300,000 volumes. Raphaél Yolateran a
prétendu que cette bibliothèque Ait brû-
lée lot*s de la prise de Pergame; mais
Pline et d'autres auteurs assurent que
Marc-Antoine en fit présent à Cléopâtre.
Cependant Strabon dit que, de «ou
temps, c'est-à-dire sons le règne de Ti-
bère, Pergame la conservait encore.
Quelques savans ont pensé qu'on pouvait
concilier les témoignages contradictoires
de Pline et de Strabon, en supposant
qu'Auguste, qui se plaisait à défaire tont
ce qu'Antoine avait fait, rétablit dans
Pergame, après la victoire d'Actinm, qui
lui valut l'empire du monde, la bibliothè-
que que son rival avait fait transporter à
Alexandrie; mais ce n'est là qu'une con-
jecture.
4*^ Grèce. On ne sait rien de certain
sur l'histofre des Grecs avant la guerre
de Thèbes, et cette histoire est encore
obscure et mêlée de fables dans les temps
homériques.
Les Lacédémoniens n'avaient point de
livres. Leur langage, si concis qu'il est de-
venu proverbe sous le nom ^tlaconisme^
rendait pour eux l'écriture superflue, et
leur mémoire suffisait à garder le souve-
nir de ce qu'ils voulaient savoir. Mais les
Athéniens, grands discoureurs, eurent be-
soin de beaucoup éci'ire. Les sciences et
les lettres fleurirent dans l'Attique et bien-
tôt les livres se multiplièrent. Ce fut le ty-
ran Pisistrate qui, selon Yalère-Maximei
fonda dans Athènes la première biblio-
thèque publique. C'était un moyen de
distraire le peuple de la perte de sa li-
berté. La bibliothèque que Pisistrate
avait fondée, et dans laquelle était com-
prise, dit-on, la première collection de
rhapsodies do^t se composent les deux
poèmes d'Homère, s'était considérable-
ment accrue, et d'autres bibliothèques
enrichissaient Athènes, lorsque Xerxès,
s'étant emparé de cette ville, fit, dit-on,
transporter dans la Perse tons les livres
qu'il y trouva. Cependant, quelques siè-
cles après, si l'on en croit AulugelICi
tous ces livres furent rendus aux Athé-
niens par Séleucus Nicator.
Qéarque^ disciple de PUtoa et tjraa
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(479)
BIB
criiéfMlééy M ut pftrdoMiêt $êè cnuniiéB
en fondant nne bibliothèque dans sa ca-
pitale. U j avait, selon Zwingerydans Tile
de Cntdos(ane desCycladetj, nne biblio-
thèque qui, d'après une tradition plus
que donteose, aurait été brèiée par Tor*
drt d'Hippocrate, parce que les insulaires
icoraient refusé de suivre sa doctrine. Ce
Serait, sans contredit, la plus mauvaise
ordonnance de médecin, si celle-ci mé-
ritait quelque créance. Le savant Camé-
rarius cite la bibliothèque d*Apamée
comme l'une des plus célèbres de l'anti-
quité; et, dans son ApoîtoUca vaticana,
Angelo Rocca prétend qu*elle contenait
plus de 30,000 volumes, nombre qu'il
serait permis de croire exagéré, si on ne
savait ce que les anciens entendaient par
volume, ^rmi les bibliothèques partic.u-
llèresy celle d'Arislote occupe le premier
rang; après la mort du philosophe, elle
fut achetée par Apellicon de Téos, et
Sylla, en ayant fait Tacquisition, la fit
transporter à Rome.
6^ Aornains, Leurs bibliothèques fu-
rent long-temps moins considérables que
celles des Grecs. Il y avait à Rome deux
sortes de bibliothèques , les unes publi-
ques, les autres particulières. Les pre-
mières étaient comme les archives de la
république et de l'empire : on y conser-
vait les lois, les sénatus-consuUes et les
édits. Il y avait aussi des bibliothèques
sacrées confiées à la garde des pontifes,
desaugures, desdécemvirs, etc. Là étaient
gardés les livres sibylhns et tous les écrits
qui regardaient la religion, tels que les
livres pontificaux, les livres rituels, les
livres achérontiques, les livres fulmi-
nans, les livres des augures, des aruspi-
ces, etc.
Les bibliothèques particulières étaient
celles que d'illustres Romains avaient
formées pour leur usage particulier et
dont plusitiirs furent rendues publiques.
La première dont il soit fait mention dans
l'histoire est celle que le sénat donna à
la famille de Régulus, après la prise de
Carlhage, et qui se composait de tous les
livres que le vainqueur avait trouvés dans
cette ville, principalement de 28 volumes
que l'Africain Magon avait écrits sur l'a-
nriculture, et qui furent alors traduits en
ktin. La iMbUothèqoe d« Pàul-ÉmUe fat
apporta Mit Ul àè Blaoédola*, «prit te
défaite (Fan 168 av. J.-C) de Pemét^
qu'il mena lui-même en triomphe à Rone«
On lit dans Plutarque que PauUÉmile
distribua cette bibliothèque à ses enfans;
mais Isidore, dans ses Origines , dit po«
sitivement que Panl-Éniiie ligna §•• li-
vres aux Romains*
Il a déjà été question de U bibllotb^
que de SyiU dont celle d'Aristote fnt
la bast. Asioius PoUion forma, pour
en faire présent à Rome, une riche bi-
bliothèque qu'il composa des dépouilles
des peuples par lui vaincus et d'un grand
nombre de livres achetés à grands fraii.
Il orna ce dépôt public de portraits
d'hommes célèbres dans les sciences et
dans les lettres. Lucullus ne pla^ pas
tout son luxe dans les festins : Plutarque
rapporte que sa bibliothèque était Tnce
des plus riches du monde, non moins par
le nombre des volumes que par les orne*
mens qui la décoraient. Le plus savant
des Romains, Varron, avait nne belle col-
lection délivres. La bibliothèque de Cicé-
ron fut augmentée de celle de son and
Atticus, l'une des plus considérables de
ce temps, et le consul romain disait qu'il
la préférait à tous K*s tréaors de Crésus.
La bibliothèque de Jules-César n'était
pas moins considérable ; la garde en était
confiée au célèbre Varron. Les poètes du
siècle d'Auguste parlent souvent de la
bibliothèque que ce prince établit sur le
mont Palatin, près du temple d'Apollon,
et qui fut appelée palatine. Cest là que
les favoris des muses venaient réciter et
déposer leurs ouvrages.
Scr^Ui Pmlmimms quaemmquê rteêpk Jpdh,
(HOBAT.)
A Texemple de César et d* Auguste, l'em-
pereur Vespasien fonda une grande bi-*
bliothèque près du temple de la Paix.
On vante encore celles de Pline et du
poète Silius Italiens.
Mais la plus magnifique de toutes les
bibliothèques de Tempire fut celle de
Trajan, connue dans l'antiquité sous le
nom de bibliothèque Vlpienne. On lit
dans divers auteurs que cet empereur
fit porter à Rome, peut-être par le con-
seil de Piine-le-Jeune, son favori et son
panégyriste, tous les livres qui se trou*
ynSml danalM vilha ooiiqQÎaai par les
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(480)
BIB
armes romaines, et qa'ib furent placés
dans sa bibliothèque. Raphaël Volaleran
dit que Trajan avait fait écrire les actes
du sénat et les belles actions des princes
sur des pièces de toile qu*il fit couvrir
d'ivoire.
Isidore et Boèce parlent avec admira-
tion de la bibliothèque de Sammonicus
Sirenus, précepteur de l'empereur Gor-
dien. Elle contenait, disent-ils, 8,000
▼olumes choisis * et placés dans un apparte-
ment pavé de marbre doré, dont les murs
étaient lambrissés de glaces et d'ivoire, et
où les armoires et les pupitres étaient en
bois de cèdre et d'ébène.
Bibliothèques des premiers chrétiens.
On a dit que les premiers chrétiens avaient
brûlé les livres ^de rantiquité païenne,
pour ne conserver que les livres relatifs
à leur religion. Cette accusation parait
fausse ou du moins très exagérée. Il est
à présumer que, dans la primitive église,
les livres profanes étaient peu recherchés;
mais il serait téméraire d*ad mettre qu'un
fanatisme religieux ait voulu les détruire.
Il suffit de parcourir les écrits des Pères,
pour se convaincre qu'ils lisaient les au-
teui*s anciens. Peut-être aussi l'empereur
Julien fut-il à tort ac.usé d'avoir voulu in-
terdire, dans les écoles des chrétiens, l'u-
sage des livres classiques; mais cette ac-
cusation même prouve que, loin d'être
proscrits, ces livres étaient admis dans
l'instruction publique. Les historiens
parlent avec éloge de ta bibliothèque de
saint Jérôme et de cellede George, évéque
d'Alexandrie.Saint Augustin dit que,dans
la bibliothèque d'Hippone, on lisait assi-
dûment Homère, Virgile, et sans doute
aussi tous les auteurs qu'il nomme dans
son grand ouvrage de la Cité de Dieu.
Cest ainsi que la bibliothèque d'Isidore
de Peliise (t* siècle) devait contenir les
nombreux auteurs qu'il cite dans ses
Épitres; celle d'Isidore de Séville, les li-
vres des anciens dont il publia des frag-
mens (tii^ siècle); et celle de Photius,
(ix^ siècle) les 204 volumes dont il fait
l'analyse. Jules l'Africain avait fondé à
Césarée une grande bibliothèque, qui
fut augmentée par Thistorien Eusèbe,
parsonaroiPamphilefprctredeLaodicée,
(*) D'aatfM aoteurf l*ont portée à 6a,ooo vo-
J. H. S.
et par saint Grégoire de Nazianxe. La bi-
bliothèque d'Antioche éuit célèbre lors^*
que l'eiiipereur Jovien la fit, dit-on, dé-
truire pour plaire à sa femme. Chaque
église enfin avait sa bibliothèque pour
l'usage de ceux qui s'appliquaient aux
études. Eusèbe l'atteste, et il ajoute que
toutes ces collections de livres furent
brûlées et détruites avec les temples où
elles étaient conservées pendant la lon-
gue persécution de Dioclétien.
Bibliothèques des Empereurs d'O-
rient à Constantinopie, Selon Zonare,
Constantin-le-Grand fonda, l'an 386, la
fameuse bibliothèque de €k>nst4ntinople,
qu'il composa de livres rassemblés ou
transcrits à grands frais. Dans leur aveu-
gle haine contre l'empereur Julien, les
chrétiens l'ont accusé d'avoir voulu dé-
truire la bibliothèque de Constantinople,
afin de les tenir plongés dans l'ignorance.
Mais Thistoire nous apprend que Julien
fonda lui-même deux grandes bibliothè-
ques, l'une à Constantinople, l'autre à
Àntioche, et qu'il fit écrire ces mots sur
leurs frontispices : Alii quidem equos
amant, eUii aues, alii feras; mihi vero
a puerulo mirandum acquirendi et pos-
sidenrli libros insedit desiderium. La
bibliothèque de Constantin ne contenait
d'abord que 6,900 volumes ; mais Tfaéo-
dose-le- Jeune la porta en peu de temps
à 30,000, ou même selon quelques
auteurs à 100,000. C'est dans cette
bibliothèque que fut déposée la copie
authentique des actes du concile de Ni-
cée (tenu l'an 325). On raconte qu'on
y voyait une copie des Évangiles, re-
liées en plaques d'or du poids de 15 li-
vres, et enrichies de pierreries, et tous
les ouvrages d'Homère, écrits en lettres
d'or. Il est parlé dans le code Théodo-
sien (liv. XII, til. 9) de 7 copistes em-
ployés à la bibliothèque de Constantino-
ple, sous les ordres du bibliothécaire
principal. Ce nombre avait été porté à
12 lorsqu'en 730 l'empereur Léon III,
Hit VIsnurien, n'ayant pu amener, ni par
promesses, ni par menaces, le bibtiothé-
thécaire Loecuménique et ses 12 copistes
à se prononcer contre le culte des ima-
ges, fit entourer la bibliothèque de fas-
cines, d'autres matières combustibles, et
brûla les livres avec ceux qui les gar-
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dàîent, comme il faisait brAler les images.
Alors périrent encore de précieux tré-
sors de l'antiquité.
Dans le vui^ siècle, Constantin Por-
phyrogénète forma une nouvelle biblio-
thèque qui ne fut pas détruite à la prise
de Coostantinople par les Turcs (1458).
Mahomet II ordonna qu'elle fût con-
servée, et elle resta déposée dans quel-
ques appartemens du sérail jusqu'au rè-
gne d'Amurath IV qui, dans sa haine
contre les chrétiens, prononça sa destruc-
tion, au commencement du xvii^ siècle;
et lorsqu'en 1739 deux savans acadé-
miciens, l'abbé Sévin etFourmont, fu-
rent envoyés par le gouvernement fran-
çais, à Constanlinople , pour obtenir
d'Achmet III la cessiou de quelques ma-
nuscrits grecs, le résultat de leur mission
fut peu satisfaisant.
Bibliothèques du moyen-âge. Les ba r-
bares avaient détruit dans leurs longues
invasions une grande partie des trésors
de l'antiquité littéraire, et cette perte a
été irré|Mirable. Caasiodore, qui avait été
ministre et favori de Théodoric, roi des
Goths en Iulie, dégoûté du monde et
des grandeurs, se retira dans un monas-
tère qu'il avait fait construire, afin de
finir ses jours dans l'étude et dans la so-
litude. Il forma une bibliothèque pour
•on usage et pour celui de ses compa-
gnons, et il y avait sans doute recueilli
tous les auteurs qu'il cite dans ses ouvra-
ges. Le pape Hilaire T*", mort l'an 468,
fonda deux bibliothèques à Rome; un
peu plus tard Zacharie I*', mort en 752,
en établit une, dit Platine, dans l'église
de Saint-Pierre. Vers le même temps,
Charleraagne fonda celles de l'ile Barbe,
près de Lyon, d'Aix-la-Chapelle et de
Saint-Gall. Tous les monastères, toutes
les églises cathédrales eurent bientôt
leurs bibliothèques et leurs écoles. On
trouve des deuils curieux sur les biblio-
thèques du moyen-âge dans les Act, SS.
BeneiL; on y voit les moines de la célè-
bre abbaye de Fleury ne songer qu'à
sauver leur bibliothèque dans un incen-
die qui consuma tout leur mobilier. Le
nombre des volumes était peu considé-
rable dans les bibliothèques du \^j du
XI* et du xii* siècle ; il ne s'élevait qu'à
90 dans la bibliothèque du moot Cassin,
Encyclop. d. G. d. M. Tome III.
(481)
BIB
et ce n'était pas celle qui avait le moins
de renommée.
La bibliothèque que saint Louis avait
fondée dans la Sainte-Chapelle, où il
admettait les hommes studieux à venir
s'instruire avec lui, et que nous font
connaître God. de Beaulieu, et Vincent
de Beauvais dans sa Bihliolheca mundi,
fut léguée par le saint roi aux monastè-
res, dans un esprit de conservation et
comme s'il eût prévu le sort de la biblio-
thèque de Charles V, qui passa en An-
gleterre après la mort de Charles VL
Nous arrivons aux états modernes.
Italie. L'Italie possède un grand nom-
bre de belles et riches bibliothèques
dont plusieurs jouissent dans le monde
savant d'une réputation méritée. M. Va-
léry, bibliothécaire de Louis XVIII et de
Charles X, les a toutes visitées et décrites,
peut-être avec trop de détails, dans son
^ojrage en Italie, publié depuis la révo-
lution de juillet.
Rome, La célèbre bibliothèque du Va-
tican fut fondée par le pape Nicolas V
(mort en 1455)*, lorsque l'imprimerie
venait d'être découverte. On dit qu'il
avait réuni 6,000 volumes qui ne pou-
vaient être encore que des manuscrits.
Plusieurs pontifes avaient augmenté cette
bibliotbèque,lorsqu'ellefutpresqueentiè-
rement détruite pendant le sac de Rome
par l'armée de Charles-Quint (1527).
Sixte-Quint la restaura; Léon X l'agran-
dit encore, et le cardinal Baronius (mort
en 1607) la comparaitàun vaste filet qui
reçoit toutes sortes de poissons, bons et
mauvais. Cette bibliothèque contient
maintenant plus de 30,000 ouvrages im-
primés et 40,000 manuscrits. Parmi ces
derniers est un Virgile qu'on croit avoir
été écrit dans le vu* et peut-être dans le
VI siècle; un Térence qu'on suppose
avoir été copié sous le règne d'Atexan-
dre-Sévère (mort l'an 222) et par son
ordre; les Actes des A|>6tre3 en lettres
d'or; les sonnets de Pétrarque écrits de
sa main, etc. La bibliothèque vaticane
remplit une galerie de 204 pieds de long
sur 48 de large, et plusieurs appartemens
ornés de fresques admirables. Elle est
(•) Quelques aareurten font remonter Tongine
à Gré^oire-le-Gntud et même à Suiot-Hilaire qui
fat assit daas la chair« pontificale aa v* siècle. S.
ai
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(48J)
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diiiféfcpi trois partial^ dont bi p^mi^e
est seule ouverte au public. Il faut des
protectious pour être admis dans la se-
conde, et l'accès de la troisième est plu9
dirQc^le encore. 11 n*existe point de ca-
talogue général inipiiiné; mais il a été
publié de savans ouvrages sur cette bi-
bliothèque. Noui citerons les Ha^^iona-
menti de Muùo Pansa, 1590, in-4*';
ÏApostoUca vaùcatia d';^ngelo ftocca,
1591, 10-4*^ :on y trouve le catalogue de
1^,000 manusci*its; la Bibliolhecaorien-
talis CUemenuno- f^ati(uina de Jos. -Sim.
Assemani, 1719-1724, 4 vol. in-M. ou-
vrage estimé. On imprima en 4S04, à
Leipzig, le catalogue ^^^ manusci'ils au
nombre de àOl, de 13Q ani'ieoues édi-
tions, de 737 anciennes monnaies, let de
1$ vases éirusciues, qui furent remis
aux commissaires iran^'ais, par ordre de
Pie VU, en 1797. Mais les plus précieux
de ces manuscrits, eolre autres le procès
de Galilée, ont été réclamés et rendus en
1815.
Il existe à Eome un graiid nombre
d*autres bibliothèques. Nous citerons
celle de â^ainte-iMaiie de la iVIinervc, ap-
pelée Casq,n(ita parce qu'elle avaii ap-
partenu au cardinal de ce nom. J.B. Au-
difredi en a publié le caulogue, 1761-
1788, 4 vol. in-fol.; la bibliothèque du
collège romain, où ont été réunis les li-
vres et le musée du célèbre Kircher; Ja
bibliothèque Borgiane, rîcbe en inaou-
scrits de Chine, du Pégu, de Siam, etc.,
dont P. à San Bartolomeo a donné la des-
cription (Rome, 1793, in-4*', fig.); la bi-
bliothèque Barberine, cotèdemant 6iO,000
volumes et plusieurs oailUers de manu-
scrits^ la bibliothèque Coloaiui «on moins
riche que la précédep&ç^ les lûbliotiiè-
}ues de $aîote-MAine in Àf>B eœii, des
ésuites, <j!le8 Oratorieos, des Au^uatirv,
de la Chifisif, nova^ de Sa4at-Isidore, des
cardinaux Moftftltet Corûni alla Langera
etPampbiU^du piinoe Berghèae, eie. On
prétendquedai»s les dernières f;ftierresdl-
talie, 1^ Fj-ançaès ae trouvèrent à &»me
qu'un seul ei^emplaire des ittuvres de
Yoltajre. lOlais c'est sans doute une épi-
gramme cootl*e l'inqiiistlioo romaine.
Bologne. La bibliothèque de l'uni
187 ^« îMM.; Mift de Mmtk II¥^
du moins en piitie. Mais les Bolonais ont
la singulière prétention de montrer le
Penipteuque écrit en très beaux carac-
tères sur une grande |Meu qui est Cort
longue, de U main même d'£sdt*as, qui
vivait 467 ans av. J.-G. Cette {grande
rareté bibliographique, dont la supposi-
tion a été prouvée sans peine par Hot*»
tioger, serait bien plus précieuse que les
pi'étendus autographes de saint Maro
et de saint Jean l'évan^liste, qui eont
conservés à Venue et à Florence. Les
voyageurs français diffèrent aînfulière»
ment sur le nombre des volumes de la
grande bibliotbè<|ue de Bologne : Richard
n'en compte que 50,000, tandis que La-
lande en assigne 1 15,000. Il j a deux
autres grandes bibliothèques à Bologne.
— Ferra rf. Sa bibliothèque est riche en
manuscrits et en monumetis curieux de
l'antiquité. — Césène a une bibliothèque
riche en manuscrits dont J.-M. Mucdoti
a fait imfM'imer le catalogue avec des no*
tes, 1780 84, 2 vol. in-fol., «g. — F/ar-
retli possède une belle bibliothèque fon-
dé epar le cardinal dTork,dans le XTiit*
siècle.
Tttrin, On voit dans la bibliotbèqae
de cette ville les manuacrits de P. Ligo-
rius, savant architecte, qui dessina et dé-
crivit les antii|uités de l'Italie; la faroeose
table ûiaque , décrite par Pignoriui
[mensa isiacay Amst. 1^690. in -4", fig.),
plusieurs tableaux de TAIbane, les por-
traits de Luther et de sa femme, peints
par Holbein, et une belle collection de
mamiscrits dont la description par Jos.
Parini, Ani. Rivantella et Fr. Berta, a
été publiée en 1749 (Turin, impr. roy.,
S vol. in-fol.).
Jean Andrès, auteur d'une histoire
littéraire universelle, a fait imprimer à
Parme (chez Bbdoni, 1^04 , in-8'* ) une
lettre curieuse sur divers manuscrits pré-
cieux qui sont dans les bibliothèques en-*
pitulakes de No^are et de VerceiL II y
décrit un diplôme du roi des Lombarcib
Luitprand, de l'an 730, et ime collection
de lois lombardes du vin^ siède (con-
servée à Vèrceil ).
Venise. La bibliothèque dî te ^âÇrtfVr^
Tersil^ contieut les aaanusciiis de Mar- j Marc dont lt$ bâtiment fut commenoé
•ifU, «eiixdM.Ml«ffaliste Aidmf«nde«n \ •o«sledogatdeMooeBlgo(flBHNrtelil4dt)^
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•I iM% \f <^m\ BessftfÎQO fat p««ipe
le fondateur ea léguant à Saîol-rMarjB
(i468Jj une coïleclion dç 800 wL, a une
nraode réputation luéiit^e ; elle est fort ri-
che en manuscrits, dont le plus prérieuf,
s'il élak authentique, serais celui de Té-
van^iledesaintMarc^qu*on dit écrit desa
propre main, et qui, âpre» avoir été, pen-
dant bien des siècles, conservé à Aquilée,
o^ le SHÎnl prêcha, dît-on, la religion du
Christ, aurait ^lé depuis porté à Venise.
Mais il reste seulement quelquea c^iiiei's
de ce manuscrit» et l'écriture y est elTarée
à ce point q,u*oB ne peut distinguer si c*^t
du {;rec ou du lai in. Monifaucon croit
que ce mapi^sçr^t est du iv*^ siècle; il est
railleurs dan^ un tel état diç vétusté
gu*oo n*en pourrait tourner les feuillet^
sans Y.oir leurs débris r^^r danf les
inains. Le s^v^nt bil>lioib<éc?ire Alorelli,
5|ui a beaucoup contribué, dans ces dep*-
^j.er^ temps, aus prqgrès des éludes bi-
bliographiques, a publié en ila|ieu une
jbonne dissertation historique sur la bi-
bliothèque de 3aint-])larc, Venise, 1 774,
^1^-8^. Un cjatafo^^ue des inanus,criLs de
cette biblioih^ue, dressé pa^ Jacq.-Phil.
Tpjnasini, fut publié à Udine, 1660,
ia-4°; up autre calalojçue plus complet
dles mêmes manuscrits, rédigé par Zanelti
et Bongiovanoi, a. été iu^primé à Venise,
1740-1741, 2 vol, in-fol. — Mitarelli a
^ODué le catalogue des manuscrits du
cpMVept de Saiot-Michel , avec un ap-
pendice de livres imprimés dans le xy^
^îecle, Venise, 1779, gr. io-fo.l.r-La bi-
|)liolhèque Nanienne est uue des plus
considérables qu*il y ait à Venise. La
de^criplioD de ses manuscrits Ifitins ^
Italiens par Morell;i; celle de ses uiapgs-
crifs grecs et égyptiens par Mingarelli , pt
celle de ses manuscrits orien.taux p^r
Îlm. Assen>,ani,ont été publiées à Venise,
776i Bologne, 1784-95j et Pa^çue,
1787,6 vol. in-^^
Jpadt^uf a trois gra^e^JI;>ibliothèque|.
La principale fut fçindée par Pigoorius.
Sixte de Sienne (fit avoir vu dans la bi-
bliothèque de Saint-^ean-de-Latran une
très ancienne copie d*une épUredesajpt
Paul aux babitans de Laodicée, et il
ajoute qu'il en fit un extrait.
Spalairo^ capitale de la Dalmatie vé-
nitieaaei a une bibilothique riche «o ma-
QUtcHto prAcifw, parmi leagi^ ^ ||f)
livre d'évangiles du yi^ ou du ifii , aièctiQi
assez bien con^^vf
Miiaa, La célèbre bibliothèque ^^^^
/^roxiefinç, fondée par le cardinal Fréilé-
rie Borromée, renferme âP^0((p vnlu>»ies
impriinéf et environ l^.QOO manuscrits,
dont la |>lupart ont ^é ^*ecueillis pat
Qggiati. lin de ces ipanu^^njs cnn|icp(
quelques livres def antiquité judaïques
d^ Josèphe. Bosc|ii a éfL;ri|, et^ latin, un^
h'ftoire et une description de la biblio-^
thèque Ambrusienne : on la trouy^ d^nf
le tomf I^ des T/fe»ai/n (mtiqititiUam
ft hMor, Ifftii'oK Opi.celll et Rryctuf
Puteanu# (Henri 4h P<iy ) <>r^ publié, If
premier un îraité (Milan, 1 6 1 8, in-8<*), If
aecQnd un discours (dans ses Ontii'onrs),
sur les Hioniimens et les richenet de !#
bibliothèque Ambrosienne.
La bibliothèque de Flqrrace {Medl'^
cea'Laure/i^iana)^f\\\\ fail partie ^^^^ «^•
ièbi*emusjte Florentin, contient 90,009
volumes et 1,090 nsanusci^is rares*, et
dont plusieurs sont d*un p^ix inestimar
ble. ix, Év. Assetnani a rédigé le cata^
logue des mamiscriis orientaux d« cett«
bibliothèque, 1743, in-fol. Hobtenius,
Langitis, Magltabrcobi et Bii^cioni ont
'fait connaître les principales richesses de
la bibliothèque Laurenlienne ( »v)/. le
Selecta hlttorica ri liHemnti de Liiie»T
thaï, Leipzig, 1716, in-8 ; le Prodro-
ma^hisionœfittrrariagJiM P. Laoïbeciua,
Leipzig, 1710, in-fol.; et les Jim^ni^
tates liutrarim de Sbedhori», ^ 8 ). La
bibliothécaire Bandint a fait imprimer
un savant catalogue des manuscrits conr
fiés k ta «arde, Florence, 17||4.79, 8
voi.in-fol.ll a aussi publi^(J179M794)»
ea 8 vol. in4uj., la cataloî^tfe àpà manu-
•C4rit8 de la bibliothèque LéapejUlinf » qui
aâLé^uoie à la Laurentienne. On trouva
dans ces oiiao voiunes ia description et
l'analyse des aanuscrits^awecdes^xtrfiita
cboists et des plancibes > gfavé^f neprétr-
sentant les caractères d'écriture les piat
anciens. C'est dans la chapelle de la cOur
qu'est conservé le manuscrit prétendu
autographe de l'évangile Saint-Jean, et
(*) Le savant l>ibIiograplip £i>ert affirme an*il
n'y a, à 1« i>ibliotlièqaeMédi<-eo.LHiirentiiiea Flo-
reace doat il rapporte lei Ticiasitades, qoe des
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BIB
l^tiî>ti'est)>isplus autilentique que celui
de sa ml 'Marc.
Florence powède encore d'antres bi-
bliothèques riches en manuscrits. On
dfoit cher en première ligne celle que
Antoine i^agliabechi\é%QA, en 1714, au
gi^nd'duc de Toscane et à laquelle, en-
tre autres collections, fut jointe celle du
ftelàl^ Pitli; on y compte 120,000 vol.
dont* plusieurs font des incunables Ibrt
eslf mes, et 8 à 9,000 manuscrits. Celle de
Maruceliiytonàée eirt 768,compte40,000
Smprimés'et beaucoup dé manuscrits.
Pise a une bibliothèque digne de sa
célèbre université; elle fut enrichie dans
\è XVI** siècle de 8,000 volumes légués
par Aide Manuce.
Nappes, La bibliothèque de cette ville
est riche et considérable; on y conserve
les mamiscrits autographes de Pontanus.
Sa fille Eugénie en fit don pour immor-
taliser la mémoire de ce savant. Toppi et
Nîcodemo ont publié la bibUotheca Na-
polctunoy 1078 et 1685, 2 vol. in-foi.
Les imprimés sont au nombre de 80,000,
et les manuicrils de 4,000. On a imprimé
à Naples le caulogue de la bibliothèque
dite .V. Angelitid Nûfum, 1750, in-foi.
LabibliothèquedeSainl-Sauveur,à^^j-
Sï'ne , est riche en manuscrits grecs ; on
en trouve le catalogue dans le tome IX
du Thés, antiqutt, et hifior. Siciliœ.
EsPACHE. S^il fallait juger de Tétat des
lumières dans une nation par le nombre
de ses livres et de ses bibliothèques, FEs-
pagne serait un des états de TEurope les
plus avancés dans les voies de la civili-
sation.
La bibliothèque des Maures, à Cof-
é/oeie, fut long- temps célèbre et conte-
nait une collection précieuse de aianus^
erits orientaux ; elle fut saccagée par les
Espagnols, lorsque cette ville fut prise
sous le règne de Ferdinan<l et d'IsabeHe,
et que sa chute mit fin à la domination
des Maures qui durait depuis phis de
6W ans.
La première bibliothèque de la Pénin-
sule , et qui compte aussi parmi les plus
riches bibliothèques du monde*, est celle
(•) Ccri peut Hrt révoqué en dnnte. En 1671
la bibliothèque fnt roitrnient riidoiiimjigée par
un incendie, ef, à en «-rnire And. Ximcnès {Dêt*
ipfion d9l f0almtmasttrio dêl Kteonat, p. iSS*
( 4ft4 ) BIB
de VEscuriai; elle fut fondée par Char-
les-Quint, et considérablement augmen-
tée par Philippe II. Placée dans le ma-
gnifique monastère de Saint-Laurent, elle
contenait plus de 1 30,000 volumes et en-
viron 5,000 maouscrrts, dont 8,000 ara-
bes ; les autres , hébreux , grecs et latins.
Les livres sont magnifiquement rangés
sur des tablettes en bois des Indes, dans
cinq rangs d*armoires élevées les unes au*
dessus des autnes, et chaque rang est long
de 100 pieds. On voit, dans ce magnifi-
que vaisseau, pavé de marbre et riche
d*ornpméns somptueux , les portraits de
Charles-Quint , de Philippe II, de Phi-
lippe III et de Philippe IV. On y montre
le Traité d* Augustin sur le baptême,
comme étant le manuscrit original du
saint docteur; et quelques savans préten-
dent ihéme que les originaux de tous ses
ouvrages sont aussi dans la bibliothèque
de l'Escurial. On y montre encore un
rouleau en parchemin contenant un ma-
nuscrit grec de saint Basile, les quatre
Évangiles écrits en lettres d*or, par
ordre d*un empereur, il y a plus de
700 ans, in -fol. de 160 feuillets sur
vélin, et qu'on appelle le Lit>re d'or.
Pierre Davity rapporte, dans sa généa-
logie des rois de Maroc, que Tun d*eux,
Muley Cydam , avait rassemblé, dans sa
forteresse de Carache, plus de 4,000 ma-
nuscrits arabes; que cette forteresse ayant
été prise par Us Espagnols, la bibliothè-
que fut pillée; qu*on porta les manuscrits
à Paris pour y être vendus, mais que le
gouvernement français ayant refusé d*en
faille Tacquisilion, Philippe II les acheta
et les fit dépo&er à l'Escurial, où fut
aussi réunie la bibliothèque du canlinal
Sirlct, archevêque de Saragosse. En 1 67 1 ,
un orage éclata sur le monastère de Saint-
Laurent, et la bibliothèque de l'Escurial
perdit, par le feu du ciel, une partie de
ses richesses. Le savant orientaliste Hot-
tinger a fait connaître, dans sa Bibliothè-
que orientale (Heidelberg, 1658, in-4®),
les principaux manuscrits arabes de l'Es-
curial. Michel Casiri, maronite, a pu-
blié à Madrid (1 760-1770, 2 vol. in-fol.)
un ouvrage précieux et recherché sous le
titre de BihUotheca antbico-hispana ,
aie), elle ne comptait plus, en 1764» q«« >7»8oo
▼oUiOM et 4»3oo manotcrits. S. H. S.
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BIB
Escuriaknsis ; on y trouve l'analyse
des manuscrits 9 avec divers extraits et
le texte arabe.
Madrid a trois bibliothèques publi-
ques. La Bibliothèque royale fut fondée
eo 1 7 12, par Philippe Y, et considérable-
ment augmentée par ses successeurs. Elle
contient plus de 100^000 volumes et un
grand nombre de manuscrits arabes, etc.;
elle est ouverte au public tous les jours.
Jean Iriarte fit imprimer, en 1769, une
description des manuscrits grecs de cette
bibliothèque. Mais il n*a paru que le pre-
mier volume de cet ouvrage, qu*on joint
ordinairement à celui de Casiri. — La bi-
bliothèque de $aint- Isidore, composée
de 60,000 volumes, est aussi ouveile tous
les jours. Celle de Saint-Fernandez n'est
ouverte que trois jours de la semaine.
Alcala, Salamanque, d'autres villes
encore ont des bibliothèques publiques.
Parmi les bibliothèques particulières,
qui ont été célèbres en£spagne,onci te celle
que Ferdinand G)lomb, frère de Chris-
tophe, avait formée avec Taide du célè-
bre Clenard; celle du cardinal Ximénès,
léguée à Funiversité d'Alcala; celle de
Ferdinand Nonius qui, le premier, en-
seigna le grec dans la Péninsule, et qu'il
donna à l'université de Salamanque; celle
d'Arias-Montanus, d'Antoine ^ archevê-
que de Tarragone , etc.
Portugal. Les bibliothèques publi-
ques y sont peu nombreuses et peu con-
sidérables ; on peut en attribuer la cause
à ce que ce royaume n'a été long-temps
qu'une province de l'Espagne. Ij^ trou-
bles prolongés de la révolution, qui mit
la maison de Bragance sur le tr^ne, ont
dû nuire aussi à l'accroissement des déi-
pôts littéraires.
La bibliothèque du roi à Lisbonne,
fondée dans le xv* siècle , par Alphon-
se V, contient une riche série de
bons Ifvres; on trouve, dans celle de
Saint- Vincent-de-Fora I une collection
complète des ouvrages portugais , et dans
celle des Bénédictins un grand nombre
d'auteurs portugais et espagnols, des li-
vres français , même \ Encyclopédie par
ordre r/e matières. Le catalogue des ma-
nuscrits de la bibliothèque alcobatienne
(d'Alcobaçaj fut imprimé à Lisbonne en
1776, in-4*; celui de la bibliothèque
( 485 ) BIB
mariaoe de l'Oratoire fut publié en 1 736,
in- 12 Le couveat des hiéronymites de
Bélem a aussi une bibliothèque.
On voit dans le cabinet d'histoire na-
turelle du pakis Ajuda un minerai de
cuivre natif, du poids de plus de t,280
livres.
FaÂircE. Ce n'est pas rooips fMr aies
bibliothèques que par ses collèges, ^«8
académies, sa littérature et ses aris, que
la France s'est depuis long- temps placée
au premier rang des nations civilisées.
Quoiqu'elle compte moins de bibliqthèr
ques publiques que l'Allemagne, 192 ou
195 de ses villes, Paris non compiis, en
possèdent : plusieurs des ces collections
comptent au-delà de 30,000 volumes,
comme cellesd'Arras, Cambrai, Cbarires,
Chaumont, Clermont-Ferrand , Colmar,
Compiègne, Metz, Reims, Toulouse,
Yalenciennes; plusieurs plus de 40,000,
comme celles. d'Amiens, Caen, Dijon,
Grenoble, le Mans, Montpellier, Ver-
sailles; plusieurs, plus de 50,000, comme
celles d'Aix, Besançon, Marseille, Rouen,
Strasboui'g, Toulon, Troyes; et deux
en ont plus de 100,000, comme celles
de Bordeaux et^c Lyon.
Paris a 39 bibliothèques, dont 4
principales, la bibliothèque du roi^ qui
a urai t d û toujours être appelée /if///o/m/e,
mais qui a été tour à tour royale^ rue
de Richelieu et nationale et impériale,
rue de la Loi; la bibliothèque, dite de
MonùeuTy à l'Arsenal; la bibliothèque
Mazarine, au Palais des Beaux -Arts (an-
cien collège des Quatre-Nations); et la
bibliothèqMC Sainte - Geneviève ou du
Panthéon. La première contient 900,000
volumes, brochures et pièces fugitives, et
80,000 manuscrits; la seconde 170,000
volumes et 5,000 manuscrits; la troisiè-
me 100,000 volumes et 4,000 manus-
crits; la quatrième 1 12,000 volumes et
20,000 manuscrits : total 1,191,000 vo-
lumes dont 109,000 manuscrits.
Les autres bibliothèques sont celles
de la ville de Paris (45,000 volumes),
particulière du roi (55,000), du conseil
d'état (35,000), de la Chambre des dé-
putés (36,000), de la Chambre des pairs
[2,000), de la Cour de cassation (36,000),
de la Cour des comptes (6,000), du tri-
bunal de première instance(25,000), des
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È»
irés éti^àtigèréft (13,000), dé IMhténeUir
(11,000), lies finarioM (8,600), de !a
fuerrè (7,000), cla dépôt de la ^icrre
(14,000), de ta marine (2,700), du dé-
pôt den cartes et |dan4 dé la marine
i 12,000), de la préfecture de imlice
1,209), de rinèiilnt nàliohal (91,000),
du Muséum d*his(bire miturelle ( 1 0,000),
dé la Faculté de itiédecîne (26,boa), du
collège de Louis- le-Grahd (30,000), du
eoltége rOfèl de FHificé ^6,000), 6ù Bu-
reau des ioVigitudcs (4,500), dé Téédle
^yale des mihes (4,000), du cftnàeil des
mines (12,600), de rétolé royale poly-
technique (27,000), du Conservatoire dec
itrts (12,000), de Técole royale de chant
(1,600), du Muséum (»,00Ô), d(i Musée
royal (.....), des Invalides, fohdéfe
par ikàpbléôn (iÔ,000), dé Thospice
dèA Quinze- Vinj^ti f2,(tOO), de rimprl-
merie rhyalè (800), déi ArdiiV^ du
royaume (14,000).
Quoi(|Ue offrant uh petit hombre de
iohnriës, là plupart de ce» biblldlhèi-
quei iont riches cl précieuses J^ar leur
spécialité. Ensemble, elles contiennent
672,100 volumeà : ce rjul dôhne J>bur 16-
tal darts les bibliothèque^ dé Parié |)lus
de 1,703,000 volumes.
M. l'imoihée Deshâyes établît, ânni lé
Jdibnial de la Sociéié de Matistiqne uni-
verstite (octobre 1833), qu>n France
192 villes seulemeot ont des biblîothè-
quei publlftues, cbntenaht 2 ob 3 mil-
lions dé volumes qui, comparés à la po-
pulation totale deé dépâricmens ( non
compris celui de la .Wne), ne doririeni
qh'uh voluiVié |iour 16 habiians; cjuc 1^
6 bîbi:ôthèc|iié^ pMblî(|ue8 de Paris cot^-
tiehbehi 1,378,000 vbibinei ob 3 vobt-
mès piuf 2 habibhs; et t^ 822 filV^s
de S,000 \ < 8,000 aiiièi ^Oht entièl-è^
ttént prîVéeè de bibliothèqlieé publiques,
sir. Èbésdbge t>è^é, dans bn mémoire ab-
térieur Ité plusieurs ibois II celui de
M. DéîJhayes, avait fait à peu près le
toéme calcbl;H fcomptc 196 villes qui
ont dés bibliothèques pnb1i(^ues dahs
les départemens et qui contiennent
i,600,000 volumes, ce qbl ne donne
qu'un seul volume pour 16 habiians.
T)*aiUeursy H assigne atisii te même
îioinfcre dé ^tth» (822 ) ^tA ne p6*-
(4*«)
Itîb
tôdèiit aiiéiibë Biblfdtbèirué ^btlqbè.
Avaiit la révolution, Paris avait ufc
grand nombre de bibliothèques dont léè
plus céltbres étaient : 1 ^ celPe de Tàbbaye
de Saint-Victor, déjà connue dans le
*ii* siècle et qui fut la première biblio-
thèque pleinement ou\Hié au public,
dÀns fa capitale, en 1662. Quelques an-
néc*s auparavant (1644), le Savant Ga-
briel Naudé ne complaît que trois biblio-
thèques publiques en Europe : la biblio-
que du roi (qui ne reçut cependant qu*èà
1709 l'ettension de publicité qu*aVàit
depuis plus d*ub demi-Siècle la biblio-
thèque de Saint-Victor); la bibliotfièoue
Bodleîenne, à Oxford (1 6 1 2), et la biblio-
thèque Angélique à Rome (1 620). Grôtius
confirme le fait attesté par If^udé, dans
une lettre écrite de PàHs à Gérard Jean
VossiUs, le 22 aoAt 1643. 2"" La biblio-
thèqne de Tabbayé lié St-Germaib-des-
Prés, nrie des plus considéi*ableS et des
plus riches de Paris, quoiqu'elle n*eût
commenc<^à mériter un réng que dan^ lé
xvti* siècle. Elle s'enrichit, par legs oa
donations, des bibliothèques d'Antoine
Baudnind , dé l'abbé d'Estrées, de l'abbé
Renaudot de 1* Académie française, du
èârdibal de Gesvres, dU président de
itarlay et dé la ^lande collection des
manuscrits du chancelier .^égin'er. Cette
bibliothèque n'était polbt pVibtique, malk
les satans et les gens de lettres y trouvaient
bn fdcile accès. Elle cobtèbalt 100,006
Vblumeset 20,000 manuscrits orientaux,
grecs, latins et français; parihi ceS dér-*-
blers bn reHirtrqiTait h?s Pehséei dé Pas-
cal, 1 vol. in-fol., écrit en ébtier de sa
mâib. Celte grande bibliothèque fdt Con-
sumée par lé feu qui prit à 16 millier^
de salpêtre dans la maison de VUhité
f bom qu'on donnait, en 1^94, àuk bâ-
timens de l'Abbàye), fa nuit du 20 août
1794. A cette époque, tes HabitaOs dé
I^rlé étaient mi^ en t^Uisition, commfe
pobr le Service de la garde nationale,
dans les nombreux atellc^rs de salpêtre
établis par les 48 sections de Paris pôul*
les besoins des 14 ou 16 àHnées de là
république. Les manuscrits, nob en to-
talité, mais en partie, furent sauvés dé
rini*endie et transférés à la bibliothèque
nationale; mais il dut «'en égareir en*
ebré tor là foate. V Là bibttodiè^bé dé
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ÈBt
{4Én
ÈÎÉ
rôii, docteur en thôolôgief, ftit onvcrte
an pnblicet) 1718.
On coroplaie encore à Pàrîs, parmi le«
bibliothèques ftionasliques les plas con-
sidérables, celle des Jésuites du noviciat
et d^ la rhaison professe, qui furent ven-
dues aux enchères en 1 764 ; celle dn mo-
Daslère de Saint-Mariin-des-Champs, oà
les livres les plus précieux étaient en-
chaînés; celle des récollets qni contenait
plus de 80,000 volumes; celle des jaco-
bios réformés où l'on voyait l'original
drt ùitéchtsine ths /émîtes ^ composé
par Estien^e Pasquiel* et éctit de sa main;
celles des augustins de fa pliice des
Ylcioirés, deè célestins, des minimes
(114,000 Volumes); des petits aqgtlstlns,
des carmes de la place Maubert, des pic-
pus à qui le cardinal Du Perron avait
donné en partie sa bibliothèque dt fia-
gnolet.
Une dé* bibliothèques les plus célè-
bres était celle de la Sorboime, fondée
dans 1^ XIII* sièrle. Elle conten«lit envi-
ron ($0,000 volumes et 5,000 manuscrits
hébraïque^, syriaques, arabes, turcs et
persans. La bibliothèque de Navarre
était riche en manuscrits anciens; celle
de l'église de Pitrin était curieuse : on y
voyait Toriginal dfs enquêtes qui furent
Alites pouf la canonisation de saint Vin-
cent-de-Paul et qui durèrent plus de 2
ans. Une copie de ceè procès- verbaux
fut seule envoyée à Rome. L'original ap-
parlieht maintenant à Panteur de cet ar-
ticle. La bibliothèque du séminaire de
Saint-Sulpice se composait de 30,000
volumes; on y trouvait la collection la
plus complète connue de tontes les piè-
ces en prose et «n vers burlesques qui
fbrent publiée^ pendant la ^erre de la
Fronde (1049-1052), et qui sont con-
Bueé sous le hom de Màzurinades^, Ce
niême séminaire, a recomposé to bi-
bliothèque et possède aujourd'hui une
Collection qui a beàucot]t> plus de prix,
celle de tous les manuscrits de Fénéton.
Paris avait encore fa bibliothèque des
avocats, fondée par de Riparfond, célè-
bre jurisconsulte, et ouverte au public
deptilis l70S; la bibliothèque de la Fa-
ion compUt^ àp ces pi^c^ffoimt
& M Btl4îoib«i)a« da roi.
cxiMé dé ïftédécftve' atïvétté tOtU leè Jéi-
dif ; celle de l'Académie royale ^Vc^bi-»
tecture, etc.
On porte à 500,000 îè nombre àti
volumes que renfermaient fes bibliothè-
ques monastiques à Paris et dans le dé-
partement de la Seine. On peut après
cela juger quelle immense quantité de li-
vres contenaient les bibliothèques des
couvens répandus en si grand nombre
dans toute la France; la seule ville de
IVfet2 en avait une douzaine, avec des
bil'lioihèqucs plus ou moins considéra-
bles. Autrefois on regardait un monas-
tère qui n'aurait pas eu de bibliothèque
comme un fort ou un camp dépourvu
de ce qui lui était le plus nécessaire pour
sa défense : Claitstriun sine armario ,
quati castra m sine annamentano (^En^
rfchp. de Diderot). Il serait Impossible
de calculer aujourd'hui tout ce qui a péri
par Pincurie administrative de l'époque^
par ventes il l'épicier, par dilapiJailon.
1^ célèbre bibliothèque du comte de
Mac-Carihy, vendue à Paris, en t785, et
si riche en éiWllons princrps , eu livres
rares et précieux, avait été formée à
Toulouse, en grande pari le avec les li-
vres des couvens supprimés et dont fe
dépôt remplissait la grande église des
cordeliers.
L'histoire et la description de la 2^/-
biiotlwqae du roi serait à peine conte-
nue en un volume. Celui que Le Prince a
publié, sous fe titre d* Essai historique
(1782, in- 12), est devenu rare et pa-
rait aujourd'hui très incomplet. On peut
dire ({ue ta bibliothèque du roi e^t fa pre-
mière de toutes les bibliodièques, par sa
richesse et son immensité. L'histoire de
ses premiers temps est assez obscure, et
il serait difficile de déterminer à que)
roi elle dut sa fondation. Las petites bi<*
bliothèques formées successivement par
Louis IX et par ses successeurs furent
souvent dispersées après leur mort. La
saint roi, qui avait établi la sieniie dana
la Sainte-Chapelle, la légua, par poriîons
égales, aux jacobins et aux cordeliers de
Paris, à l'abbaye deRoyaumont etaux do-
minicains de Compîègne. Cet usage fu t snî*
vi par Philippe-le-Bel et par ses trois fils.
Les rois iransafiettaiaAt seulemeot à leurs
suécesseura les livres litargiques de lenr
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BIB
(m)
BIB
chapelle. La plupart des historiens re-
gardent Charles V comme le fondateur
de la Bibliothèque du roi*. Ce prince,
qui aimait Tétude, était parvenu à réu-
nir, ce qui était difficile, vu la grande
rareté des livres dans le xiv^ siècle,
9l0 volumes qu'il plaça dans une des
tours du Louvre, qui fut dès lors appe-
lée Tour de la librarie**; et afin que les
aavans pussent y travailler de jour et de
nuit, il avait fait suspendre à la voûte
80 petits chandeliers et une lampe d'ar-
gent. Mais Charles Y et Charles YI,
son fils, firent souvent porter dans leurs
maisons royales des volumes tirés de la
Tour de la librairie, et qui, la plupart,
n'y rentrèrent plus. Enfin toute celte pe-
tite bibliothèque fut dissipée sous le rè-
gne de Charles YII, et il ne panit plus
en rester aucun vestige. On croit que le
duc de Bedford en avait enlevé la plus
grande partie et qu'il l'avait fait passer
en Angleterre***. Louis XI s'occupa du
soin de rechercher les débris de cette
bibliothèque, et il s'en forma une qu'il
augmenta depuis des livres de Charles de
France, son frère, et probablement aussi
de la bibliothèque des ducs de Bourgo-
gne à Dijon****,quand il eut réuni le duché
à sa couronne. Charles YIII augmenta
cette collection d'une grande partie de
la bibliolhèt|ue de Naples dont il avait
fait la conquête. Lorsque Louis XII fut
monté sur le trône, la bibliothèque que
X^hnrles d'Ortéans son père avait formée
à Blois fut conservée dans cette ville où
on porta les livres de Louis XI et de
Charles YTII; et quand le roi se fut em-
paré du Milanez, il fit aussi transporter
à Blois une partie des livres qui avaieut
(•) Voir le Liminaùê, p«g. m et suir. de la Bi^
bfiolhèqut protvpof^raphiqu; ou LVtrairitt dêtfiU
du mi Jenn , Charleg V, Jean de Berri , Phihpp§
d0 Bourgogne et Ut siens ( pur J. Barrois. Paris,
i83o, io-j", cheaTreuttel et Wiirta). « La ri-
cheAse litteruire , y e»l-il dit, transmise à Char-
les V, cororoe héritier du lr6oe, consistMit en
dix ▼olomes! >• La bibliothèque des comtes de
Nrfroar, mise en vente en 1439, se composait de
huit volumes. J- H. S.
(♦*) Librariê était alors le vrai nom : le mol bi-
bliothèque, employé dans Tantiquité, avait ce^sé
d'être en usage : un gardien de livreK s'appelait
armarint, scrinuriui, noiartus ^ etc. Liminaire ,
pHÇ V et II. J. U. S.
"^*) Lminair», p. xtr.
**) f^oir le m^me Uminmin» pag. v, xv «k
Dtes. S.
apparteou à Pétrarque, et les bililiodiè-
ques que les Yisconti et les Sforoe avaient
dans la ville de Pavie. Car, c'est une chose
remarquable que , dans les guerres, chez
les anciens et chez les modernes, les
premiers et les plus nobles fruits^ de la
conquête ont souvent été l'enlèvement
des plus riches monumens de l'esprit
humain et des arts. François V^ ^ après
avoir augmenté la bibliothèque de Blois,
' dont on parlait déjà en Italie et en Fran*
ce comme d'une meiveille, la fit trans-
férer, en 1544, au chûteau de FontaU
nebleau; et cependant, quoiqu'il l'eàt
enrichie de manuscrits achetèi par set
ambassadeurs, à Rome et a Yenise,
cette bibliothèque royale ne se compo-
sait encore que d*à peu près 400 vol., 40
manuscrits orientaux, et 70 volumes im-^
primés depuis les premiers temps, en-
core peu éloignés, de la découverte de
l'imprimerie. Elle reçut peu d'accrois-
semens sous Henri II et sous ses trois fils
François II, Charles IX et Henri IIL
Henri lY, voulant que les savant fussent
plus à portée de profiler de cette biblio-
thèque, la fit transporter de Fontaine-
bleau à Paris, en 1^95, et elle fut pla-
cée rue Saint- Jacques, dans le collège
de Clermont, après l'expulsion des jésui-
tes. C'est alors. qu'elle fut enrichie de la
grande Bible de Charles-le-Chauve, qui
avait été conservée dans l'abbaye d«
Saint-Denis, et par l'acquisition de U
bibliothèque de Catherine de Médicis,
composée de plus de 800 manuscrits
grecs et latins. £n 1604, après le réta-
blissement des jésuites, la bibliothèque
royale fut transférée du collège de Cler-
monl chez les cordeliers, où elle resta
quelques années en dépôt sous la garde
de Casaubon, et d'où elle fut retirée, sous
le règne de Louis XIII, pour être pla-
cée dans une grande maison qui appar-
tenait à ces religieux, rue de la Harpe.
Elle ne se composait encore que d'en-
viron 16,746 volumes imprimés ou ma-
nuscrits.
La bibliothèque royale reçut peu d'ac-
croissemens sous le règne de Louis XIII :
le cardinal de Richelieu avait porté toute
son attention sur la sienne qu'il légua à
la Sorbonne. Les principales acquisi-
tions furent celle d'environ 418 Tolnma»
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(489)
BIB
oNanucrHi de Philippe Hnranlt, évêqiie
de Chartres, et celle de 1 10 beaux ma-
nuscrits syriaques, arabes, turcs et per-
sans qui avaient ap|>artenu à De Brèves,
ambassadeur à Ginstantinople.
Ce fut sous le règne de l^uis XIV et
sous TadministratioD de Colbeil que la
bibliothèque du roi prit Tempreinte de
la grandeur de cette époque. Jacques du
Puy, qui avait élég<ir(ie de la librairie,
et qui eut pour successeur Nicolas Col-
bert, frère du ministre, l^ua au roi sa
bibliotlièque (1657); le comte de Bé-
thune lui fit don de 1,923 volumes ma<-
nuscritSy fonds précieux pour Thistoire
de France et la plupart remplis de let-
tres autographes et de pièces originales.
Colbert fit acheter les manuscrits de
Brîenne (340 volumes) sur les affaires
d*état. D'autres acquisitions importantes
et rouhipliées furent faites encore. On
en trouve le détail curieux dans le mé-
moire historique sur la bibliothèque du
roi, placé en tête du catalogue dont
Fimpression fut confmencée en 1739.
Déjà cette bibliothèque était devenue
trop considérable pour pouvoir rester
dans la grande maison de la rue de la
Harpe. Colbert la fit transporter, en
1666, dans deux maisons qui lui appar-
tenaient^ rue Vivienne. La bibliothèque
du surintendant Fouquet avait été saisie
et vendue après sa disgrâce; plus de
1,300 yolumes et le recueil de l'histoire
d'Italie furent achetés à cette vente pour
la bibliothèque du roi. Tous les manus-
crits de la bibliothèque du cardinal Ma-
zarin, au nombre de 2,151 , furent ac-
quis en 1668. L'année précédente, le
cabinet des médailles et le cabinet d'es-
tampes formés par l'abbé de Marolles
furent retirés du Louvre et réunis à la
bibliothèque dont ils ont continué de
faire partie. Parmi les acquisitions qui
furent faites, on distingue celle d'une
grande partie des livres du savant Jac-c^
ques Golius, à Leyde, et celle de plus
de 1,200 volumes, manuscrits ou impri-
més , de Porientaliste Gaulmin. Enfin des
correspondances établies dans toute l'Eu-
rope et des recherches faites dans le Le-
yant firept entrer dans la bibliothèque
du roi les meilleurs manuscrits anciens
«n fp«Cy «D «vabe, en persan el antres
langues orientales, et des trésors litté«
raires de tout genre.
Lorsque le grand Colbert mourut
(1683), la bibliothèque du roi se compo-
sait d'environ 40,000 volumes imprimés
et de 11,000 manuscrits. Louvois, suc-
cesseur de Colbert dans la direction de
la bibliothèque, fit faire, en Europe,
des recherches et des achats considéra-
bles de livres et de ipanuscrits qui arri-
vèrent de toutes parts. D. Mabillon, qui
voyageait en Italie avec une mission
spéciale, rapporta plus de 4,000 volu-
mes. Après la mort du ministre, Tabbé
de Louvois lui succéda avec les titres de
maure de la librairie, intendant et
garde du cabinet des Hures, manus-
crits, médailles, etc, et garde de la
bibliothèque royale, sous l'autorité de
Sa Ma/esté seulement. En 1697, le père
Bouvet , missionnaire , enrichit de 49
volumes chinois la bibliothèque qui n'en
avait alors que 4, et qui se sont depuis
prodigieusement accrus. En 1700, l'ar-
chevêque de Reiras (Le Tellier) fit don
de 500 manuscrits hébreux, grecit, latins
et français. En 1711, le riche cabinet de
Gaignières; en 1715, 100 volumes ou
portefeuilles de manuscrits arabes, turcs
et persans de l'orientaliste Galland, et
14 portefeuilles de livres tatars vinrent
ajouter encore aux richesses de la biblio-
thèque royale, et quand Louis XIV mou-
rut, elle était composée de plus de 70,00Q
volumes; elle n*en contenait que 16,746
à son avènement au trône.
C'est en 1721 que la bibliothèque
fut transférée de la rue Vivienne à la rue
Richelieu, dans les bâtimens qu'elle oo-
ciipe encore aujourd'hui sur l'emplace-
ment du palais du cardinal Mazarin. Il
avait été question, à cette époque, de la
placer dans la galerie du Louvre, mais
l'arrivée de l'infante d'Espagne (elle de-
vait occuper le Louvre et fut bientôt
renvoyée; avait fait renoncer à ce pro-
jet, qui, presque un siècle plus tard,
vint occuper la pensée de Napoléon et
ne parait pas encore abandonné. La bi-
bliothèque a reçu , sous le règne de
Louis XV, des accroissemens considéra-
bles. Le magnifique cabinet d'estampes
du marquis de Beringhem, composé de
plus de 80,000 pièces reliées en près de
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«n (490)
eM idinttèki %9 vôldièâr êfèHtàïopéà an
maréchal d'Ûxelles; la riche collection
4e portraits et de gravures historiques
dé Fevret de Foiilette; une pnrtie du
èabinet de Pierre Mariette, qui fut payée
50,000 livres, et d'autres recuerU réu-
itls à la grande collection de Tabbé de
Maroffes, Ont fait du cabinet d*estampes
de la bibliothèque du roi le plus vaste
éi le plus riclie dépôt qu'il y ait en ce
^enre. La collection de livres chinois, ta-
tars et hindous, donnée par Tabbé Bl-
gnon, nommé bibliothécaire en 1^28,
à la mort de Pabbé de Louvois; l'acqui-
sjition des manuscrits de La Marre et de
Balo/.e, formant plus de 1,000 volumes;
un pareil nombre acquis à la vente de la
bibliothèque Colbert, plus de 600 ma-
nuscrits envoyés de Constantinopfe, un
très grand nombre d'autres achetés dans
IflindoUstan , les manuscrits de saint
Martial de Limoges, ceux du président
de Mesmes, la collection si précieuse
des manuscrits de Gingé , une foule
d'autres acquisitions dont le détail serait
tfoplong, et enfin l'accroissement pro-
digieux, procuré, depuis 1790, par la
èuppression des ordres monastiques, ont
fait de la bibliothèque du roi la première
bibliothèque du monde. La victoire y
avait fait entrer et la victoire en a fait
sortir les manuscrits de la bibliothèque
du Vatican, ce que contenaient de plus
|>réckeuxles bibliothèques de Saint-Marc
dé Venise, de Bologne, de Milan, de Mu-
nich et d'autres villes d*ltalie et d'Alle-
ihagne. Mais elle conserve les riches col<
léclions de manuscrits de vSa^nt- Victor,
de la Sorl^oune, de Saiot-Cermain-des-
ft-és, etc.
La partie des manuscrits est divisée
éù fonds du roi, de Du Puy, de Béthu-
né, de Brieone, de Mesmes, de Gai-
snîères, de Colbert, de Lancelot, de
Joaluze, de Cangé, de Sérilly, de Fon-
taniéu, etc. Peut-être serait-il utile de
Supprimer ces divisions et d'en former
une collection générale, unique, et par
ordre des matières. Déjà l'académicien
bibliothécaire Mellot a publié la descrîp*
tïon d'une grande partie de ces manus-
crits, formant les quatre premiers volu-
mes du Catalçgue de la bibliothèque du
roi, Paris, împr. roy., tii^-ilS^^ Id
V6L m^féL Ré pii^éi (iiwt^\Èt9) %%
vol. în-4* dé Tfotices et éttraits de céA
méme^ Tnanuscrits. MM. Al. Haittil^oti
et Langlès ont donné, en 1807, U Ca^
talo^ue dei mann.icrîts sanxcrlts; et
M. Abel Rémusat a fait imprimer, en
1818, nb lifêhioiré sur les Ihr&s nhi^
/lois de In bibliothèque du roi. Mais il
serait à désirer que ce qni à été fait pour
les bibliothèques du Vatican, de Vienne,
de l'Kscurial, et pour d'autre^ encore, fût
cmi rageusement entrepris ponr la biblio*
thèque dû roi, c'est-a-dire llmpressioa
du catalogue, non des livret imprimés, ce
qui pourrait paraître un travail immense
et trop dispendieux, mai» le câtalbgoé
systémati(}ue et général des manUscrrU,
ouvrage qui aérait sané doutë volaini^
neiix, mais dont la pabircatlon bonùré-
rait un règne, et dont la très grande uti*
llté ne peut être contestée.
On petit résumer ainsi l'hbtoTre des
accroissemens de la bibliothèque dii l*ol :
sous le roi Jean (xiv* siècle), 0 à 8 vo-
lumes; sous François 1*', 1,81>0; sous
Louis XIII, 16,746; sous Louis XIV,
en 1689, à la monde Colbert, dO,541;
sous Louis XVI, avant la révointlon,
environ Î00,00Ô, et à Tépô^foe arluelle
450,000 imprimés , environ 100,000
manuscrits et plus de 400,000 pièces
fugitives placées danti des cartôné. On
dit que la bibliothèque royale S*accroU
tous les ahs d'enviro* 6,0(1^ ouvHgeS
français et 3,000 éti^nge^s*, el, suivant
cette progression, le hombre dti volu-
mes actuel se trouverait doublé dàna iO
ans.
A la bibliothèque est joint le tiabihet
de médailles et d'ahtiqiiltés, cômmertcé
par François I**", augmenté (rtir Bént-i II,
de la riche collection apportée de Flo-
rence par Catherine de Médlcli ; par
Charles IX, de la côMectioA de Jean
Oroiller. Ce roi poète, élevé et ami dé
Ronsard, avait placé le càWnet des rtié-
dailleS au Loovt^. Louis XIV le réunit,
en 1667, à U bibliothèque t^ul était alors
rue Vivienne. Sous son règne îf fut aug-
menté de la belle collecliofei de Gaston,
due d'Ortéans; Colbert chargea le célè-
(*) Cû nokihre rappriM-hé de ta («énurie en
livre» étrangers que tout le monde teprorlie à
1^ ^^Ho^Ue^ iK^alp.df 9Mi«,.|i0i|f Mraift
trop considénble. J. H. 8,
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Éi»
(491)
ÈtÉ
kèftâti^luUréyiillàiltd^tb^^^ Ita-
lie, dait» là Grèce, puis sur les côtes d'A-
frique et enfin en Egypte et en Perse,
pour y refcheixher cl aclieter des mé*
dalMes. La même mission Tut donnée au
ii\kbrt voyageur Paul Lucas. Les orîen-
tàtiétes Oalland et Petis de la Croix,
rambdssadeur de France k Constantltio-
pl« (de Ndintel) d'autres encore, furent
febargéS de faire des achats. Des cabinets
fetitiérs tinirerit enrichir celui du roi qui,
à h niôrt de Colbert, excitait déjà Tad-
inirâtion dé FËui'ope; les récherches
coritirtuèrènt sôUs LouvoiS, et le catdlo-
guti qui fut rédigé par son ordre for-
inalt déjà 6 vol. in-fol. Dans te xvii* siè-
cle, lé cabinet ^'accrut presque du dou-
blé; Sbùà la garde de Tacadémicien de Ëo-
ie, thon en 1734. L'abbé Barthélémy,
qui lui éubcéda, fit uh voyage d*etplora-
tion en Italie et en rapporta une ample
et Hche moisson. Le cabinet de l'anli-
É[uairePellerIn,cotitenant plus de 1 1,000
Médailles, fut acheté en lt76. Et enfin,
digne de la bibliothèque dont il fait par-
tie, le cabiriet du roi, malgré le xol qu'il a
lK>uffert dans ces derniers tetnps (1S5l),
est le plhè vaàtfe et le plus précieux hno-
Dûment consacré à la nâulismatiqne.
Avant ce vol il comptait plus de 100,000
ptècc^s, huit en ot*, qti'eù argent et en
brot)ze.
Paiifii les antiquitéè, oti distingue Jeu)t
l^ti^ds boucliers votifs eh argent, dits
foH fnàl à propos boucliers de Scipion
et d'Annibal; Fagaihe-onyx représentant
Tapothéclse d'Auguste, la collection des
pierres ^vées, etc. Parmi leé curiosités,
le fhuteuil du roi Dàgobert, l'armure dé
François I*', etc. A. L. Coîntreau a fait
Imprimer, éfl 1800, une Histoire abrcf^ée
du cabinet des médaUti^s et antiques
tfe II hiblloifièqxie riatiàHhle, în-S**.
Lé cabinet dés estampes éontient en-
viron 1, 1^09,000 pièces disposées en
{îus de 60^ pôrtèfeuitlèé oti volumes.
,'ordré qui s'y trouve établi doit beau-
coup au zèle intelligent de M. Duchesiie,
3Xk\ a publié une description éurieûse
e ce magnifique dép6t.
D'après la toouvelle (n-ganiëadon de
la bibliothèque du roi, Tâdmittist ration
actuelle est ainsi composée : un président
^}iliimttéiiAAl da cà/Uéri^éMtè; dàin lé
dépàf'iéhiëHt dés UHiè:f vA'fifwlêi p A^iHL
conservateurs, trois employée à la rédàO*
tioti du catalogue et douze aiitrés em-
ployés et auxiliaires oU surnuméraires.
Dans le dé/ artcment des ma/tuscHts,
trois conservateurs, plusieurs conserva-^
t eu rs-ad joints et employés. Départeméht
des médailles , deux conservateurs, plu-
sieurs conservateurs - adjoints et em-
ployés. Département des estampes^ tin
conservateur, un conservateur -adjoint
et un employé. Département deâ carteà
géof^raphiqites et plans (nouvellement
créé), un conservateur.
La bibliothèque de Monsieur ou de
Y Arsenal fut créée par le marquis de
Paulmy {vny, ARCKirsoif)^ qui acheta
celles de Barbazan, de Sàinte-Palaye et
autres; ses héritiers la vendirent (vert
1785) au comte d'Artois; on y réunit,
en 1787, la seconde partie de la biblio-
thèque du duc de là Vallière, dont lé
catalogue, rédigé par Nyon, forme tt
gros vol. in-8^. Cette bibliothèque doit
des accroisscmens considérables à l'hié-
torien Amëillion, qui en fut long-tempi
bibliothécaire.
La bibliothèque Mazdrine , fondée
par le cardinal Mazarin, en iB4S, for-
mée par les soins Je Gabriel Naudé, fut
léguée au collège dit des Çuatre-Na"
tions , en 1 66 1 , et transférée de la rue
Richelieu dans son local actuel, en 1668;
son bibliothécaire administrateur, M. Pe-
tlt-Radel, a publié, en 181^, de sa van-»
tes Recherches siir les bibliothèques et
particulièrement sur la bibliothèque Mà«
zariné.
La bibliothèque de Sainte-Ge^evlèPè
n'existait pas encore en l6dS. Les savans
géhovéfdins Pronleau et Laltemand en
furent les fondateurs; Du Molinet, Pin-
gré et Mercier, abbé de Saint-Léger,
contribuèrent à son a((rand}Mement.
L'archevéïtue de Keims, Le Tellier, lui
avait légué sa riche collection de livrés.
La galerie où elle est placée a 53 toises
de longueur et la forme d'une croit
grecque, mais dont les côtés ioUX iné-
gàut.
La bibliothèque de ta i^tllè M ouverte
au public en 1^63. M. Baîlly a publiéy
en 18W, in-8°, des Notices historiques
sû^ leàl tfihiiôlM^itês, dtxirâge éaAéuà
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(492)
BIB
dans ItqofA on troave l'histoire de la bi-
bliothèque de la ville.
Enfin la bibliothèque de VJ/tttitut,
dont la création est moderne, contient
près de 80,000 volumes, des collections
précieuses et beaucoup de livres envoyés
par les académies et les savans étrangers.
Il nous reste à faire connaître les prii^
cîpales bibliothèques des départemens.
La plus considérable, celle de Lyon,
qui contient 1 1 7,000 volumes, a été suc-
cessivement enrichie par Henri III, Hen-
ri IV, Louis Xin et Louis XIV. Elle a
compté parmi ses bibliothécaires les sa-
vans jésuites. Labbe, Ménestrier, de Co-
lonia. Cette bibliothèque fut en par-
tie détruite par un incendie, en 1644;
un grand nombre de livres périrent en-
core dans le bombardement de 1793, et
après la prise de la ville, par le loge-
ment d'un bataillon de volontaires. Bien-
tôt après, 14 caisses de manuscrits, choi-
sis par des commissaires du comité de
salut public, furent expédiées pour la
bibliothèque nationale de Paris , et n'ar-
rivèrent pas toutes à leur destination.
Ces pertes ont été réparées par la réu-
nion de la bibliothèque des avocats, de
celles de P. Adamoli, du séminaire de
Saint-Irénée, des cordeliers, des carmes,
des dominicains, des augustins, des mi-
nimes, des couvens de Picpus et de Saint-
Jean. Un savant catalogue des manuscrits
de la bibliothèque de Lyon a été publié
par Delandine, 1812, 8 vol. in-8°. Le
vaisseau de la bibliothèque est remar-
quable par sa beauté : il a 150 pieds de
longueur sur 38 de largeur et 40 de hau-
teur, avec une terrasse de 70 pas, d'où
la vue est magnifique. — La bibliothèque
de Bordeaux contient plus de 100,000
volumes. — Celle d'^/x, placée dans les
salles supérieures de l'Hôtel-de-Ville, en
compte plus de 80,000 depuis la réu-
nion de la belle bibliothèque du marquis
de Méjanes, léguée à la ville, en 1786.
Les manuscrits sont au nombre de plus
de 1,000; presque tous ceux qui con-
cernent la ville d'Aix ou le parlement de
Provence viennent de M. de Saint- Vin-
cent, d'autres appartenaient à Peiresc. Le
bibliothécaire actuel, M. Rouard, a pu-
blié sur ce riche dépôt un ouvrage inti-
Inlé : Notice sur la IMhthèque d'Aix,
dite de VLé\uktM^ précédée d^un Essai
snr l'histoire littéraire de cette ville,
sur ses anciennes bibliothèques pidfU-^
ques, etc., Paris et Aix, 1831, in-S**.—
La bibliothèque publique de Strasbourg,
dont la fondation remonte à l'an 1531
et est due , ainsi que d'autres institutions
utiles, au patriotisme de Jean Stunn, ne
consistait d'abord qu'en 700 volumes;
elle en compte aujourd'hui près de
80,000. Marcus Otto lui légua sa riche
collection de livres, en 1692; le célè-
bre professeur Daniel Schœpûin lui fit,
en 1 772 , le magnifique legs de ses livres,
de ses manuscrits et de son cabinet d'an-
tiques et de médailles. MM. Winkler et
Garus lui donnèrent leurs manuscrits en
1783, et la même année la précieuse col-
lection deSilberraann,sur Thistoire et sur
les antiquités de Strasbourg et de l'Al-
sace, fut réunie à la bibliothèque. La ré-
volution enrichit cette collection de celles
d'un grand nombre de monastères; en
1832 fut faite l'acquisition de toute la
partie théologique (environ 10,000 vol.)
de la bibliothèque de l'éloquent docteur
Haffner. On y trouve un grand nombre
de livres rares, des manuscrits relatifs à
la province d'Alsace et à la poésie alle-
mande et chevaleresque du moyen-àge,
et beaucoup à*incunables. On dbtin-
gue, parmi les portraits qui ornent la
bibliothèque, celui de Jean Guttenberg,
qui trouva le levier du monde, et celui
de Schœpflin qui a si bien su se servir
de cette d^uverte dans Técole la plus cé-
lèbre des temps modernes pour la srJence
de l'histoire et de Téconomie politique.
Il faut y ajouter ceux des deux Slurm.
Belgique et Pays-Bas. La bibliothè-
que de l'un i versi té de i>/^^ fut fondée, en
1586,parGuillaumeI"'',princ«d'Orange,
enrichie par Joseph Scaliger de tous ses
manuscrits hébraïques, chaldéens, syria-
ques, persans, grecs, arméniens, etc.,
par la réunion de la bibliothèque d'Isaac
Vossius, qui contenait un grand nombre
de manuscrits ayant fait partie du cabi-
net de la reine Christine; par celle de
Ruhnken à laquelle sont restés joints les
papiers de ce célèbre philologue. On y
compte maintenant 40,000 ii^primés eC
1 0,000 manuscrits dont 2,000 orientaux.
Pierre Bertins^ Frédéric Spanbeim , Jac-
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BIB
( *&8 )
BIB
qnes GronoTÎns et d'antres savans ont pu-
blié des catalogues de cette bibliothèque.
M. Hamaker a fait imprimer, en 1 820, in-
8^, le catalogue des manuscrits orientaux.
— On M aussi des catalogues imprimés
des bibliothèques publiques d'Amster-
dam, de La Haye, de Harlem, de Delft,
de Gouda, de Groeningne, d'Utrecht, etc.
Valère André, savant bibliothécaire de
Loovain, et Van de Putte, connu sous
le nom d'Erycius Pnteanus, ont publié,
l'un rhistoire {primordta\ Tautre le ca-
talogue de la bibliothèque de Louvaio ,
1688-89, J vol. in-4'*. Ant. Sander a fait
imprimer, en 3 vol. in-4^ (Lille, 1641-
44 j, la Bihliotheca Beiffica manuscrip-
ta; c'est un catalogue des manuscrits qui
étaient encore cachés [adhuc latentium)
dans les abbayes de Flandre, du Bra-
bant , du Hainaut et du pays de Liège.
On voit à Bruxelles la célèbre biblio-
thèque dite de Bourgogne ^ parce qu'elle
a appartenu aux ducs de Bourgogne*.
Elle se compose d'un grand nombre de
manuscrits précieux, la plupart magni-
fiquement exécutés, et qui sont entassés
dans un petit cabinet obscur de l'ancien
palais d'Orange. Ce trésor enroni a été
successivement confié à la garde de Jean
Molinet, Jean le Maire, Viglius, Au-
bert le Mire. Une traduction de la Cy-
ropédie, que la bibliothèque de Bourgo-
gne avait perdue depuis plus de trois siè-
cles et qui fut trouvée, dit -on, dans les
bagages de Charles-le-Téméraire , tué
en 1477, lui a été nouvellement donnée
par la reine des Belges. Un savant Mé-
moire sur cette bibliothèque a été pu-
blié, en 1809, par de La Sema SanUn-
der (grand in -8^ Bruxelles). D'autres
auteurs tels qu'Ant Sander, Van der
Wynck, Duclercq, Hœnel, Mone, Bec-
ker, Beving, Pertz, le baron de Retf-
fenberg, J.-B. Barrots et Van^^raet, dans
ses Notices sur CoUird Mans ion et Jean
de Gruthuse, ont fait connaître les ri-
diesses de la bibliothèque de Bourgogne.
Allbm AGMS. Cest de toutes les con-
trées de l'Europe celle oÀ le nombre des
bibliothèques est le plus grand , et peut-
être celle ou plusieurs de ces bibliothè-
(*) Yoyes sur m première formadon le /ûnt-
nMirg déjà cité de TooTrage de M. Barroîf , Bi-
^fi»tkéqm9pr4^rp0gra^hiqm9, p. xv, t^q. S.
ques oflîrent le plus de collections spé-
ciales remarquables, sur les diverses
parlies des connaissances humaines. On
compte dans 30 villes d'Allemagne en-
viron 4 millions d'ouvrages ou volumes
imprimés, non compris les dissertations,
les discours académiques , les brochures
politiques et les pamphlets. Le nombre
des manuscrits s'élève à plus de 1 60,000.
Les bibliothèques les plus célèbres de
l'Allemagne sont celles de Vienne , de
Berlin, de Munich, de Dresde, de Wol-
fenbnltel et de Stuttgard.
Autriche avec la Bohême^ la Hon^'
grièf etc. Il y a dans Vienne 8 biblio-
thèques publiques. La bibliothèque im^
pénale, fondée en 1480 par l'empe-
reur Maximilien , et à laquelle fut réunie
celle de Mathias Corvin, roi de Hongrie,
contenait, en 1666, plus de 80,000 vo-
lumes ; leur nombre dépasse aujourd'hui
800,000. On y voit une vaste collection
(13,000) de manuscrits hébreux, ara-
bes, grecs, latins, turcs, etc. On y re-
marque le célèbre senatus-consultum
sur les bacchanales, écrit sur bronze,
donné l'an 186 avant J.-C, et dont
parle Ti(e-Live dans sa 4^ décade, liv.
IX : ce monument a été trouvé en Cala-
bre; un manuscrit de Tite-Live qu'on
croit du v^ siècle; un manuscrit mexi-
cain écrit sur peau humaine g avec des
figures coloriées ; les cinq livres de Moïse,
le Deutéronome, l'Eccléiiaste, le Canti-
que des cantiques, les livres de Ruth et
d'Esther, écrits par un Ju*f sur le recto
d'une seule feuille de 8 pouces de hau-
teur sur 6 et un peu plus de largeur,
sans abréviations ( la ligne comprend en
français plus de 800 lettres ) et qu'on
peut lire sans le secours d'une loupe; le
manuscrit des Assises de Jérusalem qui
avak appartenu à la bibliothèque de
Saint-Marc de Venise, que les conquêtes
de l'armée d'Iulie firent passer dans U bi-
bliothèque nationale de Paris , et que les
tristes événemens de 1816 ont fait re-
tourner en Autriche. Parmi lesimprimés,
on remarque un des deux seuls exemplai-
res connus du livre de Servet, Christia-^
nismi restitutiOfimprimé en 1 568,in4(^;
et dans la collection d'estampes en 700
grands vol. , un recueil unique de por-
traits ett 317 Tol. Cette magnifique bi^
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m»
(4W)
m
tjii^ihl^qan 9<^pt po^ «acittoiMi église
^Yec 8 graDJcs salles^ mpç pçuvième ^alle
^t consacrée aux médailles et aux mfi"
numeos. On y voit le talisman du célèbr^
çt trop crédule Wallenslein, etc. I^ichar^
a écrit en latin rhi^ioire de la bibliothèque
Césarienne (Jéna, 171? in-8®). M. Léon
9 dpno^ MP précis bJ^ori(||i^ sur cette
mçme bibliothèque, 1820, in-8o. P.
jUmbécius en a réd'i^ le catalogue,
(Vieipne, 46(iô-J679, 8 vol. in-f«l. fig.;
Douv. éd., 1768-178e>,S vol. ip-fo|.);de
Ne^el a publié, avec des notes et des
figures, un recensement s|>écial des ma-
nuscrits ^recs et orientaux (Vienne, 1 690,
6 parties reliées ordinaireipent en 2 vol.
iorjol.), q^i f^it suite au catalogpue de
l.ambécius. ËLeimmao a fait imprimer,
en 1719, in-8^, un abrégé des catalogi^s
de Lambéci'is et d^ N^:»!iel. Mit*hel De-
pis a décrit les manuscf ils de théologie en
{» parties ou 2 vol. in-fol. ( Vienqe, 1 783
et apn- sujv.). A.-f, KoUar a fait impri-
ma un premier livjre de supplément au
çfiUlogue deLaa9béciii8(Vieni^e, 1790,
10 fol.). 11 n*a paru aussi qu^une première
partie de la liche description des bi<^ti-
mens de la bibliothèque Césarienne H. de
ses monument dessifies pai $al. Klelner»
^ gravés par Jéj\-Jacq. Sfddmayr, avec
texte lahniet allemand, Vienne, 1737,
Vi-fol. M. J. de Uammer a décrit les
manuscrits arabes, persans et turcs (Vien-
Uç, 1820, inibi.}.
La bibliothèque de Funiversilé de
yiei^ne, formée en |777 ayec celles des
jésuites et de plusieurs couvent suppri-
més, rcnfermç plus de 90,00Q volumes.
La bibliothèque de l'Académie théré-
sienntft, formée aus$i em partie de» livres
de couvens supprimés et d'acquisitions
faites depuis 1797, se compose d'envirou
30,000 vplumes.
La bibliotbèque de Prague contient
160,000 volun^ et environ 8^000 ma-
nusc;rits. Parmi .q^ux-ci sont : une Bulle
pontificale > de Taq 1145. La signature
des cardina,ux <^t une croix; leurs noms
se remarquent icrits tous de la même
main : mais les croix appariiennent à des
mains diverses , d'où suit la .preuve que
cas cardinaux ne savaient pas écrire; une
Table dfis logariihmeSj autographe de
TjrçhQ*Bridi^# un Uwe naiabiu'» toit
•or 4w f^QîVf» U ptimifTi ^Çfmtf
de Consti^cç^ manuscrjt d'après lequel
a été faite la premier^ édi^nn; une ^Z-
ùfd bohiétne^ ^vjec des lettres ^ngoli^ique^
( voy. ) ^t qu*on croit du l^M* 9^ ^^
commencement du ^lu*" siècle ; Ips «Si^r-
tu^ synodaux de l>rc)iev. ^ Prague
premier (ivre impriuié fa Qohèn?^! ^
PiUen, 14715, jçta
La bibliothèque df Grofi^ftT^ StjrM %
|)lus de ) 00,009 vo|.; c^U fiç jf^ifkmrs
n*en compte que 2<^,00Q.
La bibliothèque de PreskpHrg^ 4^"
née par le comte d^ Szecbeny, qui en
avait fait rédiger \p catalogue (sn 1799
et ann. suiv. (7 vol. in-8<^;, ^*eat accr«9
encor^ de nouvelles acquîaitipns faites
par le même jcomie, de 1899 k 1897.
Celle de l'unlvepiité de Pe^4h9 fondé» «tt
1772, fi ^0,000 volume^.
Pruxxe. BeiUn possède 7 biblinthè-
ques publiques. La principal^ «at la
bibl. du rpj; eUe fut fo/idée par Frédé*
ric-GuillaU'PfBf électetur de Bri^lldebourg,
et a été considérablement augmentée par
celle du savant Spanheim. 'ÈXÏ^ onnlîent
200,000 vol. et 2,000 manuscriu dcmt
quelques-uns cju temps de Cbarlemagne.
VeirièreLaCroze a publié dans les MU"
cellaneu Berolineiuia une notice snr Ut
manuscrits chinois de celte bibliothèque.
Il a fait aussi connaître les raretés qu*ell«
contient, dans un livre imprimé à Berlin
sous ce titre : De fcrihendd historid
bibL régies Berolinensis, 1 726 , în-4^.
Airich a publié une notice sur n:tt« bi-
bliothèque [Enlwurf einer Gexch. tl, à.
BibL zu Bt-rlUty B., 1 762, in-8**); mais U
plus importante est celle de M. Wilken,
bibliothécaire en chef ((vejrcA. d. à. Bi'
bl. zu Berlin, B., 1828, in-8^).
La bibliothèque de ruoiversité dn
Halle, fondée en 1694» compte mainl*-
nant près de 50,900 vol., et a une belle
coUeclionde gravures. — CelledeCb/o^/te
contient beaucoup de n^Auscrits dont le
catalogiije bistorico-cri tique a ét^ imprimé
en 1762, in-4'. On pei^t consulter la
Bibliotheca coloni^nsù, publiée par le
jésuite Gos. Uartzhei.m, 1747, in-foL
Bavière. L^ bibliothèqun de Munioh^
fondée par Albert V au commencement
du xvt* siècle, con tient an moins 300,900
Yob^ dont U«099 incttaabint; I8i ùii>f
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M>
(♦•M
BIB
IM^fUJnni iiir TéUo, et 9,000 oMovicrita.
On remarque un de ce» dentiers iur
papyrus, que le pape Pie VI fît copier
pendant »on voyage à Vienne ( 1782 ).
On imprima, en 1609, le caulogue des
manuscrits ; on lit dans Taverlissement
que la bibliothèque n'était ouverte qu'aux
caiholictues. Le baron d*A.rétin et Ignace
Har4( ont publié avec des notes le cata^
logne des man^sorlts grecs de la biblio*
thèquedeMankh, 1806-1812, 5 vol.
in-4^
La bibUotbèqne ài*4ugsbQurgî\ii fon-
dée, en 1^37, par Xystus Betuleîus. Le
fénai $t «<;beler à Venise, vers lâ45,
les mannsci*it« grec$ d*Ant ËparcJius,
arch. de Corfon, et la oollectioa de WeU
ter y fut jointe ensuite. D. Hœichelius fît
imprimer, en 1595, in-4®, un savent cata-
logue des manuscrits de cette bibliothè-
que. Ajit* Reiser a donné, en 1 675, in-8'',
un second catalogue des m^mes manus-
orits; d'autres catalogues des livres de
oette bibliothèque ont été publiés par
Ireorg. Heniscbius, 1600, in- foi., et par
£lie Ëhinger, 1633, in-fol.
I«a bibliothèque de ^furemberg a
30,000 vol. Jean Satubert en a écrit l'his-
toire^ 1648, in- 12 ; Leibnitz a fait con-
oaUre, sons le titre de MemorubUia
(1674, in-4*), ce qu'elle oITre de plus
renuirquable. Solger, bibliothécaire de
TaBcienne république de Nuremberg,
a donné, en 2 vol. iii-8* (1760H61), le
catalogue de aef Uvres les plus rares et
de ses manuscrits. €hr.-Tb. de Murr a
déisrit aussi, sous le titre de Menn^rabi"
HUf les objets les plus importans qui se
trouvent dans les bibliothèques publi-
ques de Nuremberg et de l'université
d'Mtdorf, 1786, 3 vol. io-8% fig.
Same, Dresde, Auguste Beyerafait
paraître, de 1731 à 1788, quati*e écrits
io-4® ei in-8® sur les bibliotbèques pu-
bliques et particulières de cette viUe.
La bibliothèque tvyale, placée dans le
palais japonais, est une dîîes plus i»elles
qu'il y ait «dans le nord de l'Europe. Elle
lut fondée, en 1566, par l'électeur Au-
guste, et contient 220,000 vol. dont
1,000 incunables, 63 impressions sur
parcbemin , ti 2,700 maMUsoHts. Un de
ces derniers a été écrit dans le Meaique
) c c*eiC on oalendrier
avec quelques fr^gmens de rhit^ftirf dea
loca9. pn conserve, dans cette biblioth^
qj/e, un be) exemplaire du K.oran, qu'où
dit avoir appartenu à Bajazet XI , et qui
fut pris au dernier siéjçe de Vienne par un
officier saxon; les Rtf'verie.t du maréchal
deSfixe^ manuscrii original lait sous le»
yeux du vaimpieur de Footenoy. La
bibliothèque royale est riche en livres
rares, en premières éditions du «v* ai^
de. On y trouve 600 éditions des Aides*
M. Adolphe Ebert, directeur de eetl^bî*
bliothèifue, en a donné une description
détaillée sous ce titre: Geschickte vmd
Beschred}iing tler katn, œffentUchen
Hihliothvk zu Drrsden. Leipz., 1822.
Leipzig dnii^wx bibliothèques connues
sous les noms de Puultna et Th'inKina.
La première, qui e»t celle de Tuniver-
siié, renferme 50)000 imprimés et 2,000
manuscrits; l'autre , celle du conseil mu-
nicipal, a 40,000 imprimés et 2,000
manuicrils. J.>Chr. Gjtlsched fit irapri-
mer, en 1 746, uoe notice des plus rares
manuscrits de la bibliothèque Pauline.
Feller donna, en 1676 et 1686, les ca-
talogues des deux bibliothèques.
La bibliothèque de fVcimar toniXtnt
95,000 vol.; U.-J. Gerdes en publia le
catalogue, en 1703, in-foL Schurrfleisoh
fit imprimer, en 1 7 11 , une notice in-fol.
sur cette même bibliothèque.
L*histoire de la bibliothèque de 6o-
tha a été publiée par God. Vockerodt,
1714, in-40. On y trouve une eollection
de manuscrits chimiques qui ontétéTob*
jet d*une dissertation de Th. Beine-iius,
imprimée dans le catalogue des manus*
crits de Golha, [«eipzig, 1714, in-4^.
Messe, La bibliothèque de Cassei
contient 60,000 vol. ; celle de Tuniver-
stté de Marbourg renferme 56,000 im-
primés et quelques manuscrits; celle de
Darmstadt, 30,000 vol.; cellede Miiyen-
ce 90,000; celle de T université de Gies^
sen, 24,000. Un spécimen des lîvrea
rares de cette dernière a été publié, dans
oette ville, par C.-F. Ayrmann, 1738,
in-4 •.
fVurtemherg. La bîbHolhèqne de
Suutgard contient 180.000 vol. Elle est
reaommée par sa coHect on Unique de
9,000 Bibles; mais il en faudrait plu» de
3,000 euncm pour k compléter. Le bft«
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(4Ô6)
BIft
timent de cette grande biblioth^ue, où
Ton voit plus de 2,000 impressions du
xv^ siècle, est cQnstruit en bois et
pourrait devenir facilement la proie des
flammes.
Hanovre. J.-^Em. Hausmann fit pa-
raître, en 1734, în-4*>, une notice sur
Torigine, sur les accroissemens et sur
les principales richesses des bibliothè-
ques publiques de ce royaume. En 1727,
S.-»Fréd. Hahn a donné une description
in-fol. de la bibliothèque royale.
La bibliothèque de Funiversité de
Gœiii'ngen, se compose de 200,000 vol.,
de 1 10,000 dissertations et discours aca-
démiques, et de 5,000 manuscrits. Elle a
un catalogue, imprimé dans cette ville,
en 1729, in-4*.
jBofie, La bibliothèque de l'université
de Heidelberg, fondée en 1390 et réor-
ganisée en 1703, possède 45,000 impri-
més. Ses précieux manuscrits, relatifs
aux premiers siècles de la littérature alle-
mande, transportés à Rome dans le xyii^
siècle, lui ont été restitués en 1816.
Brunswick» La bibliothèque ducale
de fFoifenbultel ^ fondée en 1604 et en-
richie de celles de Marquard Freher et
de Joach. Gluten , contient 190,000 vol.,
40,000 disserUtions, et 4,500 manus-
crits hébreux , grecs et latins. Jacq.
Burckardc a écrit, en 12 livres, Thistoire
de cette magnifique bibliothèque, et fait
connaître ses principales richesses, Leip-
aig, 1744-1746, 3 vol. in-4«.
Filies libres, La bibliothèque de
Hambourg, fondée en 1529, renferme
50,000 vol. , et celle de Francfort-sur-
le-Mein 40,000. J.-J. Lucius en a donné
le catalogue , divisé en dix sections ,
1728, 2 vol. in-4*.
Suisse. Sa plus riche bibliothèque est
cellede 5^^/^(50,000 vol.).On y voit beau-
coupd*anciennes éditions duxv^'etduxvi*^
siècle, un manuscrit du Nouveau-Testa-
ment en lettres d'or, dont Érasme s'est
servi pour corriger la version de ce livre
sacré; d'autres manuscrits dont les plus
anciens remontent au ix^ siècle; plu-
sieurs tableaux et beaucoup de dessins
originaux d'Holbein. — La bibl. à^ Berne
contient 80,000 vol., des manuscriu cu-
rieux , et une collection de médailles et
anciennes monnaies de Suisse. Le tavant 1
bibliothécaire Sinner a donné le catalo<->
gue des manuscrits de cette bibliothèque,
1760, 3 v0l. in-8^— La bibliothèque de
Zunchy dont le catalogue a été publié
en 1 744, 2 vol in-8**, renferme environ
40,000 vol. On y montre les manuscrits
autographes dn célèbre réformateur
Zwingle; trois lettres autographes de
Jeanne Gray écrites à Bullinger en 1 55 1 ,
52 , 53 , et contenant des notes hébraï-
ques et grecques, qui annoncent qu'elle
était versée dans ces deux langues; l'an-
cien manuscrit de Quintilien , trouvé
dans la bibliothèque de Saint-Gall, et
d'après lequel a été donnée Pédition
princeps de ce célèbre rhéteur; les psau-
mes en grec, écrits sur vélin violet en
lettres d'or; le corps complet des Chro-
niques de la Suisse, etc. — La bibliothè-
que de Genève (50,000 vol.) est riche
en manuscrits curieux, orientaux, latins,
français , italiens et espagnols. Le savant
bibliothécaire Senebier en a publié le
catalogue, en 1778, in-8^. On conserve
dans cette bibliothèque un bouclier votif
trouvé dansl'Arve. — La bibliothèque pu-
blique de Saint'Gallf fondée dans le xvi^
siècle par Wadian , théologien , poète et
géographe, contient, parmi ses mille ma-
nuscrits anciens et précieux, un Firgile,
dont les moines ont rempli les marges de
cantiques; un Juvénal, un Silius-ItaUcus,
un Cicéron^ un Saint- Augustin complet,
un recueil de Capitulaires qui a été con-
sulté par Baluze, un bon manuscrit des
Nfbelungs , etc. On remarque, dans les
manuscrits modernes, la correspondance
originale de Wadian avec les réforma-
teurs du xYi^ siècle, reliée en 13 vol.
in-fol.
ORAHDE-BaETAGifE. L'Angleterre et
l'Irlande avaient déjà, dans le viii^ siècle,
de nombreuses bibliothèques qui furent
détruites pendant les incursions des peu-
ples du Nord. La grande bibliothèque
d'York , fondée par l'archevêque Egbert ,
et dont Alcuiu , appelé près de Charle-
magne , parle dans son épitre à l'église
d'Angleterre, fut brûlée par les Danois.
La bibliothèque également célèbre dn
monastère de Saint - Alban fut détruite
par les mêmes pirates. Richard de Bury,
évêque de Durbam, chancelier d'Angle-
terre dans le xiu^ «i^le, et antenr da
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(497)
BIB
philobiblion , traité du choix des livres
et de la manière de former une blblio-
thèque% avait établi dans sa*ville épisco-
pale une bibliothèque qui eut aussi une
grande célébrité, et qui n*existe plus.
Aujourd'hui les plus gi*audes biblio-
thèques de r Angleterre sont :
10 Celle d'Oxford, dite Bodlêienne ,
parce qu'elle eut pour commencement la
bibliothèque de sir Thomas Bodley, am-
bassadeur d'Llisabelhdans plusieurs cours
de L'Europe ; elle se compose de 300,000
vol. imprimés et de 25,000 manuscrits.
On y reçoit un exemplaire de tous les ou-
vrages qui sont imprimés en Angleterre ;
son revenu, qui est de 3,000 liv. sterl.
(75,000 fr.), lui a permis d'acheter à
Venise, pour le prix de 160,000 francs,
2>040 manuscrits hébreux , grecs et la-
tins, dont un savant Hongrois, J. tJri ,
avait rédigé le catalogue descriptif dans
un travail de cinq années. La biblio-
thèque d'Oxford commença à être publi-
que en 1612. Thomas Hvde a publié son
catalogue en 1674, in-fol. Jos. Bowles,
Rab. Fischer et E.Langfurd, en ont donné
une édit. augm. en 1738, 2 vol. in-fol.
2^ A Londres y la bibliothèque du
Muséum britannique , dont la fondation
ne remonte qu*à 17.55> contient environ
200,000 vol. et 30,000 manuscrits.Peude
temps après son avènement, George IV
réunit à cette bibliothèque celle que
George III avait formée à grands frais
poor son usage, et qui se composait de
170,000 vol. C'était la première biblio-
thèque qu'un roi d'Angleterre eût eu en
propriété. George 111 avait acheté, en
1762 , celle de Jos. Smith , consul à Ve-
nise, pour la somme de 10,000 liv. st.
(250,000 fr.) ; elle s*était annuellement
augmentée de tous les ouvages offerts au
roi et de l'acquisition de livres faite tous
les ans pour la somme de 50,000 fr. On
remarque dans la bibliothèque du Bri"
tis/i Muséum un magnifique manuscrit in-
fol. ayant appartenu aux anciens sophis
de Perse et qui a été acheté dans l'Inde
1500 liv. st. ( 36,000 fr. ) , vers la fin du
xviii® siècle; on y voit aussi une col-
lection curieuse de 22,000 petits écrits
(*) Le Philobibliim tut imprimé , pour la pre-
tBMre Coit, a Spir« eo 1488. Cetoavi-uge est auri*
b«é par Fabridus au moioe dominicain Holcot.
Encyclop, d. G, d. M. Tome III.
et pamphlets, publiés depuis 1564 jus-
qu'en 1660, et reliés en 2000 volumes.
Z^ La b bliothèque du collège de la
Trinité, à Cambridge, renferme environ
100,000 volumes ; on y trouve sur toutes
les séries des sciences des collections à
peu près complètes.
4** La bibliot hèque de l'université (PÉ'
dimbourf; {50 yOOO vol.), fondée par Clé-
ment Little:on y conserve 105 sceaux
des princes de Bohême, avec l'original
de la protostation des Bohémiens contre,
le concile de Constance, qui fit brûler
Jean Huss, en 1 4 1 5, et Jérôme de Prague,
en 1416. — La bibliothèque de Glasgow,
celles de Saint-Andrews, du collège d*A-
berdeen, de Norfolk, méritent d'être ci-
tées.— La bibliothèque du collège de la
Trinité, à Dublin, renferme 50,000 vol.
imprimés et environ 1,200 manuscrits
hébreux, persans, arabes, grecs, latins,
anglais , etc.
L'Angleterre a aussi un grand nombre
de bibiolhèques particulières riches et
curieuses.
SuKDR et NoRYÈGR. La bibliothèque
royale a été fondée ùStockhol m par la reine
Christine. On y montre, 1® une des premiè-
res copies du Koran, et quelques auteurs
n'ont pas craint d'avancer que cette copie
était loriginal même qu'un sulthnn aurait
envoyé à un des empereurs d'Allemagne.
2® le f odcx f^i^nnteus, qui a deux aunes
suédoises de longueur et une de largeur :
on l'appelle aussi Bible du Diabie, C'est
une espèce de bibliothèque historique,
terminée par un Traité de Magie orné
«l'une figure diabolique. Le savant abbé
Dobrowski fit, en 1792, le \oyage de
Stockholm pour voir ce manuscrit géant,
qu'on croit écrit sur des peaux d'âne. On
montre, parmi le^ livres imprimés, la
vulgute dont s'est servi Luther et qu'il
a chargée de notes écrites de sa main.
M. Bailly, dans ses Notices historiques,
donne à la bibliothèque royale de Stock-
holm 250,000 volumes imprimés et
5,000 manuscrits; c'est peut-être trop;
mais M. Peignol, dans son Dicl, de Bi-
bliolfif^ic, réduit le nombre des volumes
à 20,000, et celui des manuscrits à 500j
c'est sans doute trop peu*.
(*) M. Ebort porta I0 nombre d«t volumes à
40*000. ^-
M • ■'
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BI»
(4W)
BIB
Unédet plot Mèbres bibUothk|uet est
celle de Puniversité d'Upsal ; Oiafis TeU
sius ea a écrit ThUtoire, 1746, in-8^.
Le chancelier Aidgnus-ôabriel de La
Oardie lui lé^ua sa riche collection de
livres, de manuscrits et de monumens
concernant l'histoire et les antiquités des
trois royaumes du Nord (1672). J.^J.
Bioemstael lui fit don de ses manuscrits
chaldaîques, hébreux, grecs et arabes,
dont le catalogue a été imprimé en 1 785.
Jean-Oabriel Sparwenfeid lui avait donné
en 1705 ses manuscrits arabes, persans,
turcs, grecs, latins et espagnols, dont le
catalogue, rédi);é par Péringer Lilien-
blad, fut imprimé en 1706, in-4'*. Cette
bibliothèque contient plus de 80,000 vol.
On y montre le premier livre imprimé
en Suède : Dlatogux creaturarum mora--
Ifsatus (Stockholm, 1483, in-fot.), et le
premier ouvrage imprimé à Upsal, en
1515 : c'est un commentaire latin sur les
PlMumes. Parmi les manuscrits les plus
anciens on remarque lea Loit d'Islande ^
Edda et Scaida, en islandais, et surtout
le Codex argenteus , contenant les qua-
tre Évangiles, tiraduits dans la langue des
Goths et écriu en caractères gothiques,
par ITIphitas, évéque des (îoths (370), à
qui est attribuée l'invention d^ carac-
tères gothiques. Ce manuscrit , précieux
par son antiquité, est écrit sur vélin , en
lettres d'or et d'argent. Le catalogue des
manuscrits grecs et latins , et celui de la
première section des livres de la biblio-
thèque d'Upsal, ont été imprimés en
1806 et 1807.
Christiania , Bergen, Drontheim, d'au-
tres villes encore, ont des bibliothèques
publiques.
Danbma&k.. La bibliothèque royale de
Copenhague, fondée de 1648 à 1670,
contient plus de 200,000 volumes et en-
viron 10,X)00 manuscrits. On y entre par
une galerie de 232 pieds de long , suivie
de plusieurs grandes salles et d'autres
galeries. Cette bibliothèque a été succes-
sivement accrue par le legs de celle du
comte de Thott, de celles de Fuiren, de
Mulenius, et de Resenius, dont les cata-
logues furent imprimés en 1659, 1670 et
1689, 8 vol. in-4^; ^ar l'achat de celle de
Luxdorr(1779}, et par le legs de celle
du célèbre bistoriea Subm^ qui contenait
un grand nombre de manoscrits Islandais
précieux poiu* l'histoire du Nord. On voit
dans la bibliothèque royale, parmi les
manuscrits, les Heures de Charies-ie-^
Téméraire, les Heures du cardinal de
âourf/on, qui vivait sons Louis XI, et
les Heures de François F\ qui étaient
dans la bibliothèque Colbert. Mais une
collection plus précieuse est celle de tous
les manuscrits du voyageur Niebuhr, au
nombre environ de 250. Parmi les im*
primés sont des bibles islandaises, mala«
bares, etc. A la bibliothèque est joint
un cabinet d'estampes, contenant près de
100,000 pièces. Le cabinet des médailles
est dans le château de Rosenberg. 4,000
rixdalers, ou plus de 20,000 francs, sont
destinés tous les ans à l'augmentation
de la bibliothèque royale.
Les savans ont beaucoup écrit sur
cette bibliothèque célèbre. P. Scavenius
a décrit les livres les plus rares qu'elle
contient, 1765, in -4*^; Jo. Mollerus et
Alb. Thora, l'un dans sa Cimbria litte^
rata , l'autre dans son Hiîtoria littera^
ria Danorum, font connaître les biblio-
thèques du Danemark , leurs riches-
ses, etc.
Celte de l'université de Copenhague
(60,000 volumes et 4,000 manuscriu)
est placée dans la tour de l'observatoire.
La collection des manuscrits islandais
est importante et curieuse. — Les autres
bibliothèques de la capitale du Dane-
mark sont celles de l'académie de chi-
rurgie , de l'arsenal , des affaires étran-
gères, etc^
La PoLOoirs possédait autrefois de
grandes et riches bibliothèques : celle de
Zaluski, fondée à Cracovie, fut transférée,
en 1 795, de Varsovie à Saint-Pétersbourg;
et celle de l'université de Varsovie , fon-
dée en 1796, pour la remplacer, y fut
également envoyée en 1833. Elle renfer-
mait 70,000 vol. et 1,500 manuscrits.
La bibliothèque des princes Czartoriyski
à Poulavy eut le même sort.
Russie. Il y a un siècle le vaste em-
pire des tsars n'avait encore aucune bi-
bliothèque digne de ce nom ; car on ne
peut appeler bibliothèques quelques col-
lections de livres sur U relt^on, écrits
h plupart dans la langue slavonne et qui
tous étaient consenrés dans dea couTtnSy
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BIB ( éB9 )
qvtlqiiM ohroniqufla Bédigém par
4çs moinea.
Plerrerte-Grand jeta les fomltmcasilela
hikliQtiwque dtt f Académie des svU&oes
avec â,60û volumes 4oQt il a'éuit tsnparé
«u^ siège de Mi tau, dans sfts guerres avec
la Suède. Elle a reçu depuis de grands
aficroissemen^ et se composa aujouo-
il*bui d*epviroQ 100,000 volumes. La
bibliothèque du prince Radzivill, dont
|ee Russes s'emparèrent pendant les trou-
bles de la Pologne, a été réunie à celle
da l'académie. Les plus anciens manus-
crits sont uoa Vie à^% .SainU, écrite en
1298; la Cbroniqua de Nestor, las Chro-
niques de Novgorod, de Pskof , d'Ur
kraine, da Kasan , d*iLStrakhan , toutes
éeritas an slavon, ainsi que les Tables
généalogiques des ancians princes de
Ruasia, dapuis Vladimir jusqu'à Ivan
Vassiliévitch. Ces Chraniques et ce^ Tar
Isles furant rédigées c(ans les xii®, xiii^
at xiv^ i»iècl0S. Parmi le» pianuscrits
modernes on remarque la Collection des
actes diplomatiques du règne da Pierre
V^\ 16 vol. in- fol. de négociations des
ainistresdaPierrar'^(17U-1716); 30
vol. in-fol. 4a la Correspondance du prin-
ce Mentchikofsur les affaires publiques
(I708-Ï717j; l7/w/n/tf/«o/ideCatberine
II, écrite de sa maiq et adressée au comité
chofsi pour la rédaction d*UB nouveau
aode : ce manuscrit, placé dans un riche
vase de bronze , est exposé sur une table
dans les séances publiques de racadémie ;
la plus riclye collection de livres chinois
qui sait en ^irope, et qui se compose de
S,600 eahiars séparés, dont M. Laontipf
a rédigé le catalogue ; une belle cplleo-
tipn da manuscrits japonais, mongols,
tibétains , mantcbous , etc. > le premier
livre qui ait été imprimé en Russie ( à
Moscou, en 1563), VJpostolou lesl.ctes
at les Épttres des Apôtres , volume qui ,
auivaot Nichols, fut dix ans sous pressa.
Jean Bacmeisteir a publié un Essai sur la
Bibliothcqite de VAcadénùe des scien-
ees tle Pétersbourg^ 1776, in-8**. On
trouve aussi des détails curieux sur cette
bibliothèque dans le 3^ vol. du Voyage
au Nord de r Europe , par M. de Fortia
4a Piles.
La bibliothèque impériale, dite de
{BrmUage^ att tria oonaîdérabU; dla
BIB
s'est composée an grandf partie dfs bi«
bliothèqups particulières de Voltaire , à%
Diderot, de d'4lembert, de Busphing,
qui furant achetées p^ivCatherine II *t.
[Mais la bibliothèque la plus impop-
Unta de Saint-Pétersbourg est la grande
bibliothèque impériale de la perspective
de Nefski. Elle ét^it autrefois célèbre
dans toute PEuropa, sous le nom de bi-
bliothèque de Zalusti , at iVit fondée à
Cracovie par le comte .Stanislas Ealuski
év^ua de cette ville. 8on héritier, A.ndré
Ealuski, évéque de Kîovie (Kier, légua
cette bibliothèque à la république de
Pologne, et, par suite, elle fut transférée
a Varsovie, vers le milieu du xvm* siè-
cle. Mais la capitale de la Pologne ayant
é^é prise par las Russes et ensuite cédée
aux Prussiens , Catherine II se fit adju-
ger 66 grand dépôt littéraire qui arriva
sur las bords de la Neva vers la fin de
Tannée 1796. Paul fit construire pour la
recevoir un édifice vaste et d'une belle
construction. Elle se composait à Varso-
vie de 8pO,000 volumes , dont beaucoup
de doubles; mais le transport et le peq
de soins qu'on lui consacra à 6a{nt-Pé-
tersbourg réduisirent considérablement
ce nombre. Alexandre y réunit la précieu-
se collection de manuscrits que lui avait
donnée un conseiller d'état nommé Dou-
bvofski. En 1831 on comptait 378,776
volumes imprimés et environ 1 8,000 ma-
nuscrit. Mais, en 1838, l^empereuf
Nicolas y a jouté, 7,7^8 vol. pris à Pou-
lavy, et 1 50,ai0a enlevés à Varsovie après
l'issue de la dernière guerre da l'indé-
pendance. J. H. S.]
Moscou a detix bibliothèques impor-
tantes : celle de Puniversilé et celle du
saint-synode. L'une et l'autre ont souf-
fert des dommages dans l'incendie de la
ville en 1819. Toutes les portes et fenê-
tres de la bibliothèque du saint -synode
sont en fer, et toutes les salles voûtées. Les
volumes, au nombre de 4060, ne traî-
tentguèrequede matières ecclésiastiques.
Parmi 180 volumes qui ont appartenu à
Pierre- le- Grand, il en est un qui traite
(•) Une des<-n[)tioD romplète de toutes lei
liihliotlièqnes ruase* et en partitulier de fcMcs
djs S^iMtrPélprtbourg, «e trouTu d ins l'ooTrag©
actuellement tous presse, de M. Schoitzler, Z.à
Russie , la Polognt tt la Finlande, tableau itaU$m
ti^$ hùtêrifue, etc«
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BIB
(500)
BIB
de la guerre et qui contient des notes de sa
main. On trouve , parmi les manuscrits ,
les reghstivx erclcs'astiquvs cinoxcs aux
prélats de Russie par les patriarches de
Conslaiilinople, avec leui-s seings et leurs
sceaux, et des manuscrits grecs des moines
du mont Atlios. Un catalogue de celte bî-
bliotbè(|ue a été imprimé en russe et en
lalio. Il faut une permission de Tarche-
Véque de Moscou pour être admis dans
les salles du saint - synode. Alhanase
Schiada, professeur de Técole grecque
de Moscou , fit imprimer dans celle ville
le catalogue des manuscrits de la biblio-
thèque synodale (1723), in-4*'; il en dé-
crit plus de 400. Char.-Fréd. de Mathaei
a donné la description de 101 manus-
crits grecs de cette bibliolbèquc, Leipzig,
1806 , 2 tom. in-8^
On voit dans les archives de Moscou,
dont les salles sont voûtées, les corres-
pondances des souverains de la Russie,
qui ont commencé , avec la Pologne en
1431; avec la Crimée en 1474; avec le
Brandebourg en 1517; avec les papes en
16S2 ; avec ta France eu 1505 , par une
lettre de Henri IV, contresignée Neufville
(du 6 avril), où le tsar est qualifié em-
pereur des Russes ; avec la Hollande en
1613. On remar(|ue parmi les traités
celui d*alliance avec Tcmpereur Maxi-
mil ien 1*^% qui donne M5I4) le litre
d'empereur (kaiser) au tsar Vassili I\a-
novitcb. Ces archives ne vont que jusqu'à
1742. Le reste a été transféré à Péiei-s-
bourg depuis 1791 , époque où Githe-
rine II y Gt transporter tous les manus-
ails qui avaient rappoit à Hiistoire de
Russie et qui se trouvaient épars dans
les bibliothèques de l'empire. Les archi-
ves de Moscou reçurent comme dé<lom-
magemenl les livres du savant historien
G. Fr. Muller, et ses manuscrits, dont
l'impératrice avait fait Tacquisition.
La bibliothèque du monastère de
Troitza (voy.) (à 16 lieues en\iron de
Moscou) est placée au premier des 5
étages de la tour ou clocher qui s'élève
au milieu de la cour de ce couvent cé-
lèbre qui servit de refuge à Pierre-le-
Grand , lors de la révolte des strélitz. On
y trouve 6000 vohimes et une centaine
de manuscrits dont plusieurs ont été à
l'usage de saint Serge et de saint Nicon.
En 1721 les Russes trouyèrent cfaei
les Tatars Kalmuks une bibliothèque
de manuscrits dont les volumes , d'une
forme singulière, sont extrêmement longs
et n ont presque point de largeur. Les
fciiillels, fort épais, sont composés d'une
espèce de coton ou d'écorce d'arbre en-
duite d'un double vernis, et les carac-
tères sont tracés en blanc suf un fond
noir.
On peut citer encore les bibliothèques
de Kief, de Riga, de l'université de
Dorpat (30,0,00 vol.) , de Vilna, de Khar-
kof , de Kasan et d'Astrakhan. Cette der-
nière est riche en manuscrits persans et
tatars. On conserve dans celle de Riga
une lettre de Luther, écrite aux magis-
trats de cette ville, qui lui avaient de«-
mandé un prédicateur.
Parmi les bibliothèques particulières,
les plus remarquables ont été ou sont
encore celles du grâml-duc Constantin ,
dans le palais de marbre, c >ntenant
30,000 volumes; des princes Kourakine
et loiissoupof; des comtes Chouvalof,
Slrogotiof, Tchernichef; celle de Bou-
tourliiie et surtout celle du comte Tols-
toï, aujourd'hui la plus importante de
Moscou.
Asie. C'est par le seul récit des voya-
geurs qu'on a quelques notions sur les
biblinthètiues d'Asie, et les renseigne-
mens donnés ne sont pas toujours cer-
tains.
Chinr. Les bibliothèques de la Chine
remontent à une haute antiquité. On ra-
conte que l'empereur Ching ou King,
qui régnait enviion deux siècles avant
notre ère, ordonna que tous les livras
fussent brûlés, à l'exception de ceux qui
traitaient de Tagriculture, de la méde-
cine et de la divination; qu'il prétendait
ainsi anéantir l'histoire de ses prédéces-
seurs, afin (|iie son nom devint le plus an-
cien dans les fastes des rois de son em-
pire. Mais on ajoute qu'il fut trompé
dans sa folle espérance; qu'une femme,
dont le nom eut mérité d'être consei'vé,
sauva tous les écrits de Confutzée ou
Confucius et de quel(|ues autres lettrés
dont elle colla les feuilles sur tous les
murs de sa maison; et, suivant les histo-
riens, ce fut ainsi que furent conservés
les neuf livres du grand législateur dt
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BIB ( 60i )
l'empire céleste. Depaîs celte époque les
livres se multiplièrent à ce point qu*nn
inandarin,convri'ti au Christ par les niis-
aionnaircs d*ocriilent, passa 4 joui's en-
tiers à brûler sa bibliothèque, afin de ne
rien garder qui sentit les superstitions
chinoises. Spizclius, qui a écrit un livre
curieux De re litterarid Sinenstum,
rapporte ^u*il y a^virlemont Lingnmen,
une bibliollièque composée de plus de
30,000 volumes, lousécritsdans la Chine,
et que celle qui est dans le temple de
Yenchung n'est guère moins considéra-
ble. Les manuscrits chinois se ?ont ré-
pandus dans les bibliothèques de TEu-
rope; la France en a eu de riches collec-
tions dans les cabinets du libraire de La
Touryderorientaliste Abel Rémusat, etc.
Et en voyant ces livres ainsi multipliés
en occident, on doit conclure qu'H se
trouve dans la Chine un grand nombre
de bibliothèques.
Japon. Les voyageurs y ont vu plu-
sieurs belles bibliothèques ; ils citent
surtout cellede la ville deiV^r^/4'/,prèsdu
temple de Xaca, qui fut le prophète cl le
legislateurderempirejaponais.Une^alIc,
soulemie par 34 colonnes, est remplie de
livres conGés à la garde des bonzes.
Indes Obientales. Dans la relation
de l'ambassade anglaise envoyée, en 1 795,
dansleroyaumed*Ava ou empire des Bir-
mans (traduite de Michel Symes, par J.
Casiera, Paris, an ix (1800), 3 vol. in-8''
et allas in-4®), on trouve de curieux dé-
tails sur la riche bibliothèipie birmane,
établâi à Ummerapoura, capitale de l'em-
pire, dans un bâtiment en bri<|ues, élevé
sur une terrasse, et dont la structure est
très compliquée. L'édifice se compose
d'une chambre carrée entourée d'une ga-
lerie. L'entrée de la chambre en interdite
aux étrangers, et l'ambassadeur anglais ne
pat y pénétrer; mais le bibliothécaire
hindou lui dit qu'on n'y voyait rien au-
tre que ce qui était dans la galerie. Là,
le long du mur, sont rangés symétrique-
ment une centaine de grands Coffres, in-
crustés de jaspe et ornés de dorures; les
livres y sont classés par ordre, et sur les
couvercleseslindiquéentettresd*orc'equi
est contenu dans chaque coffre. Le biblio-
thécaire ouvrit deux de cA coffres devant
ramhaifdear,ct en tira de minces feuilles
BIB
d'ivoire, qu! présentaient une belle écri-
ture, avec (les eiicadremens de (leurs ar-
listemenl travaillées. Cette bibliothè(|ue
contient des livres d'histoire, de méde-
cine et surtout de théologie; on y trouve
aussi des'livres sur la musique , sur U
peinture, et des romans. Plusieurs manu-
scrits sont écrits en ancien pâli, h. langue
sacréedesRirmans; quelques-uns sont faits
de minces fila mens de bainlxju.tressés avec
art et vernis de manière û former des
feuilles solides; ces fcuJles sont dotées,
et les caractères saciés y sont éeriis eu
noir avec des encadremens ornés de fi-
gures cl de guirlandes sur un fond rouge,
vert ou noir. Tous les volumes de la bi-
bliothèque birmane sont numérotés. Le
major Symes la regarde comme la plus
riche qu'il y ait dans les Indes. — Il y a
dans tous les kioum ou monastères des
bibliothèques où les livides sont ordinai-
rement conservés dans des colTres cû la-
que.
Mysorr. La bibliothèque de Typo-
Saêb contenait des manuscrits en langue
sansciile, qu'on faisait remonter au
xi^ siècle, et une vaste colleiHîon de li-
vres où les Rrahmes ont développé leur
science sur diverses matières; on y voyait
une histoire des principaux royaumes
d'Orient jusqu'à l*an 1000 de notre ère,
en sanscrit et rédigée en forme de drame;
une histoire de la conquête de l'Inde par
Timour dans le xiv** siècle; des mémoires
historiques sur l'Hindouslan; des ver-
sions du Koran dans la plupart des lan-
gues orientales, etc. Cette bibliothèque^
qui devait être transportée à Londres,
après la chute de l'empire du Mysore,
reste dans l'Inde et a été mise à la dispo-
sition de la société asiatique de Calcutta.
La bibliothèque de cette société est
une des plus riches de l'Orient.
Empire othouan. Les Arabes, qui
sontaiijoiu'd'hui si étrangers aux lettres,
étaient, dans le x^ siècle, le peuple qui
les cultivait avec le plus de succès. Le
khalife Almamoun fut le premier qui ré-
veilla chez les Arabes le goût dessiiences
et des lettres. Après avoir vaincu dans le
ix*^ siècle Tempereur Michel III, il le
contraignit à lui laisser choisir à Con-
staulinople et dans loules les bibliothè-
ques de l'empire grec, un grand nombre
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(602)
Bm
«t tHiduM étt
db màiNiieritt
arabei
Oii a lin peu éxag^é le rtiépnt deâ
Tares pbur lés Bviëhces ; ils ne Sont pttS
lout-à-(aii sans Ihtémtiire^ ils ont leurs
fibètes, leurs historiens, et surtout leurs
théologiens^ iiifhiigebies interprétés et
comiBieillaiéurs dû KoruHi
Cùmtemtinûpièi 11 y a dans cette Ville-,
suivant Maradja d^Ohsson^ 85 bibliothè-
ques publit^ues", dont la moins eoâsidé^
rablc contient piul de 1000 volumes)
toutes tant des catalogues où les titres dès
livres sbnt accompAgnés d'ëxtraitft. On
regardé cohnne dépendantes nécessaires
d'un ((/àmi on mosqiiéD du pi-emier or-
dre, i*adjottrtloil d'un m^iirisss^ ou col-
lège pbur Ttustr^ctfon de là jeun'esse, et
d'ud kitkvMtiiné ou bibliothèrfue. Les
àitltak^ané les plus «ohèidérableb sont
deux d«8 Mosquées Sainte-Sophie et %&^
liihanie^ et telui qui a été iVmdé par le
visir Raghib, avec un médressé où cent
jeunéë Tunes appréhtietit à lire*. Cejien-
dant lé PortlBS fait vendra au poids tobteé
les bfMiothèquies partitub'ères de €on-
slhntinopl^, dnire autres celle des princes
Mokrobsi, devenus snspe<[is ^ar léurs H-
chesses et leur pà1rroti»n>ec
iia hUbli^ihHpfe "du sérail ftit tom^
menoée par 1^ siiUinih Sélim V^^ ^ut
ceoqult régypté (1517) et àimfa les let-
tres; "dite ne contient que 8 on 4^000 v.
arabe», tnrcà et persans, dbnt t S04 mu-
iniscrtts^ mais aubun h'est en gin?e : fl y
en évBÎl beauCiiMJp encore dans Ite xvïi**
sièdei En 168*, Colbert fit atheter, pkr
l'entremise de l^rnsbatsàdeui* français, 1 ô
rosnusHritB pi^éfcieux, d^ént un 'Hérodote
qui ié été très utile à Lértlier pbur «*
traduction I, et un /Vim»/^Ap^«ri a-servi
à <'a*rfe éviieri, par 1>. Ritéàrd^ tes ftiu-
tes que Méinrlà*c drsmt avoir relevées
fera nmikbrè de 2,000 dans ta version
d*Amyotç 188 autres mai^ésAiTits f^r0c«
fwefrt vendues à Oonstântiitophe^ et payés
«haonn 100 llv. tournois. L'AUglaisÔreâ-
vW en avait déjà acheté plusfeuirs eA
1686i Le ftâtiment dek bihhbthèque du
sérail « h fonne d'tme croix g reo(|uteu
^*) M. Ebert f n fait connaître iS dans ion
ek'cellçDt article BiBLioTHèouBS de l*tenfTf1oi)é-
dM àHdbkb4« enHMi é. eéiAbr, pà|. 6é ^
«vtsu 6.
Gé Ht Mtf k porte eéé ntitë un arabei
Eritrez tn pane. Les liVrè^ sont placée
dans des armoires à 8 battans ornés d'un
treillis dont le travail est curieux. Il y a
dans l'intérieur du sérail pldsieurs au*
très petites bibliothèques dodt l'accès
est sévèrement défendu; elles he contiens
nentque des Manuscrits arabes, ou tra*>
duits dans cette langue du liurc ou du
persalii
Datnw, Le savant M. PeIgnUt dtl^
dans son Dicthnnaire de hibUologèe
(t. V^s P^ 02) 9 que Franc. Rosa deRà^
venrte trouva dabs ,1a bibliothèque de
Damas la Philosophie mystique, àttrii-
buéé è Aristote, trad. en arabe, et qu'il
pdblia dons là suite;
Les chrétiens grées de l'Onetit tae sont
guère moins étrangers aux lettres que lek
TnfCs. Ils oht oublié l'ancieunte langn*
de leur patrie. Les éviêqués leur défen-
dent la lecture des livres profanes^ et ib
se bornent à lire les actes des sept sybo-
des de leur église. Les moins ignorans lî^
sent les œu vres de saintBasiltSjdèsaintJean
Chrysostèmeet dé saint Jean Da«hiascènei
Ils ne connaissent point T^sége de Tim-
pl^imbrite et leims bibliothèques ne gom-
tiennent que dés manusch'its'.
Il y a des bibliothèques «latas les Iles
de l'Archipel, surtout dans celle de Pit-^
mos, dans le monastère de iSuint-Basile à
Gaffa(rancienneThéodôsi«), dans la Grî»
Mées et en diviérMi provinces dts INenpirè
othoman.
Le prince MàUrb-Oonlato aVaît réuni
en Talachie un grand nombre 'de «ami*
scrfts grecs.
Il y a dans, la péninsule d« Monte-^
8anto (mont Atfaos) un grand nombra
de conviens grecs-, dont les plus célèbres
o«it des btbitolkfaèques tfue nos àavâin*
d'Europe ont plus d'une fois été ooAsuk
ter; mets le iB6nds de ces iMbltuchèques se
compose de livres ascéliqueB; il y a bléeu«>
coïkp de manuscrits A peu de livres im*
primés.
Le jésuite Possevîn, dans son Appth-
ratus sacèr% Tabbé Sévîn, 4«bs wom
Voyage a Constantinople; Fefurmoot^
dans «a Rektm^ du Levant^ et le Vlil*
vol. dés MénMires de TAcad. des beMea^
lettres, Î&êA. condaHre les «aniiscrîti
grlâcaipM^è divehna ^époifueBy b«téclu»A>
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PD
(601)
91»
qnîs dans TOrient, et apporta en France,
en Allemagne et en Italie.
Afrique. Cest un singulier conte que
celui de la bibliothèque éthiopienne
qui aurait été établie dans le monastère
de Sainte-Croix , sur le mont Amara, et
qui devrait son origine à la célèbre reine
de Saba. On prétend que Saloraon lui fit
présent d'un grand nombre de livres par-
mi lesquels oo nomme celui d'Enoch sur
les élémens, celui de Noé sur les ma-
thématiques, ceux d'Abraham sur la phi-
losophie qu'il aurait enseignée dans la
vallée de Mambré; plus lea livres de Job,
des Prophètes, des Sibylles et des pre-
nuers grapds-prétres des Juifs. Or, ces
magnifiques mooumens de Tenfance dn
monde auraient été conserviés dans la bi-
bliothèque éthiopienne, avec les ouvra-
ges composés par la reine de. Saba et par
son fila Mémilech qu'elle eut, dit-on, de
Salomon; et cette fameuse bibliothèque
n'aurait pas contenu moipsde 1 0» 1 00,000
volumes, tous écrits sur parchemin et ren-
fermés dans des étuis de soie! Certes, il
n'y a rien de plus merveilleux dans les
Mille et une Nuits. On dit que le pape
Grégoire XIII, mort en lâ73, envoya
Laurent de Crémone et AnL Brians vi-
siter cette bibliothèque incomparable;
mais le rapport qu'ils durent faire au
souverain pontife ne nous est pas connu.
On est étonné que le P. Kircfaer ait
donné trop de créance aux contes qui
ont été faits de cette prétendue merveille
du monde qu'auraient conservée des
moines sehiamaiiq^ea, n^storiens, et d*ail-
leurt fort ignorans.
FftL. Si l'on en croit Erpeoius, la bi-
bliothèque de œtte ville se composerait
de 32,000 volumes, et les Maures y con-
serveraient toutes les décades de Tite-
livc, ainsi que tous 4es ouvrages d'Hip-
pocrate, d e Gai ien, de Pappvs, phHoaophe
d'Alexandrie, et d'un assez grantl nombre
d'autres auteurs de l'antiquité, dont les
écrits ne sont pas venus jusqu'à nous, ou
que nous avons incomplets, tels que Sal-
lusle, Tite-Live, Tacite, etc. Sans ad-
mettre légèrement tout ce que racontent
les voyageurs, on peut croire que beau-
coup de «apattscrJRs anciens pcoveni en-
ooM éM-e «aachét -da^a l«i hJbliathnqiia»
Maroc Le roi AI^IMhnsbrt qrd aim»
les lettres, fonda dea écoles et des bi-
bliothèques dans ses états. Lea Arabes
lettrés se vantent de conserver dans celle
de Maroc la première copie du Code de
Justinien.
Amérique. Il y a dans les Ëtats-Unia
un si grand nombre d'éooles et de jour-
naux politiques et littéraires qu'il doit
s'y trouver aussi, et qu'il s'y trouve, dea
bibliothèques publiques et particulières
dans toutes les villes de l'Union. Celle»
de Philadelphie (32,000 vol.), de Boa.-
ton , de Cambridge et de New- York sont
les plus considérables; mais elles ont
besoin, comme toutes les autres, dea'ao-
croitre et de s'enrichir encore.
[Un ouvrage important à consulter sur
les manuscrits des bibliothèques de l'Eu»
rope est le suivant: Heenel, Catalogi U^
brorum mss. qui in bibUothecis Galliœ,
Heà^eUéPy Hùtpaniœ^ Lusitaniœ, BeU
gii, Èritanniœ asserpantur y Leipsig,
1829, in-4''; et sur les trésora des bi-
bliothèques de l'Italie seulement: Bluroe,
Iter ItaUcumy Berlin et Balle, 1824-
1880, r vol. in.8^] ' V-yb.
BIBLIQUE , ce qui a rapport a la
Bible ou ce qui peut être puisé dans la
Bible. Ainsi à l'art. Bibls (p. 464), on a
pu parler de la science bibiiqœ, dont volet
quelques branches. La chroftologge bi^
hliqae esi celle dont les livres historiques
de la Bible ont fourni les bases; bases au
reste incertaines et qu*on a besoin de rec-
tifier par la comparaison des données da
l'hiitoire profane avec celle de l'bialoirt
sacrée et par l'inspection des monumena
littéraires et'autres que le temps a res-
pectés. Uhistoire bibUque forme depuia
plusieurs siècles, dans la chrétienté, la
première lecture des eafans; elle doit
être présentée avec choix et dieeemeitteni
pour remplir, sans inconvénient, l'objet
qu'on se propose; cette condÂiion qae lea
«Mteurs des anciens livres de œ |Eenre^
français, allemands, aniglais^ etc., nsi
^op souv«aft négligée,, se trouva réali-
sée dans les ISarraùoas hièiiqmef de l'an -
teur des OKu/s depdfâte. Kmaunacher,
à qvû la jeunesae doit ka ^acietises
ParitMes^ a varié ces leotnrta 4*una
■Muaièreingénieuae par soacftceUcwt cn»^
nantalre aur VMslûire UbHqm 4m fg^
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BIB
(604)
BIB
mien livre» de rAncien-TesUmeiit. L'in-
terprétalion de la Bible, YexrgèxebibU'
çtir, se qualifie iVejcr;^cte\y^v excellence;
on appelle hcniwneuUqne le dévelop-
pement des principes sur lesquels on se
règle dnns Tinlerprélalion. La (logmati-
que , la morale bibliques ^ sont encore
celles dont les principes sont empruntés
à nos livres sacrés ; la philologie biblique
est la connaissance de tous les idiomes
qui sont entrés dans la rédaction de ces
livres, de Thébreu , du chaldéen, du
grec, et des autres langues dont Tétude
•ertà compléter rinlelligence des premiè-
res. Enfin on appel le ^'c^o^//?^'^, archiva-
lofiic^ etc.^ biblfq'KW, cette partie des
«ciences nommées qui se rapporte exclu-
sivement à des lieux, villes, pays et au-
tres, ou îi des objets d arts et d'anli(|ui-
té dont il est fait mention dans la Bible.
L'importance de notre code sacré justifie
répithèie, et Ton peut dire avec vérité
que c*e5t sur la Bible que, d'abord
parmi nous, les sciences se sont exer-
cées et enbardies pour les conquêtes
qu'elles n*ont pas tardé de faire ensuite
sur d*autres domaines. La critique bibli-
que, par exemple, a émancipé l'esprit
des modernes; cVstà la discussion con-
S'iencieuse des versions du texte sacré
et de toutes ses variantes qu'on doit
l'indépendance qu'ils ont portée dans les
études classiques et surtout dans celle de
l'histoire. J. H. S.
BIBLIQUES (sociétés). On ap-
pelle ainsi des associations formées dans
le but de répandre la Bible. La première
société qui s'occupa de cet objet fut
fondée en A.ngleterre, en 1780; mais elle
ne distribua la Bible qu'aux armées de
terre et de mer de la Grande-Bretagne.
D'autres sociétés anglaises , notamment
celle pour l'avancement tle la connais-
sance tlu christianisme, formée en 1 098,
et celle pour la propagation fie Vévan-
gile dans les pays étrangers, formée
en 1701, distribuèrent aussi des Bibles;
mais comme ces sociétés cherchaient à
atteindre encore par d'autres moyens le
but de leur institution, leur distribution
du volume sacré ne pouvait être que peu
considérable eu égard au besoin qui
t'en manifestait tdnt en Angleterre que
tur d'autres poioU du globe. Ce besoin
se fit surtout yWement sentir vers la ftti
du xviii® siècle dans le p^ys de Galles,
et devint l'occasion de la foriniition d'une
société nouvelle sous le nom de Société
bibltqne britannique et éiran^cre. Elle
fut fondée à Londi*es au mois de mars
1804 et se proposa pour but unique de
répandre les saintes Écritures, sans notes
ni commentaires, dans les éla^ soumis
à la Grande-Bretagne et dans d'autres
pays tant chrétiens que mahométans ou
pgîens, selon que ses moyens le lui per-
mettraient. Lord Teiiçn mou th, ancien
gouverneur des Indes-Orientales, ac-
cepta la pbice de son président, et plu-
sieurs évéqiies, loi^ds et membres du |>ar-
lement, celle de viceprésidens. Celte
société excita le plus vif intérêt et trouva
de nombreux imitateurs, au point que,
d'après «on rapport de 1815, il existait
déjà à cette époque, dans les diverses
parties de la Grande- Bretagne , 484 so-
ciétés semblables, affiliées comme auxi-
liaires ou branches à celle de Londres,
lui fournissant des contributions en ar-
gent, et recevant d'elle les Bibles dont
elles avaient besoin dans leur ressort.
Outre ces sociétés, il se forma encore
dans les villes et à la campagne un grand
nombre d'associations bibliques parmi
les artisans qui donnent un penny ou un
demi-penny par semaine pour se procu-
rer, soit à eux-mêmes, soit à leurs enfans,
ou à des personnes plus pauvres qu'eux ,
le volume sacré. Les dons recueillis par
ces associations sont également transmis
à la société-mère et s'élèvent annuelle-
ment à des sommes très considérables.
Le nombre de ces sociétés est aujour-
d'hui (i834) comme suit :
■us*. br.
Dans la Grinde-
BrrUgne 291 411
Dhiis les cotonies
et antres dépendan-
res de laOriiude-Bre-
tugne 35
£o Ecosse, affi-
liées à la sodété de
ce pays 73
2,019 2,721
39 19
93
294 256 623
Total.
399 744 2,294 3,437
Les efforts réunis de tant d'amis de
l'œuvre biblique portèrent, dès la pre-
oiière année , U recette de la Société de
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BIB
(506)
BIB
LoMket à pkis àt 6,691 \ir, sterlinj^, et
celle i-eccUe saccriir progressivement, nu
point 4|ue, |>oiir la 1 1*'' année, elle fut de
plus de 09,000 liv. sierl., et, dans Tan-
née 1832 à 1833, de plus de 7â,492
liv. «lerl. La dépt-nse a été en propor-
tion charpie année: elle s*csl élevée, pour
Tannée 1 832 , à 88,676 liv. sterl., et, de-
puis la fondation de la société jusqu'à
1832 inclusivement, à la somme énorme
de 1,967,058 liv. 18 sh.
Ces fortes sommes furent employées
à aider, dans les pi*emiers temps de leur
existence ou dans leurs opérations fu-
tures, une foule d autres sociétés qui se
formèrent successivement, à Texemple
de la Société de Londres, d*nprès les
méinefl principes et pour le métne but,
dans d'autres pays, tant en Europe, que
dans les Imles-Orientales et Occiden-
tales, en Amérique et en Afrique. Le
nombre de ces sociétés est aujourd'hui
en Ëuix>pe de 55, en Asie de 4, en Amé-
rique de 2; en tout 61. Dans ce nombre
ne sont fias comprises les sociétés auxi-
liaires, branches et associations de fem-
mes et d'artisans, qui sont très considé-
rables et se montent en Amérique, pour
la société de Neiv-York setilemenl, à 848.
Ces sommes ont servi encore parti-
oulièrement à faire imprimer et à ré-
pandre la Bible ou le Nouveau- Testa-
ment, ou des portions des Livres saints,
dans» presque toutes les langues euro-
péennes, dans un grand nombrede lan-
gues asiatiques et dans plusieurs langues
d'Amérique et d'Afrique. Le nombre
des Bibles dititribnées dans ces diverses
langues par U Société de Londres , de-
puis son origine jusqu'en 1832 , est
de 3,120,183
celui des Nouveaux-Testa-
mena de 5,026,373
8,145,556.
LfS langues dans lesquelles les saintes
Écritures n^avaient pas encore été impri-
mées avant l'établissement de la société
et dans lesquelles elle a publié des traduc-
tions, soit de la Bible entière, soit du
Nouveau -Testament, ou de quelques
livres détachés de U Bible, sontau nom-
bre de 72. Elle a fait faire aussi 4 réim-
preeiwna et 6 t^adoctioiu aoigiieiuemeat
revues et corrigées des saints Livres.
Parmi ces dernières se distingue parti-
culièrement celle en lan;^ue turque qu'elle
doit au zèle laborieux de Kicffor, alors
|>rofessour au collège de France.
Les autresSoeiélés bibliques ont aussi
fait, chacune selon sa sphère d'activité
plus ou moins étendue, avec leurs pro-
pres fond» ou avec l'assistance de celle
d'Angleterre, d'amples distributions des
Libres saints. Parmi elles nous nomme-
rons celle de Russie ^ à laquelle l'empe-
reur Alexandre contribua annuellement
pour line assez forte somme , et qui a
fait imprimer la Bible ou des portions
de la Bible dans près de 30 langues diffé-
rentes. Suspendue en 1826 par un oukase
impérial, cette société fut remplacée la
même année p<ir une société biblique
protestante. Nous nommerons encore
celle de Calcutta qui a pour but de pour-
voir de Bibles, dans leurs langues di-
verses , les habitans des Indes-Orientales;
celles qui se sont établies successive-
ment en Aflcmaf^nCy notamment à Ber-
lin, Stuttgard, Dresde, Francfort, Ham-
bourg, Hanovre, Hessc-Darmstadl,Carls-
ruhe, Nuremberg; celle de Stockholm;
la société danoise; celles de la Hollande;
celles de Bàle, de Zurich , de I^ausanne,
de Berne et de Genève, en Suisse. Toutes
ces société.-) et beaucoup d*autres,auxquel«
les nous ajouterons celles de New- York et
de Philadelphie, en Amérique, avec leurs
nombreux auxiliaires, ont fait imprimer^
d'après une évaluation modérée, depuis
leur origine jusqu'en 1832, 25,294,413
Bibles el Nouveaux-Testamens.Nous de-
vons encore faire mention de celle de
Strasbourg dont les opérations sont prin-
cipalement consacrées à l'Alsace et qui
a publié successivement deux belles édi-
tions allemandes de 25,300 Bibles et
Nouveaux-Testamens. Nous citerons en fin
la Socit'lé hdnique protestante de Pa-^
ris, fondée en 1818, qui compte aujour-
d'hui, à la fin de la 14^ année de son exis-
tence, 51 auxiliaires, 167 branches, 37
sociétés de femmes et beaiR*oup d'asso-
ciations d'artisans, et qui, dans ce laps
de temps, efficacement secondée par ses
auxiliaires, a distribué 64,226 Bibles et
80,009 Nuuv.-Testam. Depuis 1831,
indépendamment de ses autres distribua
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(60«)
HC
tioD»t Ift Sodété de Parlt fiilt rtnMttrt,
par rentremiftc des pasteurs , la Bible à
chaque nouveau couple, à Foccasion de
la béaédiclion de son mariage, et le Nou-
veau-Testament à chaque catéchumène,
à l'occasion de sa confirmation.
Le bien qu*a déjà produit et que pro-
duira encore dans les diverses parties de
la terre cette grande dissémination de la
parole de Dieu , sous le rapport de la
connaissance des vérités religieuses , des
encouragemens à la piété, de Taméliora-
Uon des mceurs et de la civilisation , est
incalculable. On a adopté le sage prin-
cipe de répandre la Bible sans notes ni
commentaires, pour que les membres de
toutes les communions puissent la lire sans
crainte de blesser leur conviction reli-
gieuse , laissant à qui il appartient d'en
expliquer les passages obscurs. On a sui-
vi un autre principe non moins sage, ce-
lui de l'offrir aux peuples chrétiens telle
qu'elle était en usage chez eux , pouvant
espérer qu'ainsi elle serait partout d'au-
tant plus favorablement accueillie. Plus
tard ce mode de distribuer les Livres saints
a été changé par la Société britannique. En
1826 et 1827 elle a arrêté qu'elle ne dis-
tribuerait plus de Bibles avec les livres
apocryphes, et qu'afin de mieux assurer
\e retranchement de ces livres, tous les
enemplaires qui sortiraient de ses maga-
sins seraient reliés. Ce n'est pas ici le
lieu d'examiner la nécessité ou l'oppor-
tunité de f^tte mesure; mais la Société
de Londres rétrécit ainsi le cercle de son
activité, quant à celles du continent, qui,
ayant assez généralement refusé de l'ad-
mettre, ne peuvent plus obtenir d'elle de
secours en argent. Dans plusieurs de ces
Sociétés, comme dans celle de Londres,
la question des apocryphes est devenue
«o siigeC de discussions fâcheuses ; il en
est au sein desquelles elle a (ailli amener
des schismes.
Il en a été ainsi à Paris, où il s'est
formé, en 1833, une seconde Société bi-
hUque/rançuire et étrangère sous la di-
rectiott d'hommes qui tous avaient ap-
partenu au comité de la première et qui
ont adopté les principes de la Société an-
glaise. J.^J. G.
BICÉPHALES ou plutôt Bicem,
BICafeniB^ Mtrefoii Bicestrê^ £iis^
sestte^ est situé sur un plateau élevé, Ht*-
tre la route de Fonuinebleau et le vil-
lage de Gentilly, à une demi^heune de
marche environ de Paris. Bâti sous Char^
les y , par les ordres de Jean ^ duc de
Berry, îl formait alors un poste impor-
tant; pillé, dévasté pendant les troubles
qui agitèrent le règne de Charles VI, Bi-
cétre fut rétabli sous Louis XIII, qui en
fit un superbe hôpital, oà la patrie don-
nait asile aux soldats mutilés* Louis XIV
ayant plus tard fait coostniire l'hàtel des
Invalides, Bicètre devint une suceursak
de l'hôpital général , un hospice dviL
Pendant quelque temps il a été une ta*
pèce de dépôt de mendicité ou l'on r»->
tirait les pauvret qu'on y occupait a di»
vers travaux, ei une maison de correction
où l'on renfermait les vagabonds et les
gens d'une moralité suspecte. Bîoétre est
aujourd'hui à la fois un hospice ponr les
vieillards, un hôpital ponr les fous, un
cachot pour les. criminels, qui attendenfti
pour porter leur tète sur l'échaland, qne
la Cour de cassation ait rejeté leur pour-»
voi , et une prison temporaire ponr ceux
qui doivent aller btenlôt expier lenrs
crimes dans les bagpea. Cette agglo-
mération d'infortunes si différentes est
pour l'observateur philosophe la eouroe
de réflexions toor à lour amèrea et oon-
solantes.
La condition qu'on exige des vieil-
lai*ds, pour être admis à Bicétre, s'est
l'âge de 70 ans; ceux d'un^ége bna«ooup
plus jeune qu'on y rencontre dans la di-
vision des incurables sont dns airengles,
des paralytiques, d'autres qui aont at^
teints de maladies ohroniqnes au-deisns
des ressources de l'art, et qui les mettent
dans l'impossibilité absolue d« subvenir
à knni besoins. Quand un vieillard a été
une fois admis, il devient membre de la
grande famille, et la maison lui accorde
toutes les nécessités de la rie : de vmales
dortoirs garnis de lits irès propres s'ou-»
vreot le soir à l'heure du repoa ; unn
nourriture saine et abondante leur est
distribuée à dififérentea heures du jour;
chaque aemaine , du linge blanc leur est
donné, et chaquesemaine «usai îl leur est
permis , à des jours fixes, de eortfir de U
iMMMi.UMd«yMa
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Bia
(é07)
ne
yr«Mtaiit ciiit«nl daab rkuMmr ê» Vé-
tflbliBsemtntyOà chacun » suivant sa re-
ligion y peut adresser ses prières à Dieu.
Parmi ces vieillards i il en esl quelques-
VDs qui» ayant conservé un reste de ver-
deur^ sont employés à divers travauE que
l'adniinlstralion rétribue suivant leur
iitiportanee. Enfin un grand nombre d'a-
teliers ont été eonsiruits où travaillent
chaque jour plusieurs centaines de vieil-
lards et d'aveugles plus ou moins vali-
desi Ces ouvriers vendent librement le
produit de leur industrie et peuvent par-
là, comme ils le disent dans leur langage
■lodeste, se procurer quelques douceurs.
VfieBt ensuite lé division des insensés, qui
comprend les fous et les idiots. Ces der-
niers sont renierlnés dans une cour peu
étendue c on en voit peu se protnener ;
presque tbus sont assis ou eouthés sur
le sol , se livrant à des mouvemens sans
but, et qu'aucune pensée ne dirige. Les
aliénés sont plus nombreux et renfermés
dans des cours distinctes et plus spacieu*
ses ; cctts-ci pour la plupart vivent d'une
vie moins solitaire que les premiers t on
les voit se proméher par groupes ou se
livrtr à des occupations qui réclament
davantage le concours de rintelligence.
Quand on se trouve au milieu de ces in-
fortunés ^ on est souvent abordé par des
empereurs, des rois qtd viennont deman-
der deux sous pour acheter du tabac ;
d'autres vous poursikiveni d'un ceil ha-
gard ^ jusqu'à ce qu'on sok hors de la
portée de leur we. Les fous furieux sont
renferhf)és dans des loges où ils sont re-
tenos jfÉsqu'à ce que^ redevehius plus cal-
mes, ils prissent être rendus à la vie oom^
mune sans danger. Dans ta même divi-
sion se trouve une Infirmerie oè «ont
j-eçus des iadividus qui n'ont perdu la
raison que depuis peu de tempe et doni
l'état demande l'application d'une méde-
cine plus active.
La cuHosîlé que les vfeiHards no tatnuK
q««ot jamais d'ifidaqSrar à iseux qui vtii-
tent Bi^re^ o'est tm fMiita qui a 166
pieds do proTondeur sur 16 de largeur;
un seau tfuî contient 660 litres verse
Teaki tèuCes les cinq minutes 4ans tm
immense réservoir ^ distribuo ce li-
quide pour toos fas aervioea de l'établîs-
80Mtt^par ie «bjen de 73 «txiMto. €•
sont des idiote^ des •▼etiglès, qtd Hbmi
marcher cette machine qui Ta jour et
nuit ; 14 hommes pour cela sont em^
ployés à la fois» La population de Bio^
tre est environ de 4,000 individus. S-n*
BICHAT (MAaiK-FEAKçois-XA*
▼IB&) nsqnit en 1771 à Thoirette, dépar-
tement de l'Ain. Fils d'un médecin estî*'
mé comme praticien, et devant suivie
la même carrière que son père , il fut
placé au collège de Nantua où il fit ses
huBsanités avec une grande distinction»
Au moment où il sortit du collège, la ré-
putation de Marc- Antoine Petit attirait
à Lyon un grand nombre de jeunes gens
qui entraient dans la carrière médicale;
c'est aussi à Lyon que Bicfaat commença
l'étude d'une science à laquelle son génU
devait donner une impulsion ai heureuae ;
mais les troubles politiques qui éclatè-
rent alors dans cette ville la lui firent
bientôt abandonner. Il se rendit à Bour-
ges où il ne resta que peu de temps , et
vint enfin à Paris où Desault professait
avec éclat la chirurgie^ Une circonstance
heureuse le fit bientôt distinguer de l'il-
lustre professeur qui le reçut «dans ea
maison et l'associa à ses travaux. Cette
intimité dura peu : Desault mourut, et
Bichat^ pour acquitter envers lui sa dette
de reconnaissance, publia le 4^ voIubm
du Jvumai de Chirurgie de son protec-
teur , et plus tard ses leçons. Jusque là
Bichal n'avait fait, en quelque sorte, que
préluder à sa gloire , s'occupent presque
exclusivement d'anatomfie et de chirur-
gie; mais étudiant l'anatomie sous un
point de vue tout nouveau, il décomposa
le corps humain en ses tissus élémentai-
res, et montra comment ceuxMîi s*<
cient, se groupent, pour (brmer les dif-
férons organes. Cette décomposition do
corps aniasal en ses élémens cototilutifs
est certainement une des vues les pkis
originales des temps modernes: en mon-
trant ainsi llmperlection des éludes ana-
toÉiiqnes (ail es avant lai, etdanslesquellea
les organes étaient examinés en masae, on
peut dire que Bîdmt a ouvert la vote dans
laquelle ont marché, avec tent de sucoès,
plusieurs médecins oontetaporaifii^ mais
il n'a point suffi à son esprit plein de vi-
gueur d'avoir analysé ainsi l'organisatioB
hwnaÎBa^ il o touk iaira conoo^rir \
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BIC ( 508 )
peifecHon de l'analyse anatomique au
progrès de la science de la vie. Malgré
tous les elTorls de Barihès et de Bordeu,
pour subordonner les phénomènes viiaux
à des principes dislincls de ceux qui ré-
gissent les corps inertes, les idées des
médecins mécaniciens et chimistes ré~
gnaient encore dans la plupart des es-
prits. Ce n*est pas que déjà on ne sentit
généralement que les forces d'où éma-
nent les phénomènes dc< êtres animés
doivent difrérer de celles auxquelles olicit
la matière morte, mnb on ne regardait
cette distinction que comme tme nécess.lé
logique, bonne pour le cabinet et qui,
vague et sans règle fixe, n'était d'aucune
utilité en face des faits. Bichat sentit
quelle était la cause qui faisait ainsi re-
jeter le vilalisme à ceux qui avouaient la
légitimité de ses hases, et chercha à cooi^
donner les phénomènes de la vie en les
groupant autour des forces diverses sous
l'empire desquelles ils s'accomplissent ;
ces forces, il les appelle ptx>priétés vita-
les et les classé de la manière suivante.
Il admet une sensibilité animale mi per-
cevante, d*où dérivent les sensations; une
sensibilité organique, fa<*ullé de la ma-
tière vivante, qui rend celle-ci sensible
aux impressions, sans que l'individu chez
qui elles ont lieu en ait la conscience ;
une conltactilité animale ou volontaire,
et une contractilité organique sensible,
propriétés inhérentes aux fibres muscu-
laires, qui se raccourcissent ou se con-
tractent sous l'influence de la volonté, ou
bien sous celle d'autres excitans, et qui
président à la locomotion et aux mouve-
mens des plans musculaires des viscères;
enfin une contractilité or^çanique insen-
sible, qui existe dans tous les tissus vi~
vans, et en vertu de laquelle tous ces
tissus exécutent des moux'cmens intimes,
inaccessibles à nos sens, mais indiqués
par les résultats, et qui, jointe à la sensi-
bilité organique , a sous sa dépendance
la circulation capillaire, l'absorption, les
sécrétions et la nutrition. A près a voir ainsi
distingué les diverses propriétés des tis-
sas, complétant cette élude analytique
par une étude d'ensemble, il est conduit
à admettre dans les animaux en général,
et rhomine en particulier, deux vies, con-
•équemmcnt deux séries d'organet oor-
BIC
relatifs : Tune est la vie animale, vie ex-
centrique qui a pour inst rumens matériels
les organes au moyen desquels Tétre vi-
vant se met en rappoi*t avec te monde ex-
térieur; l'autre est la vie organique dont
le caractère est de présider à la conser-
vation et à la nutrition de l'animal, et qui
a des organes en harmonie avec la spé-
cialité de sa nature. Une seple fonction
reste en dehors de cette belle division
systématî(|ue, c'est la fonction de re|>ro-
duction. Ces principes physiologiques
étant I osés, Bichat en conclut que la ma-
ladie consiste essentiellement dans une
altération des propriétés vitales , et -que
la thérapeutique doit avoir pour but de
ramener ces propriétés à leur type nor-
mal. Telles sont en substance les idées
que Bichat a développées avec un talent
admirable dans 4 volumes in-8® qu'il a
publiés sons le titre à^Ànatomie ^éné-
rule ; c'est là sans contredit l'ouvrage où
ce médecin illustre a jeté le plus d'idées
originales, mais ce n'est point le seul
qu'il ait produit , quelqne prématurée
qu*ait été sa mort. Il a laissé de nom-
breux mémoires, un Traité des mem-
branes, en un vol. in-8 ; 5 volumes d'i/-
natomie descriptive , dont les deux der-
niers ont été rédigés par Buisson et
M. Roux; enfin ses Recherches sur la
vie et la mort , dont M. Magendie est
l'éditeur , et auxquelles il a ajouté des
notes intéressantes. Dans ces nombreuses
productions Bichat montre un esprit su-
périeur qui eût reculé les bornes de la
science plus que personne ne l'a fait
peut-être, s'il lui avait été donné de four-
nir une plus longue carrière. Il mourut
le 22 juillet 1802 ; à sa mort , Corvisart,
son médecin , écrivit au premier consul :
« Bichat vient de mourir sur un champ
de bataille qui compte plus d'une vic-
time; personne, en si peu de temps, n'a
fait tant de choses et aussi bien, m Quoi-
que beaucoup des idées de Bichat ne
soient déjà plus admises dans l'état ac-
tuel de la science, il en est plusieurs
dont l'expérience de chaque jour confirme
la justesse , et, dans le mouvement pro-
gressif qui nous entraine loin de lui. Ton
sent encore TimpoUion vigoureuse que
sa main puissante « donnée aux scieo-
ces médicales. G. A-l et S-v.
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BIC
BlCBE^voy, Ccbv.
- BICIIET, vof, Mbsihies (anciennes),
BiCOQtË [£uoca)y vilbge à une
lieue de Milan , en un lieu hérissé d'ar-
bres et coupé de canaux. Lautrec, chargé
de la défense du duché de Milan , y ren-
ronlra (es Impériaux retranchés dans une
forte position : le général français et son
conseil furent d*avis de les bloquer et de
les affamer, et tout annonce qu'il les
aurait eus à discrétion sans Tindisci-
pline des mercenaires suisses qui com-
posaient à peu près toute Tinfanterie de
ton armée. Ceux-ci, irrités de n'avoir
pas reçu de solde depuis long-temps et
espérant au moins s'indemniser par la
victoire!, demandèrent à gt*aDds cris leur
argent ou le combat; si bien que sous la
menace d'une défection , Lautrec se vit
obligé d'engager l'affaire contrairement
aux plus simples calculs d'une saine tac-
tique. Ce lut la Journée de la Bicoque
(1522J. Les Suisses firent rage au pre-
mier choc, mais ils se déconcertèrent
bientôt devant le courage flegmatique
des Allemands, et se dispersèrent, aban-
donnant la gendarmerie française qui fai-
sait des prodiges et dont les succès au-
raient pu devenir décisifs. Cette journée
eut des suites très importantes. Le Mi-
lancz échappa à la France. Quand Lau-
trec se plaij(nil à la cour du manque d'ar-
gent , source de tout le mal , il fut assez
mal reçu, attendu que les ducats avaient,
à ce qu'il parait , passé par les mains de
la duchesse «PAngouléme qui aima mieux
les employer à se faire des amis qu'à dé-
truire les ennemis de la France.
Le mot bicoque, par extension , sert
aujourd'hui à désigner une place de guerre
diétive, ou une bourgade quelconque
aans importance. P* L-k.
BIDASSOA, en latin Vedassus et
Villa sa , rivière qui prend sa source à la
cime du fielat, l'une des crûtes des Pyré-
nées, entre Saint-Jcan-Pied-de-Port et
Maya, vilbge espagnol qu'elle baigne en
coulant à l'ouest-sud-ouest. Française à
sa source seulement, elle parcourt, en ser-
pentant, un arc sinueux d'environ douze
lieues dans le territoire espagnol, pour
venir, non loin de son embouchure dans
là mer de Biscaye , tracer , sur une très
laibU étendue y la limite de la France avec
( 509 ) B1D
l'Espagne, entre le village d'Andaye et
Fuenterrabia , après avoir coulé à gauche
de Ma\a, puis entre Ëlisondo et Bcrtiz, et
arrosé, en iciuontant \ers le noid- ouest,
San-Estevan, Bera et Iron. Son cours
forme un angle obtus et rentrant, qui
regarde l'autre angle, obtus et saillant,
que présente la chaîne des Pyrénées d'An-
daye au mont Ma) a.
La Bidassoa, que les vieux auteurs es-
pagnols nomment indifféremment Ve-
daso ou Vidasoa , et les anciens géogra-
phes français Bidasse ou Bidassea, n'a
donc d'autre importance topographique
que celle que lui donne le passage de
Bayonne à Saint- Sébastien, dont elle
coupe la route. Son lit est presque par-
tout fort marécageux et elle ne pourrait
porter tout au plus que de légères bar-
ques, si ce n'est vers son embouchure ,
à une lieue de laquelle elle forme Xile
des Faisans ou de la Confcrenve. Nous
ne saurions dire si le dernier nom donné
à cette ile vient de ce qu'elle fut, en
1659, le siège du congrès où le cardinal
Mazarin et D. Luis de Haro jetèrent les
bases du traité de paix des Pyrénées
[voy.) , ou bien s'il faut le rattacher à une
origine plus ancienne, notamment à l'en-
trevue qu'y eurent, \ers la fin d'avril
14.63, Louis XI et D. Enriquc, roi de
Castille, au sujet des démêlés de ce der-
nier avec le roi d'Aragon , et dans les-
quels les parties coniendantes avaient
choisi le roi très chrétien pour arbitre.
Mariana, dans son Histoire générale
iVEspagne ( xxiii , 6 ) , entre à l'égard
de cette conférence dans de curieux
détails; il décrit les féjles dont elle lut
l'occasion, peint la magnificence qu'y
déplo}èrent D. Ënrique et sa cour, et
rapporte comment le costume plus qîie
négligé du roi de France, que la simpli-
cité de son accoutrement distinguait entre
les princes de sa suite , fil la riaée des ga-
lans Espagnols.
Le même historien s'étend à cette oc-
casion sur la contestation qui a long-
temps existé eiitre les deux états, relati-
vement à la possession sou\eraine de la
rivière Bid<iâsoa. Celte contestation pour-
rait fournir la matière d'un intéressant
mémoire; mais il suffira ici de dire que
depuis l'an 1610 , où des oommissairee
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BlD
(MO)
Bit
ifoyftVXy nommés de part et d'tutre après
la rixe sanglante qui avait eu lieu entre
lea habitans d*Andaye et ceux de Fuen-
terrabia, sur la propriété de la rivière,
diécidèrent que chacune des deux rives
appartiendrait au pays qu'elle baigne, la
rivière elle-même demeurant propriété
commune ou neutre , sauf cette réserve
que les Français ne pourraient y avoir de
b&timens à quille ( vaxeles con quUla ,
ei à saber fpundes)^ il ne s'éleva plus
de différend, et de part et d^autre,
même en temps de guerre , on s'acquitta
■Hituellement des droits de partage avec
une grande 6délité. C'est qu'apparem-
ment ces droits, réglés à l'amiable, n'é-
taient pas, à beaucoup près, ce que les lois
de douanes les ont faits depuis.
Cette question a été débattue encore
une fois du temps de Colbert , par Pieire
de Marca, dans sa Marea Hùpanica
(chap. XIV, lib. i), dédiée à ce minis-
tre. P. C.
BIDPAI, voy. PiLPAÎ.
BIEL (grotte de), dans le district
de Blankenbourg du duché de Bruns-
wick, sur le Rubeland, torrent du Hartx,
et à peu de distance de la grotte de Bau-
nann [vny,). La grotte de Biel, comme
cette dernière, formée de stalactites, est
encore plus curieuse et a, en plusieurs en-
droits, une espèce de second étage. Elle se
divise en onze compartimens principaux
qui ont ensemble une longueur de près,
de 650 pieds. Les stalactites forment des
accident souvent bizarres : dans l'une des
salles on croit voir de grandes orgues d'é-
gUse et dans l'autre une mer agitée. Cette
grotte remarquable est assez élevée et
dans une montagne qu'on appelle Biel-
stein (roche de Biel). Découverte en
1763 elle a été rendue abordable aux
visiteurs en 1788, par un nommé Bec-
ker, auquel le duc de Brunsvick a con-
cédé le privilège exclusif de servir de
guide aux curieux. On adorait sur le
Bielstein une idole du nom de Biel, dont
la montagne a sans doute tiré son nom. S.
BIEL A. (comète de). On appelle
ainsi la 8^ des comètes périodiques dont
le retour ait été constaté, du nom de
M. Biela , de Josephstadt, oiftcier au ser-
tice autrichien , qui fa observée en 1 816.
BU* «t identi<{M 8v«o 1m oooièces ob-
servées en 1773, 1866, etcf., tt Mtrit
en six ans trois quarts une ellipse mé^
diocrement excentrique. Sa dernière ap-
parition est arrivée en 1881, et la pro-
chaine aura lieu en 1818. C'est une petite
comète insignifiante, rarement visible à
l'œil nu , et qui n'olfVe ni queue, ni au*
cune apparence de noyau solide. Par une
coïncidence remarquable, son orbite
coupe le plan de l'écliptique très près de
l'orbite de la terre ; et ^i , lors du pas-
sage de 1888 , la terre eût été en avance
d'un mois sur son orbite , elle aurait trar
versé la nébulosité de la eémète. Ce ré-
sultat, annoncé par M. Olbert et trar-
vesti, d'abord dans les journaux alle-
mands , puis dans ceux des autres pays ,
avait renouvelé en 1881 (année trop
célèbre par des calamités réelles ) le bruit
populaire que les astronomes prédisaient
la fin du monde. Au reste il faut dire que
cette prétendue prédiction était, pour le
peuple comme pour les salons , un sujet
de plaisanteries plutôt que de terreur
véritable. Nous sommes redevables à
cette circonstaqce de la curieuse notice
sur les comètes, insérée par M« Arago
dans P Annuaire de 1881, et à laquelle
nous renvoyons le lecteur. Foyez aussi
l'article Comète. A. C
BIBLEFELD j ville de la Westpha-
lie prussienne (régence de Minden), sur
le Lutter. Elle est célèbre par son indusr
trie en toiles et par ses blanehisseries.
La toile de Bieiefeld , employée surtout
pour linge de table, est plus fioe et ou-
vrée avec plus de goAt que celle de
Silésie. Cette branche occupe 76 métiers
et 160 tisserands, et les blanchisse-
ries sont au nombre de 17, avec 460 ou-
vriers. La ville de Bieiefeld n'a que 6,606
habitans, et pourtant on y trouve un
gymnase, une école d'industrie et 6 écoles
élémentaires. Elle a aussi beaucoup de
tanneries et fait surtout un commerce
très considérable. J. H. S.
BIEM (philosophie ). Tous les hom-
mes ont la conception du bien et du mat
moral; tous distinguent t'un et l'autre
du bren et du mal physique ; toua
savent que le bien moral peut coexis-
ter avec le mal physique; que celui-ci
est souvent même une conséquence du
premier; «a d'antres teriMSi que li^^rtrtm
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filK (511)
B'ètt postiMeyen géQéral,qa*à la (Condition
àa sacrifice; tandis qu'au contraire le
nal moral est loin d*élre incompatible
avec le bien physique , si surtout Ton ne
hit attention qu*aux couditions exté-
rieares da bien-être.
Ce fait proQve à lui seul que le bien
physique et le bien moral ne sont point
deux dénominations différentes d*une
seule chose , à supposer même qu'on
Ttavisageât sous deux points de vue dif-
férens. Le bien moral existe et demeure
quand même le bien physique n*esl point
réalisé ou qu'il vi^nt à disparaître; il
n'est même jamais plus frappant que
quand le mal physique de l'agent en de«
vient la condition nécessaire , sans , du
reste, qu'il résuite de ce sacrifice aucun
avantage physique pour autrui : par
exemple dans le châtiment qu'un père
est obligé d'infliger à son enfant ou dans
la modération nécessaire à la conserva-
tion du respect de sa propre dignité.
Ce n'est donc point d'après le résultat
physique on sensible de l'action qu'elle
est dite bonne ou mauvaise moralement,
puisque, à certains égards, le bien moral
et le bien physique , le mal moral et le
mal physique se repoussent mutuelle-
ment. Le bien moral n'est donc point tel
à la condition de quelque autre chose;
il n'est point tel comme moyen pour une
fin ; il n'est point subordonné au bien
physique : il le domine au contraire de
toute la supériorité de la raison sur la
sensibilité.
Le bien moral est donc fin à lui-
même; c'est l'expression du vœu ou plu-
tôt du commandement de la raison pra-
tique. Le bien moral n'est donc pas
autre chose en définitive que ce que la
raison proclame primitivement et abso-
lument comme tel , malgré les réclama-
tions aveugles de la sensibilité. C'est ce
caractère d'indépendance qui lui mérite
iPétre appelé bien absolu ou suprême.
Il faut se garder de croire cependant
que le bien moral n'ait aucun rapport au
bien sensible, qu'on ne doive pas le con-
fondre avec la prudence, qui n'est jamais
qaTun calcul. D'abord, il est très proba-
ble qu'il en a tiré sa dénomination.Coiume
le sensible frappe plus les esprits que
1« rationnel pur^ et qu'il s'en fait re«
BÎË
marquer plus facilement et plag tôt il
fut sans doute nommé le premier. Pas-
sant des effets aux causes , des réâuUats
aux actions, aux intentions, à l'agent
même, l'analogie dut conduire à carac-
tériser les actions, les intentions et Ta-
gent, comme les résultats physiques et
sensibles eux-mêmes. £t comme d'un
autre côté nous sommes plus frappés
des devoirs envers autrui que des de-
voirs envers nous-mêmes et à l'occasion
de Dieu, le bien moral ne signifia d'a-
bord que l'injonction de la raison rela^
tive à nos rapports avec nos semblables.
Enfin comme les devoirs stricts ou de
justice nous frappent plus que les de-
voirs larges ou de bienfaisance, le bien
moral ne signifia d'abord que des rap-
ports de pure équité; en sorte que la
morale put passer dans la législation.
Ce fait provoqua chez quelques esprits
inattentifs ou plutôt préoccupés de quel-
ques conceptions systématiques, une
confusion fâcheuse. Perdant de vue la loi
interne, dont la loi écrite ou manifestée
par les usages et transmise par la cou-
tume n'avait été d'abord que l'expres-
sion, et les regards fixés sur cette der-
nière, des penseurs n'aperçurent qu'elle
et la proclamèrent le principe du bien
et du mal moral. Désigne ou de traduc-
tion qu'elle avait été d'abord elle devint
quelque chose de primitif, elle prit le
caractère d'un texte original. De là la
facilité avec laquelle elle se laissa sou-
vent modifier et défigurer ; n'étant point
primitive, n'ayant pas en elle sa raison
d'être , elle ne résista point à la main
mal habile qui i-oulut la changer.
Ne la comparant plus à son modèle , à
l'original qu'elle avait été destinée à ex-
primer d'abord, on dut la défigurer au
profit de l'inlérêt particulier dès qu'on
eut la témérité d'y porter la main. Mais
cependant celte altération ne fut jamais
assez profonde pour la dénaturer com-
plètement, parce que jamais l'homme ne
put méconnaître entièrement la loi vi-
vante qu'il porte au dedans de lui. Or,
cett 3 loi, dars ce qui est relatif à nos sem-
blables, est essentiellement une loi de
concorde, d'harmonie et de bonheur.
Elle déclare injuste tout mal fait à au-^
trui sans nécessité morale \ elle fait plier
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BIE (5
rintérét individuel devant Téquilé ou
Tinlérét général : en un mot elle veut la
plus grande sooinie de libcrlc el de bien
possible.
£lle est donc, comme on volt, en par-
faite harmonie avec la sensibilité en gé-
néral; elle n*est contraire qu*aux appé-
tits excessifs ou mat dirigés de l'agent.
C*esl ce parfait accord de la raison et de
la sensibilité qui plus tard fit prendre
le bien général pour le souverain bien,
rintérét pour le devoir , le désir pour
mobile de la volonté, la sensibilité pour
la raison. On ne s'aperçut pas que Thar-
monie n'est que dans les contraires, et
qu'ôter Tun des élémens constitutifs de
Tordre, c'en est fait de Tordre lui-même.
On ne s'aperçut pas surtout que la sen-
sibilité n*u rien de sage, de réglé, de
mesuré, ni de jiiite par elle-même;
qu'elle n'aspire qu'à la plus gianJe
somme de bien-physique individuel pos-
sible. De là les c«ticuls dtt la prudence,
l'amour de soi bien entendu, substitués
à la raison; de là Tintérêl persofuiel ou
le principe de la force et de Tastuce
érigé eu suprême loi ; de là Tauéantisse-
ment de toute morale et même de toute
justice.
Le bien physique n'est donc point ,
dans Tindividu , louj<iurs naturellement
d'accord avec le bien moral ; il n y est
qu'autant que la raison el la volonté Ty
mettent. Il ne peut donc évidemment pus
plus se passer d'elle ([ue des coursiers
fougueux ne peuvent se passer des mains
d'un habile cocher. Proclamer la raison
inutile parce qu'on voit la sensibilité s'y
soumettre, c'est abandonner la force
aveugle à elle-même, c'est 6ter Tintelli-
gence du monde, c'est faire rentrer le
monde moral dans le chaos.
Observons enfin sur celle harmonie
de la raison et de la sensibilité que la
raison ne veut point le bien physique
parce qu'il est tel, mais uniquement
parce qu'il e^t convenable à la nature
humaine, parce qu'il est une des fins ab-
solues de celte nature , et qu'il devient à
ce litre un bien en soi, un Sien absolu.
£n d'autres termes, on ne feiti jamais
sortir par l'analyse le bien rationnel ou
moral du bien ph)sii|ue, par la raison
bim simple qu'il n'y est point cootenii.
12 ) BIE
Le bien moral , pow être le bien ab-
solu , n'est fias le .souverain bie/t , si Ton
entend par-là la plus grande somme de
bien possible. Telle était cependant Topi-
nion des stoïciens; mais les épicuriens
les accusaient avec raison de mentir à la
nature. A leur tour les épicuriens n'y
étaient pas plus fidèles, et moins encore
sans doute, quand ils plaçaient le souve*
rain bien dans la volupté, même tem-
pérée par la qua&i-vcrtu de la prudence.
Le fait est ^que, maigre le charme de la
vertu, les sacri lices <|u'el le im|>ofie d'ail-
leurs à la sensibilité empêchent que le
bonheur de Thomme vertueux ne soit
parfaiL Le fait est surtout que les délec-
tations honteuses ou crimi«ielles sont
toujours plus ou moins empoiiionnées
par le mépris de soi-même ei dos autres
hommes, par les tourmens intéi leurs de
Tame , et très souvent même par de fâ-
cheuses conséquences physiques.
Point donc de bonheur absolu ou de
souveiain bien avec la vertu seule; point
de souverain bien avec la volupté seule;
point de sou.verain bien encore avec Tal-
liance monstrueuse,. contradictoire, im-
possible de la vertu et du vice. Point donc
de souverain bien sur la terre. Et ce-
pendant la raison le réclame hauleuient
comme la destinée absolue de Thomme,
on même temps qu'elle impose la vertu
de toute Ténergie de sa puissance. Qu'en
conclure? que Thomme est une c*<mtra-
diction? Non; mais «pie la vertu étant un
devoir , quand le bonheur n'est qu'un
appétit; que la vertu étant possible ici-
bas bien plus que le bonheur, que la
plus grande somme de bien terrestre
étant même réservée à la vertu, Texis-
lence de Thomme ne se termine |)as avec
les apparences de la vie; qu'elle a un
prolongement inconnu, indéfini, infini
même, suivant lequel Tharmonie de nos
capacités ira toujours croissante, jus-
qu'à ce qu'enfin elle soit parlaite. Il faut
en conclure que la vertu, fin abstduede
celle vie pour Thomme, est un moyen
ou plutôt un antécéileiit d'après Içs dirS-
seins de la Proxidencc ; antécédent
dont le bonheur sera le conséquent. Ici
donc, vertu d'abord , espérance en-
suite, boubeur par accident; là, félicité
absolue. J^. T.
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BIE
(ilS)
BIË
BBNFAISANCE. La perversité ho-
maine, ou, si Ton veut, celle de quelques
hommes seulement, nous a rendus si peu
exigeaos sous le rapport de la bienfai-
sance qu'on appelle déjà homme de bien
celui qui ne fait réellement pas le moindre
bien aux autres hommes, mais qui aussi
ne leur fait point de mal ; cependant sous
le rapport moral, Ton n'est véritablement
bienfaisant , homme de bien dans toute
la compréhension du mot, qu'autant que
Ton fait du bien , un bien positif et réel.
Maintenant, il est clair que l'on peut
être plus ou moins bienfaisant, suivant
que l'on fait plus ou moins de bien, qu'on
le fait plus ou moins à propos, et suivant
qu'on en fait plus ou moins souvent et
dans des proportions pljus ou moips gran-
des avec ses propres moyens.
La bienfaisance n'est pas un devoir de
droit, c'est-à-dire un devoir auquel on
puisse être contraint sans injustice par
la loi civile. Même, suivant certains phi-
losophes, il n'est pas sûr que ce soit un de-
voir moral. Toutefois , et sans parler des
nobles élans du cœur et des suggestions
généreuses de la raison , il nous parait
clair que si c'est un devoir pour l'homme
de tendre à sa fin , à sa destinée morale ,
avec le plus de moyens et de rapidité
possible; si, d'un autre côté, les hom*
mes ont besoin les uns des autres , pour
se perfectionner de plus en plus et mar-
cher ainsi à leur fin , aider les autres est
pour nous un devoir, comme en être aidé
est un droit. D'ailleurs, quoiqu'à la ri-
gueur le monde pût subsister par la simple
justice et quoique alors son aspect total
préseiitât moins d'anomalies criantes, il
manquerait cependant d'un beau specta-
cle,d'un lien de plusau sein de l'humanité.
La froideur, Tindifféreuce, l'impassible
justice aux mains glacées , au sévère re-
gard , sourde à la pitié , aux larmes et
aux souffrances des hommes, donnerait
à la société humaine une physionomie si
peu animée , si calme , que le mouvement
qui resterait seul pourrait plutôt faire
croire à une société d'automates qu'à utie
société d'êtres moraux.
La bienfaisance est bonne en elle-
même ; il faut prendre garde de l'empoi-
sonner en humiliant celui qui en est Tob-
jet. Il y a long-temps qu'on l*a dit : la
Er.ryclop. d, G. d. M. Tome IIL
manière de faire le bien en double le
prix: nous dirions volontiers qu'elle en
fait tout le prix ; car on peut mettre un
bienfait à si haut prix, par la manière de
l'accorder, qu'une ame un peu noble
n'en voudrait jamais. Ce n'est plus alors
un bienfait , c'est un contrat très oné-
reux où la honte a presque le droit de
tenir lieu de la reconnaissance, quand fa
misère plutôt que la bassesse a fiait passer
par de trop humiliantes conditions. Sans
doute que le nombre des ingrats serait
bien réduit si l'on tenait compte de tout
les mauvais bienfaiteurs. J^ T.
BIENFAISANCE (buebaux de),
administration locale des secours publics
qui , sous différens noms et avec diffé-
rentes modifications, existent dans tous
les pays.
En France,1es bureauxde bienfaisance
gèrent, dans les communes, les révenus
des pauvres et distribuent les secours
publics. Ils se composent d'un certain
nombre de notables qui se réunissent
sous la présidence du maire , et remplis-
sent gratuitement leurs fonctions. Cha-
que bureau , excepté à Paris , compte 5
administrateurs. Ils étaient nommés^
dans l'origine, par l'autorité municipale
ou par le bureau central (depuis la sous-
préfecture), et justifiaient des recettes et
des dépenses à l'autorité dont ils tenaient
leurs pouvoirs. Ils sont aujourd'hui à la
nomination du préfet , et les bureaux de
bienfaisance, assimilés en tous points
à l'administration communale, dpivent
dresser des budgets et présenter des
comptes dans la forme et avec les garan-
ties exigées pour la comptabilité des corn*
munes.
La création des bureaux de bienfai-
sance remonte à l'an Y. On en trouve la
première organisation dans le décret du
7 frimaire, qui établit en même temps,
au profit de la classe pauvre, un impôt
sur les spectacles, les bals, les concerts
publics, etc. Une instruction ministé-
rielle de l'an IX, développant la dispo-
sition législative, fait connaître que l'es-
prit de la loi était de confier aux bureaux
de bienfaisance la distribution des se*
cours publics à domicile et les fonctions
que remplissaient autrefois envers les
pauvres les associations de charité^ les
8d
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ttE
I adniiMtnitieai d« paroitsety
4es fabrique» cC des fbndfttiofit, iDstitu-
tioDs qw avaient cessé d*exister depuis le
commencement de la i*évohilion. Un dé-
cret du 7 germinal an XIII a rendu tem-
poraires les fonctions d'adiiiîaistrateur,
en prescrivant le renoovelleineiit annoet
par cinquième des membres de toute ad-
itataistratioD obaritabl«.
Il n'existe point de bureaux de bien-
iiisance dans tontes les communes : le
défaut dSostniotîon ou le manque de
ressources s'opposent encore à leur for-
mal ion sur beaucoup de points. Au con-
traire , dans les communes considérables,
et surtout dans les villes, cette institu-
tion! a pris une p*ande extension; c'est là
aussi que le besoin s'en faisait le plus sen-
tir. On peut citer, sous ce rapport, les
bureaua de bienfaisance de Paris qui, en
raison même de leur importance, ont reçu
«ne organisation particulière/ Indépen-
damment d'un bureau central , on avait
créé d'abord un bureau dans chaque quar-
tier ; puis , l'ensemble du service a été
réuni à l'administration générale des hos-
pices, ce qui a permis la suppression du
bureau central. Enfin, en 1813, on n'a
maintenu qu'un bureau par arrondisse-
ment, en portant à 12 le nombre des ad-
ministrateurs qui, de plus, ont été auto-
risés à s'adjoindre un nombrp illimité de
commissaires et de dames de bienfai-
sance pour les seconder dans Leurs fonc-
tions, et un agent comptable camionné.
Les administrateurs sont nommés par le
ministre; Tagent comptable est nommé
par le préfet. Bien que des ordonnances
de 1816 et de 1880 aient apporté pos-
térieurement divers changeuiens clans ce
service, les bases de l'organisation de 1 8 1 3
ont été conservées.
Quelques mets donneront nne idée des
secours que distribuent les bureaux de
bienfaisance de Paris, et, par analogie,
de l'assistance que ceux des autres loca-
lités peuvent ofîrir à ta classe pauvre.
A Paris, par exemple en 1881, les
secours publics s'étendaient à une popula-
tion de 39,846 ménages pauvres, compo-
sés de 88,244 personnes. La position de
cesfamillesavaitéléconstatée,Janschaque
arrondissement, par l'administrateur sur
le. territoire duquel elles se tronvaient
(«14) Btt
demtoiKéeSy et o^t apvàs i
du bureau que l'inscription sur le li?rt
des indigens avait pu avoir lieu.
Les vieillards, les infirmes reçoivent
des secours mensueb en argent; aux fem*
mes en couches on donné du bouillon ^
du pain, une layette, de la farine, des
draps ; les malades obtiennent des médi-
camens; on supplée an dénùmeni dans
lequel se trouvent les convalescens qui
sortent des hôpitaux en lenr donnant
des alimens pour plusieurs jours, en lenr
procurant des outils. En outre, des dis-
tributions mensuelles de bons de pain ,
de viande, de paille, de sabots, etc., sont
faites en faveur des plus nécessiteux, des
ménages chargés d*enfans, des blessés ,
des orphelins sans appui. Enfin, les bu-
reaux entretiennent des écoles et des
ouvroirs pour les en fans dont les parens
sont admis anx secours.
A chaque arrondissement sont attachés
des maîtres et maîtresses , des sœurs de
la charité, des médecins et d» sages- fem-
mes dont les soins sont toujours gratuits
pour les pauvres.
Les ressources dont disposent les bu-
reaux de bienfaisance de Paris provien-
nent des subventions fournies par la ville^
des dons, aumônes, produits de quêtes
recueillis par l'administration des hospi-
ces, ou par chaque arrondissement. Leurs
budgets s'élèvent, terme moyen, de 180
à 200,000 fr. Les dépenses, y comprises
celles que l'administration des hôpitaux
fait directement pour le service des se-
cours à domicile , dépassent 200,000 fr.
On ne comprend pas généralement
toute l'importance d'un système raisonné
de secours publics. La bienfaisance a
trouvé et trouvera toujours de l'écho en
France ; mais, pour le plus grand nom-
bre, elle consiste seulement à donner à
ceux qui demandent. On ne tient compte
ni des difficultés, ni des dangers que pré-
sente l'application d'un semblable prin-
cipe , quand elle s'étend, comme à Paris,
à une population de 800,000 personnes.
On oublie qu'entre deux écueils égale-
ment à craindre, donner trop et donner
trop peu, l'assistance publique n'est réel-
lement utile qu'autant qu'elle agit avec
discernement. Alors seulement elle peut
prévenir les abus nombreox de la i
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BIE
(61&)
BIE
AéStê èC do {w«ipénsine(w>r- cm deBX
nets), Umdf» qu^nna fausse direction en
fiiit uot obarge toujours de plus en plus
onéreuse pour Tétat.
Bats randenne monarchie , ta roen-
didté était une plate dpnt la société souf-
fhiil, sans ehercher à en éviter Vac-
orobsement, à en diminuer les funestes
•ffets. La ligueur était le seul moyen au-
quel les gouvememenspecofiraient dans
leur ignorance. On expulsait les men-
diaas des ▼illes , quand la misère deve-
nait trop grande; et s'ils n'obéissaient
pas, une loi de 1533 voulait qn'ils fus-
seni enchaînés deox à deux. En 1585, il
y eut même peine de mort Une juris-
prudence à peu près semblable Ait en
▼Igueor en 1543, 1547, et même beau-
cxmp plus tard , à la honte de l*homa-
En 1698 on commença à créer des
impôts pour le soulagement de la classe
pauvre, d'abord sur le revenu des parois-
ses, pois sur les boue^ et les lanternes.
Mais rien encore ne se faisait et ne
frétait fait, avant 1 790, pour régler la dis-
tribution des secours publics. Les cou-
vens étaient devenus le centre des aomd-
BCS; les paroisses faisaient des distribu-
tions et administraient les biens qu(e les
âdèles voulaient consacrer à cette desti-
nation. Mais c'était une charité particu-
lière, étroite dans ses vues, restreinte
dans des affections, des intérêts de po-
sition et de classe , et non une assistance
générale au nom de la société, assistance
impartiale, déterminée dans son appli-
cation, éclairée dans sa marche. Aussi
Toit-on que la plupart des associations
appartenaient aux ordres, religieux et ne
s'occupaient que des pauvres qui sui-
vaient exactement la religion. Pour être
admis aux secours, il fallait bien répon-
dre sur tes commandemens de Dieu et
de t Église y fréquenter les sacremens,
n» point travaifler pour l'opéra^ ni pour
tailleur ou marchand d'habits de mas-
que.
Ce Alt au sein de l'assemblée natio-
nale que l'on proclnma pour la première
fois ce grand principe : que la société
doit des moyens d^existence à tous ses
membres; qu'il est du devoir d'un eut
do procurer du travail aux valideS| des
seceai^ âW vîeJlhirds et am liitFiii». Die
cette époque datçnt aussi les premières
lois qui ont été promulguées sur les se-
cours publics, et qui, en partie, Servent
encore de bases à l'organisation actuelle.
Celte organisation laisse aux communes
IVdministration des secours et la charge
&y pourvoir; elle présente sans doute des
imperfections, mais il faut lui tenir compte
également de ses nombreux avantages et
se rappeler nnexpértenee ou nous som-
mes même aujourd'hui, non-seulement
en France, mais dans les pays étrangers,
sur la partie de l'économie poétique qui
s'appliqaeà l'administration des secours
publics. F. B-L.
BIElfllEUllEIJX. Ce mot s'applique
à trois sortes de personnes.
1* Ceux qui jouissent dans le «rel de
la félicité éternelle. Lear félicité, suivant
les théologiens, consiste à voir Dieu face
à face, à l'aimer de tout leur ccetir, a cé-
lébrer sans cesse ses louanges. 2^ Ceux
qui sont dans la voie du salut, qui prati-
quent dans toute leur étendue les pré-
ceptes de la loi, et même les conseils
évangéliques. Fojr. Béatitude. 8° On
donne aussi le titre de Bit*nàeun'ux
aux serviteurs de Dieu, que le souverain
pontife, après nn mûr examen et des
procédures usitées, a jugés dignes d'être
l'objet dans Téglise catholique, d'une vé-
nération particulière, mais qui n'est pas
le culte réservé aux saints qui ont été
canonisés, f^of. Béatification. J. L.
BIENNE (viLLB ET LAC db). La ville
de Bienne ( en allemand Biel)^ autrefois
une petite république qui reconnaissait
l'évêque de Bâie pour son suzerain , est
comprise aujourd'hui dans le canton de
Berne et se trpuve dans sa partie septen-
trionale, balHiage de Kidau, an pied du
Jura. L<îs habitans de cette petite ville,
au nombre de près de 8000, parlent alle-
mand et sont réformés. Bienne a un gym-
nase, une bibliothèque et ui^ h^nitat bien
entretenu. £n 1786 elle déclara s'incor*
porer à la république française; en 1814
la Fï*ance la perdit, mais sans que Bienne^
recouvrât son ancienne indépendance :
elle fut donnée à Berne avec la majeure
partie de Tancien évéché de Bàle.
Le lac de Bienne sur lequel die est
située, lac très poissonneux et élevé de
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BIE
(S16)
BIE
1 332 |Meds au-dessus de la mer, a 3 lieues
de lon^r et 1 de large. Il re^ît le Thiel
qui est un écoulement du lac de Neufchâr
tel. L'Ile de Saint-Pierre , si célèbre par
leséjour qu'y fit en 1766 J[.-J. Rousseau,
est au rodieude ce lac^ c'est un lieu en-
chanteur avec des vues délicieuses, fer-
tile , et Myant un quart de lieue de cir-
cuit. J. H. S.
BIENS. Les biens se divisent en deux
grandes classes: 1* en meub(es,ei 2^ en
immeubles, hes biens meubles sont tels
par leur nature ou par la détermination
de la loi. Les meubles par leur nature
sont ceux qui peuvent se transporter d'un
lieu à un autre, soit qu'ils se meuvent
{MU* eux-mêmes, comme les animaux, soit
qu'ils ne puissent changer de place que
par l'effet d'une force étrangère, comme
les choses inanimées. Sont meubles par
la détermination de la loi, les obligations
et actions qui ont pour objet des sommes
exigibles ou des effets mobiliers, les ac-
tions ou intérêts dans les compagnies de
finance, de commerce ou d'industrie, en-
core que des immeubles dépendans de
ces entreprises appartiennent aux com-
pagnies. Ces actions ou intérêts sont r^
pûtes meubles à l'égard de chaque asso-
cié seulement, tant que dure la société.
Sont aussi meubles, par la détermination
de la loi , 4es rentes perpétuelles ou via-
gères, soit sur l'état, soit sur des parti-
culiers.
Les bateaux, bacs, navires, moulins et
bains sur bateaux, et généralement toutes
usines non fixées par des piliers et ne
faisant point partie de la maison , sont
meubles. Les matériaux procédant de la
démolition d'un édifice, ceux rassemblés
pour en construire un nouveau, sont meu-
bles jusqu'à ce qu'ils soient employés
par l'ouvrier dans une construction.
Le Code s'applique ensuite à préciser
la signification du mot meubles, c'est-à-
dire les objets compris par ce mot, em-
ployés dans les dispositions de la loi ou
de l'homme, selon qu'il se trouve seul
sans autre addition ni désignation, ou
bien suivi de l'épithète meublons. Les
expressions de mobiliers, èi effets mo-
biliers ^ de biens meubles ont été égale-
ment prévues et expliquées par le légis-
Isleur. Ce dernier, dans sa prévoyance, a
cru devoir en outre déterminer toute la
portée de cette disposition fréquente par
laquelle on vend une maison meublée
sans autre spécification. Enfin le législa-
teur pose en règle que la clause par la-
quelle une maison est vendue avec tout
ce qui s'y trouve àoiiklce entendue d'une
manière restrictive; il excepte en con-
séquence certains objets que la clause,
malgré sa généralité, ne saurait atteindre.
Les biens sont immeubles ou par leur
nature, ou par leur détermination, on
par l'objet auquel ils s'appliquent. Les
fonds de terre et les bâtimens sont im-
meubles par leur nature; il en est de même
des moulins fixés sur piliers et faisant
partie du bâtiment, etc. Les objets que le
propriétaire d'un fonds y a placés pour
le service et l'exploitation de ce fonds
sont immeubles par destination. Ainsi
sont immeubles à ce titre les animaux at-
tachés à la culture, les ustensiles aratoires,
les semences données au fermier ou au
colon partiaire, les pigeons des colom-
biers, les lapins de garenne, etc.
Sont aussi immeubles par destination,
tous effets mobiliers que le propriétaire
a attachés au fonds a perpétuelle de^
meure et de manière qu'on ne puisse les
enlever sans être fracturés ou détériorés,
ou sans briser et détériorer la partie du
fonds à laquelle ils sont attacha
Sont immeubles par tobjet auquel
ils s'appliquent ^ l'usufruit des choses
immobilières, les servitudes ou services
fonciers, les actions qui tendept à reven-
diquer un immeuble. Y.
BlEXS NATIONAUX. « On dési-
gne ainsi spécialement, dit le savant au-
teur du Répertoire de jurisprudence, les
propriétés qui, en vertu des lois émanées
de nos assemblées nationales, ont été re-
tirées des mains du clergé et des corpo-
rations religieuses supprimées, on qui
ont été confisquées sur les émigrés. »
La défaveur que le public a long-
temps attachée à l'origine de cette espèce
de propriété n*est pas juste sous beau-
coup de rapports. La création des bie/is
nationaux était une conséquence néces-
saire de la révolution française. Lorsque
la Constituante voulut s'occuper de re-
mettre l'ordre dans les finances , une
foule d'abus s'offrirent à ses inyesUga- *
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BIE
{SU)
BIE
ttons. En première ligne se présentait
la concentration entre les màîns du cler-
gé de la masse immense de propriétés
connues sous le nom de ôie/ts ecclé-
siastiques, dont le revenu s'élevait à
70,000,000 de livres tournois. Ces pvo*
priélés, en dehors de la circulation et
du commerce, étaient pour la nation une
valeur morte. Long-temps avant 1789,
il avait été question de changer un pareil
ordre de choses , et lorsque la révolution
fut arrivée, quelques membres éclairés
du haut clergé comprirent qu'ils devaient
se donner le mérite d'un sacrifice devenu
inévitable. Le 2 novembre 1789, sur la
proposition de Tévéque d'Autun , l'alié-
nation des biens du clergé fut décrétée.
Toutefois la Constituante , modérée
dans ses actes, craignant de porter at-
teinte au droit de propriété, rendit son
décret en des termes qui ne préjugeaient
rien sur cette question importante, et
décida que les biens du clergé seraient
mis à la déposition de la nation. Cette
mesure reçut aussit6t un commence-
ment d'exécution ; mais pour qu'elle rem<
plu le but qu'on s^était proposé, H fallait
que les résultats en fussent immédiats
et non pas soumis à l'éventualité de con-
trats partiels. Bailly proposa de trans-
mettre les biens nationaux aux com-
munes qui les achèteraient en masse, et,
faute de fonds, en acquitteraient le prix
avec des bons qui serviraient à payer les
créanciers de l'état. On excepta toute-
fois de cette cession les grandes masses
de bois et les forêts, ainsi que les prin-
cipaux édifices 'qui furent attribués aux
services publics. Les bons émis par les
communes, qui représentaient une valeur
égale en propriétés, reçurent le nom de
papier municipal el devinrent l'origine
des assignats {voy. ce mot). A cette es-
pèce de biens nationaux s'en joignit bien-
tôt une autre malheureusement plus con-
sidérable. La révolution poursuivait sa
marche rapide; un grand nombre Je Fran-
çais, froissés dans leurs opinions ou me-
nacés dans leur existence, cherchèrent
un asile sur le sol étranger. Le 28 octo-
bre 1791 , l'Assemblée législative or-
donna par un décret que tous les émi-
grés qui, au mois de janvier suivant,
n'auraient pas fait constater lear retour
en France, seraient considérés comme
coupables de conjuration, punis de mort,
et leurs biens séquestrés. Le 9 novembre
suivant parut un nouveau décret qui dé-
clarait coupables de conjuration Mon-
sieur, frère du roi, le comte d'Artois
et. leurs adhérens; ce même décret les
condamnait à mort et confisquait leurs
propriétés pour couvrir les frais de la
guerre. La carrière des confiscations^,
une fois ouverte , ne devait plus se
refermer de long-temps , et les gens
honnêtes , après en avoir malgré eux
re/connu la nécessité , en déplorèrent
bientôt les conséquences. Des biens des
émigrés le séquestre s'étendit à ceux des
personnes condamnées pour crimes ré-
volutionnaires, et la cupidité jointe au
fanatisme multiplia à l'infini le nombre
de ces spoliations. Enfin il suffit bien-
tôt qu'un homme fôt accusé ou sim-
plement soupçonné , pour qu'il fût sur-
le-champ dépouillé de son patrimoine.
Le 22 frimaire an II, on déclara biens
nationaux ceux appartenant aux socié-
tés ou confréries formées dans un but de
piété ou de charité. Un décret du 4 ni-
vôse y comprit les biens des tribunaux
de commerce, et enfin un autre décret
du 1 3 pluviôse engloba dans cette masse
toutes les propriétés que les étrangers
possédaient en France. Il est vrai qu'on
ne tarda pas à revenir sur cette dernière
mesure qui avait excité contre nous au
dehors de sévères représailles.
Cependant la \eniede% biens nationaux
rencontrait partout des difficultés sans
nombre que la crainte et la défiance ve-
naient encore accroître. La Convention
chercha les moyens de Surmonter cea
obstacles. Par des décrets d'une sévérité
excessive^ elle réveilla l'énergie des fonc-
tionnaires publics. Pour remédier à là
défaveur du papier-monnaie, elle offrit
aux acquéreurs des facilités de paiement
extraordinaires. Mais le résultat le plus
certain de ces facilités fut d'encourager
les spéculations d'une foule d'agioteurs
qui, sans bourse délier, s'enrichirent par
des reventes et des morcellemens. Cam-
bon, ministre des finances, avait imaginé
ua moyen qui ne reçut point la sanction
légale ; c'était d'établir une loterie com-
posée de quatre millions de lois, chacun
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Bn
(5U)
tm
^dm^. La mise de la ^yart 'dn publtc eàt
été de 4 mCIHards de frafttcs, et le gain
présumé pour TÉtal de 4 millions de
francs en sus «le la vakur des inenh. A. cet
expédient en succéda um autre qui eut
plas 6t succès : Bourdon prupoaa de met-
tre les bieiunafhfmum à pcfrtéèdes acbc^
teuré, «a u'enigeaiit id*euic que ia yaleor
^'ils pouvaient ta donner dans Tétat
actifel du prît de fargent on samnt le
etNirs de la dépréciation du papierHnoti-
Baie; enconséqtHinoe^ il fnt arrêté <pi*on
adjugeraîl les biens Mrs enchères, et sur
8înipleproC€%-verbal, à celni'qttiea offri-
rail en assi|çiiat» trois fois lavaleur de 1 T90;
en cas de ooiicunrence,ie premier oCfrant
était préféré. La ifctanti té des soumissions
Alt dès lors «xlraordiaaire : on en faisait
jusvpei'à cinq cents pour certains domai-
nes. Des gmft sans fortune qtii, par ha-
sard, avaient entre les mains des sommes
d^asstgnals considérables, couraiMt son-
Inissionner poirr revendre ensuite $ tou-
tefois celte ardeur me dura pas. Le gem-
▼emement relira son arrêté et, toujtiurs
ballotté d^ih proj«>t à un nutre, revînt
au s^iftème àe rente par enchères , qui
reprit av«ô *ott -ancienne tiédeur.
Telle é^aft la poaîilon des dibses
lorsqu'un régime pli^s dont s'annonça
poiir la France. Malgré tons les efforts
de la Convention , les ressources tirées
de la vente des bien^ Tutlàmana: avaient
été extrêmement minime». vSur une NMBse
de proptiétéft répi^â^entant Wà tiers du
territoire et évaluée à 13 milli^ds, nn
ttiilliatd/senlenvent était entfié dans les
tïôffnes de t'Éttit, et c'était avec ce mil-
liard qtre la France avait soutenu one
Inttè athàtnéê voatré tontes les nations
de TEuropl^. Aprèè la chute <ki régime
de la terretlr, riVMportanbft ôMnéri^Ue
âeè biehs nàtionauk dittiinua oonthioel-
lemènt )iat* VtX^ de la réà^dion qui
&*bpérà depuis cette époque^ \M grand
tioihbre d'éttiîg^ tentrèrent en Fratice
kous ides noms eVnpmntés. Grâce au di»-
éréditdu papieT^monnaie^ à la complai-
sance des enchériS!seurs, ilstrouTèrent le
moyen de se remettre en possession d*one
part?e de leors propriétés. Un décret du
14 floréal an Ul restitua lesi^'ms eonib-
^é» eb VérUk àb Jtt|;euiiêM MvolutfiMi^
ntiiraaf u a«rété«r^ «oaaok^f AovM
an IX snrsi t à la ^enleàeêbt^nsmMonaus
non aliénés* Enfin, le 6 floréal an X, un
séoatus-consulte détermina Jes effets de
Tamnistie en faveur dea émigrés. Toc»
les biens non vendus leur furent resti»
tnés , à rexception des (bréto et dtê im*-
MMttMts affectés au service public* Sur
ceé dernières propriétés, qui consti-
tuaient ce qu'on devait entendra désor*
■Mis par biens natiùnaum^ on préleva^
en 18 10, ^0,000 francs de rentes poni*
la dotation de chacune dea cobortei de
k Légion-d'Honoear.
A la Restauration*, le premier soin des
Bourbons fut de eomplétier la restitution
des biens nationmue non aliénés* Malgré
les assurances répétées du gouvernement,
des défianceà se manifestatent enoorb
parmi les acquéreurs de ta portion de ces
biena vendus pendant la révolution. Lto
gouvernement, dans ta vue de meure un
terme à ces inquiétudes et d'aocomplàr
ce qn'ii considérdt comme no acte dn
justice , pressé sans doute aoasi par des
sollicitations intéressées, proposa aux
Chambres, en 1886^ une loi qui t'auto-
riiât à «Mlemniser la clame de dtoyena
désignés aous le titre do wctimes de la
rèpolutiùn^ mais dans laquelle^ par nne
partialité injuste, il s'opinîàtra a ne ooas-
prendre que ceux auxquels on avait en-
levé des propriétés immobltières» Oetto
loi, vivement combattue, futreodna le 97
avril 183é. En coti^équeoces lefoovmvn^
ment se trouva autorisé à sooacrire, pour
cet effet, 90 millions de rentes à % pour
f 00. Une commîmioN fut nomiméo pour
examiner les titres des émigrés^ et cette
liquidation «'accomplit uv«c une aetîvilé
t^le qu'il fut aisé de voir que do puismua
personnages y prenaient le pins vif intérêt.
La loi de Tindemnifé fut ju^ lors deaâ
promnigation avec nne sévérité^xcéaaivn^
L'opposition s'atinclM à n'y voir tfurVnw
concession dite auK exigences de la natte
nobiliaire. UneteMe mesure, provenant
d>m gou verneitient moins impopulaina,
eût été appréciée avec plus de justico;
car, au fond, la loi de l'mdevimké ne
doit pas être considérée comme une sim-
ple loi de finances, mais bien oomaae ua
grand acte politiqM qui achevait de cl«
Msrivdr ka "jfMA^ «noore mi((lm>tn du
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mê
(«18)
k téHAéÛôOj H qui dôliMttiAttx tlétefi^
teora de propriétés nationaies tin gage de
séctrrité poar l'âv^nlp. Ott ne peut s'em-
pêcher de reconnaître que cette loi eitt la
plus salctaire influence sur la circulation
delà richesse en France. Aussitôt qu'elle
fut promulguée, tes ttansacttons immo^
bitières prirent une ftctivilé jusqu'alors
iocdtioue , et ht défaveur qui pesait en-
core sur les propriétés dites nationales
dhiparut tout à ooup. Dans la répartition
de rindemnîté on a eu sans doute des
atms grades à signaler : ta faveur pins
d*une foî^ a prévalu sur la justice ; mais
ce n'est pa» fci ie Keti de nous livrer à
la discussion des conséquences de ce
principe dont -les bases étaient essentiel-
lement justes. Foy. le» artScleà Indem-
tlTty DûMAlKBS DE L'étAt et Bl%If5
éonuNAut. L. G.
BIEH S f^V CIJSROÉ, -ùof, Clcag^.
BIBNSÉANCE se disait physique-
ment de ce qui est commode, utile, avan-
tageux ; et Ton dwaitégalement bien d'une
diose qu'elle est à la commodité ou à 1^
bienséance d'une personne. Le droit de
bienséance ii*est autre chose que le droit
d'utilité^ qu'en jurisprudence on désigne
plus techhiqnement par les mots de coin-
modo et htcommodo qui lui servent de
titre dai^s les anciennes lois.
La bienséance, dans le sens moral,
est la convenance des paroles et des ac-
tions par rapport aux temps, aux lieux,
afUx personnes, aux conditions et aux
mteurs de la société. Le soin que l'on
prend d'observer la bienséance constitue
là politesse, et l'enfreindre ou la mépri-
ser serait la preuve d'une mauvaise édu-
cation. Chez nous, les bienséances sont
mieux observées que les lois, quoiqu'elles
soient de toutes les lois les moins rigou-
reuses , je veux dire qui obligent le
iboins la conscience. C'était aussi le dé-
faut dominant de la Grèce polie.
Dans le discours public, les bienséan-
ces oratoires consistent à prendre tou-
jours le ton, le geste, Texpression et le
style qui conviennent le mieux et au su-
jet que l'on traite, et à l'assemblée qui
nous écoute, et au lieu où nous parlons :
espnt, délicatesse, harmonie, devant uHe
assemblée d'académiciens; solidité, en-
fraHhèttient et persuasion, à la tfîbulie;
utie bgfqunpfBMmite etnèrfenaeitt bir»
rean; de la graoe et de k légèreté, si l'oo
veut, eu poésie; mai^ gravité et ausié*
rite sans rudesse, un langage palhéti^
que et insinuant uvec dignité, simple et
naturel dan» rexpressven, mais gr nd et
inspiré par la pensée, dans la chaire d«
vérité : telles sont les principales bten«
séances dont l'orateur ou Téerivain d«
doivent jamais s'écarter. H-a.
BIENVEILLANCE, M^:BoifT^.
BII^E, anciennement vervotse ( te-
reinsia ), boisson qui contient de ta gom*
me, du sucre, de l'amidon, un principe
amer, un peu de gluten, de l'alcool, mais
en moins gmnde quantité (pie le vîn,le ci-
dre,eic.,etquj i^^ultedela fermentation
de l'orge. On place cette céréale dans les
meilleures conditions possibles pour la
fermentation , en la faisant séjourner d'a-
bord pendant 48 betnres dans l'eau, pour
l'étendre ensuite en touches peu épaisses
sur une dalle de briques ou -de pierre
pendant l'été, et sur un parquet pendant
l*blver. Le gmin pénétré d'eau, étant
ainsi amassé en couches , ne tarde point
à présenter les phénomènes de la germi-
nation, qu^ développe le principe mcré;
on modère celle-tîî et on la reud géné-
rale en retournant l'orge une ou deux
fbis par jour, suivant l'épaissenr des cou-
«hes et le degré actuel de la tempéra-
ture; il suffit ordinairement de trois ou
quatre jours pour que la gerfhination
soit arrivée au degré convenable; on la
suspend alors en f^ou mettant le grain à
la torréfaction. Le grain ainsi desséché^
on le moût grossièrement , on le place
dans une cuve, on le délaie dans l'eau
bouillante et l'on brasse fortement le
mélange; cette eau dissout le sucre, la
fécule , le gluten et une matière analogue
au ferment contenus dan» l'orge; c'est
ce liquide qui est susceptible de fernven-
ter et de donner la bière. îl ne re^ic
plus dès lors'qo'à le faire bouillir et à y
ajouter le boiÂlon. Le temps que doit
durer cette ébullitlon vari« suivant le
degré de concentration qu'on veut obte-
nir; puis on verse le liquide dans des
cuves larges et peu profondes , pour ob-
tenir un reiroidissemeUt plus rapide; et
lorsque la chaleur est tombée à 13 on
15^, on le plaça dans h ctive de (br-
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BIE
(,520)
Aie
meotadon et l'on y délaye un pea de
levure. Bientôt la fermeotation a lieu :
une écume blanchâtre , crémeuse , vient
è la surface, et s'élève successivement à
la hauteur de deux ou trois pieds. Les
brasseurs suspendent cette fermentation
active , quand une odeur fortement vi-
neuse s'exhale de la euve de travail; 4a
bière est introduite alors dans de petits
tonneaux, qui demeurent ouverts et où
la fermentation continue quelques jours.
Au bout d'un certain temps la bière est
mise dans des bouteilles, ou elle fer*
mente légèrement encore; alors, si elle a
été bien brassée, elle a acquis toutes les
qualités qui la distinguent : elle est lim-
pide, transparente, d'une teinte rouge
plus ou moins foncée; quand on la yerse
dans les verres elle se couronne de cette
mousse neigeuse qui lui est particulière.
Nous avons indiqué les elémeos qui
entrent dans la composition de la bière,
et dont les principaux sont le principe
fucré, le principe amer et l'alcool; nous
ajouterons ici que le léger goût piquant
qu'elle offre est dû à une certaine quan-
tité d'acide carbonique libre que la fer-
menlation développe. La bière de Flan-
dre, le porter de Londres, la bière de
France, celle d'Allemagne (Bamberg,
Berlin, Stettin), toutes ont la même
composition, mais les principes signalés
y existent dans des proportions diffé-
rentes; de la les diverses variétés qui ont
été admises : bière forte, bière légère et
petite bière. La bière forte contient 6,80
pour 100 d'alcool, le porter de Londres
4,20, et la petite bière 1,28. On conçoit
aisément qu'entre tous ces degrés il est
beaucoup d'intermédiaires.
Quant aux effets par lesquels ces di-
verses sortes de bières révèlent leur ac-
tion sur les organes , ils varient suivant
la quantité d'alcool et de principe amer
qu'elles contiennent. La bière forte,
comme la bière de Bruxelles par exem-
ple, excite fortement l'estomac et peut
Qiéme agir sur le cerveau , de sorte à pro-
duire l'ivresse à la manière des boissons
plus alcoolisées. Quand elle a été bien
brassée elle borne là ses effets; dans le
cas inverse elle peut occasionner des co-
liques avec dégagement de gaz. Pour ce
qui est des écoulemens muqueux, que i en 1816.
plusiéon auteurs .ont dit naîtra souvent
sous l'influence de l'usage de cette bois-
son , il parait, d'après quelques recher-
ches faites dernièrement à cet égard,
que, si cet effet a été quelquefois constaté,
on en a au moins exagéré la fréquence.
Le mode d'action du porter sur Técono-
mie est à peu près le même que celui de
la variété que nous venons d'examiner.
Les bières fortes ont -elles des pro-
priétés nutritives? Cette question ne nous
parait point facile à décider : le seul fait
bien constaté à cet égard c'est que les in-
dividus qui font un usage habituel de
ces boissons présentent, la plupart au
moins, un embonpoint remarquable;
mais est-ce la bière qui les nourrit, ou
bien celleci, imprimant un certain degré
de stimulation aux oi*gapes , ne fait-elle
autre chose que placer Téconomie dans
des conditions telles que le mouvement
nutritif y devienne plus actif? On ne peut
le dire. La bière de France est plus lé-
gère que les deux variétés précédentes ;
elle excite moins les organes, produit
moins souvent Tivresse, désaltère lente-
ment eC d'une manière durable. La pe^
Ul€ bière enfin est une boisson éminem^
ment rafraîchissante et dont un grand
nombre d'individus pourraient avec avan-
tage faire leur boisson habituelle. S-N.
BIESTER (Jean-Éeig), littérateur
allemand, né à Lubeck, en 1749. Il étu-
dia le droit à Gœttingue, mais il s'adonna
de préférence à l'histoire littéraire et à
la critique. Dans la maison du ministre
d'état prussien Zediitz, il se lia avec
Gedike (i>o/.); il entreprit avec lui, en
1783, la publication du journal pério-
dique Berlinische Monatschrifty dans le-
quel il attaqua avec trop de véhémence,
sans doute, les doctrines du catholicis-
me. L'esprit polémique, inspiré par la
réforme, n'était jamais complètement
mort dans l'Allemagne protestante et se
réveillait chaque fois que le parti con-
traire manifestait quelque velléité de
rentrer dans la lice. Biester fut nommé,
en 1784, directeur de la bibliothèque
royale de Berlin , qu'il ouvrit le premier
au public. Il a fait connaître en Allema-
gne, par une bonne traduction, le f^oyage
dujifune Anacharsis, Biester est mort
ex.
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Bid
(421)
BIG
BIÈVRE (Maréchal, marqaif de),
Dé en 1747, petit-fils de George Maré-
chal, premier chirurgien de Louis XJV,
et l'un des hommes qui firent le plus de
calembourgs et de bons mots dans un
pays où ils ne sont pas races. Il servait
dans les mousquetaires et s*àcquit bien-
tôt une grande réputation^ par son esprit.
En 1 788 (8 nov.), il fit représenter \e Sé-
ducteur, comédie en cinq actes etenvers,
qui, bien que faiblement conçue, s'est
toutefois conservée long-temps au réper-
toire. Une autre comédie, également en
cinq actes et en vers, les Réputations,
qui fut jouée le 23 janvier 1788, n*ept
que cette seule représentation. En 1789
il se rendit aux eaux de Spa, où il mou-
rut. Sa galté ne l'abandonna jamais ,
même à ses derniers momens; peu de
temps avant sa mort, il disait à ceux qui
l'entouraient : Mes amis je ne me tirerai
point de Spa (de ce pas). Outre les deux
comédies que nous avons nommées, on a
encore de lui: V* une Lettre à ia comtesse
Tationparle sièur de Bois- Flotté , étu-
diant en droit fil (Paris, 1770, in-8°);
2^ une tragédie de Vercingentorixe , en
un acte (Paris, même année, in-8°); Z^
une brochure intitulée : les Amours de
Fange Lure et de la fée laure (Paris,
1772), et 4° quelques autres petits ou-
Trages. Son AUnanach des ceUembourgs
parut en 1771. En 1800, Devillefit un
recueil de ses bons mots et de ses meil-
leurs calembourgs qu'il publia sous le
titre de Bièvriana, Ce petit ouvrage a
eu plusieijirs éditions. L. N.
BIGAMIE. C'est l'état d'une per-
sonne ayant contracté i^n second mariage
avant lailissolution du premier. La bi-
gamie est un crime en quelque sorte re-
latif, mais non d'une manière absolue ;
il existe , en effet , des sociétés où l'état
d'un individu mari de plusieurs fem-
mes, et vice versa, est l'état ordi-
naire et légal; d'autres au contraire où
un semblable état dégénère aussitôt en
crime puni avec la plus grande rigueur.
Nous ne nous élèverons pas jusqu'au mo-
tif de cette différence que les publicistes
nous expliquent avec plus ou moins de
sagacité. Chez les Romains la bigamie
était un crime dont la peine était aban-
donnée à l'arbitrage du juge; dans la
suite cette peine fut législativemeDt dé«
terminée et consistait dans la dégrada^
tîon sans châtiment corporel. Depuis
l'introduction du christianisme, le crim^.
de bigamie dut prendre un caractère de
gravité plus grand encore. En France,
très anciennement il était puni du der-
nier supplice. Peu à peu on finit par se
contenter d'envoyer le bigame aux galè-
res, après l'avoir exposé au carcan sur
lequel on disposait autant de quenouiHes
que le coupable avait épousé de femmes.
Notre Code pénal statue aujourd'hui
de la manière suivante sur la bigamie :
(c Quiconque , étant engagé dans les
liens du mariage, en aura contracté un
autre avant la dissolution du précédent,
sera puni de la peine des travaux forcés
à temps. L'officier public qui aura prêté
son miiystère à ce mariage, conni^issant
l'existence du précédent, sera condamné
à la même peine, d II serait trop long de
rapporter la législation des dilférens peu*
pies de l'Europe sur le sujet qui nous oc-
cupe. Observons seulement qu'en Suisse
les peines étaient terribles contre le bi-
game dont le corps devait être coupé
par la moitié. En Angleterre, jusqu'au
règne de Guillaume III, la peine atta-
chée au crime de bigamie fut la mort; à
cette peine on substitua celle de la pri-
son ; toutefois le criminel devait avoir en
outre la main brûlée. O. Y.
BIGE , voy- Char.
BIGNON (JéBÔMs), avocat-général
au parlement de Paris^ un des hommes
les plus savans de son siècle, naquit à Pa-
ris, en 1580. Rollai^d Bignon,8on père,
avocat instruit, mit à profit les loisirs for-
cés que lui procuraient les troubles de la
Ligue, pour se vouer entièrement a son
éducation. I/élève fit des progrès rapides
et publia, à peine âgé de 10 ans, sa Cho-
rographie ou Description de la Terre-
Sainte, Paris, 1600, iM-12. Henri IV
voulut connaître l'auteur et le plaça pen-
dant quelque temps auprès du duc de
Vendôme, son fils naturel. Ce fut pour
ce jeune prince que Bignon écrivit son
Discours de la ville de Rome, des
principales antiquités et singulatités
d'icelle, 1604, in-8^. Il n'avait alors
que 14 ans. A la mort de Clément VIII,
Bignon publia un Traité sommaire de
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fttô
(525)
ÉIO
MIeddon ésè papes, ?aH», 1695, in^^.
Ce livre, produit d*i]ite érudition peu
eommune, obtint trois éditions dans la
iiéme année. Jérôme Bignon avait com-
mencé, dès râ«;e de 18 ans, Tétude du
diroit : il parcourut avec édat toutes les
phases de cette vaste science ; mais, au
moment où ^ se disposait à recueillir le
fruit de ses travaux, Henri IV le dési-
gna pour partager avec Desyvetaux rem-
ploi de précepteur du dauphin, depuis
Louis XIII. Les dissipations de la cour
tt'afTaiblirent point son goàt pour Té-
tude. n présenta à Henri IV, en 1610,
son savant ouvrage intitulé de V Excel-
lence ehs rois et du royaume tle France
par-desstts tous les autres, etées causes
rfVce//tf,«wivrage entrepris pour réfuter
Cehii de Valdès De dignitale regufn
Birpaniof, A la mort de Henri ^Bfgnon
lie tarda pas à se démettre de cette charge
qui contrariait son penchant pour ia re-
traite. Il s'adonna avec ardeur à Tétude
do droit, et publia en 161 3 les Formules
de Marcuife, avec des notes pleines de
goàt. Cette publication lui valut le sur-
Dom de Varronfrant^ais, Bignon consa-
era ensuite une année à parcourir T Ita-
lie, voyage sur lequel il a laissé d'inté*
ressan» détails, et revint en France où il
se livra aux exercices du barreau, sans
perdre toutefois de vue les travaux qui
lui avaient fait, si jeune encore, un nom
parmi les savans. A la suite de l'exercice
le plus honorable du ministère d'avocat.
Il fut nommé, en 1620, aux fondions
d'avocAt-général au grand conseil. H avait
alors 31 ans. Cette compagnie hri donna
mre marque éclatante de son estime, en
décidant, contre l'usage, qu'il serait reçu
^ns sa charge sans examen préalable.
Le roi le nomma peu de temps après con-
seiller d'état. £n 1626 , H succéda à Ser-
YÎta comme avocat-général au |>arlemertt
de Paris. Ce choix fiit universellement
approuvé : la piété sincère, l'instruction
profonde et étendue du nouveau magis-
trat , étaient des garanties puissantes du
tèle éclaiiié avec lequel il coopérerait à
Fadministration de la justice, et Bignon
justifia complètement l'attente du pu-
bKc. Il porta la parole avpc éclat dans
«ne Toute de causes importantes; mais,
romme homme poKtiqoe, il -(lafriit iwe
moim ^NMmM%è^ Un nàttMl ièh^pn-
leuxy une crainte eofitinttelie de faiittr
et offenser, comme dit Talon, le pri-
vaient en général de cette décision d'ea^
prit si nécessaire dans les temps orageux.
L'indépendance qu'il déploya cependant
lors de la création de nouveaux n^es «U
magistrature faillit à hu attirer nne dis-
grâce; l'estime que Richeiliea prôfîeÀsait
potnr kii détourna l'oirage. £n 464 1 , Bi-
gnon céda à Briguet, son gendre, sa char-
ge d'avocet-génénd , pour se «nncentr«r
dans l'exercice de ses fonction^ de con-
seiller d'état. A k mort tde De Thou , il
fut nommé grand maître de la bihiin-
thèque du roi. Pendant la minoHté de
Louis XlY il jMMséda k confiance de ta
régente, et ooncoarut à plusieurs opéra*
tions d'état importantes. Il rentra, par k
mort de son gendre, dans aa «harge d'a-
vocat-général, afin de k conserver À son
fils, et «iégea en cette qualité à la «uita
d*Omér Talon, snr lequel il avait eu
long-temps la préséance, k>i% de -aon
premier exercice. Cette droonalance lui
épargna l'obligation dangereuse d'avoir
à remplir, lors des troubles de la Fron-
de, un i6le politique pour leqtidiFn'é*
tait point fait.
Bignon mourut en 1656, faixêaPtt^Axl
Voltaire, un grand nom piatât ^tfe de
grands ouvrages, Snn instruction était
aussi prodigieuse qu'elle avait élé pré*
coce; il n'est aucune brandie des eon-
naissances humaines dans laqneNe il ne
fût profondément versé. Richelieu dtsail
qu'il ne connaissait que trois savans en
Europe, Grotius, Sanmatae et Bignon.
L'abbé Péraa a publié k Fàs êe Même
Bignon , Paris , 1 747 , în*l J. A. B-b.
BIGNON (jRAH-PAm.), pel9t-fik du
précédent, était abbé de Sahlt^^l^ntin ,
bibliothécaire tin roi , membre de l'Aca-
démie française, des Académies ^des scien-
ces et des belles-lettres, et IHita des pre-
miers collaborateurs du /onmttl des sa^
vans. Sa maison de Saint>Côme éhdt le
rende£-vons des savans et des artistes.
Né à Paris, en 1662, il mourut près d«
Melunen 1743. X.
BfGNON (LouTs-EnotïAia), baron),
naquit en 1771 à la Merlleraye (Seine-In-
férieure), et fbt élevé an coHége de Li-
sieiHCy a nufii. Jcn yiriiuiI Iftus te i
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la >nii« Bifooo «oi vît UM lî^ Kbérale^
SNiM eo même ittmp» modérée «I géné-
reuse, «t celle direclîoii de «et senliinens
politiques, qu*il ne cecliait pas, le sî^ala
aux limités de 03. Pour échapper à leurs
aoupçons il se réfugia dans les rangs de
IWmée , o4 il resla cinq ans.
NoHMiéserréUfrede4égalioo,eB 1797,
près U CenfédératloD lieKétique, et,
ea 1700, près la répuUiqiie Cisalpine, il
ifk ê'éerouler eea deux gouTemeniens.
M. Big»mi fut envoyé eosnile à Berlin ,
ao«M le consulat, avec la même qualité,
•t remplit ces fonetious pendant les an-
Méea 1800 et 1801 ; puis il fut élevé au
rang de clmrgé d'aflairea^ et contimm et
résiderdana laeapitalede la Prusse enl 80ft
eC IMA. Il reçnt du roi, de aa famille, et
des premsara fonctionnaires des marquca
d'nne hante nattme.
II. ftignon a été accrédité, dnrant les
•nnées 1«04) 18^5 et 18M, à Casselv
CfMBme ministre plénipotentiaire. Ce po»-
te parah avoir exigé des talens et de Tae-
tivité. C*est 4m ministre de Téleclenr de
Hnsae q«i lui donna le premier Ttdée
d'uDe confédération des prinoet alle-
mands intermédiaires, qui eefait proté-
gée cénjo^bt^Éient par la France et la
Russie. L*idée en «Me»mèmn n'amit rven
de Doikveau : Frédéne il avait déjà aongé
à s*en faire ime arme oontne l'Autriche
{firsiemêmki)^ et il fànt remonter à Ri-
eMcen ponr «rriver à ta sonnce. Qnoi
qn'il en soH, la txmfédératkm dn Rhin
sortît de «e conseil , maia avee le protec-
torat de la France seulement ; Napoléon
éVtmja la Rmaie malgré ses réclamations.
Le jour qu< précéda la bataîHe d*Iéff»a,
M. Rif(''^n ofFHt encore à Télecteur de
Hesae de signer -nné convention de nfcu-
ImHté. Ce prinee la repoussa d'abord,
mais il vonkit y reveoir en apprenant les
résultali de la jouitiée. Alors M. Rigiton
tfafnsa à son tonr; Napoléon entra vic-
torieux à Berlin, et l'éleclorat ée Hesse
disparut. A la euîte de ces événemens ,
M. BIgnon fnt nommé commîsMiire im-
pér'ial près les auiorllésprassiennes. L'em-
pereur loi confia l'administration gêné-
mie des domaines et des financée des
provinces coitquiseft, et ces ftmcfions loi
restèrent jnsqu'au mortietat loù Tafarifée
fcnnsaîai'^nluala hmpe,4kfift dé l«0ê.
M. BignoD ndcNwitantaoi ^uaiaca devoirs
le lui permettaient l'impérieuse loi dn
vainqueur; il fit payer les frais de la
guerre y mais sans ruiner les peuples.
Une intégrité parfaite et une inépuisable
bienveillance, qui avait aussi sa source
dans les marcfues d'alfectioa dont il avait
été autrefois l'objet à Berlin, lui dido»
rent des règles d'administration dont les
populations eussent à aouflrir le moîns
possible. Quand il eut quitté ce paya,
lès habitans de Berlin lui firent encore
exprimer leur recoonaissanoo. A Carls<-
ruhc , où M. Btgnon remplit en 1809 la
place de ministre plénipotentiaire aoprèa
du grand-due de Bade, nn décret, daté
de ScboBubrunn, vint Ini apprendre q«è
l'empereur rélevait au posledilBcîled'ad-
mioistrateur général de l'Autriche. Il as
conduisit dans la ville des Césars comme
il s'était conduit oaos eelle ée Frédério-
le-Grand, avec équité, bienveillance et
fermeté. De là, l'empereur le fit passer à
Varsovie, où, pendant trois ans, il servit
les vues de Napoléon sur la Pologne, et
lutta avec bonheur contre mille difficul-
tés. Lorsque Napoléon l'appela à Yilna
pour d iriger ladmittistration^ M. de Pradt,
archevêque de MaKnes , prit sa place à
Varsovie, avec le titre d'ambassadeur;
nuiis aprèa la retraite de Moscou, ce der-
nier fut rappelé , et M. Bignou reprit la
direction des afTaires pnlitiqncn de Va Po*
logne avec le» pouvoirs les plus étendus^
quoiqu'avec un titre inférieur, il fit tout
pour suspendre la retraite des Autri*
Hiiens et ponr tirer de l'allianoe avec l'Au-
triche, qui allait échapper aux F^nçaia,
des avantages sur lesquels la mauvaise
volonté des généraux ne permettait plus
de compter. La nouveths de la bataiUe de
Lutzen ranima les espéranees des amis
des Français, Ledévouement des Polonais
dans ces circonstances difficile» fut ab^
selu; il produisit des miracles de courte.
Réduits au nom4>re de 7 à 8 mille par
les maHienrs de la retraite de Russie, ib
virent arriver dans leurs rangs 15,000 de
leurs compatriotes. La jeuntesse polonaise
accourait de tontes parts; elle franchis-
sait les iMitaiNous russes et venait re-
joiVidre cette armée que commandait le
prince Poniatowâki. Tous les* Polonais sui*
ifilteûi la Ibrtuiieito iVtm^ qtiumd 4
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1524)
BIG
fallut quitter leur pays pour appuyer Na-
poléon. Poniatowski traversa à leur tête
les états autrichiens et se rallia à Tarmée
française à Dresde. M. Bignon était dans
ses rangs; c'était vers la fin de l'armistice.
Après la bataille de Leipzig, M. Bi-
gnon était à Dresde où il avait été laissé
près du roi de Saxe; il s'y trouva donc
pendant le siège. Gouvion-Saint-Cyr, qui
commandait, capitula; mais la capitula-
tion ayant été violée, M. Bignon fut un
moment prisonnier d'un aide-de-camp
du prince de Schwarzenberg ; cependant
le prince, accueillant sa réclamation, le fit
reconduire aux avant-postes français, à
Strasbourg. Il fut de retour à Paris le 7
décembre 1813. C'est lui qui annonça à
l'empereur la défection de Murât, à la-
quelle d'abord personne ne voulut croire.
M. Bignon disparut un moment de
la scène politique après les événemens
de 18i4. Il se retirii à la campagne.
Mais il reparut aux aflàires lors des
Cent^ours. L'empereur, qui avait à re-
connaître en lui la fidélité unie aux ta*
lens et à de grands services , le nomma
sous -secrétaire 4*état au ministère des
affaires étrangères, en même temps que
M. Otto. Il fut élu, dans le même temps,
membre de la Chambre des représentans
pour la Seine-Inférieure. Le portefeuille
des affaires étrangères lui ayant été con-
fié vers la fin de la crise (22 juin), il si-
gna la convention du 3 juillet, dictée par
une haute sagesse politique, mais qui fut
violée. Lorsqu'on rappela ses articles
à lord Wellington, il déclara «n'avoir en-
gagé que le général anglais, et que celui-
ci ne pouvait forcer la main au gouver-
nement légitime de France. » Cependant
Louis XVIII avait si bien accepté la con-
vention du 3 juillet qu'à peine arrivé
aux Tuileries et y apprentntque Blucher
allait faire sauter le pont d'Iéoa, il envoya
chercher M. Bignon et lui donna l'ordre
de se rendre, comme signataire de la con-
vention, au quartier-général des. alliés
pour réclamer officiellement l'exécution
de l'article portant que « les monumens
publics seraient respectés.» Blucher d'a-
bord résista; mais Wellington recon-
nut la clause et promit de la faire res-
pecter. Le poDt fut sauvé; mais la con-
vention interdisait aussi « les recherches
pour les opinions émises dans les Cent-
Joui*s ;» et elle devait sauver le maréchal
Ney avec tous ceux que les commissions
militaires ont condamnés.
Les mauvais jours passèrent M. Bi-
gnon fut élu en 1817 député de TEure à
la Chambre des députés. Membre de l'Op-
position, il demanda le rappel dfes ban-
nis, en invoquant la convention du 3 juil-
let, mais sans accuser cependant fai con-
duite du roi. Son discours remua la
chambre et le pays, mais n'arracha au^
cune concession au gouvernement. M. Bi-
gnon insinua «qu'il pouvait révéler des
faits qui donneraient un grand poids à
ses réclamations. » Interpellé par un mi*
nistre, six semaines après, de préciser
le sens de .ses paroles, il refusa de le faire,
en disant avec calme que «dans le mo-
ment l'explication ne serait d'aucune uti-
lité aux proscrits et qu'elle pourrait nuire
au gouvernement. > Les clameurs de la
majorité couvrirent sa voix : M. Bignon
résista. Depuis on a diversement inter-
prété cet incident : l'allusion tendait à
rappeler au vieux roi qu'il avait reconnu,
par le fait du pontdiénay la convention
de juillet 1815.
Depuis la session de 1819, il s'est
placé au premier rang des orateurs à la
Chambre des députés. Bien qu'il n'ait
point la faculté d'improviser, il y a parlé
sur les plus intéressantes questions, dans
des discours précis et faisant preuve de
connaissances spéciales. Dans ses dis-
cours, rien n'est hasardé et de premier
jet; tout y porte un cachet de réflexion
active et précise, et d'une profondeur de
vues remarquable. Réélu à la Chambre
par le Haut-Rhin, en 1820, il le fut en-
core en 1824, et par Farrondissement de
Rouen en 1826. £n 1827, il eut à opter
entre trois arrondissemens qui l'avaient
nommé, et le fit en faveur des Andelys
(Eure), oik il futitérativementéluen 1831
et en juin 1834.
M. Bignon avait été chirgé par le tes-
tament de Napoléon d'écrire l'histoire de
notre diplomatie depuis le 1 8 bnunaire.
Cette recommandation a été, dès qu'il l'a
connue, la tâche de sa vie. La première
partie de ce travail est publiée; elle va
jusqu'à la paix de JïlsitL Mais l'ouvrage
est plus « qu'une histoire de la diploma"
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tie»\ o*e»t cdle du pays sous les rapports
les plus éleTés et les plus nouveaux.
Ce député a publié, en outre, les ou-
vrages suivaos : Coup -d' œil sur les
démêlés des cours de Bavière et de
Bade, 1818; des Proscriptions, 1820;
du congrès de Troppau^ 1820; les Ca^
binetstt les Peuples, 1822, livre qui a
eu depuis 2 éditions. Ces différens ou-
vrages^ les discours parlementaires, les
services publics de M. fiignon, que l'em-
pereur n'oublia point sur son rocher de
Sainte-Hélène, le placent à un rang élevé
parmi les diplomates, les publicistes et
les hommes d'état de la France.
Depuis la révolution de juillet, M. Bi-
gnon a défendu plusieurs fois et avec
éclat, à la Chambre des députés, la cause
polonaise, et il a fait recevoir dans l'adres-
se de la Chambre, session de 1833, un pa-
ragraphe additionnel relatif au respect dà
à la nationalité d'un peuple aussi mal-
heureux qu'héroïque. F. F.
BIGORRE (le comté de) avait
l'Armagnac et l'Astarac au nord, le Ne-
bouzan et les Quatre-Vallées au levant,
les Pyrénées qui le séparaient de l'Es-
pagne au midi, et le Béaru au couchant.
Les peuples nommés Bigerri ou Biger-
rones , du nombre de ceux qui compo-
saient la Novempopulanie, habitaient an-
ciennement ce pays et lui ont donné leur
nom. Le Bigorre, après avoir passé de
la domination des Romains sous celle des
yisigolhs, au commencement du cinquiè-
me siècle, et, cent ans après, sous celle
des Francs ^ fit partie du duché de Gas-
cogne, dont les descendans d'Eudes, duc
d'Aquitaine, furent dépouillés en 768
par Pépin -le -Bref. Charlemagne leur
rendit une parlée de ce duché, mais ils
se soulevèrent contre Louis-le -Débon-
naire; ce prince les priva du même du-
ché et se cou tenUd'élablir, en 8 1 9, comte
de Bigorre, Donat-Loup, fils de Loup-
Centulle, duc de Gascogne et qui était
isiu de Clovis. La postérité, de Donat-
Loup jouit du comté de Bigorre jusqu'en
1038. A cette époque, il passa daus la
maison de Carcassonne, par le mariage de
Gersende, héritière de ce comté, avec
Bernard de Carcassonne, comte de Con-
serans. Béairix, petite-fille de Bernard et
son jiéi^itière, le porta vers la fia du xi^
( 525 ) BIG
siècle dans la maison de Centulle lY, vi-
comte de Béam, son mari, et il passa en-
suite successivement daps les maisons de
Marsan et de Comminges. Pétronille de
Comminges, héritière du comté de Bi-
gorre, morte en 1220, laissait des enfans
de deux lits : Constance de Béarn , fille
de Gaston VU , vicomte de Béarn, et de
Mathe de Mathas, fille de Pétronille,
obtint le comté de Bigorre, dont elle fut
dépossédée en 1292. U fut alors réuni à
la couronne. Le roi Charles VII le céda,
en 1425, au comte de Foix,d'où il passa
au roi Henri IV, qui le réunit définitive-
ment à la couronne en 1607.
Au reste, Bernard, comte de Bigorre,
voua son comté (au xi^ siècle) à l'église
de Notre-Dame-du-Puy, ce qui donna
lieu dans la suite aux évéques du Puy de
prétendre que le Bigorre était de la mou-
vance de leur domaine. Jean de Cumenis,
évéque du Puy, céda au roi Philippe-le-
Bel son droit sur ce comté, en 1307,
ponr 800 livres tournois.
Tarbes était la capitale du Bigorre. Ce
comté était un pays d*É(a(s. Lorsqu*en
1790 toute la France fut divisée en dé-
partemens, le comté de Bigorre, devenu
département des Ha ut es -Pyrénées, fut
partagé en cinq districts : Tarbes, Ba-
gnères, Argelès ou la Mon(af(ne, Vie et
Labarthe ou les Quatre-Vallées. Voy.
Essais fus toriques sur le Bigorre ^ par
M. A. d' Avezac-Macaya. Bagnères, 1823,
2 vol. in-8° avec carte. A- S-b.
BIGOTISMë, voy. Dévotion.
BIGRE, en latin bigrus. Ce mot,
souvent employé dans les chartes latines
et françaises à partir du xii^ siècle, dé-
signait principalement un garde chargé
de veiller, dani les forêts, à la conser-
vation des abeilles, de réunir leurs es-
saims et de recueillir leur miel et leur
cire. Les bigres avaient le droit de coi:-^
per et d'abattre les arbres où elles se
trouvaient; et, comme alors les forôts
étaient impunément ravagées, ils s'at-
tribuèrent le droit de prendre tout le
bois nécessaire à leur chauffage : ce qui
leur fit donner, dans certaines localités,
le surnom de francs-bif^res. Dans un
I aveu et dénombrement du prieuré de
Lierru, ordre de saint Augustin, dio-
cèse d'Évreux, présenté au comte de
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BU
(èJe)
m
€3oodM89 «o 14€2,oBlit:«ilMi9 a^ons
« droit tl'aToir et tenir eo ladite (brét
ft (de CoDches) uo§ bigre, lequel peut
« prendre mouschet, miel et cire pour le
c kiiaiuaire de ootre dite église, mercber
« (marquer) couper et abatre les arbres
« ou elles seront sans aucun dangier ne
« reprinse, etc.»— -Du mot bigre, on avait
fait ùigrerie qui se trouve dans un aveu
de la seigneurie de Nesophle, présenté
en 1479 au comte de Breteuil : « et da-
m dit fief d'Anvergny dépend ung hostcl
« appelle k Bigrerie, ou Thostel aui
< Mouscbes. m Selon le Mercure de Frcui-
ce de février 1739, le terme de bigre
inent du latin apiger^ qui gouverne les
mouckes à miel [quigerity qui régit apes),
on d'apicuruSf qui a soin des abeilles
(qui curai aprs,} £. R.
BIJOUTIEA, celui dont la profet-
siotf est de fabriquer et de vendre les
bijoux. Cette industrie n*est pas mainte-
nant séparée d*iine^ manière bien nette
de celle de Torfèvre et du joaillier, dont
l'un travaille l'or et l'argent tandis que
l'autre s'occupe principalement de mon-
1er les pierres précJetises. La fabrication
des bijoux est extrêmement complexe,
tant à cause des matières diverses qu'elle
emploie qu'a raison des nombreuses in-
dustries auxquelles elle doit avoir re-
cours pour confectionner ses produits.
D'abord le bijoutier se servait exclusive-
ment de l'or, de l'argent, des pierreries,
objets d'une grande valeur; plus tard on
essaya de faire avec des matières moins
chères des ouvrages semblables , et c'est
ainsi qu'on est parvenu à faire des brjoux
en chry^ocalqlle on similor et en pierres
artificielles travaillés avec tant de per-
fection que l'oeil est facilement trompé.
Enfin dans la bijouterie de jais, d'émail,
de nacre, de 1er et d'acier, tout le mé-
rite est dans la pureté du dessin et dans
la beauté du poli. La fabrication des bi-
joux en faux et en acier a pris une ex-
tension considérable et est devenue, sur-
tout pour Paris, l'objet d'un commerce
très important à l'intérieur et à l'étranger.
De nombreux ouvriers et des machines
presque aussi nombreuses, servent à dé-
couper les pièces, à les estamper, à les
poliîrf puis il faut monter, ajuster, gra-
iPir ^ éoudUer, «ICi et mal^ eda lia oAh
I jetsiabri^émmÀ trèabÉ«pi4»,efcM^
pendant procurent encore des bénéficct
énormes. Fojr. Buoux. F. R.
Il y a cette différence e»lre las bijoux
et les joyaax , que ces derniers ne sont
quelquefois que la matière brute, tandis
que les bijoux sont toujours des ouvrages
travaillés. Dans la comparaison on voit
le joyau plus grand , et le bijou plus pe-
tit Toutefois il y a ufM teUeaffteilé entre
ces deux gearea de commerce, qo^autre»
ibis les bijoutiers ne faisaient qu'un seid
et même corps avec les joaHlievs , tandis
qu'ib n'avaient avec les orfèvres que oer?
tains rapports de classification.
Un joaillier- bijoutier était reçu au
Cbâtelet, par -devant le procureur ém
roi, entre les mains duquel il prétail
serment, après avoir preuve qu'il a^ail
fait trois ans d'apprentissage.
Saint Louis éuit le patrcm des jeall-
liers-bijoutiers* D. A. B.
BIJOUX, ouvrages d*orfévrerie, la
plupart enrichis de pierres précie'ises,
servant à la parure de Phomme et, quel-
quefob , à l'ornement des objets a son
usage. Au singulier , ce mot s'applique ,
par métaphore, à tout ce qui nous pavait
délicat et gracieux.
On retrouve dans hî/ou le /ocus dei
Latins, comme dans les composés /^cr ^
j'oie , /ojreux j joyaux , foui^iiiiery etc.
Le monosyllabe bt est sans don te un dé-
rivé de biau ou hettu.
L'usagedes bijoux {voy,) reiMmte à Ut
plus haute antiquité; on peut dire qu'il est
né avec la société. Il a évé commun aux
deuxsexea; man leplus souvent l'homme
a suivi à cet égard les inspirations de sa
compagne. La première femme qui ap-
pela à son secours cet attirail de la co-
quetterie fut celle qui craignit que ses
rivales ne lui enlevassent le cteur de son
amant; et celle-là fut bien mal inspirée ^
s'il n'y avait pas urgence à cacher sa lai-
deur.
Que de phases n'a pas subies Wn du
bijoutier dans cette longue série de
siècles! Que de bizarres conceptions, et
surtout quel débordement de mauvais
goût chez tous les peuples et à tontes les
époques , pour un petit nombre de pro-
ductions que le bon sens peut tolérer?
La natore des bijoox, leiv aatlère e|
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bU
(Sit)
BU
les temps et les peuples. Hors de la ci-
▼ilisatioo , la femme cherche à efTacer
sa forme naturelle sous un amas de co-
quillages, de graines, d'ossemenset de
cercles en métal qui gênent ses mouve-
mens et lui donnent un aspect mons-
trueux. Elle met des- anneaux aux doigts,
aux bras, aux orteils, aux jambes, au
cou , aux oreilles , aux lèvres et jusqu'au
Bel! Dans les sociétés civilisées nous
trouvons d'abord Thomme,* cet esclave
de la superstition, attacher à certains
bijoux des idées religieuses. Salomon
▼oyait dans le chaton dé son anneau loot
ce qu'il désirait y voir; Gygès se rendait
invisible au moyen du sien; les Romains
avaient des amulettes, les Arabes des
talismans, le moyen-âge des anneaux ca-
balistiques, et nous, nous avons des ba-
gues aimantées contre la migraine, et
des colliers pour favoriser la dentition.
Les bijoux furent aussi la marque dis-
tinctive du pouvoir. Les rois en portent
encore à leurs couronnes. Chea les Hé-
breux, les Égyptiens et les Grecs, les
grande dignitaires avaient le droit de
porter une bague d'or, A Home, les am-
basaadenrs et les chevaliers se distin-
guaient par des anneaux et des colliers;
cet usage se retrouve dans les statuts de la
chevalerie du moyen-âge , et , par con-
tinuation, dans les ordres chevaleresques
des temps plus modernes. En Russie,
l'empereur confère souvent à des per-
sonnes qui ont rendu des services émi-
nens les insignes en diamans d'un ordre
de chevalerie. Dans les autres élau de
l'Europe le souverain donne plus com-
munément, comme témoignage de sa
haute satisfaction , son portrait enrichi
de diamans, ou une tabatière ^'or sur-
montée de son chiffre, ou des bagues en
diamans.
L'église a ses bijoux particuliers. L'/7/i-
neau du pécheur, à l'image de saint
Pierre, sert au pape à sceller les brefs
apostoliques. Les cardinaux et les évé-
ques ont aussi un anneau distinct if. Les
prélats et lesrhanoinesportent une croix
d*or suspendue à une chaîne de même
métal.
Les bijoux ont songent figuré dans les
âctca le^plos imporians de k vie aodale.
Chea 1ns Héhreax el Ica B^naitta, k
mari donnait un anneau de fer ou d'of
à sa fiancée ; nous leur avons eanprunté
cette coutume, roy. Amheau.
Les législateurs se sont vus maintefoîa
dans la nécessité de mettre un frein à la
mode de ces objets, par des édita som|^
tuaires; mais il eit vrai d'ajouter qu'il
n'est pas de lois qui aient été plus mal
accueillies ^ moins observées , ni phia
tôt révoquées. D'après une loi de Zalet»*
eus , le législateur des Locriens, les eouiw
tisanes seules portaient des bijoux el des
broderies d'or ; un homme devait s'en
abstenir, excepté quand il allait dans
de mauvais lieux. A Sparte, Lycnrgue
proscrivit l'or et l'argent; à Rome, la
loi Orchia défendait aux femmes de
porter des omemens d'or au-delà du
poids d'une demi-once. Jules - César ,
Auguste, Tibère^ Néron et Alexandre-
Sévère , firent également des lois somp-
tuah'es, dirigées en partie contre l'abiis
des bijoux. L'an 460 de notre ère, l'em-
pereur Léon défendit à ses sujets, souê
peine de mort, d'enrichir de perles ^
d'émeraudes ou d'hyacinthes, leurs bau-*
driers, le frein des brides ou les selles
des chevaux. Chartemagoe, à son retour
d'Italie , rendit une loi somptuaire. Phi-
lippe-le-Bel interdit apix bourgeois le
droit des fourrures, des bijoux en or on
des pierres précieuses. Louis XO et ses
successeurs , jusqu'à Louis XV, s'occu-
pèrent du même objet.
Les bijoux ont souvent aeqms un in-
térét historique. Une dame romaine, qui
avait de grands biens dans la Campanie,
montrait un jour à la mère des Grec-
ques un riche écrin. Pressée à son tour
cîe faire voir ses bijoux, Cornélie amena
ses enfans : «Voilà, dit -elle, toute
ma parure. » Qéopâtre eut la folie de
se vanter, à la suite d'un repas splen-
dide qu'elle avait offert à Antoine, d'a-
voir fait dissoudre une perle dont la
valeur se montait à 10 millions de seS'
terces (2 millions de francs) dans du
vinaigre , et d'avoir avalé ce riche breu-
vage. Le vinaigre n'a pas la propriété de
dissoudre les perles: aussi, en supposant
que le fonds de celle anecdote soit vrai,
il ne l'est pas moins que les circonstanoM
sont apneryphes. L*aQ de Boom %êB |
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BU
Camille voulait offrir à iipoUon une
part du butin qu'il avait pris à Vêles;
mais ses soldats avaient déjà dissipé leur
part et refusaient de contribuer à cette
offran'ie; ils menaçaient même de se
révolter, et cependant il fallait satisfaire
le dieu. Les dames romaines vendirent
leurs bijoux et payèrent la dette du pieux
général. Cbarles-Quint , lors de ton pas-
sage à Paris, dut peut-être sa liberté à un
brillant offert à propos à la duchesse
d*Étampes. Tout le monde connaît le
scandaleux procès du collier, où une
reine de France, qui devait être exempte
du soupçon , comme elle Tavait été du
crime , fut si méchamment compromise.
Dans Pantiquité le goût des bijoux
fut maintefois porté à Texcès. A Rome ,
il fut un temps où les matrones avaient
des colliers dont une seule perle coûtait
1 million de notre monnaie ; elles se ser-
vaient de miroirs de métal poli, garnis
de pierreries Leur coiffure était sur-
chargée de joyaux de toute espèce ; elles
en portaient au milieu du front, ainsi
que le fit , plusieurs siècles après , une
maîtresse de François l^*", connue sous
le nom de la belle Ferronnière ; elles en
avaient également sur leur ceinture pec-
torale , ou strophia/i' Elles portaient en-
fin des agmfes, des aiguilles d*or, des
bagues , des colliers , des bracelets , des
éventails enrichis de perles et de pier-
reries. Plusieurs de ces objets ont été
retrouvés à Herculanum et à Pompéi , et
les bijoutiers de notre époque les ont
souvent pris pour modèles. £n effet , au
moment où nous écrivons (1834) la
forme des bijoux est généralement ro-
maine. Tantôt c'est un serpent d'or, aux
yeux de rubis, roulé autour du bras;
tantôt le bracelet se compose d'une col-
lection de grands médaillons enchaînés
les uns aux autres par des cercles de mé-
tal ; quelquefois , enfin , c'est une paire
de girandoles composées de trois poires
à longue dimension , suspendues à une
plaque qui touche elle-même à un an-
neau.
Dans le moyen -âge les dames por-
taient , indépendamment de tous les ar-
ticles de la toilette commune aux di-
verses époques de la civilisation, des
plastrons garais de pierreries et des
( 528 ) BIL
châtelaine* ou loogacs diaSoet tuspen-
dues à la teinture par un crochet, et
soutenant un trousseau de petites clefs
en métal précieux. Les courtisans avaient,
avec le costume du règne de Henri III ,
de riches colliers de rubis, d'émeraudes
et de saphirs , enchâssés avec art dans un
or pur. La plume de leur chaperon re-
posait sur un diamant , et la poignée de
leur dague étincelait de pierreries.
Aujourd'hui les hommes fiaraissent
généralement avoir senti que ce brillant
attirail n'était pas convenable à un sexe
essentiellement grave et sérieux. Quant
aux dames, elles sont encore, sous ce
rapport , dans la période romaine , et ce
n'est pas leur faute si elles nous plaisent
toujours, car elles font tout pour s'e
laidir, soit qu'elles rompent les lignes
suaves de leur front par une ridicule
ferronnière^ soît qu'elles sacrifient la dé-
licatesse de leurs oreilles au poids fati-
gant de deux énormes girandoles. C F-N.
BILAN, du latin btlanx, balance.
Le bilan est le livre sur lequel les mar-
chands écrivent leurs dettes actives et
passives. Ce livre, qui est du nombre de
ceux qu'on appelle auxiliaires ^ se nomme
livre des échéances , livre des mois , livre
des paiemens; d'autres l'appeUent car-
net. On appelle bilan des accepUttions^
dans les bourses, le livre que les négo-
cians portent sur la place de change, sur
lequel ils écrivent les lettres de diange
tirées sur eux, à mesure qu'elles leur sont
présentées; on donne aussi le nom de
bilan au livre sur lequel ils font les vi-
remens des parties. Quand on accepte
une lettre de change on met une croix à
côté de la lettre de change enregistrée au
bilan; quand on veut délibérer surTac-
ceptation on met un Y qui veut dire vue;
et quand on ne veut pas accepter, on écrit
les deux lettres S P qui veulent dire sous
protéi.On appelle encore bilan la solde du
grand -livre ou d'un compte particulier,
ou la clôture d'un inventaire. On dit
d'un marchand qu'il donne son bilan ,
pour dire qu'il se déclare en état de fail-
lite. Dans ce cas, en effet, le failli est
obligé de fournir son bilan , c'est-à-dire
l'état passif et actif de ses affaires, et à
son défaut les syndics ou agens de la
faillite sont obligés de le préparer.
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BIL ( 529 )
Toutefois ce biUn ne se borne pas à
faire coonaitre les dettes actives et pas-
sives da failli relativement à son com-
merce, mais il doit de plus contenir Té-
numération et l'évaluation de tous ses
biens mobiliers et immobiliers, le tableau
de ses profits, de ses pertes et de ses dé-
penses. La loi fait une obligation à tout
négociant de tenir le bilan de ses affai-
res; car si, dans le cas de faillite, il ne
pouvait le fournir fi»ite d'avoir eu ses
livres de commerce, il pourrait être
poursuivi comme banqueroutier fraudu-
leux et déclaré tel (Code de commerce ^
art. 594 j. Fojr^ Faillite et Livres de
COMMBaCE. N-E.
BILBOQUET. Ce mot est employé
en des sens bien différens, sans que Ton
puisse remonter à son étymologie avec
quelque apparence de certitude. Vient-
il de biUe (latin pila?) y comme le sup-
pose M. Roquefort, dans son Diction^
naire des étjrmoiogies de la langue/ran*
çaise? Vient-il de biUeboc {voy, Rabe-
lais), dont nous ne connaissons pas
mieux l'origine? L*a-t-on formé, comme
le pense M. Charles Nodier {Examen
critique des dictionnaires) y de blmbe^
loquet y bimbeloterie, bambin? \\ im-
porte assez peu de le savoir.
Quoi qu'il en soit, ce mot est français
au moins depuis le xvi* siècle. Il n'est
point d'écolier qui ne connaisse le jeu
de bilboquet. Le jouet est ainsi construit :
un morceau de bois plus ou moins élé-
gamment tourné, à l'un des bouts une
pointe, à l'autre une espèce de sébille
légèrement creusée; au milieu un cor-
don ou ficelle qui soutient une boule
percée d'un trou. Il s'agit de lancer cette
boule, de la placer en équilibre sur la sé-
bille ou partie creuse, ou de la faire tenir
sur la partie aiguë du manche, en faisant
pénétrer celle-ci dans le trou pratiqué
dans la boule. Comme on le voit, ce passe-
temps est naïf, innocent, et doit être
agréable pour une intelligence même peu
▼ulgaire : aussi n*a-t-il pas été de tout
temps abandonné à l'enfance. Il s'est
trouvé au moins un roi qui ne dédaignait
pas de charmer ses loisirs en exerçant
ainsi son adresse. Le dernier des Valois,
Henri III, y trouvait un singulier plai-
sir; souvent il portait à la main un bil-
Encyclop, d. G. d. M, Tome III.
BIL
baquet f comme nous l'apprend le jour-
nal de son règne. Depuis cette époque
jusqu*en 1789, il en est fait peu men-
tion dans l'histoire; il fut alors momen-
tanément remplacé par le jeu de Vémi^
grnnt.
On appelle encore bilboquets de peti-
tes figures garnies de plomb à leur base,
et qui, par-là, retombent toujours sur
leurs pieds , quelle que soit la position
qu'on veuille leur faire prendre.
Les imprimeure appellent bilboquets
de menus ouvrages, tels que têtes de
lettres, affiches, cartes de visites, adres-
ses, etc., etc. Le nom de bilboquet a
encore été donné à certains instruinens
en usage parmi les monnayeurs, les per-
ruquiers et les doreura; et aussi , en ar-
chitecture, aux petits carrés de pierre qui,
détachés d'un plus gros^ restent dans le
chantier, etc. A. S -a.
BILDERDYK (Guillaume), célè-
bre poète hollandais, naquit a Amster-
dam, en 1756, et passa à l'âge de 16 ans
à l'université de Leyde où il étudia avec
succès le droit et la philologie. Doué
d'une imagination vive et brillante, il
consacra tous ses loisirs à la poésie et
eut le bonheur de voir ses premiers
essais couronnés par la société littéraire
de Leyde qui jouissait à cette époque
d'une grande célébrité. En 1782 il s'éta-
blit à La Haye , et bientôt après il em-
brassa la profession d'avocat*^. L'atta-
chement qu'il avait toujours montré pour
la maison d*Orange, lui attira plus
tard la haine des patriotes; aussi , lors-
qu'en 1795 la Hollande fut envahie par
l'armée française, sous Pichegru , se vit-
il obligé d'émigrer. Il voyagea long-temps
dans le nord de l'Allemagne , passa deux
années à Brunswick, où il l'ut précep-
teur d'un jeune gentilhomme , et se ren-
dit, Yera 1800, à Londres. Dans cette
capitale il fit des coura de littératures
comparées, et publia successivement
des traductions, en vera hollandais, des
meilleurs poèmes d'Ossian, lesquelles
ont le grand mérite d*être laites sur le
(*) L*uutear de ret artirle insiste peo sur sa
carrière comme membre da barreno de La Haye :
dans le Con^. LexieoH allemand, Uilderdyk cft
qualifié de grand-jmritecnsmUê, et l*on nte avec
éloge %9i0bs9rvatipnet «1 emtndationêsjuris.lbrmi^
irick, i8o6, et Leyde , i8ao. 1. H. S.
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6lL
ïexifc 'original en langue gàeriquè, et
non , comme presque toutes les autres ,
sur la version anglaise île Macpheiaon.
De retour à Amsieidatn , en 1807, il fui
présenté au roi Louis Napoléon, qui Pac-
cueillil avec bonté et le chui^il pour son
professeur de néerlandais. Plus tard, ce
prince lui accorda une pension et le
nomma président de la 2* classe de Vin-
ttitutde Hollande, qui venait d'être créé.
Mais le bonheur de Bilderdyk ne fut
pas de longue durée; à l'abdication de
Louis (1810), il perdit sa pension , et la
police impériale le traita comme suspect,
à cause de ses relaiions antérieures avec
l'ex-roi. Dès lors il quitLi Am^lerdam,
habita successivement plusieurs petites
villes de province, et se fixa enfin dans
lés environs de Uaarlem, où il consacra
le reste de ses jours à des travaux phi-
lologitiues, et mourut en 1831 à i*àge de
75 ans.
Quelles qu'aient été les circonstances
où Bdderdyk se soit trouvé, il n*a ja-
mais cessé de cultiver les muses , et par-
là s'explique le nombre prodigieux de
ses poésies. Il s'est essayé dans tous les
genres, depuis Tépigranime jusqu'à Tépo-
pée; et si oo ne trouve pas dans ses com-
poiiiions cette verve brûlante, cette
hardiesse d'images qui entraînent tous
les cœurs, au moins ne saurait -on y
méconnaître le mérite d'un style pur,
facile et élégant; mérite d'autant plus
grand que l'idiome néerlandais est d'une
dureté extraordinaire et peut-être un
des plus reb<;tles à la versiQcation. Voici
une liste des ouvrages les plus remar-
quables de Bilderdyk : 1 ° Ouvrages en
vers : Àinusemcns , 1778 , et Poésies,
1783; deux recueils de pièces fugitives.
Mélanges poétiques y en 2 vol., 1802,
où l'on distingue surtout un poème di-
dactique sur l'astronomie et quelques-
unes des traductions d'Ossiaq, dont
bous avons p^rlé plus haut, Poètnes y
1803, contenant entre autres pièces une
belle imitation àQl'tlomi nèfles champs,
de Delille. Mélanges, 1804, composés
en grande pari le de traductions d'Ossian.
"JLe Fin^al d'Ossian, traduit en entier.
Nouveaux méiùnges poétiques, en 2
vol., 1806; diauts religieux et 3 poèmes
vo\XmkiiAssanède^ Achille tl tyrus.
(530)
Bit
La Maïadie des savons , petit poème
où les tribulations des gens de lettres
sont racontées d'une manière comique
et très spirituelle. Tragédies, en 3 vol.,
1808 ; ce sont: GuiLaumede Hollande,
Eif/è'le, Honnark , Cinna, d'après
Corneille, et Iph'génie en AuUde, d'a-
près Racine; en tête du 2^ vol. se trouve
un savant Traité de la tragédie. Poésies
diverses, 1809, composées en grande
partie d'imitations ou traductions de
poèmes classiques grecs et latins. Feuilles
d'automne et Fleurs d'hiver^ 1 8 1 0 ; deux
collections de poésies dont la dernière
renferme, sous le titre d'^r/ poétique ,
une excellente satire contre le roinao-
lisme allemand. Appel aux armes et
Épancliemens patriotiques, 1815, deux
poèmes qui furent inspirés à l'auteur par
les événemens qui suivirent le retour de
Napoléon de l'île d'Elbe. Destruction du
premier monde 1 1816-1817, poème épi-
que dont il n'a paru que les cinq premiers
chants. Les belles descriptions qui s'j
trouvent en assez grand nombre font re-
gretter que cette œuvre n'ait pas été ter-
minée. Guerre des souris et des gre-
nouilles, 1820, Fléaux moraux , 1821,
et Chants degrillonSy 1823, trois poèmes
du genre bas-comique, qui sont devenus
populaires en Hollande. 2^. Ouvrages
en prose : une Géologie , 1813, uq
Traité de botanique , 1817, qui a été
traduit en français par M. Mirbel , de
rinslitut ; 7 vol. Miscellanées sur les
langues et la poésie, 1820-1822; une
Grammaire raisonnée de la langue
hollandaise, 1824, qui est générale-
ment reconnue pour la meilleure qui
existe. M-a.
BILE {bilis), Li veine que l'on dési-
gne sous le nom de veine-porte se ra-
mifie lorsqu'elle pénètre dans le foie, et
donne naissance à une multitude de pe-
tits vaisseaux qui se réunissent ensuite
pour former un canal nommé hépatique*
Le liquide qui le traverse a perdu tous
les cfiractèrci extérieurs du sang, et prend
le nom de bile : s'il se rend directement
dans un des intestins,L'duodcnumf comme
cela a lieu pendant l'acte de la digestion,
on rappelle bUe hépatique^ Si au con-
traire il est recueilli dans une membrane
pyriforme, la vésicule biliaire , et teau
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tXL
(5S1)
»It
^iï féiieWë Ipôàr Te moment où cét'tfe fonc-
tion s'opère, il se distingue par une amer-
tume plus prononcée et constitue la bile
dite cystique. Celte dernière a été exa-
minée dans un certain nombre d'ani-
maux, parce qu'on peut se la pix)çurer
avec facilité; eTIe doit manrjuer néces-
sairement dans ceux qui n'ont pas de
Vésicule.
La bile présente ordinairement une
teinté verte plus ou moins prononcée ;
iK>a odeur est nauséabonde. Sa consistance
varie selon les animaux qui l'ont fournie,
et dans la nième espèce d'animal selon
l'Age. Elle est plus fluide cbez les oiseaux
que chez mammifères; moins épaisse chez
les mammifères qu« chez les poissons. Sa
viscosité augmente avec les années.
La bile c^slique de bœuf est celle qui
H été analysée avec le plus de soin. On
y a trouvé des matières mucilagineuses et
albumineuses ; une résine particulière,
une substance sucrée, noùimée picro/nel
par M. Théoard qui a signalé le premier
son existence, et sucre biliaire par quel-
ques chimistes allemands. On y a cons-
taté également la présence de la choies-
terine, corps gras qui constitue souvent
à lui seul les calcttU biliaires de l'hom-
me. Quelquefois 11 est mélangé avec la
matière colorante jaune à laquelle la bile
doit sa couleur. Cette matière a été ob-
servée à Tétat de poudre jaune dans une
bile humaine, et formant des calculs plus
ou moins volumineux dans celle de quel-
ques bœufs. On en a trouvé un qui pesait
une livre et demie dans un éléphant mort
au Jardin des Plantes. C'est cette sub-
stance qui colore en jaune la peau, le blanc
de l'œiI et les parties qui environnent la
vésicule biliaire, pendant la jaunisse.
Sa dissolution dans un alcali, mêlée
avec une forte proportion d'acide nitri-
que, présente des phénomènes de colora-
tion adsez remarquables. Elle passe suc-
cessivement, et dans un espace de temps
très court, du jaune au vert, du verts(u
bleu, du bleu au rouge, et enfin du rouge
au jaune pâle.
L'analyse parait encore avoir fait re-
connaître dans la bile un acide qu'on a
appelé cholique (de x,tM<, bile), une ma-
tière cristalline nommée /ai/r/'/ie, les ad-
âet oléic|ii« et margariqae ; des carbona-
tes, des ptiosphbles, des sutTa'tès à base
de soude, de potasse et de chaux. Les
calculs biliaires contiennent quelquefois
desphosphatesetdescarbonatesdechaux;
quel(|uefois aussi ils paraissent formés
uniquement de charbon.
L'usage physiologique de fa bite est
mal connu. Les uns prétendent qu'elle
joue un rôle important dans Tarte de la
digestion; d'autres croient quelle se^rt
seulement à séparer du sang les matières
destinées a être évacuées.
L'importance accordée à la bile dans
la digestion l'a fait employer quelquefois
en médecine, lorsqu'on suppose que
cette sécrétion n^est pas assez active; on
a recours alors a la bile de bœpf. Les bi-
tes d'ours, de brochet et d'anguille, que
les idées les plus brizarred avaient intro-
duites dans ta thérapeutique, en SQDt
aujourd'hui rejetées.
La bile de bœuf est employée dans les
arts. La propriété dont elle jouit de mous-
ser par l'agitation a conduit depuis long-
temj)s à la considérer comme un savon;
aussi les dégraisseurs s'en servent-ils avec
avantage pour enlever les tdches d'huile.
Epaissie en consistance d'extrait et dé-
layée dans un peu d'eau» elle donne une
teinte d'un brun de bistre [voy.)^X. est
employée par les peintres! Vo^. Bilieuses
[mala<lies,) H. A.
BILÉDOtJL'ÛltËRtB^ voy. Bélso-
EL-GÉaYD.
BILn^èEII ou èuLFiNOEti, famille
allemande remarquable par une mons-
truosité héréditaire parmi ses membres,
et qui consistait en un sixième doigt
(Finger) a la main et au pied; de là son
nom.
George - Beïlnard biffinger, né à
Kansudt eii 1693 , professeur à l'ubin*
gue, 1724. fut un savant philosophe de
Técole de Léibnitz , et puis de celle de
Wolf. Appelé, en Itï^, a Saînt-Pétef?^
bour^ par Pierre-ïe-Grarïd^ H n*y resja
pas long-temps, mais revint à Tubipgue
et, au boulde (|uelques ànnées,devint coo*
seiller privé du duc de Wurtemberg et
président du consistoire. Il mourut en
1750 et laissa beaucoup d ouvrages. S.
BILIBtSËS(HALAuiF.s).Labile(vo/.)
n'est pas, comme le pense le vulgaire,
une humeur nuisible; elle est indispen-»
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BU. ( 532 )
sable à raccomplissement régulier de la
digestion, mais dans quelques circonstan-
ces elle semble devenir cause de inala>
die, soit que ses matériaux n'aient pas
été séparés du sang, soit qu'elle ait été
sécrétée en trop grande abondance, ou
bien enfin qu'elle ait subi quelque alté-
ration de composition. Les faits observés
très anciennement ont servi de base aux
diverses théories médicales qui ont suc-
cessivement régné, et d*où se déduisent
les différens systèmes de pratique.
La surabondance de la bile [polycho-
lie des anciens) se manifeste par des éva-
cuations de ce liquide, par les voies tant
inférieures que supérieures, évacuations
ordinairement suivies d'un certain sou-
lagement. De là venait naturellement
la pensée de provoquer des évacuations
semblables dans des circonstances ana-
logues.
On admettait aussi autrefois que la
bile subissait des altérations, et nous
voyons de nos jours se reproduire cette
doctrine, flétrie il y a vingt ans à peine,
que la bile noire (mélancolie) des Grecs
est une cause primitive de maladie. En-
fin, en voyant la peau et tous les organes
prendre quelquefois une couleur jaune,
tandis que la bile était absente des lieux
ou elle se trouve dans Tétat normal, on
a pensé, les uns que la bile était passée
dans le sang, les autres que l'organe sé-
crétoire ne l'avait pas extraite de ce li-
quide qui fournit les matériaux de cha-
que sécrétion.
Beaucoup de médecins croient encore
que la plupart des affections bilieu&es ai-
guës dépendent d'une irritation des or-
ganes destinés à sécréter ou à contenir la
bile, et que cette irritation est la con-
séquence de celle qu'exercent les agens
extérieurs sur le canal digestif. Pour eux
tout ce qu'on appelle fièvres bilieuses,
embarras gastrique, fièvre jaune, etc^,
doit être rapporté à l'inflammation de
l'estomac, du duodénum et du foie, etc.
Quoi qu'il en soit de la théorie qui
peut aller si loin, l'expérience montre
que, dans des circonstances particulières,
telles qu'une disposition spéciale (tempé-
rament bilieux), les saisons et les climats
très chauds, une alimentation acre et ir-
rilante, se manifestent des symptômes à
DIL
peu près constans, savoir: amertame et
empâtement de (a bouche avec enduit
jaune de la langue, soi!*, perte d'appétit,
nausées, et souvent voraîssemens et dé-
jections bilieuses jaunes ou vertes. En
même temps le malade éprouve une cha*
leur acre, du brisement général, de la
douleur au creux de l'estomac et souvent
de la fièvre; la peau est plus ou moins
colorée en jaune; l'urine, foncée en cou-
leur, parait également chargée de bile.
Ces phénomènes peuvent se rencontrer
séparés ou réunis et à des degrés diffé-
rens, depuis le simple embarras gastrique,
affection passagère et sans danger, jusqu'à
la fièvre jaune qui est presque toujours
mortelle.
Quand ces maladies sont portées à un
certain degré, la bile est expulsée en plus
ou moins grande quantité , et long-temps
on a provoqué artificiellement son ex-
pulsion (voy. Vomitifs). Mais cette mé-
dication, employée sans mesure, a pro-
duit beaucoup de mal en comparaison
de quelques bons effets, et les praticiens
les plus sages ont reconnu que, dans le
plus grand nombre des cas simples, il suf-
fisait de soustraire les malades à l'action
des causes déterminantes , pour que la
sécrétion biliaire reprenne son rhythme
habituel, et que, dans les circonstances
graves, le traitement qui convient aux in-
flammations aiguës est le plus efficace.
Les boissons rafraîchissantes et acidulés,
que les malades recherchent par une sorte
d'instinct salutaire, contiibuent beau-
coup à la guérison, ainsi que l'abstinence
complète, au moins pendant les premiers
jours. L'état bilieux plus ou moins intense
peut se présenter comme complication
de diverses maladies, et l'on entend par-
ler encore d'angines, de pleurésies bi-
lieuses , etc. Les médecins du siècle der-
nier, pensant que ces affections étaient
dues à la présence de la bile, prescri-
vaient les vomitifs comme partie princi-
pale du traitement. On a généralement
renoncé à cette méthode qui ne présente
pas d'avantages suffisans pour balancer
ses dangers; en effet, il n'était pas rare,
à la suite de l'emploi des vomitifs, de voir
la maladie dégénérer en fièvre putride
ou maligne. Voy, Foie, Hépatite, Cal-
cris. F. R.
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BIL
(533)
BÎL
BILINÈUE (do latin WingUÎSy qui
parle deux langues). Ce terme est depuis
quel |aes années employé par les archéo-
logues pour désigner tes inscriptions et
a\ilr&s monumens anciens où les mêmes '
idées sont exprimées en deux idiomes.
Telles sont les inscriptions de Fatmyre
(voy, ce mot) d'après lesquelles Pabbé
Barthélémy a rétabli Fanden alphabet
syriaque, à Taide de la traduction grecque
jointe à plusieurs d'entre elles. La dé-'
couverte bi«n autrement imp6rtante qui
a soulevé le voile dont TÉgypte était e«-
velo)>pée depuis lent de<«iècle9, est due
en grande partie à rinscription bilingue
de Rosette. Cest la comparaison du texte
grec de ce décret et des hiéroglyphes
correspondans qui a fait reconnaître que
ces symboles sacrés avaient quelquefois
une valeur phonétique (vof. Hiérogly-
phes). Dés papyrus bilingues sont venus
répandre un nouveau jour sur Fandenne
Iffngue de TÉ^pte.
Cette contrée, soumise snceesstvement
à plusieurs dynasties étrangères, devait
renfermer un grand nombre de décrets et
d'actes publics ou. particuliers, écrits à la
fois dans la langue des indigènes et dans
celle des oonquérans. Aussi la recherche
des monumens de ce genre éttfk-elle si-
gnalée par Ckampollion, dans le plan de
son voyage en Egypte, coinme tM ohj'et
fin plus pressant intérêt pour êes études
historiques et phUolo^iquh^ (Lettres
écrites d'Egypte, Paris, t834, pàgi 17).
Déjà, on efTet', «ne courte toscription
en hiéroglyphes et en caractères per-
sépolitatn6(9ax. l'ar^ CvNi^iFoKilm), oh
Saint-Martine et ChampoNion avaient ,
cbaciMrde'MNi e6té, recoimn le nom de
Xerjcès, avait confirmé leurs déooQ'vertes,
en éclairant rdH par Tautre ces deux sys-
tèmes d'écriture également mystérieux."
Sur le vevers de l'inscription d'Axtim
(voy.) Sait {f^oynge en Ahyssime^ x,\\^
p. 187-193) avait aussi découvert des
caractères éthiopiens qui probablement
étaient la répétition du texte grec. Mal-
heureusement ils étaient tropeffacés pour
que ce savant voyageur pût en prendre
une copie complète qui. aurait peut-être
éclairci les origines éthîopiqûes.
Les inscriptions bilingues en grec et
en latipy moins importantes , puisqtie ces
deux langues nous sont fncn ' connttes ; .
petnrent servir à constater la synonymie
dequelqnes expressions^. On ne peut guère
citer, en fait de manuscrits bilingues gl*eé&-'
latins, que les courlà lexiques ^e Cyrille'
et de Philoxène. Ori]gène, dans ses T^/ra-
/?/<??, ''avait rédni le texte hébreu de la
Bible et s«s diverses traductions grec-
ques. Voy, PéLYOLOTTE. ' lUt. "
BIIiL. Ce'mot «ii^aSs signifia en '^é*
u^ral Une dédaration écrite ou un ex-
posé formel, et désigne plus partiouliè'-
rement un projet de loi présenté par
écrk au parlement d'Angleterre. Ce n'est
qu'après avoir été discuté et approuvé
par les deux chambres et sanctionné par
le roi, qu'un tel projet devient acte {yoy,)
du parlement et prend le nom de statut
da fx>yatttne. Chaque mtfmbre de l'une et
l'autre chambre a le droH d'introduire
un bHI. Si ce bill a pour objet des ré^
glemensd'un intérêt général pour la na-
tion , une simple mrotion diHment -aa-
coudée suffit ; mais si le projet iregarde
des intérêts locaux ou particuliers, il
faut une pétition préalable qui doit tou-
jours être présentée par un membre.
Quand elle est fondée sur des faits su--
jéts à 'cohti*adiction , elle est renvoyée à
un oomilé'dè plusieurs députés, qui,
après s'être enquis de la vérité des allé-
gallons qu'elle- contient , ert farit son rap-
port à la 4;hambre. Tout bill dont l'in-
troduction est accordée dans* la chambre
des communes est lu tout de suite une
première fois ; à un certain intervalle de
temps on en fait une seconde lecture :
s'il a la majorité des voix en sa fareor,
il est soumisr à nu comité, ou, quand le
projet' de loi dont il Vagit est d'-une
grande importance , toute la chambre «e
foriwe^n comité , le président {the spea-
ker) descend -de son siège , et chaque ar-
ticle du bill est d'iscuté spécialement sous
la présidence d'un directeur (chairman )
nommé à cet emploi dès l'ouverture de
la session. Aussitôt que le biH â passé
par ces comité^ , on le transcrit en gros
caractères sur du parchemin {the bill is
enf^rossed); après quoi on le lit pour la
troisième fois. S'il a toujours pour lui la
majorité des voix , le président en pro-
pose le titre, et l'un des députés, accom-
pagné de pluaieiQrs autre» membres , le:
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souopis ftux néiue» formes de dl^ci^ioa
qu*il a subie» dUos U cbambre des com^
mimes. Cepevdiuil il est des cas Ui^efi4
où iei ré^emens perpélucU (the stan^
(Unf! orders) de Tmieet r«Mlre,çlipmbre ,
retaiifft «ms iolerv^li^s de t^mps requis
pour passer un M\ » somt suspendus. Si
1^ prqjet de loi. e^ eniièrenpeoi d/ésap*
prouvé par les pairs* il n'tm mt pius
question ; s*i| est epproiivé^ il reste dans
la chansbrf-liAiit« jusqu'à ce qu*i( soit
sanclioaDè; ipais si les pairs opt modiC^
le hill et que les communes u'adoptoui
pas ces amendemens » il y a oofiféreace
entre un nonabre égal de d^tés des
deux chambres, H si oelta eoqféieiice
est sans Mccès le hill ep| fejeté, La stmo*
tion se donne dans la ebaffibre^hftute par
le i-ol eopersetwie, PU par des cpminis-
sairea nooMnésà cei effet, par letires-
patentes sous le Jieing, mi^nuel da monar-
que. Aprè$ k ledttre du ti(re de chaque
bill, le clero du partemient répond an nom
du roi, en vieur français, quand il a'afit
d'un bill public : JLe rai le veui ; si c'e^
un bill parliouUer ( a /TcVaftf biU) : Soit
faiioomme UtHfiésiré; et si la sanction
est refusée : Le roi A'avùenu Quant
auix bi|U par lesquels les communes. ae-
oordent des ressources pécuniaires^^quel'
oofwfoes où la levée 4e quelque iraipét,
qu*on appelle //MMV^^ biMi^ïÛ sont pré-
sentés par le président de la chambre
des commuoea, et la réponse au nom du
roi est.: Le roi remercie ^es iùyuujc wi-
rvts ,i aûtepie leur bémévolence et auan
le-veiuL S^\\s^K%\xà'Mn acte de grâce qui
teiujonns procède originairement du rai,
le dcrc du parlerlient dit a« «mm «des
deujc èhembresc « Le3 prélats, seigileurs;
» et «^om^niMed en ce présent paHoesent
* aBscifiblés, au nom de 4oub voe autres
• sujets, remereieel trèe humblement
4 V. M. et prient I>ieii de vous do<io|er
« en sattté bonne ide et longue. » D. B.
BIU.AED (JBV br). Le biUerd est
un jen d'exercice et d!2uire8ae qui con-
siste à faire rouler une boule d'ivoire
anree une queue de bois faite e^tprès, pour
en frapper une autre boule et la faire
entrer dans des trous que Ton nomme
bloutet. Le mot de bUkml «'applique
à la table for b^weUe f 'eiefoent
le* jople^rs* C^i^ table m 4^ cawé
oUong, garnie de quatre rebords o«
bandes de bois rembourrées de lisières
dtt drap, et couverte d*on tapis ordi^
nairement vert; ces bandes sont atti^
chées en dessus avec des clous de cui-^
vre à tite ronde ^ posés près les uns
des autres et sur un galon de fil qui ca*
che Textrémité du drap. Aux quatre
coins de la table et au milieu des longues
bandes sont pratiqués des trous on
blousée pour recevoir les billes que l'on
y pousse. Aux deux tiers de le longueur
de la table, vers le baul , on voyait au*
trefois, et rarement aujourd'hui , un fer
eu forme de voûte, visaé dans le bois,
et que l'on nomme^^^M^ ; c'est au mi-
lieu de cette voi^te que l'on place la btUe
rouge , ou sur un point lorsqu'il n'y a
pas de fer. Il y a des biUards de pla-
sieura grandeurs : les plus grands OAt de
1^ à 14 pieds et s^ voient en Provence,
en Languedoc, etc.; ceux de $ à 10
pieds sont usités k hyau et atix environs
de cette ville. Cette dernière grandeur
est plus convenable lorsqu^oo joue plus
souvent le doublet, partie qui aérait
trop longue et trop difficile stir un btl-
land .d:un tiers pl«^ grand. A Paris, les
bltla^ds ont -de 10 ait pieds de long ,
stfr à peu près moitié de large, largeur qui
e^t aussi ceUe des biUar<U pAus grands on
plus petite.
La partie la plus ordinaire se fait avec
dêOK billes blanches et une rouge , nom*
ï»éécarutnb<%te , qui a dqnné son nom à
cette partie. On la joue oh même et au
i(Qub/e$i. Le- même oonaiste en ee que la
bille est poussée per Un seul coup dens
la blouse; ;bte« dtffiérenle dndolibletoè
i| faut q4ie la biile poussée soit frappée
deMX /oié, e'est^îndire^ ait reçu , après
le- -coup de queue' qni la pousse, un
oentre-ODup de la bendt ou d'une bille
qtt'elje rencontre en son chemto, etc.,
ponr compter au joueur, en tombent
dans;la blôtise; ee qui s'observe égale-
ment pour rendre boe le coup de quatre
au doublet qu'on appelleyGmrtc doubtet,
Am reste, cet pirties sont si bien co»*
nues qti'il B*est gttère nécessaire de les
expliquer plus en détail. Les billes bien-
cbes vajent deux potiits , perte on gmio ;
la rouge ea^aut teeis; \t coup et qoetve
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Bli
(6»4>
BQ.
est celi^ DU i) y a cara^Aolag^ et bille
faite j et le coup de sept s'opère pr un
carambolage et les deux billes faites. La
carambole se joue à tout coup bille ou
à suivre ; tout coup bitle, c'est jouer
chacun à son tour; à suivre , c*est jouer
tant qu'on fait bille : c'est la partie la
plus usitée. L'une des parties les plus
jolies et qui est soumise à un calcul
plus compliqua et plus étudié, c'est la
partie russe. Elle s'exécute avec cinq
billes y deux blanches, une bleue, une
rouge e( une jaune. La rouge se place
entie le fçr ou sur le point qui en tient
la place, la jaune au milieu du billard, .
et la bleue sfir le point opposé au fer ou
à h place. Cette partie se joue en 3 G
poiii^» ou plus, au gré des joueurs, ^s
deux blanches valent deu^ points ch^-
cque, b bleue et la rouge quatre points
chacune; la j^une seule en vaut six. f^es
billes blanches peuvent être faites dans
toutes les blouses; la bleue et la rouge
119 comptent que dans les quatre coins ,
et la jaune pe peut être bonne que faite
dans les blouses du milieu ; partout ail-
leur^, la bleue et la ix)uge, ainii que la
jaune > sont en perte pour celui qui les y
fait entrer. Celui qui a la main se place
autour de la bille bleue pour donner
r&cquifj de manière à cacher sa bille
d^rière le fer ou la bille rouge , afin que
son adversaire ue puisse la toucher. Mais,
en dounaut l'acquit, il faut qu'il prenne
g^e dç ne Coucher aucune des billes
pigées, sans quoi il perd un point.
Qaus cette partie, quelquefois on est
niasqné paf une ou deux ):iilles, etc.;
\\ faut alors recourir à la bricole, comme
da^s quelqiies ^utres coups de billard.
De même qu'à la cai-ambole , le caram-
bolage compte, n'importe sur quelle
bille il soit faix.li existe bea,ucoup d'autres
p^'t^es, délies qpe L^ partie russe à
écrire i 1^ partie blanche ou avec dçux
belles, la partie ({e çpfnmande, celle de
l^ perte, celle de» cinq blouses, des
trois blpuses, celle de trente-six poi/tts,
celle de bricole, etc., qui s^exécutent
de convention entre les joueui*s. La
royale est une partie que plusieurs per-
sonnes peuvent jouer ensemble. Si Ton
eajt trois, ellç se joue en P points; si
^W^qûii4f.Ç, Ç» IP poipts, cij^q en
8 points , et six , çn Q poin^. Chacun jonc
à son tour, et quand un joueur fait une
perte , elle compte pour tous les autres.
Quant à la /ww/^, elle se joue de deux
façons: avec deux billes ou à toutes bil-
les. Lorsqu'on la joue à deux billes, ce-
lui quiatirédu panier le numéro 1 donne
son acquit; le second tire sur sa bille, et
ainsi de suite jusqu'au dernier entré. La
poule se fait en deux ou trois points, se-
lon le nombre des joueurs et l'usage de
l'endroit; celui qui reste le dernier, et
qui par conséquent a le moins de points,
gagne la poule ou l'argent mis sur jeiu
Quand on approi be de la fin de la partie,
on achète les.dernières billes de c-eu^ qui
craigne/it de ne pas les défendre comme
il faut: ils aiment mieux retirer quel(|ue
avantage par la vente à un des joueurs
les plus habiles, qui la prend pour moi-^
tié, ou quart de poule, selon les points
marqués aux derniers joueurs restans. La
poule a toutes billes n'est pas d'usage à
Paris; elle était autrefois très en vogue à
Lyon et dans seseu v irons;mais ellea perdu
up peu de sa renomuiée: en tout les usa-
ges de la capitale prévalent dans les pro-
vinces. Dans cette partie, chacun a sa
bille numérotée, de manière que, si on
est douze ou quinze, il y a douze ou
quinze billes sur le tapis; le n** 2 joue sur
le l^**, le 3 sur le 2, je 4 sur le 3, et ainsi
de suite, avec les mêmes résulta|Ls qu'a la
poule aux deux billes. Très souvent on
es^ masqué par une bille ou plusieurs
billes , et bien plus souvent ^\^ dans
toute autre partie, en raison du nombre
des billes; il faut alors faire sauter la
bille par-dessus celles qui gênent, si l'on
ne peut employer la bricole. Il y a des
cas où, pour éviter le saut ou la bricole,
les habiles joueurs, par un certain coup
de queue, impriment à leur bille d'abord
up mouvement rotatoire qui se chang;e
subitement en un autre mouvement cir-
culaire qui la rejette sur celle qu'ils veu-
lent atteindre; ce qui s'exécute aussi dans
d'autres parties pour opérer des caram-
bolages. D'autres fois ils font tourner
sur elle-même, au milieu de sa course,
leur bille qui revient frapper ctlle dont
elle avait déjà dépassé la ligne transver-
sale; ils nomment ces deux manièies de
pousser ou chasser les billesyâ/re ren"
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( 586 )
BIL
dre le coup, ou effet de queue» A toutes
les parties, lorsqu^un joueur pousse deux
billes à la fois , cela s'appelle queuter; si
la bille va dans une blouse, le coup eit
nul. Lorsqu'un joueur, au lieu de frap-
per au centre sa bille, la frappe sur le
côté, ce faux coup s'appelleyàu^xe queue^
el il perd un point si sa bille ne touche
pas celle de son adversaire.
Ce n'est qu'au moyen d'une table bien
unie, bien dressée, que les coups se des-
sinentavecprécision.Aussi, lorsque toutes
les pièces d'un billard sont fabriquées et
qu'on le monte sur place, l'artisan l'exa-
mine avec attention en les accordant,
l'ajuste, le régularise, et promène sur la
table, dauH toute sa longueur, un niveau
d'eau pour s'assurer d'un aplomb parfait.
On ne peut pas tromper au jeu de bil-
lard, comme cela arrive au jeu de cartes;
il se joue librement, à la vue des specta-
teurs, et d'une manière loyale. On l^a
appelé le noble jeu de billard.
On a vu à Paris, il y a une trentaine
d'années, chez un marbrier du boule-
vard des Invalides, un billard tout en
marbre; il avait appartenu, dit-on, au
duc d'Orléans, père de Louis-Philippe.
Il avait 14 pieds de longueur; mais
quoiqu'on donnât de légers chocs, la bile
partait et ne s'arrêtait plus. On n'a consi-
déré ce billard que comme une curiosité.
On donne encore le nom de billard à
la masse ou bâton recourbé avec lequel
on pousse également les billes dans une
partie; il est ordinairement de bois de
gaîac ou de cormier , garni par le gros
bout ou d'ivoire ou d'os tout simplement:
on peut même se passer de ces garnitu-
res. On tient cet instrument par le petit
bout, et Ton pousse la bille avec l'autre
bout. — Billarder, c'est pousser en même
temps les deux billes avec la masse. Ce-
lui qui billarde perd un point; le coup
est nul si on a chassé la bille de son ad-
versaire dans une blouse; mais on perd
deux points si l'on y fait entrer les deux
billes.
Ce mot de billardcry en termes de
manège, se dit d'un cheval qui , en mar-
chant , jette ses jambes de devant en de-
hors. F. R-D.
BILL4UD-VARENNE$,néen 1760
près de La Rochelle, était âgé de 25 ans
lorsquMl vint à Paris, oà il fut reçu avocat
au Parlement. Avant la réunion des états-
généraux, il s'était déjà fait^onnaltre par
des principes hardis; un de ses premiers
ouvrages, signé seulement des initiales de
son nom, fut un écrit en 3 vol. in^^ sur
le Despotisme des ministres de France;
il parut en 1 790. Il s'y élevait contre des
abus que tout le monde connaissait alors,
mais n'indiquait pas le remède qui pou-
vait les détruire. Il penchait, dans le
commencement, pour ce que l'on a de-
puis appelé une monarchie entourée
d'institutions réptUflicaines. Dès l'ori-
gine, il fit partie de la société de» Jmis
de la Constitution y si célèbre ensuite
sous le nom de société des Jacobins, A
la journée du 10 août^ it joua un rôle
très actif, et on l'a accusé d'avoir contri-
bué aux massacres de septembre, d'avoir
encouragé et soudoyé les égorgeurs. Il
avait rempli une mission dans les dépar-
teinens , au nom de l'Assemblée législa-
tive, lorsqu'il fut'<tfilu substitut du pro-
cureur de la commune. Quand les deux
partis des Girondins et des Montagnards
se dessinèrent, dès les premières séances
de la Convention, Billaud-Varennes se
jeta sans réserve dans le parti extrême
et accusa violemment et sans relâche
les rois et la royauté. Il s'acharna contre
Louis XVI, lors de son procès, s'opposa
à ce que les pièces utiles à sa délense
lui fussent communiquées, vota contre
l'appel au peuple, et demanda la mort du
tyran dans les 24 heures. Quand on
adopta le décret qui instituait le tribanal
révolutionnaire, H proposa, dans l'inté-
rêt des accusés, que les jurés fussent
choisis par tous les départemens et sou<
vent renouvelés. Sa motion fut rejetée.
Envoyé en mission dans le département
d'Ille-et -Vilaine, il ne se méprit point
sur le caractère de l'insurrection ven-
déenne, et demanda l'envoi de noovellet
forces dans ces contrées. Puis il revint
prendre sa place à la Convention. Le 81
mai 1793, les Girondins et les Monta-
gnards engagèrent décidément leur lutte
déplorable. Peu d'hommes ont, autant
que Billaud-Varennes, signalé les dange-
reux effets d'une méfiance qui ne respec-
tait rien et qui ne s'arrêtait devant ao-^
cune vertu ; et peu dlioamet pourtaiil
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• BIL
( 5ST )
BIL
ont autant contribué à répandre et à en-
tretenir cette méfiance. Il accusa et Cla-
vière, et Fouaûer-I* Américain, et Cus-
tine, et le général Bouchard, puis f^an-
jutnais. Il demanda Taccusation des dé-
putés de la Gironde et de leurs parti-
sans , etc. Le 15 juillet il fit décider la
mise en jugement des Girondins. Après
une mission dans les départemens du
Nord et du Pas-de-Calais , il appuya la
pétition de quelques sections de Paris,
qui demandaient la formation d'une ar*
mée révolutionnaire, et fit révoquer le
décret qui défendait les visites domici-
liaires pendant la nuit. Il fut successive-
ment nommé président de la Convention
et membre du Comité de salut public. Il
s'opposa à ce que ce comité prit le nom
de Comité de gouvernement , disant que
la Convention seule devait gouverner.
Cest encore lui qui, lors de Tanniver-
saire de ia mort de Louis XVI , fit dé-
cider que la Convention assisterait en
corps à la fête de Tabolirthn de la royauté.
Il s'était déjà séparé de Danton, que l'on
soupçonnait de projets aristocratiques :
il se sépara encore de Robespierre lors-
que celui-ci f\it accusé d'aspirer à la dicta-
ture. Billaud-Varennes fut même un des
premiers qui parlèrent contre'lui dans la
séance du 9 thermidor {voy.) Six jours
après il donna sa démission de membre du
Comité de salut public. Plusieurs fois ac-
cusé, il resta à l'abri des vengeances jus-
qu'en 1795. La réaction faisait de grands
progrès; il les signala énergiquement à la
tribune. Le 1^*^ avril 1795, il fut con-
damné a la déportation, avec Cotlot-
d'Herbois, Barrère et Vadier. Conduit
au château de Ham , puis à Oléron , il
▼enait de partir lorsqu'un ordre arriva
de ramener les déportés, qui devaient
éCre traduits devant un tribunal. Il était
trop tard; il était encore à Sinnamari
quand les déportés du 18 fructidor y ar-
rivèrent On ne sait s'il obtint sa liberté
on s'il parvint a s'évader de Cayenne, où
il avait passé son temps à élever des per-
roquets. On a dit qu'il était allé fonder
a Saint - Domingue un pensionnat. Ses
Mémoires, publiés en 1828, paraissent
apocryphes comme tant d'autres ; ils di-
sent qu'il parcourut , comme mission-
mire poliii(|iie et religieux , l'Amérique
méridionale et les Antilles, et qu'il par-
ticipa activement aux révolutions du
Nouveau -Monde. Il est resté de lui quel-
ques écrits. On prétend qu'il avait ca-
ché dans le mur de la jnaison n* 55 de
la rue Saint- André des -Arts ses mé-
moires sur la révolution. A. S-&.
BILL A UT, voy. Adam [maitre.)
BILLET. Dans son acception pnmi*
tive, ce n'était qu'une petite épitre, un di-
minutif de la lettre; mais ce mot a main-
tenant beaucoup d'autres significations
déterminées par ceux dont il est suivi.
Ainsi le (>iliet à o^dre et le biUet nu por-
teur sont des elTets commerciaux, et nos
jeunes prodigues connaissent parfaite-
ment l'importante différence entre les
premiers de ces billets et la lettre de
change. Les hiUets de banque sont tou •
jours, pour beaucoup de consciences,
des argumens irrésistibles. Les billets de
confession ne sont plus guère exigés
que comme préliminaires d'un mariage
religieux. Les billets fie faire part, au
contraire, sont un usage adopté plus que
jamais dans la société, surtout depuis
que les procédés économiques de la li-
thographie l'ont facilité pour toutes les
classes un peu aisées. Les billets doux,
enfin, interprètes de Tamour timide, ont
beaucoup perdu de leur crédit et sont
presque devenus un ridicule.
Les femmes, en général, écrivent
beaucoup mieux que nous le billet, pria
dans sa première acception. Sous une
plume masculine, la concision qu'il exige
a presque toujours un peu de sécheresse;
chez elles, au contraire, la grâce et la
finesse s'accommodent bien de cette briè-
veté. M. O.
BILLET A ORDRE) voy, Lettrk
DE CHANGE.
BILLET AU PORTEUR. On ap-
pelle ainsi un billet par lequel on s'en-
gage au paiement d'une certaine somme
dans les mains du porteur du billet, quel
qu'il soit. Les billets au porteur avaient
sembléoffrirbeaucoupd'inconvéniensqui
anciennement les avaient fait proscrire.
Autorisés de nouveau par la déclaration
du 21 janvier 1721 , ils n'ont cessé de-
puis d'être en usage. Le Code de com-
merce, muet à leur égard , est naturelle-
ment censé ep autoriser la circulation^ Y.
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BIL
C«S8)
BIH
ULLINOTÛN (ÊLmBBTv), run9
des plus célèbres canUtrices de PAn-
gleterre, était la fille d*un musicien am-
bulant saxon, appelé Weichnel, et naquit
en Angleterre en 1770. Elle montra de
bonne heure un talent musical très re>
marquable. A 7 ans elle joua un concerto
d^ piano sur le théâtre de Hayroarket, et
« 1 1 ans elle en exécuta un de sa com-
position. £n 1782, elle épousa en pre-
mières noces son ancien maître, Jantes
Billington, homme honnête, mais faible
musicien (contre- bassiste) de Torchestre
de Drury-Laoe, et passa en Iilande pour
y débuter comme cantatrice. Là elle
quitta son mari, se livra sans frein à
800 penchant pour le désordre, et négli-
gea ses études au point qu'en 1 786, lors-
qu'elle parut au théâtre de Covent-Gar-
den, elle ne produisit qu'un effet mé-
diocre; cependant elle reçut 1,000 livret
sterling pour la saison. Mais étant venue
à Paris elle reçut de Sacchini des leçons
auxquelles elle dut le premier succès
qu'elle obtint à Londres, à son retour
en 1 785, et après lequel elle voulut voya-
ger en Italie ( 1 794), pour se perfectioo-
ner encore. Alors ses progrès furent ra-
pides, mais sa conduite devint encore
plus dissolue. Son mari mourut à Na-
ples, en 1798; on suppose, sans que cela
ait été prouvé, que le poison termina ses
jours. La jeune veuve épousa bientôt
après un jeune Lyonnais nommé Floris-
sant, et se retira à Venise. £lle reparut à
Londres, en 1801, ayant atteint Tapo-
gée de son talent. Elle possédait tout ce
qui peut charmer et l'oreille et les yeux :
une voix pleiae de grâce et d'expression,
développée par toutes les ressources de
l'art, avec une figure ngble et attrayante.
Par suite d'un engagement jusque là sans
exemple, elle jouait tour à tour sur les
théâtres de Covenl-Garden et de Dru-
ry-Laue. £lle réunit tous les suffrages
dans le rôle deMandane de l'opéra d'^/^
taxerce.
Mistress Billingtnn mourut prématu-
rément en 1818 à Saint- Art ien, près de
Venise, où elle avait suivi son mari obligé
de quitter l'Angleterre par suite de Va^
Uen-htU, a L, m.
BILLON, composé de métaux dans
lequel la quantité du métal précifiux caâ
beaucoup pl^ p^ite qn^ ç«Ue à^ an?
très métaux. I^es numbmatistes se ser«
vent du mot billon pour désigner des
médailles de cuivre alliées d'une inûni-
ment petite quantité d'argent. Il faut les
distiuguer des médailles /ofir/Y^.r et j^au-
cTes. On a employé indifféremment les
mots biUon eipou'n : cependant |e nom
de billpn est plus généralement appUqtié
aux monnaies romaine9,et celui de po-
tin aux impériales grecques. Les m^dail*
le^ frappées à Alexandrie d'Egypte sont
très nombreuses en ce métal.
A dater dc^ règne de Gallien les mpo-*
naies d'argent furent, ex^émeificpt alté*
rées : la partie d'argeot fut réduite à
presque rien; enfin |e cuivre fut à pe^e
couvert d'une légère teinte argentée, jus-
qu'à ce que Dioctétien rétablit la mon-
naie d'argent fin, qui ooutinpa d*étre ainsi
frappée sans nouvelles altération», sauf
quelques exceptions dans le teqips du
fias-Empire.
Ce n'est guèreff|ue de 11 à 1200, yers
le règne de Phili|>pe-Auguste, que Ton
voit du billon dans les monnaies de
France. Le Blaoc (Traité d^s moimaies)
doute si ces monnaies sont de ce roi ou
de ses successeurs qui ont porté le nom
de Philippe.
I^ monnaie de biUoo s*est q^psefvée
jusqu'à nos j<»urs. Les dernières piècea
de ce métal qui aient été frappées aont
les petites pièces de d^BgjL squa^ ou dix
centimes, de Napoléon. D. H*
BIl.tONNAGE, vof. Laaouaaos.
B1LLU5GËN oi| Billiiigs, dyoaatîe
saxonne qui régna dans leducliédeSaxe,
de 91^1 à 1 106. Le premier coqal^Billiog
mourut en 967; il eut pour succeaseur
Hermann , tige des ducs de ce|te maison.
Après la» mort de Matous» ae&deua filles
portèrent leur héritsq^e daos |a maison
des Guelfes ( voy. ) et daos celle d'Asca*
nie (\u^y,), 4, H* S.
BIMANE et BIPÈDE. Tous les au-
teurs s'accordent à particulariser par ces
deux épii hèles deux des qualité» fonda*
mentHles de l'homme considéré sous le
point de vue de l'histoire naturelle.
Par l'expression de bimane (bis et
manus, ayant deux mains) oo indique
que l'homme est pourvu de deux maioa^
etaeulemeot ^edèi^t iiMâiMy/f«i|itt^iUa^
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(519)
BIN
tuiKiM des quadniiDAiiea {vox- ce «lot),
famille d*aniiiuiiuL qui renferme tous les
singes, tandis que le genre komii^e
compose à lui seul toute la famille dési-
gnée sous le nom de bimane. Les natu-
ralistes modernes ont eu raison de s'ar-
rêter à Texistence d*une main véritable
okez rhomme pour le distinguer du reste
det animaux, car elle contribue sans
éwité plofl que toute autre partie de son
organisation à servir habilement cette
intelligence supérieure à laquelle il doit
aa auprématie. Et si Ton veut s'arrêter
à rechercher à quelle disposition spé-
ciale cet organe doit sa perfection, on
trouvara que c'est à la facilité d'opposer
1^ pouce aux autres doigts, à la longueur
et à la mobilité des diverses phalanges
de chaque doigt, à l'indépendance des
mouvemeaa de rotation de l'avant- bras.
Fojr, Kaik.
Quant au mot bipède [bis et pes,
pourvu de deux pieds), il est moins ex-
clusivement applicable è l'homme, puis-
que réellement les oiseaux n'ont aussi
que deux pieds, ce qui rappelle la plai-
santerie de Diqgène. Platon définissant
l'homme un animal à deux pieds et sans
plume, Diogène laissa échapper dans son
école un coq plumé et s'écria : « Voilà
l'homiBe de Platon. » Néanmoins la (a-
ouicé de se tenir habituellement et de
OMrcher mn deux pieds , la station et la
progression bipède, sont des caractères
ibndamentaqx du genre homme, quoi
qu'en aient pu dire ceux qui, comme J.-J.
Rousseau (Discussion sur l'inégalité des
cofuHtionf, etc.), ont peqsé que l'homme
était easéntieUement et originellement
quadrupède. Les amateurs de causes fi-
nales ont remarqué, non sans quelque
rftison,quela condition bipède de l'homme
est singulièrement favorable à l'entretien
de la délicatesse des mouvemens et du
tact dans la main et par conséquent à sa
Infection. Foy, Pixo et Station. B. B.
BIMANES. Cuvier désigne sous ce
nom nn genre de reptiles de la famille
d«ft saoriens ou lézards, de la tribu des
seinooldiens, dans laquelle il est com-
pris avec les genres scinque, seps, bi-
pède et chalcide. Le genre bimane
ae di^ingue de ces genres divers et
4e8 preaûers ^fhidie^a ou aerpens {>ar
l'absence de pattes postérieurea et par
Texiiitence de deux petites pattes anté*
rieiu*es.
La seule espèce connue est du Mexi-
que : c'est un petit animal gros comme le
duigt, long de 8 ou 10 pouces, couleur
de chair. Il se nourrit d'insectes. B. B.
BIMBELOTIER (du mot bimbelot,
jouet d'enfant, bagatelle), marchand de
jouets d'enfans et d'une foule de petits
objets de fantaisie et de mode provenant
de diverses industries. On pourraità peine
faire l'énumération des différens articles
de ce commerce qui, bien futile en ap-
parence, occupe un grand nombre de
bras et fait mouvoir de grands capitaux^
il suffira de dire qu'ils appellent le con-*
cours du menuisier, de l'ébéniste du
sculpteur, du tourneur, du ferblantier,
du tailledr, du mouleur, du sellier, etc.,
et qu'il existe en France et en Allema*
gne des fabriques considérables exclusi-
vement consaa'ées à ce genre de produc-
tion, dont le bon marché est encore un
objet de surprise.
Ce sont des bimbelotiers que ces mar-
chands tant ambulans qu'en boutique qui
vendent à prix fixe, depuis un sou jusqu'à
3 fr. et au-delà, une foule d'objets au
choix. Malgré la modicité du prix de
vente, ils réalisent encore des bénéfices
oonsidérables,car les prix d'acquisition en
grosn'ensontpassouvent la moitié. F.R.
BINAGE, voy. Labouback.
BINAIRE. Le mot de combinaison
ayant perdu le sens restreint que l'étymo-
logiesembleraitluidonner,ets'employant
en général pour désigner une association
dans laquelle le nombre des choses as-
sociées peut être quelconque, on est obli-
gé de caractériser par l'épithète de bi-
naires les combinaisons deux à deux, les
plus simples de toutes. Cette épithète
n'est pas exclusivement propre au lan-
gage mathématique, elle s'emploie dans
toutes les sciences qui se rattachent par
quelque point à la théorie des combi-
naisons.
On appelle plus spécialement arrthmé»
tique buutife un sysième de numération
écrite ddnt le nombre deux sei'ail la base
[voy. Numération) et pour lequel il ne
faudrait en conséquence que deux ca-
raotèreg, Tuniié et le léro. L'idée de
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(540)
BIN
cette arithmétique, qui n*a jamais été
qu'un jeu d'esprit, avait frappé Leihnitz;
cethommecélèbreellemissioiinairejésui-
te Bouvet avaient cm pouvoir s'en servir
pour expliquer une énigme hiéroglyphi-
que, attribuée par les Chinois à leur per-
sonnage mylhologi(|ue Fo-Hi. Mais per-
sonne ne croit aujourd'hui qu'à aucune
époque les lettrés chinois aient effecti-
vement pratiqué l'arithmétique binaire.
L'imagination vive de Leibnitz voyait un
emblème de la création dans cette espèce
de génération des nombres, au moyen
de l'unité et du zéro. Peut-être aussi des
philosophes d'une tournure d'esprit tout
opposée ont-ils à dessein trop insisté sur
un rapprochement, sans doute insigni-
fiant dans le fond, échappé à k pensée
active de ce grand homme. A. C.
BI^'iiEN (fond de). La petite ville
de Bingen est d'une haute antiquité :
Tacite en fait mention dans le récit de
la guerre excitée par 4a rébellion de Ci-
vilis; Ammien Marcellin dit que Julien
fit réparer ses remparts; enfin la table
Théodienne la place entre Mayence et
Vesel (Ober). On ne saurait douter non
plus que ce ne soit de Bingen que le
poète Ausone a voulu parier au commen-
cement de sa Moselle, Bingen n'occupait
pas alors la place ou on le voit aujour-
d'hui, et était près du château de KIopp
avant les ravages des Alemani et des
!Normands.
Le fond de Bingen dans lequel, suivant
une vieille tradition, le tr^or des Ni-
belungs {vojr, ce mot) aurait été plongé,
est fort dangereux pour la navigation ;
les chaînes de nu^ntagnes se joignent en
prolongeant leurs roches sous les flots.
Les géologues pensent que primitivement
une muraille de roc fermait entièrement
)e passage, qu'ti y avait ici un grand lac,
et qu'il fallut une révolution du globe
]K>ur donner au fleuve un passage fort
étroit. Charlemagne le fit élargir; mais
alors on ne put encore y hasarder que
des nacelles. L'archevêque de Mayence
Hatton et l'électeur Sigismond y firent
exécuter de grands travaux. Le génie
français et le génie prussien ont de beau-
coup diminué les écueils. Tout cela n'em-
pêche pas que, dans les basses eaux, le
Ehio ne soit encore fort dangereux.
L'ouverture qu'on s'est procurée dans les
écueils n'est guère que de M) pieds, et il
faut bien connaître le fleuve pour y gou-
verner une embarcation. — C'est là, dans
une lie, que l'on voit la fameuse tour
appelée Mœusethurm (Tour des souris).
La tradition veut qu'en punition de son
avarice et de ses accaparemens pendant
une disette, l'évéque Hatton ait été as-
sailli de souris qui, de son château d'Eh-
renfels, le suivirent à la nage et le dévo-
rèrent dans son lie. Toutefois l'histoire
ne reconnaît d'existence à la tour qu'à
partir du xiii^ siècle. Les bâtimens de
transport y étaient assujétis à un droit
En 1650 encore, les gros navires, dé-
chargeaient leurs marchandises à Lorsch,
et on les conduisait par terrejusqu'à Ru-
desheim. P. G-y.
BINGLEY, acteur hollandais, naquit
à Rotterdam, en 1755, de parens anglais
qui le destinèrent au commerce et lui fi-
rent même commencer cette profession;
mais après une résidence de quelque
temps dans un comptoir, une vocation
puissante se révéla en lui, et il fit à ses
goûts le sacrifice de ses espérances de for-
tune. Il employa quelques années en es-
^ sais préparatoires et débuta sur le théâtre
d'Amsterdam à l'âge de 24 ans, vers l'an
1779. Il se montra excellent tragédien
et ne tarda pas à faire les délices du pu-
blic hollandais. Son zèle excessif pour
son art le porta à se multiplier merveil-
leusement, de manière à suppléer à la di-
sette de premiers sujets en ce pays, di-
sette grande à cette époque; aussi, malgré
ses dispositions spéciales pour le genre sé-
rieux, s'exerça-t-il en même temps dans
le comique où , sans exceller , il se fit
néanmoins goûter. On l'applaudissait tour
à tour sur les théâtres d'Amsterdam , de
La Haye , de Rotterdam , et il sut réunir
aux qualités d'un acteur distingué celles
d'un bon administrateur; car il se char-
gea à diverses reprises de la direction
des entreprises Uiéàtiales et donna au-
tant de satis!act.fon à ses administrés
dani cel'e dernière fonction -qu'il ea avait
donné au public dans la première. Bin-
gley mourut à La Haye en 1S18. P. L-e.
BINOCLE y voy, Lonettes.
BINOME. On appelle binôme , en*
algèbre , une expresstoa formée de.
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BIN ( S4
deux termes , liés par les signes plus ou
moins : u -\ fc, a^ — Ic^ sont des bi-
nômes.
Lorsqu'on multiplie un binôme un
certain nombre de fois par lui-même,
ou qu*on l*élève à une certaine puissance,
le résultat du calcul se développe sui-
vant une formule dont la loi peut élre
exprimée par des symboles généraux,
quelle que soit la puissance. Cette for-
mule a été démontrée par Newton, et
Fusage est de la désigner , par abrévia-
tion, sous le nom de binôme de New-
ton , quoiqu'il entre nécessairement dans
son expression plus de deux termes.
La formule du binôme deJNewton est
fondamentale en algèbre, par deux rai-
sons qui pourront être comprises, même
des personnes peu versées dans cette
science.
D*abord , le procédé de la multiplica-
tion, quand les facteurs sont complexes
ou formés de plusieurs termes , consiste
à multiplier successivement chaque terme
de Tun des facteurs par chaque terme de
l'autre; ce procédé se rattache donc à
un certain mode de combinaisons, de
sorte qu'en développant les produits des
binômes on aura par cela même effectué
une opération plus générale d'analyse
combinatoire qui recevra son application
dans d*autres cas où il ne s'agit plus de
multiplication. Aussi remarque - t- on
l'analogie d'une fuule de formules ana-
lytiques avec celle que Newton a donnée
pour le développement des puissances
d'un binôme.
En second lieu, le but le plus impor-
tant de Tanalyse étant d'étudier les lois
suivant lesquelles les quantités varient ,
on est conduit immédiatement à recher-
cher ce que devient la valeur d'une cer-
taine expression, quand une ({uantilé x
qui y entre prend^ un acrroisseinent et
devient x-^-jr, c'est-à-dire quand une
quantité monôme devient binôme ou
formée de deux termes. La théorie du
développement des binômes sert donc de
fondement à la science du calcul.
On peut voir dans V Histoire des Ma-
thématiques de MontucU (partie IV,
liv. 6 ), la manière dont Newton décou-
vrit vers 1663 , au début de ses travaux
mathématiques, la formule qui porte son
l) BIO
nom. On compte maintenant par cen-
taines les démonstrations qui ont été
données de la formule du binôme de
Newton, comme de la plupart des théo-
rèmes fondamentaux en mathématiques.
Voy. Newton. A. C.
BINOT, voj.Instrumens aratoires.
BIOGRAPHIE y mot formé du grec
pioc, vie y et ytàyw, j* écris ^ et qui si-
gnifie Histoire de la vie d'un personnage.
On appelle biographe celui qui a écrit
une ou plusieurs de ces histoires. Quand
le personnage dont on retrace la vie l'a
illustrée par ses lalens ou par ses vertus,
et que l'historien sait le peindre sans flat-
terie et sans haine, avec les qualités qui
fout le sage et Thabile écrivain , il est
peu de livres qui soient plus attachans
et en même temps plus utiles, plus ri-
ches en leçons pour la vie publique ou
pour la vie privée. Mais il faudrait,
comme Plutarque, se montrer sans autre
passion que celle de la vérité; il faudrait
ne louer et ne blâmer que par les faits.
Le biographe grec et Cornélius -Népos
sont encore des modèles en ce genre :
aussi est-il peu de livres qui aient été
aussi souveut réimprimés et aussi sou-
vent traduits dans toutes les langues, où
ils sont devenus classiques et populaires.
On ne sait pas bien quel rang tenait la
biographie chez les anciens; mais il est
certain que ce genre de littérature était
beaucoup moins cultivé qu'il ne l'est
chez les modernes , surtout depuis la fin
du XVII® siècle. Dès lors il a pris de
nouveaux développemens que la révolu-
tion française a rendus plus rapides ; et
aujourd'hui c'est peut-être de tous les
genres celui qui a le plus de vogue et le
plus d'extension. Les ouvrages d'un au-
teur mort ne peuvent plus être repro-
duits sans qu'ils ne soient précédés d'une
notice historique. On fait même entrer !a
biographiedes morts et des vivans, comme
besoin de l'époque actuelle et comme
élément de succès, dans les grands ou-
vrages scientifiques, dans les encyclopé-
dies où , jusqu'à ces derniers temp>î , elle
n'avait pas pénétré*. Les biographies
(*) CVst ce goût dii pul)lic' et \e désir de réu-
nir dans un seul et môme ouvmge toutes les no-
tions utiles à Vliomme du monde et même à
riiomme d^études ( en dehors de sa sphire pro-
prement dite ) qui a engagé les éditeurs de VEn*
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ÊIO
(542)
BIO
le multiplient sans cesse , sous les titres
de Vies, de Notices , d^Ëlo^es, de Mé-
moires, de Dictionnaires; et tout serait
pour le mieux si chaque parti, chaque
coterie n*avait ses biographes qui sou-
i^ent flattent ou dénigrent suivant leurs
passions, et altèrent la vérité pour le ser-
vicede leurs opinions ou de leurs intérêts.
Il est plusieurs sortes de biographies,
et nous avons pensé que leur étonnante
abondance rendait enfin nécessaire de
les diviser en biographies ùt(iit>ùluelles ,
spéciales, collectives et universelles (vojr.
Autobiographie et Nécrologie). Nous
allons suivre rapidement ces divisions.
Biographies individuelles. Le nom-
bre en est immense, et leur seule no-
menclature remplirait plusieurs volumes.
Tacite, dans sa f^ie d'^égncola, a
donné, pour ce genre, un modèle qui
n'a pas été souvent surpassé. UHistoire
d* Alexandre, par Quinte-Curce , est un
livre de toutes les nations. Parmi les bio-
graphes modernes nous nous coHtente-
rons de citer , en France , la Vie de Des-
cartes , par Baillet ; celle de Théodose ,
par Fléchier ; les Histoires de Fénélon
et de Bossuet, par le cardinal de Ba us-
set; la Vie de La Fontaine, par M. Wal-
ckenaér; celles de Molière et deCorneille,
par M. Taschereau ; celle de Voltaire ,
par G)ndorcet, etc. : en Angleterre, la
Vie de Cicéron , par Middieton ; les Vies
de Laurent de Médicis et de Léon X,
par W. Roscx>ê: en Hollande, la Vie de
Ruhnkenius, par \¥ittenbach ; celle de
Wittenbach par Mahne: en Allemagne, la
Vie de Heyne par M. Heeren; celle du cé-
lèbre prédicateur Reinhard, par M. Poe-
litz; celle de Dorothée, duchesse de
G>urlande, par M. Tiedge, etc., etc.
Toutes les littératures modernes sont
riches en biographies individuelles, et il
en est beaucoup qui mériteraient encore
d'être citées.
Biographies spéciales. Elles sont très
Dombreuses et embrassent le vaste do-
maine des sciences et des arts. Chez les
anciens, Diogène - Laêrce écrivit dix li-
ejrclopédié des Gens flu Blonrie à rei*CToir duo.t lenr
Cdfire, ni;ilgré rexisteiiti* (J*iin ou%r.tge uii»m e».
tiniMLIr <[ue l'csl lé Bipraphi' uuiver^eUe de Mi-
chaud, un rlioix de otitic^s biogru|>iiiqiie« sur
les plus hautes notabilités des temps passés et
^êôe parmi les coalemporaîiM. - — -
vres de là Vie des Phlldsopti^; nous
avons de Denys d'Halicamasse un Traité
des anciens Orateurs; de Cicéron, des
Entretiens sur les Qraleui^ iîfifstres; de
Suétone , outre la Vie des XII premiers
Césars, un Catalogue biographique des
Grammairiens et des Rhéteurs illustres.
Cornélius- Népos s'est rendu célèbre par
ses Vies des grands Capitaines. Eutia-
pius, qui vivait dans le iv* siècle, nous
a laissé les Vies des Pln'losophes et des
Sophistes; saint Jér6me, la Vie des Pères
du Désert et un Traité de la Vie et des
Écrits des auteurs ecclésiastiques qui
avaient vécu avant le v* siècle : cet ou-
vrage a été d'un grand secours aux bio-
graphes modernes.
Quant aux biographies spéciales écrites
depuis là renaissance , le nombre s'en est
tellement multiplié qu'il suffira d^iudi-
quer les plus importantes : les Àctasanc-
torum |>ar les Bollandîstes (53 voL in-
fol.) ; les Fies des Saints par Baillet et
par Alban Butler; les Vies des Pères du
Désert par Arnauld d'Andilly ; les Vies
des Papes par Platine et ^r. Bruys;
l'Histoire générale des Auteurs sacrés et
ecclésiastiques par D. Cellier ( 26 vol.
in-4**) ; la Bibliothèque des Auteurs ec-
clésiastiques par Elliesdu Pin (61 vol.
în-8*}; les Vies des Philosoplies par Fé-
nélon , Savérien et Naigeon ; des grands
Capiuinespar Brantôme et Chasteauneuf
{Cornélius^ Népos français)-^ des Ma-
rins célèbres par Richer; des plus lllus^
très Favoris par P. du Puy ; des Femmes
célèbres par Boccace, Ménage, le P. I^
moyne, Tabbé de La Porte, M"* de Ké-
ralio , de Lacroix el M""* Fortunée-Bri-
quet; des Enfans célèbres par Baillet;
des Poètes grecs par l^fèvre; des Poètes
grecs et latins par Gérard-Jean Vossius,
par J. Albert Fabricius, par Lauteires ; les
Vies des Poètes provençaux par Jefaan de
Nostre-Dawe; des Troubadours par
Fauchet, dans ses œuvres (1610 , in-4**),
par La Curne de Sainte-Pataye et Millot
(1774, 3 vol. in>12 ;des Poètes français
par labbé Goujet (Bibliothèque fran^
çaise)y Sautrcau de Marii [Annales
poétiques)^ Auguis et Crapelet (Lespt^
tesftançitis)^ et Ph. de la Madeleine;
p«sés et '^* ^*^ ^^ Historiens grecs et latins par
I.H.S* I Gértrd^eaa VoMÎut; la Biographie mé«
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felÔ
(54J)
BIO
dicàlè (par 66 médecins, Pftrid, t820);
les ancien<( Minéralogistes de France par
Gobet, 1779, 2 vol. in-8**; les Biogra-
phies des Jurisconsultes par Simon , Ca>
mus, Dupin, etc. Il a paru dans ces der-
niers temps, en France, une foule de Bio-
graphies spéciales où Tesprit de parti est
rarement étranger. Nous citerons les Bio-
graphies des ministres, des convention-
nels, des députés, des pairs, des lieute-
nans-généraux et préfets de police, des
archevêques de France, des usurpateurs,
des quarante de TAcadémie française,
des journalistes, etc. On a aussi les Bio-
graphies des pères de rÉ^^lise, des pré-
dicateurs, des hérétiques (par Pinchinat
et Ptuquet); des romanciers; des auteurs
dramatiques par les frères Parfait, le duc
de la Vallière, de Laboide, etc. ; des mu-
siciens par de Laborde, Choron, Fayolle,
et par Gerber (en allemand); les Bio-
graphies des artistes par Fontenay, par
Roderic Fuessly (en allemand), 2 vol. in-
fol.; des peintres, par Vasari, Bellori,
Orlandi (en italien), par Pilkintoo (en
anglais), par Houbraken (en hollandais),
par A. Félibîen, Descamps, de Piles,
d'Argeoville, Papillon de Laferté, Quil-
Ict (en français); par îea Bermudez et
Palomino Velascô (eu espagnol}. On a les
Biographies des graveurs par G. Gori,
Basan, Horace Walpole; les Biographies
des architectes par Fr. Milizia, Pinge-
ron, Ûe2allier d*Argenville, etc.
Il est peu de nations qui n*aîent des
biographies spéciales de leurs hommes
célèbres; c'est ainsi que Rossi a donné
rUistoire des Auteurs hébreux et celle
des Auteurs arabes; que d*Herbelot a
publié la Bibliotlièfjue orientale ; que
Chabert a traduit en allemand, de Has-
san Tcheleby, des Notices sur les prin-
cipaux poètes turcs; que M. Graberg
de Hemso a écrit les Vies des Scahles ou
des anciens poètes Scandinaves; Johnson
ses Biographies des poètes anglais; MM.
de Recke et Napiersky des Notices sur
tous les écrivains des trois provinces bal-
tiques (Courlande, Livoiiie et Eslhonie);
Jos. Eguia sa Bihio'heca mvxicnna , etc.
Presque toutes les anciennes provinces
de France ont leurs biographies spé-
ciales, comme celles de Lorraine, par
Dom Calmel et Cbevrier^ de Bourgognei
par Ph. PapiHon; du Poiton, par Drenx
du Radier; du Danphiné, par Allard;
de la Provence, par Bougerel et Papon;
du Maine, par Ansart; de Bretagne, par
Miorcec de Kerdanet ; du Lyonnais, par
De Colonia et Pernelly; de la Seine-Infé-
rieure, par Guilbert, etc., etc. Lltalie a
un grand nombre de biographies spé-
ciales : générales, par Mazzuchelli, Fa-
broni, etc. ; locales, pour Bologne, Cré^
mone , Modène , te Piémont , le Milanez,
le Parmesan, la Toscane, Venise, Na-
ples, le Frioul, etc. L'Espagne a Nie. KH'-
ion\o (Bihtioiheca h/spanaj^Jos, Rod'. de
Castro, ûi, Vinc. Ximenez {E.\crito/vs
del reyno de Valent i a). Le Portugal a
Machado , etc. ; TAIIemagne , Meusel
\^dns gelehrte Deutschland) Mu lier
( Clmbf'ia literata), B. Balbini [Bohe-
mia flocta). Les Pays-Bas ont la ^Z-
bLotheca bel^lva de Foppens; les Mé-
moires de Pacquot '1763, 3 vol. in-fol.);
le Trajvcttun eruddum de Gasp. Bur-
mann, etc. L'Angleterre compte John-
son, AValton, Ballard, Mackenzie, Da-
vid Irwine, etc.
Il est peu de congrégations monasti-
ques qui n'aient des biographies spécia-
les de leurs écrivains. EnGn dans ces der-
niers temps ont été publiées, sous le titre
de G (de ries y les Biographies des Fem-
mes célèbres; des Médecins ide/n^ par
le docteur Doin, des Illustres Germains ^
par Klein et par Fcst; le Musée des pro-
testant célèbres y la Galerie européenne,
le Plutarque français, etc., avec noti-
ces, portraits ei fnr-simtle»
Ainsi les biographies spéciales em-
brassent toute riiistoire ancienne et mo-
derne, civile, religieuse, guerrière, po-
litique, artistique et littéraire.
Biographies collcct/ui'S, La plus jus-
tement célèbre, est celle des f^ii's des
Hommes illustres de Plutarque, ouvrage
traduit d'âge en âge dans les principales
langues de l'Eun^pe, et qui a été comme
le bréviaire des grands capitaines, des
homiries d'état et de plusieurs écrivains,
tels que Montaigne el J.-J. Rousseau.
Hesxcliius, de !\Itlft, écrivit un livre qui
a elé publié en grec et en latin, sous ce
litre : De its qui en/di/innis famd cla-
rucre. Pline-le-Jeune composa un recueil
De viris iUustribus, qui « été MduU en
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BIO
(644)
BIO
français par Savîo, «i qui est attribué
par plus^êura savans à Aurélius Victor.
Yalère-MaxinM et Elien peuvent être
aussi comptés parmi les biographes. Gen-
nade, prctre de Marseille, fui florissait
dans le y^ siècle , nous a laissé un livre
De vira illuslribus, qu'on croit avoir été
altéré par une main étrangère.
Les biographies collectives se sont tel-
lement multipliées dans les littératures
modernes qu'on ne peut en citer plu-
sieurs que comme exemples : De^U uo^
mini famosif par Pétrarque; Biblio-
theca iliustrium virorum, par Boissard ;
la Sibliothèque française , de La Croix
du Maine et celle de Du Verdier; les
Hommes illustres, de Perrault; les Mé-
moires de Niceron (44 volumes), les mé-
moires de Palissot, les Trois siècles lit-
téniires de Sabatier, V Europe illustre
de Dreux du Radier, les Fits des hom-
mes illustres de d'Auvigny (37 volumes),
le Plutarque anglais^ trad. en franc.,
12 vol. iu-8^, les Éloges académiques
de Fontenelle, Fouchy, Mairan, Condor-
cet, Cuvier (pour l'Académie des scien-
ces); de Pélisson, d'Olivet et d'Alembert
(pour l'Académie française); de Gros de
Boze et Dacier (pour l'Académie des
belles- lettres); de Vicq-d'Azyr (pour la
Société ro}ate de médecine); des acadé-
miciens de Berlin, par Formey; V An-
nuaire nécrologique y de M. MahuI, etc.
Biographie universelle. Les anciens
ne nous ont point transmis de modèle de
ce genre d'ouvrages, qui a maintenant,
chez tous les peuples civilisés, un succès
de vogue fondé sur le désir et sur le be-
soin de trouver réunis, en un seul corps,
des notices historiques sur les personna-
ges célèbres de tous les temps et de tous les
pays. La première pensée d'un diction-
naire historique parait avoir été conçue,
ou du moins exécutée par Conrad Gess-
ner, surnommé le Pline de l'Allemagne y
et dont la première édition parut à Zu-
rich, en 1645. Juigné de la Boissinière
publia, le premier en France, un Dic-
tionnaire historique, dont la huitième
édition est de 1645. Vinrent ensuite le
fameux dictionnaire de Moreri,publié d'a-
bord en un seul volume (1673), et qui
successivement augmenté par Jean le
Clerc, Du Pin, Dronet et l'abbé Goujet^
eut, en 1 759, sa dix-neuvième et dernière
édition, 10 voL in-fol.; le dictionnaire
de Bayle qui parut en 1697, et qui a eu
six éditions in-fol.; et une édition refon-
due par M. Beuchot (1820), en 16 vol.
in-8^; le dictionnaire de Chaufepié, pour
servir desuppléroentàceluideBaylel 750,
4 vol. in-fol.; le dictionnaire de Prosper
Marchand,! 758,2 petitsvol. in-fol.; te dic-
tionnaire historique portatif de Ladvo-
cat, dont les éditions et les contrefaçons
sont assez nombreuses; le dictionnaire
historique de l'abbé Barrai, 1758, 6 vol.
in-8*'; le dictionnaire historique de Chau-
don, continué par Delandine et dont la
neuvième édition (1810-12) est en 20
vol. in-8*^; le dictionnaire historique de
l'abbé Feller, qui scêXiAntichaudoniste,
et qui a eu plusieurs éditions; et, de nos
jours la Biographie universelle (52 voL
in- 8®, sans compter le supplément qu'on
imprime actuellement]; la Biographie
desvivans (1816-19), 5 vol. in-8^; la
Galerie historique des contemporains y
ou nouvelle biographie , etc., Bruxelles,
1817-1819,8 vol. in-8** ; la Biographie
des contemporains y 20 vol. 10-8**; la
Biographie universelle et portative des
contemporains publiée sous la direciif»
de MM. Rabbe, Vieilh de Boisjolin et
Sainte-Preuve (1826 et ann. suiv., in-
8^, édition compacte, dite en un vol.); le
dictionnaire historique rédigé par le gé-
néral Beauvais et Al. Barbier; le Dic-
tionn, histor, critique et biographique y
publié par le libraire Desenne, en 30
vol. in- 8**, etc.; en Allemagne, le Lexicon
de Chr. Gottl. Joecher, continué par J.
C. Adelung et autres, 11 vol in-4^; les
dictionnaires de Fréd, Hirsching et Er-
nesti, etc.; en Angleterre, le Biographie
cal diction narjr de Chai mer, 32 voK
8®; le General Biographjr d'A.ik'm,
l
vol. in-4 , etc. *
V-VE.
BIOLOGIE et BIOMÉTRIE, vor.
Vie.
BION. Dix ou douze hommes célè-
bres de l'antiquité ont porté ce nom.
Ceux qui l'ont le plus illustré sont : 1® un
mathématicien d'Abdère , disciple de
(*) Non» literons comme an utile snpplément
à toutes les Biugrapbies aoirerseIle& rexcellrot
jouroal «llemaad, /«« ComtemporaiitB { Zettftmos-^
4«M), eommem^ (à Ldpsif , cbes Brockhaas) en
18 16 et contiiiDé jusqu'à ce jour. /. H. S.
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BIO
(545)
BIO
Démocrite, le premier qui ait dit qu'en
certain pays il y a six mois de nuit et six
mois de jour; 2^ ub philosophe ou plu*
tôt un sophiste grec, d'origine scythe,
au(|uel Diogène de Laérte a consacré un
article; 3^ le poète bucolique, une des
gloires de la période alexandrine. On n'a
des traditions un peu précises que sur la
vie des deux derniers.
BiON, le poète bucolique, naquit au
village de Phlossa, près de Smyrne, en
lonie. Contemporain de Théocrite et de
Moschus, il ûorissait vers le milieu du
111*^ siècle avant J.-C, à une époque où
déjà la civilisation avancée, le luxe des
villes et leurs jouissances excessives
avaient mis en vogue la paix et le calme
des champs et Tinnocence de la vie pas-
torale. C'est Moschus, son disciple et
rhérilier de sa muse, qui nous a conser-
vé, dans une touchante idylle, intitulée
VEpitaphe de Blon , les seules circon-
stances de sa vie qui nous soient con-
nues. Nous y voyons qu'il était de la pa-
trie du prince des poètes : « Fleuve d'Io-
nie, ô Mélès, une nouvelle blessure est
faite à ton cœur. La mort te ravit autre-
fois Homère : pour un autre de tes fils
tes pleurs encore vont couler. » Nous y
apprenons aussi qu'il mourut avant Théo-
crite : n Philétas et Théocrite pleurent ta
mort, l'un sur les bords de THalente,
Taulre à Syracuse. » Ces regrets, ce deuil
qu'excita la mort de Bion attestent ses
talens; mais le crédit, les honneurs qu'ils
lui procurèrent, le rendirent une des
plus déplorables victimes de Tcnvie; il
mourut empoisonné. Le temps , non
moins jaloux que l'assassin de Bion, ne
nous a laissé de ses ouvrages que neuf
idylles et huit fragmens. Le mérite de
ces poésies est dans la délicatesse et la
grâce de la pensée, dans l'agrément et la
lucidité de l'expression. Moins simple,
moins naïf, moins passionné que Théo-
crite, il ne peut lui être comparé; mais
placé au-dessous d'un si grand poète , il
occupe encore, avec Moschus, son élève
et son émule, une des premières placrt
de la poésie antique. On a remarqué que
ces deux aimables poètes, unis pendant
leur vie, n'ont point été séparés après
leur mort. En effet, leurs œuvres, pour
ainsi dire fraternelles, ont toujours été
Encydop. d. G. d, M. Tome UL
publiées ensemble, d'abord à Brtigeft,ptr
Meckerch, 1665; ensuite pà^ H. £s-
tienne, 1566, etc. Les meilleures éditions
sont celles de Jacobs, 1795; de Manso,
1807; de Heindorf, 1810, 2 vol. à la
suite du Théocrite; de Schsefer, Leipz.,
1811, in-(ol. également avec le Théo-
crite; de M. Boissonade, Parb, 1822,
dans sa collection des poètes grecs.
Longepierre a traduit Bion et Moschus
en assez mauvais vers, mais il les a très
bien commentés. Moutonnet de Clair fons,
Paris, 1779, et Gail les ont traduits en
prose. F. D.
BIOT (Jsak-Baptiste), de l'Acadé-
mie des sciences, professeur d'astrono-
mie au collège de France et chevalier de
la Légion-d'Honneur. Né à Paris, en
1774, M. Bîot fut admis à l'école poly-
technique après avoir quitté l'artillerie
où il était entré à sa sortie du collège
Louis-le-Grand , après de brillantes étu-
des. Envoyé à Beauvais, comme profes-
seur à Técole centrale de cette ville, il en
revint, en 1800, pour occuper la chaire
de physique au collège de France, quoi-
qu'il n*eût encore que 26 ans. Ayant été
admis à l'Académie des sciences sous
rhonorable patronage de Laplace, il
empêcha, de concert avec Camus, l'Ins-
titut de voter sur l'élévation du général
Bonaparte au trône impérial. Cette dé-
cision basée sur ce que l'Institut n'était
point un corps politique, fut cassée le
lendemain par une décision contraire.
M. Biot fut de la première ascension aé-
rostatique de M. Gay-Lussac (i;o^.), et
nommé, en 1806, membre du Bureau
des longitudes, il accompagna M. Arago
{voy.) en Espagne, et ce fut lui qui fit à
rinstitut le rapport sur l'opération géo-
désique dont ce voyage était le but. On
croit assez généralement qu'en 1815 il
vota contre l'acte additionnel; ce vote
serait en rapport avec ses antécédens.
M. Biot a entrepris plusieurs voyages
scientifiques :'nous citerons celui aux Iles
Orcades où il fut secondé dans ses ob-
servations astronomiques par plusieurs
savans écossais qu'avait attirés sur ses
pas sa grande réputation. Une excursion
moins éloignée ne fut cependant pas
sans intérêt; elle eut lieu dans le dépar-
tement de l'Orne et dans le but de cons-
t5
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WP
( Si6 )
bui
fMMt la cètité de ptétre^ tombés de Tat-
molphèr^vox*. AÉHOLiTttt^s ). En géné-
rât on peut dire des travaux de M. Biot
qu'ils 4ont plus scientifiques que d'ap-
plication; cependant, dans dJs derniers
temps, il a fait une application ingé-
nieuse du phénomène de la polarisation
(vofA de la lumière (polofùation cif^a-
laine) comme moyen de distinguer dif-
férentes espèces de socni. C'est dans les
mémoires qu*il a lus à Tlnslitut sur ce
sujet (séances du 7 et du 14 janvier 1833)
que M. fiiot à fait jireuve d*une noble
impartialité en proclamant à plusieurs
reprises Texactilude des travaux et des
recherches de M. Raspail, à l'égard du-
quel l'Académie des sciences s'était lais-
sée aller à des préventions injustes. Nous
De saurions donner ki le titre de tous
les mémoires que M; Biot a publiés; elle
serait du reste incessamment incomplète,
car l'âge ne ralentit pas son activité, et
il vient encore de lire à l'Académie des
sciences (séance du 30 juin 1834) un
mémoire plein d'intérêt, de recherches
savantes et curieuses Sur (Quelques dé^
tertnlnalions d'tistrohomie ancienne,
étudiées comparativement chez les
Ji^fjiiens, les Chaldéenx et les Chi-
nois, C'est dans les Annafex de physi-
que et de chimie, dans les Mémoires
d'Arcucil, dans le Journal des saxHiris ,
dont il est un des directeurs, qu'on trou-
vera la plupart des nombreux mémoires
publiés par M. Biot, à la plume duquel
on doit aussi un assez ^rand nombre de
uoticea biographiijues dans la Biogra-
phie universelle et deuk ^*^nds Traités
de physique, qui ont l'inconvénient de
n'être pas assez élémenlâires. Ce repro-
che petit même s'adresseb à celui en 2
yoliimes; quoique l'auteur se Soit alta-
clié a le melthe, mieux que le premier (en
4 volumes), à la poKëéd'un {^lus^rand
nombre il'intelligeliccs. Al L-n.
BIPÈDE. Seloh Cuvîer, tm genre dé
reptiles, famille des saurletîs 6u lézarda,
trib:iJë& scincordleri^. Il se distihgue des
derniers lézards et des premiers serpens
parTcxislencededeux petites pattes pos-
térieures, ^ans lesquelles on confondrait
aisément les bipèdes avec les orvets; et,
d'autre part, s'ils étaient pourvus de
pattes akitérîéar^y dont le» irUdlmens
etî8t«nt ^ttà là peau^ on kt oo«fowli«ii
avec les seps.
Cuvier en décrit trois espèces, Ftme
de la Nouvellç-Hollande, l'autre du Gapi
et la troisième du Brésil.
Sur les BtvibEs en général, voy. Tirt.
Bimane. B. B;
BIRAGUE (Rxifi na), né à Milan,
où sa famille occupait un rang honora-
ble, avait été destiné au barreab; mais il
préféra le parti des armes et entra an ser-
vice de France. Il jouîl d'une grande fa-
veur sous Henri II, qui lui donna le gou-
vernement du Lyonnais et le nomma en-
suite conseiller au parlement de Paris.
Il ne larda pas à devenir un dos confi-
dens de Catherine de Médicis, et il fut,
sous Charles IX, l'un d^s auteurs, selon
quelques écrivains même, le principal
instigateur du massacre de la Saint-Bar-
thélémy (voy,), Garde-des-sceaux , en
1570, après que Charles IX lui eut donné
des lettres de naturalisation, il prit le ti-
tre de chancelier en 1578, lorsque L'Hô-
pital fut mort. Il partagea les folies et les
dévotes mascarades de Henri IH {voy,
Flacrllans). Comme tous les moyens
lui étaient bons pour conserver. sa fa-
veur, il flatta sans réserve les goâts dn
maître; c'est lui qui introduisit à la cour
la mode des petits chiens de Lyon et de
Malte. Birague, devenu veuf, se Gt prê-
tre, et fut fait évéque de Lavaur, puis
cardinal; il avait remis les sceaux wù.
comte de Chivemi. Insouciant et pro-
digue, il ne songea pas à se faire donner
de riches bénéfices, ce qui |>ourtant Idl
eût été facile. Dévoué sans réserve an
pouvoir royal, il ne ihontra pas adtaiiC
dé zèle pour les intérêts du Saint-SiégC.
Sa fortune, qui lui avait ]|>ermis de faire
réparer et de doter magnifiquement l'é-
glise Sainte-Catherine du Val-des-Écô-
liers, à Paris, et d'élever, non loin de là,
une fontaine monumentale, ne se soutint
pas. Il mourut en 1583, à l'âge de 73
ans. Dans les derniers temps de sa vie,
il répétait souvent qu'il était cardinal
sans tiliv, prêtre sans bénéfice, et chan^
cet ter sans chanceilert'e. Il ne laissa
qu'une fille qui vécut d'aumônes et mou-
rut pauvre. A. S-s.
BIRElf ou BtxaBN (EaKEST-JEAN),
plus connu sous le nom usurpé de Bt^
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SIR
(647)
BIR
ffon, naqpitt en 1690 en Conriânde où
ses pareas possédaient une terre. Son
exiratrion ne fut pas aussi obscure qu'on
s'est plu à le répéier, car son père avait
legradedecapitaine;et,sison jçrand -père
a été prcuiicr palefrenier du duc de Cour-
lande Jacques III, Il avait cependant dé-
jà obtenu le grade de lieutenant. Aussi,
quoiqu'on dise Manstein, l'éducation du
jeune Biren ne fut pas négligée : comme
la jeane noblesse de son pays, il alla étu-
dier à Puniversité de Kœnigsberg, et ce ne
fut pas la faute de sa naissance s'il n'attei-
gnit pas, dans ses éludes, à un degré plus
avancé.
Arrivé en 1714 à Saînt-Pétersboui-g,
il se flatta d'être compris, comme gen-
tilhomme, dans la maison qu'on formait
alors à la jeune fiancée du CIs aine de
Pierre-le-Grand ; ce projet manqua, mais
la protection de Bestoujef- Rumine, le
père, le fit recevoir en la même qualité à
la cour d'Anne-Ivanovna, alors duchesse
douairière de Courlande. La bonne mine
de Biren, ses manières insinuantes, et une
hardiesse qui n'était pas sans habileté,
lii! valurent les bonnes grâces de sa maî-
tresse qui le maria à une de ses dames
d'honneur appartenant à une bonne fa-
mille du pays, contre le gré des parens
de cette demoiselle. Biren crut ainsi
prendre place parmi la noblesse cour-
landaise et sollicita l'honneur d'être in-
scrit sur ses registres; mais ce corps féo-
dal, jaloux de ses prérogatives, repoussa
le petit- fils d'un palefrenier.
En 1730 des députés de la haute no-
blesse russe vinrent à Mitau, offrir à la
duchesse le trône de son pèi'e que la
jeune Elisabeth Pétrovna n'osait pas en-
core revendiquer; nous avons dit ailleurs
quelles conditions furent imposéesà Anne
(voy.) et de quelle manière elle les rem-
plit. L'élôignement de Biren était au
nombre des conditions. Anne souscrivit
à tout, et Biren n'accompagna pas la nou-
velle impératrice; mais, par son ordre,
il la suivit de près, et l'acte restrictif des
droits du trône n'était pas déchiré en-
core par la main de la princesse qu'on
connut à Moscou q»ie sou favori y était
arrivé. Après son courouficmenl, l'impé-
ratrice le nomma grand-chambellan , lui
donna dea terres considérables , et lui
conféra le cordon de Saint-André, ainsi
que le titre de comte de l'empire russe;
à ce titre l'empereur romain ajouta bien-
tôt celui de comte d'£mpire. Depiiis ce
moment jusqu'à la mort d'Anne, Biren
gouverna la Russie et sa souveraine, non
sans gloire, car il sut sesei*fir d'excellent
înstrumens, mais avec une dureté Inouïe.
Outre les infortunés princes Dolgorouki,
on nomme plusieurs milliers de ses vie-^
times. Anne elle-même, dit-on, ne put
pas toujours le fléchir et avilit quehfue*
fois son rang suprême jusqu'à le supplier
à genoux. L'élévation de Biren au trône
de Courlandepar l'élection ( 1 3 juin 1787)
de cette même noblesse qui jadis lui avait
refusé Vindioénat ne satisfit pas encore
son ambition : il nourrissait l'espérance
de marier la princesse de Me<*klenbourg,
nièce de l'impératrice, à l'ainé de ses fils,
et, s'il fit quelque bien au duché de Cour-
lande, il ne détourna pas pour cela un
instant son attention de l'empire russe
et ne quitta pas Moscou. Plusieurs con*
spiraiions tramées contre sa vie furent
découvertes et échouèrent. La haine pœ-
fonde que la plupart des grands de l'em-
pire lui avaient vouée ne l'empêcha pat
de se faire déclarer régent de la Russie
pendant la minorité d'Ivân Antonovitch,
dans le cas où l'impératrice mourrait
avant que ce jeune prince ne fût majeur.
Ce cas arriva le 28 oèl. 1740, et Biren
exigea aussitôt l'hommage dû à son tilre|
il se serait même emparé de la personne
de l'héritier sans l'opiniâtre résistance
des parens. Après avoir tout lait pour
conirarierjeuf union et leur élévation,
le régent crut devoir se rapprocher de
ceux-ci : il leur fit décefner là qualité
d'altesse impériale avant de se l'attri-
buer à lui-mêHie, et leur alloua une pen-
sion. Puis il ^égna en maître absolu an
nom d'un enfant qn'on le soupçonnai
même de vouloir déshéHier en faveur dé
.son filé qu'il aurait uni à k gràfide-pHn-
cesse Elisabeth.
Le feld maréchal Mumiich (tJOf.Ja^t
secondé le favori d'Anne juscfi^à le pous-
ser à la régence; mars, plus fid que lui et
voyant que ses services ne recevaient pas
la récompense qu'il en avait attendue, il le
trompa par des dehors de dévouement,
Undis qu'il travaillait à le renverser. La
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BIK ( 548 }
catastrophe eut lieu le 20 oov.
BJH
1740
(nouv. slyle): MuDoich proclama la prin-
cesse Anne grande-duchesse et régente,
fit surprendre et garrotter Biren dans son
lit par le colonel Manstein , et ordonna ^ b de Wartenberg en Silésie, était né à Mi-
ensuite qu'il fût transporté dans la for-
teresse de Schlûsselbourg avec son frère
cadet, Gustave Biren. Quoiqu'on ne prou-
Tàt pas le fait qu'on lui imputait, d'avoir
Toulu changer au profit de sa famille Tor-
dre de succession au trône, le duc de
Courlande fut condamné à mort, en mai
1 74 1 . La régente commua cette peine en
exil perpétuel, et il fut envoyé à Pelim,
600 verstes au-delà deTobobk,où Mun-
nich lui avait fait préparer une prison
bien palissadée. Ses biens furent confis-
qués, et il entraîna dans son infortune
presque tous les membres de sa famille.
Mais une nouvelle révolution du palais
arriva vers la fin de la même année : Eli-
sabeth, devenue impératrice, rappela fii-
ren de Sibérie et y envoya Munnich à sa
place. Les deux rivaux se rencontrèrent
à Kasan et se mesurèrent des yeux sans
pi*oférer une parole; mais leur regard
parlait pour eux. Ce genre d'éloquence
peut, suffire aux hommes ; les passions
des femmes leur permettent moins de s'y
JtK>rner : aussi la duchesse de Courlande
ne put-elle s'empêcher d'insulter la mal-
heureuse régente lorsqu'elle la rencontra
également sur son passage, allant en exil
avac son mari et son fils.
Elisabeth n'obéit pas à son premier
mouvement de clémence : Biren , au lieu
de revenir à Saint-Pétersbourg, reçut
l'ordre d'aller vivre à laroslavl. Deux
ducs furent successivement élus à ?a place
par les États de Courlande; mais sans pou-
voir se faire reconnaître. Enfin Pierre III
rappela Biren aussi bien que Munnich ,
et Catherine II lui rendit même son du-
ché. Le 20 janvier 17G8 Biren rentra à
Mitau, et, profilant des leçons du malheur
avec la même sagesse qu'il avait prouvée
en le supportant sans faiblesse, il régna
avec douceur et justice jusqu'à sa mort
arrivée le 28 déc. 1772. (FbiVBûsching
Ma^aùn^ t. IX, p. 383-414; Manstein;
SchmidtPhisetdeck3//{fer<Vi//>/i ze/rri/J^.
Gesch,y t II; Vie €ie£iron,en allemand,
2*^ édit., Brème, 1742; de Helbig Russ.
GûnsUinge,Tubin^. 1806). Il laissa deux
fils qui rtin et l'autre avaient partagé toa
sort.
Vaine, PiEBBB, qui lui succéda en qua-
lité de duc de Courlande et de seigneur
tau en 1742, et régna de 1769 à 1705.
Ce fut lui qui fonda en 1774 le Gymna^
sium illustre de Mitau. Mais son règne
fut orageux : une longue absence avait
laissé le pouvoir aux mains d'un conseil
qui, n'ayant pu faire approuver tous ses
actes par le duc, lutta contre lui, et finît
par le trahir en s'adressant à Catherine II,
déjà maîtresse de la Pologne. Celle-ci,
mécontente de Pierre qui s'était placé
sous la protection du roi de Prusse, prit
possession du duché dont la dépulation
des États lui avait offert la souverai-
neté ; il ne resta plus au duc qu'à sanc-
tionner cet arrangement, ce qu'il fit par
acte du 28 mars 1795. En revanche, l'im-
pératrice s'engagea à lui payer une pen-
sion de 100,000 écus d'Albert et lui
acheta pour la somme de 500,000 du-
cats ses domaines en Courlande. Depuis,
Pierre vécut alternativement à Berlin,
dans son duché de Sagan , et dans ses
terres de Wartenberg, de Nachod et de
Gellenau. C'est dans la dernière quSl
mourut en 1800.
Pierre s'était marié en 1 779, en troisiè-
mes noce9,avecAnneCharlotte-Dorothée,
fille d'un comte de Medem {voy. Coua-
lanob); un prince né de ce mariage est
mort en 1790, mais quatre filles qui en
sont également issues sont encore en vie.
Ce sont la comtesse de Schulenbourg,
duchesse de Sagan; la princesse régnante
deHohenzollern-Hechingen; la duchesse
Acerenza, et la duchesse de Dino, nièce
du prince de Talleyrand. Deux fils de
Chables- Ernest deBiren (1728-1801),
frère de Pierre, sont également morts,
et la ligne mâle des Biren est ainsi
éteinte. J. H. S.
BIRIBI (jeu de). C'est un jeu de ha-
sard qui a été long-temps en grande vo-
gue et qui se joue encore quelquefois à
Paris et dans d'autres villes. Il nous est
venu d'Italie, de même que le cavagnol ;
les Italiens le nomment biribisso; mais
d'abord il différait, quant aux chiffres,
du biribi que l'on joue actuellement. Voici
quelles sont les règles de ce jeu : il y a les
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BIR
(549)
BIR
pontes et le banquier. On place sur une
grande table un tableau divisé en soixante-
dix cases : dans chacune de ces cases on
distingue une figure et un nombre de<
ce qu'ils veulent sur chaque nombre. On
a un sac fermant à clef, dans lequel sont
enfermées 70 olives : dans chacune de
ces olives est un billet , peint sur vélin ,
qui porte une figure et un nombre cor^
respondant à Tun de ceux du tableau. Le
banquier alors fait sortir les olives une
à une , par le moyen d'un ressort qui se
trouve à la téle du sac. Si le billet qui
sort se trouve répondre à une case char-
gée, le banquier est obligé de payer 64
fois la mise qui s'y trouve. La couche ap-
partient toujours au banquier, en sorte
qu'il a un avantage de 7 sur 70. Le bi-
ribi est au cavagnol ce que le pharaon
est au lansquenet; car le pharaon et le
biribi sont avantageux au banquier , qui
tient constamment; mais au lansquenet
et au cavagnol, tous les joueurs ou pon-
tes sont banquiers à leur tour, lorsque
cela leur convient, c'est-à-dire tiennent
la main ou le sac qui renferme les bou-
les; le cavagnol est même d'une parfaite
égalité, et le banquier n'y a aucun avan-
tage.
Le biribi se joue quelquefois aux c6-
tés, c'est«-à-dire , au pair, de sorte que
le banquier ne donne que ce qui se trouve
sur la case: mais il a toujours pour lui
trois cases d'exception qui font perdre
le ponte, quoique son c6té arrive. On
jone encore le biribi à la raie droite , de
cette manière : On met ce que l'on veut
à la tête du tableau , où il ne se trouve
que sept chiffres dont un produit l'avan-
tage, au choix du ponte. L'on se sert de
jetons qui diffèrent ou par les couleurs,
ou par le dessin, ou par la forme, afin
qu'on puisse reconnaître ce qu'ils valent
et 'il qui ils appartiennent. F. R-d.
BlRRENFfiLDy petite principauté
allemande, montagneuse, boisée, arrosée
par la Nahe, et dont le chef-lieu porte
le même nom. Par acte du 9 juin 1815,
cette principauté fut cédée par la Prusse
au grand-duché d'Oldenbourg, dont il
est cependant séparé par d'autres pos-
sessions. Son étendue est d'environ 10
milles car. géogr. Une partie de cette
principauté ayant appartenu depuis 1 43Y
à la maison palatine du Rhin et à celle
de Deux-Ponts, elle forma un apanage
en faveur de la ligne palatine de Birken-
puis 1 jusqu'à 70 , et les pontes mettent ' ^ feld , issue de Charles (mort en 1600) ,
' ^ 6ls du comte palatin Wolfgang. C'est à
cette ligne qu'appartient le duo de Ba«
vière Birkenfeld , oncle du roi de Ba-
vière et père de M**^^ la princesse ée
Wagram. J. H. S.
BIRMAN (EMPreE), vaste état dans
la presqu'île orientale de l'Inde, trarer^
versé par l'Iraouaddy et ayant une sur*
face de plus de 40,000 lieues carrées ,
entre 6 et 37^ de latitude N. Au nord ,
il touche au Tibet et à la Chine, du côté
de l'est au Siam , qui en est séparé par
une chaîne de montagnes; à l'ouest il
est situé sur le golfe du Bengale, enfin
au sud il touche à la presqu'île de Ma-
lacca.
Le bassin de l'Iraouaddy est enfermé
^tre de longues chaînes de montagnes.
Outre ce fleuve, on ti*ouve le Loukiang
qui descend du Tibet, l'Aracan, le Tavay
et le Tenasserim qui tous se jettent dans
la mer des Indes. On connaît peu le nord
de cet empire, où habitent des tribus
sauvages dont on assure qu'ils sont d'une
taille inférieure à celle des Birmans,
qu'ils n'ont aucun culte, et que leurs
femmes gâtent leurs jolis traits par un
tatouage d'une couleur bleue; Le pays
birman a un sol fertile, surtout en ris;
les jonques chinoises en exportent une
grande quantité. On cultive l'indigo , le
coton, la soie. Dans les forêts il croit
beaucoup de bois tek, bon pour la con-
struction des navires. On tire des mines
l'or, l'argent, l'étain, le fer, presque
tous les métaux. L'empire birman four-
nit aussi des pierres précieuses, de l'am-
bre , du naphte. On se sert d'éléphans.
Il y a des singes, des tigres, des rhino-
céros. On évalue la population de l'em-
pire birman à 7 ou 8 millions d'ames. Le
peuple birman ressemble aux Chinois; sa
nourriture principale consiste en riz et
en poissons. Il est bien constitué; on vante
la beauté des Birmanes. Leur culte est le
bouddhisme , et ils croient à la métem-
psycose. Ils ont du goût pour les arts : la
ville de Pagahmore est remplie de mo-
numens d'architecture; on cite surtout
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sm
(«50)
Bin
le leinfle i^ Gandfpâ , qai dat« de plu-
iieai's siècletf cl que décorenl des ftciil|>-
tures el des taldcAiix à (resi|tie. Lrs iiir-
maiis oiil de8 s|H'iiaL'les fti'nililabltt à
ceux drs Clitiiob. On |>eriiiet aux hom-
me» d*éinigrer; mais les femmes ne le
peuYenU Cb sont elles qui font tous le^
travaux du ménage ; les boromes s*adon-
Dent au re |>os en niAchaot du bélel. £q
cas de misère , ils vendent leurs propres
filles. Ofi les dit a\ides, rusés et que-
relleurs. L empereur exerce un pouvoir
absolu, prélève la dîme de toutes les den-
rées, perçoit un droit sur rimporlaiion
des marchandises, et s'attribue le mono-
pole des marbres , du bois tek , ôes élé-
phans. Il choisit son successeur parmi ses
fils. Sa résidence est Oumerapour. L'em-
pire birman consiste dans les anciens
royaumes d'Ava, de Fégu et d'Aracan,
ainsi que dans diverses antres contrées
que les empereurs ont réunies successi-
vement sous leur sceptre.
Les Birmans ne régnaient d'abord que
sar le royaume de Péj^u ; au xvi^ siècle
ils subjuguèrent celui d'Ava et étendirent
leur empire jusqu'aux frontières de la
Cbine. En 1740 les iiNligèiiet de Pégu
secouèrent le joug et dominèrent à leur
tour; mais un Birman obscur, Alompra,
que la nature avait doué de grandes qua-
lités, ré><>lut de rendre à sa nation la su-
préipalie dont elle avait joui depuis quel'
ques siècles. Ayant battu les troupes pé-
guaties, il s^emiNira, en 1755, de la ville
d* A va, di prisonnier le roi, le jeta dans les
fers et monta sur son trône. Ce fut sous le
règne de son Irèra que la G>n»pagnie an-
glaise des Indes chercha d*établir des re-
lations commerciales plus intimes avec
l'empire birman dont elle s'était appro-
eliéc par les agrandissemenasiiecessils de
ses possessions. A cet effet elle envoya,
au commencement de ce siècle, à Ban-
gouD , le capitaine Hiram Cox , chargé,
à ce qo'on présume, de prendre en secret
tous les renaeig«emens propres à servir
les desseins ambitieux de la Compagnie.
Cox a publié une relation trop succincte
de sa mission : Foya((e tlu capitaine H.
Cox dans r empire des Birmans y tra-
duit de Tanglais avec des notes historié
ques sur cet empite^ |>ar Cliaaions d' Ar-
•^^ Buria, 1815. Ce frère, Meoderagee-
Prawe, monnu en 1819 et son
lui sucréda. Celui-ci soumit le royaume
d'A}>s:im , et eut, en 1823, des querelles
a^cc les Anglais au sujet des frontières
du sud-ouest. Une lie du fleuve Naaf|
appelée Chapouri, que les Birmans en-
levèrent aux Anglais, douna lieu a des
représailles de la paftde ceux-ci; Tannée
suivante.ils prirent sous leur protection
le rajah de Cachar, poursuivi par les
Birmans : ce fut le signal ou le prétexte
d*une guerre, à laquelle la Compagnie
s'était depuis long temps préparée. Les
Birmans ne la redoutaient pas» Ce peu-
ple a Tesprit belliqueux, il regarde le
service militaire comme l'occupation la
plus honorable, et tout sujet de l'empe-
reur y est astreint. A la tête des troupea
de la Compagnie, le général Arcbibald
Campbell débarqua, en mai 1834, dapa
l'empire birman: il éprouva une vive ré-
sistance de la part de l'armée de l'empe-
reur, et ce ne fut pas sans des pertes con-
sidérables que les Anglais s'emparèrent
des palissades dont les Birmans entou-
raient habilement toutes leurs positions.
I^ bataille de Prome détrubit enfin les
illusions des Birmans. Sur la route d'Ava
une armée de 40,A00 bomafies essaya
encore d'anéantir les troupes d'invasion;
mais une nouvelle défaite apprit aux Bir-
mans que leur empire allait finir. Au roo*
ment où les Anglais se disposaient à
entrer dans A va, l'empereur a'emprcasa
de demamler la paix. Il ne l'obtint , le 34
février 1826, qu'en cédant tes provinces
méridionalesaux Anglais et en leur payant
25 lacs de nnipres pour les frais de la
guerre. Ces conditions humiliantes ont
mis l'empereur birman dans la même
dépendance q«e les piînces de l'Inde à
l'égard de la Comfiagnie. L'histoire de la
guerre a été publiée par le major Snod-
grass, gendre du comasandant : Ntinth-
tive ofthe Buraexe war, Londres, 1^27;
et par un autre officier, M. Trant, Hvo
years in Ava^ Londres, 1827. L'em-
pire birman a perdu les provinces de
Yé, Tavaî, Martaban et Mergoi, avec
TArchipel de ce nom. Dana cette nou^
vclle conquête les Anglais ont fondé
une nomTlIe ville, celle d'Amberst-
lown, pour servir de résidence aux au-
torités publiques et de garoisoa à leurs
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(«")
«ft
tvoQiMt. SHvée auprès de la mer, elle de-
viendra probablement Irèspomiiier^'anle
Dans le Mar(aban il y a des ibrèude buis
t<*k, de bois sapan et d*au(res espèces. On
tisie, dans ce psys, des étoiles «le coton
et de soie; une tribu indépendante, celle
des&arians, habite les montagnes au nord
dii Martaban. Ces montagnards vendent
aux habUans di) bas pays de l'ivoire, du
cardamome et de la cire. La ville de Mar-
taban, ainsi que cellt^s de Tavaî et de
Mergul, sont toutes bien situées pour l«
commerce. Par l'Iraouaddy on peut
d-ailleurs oommjBrcer avec Tintérieur de
Fempire; aussi e^t-il probable que les
Anglais trouveront dans ce pays un dé-
bouehé important pour Jenrs marchan-
dises , et qu'ils en tireront par écliange
beaucoup de productions utiles. D-g.^
BIRMINCHAll, une des villes ma-
Bufaeturiéres les plus importantes de
FAnglelerre, est située dans le comté de
Warwick, k 109 milles anglais de Lon-
dres, sur le penchant d'une colline près de
la rivière Rea, au milieu d'un pays riche
en mines de fer et de charbon. 8ous le
règne d'Alfred-le-Grand c'était un petit
bourg qui, danslexii" siècle, avait d'px-
cellens tanneurs; mais ces tannenes ( il
n'en existait plus qu'une en 1 79S ) ont
fait place à une immense variété de fa-
briques, surtout en fer et en acier. En
166tt la peste fit de grands ravages à Bir-
mingham , qui , vers la fin dn xvii^ siècle,
ne comptait encore que 900 maisons et
6,000 habitans. On commença à y fabri-
quer des ustensiles de fer avant la révolu-
tion de 1688; mais c'est depuis cette épo-
queseulementqne l'activité industrielle de
cette ville s'est graduellement développée.
Jean Baskerville (voy.) y établit une célè-
bre imprimerie en 1766. La fabrique de
boutons, de boucles, de toutes sortes de
quincaiHeries et d'ouvrages vern4s d'un
beau lacque, qui lui est antérieure de
quelques années, fut singulièrement se-
condée par Boiilton , qui inventa l'art de
travaiHer l'acier ep mosaïque et , k son
décès, en 1746/ en transmit le secret,
ainsi qu'une fortune considérable , à son
§ls Matthieu Boulton. Celui-ci porta cet
art à sa perfection et forma des établis-
semens d'où sont sortis des ouvrages d'a-
eiar qui elfreot tout ice que l'^magiiiation
de riiQBnu peqt désirer. Ce fol à |nmi piis
dans ce m^me temps que la manufao- '
turc de vaisselle plaquée passa en gitajide
partie de Sheffield à Birniinghain. Mais
dest surtout depuis la fabrique de ma-
chines établie à Soho, en 1 7fi4, que l'iii-
dustrie de Birmingham a pris un essor
prodigieux. Matthieu BouUou entra en
société avec le créateur de cet établisse-
ment, James Watt de Glasgow, qui, en
1760, ^vait obtenu un brevet dUnventioD
pour les machines à vapeur. C'est k Soho
qu'ont été construits ces étonnans leviers
qui ont supplanta une partie de la main
d'œuvre et qui, en diminuant le coût de
la fabrication, pnt mis à la portée- des
plus humbles méaages plusieurs objets
d'utilité et d'agrément, anciennemool ré-
servés à l'opulence et dont |e prix est
devenu très modique. Mais ^esprit in-
ventif des fabricans de Birmingham a
continuellement devancé les besoins des
riches. Témoins ces tire -bouchons en
spirale qui opèrent sans secousse ; ces
machines à copier des lettres; ces plians
cachés dans une canne; ces parasols de
poche ; ces maixrhe pieds de carrosse
qui s'élancent au moment qu^'on ouvre
la portière; ces cravaches manies de
petits aiguillons, qu'on fait sortir, au
moyen d'un renfoi^, pour servir d'épe-
rons; ces béquilles qu'on peut allonger
ou raccourcir également au moyen d*un
i^essort ; ces coqleaux pour les manchots,
et mille jolis riens en fait de bijoux et de
joujoux d'enfans. Les lampes de table
en obélisques de bronze , surmontées
d'un dôme qui en réfléchit la lumière
sans donner de l'ombre, sont aussi une
invention nouvelle dont i« fabrication
à Birmingham ne date que de 18 ans.
Le monnayage y est aussi très remar-
quable : un seul moulin, établi en 1788,
fait travailler b^it machines qui , en
moins d'une heure, frappent SO nille
pièces de monnaie; les fol^ri^ues d'ar-
mes ne sont pas raolqs élonnantes. Des
marteaux énormes, mus par une machine
k vapeur de la force dé 120 chevaux,
battent les barres de fer a leur sortie de
la fournaise : en un instant elles sont
converties en cerceaux et roulées autour
d'une baguette de métal qui détermine le
calibre d^s fusils, pendant lesgi^errea de
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BIR
(55Î)
BIR
• la rérolatton de France, Birmiegham a
' fourni au gonverDement anglais 14,500
fuails par semaine; on conlinued*y fabri-
quer toutes sortes d*arnies à feu et des la-
mes de sabres pour des puissances étraa-
gèrea. Des barreaux de fer au-delà d*un
pouce en grosseur sont découpés par de
fortes tenailles tranchantes, comme sic*é-
tait du papier. On taille 12,000 épingles
en pointe en une heure,etron fait 50,000
têtes d'épingle dans le même espace de
temps. Le cuivre aussi s'amincit sous le
cylindre d'une machine a yapeur, comme
la pâte sous la brie du pâtissier, et donne
ces feuilles de cuivre dont on revêt les
vaisseaux de guerre. Il parait cependant
que l'activité des usines a décliné depuis
1825 à l'égard du cuivre.
Birmingham a l'avantage de plusieurs
canaux qui y portent le minerai de fer,
le charbon et d'autres objets de consom-
mation, et en transportent les marchan-
dises aux ports de Liverpool et de Hull,
d'où elles passent à toutes les parties du
globe.
On peut juger du profprès de la pros-
périté inJustrielle de Birmingham par
l'accroissement de sa population. £n
1801, cette ville comptait 73,670 habi-
tans; 20 ans après elle en avait 85,416,
et en 1831 elle en compta 118,914. Jus-
qu'à cette même année, Birmingham n'a-
vait pas eu de députés dans la chambre
des Communes ; mais depuis la réforma-
tion du Parlement, cette ville y envoie
deux représentans. Les communes adja-
centes d'£dgbaston , de Bordsley , De-
riteod et Poddeston avec Nechells, par-
ticipent au droit d'élection , ce qui fait
monter le nombre des habitans de la ville
et de la banlieue ensemble, à 142,251 ,
et cekii des électeurs dûment enregistrés
à 4,309. D. B.
BIRON, nom appartenant à l'an-
cienne et illustre famille française de
Goniauif qui a fourni des hommes re-
marquables sous plus d'un rapport.
BiAON [Armaml de Gortaut, baron
bb), né vers 1524, fut élevé parmi les
pages de Marguerite, reine de Navarre.
Il se distingua dans les guerres du Pié-
mont et fut fait gentilhomme de la cham-
bre du roi. Il penchait secrètement pour
les huguenots, et cependant il prit parti
contre em , Idra des guerres de rdigioQ ;
il figura aux journées de Dreux ( 1562 ),
de Saint-Denis ( 1567) et de Moncon-
tour ( 1 569 ). C'est à cette dernière épo-
que qu'il fut nommé grand-maître de
l'artillerie. Il fut, avec De Me^me , né-
gociateur, pour la c«ur,de la paix de
Saint> Germain (1570) qui fut appelée
boueuse et miU-assise, parce que Biron
était boiteux, et que De Mesme était
seigneur de Malassise. Dans la nuit de
la Saint- Barthélémy , il se renferma
dans l'arsenal , d'où il repoussa les assas-
sins. Lorsqu'il fut envoyé par Charles IX
à La Rochelle pour y commander, les
habitans refusèrent de le recevoir ; il fit
vainement le siège de la ville, et alla
guerroyer avec plus de bonheur en
Guienne. Henri III le rappela de cette
province en 1 580 et le décora de l'or-
dre du Saint-Esprit ; il avait été fait ma-
réchal de France en 1577. Il donna d'in-
utiles conseils au duc d'Alençun qu'il
suivit dans les Pays-Bas en 1583. Trois
ans après, il essaya, sans y réussir, d'em-
pêcher la journée des barricades (vo/.). A
la mort de Henri III, il fut un des pre-
miers à reconnaître Henri IV , et lui ren-
dit un grand service en retenant les Suis-
ses dans son armée. A la journée d'Ar-
qués, au premier siège de Paris (1589),
à la bataille d'Ivri (1590), il se distingua
par la valeur et les talens que tant de
fois déjà il avait déployés. Il eut la tête
emportée d'un coup de canon au siège
d'Épernay, en 1592, à l'âge de 68 ans.
Aux qualités du guerrier il joignait
quelques connaissances littéraires. Il
portait toujours avec lui des tablettes où
il notait tout ce qu'il voyait ou entendait
de remarquable. Elles étaient passées ea
proverbe et quelquefois même le fou du
roi jurait par elles. Le maréchal de Bi-
ron fut le parrain du cardinal de Biche-
lieu.
Son fils, Bnioir (Charles de GoirrAUTy
duc de), né en 1562, se fit de bonne
heure remarquer par une entière indif-
férence pour Tune et l'autre des reli-
gions qui causaient alors des guerres si
cruelles. Il montra dès sa jeunesse un
goût décidé pour les armes, et fut obligé
de s'éloigner quelque temps de la cour à.
la suite d'un duel qui eut beaucoup d'^
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BIH
dat Attaobé à Henri IV dès raTéntment
de ce prince, il devint son ami et son
favori et obtint un avancement très ra-
pide, qu'il justifia dans tous les combats
auxquels il assista, par ses talens et son
intrépidités 11 était colonel des Suisses
dès Tage de 14 ans; il fut bientôt maré-
chal-de-camp , puis lieutenant-général.
£n 1592, après la mort de son père, le
roi lui donna le titre d*amiral de France.
Biron était d*un caractère bouillant ,
d'une activité effrénée, brillant à la cour
et sur les champs de bataille, prodigue,
magnifique, sans aucun principe de mo-
rale, vain, léger, opiniâtre, présomp-
tueui, n'épargnant pas même dans ses
propos Henri lY, qui, en 1594, lui
donna le titre de maréchal de France en
échange de celui d'amiral qu'il rendit à
Villars. En 1596, il fut nommé gouver-
neur de Bourgogne; Henri lui sauva la
vie au combat de Fontaine-Française, et,
en 1598, après la reprise d'Amiens, le
fit duc et pair. « Messieurs, dit le roi
aux députés du parlement qui étaient ve-
nus le complimenter, voilà le maréchal
de Biron , que je présente avec un égal
succès à mes amis et à mes ennemis. »
Mais Biron avait toujours besoin d'ar-
gent; il s'irritait de ce que le roi n'épui-
sait point pour lui ses trésors. Il devait
bientôt passer du mécontentement au
crime. Beauvais la Nocle, sieur de La-
fin, agent secret des £spagnols, qui,
malgré la paix de Yervios, cherchaient
toujours à exciter des troubles en Fran-
^^y S^na Biron, et celui-ci, dans une
mission dont il fut chargé par le roi à
Bruxelles, promit de se joindre aux re-
belles que l'Espagne parviendrait à sou-
lever en France. En 1599, lors du voya-
ge du duc de Savoie en France, Biron
fit un traité formel , contre Henri son
bienfaiteur, avec ce prince et avec Foen-
tès, gouverneur de Milan. Quoique, dans
la guerre de 1601 , il combattit franche-
ment le duc de Savoie, ses intrigues ne
purent rester cachées au roi, qui eut
avec lui uue explication dans le cloître
des cordeliers de Lyon. Biron fit des
aveux , et Henri lui pardonna. Mais le
maréchal continua ses menées: le roi l'a-
vertit encore une fois et l'envoya comme
ambassadeur à Londres auprès d'Élisa-
( 553 ) BIS
beth. A son retour, des preuves non
équivoques de sa trahison furent décou-
vertes; Henri IV le fit venir à Fontaine-
bleau et essaya inutilement de l'amener
an repentir. Biron fut arrêté au milieu
de la nuit, en sortant de la chambre du
roi, conduit à la Bastille, jugé et con-
damné à être décapité; cette sentence
fut exécutée dans l'intérieur de la Bas-
tille, le SI juillet 1602. Le maréchal de
Biron était âgé de 40 ans. (Pour plus de
détails sur ce qui le concerne, nous ren-
voyons aux divers historiens de France,
et surtout à M. de Lacretelle, Histoire
des guerres de religion.)
Le petit-neveu de ce maréchal de Bi-
ron, CHAaLBS-AaMAifD, né en 1663,
mort en 1756, fut maréchal de France,
ainsi que le fils de celui-ci, Loul9~Jn~
toine, né en 1701 , mort en 1788. Aa-
M AND - Louis DE GoHTAUT ( duc de
Biron), né en 1747, neveu de Louis-An-
toine, fut connu jusqu'à la mort de son
oncle, dont il fut l'héritier, sous le nom
de duc de Lauzun (voy,),
Voy, sur la famille des Biron, V His-
toire générale du P. Anselme, t. VII, p.
296 et suiv. Quelques autres détails se-
ront placés à l'art. Gontaut. A. S-a.
BISCAYE, vof. Basques (provin-
ces).
BISCAYE (MEa ou baie de), partie
du grand golfe de Gascogne, n'est qu'une
sons-division de la mer qui baigne toute
hi côte septentrionale de la péninsule
hispanique. On circonscrit le nom de
baie de Biscaye à la partie qui longe la
côte de la Biscaye propre. Cette côte, en
général , est rude et sauvage , mais peu
dentelée; la mer n'a point d*iles impor-
tantes. Le meilleur port est Santander.
La mer de Biscaye nourrit des sardines
excellentes, et, comme si la nature se
plaisait à semer partout des contrastes ,
c'est dans cette mer que s'est opérée
pour la première fois la grande pèche
des baleines. Mais aujourd'hui, décimé
par l'activité d'une chasse destructive,
cet énorme cétacé a pris pour refuge les
régions polaires, malgré l'exquise saveur
des sardines qu'il consommait par mil-
liers. Val. p.
BISCAYEN y adjectif devenu sub-
stantif; on nppclail mousquet biscajcn
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3»
(6&é)
BIS
PD fntil de rempart* Âiijoar4*}iQl on en*
teiui, sous le mol de blycayen, un petit
boulet de icv ou balle de fer batlu, de
divei*s calibres, dont on cliarjçe les ca-
nons pour lancer ces projectiles à U dis-
UDce de 400 à 600 mètres.
On range les biscayeos exactement
par couches dans les boites à cartouches:
on met an fond des bottes un culot de fer
battu qui donne beaucoup de portée aux
biscayens, parce qu*il leur communique
toute Taction de la charge, qui> sans cela,
s'échapperait à travers les balles et les
ferait écarter davantage. C-tk.
AISCUIT, espèce de pain, sec, cas-
sant, te ramollissant et s*enflant à Peau,
c}ne l'on donne aux marins pendant les
navigations. Son nom semble dire que
ce pain est deux fois cuit (bis coetut) :
il n'en est rien. Le bbcuil est cuit deux
fois plus long«temp5 que le pain ordi-
naire et voilà tout. Cette longue cuisson
M pour but de faire rendre au biscuit
toutes les parties aqueuses qu'il lient de
la fabricatitm. La farine avec laquelle
on feit le biscuit est épurée à 3t> pour
JOO, c'e^t-à-dire que 100 livres de fro-
ment sortant de dessous la meule du
mouHn perdent au blutage 36 livres de
son et de farine grise. Le levain de bierre
ne s'emploie jamais dans la fabrication
•lu biscuit; on lui préfère le levain de
pâte, et l'on a soin de choisir uu vieux
levain. Sa pâte est plus travaillée que
celle du ))ain ordinaire; on lui donne
plusieurs fa^ns. C'est une opération fort
pénible que celle du pétrissagedu biscuit:
on y employait autrefois les pieds, après
les mains. Quand le biscuit sorti du four
est bien refroidi, on le met dans des
soutes, soigneusement tenues à l'abri de
toute humidité et généralement construi*
tes près des fours; là ii ressuie, c'est-à-
dire qu'il perd tout ce qu'après la cuisson
il peut avoir conservé de principe aqueux.
U reste généralement six semaines dans
la soute, après il peut être embarqué.
Après un an de caroiiagne, le biscuit doit
être encore bon à manger. A bord des
navires on l'enferme dan:» des magasins
on soutes, mises autant que possible à
l'abri de Thuiiiidité. Le biscuit ne reçoit
point de sel , parce que le sel lui donne
raît une disposition fâcheuse à attirer
rair Mmi^ fl se oonl«etioMie cb gilet'-
les rondes ou carrées d'environ quinze
lignes d'épaisseur , et de boit pouces
de largeur. Chaque homm^ consomme
par jour 18 onces de biscuit, autant
qu'on le peut à la mer; on alterne cette
ration avec celle de pain frais qu'on fa-
brique quand le temps et la provision
d'eau le permettent Entre les ports de
commerce, celui qui, pour le biscuit
des officiers, a le plus de réputation,
c'est Honfleur. Son biscuit est excellent,
alTriolant le goût par les yeux. Quand il
est tout nouveau, c'est un vrai fé^L Le
célèbre Parmentier essaya de faire du
bbcuit de pomme 4e terre, U réussit par-
faitement; ce serait une bonne ressonrce
si le froment venait à manquer, quand la
récolte des pommes de terre serait abon-
dante. On n'a jamais été oontratot d'y
avoir recours, depuis 1781 que le biscuit
de Parmentier a été soumis aux épreuves
d'une longue campagne. A. J-l.
mSE, voj. VEirrs.
BISEAUTÉES (cAaTSs), nom dé-
rivé de biseau y terme d'architecture et
de pratique : tailler en biseau c'est cou-
per en talus ou former un angle. Plusieurs
procès « dans lesqueb des noms célèbres
ont été compromis , ont fait parler dana
la bonne com|iagfiiedes cartes biseaptéea
et des autres moyens par lesquels des
joueurs peu délicats r^larisent à leur
profit les chances Incertaines du hasard.
Pour avoir à propos des rois à l'écarté ou
des brelans à la bouillotte, il faut savoir
où sont les cartes, afin de les prendre et de
ne pas les laisser à l'adversaire. Pour cela
les filous bisautenl le jeu , c'est-à-dire
qu'ils retranchent de chaque c^é de la
carte une bandelette aiguë , un triangle
extrêmement allongé, de façon que la
base soit en bas d'un côté et en haot de
l'autre : on laisse d'ailleurs dans son en-
tier le reste du jeu. Cette supercherie ,
usitée par les escamoteurs qui font des
tours de cartes, permet de sentir dans le
jeu des inégalité , indicatives pour edui
qui est prévenu et trop légère pour
rhomme de bonne foi. Si l'on ajoute à
cela le saut de ta coupe et les autres tours
du métier, le bonheur est invariablement,
fixé , et le joueur ne perd que quand U
veut et pour piquer au jeu sa dupe.
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p»
(iss)
BIS
M»is les cartes Uaesntées 9ûQt facile-
meol recoonues^n cas de soupçon, cl de
plua il faut pouvoir les siibsliluer à celles
qui sont sur la lable ; aussi les escrocs du
grand monde 9i\9\enKAh trouvé une au-
tre ressource pçur gagner constamment.
Sans avoir besoin de préparer le jeu ^ ils
nelèvent les cartes la face en Tair et là 9
en un tour de main et sans avoir Tair d*y
faire atleoUcii» ils disposent les couleurs
de manière à ce que tous ks atous se
trouyen( dans leurs mains ou dans le
talon.
La connaissance de ces faits a eu IV
Tantagc de modérer un peu la passion du
jeu (|uf avait epvahi la société, et d'appe-
ler Vatt^ntioD sur certaines gens qu'on
voyait jopier avec un bonheur non inier-
romptu F. R.
BI^WOPycLu mot hishop, évéque.
Celte boisson , digue , disait-on , d'être
présentée aux princes de Téglise anglî-
/cane, est uoe espèce «le punch composé
de viu rouge qu'on fait bouillir avec
4e r^corce d'orange et auquel on ajoute
du sucre et du jus d'oranges douces. On
le prépare eztemporanémeot avec une
^meill^ de vin roiige , deuiL onces de si-
rop /d'oranges <hi de limons, et une once
4e teinture d'écorces d'oranges*
CeUe boisson est M^n copinue eu An-
gleterre , en Hollapde et en Allemagne ;
dans ce dernier pays on en fait d'autres
appelées cardinal et paf^, • F. R.
9IHJIIUT0. Le bismuth est un métal
qui a été pendant long**temps connu sous
le nopi à'cêéiinflp giff^e, nom qui indi-
que l'usage auquel on l'employait autre-
fois. Qn lui préfère aujourd'hui l'amal-
gaoAe d'étain.
Le bUmuth comp^ parmi le petit nom-
bre de substances métMliqnes que l'on
rencontre dans la oiaiu*e à l'état natif.
La Saxe, la Bohême, nous en présentent
des gisemeqs. Il renferme presque tou*
joiura un pe» d'argent. On le trouve aussi
ooDpbiiyé avec |e soufre et plus laremeot
^vec l'oxigène.
Ce métal entre si facilement en fusion
qu'on se contentait autrefois, pour le sé-
parer de sa gangue, de renferma* le mi-
serai dans un arbre creusé à l'intérieur
et de le mélanger avec des morceaux de
t>ois auxquels on mettaîi le feu. Pendant
la combustion le métal coWnît dans .une
fosse pratiquée pour le recevoir. Aujour-
d'hui on iem|)lnc« cet appareil grossier
par des tuyaux en fonte que l'on cliauffe
convenablement et dont l'extrémité com-
muni(juc avec un réservoir également en
fonte. On a aussi recours aux fourneaux
à réverbère. Les creusets que l'on y intro-
duit sont percés à leur lond, et le métal
qui en découle se rend dans un bassin de
réception disposé convenablement.
Le bismutb se rapproche de Tanti-
moine par son éclat; mais îl en diffère
par sa teinte rosée et non bleuâtre. Sa
pesanteur spécifique est de 9,8; il fond à
247^ et peut être coulé dans des cornets
de papier sai^s les brûler. Si en le laisse
refroidir dans un creuset, qu'en perce
la pellicule qui recouvre la surface au
moment où elle vient de se figer , et que
l'on décante le métal encore liquide , on
trouve une multitude de cristaux cubi-
ques, qui deviennent irisés au contact de
l'air, et qui ressemblent, pour la forme,
à ceux qui prennent naissance au milieu
d'une dissolution concentrée de sel mar
rln.
Les alliages de plomb, de bismuth et
d'étain , sont très fusibles. Le plus re-
marquable est celui de d'Arcet, qui fond
avant la température de l'eau bouillante.
On se sert de ces alliages pour laire des
soupapes de sûreté pour les machines à
vapeur.
Les sels de bismuth sont ordinaire-
ment précipités par l'eau. Unaous-sel in-
soluble se forme et un sd acide reste
dans la liqueur. C'est ainsi que l'on pré-
pare le sous^nitrate {le bismuth ou blanc
de Jard, Il présente l'inconvénient de
noircir dans une atmosphère mêlée d'hy-
drogène sulfuré.
Le bismuth n'a pas d'autres emplois ;
aussi, quoiqu'il soit assez rare dans la
nature, son prix est- il peu élevé.
On reconnaît ce métal à ce qnt ses
dissolutions dans les acides précipitent
en blanc par les alcalis et les carbonates
alcalins, en noir par l'hydrogène sulfuré.
En Induisant son oxide par le charbon,
on le distingue du plomb paroe qu'il
est cassant, et de l'antimoine parce qu'il
se dissout facilement dans l'acide nitri-
que, p. A.
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BIS
(AS6)
BIS
BISON, quadrupède maiiiiiiiCer« du
genre bœuf (voj). Souvent on a confon-
du sous ce nom deux espèces distinguées
par les naturalistes modernes. L*une,
nommée quelquefois bison de Lithuanie,
est maintenant décrite sous celui d*â</-
rocks {voy. Boeuf); Tantre, désignée
soua le nom Aebisond* Amérique^ retient
aujourd'hui le nom de bison.
D'une taille intermédiaire entre le
bœuf et l'aurochs qui est le plus grand
quadrupède de TEurope, le bison, qui
habite en troupeaux nombreux les prai-
ries humides de l'Amérique septentrio-
nale, se fait remarquer par la crinière
épaisse, laineuse et touffue dont son cou
est garni. Une bosse graisseuse, d'une di-
mension variable selon les individus, s'é-
lève sur ses épaules et contribue à ren-
dre son train de devant singulièrement
plus développé que celui de derrière, qui
est efflanqué et revêtu d'un poil court,
surtout pendant la saison chaude, car il
paraît qu'en hiver il devient plus long.
Il est généralement d'une couleur rouille
foncée , surtout à La crinière où il est
presque noir. Son menton est bizarre-
ment décoré d'une barbe assez longue.
Les cornes du bison sont très distantes
à leur base; elles sont courtes, arrondies,
noires et susceptibles d'un très beau po-
li. Sa queue, peu longue, se termine par
un bouquet de poil.
Le bison, naturellement farouche,
s'apprivoise aisément s'il est pris jeune.
Aussi, comme sa force surpasse celle du
bœuf, y aurait-il avantage à chercher à
l'acclimater en Europe ou à l'utiliser au
moins par le croisement avec nos tau-
reaux ou nos vaches, qui s'opère aisé-
ment et produit des métis féconds. Dans
son état sauvage actuel, le bison est chassé
pour sa peau qui donne un bon cuir; sa
langue et sa bo«se sont un manger déli-
cat. B. B.
BISQUE. Dans l'art culinaire on
nomme ainsi , de bis coctus ( deux fois
cuit ), une espèce de purée dans laquelle
il entre des coulis d'écrevisse et du riz,
et qui se sert en guise de potage au com-
mencement d'un repas. Il y en a de gras
et de maigres; quelquefois on remplace
les écrevisses par une purée de gibier.
La bisque à la reine se fait avec d^
jeunes poulets dont on pile le blanc avec
du riz. C'est un mets fort recherché et
qui demande de grands soins de la part
du cuisinier; il ne peut être bon qu'au-
tant qu'il a été parfaitement réduit au
feu. La bisque est essentiellement nutri-
tive et restaurante; ce n'est pas un ragoût
de prolétaire : on le voit par ces vers en.
Lutrin :
Qa*est derena ce teût dont U eoaleiir fleurie
Semblait d'ortoUiu moU et de bisqoe noorrie.
D. A. D.
BISSEXTILE y voy. AN!rtE(2"»*
art. tom. I, pag. 788).
BISSON (Henki) naquit à Gaéméné
(Morbihan) en 1796, acheva, en 18 15,
à Técole de Brest, ses études prépara-
toires, et, après avoir parcouru en qua-
lité d'élève de première classe les mers
de l'Inde et visité les côtes d'Afrique et
d'Asie, il obtint, en 1830, le brevet d'en-
seigne de vaisseau.
Son histoire est celle d'un jour; on
ne connaît de lui que le dévouement hé-
roïque qui a appris en même temps à la
France et son existence et sa mort. Vers
la fin de la lutte des Grecs contre la Tur-
quie, en 1827, les mers du Levant étaient
infectées de pirates tolérés par le non*
veau gouvernement établi à Égîne, et
qui, certains de l'impunité, rançonnaient
les vaisseaux de toutes les nations, amies
ou ennemies. Les amiraux français et an*
glais adressèrent vainement d'énergiques
représentations au gouvernement de la
Grèce : elles furent accueillies, mais sans
produire d'effet Alors ils résolurent de
donner eux-mêmes la chasse aux for-
bans. C'est à la suite d'une expédition
de ce genre que la corvette française la
Lamproie conduisit à Alexandrie le
brick grec le Panayotij qu'elle avait
pris sur les c6tea de Syrie, et qui portait
66 hommes d'équipage. Là, les prison-
niers furent mis à bord de la frégate ia
Magicienne qui partait pour Smyrne, et
qui fit voile avec la prise grecque, sur la-
quelle fut envoyé l'enseigne Bisaon avec
1 5 hommes d'équipage et 6 Grecs qui y
avaient été laissés ; mais un coup de vent
sépara les deux bâtimens dans la nuit du
4 novembre 1827, et le Panayoti fut
forcé de relâcher à l'Ile de Stampalie.
Deux des prisonniers confiés a Bisson
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BIS
éuiept parvenus à s'échapper , et cette
circoDStance lui avait lait concevoir quel-
ques craintes; aussi avait-il pris d'avance
ses mesures , dans l'attente d'un événe-
ment qui, en effet, ne tarda pas à se
présenter: « Camarade, avait-il dit au
pilote TaiMEiiTiif , jurons que celui des
deux qui survivra à l'autre mettra le
feu aux poudres plutôt que d'abandon-
ner le dépôt sacré qui nous a été confié.»
Et le serment avait été prononcé. Mais
laissons parler le ministre de la marine
qui vint quelques mois après demander
à la tribune le prix de cette belle action;
« A 10 heures du soir, deux grands mis-
ticks attaquent avec furie le brick : il est
abordé par l'avant; 15 hommes luttent
avecuneadmirable intrépidité contrel 30;
le nombre seul peut l'emporter; 9 Fran-
çais tombent; le pont est envahi ; Bisson,
blessé, couvert de sang, s'échappe de la
mêlée ; il n'a que le temps de dire à ses
amis: Sauvez-vous Jetez-vous à la mer!
Puis, se tournant vers Trémentin, il ajou-
te : Adieuy pilote^ voilà le moment d'en
finirl Aussitôt Bisson se précipite dans
la chambre, oà d'avance il a tout disposé;
il prend la mèche, il met le feu aux pou-
dres : le navire saute, le sacrifice de l'hon-
neur et du patriotisme est consommé, un
noble cœur a cessé de batlre,et la France
compte un héros de plus. » C'est à la
suite du rapport que nous venons de ci-
ter qu'une loi, votée par les deux Cham-
bres, donna 1,500 fr. de pension à la
sœur de Bisson , à titre de récompense
nationale. Le roi ordonna, en outre , l'é-
rection à Lorient d'un monument des-
tiné à perpétuer le souvenir de son action
héroïque. Le pilote Trémentin, qui avait
eu assez de bonheur pour gagner je ri-
vage, ainsi que quatre matelots français,
reçut La croix de la Légion - d'Hon-
neur et le grade d'enseigne de vais-
seau, et ses compagnons ne furent pas
oubliés. D. A. D.
BISTOURI, nom par lequel on dé-
signe un petit couteau à l'usage des chi-
rurgiens. On le fait dériver de Pistori
[pistoriensis gladius)^ nom d'une ville
ou était une fabrique estimée de ces ins-
truroens. La forme des bistouris est varia-
ble suivant l'usage auquel on les destine,
e( l'on a même étendu cette dénomination
( 567 ) BIS ' .
à des instrumens compliqués et qui s'é- ,
loigiient beaucoup de celle du simple bis-
touri. Une lame montée à charnière sur
un manche tantôt semblable à celui des
rasoirs, tantôt garni, à la façon des cou-
teaux de poche, d'une pièce destinée à
rendre le tout Rxe^ tel est le couteau
chirurgical; et cette lame peut être ai-
guë et droite, ou bien courte, et tran-
chante sur sa convexité ou sa concavité.
On en voit de carrées,et quelques-unes ont
un double tranchant, tandis que d'autres
ne coupent que dans une petite partie
de leur étendue. D'autres, enfin, desti-
nées à agir sur des parties profondément
situées, sont terminées par un bouton
mousse. On appelle bistouri caché une
lame renfermée entre deux chas, et qui,
pressée par un ressort, fait une saillie
d'une longueur déterminée , et rentre
après dans sa retraite.
Lesbistouris sont faits d'acier trempé,
et doivent avoir un tranchant très fin pour
épargner autant que possible aux mala-
des les douleurs que produit un instru-
ment mal acéré. Ils ont besoin d'être te-
nus avec une extrême propreté pour ne
pas devenir le véhicule de maladies con-
tagieuses.
De tous les instrumens de chirurgie,
le bistouri est peut-être le plus usité; il
est à peine nécessaire de dire qu'il sert
à diviser les parties molles. Il peut suf-
fire pour pratiquer un grand nombre
d'opérations; quelques maîtres de l'art
le préfèrent à beaucoup d'appareils plus
compliqués, et la dextérité et la certi-
tude avec lesquelles ils le manient font
pencher vers leur opinion. F. R.
BISTOURNAGE, voy. Casteation.
BISTRE. Le bistre est cette couleur
brune et un peu jaunâtre, formée de suîe
détrempée, ou tirée seulement des égout-
tures des tuyaux de poêles, dont les ar-
tistes se servent pour dessiner et laver
sur le papier. On fait avec le tabac une
couleur à peu près semblable au bistre,
et qui a sur lui quelques avantages.
Quelquefois on s'est servi pour le même
objet du jus de réglisse noir. Les pein-
tres anciens ont fréquemment employé
le bistre pour exprimer les premiè-
res pensées de leurs tableaux; aussi la
gravure s'est-elle appliquée , et avec suc-
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BIT
(&58)
Bit
cèiy à reproduire leurs dessins ainsi co-
loréi. L. C. S.
BITAUBÉ (PAUL-JÉHéMiE), né en
17S2, à Kœniçïsberg, en Pi*u>se, appar-
tenait à Tune de ces t'amilles |in>l*^laiiles
que rintotérance de Louis X.1V obligea
de quitter leur patrie ; mais , toujours
Français par le cœur et les afTections,
ce fut dans notre langue que Bitaubé
publia ses premiers essais; c*est en
France qu^il vînt fixer son séjour, dès
qu*il lui fut possible d'exécuter ce projet
Une traduction libre de Tlliade, pu-
bliée à Berlin en 17G2, attira sur le
jeune auteur les regards de Frédéric.
Voulant en même temps récompenser
son talent et Taltacher à la Prusse, ce
roi littérateur le nomma membre de son
académie , et ajouta une pension au trai-
tement attaché à cette place. Bitaubé
sollicita une faveur plus précieuse encore
pour lui, et Frédéric lui permit d'aller
passer plusieurs années à Paris , afin d'y
perfectionner son ouvrage.
II y fil paraître, en 1764, sa traduc-
tion complète de l'Iliade, et le succès
qu'elle obtint ne l'empêcha pas d*y ap-
porter encore pendant plusieurs années
d'utiles améliorations que firent con-
naître des éditions successives. Ce fut
seulement en 1785 qu'il y joignit la tra-
duction de rOdyssée , à laquelle il avait
aussi consacré beaucoup de temps et de
soins. Homère, dont on n'avait encore
en français que la traduction deM^'^'Da-
cier, eut enfin un interprèle un peu plus
digne de lui.
Dès ses plus tendres années Bitaubé
avait partagé son admiration entre les
beautés de la Bible et celles d'Homère;
l'épisode SI ioiichaini de Jôsep/t lui ins-
pira un poème en prose qui ne fut pas
moins bien accueilli que ses traductions
et qui eut des éditions nombreuses.
La résolution de 89 vint rendre à Bi-
taubé ses droits de cité. Il redevint Fran-
çais avec bonheur, en voyailt la nation
qui le rappelait dans son sein proclamer
en même temps des principes de tolé-
rance, de sage liberté, de respect aux lois,
qui depuis lon«;-temps étaient les siens.
Son poème GulUauine de Nassau ou les
BaUives, peinture énergique et animée
de rélaa patriotique qui affranchit la
Hollande, fut won tribut au nonrel ordre
de choses ; mais bientôt les orages politi-
ques,des passions révolutionnaires mena-
cèrent les jours de Bitaubé, comme ceux
de tant d'autres hommes venuen t. Ami de
Brissot et de Roland, comme fl Tàvait été
autrefois de Thomas et de Ddcfs, il de-
vait être suspect aux décemvirs de 93;
aussi fut-il jeté dans lent^ cachots sur
un mandat d'arrêt qui poriaK entre au-
tres causes : « Ancîeh membre de l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres.»
Rendu à la liberté après le 9 thermidor,
avec une épouse qui avaît partagé et
adouci sa captivité, Bitaubé se troura
encore dans une position très Hlcheuse;
mais la paix signée avec Frédéric Guil-
laume, la nomination du traducteur
d'Homère à la 8« classe de Tlnstitut,
vinrent enfin lui rendre dès jours plus
heureux. Plus tard Napoléon le nomma
membre de la Légion-d'Honneur et lui
accorda une pension. Une éditiari com-
plète de ses œuvres, en 9 vol. în-8**, pu-
bliée en 1807, acheva de lui assurer une
aisance conquise par des travaux estima-
bles. Mais bientôt après la perte de sa
compagne, dont les qualités et là ten-
dresse étaient devenues en quelque sorte
une partie de son existence, mina sa santé.
Il mourut en 1808.
Sa carrière littérale s*était terminée,
en 1802, par la publication d* Hermann
et Dorothée, imitation pâle et décolo-
rée du poème de Goethe. M. O.
BITCHB ou BiTSCHC, petite ville
dont l'ancien nom est Kaltenhausen ,
située sur le ruisseau de Horde (Moselle),
ayant aujourd'hui une population d'en-
viron 3,000 individus, et dominée par
un château dont l'origine se cache dans
la nuit des temps. Ce château avait déjà
beaucoup d'importance au xi* siècle, et
formait le ch«-f-lieu d'un comté qui fut
tantôt indépendant, tantôt réuni aux do-
maines des princes de Deux-Ponts, de
Lorraine ou d'Alsace. Dahs les guerres
entre l'Allemai^ne et la France, le châ-
teau de Bitche souliiit plusieurs siégra;
celui de 1793 occupe Une page glorieuse
dans les annales contemporaines: la pos-
térité n'apprendra jamais sans en être
émue le trait de ce généreux citoyen qui
mit le feti à $a mal^o pour éclairer \m
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BIT
détboMun d« U plac« dont rennemi
franchissait les barrières. Le château ,
élevé à 203 toises au-dessus du diveau de
la mer 9 est considéré comme imprena-
ble. K A. B.
BITHTIIIE, pays de T Asie-Mineure,
entre la Mysie, la Phrygie, U Galalie, la
Paphiagonie, îePont-Euxin ella Pi-opon-
tide. Un mont Olympe, non moins célè-
bie que celui de la Grèce et plus élevé,
en occupait nne partie à Touest. La Pro-
pontide y formait denx golfes qui, du nom
des villes placées à leur pointe, s'appe-
laient golie de Nicomédie et golfe de
Cionte. Un peu plus à Test, au bord du lac
de Nicée, était Nlcée,oiise tint en 825 le
premier concile œcuménique. Le San-
garide (aujourd'hui Sakaria) était le fleuve
principal : il courait des monts phrygiens
à la mer, en coupant le pays par moitiés
à peu près égales. Aux 8 villes déjà nom-
mées doivent s'ajouter P^use (Brousse),
capitale do m* au i**^ siècle avant J.-C,
Cbalcédoine, au fameux concile de 457,
Honoriade; Bithynium ou Claudiopolis,
Héraclée, république grecque indépen-
dante des rois bithyniens et célèbre par
•on commerce, enfin Thim, sa succtir-
sale.
L'histoire de la Bithynie est peu con-
nue. Arrien en avait composé une que
nous avons perdue. Apollodore parle de
49 rois qui occupèrent le trône avant
l'invasion romaine; mais les rioms de peu
de ces rois ont été sauvés de l'oubli.
La Bithynie venait de secouer le joug
des Macédoniens lorsque Nicomède I^*"
(281-250), pour succédera Zypète son
père, massacra deux de ses (Vères, appela
les Gaulois ou Galates en Asie-Mineure,
et bâtit Nicomédie. Gendre de Philippe
de Macédoine, Prusias, fils de Nicomède,
loi promit des secours contre les Ro-
mains et re^ut Annibal à sn cour. Son
fib Prusias II (192- 148) fit alliance avec
Antiochus-le-Grand contre les Romains,
pois se déclara neutre, vainquit Eumène,
roi de Pergame, à l'aide d' Annibal, et finit
parlivrerl'illustrefu;;itifâFlaminiiis,mais
n'en fut pas moins obligé de rendre à Eu-
mène, et plus tard au roi Attale II qu'il
avait aussi battu, toutes ses conquêtes. Il
parut à Rome la tête rasée, aux pieds la
dlnusared^UlafIhulclli, et dit aux se-
( 559 ) Brr
natenrs : « Dieux, voici votre esclare! »
Nicomède II, son fils, le tua; son longrè>
gfte de 53 ans (148-90) fut troublé par
des (|uerellps avec Milhridate-le-Grand,
son beau-li ère. Nicomède, dernier roi de
Billiynic, était sou fils. Celui-ci fit d'à*
bord cause commune avec Mithridate
son oncle ; puis, ayant conquis la Paphla«>
gnnieet jeté les yeux sur la Cappadoce,
il eut à combattre cet oncle célèbre, fut
vaincu, choisit pour asile U Paphiagonie,
se vit rétabli par Mithridate même, puis
mourut, léguant son royaume au peuple
romain. C'était sans doute la condition
imposée par Syila. Sous Constantin et
ses successeurs, la Bithynie, comprise
presque tout entière dans le diocèse de
Pont, forma deux divisions : la Bithynie,
à l'ouest du Sangaride, l'Honoriade, à
l'est; une très petite portion appartint
au diocèse d'Asie. Au xi^ siècle les Seld-
joukides comprirent tous ces pays dans
leur conquête. Enfin les Othomans s'en
emparèrent, et en 1827 Brousse devint
la capitale de leur empire à la place de
Koniah. Val. P.
BITON, vor- CLioBis.
, VOf.
BITUME, substance minérale com-
bustible que l'on serait tenté de regar-
der comme étant d'origine végétale, à en
juger par la quantité de carbone qui
entre dans sa composition. Son principal
caractère est de répandre pendant sa com-
bustion, qui est toujours accompagnée
d'une flamme peu brillante et d'une fu-
mée épaisse, une odeur particnlière que
l'on désigne pour cela sous le nom de bi-
turnineuse.
Cependant, à t'aide d*autres caractère s,
on a été conduit à distinguer plusieurè
eshèces de bitume, que nous allous exa-
miner.
Le naphte est une matière liquide à
la température brdinaii-e, d'une couleur
jaunâtre, extrêmement inflammable, ré-
pandant une forte odeur de goudron, et
sohible en tonte proportion dans Talcool.
Le pâtrote est un bitume li-|uide et
huileux, decouteur noirâtre pinson moins
foncée; îl donne du naplitc à une distil-
lation douce et lainse pour résidu une
matière grasse, épaisse, vi^quiMise qui
prend de la consistance lorsqu'elle à été
exposée à Tair.
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BIT ( 560 )
Le naphte et le pétrole sont toujours
uois dans la ualure. Ils accompagnent le
gaz hydrogène oarboné qui se dégage ée
Tintérieur de la terre dans certaines lo-
calités; dans les environs de Bakou (vojr.)
sur les bords occidentaux de la mer Cas-
pienne, il suffit de creuser un puils de
8 à 10 pieds de profondeur pour que le
mélange de naphte et de pétrole s'y ras-
semble en grande quantité; on en extrait
aussi près d'Amiano dans le duché de
Parme, et sur la pente des Apennins dans
celui de Modène, ainsi qu'en France aux
environs de Pézenas, dans le département
de l'Hérault.
Partout ou le naphte est abondant il
est employé pour l'éclairage, comme l'hy-
drogène carboné. Celui que l'on extrait
à Gabian, dans les environs de Pézenas,
est en usage comme vermifuge sous le
nom à* huile de Gabian,
Le bitume élastique, appelé commu-
nément caoutchou minéral^ a reçu le
nom de dapèche et ^èlatéiite. C'est
une substance d'un brun plus ou moins
foncé, compressible, et qui devient élas-
tique lorsqu'elle a été chauffée dans de
Teau bouillante. Son odeur tient à la fois
de celle du cuir et de celle du suif. On
trouve l'élatérite en Angleterre , dans les
mines de plomb Jl'Odin, dans le Derby-
shire; et en France, dans les mines de
houille de Montreloir, près deVarades,
déparlement de la Loire-Inférieure.
Sous le nom de malthe on désigne
le bitume glutineux appelé aussi poix tni-
nérale y pétrole tendre , {goudron miné-
ral y ei piss us phalte^ substance molle,
glutineuse, qui, douée d'une assez grande
dureté l'hiver, se ramollit Télé, mais qui
se fond toujours dans l'eau bouillante et
se dissout dans l'alcool. La malthe abonde
dans un grand nombre de pays , en Eu-
rope et en Asie : la Suisse, la Bavière, la
Hongrie , la Galicie et la France possè-
dent plusieurs localités où elle découle
soit du calcaire, soit du grès, soit de l'ar-
gile, soit aussi de quelques roches d'ori-
gine volcanique ou en contact avec celle-
ci. Ce bitume est employé à dtfférens
usages: on en enduit les cordages et le
bois qui doivent servir dans l'eau; on
s*en sert pour goudronner les toiles, pour
préserver de rhumidité les plâtres et les
BIT
constructions en maçonnerie, pour mâS-*.
tiquer les caves, les citernes et les fosses
d'aisance. Mélangé avec des sables et des
calcaires en poudre, il remplace avec
économie et solidité les tuiles, les ar-
doises et le plomb laminé pour la cou-
verture des bâtimens. On le fait entrer
dans la composition du vernb dont on
recouvre le fer et dans des peintures
grossières qui ont besoin d'être très so-
lides; enfin on s'en sert en Auvergne, en
Suisse, en Allemagne et en Hongrie pour
graisser les voitures.
Le bitume solide est connu sous les
noms à* asphalte , de bitume de Judée ^
de poix minérale scoriacée, de k arabe
de Sodome et de baume de momie.
C'est unesubstance noire,solide,brillantey
à cassure conoîdale, insoluble dans l'al-
cool, et fusible à une température plus
élevée que celle de l'eau bouillante. Son
nom d'asphalte lui vient de la mer
Morte (vo/.), autrefois le lac Asphaltite,
où elle est exploitée de temps immémo-
rial, avec d'autant plus de facilité qu'elle
surnage l'eau et que le vent la pousse
et la réunit dans les anses ou petits golfes
de ce lac. Les Égyptiens s'en servaient
dans les embaumemens; les Babyloniens
en enduisaient les briques qu'ils em-
ployaient aux divers édifices de leur ville;
les Romains même en recouvraient d'une
couche légère les statues qu'ils voulaient
préserver des injures de l'air. Les mo-
dernes le font entrer dans la composition
de certains vernis noii-s, dans la cou—
leur connue sous le nom de bitume de
Judée, et dans celle qui a reçu le nom de
momie, parce qu'on l'a souvent extraite
des anciens cadavres égyptiens.
Il existe encore un autre bitume qui
est sans usage dans les arts ; c'est le re-
ttnasphalte ou rétinite, matière solide ,
d'un brun plus ou moins clair ^ d'uo
aspect résineux et qui a quelquefois l'ap-
parence du succin ou de l'ambre com-
pact et veiné. Il est fusible à une basse
température; il pétille au feu et répand
en brûlant une odeur d'abord agréable,
puis bitumineuse.
Le ret inasphalte se trouve dans le
Devonshire, en Angleterre, en rognons
isolés dans la formation de lignite ( voj\
ce mot). Il en est de même de celui qui
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BIT ( 66
existe dans l'État de New-Tork en Amé-
rique. J. H-T.
BITCRIGES. Les Biturigcs, habi-
tans du Berry (voj.) actuel, avaient été
jadis une des plus florissantes nations gal-
liques; mais lorsque César entreprit la
conquête des Gaules, ils étaient tenus par
les Ëduens (vojr.) dans une condition
voisine de celle de sujets. D*après le té-
moignage de Strabon (1. lY), ils exploi-
taient des mines de fer d*un grand rap-
port. Plus tard leur pays fit partie de la
première Aquitaine. On les appelait ^Z-
turiges^Cubi, pour les distinguer d*une
autre tribu dont nous allons parler. Leur
ville, appelée d'abord Avaricum ^ puis
^itun'ges, d*ou lui est venu , dans les
temps modernes, le nom de Bourges
(vo/.), résista avec courage aux elTorts de
César, qui ne parvint à la prendre qu'a-
près un siège long et difficile.
Les BttungeS'Fivfsci, peuplade gal-
llque détachée des Bituriges-Ùtbi à Té-
poque de Tinvasion des Kimris , occu-
paient les bords de la Garonne, vers
Teinbouchure de ce fleuve. Par leur ac-
tivité ils se créèrent une marine; leur
capitale, Burdigala (Bordeaux), devint
un des entrepôts du commerce entre la
Méditerranée et TOcéan. Après la con-
quête romaine, les Biluriges^Vivisci fu-
rent compris dans la seconde Aquitaine.
Voy, Gaule. A. S-r.
BIVALVES, vo/. Coquilles.
BIVOUAC. Ce mot est composé de
deux mots hollandais, hy^ auprès, et
wak'tf veille. Le mot bivouac ( en alle-
mand beywacht) a acquis dans les guer-
res de la révolution un sens plus étendu
que celui qu*on lui avait donné jusque
là. Il ne s'entendait que d'une veille ou
garde de nuit que faisait extraordinai-
rement en plein air un poste, une divi-
sion , quelquefois même une armée en-
tière; mais ce n'était que dans les occa-
sions périlleuses qu'on tenait une armée
au bivouac. Dans les circonstances or-
dinaires l'armée restait campée sous des
tentes om logée dans des baraques qu'elle
avait faites elle-même. Dans les pre-
mières campagnes de la révolution, nos
généraux , reconnaissant avec le maré-
chal de Saxe que tout le secret de la
(oerM CM daas les jambes, se délivrèrent
Mncyclop, d, G. d, M. Tome lÎL
1)
BIZ
des embarras do campement et da bara»
quement, et tinrent hig||it«iellement tou-
tes les troupes au bivouac, excepté dans
la mauvaise saison et quand les armées
devaient prolonger leur séjour dans les
positions qu'elles occupaient. Quand une
troupe bivouaque , une partie est de garde
pendant que l'autre se repose sur la terre.
Quelquefois on distribue de la paille au
soldat pour se coucher; mais souvent on
ne peut pas lui en procurer et il couche
•ur la terre.
De tout temps on a fait bii*ouaquer\tg
troupes, soit quand elles sont en pré-
sence de l'ennemi , soit quand on lait la
circonvallation d'une place. La santé du
soldat a sans contredit à souffrir dans
les nuits froides et humides du bivouac
presque constant auquel il a été soumis;
mais la rapidité introduite ainsi dans
les mouvemens de nos armées rachète
cet inconvénient et leur procure dans
les manœuvres une supériorité à laquelle
la France est redevable d'une partie des
victoires que nous avons obtenues pen-
dant tant d'années. C-tb.
BIZARRE (de bis et variare)^ ce
qui diffère des choses de la même es-
pèce et s'écarte des règles générales que
la nature, l'usage ou l'opinion leur ont
prescrites. Un homme bizarre est un
homme dont le caractère , les goûts , les
opinions varient sans cesse, sans être
jamais conformes au caractère, au goût ,
aux opinions générales des autres hom-
mes; ou qui se fait remarquer par une
pure affectation de ne rien dire ou ne
rien faire que de singulier. Il est dange-
reux de passer pour bizarre : cette ré-
putation nuit à la confiance que l'on dé-
sire inspirer. L'on regarde aussi comme
bizarre celui dont le caractère est inégal
et brusque, ce que l'on peut distinguer
par la dénomination àeJarUasque; mais
biuwre s'applique plus particulièrement
à celui qui , contre le goût ordinaire , se
distingue par la singularité de ses prédi-
lections ou par l'extravagance dans sa
conduite, comme l'exprime ce vers de
Boileau :
Mut noi qu'on vnn eapric*, a&e Mf«rrt ha«
Bear, «te.
Biuure signifie austi extraordinaire,
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BLA
•io^liëif y ainsi due l'indiqué ce vers du
bon La Fontaine !
Plus le tour est bisarre et plus elle (la Fortune)
est contente , etc.
P^ojr. Caprice el Idiosyncratte. F.R-d.
BLACAS-D'AULPS , maison fran-
çaise très ancienne , surnommée d^Aulps
du nom d*une seigneurie de la Provence.
Elle fut illustrée au xiii^ siècle ^ar le
^û/i^/^i/emerÈlacas-d'Aulps, Tun des
plus brillans chevalîers de ta ; cour du
comte Raimond Bérenger, et qui mou-
rut en 1235. S.
, C'est à cette maison qu'appartient
M. le duc de Blacas d'jA.ulps (Pierre-
Louis-Casimir), ancien pair de France,
ministre et ambassadeur. Il naquit en
1770, à Aulps (Varj. Entré de bonne
beure au service, daiis un régiment de
cavalerie, il se trouvait capitaine au com-
mencement de la révolution lorsqu'il sui-
vit le torrent et émigra. Pendant les guer-
res dé laVendée il revint en France et com-
battit sous les drapeaux royalistes; mais
forcé de nouveau de chercher un refuge
à l'étranger, il passa en Ita|Ie, où il par-
vînt à fixer Tattention de Louis XVlII,
qui était alors à Vérone. Dès ce moment
il s'attacha à la fortune de l'auguste exile
et en partagea toutes les vicissitudes. En-
voyé a Saint-Pétersbourg afin d'obtenir
de l'empereur un asile pour son maître,
le comte de Blacas vit ses efforts cou-
ronnés de surcès ; et plus tard , lorsque
Paul l*** fit signifier aux Bourbons de
quitter ses étals, il suivit Louis XVlII à
Londres et fut nommé par ce prince
ministre de la guerre, en l'absence de
de M. (i'Avaray ; maié ce simulacre de
Î)uissance n'était encore au'un rêve dont
a réalisation n'était pas très éloignée.
En 18 14, M. de Blacas rentra en France,
à la suite de la famille royale^ et fut
nomme, en récompense de ses services
pendant Témigralion , ministre dé la
maison du roi ^secrétaire d'état, et, peu
de te^ps après, granJ-inaître de lâ^arde-
^obe et intendant général des bau'inens
de la couronne. Son influencé auprès
du roi était tellealois que, dans nue dis-
cussion qu^l eut avec l'abbé de Montes-
quiou, ce dernier l'apostropha de ces
parolfa deyeoufiA.liisMÛçiqji^e^; aA^pre-^
nez^ Monsieur ^ que la France peut sup*
( 5(52 ) BLA
porter dix maîtresses, mais pas un seul
favori ». Parmi les ennemis qu'il s'attira à
celte époque, il faut mettre en première
ligne M. de Chabannes, qui lui adressa
les reproches les plus amers dans des
lettres qu'il fit imprimer à Londres, en
i815. Pendant les Cent- Jours, M. de
Blacas suivît Louis XVIII à Gand , et ce
fut là le terme de son éclatante faveur.
Au retour, il entra à la chambre des pairs,
en 1815; mais Louis XVIII, craignant
de sa présence à Paris des suites fô-
cheuses*, l'envoya en ambassade ex-
traordinaire à Naplcs, où il prépara le
mariage du duc de Berry avec la fille du
prince -royal des Deux-Siciles. Nommé
ambassadeur à Rome , Ut. de Blacas eut
tout l'honneur du fameux concordat de
1815. On prétend que depuis il assista,
mais d'une manière invisible, au congrès
de Laybach, qui se tint en 1821. En
1823 il fut encore une fois nommé am-
bassadeur à Naples, el y résida jusqu'en
1830, sauf quelques voyages qu'il fit de
temps à autre à Paris pour exercçr ses
fonctions de gentilhomme de la cham-
bre. jFidèle à la cause des Bourbons, il se
mit en devoir, dès que la première nou-
velle des événemens de juillet lui par-
vint en Italie, de réaliser sa fortune et
d'aller la mettre à la d^isposilio'n du roi
Charles X , dans sa retraite de Prague ,
oii il est encore en ce moment, auprès
du monarque exilé. D. A. D.
Celte fortune est très considérable, et
M. de Blacas, que Louis XVIU avait
éîeve au titre de duc, s'en servit pour
proléger les arts, qu'il cultivait lui-
même, et pour former cette irîche collec-
tion d'antiquités que M. Reinaud , de
rinstilul, a décrite en partie [Description
des monumehs musulmans du cabinet
de AÏ. le duc de Blacas. taris, i82&,
ivol. în-80). S.
BLACK (Joseph), chimiste, né en
1728 à Bordeaux, de parens écossais ,
éludia la médecine a Glasgow, sous le
célèbre Cullen , qui lui inspira le goût
de sa science. Déjà dai|s la thèse qu'il
soutint pour obtenir le titre de docteur
en médecine, il fit connaître ses décou-
vertes sur l'acide carboni(]^ue et les alca-
rains, tom, II, p. 1 66. 9,
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BLA
($6S)
SLk
li»! à^éomxyerteê qu*il défeloppa plat
tard dans les essais physiques et litté-
raires de la Société littéraire d'Édim-
bouig ( 1756). Il y démoolrc Pexisteoce
d*ua fluide aériforme y qu^il appelle air
lue et doDt la présence adoucit la caus-
ticité des alcalis et des terres calcaires.
Cette découverte peut être considérée
comme le principe de toutes celles qui
ont immortalisé les noms de Caveodish,
de Priestley^ de Lavoisier, et qui ont
fait prendre k ht chimie une face nou-
velle. £q 1757 il enrichit énoore la
science de sa Théone du calorique la*
tent. Dès 1756 il avait été nommé, en
remplacement de Cullen , professeur de
médecine à Tuoiversilé de Glasgow, et
en 1765 il lui succéda dans la chaire
^u'il occupait à Edimbourg. Son ensei-
gnement contribue beaucoup à popula-
riier dans la Grande-Bretagne le goût
de la chimie. Il mourut en 1709. L*A-
oadémie^des sciences de Paris, sur le
rapport de Lavoisier, Pavait nommé Tun
de s^ huit membres étrangers. Black
était de mœurs simples, d'un caractère
froid et réfléchi. Comme médecin sa ré-
putation fut bornée , et comme chimiste
il nuisit à sa propre renommée par son
opposition au( nouvelles théories chimi-
ques, auxquelles cependant il finit par
rendre justice. On a de lui : Lectures on
chemistry (Edimbourg, 1803 , 2 vol. in-
4®), deux Mémoires dans les Phièoso^
phical transactions^ 1774 et 1 79 1 , et
deux Lettres sur des sujets de chimie
publiées par Crell et Lavoisier. C. L,
BLACKSTONE (sir Williàh), célè-
bre jurisconsulte, néà Londres en 1723,
âls d*un tisserand en soie, perdit de
bonne ïieure ses père et mère, et fut élevé
par un parent jusqu*en 1738*; alors il #e
rendit à Ojiford où il ne tarda pas à se
distinguer par son application et par des
talens remarquables. U mootra des dis-
|A>sitions et du goût pour la poésie, se
décida toutefois pour le droit , et en en-
trant à Técole de Middle - Temple de
Londres, il cOm|>osa un poème fort. spi-
rituel qfti a pour titre: Adieux d'un Lé-
^iste aux mwies. Ce poème se tix>uve
dams le recueil deDudley. En 1746 il
oommea^ à plaider devant les tribunaux
I avMtt^ ■aaîavian^ttattl du talent
de l'élocution , \\ ne put parvenir à se
faire une réputation, ce qui Tengagea à
retourner à Oxford où il avait déjà pré-
cédemment possédé un nénéfice (/cl"
lowship). On ne faisait pas alors de cours
publics sur le droit civil et politique an-
glais : Blackstone se décida à remplir
cette lacune dans renseignement et ou*
vrit en 1753 des cours publics sur In
constitution et la législation de son pajs,
cours qui furent très suivis. Cette inno-
vation donna à un jurisconsulte nommé
Viner l'idée de léguer par son testament
une somme pour servir à la feodation
d*une cbairie de droit public anglais ; et
quand, après la mort de Viner, en 1 758^
on se disposa à nommer un titnlaire ponr
cette chaire, Blackstone fut nommé à Tu-
nanimité. La gloire que lui procurèrent
penaant plusieurs années ses leçons l'en-
gagea à se représenter de nouveau à Lon-
dres, comme avocat, et alors il acquit
une grfinde réputation. £n 1761 , il en-
tra au Parlement et bientôt après il aban"
donna sa chaire d'Oxford. £n 1759^
Blackstone avait publié une nonvelle édi-
tion de la Grande-Charte avec une pié-
face historique. Ses lectures publiques
lui servirent ensuite de base pour son
onvra^ intitulé : Commentaries on the
taw q/ Enftland, dont le V^ volume pa-
rut en 1765 et (ut suivi de trois autre^
Dans cet ouvrage célèbre, il ne se con-
tenta pas d^ donner si^plenient l'expli-
cation ée& loisi, mais, il chercha à pn of-
frir le commentaire le plus complet, et
ses effo^rts furent d'autant plus méritoi-
res qu'il n'avait pas de modèle. dans ce
genre. 11 ne se borna pas à exposer d'uqe
manière phikMophique les principes du
droit civil et politique anglais^ mais il
présenta avec clarté la défense du systè-
me en ipénécal;, et, abstraction faîte de
quelques propositions hardies,il semonii^
zé\é défenseur des prérogatives de 1^ cou-
ronne, saps beaucoup de tolérauceen
matière religieuse. Par*là il «'attira de vi-
ves attaques, et il trouva un vigoureux
adversaire en Bentharp qui avait dirigé
contre lui son Fragment on goi^emment.
Un travail constant -mina sa santé; il
mourut le 14 sept. 1780, après avoir
refusé, en 1770, le poste de soUicifor
generoL
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ÊLk ( d«4 )
La meilleure Mil ion de ses Commen-
tariesj imprimés 16 fois en Angleterre
et traduits en plusieurs langues, est celle
de Christian publiée eo 1809 à Londres,
en 4 volumes. C L,
On en a publié plusieurs traductions
françaises, mais la plupart incomplè-
tes, et dont quelques-unes (comme celle
de M. Gomicourt) ont dénaturé l'ou-
vrage; M.Çhompré en a donné une sur
la 15^ édition anglaise, avec les notes de
M: £dmoDd Christian. Paris 1838, 6
vol. in-8*. S.
BLAIR (Hue h), Tun des prédicateurs
et des écrivains les plus célèbres des temps
modernes, naquit en 1718 à Edimbourg,
où il étudia la théologie. Les preuves
qu'il ne tarda pas à donner de ses talens
et de son éloquence lui valurent déjà en
1742 une place de ministre, qu'il échan-
gea , dès l'année suivante , contre la mê-
me place près de l'église cathédrale de
sa ville natale, oà il s'éleva, en 1768, à
la plus haute dignité de l'Église presby-
térienne en Érosse. Une fois parvenu à
ce faite de sa sphère d'activité pratique,
qu'il ne perdit jamais de vue, il ne tarda
pas à se créer une carrière littéraire ; et
déjà à la fin de l'année 1769 il ouvrit,
avec l'approbation de rUiiiversilé, des
conférences publiques snr la théorie de
l'éloquence. Le gouvernement fonda, en
1763, une chaire spéciale de rhétorique
et de belles-lettres, qui lui fut conférée
en reconnaissance de ses honorables ser-
vices. Noos connaissons sa théorie de l'é-
loquence par ses Lectures on Rhetoric
andhcUes-lenres (2 vol., Londres, 1 788,
in-4*), traduites en français par Cantveell
(Paris, 1797, 4 vol. in-8«) et avec plus
de succès par Prévost (Genève, 1808).
Ses pensées sur la rhétorique, sans avoir
un caractère original, offrent beaucoup
* d'attrait et d'instruction a celui qui veut
se familiariser avec les principes de l'art
oratoire, par la multitude d'excellentes
observations pratiques qu'elles contien-
nent sur la composition. Il rendit aussi
des services signalés à la poésie , en sou-
tenant de toute son activité les travaux
de Marpherson dans la publication des
chants dK>ssian, et le premier il en sou-
tint l'authenticité dans un traité remar- i
quable sous tous le» rapports [Poems of I
BLA
Ossian\ Enfin il devint, en 1756, lefoiH
dateur de VEdinbur^h RevietP,
Mais ce fut surtout par ses sermons
que Blair acquit sa célébrité. On les re-
garde comme des modèles de Téloquence
sacrée chez les Anglais. Us se distingnent
par une exposition claire et élégante; ils
tendent moins à briller par des formes
oratoires qu'à produire une douce per-
suasion, et sont plutôt d.es traités de mo-
rale que des ' sermons. Leur première
partie ne parut qu'en 1778, et déjà l'an-
née suivante ils arrivèrent à leur 10^ édi-
tion. Blair en publia plus tard une se-
conde collection qui eut le même succès
que la preinière. On les a traduits dans
presque toutes les langues; parmi les tra-
d uct ions françaises, nous citerons, comme
la plus estimée celle de l'abbé de Tressan,
qui a été faite sur la 23* édition anglaise
{.Sermons fh Hugues Blair, 6 vol. in-8**,
Paris 1807). Les sermons de Blair de-
vaient d'autant plus agir sur ses audi-
teurs qn*il donnait lui-même l'exemple
sévère de ses préceptes et qu'il offrait,
autant que l'homme en est capable, la
digne image d'un parfait ap6tre dé la re-
ligion. Pendant toute sa vie, il travailla
avec une sage modération à la liberté
et au bien-être de son église, et mourut
heureux et généralement estimé et re-
gretté, en 1801 , après une courte mala-
die. C. L, m.
Parmi lea écrivains qui ont porté le
même nom de Blair, nous citerons en-
core John, Écossais, moi*t en 1782, et
connu comme chronologiste et comme
géographe. Ses tailles chronologiques ont
été traduites en français par Chantreau ;
Jamfs, mort en 1743, théologien qui
fonda une mission en Virginie; et PiL-
TBiCK, botaniste, mort en 1718. S.
BLAIREAU (en latin mêles eitaxus\
nommé taisson^ iesAOn, dans quelques
provinces. Le blaireau ne parait pas avoir
été connu des anciens, car on ne lai
trouve pas de nom dans la langue grec-
que.
Il forme un genre distinct dans la tri-
bu des plantigrades, famille des cami<«
vores, ordre des carnassiers, selon la mé-
thode de Cuvier. Linné l'avait considéré
comme une espèce du genre ours, ainsi
que tous les aptmaux qui, comme l'oura,
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BLA
(565)
BLilL
marchent en reposant sur la f^nte du
pied tout entière.
Le blaireau, dont on ne tonnait qu'une
seule espèce avec quelques léj^ères varié-
tés, selon que le pelage est plus ou moins
foncé en coidriir, est un quadrupède
long de 20 à 25 pouces, mesuré du bout
du museau à l'origine de la queue qui
est courte et droite. Son corps «st assez
ramassé- et sa télé prolongée* ■ Son as-
pect est peu agréable, à cause de la.maU
propreté baiNtuelle de son poU, qui
parait toujours gras. Sa couleur, est
grisâtre, claire, presque blanche au-dee-
sus; d*an noir plus ou. moins roux en
dessous, selon les espèces; de chaque côté
de la tête, une bande plus noire entoure
l'œil et %e prolonge en arrière. Ses oreil-
les sont courtes , drokes et .mêlées irré-
gulièrement de poil» noirs et blancs.
Sa tête est un peu busquée, ses yeux
petits, son regard inquiet;' une mem-
brane clignotante, pourvue d'un cai*tilage
• qui la soutient, peut à volonté couvrir
tout lé globe de l'œil en forme de troi-
sième paupière.
Les pieds dit blaireau sont onurte» sur-
tout ceux.de derrière; chacun d'eux est
pourvu de cinq doigts^ qui aont profon-
démenl' engagés dans la peau, et. munis
d'ongles o^eUséa en gouttière,.assez. re-
courbés, allongés surtout au membre an-
térieur on ils paraissent- tout-à-£ait pro-
prës'i fouir la terre.
^ Le blaireau ressemble à l'ours, par s^
YiesoUtatre, par son caractère, défiitot ,
' par ses habit ndea nonchalantes; sa mar-
che «st rampante; il erre volontiers la
■Ottt
"Il liabite l'Europe et l'Asie septen-
trionale jusqu'en Perse, mai» en général
son espèce est assez rare. S'il ne trouve
pas, au fond d'un bois touffu, un amas
de pierres ou une crevasse de rocher
dont, il puisse faire sa retraite, il se
crense un terrier, d'où il ne jort guère
que la nuit, et dans lequel il a la précau-
tion de creuser un conduit particulier ,
où il dépose ses excrémeos. Telle est
l'habitation du blaireau que le renard
a'appMpHe quelquefois, soit en l'absence
du maître, soit en Ten faisant d^égUerpir
par ses importunités. Il fait sentinelle
antonr du terrier, inquiète le proprié-
taire par sa présence continuelle, c^.va
même jusqu'à Tinfecter de ses excré-
meus. 11 s'empare alors de son nouveau
domicile et l'élargit pour son usage.
La nourriture du blaireau est assez va-
riée : des insectes, des (grains, des œufs,
divers végétaux dont il parait même qu^l
,fait provision pour l'hiver. Il passe cette
saison , non point dans un engourdisse-
ment léthargique, mais dans un repos
qu'il n'interrompt fréquemment que
pour sucer l'humeur fétide de son folji*
culc anal. £o tout temps il dort beau*
coup, mange peu, et sa nuit ea(t employée
à rechercher les lapius, dont il est un
ennemi redoutable.
. Le blaireau attaqué par un autre ani-
itfal, s'il n'a le temps de se réfugier dans son
terrier, ne peut espéi*er échapper par la
fuite; il est trop mauvais coureiir. Il, se
défeiKl jusqu'à l'extrémité, en reculant,
en se couchant sur le dos .et en se 9^r-
vaut de ses dents et de ses griffes, pro-
tégé d'ailleurs par l'épaisseur de son poil.
U a la vie très dure et peut supporter
une diète de plusieurs jours. Il est sujet
à une espèce de gale qu'il peut commu-
niquer aux chiens.
Son accouplement a lieu en novembre;
la gestation est de neuf semaines et la
portée de trois ou quatre petits, que la
femelie , dépose sur un lit d'herbe, au
fond de son terrier; elle les soigne avec
assiduité et^eur appqrte le produit de sa
chasse.
Lorsqu'on réduit le blaireau en capti-
vité on parvient à l'apprivoiser jusqu'à un
certain point s'il est jeune; vieui^, il se
laisse mourir de faim, . ...
La chair du blaireau est d'un goût dés*
agréable; sa peau fournit une fourrure
grossière; ses poils servent à faire des
brosses niOlles et des pinqraux. Dans
certains endroits sa graisse, ^fpplojécjen
frictions, passe pour uu' remède actif
contre les rhumatismes; c'est; uqe er-
reur. B. B.
BLAISE (^t^MÉDiCTioN a« saint).
Dans beaucoup de pays il est d'usage de
bénir du sel et du pain le jour de saint
Biaise, ou tout autre jour en son hon-
neur, pour la guérisoti. des animaux ma-
lades,et même des personnes afA^ées du
mal de gorge. Cette bénédiction, bifu
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BLA
(iM)
BLà
xfae très répandue en AllenagM et en
France, a cependant disparu de la plu-
part des rituels modernes. On la trouve
pourtant encore dans le Rituel de Vienne
en Autriche, imprimé en 1 774, in-4**. Le
prêtre dit une oraison dans laquelle il
prie Dieu de faire descendre sa béné-
diction sur le sel, afin qu*il soit, par
Fintervention de saint Biaise, martyr et
pontife, pour quiconque en fera usage,
le salut de Tesprit et du corps, un pr^
servatif contre toutes les maladies, et un
appui contre les attaques de l'ennemi
infernal. Le prêtre asperge ensuite |e sel
d'eau bénite et Tenoense trois fois.
La Fleur des saints de Ribadeneira
prétend que saint Biaise vivait dans le
désert du mont Argée, au milieu des bê-
tes les plus féroces, s^en faisant obéir et
respecter et les guérissant par sa béné-
diction. Si le saint était en prières,
quand les bêtes venaient le visiter ou cker-
cber remède & leurs mamc, elles alleii-
daient qu'il eût fini son otaison et fie se re-
tiraient qu'après avoir obtenu œ qu^elles
demandaient. Nous voyons aussi dans les
Vies des saints, parBaHlet, queHe était
la puissance de saint Biaise sur les ma-
ladies des en fans et des bestiavM, dont
il accordait ia f*ttâri.son, ce qui a sans
doote contribué à accréditer «on eul^e
d'abord dans l'église grecque et ensuite
dans toutes les parties de l'église la«lnè,
de telle sorte qu'il j.a «u peu de saiots
aussi vénérés que le saint évéque de^é-
basce. Il fiint mre aàssii que ce jcnlte-était
bien dimFnué en France wi rv^' «i%dle,
comme nous le Soyons par Wi stHtiht sy-
nodal du diocèse de Clennent, lie Fanaèe
1559. J. L.
BLAIS619 y pays ëe Blois {voy. ^
nom).
ëLAKB faeiÂRr), «élèbr« «mirai
anglais, né en i6f d, à Bridge^Mitèr dans
le comté ' de Sbmerset, contribua beau-
coup à Affré pinenidre 4 la marine de ««n
pays le rang qu'elle occupe maintenant.
Il affaiMit la pafssaAce des SoUandais
et des Espagnols (ft prit à ees derniers
une flotte des Indes ^argée 4e grandes
-valeurs.
n embrassa eliaudement 4e parti des
indépendans et fut, après la mort du
comte de Warwick, nominé^MntiNil^Mna
avoir pavcoma tous les ranfs ÎBfériean.
Alors il devint le redoutable adversaire
de Tromp. Blake apprit aux marins a
mépriser les forteresses. Cromwdl l'ea-
tima ; mais, connaissant ses idées répu-
blicaines^ il saisit, en 1667, roccasioo
de l'éloigner, en le chargeant de faire res-
pecter riionnenr du pavillon anglais dans
la Méditerranée. Le nom seul de Blake
sufit pour inspirer la orainte aux États
Barba resqoes et le respect aux pays voj-
•ins. La faiblesse de sa aanté le força d^
retourner dans sa patrie. D mounit en
1 667 , au moment oè sa flotte entrait daiis
(e poi^ de Plymoutb. CromirelHionQrmsa
mémoire par des (unéraillea magnifiques
et le fit enterrer dans l'abbaye <te West-
minster. Le caractère de Blake était anm-
bre, eéw^re, et daae loujtes les oîrooaataa-
|Ces ce marin ee aaoïitra calme et impas-
sible. C L,
•LARE (Wiluam), gravenr, peli^-
trè et poète angines, iiaqoit à Londres,
eu 176 7, et mourut en ISSfl. ¥ey. Liv^s
of engUsh artistes, de M. Allan Cn-
ningham. Ji,
' -SLAKE (loiMVTM), un des généraux
qui ont dé^nsdu ^indépendance espa-
gnole contre Tfapeléon, appartenait à ufe
iuttiMle irlanéiise, établie « Madaga, où
eNe faisait le ^on^neroe. Il fut rèçn, en
1778, cadet dans le ré^nuint d'Améri-
que qui pourtant ne qm/lta pas l'Anda-
lousie. Il en sortit eapîfaine in 179t, px
servit comme major paraM les ivbkkntai-
^es de GaatUle, lors de Ipipoôr» coatre
la répuMique Irançaise. iijiarvtni daps
ceDte'oafnpagae'iusqn'an grade deèui^
dier. Depuis ce temps il ne se présenta
pe«ir lui' aueune nfoasînn de ise' distin-
guer însqn'à i^ipsurrectioa de FEspagae
contre Napoléon, filake commanjJaol, en
IMS ,4 la Oerogne^fMt noSMKé obef d^^
tat-4najor, puis commandant eo d^ef de
l'armée de Galiceç îl fit afs «flbrts,
avec l^amnéè de CanliHe comnsandée
par C^uesu^ pour repousser à Médina-
del-4tio âieos Joseph fiooaparte ^ui ve-
nait prendre possession du iràae ^e lui
avait destiné son •firère. Quoi<|ne iin peu
inférieures en nombre aux 34)/OiN^^spn-
gnols des deux armées, lestroupesifnm-
çaises eommandées par le qiaréebal fic^
siièraB pt bannies d'une boiuM amîUeHe
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pLf
($67)
^LA.
ngnèrent la bataille i et tout ce qpe put
laîre Blake, ce fut de couvrir habile-
ment la retraite de son corps d'armée
vers les montagnes de la frontière de
Galice, sans qu'il put être entamé. Il
occupa ensuite Bilbao, et lorsque la ca-
pitulation de Ba) len ( voy. ) et Tarrivée du
corps de troupes de La Romana eurent
relevé les espérances des Espagnols, il re-
prit Toffensive, de concert avec ce corps.
Les deux généraux livrèrent bataille
aux Fpnçais à Espinosa, point de la
réunion des routes de Santander, Rey-
nosa etVilIarcayo. BJake, récemment ap-
provisionné par TAngieterre , perdit son
artillerie et ses magasins, et, mis en dé-
route, il fut obligé de se jeter dans les
montagnes. Il remit le commandement a
son collègue La Romana, et, sur Tinvita-
tion de la junte centrale de Séville, il
prit le commandement des troupes es-
pagnoles de Ja pitalogne, de TArâgon
ëfc de Valence. Malgré quelques succès
qu*il obtint, il ne put empêcher Tenva-
hissement de T^ndalousie. Il fut rappelé
pour présider la régence du royaume;
mais II ne garda pas long-temps ce
poste important : on sentit qu*U étai^
plus nécessaire à la tête d'une partie
de Tarmée espagnole. Le malheur l'y
poursuivit, comme dans les campagnes
précédentes. On prétend d'ailleurs qu'il
n'exerçait pas un grand ascendant
moral sur les troupes. Ayant essuyé
une défaite à Murviedro , il se jeta
dans Valence, et, ne pouvant tenir dans
une place mal fortifiée, il fut obligé dé
capituler le 9 janvier 1S12. Il lut fait
prisonnier de guerre avec toute la gar-
nison et conduit au château de Vincen-
nes, près Paris. Au moment de se mettre
en route, il écrivit à la régence pour lui
recommander sa famille, n'espérant plus
de revoir sa patrie. Cependant les événe-
mens'lournèreut fiutrement: le Irone de
ÏJajpoléon ayant é(é renversé en 1814,
Ëlake sortit de Vincennes, reçut un bon
accueil des souverains alliés, rentra en
Espagne et obtint la direction du corps
du génie militaire. \a révolution libérale
de 1820, qu'il (|ut nécessairement secon-
der, le porta au conseil d'état. Cepen-
<Unt lorsque Ferdinand, à l'aide des se-
court de Louis XVIXI, eut anéanti le
syst,ème jt^es portés, pia|ce re^ta, commit
les autres membres de l'ancienne régence,
en butte aux persécutions des absolutis-
tes. Ce fut avec peine qu'il obtint la fa-
veur de n'être plus inquiété. Il mourut
en 1827 à Valladolid, délaissé par le ro^
pour lequel il avait souffert; il n'avait
tenu qu'à lui d'être employé par Joseph
Bonaparte. D-G.'
BLAME. On nommait ainsi, danf
notre ancienne législation, Ja réprimande
adressée par les juges à un criminel, en
exécution d'une sentence ou d'un arrêt.
Le blâme emportait infamie, et, dans
l'ordre des peines, venait immédiatement
après le bannissement à temps. Le Code
pénal de 1791 a aboli la peine (ju blâme.
Dans la langue du droit féodal, le
blâme est l'acte par lequel ^e se^gneu^
contre(^isait, lorsqu'il le trouvait défec-
tueux, l'aveu et dénombrement fourni
par sop nouveau vassal. X^a coutume de
Paris accordait nu seigneur un ^é\i\\é^
40 jours, à partir de la présentation du
dénoinbiement, pour le blâmer {voy.
Aveu). E. R^,
BL^NC (couleur), ^ux articles Colo-
ïiATioN et Lumière, on exposera les rai,-
sons qui ne permettent d'adn^eltre le:i per-
ceptions de l'organe de la vue, d'où résulte
pour nous l'idée (;les couleurs^ que soup
la dénomination rationnelle f^apparen"
cei. Mais ici, pour matérialiser notre
sujet , nous considérerons , par abstrac-
tidn, la couleur comme un être substan-
tiel. Nous trouvons qu'elle dépcoiji pour
nos organes du degré particulier de té-
nuité des lames dans lesquelles elle se
manifeste à notre vue, en raison du
mouvement des ondes prdduites par le
fluide subtil éthéré; cela est si vrai qu'il
nous sera toujours possible , à l'aide du
calcul , de prévoir jusqu'où il suffira de
pousser la division mécanique ,des famés
pour ariver à une nuance quelconque qui
varie continuellement avec ^épaisseurde
ces lames.
Dans le système nevrtpnien ^e l'émis-
sion lumineuse solaire, on considérait le
blanc comme un résultat de la réflexion
complète et simultanée de tous les rayons
colorés; et par une opposition consé-
quente le noir était considéré comme un
résultat d'absorption totale de ces mêmes
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BLÀ
(568)
BLÀ
rayofM ; d*oà cette atsertioii , que le noir
ii*élait qu'une couleur négative, c'est-à-
dire rdbsence de coulfur. On verra en
son lieu combien , en admettant le mou-
vement onduleux du fluide éthéré pour
cause unique de tous les phénomènei
lumineux, une multitude d'apparences
qui semblent d'abord contradictoires ,
viennent plausiblement se ranger sous
des lois invariables parfaitement en bar-
monie avec Tobservation des faits et les
déductions mathématiques.
Le mot adjectif blanc, est devenu
substantif dans une multitude d'accep-
tions diCTérentes. Pour les énumérer, il
nous faudrait passer en revue tous les
mrts de la vie, toutes les bizarreries de la
nomenclature, toutes les fantaisies des
imaginations vagabondes, et du blanc-'
manger des cuisiniers {voy, plus bas),
nous élever jusqu'au blanc céleste qui
déguise l'irréparable outrage, tourment
de la beauté fanée.
Quoi qu'il en soit de la théorie physi-
que du blanc dans les deux hypothèses
d'Huygens et de Newton , il e5t un fait
qu'elles essaient toules deux d'expliquer
et dont les conséquences pratiques sont
utiles à connaître : c'est que les corps
blancs s'échauffent le moins, que le ca-
lorique dont ils sont frappés se réfléchit
en plus grande abondance, et que par
conséquent un revêtement blanc, celui
de Tintérieur des cheminées, par exem-
ple, est le plus convenable pour mettre
à profit le calorique rayonnant dans les
appartemens.
Dans les arts de l'industrie , on con-
naît beaucoup de produits sous la déno-
mination de blanc. Les blancs d'Espa-
gne, d'Orléans, de Senlis, de Troie,
de craie, ne sont que du sous-carbo-
nate de chaux plus ou moins divisé , lo-
tionné, purifié; le blanc de plomb est un
mélange de sous-carbonate et de sous-
acétate de ce méul (vof, CiLausB). Le
blanc de Rremnitz est un sulfate de
plomb; le bhnc ou magistère de bis-
muth , ou blanc de fard, est un mé-
lange d'oxide hydraté de ce métal et de
sous-nilrate, qu'on précipite par l'eau
versée en abondance dans la solution
nitrique; le blanc de zinc que Guy-
ton de Morveau avait proposé de substi-
tuer, dans la peinttire, au blaoe de plomb,
comme moins altérable et moins mal-
sain, est le peroxide de zinc, obleDU
par la combustion rapide de ce métal:
c'est le pompholix, nitritalbum, laine
philosophiipie des anciens chimistes; oq
Ta aussi appelé bl^inc de perles, La sy*
nonymie est à l'infini; on retrouve les
mêmes substances sous les noms les plus
divers. C'est ainsi que dans les blancs
de plomb nous avons le blanc d'écaillés,
le blanc d'argent, le blanc de krems;
dans les craies, le blanc des carmes , etc.
Chacun connaît le blanc de baleine,
concrétion sébacée qui se trouve princi-
palement et en plus grande quantité dans
l'huile contenue dans la tète âviphyseter
macrocephalus, et à laquelle le vulgaire,
sous l'impression d'une fausse notion,
a ridiculement donné le nom desperma
cetr. Voir plus bas. P>zb , p.
BLANC y Blanquet, Blanc seiicc.
Ces trois mots désignent une pièce dans
laquelle on laisse un blanc que remplit
la personne qui doit en faire usage On
donne en blanc une prociiration, une
lettre de change, lorsqu'on n'indique ni
l'étendue du pouvoir ni la somme qu'on
met à la disposition du poileur. EndoS'
seren blanc^ c'est signer au dos une let-
tre de change en laissant une place vide
pour inscrire l'ordre auquel elle doit être
payée. Être^/i blanc, en terme de banque,
signifie accepter une traite sans en être
couvert, ou donner un mandat avant
d'en avoir reçu les fonds.
Dans quelque affaire que ce soit, un
blanc seing est le témoignage d'une haute
confiance, qui ne doit être que rarement
accordé, mais qui est indispensable lors-
qu'on rie peut fixer à l'avance, ni les dé-
marches à faire, ni l'étendue des res-
sources dont le mandataire peut avoir
besoin. C L. m.
BLANC (monnaie). On donnait le nom
de monnaie blanche kldL monnaie d'ar-
gent, sous le règne de Charles YL Les
gros tournois d'argent fin étaient nommés
gros deniers blancs; et on appela long-
temps les écus de 3 livres écus blancs.
On nommait (*rtinils bleuies ou gros
deniers blancs ceux qui valaient 10 de-
niers tournois, et petits blancs ou demi-
blancs ceux qui n^én valaient quo &• Sçua
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BLA
(569)
Ètk
Philippe de Valois et le roi Jean, les
blancs remplacèrent les gros lournois
qu*on ne fabriquait plus à cause de la di-
sette d'argent. On leur substitua des mon-
naies de billon('i;o/'.)qtii étaient de si bas
aloi qu*elles ne valaient réellement pas
deux deniers. Pour cacher cette fraude au
peuple, on blanchissait ces espèces, afin
qu'elles parussent être de l'argent.
En 1438, Philippe de Valois, que l'on
surnomma le faux monnayexir, fit faire
des gros tournois qu'il nomma blancs:
ils ne contenaient que six deniers d'ar«
gent, et il leur assigna pourtant une va-
leur de 15 deniers tournois. Le roi Jean
en fit Ùiire qui ne valaient que 4 deniers
et qui eurent cours au taux de 8 deniers
tournois. En 1354, il fit fabriquer les
blancs à la couronne qui valaient 5 de-
niers; on ne $t guère d'autre monnaie
BOUS son règne.
Sous Charles V, qui remit de l'ordre
dans les monnaies, les blancs furent tou-
jours à 4 deniers de 96 au marc, valant
5 deniers tournois la pièce. Charles VIII
fit faire une sorte de grands blancs qu'on
appela aussi Karolus; un K était gravé
sur cette monnaie.
Sous tes règnes suivans cette monnaie
ne varia guère. Henri II fît faire des gros
et des demi-gros dont le premier valait
deux sols sfx deniers, et le second un
sol trois deniers, qu'on appela des piè-
ces de six blancs et de trois- blancs. On
n'en fabriqua plus après Henri III. Les
dernières pièces de six blancs ont, je
crois, été frappées sous Louis XIV. Quoi-
qu'il n'y ait plus de ces pièces dans le
commerce, on a conservé l'usage de dire
/ûr^(^/i<;.c pour deux sousetdemi. D.M.
BLANC, Doy. Leblanc.
BLANC DE BALEINE y substance
plus anciennement connue sous le nom
de spertna ceti, lequel entraîne une idée
complètement fausse. Ce n'est pas non
plus, comme on l'a pensé depuis, le cer-
veau du cachalot, mais bien une subs-
tance environnant cet organe (voy, sur la
colonne précédente), et qui forme un des
produits importans de la pèche de la ba-
leine. Elle est usitée dans la pharmacie
et dans les arts industriels. Liquide au
moment de son extraction, elle a besoin
d'être débarrasiée par la pression d'une
certaine quantité d'bnile qu'elle retient
toujours; puis, quand elle a été fondue et
qu*elle s*esl refroidie, elle se présente en
masses blanches, cristallines, foliacées,
brillantes, onctueuses et translucides.
Le blanc de baleine se fond avec facilité;
il se dissout promptement dans les huiles
fixes et volatiles. Sa saveur est douceâtre,
et son odeur, faible quand il est récent,
devient désagréable quaiid il est ancien ,
et qu'il a subi le contact de l'air et de
la lumière.
On avait jadis prêté au blanc de ba-*
le'ue des vertus mei*veillei>ses contre une
foule de maladies; mais il est bien évU
dent qu'il ne peut agir que comme adour
cissant, à la manière des graisses. Il esT
employé à la confection d'emplâtres , ât
pommades, de cérats, etc. Mais son prin^
ci pal emploi est la fabrication de bougies,
fort recherchées à cause de leOr blan*
cheur et de leur transparence qui les fait
ressembler à l'albâtre. F. R.
BLANC DE PLOMB, V07. Creuse.
BLANCHABD (François), célèbre
aéronaulenéaux Andeljs(£ure)en 1738,
se voua dès sa jeunesse aux arts mécani-
ques, et, à peine âgé de 16 ans, consiruf-
sit une voiture mécanique avec laquelle
il parcourut un espace de sept lieuè^.
Cette invention, qu'il perfectionna encore
en 1 778, le fit admettre à la cour de Ver-
sailles. A li^ans il imagina une machine
hydraulique, et enfin un vaissean volant
qui, au moyen d'un contrepoids de '6 U^
vres, s'éleva à 20 pieds au-dessus de terrei
La découverte des frères Montgol fier et lès
perfectionnemens de Robert et de Char-
les, ne pouvaient manquer d'être accueil-
lis par Blanchard : aussi, après les pre^
mières expériences, osa-t-il traverser en
ballon, accompagné du docteur Jefferies^
la Manche de Douvres à Calais (1785);
et si l'art de diriger les aérostats n'est
point trouvé, ce passage du détroit k
travers les airs rendra le nom de Blan^
chard immortel. Un présent de 1 2,000 fr,
et une rente de 1,200 livres que lui ae^
corda le roi de France furent la'rérom^
pense de cet essai. Dans la même année,
il fit à Londres le premier essai pubKe
du parachute inventé par lui, mais attri-
bué par quelques personnes à Etienne
Monlgolfier, En 1798, après plusieum
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PL4
TPytfçs jiftpîiçps exécu^éf à |*érfaogcr, il
(ut emprisonné à Kurstein ()ans le Ty^^!)
comme prévenu tl*avoir propagé les prin-
cipes révolutionnaires; mais, bi(!nl6t ren-
4u à la liberté, il partit pour ^ew-York
oii il fit sa 46** ascension. £n 1798 , à
Eouen, il s*élèva avec 16 personnes dans
un vaste ballon et alla descendre à 6 lieues
de cette ville. U piourut en }809, ayant
tj^it plus de 66 voyages heureux dans la
r^ion des ni^ag^s. Cétait un homme il-
lettré et peu versé dans les sciepoçs pby^
Ûqpes.
Sa femme, qu> avait participa à se^
tfavaux, les continua. En 13M ellç fit
UQçadcepsion à Honac, et, après ^voir par-
jfïouru un espace de 0 milles, elle s'éleva
de nouyeau pour se rendre à Naples. Sa
mort, arrivée eq 1819, fut ameuée par
Texplosion de son ballon. {Ule. s'était
élevée de Tivoli et retomba morte dans
fà naoe||e, rue de Provence. C. Zn
PLA?1CHE y fille d'Alphonse IX , roj
de ÇasUI|e, naquît Tfu 1 185 , épousa en
4?Q0 l^uis, (ils de Philtppe-A ugivte qui,
en }?23, (jcvint roi de France, et fi^t
couronnée avec lu| à Kejros. Elle devint
jpèr« de saÂot J^uis. Après )iuit ans de
ri^e, INOUÏS YI^I mourut, et, d'après sa
yQÏQnl.éf 3ianqhe devint tutrice de ses en-
iJfm^^r^gMifç 4.U ^o) au me, qu'eue gou-
Ypf^a, «avec sagesse. Elle mourui à Me-
luflcn 125?. To/.LouislX. Y.
t «|L4^>iCW$ ( LA ^xa ) , au Qord de Ja
j$ju||si^, p'est qu'un golfe de la mer Gla-
PHile» Lal)vina, TOnéga, le JVIézeo, elc,
pnt leur embouchure da^is cette mef, e(
Ari^an^l es^ h principal port que les
bitimeps y fréquentent. |La mer JÇlai^c^e
e^ couverte de glace pendant six mois
^ )^*9^om*' 4ku pord-est ^a mçir 3|anche
l;»aigiiie les c6f.es de la ]Laponi.e, et à
Tç.*';^ celles de la Fiailande. Parmi le^
^If^ ,de ceue mer on dislingue celui
/qu^ fonne i'embouqhure de la iDrina,
Alla i*extrémUé duquel est situé A,rkhan^
j|^,'i&e fIpUe de ÏOoé$aL et eni^ celui de
JLQudalok , qui ae prolonge dans la La-
jHHHC Lf commerce qui se fait dans cette
■Plfir, appartient princi paiement à ArUian-
^\.(.9fojr^ ce mot},, et ce sont surtout
J^ Atàtioiiens anglais qui f^e fout. j[U vien-
lOant cborUiar les graioa, ^le chanvre, le
Jin, leiM>ic, le goudroo, etc. .4ea jirp^
(610) pLi^
yîçcej^ qi|i fLYçis^o^çt |^ f>y%nf, J^ ^^
il est entré dans cette mer ^72 bâtlroeps;
il en est sort i 429. Lesdroits que la douane
a per^'us sur le mouvement commercial
(indi(|ué à l'article AaxHAjiGEL) ont éié
de 910,1 39 roubles^ encore dans les <^er-
nieras années les exportations ont-elles
été moins considérables qu'elles ne l'é-
taient quinze ans auparavant. En |âl5
il fu^ expçrté pour plus de 15 mif-
lions de roubles, e( en 1817 ppujr
plus 4^ 18 millions. En général^ il y
a dç grandes variations 4^os |e's a^
faire^, suivant les événepaeDS qui af-
fectent le pojnm'erce ou |a pçljtique de
l'Angleterre. C'est ainsi qu'en 1828 ]sl
marine ^'a pas tiré de la mer Blanche
ppur 8 millions de denrées^ Dans les
cinq années de 18^8 a 1832, le nom-
bre des ^âtjmens qui sont entrés dans 1^
mer Blanche a été de 34*9 , 5(J9 , ' 467 ,
565 , 472 ; ce qui peu^ donner , une idée
des f^uctuationa du commerce 4^ns ces
parages. j
Les harengs qu'on sale ^ans les ports
de la mer Blanche sont moins estimés eo
Jtluss^e que ceuf qw viennent d autres
mers; on avait espéré relever cette branche
4*induslrieeo loudant,en 1803,lacoinpa-
l^nie pour le commerce de la mer Blan-
che; n^^is jusqu'à pr^sen^ les pçc^eri^
de cette mer y ont peu gagné , com|aa«
on le voit par le mpntant de^ importa*
lions de poissons en Russie. D-G.
pL^NjC/ipiil^ENT^opéraMon au
moyeu de laquelle on blanchit diveni
cprps ou divers produits içanujactu-
riers , en les dépouillaot ^u principe qui
Les colore. Le flambeai^ de la chimie a
po^é depuis quelques années' un grand
jour sur cet ^rt important et qui ^ivté-
rcs^ à vtn haut degré la- sa|uurilé et
réc^npmie /lomesljque. Çest a'Beknol-
let qu'on ^i,t )a première aj^licatiou
^u chlore, connu alors squs le r^om ^'a-
cide munatique^ à ^a destruction du
principe colorant de la jaioe, d^ coton,
du chanvre , du lin , etc. ; le chimiste
suédois Scheele avait seulement entrevu
celte propriété du chlore, ^e temps a ap-
porté de grandes améliorations au blan-
chiment ^^r2Ao//e^€/i. En général les sub>
stances employées au blanchiment sont
1^. acHifi*, ,lcls 9ue ^'^qi^e ^lyfl^ro-c^CK
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fiti
(671)
9LilL
rfqilf , «IHwM ancici^wnfp^ «çi4e ma-
rin y acide muriatiqiie ; Tacite pxajjque,
l'acide citrique , le sel d'oseille , Tacide
iulfiireui y la potasse , Tcau o^ig^née de
1$. Thénard , etc. , etc. Qo se sert aussi
^e divers savons économiques , tels que
le S4ivon propre à blanchir le fil de co-
U^ , le savoo de méoagje , le savon 11-
.<|UÎde 4<^ Giaptaly le savon de laine , ce-
fui 4« »^i9^ Ia lumière claire , l'air ,
1^ çfAofiqui^ , r^au , ies acides, les ^-
al^Qpef al4;^lines> 1^ cfelorp jb^Ics cblo-
mres son( autant de corps. dpQt po peu^
#e f ervijr dans les n^uaufuctMres ou atet-
li^rs) miiis «y^c dep pjPQc^dés divers,
c^t c))aque substance exjge un mode
f articpU^ir : #iD^ les tpi^ea eugiepi des
imanipujatipps «ujtres qu^ jodles qu'on
fl^U poi^ le fil en- éohevea^x, pour le êà
k cpudre , les finoos ; les toîlea 4e colon
4«f^fef ^ rfmpres^ipn n^ se blanc^s-
fent pa^ cQmme celles desUnées à /âjtre
Uyrém »u commerce eu IPkkpp, etc.
Qttolq)9^il Y 9i% une g^ai^de w^ogte
iifare la matiène colorante 4u cotpn et celle
4u ckmyre^kdulm ^«^,nmoii^s l'e^é-
jfifipce a d^niQoti(é qfi'i. était k^^W^p
pf Ms facile d'enlever la matière colprau;!^
4y ^p^o# /|i|.e pelU des ^f|c witrRa , et
^ib'il suffi^t d'c^plqyer la vape^r de
ii*em hoiifVi!^i£é VjQur )A^nclm f^^ trois
.§Qvts9 df mut/ènos 09 grilt? d'abord les
smle^i jce ^ui lenr^ei^lèye I/9 dMKe^,,s^s
#lt«quer |a jih^e v^gié^e QM le tis^u ô en-
suite ,oB les macirf yppuY leiK ^r ua^
jeApfice de .cp^e xw par^ment^ et puis pn
)^ la.ve fiik ie^soiume^VaiU hl diverses les-
^ivies. Duoa plusienArs bdaixc^isseries on
ijout» à cfia Uoiff opi^falÂo^s l'eipotM^Of)
; iUt^ Wyea sur (le pré. Là fiml- le blanchi-
«lenl^oppcimeAtidjLjPmMir {blanchir Ves
i0ime$ on ^eiur .onlèv^ 4*abord l«Mr^i/^t
^«MB. dnploitomun «sxQ» i \m^ <^ poiasa^,
M»; ce 4|ui ^<pr,^terahle9 burine am-
:«i^o»iiieide^ on Jes l«v>e 4an8 iupe ,«au
iMtfUiioDBjBt jOfci les soumet .eoauite à Tac-
âîoo de l'apîdje suUureux, gazeux ou JU-
ifyuidjB«^'il a*agk4e la soict on compieoce
imr hdécnmëer; on kii enlèye.son ver-
nis en la plongeant dans un Itain de aa-
. yon J>lanc de Marseille, .et on ila :lave en-
«uiVe dûn^ le <)ou£ant>d'utte xivière. On
4>lancbiâ amai vies piume^ et ht9 îrwrç,-
^otÊêp âjvee vme eau de Javou légère; ijes
<PPW«^>#vepi}el'acidesulfuriVîP(^^4*
d-eau; la cirç^ en la réduisant en rubana
trcs n^inces et en l'exposaot alternative*
meut au contact de l'air humide et de
la lumière; le papier ^ en le trempant
dans une dissolution de chlore. On voit,
en résumé, que le blanchiment est une
opéra^on que la chimie a mise à la por-
tée de tous les fabricans et qu'elle n'exige
que des précautions facile^ ^ prendre*
FqY" Tart. suivant . y. pE M-^,
BMNCliISSâCE, ppérapop <d'^
ponomie domestique au moyen ^e la-
quelle 00 eqlève les cqrps qui saUssen^
accidentellement le» fibres végi^tales dç^
tissus, tandis (|ue dans le blanjcbj-
ment on a pour ^ut de dépouille^ ces
i^émçf âbres de leur princjpf co|orax4.
Ces corp* aali^ans étant en général dje
nature gr^^sç» on emploie pour les 4^
truite ^ aljcalis, qui, agvs/^^^ sur eux ,
les saponifient; jtel estle principe deslea-
^iyes qu'on fait d^na les ménages ou che^
les blanphiss.eu^es. Ces op^^tjoi^ ^nt
|rpp connues pou^r que^ous ne puissions
pas nous dispen^r d^ le^ décrire, l^ouji
,nqHS çpi^f utei;ops ^'ajouter /c^^'op len A
^per/ectioi^iées et q^e, aoua ce rapfxu^y
la salubrité a fajt lliieaucouj^ de progrqi.
file est Ici upe ciuiso infiuente sur U
sanjLé) car le U^i^pl^i^^s^, jo^re qu'il
ôte au linge de table ^ de ci^ine jl|e?
^natières .gras^^ jet qiu'il dipndgye^u lingp
,en général Wjie p^t^ de l'éclat eA 4^ la
J>lancb/9ur qu'il ay^t étant ueyf, U enl^vp
jeuqore à m^ ,\étjemjens les ji^iasmes ^j^
v/ept putrides que \fi% éman|iUops de no^s
corps Ifcur çomnwniqu^t-
lÛn des prinoipaMx pei^feçtion^mcina
^o^isiâte à 14anchir à fl^. vapeur. ,On épo-
j^omrise les cinq sixièmes du «^mbuatit^
et beaucoup de ^emps, car on peut Xaii^e
la lessive en 8 heures au lîeujd'y en em-
ployer 24; oiu ré^it pw jtiers )«r CQQpom-
malÂPn du savon /et d'ijn ^tie^rs les irais
demain^'c^AT»^ enfin pn a la oerUtude
de pouvoir porter 4a chaleur ^ la ;temp!é-
rature de l'eau bouillante, qbaleur Ji>ien
nécessaire pour enlever des «taobcs qui ,
^ans elle, ne disparaîtraient pas. .On est
parveuuà blanchir avec d'autres m^lièpes
que le sa.voA : c'eftt ainsi qu'oin W^^nchit
^v/eçjplusieurs.substanoes végétales, telles
qu^le^wuTon d'Ande,.)a jKunn^d^iten^y
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BIA
(472)
BLilL
1i saponaire, le rit (te procédé est em-
ployé dans rinde ) , ïe savon végéul de
la Jamaïque qui est tiré dû grand aloès
d'Amériqnc, etc. V. de M-w.
BLANCHISSEUR, Blanchihskusr,
induittrîels occupée à nettoyer le linge au
moyen des procédés indiqués dans Tar-
ticle précédent , et dont il est question ici
sous le rapport de Thygiène publique et de
l'économie sociale. En général les éta-
blîssemens de blanchisseurs , formés sur
des bases étroites, avec trop peu de ca-
pitaux et de lumières, deviennent des
causes puissantes dMnsalubrité, tant pour
les personnes qui y sont employées que
pour le voisinage, outre qu'il y a une
perte énorme de temps et de matière et
une grande imperfection dans le travail.
Les blanchisseuses (car ce sont presque
toujours des femmes qui se livrent à ce
travail) habitent les étages élevés de mai-
sons situées dana les quartiers les plus mal-
sains qu'elles rendent plus fâcheux encore
par les eaux qu'elles laissent couler et
croupir sur hi voie publiqae. Une à deux
chambres au plus servent à la fois à l*ex-
ploitatîoW de l'industrie et à Thabitation
-de la famille : aussi est-Il peu déclasses
d'ouvrières qui soient exposées à plus de
maux. Les accidens occasionnés par le
charbon y sont extrêmement fréquens; les
affedtions de poitrine, les scrofules, lesdé-
cimertt'cruellement; les ulcères variqueuk
aux jambes semblent leur ap(taKenîr
presque exclusivement. A ce» considéra^
tions, qui seules devraient appeler l'at-
tenlidn des philanthropes et dn gouver-
nement , joignez l'ignorance ou l'emploi
irîclefifx des procédés industriels néces-
salre^ pour dépouiller ^jOmplètemeM h
linge des matières étrangères qui s'y at-
tachent et qui sont des causes puissantes
de maladie. F. R.
BLANC-MANGER. On appelle ainsi
une espèce de gelée ou d'émulsion qui
est à la fois du domaine du confiseur et
de celui du pharmacien. C'est un mets
agréable el léger et d'un effet excellent
pour l'eslomac.II entre dans sa composi-
tion de la gelée de corne de cerf, des aman-
des douces, de l'eau de fleur d'orange, de
l'esprit et des testes de citron , et du su-
cre. On sert aussi k table, en même temps
que les crèmes ^ une sorte de blano^maa-
ger qui te fait aree des amandes, de It
crème, deJa colle dé poisson et du su-
cre. D. A.D.
BLANC*S ET NOIRS ( fiianchi e
Neri ), (Victions rivales qui ensanglantè-
rent Floi*ence pendant les cinq premières
années du xiy^ siècle. Sous ces noms
nouveaux elles ne firent, à proprement
parler, que continuer l'ancienne lutte
des bourgeois et des nobles ; ceux-ci
composèrent le parti des Noirs, ceux-là
le parti des Blancs; aux Blancs se mêlè-
rent les restes de l'ancienne faction des
Gibelins, de même que les débris du
parti Guelfe entrèrent dans l'iniérêt de
la faction opposée. P. C
BLANCS-MANTEAUX, nom que le
peuple donna, à Paris, aux religieux
d'une maison située dans la rue qui s'ap-
pelle encore aujourd'hui des Blancs^
Manteaux; par la raison qu'appartenant
à la règle de saint Augustin ils portaient
un manteau hianc. Plus tard (t39S) des
Bénédicttns gu4llelmites s'établirent dans
ce couvent , et quoique leurs' vêiemens
fussent noirs, ces nouveaux babitans
conservèrent le nom de Blancs-Mau*
teaux. S.
BLAN6INI ( JosEPH4^ftc-'MAaTB-
Félix ), né à Turin en 1781, doit à
l'abbé CHtani, maître de chapelle de la
cathédrale de cette ville, les premières
leçons de théorie musicale qui l'ont î<i-
troduit dans la carrière qu'il a poursuivie
avec succès. Il atait 14 ans lorsqu^il fit
exécuter son premier ouvrage: o^éiaitune
messe à grand orchettre. M. Blavigioi vint
a Paris en 1701^, et se fit connatlre par la
publication d'un grand nombre de ro-
mances et de nocturnes, qui eurent dans
leur 'bouveauté un auoeès de vogue. De-
ptm fors il se livea à renseignement 4u
chant et à la composition «Irahmiiqve.
La faune Du^finer, q«e Délia Maria
avait laissée 'roadftevée, fnt terhiiBér|air
lui; et peu de temps apr^ il fit repiré
sert ter Zélie et TetvUCs^ opéra qui e«it
peu de succès , ainsi que d'autres qui f««
rent joués à'rOpéra*C)onNque et à l'Aca-
démie royale de musique.
£n 180S M. Blangini quitta Paris et
se rendit a Munich. L'opéra qu'il y com-
posa sons le titre de Encore um tour de
khaitfe lui valut le titra de maitrv àm
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BLA
(S7J)
BLA
chapelle (la roi de Bavière. Cène fut pas
la seule faveur royale qu'obtint M. Blan-
gini: la princesse Bor^bèse.sœttrdeNa-
poléon, le nomma, en 1806, directeur
de sa musique, et, en 1800, le roi de
Wtsiphalie fit de lui ie maître de sa cha-
pelle et de sa musique. Revenu eu France
en 1814, il fut successivement nommé
surintendant honoraire et compositeur
de la musique du roi. Il devint aussi pro-
fesseur de chant à l'école royale de mu-
sique; mais cette place lui fut retirée en
1827.
M. Blangini a composé 17 opéras qui
ont été représentés; environ 175 ro
mances en 84 recueils; 170 nocturnes
à deux voix , quantité de cantonette , 6
motets et 4 messes. £. F-s.
BLAKREKROUaO y ancienne prin-
cipauté dans le Harz , voy, BauRsvtricK.
BLANQUETTE j sorte de vin blanc
agréa bleet rccherc^bé, propreau Bas- Lan-
guedoc et ainsi nommée du duvet blanc
dont le pampre est garni par-dessous. La
blanquette la plus connue est celle de
Linfoux {^ude\ Y.
BLAQUERNES, palais d'été des
empereurs grecs de Conslantinople, bâti
dans le faubourg du même nom , où il y
avait aussi une belle église, au rapport de
plusieurs historiens byzantins. A près leur
avènement , les empereurs d'Orient par-
taient du palais des Blaqeernes en grande
pompe, et, suivis de toute leur cour, fai-
saient ainsi leur entrée solennelle à Cons-
lantitiople; c'est ce qu'on appelait lu
piocession des Blaquernes j. B. X.
BLASON. On appelle ainsi l'art qui
s'occupe spécialement de l'étude et de U
composition des armoiries; quelquefois
ce mot se prend aussi pour les armoiries
elles-mêmes. La plupart des auteurs l'ont
fait dériver de l'allemand hfnren (sonner
du cor), parce que, dit le P. Ménestrier,
c'était la coutume de ceux qui se présen-
taient pour combattre dans les tournois
de notifier ainsi leur arrivée. Les hérauts
les annonçaient ensuite de la même ma-
nière, décrivant a haute voix, ou blason-
nantk mesure les armes de chacun des
concurrens. Par le même motif lei>Uison
a reçu encore le nom iVart héreUt/ique.
Cest en France qu'il a été le/|4iis cul-
i tivé; ei^ ce qui le prouva , c'est que les
étrangers, et surtout les Anglais, nous en
ont emprunté tous les termes. Cet art»
auquel on avait accordé jadis une haute
importance, quand il semblait u'avoir
pour but que de constater l'ancienneté et
les diverses illustrations de quelques fa-
milles privilégiées, éUiit tombé, depuis
les premiers temps de la révolution de
1789, dans un oubli presque complet. Il
reprit quelque faveur sous l'empire, à
l'époque où la création d'une noblesse
nouvelle reporta l'attention vers l'étude
des signes et des emblèmes par lesquels
on avait distingué l'ancienne. Mais, de
nos jours, une utilité plus réelle recom-
mande l'art du blason. On a compris que
cette étude, trop vantée du temps de nos
pères , mais beaucoup trop dépréciée de-
puis, peut rendre les plus grands servi-
ces à l'archéologie et à la numismatique
nationales. Ainsi, quand nous apercevons
dans quelques-unes des salles abandon-
nées du château de Saint-Germain , on
sur un écu d*or du xvi* siècle, ou sur
une des pièces de canon récemment ap-
portées d'Alger, l'emblème si oonnu de
la salamandre, nous nous reportons aus-
sitôt au règne de François I*'''. De même,
BU château d'Écouen,la devise AIT AANOZ
(sans reproche) et Técusson d'or chargé
d'une croix de gueule et de seize alérions
d'azur, rappellent le nom des Montmo-
rency et l'un des beaux faits d'armes qui
ont illustré cette famille. On a vu, à
l'article Armoiries , que le système le
plus probable reportait seulement au
temps des croisades l'origine des distinc-
tions héraldiques ( Nous ne parlons pas
ici des anteui'S qui ont donné sérieuse-
ment les armoiries des enfans de Noé et
celles des enfans d'Israël). L'assertion que
nous venons de rappeler a bien été con-
tredite par des personnes éclairées : ce-
pendant nous ne voyons citer nulle part
de monumens antérieurs à l'époque de
ces guerres lointaines, qui soient déco-
rés d'armoiries. AinAi, l'on n'en voit pas
même l'apparence dans la célèbre tapis-
serie de Bayeux, exécutée (d'après la date
la plus ancienne qu'un puisse lui donner),
vers l'an 1070, c'est-à-dire moins de
30 ans avant la première croiïtade. Il y
a ici, au surplus, une distinction impor-
tante à faire. $ans doute, à toutes les épo-
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BLk
(574)
BLA
fQefl; ks pehplés gùerriert et leurs chefs
eux-mêmes ont pu porter, au milieu de
leurs boucliers et sur leurs étendiyds ,
des emblèmes pr(>[)re^ 4 les rallier sur le
champ de bataille; mais il y a une graodo
difCércnce entre ces signes isolés, varia-
bles suivant le caprice de la nation ou de
•es maîtres (on sait, par exemple, que
l*kif;te n'a été définitivement adoptée par
les Romaibs qu'au temps de Mtfrtus),
M dés signes convenus et invariables, dis*
posés suivant an ordre régulier, et surtout
héréditaires. Or, ce sont ces derniers
traits qui caractérisent Tart du blason.
Les signes nombreux qu'il emploie, re-
présentation plus ou moins exacte d'ob-
jets naturels ou fictifs, ne sont pas les
seuls élémens dont il fasse usage. On j
joint encore les devises {vqx,)^ qu'il faut
distinguer du cri de guerre ou d'armes
ifloy») et dont plusieurs , devenus célè-
bres, rappellent, d'une manière souvent
ingénieuse^ des faits qui ont obtenu une
juste illustration. C'est ainsi que l'histoire
du moyen-âge et la science des armoiries
peuvent encore se prêter un mutuel ap-
pui et s'édairer l'une par l'autre.
n faut s 'occuper d'abord du champ de
récu.Cedernier,variable de forme suivant
les pays, est en France rectangulaire, posé
droit, et termibépar une pointe peu sail-
lante. On y distingue le haut ou le che/y
le milieu ou centre^ et le bas ou la -pointe.
Si on le partage égalenhent par deux li-
gnes, l'une horizontale, l'autre vertica-
le, la première donnera le parti \ la se-
conde, le coupé. Le tranché et le tailté
s'obtiennent par des diagonales menées
dé droite à gauche, et de gauche à droite.
Là division où partition en quatre car-
rés donne ce qu'on ap[ielle les quartiers^
qui peuvent ^re subdivisés à leur tour.
De Ht Texpression si connue de qttar^
tiers de nohlessej dont les preuves étaient
exigées dans certains cas. On a appelé
^car/Wl^tesécussons qui offrent alterna-
tivement, dans le premier et le troisième,
le deuxième et le quatrième quartier,
les armes de deux familles ou de deux
nations, réunies par suite d'une alliance,
ou par tout autre motif. Tel était l'écus-
soh d'Angleterre, sous Edouard III, qui
l'avait écarieié de Frctnce^ en y faisant
«Utmer les fieurs^^^it et les léopards
Le ëb«in|j bien reëoBnii^ il ÎkoX maîii*
tenant en distiifiguer les partitions ad
moyen des émau-t. On en emploie neuf^
savoir : deui métaux, or et «r^/?/; einq
couleurs, qui Sent: aztir^ gneUie (rouge)^
pourpre (violet), sinopU (vert), et sabie
(noir). Enfin il y a encore deux/ourrun»':
hermine et voir ou petit gris. Chacun de
ces émaux est distingué dans la gravure
par des points^ des hachures j etc., dis-
posés d'une manière partictllière. Ainsi ^
Vargent eft fc*eplréseiité par lui fond toiit
blanc ; l'or par un fond sablé à petits
points; le gàeuh par des hachures ver-
tioalea; l'asurpar des hachures horiaoa-
tales; le sàtfle par un fond noir, ete.
Une des lois les plus sévères du blason
est de ne pas mettre couleur iurctmleur^
ni métal sur métàL Cela aé pnMilté pbur-
tant dans quelques cas 2 ainsi, férusalem
porte d'argent à la d-oil d'ôr^ étb.
Avec les élémena qui viennent d'être
indiqués V on peut déjà décrire on bla-
sonner un assez grand nombre d'krmoi*
ries; celles qoi ne contiennent aucune fi-
gure. Ainsi on se représente très bien lies
armes de la ville de Bordéaul(d'Or |>fein);
de Narbonne (de gueuk plein); celles
dé Bretagne (d'heràiine), de la mai-
son de Biron (écartelées d'or et de gUen-
le), etc.
Mais sur la plupart des écns d'armoi-
ries on trouve encore, outre les émanx,
des figures dont les fornies et le nombre
varient à l'infini. Il faut distinguer ici les
figures héraldiques et celles que Ton
nomme naturelles et artificielles. Les
premières portent encore le nom db pii-
ces honorables^ et ont été^ pour la plo-
part, empruntées aux tournois. Ce sont,
en ne citant que les principales Ha^îixctf
(ou bande horizontale); le /mi/ (bande
verticale); la bande et la barré (bande
proprement dil!e, inclinant à droite ou
à gauche); le chevron , Vécu en abùne
(ou isolé); la croix^ le soMtoir^ le canton,
etc. Ces pièces se modifient de mille ma-
nières et reçoivent des noms difiérens,
suivant leur nombre et leurs dimensions.
On peut consulter à cet égard les divers
traités de blason.
Les figures natmreUei sent prise» des
Imimanx, des plantes , des astoreB, du
tbrpshwnaiai etc. Lès wiifidHiet sont
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EU
(5^5)
BLA
dés iiieubks ou îosU'anieQs de métiers,
de guerre, de cérémonies, etc. Tous ces
objets peuvent être peints avec les émaux
que nousavons indiqués. Ainsi, il y aura
des croix d'or, de gueule, des lions d*azur ,
des ours de sable, des tours d'argent. Ici
sont encore employées des dénominations
oouvelles: un bras droit étendu s'appelle
dextrochère ; deux mains unies, une foiy
etc. Les figures d*animaux ont aussi des
désignations qui leur sont propres. Ainsi,
11 y a des lions passons (qui marchent),
léopardés (vus de face), rarnpans (quand
ils semblent grimper), etc.; ils sont d'ail-
leurs armés ^ lampasscs ^ mornes y etc.
Plusieurs de ces emblèmes constituent
des armes parlantes: la maison de Cré-
qui porte des criquets (arbustes épineux
des haies) ; celle de Mailly des maUletr^
celle de Colbert une couleuvre {€i)tuifer)\
les dauphins de France et d*Aa vergue
avaient un dauphin y etc.
Nous n'avons pas encore parlé des bri-
sures. On appelle ainsi tout accessoire et
même toute modification introduite dans
des armoiries , et qui ont pour objet de
distirtguer les bitmches d'une même famil-
le. On emploie surtout pour cet usage :1e
lambel^ la bordure y le bdion péri [r^c-
courci et isolé), V étoile y la coquille y la
croizette, et autres accessoires qui n'al-
tèrent pas sensiblement le blason prin-
cipal. Ainsi, Técu de la branche aînée de
Bourbon, brisé d'un lambel dVgent à
trois pendans, forme les armes de la
branche d'Orléans. Le dernier duc de
Bourbon portait utk bâton péri en bande
de gueule, pour brisure; Montmorency-
Laval charge là croix de gueule de cinq
coquilles d'argent, eic. On peut regar-
der encore comme une brisure , la ligne
de bâtardise qui, tracée en diagonale
sur tout le champ de Técu, annonçait
que le titulaire n'appartenait que d'une
manière illégitime a la noble famille
dont il portait les armes.
Maintenant que nous avons étudié l'écu
et les divers emblèmes dont il peut être
orné (et nous observons eu passant que
les armes les plus simples sont regardées,
en général, coihme étant les plus ancien-
nes) , il nous reste à parler des oruemens
extérieurs , tels que les casques et coU"
ronnesp les lambrequins ^ les $uppom
et tenant, les insignes et les ordres de
chevalerie»
On a appelé timbres les omemens tels
que les casques, couronnes, etc., qui re-
posent immédiatement sur l'écu des ar-^
moiries. Les couronnes s'emploient ,
non-seulement pour les souverains, mais
même pour la noblesse titrée, jusqu'au
rang de vicomte inclusivement £lles
sont distinguées par le nombre des perles
etdesy/etiro/tjquiles surmontent Ainsi,
la couronne de duc porte alternative^
ment une perle et un fleuron; celle de
comte n*a que des perles, et celle de vi-
comte quatre perles seulement. Sons le
régime impérial, on avait employé, pour
les personnes attachées à la magistrature
et à l'ordre civil, une toque ornée de
plumes, dont le nombre variait selon le
rang du titulaire. Cette innovation parait
n'avoir pas été maintenue. Les casques
ou heaumes sont réservés à la noblesse
militaire; ils diffèrent de même de
forme et de richesse. Les rois et empe-
reurs ont le casque d'or , bordé et da^
masquiné du même , tout-à-fait ouvert et
sakis grilles; le métal change et les orne-
meus diminuent à mesure qu'on des-
cend, et le nombre des grilles aug-
mente dads la même proportion.
Les lambrequins sont des bandes d'é-
toffe, de rubans découpés qui descendent
en forme de festons très^ enroulés autour
du timbre, pour lui servir d'ornemens.
C'était, dit-on, l'ancienne enveloppe des
Casques, destinée à les préserver de la
chaleur et de la |)oussière, comme le fai-
sait la cotte d'armes pour le reste de l'ar-
mure. Le fond des lambrequins est ordi-
nairement de la couleur du champ de
l'écu, et les bords sont de celle des antres
émaux Au-dessus des casques et des
couronnes se place encore quelquefois
un ornement particulier qui a reçu, par
suite de sa position , le nom de cimier.
C'est tantôt une touffe ou masse de plu-
mes, tantôt une figure d*animal ou de
tout autre objet réel ou imaginaire, tels
que les chevaliers en portaient jadis sur
leur casque, à ribiitalion des héros grecs
ou romains.
On a donné le nom de tenons à des
figures humaines, telles que des guer-
riers, des sativages; et même des toA^m ,
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BLA. ( s;
qu*OD place des deux côtés de TécussoD.
Quand ce sont des animaux qui sont
ainsi placés , ils revivent le nom de
supports. Ainsi, les armes de France
avaient pour tenaos deux anges; celles
d'Angleterre ont pour supports une li-
corne d'un côté et un léopard de l'au-
tre, etc.
Quant aux marques de dignités, ce
•ont les chapeaux de cardinaux, les mor-
tiers pour la haute magistrature, la croix
patriarcale pour les archevêques, etc.,
placés comme timbres sur Técu. Les bâ-
tons de maréchaux , les masses des
chanceliers, se mettent en sautoir, der-
rière le champ. Les cordons des or-
dres nationaux et étrangers sont disposés
autour de l'écu; la croix, derrière celui-
ci , ou pendante au bas du collier , sui-
vant le rang du dignitaire. Enfin, derrière
les armoiries des souverains on ajoute
un manteau ou pax^Ulon^ plus ou moins
riche, aux couleurs du blason; c'est sur
ce pavillon et au-dessous de la pointe de
l'écu que se voit ordinairement la de-
vise, tandis que le cri d'armes se place
plus volontiers autour du timbre, comme
dans Técusson d'A.ngleterre.
Pour de plus amples détails, on peut
consulter les traités spéciaux, et particu-
lièrement celui du P. Ménestrier, revu et
augmenté par M. L. Lyon, 1770; et les
ouvrages de Favyn , de La Colombière
et du P. de Varennes.
Ce mot blason a été encore employé
par les vieux poètes français, surtout
au XYi** siècle, pour désigner de petits
poèmes , le plus souvent satiriques.
Marot en olfre beaucoup d'exem-
ples. C. N. A-
BLASPHÈME. La véritable dèhni-
tion du blasphème se trouve dans ces pa-
roles de Moïse : Quiconque aura mau-
dit son Dieu portera la peine de son
péché (Lév. XXIV, 15). Le blasphème
consiste donc à proférer contre Dieu des
outrages, des imprécations ou des me-
naces; à braver sa puissance; à mécon-
naître, dans une folle iuipiété, sa grandeur
et ses droits ; à blâmer ouvertement les di-
rections de sa sagesse el les dispensât ions
de sa providence. On le confond à tort
avec la profanation, le sacrilège, le par-
jure; avec Fath^me et le p/inthéisme.
76) BLE
On a même quelquefois qualifié du nom
de blasphème des injures proférées con-
tre la Vierge et les saints. Réprouvé par
la loi de Moïse qui prononçait contre lui
la peine de mort, le blasphème fut aussi,
même chez les nations idolâtres, l'objet
de l'horreur universelle. Cependant les
condamnations pour cause de blasphème,
prononcées par les Athéniens contre So-
crate et par les prêtres juifs contre Jé-
sus-Christ , montrent assez l'abus qu'il
est trop facile de faire des lois pénales
en pareille matière. Les anciennes légis-
lations avaient généralement proscrit le
blasphème sous les peines les plus sévè-
res. Justinien, Saint-Louis, Pie V, eta,
l'avaient puni de l'amende, du fouet, de
la mutilation de la langue, des galères
et même de mort La dernière exécution
à mort pour fait de blasphème eut lieu
en 1748, à Orléans, sur sentence du par-
lement de Paris. Ces anciennes lois aoot
généralement tombées en désuétude : la
diversité des opinions religieuses et l'in-
convénient qu'il y aurait à prononcer
exclusivement dans le sens de telle ou
telle d'entre elles en est peut-être la cause.
Les lois actuelles gardent un profond
silence sur le blasphème : serait-ce
par la raison qui porta Solon à garder
le silence au sujet du parricide? Le sage
athénien ne voulut pas supposer la possi-
bilité du parri4 ide : il est aussi de la sa-
gesse du législateur de ne pas supposer
la possibilité du blasphème. B-D.
BLÉ, vo)\ CÉRÉALES et Gbains.
BLÉ DE TURQUIE, voy. Maïs.
BLEMMYES, peu pie d'AIVique, chez
les anciens. Sirabon et Am mien-Marcel-
lin le placent au sud de Méroè, entre le
Nil et la mer Rouge. Pline, Aulu-Gelle,
Pomponius-Méla, Solin, Isidore de Sé-
ville représentent les Blemmyes comme
n'ayant point de tête et comme ayant le
visage sur la poitrine, ce qui peut n*étr«
qu'une expression figurée pour exprimer
un cou excessivement court et une tête
très enfoncée dans les épaules. Vopiscus
rapporte que ces barbares furent soumis
par Teiupereur Probus, qui en amena
<{uelques-uns captifs à Rohie, où leur vue
extraordinaire excita le plus grand éton-
nement. Quelque temps après ils secouè-
rent le joug et s'emparèrent même de
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BLE
(57
Coptos et de Ptolémaîs, où ils massdcrè-
rent tous les Romains. J. B. X.
BLENDE. Ce nom a été donné par
les minéralogistes allemands au sulfure
de zinc. Il vient du mot allemand blen-
den qui signifie r/y/oi//r et tromper, parce
que le minéral dont il est ici question a
souvent Tapparence du sulfure de plomb
avec lequel il se trouve fréquemment, et
avec lequel les mineurs peu expérimentés
le confondent quelquefois.
Le nom de blende est depuis long-
temps admis par les minéralogistes fran-
çais : il désigne une substance jaunâtre
ou brune dont Ta^ect n'est point mé-
talloïde et qui est composée de 30 à 33
parties de soufre, de 50 à 63 de zinc, et
de 3 à 10 de fer.
Ce sulfure cristallise dans le système
cubique; il se présente en octaèdres et
en tétraèdres plus ou moins modifiés
sur Les angles ou sur les arêtes. Mais ses
foruies irrégulières les plus ordinaires
•ont en mamelons, en lamelles et en fi-
bres; très souvent il est translucide et
même transparent.
On le trouve dans des roches graniti-
ques, ou dans des calcaires magnésiens
et des gypses appartenant au terrain de
sédiment inférieur. Les Alpes et les Py-
rénées en sont abondamment pourvues.
Ce minéral est eiploilé pour en retirer
le zinc qui entre, comme alliage, avec le
cuivre, dans la composition du laiton ou
cuivre jaune. J. U>T.
RLENUEIM, vof* Hochstaot et
Marlborough.
BLESSIG (Jeau-Laureut) naquit à
Strasbourg en 1747 de parens obscurs
et sans fortune. Il annon^ de buone
heure des talens éminens et fut assez
heureux po«r trouver des protecteurs qui
le mirent à même de pouvoir se vouer
aux études. Il fréquenta successivement
les leçons du gymnase et les cours de
Funiversilé de sa ville natale. Sa piété
l'engagea à se consacrer à la théologie;
c'est en 1770 qu'il fut reçu docteur en
cette faculté. Indépendamment de la par-
tie dogmatique , il fit une étude spéciale
des langues grecque, latine et sémitiques,
ainsi que de la philosophie et de This-
toire; il se sentit moins de goût pour les
sciences exactes. En 1772 il entreprit un
Encyclop. d, G. d. M. Tome III.
7) BLE
premier voyage littéraire, en société avec
le célt^bre helléniste Brunck (w^.). 11 visita
\ ienne en Autriche, Berlin, léna. Halle,
les Pays-Bas, Francfort. Dans toutes ces
excursions, les bibliothèques et les mu-
sées fixèrent son attention , et il se con-
cilia la bienveillance des hommes les plus
distingués. Plus tard il fit un voyage en
Suisse, où il se lia avecLavater. La théo*
logie était encore emprisonnée dans une
orthodoxie stationnaire, tandis que TAl-
lemagne protestante, armée du flambeau
de la critique, avait déjà lait justice d'une
foule de dogmes surannés, étrangers au
véritable esprit du christianisme; Blessig
implanta ces idées nouvelles en Alsace.
Après avoir passé par quelques fonctions
subalternes dans la carrière sacerdotale
et dans celle de l'instruction publique ,
il fut nommé, en 1781 , prédicateur au
Temple neuf, principale égKse des pro-
testans de Strasbourg, et, en 1783 »
professeur de théologie. Comme prédis
çateur, Blessig se distingua par une élo-r
quence entraînante, qui parlait à la fois
au cœur et à l'esprit. A Strasbourg le
service divin se fait en allemand : les
annales littéraires de l'Allemagne placent
le nom de Blessig parmi ceux des pré-
dicateurs les plus distingués de notre
époque. Blessig aimait et cultivait cepen-
dant la langue française : jeune encore il
eut occasion d'en donner une preuve
ériatanle dans une circonstance mémo*
rable. Louis XV avait fait ériger un mo-
nument au n^aréchal de Saxe (voy. Pi-
galle et Strasbourg) dans l'église de
Saint-Thomas de Strasbourg. £n vertu
d'une ordonnance du roi les dépouilles
mortelles du vainqueur de Fonteooi de-
vaient être déposées dans le caveau qui
se trouve au-dessous de ce monumtni.
Cet acte de reconnaissance nationale fut
accompagné d'une cérémonie solennelle;
Blessig fut cliargé d'y prononcer un dis-
cours. Le jeune orateur obtint les ap-
plaudissemens d'un auditoire aussi nom-
breux que brillant. Son discours fut im-
primé et valut à son auteur les éloges les
plus flatteurs. Blessig fit quelques an-
nées plus tard un voyage à Paris, où il
reçut les encouragemens de d^Alembert,
de Thomas, de l'abbé Arnaud et d'autres
hommes célèbres; il fut .surtout sensible
37
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BLE (o
à eavht éxL P« ÉlMe , ûIùtè le prédicateur
le )itUs étoquem dé là Fréfrée; Blessig
flÉtoelgnak rexégèse, hi dogmatique, Vhis-
toîre ecdésiadtique; maïs loifi de se bor-
ner à ses covrs obligés , il arait besoin
d'an cercle d'activité plus vasie et tout
■on tslent briflaH dam ses le(o*f de
^Hosopkie et dâàs ees euplitations d'au-
teoM âàcietts. U^ créai eu fkvèur de c««tè
ievnesaè studiefiM one société d'éumla^
tien qai fut Aie pépinière cThommes dis^
tÎDgués daàs les carrière^ les plus dtfTé-
rentes. Si Blessig en dMlfe rtfppeltrit Fé-
Bélon, il était Plet<m a» «oitieii de ses
disciples. CortinM pffcileMhrope, Taetivité
de eec bommè était prodigieuse : toutes
0tt pensées étaient éirigétt vers le tiksh
de ses sembla btes.-
Ce digue pasteur (Vit aties! ùA eXceftent
ekoyeo ; il saHia atec efltho^sîasMre Fai^
rore de notre réfofasitioi^. Pitriète ifélé et
aftieèi^, M ne put cepeudane échapper
ttiiè ftarenre de 9^8 ) itt»% ni Vét^y ta ^
ieéÈ ne paYvi«rent à ébrauler sou cou-
rant ; on ti^ toujours bk*f Her slir son front
k ealme et la- séréfiité du philosophe
chrétien. Lorsque \at loi duf 18 germinal
ifuX eut réorgeofîsé le culte, Blessig fin
nommé membre ecclésiastique du direc-
toire et du consistoire général des pro-
testant de la confession d'AugsbOurgèri
France; il remplit les devons muHipliés
que lai imposait cette fonction avec at^-
tant de zèle qtiié d'intelligente.
Outre des dissertations et des discours
acaklémiques rédigés en tatiu, outre un
grand nohnbre de petites bt'othures mo-
fttle» et religieuses , dloût la simple énu-
méi^atïon prend sepé pages dttns sa bio-
graphe, on né petft guère citer d'ou-
vragés de hiî qefeles-âtei^attîr; Fùrksuhg
éUrp^raktiàchen Seekniehrë {Leçons de
psyth&tùgief pratiqué) \ \t ÉèogriXjyhiè
da càmi^ dé Mêdè&ty éétàTi^gM^ <h
sacàft^spohdtirVQe dt^ec^a s^tir J^^ de
Reckci Stt-asboittt» 3 vtol:; cf Predîg^
ten M dèM EinMw àt da:thtuhieHntê
I^hnhundétf {^Sérhtoks prononcés an
aorrkmenceHierit du, invâ sfièdle, Stras»
bourg, 1816î).
Blessig mourtit en ISf e, et sa ville na-
tate kii fil! les é%sèqu^ VeS phis tou-
ehatftesi Un mbàùment en maïti/re lui a
Mmgk iNiTMi]^ neuf, Pekébtttion en
78 ) BLË
a été confiée wst statuaire Ohfaaekt Yolr
Leben Johann Lorent £lessigs [Bio-
graphie de Jean Laurent Blessigy par
Max. FriUy Strasbourg ^ 1819), 2 vol.
ïtï-90. E. St.
BLESSURE est un mot générique par
lequel on désigne touteii les lésions acci-
dentelles produites dans nos organes par
des agens extérieurs. Ainsi une brûlure
par le fea ou par lescaostiqnes^ eitté eon->
tusion , une fractore, une plafe, sont des
blessures. Outre l'usagé vulgaire qu'on
en fait, à la guerre surtout , c'est dans la
médecine légale que cette expression est
principalement employée; car la lot ,qm
ne peut pas entrer dans les détails mini-
mes , s'en sert pour signaler les lésions
occasionnées par la violence, et même
par les imprudences dont l'auteoBr est
responsable devant elle. L'examen et
l'appréciation des blessmres sont an rea^
sort de l'expert, et c'est souvent d'après
son rapport que le jury décide et que lé
tribunal applique la peine. H importe
donc d'établir des divisioivs ent^e elles.
On distingue, en effet, parmi les blessures
celles qui sont mortettes, œtles qui , bien
que graves et dangereuses, peuvent gué-
rir sous l'inftuence d'un traitement bien
dirigé, celles ehfin qui sont légères. Mab
il reste encore du vague dans cette appré-
cîatioii relative , puiisqu'une blessure as-
sez sf mple d'ordrnaf re, et par elle-même^
peut entraîner k mort par suite de con-
ditions personnelles à l'individu : tel ae^
rait pat* exemple le cas d'un homme af-
fecté d'une tumeur anévriSmate dont on
euup- léger déterminerait la rupture; tel
serait encore cehii d'un sujet qui, ayant
ufie transposition des viscèl^ intérieurs^
viendrait à avoir le eoeur percé par un
instruAieàt qui pénéti^erait dans le côté
droit de fa" poîtfine. L'expert, qui n'est
pas appelé à juger là moraHré de l'ao-
rion, doit s^att^cher à bien pkiéciser les
fifis'qui lui sont sOémiSj et à mettre duos
un jour exact toAies \^ drcdustancee qui
s'y rattathent Laf mort, quaàd elle est
survenue, esT-elle le résultat de l'homi*^
cide ou du suicide? La Messure n*est—
elle pas devenue plus fâcheuse ou fb-
neste par le manque de soins nécessaire^
ou même parce qn*on aurtfH employé ÛA
pratiques nuisibles? Telles sent qptelfiMi»
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BLE
(579)
BLE
itoes deA Bonbteoset qaestioDs qal pour-
ra ieiH^re p<^ées et (|ii*il serait facile
de mulrtplier beaucoup plus encore.
Cette préewion est d'aifriaot plus né-
cessaire que 11 pénalité peut être tnfio)'
Btent dii'féreDte dHùs des circoustaïKïes
semblables, lord<)u'oB a'allache à là lettre
d'tine loi qui demanderait à être revue
avec soin, et que d'aiUears k*interveii-
lidn du jui*7 à iot/yeoi adiouoie. Aiod,
par etempk, le code pronoiiGè lâl peîoe
dei^ t^vaax fôroés à temps , dans les ois
de btessures laites avèo yiotenoe et pré-
Ébéditation, lorsqu'il s'en est suivi ane
ièoapàdté dé travail dé plutf de vihgt
jotnrs (art. 8Î0 )^ èl Itfftqne Tînèapacité
dé traVdil a été moindre, il neis'afife pins
^pwd'aÉ^emprî^oVidtieaient dé deux à cinq
mdi eft d'mie anâtende de 60 àf 900 francs
(art. 811). On voit donc que d'uh jonr
ea plu» dépend ooe grande pénalité î or
combien de ciroonatances indépendantes
de fat volodk«é et dn feit de Taùtenr di^
btessui^ peuVeni faire varier bfen d«-
viantage \à dnitée de l'incapacité de tra^
rtàtï ht cette variatiôh conatttn'é l'énnrme
différence entre une peine simplement
cbrrecîtîoBnellé et une' petoie îà&mafnteJ
On nesiUiraA donc protcédér avectré^
de sompiAê «l'eùmen des blesàiréi lo^
qu'on est appelé à éclairer la justice; non*-
f nUigHifOt il fan* décrire aveé exactitude
^ ^Mé lesf phénomènes qui ée présè^
tenrt eé dire ce qdi est, mai» encore dii^e
qtféHo^ aont les parties et les fonction^
etéAptfe» de MÀm lésion. Rien n'est à
négliger, ei son vent nb fîdt eri apparence
iMfguiftaAt a jeté siii^ la prodédore la
phi» vive lanière; car bien sboventhi
iktîûê ou fcr malveillance chérchenif à eit^
piolter nir événement OMlbéa^euic et pén^
wé^ pty>âtrer de fimpéritle ou de le lé-
gèreté dé rez)[iert pour atteindre leoi*
MUÊXf (ecfùtêat), ïïbm renvoyons^
pMtt hi citinteur en général, aux' articles
KVtfê^s et' BLJtHe.
La vottlé des deux né nom pîairalt
anxnée que loftqiiè le degré de téntttté
liée' eûftlch^ «fmos|)liériqikes, par rffp-
dcfn Été ftMi vistttftl,' IC9 rend propret
à* pfôdntrtf iw notre orgabe la tfehta-
li<M âU' hXettf et voilà encore pourquoi
le même cî«l qui sera gris et plus 6m.
mo^As obscur pour robsèrvatcur plaéé î
la Surface de la terre, se teindra de ia
plus vive couleur bleue pour un autre
qui serait an fond d'un puit^ ; voilà pbur-
quoi, etï quHUnt une vàlléc profonde^
l'aafcenaîon au sommet d'un pie élevé nous
oAVe successivement et par degrés, des
teintes de |ilu».e;n plus âkignéea de k
couleur bleue. Non» podvons déjà|- d'àJ>
près ces premières vues ^ concevoir cdm-
mc^t le séM^ ÎBcnmat et vermeil qui^cbulè
dans ies ramificatienâ veînénsetf placéei
«<Niâ la peÉU ne s'offre^ à noué que soiiS
l'ap^renee bleuey et oonmfent lé progrès
de l'âge 6u le^ perM*bttio(is morbides
peuvent transformer un frais cioloris en
itee tetnie livide et brunie; Lès produo^
lions naturelles/ pHncipalemeUt dans h
claSae: des êtres' organisés^ sont fertiles ek
transformations de ee genre. Les ieurk ,
et surtont celte pâh*tie.des fleurs éiiiineni-
ment aldrcèbstUe et délicate , la corolle ,
cfri cbangisant l'épaisseur requibe pour le
reflet bleu, pè^d d'ifne lirinute a l'autre
la propriété de àdus lé laisser percevoir.
Les' admirable cheloieéaens^ bleus des
ébaittes d'nn grand: ndmbre de poissons
semblent n'avoir ()u'uiife^extstéface dépend
danfef de la vie dé l'atfiéinft et ne lui sur^
vfrént ^9.' An contraire/, le bleu «te
pennes des oiseaux, des nÎM dés j^pii-
ïobs^ de^ élyti^èt #nne multtlude d^in—
s'ec(ed,ietc. ^ sobsiale enooré lôngi* temps
apfès leur mori Ces é^tsf dièpÉurates n^
peUvéét tenir qu'à la- iaollesse ^eUtivë dm
k là sécheresse des tissus ^ c'est du Retrait
qui s*opèrè atnr lés Mmes que défend fé*-
pnfeteur i]^'dlles adcfliîèi^i ou qu'ellck
perdeht, èi paMa suite la'colônriion api-
parent. Vknk d^âtrt^ea circonattinéès en^
cofe il séraMè que la pré^nbe #un des
fèigrédiens de la com'^omtién CimniiEpié
unprimef le cdchet de ly durée à la obnfeué
bleive ;' tel est le caètdés féëdéa oxigéoéet
de l'o/iï! indtgùféra^' de Vihtuis tmctà^
ria, etc. : enlevez-leur l'oxtgèi^ le bku
disjiàfralty et rf revient avec la reartitûâon
de Péxigène. Non-4enlem«vt afoi's la cofh«
leu^ bleue isblée resté permanente, miaia
c4lef seconserve,s'exalte même f)uelqùefofa
dtfAa/ les surcompiositions chimiques dont
k fécule fiiit partie ; les' opérations de H
tdntnrenodb en élfreattaiefD«led^eiééni^
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BLE
(580)
BLË
pies. Mais c*'est surtoat le r^e mîoénl
qui abonde en faits de cette nature. Noos
troovoDS à la couleur bleue une indes-
tructibllité remarquable dans plusieurs
oxides tnétalliques et dans les combinai-
sons naturelles ou artificielles odi ils sont
entrés. Aucune division, aucun brise-
ment, aucune atténuation, par exemple,
ne peut affaiblir 1* intensité de la couleur
Ueae du lapis-lazuli.
Parmi les végétaux, le type de la per-
fection est , pour la couleur bleue, dans
la corolle d'une fleur assez commune,
Vanagallb cœruleus des moissons. Cette
pureté de teinte est rare; car il n'y a
guère de corolle bleue qui , dans quel-
qu'une de ses parties , ne soit plus ou
moins lavée de rouge. Le règne animal,
dans la daase des oiseaux surtout , est
fort riche en couleurs bleues admira-
bles. Parmi les minéraux , c'est le genre
ooryndon qui nous l'offre dans toute
sa pureté. Le coryndon hyalin bleu (qui
comprend soua des noms vulgaires le
saphir oriental nUUe ^\. femelle y le sa-
phir indigo ) , le béryl hyalin ou aiguë-
marine orientale, sont des bleus char-
mane; en seconde ligne nous avons le
lapis- lazuli ou bleu d'outre-mer; puis,
le saphir du Brésil et le faux saphir ou
chaux fluatée bleue, et enfin le phosphate
de fer hydraté.
Aux substances naturellement colorées
€n bleu il faut maintenant ajouter la
Jongoe série de celles qui sont un produit
de l'art. An premier rang, pour l'inten-
sité de la nuance, nous plaçons le bleu
dit de Prusse^ puis les bleus tirés du co-
balt (azur et bleu Thénard), les cendres
bleues (oxide de enivre calcarifère-hyd ra-
té ), l'outre-mer artificiel de M. Guinet ,
quelques sels de cuivre, en tête desquels il
fant mettre le sulfate, puis le carbonate
hydraté, et même l'acétate de cuivre, quî,
à un certain degré d'oxidation et peut-
être surtoat A*f^dratation, affecte la
nuance bleue.
L'existence du bien de Prusse natif est
encore douteuse : plusieors naturalistes
ont admis cependant un bieu maniai
fossiie qu'ils y rapportent, et ce que l'on
connaît d'ailleurs des élémens constitu-
tifs du bleu de Prusse ne répugne pas à
l'idée de aa formalion dans le voisinage
des volcans, en présence de matières ani-
males et de substances potassifères et
ferrugineuses simultanément soumises à
une haute température. Quoi qu'il en soit,
il est permis de penser que le prétendu
bleu de Prusse natif ne serait que du
phosphate de fer hydraté.
Nous ne pouvons qu'indiquer ici les
produits de l'art en fait de substances
bleues: dans l'ordre alphabétique de cha-
cune d'elles, on reproduira ce qu'il y a
de connu sur leur composition. 1^ Bien
de Prusse (hydro-ferro-cyanate ou ferro-
cyanure), no/. CTAKOoiifi; 2® bleu de
cobalt, bleu minéral ou bleu Thénard,
vojr. Cobalt; 3® bleu Guimet, voy.
OuTUBMEa; 4^ cendres bleues d'Angle-
terre, tio^. Cuiv&k; S^ bleu de bismuth
et de molybdène, voy. Bismuth et Mo-
LlTBDÀirB.
Quant à la nomendature des mar-
chands, elle est, comme de coutume,
fort oonfufe, et les mêmes substances s^
reproduisent sous une multitude de noms
divers qui ne mettent pas d'ailleurs sur la
trace de l'origine. On trouve donc dans
le commerce le bleu en liqueur^ les
boules célestes, les boules azurées, le
bleu en pâte, l'essence de bleu, le bien
soluble, le bleu français, le bleu miné-
ral, etc.
Pour offrir du moins une première
idée sur les propriétés caractéristiques
de y apparence bleue dans le système de
la coloration , nous sommes forcés d'an-
ticiper quelques considérations qu'on
trouvera plus développées à l'article Lu-
MiiaK. La zone bleue du spectre solaire
est une de celles qui jouissent au moin^
dre degré de la faculté éclairante; en
cela bien différente des zones verte et
jaune, si on trace des caractère» dans
le bleu, ils s'apercevront de beaucoup
moins loin et moins distinctement* Main-
tenant, en comparant entre elles les sept
zones du spectre solaire soua le mp»
port de la calorification, nous trouvons
que le bleu est une zone relativ
froide ; les vétemens de cette couleur j
ront donc frais. Enfin, les ondes
neoses, dans la zone bleue, ont peu d'é-
tendue; voilà pourquoi, pour notre oeil,
l'habit bleu doit rapetisser Tindividu <|ni
le porte; de la le dicton popalnire :
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ULI
tt L'habit blea écrase l'homme. » P-ze, p.
BLINDAGE, du motallemand^/^)?^,
aveugle ou blenden^ aveugler, éblouir.
Le blindage a pour objel de mettre à
l'abri des feux de l'ennemi les magasins
et les établisseroens militaires; on blintle
surtout avec soin les magasins à poudre
dont l'explosion cause toujours de si
grands ravagea. Les blindages se compo-
sent de diverses manières, auivant la na-
ture des matériaux que l'on a à sa dis-
position. Quand des bàtimens militaires
•ont construits solidement et que leurs
murs sont assez épais et d'une assez
bonne maçonnerie pour supporter la
charge d'un fort blindage, on met les
planches à l'épreuve de la bombe , en les
soutenant par des poutres transversales
portées par des poteaux, et on place en
travers sur les solives d'autres pièces de
charpente que l'on recouvre de fascines,
de fumiers, de terres, sur 8 ou 4 pieds
d'épaisseur. On met ainsi à l'abri des
bombes et des obus des bâti mens propres
à recevoir des munitions, des vivres;
quelquefois même ils servent d'abri aux
hommes malades et à ceux qui ne sont
pas de service.
Kn campagne quand on peut blinder
un corp^e*^rde, une église, un mou-
lin, une chapelle, on en fait des postes ca-
pables d'une assez longue résistance.C-TS.
BLOCH (MABcns-ÉLiÉzEa), natura-
liste, né à Anspacb, en 1728, de parens
juifs très pauvres, fut élevé, comme pres-
que tous les enfans de cette religion, dans
une extrême ignorance. Jusqu'à l'âge de
1 9ans toute sa lecture consista en quelques
écrits de rabbins. Il fut toutefois employé
comme instituteur chez un chirurgien
juif, à Hambourg; là il trouva l'occasion
d'apprendre l'allemand.Un catholique lui
apprit le latin. Il acquit aussi alors quel-
ques connaissances astronomiques. De
Hambourg il se rendit à Berlin où il étu-
dia avec un zèle incroyable l'anatomie
et toutes les branches de l'histoire na-
turelle. Il fut reçu docteur à Francfort-
sur-l'Oder et revint à Berlin pour y exer-
cer la médecine. Des travaux soutenus
étendirent %ei connaissances. Son prin-
cipal ouvrage est son Ichthyologi^ ou
Histoire naturelle générale et particu-
lière des poissons, en allemand et en
( 581 ) BLO
français. (Berlin, 1785 et suiv., 12 vol*
in-4'*). Cet ouvrage est regardé comme
fondamental. Des princes et de riches
amateurs firent les frais de la gravure
des planches des 5ix derniers volumes, et
chacune de ces planches porte le nom
de la personne qui en avait fait les frais.
Bloch publia d'autres ouvrages sur l'a-
natomie et l'histoire naturelle, et mou-
rut, jouissant d'une réputation méritée,
à l'âge de 76 ans. C, £. nu
BLOCKHAUS, petit fort en bois que
l'on place sur des points détachés, et dont
la garnison est , comme dans une place
assiégée, pourvue de vivres et munitions
de guerre et chargée de défendre ce
poste jusqu'à la dernière extrémité.
Blockhaus (maison en blocs, poutres)
est un mot allemand, et les Allemands >
qui s'en servent beaucoup en campagne ,
s'attribuent le mérite de l'invention de
ce genre de forts portatifs. Cependant il
y a long-temps que les Français font de
semblables constructions. Charles VI 9
ayant projeté une descente en Angleterre,
fit construire, en 1385, à l'Écluse, une
grande ville de bois, pour mettre l'armée
française à couvert quand elle aurait mis
pied à terre. Cette ville était composée
de pièc*es de charpente qui se plaçaient
facilement sur les vaisseaux et pouvaient
être ensuite dressées et assemblées sur les
côtes d'Angleterre.
Les murs des blockhaus sont percés
d'un et même de deux étages de chéneaux,
et couverUt d'une plate-forme armée de
quelques pièces de canon. Cette forme de
construction est très commode; elle peut
être disposée à l'avance ou transportée et
dressée promptement sur le point que Too
veut occuper. On en avait construit à
Paris un assez bon nombre pour l'expédi*
tion d'Alger, et quand le débarquement
de l'armée française fut effectué, on fit
usage de ces blockhaus avec le plus grand
succès, pour mettre les avant-postes à
l'abri de toute surprise de la part des
Arabes. Aussi continue-t-on à les em-
ployer en Afrique dans la plupart des
opérations militaires. C-te.
BLOCKSBERG ou Bbocx-em.
C'est la plus haute eime du Harz {voy,).
Prenez dans le premier pays venu une
montagne, un rocher bien en évidence,
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BLO
(582)
«t Ift ffrojênat pofwUire y tort kiéfiu-
blemcnt ratladié <|uelqiics léguides su-
pertMdieuftes. L« Blodubcrg, ctpwMJtt,
ml privilégié, sovt ce rapport» paroN les
noms 4t k Oemuinie. De <emps HUpi^
Biorial, pendpnt la ««U ém i^' mai, les
sorcières de l'ANeiMigiio tavl eMii^è» se
rtsaemblenl «ur le lominet da ftrvokea
peur y célébrer tour sabbat. CeUa fête
elassi^foe i^appclNf Ui Muii de Fuipiirge,
Sans -feiMlement aacuo , oo a préUadn
%«# l«s rilcs paieiM des *odoM S«L*ns
trcHHrèrtBt im refage Hi^Fslériftux daps ce
dernier an le, après que CharlesMignc eut
cooverti la Mfestphalle «as Meii^ûts de
la rdigîoo iiou«vlle. Mais qu'Importe aux
poètes! et ne sak-ton pa» qn^i^a «Ifnent le
dfHiii-jonrblsl«riq«e?<ïœ(4w 8*est emparé
de cette tradltioii cooAMe pour en îiirt
le «ftt d'une de «es ballades ^éh êntfi
99^atjmrgisnackty Le sabbat des aoroiè*
nes,d*aQ autre côté, a sobi, sous ses
knaios eréatrfees, une arié|aa[VM*pbose«dé»-
le €i faoïastique. Les seèees^es p4«s ber*
lesques, les phis vaporeuses, les plus c^
lifqties, les plus îmnMMigfbles de «on
FAust se passent é^fy^ tes forêts desapÎM
et sur la cIhm du Blodtsfberg. En réalité,
^ous ne troe^s lli^bael, à 9,400 pledf
an -dessus de la Hier, qu'une aoberge
airec les momt de tous les éitidians, ba*
dauds, et voyageurs rafisossabies du fiord
de rAllemagne. L. S.
BLOCUS^ de hïocy coiMse hiock-
haus (hioqmer, entourer de blocs , puis
en géivéral , cerner). Qoaad oo n'est pas
MseK fort pour faire le snége d^Moe place,
otk qu'on craint d^ada^lîr une armée eo
disséeifeant les troupes, ou ^^on afa
fMis un éntérêt puissafet à se ntedrf prom^
leAient tnaltre d^u«e plvce^ ^m m «ob-
tente dVn fliire leMoows, «'«st^^Hdîre
#en occuper toutes les aveuQ«ii pour em-
pêcher les secours en troupes , «■ muni-
(tons de guerre ^ou en Wwes d'y pésié
trer, afin de rédaire h famtoeii à k fa<»
inttie.
Il arrîte qurfquefois que l'on tient «me
pfocebtoquée p^»dant un certani temps,
pour en faire ensuite le siège. Comme
alors eNe a consommé la plus grande
partie de ses approvisionnemcfw, et que
la garnison a déjà éprouvé de longoee fa-
(tgnesy on a Vespoir de •'eo
BLO
eiâvae
deaa-
pbis|
crifieea.
Un général peot bîea laisser, sans m*
eonvéoient, bloquer ainsi de faibles gaiv
Bwoas dans lus petit nombre de plaees;
mais qnaral, poinvnîvî par des arnsées
vicUMÎeuses, Û enferme dans Coules tos
places qii^il abaudenne des gamiseos
pbip eu moina ibrtes, il allai blk eouai*
dévaUemeot ses tra«pca, et ae prive des
■Miyeus de résister aux attaques de l'eu*
uemi €fÊà U barcèto el to poiinuk «rea
des fareas supérieures»
Le devoir d'une garnison btoquée est
de faire, dès les pfemiein asomens, de
firéquentes sorties dans tos environs de
la pAace, pour y ramasser tpua les grains,
bestiaux, léguînea, outils et matériaux
de toute espèce; puis de s'appeam vi-
gourruscpnent à l'étabBasement des bat-
teries que Tennemi cbercbe à élever cuu-
treU plaee;de l'obligera se tenir tou-
jours à nue dtatsDoe respectueuse dm
travaux de défense, enfin d'entraver an*
tant que possibto ses moyens d'attaqne,
et de donner à quelque corps d'armée le
temps de venir an secours de k pkee et
de délivrer la garnison. C-rs.
BLOIS (tillx bt évAnu nu). Le Bùu-
sots ou Blésols , ou pays de Bloîs, fiu'saît
jadis partie du gonvemeuMut de l'Orléa-
nais. Btois est situé à 16 lieues au-des-
sous d'Orléans, sur l« bords dek Loire^
partto sur une élévation et partie dans
un tonds, au unlien d'une des pldl beHes
campagnes de France. Cette vilto n'est
connue q«ie depuis to Ti^ siècto de f ère
cbrikieiioe. Aujourdiiui elto est le cbcf-
lieu du départenmut de Leir-ct-Cher ;
eUe est aussi le mége ^Nm% eeur d^aasi-
aee, d'un tribusml de première instance
et d^yn tribunal de eommeroe. Les no-
aeurs qui eut éerêi en latin l'appèttcnft
JUessB , Bhsente eastrmm. On y reiMMC
que plusieurs menumens, mais auftuut
to «bateau mya) oè naqm't Louis Xfl,
ob résidèrent FVam^ i^, ObaHet IK
et Henri 111, et qui a été^ dans cm der-
niers temps , transformé en caserne d*$u-
fanterto ; c'est un assez beau monument
gothique. On y voit aussi un aqueduc
dent on attribue, è tort ou à rakou, U
oanstrmctien aux Romains. BMs a été up-
pelée k -pMf dei rmsj parce que Ima^
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(5M)
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tmofê la pDTvté de fair ipi'oft y nspire
a fait choisir ce lien pour y élever les ea-
fans de FraDoe.
Le Blaiiois [Blesensis ager) avait
environ SO lienea de long anr 1 1 de lar-
ge ; sca limitea étaient : an nord , le ¥en-
dènoia, le Dnnoia et 4*OrléaDais propre;
an fud , le Berry; k fest, la Sologne } à
Tonett, la Touraine, Il Ibrnnit le comté
de Blois^ qui a eu une suite de comtes de
qnatma races différentes depuis le ix" àlè-
cle. Louis de France, duc d^Orléans, ac-
quit ce coaoté airec celui de Danois, à la
fin dn xit" siècle, deOni de ChastiHon.
Il fut emièrenient néunl à la couronne
sous 4e règne de i&nrî IL II it partit de
l'apanage des duos d*Orléana, depuis Pfai-
lippe,fràre de Lonis XIV; il avait la niéme
étûidne que le haUHagt de Blois , qui
avak une oe«tnnie paniculièro» L^évéché
de Blois lut érigé, en 1697, par un dé-
neaabrement de celui de Chartres. Liils-
toire da eomté de Blois se confond telte-
nient avec èeUe des comtés de Chartres
et de Champagne, et avec celle de l'il-
lustre maison de Chastillon, q«e, pour
éritcr des répétitions, nous renvoyons
aux articles CnAamBs, Chamfa^imie et
dlASTILLOir.
Dans les goervea de rdlgioo du xvi^
siècle , Blois fot deua -fois le siège des
ÉtalB-<}énéra«x, «p 1577 et 1586.
ÉOTAVsoB Blois bb 1577. Dans le
trakd oonelu par Heinri ill, en 1576,
avec les prolestans, traité qui donna nais-
sance à la Ligne, on avait résolu de con-
voquer les Étals-Oéoéraux ; ils furent as-
semblés à Blois. Jean Bodin {voy,)^ qui,
daus ce siècle de désordres, avait réfléchi
sur les principes oonstkntifs des gouver-
nemens, ftt entendre la voix <le la raison
an milieu des clameurs de la violence et
dn délire. Les Éuts de Blois voulaient
lioiiler l'autorité royale, en créant un ce-
luHé perflMttieot de dépntés pris dans leur
se$n.Otte«e!M]re,à jàne pareille époque,
oà l'Espagne croyait pouvoir placer une
lie ses princesses sur le tr^ne de France,
eftt été plus funeste encore à la litierté
et à l'indépendance de la nation qu'au
pouvoir du roi. EHe eût suhs^ué è «in
roi laible plusieurs tjrrans, fkit delà mo-
narchie utte «Hatocratie turbulente, et
déddépettt«étreVussrpatiovi étrangère.
Bodin ooinbatik ne fdan a««c antaot de
sagesse que de vigueur. Cependant la
proposition eèt pent*étre passé, malgi^
sa résistance, si les États, divisés sur la
conduite à tenir envere les pvotestans, ae
s'étaient pas sépauls sans âtre arrivés k
des conclusions fixes et générales. Hen^
ri lil s'était flatté d'opposer la volonté
nationale k la puissance de la ligue nai«-
santé. Il avait para aux États avec tout
l'édat d'inse grande représentation et y
avait employé toutes les rsssooMes de
son éloquence naturelle pour rallier lea
esprits antour du trène; maïs ce lut sana
eitet. Il vit dair^ment que la plupart des
memlMnes de Fassemb^ avaient signé
l'acte de V Union ^ on se préparaient à le
faire. G^eat alors qu'il résolut de se met-
tre lui-même à la tète de la lignes {roy,
Ll^UB.)
ÉTArs»B Bt«iiM« 4 566. après la jour-
née des^«/nVa/^e;r(<oo/.), iianri III,pour
déjouer les projets ambitieux du duc de
G«ise, eue encore une fois recours aux
négociations, au lieu d'agir avec forée.
Les États-Généraux furent de nouveau
convoqués à Blois , pour réformer tous
les abus du royaume. Le roi espérait
trouver dans cette assemblée nationale de
l'appui contre le dae deOuise. Mais lors-
qoe las Élau furent ouverts , Henri vit
avec effroi que la grande majerité des dé-
putés adoptait les principes et partageait
les affections des ligueurs. Uédit dWniom
fut déclaré loi de l'état. Ganse, parlant
d'où ton de maître , fit des demandes et
forma desprétentioaaqui tendaient à dé-
pouiller le roi de toute sonMitorité. C'est
alors que Henri III le fit assassiner. Ce
crime ne fit qu'exaspérer la Ligne. Le|
États nommèrent on comité de 46 per-
sonnes poin* gérer les affairss générales
du royaume. Heni4 Ili, excommunié, fut
assassiné bientôt apnès par un moine fa-
nalique.
£n 1614, loasque Paris 4nt menooé
par foutes les forces de la coalition, f i|n<-
pératrice Marie-Louise se retira un i
ment à Blois^ les dendersactes de Ja ré-
gence el du gouvernement impérial fu-
ront^atés et expédiés de cette ville. Lliis.-
toire de celte courte régence, dctîte par
Hodey, a été imprioiée en 1614 at a eu
pàisieurs écUtions. 1- S^u
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BLOmnELD (CaAmx.E8^ James),
philologue anglais très connu , naquit en
1786 à Bury-Saint-Edmnnds , dans le
comté de Suffolk. Ce fut dans celte der-
nière ville qu*il reçut, avec son frère
Edward, d^excellentes leçons de littéra-
ture ancienne de Bêcher, directeur de
la Graminar-school très renommée qui
s'y trouve. De là il se rendit à Cam-
bridge, où il se fit remarquer, non-seu-
lement dans les eatmeot publics qu'il y
subit, mais encore dans les solennités aca-
démiques auxquelles il prit part et q^i
lui méritèrent plusieurs dislinctions ho-
Dorable^. Lorsqu'il eut publié son édi-
tion du Prométhée d'Eschyle , il fut élu
feUow du collège de la Trinité. La re-
nommée de ses vastes connaissances se
répandant bientôt, lord Bristol lui con-
féra , en 1810, la cure de Quarrington
dan& le Lincolnshire , et , de son propre
chef, lord Spencer lui en donna, dans la
même année, uue .autre à Dunton. Il y
séjourna environ sept années, pendant
lesquelles il publia la 3* édition du Pro-
méthée , et de plus les Sept contre Thè-
bes, les Perses et l'Agamemnon d'Es-
chyle. Il travailla aussi à une édition
de Callimaque , et publia, de concert
avec T. Rennel, les Musœ cantahrif^ien-
ses y et en même temps, en 1812, avec
le professeur Monck, les Posthumous
tracts of Porson. Il publia seul, en 1 8 1 4,
les Adversaria PorsonL Lord Bristol le
mit eo même temps en possession des
deux cures du grand et du petit Ches-
terford, dans le comté d'Essex.
C'est au nom que lui méritèrent ses
connaissances philologiques et théologi-
ques qu'il dut l'honneur d'être appelé
auprès de l'évéque de Londres, en 1 8 1 9,
en qualité de son chapelain ordinaire ;
ce choix tombe toujours aur un homme
dont l'érudition est généralement recon-
nue, attendu qu'il est en même temps
chargé de l'examen des prédicateurs qui
se présentent à l'ordination dans le dio-
cèse. M.BIomfield obtint enfin lui-même,
en 1824, le siège épiscopal de Londres.
Parmi ses derniers travaux littéraires, la
publication de son Eschyle est le plus
împortanL
Son frère EDw^KD-VALEHriK, égale-
ment philologue , était né en 1788 y et
avait fait de briUantes études à Cam-
bridge. Entre autres prix qu'il remporta
est surtout remarquable la médaille que
lui valut sa belle ode In tUsiderium
Poraonù Après un voyage qu'il fit en
Allemagne, en 1813, il s'occupa de di-
vers travaux philologiques, et il mourut
dans le mois d'octobre 1816, à son
retour d'un voyage qu'il venait de faire
en Suisse.. C JL
BLONDELy voy. RicsAmo-CoBum-
DE-Lioir.
BLONDES , vof, Dbktellss.
BLOOMFIELD (Robebt), poète
anglais né à Honington en 1766. Fils
d'un pauvre tailleiu*, élevé au village, il
apprit le métier de cordonniet chez son
frère à Londres. Là , en fréquentant les
oonventicules, les clubs, les théâtres et
en lisant beaucoup, il vit un nouveau
monde s'ouvrir devant lui : il devint
poète et débuta , dans le London ma-
ffazùte, par quelques chants populaires,
tels que la Laitière ( ihe Mâk-maid) et
le Retour du Matelot {the SaUor's Re-
turn). En 1786 il conçut l'idée de son
Ftirmer's Boy (le Garçon fermier ), et
le composa dans une trbte mansarde,
jetant son propre caractère et ses plus
belles inspirations dans ce moule. En
1799 seulement, un jurisconsulte, Ca-
pel Lofft , vint à lire par hasard le ma-
nuscrit de ce poème intéressant, plus
simple que les Saisons de Thompson ,
aussi bien versifié, aussi pathétique et
rempli d'idées fortes : charmé de cette
découverte, Lofft le fait imprimer et pro-
cure par-là au pauvre artisan de l'argent
et des protecteurs. Plus tard, Bloomfieid
composa encore une espèce d'idylle dra-
matique, BazeUJi*oO€l haU , et publia on
recueil de poésies qui a été traduit en
français. Au lieu de souliers il fabriqua
des harpes éolieones, occupation un peu
plus poétique. Il ne cessa cependant d'ê-
tre en butte aux coups du sort. Il perdit
sa fortune, ses yeux, sa santé, et dea ac-
cès nerveux faisaient craindre pour sn
raison , lorsqu'il mourut à Shefford eo
1823. CL. m.
BLOITSE GAULOISE. On donne
le nom de blouse ou de blaude à nne
espèce de surtout ou de robe d'élofie
fort courte et serrée sur kt raina âTec
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une oeintafe. Ce vêtement vient dee Gau-
lois f chez lesquels il était déjà afTecté
aux hommes du peuple qui se livraient
à de grossiers travaux. Il existe dans
quelques parties de la France, et notam-
ment dans les Pyrénées , des habitans qui
portent la blouse telle que la portaient
les Gaulois; comme eux ils la font en-
core avec des peaux de bétes qu'ils tuent
dans la montagne.
De nos jours, Tusage de la blouse s'est
considérablement répandu , surtout par-
mi certaines classes, comme celles des
artistes, des imprimeurs, et en général
celles qui se livrent à des travaux qui
demandent une grande liberté dans les
mouvemens.
Les charretiers ne portent pas d'autre
costume, et lorsqu'il fait , froid ils le
mettent par-dessus leurs vétemens. Leurs
blouses sont presque toujours en grosse
toile.
Le nom de blouse gauioire a été donné
par Napoléon à la blouse qui servait
d'uniforme aux gardes nationales de la
campagne, dont les services lui furent si
utiles au temps de ses désastres pour re-
tarder la catastrophe qui devait les ter-
miner. A l'époque de la révolution de
1880 , l'élan universel des habitans des
départemens empêcha le gouvernement
de pourvoir à rhabiliemeot des nom-
breuses gardes citoyennes qui surgis-
saient de tontes parts. La blouse gau-
loise, si commode et si peu dispendieuse
leur fut rendue , et plusieurs l'ont con-
servée.
£lle consiste dans une sorte de robe
bleue, semblable à la blaude des voitu-
riers, avec le parement et le collet des
gardes nationales de la ville; elle est
bordée, en bas, par une bande rouge et
serrée sur les reins par une ceinture tri>
colore. D. A. D.
BLUCHER ( GEBHAan - LuBBGHT
DE ), prince de Wahlstatt, issu de la
maison de Grossen - Rensow , dans le
duché de Mecklenbourg , naquit à Ros-
tock en 1742. A l'origine de la guerre
de Sept-Âns , son père , capitaine au ser-
vice de l'électeur de llesse-Cassel , l'en-
voya à nie de Rûgen, où la vue des
hussards suédois forma son inclination
pour le métier des armes. Set parens
s'étant vainement efforcés de l'en détour-
ner , il entra en qualité de cadet dans un
des régimens de hussards suédois. Dès
sa première campagne il fut fait prison-
nier par des hussards du même régiment
prussien qu'il commanda plus tard si
glorieusement. Le colonel de ce régiment
rengagea à entrer au service de la Prusse,
et, la Suède y ayant consenti, BIncher ob-
tint une lieutenance dans les hussards ;
mais un passe-droit dont il eut à se
plaiudre lui fit prendre son congé. Il se
retira avec le grade de capitaine. Alors
il se voua à l'économie rurale, et bien-
tôt il se vit en état d'acquérir une terre,
se maria et devint conseiller provinciaL
Après la mort de Frédéric II, il rentra,
avec le grade de major, dans son ancien
régiment. Bientôt après , il en obtint le
conunandement , et pendant les années
1 793 et 1 794, appelé à l'armée du Khip,
il s'y signala par sa bravoure ; Orchies ,
Luxembourg, Frankenheim, Oppen-
heim, Kerweiler et Edesheim, furent té-
moins de ses faits d'armes. La journée
du 18 septembre 1794, près de Ley-
stadt , réleva au rang de général-major
à l'armée d'observation du Bas - Rhin,
En 1802 il s'empara d'Ërfurt et de Mul-
hausen, au nom du roi de Prusse. La
gueiTe qui éclata en 1806 le conduisit
au champ de bataille d'Auerstaedt. Après
cette journée fatale aux armes de la
Prusse, il suivit, à la tête de la plus
grande partie de la cavalerie, le mouve-
ment du corps d'armée du prince de
Hohenlohe, qui battait en retraite sur
la Poméranie. Cependant la distance qui
séparait les deux corps était trop grande
pour pouvoir espérer une jonction en-
tre eux ; des marches forcées l'auraient
seule rendue possible, et Blucher ne vou-
lut pas hasarder ce mouvement. Alors le
prince de Hohenlohe fut obligé de se
rendre aux Français à Prenziau , et Blu-
cher, voyant ainsi sa retraite coupée sur
Steltin , entra dans le Mecklenbourg et
opéra sa jonction avec le corps du duc
deWeimar, commandé par le prince
Guillaume de Brunswick-OËls. Ses trou-
pes étaient tellement épuisées qu'il ne
pouvait tenter aucun combat. Inquiété
sur l'aile gauche par le grand -duc de
Berg , menacé sur son front par le prince
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(58«)
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ée PèBte-Oorv« , cft Mnré par le maré-
chal Souk snr l'aile droite, il fte vit
obligé de se porter en arrière de la
Trave, aln d'éloigner de l'Oder, aussi
loDg^ temps que possible, ces trois corps
d'armée. Il opéra ce mouTement en se
dirigeant snr le territoire de la TÎlle ih-
bre de Lubeck , qui Tenait d'être tor-
tiêée à la bâte, mais qui fut enlevée par
l'armée francise, qu^aucun obstacle
s'arrêtait Blncher se sauva encore assez
à tempe avec quelques troupes; mais,
privé de tout moyen de défense et coupé
dans aa retraite, il se vit forcé de se ren-
dre, près de Ratkau, village de la ban-
Iteue de Lubeck. Après de longs pour-
parlers, il lui fut accordé qtf'il pourrait
ajouter à sa capitulation un artide signé
de sa main , portant t que la capitulation
hii avait été offerte par le prince de
Poote-Corvo et qu'il n'avait cédé que par
le manque de vivres et de fourrages.
Blncber , prisonnier de guerre , fut bien-
tôt échangé contre le général Victor. A
peine de retour à Kœnigsberg , il reçut
l'ordre de se rendre par mer, à la tête
d'un corps d'armée, dans la Poraérame
suédoise, pour coopérer à la défense de
Straisund et pour seconder les Suédois
dans leurs entreprises. Après la paix de
Tilsitt, il fut employé, tant à Beriin ^i/à
Roeaigsberg, an département de la
guerre. Plus tard , il obtint le comman-
dement militaire de la Poméranie; mais
ensuite il fut admis à la retraite. On pré-
tend que le cabinet prussien avait été
déterminé à cette mesure par le désir
déplaire à Napoléon. Blucher ne prit au-
cune part à la campagne de Russie ; mais
lorsque la Prusse se déclara contre Na-
poléon , il déploya , quoique âgé de 70
ans, une activité étonnante.
Il obtintle commandement en chef de
^rmée prussienne et du corps d'armée
russe commandé par le général Winzin-
gerode, qui cependant en fut détaché
dai|S la suite. Il se distingua à la bataille
de Lutzen, le 2 mai 1 8 1 8; les journées de
Bautztn et de IJaynau ne furent pas
moins glorieuses pour lui. Le combat de
la Katzbach lui valut de justes éloges;
après un avantage remporté sur le maré-
chal Maçdonald, il fit évacuer toute la St-
lésie, ce qui fut cause que son corps dTar-
Napoléon essaya d'arrêter éÈn» sa mar-
che le vieux général de hussards, comme
il se dénommait lai-même: le S octobre,
Blucher passa l'Elbe près de Warten-r
burg, et ))iff celte manœuvre hardie il
excita ^'plus d'activité la grande armée
de Bohême , sous les ordres du prince
de Schwarsetiherg, et Famée du nord
commandée par le prince-royal de Suède.
Le 16 octobre, il remporta de grasds
avantages sur le maréchal Marmentprèa
de Mœckem. Le 16 , ayant opéré m
jonetioa avec Bernadottje^ M contriboa
beaucoup à la déroute de nos armée»,
et ses troupes furent les premières qm
entrèrent à Leipzig, le 19. La rapidké
qu'il mettak dans Fexéoutloa de ses plans
et sa méthode d'attaque Inl avaient ,
dès l'ouverture de la eampagae , feft
donner dans l'armée rasae le aunnom
de maréchal vortvœrts ( en avant ). Toute
l'Allemagne lui conféra alors ce sobri-
quet honorifique. Le 1*' jatrrier 1814
il passa le Rhin, près de Katib, avec l'ar^
mée de Silésie , composée alors de deux
corps d'armée prussiens , de deux corps
d'armée russes , d'un corps d'armée héa*
sois et d'un corps d'armée mixte; le 17
janvier il entra a Nancy et gagna, le 1"
février, la bataille de la Rothière. il s'a**
vança alors sur Paris; mais Napoléon
repoussa ces différens corps d'armée, et
Blncher ne parvint à couvrir sa retitilte
sur Gliâlons qu*apf^ une perte considé-
rable, il se porta alors sur Soisaotis o&
il passa l'Aisne et effectua sa jonctioii
avec l'armée du Nord. Après la bataille
de Laon il dirigea sa marche sur Paris,
conjointement avec le prince Sdiwaneen-
berg. Ses succès à Montmartre lui ou-
vrirent la capitale où il entra le 81 mars.
Alors tons les souverains envoyèrent
leurs ordres au général Blucher; Frédé-
ric'Ouiflaume III le nomma prince de
Wahlstatt, en commémoration de sa^vic-
toire remportée sur la Katzbach, près da
village de Wahlstatt; il lu! assigna en
même temps de grandes dotations et lui
conféra la dignité de feld-maréchal et do
chevalier de tons les ordres de Prusse.
L'Abgletprre, où il avait suivi les mo-
narques alliés, le reçut avec enihoa-
slasme^ Kttnivrrsité (POxfbrd le nomma
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loitantlUment docuvr en àtA : sin*
gulkr bonaeiur peur vo hassard! Il se
readll alen daas tes terres eo Silésie.
£o 1815, iJ fut de nouveau noiraié gé-
oéral en chef et panit brusquement dans
ies Pays-Bas. Napoléon le baltit à la ba-
taille de Lîgny , le 16 juin. Renversé de
4;heval, il 6it redevable de sa vie et
de sa liberté an basard de ne pas avoir
4tà racoMNu Le 18, vers le soir, il arriva
•asez k tempe «ur le champ de bataille
4e Waterloo pour décider ea laveur def
«lltés k victoire ^i penchait pour les
Fraaçafs. li refusa Fannistice proposé et
Bsaroha sur Paris, où il eronCra une grande
— iieaité eontre les vainons. Dans le
conseil des fowerains il s'opposa a« sys-
tème de ménagement qu*oa avait observé
lors de la première campagne. Frédéric-
OoîllaiNae Hf ,poor récompenser ses nou-
veaux eervioes, l'honora d'un ordre parti-
•cellier créé exprès pour lui ; c'était une
croix de fer entourée de rayons d*or.
▲près la paix de Paris, Blucher se retira
tie nouveau dans ses terres. Le 36 août
1819 , pour célébrer ranniversaire de la
inteille de la Katzbach , ses concitoyens
^ent ériger en son honneur, à Rostock,
ea ville natale, me statue colossale cou-
lée «n bn>nze représentant le vieux gé-
oéra). Cest le seul exemple en Allemagne
éSm mmiiinent élevé à la mémoire d'un
iMinme encore vivant.
Blocher mourut la même année, après
«ae courte maladie,àKriblowitK, l'une de
ees terres en Silésie. Le roi de Prusse lui
£i ériger à Berlm , en face du principal
«orps-de-garde (BartpHvache) , sons tes
tdieuU f le 18 juin 1836, une statue en
iMTonze hante de 12 pied:» et placée sur
«n piédestal orné de bas-rdiefs; en 1827
«ne antre statue fut élevée à sa mémoire
à Bresbn. M. Yamhagen d'Ense a écrit
ta Kiographie do feld-maréchal (Berlin,
l«a7). CL.
BLUETTE. En littérature, ce mot
désigne une petite pièce de vers sur un
eujeC frivole ou léger. Il est telle de ces
binettes , entre autres le quatrain du
marqois de Saint-Aulaîre : La divinité
qui s'amuse^ etc., qui, dans les deux
deniers siècles , suffisait pour faire une
réputation à leur auteur. Les poé-
tnts en chevalier de BoufHers ne sont
{ 5»7 ) BLU
gnèfe qu'un reoaeâ de binettes, el la
plume féconde de Voltaire en a laissé
échapper un assez grand nombre.
On a aussi nommé bluette, dans cet
derniers temps, des ouvrages dramati-
ques d'une coniexture très légère, sur-
tout des vaudevilles où Tetprit et les
traits piquans suppléaient à la faiblesse
de l'action. Ces deux genres de blueCtes
ne sont plus en grande faveur aujour-
d'hui. En poésie , la gravité de l'époque
t'accommode peu de ces pièces fugitives
qui feisaîent les délices de nos afeex. Au
théâtre, il faut une intrigue attachante,
uo intérêt vif et soutenu pour faire vi-
vre les ouvrages; l'esprit phiiosophiifue ^
la politique et le dram^ ont décidé U
chute de la bluette. M. G.
MAJMAUEft (Ai^OTs), poète alle-
mand, né à Sleyer, ville d'Autriche, eu
1765 , entra dans Fordre des jésuites
à Yienae, en 1772, fut nommé plut
tard censeur, se mit à la tète d'une li-
brairie, en 1793, et mourut en 1798.
Blumauer se lit un nom par son Enéide
travestie (1781), qui ne le cède point,
pour l'esprit burlesque, à ceUe de Scai^
ron; c'est une parodie fort amusante^
quelquefois un peu triviale. Blumauer
se sert avec un grand bonheur des ana-
ehronismes; et, le genre une fois admis^
on ne lit guère de meilleure caricature
poétique. Le même esprit caractérise le
reste de ses vers, dont quelques-nus
sont remplis de verve comique et écrits
avec un talent de style très remarquable^
d'autres au contraire pèchent par la tri-
vialité et l'incorrection. La tragédie d'^r*
vin de Steinheim n'est pas sans mérite.
Ses œuvres complètes ont paru à Leip-
zig, en 1801 et 1862, en 8 vol. C. L.
BLUMENBACII ( Jean-Ebéd^big),
naquit à Gotha, le 11 mai 1762. Il étu«
dia d'abord à léna, puis à GœCtingue dans
cette université qu*il devait plus tard il-r
lustrer par ses nombreux éciits, ses dé-
couvertes et la direction nouvelle qu'il
éearait imprimer aux sciences qui con-
sidèrent U vie dans l'état de santé, dans
celui de maladie, et dans ses rapports
avec la création. Il apporta un goût si
prononcé pour l'observation, une apti-
tude si grande, qu'il remplit rapidement
le cours de ses dasses et se nt dfsthi*
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BLU
gaer par det saccès dont ses condisciples
liaient émerveillés. A 2 1 ans il élait reçu
médecin , il professait publiqueroenl les
sciences naturelles, et il se trouvait à la
tête du muséum qui fait partie de la
riche bibliollièquede Tuoiversité. fiientôt
après, son nom devint européen, et TAU
lemagne 1* inscrivit avec orgueil parmi ses
savans les plus distingués.
M. Blumenbach s'est spécialement oc-
cupé de riiistoire physique de Thomme
(de Generis humani varietaU nadvd^
Gotlingae, 1775 et 1794, in-4°). Avant
lui , un voyageur fi*ançais, eu 1684 [Jour-
nal dex savons , p. 1 33 et suiv. ), avait,
le premier, divisé le genre humain en
quatre races distinctes , que Leibnitz mo-
difia légèrement ensuite. Pownai n*eo
voyait que trois, qu'il désignait d'après
la couleur blanche , rouge et noire; Buf-
fon en admettait six, Hunter sept; Linné
les ramena , d'après les limites naturelles,
aux quatre parties de la terre alors con-
nues ,'appuyé sur des données constantes
fournies par chacune d'elles. D'autres en
ont porté le nombre de onze à quinze et
même plus. M. Blumenbach, qui possède
la collection de ci ânes la plus considéra-
ble et la plus complète, n'en reconnaît
que cinq, la caucasienne, la mongole, la
nègre, l'américaine et la malaise; il fixe
les caractères distinct ifs qui spécifient
leur conformation particulière, ainsi que
les différences qui les séparent les unes
des autres , les points de contact qui les
rapprochent, les traits de ressemblance,
les nuances jusque là insensibles à tout au-
tre œil que le sien qui les appellent à l'uni-
té; il les suit dans les situations géographi-
ques que ces races occupent, et jusque
dans les couleurs qu'elles afTectenl. Si le
naturaliste découvre des différences plus
ou moins notables dans quelques grandes
familles non encore observées, il les rap-
porte aisément , comme variétés, à cet
types essentiels, à ces cinq divisions par-
faitement tranchées ( Décades viii cm-
niorum dwersatum gentium, Gottingae,
1790-1808, in-4°, contenant quatre-
vingts figures ).
Ce travail important amena M. Blu-
menbach vers l'anatomie comparée (Ma-
nuel d'aoalomie comparée, Handbuch,
derverglcicliendenjéncitomie, Goet|in*
( 588 ) BLU
gen, 1805 et 1815, in-8^). Set coaipt-
raisons des animaux à sang chaud et à
saog froid y ovipares et vivipares, sont
remplies de vues piquantes , d'observa-
tions neuves, de recherches étenduet
( Spécimen phy.sioUigiœ comparaiœ
inter aniinantia caluU tic fri^idi san-
guitiiSf vmpara et ovipara, Gottingae ,
1787 et 1789, in-4*>).
Son manuel d'histoire naturelle (£foii<l-
buch der NaUtrgeschichte , traduit en
français par S. Artand, Metz, 1808,
deux vol. in-8^), est un livre élémentaire
très estimé, propre à ouvrir à l'adepte
la route de la science et à b lui rendre
facile. Il compte dix éditions allemandet
depuit 1779 et 1780 que parurent les
deux volumes.
La médecine doit à M. Blumenbach
plusieurs excellena ouvrages; nont cite-
rons particulièrement ses Insiitutiones
physioiogicœ et pathoiogicœ, Gœttin*
gue, 1787 et 1798, 2 volumes io-8^;
son Introducdo ad historiam. mediclnm
ItUerarioin , Gœtt., 1786, in-8** ; ta Bi-
bliothèque médicale ( Medicinische Bi-
bliothek), qu^il publia de 1798 à 1795
et qui forme 3 volumes in-8^, etc. , etc.
Toute sa vie a été employée à profes-
ser la science d'une manière également
soutenue et progressive, et à enrichir les
recueils scientifiques de l'Allemagne de
mémoires d'un haut intérêt II a formé
un grand nombre d'excellens élèves ho-
norant leur maître par des services rendus
aux sciences et à l'humanité souffrante.
M. Blumenbach jouit de la plénitude de
son illustration : il appartient à toutes
les Académies de l'un et de l'autre hémi*
sphère. Doué d'une forte constitution, les
travaux assidus du cabinet, les fatigues
des dissections et de la chaire n'ont point
altéré sa santé; et ce Nestor des natura-
listes allemands a célébré en 1 826 (et avec
lui l'Allemagne savante tout entièrej le 50*
anniversaire de sa nomination au profes-
sorat A. T. D. B.
BLUTAGE, Blutbau, Blutebir.
On appelle blutage Topération qui a
pour but de nettoyer le grain et de dé-
barrasser la farine du son et des corpt
étrangers introduits par la nnfjture;
bluteau c'est le nom de Tinstrument em-
ployé, et bluterie le nom do IJeu où l'oq
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BLU
(589)
BOA
opère. L'ioTention du blutage est fort
ancienne quoique presque tous les au-
teurs ne la fassent remonler qu'au xvi*
ou tout au plus au xiii*^ sièclede l'ère vul>
gaire. On commença d'abord par se ser-
vir de paniers d'osier, ensuite de tamis
faits avec des jonf*s très menus, et enfin
de toiles tissues en crins de cheval. Ces
premiers essais ont été perfectionnés par
la succession des temps et la marche
progressive de l'industrie; après les sacs
de crin , d'étamine et de toile , dont on
fait encore usage dans beaucoup de loca-
lités , on a imaginé les cylindres com-
posés de feuilles de fer-blanc, trouées
comme les râpes, et de fils de fer très
déliés placés circulairement les uns à
c6té des autres, de manière à interdire
le passage à tout ce qui pourrait nuire à
la grande pureté de la farine. On emploie
surtout les toiles métalliques.
Les bluteanx actuels sont de deux
sortes : les bluteaux à grains , qui seraient
cribles s'ils étaient plats et à découvert ,
et les bluteaux à farine que Ton appelle
aussi biutoirs. Tous les deux sont utiles
et même nécessaires dans un ménage un
peu considérable. L'un et l'autre sont
composés de deux pièces principales: le
cylnulre ou bluteau proprement dit, et
la grande caisse ou coffre. Celle-ci est
un cadre de dimensions plus ou moins
étendues, recouvert de planches ou de
grosses toiles à plusieurs doubles, lors-
qu'elle est destinée à recevoir le grain;
elle est en bois , longue de deux mètres
et demi ( 7 à 8 pieds ), large de 48 à 54
centimètres (18 ou 20 pouces ) sur 97
( 36 pouces ) de haut , quand elle doit
contenir la farine. On l'élève sur quatre,
six et huit soutiens de bois en forme de
pied.
Dans les bluteaux à farine, il y a
trois ou quatre divisions , selon l'espèce
de farine que l'on veut obtenir, et le
bahut est coupé par autant de planches
qu'il y a de différentes toiles pour re-
couvrir le cylindre. De la sorte , chaque
divisiou forme une sorte de réceptacle
séparé qui renlerme une farine dont la
qualité est relative à l'étamine au travers
de laquelle elle passe. La première prend
le nom à» fine fleur; la seconde celui
&t farine blanche; la troisième celui de
farine de gruau ; on donne à la qua-
trième division le nom de recou/ft*s\ la
cinquième est l'ouverture par laquelle
sort \e gros son.
Dans les bluteaux à grains , les cases
sont inutiles; le blé, en son trajet, est
fortement gratté toutes les fuis qu'il ren-
contre la tôle piquée; la poussière, le
grain avorté, les ordures et le grain
niellé, charbonné ou moucheté, s'échap-
pent par les cribles de fil d'archal , tan-
dis que le grain de haute qualité sort
clair, brillant et tout-à-fail pur.
Il est inutile de dire que, avant de
soumettre le grain à l'action du bluteau,
l'on doit , en l'enlevant du tas , le passer
à la grille , c'est-à-dire le purger en le
lançant , par pellée et à une distance con-
venable, contre les mailles' de la grille.
Sans cette précaution il faudrait répéter
à plusieurs reprises le blutage. A. T. o. B.
BOA. Dans l'immense variété des
serpens dont les espèces ne sont pas
toujours déterminées d'une manière bien
rigoureuse par les savans, il en est peu
dont la célébrité soit aussi grande que
celle du boa. Ce nom est donné par les
naturalistes à plusieurs reptiles dont le
plus remarquable est sans contredit le
ht a constrivtor, ou serpent élevin; les
autres espèces n'approchent pas de celle-
ci par leur dimension.
Long de 30 pieds et plus, gros comme
le corps d'un bomme, paré de couleurs
vives, de marbrures en forme d'anneaux
réunis en deux chaînes latérales, le boa-
devin présente tantôt du noir, tantôt du
rouge, du jaune doré, du cendré jaunâ-
tre, suivant les parties de son corps que
l'on observe, et ces couleurs sont dispo-
sées avec symétrie; peut-être leur variété
tient- elle à des diversités d'espèce, k
des différences d'âge, car on n'est pas
encore bien certain que les boas d'Asie,
d'Afrique et d'Amérique soient de la
même espèce. La tête allongée du boa
est susceptible de s'ouvrir en une gueule
immense; elle est armée de dents fortes
et déchirantes, mais dépourvues de ces
crociiets à venin si redoutables dans
d'autres serpens (vo/.). Quel besoin en
effet d'un venin pour un animal que sa
force peut rendre maître de presque toua
les aiUres?
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BOA
(&90)
BOS
Le boâ se liait babitoeHement dans
de grandes herbes qu'il silloooe au loin
de ses longs replis, ou bien il se réfugie
dans un antre obscur, attendant la f>roie
qui ne peut guère lui échapper, pour peu
que ses gros yeun Faperçoivent. Une
gaxelte au pied léger a -t- elle paru, il
s'élance comme un trait et d^'à il Ta sai-
sie^ un bufùe aux cornes acérées^ aux
muscles vigoureux, à la masse îtopoiao-
te f n'a guère de reSlM>urCes contre le boa.
Ses replis l'enveloppent de toutes parts,
quelquefois niiéane un arbre lui sert de
pfoint d'appui et l'air retentit au loin du
brisement des os; l'agilité du singe ne
lui permet pas d'échapper en s'élançant
sdr la cime d'un arbre : le boa enveloppe
le tronc dea^ replis de sa queue et lance
stf gueule épouvantable jusque sur les
branches les pilus flexibles. Un fleuve
n'est pas même un abri centre l'appétit
du boa; il y poursuit et y atteint sa vic-
time. Quelquefois même le boa cherche
le poisson , qu'il à l'artifice d'afltrrer , en*
dégorgeant dans l'eau quelque reste d'«-
Ument comme un appât.
Si la proie qu'il a saisie es€ peu volu-
miùeuBe, elle est avalée d'un seul coup;
ai elle est trop grosse pour franchir sa
gutenlcy îi hi broie, l'allonge, la couvre
d'une bave abondante et fétide, l'avale
peu à peu , mais sans la séparer eh frag-
mens, et la digère graduellement. Il
tombe pendant cette opération dans une
sorte de torpeur qui permet à l'homme
de ^attaquer. £n tout autre cas, sa vue
doit glacer d'horreur, et il ne doit pas
rester à l'homme le plus résolu assez de
présence d'esprit pour aviser à aucunf
moyen de salut,* ce qar même ne parait
pas possibfe. Aussi les populations des
pays où te boa se reUcontre en font-ils
une de leurs rdoles, cherchant hiiAino-
tivement peut-^ être k apwiser par un
culte religieux un ennemi contre lequel
îi n^y a pas de défeil^e possh>le : tant est
grande la prop«iis{t$rif dés peuples bar-
bares à adorer ce qu'ils redoutent!
Mais de quel élonnement n*est-on pfis
frappé quand ou penM cpjre Toetlf d'où
provient u>n tel animal n'a guère que
deux à iVols pouces dans son' plus grand
dtamètfe? Aussi est-^l probable, vu l'é-
norme développement qu'il est stUMepti^
ble d'acquérir, que le boà-deviti tit long-
temps.
Il change de peau plusî^rs fois par
an et sa dépouille est recherchée par le»
nègres qui en font uq objet de vénéra*
tion; néanmoins s'ils trouvent l'oceitfsioD
de s'emparer d'un boa pendabt le repbrf
léthargique de sa digestion, ka savourent
sa chair avec délices. Bw B.
BOABDlLy voy. Guïirjbinl {royaume
de).
BOARD OF CONTROLA Le b*re«t
de contrôle pour les affaire de l'Inde est
établi à Londres, et occupe, dans le quâi^
tier de Westminster,- tin aséèz bel édifice
muni d'uè portique avec, des Colooses
d'ordre dorique. Le (nrésident dé ce bu-
reau fait partie des membres du cifbîoet
ministériel ; aussi cbange^t-'il ordraaire-
meAt quaod les priHcIpÉux ministres se re-
tirent. Cet office Ae pupalt même créé que
pour mcfttre une place lucrative de plds à
la disposition du ministère. Vhxm Ve temps
où les privilèges de la compignié de f In^
fie étaient très étendus, le bureau du
contrôle était lïn petit ministère colooîaU
Aujourd'hui encore il influe sur les ffo*
mtnations aux principale^ fooctkM» daiff
l'Inde britannique. I>^.
BOBOLIN Ay veuve d'un armateur de
Spe^zia, assassiné à Constanlhiople es
1812 par ordre du sulthâxiy excltu se§
compatriotes an commencement de f 89f
à soutenir \a arase de ITîAsurfectkiit
grecque <\m hrri promettait ntoe échitaûftê
vengeance. Elle arma 8 vâisseofuï è aet
frais, arbora sou paVillon sur un brick,
et, confiant les deux autres bâthuens à
des capitaines babHe8,'eHè se fit leur ami-
ral. Ses deux f?ts combatuié^t^déià sur
le continent. Elle-même vint au siège de
Tripolilza (sept. 1821) où presque tous
les chefs du Péloponèse Se ttrouvafient
réunis. Elle offrit ses vaisseaux dU gou--
vernement pour continuer le bloous ds
Nauplie. Elle le fNaiotlnt dtfraf&t t4 mtM
avec une grande persévérance. Sa Vigi-
lance et la fermétér der ses discours itè-
rent tout espoir aux assiégés qui furent
enfin cootraiàts d'abaisser devint tnke
femme grecque l'orgoeit orasulman et de
solliciter une capitulation. Ap^èg avùfr
ainsi coutribué puissammetft k la oâti-
quéii/ de cette pUcë impottulté/ Bdlbo^
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BOC
(5di)
bOG
lilift fut chargée de protéger a?eo une di-
TÎsioD Dftyale les côtes dé la Morée, de
transporter des renforts sur les points
m^acés ou de concourir à l'attaque des
places maritimes, comme elle l'avait déjà
fait pour celle de Mooembasie. On dit
quA pendant le siège de cette ville, un de
ses neveux ayant été tué d^un coOp de
cdDon^ elle étendit sur lui son manteau,
et, sans s'abandonner à d'inutiles regrets,
ordonna de venger sa mort en bombar-
dant la ville avec plus d'activité. C'est
avec la même apparence de résignation
fttojque qu'elle parlait de k perte de son
mari et de son fils atné , morts les armes
à la maïUé Cette femme extraordinaire,
tto teint bronzé, aux yeux brillana et
pleine de feu, à la démarche guerrière,
objet des louanges et quelquefois des épî*
^ranmea de ses compatriotes, excitait vi-
vement k curiosité des étrangers. Ib
étaient aoGueilhs avec une cordiale hospi*
lalité danssafaeUematsondeSpetzia qu'el-
le était venue, en 1824, habiter de nou*
yeauavecaes frères pendant lesdissensions
qàî divisaient les Grecs. £n 1826 sa mai-
•en fut assaiUie par les parens et les aflûs
cTuiie jeuae personne séduite, dit-on,
par cfnelqu'un de ea famille. Quelques
paroles peu mesurées de Bobolina aug^
naentèrent l'exaspératièn ^ et on oolip de
fusil parti des groupes tumoltueox teiw
mÎAa la vie de l'héi oîne. B-t.
BeCAGB. C'est vo joK pays de k
Mormsrfidie^i, selon rancienae division,
•^étcndast des plaines du- Besein jutfqu^à
k Bretagne et de k rirre gauche de TOme
à l'Océair. h n*a que 16 lieues de large
Éiir 1 7 de long, et fait aojouM'hui partie
des départemens du Calvados et de la
lianehev Son chef-liea est Vire.
La Vendée a aussi son Bocage ; dans
les guerres civiles œ canNm est devenu
célèbre par les expbits des Vendéens qui
traamrent enéore derrière les baies touf-
fwes et dans les bois nombreux dont il est
couvert xm asile tellement sur que nos
soldats ne peuvent les y suivre quediffif-
Cilement et qu^its s'y sortt kissé souvent
arracher k viclowe. Kof. Vende* et
CîitouAHs. B. A. D.
B0CAtlD^ vcy. Pilaob et Pifx>ir.
BOCCABADATI (Lui^iA^ célèbre
«ÉMMCrkè taliettfeé iiééà'ifDdètte'et««8si
distinguée par ses avantages personnek
que par son art et la beauté de sa voix.
Ses représentations à Bologne, en 1827,
excitèrent au plus haut degré l'enthou-
siasme du public. X.
BOCCACE (GiovAmn Bocgagcio
m Cextaldo). On est d'accord sur l'an-
née (1313), mais non sur le lieu de sa
naissance. Les uns le dkent né à Flo-
rence méuM, d'autres à Paria oèi son
père exerçait le négoce. La question n'est
pas toul-a-fait indifférentei comme on
serait tenté de le croire au premier coup
d'œiL Si en effet il a vu le jour à Paris^
son talent de conteur s'explique par ses
premières lectures; les fabliaux et les
rooMins de chevalerie y tombaient natu-
rellement entre les mains du jeune com-
mis, qui un jour devait donner ce genre
à l'Iulie.
A 28 ans Boccace se trouve à Naplea^
on ne sait trop comment. Au-dessus de
Naples s'élève, comme on sait, le riilrit
Pausi lippe , et sur cette colline classique
un vieux colombaire ( vqy»)^ que les sa-
vans, les enlbouskstes et le peuple déco-
rent toujours du nom de Tombeau da
Virgile. Sur ces ruines Boccace fut saisi^
dit-on , d'une grande résolution : il jeta
au vent les comptes de commerce , et se
fit poète, malgré son père, en étudknt
k droit canon , k kci n et le grec ; car en
ce beau temps, ou l'on reprenait l'étude
des anciens, oà le Dante et Pétrarque,
par leur exemple, favorisèrent cette ten-
dance,- il fallait être érudit avant que
d'écrire en vers ou en prose.
Puis Boccace fut amoureux , caractère
indispensable des poètes de tous les
âges. Licencieux dans son Deeamerone,
comme Ovide dans ses élégies , il a porté,
si l'on en croit certains biographes , ses
désirs aussi haut que l'exilé du Pont.
Fiametta n'est autre, disent-^ls, que k
filk naturel k de Robert y roi de Naples.
Une opinion toute récente,' assez para-
doxale de prime abord , mais basée sur
de fortes probabilités, reconnaît dans
Fiametta k personnification de la puis-
sance impériak. Si cette doctrt«ke, émise
par M. Rosetti, prenait de k coosbtanee^
s'il était vrai que k gaie stiettce^ k
dire à^ amour ^ a sel'vi de jargov an part»
GibeHn, ^» Famoiir ^kftiiàiqnei <élé«
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BOC
(592)
BOC
ment principal de la poésie italienne pen-
dant trois siècles, nichait , sfMS l'emblème
d'une dame ardemment désirée, Tespoir
d'un meilleor avenir poliliqne, plusieors
des ouvrages de Boccace auraient un
sens emblématique; comme la divine co-
médie, ils poursuivraient, sous le voile de
la fiction, un but positif. Fiametta^ jetée
dans le m^me moule que Laure de Pé-
trarque et Béatrix du Dante, serait comme
tes seeurs aînées un être allégorique; le
Fiiocopo, le Labyrinthe d^ amour ^ la
< Vision f porteraient le sceau d'une franc-
maçonnerie qui faisait pendant le moyen-
âge une guerre acharnée au pouvoir pon-
tifical.
Réduits à discuter le mérite purement
littéraire des œuvres de Boccace, nous
dirons que son grand poème JiFilostratOf
dans lequel « le prince Troîlus aime la
belle Griséida (Chryséis), fille de Cal-
chas , évéque de Troie , qui a trattreuae-
ntent passé aux Grecs, » renferme des
strophes élégiaques d'une grande beauté;
mais que ce n'est point ce poème qui a
fait la gloire de Boccace ; moins encore
la Téséide, que les littérateurs citent
comme le premier essai de poème épique
en Italie. Dans la même catégorie d'ou-
vrages presque oubliés se rangent et son
Nimfcâe Jivsolano, autre espèce de
poème épique en l'honneur de la belle
-ville de Fiesole, aujourd'hui si déserte,
et sa Vision amoureuse {L Amorosa t;/-
sione), imitation monotone des 'friofnn
pkes de Pétrarque, et son AtlmèiCy ou
la Comédie tles nymphes de Florence ,
poème bucolique, le premier en date dans
la littérature moderne. Dav^s cet ouvrage,
supérieur du reste aux deux précédens,
pur des descriptions simples et gracieu-
ses, la prose se trouve déjà mêlée aux
Ycrs ; peut être Atimète a-t-il servi de
transition et révélé à Boccace sa vérita-
ble vocation. Ses vers, qnoi qu'il fasse,
sont toujours embarrassés; les sonnetti
et \e%.canzon€y sortis de sa plume, vous
frappent même par une lourdeur incon-
cevable à une époque où l'harmonieuse
versification de Pétrarque remplissait tou-
tes les oreilles. Boccace est le créateur de
la prose italienne, de même que Dante
et Pétrai*que ouvrent le cortège des poètes
de «e pays» Mais Bopoace n'arriva pas d'un
seul bond à écrire une prose modèle;
il n'est point de transition brusque dans
le développement des inielligences. Le
FtlocopOf l'amorosa Fiametta, le Cor-
baccio ou Labjrinthe d'amour^ ne sont
que les préludes du Decamerone, L'exa-
gération pompeuse des romans de che-
valerie prédomine encore dans les pre-
miers ; dans le Decamerone ( les dix
Journées ) c'est la grâce naïve des fa-
bliaux qui a pris le dessus : la diction se
déroule lente, douce, moelleuse, comme
ces rivières paisibles, unies comme glace,
dont le courant ne connaît ni vague, ni
écume.
II y a toujours eu un concert unanime
i'imprécations contre l'indécence des
Cent Nouvelles , contenues dans le De-
camerone; la nier serait une entreprise
vaine et dangereuse : mais il est permis
de l'expliquer par les mœurs du temps
et surtout du pays. Les aventures bnr*
lesques ou tragiques racontées, d'après
la fiction de Boccace, par ces beaux jeunes
gens et ces belles Florenlines,qui fuyaient
la peste et s'égayaient dans une fraîche
maison de campagne , pendant que leurs
concitoyens se mouraient à une demi-
lieue de là, ces aventures se reproduisent
encore dans certaines classes des pays
méridionaux, et leur répétition journa-
lière rend un compte suîfisant de la vo-
gue qu'obtiennent, depuis cinq siècles, et
Boccace et la foule des novtUieri qui
inondent la littérature italienne. Boccace
d'ailleurs, élevé à l'école des anciens et
des romanciers peu chastes du moyen-
âge, n'a point appris l'art des réticences
perfides et drs circonlocutions gazées: ii
raconte ce qu'il a entendu dire au coin
des rues par les commères, avee infini-
ment plus d'esprit et de style qu'elles,
mais avec tout aussi peu de retenue ; il
parle de VappetUo catnalé comme on
parle aujourd'hui des grandes passions;
sans être impudent , il vous fait mugîr.
A tout prendre, le Decamerone reste un
livre inteixlil,exceplé aux philolognesà
Iront d'airain. Le tableau aniisié de la
peste de 1348, qui se trouve dans l'in-
troduction du Decamerone, a él,é plus
d'une Ibis comparée la peste .d'Athènes,
décrite par Thucydide.
Poète et savant célèl^f^ jRoftcace moats
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BOC
(&93)
BOC
êficorc plus haut : il devînt Taiiiî de Pé-
trarque. La Tille de Floi*ence lui confia
plus d'une fois des emplois politiques
d'une haute importance. Il occupa le pre-
mier la chaire fondée pour l'interpréta-
tion de la Divina Comedia, et mourut,
chargé de gloire, à CerUido, en 1375.
Boccace a écrit aussi de bons ouvra-
ges en beau lutin, tel que celui de
Cenealo^M deorumy espèce de discours
apologétique sur la poésie, et d'encyclo-
pédie classique; de mulieribus claris ;
de casihus virorum etfeminarum Ulus-
triunty etc. L'ingrat public lit tout cela à
peu près autant que les ouvrages latins
de Pétrarque. L. S.
Le comte Baldelli a écrit une vie de
Boc*eace et l'on peut voir dans le Bio^
graphical Decameron de M. Dibdin et
dans le Lexique bibliographique de
M. Ébert la liste de toutes les principa-
les éditions des œuvres de ce grand écri-
vain. S.
BOCCAGE ( M"* FiQUKT du ) , née
Mabie-Ahrk liiPACS, se fit remarquer
dans le siècle dernier par son talent poé-
tique et épistolaire, et plus encore par
son amabilité et le charme de sa société.
Née à Rouen en 1710, elle épousa iiu
receveur des tailles de Dieppe, qui la
laissa veuve de bonne heure. Pendant
long- temps elle crut que les bienséances
lui fHÎsaient un devoir de cacher son goût
inné pour la poésie. Elle ne débuta que
fort tard dans la carrière littéraire, mais
son coup d'essai fut un triomphe. L'A-
cadémie de Rouen lui décerna, en 1 746,
un prix pour son premier poème. Dès
ce moment ses scrupules s'évanouirent
et elle publia successivement une imita-
tion du Paradis perdu et du poème de
la Mort d'Abel. En 1749 elle donna un
poème en dix chants, intitulé la Colom-
bitide, et fit jouer, à la Comédie Fran-
çai!«e, une tragédie , les Amazones , qui
n'eut que onze représentations. A cette
époque sa célébrité était parvenue au
plus haut période : elle était successive-
ment admise au sein des académies de
Rome, de Bologne, de Padoue, de Lyon
et de Rouen. Son salon renfermait tout
ce que la France comptait d'hommes dis-
tingués; Voltaire lui consacrait quelques*
uns de set loisirs el Fontenelle l'appelait
Sncyrlop, d. G. d. M. Tome III.
sa fille. Forma Venux^ axte Minerva,
telle était Ja devise que lui avaient dé-
cernée ses nombreux admirateurs. Lors
de sa réception à l'académie des Arcades
à Rome , on lut tant de vers à sa louange
qu'on en forma un recueil imprimé en
un fort volume. La plupart de ses ou-
vrages furent traduits en anglais , en es*
pagnol, en allemand et en italien. Mais,
chose bizarre! la seule production de
M""* du Boccage dont la pohtérité ait
confirmé le succès est précisément celle
pour laquelle elle reçut le moins d'éloges
de la part de ses contemporains. Notis vou-
lons parler des lettres qu'elle adressa à sa
soeur. M"** Duperron, pendant ses voya-
ges en Italie , en Angleterre et en Hol-
lande. Elle mourut en 1 803 , après une
longue carrière , toute de triomphes et
d'honneurs. D. A. D.
BOCCHERIIII (Luioi ), né à Luc-
ques en 1740, annonça dès son enfance
de grandes dispositions que Yanucci ^
maître de musique de l'archevêché, s'em-
pressa de cultiver. A Rome, où son père
l'envoya, il acquit en peu d'années une
grande réputation et s'illustra par des
œuvres qui annonçaient toute l'étendue
de son génie. Alors il revint à Lucques
où Martfredi, célèbre rioloniste, se lia
avec lui d'une étroite amitié. Ils jouèrent
en public plusieurs œuvres de Boccbe-
rini , et recueillirent les plus grands élo-
ges. Quelque temps après ils partirent
ensemble pour l'Espagne ; Boccherini s'y
fixa. Le roi se plut k le combler d'hon-
neurs et il fut attaché à l'Académie royale,
avec la condition de fournir chaque an-
née neuf morceaux de sa composition.
Cet artiste célèbre fut le premier qui
donna, vers 1768, an caractère fixe au
trio. Aprt*s lui viennent Fiorillo , Cra-_
mer, Giardini , Pngnani et Viotti. Il sur'
passa encore ses prédécesseurs dans le
quatuor auquel il donna des formes pkis
arrêtées; il fut suivi par Giardini et
Cambini , et , dans une autre école, par
Pleyel, Haydn, Mozart et Beethoven;
dans le qnintetto il n'eut de rival que
Mozart. Les symphonies à grand orches-
tre de Boccherini ne sont pas à la hau-
teur de celles de Haydn; mais en géné-
ral la noblesse de ses chants et les formes
suaves doot il a tu ratélir set idées le
SS
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BOC
(694)
BOC
pif p(m( ^ ciàé des mfilUttn composi-
teurs c|^ musique ipstruin^Dtale. Les ai|a-
^04 lie Boocberini oot fait e( ferpnt eo-
core lof^-temps Fadmiratiqn des arMstes.
Sa musiqy«, empreiota d'upe couleur re-
ligieuse, fi^itaît dire cpnupuqément « que
ai Pieu vouM^ eotçndre de L^ mi^iquç ,
U choisirnu celle <ie JSQcchermh
Uoe cprrespoiid^pçQ s'étail établie
entre lui etHaydo. Cfs d^u^f; bpn^roes
illustres cbercbaieol à s'éclairer par des
discussions cposciepcieuses «ur fart qu'ils
honoraient tous deux.
Boccberini mourut ^ Madrid en 130&.
Il a laissé 58 œuvrer de sympbopieii, sex-
tuiKy quintetti, quatuor, trio, duQ, sona-
tes pour violoncelle et piaoo , etc. Li. D.
BOCCHBTTA, di^ns les éMts sar-
des. C'est 1q mont le plus élevé de la
poftipn des Apenoins qui longe la mer
de Ligurje. Ôe spn sQinnmt on voit
G^oe^ et son golfe; la route de Gènes à
Npvi le traverse. Là se trouve le célèbre
^filé de U Boccbetta ( souveot nommé
en français Col cA? ia Boqu^tu)y qui
tut forcé en 1746, malgré les Impériaux
qui le défendaient, et francbi en 1796.
Ce passage est un des points les plus
importaps de l'Italie antérieure et une
des clefs de la Lombardie. Du mopt Boq-
ohettA sortent la Polcevera qui tombe
dans la mec, et la Lemme qui va grossir
l'Orba. V41. P.
BOCPART (Sahubi.), fils d'un mi-
nistre calviniste et de la soeur de Pierre
Dumoulin , si connu parmi lee pasteurs
de la même communion , nequit à Bouen
en 1599. Thomas DempaieTi» son maître,
inséra danf tea AntiquUéf g^utnaimcf des
vers grecs que BochaFt avait composés à
14 ans en son bonaeqv. Apres avoir fait
sa pbi|osopble. et «mb couss de (béqlo-
gie à Sedan, il fit un vuy.agpen Angle-
terre el alla ensuite à Leyde, où il ac-
quit une oonnaisaanoe pioibnde de la
langue arabe. Hofumé pasteur, à Caen, il
se fit un grande réputation par sea con-
férences avec le jésuite Véiron. la^, r^ne
Cbristine lui écsivit une leltne autogra-
phe, poun nnvitec à inenir la voir à
Stockholm. Qocbart fit oe wiyagr; maûs
son absenoe de Caen ne fut pas de lon-
gue dorée ; il mourut au milieu de ses
^aroîaaîtn^ ea IM7. Bea 41vmtae» nui
excellé eomme lui, à cette époqun, dtns
la connaissance des langues orientales
dont il fit d'utile^ applications à la science
biblique eo général; la géographie de la
Bible et ce qu'elle renferme de notions
sur l'histoire m^lurelle, aurtout la zoo-
logie» opt été mi#^ an lumi^ par lui, et
aujourd'hui même on trouve epcore
beaucoup d'instruction dans ses nom-
breux traités sur l'archéologie juive. Ce
qui a nui cependant à fes savantes re-
cherches, c'est U manie de^ étymologies
et son engouement pour la Ungue phé-
nicienne, à laquelle il veut tout rapport
ter. Bocbart a lais^ de nombreux ou-
vrages dont les principaux sont : Ceo^
gtaphia sacra , X^^ édition. Cadorni,
1645, in- fol; Hierozoîcon s. Historim
aaimalium S, ScrîpL Lond, 1663 , in-
fol. Ses ceuvres ont été réunies et pu-
bliées à Leyde en 1713, S vol in-fol. S.
BOCHNIA (sAi«ivR8 de). Bochnia
est une petite ville de l'ancien royaume
de Pologne (dans la Galicie occiden-
tale ) , à 3 lieues de Cracovie. Cest le
siège d'une administration de «iliaes et
de mines. Sous la ville même on a dé-
couvert, à peu près Ters le milieu du
XJii^ siècle, de ricbes minas de sel
gemme , et en quelques parties de l'alb&f
tre. Ces mines, qui sont d'Un rapport très
considérable, occupent joumellemeot
400 ouvriers, f. YiiivtcwLA. D. A. D«
BODS (JEàH-Éi^KET) naquit à Ham-
bourg en 1747, et termina à Berlin, en
1826 , une carrière longue et laborieuee,
entièrement consacrée à. l'astronomie. U
a publié, outre plusieuiis ouvrages popu-
laires sur cette science (nommément son
Aaieitung zur KenninUs des f€*iimteM
MiinmeU^ n^ édit., Qerlin, 1621) très
népandus en Allemagne» M volumes dea
Éphéméridea aMropquuquea de {krlia
{Mintnomitche Joàràiicher) , a comp-
ter de 1774, et un grand atlas céleste em
%0 feuilles^ où sont marquées les poaî»
lions de 1 7,340 étoiles, et dont U sepMMlm
édition a paru a Berlin en i^^9t.
On oonnak assex généralement mmm
le nom de loi de Botle une loi fort re-
marquable que présente le système pln^
nétaire, quoique Bode ne se donne pii«
poiur l'avoir olMervée le premier, et que
mén^ elle eAt d^ fixé ralt«MÎMi «m
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BOD
(595)
BOD
Kepler. Rédaitê à ses termes les plus
simples, oette loi consiste en ce que les
intervalles des orbites des planètes vont
à pen près en doublant, à mesure qiie
Ton s'éloigne du soleil. Ainsi Tintervalle
entre les orbites de la Terre et de Mars
est à peu près double de celui qui sépare
les orbites de Vénus et de la Terre; l'in-
tervalle entre les orbites de Saturne et
d'Uranus est à peu près double de ce>
lui qu'on observe entre les orbites de
Jupiter et de Saturne. On avait remarqué
que la distance de Mars à Jupiter était
beaucoup trop grande, et qu'il aurait
fallu, pour que la toi se soutint, une pla-
nète intermédiaire. Or, la découverte deé
4 planètes télescopiques, dans le courant
de ee sièele, est venue précisément oom^
bler la lacune ; les orbites de ces 4 pla-
nètes, qui sont à peu près à la même di-
stance du soleil, se trouvent à la place
qu'aurait dû occuper Torbrte de la pla-
nète intermédiaire. Malheureusemenf un
areord si remarquable offre une excep-
ffcm pour la planète Mercure, dont la
distance à l'orbite de Vénus est presque
égale à l'intervalie des deux orbites de
Vénifs et de la Terre, tandis qu»le n'en
dlerrart être que la moitié. On a imaginé,
IkHir sauver celte anomalie, de présenter
•PUS waii forme un peti différente, la lot
de progression des intervalles planétaires;
initis II nous semble plus rationnel d'ad-
mettre l'anomalie que de Kéluder en al-
térant par une modification arbitraire la
sinrplieité de hi loi ; car c'est uniquement
en raiaott de cette simplicité que l'on est
porté k voir dans la loi dont tl s'agit
reffct de causes cosmologîqties incon-
ivtt«fly plutèt qu^urn rapport purement
ferrtuit. Il est à noter que Mercure fait
Paiement exception, dads le système des
planètes nOn féte»copiques, tant par
hi grandeur de Texeentricfté de son or-
bite, presque égale à celle des orbes d^
Jnnon et de FaHas, que par la distance,
reTativement considérable, du pôle de son
orbite à hi région du ciel où sont grou-
pés maintenant les p61es des 6 autres
orbes planétaires. Si f on met cette pla-
nète de c6té, h progression des inter-
Yalles doubles se vérifiera rigoureusement
entre les limites des excentricités^ c'esl-
Jt-dfire ^a'ott pomrra assigner pour eha-
que planète une Taleur du rayon vecteur»
comprise entre le périliélie et rapbéli«|
de manière à ce que la série satisfaite
rigoureusement à la progression des in-
tervalles doubles. Présentée de la sorte,
on peut dire que la loi de Bode oonH
porte an énoncé natbématiqae^ ansai
bien que les célébrée lois de Kepler
{voy. ce mot), A. C.
BOPE (JBAir-JoAcniii-€nBiSTorHs}y
qui s'est fait nne grande réputation
comme traducteur et eomme frane-ma<^
çon, naquitàBransiriok en 1780 at moi»-
rot à Weimar en 1799. T.
BODENSEE. voy. ComàxoL (lac
de).
BODIN (Jeaiv), célèbre puMioiste, na-
quit à Angers en 1530. Oli prétend qn'il
s'était fait moine dans sa jeunesse) mais
ce qui est plus certain, c'est qu'il étudia
le droit à Toulouse et qfi'il y fit une ri~
cbe provision de connaissances dans di<^
verses branches. Après avoir enseigné
quelque temps le droit dans la même
ville, il vint k I^aris dans l'intention d'y
suivre la carrière du barreau; mais son
ambition sonffrit de se voir éelipsé par
tes Briason, les Pasquièr, les Pithon,
et tl résolut de se faire un nom coinme
écrivain. Ses eonnalssanees, sa gatté, sea
bons mots, le recommandaient à Henri III
qtn pendant quelque temps lui martfua
beaucoup de faveur. Mais Dodin perdit
ses bonnes grâces et s'ftttaeba au frère
dn roi, François, duo d'Alen^n et d'An^
jou, cfci'H aecompagna dans ses veyagea.
DéjÀ il avait publié sa République^ et, ar-
rivé à Cambridge^ H ne fut pas peu flatté
de voir que son ouvrage y était inter*
prêté par dé savans prefeasenrs. De re^
tour en France, il s'établit à Laon oàM
fut proenretfr dû rek Dani lef États- Gé-
néraux de 6tois de 1577 (vojrj, où il
fut député pér le tiêrs^tat du Terman-
dois, il fit son vent de roppotitia«^ ae
qui kri attira la perte de sa pkoe, qnoft-
qu'H eèt , if un autre eôlé^, défendu tfvac
énergie les droits do la royauté centre
les prêtent ions del'aristoeratre. En 1689,
It détermina la v'ille de Laon à se déclarer
pour la Ligue ; cependant il fit sa seur
mission à Henri IV et monniC de ht \
à Laon, en I&96.
Les • livrée de la Répuhèique, publiée
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BOD ( 596 )
par Bodin en 1577 (Paris, îd -fol.) en lan-
gue française, réimprimés iii>8 en 1 583,
et traduits ensuite par lui-même (1586;
en latin, firent partout une grande sen-
sation et ne sont pas encore entièrement
oubliés aujourd liui. Sans suivre une
méthode fixe et bien régulière, c'est
le premier essai de réduire la politique
à un système, et d'y appliquer les formes
de la science; les doctrines qu'on y
établit sont appuyées de faits nombreux
et bien choisis, preuves, de la part de
Fauteur, d'une érudition variée. Bodin
a traité son sujet avec une indépendance
très remarquable à celte époque ; son
opinion est favorable au pouvoir monar-
chique, et il nie que les peuples aient
jamais le droit de déposer leurs souve-
rains, même lorsqu'ils régnent en tyrans;
mais, d'un autre côté, il demande l'inter-
vention du peuple toutes les fois que des
contributions nouvelles doivent lui être
imposées, et il oppose à l'absolutisme des
princes les droits de ta conscience contre
lesquels leurs commaudemens ne sau-
/raient prévaloir.Cei ouvrageaeu un grand
nombre d'éditions ; Montesquieu , Jean
de Muller et d'autres en ont fait une
étude sérieuse. £n 1555 Bodin avait déjà
publié une traduction des livres de la
Chasse d'Oppien , avec des commentai-
res, et on lui doit encore un ouvrage in-
titulé Methodus adfacilem hisioriarum
cognitionem (Paris, 1566, in^**), ainsi
que la Démonomafiie (Paris , 1581, in-
4° ) et le Theatrum univers œ naturœ
(Lyon, 1596, in-8^}. Ces deux derniers
écrits sont empreints de superstition; le
premier surtout prend la défense de la
magie et parait peu digne d'un esprit si
élevé. J. H. S.
BODIN (Jeait-Feançois), député et
historien français, naquit à Angers eo
1776. Pendant la révolution il occupa
une place de payeur à l'armée de l'Ouest;
sous l'empire il eut celle de receveur
particulier à Saumur. Il employa alors
tes loisirs à rédiger des Recherches his-
toriques sur Saumur et le Haut- Anjou,
Cet ouvrage, publié en 2 vol. in-8^ avec
gravures, en 1812 el 18 13, est écrit ju-
dicieusement et contient surtout des dé-
tails intéressans sur les monumens que
l'auteur avait dessinés lui-même. Lies
BOD
connaissances qu*i1 avait acquises en ar-
chitecture lui furent très utiles pour la
description des monumens de ce pays.
Voulant compléter son travail sur l'An-
jou, il fit paraître dans la suite un ou-
vrage semblable : Recherches histori*
ques sur l'Anjou et ses monumens, sur
Angers et le Ba^- Anjou (Paris, 182 1 et
1823, 2 vol. in-8^,avec fig.), renfermant
aussi des notices sur les hommes nota-
bles qui sont nés dans cette contrée. Bo-
din perdit sa place de receveur après la
rentrée des Bourbons, et vécut depuis
d'une manière tout-à-fait indépendante.
Ayant été élu en 1820 dans son pays na-
tal, il se distingua parmi les représentans
les plus dévoués aux principes constitu-
tionnels et s'opposa énergiquement à
toutes les mesures proposées en faveur
du régime absolu. A la fin de chaque
session il adressa une lettre à ses com-
mettons ^ pour leur rendre un compte
scrupuleux de ses actes et de sa conduite
durant les débals qui avaient eu lieu sur
les propositions de lois. Cet usage a para
heureux et il a été imité par plusieurs au-
tres députés. Il sortit de la chambre en
1823 et ne fut plus réélp. L'Académie
des Inscriptions l'avait admis au nombre
de ses correspondans. Il termina sa car-
rière en 1 829, à Launay (Maine-et-Loire),
où il s'était retiré.
Son fils, Félix Bodin, est également
membre de la Chambre des députés, où
il est entré après la révolution de 1830
et où il a soutenu le ministère de Casi-
mir Périer. Il a été envoyé de nouveau à
cette Chambre en 1834, par l'arrondisse-
ment de Saumur. Avant la révolution de
juillet 1830, il avait coopéré à plusieurs
journaux libéraux, surtout au Constitua
tionnel et à divers recueils périodiques;
pendant quelque temps il a rédigé le
Mercure du xix® siècle. Il commença en
1821 la collection des Résumés historié"
queA: le volume qu'il rédigea sous le ti-
tre de Résumé die C histoire de France
est celui de toute la collection qui a eu
le plus de succès, ayant été imprimé 7
fois sous le régime de ta Restauration;
depuis ce temps ce petit ouvrage a para
avecdes additions. Ce résumé se distini^e
par le point de vue populaire et libéral
sous lequel l'auteur envisage et présente
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BOD
(597)
BOD
les évéDeroens de Tbistoire de sa patrie.
M. Bodin a rédigé sur un plan semblable
un Résumé de l'histoire d Angleterre^
1824, qui a en 4 éditions. Il a fait pa-
raître plusieurs brochures politiques et
divers opuscules littéraires. Il devait
joindre à la grande Histoire de la révo-
lution française ^t M. Tbiers une his-
toire des États- Généraux sous le roi
Jean, en 1355. Ce plan n*a pas été exé-
cuté, et M. Bodin n'a encore publié que
quelques fragmens de son travail. Il s*est
livré à des études historiques sur les as-
semblées législatives f et en a professé
les résultats dans un cours public à TA-
tbénée de Paris. On assure qu'étant bon
musicien et élève de Lesueur, M. Bodin
a composé aussi des opéras qu'il garde
dans son portefeuille l^-o,
BODLEIENNE, voy. Bibliothà-
QUE et Oxford.
BODJIIER (JkaiT' Jacques), poète et
littérateur allemand , né en 1 698 à Grei-
fensee, près de Zurich, mort en 1783,
après avoir occupé pendant 50 ans une
chaire d'histoire dans la ville de Zurich.
Son père l'avait d'abord destiné à l'état
ecclésiastique, puis au commerce; mais
Bodmer s'adonna exclusivement à l'étu-
de de l'hisSoire et de la poésie. Au com-
mencement du XYiii* siècle la littérature
nationale allemande, presque nulle en-
core, se distinguait surtout par le mau-
vais goût : Bodmer en demeura frappé,
surtout par la comparaison qu'il en fit
avec les littératures étrangères, qu'il
connaissait parfaitement; aussi eut-il la
prétention de jouer le rôle de réforma-
teur. A cet effet, il s'adjoignit un autre
savant Zurichois, nommé Breitinger, et
ces jeunes gens préludèrent, avec plus de
bonne volonté que de génie, à la grande
révolution littéraire qui ne s'opéra en
Allemagne que vers 1770, par de plus
grands talens que les leurs. Ils firent pa-
raître en 1722 une feuille littéraire, des-
tinée à saper les renommées contempo-
raines du Parnasse allemand. Quoique
leurs armes ne fussent guère redouta-
bles, que leur raisonnement n'eût rien
de serré ni de logique, que Bodmer se
montrât jaloux du mérite d'autrui et
qu'il fût d'une partialité choquante en
faveur des étrangers contre toutes les
illustrations allemandes, même celles
que les siècles avaient déj;\ consacrées,
c'était en 1722 chose si neuve qu'une
critique hardie, que le journal de Bod-
mer fit grand bruit; ce fut la première
étincelle jetée dans les esprits. On se
réveilla. Gottsched , le fameux aristar-
que et grammairien, qui avait de grandes
prétentions au fauteuil de président dans
la république des lettres, s'était d'abord
prononcé en faveur des jeunes Suisses;
mais bientôt, attaqué lui-même, il passa
en qualité de général dans le camp en-
nemi. Quelque mesquine que fût cette
lutte entre les Gotl\chediens et Vécole
des Suif SCS, elle prépara le terrain pour
1770. Bodmer était la sentinelle perdue
de l'armée révolutionnaire; il a rendu
des services comme critique ; comme
poète, il a peu ou point de mérite. Son
poème épique, intitulé la Noachide, ses
ouvrages dramatiques , ses traductions
d'Homère et de Milton, ne s'élèvent point
au-dessus du médiocre. Il a plus de mé-
rite comme professeur d^histoire et édi-
teur d'une partie des ouvrages d'Opitz
et de la collection des Minnesinger, dont
le manuscrit avait déjà été préparé par
Manesse, le dernier des chevaliers trou-
badours de l'Allemagne. C L, //t.
BODONI (Jean -Baptiste), né, en
1740, à Saluces en Piémont, où son
père était imprimeur, et mort à Padoue
en 1813, membre de presque toutes les
académies de l'Italie, chevalier des or-
dres des Deux-Siciles et de la Béunion^
directeur de l'imprimerie royale de Par-
me, dut au travail la fortune et la célé-
brité dont il jouit. Tout jeune encore il
s'occupa de la gravure sur bois, et ses
premiers travaux ayant été couronnés de
succès, il se rendit à Rome où il fut em-
ployé comme compositeur à l'imprimerie
de la Propagande; là son adresse, son
goût et ses services lui gagnèrent l'ami-
tié du directeur qui lui conseilla de s'ap-
pliquer à l'étude des langues orientales ,
afin de pouvoir travailler exclusivement
en ce genre. Il mit en ordre une grande
quantité de caractères orientaux quecette
imprimerie possédait sans pouvoir s'en
servir, et ce travail lui donna Tidée de
graver et de fondre des caractères sem-
blables. Pour se perfectionner encore, i|
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BOB
YMktt M rendre en Anglet*
qu*une §rAve maladie rarréta dans sa ville
natale. A celle époque le duc de Parme,
l'îfifaiiidonFerdiuaDdiavaîl fonde, entre
enlres établissemens soietitiûqQes « une
imprimerie royale, à TiMlar de celles de
Paris, de Madrid el de Turin. Bodoni fut
oboisi pour la diriger ^ et non-^sculement
il U mit âu niveau des plus célèbres éta-'
bliseeméns de TEurope en ce genre, mais
encore il ent la gloire de les avoir s«r«
passés. La beauté des caractères « du pa^»
pter e| de Tencre, laisse à peine quelque
cboee à désirer, et ses éditions peuvent se
comparer aux plus belles d&ns tous les
antres pays) son Homère surtout est un
ouvrage vraiment admii^ble^ M ses ca-
ractères gi'ecB, objet de ses recfaercties,
approohent beeucoup du trait de l*écri^
tnre à la main. On estime ses éditions
des classiques grecs ^ latins^ italiens et
fiançais. C. L,
Son MmMuale TïpùgraJSco, qu'il re-^
gardait comme son plus beau titre à Tes^
time d% son siècle et de la postérité, pa-*
mt en 1708 et renfermait 100 oaracières
latins dit romains^ 60 iuliques, et une
série de 38 caractères grecs, en deux
éditions, Tune in«.4*, l'antre îo-8^< La
mort le surprit quand il préparait une
nouvelle et magnifique édition de son
JltoiiMr/e i elle a paru en 1818 (2 yoI«
ith*4^) et contient 250 caractères diffé*^
rens) greos^ latins^ orientaux, russes, etc«,
avec un grand Inxe de fleurons. La vie
de Bodoni a élé publiée par Lama eu
1816. V-TE.
IIOÈCB (AincftJâ-MAirLitjs-Toa^
<^aTOft^S«VBaiirv» Boëihius, ou)^ phi^
losoplie el bomme d'éut, était issv d'une
fiimille ancienne ei naquit en 470^ selo«
quelques antenrs à Rome, selon d'au^
frai à Milan. Il re^, dans la première
de cet villes, «ne éducation qui déve^
loppa ses beurenses dispositions pour les
seiences et les lettres, et, plus urd« il se
rendit à Athènes* où il étudia la pbilo«-
Sophie eoiM Proekie el a«trce prefc»*
seurt diitln^tiés* A Home» Théodoric,
n^ des Ostrogotbs, qui alon dominait
ty) M. Biadt <hrat l'article Boariiros dtf l^a-
«y«l0|>édi« alleattade d'Ertck et Gruher , s'nf^
pafaat d'oa passage d^uoe lettre de Tkéodoric
rC^^ioâ. iy 45), nie qu'il soit jamais allé à
jtth*tf«» *
( b^ ) BUË
lors- ) sur l'Italie, lui donna des témoignagea
de sa bienveillance et Téleva successive-*
ment aux premières charges de rétaC
Boèce exerça une influenoe salutaire sur
l'esprit de oe prince et oontribua ainsi
au bonheur des peuples placés sous son
sceptre. Il devint consul en S08 ott
5 10. Pendant très long-temps il fut l'i-
dole des Goths. Mais Théodoric, dans
sa vieillesse, devint mélancolique « om-^
brageux^ et se défia de oeux qui l'entoo^
raienL Dès lors les Gotbs changèrent de
coftduite à l'égard des vaincus. Boèce
eisaya vainement de résister à leurs in*
justices et è leur oppression : la grande
sévérité avec laquelle il avait autrefoia
réprimé les abus lui avait attiré de poia*
sans ennemis qui parvinrent enfin à i
pirer au roi des soupçons sur sa
dulte* On l'accusa d'être d*lntelligeiice
avec la cour de CoDSlantinople. Il fut
renfermé dans le ohâlean de Pavie, con-
damné è mort, et exécuté en 634 ou 6)6.
Pendant qu'il tenait le gouvernail de
l'état^ il se délassaii de ses travaux par
la culture des sciences et employait même
une partie de ses loisirs à faire dea in-
strumens de musique et de mathémati-
que»; îl fit cadeau de pliiaieora de ces
derniers au roi Clocaire de France* En
outre, il se livrait à des rediercbea snr
les philosophes et les nalbénurtieiens
grecs dont il a traduit qoclqa
latin» Mais le plus célèbre do s
ges est celui qu*il composa pmidnni sa
détention^ et qui a peur titM : Dé corn*
âolatione philosoffhivd* C'est un mélange
de prose et de vert, oè l'on iroovo mm
grande élévation de pensée 5 de nobles
sentimens et un style laoile el coocis)
qualités qui mettent oe petit livre an-
dessus de toutes lee attires pmduollona
littéraires dn même siècle* Parmi lea
nombreuses éditions qui en ont été fai-
tes se distinguent celle de Bèfo^ 1670»
in-lbl.; celle de Leyde, cum Mot. '9ar.,
1671 , in-S""; et celledeOlasgovr, 1761 y
in-4*'. Il en exiaM didérentea lrad«o-
lions françaises. C A,
BOaCKH ( AnnnsTB ), im dns pkm
célèbres philologues vivans de TAHesna-*
gne, actuellement ( 1884 ) profeSMur de
iangne grecqoe à l'aniversité de Berlin,
naqidt à Caiisrnhe cti 1786* Les r»*
l.H.S
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BdË
p\àeê prbfgtià qu'il fit I TMlyertlté de
Halle lui vator^it rhonnetir d*dtre admit
dans le sèmiDalré [Srédâgogtqtie de Berlin,
établiàsement qui, à cette ét>o(]ue, avait
beaucoup d'analogie avec Tancienne
école Dotmàle de PHris.
Dès son ebtrée datii la cairière Scien-
tifique, M. fiteckh à'est bien gardé
dlinîter l'ekeihplè du commun des pbi^
lotogues dobt les travaux se bcrttient k
une tninutieuse 6rl(iqiie grammaticale.
Émule de l'illuÂtte Wolf , dont il a été
un des àaeflleiirs élèves. Il s'est princi-
palement attaché à pénétrer le génie des
«Uciens t>éuplés, et, poUr t parvenir, il
A classé, comparé et Combiné les faite;
il leè a réunis , pour ainsi dire , en f ais-
teinx , pour reconstruire la société an-
tique avec ce^ matériaux.
Cest à ce procédé que nous devons
son Économie politique des Athéniens
(Berlin, 1S17, ^ vol. în-8^), qUi pré-
tente uh tableau des relations politiques
financières, industrielles et commerciales
dé l'ancienne Crèce. Il Taut lire cette
œuvre pour ie faire une idée de l'im-
mense érudition de l'auteur, et voir avec
quelle sagacité il à su découvrir deé faits
de la plus haute importance dané les
passages, en apparence, les plus Insi-
gnifîans ; comment il a su ressusciter lès
peiiptadés helléniques; se transporter
au milieu de leurs villes, de leurs mar-
chés , de leurs ports de mer , et y obseN
ver {îisqù'aux moindres détails de moëtïrs.
Cet ouvrage , divisé en quatre livres et
dont touteâ les pâHiés reposent sur des
faits, prouve que lès finances jouaient,
dans lei anciennes républiques, un r6le
tout aussi important que dans nos états
modernes; et que, si ées républiques
h*avaient pas de dette ptiblique, leurs
besoins o^en étaient pas înoins onéreux
pour les dtoyetis. t)ès qu^une dépense
extraordinaire devenait urgente, éeux-éi
étaient appelés à combler immédiate-
ment te déficit des caisses dé l'état; ils
étalent donc sans cesse exposés à être
frappés dans leur fortune, et, par Contre-
coup, dans leur commerce et leur itidu^
trie; inconvénient auquel les gouverne-
mens modernes échappent en recourant
aux emprunts. Il existe de VÉcOnomie
pobiiqué âes Mkéhièm urie tràdutftloh
( ééd ) KOfc
h^hçaise }laf lA. L&ligatlt $ fîfris » 19fë,
îvol. io•8^
Parmi les antres Otiiràgèsié M. BfeHth
nous noiis cotitenteroné de citer les dettx
suivans qui figurent Hxï premier rahg
parmi les travaux philologiques de notre
époque : 1® Une édition de Ptftdàre
(Leipzig, 1811-1831, 8 vol. ih-4* ),
contenant le texte aVec les variantes et
tt>utès les scholies, une traduction latine^
Uh commentaire perpétuel, des notes et
un traité de versification grecque. Cette
éditloh est sanft contredit la pitis criti-
que et là plus tomprète qu'bti ait du
prince des lyriques grecs. J** CorpUs
tnscriptionuth grcecntutn , attttàritate
et itnpensis Academiœ regiœ borusÈicœ.
Ce recueil, qui formera 8 vdl. itt-fol., et
dont il n'a pahi Jusqu'à présetit que le
premier et une partie du ft* (Berliri,
1838-183}), contiendra tcnitës les Ins-
criptions grecques connues, tarit èelles
qui out déjà été |)ubliéesque fés Inéditeé.
L'auteur classe lei Inscriptions d'après
Tordre géographique, et a prcmirs de
donner à ta fin du dernier vôliittie tm
traité de paléographie grecque.
M. Bœckh est secTétaii^ dé I* diisse
d'histoire et de philosophie de l'Acadé-
mie dès sciences dé Berlin, et mem-
bre éséocié de la trt^àièmé classe de
rinàlitut de Prante. La plupart dès au-
tres sociétés savante^ de fÊârO^e l'ont
inscrit àa notebre de letlrs é^H-expos-
daris. Bt-a.
iMfiCRtt (FEÉt>^mid dk), Miffi^rè des
fiftaticcs du gratid duché de Badè, est (Hb
d'bn cdrlÀèillèr deS comptée de Caf Isruhé.
Après avoir étudié à Heidelbèrg et avonr
rempli ensdlte lei fondions de secrétaire
de la commission chargée de prendre po^
session du territoire cétfé en 1808 au
grand-duché, il Vittt, en 1 807^ à Màrihèîm,
en qualité dé conscHVer de hi Chatfibre
des financée ; quelques àtitiéè^ plUé tard
fl retourna I Càrlsruhe, et re^ut le titre
dé ctfhéeitler des finftftt^. £A Itf 8 , il
éi\\tii la place dé référeridafré IMfmé, et
ed l^tS il fut nomthé eommi^aîN! du
gouvernement, lors de la première seééfion
des États dti gratrd-duché. Lé gouverne-
ment sentit afors le besoin de ^âcer à
la tête des affaires des homhiés capa-
bles éL <|tii euatem d'amrèi titré! que
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(600)
BOK
leurs parcheminf : aasai U carrière de
M. de Bœckh fut-elle rapide. En 1820 il
fut nommé direcieur de la Chambre deb
qomptes; eu 1821, conseil 1er- d*éiat eu
service ordinaire; eu 1824, chef du dé-
partement des finances, et en 1828, mi-
nistre. Il reçut un peu plus tard des ti-
tres de noblesse et la croix de comman-
deur de l'ordre du Lion-de-Zsehringen,
enrichie de diamans. Par ses mesures pru
dentés, M. de Bœckh affermit le crédit
du grand duché; il introduisit l'économie
dans les dépenses, et une grande régula-
rité dans l'administration. Le système fi-
nancier de M. de Bœckh a été hautement
approuvé par les ÉtaU du pays, réunis
en 1831. C. L.
BCEH ME ou BoKHM f jACQUBs),lhéoso-
pbe allemand et au leur myst ique très célè-
bre, né en 1575 dans un village de la haute
Lusace. Fils de pauvres paysans, il fut
réduit jusqu'à l'âge de 10 ans, sans ins-
truction aucune, à faire le métier de pâ-
tre. Au milieu des forêts et des monta-
gnes, en face d'une nature imposante,
l'imagination de cet enfant se développa
avec une prodigieuse vivacité. Il trouvait
un sens caché à toutes ces voix du dé-
sert; son ame pieuse y croyait entendre la
parole de Dieu , et il prétait l'oreille à
une révélation qu'il croyait directement
lui être adressée. Ses parens lui firent
apprendre l'état de cordonnier, métier
qu'il eserça plus tard à Gœrlitz. Loin d'é-
touffer sa tendance mystique, cette occu-
pation sédentaire ne fit qu'accroître ses
goûts comtemplatifs. Pendant sa tournée
de compagnonage, il parait s'être aban-
donné en plein à ses rêves religieux. Sé-
vère, zélé pour les bonnes mœurs, renfer-
mé en lui-même, les uns le trouvaient or-
gueilleux , les autres le prenaient pour un
fou. Ce jugement était inévitable : toute
éducation scientifique manquant à Bœh-
me, comment ses pensées philosophiques
ou religieuses, imparfaitement commu-
niquées à d'autres, n'auraient-elles pas
été obscures, confuses, dénuées de lo-
gique? Son sens intime, religieux, était
vrai, sans doute; mais long-temps séparé
des hommes, il avait fini par voir les ob-
jets extérie^rs à travera le prisme trom-
peur de U solitude.
De retour à Gœrlitz, en 1694 » il se
maria. Bon époux, bon père, il n'en fut
pas moins vi:tionnaire; il parait même
que , tourmenté par la répétition de ces
rêves que son ame, singulièrement af-
fectée, attribuait à Tiofluence du Saint-
Esprit, il se décida enfin à prendre la
plume. Son premier ouvrage , inti-
tulé Auront f écrit en 1610, publié en
1612, contient ses révélations sur Dieu,
rhomme et la nature. On y reconnaît l'é-
tude assidue de la Bible, spécialement de
l'Apocalypse, vers laquelle il se sentait
mystérieusement attiré. Le clergé into-
lérant de Gœrlitz , en condamnant l'Au-
rora, répandit le nom de Bœhme dans
toute l'Allemagne, et lui valut la visite
et le patronage de beaucoup d'hommes
marquans. A partir de 1619, il publia une
trentaine de traités, parmi lesquels nous
ne citerons que la Description des i/ois
principes de l'essence divine» Elle con-
tient ses vues sur la divinité, U création ,
la révélation, le péihé, le tout basé sur
l'Écriture-Sainte, entremêlé de fantJis-
magories poétiques, où la métaphore
remplace presque toujoura Tidée, où
l'enchaînement des idées est dithyram-
bique. Celte manière de procéder, Bœh-
me l'attribue à une illumination divine,
à ime révélation qui est, selon lui, le
^i>i<*^Kr//70/t de toute connaissance Mais
sous une enveloppe bizarre se trouve ca-
chée, sans contredit, plus d'une belle
pensée religieuse qui, dégagée de son
attirail mystique, ne déparerait pas les
livres des plus grands philosophes.
Les dernières années de Bœhme fu-
rent en butte aux attaques des théolo-
giens. Son traité Sur le repentir^ impri-
mé à son insu par ses amis, y avait
donné lieu. L'auteur se rendit lui-même
à Dresde (en 1 724j, pour faire examiner
sa doctrine. La cour le protégea ; mais ,
à peine de retour chez lui, il mourut
rempli de cette foi chrétienne qui fait
Pessence de tous ses ouvrages.
Abraham de Frankenberg, son dis-
ciple et son ami, a commenté ses ouvra-
ges, qui ne parurent complets qu*en
1 682 , en 1 0 vol. , à Amsterdam , sous U
direction de Gichtel, qui a donné son
nom à une secte religieuse fort inofrea-
sive, professant les doctrines d^ Bœlime.
Une autre édition parut à Amsterdam ,
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B^C
(601)
BOE
en 1780 9 sons le Htre êeTheolof^a rê-
ve fa ta ^ 3 vol. în-4®. V Aurore, la Tri-
ple Fie et les Ttvis Principes de Jacob
Bœhroe ont été traduits eo français par
L. Cl. de Saint- Martin. Les doctrines de
Bœhme se sont répandues en Angleterre;
'William Law traduisit le premier les ou-
vrages du théosophe saxon. Il existe en-
core de nos jours une secte appelée phi-
ladelphique, fondée en 1697 par Jane
Leade, femme enthousiaste qui révérait
Bœhme à Tinstar d*un saint. £nfin , un
médecin anglais, nommé John Pordage,
s*e8l fait connaître comme commentateur
de Jacob Bœhme. C. JL
BŒHMERWALD, voy. Fobét de
BOHÈMR.
BOËRHAAVR (Hebmarit), l'un des
plus célèbres médecins du xviii^ siècle,
né à Yoorhout, près de Leyde, eo 1668,
reçut de son père une éducation très soi-
gnée, à laquelle concourut pour beau-
coup sa bel le- mère. Malgré une enfance
maladive, ses progiès dans les éludes
furent rapides; à onze ans il savait le
grec et le latin. Destiné par sa famille à
l'état ecclésiastique, il suivit à Leyde
les cours de théologie. Cest là qu'à l'âge
de 21 ans il soutint, sous la présidence
de Gronovius, son professeur de grec,
une thèse pour prouver que la doctrine
d'Épicure avait été bien comprise et com-
plètement réfutée parCicéron. Il montra,
dans cet exercice, tant d'érudition et d'é-
loquence qu'une médaille d'or lui fut
décernée par la ville, et peu de temps
•près il obtint le titre de docteur en phi-
losophie, par une dissertation inaugurale
intitulée : de Distinctione mentis a cor-
pore. Son goût pour la médecine, qui
s'était manifesté dès son enfance, ne put
être satisfait que bien tard; à l'âge de 22
ans seulement il commença à s'y livrer,
et, <x>inme tous les hommes de génie, il
apprit seul une science sur laquelle il de-
vait exercer une si grande influence; car
il n'eut pour maître que des hommes peu
distingués. Ses études anatoiniques fu-
rent les moins parfaites de toutes, parce
qu'au lieu de se livrer aux dissection», il
te borna aux ouvrages surannés de Bar-
tholin et deVé-^ale; aussi l'anatomie est-
elle la |>artie faible de ses ouvrages. Mais
les sciences mathématiques ^ dont il s'é-
tait particQlièrement occupé, inflaèreot
beaucoup sur ses tra\aux et sur ses àoo*
trines. Uippocrate dans l'antiquité, et
Sydenham, THippocrate anglais, dans
les temps modernes , étaient les modèles
qu'il s'était proposé d'imiter; mais loin
de se borner à leurs écrits, il lut tout ,
anciens et contemporains, en même tempa
qu'il étudiait la botanique et la chimie.
£n 1693, à Hardewick, il prit le grade
de docteur en médecine, et sa dissertation
katine qui semble avoir pour objet de mon-
trer que rien sans les sciences n'est à mé-
priser, était intitulée : Des avantages qui
résultent de l'examen des excrémens
£fa/tf /r'^ma/a^/ze r. Hu i t ansa près ru n i ver-
sité le nomma lecteur de médecine théori*
que pour suppléer Drelincourt; il débuta
dans ses fonctions par un discours De
comme ndando IHppocratis studio, dans
lequel il paie à ce grand homme un tri-
but éclatant d'hommage et d'admiration.
Dans son enseignement il s'attache à le
faire revivre, en quelque sorte, et devient
lui-même le modèle de tous ceux qui se
livrent à l'instruction. Plus tard, cepen-
dant, il devait abandonner cette voie ex-
périmentale et substituer les calculs et
les applications exagérées de la mécani-*
que à la simple observation des faits.
L'Université put, en 1709, récompenser
son zèle et ses services en lui confiant la
chaire de botanique et de médecine qu'a-
vait occupée Holton, et il est à remarquer
qu'au moment même où il quittait les ban*
nières d'Hippocrate, il était encore plein
de son esprit , puisqu'il prononçait un
discours Sur la simplicité primitive de
la métlecine et la nécessité d'y revenir,
et que dans sa pratique il agissait en con-
séquence de ces principes.
L'activité et le savoir de Boêrhaave
pouvaient sulfire à des travaux nombreux
et variés. La chaire de botanique qui lui
fut confiée devint pour lui un nouveau
moyen d'étendre sa réputation. Il ne se
borna point à enrichir le jardin botani-
que de Leyde d'un grand nombre de
plantes , il publia aussi plusieurs écrits,
donna la description de nouvelles espè-
ces, et forma plusieurs genres nouveaux*
Boêihaave peut être encore considéré
comme le fondateur de renseignement
clinique , le seul connu des anciens et
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Bûe
( «02)
È<m
4ae kt nfeod«rn«d avalent otiblié; t*éki \m
njai, nommé professeur de médecine prâ*
tique à là place de Bidloo, fit deux fois
par semaine des levons dans lesquelles,
pour joindre l'exemple au précepte, les
malades étaient mis anus les yeul des
élèves. Ce fut alors qu'il publia se^ deux
OtiTrages ^phorismi de cognoscendis et
curandis kominum tnorbis^ et Institu-
tkmet medtcie, qui figurent parmi les
livres classiques de la médecine rtiodeme.
Malgré les occtipations dont il était chan-
gé, il entreprit encore l'enseignement de
ià chimie, et là aussi il se monti^ telle-
ment supérieur que ses ouvrages sur ce
sujet aoift encore estimés, bien que la
science ait totalement changé de face.
Une réputation immense et telle qu'au-
eun savant peut-être n'en a possédé tine
aemblabe, à une époque oà les communi-
cations n'éuient pas faciles, fut la juste
récompense de ses travaux. Un manda-
fin écrivit une lettre avec cette snscrip-
tlon : A Boêrhoùpe médecin en Europe,
et la lettre parvint à son adresse. Un jeune
médecin avait une réputation faite lors*^
qu'il avait étudié sous Boérhaave. Comme
praticien il jouit de la plus grande vo-
gue, et compta parmi ses cliens des têteS
couronnées. Sa fille unique recueillit dne
fortune de plus de 200,000 fi., fruit de
ion travail et de son économie; c4r la
simplicité de ses habitudes était telle
qu'on l'aurait prise pour de Tavarice , si
l'on n'avait tu en même temps les dé-
penses considérables qu'il faisait dans
le seul intérêt de la science. Outre la
bibliothèque très importante qd'il ras-
sembla, il fit faire à ses frais, et avec beau-
coup de kixe, un grand nombre d'édrtlons
d'auteurs tant anciens que modernes,
dont plusieurs sont ornées de gravures
{irécieuses.
Sd éanté chancelante fe força de re-
noncer sudcessivement à sa chaire de bo-
ttnique et de chimie, et àttx fonctions de
recteur dont il avait été investi poor la
ëeconde fols. Il fit ses adieux à ses élèves
par cm discours danslequef, revenant aux
doctrines hippocratiques, il déclarait le
mellfeur médecin celui qui, soumis à la
mture, sait attendre et seconder ses ef^
forts. La goutte, dont tt avait depuis bng-
temps éprouvé de (fé^eûtes aftéfntei^
renleta é« ^78B à n^ êé 70 kûi. 9à
modestie et èa bienveillance lui avaient
concilié l'afTectton de ses éotlègiteà, et
celle des nombreux élèves qui Suivaient
ses levons, et dont plusieurs, qui occupé»
rent un rang distingué dans la science,
propagèrent ses doctrine^. La ville de
Leyde lui fit élever dans l'église de Saint-
Pierre un monument sur lequel on gravai
siiâe\\se: Simples sigiiltifnvtri. F. R.
BŒRNE ( Ldois), naqàit en 1784 1
Fi*ancfbrt-suMe-Meio, où sôtt t>ère, Jàcob
Baruch , faisait des affaires de banqtte.
Exclu du servite publie cbmme Ist^6-
Itte, M. Bœrne se voua i l'étude de hi
médecine. Après s^j être livré pendant
un an et demi à Berlin , sous Màrcdi
Hert2 , médecin jiilf distingué, fl se ren-
dit à l'université de Hàllë. malgré det
succès rapides dans ses étude! tnédlcft-
les, M. Bœme les qtritta en 1S07, soit
qu'il n'ait pd y prendre un gd&t âéi^
cidé, soit aussi que les événemèdS dé
cette époque aient exercé àur lui Tin-
fluence qu'elles ont eue en général ént
la position des Israélites dans plnsîeùn
étals de rAllemagne. M. fiœfne se rendit
à Heidelberg où il se livra princi^ah^
ment à l'étude de la politique^ ptrîs, après
avoir (^it un nouveau séjour k GfeéSefi ,
il revint à Francfort où le grànd-duc Itl!
Confia un emploi que les événemens de
181S et 1814 lui firent quitte^.
M. Boerne à'eét fàît connatti^ par plu-
sieurs publications remarquables, entre
antres par té^ Ailes dû li/nps et td Èit-
lanee. De 182d à fdâMl à publié
ses oeuvres complètes ett l<y vd. in-fS
(Humbourg).
Des esprits trop faciles l s'effrayeront
pHs ombrage <fécritâ qui ne fespiraient
qu'une liberté sage et raisonnable, et
M. Bceràéent, par %ei ouvragés, au tfâoins
Auunt d'adversaires qiie d'émis. S/ts
Lettres de Paris (Hambourg tS^t et
dont otf a donné une traduction fran-
çaise eu t8S2), où famôur dé la tnberté
lui fait quelquefois traiter durement ses
compatriotes, mais où, à travei^ une es-
pèce de Cynisme politique, 6n toit per-
cer de nobles inspirations, fui ont attiré
dés critiquée amères, et on a été jusqu'à
fe présenter comme contraire k iM patrie
éi: fil dënigfmtt pit ffdût.
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BOK
(603)
BOB
M. Bœm« « quitté Ut relif;k>D 2frft4lîl«
€n 181 7, et, eo embrasiant la confession
évtfDgéUque d'Augsbourg, il a échangé
aoD nom de famille Baruch contre celui
ifu'il porte maintenant. C, L,
BŒTTIGEU ( Cmarlbs-Auouste ) ,
oéleLre archéologue, directeur du musée
de Dreede, naquit en 1760 à Reichen*
Ibach I en Saxe; il avait fait ses premières
étndet à Leipxig el à Goettingen, lors-
qu'on incendie détruisit toutes se» cspé*-
ranocs; alors il se fit gouverneur d'un
jeune ^ève à Dresde, puis recteur à Ga-»
ben« où il créa un pensionnat assez oon^
aidérable. Après un court aéjour à
Bautzen, il dut à la protection de Her**
der la direction du gymnase de Weimar,
qu'il conserva de 1791 à 1804; Il y
vécut daaa ht société de Wieland, de
Schiller et de Goethe; mais ce fut prin-
eipaleoient la fréquentation du savant
artiste Meyer qui détermina son gc^l
pour l'archéologie. De 1795 à 1803 il
publia, à lui seul y mais sous le nom de
Bertucfa» le Journal du luxe et de la
mode. En 1797, il entreprit le Nouveau
Mercure eUienumd^ qui bientèt se dé«
cora du nom de WielainL II publiait
aussi le recueil intitulé Zo/K/re/ et Paris,
et faisait pour l'Allgemeine Zeitung
une multitude d'articles, surtout nécro-
logiques ^ ainsi M. Bœttiger éparpillait
son immense érudition. £a 1804 il fut
mis à la tèle de l'institution des pages,
qui diz ans plus tard fut réunie à l'École
miliUire; alors M. Bcettiger lut chargé
do la direction du Musée des antiques.
Pendant ce temps il donna des cours
d'archéologie où il sut attirer toute la
bonne compagnie de Dresde. On a in^
primé beaucoup de ses leçons; par exem'-
pie , ses idées sur l'histoire de la petn-
tore tt sa dissertation sur la Noce Jl*
dekrandmL On a traduit en françab
Sabima ou la toilette d'une Romaime,
M. Bœttiger est un homme d'une ér««
dition très vaste : il a une oonnaissance
approfondie des langues anciennes et
modernes; surtout il est doué d'un rare
bonheur do rapprochemens, ce qui Ta
conduit à la solution d'un grand nombre
de diffieukés en archéologie et en my-
thologie. Il • éclairci encore bemicoup
de pointa dootenz soi L'ert 4lnunatiqne
des anciens. On lui doit des notices sur
Bode, sur Reinbard, sur Millin. £a
1830 il entreprit la publication de son
Amalthea^ qui fut continuée sous le
titre àeJountald archéologie etdeâ arts.
Il ne faut pas oublier ses remarques et
sa préface du journal de voyage de M™*
de Recke, dont il s'est fait l'éditeur. Pln-
sieurs de ses ouvrages ont été traduits en
français. L'Institut de France, académie
des inscriptions et belles - lettres ^ l'a
nommé, en 1832^ membre-correspon*
dant étranger. Q JL m,
B€ËUF (bist. nat.). Ce nom se donne
communément au taureau ^ lorsqu'il a
été châtré ou bistoumé; il sert aussi à
désigner l'espèce dont le tauresu est le
mâle, la vacbe la femelle, le veau le jeune
âge, et la génisse la femelle qui n'a pas
encore été fécondée.
Le nom de bœuf s'applique encore à
toute la lamille des mammifères herbi*
vores ruminans, à pieds fourchus, à
corne simple, à tige osseuse, carrée, ooo»-
muniquant avec Tintérieur des sinus
frontaux , à qiwtre mamelles inguinales
et à queue longue , rase ^ terminée par
un bouquet de poils longs, onduleux.
Celte famille se compose des genres:
bœufj zébu, aurochs, buffle, bison,
yakj etc.
Dans cette famille le bœuf domestique
{bos taurus domestieus) se distingue
par son con pmi en dessous d'un repli
de la peau plus ou moins lâche et peo*>
dant , dont l'usage est peu connu et an-
quel on donne le nom àt fanon ; par ses
cornes coniques , presque unies et lisses,
recourbées d'abord en dehors , pais en
avant et en haut, implantées en arrière
do front , qui est plat et à peu près qua«
drilatère ; par son mufle large , ses lèvres
épaisses et son poil touffu, simple par-
tout, court, égal , si ce n'est an front ,
en arrière du paturcHS, à l'extrémsté d«
iburreau , et surtout à celle de le queue.
Sa couleur est ordinairement rougeèlre,
noire on blanche, souvent mélangéo de
ces trois nuancesi diversement combi-
nées.
La taille moyenno du bœuf est de
4 pieds environ, et sa longiienr de
7; son poids est de 1,000 à 1,200
Uvre»^ BMift eaa proporliona générales
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BOE
(604)
BOE
•ont sujettes à varier, ainsi que les pro-
portions des diverses parties du corps ;
et ces différences, transmissibles jusqu'à
certain point, impriment à la physiono-
mie du bœuf des caractères propres, as-
sez distincts pour que l'on ait établi d'a-
près eux des variétés d'espèces auxquelles
on a donné des noms particuliers.
L'origine du bœuf domestique a été
rapportée à V aurochs; mais d'après de
simples probabilités qui paraissent peu
fondées, et si l'origine du bœuf n'est pas
essentielle elle est encore inconnue.
L'aurocbs parait constituer une espèce
distincte dans la famille des bœufs; plus
fort et plus haut sur jambe que le bœuf
domestique, il s'en distingue par une
paire de c6tes de plus et par le poil la-
nugineux, crépu, qui couvre la tête du
mâle et lui forme une sorte de barbe
sous la gorge. Répandu autrefois dans
toutes les grandes forêts de l'Europe,
l'aurochs est aujourd'hui confiné dans
les marais boisés de la Pologne et du
ducase, oti il devient plus rare de jour
en jour. L'accroissement du bœuf se fait
rapidement; il cesse de téter à deux ou
trois mois; du dixième au vingtième
mois il perd successivement ses dents
incisives qui repoussent alors pour ne
plus se renouveler; ses cornes ne tar-
dent pas non plus à éprouver la même
révolution. Avant trois ans il est parfai-
tement développé et en état de se repro-
duire , et il conserve cette faculté géné-
ratrice jusqu'à sa neuvième année. Sans
avoir une grande salacilé, le bœuf s'ac-
couple assez facilement, et un taureau
suffit aisément à plusieurs femelles et ne
souffre pas même le partage d'un trou-
peau. Le printemps est l'époque ordi-
naire du rut. La vache porte neuf mois
et donne ordinairement un veau, quel-
fois deux ; sitôt qu'elle a vêlé, elle four-
nit un lait abondant , dont la quantité et
la nature sont à peine modifiées par le
retour de la gestation.
La durée moyenne de la vie du bœuf
est de quatorze à quinze ans.
Le bœuf pousse dans certaines circon-
stances un cri grave, sourd, prolongé,
presque monotone , connu sous le nom
spécial de mugissement ; il est naturel-
lement plus rtnque dans le taureau et
passe facilement chez lui à l'aigu. Le
bœuf est parmi les animaux celui dont
le génie de l'homme a su tirer le plus
grand parti. Dès la plus haute antiquité,
les Égyptiens consacrèrent son utilité en
lui vouant un culte plus ou moins em-
blématique : Apis, Sérapis, empruntaient
au bœuf leurs caractères extérieurs, et
l'on trouve encore dans la Basse-Egypte
des puits à cavernes remplies d'ossemens
de bœufs, débris des hommages que ren-
daient à ces animaux les antiques habi-
tans de cette contrée. Les Juifs dans le
désert reproduisirent cette idolâtrie en
adorant le bœuf sous l'emblème du veau
d'or. Fojr. Apis, Épaphus, etc.
Le bœuf, par l'influence du climat ,
de la nourriture, et par l'éducation, a
subi des modifications plus ou moins
notables dans sa constitution , et les dif-
férences organiques transmissibles plus
ou moins persistantes qui en ont résulté,
on les a désignées par le nom de race.
Foy. BoBUF ( économie). T. C.
BŒUF ( économie agr. ) , être mi-
toyen, dépouillé de ses facultés généra-
trices pour rendre à Thomme de grands
services, d'aboi^d comme le premier auxi-
liaire de Tagriculture, ensuite comme le
domestique le plus utile de la ferme ,
comme le soutien du ménage champê-
tre, enfin comme ressource constante, et
durant sa vie et après sa mort. Un si
haut degré d'importance mérite aux
bœufs des prérogatives remarquables : il
fut sacré chez les anciens, et des lois pu-
nissaient de la peine capitale celui qui
les frappait avec violence ou qui leur
donnait méchamment la mort. Les légis-
lateurs de l'antiquité allèrent plus loin
encore : ils limitèrent les heures où Ton
pouvait leur demander du travail , ainsi
que l'espace de terrain qu'ils avaient à par-
courir par une continuité non interrom-
pue d'efforts et de mouvemens. Cet es-
pace était borné à la longueur d'un sil-
lon de 40 mètres ou ISO pieds d'étendue
et à 6 heures de suite pour les travaux
réguliers exécutés d'un pas toujours égal.
Partout où le bœuf manque, l'agricul-
ture est pauvre, dans un état de stagna-
tion pénible, et sans espoir d'améliora-
tion. Cet animal n'est ni aussi lourd, ni
aussi mal fait qu'il se montre au premier
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BOE
( 605)
liOE
eoup d*œil; il sait se tirer d'un mauvais
pas mieux que ne le ferait le cheval par-
faiteroeut dressé ; jamais il ue doute de
sa force, jamais vous ne le voyez reculer
devant le danger, il j donne au con-
traire tête baissée. Naturellement doux,
il obéit à la voix de son maître quand
celui-ci le traite avec bonté et qu'il n'exige
rien au-delà de ce qu'il peut faire; il a de
l'agilité dans la démarche et de la dex-
térité dans les mouvemens quand il se
porte bien. Un signe certain de sa santé,
c'est le luisant de son poil épais et doux
au toucher; lorsqu'il est rude, terne, hé-
rissé, dégarni, l'animal souffre, ou il
n'est pas doué d'un fort tempérament.
Il y a des personnes qui prétendent tirer
de la couleur de sa robe l'induction de
telle ou telle autre qualité ; c'est une er-
reur; que cette couleur soit fauve comme
elle l'est le plus ordinairement, ou noire,
rouge, grise, blanche ou mouchetée, le
bœuf sera propre à tous les services de
la ferme, si l'on a soin de lui dans les di-
verses circonstances de sa vie.
Les cornes dont sa tête est armée sont
des armes aussi puissantes que redouta-
bles. Elles sont démesurées dans la race
grise mdigène à l'Italie méridionale et
que l'on retrouve dans le Tyrol, dans la
Hongrie. Le bœuf indigène à la Germa «
nie les a petites, parfois rudimentaires ,
très mobiles chez quelques individus.
Les races françaises portent des cornes
de moyenne grandeur. Quant à la taille
du corp et même à la forme, elles va-
rient considérablement; elles dépendent
ici de la race, là de la nature des pâtu-
rages sur lesquels l'animal a passé set
premières années; le climat y influe éga-
lement. Ceux des pays très chauds et
ceux des pays très froids sont plus petits
que ceux des régions tempérées. On vanta
beaucoup autrefois les boeufs de l'Épire
tombés aujourd'hui dans l'état le plus
affligeant De nos jours, les plus grands
existent en Sicile, dans la terre de La-
bour, en Hongrie, Podolie, Oukraine et
Crimée; les plus forts habitent la Dal-
matie, la Carinthie; ils sont aussi moins
maladifs que les bœufs gras et courts de
la Savoie, de la Suisse, et de la vallée
d'Aosle en Piémont. Ceux qui fournis-
sent la chair la plus délicate proviennent
de la Transylvanie. La France en pos-
sède plusieurs variétés très remarqua-
bles : on les range sous deux grandes ca-
tégories, l'une dite bœufs de haut crû,
et l'autre les bœufs de nature, expres-
sion qu'il est plus aisé de comprendre
quand on manie souvent les bestiaux,
que de définir à la satisfaciioQ du lec-
teur. Les bœufs de haut crû ont le cuir
fort^ le fanon considérable; ils donnent
peu de suif et pèsent de 74 à 416 kilogr.,
rarement leur plus grand poids arrive à
490 kilogr. ou 1,000 livres. Les bœufs
de nature prennent graisse très facile-
ment et abondamment; ils ont la peau
moelleuse, le poil souple et soyeux, le
regard doux, les cornes blanches. A cette
seconde catégon'e se rattache une es-
pèce de belles proportions et d'une nature
fort douce, qui vit dans plusieurs con-
trées de la France, particul.èrement dans
la vallée d'Auge; c'est celle que les prati-
ciens appelent bœufs de pays.
A l'inspection de ses dents et de ses
cornes, on détermine l'âge du bœuf
d'une manière positive. De 2 ans et demi
à 3 ans, on le dresse au labour, ou bien
on l'habitue à porter le harnais; de 5 à
10 ans, il a atteint le maximum de sa
force, c'est l'époque de ses travaux les
plus fatigans pour lui, les plus lucratifs
pour son propriétaire; à 12 ans il quitte
la charrue pour passer à l'engraissement,
et celui que l'on ne soumet pas à ce genre
de spéculation et que l'on emploie aux
charrois est vendu au bout de l'année
pour la boucherie.
Dans le nombre des bœufs du volume
le plus extraordinaire, on cite celui que
l'on vit à New- York, en Amérique, dans
l'année 1802; son poids était de 1,470
kilogr.; mais il est effacé par les trois
bœufs que l'on promena dans Paris, en
1826, durant le carnaval; l'un provenant
de la Suisse, pesait 1,740 kilogr., l'au-
tre des plaines du département de la
Seine-Inférieure, pesait 1,860 kilogr.;
le troisième qui eut les honneurs du
triomphe, atteignait 1,900 kilogr. et sor-
tait des pâturages du département du
Calvados.
Rien n'est perdu daus le bœuf après
sa mort, tout est mis en usage. Sa chair
nourrit l'homme, soit qu'il la mange
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BOË
(G06)
BOG
bouillie, salée, fumée, apprêtée avec des
sauces, à demi-cuite et presque saignante,
comme on le fait en Angleterre, ou bien
toute crue, comme ciiez les peuples de
l'Abyssime. On en consomme annuelle*
ment à Paris 71,600 tètes, et à Londres
141,600. Le bceuf salé de Cork en Ir-
laade jouit de la plus haute réputation.
La peau tannée, hongroyée ou chamoi-
sée, est employée pour fabriquer des har-
nais, des chaussures, ete. : c*est une
branche considérable de commerce; les
cuirs que l'on tire de la Hongrie et de la
Russie sont fort estimés et servent à une
infinkéd'usages. Ceux en poib sont pour
Maroc une très grande richesse; ceux
que Ton sale daus les plaines de Buenos-
Ayres et au Chili se conservent loug>
temps : on en fait des chapeaux, des cou-
vertures de maisons, des portes, des lits,
des chaises, des cordes; coupés en petits
morceaux, ils remplacent les clous; dans
les habitations peu considérables, les
chevrons sont li^ ensemble avec des la-
nières de ce cuir; enfin il sert à construire
les canots dans lesquels on passe les
courabs d'eau rapides. Les plus anciens
peuples savaient le rendre extrêmement
souple et tellement maniable qu'ils en
faisaient des manteaux couverts de bro>
deries, des châles élégans, des coiffes et
des chaussures découpées de mille fa-
çons différentes.
La graisse du bœuf est aussi une ma-
tière très utile : solide , c'est-à-dire à
Fétat de suif, on en fabrique des chan-
delles; liquide, elle prend le nom à^ huile
de pieds de bœuf y et est employée au
service des lampes et dans les arts. Le
poil donne la bourre dont on garnit les
meubles, les selles, les colliers; on en
fait des tapis de jeu , on s'en sert pour
fortifier les torchis d'argile, de plâtre.
Les cornes se façonnent en peignes, boi-
tes, manches de couteaux, etc.; on en
fait des lanternes et tons les fanaux de la
marine; râpées, elles fournissent un très
bon engrais, ainsi que les ongles dont les
arts chimiques tirent parti. Pour prépa-
rer une espèce de colle très estimée, on
recherche les cartilages, les nerfs, les
rognures de la peau , de la corne et des
ongles. Avec les issues, tels que les jar-
rets ^ lét {enouxy on Ait des tablettes de
bouillon, et avec tes os des ^patilea on
fabrique des moules de bouton. En Suisso
et dans les pays oà l'esprit d'économie
sait présider à tout, on prépare des sau-
cissons fort appétissaos avec les pou-
mons, le coeur, les reins, le eervean, en
un mot, avec tontes les parties qui n'of-
frent pas d'autres ressources. Le sang
entre dans la confection du bien de Prus-
se, dans plusieurs préparations chimi-
ques, dans le raffinage du sucre, etc. Lei
déjections du bœuf forment un excellent
fumier; on Ie5 met à sécher dans certains
pays pour les brûler. En un mot, il n'est
aucune partie de la dépouille de cet ani-
mal qui ne soit utile et dont Tindustrie ne
puisse tirer un bon profit. A. T. n. R.
DCBUP GRAS y voy. CAKifATAL.
B06DAN0V1TCH ( HiPH)LTfB )
naquit dans la Petite-Russie, en 1749, et
fut envoyé, en 1754, par son père, qui
était médecin, à Moscou oh. SI devait
entrer dans une école militaire et em-
brasser l'arme do génie. Biais U fut dé-
tourné de cette carrière par son amour
du théâtre, qui le domina an point qu'il
était décidé à se faire acienr. Mais
ensuite, suivant les conseils de Chérasfcof,
il se mit à l'étude des poètes les plus cé«
lèbres de différentes littératures et devint,
en 1761, inspecteur de rontverslié de
Moscou et translateiir an collège des af-
faires étrangères. Nommé secrétaire de
légation , il suivit le prince Bélocelskî à
Dresde , et ce fut le séjonr dans cette
ville oè les arts et les sciences sont cul-
tivés avec tant de succès qui lot inspira les
beaux vers de son poème Ûouchenka, pu-
blié en 1775. De 1766 à 179511 fat pré-
sident de la commission des archives de
l'empire, etil mourut à Saint-Pétersbourg
en 1603. a L,
Les Rosses accordent à Bogdanovitch
le mérite des riantes images et de la mé-
lodie do style ; ils lui doivent une tra-
duction des révohitfons romaines de
Vertot (Saînt-Péeersbourg, 1771 ) et un
recueil des proverbes russes ( 1765 ).
Ces deux ouvrages ont assuré sa réputa-
tion comme prosateur; mais c'est sartont
à son poème de Douckenka ( Psyché }
qu'il est redevable de la haute renommée
dont il jouit parmi ses compatriotes.
Cette chatrtkante composition, U pre«
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BOG
(«07)
BOO
mkr^ ea ce genre qu'ait produite la lit-
térature russe, fit uoe vive seqsatioo; Yim-
pératrice Catherine Tavait, dit-on, si pro-
fondément gra\ée dans sa mémoire,
qu'elle en pouvait répter indistinctement
tous les morceaux.
L'exorde, qui ne ressemble en rien à
ceux des deux écrivains,ses prédécesseurs,
qui ont traité le même sujet, fak voir
que BogdauQvitch ne manquait point d'i-
magination t et qii'il était nourri de la
lecture des anciens et des auteurs fran-
çais. Son entrée en matière est originale,
et, quoiqi^'un peu prolixe, elle prouve
qu'ep liomme conaciencieuz , il savait,
tous )e voile allégoriqne, draper les vices
dont rarîstocratie russe était alors en-
tachée.
Le reste du poème est calqué sur ceux
d'ApMiée et de Ia Fontaine; les Russes
prétendent qu'il a surpassé ses originaux:
quant à noua, qui ne sommes pas obligés
de professer pour lui le même culte que
les pfitionaux, noua dirons que Bogdano-
IFÎtch est un poète fort agréable, facile,
exempt de prétention, aucpiel on est sur-
tqut fâché 4e ne pas de?oir quelques
compositions plus originales. T-f.
BOGDO. Sous ce nom on voit figurée,
«ur la carte d'Asie par Anrowsmith et sur
edles des géographes qui l'ont copiée, une
chaîne de montagne* faisant partie du sys-
tème du grand Allaf, et s'étendant depuis
Hao^i jqsqu'ani^ sources du Jéqicei. C'est
une erreur plus forte encore que celle
4|ll'a faite le célèbre Pal las en donnant
le nom de Bogdo à toute la chaîne de
^clûaD-Chan , qui traverse l'Asie cen-
trale dans la direction de l'est à l'ouest,
à pen près sous le parallèle de 42^ de
lutitude. Le fait est qu'il n'y a que la par-
tie orientale de cette chaîne, au nord-
Queat de Tour! an et au sud du grand Al-
tfj, à laquelle les Mongols donnent le
nom de BogdowiBokda-Oulay c'est-à-
dire montagne sainte. Pour connaître la
véritable position du Bogdo, il faut con-
solter la carte russe de l'Asie centrale
per Peosner, celle qui accompagne les
MH^^oires rtlatifs à tAsie^ par M. Klap-
PQlh, oa la carte réduite pour les Fra^-
mens asùttiques de Bf. de Humboldt. Le
^oman de saint, attribué par les Mon-
0ah ào»»«MWl»eitpmtiahlimaBt WÊO^yfé
par sa hauteur qui surpasse, à ce qu'il
pareil, celle du reste de la chaîne de
Tchian-Chan, en forme le point culmi-
nant, et a des éruptions volcaniques. C'est
au pied du Bogdo, au sud de la chaîne,
que le volcan de Hotr-Cheou laqee ses
flammes, tandis qu'au nord on trouve la
solfatare d'Ouromutsi, et plus loin des
cavernes de sel ammoniac. M. de Hum-»
boldt pr^ume que le mont Bogdo est
trach) tique, comme les grandes monta-
gnes des Andes volcaniques. £n cessant
de porter le nom de Bogdo, la chaîne de
Tchian-Chan se dirige encore un peu
vers l'est en s'abaissant jusqu'au plateau
du désert de Gobi. LesKalmuks donnent
aussi le nom de Bogda- Ouia ou Bogdo
à des montagnes isolées, telle que celle
qui s'élève dans la steppe d'Astrakhan, et
au sm'et de laquelle les Kalmuks débi->
tent divers contes; et une autre dans la
Boukharie sur laquelle les ghelong ou
prêtres mongols font leurs dévotions.
F^oj. J. Potocki, Voyages dans les stêp-^
pes d'Astrakhan et du Caucase ^ Paris,
1830, t,I, p, 79^d]« Dg.
BOCiDO-LAMA , voy. Lama.
BOGOMILES^ nom d'une secte re*
ligieuse que nous trouvons d'abord à
Constantinople, mais qui parait avoir
son origine en Russie, puisque le nom
est slavon et dérivé de bog ( dieu ) et de
mUouyou (je prends pitié et peut-être
j'aime ). Il vient probablement de la fré-
quente répétition du bog nu'ioui^ Sei-
gneur, aie pitié I qu'on entendait ohei ces
sectaires. C'étaient , dans l'empire grée,
des piétistes, manichéens ou autres, dont
les dogmes ne peuvent pas être définie
avec certitude. Alexis Comnène abusa
de la confiance de leur chef, un méde*
cin nommé Basile, qui lui avait donné
sur cette hérésie des renseignemeps dé*
taillés, pour faire condamner le vieillard
et ses douze apôtres. U mourut sur le bû-
cher avec courage, vers 1118.
Les Bogomiles russes actuels se di»*
pensant de travailler pour se rendre plus
aptes à recevoir le Saint-Esprit; ils se
livient, dit-on, i^ beaucoup d'excès. Leur
origine doit être pi us récente,ear M.Strahl
affiroie que l'hérésie ne se répandit pas
en Russie avant le moine Biartin qui vé-
oial ett 1160, {3eiir€9g0 amr mm'i^ken
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BÔG
(608)
BOH
Kirrhenfre<chi'rhte, p. 252). J. H. S.
BOGOTA, voy, Colombie et Nou-
velle-Grenade.
BOOUSTAWSKI ( Albeet), auteur
et artiste dramatique, naquit en Pologne
en 17^. Son penchant le partant vers
le théâtre, il débuta sur la scène de Var-
sovie, «*y fil remarquer, et le roi Ponîa-
towski, en 1790, lui confia la direction
du (hè&tre royal. Jusqu'alors Tart dra-
matique en Pologne avait été dans son
enfance : on donnait sur le théâtre de
petites pièces détestables, que Ton repré-
sentait d*une manière encore plus misé-
rable. Nommé directeur, Bogustawski
eut à se créer lui-même son répertoire.
Connaissant le français, Tanglais, Talle-
mand, Titalien et Tespagnol , il traduisit
de toutes ces langues les pièces les plus
en vogue; et ces vei*sions, quoique très
souvent faites à la hâte, ne sont point
sans mérite. H commença le premier à
traduire les opéras italiens, et trans-
planta, pour ainsi dire, la musique ita-
lienne sur la scène polonaise. Son opéra
les Krakoitses et les montagnards {Ara"
kowuicy i Gorale)^ est sans contredit la
seule pièce nationale qu'aient les Polo-
nais. Après la chute du royaume, Bo-
gustawski, parcourant les provinces avec
sa troupe, contribua beaucoup à main-
tenir la nationalité que les puissances co-
partageantes s'efforçaient d'anéantir. En
180t, le gouvernement prussien lui dé-
fendit de paraître sur la scène, à cause
d'une chanson patriotique qu'il chanta à
Kalisch au jour de l'an. En 1 809, il fonda
à Varsovie une école dramatique, et con-
tribua ainsi , non moins que par ses ou-
vrages, à relever cet art en Pologne. F.n
1 8 1 4 il se démit de la direction d u théâ-
tre; mais il la reprit quelques années après,
et la quitta définitivement en 1828. La
traduction du Freyachùtz, opéra alle-
mand deWeber, estson dernier travail
pour la scène polonaise. Bon citoyen,
excellent patriote, auteur estimé, il mou-
rut en 1828, âgé de 76 ans.vSes ouvra-
ges lorment 15 vul. in-8*,et contiennent,
outre les pièces dramatiques, une histoire
complète du théâtre polonais. M. P-cz.
BOHÈME (aoTAUMK de), dans la
langue nationale Tchèkhiéy le pays des
Tcbèkhea. Quoique habité pour ù
jcure partie par les Slaves, il a toujours
fait partie de l'empire d'Allemagne et il
est compris encore maintenant dans la
Confédération germanique.
1® Géographie et statistique, La Bo-
héme, Boiohemum (en allemand Boten"
heim , Bœhmen ) , autrefois royaume
indépendant, est maintenant l'un des
états les plus importans qui composent
la monarchie autrichienne ( voy, Autei-
che). Elle est comprise entre les 48^ 33'
33" et 51 ^ 2' 39' de latitude N., et entre
les 29'' 50' 15' et 34'' 26' 45" delongi-
tude E. (de l'ile de Fer). Différentes chaî-
nes de montagnes, qui l'entourent de
toutes parts, établissent ses lin ites natu-
relles et lui donnent la forme d'un qua-
drilatère rhomboîdal. Le Rieàengebirg
( mont des Géans) sépare la Bohême de
la Prusse; l'Erzgebirg ( mont au Minerai]
de la Suxe, et le Bœhmerwald (lorét de
Bohême) de la Bavière; parla Moravie
et la Haute-Autriche elle confine avec les
autres états de la monarchie autrichien-
ne. Elle forme ainsi un immense bassin
dans le cœur du continent de l'Europe.
Sa superficie est de 956 ^ m. car. géogr.
Sa feii nation élevée et ses montagnes
nombreuses, couvertes de forêts épaisses,
rendent son climat généralement âpre;
cependant la température devient plus
douce vers le nord, à mesure que le ter-
rain s'abaisse et que les bois diminuent;
elle est agréable dans la vallée de l'Elbe
et dans la plaine où se trouve la capitale.
La température moyenne du pays est de
6** 6' R.
Ses principaux flemmes sont l'Elbe et
la Moldau dont les eaux se réunissent
près de Melnik, où l'Elbe devient navi*
gable; on peut y ajouter TEger, affluent
de l'Elbe. Parmi les lacs et étangs, qui
sont nombreux, les plus importans sont
ceux de Bosenberg, de Siankau et de
(vrand-Tchéperka. Les montagnes et le»
alluvions rendent ce pays un des plus
riches en productions minérales. £ti
1831 , le produit des mines, qui occu-
paient au-delà de 8,000 personnes, fut.
de 17,000 marcs d'argent , 1,200 qnin->
taux d'étain, 400 de plomb, 50,000 de
raine de plontb, 12,000 de lilhar^e,
plus de 400,000 de fer, 6,000 de soiiir«,
30,000 de vitriel , 26,000 d'idde vitrio-
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BOH
(609)
BOH
lique, 3,000 d'acide sulfurique, 4,000
de sucre deSaturDB, 5,000 d'âlun, 8,000
de graphite, dont 6,750 quintaux furent
exportés, et enfin de plus de 2 millions de
quintaux de houille et de charbon de
terre. Les forges et les usines les plus con-
sidérables se trouvent à Przibram , Joa-
chimsthal, Horzowic et Neu-Joachims-
thaï. Parmi les pierres précieuses, qui
de jour en jour deviennent plus rares, il
faut remarquer le pyrope qui est propre
à la Bohême. Le sel y manque absolu-
ment; mais elle est riche en eaux mi-
nérales très renommées, comme celles
de Saîdschûlz , de Sedlitz, de Franzens-
bad , de Karlsbad , de Tœpiilz, etc. £n
183] , on en tira au-delà de 800,000
bouteilles dont la moitié fut exportée.
Son sol très fertile produit des grains de
toutes espèces, quoique peut-être pas
en quantité suffisante pour la consom-
mation. On y recueille un peu de vin; la
meilleure qualité est celle qui croit dans
les environs de Melnik et de Tchernosek.
La principale production du pays con-
siste en lin et en chanvre dont l'industrie
sait tirer le plus grand parti; il y vient
aussi du houblon d'une qualité supé-
rieure; les arbres fruitiers y abondent.
De vastes forêts couvrent les montagnes
et fournissent une grande abondance de
bois. L'éducation des bestiaux prend
tous les jours plus d'extension; en 1831
on comptait 14J2,334 chevaux, 974,122
bêtes à cornes, et 1,349,186 bêtes à laine.
La population de la Bohême s*élève
depuis 1833 à 4 millions; elle se divise
en Tchèkhes ou Slaves, Allemands et
Juifs; en sus de ces trois races on ne
trouve que quelques Italiens. Les Tchèk-
hes, qui forment le noyau de cette po-
rulation, sont au nombre de 3 millions.
11 sera question plus bas de Tidiome
slavon qui leur est propre. On parle la
langue allemande surtout dans les cercles
du iKird, du coté de la Saxe; pendant
quelque temps celle-ci fut la langue de
la cour et de la société, surtout sous les
rois de la maison de Luxembourg; mais
après les guerres des hussites, les A.lle-
înands, la plupart sectateurs des qou-
yelies doctrines, furent expulsés^ et leur
langue perdit son caractère de générali-
té. iS.] On compte en Bohême 387 villes,
Enc^clop. dt G. d. M, Tome III.
277 bourgs et 11,951 villages. Le pays,
se divise en un district qui comprend
Prague, et en 16 cercles, administrés
par des commandans de cercle. Le pre*
mier burggrave est à la tête de Tadmi-
nistration civile. La majorité 4es habi-
tans professe la religion catholique; ce-
pendant depuis Joseph II il y a pleine
liberté des cultes. A la tête de Téglise de
Bohême est Tarchevêque; on compte
ensuite 3 évêques , 2 inspecteurs ecclé-
siastiques protestans, 7 grands chapitres,
4 séminaires, 8,699 ecclésiastiques sé-
culiers catholiques, 1,019 moines, 147
religieuses, et 52 ecclésiastiques protes-
tans. L'instruction publique est favori-
sée par une université (celle de Prague) ,
trois académies théologiques ( celles de
Budweis, Kœniggraetz et Leitmeritz],
trois académies philosophiques ( à Bud-
weis, Leitomischl et Piûen), 22 gymna-
ses, etc.
La Bohême est le principal siège de
rindustrie de tous les états de TAutri-
che. Il est vrai que depuis la vogue des
cotons manufacturés, les fabriques de
toile, principale ressource industrielle
de la Bohême, ont éprouvé une grande
diminution; mais, en même teipps, les fa-
briques de draps et de coton ont éprouvé
un accroissement sensible. En 183 1 on
tituneconsommation de 60,000 quintaux
de laine, qui toute provenait de la Hongrie,
de la Transylvanie et de la Galicie, les
laines Gnes du pays étant en grande partie
exportées. Les verres de Bohême ont con-
servé leur ancienne réputation ; les ver-
reries les plus considérables se trouvent
à Neuwald , Bergreichenstein et Winter-
berg; les manufactures de glaces à Neu-
hurkenthaJ et Bûrgstein. La labricaticn
des pierres d'Allemagne , grains de verre
et iausses perles, est toujours très im-
portante. Les fabriques de dentelles, la
chapellerie, les papeteries, l'arquebuse-
rie, sont particulièrement renommées.
Le bénéfice que la Bohême fait dans son
commerce peut s'élever à 23 millions de
florins. Pour faciliter ce comftaerce inté-
rieur, on a construit des chemins de fer
dont l'un, qui établit une communication
entre Budweis et Lintz, fut achevé en
1833 ; l'autre, de Pilsen à Prague, avait
en 1831 un développement de 18 lieues^
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On déploie aussi beaucoup d'activité a
oonstroire des routés;" en IftWIcs rou-
tes artificielles avaient un développement
de 869 milles.
Lés habitans de la Bohême ne man-
quent pas de dispositions pour les scien-
ces et 4es arts; ib s'appHqpient surtout
aux mJalhématiqnes et à la musique.
Leurs progrès dans Thisloire naturelle ,
la médecine, la technique, l'économie et
lesscîrtices forestières, prouvent leur ca-
pacité dans ce genre de sciences; mais
îb ont eu moins de succès dans la phi-
losophie, la politique et Thistoire. L'es-
prit national , dans la haute société, dif-
fère essentiellement de celui des Hongrois
et dés Polonab, qui se signale par un
âmonr et un attachement prononcé pour
la lahgue et la littérature du pays et les
beaux -arts, tandis qu'il se caractérise
chez le riche habitant de la Bohême par
îa fondation et la dotation d'écoles in-
dustrielles et d'établissemens populaires.
JjCS principales villes de la Bohême
sont, outre Prague, sa capitale : Reichen-
berg avec 12,000 habitans, Eger, 10,000,
Pîlsen, 9,000 , KuUenbcrg, 8,500 , Bud-
weîs, 8,000, Leiimeritz, 4,600. Kœnig-
grtetz, Josephstadt, Theresîenstadt, sont
des forteresses; Tœpiriz, Karlsbad, Ma-
rîenbadj'Franzensbad, sont i-enommées
par leurs eaux minérales; Rumberg,
Schœnlinde, Haîde, Tumau, sont con-
nuà parleurs nombreuses manufactures.
[ La Bohême , dont les armoiries con-
sistent en un lion d'argent à double
queue et portant une couronne d'or,
dahs un champ roUge, est une monar-
chie héréditaire avec des États féodaux
composés des prélats, des seigneurs, des
chevaliers et des bourgeois i et dont les
l^ôUvoirs sont excessivement Kmités. La
part de Tordre des bourgeois se réduit aux
députés envoyés par les magistrats des
Villes de Prague, Budweis, Pilsen et
Kuttenberg. La juridiction patrimoniale
lègne encore partout, et presque toute
la classé des paysans, sans vivre dans la
servitude proprement dite, est dans la
dépendance la pluà complète de la no-
blesse dont ils tiennent leurs champs à
ferme çl à laquelle ils paient des rede-
vances en nature et en argent, en même
temps qu'ils sont souihis aux corvées. La
BOH
noblesse a sa législation particulière
i^landrecht) ^ différente de celle des
villes (siadtrecht). Le roi de Bohême',
à son avènement, prête serment de veil-
ler au maintien de la religioki catholi-
que^ de respecter les privilèges acquis et
de ne rien aliéner des domaines de Tétat.
Il présente aux diètes seapostuiats re-
latifs aux impots, aux domaines, etc. ;
mais W ne dépend pas de ces assemblées
de refuser les demandes qui lui sont
faites. Le principal ordre de chevalerie
est celui de Saint-Venceslaf , qui est très
ancien. F^oir Texcel lente Notice statisti-
que de M. André, dans l'Encyclopédie
allemande d'Ersch et GruBer, tom. XI,
p. 17S-240. J. H. S.]
2^ Histoire. Les JBoii, peuple celte
qui a donné son nom à la Bohême oà il
s'est établi, en venant de l'ouest, l'an
400 ans avant J.-G. , possédèrent ce
pays jusqu'au temps d'Auguste, épo-
que à laquelle ils furent chassés par les
Marcomans conduits par Marbod. A leur
tour, ceux-ci furent remfplacés par les
Tchèkhes, peuple slavon, dont les des-
cendans forment encore aujourd'hui la
masse de la population. Les savans ont
beaucoup disserté, sans pouvoir en venir
à un résultat, sur la question de savoir
si le nom de Tchekh était celui du pre-
mier chef du peuple dont l'histoire ne
fait aucune mention , ou s'if tire son ori-
gine d'un -mot slavon qui par analogie
signifierait prince ou chef.
Dans les premiers temps le pays était
divisé en une foule de petites principau-
tés. Samo les réunit, dit-on, en une
seule monarchie (627-662) qui devhit
même redoutable aox Francs; cependant
après sa mort elle retomba dans ses an-
ciens élémens. Les expéditions dirigées
en 805 et 806 par Chaflemagne contrt
la Bohême n'eurent pas de résultat du-
rable; Tempereur Louis réussit encore
moins : la Bohême refusa souvent le tri-
but qu'elle avait consenti à payer à l'Em-
pire en 622, et en 849 Lour; y perdit
son armée entière. De 871 à 894 la
Bohême passa sous la dépendance de
Sva*lopluk-le-Grand, roi de Moravf»;
c'est à cette époqueque le christianisme
s'y établit. Les ducs de Prague, descoch-
dans de Liboussa et de Premysl, son
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BOH
(61
époux, si célèbres dans les traditions po-
pulaires, «fuirent peu à peu une forte
prépondérance dans le pays. Après la
mort deSvaitoptuk, la chule de ce royau-
me ayant été accélérée par Tirruption des
Madjars, les anciens habitans adhérè-
rent volontairement, le 16 juillet 896, à
Ratisbonne, à la constitution de l'empire
germanique, dont depuis cette époque la
fiobéme n'a cessé de faire partie. Le duc
Boleslaf I^**, prince ambitieux et puis-
sant qui, emporté par un esprit domina-
teur, avait assassiné son frère aîné, saint
Yenceslaf (926-86), parvint à sou-
mettre les différentes principautés en-
core indépendantes; il avait même ré-
solu de secouer le joug de rAllemagne,
mais il écboua dans cette entreprise
(936-967). Son fils Boleslaf II (967-
999) étendit sa puissance au-delà de la
Moravie, jusqu'à la Yistule et au Boug,
«I fonda, en 973, Tévéché de Prague. Ces
conquêtes furent cependant anachées à
ses fils désunis entre eux par Bolesibf-
le-Yaillant (vcy.)^ duc de Pologne. Ce
ne fut que Brzetîslaf l*'' (1037-1055)
qui réussit à reprendre la Moravie, la-
quelle resta dès lors réunie à la Bohème.
Le duc Vratislaf II ( 1 06 1- 1 092) fut éle-
"vé à la royauté par Tempereur Henri lY,
en 1086, et son petit-fils Yladislaf II
(1140-1173) fut inauguré de nouveau
dans cette dignité par Tempereur Fré-
déric I**^ en 1158. De 1173 à 1197, dix
princes de l'ancienne maison régnante se
disputèrent un trône chancelant que la
maison de Hohenstaufen avait, à diffé-
rentes reprises, mis à Tencan.
Ces discordes intestines allaient ame-
ner l'entière décadence du royaume, lors-
que Premysl Ottokar T' (1197-1230),
prince instruit à l'école du malheur, re-
leva sa puissance, en modifiant l'an-
cien droit de succession et en affermissant
la royauté devenue héréditaire, tant par
oa politique que par ses armes. Sous le
règne de Premjsl Ottokar II, son petit-
êh (1268- 1278), la Bohême s'éleva à une
puissance formidable. Elle comprenait
alors tous les pays actuels de la monar-
chie autrichienne, faisant partie de l'em-
pire d'Allemagne, à l'exception du Ty-
rol et du pays de Salzbourg. Ottokar ce-
pendant perdit ^ avec ses possessions ^ la
1) BOH
vie dans une bataille contre Rodolphe de
Habsbourg; son fils Yenceslaf H (1288--
1305), prince prudent, réunit par élec*
tion le royaume de Pologne à la Bohême;
et son petit-fils Yenceslaf III y réunit
encore celui de Hongrie. C'est avec ce
dernier, mort assassiné à Olmutz le 4
août 1306, que s'éteignit la maison de
Premysl. Alors Rodolphe de Habsbourg
et plusieurs autres princes furent suo-
cessivement élus rois, et la Pologne pro-
fita des troubles qui en résultèrent pour
secouer le joug. De 1310 à 1437 la Bo-
hême fut gouvernée par des rois de la
maison de Luxembourg. Jean, fils de
Henri YII, premier roi de Bohême de
cette dynastie (13 10-1 846), acquit la Si-
lésie en renonçant à la Pologne. Char-
les I*^', depuis empereur d'Allemagne
sous le nom de Charles lY (1346-1378),
donna de l'éclat à sa couronne en favo-
risant et encourageant les progrès de 1«
civilisation et en agrandissant l'état parla
réunion de la Lusace, d'une grande par-*
tie du Palatinat-Supérieur et de la Mar«
che de Brandebourg; mais ses fils et
ses neveux dégénérés ne pouvant défen-
dre ces possessions , les perdirent en
grande partie. C'est sous le règne de
Yenceslaf IY(1378-14]9)que Jean Huss
et ses disciples développèrent ces nouvel-
les doctrines religieuses qui embrasèrent
la Bohême et l'Allemagne et amenèrent
un schisme, peu après la mort de Huss,
condamné au bûcher par le concile de
Constance, en 1419. Cependant la guerre
des hussites ne sévit point du vivant d^
Yenceslaf; mais suscitée par les mesures
imprudentes de l'empereur Sigismond,
son frère, elle porta pendant 16 ans le
ravage et la désolation dans la Bohême;
la prépondérance des hussites dont la for-
tune favorisait les armes, transforma la
Bohême en royaume électif( 1420- 154 7).
Sa couronne devint encore une fois le
partage de la maison de Habsbourg : Al-
bert Y, duc d'Autriche, s'y fraya le che-
min par son mariage avec la fille unique
de Sigismond, et la laissa en mourant
(1439) à son fils posthume Ladislaf, aa
nom duquel George de Podiebrad, sim-
ple gentilhomme bohémien , occupait la
régence. Après la mort de Ladislaf ( 1 457)
George, prince pnident et énergique y
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ayant embrassé les dogmes de Hass, fut
éln roi en 1458. L'Autriche et le pontife
de Rome lui suscitèrent des embarras sans
nombre; ce dernier Texcommunia et sanc-
tifia les armes de Ions les conspirateurs.
Mais Podiebrad se maintint jusqu'à sa
mort (1471), malgré les foudres du Va-
tican, les perfidies de son gendre Ma-
thias, roi de Hoogt ie, et les rébellions de
ses plus puissans vassaux. La sagesse de
ton règne justifia le choix de ses compa-
triotes qui l'avaient préféré à un empe-
reur et à deux rois. Il eut pour succes-
seur un prince de Pologne de la maison
de laghiel (Jagellon), Vladislaf V (1471-
1616), qui obtint aussi, par élection, le
royaume de Hongrie, et transféra sa ré-
sidence à Bude, en Hongrie (1490), où
Louis, son fils et son successeur (1516-
1226), continua de résider. Mais ce
prince s'élant noyé dans le Danube après
la bataille de Mohalch, la Bohême et la
Hongrie passèrent à l'archiduc d'Autri-
che, Ferdinand , frère de Charles-Quint
et beau- frère du roi Louis; et depuis ce
moment la couronne de Bohême ne sor-
tit plus de l'illustre maison de Habsbourg,
continuée par celle de Lorraine.
Lors de la guerre de SmalkaldeUf Fer-
dinand voulut contraindre ses nouveaux
•ujets à prendre les armes contre l'élec-
teur de Saxe; mais ils s'y refusèrent,
laissant même entrevoir leur intention
de secouder l'électeur. Cependant, après
la victoire de Muhiberg, remportée par
Charles-Quint, Ferdinand se vengea de
ce refus; et, employant une rigueur sans
exemple, opposant sa volonté aux déli-
bérations des États dont un incendie
avait dévoré, en 1541, la charte, fonde-
ment de leurs privilèges, il déclara la Bo-
hème avec ses dépendances (la Moravie
et la Siléaie autrichienne), royaume héré-
diUire, à la diète de 1547, surnommée
la Dicte^anglanle, Son fils Maximilien,
prince sage et tolérant, lui succéda en
1564 et, après la mort de ce dernier, ses
deux fils occupèi-ent successivement le
trône : Rodolphe en 1576, et Matthias en
161 1. Des troubles motivés par l'atteinte
portée au libre exercice du culte des pro-
tesuns éclatèrent vers la fin du règne de
Matthias. Leur gravité menaça la maison
d'Autriche de la perte de la Bohème ; car
15) BOH
en 1619 les méoontens élurent roi Fré-
déric V, électeur palatin du Rhin, en
écartant Ferdinand H qui, encore du vi-
vant de son cousin Matthias, avait été cou-
ronné roi de Bohème. La bataille de la
Montagne-Blanche [fVeissenbfrg) y près
de Prague, le 8 novembre 1620, qui se
décida en faveur des armes de TEmpercur,
rendit à l'Autriche son autorité sur ce
royaume. Les moteui-s et complices de
l'insurrection furent en partie mis à mort,
en partie exilés ou condamnés à une pri-
son perpétuelle. La confiscation de leurs
biens fut prononcée ; elle s'étendit même
sur les familles de ceux qui étaient morts
déjà au^taravant, et de 29 autres qui
avaient pris la fuite; 728 seigneurs qui
s'étaient volontairement déclarés cou-
pables furent de même dépouillés de leurs
possessions. La religion protestante, pro-
fessée par les trois quarts de la popula-
tion, fut entièrement extirpée, l'ancienne
constitution annulée, et la Bohême de-
vint ainsi, en 1529, une monarchie pres-
que absolue et tout à-fait catholique. Près
de 36,000 familles, dont 1,088 de la
noblesse, tous les prédicateurs et doc-
teurs protestans, une foule d'artistes, de
négocians, d'artisans, s'expatrièrent plu-
tôt que d'embrasser la religion catholi-
que, et allèrent se fixer dans le Brande-
bourg, la Saxe, la Pologne, la Suède, etc.
Cette émigration et la guerre de Trente-
Ans, qui éclata et se termina en Bohême,
décima tellement la population de ce pays
qu'enl637ellesetrouvaréduiteà780,000
âmes. Le gouvernement concéda diflérens
districts à des colons allemands, et fa-
vorisa de tous ses moyens l'introduction
de la langue allemande dans l'adminis-
tration publique. Après la mort de Char-
les VI,enl740,Charles-Albert, électeur
de Bavière, forma des prétentions sur la
Bohême et se fit même prêter serment de
fidélité par les États à Prague; Marie-
Thérèse, cependant, en conserva la pos-
session, qui , encore aujourd'hui, est un
des plus riches joyaux de la couronne
impériale d'Autriche. C L,
Outre les Scn'/j tores rerum Bohemi-
carum (Prag., 1783, in-fol.), les ouvra-
ges les plus importans sur l'histoire de
Bohême sc^t les sui vans : P. Stransky, De
republica bqjema^ Lugd. Bat. 1643^ tn^
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dult, continué, corrigé et complété parle
jésuite J. Comova, Prag., 1803, 7 vol.;
Dobner , Annales Bohemorum , Prag. ,
1761-82, 6 vol. in -4°, et Monutnenta
historica Bohemiœ nuxquam antehac
édita, Prag., 1764-87; Pelzl, Geschichte
der Bœhmen von den œllesten bis auf
die nues ten Zeilen, Prag., 1817, 2 vol.
in-4**; Pubilchka, Chronotogische Ge^
schichte vonBœhmen,Vr^^,^ 1770-1812,
L I-X. Dumont du Florgy, Histoire de
la Bohême, depuis son otigine Jusqu'à
l'extinction de la dynastie de Przemysl,
Vienne, 1808 et 1809, 2 vol. in-8^. S.
3** Langue et littérature bohèmes,
La langue bohème ou tchèkhe, Tun des
dialectes les plus distingués de la langue
slavonne, est parlée non-seulement dans
le royaume de Bohême, mais encore
dans la Moravie et parmi les Slovaks de
la Hongrie; elle est répandue sur une
population d*environ 7 millions. Comme
les autres branches de la famille slavon-
De, la langue tchèkhe est très riche en
racines et très souple pour la dérivation
et les flexions diverses auxquelles elle se
prête; elle est raisonnée, pittoresque,
précise , d*une structure grammaticale
admirablement réglée, et cependant très
libre dans ses allures. Plus dure que la
plupart de ses sœurs, elle est en revan-
che plus mâle, plus énergique. Avec cela,
elle est prosodique au point qu'il est fa-
cile de lui appliquer, mieux qu'à pres>
que toutes les autres langues de l'Euro-
pe, les règles du rhythme grec et toutes
les mesures des anciens; en général, son
caractère est plutôt antique que moder-
ne. Elle n*a pas d'article et les flexions par
lesquelles elle modiGe le nom et le verbe,
dans les déftlinaisons et conjugaisons,
lui permettent de se passer d'une foule
de particules nécessaires dans les autres
langues; les constructions participiales,
d'un emploi fréquent et commode, lui
donnent une précision toute particuliè-
re. Tout cela fait que sa grammaire est
d'une étude très difficile, mais qu'aucune
langue ne rend plus facilement les idées
et les formes de toutes les autres. La lan-
gue bohème a un alphabet bien plus sim-
ple que la polonaise, sa voisine; on se
sert indistinctement de caractères latins
et gothiques y mais en les modifiant par
différens signes ou accens, que l'illostre
Bohême Jean Huss mit en usage au xt^
siècle. [Dans les temps modernes cette
langue ne doit à personne plus qu'à
l'abbé Dobrofski {voy,) qui en a écrit
l'histoire et qui en a donné une excel-
lente grammaire en allemand (2^ édit.,
Prague, 1819) ainsi qu'un dictionnaire
allemand et bohème. M. Joseph Jung-
mann termine dans ce moment un grand
dictionnaire critique de la même langue.
Un dictionnaire complet bohème-alle-
mand est celui de George Paikovitch,
(Prague et Presbourg, 1821-22, 2 vol.
in-S**). ^o/r sur la langue et la littérature
bohèmes l'excellent article Czeghisghb
Sprache und Lite&4tur , dans TEncy*
clopédie allemande d'Ersch et Gruber,
par le savant docteur Schaffarik. J. H. S.]
De tous les Slaves les habitans de la
Bohème possèdent la plus ancienne lit*
térature nationale. Les monumens d'ou-
vrages en langue tchèkhe remontent jus-
qu'au x^ siècle. Cyrille et Méthode
avaient, il est vrai, introduit déjà vers
833 , parmi les Slaves «convertis au rit
grec, une écriture adaptée à leur langu^
mais le dialecte de Cyrille a depuis long'
temps cessé d'être une languje vulgaire.
I^es restes les plus précieux de l'ancienne
littérature bohème n'ont été retrouvés
que dans ces derniers temps. C'est en
1817 que M. Hanka découvrit à Kœ-
niginhof les débris d'une collection de
chants épiques et lyriques du xiii" siècle.
Cette collec|ion doit avoir été considé-
rable, la partie conservée ne formant d'a-
près l'inscription que les chapitres xxti-
xxYiii du III® livre. A en croire les natio-
naux, ces 1 4 chants surpassent pour la dé-
licatesse des scntimens, le choix et la ri-
chesse de l'expression , tous les ouvrages
poétiques du moyen-age. D'une forme à
part, ils sont empreints d'un cachet tout-
à-fait national. Outre le précieux ma-
nuscrit de Kœniginhbf, les Bohémiens
possèdent encore , de la période la plus
ancienne de leur littérature, decelleavant
Huss, environ 20 ouvrages poétiques et
plus de 50 en prose plus ou moins éten-
dus. Nous ne citerons ici que la chroni-
que bohémienne en vers de Dalimil, de
l'an 1314; l'excellent livre élémentaire
da chevalier Thomu de S^titoy pour sf#
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enfans, de l'an 1376; le Conseil des ani-
Baux, fable charmante, par un anonyme
de la même époque; puis Touvrage d'An-
dré Duba ( 1403) sur Torganisation ju-
diciaire de la Boliéme; le poème poli-
trco-didactique par Smil-Flaszka de Ri-
ehenbourg, mort en 1403 , ouvrage en-
core inédit ; une comédie mordante et
spirituelle, à la manière d'Aristophane,
intitulée V Empirique y du commence-
ment du xiv^ siècle; enfin plusieurs
chants historiques dont un sur la bataille
de Crécy où Jean, roi de Bohème, trouva
la mort; des satires, des fables, etc., etc.
La complainte un peu prolixe et prosaï-
que de Louis Tkadieczek* sur la mort de
son amante, de la seconde moitié du xiv*
siècle, a été traduite par M. de Hagen.
On a aussi de nombreases traductions
faites Ters la même époque de différons
ouvrages étrangers alors en vogue, comme
V Âlexandre'^de y la Table ronde , This-
toire de Tristan > les voyages de Marc
Pol , etc. , etc.
Jean Huss fut pour la littérature de
la Bohème ce que Luther devint plus
tard pour celle de TAllemagne : avec lui
commence pour elle une ère nouvelle.
Ainsi que nous l'avons dit , Torthogra-
phe bohémienne si simple, si précise et
•î bien raisonnée, et qui est encore em-
ployée de nos jours, est Touvrage de ce
grand réformateur (son Traité sur ce
sujet n*est malheureusement pas encore
hnprimé). Il traita plusieurs sujets de
religion et de morale en hexamètres, re-
TÎt et corrigea la traduction bohème de
la Bible, et rédigea enfin près de vingt
ouvrages plus ou moins étendus dans la
langue nationale. Cependant Huss mar-
qua plus encore par l'impulsion qu'il
donna que par ses propres écrits. On
connaît peu aujourd'hui les petits Traités
dogmatiques, polémiques, ascétiques des
différentes sectes hussites entassées dans
les bibliothèques et les archives; leur
quantité prodigieuse en fait le principal
mérite. Quelques-uns de ces écrits, et ce
ne sont pas les plus mauvais, eurent pour
auteurs de simples ouvriers, des paysans,
des femmes. La poésie dégénérée ne fut
plus qu'une mauvaise prose rimée. Ce-
pendant 1» chanu religieux des hus-
(*) Lises eonstammeiit c«f cooime ieA«.
sites méritent une exception honorable.
Les poésies du prince Hynek de Podie*
brad ne sont pas non plus sans mérite;
mais leur prolixité en rend la lecture
fastidieuse.
La prose bohémienne acquit au xy*
siècle une heureuse flexibilité et une
énergie remarquable, alors que la laa-
gue nationale était seule employée dans
les délibérations officielles. Les écrits
politiques et toutes les lettres des publi-
cistes bohémiens de cette é})oqne sont
de vrais modèles de clarté, de concision
etde vigueur. Malheureusement on imita
bientôt le style verbeux et prolixe dea
Allemands. Par l'influence de l'université
de Prague et par celle de la cour, la
langue bohème fut sur le point de domt*
ner chez tous les peuples slavons catho-
liques de TEurope. Elle régna à la cour
de Pologne, dans les écrits politiques de
Tépoque, et dans le grand- duché de Li-
thuanie. Cette perspective si riante s'a-
néantit d'un côté par les innovations des
hussites, car tout le clergé slavon catho-
lique repoussa la langue en même temps
que l'influence de la Bohême; la transla-
tion du siège royal hors de la Bohème,
depuis 1490, devint une autre cause de
décadence. Cependant dans le pays
même la langue continua de faire d'heu-
reux progrès ; le nombre des écrivains
nationaux de cette époque (1409-1536)
est fort grand : nous n'en citerons que
quel {ues - uns des plus remarquables.
Ziska [voy, ce mot, et Wsez Jichka) ^ le
grand général des hussites, composa
pour ses troupes un chant de guerre et
une instruction militaire. Un de ses con-
temporains, le chevalier Haîek de Ho*
detine, écrivit un autre ouvrage de ce
genre, qui offre de grandes lumières sur
la manière dont se faisait la guerre à
cette époque. Mais l'ouvrage le plus im-
portant pour l'histoire militaire en gé-«
néral , c'est celui du général Venceslaf
yiczek de Czenow ( lisez Tchénof)^ ou-
vrage d'une précision remarquable et qui
trahit à chaque page la vaste expérience
de son auteur; il est de la dernière par->
tie du xv^ siècle, mais il n'a été décoo^
vert que tout récemment. On y trouve
de curieux détails sur l'emploî q«e l'oii
fit dès lors de la grosse artillerie mobile.
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GODcurremiiient avec les chars de guerre
( wageoburg ). Il est à regretter que cet
ouvrage totéressant soit eiDbarrasséd*uoe
foule de termes techniques roilitaires
doot on oe devine plus le sens propre.
L^istoire contemporaine de la Bohême
ne fut pas cultivée avec tout le zèle qu*on
désireraiU M. Palaoky*^ publia en 1820,
dans son ouvrage: Scriptores rerum Bo-
hei/Uy 8 vol., une colieclion de ce qu'on
possède dans ce genre ( Foir aussi son
ouvrage allemand : Examen critique des
anciens historiens bohèmes, Prague,
1830). Les Voyages en France d*Albert
Kostlca, seigneur de Postupic, en 1464 ;
le Voyage en Europe de Lew, seigneur
deRosmital, en 1465^; celui du frère
Martin Kabatnik dansFOrient et en Egyp-
te,-en 1491, et celui de Jean, seigneur
deLobkowitz,dans la Palestine, en 1493,
fournissent des notions intéressantes sur
les pays et les mœurs de Tépoque. Parmi
les écrits politiques de ce temps on dis*
tiogue les ouvrages de Ctibor, seigneur
de Cimbourg et de Tobitchau , capitaine
général de la Moravie, mort en 1494, et
ceux du chevalier Victorin Cornélius de
Vsebrd. On remarque dans les premiers
du génie et une force d'éloquence natu^
relie; dans les derniers une élégance qui
rappelle celle des anciens classiques, uo
style précis et arrondi. Ils ne sont pas
imprimés.
Les Bohèmes nomment la période de
1526 à 1620 l'âge d'or de leur ItUéra-
ture : en effet, on cultiva alors et surtout
sous le règne de Rodolphe II ( 1576-
1611 ) toutes les sciences et tous les
arts; l'amour des lettres anima toutes
les classes, et bien ^que l'on n'ait pas
à citer d'écrivain national qui, par son
génie, ait frayé des routes nouvelles à Tiur
telligence humaine^ ou qui ait donné un
nouvel essor aux arts de l'imaginatioA
{mv Kepler, qui fit ses découvertes
immortelles à l'observatoire de Prague,
n'était pas Bohépnien ),. la culture des
lettres qui se répandit . parmi toute la
nation n'en est pas moins remarquable
et e:(erça une heureuse influence sur ia
prospérité du pays, L*iustructioa pu**
blique était ak»rs en Bohême ^a^s UQ
' (*) Lises PtUatiki, ta prononçant tonte» ïn
lettres. S.
état plus florissant que dans aucuo des
pays voisins. Prague seule comptait $
outres ses deux universités, 16 écoles
publiques, dont quelques-unes pour les
jeunes filles. Les campagnes étaient suf-
fisamment fournies de gynmases et d'é-
coles paroissiales. La langue bohème,
qui dominait seule dans tous les actes
publics et particuliers y Atteignit alors sa
plus hante perfection grammaticale, et
le nombre des ouvrages de tout genre
qui furent publiés est très considérable.
Mais il faut convenir que le mérita in-
trinsèque des productions littéraires de
cette époqne n'est nullement en rapport
avec leur quantité et leur étendue :George
Streyc'^*^, le pieux psalmiste de la Bohè-
me, et Simon Lomnicky de Budecz, poète
lauréat de l'empereuir Rodolphe, faibles
nourrissons des Muses, sont cependant
les plus distingués de l'époque. En re^
vanche, l'éloquence prit un essor élevé,
et il est à regretter que les mooumens4]ui
nous en restent ne soient pas en plus
grand nombre. Les Mémoires de Chajrles
de Zerotine^ capitaine^énéral de la Mo-
ravie (1524-1614), et ses lettres, qui
peuvent passer pour des modèles de style
épistolaire » nous dédommagent , jusqu'à
un certain point, de ces pertes. Le nom-
bre des historiens estimables s'accf uL A.
leur tète on remarque, il est vrai, ua
homme d'un mérite équivoque, Venoes-
laf Haîek de Liboc^ao f mort en.JM^)»
dont la chronique détaillée de la Bohème
peut |>laire comme roman histoHqu/ay
mais n'inspire pas assez .de confinnce
comme histoire proprement dite. Cîaq
autres historiens de cette époque, eu-^
core inédits, méritent d'étro conius : m
sont Bartosz de Pi«gue ( 1544)4inoDair«
public, qui peignit sous les couleurs les
plus vives les discordes tvellgîeuAes de Uk
Bohème en 1524; Sixte d'Ottersdorf,
{**) Le c bohème se prononce toujours comme
le s «nemand, c'est-à<-dire comme tt dans l»ar>
à U fin comme au milieu d^ta Bot: Il vm est'da
même dans la Ltngae polonaise. Le « se {irononce
comme le 7 fraDçais, le ff comme jr. devant nue
voyelle. En conséquence le mot Slrejrc derra être
la Streytz, et de même : Lomnithjr, \\*0t Lom*
uitzky, Paprockf, Uaex Pa^r»t«ky, ./faiiiarfc» Im
sez Bouduvetz» JTonac, lisez %oitBl3L Pohic, lises
Puijitz.rïous avons rendu quelquefois pariei^, et
il faut toujbnrs prononcer ainsi, le c sérmoété
d'un accent. J. H. S.
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BOH (6
chancelier de la vieille ville de Prague
|(mort en 1588), qui donne des détails
jbrt étendus sur les événemens qui ame-
nèrent la Diète sanglante de 1547 ; Jean
Blaho8laf(morten 1571), formé à Félude
<les classiques etauteur présumé d'uneHis-
toire des frères bohèmes et moraves ; puis
un anonyme, auteur d'une Histoire uni-
verselle de la Bohême dont il n'existe
que le premier volume, à Stockholm en
Suède ; enfin Venceslaf Brzezan ( 1 609-
1619 ), excellent généalogiste et biogra-
phe, dont les ouvrages se distinguent par
la clarté, la profondeur, Texactitude,
et par la richesse des matières jointe à
tinc grande brièveté. Parmi les hislo-
Tiens de cette époque , dont les ouvrages
ont été livrés à l'impression , nous ne ci-
terons que le studieux, profond et patrio-
tique Daniel Adam de Veleslavine ( mort
en 1599) et le Polonais Barth. Paprocky.
Parmi les ouvrages qui ont enrichi Teth-
nographie nous remarquerons les Voya-
ges et les Aventures dans TOrient du che-
valier Ulrich Préfat de Vlkanova (1546);
ceux de Venceslaf Vralîslaf de Mitrovic,
en 1 599, et de Christophe Harant de Pol-
zic, en 1608. Les autres écrivains de
cette époque sont Nicolas Konac de Ho-
diskof, mort en 1546; Tévéque bohème
Jean Augusta, mort en 1572; l'éloquent
chanoine Thomas Bavorofsky, vers 1560;
le sénateur de Prague, Paul- Chrétien
de Koldine, mort en 1589; le philosophe
Mathieu Benesofsky, vers 1687; le sa-
vant archéologue Abraham de Ginterrod,
mort en 1609; Venceslaf Boudowec de
Boudova, mort en 1621, et les écrivains
religieux Martin-Philadelphe Zamerski,
mort en 1592, et Gallus Zalansky, vers
1620. Les savans éditeurs de la Bible de
Kralic méritent également une mention
honorable. Jean , seigneur de Zerotine ,
rassembla huit des hommes les plus éru-
dits de Tanité des frères bohèmes dans
on château de Kralic en Moravie. Là ,
réunis pendant 15 ans, ils traduisirent de
nouveau toute la Bible sur les langues
originales et la publièrent en 6 volumes
iD-4** (1579 93). Aucun peuple dans ce
siècle ne pouvait se glorifier d'un pareil
ofivrage.LaBibledeKralicadetouslemps
été considérée comme un modèle par-
tit d*élégiQuo fX de cpireotion. Des jé«
16) BOH
suites éclairés ne lui refusèrent pas eux-
mêmes cet éloge, et de nos jours encore
elle est un objet d'étude pour quiconque
veut écrire correctement le bohémien.
De la guerre de Trente-Ans et de la ba-
taille de la Montagne-Blanche (8 novem-
bre 1620), date la période la plus dé-
sastreuse pour la littérature et la langue
bohèmes. Jamais peuple parvenu à un si
haut point de civilisation ne retomba plus
rapidement dans la plus profonde barba-
rie. Le fer, la guerre et la peste enlevèrent
les hommes les pluséminens de la nation;
presque tous les habitans qui se distin-
guaient par des lumières et par une bonne
éducation , à l'exception de ceux qui se
laissèrent convertir au catholicisme, sor-
tirent du pays : d'abord les professeurs
et lea ecclésiastiques, puis les bourgeois,
enfin, en 1628, la noblesse. On eut de l«
peine à trouver aussitôt des hommes ca-
pables de remplacer les fugitifs. La nou-
velle éducation du peuple fut confiée à
la hâte à des individus qui souvent ne
devaient leur nomination qu'au manque
de sujets plus aptes , ou bien à leur zèle
anti - réformiste. Le pays se vit ainsi
inondé d'une foide d'aventuriers belges ,
flamands, italiens, espagnols et irlan-
dais qui se firent les maîtres, se glissè-
rent dans tous les emplois publics et don-
nèrent le ton dans la société. La natio-
nalité bohémienne fut ainsi complète-
ment anéantie. Un vrai Bohême, d'après
le nouvel ordre des choses , n'était plus
qu'un rebelle, un hérétique. Beaucoup
de gens du pays, afin d'échapper à ce
soupçon, renièrent leur nation, germa-
nisèrent leur nom bohémien, et se don-
nèrent une origine étrangère. Cependant
le sort le plus cruel frappa les inono-
mens de l'ancienne littérature. Les jé-
suites, alors maîtres du pays, envoyaient
partout leurs missionnaires accompagnés
de soldats : ils allaient de maison en mai-
son enlevant au peuple les livres accusés
ou soupçonnés d'hérésie, pour les livrer
aux flammes; car il était reçu en princi-
pe que tous les ouvrages bohémiens ré-
dij;és de 1414 à 1635 contenaient des
principes anarchiques. Ce vandalisme
dura jusque bien avant dans le XYtii^ siè-
cle, et le jésuite Antoine Konias, mort
en 1700| put encore se ranter d*aToir
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fait brûler 60,000 volumes. Après de
telles mesures y oo demeure étonné en
voyant les restes encore si nombreux de
l'ancienne littérature nationale.
Tout le pays retomba dans les ténè-
bres, et ce qui restait de bons écrivains
avaient tous été formés dans la période
précédente. Le comte Slavata ( mort en
1652), si connu par la défenestration
de Prague (voy. ce mot), écrivit en lan-
gue bohème une histoire de son pays,
en 15 vol. in-fol., qui ne sont pas impri-
més, Paul Skala de Zhor, un des exilés,
rédigea, 1626-1642, d*abord à Lubeck,
puis à Freiberg en Saxe, une histoire
générale de TÉglise, en 10 vol. in-fol.,
d'un très petit caractère, et puisée à de
bonnes sources pour la plupart inconnues
aujourd'hui. Cet ouvrage est également
inédit. Jean Amos Coménius, le dernier
évéque de l'Unité morave, fut aussi le
dernier flambeau de la littérature bohè-
me. Si son style latin est barbare, son
style bohème est vif, énergique, agréable,
et pour l'élégance de la diction , pour le
savant mécanisme de la langue, aucun
autre ne l'a surpassé. On a de lui 26 ou-
vrages bohémiens, parmi lesquels on dis-
tingue le Labyrinthe du monde. Ses œu-
vres furent d*abord imprimées à Lissa en
Pologne, puis à Amsterdam. On imprima
aussi ses ouvrages bohémiens pour les
exilés, à Pirna et à Dresde, Berlin et
llalle. Cette littérature se conserva aussi
à cette époque parmi les Slovaks protes-
tans de la Hongrie, et quelques-uns de
leurs écrivains sacrés, tels que Tranows-
ky, Masnik, Pifarik, Hermann, Hruszko-
vic et Doleszal acquit ent de la réputation.
Enfin le 6 décembre 1774 fut rendu
lin décret impérial qui organisait dans
foute la Bohème des écoles normales,
supérieures et communales, d'après un
nouveau plan et supprimait les anciennes
écoles latines des couvens ou les soumet-
tait à une réforme. Plus tard, en 1784,
îl fut ordonné que dans les collèges su-
périeurs les cours se feraient en langue
allemande. Dès ce moment l'instruction
qu'un Bohémien pouvait recevoir dans sa
langue maternelle se bornait à la lectu-
re, à récriture, an calcul et au cathé-
chisme. Ce fut, s'il est permis de le dire,
le copp de graoe pour h laogaa et la lit« I
17 ) BOH
térature nationales, et il leur fut d'aih-
tant plus préjudiciable que ces deux dé-
crets firent connaître au peuple de la
Bohème la supériorité des lumières et
de l'éducation de l'Allemagne et intro-
duisirent l'emploi exclusif de l'alle-
mand dans toutes les opérations publi-
ques et privées. Ce coup funeste réveilla
cependant dans un corps indolent les der-
niers et faibles restes de sa vigueur en-
dormie. Des hommes généreux , qui
voyaient avec douleur la ruine pro~
chaîne et définitive de la langue mater-
nelle, lui consacrèrent toute leur solli-
citude. Le comte François Kinsky, gé-
néral non moins illustre par son nom
que par ses talens, éleva d'abord la
voix dans un écrit intitulé Observations
sur un sujet important, 1774. Pelzel,
l'historien de la Bohème, suivit son exem-
ple en 1775 Le gouvernement consentit
la même année à ce qu'an moins dans
les écoles militaires supérieures, l'instruc-
tion eût lieu dans la langue nationale.
Alors plusieurs écrivains distingués, au-
teurs originaux ou traducteurs, se présen*
tèrent presque simultanément dans la lice
si long-temps abandonnée. On donna des
soins assidus a la recherche et à la publi-
cation des anciens écrits. Indépendam-
ment de Pelzel, dont la Nova hronyka
tcheska (3 vol., 1791-1796) est jusqu'à
présent le meilleur manuel historique de
la Bohème, nous citerons parmi ceux
qui contribuèrent le plus à cette régéné-
ration , François - Faustin Prochazka y
1777-1804; Yenceslaf-Mathias Krame-
rius, mort en 1808, le meilleur écrivain
populaire de la Bohème depuis 1780;
Jos. Dobrofsky {voy, ce mot), le plus
grand philologue des Slaves; François
Thomsa, mort en 1814, qui, outre de
bonnes grammaires, publia plusieurs
écrits populaires estimables; Venceslaf
Stach, J. Rulik, les frères Tham et au-
tres. Dans ce mouvement des esprits
M. Antoine Puchmayer, prêtre laborieux^
homme de talent et de vastes connais-
sances, osa (1795) s'élever par un libre
essor sur le Parnasse, long-temps aban-
donné, de la Bohème. Il fut aussi le pre-
mier qui fit connaître à ses compatriotes
la littérature des Polonais et des Russes.
Pliuieart de $es amis le luivireiit avec
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BOH (6
plus ou IDOÎD8 de succès y entre autres les
4f ux frères Neîedly et Jos. Rautenkraoz
mort eo 1 8 1 8 , François Stepniscka mort
•B 1832, Sébast Hnevkovsky, Franc.
Jean Svoboda, etc. M. Joseph Jungmaon,
professeur très distingué de Prague , prit
depuis 1806 un essor encore plus hardi.
Toutefois cette persévérance dans les et-
fori3,ce noble dévouement de tant de gens
de bien, n'eut que de faibles résultats; car
la noblesse et les classes élevées parmi le
peuple étaient devenues presque étrange-
resàlalanguedeleurspères.Uannéel8 18
annonça à la littérature de la Bohème
une nouvelle et meilleure époque. Le
magnifique manuscrit de Kœniginhof,
découvert par M. Venceslaf Hanka et pu-
blié avec la traduction allemande du
professeur Svoboda (Prague, 1818,3*
édit., 1829) n'agit pas moins tivement
sur l'esprit national que la fondation, à
Prague, d'un musée uational par les soins
du comt*' G>llovrat et plusieurs décrets
de la cour (1816*1818), qui recomman-
daient d'exercer aussi les élèves des gym-
nases dans la langue du pays. Malheu-
reusement plus tard , le 12 février 1 82 1 ,
cea décrets furent rapportés. Néanmoins
depuis ce temps la langue et la littérature
ont fak des progrès rapides, on pourrait
presque dire trop hasardés; la langue bo-
hème annonce la prétention d'être, elle
aussi, européenne, et elle se prête main-
tenant à tous les b^oins du siècle dans les
arts et dans les sciences. Après que la
perspicacité de Dobrofsky eut découvert
toute la structure organique de cette lan-
gue, on osa arrêter une nomenclature ré-
gulière et claire pour la plupart des bran-
ches scientifiques ; en même temps et à
l'appui de ce travail , ou s'appliqua à la
recherche des richesses long-temps ou-
bliées eu négligées de l'ancienne littéra-
ture. Le mérite d'avoir les premiers,
après le yénérable Dobro£sky, ouvert
cette «arrière difficile, appartient aux
professeurs de Prague Jos. Junginann et
Jean Svat. Pressel. Le manuscrit de
Kosoiginhof ennoblit aussi la diction poé-
tique, et l'antique forme métrique re-
oommandée par MM. Schaffarik et Pa^
laoky, contribua à porter depuis 1818 la
poéaie bobémieuiie im 4egpéiide'4iaérile
où elle s'est élevée. Sur la proposition de
18 ) fiOH
Dobrofsky, on corrigea aussi quelques
inconséquences de l'aneieaDe orthogra-
phe, innovation qui trouva toutefois de
nombreux contradicteurs.
Parmi les poètes et les littérateurs les
plus distingués depuis 1818, nous nom-
merons les suivans comme occupant le pre-
mier rang. François Ladislaf Celakowsky
à Prague (né en 1799 à Strakooitz en
Bohême) y talent vigoureux et formé par
de bonnes études, poète original et po-
pulaire. Ses poésies diverses (2® édit,
Prague, 1880), son Écho des chants
russes (Prague, 1 829), l'Écho de chants
bohémiens (1830) et plusieurs autres
sont ce que la poésie nationale a de
mieux à citer. Venceslaf KJicpera, pro-
fesseur à Kiœniggrastz (né en 1792), a
fourni plus de trente pièces dramatiques,
drames, comédies et tragédies qui pour
la plupart ont été jouées avec succès. Jean
KoUar, prédicateur évangélique à Pesth,
né en 1792 à Thurotz en Hongrie^ s'est
placé par ses Siayy Dcéra, reaieil de 160
sonnets erotiques et patriotiques ( 2^ éd. ,
Bude, 1824), ainsi que par d'ingénieuses
épigrammesetde belles élégies, au premier
rang des poètes de son pays. Jos. Langer
(né en 1 805),talent jeune encore, mab ori-
ginal, s'est déjà fait remarquer par ses idyl-
les nationales, ses contes populaires (Pra-
gue, 1830), et par des poésies diverses,
la plupart satiriques. Charles Sim. Ma-
khatohek (professeur à GitschWi, né en
1799), a écrit entre autres la meilleure
comédie boh^ienne, £a demande^en
mariage (Prague, 1826); l'opéra lui doit
aussi depuis 1823 de nouveaux progrès.
Ch. Agnell Schneider (homme de loi , né
en 17fi6), poète aimé de la nation, a fait
les meilleures ballades (2 vol., 1828-M).
Jean Nep. Stxepanek (directeur du théâ-
tre de Prague, né en 1788 a Chmdim)
est le -créateur et le promoteur du nou-
veau théâtre qu'il enrichit de plusieurs
drames et comédies. Le curé Vincent
Zahradnik s'est acquis un nom^distingué
par ses apologues. Vinarecky, Kamaryt,
Khme|ensky,Tiirinsky, H. Marek, Scbaf-
farik, Hanka, Svoboda, lea dames Made-
leine Rettig«t la aoQur Marie Antoqy»
morte 4n «1831 ^se sont essayés «vaoiaac-
cas d^pa le conte et les chauts religieux
ou autres.
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BOH ( 619 )
Parmi ceux qnt prirent k part la plus
active a rexploitaiioo savante de la lan-
gue bohémienne et aux travaux scienti-
fiques dont le pays s'honore, nons dis-
tinguerons Jos. Jungmann (professeur à
Prague, né en 1773,à Hudiitzen Bohè-
me) devenu le Johnson et TAdelung de
son pays par son Slovesnosth (Prague,
1820), son Histoire de la littérature
bohémienne (Prague, 1825), ses excel-
lentes traductions, ses différens écrits
depuis 1 806, et par le grand dictionnaire
critique de la langue bohémienne dont
nous avons fait mention, travail de plus
de 80 années. Son frère, le professenr
Ant. Jnngmann, né en 1775, est connu
par son Anthropologie et autres ouvrages
de médecine; le doyen Ant. Marek Test
par ses écrits sur la logique et la philo-
aophie théorique; Franc. Palacki , par ses
dissertations aesthétiques et philosophi-
ques (depuis 1818), par une histoire de
Ttesthétique (1828) et de nombreux mor-
ceaux historiques, insérés dans le Jour-
nal du muAée bohémien, qu'il rédige
depuis 1827; Jean Svat Presl (profes-
seur et directeur du cabinet d'histoire
Daturelle à Prague, né en 1791), s'est
fait connaître par beaucoup d'excellens
ouvrages sur la botanique, la zoologie, la
minéralogie, la chimie, etc., et par un
journal encyclopédique intitulé Krok ;
Paul-Joseph Schaffarikpar plusieurs dis-
sertations SMthético - critiques (depuis
1818); Charles Schadek (né en 1783),
par ses ouvrages de géographie, physique
et technologie, et le professeur Adeib.
Sediacek (né en 1795), par des ouvra-
ges sur les mathématiques et la physi-
que, etc.
En 1831 on publiait k Prague neuf
écrits périodiques en langue nationale.
Ce nombre est petit, mais aussi parmi les
7 millions d'habitans slavons de la Bo-
hème, de U Moravie et de la Hongrie su-
périeure , qui doivent former le public
de la littérature bohème , il n'y a que des
individus isolés qui s'y intéressent. Vien-
nent ensuite les entraves, comme les ri-
gueurs de la censure , l'état pitoyable du
commerce de la librairie, etc. Si la lit-
térature, malgré tant d'obstacles, fait
nésottoina des progrès , il fint^a ««voir
gré anx drcoostances mentionnées plus
BOH
banc, et surtout à cet esprit natiooalda
Bohémien , qui n'a besoin que d'un bi-
ble encouragement pour se montrer dans
toute son activité , dans tonte son éner-
gie. C. Z.
BOHÊME (roaiT db), en allemand
BœhmertvaltLOn appelle ainsi oettechal-
ne de montagnes boisées qui descendent
du Fichtelberg, et qui, dans la direo*
tion du sud-est, s'étendent jusque vers les
rives du Danube, où elles touchent anx
montagnes de la Moravie. La forêt de
Bohème sépare la Bohème de la Bavière,
et au sud de l'Autriche. Ses sommeta les
plus élevés sont le Heidelberg (4,800
pieds), le Kubari (4,200 pieds), et le
Dreisessel ( 3,970 pieds ). La région , en
forme triangulaire , renfermée ent» la
forêt de Bohême et le Danube, appar*
tient en partie au cercle du Danube da
royaimie de Bavière, en partie k l'Au-
triche; la première partie porte le nom
de Forêt bavaroise; la dernière oelni
de Montagnes tie Siiar. Ce pays froid et
montagneux, traversé par le Regen de
l'est à l'ouest, ne produit que de l'avoinei
du lin , et quelques frnita sur les versans
des collines. Le» habitans y nourrissent
une grande quantité de bétail , s'occu-
pent à filer , k tisser, à faire des ou-t
vrages de menuiserie, etc. La grande
abondance de bois est mise k profit dans
les verreries et les forges. Les4iabitaBS
de cette petite contrée sont vigooreox ,
oontens de leur sort» hardis « mais sau-
vages , astucieux et entêtés. Ils tiennent
beaucoup aux anciennes mœnrs et habî*
tudes, et en ont conservé une grande
partie dans leurs montagnes. Leur langue
diffère y sous beaucoup de rapporta, dn
dialecte bavarois; elle a beauôoup de
consonnances qui lui sont propres, et
elle est riche en voyelles^ La ville la plus
importante est Cham, avec 1900 habi-
tans, à l'endroit où lo Cham se jette
dans le Regen. Dans des temps fort re^
culés, elle fut la résidence des margraves
de Cham y qui s'éteignirent dans le xi®
siècle. C L. ■
BOHÉMIENS. On se tromperait n
l'on établissait le moindre rapport entre
les bandes nomades- qu&.porteoi es Boaa
et la Bohême qui n'est point leur jMtt^e,
et à laquelle ils n'appartiennent point.
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BOH
(620)
BOH
Ce n'est même qu*eD France qu*on leur
donne ce nom. Les Hollandais les appel-
lent Païens; les Suédois et les Danois,
Tartares; les Anglais, Égyptiens (Gy-
sies); les Espagnols, Getanot. Eux-mê-
mes se nomment Pharaons; mais c'est
dans la dénomination allemande, Zigeu^
nery qu'on pourrait retrouver quelque
trace de leur origine : ce bom, ainsi
que celui de Zingari ou Zingant\ usité
chez les Italiens , les Turcs et les Yala-
ques, n'est pas sans ressemblance avec
le mot Tchinp^anes qui désigne une peu-
plade des bords de l'Indus. L'opinion la
plus accréditée les fait venir de l'Inde.
Dans leur langue il y a beaucoup de mots
sanscrits; d'autres appartiennent au Ben-
gale et au Malabar; enfin la construction
en est toute orientale. Quand ils vinrent
pour la première fois en Italie, ils se pro-
clamèrent eux-mêmes d'origine indienne.
Ce fut vers 1417 qu'ils parurent pour la
première fois, et l'on a lieu de croire que
les cruautés de Tamerlan avaient fait fuir
ces populations de Tlnde*. Q:ioi qu'il vn
soit, elles arrivèrent très nombreuses. En
1418 il en vint, dit-on, en Suisse plus de
14,000. Cela fait contraste avec le petit
nombre de douze vagabonds qui , selon
Pasquier, vinrent à Paris en 1427. Les
uns croyaient que les Bohémiens étaient
des chrétiens revenus de la Terre-Sainte;
d'autres pensaient qu'ils erraient ainsi
parce que le pape les y avait condamnés
en expiation de leurs fautes. Ils devaient,
disait-on, courir pendant 7 ans,s»ns jamais
se reposer. On évalue à 700,000 le nom-
bre des Bohémiens actuellement en Euro-
pe; sur ce nombre il y en a environ 1 8,000
en Angleterre. La Hongrie, la Moldavie
et la Transylvanie en possèdent près de
200,000. Enfin, c'est dans la Turquie,
la Bessarabie, la Crimée qu'il s'en trouve
le plus; Undis que la France et l'Alle-
magne n'en voient errer que des bandes
isolées. Cette population est ordinaire-
ment laide et disgraciée de la nature;
toutefois la haute taille de ces nomades, la
(•) Il y « one grands plausibilito dans ro|>i-
nion de GrellrnaD«qui proure que le* Bohémiens
apiurliennent à «-ette rhsse in6roe d*rndieat ap
pelées Sudêrt, et qa'il» ont quitté l'Iode lors du
ravage de cette contrée , en 1408 , par Timonr
qni mit à mort des mol^tadet d'hommes de tons
Ift rangs. p^s.
blancheur de leurs dents et la belle cou-
leur de leurs cheveux noirs, contribuent
à produire des exceptions favorables.
Il est des pays, l'Espagne, par exemple,
où les beautés bohémiennes sont fort es-
timées. Rarement ces bandes voyageuses
ont des tentes : elles se creusent des ca^
hules sous terre et les recouvrent de
gazon. On leur voit faire des tours de
cartes ; souvent les femmes disent la
bonne aventure. Il y a quelques métiers
à la portée de ces familles errantes; elles
comptent des vétérinaires, des chaudron-
niers, des cloutiers, etc., etc. La musi-
que ne leur est pas étrangère , et il est
des contrées où les orchestres de bal leur
appartiennent exclusivement. Quant à la
religion, ils pratiquent assez ordinaire-
ment celle du pays où ils se trouvent,
mais ils n'ont pas pour cela Tintel-
ligence du dogme ni de la morale; ils se
marient entre eux, sans beaucoup de
préambule ni de formalités; mais quand
le mari est las de sa femme, il la chasse.
I^ morale des Bohémiens est en général
fort relâchée; le vol surtout est presque
généralement établi chez eux. En France
les Etats-Généraux de 1560 condamnè-
rent les Bohémiens à un bannissement
perpétuel. En Allemagne, Marie-Thérèse
et Joseph II ont fait de vains efforts pour
les civiliser. Foir Grellmann, Histori-
s cher Versuch ûher die Zigenner, 2*
édition, Gœtt. 1787. C. L, m.
Aujourd'hui, dans aucune contrée de
l'Europe, on ne trouverait beaucoup de
descendans des Bohémiens aborigènes.
La sévérité de la police exercée contre
ces hordes de vagabonds abrutis a beau-
coup éclairci leurs phalanges, principale-
ment en Suisse et en Angleterre, et on
est même parvenu à ramener quelques-
uns de ces hommes au sentiment des de-
voirs qu'imposent les lois d*une société
civilisée. Néanmoins, tout ce qui reste
de cette étrange race continue à éluder,
d'une manière ou d'une autre, la vigi-
lance des magistrats sous le masque de
prétendues professions, à l'aide duquel
ils se livrent toujours à leur trafic habi-
tuel.
Les Bohémiens modernes prétendent
être les descendant des anciens Égyp-
tienS| si ftmeox pour leurs ooniiâissaiioc^
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tn astronomie et dans les autres scien-
ces; et sous prétexte de dire la bonne
aventure, ils trouvent le moyen de vo-
ler , de dépouiller le peuple crédule et
superstitieux. Pour colorer leurs impos-
tures , ils se peignent la figure et parlent
une espèce de baragouin ou d*argot qui
leur est particulier. Ils rôdent dans le
pays en bandes nombreuses, au grand
effroi des fermiers, sur lesquels ils ne
manquent jamais de prélever une con-
tribution en oies 9 en dindons et en pou-
les.
Le Journal d*£velyn nous donne quel-
ques détails assez curieux sur ces marau-
deurs en Angleterre, et jette un certain
jour sur les altérations qu*a subies la race
primitive de ces êtres dégénérés :<( Dans
« nos statuts, ils sont qualifiés d'Égyp-
« tiens , ce qui dans le fait ne signifie au-
« tre chose que des coquins déguisés ; car
« ce ne sont pour la plupart que des An-
« glais on Gallois qui s'affublent de vé-
« temens bizarres, travaillent leurs figu-
«( res et leurs corps, se font une langue
« d'argot qui n'est entendue que d'eux
« et des leurs, s'en vont rodant dans le
« pays, sous prétexte de dire la bonne
<c aventure, de guérir les maladies, etc. ;
« font des dupes parmi les ignorans, leur
« attrapent de l'argent et no manquent
« jamais en outre de voler tout ce qui
« n'est ni trop chaud, ni trop pesant pour
« être emporté. »
En 1531, les hordes vagabondes qui
se donnaient le nom d'Égyptiens étaient
devenues si nombreuses et tellement in-
commodes en Angleterre, qu'elles en fu-
rent en totalité bannies par acte du par-
lement, sous peine d'emprisonnement.
Peu de temps après, le comte d'Arran
imagina un moyen différent pour se dé-
barrasser de ces odieux vagabonds : ce fut
d'ordonner à tous les shérifs et aux au-
tres magistrats des comtés, de prêter as-
sistance à John Faw, seigneur et comte
de la Petite- Egypte, pour le rassemble*
ment de ses sujets les Bohémiens ( dont
un grand nombre s'étaient révoltés, sous
la conduite d'un certain Sébastien La-
low). John Faw avait pris l'engagement
de ramener les Égyptiens dans leur pays.
Un intérêt tout nouveau s'est attaché à
ces hordes par les admirables romans de
Walter Scott, et surtout par le r61e im*
portant qu'elles jouent dans Guy Man-
nering.
Les Bohémiens vivent en ne croyant
à rien , et exempts de toute inquiétude
sur la vie éternelle. Il ne faut donc pas
s'étonner que leur conduite dans la so-
ciété corresponde à un tel ordre d'idées
morales. Tous les devoirs sont négligés
chez eux ; jamais la prière n'a passé sur
leurs lèvres; jamais ils n'assistent à au-
cun service divin ; c'est ce qui a fait dire
aux Yalaques que « l'Église des Bohé-
« miens ayant été construite avec du lard,
« les chiens l'ont mangée. » Le culte qui
perd un Bohémien perd aussi peu que
celui qui en gagne un. Au fond, le Zingari
n'est ni mahométan ni chrétien; car les
doctrines de Mahomet et celles du Christ
lui sont également inconnues ou mdiifé-
rentes: elles n'ont d'autre effet pour lui
que de faire que son enfant ait été baptisé
ou circoncis. P-ze, p.
BOHÉMOND (Marc), fils du Nor-
mand Robert Guiscard, duc de Pouille
et de Calabre , s'habitua de bonne heure
aux exploits militaires et se signala par
un courage qui n'excluait pas la pruden-
ce. Son père lui inspira toute sa haine et
tout son mépris pour les Grecs. Robert
avait laissé à Bohémond le commande-
ment de son armée d'Iilyrie , avec la-
quelle le jeune prince battit l'empereur
Alexis à Janina et près d'Arta, puis pé-
nétra sur le territoire grec et mit le siège
devant Larisse. Les intrigues d'Alexis af-
faiblirent l'armée de Bohémond, dont les
succès restèrent sans résultat. En 1085^
Robert mourut. Il avait donné le duché de
Pouille et celui de Calabre à Roger, son
fils cadet , dont la mère lui avait inspiré
un attachement plus vif que celle de Bo-
hémond. Cette injuste prédilection indi-
gna ce dernier. Les deux frères se firent
une guerre sanglante , et Roger fut forcé
de céder à Bohémond la principauté de
Tarente. Bohémond assiégeait Amalfi
(1096), lorsqu'on lui apprit le passage
des premiers croisés. Il s'informa curieu-
sement de leui9 noms, de leur nombre ,
de leurs armes et de leurs ressources;
puis il prit la croix. Ses discours et sou
exemple enflammèrent le zèle.de l'armée;
il déchira son habit pour fournir des croix
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à ceux qui s'eorMaiebt sous ses drapeaux,
et sepréparib à vkitor ConalMltiBopJeet
rAiie,àia tétetle 10,000 chevaux et de
30,000 hommes d'iofaDterie. Plusieurs
princes normands suivirent leur ancien
l^énéral, et son cousin Tancrède l'accom-
pagna plut6t qu'il ne marcha sous ses or-
értB (vojr. Tascmèdil}, Lorsqu'il eut re-
joint Godefroy de Bouillon , Bohémond
essaya vainement de décider celui-ci à
entreprendre sur Alexis Comnène la
4)onquéie de Constantinople. Objet de k
haine d* Alexis, il fut reçu par lui comme
un ancien et fidèle allié, et Tempereur
ne lui rappela ses premières hostilités
que pour faire l'éloge de sa valeur. Le
fils de Guiscard fut logé, servi et traité
avec une magnificence royale*; l'empe-
reur le combla des plus riches présrâs.
On iatta même le Normand de l'assu-
rance d'une principauté indépendante ;
et Alexis éluda, plus qu'il ne refusa
sa demande audacieuse .de l'office de
grand-domestique ou de général de l'O-
rient. On avait obtenu à force de pro-
messes qu'il prêtât, comme les autres
chefs des croisés, hommage à l'empereur
grec
Des marches p^ibles et des combats
sanglans, où Bohémond fit admirer sa
vdeur et son activité, conduisirent les
croisés devant Antioohe. On était arrêté
depuis sept mois au siège de cette ville ^
lorsque Bohémond , par ses intrigues ,
amena les autres chefs à lui accorder la
souveraineté de la ville, s'il s'en rendait
maître avant que les Grecs ne Teussent
aeeourue. Déjà il entretenait des intelli-
gences dans la place où il fut introduit
bientôt après par un traître. C'est ainsi
qu'en 1097 Antioche devint la capitale
d'une principauté chrétienne qui subsis-
ta , sous neuf princes , pendant 90 ans
(vojr, AimocHE). La conquête de Bohé-
mond hii fut disputée et par Alexis et
par Raymond, comte de Toulouse ; mais
il en resta maître, grâce à son adresser II
ne suivit pas les croisés à Jérusalem , où
il ne vint que plus tard, pour recevoir
du patriarche l'investiture de la princi-
pauté d' Antioche. Fait prisonnier dans
(*) Voir les détails intéressans qa*oD trooTe
•ar ton séioar à Constantinople dans le Comté
J^pèméÊpmng, roman et slrWalter Saolt. S.
un combat par un émir, il resta deux
ans captif. Pendant te temps, son^coiMia
Tanorède avait augmenté ses domaines.
La haine que Bohémond portait à Alexis
n'était point éteinte. Il passa en Occi-
dent, parcourut l'Italie, la France et l'Es-
pagne, pour exciter les princes contre
l'empereur grec, et bientôt il vint en Ilty-
rie , avec une forte armée, mettre le siège
devant Durazzo. La famine le contraignit
à demander la paix. Il eut avec l'empe-
reur cme conférence dane laquelle pa vne
fit une vive impression de crainte sur
Anne G)mnène, fille d'Alexis. Cette
princesse a laissé le portrait de Bohé-
mond dans ses Mémoires. Il evait coneki
un traité assez avantageux, lorsqu'il
mourut dans la Fouille, en 1111. A . S-a.
Les neuf princes d' Antioche dont û
a été question plus haut, furent : Bohè^
mond F', 1098-1 1 1 1 , ou plutôt 1 109;
son fils, BoHénoHD II, 1 109^1 130; Rait-
mond de Poitiers, premier mari de Cons-
Unce, fille du précédent, 1 ISO- 11 48;
Réginaid de Châtillon, son second mari,
1 154-11^; BoHéMONB III, fils de Rai-
mondetdeConsUnce, 11«3-1201; iîcif-
mond II y son fils» 1201-1238; Bovi-
xoKD IV, son fils, 1233-12^1; Bovi-
MOiTD y, son fils, 1251- 127S; Bos^-
XOND yi , son fils, 1075-1288. J. H. S.
BOIAR, titre usité en Rn^isieetdans
la Moldavie (dans la yalachie le titre de
boïlade y répond), et autrefois encore
dans d'autres pays slavons pour désigner
un homme de haute naissance ou un fonc-
tionnaire des plus élevés. Il est donné
dans les deux principautés aux membres
de la famille du prince et aux nobles les
plus riches et les plus distingués. En Rus-
sie ce titre, qui ne parait pas avoir été
héréditaire, est fort ancien ; on le dérive
de b<H\ bataille, car les nobles entouraient
le prince dans les combats. S'il a désigné
d'abord des généraux, des guerriers, il
fut donné ensuite aux conseillers les pins
intimes du souverain , anx membres de
son conseil privé , et aux premiers dignî-
Uires de l'état; les princes eux-mê-
mes pouvaient devenir boîars, et cette
qualité était quelquefois accordée à des
étrangers qui , venus en Russie, avaient
rendu de grands services à ce pays. Il
parait que dans les anoîens temps le ooih
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BOI ( 623 )
seil des boîars était consulté dans tonte^
Im afikîfe» imparuntes ;'<»«« senrail'dc
celle formule : « Le granë-priaoe a or-
donné , les boîars onl approuvé.» On dit
«ttjoord'hai Martine, mol dool le people
a lail barùte, seignear : e'esl le Ikre qu'il
donne à tous ceus qu'il veul honorer^ îd-
dépendammenldeses maîtres» FoirReatZy
Essai sur les développemens historiques
du droii et des institutions en Russie ^
ton. I,pacf. 114-116 (en allemand).
Dans l'ancienne Russie on appelait
diètiboïarsfiié {enïwûé de boîars) une mi-
lice noble presque toujours montée , et
qui serrait d'escorte aux boîars et aux
voîvodes. On comptait sur celte cavalerie
dans les grandes occasions. J. H. S.
BOI ARDO ( Matxo - Maria y comte
DB' Scaudiaho) poète italien, né en
1430, dans le Milanez. Il remplit des
charges d*honneur à la cour de Ferrare,
où le duc Hercule d'Esté s'était fait le
protecteur des lettres et des arts, l'émule
de la famille des Médicis. Celait à
celle belle époque de la renaissance, ou
Unt de villes d'iulie se glorifiaient de
quelque célébrité poétique , où lanld'ea-
prits cultivés se précipitaient à la fois vers
l'étude de l'antiquité et la production
spontanée. Aussi Boîardo se montra-t-il
à la fois philologue érudil et poète in-
venteur ; il traduisit en italien Hérodote,
une partie de Lucien, l'Ane d'or d'A-
pulée, et composa un poème épique in-
litnlé le Roland amoureux {Chiando in^
amorato)y prélude faible, il est vrai,
de l'immortel poème de l'Arieste. La
ohevalerie s'en allait: comme dans toutes
les époques de transition, on éprouvait
le besoin de poétiser un passé désormais
perdu sans retour. Concurremment avec
fioîardo, Luigi Pulci écrivait à la cour
de Laurent de Médicis son Morganle
maggiorCy puisé à la même source que le
Roland, dans la Chronique fabuleuse de
l'arche véque Turpin. Le Roland de Boîar-
do est on inextricable labyrinthe d'aven-
tures et de courses chevaleresques , ou
te trouvent déjà les noms des héros de
l'Ariosle et bien d'autres noms encore,
a la confection desquels le poète attachait
une grande importance. Il tâchait de les
rendre aussi ronflans que possible, té
moiM ceux de Rodomonte, de Sacri"
BOI
ponte f qui lui a^ipaHiennent. On ne
peut lui refuser ustalentd'ioveBlioii re^
marquable; SMisde la vie , de l'-iaiagiii»»
lion riche, gracieuse et légère, du luxe,
de la sève poétique de l'Arioale, pas de
vestige. Boîardo a eu le Ion de prendre
son sujet au sérieux, au lieu d'y mêler te
burlesque comme Pulci, ou de t^eù mo-
quer spirituellement comme TAriosle.
Aussi lui a-t-K>n reproché quelque ehose
de lourd el de compassé. Son plan d'aiU
leurs était si vaste qu'il esl resté loin de
le termîaer, quoiqu'il arrive au 69*
chanU De nos jours on ne lit guère le
Roland amoureux que cbns la forme
toute neuve que Bemi lui donaa au
xvi^ siècle. Boîardo a trouvé encore
d'autres contimwteurs, tels que Dommi-
chini et Agostini. Il a fait preuve de ta*
lent lyrique dans ses sonnets , ses can^
zonej see terze rime; sa comédie de
Timon, imitée d'un dialogue de Lucien^
n'a d'intérêt que pour les littérateurs de
profession. Boîardo, gouverneur de Ref-
gio , mourut en 1494. L* S*
BOIENS, BoîKs ou Boos, peuple
d'origine Cimrique (dont on* fait venir
le nom de 6^, P^*»*» àwg etbogy ter*
rible, en langue gallique) et divisé es
plusieurs races. Les premlen Botes goi»^
iois habitaient le pays qui plus lard fut
connu sous le nom de Bourbonaait; d'aiH
très s'établirent, peu après l'expéditioa
de Bellovèse , dans une partie de l'Italie
méridionale. 400 ans après la fondation
de Rome , les Boîens vimlurenl pénétrer
plus avant dans la Péoiosule italique;
mais les Romains les repoussèrent et les
contraignirent à se réfugier sur les bords
du Danube. An temps de César, on les
voit prendre part à l'attaque des Helv^
tiens contre la Gaule; ils furent établis
par lui dans la première Lyonnaise. D'ai»^
très Boîens gaulois habitaient le pays qui
forme aujourd'hui le territoire de jBuch,
dans les Landes.
Les Boîens de Germanie avaient pour
séjour le fertile bassin qu'entourent les
monts Sudètes et 1» forêt de Hercyoie,
aujourd'hui la Bohème, Boio^fuemum^
Ce nom, qui signifie, en langue germa*
nique, demeure des Boîes (Boienheim),
lui fut donné par les Marcomans, qui
s'en emparèrent après en avoir expulsé
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les habitans. C'est eacore des Boîens
que la Bavière [Boaria , Boiaria ) a tiré
son Dom. Des Boîens figurèrent aussi
parmi les tribus gauloises qui envahirent
TAsie-Mioeure et laissèrent leur nom à
la Galatie. A. S-r.
BOIELDIEU (Adrieic-François) ,
compositeur dramatique, né à Rouen ,
en 1775, eut pour maître de clavecin
et d'harmonie Broche, organiste de la
cathédrale. Ce fut à l'âge de 20 ans que
M. Boïeldieu vint à Pans, où il se fit
connaître comme pianiste et comme au-
teur de romances qui eurent un succès
de TOgue. Appelé à l'emploi de profes-
seur d'une classe de piano au Conser-
vatoire , il forma d'excellens élèves parmi
lesquels on distingue M. Zimmermann ,
qui remplit aujourd'hui les mêmes fonc-
tions. £n 1803 M. Boïeldieu se rendit à
Saint-Pétersbourg, oik il devint direc-
teur de la musique de Tempereur jus-
qu'en 1810, époque à laquelle il revint
en France. Pendant son séjour en Russie
il a écrit plusieurs opéras qui out été, en
partie , représentés depuis au théâtre
de rOpéra-Comique. Ces opéras sont : ta
Jeune Femme colère , les Deux Para-
ifents, Mine y reine de Golconde y Ca-
lypso , les Foitures versées, un Tour
de Soubrette y Télémaque y Ahderkcm,
Avant son départ M. Boïeldieu avait fait
jouer à Paris la Famille suisse , en un
acte, 1795 ; la Dot de SuzettCy un acte,
1796; Montbreuil et Fendille y 1797;
Zoraïme et Zulnar, trois actes, 1798;
les Méprises espagnoles , même année ;
Beniowskiy en trois actes, 1800; le
Calife de Bagdad^ un acte , même an-
née; Ma tante Jurore, en trois actes,
1803. Depuis son retour il a donné :
Jean de Paris , en deux actes , 18 12 ; /é
Nouveau Seigneur du Village y en un
acte, 1813; Angèla^ 1814; les Béar^
nais y en un acte, 1814; le Siège de
Méùèresy 1814; la Fête au Village
voisin y trois actes , 1 8 1 6 ; /è Petit Cha-
peron fvuge y trois actes, 1818; la
Dame Blanche^ trois actes, 1826, et les
Deux^uiUj 1829.
. M. Boïeldieu est un des compositeurs
fran^is qui ont le mieux compris le
genre de TOpéra-Comique , et qui ont
écrit les ouvrages de cette espèce les plus
remarquables. Une grande netteté dans
la pensée , beaucoup de grâce et d'élé-
gance dans l'invention des mélodies, une
scrupuleuse observation des convenances
sciniques, de Tesprit et de la finesse
dans le choix des accompagnemens , tels
sont les traits principaux du talent de
ce compositeur. La plupart de ses opéras
ont eu de grands succès; la vogue dont a
joui celui de la Dame Blanche est pres-
que unique dans les fastes du Théâtre
de rOpéra-Comique.
M. Boïeldieu a été nommé successive-
ment compositeur adjoint à la musique
du roi Charles X, compositeur de la
duchesse de Berry en 1826 , professeur
de composition au Conservatoire, et
membre de l'Institut. Il avait été décoré
de Tordre de la Légion - d'Honneur au
mois de mai 1821. E. F-s.
BOILEAU-DESPRÉAUX(NicoLAs)
naquit, le 1^' novembre 1636, à Paris
ou à Crâne. Cette seconde tradition est
moins probable; on assure pourtant que
son surnom de Despréaux vient d'un pe-
tit pré de ce village. 11 n'avait pas 12
mois quand il perdit sa mère, pas 20 ans
quand mourut son père, greffier du con-
seil de la grand* chambre. Onzième en-
fant de cette famille, atteint, dès ses jeu-
nes ans, de maladies graves, languissant
et délaissé, il grandit au sein des dou-
leurs et des contradictions. Il était né
dans un grefTc: il fut condamné à deve-
nir avocat. Mais ayant lu des romans et
fait des vers, il ne goûta ni la science des
légistes, ni surtout ce qu'ils appelaient
leur pratique, et ne s'étudia qu'à les con-
vaincre de son entière inaptitude; il y
réussit. Pour mieux échapper au barreau,
il s'avisa de se réfugier dans une école
de théologie ; et le plus grave de ses his-
toriens, Tacadémicien de Boze, nous dit
en propres termes « qu'il y retrouva la
« chicane qui n'avait fait que changer
« d'habit » Dès lors il résolut de se con-
sacrer aux lettres. Deux de ses frères,
Gilles et Jacques , se sont engagés dans
la même carrière. Jacques, docteur de
Sorbonne, n'a guère écrit que sur des
matières ecclésiastiques , et la plupart de
ses livres sont en langue latine. Mais Gil-
les, auteur de poésies françaises, detra-
d actions en vers et en prose^ et de quel*
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qaes antres productions , a été Tun des
40 immortels de l'Académie française,
35 ans avant Nicolas. Celui-ci ne souffrit
pas toujours sans murmures les hauteurs
et les dédains de ce frère atné; ib ont eu
ensemble des démêlés dont on retrouve
des vestiges dans les ouvrages du plus
jeune. Toutefois ils se réconcilièrent, et
Nicolas demeura si fidèle à cette amitié
fraternelle, qu*il se fît l'éditeur des OEu-
vres posthumes de Gilles.
Despréaux nous a conservé lui-même
quelques-uns de ses premiers vers, deux
chansons, un sonnet, une ode; faibles
essais qui ne méritaient pas le nom de
préludes. Son véritable début est de l'an-
née 1660, la 24* de son âge; c'est l'épo-
que de sa 1*^* Satire, intitulée Adieux
d* un poète à la ville de Paris, et de celle
où sont décrits les embarras de cette
grande cité; toutes deux déjà remarqua-
bles par la pureté du style, par une ver-
sification élégante , par le talent , alors
bien rare, d'exprimer les détails les plus
rebelles et d'ennoblir les plus vulgaires.
L'auteur avait été admis à lire ces deux
pièces au sein d'une société fameuse, où
présidaient la marquise de Rambouillet
et sa fille, la duchesse de Montausier. Là
brillaient Chapelain et Cotiu , révérés
comme des oracles ; le jeune Despréaux
n'eut pas le bonheur de leur plaire; il
n'admira pas non plus leur génie, leur
goût, leur savoir; il sortit de l'hôtel Ram-
bouillet beaucoup plus satirique qu'il n'y
était entré. Dans le cours des sept an-
nées suivantes, il publia les 6 satires que
les éditions nomment la 7®, la 2®, la 4*^,
la 3* et la 5*. Celle qui a pour sujet le
genre satirique même peut sembler in-
férieure au modèle latin qu'elle imite;
une autre n'est qu'une assez médiocre es-
quisse des folies humaines; mais celle
qui expose les difficultés de l'art d'écrire
en vers français a du moins le mérite de
les surmonter. Plusieurs des traits sati-
riques dont la description d'un festin ri-
dicule est parsemée sont restés mémora-
bles; et la pièce qui commence par dé-
clarer que la noblesse n'est point une
chimère, a pu contribuer à propager l'o-
pinion contraire. Quoi qu'il en soit, les
deux meilleures satires de Boileau sont
la 8* et la 9* , composées en 1667 :
Encyclop, d. G, d, Af. Terne III.
l'une peint tous de vives oonlenn les
travers et les vices de la race humaine^
telle que les sociétés l'ont faite; l'au-
tre, adressée par le poète à son propre
esprit, offre un brillant tissu d'idées
ingénieuses et d'expressions poétiques;
on y voit quelle force et même quelle
grâce une raison sévère peut ajouter à
l'atticisme de la diction et à la verve du
style. Il y a 26 ans d'intervalle entre cette
excellente satire et la 10^, où les femmes
sont si amèi'ement censurées. Une si lon-
gue distance explique ou même excuse
l'affaiblissement que, malgré de rioiies dé-
tails et de très beaux vers, on a cru re-
marquer ici dans le talent du poète , et
que rendent de plus en plus sensibles ses
deux dernières satires , où il s'agit de
l'honneur et de l'équivoque. On y recon-
naît souvent encore l'auteur des neuf pre-
mières, mais descendu à son 13* et à son
14^ lustre. De ces 1 2 satires, trois sont pu-
rement littéraires ; et Despréaux , en com-
posant les neuf autres y a fréquemment
trouvé ou cherché les occasions de criti-
quer les vers et la prose d'un grand nom-
bre de SCS contemporains. Jeune encore
il signalait tous les écueils de l'art d'é-
crire, la bizarrerie des sujets et l'incon- '
venance des styles , l'insipide afféterie et
la grossièreté triviale , la sécheresse et la
prolixité, la négligence et la contrainte ^
la froideur et l'emphase. Le mauvais goût
n'a point de travers qu'il ne condamne ^
non-seulement dans les auteurs déjà mé-
prisés, dans vingt académiciens dès lors
«obscurs, mais surtout dans les coryphées
du monde littéraire, dans les Chapelain^
. les Cotin, les Scuderi , noms aujourd'hui
sans honneur, fantômes alors révérés;
dans ce Charles Perrault qui, ayant con-
tracté de bonne heure la facile habitude
des intrigues, mettait son étude à multi-
plier ses relations avec les grands, avec
les gens de lettres, avec les artistes, et
parvenait à soutenir sa réputation litté-
raire par l'idée qu'il faisait prendre de
son crédit et de son influence. Loin de
confondre Quinault avec tant de rimeurs
inhabiles, il louait chez lui la versifica-
tion la plus mélodieuse dont le génie de
la musique eût encore pu disposer, et
ne critiquait, parmi les poèmes dç cet au*
teuT; que ceux qu'on ne chantait pas,
40
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fitratonice, Amalazopte, Astrale , dra-
mes eo effet illisibles et depuis long-temps
oubliés. U admirait aussi dans le Tasse
le génie d*un poète épique, imitant Vir-
gile comme Virgile avait imité Homère;
mais il osait lui reprocher les descrip-
tions superflues, les interventions de dé-
mons et d'angea, les expressions recher-
chées, les tours affectés, les concetti que
déjà Galilée avait condamnés bien plus
durement, et qu'ont censurés depuis avec
autant de rigueur, Rapin, Bouhours,
Addisson,Métastase.Si d'autres jugemens
de Boileau , en bien petit nombre, sem-
blent un peu trop sévères, toujours est-il
un satirique bien modéré,en comparaison
de ceux qui , avant et après lui^ ont écrit
dans le même genre. La gaité qui anime
ses satires verse le ridicule et non Tinfa-
mie ; la malice, qui les dicte plus souvent
que la colère ne les inspire , se prescrit
toujours des limites: elle veut des jouets
et non des victimes.
Les 12 épitres de Boileau n'ont paru
qu'après ses 9 premières satires ; elles
sont en général les fruits d'un talent plus
mûr et plus exercé. La verâification y a
plus de souplesse et de grâce, le style
plus de mouvement et de consistance;
des pensées plus fortes , plus étroitement
enchaînées, y sont exprimées avec plus
de vérité, de couleur et d*énergie. Ce pro-
grès est sensible dans les épitres sur
le respect humain, sur la connaissance
de soi-même, sur les plaisirs de la campa-
gne, et dans le remerciment à Louis XIV.
De brillantes descriptions, des vers élé-*
gans, harmonieux et souvent pittoresques,
des ornemens très variés et toujours con-
Yenables, enrichissent ces 4 épitres qui
ne sont pas les plus belles. C'est quand il
célèbre le passage du Rhin, quand il
chante les exploits guerriers et recom-
mande les vertus pacifiques; c*est cjuand
il exhorte à n'aimer que la vérité; c'est
lorsque, inspiré par legoût et par l'amitié,
il enseigne à Racine comment le génie ,
en méprisant la critique malveillante,
peut en profiter cependant; c'est en des
sujets si divers que Despréaux, prenant
tous les tons avec justesse, ennoblit,
agrandit ce genre de poèmes, et y rem-
place «au moins par des beautés sévères
Tenjouement gracieux d'Horace^son aban-
don inimitable et sa négligence si par-
faite. Nous n'étendons ces éloges ni à sa
2^ épitre, ni aux trois dernières. La 2*
consiste en 50 vers, où des lieux com-
muns sur la manie des procès se termi-
nent par un bien aride apologue, quoique
ce soit celui de Thuitre et des plaideurs.
Les 8 autres, publiées en 1695, étaient
de pénibles productions d'une muse pres-
que sexagénaire. Despréaux y parle à
ses propres vers des circonstances de sa
vie ; à son jardinier d'Auleuil de la néces-
sité du travail ; à Tabbé Renaudot de l'a-
mour de Dieu. Respectons la vieillesse
d'un grand poète : il sait encore lutter ,
non sans vigueur , contre d'épineux dé-
tails , et jeter de la clarté , quelque cha-
leur même, jusque sur les argumens théo-
logiques qu'il se condamne à versifier.
Parmi les épitres composées 20 ans oa
plus auparavant, trois sont adressées à
Louis XIV, ou même 4 , si l'on tient
compte d'un discours en vers qui se lit à
la tête des satires, et qui n'en est pas un
très digne frontispice. Le grand monar-
que est complimenté sous des formes di-
verses et souvent ingénieuses, non-seu-
lement dans ces 4 pièces, mais dans les
satires mêmes, dans l'Art poétique, dans
le Lutrin, ailleurs encore ; et l'on peut re-
gretter qu'un satirique si austère ait tant
prodigué les louanges. Chez lui du moins
elles sont circonspectes jusque dans leur
profusion ; jamais il n'encense ni un vice,
ni une mauvaise action, ni même une
erreur grave; il n'applaudit point aux
dragonnades; il ne célèbre pas, comme
a fait Ch. Perrault, la révocation de l'é^
dit de Nantes. Préconiser les méfaits
des matures du monde, c'est en être le
complice; leur attribuer des vertus qu'ib
n'ont pas est quelquefois le seul moyen
de leur adresser d'utiles conseils. De»--
préaux a usé de celte licence; il osa in-
viter Louis XIV à s'illustrer par de sages
lois et par une administration équitable,
plutôt que par des conquêtes. Le monar-
que lut l'éptlre, l'admira, et fit la guerre;
mais le poète avait fait un bel ouvrage
et une belle action. Pensionné comme
historiographe, il rima quelques compli-
mens de cour et s'abstint d'écrire des
Annales qui n'auraient pu être que men-
songères.
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(62T)
BOI
' fin 1674 il mit au jour l'Art poétique
et le Lutrin; ces deux chefa^'oeuvre Ta-
Taieut occupé duraut cinq années. Le pre-
mier est un poème didactique où sont
d'abord exposées les règles générales de
Fart d'écrire. Jamais encore elles n'a-
Taient été exprimées avec autant de pré-
cision , enchaînées avec autant de métho-
de ; et néanmoins le poète sait les inter-
rompre à propos y y mêler des traits de
satire, y joindre un tableau historique
de la poésie française. En appliquant ces
préceptes généraux aux différentes com-
positions poétiques, à l'idylle , à l'élégie,
à l'ode, à l'épigramme, à la satire, il dé-
crit Téritablement ces poèmes; il ensei-
gne moins ce qu'ils doivent être qu'il ne
montre ce qu'ils sont de leur nature. Son
style harmonieux nous les représente en
prenant sans effort et sans dissonance
tous les tons qui leur conviennent. Loin
qu'un tel travaille décourage, il se laisse
au contraire séduire par les difficultés et
consacre 20 excellens vers à l'exposition
des rèjglcs minutieuses du sonnet. On
sait avec quel éclat la tragédie, l'épopée,
la comédie sont peintes dans le 8* chant,
et quel intérêt profond répandent sur le
4® la sagesse des maximes, la noblesse des
sentimens et la dignité du style; Boileau
nous y entretient des mœurs de l'écri-
vain , et son langage est à la fois celui
d'un poète et d'un homme de bien.
Indigné du succès des poésies hurles-
ques, il voulut, à cet art grossier d'avilir
de grands objets par des formes basses ,
substituer un art plus noble, celui de
traiter avec gravité un sujet comique et
de faire prendre à de ridicules figures
des attitudes solennelles ; ingénieux et
fécond système où devaient se succéder,
se fondre et ressortir par leurs contras-
tes les saillies de la gaité satirique, les
richesses de la poésie descriptive et les
fictions hardies de l'épopée. Voilà ce
qu'un talent flexible, dirigé par im goût
exquis, a fait admirer dans les 4 premiers
chants du Lutrin. Aucun des précédens
ouvrages de Boileau n'avait promis celui-
là. Son génie n'avait point encore révélé
le secret de tant de ressources ; on ne le
savait pas riche de tout ce qu'il répand
ici d'ornemens et de grâces sur les récits
et sur les discours^ sur les portraits et
sur les tahlcOTX. Les deux damiers chants
n'ont été composés qu'environ 9 ans plua
tard. Le 6® platt encore par l'élégance du
style et parla gaité des détails, quoiqu'ils
soient peu variés et fort épisodiques.
Mais l'aridité du 6* est déplorable, et il
est trop permis de dire que Despréaux
n'a réellement point achevé son plus poé^
tique et plus aimable ouvrage.
Après avoir distingué dans les œuvres
de Boileau d'excellentes satires, de
meilleures épitres,rArt poétique et quatra
chants du Lutrin, il serait inutile de s'ar-
rêter aux essais lyriques et aux poésies
diverses qui s'impriment à la suite do
ces chefs-d'œuvre. D'heureux quatrains
n'ajouteraient rien à une gloire si haute}
et une mauvaise ode , de froids sonnets ,
de faibles épigrammes ne peuvent pas la
rabaisser. Ses écrits en prose n'attirent
l'attention que par leurs objets et par
leurs rapports avec de plus mémorables
travaux. Presque toujours claire et assez
souvent correcte, la prose de Boileau
manque beaucoup trop de couleur ,
d'harmonie et même d'élégance. On voit
qu'il l'a composée négligemment, et
comme pour se reposer de ses veilles
poétiques. Cependant il n'avait fait en-
core que deux satires quand il écrivit ,
en 1662, sa dissertation sur Joconde.
Cet hommage rendu avec franchise, et
non sans quelque soin, au talent de
La Fontaine, est un monument de l'estime
qu'il avait dès lors conçue pour cet im«-
mortel poète , dont il est devenu depuis
l'un des amis les plus intimes : on a
peine à comprendre par quelle fatalité
le nom du fabuliste, si honorablement
cité en divers endroits des œuvres de
Boileau, a été oublié dans l'Art poétique.
Mais de tous les ouvrages en prose que
le satirique a laissés, le mieux écrit, le
plus plein de traits piquans et de saillies
ingénieuses, est le dialogue des héros de
romans, publié en 1664. Il s'en faut
qu'on doive les mêmes éloges à un dis-
cours sur la satire , composé 4 ans plus
tard, non plus qu'à d'autres préfaces
qui portent des dates encore moins an-
ciennes. L'arrêt buriesque de 1671, pro-
duction en soi légère, se recommanda
par l'intention qui l'a dicté et demeort
mémorable par l'effet qa'il a prodnil*
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(628)
ak>rt U
Là phikMophie de Desctrtflt,
plus raisonnable, était menacée d'one
proscription solennelle : Despréaux eut
le bonheur d'empêcher l'université et le
parlement 9 déjà coupables de tant de sot-
tises , d'en commettre une de plus.
A l'époque de la plus glorieuse activité
de son génie poétique , en 1674 , Boileau
fit paraître y avec ses deux plus grands
ouvrages, la traduction d'un traité grec sur
le Sublime. Elle était, quoi qu'on en ait
dit , constamment fidèle , mais rarement
élégante ; le style en est presque partout
faible, décoloré, traînant et pénible. U
n'y a d'excellent, dans cette traduction
en prose, que les vers. Le rhéteur Lon-
gin n'est interprété que par un helléniste;
Homère et Sapho, quand Longin les
cite, sont traduits par un poète qui sait
reproduire les couleurs et les beautés de
leurs vers, les formes et les tours figurés
que l'auteur du traité y fait remarquer.
Despréaux a imposé le nom de Réflexions
sur Longin à des dissertations polémi-
ques qu'il a composées long-temps après
cette traduction et dans lesquelles il ne
s'agit règlement ni de Longin ni de son
traité; seulement des textes de ce rhéteur
grec se lisent à la tète de ces réflexions,
et y servent de points de départ pour
arriver à d'autres sujets. Les 9 premières,
imprimées en 1693, sont des réponses
très judicieuses aux détracteurs des
grands écrivains de l'antiquité, particu-
lièrement d'Homère; Ch. Perrault y est
durement convaincu d'ignorance et de
mauvais go&t. Les 3 dernières, écrites
par Boileau dans la 74^ année de sa vie
et publiées après sa mort, concernent un
Terset célèbre du premier chapitre de la
Genèse , et quelques vers de la Phèdre et
de l'Athalie de Racine. Entre les au-
tres opuscules en prose du poète satiri-
que, il ne resterait guère à distinguer
que son remerclment épigrammatique à
l'Académie française en 1683, et ses
lettres depub 1672 jusqu'en 1710.
S'il est entré fort tard à rAcadémie,c 'est
surtout à lui qu'il faut s'en prendre : il at-
tendit un ordre exprès de Lou b XIV pour
se juger digne de succéder à M. de Bezons.
Ses succès dans cette compagnie n'ont
pas été fort éclatans : il y perdait presque
toutes ks causes qu'il ^l'ayisait de soute-
BOI
nifi contredisait inutileoMOt le décisif
Charpentier , et résistait sans pmdeooe
à l'admission des gens de cour, ama-
teurs d'honneurs littéraires. Il s'abstint de
coopérer à l'exclusion de Furetière ; on
assure même qu'il s'y opposa , et qu'il
porta d'ailleurs la tém^ité jusqu'à propo-
ser à l'Académie un plandetravail,comme
ont fait depuis tout aussi vainement Fé-
nélon, l'abbé de Saint-Pierre et Voltaire.
On a recueilli un assez grand nombre
de ses lettres, 85 à diverses personnes,
30 a Racine, 61 à Brossette. Les plus
remarquables , dans la première de ces
trois séries, sont celles qu'il adresse à Yi-
vonne au nom de Balzac et de Voiture ,
en contrefaisant les styles de ces deux
écrivains; au docteur Amauld pour le
remercier d'avoir fait l'apologie de la
satire des femmes; à Ch. Perrault sur la
littérature ancienne. Ce qu'on a conserré
de sa correspondance avec Racine ne
commence qu'en 1687 : ces deux poètes
ont continué, durant les onze années sui-
vantes, de se consulter mutuellement sur
leurs ouvrages. Ils étaient, et ils sont en-
core, les deux plus habiles écrivains en
vers français : à ce titre ils pouvaient
n'être que des rivaux ; une amitié active
et franche n'a pas cessé de les unir jus-
qu'au jour où l'auteur de Phèdre , repo-
sant sur Boileau ses derniers regards,
se félicita de mourir le premier. De-
puis 1699 jusqu'en 1710,1e principal
Gorrespoudant de Boileau fut Brossette,
son commentateur futur, qui lui était, à
tous égards, trop inférieur pour que
leur commerce épistolaire puisse toe
d'un grand intérêt. Cependant les lettres
de Despréaux, sans excepter celles de
cette troisième série, sont encore aujour-
d'hui instructives : les unes expliquent cer-
tains endroits de ses poèmes ; les autres
tiennent à l'histoire littéraire de son
siècle ; plusieurs renferment d'excellens
conseils et d'utiles observations critique^
la plupart, enfin, donnent une très
bonne idée de son caractère et de ses
mœurs. Sous d'autres rapports , il serait
permis de les trouver peu dignes de ses
ouvrages : il n'est point du petit nombre
des auteurs épistolaires qui attirent et
attachent les lecteurs par la finesse des
peQ9ées; par la vive expression des scn--
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timeos , par les grâces et Tabandon du
style.
C'est par les écrits de Boileau et sur-
tout par ses lettres que plusieurs détails
de sa vie privée sont bien connus; mais on
y a joint un plus grand nombre d'anec-
dotes, puisées à des sources moins dignes
de con6ance. Pour nous borner aux faits
avérés , nous dirons qu'il s'estimait heu-
reux quand il pouvait réparer, envers
les hommes de lettres, les injustices de
la fortune et de la société. Il acheta la
bibliothèque de Patru en lui en conser-
vant la pleine jouissance. D'autres litté-
rateurs dignes, comme celui-là, de toute
son estime, se sont honorés de son amitié
généreuse et n'ont pas repoussé ses bien-
faits; il éprouvait tellement le besoin
d'en répandre qu'il en jeta jusque sur
l'ingrat Linière. H n'osa point en offrir à
Corneille, quand la pension de ce poète,
presque octogénaire, récompense trop
faible et trop nécessaire de ses veilles
immortelles, fut tout à coup supprimée.
Mais à cette nouvelle, Despréaux Tole
vers Louis XTV, il tonne contre cette
spoliation barbare, il renonce à la pen-
sion dont il jouit lui-même, tant que la
plus sacrée de toutes ne sera point ac-
quittée, et Ton s'empresse de réparer
une injustice qu'il menace de punir avec
tant d'éclat. Jamais satirique ne fut
moins haineux; il n'était cruel qu'en
▼ers, a dit M™® de Sévigné. Enclin à pai^
donner les offenses qu'il avait reçues , et
jusqu'à celles qu'il avait faites, il s'est
réconcibé de bonne foi avec Boursaut,
avec Regnard , peu s'en faut même avec
les frères Perrault. Admirateur de Pas-
cal , ami des Jansénistes plutôt que
leur disciple, il savait aussi rendre hom-
mage aux talens des Bourdaloue, des
Bouhours , des Rapin et de quelques au-
tres jésuites recommandables. Mais les
écrivains qu'il a le plus fréquentés et le
plus chéris sont Racine , La Fontaine et
Molière. C'est à pleines mains que , dans
l'épltre à Racine , il a répandu des fleurs
sur la tombe de Molière comme sur
celle de la véritable comédie. Il révérait
en lui le plus ingénieux censeur des fo-
lies humaines, l'appelait le contempla-
teur, le philosophe, et lui décernait le
premier rang dans la littérature d'un si
grand siècle, expiant par tant d'hom-
mages huit vers moins équitables du
3® chant de l'Art poétique.
Despréaux porta dans tontes ses rela-
tions, et même à la cour, une franchisa
qui pouvait sembler souvent imprudente.
Deux fois derant M™® de Mainteoon et
son second époux, il couvrit d'opprobre
les comédies du premier. Peu content
de déclarer détesUbles les v«rs que prô-
naient les grands seigneurs, et surtout
ceux qu'ils faisaient, il se mêlait de cen-
surer la tyrannie comme le mauvais goût.
On l'entendit blâmer hautement les per-
sécuteurs de ces religieuses de Port-
Royal , déjà si cruelles, disait-il, contre
elles-mêmes. Apprenantque l'ordre d'ar-
rêter Arnauld venait d'être signé, il s'é-
cria : « Le roi est tn>p heureux pour le
trouver. » Coaueent nepas s'étonner des
succès qu'obtint à la cour un si mauvais
courtisan ? il se vit pourvu de pensions ,
accablé de faveurs qu'il n'avait point
sollicitées. On le fit, comme nous l'avons
dit, historiographe et membre de l'Acadé-
mie française; peu après on l'adjoignit,
avec Racine, aux cinq premiers membres
de la petite Académie des méd/tilles, au-
jourd'hui des inscriptions. Cependant
lorsqu'en 1 699 il vint faire à Louis XTV
le récit de la mort de Racine, la froide ré-
ponse du monarque lui in^ira la réso-
lution de ne plus reparaître en de si hauts
lieux : il sentait qu'il avait perdu le talent
de louer, et il ne le re§retuit pas; mais
il croyait avoir coBsersé celui de médire,
et l'usage qu'il en fit, en 1705 , dans sa
satire de l'équivoque, nuisit à la tranquil-
lité de sa vieillesse. Oublié déjà dans une
cour qu'il avait désertée et où les jésuites
devenaient de jour en jour plus puisp-
sans, il n'obtint pas la permission d'in-
sérer cette douzième satire dans le recueil
de ses (Buvres, et il eut la faiblesse de s'af-
fliger vivement de ce refus : la pièce assu-
rément ne méritait ni cette prohibition
ni cette tendresse. Un autre chagrin de
ses vieux ans fut la perte de sa maison
d'Autèuil , vendue par lui sans nécessit é
au financier Leverrier. Retiré du grand
monde, exilé d'Autèuil, Boileau malade
et sourd survivait douloureusement à ses
talens et à ses amis. On avait pu distin-
guer trois principaux traits dans ses
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; la probité, la bonté, et cette
fermeté d'opioions et de sentimens à la-
quelle on 8*e8t accoutumé à donner,
ootaime par excellence , le nom de carac-
tère. Ce n'est pas qu*il n'ait subi pliis
d'une fois l'empire des circonstances : lui
qui maudissait la chicane et diflamait les
diarlatans, lui qui se moquait des gen-
tilUtres , des plaideurs , des médecins et
des théologiens , on Ta tu rimer des ar-
^rumens théologiques, obéir successiTe-
ment à dix esculapes, et plaider pour
soutenir de fort minces titres de noblesse.
Sa famille l'avait associé à ce vain procès;
Ba santé délicate, qui chancela 76 ans, le
livrait à la médecine ; et la théologie de
Port-Royal, alors la plus respectable,
le séduisit surtout par les persécutions
qu'elle essuyait. £n 1711 il habitait la
maison d'un chanoine, a» cloître Notre*
Dame; il y fit son testament le 3 mars de
cette année. Les sommes dont il dispo*
sait forment un capital d'environ 90,000
francs. Si l'on ajoute une rente viagère
que lui servait la ville de Lyon , et les
pensions que lui payait le Trésor royal ,
on a lieu de condure qu'il jouissait d'un
revenu de 10,000 (V.au moins, sans qu'il
eût pourtant tiré ancun proât de ses ou-
vrages. Il mourut d'une hydropisie de
poitrine le 17 de ce même mois de mars.
Son corps fut déposé sans pompe et
sans faste y comme il Tavait prescrit,
dans la Sainte-Chàpelle du palais. Trans-
férés au Musée des monumens français ,
les restes de ce girand poète en ont été
retirés en 1829, ponr être transportés,
on ne sait trop pourquoi , à l'église de
Saint-Germain-des-Prés; il eût été, ce
iBemble, jflus convenable de les replacer
à la Sainte-Chapelle, sous l'endroit, en^
core bien connu, où tournait jadis le lu-
trin qu'il a chanté.
Mais il s'est élevé à lui-même le plus
durable des monumens : la parfaite beauté
de plusieurs de ses poèmes et l'heureuse
influence qu'ils ont exercée hi! assurent
une place éminente dans nos fastes litté-
raires. A l'époque de ses débuts ( 1 660 ),
les écrits en prose de Montaigne et de
Pascal, les meilleures odes de Malherbe
et les plus belles tragédies de Corneille,
y pouvait joindre quelques pages de Qé-
ment Marot et de Régnier, et, à plus just«
titre, d'honorables essais de Molière et
de La Fontaine; mais d'innombrables pro-
ductions médiocres , informes ou barba-
res, étaient plus admirées que ces chefs-
d'œuvre. Sans dédaigner encore l'anti-
quité classique, on imitait de préférence
les écrivains modernes de ITtalie et de
r£spagne, entre lesquels on ne savait
pas choisir. Le faux goût corrompait tous
les genres de compositions en vers et en
prose. Despréaux vint , et par ses cen*
stnres, par ses leçons, par ses exemples,
il contribua, plus que personne, à tous
les progrès de l'art d'écrire. Durant les
40 dernières années du xvii® siècle, H
rendit le public sévère, les auteurs cir-
conspects, les talens laborieux, et la
médiocrité honteuse. Ce sont là des elTets
qu'on ne produit pas sans se faire beau-
coup d'ennemis : Boileau en eut d'impla-
cables. Us critiquaient dans ses vers des
incorrections souvent chimériques, quel-
quefois réelles, et lui reprochaient néan-
moins une perfection laborieuse. Ib s'ef-
forçaient de le représenter comme on
exact et froid versificateur qui ne réussis-
sait qu'à traduire, et qui , de son propre
fonds, manquait de philosophie, d'ima»
gination, de sensibilité. Il se plaît sans
doute à imiter de grands modèles; mais
il crée les pensées d'antrui, a dit La
Bruyère; et l'on peut ajouter que oelles
qui n'appartiennent qu'à lui et qui com-
posent plus de la moitié de ses poèmes
n'ont jamais moins de justesse et d'éclat
que celles qu'il emprunte. £n un temps
où le cartésianisme était, avec le jansé-
nisme, la plus haute lumière et la plus
forte audace des meilleurs esprits, il fut
un zélé défenseur de la philosophie deDe»-
cartes et de la théologie d' ArnaulcLQuatre
de ses vers ont délivré notre jurisprudence
d'une pratique odieuse. D'autres saillies
de sa verve étonnent par une énergique
hardiesse qui, mêmeau xvni* siècle et au
XTx^, aurait pu sembler téméraire. D'une
autre part, il est difficile de ne pas re-
connaître dans son Lud-în une véritable
création poétique, et dans presque tous
%eB Vers le talent de revêtir ses idées de
étaient les premières et déjà magnifiques 1 vives images, d'allier avec harmonie aux
ridièéses de la littérature fran^aisew On I expressioBS vrMes et simples les
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leurs et les mouvement du style figuré,
, d'animer ainsi son style , et de faire par-
tager à ses lecteurs rintérét si vif, si pa»^
sionné même, qu'il prend aux sujets qu'il
traite.
Tandis que les Cotin, les Desmarets ,
et, après eux, les jésuites rédacteurs des
Mémoires de Trévoux, le harcelaient
de critiques injurieuses, les suffrages
de Racine , de La Bruyère , de Bayle ,
de tous les esprits éclairés , ven-
geaient et consacraient sa gloire. Elle a
cependant essuyé , sinon de pareils ou-
trages, du moins des attaques nou-
velles, vers le milieu du dernier siècle.
Fontenelle, dont Racine et Boileau
avaient mal accueilli les débuts poéti-
ques , survécut 58 ans à l'un , 46 ans à
l'autre , et ne manqua point d'employer
contre les juges sévères de ses premiers
essais Tautorité de son long patriarcat
littéraire. Quelques-uns de ses élèves ,
héritiers de ses ressentimens, essayèrent
de rajeunir les poudreux libelles despliu
anciens ennemis de Despréaux; mais Vol-
taire le proclamait le législateur du Par-
nasse; mais Yauvenargues, Hel vétius,d'A-
lembert, Marmontel même, étaient forcés
de révérer en lui le fondateur d'une ex-
cellente école; et l'on vit, après 1788 ,
au sein des plus violens orages , quand
le mépris des vieilles renommées ne con-
naissait aucun frein, celle de Boileau re-
prendre au contraire an plut vif éclat.
Nous venons d'être témoin d'un dernier
déchaînement contre ses préceptes et ses
exemples. La France, envahie en 1814
et 1815 par des armées étrangères, le
fut en même-temps par des doctrines lit-
téraires et philosophiques qui devaient
interrompre ses progrès, éteindre par
degrés au milieu d'elle toutes les lumières
pures et bienfaisantes, et la rendre ainsi
incapable ou même indigne d'obtenir ja-
mais la liberté qu'elle s'était promise. On
entreprit sérieusement de replonger sa
philosophie dans les ténèbres du mysti-
cisme , de ramener sa littérature à la bar-
barie du moyen-âge; et Boileau, sans
doute l'un de ses écrivains les plus clas*
siques, eût bientôt perdu toute autorité
par le triomphe de ces étranges théories.
Mais ti ellei ne doivent prévaloir que
lortqu'ellet teront clairenieBi expUqiiéet,
s'il faut attoidre qu'eues soient justifiées
par des productions séduisantes» noot
avons lieu de présumer que Detpréanx
continuera long-tempt d'éclairer et de di-
riger les talens, de leur enseigner les loii
du bon goût, c'est-à-dire celles de la
nature et de la vérité. U a ignoré le nom
de cette littérature fantastique dont nous
avons été menacés ; mais, toute indéfinis-
sable qu'elle est, on la retrouverait com-
prise parmi les extravagances dont il a
guéri son siècle et jusqu'ici préservé les
âges suivans. A toutes les époques , de-
puis 1666, et spécialemment à celles
où l'on a tenté de le déprécier, let édi-
tions de ses œuvres se sont multipliées à
tel point qu'il nous serait impossible
d'indiquer toutes celles qui mériteraient
d'être distinguées. Il en a lui - même
publié quatre, entre lesquelles il préférait
celle de 1 70 !• Après sa mort il a eu pour
éditeurs Rcnaudot , Brossette, Dumoii'
teil , Souchai , et, en 1747, Saint-Bfarc.
La plupart de leurs notes ont été re-
cueillies dans l'édition de 1772. Celles
du poète DenisLebrun ont paru en 1808.
On a pour la première fois rassemblé
tous les écrits de Boileau en vers el en
prose , y compris ses lettres , dans Tédi-
tion stéréotype de 1809. Ses principaux
ouvrages ont été magnifiquement im-
primés chez la veuve Bodoni (à Parme) ,
en 1814; et par M. P. Didot , en 1819.
L'année 1831 a produit 8 éditions avee
commentaires. U en a été donné une du
même genre en 1836, une encore en
1830. Cen est bien assez pour montrer
qu'il y a peu d'apparence que les chefs-
d'œuvre de ce poète cessent de si t6t
d'être étudiés. D-n-u.
BOIS (botanique), lignum. Le bois
est la partie la plus solide des végétaux
ligneux. Dans les dicotylédons, e'est-à-
dire dans presque tous les arbres de nos
climata, il est composé de feuillets con-
centriques, sortes de réseaux fibreux,
étroitement liés et comme tissés ensemble^
dont la réunion forme à la fin de chaque
année une de ces couches plus on moine
distinctes qui peuvent servir assez ordi-
nairement à faire reconnaître l'âge de
chaque tronc ou de chaque branche et
qui s'étendent depuis Véud méduUmrê
jusqu'en liber. Yoy. Ajii
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BOI
Le bois oonrient à la fois des vaisseaux
séreux, des vaisseaux aériens el des vais-
seaux propres.
Ses couches les plus internes sont
les plus dures ; elles constituent le bois
parfait qui est recouvert du jeune bois
auquel on a donné le nom ^aubier. Ce
dernier, toujours moins dense , est aussi
d'une couleur moins foncée; du reste, sa
structure est la même et il se transforme
progressivement en bois proprement dit.
Dans les monocotylédons la partie exté-
rieure du corps ligneux est au contraire
la plus compacte.
Plus la croissance de chaque espèce, et,
parmi les mêmes espèces celle de cha-
que individu , est rapide , moins le bois
offre de densité et moins, en général, il
est estimé. On conçoit dès lors que les
circonstonces qui exercent sur la végéta-
lion une influence directe réagissent in-
directement sur la qualité du bois et que
Tarbre qui s*est le plus rapidement dé-
veloppé ne soit pas toujours celui qui
donne les meilleurs produits.
Pour augmenter la dureté et par con-
séquent la force des couches de l'aubier,
on a proposé d'enlever l'écorce une an-
née avant d'abattre les arbres. Ce moyen,
dont l'efficacité reconnue par Duhamel,
Malus et quelques autres, a été contestée
par Varenne de Feuilles, s'est néanmoins
conservé çà et là dans la pratique. Sur
divers points de l'Afrique et de l'Aus-
tralasie, presque partout ou les Euro-
péens n'ont point encore fait connaître
l'usage et le travail du fer, les sauvages,
après avoir trempé les bois qu'ils desti-
nent à former des instrumens de labour
ou de guerre dans de l'huile ou des grais-
ses fondues dont ils les laissent s'imbi-
ber, les enveloppent de feuilles et les met-
tent sous la cendre chaude ; ils acquiè-
rent ainsi une dureté telle qu'on a vu des
zagaieê lancées contre des arbres à
d'assez grandes distances, les pénétrer
comme l'eussent fait les dards les mieux
aoéréSy et des haches assez tranchantes
pour suppléer celles dont nous nous ser-
vons.
Les bois une fois abattus perdent plus
ou moins lentement leur humidité; mais
ils conservent une propriété hygrométri-
que qui contribue surtout à les faire se
déjeter et s'échauffer , lors même qu'ils
ont été employés en apparence parfaite-
ment secs. Le procédé indiqué en der-
nier lieu modifie beaucoup cette fâcheuse
disposition. L'ébuUition dans une huile
chargée d'oxides métalliques la détrui-
rait complètement, mais un pareil moyen
n'est pas praticable en grand. La pein-
ture à l'huile même, à cause de la dé-
pense qu'elle occasionne, ne peut être
employée dans tous les cas où elle pro-
duirait un bon effet.
Une dessiccation trop rapide altère la
qualité des bois lorsqu'elle a lieu en plein
air. Pour éviter le fendillement qui en
résulte et afin de les rendre moins acces-
sibles aux vers qui les rongent, on a ima-
giné de les submerger pendant un cer-
tain temps. Malheureusement l'eau , en
les dépouillant de divers principes ^ di-
minue à la fois leur densité, leur téna-
cité et leur durée.
Quelques bois se conservent beaucoup
plus long-temps que d'antres à Thiuni-
dité. De ce nombre sont l'orme, le chêne,
et peut-être avant tout l'acacia. U en est
qui s'altèrent très lentement à rair,comme
le chêne, le châtaignier, divers pins, etc.
On les préfère, par cette raison , pour la
charpente. D'autres qui se distinguent
par leur ténacité sont recherchés des char-
rons, tels que l'orme, le hêtre, le frêne,
le charme. Ceux qui se déjettent le moins
conviennent de préférence a la menuise-
rie. L'ébénisterie choisit les bois agréable-
ment colorés ou veinés, tels que l'acajou,
le noyer, le merisier , l'orme tortillard ,
le frêne ; pour le tour, ceux à grain fin,
comme le buis, l'alisier, sont les meilleurs.
Pour la cerderie on emploie surtout le
châtaignier, le chêne, le bouleau, parfois
le saule et le coudrier; enfin pour les ar-
ticles de fente , c'est-à-dire le merrain ,
les bardeaux, les lattes, etc., ou prend le
chêne, le châtaignier, le pin, etc.
Quoique Ton soit assez généralement
persuadé que les bois les plus pesans
donnent le plus de chaleur pendant la
combustion, les expériences de Hartig
tendent à démontrer qu'il existe plusieurs
exceptions à cette règle. D'après ces ex-
périences en effet le chêne ne viendrait
tout au plus qu'en septième ligne parmi
nos meilleurs bois de chauffage. Le syco-
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( 633)
BOI
more , le pin commun, leCréne, le hêtre,
le channe et l'alisier , sans doute parce
qu'à poids égal ils retiennent moins d'eau
de végétation , lui seraient sensiblement
préférables.
De tous les moyens qui ont été recom-
mandés pour rendre les bois incombus-
tibles , un des meilleurs est de les faire
tremper dans une dissolution d'alun parce
que ce sel, en se boursouflant à la cha-
leur , les isole complètement du feu et
de l'air indispensable à sa propagation.
Si le bois employé directement est in-
dispensable sous tant de formes à nos
besoins, les produits immédiats qu'on en
obtient naturellement ou artificiellement
ont aussi une grande importance dans
l'économie domestique et industrielle.
Sans parler du charbon (vojr,)^ on en
retire encore, par la distillation, une
huile également propre à l'éclairage , à la
peinture, et dont on forme, en la mêlant
à un cinquième de résine,un excellent gou-
dron; et de l'acide acétique que M. Mol-
iorat a su transformer en une sorte de vi-
naigre inaltérable fort employé surtout
dans les manufactures de toiles peintes
et les ateliers de teinture. Divers bois
contiennent de la matière colorante.
T.e bois d'aloés est célèbre dans tout l'O-
rient par son odeur; les Chinois en brû-
lent dans leurs temples et dans leurs ap-
partemens les plus somptueux les jours
<le grande réception. Le bambou, comme
la canne, donne une liqueur qui s'épaissit
dans le voisinage de chaque nœud, en la-
mes dures et fragiles qui ne sont autre
chose que du sucre. On retire du bois de
l'érable une liqueur analogue, et de celui
des pins de la résine. Beaucoup de bois
partagent avec les écorces qui les recou-
vrent des propriétés médicales ; il en est
qui contiennent divers sucs dont la cou-
leur et la consistance sont celles du lait;
d'autres qui sont tellement pénétrés des
substances résineuses qu'on peut en uti-
liser les fragmens pour l'éclairage. Fojr.
Canicb a sucre , Érable a sucre , Piir,
Agave , Euphorbe , etc., etc. O. L. T.
BOIS (technologie). Nous ne considé-
rons ici le bois que sous le rapport de
ses divers emplois dans les arts. Ils sont
très nombreux.
Pour suivre l'ordre ^ nous parlerons
d'abord du bois de chauffage. Les bois
qu*\\ faut préférer sont les plus durs, tels
que le hêtre, le charme, le chêne, etc.
Chacun de ces bois peut se vendre dans
trois états différens : commme bois neuf,
c'est celui qui vient par bateauk ou par
charrois; comme bois flotté, il arrive
par trains flottans sur les rivières et perd
son écorce par le long séjour qu'il fait
dans l'eau; enfin comme bois gravier, il
n'est plus alors que demi-flotté et descend
du Nivernais, de la Bourgogne, etc. On
connaît encore le pélard, qui n'est autre
chose que le chêne dont on a enlevé l'é»
corce pour le service des tanneries , et le
bois d'Andelle qu'on fait flotter sur la
rivière de ce nom et qui est en grande
partie du hêtre. Le bois se vend à la me-
sure; mais il est plus équitable de le ven-
dre au poids , et on doit à M. Rieussec
d'avoir introduit à Paris l'usage de ce
dernier mode. Dans certains chantiers
on le vend des deux façons en même
temps , au moyen d'appareils qui sont, à
la fois, balance et mesure.
Bois de construction. Les plus propres
à cet emploi sont le chêne, le sapin, le
hêtre , le châtaignier , l'orme. Comme le
chêne se durcit dans l'eau, il est toujours
préféré pour les constructions mariti-
mes ; le sapin l'est pour les constructions
légères et économiques; l'orme pour les
pompes et autres objets consacrés aux
usages domestiques. Les bois du Nord
ont une grande supériorité sur ceux du
midi. Ceux-ci se gercent, se fendent, et
il faut souvent remédier à ces gerçures
en conservant la solidité des poutres au
moyen d'étriers en fer. Les bois verts se dé-
forment; la sève les travaille et il est pru-
dent de leur laisser faire leur effet. Tous
les bois sont sujets à la maladie appelée
pourriti^e sèche et que les Anglais nom-
ment drj-rot. On a cherché long-temps
un remède pour guérir cette maladie. Il
parait certain que l'Anglais M. Kyan
l'a découvert et il consiste à laisser im-
merger la pièce de bois dans un bassin
rempli d'eau où l'on a mis un demt-kil.
de sublimé corrosif pour 25 litres d'eau.
En général , il ne faut employer les bois
que long-temps après qu'ils ont été abat-
tus. On les conserve en chantier en les dis-
posant par étage et permettant à- l'air de
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(634)
BOI
les envîrooner de toiu cAlés. Lorsque les
bois doivent être eofoais en terre, il faut
charbonner les bouts et les goudronner,
pour arrêter l'effet destructeur de Thu-
midité.
Bois de travail. Ce sont ceux qu'on
emploie au charronnage, à la menuiserie
et a Tébénisterie. Les charrons font un
grand usage de l'orme, du cbéne, du
frêne, du charme, de l'érable. Ils ont
toujours des provisions de bois en grume,
c'est>à-dirç qu'il n'est ni débité, ni scié,
et qu'il a son écorce. Il est seulement
coupé selon les longueurs propres aux
ouvrages que les charrons doivent exécu-
ter. Le menuisier recherche principale-
ment le chêne, le frêne, le noyer, le
châtaignier, le sapin, l'acacia, le meri-
sier , etc. S'il s'agit de meubles , il em-
ploie le plus communément le noyer et
le hêtre. On classe dans les bois blancs
le tilleul, le sapin , le bouleau , le saule,
le tremble, etc. ; dans les bois feuillards,
les jeunes bois de châtaignier, de noise-
tier, qui servent à faire des cercles et des
lattes. Le bois de sciage a presque tou-
jours le défaut de se déjeter, et les ou-
vriers préfèrent le remplacer par du bois
de chêne tendre, à droit fil et bien scié.
L'ébéniste emploie de préférence les bois
durs auxquels on parvient à donner un
beau poli , au moyen des couleurs et des
vernis qu'on applique de mille manières
et presque toujours avec succès, depuis
que la chimie a fait de si rapides progrès.
Le choix de l'ébéniste se porte tantôt sur
le buis dur, compacte et d'une belle cou-
leur jaune; tantôt sur l'acajou également
dur, mais veiné et offrant des reflets va-
riés; snrl'ébène, bois noir d'une grande
dureté, recevant un beau poli et destiné
plus spécialement à la oonfection des in-
strumens à vent; sur le gaîac, bois jaune;
sur le femambouc ou bois de Brésil; le
palissandre, bois violet; le bois de ci-
tron, le bois de rose, etc., etc. Il est rare
que ces bois soient employés à l'état mas-
sif; les meubles reviendraient à des prix
exorbitans. On les débite en lames très
minces qu'on appelle placage, et qu'on
applique sur la carcasse du meuble en les
y collant; ensuite une pier^ ponce fait
disparaître les traiu de scie.
A>û cdbroiv. Ce tom ceux qu'on em-
ploie en teintnae, teb que les bois du Bré-
sil, du Japon, de Sumac, de Campêche,
le Santal rouge, etc.
JBois résineux. Ils provienent des ar-
bres qui fournissent une résine quelcon-
que , lorsqu'on leur fait une incision. Le
pin maritime, par exemple, est dans
cette classe.
£ois à tan. Leur écorce fournit la
substance appelée tannée et qu'on em-
ploie dans le tannage des cuirS. Les peu-
pliers, le bouleau, le sumac, fournissent
du tan; mais c'est principalement de l'é-
corce du chêne rouvre [quercus corn-
munis) qu'on l'extrait V. de M-ir.
BOIS ( Exploitation , AMiNAOB-
MEMT, Semis des ) , lioy. Foeèts, Cou-
pes, Améhagement, etc.
BOIS (zoologie), production qu'an
premier aperçu on pourrait confondre
avec les cornes , mais qui en est essen-
tiellement distincte et qui appartient spé-
cialement à quelques espèces de mammi-
fères ruminans. Le bois, espèce d'orne-
ment et de moyen défensif , se trouve sur
la tête du cerf , du renne , du daim et de
l'élan ; les mâles seuls en sont pourvus
et le voient tomber à l'époque du rut
pour repoussor au printemps suivant.
L'observation a montre que le bois avait
avec les organes sexuels une liaison toute
particulière, et que l'émasculation pra-
tiquée pendant son absence empêche à
jamais son retour, tandis qu'au contraire
le cerf qui a subi cette opération pendant
que son bois était en pleine végétation ne
le perd plus jamais. C'est, en effet, pu-
une sorte de végétation que se développe
cette excroissance qui probablement doit
à cette circonstance et peut-être aussi à
sa forme rameuse le nom qui lui a été
imposé. On sait qu'un prolongement de
l'os frontal sert de point de départ au
bois ; il s'allonge et soulève la peau; d'a-
bord mou et cartilagineux il s'ossifie par
degrés , se dépouille de son enveloppe et
finit par se détacher et tomber. Trois se-
maines suffisent pour que le bois soit eom-
plètement poussé; le nombre des bran-
ches augmente chaque année, et peitt ser-
vir à estimer l'âge de l'animaL
Les bois sont un objet de commerce;
c'est une substance susceptible d'être tra-
vaillée cooum les ot ou l'ivoire, Mai» la
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(68S)
BOI
iiiod« veRit qa'on les emploie arec leurs
formes Dsturelles plus ou moins bizarres.
On eu fait des manches de couteaux, des
tuyaux de pipe, des pommes de can-
ne, etc. La corne de ce//*qu*on employait
jadis en pharmacie n'est autre chose que
le bois. Comme les os, il donne la calci-
nation du phosphate de chaux (corne de
cerf calcinée) et la distillation de l'am-
moniaque (esprit volatil de corne de
cerf). F. R.
BOIS SACRÉS. L'un des premiers
besoins d'une société naissante est celui
de revêtir d'une forme respectable le
culte de ses dieux. Les hommes de l'an-
tiquité, soit qu'ils vécussent dans des
grottes, comme les Troglodytes, soit
qu'ils fussent campés sous des tentes à
^ariot, ainsi que les Hamaxobiens, s'ac-
cordaient en un point , celui de préférer
les retraites les plus sombres et les plus
solitaires pour s'y livrer avec recueille-
ment aux pratiques religieuses. Quand
ils eurent des villes, ils songèrent à bâtir
des temples; mais, fidèles à leurs ancien-
nes traditions, ils choisirent pour cela des
emplacemens éloignés du tumulte de la
société et convenables à la méditation et
à la prière. Les forets leur GHraient
plusieurs avantages dont ils sentirent
l'importance. L'homme n'est jamais plus
disposé à rendre hommage à la Divinité
que lorsqu'il se trouve loin des regards
profanes, qu'il n'a pour témoins de sa
piété que ces colosses de la végétation ,
dont la base est incessamment arrosée
par de limpides ruisseaux et dont l'épais
feuillage laisse tomber à peine quelques
rayons de lumière comme une pluie d'or.
Au sortir des villes tummltueuses, va-t-
il au temple de son dieu? il commence
à se recueillir dès qu'il touche au seuil
de la ibrét Les arbres qui entourent le
sanctuaire sont les plus sacrés pour lui :
il craindrait d'y porter la cognée; ce
serait plus qu'un meurtre , ce serait un
sacrilège! Quelquefois cependant il est
arrivé que rhiterprète révéré des volon-
tés divines lui a permis d'emporter un
rameau , sur préservatif des maléfices ,
symbole et gage de bonheur I Le pAtre
ile la vallée a vu le soir , en ramenant
ses troupeaux , des hommes Teins et agiles
s'élancer à» \k forêt voisine , lui enle^
ver audacieusement le plus gras de ses
agneaux et retourner en bondissant dans
leur retraite obscure. Une autre fois il a
aperçu à la pâle clarté de l'astre des nuits
un groupe de jeunes femmes dansant une
ronde sur la lisière du bois. Il a entendu
d'abord leurs voix fraîches et virginales;
bientôt après elles ont poussé des crisd*ef-
froi , et le pâtre tremblant les a vu fuir
enfin devant une troupe d'agresseurs à la
mine effrontée. Puis il n'a entendu que
quelques faibles gémissemens et tout
est rentré dans le silence. Mais il n'ap-
prochera plus désormais de ce bois re-
doutable, ou ce sera pour y conduire
humblement une chèvre aux pendantes
mamelles, et l'offrir en holocauste aux
Satyres , à ces divinités malfaisantes qui
déciment les troupeaux et insultent
les nymphes. Pour celles-ci, il leur of-
frira une paire de blanches colombes et
leur demandera une abondante récoite et
des fruits succulens. Il connaît leur pou-
voir et leurs habitudes : les dryades vi-
vent dans des troncs d'arbres , d'où elles
ne sortent ordinairement que la nuit ; les^
hamadryades, moins heoreuses,8ont unies
à l'arbre même et ne peuvent s'en déta-
cher. A la suite des nymphes s'avance le
cortège bruyant des dieux de la forêt ^
Pan, les Faunes et les Sylvains.
Long-temps ces erreurs furent chères
au peuple , et les hommes éclairés s'ef-
forçaient même de les perpétuer, afin da
prévenir la dévastation des forêts. Un
bûcheron n'aurait osé abattre un arbre
si les magistrats n'en eussent auparavant
fait déloger l*hamadryade : cela était né-
cessaire , surtout dans les bois où avaient
lieu les jeux , les danses et les festins en
l'honneur des dieux.
Les prêtres du paganisme contribuè-
rent plus particulièrement encore à don-
ner une grande célébrité aux forêts. Ils
les avaient choisies pour imprimer plus de
solennité à leurs pieuses jongleries, en
les enveloppant de silence, de mystère
et de ténèbres qui inspiraient au vulgaire
une sainte terreur. Les plus dévots d'en-
tre le peuple suspendaient de riches of-
frandes aux rameaux du bois sacré, et
nul n'anrait eu le courage d*y porter la
main ; le dieu seul daignait en prswlra
possesnon. Les cbotes en linreai aa
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point que rempereur Théodose, saint
Grégoire , et plusieurs rois de France et
de Lombardie, se virent dans la nécessité
de défendre, sous des peines sévères,
d*omer les arbres de bandelettes et d'of-
frandes, comme ils en paraient les statues
de la Divinité.
C'est ainsi que le culte des bois s'éta-
blit de lui-même, dès le temps des socié-
tés primitives, et 'que, sanctiûé à la fois
par la politique des uns et la crédulité
des autres , il passa dans toutes les reli-
gions connues, même, il faut bien le
dire, dans le christianisme, et traversa
les siècles pour parvenir jusqu'à notre
époque.
A Claros, dans la mer ^ée, il y
avait un bois consacré à Apollon. Eh'en
nous apprend qu'on n'y voyait aucune
bête venimeuse. Les cerfs , chassés de la
plaine, y trouvaient un asile inviolable,
d'où les chiens et les chasseurs s'éloi-
gnaient précipitamment. Esculape avait
à Épidaure un bois remarquable par le
soin qu'apportaient les prêtres d'en éloi-
gner les moribonds et les femmes en
travail d'enfant; car c'eût été une grande
profanation d'y laisser naître ou mourir
une créature humaine. Yulcain avait aussi
un bois sacré sur le mont Etna; Mars en
avait un à Rome, célèbre par l'aventure
qu'on disait être arrivée à Rhéa-Sylvia,
et d'où serait résultée la naissance de
Kémus et de Romulus. Toutes les gran-
des divinités avaient le leur; il serait su-
perflu de les énumérer.
Les druides rattachaient aux forêts la
partie la plus solennelle de leurs céré-
monies. C'était là qu'ils allaient cueillir
le gui de chêne avec une serpette d'or
( voy, AcuiLANLKu ) , et qu'ils interro-
geaient les entrailles palpitantes des mal-
heureux qu'ils avaient'égorgés.
La tradition des bois sacrés a fourni
d'heureuses inspirations à divers poètes,
parmi lesquels nous citerons Homère,
Virgile et le Tasse. C F-n.
BOISSEAU, mesure de capacité
usitée autrefois pour les substances sèches
et dont la grandeur variait suivant les
lieux. Depuis l'introduction du système
métrique, ce qu'on appelle encore bois-
seau est le huitième d'un hectolitre. C'est
un vase de Iwii cylindrique ayant 26
( 63G ) BOI
centimètres de hauteur et autant de dia-
mètre. Voy. LiTRB et Mesuees. F. R.
BOISSELIER, ouvrier qui fabrique
non-seulement les boisseaux, comme son
nom l'indique, mais encore une foule
d'ustensiles de ménage en bois, teb que
tes seaux , les soufflets , etc. La profes-
sion de boisselier s'allie souvent avec
celle de tonnelier ou de vannier; souvent
même les boisseliers fabriquent aussi les
tambours. Ils emploient, pour faire les
boisseaux, des planches minces qu'ib
achètent toutes ployées pour cet usage ,
et qu'ils assujétissent sur un fond de bois
rond, ayant soin d'amincir les bords de
la jointure afin que la cavité soit parfini*
tement cylindrique. Une bande de bois
clouée extérieurement au bas du boisseau
contribue à lui donner plus de solidité.
Il est garni en outre de lames de fer qui loi
donnent encore plus de résistance. F. R.
BOISSERÉE (coLLEcnov de). Les
deux frères Boisserée ( Sulpice et Mbl-
CHiOR ) et leur ami Jeah Beetram , nés
à Cologne vers 1780 , après avoir puisé,
pendant le séjour qu'ils firent «à Paris
( 1 803), dans la galerie du Louvre et dans
les leçons publiques que faisait alors
dans cette capitale Frédéric Schlc^el, le
goût et la passion des arts , formèrent
dans leur ville natale, siège d'une an-
tique école de peinture, une collecdon
de tableaux tous appartenant aux maîtres
de cette école et de l'éoole allemande en
général, telle qu'elle existait dès la fin
du xui^ siècle , avec un caractère à elle
propre et tranché. Cette collection s'en-
richit successivement de beaucoup d'ac-
quisitions faites dans un temps où les
églises et les couvens étaient dépouillés
de leurs riches omemens ; transportée
à Heidelberg, elle passa de là, en 1819,
à Stuttgard , où le roi de AYurtemberg
s'empressa 'd'offrir un local ^ et elle fol
décrite alors dans un ouvrage de luxe
qui parut, à partir de 1821 , et dont la
a8^ livraison a vu le jour en 1833 (Mu-
nich , in-fol.). Quoique la ville de Stutt-
gard , jalouse de conserver un trésor si
précieux, eût donné aux trois amis le
droit de bourgeoisie, ils la quittèrent
pourtant en 1827, pour s'établir à Mn^
nich avec leur collection qui venait d'être
achetée par le roi Louis de Bavière. Elle
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BOI ( 637 )
fat réanie à celle de Sohleissheim^et sée an
formera dans la suite uo des principaux
omemeusde la Pinacothèque de Munich
On y voit , presque sans interruption ,
la marche progressive et les développe-
mens de la peinture en Allemagne pen-
dant le XIV*, le XV* et le xvi* siècle; elle
se compose de plus de 200 ouvrages des
peintres les plus distingués de cette école.
On trouve de grands détails sur cette col-
lection dans la. 8* édition du Conversa-
tionS'Lexikon de Brockhaus.
M. Sulpice Boisserée est Tauteur de
la magnifique Histoire et description du
dôme de Cologne, avec de très belles
planches gravées, représentant les par-
ties de cet édifice et différens autres
monumens de l'architecture gothique
(Stuttgard, 1823-33 , in-fol., mais exé-
cutée à Paris); il s'occupe dans ce mo-
ment d'un grand ouvrage lithographi-
que, avec texte allemand et français,
qui se formera de 12 livraisons, sous ce
titre : Monumens de l'Architecture sur
le Sas-Rhin , du ¥ii* au xiii' siècle,
M. Boisserée a été nommé membre ho-
noraire de l'Académie des sciences de Mu-
nich et de celle des beaux-arts. J. H. S.
BOISSIEU (Jean-Jacques de),
peintre, dessinateur et graveur à Teau-
forte et à la pointe sèche , né à Lyon
en 1736, et mort dans la même ville en
1810, reçut de Lombard et de Frontier
les premières leçons du dessin. De cons-
tantes études, d'apjrès les tableaux des
grands maîtres des Pays-Bas , et surtout
d'après la nature, concoururent à per-
fectionner son talent. Il a peint avec suc-
cès dans le genre de Yan-Ostade; ses
portraits ont aussi acquis de la célébrité;
mais c'est comme graveur que sa ré-
putation est impérissable. Ses têtes, ses
paysages, ses sujets champêtres d'après
différens maîtres, et plus particulière-
ment d'après lui-même, sont des ou-
vrages du plus grand mérite , autant par
le go6t, Tintelligence de la pointe, que
par l'efiet pittoresque de l'eau-forte. Ses
eaux-fortes pures , c'est-à-dire celles
avant toute retouche, sont extrêmement
recherchées des artistes et des amateurs.
A la vente RJgal, en 1827, celle de sa
Grande-Forét a été portée à 1 35 francs,
lorsque la même pièce^ terminée et pous-
BOI
ton le plus vigoureux, n'a été
vendue que 51 francs. L'œuvre de Bois-
sieu se compose de 142 pièces, presque
toutes datées et signées J. J. D. B. Nous
citerons comme méritant une attention
plus particulière, ses quatre vues de
Lyon^ datées de 1760 et* 1761. On ne
connaît pas d'ouvrage de lui antérieur
à ceux-ci : Paysage d'après Sivanevelt^
dont il n'existe que trois épreuves ; cette
pièce est signée à gauche J. J. D. B. ^
1772, à droite Swanevelt; Saint Jérôme
assis sous un arbre , 1 797 ; Deux Frères
du désert J 1797; la Grande-Forét ,
1798; Entrée du Fillage de Lantillj,
pièce dite des petits Maçons^ 1804; un
Chasseur son fusil sur l'épaule, d'après
J. Wynants, 1806; vue d'une Campa-
^/ze, d'après Ruysdaêl, 1806. Son oeuvre
gravé s'est élevé à 2,035 francs à la vente
Rigal , et la pièce rare d'après Swanevelt
manquait. Son éloge historique a été
prononcé à l'Académie de Lyon, dont
il était membre, par M. Dugas-Montbel,
son compatriote. L. C. S.
BOISSONADE ( Jeam-François ) ,
célèbre helléniste français , naquit à
Paris en 1774. Il fut nommé, en 1809,
professeur adjoint de littérature grecque
à la faculté des lettres de l'Académie
de Paris. £n 1812 il succéda à Larcher
comme professeur titulaire dans la même
chaire. Nommé, en 1814, chevalier de
la Légion- d'Honneur, il fut reçu mem-
bre de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres en 1816. Après la mort de
J.-B. Gail , il lui succéda comme pro-
fesseur de littérature grecque au collège
de France en 1828.
M. Boissonade débuta dans la car-
rière philologique par des articles in-
sérés dans le Magasin encyclopédique
de Millin. Un morceau sur Aristénète
lui fit faire la connaissance de F.-J. Bast^
qui lui dédia, en 1805, sa Lettre criti-
que sur Antoninus Liberalis, Parthe-
nius et Aristénète. M. Boissonade lui
adressa en revanche ( 1806 ) une excel-
lente édition des Héroïques de Philos-
trate, revues sur 9 MSS., augmentées de
scholies grecques et expliquées par un
savant et judicieux commentaire, à
l'instar de ceux qui avaient été pu-
bliés par des savans hollandais et
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(63S)
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anglais. M. Boitsonadey dont la répu-
tation était alors établie, se lia d'amitié,
noQ*8eulement avec les hellénistes fran-
çais, mais encore avec les sommités
philologiques de l'étranger. Après un long
intervalle , il fit paraître à Leipzig , en
1814, Mftrini VUa Procli; en 1816 à
Londres, lïberius rhetor De Ji^ris ,
augmenté de moitié d'après un MS. du
Vatican , accompagné de VArs rhetorica
de Rutus que Gale avait publié comme
l'ouvrage d'un anonyme. £n 1817 il re-
cueillit et publia à Paris la correspon-
dance de Lucas Holstenius ( Lucœ Hol-
stenii Epistotœ ad diversos ) , aux-
quelles il joignit une savante explication
de l'inscription grecque que M. Pou-
queviile avait découverte à Actium, en
1813. Il fit paraître, en 1818, à Londres
une édition princeps des Epimérismes
d'Hérodien le grammairien , ouvrage
très important pour l'accentuation grec-
que, quoiqu'il ne soit pas authentique.
En 1819 il donna pour la première fois
à Paris (2 vol. in-12) le roman de
Nicétas Eugenianus, suivi des fragmens
du roman de Constantin Manasses, grec-
latin. M. C. L. Struve de Kœnigsberg a
rendu compte de cette importante pu-
blication. En 1820 parurent les Ex Pro-
cli scholiis in Cratyium Platonis excerp-
ta,^ publiés pour la première fois en grec
seulement. Les savantes publications de
M. Cousin et surtout celles de M. Creu-
ser appelaient alors l'attention des phi-
losophes et des philologues sur les néo-
platoniciens. En 1822 parut enfin à
Amsterdam, après 12 années d'impres-
sion, l'Eunape, Vies des Sophistes, et
les fragmens de l'Histoire du même au-
teur, en grec L'illustre D. Wyttenbach
de Leyde s'était chargé du commentaire
historique et philosophique; mais les
circonstances politiques, sa cécité, et
enfin sa mort, ne lui permirent point de
terminer ce beau travail. M. Boissonade,
qui ne s'était réservé que la partie cri-
tique et grammaticale, acheva la lâche
d'une manière qui ne laisse rien à dési-
rer, et cet Eunape sera à jamais un monu-
ment remarquable de l'alliance parfaite
de la critique verbale et de l'interprétation
historique. En 1822, M. Boissonade fil
paraître à Paris son édition grecque-la-
tine des Iicttres d'Ariiténète , modèle
d'une édition Variorvan. La même
année il donna, comme cinquième volu-
me de l'Ovide de Lemaire, la traductîoo
grecque, jusqu'alors inédite, des Mé-
tamorphoses par Maxime Planude. De
1828 à 1826 il publia à Paris, en
24 volumes in- 82, une Sylloge paeta^
rutn grœcorum, collection remarqua-
ble par la pureté des textes revus sur de
bons MSS. , et par un choix judicieux
de courtes mais excellentes notes. En
1824 il donna un texte critique du
Nouveau - Testament , 2 vol. in - 83;
en 1828, le roman des Sept Sages en
grec {De Syntipa et Cyri filio An--
dreopuli narrado è codd, Pariss, Pa-
ris, in-12), publication qui mit fin à
la longue controverse sur la prétendue
identité de cet ouvrage avec les fables
de Pidpaî. Dans les Anecdota grceca
(6 vol., Paris 1829 à 1838) M. Bois-
sonade recueillit une grande partie des
morceaux inédits qu'il avait trouvés dans
les MSS de la biblibthèque royale. Cette
vaste collection est également importante
pour l'histoire du Bas-Empire, pour la
grammaire grecque et pour la patristiqne
ou l'étude des pères. Enfin, M. Boisso-
nade fut un des collaborateurs des plus
actifs des Notices et extraits des MSS.
de la bibliothèque du roi. On trouve de
lui dans le 10* yo\, [i%\H) : Notice des
(22) lettres inédites de Diogène le Cy-
nique; dans le 11*^(1827) une Notice
des (24) lettres inédites de Craies le
Cynique; Notice des scholies inédites de
Basile de Césarée sur saint Grégoire de
Nazianze; Traité alimentaire du mé^
decin Hiéropkile ; dans le 12* vol. de
la même collection se trouve le poème
moral de George Lapithès. Lé recueil
des opuscules presque tous inédits de
Psellus, de même qu'une nouvelle édition
des lettres et des Quœstiones physicee
de Théophylacte Simocatta, sont sur le
point de paraître.
M. Boissonade contribua aussi à Tédi-
tion que M. Schaefer donna en 1811 de
l'ouvrage de Grégoire de Corinthe sur les
dialectes grecs , à l'Athénée de Schweig-
hsuser, à l'Euripide de M. Matthise,
au Thésaurus linguœ grœcœ publié à
Londres par M. Yalpy^ et ses additions
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(6S9)
BOI
nombreuses enrichisseiit en ce moment
la noavelle édition française du diction-
naire de Henri Élienne publiée par
MM. Didot, à Paris.
Le Magasin encfclopédiquen*eal pas
le seul recueil dans lequel M. Boissonade
ait inséré d'excellens articles. Un grand
nombre de morceaux dont il a enrichi
le Mercure , le Journal de l'Empire et
celui des Débats, donnent une haute
idée de son talent comme critique et
comme littérateur. Il serait à désirer que,
dans Tintérét des études solides, il vou-
lût se charger lui-même du soin de les
recueillir.
Pour apprécier dans M. Boissonade
rhelléniste et le philologue, il faut se rap-
peler que le plus grand nombre des ouvra-
ges mentionnés ci-dessus ont été publiés
par lui pour la première fois; que d'ail-
leurs ses travaux sur les textes déjà con-
nus ne laissent presque rien à faire aux
éditeurs à venir.
A tant de services rendus à la littéra-
ture il faut ajouter les Lettres inédites
de VolUire à Frédéric-le-Grand (1802),
le recueil des OËuvres de Bertin (Paris,
1824), l'édition du Télémaque qui fait
partie de la collection Lefèvre (Paris,
même année, 2 vol. in -8% les Œuvres
choisies de Pamy (même collection,
182T) enfin le Goupillon y poème héroï-
comique traduit du portugais d'Antonio
Dinys (Paris ,1828, in-32 ). L. dk S-r.
BOISSONS. Les boissons sont des
liquides destinés à être introduits dans
l'estomac , et propres à faire cesser le sen-
timent de la soif, ou à stimuler les organes.
On compte un grand nombre de boissons,
mais qui toutes peuvent se ranger dans
une des quatre classes suivantes : 1°
boissons ferment ées simples; 2<^ boissons
distillées; 8^ boissons non fermentées et
excitantes; 4® boissons non fermentées
et non excitantes. Dans la première classe
on comprend les boissons dans lesquelles
no mouvement de fermentation a déve-
loppé une quantité plus ou moins con-
sidérable d'alcool, qu'on n'a point séparée
par la distillation ; tels sont le vin, le ci-
dre, etc. Les boissons de la seconde classe
sont le produit de la distillation des bois-
sons fermentées simples; dans cette opé-
ration Falcool^ plus léger que les autres
liquides avec lesquels il est combiné ^ se
d^ge le premier à l'état de vapeur, et
vient se condenser dans un réservoir.
Ces boissons sont dites alcooliques ou
spiritueuses ; exemple, l'eau-de-vie, le
rhum, etc. Les dénominations imposées
aux boissons des autres classes les défi-
nissent assez; on les désigne d'ailleurs
plus ordinairement sous le nom de bois-
sons aqueuses et rafraîchissantes. La
nature différente des diverses sortes de
boissons ressort assez bien de celte clas-
sification ; mais pour faire comprendre
plus facilement le mode d'action que
chacune d'elles exerce sur nos organes ^
nous croyons devoir fondre en deux
classes les quatre classes précédentes et
n'admettre que des boissons qui excitent
et des boissons qui n'excitent pas. Tout
liqtnde introduit dans l'estomac, qu'il
soit doué ou non de propriétés excitantes^
délaie les alimens qui s'y trouvent, tend
à en faire une masse plus homogène,
rend plus facile l'imbibition de ceux-ci
par les sucs gastriques dont la sécrétion
est augmentée, les étend de manière à les
mettre en rapport avec l'estomac par une
surface plus étendue, en un mot facilite
la chymification (vo/*.). Si nous ajoutons
que ces deux sortes de boissons , quand
elles sont prises en grande quantité, aug-
mentent notablement, surtout si elles sont
chaudes, la transpiration cutanée , aussi
bien que la sécrétion urinaire, nous au-
rons signalé les seuls effets communs bien
constatés qu'elles produbent sur l'écono-
mie. Mais si les boissons qui excitent et
celles qui n'excitent pas se confondent
dans ce résultat commun , elles ont sur
Torganisme d'autres modes d'action qui
établissent entre elles de grandes différen-
ces. Le premier effet de toute boisson
excitante ingérée dans l'estomac en même
temps que des alimens et à dose mo-
dérée, est de stimuler cet organe, en \m^
primant un certain degré d'activité aux
divers actes vitaux dont l'ensemble con-
stitue la fonction de la digestion. Mais là
ne se borne point cette action; ces li-
quides ne tardent point à être absorbés,
à se mêler au sang et à aller exercer une
semblable influence sur tous les organes
dont les fonctions se trouvent également
activées. Le ceryeau est l'organe sur lequel
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BOI
cette influence secondaire se manifeste
le plus évidemment ; la pensée devient
pins riante , plus vive , l'expression plus
facile et plus animée ; Tesprit embeliis<-
sant l'avenir des illusions de l'espérance
n'évoque aussi du passé que des souve-
nirs heureux; un sentiment de bien-être
général , résultant de l'énergie et de la
plénitude avec lesquelles s'accomplissent
toutes les fonctions, développe bientôt
une galté qui ne laisse plus de place aux
soucis. Ces eifets ou des effets analogues,
déterminés par l'action des boissons exci-
tantes sur l'économie, supposent l'état
de santé; que si au contraire quelque
organe se trouve altéré ou est naturelle-
ment très exciUble,cet organe, surexcité
par l'abord d'un sang plus stimulant
que dans l'état ordinaire, deviendra le
siège de douleurs plus ou moins vifes,
sera le point de départ d'un malaise qui
bientôt se généralisera, et ne tardera point
à faire regretter au malade son impru-
dence.
Ce ne sont là que les effets des boissons
excitantes prises à des doses modérées;lors-
qu'elles sont prises avec excès, il en r^ulte
des effets d'excitation plus sensibles; mais
quelquefob cette excitation est portée à un
tel degré d'intensité que les diverses fonc-
tions de l'économie sont violemment trou-
blées et que tous les phénomènesde l'ivresse
(i;o/.)sont produits. U est impossible d'é-
tablir d'une manière générale, le point
où, sous l'influence des boissons exci-
tantes, finit l'excitation compatible avec
le jeu régulier des fonctions et où com-
mence l'excitation morbide, où celles-ci
sont violemment troublées. Ce point va-
rie suivant un très grand nombre de
conditions , dont les principales sont la
nature des excitans, l'irritabilité des in-
dividus, l'état de vacuité ou de pléni-
tude de l'estomac. Dans tous les cas ,
à cette exaltation de toutes les fonctions
succède un affaissement général , qui
diu'e plus ou moins long - temps et dis-
paraît ordinairement sans laisser de
traces dans les organes, à moins que la
stimulation ne se répète trop souvent et
n'engendre quelques maladies graves,
telles qu'une gastrite chronique, l'apo-
plexie, etc.
I^ons n'aurons que peu de choses à
dire des boissons non excitanlet : elles
ne jouissent guère, outre les propriétés
communes qu'elles partagent avec les
premières, que de propriétés négatives.
L'eau est la première des boissons de
cette classe; toutes les autres ont ce li-
quide pour base essentielle et n'en
diffèrent que par une saveur plus ou
moins agréable, qu'elles doivent à la
présence de quelque substance qu'on y
ajoute , pour en masquer l'insipidité.
Du reste on range dans cette classe cer-
taines boissons, telles que la limonade,
l'orangeade, et l'eau de groseille, qui,
bien qu'elles ne contiennent que très
peu de principes excitans, pourraient
encore sur-stimuler un estomac trèsirrita-
ble; mais ces cas ne sont qu'exceptionnels
et ne sauraient infirmer la règle générale
que nous avons posée. Nous avons mi
que les boissons prises en grande quan-
tité, et surtout chaudes , augmentaient la
transpiration cutanée, ainsi que la sécré-
tion urinaire. Quand on introduit dans
l'estomac une boisson glacée, cette cir-
constance complique aussi le mode d'ac-
tion que ce liquide exerce sur l'économie ;
d'abord l'estomac en éprouve un effet de
sédation, qui peut retentir sur un on
plusieurs organes éloignés, de manière
à suspendre une hémorrhagie qui aurait
son siège dans ces organes, par exemple;
mais bientôt suit un effort de réaction,
qui ajoute encore à l'action stimulante
des boissons de la première classe et
donne une puissance d'excitation aux
boissons aqueuses. Voy. Feoid et Glace.
Nous ne dirons qu'un mot sur les
circonstances qui motivent l'usage de
l'une ou l'autre espèce de boissons. Les
boissons excitantes conviennent en gé-
néral aux individus mous, lymphatiques,
dont l'estomac manque de ton, à ceux
qui exercent fortement leurs muscles, qui
habitent des pays froids et humides, ou
qui , placés sous une température élevée ,
perdent beaucoup par les sueurs. Les
boissons aqueuses conviennent dans des
conditions inverses : les individus d'un
tempérament sanguin ou bilieux, dont
les organes digestifs jouissent d'une force
suffisante d'excitabilité , les jeunes gens
en général , les femmes , les hommes qui
exercent beaucoup leur système nerveux.
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comme ceux qui cultivent les lettres ou
Tes sciences, et ne doivent user que très
modérément des boissons excitantes, ou
se tenir presque exclusivement aux bois-
sons aqueuses.
Il nous resterait à exposer les pro-
priétés particulières dont sont douées
les diverses boissons qui se rangent dans
les deux grandes divisions que nous
avons établies ; mais il en sera question
dans les articles spéciaux : nous ne pou-
vons qu*y renvoyer le lecteur. Foy,
Vin, Éac-de-vik, Rhum, Cafk, Thé,
Eau, etc. G. A-L.
Quant aux impôts sur les boissons,
vojr. rart.jCoNTaiBUTioNs indirectes et
Droits réunis.
BOISSY (Louis DE ),' né à Vie, en
Auvergne, en 1 694, est auteur d*un graud
nombre de comédies et d'une tragédie
intitulée Adtnète et Alccste , jouée pour
la première fois en 1727, défendue par
ordre de la cour après la quatrième repré-
sentation , et reprise la même année sans
réussite. Nous n'entrerons pas dans le
détail de tous les ouvrages de Boissy, la
plupart oubliés. Nous allons seulement
indiquer ceux qui ont obtenu du succès
et qui lui ont mérité une véritable répu-
tation dramatique. Tels sont : 1** Vlin-
patient f comédie en cinq actes et en
vers; 2° ^ Babillard y comédie en un
acte et en vers, véritable tour de force.
L.e rôle de Léandre assurera toujours
le succès de cette pièce quand il sera
joué par un acteur d'une grande volubi-
lité. Mole y était étonnant; 3** le Fran-
çais à Londres, comédie aussi en un
acte, mais en prose, jouée dix-neuf fois
de suite avec le plus grand succès. Cette
jolie comédie a toujours été accueillie à
ses nombreuses reprises; 4° les Dehors
trompeurs ou C Homme du jour, comé-
die en cinq actes et en vers. Celte char-
mante comédie est le chef-d'œuvre de son
auteur et son principal titre à la place
d'académicien qui lui fut accordée en
1751.
Boissy obtint, en 1755, le privilège
du Mercure de France; maïs il n'en
jouit pas long-temps. Il termina sa labo-
rieuse carrière en 1758. L-n.
BOISSY -D'AXGLAS (Francois-
Ai^toihe, comte) , naquit à Saint-Jean-
Encyclop. d. G. d. M. Tome III.
1 ) BOL
Chambre ^ village du canton de Yern*»
houx (Ardèche), en 1756. Son nom est
l'un de ceux qui sont le plus honorable-
ment cités dans l'histoire de la révolution
française. Né d'une famille protestante ,
il avait acheté la charge de maître^
d'hôtel du comte de Provence et sem-
blait ne vouloir se livrer qu'à l'élude
paisible des lettres, lorsqu'il fut envoyé
aux états-généraux par le tiers-état de U
sénéchaussée d'Annonai. Il s'y réunit
aux défenseurs des libertés nationales ,
et, malgré la modération de caractère
qu'il déploya dans toute sa carrière , co
fut un des membres de l'Assemblée con-
stituante qui montra le plus d'hostilité
contre la noblesse et ses privilèges , et le
plus d'indulgence pour quelques-uns des
actes qui ternirent ks beaux jours de la
révolution de 89. On l'accusa alors de
révcr à la fois la réforme politique et
religieuse , et de vouloir métamorphose?
la monarchie française en une républi-
que protestante. Mais ce projet , si c'en
fut un , ne put tenir contre les événe-
mens. Après la dissolution de l'Assem-
blée , Boissy-d' Anglas fut nommé procu-
reur-syndic dans le déparlement de l'Ar*
dèche; il en remplit les fonctions avec
justice et fermeté jusqu'au moment oà
il fut appelé à la Convention, à U suite
d'une mission dans laquelle il ne sut ou
ne put prévenir les malheurs que ses
deux collègues, Vitet et Legendre^ atti-
rèrent bientôt sur Lyon. Il prit part au
procès de Louis XVI, et, dans les diverses
phases de ce procès , vota tour à tour la
détention , la déportation , l'appel au
peuple et le sursis. Craignant sans doute
que la Montagne ne lui demandât compte
de ces votes, il se tint à l'écart pendant
le règne de la terreur, et surtout, après
le 3 1 mai , et ne reparut plus à la tri-
bune qu'après le 9 thermidor. A cette
époque il avait prononcé ces paroles :.
« L'a me était attendrie et élevée quand
Robespierre pai'lait de l'Être- Suprême ,
dans des idées philosophiques relevées
de tout le charme de l'éloquence. » Boissy*
d'Anglas signa plus tard le rapport sur
la translation des cendres de Maratau
Panthéon. Alors sans doute il était en-
core sous le charme d'un républicanisme
I qui n'aurait pourtant pas dû l'aveugler
41
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(64$)
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tàt il B*6n «Tait point parti^ les eteèê.
Après le 9 Ihèrmidor , Bol8fly-d*An-
^ÊÊM deTfnt 1*011 des membres du comité
de sahit public; il fit adopter ou appuya
«ne fbùle de mesures politiques pleines
de sagesse. Gbargé de diriger Fapprovi-
stonnèmetit de Paris , il fut dès lOrs dé-
signé au peuple comme l'tm des auteurs
de la disette qu*épràtttait Paris, et le
rôle qu'il allait jouer dans les scènes tu-
Aiultueuses et sanglantes des ii germinal
et 1*" (irairial an m n'en devait être
<|ne plus difficile et plus dangereux. Le
it germinal Boissy-d'Anglas était à la
tribune , lisant un rapport sur les subsis-
taiices, lorsqu'une populace , ivre et en
désordi^y portant des drapeaux eh gue-
nilles et criant : Du pain et ta constitu--
don de 99 1 envahit tes Tuileries oà sié-
geait alors la Convention , s'empare -de
bi salle des délibérations, s'installe sar
les bancs des députés, et s'y tient en per-
manence jusqu'au moment oà , subite-
ment efiVayée par le bruit des tambours
battant la générale et par le bruit du tocsin
sonnant l'alarme du haut du pavillon de
rhorloge, elle se dispersa d'elle-même
et disparut subitement. Boissy-d'Anglas,
qui n'avait point quitté sou siège, re-
monta aussitôt à la tribune et continua son
rapport , dont l'assemblée , digne dé ces
temps d^éroTsme, reprit paisiblement la
discussion. Les chefs inhabiles par qui
réchaiifTburée Atx tu geniiinal avait été
conduite ëomprirent que ce jour- là une
révolution avait avorté dans leurs mains
et ils résolurent de recommencer une
journée qu'ils espéraient terminer autre-
ment. Dirigés par lés mêmes moyens,
avec lés niêmes hommes, elle eut le même
Imitât Lé l*' prairial, au matin, la Cou-
«eritioii fàt de nouveau assaillie par une
AUhîtiide dé tout âge et de tout sexe,
armée de toutes pièces, prête à tous les
«xeès, et qui, partie des faubOuirgs Saint-
AaMne et Saini-Marceau, avait ramassé
tout ce que lèS ednemls du gouvernement
ijvai^t pu lui recruter sur sa route. Elle
fait d'abord descendre de son fauteuil le
président de fassetbblée, dotit la fatigue
avait épuisé les (brces. Boissy-d'Anglas ,
appelé \ lui succéder , monte aussitôt à
ia place; menacé de mille morts il resta
imiôdbile tf cabine^ ootnttie s'il tt'ieAt en-
tendu attcan cri , comme s'il n'cAt vu ni
le fer ni les mousquets tournés contré
lui. Rervelgan est frappé à ses yeux dé
plusieurs coups de sabre; on égorge Fé-
raud, et sa tête, portée an bout d'une
pique, lui est présentée en fiice delm
sienne. Limpassible président se contenté
de la détourner du regard et du geste, après
l'avoir, dit-on, religieusement ^luée. Mal-
gré les burlemens des égorgeurs et les
piques menaçantes de ceux qui leur fiû-
saient escorte , rien ne peut le décider i
abandonner le fauteuil , et son héroïque
exemple empêcha ses collègues de quit*
ter un poste dont Tanarchie triom-
phante se fût emparée. Cependant la nnil
était survenue : quelques sections s'étaient
réunies; on entendait au loin le bruit du
pas de charge; le tocsin du 12 germinal
sonnait de nouveau sur la tête des ré-
voltés , et cette multitude fatiguée de ses
impuissans excès et saisie d'une inex-
primable épouvante, se mit à (bir, se
dispersa, s'évanouit, ne laissant pas
même devins à ceux qui avaient été té^
moins de ces horribles scènes ce qu*il y
avait eu de plus extraordinaire dans sa
présence ou de plus magiqtie dans sa dia-
parution. Lorsque le lendemain Boissy-
d'Anglas entra à la Convention, il fut ac-
cueilli par d'unanimes applaudissemens
et la France y répondit. II y eut dans son
inébranlable fermeté toute la force d'ame
et le calme stoîqne dont il semble quia
l'homme puisse être capable. Il a con-
quis dans cette journée toute la gloire d«
sa longue vie.
Le reste de la carrière politique dn
président du 1*' prairial ne fut marqué
par aucun événement qui puisse figurer
à côté de celui que nous venons de rappe^
1er. En sortant de la Convention il entré
au conseil des Cinq-Cents, qu'il fut appelé
à présider au mois de thermidor de raii
IV. n fut réélu en 1795. Hostile au Di*
rectoire, et malgré ses sermens répétés
de haine à la royauté, il fut accusé dé
complidté avec le parti clicbien , et
condamné à la déportation à la suite da
IS fructidor. Après le 18 brumaire II
fut appelé tour à tour au tribunat par lé
consul Bonaparte , au sénat avec le titré
de oomte par l'empereur, et à la cham-
bre des pairs par Louis XVIIl^ au re-
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(643)
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lour duqnd il avaH donné son adhésion.
Écarté de cette assemblée pour y avoir
siégé pendant les Cent-Jours et avoir ac-
cepté une mission de commissaire extra-
ordinaire dans le Midi^ il y fut bientôt
(août 1816 } réintégré , et dans celte po-
sition il resta fidèle aux principes éclai-
rés et consciencieux qu'il avait professés
depuis le début de sa carrière. Il défen-
dit la loi des élections, le jury , la liberté
de la presse , et s'éleva avec dialeur con-
tre la loterie; il mourut à Paris en 1826.
Son éloge fut prononcé à la chambre des
pairs par M. le marquis de Pastoret , le
1^' janvier 1827. Boissy-d'Anglas était
membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres» On lui doit plusieurs
écrits politiques. Le plus important de
ses ouvrages est intitulé : Recherches sur
la Fie et les Écrits de Malesherbes , 3
part. in-8^. Il a aussi publié une Notice
intéressante sur Florian , dont il avait été
l'ami, et, en 1825 , les Études littéraires
et poétiques d'un vieillard, 6 volumes
in-* 12. DE M.
L'héroïque conduite de Boissy-d' An-
glas dans la journée du 1**^ prairial de
Tan III forme le sujet de Tun des grands
tableaux qui doivent orner la salle des
séances de la chambre des députés : il est
peint par M. Yinchon ; et cette scène
mémorable est aussi représentée dans un
tdbleau de M. Court , qu'on a vu à l'ex-
position de 18 32. Un b^u buste de Bois-
ay-d'Anglas a été sculpté par Houdon.
Boissy - d'Anglas a laissé deux fils:
Falné , ancien préfet de la Charente en
1811 et de la Charente -Inférieure en
1 8 15, et ancien conseiller d'état, a hérité
de sa pairie et a constamment défendu les
principes constitutionnels. M. le comte
Boissy- d'Anglas est président ou mem-
bre d'un grand nombre d'associations
protestantes et se distingue par son zèle
philanthropique et par son dévouement
aux intérêts de sa croyance. Le second
fils, M. le baron Boissy-d'Anglas, inten-
dant-militaire, fut élu, en 1828, député
de l'arrondissement de Toumon ( Ardè-
che), et il a été deux fois réélu, en 1881
et 1884. Il \ient d'être nommé 4^ secré-
taire de la Chambre des députés, ses-
sion de 1885. S.
BWTES. lie nom de butte {boueste^
dérivé de huxus^ buis) a beaucoup d'ac-
ceptions dans les arts industriels : il se
dit, en général, de tout assemblage de
bois, de cuivre, de fer ou d'autre ma-
tière, destiné soit à contenir, soit à
diriger ou à solidifier d'autres pièces.
Tantôt c'est un petit coffre, tantôt une
petite caisse à couvercle, propre à serrer
des objets précieux ou de petites pièces
qu'on craint d'égarer.
La botte de montre est une petite
caisse d'or, d'argent ou de cuivre, dans
laquelle on renferme le mouvement pour
empêcher la poussière de le salir et pour
le rendre portatif. Cette caisse se compose
de la cuvette, qui contient le mouvement;
de la lunette, dans laquelle est ajusté le
verre; de la charnière, qui joint en-
semble ces deux parties , et de la bâte ,
ior laquelle repose le cadran. Cette
boite se ferme au moyen d'un ressort
qui est situé vis-à-vis de la charnière.
On appelle botte d'une presse d'impri-
merie un morceau de bois taillé à
quatre faces, d'un pied de long, creusé
dans toute sa longueur, selon la grosseur
et la forme de l'arbre de la vis, pris
depuis le dessous du barreau jusqu'au
pivot , qui , au moyen de cette emboiture ,
est obligé de tomber d'aplomb dans la
grenouille. Aujourd'hui, le mécanisme
perfectionné des vis de presses dispense
de cette précaution; et la plupart étant
entièrement de fonte n'en ont plus
besoin.
Ce que les artificiers nomment hoÙes
de réjouissance est un petit mortier de
fonte dans lequel on met de la poudre,
et que Ton bouche avec un tampon de
bois ; on y met le feu par une petite
lumière qui correspond à la poudre, et
qui lui fait faire explosion. Bs donnent
aussi ce nom à des pièces de bois ou do
carton qui couvrent les communications'
des feux fixes avec les feux mobiles. — »
La botte à pierrier est un cylindre^ de-
cuivre percé, selon son axe, d'un trou
carré pour pouvoir être monté sur h
tige de l'al^oir ; cette bo^te porte les-
couteaux d'acier au moyen 'desqueb oui
égalise l'ame des canons.
Chez les boisseliers, le moi. boite se dit
de tout coffret destiné à contenir oi»
serrer quelque chose; il ]r en a de oou->
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DOl ( 044 )
verts et d'autret sans couvercle. — Oo par le
appelle boite à soudure, chez les bijou-
tiers, de petits coffres dans lesquels on
renferme les paillons; et, cher les orfè-
vres, boite h moulures , un châssis de
fer dans lequel ils enferment des mor^
ceauxde fer plat, modelés dans le milieu,
et entre lesquels ils tirent la matière
sur laquelle ils veulent pratiquer les
moulures. — Chez les serruriers , les ar-
muriers, les tourneurs, et chez tous les
arlisans qui travaillent le fer, on nomme
boite à foret une espèce de bobine,
ordinairement en bois, dont un des
bouts est pointu, pour entrer dans le
plastron, et Taulre bout percé d'un
trou carré dans lequel on introduit les
forets et les fraises que Ton ûxe avec
une vis à oreilles. On fait tourner la boite
avec la corde de larchet. — £n ternies
de serruriers particulièrement, boite se
dit d'une sorte de douille ronde ou
carrée, que Ton scelle ou dans un billot,
ou à terre, pour recevoir le bout d'une
barre de fer, soit d'un instrument , soit
d'un morceau de bois, qui sert à les
tenir fermes quand ils y sont, et d'où
on peut les tirer et les replacer à dis-
crétion. On voit de ces boites dans les
sacristies : elles y sont scellées dans le
pavé, pour y soutenir les devans des
tiroirs où l'on enferme les chapes, etc.
^En chirurgie, boite est un instrument
propre à contenir la jambe dans le cas
de fracture compliquée ; elle est composée
de quatre pièces : d'une semelle, d'un
plancher, et de deux murailles. — Les
boites j en terme de fontainiers, sont
des coffres de fer ou de tôle, percés de
trous, que l'on met à la superficie des
.bassins et pièces d'eau , pour arrêter les
ordures et empêcher l'engorgement d'une
conduite. — A la mor\nd\% ^Xdiboite (T essai
est un petit coffre où l'on met les mon-
naies qui ont élé essayées, pour qu'elles
ioîent soumises à un second essai. Il y a
dans le balancier une partie que Ton
pomme aussi boite , qui en embrasse la
vis, comme dans une presse d'impri-
merie , doi t le mécanisme est à peu près
le môme. — Dans les orgues, les boites
sont des tuyaux formés d'un mélange de
deux parties de plomb et d'une partie
d'étain, de forme cvlindrique, terminés
BOL
bas eo forme conhiuey 7>ar le
sommet duquel le vent du sommier passe
dans la boite; mais la structure de cette
boite a été perfectionnée et l'on en a
considérablement étendu les avantages.
— £n terme de marine, on donne le
nom de boite du gouvernail à une pièce
de bois percée, au travers de laquelle
passe le timon ou la barre. — Les méca-
niciens nomment boite à cuir ou à
étoupes une place destinée, dans une
machine, à renfermer des cuirs gras et
des étoupes imbibées de suif, placées
autour d'une tige qui tourne et qui a un
mouvement de va et vient , afin d'empê-
cher l'entrée ou la sortie de l'air ou des
vapeurs dans le vase auquel celte sorte
de boite est appliquée. Dans une voiture,
la boite est une partie qui a la forme d'un
cône tronqué, de la longueur du moyen,
et percée d'un canal de même calibre que
la fusée de l'essieu. Cette boite porte à son
gros bout et à sa partie extérieure deux
pièces saillantes nommées oreilles, qu'on
fait entrer de force dans des mortaises
pratiquées au bois du moyeu; ces oreilles
la maintiennent et l'empêchent de tourner
sur la roue. Dans les grosses voitures la boî-
te se fabrique en fonte de fer. Nous passons
sous silence beaucoup d'autres boites.
Il sera parlé de la gracieuse fiction
de la boite de Pandore à l'article Pah-
DORB. F. R D.
BOITEUX, voy. Ci^unicATion ,
DUFORMITÉ, PlED-BOT.
BOâvAARAH^ l'o^. Bouxhabuu
BOL. Sous ce nom , qui vient du grec
pCikoç et du latin boius, on désigne di-
verses espèces d'argiles colorées par
des oxides métalliques : tels sont le bol
d*Àrrnéjtie et la terre de Lemnos. Elles
sont d'un jaune rougeâtre. Long-temps
elles eurent quelque réputation dans la
pharmacie parce qu'elles possèdent des
propriétés astringentes et siccatives et
qu^elles entrent dans la composition de
la thériaque. Celle de Lemnos, que ron
a appelée terre sigillée, parce qu'elle
portait l'empreinte d'un cachet qu'y
apposaient les prêtres de cette lie qui en
avaient le monopole, était jadis csélè-
bre; on lui attribuait des vertus mer-
veilleuses. Les bols servent dans la peiu.
ture comme terre colorée. J. H-t-
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BOL (6
BOLERO. Le root boléro s'emploie
pour désigner une daose espagnole appe-
lée proprement seguidilla , dans laquelle
un danseur, nommé Boléro, introduisit
des pas qui exigèrent quelques modifica-
tions dans le mouvement et le rliythme
d'accompagnement de Tair primitif.
Ce qui constitue le boléro , c'est Tair
seul et non le rhythme d'accompagne-
ment. Cet air est fondé sur le mètre et
l'accentuation des vers qui forment le
couplet et l'estrivillo, dont l'ensemble
est appelé seguidilla.
Il y a plusieurs manières de mettre
des seguidillas en musique, mais toutes,
excepté trois : seguidillas sérias , segui-
dillas de teatro , et seguidillas de socie-
dad , sont à trois temps et se trouvent
renfermées dans le même enchâssement
musical; le degré de lenteur ou de vitesse
dans le mouvement et la différence du
rhythme d'accompa<;nement désignent
les nuances entre les seguidillas de la
Manche, de Murcie, de Séville, les bo-
léros et la danse de Requejo , que l'on
finit par appeler el requejo , et aujour-
d'hui boléro.
Les premières seguidillas qui servi-
rent à faire danser furent les manchegas,
h cause de leur mouvement plus lent que
dans les murcianas. Lorsque les dan-
seurs sont en position, la guitare com-
mence à jouer le rhythme d'accompa-
gnement un bon nombre de fois, pour
donner l'idée du mouvement de la segui-
dilla qu'on va chanter; après avoir exé-
cuté tous les pas dont elle se compose,
chaque danseur reprend sa place primi-
tive où se danse l'estrivillo, composé de
huit mesures. On finit alors par le com-
mencement de la neuvième, indiquant
seulement le premier temps qui doit
coïncider parfaitement avec la dernière
syllabe du chant, le coup de castagnettes,
de guitare , et la pose immobile des dan-
seurs. On tient beaucoup à la simulta-
néité de cette terminaison , et les spec-
tnleurs qui entendent frapper le dernier
coup par dix ou douze paires de casta-
gnettes, une grosse guitare basse et une
guitare quinte, voyant en même temps ar-
rêter dix ou douze danseurs dans la
ifiême attitude , en font l'éloge en criant
bien parada (bien arrêté)!
15)
BOL
Celte danse , avec la musique qui lui
est propre , forme le type du boléro que
l'on danse aujourd'hui. Le danseur Bo-
léro introduisit dans la seguidilla man-
chega des additions et un mouvement
plus précipité; mais cette danse se trou-
vait dans un état complet de dégradation
lorsqu'un danseur nommé Requejo ima«
gina de la réhabiliter. L. D.
BOLESLAf y nom de plusieurs prin-
ces qui ont porté la couronne de Pologne
(i-vi), soit comme ducs, soit comme rois;
de trois princes qui ont régné en Bohê-
me, d'un duc de Masovie, d*an grand-
prince de Lilhuanic, et de plusieurs ducs
de Poméranie et de Silésie (Breslaw,
Liegnitz, etc.). Mais le plus célèbre est
Boleslaf I®*', roi de Pologne.
BoLESLAF, surnommé le vaillant
( Âhrobr a ) y ré^nsi de 992 à 1025. Mié-
tchislaf, son père, avait démembré le du-
ché en le partageant, à sa mort, entre ses
en fans; Boleslat' répara cette faute, mais
en dépouillant ses frères. Les secours que
des éti'angers offrirent à ces derniers de-
vinrent pour lui l'occasion d'enlever à ses
voisins une partie de leurs possessions, et
c'est alors que la Silésie, auparavant mo-
rave, et la Khrobatie furent réunies à la
Pologne.
Le joug de l'empirç d'Allemagne
pesait à la fierté de Boleslaf : il sollicita
le titre de roi , et Othon III n'osa pas le
lui refuser. En 1001 il posa lui-même
sur la tête du duc, à Gnezna, la coui'onne
royale. Toutes les tribus des Polènes
obéissaient alors à Boleslaf; il traitait le
duc de Bohême en vassal , et Kief , la
capitale des Slaves-Russes, avait été obli-
gée de lui ouvrir ses portes. Il porta ses
armes jusqu'à l'Elbe et à la Saale, et ce
fut là , dit-on , que Boleslaf érigea une
colonne de fer qui marqua, de ce c6té, la
limite de son royaume, comme la porte de
Kief, qu'il avait fendue avec son sabre
(chtcherbietz) , marquait la limite du
côté de l'Orient. A la prise de Budissîn
on Bautzen ( 1018) , il dicta à Henri II
des conditions humiliantes , et ce prince
lui confirma la possc^ion de la Lusace
et de la Missnie comme fiefs de l'Empire^
Ainsi la domination polonaise s'étendait
depuis Magdebourg jusqu'à Kief.
A l'intérieur , Boleslaf régna aveo
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BOL ( 646 )
violence , et Dittmar de Mersebourg fait
un ubieau peu flatteur de l'état de ses
sujets et des avauies auxquelles ils étaient
en butte. Le christianisme se propagea
lentement. Les historiens vantent les ri-
chesses de Boleslaf. J. H. S.
BOLINGBRORE (Heitri Saint-
John, lord vicomte de), connu comme
bommed'étatetcommeécrivain,Daquiten
1672 à Battersea dans le comté de Sur-
rey. Jeune homme, il présenta Valliance
si commune des qualités les plus bril-
lantes et d'une conduite déréglée. Pour
mettre un terme à ses débauches , son
père le maria avec une femme chai^
mante , fille du baronnet Wiohescombe,
et le fit entrer au parlement. C'était en
1700; il fallait se décider entre les
v^higs et les torys : le jeane orateur
prit fait et cause pour les derniers. Déjà
en 1704 il était arrivé au pouvoir en
acceptant la charge de secrétaire au dé-
partement de la marine et de la guerre;
et dès lors commence sa carrière publi-
que , si difficile , si agitée , remplie de
tant d'altemations de revers et de suc-
Après quatre ans de' ministère, il
BOL
ces.
céda la place à Horace Walpole : c'était le
tour des whîgs. £n 1710, lors de la chute
de Mariborough, il rentra pour la seconde
fois dans les affaires, comme garde-des-
sceaux , et signala cette partie de son ad-
ministration par la signature de la paix
d'Utrecht( 171 3). A cette époque il se mon-
tra homme d'état et politique habile; il
lui avait fallu lutter avec les whigs et les
lords, neutraliser la volonté contraire de
la Hollande , de l'Empereur et de l'Em-
pire; entraîner des collègues envieux,
imprudens, irrésolus; enlever l'assenti-
ment de la reine, faible et maladive:
aussi la conclusion de ce fameux traité
est - il un des grands titres de gloire de
lord Bolingbroke, comme homme d'é-
tat. Cela n'empêcha point qu'à l'avéne-
ment de Georges I^' il ne fût destitué
de nouveau et obligé de s'enfuir en
France , pour échapper à un procès ca-
pital que ses ennemis politiques lui in-
tentèrent. Déclaré coupable de haute-
trabison, privé de ses titres et de ses
biens, il crut n'avoir plus rien à ména-
ger et 8« rendit à Commercy, auprès du
préCen4Ant,(|iM se bâta de lui rendre sa di-
gnité de garde-des- sceaux et de l'envoyer
à Paris pour y soigner les intérêts de la
monarchie exilée. Les Jacobites réussi-
rent bientôt à le perdre dans Tesprit de
son nouveau maître, et Bolingbroke^
abandonnant sans regrets un parti dont
il avait entrevu au premier abord la
nullité et l'impuissance, dterdia, par
l'entremise de l'ambassadeur anglais à
Paris, à se réconcilier avec Georges I*'.
«Livrez les secrets du prétendant», lui
dit-on. Bolingbroke se réfuta à cette lâ-
cheté et obtint à des conditions plus ao-
ceptables la cassation de l'arrêt qui l'a-
vait condamné. Il ne put rentrer cepen-
dant en Angleterre avant 1723 : une
chambre des communes composée de
membres hostiles au minbtère Boling*
broke mit obstacle jusque là à son re-
tour. Pendant cet exil prolongé, il épousa
une parente de M™^ de Maintenon , la
marquise de la Villette , qu'il aima plut
constamment que sa première femme ^
et se mit à faire ce que font beaucoup
d'hommes d'état, oisifs et disgraciés, il
écrivit. Ses Reflcctlons upon exile et ses
Mémoires sur les affaires d'Angleterre ,
de 1710 à 1716, adressés en K>rme de
lettres au chevalier Wyndham, datent
de cette époque. De retour 4»nt sa pa-
trie, silencieusement établi dans le
comté de Middlesex , il éprouva bientôt
l'irrésistible maladie des ej^prits supé-
rieurs habitués au maniement des gran-
des affaires et réduits à l'inactiofi : Ten-
nui le dévorait dans son obscure retraite.
L'opposition lui offrit son bras tecoura-
bie. Pendant dix ant, de 1736 à 1736,
il fit des pamphlets, des articles de
journaux et des recueils; il écrivit son
chef-d'œuvre, sa Dissertation tor les
partis; mais à la fin, fatigué | découragé
de cet inutile travail , il se retira de nou-
veau en France, à Fontainebleau; il com-
posa ses Lettres sur l'étude de l'histoire ^
et de pamphlétaire politique qu'il était
il se fit libelliste anti-religieuz. Triste
précurseur des encyclopédistes, il diri-
gea ses attaques contre la véracité de
l'Histoire biblique, contre le Pentateu-
que, qu'il assimile au Don Quichotte.
Toute religion révélée n'est plus qu'abc
surdité à ses yeux; dans le J^ouTieeu^
Testament, il distille l'évam^ de Je-
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BOL
sus -Christ et celui de saint Paul
premier résumé de la loi naturelle et de
la philosophie de Platon; l'autre , ra-
mas de doctrines impies. Ja polyga-
mie lui parait chose désirable; il nie
rimmorUlité et la providence indivi-
duelle. A cette époque y en Angleterre ,
de pareilles propositions > émises avec
hardiesse, étaient nouvelles : une foule
d'antagonistes se levèrent, et le grand
jury de Westminster condamna les écrits
de Bolingbroke, cpnune contraires à la
religion , à la morale et à l'eut. £t quand
on remonte à la source de cette incrédu-
lité systématique qui se produisit si ou-
vertement à une époque où elle n'était pas
encore répandue dans l'air, on est tenté
de la trouver dans l'étroit bigotisme d'un
gouverneur qui, dans la première jeu-
nesse de Bolingbroke, l'avait forcé, par
pédanterie de lire les 119 semions du
docteur Morton sur le Psaume 119^.
Quoi qu'il en soit, souvent dans ses atta-
3^es on découvre des contradictions et
es contre-sens. Même dans ses ouvrages
politiques le fond vaut moins que la for-
me; son style, quoique irrégnliep, est
vif, rempli de métaphores et de sentences
brillantées.
Ami de Swift et de Pope, il fournit,
dit-on, à ce dernier le plan de son £ssai
sur ! 'Homme; peut-être sous l'empire
d'autres circonstances serait -il devenu
poète lui-même.
En 1743 il rentra dans sa patrie,
écrivit encore son Idea ofa patnotKing
(le Roi patriote, tel que je le conçois) ,
et termina en 1751 une vie dont toutes
les phases sont marquées par une ambi-
tion extravagante et tepiies Quelquefois
par les excès d'un caractère impétueux.
S^ œuvres complètes parurent pour
la première fois en 1754 : BoUngbrohc's
tyorks, with his l\fe kj Goldfmith, I-on-
don, 1809, 8 vol. in-4^. Plusieurs de
ses écrits et entre autres ses Lettres his^
toriques^ politiques , philosophiques et
particulières depuis 171 Q jusqu'en 1736
ont été traduites en frjai^çais ; Paris ,
% 809, 3 vol. |n-8^. Sa correspondance a
été publiée p^r ^arke, Londoi^, 1799,
â vol. L. S.
Bp)LtVAR(SiMOir, elLiberti^Qr) ^/i-
^t à Caracas, le 24 J!u|llet 17^^, ^
( 647 ) BOL
l'un» I unique d'un père'^ et d'une mère diiiin-»
jgués par leurs qualités pereona^les et
généralement aimés pour le bien qu'ib
se plaisaient à répandre autour d'eux. Sa
première éducation fut soignée; les lu-
mières qu'il alla demander ensuite aux
universités d'Amérique et d'Europe, aux
écrivains politiques de tous les âges, éten-
dirent ses connaissances, leur donnèrent
de la force et imprimèrent à sa pensée
un cachet particulier d'énergie et de ré*
flexion que l'on trouve rarement réunies.
Bolivar parlait avec aisance, écrivait avec
ulent, 1 espagnol, le français, l'italien,
l'allemand et l'anglais; et, ^rès s'être li-
vré à des recherches profondes sur l'é-
conomie publique, il voulut vi^ifter dif-
férens pays popr s'assurer si l'applica-
tion des principes établis par cette scien-
ce tournait véritablement au profit des
masses, au bien-être de l'homme spumis
aux exigences sociales, f l parcounit a cet
effet une partie de l'Europe et les $Aê.tH
Unis de l'Amérique du Iford*
De retour dans son pays, il donne 1#
premier exemple de l'affrandiissen^ent
des nègres employés si)r Ifes 4o»aine$
de sa uimille; il prépare les voies à U
prochaine explosion qui doit epfi|i réa-
liser les tentatives malbepreuses de 1780,
de 1787, de 1794 et de 1797, Le sang
des victimes que T^pagqol a fait répan-
dre à grands flots crie vengtsa^ce) la
surcharge des impôts, qui décide ji l'ar
bandon des cultures, rei^d de plus en
plus insupportable le poids des fers;
les crimes que multiplient (es agens 4*ua
pouvoir en délire et oo^r qui rien n'es(
sacré, tout force les ^milles à se soule-
ver. Narino, Joseph de £spana,Pioor-
nel, Manuel Gujal, ouvrent la carrière dm
nobles sacrifices; Miranda 4ingo h mou-
vement; Mendez et Qolivar soq^ eipé-
diés vers la Grande-Bretagne qui, tpoft
à l'heure encore, promettait un itpfui
en hommes, en munitioi^s; jofï^ê il est
trop tard, l'Anglais a tr^f^é avfec ('£^
pagne, et les ueyx 4£sj^nié$f tfoii^pés
dans leur attepte, rev^eiinept dans le
Venezuela apprendre à leurs cppopatrio-
tes qu'ils sont abandonnés à euyTn^êfjO/çSf
M!«4i ¥ ffttfff i
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BOL
(648).
BOL
Il faut vaincre ou mourir : ces mots ont
de Técho dans le pays, ils enflamment
tous les cœurs , et la tyrannie espagnole
est attaquée de front.
Peu satisfait de la composition du con-
grès qui, depuis le 19 avril 1810, ré-
gissait le pays et montrait peu d'ensem-
ble dans son action et sa tendance , Boli-
var se tint quelque temps éloigné des af-
faires. Mais dès que les dangers de la
patrie furent imminens (181 1), dès qu'il
vit la désertion se mettre dans les rangs
et les Espagnols menacer chaque citoyen,
il courut offrir ses services et se ranger
sous les drapeaux de Miranda que la vic-
toire abandonnait. Nommé colonel^ il fut
chargé par la république de défendre la
forteresse de Puerto-Cabello sur laquelle
se portaient les forces ennemies. Il fit
bonne résistance; mais il dut céder au
nombre et se retirer avec sa troupe à La
Guayra, pour subir l'exil au fort San-
Felipcy d'où il s'échappa, se rendit à Cu-
raçao^ et fit voile sur Cartagena. Si ce
fâcheux début ne lui aliéna point la juste
confiance des Indépendans, qui avaient
reconnu l'impossibilité de tenir , il ser-
vit de prétexte aux royalistes pour le ca-
lomnier : ils le firent accuser par leurs
séides d'avoir abandonné Miranda, de
l'avoir livré à ses ennemis, quand il est
constant que ce fut plus de 25 jours après
le départ de Bolivar que Miranda capi-
tula et futy au mépris des conventions si-
gnées, Uon pas exilé, mais aussitôt emme-
né et transporté dans la prison de Madrid
(vojr, Mulanoa). Le mensonge ne coAte
pas quand on veut perdre un homme
que l'on redoute ; nous le verrons désor-
mais sans cesse attaché aux pas de Boli-
var et le poursuivre encore après sa mort.
Les Espagnols se livraient aux cruau-
tés les plus inouïes envers les patriotes :
Monteverde créait chaque jour de nou-
velles conspirations, afin de se donner
aux yeux des lâches le droit de frapper
les familles, les communes, les contrées
qui s'étaient prononcées pour la révolu-
tion, n fit ouvrir les prisons, armer les
malfaiteurs; il les organisa en guérillas,
dans la vue de détruire tout ce que les
Indépendans comptaient encore de trou-
pea et d'anus.
ArceteDtciiûtMyeiitepteaibre 181S^
Bolivar rompt le ban qui le retenait inu-
tile : il reparaît sur le sol de la confé-
dération, il appelle à lui tous les bons
citoyens, il vient venger le pays des ou-
trages faits chaque jour à ses enfans. D
remporte des succès , oblige toutes les
villes devant lesquelles il s'arrête à céder
à son audace, et, fort tout au plus de
mille hommes aguerris,il harcèle sanscesse
Monteverde qui marche à la tête de trou-
pes fraîches , nombreuses et bien pour-
vues ; il le chasse du Venezuela , lui livre
plusieurs batailles sanglantes, et, après
avoir taillé en pièces les forces qui l'ap-
puyaient, il le contraint à s'enfermer
dans Puerto -Cabello, puis à s'évader
pour échapper à la colère de ses propres
soldats.
L'année 1813 fut pour Bolivar une
année de fatigues et de gloire. Les villes
étaient pillées et les habiutions brûlées ;
le sexe exposé publiquement à la bruta-
lité d'une soldatesque effrénée ; la popu-
lation presque entière plongée dans le
deuil, dans des cachots infects, ou déchi-
rée par les coups d'assommeurs organi-
sés; les prisonniers de guerre impitoya-
blement fusillés ; des victimes sans nom-
bre envoyées à la mort, sans qu'aucun
délit fût légalement établi , sans qu'au*
cun jugement préalable eût, pour ainsi
dire, sanctionné tant d'iniquités; e^ ces
horreurs étaient accompagnées de cir-
constances si barbares que la plume n'ose
les retracer. A cette guerre d'extermina-
tion^ digne des premiers temps de la
conquête, Bolivar, que le peuple avait
salué du nom de libérateur en lui re-
mettant le commandement suprême, ré-
pondit par deux terribles décrets, ceux des
8 juin et 15 juillet, l'un daté de Merida,
l'autre de Truxillo , par lesquels il dé-
clara guerra a muerte à tous les enne-
mis qui tomberaient. Heureusement la
menace ne fut réalisée qu'une seule fois,
et encore fut-ce au grand regret de Bo-
livar et des républicains qu'il comman-
dait.
Au 2 janvier 1814, ayant purgé de
ses mains le territoire deVénésuéla, il
se présenta devant l'assemblée nationale
pour rendre compte de sa conduite et
abdiquer son pouvoir immense. Mais il
fat invité à le conserver jusqu'à la paix
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BOL
( 649
BOL
géDérale, et son devoir était de céder à
la voix de la patrie.
Battus sar tous les points, les Espa-
^ols cherchèrent par tous les moyens à
fatiguer le pays qui les repoussait avec
horreur, à reprendre leur prépondérance,
et à empêcher les institutions républicai-
nes des*asseoir. Ils jetèrent sur un espace
de 400 lieues des bandes d'esclaves et de
brigands, ayant à leur tête Boves, Ya-
nez, Rosete, Puy et le noir Palomo; dès
lors le carnage et la dévastation s'étendi-
rent sur toute la contrée. La bataille de
(k>rabozzo, si fatale d'abord aux roya-
listes, devint bientôt pour les Indépen-
dans le signal de défaites sur défaites.
L*ennemi ayant reçu des renforts nom-
breux se releva. Cartagena et l'île Mar-
garita, si long-temps la terreur des Es-
pagnols , tombèrent en leur pouvoir. De
jeunes héros, l'espoir de la patrie, trahis
et livrés par de lâches auxiliaires, furent
égorgés; les femmes ne furent point épar-
gnées ; l'on assassina sans pitié de jeunes
filles pour avoir sollicité leurs frères à
prendre les armes : en un mot, tout ce
que le fer et le feu négligèrent fut livré
à la hache du bourreau. L'année 1814
laissait la cause de la liberté presque en-
tièrement désespérée; Bolivar seul , que
les chances les plus malheureuses ne pou-
vaient décourager, combinait les moyens
de réparer promptement ces désastres en
profitant de l'impopularité croissante de
l'ennemi commun.
L'arrivée de Morillo (voy.) avec une
flotte de 50 bâtimens de transport devait
cependant mettre le comble à cette pé-
nible situation (15 mars 1815), puisqu'il
s'empara avec une rapidité sans exemple
des diverses places situées entre les im-
menses déserts de Casanare et les rives
malsaines de Santa-Marta et de Carta-
{;cna, depuis l'embouchure de l'Atrato
cl le port de San-Buenaventura jusqu'au
pied des montagnes qui s'élèvent derrière
Vopayan.II étendit ses conquêtes en 1816,
et exerça partout des vengeances plus
terribles encore que celles des deux an-
nées précédentes. L'exil , l'exécution de
plus de 600 des principaux chefs indé-
pendans, signalèrent son triomphe. (Res-
trepo trace un affreux tableau de cette
époque, daos son histoire de la Révolu-
cion de la Columbia, cap. 14, 15 et lé.)
Tout à coup Bolivar, que les inté-
rêts de la liberté avaient obligé, durant
ces désastreuses circonstances, à se reti-
rer à la Jamaïque, ensuite à Haïti, re-
parait, en décembre 1816, dans l'Ile Mar-
gnrita dont il se rend maître à la tête
f/e 300 hommes éf^aax en courage et
en patriotisme , comme ils le sont en
nombre^ aux compagnons de Léonidas;
il établit un gouvernement provisoire à
Barcelona , et incendie ses vaisseaux, afin
de reprendre la supériorité sur tous les
points ou périr les armes à la main. A
cette nouvelle, les troupes regagnent leurs
drapeaux, et, malgré les persécutions les
plusacharnées dirigées contre leurs famil-
les, malgré la dévastation de leur patrimoi-
ne, les républicains courent aux armes.
La campagne de 1817 s'ouvre pour eux
sous les plus heureux auspices, de l'em-
bouchure de rOrénoque jusqu'au golfe
de Darien, et la lutte se termine par des
combats acharnés sur les côtes de l'O-
céan-Pacifique, au pied des Cordilières,
et dans les plaines sablonneuses qui lon-
gent la Guiane.
En 1818, les succès sont brillans, ra-
pides et décisifs. En moins de cinquante
jours,Bolivar a balayé 300 lieues de pays,
livré cinq batailles rangées, les 12, 13, 14,
1 6 et 1 7février ; chaque jour est signalé par
un combat nouveau; des deux côtés les
pertes sont grandes en hommes, en muni-
tions; mais la victoire demeure fidèle au
libérateur. Le 15 août, le sang de 20,000
Espagnols arrose la terre de Venezuela,
et le 10 novembre, le gouvernement, in-
terprète de la volonté générale, décide
que la république est affranchie du joug
de l'Espagne, qu'elle se constitue en état
libre, souverain et indépendant, qu'elle
ne tentera plus aucune voie de concilia-
tion auprès de l'ancienne métropole , et
ne traitera plus avec elle que de puis-
sance à puissance.
En 1819 les deux républiques de Ve-
nezuela et de la Nouvelle- Grenade se
réunirent en une seule, sous le nom de
République de Colombie y et Bolivar est
investi de la présidence, avec un pouvoir
dictatorial. L'année fut remplie d'événe-
mens militaires et de vicissitudes de toute
espèce. Morillo qui a deux fois reço des
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BOL
renforts d*£qrope,|reparatt sur les champs
de bataille où il avait succombé. Bolivar ,
de son côté , se montre partout avec un
grand développement de forces, avec une
ardeur sans cesse croissante , el menace
d'une ruipe totale le parti royal* tM vic-
toire le suit pas à pas ; on se souviendra
surtout de la journée du 8 août, à Boyaca^
où l'armée libératrice détruisit des trou-
pes d'une force numérique trou fois su-
périeure, et affranchit toutes les com-
munes de la Nouvelle-Grenade. Cette
campagne mémorable fut le résultat de
l'opération hardie entreprise par Bolivar
à travers les Cordilières, en prenant une
route en mauvais état, peu ou point
fréquentée, et par conséquent sans res-
sources.
Dans l'année 1820, que le combat de
La Plata annonçait devoir suivre une mar-
che non moins heureuse,un long armistice
demandé par les Espagnols fut conclu.
Le gouyemement de l'ancienne métro-
pole appela des députés pour traiter de
la paix; mais, persévérant dans ses prin-
cipes politiques et dans son obstination,
il ne voulut que gagner du temps, ras-
sembler de nouvelles troupes, el tomber
à l'improviste sur les Indépendans avec
des forces puissantes. Bolivar profita de
cette trêve à une guerre de onze an-
nées pour exiger avant tout de Morillo
un second traité, basé sur des principes
libéraux et philanthropiques, qui déter-
ininât la manière dont se ferait la guer-
re si elle devait avoir lieu de nouveau.
Ce traité est conforme au droit des gens
et aux usages les plus humains des na-
tions civilisées. Ce fut aussi l'instant fa-
vorable pour donner sa démission de
président du Cpngrès: «Je suis l'enfant
a des camps , dit-il ; les combats m'ont
«( porté à la magistrature qù la fortune
« m'a soutenu ; mais un pouvoir sem-
n bbble à celui qui m'est copfié est dan-
« gereux dans un gouvernement popu-
« jiiaire: je préfère le titre de siipple soldat
n % celui de libérateur, e(t ep descendant
« du fauteuil de président , je n*af pire
« qu'à giériter le titre de bon citoyen, if
li^is , s'étant aperça du piège tendu par
les Espagnols à la bonpe foi des républi-
caine» fverti d'ailleurs de ce qui s^ pas-
sent k Jtfadrid, il prit }m àtWiU et dé-
nonça l'ouverture des hostilités ; il ap*
cepta de nouveau le gpnverneniei|t sut
préme, débusqua l'ennemi de quelques
positions pen importantes, nMis»6qw-
saires à son pUn ; puis il entra , |^ |8
janvier 1821, dans Maracaybo, rM^isi^
la formidable forteresse de Cart^neng ^
Ténérif, ville située sur les bords eacaiVr
pés de la Madalena, Ci^nega assiae tur
les hauteurs, près Naguenagua, et Santa-
Marta que défendaient 17 batteries exr-
térieures, toutes enlevées d'assaut. H
pressa vivement ('ennepii, lui livra, le
25 juin, la mémorable bataille de Q^*-
bobo, et le 30 il prit La Guayra, tandis
que ses (ieutenans, guidés par son géniei
se couronnaient de gloire à Cumaffa et
sur tous les points où ils faisaient flotter
le pavillon jaune aux sept étoiles.
Réduits à n'occuper, sur le vaste ter-
ritoire de la Colombie, que PuerM>-
Cabello et l'Isthme de Fanama^ qui
proclama son indépendance le 28 no-
vembre 1821 , les Espagnols entamèrent
la campagne de 1822 par le Pérou ; ipaie
en peu de temps ils en furent punfs, ef
la bataille du Pichincha, livrée le 2^
mai, décida de leur ruine et de la libfert^
du pays. Bolivar signa un traité d'ii-*
liance offensive et défensive entre la
Colombie et le Pérou; il fit son e^itrée
solennelle à Lima le l^*" septembre, ^
comme San Martin venait d*abdiquer Ja
présidence, avec le titre de libéra^^ur,
il reçut l'autorité suprême politique el|
militaire de la république. Jamais héros
d'Athènes ou de Rome ne fut aoci^eiUf
avec plus d^enthousiasme; jamais bop^mn
aussi n'en fut plus digne.« J'accepte, dit-il,
« avec reconnaissance les honneurs qiye
« les citoyens me rendent, parce qu'ilf
« appartiennent aux braves que je cpo^-r
« mande ; j'accepte l'odieuse auLofiti
« dictatoriale afin d'éteindre les di^
ç cordes civiles, donner de la stabilité et
« de la for<^ aux nouveaux états ^ maif
« c'es^ à la condition expresse que voii|
« ne permettrez dans aucune ci^rnouT
« stance qu'un Napoléon ou un Iturbi^
«vienne, au nom de la liberté, 4^
« tfuire celle que nous avons conqgil^
« au prix de tant 4e «ang et |Copfii^ige|r
« k IjBur profit )a gloire df ï^ annéesf
« nitpyepQe9.f
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(651)
BOL
Dans Tannée 1823, le 11 novembre,
les Espagnols furent entièrement expulsés
du territoire de Colombie; l'indépendance
de tont le sud du continent, cimentée
par la confédération des républiques du
Pérou, du Cbili, de Buenos-Ayres , de
Rio de la Plata, et de la nation mexi-
caine, fut reconnue par les États-Unis
de r Amérique du !Nord et par l'Angleterre.
La paix allait être le résultat de cette
position nouvelle et consolante; mais au-
paravant le sang devait couler encore.
En 1 824, les royalistes du Pérou, unis
aux débris de l'armée espagnole, furent
complètement battus, le 5 août, dans les
plaines de Junin , et le 9 décembre dans
celles d'Ayacucbo (yoy.y Cette dernière
victoire, la plus glorieuse qu'ait rem-
porté le Nouveau-Monde, mit fin à la
guerre sur le continent et délivra de
tout ennemi le territoire de ses républi-
ques. Bolivar abdiqua la dictature le l^**
janvier 1825, et s'opposa à l'érection de
la statue équestre que la municipalité
de Caracas voulait lui élever, n Attendez
a après ma mort, pour me juger sans
«c prévention et m'accorder tels honneurs
« que vous croirez convenables ; mais
« n'élevés jamais de monumens à un
« bomme de son vivant : il peut changer,
a il peut trahir; vous n'aurez jamais ce
« reproche à me faire , mais attendez,
« encore une fois. »
Ce que le sort des armes n'avait pu
obtenir, la trahison et l'anarchie résolu-
rent de l'accorder. Pendant que le libé-
rateur visitait le sud et que ce voyage
était pour lui un triomphe continuel,
Cordova, Paez, Santander lèvent l'éten-
dard de la rébellion'*', font tonner le
(*) I/aoteur noas parait traiter avec sévérité
ira nomme qui jonit «run* grande cooaiilération.
Santander (vo/.) avait peut^tredes motifc puisés
dansTintérét même de la patrie, et nous oevons
dire que dans an très bon article de l'ouvrage
allemand ConpersMiont^Lêxikon d*r neuêtien Ziii
wèd LUêrmtur, Bolivar est accusé de projets am-
bitieux auxquels le général Santander se serait
opposé par un patriotisme véritable. Un fait im-
portant oublié par notre savant collaborateur,
c'est que Bolivar, déjà président de la Colombie,
le devint encore du Pjérou et de Bolivla , et que
le Code boliviano ne respire pas l'esprit républi-
cain. Le congrès que Bolivar rassembla à Panama
donna lieu à de nouveaux soupçons contre lui ;
à tort ou à raifCM» on trat généralement que le
pfi&fddept «spjl^ait à ^liégéflpopie •or toute 1 Àmé-
canon fratricide dans les provinces du
nord (1826), puis de ces contrées la ré-
volte descend dans le sud. Bolivar ac«
court partout où le besoin l'appelle , et
le flambeau de la guerre civile s'éteint,
l'ordre légal succède à la confusion.
Cordova mourut les armes à la main
près d'Antioquia^ Santander consentit
à son bannissement, Paez et les autres
coupables furent graciés, à raison des
nobles services qu'ils avaient rendus dans
les armées.
XJn pareil échec décida les royalistes
à recourir à des moyens plus odieux
encore : ils armèrent , d'un côté, le bras
de quelques fanatiques et leur deman-
dèrent pour victime le généreux Bolivar.
Un traître, suivi de douze hommes, pé-
nètre de nuit dans sa tente : il échappe
presque nu. Une autre fois on viole son
domicile, on arrive jusqu'à lui:.son cou-
rage lui fournit les^oyens de repousser
les assassins. On déduit ensuite jusqu'à
son domestique de confiance ; enfin , on
frappe en plein jour et à ses côtés son ami
JVIonteagudo ; il évite encore miraculeu-
sement le poignard dirigé sur son sein.
D'un autre côté, on renouvelle les bruits
odieux d'une ambition secrète , et le
grand congrès des nations de l'Amérique
appelé par lui à Tacubaya , dans l'isthme
de Panama, sert de prétexte pour lui
préleir l'intention positive de dominer
tout le continent. I^e but de Bolivfir était
d'en assurer , au contraire , l'indépen-
dance absolue, rigoureuse, en plaçant
sur ce point, situé au centre du globe,
regardant l'Asie d'une part, de l'autre
l'Afrique et l'Europe, une cour suprême
chargée de veiller aux intérêts de tous
les Américains, d'être le gardien fidèle
des traités, d'appeler tous les efforts de
l'Union contre l'oppression de l'étranger
ou contre quiconque oserait concevoir
l'idée de ravir aux uns en particulier ou
à tou9 ^n général la liberté, leurs droits
politiques; de s'opposer à toute espèce
de colonie venue du dehors , et de rendre
commune à tous l'injure faite à un des
États fédérés. Ce plan de la plus haute
portée, ce plan que le temps Réalisera
quelque jour, n'a pas été compris.
ri^M mén4io^ail9. Jlottt nyporto^ om faîfa
B^fu %Qm pieni^ettro aacan jugei^eni. f, H. S.
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BOL ( 6
Sîngalièrement affecté d'être aussi mal
jugé par ses compatriotes et dans les
États-Unis ou il devait attendre de la
justice, Bolivar le fut plus profondément
encore quand il apprit que le général
Sucre (voy,) , le héros d'Ayacucho , ve-
nait de périr sous le fer d*un assassin;
quand il vitPaezoublier une seconde fois
ses sermens, persister dans la révolte, et
solliciter les passions les plus tumul-
tueuses. Il prit pour la dernière fois la
résolution d'abdiquer et de résister dé-
sormais à toutes les prières, à toutes les
i^onsidérations, telles pressantes qu'elles
fussent. Il déposa donc le pouvoir le 20
janvier 1830 , et garda le simple titre de
fçénéralissime des armées de la Colombie.
« En cette qualité , soumis aux lois comme
« les autres citoyens, au moindre danger
« je tournerai autour du gouvernement,
K et, à l'instar du taureau, je défendrai
« l'approche de la république ^ je terras-
«t serai l'ennemi qui oserait la menacer. »
Peu de jours après cet acte de dévoue-
ment, il se retira à Bogota pour y vivre
dans la retraite. A peine eut-il vu l'ordre
se rétablir , Mosquera appelé à la prési-
dence, et la constitution par lui rédigée
prendre de la consistance, qu'il recon-
nut l'inutilité de ses services et le danger
du l'autorité qu'il conservait encore; il
ad cessa aux Colombiens la lettre suivante:
n La présence d'un soldat heureux, quel-
H ((ue désintéresséqu'il soit, est toujours
«t dangereuse dans un état jeune de li-
« berté. Je suis las d'entendre sans cesse
* répéter que je vise à m'ériger empe*
o reur , à relever le trône des Incas ; on
<t envenime partout mes actions; il n'y a
n ^as jusques à mes pensées qui ne don-
« nent matière à de misérables libelles :
« c'en est assez. Pai payé ma dette à la
« patrie, à l'humanité; j'ai donné mon
« sang, ma santé, ma fortune à la cause
<< de la liberté; tant qu'il y a en péril, je
« me suis dévoué ; mais aujourd'hui que
« l'Amérique n'est plus déchirée par la
" guerre, ni souillée par la présence de
« l'étranger armé, je me retire, pour que
'( ma présence ne soit point un obstacle
« au bonheur de mes concitoyens. Le
« bien seul de mon pays peutm'imposer
<c U dore nécessité d'an exil perpétuel,
n loin de la contrée qui in*a donné le
52)
BOL
a jour. Recevez donc mes adieux comme
a une nouvelle preuve de mon ardent
« patriotisme et de l'amour que je porte
« en particulier aux Colombiens. >»
Le 1 2 mai il s'éloigna de Bogota , en
passant par Santanna, et, ne voulant point
grever le trésor national , il vendit sa der-
nière propriété, une mine qu'il possédait
à Sanma; puis il partit pour Cartagena,
où il devait s'embarquer pour la Jamaïque
et de là faire voile revs l'Europe.
A la réception de la lettre de Bolivar,
le gouvernement s'assembla : on voulut
le rappeler à la tête des affaires; mais des
amis qui connaissaient sa ferme résolu-
tion s'y opposèrent. Alors il fut décidé
qu'il serait proclamé le premier citoyen
de la Colombie , et que, en tribut de gra-
titude et d'admiration que commandent
ses vertus, son courage, ses services émi-
nens, l'emploi de sa fortune pour le bien
de la patrie, il lui serait offert, en vertu
du décret du congrès en date du 23 juil-
let 1823, une pension annuelle et via-
gère de treute mille dollars (environ
155,000 francs) partout où il voudrait
résider.
Ce témoignage lui fut remis à San-
Pc'lro, maison de campagne près deSanta-
Marta, où Bolivar mourut d'nne fièvre
bilieuse, le 17 décembre 1830. Ainsi
périt, à l'âge de 47 ans et demi, le héros
de l'Amérique du Sud, le véritable fon-
dateur de son indépendance. Il termina
sa vie si courte et si pleine , abîmé de
fatigues, abreuvé de dégoûts, victime de
son noble dévouement; mais il eut la
consolation, en cet instant suprême, de
reporter sans crainte les yeux sur le passé
et de n'y trouver aucun acte qui puisse
en ternir l'histoire. A. T. d, B.
BOLIVIA^ état indépendant de l'A-
mérique du Sud, enclavé dans Tinté-
rieur des Cordilières , entre les 60 et 73*
degrés de longitude occidentale et les 1 1 et
24 et demi de latitude australe. Cet état a
été fondé par Bolivar après les mémora-
bles journées de Junin et d'Ayacucho.
Il est formé de l'ancien Haut-Pérou et
particulièrement des sept provinces espa-
gnoles de La Paz, Oruro, Potosi, Cbu-
quisaca, Tarija, Cochabamba et Santa-^
Cruz de la Sierra , qui ooniiitu^ntmaifi-
tenant chacune un département. L'état >
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BOL (G
est borné aa nord-oaest et au nord par
le Péroo; le Brésil, avec la coDfédération
de Rio de la Plata , le ferme à Test ^ la
même confédéralion, Buenos- Ayres , le
Paraguay et la république de Chili oc-
cupent le sud; le graod Océan-Pacifique
et le Pérou lu! servent de limites à Touest
Cest la région la plus élevée de Thémi-
sphère occidental et la ligne de partage
de toutes les eaux de TAmérique du Sud
qui se rendent aux fleuves immenses de
La Plata et du Maragnon, communément
dit TAmazone, tous deux nés au sein
des montagnes neigeuses de Sicasica, à
70,000 milles Fun de TanUe. Elle a reçu
le nom de BoUvia par décision du con-
grès national assemblé le 11 août 1825,
pour perpétuer le souvenir des services
importans rendus à la patrie par le Z^i-
bérateur {voy. Bolivar). Elle renferme
plusieurs volcans souvent en feu.
Le territoire de la république de Boli-
via embrasse une superficie de 3 10,600
mille» carrés*. Sa population est loin
d'être proportionnée à une semblable
étendue : elle n'arrive encore aujour-
d'hui qu'à 1,850,900 habitans. On y
net sur pied une armée de 40,000 hom-
mes, tous bons soldats, marcheurs in-
fatigables, bte;n disciplinés et d'une adres-
,ae vraiment remarquable. Les revenus
de l'état dépassent 3 millions de piastres
ou 16,290,000 de nos francs.
Long-temps frappé de nullité par l'hor-
rible institution de la Mita, dont on par*
lera tout à l'heure , l'agriculture se traîne
encore dans Tornière de la routine ; elle
.demande de grandes améliorations, afin
de profiter de la fertilité naturelle du sol,
laquelle est merveilleuse. Il suffitde vou-
loir, la terre s'empresse de produire.
Près des belles fougères en arbre et des
palmiers au stype couronné de longues
branches pendantes, s'élève le ceroxy-
lou qui exsude une résine jaune-blan-
châtre; la pomme de terre, que l'on
nomme vulgairement /7a/7ar; le maïs, le
blé, fournissent d'abondantes récoltes;
la canne à sucre, la vigne et tous les
genres d'arbres à fruits réussissent par-
faitement et gagnent en qualités. Les ri-
(*) S«D8 douU anglais. IVaprèt d'aotres don-
• nées cette étendue ne Hrail qoef de ao,ooo m,
. «tr. g^gr* S.
/)3 ) BOL
chesses végétales sopt surtout remarqua-
bles entre les immenses montagnes de
Yungas, d'Apolabamba, de Yuracaré,
des Mojos et des Chiquitos. Les événe-
mens politiques ont retardé l'impulsion
première donnée à l'économie rurale : la
paix lui donne une nouvelle force, aussi
chaque jour fait-elle des progrès sensi-
bles. La riche vallée de Cochabamba est
très bien cultivée; les campagnes riantea
de Chuquisaca rivalisent avec elle par
l'immense variété de leurs productions.
Les vignes plantées sur le revers des monta
Chicas donnent de très bons vins; les
nombreux troupeaux que Ton rencontre
partout sur les pampas, principalement
dans l'arrondissement de Oruro , prépa-
rent de notables changemens et assurent
à la république une longue prospéiité,
qu'elle consolidera dès qu'elle aura co-
lonisé les immenses solitudes des Moxos
et des Chiquitos. Une compagnie tra^
vaille en ce moment à mettre en culture
temporaire la grande lagune de Rogagua-
do, qui s'étend à la droite du Béni, la
principale branche de l'Amazone, ainsi
que celle de l'Ubai et la portion de Los
Xarayes , qui touche à la rive gauche du
Rio de la Plata.
Le commerce extérieur de la répu-
blique est presque nul ; il faut cependant
excepter l'importante exportation que
l'on fait de la fameuse herbe du Para-
guay , appelée la coca , qui rapporte à
elle seule 2 millions et demi de piastres
par année. L*Etat n'a point de port; on
ne peut considérer comme Jel celui de
l'ancien G)bija , aujourd'hui Puerto-La-
mar , que l'absence d'eau potable et de
chemins, que l'atidité profonde des ter-
res environnantes, que les sables mou-
vans du désert d'Atacama, rendent inha-
bitable. La petite étendue de côtes sur
le Grand-Océan oterait tout espoir d'a-
méliorations possibles sous ce point de
vue, s'il n'était question entre la répu-
blique du Pérou et celle de Bolivia de la
cession, en faveur de cette dernière, des
pays de Mosqueyna et d'Arequipa, c'est-
à-dire de plus de 100 lieues de côtes,
tourmentées, il est vrai, par les éruptions
volcaniques et les tremblemensde terre '^.
{*) Les treroblemeos de terre si fanestes de
I 1784 vienaent d*étre larpassés par ceux qui se
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Qmtot i ritidiistrie 9 die se t^tiit
{iretqàe à ht seule exploitation des mines
d'or, d'argent, de cuivre et d'étain. Elle
commence cependant à secoaer le jong
de Tétranger et à tirer parti des ressoni^
ces Tariées que lui offre le sol national.
Encbatnée, dès les premières années de
la conquête, par le pririlége impolitique
accordé, sous le nom de ripartanienio ,
par le gouTernement espagnol à ses cor->
irégidors, elle ne pouvait rien produire ,
ni même tenter la plus légère concur^
rence. Ce privilège jetait dans toutes les
maisons des villes et des campagnes le
rebut des magasins de l'Europe, que les
fDorrégidors achetaient à vil prix et obli-
geaient ensuite les habitans non-seule-
ment à s'en munir, mais encore à en payer
la valeur taxée, dans le délai de S à 5 jours.
Quoique les agens du commerce anglais
continuent ce triste métier, à des con-
ditions moins onéreuses, l'industrie leur
livre une guerre à outrance dont elle sor-
tira glorieuse.
Les mines de Tipuani donnent de l'or
4*tm titre très élevé. Celles d'argent de
Oruro, de Porco sont toujours fort ri-
ches ; ceUes de l'arrondissement de Co-
bija, ouvertes en 1824, continuent à
fournir beaucoup; cependant, quelques
parties envahies en 1880 par les eaux
souterraines font craindre qu'elles ne
soient bientôt totalement perdues. Les
mines du Cerro de Potosi , autrefois si
•célèbres par leur immense rapport , sont
aujourd'hui presque entièrement aban-
données. On a calculé qu'elles ont pro-
duit, à partir de 1545, époque de leur
découverte par les Européens, jusqu'en
1 800, tine masse d'argent de 96,694,900
marcs, équivalant à près de six milliards,
c'est-Si -dire deux et trois fois plus' que
toutes les autres mines d'argent, y com-
pris celles du Brésil et du Mexique. Les
mines de cuivre de Atacama et de Cala-
ma sont très abondantes ; le cuivre natif
aont prolongés durant U nuit da z8 septembre
i833 et tes journées sniTanles. Il ne reste pas dix
naisons delMMit de la petite ^tfie d*Arica ; pins
de 700 babitans oaft péri; la T^lée de Zapa est
entièrement bouleTersée ; deux petites tles roi-
aines du fameux morne White-Bluff sont englon*
tiea«veclni La mer. s*est élevée à plot 4e vo laè-
tres (3o pieds) au-dessus de son niveau ordinaire,
et a ajouté aux désaitrffsincalcnlablci MMivét par
toatlepays.
é'y préseoCè paHbîs d'm t^miiè
extraordinaire que dans les mines de Co^
quîmbo (Chili central).
Bolivar donna à la république ime
constitution qui fut adoptée, le jour an-
niversaire de sa fondation, 1^6 aoèt 1886.
Elle repose sur quatre bases essentlellea,
étroitement liées ensemble: U liberté ci-
vile des citoyens, l'égalité des drcMts et
des devoirs de chacun , l'inviolabilité des
personnes et des propriétés, l'entière is-
dépendance de la pensée et de la presse.
Le gouvernement est démocratique; la
souveraineté réside dans le peuple. Elle
est exercée, en son nom, par quatre pou-
voirs : 1^ le corps électoral composié de
tous les citoyens ayant domicile depuis 4
années; 3^ le corps législatif ou ia réunion
des représentans de la nation élus pour
4 ans et divisés en trois chambres , Fune,
des tribuns, à laquelle appartient exclu-
sivement la proposition des lois; l'autre,
le sénat, qui adopte ou rejette les réso-
lutions de la première chambre; la troi-
sième, des censeurs, qui apure les comp-
tes, examine les actes de l'administra-
tion, les signale et les poursuit quand ils
4ont arbitraires, quand ils voni au-delSi
du texte des lois, quand ils portent at-
teinte à la sûreté de l'état Chû|ue cham-
bre est composée de 80 membres et leor
session annuelle est de deux mois; 8^ le
pouvoir exécutif i^mis, par électron, à ttti
président à vie et à un vice-président qui
lui succède. Le président commande les
armées de terre et de mer; il nomme les
trois secrétaires d'état , les agens diplo-
matiques, les généraux; U fait exécuter
les lois et est responsable de tous les ae-
tes qui émanent de son gouvernement,
comme chaque fonctionnaire f est en son
particulier; 4* le pouvoir judiciaire est
exercé par des magistrats temporaires ,
mais la durée de leurs fonctions peut être
plus ou moins prolongée , suivant qu'ib
honorent davantage la toge.
La république compte , depuis sa fon-
dation, trois présidens : le général Sucre
a été le premier; après 83 mois d'une
administration régulière, il fut victime de
l'ingratitude et des désordres provoqués
par use séditioii militaire qui éclata le
16 avril 1838; blessé friè^-emeoC an
bras droit d'un coup de feu ^ il «e retira
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dans là CSoHimble , lalisiiit dês souvenirs
honorables. Le général Blanco, soutenu
par une faction étrangère , lai succéda;
mais, après cent jours de règue, il tomba
sous le glaive vengeur. Les suffrages de
la nation appelèrent alors, le 8 août
183Sy le général Santa-Cruz à la prési-
dence, qu'il conserve encore aujourd'hui.
De nombreuses antiquités couvrent
le sol des Boliviens et attestent la gloire
et la puissance de leurs aïeux. Les plus
remarquables sont au sud du lac Ti-
ticaca , principalement à Tiaguanaco.
L*inca Garcilasso nous en montre les
hautes murailles baignées par les eaux
du lac, tandis qu'elles en sont maintenant
éloignées de plus de 35 mètres de hau-
teur. Il est impossible de se faire une
idée de la grandeur colossale, de l'éten-
due de ces ruines; l'ancien continent
n'offre rien de semblable. Les sculptures
peu saillantes y paraissent grossières à
l'œil habitué au dessin pur du ciseau
grec; mais quant aux masses de pierres
employées , les blocs immenses et iri'é-
gulièrement etitassés des constructions
éthiopiennes et pélasgiques n'ont rien
qui puisse leur être comparé : les plus
ordinaires ont de 116 à 120 mètres de
face. Tous ces monumens ont beaucoup
souffert : îe fanatisme des missionnaires
les a fait mutiler de plus en plus, et le
temps achève lentement de les dé-
truire.
La capitale de la république est pro-
visoirement Chutiuisaca, l'une des plus
anciennes villes de l'Amérique méridio-
nale ; elle est située à 2,844 mètres au-
dessus du niveau de la mer, c'est-à-dire
à une hauteur qui dépasse les pics les
plus élevés des Pyrénées, dans une plaine
fertile baignée par les eaux du Cachi-
mayo. En 1538 on bâtit la nouvelle ville,
à laquelle on donna successivement les
noms de Charchas et de La Plata ; ce
dernier nom lui vient d'une mine d'ar-
gent très considérable, long-temps ex-
ploitée au mont Sorco, dans son voisi-
nage. La population est de 20 à 25,000
âmes. Son université est une des plUs
fréquentées de l'Amérique, et sa biblio-
thèque la plus riche, la mieux compo-
sée, de tout le continent méridional. Dès
que la ville ^ qui doit porter te som do
général Sacre sera bâtie, elle deviendin
la capitale de toute la république.
Les autres villes principales sont lés
suivantes : La Paz de Ayacucho^ cité
populeuse, assise au sein d'une vallée
feitile , creusée profondément par le tor-
rent Chioqueapo, sur un soi uni, en-
touré des plus hautes montagnes de toitt
le plateau péruvien, à 8,7 17 mètres ati-
dessus du niveau de l'Océan. Ses envi-
rons sotit couverts de cannes à sucre et
de nombreux cocotiers. Dans son arron*
dissement se trouve le vaste bassin du
lac Titicaca, si fameux sous l'empire des
Licas; le ïfevado dlllimani , qui a 7,315
mètres d'tiévation , et plus loin le Neva-
do de 2araU ou SoraU, le point le plus
culminant de la terre, avec le Tchhâ-
moula ou 14* pic de rHimâlaya. Il à
7,698 mètres au-dessus du niveau de la
mer. On porte à 40,000 le nombre des
habitans de la Faz [yoy, Atacûgho}.
CbcAâ^izmÂdE, grande ville de 80,000
âmes, depuis long-temps regardée comme
le grenier de tout le I^érou. Sa situation
est des plus agréables et sou territoire
couvert de vastes champs de blé. Dei^-
rière les petiu monts qui terminent
l'immense plaine au milieu de laquelle
est construite Santa Cruz de la Sierra ^
aux bords du Guapaix , sont les déserts
sablonneux et légèrement ondulés des
Chiquitos. Cette ville est mal bâtie et seu«
lement peuplée de 9,000 âmes. La po-
pulation de Potosiy qui s'est élevée jadis
jusqu'à 1 60,000 âmes, est réduite, depuis
1826, à 9,000 au plus. Ses longues rues,
ouvertes irrégulièrement et garnies de
maisons mesquines , sont presque habi-
tuellement désertes. Quoique au niveau
du pic de la lungfrau, une des plus hautes
cimes des Alpes, elle voit à 695 mètres
au-dessus d'elle le Cerro qui, percé dans
toutes les directions, a fourni, durant
840 ans, de si grandes richesses. Ses en*
Virons sont arides et dépouillés de forêts.
Cétait de Potosi à Cuzco, l'antique
capitale des InOas, que s'étendait , sur un
espace de plus de 800 lieues, la mitâ^
sorte de presse ou conscription qui con-
damnait chaque année 10,000 hommeé,
mariés OU non, jeunes on vieux, à de
rendre aux mines à leiirs frais et â y pé-
rir éerasés sous le poids du travail et de
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la misère. Rien de plus déchirant que le
spectacle offert en ce moment-là. Les vic-
times vendaient leur chaumière, le petit
champ qu'ils cultivaient : il fallait partir
sans délai, se séparer à jamais de leurs
femmes, de leurs enfans, ou les emme-
ner avec eux pour partager leur horrible
destinée. Le jour du départ des mitajos
était un jour de deuil pour toute la con-
trée : on n'entendait partout qu'un chant
funèbre , que les adieux les plus pénibles
mêlés aux larmes du désespoir. Arrivés au
pied duCerro,il leur fallait non-seulement
arracher le métal aux flancs de la terre ,
mais encore en porter de lourdes masses
sur les épaules jusqu'à la bouche de la
mine, et s'attendre , si le nombre des ou-
vriers dépassait la somme des travaux ,
à être vendus ou loués par les entrepre-
neurs à quiconque voudrait d'eux.
Ce tribut de sang pesa trois siècles sur
les peuples de Bolivia et du Pérou : en
1780 , il détermina un premier soulève-
ment qui ne fut point heureux; mais 26
ans plus tard , il fut la cause ou le pré-
texte de l'émancipation générale de l'A-
mérique du Sud. A. T. D. B.
BOLLANDISTES , savans écrivains
jésuites d'Anvers, qui entreprirent, en
1630, de recueillir et de publier le grand
et magnifique ouvrage intitulé : Acta
sanctorum quotquot toto orbe coluntur,
d'après le projet du P. Héribert Ross-
weide d'Ulrecht, sous la direction du
P. Jean Bolland ou BoUandus, né à
Tirlemont en 1596 , et mort à Anvers en
1665, le plus ancien de ces hagiogra-
phes et qui leur a donné son nom.
Les collaborateurs de Bolland méri -
tentd'étreindividuellementconnus,parre
que la plupart d^entre eux ont d'autres ti-
tres à la célébrité. Ce sont : Godefroi Hen-
schen (1600-1681), très habile dans la
langue grecque et le premier associé de
Bollandus ; Daniel Papebroch ou plutôt
Papebroeck (1628-1714) , l'un des plus
savans et des meilleurs critiques de la
compagnie de Jésus; François Baîot,
Conrad Janning, J. Pinius ou Piens ,
Guillaume Cuper, N. Rayœus ou Raie,
J.-B. Sollier, P. Bosch, J. Slilting, J.
Limpenus , J. Veldius, Constantin Suys-
khen, J. Perier, Urbain Stickei, J. Cleus,
Corneille Bye , Jacq. de Bue , Joseph
Ghesquière de RaemsdQUck, né à Cour-
trai vers 1736 , mort en Allemagne dans
les premières années de ce siècle ; J.-B.
Fonson et Ignace Hubens, tous jésuites.
Parmi les coopérateurs des autres ordres
religieux on compte : le P. Berlhod, bé-
nédictin, S. Dyck, Cyprien Goorius ,
Heylen et Stalsius , prémontrés.
Les Actes des vies des saints sont en
53 volumes in- fol. Les deux volumes
de janvier parurent en 1643; les trois
de février es 1658; les trois de mars en
1668. La vie di| B. Berthold, 29 mars,
insérée dans le 3^ vol. , excita la plus
grande rumeur parmi les carmes, qui dé-
férèrent l'ouvrage à Rome et en firent dé^
fendre l'entrée en Espagne, par un décret
duSaint-Officedu 14 novembre 1695.Les
trois du mois d'avril parurent en 1675;
les huit du mois de mai, y compris le
Propjlœutn y en 1680-87; les sept du
mois de juin en 1 695-17 1 5 ; les sept du
mois de juillet en 1719-31; les six du
mois d'août en 173.3-43; les huit du
mois de septembre en 1746-62 ; les cinq
premiers du mois d'octobre en 1765-86,
et le sixième, qùiva jusq'au 14, en 1793,
à Tongerloo , les autres ayant été impri-
més à Anvers. Les derniers volumes de
cette précieuse collection sont les plus
rares. £lle a été réimprimée à Venise ,
jusqu'au 15 septembre, 42 vol. in-fol.;
mais cette édition ne vaut pas celle d'An-
vers. On y joint ordinairement quelques
ouvrages de Bollandus, de Henschen , de
Papebroch , de Ghesquière, etc.
Bollandus, en adoptant le projet de
Rossweide, mort en 1629, amàiora son
plan et profita de ses recherches. U ne se
borna pas à recueillir toutes les Vies des
Saints et à les donner telles qu'elles ont
été écrites par les auteurs originaux, avec
des notes semblables à celles que Ross-
weide a mises à ses Fies des Pères ,
pour éclaircir les choses obscures, dis-
tinguer les vraies des fausses : il voulut
encore , quand il n'y avait point de vie
d'un saint , la tirer lui-même des auteurs
qui en ont parlé et la composer. On lui
a reproché de n'avoir pas été assez en
garde contre les légendes apocryphes et
fabuleuses, mais Papebroch et ses suc-
cesseurs ont eu une critique plus éclai-
rée et plus exacte dans le dioix des mo-
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DumeDS dont ils se sont servis ; ils ont ea
aassi la bonne foi cl'aTertir leurs lecteurs
quand ils ont été induits en erreur et de
rectifier leurs méprises. '
Ce recueil a obtenu Tapprobation du
monde savant; il serait à souhaiter
qu*il pût être terminé. Bossuet , qui en
faisait beaucoup de cas , gémissait de le
voir proscrit en Espagne pour complaire
à la vanité des carmes. Depuis près de
deux siècles que les premiers volumes
ont paru , on est accoutumé à le regar-
der comme une espèce d^ encyclopéiUe
où toutes les sciences sont renferinées ,
comme un riche trésor où Ton peut pui-
ser sans l'appauvrir. «Presque toute This-
toire de TÉurope, dit Camus, et une
partie de celle d'Orient , depuis le yii®
jusqu'au xiii^ siècle , est dans la vie des
personnages auxquels on donna alors
le titre de saints ; chacun a pu remar-
quer, en lisant l'histoire, qu'il n'y avait
aucun événement de quelque importance
dans l'ordre civil , auquel un évéque , un
abbé , un moine ou un saint n'eussent
pris part. » . J. L.
Le nombre des exemplaires complets
de cette collection est très rare ; il est dif-
ficile de compléter les exemplaires im-
parfaits, parce que les dei'niers volumes
ont été dispersés ou détruits pendant la
révolution. On joint ordinairement aux
63 vol. des Acta sanctorum , le Marty-
rologe d'Usuard, Anvers, 1714, in-fol.,
et les Acta sanctorum BoUand. Apolo-
geticis libris vindicata, Antwerpi» ,
1756, in-fol. On a vu le prix des 55 vol.
s'élever jusqu'à 1 ,000 francs^ V-v».
BOLOGNE [Bononia Felsinia ), une
des plus anciennes , des plus grandes et
des plus riches villes d'Italie, avec des
rues bordées , tout le long des maisons ,
de colonnades couvertes pour les pié-
tons. Elle est appelée la Grassa, parce
qu'elle est située dans une plaine fertile
et bien cultivée, au pied des Apennins,
entre les fieuves Reno et Savena. Elle a
70,800 habitons et 8,000 maisons,
beaucoup de moulins et de machines
pour la fabrication de tissus, de corda-
• fes, pour les savonneries, les papete-
ries, les fabriques de fleurs et d'armes.
'Bologne, chef-lieu de la délégation pa-
• pale du même novkf est le siège du
Mnc/clop. d, G. d, M. Tome UL
cardinal qui préside à cette administra-
tion.
Les Bolonais se soumirent, en 1513/
spcnUnément à la domination du pape;
ils étoient las des querelles de partis
auxquelles les patriciens se livraient en-
tre eux et qui éparpillaient 1^ forces de
l'eut , dans un temps où l'on ne con-'
naissait plus en Itolie ni droits, ni jus-
tice. Jusqu'à l'époque d% la révolution
française , Bologne avait le droit de bat-
tre monnaie et jouissait d'une consti-
tution privilégiée.
C'est à Bologne que réside la riche
noblesse de l'État de l'Église : elle n'est
pas toujours en bonne harmonie avec le
chef du monde chrétien et la curie ro-
maine; on y trouve aussi les anciennes
familles patriciennes bolonaises, dont les
richesses consistent en biens fonds qui
s'étendent dans la plaine fertile de la
Marche, depuis les Apennins jusqu'à la
mer. Plus d'un membre de ces familles
s'est assis dans la ciiàire de saint Pierre.
Les hommes les plus libéraux de l'État de
l'Église y cultivent les sciences et les let-
tres : on lit sur ses armoiries la devise :
lÀbertas, La noblesse, des savans et des
citoyens se réunirent en 1816 pour fon-
der la «Sbciie?/^ socratique àonx le but étoit
de hâter les progrès du bi^-étre social;
depuis elle s'est vue soupçonnée de car-
bonarisme. Pendant long -temps une
source importonte de revenus était pour
la ville sa célèbre université, qui aurait
été fondée en 435, par Théodose-le-
Jeune, si l'on en croyait les Bolonaise
Cette école a fait briller dans des siècles
de ténèbres le flambeau des lumièi^;
mais de nos jours les 2,000 étudians qui
visitaient jadis ce foyer d'érudition sont
réduits au chiffre de 300. Le célèbre ju-
risconsulte Irnerius y enseigna dans le xi'
siècle le droit romain, et les Bulgerus, les
Martinus, les Jacobus^ les Hugo, attirè-
rent les jeunes gens à leura leçons. L'u-
nivéraité jouissait autrefois d'un tel cré-
dit dans la ville que celle - ci fit met-
tre sur ses monnaies la devise de l'u-
niversité : Bononia docet. L'école de
droit éuit particulièrement célèbre : ses
docteurs passaient pour des partisa^M
déclarés de l'autocratie, ce qui leur a^«
aura la faveur des empereurs et des m»i»«
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xwtàuê îulieDt. n est certain que, depais
1,400 années y chaque nouvelle décou*
verte dai^s lci^ sciences et les arts a trou-
Té dans cet antique foyer des sciences
des protecteurs. Le général comte Fem.
Mai^H» cpmme citoyen de Bologne, y
fonda, en 1707, VIstUuto deUe scienze,
avec une bibliothèque de 150,000 volu-
mes qui eut pour bibKothécaire M. Mez*
aoiiantt, attacha depuis 18)^ à la biblio-
thèque du Vatican. Le comte Marsigli
fonda également un observatoire, un
amphithéâtre anatomique, un jardin
botaniqtte, et des collections précieuses
pour toutes les branches du savoir hu-
main) eUee s^ trouvent réunies main*
tenant avec VJccad^mia CUmentina^
du pape Clément XI. Bologne avait
aussi depuis le xu' et le xiii^ siècle
de grands peintres; Francesco, appelé
il Frauda, se distingua au xv*. Les cé-
lèbres peintres Annibal et Ludovico
Carracei fondèrent au xti^ siècle dans
•cette vtUe cette école célèbre dont
ils commencèrent la gloire par leurs
«cutres { voy, l'art, suivant). La place
principale de la ville est ornée d'édifices
imposans, entre autres et principalement
t'H^el-de-Ville où l'on voit des Ubleaux
•et des statues magnifiques et tes 200 in-
iolio du célèbre Aldrovande (t^o/.); le
palais de justice du podestat et la cathé-
>drale San-Petronio, avec sa façade non
adhevée ^ le méridien tracé par Cassini
sur un plancher en cuivre. Parmi les 73
.autres églises se distinguent San-Pietro,
:San-Si4vatore, San-Domenico, San-
«OiovanM In Honte, San-Giaoomo mag-
ïgiore : toutes ces églises sont enrichies
par des ehefihd*o6uvre. Le nombre des
collections d'art provenant de riches
majorât» est considérable, et elles s'a-
grandissent tMis les jours. Les galeries
Sampieri et Zambeccari efCaçaient ja-
dis toutes les autres par leur magnifi-
cence : aujourd'hui elles sont surpassées
« lemr tour par celles de Ifarescakhi,
Martinengo et Ercolani. La collection de
la^leâux de Facadémie de peinture {Ac-
eademia dette belle aHi) est riche et
présente beaucoup d^mté^dt historique.
On y voit k tableau de l'Assomption de
k Vierge par An. Garraehe, la sainte
Afoètf dli DoaÛBi^pû^ l'Wanticide par
Guido, U sainte Cécile par Raphaël, et
Jean dans le désert, d'après Raphaël |
par Jules Romain. Sur la place publique
on admire le bassin du jet d'eau : il n'y
manque absolument que de l'eau; on y
voit la statue de Neptune en bronze,
travail de Jean de Bologne. Depuis de
longs siècles les tours Asinelli et Ga-
risenda attirent l'attention, U première
par sa forme élancée ressemblant aux
minarets d« l'Orient; la dernière, qui
n'est pas dans son équilibre, ne menao;
plus ruine depuis que sa hauteur a été
réduite au tiers. Bologne, chère aux sa-
vans, n'est pas non plus indifférente aux
gastronomes, car elle est k patrie d'ex-
cellens macaroni , sakmi , liqueurs e(
fruits confits. Le pèlerinage de la ma-
dona di San-Luca, dont k temple est si-
tué sur l'extrême promontoire des Apen*
nins, à une demi-Ueue de Bologne, et au-
quel conduit une arcade de 640 archea,
attire beaucoup de monde. Non loin de
k ville, sur la montagne Patemo, oa
trouve la pierre de Bologne^ qui, étant
calcinée, luit dans les ténèbres. Bologne
a vu naître le Donûniquin , le Guide, les
Carraches, le compositeur Righini, et
d'autres grands artistes. L'insurrectioa
républicaine qui éclata à Bologne, cen-
tre des Provincie unité dltalie, le 4 fé-
vrier 1S31 et qui se répandit jusqu'à
Anc6ne, fut réprimée le 31 mars de k
même année par les troupes autrichien*
nés qui y firent leur entrée sous k ooo^
duite du général Frimont. Les négocia-
tions avec Rome pour obtenir une meil-
leure administration dans les Légations
n'aysnt conduit à aucun résultat satis-
faijiant pour les provinces, l'agitation «t
l'anarchie continuèrent. Le gouverne-
ment papal fut renversé de nouveau le
21 décembre 1831 et les troupes autri-
chiennes reparurent pour rétablir Tor-
dre. F, Albani (Joseph^ cardinal). C X.
BOLONAISE(éGoiJK}. Goaimetoot«i
les écoles de peinture, celle de Bolofift
a eu ses époques d'eniance, deprogràv»
de prospérité, de déchéance, de renou-
vellement. Nous allons k suivre rapide-
ment dans les diverses périodes de aep
histoire. Est-elle ou n'est-elk pas aB^4-
rieure à l'école florentine? C'est un poipt
de coDtroterseque kapartka il
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OBtdébattaaTecchaleuryinaisqiii estresté
sans tolotion. Il paraît positif cependant
que de 1200 à 1S48 Bologne a possédé
trois peintres dignes de ce nom : Guido,
Ventura, Ursone, tandis que le Cimabué,
le premier que les Florentins puissent
citer y oe naquit qu*en 1240. Toutefois
les productions de ces artistes , célèbres
dans leur temps , sont d'une telle bar-
barie qu'elles ne méritent d'attention que
comme point de départ de IVrt et non
comme véritables monumens; il est peu
de peintres aujourd'hui qui ne puissent
se glorifier d'être infiniment plus habiles
en tout point que le Franco de Bologne
et le Giotto de Florence. Laissons donc
aux historiens de l'art le soin de carac-
tériser les ouvrages des Jacopo Avanzi ,
Ltppo di Dalmasio , Michel de Matteo ,
autrement dit Michel Lambertini, et au-
tres peintres antérieurs au Francia ; ne
nous arrêtons pas même à ce Francia,
nommé aussi Raibolini, que ses contem-
porains regardaient comme un phénix;
■lais reconnaissons, en passant, que ce
peintre si sec, si monotone, copiste si
naïf de la nature, a ouvert la carrière,
et que sans lui Bologne n'aurait peut-
être point eu à s'enorgueillir des Bar-
tolommeo Ramenghi , surnommé Bagna-
tavallo, Innocenzio d'Imola,Primaticcio,
D. Tibaldi, FonUna, Passerotti, Sabatti-
ni,qui furent les coryphées de la seconde
époque et préparèrent les voies aux Car-
raches, en les mettant en position d'opé-
rer cette révolution qui rendit l'école de
Bologne la rivale, sinon la première de
tontes les écoles.
A l'époque où les Carraches parurent,
la peinture, que Léonard de Vinci, Mi-
chel-Ange, Raphaël, le Corrége, le Titien
avaient portée, dans des spécialités dif-
férentes, à un trèa haut degré de perfec-
tion, commençait à déchoir : l'exagéra-
tion , le mauvais goût, les faux systèmes,
qui s'étaient emparés de toutes les écoles ,
élisaient des progrès efHrayans; les prin-
cipes des grands maîtres étaient mécon-
nus ^ et l'on n'avait plus pour leurs ou-
vrages qu'une stérile admiration ; si quel-
ques enthousiastes les étudiaient encore,
Ils n'en faisaient, le plus souvent, que des
imitations servîtes , mal comprises, faute
à tm d'ivoir appris ^ par des études for-
tes et variées, à lire ces pages qui étaient
au-dessus de leur intelligence.
Arrêter ce mouvement rétrograde im-
primé à l'art et remettre en vigueur les sai-
nes doctrines, fut Tœuvre des Carraches
qui ouvrirent à Bologne cette célèbre Aca-
démie d'où sortirent presque simultané-
ment leDominiquin,le Guide, l'Albane, le
Guerchin, Spada, Tiarini, Lanfranc, Ca-
vedone , et tant d'autres dont la réputa-
tion est européenne , et qui , pour avoir
puisé à une même source leur instruction,
n'en eurent pas moins chacun un talent
différent , une originalité marquée. Ce ré^
sultat, qui tient du prodige, les Carra-
ches l'obtinrent par la bonne direction
qu'ils surent donner aux études.
Loin d'imposer, ainsi que le faisaient
les autres maîtres, leurs propres ouvrages
ou leur manière comme moyen ou but
de la perfection , ils soumirent l'ensei-
gnement à une marche méthodique et
raisonnée. La nature , l'antique et l'ana-
tomie, comme base fondamentale du des-
sin, obtenaient le premier pas; venaient
ensuite l'étude des lois qui régissent les
ombres et les lumières , les principes de
l'architecture et de la perspective, la
manière d'employer les couleurs , les rè-
gles de la composition , etc. Par le connu
l'élève arrivait insensiblement à rincon-
nu, et il lui était défendu de pousser plus
loin qu'elle ne le méritait l'étude des
parties secondaires de l'art. Lorsque, par
ces préliminaires importans, les élèves
étaient préparés à un plus haut enseigne-
ment , dans des concours ouverts à cer-
tains jours, il leur était proposé des sujets
tirés de la fable ou de l'histoire que les
maîtres leur expliquaient; des juges choi-
sis hors de l'école, parmi les connaisseurs
les plus distingués, prononçaient sur le
mérite de chaque ouvrage et couronnaient
le concurrent qui s'était le plus distingué.
On exerçait aussi les élèves à la critique.
Tour à tour ils devaient analyser les jpriD-
cipaux ouvrages du concours, et celui des
exposans qui ne pouvait défendre son ou-*
vrage par des raisons solides était obligé
d'effacer la partie critiquée ou de rem-
porter sa composition. Mais chacun était
libre de suivre ses dispositions natives,
d'adopter telle on telle marche, tel oa
tel style, tel ou tel système^ pourvu qa*tt
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ne fût point contraire au goût et au gé-
nie dé Fart; il lui suffisait de prouver
qu*il n'avait point opéré au hasard, sans
discernement, mais par intime convic-
tion. ,
' Après la mort des régénérateurs de
Tart, la splendeur de Técole s'obscurcit
bientôt^ Une admiration exclusive pour
les ouvrages des Carraches en fut cause.
£n les prenant continuellement pour
base, pour régulateur des éludes, en s'in-
quiétant davantage de les imiter que de
se pénétrer des principes d'après lesquels
ils avaient été exécutés , Técole chemi-
nait vers sa déchéance; Pasinelli et Ci-
gnaui arrêtèrent cette marche rétrograde.
A ces deux peintres commence , suivant
Lanzi, la quatrième période de Part à
Bologne. L*un «t Tautre arrivaient de
Rome, riches d*études d'après des mai-
tres difTérens. Pasinelli était enthousiaste
de Raphaël et de P. Véronèse; Cignani
admirateur passionné du Corrége et d'An-
nibal Carrache; tous deux avaient une
manière analogue à leurs études qu'ils
désiraient faire adopter aux Bolonais.
GeUe de Cignani , comme plus con-
foi^ne au génie de Técole, fut préfé-
rée, el elle y réussit d'auUnt mieux que,
nommé chef de l' Académie-Clémentine,
en 170S, il eut plus de moyens de la pro-
pager. Quoi qu'il en soit, Pasinelli eut
de nombreux admirateurs et ne fut pas
sans influence sur les artistes de son
teaips.
La 'finit, à bien dire, l'histoire de la
peinture à Bologne. Après les maîtres que
noua avons cités, aucun ne s'est fait un
nom justement célèbre. Il nous reste à ca-
ractériser l'école bolonaise.
Par la diversité des talens nés dans son
sein^par l'étendue,lavariété,la profondeur
des connaissances que chacun de ses maî-
tres a possédées, l'école bolonaise passe
pour avoir réuni en elle toutes les perfec-
tions qui distinguent les écoles qui l'ont
précédée; c'était à quoi les Carraches s'é-
taient appliqués. En elle se trouvent fon-
dus tous les systèmes qui se sont partagé
ledomainede l'art Aussi peut-on considé-
rer lesproducUonsdeses principaux chefs
comme des résumés de ce que la peinture
a de plus avéré, de plus positif en prin-
cipes sages, applicables à tous les be-
soins, à toutes les organisations. L. C S.
BOLSWERT. Dans l'histoire de la
gravure au burin, les deux Bolswert
occupent un rang bien honorable ; for-
més à l'école de Rubens , ils partagent
avec L. Vosterman et P. Pontius la gloire
d'avoir le mieux traduit ses tableaux et
d'être les premiers graveurs qui aient été
ce qu'on peut nommer coloristes. On
ignore la date de leur naissance et de
leur mort; on sait seulement que Boàcb
Bolswert, plus âgé de 6 ans que Scbelte ,
son frère, naquit vers 1580 à Bolswert,
en Frise, et que leur père se nommait
Adam , ce qui fit que plusieurs fois ils si-
gnèrent leurs ouvrages de Adams ou A,
Bolswert, d'où l'on a induit fau.Mement
qu'un troisième artiste de ce nom avait
exercé la gravure, lorsque cette signature
doit être interprétée : fils d'Adam. On
ignore sous quel maître ils apprirent les
élémens de leur art.
Boèce a gravé au burin pur et imité
avec succès le style libre et assuré de
Bloêmaert; mais ses ouvrages d'après Ro-
bens sont traités différemment : le sen-
timent de la couleur y prédomine, et ils
sont d'un travail plus fini. Dans plus d'une
de ses estampes il a montré qu'il n'était
inférieur en rien à son frère Schelte. Sa
Résurrection du Lazare et sa Cène^
d'après Rubens, sont ce qu'il y a de plus
remarquable dans son ceuvre, qui recom-
pose de plus de cent pièces; la première a
été portée jusqu'à 295 fr. à la vente Saint-
Yves ; la Cène n'a guère dépassé 60 à 80
fr. ; le Chrht entre les deux larrons ^ à
l'un desquels un bourreau casse la jambe,
d'après Rubens, va de 50 à 75 fr. ; son
Jugement de Salomony d'après Rubens,
de 80 à 100 fr.
Si ScuELTK Bolswert eut un talent su-
périeur à celui de son frère, il le dut à
son intimité avec Rubens , qui se plai-
sait à retoucher au pinceau ou au crayon
les épreuves de ses planches. Dans un
grand nombre de ses estampes les parties
retouchées après coup s'aperçoivent an
travail, quelquefois discordant avec celui
de la première préparation , qu'il a fallu
établir pour arriver à l'effet demandé.
Généralement Scbelte s'occupa plutôt du
rendu complet de son sujet , de conserver
le sentiment du maître qu'il copiait, qoe
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BOM
(6
de Tarningeinent minutieusement régu-
lier de ses tailles. Mais dans son Assomp-
tio/i, d'après Rubens, on reconnaît un
très habile buriniste, savant dans Tart de
disposer ses tailles suivant la nature des
objets à imiter. Il a traité le portrait,
rbistoire et le paysage avec un égal suc-
cès. Son œuvre est considérable. Il a par-
ticulièrement gravé d'après Rubens et
Van Dyck, et beaucoup d'après ses pro-
pres compositions. On admire sa sainte
Cécile, d'après Rufcens'; le Couronne-
ment d'épines , d'après Van Dyck, qui se
■vend jusqu'à 850 fr. , lorsque l'épreuve
est avant les contre-tailles au bas de l'-ha-
bit du nègre debout, derrière un soldat
placé à droite; le Crucifiement y connu
sous le nom du Christ à t éponge, d'après
Van Dyck (dont il existe trois sortes
d'épreuves qu'il serait trop long de dé-
signer ici , mais dont celles où saint Jean
pose sa main sur l'épaule de la Vierge,
avant toutes retouches, sont les premières
et valent un prix inestimable pour le
curieux; tandis que celles où Marie,
supprimée aux secondes épreuves, est
rétablie avec transposition du nom du
peintre, sont les dernières et ne valent
pas plus de 50 fr.); le Roi boit, d'après
Jordaens, vendu 145 fr.; le Concert^
Pan jouant de la flûte, Argus endor-
mi, etc. L; C S.
BOMBARDE. On donné* ce nom,
dans la marine, aux bâtimens destinés à
recevoir des mortiers à leur bord, et à
envoyer des bombes sur les places fortes
que l'on ireut assiéger par mer, ou sur
les flottes bloquées que l'on cherche à in-
cendier.
Les Darires destinés à ce service pé-
rilleux doiTent subir une installation
particulière. Le pUits sur lequel on éta-
blit le mortier est, en quelque sorte, une
fascine quadranguhitre, composée, dans
le sens de la hauteur du navire, d'une
réunion, élastique de bordages croisés, de
fagots amoncelés et de tronçons de câble
superposés diagonalement les uns sur les
autres. La compressibilité de cet appareil
sert à amortir les secousses violemes qui
résultent pour le navire de la détonation
H de l'explosioii du mortier sous lequel
le puit9«BC construit. De forts étançons
horijBontaux , placés entre le puits et le
61 ) BOM
bord intérieur du bâtiment, servent à
consolider tout ce système d'artillerie.
La plupart des navires , quelle que
soit d'ailleurs leur construction, peuvent
étie rigoureusement, au moyen de quel-
ques modifications, convertis en bombar-
des ; mais lorsque l'on construit spécia-
lement des bâti mens pour les affecter à
ce ser\'îce , on a soin de donner à leurs
formes une disposition propre à les ren-
dre le plus stables possible, tout en con-
servant à leurs œuvres-mortes des con-
ditions d'élasticité que l'on a soin d'évi-
ter dans la construction des autres na-
vires. C'est ainsi, par exemple, que l'on
se contente de renforcer le bordé des
bombardes , sans introduire de membrure
entre bord et serre» L'avantage que l'oti
retire en donnant des formes plates à ces
sortes d'embarcations est celui de les ren-
dre m<yins impressionnables aux coupa
de rocher et de tangage; et l'on sent assez
combien il importe de donner|one grande
stabilité à |des navires à bord desquels
quelques lignes d'erreur dans le poin-
tage produiraient les résultats les plus
nuisibles ou les plus faux dans la direo
tîon des projectiles.
On donne, mais par abus du mot, le
nom de bombardes à quelques bàtimens
marchands des ports de la Méditerranée.
Cette dénomination s'applique, dans le
Levant, aux navires que nous désignons
dans le Nord sous le nom de trois-mâts.
Les militaires connus sous le nom de
bombardiers y dans les ports de guerre,
étaient les hommes qui composaient les
compQi|;nieé d'élite de l'artillerie de ma-
rine. C'étaient, à proprement parler, les
gi^nadiers de ce corps spécial. ^
La ^nomination andenne de gûliote
à bonibe n'est plus en usage; OB y a
substitué le mot bombarde,
• Les bateauX'bombes étaient, dana
nos flottilles de l'empire , de petites em-
barcations armèsi^'d'un seul mortier de
faible calibre.
En temps de paix on n'entretient pat
dans la marine des bàtimens spéeiale-
ment affectée au service de bombardes.
On n'arme ces sortes de navires que
dans les circonstances déteririîiiétt,' où
leur emploi devient nécessaire. £. C./
BOJNTBARDBfllBlIT. Cmk l'opéra*
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BOM
(662)
BOM
lion par laquelle se termine le plus or-
diDairement le siège d*uoe place qui oe
veut pas se rendre. Elle consiste à lancer
une multitude de bombes sur les éta-
blissemens militaires de Tassiégé pour le
mettre hors d'état de prolonger sa dé-
fense; mais dans les places dont l'inté-
rieur est habité par une nombreuse po-
pulation, les maisons particulières ont
beaucoup à souffrir du jet des bombes
qui les écrasent et les ruinent de fond
en comble; aussi on n'en vient jamais à
cette extrémité qu'après avoir fait une
sommation au comnuindant de la place
et l'avoir informé que tout est prêt pour
le bombardement. Le refus de rendre la
place est aussitôt suivi d'une nombreuse
projection de boinbes (voy. ce mot)
chargées de poudre et de matières In-
flammables qui mettent le feu dans les
bâtimens écrasés par le poids des bom-
bes. Ces dangereux projectiles sont du
caKbre de 12 ^ de 10 et de 8 pouces. La
trajectoire que les bombes parcourent
étant beaucoup plus élevée que celle des
boulets, elles parviennent dans les lieux
que ceux-ci ne peuvent atteindre.
L'un des bombardemens les plus re-
marquables en France est celui de Lille.
Vainement les Autrichiens, en 1792,
firent pleuvoir pendant cinq jours sur
cette ville une grêle de boulets rouges,
de bombes et d'obus. Les habitans, leurs
femmes, leurs en fans, familiarisés avec
cses scènes de désastre, arrachaient les
mèches des bombes pour les empêcher
d'éclater et ramassaient les boulets rou-
fpea avec des tenailles de fer pour les je*
ter dans l'eau. Us parvinrent par cette
conduite héroïque à forcer les Autri-
diiens dt renoncer à leur entrepsise. Ils
levèrent le siège le 9 octobre. G-te.
BOMBARDIER, canonnlw, chargé
spécialement du service des mortiers et
des obusiers. Quant aux bombardiers
4s la marine, vojr. B^MBàSDE.
BOMB ASINE ou Bomsasiit. On don-
ne ce nom à deux sortes d'étoffes. L'une
est £ait« de soie; elle se fabriquait à Mi-
lan particulièrement. On en a vu quel-
fiies métiers à Lyon ; mais depub long-
temps celAe fiabricaiÎMi a passé dans quel-
ques autres provinces de Fk^usce. La se-
coiidfB soKte se idirique avec dn fil qui
est la ohaine, et du coton qui (ait la trame.
On en fait même aujourd'hui en laine et
soie, pour robes; c'est une étoffe fort lé-
gère. Les basins que l'on fait à Bruges
sont appelés aussi bombasÎMs, tenue que
nos manufacturiers ont emprunté des
Flamands pour désigner les basins qu'ils
fabriquent; ils sont, comme ks n^tres^
unis, à poil, rayés à petites raies im-
perceptible et à grandes raies ou barras
de trois petites raies chacune. Depuis
peu de temps on a donné le nom de
bombasine à plusieurs étoffes^nouvelles
de divers tissus, soit en soie, soit de lai-
ne, ou de coton. Foy» Basin» F. R-d.
BOMBAY, l'une des trois présiden-
ces angU^ises dans l'Inde, sur la cote oo-
cidentale de la presqu'île. Elle a une su-
perficie de 59,438 m. carrés anglais tt
comprend les anciennes provinces d'An-
rengabad, Beydjapour, Kandeisch, Ga-
zurate et Adjemir , avec une population
de 6,251,546 âmes. IjS gpuvemeur a
aussi dans son ressort les états tributaires
des Rsjepoutes et d'autres contrées. Les
productions du sol de cette présidence
consistent en coton, riz , poivre, carda-
mome, en bois de construction, gomme,
bambou, bois de sandal. On tire de ee
pays des perles et de l'ivoire. On j entre-
tient une armée de 40,000 hommes dont
7 ,7 29 son t Anglais et les autres pris parmi
les indigènes.
Le chef-lieu, Bombay^ est bâti dana
une île près de la côte, de 4 lieues ëa
long et qu'une chaussée constndte par les
^.nglais unit à l'ile de Salsette. Une antra
lie, celle de Colabba, n'est séparée dt
Bombay que par un canal étroit. Ces Iks»
accessibles aux marées et situées sons un
climat brûlant, sont insalnbces, siartoU
pour les Européens : aussi la mortalilé
est effrayante parmi eux. Les riches sa
retireut dans des lieux plus frais lors d»
la saison brûlante. On compte dans l*Un
plus de 1 60,000 habiUns et Ton y trouva
de grands chantiers où l'on constrait,
avec une habileté étonnante, tonte espèon
de bâtimens de mer; des milliers de PMw
sis travaillent dans ces chantîers, au»*
quels les Anglais ont ajouté des docàa
susceptibles de recevoir trois
de li^e. Cette Ile appartenait (
ment au ngab de SalMttei a k oédbdann
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(66S)
BON
le XTi* siècle aux Portngais, et ceux-ci
la remirept, un siècle après, aux Angtais,
comme partie de la dot de Tinfante Ca-
tberioe. C'est seulement sous le régime
anglais que Bombay a acquis Timportance
Commerciale et navale que cette lie a
maintenant. Entre Bombay , Salsette et
la côte continentale, la nature a formé un
des plus beaux ports du monde , où une
flotte entière peut trouver un refuge. La
ville de Bombay située sous 18^ 86' de
latit. N., 70*^ 18' delongit. O., est con-
struite dans le goût moderne; elle est
bien fortifiée le long de la côte, et pro-
tégée par une citadelle, auprès de la-
quelle sont situés Tarsenal et les caser-
nes. Sur la grande place on voit Féglise
anglicane et le palais du gouverneur qui
était autrefois le collège des missionnai-
res. Bombay a un théâtre et un bazar
bien fourni de marchandises asiatiques
et de denrées. La société littéraire de
Bombay a publié des mémoires où se
trouvent consignés les résultats des re-
cherches des savans sur les antiquités du
pays. Des pagodes, des mosquées, des
synagogues servent au culte des Hindous
(qui forment les trois quarts de la popu-
lation) y des musulmans et des juifs. Les
Parsis pratiquent librement le culte du
feu. Bombay est avantageusement situé
pour faire le commerce avec toute la
côte du Malabar, avec l'intérieur de l'In-
de, la Perse et l'Arabie: aussi s'exporte-
t-il dans son port des marchandises pour
environ 80 millions de francs par an. La
traversée de Bombay en Europe est su-
jette à moins d'accidens que celle de Cal-
cutta. Bombay acquerra encore plus d'im-
portance lorsque le projet d'établir un
service régulier de bateaux à vapeur en-
tre cette ville et le port de Suez aura
re^ son exécution. Les communications
entre l'Europe et l'Inde , par l'Egypte ,
deviendront alors plus rapides et plus
faciles, et cette voie sera probablement
préférée par les Européens qui vou-
draient se rendre dans l'Inde ou revenir
de là en Eprope. D-o.
BOMBE) mot formé par une espèce
d'onomatopée pour désigner l'explosion
produite par le tir d'un projectile, et qui
désigne un globe creux en fonte de fer
dans lequel on introduit une quantité
déterminée de poudre et d'artifice pbul'
le Caire éclater en plusieurs morceaut|
soit au milieu^ des ennemis, soit sur de»
bâtimens que l'on veut enfoncer ou in-^
cendier. La bombe est percée d'un trou
conique qu'on appelle œil: on y place
une fusée remplie de composition assez
lente à brûler pour donner à la bombe
le temps d'arriver à sa destination avant
d'éclater. Elle a deux anses ou menton-
nets placés de chaque côté de l'œil, dans
lesquels on passe un anneau en fer pour
aider à la mettre dans le mortier qui
doit la lancer. Il y a, à la partie de la
bombe opposée à l'œil, une sur-épais-
seur que l'on nomme cutotel qui a pour
objet d'empêcher la bombe de tomber
sur la fusée. Il y en a de plusieurs cali-
bres, de 13 pouces, de 10 pouces et de
S pouces de diamètre; celles de 12 pou-
ces pèsent de 145 à 150 livres (71 à 78
kîlogr.), celles de 10 pouces, de 98 à 101
livres (48 à 50 kilogr.); et celles de 8
pouces, de 42 à 44 livres (21 à 22 ki-
logr.). On varie la charge des bombes sui-
vant l'effet auquel on les destine. Tantôt
elles doivent éclater dans l'air en un grand
nombre de morceaux , comme quand
elles sont dirigées sur un corps de trou-
pes; tantôt elles soi^t destinées k renver-
ser des murs, ou à écraser et incendier
des bâtimens, et alors elles n^ doivent
éclater qu'en tombant, ^q^. MoàTiEE,
Projectile et Bombaedemeiit. C-t*.
BONACOSSI (PiNAiioiiTk), d'une
puissante famille de Mantoue. Préfbt de
la ville en 1272, avec Zanicalli, il le fit
tuer avec tant de secret que Pon augmenta
ses pouvoirs pour lui donner les moyens
de venger son collègue; trois ans aprèi
il leva le masque, lorsqu'il eut été nothmé
capitaine du peuple; il comprima et punit
cruellement les révoltes qui furent es-
sayées, et de Guelfe se fi^ Gibelin. Il fut
sans cesse en guerre iivec les Bressans ,
les Padouans, les Yicentins, avec asseî
d'avantage, et régna 18 ans, non sans
gloire , jusqu'en 1 292 , époque à ^quelle
son fils Bardellone le jeta en prison avec
Taino son second fils. Il y mourut l'an-
née suivante, peut-être victime d'un par-
ricide.
B AaoELLOirE régna après lui 6t acquit 1
Malitoue beaucoup de popularité; mais
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BON
( 6^4 ).
BON
tdut à coup son neveu BûUesella, fib d*un
troisième frère Bonacossi, s*einpara de
Mantoue et le contraignit à fuir à Pa-
dou% où il mourut trois ans après.
BoTTESEiXÀ prît le titre de seigneur de
Mantoue et ranima le parti gibelin dont
il fut un des chefs , jusqu'à Tarrivée
d'Henri VU en Italie , époque vers la-
quelle il mourut
Passeruto, à Taide de ses Gibelins,
chassa le vicaire impénal envoyé par Hen-
ri VU pour régir Mantoue, et s'en fit con-
férer le titre par l'empereur. Un an après
les Gibelins de Modène lui donnèrent
aussi la seigneurie de cette ville. Passe*
rino passait pour le plus brave, le plus
habile et le mieux affermi des petits ty-
rans de l'Italie, quand une injure brutale
faite par son fils à la famille de Gonza-
gue amena sa perte : il fut tué dans une
émeute, en 1328; son indigne fils fut
égorgé par un Pic de la Mirandole , et
les seigneuries de Mantoue et de Modène
passèrent aux Gonzague. Val. P.
BON ALD (Louis-Gabribl-Ambeoise,
vicomte de), ancien ministre d'état , an-
cien pair de France, l'im'des quarante de
l'Académie française , naquit au Monna,
près Milhaud, en Rouergue, vers 1760.
Il débuta dans la carrière publique par la
place de conseiller du département de
i'Aveyron. Attaché par principes à la
cause de la royauté et par conscience à
celle de la religion, il a travaillé pen-
dant sa vie à soutenir l'une et l'autre. Il
émigra en 1791 el débuta bientôt après
dans la carrière littéraire par sa Théorie
du pouvoir politique ^ ouvrage qui fut
publié du temps du Directoire et saisi
par ses ordres; plus tard M. de Bonald
rentra en France et devint, en 1808,
membre du conseil de l'Université. A
la Restauration, il fut élu (1815) dans
son département membre de la Chambre
des députés, oà il siégea constamment
an c6té droit et défendit à la fois les
principes monarchiques et ceux d'une
théocratie ultramontaine. B avait écrit
contre le divorce en 1806 , et, après la
Restauration, ses discours à la Chambre
contribuèrent puissamment à son aboli-
tion ou du moins en hâtèrent l'époque.
B avait été l'un des rédacteurs du Mer-'
cwrefram^ais^ et sous la Restauration il
lutta de talent et de zèle, dans le Coruerva-
rfi«r, avec d'autres écrivains célèbres du
partiroyaliste. Réélu en 1816, il fut vice*
président de la Chambre élective en 1 820;
il y fut envoyé encore une fois en 1821 ,
et y siégea jusqu'à ce qu'il fût promu , en
1823, à la dignité de pair de France, par
Louis XVIU, qui l'avait fait élire à l'Aca-
démie française en 1816, qui, la même
année, l'avait créé vicomte, et qui ensuite
(1822) l'avait nommé ministre d'état £a
1827 M. de Bonald, contraire à la li-
berté de la presse, dont les abus l'aveu-
glaient sur son utilité incontestable , pré-
sida la commission de surveillance nom-
mée pour diriger les censeurs dans l'exer-
cice de leurs fonctions. On pense bien
que la révolution de juillet ne trouva pas
un partisan en lui; il refusa en 1830 le
serment exigé de tous les membres de la
législature et perdit ainsi son titre de pair.
Il se retira dans son château du Monnà
et ne prit plus aucune part aux affaires
publiques.
, M. de Bonald ne possède pas un sa-
voir bien étendu et son jugement n'a pas
été à Tabri des plus vives attaques. Il
pousse bien loin sa foi en l'infaillibilité
de l'Église catholique et l'admiration
qu'il a vouée à la Compagnie de Jésus.
Cependant sa. philosophie théocratiqoe,
un peu nébuleuse sans doute, mais repo-
sant sur des principes bien arrêtés , a
trouvé de chauds partisans.
Ses œuvres complètes onr été publiées
en 12 vol. (Paris, 1817-19 in-8**). Elles
comprennent les ouvrages siûvans : du
Divorce y 1 \o\,\ Législation primitive ,
8 ro\.',Recherches philosophiques,^ vol.;
Mélanges littéraires et politiques , 2 v.;
Pensées et Discours, 2 v. ; Démonstra-
tion philosophique du principe consti^
tutifde la société, ouvrage publié vers
la fin de 1830, 1 vol. J. H. S.
Ainsi que l'observe M. de Bonald lui-
même, sa démonstration philosophique
n'est qu'une version de sa théorie du
pouvoir, et sa législation primitive Ti^r-
vait fait que développer cette même doc-
trine sous son rapport avec la législa-
tion. Dans cet écrit remarquable le pu-,
bliciste chrétien ( et il dédaigne trop les
produits de la raison pure pour aspirer
à un autre titre ) n'a pas en vue de don- '
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( 665 )
BON
ner uo traité méthodique, une théorie
complète et détaillée de législation: il n'a
voulu, comme il le dit encore lui-même,
€{ue planter iesjalons qui doivent diriger
le législateur, poser 1© principe d'où il
doit partir , montrer le phare qui doit
le guider. Dans ses opinions politiques
M. de Bonald accorde peut-être trop aux
principes et trop peu aux circonstances
qui doivent les modifier, hes Recherches
philosophiques sont une production so-
lide et l'une des mieux écrites en cette
matière. Elles renferment, entre autres
dissertations , la solution de deux grands
problèmes que la philosophie n*avait
point encore résolus, savoir, Forigine
du langage et celle de Técriture. Il en
est cependant une dans laquelle Tauteur
s* est mépris ou ne s* est pas au moins
fait comprendre: c'est lorsqu'il veut faire
reposer le critérium de la vérité sur l'au-
torité du langage; car le langage ne peut
rien nous apprendre sur la réalité, de
nos sentimens et de nos affections ; cha-
cun sent le mal qu'il éprouve, ou res-
sent le plaisir dont il jouit, sans la pa-
role. Si M. de Bonald se fût clairement
expliqué sur ce point , M. de Boulogne ,
en rendant compte de sa Législation pri-
mitive, ne l'eût pas accusé de contester
l'existence de la loi naturelle, ce qui
n'était pas dans l'intention de M. de Bo<
nald, conxme le prouve sa doctrine sur
les idées innées. M. de Bonald n'a envi-
sagé son principe qu'en grand, il l'a jeté
un peu d^ns le vague ; mais s'il eût es-
sayé d'en déduire une théorie complète
sur la certitude , pour distinguer dans
tout ordre de choses la vérité de l'erreur,
il en eût trouvé l'application impossible.
Le style de M. de Bonald est noble et
soutenu, son expression riche, sa pensée
profonde , et sa réQexion souvent ingé-
nieuse.
MM. Hewri etVicTOR de Bonald et l'é-
véqueduPuy, ses trois fils, ont publié,
les deux premiers quelques brochures,
et le troisième quelques mandemens de
circonstance qui ont provoqué dans leur
temps l'attention du public. N-r.
BONAPARTE (famille) ou Buo-
XfAPAETE, car Napoléon et ses parens si-
gnèrent ainsi , circonstance indifférente
pom un nom italien ^ ii et o formant un
seul son dans cet idiome. Un des plus ter-
ribles et aussi des plus brillans météores
qui parût jamais sur l'horizon politique
fut sans contredit Napoléon Bonaparte% '
et si jamais une famille put se passer de
toute espèce d'illustration, ce fut la
sienne. Mais jalouse de ne point dater
d'un empereur des Français, couronné
en 1804, quoiqu'il y eût dans cet évé-
nement de quoi contenter l'orgueil le
plus insatiable , la famille Bonaparte a
fait des recherches et publié des preuves
qui la rattachent auxBuonaparte du conti-
nent de l'Italie, célèbres à Trévise , dans
la personne de Jean Buonaparte , dès
1178, et apparaissant depuis à diffé-
rentes époques à Parme , à Bome , à
Florence, à San - Miniato-al-Tedesco ,
comme dignitaires, signataires de trai-
tés, chevaliers, fondateurs d'ordres, etc.
Ces renseignemens se trouvent au com-
mencement du livre intitulé : Sacco di
Roma, par Jacques Buonaparte, imprimé
à Cologne, en 1756. L'éditeur, dans sa
préface, nomme cette famille illustre,
entre celles de San-Miniato et de la Tos-
cane , et dit ({Moelle a brillé de tout temps
dans les lettres**. Ce$i à Napoléon^Louis
Bonaparte, fils de Louis, qui fut roi de
Hollande, que l'on a dû, en 1830, la
traduction française de cet ouvrage, écrit
en italien par Jacques , témoin oculaire
de l'entrée des hordes que conduisit à
Bome le connétable de Bourbon, l'an
1527***.
(*) Ce n^cst pas dans cet article qu'on racon-
tera la vie de rerapcrcnr ^apoléoo : ce dernier
nom ' est t^onsacré par Thistuire comme par la
voix pojiulHire ; il faut donc chercher au mot
?«AroLÉON le ré»-it de lu carrière la plus éton-
nante et la plus merveilleuse que jamais bomme
.lit parcourue. C*est au»sl sons leurs prénoms
qu*on doit rbcnrher les nrticlrs sur tous les mem-
bres de la famille Bonaparte qui ont porté une
couronne. S.
(**) On connaît la Velova, commtdia/acttittima
de Nicolo Buonaparte; Florenre. 1691, chez
Oinnti; nouv. éd.; Paris, iSol, petit in-S". S.
(*") Voici le titre complet de Poriginal italien :
r.aguaglio storico di tutto t'orcorso , giorno per
fiomoy nel saceo di Roma d^lC anno i527. Opéra
di Jacopo Buonaparte. Colon., 1756, in-4**. La
traduction française est ainsi intitulée : Tableau
h statique dfs événement survenus pendant le sac de
Borne en i527 , transcrit du manuscrit original et
imprimé pour la première fois à Cologne en 1756>
ave une notice historique de la famille de Bona-
parte i traduit de l'iulien par M*'* (Ham.elin),
avec le texte en regard. Paris ,' 1809, in-8°; o«-
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(666)
BON
Nons donnons ici le dessin des armoi-
ries de cette ancienne famille italienne.
Cest d'une branche des Buonaparte
établis à Sârzana, dans le territoire de
Gènes 9 que sortait Loui»-Ma.rie-For-
TUNÉ Buonaptflrte, qui alla se fixer à Ajac-
cio en 1613, et qui fut Taïeul de Charles
Buonaparte^père de Napoléon. Charles,
étant assesseur à la juridiction d'Ajaccio,
épousa, en 1767 , Letizzia Ramolino ,
^ée de 17 ans et parfaitement belle,
car sa taille, ses mains , ses pieds ^ pou-
vaient servir de modèles comme son vi-
sage. La famille Buonaparte était une des
premières d* Ajaccio , quoique les Corses
lui reprochassent des aïeux génois ; et
le comte de Marbeuf n*eùt pas choisi sa
maison pour y loger , étant gouverneur
de la Corse , si elle n'eut pas été la mieux
bâtie de la ville. Tout ce qui a vécu en
Corse sait que Jérôme Bonaparte , né en
1784, est le seul enfant qui aurait pu
naître d'un amour illégitime, entre M.
de Marbeuf et Letizzia ; elle avait donc
plus detrente ans et était mèredesept en-
fiuis, quand sa liaison avec le gouverneur
devint l'objet de beaucoup de jalousies et
Trage rare, ajoute M. Quérard (/a France litti^
raire, tom. tl) qui dit ensuite en citant Barbier
{JJict. dis Ouvr. anonymes , t. HT, p. 3oi ) : « On
« est porté à croire que Jacq. Bonaparte a seale-
cc ment été possesseur du manuscrit que Ton a
« imprimé sous son nom. Les faits racontés dans
« le Tabteam historique sont tirés d'un petit toIu-
«< me publié à Paris en i6^)i sous le titre de //
« sacco di Roma dal Guicciardini (frère de Thisto-
«> rien) ». La traduction publiée par Tex-roi Louis
ço iB3oiiVstpeut-étre qu'une noavelle,éditioa
de celle de xooq. 1. H. S.
de médisances. Il ne lui rendit ponrtant
d'autres services que celui de présenter
les preuves de noblesse qui devaient faire
admettre k l'école militaire son fils Napo-
léon et à celle de Saint-Cyr sa fille Marie-
Anne-Élisa. Charles, étant allé à Kont-
pellier pour se faire guérir d'un ulcère aa
pylore, y mourut en 1785, et sa veuve ,
aidée des conseik de son frère de mère,
Joseph Fesch, dirigea avec tant de sagesse
les alTaires de sa maison et l'éducation
de ses enfans qu'elle s'attira la consi-
dération générale. Lorsqu'on 1792 le
célèbre Paschal Paoli forma la garde na-
tionale de Corse , il fit nommer lieute-
nant-colonel Napoléon Bonaparte, qui
n'était âgé que de 28 ans; l'oixionnance
en exigeait 25 , et Napoléon était « si
« fluet , si petit et si délicat (portent les
manuscrits de l'abbé RossiJ qu'il parais-
sait tout au plus âgé de 15 ans. Il fallut
disputer ; mais son mérite était déjà si
manifeste qu'il l'emporta. » Bientôt Fao-
li voulut soustraire l'Ile à la puissance de la
France révolutionnaire;àtout ce quedisait
ce vieux chef Napoléon répondait : Nous
ne serons donc plus Français? Il n'était
point électeur et pourtant il influençait
l'assemblée de Corte. Paoli voulut en fi-
nir ; une lettre de Joseph Bonaparte, da-
tée deToulon le 1 3 juin 1 79 3,fai t connaître
comment. « J'arrive dans cet instant à
« Toulon avec ma famille ; Paoli a fina*
« lement arboré l'étendard de la révolte;
€ j*ai été plus long-temps sa dupe que
n vous , j'en suis puni : j'ai fini par être
ff sa victime. Il y avait deux mille paysans
« armés. Ma famille a été poursuivie. Ma
« maison, celle de Moltedo, ont été pil-
ft lées, saccagées ou bràlées. De Caivi, ejk
« nous nous sommes réfugiés d'abord,
« nous sommes venus ici.» (Lettres atito-
graphes appartenant à l'auteur de cet ar-
ticle.) Ce que Jpseph ne dit point, c'est
que sa famille fut bannie de Corse par
une délibération deila consulta de Coite,
en date du 27 mai 1793, conçue dans
les termes les plus injurieux. La famille
Bonaparte vécut à Marseille des secours
que la Convention faisait distribuer aux
réfugiés corses ; et Letizzia , par écono-
mie , se retira au Beausset , petit village
près de Marseille. Comment la mattresse
du gottoernear de la Corse ^ qui n'avait
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jamais fSeiît une dépense de luxe , se trou-
Tait-elle réduite à vivre avec ses trois filles
de pain et de cerises, à porter des robes
de toile si grossières, si usées, qu'elles ne
pouvaient, elle ni ses enfans, sortir pen-
dant le jour? Cette pauvreté authentique
n'est pas un des moindres titres justifica-
tifs de Letizzia. Tout changea rapide-
ment: Napoléon devint général en chef
de l'armée d'Italie; son frère Joseph, son
oncle Fesch, furent nommés commis-
saires des guerres; madame Bonaparte
revint habiter Marseille pendant quel-
que temps , alla trouver le général Bo-
naparte à Milan , visita plusieurs villes
d'Italie , et finit par se fixer à Paris, pen-
dant que son fils faisait la guerre en
Egypte. Après le 18 brumaire, elle jouit
des biens que la fortune commençait à
départir à ses enfans ; mais elle en jouit
avec une modération qui ne ae démentit
jamais; et de tontes les femmes de sa fa-
mille elle fut la seule qui ne s'enivra
point de cette nouvelle position. Elle
s'occupa du soin de maintenir l'union
entre ses enfans et contribua à récon-
cilier Joséphine avec Napoléon, lorsqu'à
son retour d'Egypte celui-ci était pressé
par Lucien et ses soMirs de divorcer. Elle
prêcha d'exemple, comme de précepte,
l'ordre et la décence, et, n'étant Agée que
de 48 ans, toujours belle, dans le
rang social le plus élevé, ne donna pas
une seule fois prise aux railleries qui
poursuivent les vieilles feipmes coquettes
et prétentieuses. Les désordres de ses
filles ne purent jamais lui être imputés.
Nommée Madame et Altesse Impériale,
à l'avènement de son fils au trône, elle
forma sa maison d'après les ordres de ce
fils, augmenta ses charités, et ne changea
rien à ses habitudes remplies de dignité
et de modestie. Ignorante, mais spiri-
tuelle et sensée; mère aussi sensible que
courageuse ; prévoyante, adonnée au tra-
vail des mains, simple pendant son élé-
vation, fière depuis ses revers, Letizzia
est un des beaux caractères de femmes
que Ton puisse tracer. Elle se retira à
Kome en 1814. Dans le palais qu'elle
habite, on la trouvait toujours occypant
une chambre remplie des portraits de tous
ses enfans. lA, vêtue d'une robe de
deuil qu'elle n'a jamab quittée deptiis la
mort de Napoléon , ayant «ssises à quel*
que distance d'elle deux vieilles femmes
corses tricotant, Letizzia contemplait le
portrait en pied de l'empereur ou fiait
au fuseau. S'étant fait à la cuisse une
fracture dont on ne put obtenir la con-
solidation, elle ne quitte plus son
lit Les visites régulières du cardinal
F^ch et des membres de sa famille qui
résident à Rome, celles de quelques per-
sonnes de distinction , des exercices de
piété et le soin des pauvres emploient
le temps de cette princesse, qui à aucune
époque ne s'est mêlée des affaires pu*
bliques.
Charles Bonaparte et Letizzia Ramo-
lino ont eu 8 enfans tous nés à Ajaccio^
Joseph, Napoléon, Élisa, Lucien, Louis^
Pauline, Caroline et Jérôme, dont nous
parlerons très succinctement.
JosKPH,néen 1768, épousa en 1794,
à Marseille, MarieJulie Clary, fille d'un
négociant estimé de cette ville, dont il
n'a jamais assez apprécié les angéliques
vertus. Il a eu de cette épouse accomplie:
Zéfuude , mariée à Charles Bonaparte ^
prince de Musignano, fils de Lucien. Zé^
naîde est sensée, instruite, laborieuse;
elletravaille, jo£/j les ordres de son mari,
aux ouvrages d'histoire naturelle que ce^
lui-cî entreprend ; elle a fait une traduis
tion de Schiller qui a beaucoup de ré*'
puution. Charlottey seconde fille de Jo-
seph, est veuve du prince Napoléon-
Louis Bonaparte , fils de Louis, roi de
Hollande; sa conduite est digne de celle
de sa mère et de sa sœur; elle dessine
d'une manière remarquable {voy. Jo-
seph, roi d'Espagne).
Napoléon, né en 1769 (vo^. Napo-
léon I*', empereur des Français, et Na*
pOLitoN, roi de Rome).
MARtE-ANirB-ÉLisA obtint de Lucien,
dont elle était l'atnée, que l'ordre des da-
tes serait interverti en sa faveur, et que,
dans lesalmanachs impériaux, elle serait
inscrite comme sa cadette ; elle doit être
née en 1778 ou 1774. M"^ deLuchet,
chargée en particulier de son éducation
à Saint-Cyr, célébra beaucoup son intel-
ligence, son esprit, et parla aussi de son
amour pour la domination; elle épousa en
1797 Félix Bacciochi [voy. ce nom), d'une
fa mille corse où se portait le titre de b€iron
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(voir la lettre de Masserîa à Clavière ,
imprimée à Corte en 1793). Félix reçut
le titre de prince de Lucques et dePiom-
bino, quand sa femme devint grande-du-
chesse et gouvernante de Toscane en
1805. Pendant la durée de son adminis-
tration , on ne put lui reprocher que le
désordre de ses mœurs; elle s*efforça de
faire rendre la justice, protégea les scien-
ces, les lettres, les arts, Tindustrie, et
n'eut qu*un tort grave, celui de vouloir
s'aocommoder avec les ennemis de son
frère Napoléon quand celui-ci luttait
contre tous les souverains de TEurope.
En 1815, elle fut forcée de se retirer
dans les États autrichiens, auprès de sa
sœur Caroline , épouse de Murât, roi de
Naples. Elle est morte à Trieste en 182Ô.
Félix Bacciochi a acquis de T Autriche
le titre de prince. Il passe les hivers dans
son palais (de Ramuzzi) à Bologne, dont
Tescalier de marbre est considéré comme
le plus beau de Tltalie; Tété il demeure
dans sa seigneurie de Canale,dansle Fr ioul
autrichien. Sa conduite personnelle, le
grand air de sa maison , répondent au
rang où il est monté ; on le recherche et
on le considère à Tégal de tous les prin-
ces d'Italie. Élisa a eu de Félix : Napo-
léone-ÉUsa^ née en 1806, mariée au
comte Camerata, d'une grande maison
d'Italie. Un fils seulement est né de son
mariage. Napléone-Élisa vit séparée de
son mari. Napoléon -Frédéric ^ second
enfant d'Ëlisa , né en 1815 ou 1816,
jeune prince dont l'éducation et les pre-
mières années donnaient des espérances
à sa famille, est mort en 1833 à Rome,
d'une chute de cheval.
Lucien, prince de Canino^ né en
1775, se réfugia avec sa famille pros-
crite en Provence. Nommé garde-maga-
sin à Saint-Maximin et logé chez un nom-
mé Boyer, aubergiste, il en épousa la fille,
Christine , douce et vertueuse personne,
qu'il rendit heureuse tant qu'elle vécut.
Il était inspecteur des charrois , quand
on l'emprisonna à Aix comme terroriste,
en 1 794 , et n'obtint sa liberté qu'en con-
jurant h genoux le représentant Chiappe,
son Compatriote, d'intercéder pour lui
(voyez la lettre de Lucien, publiée dans
la hesfue de Paris ^ 1 1 novembre, 4<^ an-
née). S'élevant graduellement à la suite
de Napoléon, il devint commissaire des
guerres et représentant- au conseil des
Cinq-Cents; il présidait cette assemblée,
réunieà Saint-Cloud, quand NapoléonBo-
naparte , accusé d'aspirer au pouvoir, s'y
présenta. Cette assemblée voulait pros-
crire le général ambitieux : Lucien s'y
oppose et fait soutenir la cause de son
frère par un bataillon de grenadiers qui ,
de gré ou de force , dispersent la repré-
sentation nationale. Cette journée du 19
brumaire {voy,) fit honneur au courage
et à la présence d'esprit de Lucien. Il fut
ministre de l'intérieur et ambassadeur en
Espagne. Là son intelligence fut mise en
défaut par les rapports des gens de sa
suite , qui lui pei*suadèrent que les Espa-
gnols n'aspiraient qu'à devenir Français.
De cette époque data le plan de Napo-
léon de s'emparer de la Péninsule. Nom-
mé tribun en 1802 , sénateur peu de
temps après , Lucien s'opposa plusieurs
fois aux volontés de son frère. Sa femme
Christine étant morte , il s'attacha à M™^
Jouberton, femme divorcée d*un agent
de change, et celle-ci lui ayant donné un
fils, Lucien Tépoj^isa malgré la volonté de
Napoléon el le vœu de toute sa famille. H
lui fut ordonné de quitter la France. De
Rome , où il s'était retiré , il ne cessa de
s'élever contre l'ambition de son frère;
il refusa les offres les plus brillantes que
lui fit l'empereur, et, voulant enfin se met-
tre à l'abri de son mécontentement, il
s'embarqua pour les États-Unis (5 août
1810),à peu près sûr de tomber au pouvoir
d'un vaisseau anglais, qui le conduisit en
Angleterre où il acheta là terre de Tom-
grove , près de Worcester ; le gouverne-
ment britannique attacha un colonel à sa
personne. Sou nom ne figure point dans
Les almanachs impériaux : il n'était point
censé faire partie de la famille de Napo-
léon. Lucien retourna à Roi^e en 1814,
où le pape lui conféra le titre de prince
de Canino , et revint à Paris ( 9 mai
1815) réconcilié avec Napoléon pendant
les Cent -Jours. Dans la Chambre des
pairsoù il siégea, non comme prince, mais,
disait-il, en vertu d'une nomination de
l'empereur, il défendit les droits de Na-
poléon et ceux de son fils avec une noble
fermeté, jusqu'au moment où M. de Pon-
técoulant lui demanda; en pleine séance ,
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à quel dire, lui, prince romain, voulait
imposer son opinion aux représentans de
la nation française. Lucien , forcé de fuir
devant ies armées étrangères, retourna
à Rome après la bataille de Waterloo.
D'abord le comte de Bubna le fit enfer-
mer dans la citadelle de Turin, en le
traitant toutefois avec égard ; mais ses dé-
clarations et Tintercession du pape le fi-
rent élargir en septembre 18 1 5. Le ai-
mai 1816 il fut rayé de la liste des mem-
bres'de l'Académie française et les passe-
ports qu'il demanda en 1817, pour lui et
Tun de ses fils, dans le dessein d'aller
aux États-Unis d'Amérique, lui furent
refusés par les ministres de toutes les
cours. Depuis ce temps, le prince de Ca-
nino vit à Rome avec plus de splendeur
que de prudence , et s'est vu obligé de
plaider, il y a peu de temps, contre son
propre fils, qui l'accusa d'avoir dissipé
la dot de sa femme ^ remise aux mains
de Lucien. Les discours prononcée par
Lucien , lors du concordat et de l'insti-
tution de la Légion-d'Honneur, ne furent
point rédigés par lui , mais il en donna
toutes les idées. Son poème de Charle-
magne, épopée en 24 chants (1815, 2
Tol. in-8^), dédiée au pape Pie YII, et la
Cirnéide, poème épique en 12 chants
(1819, in- 8**), ne valent guère mieux que
Bathilde, reine des Francs, poème en
10 chants (Paris, 1820, in-8^*) com-
posé par sa seconde femme Alexandrine;
cependant dans l'un et l'aulre on recon-
naît de l'esprit et de rin^trnction. Déjà
dans l'an VII (1799) Lucien avait pu-
blié la Tribu indienne, 2 vol. in- 12.
Amateur de tableaux et d'antiquités, il
protège ies arts et se livre à leur étude
en même temps qu'à celle des lettres.
Le prince de Canino a eu de Chris-
tine, sa première épouse, Charlotte,
mariée à Don Mario, prince Gabrielli,
et Christine, mariée d'abord au comte de
Possé, Suédois, puis divorcée «t rema-
riée avec lord Stewart ; de M"** Jouber-
tOB : Charles, prince de Musignano, ma-
rié à sa cousine Zénaîde, fille de Joseph;
Letizzia,*mMr\ét à M. Wyse, irlandais de
distinction, mais qui ne vit point avec
son mari; Jeanna, mariée au marquis
4)norati, d'une grande famille italienne, et
,»orte prématurémeot; PaolOy mort en
Grèce d'un accident, sur le vaisseau de
l'amiral Cochrane. Lucien â encore deux
enfans en bas âge. On peut ajouter à
cette liste Anne Jouberton , fille du pre-
mier mari de la princesse de Canino, que
Lucien a adoptée et qu'il a mariée au
prince Ercolani, dont elle est veuve.
Louis, comte de Saint-Leu, né en
1778, mariéà HortensedeBeaubamais,
quoiqu'il désirât épouser M''^ de Beau-
harnais , devenue M"** de La Vallette. De
ce mariage sont nés un prince mort dans
son enfance en Hollande; Napoléon-
Louis, né en 1804, mort de la rougeole
à Forli, en 1831 : il avait épousé sa cou-
sine Charlotte, fille de Joseph; tous
deux donnaient l'exemple des plus tou-
chantes vertus et inspiraient autant d'es-
time que d'affection ; Charles-Louis Na-
poléon, né en 1808, prince aimable,
doux et courageux , unique consolation
de ses parens depuis qu'ils ont perdu
son frère aîné [voy. Locis, roi de
Hollande),
Marie- Pauline naquit en 1781, et
épousa d'abord le général Leclerc que
Napoléon, premier consul , la contraignit
de suivre quand il envoya son mari con-
tre les noirs de Saint-Domingue en 1801.
Sur le vaisseau amiral V Océan on rendit
d'éclatans hommages à la belle voyageuse
et à son charmant enfant : c'était Gala-
thée ou Vénus Anadyomène. £iie mon-
tra beaucoup de courage pendant cette
expédition malheureuse, dont elle revint
veuve en 1802, et perdit peu de temps
après ce fils, unique enfant qu'elle ait ja-
mais eu. Napoléon la remaria, en 1803^
à Camille Borghèse (voj^.), prince romain,
d'un caractère doux et frivole, mais qui
pourtant conçu tpour ledésordrede moeurs
de Pauline une aversion qui ne lui per-
mettait plus de supporter sa vue. Presque
aussi parfaitement belle que sa mère, Pa»-
lineagissait malheureusementcomme si le
soin de sa réputation eût été incompati-
ble avec le haut rang où elle était parve-
nue. A ses derniers momens elle sembla
vouloir prouver combien lui étaient chè-
res les vanités du monde, en s'en sépa-
rant le plus tard possible.' Une vertu la
distingua éminemment : ce fut l'amour
tendre, passionné et reconnaissant que,
malgré quelques boutades, elle ne ces^
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B«N
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BON
ta de resMOtir pour son frère N«poléoii ,
«i qu'elle lui prouva par tous les sacri-
fices qu'il fut en son pouvoir de lui faire.
Ses caprices, sa fierté qui la portaient à
exiger là où ses frères et sœurs se con-
tentaient de prier, contribuaient peut-
être à la rendre chère à l'empereur. Mais
elle le blessa en manquant de respect à
l'impératrice. Brouillée avec lui au mo-
ment de sa chute, elle courut le rejoin-
dre à nie d'Elbe, et avant la baUille de
Waterloo elle lui envoya ses diamans *,
La princesse Borghèse est morte récon-
cilia avec son mari et toujours belle, à
Florence^en 1825.
MARiE-AHinjnciADE-CAECLiirB, née
en 1783, mariée, en 1800, au général
Joachim Murât, depuis grand-duc de
Berg et ensuite roi de Naples (vojr» Joa-
C3hih), déploya un caractère ferme et
résolu lorsqu'en 1814 il lui (aUut re-
noncer au trône et rendre le royaume
de Naples à son ancien possesseur. Elle
résista d'abord avec tant de courage et
céda ensuite avec tant de dignité à ce re-
vers de la fortune, qu'elle regagna l'es-
time que ses habitudes frivoles et sa ga-
lanterie avaient compromise. Après la
mort de Murât, elle erra en Italie et dans
les états de l'empereur d'Autriche, s'oo-
cupant sans cesse de l'éducation de ses
enfans. Elle vit aujourd'hui à Florence.
Les enfans de Caroline et de Murât sont :
Achille, né en 180 1, jeune homme plein
de courage et qui s'est fait connaître
comme écrivain par son Exposition des
principes du gouvernement républicain
tel qu'il a été perfectionné en Aménr-
que, un vol. in-8^, publié à Paris en
(*) Séparée de son mari , elle Téent d*«bord à
Kome où elle occupa ane partie uo palaia Bor-
ghèse qae son mari lui arait abandonnée; depuia
i8i6 eue habita la TÎlIa Sciarra. Sa maison, où
régnaient le goût et les arts, fut le rendea-Toos da
eorde le plus brillant de Rome. Quand elle eut
reçu la nouvelle de la maladie de Napoléon elle
sollicita plusieurs fois la permission de se rendre
à Sainte-Hélène. Elle Tenait enfin de Tobtenir
quand arrira la neoTelle de sa mort Pauline
mourut à Florence le o juin i8a5. Outre plu-
sieurs legs et une fondation dont les rereous
sont alTecté* à défrayer deux jeunes gens d*A-
jaccio qui Tondraient étudier ûi ntédecine et h
chirurcie,cile institua ses frères, le comte de St-
Leu elle prince de Montfort, héritiers de sa for-
tune qui s'élevait encore à deux millions. Son
buste en marbre , exécuté JMU* Caneta, est un
dker-#fle«vrt de cet ayHiOe. C^ JL.
1833; Letitzia, m^ en 1802,
au comte Pepoli y est aussi distinguée par
sa sagesse que par sa beauté. Cette beauté
était accompagnée d'un tel chaitne que
la vue de la princesse a souvent calmé
l'humeur de la populace napolitaine, 'qui
ne cessa jamais de regretter les Bour^
bons ; Lucien^Chorles , né en 1803 ;
Louise-Julie- Caroline , née em 1805 ,
aimable comme sa sœur, mariée au aornla
Rasponi de Ravenne.
JÉaoMB, cointe de Atonffort, né ea
1784, épousa en 1803, étant mineur et
sans l'autorisation de sa iamille, à Bal-
timore, M"^ Patterson^ mais son mariage
n'ayant point été approuvé, il y renonça
en 1807 et prit pour épouse Catherine
de Wurtemberg, excellente et vertueuse
princesse. De son mariage avecM^^® Patp-
terson Jérôme a un fils, Jérôme-Bona'-
parte y seul homme de cette famille qui
en porte le nom. La ci- devant reine de
Westphalie , aujourd'hui princesse de
Montfort, a pour ce fils de l'épouse qui
l'a précédée le plus tendre attachement,
et n'a rien négligé, non plus que le comte
de Montfort, pour fixer ce jeune homme
en Italie; mais Jérôme Bonaparte, dont
l'esprit et le jugement sont d'une égale
supériorité, a préféré son titre de citoyem
américain à ceux que pourrait lui ob-
tenir, sur le vieux continent, le reste de
crédit dont jouit encore sa £uniUe pe->
temelle; il aime Findépendanoe, le tra-
vail, et se crée par le commerce,- auprès
d'une jeune personne de Boston ou de
Baltimore qu'il vient d'épooaer, une
fortune qui oe lui rappellera ni les laiv
me» des rois, ni le sang des peuples. Les
enfans de Jérôme et de Catherine de
Wurtemberg sont : Jérôme, capitaÎBe
aux gardes du roi de Wurtemberg, soo
oncle; Mathilde et Napoléon {voy, JA*
ROME, roi de Westphalie).
Tous les mâles, dans la famille Bone»
parte, portent le nom de Napoléon, joidt
à d'autres noms patronymiques, depwa
l'élévation de Napoléon, empereur èm
Francis.
Josipviirx, preaiière feaulie de ffé-
poléon Bonaparte, et ensuite ianpératriee
des Français, aura, sous ce nom, un ar-
ticle partioulier. roy. aussi , ostre te
renToiaindiquésploaliaiil^]
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Eucàrâ (princé)y Fbsch, Cuat. L. C. B.
BONAPARTE (a&ghipel dx), groupe
de plus d'uB millier d*Ues et d'environ
100 lieues de long, sur la côte nord-
ouest de la Nouvelle-Hollande, entre 13^
I ô' et 1 4^ 1 7' SO' de latitude sud et entre
141^ et 143^ de longitude orientale. Dé-
couvert par Panipier, cet archipel fut
ensuite visité par Baudin, par Peron et
par M. Freyctnet; les Iles divisées en 3
groupes et dont les principales sont cel-
les de Champagny, d'Arcole, de Ma»et ,
de rinstitut, etc., sont désertes et d'un
aspect sauvage; mais elles attirent les
navigateurs à cause, des poissons doqt
leurs eaux fourmillent et à cause des mpl-
Insques , coquillages et tortues dont elles
sont couvertes. Les Malais vont y re-
cueillir les holothuries recherchées par
les Chinois. S.
BONAPARTE (golfs de), au sud et
au sud-ouest de la Nouvelle-Hollande,
sur la cote Napoléon. A Feutrée du golfe
est située l'Ile de Lagrange: plusieurs
bois, groupes d'Iles et établissemens des
environs portent les noms de Berthier,
Cambacérès, Joséphine, Léoben, etc. S.
BONAVENTURE(Jeahi>k Fioaicza),
un des plus célèbres philosophes scolas-
tiques, était né, en 12211, en Toscane.
II entra, en 124S, dans l'ordre de Saint-
François; obtint, en 1353, une chaire
de tbéolo^e à Paris, où il avait fait ses
études, et devint, en 1356, général de
s#n ordre, qu'il gouverna avec autant de
zèle que de ihodération. £n*1273 il fut
nommé évéque d'Aibano, et, l'année
suivante, décoré de la pourpre romaine;
il se rendit, comme légat du pape, au
concile de Lyon , ou il mourut clans la
même année (1374) des suites de ses
austérités ascétiques. On célébra ses funé-
railles avec la plus grande magnificence:
le souverain pontife lui-même , des car-
dinaux et des rois y assistèrent. La pu-
reté des mœurs de Bonaventure et quel-
ques miracles qu'on lui attribuait lui
attirèrent pendant toute sa vie la vé-
nération publique. Le pape Sixte IV
prononça (1482) sa canonisation, et
Sixte Quint le mit (1587), comme
sixième en rang, au nombre des plus
grands docteurs de l'Église. Les pensées
\Êm ses écvitB
et sa dignité de général de Tordre séra^
phique lui valurent le titre dedoctorse^
raphicus. Les franciscains le regardent
comme le plus grand savant que leur or«
dre ait eu et l'opposent au célèbre Tho*
mas-d'Aquin, le héros scolastique des
dominicains. La ville de Lyon , qui pos-
sède sa dépouille mortelle, le choisit
pour son patron.
Une grande partie des nombreux ou-
vrages de Saint-Bonaventure sont con-
sacrés à son ordre et ont pour objet
d'en perfectionner la règle et la disci-
pline. Comme propagateur du culte de
la Vierge et comme apologiste du céli-
bat des prêtres, de la transsubstantiation,
de la communion sous une seule espèce y
et d'autres institutions de l'Église au
moyen-âge, il rendit de notables servi-
ces : il soutint les doctrines et les usages
de l'Église romaine avec un grand luxe de
preuves philosophiques, dans son com-
mentaire sur le Mtigùter sentenUarum
de Pierre Lombard, et dans plusieurs au-
tres écrits ascétiques et d'exégèse d'une
moindre étendue. Les plus remarquables
de ces derniers, le Breviloquium et X^Cenr
tUoquium^ sont des manuels dogmatiques.
Ses efforts pour laire servir la philosophie
(qui chez lui est un mélange de Faristo*
télisme et du néoplatonisme) à l'appât
de la foi, et le mysticisme pieux qu'il
emploie pour opérer FaméUoration in*
tellectuelie et morale de l'homme, ren-
dent souvent ses écrits obscurs. Pour lui
l'union à Dieu est le bien suprême, ci
ce principe, il le développe dans sott
Itinerarium mentis in Deutn et dans sa
Reduclio artiiim in Ûieologiam , qui est
un essai de démonstration que la théologie
est le but de tous les arts et de toutea
les sciences. Généralement parlant, c'edC
le mysticbme qui prédomine dans les
ouvrages de saint Bonaventure; loi
seul a plus fait pour fonder la théologie
mystique, comme science, que tous les
mystiques qui l'ont précédé. Il s'est laissé
aller à des interprétations allégoriques
jusque dans ceux de ses ouvrages quH
voulait rendre populaires; ainsi, par
exemple, dans sa Biblia paupemnî^
dont le but était évidemment de mett^
les histxnreg bibliques à la portée dis
persoDiics ittétrées, tes sujet» si sltoplit
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BON ( 67
de Toriginal sont presque tous entière-
ment défigurés. Cependant cet auteur
se distingue des autres scolastiques par
le soin qu'il a mis à éviter les arguties,
par la ferveur de ses sentimens religieux,
et par là direction pratique de son es-
prit. Dans le commentaire cité plus haut,
il réfute avec une grande sagacité les
opinions émises en faveur de l'éternité
du monde, et il soutient la doctrine de
Fimmortalité de Tame par de nouvelles
preuves. Les OEuvres de saint Bonaven-
ture ont été publiées à Rome en 7 vol.
in-fol., 1588-1596; mais il y a dans
cette édition beaucoup d'écrits apocry-
phes, entre autres, Tabsurde Psautier
de Marie, C. L.
BONBON , expression enfantine qui
a passé dans le langage ordinaire pour
désigner diverses sucreries fabriquées
par le confiseur (vojr.) et dont la variété
est infinie. Tantôt ce sont d'élégantes
'cristallisations colorées de diverses cou-
leurs et prenant mille formes ingénieuses
ou bizarres, tantôt des liqueurs délicates
contenues dans une friande enveloppe.
Ajoutez à cela le luxe et la recherche des
papiers dans lesquels on les enferme, ac-
compagnés de vers ou devises cpi'on fai-
sait autrefois fabriquer au mille, comme
des épingles , et que dans ces derniers
temps on a eu le bon esprit de rempla-
-cer par des extraits de nos meilleurs
poètes tant classiques que romantiques.
Le jour de Tau en France et la veille de
Koêl dans d'autres pays sont le moment
où il se débite le plus de bonbons. Plus
d'une fois il est arrivé que des substan-
ces minérales employées pour colorer
les bonbons ont produit de véritables
empoisonnemens et appelé trop tard
l'attention de l'autorité. F. R.
BONCHAMP (Charles^Melchior-
Arthus, marquis de), l'un des meilleurs
généraux vendéens, issu d'une maison
très ancienne, naquit au château du Cru-
cifix, province d'Anjou, en 1760, et fit
ses premières armes dans la guerre d'in-
dépendance d'Amérique. De retour en
France, il était devenu capitaine, lorsqu'il
.se crut obligé de donner sa^démission en
1791. Quoique bien convaincu que les
.gueiTes civiles ne donnent point de gloi-
.re^ il accepta le commandement que Ini
2 ) , BON
déféraient les insurgés de TAnjoUy et il
dirigea avec talent ^t courage les mou-
vemens des Vendéens. Rarement il sor-
tait d'un combat sans être blessé : à Fat-
taque de Nantes il eut le cotide fracassé.
Mais sa prudence égalaft sa bravoure :
elle le rendit même suspect aux chefs des
Vendéens, jaloux des rares qualités de
Bonchamp et qui l'accusaient souvent de
tiédeur. A l'attaque de Chollet, 17 oc-
tobre 1793, Bonchamp fut blessé à mort,
et en expirant cet homme généreux sauva
la vie à 4,000 pnsonniers républicains.
On a vu exposé au Louvre, en 1823, le
monument qui lui a été élevé près du
champ-de bataille, dans l'église de Saint-
Florent. J. H. S.
BON-CHRÉTIEN, voy. Poirier.
BONDI ( Clément ) , poète italien
très estimé, naquit en 1742 à Mîzzano,
duché de Parme, et mourut en 1821 à
Vienne, sa seconde patrie. Une édition
de luxe de ses poésies, dédiées à l'ar-
chiduchesse Marie-Béâtrix d'Esté, parut
dans cette ville en 1808, en 3 vol.; ces
poésies sont lyriques, didactiques, élé-
giaques et satiriques; les unes originales,
les autres traduites d'autres langues. X.
BOND Y (le comte Taillepied de),
pair de France et ancien préfet de la
Seine, est né à Paris , en 1766, au sein
d'une famille de la finance. La révolu-
tion de 89 l'empêcha de suivre la même
carrière ; mais en 1792 le gouvernement
le chargea de diriger la fabrication des
assignats ; H remplit celte flace avec in-
telligence et probité. Après le 10 août, il
donna sa démission et resta étranger aux
partis alors dominans. Il ne reparut qu'a-
près la fin de l'orage révolutionnaire.
S'étant lié avec le prince Eugène, celui-
ci le présenta à l'empereur qui , en 1 805 ,
lui donna le titre de chambellan. Depuis,
M. de Bondy accompagna ce prince dans
plusieurs de ses voyages ; il le suivit sur-
tout durant la campagne de Wagram,
en 1809. A son retour, l'empereur, qui
avait reconnu son mérite, le nomnut
maître des requêtes au conseil d'état et
l'envoyji ensuite présider le collège élec-
toral du département de l'Indre. A la
même époque M. de Bondy fut créé
comte de l'empire , et le roi de Bavière^
atftquel Napoléon i'ttvait attaché qudqne
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BON
(673)
BON
temps, le nomma grand'-croix de Tor-
dre de Saint- Hubert.
Lorsque Marie- Louise vint en France^
M. de Bondy fut au nombre des person-
nes chargées de la recevoir à Carlsnihe
et de l'accompagner à Paris , en dirigeant
les fêtes que toutes les localités par où
elle devait passer lui préparaient. Au
mois d'août 1810 il fut nommé préfet
à Lyon , et dans ces fonctions il s*est fait
remarquer {tar une attention vigilante
aux besoins de ses administrés et par
une activité pleine de zèle. M. de Bondy
obtint de la confiance de l'empereur des
sommes considérables pour les travaux
publics que réclamait l'intérêt des habi^
tans de Lyon. Le commerce de cette cité
le chargea , en 18 1 1 , de remercier l'em-
pereur des décrets par lesquels il pro-
hibait les produits des manufactures an-
glaises. Celui-ci, dans des circonstances
difficiles, lui exprima combien il était
satisfait de ses services.
Lorsque les Autrichiens se présentè-
rent devant Lyon en 1 8 1 4 , M. de Bondy
concourut à la défense de cette ville et
ne quitta la préfecture qu'avec les der-
niers régimens de l'armée qui se retira
sur Valence. Après la chute du gouver-
nement impérial, le comte d'Artois fut
forcé de satisfaire à l'opinion des Lyon-
nais qui rappelait M. de Bondy à la tête
de l'administration , et après le départ
des étrangers toute la ville lui vota des
remerciemens. Néanmoins il f^t remplacé
peu après ; mais les Cent- Jours ne tar-
dèrent pas à le faire sortir de sa retraite :
l'empereur le nomma préfet de la Seine
et il rentra au conseil d'état. Il y signa
l'adresse du 30 mars, dans laquelle
étaient exprimés de dignes voeux de li-
berté pour la France. Il fut nommé
membre de la Chambre des représentans
en mai 1815. Comme préfet du dépai^
tement de la Seine, M. de Bondy fut
nommé un des trois commissaires char-
gés de la convention du 8 juillet, et
quand M. de Chabrol l'eut remplacé, il
passa momentanément à la préfecture de
la Moselle ; la réaction qui éclatait déjà
avec violence le fit révoquer presque
aussitôt. Dans le procès du maréchal Ney
M. de Bondy, comparaissant comme téi-
inotD à décharge, réokma pour racoosé
Encxehp. d, G. d. M, Tome III.
le bénéfice de Tarticle 12 de la capitu-
lation de Paris» qui avait déclaré les
personnes inviolables.
En 1816, en 1818 et en 1823 , M. de
Bondy fut envoyé par le département de
l'Indre ii la Chambre des députés; en
1827 il fut réélu par l'arrondissement
de Chàteauroux. Il siégea constaroment
au côté gauche. Après la révolution da
juillet, il succéda à M. Odillon-Barrot
dans les fonctions difficilet de préfet du
département de la Seine; et si son acti-
vité ne répondit pas peut-être aux exi-
gences de ce poste éminent, il se fit es-
timer par d'excellentes intentions et ac-
quit de nouveaux droits à la reconnaia*
sance publique par des mesures sages et
éclairées. En 1832 il a été remplacé et
élevé en même temps à là pairie. F. F.
BONE, voy, Constaittine.
BONER (Uliig ), fabuliste allemand
du commencement du xiy® siècle. Il vi-
vait à Berne et appartenait à l'ordre des
dominicains. La première édition de son
recueil de fables intitulé dtr Edelstein
(le Joyau) parut à Bamberg en 1461,
petit in-fol. ; la meilleure est celle que
M. Beneoke a publiée à Berlin, en 1816,
avec un bon glossaire. C. X.
BONHEUR. Le bonheur est un eut
continti de Tame jouissant d'un plaisir
inaltérable quand ses désirs sont en rap-
port avec ses facultés^ Au reste , on ne
saurait en donner une définition qui sa-
tisfasse tous les esprits ; car la diversité
des goûts et des caractères y trouvera
toujours à redire, et dans un siècle d'in-
dividualisme, tel que le nôtre, les dissen-
ti mens ne manqueront pas sur ce sujet.
Les uns font consister le bonheur en de
vives sensations, dans la libre jouissance
de tous les plaisirs du luxe; les autres
dans la considération publique, les hon-
neurs et les dignités; ceux-ci le placent
dans la médiocrité dorée , dont parle
Horace; ceux-là dans la piété sincère ou
dans le bien-être limité de la famille. On
ne saurait saisir toutes les nuances de
pensées que le mot de bonheur renferme :
elles sont presque aussi variées que les
imaginations et les individus.
Le bonheur est le but des ideDces
morales y religieuses et politiques; il
touche à toiAtes les questions ; il a été
41
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fiOlï
(674)
mv
àuufiâ mx tira» le9 modep; U f9^ le fpyer
lies ûi$pira lions poétique^, le tprme où
tendent sans cesse nos pas et nos vœujL.
Chose fiqgqlièrel op ne parvient g^ère
à faire comprendre ce q^*il peut être
ici-bas que par des négaMons » c'est-à-
dire en retraçant ce qui pous rend ipaK
hflnreax; il semMe qu'un bonheur com-
plet soit une impossibilité dans ce mopde.
Eb effet y une des causes certaines de
notre malbeur c*est déjà de nous exagé-
rer le bonheur auquel il est permis d'at-
teindre sur la terre; les peintures poé-
tiques , les fictions. Les livres de philo-
sophie mémo 9 nous font des peintures
d'une félicité séduisante » Tariée, eni-
vrante, et quand nous retombons dans
la réalité des choses nous sommes tout
étonnés de voir si peu de rapport entre
ce qui est et ce que nous souhaitons. Il
faut savoir se limiter ; la justesse de Tes-
prit est la première condition de notre
bonheur terrestre. Ainsi la connaissance
du cœur humain , ses faiblesses , les mé-
eomptes anxquelB il expose dans la yie^
sont une nécessité de l'éducation pre-
mière. Peut-être serait-il bon d'ensei-
gner à la jeunesse la vie et la réalité;
Tidéal doit descendre vers le réel et, pour
ainsi dire, hn tendre la main. L'bomme
entre ak>rs dans le mpnde avec des idées
pijus justes et plus certaine^ ; il va plus
droit à un but qu'il s'est proposé; il s«âty
autant que possible, dédaigner le faux
éclat; le bonheur intime et de réflexion
est toujours le plus sûr , c'est celui qui
nous abandonne le moins , le plus dèû-
rable «t celui qui dopne le plus et di-
gnité à l'homme. Mais, i\ faot bien le di-
re, celui-là seul fie eoCfit pas; le bon-
heur dépend des ^ils extérieurs et de |
la santé ; l'homme n'est pas maître de
régler lui-même ces acoidèns.
Les idées reli|;îeiises sincères, pro- ;
foudes, sont de puissantes consolations;
elles ont des soulagemens délicieux, de
douces larmes, et créent en quelque
sorte un bonheur au sein du malheur
même. Mais la résignation qu'elles con-
seillent ne doit pas dégénérer en un roys- :
ticisme inerte :'cette apathie rêveuse est
contraire aux lois de rhumanité, qui
sont celles de la Proiridence. I^bomme
est né pomr I^Mitioa- et 4* innraâly ^ni
floot defi^ prftpM^ ffe vfHrtp : Ueiprit
occupé, actif, est rarepi^nt irideux; la
rêverie 3an^ but et sap^ (fireption utile
estffjpe^e. fi.p»
Jci-bas |e bonheuir , s'il eçi^p > ^
chose relative : ce qui fait le bonheur de
l'un n'est point désiré par l'autre, et d'idl-
leiu-s rarem^ l'état de jpuiss^pe qui
résulte 4e nop désirs satisfait^ fempUt-il
la cpn^ition de cpptinuité, sans (aqpelle
le bonheuir n'es^ encore qu'un bien-être
accidentel. Si le bonheur supr^lme et ab-
solu est possible pour l'homme , il ne peut
consister que dans le parfait développe-
ment de tous les germes qui sop^ en lui^
dans le libre jeu de toutes ses faculté),
dans l'harmonie inaltérable de tous les
élémepsqui composentson essence. Ainsi
compris , le bonheur serait la perfection,
et la perfection où est-elle dans ce monde?
Mais sans la perfection , peut-il y avoir
repos? peut-il y avoir bonheur popr nous
auxquels un sentiment invincible et con-
stant révèle un état de choses meilleur
que ce que nous voyons» meilleur que
ce que nous pouvons voir ici-bas ? Non ,
poîptde véritable bonheur sur ceUe terre,
mais lutte , tendance continuelle vers le
mieux ; peine, affliction et découragement
quand la réalité répond si mal à l'idée ,
véritable tbéopneustle que nous portons
en nous. Ainsi le bonheur n'est point, à
yrai dire, noire destination ici-bas. Bien
plus , le bonheur n'y a jamais pu exis-
ter; car un état d'enfance où la lutte
epjlre -le bien et le mal n'est pas com-
mencée, où le présent répond à tous les
besoins de l'homme , où l'inslinct n'est
ni contredit ni contrarié par la raison ,
un tel état d apathie et d'innocence (mais
non pas de vertu) n'est pas chose dési-
rable et arrêterait notre dévelo|]4>emenl.
Vivre c'est tendre ^ i^talluUer; or la ten-
dance repousse le bonheur^iui n*est que
dans la possession , dans la conquête ,
dans la réalisation de Ions nos vonul
Mais le bonheur est4l possible ailleiB«y
existe-t-il au-delà des limites de notre vie
terrestre? C'est une queatîoQ qni sera eicn-
minée àFarticle FÉuciTid&XEiicKiXB. S.
AO^lFACe, général romain, con-
temporain d'Aâius et ^e saint Augostin,
mort vers 4M. Né en Thraoe de pareoa
jnconnosy il s^dlntéleié par «on pin|ne
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BON (675)
mérite : après avoir défendu Jfarseiile
contre AtaullT, il fut décoré du titre de
comte et chargé par TempereurHonorins
du commandement !de TAfrique. C'est la
BpN
! TAfncji
qiî^ifse révolta et appela a son secours les
Vandales. Néanmoins il se réconcilia avec
Tempi
ereur et fut nommé magtster mi"
' '-' J. H.S.
BONIFACE. Indépendamment de
saint Boniface dontit sera question pIuS
i>as l ce nom a ét^ porté par dîfférens au-
tres saints personnages, tels que saint
Boniface de Tarse au iv* siècle; saint
Boniface, èvêquede Carthage,au v^; saint
Boniface j évêque de Feréoto, vers le
milieu du vi^, etc. Il appartient encore
à neuf papes dont plusieurs méritent une
mention particulièreYràaïs nous pouvons
îpasser sous silence Boniface ÛI (606-
607), ÉomfÂceIV (607-6 15), è'oifiF ACE
V'(617-C'2Ô) et Boniface VI ('096); S'.
ÈoNiFACE 1" fût élu pape en cfécem-
^re 418, après la mort de Zosime. ]tJn
parti opposé, protégé par le préfet Sym-
maque , nomma dans le même temps rar-
chidiacrcEuInliiis.Informédecescliisme,
l'empereur Honorîus ordonna aux deux
contendans de s'abstenir de toute fonc-
tion et de sortir de Rome, jusqu'à ce que
raffaire eût été jugée par uii concile qu'il
venaitde convoquer à ^avenne. Boniface
obéit, et les évègues Jugèrent en sa fa-
veur ; Ëulaljns refusa, et sa cause fut ré-
putée mauvaise. Qn Ib déclara intrus et on
le chassa de ^ope'. '^esté paisible posses-
seur clii Saint-Siège, Boniface g^ouverna
sagement et termina à soè gré la contes-
tation qui s'était éTevée entré lui et le pa-
triarche de Cbnstantinbple, au sujet de
la juridiction sûr tes églises ci^lflyrie. j)
mourût le 25 octobre 422. Saint Àugus^-
tin lui avait adressé ses quatre livres en
réponse aux deux lettres des Pélagiens.
Quelc/ûes factieux voulurent, après là
mbrt (l)eBcinirace,rappe1erËulallus; mais
ICulalius refusa db quitter sa retraité.
Boniface It, Romain, élu pape au
mois (l'octo'bre 530 , succéda à Félix tV-
Il eut pour concurrent Dioscore qi\i
mourut quelques tours après et ^i éva-
nouir ainsi la crainte d'un schisme. Bo-
n\face côndaiinnala mémoire de pioscore;
mais il reçut a sa communion ceux qui
rayaient nommé. Gouverné par le diacre
Vigile, c|ui convoitait la papanté, il con-
voqua les iévêcjuès de la métropôte et tout
son clergé, les obligea par serment de lui
donner vigile pour successeur, et bn fit
dresser acte. Cette convention contraire
aux canons, arrachée à la faiblesse, des-
tructive de la tiberté des élections, excita
des réclamations générales et fut anéan^
tie, a^rès quelques délais et quelques hé-
sitations^ parlés pr<;tresde Rome. Boni-
face II mourut lé Ç novembre 532 et
h*eut pas Vigifé pour successeur immé-
diat. On a de ce pontife Spistolâad Cœ»
sarium Arèlatensèmy dans le recuejl <)è
Çom Constant.
fioNiFACE Vil, Bomain , élu pape en
974 , du vivant de Senoft VI, malgré ses
crimes et son intrusion, n,'en est par moins
compté parmi jes papes légitimes. Accu-
sé d avoir eu part a la mort de Benoit V^,
il fut chassé de Rome; mais i^ jr revint
api'ès la mort de^enoityil, et trouvant
le siège occupé par Jean XJV, il le fit
jeter en prison, où il mourut de faim et
de misère. Boniface Yll mourut subite-
ment en 985. Son cadavre fut Aiutiléy
pei^cé de coups de lance , et ex'posé tout
nu devant la statue de Constantin,
Boniface y\^[BcnoU Cajetan)^ d'A-
na^ni , monta sur la chaire de Rome en
1294. ^près avoir ■
vjnt successivemei:
de Lyon > avocat
Ë.ome, cardinal ^
Un IV, légat en $
négociateur aupre
rains, arbitra entr
roi c^'Xraj^on, enl
Edouard I*^ px
tin y eut lieu le
par les artifices ^i
dik jours après il |
à iNaples, au grani
Colonne et des autres pijjejins.
Péijarras^é dé Cë^lestin, qui niourut
dix mojs après, Çoniface commença par
excomfnunier ^es Colonne éi. se jpt 'in-
staller avec une magniQcénce et un fàstè
qu on n'avait point encore vus. Il est vrai-
sembla^ble qu'il se servit ,1e premier «^ans
cette cérémonie de la triple couronne
appelée le triregnb, )\ ne tar^a paï a
lancer l'excommunication contre ^es jSi-
çilien8C|ui refusaient de lui f^ndffiinPi'fr
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BON
(676)
ÈOPÎ
mage et qui couronnèrent Frédéric. Les
rois de France et d'Angleterre ne vou-
lant pas s'en rapporter à sa médiation ,
sans la participation du roi des Romains,
Boni face ordonna qu'il y aurait trêve entre
eux; mais elle ne fut point acceptée. £n
1296 il fulmina la fameuse bulle Clericis
laïcos, dans laquelle il établissait en prin-
cipe qu'aucun ecclésiastique ne peut être
imposé sans le consentement du Saint-
Siège. Le clergé d'Angleterre applaudit;
celui deFrance garda le silence. Philippe-
le-Bel et les barons étaient résolus de
faire tête à l'orage. Boniface s'en aperçut
et sembla se relâcher un peu de ses pré-
tentions, en ratifiant la levée de quelques
décimes sur le clergé, par ses bulles /{o-
mana maier^ et Coratn illoy et en cano-
nisant saint Louis, par sa bulle du 11
tout 1297.
Malheureusement l'affaire de l'évêque
dePamiers détruisit les espérances de paix
que l'on pouvait concevoir. Cet évêque
avait tenu des propos injurieux contre
Philippe: te roi le fit arrêter; le pape ré-
clama le prisonnier comme étant son jus-
ticiable et adressa en même temps au
roi la bulle ausculta fili^ dans laquelle
il développa avec une inconcevable har-
diesse les principes sur lesquels il fondait
la souveraine puissance qu'il osait s'ar-
roger^ et une autre qui commençait ainsi:
Scire te volumus, quodin spiritualibus
et terrtporalibus nobis subes, Philippe,
indigné de tant d'audace, ordonna, en
présence des grands et des prélats assem-
blés, que la bulle Ausculta fili^ serait
brûlée publiquement, et fit écrire au pape
ces paroles si souvent répétées : Sciât
maxiina tua fatuitas in temporali^
bus nos alicui non subesse. L'exemple
du roi encouragea la médisance , et il n'y
a point de crimes qu'on n'ait reprocha
il Boniface. On ne s'arrêta pas là: il fut
décidé qu'un concile général serait con-
voqué à Lyon et que Boniface y serait
jugé et déposé; en attendant, le roi et la
nation se rendaient appelans des bulles
du pape. Boniface répondit à ces me-
naces par la bulle Unam sanctam , dans
laquelle il disait : « Quiconque résiste à
la souveraine puissance spirituelle ré-
siste à l'ordre de Dieu, à moins qu'il
ll*admette deux principes, et que, par
conséquent, il ne soit Manichéen.» it
avança même, dans un discours prononcé
à Anagni , en présence de quelques évé-
ques français, que si le roi ne devenait
plus sage il saurait le châtier comme un
petit garçon et lui 6ter la couronne.
Quelque séditieuses que fussent les
doctrines de Boniface, elles n'auraient
peut-être pas produit tout le mal qu'il
voulait t c'est pourquoi il y joignit la
fourberie, la corruption des alliés du roi
et de plusieurs évéques français, l'ex-
communication , et tous les moyens de
nuire que peut inventer la méchanceté.
Philippe, de son côté» ne s'oublia pas; il fit
chasser honteusement les messagers du pa-
pe qui portaient la buHe d'excommunica-
tion, et envoya des hommes de cœur
pour citer Boniface au concile de Lyon.
Le 8 septembre 1303 Guillaume de No-
garet , avocat du roi, et Sciarra-G>lonne ,
à la tête de 300 chevaux et de quelques
compagnies de gens de pied , entrèrent
dans Anagni aux cris de Meure le pape
Boniface! vive le roi de France! Boni-
face, surpris et consterné , essaya de s'en
tirer par un coup de théâtre :« Puisque je
« suis trahi comme notre Sauveur Jésus-
« Christ pour être mis à mort , s'écrîa-
« t-il, je veux au moins mourir eu pape.»
Aussitôt il se revêt de ses habits ponti-
ficaux et s'assied dans sa chaire. Cet ap-
pareil n'en impose point à Nogaret , qui
s'avance hardiment et lui intime l'ordre
de le suivre à Lyon : « Je me consolerai
« aisément, répond le pape, d'être con-
« damné par des Patarins. « Colonne ,
outré de colère , charge Boniface d'in-
jures et s'emporte même, dit-on, jus-
qu'à le frapper à la joue avec son gan-
telet. D'autres versions attribuent cet
acte de violence à Nogaret. On s'em-
pare de la personne du pontife et on le
retient prisonnier dans son propre pa-
lais. Quatre joiurs après les habilans
d' Anagni courent aux armes, en criant:
Five le pape ! meurent les traùres! Us
délivrent Boniface, qui se fait bientôt
transporter à Borne, bien résolu de tirer
vengeance de ces mauvais traitemens.
Mais, au bout d'un mois, il y meurt d'une
fièvre continue, le 11 octobre 1303.
Tous ces démêlés sont racontés fort an
long dans V Histoire du d^érend entre
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BON
(677)
BON
le pape BonifoQe KIII et le roi Phi-
Itppe-le-Bcly par Pierre Papuy, Pari»,
1655, io-foL; et dans Touvrage d* Adrien
Baillet, qui porte à ^\x près .le m4me
litre, Paris, 1717 et 1718, in-îi. On y
trouve également des détails sur les suites
de ce fameux pontificat, du temps de Be-
noit XI et de Clément V,
Boniface était avide d*argent , et c*est
pour en avoir qu'il hasarda tant d'entre-
prises. Il fit prêcher une croisade, il im-
posa des contributions sur le clergé, il
institua le jubilé séculaire en 1300, il
excommunia ceux qui empêchaient le
▼oyage de Rome , sans excepter le roi.
Du reste il était très savant dans le droit,
et il recueillit, en 1298, le sixième livre
des décrétàles appelé l^Sexte* On lui at-
tribue quelques opuscules. Le Dante l'a
placé dans l'e/j/êr parmi les simoniaques.
On a dit de lui qu'il était monté sur la
chaire apostolique comme un renard,
qu'il avait régné comme un lion, et qu'il
était mort comme un chien. Il est pos-
sible qu'on ait exagéré ses vices, mais
il est incontestable qu'il en avait beau-
coup et de très graves. Ses principes ont
été repoussés par l'Église gallicane, par
la nation entière, et même par les étran-
gers. Bossuet n'a pas craint de dire que,
dans la bulle Unam sanctam , il avance
un grand nombre d'erreurs intolérables,
plus propres à ébranler la foi qu'à l'af-
fermir. Ailleurs, il relève les ei^cès, les
hérésies, les impiétés, les falsifications,
les abus de l'Écriture-Sainte dpnt ses
autres bulles sont remplies. Un grand
nombre d'écrivains de toutes les commu-
nions et de tous les pays ont pfis soin
d'énumérer, non pas seulement ses cri-
mes publics, mais encore ses plus hon«
teux débordemens. On peut en voir un
échantillon dans les conclusions prises
par Gilles Aycelin de Montaigu, arche-
vêque de Narbonne, en pleine assemblée
des Ëtats du i*oyaume, le 14 juin 1303 ;
elles sont rapportées dans les Actes et
preuves des démêlés de Boniface FUI
avecPhilippe-4e'Bel,^par'Bsiï\\eljj^,SZ4,
On peut voir aussi la Défense de la décla-
ration de 1682, par Bossuet , pour les
erreurs de doctrine principalement.
BoNiFAGB IX (Pierre-Thomacelli)y
Napolitaio, monta sur le Saint-Siège
après la iBort d'Urbain TI , le 2 novem-
bre 1389, et il. .eut pour compétiteurs à
Avignon Clément.VII et Benoit XlII. Il
établit les annales (vo/.) ^\ fit, suivant
Thierri de Niem, commerce de toutes
sortes de grâces et de provisions. Il cé-
lébra le jubilé en 1400. Comme ses con-
currens d'Avigpon,. il feignit de vouloir
mettre fin au schisme, tandis qu'en secret
il intriguait pour se maintenir sur la
chaire pontificale* Il mourut en 1404, et
fut enterré dans l'église de Saint-Pierre,,
où son tombeau est orné d'qne épitaphe,
fastueuse. On lui attribue des épitres et
des constitutions. J. L.
BONIFACE (sajict), dont le vrai
nom était Winfeio, naquit dans le De-
vonshire vers l'an 680. Religieux au cou-
vent de Nutchelle , professeur de rhéto-
rique et de théologie, consulté quelque-
fois par les évêques et les synodes ,
Winfrid semblait destiné à l'épiscopat,
quand le désir de répandre le christia-
nisme en Frise et en Allemagne l'enleva
à son pays. Il 9ç rendit en Frise l'an 716;
mais le moment était inopportun : il se
tourna vers Rome et demanda à Gré-
goire II des pouvoirs et des instructions
pour remplir une mission, sur les bords
de la Saale et du Neckar. Il avait k peine
commoicé ses prédications dans ces con-
trées loraqu'il apprit qu'en Frise les
circonstances avaient changé. Il y alla
seconder pendant trois ans les travaux
du missionnaire Willibrod. Au bout de
quelque temps il retourna en Hesse^ y
prêcha avec succès, et alla bientôt rece-
voir, dans un second voyage à Rome, la
consécration épiscopale, des. instructions
nouvelles et des lettres de recommanda-
tion pour Charles-Martel, pour quelques
autres princes et quelques évêques, qui
pouvaient assurer les progrès de sa n^is-
sion. Encouragé par toutes ces circons-
tances, il abattit les sanctuaires des païens,
éleva des autels et des églises, fonda des
écoles , des congrégations et des colonies
chrétiennes , en Saxe, en Thuringe et en
Bavière, et rendit à la cause de l'Évan-
gile des services si remarquables que
Grégoire III s'empressa de le nommer
archevêque et primat d'Allemagne, avec
pouvoir d'établir des évêchés partout où
cela lui paraîtrait utile aux intérêt! 4«
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«ON
(«78)
Ècffi
ht mëùh. ^\ïi ébnTèreT de m hitètèU
Me le àkInt-Siége, Bonifif^, podr h
ifoiiiime (à\i, se reridii k Komé. Il éti
Sâftît avec iihe iibuvdle ifîgnlté, ccflè
e fégat du pape en Anëma^e , et it
acheva àloré de fondef ou de régler les
évéchés et les dr^èè'sès dé p'à^saà; de
l'reykînstie it de kifthbbnne en Bilvlèrf^è;
^'Erfiirt en ThdHfcgè; de Burabburg eh
Bes^e; de IVurtzbo'urg èii Prahcoriîe;
<l'£}c1iMsedt, âûHi le palafinat de Ba-
vière. d.éi affâîrei fcllgieùseï et pbW-
tiquei de^ fràrité rdccupèrebt à leur
tbuK £h sa colite Ae l^àt du SàM-Siê-
ge; il réunit en France un fefind nôrfi-
bre de synodea j^'df rétablit tohére
et la disci||>lin^ dans de^ diocèse^ oh, de-
puis (Jdatre-VînçU itis, on rfvaît ri^llfeé
toutes les asieèôbléès de ce gfetife. Quarid
Carlohian, iMri dëk filii dfe C*tarlè^-Màf-
lèl, se fut retiré kb Mbrit-Cassî/i ^fiiir é'jf
Uvrei- à la dévotidh ; et que Chilperlc III,
intapkbië d4 régner; ëbt été ehterfné dkhs
uh autre mona^tëre, îiiHi Bbnîfaèë don-
nâ le shcré I Pépin-le-Bref, par o^drè du
pàjbe Zafchàrîii. Il fut ensuite porté ^b lé
siège ébiicopail dé Slayefecé, qii'bri éH-
geà en ittétropoledes évêchés dfe fcdlogiië,
dé tbngfei, «TUlreclit, tte fcoirë, de
Cbbstâilcè , de Strâ^ourg ; de Spifê ; dé
Wordîs et de Trêves. Célkil li iboîhs un
diofcèic qu'ùh empire : Wlnfirid ; pbdl-
lé gouVérner, déâigiia l'uii de iei dièci-
pies, LUlIùk, et se irendît pour la thoi-
siènîfe lois eh Frise, pi-édîeÉ' théâtre de
ses crav\«lûx. îl allait y àchfeVér iôh obu^rë
lorsqu'il n^btît-dt asèâ^slué dans kà tëiite
par lés barbarèé , avec cîntjiiahle-troîs de
ses coinpagnôris. Cëlilt lefmiHër, suivant
lés idées dd teinj)S, par Uri tosirlyi-e glb-
riëuît, liât ciW-lère qu'^vaîeht lllùiiti^ lëi
pitii ^ànds (ravàux. Là dbstëfîté k (îlacë
Winfrrd piritïi les biériHilëtin* de TkU
lémagbe db'rit il est alptielé VJf^tre ; et
l'Égtîse Tét Inscrit àû bombrë dès iMtà ,
avec plusieurs de seS cbllkbdr^tètirè.
m'Âl Bdnifâcë a làiséè dte m\M \\{iï
sbiit k là fols la meilleure dé s^ bibgrà-
pKîës (lit lé ^ikUiëhtaire histbriqde lé plbs
cuHéui sut" ion teibplé. f Vbif Boitifadii
cf>î^^6iié, ptibllèc* par àëraH4is.:^.^>î-
nales dès hêhêàicmis, iti* %\hcX^:^^Âttà
sàrictotUftï^ an 5 jhiti. -^ Àân'alë^ tfé
Fnldi, tlaVis ftettyr SàrlptiA^Ï rifrà/fi
gérntahttiàttrh ;i:t — -lïattef, Histoire
ujiiPèrseUè de rÊ^Ust cHf^tfenn'e, U il,
ch.l). Mr.
BONlFÂCE (d^teôit ï>e). Il sépare la
Gor^e et la Saraaignè; ehtrë les pohites
les plus rapprochées des àéHx lies if n'a
(fie deUt lieues trois ^uàft^ dé largeur.
Sur ce détroit est située M vîlle de Bo'ni-
face ou Bohifacio , dans une petite ^é-
nîhsole à Textréihité de la Corse. C*est
utië ^lace de gderre et le siégé d*uh (t-i-
bdnal de cbrotiterce. Bonifacib, éloignée
d'Ajaccib de 17 lieues, a un port ^rd-
fond et siHr, mai^ddàt l'entrée est diffiëilè.
Sa po|rulattloh est de 2,500 âmes. D-6.
BON^, Ville dii district de là régeilcé
dé Cologne , d^n^ ta provincèf prussienne
dé Jdllers; Clèves et Berg, sur la Hve gâu
ché àxt Khin. Elle k 12,000 habîtaéis,
4 églises cétholfqnes , parmi le^uelle^
oti dl^in^rue U cathédrale et régUsë^
Sathit-Martîn, ël, depuis 1817, une église
protestante. Bohn est le ^ége d'une direc-
tidn supérieure de^iéines. Cette ville pos*-
aède une uhiversité, un gymnase et trois
écoles élémentaires. L*aé^démîe de Léo-^
pbld des nfituralistes , fondée en 1651,
et ijul liublië dès Éph^ihértd^s [-vof.
AcxdÉMt*) depuis 1670, fdt tHnsférée
en 1S08 à Bonn , 6Û «te fbrttà Huisi en
1818 là Société dû Ba^-Bhin ; ^^ur l'his-
toire naturelle et là i^Meiitié. Partfiî lès
édifices de Bbhh nous ëltërdHi, ëbmriie
digbeé de femar^ue, l'hôtel-dëville et là
pljlcë fdmaihè a^éëtid MoUndëbtâHëiëti.
Le* fabi-lituè!< ëh cotbh; sbie, VxiûbX éi
sJVoti dëriteht d'être hiéutibnn^; M
colhtfaërbë est î^rinci paiement cfntfë \H
niklHs de^ Jdifi, iii dbihbfë de jiluà dé
200 , et i(bl hàbitedé une irué pàrtkti-
lièk-e.
Bdrin, appelée [iar lek RomaiHk ÈoUkh,
fdt oHgihaireHrleht ixû de cëè foris qu*ii^
établirent stit- t^lliàiedi^ pbtdti dëTAIIë^
magTÎë; Détruit ku ^t* Siècle et félevë
enijuîté jiar l'ei^perédi- Julien, îl fût iuc-
cëésivenlent a^éâilli fikf léé Hiids, les
FVabcs, les Saxbns et les Norriiândà. En
942 uh gràhd Synode se tîht à tibnfa.
En 1073 les Français s'y soutinrent con-
tre les Hollandais, le^ £$pâghols et le^
autrichiens. Af)i*ès lin violent Ubmbar-
deittént; ta Ville fbî prise eh 168§ Jikr le
gràhd Électeur; mâts de Rit en Vèîh i)hé
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nm
{él9)
iOH
Ctthora et Biàribcnniigh Fiâèlégèfeiit «&
1703. hdi fbrdfibatibtis soèCtissitetiieiit
ajoutées au simtïle teur d*ehcelnte dont
elle atait été revêtue en 1140 furent Jjres-
qiie entièrement démolie» en 1717, et de
leurs débris fut construit 8U^ le même
eihplriceflieilt le château électoral
Bônti plossédaii depub 1786 Une uni-
versité qui, en 1801^ ^oiis la domination
française, (Ht f^^thëè et conteftie eh tin
lycée. Là fondation de t'nniversité rhé-
rkane à BonU, |iar le roi de Prusse, eiit
lieu le 18 octobre 1818; il lUi fbt alloué
sur le^ caisses dé Tétât une sbïtime ariniiclle
de 8é^5f 9 éctis, Jointe à ieé ^i-d^t-es re-
venus, mdhtatit â 9,781 ébtos^ 4,150 écus
âont employés flnndëllèmënt pdnr l'eh-*
tretiën de là bibliothèque. L'ancien châ-
teau électoriiij qui fut doUbé à ëettè uni-
versité et restauré I grands (Vais , forme
Tun des p\Qé bekiiit édificëi univëréitàirës
que Toti bOiiniiisse eil £urot>e. Il cob-
tient les cinq faculté , uhe bibliothèque
de plus de 60,000 vblbmëé; tib iiitisée
d*antiqultés , tlue colleôtibn de plâtrés
deé hoëilleùrs mottîeàui de Sculpture ân-^
ciehne , wà ëabîHët de ph^si^iië et tine
cliUique médicale d'iine ^astë étëhdue ei
parfaitemebt organisée. L'université doit
auisi à la libéralité dit rbi Un aitiphi-
théâtre d^anatdmië, une écble tt'écjbltâ-
tion, et l'ànèiéh cMteau de pUlsdbce de
Poppëlsdorf iioutëllemebt reétâliré, où
sObt t>eri(bhnéës lëé cdllëcHon^ 2ooldgi>
qués et minéhilbgitjbes: DeVant le châ-
teùU se trorivè lé jaMtii bbtafaidué , ainsi
que leè édiece^ et \eé terraids destibé^ à
nbstitbt écondmique. On à destidé à
l'observatuire Thnciennë dodkne, local
célèbre dâbs toute l'Allemagne par ées
points de hïé rà^te^ns. Le ^ouvërne^
ment prustlèd a de piixi établi â Bofab
vnàié im^iriierl^ j^HHr la langue i^né-
c^ite; kclùi là dii-ëction de M.Aûg.-
Oùil: de Sëblëgei, clidi^é eti même tëmpé
dé la sbirteillancë dti àkûkéé d'antiquités
germànic^es et rdmaines qtti à été edri-
chi pkr de nddibrèuses fduilles ebti*epri-
stk sur lès liebt. LlidiVërsité de Bonu
se cbm|iose de 50 professeiirs; banni ie^
cinq fàcdlté^, il^ ëb k dèut dé théologie,
rubè poui- le^ catholiques, et r&utré pdur
lés {ii^dtëlthiis. Le tidlhbrë ûei étudiabs
est de plus de 9Ô0. Voir les JhHdlês âé
l'Vbipfnùê rhéàah» pht^iéûnè, èd àU
lemand. C. L.
BONNE DÉESSE. C'était, disent
Yamm et Lactance, une fille de Faunné
tellement pudique qu'elle demebra tou-
jours enfermée parmi les femmes, d'à-
perçut jamais àucUn homrôé et n'en fut
jamais vue, si bien (|d'ils doivent ignorer
jusqu'à son nom. Abssi le temple de la
bodûe déesse be s'ouvrait-il jamais pour
les hommes; les mystères secrets étaient
célébrés par des femmes. Claudius (voy,)
viola ces mystères. Quelques auteurs sou-
tiennent que. sotts ce nom de bonne
déesse od adorait la terre elle-même. La
plds ancienne Cérès, la Cérès càbire,
était aussi une puissance terrestre; la
terre produit les fruits et Cérès ;^Oovt«
était la même divinité que la bonne
déesse, tpioique dans lé culte on lès sé^
parât souvent. Protectrice des animant,
la bonne déesse s'afipelait aussi Fduna,
pah Fatua od Fatfjella, soit de ce
qd'ellè prédisait du chantait les destins
{/ata ) des femibes qui la consultaient ,
soit de ce que les enfaus ne faisaient en-
tëbdre leur voix (dë^n) qu'après avoir
tddché la terre(W>/>Creuzër,«S///i6o/i'^4/e,
t.II,8ë6^967,t.IV,Jî. 1811. P.G-Y.
Uhe vestale nommée Claildia avait
élëvS à cette déesse bn teniple sur le
modt Aventin , à l'eddrdit ôd , selob la
tradition , Heiduk avait codsulté les aus-
pices sid* &6n projet de construire une
ville du bom de Rome. Quelques anti-
qbsdrës croient que le tediple de la bonne
déeà^ e^t Tédifice qui a été rem|)lâcé
dans la suite par l'église de l'ordre de
Malte. D'après une tradition mythologi-
que ^ ia bonne déesse , é'étant d ne fois
livrée abt ëicès du vid , avait été châtiée
par sod époux , à l'aide d'une lirabche
de myrte. C'est , dit-od , èd commëmo-
ratibb de ëet évébëmebt ^uë l'oh célé-
brait tèus les ané , ait cobidiéucemëni dé
mai à Rome, ude fôté boctUrnëy dont
od excluait tous lè^ hoihibe^ ; bn pbus*
sâft leè strdt>ôl6s de là chasteté jusqu'à
cbdvrir d*un Voile rilême leà tableaux qui
rèprésentàiedt de^ êtres mâleâ. Sbus la
direction de dëdx vëstàles , lëÀ femmes
pratiquaient la nuit, dans la maison d'un
magistrat , Ordées de iton)t>re , dés céré-
nSdhië£l IbcÔDritiëJi t{Ui àtàiént fidi |iar
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BON
(•80)
BON
dégénérer en une scandaleuse lltenoe. £n
commémonition de Tivresse de la femme
de Faune, on plaçait un vase couvert
devant la statue de la bonne déesse ; les
femmes buvaient du vin, mais en se gar-
dant de prononcer ce mot. Il est assez
singulier que la fête instituée, à ce
qu'il paraît , pour célébrer la simplicité
chaste d'une divinité de l'ancien Lat^um,
soit devenue sous les empereurs un sujet
de scandale , flétri par les vers satiriques
de Juvénal.
Une preuve que le culte de la bonne
déesse était publiquement pratiqué dans
les Gaules, c'est l'autel votif conservé au
musée d'Arles et portantcette inscription :
Bonœ Deœ Caiena Prisca Lib, Juice mi-
nistra. On trouva cet autel, qui est d'un
bon travail, en 1 758, dans l'emplacement
d'une église qui avait peut- être remplacé
Tancien temple de Cybèle. D-g.
BONNE-ESPÉRANCE (cap de),
territoire de l'Afrique méridionale qui
prend son nom d'un cap situé à son ex*
trémité S.-O. et s'étend entre les 29° 53'
et 34° 39' de latitude S. et les, 14° 50'
et 25^ de longitude X. Il est borné au
nord et au nord-est par la Hottentotie ,
à l'est par la Cafrerie, au sud par l'Océan
méridional et à l'ouest par l'Océan Atlan-
tique. Il a environ 270 lieues dans sa
plus grande longueur de l'ouest-nord-
ouest à Fest-sud-est, 58 à 160 lieues de
large, et 19,000 lieues carrées de su-
perficie, âa population, d'après un. re-
censement fait en 1829, s'élève à 129,000
individus, tant blancs que Hottentots et
Cafres, dont 35,510 esclaves et 25,850
Hottentots. Peu de contrées offrent un
aspect plus varié que celle-ci. Elle est
traversée par trois principales chaînes
de montagnes qui se dirigent presque
parallèlement de l'ouest à l'est. Au nord
s'élèvent les monts Roggevelds et Nieu«
wevelds, les plus hautes montagnes de
l'Afrique méridionale, et plus au sud les
Bokkevelds, les Lange -Kloof et les
Zwartebergen. Les pics les plus remar-
quables de ces montagnes sont le Kom-
pasberg ( 3,048 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer), le Komberg (2,446
mètres), le Tafelberg (montagrfe de la
Table, 1,163 mètres) et le Kœpelberg.
Il y existe aussi de vastes plaines cou-
vertes de pâUurtges eu biver, mais eu-
tièrement stériles en été, et qui ont reçu
le nom de karrou. Des différentes chaî-
nes de montagnes découlent un grand
nombre de rivières , dont les plus consi-
dérables sont: la Groote Yisch-rivier,
la Camtoos, la Gaïuits, formée de la
grande et de la petite Gamka ; la Zon-
4ags, rOliphants-rivier, la grande et la
petite Doom, la Breede-rivier, la Sack,la
Visch-iivier, la Riet, la Tau, etc. Le cli-
mat du Cap , d'ailleurs ti'ès agréable , est
sujet à de graves inconvéniens. Par une
fatalité particulière tout est inondé dans
la saison pluvieuse, lorsque dans la sai-
son sèche il pleut à peine un jour. Il
soufQe aussi à cette époque un vent de
sud-est que l'on peut comparer au siroco
de nos contrées méridionales ^t qui est
accompagné d'une poussière et d'une
chaleur dont il est difficile de se garan-
tir. Dans la ville du Cap le thermomètre
s'élève souvent en été à 37* (centigrade )
au-dessus de 0. Le sol y est en général
fertile; cependant sur environ 4,000
lieues de terres arables il y en a tout
au plus 450 de cultivées. Un voyageur
moderne (M. Barrow) dit que les sept
dixièmes du territoire entier, sans parler
des parties entièrement incultes, sont
privées de toute espèce de verdure pen-
dant la majeure partie de l'année. Ses
principales productions consistent en
froment d'une très bonne quah'té , orge,
avoine, chanvre, lin, coton, café, ta-
bac, vins estimés, et entre autres celui
de Constance; figues, abricots, oranges,
dattes, ol;ves, noix de coco, aloès, cire
végétale, melons, concombres, grena-
des, etc. La province occidentale est
particulièrement propre à la culture des
grains et de la vigne, tandis que l'orien-
tale n'offre guère que de vastes pâtu-
rages. C'est sur ce ci^tictère physique
qu'est fondée la grande division du pays.
Le mûrier blanc y atteint le plus haut
degré de perfection. Au nombre des ar-
bres à fruits indigènes sont : l'arbre à
pain, le châtaignier, l'amandier et le pru-
nier sauvage. Le bois de construction y
est rare. La botanique de cette partie de
l'Afrique est d'ailleurs extrêmement bril-
lante, et il n'existe peut-être dans aucune
partie du globe des plantes et des fleuri
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BON
(681)
BON
amsl remarquiblM par rélé^anee des
formes et la beauté des eouleun. On y
élève de nombreux troupeaux de gros
bétail, de moutons à grosses queues, de
chèvres , de porcs , des chevaux d'une
assez bonne race, et toutes espèces de
volaille , comme dindons , canards ,
oies, etc. Les côtes sont très poisson-
neuses, et Ton pèche dans différentes
baies des baleines et des veaux marins.
Le règne animal offre ici des extrêmes
presque dans tous les genres. Par exem-
ple , on y voit l'éléphant et la souris à
raies noires, la girafe et le petit zinnik
ou viverra, haut de 8 pouces; la gazelle
de la plus grande espèce et le petit pygmée
ou la gazelle royale, qui a moins de 6 pou-
ces; et parmi les oiseaux Tautruche et le
grimpereau. Là habite aussi le mons-
trueux hippopotame, ainsi que le rhi-
nocéros bicorne. Sur trente espèces
d'antilopes le Cap en possède dix-huit.
On y trouve également le lion ^ le léo-
pard, la panthère, différentes espèces
de chats-tigre») mais non pas le tigre
rayé de l'Hindoustan ; le loup> la hyène, le
chacal , etc. Le bufQe peuple les bois , et
le zèbre , accompagné du kouacha , qua-
drupède plus fort et d'une forme plus
élég^te encore, y erre paisiblement
parmi les troupeaux de gnous , singulier
animal qui tient du boeuf, du cheval , du
cerf et de l'antilope. Les montagnes ser-
vent de refuge à de nombreuses troupes
de babouins. Les diverses espèces de
serpens y sont très communes. Enfin des
myriades de sauterelles y causent assez
souvent les mêmes ravages qu'en Séné-
gambie. Les oiseaux sont très nombreux.
L'aigle, le vautour et le milan planent sur
les montagnes. Le paon sauvage est non-
seulement plus beau que celui d'Europe,
mais il est encore exquis. Les perdrix, les
faisans , les outardes de différentes espè-
ces, les tourterelles, les pigeons ^ les
piverts abondent dans toute la colonie.
On y voit aussi le jongle d'Asie, avec
le double éperon ; le pelin , le grenadier,
ainsi nommé de la touffe qui orne sa
tète. Quant aux reptiles et aux autres
animaux venimeux, quoiqu'ils soient
nombreux dans l'intérieur, on en ren-
contre peu anx environs du Cap. Lafour-
mi blaucUe ou Icrolte infeste les cliamps.
Il 7 exkte des mines d^argent ^ de eni-
vre, de fer, de plomb et de houille ,
ainsi que des soorces minérales et ther-
males. L'industrie manuelle y est encore
très arriérée; les habitans tirent d'Eu-
rope la plupart des objets dont ils ont
besoin. Le commerce du Cap consiste
dans l'exportation de vins, eaux-de-vie,
cuirs, huile de poisson, fruits secs,
viande salée, beurre, savon, aloès, ivoire,
etc.; et dans l'imporUtion de ris, thé,
café , sucre , poivre et autres épices^ vins
de France, étoffes des fabriques de l'Hin-
doustan et de l'Europe; souliers, bottes,
chapeaux, outils, couleurs, papiers,
plumes et autres objets à écrire, mo-
des, etc. Les colons qui s'adonnent à
l'exploitation du sol sont divisés en trois
classes: les vignerons, lea.collivateura
de grains et les pasteurs. Les premiers,
qui sont les plus civilisés et dont la posi-
tion est la plus favorable, demeurent
dans le voisinage de la ville du Cap; les
seconds, qui en sont à deux ou trois
journées de marche , sont de mauvais
agriculteurs qui ne doivent qu'à la fer-
tilité du sol l'aisance dont iû jouissent
généralement. Quant aux pasteurs ils
sont tout-à-fait nomades; ils errent d'un
lieu à un autre et n'ont pour demeures
que des cabanes en paille , comme les
Hottentots. Toutefois on les considère
comme fort à leur aise, chaque famille
possédant, dit-on, de 500 à 600 tètes de
gro» bétail et 4,000 à 6,000 têtes de mon-
tonsp Chez les uns et les autres tous les
travaux de l'agriculture et autres se font
par des esclaves noirs et surtout par
des Hottentots. La langue hollandaise est
d'un usage général dans toute la colo-
nie , mais on y parle aussi anglais , parti-
culièrement dans la ville du Cap. Le
territoire du Cap est divisé en deux
grandes provinces : l'orientale et l'occi-
dentale, qui sont subdivisées la pre-
mière en six et la seconde en sept dis-
tricts. Chaque district est administré par
un bailli et six conseillers privés. L'ad- ,
ministration supérieure est entre les
mains d'un gouverneur civil et militaire.
Les principaux endroits sont le Cap ,
chef- lieu; Simonstown, petite ville sur
la False-bay , avec de beaux chantiera
de consU^uciion; Zwellendam avec 60Q
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BON
(«88)
mm
kibkarit; UHeBUageii ^ fcbèMfétt de U
prOTÎnce oKentale » oh s'élèvent chaqdto
jour de nouTelles colobies; Graaf-Rey-
net et Stellenbosch ne sont que des tiU
Le bap de Bonne -Espérance fut dé-
oonyeri en 1486 par Bartholomeo Diaz,
navigaienr portugais, qui, à l'aspect ora-
geux de la mer au moment de son arri-
vée f ne vonlut pas se hasarder au-delà
et donita à ce prortiontoire le nom de
cap des TsmpÀes^ que Joati II, doc de
Bragaiice, changea bientôt en celui de
cap de Bônnt'Espénince. L'honneur de
le doubler était réservé à Taseo de Ga-
ma, et, en 1 497, des navires européens se
raotitrèrent pour la première fois dans
rOoéan- Indien. Cependant lès t^drtti-
gais n'y formèrent aucUn établissement.
£n 1650 les Hollandais y fondèrent une
cotoniequ'ils conservèrent jusqn'enl 795,
époque à laquelle les Anglais s'en empa-
rèrent, mais fk>nr la restittier ensuite
après le traité d'Amiens, Tttiiibée de nou-
veau en leur pouvoir en 180<(, la pos-
session leur en à été cotlfirUiée par lé cou-
grès de Vienne, en 1815.
Ld Ville bu Cap, le chef-liëtl de la colo-
nie du cap de âon ne-Espérance, eâl située
dans une petite folaine, an pied des mon-
Ugties de U Tablfe et du Didble (Duitelé-
bei-g) et au fond de la baie de la Table;
avec uH Vààte château fort ,' dés red<*tt-
teit et des batteries: Ses priflfeîpalëé rues^
qui Se dirigeht parallèlement ah rlviige;
sont tirées atl cordeau et se coupent k
ahgle drblt âvec d'autreà plhà pèttteél.
Elles sont larges et bordées de deut rangs
d^ thèoei ; plusieurs ont aussi de petite
cfltiaux égalemetit plaUté^ d'arbre^. La
plupart des tnaisons ont troii oïl quatre
étages. Elles sont bâties en briquée od en
grantt rougeâtre^ généralehient recrépieé
en plàtrë et blanchies à la chaux. Elles
ont presque toutes des toits eb terrassé et
de béant jardins p^r-dërrièrfe. On f te-
mttrqhe surtout celui de la CompagUlë
des Indes, qui renferme tin jardid bota-
nique et une tUénagerie ; lès th>is places
pUbKqaéS, et particulièrement la place
d'arhies sut* laquelle s'élève la BdUrse;
l'hôtel-de-Ville, bel édifice, lescaseirnes,
les églises catholique et hithérifcnW. Ou
voit à une demi - lieue de son enceinte
uH Vastft bôpitid. Bile pbiMs ttn bblt^
et une bibliothèque publique.
Cette ville, fondée eh 1653 par Vân
Riebeck, est importante eomtfie le pbint
intermédiaire du trajet que Mhi lès bfl-
timeds qui se Rendent dân^ l'Océdu-In-
dien, dohtelle peut être eonsldéréeeodi-
me la clef en temps de guërfe; Elle é^t
d'ailleurs l'eUtrepôt géuérut de tout le
commerce qui se fkit ehtre la cUlonlè et
k métropole. Sa populatidti s'élèfe au-
jourd'hui à environ 20,000 ibdividud,
tant Européens t]ue Nègres et Hbttebtoti.
Lat. S. 83^ 55', long. E. 16** t\ J. M. 0.
ftONNBT (CHAELts) naqdit à Ge-
nève en 1720. Sa famille; originaire dé
France, avait été forbéê de s'etpalHet' éH
1572 ei à bhefchër en Suisse uri abH
contre les fureurs de la gueire civile, qtie
l'itttoléfance religieuse avait tfllilmée;
non-seulettient elte ti*ouVa sur cette terre
étt-angère là géuéreuse hospitalité qu*oil
y accordait aux réfugiée , tniié elle y Ait
encore entclufée dé la Oonëidéràtidn àtté-
cfaée aux nremières places de la hiagiàtra^
ture que lui couda la république de Ge-
nève. Tel devftit être l'héritage réaërté
à notre philosophe, destiné par safuMiile
à parcourir la caririèrede la j drisprudencei
La nature l'avait doué d'tm gédie ttKip
vaste , d'une amfe tK>p seosTblë pbu^ it
borner à ëettë science. Il puisa dans feif
œuvres de PlUche, de RéauMUr, èélèbreS
naturalistes côntempotidns, un godt dé-
cidé pour Fétttde des teèrvtiHeîi dé M
nature et s'y oonAcrâ sad^ mtm^ et Mb*
partage.
Dès l'âge de 20 aus fl puMià te ré-
sultat de ses première^ oteertation^, ei
cet essai e^ un dte ontMgte qui ooi ht>-
noré la sciëuce. Ayadt appliqué à plu <
sieurs insectes les etpéHehces que venait
de fair# Trembley sUr Ih reproduetiott à
rinûni des (Mjlyfies, pfti*inclsioii, il i-é-
coUnut chèi plusieurs d'etftrë Cdx lit
mêMe propt-iétë: Il dêcodVHt là fécondité
des puearohs, èàM Ib Hioyett de flicCiotl-
plemedt, pendant plusieurs gétléHliittlis ,
et fit \èi ésàai^ les plus cut^éux sut* l'ap*
pareil resplt^toire dès chenille^ , dèit |Hh-
pillont) et sur hi dtrudtthè dd tœdi^. Oi
expéri&ncës sont consignées èàtis ét^n
Diêitë ttiHitètdhgié, titMtfé éll MlliB^
en 1745.
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BON (
£â 1764 parut toè seoodd ouvrage bù
^il traite de l'usage dei feuilles i tt sont
's«s découvertes sur la physique végéule
dmit la nouveauté et les UéUils piquans
ont fixé Tattention de tous les naturalistes.
I^ semble ^ue Fauteur ait surpris la na-
ture sur le fait, tant il développe avec
netteté les rapports des végétaux avec les
élémens qui les entourent , les moyens
que ces êtres, en apparence dUtèmati-
ques, emploient pour diriger vers l'air
les appareils qui leur serrent à lé respi-
rer ; veri le soleil ceux qui leur ap(>dr-
tent son influence fécobdante, et leurs
racines vers les pointa du soi ôè elles
rencontret-odt les sucs appropriés à leur
nourriture; en iin mot, tous les soins
que, comme toUs les êtres vivans, les
plantes ^mbteni prendre pour leur pro-
pre conservation;
Dans ses Considérations sur les corps
o^mVt'^( 1762- 68), Bonnet rassemble
et Compare tontes les notions les plus
certaidès sur leur origine et leur repr<f->
duction. Il eomlKit les épigénésistei^ selon
lesquels le produit de la génération est
formé dans sob entier de toutes piè-
ces, par la réunibn des molécules orga-
nique^ subitement rapprochées en vertu
de Tacte générateur auquel il ne pré-
existait pas et dont il a reçu toutes ses
pértied avec leur coordination et leuré
propriéiéi; Ge Système des molécules or-
ganiques ^ exposé pér BulTon avec les
ohartneii d'une éloquence entraînante et
si vivement attaqué parHéller,'Bonbet eu
acheva la nlincl pour établir kur se* dé-
bris le i^stème des germeé; aystème d'a-
près lequeHe germe préexistant à l'ucta
génératiéuf et Renfermant toutes les par-
ties de l'iétre qu'il est destiné à repré-
senter ^ sort par l'acte féedndaot dé k
torpeur ok il Se trduvaés, pdur vi-
vre de cette vie active qui ke conduit à
sàn entier développement; Bonnet s'é-
gara, il est vrai,' en définissant le germe
une espèce de préforhiatibd briginelle
dont un tout organique pouvait résulter
cmnifie de son principe immédiat; mais
telle sera toujours la conditîoh de qui-
couqiië voudra explique^ l'origine des
êtres et résbudre Un problème abandbnné
aux éternelles disputes dès bommes par
rinteiligenee suprême , qtA ék rééeHè fce
)
BOM
secret Toutefois ba sTétoime de la ttiol-
tiplicité et de la variété des expériences
de l'auteur, de sa persévéraUte patience^
de la sagacité avec laquelle il les coor^
donne pour en faire la base de sa doc-
trine.
Une vaste carrière s'ouvrait ebcore
devant le savant observateur après avoir
déjà tant agrandi le domaine d'une
science qui, sans doute, lui aurait dA
bien d'autres progrès; mais il était ar-
rivé au point oÀ il fut forcé d'arrêter
cette marche si rapide. Comme si elle
eût été jalouse des succès de celui k qui
elle ne pouvait plus cacher ses mystè-
res , la nature l'en punit en lui arrachant
le flambeau qui le guidait dans ses re-
cberches. Sa vue, très faible d'ailleurs,
fut bientôt fatiguée, tant par larédac-»
tion de ses immenses ouvrages qtle par
la correspondance presque journalière
qu'il entretenait avec tous les stvans de
l'Europe.
Il arrêta donc le cours de ses expé-
riences et se livra à l'étude de la pbilo-
sopble générale.
Son Essaidepsychblogie^ publié en
1 754 , et V Essai analytique desfacnltés
de Vante f qui parut en 176D, Sont des
moBuraeus élevés à la hardiesse et à k
profondeur des conceptions humaines.
Parti du principe de relation entre l'ame
et le corps ^ il en conclut la nécessité
d'un brgane matériel pour l'exercice de
l'intelligence; il explique par l'excitation
des molébules de cet organe rassobla-
tiou des idées dont les sena sbnt la sour-
ce. Peur lui , l'influence du physique sur
le moral est en dehors dé toute coûtes-'
tation. Sur fce siège de l'ame on lui doit
une idée ingénieuse, trop subtile peut-
être : ne pouvant concilier son ftnmaté-
rialité avec l'oecMpation d'une partie de
l'eSpacè, il veut que l'ame tie soit que
présente au cerveau et, par cet organe,
au reste du corps. Sod examen sur l'étit
de l'ame après la conoeption, HU mo-
ment de la baissànce et après, s'égartt
dans le vague des hypothèses : il tHï bfeto
de commun avec tous les phlIdsopheS
qui le précédèneut.
Cest dans sa Contemplathn delà na-
ture (1764-6S) que Son gétiie se déploie
to«l entier. D'une Miu hàrdi« et assu-
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BON ( «84 )
rée il trace cette éckelle des êtres qui
prend
BON
source et se perd dans Vim*
înensité, et place chaque être dans le liea
que lui assigue son degré de perfection-
neœent corporel et spirituel, comme il
place les mondes dans la sphère ou cha-^
cun d'eux est soumis à des lois particu-
lières; puis il les rattache tous à un sys-
tème principal et unique, coordonnant
tout à rharmonie de Tunivers. On le voit
suivre, sans s'écarter, la progression gra-
duelle qu'on remarque dans la création ,
comparer Téconomie végétale et animale,
établir entre l'une et Taulre les parallèles
les plus i«igénieux. Dans cet ouvrage, il
consacre à l'industrie des animaux un de
ses chapitres les plus brillans , tant par la
ridieste des observations que par k fi-
nesse des aperçus.
Entraîné par les conséquences du prin-
cipe de l'immatérialité et de l'immortalité
de l'ame chez l'homme, il se voit forcé
à reconnaître à l'ame des bêtes la même
prérogative. Sa PaUngénésie philoso-
phique, publiée en 1770*, semble leur
promettre une vie future, l'accnusse-
ment de leur industrie, le changement
de leur nature. Il va plus loin enobre :
la sensibilité qu'il a observée dans lèi
plantes, et qu'on ne peut, selon lui, n'at-
tribuer qu'à un principe immatériel, le
détermine à regarder comme probable
la survivance de ce principe et le pas-
sage à un autre ordre dan* l'échelle de
l'animalité.
On se brise contre les écueils quand
on parcourt une mer inconnue : tel fut
le sort de Bonnet et de tous ceux qui
voulurent aborder une question aussi ar-
due. Mais il est à remarquer qu'embar^
rassé» comme tous les immatérialistes ,
par les expériences sur le mode de mul-
tiplication des polypes et autres infusoi-
res, il aviait eu peine à écarter les ob-
jections foudroyantes qu'elles fontnaitre
cx>ntre l'existence d'un principe spirituel
de la vie animale; qu'il avait écrit que^
pour varier les âmes, il suffisait à Dieu
de varier les cerveaux; que si l'ame hu-
maine habitait le cerveau d'un animal,
elle serait autrement impressionnée. Il
abordait le matérialisme dont il avait
horreur, et, forcé dans ses derniers re-
ir^nchemeqs, il crut devoir accc»rder plus
qu'on ne lui demandait. TootAfibia il ré-
pond, «vec cette dignité qui lui apparte-
nait^ que, tout matérialiste qu'on le sup-
pose, il a donné la plus grande preuve de
l'immatérialité de rame,et que si on venait
enfin à découvrir que la matière pense,
ce serait une preuve de plus de la puis-
sance qui aurait doué la matière de la
faculté jde penser.
£n 1 773 parurent les JRecAerc^f/7^1-
losophiques sur Us preuves du chrisùa-
nisme, D^enseur de la révélation. Bon-
net déelara toutefois que le chnstianisme
ne consiste pas dans des idées spéculati-
ves sur toutes les questions dogmatiques
soulevées par l'orgueil de la théologie;
qu'il n'est que le développement de la
religion naturelle et de la raison ; que ce
n'est point Dieu qui est l'objet direct de
la religion, mais l'homme, parce qu'elle
est faite pornr soft bonheur; qu'à tort le
christianisme se soulève contre la philo-
sophie avec laquelle il devrait s'unir; qu'il
a son plus grand ennemi dans l'indiscrète
curiosité théologique qnl^ en voulant
l'expliquer, le rend odieux et ridicule.
La modestie fut une des qualités na-
turelles de l'ilkiitre philosophe. « Ces
oc mots^ j'ai tort, disait-il, doivent tou-
« jours être sur les lèvres de l'homme
« convaincu d'erreur. » Dans la préface
de ses ouvrages, il veut en donner la
gloire à Réaumur et attribue au hasard ,
qui l'a mieux servi, les observations qu'il
publie et qui ont échappé à ce savant ,
dont il se dit l'élève.
Cette noble franchise, tant de simpli-
cité et de modestie, ne purent le sous-
traire aux attaques de l'^ivie. H eut à
supporter les sarcasmes du philosophe
de Femey; et l'homme que plusieurs
sociétéa savantes s'honoraient de coispter
parmi leurs membres fut long - temps
sans occuper un rang dans l'Académie
de Paris, parce qu'on ne lui pardonnait
pas d'avoir attaqué avec succès les saines
idées que le Jtine français «vait dévelop-
pées dans son système.
Charles Bonnet mourut à Genève, le
20 mai 1793 , âgé de 78 ans. Ses ouvra-
ges, réunis, en 1799, en 8 vol. in-4^, ou
en 12 vol. in-8^ , offi été traduits dans
presque toutes les langues. L. d. C
BONNET (Louis-Fuudxhaiid}» né i
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t685)
BON
l^arîs en 1760, a étérune des illustrations
du barreau français moderne. Lesbrillans
succàs de ses études avaient été pour lui
le présage de succès plus glorieux. Élève
du collège Mazarin , il remporta au con-
cours général des dix collèges réunis le
premier prix de discours français; ses
professeurs lui conseillèrent d*embrasser
la carrière du barreau , et leur prévision
ne fut pas trompée. Le jeune avocat se
distingua de bonne heure par de grandes
qualités oratoires, et, dès son début, ses
succès fixèrent sur lui l'attention. Admis
au stage en 1783, il fut inscrit sur le ta-
bleau en 1787. Choisi l'année précédente
pour faire le discours de rentrée à la
conférence de la bibliothèque des avo-
cats, il s*en était acquitté d'une manière
brillante. Il avait pris pour texte les trois
ftges^ de l'avocat : le suj^et était vaste et il
fallait sentir sa force pour entreprendre
de le traiter; le jeune orateur s'était bien
jugé et son discours fit sensation au pa-
lais. Ce premier succès ne tarda pas à être
suivi d'un plus grand. La fameuse affaire
Kommann venait d'éclater : on y voyait
figurer Bergasse, Beaumarchais, le prince
de Nassau et l'élite des avocats de Paris.
M. Bonnet fut choisi pour défenseur de
IVf * Kommann. Au milieu de tant d'o-
rateurs déjà célèbres , il soutint glorieu-
sement la lutte : il égala les uns, éclipsa
les autres , et M""* Kornmann ayant ga-
gné son procès, le talent du jeune orateur,
connu et apprécié de tous, lui procura
bientôt l'occasion d'une foule de nou-
veaux triomphes.
Lorsque la révolution arriva, il était,
à SO ans, à la tête du barreau de Paris;
mais bientôt ce corps célèbre fut aboli
comme tant d'autres. M. Bonnet ne se
laissa pas néanmoins entraîner au flot de
la tourmente politique. Pur de tout ex-
cès et fidèle à la dignité et à l'indépen-
dance de sa profession , il attendit que
l'ordre judiciaire eût été rétabli pour re-
paraître an barreau , et il y reprit son
rang. Cette époque d'un droit ancien qui
finit et d'un droit nouveau qui commence
fut féconde en grandes questions : M. Bon-
net fut appelé à en plaider un grand
nombre. L'une d^ plus importantes fut
l'afTaire Lanefranque. On y voyait le su-
borneur d'une femme mariée venir ef^
frontément demander à la justice la nul-
lité du mariage de la femme qu'il avait
séduite et produire insolemment, comme
une preuve de ses droits, les fruits de
son adultère. M. Bonnet , dans une im-
provisation brillante, l'accabla de toute
l'indignation dont il était animé, et ter-
mina sa plaidoirie par un mouvement
oratoire des plus remarquables.
Bientôt après se présenta la défense
du général Moreau, le plus beau titre de
glohre de M. Bonnet. Son indépendance
et son courage furent dignes de son élo-
quence; le retentissement de son plai-
doyer fut immense, et l'on se souvient
encore aujourd'hui de la véhémence avec
laquelle il releva le procureur- général
qui avait osé l'interrompre pour dire que
Moreau était un traître. Son plaidoyer
improvisé fut plus qu'un beau discours;
pour me servir d'une expression connue,
ce fut une belle action, une action glo-
rieuse non-seulement pour lui, mais pour
son ordre tout entier.
M. Bonnet exerça depuis sa profession
avec un éclat toujours digne du défen-
seur de Moreau. Il fut nommé d'office
pour défendre Louvel. Nommé deux fois
de suite bâtonnier de l'ordre en 1816 et
1816, il fut nommé, en 1820, membre
de la Chambre des députés par la ri Ile
de Paris, et réélu en 1834. M. Bonnet
fnt un des vice-présidens de la Chambre
pendant la session de 1820. Il fut chargé
pendant ces deux législatures de travaux
importans et prononça plusieurs dis-
cours remarquables. £n 1 836 il fut nom-
mé conseiller à la cour de cassation , et
dans ces fonctions il a encore su se con-
cilier l'attachement et l'estime de ses
nouveaux collègues. Les magistrats ont
retrouvé dans lui les qualités brillantes
qui distinguaient l'avocat et lui ont rendu
la même justice qu'il avait toujours ob-
tenue de ses anciens confrères et de tous
ceux qui l'ont connu.
On a de hii le discours sm* les trois âges
de l'avocat, les plaidoyers dans les affaires
Kommann et Lanefranque, la défense de
Moreau, et un mémoire remarquable pour
Julie Jaquemin dans l'afftirre de l'empoi-
sonnement de Choisi. Les éditeurs des An*
nains du barrean français ont recueilli
G«s^i]iiore«flRix dint l« 8*^* voL de leur
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(686)
BOlf
oollec|k>ii et les opt fait précéder d'une
notice ^^ds laquelle l^I. Dupia jeune fait
justement apprécier le talent et les qua-
lités de M. BonDejL
M. ^ules Bonnet, son fib| ex-avocat
du présor, connu par ses succès an bar-
reau et par plusieurs brochures, a publié,
en iS^6y la traduction des œuvres com-
plètes de Mackensie, en 5 vol. in-12. f . Q.
QpN^ETI^, npm par lequef on
désigne les personnes qui vendent et font
fabriquer divers articles d'habillement
en coton et en laine. Ce ne sont pas seu-
lement des bonnets, comme le nom sem-
ble le faire entendre, mais des ba^ (il y
avait jadis ^es chaussetiers), des gilets
avec ou sans mancbes, des calerons, e^
,Tous ces objets d'ailleurs se ^ont au
moyen cju métier à bas {vojr.'^y e,t cette in-
dustriea étéportée dans ces derniers temps
au plus ^aut degré de perfection, sous
)e double rapport 4e ^a bonne exécution
et <f u très bas prix des pro4ui^. Fojr, Pas
(fabricant de) ^ p. ft.
^p^N£X$ (faction 4es)yVojr. Cha-
peaux.
BONN^VAIi (Claudk-Alexakdilb,
comte de), connu aussi sous le nom
d'^-CHMET Pacha, aventurier célèbre,
naquit en 1675 à Coussac, dans le Li-
mousin , d'une famille très distinguée. A
l'âge de 16 ans il entra dans la garde no-
ble du roi , où il fvt remarqué par son
penchant prononcé pour la. débauche
non moins que par sa bravoure à la guerre
et par ses capacités stratégiques; le ma-
réchal de J^uxembourg l'honorait de son
estime. Ijors de la guerre pour la succes-
sion d'Espagne, en 1701, il obtint Tau-
torisfi^tion de recruter un régiment dont
il fut nommé colojn^ et qu'il conduisit
en I^talie. {^es exactions par lesquelles il
cherchait à pourvoir à de pressans be-
soins engagèrent le ministre 4e la guerre
a lui refMser l'avancemient auquel s'atten-
dait Bonneval qui s'était distingué dans
plusieurs occasions* Outré 4e ce r^fns ,
il éclata en propos violens contre le mjr«
nistre Qiamillar4 et madame de Mainte-
non, et, ayant donné sa d^ission, il sut
se soustraire par une fuite prompte à son
arrestation qui avait été ordonnée. Jl vécut
alors dans différentes coucs de l'AllepMi-
gfM, £a ]1706 U <ri>lW.I#jniiig.A9jiMy<MK
généra^ dans Termée impériale, ^ sçmi^ {e
commandementdu prince pugène,il porta
les armes contre sa patrie. £n 1708 il pé-
nétra dans l'État de l'église. Lors de la
paix de Easudt, en 17 ^, le prince fit,
par son intercession, annuleiç )fe procès
qui avai^ éié intenjLé à Bonneval pour cri-
me de baufe trahison, et f,*on .consentît
mime à la restitution 4e ses biens; cepen-
dant, malgré un loçg procès, ^onneval ne
réussit pas à en déposséder son frère quf
s'en étai^ emparé. Il prit part à la guerre
4e 1716 enjLre l'i^utriche ^la ^Turquie;
peu 4® temps auparavant U avait été
élevé au grade de îieutenanf-général de
l'infanterie. I) se distingua si^tout à la
prise 4ç Temesyar (^ ^ ao^t)} son ré-
giment ayant pris )es quartiers d'hiver,
il SjO rendit à Yienpe , ei ^ès que i'étal
4e ses blessures te lui peri^it, il partit
pour ^aris ou il** fut reçu; avec grande
4istinciion. Après la paix 4e Passarqwîtz,
du- 21 juillet jjt^^ il jtiit nommé mem-
bre du conseil aulique de la guerre à
Vienne. |Cepen4ant sa légèreté, ses dé-
buches, son penchant pour lepersiCQage,
et surtout la prétention qu'il avait de
s'immiscer dans les affaires 4e famille du
prince JLugène, engagèrent ce dernier à
l'éloigner en le faisant nommer général
en chef 4*^^)Iene dans les Pays-Bas.
J^nnevaJ, brûlant du désir de se venger
de son bienfaiteur, se rendit à Bruxelles
et fit parvenir à Vienne des plaintes fré-
quences et mal fondées contre le marquis
de Prie , vice-gouverneur ^es Pays-Bas
et favori du prince. Ses menées néan-
moins fesjtèrent sans résultat, et le mar-
quas, qui de son côté avait travaillé à dis-
créditer Bonneval, reçut l'ordre de s'em-
parer de sa personne et de le retenir dans
la cita4elle d'Anvers. Presque en même
temps il fut enjoint à J^onneval de se pré-
senter à Vienne pour y rendre compte de
sa conduite; mais, au^ieu d^obéir, il se
ren4it à La Haye où il resta un mois en-
tier. A la fin, il se mit pourtant en route
pour Vienne; mais avant d'y arriver il
fut arrêté et conduit au Spielberg (r>px^y.
Un procès lui fut intenté et le conse^ 4^^
guerre prononça contre lui la peine ^e
mort, qjui fut commuée par l'empereur
£n une année de détention dans la forte-
r^ste. 4j^rjea(pi|?|t^o 4< •'L peine, il fisi
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escorté jinqw'à 1^ frontière, et il îni fut
enjoint de ne jamais remettre le pied sur
le territoire de TE^npire. ]ii a^^pabarq^a à
Venise pour Constantinople^ ou i( fu^
très bien reçu : la renommée de ses ac-
tions d*éclat et |e récit de rhi^ipanité qu'il
^vait exercée envers des prisopnjers turc^
lui avaient préparé ce bpP accueil. Ji lui
fut alloué i|nç somme considérable pour
sop entretien ; le grand-visir Veuf^di^eaL à
embrasser Tislamisme, commeseui moyen
4*obtenV uf^e audience publique auprès
^1^ ÇrandsultbanXjç muphti lui-mêmecon*
sentit à instruire Bonneval dans lesdevoirs
|[)e la religion maiiométape; il fut circoncis
etpri^ le 1^907 d'Àcbmet Pacha.Çon abj ura-
tion fut suivie immédiatement de sa nomi-
patipp aif rang de pacha à deux queues;
lliai^, ennuyé bientôt de son désœuvré-
jjxeaty il sollicita le commandement d'une
fortere^ç turque. Le grand-visir empécba
8& nomf nation, et ce ne fut qu'après sa
mort que l^e pacha renégat fut nomnié,
parle nouveau grand-yisir, commandant
en chef des bombardiers. I) s'appliqua
^lors avec zèle à la réforme de l'artillerie
otboma^ie, quoiqu'il eût à lutter cont^ç
une Cpule d'obstacles, suscités par la ja*
|ous,ie de^ pachas puissans, l'irrésolution
jdu sult^an J^ohammed Y et l'ayersion des
troupes turques contre la discipline eu-
ropéenne. Mais i^ sut vaincre toutes ces
entraves, et, avec un revenu annuel de
1 2,000 écus, il mena dans les plaisirs une
vie licencieuse et désordonnée. $a mort,
arrivée en 1747, délivra l'Autriche d'un
ennemi q^ui saurait pu lui éjLre c^fangereux,
Jtant par son activité que par la haine
qu'i^ lui avait jur^e. C. Z.
^ONNiyj^T (Guillaume GpuFFiBR,
«eigueur ps), fils de Guillaume Gouffier
de Boisy et de Philippine de Montmo-
rency, était frère cadet de Boisy, gou-
verneur .de François I^.^ Élevé avec le
jçune prince , Bonnivet gagna son affeo-
,tion par son caractère fer me et décidé, par
la vivacité de son esprit et son courage
éprouvé qui souvent dégénérait en témé-
rité. Xi fit avec François ses premières
^rmes au siège ^e Gênes (J1507), et on
^e trouve encore aux côtés du prince à
ifi jqurnée des Éperons.
Xie 4uc d'ÀDSo^^® démena roi con-
{ 6»? ) »Q»
vet, qflc )a charge d'amiral récompense
de^ SCS exploits chevaleresques à la ba-
bille de Marignan, cette journée de
géans, comme disait le maréchal de Xri-
vulce, qui avait assisté à 70 combats.
Peu après il fut envoyé en Angleterre
pour négocier la restitution de Toujrnay;
son faste, ses prodigalités, ses magnifi-
ques* présens, captivèrent le cardinal
Wolsey; il réussit complètement. Cet )ieu-
peux succès fit croire au roi que l'amiral
avait un ^nd Ulent diplomatique, et il
lui confia (1519) l'importante mission de
le représenter à la diète de Francfort
assenôblée pour donner un successeur à
{['empereur Maximilien. François I*'^ s'é-
tait mis sur les rangs; l'amiral devait
chercher à lui gagner )es voix des élec-
teurs; mais ses folles dépenses, ses viva-
cités, son arrogance, indisposèrent contre
lui |a majorité , et, malgré les efforts de
l'électeur de Trêves, chef de la faction
frai^Çaise, l'archevêque de AJlayence l'em-
porta , et Qiarles-Quint fut élu.
Honjteux de cet échec , Bonnivet crai-
gnait de reparaître à la cour; cependant à
son retour le roi le reçut à bras ouverts et
lui donna le commandement de l'armée
dirigée contre la Navarre ; l'amiral s'em-
para de Fontarabie, mais les Espagnols
ne tardèrent pas à reprendre cette place.
jusqu'ici l'amitié du roi pour Bon*^
ni vet n'avait eu aucune suite funeste pour
la France; mais sa haine pour |e conné-
table 4e Bourbon, fortifiée de celle <le
|a duchesse de Savoie, mèie du roi,
aipena tous les revers de François I*'^.
On sait que Louise de Savoie, d'abord
protectrice de Bourbon, lui fit donner
î'épée de connétable; mais que bienitot
après, furieuse de voir ce prince mécon-
naitre ses services et son amour, elle
s'unit à Bonnivet , son plus grand ennemi.
De concert avec M"" d'Angouléme, ce-
lui-ci porta le roi à sévir contre le prince
dans l'affaire de la trop fameuse conspi-
ration , dont la découverte amena la re-
traite funeste de Bourbon. A cette épo-
que (1523) François 1^,% toujours en
guerre avec Charles-Quint, se préparait
à passer en Italie. Retenu en France, il
envoya à sa place son favori qui, après
quelques sucoè^, repoussé de Milan, fuC
^Upu|i,4'apçordfir h^ J^y«ur» A Avmî- \ fibUfià$ battre «a nftmîte. Am paiiaga
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BON
(6S8)
BON
de 1)1 Sesia II fut blessé et laissa le com-
niandement à Bayard , qui fut tué en dé-
fendant les derrières de Tarmée (1524).
Malgré ces revers, Bonnivet ne perdit
rien de son ascendant sur son maître qui,
l'année suivante (1525), livra aux Impé-
riaux, par les conseils de son présomp-
tueux compagnon, la bataille de Çavie,
oà il perdit la liberté.
Ne voulant pas survivre aux désastres
dont il était Fauteur principal , l'amiral
alla chercher la mort dans le plus épais
des bataillons ennemis.
L'excessive galanterie de Bonnivet est
connue ^ il poussa la hardiesse jusqu'à
être le rival de son maître et le rival
heureux : bien plus , le roi le savait et
ne l'en aimait pas moins. Bonnivet porta
plus haut ses prétentions : il osa décla-
rer son amour à Marguerite, reine de
Navarre, duchesse d'Alençon , et sœur
du roi. Repoussé, il ne voulut pas s'a-
vouer vaincu , et recevant un jour la
cour dans son château de Bonnivet, il
s'introduisit la nuit par une trappe dans
la chambre de la princesse, qui, réveillée
à temps, appela du secours et se dé-
fendit si bien qu'elle força l'entrepre-
nant amiral de se retirer en emportant
sur sa figure les marques de sa défaite.
La duchesse a donné elle-même les dé-
tails de cette aventure dans la lY^ nou-
velle de V Heptameron y où elle la ra-
conte sous des noms supposés. H-lt.
BONPLAND (AiM^), né à La Ro-
chelle , naturaliste célèbre par ses travaux
et par la captivité qu'il a subie par les
ordres du docteur Francia , dictateur
du Paraguay. En 1799 , M. Bonpland ,
jeune encore, mais ayant déjà fait des
études médicales, accompagna M. de
Humboldt dans son voyage en Amérique,
et en publia , de concert avec lui , l'inté-
ressante relation. La partie botanique de
ce recueil lui doit beaucoup ; car il avait
découvert et décrit plus de 6000 plantes
nouvelles. A son retour, l'impératrice
Joséphine lui confia la direction de ses
jardins de la Malmaison , dans lesquels
se trouvaient réunis les végétaux les plus
rares de tontes les parties du monde; et,
par les soins de M. Bonpland , cette col-
lection devint extrdmement riche etcu-
rÎMce. £U« aotvivm d'aiHeon à sa p«rte
par la description accompagnée de plan- '
ches qu'il en a publiée de 1813 à 1818.
Lorsque Malmaison eut perdu celle qui
l'avait créé, M. Bonpland accepta la
chaire d'histoire naturelle qui lui fut
offerte à Buenos- Ayres , et là , non con-
tent d'études scientifiques, il fonda une
colonie d'Indiens avec lesquels il avait
établi , à Santa- Anna, des plantations de
mate ou thé du Paraguay. Cette entrepri-
se, qui détruisait le monopole de Francia,
parait avoir motivé la mesure violente de
ce jésuite-dictateur. Au moment où , en
1 820, M. Bonpland partait pour une ex-
pédition scientifique sur les bords du
Parana, une petite armée(8001iommes)da
docteur Francia , violant le territoire de
la république Buenos- Ayrienne , fond a
l'improviste sur la naissante colonie et
enlève M. Bonpland avec la plupart de
ses Indiens. Après cette violation sau-
vage du droit des gens , contre laquelle
plusieurs gouvememens , tant de T Amé-
rique que de l'Europe , ont vainement
réclamé pendant douze ans, M. Bon-
pland fut employé à divers travaux par
Francia qui sut apprécier sa conquête.
La liberté vient à peine de lui être ren-
due, et Ton attend son retour dans sa
patrie pour apprendre ses aventures dans
cette bizarre république où il est si dif-
ficile d'entrer, et d*où l'on a tant de pei-
ne à sortir. C, L, m,
BON SENS, voy, Skks.
BONSTETTEN ( CHAaLXs-ViCToa
de) naquit à Berne, en 1745, d'une ri-
che famille patricienne, et fut envoyé de
bonne heure au collège de sa ville na-
tale. Mais les vieilles méthodes d'ensei-
gnement qu'on y suivait ne firent qu'a-
mortir la vivacité naturelle de son es-
prit et lui inspirèrent bientôt un profond
dégoût pour le travail. Il quitta le collège
à l'âge de 15 ans et fut mis en pension à
Yverdun, chez un de ses parens mater-
nels. C'est à cette époque que commença
son éducation intellectuelle. Le premier
livre qu'il lut avec intérêt fut la traduc-
tion d'Horace, par Dacier; le Spectacle
de la nature, de Pluche, lui apprit à
observer les objets qui l'entouraient et
le rendit sensible aux beautés de la na-
ture; il étudia avec ardeur les discours
de Cicéroft et puisa dans VÉniik de
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BON
(689)
BON
Rousseta cet amour de Thninanité et de
la vérité, cet enthousiasme pour tout ce
qui est beau et boo» qui formaient le
fond de sou caractère, et qu*on retrouve
à chaque pa^çe de ses écrits. Eu 1763
Bonstetten fit la connaissance personnelle
de Jean- Jacques qui venait de s'établir
à Yverdun; mais à peine fut-il admis
dans Tintimité de cet homme célèbre
que son père lui ordonna de se rendre à
Genève. La rivalité déjà ancienne entre
les patriciens et les plébéiens de celte
petite république était alors au comble
et se faisait jour par des milliers de bro-
chures qu*on se lançait des deux camps
opposés. Cette polémique , dans laquelle
furent traitées les plus hautes questions
de politique et de morale, répandit une
masse de lumière jusque dans les der-
nières classes de la population, tandis
que le puritanisme du clergé, qui avait
banni toutes les réjouissances et même
les représentations théâtrales, rendait les
mœurs graves et réservées. Bonstetten ne
resta pas étranger à la lutte générale : il
se rangea sous le drapeau des démocra-
tes et publia, dans les journaux, plu-
sieurs articles qui obtinrent un grand
succès et lui valurent Tamitié de Vol-
taire et de Charles Bonnet, qui, à cette
époque-là , se trouvaient tous les deux à
Genève. Le premier l'initia dans Tart
d'écrire en français, l'autre lui enseigna
les élémens de la métaphysique et de la
psychologie, sciences qui, dès lors, de-
vinrent les principales occupations de sa
vie. En 1766 Bonstetten parcourut l'Al-
lemagne, les Pays-Bas et l'Angleterre.
L'année suivante il vint passer quel-
que temps à Paris et se rendit de là en
Italie dont il visita en détail les contrées
les plus remarquables sous le rapport
historique. Dès 1775 nous le voyons
membre du conseil souverain de Berne ,
fonctions qu'il cumula plus tard avec
celles de bailli du district de Gessnay.
Dans ces deux magistratures il déploya
un grand zèle pour l'instruction primai-
re : il proposa à ses frais un prix pour
une statistique scolaire de la Suisse, ré-
forma un grand nombre d'écoles et en
établit deux nouvelles. En 1787 il de-
vint bailli de Nyon, et là il se lia avec
les poètes Matthlsson, Salis et M™* Fré-
Encxclcp, d^ G. d, M. Tome IIL
dérique Bran, d'une amitié qui a pris
place parmi les plus illustres qui aient
été formées sous les auspices des lettres.
Dans la même ville il fit la connaissance
du jeune Jean MuUer qui s'était fait con-
naître avantageusement par quelques es-
sais littéraires. Il devina en lui le gcand
historien qui devait un jour illustrer et
sa patrie et l'Allemagne; et il contribua
à le mettre dans une position indépen-
dante, afin qu'il pût suivre librement sa
vocation. Au commencement de la révo-
lution helvétique, Bonstetten se retira à
Copenhague auprès de son amie M°^*
Brun {voy,)y et ne revint en Suisse qu'à
lafinde 1801. Vers 1806 il se renditpour
la seconde fois en Italie, et, après y avoir
séjourné quelques années, il se fixa à
Genève ou il est mort en 1832, à l'âge
de 85 ans, emportant dans la tombe les
regrets de tous ceux qui l'avaient connu.
Les ouvrages de Bonstetten sont écrits
les uns en français, les autres en allemand.
Nous en examinerons les plus importans
et nous nous bornerons à donner les titres
de ceux qui offrent un intérêt moins géné-
ral. 1® Recherches sur la nature et les
lois de Vimagination , Genève, 1807, 3
vol. in-8** (en français). 2*^ Études de
l'homme, ou Recherches sur les facultés
de sendr et de penser, Genève et Paris,
1821, 3 vol. in-8^ (en français). Cest
dans ces deux ouvrages que Bonstetten
a consigné les principaux résultats de
ses travaux philosophiques. Il appartient
à l'école éclectique et ouvre, en quelque
sorte, la série de ceux chez qui la pensée
de l'éclectisme commence à paraître plus
développée et plus expresse. Ayant senti
de bonne heure l'inconvénient de la mé-
thode qui assimile aux mathématiques la
science de l'esprit humain et qui prétend
en résoudre les questions comme des
problèmes de géométrie, il la rejeta,
pour y substituer celle de l'observation.
Mais, au lieu de l'appliquer au monde
extérieur, il la transporta dans le monde
intérieur; il se replia sur lui-même et
étudia son moi, à partir de l'époque où sa
mémoire lui permit de sabir la manière
d'être de ce moi et ses divers développe-
roens. Aussi les deux ouvrages que nous
venons d'indiquer ne contiennent-ils au-
cune de ces hypothèse» et de cet classifr-
44
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SON
(090)
BON
âttieiiS ârtiitraires qui abondent dans les
livres d*idéo1ôgi6; mais une histoire de U
vlé îritérieurè de Tauteur, histoire incom-
plète, il est vrai, mais qui présente un
grand noibbre de faits psychologique» de
.la plus haute importance. Si l'on recher-
che arec soin la pensée qat y prédomine,
on reconnaîtra que c*est surtout le désir
de trouver aux sciences morales et mé-
taphysiques un point de départ; et ce
point de départ il le trouve dans la scien-
ce de l'ame ou la psychologie. L'auteur
fait donc de la psychologie, mais il en
fait selon sa méthode. Observateur re-
cueilli, sincère et spirituel, il jetait les
livres lorsqu'il se mettait à philosopher,
et repoussait tous les systèmes. Selon lui,
l'homme a deux espèces de sens : les sens
externes et les sens internes. Les pre-
miers servent à lui transmettre l'image
des objets extérieurs; les derniers lui pro-
curent les impressions agréables et dés-
agréables. Les principales facultés de
l'ame sont ^imagination et l'intelligence:
celle-là suppose l'action réciproque des
sens internes et externes, celle-ci la fa-
culté de former des rapports entre les
idées; et de là émane ce qu'on appelle la
vérité. L'imagination consiste en trois
espèces de sentimens, savoir : 1*^ le sen-
timent de nos besoins, qui tend à pro-
duire la jouissance; 2^ le sentiment du
beau, qui appelle à lui (elle sensation pré-
férablement à telle autre et tel ordre de
sensations préférablement à tel autre or-
dre, pour les combiner d'après les lois
de riiarmonie; 3^ les sentimens moraux.
Tout sentiment produit par le sentiment
d'autmi est un sentiment moral. Les sen>
timens moraux sont ou agréables ou désa-
gréables, ou consonnans ou dissonans;
ils ont leurs signes naturels qui sont par-
faitement compris parle spectateur ou par
l'auditeur, et c'est sur ces rapports orga-
niques entre les sentimens du spectateur
ou de l'auditeur et les signes naturels des
sentimens de son semblable qtie repose
l'origine du langage pris dans l'acception
la plus étendue. Le sens moral , souvent
eu opposition avec le sens du besoin, est
en harmonie avec les grandes lois de l'in-
telligence, révélées à l'homme par la rai-
son ; et c'est cette harmonie qui constitue
la morale. La seconde faculté de l'ame
est nntdllgMlM; ses foncdoi» <
en plusieurs opérations successives , sa-
voir î 1** percevoir les Idées qoi la frap-
pent, 2^ les réunir, 8® les distinguer,
4^ les comparer, et 5^ tirer des résul-
tats de la comparaison , c'est-à-dire for-
mer un jugemenL — ^Âprès la psychologie
et la morale, l'ordre natorel des idées
amenait la religion. L'auteur a suivi cet
ordre : il a traité, dans un chapitre des
Études, de Dieu et de l'immortalité de
l'ame, et ici encore son opinion n'est
qu'une conséquence de sa psychologie.
C'est en lui, dans sa nature, qu'il trouva
les raisons qui le portaient à croire à ces
deux grandes vérités. Ainsi Dieu existait
pour lui parce que lui-même il existait.
L'homme en effet prouve Dieu; mais non-
seulement il le prouve, il sert encore à
le connaître ou du moins à le concevoir.
Selon Bonstetten, l'homme est l'image ëe
Dieu aussi bien que son ouvrage; il y a
de l'homme dans Dieu, comme il y a de
Dieu dans l'homme. Ce n'est pas l'es-
sence, c'est seulement le degré qui fait
la différence; l'infini les sépare, mais
ne les rend pas dissemblables. La con-
viction de l'auteur sur l'immortalité de
l'ame n'était pas moins ferme, et cette
conviction il la fait partager sans efTorI,
car elle est chez lui Un sentiment £o
général on pourrait reprocher à Bonstet-
ten de ne pas donner à ses preuves une
forme assez scientffqne et de traiter
certaines questions plutôt en orateur el
en poète qu'en philosophe; mais son bot
était de se faire comprendre même par
les gens du monde, de popolariser, pour
ainsi dire, la philosophie; et ce bot a été
complètement atteint par la faveur avec
laquelle les deux ouvrages ont été ac-
cueillis. Les Recherches ont été citées
avec éloge par la classe d'histoire et de
littérature de l'Institut de France, dans
son rapport de 1 806 sur les progrès des
sciences. 8® Moirage sur la scène des
six derniers Uvrés de r Enéide, smpi de
quelques observations sur le Latisun
moderne, Genève, 1804, ln-8*, avec
une carte (en français). Cet ouvrage,
dont le titre indique suffisamment le
contenu, se distingue surtout par nn
style plein de chaleur qui s'élève quel-
qnelbis à la hauteor de la poésie. B ea
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BON
existe une traduction allemande.
L'Homme du midi et l'homme du nord,
Genève, 1824, in-8*^ (en français). Dans
ce petit écrit pétillant d^esprit, Bonstet-
ten établit un parallèle entre les hommes
vivant sous des cb'mats opposés | et s'at-
tache à prouver que le climat n*est point,
comme l'avaient pensé Montesquieu ci
d'autres écrivains, la cause principale et
presque unique des institutions et des
qualités morales des peuples. 5^ La Scan-
dinavie et les Alpes, Genève et Paris,
1 826 , in-8" (en français). Ce livre est un
recueil de souvenirs du séjour que Bon-
stetten fit dans le Kord. Les grands ta-
bleaux, les traits de sensibilité, les ob-
servations ingénieuses ou profondes s'y
succèdent rapidement, mais d'une ma-
nière si confuse qu'il n'y a ni ordre, ni
méthode, défaut qu'où remarque souvent
dans les ouvrages de Bonstetten. Ce der-
nier livre a pourtant obtenu un succès im-
mense, qui doit être attribué, en grande
partie, au charme qu'ont les composi-
tions de ce genre pour les lecteurs qui ne
recherchent que l'amusement. 6® et 7**
Lettres de M, de Bonstetten à Matthis-
son , publiées par H, Fuessli, Zurich .
1827, in-8®; Lettres de Bonstetten à
Frédérique Brun, publiées par Frédéric
ile Matthisson, Francfort-sur-le-Mein ,
1829, 2 vol. in-8^. Ces deux recueils de
lettres(en allemand), où l'esprit enjoué, la
grâce aimable et la naïve originalité de
Bonstetten brillent de tout leur éclat,
comprennent un espace de 40 années (de
1790 à 1829) et renferment des réciu
variés et pleins de vie, qui sont comme
un reflet des événemens immenses de
cette période. A la fin du premier recueil
se trouve une autobiographie de l'auteur,
qui est riche en développemens psycho-
logiques. S^ Souvenirs écrits en 1831,
Genève, 1832, in- 12 (en français). Cette
brochure, qui a paru peu de temps après
la mort de Bonstetten, n'est au fond qu'un
abrégé de l'autobiographie dont nous ve-
nons de parler. 9^ Sur l'éducation des
Jumilles patriciennes de Berne, Zurich ,
1 786, 2 parties, in-8^ (en allemand). 10^
Lettres sur un canton pastoral de la
Suisse, Baie, 1787, in-8^, 2* édit., îbid.,
1793 (en allemand). Cet ouvrage a pour
objet le district de Gessnay, dans le can<-
( 691 ) BON
4° ton de Berne, ou l'auteur exerça pendant
quelque temps les fonctions de bailli. 11^
V Ermite, histoire alpine , Manhelm,
1788, in-a'^ (en allemand). 12<^ Mélarh-
ges, 2* édiU, Zurich, 1792, in-8^ (en.
allemand). 13^ Les principes de la révo^
luUon de la Suisse, discours prononce
à Yverdun, le 26 mars 1795, in-4^ (en
français). 14** Nouveaux mélanges, Co-
penhague, 1799-1801,4 Yol. in-12 (en
allemand). 15® Sur Véducation natio^
noie, Zurich, 1802, 2 vol. in-8^ (en al-
lemand). 16** Pensées sur divers objets
de bien public, Genève, 1815, in-8° (en
français). M-A.
BONTE. La bonté est un penchant de
Tame qui nous porte à excuser les torts
des autres à notre égard. Elle est natu-
relle ou enseignée par la religion et la
morale. Naturelle, elle découle du carac-
tère et de l'organisation : les caractères
nerveux et sanguins sont irritables ; les
tempéramens mélancoliques sont plus en-
clins à la bonté. La bonté est d'ailleiurs
le résultat de l'éducation; plus un esprit
est cultivé, plus il est porté à la politesse
qui est, pour ainsi dire, la bonté exté-
rieure. La politesse sert quelquefois à
cacher des actions peu honorables : dans
les cours les exemples en sont fréquens.
Il faut souvent se défier de cette fausse
bonté qui prend des formes polies jusqu'à
l'obséquiosité ; mieux vaut une franchise
un peu rude dans son expression , mais
dont l'indulgence et la sympathie sont la
source. Qui dît bon ditendinàêtre utile,
à soulager, à consoler. Ensuite la fol vient
au secours de la nature et de l'ame , elle
les fortifie toutes les deux ; alors la bonté
prend un caractère plus élevé, plus pur :
elle devient la charité {vojr.) et s'étend
jusqu'au pardon des injures ; mais celle-
ci est une vertu chrétienne et la bonté est
une vertu qui est dans le domaine de la
morale en général. Une juste tolérance
pour les erreurs d'autrui, l'application
de cette maxime : « Ne fais pas aux au-
« très ce que tu ne voudrais pas qu'il te
« fût fait ! » une sympathie éclairée pour
toutes les souffrances réelles, une pro-
pension à les consoler, à les secourir,
une facilité douce dans les rapports so-
ciaux, un échange d'égards, plein de
prévenances sans tffectaUon , t6ill
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BON
(692)
BOO
les principaux caractèrei de la bonté.
Mais elle ne doit pas être voisine de la
faiblesse, ni tomber d«ns ces molles to-
lérances qui 8*accommodent aux vices.
Dans les relations domestiques et politi-
ques, la faiblesse est la plus fâcheuse des
trahisons, parce qu'elle inspire la pitié et
qu'elle a des excuses toutes prêles, des
semblans dont elle se couvre. Être faible,
c'est se trouver bien près d'être méchant.
La bonté, loin d'exclure la force de ca-
ractère, l'exige à un certain degré; sans
doute il n'est pas besoin ici de cette haute
énergie qui conçoit et accomplit les gran-
des choses; mais de cette rectitude de
jugement et de cette modération de ca-
ractère qu'on puise dans une juste appré-
ciation des choses et dans la coanais-
sanceducceur humain. Vivre et connaître,
pour l'homme sage, c'est apprendre à être
bon. G. D.
BONZES. Sous ce nom, inconnu aux
Orientaux , les Européens désignent les
prêtres des Chinois, des Japonais, des
Coch inchinois, de l'empire Birman, etc.;
mais c'est particulièrement aux prêtres
des deux premiers de ces peuples qu'on
rappli(|ue. Le terme est a'ssez vague pour
appartenir à la classe sacerdotale des
diverses sectes connues en Chine
et au Japon ; il convient aux prêtres
bouddhistes comme aux Tao-sse ou doc-
teurs de la raison. Si la secte de Con-
fucius avait des prêtres, on les aurait pro-
bablement compris aussi sous le nom de
bonzes; mais les lettrés de cette secte ont
quelquefois dû être considérés ainsi par
les voyageurs européens. Les bonzes ob-
servent le célibat , et il y en a qui vivent
en communauté, comme les moines dans
le christianisme. Il en est qui enseignent
un culte superstitieux jusqu'à l'absurdité
et qui rendent hommage à des figures sym-
boliques et à des idoles monstrueuses.
Loin d'éclairer lepeuple, ils l'abrutissent
par leurs enseignemens et par leurs pra-
tiques de dévotion ridicules ; ils laissent
leurs compatriotes dans l'ignorance et
les affermissent dans la plus honteuse su-
pei*stition. Il y en a qui mènent une vie
entièrement contemplative et qui ont au
moins des mœurs pures, s'ils ne rendent
pas de services à l'humanité. Ce qui a
frappé depuis long- temps les Européens,
c'est la ressemblance qui existe entre la
vie et les pratiques religieuses des bonzes
et certains usages établis dans tes églises
grecque et roigaine. Cette analogie cesse
d'étonner lorsqu'on réfléchit que le chris-
tianisme a pris naissance en Orient et en
a emprunté beaucoup d'usages, en les ap-
pliquant à un culte bien différent de ceux
de l'Asie.
Dans les temps où la presse n'était pas
libre , les écrivains philosophiques du
xv!!!** siècle ont quelquefois désigné sous
l'ai légorie de la classe des bonzes le clergé
latin ; mais pour cela ils ont dénaturé le
caractère des bonzes, en les représentant
comme étant éminemment persécuteurs.
L'intolérance n'est pas en général leur
défaut; à la vérité ils sont persuadés de
la divinité de leur culte et de leurs dog-
mes et ils pensent peu avantageusement
des peuples qui pratiquent d'autres reli-
gions ; mais en même temps ils ont cette
quiétude et cette insouciance qui ne per-
mettent pas que l'on force les autres à
penser comme nous. Ils ont du dédain
pour les autres religions, et n'ont pas de
la haine pour ceux qui les pratiquent;
les poursuivre serait d'ailleurs une tâche
trop pénible pour eux. Du reste ils n'ont
pas sur les affaires civiles, et par consé-
quent sur les habitans d'un état, cette
autorité que le clergé a souvent eue dans
les états chrétiens. D-g.
BOOLEN ou BoLETN (Anne de), se-
conde femme du roi d'Angleterre Hen-
ri YUI, fille de sir Thomas Boleyn, et
petite-fille, par sa mère, du duc de Nor-
folk. L'année de sa naissance est tantôt
placée en 1507,Untôt en 1500 et 1499.
Lorsque Marie, soeur de Henri YH! et
fiancée de Louis XII | partit pour la
France, elle emmena Anne de Boolen
au nombre de ses femmes d'honneur. Oo
n'ignore point que Louis XII, déjà épui-
sé, mourut peu de temps après avoir
épousé la jeune princesse anglaise et
que celle-ci retourna auprès de son
frère. Anne de Boolen avait pris goût à
la joyeuse cour de France : elle entra
successivement au service de la reine
Claude et de la duchesse d'Alençon, l'nne
femme, l'autre sœur du roi-cîlevalier,
qui offrit , à ce qu'on prétend , ses hom-
mages à cette jeune Anglaise , dittinguée
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par son esprit et sa beauté au milieu
d'une cour jeune, belle et spirituelle. £n
1525 ou 27, elle retourna pourtant en
Angleterre et devint dahie d*honneur
de la reine Catherine, qu'elle était des-
tinée à supplanter bientôt. Henri VIII ,
épris d*Anoe qui revenait de Técole de
Marguerite de Valois, ne put attendre
que son divorce, refusé par l'Église ro-
maine, fût prononcé par le complaisant
Cran mer. En 1532 il épousa en secret
Anne de Boolen, après 1 avoir provisoi-
rement élevée au rang de comtesse de
Pembroke. Après quoi Cranmer , s*ap-
puyant des décisions du clergé anglican,
désormais irrévocablement séparé de l'É-
glise romaine, déclara nul le mariage du
roi avec Catherine d'Aragon. Anne fut
couronnée solennellement à Westminster,
et Tannée suivante elle donna le jour à
Elisabeth. Sa faveur fut de courte durée;
supplantée à son tour, dans le cœur d'un
époux sensuel et volage, par une rivale
plus heureuse, par Jane Seymour, elle
passa du lit royal dans la tour de Lon-
dres, se vit accusée, citée devant un jury
de pairs , et condamnée à mort par 26
juges, le 17 mai 1536, pour crime d'a-
dultère commis avec un musicien aSmea-
tOD, auquel on fit confesser, par les tor-
tures, qu'il avait joui des faveurs de la
reine. Ce procès en rappelle un au-
tre de scandaleuse mémoire, qui s^est
passé presque sous nos yeux, en 1820,
à celte même cour d'Angleterre, mais
qui aboutit fort heureusement à une pé-
ripétie moins sanglante. Anne de Boolen
fut exécutée le 19 mai 1536, après avoir
racheté par les élans sublimes de ses der«
niera momens une vie sans doute enta-
chée de légèreté. Elle s'était jetée à ge-
noux devant la femme du lieutenant de
la tour : « Allez vers la princesse Marie
(fille de Catherine), lui dit-elle, et de-
mandez-lui pardon des maux que j'ai
appelés sur sa tête et sur celle de sa mère.»
Son message au roi respire ce noble or-
gueil qui sied si bien à une femme indi-
gnement outragée : « Grâces vous soient
« rendues, lui dit-elle; de femme privée
« vous m'avez faite comtesse, puis reine,
« et , ne pouvant m'élever plus haut en
« ce monde , vous m'envoyez prendre
« place parmi les saints du paradis.» L. S.
( 693 ) BOP
BOPP (François), célèbre linguiste
allemand, naquit à Mayence en 1791, et
reçut son éducation scientifique à Aschaf-
fenbourg oh ses parens avaient suivi la
conr de l'électeur de Mayence. Ce furent
particulièrement les écrits de "Windisch-
mann (voy.) qui inspirèrent à M. Bopp
le goàt des littératures orientales. Après
avoir fait des études préparatoires, il
vint, dans l'automne de 1812, à Pa-
ris, où il se livra particulièrement à celle
des langues indiennes. Il n'en con-
tinua pas moins de cultiver l'arabe et le
persan qu'il avait déjà commencés, et
bientôt il trouva, dans De Chezy et dans
MM. Sylvestre de Sacy et Auguste-Guil-
laume Schlegel , des amis et des protec-
teurs qui le guidèrent dans ses recher-
ches. Un petit secours en argent qu« lui
donnait annuellement le roi de Bavière,
le mit à môme de passer cinq années à
Paris, et quelque temps à Londres et à
Goettingue, uniquement occupé de ses
études favorites. Après son retour en Al-
lemagne , il fut nommé professeur de
langue sanscrite à l'univeraité de Berlin ,
fonctions qu'il remplit encore actuelle-
ment (1834). On a de M. Bopp : l"" Le
système de la conjugaison du sanscrit ,
comparé avec celui des langues grecque^
latine y persane et germaniques ^ suivi
de la traduction de quelques épisodes
de poèmes indiens, Francf.-sur-le-M.,
1826, 1 vol.in-4** (en allemand); 2<^ Sri-
mahâbharate Nalapakhajanam^oxx Na-
ins , cnrmer^ sanscriticum, e Mahabha-
rato; edidiljatine vertit et adnot. illustr,
Fr. Bopp (2*'édit., Berlin, 1 832); 8^ Sys-
tème €lc la langue sanscrite, Berl in, 1 82 7,
1 vol. in-4° (en allemand); 4** Indralo-
hagamânam, c'est-à-dire, le voyage
d'Ardjouna au ciel d'Indra et autres épi-
sodes du Masabsarah, publiés pour la
première fois dans la langue originale
et accompagnés d'une traduction en vers
allemands et de notes, ibidem, 1 824; Di-
luvium, cum tribus aliis M ahahharati
episodiis (Berlin, 1829); 6® Glossarium
sanscriticum, ibidem, 1830, 1 vol. ln-4**;
6** Grammatica critica linguœ sanscri-
tœ, ibidem, 2" édit., 1838, 1 vol. in-8*^;
1^ Grammaire comparée des langues
sanscrite, zend, grecque^ latine^ lithua-
nienne^ gothique et allemandef ibidem^
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BOR (694)
18S3, t tri. iii-4'' (en aUemaDd). C. L.
BOEA ( C4T9I&AIMK DE ) » femme de
liUher, naquit en 1499 d'une famille
saxonne 9 et mourut à Tor^u en 1552,
dans une situation de fortune voisine de
l'indigence 9 quoique Luther Teùt insti-
tuée légataire nniverselle de ses biens.
Walch a écritson histoire (Halle^ 1751).
Fox> LuTKEa. S.
BOR4TES, sels formés par la com-
binaison de l'acide borique avec les ba-
ses. L'acide sulfurique étendu et bouil-
lant fournit un moyen de les reconnaître ;
ear le résidu que l'on obtient par l'éva-
poration jouit de la propriété de colorer
en vert la flamme de l'alcool. Un borate
dissous dans l'eau et traité par un acide
à chaud , laisse déposer des paillettes d'à*
cide borique.
Les borates soumis à l'action du feu
se vitrifient d'autant plus facilement que
la base qui entre dans leur composition
est elle-même plus fusible. Ceux de po-
tasse, de soudçy d'ammoniaque> de lithi-
ne f sont seuls solubles dans l'eau; quel-
aues autres s'y dissolvent également à la
Uveur d'un excès d'acide.
Ces sels sont très rares dans la nature;
celui qui y existe en plus grande quan^té
est le borate de soude ou àoraa (vojr. ce
mot)y que l'on emploie dans les arts. Le
borate de magnésie ou boracit^ est quel-
quefois disséminé dans des gypses; on
l'a trouvé aussi mélangé ayeo du borate
de chaux. Ce dernier sel a été observé
formant des pellicules d*un blanc sale sur
àm morceaux de carbonate de chaux qui
provenaient des ^virons du Monte Ro*
tondo en Toscane. Enfin le» (agonis de
la même coptrée fournissent une poudre
jau^« qui ressemble à de l'ocre et qui
n'^ autre chose que du borate de fer,
Qn trouva epcore dans la naii^-e As»
boratep combinés avec des silicates. Telle
«sjl la datholite, sel double formé de bo^
tsx% 4c chaux et de ^cat^ de chaux.
Ce g^nrc de sel , que l'on npuune ^QfV-
sHicafÇy donne, lorscpi'on \» traite par
Tacids nitrique I *io résidu composé d'a-
cide borique et d'acide silicique. H- A,
90^A^, borate de sonde, sel formé
par la ^mbinaison de l'acide borique
aveP la ^oude. Il parait avoir été conpu de$
ajacifuuit qui ignoraient s« composition/
BOR
mais non ses usages;car Pline cnparlesous
le nom de chrysocoUe^ sachant qu'il sert
à souder l'or et les métaux. Le commerce
l'a long-temps tiré de l'Inde , où on le
trouve cristallisé en masses sur les bords
de certains lacs; celui qui arrive encore
par cette voie est toujours recouvert d'un
enduit gras particulier et porte le nom de
tùiÂal; on appelle borax demi-raffiné le
borate de soude que la Chine nous four-
nit Aujourd'hui presque tout le borax
employé en France est fabriqué de toutes
pièces avec l'acide borique et le carbo-
nate de soude. Ce n'est pas sans diffi-
culté que l'on est parvenu à le substi-
tuer à celui que nous expédiaient les
manufactures de Hollande, dans lesquel-
les on raffine le borax naturel.
La température et le degré de con-
centration du liquide dans lequel se dé-
posent les cristaux de borax ont une
influence très marquée sur les formes
qu'ils présentent. Si la liqueur est très
concentrée et que sa température soit au-
dessus de ^6^ centigrades, on obtient
des octaèdres, qui contiennent la moitié
moins d'eau que les cristaux piismati-
ques qu'elle fournit lorsqu'elle est plus
étendue ou que sa température est au--
dessous de ^6^. Les cristaux octaédri-
ques ont l'avantage de se tailler plus fa~
cilement et de se boursouffler beaucoup
moins lorsqu'on les fond : aussi sont-iù
préférés par les bijoutiers; de plua ils
présentent une économie pour les frais
de transport qui sont diminués dans le
rapport de 70 à 53.
Ce sel est assez soluble dans l'eafi; sa
solution verdit le sirop de violettes. Ê«:-
posé au feu , il se boursouffle , perd son
eau de crisUlllsation, et se liquéfie ensuite
complètement. Les oxides métalliques
que l'on y introduit brsqu'il est ainsi
fondu s'y dissolvent et lui donnent di-
verses teintes qui servent à les faire re*
connaître. Ainsi l'oxjde de manganèse
le colore en rose, l'oxide de fer en vert
bouteille , Toxide de chrome en vert éisi«-
raude, l'oxide de cuivre eu vert dair et
l'oxide de cobalt en bleu.
Le borax est beaucoup employé poar
faciliter la soudure des métaux. Comaie
il est nécessaire que Les deux pièces soient
bien décapées et par conséquaqt i^u'oUes
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BOR
(695)
BOH
soient prifées do contact de l'air, le bo-
rax les préserve de son inflaence et dis-
sout en même temps Toxide qui pourrait
exister à leur surface. Enfin le borax est
encore mis en usage pour préparer Va-
cide borique {voy^ dans les laboratoires;
de {^us, il entre dans la composition du
strass. H. A.
BORD. Ce mot nous vient da nord ;
il est allemand et danois , il est aussi
anglais et hollandais, car l'Anglais dit
board et le Hollandais boord. Il signifie
planche. Une métonymie a fait de la
planche le c6té on bord d*un vaiseau ,
une synecdoque a fait du coté le vaîssean
lui-mAme. Quand on dit : Je vais abord
de tel bâtiment , on fait donc un trope.
Tout est figuré dans la langue maritime ,
tout est poétique ; le métier de la marine
est 9 comme sa langue , riche de poésie ,
même dans ce qu'il y a de plus stricte-
ment positif. Les vaisseaux très hauts sur
Teau , ayant plusieurs ponts , sont appe-
lés bétimens de haut -bord; les petits
navires ont pris , par opposition , le noni
qu'on ne leur doipne presque plus main-
tenant , de bâtiment de bas-bord» Sous
l'empire on avait formé des régimens de
matelots, numérotés , ayant des aigles,
des colonels , etc. , sons le aom d'équi-
pages de Itaut'hord; ils étaient desti-
nés aux arméniens des flottes impériales.
Aujourd'hui H n'y a plus de rumens,
mais des compagnies sous le nom de com-
pagnies des équipages de ligne.
Lits côtés (bords) de navine ont dû être
distingués par drei t «t gaHoàie;de là tribord
et bâbord. Tribord sâgnifiaat le bord de
droite, on en a condn qu'il venait de dex-
tribord, d'autant plus qu'on a long^temps
dit strîbord , et dans la Méditerranée es-
tribord. La vérité eet que stribord est un
composé de denx nM>ta des Ungues du
Nord : bord et stp^, ^{fr en danois , et
ses Mialognes, «Henand, hollandait et
anglaié : stuer, steuer et sieer, veulent
dire modération, geuvemail, gouver-
ner. Le côté du gouvernail a donc été
styvbord^ staerbord, stuttrèordei star-
bofdy d'o4 nous avons en stribord; les
Espagnols ont fait de là anssi estribordo
et les Portugais est^ordo. Baiord vient
de bord , joint à béUik ou hak, qm signifie
BD bas^eoand et en4Ulandftis Va^atity
le gaillard i^avant. Ainsi, sfribord c'es^
le côté di| gouvernail , de l'arrière où es^
placé le gouvernail ; bâbord c'est le côté
de l'avant. Comment le côté de l'arrière
est-il devenu le côté droit, et celui de
l'avant le gauche ? Cest ce que nous ne
saurions dire; mais sa transformation
est ancienne y car on trouve stribord
dans la langue maritime du milieu d4
xvi^ siècle. Du bord saxon , les Italiens ,
les Portugais et les Espagnols ont fait
bordo ; nous, nous avons fait bordages
pour nommer les planches qui servent à
recouvrir le bord ou côté du navire. Pla-
cer les bordages, c'est border le bâti-
ment. Mettre les avirons (rames) sur le
bord d'un canot, c'est border les avi^
rons ; étendre une voile à l'aide de cor-
dages attachés à son bord inférieur ,
c'est border la voile. On voit qu'ici
nous sommes |oin de la première signi-
fication du mot bord; mais bord étant
devenu côté , la limite du côté a été aussi
le bord , le rebord , etc. Le bord de l'eau
et le bord de la voile descendent de la
même origine que le bord et les bor-
dages : c'est une race saxonne qui s'est
faite européenne. Foy» BoanÉK. A. J-l.
BOEDA ( Jean-Chables ) , né à Dax
ei^ 1733, mort à Paris en 1799, entra
de très bonne heure au service et fit la
campagne de 1757 cofnine aide -de-
camp du maréchal de Maillebois. Divers
mémoires d'analyse et de physique qna-
thématique lui avaient déjà valu le titre
d'asspcié de l'Académie des sciences.
Plus tard il quitta le service de ^erre pour
la marine et fut eipbarqu^ avec Pingre,
en 1771, sur la frégate la tlore^ en
qualité de commissaire de l'Académie
pour l'examen des montres marines. £n
1776 il fat chargé d'un grand travail
hydrographique , ayanit pour objet de x»-
lever les positions des îles Canaries cf
d'une portion des côt^ d'Afrique.I^ommé
major-f énéral de la flotte d^ comte d'H^-
taing , dans la guerre d'An^rji^^ » il eu^
«n 17^2 le conunandementdu Soli^afre,
vaisseau de 74 canona, en croiAièp*e açjUjs
le vent de -la Miartinique. FxH^cé dp se
rendne, après •un «ombat g]Qrie|i<> U fut
emmené prisonnier en Ao^let^erre et de
là revint en France sur parole. Cette vie
agitée jyt l'avait pas em|iécUé4^ i-éaliaer,
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BOR
en 1777, sa principale inrention, celle
au cercle répétiteur k réflexion. L« cé-
lèbre astronome Toble Mayer avait
déjà publié à Londres , en 1767, la des-
cription d*nn cercle répétiteur à ré-
flexion, mais sujet à des inconvéniens
que ne présentait pas la méthode de
Borda. Celui-ci ne tarda point à appli-
quer aux cercles ordinaires, destinés aux
usages terrestres et astronomiques, le
principe ingénieux de sa méthode, qui
consiste à atténuer indéfiniment le résul-
tat des erreurs de mesures, eu les faisant
porter, non sur Tare simple qu'on veut
mesurer, mais sur un grand multiple de
cet arc Pendant long-temps les savans
français ont regardé le principe de Borda
comme une vérité mathématique, à Taide
de laquelle Thomme parrenait, en quel-
que sorte, à s'affranchir des imperfec-
tions inhérentes aux organes des sens et
aux instrumens qui leur servent d'auxi-
liaires. Aujourd'hui, à l'étranger sur-
tout , on parait convaincu que la mé-
thode de répétition n'a pas en pratique
les avantages que semble lui assigner la
théorie, et on l'a abandonnée dans les
recherches astronomiques les plus pré-
cises. Ce n'est pas à dire pour cela que
les cercles répétiteurs ne puissent encore
conserver la prééminence sur les autres
instrumens, dans les observations ordi-
naires.
Il n'est guère de partie de l'astrono-
mie nautique qui ne soit redevable à
Borda d'un perfectionnement ou d'une
méthode nouvelle. Ses travaux , comme
physicien , n'ont pas eu moins d'impor-
tance. Il prit la part la plus active à la
grande opération de la mesure du méri-
dien entre Dunkerque et Barcelone,
pour l'établissement du nouveau système
métrique. Il inventa à cette occasion ses
procédés pour la mesure des bases géo-
désiques et pour la réduction des obser-
Tations du pendule, travaux qui ont
servi de point de départ aux recherches
des physiciens contemporains sur ces
importantes questions.
Les ouvrages de Borda, imprimés sé-
parément , sont les suivans : 1^ Voyaf^e
fait par ordre du roi tf« 1 77 1 rt 1 772 ,
en diverses parties de t Europe et de
l'Amérique, etc., Paris, 1778, 2 vol.
( 696 ) BOR •
in-4*; 5* Descriptions et usages dm
cercle de réflexion , Paris , 1 787, io-4« ;
3 * Tables trigonométriques tlécimales,
Paris, 1804, in-4*. Ce dernier ouvrage,
complété et publié par Delambre , a bien
perdu de son utilité maintenant que
l'innovation de la division décimale du
cercle a définitivement échoué. A. C.
BORDEAUX, chef'lieu du départe-
ment de la Gironde et ville considérable
de France (à 153 lieues et demie S.-0.
de Paris, lat. N. 44*^ 50' Long. O. 2«
54'), qui s'élève avec magnificence en
demi-cercle sur la rive gauche de la Ga •
ronne. On y passe ce fleuve sur un poot,
sans contredit l'un des plus beaux de
l'Europe; il a 17 arches et 580 mètres
(1785 pieds) de long. Outre la préfec-
ture, un archevêché a son siège à Bor-
deaux. En général cette ville n'est pas
bien bâtie et l'intérieur renferme même
un grand nombre de rues étroites et mal
percées, ainsi que des places petites ci
irrégulières; mais il y existe aussi des
quartiers d'une beauté parfaite, des pro-
menades, des places publiques et des
édifices dignes de remarque, tels que le
quartier qui s'élève sur l'emplacement de
l'ancien château Trompette; les Char-
trons ou le port , l'un des plus piUores-
ques du royaume; les environs de la place
Saint- Julien» le grand Cours, les allées
de Tourny, le Cours du jardin public, la
place Dauphine , la place Royale , celles
des Grands-Hommes et de la Comédie \
la rue de Tlntendanoe et celle du Cha-
peau-Rouge, le grand Théâtre, l'un des
plus beaux de France, la Maison royale,
la cathédrale, l'hôtel de la préfecture,
rhôtel-de-ville, la Bourse, la douane; la
portedeBourgogne,celleSaintJulien,etc
Bordeaux possède une Académie roya-
le des sciences , belles-lettres et arts ; une
société linnéenne d'émulation, une socié-
té philomatique , une société royale de
médecine et autres institutions scientifi-
ques ; un musée , une bibliothèque pu-
blique, un cabinet d'histoire naturelle ,
un observatoire, une galerie de tableaux,
un athénée avec un muséum , un muséum
d'instruction publique, trois théâtres,
une Académie, une Faculté de théologie,
une école d'hydrographie , deux écoles
lecoodairet de médecine , des éool«s àm
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BOR
(697)
BOR
peinture et de dessin , nne banque, une
caisse d'épargnes et de prévoyance , une
société pour Tencouragement de Tindus-
trie nationale, des compagnies d'assu-
rances maritimes et contre Tinceudie,
une manufacture royale de tabac, des
raffineries de sucre et des fabriques de
touteespèce. Située à une petite distance
de l'emlïouchure de la Garonne, avec un
port vaste et commode, communiquant
avec la Méditerranée par le canal du
Languedoc et avec les départemens limi-
trophes par la Gironde et la Dordogne ,
il est difficile d'imaginer une ville plus
favorablement placée, sous le rapport
commercial, que celle de Bordeaux:
aussi son commerce s'étend - il à toutes
les parties du globe. On en exporte,
outre les produits de ses fabriques, une
grande quantité de vins renommés, pro-
venant tant de son territoire que du
Languedoc, du Quercy, duPérigord,
du Roussillon, de l'Ermitage, de Fron-
tignan, de Béziers et d'Espagne, etc.;
des eaux-de-vies d'Armagnac et du pays;
du chanvre , de la résine , du liège , des
grains, des farines, des prunes , toutes
les productions du centre et du midi de
la France, etc. Les Anglais, les Hollan-
dais, les Danois et les Suédois y im-
portent du charbon de terre, de l'étain,
du plomb, du cuivre, du bœuf et du
saumon salés , des articles d'épicerie et
de droguerie, de la mâture, du gou-
dron , des bois dd construction , du mer-
rain , etc. Les retours de l'Amérique et
de ses lies se font en sucre brut et blanc,
café , coton , tabac , indigo , rocou , ca-
cao et liqueurs.
Cette ville, appelée très anciennement
et peut-être par les Celtes Burdigala,
reçut encore des Romains, qui s'ils ne
l'ont fondée l'ont du moins beaucoup
agrandie, le nom de Biturigum Vivisco-
rurn civitas {voy, Bitueiges). Au "v*
siècle elle passa sous la domination des
Yisigoths , puis sous celle des rois francs
{voy» Aquitainb). Ravagée par les Sar-
razins au viii^ siècle et au iz' par les
Normands, elle fut réunie au duché de
Guyenne. Par le mariage d'Éléonore,
fille du dernier duc , avec Louis Vil , roi
de France, la Guyenne fut momentané-
ment réunie à la couroone. Mai» le roi
ayant malheureusement fait prononcer
son divorce avec ÉléOnore, en 1152,
cette princesse épousa Henri, duc de
Normandie, qui monta plus tard sur le
trône d'Angleterre, et Bordeaux tomba
ainsi au pouvoir de cette puissance, à
laquelle la Guyenne ne fut enlevée que
sous Charles VU. Florissant et heureux
jusqu'au moment de la révolution del 789,
Bordeaux éprouva depuis toutes les vi-
cissitudes inséparables de l'état de guer-
re, surtout pour une ville maritime.
C'est le lieu natal d'Ausone, de Saint-
Paulin, de Montaigne et de Berquin.
Montesquieu était né à deux lieues de la
ville. Les environs sont agréablement di-
versifiés par un grand nombre de jolies
maisons de campagne. Sa population était
en 1833 de 109,467 individus. J. M. C.
BORDEAUX (>iNs de). Le départe-
ment de la Gironde, qui produit les vins
bordelais, est un des plus riches en vins;
les vignobles y occupaient, en 1829,
140,000 hectares, c'est-à-dire le 6® de
toute la surface du département. En gros
on peut évaluer le produit de la vendange
annuelle dans les divers arrondissemens
ainsi qu'il suit :
Arrondissement de Blaye
tonneaux.
. 40,000
— — — Libourne. . .
. 60,000
La Réole...
. 35,000
Bazas
. 10,000
Bordeaux. . .
. 85,000
Lesparre . . .
. 20,000
Total 250,000
M. A. Jullien compte, année moyenne,
2,500,000 hectolitres qui reviennent à
un peu plus de 250,000 tonneaux. En
déduisant de ce dernier nombre le dé-
chet et la consommation du pays, on ob«
tient environ 200,000 tonneaux comme
étant la quantité livrée annuellement au
commerce. On compte à peu près 60,000
propriétaires de vignes; un capital de
plus de 45 millions de francs est ab-
sorbé par les frais de la culture. Ces
avances sont remboursées avec grand bé-
néfice par la vente du vin , surtout des
bons crûs. Une barrique des premiers
crûs d'une bonne vendange coûte à Bor-
deaux au-delà de 1,200 francs; les mar-
chands en Angleterre la vendent presque
le double. L'arrondissement de Bordeaux
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BOR (
est, des 6 ammdissemeos de U Gironde,
celui qui fournit, non-seulement le plus
de vins, mais aussi quelques-unes des
meilleures qualités; car c*est en partie
dans cet arrondissement qu'on récolte
les vins de MédoCy quoique le fort de
Médoc soit situé dans l'arrondissement
deX'esparre. Le vin de Médoc jouit de la
première réputation parmi les vins bor-
delais. «Cette liqueur délicieuse, par-
venue à son plus haut degré de qualité,
dit M. Frank, doit être pourvue d'une
belle couleur, d'un bouquet qui participe
de la violette , de beaucoup de finesse et
d'une saveur infiniment agréable; elle
doit avoir de la force sans être capiteuse,
et animer l'estomac en respectant la tête
et en laissant l'baleine pure et la bouche
fraîche. » Toute la vendange du Médoc
est évaluée de 81 à 38,000 tonneaux.
On distingue le Haut - Médoc ^ le der"
Hère du Haut- Médoc et le Bas -Médoc,
Cest dans celui-ci qu'on récolte les vins
de ChâUau-Latour et de ChâteaurLa-
JUte, L'arrondissement de Bazas produit
les vins blancs excelleos de Bonnes et
de Sauterne, Aux environs de Liboume
on récolt^le vin de Saint-Emilion ; m/iis
les 2,500 tonneaux de vin de ce nom
qu'on expédie par an an dehors ne peor
vent tous venir des vignobles de Saint-
Émilion qui ne sont guère considérables.
Dans les arrondissemens de Blaye et de
la Réole, il n'y a que des vins ordmaires;
ils se consomment en grande partie dans
le Bordelais même. Dans le commerce ,
les vins du département se divisent en
4 classes y savoir: vins de MMoc» de
IJaut-Brion, de Saint -Émilion et de
Grave; et dans ces classes on regarde
comme les meilleurs, parmi les vins 1*011-
ges, ceux de Lafitte , Lataur, Château-r
Margaux et Haut-Brion , et , parmi les
vins bUncs, ceux de Barjac^ S&uteme,
Pregnac, Pontac, Saint-Bris et Langon.
On divise encore toi|s les vins bordelais
en yins de Grave ou de gravier, c'esti-
à-dire cultivés dans un terrain grave-»
leux, et vins de Palud^ provenant d'un
sol un peu humide.
La ville de Bordeaux a le dépàt de
tous oes vins, dont la plus grande partie est
destinée à l'exportation par nier : au quai
des Chartrons on voit d« vastes ma^MÛ»
698 ) BOR
dans le«qaek \m ▼iqs bpfà^w ami pré^
parés et mêlés suivant la ^At des pay*
pour lesquels on les destine et suivant
la longueur des trajets qu'ils ont à (aire ;
on mute ou soufre plus 00 mpÎBM les
tonneaux, on colle les vins en grand,
enfin on les renforce pour les na-
tions qui préfèrent lea vins forts. Quant
aux vins médiocres , on les distille ou o«
en fait du vinaigre. La réputation dee vioa
bordelais est faite depuis pkuieiirssièdes^
cependant celle des crûs n'a pas été tcm**^
jours la toème, A.insi le Médoc était peu
estimé autrefois , tandis que l'on faisait
grand cas du vin de Bourg qui n'est giièr«
connu aujourd'hui. On trouvera de plus
amples détails dans les ouvrages auivans ;
Traité sur les vins ds Médoc et les vins
routes de la Gironde, par W. Frank*
Bordeaux» 1 8^4, in-S^ avec des tableaux)
Classification et description des vins de
Bordeaux, et des cépages particuliers
au département de la Gironde, mode de
culture, etc., par If* Paguière, cpwtwr
de vins, Bordeaux et Paris, 1^29, îa-8^,
avec une carte des prinçipaqx vignobles
du Bordelais; enfin Tfipograpfùe de tous
les vignobles connus, etc., par À^ juL-
lien, 3^ édjt., Paris 1832, iBr^"^. D-a.
BORDEAUX (Hsinu-CKaaLtt-FKa-
DmàVD - Maeib - Dt^unonri p'Aavosa ,
duc de), fils posthume du duc de Befntf,
mort assassiné à Paris an moment ou la
nouvelle grossesse de sa fenmi, Gar^*-
line-Ferdinande^ Louise 9 pHncease 4«$
Deux-Siiciles, fêtait eocore un feerat, na-
quit b 29 septembre ^830* 6a najasanoe,
qui eut lieu dans un «unnent où la du-
chesse était seule et oh tontes les lumières
étaient éteintes dans son appart^nent,
donna lieu aux bruits les plus étranges
et les plus dénuÀ de fbndemavt {voy.
BEaaT)p II fut appelé par les rayaliates
\ enfant du miraeU 9 «t par le corps di-
plomaUque,qui allaoomplimeater la mèra.
Versant d^t l^Murope , et confia par Louis
XVIU , dont eet ^Aiement ebarnoait lea
vieux jours , aux soins de M'^ la idacbesae
de Gontaqt, qui fut nommée gourcmanle
des ertfans de France, et qui reaaplii
dignement ces Conctions difficiles et dé-
licates. Ses élèves lui vouèrent et lui con-
servent nn tendre attachement. Dès sa
^$mhw§ mUmm^ U dm: d% Rarda
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(699)
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donna des preuves d'an bon cœnr et fit
voir d'heureuses dispositions que Tâgc,
dit-on, développe de plus en plus. Il avait
5 ans lorsque le duc Mathieu de Mont-
morency fut nommé son gouverneur;
mais celui-ci étant mort en 1827^ il fut
remplacé par le duc de Rivière qui
mourut aussi peu de temps après avoir
été chargé de ces fonctions. Il eut pour
successeur, en 1828, le baron de Damas,
qui est encore près du jeune prince. En
même temps M. Tbarin , alors évéque de
Strasbourg et auquel on avait fait une
réputation de jésuite et de partisan du
mouvement rétrograde, fut nommé son
précepteur, mais sans qu'il put se soute-
nir long-temps à ce poste.
Le duc de Bordeaux, alors âgé de près
de 10 ans, fut Tune des premières vic-
times de la révolution de 1830 qui ex-
pulsa son oncle et toute sa famille. Il
passa avec elle en Angleterre et séjourna
à Holy-Rood, près d'Edimbourg, jus-
qu'à ce qu'elle allât s'établir à Prague,
en 1831.
Charles X et le dauphin, son fils,
ayant abdiqué, après les journées de juil-
let (le 2 août 1830), en faveur du jeune
duc de Bordeaux, celui-ci est considéré
par les partisans de la famille déchue
comme le seul roi légitime de la France ;
ils l'appellent Henri V et ont fait frapper
des monnaies à son effigie où il porte ce
nom^ et, sojt par habitude et indifférence,
soit par esprit de parti ou par dérision,
il lui est même donné par i|n grand nom-
bre de ceux qui sont loin de lui recon-
naître des droits à la couronne de France.
Le 29 septembre 1833 les légitimistes ont
célébré la majorité du duc de Bordeaux,
et beaucoup d'entre eux lui ont prêté ser-
ment; à cette époque leurs voyages fré-
quens ont donné lieu à quelques arres-
tations*
Pour nous, qui comptons pour quelque
chose les décisions du sort et les volon-
tés d'un peuple, le duc de Bordeaux
n'est ppiiit IJenri V : il n'est qu'un pré-
tendant à la couronne de France, un
jeune prince intéressant par des malheurs
précoces et innocent des actes que l'on
reproche à sa famille. J. H. S.
BOUDÉE est un mot dérivé de bor4;
il exprime une idée bien difTérpnte de
celle que représente le ?er1^ border.
Lorsqu'un navire veut aller à un lieu d'où
soufQe le vent, c'est-à-dire, lorsqu'il a, en
termes de mer, vent debout, il est forcé
de présenter le côté (le bord) à ce vent,
qui, frappant dans ses voiles sous un
angle aigu , a deux actions sur lui : l'une
qui tend à le pousser dans la direction de
la ligne du vent et qu'on appelle la dérivCy
l'autre qui tend à le porter en avant , et
qu'on appelle la marche. Lorsque les
circonstances de construction , de charge
du navire, de mer, etc., sont telles que
la dérive l'emporte sur la marche, le bâ-
timent fait, on le conçoit, une route très
différente de celle qu'il devrait faire ; il
est jeté sous le vent et ne peut gagner le
but où il tendait. Lorsque le contraire
arrive, et les choses sont arrangées ordi-
nairement de telle manière que la dérive
soit la moins grande possible, le bâti*
ment monte dans le vent. Arrivé à un
certain point, il vire de bord, c'est-à-
dire qu'il présente l'autre côté au vent,
toujours sous l'angle le plus aigu, et dans
cette direction il fait encore un certain
nombre de lieues ou de fractions de lieues.
Ce sont ces routes obliques au vent,
a!tematives sur l'un et l'autre bord, qui
ont pris le nom de bordées ; elles finis-
sent par conduire au point précis qu'on
veut atteindre, comme un zig-zag régu-
lier à angles égaux dans un chemin sur
terre conduitd'un point d'une ligne droite
à l'autre.
Bordée a, dans la marine, d'antres
acceptions que celle sous laquelle on vient
de voir ce terme technique. Quand un
bâtiment de guerre fait feu de tous les
canons qu'il a dans ses batteries d'un
bord ou dans une seule de ses batte-
ries, il tire sa bordée. Envojrez la bor-
dée de 241 envoyez la bordée de tri-
bord I veulent dire: Envoyez à l'ennemi
tous les boulets des canons de 24 qui
peuvent être dirigés contre lui; envoyez
tous les coups des canons du côté droit.
Le service des matelots à la mer est
partagé par bordées qu'on désigne par
les deux bords du navire : tribord et bâ-
bord. Les matelots de la bordée d^ tri-
bord s'appellent les tribprdiers , et ba-
borddis ceux de la bordée de bâbord.
Les bordées sont égales ep hommes et,
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(700)
BOR
autant que faire se peut, en forces. La
bordée de tribord commence le servirai
RU moment où Ton met à la mer; celle
de bâbord la relève. La première bordée
va de midi à 6 heures, la seconde de 6
heures k minuit, la troisième de minuit
à 4 heures, la quatrième de 4 heures à
8 heures, la cinquième de 8 heures à
midi. Les bordées sont donc inégales;
celles de nuit , plus fatigantes que celles
de jour, sont moins longues.
La bordée de 6 heures à minuit est
appelée la grande bordée ou le grand
quart. Le mot quart est employé main-
tenant plus souvent que le nfot bordée,
quoiqu'il ne représente pas très bien Tidée
qu'il exprime. En effet le service est di-
Tisé en 5 quarts et non en 4 , et les quarts
ne sont pas tous de 4 heures. Probable-
ment on a d'abord partagé les 24 heures
en 6 parties de 4 heures , ou en 4 parties
de 6 heures; quoi qu'il en soit, quart a
prévalu. Le quart de 4 heures du matin
k 8 heures est le quart du jour. Pour
relayer les gens de quart on appelle :«Tri>
bord (ou bâbord) au quart! » A. J-l.
BORDEREAU. On appelle borde-
reau un extrait de compte qui comprend
toutes les sommes tirées hors ligne y tant
de la recette que de la dépense, afin de
balancer un compte.
Tous les mois un banquier envoie un
extrait de compte courant à chaque né-
gociant qui travaille avec lui : cet extrait
s'appelle bordereau. Cet usage est suivi
par les administrations financières qui,
chaque mois, envoient au ministère des
finances le bordereau de leur situation.
Les commis, les garçons de caisse, et,
en général, tous ceux que l'on diarge
d'aller en recette ou en paiement , ont
ua petit livret qu'on nomme bordereau,
sur lequel ils écrivent la quotité et la na-
ture des sommes qu'ils ont re^es ou
versées.
Le mathématicien Legendre avait com-
posé une table qui porte le nom de Bor-
dereau d'aunage; elle présente les di-
verses fractions de l'aune, comparées et
mises en rapport avec la livre tournois de
30 sols. J. O.
BORDEr(TH£OPniu),né en 1722,
à Iseste en Béam , et mort en 1 776 à Page
de 54 ans, fut un des médecins les plus
célèbres de son siècle. Petit-fils , fils et
frère de médecin, il se livra avec empres-
sement aux études médicales où il obtint
de brillans succès, et où, encore élève, il
commença sa carrière de professeur. Reçu
docteur en médecine après des épreuves
d istinguées et n'étant encore âgé que de 20
ans , il embrassa avec enthousiasme les
doctrines du vitalisme; c'était l'oppositioii
médicale d'alors, qui devait plaire à on
esprit jeune, vif, et brillant peut-être plus
qu'exact.
Les ouvrages de Bordeu sont nombreux:
outre sa thèse de Sensu genericê consi-
derato (1 742 ) et ses Recherches sur la di-
gestion (1743), on lit encore avec intérêt
les Recherches anat. sur la posidon des
glandes et sur leur action ( 1 752) , sur le
Tissu muqueux et l'organe cellulaire
(1767). En 1 775 il publia, de concert avec
son frère FaAHçois dont la réputation s'est
éclipsée derrière la sienne, desRecherches
sur les maladies chroniques^ etc. Aupa-
ravant il avait excité encore à un haot
degré l'attention publique par ses Recher"
ches sur le pouls par rapport tuuc crises.
Il écrivit aussi des dissertations sur les
écrouelles, et sur V inoculation dont il se
montra l'un des premiers protecteurs.
La vie de Bordeu fut pleine d'activité
et d'incidens qui s'expliquent bien par la
disposition de son esprit Tour à tour il
se fixa à Paris, où il trouva de grands suc-
cès comme praticien et des désagrémens
occasionnés par ses dissensions avec ses
confrères qui le persécutèrent avec opi-
niâtreté ; puis il revint à Pan en qualité
d'intendant général des eaux minérales
de l'Aquitaine. C'est là qu'il se plaisait
surtout au milieu des magnifiques scènes
de la nature qui étaient en rapport avec
la tournure poétique de son esprit méri-
dional. Ce n'est pas cependant que Bor-
deu ne doive être compté au nombre des
observateurs qui ont véritablement enri-
chi la science : il est plein de sagadté ;
mais dans l'exposé des résaltats il se livre
souvent à son imagination qui l'entraîne
au-delà des faits.
Les attaques d'une goutte vagne el une
mélancolie profonde l'engagèrent à aller
chercher la santé aux eaux de sa terre m-
taie ; il y fut frappé d'apoplexie pendant
son sommeil. Coatemporain de Voltairey
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(701)
BOR
de Rousseau et des encyclopédistes , Bor-
deu participa activement au mouvement
intellectuel de cette époque; il combattit
avec talent et quelquefois avec malice les
partisans de Boërhaave, pour les doctrines
duquel il montre une antipathie peu en
rapport avec Téclectisme dont il faisait gé-
néralement profession. Après avoir exercé
long-temps la médecine et avoir joui d'une
grande vogue , Bordeu ne laissa qu'une
fortune fort médiocre : ce qui répond aux
accusations qu'on ne craignit pas de por-
ter contre lui et qui contribuèrent à em-
poisonner et à abréger son existence. Ses
œuvres ont été réunies en 2 vol. in-8^ ;
Paris, 1817. F.R.
BORDONE (Paris), né à Venise, vers
1 500, d'un gentilhomme Trévisan qui lui
fit donner une éducation en rapport avec
son rang et sa fortune , embrassa la pein-
ture par inclination. Après avoir passé
quelque temps à l'école du Titien , qui
l'en chassa, dit-on, par jalousie, il s'atta-
cha particulièrement à celle du Giorgion
et finit par se créer un style très gracieux
qui n'appartient qu'à lui seul. Son colo-
ris , sans être moins vrai , moins fort que
celui du Titien y a peut être plus de dou-
ceur et de variété. On trouve générale-
ment dans les ouvrages de Bordone une
finesse de dessin y une richesse d'ajuste-
ment , une vivacité d'expression , une
originalité de composition qui décèlent
l'homme doué par la nature des facultés
qui constituent l'artiste. Ce maître s'ac-
quit une grande célébrité par les ouvrages
qu'il exécuta tant à Venise que dans d'au-
tres villes d'Italie. Plusieurs princes d'Eu-
rope cherchèrent à l'attirer près d'eux;
François 1*' fut le seul qui pût le dé-
terminer à quitter sa patrie. A la cour de
ce prince, ami et protecteur zélé des arts,
Bordone recueillit honneurs et richesses;
de retour à Venise il vécut dans l'aisance,
partageant ses loisirs entre les lettres , la
musique et la peinture , entouré d'amis
et d'admirateurs de ses rares talens. Il
mourut en 1570. Ses ouvrages les plus
célèbres sont le fameux tableau connu
sous le nom de t Anneau de saint Marc
que le musée du Louvre a possédé quel-
ques instans; un saint Pierre et un saint
André à San Giobbe; un Paradis dans l'é-
glise d'Ogoissanti de Trévise; enfin un
grand tableau d'autel où il a peint, en
six groupes di(férens , les mystères évan-
géliques.
Un fib de Paris Bordone a exercé la pein-
ture; mais il n'a point, a beaucoup près,
approché du mérite deson père. L. G. S.
BORE. Le bore est un corps simple
non métallique (métalloïde) découvert en
1809 par MM. Gay>LussacetThénard;
ces deux célèbres chimistes l'obtinrent
en décomposant l'acide borique {voy,) au
moyen du potassium. C'est encore de la
même manière qu'on le prépare au-
jourd'hui.
L'acide borique doit d'abord être
chauffé au rouge et fondu afin d'en sé-
parer toute l'eau qu'il contient encore,
lorsqu'on le prend sous forme de pail-
lettes nacrées. On le pulvérise ensuite et
on l'introduit dans un tube de verre, en
le mélangeant avec le potassium; on
chauffe : le potassium s'empare de l'oxi-
gène de l'acide borique et le bore reste
libre sous forme de poudre d'un vert
noirâtre, lorsque le résidu a été lavé.
Comme il est impossible de priver
complètement l'acide borique d'humi-
dité^ le dégagement des gaz dus à la
décomposition de l'eau occasionne pres-
que toujours la rupture du verre. Aussi
est-il préférable de se servir d'un tube
de cuivre et d^opérer seulement sur de
petites quantités du mélange.
Pour éviter ces inconvéniens et rendre
l'opération plus facile, M. Berzélius pro-
pose l'emploi du fluorure de bore et de
potassium, sel peu soluble qui se préci-
pite lorsqu'on verse une dissolution de
carbonate de potasse dans de l'acide fluo-
rique saturé d'acide borique. Ce sel est
desséché facilement. Sa décomposition
par le potassium peut être opérée dans
des tubes de verre.
Le bore est plus pesant que l'eau; il .
est insoluble dans ce liquide et dans
l'alcool. L'acide nitrique le transforme
en acide borique. Chauffé avec le nitrate
et le carbonate de potasse, il donne du
borate [voy,) de cette base. L'action est
tellement vive que souvent une détona*
tion se fait entendre. Quoique insoluble
dans l'eau après avoir été calciné, il est
susceptible d'y rester assez divisé pour
passer à travers les filtres lorsqu'il est à
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fétat d'bydrate. Le bore n'est encore em
ployé à aucun usage. H. A.
BORÉE . mot dérivé du grec BopéaÇy
qui signifie le vent du nord. Les anciens
Grecs adoraient Borée comme une divi-
nité et plaçaient sa demeure en Thrace.
Les monumens de Tart le représentent
sous les traits d*un vieillard ailé et barbu,
avec des queues de serpent au lieu de
jambes y et revélu d*une longue robe flot-
tante. Ses ailes, sa barbe et sa chevelure
sont pleines de flocons de neige, et sa robe
flottante soulève des tourbillons de pous-
sière. Selon la mythologie , Borée était
fils d'Astréus, Tun des Titans, et de TAu-
rore. Voyant un jour son favori, Hyacin-
the, s'exercer au jeu du disque avec
Apollon, il conçut de la jalousie et dé-
tourna le disque du dieu des Muses de
manière que cet instrument porta un coup
mortel au jeune bomme*. Borée enleva
Orythyie, fille d'Erechtée, roi d'Athènes,
et la transporta en Thrace. Il eut d'elle
4 enfans : Cléopâtre , Chione , Calais et
Zétès. Les deux derniers prirent part à
l'expédition des Argonautes.
BoaiAL se dit , en général, de tout ce
qui a rapport au nord ou septentrion.
On se sert plus souvent du mot septen-
trional, qui signifie la même chose, et le
mot boréal n'est plus guère employé, au
moins en prose, que pour désigner le
phénomène appelé aurore boréale, Voy,
ce mot. C. L. m.
BORGBÈSE, famille romaine origi-
naire de Sienne où , depuis le milieu du
XV* siècle, elle occupe les places les plus
émioentes. Le pape Paul V, qui appar-
tenait à cette famille, et qui monta au
Saint-Siège en 1605, combla ses parens
d'honneurs et de richesses. £n 1607 il
nomma son frère Francesco Borchèsb
commandant des troupes qu'il envoya
contre Venise pour y faire respecter ses
droits. Il donna à Marg-Antoink, fils
de Giov.-Battista, un autre de ses frè-
res , la principauté de Sulmone , lai
assura un revenu annuel de 200,000 écus,
et lui fit obtenir le titre de grand d'Es-
pagne. Il éleva un autre de ses neveux,
SciPioN Caffaaelli, à la dignité de car-
dinal, et lui permit de prendre le nom
(*) Qaelqoet mythogra^hes attribaent ceUa
Teiigeaoce à Zéphyre qui aunaU aotsi Hvaciiitbo.
( 702 ) BOR
de Borghèse. Cest ce dernier surtout
qu'il enrichit en lui livrant les biens con-
fisqués de la malheureuse famille de Cen-
ci. Ce même pontife a fait bâtir la villa
Borghèse, non loin de la porte det Po^
polo à Rome (voj. Tart suivant). C'est
de Marc-Antoine, mort en 1668, que
descend ta famille dece nom qui existe en-
core aujourd'hui. Son fils Giot.-Bat-
TisTA épousa OUmpia Aldobrandini ^
une des plus riches héritières de l'Italie,
qui le rendit possesseur de la principauté
de Rossano.MAEoANToiNE II, fils du pré-
cédent, mort en 1729, acquit de grandes
richesses en prenant sa femme dans la
famille deSpinola. Son fils Camullo-Ah-
TONio - F&ANGKSGo -Baluasa^re devint
son héritier , s'allia par un mariage avec
la maison Colonna, et mourut en 1763.
Le fils atné de celui-ci, Marco-Ahto-
Nio m, né en 1730, devint en 1798
sénateur de la république romaine, et
mourut en 1800. Par lui se termina, en
1769, le procès séculaire avec la famille
Pamfili au sujet de la succession Aldo-
brandini.
Camillo-Fil.-Ludov. Borghèse, prin-
ce de Sulmone et de Rossano, ci-devant
duc de Guastalla, prince italien , prince
de France, etc., né à Rome en 1775 de
Marco-Antonio III, était un des plus
riches propriétaires de l'Italie. Quand les
Français entrèrent dans la Péninsule , il
servit dans leur armée, se montra très
attaché à leur cause, à celle des idées
libérales, et surtout au général Bonaparte.
Celui-ci, flatté du dévouement de ce re-
jeton d'une des plus illustres familles
d'IUlie, l'appela à Paris en 1803 ; Ca«
mille Borghèse y vint et épousa, le 6 no-
vembre de la même année, la sœur ca-
dette de Napoléon , Pauline^ veuve du
général Leclerc [voy. Bonaparte). En
1804 il fut nommé prince français et
grand'croix de la Légion -d'Honneur;
lors de la guerre contre l'Autriche, en
1805, il fut promu au grade de chef d'es-
cadron de la garde impériale; bientôt
après il fut nommé colonel , et quelques
années plus tard général de division.
Après la fin de cette guerre, il fut fait
duc de Guastalla dont sa femme obtint
la principauté. Après avoir pris part, en
1806, à U campa^e contre la Prusse €C
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BOR ( 708 )
k Roesiey et atoîr été tmioyé à Varso-
TÎe ponr préparer 1«8 Polonais à une in-
surrection, Tempereur le nomma (1810)
gouvemeor-général des provinces trans*
alpines. Depuis ce temps il tint sa cour à
Turin et se fit aimer des Piémontais.
Apr^ Tabdication de Napoléon il cessa
toute relation avec la famille Bonaparte
et se sépara de sâ femme ^ dont il avait à
se plaindre. Lorscpi'en 1815 le roi de
Sardaigne revendiqua les biens natio^
naux piémontais , avec lesquels le gou-
vernement français avait payé les 8 mil-
lions qui avaient servi à l'acquisition des
objets d'art de la villa Borghèse, on fen-
dit au duc la plus grande partie de ces
objets d'art qu'on reprit à la France.
Le prince Borgbèse vendit sa terre de
Lucedio en Savoie ^ et alla résider à
Florence. Pendant son séjour à Rome,
en 1826, le pape Léon Xn le traita avec
beaucoup de distinction, comptant de sa
part sur des legs en faveur des institutions
pieuses. Le prince mourut à Florence en
1882, et eut pour héritier François
Borgbèse- Aldobrandini (né à Rome en
1777), qui, ayant partagé les sympathies
de son frère pour Napoléon, avait aussi
reçu de celui-ci le titre de prince fran-
çais et d*autres distinctions. Il épousa la
fille de la comtesse A.1exandre de La Ro-
chefoucault, dame d'honneur de José-
phine, devint colonel, général et grand-
écuyer de l'empereur. C, L,
BORQHESE (tiixa). Cette maison
de pkisance, située à l'entrée de Rome,
entre la porte Pinciana et celle du
Peuple y est plus célèbre par la magni-
ficence de ses jardins et surtout par le
choix et Tinnombrable quantité de mo-
numens antiques qu'elle renfermait dans
son enceinte, et qui en avaient fait un vé-
ritable musée , que par le mérite de son
architecture. Les ducs Altemps qui
l'occupèrent dans l'origine firent éle-
ver par Honoré Lunghi la porte d'en-
trée près la porte du Peuple. Scipion
Caffarelli, qui prit le nom de Borgbèse
{voy, l'art, précédent), y fit de grandes
augmentations vers 1 605. Paul Y bâtit
le palais principal sur les dessins de Jean
Yasanzio. Dominique Savino de Monte
Pulciano fut chargé de la plantation des
jardinty Jérôme Eainaldi de leurs
BOR
bellissemcns, et Jean Fontana de la con-
duite (ïrs eaux. Tous les princes de la fa-
m'ïV'' Borgbèse' ajoutèrent à cette demeu-
re des embellissemens de toute nature
et Tenrichirent des monumens les plus
précieux de Fart antique, jusqu'au jour
où Camille Borgbèse, par un marché qui
n'a reçu qu'une partie de son exécution,
céda à Napoléon, moyennant 8 millions,
cette riche collection. Parmi les 1 95 mor-
ceaux de sculpture de premier ordre restés
au musée du Louvre en vertu de la tran-
saction faite entre le prince Borgbèse et
Louis XVIII, après la chute de Napoléon,
il faut citer comme des chefs-d'œuvre
d'un prix inestimable le Gladiateur
combattant, V Hermaphrodite ^ le Ce/i-
taurt dompté par le génie de Bacchus,
le Faune tenant le petit Bacchus dans
ses bras , le Marsyas , le Silène^ le Faune
aux castagnettes, le Cupidon esssLjtinl son
arc, et les bas-reliefs représentant la
mort de Méléagre, les enfans de Niobé
poursuivis par Apollon et Diane, les fu-
nérailles d'Hector, le triomphe de Bac-
chus, la chute de Phaêton, le dieu Mi-
thras, Antiope et ses fils, la vengeance
de Médée, les forges de Yulcain, la nais-
sance de Yénus , enfin , le célèbre vase
dit de Borghèse.L'ouvragedeLuigiLa«i:^
berti : Sculture del palazzo delta villa
Borghesey detta Pincianay publié à Ro-
me en 1796 , 2 vol. in-8^, avec un grand
nombre de planches au trait , et celui de
Yisconti, Monumenti Gabinidella villa
Pinciana^ Rome, 1797, donneront une
idée précise de ce qu'était alors cette col-
lection d'antiquités, la plus nombreuse^ la
mieux choisie, la plus riche en monumens
du premier ordre, qui ait encore été for-
mée. L. C. S.
BORGI A y famille romaine originaire
d'Espagne, dont un membre, Alphonse,
monta en 1455 sur lesiége de Saint-Pierre
[voy, Calixte III). Ce pape permit à son
beau-frère Godefroi Lenziolo ou Len-
zuoli, de prendre le nom de Borgia, et
c'est le fils de ce dernier, le fameux
pape Alexandre YI {voy,)y qui donna à
ce nom l'illustration fâcheuse qui y est
restée attachée, et à laquelle ajoutèrent
considérablement les enfans de ce pape.
César et Lucrèœ Borgia. Alexandre YI
tnût eoy étant cardinal^ de hk RoBuûne
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(704)
BOR
Vanozza (Giulit Farnese)» sa maîtresse,
cinq enfan8;î*aîoé Giovanni, qui devint
duc de Bénévent, comte âe Terracine et
de Ponlecorvo, fut assassiné en 1497 par
ordre de son frère César , jaloux de sa
foiiune ; les deux que nous avons déjà
nommés méritent des notices particuliè-
res, Alexandre VI éleva plusieurs de ses
parens à la dignité de cardinal, et toute
la famille Borgia fut par lui appelée aux
honneurs et à la puissance. S.
C^sabBorgia, le second des enfans que
Rodrigue Lenzuoli d* Aragon , depuis
Alexandre VI, eut de Rosa Vanozza ou
Venozzia,se montra digne de son origine
dans une carrière où Ton voit presquecons-
tamment tous les vices, et de temps à autre
quelques grandes qualités, au service de
tous les crimes. César"^ avait à peine fini
ses humanités qu'il obtint Varchevéché
de Pampelune. Doué d*esprit et de goût,
il fit de ces dispositions un brillant usage
dans ses thèses de théologie ; mais , après
les avoir soutenues , il ne s'occupa plus
ni de religion, ni de science. Son père,
devenu pape sous le nom d'Alexandre
VI , affecU d'abord , tout en l'appelant
à l'archevêché de Valence, une sorte
d'impartialité et même de rigueur à son
égard ; mais bientôt emporté , dit Gui-
chardin, par la passion effrénée qu'il
avait pour Vélévation de ses enfans et
(jui lui fit même dédaigner le nom de
neveux y que ses prédécesseurs avaient
accordé à ceux qui leur devaient le
jour y il le nomma cardinal en lui men-
tant une naissance légitime , la bâtardise
étant un obstacle à cette dignité. Cepen-
dant cette dignité, César, emporté par
son ambition vers d'autres grandeurs,
ne l'appréciait qu'autant qu'elle lui va-
lait de riches bénéfices. Son frère aine,
Jean, duc de Gandie (royaume de Va-
lence), destiné au monde, lui semblait
plus heureux. Il eut cependant occasion
de se produire à son tour et de rendre à
son père de plus éclatans services que le
duc Charles VIII ayant résolu de recom-
mencer les expéditions de ses prédéces-
seurs en Italie , de reconquérir le royaume
de Naples et d'en faire un arsenal pour
ses guerres en Orient, Alexandre VI,
r*) M. Yienoet cherche a établir qa*i] naquit
à Venise à pea près en 1457. S.
pour le repousser, s'allia tTec le rot
Alphonse II, en stipulant des avantages
pécuniaires, soit pour lui, soit pour ses
en&ns. Cependant quand Charles VŒ
fut devant les murs de Rome , le pontife,
alarmé de ses progrès, se hâta, pour
préserver sa capitale d'une invmsioB , de
traiter avec ce prince. Il en obtint la
paix sans peine et la jura sans bonne foi.
Charles VIII, connaissant ses sentimens,
exigea que le cardinal César l'accompa-
gnât dans son expédition à titre d'otage.
Cependant l'armée française avait à peine
quitté Rome que le fils d'Alexandre
trouva moyen de s'échapper. Les strata-
gèmes et les négociations auxquelles il
venait de prendre part l'avaient convainca
de sa capacité pour les affaires, et les ex-
ploits du roi de France achevèrent d'irri-
ter l'ambition qui le dévorait. La fortune
du duc de Gandie le remplissait depuis
long-temps de jalousie. Un crime affreux
et un changement de carrière furent les
premiers résultats de ces réflexions. Jus-
qu'alors on avait remarqué que , loin de
s'opposer à l'élévation de son frère , il y
avait toujours aidé ; et l'on eÀt dit qu'il
travaillât pour lui-même en portant son
père à amasser tant de biens et d'hon-
neurs sur la tête du duc. Ces honnenn
et ces biens, César Borgia sut tout à
coup se les approprier. Le duc de Gandie
mourut assassiné, et, quoique l'opinion
générale attribuai au cardinal le meurtre
de ce prince généralement aimé , rien ne
l'empêcha de recueillir sa riche succes-
sion. Fatigué de la pourpre. César se
hâta de la déposer. Son père, qui avait
besoin du bras d*un guerrier aussi dé-
voué que devait l'être un tel fils, se hâta
d'approuver ce changement. Gratifié des
duchés de Gandie et de Bénévent, des
comtés de Terracine et de Pontecorvo ,
César, pour s'assurer un royaume, aspira
à la main d'une des filles du roi de Na-
ples. Mais ce prince refusa de légitimer,
par cette alliance, une usurpation dont
il entrevoyait le dessein. Alexandre et
son fils, vivement affectés de cette résis-
tance , portèrent alors leurs regards d'un
autre côlé. Le nouveau roi de France,
Louis XII , pour pouvoir épouser Anne
de Bretagne , demandait à se séparer de
•a femme ^ Jeanne de France, soeur de
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(705)
BOR
Charles VIII. Le fils du pape fui chargé
de porter au roi la dispense pontificale et
obtint, pour prix de celle grâce, le duché
deValentinois avec une pension de 20,000
écus et la paie d*une compagnie de 100
hoiDme9,ainsi que la promesse des secours
les plus efficaces pour les conquêtes qu'il
méditait en Italie. Louis XII poussa plus
loin sa faveur, et lui fit donner eu ma-
riage la fille de Jean d'Albret, roi de
Navarre. La carrière des conquêtes était
désormais ouverte à César Borgia. L*an
1499 il entra en Italie avec Louis XII,
fut nommé par son père général et gon-
falonier des Etats de rÉglise, et corn mença
peu après l'attaque de la Romagne dont
il avait résolu de faire un royaume.
Louis Xn lui ayant donné uu corps de
8,000 hommes, le jeune conquérant en-
leva successivement aux feudataires du
Saint-Siège les villes d*Imula, de Forli,
de Césène, de Pesaro, de Rimini, de
Faênza; obtint en 1501 Tinvesliture de
la Romagne, et y joignit bientôt la prin-
cipauté de Piombino. Rien ne Tarrêuit
dans ses entreprises, ni la justice, ni les
traités anciens, ni même ceux qu'il jurait.
Il prenait les places en assurant la vie
et les biens à ceux qui les défendaient ;
quand elles étaient livrées, il les pillait,
et faisait étrangler, empoisonner ou pen-
dre ceux qui comptaient sur Teffet des
conventions qu'il avait signées.
Pour s*emparer de Camerino il de-
manda des secours au duc d'Urbino ; les
ayant obtenus, il prend d'abord Urbino,
puis Camerino. Le roi de France , touché
de la clameur générale, des cris d'indi-
gnation qui s'élèvent contre lant d'infa-
mies et de violences , retire ses troupes
à César Borgia ; mais il les lut rend sur
la demande d'Alexandre VI. César, aus-
sitôt qu'il en a le pouvoir, étend ses spo-
liations sur les capitaines qui l'ont se-
condé. Une ligue générale se forme con-
tre lui ; mais 3,000 Suisses et de falla-
cieuses promesses ramènent à lui les
déserteurs. Les imprudens comptent sur
sa parole et se flattent de lui avoir montré
qu'il ne peut se passer d'eux; il achève
ses conquêtes, puis les fait mettre à mort
qu'Alexandre allait le proclamer roi de
la Romagne^ de la Marche et de l'Om-
Encyclop, d. G, d. M, Tome III.
brie ; mais cela est plus que douteux , ta
papauté ne comportant pas de royauté
dans ses états. Cette considération était
la seule qui s'opposât au projet de César;
cependant le poison qui , à ce qu'on a
lieu de croire , trancha les jours d'Alexan-
dre VI et affecta son fils d'une maladie
si grave qu'à peine il lui resta la force
de s'emparer des trésors du Vatican , mit
aussi fin à sa carrière politique. Aban-
donné de la plupart de ses capitaines,
de ses troupes et du roi de France;
obligé par le pape Jules II, dont il était
le prisonnier, d'ordonner aux chefs qui
lui étaient demeurés fidèles la remise
des places qu'il avait confiées à leur garde;
livré au roi d'Espagne par Gonzalve de
Cordoue, qui lui avait fait à Naples un
accueil trompeur, et successivement privé
du fruit de ses spoliations , de ses biens
et de ses honneurs , par les princes d'I-
talie , par Jules II, par le roi de France ,
il fut enfermé dans le château de Mé-
dina del Campo. Au bout de deux ans il
parvint à s'en échapper et à gagner les
états de son beau- frère, le roi de Navarre-
Il combattait les Castillans avec ce der-
nier, lorsqu'en 1507 il fut tué d'un coup
de lance et transporté à Pampelune^
siège de son premier diocèse.
Ses mœurs étaient aussi dissolues que
celles de son père, que celles de Lucrèce,
sa sœur. Jamais il n'avait reculé devant
aucun genre de violences; ni la vertu ,
ni le rang, ni même la politique, n'a-
vaient jamais dérobé une victime à sa
passion. Cependant il fit souvent preuve
de sobriété et sacrifia qaelquefois les
plaisirs vulgaires à ceux de l'ambition.
Ainsi que sa sœur, il protégea les lettres
et trouva des panégyristes qui célébrè-
rent son génie comme son goût. Son nom
se prétait trop aisément aux plus flat-
teuses allusions, pour que les orateurs
du temps les eussent manquées. Ils ont
fait de ce nouveau César non-seulement
un conquérant, mais encore un homme
d'état. Machiavel a pu puiser dans la
vîe de Borgia les principaux traits d«
son WvT fi du prince. La vie de César
Borgia /par Tomasî, traduite de l'iti-
éts'empare de leurs posscssions.Oaassure lien, est un tissu de vaines déclamations
plus propres à obscurcir qu'à éclairer
les faits. M-m.
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(706)
BOR
Lucmicf BoRGiA, scrar <)u précédent ,
est Tune des femmes les plus renommées
pour leur beauté et pour leurs désordres.
Jeune encore et distinguée par son esprit
autant que p^r ses grâces, elle fut fiancée
k un seigneur aragonais , compatriote de
ion père; mais aussitôt que le cardinal
Lenzuoli fut élevé au pontificat suprême ,
H rompit ce mariage (1493), et unit sa
fille à un seigneur italien, Jean Sforza,
qui n'appartenait toutefois à la puissante
famille de ce nom que par une origine
illégitime y étant petit-tils naturel d'A-
lexandre Sforza, enfant naturel lui-mê-
me. Le second époux de Lucrèce lui
convint aussi peu que le premier avait
convenu à son père, et , en 1 497, Alexan-
dre YI prononça la dissolution de ce
niariage, pour donner sa fille à Alphonse
d'Aragon^ duc de Biseglia, fils nature]
du roi de Naples, Alphonse II. Quand
ce pontife s'allia avec Charles VIII pour
la conquête du royaume de Naples, le
duc de Biseglia quitta sa femme pour
mieux appujer le chef de sa maison;
mais Lucrèce, nommée par son père gou-
vernante de Spolelte,à force de flatteries,
ramena bientôt le fugitif, qui paya de
sa vie l'abandon de sa femme et la déser*
tion des intérêts de son beau- père. As«-
sailli et laissé pour mort par des assas-
sins, il fut étranglé dans sou lit, quand
on eut à craindre sa guérison. Une al-
liance plus brillante pour sa fille et plus
avantageuse pour lui-même se présenta
au génie du pape et à Tamour passionné
qu'il avait pour ses enfans. Grâce aux
progrès de sa puissance et de celle de son
fils César Borgia , il put marier Lucrèce
à Alphonse d*£ste, fils d*Hercule, duc
de Ferrare. Dans la joie que lui donna
une union si haute, Alexandre VI, plus
que dans toute autre circonstance, pro-
digua ses trésors pour ordonner des fêtes
\ Rome et annoncer au monde chrétien
l'élévation de son enfant le plus chéri,
Lucrèce Borgia se montra presque digne
de sa haute fortune. Depuis long-temps
initiée aux secrets de la politique ita-
lienne, par la part que son père lui lais-
iait prendre dans les affaires, Lucrèce,
sans renoncer aux plaisirs, s^ocçupa dé-
sormais d'intérêts plus ^raves^ vécut plus
bonqétemeitt y accorda aux lettres re^
naissantes trae protection éclairée, ttdis^
tingua, peut-être avec trop peu de réserve,
de tous ceux qui les cultivaient , Pierre
Bembo (^vojr.)y dont la renommée fut si
générale et dont l'ascendant sur ses con-
temporains parait avoir valu à la fille
d'Alexandre des éloges si peu mérités.
Ces vaines flatteries ont pu atténuer les
fautes de la fille d'Alexandre, elles n'ont
pu pallier entièrement l'infamie de sa
conduite. La postérité cependant ne va
pas, dans ses jugemens, aussi loin que sont
allés, danè leurs accusations^ les con-
temporains de Lucrèce: elle se défend de
croire aux relations incestueuses dont on
accusait Alexandre YI et ses enfans. Plus
la famille des Borgia prêtait aux soup-
çons et justifiait les haines, moins l'bis^
toire doit souscrire aveuglément aux uns
ou aux autres. Le poète qui dernière-
ment a choisi Lucrèce Borgia pour le
sujet de l'un de ses drames (M. Victor
Hugo ) parait avoir compris ces conve-
nances. M-m.
BORGIA ou BOR JA (François),
l'un des derniers classiques de l'Espa-
gne au xvii* siècle. Borgia, arrière-
petit-fils du fameux pape Alexandre YI,
descendant, par sa mère , de Ferdinand-
le- Catholique, prince de Squillace ,
vice-roi du Pérou, lut non -'seulement
rémule, mais le prolecteur des gens de
lettres de son temps , au moins de ceux
qui respectaient les sages traditions do
siècle précédent. Ils n'hésitèrent point à
le proclamer le prince des poètes d'E3->
pagne ; mais ce titre ne lui a pas été coq-
serve par la postérité : elle lui a seule-
ment reconnu de l'élégance, un goût
pur et de la facilité ; c'était encore beau-
coup à l'époque où le faux beUesprit de
Gengora et de ses sectateurs , les culio^
ristes^ gâtait et défigurait la littératore
espagnole. Borgia cultiva surtout les let»
trcs depuis son retour du Pérou (162 1)
jusqu'à sa mort (1658). Yoici les ouvra-
ges qu'il a laissés: 1* Ohrasen vcrso^ AXa-
drid, 1639. C'est ce qu'il a fait de
mieux ; les chants de Racbel et de Jacob
surtout ont beaucoup de charme; â*
Napoles recuperadd por el rey />. Alon-
so, Saragosse , 1651, poème épîqoe
qui est , il faut le dire > un de« plua mé»
dÎQcres entre les US qu« pOMeJe r£a*
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Bon
pa^e. 3* Oraciones X meditaciones de
la Vida île les u- Chris to , con otras dos
ttatados, Bruxelles, 1661. L, L. O.
BORGIA (le cardinal Etienne ou
Stefano), né à Velleirî en 1731 , an-
nonça , jeune encore, de beaux taleDs et
reçut sa première éducation auprès de
son oncle, archevécjue de Fermo» Le
goût qui domina dans les études de Ste-
fano tut celui des antiquités, auquel il
se hvra avec tant de succès qu'à Tâge
de 19 ans il put se faire recevoir à l'aca-
démie de Corlone. La passion générale
des antiquaires, celte de recueillir des
monumens, surtout des médailles et des
manuscrits, Etienne Borgia l'eut à un
liaut degré, et bientôt il posséda un ipu-
sée d'une grande richesse. Sa pômina-r
tion, par Benoit XIV, aux fonctioDs de
gouverneur de Bénévent , prit beaucoup
de temps sur ses goûts les plus chers ^
mais elle lui permit de déployer un ta-
lent remarquable pour l'administration;
let bientôt un autre poste, celui de se-
crétaire de la congrégation de la propa-
gande ou des missions étrangères, lui
procura, par une correspondance éten-
due , le moyen de satisfaire son besoin
de savoir et te désir d'augmenter ses
belles collections, ftien ne put paralyser
le zèle iiu'il mettait à les enrichir. Quand
Pie VI le nomma cardinal et inspecteur-
général des enfans trouvés, il introdui-
sit dans cette administration des chan-
gemens importans. Lorsque, dans les cii^
constances difficiles ou se trouva Rome
en 17^7, en présence de la conquête
française, le même pape lui confia la
dictature en lui adjoignant deux cardi-
naux , Stefano Borgia se dévoua pleine-
ment à ce:te mission périlleuse et sut
long-temps comprimer , d'une main fer-
me, la fermentation qui régnait généra Ijb-
meiit dans les Élàts de VÈglise; mais il
ne perdit iamais de vue ses occupations
favorites. Le pape ayant quitté Rome en
février 17'9ë^ aux approches d'une révo-
lution devenue inévitable , et le pai ti
populaire, appuyé sur la Fi'ance, ayant
proclamé la république, Borgia, chef
du gouvernement, fut un instant arrêté;
ijnais bientôt on lui rendit la liberté et
il en profita aussitôt pour suivre ses tra-
Tauj; d'affection. Il alla d'abord à Ve-
(707) BOR
Dise voir les pens de lettres» çp^pit^ à
Padoue fonder une sorte d^académie,
enfin organiser à Valence, auprès de
Pie VI, une espèce de propagande, cl en-
voyer en Afrique et en Asie de nou-
veaux missionnaires chargés d'y porter
les principes de la relîglop et d'y re-
cueillir des monumens Le gouverne-
ment pontifical ayant ét^ rétabli à ^ome
en 1800, par suite de la retraite des
Français, le nouveau pontife. Pie VII,
qui trouva toute l'administration dans le
désordre, mit Etienne Borgia à la tête
d'un conseil économique dont les tra-
vaux embrassaient presque tous les in-
térêts matériels de TéUt. La sçîepce per-
dait de nouveau à ces honneurs ^u car-
dinal ; mais elle reprit des droits à sou
dévouement lorsqii'en 1801 il fut nommé
recteur du collège romain. Fatigué par
d'immenses travaux et dans un âge avancé,
Etienne Borgia suivit sqn fuaitre allant
en France couronner le grand capit^oe
du siècle ; mais , surpris à Lyop par un^
maladie grave, il mourut en celte ville
en 1804. Son musée de Vel|eVi> rlcbf
surtout en monua^eps égyptiens et in-
diens, ^tait sa piqs gpande fortune. Il
avait vendu ses bijoux pour acfieter des
monuméqs et sa vaisselle pour eq faire
imprimer 1^ description. C'éUit popr-
tant à peine s« pppriélé ; c'é^J^, ppu|p
ain^i dire,:.cell^ def. s^tvspA de tou^ les
pays. 4dler, Zoéga, .G^orgi, Paulin 4e
Saipt-Bartbéjemi,fleerpn, et plMsjeMf?
aulpè? ep oi>( pfpfil^,, en qqt déprU.k?
diverses parties. — J,es mœufs du car<^-
n^l étajent f^^^^ dopqç^ qi^ son esprit
Voici les titres de ses prjnçip^u|c p^^
vrages : MmiimeniQ df papq, Qiomi^
ni X^îy I^Qnae, 17^0; ^r^v^ Ut/^ri^
deW anV'ct^ fiua di Tading i^eW f/mr
hria^ \iM\ f^'lpria daiia ciua 4ifitiff^
venio, â vol. in-4% Xî^'^9\y^tiç^mf
con/t'ssio ^'Pelviycàrqnqlqg^tfisM^
moniisillustr^ta^ iJ7a;JUoq^dfi/d9''
minio teiT^Ppr^Ù dellq.,ted^ tfpo^^tfiliç»
nelle Due Sicdie, r7gS.~ie P,,P^uHn
de Saint - :i^art|iéjeroi a éwf >' lY^e idu
cardinal Boifgia et donné MfV? Mi>l^ft.4f
sef ouvrages et de son musée; f^^tc^ syn.-^
opsis Slephani Borg^œ , Rofpe,. Igfl^,
Une ancienne i^ppeop^^d^ .4^ fiftli%t
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BOK
(708)
BOR
iéty grarée par les soins de Camille-
Jean-Paul Borgîa , neveu du cardinal,
est connue dans rhislolré de la géogra-
phie âous le nom de Mappemonde du
cardinal Borgîa. M-r.
BORGNC , voy. Vision et Vue.
BORIQUE (acide). La décou-
verte de cet acide date de 1*702 ; on le
nomma alors set séttaiîf de Heiriberg ,
nom qui indiquait à la fois et le chi-
miste qui l'avait fait connaître et les pro-
priétés médicales dont on le supposait
doué. Plus tard il fut appelé acide bora-
eiqae , parce que c^esl au borax ( vojr,
ce mot) que l'ou a recours pour le pré-
parer: Enfin lorsque les recherches de
MM. Gay-Lussac et Thënard firent con-
naître qu'il est formé par la combinai-
son de Toxigène avec un radical parti-
culier qu'ils nommèrent bore (vo/.), le
nom d'acide borique fut adopté.
' • Les chimistes préparent ordinaire-
ment Tacide borique en précipitant une
Absolution saturée à chaud de borate de
ioude par l'acide hydrochlorique qu'ils
ajoutent en ej^cès. Des paillettes nacrées
pe déposent par le refroidissement, et
ces paillettes Sont Tacicle bori({ue. Elles
%(mV d'autant plus belles que la liqueur .
eftt plito chargée d'une' matière grasse,
qui accompagne du reste naturellement
Ib bbrat de Tlnde. L'aoidë que Von ob-
tièntainsi retient une certaine quantité
d^eaû'qûe l'on peut en séparer, en le fon-
dant aune température éteiée. Il acquiert
'alors l'aspect du verrer De là le nom
d'acide borique vitreux.
Ce n'est pas ainsi que Von se procure
.U plus grande partie de l'acide borique
que l'on trouve dans le commerce, puis-
que cet acide lui-même sert à préparer
\t borate de soude. Il est fourni par des
localités pa4'ticulières qne Ton trouve en
Toscane, et qui portent le nom de ia-
gonis, La, au milieu de masses de terre
boueuses, continuellement soulevées par
dts vapeurs qui se dégagent, se forment
de petit» cratères que l'on vide de temps
en temps. Les matières à demi liquides
qui tn protrénnent sont layées à pluî-
•kârs reprises.' Les ^aux de lavage éva-
porées fournissent un acide eiu'orè ini-
tion, qui en sépare la plus grande partie
des matières étrangères qui l'altéraient.
L'acide borique se dissout dans l'al-
cool et en. colore la flamme en vert. On
l'emploie dans quelques verreries, dans
la fabrication du strass, et surtout dans
celle du borax. H. A.
BORIS, voy. GoDouNOF.
. BORGOU (aoTAUMB dr), situé sur
le Niger, au nord du royaume de Yar-
riba^ dont il est séparé par une chaîne
de montagnes. Nous ne connaissons en*
core ce royaume que par le voyage des
frères Lander qui l'ont traversé (^Journal
d'une expciUtion entreprise dans le but
d'explorer le cours du Niger, par Rich.
et John Lander, trad. de l'angl. par M™*
L. Sw.-Belloc, Paris, 1832, 3 vol. in 8«).
CTest , suivant eux , un pays très étendu ,
(|ui comprend les états de Nikij, Bouoî,
Kiama et plusieurs autres. Cest dans le
premier que réside le sulthan, ou plutôt
c'est le chef de Nikij qui est le plus puis-
sant des chefs du pays : aussi se fait-il
livrer par les gouverneurs des 70 villes
dé cet état autant de jeunes filles pour
son liarém; c'est là te tribut qu'il leur
impose et il lui est dû aussi par les gou-
verneursdes villes de la provineede Bouoî,
qui sont, dit-on, pareillement au nombre
de 70. Dans les autres provinces, à l'ex-
ception de Lougou,'qui est commerçante
et bien pourvue de vivres, il y a peu de
ressources et la misère y accjible les ha-
bitans. La province de Pundi s'est ren^
due indépendante et ses habitans se li-
vrent au brigandage. Nikij est une ville
considérable, dans laquelle le roi ou sul-
than entretient une forte garnison; il a ua
millier de chevaux dans ses écuries. Tout
le long du Niger les courses de chevaux
sont un amusement habituel des chefs.
Il est d'usage que le roi ait un ami qui
le seconde et le remplace en cas de be-
soin. On dit les Borgouni ou habitans du
Borgou orgueilleux, rusés et hardis,
mais en même temps vifs ti pleins d'ac-
tivité. Il se trouve aussi dans le pays
beaucoup de Foulahs qui ont oublié leur
origine. Les feinmes sont ch.irgées, là
comme ailleurs, de tous les soins du mé-
nage.'Le' matin on les voit moudre le
pur (jue l'on dlssodk de nouveau, afin de 1 gr^h spus Je peli tes, meules, en accom-
(•'fOiKlÉiéttrë à trne'M(ïÔndé'brîstallisâ-'| pagnani'cétlé op<^râiioh de leur'chanl.
op<^râiioh
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BOR ( 709 )
Depuis quelque temps Kiaina, une des
meilleures provinces du Borgou, a été
mise sous Tobéissance des Fellatahs qui
ont fait, comme on sait, des progrès dans
toute cette partie de TAfrique. D-c.
BORNE y BoRNACB. On entenid en
général par horne toute marque, soit
naturelle , soit artificielle , indiquant 1^.
ligne de séparation de deux .héritages
contigus; maïs ce mot désigne plus spé-
cialement des pierres placées debout et
enfoncées en terre, aux confins de deux
héritages. Le bornage est le placement
de ces pierres.
Le Code civil , conforme en ce point
à Tancienne législation française, recon-
naît à tout propriétaire le droit d'obli-
ger son voisin au bornage de leurs pro-
priétés conliguês ( art. 646 }. Le bor-
nage peut s'effectuer de deux manières :
à Tamiable, si les parties sont majeures
et jouissant de leurs droits , et par au-
torité de justice. Dans le premier cas , il
doit être constaté , soit par un acte no-
tarié, soit par un acte sous seing -privé
fait en autant d'originaux qu'il y a de
parties ayant un intérêt distinct. S'il y a
dissentiment entre les propriété lires voi-
sins, ou s'il se trouve parmi eux un mi-
neur ou un interdit , la demande en bor-
nage est portée, comme celle en partage
d'immeubles indivis , devant le tribunal
de la situation des biens , et le bornage
s'opère conformément au jugement qui
intervient.
La loi ne détermine pas le signe ca-
ractéristique d'une borne, et Ton suit, à
cet égard, l'usage des lieux. Ordinaire-
ment on place à chaque extrémité des
confins une pierre qui sert de borne, et
pour ne pas ta confondre avec toute au-
tre pierre, on brise une brique en deux
morceaux nommés témoins , puis on
les réunit et on les pose au-dessous de
la borne. Quelquefois , au lieu de bri-
que , on fait usage de tuile , de charbon
pilé, etc. Le bornage doit être fait d'a-
près les titres des parties, à moins que ,
par une possession de 30 années, l'un des
voisins n'ait prescrit au-delà de la con-
tenance indiquée dans ses titres. A dé-
faut de titres il faut consulter la seule
possession. Le bornage se fait à frais
BOR
communs; mais cette opération peut
donner naissance àdeainci^eiis-dont les
frais sont à la charge de la partie qui
succombe.
La demande en bornage peut être for-
mée, nori-seulemçnt p^r le propriétaire,
mais par quiconque possède pro s'uo.
Elle peut Tétre par l'usufruitier^ Tusa-
ger et l'emphy téote ( vojr, Emphytéose J ,
; et réciproquement, elle peut être diri-
gée contre cette classe de possesseurs
temporaires. ' Tqiilefois , quand Ta de-
mande est formée par un usufruitier,
un usager, un emphytéote^ ou contre
eux, il convient de mettre en cause le
propriétaire : sans cette précaution , le ju-
gement qui statue sur le différend ne
peut avoir, à son égard, ràulorité de la
chose jugée. Le fermier, qui ne possède
pas pour lui , mais pour le propriétaire^
n'a pas le droit d^intenter une action en
bornage , mais il a celui d'agir contre itf
bailleur pour qu'il fasse borner rhéri*
tage tenu à fermç.
Le Code pénal punit le déplacement
ou la suppression des bornes d'un em-*
prisonnement d'un mois à pu an, et'
d'une auiende égale au quart des restitu-
tions et des dommages-intérêts, qui,
dans aucun cas , ne peut être au-dessouf
de 50 francs. E. R.
L'origine des bornes remonte aux
Égyptiens. Le pays qu'ils habitaient étant
soumis aux inondations du Nil , les li*
mites naturelles des propriétés disparais^
saient souvent au milieu des ravages du
fleuve ; de là pour eux la nécessité d'éta-
blir des limites factices. Les Anciens
eurent recours à la Divinité pour pro-
téger les droits de propriété de chacun,
et les dieux défenseurs de ce droit
jouent un grand rôle dans la mythologie.
De nos jours les dieux Tei'ines ( 7î?r-
mini) ont cédé la place aux gardes
champêtres.
Sur les routes, on indique les distan-
ces par des bornes en pierre ou par des
poteaux. Il n'y a pas malheureusement
de méthode fixe adoptée pour cela; elle
varie suivant les provinces. On voit des
routes ou les bornes sont placées à -^
lieue de distance , dans d'autres à ^ de
lieue, sur d'autres à y; de lieue. En Alle-
magne, surtout dans la partie du Nord,
on rencontre le long des chaussées dt
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BOR
(7
txAleê {>letTdt milliaires trec rSodication
dès dislânces. £n ftussie des poteaux
aux couleurs de i*einpire sont placés,
dans le même but , à chaque verste.
Dans les rues des villes on établit en-
èore des bornes pour éviter le choc des
Toitures contre les maisons. Ces bbrnes
tfont ordinairement en pierre; 6n en con-
struit aussi en fonte.
Enfin il existe aussi ce qu*on appelle
des bornes-fontaines . Ces bornes, de
dilTérente forme et de différente nature ,
pouvant varier par leurs embellissemens,
sont cependant toutes fondées sur le
môme principe. Elles sont creusées à leur
intérieur et traversées par un tuyau en
(onte ou en plomb, dont la forme est
celle d*an éypnon. Ce tuyau aboutissant
d\in câté à un réservoir, de l^autre à ta
borne, apporte toujours de l*eau et est
fondé sur un principe qui sera expliqué
a Tarticle Stphon. La grande quantité
des bornes-fontaines est de la plus haute
importance pour fassainissement des
grandes villes » dans lesquelles il se
trouve souvent des rues étroites et mal-
saines. C-s.
BORNÉO, grande ite d'environ
40,000 lieues carrées de surface , dans
le grand Océan , sous Féquateur, au sud
de TAsie. On n*en connaît pas toutes
les parties. Les montagnes dont elle est
hérissée tempèrent la chaleur du climat.
Parmi ces montagnes plusieurs parais-
sent avoir été des volcans. Sur les cotes
basses les marécages rendent Tair très
malsain, surtout pour les Européens.
Les forêts de Tile produisent de Tébène,
du sandal et autres arbres précieux, ainsi
Sue des bois de teinture. On cultive à
ornéo du rîz, des patates,, du sagou,
dà coton. Il y a des plantations de mus-
cadiers , de poivrifers , de girofliers et de
ampbriers. Les mines de Tîle dobnent
dé Tor , du fer , de Tétain , du cuivre , de
Tant i moine. C'est surtout des fameuses
iiiontagneè de ce pays qu'on tire le cris-
tal dé roche, fiornéo nourrît des élé-
phans, diverses espèces de singes, entre
autres l*orang-outang, des tigres, des
panthères, beaucoup de bulUes, etc. Sur
les ÊÔtes les habitans vivent en partie de
la pèche. L'Ile contient, à ce que Ton
croit , i millions d'habitant , en partie
10 ) BOR
sauvages et divisés dans Une centaine
d'états y dont plusieurs consistent seule-
ment en quelques villages. Ces habitans
appartiennent à diverses races. Les plus
nombreux sont les Malais : ils habitent
particulièrement les contrées maritimes
et passent pour plus civilisés que les
Dayaks qu'on trouve dans l'intérieur et
qui ont des habitudes féroces, comme
celle de couper des têtes d'esclaves ou
d'ennemis pour célébrer des traités de
paix, des funérailles, ou pour se préjia-
rer à une noce. La race des Dayaks e$t
au reste bien faite et leurs femmes sont
même jolies. Environ ^00,000 Chinois
sont répandus dans File; ce sont eux
surtout qui exploitent les mines, îlnfia
les Hollandais ont formé des établisse-
mens dans l'île, particulièrement sur les
rivières de Banjer-Massing et de Pon-
tiana \ mais la possession en est quelque-
fois troublée par les incursions des tri-
bus indigènes.
Le pays appelé proprement Bornéo est
un royaumeconsidérable dont le chef4ieu,
portant le même nom , est situé sur une
belle rade, à l'embouchure d'un fleuve na-
vigable.LesChinois y construisentde gran-
des jonques; la ville contient a peu près
13,000 habitans; ils commercent avec la
Chine etavec la presqu'île de IMalacca.Les
autres états les plus considérables sont :
Ttrun ou Tedong, dans Test de File;
Bdnjer-Massing ^ arrosé par la rivière
de ce nom ^ et dont le territoire donne
de la poudre d'or; Pontiana , gouverné
par un sulthan et fréquenté par les mar-
chands chinois qui viennent échanger
leurs marchandises contre de la cire,
du bois noir, des nids d*o2seaux man-
geables, du camphre et de l'étain. Il faut
remarquer encore l'état de Cotii avec
la ville de ce nom , et celui de Maltan.
Les contrées les moins accessibles de
nie sont habitées par la race des Pa-
pous , qui ne font aucun commerce avec
les autres habitans de Bornéo. En 1822
un commissaire hollandais, Tobias, ayant
exploré la côte occidentale, peu fréquea-
tée par les Européens , a trouvé généra-
lement un excellent sol , des forêts de
bois précieux et des rivières navigables
venant de l'intérieur. L'expédition bol-
landaise remonta la rivière de Kapana
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BOR
(711)
BOK
jasqa*à Slntang, à 12^0 milles anglala de
la côte. D-G.
BORXHOLM , ile Je la mer Baltique,
k 9 lieues de la côtede Suède et à 40 lieues
de Copenhague , appartient au diocèse de
la Sélande et forme un bailliage particu-
lier du Danemark. Le sol de cette ile se
compose de bancs crayeux et argileux,
qui hérissent ses côtes de rochers et se
prolongent sous les eaux de la mer, ea
formant des écueils. On exploite des car-
rières de grès , des argiles servant aux
fabriques de poterie et à la fabrique de
porcelaine à Copenhague; on tire aussi
de ces carrières un marbre bleuâtre, des
pierres meulières, et surtout de la houille,
dont Pexploîtation estdevedue importante
depuis la navigation des bateaux à vapeur
dans la Baltique. Boi nholm a peu de bois;
rintérieur ne se compose que de landes
qui servent de pâturages aux bestiaux.
La pêche sur les côtes et dans les rivières
qui débouchent dans la mer est assez pro-
ductive. L'île a 27 lieues car. de superfi-
cie. En cas de guerre les habitans se cons-
tituent en 22 compagnies de soldats pour
la défense du pays, parce qu'alors ils sont
toujours menacés d*une surprise, à cause
de leur isolement. Aussi y a-t-il garnison
dans le fort de Christiansoe qui ocoup«
deux ilôts. Autrefois Tile était protégée
par le châleau-fort de Hammarshuus,
dont on voit encore les ruines sur la côte
septentrionale. £n 1563 et 65 les flottes
danoise et suédoise se livrèrent des com-
bats sur les côtes de Bornholm. En 1645
les Suédois débarquèrent et s'em'parè—
rent de Tile; elle leur fut cédée en 1645,
par la paix de Roeskîld : cependant les
habitans eurent assez de patriotisme pour
se soustraire k la nouvelle domination
qu'on leur avait imposée; ils auraient pu
rester libres, mais ils se donnèrent de
nouveau au Danemark* Les Anglais pri-
rent Tileen téQ9 et la gardèrent jusqu'à
la paix en 1814. Le chef- lieu de l'Ile
est Roenne , ville de 3,600 âmes; c'est
là que résident le commandant et le
bailli. D-o.
BORNOif (royaume de), en Afrique,
situé entre le, 10^ el le 15® degré de la-
titude septentfionale, et entre le 1®^ et
le 1$^ de^é de longitude orientale. Il
touche, du côté de Test , au grand lac
Tchad, et du côté du nord tu désert dt
Sahara et au pays de Kanem ; la rivière
de Chary ou Tchadda, qui se jette dans
le lac Tchad , sépare au sud- est le Bor-
nou du royaume de Begharmi; vers
Touest le Bornou est contigu au Souda»
(voy,) et vers le sud il se prolonge jus-
qu'au Mandara, pays qui s'étend au bas
d'une chaîne de montagnes. Le Bornou
est sous un climat excessivement chaud,
et les vents brûlans du sud et du sud-
est augmentent encore la chaleur natu-
relle, qui s'élève quelquefois jusqu'à plut
de 1000 du thermomètre de Fahrenheit.
S'il y a 12 ou 16 degrés de moins, oo;
regarde cela comme une sorte de frai-f
cheur. C'est surtout la nuit que la cha-
leur devient étouffante. Au milieu de no-
tre printemps, des orages accompagnés de
violens coups de tonnerre tempèrent in^
stantanément l'ardeur du soleil , et , en
amollissant la terre, qui le reste du temps
est d'une sécheresse extrême, la rendent
susceptible de culture. Les averses conti-
nuent pendant quelques mois et font dé*
border les fleuves et les lacs dans les im-
menses plaines du pays, sans que le climat
en devienne moins chaud. Les moissons
mûrissent pendant ces mois de pluies.
Oa fait la récolte à la fin de la saison
orageuse; en octobre l'air se rafraîchit,
grâce aux brises du nord et du nord-
ouest , et l'hiver est même froid , du moins
relativement à la température de l'été.
Cet abaissement de la température a l'a-
vantage de faire cesser les lèvres qui nais»
sent à la suite des fortes évaporations
pendant la saison pluvieuse. On cultive
mal le sol , et la plus grande pai*tie de
la surface du royaume présente l'aspect
d'un désert. Avec une houe les femmes
remuent un peu la terre et y sèment, du
millet, la nourriture ordinaire des ba-.
bitanst. Le coton et l'indigo omissent
spontanén^ent sur le sol mieux arrosé qui
avoisbe le lac Tchad et ses affluens* Oi^
teint avec l'indigo le tissu de coton qui
sert à faire la tobe on le vêtement des
Bomouans. On entretient beaucoup da
volaille dont la chair est excellente ; OA
tue aussi beaucoup de gibier, tels qlte
lièvres, gazelles, antilopes, buffles, per-
drix, oies et canards sauvages, coqs dé
Guinée, qui abondent dans les bois, etc.
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BOR (7
n y a des autruches, des pélicans et des
grues. Les lions, les panthères , les léo-
pards, les hycnes, I9B jackals, les chats-
tigres înfesieiit les déserts. Des troupes
innombrables de singes habitent les fo-
fêls, et auprès du lac Tchad on rencontre
des girafes et des troupeaux considéra-
bles d'éléphans ; quelquefois ils sont réu-
nis au nombre de plusieurs centaines ;
des crocodiles et des hippopotames ha-
bitent les fleuves, comme dans les autres
parties de TAfrique. Dans la saison plu-
vieuse ce sont les serpens, les scorpions,
de gros crapauds et autres reptiles hi-
deux qui pullulent. Des essaims nom-
breux d'abeilles déposent leur miel sur
tes arbres des forêts.
La race indigène des Bornouans est
d'un caractère paisible et timide; c'est
celle des Kanouris , que l'on reconnaît à
leurs larges visages insignifians, à leur
front élevé, à leur forte mâchoire infé-
rieure , à leur large bouche et à leur nez
épaté. Cette race si douce, quoique ayant
aussi ses vices, surtout le penchant au vol,
a eu beaucoup à souffrir des incursions
des Fellatahs, des tribus du royaume
de Begharmi, qui habitent l'est du lac de
Tchad et des hordes de Bedoumas, espèce
de brigands qui infestent les Iles de ce
lac. Une autre race du Bornou est celle
desChaouas, d'origine arabe; peuple en-
treprenant et rusé, qui élève beaucoup
de bestiaux et fournit des soldats au cheik
de Bornou.
Ce royaume sans industrie, et presque
sans culture, est privé de commerce; on
dit que ce sont les marchands maures
qui y entretiennent la traite des esclaves.
Les Bornouans traitent avec douceur
ceux qui sont dans leur servitude , et les
regardent comme faisant partie de leurs
familles. Les hostilités des peuples voi-
sins ont fait abandonner le vieux Bîrni ,
ancienne capitale du pays, sur le Teou,
et les Fellatabs ont subjugué une partie
du royaume. Cependant le cheik El-Ka-
neny, plus puissant que le sulthan de Bor-
nou, fait respecter actuellement, grâce à
ses troupes, le terrifcrîre sur lequel il
règne. Les voyageurs anglais Denliam et
Clapperton furent surpris de trouver le
che'ik à la tète d'une armée de 80,000
hommes > et de voir sa cavalerie couverte
12 ) BOR
d'armes en fer, comme la chevalerie du
moyen "âge. Les casques ressemblaient à
ceux des Parthes sur la colonne trajane;
on présume que ce sont les Arabes qui ,
depuis le temps des Romains, ont con-
servé ce costume et l'ont porté dan^ l'in-
térieur de l'Afrique. Dans tous les cas
cette cavalerie bornouane , bardée de
fer, offre un singulier spectacle. Une
grande partie de cette armée se compose
de Chaouas. Ou tire le fer du Soudan et
des mines de Mandara. Le cheik ou sul-
than a un pouvoir arbitraire; les crimes
sont punis avec rigueur; du reste il pa-
rait que le gouvernement de Bornou est
assez doux. Ce sont les Arabes qui dans
ce pays ont répandu le mahoroétisme et
quelques institutions judiciaires, entre
autres celle des Kadi. Leur langue se parle
k côté de celle des Kanouris qui a une
dizaine de dialectes. Depuis la décadence
de Birni, la principale ville du royaume
est Angornou, auprès du lac Tchad, peu-
plée de plus de 30,000 âmes. Tandis
que le sulthan habite le nouveau Bimi,
auprès du même lac, le cheik réside à
Kouka , nouvelle ville également voisine
de ce lac; la première a 10,000 habi-
tans. Katagum , chef-lieu d'une province
située sous 12** 17' de latitude, a 7 à
8,000 âmes, mais elle obéit maintenant
aux Fellatahs. On compte 10 à 12 autres
villes dans le royaume, qui du reste n'a
que des villages misérables. On ne con-
naissait guère le Bornou et les royaumes
adjacens avant le voyage de découvertes
de Clapperton et Denham : c'est à eux que
la géographie est redevable des rensei-
gnemens que l'on possède actuellement
sur ce pays. Voyez les Foyages et dé-
couvertes dans le nord et dans fes par-
lies centra fes de V Afrique au travers du
grand désert^ par le major Denham, le
capitaine Clappelrton, et le docteur Oud-
ney; traduit de l'anglais par MM. de
Larenaudière et Eyriès, Paris, 1816, )
vol. in- 8**, avec un attas grand in-4«.
depuis 1824, terme de leur voyage, le'
cheik de Bornou , aidé du roi de Haoussa,
a repris sur les Fellatahs quelques dis-
tricts, et a joint à son royaume ou em-
pire le pays fertile, mais peu étendu, de
Zaria , qui touche à l'état de Haoussa et
a pour capitale la ville de Zegzeg; mais
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BOR (7
Kano, Tille très commerçante et le pliu
grand marché de TAfrique ctnlrate , est
restée tributaire des Fellatahs qui Tont
détachée du Bornou. D-o,
BORODINO, vof. MosKowA.
BORROMÉE (saint Charles),
Tun des hommes les plus mémorables
qu*8it formés le christianisme, naquit
au château d*Arone, sur les bords du
lac Majeur, en 1538, au sein d*une
famille milanaise très ancienne qui fait
remonter son origine jusqu'aux Antcius
de luncienne Bome. Carlo, comte Borro-
meo, fut formé à la prété,nous pourrions
dire à la sainteté, dès sa plus tendre en-
fance. Ses premiers amusemens furent
des exercices de dévotion auxquels il
se livrait avec joie dans la maison pa-
ternelle, et dont il conserva le goût à Mi-
lan, à Pavîe, au milieu de ses éludes,
environné de toutes les splendeurs du
luxe, disposant, jeune encore, des re-
venus de deux riches abbayes et de ceux
d'un prieuré qu*il tenait de son oncle
Pie IV. Cette fortune précoce eût altéré
les sentimens d'une ame vulgaire; mais
plus Borromée s'élevait dans le monde ,
plus il s'humiliait devant Dieu. Pie IV le
fit cardinal et archevêque de Milan
à 23 ans (1560) et lui confia divers em-
plois d'une haute importance : rien ne
changea ses mœurs et rien ne fut au-des-
sus de son dévouement. Sun oncle était
trop vieux pour conduire d'un bras éner-
gique la barque de saint Pierre dans des
temps si orageux, où l'Église était agitée
parlesvivesdiscussionsdela réforme. Car-
lo Borromeo donna aux affaires le mou-
vement qu'elles demandaient. Depuis
long temps le protestantisme avait lor-
mulé son symbole à Augsbourg, à Bâie,
à Genève et ailleurs : il était temps que
le catholicisme renouvelât le sien. Un
concile général était convoqué depuis plu-
sieurs ahnéeç; mais il avait été ajourné,
puis transféré de ville en ville., traîné de
session en session; saint Charles l'anima
dufendesapiété.Ilétaît1ui-méme,comme
d'autres membres du collège des cardi-
naux, protecteur de trois ordres reli-
gieux et de trois couronnes; et tout en
soutenant l'Église, dont son oncle était
le chef visible, plus d'une fois il édifia les
prélats de l'opposition par la pureté de
18) BOR
son zèle et la franchise de ses dboours.
Charles Borromée était ami des lettres; il
appréciait surtout les moralistes de l'an-
tiquité. Le Manuel [Enchîridlon) d'É-
pictète était une de ses lectures favorites.
La réforme, qu'il avait combattue au
concile de Trente, et qu'il combattit sans
cesse comme conseiller de son oncle, se
distinguait par ses hautes écoles et par
l'instruction religieuse qu'au moyen du
catéchisme de Luther elle donnait à la
jeunesse des classes inférieures. Saint
Charles , appréciant ces institutions ,
fonda au Vatican une académie compo-
sée d'ecclésiastiques et de laïcs auxquels
il fit lui-même des conférences. Il fut
aussi l'un des principaux rédacteurs du
catéchisme de Rome, rédigé suivant les
principes du concile de Trente. Cette vie
de travail et de prière était sa vraie vie :
ce n'était pas une simple vie cléricale.
Borromée était cardinal, mais à cette é|>o-
que il n'était pas encore prêtre. A la mort
de son frère, sa famille voulut le marier;
pour lui ôter tout espoir à cet égard, il
prit les ordres. Enfin, l'an 1565, il obtint
du pape la permission de se rendre dans
son diocèse de Milan. Depuis 80 ans les ar-
chevêques de cette ville ne résidaient plus.
Le désordre dans les études, dans les
mœurs, dans la discipline, dans l'adminis-
tration, était à son comble. Prenant pour
modèle le plus illustre descs prédécesseurs
saint Ambroîse, le jeune archevêque ré-
solut de prêcher d'exemple, de ne plus
appartenir désormais qu'à sa grande pa-
roisse, de la rattacher étroitement à sa
conscience et à sa pensée , de la réformer
complètement. Un conseil établi a Milan
et 60 délégués choisis dans le diocèse l'as-
sistèrent dans cette œuvre de régénération
qui demandait une constance et une éner-
gie entière. Il proposa cette régénération
dans une longue série de synodes, intro-
duisit partout les réglemens de réforme du
concile de Trente, institua pour la direc-
tion des séminaires et des paroisses la
congrégation des oblats, établit pour
l'instruction du peupler des écoles et des
catéchistes, donna à chaque établissement
im statut précis, et combattit avec une
égale vigueur les prétentions des évêques
qui se prévalaient de leurs exejnplîons
pour résister a ses réformes. L'ordre des
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(7U)
BOR
humiltês tenta un meurtre sur sa per-
sonne, il le supprima et en donna les
biens aux hôpitaux.
Dans sou immense diocèse rien n*é-
chappaità son attention, à ses inspec-
tions, et aucun fidèle n*avait le droit de
récuser sa parole. Sa vie était sans tache,
sa maison une communauté religieuse ^
ses biens patrimoniaux, il les avait don-
nés à sa famille; sa vaisselle, il Tavait
vendue , ainsi que ses bijor^, pour pou-
voir donner de plus riches aumônes; des
revenus de son archevêché il faisait les
trois parts fixées par les anciens canons t
celle des pauvres, celle de TÉgliseet celle
de Tévéque. Statues, tableaux, ornemens
de tout genre, tout avait disparu de son
palais, ou plutôt de son oratoire; car il
en avait fait un lieu de prières^ de veilles,
de pri\'ations. Quand la peste vint rava-
ger Milan pendant six mois, il vendit son
lit pour soulager les infortunés, et pro-
digua à tous ses secours spirituels. Son
affection semblait inépuisable comme ses
inspirations et les ressources de sa cha-
rité; ses forces ne Tétaient pas : il mou-
rut le 4 novembre 1584, âgé de 46 ans.
L*h6pital eut son héritage. Les canonis-
tes lui reprochèrent d*avoir dépassé les
bornes de son autorité dans les réfor-
mes qu*il fit; mais le peuple, qui n*avait
qu'à le bénir, n'attendit pas, pour lui
consacrer le culte de Tin vocation, que
sa canonisation fût prononcée à Rome
(1610). — Les œuvres de saint Charles-
Borromée se composent d'actes syno-
daux y de sermons y de lettres et de con-
férences faites à l'Académie du Vatican
[Noctes Vatican ce). Une statue colossale
en bronze, haute de 66 pieds, fut érigée
en son honneur à Arone, l'an 1697 {Voy»
Annales des Voyages, IX, 129). M-iu
FaéDÉaiG Borromée , cousin de Char-
les et archevêque de Milan , de 1595 à
1631 , marcha sur ses traces. Protecteur
àt» lettres et de ceux qui les cultivaient,
ce fut lui qui fonda à Milan la bibliothè-
que ambroisienne; ami des malheureux
il fit admirer son dévouement pendant
la peste qui désola de nouveau la ville.
Il joue un grand et beau rôle dans les
Promessi Sposi, roman de Manzoni. S.
BORROJIlɣS(iLEs).Oo appelleainsl
ou bien encore Isole dei conigli , à cause
de la grande qtiantité de lapins qu'on y
trouve, quelques petites Iles situées au
sein du Lac-Majeur, dans la Haute-Ita-
lie. Les bords de ce lac, d'une longueur
de 10 milles sur une largeur d'un mille
et demi, et dont la majeure partie appar*
tient au Piémont (le reste est enfermé
dans le royaume Lombardo-Vénitien), of-
frent à l'œil l'aspect d'une suite de coteaux
rians, parsemés de nombreux villages
bien bâtis et de maisons de campagne,
couverts de vignobles, de jardins et de
bouquets de châtaigniers. Ces îles doi-
vent leur uomà la famille Borromeo, qui,
depuis plusieurs siècles, se trouve en pos-
session des plus riches territoires des
environs du lac. En 1691, Vital iano
Borromeo fitconstruire des terrasses pour
couvrir les rochers nus qui s'y trouvaient,
et c'est ainsi que prirent naissance l'/ro-
la BeUa, X Isola Madré ^ V Isola di San-
Giovanni, San-Mlchcle et de* Pescato-
ri, les deux premières célèbres depuis
par leurs superbes plantations. L*Isola
Madré, peuplée d'un grand nombre de
faisans, est située au milieu du Lac-Ma-
jeur; sur ses sept terrasses, outre un
château avec un très beau jardin, on
trouve un grand nombre de cyprès, de
châtaigniers et de myrtes. Sur la cote oc-
cidentale de l'Isola Bella s'élève un palais
orné des tableaux des meilleurs maîtres;
il appartient à la famille Borromeo, qui
l'habite plusieurs mois de l'année. Il
communique par Jes Salle tcrrene, for-
mant une suite de grottes incrustées de
pierres de diverses couleui*s et ornées
de fontaines jaillissantes, avec des jar-
dins plantés dans le goût français sur dix
terrasses, toujours plus petites à mesure
qu'elles s'élèvent , de manière à former
une pyramide tronquée, au sommet de
laquelle se ti:ouve la statue colossale d'une
licorne ailée qui est dans les arm^ de la
famille Borromeo. tci, exhalant au loin
leurs délicieux parfums, des orangers,
des citronniers et des Innoniers s'entre-»
mêlent et se confondent en d'agréables
bosquets ou s'arrondissent en berceaux;
là de hauts lauriers forment un petit
bois; plus loin on voit des myrtes, des
cyprès, des grenadiers , dont les fruits
parviennent a leur narfaité maturité, car
les montagnes qui bordent le lac servent
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(T15)
BOR
aux tiet d*abrt contre les vents froids.
Le climat de ITscla Madré est plus doux
toutefois q ue celui de Tlsola Bel ia,car dans
celle dernière les orangers, les citronniers
et d*autres arbustes ont besoin d'un abri
pour l'hiver. Les habitans de Vlsola de'
Pescatori vendent aux Milanais et aux
I^iémontais leur poisson et font en outre
de la contrebande. Comme on ne trouve
point de gite dans les deux lies, les voya-
geurs sont obligés d^aller dans les petites
villes d^Intra, de Palanza et de Baveno ,
qui d*ailleurs en sont fort peu éloi-
gnées. C L.
BORROMINI (François)» né à Bis-
sone, dans le diocèse de Corne, en 1599,
et mort à Rome, en 1667, est le chef de
cette école déplorable d'architecture qui,
au xvii* siècle, couvrît ritalie de produc-
tions plus extravagantes les unes que les
autres. Michel-Ange, par les écarts de
son génie, avait ouvert la carrière aux
innovations dangereuses et semé, on
peut le dire, le germe de la corruption;
Borromini mit le comble aux erreurs
que peut enfanter le génie en s'abandon^
nant sans retenue aux inspirations d'une
imagination ardente et déréglée. C'est à
lui que l'on doit ces colonnes ventrues,
torses, entortillées sur des monceaux de
piédestaux, de socles, de plinthes sans
motifs; ces chapiteaux fantasques, à vo-
lutes à rebours; ces entablemens bâtards,
interrompus, ondulés, à saillies, à rec-
tangles; ces frontons déplacés, brisés »
difformes et même à cornes; ces balus-
trades à contre-sens, à facettes, et prodi-
guées jusqu'aux frontons; ces églises cin-
trées, sans caractère, à façades en forme
de turban; ces ornemens surabondans,
à contre-sens, qui déparent tant d'édifices
de ce siècle et dont les églises de Sainte-
Agnès, l'intérieur de Saint -Jean- de-
Latran, Saint-Carlin aux quatre Fontai-
nes, Saint-André des Buissons, la Pro-
pagande, les Sept-;Douleurs, l'oratoire
de l'Église neuve, les palais Panfîli ou
Doria, Collîgola, Falconieri et la villa
du même nom, élevés en tout ou en par-
tie par Boriomini, offrent des exemples
si multipliés.
Borromini reçut en naissant le senti-
ment de tous les arts. Pourquoi faut-il
que la jalousie, l'envie, l'orgueil, l'im-
patience de toute Bnpériorîtéy qui firent
le fonds de son caractère, l'aient porté à
fausser ses dispositions naturelles pour
arriver à une célébrité prompte, mais
passagère! Son père, qui était architecte,
le destina d'abord à la sculpture : il l'en-
voya à l'âge de 9 ans à Milan étudier
cet art. Après 7 ans de séjour dans cette
ville, Borromini partit pour Rome où il
fut reçu par le marbrier de la fabrique
de Saint-Pierre, son compatriote, qui
l'associa à ses travaux. Épris des beautés
de Saint-Pierre , il se mit à en mesurer ,
à en dessiner les principales parties, con-
sacrant à ce travail ses heures de repos
du jour et une partie de celles de la nuit.
Charles Maderne, son parent, alors ar-
chitecte de ce temple, remarquant son
zèle et ses grandes dispositions pour l'ar-
chitecture, lui en enseigna les élémens et
lui donna un maître de géométrie. Non*
seulement Borromini fut bientôt en état
de mettre au net les dessins de son pa-
rent, mais Maderne put lui confier la
conduite de travaux importans. Lorsque
Maderne mourut, en 1629, le Bemin,
qui lui succéda comme architecte de
Saint-Pierre, s'attacha le Borromini dont
il appréciait le talent L'union de ces
deux hommes, égaux en âge et en mérite^
ne fut pas de longue durée. Le Borro-
mini, envieux de la gloire duBernin,
impatient d'être sous ses ordres lorsqu'il
se jugeait son égal, si ce n'est son supé-
rieur en talent, se détermina à devenir
son rival. Dès ce moment tous ses soins
tendirent à lui dérober des entreprises ^
à paraître plus employé que lui; il par-
vint à l'être, grâce à la protection d'Ur-
bain VIII. Les nombreux travaux qui
lui furent alors confiés étendirent au loin
sa réputation et lui procurèrent enfin ce
qu'il ambitionnait par-dessus tout : une
grande renommée. Malheureusement
cette renommée, basée sur le renverse-
ment de toutes les idées reçues en ar-
chitecture, révolta les gens de goût; et
le Bernin, malgré sa tendance ii s'af-
franchir des règles, ne put s'empêcher
de signaler les écarts de son antagoniste
comme tendant « pervertir et perdre
l'art. Jaloux à l'excès des succès crois-
sans du Bernin, qu'il considérait comma
autant d'injustices à son égard, Borro-
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BOR (7
roîni fat ttterré lorsqu'il apprit qu'un
édifice dont il avait donné les dessins
venait d'être confié à son rival : de dépil
il quitta Rome, fit un voyage en Loni-
bardie, promenant partout ses chagrins
et ses ennuis, revint bientôt plus exas-
péré que jamais, donna quelques soins à
la gravure d'un recueil de ses composi-
tions qu'il se proposait de publier, fut
atteint pendant ce travail d'un mal qui
dégénéra en hypocondrie, puis en fré-
nésie et qui finit par le porter à se per-
cer lui-même d'une épée, une nuit d'été
qu'on lui avait refusé ses instrumens de
travail. Ainsi mourut, à 68 ans, cet ar-
tiste que la jalousie égara toute sa vie, et
qui dut à cette basse passion le dérè-
glement de son goût et les chagrins qui
empoisonnèrent son existence. Par une
bizarrerie qu'on ne peut s'expliquer, on
vend toujours,à la Calcographie de Rome,
l'œuvre gravé du Borromini et les archi-
tectes n'en semblent point encore rassa-
siés. L. C. S.
BORSDORF j vof. Pommier.
BORSTELL (Louis-GRoacE-Lio-
POLD de), général de cavalerie et com-
mandant du 8"** corps d'armée prus-
sien, naquit en 1773 et commença sa
carrière militaire en 1788, en qualité
d'adjudant de son père, alors lieutenant-
général. La faveur que ses premiers faits
d'armes dans la campagne de 1793 lui
firent obtenir auprès du duc de Bruns-
wick le fit avancer rapidement dans sa
carrière. En 1806 il se trouva à la ba-
taille de léna, en qualité de major d'un
régiment des gardes. Lorsqn'en 1807
Kœnigsberg, résidence momentanée de
la famille royale , se trouva sans défense
à l'approche de deux corps ennemis ,
M. de BorstetI fut envoyé au-devant de
ces corps avec 800 hommes. Avec ce pe-
tit nombre de soldats, il parvint à faire
accroire au maréchal Ney que c'était
Tavant-garde de l'armée prussienne et à
négocier un armistice avec le général
français. Après la paix- de Tilsitt,Bor^
stell devint membre de la commission
chargée de la réorganisation de l'armée,
fut nommé major-général, et quand la
guerre éclata, en 1818, il commanda le
corps d*nrmée de la Poméranie où s'on-
Tfit une carrière brillante à 9on activité.
16 ) BOR
Après avoir conduit une des brigades
qui bloquèrent Magdebourg , il com-
manda, sous les ordres de Bulow, dans
plusieurs batailles, et se trouva à tous les
combats que li\ra l'armée du Nord. Il se
distingua particulièrement à la bataille
de Gross-Beeren et à celle de Dennewitz;
à cette dernière, désobéissant aux ordres
du prince royal et connaissant mieux que
lui la tactique des Français, il s'empara
de la principale position de leur armée.
A Leipzig, le général Borstell commanda
l'assaut sur l'un des faubourgs, et ses sol-
dats furent les premiers qui pénétrèrent
dans la ville. Chargé ensuite de diriger
le blocus de Wesel, il se réunit, au com-
mencement de 1814, au 3*^ corps d'ar-
mée, contribua au succès de la bataille de
Hoogstraten , couvrit le blocus d'Anvers,
resta à Tournay avec les autres troupes
allemandes réunies en Belgique sous le
commandement du duc de Weimar, et fi-
nit par se joindre au corps de Bulow qui
bloqua Soissons. Il était alors lieutenant-
général. Chargé en 1815 du commande-
ment du 2^ corps d'armée, il fut chargé
de sévir contre les bataillons saxons qui
s'étaient révoltés dans le camp de Blûcher.
Il devait les désarmer, faire brûler leurs
drapeaux et fusiller les plus mutins. Bor-
stell, douloureusement affecté de la ri-
gueur de cette mesure, sachant combieu la
perte des drapeaux est humiliante pour le
soldat, et ne pouvant parvenir à faire ré-
voquer cet ordre catégorique, prit le parti
d'en ajourner l'exécution. Révoqué de son
commandement pour cet acte d'insubor-
dination, il fut condamné à plusieurs an-
nées de séjour dans une forteresse. Ce
fut à Magdebourg qu*il fut envoyé; mais
dès la fin de 1815 il fut gracié par le roi
et ensuite successivement chargé de la bri-
gade de Magdebourg et du commande-
ment en chef de la province de Koenîgs-
^^i jusqu'en 1 825, où il obtint le com-
mandement des provinces rhénanes. C. L.
BORVON , dieu des Gaulois , qui pa-
rait avoir présidé au limon salutaire des
eaux thermales. Son culte; restreint au
centre de la Gaule , n'a laissé de traces
qu'à Bourbonne-les-Bains et à Bourbon-
Lancy. Ces deux villes contiennent cha*
cune deux inscriptions latines des com-
mencemens de notre ère, en l'hooneur
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BOR
(tl7)
BOS
de cette divinité dont le nom présente
rétymoiogie du leur, ainsi que de Bour-
bon-1* A rchain haut, célèbre aussi par des
eaux thermales, ég.dement connues des
Romains. La maison de Bourbon » qui
tient son nom de la . seigneurie de cette
dernière ville , peut ainsi le faire remon-
ter jusqu'à cet ancien dieu gaulois. Quand
les Gaulois reçurent la religion des Ro-
mains , ils donnèrent à Apollon , comme
dieu de la santé, le surnom de Borvon.
Le nom de ce dieu, sur les inscriptions, est
accompagné de celui de la déesse Damo-
na, dont le culte semble avoir élé insé-
parable du sien. J. B. X.
BORY DE SAINT-VINCENT, co-
lonel d'état-major, est né en 1 780 à Agen.
Dès sa plus tendre jeunesse et par l'im-
pulsion d'un de ses oncles^ savant natu-
raliste, il se voua à l'étude des sciences
naturelles avec beaucoup d'ardeur. A 15
ans il avait déjà adressé à la société d'his-
toire naturelle de Bordeaux deux mémoi-
res, l'un sur les b)ssus et les conferves,
l'autre sur le défrichement des landes.
Ces travaux appelèrent sur lui l'attention
et le firent désigner comme naturaliste en
chef dans l'expédition du capitaine Bau-
din (1800). A son retour, en 1802, il pu-
blia la relation de son voyage sous le titre
d'EssfU sur les fies Foftunées de Vcmii
que Atlantide ou Précis de C histoire gé^
nèrale de l* Archipel des Cane ries, t vol.
in-4° avec allas, ce qui lui va ut le titre
de correspondant de l'Institut de France.
En même temps, M. Bory entra, comme
volontaire, dans la' carrière militaire qu'il
parcourut sous l'empire, mêlant aux tra-
vaux de son état ceux de la science, ex-
plorant les pays où la victoire conduisait
nos armées , et s'enrichissant de précieux
matériaux qu'il envoyait en France. Les
événemens politiques vinrent troubler
M. Bory : il joua un rôle actif dans les
Cent-ioursbomme membre de la Chambre
des rèprésentans, et fut mis sur la liste des
38. ï'roscrit et fugitif, il prit part à la ré-
daction du Nain-Jaune qui s'imprimait à
Bruxelles,ct publia diverses brochures po-
. litiques; mais il chercha surtout dans les
sciences des secours et des consolations. A
son retour en France (1820), il s'associa
à diverses entreprises sciéi^tTtiqueM,' et fit
un grand nombre dVrtrcles dans VÈncjr^
clopédie rnoderne publiée par M. Cour-
tin. En 1829, M. de Marthgnac le nomma
chef de l'expédition scientifique de Mo-
rée; la commission a chargé M. Bory de
publier ses travaux, et cette entreprise,
qui touche à son terme, a été presque à
moitié faite par lui seul. Depuis 1830,
M. Bory a élé replacé au dépôt de la
guerre, comme chef du bureau histori-
que. Il est peu de savans aussi laborieux
que M. Bory de Saint-Vincent, et même
la simple énumération de ses ouvrages
allongerait trop cet article. Outre l'En-
cyclopédie déjà citée, celle par ordre de
matières et le Dictionnaire de V histoire
naturelle^ qu'il a dirigé, renferment un
nombre immense d'articles de sa compo-
sition; et il a rédigé, de plus, beaucoup
de mémoires sur la botanique, la zoolo-
gie, la géologie, la topographie, souvent
accompagnés de dessins et de cartes. Il a
publié aussi différens voyages, et a pris
une part active à la publication des Ré-
sumés géographiques ; on lui doit un
Guide très détaillé du voyageur en Es-
pagne (Paris 1823, in-8'' j, et il a pris
part à V Itinéraire descri/ttif de l*£xpa~
gne et du Portugal. M. Bory a élé élu, en
1832, membre de la Chambre des dépu-
tés, mais son élection a été annulée. F. R.
BORYSTUÉNE, voy. Dnieper.
BOSC (Louis- Augustin-Guillaume),
naquit en 1759 à Paris, où son père,
Paul Bosc d'Autic, exerçait les fonctions
de médecin du roi. Le jeune Bosc ne
savait encore ni lire ni écrire que déjà
il sentait se développer en lui ce goût ou
plutôt cette passion de Thistoire naturelle
qui devait avoir une si grande influence
sur sa destinée. Sans autre guide que son
instinct d'enfant, il trouvait chez son aïeu-
le, dans les bois des environs de Laon, les
premiers élémens de ces connaissances
dont l'étonnante variété et la haute por-
tée lui valurent plus tard le rang distin-
gué qu'il occupa parmi les savans de no-
tre époque.
Bosc fit ses classes au collège de Di-
jon. Il n'en était pas encore sorti lorsqu'il
obtint, à sa grande joie, la permission
desuivrele cours de botanique de M. Du-
rande. Dès lors celte élude devint l'objet
λresque unique de ses pensées : il travail-
aît jour et nuit; et lorsque son père put
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60S
(718)
BOS
le conduire à Pacis, il suivit avec empres-
semeDt les cours nonibreux oàverts dans
cette capitale à la jeunesse studieuse, no-
tamment ceux du Jardin du roi.
A 18 ans Bosc entra dans les bureaux
dit contrôle général; il devint plus tard
l'un des trois administrateurs des postes;
mais quoique ces nouvelles fonctions ,
dont il s'acquittait avec une conscience ,
une probité et une distinction qui lui va-
lurent à U fois l'estime de ses subordon-
tjés, la considération publique et l'ap-
probation du pouvoir, pHt nécessaire-
ment une grande partie de ses instans , il
trouvait encore des loisirs pour ses étu-
des* favorites. Il publia divers mémoires
dans les recueils des sociétés philomati-
que et d^ histoire naturelle et dans le
/oumal de physique.
Sous le ministère de Roland, avec qui
Il était intimement lié, il accepta les fonc-
tions pénibles et gratuites d'administra-
teur des prisons. Dans ces temps de dou-
loureuse mémoire, pendant lesquels le
parti républicain modéré opposait encore,
avec toute l'énergie d'un sublime dévoue-
ment, nne dernière digue aux projets liber-
ticides des futurs terroristes, un pareil
emploi convenait également à la rigidité
des principes et à la générosité de cœur
de Bosc. Il le remplissait encore lorsque
les événemens du 31 mai 1793 furent,
pour lui comme pour la plupart de ses
amis, le prélude des sanglantes proscrip-
tions auxquelles il fut assez heureux pour
échapper. Caché pendant plusieurs mois
dans la forêt de Montmorency, ce n'était
point assez pour lui d'avoir évité la mort;
au risque de la renconirer mille fois pour
une, il osait, sous divers déguisemens,
braver la surveillance des gardes des bar-
rières, pénétrer dans Paris, jusque dans
les prisons, pour s'y entendre avec des
proscrits comme lui , et plus d'une fois
il eut la joie de faire évader et de cacher
quelques-uns d'entre eux dans sa chétive
masure de Sainte -Radegonde. Durant
trois longues semaines d'anxiété, il y par-
tagea avec La Revelficre-Lépaux, malade,
le peu de pain, les pommes de terre, les
limaçons, parfois les seuls lichens qui
lui servaient de nourriture habituelle.
Après la mort de Robespierre. Bosc
était rentré dansParia, Tuteur deM^^ Ro-
land , il avait pu la remettre en possession
des biens de son père et publier les mé-
moires de sa courageuse mère, documens
précieux dont l'histoire lui doit U con-
servation. Quelque temps après il s'em-
barqua pour l'Amérique. Ce voyage, qui
offrait alors tant d'attraits aux natura-
listes européens, ne contribua pas peu
aux progrès des sciences naturelles. Pen-
dant deux ans Bosc rassembla d'immen-
ses matériaux , et quoique à son retour
il n'ait publié dans le Buffon de Déter-
ville que les vers , les coquillages et les
crustacées, il enrichit les ouvrages de La-
cépède, de Latreille, de Daudm, de Fa-
bricius, d'OUvier et de Michaux, d'un
grand nombre d'espèces nouvelles et de
documens précieux sur les poissons, qu*il
avait étudiés pendant sa double traversée,
et de détails sur les reptiles, les oiseaux,
les insectes et les v^étaux du Nouveau-
Monde.
Sous le Directoire il reprit ses fonc-
tions d'admiuistrateur des prisons et joi-
gnit à ce titre celui d'administrateur des
hospices et du mont- de-piété; mais après
le 18 brumaire 1799 il lut destitué. Forcé
de chercher eh lui les moyens d'exis-
tence qui lui manquaient , il commença
cette série de travaux littéraires dont une
faible partie aurait sut fi à la réputation
d'un homme. 11 concourut d^abord à la
publication du Sujtulémetit au diction-
naire dé Rozieri a celle d'un Nouveau
Dictio/tnaire d'histoire naturelle \ U ré-
digea le Dictionnaire raisonné et univer-
sel €t agriculture qui parut en 1809 sons
le nom de la section d'agriculture de ilns-
tilut; il enrichit de notes précieuses l'é-
dition d'Olivier de Serres, imprimée
sous les auspices de la société centrale
d'agriculture. H refit ou retrancha pres-
que tous les articles de la dernière et ex-
cellente édition du Cours complet d'à-
gricutture théorique €tpratique\ il fut un
des directeurs des Annales dé L'agricul-
ture française y et un des principaux col-
labo ratcui*s des derniers volumesdel'/f/z-
cyclopédie méthodique. Il fut enfin à ï* A-
cadémie, il adressa aux différens minis-
tres qui les lui demandaient et à toutes
les sociétés savantes d'Europe et d'Améri-
que, qui s'étaient empressées de i'insci ire
au nombre de leurs ménUbr«s» des mé"
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(719)
BÔS
moires et des rapports dont la multipH-
cilé ne pouvait effrayer sa prodigieuse
activité. Des travaux aussi considérables
ne prenaient même pas tout son temps ;
envoyé successivement dans les départe-
mens et eo Italie pour diverses missions
scientifiques ; nommé d*abord inspecteur
des jardins et pépinières de Versailles,
du jury de Técole vétérinaire d'Alfort,
puis inspecteur des pépinières dépen-
dantes du ministère de Tintérieur, mem-
bre de l'Académie des sciences , de la so-
ciété centrale d'agriculture; chargé d'un
immense tra^'ail sur les vignes de la France
entière, dont il avait déjà décrit 450 es-
pèces et variétés après les avoir étudiées
(de 1820 à 1825) en cinq voyages succes-
sifs , le premier et le second dans la Cham-
pagne et la Lorraine, le troisième dans
la Bourgogne, le quatrième dans l'Auver-
gne, et le cinquième dans toutes les par-
ties du sud et du sud -est; appelé au
conseil d^agriculture fondé par M. le
comte Decazes; nommé enfin inspecteur
général des pépinières, et bientôt après
professeur de culture au Jardin du roi,
comme successeur de André Thouin ,
Bosc, tant que sa santé ne fut pas altérée,
trouva le moyen de suffire à tout. Peu
d'hommes, à des connaissances aussi di«
verses, ont joint un tel amour du travail
et une plus grande facilité.
Cependant il emporta en mourant le
double regret de ne pas avoir fait de
cours au Muséum et de laisser inachevé
son important travail sur la vigne. Len-
tement miné par Thorrible maladie qui
Tenleva , à peine avait-il pu , à son entrée
au Jardin du roi, rédiger quelques leçons,
témoignages irrécusables, mais tardifs,
des nouveaux services qu'il était appelé
à rendre à son pays. Il avait commencé à
analyser ses premiers voyages œnologi-
ques. Les notes qu'il possédait sur cette
matière existent encore ; malheureuse-
ment ce sont des mémento qu*il pouvait
seul coordonner dans sa mémoire.
Bosc n'était étranger à aucune bran-
che des sciences naturelles. Il ain^it sa
patrie avec toute la ferveur d'une ame
ardente et désintéressée. Dans tous ses
écrits percent à chaque page les vœux du
patriote éclairé, de l'excellent citoyen.
A c6té d« nntérét géoéral» il oublia tou-
jours le sien; jamais la moindre jalousie
ne put voiler à ses yeux le mérite des au-
tres. Son dévouement à ses amis était
pour lui un besoin plutôt qu'une vertu^' et
si parfois la brusque franchise de ses
paroles avait pu offenser un instant la
susceptibilité de ceux qui ne savaient
point encore l'apprécier, il gagnait tous
les cœurs en se faisant mieux connaître.
Bosc mourut en 1828 au milieu de sa
nombreuse famille. Il voulut reposer à
Sainte-Radegonde, près de l'ancienne re-
traite qu'il s'était choisie aux jours de la
terreur. Cest là qu'entouré du souvenir
du bien qu'il avait (ait, du regret géné-
ral et des pleurs sans cesse renaissans
de ses proches, il descendit dans la tom-
be, léguant à la France un beau nom de
plus. O. L. T.
BOSGAN ALMOGAVER (Juan). Ce
premier auteur de la révolution qui s'o-
péra dans la littérature espagnole, sous
le règne de Charles-Quint^ naquit vers
1500, à Barcelone, de parens patriciens;
sa vie ne fut pas seulement consacrée aux
lettres: il servit, il voyagea, il fréquenta
la cour où il était aimé. Quiconque a
étudié l'histoire de l'Espagne sait com-
bien il était alors dans les mœurs espa-
gnoles de voir le même homme manier
également bien la plume et l'épée, passer
des méditations de la politique à celles
de la poésie. Ce fut un Vénitien , tout à
la fois aussi homme d'état et homme de
lettres, André Navagero, qui, se rencon-
trant avec Boscan à Grenade, lui fit naî-
tre l'idée de revêtir la poésie espagnole
des formes italiennes. Boscan , à cette
époque , avait déjà publié un volume qui
ne contenait que des pièces de vers dans
l'ancien goût castillan. C'était la mesure
brève des redondillas, l'assonnance à la
place de la rime; et, sous ces formes,
tous les brillans défauts, les hyperlM)les
outrées , les images gigantesques pour
lesquelles ses compatriotes eurent tou-
jours tant de penchant. Le second volu-
me, écrit sous l'influence d'idées bien
différentes, ne renfermait que des son-
nets et des chansons à l'imitation de Pé-
trarque ; une grande partie de l'Espagne
lettrée applaudit à cette innovation. El, en
effet, plus d'un noble génie puisa depuis
•es inspirations aux nouvelfes- sources
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BOâ
(720)
BOâ
poéliques ouvertes par Boscan. Cepen-
dant, dans le même temps, plusieurs poè-
tes, et Castellejo à leur tête, lui repro-
chaient d'asservir la langue des vain-
queurs à des règles empruntées aux vain-
cus; d'autres voulaient lui ravir la gloire
d*avoir le premier introduit rbendécasyl-
labe dans la poésie espagnole. Il est vrai
qu*on le rencontre quelquefois dans des
auteurs plus anciens; mais il faut ajouter
que ces rares tentatives avaient toujours
passé inaperçues. Boscan a publié un
troisième volume de poésies, qui contient
la traduction du poème de Héro et Léan^
drtj attribué à Miisœus : cette traduction,
toute en hendécasyllabes, est admirable
d*élégaiice et de pureté ; une élégie, deux
épilres, dont une est adressée au célèbre
Mendoza, enfin une description ingé-
nieuse du royaume de l'amour. Boscan
ne fut point Timitateur servile de ceux
qu'il avait pris pour modèle. Ses qualités
et ses défauts sont à lui , et l'Espagnol
s*y fait bien souvent reconnaître. L'éter-
nel combat des passions et de la raison ,
cette idée favorite dont le développement
refroidit souvent les plus brûlantes poé-
sies castillanes, joue un grand rôle dans
ses ouvrages; il na pu emprunter à Pé-
trarque toute la mélodie de son langage,
ni toute sa douce rêverie; mais il lui est
supérieur par l'énergie et par la violence
de la passion. Malgré ses succès à la cour,
il s'était de bonne heure choisi une re-
traite où il passait d'heureux jours , en-
touré de sa famille et de ses amis; il y
mourut dès 1544. Ses œuvres, recueillies
par lui-même, furent publiées d'abord
sous ce titre: Las Obras de Boscan y al-
gunas (le GarcUasso de la Fega, Lis-
bonue, 1543; mais l'édition la plus esti-
mée est celle de Léon (1549, in-12),
quoique la première soit plus rare. L. L.O.
BOSCH (Jérôme oe), l'un des meil-
leurs poètes latins modernes, naquit à
Amsterdam, en 1740. Il suivit à l'athé-
née de sa ville, natale les leçons de Pierre
Burmann II , et continua ses études clas-
siques, principalement sous la direction
de Wytlenbach, nicme après que, pour
obéir à la volonté de son grand-père, il
eutenibrassé l'étal d'apothicaire. En 1773
il devint secrétaire de Ta ville d'Amiter-
dam^ en 1778 curateur de l'Université
deLeyden, et, sous le roi Louis-Napo-
léon , l'un des fondateurs et des premiers
membres de l'Institut royal des sciences
et des arts à Amstetdam. Ruhnkenius,
Wyttenbach,van Ueusde, furent en même
temps ses maîtres et ses amis. La collec-
tion des poésies latines qu'il publia à
Leyde, en 1803, et plus tard en 1808,
avec un appendix, obtint, en Hollande
surtout, un succès général. Plusieurs de
ses compositions latines et hollandaises ,
couronnées dans des concours , se 6rent
également remarquer par la profondeur
et par l'éclat du style. Son ouvrage le
plus important est son édition de l'An-
thologie grecque avec la traduction la-
tine de Hugo Grotius, qu'il publia en 4
volumes (Utrecht, 1794-1810), avec ses
propres notes et celles d'Huet; Van Len-
nep y ajouta le 5^ volnme en 1822. Le
roi faisait grand cas de Bosch : éloigné
de tous les partis politiques qui agitaient
alors sa patrie, tout en s'intéressant à sa
prospérité, et malgré son enthousiasme
pour la liberté, l'étude faisait les seuls
délices de sa vie. Sa superbe bibliothèque,
l'une des premières de l'Europe pour la
rareté et la beauté des éditions, fut ven-
due publiquement après sa mort, qui sur-
vint en 18 1 1 ; et cette rare collection fut
malheureusement disséminée. On en a
un catalogue raisonné: B revis descripdo
bibliothecœ IJicr, Bosch quatenus ùi ed
grœci et iadni scriptores assen'antur,
(Utrecht, 1809). CL.
BOSCH (Jan van den), lieutenant-gé-
néral et gouverneur hollandais de Bata-
via, naquit à Bemmel, dans la province
deGueldre, en 1780. Entré au service en
1 797, il partit peu de temps après avec le
brevet de lieutenant pour les Indes. Il s'y
distingua avec éclat dans plusieurs occa-
sions, obtint bientôt le grade de colonel,
mais fut obligé de donner sa démission,
en 1810, à la suite d'une affaire qu'il
eut avec le général Daendels, gouverneur
général de Batavia, et revint en Hollande
en 1813. Tousses efforts tendirent alors
à l'affranchissement de sa patrie, et il fut
l'un des premiers à se coaliser à Peffel de
réintégrer la maison d'Orange. H reprit
du service à Amsterdam, avec son ancien
grade. Après le retour de Napoléon de
nié d'ÉIbe, îl fut cbargé de Tapprovi-
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bos
(121 )
fiOS
lîOQnement et de la défense de Maés-
tricht et bientôt après il détint général.
Après la paix il rendit les plus grands
services à son pays par la fondation de
la société pour l'éublissement des colo-
nies agricoles d'indigens qui se forma en
1818. Il organisa lui-même k colonie
de Frédériksoord , et y resU même pen-
dant long-temps pour veiller au succès
de l'établissement.
En 1827, il fut de nouveau envoyé
aux Inde», comme commissaire général ,
et il a été nommé, en 1830, gouverneur
de BaUvia. C. X.
BOSCOWICH (Roomm-JosEPH), na-
quit à Reguse en 171 1 , entra en 1725
chez les Jésnites à Rome , se distingua ,
et devint en 1740 professeur de mathé-
matiques au coliegio romano. Le pape et
plusieurs gouvernemens italiens tirèrent
parti de ses vastes connaissances , tantôt
pour trouver le moyen de soutenir le
dôme de SaintrPierre qui menaçait de
crouler, tantôt peur dessécher des ma-
rais, puis pour mesurer un degré du mé-
ridien. La république de Lucques rem-
ploya plusieurs fois dans ses négociations
au sujet de sa délimitation. Après la sup-
pression de l'ordre des Jésuites, il devint
professeur de mathématiques à Pavie;
invité ensuite de venir à Milan pour y
enseigner l'astronomie, il fonda l'obser-
vatoire de cette ville. En 1773 BosfiO<^
wich fut appelé à Paris pour ocouper la
place de directeur de l'optique de la ma-
rine; il y «lia, mais des désagrémens
qu'il y essuya le décidèrent à retourner
à Milan où II mourut en 1787, environné
d'une grande considération. Il avait par-
couru presque tonte l'Europe, avait pu-
blié le Journal d'un voyage à Consian-
Unople (trad. en fr. par Hennin, 1772),
s'était mêlé de la politique, avait fait des
vers latins, s'était formé un système de
philosophie à lui qu'il a développé dans
sa PkÛosophiœ naturaUs theoria re*
dacta ad umcam legem virium in nor-
turd extstentium (Vienne, 1759), et
avmit composé un grand nomk»re d'ou-
vrages d'astronomie et de physique. Os
derniers ont été réunis en collection :
Opéra ad opticam et asironomiam per^
îinentiay Bassano, 1785, 5 vol. in-4*.
M. le baron Walckenaêr, qui a donné la
Sncyclop, d. G. d. M. Tome UL
liste complète des œuvres de Boicowîchy
juge ainsi son poème De sùUs ae lunœ
defectibusy en 6 chanu (traduit en fran-
çais par Barruel, 1779, in-4^):« On
admire dans cet ouvrage le style élégant
du poète, et le talent peu commun
avec lequel il avait su renchre des dé-
taib appartenant am tdences exactes
et au calcul.» D'autres morceaux de poé-
sie latine, d'une moindre étendue, nuiîs
pleins de grâce et de facilité, contri-
buèrent à placer Boscowich au rang des
meilleurs poètes modernes. 11 avait tout
l'enthousiasme des poètes, sans se livrer
à l'exagération. Sa conversation était ai-
mable, et d'autant plus instructive qu'il
avait voyagé dans une grande partie de
l'Europe. » S.
fiOSIO (FxAKçois - Josxpr), né à
Monaco, en 1769, vint fort jeune en
France, où Pajou, sculpteur célèbre,
dirigea ses premières études; mais Bo->
sio le quitta bientôt et ne suivit plus que
l'inspiration de son génie. A 19 ans il
retourna en Italie, où il exerça tour à
tour la peinture et la sculpture. Il visita
Rome, Florence, Sienne, Parme, Ve-
nise , Géiaes , U Romagne , laissant par-
tout des témoignages de son mérite. On
pourrait citer plus de vin§t statues, tant
en mavbre qu'en stuc et en bois , et au
moins six plafonds peints à fresque qu'il
exécuta dans ces divera lieux. Plus de
vingt modèles en plâtre de sa composition
furent envoyés de Ferrare à Vérone, par
le marquis de Bevilaqua, pour être exé-
cutés en pierre sous la direction de l'an-
cien maître de Canova. Après dix-sept
ans de séjour dans sa patrie il vint se fixer
à Paris. Sa statue de VAtnour lançant
ses traits et s'envolant, exposée en plâtra
au salon de 1 808, et en marbre en 1 8 12,
est son premier ouvrage offert, en Fran-
ce, au public En 1810 parut son gra-
cieux groupe de l'Jmour séduistmî Fin-
Moc^nctf, auquel il ne manque qu'un peu
plus d'élévation de style pour étra un on<-
vrage parfait; cette même année les bus-
tes de Napoléon , de l'impératrice, de la
reine Hortense , de Denon , lui acquirant
une réputation pour le portrait que 40
autres bustes des personnages les plus
célèbres de r^>oqtte, exécutés ensuite,
n'ont fait que confirmer. Us ont été gé->
4$
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BOS
(72?)
BOS
ç^Btl^vitiit r«|ardé9 cosMie cUa modèlea
acUeTés.d&resaeaibUuioe, d'expresiloo et
d'dnéciAtioa. Depuis cette époque M. fio-
aio n'a cessé de marcher de succès, en sue-
oès. Son Hercule combatumt Jclieloiis
méUiQorpbosé en serpent, dont le bronae
est placé dans Le jardin des Tuileries ;
son Jfisiôe, dwi des jardins, rival de
Tantique, placé aujourd'hui dans i*es-
calier da Louvre ^ e6té de la colonnade;
son Hyacinthe, demlMMoché, regardant
jouer au palet, modèle achevé de^race,
de finesse , de naïveté ; sa statue de
Louis XIV y sur la place des Victoires ,
noiéUnge biasarre de costumes incohérens;
œUe du duc d'Enghien à Yincennes;
celle de Monthyoriy au péristyle de rH6>-
tel r- Dieu'; son Henri IF enfant , que
Louis XVIII a fait fondre en argent pour
ara eabinet, avant d'envoyer Toriginal au
ch&leau de Pau; les figures de la France
et de la Fidélité du monument élevé à
Maieshérbea au palais de Justice de Pa-
if s; k groupe de Louis XVI et de l'Ange
qui dit am coi-martyr : « Fils de Saint-
Louis, montex au ciel ! » dans la chapelle
expialQÛrede la rue d'Aojou; enfin le qua-
drige qui a remplacé les chevaux de Ve«
nise sur Tare de Triomphe du Carrouaeè,
tek soat les onvrages qui succeaslvemient
ont mérité à M. Boeio tes suffrages des
hommes de go6t et ft*ont placé en pre«'
mière ligne parmi les* artistes qni font la
gloire de notre école moderne. Commle
tous les sculpteurs recommandables de
Tépoque, M. Bosio a eu part auK travaux
de la colonne de la place Vend6me : 20
basHTetiefs ont été coulés sur ses modèles.
Cette nomenclature des ouvrages de M.
Bosio, exécutés en France, quelque »om«
breuse qu'elle soit^ est loin d*étre eom'»
plate : nous ne citerèns plds que la sta-
tue colessale de Louis XVIil ^ qui devait
être pkieée devait le pakisr de la Cham*
bre des députés et que la révolution de
1880a fait ajourner. Commandée* par ta
ville de Paris, cette statut devait être en
bronxe ; espérons qu'eHe recevra bientôt
son exécution : en témoignant de notre
reconnaissance envers le roi fondateor
de la liberté constitutionnelle en France,
elle offrira sans doute une nouvelle preu-
ve du rare talent du sculpteur.
M. Bosio #e^ eu lS16de Nupoléon
la croix 4e ULégionHi'Honiieor} U mtee
année Tempereur confirma sa nomina-
tion de membre de la classe des beaux*
aru deFInstitut; Louis XVIII le créa
chevalier de Tordre de Saint-Michel ^
officier de la Légion-d'Honneur » et lui
conféra, en 1833, le titre de premier
sottipteur du roi, avec une pension de
4,000 fr. qu'il conserva jusqu'à la révo-
lution de 1830. Charles X le fit baron.
Il est professeur et recteur à TAoedémie
des b^ux-arts. Les académies de Turin ^
de Berlin, de Rome, l'ont admis dans
leur sein comme membre honoraire.
On ne doit pas confondre avec M. Bo-
sio un de ses Irères , peintre mort sous
la Restauration, et un neveu ^ du même
nom, qui commence à marcher aur aea
traces, et qui a déjà été l'objet des faveurs
du gouvernement. L. C S.
BOSNIE ( Bosna ou Boschna ) , pro-
vince turque ayant le titre de royaume ,
et qui, outre Tancienne Bosnie, renfer-
me encore la partie de la Croatie appelée
sandjiakat de Biélogrod, entre les ileuvea
Unna et Berbas, et une partie de la Dal-
matie et de THercégovine. Elle est bor-«
née au nord par l'Ësdavonie, à L'ouest
par la Croatie, au sud par la Dalmatie el
lamer Adriatique, et à l'est par la Ser-
vie. Sa surface est de l,0ê3 millet carrée
géogr., avec 8âr0,000 habitans, pour la
plupart d'origbie slavonne, BcMniaks,
Morlaks^ etc.; 60,000 hommca de milice
tnrque sont compris dans ce nombre. Jï
y a deux tiers d'indigènes professant le
culte greo de l'Église orientale et un tiexs
de Turct mahométans; cet derniers,
peuple déminant dans ces contrées , aoot
en possession de presque toutes les terres
qu'ils tiennent à titre de fief; cependant
dans leur nombre sont compris beauocMip
de BoMiiaks dont les ancêtres cmt abjuré
leur religton , un grand nombre de Bo-
hémiens et de Juifs. La partieseptenCrio-
nale de la Bosnie est uni« et plate; ren
le midi cette province est Hiontagneiise
et cooverte de bois; ses rivières priad-
pales sont la Save, le Berbas, la fioeon,
la Nama et la Drina. C'est la Bosna qui
a fait prendre an pays le nom de Bosnie^
Généralement il n*est pas d'une franée
fertilité, mais les champe sont bien te^
nus i ott eultive beasMoup U vî§ne el ka
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( 72S )
BOS
ftrhres ftnHitt$} les pâturages lotit abon-
dans; on y nourrit beaucoup de bestiaux
et les moDtaf^es fournissent du fer de
bonne qualité, dont une grande partie
est employée dans les manufactnres de
lames et d*armes. Les auiret produits de
l'Industrie consistent en cuirs , maroqtiin
et gros tissus de laine.
La Bosnie appartenait dans les xii* et
xiii® siècles à la Hongrie. £n 1869 elle
fut soumise par Etienne^ roi de Servie,
après la aaort duquel elle forma un état
indépendant; le ban Tmrko prit eo 11170
le titre de roi. Mais ce nouveau royaume
ne tarda pas à devenir (1401) tributaire
des Turcs, qui ^ eo 1463, le rédniiirent
en une province de leur empirOé Cepen-
dant les Hongrois letir arrachèrent bien*
tôt cette possession et y établirent des
bans sous leur autorité. En 1538 la Bos^
nie fut définitivement conquise par les
Turcs et elle leur fut régulièrement cé-
dée par la paix de Carlowitz en 1^99,
Depuis ce temps elle forme l'un desqna*
tre eyaleth de la Turquie d'Europe,
gouverné par on padia à trois queues,
dont le si^e est à Travnick^ Elle est di^
visée en Bosnie méridionale et septen-
trionale , en haute et basse Bosnie. La
première est appelée aussi Herzegovina
ou duché de Saba , parce que Tempe'
reur Frédéric HI accorda, en 1440, le
t^tre de duc an chef de cette province.
Soulevée en 1833, le grand-risir Re-
ehid-Pacba y comprima par la ruse et la
lioree la révolte des gouverneurs et de la
milice. La capitale du pays , Bùsna St"
TûX oo Saraiepo, et Somglio en italien,
sitttée an confinent de la MigliaiKa et de la
Bosna, renferme 1S,000 maisons, la plu*-
part pauvres , et nne popbkrtioB dé
00,000 âmes , y compris 10,000 hom-
mes de gamiwMi torque. La citadelle
est à quelque distance de la ville qui t^
ouverte. Les revenus de Saràïeipo appaov
tiennent à la mère dtt Gramd^Sergneur.
IfottS dterbns encore les villes de Zvor^
nik, Travnlk, r^ldence du begierbey de
Bosnie, Banjaluka et Gradiska* C* L* m,
BOSPttORÊoa DosPBosK nt T^macb
(povç, bteufùM vache ^ et itf^^tç^jmssmge)^
détroit ainsi nommé parce qu'il fut tra^
Yersé à la nage, dit la fable, par la vache
lo [voir plus bas p. 7S6). Il est nom^
mé pins emnmnnément aujourd'hui Câ-
nal de Constuntinople ; son nom en greo
mcKleme est Xae^éf > et en turc bogazim
Le Bosphore fait communiquer la mer
Noire ou Pont*Euain avec la mer de Mar-
mara on Propontide» qui communique
avec l'Archipel grec oo la mer Egée, par
les Dardanelles. Il est bon de remarquer
avec,Gylliusquc plosiemrs auteurs anciens
ont donné quelqnefois le nOm de Bos-
phore à ce dernier détroit, dont le noaa
ordinaire, dans l'antiquité, est l'Helles--
pont Ces trois parties de mer séparent
l'Europe de l'Asie. Il est peu de lieux oè
les votes qu'a dû suivre la natmre ponr
asriver à la disposition actuelle parais-
sent plus claîrement indiquées. Tous les
savans qui ont examiné cette question
intéressante s'accordent à regarder la mer
Noire comase ayant été dans l'origine
un lac immense formé par les eaux dé
tous les grands fleuves dont l'embou-
chure est dans ce vaste bassin, qui était
fermé aussi an sod-onest par des mon*
tagnes élevées. Par conséquent l'Europe
était alors jointe à l'Asie sur ce point-là.
]Mais oe bassin une fois comblé par les
eaux , comme la plupart des fleuves qu'il
reçoit eouleot du nord an sud , la plus
forte impulsion des eaux dut porter sur
ces montagnes, derrière lesquelles s'éteiw
daieot de vastes plaines. Les violens dé^
chit*emené qui résultèrent de ces terri-
bles eflbrts creusèrent le Bosphore, par
lequel le trop plein dn Pont^Euxin se
répandit dans les vallées c^l devinrent
U Prot>énti4e. Quand ce second bassin
VMM à être comMé à sott tour, les ea«x
s'ouvrirent de même wà passage à tra-'
vers les montagnes q«i le séparaient de
ht mer Égée« Akirs le PonKfioxin, la Mé-
diterranée M l'Océan ne formèrent plue
qu'ttue mery et I^Aaie fnt séparée dhtioc-
tement de l*Europe; ce qni fait dire avec
nne élégante préciBion k Oyilius : B&s-^
pàrtiJF mtà ctave duo» &r>keê , tkfo manm
aperk it c/àudiu Ces grnndéi opéra-
tions nsfusrélles sont indiquées par les
esearpenens eo aig^tag desriv^s du Bo»«
phore, In cKrectmn du conhint et soie ex*^
iréme rapidité. Les eaux du Bosphore
coulent du Pont-Eiixin dans la Propon-'
tide, el celles de l'Hellespont de la Pro-
pontldeéans la mer Egée.
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(724)
BOS
Le Bosphore a deux fois par ab, aa
printemps et à Fautomne , un passage de
poissons qui descendent de la mer Noire
dans la mer de Marmara en si grande
quantité, que la pèche qui se fait alors
peut approvisionner abondamment toute
la Turquie. La direction de ce détroit
est du nord au sud. Il a 7 lieues de long;
•a nM>indre largeur, entre les deux châ-
teaux des Génois, est de moins d'un
quart de lieue. « Il serpente , dit Cheva-
lier, comme un beau fleuve , entre deux
ohaines de montagnes dont les sommets
sont ornés de groupes d'arbres, la pente
entrecoupée de jardins , et le pied cou-
vert d'agréables villages qui se succèdent
presque sans interruption depuis Con-
stantinople jusqu'à l'entrée de la mer
Noire.» C'est là qu'est le commencement
du détroit, par rapport à aon courant.
Avant son entrée sont de chaque c6té de
petites lies que la haute antiquité crut
flottantes et qui sont les roches cyanées,
A son embouchure dans la mer de Mar-
mara, du c6té de l'Europe, à droite, est
Constantinople qui s'avance comme un
beau promontoire entre son vaste port et
la mer ; du coté de l'Asie, à gauche , est
la petite ville de Seutari, l'ancienne Chry-
sopolis, qui regarde Constantinople et
dans les alentours de laquelle les Ttu'cs
aiment à placer leurs tombeaux, parce
qu'ils regardent l'Asie comme la vérita-
ble patrie des mahométans. Une foule de
barques, qui vont et viennent sans cesse
de la côte d'Asie à celle d'Europe , ani-
ment cette partie du détroit ; et la vue
dont on Jouit sur les deux rives est une
des plus belles, de la terre.
Les montagnes des rives du Bosphore
forment, par ceagrandt déchiremens dont
nous avons parlé, sept coudes différens,
qui rompent la rapidité du couraot en le
faisant dévier à chaque coude. En sor-
tant du Pont-EuxÎQ il va du nord-est
an sud-ouest jusqu'au golfe de Boîouk-
déré (Bathycolpos) ; de là il coule quel-
ques milles vers l'est; il se détourne en-
suite vers le couchant pour arriver au pro-
montoire Kislar-Bouroun (Hermœum);
puis il reprend la direction vers l'est , en
coulant contre la cote d'Asie sur le cap
Vanié-Keu (Moletrinum); il revient après
vers l'Europe, à Effendi-Bouroon, l'an-
cien cap Estias, et continue cette ligne
sud-ouest jusqu'à ce que, retournant brus-
quement au nord-est , il se brise sur la
pointe de Seutari pour retomber au sud-
ouest sur celle du sérail, d'où il entre
dans la Propontide.
Sur la côte d'Europe, en partant de
Constantinople et remontant vers la mer
Noire, les principaux points sont: le fau-
bourg de Péra ; puis le village de Bechik-
rash, à l'endroit où Jason aborda en al-
lant à la conquête de la Toison d'or; le
promontoire appelé Teferdar-Bouroun ,
que les anciens nommaient Clidion, la
clef'^ ensuite le château neuf d'Europe,
Roumeli-Hissar, bâti sur ce promontoire
Hermœum du haut duquel Darius con-
templait le passage de son armée et près
duquel les Croisés s'embarquèrent. En
remontant toujours sont les golfes de Bal-
ta-Liraan, Sténia, Térapia et Boîoukdé-
ré. Derrière ce dernier s'étend un beau
vallon qui a conservé le nom de Kalos-
Agros. Entre ce golfe et la mer Noire on
voit les ruines de la forteresse des Gé-
nois, après laquelle coule du midi au
nord le fleuve appelé par les anciens
Cbrysorrhoas. Le fanal d'Europe, défen-
du par le château de Fanaraki, s'élève
sur l'ancien promontoire Panium, qui
sert de tête à cette côte d'Europe.
Le promontoire correspondant sur la
rive asiatique est le cap Ancyreum , au
sommet duquel est bâti le fanal d'Asie.
Parmi les Cyanées qui sont au pied, les
anciens distinguaient la tour de Médée.
Puis, en redescendant cette rive vers Seu-
tari , on trouve près du château d'Asie un
lieu appelé par les Grecs Hieron et indi-
quant l'ancien emplacement du temple
de Jupiter Urius; ensuite la montagne du
Géant , le point le plus élevé des deux
rives. Entre cette montagne et Seutari le
Bosphore reçoit plusieurs rivières , dont
la plus considérable est l'ancien fleu ve A.ré-
té, que les Turcs appellent Jok-Sou. Au-
delà de Seutari, tout-à-fait à l'extrémité
du détroit , était dans l'antiquité la ville
de Chalcédolne.
Pendant son ambassade à Constanti-
nople, le général comte Andréossy iyoy)
fit de grands travaux pour l'exécution
d'une carte du Bosphore. Voir son Voya-
ge h V embouchure de la mer Noire ou
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BOS ( 725 )
Essai sur le Bosphore , etc. ; Paris ,
1818, 10.8** avec allas. J. B. X.
BOSPHORE CIMMÉRIEN, détroit
qai sépare la Crimée ou Tancienne Tau-
ride de la presqu'île ou plutôt de Tile de
Taman, autrement nommée Tmouta-
rakhân. Les Grecs Tont appelé Bosphore
[vof. l'article précédent), soit parce
qu'un bœuf pouvait passer le détroit à la
nage, soit parce que lo, fille d'Inachus,
changée en génisse, passa , d*après leurs
traditions, de là dans le Bosphore de
Thrace. Pour le distinguer de celui-ci ,
le nom de Cimmérien lui a été donné,
sans doute par le peuple de ce nom qui ,
avant d*étre chassé par les Scythes, pos*
sédait la presqu'île Taurique et dont,
à ce que l'on croit, sont descendus les
Taures ou Tauriens qui , d'après l'éty-
mologie de leur nom [taw, montagne),
devaient être des montagnards. Sous les
Génois qui, à peu de distance de là,
avaient leur colonie de CafTa , ce Bos-
phore s'appelait détroit de Vospro et
d'Aspromonte, ce qui était le nom de la
ville de Kertch, l'ancienne Panticapée
qui fut appelée ensuite Bosporus, située
sur le détroit. Aujourd'hui les Russes
l'appellent détroit de Kertch ou de léni-
kalé, et y at tachent, comme clef de la mer
d'Asof {voy,)^ beaucoup d'importance.
Il formait autrefois la limite entre l'Eu-
rope et l'Asie (Strabon, liv. vu), comme
de nos jours il sépare la Crimée de l'île
Taman et de la partie des c6tes de la
mer d'Azof anciennement habitée par
les Méotes. D'après le géographe que
nous venons de citer, sa plus grande lon-
gueur était, du sud au nord, de 70 stades,
sa largeur de 20. Pline (^. iV., iv, 24),
lui donne 2,500 pas. Lorsqu'en 1068 le
prince russe Glèb fit mesurer le Bos-
phore deTmoutarakhân à Rertch,on trou-
va une largeur de 14,000 sagènes, ou,
d'après M. d'Olenine, 22 verstes russes
(5 lieues et demie) et 375 mètres. Un roe-
surage plus récent porte, d'après une
carte spéciale, 21 verstes 100 mètres.
Du temps des Scythes, ce détroit gelait
assez souvent et facilitait le commerce
et les relations vers les c6îes situées près
l'embouchure des Palus- Méotides où vi-
vaient les Indiens ou Sindes, dans la
contrée qui a souvent reçu le nom de
BOS
Scythia sendica (Ritter, Vorhalleder
europ. FœlAergeschichte,iS^i), p. 181).
Des deux côtés du détroit s'étendait
anciennement le royaume du Bosphore
ou Bospore , comme on dirait plus cor*
rectement. Quand le vieux peuple des
Cimmériens,qui s'étendait delà mer Noire
à rionie (Strabon, liv. xi), fut chassé par
les Scythes , il se divisa en deux parties ;
l'une alla vers l' Asie-Mineure , l'autre
émigra vers TEurope (Cimbres, Kim-
ris , etc. ) ; plus tard les Scythes furent
refoulés à leur tour, par les Grecs de
l'Asie-Mineure. Ces Grecs, sous lesquels
commença la dynastie des Archœanacti-
des TDiodore, liv. xii, 51, Strabon vii,
4, 4), fondèrent le royaume du Bosphore
qui comprenait les peuplades méotides
jusqu'au Tanaîs , et avait pour capitale
Panticapée*, nommée aussi Bosporus et
construite sur la c6te européenne. C'était
en quelque sorte la métropole des Bos-
poritains d'Europe , comme Phanagorie
était celle des asiatiques. Vis à-vis était
nie Taman, la Tloidcvfh} des Argonautes,
nommée par Pline [H, iV., vi, 6) Eiooe,
et par Strabon (xi, cl) xôpo-xav^ajiAv}.
Sur cette ile s'élevait Phanagoria , bâtie,
dit-on, par un certain Phanagoras; 20
stades au sud de Panticapée était Myr-
mecium, 40 stades plus bas Parthenium,
et vis-à-vis, sur la côte asiatique, Achil-
leum. C'est là que le détroit n'avait
qu'une largeur de 20 stades (voir les
voyages de Pallas et de Clarke). Ce
royaume, où l'agriculture était florissante,
fit bientôt un grand commerce , surtout
avec la Gièce. Panticapée envoyait à
Athènes des esclaves, du blé, des cuirs,
(•) D'nprès M. Moaraviof-Apostol, Voyagé «»
Tmuridê, lettre xxii*, la première résidence des
rois botporitiiins de cette famille aurait été Pha*
Dagurie,du côté de TAsie; mais Panticapée ayant
été conquise , elle derint la résidence. Sparta-
cus I«r paratt avoir réuni en 439 le pays en deçà
et le pays aa*delk du phare. On peut consnlter
du reste sur cette matière les recherches de Groa
de Boze dans les Mémoires de iJcadémiêdêsInscrip'
tionsf t VI, Vaillant, Âchœmetiid. Impêriumf Son*
ciet, Hist. chron. dês nit du Bosphore f Raonl-
Rochette, Antiquités grtcquêi du Bosphon Cimmê'
rien ( Paris, 18:1a), avec la réponse qne M. de
Kœppen a faite à ce savant, et plusieurs mémoi-
res de M. Kœhler, membre de TAcadémie des
Sriences de Saint-Pétersl>ourg. Un savant article
de M. Rjommel , dans TEocyclopédie allemande
d*£r9ch et Gruber, t. XII, a servi de base à ce-
lai-ci, J. H. S.
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pos
(72«)
BOS
4cs pellettrîts , 44 U cir^. Pgp9 plud^pr^
eqdroiu , la vigne était cultivée 9vec «ucn
cèft et la pécbe fournissait d^aliondantes
ressources aux liabitans des côtes. Les
rois du Bosphore reçurent en échange
des Grecs , des soldais #( des matelots
avec lesqqels iU purgèrent la m^r Noire
des pirates qui l'infestaient sous les noms
d'Achéeqs^ d'Hépiochea» de Zyges, etc.
A U mort d'Alexandre , leur 0oUe était
la plps puîssaQte de toutes cellea qMÎ na-
viguaient dans ces parages (Piodort> \\y,
X3^), A unp époque assez r^cu|éQ> et dq
temps même des anciens Clmmérien^
(voj.),on trouvait df^ns ce pays d*aqtiquea
monumens funéraires,des tumul j,des tom-'
beaui( gigantesques où devaient reposer
des héros morts depuis long-temp^ ; mo*
num^ns auxquelf M. Ch. Ri^ter) dans
l'opinion que ces peuples avalent apporté
avec eux le culte de Bouddha > ypudrait
donner une origine qrientale.
L'biatoire du Bosphore coqdinence avec
les colonies ipilésienne^ , ou celles que
d'autres Gr^c^ > que l'on prH pqur d^^
Milésiena, vinrent fonder sur les côtes,
au temps de Xerx^ , ou » d'après Pip-
dore (IJY. i^iiy chap. |3), 480 ans avant
J.-Ç tes premiers chefs , qui régnèrei^(
42 ans jusqu'à Spartacus ou SpartokuSa
fivaient reçu le nom d* Jrch^^an^fçtiUe^
c'est-à-dire d'anciens princ^. On %
voulu leur trouver une parenté ftvec
Archyanax « de Mitylène , qui , au
temps de Pisistrate, fofida Sigée d'où il
fut chassé par les Athéniens et les (.es-
biens. Ils s'appelaient rois et aussi eth-
parques y car (el était le titre que por?»
tait A^ndçr au temps d'AugU3te. Quel-
que^ - uns d'entre eux reçurent aussi
celui d^archontes, ce qui ferait supposer
l'existence, an moins temporarre, d'un
gouverpement républicain. Les orateurs
gr«cs leA ont souvent appelés tyrans (tv-
ascwoî ), bien que Strabon dne exprès*
sèment (Hv. vu) que cette dénomination
était, à leur égard» spuveraioement iniprq-
pre. Après les Archaunactides , Diodore
nomme Spartacus comme un de leurs des-
çepi(lant; mais il fst plus probable qu'il
est le fondateur d'une seconde dynastie.
L'histoiredu Bosphore ne peut être recon-
struite avec les livres que Tantiquité nous
a Irap^mis; ils ne contiennent que quejr
qnead<)cuipeDS épars* $9» tltrcç sont dans
le^ médailles et les monumens; et si nous
pouvons présenter la série, bien qu'in-
complète , des rois Bosporitains, nous le
devons à la patience et à la sagacité des
numismates et des archéologues. Sparto-
lus X**" (443-433 avant J.-C.) eut pour
successeur son fils Seleucus (433-429),
et ensuite Spartokus U (429-41 1), auquel
succéda aussi son fils. L'histoire^ qui a
perdu son véritable nom, le désigne sous
le titre honorifique de Satyrus, qui , du
reste , lui est commun avec quelques-uns
de ses successeurs. On révéniit en lui un
des bienfaiteurs du Bosphore (i«*tv/dov
fAMïiiicLy dit Strabon, Tv/aof , Dieu). Sa-
tyrus donna aui^ Athéniens le privilège
de faire le commerce des grains dans ses
états, et mourut en faisant le siège de
Theodosia (Kaffa) qui , selon Strabon ,
serait une colonie milésienne; d'après un
fragment d'Ulpien , elle devrait son nom
et sa fondation à une sœur ou à une fille
de Leukon. Après la mort de Satyrus, ses
sujets lui élevèrent un monument sur le
Bosphore. Strabon (éd. Tzschuke xi, p.
879), qui prétend qu'il p'est point Milé-
sien, confirmerait sur ce point les conjec-
tures de M. Ritter. Leukon, fi|s de Satyrus
l (992-153), couquit Theodosia et passa
le reste de son règne à faire la guerre aux
Héracléotes, peuplades chersonites ori-
ginaires d'Héraclée et habitant la partie
lud-ouest de la péninsule tauHque. Ce
prince fut citoyen d'Athènes et érigea 3
colonnes monun^eqlales, l'une à Athè-
nes, l'autre à Papticapée, la 3^ à la fron-
tière iisiatique de ses états. Élien doane
à ses desçendans le pom de Leukouieoa.
Après lui régua Sparto|(us III, son fib
aîné (l'an 356 avant J.-C.). Pserisiidea I ,
qui fui placé après sa mort au rapg des
dieux , Satyrus I| et Gorgippus I (3^9-
3 U ) fil* et successeurs de t^ukon , vé-
curent au tempe d'Alexaudte-le -Grand,
e( gouvernèrent çbacuu, dit-on^ une
pf^rtie du royatune. Sur la proposition
de Démosthène , on four éleva des sta-
tues d'airain pour avoir envoyé du Ué
aux Aihépiens qui souffraient de la di-
sette. Satyrus,qui probablement occupait
la oôte asiatique près des Méotes et des
Sindea, fut vaincu par une reine qui por-
tait le nom de Targat^o. On nomme en*
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(7JT)
BOS
suite 9 comme Iturt loceeseetirs, Salyras
III , Eumeliis et PryUois , tous trois fils
de Pterisades. Satynis, contre lequel £ii-
melus, son frère putné, avait réuni
30,000 Scythes et une foule deThraces,
sous Jeur roi Ariophamès , perdit la vie
dans cette guerre (311 avant J.>C). Après
la mort de son frère , Prytanis rassembla
des troupes pour le venger; mais, défait
également par Eumelus, il fut forcé d'ab-
diquer et bientôt après mis à mort pour
avoir voulu ressaisir la souveraineté. Eu-
melus remporta aussi plusieurs victoires
sur les pirates , et mourut en 807, écrasé
sous les roues de son char. Spartokus lY,
fils d'Eumelus, régna de 807 à 288. Ici
il y a dans Diodore une lacune assez
grande ; c'est avec les documens fournis
par Lucien ( Toxaris) et Fol yen [Stratag,
VIII, hb) qu'on a continué de la manière
suivante la série des rois du Bosphore.
Leukanor fut tué par trahison , et après
lui régnèrent Eubiotus, son frère natu-
rel , Satyrus IV et ensuite Gorgippus II,
fondateur de Gorgippia , père de Como*
sarye, femme de Paerisades U. C'est l'in*
scription trouvée sur le monument élevé
en l'honneur de cette reine qui a appris
que quelques princes du Bosphore avaient
porté le titre d'archontes. Sons Sparto-
kus V le royaume fut menacé par une in*
vasîon des Scythes, qui exigeaient un tri^
but plus considérable que celui qu'on leur
avait payé jusqu'alors. Il ne put échapper
à ee danger qu'en abandonnant une par-
tie de ses étals. Son fils et son successeur
Pcrisades II céda sa souveraineté à Mi-
tbridate {voy.) ou plutôt Milhradates,
surnommé le Grand, qui tira de ce pays
200 Ulens d'argent et 180,000 médim-
Des de blé. Ce prince chassa de toute la
Crimée les Scythes, ainsi que 80,000
Rboxolans, leurs aUiés. Après avoir gou-
verné le Bosphore de 1 16 à 88 , il trans-
mît oe royaume à son fib Macharès, qui
régna 1 4 ans , fil altiance afvec Loeullus,
et se tua lorsque son père irrité nuircha
contre lui. D'après d'autres historiens
(Dion et Orose), il fut mis à mort par se»
ordres. Il c«t pour successeur son frère
Phamacès (69-48). Après les conquêtes
de Pompée 9 il obtiat le gouvernement du
Bosphore à l'exception de Phanagoria
qui fm déclarée viÙe Ijibre. Il) se détacha
ensuite dt TtUianee roWnM et s'empara
du Pont , auquel il donna pour gouver-
neur son gendre Asander; mais bientôt
les Romains marchèrent contre lui et il
perdit le trône et la vie. Asander (l'an 40
avant J.-C), d'abord ethnarqne et ar^
chonte , fut ensuite nommé roi par Au«
guste, qui donna au royaume de Pont
pour gouverneur un certain Scribonius.
Alors le vieil Asander se laissa mourir de
faim à l'âge de 90 ans. Scribonius (1 4-1 3)
qui avait épousé Dyn&rais, veuve d'Asan-
der, s'empara alors du Bosphore; mais on
se révolta bientôt contre cet usurpateur
qui se donnait pour un descendant de
Mithradates. Il fut tué an moment ou
Agrippa envoyait des forces contre lui.
Elles étaient commandées par un roi de
Pont nommé Polemol (l'an 1 2 avant J.-C),
fils d'un rhéteur appelé Zenon, qui, bien
qu'il eôt autrefois pris le parti d'Antoine,
n'en fut pas moins investi par Auguste de
la royauté du Bosphore. 11 mourut dans
une guerre contre les Aspurgiens ou
Aspurgitains, dans lesqneb on croit re-
connaître les habitans d'Asaburg, ville,
anciennement située entre Phanagoria et
Gorgippia, dans un endroit appelé Asia
(de là peut être Asof), et que Milhra-
dates avait rendu tributaire. De ces As-
porgiens est sorti une dynastie qui régna
assez long-temps, mais qui fut peu puifH
sanle et dont les premiers princes foi-
rent Rheskouporis I*^** et Kol}s I VJs^
purgien. Vers la fin du règne d'Auguste,'
le trône était occupé par un prince ap-
pelé Sauromatèe I, client de Tibère, qui
avait pris le nom de Julius Tiberius,
ainsi que les titres de ^Ckv/.oLivapa et de
7(>0joeî>f£«(oc. Ce prince, que quel(|ues au-
teurs donnent pour le successeur de Po-
lemo, doit être plutôt un fils ou tout au
moins un parent de Rheskouporis. Après
lui , sa Teuve Gepypyrrs et non Pepypy-
ris, comme l'ont cru Viaconti et Ekhel^
fut, à ce que l'on présume, tutrice de
Rheskouporis II. Vint ensuite Polemo II,
fils de Polemo I (l'an de J.-C 88-42) ,
qui reçut l'investiture de Caligula. Qua*
tre ausaprès, Claude lui donna une par-
tiède la Cilicie,etmitsurletji6neduBoft-^
phore un prince qui se donnait pour un
descendant de Mithradates el qui prit le-
nom de Mitlmyjates II. O» ne Saurait dire
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BOS
(728)
BOS
sll apptrteoMf ovi non à la famille de
Rheskouporis, comme du reste semble-
rait lé faire croire le nom de son frère
(Kotys). Il fut déposé Fan 49 pour avoir
▼o«lû faire la guerre sans la permission
des Romains. Son frère Kotys II, bien
qu'il n'ait pas été fidèle aux Romains ,
•ut toutefois se maintenir à la faveur des
troubles qui agitaient l'empire. Il eut
pour successeur Rheskouporis III , qui
mourut l'an 83 et fut contemporain de
Domitien. L'on ne sait rien de Sauro-
matés II, qui gouverna après sa mort,
sinon qu'il envoya une ambassade à Tra-
jan à l'époque où Pline était gouverneur
de Bithynie. Kotys m, qui mourut en
132, avait reçu l'investiture d'Adrien;
et Antonin , obligé de choisir entre deux
compétiteurs, Rbœmetalcès (ou Rbœ-
metalios) et Lupator, donna le tr6ne au
premier, qui régna jusqu'en 164. Lupa-
tor, qui lui succéda, paya un tribut aux
empereurs. Ce prince, qui était grand ami
des sophistes, de la philosophie, et pas-
sionné pour la littérature grecque , est
probablement le même dont parle Phi-
losti*ate. Sauromatès III, Rheskouporis
IV, Kotys IV, Ininthimevus (235-239),
n'ont laissé à Thistoire que leurs noms.
Zozime toutefois nous apprend (liv. I,
chap. 33) que, sous l'empereur Yalérien,
qui régna de 253 à 259, des barbares,
Goths, Karpes et autres, sortirent du
Bosphore cimmérien, pillèrent la c6te
méridionale du Pont-Euxin , et ravagè-
rent la ville de Trapézunte (Trébisonde).
Rheskouporis V, Sauromatès IV et Tei-
ranès régnèrent ensuite jusqu'au temps
de Dioclétien, où le trône fut occupé par
un certain Thothorsès qui mourut au mi-
lieu du règne de cet empereur. Ici les
documens manquent encore. D'après Con-
stantin Porphyrogénète , il parait qu'à ce
prince succéda un Sauromatès Y, fils d'un
Rheskouporis , qui doit être le même que
Thothorsès, ou avoir régné avec lut de
802 à 305. Ce doit être aussi lui qui ,
uni aux Sarmates de la mer Méolide, fit
la conquête de Lazita et d'Halys. Con-
stantin envoya contre lui Constance qui
s'allia aux Chersonites, Ceux-ci s'étant
emparés de Panticapée par ruse, en l'ab-
sence de Sauromatès, ce prince fit la
paix avec (et Romains, ^, dès lors,
gouvernèrent faoilemenl ce pskyt mat moyen
des divisions qu'ils semèrent entre les
peuples qui l'habitaient et leurs voisins.
Après lui on trouve sur les médailles les
noms d'un prince qui s'appelait , d'après
Sterokowski, Rhademéadb, et, d'après
M. Kœhler, Rhadampsis, et qui mourut
en 319. Ses successeurs, Sauromatès VI
(306-320) et Rheskouporis VI (320-
344), furent, ainsi que lui, contempo-
rains de Constantin-le-Grand. Le dernier,
défait par les Chersonites , fut obligé, au
traité de Caffa , d'abandonner une por-
tion de territoire. Enfin Sauromatès VII,
qui avait voulu reconquérir la partie de
ses états que son prédécesseur s'était va
forcer de céder, fut vaincu en combat
singulier par Phamacus, roi des Cher-
sonites. Si avec lui ne finissent point les
rob du Bosphore, du moins, après ta
mort, les médailles, les inscriptions, les
écrivains ne nous en révèlent aucun autre.
Constantin Porphyrogénète parle bien
d'un Asander et de son fils , gendre de
Pharnacus, mais ils ne régnèrent pas;
on se servit seulement de leur nom pour
essayer une révolution qui avorta. Alors
les barbares, Alains, Huns , Goths , etc.,
envahirent de toutes parts le vieil empire
romain. Phanagoria fut détruite au ti^
siècle. D'après Procope, Ju&tinien donna
de nouvelles murailles à Panticapée, viais
elle n'en tomba pas moins bientôt après,
ainsi que tout le royaume, au pouvoir des
Khazars. Si nous devons en croire M.
Rommel, ces rois du Bosphore ont ea
une ère spéciale qui commençait 297 ans
avant J.-C, ou 457 avant la fondation
de Rome, et se termina à l'époque de
Constantin-le Grand. L. N.
Voir pour la suite de l'histoire de ces
pays les articles Taueioi et Kaptchak..
BOSPHORE (numismatique). Le
Bosphore cimmérien et le Pont, bordant
la mer Noire et le Palus-Méotide, situés
par leur position géographique l'un yia-
à- vis de l'autre, i|yant souvent obéi aux
mêmes maîtres, ne peuvent être séparés
dans l'histoire numismatique. On partage
en deux séries les médailles et les portraits
des rois qui ont régné sur ces deux con-
trées réunies , ou seulement sur Tune des
deux.
L« savant Cary publia le premier, sq
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BOS
1753 y on OQTnige sur fa numismaUqiie
des rois du Bosphore. Vîsoonti, dans son
Iconographie y ouvrage fait avec une
science profonde et une admirable mé-
thode, éclaircit beaucoup cette histoire,
qui offre une grande obscurité, surtout
dans la chronologie des rois.
M. Mionnet, dans le supplément de sa
Description de médailles^ tome V, a en-
core rectifié la classification de Yisconti
et augmenté la nomenclature des rois du
Pont et du Bosphore , d'après ses propres
recherches et celles de M. Kœhler, con-
servateur du cabinet des médailles de
Saint-Pétersbourg. Nous renvoyons nos
lecteurs à ces ouvrages, D. M.
BOSSAGE, opération industrielle ap-
partenant à l'orfèvrerie et même à la chau-
dronnerie, et qui consiste à faire an
moyen du marteau des enfonceroens et
des saillies formant des dessins. Les es-
pèces de sculptures saillantes qui déco-
rent les aiguières , les gobelets, les flam-
beaux, etc., on les obtient, soit au marteau,
soit par le procédé plus expéditif de
l'estampage {yoy.)\ on distingue la ronde-
bosse et la demi-bosse , suivant que les
dessins sont plus ou moins saillaiis.
£n architecture , le bossage est la sail-
lie qu'on laisse à une pierre pour la saisir
et la mettre en place. Ordinairement on
abat cette saillie; mais dans quelques mo-
Dumens on l'a conservée. F. R.
BOSSE (anthropol.). Les saillies for-
mées par diverses parties du crâne et in-
diquant, d'après les phrénologistes , les
diverses dispositions de l'ame et de l'es-
prit, seront signalées à l'article Cbaho-
i«OGim. Les déformations de la taille et
les moyens d'y remédier doivent être
traités aux mots <jiBBOsiTi et OaTHOPé-
dik; enfin c'est aux mots Contusion qu'il
sera question des tumeurs sanguines
connues sous le nom vulgaire de bos^
ses. F. R.
BOSSE (beaux- arts). Demi '•bosse ^
ronde bosse y sont des modèles en plâtre,
en terre, en pierre, en bronxe, en mar-
bre, d'après lesquels les artistes s'exer-
cent à dessiner, pour mieux imiter le re-
lief des corps. Selon que la bosse est une
figure isolée et complète, ou demi-relief,
ou aplatie sur un fond, elle est ronde,
demi-ronde oa méplaêe. La phiptrt des
(729)
BOS
bosses sont en plâtre et moulées sur les
plus beaux monumens de l'antiquité
qu'elles popularisent, si on peut le dire,
en les multipliant à l'infini et les rendant
accessibles à toutes les fortunes, princi-
palement à celle des artistes, pour les étu-
des desquels elles sont, comme les gravures
d'après les grands maîtres, d'une utilité
première. Les bosses prises sur la nature
par parties, telles que sur le masque hu-
main , le torse, les bras , les jambes , les
mains, les pieds, sont d'un très grand
seoonrs pour les artistes qui trouvent en
elles ce que le modèle vivant , toujours
très coûteux, ne leur offre presque ja-
mais réunion d'un choix également beau.
C'est principalement pour le sculpteur,
cpii veut fixer le jeu des muscles de son
modèle dans un mouvement instantané ,
que le moulage sur nature devient d'une
nécessité absolue. Sans doute, la vérité
des raccourcis et la musculature si vraie
du lutteur Borghèse ont été obtenus par
ce moyen. L. C. S.
BOSSI (CHAKLES-AuaiLX, baron de)
naquit à Turin en 1758, fit des études
en droit, et se livra ensuite de préférence
à la poésie lyrique et à la littérature en
général. Il entra, jeune encore, dans la
diplomatie; mais ses senti mens philoso-
phiques inspirèrent au gouvernement
sarde de la méfiance contre lui. Cepen-
dant il était chargé d'affaires à Saint-Pé-
tersbourg lorsque les relations intimes oà
la Sardaigue entra avec la république
française le firent congédier par Paul I*'.
Depuis, M. de Bossi a surtout servi la
France, et il contribua de tous ses efforts
à la réunion de sa première patrie au ter-
ritoire de celle qu'il avait adoptée. Sous
l'empire, il fut successivement préfet de
l'Ain et de la Manche; il fut créé baron
et membre de la Légion-d'Honneur. Sa fa-
veur continua quelque temps sous la Res-
tauration ; mais en 1 8 1 5 il perdit sa place.
On doit au baron de Bossi un poème
sur la Révolution , intitulé Oromana , et
un recueil de poésies diverses, surtout
lyriques. S.
BOSSUET (Jacques-B^nione), la
plus grande lumière de l'Église gallicane
et une des premières gloires des lettres
françaises; évéque de Condom (1669),
précepteur du dauphin, fils de Louis XIV
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BOS
M 670); meoilire de TAotcléHiM frasçaise
((872);évéquedeMeaux(1681); premier
aumônier de la dauphioe et de la duchesse
de Bourgogne; conservateur des privi-
lèges de rUniversité , supérieur du col-
lège de Navarre (1695) et conseiller
d'état (1697), naquit à Dijon, le 37
septembre 1627, d'une famille qui oc-
cupait les premières places dans les par-
lemens de Dijon et de Metz. Son père
était avocat et conseil des États de Bour-
gogne. Il fit à Dijon ses premières études
sous les jésuites , et , à l'âge de 1 5 ans ,
il vint faire à Paris ses cours de philo-
sophie et de théologie au collège de Na-
varre. Bossuet mêla à l'étude de la philo-
sophie celle du grec, et à la lecture de
l'Écriture - Sainte et des Pères celle des
classiques de la Grèce et de Rome. A,
l'âge de 16 ans il soutint sa première
thèse avec un tel éclat que, dans les sa-
lons de Paris , on parla du jeune abbé
comme d'un prodige. Les beaux-esprits
de l'hôtel de Rambouillet voulurent le
voir et l'entendre. Un soir Feuqatères
l'amena; on le pressa d'improviser un
sermon : il se recueillit un moment , et
son éloquence parut si nouvelle et ses
illuminations se montrèrent si vives, si
soudaines, que l'étonnement fut égal à
l'admiration. C'est après avoir écouté ce
sermon , prononcé dans la nuit , que Voi-
ture disait n'avoir jamais entendu prê-
cher ni si tôt ni si tard, Bossuet fut reçu,
à 30 ans, dans la corporation du collège
de Navarre. En 1648 il soutint une thèse
qu'il dédia au prince de Condé. Le vain-
queur de Rocroi vint l'entendre ; le
jeune docteur ne craignit pas de compa-
rer devant lui les gloires de la terre avec
celles du ciel , et d'abaisser les périssa-
bles vauités du monde devant les splen-
deurs éternelles d'une autre vie. Il ne
pensait pas alors que , 40 ans plus tard , il
aurait à reproduire la même pensée et
lea mén^s images devant le cercueil du
héroa. Le grand Condé , fortement émn,
aecorda, dès ce jour, an jeune orateur son
amitié et son estime. Bossuet s'était raia
aous la direction spirituelle du saint in-
stituteur des prêtres de la mission. Vin-
cent de Paul, qui l'avait admis à ses
con^ences, devint son maître, son
modèle et son aoM. Le Id mai Ift64
( 730 ) BOS
Bofsnet fot reçu doctmnr et oràmmé
prêtre. Pèréfiie , arobevéqiie de Paris cC
historien de Henri IV, voulut lui donner
les deux premières cures de U capitale ;
le docteur Cornet, affaissé par l'âge, le
pressa d'accepter la grandensaHrise de
Navarre; mais attaché dès sa tendre
jeunesse au chapitre de Meti, d*abord
par on canonicat, ensuite par les digni-
tés d'archidiacre et de doyen , il résolut
de s'établir dans cette ville. Ce fut là
qu'en 16â5 il publia son premier ou-
vrage : c'était la Réfutation ila Caté-
chisme de Paul Ferry, célèbre ministre
protestant, également renommé par son
savoir et par ses vertus, estimé des ca-
tholiques et consulté par las magistrats;
le procureur-général Joly, qui étnitsoo
ami, avait désiré joindre l'avis de ce
ministre an sien sur un exempUire du
livre de Mariana , oik ce jésuite exposa
sa doctrine détestable sur le régicide. Le
bruit que faisait la Bé/utatioM de Bos-
suet fit naître l'idée d'une mission pour
convertir les protestans du diocèse de
Metx. Saint Vincent de Paul la de-
manda ; la reine régente , Anne d'Au-
triche, l'ordonna; Bossuet U dirigea.
Mais le succès qu'elle eut, quoique assez
remarquable, n'égala point celui que
Fènèlon obtint un peu plus tard dans sa
mission du Poitou. On peut expliquer
peut-être cette différence par celle qui
existe entra l'art de toucher et celui de
convaincra.
Quelques acracms prêdiéa dans les
églises de Paris ouvrirent à Bosaoet la
carrière où son génie l'appelait. Deux rei-
nes, Anne et Thérèse d'Autriche, alWicat
s'asseoir parmi ses auditeurs. Cki voulut
bientôt l'entendre à la cour. Louis venait
de prendre les rênes de l'état, et, pendant
plusieurs années, il choisit Bossuet ponr
prédicateur des avens et des carêows. H
fit écrire à Metz au pèra de l'orateur ,
pour le félioHer des anccès de aoa ib ,
et voulut ainsi mêler sa veix à celle de
la renommée. U ne nooa resle qne des
liragmcna de ces discours; ik étaient
presque toujoura improvisés» et, conune
le dit le Pèra Delaroe, métfiâés piuidt
qu'étudiés eipoOs, Ce qu'on a recneiUi
des sermons de Bosanet (6 vol. in>ia) ne
aa coaaposq ea gésén^ que de 1
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(731)
BOS
rapidement écrits, mais où brillent soa*
\ent les éclairs du génie.
Le grand - maître de Navarre , qui
avait été le premier guide de Bossuet ,
mourut eo 1665, et l'élève fit Toraisou
funèbre du docteur. Ce fut la première
qu'il prononça : elle n'est pas indigne de
celles qui portèrent si haut soq nom , et
DP peut regretter qu'elle ne se trouve pas
jointe à leur recueil , qui a eu un si grand
nombre d'éditions.
Un JQur Bossuet allait monter en chaire
lorsqu'il apprit que son père touchait à
la fin de ses jours. 11 quitta précipitam-
ment l'église et partit pour aller recueil-
lir son dernier soupir. A. son retour il
entreprit de convertir Turenne à la reli-
gioq romaine. Il composa dans ce but ,
qui fut atteint , V Exposition de la Doc-
trine catholique, livre célèbre qui ra-
mena aussi le marquis de Dangeau à la
religion du monarque. Pangeau était
d'ailleurs trop bon courtisan pour se
montrer difficile en celte occasion.
Bossuet avait fait, en 1666, Toraison
funèbre de la reine Anne d* Autriche,
qu'il n'a pas jointe au recueil publié par
lui en 1689. L'oraison funèbre de IJen-
riette^Marte de France, reipe d'Angle-
terre, prononcée en 1669, est la pre-
mière dans toutes les éditions; les autres
Qraisona sont celles de Henriette - Anne
d'Angleterre, duchesse d'Orléans (1670);
de Marie -Thérèse d'4-utriche, reine de
France (1683); d'Anne de Gonzague de
Clèves, princesse palatine (1685); de
Michel LeTellfer, chancelier de France
(1686), et de Louis de Bourbon , prince
de Copdé (1687). On trouve à la fin du
recueil, le sermon prononcé par Bossuet,
le 4 juin 1675, pour la profession de
M"** de |a ValUère ; mais ce discqurs
est comme l'oraison funèbre de cette il-
lustre et tendre victime de l'aipour ; car
ce fut en ce jour qq'elle mourut aci
monde, « Ces oraisons, dit La Harpe, sont
des chefs-d'œuvre d'une éloquence qui
ne pouvait pas avoir de modèle dans
('antiquité, et qne personne n'a égalé de-
puis. Bossuet ne s'y sert pas de la langue
des autres hommes; il fait la sienne. Il la
fait telle qu'il la lui faut pour sa manière
de penser et de sentir qui est à lui ; ex-
pressions, tournures, mouvemens, con*
struction, hannoiiie, tout lui appartîeot.»
La réputation de Bossuet s'élevait «ans
cesse par de nouveaux succès. Arnauld
et Nicole, auteurs de la Perpétuité de
ta Foi et des Préjugés légitimes contre
les Calvinistes j soumirent ces livres à
son approbation, et il la donna avec
éloge. Les protestans écrivirent pour ré-
futer son Exposition de la Doctrine
chrétienne, qui était traduite dans toutes
les langues; il leur répondit et eut le
rare avantage de convertir un de ses ad-
versaires, Brueys, qui se mit alors à
combattre contre Jurieu, La Roque, Len»
fant, et qui, mêlant aux controverses
les jeux de la scène , publia le Grondeur,
le Muet, l'Histoire du Fanatisme ou
des Cévennes, et fit jouer l'ancienoe co^
médie restaurée de Y Jyocat patelin.
£n 1670 Bossuet fut nommé précep-
teur du dauphin , place qui avait été d'a-
bord destinée, dit-on, à Chapelain. Bos-
suet et le duc de Montausier, nommé
gouverneur, unirent leurs vertus, leur
zèle et leurs lalens pour former au grand
art de régner un prince que le long âge
de son père empêcha d'arriver au trône.
Ce fut pour l'instruction du dauphin que
Bossuet écrivit son admirableZ><.f coiinr^ur
l'Histoire uni verse lie ^%on abrégé de l'His-
toire de France , sa Politique tirée des
propres paroles de V Écriture - Sainte ,
livre fait pour les rois, « digne de leur
élude et de la curiosité de l'Univers, b
(OBLAauE.)Il composa aussi , dans le
même dessein, une Logique ^ âesUé^
flexions sur la morale dAristote , un
Traité de la connaissance de Dieu et
de soi-même, les Traités du libre ar*
bitre et de la concupisceace et plusieurs
autres ouvrages. Aucune partie de l'in-
stru(!Uon ne fut négligée. La grammaire,
les langues, la rhétorique, la poésie, de-
vinrent pour Bossuet une occupation se*
rieuse dans^Pétendue de ses devoirs.
M'^® de Duras , élevée dans la religion
de Calvin , voulut entendre Bossuet con-
férer avec le ministre Claude, et le les--
demain de c^tle conférence elle fit son
abjuration. Dans la relation de cet évé-
nement, qui fit grand bruit à la cour,
Bossuet rend pleine justice au savoir et
aux vertus de son adversaire; et, en gé-
néral, on remarque y dans ses longi»es
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(732)
BOS
coDtroverses avec les protesUns, nne di-
gnité calme et ane modération qu'il oe
sut pas (pirder plus tard avec Fénéloo.
Une grande partie de sa vie ne fut qu'un
combat pour l'église catholique. Pendant
près d'un demi-siècle (de 1655 à 1702),
il publia dans l'intérêt de cette cause plus
de 20 ouvrages , dont le plus célèbre est
VHistoire des variations des éf^liscs
prolestanUs (1688, 2 vol. in-4*^, et
1691 ,4 vol. in-12); nous citerons en-
core les Six Averti^semens aux protes-
tans^ qui parurent de 1689 à 1691 , et
le Projet de réunion entre les catholi-
ques et Us protestons , ou Recueil de
dissertations et lettres composées dans
la vue de réunir les protestans d'Alle-
magne de la confession d'Augsbourg à
la religion catholique.
Déjà plusieurs fois et à diverses épo-
ques d'inutiles tentatives avaient été faites
pour amener cette grande et difficile ré-
conciliation. Bossuet avait publié, en
1682, son Traàéde la communion sous
les deux espèces y et il ne croyait point
cette communion contraire à la foi ca-
tholique. Un philosophe célèbre, placé
à la tète des savans de son siècle, Leib-
nitz, eut la grande pensée de s'entendre
avec Bossuet , comme il le fit aussi avec
Pélisson , historien et secrétaire de l'A-
cadémie française, pour amener la fusion
des Églises catholique et luthérienne.
Médiateurs puissans par leur renommée,
Bossuet et Letbnitz étaient dignes d'at-
tacher leur nom à ce qui eût été l'événe-
ment le plus mémorable de leur époque.
Les propositions de la réunion furent
examinées et débattues avec une modé-
ration remarquable, avec un désir réci-
proque de toute concession possible. Des
difficultés jusque là insurmontables pa-
raissaient devoir être aplanies; les prin-
ces d'Allemagne suivirent avec intérêt
cette négociation; comme Louis XIV,
Fempereur Léopold désirait la réunion
des Églises chrétiennes. Un savant doc-
teur protestant, Molanus, était parvenu
à concilier 50 articles controversés entre
les catholiques et les luthériens; et Bos-
suet écrivait à LeibniU (10 jairv. 1692):
« Je regarde les articles de l'abbé Mola-
« nus comme un grand acheminement à
m la paix du christianisme. » Les conces-
sions deraient être faites de part et d'an-
tre; Bossuet alla dans les siennes aussi
loin qu'il crut pouvoir le faire. Non-sea-
lement il promettait, au nom du pape,
l'usage de la communion sous les deux es-
pèces, il annonçait aussi que les ministres
luthériens qui, après leur profession de
foi , seraient élevés à l'ordre de prêtrise
ou à l'épiscopat, pourraient conserver
leurs femmes [sua conjugia relinquan-
tur). Mais cette négociation , commencée
et poursuivie sous de si heureux auspi-
ces, échoua par la persistance de Leib-
nitz dans ses attaques contre l'autorité du
concile de Trente. Il avait fini par mon-
trer une inflexibilité si peu en harmonie
avec l'esprit de conciliation empreint dans
ses premiers écrits, qu'on supposa ua
motif politique à ce changement*^. Fojr,
Union (essais iT).
L'année 1682 avait signalé Bossoet
comme l'oracle de l'Église gallicane, le
défenseur de ses droits, et en même temps
le régulateur de l'autorité des papes dans
ses rapports avec l'autorité des rois. Pen-
dant les différends qui s'étaient élevés, au
sujet de la Régale, entre Innocent XI et
Louis XIV, nne assemblée générale du
clergé fut convoquée. Soumis aux deux
puissances, et après avoir prononcé de-
vant les évêques son sermon sur tunité
de r Église, Bossuet rédigea et fit adop-
ter les quatre célèbres propositions sur
les immunités de l'Église gallicane ( vof.
ce mot) : le pape Innocent les fit brûler à
Home ; Louis XIV les promulgua par un
édit que tous les parlemens enregistrè-
rent. L'enseignement en fut prescrit dans
les universités et dans les séminaires, et
depuis elles ont été regardées comme loi
de l'état.
Les deux hommes les plus célèbres de
l'Église de France, Bossuet et Fénélon,
s'étaient profondément divisés dans l'af-
faire du quiétisme qui, selon le chance-
lier D'Aguesseau, n'était pas moins urne
intrigue de cour qu'une querelle de re-
ligion, M"** de Maintenon était entrée
vivement, avec le cardinal de Noailles et
l'évêque de Chartres, dans l'affligeuite
(*) On trouve dans les Œm^nt de Bûssmtt toot
le* ai-tes de cette négociation dont le cardinal
de Baasset a donné une longue et savante anar
lys..
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BOS
(7SS)
BOS
querelle de Tévèque de Meaux contre
Tarcbevéque de Cambrai. Tandis que ce
dernier, exilé dans son diocèse, ne pou-
vait obtenir la permission d'aller défen-
dre son lifre des Maximes des saints à
Rome, Bossuet y avait envoyé son neveu
etTabbé Philippeaux, avec mission de
poursuivre la condamnation des Maxi"
mes. On trouve dans les œuvres de Bos-
suet la volumineuse correspondance de ses
deuxagens. L*abbé Bossuet, qui fut depuis
éréque de Troyes, écrivait à son oncle ,
en parlant de Fénélon : « C'est une béte
*/éroce qu'il faut poursuivre jusqu'il ce
« qu'on l'ait terrassée.» £t le cardinal de
Bausset, qui a été aussi l'Iûstorien de Fé-
nélon , après avoir cité ces roots odieux,
s'écrie : «Fénélon I une béte féroce ! »
L'abbé Philippeaux est traité plus sé-
vèrement encore par l'illustre historien
qui le représente comme un homme em-
porté, virulent, sans délicatesse, qui osa
plus tard trouver insufOsante l'admirable
soumission de l'archevêque de Cambrai,
et qui rédigea une Histoire du quiétis-
me^ si empreinte des couleurs du libelle,
que lorsqu'elle parut, après la mort de
l'auteur, elle fut flétrie et brûlée par la
main du bourreau. £t, en voyant quels
étaient les deux hommes qui recevaient
à Rome la direction et les instructions
de Bossuet, qui correspondaient avec lui
dans des termes si passionnés et si hors
de toute mesure, on a pu croire que la mo-
dération et la charité évangélique avaient
abandonné l'évéque de Meaux dans cette
affaire* Mais il a eu des défenseurs qui
n'ont vu dans toute sa conduite que le
zèle d'un évéque pour les saines doctri-
nes, et beaucoup d'esprits sages ont hésicé
entre le blâme et l'éloge. Cependant il
existe deux lettres autographes et iné-
dites de Bossuet*, qui doivent éclaircir
tous les doutes, et dont l'une au moins,
envoyée à l'abbé Bossuet qui lui annonça,
par courrier extraordinaire, la condam-
nation de Fénélon , fut écrite dans le dé-
sordre d'une joie qui n'avait rien d'apos-
tolique. Bossuet s'y réjouit de ce que le
bref contient, contre un archevêque, des
expressions équivalentes à hœreticus; il
applaudit à d'autres expressions qui doi-
(*) Elles tout dans le cabinet de Tanteor de
cet article.
vent , dit-il , ôter à Fénélon toute con-^
solation! 11 presse son neveu de porter
son admiration au grand Casanata :
or, le cardinal Casanata avait été, dans
le sacré collège, le plus implacable ad-
versaire de Fénélon, et lui seul avait fait
rejeter les formes de douceur dont le
pape et les cardinaux examinateurs, Al-
bani, Norris et Ferrari , désiraient qu'on
usât pour ménager la personne de l'ar-
chevêque de Cambrai. Ainsi donc , Bos-
suet paya son tribut à Thumaine nature,
et les faiblesses de l'homme se montrè-
rent dans de grandes vertus et dans les
hauteurs du génie.
Bossuet avait publié 30 écrits, la plu-
part en français, quelques-uns en latin,
dans l'aflkire du quiétisme (1694-1699).
Parmi ses ouvrages imprimés, dont le
nombre étonne l'imagination, car il s'é-
lève à plus de 100, il en est 8 sur l'É-
criture-Sainte, 20 contre les calvinistes,
9 contre les mauvais critiques , 1 0 pour
la défense du clergé de France , 14 pour
le diocèse de Meaux : 4 , dont les /lié-
votions à Dieu, sur des sujets de piété
et de morale; 11 pour l'éducation du
dauphin ; 7 sous la forme de lettres et 9
sous les titres d'oraison funèbre ou de
discours. Il existe trois grandes éditions
des œuvres de Bossuet : la première ,
donnée par les abbés Péreau et Leroy
(1743-58), 20 vol. in-4^; la 2% pardon
Deforis (1772-38), 19 vol. in-4^. La ré-
volution empêcha de terminer cette édi-
tion qui devait avoir 36 vol; la 3^, la seule
qui soit complète , dirigée par les abbés
Hémey-d'Auberive et Caron (Versailles,
1815-19), 47 vol. in-8**, y compris les
4 vol. de V Histoire de Bossuet, par le
cardinal de Bausset. On peut regretter
que l'évéque de Meaux et le grand Ar-
nauld (dont les œuvres forment 48 vol.
in-4^), aient usé leur puissant génie sur
des matières de controverse.
Bossuet nM>urut des douleurs de la
pierre, dans sa 76® année, à Paris, le
12 avril 1704; et la même année la
France fut veuve de ses deux plus grands
orateurs, car elle perdit aussi Bourdaloue.
Dans le x vu* siècle on aimai t à compa-
rer Bossuet avec Bourdaloue , Fléchier et
Mascaron : aujourd'hui ces comparaisons
seraient peu go&tées; le temps a tracé la
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démarcation de ces renommées. L'élo-
quence de Bossuet ne ressemble à aucune
autre; elle est soudaine, impélueuse, ir-
régulière. C'est un torrent qui entraine
plutôt qu'un ûeufe réglé dans son cours.
Il ne cherche ni ne dédalf ne les orne-
mens de la pensée. Simple et rapide dans
sa marche, il plane au-dessus de l'art et
des règles. Sa parole est une inspiration;
son sublime est de toutes les langues et
de tous les temps. Théologien dont les
livres sont devenus ane autorité en ma-
tière de foi ; controversiste net et précis,
réduisant toat à l'objet dont il parle; ora-
teur qui n'a suivi aucun modèle et qui
n'a pu être suivi, être égalé lui-même;
historien qui lane« dans la nuit des âges
les éclairs de son génie; politique qui
semble né pour instruire les rois : on voit
son élévation sans pouvoir la mesurer. Il
saisit, il étonne, on admire. Voulait-on
peindre Bossuet et Fénélon, on disait:
l* aigle de Meanx, le cygne de Cambrai,
Lors(iue La Bruyère fut reçu à l'Acadé-
mie française (1693), il termina son dis-
cours par ce magnifique éloge de Bos-
suet : « Que dirai-je de ce personnage....
qu'on admire malgré soi, qui accable par
le grand nombre et par Téminence de ses
talens ; orateur , historien , théologien ,
philosophe d'une rare érudition , d'une
plus rare éloquence, soit dans ses entre-
tiens, soit dans ses écrits, soit dans la
chaire? un défenseur de la religion, une
lumière de l'Église; parlons d'avance le
langage de la postérité , un père de FÉ*
glise! »
Le célèbre jésuite Delarue, pro-
nonça son oraison funèbre; mais il se
montra comme écrasé sous la hauteur de
son sujet. L*éloge de Bossuet , par d'A-
lembert, écrit avec plus d*esprit que de
force, avec plus de justesse que d'éléva-
tion , plait par un choix d'anecdotes fa-
cilement contées et rapprochées avec art :
c'est une esquisse et non un portrait.
L'éloge de Bossuet , par l'abbé Talbert ,
couronné par l'académie de Di^fon, en
1772, est sagement composé et laborieu-
sement écrit , aans éloquence et sans
hautes pensées. La vie de Bossuet, par
de Burigny (1761, in>12), est nn livre
estimable plulAl qu'un bon ouvrage. Don
BeforiSy It cardinal Maury, beaacoap
( 7J4 ) BOS
d'autres encore, ont essayé la biographie^
ou l'éloge ou l'appréciation de Bos&ueU
Le cardinal de Bausset est jusqu'à ce
jour son meilleur historien. V-tb.
BOSSUT (Charles) naqnh en 17S0
à Taruras près de Lyon. Il entra de
bonne heure au collège des jésuites oè
il fit de brillantes études, qil'ii continua
avec soccès sons la survelllaoee de d*A-
lembert; plus tard il devait devenir son
collaborateur pour la partie mathémati-
que de l'Encyclopédie.
L'aptitude de Bossot aux selences,
qnelqnes travaux remarquables, le firent
nommer, à 23 ans, examinateur ptmr l'é-
cole du génie de Mézières. En 1762 un
beau travail sur la résistance des finides
au mouvement des planètes lui valut un
prix de l'Académie des sciences; deux
ans après il obtint une autre couronne
pour un mémoire sur rarHnmge des vais-
seaux; et enfin l'Académie des Sciences
reçut, en 1769, son lauréat an nombre
de ses membres. Des ouvrages remar-
quables pour Tétode des sciences avaient
depuis long-temps Ûxè l'attention sur
Bossut, et quelques années avant sa ré-
ception k l'Académie, le roi avait fondé
pour foi, au Louvre, une chaire d'hy-
drodynamique. Bossut, depuis son jeune
âge, rendait de grands services à Tinstmo-
tion, soit par ses nombreux ouvrages, soit
par les cours qu'il professait, lorsque
survint la révolution; ne voulant pas coo-
tinuer renseignement public, il mena
une vie retirée. Mais il continua à s'a-
donner à l'étude avec ardeur; en \19t
parut un ouvrage sur la mécanique en
général, et en 1795 un cours complet de
mathématiques.
L'empire tira Bossut de l'obscurité à
laquelle il s'était voué volontairement : ît
fut élu membre de Tlnstitot, nommé
chevalier de la Légion-d*Honneur et exa-
minateur à Técole polytechnique. Il rem-
ptrt long-temps ce^ diverses fonctions
avec une rigoureuse exactitude; et, vers
la fin de ses jours, son grand âge ne lui
permettant plus de les conserver, on con-
tinua cependant à lui payer son traite-
ment en récompense de ses longs servie
ces. Ce fut en 1816 que parut son Essai
sur l'histoire des mathématiques; œC
ouyra^y traduit presque aussit^ «o a»-
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(785)
BOS
gkia et an ^Uemaody fat pour lui une
source de dégoûts. Grand nombre d'hom-
mes vivans qu'il avait cités dans son essai
élevèrent contre lui de vives récrimina-
tions; le diagria qu'il eo ressentit con-
tribua peut-être à le conduire au tom-
beau. Il mourut en 1814.
A sa gloire comme savant Bossut joi-
gnait un autre mérite : il s'était livré avec
soin à Tétude des lettres et en avait rap-
porté un style correct et souvent élégant;
son Histoire des mathématiques en offre
un exemple frappant. Bossut était mem-
bre des académies de Bologne, de Saint-
Pétersbourg, de Turin, etc.; ces différens
titres prouvent que son rare mérite fut ap-
précié de son vivant. Il donna une édi-
tion ( 5 voL in-8^ , avec un long et bon
discours préliminaire) des œuvres de
Pascal, son auteur fsvori, et avec lequel
il sympathisait pour les opinions reli-
gieuses. L-DK.
BOST4NNI, jardinier, ou, à pro-
prement parler, celui qui cultive les me-
lons (en turc tt en servien bostan, melon).
Cest sous ce nom que Ton désigne les
gardes du sérail, qui sont en outre les
jardiniers et les rameurs du Grand-Sei-
gneur; lorsqu'il se promène sur le détroit,
c'est à leur chef, le bosiand/i bachi\ à
tenir le gouvernait. Celui-ci a de plus sous
sa surveillance les jardins du sérail, les
maisons de plaisance du Grand-Seigneur,
•t les châteaux situés sur le canal. Ces
bostandj i, que l'on a regardés, mais à tort,
comme formant un corps militaire,étaient
autrefois au nombre de 3,000; ils ne sont
plus qu'environ 600. Leur solde est sem-
blable à celle que recevaient autrefois les
janissaires; 30 d'entre eux, appelés les
kkasséfis ou intimes, remplissent les
fonctions d'exécuteurs des hautes - oeu-
irres et accompagnent toujours le sulthan.
Les bostandj i se partagent en 9 classes
que l'on peut facilement reconnaître,
car les membres de chacune d'elles ont
une ceinture différente. Outre les 600
bosfcandji de Constanttnople , il y en a
encore quelques autres à Andrinople ,
sous les ordres d'un bostandji nommé
par le Grand- Seigneur. L. N.
BOSTON (long, oocid. 71 "^ 4', Ut. N.
43*^ 22), la plus grande ville de la Nou-
veU^ÀDgletanre et le ebef-iien de l'État
delRassachutfts, est le centre d'un com-
merce très considérable et qui s'étend à
toutes les parties du globe. On en ex-
porte principalement du bœuf, du mou-
ton et du poisson salés , des bois de char^
pente et de construction , du rhum amé-
ricain, de la potasse, de la perlasse, de
la graine de lin , de l'huile et des fanons
de baleine, de la clouterie, de la selle-
rie, de la chapellerie, du tabac en feuilles
et fabriqué, des. articles des manufac-
tures des autres Éuis de l'Union et des
pays étrangers, qui y sont importés pour
être exportés en d'autres contrées , etc,
£n 1821 les importations s'élevèrent à
près de 100,000,000 de francs. J. M. C.
Boston, qu'on apprend à connaître
d'une manière détaillée par le roman de
F. Cooper Lionel Lincoln , et dont on
trouve une bonne description dans VBn^
cfclopœdia americana, tom. Il, avait, en
1829, une population de 60,000 âmes ;
en 1766 on n*y comptait encore que
15,520 habiuns. Elle estsituée sur la baie
du même nom ou de Massachusels , dans
une presqu'île à l'embouchure du fleuve
Charles, et se divi^ie en trois quartiers.
Le port fortifié peut recevoir plus de
500 grands bâtimens. On y voit de beaux
édifices, surtout dans Westboston, et
l'on distingue particulièrement l'hôtel
des États, la Bourse , l'iithénée avec la
bibliothèque et une galerie de tableaux.
Il y a une Faculté de médecine qui ap-
partient à l'uni versité, dite de Harvard, de
Cambridge. C'est à Boston qu'éclata en
1773 la révolution américaine, par un
acte insurrectionnel du peuple qui jeta
à la mer une cargaison de thé envoyée
d'Angleterre. Les batailles de Lexington
et de Bunkersh*ll , dans la proximité
de la ville, ouvrirent la lutte deux ans
après. J. H. S.
BOSTON y jeu de cartes d'origine
américaine, qui a pris faveur en France,
oh il a succédé au whist et au revers! ,
et qui remplit les soirées des personnes
peu occupées dans le jour. Il se joue à
quatre , avec on jeu de carte» complet.
Ses combinaisons n'ont rien de nouveau
et qui ne se retrouve dans la plupart des
jeux du même genre ; mais il y a dans set
chances et dans ses paiemens, comme
dao» aes Ibriftei, aM«t A0 furiécé. D'ail**
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(736)
BOâ
leurs les ilénoini nations eq^ployées dans
ce jeu ont quelque chose de singulier et
se rattachent, à ce qu'on prétend, à
rhistoire de la révolution de T Amérique
du Nord. Tout le mogde ronnaii les roots
de grande et petite indépendance , de
grande et petite misère , 4e chlem , de
Boston, etc.
Celui qui fait les cartes les distribue
comme il l'entend, c'est-à-dire une à
une , deux à deux , trois à trois , ou plus,
au nombre de treize à chacun. Il met le
nombre de jetons convenu au panier;
ordinairement c'est cinquante par fiche
ou toute autre pièce à laquelle on donne
une valeur numérique , pour payer les
pertes ou les gains à la fin du jeu. Celui
qui a cartes blanches , en les annonçant
avant de jouer, est payé de chacun des
joueurs par une fiche de la valeur de dix.
Le joueur à droite de celui qui donne
demande ou passe ; le second soutient
ou passe aussi , ou demande en une au-
tre couleur plus forte ; le troisième , de
même. Quelquefois trois joueurs passent ;
si le dernier passe aussi , il perd sa donne
et le joueur de droite reprend les cartes et
les distribue , après avoir mis au papier
comme le premier joueur. Celui qui
n'est pas soutenu n*est obligé qu'à cinq
levées ; mais s'il a demandé seul , il
a six levées à faire , de même que cha-
cun des autres qui jouerait seul n'étant
pas soutenu, ou qui aurait demandé
seul, sans concurrence : c'est ce que l'on
nomme petite indépendance* La cou^
leur pique est subordonnée an trède ; le
trèfle l'est au carreau ; et le carreau au
cœur. La couleur demandée et soutenue
devient atout , et l'emporte sur toutes les
autres couleurs. H faut remarquer que
les deux joueurs qui se sont soutenus
dans leur demande en telle ou telle cou*
leur s'étudient dans leur façon de jouer,
pour ne pas se nuire et afin de faire le
plus de levées possible. Assez ordinaire-
ment l'un des deux partner indique en
lâchant une carte d'une autre couleur,
celle dans laquelle son second qui tient
la main doit entrer, pour faire le reste
lui - même , s'il le peut. Ces deux
joueurs sout tenus de faire huit levées;
a'ils ne les font pas, ils sont mis à la
est au jeu et les levées qu'ils font de
moins , et à chacun des joueurs la même
valeur qu'ils auraient gagnée en faisant les
huit levées. Cette bête augmente à mesure
que ces coups se multiplient, et quelque-
fois, selon les conventions, en doublant.
On appelle honneurs l'as et les figures ,
qui se paient, de même que les levées
en plus ou en moins, lorsqu'elles ne sont
pas égales dans les maibs des joueurs,
trois contre une , ou toutes les quatre.
La petite misère s'opère en écartant une
carte et sans faire de levée; et la grande
misère, sans écarter, et de même sans
faire de levée. Les huit levées forment ce
que l'on nomme grande independarkce,
en observant, qu'à égalité, la plus forte
couleur l'emporte. Si deux demandent
dans la même couleur, la primauté est ac-
quise an premier demandant; on ne
peut la lui enlever que par la demande
d'une levée de plus. La grande misère
emporte huit levées ou la grande indé-
pendance, quand on ne la demande pas
dans une couleur inférieure; Haais neuf
levées enlèvent la grande misère, comme
sept levées emportent la petite misère.
he picolissimo , qui s'opère en ne fai-
sant qu'une levée , est supérieur à sept
levées, lorsqu'on ne la demande pas
dans une couleur inférieure; mais il
cède à la demande de huit levées. La
misère des quatre as, c'est-à-dire lors-
qu'on a les quatre as en main , enlève
neuf levées , pourvu que ce ne soit pas
dans une couleur inférieure qu'il est de-
mandé ; cette misère se fait en n*écartant
pas, et on a la liberté* de renoncer jus-
qu'à la dixième carte; -on ne peut plus
renoncer aux trois dernières, et on doit
fournir à la couleur «fu'on jooe* il ne faut
faire aucune levée pour gagner. Cepen-
dant cette misère des quatre as cède à b
demande de dix levées, lorsqu'on ne la
demande pas dans une couleur infé-
rieure. Il faut être bien s&r de son jeu
pour réussir ; car les trois autres joueurs
contre lesquels elle est dirigée exami-
nent bien ces cartes pour s'assurer si le
joueur qui Ta demandée ne s*est pas
trompé, et s'il n*a pas une carte qui
puisse être prise. Cette misère sur table
I cède encore à la demande de onze le-
b/^p c'est-à-dire ils paient la mise qui I vées , pourvu qu'on ne la deoMude pas
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dans une couleur inférieure. La grande
misère sur table enlève onze levées, lors-
qu'elle n'est pas demandée dans une cou*
leur inférieure; elle se joue comme la
petite misère sur table, à l'exception
qu'on n'écarte pas une carte. La grande
misère sur table cède à douze levées,
de même lorsqu'on ne la demande pas
dans une couleur inférieure. Faire bos-
ton ou chlem , à deux ou seul , c'est faire
tontes les levées. Le boston seul an-
noncé enlève la demande de douze le-
vées; et le boston sur table est supérieur
au boston seul. G>mme aux misères sur
table , le joueur qui l'a demandé a seul
son jeu abattu, et est exposé à perdre
si une carte faible a échappé à son at-
tention. Cinq levées faites, par un seul
joueur dont la demande n'a pas été sou-
tenue, équi\alent à huit levées à deux;
six levées font une p«'tite indépendance.
Les levées en sus de la demande se
paient à part, de même que les hon-
neurs, et plus (her selon la couleur. Le
boston seul, le boston sur table, gagnent
plus que les autres coups , et sont
payés plus cher en raison de la couleur.
Au reste, tout ce que nous venons de
dire sur le jeu de boston est soumis à
des régies détaillées, qui éublissent les
cas particuliers de ce jeu, la manière de
payer selon les conventions, les juge-
mens à porter sur certains coups et les
moyens de parer à toutes les difficultés
qui peuvent se présenter. Mais ces règles
cependant difrèrent,enquelquesendroits,
dans plusieurs points qui sont toujours
convenus entre les joueurs avant de com-
mencer le jeu. F. R-n.
BOSWORTH (bataille de), 1458,
voj. Uenei VII et Roses ( les drux).
BOTANIQUE. Pendant long-temps
on avait borné le sens habituel de ce ter-
me à l'art de nommer et de classer les vé-
gétaux ; mais à mesure que l'étude géné-
rale de l'histoire naturelle a fait des pro-
grès, on a senti que toutes les parties de
l'histoire des plantes étaient intimement
liées les unes avec les autres. On a donc
agrandi le sens du mot, et on a, avec
raison, considéré la botanique comme
l'histoire entière du règne végétal. Dans
ce cas, elle se divise en un grand nom-
bre de branches distinctes que nous énu^
Encyclop. d, G. d. M, Tome III.
mérerons d'abord pour faire c<»)preDdrè
l'ensemble de la science, et que nous fe-
prendrons ensuite successivement pour
exposer les bases essentielles de chacune
d'elles.
Les parties dont la botanique générale
se compose sont, les unes fondamentales^
les autres accessoires ou d'application.
A la première série appartieni^nt :
1^ h'orf^anographie ou la description
des organes tant extérieurs qu'intérieurs
des végétaux ; 3^ la phjrsiologieqm cher-
che à déduire de l'étude des organes et
de celle des milieux où les plantes se
trouvent, tout ce qui est relatif à la vie
végétale; S*' la méthodoiogif qui s'oceu-
pe de la comparaison des végétaux , et
par conséquent de l'art de les classer , de
les distinguer, de les nommer et de les
décrire de manière à faire saillir leurs
ressemblances et leurs diflérencet*
On peut rappeler aux parties acces-
soires: 1° La botanique géographique
qui recherche les faits relatifs à la distri-
bution des végétaux sur le globe actuel
et les lois qui peuvent donner une idée
générale de ces faits; S** la botanique
oryctoiogique qui a pour but d'étudier
la structure et Thisloire des végétaux fos-
siles, considérés dans leurs rapports, soit
avec les formes des végétaux actuels, soit
avec les couches du globe; 3* la botani"
que historique qui recherche par quelles
voies la science est arrivée à son terme,
et qui en fait connaître les différentes
époques.
Je considère, en troisième lieu, com-
me simples parties d'application: 1<* la
botanique agricole qui devrait être bor-
née aux choix qui préaident à la culture
des végétaux , mais où l'on mêle quel-
quefois des recherches relatives à l'em-
ploi des plantes; S'' la botanique médi-
cale y où l'on réunit tout ce qui tient à
la connaissance des plantes, considérées
comme médicamcns; 3^ enfin la bota^
nique appliquée qui comprend l'étude
de tous les autres genres d'applications
aux besoins des hommes, et qui se sub-
divise selon qu'il s'agit des plantes em-
ployées comme matières aUtnentaires j
tinctoriales, combustibles ^ etc.
Indépendamment de ces divisions mé-
thodiques, l'usage a établi encore des
47
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(738)
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Cer«et ptopres à désigner i'éUtde spéciale
de cerUins végétaux; ainsi, on appelU
dcRilrologie Tétude de« arbres; niyrolo-
gtectile des charopignoDs; muséologie
celle des mousses, elc. On pourrait ainsi,
si la chose en valait la peine, créer un
nom pour l'étude de chaque grande di-
vision des végétaux ; mais ces divisions
tont peu rationnelles comme sciences dis-
linctes, et chacune pourrait présenter
les neuf divisions méthodiques que nous
Tenons d*indiquer et dont nous allons ra-
pidement passer en revue l'histoire et les
bases fondamentales.
I. L'organographie"^ est la base de la
acieooe tout entière. En effet, sans la con-
tMissance, et mémesans une connaissance
bien raisonnée des organes des plantes ,
il est im|)ossible de se rendre compte des
phénomènes de la vie végétale, ni de
comparer entre elles les divei*ses plantes
de manière à concevoir leurs différences
et leurs ressemblances. Or il est remar-
quable que cette élude, qui aujourd'hui
nous semble la plus élémentaire de toute
la botanique, soit loin d'être celle par la-
quelle on en a commencé Tétude. Théo-
phraste , qui peut être considéré comme
le premier naturaliste qui se soit occupé
des phénomènes de la vie des plantes,
méconnaissait presque entièrement leur
structure. Diosooride, qui a joué un r61e
analogue , ri^lativement aux descriptions
et aux classifications, ne parait avoir eu
que des idées très vagues sur leur orga-
nisation. Celle négligence de Tétude di-
recte des organes s'est prolongée après
la renaissance des études ; et si Ton ex-
cepte Césalpin qui, dans son admirable
ouvrage de Piantis, a le premier donné
l'exemple de lanalyse directe et soignée
de certains organes , on peut dire que ce
n*est que vers la Un du xyii" siècle que
cette branche de la scient e a été étudiée
avec le degré d'impoi lance qu'elle mérite.
A cet te époque, deux observateurs du pre-
mier ordre, C^rew eo Angleterre, et Mal-
pighi en Italie, se servirent avec habileté
du microsi^t>pe qui venait d'être notable-
ment perfectionné, et l'appliquèrent à
l'étude des organes intemesdes végétaux.
(*) ^oje*^ pour lei preuves ri les détails d^ ce
que jt* ne fais iii qu^mJi.jtier en i eu de ino s ,
moaO> jptno^nÊphi^ v^«l«fc«3>r.tn4(*; P»it, f 8J7.
Us le firent tVM une telle aMpénorité que
pendant plus d'un siècle on n'^'outarien
à leurs travaux. Si même dès lors des
hommes habiles, tels que Hedwig, et, de
nos jours, MM. I^eser, Tréviranus, Mir-
bel , etc., ont porté de nouveau leurs re-
cherches sur ce sujet, on peut dire, sans
être taxé de méconnaître des services très
réels, qu'ils ont moins découvert des faits
complètement inconnus à Grew et à Mal-
pighi qu'ils n'ont donné les moyens de
les coordonner de manière à en compren-
dre toute la signification Uéfude de l'a-
natomie ou de U structure interne des
végétaux reconnaît aujourd'hui la sin-
gulière similitude de tous leurs organes
élémentaires; elle prouve que le tissu
interne de toutes les plantes se compose
d*un nombre immense de petites vésicu-
les (qu'on nomme cellules, eu égard à ce
qu'elles composent le tissu cellulaire), et
que ces vésicules, plus ou moins a^^
mérées et de forme ou arrondie ou di-
versement allongée, donnent naissance
à toutes les principales différences des
organes ; elle montre que,dans une partie
seulement du règne végétal, on trouve,
en outre, des vaisseau r remplis d'air, di-
versement coniormés, et des orifices ap-
pelés stomate ff auxqueb ces vaisseaux
paraissent aboutir, et que tout cet appa-
reil est enveloppé, au moins dans sa jeu-
nesse, dans une pellicule ou cuticule qui
lui sert de tégument commun. Ainsi la
structure interne des végétaux étonne
autant par son homogénéité que leiu> as-
pect extérieur surprend par sa variété.
L'étude des organes externes, ou, com-
me on dit, l'autopsie, n'a été que plus tard
réduite à des lois simples et géiMÔrales.
Pendant long-temps on a dû sa contenICT
de donner successivement des «oms k
tous les organes qui semblaient difTéreiis,
sans trop chercher leurs rapports eoire
eux. Mais, dans cca derniers temps, on a
vu que des organes en appareoee très
disparates se liaient entre eux par de
nombreux intermédiaires, et se transfor-
maient souvent les uns dans les antres.
On a été ainsi coadait à reconnaître q«e
tous ces oi^anes se réduisaient intrinsè-
quement à trois principaax: U rmcime,
qui tend à descendre vers le centra de k
terre; la êige, qoi s'élève avec plaa «a
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moins d'énei^e; et les feuilles , qui nais-
sent autour de la tige, disposées en spires
ou ep anneaux. Les deux premiers for-
ment Taxe des végétaux, et les feuilles
sont comme des sortes d*appendices laté-
raux. 4-U6si M. Turpin a-t-il désigné les
premiers sous le nom d'ajciles^ et les
ïeui^lles sous celui d*organes appendicu-
laites, Ces feuilles revêt ent des formes très
diverses et servent à des usages très va-
riés, selon la place qu'elles occupent et le
mode de leur développement; tantôt elles
sont de simples organes nourriciers, et
tantôt, graduellement mais prodigieuse-
ment modifiées , elles forment les diver-
ses rangées d'organes qui compoi^ent la
fleur et le fruit des végétaux. Cette grande
simplification dans l'essence des organes
ne dispense pas sans doute d'étudier les
formes détaillées de chacun d'eux, mais
•lie donne une marche régulière à tous
les travaux et en a beaucoup étendu et
développé l'ensemble. Elle domine au-
jourd'hui toute l'étude des plantes les
plus parfaites par leur organisation. C'est
encore de nos jours seulementque la struc-
ture interne de la tige dans les deux plus
grandes classes des végétaux a été dé-
brouillée avec quelque précision par M.
Desfontaines : ce savant a montré que les
uns (dicotylédones ou exogènes) crois*
sent par l'addition de couches nouvelles
situées sous l'écorce et en dehors du
corps ligneux, tandis que les autres (mo-
Qocotylédones ou endogènes) paraissent
dépourvus d'une vraie écorce et grossis-
sent par l'addition de fibres nouvelles au
centre du corps ligneui^. Ainsi presque
toutes les bases et surtout toutes les loia
générales de l'organographie sont des con-
naissances modernes, et l'on comprend
aans peine combien toutes les autres bran-
ches de la science ont dû se former avec
dilQculté et hésitation , tant que les élé^
mens eux mêmes n'étaient guère connua
que d'une manière empirique et irra-
tionnelle.
II. La physiologie'^ es( U acieoce qui
dans les deux règnes organiques ^shtrcbe
à démêler les lois et les phénomènes de la
vie. Ceux-ci sont, dans le règne végétal,
à quelques égards moins frappans que
(*) Vo]re« Pfytiohfiê véfMê, 3 vol ia-S^i
dans les animaux, principalement en ce
que le mouvement locomotif n'y existe
pas; mais ils sont cependant dignes de
toute l'attention des amis de la nature et
ont 6xé les regards de Théophraste dès
les premières époques de la scien^^e. Ce
n'a nu être cependant que bien des siècles
après lui qu'on a pu mettre quelque pré-
cision dans cette étude. Elle se compose
de deux branches principales, savoir : la
nutrition et la reproduction des végé-
taux, ou, si l'on veut, la vie de l'individu
et la vie de l'espèce. Il semble que ces
deux classes d'idées se suivent si natu-
rellement dans l'ordre que je viens d'in-
diquer que c'est aussi dans cet ordre
qu'on a dû les étudier; mais la marche
historique des sciences ne suit j>as tou-
jours une logique rigoureuse, et ici en-
core les premiers efforts dignes de louan-
ges ont été dirigés vers les moyens de la
reproduction des végétaux et la décou-
verte de leurs sexes. Ceux-ci , entrevus
par les anciens dans les plantes où ils
sont séparés sur deux individus, comme
dans les animaux, n'ont été reconnus
dans presque tous les végétaux que dans le
commencement du siècle dernier, par les
observations successives de Zaiuzianski,
de Camerarius, de Burckhart, de Vaillant,
et plus tard de Linné. La singularité de
ce rapprochement entre les deux règnes a
vivement piqué la curiosité des savans e(
du public, et parait avoir beaucoup con-
tribué à porter les recliercheii des pre-^
miers sur la manière dont les végétaux
pourvoient à leur nourriture. Ici encore,
bien loin d'étudier d*abord les phénomè-
nes élémentaires , on a commencé par lea
plus compliqué^. Im Statique des végétauE
de Haies {f^egftai?!e statiÀ.f, Londres,
1727)» ouvrage qui montre au plus
haut degré le génie des expériences phy^
siologiquea, est cependant aussi un
exemple remarquable de cette marche
bizarre de la sciçpce. Haies élui'kç Aveu
sagacité des faits extraordinaires et pa^
ralt peu s'inquiéter de la marche haU**
tuelie des suça nourruiçrs. Ce n'est en-
core que presque de nos jours qu'on s'est
assuré que l'eau du sol pénètre dans les
plantes par l'extrémité des racines, s'élè-
ve, dans le corps ligneux seulement, pro-
bablement par les petits interstices situéa
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entre le« cdloles et par l'eflet des con-
tractionf viules de cellcs-eî; qu'arr.vée
dans les parties foliacées, elle est exha-
lée en grande quantité» et que de plus,
par Tef fet des rayons directs du soleil ,
l'acide carbonique qu'elle renferme ou
qu'elle tire de l'air se décompose et pro-
duit le dégagement du gaz oxigène qui pu-
rifie sans cesse l'atmosphère, et le carbone
dont la fixation accroît le poids solide des
végétaux. Ce poids est encore accru par le
dépùt dei molécules terreuses qui étaient
contenues dans l'eau pompée du sol^et par-
ce qu'une partie de cette eau elle-même
se fixe dans le végétal. Le suc formé dans
les feuilles par ces diverses modifications
redescend surtout dans les parties corti-
cales; il est pompé çà et Ik par les vési-
cules qui s'en nourrissent ou le réser-
vent en dé|)ôt pour le développement des
organes futurs, ou en fabriquent des sucs
spéciaux analogues aux sécrétions anima-
les. On voit que cette coordination si sim-
li\e repose tout entière sur l'action indivi-
duelle des cellules et qu'elle ne pouvait par
conséquent être conçue que depuis que
leur structure est connuc.Les progrès de
la chimie ont aussi beaucoup et heureu-
sement influé sur la physiologie : c'est à
eux qu'elle doit tout ce qui tient aux
combinaisons des matières d'où résultent
la nutrition, la coloration et la compo-
sition des végétaux ; mais la physiologie
seule s'est chargée d'examiner par quelles
forces, par quelles routes et par quels
moyens ces combinaisons s'exécutent.
Indépendamment de ces phénomènes
d'un ordre très général, la physiologie
végétale s'est occupée avec succès d'une
foule de phénomènes d'un ordre un peu
secondaire, mais qui n'en forment pas
moins l'une des parties les plus piquan-
tes de la science, savoir : des mouvemens
variés que les feuilles et les fleurs exé-
cutent dans des circonstances détermi-
nées; des précautions vraiment merveil-
leuses dans lesquelles la nature semble
s'être complue pour assurer la féconda-
tion , la dissémination et la germination
des graines; des principes et des procé-
dés divers par leH(|nels s'exécute la greffe
naturelle ou artificielle des végétaux; la
direction, si variée dans le règne et si ûxe
les divers organes des plantes ; des phé-
nomènes curieux de b température %é-
gétale, et surtout de ceux qui se ratta-
chent à la durée des végétaux qui nous la
montrent comme indéfinie dans un grand
nombre de cas, et nous autorisent à
croire qu*il existe anjonrd*hui des arbres
peut-être contemporains des dernières
révolutions du globe.
Mais la physiologie ne se borne pas à
ces questions théoriques : elle éclaired*na
jour très nouveau toute Tétude de la vé-
gétation et de la culture. L'appréciatîoo
de l'influence que les élémens extérieurs
ou les milieux ambians exercent sur les
êtres organisés est une branche de cette
science qui a reçu le nom ^èpirréolo-
gie. Considérée dans ce qui est relatif
au règne véi;étal, elle trouve dans l'ap-
préciation de l'action de la lumière, de
la chaleur, de l'air, de l'eau et du sol,
toutes les bases théoriques de la bonne
agriculture, tous les principes qui peo-
vent servir à juger le mérite réel des di-
verses méthodes de culture , rej^plicaiioa
et l'histoire de la plupart des maladies
des plantes et de l'action réciproque que
les végétaux exercent les uns sur les an-
tres. C'est en particulier ce genre d'exa-
men qui a révélé depuis peu la théorie
des assolemens, et qui a conduit à penser
que si des plantes de la même espèce ne
peuvent pas se succéder dans le mêo>e
sol , cela tient à ce que ce sol est vicié
pour elle par les excrétions d'individus
semblables à ces plantes, et qu'aucune
espèce vivante ne peut se nourrir des ma-
tières excrémentielles rejelées par des in-
diviilus de la même espèce qu'elle.
m. Ces considérations, quelque nom-
breuses et variées qu'elles puissent être
sont loin d'épuiser celles qu'on peut dé-
duire de l'étude des organei des végétaux.
Jusqu'ici on aurait pu , pour ainsi dire,
déduire tout ce dont nous avons narlé
de Tétnde d'une seule plante; mais il s'a-
git maintenant de com|Mirer entre ePes ,
pour les classer et pour les distinguer ,
les 70,000 espèces de végétaux qui ont
déjà été observés sur la surface du
globe et qui probablement forment une
portion de la végétation réelle qui n*eo
dépasse pas beaucoup la moitié. La bran-
dans chaque cas particulier, qu'affectent | che de la botanique qui s'occupe de cett^
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comparaison est celle s\u\ prend le nom
de inëlhodoLogie végétale *.
La nécessité de savoir les noms des
plantes, pour être en rapport avec les au-
tres hommes,a fait croire long-lcmps que
le but essentiel et direct de la itcience
était de faire connaître ces noms,et cette
opinion peut avoir encore quelque vérité
quand on considère la science sous des
rapports purement pratiques. C'est ce dé-
sir de trouver les noms qui a donné nais-
sance aux mél hodes dites rrtificiellesy les*
quelles conduisent à la nomencla tu re com-
me des sort esde dictionnaires. I>a méthode
de Tournetort, le système de Linné et la
métbodeanalytiquedeLamarck(vo/.tous
ces noms) ont joui sous ce rapport d'une
juste réputation. Mais à mesure que la
science s'est étendue, que les organes des
plantes ont été connus d'une manière
plus intime et plus comparative, on a as-
piré à un ordre plus logique et on s'est
voué aux méthodes dites naturelles. Dans
ces méthodes les êtres sont rangés d'après
la masse de leurs rapports les plus inti-
mes , de telle sorte que la place attribuée
à chacun d*eux est le résultat , et par con-
séquent rindice,de Uiute son organisation,
et que la nomenclature, au lieu d'être le
but direct, estU conséquence de la métho-
de. C'est à Bernard de Jussieu {voy.) que
toutes les sciences naturelles ont dà cette
importante révolution qui a été la cause
essentielle des immenses développemens
qu'elles ont acquis de nos jours.
Les méthodes naturelles reposent tou-
tes sur ce principe que les caractères qui
distinguent les êtres entre eux ne sont
pas d^égale valeur et qu'il faut toujours
subordonner les plus légers aux plus im-
portans. Or, l'importance d'un caractère
se^ compose de l'importance de l'organe
pour la vie de l'être et d^ celle du point
de vue sous lequel on le conaidère. Plus
ce point de vue sera intimement lié avec
la symétrie générale des êtres et de cha*
cune de leurs classes, plus il aura d'im-
portance réelle. Pour éviter les erreurs
faciles en ce genre de recherches, on
part de Tidée que dans chaqne classe il
y a une symétrie normAle, mi^is q^Cj^ette
(•) Voy» un «iprrcu siifcini't - des \ri{s théo-
riqut;* de cette étude uaoâ UTAcoriV éltmMn'mirm
de la Botami^uê^ l vol. îihS*; Parit, 1819.
symétrie peut être dérangée ou manquéa
par trois causes, savoir: les avorlemens
ou non développemens de certains or*
ganes, les adhérences ou soudures qu'ils
peuvent contracter entre eux, et les dégé-
nérescences ou changemens d'aspect que
des causes spéciales peuvent leur faire
subir. Ce triple genre d'aberrations se lie
soit à l'organographie, soit à la physio-
logie, et offre, outre son utilité dans les
méthodes,' cet immense intérêt qu'on y
trouve la solution d'un grand nombre de
faits qui, flétris sous le nom commun de
monstruosité, semblaient échapper à tou-
tes les lois de la nature et y rentrent au-
jourd'hui avec une merveilleuse clarté.
Lorsqu'une fois on est arrivé à recon-
naître les lois de la symétrie et par con-
séquent de la classification dans un sys-
tème général d'organes, celui de la re-
production, par exemple, on en conclut
un certain ordre dans les plantes ; puis
on répète le même travail sur un autre
système, celui de la nutrition. Si par ces
deux routes on arHve à un ordre iden-
tique, on en conclut que cet ordre est
celui que nous pouvons considérer com-
me avoué par la nature , et c'est ce que
nous nommons l'ordre naturel. Il y a des
parties de la science sur lesquelles nous
l'avons atteint et d'autres où nous le cher-
chons encore. Dans les deux règnes 00
donne le nom de grandes classes ou d'em-
brancbemens aux divisions primaires qui
sont au nombre de quatre dans chacun
d'eux; pour le règne végétal on peut
les indiquer comme suit :
jt. D*»prèt len organes
de )a reproduction :
1. Phanérogames.
r. DîfX>tyIédones. ou
II. Mooocotjledones. 'ou
2. Cryptogames.
ITf. jEthéogames. on
IV. Amphigamet. 0»
B, 0*après ceux de la
nutrition :
f . Vascnlalres.
Exogènes.
Endogènes.
2. Cenulenz.
Semi-rasculairot.
Cellulaires.
Chacun de ces embranchemens peut
se sous-diviser en classes secondaires , et
celles-ci en familles. Les classes secon-
daires sont encolle mal connues dans le
règne végétal , malgré des efforta récens
et heureux dus à M. Barlling. Les fa-
milles au contraire y sont en général éta-
blies avec une grande régularité. L«8 f«-
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{ni)
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nttles sé fl6(B-diTTsetit elles-^ttdtties tu
genres, et les genres contiennent txn nom-
bre variable d'espèces. Ah moyen de cet
écbafaadàge de divisions, Tarraée végétale
se trouve rangée, malgré son nombre,
dans un ordre essentiellement toglque.
Tons les botanistes s'occupent à le per-
fectionner, et la réunion de leurs travaux
se ti*ouve de temps en temps fixée mo-
mentanément par des ouvrages généra«x
6Ù Ton enregistre toutes les t>lantes con-
nne,<. Gaspard Bauhin (voj.). Tourne-
fort, Linné ont, chacun dans son temps,
présenté le tableau général des végétaux
connus. Tal tenlé pour notre époque de
faire celte énùmération, d*après lés prtn*
cîpes généraux que je viens d'exposer,
dans louvrage intitulé : Prodromus sys-
tematis regni ve^etabills*
La nomenclature est, âvons-nous dit,
une conséquence de cet ordre général.
Cest à Linné qu'on doit la simplicité
qu*etle a atteiht II à appliqué à fhistolre
naturelle le principe de la nomenclature
civile des hommes. De même que chacun
de bons porte un nom de famille et un
prénom, de même chaque plante porte
un nom de genre substantif (rosier, trè-
fle, chérte , etc.), et un nditt (Pespftcé qui
est ordinairement une épithèté adjectîve
(blanc, sauvage, vert). A la suite du norti
on ajoute une phrase qu*on nomme spé-
cifique et qui contient, en aussi peu de
mots qu*il e^ possible, les caractères qui
distinguent chaque espèce de toutes celles
du même genre et forment, peur ain!ti
dire,son signalement, de manîèreà n*avoir
recours à sa description complète que
dans certains cas de recherches plu» ap-
profofidies. Au moyen du mécanisme d'or-
dre dont je vient de (racer les traits prin*
cipaux , l'ensemble, du règne vég^al se
présente nux yeux des botanisjL^ afec
uno netteté remarqi^able, et ils sont par^
venus à créer, sur tous les points du moo^
de à la fois, une langue commune à toui
hes peti])les. Pour atteindre i ce réèultat
ils ont conservé l'usage du latin, trop aban-
donné peut-être dans d*autres sciences.
IV. I! ne suffit pas d'éttidier les plan-
tes en elles-mêmes , il faut encore exa-
n a es « parQ 4 Tolomes î»^«; Paris, f Sa4
à x83o, chesTreattel et Wâits. Le 5« parmttra
•dtopea.
miner leurs tapports avec les eorpt qui
les entourent et desquels elles tirent leur
nonrirîture.La branche de la science qu'on
Tiomm^géosfaphœ botanique**^ ou phts
exactement peut-être botanique géof^ra^
phique, a pour but spécial d'étudier les
lois de la distriboiion naturelle des plan-
tes sur la surface du globe. La base de
cette étude, bien entrevue par Linné, tc^
pose entièrement sur la distinction des
stations et des habitations des plantes.
Par le premier de ces termes on désigne
la nature particulière des localités où If-s
végétaux ont coutume de croître : c'est
ainsi qu'on dit que les ans se plaisent
dans les marais, d'autres dans les lient
sablonneux , »ur les rochers , dans tes Ib*
rets , etc. Par la seconde dénomination
on indique le pays où la plante croit,
considéré sous le rapport géographique.
Ainsi lorsqu'on dit du tulipier qu'il croH
dr.ns les marais de la Virginie, on indi^
que sa station et son habitation.
Les stations tieunent évidemment à la
combinaison des besohis des végétaux dé-
terminés par leur organisation et de Ho-
fluence actuelle des élémens qui les en-
tourent Toutes les plantes produisent un
grand nombre de graines : cetles-ci sont
disséminées tut le sol de manière à ce
qu'elles tombent dans des localités ou fa-
vorables ou contraires an dévHoppemeiit
de l'espèce. Celles qui tombent dans des
lîeux favorables poussent avec facilhé et
s'emparent da terrain ; celles qni tombent
dans des fieut délkvorables , soit par la
natore du sol , Solt partie que le tefrain
èsi déjà occupé par d*autr«s planter n>-
imstes, celles-là, dis -je, se développent
mal ou mêhie point do tom , et ne s'éta*
blissent point dans celte bcallié. Il y a
ainsi lutte continttelle entre les plantes
pmit s'enrparer di» terrains vacms, et
c'est Cette hirte, favorisée par le nombre
immense dés graines,qtt1 détermine la va^
riété de la station des végétaux. Qnand le
terrain est trop manvais ponrqne la plu-
part d'entre eux puissent y vivre, alors la
petii nombre de cent qui peuvent le
supporter s'y étabKssenr sans rivaux ; c^est
ce qni explique Ces grands espaces con^
(**) IV/pi VarticU GUgrmpkië ieteiff m eu
BieHamiûirê dét Scmii9ês nstiû^fftt, t. tS, pa^.
359 et Mdt.
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verts oti de brayère, on «le rmeaax, qu'on
observe dans certaines localités. On don-
ne le nom de plahtes sociales aux plan-
tes qui vivent ainsi réunies , et on nom-
me sporadiques celles qui ont Thabi-
tude de vivre isolées. Les stations for-
ment donc un phénomène doutiez détails
sodt compliqués, mats qui se réduisent à
des conséquences des faits d'organogra-
phle ou de physiologie appréciables di-
rectement et soumis aux lois de la nature
actuelle. Il n'en est pas de même des ha-
bitations ; il sei*ait sans doute facile de
trouver aux États-Unis et en Europe,
dans llnde et dans l'Amérique équi-
noxiale^ des points semblablemeht dotés
relativement à toutes lei circonstances qui
influent suf là vie végétale, c'est-à-dire
situés i la même hauteur, à la même tem-
pérature, à la même humidité, etc.; or,
il est de fait que ces deux localités pour-
ront bien produire spontanément des
plantes un peu analogues, mais non des
espèces identi |ues. Ainsi nos marais d'Eu-
rope ont beau ressembler par la nature
physique à ceux de hi Virginie, ils ne
produisent point de tulipier; ce n'est
pas qu'il y ait datis leni^ nature rien qui
soit contraire à cfet otttre, car si on l'y
plante, il y viebt comme dans son pays
natal. La cause qui l'en exclut lient donc
à des drconstances indépendantes dé lît
fiature actuelle du globe; c'est là ce qui
v'aractérise les habitations. La surface de
la terre peut se diviser en une trentaine
de réglons botaniques. Séparées par des
espaces plus ou Utoins rebelles à la végé-
tation, fds que des mers, des marais sa-
hins, des déserts de sable, des montagnes
très élevées, etc. Chaque région a une vé-
gétation qui lui est propre; si elle est
séparée de sa voisine par un obstacle très
continu, comme une vaste mer, alors il
n'y a presque jamais de végétaux com-
muas aiix deux régions; si l'obstacle qui
îessépju'e est peu dirimant, alors on trouve
de» espèces qui passent graduellement de
l'Une à l'autre région. Ces passages ou
transports des graines s'opèrent o« par les
mhx courantes , ou par lies vents , on par
lesàitimaux, Ou surtout par l'action cos-
mopolite de l'homme* On ne connaît qu^un
très p«tit nombre de pl«otes qui babi^
teAtdaHs des régitms %fH diverses sans y
avoir ainsi été transportées : telles sont Xû,
primuln farinosa des Alpes qu'on trouve
aux iles Malouines, ou le samoluê d'Eu-
rope qui croit a la Nouvelle-Hollande;
mais ces exceptions sont si rares et quel-
ques-unes si incomplètement avérées
qu'elles atteignent peu la loi générble.
On peut ainsi comparer la végétation des
différentes régions, reconnaître la distri-
bution générale des classes et des familles
sur le globe entier, la comparer avee les
latitudes, avec les hauteurs au-dessus de
la mer, avec l'isolement ou la continuité
des pays, etc. Celte élude est encore
récente et ne pouvait en effet se déve-
lopper que lorsque les trois parties pié-
cédenles auraient acquis un certain de-
gré de perfection ; elle pique vivement
la curiosité, se lie de près avec la géo-
graphie physique et la statistique, et four-
nit des documens d'une haute imiiortance
à l'art des naturalisations des végétaux
d'un pays daUs l'autre.
On a coutume, depuis Linné, de citer
la station et l'habitation de chaque plante,
à la suite de la phrase spécifique, dans les
ouvrages généraux ou particuliers qui
contiennent les descriptions des espèces.
C'est un lien précreux qu'on établit ainsi
en peu de mots entre la méthodologie et
la botanique géographique.
V. Ia Botanique oryctofôgique est,
ainsi qne la précédente, ud lien entre l'é-
tude des plantes et celle du globe ter-
restre; mais tandis qne la botanique géo-
graphique fait connaître la distribution
des plantes vivantes sur la surface actuelle
de la terre , la botanique oryctologique
recherche les débris plus ou moins bien
conservés des plantes qui ont vécu sur le
sol avant les cataclysmes qui en ont bou-
leversé la siirface. Cette étude n'a pu
commencer à se développer que lorsque
les progrès de la botanique Ont fourni des
moyens exacts de comparaison et que
ceuîi de la géognosle ont fkit sentir le be-
soin de èompftrer entre eUX les restes de
tous les êtres vivarts qu'on trouve dans
dîveHes cotiches dfe Fa terre. Les brillans
succès obtenus de nos jourS dans l'élude
des animaux fossiles ont aussi encouragé
l'examen des végétaux anté- diluviens.
MM. le comte de Stèrriberg el Adolphe
Brongnîart se sotit adonfiéiavetf ttn succès
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particulier à ce genre de recherches ; mal-
gré leur sagacité on n'a pas obtenu et on
ne peut espérer de cette étude autant
qu'on a obtenu de ceile des animaux fos-
siles , soit parce que les débris végétaux
sont bien moins nombreux à cet état que
ceux des animaux, soit parce que , dans
le plus grand nombre des cas, au lieu
de trouver les restes entiers de leurs par-
ties solides , on ne trouve que des em-
preintes de leurs feuilles, ce qui rend la
connaissance précise des espèces très
équivoque et souvent impossible. Mal-
gré ces difficultés inhérentes au sujet, et
quoique cette élude soit très récente, elle
adéjàprésentéquelquesrésultalscurieux.
£lle donne une grande probabilité que
les plantes de l'ancien monde étaient des
espèces différentes de celles du monde
actuel; elle prouve que les monocoly-
lédunes et les sethéogames devaient être,
à proportion, plus nombreuses que dans
le monde actuel. Elle fait connaître des
exemples de genres, tels que les Équise-
tum , qui étaient alors arborescens et
dont les espèces actuellement vivantes
sont réduites à l'état d'herbes ; elle con-
court surtout à faire connaître aux miné-
ralogistes l'identité ou la différence de
couches situées dans des régions diffé>
rentes. Mais cette étude rend plus de ser-
vices à la géognosie qu'elle n'en rend à la
botanique proprement dite.
VI. La Botanique hittorique a pour
but, comme son nom même l'indique, de
rechercher toutes 1rs diverses phases par
lesquelles on a passé pour atteindre à la
connaissance des plantes telle que nous
l'avons aujourd'hui. Trois classes d'ou-
vrages rentrent dans cette catégorie.
Dans les premiers, qui composent l'his-
toire de la science, on trace la marche
générale des travaux botaniques et l'on
montre comment chaque découverte dans
l'une de ses branches a réagi sur les au-
tres parties*. Nous possédons un ouvrage
de ce genre qui, sans être aussi philoso-
phique qu'il pouiTait l'être , fournit ce-
pendant un canevas assez exact de la
marche de la botanique depuis les temps
les plus anciens jusques à l'époque de
(*)Oo peol voir un »p«rçu de IMiistoire H^ \a
boUaique «q tun. Xlll da Diciiomnaire d'Eu"
tpirê matm^é, pag. 478, art. Phfiogrmpkiê.
Linné ; je ireux parler de Vffisiona tri
herbafiœ de M. Sprengel (2 vol. in-8« ,
Amstel., 1807); mais il aurait besoin d'ê-
tre continué pour les teiups nuMiernes
qui ont bien plus que les précédens con-
tribué à l'avancement de la science**.
Une seconde classe d'ouvrages analo-
gues aux précédens, et qui se confondent
même à quelques égards avec eux , est
celle àe^ bibliographies botani()ues. llal-
ler a publié un ouvrage [Bibtiothrca
hotanica^ 2 vol. in- 4* , Tigur., 1771 cl
1772), qui, par sa forme, remplit le dou-
ble but de présenter l'histoire de la science
et de faire connaître, sous le rapport bi-
bliographique, les divers ouvrages qui
ont été publiés jusqu'à cette époque. Il
n'a pas été surpassé dans le cadre qu'il
s'était tracé; mais,depu is,Dr y ander pu blia
un autre genre d'ouvrage, moins botani-
que peut-être, mais d'une utilité plus
pratique. 11 a rangé dans sa Bibliotheca
ùunk'siana (5 vol. iu-8% Londini, 1798-
1 800 ) tous les ouvrages et toutes les
dissertations, dans un ordre méthodique
tel que, étant donné un sujet quelconque,
on peut savoir assez facilement tout ce
qui a été imprimé sur ce sujet jusqu'à l'é-
poque de la publication de son livre. Go
conçoit combien un pareil répertoire est
précieux pour faciliter les recherches :
aussi a-t-il été dès lors souyent imité.
Enfin une dernière classe de travaux
qui doivent figurer ici, quoiqu'on ait
l'habitude de les voir réunb dans les ou-
vrages généraux au diagnostic des végé-
taux, est la synonymie. On désigne sous
ce nom la réunion de tous les noms di-
versque chaque plante a reçusaux diverses
époques de la science. On place celte sé-
rie (avec l'indication exacte des ouvrages
où chaque nom est établi) à la suite des
phrases spécifiques. Cette énumératioQ
contient réellement l'historique détaillé
des travaux faits sur chaque plante et
donne le moyen de retrouver à volonté
tout ce qui en a été diu Les botanistes
superficiels font souvent peu de cas de
(**) Celte cofitinnarion existe en langne alle^
mande, m«i« ellr s'arrête à l'année 1H16 : G*^
tch ch'p 'i§- B^ianik. neue fêarbé tumg bis mm fd*e
heuti^e Znt/orlfr'/ùhrt, Alteiib et L^ipz., 18 17-
18,9 vol auxquels il faat ji»indre : Ntu0 Emi~
dmekmmgm im gmmm^n Cn/mn^t^rPJUmMmkmndm,
Leips., iSi^a, 3 voL i»-8<>. J. H. S.
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ce fleure d'éniditioD; maU les véritables
amis de U science en apprécient loule
Futilité. Cest par la synonymie qu*on
évite de laisser perdre une foule de con-
naissances de détails consignés dans les
anciens ; c'est par elle qu'on évite de ré-
péter plusieurs fois la même espèce sous
des noms divers dans les tableaux {géné-
raux ou particuliers du règne végétal;
c'est par elle qu'on reconnaît quel est Tau-
teurqui a le premier décrit chaque plante,
et par conséquent quel est,enlre plusieurs
noms conformes aux règles, celui qui
doit mériter la préférence. £n effet, la
garantie de la subitité de la nomencla->
ture consiste dans ce principe aujour-
d'hui sanctionné par le concours de tous
les botanistes, savoir: que le nom le plus
ancien doit être «onservé, à moins qu'il
ne pècbe évidemment contre les lois de
la nomenclature, ou qu'il n'exprime
une idée contradictoire avec la nature de
l'objet, ou qu'il n'ait déjà été donné à un
autre végétal. Ainsi l'étude de b syno-
nymie est à la fois une source de connais-
sances utiles et la sanction de la nomen-
clatute.
Les six branches de la science que nous
venons de passer en revue composent vé-
riubleroent l'ensenible de toutes les con-
naissances botaniques considérées dans
la théorie générale de la science; mais il
nous reste à paroouiir encore, sous un
point de vue analogue, les principales ap-
plications de la botanique aux besoius
des hommes.
Vil. La Botanique agricoie comprend
toutes les connaissances de la science bo-
tanique qui sont applicables à la ctilture
des végétaux. Elle se compose de deux
catégories dont Tune est la conséquence
de la physiologie et dont la seconde se lie,
toit à l'ensemble, soit aux détails de la
méthodologie.
La première , dont j'ai déjà dit quel-
ques mou dans le § II, a pour objet spé-
cial d'étudier les méthodes de culture qui
sont toutes fondées ou théoriquement ou
pratiquement sur la connaissance de la
manière dont les plantes se nourrissent
et se reproduisent. La pratique a sans
doute, ici comme ailleurs, précédé la
théorie ; mais lorsque celle-ci commence
à se perfectiopuer, elle réagit utilement
sur les procédés empiriques en doonani
le moyen de les apprécier, de les varier
el de les généraliser. Tout l'art de la cul-
ture détaillée des jardins, et, à un moindre
degré, celui de la grande agricuhure,
fournissent à chaque instant des preuves
de l'utilité de cette liaison des connais-
sances théoriques et pratiques. Les
écueils qu'on doit signaler ici aux prati-
ciens sont : 1<> de se garder d'une diouble
exagération qui atteint facilement les uns
ou les autres, savoir : de croire tantôt que
la théorie n'est bonne à rien , tantôt
qu'elle est bonne à tout. C'est un instru-
ment logique qui a ses bornes et qu'il ne
faut ni mépriser parce qu'il est des cas
où on ne sait pas encore l'appliquer, ni
vanter au-delà des t>ames réelles de la
science; 2* pour éviter ce double geure
d'exagération il faut se défier de la ma-
nie de plusieurs praticiens qui ne veu-
lent apprendre de chaque science que ce
qui leur semble immédiatement applica-
ble, et qui négligent ainsi les bases réelles
des connaissances et des raison neinens.
C'est le moyen le plus certain de n'ob-
tenir que des <ilocumens superficiels, em-
piriques et incertains. Cette tendance
des praticiens amateurs est journellement
accrue par la publication d'une foule de
livres el de journaux faits sur ce principe,
et qui, je le crains, finiront par discré-
diter la science aux yeux de ceux qui
pourraient en tirer un parti utile s'ils
1 avaient étudiée d'uce manière phis ra-
tionnelle.
La seconde branche de la botanique
agricole est la connaissance régulière
des végétaux cultivés. Ici, il ne suffit pas
de connaître les espèces de plantes qui
font l'objet des soins des culuvateni*s ,
de savoir leurs noms botaniques pour
être en rapport avec les écri!s publiés et
les cultivateurs de divers pays, de con-
naître leur place dans l'ordre naturel qui
indique le plus souvent une partie no-*
table de leur histoire : quelque variée que
soit "cette connaissance des espèces, elltt
ne suffit pas encore, carie cultivateur a
presque au même degré besoin de con-
naître les variclés que ces plantes ont re-
çues ou peuvent recevoir par l'action coin-
binéederhybridité(i;07'.)et de ta culture,
Cest là une étud# immense qui n*a corn-
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ibeticé ((Qé de notf joHH à être etâini-
née avec quelque attention et qui pour-
rait utilement occuper la vie de plusieurs
observateurs. MM. Duchesne pour les
oourges, Oallasio pour les arbres du
genre des citronniers, ont donné des mo-
dèles de la méthode à suivre dans ces
recherches. J*ai tenté, dans mon mémoire
sur les choux*, de montrer par quelle voie
on peut mettre de Tordre dans la classi-
fication et la nomenclature des variétés ;
mais il resterait à appliquer ces principes
à cette foule sans cesse renaissante de ra-
ces etde variétés cultivées dans les champs
et dans les jardins. Ce travail est d'autant
plus nécessaire que la plupart des culti-
vateurs qui font un commerce de leurs
produits tendent sans cesse à accroître
rembarras de celte étude en créant de
nouveaux noms pour des objets déjà fort
connus, en distinguant une foule de
l^uances qui ne le méritent guère, et en
cachant trop souvent Torigine réelle de
celles qui ont quelque valeur. Le public
ne saurait donc trop encourager les ou-
vrages oh , au moyen de planches et de
descriptions soignées, on cherche à
mettre quelque clarté dans ce chaos.
Une autre partie de la botanique, qui
pourrait éclairer l'agriculture, mais qui
est aussi dans une grande confusion^ c'est
la concordance des noms populaires des
plantes avec les noms botaniques. Loi*s-
qu'on sait le nom local d'une plante, il im-
porte de connaître le nom botanique, pour
pouvoir se faire comprendre hors de son
canton; et lorsqu'on sait le nom botani-
que, il importe souvent dans la pnitique
de satdir le nom populaire pour pouvoir
demander la plante aux paysans. Cette
double connaissance a été fort négligée
et réclamerait des dictionnaires plus sol-
dés qu€ ceux qui existent. Nemnich
(Poff'^lotten -^ LexUon der ffaturge-
èchichte, Hairibourg, 1793-95, 4 vol.) a
wnfé de rendre ce service, pour l'univer-
salité des êtres, dans son dictionnaire i>o-
Fj'gîoite; Targîoni l*a exécuté avec plus
de précision pour Fes plantes et les noms
populaires de l'Italie; mais on est loin
encore d'avoir exécuté ce genre d'ouvra-
(") Transmctkms de la Société d' Hortfcufturt de
tondret , vul. V , pag. i. Anna/es de V Agriculture
ffàn^Ue , a« éérfe , vol. XlX.
ges de matiière à les rendre térittUe-
ment utiles. Remarquons qd'il y a Ici deux
écueils à éviter: l'un d'employer les noms
lo^jaux lorsqu'on est sûr du nom boia-»
nique , comme par exemple lorsqu'on a
voulu récemment introduire dans les pé-
pinières le nom local de télkoua pour un
arbre parfaitement cofinu sons celui de
planera ; rauti*e c'est d'employer des
mots botaniques douteux è la place de
mots populaires certains : ainsi il vaut
mieux , au point oà est la seienre, dési-
gner les variétés àes fruits et des légtMies
par les noms populaires que par les noms
scientifiques qui sont encore tl^p incer-
tains.
Vin. Sous le nom de Botanique m^
dicale ou phnrtnaceutifjue on réunit
tontes les parties de l'étude des plntHes
qui traitent de leur emploi comme médi-
camens. Celte branche de la science est
celle peut-être qui présente le plus grand
nombre d'ouvrages. Dans Porigitie ck l'é-
tude des végétaux, on ne semblait près*
que les considérer que sous cet unique
rapport : c'était pour guêrh* les maux
qui affligent l'humanité qu'on obsefvait
les plantes; c'était ^\ït ne pas se trom-
per dans le choix des simples qu'on es-
sayait de les décrire, de les figurer, de
les classer; c'était pour les Introduire
dans les formules qu on leur donnuk dei
noms latins ; en un mot, c'est de la bota-
nique médicale que toufe la sctence a
pris naissance. Quoique cette partie de
l'étude des plantes soit loin d'être au^
jourd'hui au Aeff;té d'importanee qu'on
lui a jadis attribuée, elle ne hisse pas
que d'avoir on intérêt réel, et ceki sons
deux rapports.
Il.importe,en premier lieu, de recoatml*
tre avec précision les espèces de plantes
dont on tire lesmédicamens; car il est peu
de cas ou les en*eurs de nomendaturs
puissent être plus dangereuses : aussi
a-t-on mis, dès l'origine de ht science, nn
soin spécial à faire connaître les plantas
dites officinales. Un grand nombre de II*
▼res ont pour but de les figaref et de les
décrire, et chaque année, pour ainsi dire,
on recommence ce genre d'entreprise.
Dans ces derniers temps on a publié des
ouvrages distingués sous ces rapports :
tels sont en français la Fi»re médictU9
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d« CbatuttefODy en allémind lès grands
ouvrages de Hiyne(Getreue Darstellung
und Beschreibung der in der Arznej--
kunde gebmeuchlichcn Getn^rchse , 10
Tol. in- 4^, avec planches coloriées,
Berlin, 1806-1825) et delVees d*Esen-
beck {Beschreibung officinelltr Pftan^
zen, in-4^, Dasseldorf, 1829); en aoghiis
ceux de Woodville [Médical botany, 3
vol. în-4^, Loodon) et de Bigelow {Ame-
rican médical botaftf , in-4** , Boston).
La connaissance des végétaux médicaux
offre, au moins pour ceux de Tétran-
ger, des difficultés d'une nature particu^
Itère. Il est souvent très difficile de dé^
ropler Torigine réelle des produits mé^
dicamentaut exotiques, soit parce que
lés habitans des pays d'où ils sont indi-
gènes croient avoir intérêt à cacher les
lieux où ifs les trouteot , soit parce que
les marrhands cherchent souvent à s'en
conserver le monopole en ne faisant pas
connaître leui* patrie et leur nature ori*
ginellé. Sous ces rapports, ces travaux
spéciaux méritent pFus de soins qu'on ne
leur en avaft donné jusqu'à nos jours.
Une autre partie de la botanique mé-
dicale consiste à comparer entre eux les
végétaux des diverses familles et à en dé-
duire les analogies intimes. Je crois avoir
porté à un grand degré d'évidence, dans
mon Estai sur les propHé^s dcf pian-
tes comparées Aveé leur classification
naturelle {i v. l**éd. 1804, 2* éd. 1818),
qUe les parties similaires des plantes de
même famille ont des propriétés analo-
gues, et avoir montré que presque toutes
les exceptions apparentes à cette loi tien-
nent, ou à ce que Pon comparait des par^
tiCs différentes dèS végétaux , ou à ce que
certaines plantes étaient encore mal clas^
sées dans leurs familles, ou à ce qu'on
n'avait pas sufàsammeot étudié leur na*-
tûre chimique, ou réOéchl sUr les traies
limites des propriétés comparées entre
elles. Depuis lors lès botanistes et les mé^
decins ont reconnu la vérité de ce prin-
cipe «1 ils ont fait peu à peu rentrer dans
la loi générale les faits qui semblaient
8*èn écarter. Il reste bien encore quelques
cas exceptionnels, maïs qui probablement
cesseront de l'êfre lorsqu'ils seront mieux
étudiés. Cette théorie de l'analogie des
propriétés âvè« Us hsttùs^ est là hêm
d'mie éttido importante^ celle de l'art àm
remplacer dans chaque pays les médica*
mens exotiques par cf ux qui sont indi*
gènes. Celte substitntion , lorsqu'elle est
faite avec discernement et impartialité,
donne des résultats précieux , surtout
pour la médecine populaire, et est un des
points où l'application de la botanique à
la pharmacologie présente l'utilité la plut
directe.
IX. Enfin nous réunissons sous le
nom de botanique appliquée 1» connaia^
sance de l'emploi des végétaux à tous les
autres genres de besoins«de l'bomne. Ce
terme comprend sans doute des objets
très hétérogènes, tels que la botctnique
alimentaire qu'on a souvent confondue
dans les ouvrages consacrés à l'étude des
médîcamens et qui rentre^ à beaucoup
d'égards , dans la botanique agricole ; la
botanique tinctoriale que Damboumey
a jadis traitée exprofesso, mais qui ren-
tre, sous bien des rapports, dans la chi-
mie; la botanique industrielle qu'on
pourrait elle-même subdiviser selon la
classe d'objets dont elle s'occupe. Ces
diverses applications de la connaissane*
des végétaux ont sans dout« de riotérét
et de l'utilité, mais leur bétérogénéité
elle-même a empêché qu'on ne les traitAt
avec autant de soin que les parties pré-
cédentes.
En traçant ce tableau rapide^ mais as«
sez complet , des parties dont la botani-
que se compose, j'ai eu pour but de
montrer aux géms du monde combien
rette science est plus vaste, plus cona-
pliquée et plus variée qu'on ne le croit
généralement. Cet art de nommer les
plantes, que tant de gens croient consti-
tuer la botanique, ne nous a plus apparu
que comme une conséquence de la mé-
thodologie, comme un point particulier
au mWlëu dé Cette A>ole dé recherches
dont se forme la science, considérée
dans son ensemble. Cette nomenclature
est le lien commun qui unit toutes les
branches de la sciencte entre elles, comme
il unit les naturalistes de toutes les na-
tions ; et îl n'y a plus tfwe <|ue4ques es*-
prits irréftéchh qui dierchenC à tourner
en ridicule le soin qu'on app«Nrte à y
mettre de la précision. On a pu voir que
l'étude de là botini^iM , pat sa ^^lété
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méme^ prête à tous les genres de carac-
tères, à tous les guûls, à toutes les posi-
tions. Tantôt elle appelle ses adeptes à
parcourir le globe, à gravir les monla-
goes , à scruter les mers , les ruisseaux ,
les forêts , pour y découvrir de oouvelles .
plantes ; tantôt elle les invite à se con-
centrer dans les bornes étroites d*un jar-
din (vnjr. Tart. suivant) pour y réunir
les végétaux des divers pays, étudier
leurs formes, leurs mceurs, leur repro-
duction; tantôt enfin, plus casanière en-
core, elle les attache au milieu d*un
herbier où sont réunis les végétaux
les plus disparates, et où Finconvénieni
de les voir ^ans uu état de dessiccation
est amplement compensé par Tavantage
d*une comparaison uniforme et perma-
nente. A ceux qui aiment les expériences
elle offre une foule de problèmes piquans
où les ressources de la physique et de la
chimie, mises en action avec sagacité,
promettent d*heureux résultats; à ceux
qui préfèrent l'observation elle présente
une foule inouïe de végétaux mal connus
qu il faut étudier de nouveau , d'orga-
nes non encore analysés qu*il faut sou-
mettre k cet instrument magique du mi-
croscope, qui, lorsqu'il est employé
avec adresse , découvre les mystères les
plus cachés de leur structure ; à ceux
enfin qui préfèrent aux recherches théo-
riques les applications directement
utiles, elle propose et l'introduction de
végétaux nouveaux et la dérouverte de
propriétés peu oonnues,et la popularisa-
tion d'une foule de connaissances utiles.
£t si j'énumérais encore et l'érudit qui
au moyen de la botanique démêle le
vrai sens des écrits des anciens ; et le
dessinateur qui s'aide des connaissances
précises de l'organograpbie pour repré'
senter les fleurs avec fidélité ; et l'ami de
son pays natal qui se plaît à en étudier,
à en classer toutes les produclious ; et le
f^éiiie accoutumé aux plus hautes con-
ceptions , qui trouve un vaste sujet d'é-
tude et d« reflexions dans les rapports
des végéuux, entre eux et. avec le glol>e
qui 1«^ porte, on comprendrait le change
puissant de cette élude qui se prêle à
toutes les intelligences, qui commence à
plaire dès qu'on se mêle d'observer les
jajts les plus communs et qui présente
toujours de nouveaux attraits à mesure
qu*on y pénètre plus avant; qui occupe
fortetiient l'esprit , tout eu le détachant
pour le moment des querelles des hom-
mes et des injustices des partis; qui, en
un mot , a su captiver les caractères les
plusdi^arateseta réuni sous sa bannière
J.-J. Rousseau et Linné. Cétait à juste
titre que ce dernier appelait la botanique
amahUL^ srientia'y elle n'a pas cessé d'a-
voir ce caractère en devenant, de nos
jours, une étude immense par la variété
des sujetH qu'elle observe et la profondeur
des combinaisons qu'elle réclame, yof,
HRaaiRA , HE&BUai8A.TlON , PLAirrESy
VÉGÉTAUX, etc. D. C-LK.
BOTANIQUES (jàEDiHs). Il ne
faut pas confondre les jardins d'orne*
ment avec ceux proprement appelés 60-
Uiniques. Les premiers ont été créés pour
rendre le séjtmr des villes moins mono-
tones et pour rapprocher les jouissances
de la campagne des personnes que leurs
travaux sédentaires retiennent dans ces
enceintes, théâtre des grandes passions.
On s'y esc occupé de la culture des
plantes d'agrément , qui demandent
plus de soins que nos plantes rustiques,
et si l'on y a pris plaisir à marier en-
semble la modeste violette, le muguet
aux grelots odorans, la marguerite élé-
gante. Torchis si bizarre dans les formes
de sa fleur, la tulipe et l'anémone si va-
riées, l'aubépine virginale et le chèvre-
feuille au parfum si suave, la place de
choix a, chez les anciens comme chez
les modernes, toujours été réservée pour
la plante la plus belle ou très rare, sim-
plement curieuse ou utile.
[Quantaux jardins botaniques, ce sont
des établissemens dans lesquelson rassem-
ble des plant es desdiverses parties du mon-
de, dans le but de servir à l'enseignement
ou aux progrès de la science , ou seule-
ment comme objet de fantaisie et de luxe.
Le but sdentifique de ces jardins, en éle-
vant le plus grand nombre possible des
plantes des familles les plus différenles,
est de les rapprocher d'après les analo-
gies qui existent nécessairement entre
elles. En effet, Tinstruction serait tou-
jours très bornée Si l'on ne pouvait faire
des études oomparalives,et,par ce moyen,
prendre une idée du règne végétal oonù-
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BOt ( 1
déré dans son ensemble. Le directeur
d'un pareil jardin doit avoir une corres-
pondance active et faire des échanges
avec les principaux jardiniers de TKu-
rope et surtout avec les botaniâtes étran-
gers; ou, ce qui est encore plus avanta-
geux, le gouvernement doit entretenir
des voyageurs qui , parcourant les pays
lointains, vont y recueillir des plantes
inconnues ou rares. La connaissance du
climat et de la nature du sol du pays d*où
viennent des plantes et des graines lui est
également nécessaire; il doit savoir aussi
quels végétaux croissent dans l'eaUjdans les
marais, dans les prairies, sur les rochers,
ou sur d'autres plantes ; et, d'après ces
données, il en dirigera la culture et l'édu-
cation. Dans un jardin botanique il faut
avoir des bâtimens propres à donner aux
plantes le degré de température qui leur
est nécessaire. Dans nos climats on a be-
soin principalement de serres chaudes
dans lesquelles on entretient constam-
ment en hiver 15 à 16" R., au moyen de
conduits qui répandent la chaleur d'une
manière uniforme. Afin que les lacines
même des plantes puissent profiter de
cette chaleur, on place les pots qui les
contiennent dans de grandes caisses lar-
ges et profondes, remplies de tan en-
tassé, et arrosé d'eau de manière à y en-
tretenir une fermentation lente qui peut
conserver le calorique produit pendant
cinq ou six mois. On peut employer des
tuyaux remplis de vapeur d'eau et circu-
lant dans la terre des caisses. Pour pro-
curer aux plantes l'influence salutaire de
la lumière et de la chaleur solaire, on
laisse au midi une fenêtre oblique ou-
vrant ordinairement sous un angle de
50°; il est complètement superflu d'en
pratiquer dans d'autres directions. Com-
me l'air frais n'est pas moins nécessaire
à la végétation que la lumière et la cha-
leur, il faut avoir soin d'ouvrir les fenê-
tres ou de placer des ventilateurs auprès
des conduits calorifères; d'un autre cô-
té, pour s'opposer à l'introduction du
froid, on met de doubles croisées, ou
bien on couvre les fenêtres avec des vo-
lets, des nattes de jonc ou des couvertures
de laine. Outre les serres chaudes, une
des constructions les plus nécessaires
dans un jardin botanique, est une serre
49 ) feOt
dans laquelle on place dnrant Phiver les
plantes de l'Europe méridionale, du Cap,
de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle
Zélande. Dans ce bâtiment on entretient
la température au- dessus de zéro et ce
n'est que quand le thermomètre descend
à 8° R. qu'on l'échauffé, soit avec un
poêle, soit au moyen de tuyaux calori-
fères. Il doit y avoir également une fenê-
tre au sud , et l'abord de l'air frais doit
y être encore plus facile que dans les
serres chaudes. Près de là seront placées
les plantes qui croissent en plein air et
qui doivent être traitées sui>'ant leurs
habitudes. Ainsi il y aura des bassins et
des marais artificiels pour les végétaux
qui appartiennent à ces localités ; les plan-
tes alpestres seront placées sur des mon-
ceaux de pierres ou dans des pots qu'on
exposera au nord; les autres plantes qui
ne réclament pas un terrain spécial seront
mises en pleine-terre, dans un sol léger
et fertile, qui sei*a fumé de teni; s en
temps; elles seront disposées dans un or-
dre méthodique suivant qu'elles sont an-
nuelles, bisannuelles ou vivaces. Quant
aux arbres et aux arbrisseaux , on a cou-
tume d'en faire, suivant les règles du des-
sin des jardins, des bosi|uets et des char-
milles. Le classement par familles, autant
que le terrain le permet , est de beau-
coup préférable pour les plantes qui ne
demandent aucun abri. On utilise les
grands arbres en les plantant du côté où
le jardin a le plus besoin d'être garanti.
La culture, l'arrosage, la transplantation,
la cueillette des fruits et des graines re-
gardent le jardinier et ses aides, sous les
ordres du directeur qui doit veiller sur-
tout à la bonne disposition des plantes.
Au moyen de ces précautions on peut,
dans le cours d'une année, observer et
connaître parfaitement plus de végétaux
qu'on ne le pourrait faire dans des voya-
ges lointains et dispendieux. A cela se
joint la découverte des plantes nouvelles
que des relations étendues ne peuvent
manquer d'amener. Les recherches sur
la culture des plantes , en exerçant une
grande influence sur le commerce et l'a-
griculture, font des jardins botaniques
des établissemens féconds en résultats
avantageux pour les étals qui les ont
créés. C. £.]
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POT
(150)
BOt
Ch«9 les »|icieD9, nous ne veyons<ni'up
seul jardin botanique : c'est celui qui fut
éubli à Rome par ^-Otonius Castor, i*un
des plu4 sa vans hommes du premier siè-
le de rère vulgaire. Pline le oaturaliste en
parle (xit, 2) comme d'une merveille,
quoiqu'il ne s*y trouvât que des plantes à
Tusiige de l'art pharmaceutique; les unes
y étaient cultivées en pleine terre , les
autrea conservées sur couches recouver-
tes de pierres spéculaires et dans des
serres (vqy. ce mot). Pour les modernes
les véritables collections botaniques ne
sont point antérieures au commencement
du xiii^ siè^e; elles furent long-temps
confinées dans le silence des cloîtres.
Dans le siècl^ suivant l'amour de la bo-
tanique en fit établir chez de riches par-
ticuliers; elles avaient pris une telle exten-
sion dans les premières années du xvi^
siècle que, en 1560, Gessner en comp-
tait plus de cinquante en Italie, et que, en
Allemagne, en Suisse et en France, il y
en avait un certain nombre ou Ton en-
seignait publiquement à démêler les pro-
priétés vraies ou imaginaires des plantes.
Les démonstrateurs, sous le titre de
Simplicàtes, expliquaient ces vertus d'a-
près Diosooride et les anciens médecins;
le seul bien dont on puisse leur savoir gré
c'est d'avoir sollicité l'attention de ceux
qui les écoutaient sur toutes les plantes
indistinctement; tout en leur cherchant
des vertus médicinales, ils préparèrent
la voie aux études botaniques. Les Fla-
mands furent les premiers à quitter les
routes pharmaceutiques pour s'attacher
aux végétaux les plus brillans, les plus
rares. Ils recherchaient les plantes exo-
tiques avec ardeur; et. pour se les pro-
curer et pour les conserver, malgré la
rigueur des hivers propres à la zone
qu'ils habitent, ils n'épargnèrent ni soins,
ni dépenses, ni voyages lointains, ni re-
clienjies de tout genre. I^eur exemple
eut de nombreux imitateurs.
Le plus ancien j^irdin consacré à l'en-
seignement de la science est celui qui fut
fondé par Luc Gheini, à Pise en Toscane,
dans l'année 1643. 11 y rassembla non-
seulement les espèces étrangères, maïs
encore presque les plantes indigènes au
aol de l'Italie, Il y joignit le semis des grai-
nes qu'il tirait des autres papi partÂPIi-
lièrement de l'Ile de Candie, de l'Egypte,
de la Grèce et de l'Inde. Beloo visita
cet établissement en 1555, alors que
sa direction était confiée au célèbre Ce-
salpini; il fut étonné de la beauté du si-
te, du nombre et de la variété des plan-
tes, de leur distribution méthodique et
de la bonne culture qu'elles recevaient.
Padoue eut le second jardin bo(ani^
que, en 1546. Vingt-deux ans plus tard
Aldrovandi jeta les fondemens de celui
de Bologne. Rome et Florence eurent le
leur à la même époque. Ces dates ne sont
pas les mêmes que celles qu'a données
Tournefort et qui ont été adoptées par
Haller et Linné, ainsi que par les écri-
vains qui les ont servilement copiés; mais
ce sont les seules véritables : nous les avons
puisées aux livres des établissemens mê-
mes , et constatées par les actea authen-
tiques de leur fondation.
C'est en Hollaqde que l'exemple de l'I-
talie fut d'abord suivi et qu'il re^ut même
de plus grands développemens. La France
aurait pu prendre l'initiative: elle y était
sollicitée par Charles, de Saint Orner,
par L'Ëcluse d'Arras, plus connu sous le
nom de Ciusius, et par quelques autres
savans que n'ont point illustrés au même
degré les richesses qu'ils cultivaient et
les description3 qu'ils publiaient; mais le
gouvernement était plus occupé des guer-
res et des troubles de l'intérieur. La ville
et l'université de Leyde remirent aux
mains de Cluyt le soin de leur créer un
jardin botanique; ils en eurent un en
1577, qui lut bientôt le plus riche de
l'Europe. Celui de Leipzig date de 1580,
celui de Mon'pellier de 1597.
Bientôt après on en vit fonder par-
toi|t où la science comptait des cultiva-
teurs habiles et dévoués. Les plus re-
nommés de cette époque sont les suivans:
Giessen, 1605; AltorfT, 1625;Ratisbon-
ne, Rintlen, Ulm, 1627; Jéna, 1629;
école de médecine de Paris, mai 1630;
Messine et Copenhague, 1638; Oxford,
164Q; Groningue, 1641;Upsal, 1657;
Amsterdam, 1684. Danf le xviii* siède,
Cavanilles fonda celui de Madrid, en
1753; 20 ans après on cita celui de
Coîmbft*e, et presque dans le même temps
celui que Wallich organisait a Calcutta.
Jetoot HO cQMp 4'(àl mpidA «ur mhk
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fiOT ( 751 )
de l'époqae actuelle, tfia de donper la
mesure des progrès réels que la science a
faits depuisqueLioné,dubautde la chaire
d'Upsai, eut diclé le« véritables lois de
la botanique, dirigé les recherches de
ses nombreux élèves sur tous les points
du globe, et préparé rétablisseipent des
familles naturelles par ses sages doctri-
nes, par le précieux spécimen qu*il pu-
blia, en 1 7^0, dans sa Phitosophia bottk-
nic€u L'on s'attend bien à ne trouver ici
que des sommités ; le détail nous entraî-
nerait trop loin et demanderait trop de
place, puisqu'aMJourd'hui la France seule
compte UB aussi grand nombre de jar-
dins botaniques qu'il y a de villes un peu
considérables, et que parmi eux il en
est plus d'un dont les richesses sont su-
périeures à celles des jardins les plus cé-
lèbres des xy et xyi^ siècles»
La création du Jardin des Plantes de
Paris est due à Guy de la Brosse : il en
dressa le plan en 1 626; mais ce pUn ne fut
adopté qu'en 1 636, à la suite de longues
sollicitations. Quand, Tannée suivante, il
fut ouvert au publie, on y comptait 1,800
plantes, et en 1640, époque à laquelle
commencèrent les démonstrations, ce
nombre s'élevait déjà à 2,860. Il fut en-
richi en 1680; mais sa véritable gloire
date de 1693, alors que sa direction
était confiée à TouroeforL BufToa l'a-
grandit; par les soins des deux Jussieu,
par ceux de Desfontaiaes et des bota-
nistes voyageurs, par les travaux d*àn-
dré Thouio, comme horticulteur, le
Jardin des Plautes s'est placé à la tête
de tous les établissemens de ce genre. La
pleine-terre et les serres si vastes, si
nombreuses, si bien calculées, présen-
tent aujourd'hui près de 40,000 plantes
vivantes. Il s'est enrichi des plantes ra-
res cultivées par Gels, de celles qui bril-
lèrent si peu de temps à la Malmaison et
à Navarre. — Le jardin de Montpellier
soutient sa vieille gloire; mais il est loin
de ce qu'il promettait d*étre lorsque
Brousaonnet y introduisit les végétaux
qu'il rapportait des Canaries, de la o6te
de Mogador et des jardins particuliers
de rÀ.ngleterre.
£n ce dernier pays les jardins bota-
niques proprement dits ne sont pas nom-
breuxf nuûa ea vevaoolM let établisie"
BOT
partioulien y sont d'une grande
somptuosité. Depuis celui que Jean Tra-
descant cultivait à Lambeth, et où, sur
une vaste étendue, on trouvait un grand
nombre de plantes, d'arbres et d'arbus-
tes de diverses contrées, en 1656, jus-
ques a ceux des frères Loddiges, à Uack-
ney, et de James Lee, à Uammersmith,
l'intervalle est rempli par les jardins de
Chelsea et de Kew. Celui de Glasgow ,
fondé en 1817 , mérite aussi une citation
particulière.
L'Allemagne nomme aveo orgueil le
jardin de Berlin, si long-temps dirigé
par Willdeoow; celui de S^bœobrunn,
si riche en plantes des régions les plus
éloignées et qui est confié à la garde de
Jacquin; celui de Halle à la tête duquel
est placé le savant Kurt Sprengel ; enfin
ceux de Schwetzingen, de Gœttingen et
de Hambourg.
Les Pays-Bas, qui virent si long-temps
fleurir le jardin de Cliffort, d'où Linné
data plus d'un de ses immortels ouvrages,
peuvent se vanter aujourd'hui des jar-
dins de Gand , de Tournai, de Bruxelles.
Au nord de l'Europe, Upsal soutient
sa haute réputation ; Copenhague mon^
tre son jardin si considérablement aug-
menté par Hornemann ; Pétersbourg ,
enrichi des dépouilles du jardin de Go-
renki, possède les plus belles serres con-
nues; on estime leur étendue à plus de
150 mètres de longueur; Moscou rivalise
avec Pétersbourg par les soins donnés aux
nombreux végétaux que Ton y entretient
à grands frais.
Le jardin botanique de Naples s'a-*-
grandit chaque jour par le zèle, la cor-
respondance étendue et le dévouement
de Tenore. L'université de Turin en
possède un qui mérite aussi de fixer l'at*-
tention. Madrid et le Portugal, que les
événemens politiques ont privés de leurs
plus illustres botanistes, se ressentent de
plus en plus de leur éloignement, de la
marche forcément rétrogiade de la scien-
ce dans des pays où la botanique trouve^
rait tant d'avantages.
Un jardin de naturalisation avait été
établi à l'Ile de France, par De Céré; un
autre fut tracé dans les Iles Canaries, à
rOratava, par Sabin Berthelot : l'idée
éliU des plua heoreuses} e'étdt une mine
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(752)
BOT
féconde qu'il aurait exploitée au profit
de r£urope savante ; le sort eti a décidé
autrement.
Quant aux jardins botaniques de Tune
et Taiitre Amérique, ils sont encore trop
jeunes de fondation pour mériter de fixer
nmérêt. A. T. D. B.
BOTANY-BAY. Dans la Nouvelle-
Galles méridionale (Australie) est située
la fameuse Botany-Bay^ baie de bota-
nique ou des herbatges , à 7 ou 8
milles au sud du port Jackson. Elle fut
ainsi nommée à cause de la prodigieuse
variété de plantes que sir Joseph Uanks
trouva dan*les environs en 1770, époque
où cette baie fut découverte par le capi>
taine Cook. Dès que l'Angleterre eut
perdu ses colonies d'Amérique, elle fut
chercher sur cette côte un lieu favorable
pour y coloniser des déportés [convictx)»
Par les conseils de Banks on fit choix de
Botany-Bay: aussitôt onze navires y ame*
nèrent 760 déportés, quelques colons
libres, ainsi que les trou|>es confiées au
commandement de Arthur Philipps, les
membres du gouvernement chargés de
présider à Torganisation de la colonie,
des pix>visions considérables, un hôpital
ainsi que plusieurs plantes alimentaires
et des animaux domestiques. La traversée
fut de huit mois. Les premiers natura-
listes qui abordèrent cette contrée furent
émerveillés à la vue des nombreux végé-
taux dont les formes sont opposées à
celles des plantes des autres climats, mais
dont le luxe diminue en s'avançant vers
Touest. Les prairies humides sont ornées
par uue liliacée nommée biandfofdia
nohilis , et çk et là s'élèvent les tiges ral-
des des singuliers jra/2^/ior^«'a et les cônes
du zamia australis. Au nord de Bo-
tany-Bay s'étendent des forèls épaisses
d'une espèce de cèdre que Browo a nom-
mées caUdris spiralisy dont le bois, par
son poli, rivalise avec le plus beau bois
des Antilles; plus loin quinze autres es-
pèces de bois rouges , blancs , veinés de
toutes couleurs, offrent à l'ébéniste ses
plus précieux trésors. Mais la plupart
des plantes ont un caractère unique ,
celui de posséder un feuillage sec, rude,
grêle, aromatique, à feuilles presque tou-
jours simples; et les forêts de cette région
out quelque chose de triste et de bru-
meux qui fatigue la vue. Gtpendaot,
malgré ses richesses naturelles, un grand
nombre de plantes européennes ont été
naturalisées avec succès dans cette partie
du monde : ce sont celles qu'on peut ap-
peler cosmopolites et qui viennent dans
les marais, telles que la samole, la salt-
caire, etc. Botany-Bay donna long temps
son nom à tontes les colonies de la Nou-
velle-Galles du Sud; mais n'ayant pas
offert tous les avantages qu'on en atten-
dait, cet établissement fut bientôt aban-
donné, et aujourd'hui il n'y existe plus
qu'un village où le baron de Bougiin-
ville, fils du célèbre navigateur de ce
nom , a élevé une colonne à la mémoire
de Lapeyrouse qtn* quitta ces lieux pour
aller chercher la moit sur les récifs de Va-
nikoro. En 1784 on fit choix de Para-
matât : sur les bords de la rivière Haw-
kesbury s'élevèrent des maisons et de
belles cultures dues aux déportés qui vin-
rent cultiver ces lieux. Les environs du
port Jatksorit le plus beau de l'Australie,
après celui de Dalrymple vile de Diémen),
furent également occupés. Enfin ta ville
de Sidftey^ capitale de la Nouvelle-GHlIes
du Sud et de toute T Australie, fut bâtie
comme par enchantement sur le bord
méridional du port Jackson , à 4 lieues
nord de Botany-Bay. Cette ville comprend
aujourd'hui près de 1,700 maisons et en-
viron 16,000 habitans, et rien n'est pîos
ravissant que sa position. On l'a sur-
nommée le Mont peU ter de i'Océanie^
à cause de son beau climat et de la fé-
condité de ses environs. Sa distance de
Londres est de 5,400 lieues. Les dépoi^
tés sont condamnés au travail de la terre
et à celui de la construction des navires;
ils sont traités avec sévérité, mais avec des
égards peu communs.
Les colons sont partagés en deux gran-
des classes: celle des émif^rans volon-
taires et celle des déporta rendus à la
liberté ou émancipas. Les premiers sont
connus sous la singulière dénominatioa
A* dlégUimés ; les autres, au contraire,
sont légitimés , parce que c'e^l par l'a»-
torité des lois qu'ils sont arrivés à cet état,
sans examiner comment fut exercée sur
eux cette autorité. Les départes libérés
paraissent être la cl^ste la plus indus-
trieuie et la pktt active.' lû poModeot
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(758)
BOT
toutes les distilleries, presque toutes les
brasseries et une grande partie des mou-
lins; la presque universalité des affaires
commerciales est dans leurs mains. La
colonie prend le nom de comté de Cum-
berland. Le désir de s'avancer dans les
archipels de Test fit expédier en 1788
un navire ayant neuf convicts mâles et
six femmes , pour former une autre colo-
nie dans la petite Ile de Norfolk, décou-
verte par le capitaine Cook, en 1 774 , et
située au nord-ouest de la Nouvelle-Hol-
lande, à 300 lieues de Botany-Bay.
La première récolte du comté de
Cumberland eut lieu au mois de septem-
bre 1788. En 1790 s'ouvrirent les pre-
mières relations avec Batavia et le Ben-
gale. Deux ans après il s'en établit avec
l'Amérique du Nord, et, en 1793, avec
r£spagne et la côte nord-ouest de TAmé-
rique. L'introduction de l'imprimerie
date de 1796. En 1797 on dééouvrit des
mines de charbon de terre. En 1804 on
occupa la terre de Yan-Diémen , et l'on
fonda les villes de Hobarttown et d'York-
town. L'année suivante on organisa une
garde nationale dans le pays, et en 1810
on fit le premier dénombrement général
des habilans, des troupeaux et des pro-
priétés, et Ton établit des écoles d'après
la méthode lancastérienne. En 1813, un
passage fut découvert à travers les mon-
tagnes bleues, et le 7 mai 1815 fut fon-
dée la ville de Bathurst. En 1816 Yan-
Diémen envoya le premier bâtiment à
ri le-de- France.
Yoici un extrait du tableau statistique
de la colonie, d'après Wentworlh, en
1828. Le nombre des colons émancipés
était alors de 9,756 , celui Ae^ émigrés
volontaires de 1,658; on comptait 5,859
enfans de la première classe , et 978 de
la seconde; il y avait 39,765 acres de
terre en culture, 410, 604 en pâtures;
71,570 têtes de gros bétail, 261,570
moutons, 3,968 chevaux, 24,867 porcs,
1,500 maisons de ville et 23 comptoirs
de commerce. Le capital engagé dans le
négoce s'élevait à 250,000 livres ster-
ling ou 6,250,000 francs , et la valeur
totale des produits à 1,649,736 livres
sterling ou 41,243,420 francs.
Parmi les différens gouverneurs il faut
urtout nommer le général Macquarie à
En<^clop. d, G. d, M. Tome III.
qui la science et l'Australie doivent tant.
Le gouverneur actuel est le général Bris-
bane. Nous remarquerons qu'il a donné
à sa fille, qui a re^n naguère le jour à
Sidney, le doux nom ^Australia , nom
par lequel les Anglais ont enfin remplacé
le nom absurde de Nouvelle-Hollande,
et qui semble prouver qu'ils considèrent
ce rare continent comme une de leurs
nombreuses et importantes possessions.
Nous n'avons pas parlé des indigènes:
c'est la race noire la plus abrutie et la
plus misérable de l'Océanie; mais le lan-
gage de ses différentes tribus, quoique
pauvre, est aussi doux que sonore.
L'établissement de cette colonie pénale
est certes un des phénomènes historiques
les plus intéressans. Il était difficile d'ima-
giner qu'un ramas de criminels pût for-
mer une société dont les mœurs, rindus-
trie et l'ordre la rapprocheraient un jour
des sociétés les plus remarquables de l'Eu-
rope; bien plus, à Sidney comme en Eu-
rope, les progrès vont toujours croissant
et ce pays pourra peut -être un jour,
imitant l'exemple des colonies de l'Amé-
rique du Nord, se rendre indépendant
de la métropole et former un état des
plus florissans. Tel est l'empire des lois
uni à celui non moins puissant de la né-
cessité. Voy. Colonies fïnalks, Nou-
yelle-Galles, Sionet, Jackson (port)^
etc. L. D. DE R.
BOTHE ( Frédéric -Hen ai), né à
Berlin vers 1 775 , est connu par de bon*
nés traductions allemandes métriques
d'Euripide et de Pindare, par un Traité
de métrique (Berlin , 1817), par des édi-
tions de Sophocle, de Phèdre, de Plante,
d'Horace (avec annotation perpétuelle et
tables), et par des chants populaires.
M. Bothe vit à Manheim. S.
BOTHNIE ou BoTTEN, ancienne pro-
vince suédoise, divisée en Westbothnie
et en Ostrobothnie, et dont une partie
est devenue possession russe en même
temps que la Finlande. S.
BOTHNIE (golfe de), portion sep-
tentrionale de la mer Baltique. Le golfe
de Bothnie commence au sud et non
loin des lies d'Aland, à peu près par la
même latitude que la cote Nord du golfe
de Finlande , et s'étend ainsi du 60 au
66* parallèle. Sa longueur totale, jus-
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(7M)
BOt
((u'à Toméo , qui occupe le fbml de l'arc
de cercle décrit par la partie extrême du
(Çolfe, en de près de 150 lieues de
France; sa largeur varie : de 40 an-des-
sus de l*archipel d'A.land , elle utleint
60 entre Soverham et Biœriieborg, se
maintient quel(|ue temps, puis diminue
graduellement , se réduit à 18 entre Ou-
méa et Vasa, et ensuite reprend quelque
accroissement. L'espèce de détroit entre
la mer et le golfe Bothnique s'appelle
Ouarken. On a reconnu avec soin le fond
autour des lies Aland; plus loin la navi-
gation est peu sûre. En général les eaux
libres présentent de 20 à 50 brasses ;
près des îles la profondeur reste souvent
âa-dessous de 4 brasses.
La c6te suédoise (car le golfe de Both-
nie a d'un côté le Norriand, c'est-à-dire
la Suède et de l'autre la Finlande, c'est-
à-dire la Russie), la côte suédoise est
quelquefois très élevée; elle reçoit un
nombre considérable de fortes rivières
(Tornéa, Louléa,vSkeleaéa,Ouméa). Du
reste les deux cotes sont très découpée? et
offrent un aspect sauvage. Les phoques
y abondent, et les glaces qui bordent la
grève presque toute Tannée forment très
souvent un ensemble continu pend.int
l'hiver. Val. P.
BOriIWEL(J\îiKsHEPHiJRN, comte
de), voy, Marie Stuart.
BO TOCUDES, peu]>lade sauvage du
Brésil, encore peu connue, et qui , dit-
on , tire son nom des chevilles de bois
que ces indigènes portent dans les oreil-
les et dans les lèvres, en guise d'orne-
mens. X.
BOTTA ( Chaules -JosKPH- Go iL-
lauhr) est né eu 1768, à Saint -Geor-
ges , en Piémont ; il Ût ses études à Tu-
rin, s'attacha particulièrement à l'ana-
tomie et à la botanique, et fut reçu doc-
teur en médecine à l'époque où la révo-
lution française commençait. Des idées
hardies et nouvelles agitaient les esprits;
M. Botta les adopta et ne s'en cacha pas :
aussi fut-il arrêté en 1792 par ordre du
roi de Sardaigne. Rendu à la liberté en
1794 , il vint en France pour retourner
bientôt dans son pnys avec l'armée d'I-
talie, à laiiuelle il lut aPlaché en qualité
âe médecin. Auteur d'un projet de gou-
Versetnent pour k Lombardie, déaigné
par \é génënll Bonaparte pour faire par-
tie de la division envoyée, en Tan VI,
dans les îles du Levant, il lut nommé
ensuite par le général Joubett l'un des
membres du gouvernement provisoire
du Piémont. Quand les Russes envahi-
rent l'Italie en 1799, il chercha de nou-
veau un refuge en France ; après la ba-
taille de Marengo il fut membre de U
consulta du Piémont, et lors de la réu-
nion de ce pays à la France, en 1803,
le département de la Doire le nomma
député au Corps législatif. Le régime
imj>érial ne trouva pas en lui un appro-
bateur aveugle : il lui arriva de blâmer
quei((ues mesures despotiques ; aussi ,
ayant été proposé pour la questure, son
nom fut effacé par l'empereur. En 1814
il cessa de faire partie du Corps législa*
tif ; il avait voté pour la déchéance.
Là s'arrête sa carrière politique. Nom-
mé dans les Cent- Jours recteur de TA^ca-
démie de Nancy, il eut pendant les pre-
mières années de la Restauration le même
titre à rA.cadémie de Rouen.Comme litté-
rateur, sa place est marquée parmi les plus
célèbres Italiens de l'époque. Il s'est dis-
tingué parmi ceux qui ont voulu rajeunir
et raviver la langue italienne en la retrem-
pant aux sources d'où elle est sortie, en
lui reJonnantces tours énergiques et naïfs
qu'on admire dans les prosateurs du xvi*
siècle. Celte réaction contre le système
qui depuis deux, siècles tendait k franci-
ser l'idiome du Dante et de IJiljichiavel
se manifesta hardie et complète dans
l'Histoire d'Amérique, publiée en 1809.
L'Histoire d'Italie depuis 1780 jusqu'en
1814, publiée en 1826, offre le même
caractère de style. L'auteur y traite uq
peu sévèrement Tinvasion et l'înOuence
françaises ; on voit qult ne leur pardonne
pas de n'avoir pas réalisé pour l'Italie
toutes les espérances qu'elles avaient fait
naître. M. Botta nourrissait depuis long-
temps le désir de continuel Guiccîardinî :
ce travail si important a été publié eo
1834. On y retrouve toutes les qualités
dont Pécrivain avait déjà fait preuve:
une grande clarté dans la narration , nne
manière sage et juste d'apprécier les faits^
et ce be^u style au(|uet on ne pourrait
reprocher que d'être trop exactement
copié sur celai de Guicciardini. L*Hi9^
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(755)
BOT
ioîre de rc d^rrner a été réimprimée en
même temps que cette continuation, qui
comprend aussi l'Histoire de 1789 à
1814, précédemment publiée.
Outi*e ces ouvrages capitaux, M. Botta
en a composé beaucoup d*autres : une
description de Hle de Corfou, 2 vol.
!n 8^, 1799; une traduction italienne
du baron de Born, 1801 ; des Mémoires
sur la doctrine de Brown , 1800 ; Souve-
nirs d'un Voyage en Dulmatie, 1802;
Mémoire sur la nature des tons et des
sons , 1 803 ; Précis historique de la mai-
son de Savoie, 1803; // CamiUo, o V^jo
conquistata, poème en 1 2 chants (1 8 1 6),
où Ton trouve une versiQcatSou noble et
d'énergiques beautés. L. L. O.
BOTZ4IIIS, famille depuis long-
temps célèbre dans la Grèce et surtout
parmi les Soulioies ( vny. ce mot).
George Botzaris commandait en
chef ces belliqueuses tribus dans leurs
premières guerres contre Ali - Pacha
(vojr, ce nom); mais ayant aspiré à per-
pétuer son autorité il devint l'occasion
de dissensions fuuestes. Cependant on
rendit toujours hommage à ses talens,
ainsi qu'à la bravoure des ses fils, Notis
et Christos.
Marc , fils de ce dernSer , né vers
1790, grandit au bruit des combats ter-
minés seulement en 1803 par la des-
truction de Soull. Parvenu , à travers
mille périls, sur le territoire ionien, il
y vil bientôt arriver les principaux chels
d'Armatoles (vo/. ce mot), refoulés par
les cruauiés d*A11. Ces réfugiés médi-
taient déjà rarTranchinsement de la Grèce,
et le jeune Souliote prit (1806) les ar-
mes avec eux , pour une tentative d'in-
surrection que favorisait la Russie, alors
en guerre contre la Porte. Le traité de
Tiisitt et le retour des Français dans les
Sept-Iles ajournèrent pour les Grecs l'es-
poir de l;i délivrance. Alors Marc entra au
service de la France , comme sous-oOicier
au régiment albanais , où son père et son
oncle obtinrent le rang de majors. De-
puis 1815 Marc était retiré dans les Iles
Ioniennes, sans que les douceurs d'une
heui'^use union lui fissent oublier son
pays natal; mais en 1820 une double
commotion vint ébranler Tempireotho-
man et commencer une ère nouvelle pour
les Grecs; Hypsîlantis (voy.) les «ppe^
lait k l'Indépendance, tandis qo'Ali-PiK
cfaa résistait dans Janina aux firmant
et âus armées da Grand-Seignenr. A
cette nouvelle 7 à 600 Souliotes étaient
accourns en Éptre se grouper autour de
Marc Botzaris et de son onde, dans
res|>oir de reconquérir leurs montagnes
où Ali possédait encore une forteresse
importante. Cdui-ci, qui cherchait alorl
à rattadier sa cause à cdie des Grecs,
leur proposa de les remettre en posses-
sion de leurs foyers , s'ils voolaieut opé-
rer une diversion en sa faveur. Notîs,
chargé de la négociation , obtint qu'un
petit - fils du pacha ft^t confié aux Sou-
liotes. Du c^é de ceux - d Marc s'était
olfert en otage, mais on avait besoin de
son bras ; son jeune frère Comstanlin , sa
sœur et son épouse , la jeune et belle
Chrysée,avec ses deux enfans, se vouèrent
à sa place au succès du traité qui rou-
vrait aux proscrits les défilés de Soult.
Notis y prit le commandement , tandis
que son neveu, avec 200 palicares (tw>^.),
fut chargé d'inquiéter les Turcs. Son dé-
but fut de leur enlever un convoi de
munitions, escorté de 600 hommes; et
profitant de la terreur répandue par les
fuyards , il s'empara du poste important
des Cinq-Puits, où, peu de jours après, U
mit en déroute deux pachas et 6^000
hommes.
Les Turcs , auxquels il ne laissait au-
cun repos, et qui ne pouvaient se |^ran-
tir de ses attaques soudai neè ni fattdn-
dre dans ses retraites rapides, mirent sa
tête à prix et m^ême ein*ent recours aux
anathèmes de I^ÉzIise. Vainement aussi ,
pour le surprendre , ils rompirent tin
armistice; leur perfidie tourna contre
eux. Le bruH de ces premiers succès re--
tenllt dans la Grèce; Hnsirrrection y
devint générale eu printemps de 18T1.
Botzaris ouvrit la campagne par la -prise
de Réniassa, petite place maritime qui as-
surait les con/rmunicatrotis de l'Éptre
avec les autres provinces insurgées. Ty>l-
tigeant sans cesse autour de l'arma tur-
que, tantôt H oblige un padha et 1,800
hommes k mettre bas les armes; tantôt
il met en fuite Ismadl et 2,00^ janissai-
res, occupe Plaça et aTy maintient par
une victoire. Blessé dans cette «otlott| il
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(756)
BÔt
preDd peu de jours de repos et tente une
plus grande entreprise. Arta était occu-
pée par une forte garnison turque , avec
un parc d'artillerie : Botzaris, comptant
sur Talliance des Albanais, s*y rendit
avec peu de monde. II avait franchi le
pont sous le feu des batteries et pressait
la citadelle, quand Tarrivée de 6,000
Turcs et la défection des Albanais com-
promirent sa faible troupe ; mais avec sa
présence d'esprit habituelle il assura par
un stratagème le salut des blessés et se
fit jour à travers Tennemi ( déc. 1821 ).
Cependant, au commencement de 1822,
les Turcs triomphèrent de la résistance
d'Ali , et les otages des Souliotes tom-
bèrent entre les mains du séraskier Khor-
chid, dont le harem était au pouvoir des
Grecs. Le président de la Grèce, Mau>
rocordatos (voj.), fit aussitôt stipuler
leur échange , heureux de pouvoir oflrir
au héros le seul prix digne de ses ser-
vices , en lui rendant Chrysée et ses en-
fans. Ces deux hommes , liés désormais
d'une étroite amitié, tournèrent leurs
efforts vers la Grèce occidentale, où
l'armée othomane s'était rejetée tout en-
tière sur les Grecs.
Une tentative de Botzaris pour secou-
rir Souli fut sans succès; en même
temps la Grèce perdait , dans le funeste
combat de Peta (juillet 1822), Télile de
ses soldats et des Philhellènes. La défec-
tion de quelques chefs achevait de com-
promettre les débris de cette armée , et
avec elle le sort de la Grèce occidentale.
Marc, avec 600 braves , arrêta tout un
jour l'armée turque , au défilé de Crio-
néros , et vint, avec le faible reste de sa
troupe, s'enfermer à Missolonghi, où son
héroïque résistance avait permis de réu-
nir quelques provisions et de faire em-
barquer les femmes et les vieillards. L'é-
pouse de Marc s'éloigna à regret pour
conduire ses enfans en Italie. Par d'heu-
reux stratagèmes Botzaris évita un as-
saut. CombatUnt et négociant tour à
tour, semant la crainte et la défiance
parmi les chefs des inconstans Albanais,
renouant des intelligences avec les mon-
tagnards , il paralysa les efforts des Turcs
jusqu'à la fin de la campagne; et, nommé
stratarque de la Grèce occidentale, il mit
l'hiver a profit pour fortifier Missolonghi.
Au printemps de 1823 une armée de
près de 20,000 hommes descendit du
nord de TÉpire sous les ordres de Mous-
taî, pacha de Scodra. Toute résistance
semblait impossible, même dans Misso-
longhi ; Botzaris veut aller au-devant de
l'ennemi et par un coup d'audace le
frapper d'impuissance. Suivi de 240 pa-
licares qui s'attachent à son sort, il se
porte vers Carpenitzé, où Moustaî venait
d'établir un camp de 10,000 hommes.
C'est du milieu même de ce camp que
Botzaris donnera le signal de l'attaque
aux divers chefs qui , par ses conseils ,
occupent les défilés d'alentour. A la
veille d'exécuter ce hardi projet, Marc
écrivait à sa famille et à lord Byron des
lettres où respire son héroïque simpli-
cité. Dans la nuit du 20 août les Grecs,
préparés au combat par la prière, fon-
dent sur les avant-postes des Musul*
mans; les diverses tribus qui les com-
posent se battent entre elles en 8*ac-
cusant de trahison , tandis que Botzaris
pénètre plus avant De sa main il délivre
la Grèce de plus d'un chef redouté, et,
quoique blessé déjà, il force la tente du
pacha; alors il se fait connaître, donne
le signal de l'attaque générale et tombe
atteint mortellement d'une balle. Son
frère accourait avec un renfort : il reçut
son dernier soupir et le vengea en com-
plétant la victoire. Les Turcs, pressés
de tous côtés, abandonnent le camp,
leurs étendards et un matériel immense.
Le corps de Marc Botzaris fut rapporté
au milieu de ces brillans trophées. Un
tel exemple exalta au plus haut degré le
courage des Grecs. Missolonghi trouva
d'héroïques défenseurs, parmi lesquek
se distinguèrent Notis et Constantin Bot-
zaris, qui est mort aussi les armes à la
main.
Marc Botzaris, éloigné de toute espèce
d'ambition et d'intrigue, prodigue pour
sa patrie de ses biens comme de son
sang, n'a laissé d'autre héritage à ses en-
fans qu'un nom chéri des Grecs et cé-
lèbre dans toute l'Europe.
L'ainé de ses fils est maintenant aide-
de-camp du roi Othon , près duquel il
a été élevé.
Foir Pouqueville , Histoire de la ré-
génération de la Grèce; Al. Soutzo,
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Histoire de la Révolution grecque;
ËinersoD, Tableau de la Grèce en
1825 ; Éloge funèbre de Marc Botza-
ris , en grec , etc. B-t.
BOUC [hircus). C'est le nom vulgaire
des mâles dans la famille des mammifères
herbivores ruminans, à pied bisulque,
à cornes simples creuses, à deux ma-
melles inguinales, à mamelons dirigés en
avant, c'est-à-dire des chèvres [voy,).
L'influence des organes générateurs se fait
sentir chez les boucs, comme chez la plu-
part des quadrupèdes , par l'exagération
seule des caractères communs aux deux
sexes. Ainsi les formes sont plus fortes
et plus prononcées, le poil plus long,
plus rude; les cornes ont plus de verve,
et leur caractère propre est plus arrêté ;
l'odeur de famille est plus intense chez
le bouc; l'espèce d'entêtement commun
à toutes les espèces du même genre de-
vient plus sensible dans le sexe mâle;
enfin la barbe qui garnit la partie infé-
rieure de. la ganache, en arrière du men-
ton et au-dessous des angles des lèvres ,
est formée de poils plus allongés et plus
touffus. Le bouc est en général d'une
salacité remarquable dans toutes les es-
pèces de la famille , et ce caractère n'a-
vait pas échappé aux anciens Grecs. Aussi,
dans la personnification de la lubricité,
donnaient-ils aux satyres la barbe, les
pieds, la queue et les organes géuitaux
du bouc. Cest d'après la même idée
qu'ils immolaient le bouc à Bacchtis et
qu'ils représentaient le char de l'Amour ,
et quelquefois celui de la déesse qui
préside aux plaisirs, traînés par des
animaux de cette espèce. Dans le culte
des Israélites le bouc avait une grande
importance : bien qu'il ne fût pas au
nombre des animaux réputés immondes
par la loi de Moïse , c'était lui qui
était choisi pour l'expiation des fautes
nationales. Le grand-prêtre offrait nn
bouc en sacrifice; sans l'égorger ni le
brûler, il le chargeait par une impréca-
tion des iniquités du peuple et le faisait
chasser dans le désert; c'était le bouc
harazel ou émissaire. Ordinairement
l'on victimait en même temps un autre
bouc. Dans notre vieille France, les boo^
nés gens croyaient que le diable, lors-
cju'il revêtait une forme sensible, prenait
des pieds et des cornes de bouc ; l'achar-»
nement de l'esprit malin à poursuivre
rhumanité, et la luxure qu'il met souvent
en usage pour la tenter et la faire tomber
dans Tabiilie lui ont sans doute valu ce
choix d'attributs allégoriques. De nos
jours le bouc est tout-à-fait déchu de
tous ses privilèges poétiques et religieux*
Le poil est trop rude , chez notre bouc
domestique surtout, et le jarre y prédo-
mine trop sur la bourre, pour qu'il soit es-
timé dans le commerce; sa chair est trop
ferme et trop musquée pour être recher-
chée. Aussi le bouc se trouve-^t-il com-
munément réduit à sa destination. primi-
tive, à la reproduction de son espèce.
Le mot Bouc est aussi employé
comme nom spécifique de toute l'espèce
chèvre, à laquelle appartient notre ehèvrè
domestique ou commune. La chèpre-
bouc ( capra^hircus ) se distingue des
autres espèces de la famille par ses cor-
nes trièdresà peine ondulées, dirigées en
haut et en arrière, légèrement arrondies
sur leurs côtés antérieurs. T. C.
BOUCANNIER, voy, Flibustieb.
BOUCHARDON (ëdme), sculp-
teur, né à ChaumoiH-en- Bassigny en
1698, mourut à Paris en 1762. Doué
des dispositions les plus heureu&es pour
les arts du dessin , il ignora d'abord sa
véritable vocation. Séduit par le charme
du coloris, la peinture obtint ses pre-
miers hommages ; mais l'architecture et
la sculpture que professait également son
père n'en avaient pas moins à ses yeux
beaucoup d'attraits. Il partagea son temps
entre ces trois arts , jusqu'à ce qu'un
penchant irrésistible l'entrainant enfin
vers la sculpture , il s'y adonna tout en«>
tier. A 24 ans il remporta le grand prix
de sculpture dans l'école de Coustou le
jeune; à 46 ans il fut reçu académicien,
et 2 ans après nommé professeur. Les
ouvrages de Bouchardon ont cet avan-
tage sur ceux de ses contemporains
qu'ils recèlent un vif sentiment du natu-
rel et une certaine grâce qui les feront
toujours voir avec plaisir. Il avait une
pratique de dessin agréable et spirituel-
le; il la devait à l'habitude qu'il avait
contractée en Italie de copier tous les
chefs-^oeuvre des arts qu'il rencontrait.
Ceftt d'après ses dessins qu'à été tsxécoté
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U fMttil àa pierres gratéeft «ntiquct
pablié pur Mariette. Bouchardon a aussi
beaucoup grat é lui-même à l'eau forte.
X/ea outrages €apitaux-4e BoueharJoii
•om lea alatues du Christ , de la Vierge,
et de Irait ap6crea dans Téglise Saiot-Sul-
|fîce à Paria ; la fontaine de Grenelle,
* fraodeoempotîUoooù la sculpture, alliée
à rarcbitecture, téaipigne de son talent
dant lea deux arts( le bas-relief de Saini^
Cbarles, à la chapelle du château de
Versailles; un chasseur domptant un
oura ; r Amour faisant un arc de la mas«
sue d'Hercule; enfin la statue équestre
de Louis XY détruite pendant les trou^
blés civils de 1793 et qui passait pour son
«leiHeur ouvrage. Le cheval était regardé
coromiïunvbeC-d'œuvre digne, par la pu-
reté du trait, par le choix et la vérité
des formes , d'être opposé a ce que les
anciens noua ont laissé de plus parfait
en ce genre. L* C. S,
BOUCHB* Ce mot, dans une accep-
tion rigoureuse, signifie seulement ori-
fice; mais il est ordinairement eiii|.loyé,
en histoire naturelle, pour désigner l'ou-
verture du conduit intérieur destiné à
Télaboralion et à Tabsorption des sub-
stances alimentaires, solides, liquides ou
gazeuses, et l'espèce de vestibule plus ou
noins compliqué qui se trouve souvent
«ineié à cet orifice. Tous les animaux
•nt un sac ou canal digestif, et par con-
séquent une bouche, différens en cela
des végétaux qui absorbent les élémene
de leur nutrition par de simples pores;
mais la forme, la disposition et les fonc-
tions de la bouche sont singulièrement
i^ifiées dans la série des animaux.
Chex les uns la bouche est un orifice
tirctilaire, simple, à peine contractile,
feoevaat d'une manière presque passive
Us substances qui le traversent, les rete-
nint quelque temps et les laissant s*é-
«bapper ensuite sans beaucoup de résis-
ISoce : c'est le cas des polypes^ etc.; chez
les animaux rayonnes la bonche dîiffàre
peu de 4a disposition précédente, mais'
eependant elle est soumise à l'inOuence
d'une volonté plus prononcée, et l'orifice
d'entrée des matières alimentaires est
distinct de l'orifice de sortie, l'organe di-
gestif n'étant plus un sac, mais un véri-
table ctiial; toutefois l'oriâee de sortie
se troQTe encore assex rapproché de ce-
lui d'entrée, comme on le voit chez les
oursins, les astéries, plusieui's mollus-
ques, etc. Chez les annelides et d*aulres
mollusques Ton aperçoit un appareil de
préhension et de broiement garnissant le
bord ioterned'une lèvre circulaire,m(>Uey
flexible, fortement contractile ; des cils
mobiles, des pointes cartilagineuses ai-
dent la bouche dans ses fonctions d'ap-
préhension et de fausse succion chez les
sangsues, etc.; dans les mollusques cé-
phalopodes, les crustacés, une grande
partie des insectes, on voit les pièces de
l'appareil buccal augmenter de nombre et
leurs fooctionss'isuleren mèmetemps.Des
tenailles coriaces sont destinées à couper
latéralement les substances alimentaires,
assez fortes quelquefois poiu* scn ir d'ar*
mesdéfen»ivescontredesanimanx pUisro*
bustes; d'autres pièces, mobiles de bas ca
haut, contiennent les sub^tames que mâ-
che l'animal et que délaie un liquide sé-
crété p»r les parois membraneuses de la
bouche; la sapidité des corps devient
dès lors possible; des palpes plus oa
moins allongés, flexibles, placés sur les
bords de la bouche, |iermettent aussi à
ces animaux d'analyser d'autres pro-
priétés des substances assimilables, telles
que leur forme, leur volume, leur den-
sité, leur température, et peut-être leur
odeur particulière. Chez d'autres insectes
destinés à se nourrir de substances li-
quides, la bouche se modifie autrenient ;
elle se prolonge en sypboo protractile,
susceptible d'un mouvement de succioQ
plus ou moins énergique, tantôt simple,
tantôt aidée dans son action par des ta-
rières. La bouche des diptères et des
lépidoptères nous offre cela de particu«
lier que, dans une des premières périodes
de leur existence, ils présentent l'une de
ces disposition», taodisque, dans leur état
parfait, ils revêtent Tauire. Chez certains
poissons on retrouve encore des lèvres
molles disposées à la succion, comme dans
les lamproies, etc. ; mais dans leur inté-
rieur on remarque une conformation qui
se rapproche de la disposition générale
de la bouche chez ces animaux. Ils pré-
sentent ordinairement une bouche com-
primée de haut eu bas, composée de deux
battaus solides» osseux, paraboliques, di-
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ductîUes, garnis à leurs hordv internes
de tubercules crétacés, pointus, destinés
à retenir et broyer la proie. Tantôt cette
bouche est placée sous la tête de Taui"
mal, comme dans les raies, les squales;
tantôt à sa partie la plus avancée; quel-
quefois dans un sens différent de celui
du reste de la lace, ce qui fait donner à
ces poissons le nom de contournés. L'in-
tervalle de la parabole que décrivent les
parties qui circonscrivent Touverture de
la bouche est rempli en haut par une
voûte osseuse tapissée d'une membrane
molle, en bas par un repli musculo-mem-
braneux, soutenu par des pièces osseuses,
doué de mouvemens particuliers, une
langue en un mot; ce repli est déjà
chargé, d'une manière spéciale, d'appré-
cier les qualités physiques et chimiques
des substances assimilables et de réunir
leurs fragmens divués, de les diriger
vers la partie su i vamp du canal digestif;
elle parait suppléer ici au défaut de lè-
vres fleiibles, à la disparition des pal-
pes, etc. des animaux précédens.
Quelquefois les parois supérieure et
inférieure de la bouche sont aussi parse-
mées de tubercules solides ou dents; mais
dans la bouche des poissons intervient
l'adjonction d'une nouvelle fonction. Les
organes chargés de I absorption de l'air
pour l'hématose, disséminés sur divers
points intérieurs ou extérieurs du corps
chez les animaux inférieui^, commen-
cent à se concentrer et à se placer à la
partie antérieure de l'animal; ici ils
viennent communiquer avec les parties
latérales et postérieures de la bouche, et
l'eau aérée qui doit les traverser est prise
par la bouche. et ensuite dirigée et pous-
sée en arrière par la langue et les oper-
cules, avec une force plus ou moins con-
sidérable, selon que l'animal veut ou ne
veut pas faire servir ce mouvement à sa
progression en avant. Parmi les reptiles
il en est quelques-uns qui, dans tout ou
partie de leur vie, offrent des branchies;
mais jamais chez eux elles n'ont de rap-
port avec l'intérieur de la bouche, et
cette cavité ne présente plus d'ouverture
sur ses côtes postérieures. Les parties qui
la constituent dans ces animaux offrent
à peu près les mêmes dispositions qne
chez les poissons; mais ioi les dents s«
localisent davantage; chez quelques ia*
dividus la langue se développe, devient
extensible, et constitue un moyen de pré*
bension qui s'él£nd à des distances assez
remarquables;on présume qu'elle est p^r
quelques-uns im organe d'équilibration
de température, pat ce qu'ils la dardent
de temps à autre à l'extérieur, sans autre
nécessité apparente. La modification ren-
trée à l'intérieur des organes respiratoires,
et accommodée pour la respiration de
l'air à l'état élastique fait que la bouche
concourt à de nouvelles fonctions : d'une
part, l'air chassé ou expiré peut, en sorr
tant, produire des sons, et la bouche peut
les modifier pour sa part comme le tuyau
d'évent de nos instrtimens de musique;
d'un autre côté, les organes chargés d'a-
nalyser une des qualités de l'air inspiré,
les organes de l'odorat, se concentrent
près de la bouche et viennent communi-
quer plus ou moins souvent dans sa ca-
vité, très près de son orifice extérieur
dans les batraciens, plus loin dans les bi-
penniens, et presque au-delà de son ou-
verture pharyngienne dans les crorodi*
les; cela fait que ces derniers peuvent
respirer, la bouche pleine d'alimcns, et
que tous peuvent à leur gré re.^pirer sans
flairer ou réunir ces deux fonctions, la
langue pouvant, chez les uns, fermer on
laisser libre l'ouverture de communica»
tion de la bouche et des fosses nasales »
et, chez les autres, une soupape mem-
braneuse suspendue dans l'arrière- bou-
che suppléant à Tinsuffisance de la lan-
gue.
La membrane qui revêt l'intérieur
de la bouche n'est plus, chez les reptiles,
seule chargée de la sécrétiou d'uu fluide
lubréfianl ; des glandes placées ru voisi-
nage versent dans la cavité buccale le
produit de leur travail, et ce liquider
cbcz quelques-uns des qualités tellement
délétères que son introduction dans l'in-
térieur des tisius éteint promptement la
vie. Chez un grand nombre les mâchoires
sont repliées de telle sorte sur elles-
mêmes que les pièces qui les composent,
en se développant, peuvent donner à la
bouche une grandeur tiiple de celle
qu'elle a dans l'état de repus. Dans les
animaux supérieurs, la ii4phpir^ infe-
rieujre est seule mobile. 1^^ reptiles
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nous offrent encore cette particularité
qu'un certain nombre d'entre eux, ceux
qui sont doués d'une salive venimeuse,
ont la partie antérieure de la mâchoire
supérieure susceptible de mouvement,
afin de faciliter le redressement des cro-
chets canaliculés au moyen desquels ils
inoculent la mort
Chez les oiseaux (vof. Bec) , on
retrouve encore les mêmes dispositions
générales : des lèvres-cornées quelque-
fois développées en insti^umens d'agres-
sion , mais point de dents, à moins qu'on
ne regarde comme telles les dentelures
du bec des toucans , des cygnes, des ca-
nards, etc.; la langue ne sert à saisir les
objets que dans un petit nombre d'oi-
seaux; du reste à peu près les mêmes
rapports que chez la plupart des rep-
tiles, et, de plus, l'intervention d'un autre
organe, celui de l'audition; la trompe
d'Ëustachi venant chez eux s'ouvrir à la
partie supérieure de la bouche.
Dans les cétacés , la bouche offre de
nouveau des lèvres assez souples pour
pouvoir s'appliquer sur les corps , dont
elles apprécient certaines circonstances,
et permettre, dans le jeune âge, un mou-
vement de succion vraie ou par aspira-
tion en rapport avec le mode de nutrition
maternelle qui leur est encore nécessaire,
pendant quelque temps; car ici commen-
cent les mammifères. Chez quelques-uns
la bouche communique assez librement
avec les fosses nasales, pour chassera
des distances assez fortes par leurs ori-
fices modifiés et désignés sous le nom
d'évents, l'eau que ces animaux aquati-
ques engloutissent dans la bouche avec
leur proie.
Chez les mammifères la bouche et les
parties qui la constituent se modifient se-
lon le mode de vivre auquel ils sont ap-
pelés; mais en général on retrouve au
fond les mêmes rapports. Chez quelques-
uns cette partie prend quelques relations
avec la génération et sert à l'excitation
des organes génitaux , ou a la reconnais-
sance du sexe et des circonstances favo-
rables pour l'accouplement. Chez plu-
sieurs, et ce sont précisément ceux dont
il vient d'être question, la bouche devient,
mais accidentellement et d'une manière
maladive seulement, le siège d'une sécré-
tion dont Tinoculation est aussi délétère
(voj.Ragk); les joues se développent plus
ou moins et forment quelquefois des sacs
désignés d'abord sous le nom de basses
joues d'où Ton a fait abajoues. Mais c'est
chez l'homme que les diverses parties de
la bouche présentent une toute autre
complication : presque toutes ses parois
mobiles sont douées d'un grand nombre
de muscles dont l'action est isolée, indé-
pendante, et qui varie à l'infini la forme
de cette caWté et celle des parties qui la
constituent; tous ses mouvemens don-
nent à la voix des nuances plus précises,
plus variées, et impriment à la physiono-
mie un caractère propre qui s'adapte aux
nombreuses modifications des sensations
auxquelles l'homme est sujet plus qu'au-
cun autre animal. Les différentes parties
de la bouche n'ont pas de prime abord ,
chez tous les animaux et surtout chez
l'homme, tout le perfectionnement et la
complication d'action dont elles sont sus-
ceptibles : ce n'est qu'avec l'âge et à force
d'exercice, qu'elles acquièrent leur plus
haut point de précision ; tous les indivi-
dus ne sont même pas capables d'attein-
dre au degré où certaines personnes ar-
rivent; car outre la perfection dans l'or-
ganisation des parties de la bouche elle-
même , il faut encore celle des organes
chargés de diriger et de transmettre les
mouvemens, et sous ces divers rapports
l'on ne peut méconnaître l'inégalité dans
la répartition des conditions. Mais quels
qu'aient été les caractères des organes de la
bouche, on voit, à un certain âge, leur per-
fection décroître successivement en rai-
son ordinairement directe de l'impor-
tance de leurs relations avec l'existence.
Une partie dont les rapports avec le reste
de l'économie sont si nombreux et qui
est chargée de présider, pour ainsi dire,
à des fonctions si importantes, a dû
être l'objet de l'étude toute spéciale des
naturalistes : aussi, par suite de leurs ob-
servations, l'examen de la bouche peut
seul quelquefois les éclairer sur l'état
physiologique des individus et faire re-
connaître l'âge et les habitudes des ani-
maux. Le médecin trouve dans sa con-
sidération de l'état de la bouche un puis-
sant moyen de diagnostiquer les l^ons
des oiiganes intérieurs. Foj. LAHonXy
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LiymEs, Mâchoires, Dehts et Den-
taire (appareil)^ Salive, Palais. T. C.
BOUCHE A FEU, v. Bouches a feu.
BOUCHE DU ROI. On appelait ainsi,
en France, le service alimentaire du sou*
verain : la cuisine, la cave, la boulangerie,
la fruiterie et encore, selon quelques au-
teurs, la fourrière ou la fourniture de
bois. Sous Charles Y la bouche se divi-
sait en paneterie-bouche, échansonnerie-
bouche, cuisine-bouche, saucerie et frui-
terie. Les principaux employés de la
bouche étaient : le grand-panetier , le
grand-échauson , les maitres-d'hôtel, les
gentilshommes de la bouche du roi, les
écuyers de cuisine , les échansons , som-
meliers et panetiers, etc.; ce personnel
s'élevait à plusieurs centaines de per-
sonnes. S.
BOUCHER, BOUCHERIE. On ap-
pelle boucher celui qui s'occupe de tuer
les animaux destinés à la nourriture de
rhomme, de les dépecer et de les vendre
en détail , et boucherie le lieu où s'exer-
ce son commerce. Dans les petites agglo-
mérations d'hommes chacun mettait à
mort les pièces de bétail dont il avait
besoin; mais dans les grandes villes plu-
sieurs professions spéciales ont dû pren-
dre naissance. A Paris, par exemple, les
bouchers se bornent à vendre le bœuf,
le veau et le mouton; et les porcs, la vo-
laille, le gibier et même certaines parties
des autres animaux sont devenus l'objet
d'autant de commerces particuliers exer-
cés par le charcutier, le marchand de vo-
lailles et le tripier. Les bouchers abat-
taient le bétail dans un local particulier
près de leurs boucheries, au milieu des
villes; mais les graves inconvéniens qui
résultaient de cette disposition ont ame-
né , au moins dans les villes principales,
l'établissement des abattoirs (vojr. ce
mot); et maintenant les boucheries ne
sont plus que des boutiques tantôt réu-
nies dans un grand bâtiment, tantôt iso-
lées et où l'on vend la viande crue. Des
réglemens de police prescrivent la forme
de ces établissemens, qui doivent être
complètement aérés : ceux de Paris sont
à cet effet garnis de grilles donnant sur
la rue. Une surveillance exacte est exer-
cée, ou du moins prescrite, pour éviter
qu'il ne soit exposé en vente de U viande i à ces opérations.
gâtée ou provenant d'animaux morts de
maladies et surtout de maladies conta-
gieuses. Cela n'empêche pas que les ani-
maux morts de maladie ne soient trop
souvent débités comme les autres, et que
même il ne se vende une quantité fort
considérable de chair de cheval. Heu-
reusement que cette fraude n'a pas d'in-
convénient réel pour la santé publique.
Foy, Viande.
Les bouchers formaient autrefois une
corporation ayant ses lois et ses privilè-
ges. En France, ils furent investis sous
l'empire d'un monopole détruit sous la
Restauration, et maintenant leur com-
merce est, comme presiiue tous les au-
tres, livré à la concurrence qui n'a pu
faire justice encore d'une foule d'abus
contre lesquels on n'a pas trouvé de
moyen répressif. Les bouchers de Paris
ont une caisse commune sous le nom de
caisse de Poissy, ayant pour objet de
faciliter leurs paiemens aux divers mar-
chés de bestiaux et de leur épargner la
peine de transporter les fonds nécessai-
res à leurs acquisitions ; d'ailleurs il
n'existe entre eux aucune solidarité.
Une innovation remarquable vient de
s'opérer à Paris dans le commerce de la
boucherie. Jusqu'à présent la viande se
vendait avec les os, dont l'introduction
dans la pesée était au moins de 25 p.^o
et dépassait souvent ce terme. Un étal
s'est formé où l'on vend la viande désos-
sée, parée et même lardée, à un prix un
peu supérieur au taux ordinaire. Les os
et les parties les moins délicates de la
viande servent à confectionner du bouil-
lon et du consommé qui se débitent dans
les établissemens que le public semble
accueillir avec faveur. Fojr, Bouillon.
La profession de boucher parait favo-
rable à la santé On remarque que toutes
les personnes employées au commerce
de la chair crue ont une carnation et un
embonpoint qui deviennent quelquefois
excessifs, et qui contrastent notablement
avec l'aspect extérieur des charcutiers.
D'ailleurs ils sont exposés à des accidens
graves, lorsqu'il leur arrive d'abattre ou
de dépouiller des bêtes mortes du char-
bon (vojr.)y surtout s'ils viennent à se
blesser avec les instrumens qui ont servi
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(763)
BOU
L'opinion vulgaire est que les bou-
chers accoutumés à la vue du sang sont
cruels et sanguinaires, et la liuéraiure et
les arts se sont plus, en quel(|ue sorte, à
propager cette erreur. Il est pourtant
prouvé que les bouchers ne figurent qu*à
peine dans la statistique des tribu-
Daux. F. R.
BOUCHER (FaANçoTs), naquit à
Paris en 1704. Il eut Lemoyne pour
maître. A. 19 ans il remporta le premier
prix de peinture et fit le voyage de Rome,
comme pensionnaire. A son retour, en
1731, il fut reçu académicien sur son
tableau de Renaud aux pieds d* Annule.
Il mourut à Paris, en 1768, premier
peintre du roi. François Boucher oflre,
comme homme et comme peintre, Ti mage
de son siècle. La dépravation de ses
mœurs, la décadence de son goût, le
factice de sa couleur, le prétentieux de
ses compositions, la mignardise de ses
caractères de tête, son dessin, ses ex-
pressions, ont suivi pas à pas la marche
licencieuse et dévergondée de la société
sous la ré^çcnce et le règne de Louis XV.
Il est en peinture ce que Crébillon fils
est en littérature: encore ce dernier pre-
nait-il quelquefois ses scènes dans la na-
ture que Boucher ne consultait jamais. Il
est le peintre le plus faux, le plus ma-
niéré qui ait peut-être existé. Absolu^
ment étranger au grand, au beau, au
vrai, à l'expressif, ses figures de femmes
sont des grisettes , des prostituées bien
mignardes, bien fardées, bien boursou-
flées, n'exprimant rien que Tindécenre,
ou la nullité du peintre qui n*a su les
animer d'aucun sentiment; ses cnfans
gros et joufflus ressemblent à des bâtards
de Bacchus ou à de jeunes satyres; ses
bergers sont des espèces de monstres in-
capables d'exécuter aucune action hu-
maine. S'il a quelque part un mérite réel,
c*est dans ses pastorales : généralement
ses sujets champêtres sont disposés avec
goût; oo y remarque une grande facilité
d'idées, mais le plus souvent ces idées
ne sont qu'indiquées; les tableaux de
Boucher ressemblent bien plutôt à des
esquisses, à des croquis, qu'à une pein-
ture achevée. £t néanmoins, par un char-
me indicible, une manière spirituelle de
grouper, de disposer les fi^^ires, 4^ lef
entourer d'accessoires heorevx d« choix
et de disposition , et de leur donner des
mouvemens gracieux, par des tons de
chairs séduisans, enfin par un ragoût,
unyb^<7// pittoresque, comme disent ses
contemporains, il séduit , il captive. On
a comparé Boucher à un enfant dont les
spirituelles inconséquences excitent le
rire bienveillant de l'homme grave. Bou*
cher est en elTet un grand enfant auquel
il faut beaucoup pardonner en faveur de
ses brillantes qualités. Aucun peintre n a
plus que lui occupé le burin des graveurs;
il a gravé lui-même d'une pointe spiri-
tuelle, une vingtaine de morceaux de sa
composition. L. C. S.
BOUCHER (Alexaiidxk Jban), YA-
texan dre des violons, comme il s'est
nommé lui-même, est né à Paris en 1 770.
Il se livra fort jeune à l'étude de la musi-
que et du violon sous la direction de Na^
voigille aîné, professeur habile. Aban-
donné de bonne heure à lui - même,
chargé d'une famille dont il était l'uni-
que soutien, M. Boucher quitta la France
à I âge de 1 7 ans et se rendit en Espagne
où le roi Charles IV l'admit dans sa mu-
sique particulière en qualité de violoa
solo. Malgré les avantages que lui offrait
cette place, il ne fit pas en Espagne un
s^'our de longue durée. 5a santé s'était
altérée, et il profita d'un congé qui lui
fut accordé pour revenir à Paris. Il joua
aux concerts que donna M""^ Catalaoi ea
1 807 au Grand Opéra,et à ceux des dames
Grassini et Giacomelli au mois de mai de
raaaéc suivante. On fui d'abord quel^
que peu choqué de l'étrangeté de ses
manières; on l'accusa de n'avoir point
d'école, on le taxa de charlatanisme; mais
oo ne put disconvenir qu'il avaii un ta-
lent très remarquable.
Lorsque Charles IV fut retenu prison-
nier à FontaineNeau, ML Boucher lui
donna une preuve d'attachement et de
reconnaissance dont ce roi fut touché,
en se rendant un des premiers auprès de
lui. Après la Restauration M. Boucher a
passé plusieurs années à Paris. Puis, aprè$
1820, il a voyagé en Allemagne, en Po-
logne, en Russie et dans les Pays-Bas,
obtenant partout de gi*andj succès. De
retour dans la capitale, il se livra à Teo-
s/signen^eat du violoo H9»f^ Mleodrt
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BOU
pour la dernière fois dans im concert
qu'il donna en 1829 au ihéâtre de l'O-
péra-Comique.
M. Boucher a quitté Paris depuis
quelques années; il s*esl fixé en Espa-
gne, et a été appelé à faire partie de la
musique de la chambre de Ferdi-
nand VII. On lui trouvait autrefois une
ressemblance frappante avec l'empereur
^apolét)n. £. F-s.
BOUCHES A FEU. Cestune expres-
sion générique sous laquelle sont réelle*
meut comprises toutes les armes à feu ,
quelles que soient leur forme et leurs
dimensions. Mais on distingue particu-
lièrement 50US le nom d*armes à feu les
fusils, les mousquetons, les carabines,
les pistolets ( voj. Armes ) ; et on désigne
plus spécialement sous le nom de bouches
à feu les canons, les obusiers, les mor-
tiers et les pierriers.
Les unes et les autres se confondent
dans une même origine, qui remonte à
Tépoque de rinveution de la poudre
(vo^.). Ce fut vers le milieu du xiv*
siècle que celte découverte, après avoir
subi les mcKlifications les plus variées
dans les monastères et dans les labora-
toires, parvint jusque dans les armées :
alors il fallait encore imaginer les armes
avec lesquelles on devait faire usage de
la poudre; et ce n*est qu'après une lon-
gue série de tâtonnemens que la poudre
et les armes que son emploi nécessitait
parvinrent à être usitées sous les diverses
formes et compositions qu'elles ont sue*
oetsivement reçues jusqu'à nos jours.
Celte double invention ne pouvait
manquer de produire une immense ré-
volution dans l'art de la guerre ; mais elle
fut lente , malgré la constance des efforts
de Tespi it humain.
Dans l'origine, on chercha d'abord a
déployer tout le ressort de la poudre, et,
pour en augmenter l'intensité, on variait
Ves doses du salpêtre , du soufre et du
charbon qui la composent. Sous les noms
de canons , de bombardes ou de coulcU'
yrineSf les mêmes machines reçurent
des dimensions très différentes. D'abord
énormes et presque immuables, elles de-
vinrent ensuite portatives et passèrent
enfin dans les mains du soldat, et dans
celles du chasseur sous la forme du/usil^
du momquetom , de la carabine et du
pi.^t' let.
Ces premières armes à feu étaient de
simples tubes en fer battu ; on les éta-
blissait sur des chevalets. Leur forme,
leur manœuvre, leur dénomination étaient
les mêmes que celles des bouches à feu.
On eut primitivement des couleuvrines
à main, dont il est fait mention dans les
guerres de 1380 à 1467, décrites par
Juvénal des Ursins et par Monstrelet ;
on eut ensuite des bombardes à main y
ou portatives, dont les Flamands se ser-
vaient en 1 382, à la bataille de Rosebec;
puis des canons à main , avec lesquels
les assiégés lançaient , en 1 4 1 4 , au siège
d'Arras, de grosses balles de plomb. Ces
diverses armes, établies sur des cheva-
lets, lançaient d'abord leiu's projectiles
dans unç direction constante. Pour ren-
dre variable l'angle du tir, on ajouta au
tube des tourillons qui tournaient dans
les fourches d'un croc porté sur un tré-
pied. Cette espèce d'affût ( voy, ArruT )
fit donner aux canons à main le nom
d*arquebuses à croc. Bientôt après on
encastra des canons plus légers dans des
fûts de bois terminés par une crosse. Le
canon conservait d'abord trop de lon-
gueur; et dans le tir, en appliquant la
crosse contre l'épaule, il fallait appuyer
le bout de l'arme sur une (ourchetle ou
béquille. On allégea, on accourcit le ca-
non, et la fourchette disparut dans les
manœuvres des armées. Elle n'est con-
servée aujourd'hui que dans l'attaque et
la défense des places , pour le /usil de
rempart, La lumière était percée sur le
côté, et un bassinet recevait l'amorce à
laquelle la main portait le feu. Mais il
était fort difficile de viser en mettant ainsi
le feu avec la main ; il fallait lever cette
difficulté.
On imagina divers mécanismes dont
les anciennes arquebuses nous offrent
encore des modèles ; et c'est après deux
siècles d'essais et de recherches qu'on
trouva cnfii \ipiatifte (v, ce mot), qui est
resté adaptée jusqu'à ces derniers temps
aux armes de chasse, et l'est encore même
aux armes de guerre, telles que le fusil ,
la carabine, le mousqueton et le pistolet.
Mais depuis peu d'années on a proposé
de substituer à la platine une armature
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(764)
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nouvelle , avec des capsules d*argent fal-
minant (vo/.), que Ton emploie déjà avec
succès pour les armes de chasse; et îl est
probable que le gouvernement français
introduira par la suite cette innovation
dans Tarmée, si les expériences que le
ministre de la guerre fait faire en ce
moment donnent, ainsi qu'on a tout lieu
de Tespérer, un résultat satisfaisant.
Tous les essais ingénieux ou bizarres
tentés pendant trois siècles, en perfec-
tionnant les armes à feu , s'appliquent
naturellement aux bouches à feu. Ces
nouvellçs espèces de foudres de guerre
nécessitent de nouveaux projectiles, pro-
duisent de nouvelles trajectoires , et don-
nent lieu à des combinaisons nombreuses,
qui forment le domaine particulier d'une
science nouvelle , la baltistique (voy, ce
mot), dont les principes viennent enfui
fixer tout ce que l'art avait encore d'in-
certain.
Dès les années de 1376 à 1378, c'est
avec le canon qu'on ouvre la brèche à
Thouars, Ardres et Saint-Malo. Après
le siège de Naples on reconnaît l'im-
puissance des anciennes machines ballis-
tiques : on les abandonne; le canon seul
est employé dans les batailles et dans les
sièges.
On en fait d'assez forts pour lancer
de très lourds projectiles. En 1495, un
boulet énorme s'élève au-dessus des rem-
parts de Naples, tombe, et crève la voûte
de l'église des Minimes. Le mortier et la
bombe, quoique inventés, à ce qu'on
croit, en 1467, par Pandolphe Mala-
testa , prince de Rimini , ont été em-
ployés pour la première fois parles Turcs,
en 1522, au siège de Rhodes.
La fabrication des projectiles, néces-
sairement subordonnée à celle des bou-
ches à feu, dut subir aussi quelques mo-
difications. On essaya tour à tour les
boulets de pierre, de plomb, de fer, de
bronze.
La légèreté, la mobilité, dont on re-
connaît tous les avantages pour les ca-
nons, paraissent des défauts dans les
mortiers. On les établit d'abord avec des
tourillons tournant dans des madriers
qui tiennent à un massif métallique. Puis,
de nos jours, nous en avons vus coulés
,avec leurs semelles, qui ne forment avec
elles qn'ane seule et même masse. Le
mortier, mobile sur ses tourillons, se
manœuvre avec des leviers ou un cric,
et se pointe à l'aide d'un quart de cercle.
Dans les autres, c'est en variant les char-
ges que Ton fait varier les portées.
En donnant plus d'épaisseiu- , et par
conséquent plus de résistance, au métal ,
on a fait dernièrement le mortier-monstre
qui a été employé deux ou trois fois , en
1832, au siège d'Anvers. Il lance des
bombes du poids de 500 kil. ; la chute de
ces bombes crève les voûtes de casemates
qui avaient été construites à l'épreuve des
bombes ordinaires, dont le poids n'est
que de 120 à 150 livres (60 à 75 kil.).
Cet exposé sommaire fait voir com-
bien d'essais et de tâtonnemens il a falla
traverser pour amener les bouches à feu
au point où elles en sont aujourd'hui;
et il est aisé de prévoir, d'après les pro-
grès que font chaque jour les sciences et
les arts, que les bouches à feu recevront
encore de nouveaux perfectionnemens.
F'oy. Artillerie , Canon , MoRTiEa ,
Obusier. C-tb.
BOUCHES DU RHONE (départe-
ment des) , situé au sud-est de la France
et formé d'une partie de l'ancienne Pro-
vence et du comtat Venaissin ; son ter-
ritoire était compris, sous les Romaioa,
dans la seconde Narbonnaise. Ce dépar-
tement reçoit son nom du Rhône qui y
débouche dans la Méditerranée. Ses bor-
nes sont, au nord, le département de
Yaucluse , dont il est séparé par la Da-
rance; à l'est celui du Yar; au sad la
mer, et à l'ouest le département du Gard^
dont le Rhône le sépare. Sa longueur
est de 12 myriamètres, sa largeur de 6,
et sa superficie de 510,130 hectares. Sa
population s'élève à 859,473 habitans,
parmi lesquels on compte 63,500 gardes
nationaux et 2,520 électeurs qui élisent
six députés.
L'étendue des côtes maritimes est de
24 lAyriamètres , depuis rembouchure
du petit Rhône à l'ouest , jusqu'au cap
Saint-Louis à l'est ; ces côtes sont basses
aux abords du Rhône, mais escarpées
dans les autres parties. Le territoire de
ce département est en général couvert
de montagnes et de collines, surtout dans
la partie est et sud- est; le sommet le plus
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éle^é est celui de SaiDte-Yictoii*e, dans le
pays de Yauvenargue, qui a 1050 mètres
au-dessus du niveau de la mer. Dans la
partie septentrionale se trouve un massif
qu*on regarde communément comme un
prolongement des Alpes ; la plus élevée
des montagnes qui le composent a 850
mètres de hauteur. Il y a deux siècles ,
ces sommets étaient encore couverts de
bois; aujourd'hui ils offrent en grande
partie Taspect de la plus grande stérilité et
ils seraient même entièrement nus sans
le thym , la sauge et autres plantes aro-
matiques qui y croissent en abondance. U
n*y a du reste dans tout le département que
deux plaines qui méritent ce nom, celle
de la Crau et celle de la Camargue (vojr.
ces noms) au sud-ouest. Elles doivent
leur formation à des terrains d*alluvion et
sont d'une grande fertilité. Plusieurs ri-
vières arrosent indépendamment du Rhô-
ne le territoire du département : c'est d'a-
bord la Durance, dont les débordemens
sont si salutaires aux rivages que baignent
ses eaux; ce sont ensuite la Yeaune ou
THuveaune, l'Arc et la Toulon bre. Le
canal d'Arc à Bouc et celui de Craponne
facilitent les communications intérieures
sur une ligne de 49,000 mètres. On
porte à 760,000 mètres le développe-
ment des routes royales et départementa-
les qui sillonnent en tous sens le départe-
ment.
Si l'on excepte la Camargue^ les lies
formées par le Rhône dans le départe-
ment méritent à peine d'être citées; elles
ne sont pour la plupart habitées que par
quelques pauvres familles de pécheurs.
Le sol des Bouches-du-Rhône est géné>
ralement aride; mais dei canaux de des-
sèchement et d'irrigation, et de nom-
breuses sources d'eaux vives dont les
courans ne tarissent jamais, viennent
féconder les terres au milieu desquelles
se trouvent de nombreux étangs. Celui
de Berne a dix lieues de tour; sur l'un
de ses bords on remarque un rocher
taillé en forme de vaisseau, en mémoire
de celui que montait l'illustre bailli de
Suffren, lors de son expédition de 1782
dans rinde.
La température, douce et agréable pen-
dant une grande partie de l'année, varie
cependant beaucoup suivant les hauteurs
et les expositions. L'olivier, TaroaDdier, le
figuier, le câprier et la vigne, dont les pro-
duits constituent la principale richesse
agricole du pays , viennent en pleine terre
dans les régions basses et moyennes, et
disparaissent à mesure que le sol s'élève.
Le gisement des fossiles et des minéraux,
les dépôts de gypse et de houille , les mi-
nes de fer et d'autres métaux , les car-
rières de marbre et de pierre, sont
subordonnés aux différentes hauteurs ;
les observations météorologiques don-
nent, année commune, 55 jours de pluie,
2 de neige et un seul de grêle; uu vent
froid du nord-ouest, appelé mistral(vqx,)y
s'y fait souvent sentir. Il n'y a dans tout
le département que deux sources d'eaux
thermales, à Aix et à Camoins : encore
ne jouissent - elles que d'une faible re-
nommée.
Le sol produit peu de céréales et il ne
suffit même pas, sous ce rapport, à la
consommation du département. La vé-
gétation est cependant fort riche dans
plusieurs parties du territoire. On y
trouve des arbres à fruit de toute espèce,
la truffe, le tabac, la garance. Partout
des haies ou des bouquets de lauriers , de
myrtes, de grenadiers répandus çà et là,
donnent au pays un aspect riant. Les
209,000 hect. de terre en culture, que
présente le département, sont ainsi dis-
tribués : terres labourables , 105,000
hectares; prés, 16,000; vignes, 60,000;
olivier8,24,000; jardins, 4,000. On évalue
à plus de 300,000 le nombre de mou-
tons qui paissent dans les plaines et sur
les montagnes du département; on y
compte aussi un assez grand nombre de
bétes à cornes. La valeur foncière est
évaluée à 362,630,000 fr., et le produit
agricole à 11,700,000 fr. Le revenu
moyen de l'hectare de terre labourée est
de 26 fr. 77 c. Peu de départemens ren-
dent plus que celui-ci à l'état , compa-
rativement à sa population et à l'étendue
de ses cultures; en 1831 , les recettes s'y
sont élevées à 39,263,000 fr. et les dé-
penses à la charge du tiésor seulement à
la somme de 25,550,000 fr.; le commerce
et Tiodustrie sont l'origine de cet état
prospère. L'industrie a pris depuis quel-
ques années un très grand développe-
ment dans les Bouches-du-Rhône; 108
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BOt
M>rte9 de friirications sont exercées dans
9,275 éiahlissemens et occupent habU
tueltement 49,700 ouvriers. Le produit
annuel do Tindustrie e^t évalué à 190
millions de fr. ; les matières premières sur
leiquelles elle s'opère sont portées à 132
millions, dont 58 sont des productions
du sol. La bouille est extraite sur plu-
sieurs points du département; les esprits,
les savons, Thnile d*o1ive, la soude, la
garance sont les principaux articles four-
uis au commerce considérable d*expoi*ta-
lion dont ce département est le centre
(vof, Marseille) et qui se fait spéciale-
ment avec les Échelles du Levant et les
états du midi de l'Europe. La possession
d'Alger y ajoute encore de nouvelles
chances d'accroissement.
Le département possède un grand
nombre d*ctablissemens consacrés à l'in-
struction , entre autres des Facultés de
théologie et de droit, une école secon-
daire de médecine, des écoles de des-
sin, de géométrie, d'hydrographie, 4
collèges, 510 écoles primaires, plusieurs
sociétés scientifii|ues et littéraires, des mu-
sées, un jardin botanique, etc. On remar-
que sur plusieurs points du département
de furt beaux restes d'antiqoitéi; la plu-
part se rapportent à la période romaine
(vof. Arles).
Le département des BDUches-du-
Rhône est divisé en trois arroniissemens :
M trseille, chef-lieu, Aix et Arlej {vo/, ces
trois noms); en 27 cantons et 109 commu-
nes. Il appartient à la 8^ division militaire ,
à la Cour royale, au diocèse et à l'acadé-
mie universitaire d'Aix. P. A. D.
BOUCnON, BoucHONinER. Le bou-
chonnier est celui qui fabrique et vend
non -seulement des bouchons de toute
forme et grandeur, mais encore une
foule d'objets en liège ( vojr. ce mot),
tels que semelles de souliers, appareils
pour nager ^ écritoires et même modèles
d'architecture. Il reçoit cette matière
en larges planches qu'il débite ensuite
en inorceaux plus ou moins volumineux.
Au moyen d'un couteau bien affilé dont
il appuie le dos sur l'établi, l'ouvrier,
préientant le liège au Iranch.mt et le
faisant rouler entre ses doigts, d'inne au
bouchon la forme de cône Irouqué.
Ce^ là toute U fabrication; vieat ea-
suite le triage. Le liège destiné à feîrc
les bouchons doit être souple , peu po*
reut et exempt de piqûres de vers.
On n essayé, sans beaucoup de succès,
de remplacer le liège dans la fabrication
des boilchons par le papier; mais on a
d(k revenir à cette substance qui joint à
l'élasticité la consistance nécessaire.
Pour employer les bouchons il con-
vient de les mouiller , sans quoi la dilata-
tion occasionnée par l'absorption du li-
quide ferait éclater les bouteilles. On a
imaginé, dansées derniers temps, pour
obtenir un bouchage exact et expéditif,
une machine consistant dans une Glière
en fonte où le bouchon B*amincit pour
entrer dans le goulot et reprend ensuite
son volume. F. R.
BOUCICAUT ( Jeak le Meiitcrb
DE ). La famille de Boucicant n'était pas
fort ancienne et tirait son origine de la
Touraine. On sait que le roi Charles f
se plut à élever des hommes d'une nais-
sance médiocre, mais dans lesquels il re-
marquait des talens. Cest ainsi qu'en
1366 il porta aux premières charges de
l'état Jean le Af eingre dit BottcicauL II
fut négociateur habile , général expéri-
menté , et fut marne surnommé le Brat*e.
Cependant il parait qu'il le cédait en
courage à son frère d'armes Jehan de
Sainlré, comme l'atteste un quatrain de
ce temps-là.
Charles Y le nomma maréchal de
France, dignité qui commecw^it à de-
venir l'une des plus considérables de la
couronne. Jean le Metngre se montra
toujoui^ digne de sa haute fortune par
ses vertus et surtout par son austère pro-
bité. Il mourut en 1370, laissant deux
fils en bas âge.
Laine, Jean, naquit en 1365, a
Tours, dont son père était gouverneur.
Florine de Linières , sa mère , ne né-
gligea rien pour lui donner une bonne
éducation suivant l'esprit du siècle. A
l'âge de 9 ans il fut admis, par ordre de
Charles V, au' nombre des jeunes nobles
clioisis pour être les compagnons du
dauphin. Ddi l'âge de 13 ans il fit ses
preiuières armes et accouipigna Louis
de Clermont d-ius la cauipagne de Nor-
mandie, en 13 7 7. Cinij ans après il assista
à la bauillc de ftotebeC| oik il ina m
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Flamatid d'une taille giganté^tie. Gommé
il était rare, à celle époque, de voir un
chevalier qui n*eùt point visité une par-
tie de r£iirope, le jeune Boucicaut, qui
s*était fait aussi remarquer à la cour de
Charles VI par son adresse et par sa
courtoisie, alla eo Prusse prêter Tappui
de son bras aux chevaliers teutoni(|ues.
A son retour, Louis de Clermont le choi-
sit pour son lieutenant dans la campagne
du Poitou, en 1385. Boucicaut s'y dis-
tingua et termina seul Texpédition. C'est
alors qu*il forma une confraternité d'ar-
mes avec Renaud dd Roye : ils parcou-
rurent ensemble toute l'Europe et une
partie de l'Asie, et lorsqu*iis revinrent
en France, ils soutinrent, avec S.iimpy ,
le fameux pas d'armes de Juipielvert,
entre Calais et Boulogne, contre les che-
valiers anglais.
Lorsque le duc de Bourbon partit
pour son expédition d'A.tri(|ue, Bouci-
caut ne put obtenir de Charles VI la
permission de le suivre, ce qui est d'au-
tant plus difficile à expliquer qu*il le
laissa aller quelques mois après à Kœ-
nigsberg, où d'autres chevaliers accou-
raient de toutes parts pour défendre
l'ordre teutonique atta(|ué par une ligue
formidable. Dans cette guerre Boucicaut
se distingua, selon son habitude, et, loi*s
quVUe fut terminée, il se rendit en
France, oïli Charles VI Tappelait. Ce fut
à Tours, dans l'appariement même où il
était né, qu*il reçut en 1391, du roi lui^
môme, le blion de maréchal. Il n'existait
alors que deux maréchaux de France;
il fallait commencer par être second ma-
réchal avant d'être premier. Boucicaut
De fut élevé à cette dernière dignité qu'en
1413. Il fut ensuite envoyé dans le com-
tat d*Avigiion pour faire cesser le
schisme qui déchirait alors l'église, et il
s^empara de la personne du pape Benoit
XIII. Il accompagna le comte de Nevers
lorsque ce prince alla défendre la Hongrie
contre les Turcs, et fut fait prisonnier par
ceux-ci à la bataille de Nicopolis.
Lorsque sa rançon fut payée et qu*il
put revoir sa pairie, il fut chargé par le
roi de faire rentrer dans le devoir le
comte Archaïubaud de Perigord ^1398).
Il soumit les places fortes de celle pro*
TÎnce et fit le comte prisonnier. Pois il
eut le commandement de l'armée en-
voyée au secoure de Constanlinople me-
nacée p\T les Turcs. Il se signala, dans
cette ex^iéJi lion, par des lalens supérieurs
et remporta de grands avantages. Il
amena à la cour de France l'empereur
Alanuel, qui Tavait nommé connétable
de son empire. A celte époque les bandes
armées désolaient la France; les dames
nobles étaient insultées jusque dans leurs
châteaux. Ce fut pour les défendre que
Boucicaut , avec la permission du roi ,
fonda l'ordre militaire de la Dame û/an"
che à i'écii vert; le nombre des cheva-
liers fut d'abord fixé à 13 seulement ,
mais plus tard il fut porté jusq rà 60.
Vers ce temps (1399), les Génois se
donnèrent à Charles VI , alors en dé-
mence. En 1401 , les ducs de Bourgogne
et de Berry, maîtres de l'état, envoyèrent
aux Génois le maréchal de Boucicaut
pour les gouverner. Il contint par sa sa-
gesse et par sa fermeté ce peuple turbu-
lent qui fut tranquille pendant plusieurs
années. Mais en 1409, tandis que le
maréchal prenait Tortone et recevait le
serment de fiJélilé de Jean^Marie Vis-
conti, duc de iVIilan, les Génois se révol-
tèrent, massacrèrent la girnison fran-
çaise, et Boucicaut fut forcé de retourner
en France. Pendant son commanJement
il avait fait éprouver sur mer de grandes
pertes aux Turcs.
Pendant les guerres civiles de France
il resla fi Jèle au dauphin ; ce fut malgré
ses avis qu'on livra la bataille d^Azin-
court. Il y fut fait pi isonnier et mourut
captif en Angleterre, en 1421 , à l'âge de
55 ans. Son corps fut transporté en
France et enseveli dans Téglise de Saint-
Martin de Tours. A. S-a.
BOUCLIER [clfpeus, scutum, pttr*
ma, etc.; en basse latinité, bucuierius,
etc.). C'est, de même que le casque, la
plus ancienne des armes défensives. Oa
en retrouve l'emploi chez presque toutes
les nations anciennes et modernes, civi-
lisées ou à demi barbires. On sait avec
quelle magnificence étaient décorés les
boucliers des héros grecs et roin tins : ce-
lui d'Acliille (//., xviii, 4S9; a lec^u aussi
d'Homère son immjrtalilé. Les madères
les plus précieuses y étaient quel(|uefois
employées} de là les noms de chrjrsoat'^
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(768)
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pides et d'argyraspides. Les plus sim-
ples étaient en bois léger, doublés de
cuir de bœuf et garnis d'une lame de fer
ou d*airain. Le milieu [urnbo) portait
une plaque relevée en bosse , quelquefois
ornée de ligures monstrueuses. C'est de
là qu'on a fait dériver le mot buccula
(diminutif de bucca)y désignant dans
certains auteurs la bosse ou le centre du
bouclier, et par suite celui de buculerius
ou bucularium.
Le bouclier argien était rond : les Ro-
mains le portaient sous Romulus. G* est
le véritable clypeus^ que ce prince fit
bientôt abandonner pour le bouclier
sabin, de forme rectangulaire ou hexa-
gonale, appelé depuis scutum et employé
par rinfanterie des légions jusqu'aux
derniers temps de la république. Il était
tantôt plat, tantôt légèrement convexe à
la manière des tuiles, ha parma^ ronde
et plus légère que le clypeusy était ré-
servée pour la cavalerie. Souvent des
boucliers pris sur TenDemi , ou enrichis
d'ornemens précieux et de figures de
dieux ou de généraux illustres, étaient
suspendus dans les temples, sous le nom
de boucliers votifs. On en voit beaucoup
d'exemples sur les médailles antiques, et
Ton peut désigner sous ce nom le pré-
tendu bouclier de Scipion de la biblio-
thèque royale de Paris , qui a été expli-
qué par AYinckelmann.
Chez les anciens, c'était une note
d'irilamie pour un soldai que d'avoir
perdu son bouclier. Le mot célèbre de
la Lacédémonienne à son fils , curn hoc
aut in hoc, peut être opposé à l'aveu naïf
d'Horace qui , peu jaloux de la gloire mi-
litaire, convient d'avoir jeté ion bouclier
pour fuir plus vite à la bataille de Phi-
lippes.
On sait que, dans les premiers temps
de la monarchie des Francs, les princes
ou chefs choisis par la nation étalent
élevés sur un bouclier et montrés ainsi
au peuple assemblé. Ces conquérans, à
leur arrivée dans la Gaule, adoptèrent
l'usage du bouclier, comme de toutes les
autres armes que les Romains y avaient
apportées. Vers la fin du xi*^ siècle, à
l'épQque de l'invasion de l'Angleterre
par les Normands ^ nous voyons la forme
de ce bouclier changer complètement.
II s'allonge en pointe Ters le bas, tan-
dis que la partie supérieure est sensible-
ment arrondie; ï ombilic ou umbo est
très souvent armé d'une pointe, comme
dans les boucliers antiques. Bientôt, au
temps des Croisades, cette arme défen-
sive, ramenée à de plus petites pro-
portions, se couvre d'armoiries; et c'est
alors que le bouclier change son nom
contre celui d'ccu ( de scutum ) , donné
par la suite aux pièces de monnaie sur
lesquelles il était représenté. L'écu tient,
comme on sait, une place importante
parmi les armes de la chevalerie, et Fart
du blason(i'0/.)lui doit le champ sur lequel
viennent se peindre tous ses accessoires.
Plus tard cette forme éprouva encore
un nouveau changement , et l'on ne voit
plus aux hommes d'armes du xvi^ siècle
que de très petits boucliers ronds, con-
nus sous la dénomination de rondelles,
dont l'usage ne cessa guère qu'avec celui
de l'armure elle-même. Les grands bou-
cliers ronds s'appelaient rondaches.
Nous n'avons guère parlé jusqu'ici que
du bouclier de la cavalerie : au moyen-âge
une partie de l'infanterie portait des /ar^x
en bois léger, garni de cuir bouilli ; sou-
vent aussi les archers s'abritaient derrière
de grands tallevas ou pavois , tenus par
d'autres soldats appelés pour cela paves-
cheurs. Ce moyen était surtout employé
pour l'attaque et la défense des places. CÎn
voit un de ces pavois au Musée d'artillerie
de Paris. Le nom de pavois s'est conservé
dans nos provinces de l'Ouest, où il dé-
signe aujourd'hui une rondelle de bois
chargée de cercles coloriés, qui sert à
tirer au blanc les jours de fêle. CN. À.
BOUDDHA, Bouddhisme. Le boud-
dhisme est une des religions les plus ré-
pandues dans le monde, quoiqu'il n*ait
pas franchi les bornes de l'Asie autre-
ment que par les migrations de quelques
tribus kalmukes qui sont venues s'éta-
blir en Europe dans les steppes du Volga
inférieur. Il compte à présent, suivant
un calcul probable, un peu plus de 200
millions de sectateurs. Originaire de
l'Hindoustan , cette religion bienfai-
sante a presque entièrement quitté ce
pays pour se répandre depuis l'Indus su-
périeur jusqu'aux bords du Grand-
Océan, et même jusqu'au Japon. Les
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farouches nomades de Vksie centrale ont
été transformés par elle en hommes mo-
raux, et son influence s'est fait ressentir
jusque dans la Sibérie.
Le bouddhisme ne parait être dans
son origine qu'une réforme de l'ancienne
religion de l'Inde. Celte réforme, qui dé-
truisit la division en castes, aurait pu
être un grand bienfait pour les babitans
de l'Hindoustan, si elle avait pu prévaloir
à la longue sur le culte des brahmanes
(vojr,) , de ces mortels si sages qui n'en-
seignent que des folies, qui craignent
d'écraser un insecte et qui tolèrent les
sacrifices humains ; défenseurs intéressés
d'un ordre de choses où , non - seule-
ment les rangs, les dignités, les avan-
tages de la vie sociale , mais les péchés
et les mérites , les chàtimens du vice et
les récompenses de la vertu, sont, de-
puis 3,000 ans, subordonnés à une clas-
sification bizarre, héréditaire et irrévo-
cable. Moins entichés d'observances pué-
riles et de préjugés barbares, les boud-
dhistes ont permis l'usage de la chair
des animaux et rappelé l'homme à sa di-
gnité; ils ont un peu moins de respect
pour les vaches et les éperviers , mais ils
ont montré plus de commisération pour
les classes laborieuses.
L'origine du bouddhisme remonte
environ à 1,000 ans avant notre ère;
dans le iv* et le y^ siècle après cette
époque on le trouve régnant à côté da
brahmanisme dans l'Inde. Nous igno-
rons encore dans quel temps II y fut to-
talement anéanti par celui-ci. Il parait
que, déjà avant la naissance de J.-C. , la
relipon de Bouddha s'était répandue
dans lu Bactriane et de là parmi les peu-
ples alains, gothiques et turcs de l'Asie
centi-ale. Elle fut introduite en Chine
dans le i*'' siècle de notre ère , et dans
le lY*^ en Corée. En 407 elle pénétra
pour la première fois dans le Tubet,
sans pouvoir pourtant s'y maintenir long-
temps. Ce ne fut qu'en 633 que cette
croyance y fut généralement répandue.
On voit donc que tout ce qu'on a débité
sur la haute antiquité de la civilisation
tubétaine et sur l'ancienneté du boud-
dhisme dans ce pays n'est qu'un tissu
de rêveries trop long -temps accueillies
même par des auteurs estimés. En ef*
Encyciop. d. G. d. M. Tome m.
fet, le Tubet y avant sa conversion au
bouddhisme , n'était qu'un pays habité
par des tribus barbares , en partie an-
thropophages. La première introduction
de cette religion au Japon eut lieu en
552 par la Corée. Elle s'était déjà ré-
pandue parmi les Mongols sous les pre-
miers successeurs de Tchinghîz-khan ;
mais il parait qu'après leur expulsion de
la Chine, elle se perdit partiellement
chez eux , et n'y fut rétablie que dans
la seconde moitié du xvi*^ siècle.
Bouddha n'est pas un nom propre :
c'est un mot*sanscrit qui signifie intelii-
gence ou raison suprême. C'est le titre
qu'on donne aux âmes qui sont parve-
nues au plus haut degré de la perfection,
en se dégageant entièrement de tout ce
qui est matériel. Les bouddhas paraissent
dans le monde pour le salut des âmes
qui n'ont pas atteint la même perfection
qu'eux. Dans l'âge actuel du monde,
quatre bouddhas ont déjà paru; le der-
nier d'ebtre eux, celui dans l'époque
duquel nous vivons, était Chdkya-mouni
né en 1 027 et mort en 949 avant notre
ère. Un cinquième et dernier doit en-
core venir ; c'est le bouddha Maïtreya,
L'idée de bouddha est applicable à l'u-
nité aussi bien qu'à la pluralité ; à l'u-
nité, parce que tout ce qui est placé
hors de l'influence et de l'attraction du
monde des apparences, ou ce qui s'y
soustrait, ne reste pas assujéti aux lois
du destin et doit finalement entrer dans
la perfection bouddhique qu'on nomme
vacuité.CeXXe vacuité {soûnya, soÛNjrata)
ne doit pas, comme l'expression paraîtrait
le donnera entendre,être regardée comme
un anéantissement total ou comme la des-
truction de l'intelligence, mais comme
la réunion intime et la concentration de
l'intelligence, et comme l'état de l'exis-
tence la plus parfaitement vraie. On a
voulu désigner par ce mot l'opposé de
l'existence visible et imparfaite dans le
monde des créations matérielles qui four^
voient l'intelligence et la dissolvent , et
qui dépendent de l'illusion des sens et
des changemens. On peut entendre le
dogme de bouddha sous forme de plu-
ralité, dans ce sens que tout ce qnî est
produit par le sansdra ou la nature ma-
tériellt et comprit dtut la monade boud-
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dbiquti conserve aussi, malgré ta réunion
avec rintelligence universelle et abstraite
(qui est elle-même bouddha), sa cons-
cience individuelle. Cette conscience se
renforce même dans 1 existence parfaite
et prouve un plus haut degré de cette
puissance par laquelle les bouddhas agis-
•ent au dehors. Les bouddhas étant pla-
cés en dehors du domaine de la naissance
et des bornes de Fespace et de ses lois ,
il n'y a plus pour eux de limite dans le
lemps, et ils contemplent les innombra-
bles périodes du passé et de l'avenir
avec la même clarté que le présent.
L'action des bouddhas se manifeste
par le pradjna^ qui est le mode suivant
lequel la plus haute intelligence de Texis-
lence véritable prend une existence ap-
parente dans l'espace et dans les formes
mensongères de la matière. Ce serait une
erreur de lier à cela une idée de réaction.
Le pradjna tioot le milieu entre le prad-
jna pd'-amUd ou la limite extrême de la
plus haute sagesse, qui est Bouddha lui-
même, et le monde variable, pour se
manifester à ce dernier et pour y se-
conder la continuation de la reproduc-
tion générique, en délivrant des liens du
«ansàra les parcelles intellectuelles qui y
sont disséminées. Une telle apparition
ne peut avoir lieu que par la réunion d*un
bouddha ou d'u ne partie de son in tell igen^
ce avec la matière^ou lorsque ce bouddha
revêt un corps visible , à son choix , ou
lorsqu'il passe par la naissance ordi^
naire. Les bouddhas pris individuelle-
ment ou collectivement (dans l'idée de
l'unité bouddhique) , malgré toutes leurs
perfections et leur puissance illimitée,
ne peuvent pas faire violence aux lois ir-
révocables du destin, qui ^^ ^^ autre
chose que la c^oséquepce des acMoqs des
êtres créés. Toute la cosmogonie n'est
qu'une oauvre ou une opération du des-
tin, et il en résulte que les bouddlias,
tn cette qualité , ne peuvent être direc^
temeot actifs dans ù création. Cepen-
dant | de même que le divin praeijna
forme la traiksîtion entre les différentes
manifestations de Bouddha, qu'il est éga-
lement nécessaire pour chaque Ao/n/7z//i-
cation de Boudditt, et que ce n'est que
par son moyen que le retour à Bouddha
est possible^ 4e mtoAceiera^M'^ ^ m^oi-
feste encore à chaque formation du i
de, non pas comme un agent efficace dans
le développement générique des ^tres,
mais comme l'intelligence bouddhique
dans la personne de Mandjoussri ou
Mandjou^liocha j le symbole hypostati-
que de la sagesse la plus parfaite, lequel
est invoquécomme tel par les bouddhistes.
C'est à Mandjoussri qu'il appartient dans
cette création d'agir avec efficacité afin
de se dégager entièrement de ses er^
reurs.
L'objet de l'apparition des bouddhas
dans un corps humain n'est autre que
d'arracher les êtres créés à la mer tou-
jours agitée du sansdra; c'est ainsi
qu'on appelle allégoriquement le cercle
dans lequel tournent sans fin, par la mé-
tempsycose, tous les êtres de ce monde.
Ainsi, loin de créer des êtres et de les
attacher à des lieux qui deviennent pour
eux des lieux d'épreuves et de châtiment
et dans lesquels ils se trouvent exposés à
toute sorte de malheur, les bouddhas sont
plutôt occupés de délivrer les êtres vivans
enchaînés dans ces lieux par le destin
inexoiable dont, par leurs actions, ib
ont provoqué les rigueurs, et de les met-
tre sur la voie par laquelle ils peuvent
parvenir à une délivrance complète. Le
but de cette délivrance est de les faire
arriver eux-mêmes à l'état de bouddha,
dans l'éternel nirvdna ou Vùnmaiériel
absolu. C'est pour cette raison que les
bouddhas apparaissent à certaines épo-
ques aux habitaus du monde, afin de leur
montrer qu*il est possible de s'élever à
cette hauteur, eux-mêmes ayant appar-
tenu autrefois au sansdra et en ayant
parcouru les divers degrés; et encore afin
de proposer aux êtres la doctrine boud-
dhique comme Tunique moyen de déli-
vrance et de les y faire revenir. Lors-
qu'un bouddha accompli i^tathdgtua) 9^
montre dans ce but, sous forme humai-
ne, sur la terre, il agit d'une manière
indépendante, tant qu'il réside dans un
corps terrestre soumis, comme tous les
autres , à une mort finale ; mais il reste
néanmoins le principe de la religion qui
n'est que la réunion de tous les boud-
dhas. Le corps terrestre qu'il a pris ne
l'empêche pas d'agir avec la toute>puîs-
sance de la propriété boaddluque et d«n|
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la plénitude du dhydna ou de la con-
templation divine. Ce qu'il veut, il le pro-
duit aussi par je moyen des créations dans
la matière; mais ces créations étant des
parties de sa propre intelligence et,
comme telles, élevées au-dessus de la ma-
tière à lacjuelleellesn'appartiennentqu'en
appai^ence, elles disparaissent aussitôt
qu'il les fait rentrer en lui. Le corps
terrestre que le bouddha a pris, dépen-
dant de (a matière et conséquemment du
temps et de l'espace y ne peut durer que
le temps prescrit par les lois de l'époque
dans laquelle il parait. Après avoir ac-
compli sa course, l'intelligence du boud-
dha prend sun essor et retourne dans
la vacuité de l'existence véritable, et
le bodhisattva de ce même bouddha y le-
quel est son reflet dans le second monde
du pradjna céleste , prend la place du
bouddha qui vientd'enlrerdans le /?/nY//i€2
éternel, et continue son œuvre jusqu'au
temps où un nouveau bouddha parait et
fonde une nouvelle époque de religion.
Chaque bouddha, devenu homme pour
le salut des créatures, porte le nom de
vénérable du siècle; il laisse son reflet
céleste dans les régions du nirv4/fa. Après
sa mort , H est remplacé dans le monde
par son représentant, qui est une éma-
nation de iui-mèmet Le représentant du
Châkya-mouni , ou du bouddha de no-
tre époque, e«t le bodbisattva Padnui
pdniy qui , par d^ incarnations toujours
renouvelées , agit pour le salut de tous
les êtres. Il est plus connu sou^ les noms
sanscr i ts de Àrij 4vaMâes'vara{yi9ir con-
traction Jryà vah, le maître qui con-
temple tout Avep amonr) et de JLo^^Ji'ri
ou Lolfunâtha; #ous la dénomina^çm
tubetaine de Djian rai ziïgh (qui voit
avec les yeux), en mongol I\lidou lier
udzèiitchi. Les Chinois ont traduit |e
nom de Avalokitea'vara par Kquuii çfyi (n
(celui qui contemple les sons de ce mon-
de), et e'est de cette dénomination chi-
noise que les Mongols ont fait celle de
Kkomchmi bodhisauva. Les boudd histes
de nos jours le croient toujours visible
dans la personne du Ddlaï iaum du Tg-
bet. Ils le >énèrent presque autant que
ChàkyarmouBi; il est d'auUnt plus roltjet
perpétuel dt leurs prières et de leur cul-
U qu» c'ost à lui mrtOMi ^'ils font
honneur de la conversion du Tubet Ses
actions mémorables se trouvent décrites
dans une longue série d'ouvrages volu-
mineux. De même que les bouddhas ont
le pouvoir de se créer des attributs hy-
postatiques , de même Padma-pâni peut
se multipliera volonté, si ses intentions
pour le bien de la religion l'exigent. Un
grand nombre de personnes princières
et ecclésiastiques, qui, à diverses époques,
ont contribué à répandre la foi boud-
dhique dans le Tubet, passent pour avoir
été des émanations de son intelligence, ou
même comme des incarnations immédia-
tes de cette divinité. Mais ce n'est pas
seulement Padma-pàni qui, de cette ma-
nière, se manifeste dans le monde : le
Dh>£ini boqddha Ainiidbha (chez les
Chinois O mi tafoey et che^ les Japo-
nais Amida), le reflet céleste de Châkya-
mouni, agit de la même manière, non pas
dans la plénitude de son pradjna cé-
leste, mais par ses émanations immé-
diates, qui, comme Padma-pâni dans
la personne de Oalaî lama, se montrent
sous une forme corporelle dans celle du
grand lama Pantchen rinpotché^ qui
réside à Djachi-L'houubo. C'est à Padma-
pâni que s'adresse la formule mystique
Oin inarCi padmé hoéni^ si révérée et
presqu*à cl
les houddh
goliç. La p
prement un
A. U, M. C
rieuse. Ma
dan^ le l i
tion SMt w
de 9or|e qu
formula sei
lablewcnt <
que l'appai
monde vi^jJ
légoriquem
le calice d'
représentée
feuilles dt^c;
émanation^
L'idi^e k
$e produit <
vans qui 3
grand, nombre de pas«^es de& livres de
cette rçligipn, chèque lois que l'occasion
Ven préewt^ : ^vf (roifi taond^s sont vh-
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fies ; te sansdra et le nirvana ne diffè-
rent pas l'un de C autre. Cela revient à
dire qu*en dehors de rintelUgence ré-
pandue dans les trois mondes, éternelle,
immatérielle et par conséquent vide (d'a-
près les notions matérielles), rien n'existe;
parce que les formes avec lesquelles TiD-
telligence peut se lier comptent pour
rien et sont vides, à raison de leur na-
ture périssable. Car le sansdra y ou le
cercle que parcourt Tintelligence en s*at-
tachaht successivement à toutes les for-
mes de la matière, doit arriver à une fin,
et doit, comme cette intelligence, mo-
mentanément enchaînée, mais durable,
être finalement affranchie pour retourner
à son origine. Ce sansdra n'est qu'en ap-
parence distinct du nirvdna, puisqu'il
s'efforce de retenir l'intelligence dans ses
liens, au moyen des amorces des sens, en
tâchant de lui ravir cette connaissance
qui appartient au nirvana. Forte de
cette espérance, l'intelligeDce s'efforce
de se délivrer, et marche, ou graduelle-
ment, ou immédiatement (selon le degré
de la connaissance qu'elle a obtenue), à
l'état conforme à son essence, le nir%'âna.
Alors le sansâra, auquel l'intelligence
n'avait prêté qu'une existence apparente,
retourne dans le néant Ainsi les trois
mondes sont vides, c'est-à-dire qu'il n'y
a rien en eux outre l'intelligence imma-
térielle et imperceptible. L'existence de
ces mondes a pour condition le san-
sdra ; celui-ci venant à cesser, il n'existe
plus qu'un monde, ou plutôt il n'en existe
pas du tout, puisque, quand chaque in-
telligence disséminée et détaillée sera
rentrée dans la grande unité, il ne pourra
plus être question de monde. Jusque là
néanmoins lès trois mondes existent en
apparence , mais ils sont destinés à re-
tourner un jour à la suprême intelligence,
et ont déjà pour la plupart opéré ce re-
tour. A cette suprême intelligence appar-
tiennent les bouddhas et les bodhisattvas
qui se sont retirés dans le nirvana. Ils se
trouvent sans illusion, dans un état vérita-
blement pur ou immatériel , et ont pour
toujours abandonné le cercle de naissance
du sansâra. Leurs mérites antérieurs du-
rant leur séjour dans le sansâra, et leurs
efforts pour opérer le salut des êtres
irivànsy leur confèrent le pouvoir d'être
encore actifs et de pouvoir se manifester
aux mondes. C'est ainsi que, sortant de
l'abstraction du premier monde, ils en-
trent dans le second monde, majestueux
et à glorieuses manifestations, et descen-
dent de là dans le troisième, qui est celui
des apparences de la matière ; de sorte
qu'ils paraissent appartenir aux trois mon-
des sans tenir réellement à aucun d'eux.
Le nirvdna ou l'immatériel , l'absolu,
fait donc l'essence des bouddhas ; et cette
essence est incompréhensible pour lei
êtres encore captifs dans le sansdra,
parce que pour ceux - ci , enchaioéi
qu'ils sont par la matière, la coonaissanœ
absolue, la connaissance complète, est
impossible; car la connaissance de rim-
matériel présuppose celle qu'a acquise le
corps terrestre. L'esprit est un captif re-
tenu par les sens qui dominent le corpi
dans les ténèbres de l'ignorance. Cest sar
ce principe que repose toute la doctrine
bouddhique sur la délivrance des êiret
de la domination des sens, qui dans ce
monde occasionnent tout le mal , le pé-
ché avec ses conséquences pour le prf-
sent et pour l'avenir.
Aussitôt que la consdence 8*est ré-
veillée dans l'ame qui se trouTe dans on
état non libre, et qu'elle reconnaît son
assujétissement , elle doit mettre toac
en ceuvre pour secouer le joug. Si elle y
manque, elle tombe par degré dans l'ab-
jection la plus profonde; selon la croyance
des bouddhistes, l'ameopère sa délivrance
lorsque, fidèle à la conscience, die s'atta-
che de toute la force de sa pensée à lin-
matériel, à l'absolu, de telle sorte qu'elle
devienne entièrement insensible aux iis-
pressions et au charme que les sens vo«-
dlraient exercer sur elle. Cette oonsdca-
ce, qui va toujours en croissant, est ap-
pelée hodhidjndna : elle la conduit pco
à peu à l'éternel nirvana, c'est-à-dire à
la condition de bouddha. Mais uo tel ef-
fort accompagné d'actions de contritioa
n'est rien moins que facile; car eooofc
que le pénitent soit à même de dompter
ses sens , il trouve des antagonistes re-
doutables dans les puissans génies dei
régions inférieures et supérieures du sam-
sara , qui se plaisent dans les joaissances
et les métamorphoses de ce monde seo-
suel| et qui emploient mille
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le sédaire. H faat doDC qu'il oppose une
résistance ferme à ces tentations. Avant
que ces obstacles ne soient complètement
vaincus, la sortie du sansâra est impos-
sible. Le bodhidjnâna n'exclut cepen-
dant nullement les bonnes œuvres ; au
contraire, il exige qu'on en fasse toutes
les fois que l'occasion s'en présente. Les
actions méritoires et utiles suffisent à
elles seules pour faire renaître celui qui
les exécute comme être plus parfait ,
même sans les efforts faits pour parvenir
à la connaissance de l'immatériel; cepen-
dant les bonnes œuvres seules ne peuvent
pas opérer une complète délivrance du
sansâra. L'entrée dans le nirvana étant la
conséquence immédiate de la sortie du
sansâra, avec laquelle toute autre renais-
sance finit, il est donc clair que pen-
dant les générations innombrables qui
sont déjà passées, un grand nombre
d'êtres ont déjà atteint ce but définitif.
Aussi les livres bouddhiques parlent per-
pétuellement de cent millions et de cent
mille millions de bouddhas. Même de
nos jours il arrive souvent que Ton dise,
en parlant de la mort de prêtres renom-
més ou de princes vertueux, qu'ils sont
devenus bouddha. Néanmoins une telle
sanctification n'est pas dans les principes
fondamentaux du bouddhisme : c*est un
abus introduit chez les bouddhistes de la
Mongolie, par Tautorité suprême du Tu-
bet, qui permet l'adoration de ces faux
bouddhas. Les livres bouddhiques éta-
blissent une grande différence entre les
difTérens bouddhas y non sous le itipport
de la béatitude (car il n'y a rien au-des-
sus du nirvana), mais sous le rapport de
leur activité pour lesalut des hommes. On
peut, par exemple, entrer dans le nir-
vana si l'on n'a pas négligé le salut des
autres créatures toutes les fois que l'oc-
casion s'en est présentée, tout en ayant
principalement en vue son propre salut ,
et quand on a suivi le chemin que les
bouddhas des trois temps ont indiqué
pour cela. De tels êtres appartiennent à
la classe des Pratyékas et S'rawakas ,
qui sont les auditeurs et les exécuteurs
des paroles d'un bouddha. Il en est.tout
autrement des bodhisattvas qui réunis-
sent en eux toutes les qualités parfaites ,
et qui ne se contentent pas de demeurer
( 773 ) BOU
dans le nirvana depuis des temps immé*
moriaux, mais qui, de leur propre gré et
pour le salut des êtres, ne cessent de
descendre dans le sansâra, auquel pour-
tant ils n'appartiennent plus en aucune
façon. Ce sont eux qui, toujours ac-
tifs parmi les chefs vivans du sansâra,
s'appliquent à détruire l'empire des
sens. Ils se servent à cet effet du pouvoir
qu'ils ont de sortir du nirvana et de se
rendre visibles dans le sansâra. Comme
ils ne travaillent pas seulement à leur
propre salut, ainsi que les S'ravakas et
les Pratyékas, mais qu'ils se sentent la
vocation de délivrer aussi d'autres êtres,
ils choisissent, dans leurs apparitions ré-
pétées , les incarnations qui sont les plus
convenables au temps et aux circonstan-
ces. Ils ne se replongent dans le plus
haut du dhyâna ou le nirvana, qui est
leur état naturel , que pour y puiser de
nouvelles forces et continuer, avec une
nouvelle énergie , leur activité au profit
du salut des êtres retenus dans les régions
inférieures du monde. De tels bodhi-
sattvas achèvent le cercle immense de
leur activité en se montrant finalement
comme bouddhas parfaits ( tathdgatas)^
et comme fondateurs d'une époque nou-
velle de la foi bouddhique, pour retour-
ner après pour toujours dans le nirvana
éternel. Une des occupations principales
des bouddhas et des bodhisattvas est de
rendre les êtres raisonnables attentifs
aux conséquences inévitables de leurs
actions, dans une renaissance future. Les
bouddhas et bodhisattvas étant libres des
conditions du sansâra, et appartenant
au nirvana immatériel ou à Tintelligence
universelle, connaissent également le pas-
sé et l'avenir. Au reste, cette connaissance
n'est pas aussi étendue chez les bodhi-
sattvas que chez les bouddhas, qui sont
regardés comme ayant réellement l'om-
niscience, de telle sorte qu'ils connaissent
non-seulement toute la suite de leurs
propres migrations antérieures, mais en-
core le sort des êtres innombrables ren-
fermés dans le sansâra. Ils savent aussi
d'une manière infaillible par quelle ac-
tion chacun de ces êtres s'est attiré son
état actuel , dans toutes les générations
qu'il a subies depuis le commencement du
inonde.
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(774)
BOU
Oâos ees derniers tem{>S 6fi a émis
celte conjecture que le bouddhisme pou-
vait bien avoir pris son origine dan^ le
Sânh^hya^ un des plus anciens systèmes
philosophiques de l'Inde; on ne peut
nier, en elTet, qu'on ne rencontre dans ces
deux doctrines plusieurs idées qui se res-
semblent à un tel point qu'il devient pro-
bable que Tune a emprunté des dogmes
à l'autre. Cependant le bouddhisme a un
grand nombre d'idées à lui propres, par
lesquelles il diffère essentiellement du
sânk'hya et deS autres sectes philosophi-
ques et religieuses de l'Inde. D'ailleurs
on a souvent prêté au bouddhisme des
doctrines qui lui sont tout-à-fait étran-
gères, et qu*on chercherait en vain dans
%t%soûlrcLSy qui tous sont d'origine hin-
doue et regardées comme transmises par
le bouddha même. On prétend , par
exemple, que ses sectateurs admettaient
le néant non existant comme le premier
principe de toutes choses, au lieu qu'ils
croient à une ame immatérielle et abso-
lue qui vivifie le monde. On les accuse
également d'avoir pris la nature pour le
néant ou le vide, et nié l'existence de
l'esprit. De ces assertions Tune est aussi
fausse que l'autre.
Si l'on examine avec soin la doctrine
bouddhique, on s'aperçoit facilement
qu'elle n'est basée ni sur l'athéisme, ni
sur le panthéisme. Sans doute la déifica-
tion de la nature abstraite sans créateur
pourrait être appelée athéisme, et la sup-
position que la nature divine, devenue
concrète, se montre dans toutes les for-
mes de la création, pourrait passer avec
raison pour panthéistique ; mais le boud-
dhisme , loin d'ériger en principe la déi-
fication de la nature, trouve au contraire
dans les effets de la nature la source du
mal et des maux qui pèsent sur les hu-
mains. Dans le bouddhisme , tout ce qui
est divin et placé au-dessus de tout, c'est
Bouddha ou l'intelligence suprême , la
raison par excellence, qui dans toute sa
pureté est nécessairement immatérielle;
comme telle, elle est absolue, c'est-à-
dire sans aucun rapport avec la nature,
avec la matière et la création. Le boud-
dhiste reconnaît dans Ilrahma aussi bien
le créateur du monde ou le principe créa-
teur que le brahmane le plus orthodoxe;
seulement tl tie voit dans la création
qu'une de ces métamorphoses dans les-
quelles Brahma se platt comme à un jeu.
Ce Brahma (chez les bouddhistes la ré-
gion lumineuse du second dhyàna ) dont
les émanations opèrent au dessous de lui,
est cependant par cela même loin de !a
perfection du bouddha. Le bouddhisme
est athée en ce sens qu'il n'admet pas de
créateur comme dieu primordial, et qu'il
ne trouve la plus haute idée de la divi-
nité que dans la raison primitive, ab-
straite et absolue. Cependant, en y regar-
dant de près, on ne Bétrira pas de celte
épilhète une doctrine qui admet une ré-
vélation divine de la taîson primordiale,
laquelle, à la vérité, n'agit pas romise
créateur, mais qui néanmoins exerce son
action sur la création, en prenant une
forme humaine pour sauver les amcs éma-
nées d'elle, mais enchaînées par la ma-
tière et affectées du mal de l'existence
mondaine. Avec moins de droit encore
pourrait- on faire passer la doctrine boud-
dhique pour une espèce de panthéisme,
puisque la dissémination de la diviDité
dans la totaUté de la création ou de l'exis-
tence est une idée tout -à -fait contr&ire
aux principes du bouddhisme, qui ne re-
connaît dans la création que l'intelli^enre,
tombée et obscurcie, mais étemelle p«r
sa nature, et par conséquent digne de se
relever et de remonter finalement \ Tin-
tetligence primordiale.
Il est bien démontréquc le bouddhisme
n^admet pas l'existence d'un être sa-
prême ou d^un dieu supérieur, modé-
rateur du destin de l'univers. Néanmoins
un savant anglais, M. Hodgson, qni a
étudié avec soin les livres des bouddhis-
tes du Népal , a cru y découvrir le con-
traire, n a trouvé que dans le système
des bouddhistes de ta sect^ appelée
Aïs*variha [voy, ce mot) Il était ques-
tion d*un être appelé Adi boudtlha^ cm
le bouddha primordial^ regardé par eux
comme l'être primitif qui a préexisté à
toutes choses, et qui, pour celte mî>oo,
est aussi nommé svayamhhoû ^ l'être
existant par lui-même. Mais nous savons
à présent que cette doctrine d'un Adi
bouddha appartient à un système reli-
gieux qui ne date que de la dernière
moitié du x^ siècle , époque où il fol in-
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(775)
BOU
trodnit dans flnde, â*o& Il arriva par le
Rachemir au Tubet, où, depuis le xiv*
jusqu'au XVI* siècle, plusieurs savans
cotuposèrent des traités sur ce système
appelé Kdla tchakra ou la Koue noire.
Dans le seul ouvrage primitif qui expose
ce système , il est question de la Mecque;
on y décrit, sous la forme d'une pro-
phétie, Torigine, le progrès et le déclin
de la religion de Mahomet. C'est donc
sans doute une composition fort moderne,
quoiqu'on ait voulu la faire passer comme
ayant Châkya-mouni lui-même pour
auteur.
Pour bien comprendre les doctrines
bouddhiques il faut connaître le système
cosmographique, ainsi que celui de la
cosmogonie adoptés par les bouddhistes.
Bien que ces systèmes soient d'origine
hindoue, ils diffèrent, sur plusieurs
points essentiels, de ceux qui ont prévalu
chez les brahmanes. Pour rendre plus
facile rintelligenee de quelques particu-
larités qui se présentent dans les écrits
des cosmographes bouddhistes, il faut sa-
voir qu'ils ont poussé les opérations de
la numération à un point d'eitravagance
inconcevable, de sorte que le dernier
chiffre de ceux pour lesquels ils ont
créé des noms particuliers est Tunité
suivie de 60 zéros. Quelque énormes que
soient ces nombres, ils ont été loin de
suffire aux besoins de leur imagination
bizarre et désordonnée : on en a inventé
d'autres qui dépassent tout ce que l'usage
raisonnable des combinaisons arithméti-
ques a pu rendre nécessaire. Une ques-
tion adressée à bouddha par un bodhi-
sattva engagea ce personnage à dévelop-
per sa théorie sur ce sujet. Il y a, dit-il,
troia systèmes de numération ^ le pre-
mier est le système infériem*, où les nom^
bres croissent de 10 en 10. Dans le sys«
tème moyen , les nombres croissent par
centaines, comme quand on multiplie
uo laks^a (1 00 mille) pour avoir un kôU
on 10 millions. Enfin dans le système
supérieur, les nombres se multiplient par
eux-mêmes : c'est ce qu'on nomme la
méthode des 10 grands nombres, mé-
thode que Bouddha seul avait pu com*-
prendre. Le point de départ de ces 10
grands nombres est Vasankhya (100
quadrillions) multiplié par lui-même:
ce nombre est l'unité suivie de 84 zéros,
lequel , à son tour , multiplié par lui-
même, produit le second des 10 nombres,
qui est l'unité suivie de 08 zéros; on ré-
pète cette double opération sur ce nom-
bre, puis sur chaque des suivans, jusqu'au
10**, qu'on nomme indiciblemcnt indi-
cible, et qui ne pourrait être exprimé
queparl'unité suivie de4,456,446 zéros,
ce qui, dans nos impressions ordinaires,
ferait un chiffre de près de 44,000 pieds
de long. Ce dernier nombre est encore
surpassé par celui qu'on emploie en quel-
ques circonstances^ notamment dans la
cosmographie mythologique, et qui n'est
pas évalué ; son nom désigne le nombre
des atomes contenus dans le mont Sou-
Merou, ou la montagne céleste. En gé-
néral les fables bouddhiques portent eu
tout un caractère d'exagération qui tient
de l'extravagance : les dieux, les génies,
les saints, ne sont pas groupés par cen-
taines , mais par millions et par mil-
liards.
L'univers porte chez les bouddhistes
le nom des trois mondes (Tril6ka). Ces
mondes se trouvent superposés l'un à
l'autre, et le tableau ci-joiat*^ fera oon-
' TABLEAU DE LA DTSPOSITfOM DES TROIS IIOJVDES.
I*' Moirim
(■■M formes).
1.1
II*M0KDB
(des foriD»).
\
I*
28. Le riel Naîba^arodjngAoAsaDidjogAyatoâSa.
27. Le ciel AkintchabyAyatanam.
20. Le ciel BidjogAnAoatnyatanam.
25. Le del AkAs'AiiaDtyayBtaDaai.
24. Le ciel MahAsVaribasaDanra.
23. Le del Ag^anichtA.
22. Le del Pooatars*uia.
21. Le del Booliris'A.
20. Le del Atapa.
19. Le del AbrihA.
18. Le ciel PrUiatlrtyotlftlMla.
17. Le ciel Poo^yaprapabA.
\ 16. Le ciel AnabhralM.
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(776)
BOU
naître leur disposiUoD. Le troisième
monde est riaférieur; il contient mille
millions de systèmes terrestres avec six
cieux du désir. Ces systèmes terrestres
n*ont pas une forme sphérique : chaque
terre est une grande plaine immobile, au
milieu de laquelle est placé le mont Sou-
Merou, entouré horizontalement par les
quatre grandes et par huit petites parties
du monde. A. ce système de monde ap-
partiennent le soleil, la lune et tous les
astres, qui ne sont regardés que comme
des habitations de quelques divinités.
Les bouddhistes n*ont aucune idée de ce
que nous appelons un système solaire,
ni de la rotation des corps célestes. Les
six cieux superposés aux mille millions
de terres s'étendent comme celles-ci ho-
rizontalement, et forment six couches
Tune au-dessus de Tautre. Tous ces sys-
tèmes terrestes, qu'on appelle le grand
mille des trois mille mondes^ composent
ce qu'on nomme le troisième monde. Il
serait impossible de comprendre cette
expression si on n'en trouvait pas l'expli-
cation dans les livres bouddhiques. Les
trois mille mondes se composent àxi petit
mille f du moyen mille et du grand mille.
Le petit mille ou le petit chiliocosme,
contient mille systèmes terrestres par-
faitement semblables au nôtre. De
même que ce système forme une plaine,
de même tous les systèmes qui l'avoisi-
nent s'étendent horizontalement dans
toutes les directions. Le petit chiliocosme
est entouré par une haute chaîne de mon-
tagnes. Au-dessus et dans toute son éten-
due règne la région inférieure et la plus
petite du second dhjrdna (la triple ré-
Ilfi MOHDB
(d«t foniMi).
gion lumineuse ou le Brahma). En de-
hors du petit cbiliocosme et autour de
lui s'étend horizontalement le chilio-
cosme moyen 9 qui se compose d'un
million de systèmes terrestres. Dans
toute son étendue il se trouve couvert
par le second dhyâna et de la région in-
férieure et plus petite du troisième. Le
moyen chiliocosme est à son tour en-
touré par le grande qui contient mille
chiliocosmes de la grandeur du moyen.
Ces trois chiliocosmes forment l'univers,
au-dessus duquel règne la région supé-
rieure et la plus grande du second dhyd-
nay la moyenne du troisième et Tinfé-
rleure ou la plus petite du quatrième
dhydna, ou de la révélation bouddhi-
que. Aucun système terrestre de l'uni-
vers n'est visible à l'autre. Tout l'univers
est placé sur une masse étbérée dont la
rotation perpétuelle y entretient l'équi-
libre, sans le faire trembler ou le mettre
en mouvement. La rotation de cette
masse éthérée, dans laquelle les différens
systèmes terrestres s'élèvent comme des
lies dans la mer, est entretenue par le
destin , fruit des actions de l'homme.
Comme toup les systèmes terrestres se
ressemblent parfaitement, la descrip-
tion de l'un est aussi celle des autres.
Selon les bouddhistes la terre habitable
est partagée en quatre grandes Iles [dvi-
pa) ou continens placés aux quatre
. points cardinaux, par rapport à la mon-
tagne céleste {Sou-Merou). A l'orient est
le continent de la Beauté [Pourvd pi-
deha)y dont les habitans, en fait de
beauté corporelle, ont la supériorité sur
ceux des autres. A l'occident est le con-
III< MOVDK
( «omf>rTiuint milte miUv
lioiit dt ByMétuM ter- j
retires sfeekt < rUmm §
15.
14.
13.
Le ciel S*oul)hakritaMio.
Le ApramsD'abha.
Le ciel Parls^oabha.
12.
11.
10.
Le ciel Abhâfrarâ.
LecielÂprahAn'Abha.
Le ciel PartrtAbha.
9.
8.
7.
Le ciel MahAbrahAn'a.
Le ciel Brahmapoarohita.
Le ciel Brahmaparipatyi.
' 6.
5.
4.
3.
2.
1.
Le ciel ParaoirmatabartitA.
Le ciel NirmAn'aradrA.
Le ciel ToacfaitA,
LedelTAma.
Le «ici Traya8trtn*tA.
TchatoarmahArAdjaUyiU.
LaTbrkb.
Le» â^irmi Et^$r^
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(777)
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tÎDeiit d«s Boafs (Goderrjra); ce nom ex-
prime que la plu8 grande richesse des
peuples qu'on y trouve consiste en im~
menses troupeaux de bœufs. Au nord est
le continenr septentrional [Outtara kou-
ra). Le continent du Sud , qui est celui
qui comprend Tlnde, est nommé Djam-
bou dvipa, d'après un arbre qui se voit
dans sa partie occidentale, et au pied
duquel passe un fleuve dont le sable ren-
ferme de Tor, ce qui fait qu'on rend
aussi la dénomination de Djambou par
distingué par V or. La taille des hommes
et la durée de leur vie varient dans les
quatre continens. La stature des habi-
tans du continent oriental est de 8 cou-
dées ^ chacune de 18 pouces, et ils vi-
vent 250 ans. Dans le continent occiden-
tal les hommes ont 16 coudées de haut
et vivent 500 ans. Les habitans du nord
ont 82 coudées ; leur vie s*étend à 1,000
ans , et on ne voit pas chez eux de morts
prématurées. Enfin , dans le continent
méridional ou dans Flnde, les hommes
ont 8 j coudées jusqu'à 4 ; leur vie de-
vrait être de 100 ans, mais beaucoup
d'entre eux n'atteignent pas ce terme.
Le visage des habitans de chaque conti-
nent répond à la forme du continent lui-
même. Celui de l'orient est comme une
demi-lune, étroit à l'orient et large à
l'occident, et son diamètre est de 9,000
yodjanas. Il y a trois espèces de yodja-
nas; la plus grande équivaut à 9 milles an-
glais, la moyenne à 5 et la petite à 4 seu-
lement. Le continent d'occident est rond,
comme la pleine-lune, et son diamètre
est de 8,000 yodjanas. Le continent du
nord est carré comme une piscine, et sa
largeur est de 10,000 yodjanas. Enfin le
Djambou-dvipa est comparé au coffre
d'une voiture, large du côté du Sou-Me-
rou, et étroit au midi; son étendue en
longitude est de 7,000 yodjanas. Il est évi-
dent que les quatre continens des boud-
dhistes ne se rapportent nullement à une
division naturelle des grandes terres du
globe, mais que c'est une notion entière-
ment fabuleuse. D'ailleurs il n'est parlé
d'aucune communication possible entre
les quatre continens. La montagne cé-
leste qui les sépare ne saurait être con-
fondue avec THimâlaya, quoique l'idée
poisse en avoir été pris* de cette haute
chaîne qui , à l'égard des Hindous, Sem-
ble se confondre avec le point extrême
du ciel visible, ou le pôle septentrional.
Quatre fleuves arrosent le continent mé-
ridional ou Djambou dvipa; à l'orient le
Ganga ( Gange) , ainsi nommé d'un mot
qui signifie maison céleste, parce qu'il
roule d'un endroit élevé ; le Sindhou ( In-
dus) au midi; le ^a/if à l'ouest, et {tSita{\t
froid ) au nord. Ces quatre fleuves sor-
tent d'un lieu nommé Anoudata , dont
les quatre faces sont remarquables par
un animal et une matière qui leur sont
particuliers. L'orifice d'où sort le Gange
est la bouche d'un bœuf d'argent; celui
du Sindhou est la bouche d'un éléphant
d'or; celui du Yats est la bouche d'un
cheval de saphir , et celui du Sita ( vrai-
semblablement leYaerou-Zang-boduTu-
bet) est la gueule d'un lion de cristal
de roche. Le lac Anoudata a environ
80 lieues de circonférence ; ses rives sont
ornées d'or, d'argent, de saphir, de
cristal, de cuivre, de fer et d'autres ma-
tières précieuses. Il est placé au nord de
la grande montagne de neige, c'est-à-
dire de l'Himalaya, et au midi de la
montagne des Parfums, qu'on nomme
ainsi parce qu'elle produit toute sorte
de substances odoriférantes.
La longueur du Djambou-dvipa, du
sud au nord, est de 21,000 yodjanas, et
son épaisseur de haut en bas est de
68,000. Sous la terre il y a de l'eau
jusqu'à l'épaisseur de 84,000 yodjanas;
sous cette eau est un feu de la même
épaisseur; puis il y a de l'air ou du
vent, dont l'épaisseur est de 64,000
yodjanas; puis enfin, une roue de dia-
mant dans laquelle sont renfermées les
reliques corporelles des bouddhas des
âges antérieurs. Quelquefois il s'élève
un grand vent qui agite le feu; le feu
met l'eau en mouvement; l'eau ébranle
la terre ; et c'est ainsi qu'ont lieu les
tremblemens de terre. Au-dessous de
l'extrémité méridionale du Djambou-
dvipa, à la profondeur de 500 yodjanas,
sont les huit grands enfers brûlans et
les huit grands enfers glacés, ainsi que
les seize petits enfers qui sont placés
aux portes de chacun des grands. On
donne la description de ces enfers et
des supplices que les âmes des pécheurs
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(778)
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y eniurent: téttt description k^semble
beaucoup à celles que des imaginations
bizarres se sont plues a fabriquer dans
tous les pays. L'étendue de ces enfers
est, suivant quelques-uns, de 80,000
yodjanas en longueur et en largeur. Ou-
tre les montagnes des Parfums dont
nous avons déjà parlé, on nomme plu-
sieurs autres chaînes de montagnes qui
se succèdent, en allant au nord, depuis
Textrémité de ce continent jusqu'à la
montagne du Pôle. Les uns en comptent
sept, et les autres dix ; et ceux qui adop-
tent ce dernier nombre, varient encore
snr les noms des montagnes et sur Tes-
pèce d*habitans qui s'y trouvent. Les
sept montagnes d*or, ainsi nommées
parce qu'elles ont la couleur de ce métal,
en entourant le Sou-Merou, forment
cercle les unes autour des autres. Ce5t
sans doute à ces cercles de montagnes
qu'on rapporte les divisions des sept
mers , qui sont la mer salée , enfermée
dans une roue de diamant en mouve-
ment; la mer de lait; celle de crème;
celle de beurre; celle d'hydromel; la
mer qui renferme les plantes d'heureux
augure, et la mer de vin. Un autre ar-
rangement est celui des dix montagnes
et des dix masses d'eau qui les séparent.
Les listes qui se rapportent à ces deux
objets ne sont pas d'accord entre elles.
En additionnant les différentes largeurs
aux masses d'eau ainsi qu'aux monta-
gnes qui sont placées dans leur inter-
valle, on trouve qu'un espace de plus
de 30,000 yodjanas est supposé séparer
Fextrémilé septentrionale du Djambou-
dvipa du pied de la montagne polaire
ou du Sou-Merou. Cette dernière, dont
le nom signifie, suivant les bouddhistes ,
prodigieusement haute, a 84,000 yod-
janas d'élévation. Elle est le séjour des
devas ou dieux; le soleil, la lune et les
étoiles tournent autour d'elle, et c*est ce
qui fait la différence des nuits et des
jours, des années et des autres divisions
du temps. Le soleil est habité par un
adorateur de bouddha , à qui ses vertus,
ses bonnes actions et sa piété ont mérité
de renaître dans ce lieu. Il habite au pa-
lais dont les murailles et les treillis sont
tons les sens; il est par «mséqnetit de
forme cubique, et c'est Tétoignement
qui le fait pai-aitre rond. Cinq tourbil-
lons de vent entraînent continuellement
ce palais autour des quatre côntinens,
sans jamais lui permettre de s'arrêter:
l'un de ces tourbillons contient le palalt
du soleil , et l'empêche de tomber dans
l'éther; le second l'arrête, le troisième
le ramène , le quatrième le retire , et le
cinquième le pousse en avant; c*e qui
produit le mouvement circulaire. Il est
midi, dans le Djambou-dvipa , quand le
soleil est parvenu en fkce du côté du
SoU'Merou qui répond a ce continent
Le jour tombe alors dans le continent
oriental, il commence à pointer dans le
continent occidental , et il est minuit
dans celui du nord ; les quatre points du
jour sont ainsi déplacés successivement ,
à regard des quatre côntinens. La lune
est au palais habité de la même manière
que celui du soleil , et pareillement en-
traîné dans un mouvement circulaire
autour du mont Sou-Merou ; mais ce pa-
lais n'a que 49 ou 60 yodjanas, c'est-à-
dire deux ou un de moins que celui da
soleil ; c'est à peu près la différence de
diamètres apparens moyens du soleil et
de la lune. Le jour de la pleine lune, ce
même palais est devant celui du soleil,
et le jour de la nouvelle hme , il se trouve
en arrière. C'est la révei4)ération des
rayons du soleil qui produit la pleine et
la nouvelle lune. Les plus grandes étoiles
ont 16 yodjanas de tour. Les vingt-huit
mansions lunaires sont disposées dans
l'espace avec la destination de protéger
plus spécialement certains êtres, certaines
professions et certaines localités.
Les flancs du Sou-Merou sont de
cristal au nord, de saphir au midi, d'or
à l'orient , et d'argent à l'occident. Cette
montagne est partagée en plusieurs étages
habités par des déVas ou êtres divins de
plusieurs degrés. Le mouvement circu-
laire du soleil et de la lune autour de
cette montagne est une circonstance
qui fait voir que sa position doit être
aux pôles de la terre et du ciel , con-
fondus par Vignorance de la véritable
constitution de l'univers. Le Sou-Merou
ornés d'or, d'argent et de saphir : ce pa- | est donc tout à la fols la partie la plus
lais a 51 yodjanas de dimenskui dam i élevée du monde terrestre , autour et
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Uquêflè sm^t placés les qtiati^ MnHnens ,
et te point central du ciel visib'e, autour
duquel se meuvent les corps planélaires
et le soleil lui-même. Le nom de mon-
tagne polaire doit être pris dans cette
signification. A la moitié de la hauteur du
Sou-Merou, c*est-à^ire, au quatrième
de ses étages, commence la série des six
deux superposés les uns aux autres,
lesquels constituent ce qu'on nomme le
Monde des Désirs^ parce que tous les
êtres qui rhabitent sont soumis égale-
lement , quoique sous deà formes diver-
ses, aux effets de la concupiscence; les
uns se multiplient par rattouclicment
des mains, les autres par le sourire on
le simple regard, etc. An premier de
ces six cieux, en commen<^nt par en-bas,
habitent quatre dieux puissans dont les
royaumes sont aux quatre points cardi-
naux. Le second ciel est nommé le ciel
des trente^troiSy parce que Indra, le dieu
de l'atmosphère, y fait son séjour avec
trente-deux personnages parvenus comme
lui , par leurs vertus , de la condition
humaine à celle de dévas ou divinités.
Le troisième est appelé ciel de Yama ,
parce que le dieu de ce nom y réside
avec d'autres êtres semblables à lui , qui
mesurent leurs jours et leurs nuits sur
l'épanouissement et la clôture des fleurs
de lotus, et qui habitent l'éther. Dans
le quatrième ciel , appelé Touchùd, ou
séjour de la joie , les cinq sens cessent
d'exercer leur influence: c'est là que les
élres purifiés, parvenns au degré qui
précède immédiatement la perfection ab-
solue, c'est-à-dire au rang des bodhi-
sattvas, viennent habiter, en attendant
que le moment de descendre sur la terre
en qualité de bouddha soit arrivé. Au
cinquième ciel, appelé rieldela €om*er-
sion , les désirs nés des cinq atomes ou
principes de sensation sont convertis
en plaisirs purement intellectuels. Au
sixième enfin, habite le^c^/»ri/r(Is*Tara),
^ui nide à la conpenion d*autruiy aussi
nommé le Roi des génies de la mort.
Tous les êtres qu'on vient d'énuniérer,
à l'exception de ceux des deux cieux in-
férietirs , résident , non plus sur le mont
8ou-Merou, mais au ^ein même de la
matière éthérée. An-dessus des six cieux
dnmondt dea Déairs > conmeiice one
seconde série de deux superpo<)ês , qui
constituent le monde des tonnes ou des
C oiilettrs^Sk'insï nommés parce que les
êtres qui l'habitent, bien que supérieurs
en pureté à ceux dont il vient d'être
parlé, sont encore soumis à l'une des
conditions d'existence de la matière, la
forme ou la couleur. On compte dix*
huit degrés d*étages superposés dans le
monde des formes , et les êlrea qui les
habitent se distinguent par des degrés
correspondans de perfection morale et
intellectuelle, auxquels on atteint par
quatre procédés de contemplation. An
premier dhydna (ou à la première con-
templation) appartiennent les Brahmas, le
grand Brahma-roi. Trois cieux du second
dhydna ont pour commun attribut l'é-
clat ou la lumière avec différentes modifi-
cations. Trois cieux du troisième dhydna
ont pour attribut commun la vertu on la
puissance. Enfin divers genres d'une per-
fection encore supérieure à celle des pré-
cédens, caractérisent les neuf cieux du
quatrième dhydna. Quand on a dépassé
le monde des formes, on trouve le monde
sans Formes , composé de quatre deux
superposés, dont les habitans se distin-
guent par des attributs encore plus rele-
vés. Ceux du premier ciel habitent l'élher,
ceux du second résident dans la con-
naissance ; ceux du troisième vivent dans
l'anéantissement, et ceux du quatrième,
au-dessus duquel il n'y a rien , également
exempts des conditions de la connais-
sance localisée et de l'anéantissement
qui n'admet pas de localité , sont dési-
gnés par l'expression sanscrite naî-haa
samdjndndsamdjndyaiam qui signifie ni
pensans ni non pensans.
On voit que, dans l'échelle de cea
mondes superposés , tout va en se sim-
plifiant et en s'épurant, à partir de l'en-
fer , qui est le point inférieur , jus->
qu'au sommet du monde sans formes,
qui est la partie ta plus élevée. On trouve
d'abord la matière corrompue avec ses
vices et ses imperfecdoua; l'ame pen-
sante enchaînée par les sensations , les
passions et les désirs; l*ame purifiée, ne
servant plus à la matière que par la forme
ou la couleur ; la pensée réduite à l'é-
ther ou à l'espace pur; la pensée n'ayant
p^r base que la cônimiëéance; puit tout
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(780)
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cela même anéanti dans une perfection
qui est tout ce qu*il est donné à rhoinme
de concevoir, et qui toutefois est encore
fort au-dessous de celle qui caractérise
l'intelligence conçue, soit dans le rap-
port d*amour avec les êtres sensibles ou
bodhisattvas, soit dans son état absolu
et libre de tout rapport quelconque ou
bouddha.
Les habitans qui peuplent les difTé-
rentes parties de Tunivers sont classés
ainsi : 1^ Les dévas. Ce sont des
êtres qui, bien que doués d'une grande
puissance, de facultés surnaturelles et
d'une singulière longévité , sont encore
soumis aux vicissitudes de la naissance
et de la mort , et exposés à perdre leurs
avantages par le péché; ils habitent le
mont Sou-Merou et les divers étages cé-
lestes qui y sont superposés; 2^ les
hommes; 8^ lesofou/ioxou génies, qu'on
distingue en gandharvas, pis*âtcha, koum-
bandha, yaks*as, râks*as:ils vivent au
bord de la mer, ou au fond de TOcéan ,
ou dans les escarpemens du mont Sou-
Merou; 4° les prêtas ou démons faméli-
ques, qui endurent pendant des périodes
immenses tous les tour mens de la soif et
de la faim : ils habitent au fond de la
mer, parmi les hommes, dans les forêts,
sous la forme humaine ou sous celle d'a-
nimaux; 5o les brutes; 6* les habitans
à^% enfers.
Les quatre dernières classes sont ce
qu'on nomme les ^iia/re conditions mau-
vaises, A ces six classes d*êtres il faut
joindre les nagas ou dragons, qui ont
une existence équivoque entre les bons
et les mauvais génies; \es garoudas^ oi-
seaux merveilleux; les kinnaras, et beau-
coup d'autres êtres plus ou moins par-
faits, lesquels ont avec les précédens cela
de commun que les mêmes âmes peuvent
successivement animer des corps appar-
tenant à l'une ou l'autre classe, selon
que leurs vertus ou leurs péchés leur per-
mettent de renaître à un degré plus ou
moins élevé dans l'échelle des êtres vi-
vans. Il n*est pas question ici des grada-
tions morales et intellectuelles par les-
quelles on peut passer pour devenir suc-
cessivement S'ravaka ou auditeur de
Bouddha , Pralyéka bouddha , Bodhi-
Aattva, et eofio bouddha» quand on a
réussi à s'affranchir des conditions d'exis-
tence auxquelles restent soumis tous ceux
qui habitent l'enceinte des trois mondes.
L'ensemble des trois mondes constitue
l'univers. Le système du monde auquel
nous appartenons se nomme SavaioAa"
dhâtouy le séjour ou le monde de la
patience, parce que tous les êtres qui y
vivent sont soumis aux épreuves de la
transmigration et à toutes les vicissitudes
qui en sont la conséquence.
Les bouddhistes ont porté dans la di-
vision de la durée le même esprit d'exa-
gération puérile et de précision appa-
rente que nous leur avons vu suivre dans
la mesure de l'étendue. La plus petite
portion de temps qu'il soit possible d'ap-
précier est, selon eux, le kchana^ ou la
1 ,080,000°^^ partie de quatre de nos heu-
res, qui forment une heure bouddhique.
Le kchana est par conséquent la 75™* par^
tie d'une de nos secondes. La vie des
hommes était d'abord de 84,000 ans :
au bout de cent ans, cette durée est abré-
gée d'un an. Elle décroît ainsi d'un an
par siècle , jusqu'au point d'être réduite
à dix ans seulement. Il se passe cent an-
nées encore, après quoi elle augmente
de nouveau d'un an, et elle s'accroît
ainsi d'un an par siècle , jusqu'à ce qu'elle
soit revenue à 84,000 ans. Le temps qui
s'écoule pendant cette diminution gra-
duelle et le rétablissement qui la suit se
nomme un petit kalpeu Vingt de ces pe-
tits kalpas ou kalpas intermédiaires font
un ka/pa , et quatre de ces derniers un
grand kalpa. Les quatre kalpas qui com-
posent le grand kalpa sont le kalpa de
la fondation , celui de la stabilité ^ celui
du destin et enfin le kalpa vide. Le kal-
pa de la stabilité est regardé comme le
meilleur de tous , parce que mille boud-
dhas accomplis paraissent pendant sa du-
rée, pour renouveler, l'un après l'autrey
la croyance religieuse. C'est pour cette
raison que ce kalpa porte le nom sans-
crit de bhadra ou l'excellent, l'heureux.
Après ce kalpa commence celui du dé-
clin ou de la dbsolution, qui finit par
la destruction des cent mille millions de
systèmes terrestres du grand chiliocos-
me. Cette dissolution rend totalement
vide l'espace qu'occupait cette partie de
l'anivefrs. Cet ^t 4'anéantisseiBent, \
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(^81)
ÈOt
dant lequel aacuo système du monde
n'existe, est appelé le kalpa \ide. Pen-
dant sa durée tous les atomes spirituels
qui avaient été réunis au sansâra ou à la
matière se trouvent absorbés par le
second dhyâna. Mais comme ces par-
celles spirituelles n'ont pas encore entiè-
rement satisfait aux lois du destin des
actions^ et qu'elles ne sont pas encore
dans un état complet de délivrance, Té-
tât de repos ne peut durer pour elles. La
loi du destin non satisfaite suit Tame
dans les régions du second dhyâna et y
forme le germe d'un renouvellement de
monde après l'écoulement du kalpa vide.
Dans le développement de ce germe de
monde, chaque ame non libre est soumise
à une nouvelle naissance. Les ouvra-
ges bouddhiques ne disent pas com-
bien de grands kalpas ou destructions
et créations de mondes ont déjà eu lieu
et auront lieu encore; ils parlent seule-
ment d'innombrables kalpas passés et fu-
turs. Ils assurent qu'après sept destruc-
tions du monde par le feu il en arri-
vera une huitième effectuée par l'eau.
Après celles-ci sept autres seront effec-
tuées par le feu et une par l'eau; enfin,
après sept fois sept destructions par le
feu, sept par l'eau, et encore sept par le
feu , il doit en arriver une effectuée par
l'air. Cet air sortira comme un ouragan
terrible des régions du troisième dhyâna,
détruira d'abord le second dhyâna, puis
le premier, et finalement le grand chilio-
cosme avec le moyen et le petit. Cette
destruction peut passer pour la plus dé-
cisive, parce qu'elle s'étend même sur
le premier dhyâna, qui jusqu'ici était le
lieu de réunion des intelligences non li-
bérées , et qui alors se trouve dénué de
tout ce qui est spirituel. Alors toute Tin-
telligence, délivrée desliens de la nature
qui n'existe plus et de l'influence du des-
tin des actions , rentre dans les régions
supérieures des bouddhas , lesquelles ne
sont soumises à aucune destruction.
Nous avons vu que les bouddhistes
divisent toutes les créatures en six classes
ou ordres. Cette division donne un aperçu
clair de tout le système dogmatique de
leur religion , lequel est reprélenté dans
le tableau suivant.
L'INTELLIGENCE SUPRÊME.
I
Pensée.
I
Ame.
I
Vertu.
Matière.
I
Péché.
CONSiQUlNGlS.
Sapréme. Moyenne. Inférieure.
Dieux. Hommes. Assouras.
Les bouddhistes se sont créé une in-
finité de divinités, qu'ils adorent dans
leurs temples; les bornes de cet article
ne nous permettent pas de les détailler.
Nous ne parlerons ici que du Retna
tray-âya^ c'est-à-dire les Trois Précieux ^
qu'on appelle trinité bouddhique. Cette
trinlté qui, chez les bouddhistes, tient lieu
de la divinité même, se compose de Boud-
dha ou de Fintelligence suprême, de
dharma ou de la loi manifestée par
bouddha dans le pradjoa, et de sanggha
Inférieur. Moyen. Supérieur.
Bmtes.
Habitans
d«t «ofert.
Démons
fiiméiiquet.
OU de la réunion de tous ceux qui se
conforment à cette loi, y compris les
bodhisattvas , les pratyekas et les s'ra-
vakas. Feu M. Abel-Rémusat, qui avait
un peu légèrement adopté la doctrine de
l'Adi bouddha , ou d'un dieu créateur
et arbitre suprême de l'univers , doctrine
que nous avons reconnue être étrangère
au bouddhisme, avait cru retrouver dans
la trinité bouddhique une véritable tri-
nité divine; mai5 cette hypothèse parait
être tout-à-fait gratuite.
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(782)
BOt)
Pendant plusieurs siècles, le boud-
dhisme eiislail paisiblement dans l'Inde,
à coté des secies brahmaniques, ou du
moins il n'était pas exposé à des pei*sé-
cul ions de leur part. Aussi voyons- nous
plusieurs vilks des bouddhistes peuplées
de divinités brahmaniques. Les persécu-
tions qui ont chassé le culte de i)ouddha
de rinde paraissent avoir été principa-
lement excitées par les sectateurs de S'i va.
Le système de ceux-ci , basé sur la doc-
trine de la génération et de la destruc-
tion , sur la volupté et sur un culte san-
guinaire, devait nécessairement paraître
abominable aux yeux des bouddhistes,
et donna lieu à de grandes dissensions.
£n effet, les sectateurs de Mahâdéva et
leurs sacri6ces de sang sont cités avec
horreur dans les livres bouddhiques.
Néanmoins les divinités de ces héréti-
ques ont trouvé leur chemin aux temples
des bouddhistes. On y chercherait en
vain les images de Brahma, deVichnou
ou d'une de ses incarnations , tandis
qu'on y trouve, presque dans tous, celles
de Mahâ kâla, de YaraânUka, de Dourga
et d'autres divinités semblables. Mais ces
formes hideuses et étrangères ne sont
regardées par les bouddhistes que comme
des serviteurs , des protecteurs et des
vengeurs de leur loi ; dans ces formes se
montre de temps en temps une intelli-
gence bouddhique. £t quoique ee soient
elîeclivement des formes de S'iva , les
bouddhistes ne les reconnaissent pas pour
telles. Un grand nombre de ces intelli-
gences hypostatiques ne sont pourtant
pas dea représentations mythologiques
des sectes brahmaniques: la plupart sont
des inventions de^ bouddhistes posté-
rieurs, qui ont divisé et multiplié le
pradjna à Tinfinl. Au surplus , ces divi-
nités appartiennent presque entièrement
au culte populaire.
Le nombre des livres bouddhiques est
très considérable , et on en a lait souvent
dos collections très volumineuses. La
pi IIS célèbre de ces dernières est le K'ha-
ghiouty dont le titre tubétain signifie
traduction des commandemens. Cest un
va:%te corps théologique en 108 volumes.
Les ouvrages et les traités qui le compo-
sent étaient originairement écrits en
aanacrit^ ils fur«Qt mla «q tabétaia p«ur
la plupart dans la première moitié do
IX® siècle , sous le règne de Thisrçng
Ueb dzan y et sous la direction du célè-
bre bodhisattva Pa////ia Sambhava j-^Mt-
tif du pays d'Oudayana dans Tlnde. Ces
livres sont classés dans le K.*hagbiour sons
sept grandes divisions : 1* ikui/iMl, «n
sanscrit Finqya^ c'est-à-dire décence ou
discipline, en 13 volumes. Cette division
sert d'introduction à toute la coUeclioai
Elle décrit les diverses observances aux-
quelles doivent se soumettre les secta-
teurs du bouddhisme^ et plus paiticuli^
rement ceux, tant hommes que fenimoi,
qui adoptent (a vie religieuse. Ces obser-
vances sont très étendues: elles n'ont pas
seulement rapport aux devoirs religieux
et au cérémonial , mais encore à la tenue
personnelle et à la manière de se nour-
rir et de se vêtir. Ces préceptes sont en-
tremêlés de récits légendaires de la vie
de Chàkya-mouni, lesquels expliquent à
quelle occasion ce bouddha a oommo*
nique à ses disciples les inatrucUons qui
y ont rapport. 2» Ches rt^ Ajri pka
roUou phyinpaf ou par abréviation.
Cher ichin^ en sanscrit prcuHnyâ Parm-
mitd c'est-à-dire le moyen de parvenir à
Taulre rive par |a science. Cette classe
contient 6 divers ouvrages qui occupent
21 volumes. Dans cette division sont
exposées les doctrines métaphysiques et
physiologiques du bouddhisme, telles
que Chàkya-roouni les a enseignées à ses
disciples et aux autres bodhisattvjM et
bouddhas. On y trouve principalement
1 08 règles ( dliermas ) , avec de nom-
breuses subdivisions. Le contenu da
Doulvi a été, dit*on, relevé par Châkya,
dans sa 53^ année, et 16 ans après
qu'il eut atteint la dignité de bouddha.
11 résidait alors sur la montagne Grùlhra
koûta ( le pio du vautour ), près de
Radja griha^ ville royale de sa famîlW.
Quelquefois on Ty voit donner des ias*
tructions diverses, «sais souvent il ne
fait que répondre à des questions qn'oa
lui propose, et que les disciples diaoa«>
tenL Le premier compilateur 4m 4>radJBa
paramità fut Kâs^yapa^ le succetseor
hiérarchique de Chàkya-mouni, et qoi
mourut en 90& avant notre ère. La tra»
duction tubétaine date du
aprèf €«tt« époqiM; t*
siàde
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(783)
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phdlpotchhe, ou par contraction Pbdi
tchhem^ en sanscrit Bouddfui avatan^
sakay le diadème des bouddhas. Celte
division, beaucoup moins étendue que les
précédentes, ne conlient que 6 volumes
qui donnent, en Ah sections, des détails
^ur les différens tath&galas et bodhi-
sattvas, ainsi que la description des di-
verses régions de Tonivers, d*après la
cosmologie des bouddhistes. Ces mor-
ceaux sont entremêlés de recommanda-
tions sur la pratique des préceptes, mor-
ceaux que la religion prescrit. Lea lé-
gendes et les instructions qu*on y ren*»
contre sont principalement transmises
par Châkya-mounii sur la oime du
mont Merou , ou dans le ciel nommé
Touchitâ ; par conséquent elles s'adres-
sent de préférence à Tordre le plus élevé
des aspirans à la perfection bouddhique.
4** Dl(on mtchhog brtsegs pâ ou par
abréviation Koa tsegx, en sanscrit Retna
kodta, le pic des joyaux. Ces joyaux
sont les instructions de Chàkya-mouni
sur un grand nombre de sujets moraux.
Plusieurs ont la forme du dialogue;
mais la plupart consistent en des répon-
ses à des questions que lui adressent ses
disciples. On y trouve aussi quelques lé-
gendes , entre autres celle de Tentrevue
de Chàkya-mouni avec son père, qu'il
instruîsU dans ta loi, l'an 988 avant J. C.
Cette classe ne comprend que 6 volumes.
6^ mDo'cle, en sanscrit Soûtranta, ou
simplement mDo^ /. Soâtra, Ce terme
signifie proprement règle, aphorisme,
mais ici il s'applique à une collection de
traités considérés oomme étant d'un ca-
ractère authentique et saint. Le nombre
de ces traités monte à 251 ; ils sont con-
tenus en 30 volumes. Tous sont censés
être émanés originairement de Châkya-
mouni et avoir été mis par écrit, peu
de temps après sa mort, par son disciple
Ananda^t qui mourut l'an 868 avant
J.-C. Cette division du R'ahghiour peut
être considérée comme principalement
destinée aux laïcs, tandis que la première
est réservée pour les prêtres, et la seconde
pour les philosophes. Elle se distingue
également de la septième et dernière , en
ce qu'elle ne contient , à quelques légères
exceptions près, rien qui ressemble aux
doctrioai mptîqaw d« mUa^, Quoique
quelques-uns de ces traités aient ud€
tendance spéculative et métaphysique ,
le but du plus grand nombre est pure*
ment pratique; les légendes et les ins-
tructions qu'elles contiennent sont évi-
demment composées dans l'intention de
renforcer la croyance, et prêchent par
conséquent la pratique zélée des vertus
que le bouddha avait la mission d'incul-
quer aux hommes. Une des grandes sec*
tes des bouddhistes du Tubet est princi-
palement attachée aux m Do de^ ou Soû^
tras, et en a pris le nom , tandis que
l'autre, ou la secte mystique, suit de
préférence les préceptes et les statuts du
G/iioudhf qui est la dernière classe d'ou-
vrages contenus dans le K'haghiour, et
s*appelled'aprèseuxGA/o{if/A^^. 6^ Aîjra
non las dos pd, ou par contractioo
MyangdaSt en sanscrit Mdka parinir^
vdn'a ou simplement Nifvdaa soilira,
est la plus petite division du K.'ahghiour,
et ne contient que deux volumes. C'est
l'histoire de la dernière partie de la vie
de Chàkya-mouni et de son nirvdna ou
rentrée dans la tranquillité éternelle des
deux dhyànas supérieurs. Sa mort eut
lieu dans l'Assam ou iCo/z/tf. 7^ GàioutiA,
en sanscrit Tanfra» Cette dernière por»
tion du K'haghiour diffère, pour son con-
tenu des six premières. C'est une col-
lection très étendue d'ouvrages sur le
culte mystique, qui correspond au sys-
tème Tdntrika des Hindous, duquel il
est vraisemblablement dérivé. Aussi les
ouvrages qui entrent dans cette division
sont d'une date plus récente et parais^
sent d'un caractère moins authentique
que les précédens. Cette série se com«>
pose de 22 iolumes, dont chacun con-
tient un certain nombre de petits traités,
pour la plupart attribués à Chàkyarmou-
ni. Plusieurs de ces traités sont intéres-
sans sous le rapport historique ; d'autres
cx>ntiennent un grand nombre de dhdra-^
nia, ou vers mystiques, composés de mots
qui n'ont pas de sens et dont le son est
tout-à-fait barbare. Ces dhàranis sont
employés dans les incantations et même
dans le service des temples, après les in*-
vocations adressées aux diviniiéi. Voilà
le contenu du &'ahgliionr, dont II exis-
te plusieurs éditions. L'ouvrage nui-
oiMQfftt oooape ordlntireflieQt ,
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Bot) ( ^84 )
nous l'avons dit, 108 gros volumes; im-
primé, il n'en comprend que 98 ou 100.
Une édition fort estimée du K'ahghiour
a été récemment publiée à Derghé, dans
le Tuibet oriental.
Une autre grande collection de traités
relatifs à la religion bouddhique porte le
titre de sTdnf^hîour, traduction des ins-
tructions. Une belle édition de ce recueil
fut faite au Tubet du temps du vice-roi
chinois Mi van f^^ qui gouvernait à HMassa
de 1726 à 1746. Lindex du sTànghiour
spécifie les divisions suivantes : la classe
Ghioudh y comprend 2,600 traités sur
la philosophie naturelle, l'astronomie,
les cérémonies religieuses, les prières.
les hymnes, les dhàranis, etc., en 86
volumes. La classe mDo comprend les
ouvrages moraux , théologiques et légen-
daires, en 94 volumes. La métaphysique
et la morale en occupent 21, la gram-
maire et la rhétorique 2 , Talchymie et
la pharmacie 1, les grammaires et les
vocabulaires 13, en tout 217 ou 222 vo-
lumes. Tous ces livres sont traduits de
Tindien, d*oà il résulte que le sTànghiour
n*est nullement un commentaire du K'ah-
ghiour, comme on Tavait cru jusqu'à
présent.
Il ne nous reste qu'à jeter un coup
d'œiS rapide sur la hiérarchie ^ le clergé
et le culte des bouddhistes. Après la
mort du bouddha Châkya-mouni , 28 de
ses représentans terrestres, qui portent
le titre de vénérables , se succédèrent
dans rinde. Le 28® nommé Bodhi dhar-
ma quitta ce pays l'an 499 de J.-C, et
vint s'établir en Chine , oà il mourut neuf
ans plus tard. Il a eu cinq successeurs,
dont le dernier mourut en 71 8. La trans-
lation du siège patriarcal fut le premier
événement qui changea le sort du boud-
dhisme. Proscrit dans la contrée qui l'a-
vait vu naître, ce système religieux per-
dit insensiblement le plus grand nombre
de ses partisans, et les faibles restes
auxquels il est maintenant réduit dans
rinde sont encore privés de cette unité
de vues et de traditions que produit la
présence d'un chef suprême. Au con-
traire, les pays où le bouddhisme avait
précédemment étendu ses conquêtes, la
Chine, Siam , le Tonquin , le Japon , le
Tiihct et VAmm centrale , devenoa sa pa-
BOtJ
trie d'adoption , virent augmenter rafkU
dément la foule des convertis. A la vé-
rité, le cinquième patriarche chinois
n'avait pas eu de successeur, parce que
personne n'avait été jugé digne de le
remplacer; mais des princes qui avaient
embrassé ce culte étranger trouvèrent
glorieux d'en posséder les pontifes à leur
cour, et les litres àe précepteur du royau-
me et de grand maître de la doctrine
furent décernés tour à tour à des reli«
gieux nationaux ou étrangers. C'est ainsi
que la hiérarchie naquit sous l'influence
de la politique ; car les grades de toutes
ces incarnations divines ne furent sou-
vent réglés que par la puissance des états
oà elles résidaient ^ et la prépondérance
effective du protecteur pouvait seule as-
surer au dieu vivant la jouissance de sa
suprématie imaginaire. Les empereurs
mongols qui régnaient sur la Chine , sur
la plus grande partie de l'Asie centrale
et sur le Tubet, établirent dans ce der-
nier pays des patriarches auxquels ils
donnaient différeas titres honorifiques,
les uns plus pompeux que les autres. Ce-
pendant la dignité de DaUu-lama ne
date que du règne du cinquième empereur
de la dynastie diinoise qui succéda aux
Mongols. Sous le règne de ce prince
(entre 1426 et 1435), ce titre fut accordé
au prêtre tubétain Ghehdhoundjoûbhpa^
disciple du fameux réformateur tubé-
tain Zzong k'haba (mort en 1419), qui
lui - même était une incarnation du
dieu Mandjousri, et le fondateur de la
secte jaune dans le Tubet. Les successeurs
deGhehdhoun djoûbhpa (mort en 1447)
sont les Dalaî-lamas de nos jours. Ces
patriarches ne remontent donc nullement
à un âge aussi reculé qu'on l'a cru jus-
qu'à présent. Dans le Tubet, même en
Chine, au Japon et en Mongolie, il y a
plusieurs autres patriarches ou évêques,
qui tous passent pour des incarnations
divines et qui exercent la juridiction
spirituelle et ecclésiastique dans les pro-
vinces soumises , sous ce rapport , à leur
pouvoir. Au Tubet et en Mongolie, on
désigne ces patriarches et en général tous
les prêtres d'un rang supérieur, sous la
dénomination tubétaine de lama. Cette
circonstance a fait (|u'on a regardé en
Enrope le boaddhisme que professent les
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habiuns de ces deux pays, comme ime
religîoo particulière à laquelle oo a doD-
Dé le nom du lamaïsme. C'est une er-
reur manifeste ; car rien ne distingue le
bouddhisme du Tubet et de la Mongolie
de celui qui est professé dans d'autres
contrées.
La vie monastique est prescrite aux
prêtres bouddhiques; les deux sexes y
peuvent partidper. Ce fut Châkya-mou-
ni qui l'embrassa le premier et qui ex-
horta ses sectateurs à suivre son exem-
ple. Des dix préceptes fondamentaux du
bouddhisme, les suivans concernent les
laïcs aussi bien que les ecclésiastiques :
Ne rien tuer de vivant; ne pas dérober;
ne commettre aucune action impudique;
ne pas dire de mensonge ou de fausseté;
ne boire aucune bois^n spiri tueuse.
Mais les suivans s'adressent uniquement
au clergé bouddhique: Les ecclésiastiques
doivent n'oindre la tête ni le corps;
n'assister à aucun chant ou spectacle; ne
pas dormir sur un lit élevé et large; ne
manger qii'une fois par jour, et avant
midi; ne posséder aucune propriété.
Outre ces dix commaodemens supé-
rieurs, les moines, bouddhistes doivent
en observer encore 24 autres qui ont
rapport aux diverses circonstances de la
vie. Le premier prescrit une obéissance
sans bornes envers les supérieurs; le se-
cond expose le devoir du discipje envers
le maître; le troisième lui prescrit la te-
nue qu'il doit observer quand il se trouve
avec son maître ou avec un supérieur en
dehors du couvent. £n un mot, toute sa
conduite dan^ toutes les situations de la
vie, en mangeant, en buvant, en dor-
mant, quand il est assis auprès du feu,
quand il demande l'aumône, et même
dans les besoins naturels, lui est minu-
tieusement prescrite. Plus les ecclésias-
tiques sont élevés dans la hiérarchie
bouddhique, plus les règles de conduite
qu'ils ont à observer sont j^orobreqses et
restrictives. Il y a aussi des classes infé-
rieures de prêtres qui peuvent se marier;
mais on ne trouve pas d'ecclésiastiques sé^
culiers parmi les bouddhistes. Le prêtre,
disent les livres bouddhiques, ne doit
manger que ce qu'il gagne par le travail
de ses pieds (c'est-à-dire en allant de-
mander l'aumône), ou ce qui est offert
Encyclop. d^ G. d, M. Tome III.
par des personnes charitables; jamais il
ne doit allumer du feu pour préparer
lui-même sa nourriture. Les temples
sont ordinairement obscurs et ne se trou-
vent éclairés que par des lampes, du
moins au Tubet et dans la Mongolie;
ceux de la Chine sont d'une construc»
tion moins sombre. Dans presque tous
les temples on voit d'abord les trois di-
vinités de la trinité bouddique, le Boud-
dha au milieu , à sa gauche le Dharma et
à sa droite le Saogga. Les autres divinités,
dont le nombre est immense, sont Ggurées
par des statues. Devant ces statues sont
placées des lampes et des offrandes sur une
table longue. Les prêtres seuls assistent au
service divin, qui consiste en chants,
en musique et en lecture des livres sa-
crés. Le peuple n'assiste pas au culte,
si ce n'est les jours de pèlerinage.
Quand un bouddhiste, prêtre ou laïc,
tient une image ou un livre saint, on s'en
aperçoit à l'instant : il a dans sa phy-
sionomie quelque chose de solennel qui
semble annoncer qu'il se sent élevé au-
dessus des objets terrestres. Avant d'ou-
vrir les livres saints, les prêtres se lavent
les mains et se rincent la bouche, pour
ne pas les souiller par des mains impu-
res ni par une mauvaise haleine. Ceux
de ces livres qui contiennent les faits
miraculeux des divinités ne peuvent être
lus qu'au printemps ou en été, parce
que, dans d'autres temps, leur lecture
produirait des tempêtes ou de la neige.
Les bouddhistes pensent qu'il n'est pas
nécessaire de connaître le sens des priè-
res, et qu'il suffit d'en prononcer les pa-
roles. C'est pourquoi ils ne se fâchent
point lorsque des paroles prononcées à
haute voix empêchent de suivre le ser-
vice divin. Ils pensent même qu'il suffit
de mettre en mouvement les prières ou
les textes des livres sacrés. De là l'habi-
tude de copier ces prières, ces textes et
les dharânis sur des bandes de papier et
de les enfermer dans des cylindres mis
en rotation, ou par une manivelle, ou
par une machine hydraulique, ou par le
vent. Kl.
BOUDIN, espèce de charcuterie
composée de sang, assaisonnée de graisse,
d'épices et de sel ; c'est là ce qu'on ap-
pelle boudin noir ou seulement boudin.
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Le boudio blanc f toUlMMQt difTérent^
est fait avec des viandes blaacbes [ veau,
volaille , lapin , etc. ) hacliées et même
pilées avec de la mie de paio, du lait, des
œufs et des fiaes herbes; d'ailleurs Tua
et Tautre sont reaferiaés dans des iaies-
tiat préparés pour cet usa^. Ou emploie
pour faire le Uoudia doir, noa-seuletnent
le saog du cochon , connue le croient
beaucoup de personnes, maii encore
celui d'autres animaux , tels que le bueuf ,
le veau et le mouton. Le boudin fait avec
le aao^ du gibier et de la volaille est es-
timé des gastronomes; mais, de quelque
nature qu'il toit, le boudin au sang est
un aliment pesant et de difficile diges-
tion , dont on oe pourrait pas , sans in-
convénient, faire un usage habituel; aussi
U législation mosaïque avait-elle expres-
sément défendu l'usage de la charcutet-ie
qui , dans un clinut chaud , ei\t été plus
dangereux encore. Il n'en est pas de
même du boAdio blanc, dont tous les
élémana sont doux et digestibles. Le bou-
din fumé, sartout Wsc^u'il est vieux,
prend quelquefois des propriétés vérita-
blement vénéneuses, et Ton a plusieurs
fois observé dans le Nerd des empoi-
sonncmens causé» par cette espèce d'ali-
ment. F. R.
BOUftOIR. Ce mot irsiez récent vient
dn verbe bouder, pris dans uhe accep^
tton plutôt gracieuse que repoussante,
exprimant l'humeur piqatinte et <^pri-
cieuse, les agaçantes bizarreries, hi
moue demi - caressante , demi -colère,
d'une femme jolie et coquette. Ces sen-
thnens, ces mines , sofnt par exœltenôe
des senlïmens et des minés de boudoir;
ils vont mieux à une fantaisie qu'à tine
passion , à un amusement passager ()u'à
i'amnur profotid et durable. Aûss^ leur
triompha Ajl-ll dans ce xtiii® siècle, qui
avtBiît reçu ta triste mission de détruire;
alors le vide qne laissaient en expirant
d'antiquet croyances, et tous les chatids et
miT(^ senti mens des vieux âges , était rem-
ptt par la vanité, le persiflage, les phii-
sIVs sensuels, aenfo plaisirs anxquels on
pût croire dans un temps où Ton niait
l'existence de l'ame et celle de Dieu.
Alors le mot boudoir fut inventé; ta ré-
gence le vît nafcre; les Pompadour,
les Dubarry, en firent une des exprès^
sions les pins nsltées de aott^ langue;
dei peintures voluptueuses , tellei qu'en
savait faire Boucher, d'épais tapis, de
moelleux divans , des parfums , du repos
et du siienoe , voilà ces temples où de
fragiles idoles recevaient deà adorations
multipliées et passagères; où la violation
d'un devoir sacré, les mensonges, les
perfidies de tout genre , les roueries les
plus infâmes, enfin, pour parier le latta-
ge du siècle et celui des boudoirs , éuient
regardés comme des preuves de bon goût
et de belles manières; où mourut plus
d'une femme pour n'avoir pas sn se
mettre à la hauteur de 9on temps , pour
s'être obstinée à croire qu'une intrigue
d'amour pouvait encore être prise au sé-
rieux. Marie- Antoinette avait un bou^
tloir dans ses petits a ppartemens, mais
ce n'était pas elle sans doute qui avait
attaché ce nom au boudoir de la reine.
Les boudoirs d'aujourd'hui , plus chas-
tes d'apparence que ceu x du xt m* siècle,
le sont aussi en réalité, du motus noos
aimons à le croire ; et si depuis deux ou
trois années les modes mignardes et
coquettes d'autrefois, colifichets, magots,
poudre etc., reparaissent, tout nous dit
que cette imitation assez étrange s'en
tient à pervertir momentanément le goût
et hisse les cceurs intacts. L. L. O.
BOUC y terre détrempée par les eaux
ménagères et par celles des usines, et mê-
lée d'une foule de débris de matières
animales et vé^étaleé, et même de par-
ticules métalliques 'qui s*âccnmutenl dans
les rues, dans les égoûts', Im mares, les
fosséè , et qui , en proie 4 'une décompo-
sition putride côbtfnuelle, dégage dei
miasmes dati^ereux. t>^né les grandes
vîîîès surtout , ce"lte substance "se produit
avbc une "telle abondaUce que lA salu-
brité oblige de Tëûlever journellement.
A Paris, ce servfce est fait par un entre-
preneur qui doit entrietenn* on nombre
suffisant de tombereaux et d'ouvriers
pour que TenlèvéiheYit %kA\. opéré dans
la première partie de la matinée. Ces
immondrces constituent un engrais ex-
trêmement actif et recherché des culti-
vateurs , qui le paient même a58ez cher
pour couvrir en grande partie les firtil
du nettoyage de la ville.
Les boues minéraies ne sont àotrt
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chow qw les dépôts (^rniginetix ôa au-
tre* qu'on trouve au fond des réservoir»
daus lesquels se reodeni tes eau)c mtné^
rales.Ces dépôts, dans lesquels sè trouvant
concentirés les principes auxquels les eauK
doivent leurs venus, sont très actifs, et
Ton s'en sert pour immerger soit qnet^
ques parties malades, soit même le corps
«ntier. Il est facile d'en concevoir les
effets. Un obsiervateur judktttixdu der-
nier siècle avait dit <}Ue la boue de Paris
pouvait être fort èîKcace dans les mêmes
circonstances , ainsi que la boUe formée
de fer , de grès , qu'on trouve sous la
meule des couteliers. Ce sont des médi-
camens qu'on peut utiliser quand on tèis
a sous la main, mais auxquels on ne sau-
rait attribuer raisonnablement des pro«
priélés particulières. F. R.
BOUÉE, corps flotUnt, destiné i
marquer à la surface de la mer la posi-
tion qu'une ancre tient au fond. Un
écueil, un danger quelconque, la direc-
tion d'un chenal ou d'une passe difficile
sont marqués par une bouée, laquelle
s^altache par un cordage nommé ovin,
La forme des bouées varie; Tespèce
varie aussi. Ce corps est fait de bois ou
dé liège. Quelquefois les bouées ^ont des
tt>nneaux bien cerclés, bien fermés, et
vides; ce sont lés signes ordinaires des
périls à éviter, ou les jalons des passes
qu^l faut franchir avec précaution. Ces
tonneaux prennent souvent le nom de
bàiises (vo/.). Les bouées pour les an-
d*es des navires sont généralement de
lîége et ont la forme d'nne grosse nlive,
oU plutôt de deux cônes réunis par
leur base. Quelques-uties ressemblent
à un cône seulement. L'ovin qui tient la
bouée à l'ancre doU être assez fort pour
porter le poids de cette ancre; car il est
des cas oh on lève Tancre par la bouée,
au moyen dtine chaloupe. Dans èertai-
nes circonstances d'appareillage on est
obligé , au lieu de prendre son ancre à
bûrd , de la laisser au fond, en coupant
promptemént le cable. La bouée sert
alolrs , quand on peut revenir à son
mouillage, à retrouver Tancre aban-
donnée. Lorsqu'on a cette espérance,
fondée sur de grandes probabilités , et
que d'ailleurs on n*est pas trop pressé ,
pour ne pas perdre un câble en le coupant^
on le file tout entier à la m«f , m tyftttt
soin de mettre 4 son extrémité un ovm
et une bottée , eomtte 14 y en a à fettré^
mité' où est l'ancre, de aorte qu'en rev«^
liant sur fa rade quVMi avait quittée ht
chaloupe prend cette bowée, atteène le
bout dn cable k la surface^ puis le donne
au navire où il est rentré et tourné à U
bitte, qui rend sUblé la posîtttm du bft^
timenL '
Il y a une espèce de bouée qu'on ap^
pettte bouée de sauvetage, parce qu'vll^
sert k sauver les hommes qui tombent à
kl mer. Cestun assemblage de morceaux
de liège, Ués, chevillés, et disposés eu
tables rondes, ayatit une certaine épais^
seur. Un petit mftt portant tm pavillon
rouge s'élève au centre de ce plateau. La
circonrérence île la bouée est garnie de
petits bouts de cordés ttotteux. auxquels
rhomme en naufrage peut s'accrocher.
Le point d'appui que le naufragé trouve
sur la bouée laisse au navire ou à son
embarcation le temps d'aller chercher le
marin tombé à l'eau. Dernièrement on
a présenté au conseil des travaux dû
ministère de la marine une bouée de sau-
vetage en liège , ayant la forme d\in fer
à cheval allongé, d'environ 6 pieds;
l'intérieur du fer à cheval est garni d'Une
toile tendue, en forme ide hamac, qui
recevrait le naufragé aussitôt qu'il aurait
atteint la bouée. Ou n'a pas eil^re pro-
noncé sur le mérite de ce pèH\écciontfe-
ment ,t6ù nous voyons titt avatit^^ , cèluî
de pi^sente^ à l'homme qui atlÀté long-
temps contre la vagué i!in moyen de re-
pos en attendant le Càn6t qu'on lui en-
voîe du navire.
Avant le mot de bànée là marihe avtlt
celui de fcori?. Bo/e eM allemand; les
Hollandais disent boejr, les Anglais buôy,
les £spagm>ls el les PuHugals baya, Tout
cela viiént de la même ^urèé; Voaée est
la corf^ptiotl de bày^. H "est éôtit •pèt'-
mis de croire que c^est du Nbrd que nous
tenons rusa^ de Vk l)buée. Oh dit dans
la maHne d'ttn navire qui marche Wal :
Il va comme une bouée. C'est qu^ la bouée
Oolte et n'avance pas, retenue quelle est
par l'ovin à l'ancre immobile. A. J-tv
BOUFFES ( op&rs hixffa )^ tn>jr. Ita-
trtït ( théâtre ).
BOUFTONS. C'teft le tefme par le«
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quel on désigne eo particulier l'acteur
^^r^é de faire rire les spectateurs a force
de piaisanleries et de lazzis , et en géné-
ral toute personne qui entreprend d*a-
muter la société par Les mêmes moyens.
Les Latins donnaient le nom de buffb à
Thistrion qui enflait ses joues pour rece^
¥oir de bruyans soufflets, et excitait
ainsi . Thilarilé du public. Nous re-
trouvons cette racine dans les dérivés
bouffée f bouffie etc. Dans le langage
populaire , bouifer signifie manger glou>
tonnement avec les joues enflées; les
Provençaux disent bouffa pour souffler.
Les Siciliens, peuple qui porte à un
haut degré Tart de la pantomime, en-
flent les joues et soufflent avec affecta-
tion quand ils veulent faire allusion à
un sot boûdon. Telle est Tétymologie
qui nous semble la plus satisfaisante ;
nous devons dire toutefois, sans y atta-
cher une grande importance , que , selon
Geli^s Rbodiginus, ce mot dériverait de
certaines fêtes qu'on célébrait dans l'At-
tique en mémoire d'un nommé Bupho
qni, après avoir tué un bœuf, s*était
enfui, saisi d'une terreur panique, e:
avait abandonné sa hache. Les magis-
trats avaient condamné cet instrument
et acquitté celui qui s'en était servi. Il
parut plaisant au roi Éristhée d'instituer
à ce sujet les fêtes appelées buphoneries
ou bouffonneries.
Dans une antiquité très reculée les
grands et les riches avaient des bouffons
a Icfir service , et il est triste d'avoir à
ajouter que c'étaient , pour la plupart,
des nains et des créatures disgraciées
dont il eût fallu respecter le malheur.
Les Grecs les appelaient /xw^oc et les La-
tins moriones ; de Là le Morus des comé-
dies de Plante.
Dans les atellanes (voy.)y le morion
prenait le nom de maccus dérivé de
ftocxxûay ( être fou ), expression souvent
employée pi^r Aristophane. Enfin, on
yuit encore les boulfons appelés yû/iii,
d'où nous avons fait le mot fat , et sanni ,
d'où les Toscans ont pris le nom de
zannio qu'ilsdonnaient jadis à l'arlequin.
Le morion se rasait la tête pour pa-
raître plus plaisant; ainsi la chute de
cheveux , résultat ordinaire de l'âge ou
des travaux de l'esprit , était une infir-
mité ridicule chez les anciens. Un homme
chauve recevait le surnom de (Ttkn^voL^
petite June, parce qu'une tête rasée a
quelque ressemblance avec cet astre ; et
c'est de là sans doute que dérive la pré-
tendue analogie qu'on veut trouver entre
la June, et les saillies d'un esprit extra-
vagant.
Plusieurs statues représentant des
morions ont été découvertes à Hercula-
num. Ce sont des nains chauves et nus,
la bouche béante, l'air hébété, portant
une bulla et des tablettes suspendues à
leur cou , ou dansant au son des crotales.
On voit par des passages de Sénèque,
de Suétone, de Martial, deNonnius, et
d'une foule d'autres écrivains, que les
Grecs et les Romains attachaient un
grand prix à leurs morions. Les femmes
en avaient de leur sexe qu'elles appe-
laient/h^KOf.
Un bouffon acquérait d'ailleurs tin
prix d'autant plus élevé qu*il savait
mieux instruire en plaisantant. Son maî-
tre lui accordait une grande liberté, et
c'était à lui à s'en servir adroitement
pour faire passer sans danger des vérités
quelquefois olfensantes. L'art de châtier
les mœurs en riant a traversé les siècles,
et notre immortel Molière Ta mis en
pratique avec un succès dont l'antiquité
n'avait pas offert d'exemple.
Le souvenir des jeux osques, des atel-
lanes et de toutes les autres représenta-
tions bouffonnes et indécentes, fit naître
en Italie, dans le moyen-âge, les boufles
et l'opera-bufla que nous lui avons em*
pruntés. L'Arlequin de fiergame, le Pan-
talon de Venise, et surtout le PulcineUa
napolitain , ont encore de nos jous le pri-
vilège de dire la vérité à leurs compa-
triotes sans les olTenser.
Quant aux morions, ils furent rem-
placés par des fous , et réellement il fal-
lait avoir mérité d'être classé parmi les
malheureux qui sont privés de la raison
pour se lésigner à remplir auprès de m»
semblable l'office d'un bouffon. Dans le
IX* siècle l'empereur Théophile, ico-
noclaste déterminé, avait un fou nommé
Dandery , que l'impératrice fit rouer de
coups de bâton pour l'avoir surprise en
adoration devant des images et avoir
rapporté cette drconstanceà son maître.
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L*U9age des fous, ou bouffons à gage,
devint plus général dans les siècles sui-
vans. Enfin , les rois de France et d^An-
gleterre, l'empereur et les souverains
d'Italie, en firent un emploi de cour,
et, dès lors, il n'y eut si petit prince
qui, par imitation, ne voulût avoir le sien.
En 1374 Charles V, dit le Sa^, écri-
vit aux échevins de Troyes en Champa-
gne que, son fou étant mort, ils eussent à
lui en envoyer un second, conformément
à Tusage.
Ces hommes s'habillaient d'une façon
burlesque, adoptant à la fois les plumes,
les grelots , les bijoux et les étoffes à cou-
leur éclatante.
Triboulet, le fou de François I**", a
acquis une assez grande célébrité par le
talent qu'il eut de plaire à son maître,
même en lui donnant les conseils les plus
impertinens. Il portait habituellement des
tablettes sur lesquelles il inscrivait les
noms des courtisans qui avaient fait^ se-
lon lui , des actes de folie. Un jour, ap-
prenant que Charles-Quint allait traver-
ser Paris et se livrer ainsi à la discrétion
de son rival , il s'écria que ce prince était
un fou qui méritait bien de figurer sur sa
liste. — < Mais, lui demanda François
1^^ y si je le laisse passer, que diras-tu?
— En ce cas, sire, j'effacerai son nom
de mes tablettes et j'y mettrai le vôtre.
Louis XIV , ce glorieux souverain qui
levait le front si haut devant des courti-
sans si bas, voulut aussi, chose inconce-
vable! avoir son fou. L'Angély parvint à
lui plaire, sous ce titre, à force d'adulation;
mais à la fin une velléité d'user du pri-
vilège de ses devanciers le fit chasser de
la cour où son emploi fut supprimé défi-
nitivement {voy. AwoiLY).
Un jour viendra où la philosophie aura
fait disparaître entièrement la race para-
site des bouffons; mais hélas! la société
en est encore infestée. Notre intention
n'est certainement pas de comprendre
sous nnetelle dénomination ces hommes
rares qui, unissant la finesse de l'esprit à
la bonté du cœur , sont en possession de
se faire partout un nombreux auditoire
dont ils paient l'attention par des plaisan-
teries souvent aimables, quelquefois utiles
et toujours de bon goût. Mais nous y com-
prenont ces histrions de boudoirs, ces
dandys de la mode, qni portent k un de-
gré éminent l'art de caqueter , de per-
sifler, de médire avec grâce, de sacri-
fier la vertu même au bonheur d'un ca-
lerabourg, et qui, oubliant la dignité de
leur sexe, cherchent à plaire à Tautrepar
des moyens également indignes de tous
deux. C. F-N.
Fofez les mots Basoghc , Sottie ,
RiBAUos, Bohémiens, etc. La comédie
française, a son origine, ne fut composée
que de bouffons souvent tristes comme
le nom de confrères de la passion qu'ils
portaient et qui représentaient les mys-
tères les plus augustes de la religion chré-
tienne. Depuis que le perfectionnement
du système dramatique* et l'amélioration
des mœurs les ont chassés de la scène
française, les bouffons et les boufToime-
ries se sont créé une plus large arène; Us
ont, comme ceux de l'ancienne Rome,'
établi leur théâtre en plein air. Le sou-
venir de Nicole t et de Gaudon vit en-
core chez les amateurs de charges et de
turlupinades ; mais le mérite du fa-
meux Bobèche et celui de l'artiste en
plein vent dont M. J. Janin a écrit l'his-
toire (Debureau), les ont peut-être éclip^
ses de nos jours. R. d. C.
BOUFLERS est le nom d'une des
plus nobles et des plus anciennes maisons
dePicardie.Un des premiers Bouflers dont
il est parlé est BERifAEn; it vivait en
1133. Comme les snrnom» n'étaieÀt point
fixes ni héréditaires dans ce tenips^là , les
seigneurs de Bouflers portaient alors în-
dilféremment les noms- de Bouflers, de
Morlai et de (^mpfgneules, 'fiefs relevant
de la terre de Bouflers situtée en Pon-
thieu , entre Hesdin et Abbeville.
En 1266 Guillaume de Bouflers ac-
compagna Charles de France, comte
d'Anjou et de Provence, frère du roi
saint Louis, à la conquête du royaume
de Naples et de Sicile, et assista à la ba*
taille donnée contre ManfVoy, son com-
pétiteur.
Son fils, AiiiAUVE de Bouflers issu de
son mariage avec M"** de Tourne! de Thîé-
bronne*, se trouva l'an 1 304 avec 1e roi
Philippele-Bel, à la défaite des Flamands
à Mons-eu'Puelle. En 1310 il fut du
nombre' des seigneurs qui allèrent au se-
èo^urs de Robeh»t/ t»mle d« Flandres,
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(790)
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contre GaHIaume, comte de Haimiiity qui
se disputaient le comté de j^éUnde.
^léaume de Bouflers eut deuK fils qui
te reiidireot également célèbres, Jvav de
Bouflfit m Guiu*Afri|?. L'atné soutint la
oaute du roi d'Angleterre, à raison de sa
terre 4a Bouflerf qui relevait du comté
de Pontbieu , appartenant à la couronne
(('Angleterre j l'autre soutint celle du roi
de France, top suzerain* Jean eut deux
41a, Aléaui^ et Enicuerrand, et une fille,
Gillette de Bouflera. L'alné fut fait prison-
nier à la bataille d'Aaincourt et eu^ trois
fiU et una fiU^* IUtio de Bouflers, son
atné» accompagna en 1417 le duc Jean de
Bourgogne dans le voyage que fit ce prince
à Paria e^ « Tours. PiEaac: Tut Tud des
députéf du duc Philippe de Bourgogne
pour la paijK df 143â,conolMe entre leroj
Cbarlet VU et lui i il fut a^^sai Tuo des
aeigneurs qui vinrent avec le dauphin,
depuia l^ouis XI i pour ('aider à Caire le«-
ver le aiége de Diep|>e aux Anglais, et qui
auivirent le roi à la conquête de la Nor-
mandie. U épousa Isabêau de Neufville
Martingbem» dont il eut cinq fils, Jacquea,
Bené, Robert, Colinet et Jean. Coi^i-
SEt, favori du duc Charles de Bourgogne,
fut tué en combattant près d^ sa personne
à la journée de Nancy, ^ t Jbav fntsi forte-
ment bleaaé qu'il mourut bientM aprèa.
. jACQVia eut trois fils et plusieurs filles:
Jbah , Taieé, eut de son mariage avec
Françoiae d'Ancre Aprjbk de Boufiers^
qui parut avee honneur dans toutes les
guerres de son temps ft s^ trouva k la bar
taille de Pavie en 1525. François V^ \tà
écrivit le ^ octobre t^%^ d'aaaister
Itf. de Ia Bochepot, frère d'Anne de
Montmorency I pour faire tête à l'I^mpe-
reu? qui semblait vouloir s'emparer de
queUine^ places frontières,
3'étaDt marié à Louise d'Oiro^n» il en
fut quatre fils et plmiaura filli^ Louis,
pfemier guidon de la compagnie d'£n^
gbien, fut doué d'une force prodigieuse ^
il ouvrait un fer à cheval avec les maîna,
^tnait un pbef al en arrière par la qneue
pui^ le portait aor les épaules ^ il égalait
î la 001^46 l<n meilleurs cbf vaux. 11 fut
tué 4 Popl-sur-YonnA d'un coup die mous*
qiaetà la tète., au moment q^ il levait sa
\mm pour encourager les siens., Annipui»
^^Ms^liM0^lfi99)f tetwpiliMératmr
distingué; il composa un Choix de pUt'-
sieurs histoires et autres chosiss mémo--
nUUes^ Paris 1608, et fit un TVaité sur
les œuvres admirables de Dieu , Beau-
vais, 1621. Dans sa jeunesse il avait servi
et combattu vaillamment dans les jour-
nées de Saiut-Denis et de Moucontour.
Député aux États de Blois, Henri lU l'a-
vait nommé gentilhomme ordinaire; il ser-
vit avec dévouement la cause de Henri IV.
Un autre fils de Louise d'Oiron s*élait
rendu célèbre par ses voyages en Egypte,
en Syrie et dans toute l'Êiuxipe. Ch. M.
BOUFLERS (Tx)uis-F&Airçois, duc
Ds), maréchal de France, naquit en 1 644
et mourut à Fontainebleau en 1711. Il
entra dans la carrière militaire comme
SQUs^lieutenant et obtint la plupart des
grades^ qu'il parcourut assez rapidement»
par des services réels. Sous Condé, Tu-
renne, Créqui, Luxembourg et Gitioat
U se distingua dansdifférentes campagnes,
en Allemagne et dans les Pays-Bao. Ce
qui le rendit célèbre, ce fut sa défense de
Namur en 1690 et surtout celle de Lille
en 1708. C'est cette dernière qui lui va-
lut la pairie et le titre de duc. Son ad-
versi^ire le prince Eugène lui dit : « Je
suis fort glorieux d'avoir pris Lille, mais
j*ai nierais mieui^ encore l'avoir défendu
cpmme vous. »
Joseph-Maaie , duc de Bouflers, fils
du précédent et comme lui maréchal de
France, naquit en 1766 et mourut en
1747 à Gènes qu'il était venu défendre
contre les A utrichiens, S.
BOUFLKES (Mabie-Faa9çoise-Ca-
TH^auiE BE Bc4UTEAU Ca^oif, nar^
quise de), ayant épousé le marquis de
Bouflers -Bemiencourt, capitaine des
gardes du roi de Pologne Stanislas, duo
de LoiTalne, joua un grand rôle à la cour
de Luuéville et le soutint par son eaprit,
par des vers faciles et par ses qualités
aimables. Elle fit les délices de cette eour
et fut regardée comme l'une des fiommes
les plus spirituelles de sou tempi^ La
marquise de Bouflers est morte à Paria
en 1787, laissant deux fils dooft le cadet
forme l'objet de l'article suivant S.
BOUFLERS;STAinsLAS,Barquis la),
dit d'abord l'abbé et ensuite le cheviller
de Bouflers, naquit à LunéviUe ea 1 797.
Destin^ ^ Â*^t eccléaii)fAjqu«^ iiffefuaa
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BOU
(7f
de pi^ndre les ordret ; nais eheralîer de
Malle né , il se vit pourvu d*un bénéfice
de cel ordre et revêtu du droit bizarre
et ridicule d*aasiater à roffioe en surplis
de prieur et en uniforme de capitaine de
hussards. 11 fit, en cette qualité, la cam-
pagne de Hanovre. Assez long -temps
lèpres il fut nommé gouverneur du Sé-
négal et de Gorée où il ne fit pas un long
séjour : c'était un exil encouru par une
chanson sur la reine Marie-Antoinette.
Mais une administration douce et sage
et des institutions utiles ont laissé de
Bouflers, dans cette colonie, un souvenir
qui n'est pas encore eflacé>
Revenu en France, il se livra entière-
ment à son goAt pour la littérature, le
monde et les plaisirs. Alors chacun de
se^ jours fut marqué par quelqu'une de
ces productions frivoles, mats pétillantes
de verve, d'esprit et d'originalité, et par
oes aventures plaisantes qui le rendirent
long-temps l'eniant gâté de la cour et de
la ville.
Mais la révolution vint donner à son
esprit une direction nouvelle. BouÛers
appelé, en 1789, aux États*Généraux ,
s'y nnontra consciencieux, modéré et en-
nemi de toute mesure oppressive. Il s'op ~
posa à ce qu'on surveillât les correspon
danoes. £n 1791 il fit rendre le décret
qui assure, par brevet^ aux inventeurs la
propriété de leurs découvertes.
Après le 10 août il passa en Prusse
où Frédéric-Guillaume lui donna, dans
la Pologne prussienne, une grande éten-
due de terrain , pour y établir une colo-
nie d'émigrés français. Ce projet échoua.
Vers cette époque Bouflers épousa
M"** de Sabrao. Rentré en France en
1800, il pubVih ït Libre jérbitre , ou-
vrage lou^ pour qudques pages élo-
quentes et critiqué surtout à cause d'un
libéralisme que l'on doit considérer
comme exagéré de la part de l'auteur.
Admis, en 1^04, à nnstilut, il y pro-
non^ avec succès l'éloge du maréchal
de KoaiUes. Son éloge de l'abbé Barthé-
lémy en eut moins.
Bouflers se tourna, comme tant d^iu-
tres, vers l'astre qui éclipsait tout alors:
il se fit le louangeur de If apoléon et de sa
famille. Oo loiiiepnkclia amrtovn des vers
adbkteursi adressé»» à Jérème lla]»«léon ;
1 ) BOU
mais combien de poètes l'ont précédé
et dépassé dans le champ facile et sans
bornes de la flaiteriel On l'a dépeint
ainsi : « Abbé libertin; militaire pbitoso-
« phe; diplomate chansonnier; émigré
«patriote; républicain courtisan. » Il y
a dans ce portrait satirique beaucoup
d'amertume et un peu de vérité.
Liéavec toutes lesnotabilitésdutemps>
Bouflers a été partout accueilli, aimé et
loué. £n 1816 il termina paisiblement
une vie dont les plus belles années s'é-
taient écoulées dans les orages politiques
et l'exil. Un mot de lui fait son épita-
phe:
« MdB asiis, js croif qae je doni »
Sa cendre repose à c6té de celle de De-
mie.
Les œuvres de Bouflers ont été re-
cueillies en 2 vol. in-8**. Ces productions
nombreuses, variées et souvent si gra-
cieuses, ont cependant perdu beaucoup
aujourd'hui de la faveur qu'elles avaient
du vivant de l'auteur. C'est sans doute
parce qu^elles sont dépouillées pour
nous du charmeque leur donnaientalors
rà-propos et la nouveauté, et qu'à pré-
sent la disposition générale des esprits
aux idées sérieuses et graves ne permet
plus qu'on s'occupe, comme autrefois,
de ces badinages légers et brillans dont
les poésies de Bouflers offrent de char-
mans modèles. Toutefois, le critique
moral et un peu sévère ne peut s'empê-
cher de condamner dans ses œuvres une
liberté, une licence, que l'art ne masque
pas et que les charmes de la poésie ren-
dent peut-être encore plus dangereux.
Bonnard de Semur a fait le portrait le
plus piquant de Bouflers, son ami, dans
une épitre regardée, à juste titre, comme
un chef-d'œuvre du genre de poésie
qu'ils cultivaient tous deux. J. L. T. A.
BOUG. Il y a deux fleuves de ce nom :
l'un est le principal affluent de la Vîà-
tule et l'autre a son embouchure dans le
iiman (vojr,) du Dnieper, qui commu-
nique avec la mer Noire ; le premier est
polonais et le second russe.
Le Boug polonais ou occidental prend
sa source près d'Oîesko dans fa Calîtie,
coule au nord, et forme uti ifi^t^iit la li-
mite entre cette ptt^vinpe autrfchîenhc
et fe lerrhoîrë russe; ptiis sépare dans
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(792)
BOU
une assez grande étendae ce dernier du
royaume de Pologne actuel, se tourne du
nord à l*ouest pour entrer davantage
dans celui-cî, et se réunit à la Vistule
presque au centre du royaume, près de
la forteresse de Modlin, à quelques milles
de Varsovie. Il leçoit le Naref, fleuve
considérable , et la Vkra ; près de Nié-
mîrof il devient navigable.
Le Boug russe ou méridional, que d'au-
tres appellent Bog (nom de Dieu) et les
Polonais Boh , a sa source sur la limite
septentrionale de la Podolie, district de
Proskourof, traverse du sud-est au nord
ce gouvernement, y reçoit llngout, entre
près d'Olviopol dans le gouvernement
de Kherson, et forme près du port de
Nikolaîef un liman trà prolongé qui
aboutit à celui du Dnieper. Son cours
total, en y comprenant les sinuosités, a
80 milles géographiques de long. Ce
Boug est VHj'panis des anciens et d'Hé-
rodote; Jornandès le nomme Fago-
sala, le géographe de Ravenne Bagos
sola, et Constantin Porphyrogénète Bo-
yov. J. H. S.
BOUGAIN\^LLE (Louis-Antoine
de), ûIs d*un notaire de Paris, naquit le
1 1 novembre 1729. Il avait fait d'excel-
lentes études, et, pour cette époque, ses
progrès dans les sciences exactes avaient
dû être remarquables, puisqu'à t*àge de
23 ans environ il publia un ouvrage in-
titulé Traité du calcul intégral pour ser-
vir (le suite à l'analyse îles infiniment
petits du marquit de L'Hôpital, Ses pa-
rens te destinaient au barreau ; mais il
quitta bientôt cette carrière pour em-
brasser celle des armes. Aide-de-camp
de Chevert en 1754, la même année il
alla à Londres en qualité de secrétaire
d'ambassade. £n 1 766 il fut expédié au
Canada comme capitaine de dragons et
aide- de-camp du marquis de Montcalm.
L^ sa brillante valeur se signala en di-
verses rencontres et contribua puissam-
ment aux premiers succès qu'obtinrent
les Français sur leurs ennemis ; mais il
fallut céder après la funeste journée
où périt Montcalm et qui décida la per-
te de la colonie. Bougain ville repassa
dans sa patrie^ Devenu aide-de-camp de
M. de ChoisenUStiMn ville, en 1761,
il dépîoya sur les bords duILhin une
telle brayoure que le roi lui tccorda en
récompense deux pièces de canon du
calibre de 4 , distinction alors excessive-
ment honorable. La conclusion de la paix
semblait devoir condamner Bougainville
à l'inaction ; mais pour un esprit aosai
actif une pareille situation eût été into-
lérable. A l'âge de 34 ans il embrasse la
carrière maritime, et quelques années
lui suffisent pour inscrire son nom an
rang des plus illustres navigateurs. Cet
exemple suffirait sans doute pour réfu-
ter l'opinion de ceux qui prétendent qoe
l'on ne saurait devenir un bon officier de
marine si on n'a embrassé cette profes-
sion dès sa plus tendre jeunesse. Boo-
gainville conçut le projet de fonder aoe
colonie dans les Uc» australes nomniéet
par les Anglais Falkland, mais qoe
nous connaissons plus généralement sous
oelui de Malouines. Muni d'une autori-
sation du gouvernement français, et
après avoir échangé le brevet de colonel
contre celui de capitaine de vaisseau , il
mit à la voile avec la flottille qui ood-
duisait la colonie future. L'établissement
fondé par Bougainville subsista trois ans
environ; mais l'Espagne jalouse revendi-
qua la propriété du coin de terre que oe-
lui-ci voulait utiliser. La France céda aux
prétentions de son alliée, et il fut stipulé
seulement que le fondateur serait rem-
boursé de ses avances. Sans doute l'oc-
cupation des Malouines était une triste
spéculation sous le rapport agricole; mais
sous le point de vue commercial et poli-
tique elle peut devenir aujourd'hui d'une
haute importance , et c'est ce qu'a senti
l'Angleterre, qui vient de s'en déclarer
maîtresse, à la barbe des États-Unis
et de la république de Buenos - Ayres ,
qui s'en disputaient la possession. Par
suitede la concession française, au mois de
novembre 1 766 , Bougainville appareilla
de Saint- Malo avec la frégate la Bo»^
deuse et la flûte V Étoile , pour opérer
la remise de sa oolonie au gouvernement
espagnol et se rendre ensuite aux Indes-
Orientales , en traversant la mer du Sod,
entre les tropiques. La première partie
de sa mission une fois exécutée , il tou-
cha à Monte-Video , traversa le détroit
de jyiageUan et cingla dans la mer du
Sud^ Aprèt une rechemlia imtâe de la
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(793)
BOU
terre dé Davis, il s'engagea dans ce laby-
rinthe d'ilea basses nommées Iles Porno-
touy jadis Archipel dangereux ; il si-
gnala le premier les iles qui portent sur
les cartes les plus récentes les noms
saivans : Tehaï , Lanciers ^ Heïou ,
Dawa-Hadi, Birdy Crokerei Mehille,
et mouilla , le 6 avril 1 768 , à Taîti. Cette
Ile, la Sagittaria deQuiros, avait été
retrouvée Tannée précédente par TAn-
glaîs Wallis. Malgré le court séjour que
fit Bougainville sur cette terre, il donna
sur ses productions et sur les mœurs de ses
habitans des détails remplis de charme
et de vérité. Après avoir quitté Taîti , il
découvrit plusieurs des iles Hamoa, qu'il
nomma Iles des Navigateurs, Dans ce
groupe, l'un des plus peuplés et des plus
imporlans de TOcéanie , le type polyné-
sien parait s'être développé au plus haut
degré de perfection sous le rapport phy-
sique ; mais l'assassinat de Delangle et de
ses compagnons acquit, 20 années plus
tard, une funeste célébrité à la férocité
de ses habitans. Bougainville vit ensuite
la partie nord des terres du Saint-Esprit
de Quiros , qu'il nomma Grandes CjT"
clades , désignation qui a fait place à
celle de Nouvelles - Hébrides , imposée
quelques années après à ces Iles par
Cook. Bougainville avait eu d'abord l'in-
tention de reconnaître les c6tes orien-
tales de la Nouvelle-Hollande ; mais alar-
mé par les éoaeils qu'il rencontra sur
cette route , et justement inquiet sur le
sort de ses équipages, attendu le fâcheux
état des vivres, il remonta vers le nord
pour reprendre la route de ses devan-
ciers. Ce fut alors qu'il rencontra la
Louisiade , et il lui fallut effectuer sur
les côtes périlleuses de cette terre la na-
vigation la plus pénible pour la doubler
au vent. Il prolongea ensuite les Iles les
plus septentrionales du grand archipel
Salomon , qui n'avaient plus été revues
depuis Mendana, et dont les naturels
manifestèrent les dispositions les plus
hostiles. Une relâche de quelques jours
au Port Prasiin , de la Nouvelle-Irlande,
lui donna le moyen de remplacer Teau et
le bois consommés, mais sur cette terre
inculte et sauvage il ne put renouveler ses
vivres; d*ailleui*s les habitans, sans doute
effrayés de l'apparition des Européens ,
restèrent cachés. Sur sa route, Boagain-
ville découvrit encore les petites iles Hou-
deuse , Hennîtes, Conimerson et Jna^
chorètes; il vil de loin quelques parties de
la Nouvelle-Guinée, et arriva à Bourou ,
Tune des Moluques , où il trouva enfin
des rafralchissemens dont ses équipages,
épuisés par la fatigue et les privations de
tout genre , avaient le plus pressant be-
soin. Bougainville rentra à Saint-Malo
le 14 mars 1769. Il eut l'honneur d'être
le premier capitaine français qui eût fait
le tour du monde; mais ce qui lui assure
an tout autre titre à l'immortalité, c'est
d*avoir signalé à la géographie plusieurs
terres entièrement inconnues avant lui ,
et dont quelques-unes forment des ar-
chipels importans. La narration que
Bougainville publia de son voyage, deux
ans après son retour , écrite d'un style
animé , gracieux et plein de mouvement,
compléta le succès de cette expédition.
Les géographes et les navigateurs anc-
raient quelquefois le droit de lui repro-
cher de s'être montré stérile et peu ex-
plicite sous le rapport des documens nau-
tiques et hydrographiques ; mais cette
dernière science était encore, pour ainsi
dire, au berceau, et il faut convenir que
les travaux de Bougainville offraient déjà
un progrès notable.
Pendant la guerre d'Amérique Bou-
gainville commandait une division de
l'armée navale du comte de Grasse , et
en 1781 il soutint un combat honorable
contre l'amiral Hond, devant le Fort
Royal de la Martinique ; il assista aussi
aux divers combats de l'année suivante.
Promu au grade de chef d'escadre, il
repassa ensuite dans les armées de terre
avec le titre de maréchal-de-camp. Ce-
pendant il projetait encore de nouvelles
découvertes vers le pôle nord , mais il
fut éconduit par le ministre Brienne,
qui se souciait peu d'accéder à un pro-
jet qu'il ne considérait que comme le
caprice d'un marin inquiet et avide de
nouvelles aventures. « Pensez - vous que
ce soit pour moi une abbaye? » lui ré-
pondit Bougainville , indigné du dédain
ministériel. On assure que l'expédilioa
de Phîpps fut dirigée par le gouverne-
ment anglais , d'après les plans de Bou-
gainville , que celni-d adressa à la so-
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•BOU (794) BO«
dété royale de Londret, doQt il était
membre. Il qnitta défioilivement la ma-
rine en 1790, pour se livrer unique-
'n^ent aux sciences. Malgré son grand Age
il conservs^ jusqu'au dernier moment
toules les facultés de son esprit et son
humeur enjouée. Il mourut enfin le 81
août 1811 , après dix jour) d*une grave
maladie. Il était entré à Tlnslitut en
1796; peu après il fit partie du bureau
des longitudes, et dè9 l'organisation du
sénat il y fat conapria par Ktpcdécm, qui
lui donna aussi un titre dans sa noblesse
impériale. Du reste nous ne mention^
Qons cea faveora que comme d'heurcasea
récompenses de ses services et de ses
travaux. D^à toutes ces distinctions éoin*
nées du simple caprice des hommes sont
ignorées du public ; nais dégagé de ces
futiles accessoires le nom de Boogain-
ville est assuré d*une ginriense célé-
brité. J. D'U.
nir Df LA DEUXZSXB VAITIK DU TQVK T&0I8;iMK,
ADDITIONS ET ERRATA.
DE LA PREMliEE ET DE LA DEUXiiHK PAETIE PU TOME TE0I$Jli]||L^
A la page 99, article Basane , Itse^ an mesqnis au Heu de an menpiia.
A la page 100, même article, corrigez le même mot.
A la page 158, article Batuv^st, ajoutez que le deruier comte Ratburat, che*
valier de Tordre de la Jarretière, est mort en 1834.
A U page 177, qjauttz aux ouvrages de M. Bautain, la Réponse d'un chréuem
aux paroles d'un croyant ^ Strasbourg, 1834, 96 p. in-S®.
A la page 227, article Beausob&e, Usez bibliothèque germanique, au iiem de
bibliothèque allemande,
A la page 248, article B^doch , o/oiil^z que cet honorable député a présidé In
chambre de 1835 à son ouverture , comme do^^en d'âge, en rem—
placei^ent de ]VI. le baron de Gras*Prévill#.
A la page 249 , article Beeil (Micheiy II vient de paraître (1 834) une tmdndioo
française de la tragédie Strnensée, due à M. le baron de Teppcr->
Ferguson. On a aMssi annoncé une traduaion do Panm*
A la page 267 , article B^gique , supprimez ligne 38® iesnuusz fiUo et nnîqne
héritière de Charles.
A la page 271, même article, lisez Meens au lieu de Keecns.
A la page 281, article Bell [André], On nous assure que Bell eac mort en
1839.
A la page 288 , article Belleqaedb, t^jou^z ; Il a été nommé enaaitn nmltre des
cérémonies de Tarchidur, aujourd'hui roi Junior de Hongrie.
A la page 296, article Belzoni, /i.^rs Belzooi au livu tée BelsonL
A la page 336 , article B^eabd, i^'outez qu'aux élection» de juin 1614 M. Bé-
rard n'a pas été réélu.
A la page 407, article Beeeyee, ajoutez que l'élection dlasengeau (Hante-
Loire) a été annulée par la Chambre.
A la page 513, titre de l'article Bishfai&aivcs, làeM ainsi Otf lieu de Bcnfsi-
aaace.
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TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME TROISIÈME^
Bapliomète. I
Baf>(éme. I
Bapième de sang. S
Baptême équatorial oa
tropical. 4
Baptiste (ahié et jeune). 6
Baptistère. 5
Baptistes, 9, Anabaptis-
tes et Men non îles.
Bar (comté de). 6
Bar (conf^éralîon de). 8
Bar (Jacques-Charles). 1 1
Baraguay d'UilI îers. 1 1
Baranie (baron de) 19
Baraques. f4
Baraterie. ' 14
Barathre. «5
Baratter. <5
Baratte,!'. Beurre.
Barbacane. <8
Barbaccna (marquis de). 15
Barbacolle (jeu de). f tf
Barbade (ile de la). i6
Barbançon. iB
Barbanègre. f7
Bnrbara, 9, Syllogisme.
BarbarelU, v, Giorgioo.
Barbares. 1 8
Barbares (invasion de^,
V, Migration des peuples.
Barbarie (h ist. f mor.]. 19
Barbarie (g6ogr. et hist.). tf
Barbarin (le cbcralier),
(/. Mesmérisme et Ma-
gnétisme.
Barbarisme. t9
Barba roux. 38
Barbazan (Âmaud-Guil-
hem, baron de). Si
Barbazan (Etienne). S3
Barbe (h. n.). »»
Borrbe (hist. de la). 33
Barbe (saiMe). 33^
Barbeau. 36
Ba^be Bteue. 30
Barbéliotet (!«•)• 36
Barbé-Marbois. 37
Barberinl (famiUe des). 38
Borberousse, v. Frédéric 1»'.
Bllrberousaeletll. 38
Barbette, t 88*
Barbie du Boccage» 40
Barbier (techn. mœurt). 40
Barbier (Autoîoe-Alei.). 48
Barbou. 49
Barca ou Barquâh. 43
Barearole. 43
Barcelone. 44
Barchiello. 43
Barclay (les). 43
Barclay de ToI)y. 47
Bareokheba. 49
Bardane. 30
Bardes. 30
Bardcsanèa. 31
Bardiet. 31
Barèget. 8i
Bardili. 88
Barenlin. 38
Barezzi. 38
But hebneatf v, Aboolfaradj.
Bari (terre de)« »». Naples.
Barïng (les frères). 38
Bari ton , v. Baryton.
Barker. 33
Barlaam. 33
Barlow. 34
Bormécidet. 83
Barnabe (saint). 36
Barnabilea. 30
Barnage. 37
Barnave. 37
BarncreldC. 61
Barnim I*X^ v, Pomé»
ranie.
Baroche. 68
Barocco, v. Syllogisme.
Baromètre. 83
Boren (titre). 66
Baron (Mictiel Boyron). 67
Baronet. 08
Baronius. 68
Barons (conjuratioD des), te
.Baroque. 68
Barque. 70
Barrage» 71
Barras. 78
Barre (géogr. phys). 73
Barre (droit). 74
Bori* (mus.), v. Notes
et mesure.
Btnté (Yfet), v. ViiodevilU.
Barreau (franc. ,tttg1 . ,etc). 7 8
Barréme. 77
Barrtre de Vieuzac. 77
Barres (jeu de). 79
Barricades. 80
Barricades (jonmée des). 81
Barrière (traités de la). 88
Barrière» (écon. pol.). 83
Barrister, v. Attomey et
Barreaa.
Barroe (Joao de). 84
Barrot, v, Odillon-Barrot.
Barrow (Isaac). 84
Barrow (John). 88
Barry (M« du), f . Dubarry.
Barry (James). 83
Barsabas. 83
Bartas (do). 88
Bartenstein , 9, Hobenlobe.
Barth (Jean). 86
Barihe (Félix). 86
Barihélemitee. 80
Barthélémy. 90
Barthélémy (la saint), p.
Saint Barthélémy.
Barthélémy (abbé). 190
Barthélémy (marqQÎt). 98
Barthex. 93
Barthole. 94
Bartoli (Santo), V, Pérogtn.
B.irtoloxzi. 94
Barudi. 93
Bar^e. 98
Baryte. 93
Baryton, v, Voii. 96
Baryton (instr. de mas.). 96
Bas (fabricant de). 97
Basalte. 97
Basane. 99
Basliord, 9, Baboid
Bas-Breton , v, Breloi.
Baachkirs. «00
Bascule. iof
Bascale (système de). «01
Baae(nvath.). ioa
Base (art niitit.). 103
Base (chimie). 103
Basedov. 104
BasxKmpire, f . Byvui-
tis (empire).
Bât-fond. foi
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796
TABLE DES MATIÈRES.
p.g.
Basile (saîoO de César^. 1 05
Basile (^aint) de Sëleucie.1 07
Basile (rôle de). 107
Basilic (bot). i07
Basilic (lool.). 107
Basilicate, u, Naples.
Basilide. 108
Basilidient. 109
Basilique (beaax-arta). 109
Basiliques (droii). 110
Basin. 110
Bafkcnrille. 110
Basnage. 1 1 1
Basoche. 111
Basques (pays et proTÎn-
▼inces). lit
Bas rel ief (beauK-arts) . i 1 9
Bas relief (anliq.)* t30
Bas-Rliin, v, Rbio.
Bassano (bat. de). I9t
Bassano (duc de), v, Maret.
Basse (en géoéral). ISS
Basse (inslnim.), «'.Vio-
loncelle, el Basse de
Tjole, f. Viole, Con-
tre-basse.
Basse ( toîk dliomme ),
f. Voix.
Basse chiffrée. 141
Basse-oour. 194
Basse fondamentale. iStt
Basse lisse, u. Lice.
Bassesse. 196
Bassin (en gén.etanat.). 197
Bassin (géogr. pbjs.). 198
Bassin (roar.), t^. Port.
Bassin (archit.). 199
Bassin d^épargne, voy.
Canaux.
Bassinet. 1 30
Bassinoire. *130
Bassompierre. 1 3 1
Basson. 139
Bassora ou Basrah, »*«
Irak-Aimbi.
Bassorine. . 133
Ba8iardd*Estang (comte
de) iS3
Basiia, «/. Corse;
Bastille. 183
Bastingage. 140
Bastion. 141
BastoDoade. 141
Bel. 149
Bataille. 149
Bataille nsTale,!'. Com-
bat naval.
Batailles (beaux-arts). 181
Bataillon. 183
Batalba. i83
Bâtard,!/. Enfans natu-
rels.
Bâtarde, «/. Écriture.
Baurdean. 183
Rataves. 184
Batavia, t^, Java.
Bateau,!/. Basque.
Bateleur, tf. Histrion et
Saltimbanque.
Bath (g<^r.). t8B
Batli (ordre de), v. Bain.
Bath (comte de), tf, Pul-
teney.
Baihori ^famille et Etien-
ne). 188
Bathurst (comtes de). 187
Batbylle. 188
Bâtiment (archit). 188
Bâtiment (nur.). 188
Batiste. 18a
Batogues. 189
Bâton (jeu du). 189
Bâton de mesure. 189
Bâton de Jacob. 160
Bâton d'or, u, Giroflëo.
Baioni. 160
Bâtonnier. 160
Batracien. 100
Battage des céréales. 161
Batus,i>. Sumatra.
BaUement 169
Battement de cœur, v.
Cœur et Palpitation.
Batterie (art milit.). 163
Batterie (roar). 168
Batterie de cuisine. 166
Batterie électrique. 166
Bat leur d'or et d'argent. 167
Batteux. 167
Batties. 168
Battolo^ie, tf. Redon-
dance.
Battue. i68
Bailuecas. 169
Battyani. 169
Balu-kban. 169
Batjne. 169
Batae. 170
Baucbe , c Torchis. .
Bancis,!/. Philémon.
Baudelocque. 470
Baudouin l-lXjU, Flan-
dre.
Baudouin I-V, 9. Jéru-
salem.
Baudouin I et II , i^. La-
tin (empire).
Baudrier. m 170
Baudruche. 171
Bauhin(les). iTl
Baumann (Nicolas) . 179
B jumann (grotte de) 1 73
Baume, v. Sainte-Bau-
me (grotte de).
Baume (résine). 173
Baume. 174
Baumgarten (Sigismond-
JaCi|ues). 174
Bauingarien(Alex-Théo-
pbile). 178
Bausset. 178
Bautain. 170
Bautxen (bnuille de) 177
Baux (sires de). i79
Bavarois (ancienne loi
des) 179
Bavaroise. i80
Bave. 180
Bavière. 180
Baxter. 190
Bayadères, u. Baiadères.
Boyard. 190
Bayen. 194
Bayle (Pierre). 194
Bayle (Gaspard -Lan-
rcnt). 197
Baylen. 198
Ba)onne. 190
Rayon nette. 900
Baxar. 901
Bazard. 901
BJellomètre. 901
Béam. 909
Bëarn (vins du). 903
Béatification. 904
Béatitude. 904
Bealoun. 904
Béatrix. 904
Beattie. 908
Beau, Beanté. 908
Beaucaire. 909
Beauce. 909
Beauffremont (maison
de). 910
Beaufort (Henri de). 919
Beaufort (ducde), i'. Ven-
dôme.
Benufort (Louis de) 913
Beaugenci. 913
Bcauhamaia (famille
de). 914
Beaujeu, v, Anne de
Beaujeu.
Beaujolais (le). 918
Beaul ieu (baron de). 917
Buaumanoir (maison de). 91 T
Beaomanoir (Jean, sire
de). 917
Beaumarchais. 91 8
Bennmont et Fleldier. %t4
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TABLE DES MATIÈRES.
Pag.
P«i.
BeflaroonI (Jeanne Le*
Bélèd-el-Géryd.
360
Prince de).
335
Bt lem.
3C0
Beaurepaire.
336
Belemnile.
361
Beautobre.
336
Bélénut.
3G1
Beauié, (/. Beaa.
Bfl-esprit.
' Betuvais.
337
Belette.
Bt^QTeaa (mtiton de)
33t
Belges.
BeauK-Arla.
330
Belgique (rojâiune de).
Beauzée.
33T
Belgrade.
i Bec.
337
Bélal.
i Bëcarre.
338
Bélidor.
i B<^uisse.
338
Bel ier (hitt. nat ),('. Mou-
BécaMÎne.
339
ton.
1 Beccaria.
340
Bélier (art milît.).
378
Bec de lierre.
340
Bélier (attron.).
378
1 Bet-figue.
341
Bélier hydraulique.
379
1 Bèclie, tf. Instrameni
Bélisaire.
379
1 araioiret.
Bell (André).
381
1 Bccher.
341
Bell (Jean et Charles).
381
1 Bechtietn.
343
Bell (Henri).
S8i
Berk.
343
Belladonna.
383
1 Accker*
343
Bellamj (miss).
383
1 Becket.
343
Bellamy (Jacques).
384
1 BiHdanl.
348
Bellarmin.
384
Becquerel.
343
Bellart.
385
r Bédele^énërable.
346
Bellay,!'. Du Bdlaj.
1 Bedeau.
346
Belle.Alliance, u. Wa-
1 Bedforl (dues de).
346
terloo.
1 Bedlam.
347
Belleau.
386
1 Bédoch.
347
fielfe de jour, de nuit, tf.
'
1 Bedoaina.
348
Conrolvulacées.
, Bedriac.
349
Belleforest.
386
Beelx^buth.
340
B«llegarde(lecomtede)
387
Béer (Georgee-Joseph).
340
Belle^lsle.
388
1 Beer(Meycr),i'.Meyer-
Bellérophon.
389
beer.
Belles-Lettres, 9. Let-
Béer (Michel).
S40
tres.
Beethoven.
350
Belliard.
389
B-fa,B.«i.
363
Bellin (les trois).
391
Befana.
353
Bellioi (Vincent).
393
Beffroi.
353
fiellinann.
393
Beffroi (moi.), •». Ttm-
Bellone.
393
tam.
Bellovèse.
393
BeffrordeReignr.
354
Bdloy (Pierre-Laurent
Beg.
354
Buirettede).
393
Bégaiement.
314
Belloy (JeanBaptistede)
394
Bégonia.
356
Bellune (duc de),!'. Vic-
Béguins.
356
tor.
B^hjiiiii.
356
Bélomanlîe , p. Ditina-
Behemoih.
357
tioo.
Behring , 9. Bering.
Bélouga.
394
Beini,i>. Portugal.
Bélouichistan.
394
Beiraktar.
357
Belphégor, t^. Bel etBaal .
Beiram.
357
Belsunce de Caste! Mo-
Beiram (Hadjî).
368
ron.
395
Bekker.
358
Belt (grand et petit).
395
BektachtouBcktachitet.
358
Bélus , f/. Bel.
Bel ou Belut.
359
Belvédère.
396
Bel(Aodié),i/. BeU.
Bttltébuth, tf. Beelae-
BéUI^V.
359
bath.
797
P-S.
396
397
398
398
309
Belsoni.
Bem.
Berobex.
Bembo.
Bémol.
Ben,!'. Aben.
Bénabeo. soo
Bénarès. soo
Benda. 300
Bendavîd. soi
BeRder»jTille). soi
Bender (baron de). 301
Bénédictins. Soi
Bénédiction. 306
Bénéfice (ecdés.). 308
BéiiéGce (droii). 309
Bénétice (représentation
i}* 310
Bénévent. si 1
Bengale (pays et prési-
dence). 813
Bengale (golfe du). 8i3
Bengale (flammes du), s i 3
Bénin ou Béfli. 314
Bénitier. sis
Beniowski. 315
Benjamin. 816
Ben jam in , l'.Tribus (les
douze).
Benjamin Constant, tf.
ConstanldeRebeoque.
Benjoin. 316
Ben Jonson, 9, Johnson.
Benningscn. 316
Bennon (saint). 317
Benoit saint). SIO
Benoit (papes). 319
Benserade. 833
Bensley. 3ii
Bentham. 333
Benlhcim. 834
Beniinck, v, Portland
(duc de).
Bentinck (lord>. 335
Bentivoglio (la Camille). 385
Bentley. 337
Benzel-Stemau (conte
de). 337
Béotie. 338
Br' ranger. 330
Bérard (Simon). 338
Bérard (Frédéric). 336
Berbers. 336
Berbice , 9, Guyane.
Berbis. 339
Berceau (lechu.ethyg.). 339
Berceau (ardiit.). 34U
Berolioux. 340
Bérécynthie, i^, Cybèle.
BércngerletU. Sii
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798
Bérenger (Raymond).
Béreager, dil de Tours.
Béreng^T (de la DrôdMs,
père et dis}.
BMnice.
B^resford.
Béi^tiini,!'. Gortond.
Bén^ciaa.
Bei^.
lei^ame.
Bergami , 9, Gtn>Ime.
Bergamote»
Bei^aste.
Berge.
Bergen , »/. Nomège.
Berger.
Bergerie.
Bergeronnette.
Bergliem.
Berglien « i^ Diamant.
Bjrgmann.
Berg-op-Zoem.
Béni.
Bering (cap).
Bering (le détroit de).
Berkelej.
Beriichingea.
Berlier.
Berlin.
Berline, tf, Yoitaret.
Berlue, >>, Vue.
Bcrmudes.
Beniiadez (Jérène).
Bernadette.
Bernard (saint).
Bi^mard (le gentil).
Bemactl , tf, Saie*Wei*
laar.
Bernard (Samuel).
Bernardin.
Bernardin deSt.-Piei^
re,»/. Saint* Pierre.
Bernardins, i^. Gileaai»
B TOLiourg.
Bjrne (canton et Vaie de)
Berni.
841
841
844
84S
844
844
84Î
848
848
848
849
849
850
881
851
853
888
881
554
854
854
850
88 T
867
859
300
860
370
884
888
888
888
890
889
889
890
801
893
894
598
898
401
491
401
TABLE DES MATIÈRES.
Berthier (le prince). 407
Bertliicr (Vicior-L'îo-
poU, César et Ferdi-
nand). 409
Beithotd. 409
Bertbollet 409
Berlin (Antoine). 411
Berlin (ThMbre^Pier^
n:). 411
Bertin (Louis-François). 41 1
Berlin de Vaux. 419
Bertinani , tf, CarliM.
Bcrtius. 413
Beriolacci. 4i3
Bcrioa(JeanSaptilte). 414
Berloa (Uetri-Moa-
tans). 418
Bertrand (comte). 418
BeHrao(l«te Moilenlle» 41 f
BcTtuch. 4 1 8
Ber?ic. 419
Benrille. 430
Berwick. 430
Borzclius. 431
Besançon , u, Doubs.
Besant. 4ft9
BesenfaI, 433
Besmes, v, Golignj et
St.-Barliiéleuijr.
Bessarabie. 43 4
Bi!Ssarion. 430
Bi^'ssel. 437
BeSSes. 437
Bessières. 430
Bessin. 430
BcstiauK. 433
Besioujef. 43 S
Besioujof- Rumine. 434
lkHe,Bèlise. 438
Jtéiet. 438
Hethel. 430
Bétliesda. 43 1
BetUtéhem. 435
BeiliiefnGabor. 438
Belliroann (les frèics)^ 480
tkîtlHnaen (i'acirice). 430
BélliunOyi/.Sully.
Béti<|ue. 486
Béiis,!^. Oaoidaiqttitiiv
Bernier.
Bjrnini.
Bernis (cardinal de).
B^rnoulii (les). 893 Béton. 430
BdriMlorff (les). 894 Bette. 480
Bérose. 598 BetteraTO. 437
Ber^uin. 898 Béiyles. 441
Bjrr (Michel), 40 1 Beugnot. 441
B.Truguaie. 491 Beemooville. 443
li^rj (province). 401 BcMUre. 444
Berry (le duC et la 4u* Beverningk. 446
cbesscde). 408 BewiLk. 440
Berryer. 406 hey, 448
Berlfeeaia grand pîeA. 40T {BeaborodkoQeprinoe)* 44é
Bèze (Théodore de), 449
Be^oanL 450
Bcxout. 480
B-fa-sî. 461
Bbagavad-ghita ^r. Mà^
habarata.
Biatovieta.
Biancliini.
Biannio.
Bias.
Biberon.
Bible.
Biljlia pauperum
Bililiograpliie.
BiUiolithe.
Bibliomanie.
Bibliophiiie.
Bibliopoies , v. lihmi^
hîs.
Bibiiolaphes.
KiUiolbécaire.
Bibliothèque.
Biblique.
Bibliques (sociétés)
481
481
403
463
458
488
46t
46^
471
471
478
478
473
47^
808
804
KivéphaleSi i^, Monslrtt.
Bicétre. 808
Bicllat. 80t
Biche,»/, Cëipf.
Biehet, i/. Mesures an •
ciennct.
Bicoque. 809
Bidassoa. 809
Bidpai , f. Pilpai.
Biel (grotte de). 819
Biela (comèfe d^. 619
Kicielcld. 810
Bittit. 810
Bienfaisance. 8i8
Bieilfaisancc(barea«Lde) 818
Bieaiieuroux. êiB
Bienne (v i lie et lac de) 8 1 8
Biens (droit). 818
Biens nationaux. 816
Biens duclergéfi^. Gler^»
Bienséance. 819
HitNtVeitlance, u. Bbnié;
Bière. 819
Btvster. 839
Btcvre (maréchal de). 83 1
Bigamie. 831
Bige , V, Char.
Bignon (Jérôme). 8tl
Btgbibn (Jean- Paul)» 813
Bignon (le baron). 833
Hîgorre. 8i8
Bigotisme, c Dévotion.
Bfgre. 838
Bi)Oflticr. 896
Bijoux. 836
fȈM. 838
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Bifboqaet. ùgg
Bililerd/k. 6àu
Bile. «30
BitéJouIghérid, 1^. Bé
;»leU-el-(irérjrd.
BilUu^er. 531
Bilingue. 033
Bill. 333
Btllard (jea de). 33 i
BiliauJ-Vareaaes. 336 •
BiUaai,»'. Adam(iiiailre).
Billet. 337
Biliel à ordre y y. Lettre
de change.
Billet au [Kirteor* 537
Billoa. ft»i8
BiUouaage,!/. Laboorage.
BiUua^ea. 33S
Bimane et Bipède. 338
BiinoiieA. 338
Bimbelolicr. 339
Biuage , V, Labourage.
Biaaire. 339
Bingea (fond de). «49
Bmglej. 34U
Biuocle, w. LuoeUet*
Bmoiae. 344)
Biuoty y, lostramens
aratoires.
Biographie. 341
Biologie et BÔMièirei «».
Vie.
Bioa. 344
BioL 643
Bipède. 543
Bira^e. 646
Birea , dit Bina. 544
Biribi. 5A6
BirkenfeUL 549
Biroiaa (empire). 549
BirmiagiMua. 531
Biron (famille de). 55i
Biattye,v. BaBque9(pr«^
viaces).
Biica3re(iaeroubaiede). 588
Biscayea. 538
BitoMt. 554
Bine j tf. Veotf .
Biseautées (cartes). 58 •
Bishop. 558
Bismulk 558
Bison. 555
Bisque. 55^
Bifeeeitile,!'. Annééw
Bift90n. 556
Bistoori. 537
Bi^touroagef 1^. Gastrt*
liim.
Biètre. 557
BiUobé. M5
TABLE DES MATIÈRES
Bitche. 538
Bith/oie. 559
Biuia , f/. Gléobis.
Bitume. 539
Biluriges. J^^^
Bivalves, V, Coquilles.""
Bivouac. 561
Biaarre. 561
Blacas-d'Âulps. 56 i
Black. 56 i
BUckstoae. 563
Biair. 664
Blaireau. 664
Biaise (saint). 668
Blaisois,»'. Bloîs.
Bialui (Kjberi). 666
Blakc (W>llia.n). 566
Blalu» (Joachim). 566
Biame. 36 7
Banc (couleur). 567
Blaa^; , Blau^Us.'!, Blanc-
seing. 568
lilanu (tuonnaic). 568
Bla«o, »/. Leblanc
Blanc de baleine. 569
Blanc de plomb, i^. Gé-
ruse.
BUnchard. 569
Blanche (reine). 576
Blanche (la mer). 670
Blanchiment. 570
Blanchissage. . 571
Blanchisseur* r 57 i
BUnc-mangor. ^ 57t
Blancs et Noirs. 57 i
Blaucs<»AlaaieaacK. 57i
Biangini. 67i
Blankenbourgyf/. BmùS'
wick.
Blanquette. 573
Bla^acrnes. 573
Blason. 573
Blasphème. 675
Blé, >/. Céréales et Gra îns .
Bléde Turquie,!'. Maïs.
Blemmjres. 576
fiksnde. 677
Blenheim,»'. Hochstâdt
et Marlborough.
Blessîg. 577
Blessures. 578
Bien (couleur). 579
Blindage. 581
filooh. 881
Blockhaus. 581
Blijcksberg. 58 1
Blo^nfs. 5Hi
Blois (étals de). 58i
filnmlield. 584
ES-
7W
Cœar-de-Lion.
Pif.
Blon Jes , y. Dentelles.
Bloo.nfield.
584
Blouse gauloist.
584
Blocher.
588
Bluette.
587
Bluiuauer.
587
Blumenbach.
587
BluUge.
588
Boa.
589
Boabdil, 1^. Grenade
(royaume de).
Boardofcootrol.
599
Bobolina.
599
Bocage.
591
Bocard , t*. Pilage et Pi-
bn.
BoccabaJati.
591
Boccace.
591
Boccage ( M HFiquet Du)
595
fiaochcrioi.
593
bocchelta.
594
fioohart.
594
Bochnia (salines de)
594
Bade ( Jean -Elerl).
594
Bode vJoan-Joacii .-Chris*
lophe).
595
Bodensee> tf. Constance.
Bodin (Jean).
595
BoJin (Jean- François).
599
Boilcîennc, u, Biblio*
thèque et Oiiord.
Bbdmer.
59T
BoJoni.
597
Buècc.
598
fiœckh (Auguste).
598
Bœckh (Frédéric de)
599
Bœhme.
600
Bœlimenrald, l'.Petèt de
1
Bohème.
Boérhaave;
êoi
Bœrne.
t80t
Bœiliger.
603
fionif (hist. nat.).
603
Bœuf (économie agr.).
604
Bo&uf gra^, u. CaruaTal.
Bog lanovitch.
605
BogJo.
507
Bo^do-Lama, i-'. Lama.
Bogoiniles.
dOT
Bagoia,v. Coloftttié.
Nouvelle-Grenade.
Bô^iisuwski.
508
Bohd.ne, (géogr. stat.,
htsi. et lut.
Bohè.n.î(rortitde).
Balii^inicus.
Boliéiuoud.
Boiar.
Boîicdtt.
tût
619
619
611
59i
613
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800
Boîens.
Boïeldicu.
Boilcau-Ijesi^r^aux.
BoVi (bolanjque).
Bois {icéhnoL).
BqU.(exploiiaiion, etc»^
cbs),»'. Forêts, Goupefl
' , 'et Aménagement.
ISoU (zoologie).
Boit sacrés.
Boisseau.'
Boisselier.
Boisserée (collection de)
Boissieu.
Boisftoiiade.
Bbissons.
Boissj (Louis de).
Boissy-d^Anglas.
Boites.
Bol leux, u. Claudication,
DifformiléjPiedrBot.
Bokharah;»'. Bookbarie.
Bot.
Boléro.
Boleskf (les).
Bolingbroke.
Bolivar.
Bolivia.
BoUandiste. •
Bologne.
Bolonaise (école).
Bolswerl...
Bombarde.
Bombardement.
Bombardier.
Bombasine.
Bombay.
Bombe.
Bonacotsi (les).
Bonald.
Bonaparte (famille);
Bona|iarte (art:bipelde).
Bonaparte (golfe).
Bonavenlure.
Bonbon.
Bonchamp.
Bon-Chrétien , r. Poi-
ripr.
Bondi. ,
Bondj.
Bone, f, GoQStantine»
Boner.
Bonheur.
Boni face (les)
Boni face (jtapt's).
Bonilace (sa. ni).
Boni face (détroit de)*
Bonn.
Bonne Déesse.
TABUâ DES MATIÈRES. .
693
Bonne -Espérance (cap
6Si
de). ,
680
6i4
Bonnet (Charles).
68i
631
Bonnet (Louis-Ferd.).
684
633
Bonnetier.
Bonnets (faction des) i^,
Cliapcaujt.
686
Bonneval.
686
634
Bonnivet.
687
635
Bonpland.
688
636
Bon sens , f . Sens.
6SG
Bonstelten.
688
636
Bonté.
691
637
Bonxes.
693
637
Boolen (Anne de).
69i
639
Bopp.
693
641
Bora (Cath. de).
694
6il
Borates.
6^4
643
Borax.
694
Bord. •
695
Borda.
695
Bordeaux.
690
644
Bordeaux (vins de).
097
6itt
Bordeaux (duc de).
698
645
Bordée.
69»
6^6
Bordereau.
700
647
Bord«u.
700
65â
Bordone.
7(M
656
Bore,
701
657
Borée.
704
658
Borghèse (princes).
709
660
fiorghé«e (villa).
703
661
Bei:^a (famille;.
703
661
Borgia (François).
706
66i
Borgia (Siefanq).
707
663
Borgne, w.V isijCMi et Vue,
66i
Borique (acide).
706
66.1
Boris,»/, (iodounef.
663
Borgou (royaiimede).
706
664
Borne, Bornage.
700
605
Bornéo.
710
671
B9rnl)oIm.
7it
671
Bornou (royaume de).
711
671
BoiodiDO , t^. Moskuvra.
67Î
Borromée (saint Char-
679
les).
713
Bornimées (iles).
714
Borroniini.
715
671
Borsdorf, «/. Pommier.
67i
Borstell (de).
716
Bor¥on.
716
673
Bory-de-St.-Vincent.
717
673
Borysthène,!/. Dnieper.
674
Bosc
717
675
Boscan Almogaver.
719
077
Bosch (Jérùme de).
. 790
67U
Bascli (Jan van den).
790
678
Boscowich.*
791
679
Bosio.
791
Boanie. . -, 729
Bosphore. . . ' 753
Bosphore Cimméi^kn^ 795
Bosphore ( namUmali-
flue). * ' 798
B(*Nage. T99
Bosse (anthropoK). 790
^ Bowe (benuL-arU) . 799
Bossi. 739
Bossuet. 739
Bossut. 754
Bosiandjî. 73s
Boston. 751
Boston (jeu de). 735
Bosworth (bat. de), y,
Henri VU et Roses
(les -deux).
Botanique. 737
Botaniques (jardins). 748
BotanjF-Bay. 759
Bolhe. 753
Bothnie. 753
Bothnie (golfe de). ' 758
Botkvrel ( James -He-
phurn , comte de) tf.
Marie Sluart
Botooûdes. 754
Botta. 754
Botzaris (les). 756
Bouc 757
Boucannicr, i^. Fliëttttier.
Bouchardon. 757
Bouche. 758
Bouche à fen , (/. Boa-
ches à feu.
Bouche du roi. 76 1
Boucher, Bouckertè. 76 1
Boucher (François). 769
Boucher (Alez-^-Jean). 769
Bouches à feu. 7«S
Bouches- du-Rhône (dé-
partement des). 764
Bouchon^ Bouchoonii^. 766
fioucicaut. 76i6
Bouclier. 767
Bouddha , Booddhijme. 768
Boudin. 785
Boudoilr. 766
Boue.; 786
Bouée. 767
Bouffes, vojrex Jtalieg
(théâtre).
Bof4(ooB. 787
Bouliers (famille de). 769
BouÛers (ducde). 790
Bouliers (marquis de). 796
BouUers (chtcvalier de). 790
Boug. 791
Bottgainville. 799
[ Dx 1,4 tàbls dis 1UTIBM8 DU'TOMB nu^iMiiu.
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